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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le bobsleigh (ou bobsled, ou encore bob par abréviation), est un sport d'hiver dans lequel des équipes de deux ou de quatre bobeurs, assis en file, effectuent des courses chronométrées à bord d'un engin caréné glissant sur une étroite et sinueuse piste glacée en pente. Il figure dans tous les Jeux olympiques d'hiver depuis 1924 (sauf en 1960).
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+ Bien que le transport en traîneau existe depuis plusieurs siècles, le bobsleigh est un sport relativement moderne. Son apparition coïncide avec celle du skeleton et de la luge puisque le bobsleigh est créé dans la station alpine suisse de Saint-Moritz à la fin du XIXe siècle[1]. L'idée vient de vacanciers anglais qui décidèrent de descendre une piste glacée à deux sur un même engin que l'un des deux piloterait. Le nom de l'engin « bobsleigh » est directement tiré de la langue anglaise puisque bob signifie « osciller » et sleigh désigne un « traîneau », une « luge »[2].
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+ Pour éviter des accidents entre bobsleigh et randonneurs, il fut décidé de tracer une piste en 1871 : la Cresta Run. Cette piste de Saint-Moritz est d'ailleurs toujours opérationnelle et a accueilli à deux reprises les Jeux olympiques d'hiver ; elle est naturelle, ce qui signifie qu'elle n'a pas besoin de système de réfrigération. Le premier club de bobsleigh fut créé dans la même station en 1897, où eurent également lieu diverses compétitions. Ce n'est qu'en 1902 que la première piste hors de la station fut construite.
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+ La Fédération internationale de bobsleigh et de tobogganing (FIBT) fut créée en 1923, soit un an seulement avant les premiers Jeux olympiques d'hiver de Chamonix où est programmée une épreuve de bob à quatre. Le bob à deux est ajouté lors des Jeux olympiques d'hiver de 1932 à Lake Placid. Le bobsleigh fut présent à chaque édition des Jeux olympiques, excepté ceux de 1960 à Squaw Valley dont les organisateurs décidèrent de ne pas construire de piste. Le bobsleigh féminin apparaît dans les années 1990 et intègre le programme olympique aux JO de 2002 à Salt Lake City.
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+ Les deux grandes nations du bobsleigh sont la Suisse et l'Allemagne. Cependant d'autres nations se sont parfois jointes à la course aux titres telles que l'Italie, l'Autriche, le Canada, les États-Unis et la Jamaïque. Il est d'ailleurs amusant de noter que les athlètes appartenant à des pays où il ne neige pas apparaissent de plus en plus souvent aux Jeux d'hiver[3].
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+ Depuis 2007 tous les participants sont obligés d'utiliser un alliage identique pour les lames[4] afin de ne pas favoriser les pays avancés en métallurgie. Chaque lame doit être réalisée en un morceau massif de matériau standard selon les spécifications de la FIBT. Les spécifications du matériau, établies par la FIBT, assurent que toutes les pièces usinées sont identiques. Le matériau standard est produit et distribué par une usine désignée par la FIBT. Le matériau est fourni sous forme d’un profilé semi-ouvré, c’est-à-dire une section qui a été polie des deux côtés, dont l’un est marqué. Le marquage doit être toujours présent sur la lame et ne doit absolument pas être modifié.
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+ Présent à tous les Jeux olympiques d'hiver depuis 1924 (excepté 1960 où Squaw Valley avait préféré économiser la construction d'une piste), le bobsleigh y est actuellement composé de trois épreuves : le bobsleigh à quatre masculin (un pilote, deux pousseurs, un freineur) présent depuis les premiers Jeux d'hiver (il passa à cinq seulement en 1928 avant de revenir à quatre[réf. nécessaire]), le bobsleigh à deux masculin (un pilote, un freineur) présent aux JO depuis 1932 et depuis 2002 le bobsleigh à deux féminin (une pilote, une freineuse). Le pilote dirige le bobsleigh grâce à deux anneaux liés aux patins, les pousseurs donnent sa vitesse à l'engin au début du parcours et le freineur (également pousseur) freine à la fin du parcours.
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+ Il existe aussi d'autres compétitions prestigieuses comme les championnats du monde depuis 1930, les championnats d'Europe et la coupe du monde.
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+ Les bobeurs portent une tenue de ski (vêtements chauds et gants), des bottes légères ou des chaussures de sports, un casque et éventuellement des lunettes.
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+ C'est à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver que les principales pistes ont été créées.
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+ Bogota (en espagnol : Bogotá, Bogotá Distrito Capital, Bogotá D.C.)[2],[3], anciennement Santa Fe de Bogotá Distrito Capital, est la capitale de la Colombie et également celle du département de Cundinamarca. Elle a été fondée le 6 août 1538 par le conquistador espagnol Gonzalo Jiménez de Quesada (1509 - 1579). Suivant l’organisation d’un district capital unitaire et décentralisé, Bogota jouit d'une autonomie lui permettant la gestion de ses intérêts dans les limites imposées par la Constitution et la loi[3],[4]. Composée de 20 districts, elle est la métropole incontestée du pays aux points de vue administratif, économique et politique.
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+ Bogota se trouve au centre de la Colombie, dans une zone naturelle appelée savane de Bogota (espagnol : Sabana de Bogotá) située dans la partie sud de l’Altiplano cundiboyacense, ensemble de hauts plateaux de la cordillère Orientale, une ramification de la cordillère des Andes. Pour ce qui est de la superficie, Bogota est la plus grande ville de la Colombie, et son altitude de 2 640 mètres fait d'elle la troisième plus haute capitale du monde après La Paz (Bolivie) et Quito (Équateur).
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+ En 2013, la population de Bogota et de son agglomération, qui inclut des municipalités telles que Chía, Cota, Soacha, Cajicá et La Calera, s'élève à 8 744 000 habitants[5]. Elle s'étend sur 33 km du nord au sud, et sur 16 km d'est en ouest[6].
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+ En tant que capitale du pays, Bogota est le siège des organes politiques les plus importants :
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+ Sur le plan économique, elle se distingue en tant que centre économique et industriel de grande importance[8].
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+ Bogota, ville la plus grande et la plus peuplée de Colombie, est aussi la plaque tournante industrielle, économique, culturelle et touristique du pays. Pour toutes ces raisons, elle occupe également une place prépondérante en Amérique latine[9].
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+ La présence de nombreux musées, théâtres et bibliothèques participe à offrir à la ville une situation d'un grand intérêt sur le plan culturel. Certains de ces lieux culturels figurent parmi les plus importants de Colombie. De plus, des festivals de renommée nationale et internationale y sont organisés, attirant un public venu du monde entier.
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+ Sur le plan académique, Bogota se distingue grâce aux universités qu'elle abrite, dont quelques-unes sont les plus réputées du pays. L’UNESCO lui a décerné le titre de Capitale mondiale du livre de l’année 2007[10].
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+ La ville est surnommée « l'Athènes sud-américaine »[11].
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+ Bogota, capitale de la Colombie, est classée 54e à l'indice Global Cities de 2010[12]. Elle est considérée comme une ville globale (ou ville mondiale) de type Bêta+ par le GaWC[13].
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+ Le nom de Bogota provient de Bacatá, appellation donnée par les indigènes chibchas, un des groupes indiens dont la civilisation était la plus avancée. Parmi les Chibchas se côtoyaient de pacifiques fermiers et de remarquables orfèvres. Avant la conquête espagnole, la ville abritait une importante population. Le chroniqueur espagnol Juan de Castellanos (1522 - 1607) affirmait que le sens originel de Bacatá, en langue indigène, était « la fin des champs »[14]. Le lieu où se situe actuellement Bogota avait reçu le nom de Muequetá (« champ ou savane des cultures »)[15], et le district du Zipa, c'est-à-dire du prince chibcha le plus important parmi les gouvernants, était désigné sous celui de Funza (« homme puissant »). L'éducation du Zipa se faisait dans l'actuelle municipalité de Chía. C’est précisément sur le territoire actuel de Funza, municipalité située dans le département de Cundinamarca et banlieue de Bogota, mais probablement aussi aux alentours de Funza que l’on peut trouver la source de la population de Bacatá, la ville où habitait majoritairement le peuple chibcha.
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+ Lors de l'arrivée des Espagnols dans les Indes, que les conquérants (conquistadores) appelèrent les Indes occidentales espagnoles, les Chibchas y vivaient déjà.
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+ Au fil de l’Histoire, Bogota et ses alentours ont porté différents noms. En muisca, langue amérindienne - aujourd'hui éteinte - qui était parlée par les Indiens chibchas, l'appellation d’origine du lieu où les Espagnols fondèrent la cité était Thybzacá ou Teusacá, d’où vient Teusaquillo, l'actuel 13e district de Bogota. En 1538, quand le conquistador Gonzalo Jiménez de Quesada (1509 - 1579) fonda la cité, il lui donna le nom de Nuestra Señora de la Esperanza. Cependant, une année plus tard, en 1539, lors de la fondation juridique de la ville, ce nom changea en Santafé ou Santa Fe (Sainte Foi).
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+ Le nom Santafé de Bogota (ou Santa Fe de Bogota) ne fut pas officiel durant l'époque coloniale, mais son utilisation devint commune par la nécessité de la distinguer des autres Santafé et parce que Bogota était le nom indien de la région. À cette époque, le district actuel de Funza portait aussi l'appellation de Bogota.
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+ Après avoir obtenu son indépendance en 1819, Santa Fe reçut derechef le nom indien de l’ancienne capitale chibcha : Bogota. En fait, son nom officiel était, sauf pendant l'époque coloniale, Santa Fe de Bogota mais on l’appelait communément seulement Santa Fe pour la distinguer de l’actuelle Funza.
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+ La constitution de 1991 a indirectement changé le nom de la capitale qui devint Santa Fe de Bogota. La polémique engendrée par ce changement a conduit à la réforme constitutionnelle du 18 août 2000 afin de supprimer les mots « Santa Fe de », lui redonnant finalement le nom de Bogota[16].
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+ À partir de 10500 av. J.-C., des chasseurs-cueilleurs habitèrent la zone. Dès 3500 av. J.-C., on remarque l'existence d'activités horticoles, de poterie et de la domestication du cochon d’Inde, pratiquées par des groupes qui, à l'origine, dépendaient de la chasse et de la cueillette. En 500 av. J.-C., la culture du maïs et celle de la pomme de terre étaient déjà largement répandues. Jusqu'en l'an 800 de notre ère, les Muiscas (la peuplade indigène la plus importante de la famille chibcha) vivaient dans la zone, résultat d'une migration d'origine chibcha, provenant d'autres territoires (probablement d'Amérique centrale), qui s'était mélangée avec la population déjà présente.
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+ Il manquait à la culture chibcha l'écriture. C'est pourquoi les chroniqueurs ont reconstitué l'histoire aborigène en recueillant des récits oraux qui remontent à 1470, date à laquelle le zipa Saguanmachica gouvernait Bogota. Tout en haut de l’échelle sociale se trouvait le monarque absolu (le zipa), suivi par l’ordre religieux des sages et des moines. Ensuite venaient les guerriers (ou güechas), puis les artisans, les commerçants, les paysans, etc.
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+ On pense que les Chibchas ont peut-être eu coutume de sacrifier des jeunes filles capturées lors des guerres ou achetées à d’autres tribus. Il n’en existe toutefois aucune preuve solide ou vérifiable. Ils ont élaboré un calendrier d’une grande précision et une structure juridique complexe, connue sous le nom de « Code de Nemequene ». En outre, les monuments chibchas furent érigés avec des matériaux périssables, ce qui ne les empêcha pas de rester debout après l’arrivée des conquistadors européens[17].
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+ Il faut également souligner que, même s'il est possible d'identifier des traits indigènes dans la population bogotaine, comme Bogota a longtemps reçu des migrants de tout le pays, on peut rencontrer des phénotypes d'une grande diversité : couleur de peau, de cheveux et d'yeux, ce qui l'a convertie en une cité multiraciale.
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+ Gonzalo Jiménez de Quesada qui était revenu de son expédition militaire de Santa Marta (la capitale du département de Magdalena) et de la vallée du fleuve Magdalena avec plus de 500 hommes n'en comptait que 70 environ après sa victoire sur les Muiscas et la conquête de la savane de Bogota. Il annonça « la fondation de facto » de la cité ; la cérémonie eut lieu le 6 août 1538. Douze cabanes furent construites ainsi qu'une chapelle dans le site appelé Thybzacá, aujourd’hui Teusaquillo, le 13e district de Bogota. On suppose que l’événement se produisit sur l’actuelle Plazoleta del Chorro de Quevedo, bien qu’il n’existe aucun document le confirmant[18].
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+ Le 22 avril 1539, Gonzalo Jiménez de Quesada procéda aussi à la fondation juridique de Santa Fe en compagnie des explorateurs Nikolaus Federmann et Sebastián de Belalcázar[19]. Le nom de la ville, initialement Nuestra Señora de la Esperanza, fut changé en Santa Fe lors de la fondation juridique et le Conseil municipal de Santa Fe fut établi. Gonzalo Jiménez de Quesada donna à Santa Fe et aux territoires alentour le nom de Royaume de Nouvelle-Grenade dont la ville fut, durant toute la période coloniale, la capitale.
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+ Le brevet royal de l’empereur Charles Quint éleva Santa Fe au rang de ville le 27 juillet 1540[20]. En 1548, l’empereur octroya à Santa Fe le titre de « très noble, très loyale et ville très ancienne du Nouveau Règne » avec, pour armes, un blason[21] sur lequel figure un aigle noir sur fond or, une grenade dans chaque serre, entouré de grenades d’or sur fond bleu[22].
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+ Puis la ville devint dépendante de la vice-royauté du Pérou, fondée le 20 novembre 1542 par Charles Quint. Bogota fut également le siège du gouvernement de la Real audiencia de Santa Fe de Bogota (l'Audience royale de Santa Fe de Bogota), créée en 1550.
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+ En 1717, la cité devint la capitale de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade, créée par la couronne d'Espagne, accueillant ainsi les vice-rois, après avoir disputé le siège vice-royal à Carthagène des Indes[23], ville de Colombie fondée en 1533 par le conquistador Pedro de Heredia (1505 - 1554).
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+ En 1783, le vice-roi créa une commission scientifique, dirigée par le médecin et naturaliste espagnol José Celestino Bruno Mutis y Bosio (1732 - 1808), qui commença ses recherches sur les collines de Santa Fe, premiers pas de ce qui, plus tard, sera connu comme l’Expédition botanique[24]. Le naturaliste, géographe et explorateur allemand Alexander von Humboldt (1769 - 1859), en route vers Quito (Équateur), traversa la vice-royauté du nord au sud, passant par Carthagène des Indes, Bogota et Pasto[25]. De 1802 à 1803 eut lieu la construction de l'Observatoire astronomique national de Colombie, le premier observatoire astronomique construit en Amérique, qui avait été promu par José Celestino Bruno Mutis y Bosio[26].
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+ Quelques-uns des créoles les plus influents de la vice-royauté - de hauts personnages comparables à Policarpa Salavarrieta (1795 - 1817), héroïne de la résistance colombienne, et Antonio Nariño (1765 - 1823), président de l'État libre de Cundinamarca de 1811 à 1813, puis vice-président de la Grande Colombie en 1821 - habitaient la ville. C’est en grande partie là que le mouvement indépendantiste se produisit, auquel se rattachent les faits connus sous le nom de El Florero de Llorente (Le Vase de Llorente). Les frères Francisco et Antonio Morales recevaient à dîner un fonctionnaire du roi arrivé d’Espagne. En quête d'un fleuriste pour commander la décoration de la salle où était prévu cet évènement, ils interrogèrent un commerçant espagnol, José González Llorente, qui tenait boutique au coin nord-est de l'actuelle place Bolívar, la principale place de Bogota. Ils furent rejetés par celui-ci d'une façon qu'ils jugèrent inappropriée. Cela fut le prétexte d'une rixe qui dégénéra en désordre populaire et marqua, le 20 juillet 1810, le début de la lutte et du Cri (espagnol : El Grito) pour l’Indépendance. Bien que le territoire eût été reconquis en 1816 par les Espagnols, il obtint l’indépendance définitive en 1819.
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+ Bogota devint la capitale de la Grande Colombie jusqu’en 1830[27], quand la dissolution de cet État permit de donner naissance à ceux qui sont aujourd'hui l'Équateur, le Venezuela et la Colombie (le Panama proclama son indépendance en 1903). Jusqu'à la fin du XXe siècle, l'histoire de la Colombie ne fut qu’une suite de guerres civiles, dont la plus notoire fut la guerre des Mille Jours (1899 - 1902), au cours de laquelle les factions du parti conservateur et du parti libéral massacrèrent la population.
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+ Bogota reçut, en 1861, le titre de capitale des États-Unis de Colombie, ancien pays d'Amérique du Sud, et ses quelques quartiers, peu nombreux, furent élevés au rang de cantons.
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+ En 1876, le Conseil de la ville établit une nomenclature et une numérotation des rues en remplaçant leur nom traditionnel par des nombres consécutifs, comme c'est le cas aujourd'hui[28].
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+ En 1884, le service de tramway de la ville commença à fonctionner de la place Bolívar jusqu'à Chapinero, le 2e district de Bogota. Il était tiré par des mules.
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+ En 1889 fut inaugurée la première ligne de chemin de fer reliant Bogota depuis San Victorino, quartier bogotanais, jusqu'à Facatativá, municipalité du département de Cundinamarca[29]. Cette ligne de chemin de fer, terminée vers la fin du XIXe siècle et comptant plus de 100 km de voies ferrées, permettait, avec des correspondances, de voyager dans certaines zones du pays y compris jusqu’à la mer des Caraïbes (ou mer des Antilles). De 1910 à 1940, un système de tramways électriques, doté de nombreuses lignes, s'étendit autour de Bogota et de ses banlieues. Avec le train, ces moyens de transport ont été les piliers du développement de la ville dont la population, en 1912, dépassait à peine 120 000 habitants[30].
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+ Dans les années 1920 fut inauguré à Bogota le premier aéroport d’Amérique latine et la ville commença à être approvisionnée en énergie électrique permanente avec la construction d’une centrale électrique, toujours en service, à la cascade du Tequendama, une chute d'eau de 132 mètres de haut qui se trouve dans la municipalité de San Antonio del Tequendama (département de Cundinamarca). La décennie suivante vit l'élaboration des premiers projets urbanistiques en l’honneur du quatrième centenaire de la fondation de la ville : un complexe urbanistique dans le quartier de Teusaquillo, la Cité universitaire, le parc national Enrique Olaya Herrera, ainsi nommé en hommage au président de la Colombie de 1930 à 1934, et le stade Nemesio Camacho El Campín, le principal stade de football de Bogota.
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+ Cette floraison fut néanmoins assombrie par l'assassinat, le 9 avril 1948, de Jorge Eliécer Gaitán, homme politique colombien très populaire, chef du Parti libéral. Destruction et pillage d'une partie de la ville s'ensuivirent lors des évènements baptisés Bogotazo marquant le début de La Violencia (« La Violence »), période de guerre civile qui dura jusqu'en 1960.
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71
+ Une des conséquences du Bogotazo fut que les familles de nantis, qui habitaient jusque-là dans le centre de la ville, commencèrent progressivement à déménager vers d’autres secteurs tels que Chapinero, le 2e district de Bogota, et parfois même jusqu’à des localités de banlieues comme Usaquén ou Suba, respectivement les 1er et 11e districts de la ville[29].
72
+
73
+ Au cours de la 9e Conférence panaméricaine organisée dans la ville en 1948, la charte de Bogota, également nommée traité américain de règlement pacifique (American Treaty on Pacific Settlement) ou pacte de Bogota, qui constitua l'institutionnalisation de l’Organisation des États américains[31] (OEA), fut signée. La dictature militaire dirigée par le général Gustavo Rojas Pinilla de 1953 à 1957 contribua au développement de la cité grâce à la construction de l’Autopista Norte (en français : Autoroute du Nord), du nouvel aéroport international El Dorado, principal aéroport de Bogota ainsi que du pays, et à la reconstruction de l'avenue reliant le centre de la ville (Calle 26) et le Centro Internacional de Bogotá près duquel avait été inauguré l'hôtel Tequendama quelques années plus tôt.
74
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75
+ En 1955, on créa le Distrito Especial - en tant qu'aire métropolitaine de Bogota - dans lequel furent intégrées les municipalités de Bosa, Engativá, Fontibón, Suba, Usme et Usaquén ; le hameau de Chapinero fut inclus dans le périmètre de la capitale et devint la première commune mineure de la ville.
76
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77
+ En 1961, on entreprit la construction du quartier Ciudad Kennedy, le 8e district de Bogota, conformément au programme de l'Alliance pour le Progrès, créée par le président des États-Unis John F. Kennedy afin de renforcer la coopération entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud, et dirigée par le gouvernement américain.
78
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79
+ En 1964, Puente Aranda, l'actuel 16e district, devint également une commune mineure de Bogota, suivie par Ciudad Kennedy en 1967. Cinq ans plus tard, on divisa la ville en seize communes mineures incluant des municipalités annexes. Les nouvelles communes furent les trois secteurs traditionnels du centre : Santa Fe, le 3e district, Teusaquillo, le 13e ainsi que mentionné plus haut, et Los Mártires, le 14e. On créa, en 1977, la commune mineure de La Candelaria, le 17e, et en 1983, du fait du chaos engendré par les invasions au sud, Ciudad Bolívar, le 19e district, devint une des autres communes de la ville. Avec la Constitution de 1991, le District Spécial se transforma en District Capital et les communes furent élevées au rang de districts. Bogota est alors divisée en vingt districts.
80
+
81
+ Divers évènements se sont déroulés dans le cadre du conflit armé en Colombie, qui débuta vers le milieu des années 1960 pendant lesquelles des guérillas eurent lieu, s'opposant par la suite aux groupes paramilitaires qui se constituèrent au cours des années 1980. Parmi les faits les plus frappants, on note la prise de l'ambassade de la République dominicaine, l'assaut contre le Cantón Norte, la Prise du palais de justice de Bogota, l’attentat au club El Nogal (en), de même que l'attentat perpétré par les trafiquants de drogues contre le bâtiment du Departamento Administrativo de Seguridad (DAS) (en français : Département administratif de Sécurité).
82
+
83
+ À partir du premier mandat du mathématicien et philosophe Antanas Mockus en tant que maire en 1995, la ville a subi d’importants changements[32]. Au développement du système de transports en commun TransMilenio s'ajoutent la récupération d’espaces piétonniers, la construction de bibliothèques publiques et d'un réseau de pistes cyclables. On peut y ajouter l'implémentation de projets comme le Pico y placa, un programme de restrictions véhiculaires, la Hora zanahoria, une réglementation des heures de fermeture des débits de boissons, et d’autres programmes sociaux comprenant la création de restaurants communautaires et l’augmentation de la couverture éducative pour les familles ayant de bas revenus.
84
+
85
+ Carte des districts de Bogota D.C.En rouge, l'aire urbaine de Bogota.
86
+
87
+ Bogota se trouve à une altitude de 2 640 m au-dessus du niveau de la mer, dans la cordillère Orientale des montagnes du nord des Andes. Elle est située sur un plateau, au pied d'une chaîne de montagnes.
88
+
89
+ Les cerros (français : collines) de Guadalupe et de Monserrate bordent à l'est la savane de Bogota. Sur le cerro de Guadalupe[33] sont érigées une petite chapelle dédiée à Notre-Dame de Guadalupe et une statue de 15 m de haut. Sur le cerro de Monserrate est construite une basilique, la basílica del Señor de Monserrate.
90
+
91
+ Plusieurs petits cours d'eau, dont le río San Francisco, traversent la ville jusqu'à l'extrémité sud-ouest du plateau et rejoignent le río Bogotá, également appelé río Funza, qui plonge au bord du plateau, à Tequendama, dans l'une des plus importantes attractions touristiques de Bogota : une magnifique chute d'eau de 132 m, le Salto del Tequendama cité plus haut.
92
+
93
+ Le climat est doux et tempéré. La température moyenne annuelle est de 14 °C, et les importantes précipitations atteignent environ 960 mm (en comparaison, à Paris, le total annuel est d'environ 600 mm).
94
+
95
+ La ville a un plan en damier, ou hippodamien, avec beaucoup de carreras (avenues orientées nord-sud) aux intersections des calles (rues orientées est-ouest). Il existe également deux types de rues ne respectant pas ce damier : les transversales, qui vont dans le sens des carreras, et les diagonales dans le sens des calles. Bogota comporte de nombreux parcs et jardins, dont le parc Simón Bolívar, à ne pas confondre avec la Plaza de Bolívar où sont situés plusieurs importants édifices publics et églises.
96
+
97
+ Bogota est reliée par route aux côtes Pacifique et Atlantique de la Colombie, respectivement au nord et à l'ouest, ainsi qu'aux deux autres villes majeures du pays : Medellín, la capitale du département d'Antioquia, et Cali, celle de Valle del Cauca. La route panaméricaine, système de voies rapides et d'autoroutes reliant l'ensemble du continent américain, et l'autoroute Simón Bolívar traversent la ville.
98
+
99
+ Les districts (distritos) se subdivisent à leur tour en unités de planification zonale (unidades de planeamiento zonal) appelées « UPZ », localités (localidades) ou simplement « zones » (zonas). Ces zones regroupent plusieurs quartiers (barrios) et parfois des veredas qui sont des divisions administratives de la Colombie. .
100
+
101
+ Vue sur La Candelaria
102
+
103
+ Une rue typique de La Candelaria
104
+
105
+ Vue du quartier "El Uval" à Usme
106
+
107
+ Quartier nord de Bogota
108
+
109
+ Située à haute altitude, soit 2 640 mètres, la ville de Bogota bénéficie d'un climat dit « tempéré d'altitude » que l'on retrouve principalement dans les Andes. La ville étant proche de l'équateur, la variation de température est faible au cours de l'année (entre 6 °C et 19 °C, avec une moyenne annuelle de 14 °C
110
+
111
+ D'après la classification de Köppen : la température du mois le plus froid est comprise entre 0 °C et 18 °C (décembre et janvier avec respectivement 12,9 °C et 12,9 °C) et la température du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (avril et mai avec 13,8 °C), ce qui en fait un climat tempéré. Malgré deux saisons humides (mars à juin et septembre à décembre) il n'y a pas de saison sèche donc c'est un climat tempéré chaud sans saison sèche. L'été est tempéré car la température moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 22 °C (avril et mai avec 13,8 °C), les températures moyennes des 4 mois les plus chauds sont supérieures à 10 °C (mars à juin avec respectivement 13,6 °C, 13,8 °C, 13,8 °C et 13,5 °C).
112
+
113
+ Le climat de Bogota est classé comme Cfb[35] selon la classification de Köppen, soit un climat océanique.
114
+
115
+ Les pluies sont très fréquentes entre mars et mai, ainsi qu'en octobre et novembre. Ces deux saisons des pluies coïncident, à un mois près, avec les équinoxes de printemps et d'automne car c'est à ce moment de l'année que le soleil passe à la verticale de l’équateur, augmentant les rayons solaires reçus par le sol, accroissant la chaleur et l'évaporation et favorisant ainsi la formation de tempêtes et d'orages.
116
+
117
+ À l'inverse, les saisons les plus sèches de l'année se situent en janvier et février ainsi qu'en juillet et août. Durant une bonne partie de l'année, la ville de Bogota est dans la brume (220 jours par an)[34].
118
+
119
+ Les chutes de grêle sont un phénomène peu courant mais qui se produit cependant quelques fois par an - entre 1939 et 2008, on recense 231 chutes de grêle -[36]. Ce phénomène a lieu durant la saison des pluies avec la formation rapide de cumulonimbus en fin d'après-midi. On observe alors des chutes brusques de température pouvant aller jusqu'à 20 °C en moins d'une heure[37].
120
+
121
+ Les extrêmes de températures enregistrés dans le district de la capitale vont de −7 °C à 24,5 °C. Ces relevés proviennent de la station météo de l’aéroport de Guaymaral[38]
122
+
123
+ Les zones humides de la région de Bogota ont pour la plupart disparu. Elles couvraient près de 50 000 hectares dans les années 1960, contre seulement 727 en 2019, soit un taux de disparition de 98 %[40].
124
+
125
+ Bogota, capitale de la République de Colombie, abrite la Cour suprême de justice et le centre de l'administration exécutive ainsi que la résidence du président de la République (Palais Nariño)[41]. Ces bâtiments, ainsi que le bureau du maire principal, le palais Liévano (palacio Liévano), sont situés à quelques mètres les uns des autres sur la place Bolívar (espagnol : plaza de Bolívar). Cette place se trouve dans le centre historique de la ville, La Candelaria, qui présente une architecture de style colonial et de style baroque.
126
+
127
+ Le maire de Bogota et le conseil municipal - tous deux élus par vote populaire - sont responsables de l'administration municipale. En octobre 2019, Claudia López est élue maire. Son mandat s'étend du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2023.
128
+
129
+ Parmi les plus récents prédécesseurs de Claudia López, citons :
130
+
131
+ La ville est divisée en vingt districts : Usaquén, Chapinero, Santa Fe, San Cristóbal, Usme, Tunjuelito, Bosa, Kennedy, Fontibón, Engativá, Suba, Barrios Unidos, Teusaquillo, Los Mártires, Antonio Nariño, Puente Aranda, La Candelaria, Rafael Uribe Uribe, Ciudad Bolívar et Sumapaz.
132
+
133
+ Chacun de ces vingt districts est régi par un conseil d'administration - élu par vote populaire - composé d'au moins sept membres. Le maire de Bogota désigne les maires des localités parmi les candidats proposés par le conseil d'administration.
134
+
135
+ Palais Nariño, la résidence présidentielle.
136
+
137
+ Le palais de justice.
138
+
139
+ Le palais Lievano.
140
+
141
+ Le District fédéral de Bogota (espagnol : Distrito Federal de Bogotá), créé en 1861 par le général Tomás Cipriano de Mosquera lors de son deuxième mandat de président de la Colombie, fut la première entité administrative de la capitale et le siège du gouvernement fédéral des États-Unis de Colombie[42],[43]. Le district comprenait les zones comprises entre les ríos Arzobispo au nord, Fucha au sud, Bogotá à l'ouest et les cerros Orientales à l'est[42]. Cependant, il fut supprimé le 23 juillet 1863 et son territoire incorporé à l'État souverain de Cundinamarca[44],[43].
142
+
143
+ En 1905 fut créé le district capital de Bogota par le partage du département de Cundinamarca en trois : le Distrito Capital et les départements de Cundinamarca (capitale : Facatativá) et de Quesada (capitale : Zipaquirá)[43]. Les trois entités furent supprimées par la loi 65 du 14 décembre 1909, qui prit effet le 1er mai 1910 et le département de Cundinamarca retrouva alors le territoire qui était le sien avant 1905[43].
144
+
145
+ Par décret législatif du 17 décembre 1954, le général Gustavo Rojas Pinilla, président de la Colombie de 1953 à 1957, créa le District spécial de Bogota (espagnol : Distrito Especial de Bogotá) et les municipalités de Bosa, Engativá, Fontibón, Suba, Usme et Usaquén furent annexées. Le territoire de Sumapaz, annexé en 1955, donna au district son extension finale.
146
+
147
+ Chapinero devint le premier arrondissement de la ville en 1960, suivi par Puente Aranda en 1964 et Ciudad Kennedy en 1967. En 1972, la ville était alors subdivisée en 16 quartiers (barrios), auxquels s'adjoignirent de nombreux autres quartiers jusqu'en 1991 lorsque le Distrito Capital fut divisé finalement en vingt districts constitués à leur tour de quartiers.
148
+
149
+ Bogota comprend six domaines administratifs de taxations, auxquelles les habitants font souvent référence en tant que classes socio-économiques (strates) : estrato 1 (taxation des services : eau, électricité, etc., strate la plus avantageuse) à 6 (taxation la plus forte).
150
+
151
+ L'aire de Bogota comprend une zone urbaine et une zone rurale. Bogotá Distrito Capital est une division du département de Cundinamarca. Toutefois il s'agit d'une division de premier niveau de la Colombie équivalant à un département.
152
+
153
+ Le conseil districtal est le responsable du contrôle politique du Distrito Capital. Il est composé de quarante-cinq consejales, les représentants des vingt districts, élus pour une période de trois ans[45].
154
+
155
+ Le secrétariat districtal a la charge des services de la Santé, de la Mobilité et de l'Éducation.
156
+
157
+ Le maire de Bogota (espagnol : Alcalde Mayor) est le chef de gouvernement et représentant légal, judiciaire et extrajudiciaire du Distrito Capital. C'est, en importance, le deuxième personnage officiel après le président de la République.
158
+
159
+ À partir de 1988[46], il est démocratiquement élu pour une période de deux ans, puis après l'adoption de la Constitution de 1991, pour quatre ans[45]. Il est aussi le responsable de la nomination du maire de chaque district.
160
+
161
+ La maire de Bogota est Claudia López depuis le 1er janvier 2020[47].
162
+
163
+ En 2010, selon les chiffres présentés par le Departamento Administrativo Nacional de Estadística (DANE), (français : Département administratif national des statistiques), Bogota avait une population de 7 363 782 habitants, dont 7 347 795 dans la zone métropolitaine, avec une densité de population d'environ 4 146 habitants par kilomètre carré. Seules 15 987 personnes habitaient dans les zones rurales du district de la capitale. 47,8 % de la population sont des hommes, 52,2 % des femmes.
164
+
165
+ La ville a le plus faible taux d'analphabétisme du pays avec seulement 3,4 % parmi la population âgée de plus de 5 ans.
166
+
167
+ Historiquement, la population de Bogota n'a pas connu une croissance importante avant le XXe siècle, lorsqu'elle avait environ 100 000 habitants. Mais les années 1940, 1960 et 1970 ont vu les hausses les plus importantes de la population. Ces hausses étaient disproportionnées par rapport aux ressources disponibles de la ville, principalement celles ayant trait aux transports, aux services publics et aux possibilités d'emploi[48].
168
+
169
+ Selon un rapport officiel de la « surveillance de district », la capitale est passée de 89,4 morts violentes pour 100 000 personnes en 1996 à 37,9 en 2005, ce qui représente une réduction de 57,6 % en tenant compte du fait que durant la même période la population a augmenté de plus de 25 %.
170
+
171
+ 62,8 % de ces morts violentes ont été causées par des homicides et 20,5 % par des accidents de la circulation. 85,1 % des victimes sont de sexe masculin et 14,9 % de sexe féminin.
172
+
173
+ En février 2012, les autorités de Bogota décident d'interdire le port d'arme à feu dans les espaces publics et les véhicules, à l'exception des membres des forces armées et du personnel de sécurité. Début mai 2012, le maire de Bogota, Gustavo Petro Urrego, annonce que la mesure a permis une diminution de 18 % des meurtres avec armes, dont une baisse de 24 % des meurtres par arme à feu. Cette mesure est renouvelée pour trois mois[49].
174
+
175
+ Le Ministère des Affaires étrangères français, en 2013, indique qu'une vigilance normale doit être observée dans la zone de la capitale de la Colombie. La plupart des agressions contre des Français, à Bogota, sont commises dans des quartiers aisés, tels que le Parque de la 93, la Zona T, etc[50].
176
+
177
+ La convergence des capitaux vers Bogota, ville comptant une importante population, en fait le principal centre économique et commercial du pays. Bogota a affaire à des investisseurs de toute la Colombie ainsi que de plusieurs autres pays. En 2008, la ville fut classée quatrième centre financier parmi les plus influents de l'Amérique latine[51]. À moyen terme, Bogota pourrait devenir l'une des métropoles d'affaires les plus importantes au monde.
178
+
179
+ Dans la période 2003 - 2006, le PIB (produit intérieur brut) du commerce de Bogota a augmenté de 10,3 % par an, ce qui représente 25,3 % du PIB national du commerce, les actifs provenant d'investissements d'autres villes de la Colombie ainsi que de nombreuses multinationales. Malgré un PIB plus élevé que celui de l'Uruguay, en mars 2013 le taux de chômage a atteint 10,2 %[52].
180
+
181
+ Le coût de la vie y est inférieur à la moyenne de celui des quarante villes d'Amérique latine les mieux classées à ce sujet[53]. Bogota DC occupe le sixième rang parmi cinquante villes d'Amérique latine grâce à ses normes de qualité de vie, son potentiel d'affaires élevé et les excellentes conditions qu'elle offre pour le développement professionnel, selon le barème fixé par l'Amérique Economia Intelligence[54].
182
+
183
+ Au niveau national, l'importation de biens d'équipement, stimulée par le gouvernement, a spécialement profité à Bogota dont la participation s'élevait à 24,4 % de la production nationale totale en 2003[55]. Cela est dû, en partie, à sa situation géographique qui fait de la ville un point stratégique du point de vue logistique, car le transport de marchandises vers d'autres parties du pays est relativement rapide. Cette situation géographique facilite également la fourniture de matières premières pour l'industrie de la ville grâce à sa proximité avec les régions agricoles comme les Llanos orientales. Pour toutes ces raisons, plusieurs sociétés multinationales ont établi à Bogota leurs opérations régionales au cours des dernières décennies.
184
+
185
+ Le fleuve Magdalena, dont le profond fossé sépare les cordillères Centrale et Orientale, permet une navigation facilitant les échanges commerciaux et industriels ; les services, y compris les télécommunications et le commerce, gagnent ainsi des parts de marché[56].
186
+
187
+ En 2005, la fourniture des biens de consommation créés par la production industrielle, suivie par celle des biens intermédiaires, est capitale[57]. Parmi les 248 000 entreprises décomptées à Bogota, 78 % d'entre elles sont liées aux activités de services, ce qui représente 76 % des emplois et 79 % du PIB[58]. Les districts où se trouve le plus grand nombre d'établissements industriels sont, dans l'ordre ci-après : Puente Aranda, Fontibón, Kennedy, Los Mártires, Engativá et Barrios Unidos[57]. Les principaux secteurs industriels sont l'industrie alimentaire, la chimie, les produits pharmaceutiques, le textile, l'édition et l'usinage des métaux. Toujours en 2005, le district ayant la plus forte productivité était Tunjuelito, suivi de Chapinero et Teusaquillo[57].
188
+
189
+ Bogota est la principale destination touristique[59], ce qui est particulièrement important compte tenu de la croissance appréciable de ce secteur, à l'échelle nationale, au cours des dernières années[59]. L'industrie de la construction s'est également développée, contribuant directement à réactiver l'activité économique de la capitale[60].
190
+
191
+ En 2003, les États-Unis, suivis de l'Union européenne[55], étaient les principaux partenaires commerciaux internationaux de Bogota. La ville exporte principalement des produits agroalimentaires (30 %), des produits chimiques (10 %) et des textiles (7 %). Elle importe du matériel de transport (17 %), des constructions mécaniques (17 %) et des constructions électriques (14 %)[55]. En outre, Bogota comporte plusieurs quartiers commerçants et un nombre croissant de commerces répartis sur son territoire. Les districts de Suba et de Fontibón comptent également de nombreux commerces.
192
+
193
+ Vue de nuit de Bogota depuis le cerro de Monserrate
194
+
195
+ Le Sanctuaire de Monserrate
196
+
197
+ Le Salitre Mágico (parc d'attractions)
198
+
199
+ Maison de la Monnaie (Casa de la Moneda de Colombia)
200
+
201
+ La Candelaria (le quartier historique)
202
+
203
+ Théâtre Cristóbal Colón
204
+
205
+ Maloka
206
+
207
+ Le paramo de Sumapaz
208
+
209
+ Une fresque à Bogota
210
+
211
+
212
+
213
+ Le tourisme a été déconseillé pendant plusieurs années en Colombie à cause du conflit armé interne. À partir des années 2000, grâce à des campagnes intensives de publicité ainsi qu'aux améliorations des infrastructures et de la sécurité, cette activité s'est développée à Bogota. En 2007, l'Instituto de Turismo Distrital (l'Institut de Tourisme du District) a été créé avec l'objectif de faire de Bogota une destination touristique de premier plan.
214
+
215
+ Les amoureux de la culture et des arts fréquentent les hôtels du centre historique de La Candelaria et de ses environs. Cette zone comporte aussi la plus grande partie des auberges de jeunesse de la ville. Les hôtels situés près de Ciudad Salitre reçoivent surtout des visiteurs faisant de brefs séjours à Bogota ou ayant besoin de se trouver à proximité de l'aéroport international El Dorado.
216
+
217
+ Parmi les lieux touristiques et les monuments importants de Bogota, se trouvent le jardin botanique José Celestino Mutis, la Quinta de Bolívar (français : villa de Bolívar), l'Observatoire astronomique national de Colombie, le planétarium de Bogota, Maloka, le point d'observation de la Tour Colpatria, ainsi que celui de La Calera, et La Candelaria. On peut également visiter Usaquén et ses vestiges coloniaux, où le brunch et le marché aux puces le dimanche étaient des activités traditionnelles. La ville possède de nombreux espaces verts et parcs d'attractions comme Salitre Mágico Mundo Aventura. À l'extérieur de Bogota, à Zipaquirá, on peut voir la Cathédrale de sel, une église construite à l'intérieur des mines de sel. Tout près de La Candelaria se trouve la colline de Monserrate.
218
+
219
+ Dans plusieurs quartiers de la ville, comme la zone G, la zone T et La Macarena, sont situés des restaurants connus pour leurs menus gastronomiques.
220
+
221
+ Depuis les années 2000, l'arrivée d'importantes chaînes d'hôtels, telles que : Marriott, JW Marriott, Radisson Hotels and Resorts, Hilton, NH Hotel Group, entre autres, apporte à Bogota un ensemble de services hôteliers réputés.
222
+
223
+ L'économie de Bogota s'est considérablement développée en raison de la construction de nouveaux centres commerciaux au cours de ces dernières années. En décembre 2011, la construction de 160 centres commerciaux a été prévue en complément des 100 centres existants[61].
224
+
225
+ Quelques centres commerciaux :
226
+
227
+ Les factures d'énergie et celles des services d'eau et d'égout sont établies en fonction du lieu de résidence du propriétaire et de ses revenus[62], afin que les personnes les plus fortunées subventionnent les factures énergétiques et celles des services d'eau et d'égout des plus pauvres.
228
+
229
+ Bogota est divisée en six strates socio-économiques :
230
+
231
+ La croissance de Bogota a mis à rude épreuve les routes et les autoroutes de l'agglomération, mais, durant les années 2000, des efforts importants ont été entrepris pour améliorer l'infrastructure. Même si le nombre de véhicules par habitant demeure faible, les voitures constituent une part importante de la congestion du trafic, s'ajoutant à celle engendrée par les taxis, les autobus et les véhicules utilitaires.
232
+
233
+ Les bus restent le principal moyen de transport en commun. Il existe deux systèmes de bus : le système traditionnel et le TransMilenio. Le système traditionnel, exploité par plusieurs compagnies, offre une grande variété de types de bus : Bus (grands bus), Buseta (autobus de taille moyenne) et Colectivo (camionnettes ou fourgonnettes).
234
+
235
+ Bogota est un hub pour les bus effectuant des trajets à l'intérieur du pays et ceux destinés aux trajets internationaux. Le terminal de bus de Bogota, le plus grand du pays, dessert la plupart des villes colombiennes[63]. En dehors des trajets intérieurs, le terminal permet également d'effectuer des trajets vers le Venezuela, l'Équateur ou le Pérou.
236
+
237
+ Le TransMilenio est un système de transport en commun créé pendant le mandat de maire de Enrique Peñalosa Londoño (mandat de 1998 à 2001)[64]. C'est un Bus à haut niveau de service mis en œuvre pour compenser l'absence de métro (1ère ligne prévue pour 2024) ou de système ferroviaire. Le TransMilenio combine des autobus articulés opérant sur les voies réservées et de petits autobus effectuant les trajets dans les zones résidentielles, ce qui permet aux habitants de rejoindre les lignes principales. Ce système devrait couvrir toute la ville d'ici 2030.
238
+
239
+ Bien que le TransMilenio desserve les principaux axes de Bogota, il reste plus cher que les autres transports, excepté les taxis. En 2011, le prix d'un billet était de 1700 pesos colombiens (environ US $ 0,85). Un seul billet permet un nombre illimité de déplacements jusqu'à ce que le voyageur quitte le système.
240
+
241
+ En complément du TransMilenio, l'administration municipale sous Enrique Peñalosa Londoño a approuvé, à l'aide d'un référendum, la mise en place de restrictions des déplacements en voiture pour certains numéros de plaque d'immatriculation pendant les heures de pointe, système appelé Pico y placa. Le dimanche est également devenu une « Journée sans voitures ».
242
+
243
+ L'administration a mis en œuvre un système de voies cyclables (ciclorutas), et supprimé des milliers de places de stationnement dans le but de rendre les routes plus agréables pour les piétons. Les ciclorutas sont l'un des plus vastes réseaux de pistes cyclables, avec une étendue totale de 303 km. Elles s'étendent du nord de la ville, Calle 170, vers le sud, Calle 27, sans oublier Monserrate. Les ciclorutas ont été lancées par Antanas Mockus, lors de son premier mandat (1995 - 1997), et se sont considérablement étendues au cours de l'administration de Enrique Peñalosa Londoño[65] ; depuis leur mise en place, l'utilisation de la bicyclette dans la ville s'est notablement développée.
244
+
245
+ Depuis un référendum populaire organisé en 2000, une « journée sans voiture » a lieu chaque dimanche[66].
246
+
247
+ Le principal aéroport de Bogota est l'aéroport international El Dorado, à l'ouest du centre-ville, au bout de l'avenue El Dorado. Grâce à sa situation centrale en Colombie et en Amérique latine, c'est une plaque tournante pour les compagnies nationales Avianca et LAN. Il est également desservi par de nombreuses compagnies étrangères du monde entier.
248
+
249
+ D'importants travaux pour une expansion majeure de cet aéroport ont débuté en septembre 2007. Ces travaux terminés, la capacité actuelle connaîtra un important accroissement afin qu'elle atteigne 25 millions de passagers annuels[67].
250
+
251
+ La base aérienne Camilo Daza Álvarez (CATAM), affectée à l'aviation militaire et à celle de la police, est implantée sur le même terrain aux côtés de l'aéroport.
252
+
253
+ L'aéroport Guaymaral (en) est réservé aux activités d'aviation privée.
254
+
255
+ Les services sanitaires de Bogota sont fournis par un réseau d'institutions dépendant de la Direction régionale de la Santé. Ces institutions sont réparties, suivant leur objectif, en trois secteurs[68] :
256
+
257
+ Quelques hôpitaux de Bogota :
258
+
259
+ La capitale de la Colombie dispose de plus de 140 centres de soins. Le Ministère de la protection sociale a recensé plus de vingt services d'assurance santé. Le régime subventionné pour les utilisateurs, établi par les règlements de la loi 100 de 1993, s'applique à chaque institution.
260
+
261
+ Bogota est devenue une destination recherchée tant par les Colombiens que par les étrangers pour ses institutions médicales reconnues internationalement, ses centres de traitement du cancer et des maladies neurologiques, ainsi que pour ses établissements de chirurgie plastique reconstructrice.
262
+ Parmi les établissements de soins de Bogota se trouvent également des cliniques privées.
263
+ Existent aussi diverses banques du sang, de tissus et de cellules souches.
264
+
265
+ Concernant le tourisme[69], la vaccination contre la fièvre jaune est recommandée aux personnes voyageant dans la région des Llanos. L'eau courante est considérée comme potable à Bogota et dans les plus grandes villes de la Colombie mais les contaminations virales ou parasitaires sont assez fréquentes. Le mal des montagnes est parfois éprouvé par des personnes sujettes aux maladies cardiaques ou respiratoires.
266
+
267
+ Bogota possède un vaste réseau d'enseignement : écoles primaires et secondaires, collèges. En raison de la constante migration dans la capitale du pays, les quotas relatifs à l'accès à l'éducation gratuite, offerte par l'État, sont souvent insuffisants. La ville possède également un système diversifié d'écoles et de collèges privés.
268
+
269
+ Il existe un certain nombre d'universités, tant publiques que privées. En 2002, il y avait un total de 106 établissements d'enseignement supérieur. Parmi les universités de Bogota, certaines sont partiellement ou totalement accréditées par le Conseil national d'accréditation (CCN) : l'université nationale de Colombie qui est la plus vaste et la plus importante du pays, l'université des Andes (université privée), l'université pontificale Javeriana fondée par les Jésuites et dont les grades universitaires furent reconnus en 1623, l'université du Rosaire, l'université Externado de Colombie, l'université militaire Nueva Granada, l'université d'Amérique, l'université Sergio Arboleda, l'université Jorge Tadeo Lozano, l'université catholique de Colombie, l'université Saint Thomas d'Aquin et l'université La Salle.
270
+
271
+ L'université nationale de Colombie abrite une cité universitaire, un campus situé dans le Teusaquillo, secteur traditionnel. C'est le plus vaste campus de Colombie et l'un des plus importants de l'Amérique latine. Le district de La Candelaria est le foyer de la plus grande concentration d'universités privées en Amérique latine.
272
+
273
+ En outre, Bogota est de plus en plus populaire parmi les étrangers et les touristes qui souhaitent apprendre l'espagnol tout en découvrant la culture latino-américaine. Des écoles telles que le Meboc Institute[70] ont été mises en place pour offrir des cours flexibles, à des prix compétitifs, aux étudiants internationaux.
274
+
275
+ En Colombie, les systèmes primaire et secondaire des écoles d'enseignement vont de la pré-maternelle à la onzième année. L'éducation en Colombie n'est obligatoire que jusqu'à la 8e année, mais le gouvernement a mis en œuvre une campagne de promotion nationale pour inciter les familles ayant un faible niveau économique à inscrire et à maintenir leurs enfants à l'école au-delà de la huitième année.
276
+
277
+ Seuls 4 % des élèves issus de l'enseignement public ont accès à l'enseignement supérieur[71].
278
+
279
+ De nombreux lieux culturels ont été créés à Bogota, dont 58 musées, 62 galeries d'art, 33 réseaux de bibliothèques et 45 théâtres.
280
+
281
+ L'offre culturelle s'est considérablement développée lors des dernières décennies. Un grand nombre de personnes, venues de tout le pays et souhaitant résider dans la capitale, ont contribué à l'accroissement de différents intérêts culturels en apportant les traditions de régions diverses.
282
+
283
+ Plusieurs parcs d'attractions attirent aussi maints Colombiens et touristes.
284
+
285
+ En outre, 75 stades démontrent l'importance accordée aux sports et la ferveur qui leur est réservée.
286
+
287
+ Enfin, on dénombre à Bogota plus de 150 monuments nationaux[72].
288
+
289
+ Citons quelques lieux culturels de la ville ainsi que des festivals jouissant d'une grande renommée :
290
+
291
+ Bogota a beaucoup œuvré ces dernières décennies pour se positionner en chef de file de l'offre culturelle en Amérique du Sud. Elle est de plus en plus reconnue dans le monde entier en tant que plaque tournante du pays pour le développement des arts[79],[80],[81],[82].
292
+ En 1991, le titre de Capitale culturelle d'Amérique latine a été décerné à Bogota par l'UCCI, Union des Capitales culturelles ibéro-américaines (espagnol : Unión de Ciudades Capitales Iberoamericanas). En 2007, ce titre lui a été décerné pour la deuxième fois ; elle est ainsi devenue la seule ville ayant été honorée de cette reconnaissance à deux reprises[83].
293
+
294
+ Le 7 mars 2012, l'UNESCO a décerné à Bogota le titre de "Cité de la Musique". Elle est au cinquième rang des villes dont la musique est la plus écoutée sur Internet, après Séville (Espagne), Bologne (Italie), Glasgow (Royaume-Uni) et Gand (Belgique)[84].
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+
296
+ À la fin du XIXe siècle, Bogota était une ville assez isolée faute de moyens de communication, les transports de passagers par voie ferrée ayant été réduits. Cependant, le réseau routier se développa, reliant la ville à la vallée du fleuve Magdalena jusqu'aux côtes des Caraïbes.
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298
+ Au cours des années 1860 - 1870, des écrivains de tendances variées formèrent un groupe au sein de la revue littéraire « El Mosaico », fondée (en 1858) et dirigée par l'écrivain, journaliste et critique littéraire José María Vergara y Vergara, afin de tenter d'écrire, pour la première fois, l'histoire de la littérature colombienne et de renforcer ainsi l'identité culturelle du pays.
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300
+ La vie culturelle de la ville s'est concentrée au cœur de réunions qui, au cours du XIXe siècle, ont permis aux Bogotanais de participer à des discussions littéraires, de partager leurs préoccupations politiques, d'assister à des représentations musicales et théâtrales. Au Théâtre Maldonado étaient donnés des opéras et des pièces de théâtre. À la fin du XIXe siècle, Bogota avait deux grands théâtres : le Théâtre Cristóbal Colón, inauguré en 1892, et le Théâtre municipal, inauguré en 1895. Au Théâtre municipal se jouaient des opérettes (zarzuelas) ainsi que d'autres spectacles musicaux. De plus, les scénarios d'importants événements de l'histoire colombienne, qui s'étaient déroulés durant les années 1830 et 1840, y furent présentés.
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302
+ Au cours du XIXe siècle, en dépit des émeutes constantes et des guerres civiles qui entravèrent un développement culturel se voulant très actif, Bogota conserva des traditions datant de l'époque coloniale, assorties d'une certaine influence européenne.
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+ L'École nationale des beaux-arts, fondée en 1886, dont le premier directeur fut Alberto Urdaneta, s'avéra être à l'origine du développement artistique de la ville. Les peintres Epifanio Garay et Ricardo Acevedo Bernal, célèbres portraitistes, enseignèrent à l'École nationale des Beaux-Arts. Andrés de Santamaría (1860 - 1945), peintre de grande renommée, en fut, par deux fois, le directeur. Ses œuvres, associées à l'impressionnisme, furent considérées comme les plus remarquables de cette époque. Les toiles de célèbres peintres paysagistes : Roberto Páramo, Jesús María Zamora, Eugenio Peña, Luis Núñez Borda et Ricardo Gómez Campuzano, sont conservées dans la collection permanente du Musée national.
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+ Bogota a donné au monde hispanophone le poète José Asunción Silva (1865 - 1896), précurseur du mouvement moderniste. Parmi ses œuvres poétiques, De sobremesa occupe une place importante. Le poète Rafael Pombo (1833 - 1912) laissa un recueil de fables nourries essentiellement de l'imagination enfantine et des traditions colombiennes.
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+ La structure urbaine et l'architecture des bâtiments coloniaux à Bogota ont été maintenues depuis la fin du XIXe siècle, longtemps après l'indépendance de la Colombie (1810). Cette persistance de structures datant de la période coloniale se constate principalement dans La Candelaria, centre historique de Bogota. Des maisons coloniales de deux étages, avec des cours, des toits à pignons, des carreaux de céramique et des balcons ont été préservées. Parfois, un matériau ajouté, au cours de la période républicaine, à la construction des balcons, le verre (les balcons de la maison du poète Rafael Pombo en sont un exemple), différencie certaines habitations de celles restées conformes à l'architecture du secteur.
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310
+ « L'architecture républicaine » était le style qui prévalait entre 1830 et 1930. Malgré les tentatives pour consolider un langage architectural moderne, la construction, entre 1936 et 1939, de la Cité universitaire de Bogota ou « Ciudad Blanca » (français : Ville blanche), un campus qui réunit à l'Université nationale de Colombie[85] plusieurs facultés dispersées, en est le seul exemple bien que les architectes des tendances rationalistes aient participé à la conception des bâtiments de ce campus. Ce travail fut élaboré par l'architecte et urbaniste allemand Leopold Siegfried Rother Cuhn (1894 - 1978) avec l'aide du pédagogue allemand Fritz Kartzen.
311
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312
+ Parmi les tendances de l'architecture bogotana, peuvent être cités : l'art déco, l'expressionnisme et l'architecture organique, à l'échelle humaine, harmonisant l'habitation et son environnement naturel. Cette dernière tendance fut utilisée par des architectes bogotanais, dans la seconde moitié du XXe siècle, tel que l'architecte franco-colombien Rogelio Salmona (1927 - 2007).
313
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314
+ En 2006, le Lion d'or de la dixième Exposition internationale d'architecture de Venise (ou Biennale d'architecture de Venise) a été décerné à Bogota en reconnaissance de « ses efforts en faveur de l'insertion sociale, l'éducation, le logement, et l'espace public, en particulier grâce à des innovations dans les transports ».
315
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+ Bien que Bogota soit réputée pour la préservation de sa belle architecture coloniale, des exemples significatifs d'architecture contemporaine se trouvent dans le centre-ville et au nord de la ville.
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+ En 2015, BD Bacatá sera inauguré en tant que le plus haut bâtiment (240 mètres) de la ville, prenant ainsi la place de la tour Colpatria (196 mètres). Cet édifice est situé à l'intersection de la calle 19 et des carreras 5 - 20. Sa construction marque le début de la rénovation du centre-ville[86].
319
+
320
+ En 2007, Bogota a été nommée Capitale mondiale du livre par l'UNESCO[87]. Bogota est la première ville d'Amérique latine à avoir reçu cette reconnaissance et la deuxième du continent américain après Montréal (Canada). Parmi les programmes pour l'accession au titre de Capitale mondiale du livre, celui de Bogota se distingue principalement par son réseau de bibliothèques et la présence d'organisations qui, d'une manière coordonnée, travaillent à la promotion du livre et de la lecture dans la ville. Plusieurs initiatives spécifiques pour le programme de Capitale mondiale du livre ont été prises avec la participation effective des groupes, tant publics que privés, engagés dans le secteur du livre.
321
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322
+ La ville est le foyer de la BibloRed, institution qui administre les bibliothèques publiques, dont seize petites et quatre grandes (la Bibliothèque Virgilio Barco, la Bibliothèque El Tintal, la Bibliothèque El Tunal et la Bibliothèque Julio Mario Santodomingo). Un des services du Fonds d'indemnisation de la Caisse colombienne d'allocations familiales (Colsubsidio) a la charge, entre autres secteurs d'activité, du réseau des Bibliothèques de la Famille. Des bibliothèques et des centres de documentation rattachés à des institutions telles que le Musée national de Colombie (spécialisé dans les livres anciens, catalogues et livres d'art), le musée d'art moderne de Bogota, l'Alliance française et le Centre colombo-américain.
323
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324
+ Des centres culturels ont été conçus grâce à de nouvelles initiatives prises en collaboration avec l'État, la ville, des institutions et agences internationales : le Centre culturel Gabriel García Márquez, créé avec l'aide du Fonds de Culture économique du Mexique, et le Centre culturel espagnol dont la construction débutera avec l'apport de fonds publics bogotains et l'aide du gouvernement espagnol dans le centre de Bogota, plus précisément Carrera Tercera con Avenida 19.
325
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+ La Bibliothèque nationale de Colombie (1777), relevant du ministère de la Culture, et la Bibliothèque Luis Ángel Arango (1958), dépendant de la Banque de la République de Colombie, sont les deux plus grandes bibliothèques publiques de la ville. Dans la première, on dénombre plus de deux millions de volumes, dont une importante collection de livres anciens. La seconde comprend presque deux millions de volumes. D'une superficie de 45 000 mètres carrés, elle accueille 10 000 visiteurs par jour. De la Banque de la République dépend aussi la Bibliothèque Rudas Alfonso Palacio, au nord de Bogota, avec environ 50 000 volumes. Parmi les grandes bibliothèques publiques, on trouve la Bibliothèque du Congrès en Colombie, qui contient 100 000 volumes, la Bibliothèque de l'Institut Caro y Cuervo, comprenant près de 200 000 volumes, qui est la plus grande bibliothèque d'Amérique latine en philologie et linguistique, la Bibliothèque de l'Académie de l'histoire, celle de l'Académie de la langue, celle de l'Institut colombien d'anthropologie et d'histoire (ICANH), et les bibliothèques universitaires.
327
+
328
+ À Bogota, les archives nationales contiennent environ 60 millions de documents historiques. Il s'agit de l'une des plus grandes collections d'Amérique latine de sources historiques primaires. La ville abrite également les archives musicales de la cathédrale de l'Immaculée-Conception comportant des milliers de livres, de chants chorals et de chansons coloniales d'époque, les archives de l'archidiocèse de Bogota[88] qui a pour siège la cathédrale de l'Immaculée-Conception, les archives du séminaire conciliaire de Bogota, les archives historiques de l'université nationale de Colombie, et les archives de la Monnaie sous le couvert de la Banque de la République.
329
+
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+ Bibliothèque nationale de Colombie.
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+ Centre culturel Julio Mario Santodomingo.
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+
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+ Bibliothèque El Tunal.
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+
336
+ Bibliothèque Ernesto Guhl, Université nationale de Colombie.
337
+
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+ Bogota est dotée d'un immense héritage culturel. Elle abrite 58 musées et plus de 70 galeries d'art. Les acquisitions du Musée national de Colombie, le plus grand et le plus ancien du pays, sont réparties en quatre collections : art, histoire, archéologie et ethnographie. Le Musée de l'or conserve de nombreuses œuvres d'orfèvres de l'ethnie indienne jadis dominante, les Chibchas des Andes. Sa collection d'orfèvrerie et de bijouterie précolombienne, la plus riche du monde, compte 35 000 pièces d'or tumbaga (alliage d'or et de cuivre). Sont aussi dénombrés 30 000 objets en céramique, pierre et textile.
339
+
340
+ Le Musée Botero dispose de 123 œuvres de Fernando Botero et de 87 œuvres d'artistes internationaux. Le Musée d'art moderne possède des collections d'arts graphiques, de design industriel et de photographie. Le Musée d'art colonial de Bogota contient une importante collection d'art colonial de la Colombie. La Fondation Gilberto Alzate Avendaño accueille, dans ses salles et ses galeries d'art, les activités liées aux arts de la scène ainsi que des expositions temporaires d'art.
341
+
342
+ Le Musée d'art moderne de Bogota (MAMBO), conçu par l'architecte franco-colombien Rogelio Salmona, a été créé en 1955. Il abrite une importante collection d'œuvres d'art moderne et contemporain d'artistes colombiens, ainsi que des œuvres d'artistes d'Amérique latine en général : peinture, sculpture, dessin et gravure, entre autres[89].
343
+
344
+ Parmi les musées scientifiques, citons le Musée Archéologique (Casa del Marqués de San Jorge), qui compte environ 30 000 pièces d'art précolombien, l'Institut de Sciences naturelles (Instituto de Ciencias Naturales), l'un des quatre plus grands musées de sciences naturelles de l'Amérique latine, et le Musée géologique national José Royo y Gómez, possédant des collections spécialisées en géologie et paléontologie.
345
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346
+ Bogota abrite des musées historiques tels que le Musée Jorge Eliécer Gaitán, le Musée de l'Indépendance (Museo de la Independencia), la Quinta de Bolívar et le Musée Francisco José de Caldas, ainsi que le siège de Maloka et le musée des enfants de Bogota. Le Musée national de Colombie et de nouveaux musées accueillent l'Art déco.
347
+
348
+ Bogota abrite beaucoup de parcs et d'installations pour de nombreux concerts, pièces de théâtre et films, ainsi que des espaces pour les conteurs et d'autres activités de loisirs.
349
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350
+ Le train touristique, populaire auprès des habitants de Bogota, conduit, le week-end, dans des villes éloignées, telles que Zipaquirá, Cajicá et Nemocón, le long des lignes de l'ancien Bogota Savannah Railway (le chemin de fer de la Savane de Bogota) qui transportait les passagers dans les villes de la région métropolitaine de Bogota. La ligne ferroviaire vers Zipaquirá (célèbre pour sa Cathédrale de Sel, une église construite à l'intérieur des mines de sel) est longue de 53 km. Une autre ligne, de 47 km, va vers le nord et se termine à Briceño.
351
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352
+ Parc Simón Bolívar.
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+ Parc des journalistes.
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+ Parque de la 93.
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+ Parc Santander.
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360
+ Parc El Virrey.
361
+
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+ Bogota, qui accueille le Festival de théâtre ibéro-américain, comporte 45 théâtres, dont les principaux sont le Théâtre Colón, le Théâtre national avec ses deux salles, le traditionnel TPB Hall, le Théâtre de La Candelaria, le Théâtre Camarín del Carmen (un ancien couvent de plus de quatre cents ans), celui de la Colsubsidio (le fonds d'indemnisation de la Caisse colombienne d'allocations familiales), et un symbole de la ville, le Théâtre rénové Jorge Eliécer Gaítan offrant, actuellement, la plus grande capacité en Amérique du Sud, l'Auditorium León de Greiff qui abrite l'Orchestre philharmonique de Bogota, et l'Open Air Theater, la Media Torta où des manifestations musicales sont également organisées.
363
+
364
+ Depuis 1984, Bogota a son propre festival de cinéma : le Festival du film de Bogota, qui se déroule généralement en septembre ou octobre. Ce festival attribue le Golden Precolumbian Circle.
365
+ De nombreuses salles présentent aussi bien les films contemporains que le cinéma d'art.
366
+
367
+ Le principal centre culturel de Bogota est La Candelaria, lieu historique de la ville, avec une forte concentration d'universités et de musées. En 2007, Bogota fut désignée « Capitale culturelle ibéro-américaine ».
368
+
369
+ À Bogota, outre la cuisine typique santafereña, on trouve également des spécialités de toutes les régions de la Colombie.
370
+
371
+ Parmi les plats typiques, on peut citer l'ajiaco santafereño, soupe composée de poulet, de plusieurs sortes de pommes de terre, de manioc, de maïs et d'une herbe appelée guascas. Cette soupe est servie, le plus souvent, avec un peu de crème, de coriandre fraîche et, parfois, des câpres. Elle se consomme accompagnée d'un avocat cru.
372
+
373
+ Le tamal, cuit à la vapeur dans une feuille de bananier, dont on trouve de nombreuses déclinaisons dans différents pays d'Amérique latine, est souvent servi au petit déjeuner avec un chocolat chaud. Il s'agit d'une pâte de farine de maïs avec de la viande ou du poulet, des pois chiches, des carottes et des épices. Ce plat est présenté dans une feuille de bananier.
374
+
375
+ L'arepa est une galette de farine de maïs. Sa version la plus courante est l'arepa con queso (au fromage).
376
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377
+ Les empanadas, différentes sortes de beignets fourrés, sont également une nourriture courante cuisinée chez soi ou achetée dans la rue.
378
+
379
+ Les figues au caramel, les fraises à la crème et les desserts avec de la crème en général sont des mets appréciés à Bogota.
380
+
381
+ Le canelazo est une boisson de l'Altiplano cundiboyacense préparée avec de l'aguapanela (eau sucrée par dissolution d'un pain de sucre de canne), de l'aguardiente et de la cannelle, qui se boit chaude.
382
+
383
+ La « chicha et masato » (dérivé du maïs fermenté) est une boisson andine typique[90].
384
+
385
+ Les boissons les plus courantes, comme ailleurs en Colombie et souvent dans le reste de l'Amérique latine, sont les jus de fruits frais, dilués avec de l'eau ou du lait.
386
+
387
+ Comme dans toute la Colombie, l'unité familiale tient une grande place parmi les valeurs de la société bogotana et se manifeste particulièrement lors des fêtes religieuses et des temps forts de l'année.
388
+
389
+ Bogota a été majoritairement catholique; le nombre d'églises construites dans le centre historique de la ville le prouve. La ville est le siège de l'archidiocèse de Bogota depuis le 22 mars 1564, actuellement situé dans les nouveaux bâtiments du nord de la ville. La cathédrale de l'Immaculée-Conception est le siège de l'archevêché.
390
+
391
+ La Constitution de 1991 a facilité la présence de mouvements protestants et d'autres groupes religieux parmi la population. Une mosquée se trouve dans le quartier de Chapinero. La principale synagogue juive ashkénaze (quatre synagogues existent à Bogota) est située sur la 94e rue (appelée aussi avenue de l'État d'Israël). Le 20 avril 2011, un acte antisémite fut commis sur le mur de la synagogue ashkénaze sous la forme de graffitis haineux (le mot « Juifs » et une croix gammée)[91].
392
+
393
+ Une église orthodoxe orientale et la cathédrale anglicane San Pablo, l'église mère de l'Église épiscopale de Colombie, sont toutes deux situées dans le quartier de Chapinero.
394
+ Le temple mormon de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours se trouve dans le quartier de Niza.
395
+ Il existe aussi quatre centres bouddhistes dans le nord de la ville.
396
+ De nombreuses églises protestantes se dressent dans diverses parties de la ville, y compris la chapelle baptiste de Bogota, l'église de l'Union non confessionnelle, et l'église de la Communauté évangélique de langue allemande Saint-Matthäus dont les services sont en allemand et en espagnol.
397
+
398
+ L'Institut du district des Loisirs et du Sport veille également à la bonne utilisation des stades de Bogota. Le football en salle, le sport le plus populaire de la ville, a été déclaré sport symbolique de Bogota. Le football professionnel colombien jouit, dans la ville, d'une grande considération en tant que sport national d'une extrême importance. Deux des trois équipes de football de Bogota, Millonarios et Santa Fe, ont un nombre très élevé de supporters. Millonarios a remporté quatorze ligues et Santa Fe sept. Grâce à ces deux équipes, Bogota est la première ville de Colombie en nombre de titres, avec Cali, soit vingt titres reçus. Le Stade Nemesio Camacho El Campín accueille Millonarios depuis 1938, et Santa Fe depuis 1951. El Campín fut l'hôte de la finale de la Coupe du monde de football des moins de 20 ans en 2011. La troisième équipe de football de Bogota est La Equidad.
399
+
400
+ Parmi les autres grands sites sportifs, citons : le colisée El-Campín, le complexe aquatique du parc Simón-Bolívar, le palais des Sports et le complexe sportif El-Salitre qui inclut le vélodrome Luis-Carlos-Galán-Sarmiento (l'hôte de la Coupe du monde de cyclisme sur piste en 1995) et le stade de baseball El-Salitre.
401
+
402
+ Bogota a accueilli les premiers Jeux bolivariens en 1938 et les Jeux nationaux en 2004. La ville a été « co-hôtesse », avec d'autres villes de Colombie, de différents Jeux panaméricains et Jeux bolivariens. Bogota est également présente dans le parcours du Tour de Colombie.
403
+
404
+ Le drapeau de Bogota a pour origine le mouvement de rébellion qui éclata le 20 juillet 1810 contre les autorités coloniales. Les rebelles ont commencé à porter à l'avant-bras une rosette aux couleurs jaune et rouge, celles du drapeau de l'Espagne alors en vigueur au Nouveau Royaume de Grenade. 142 ans plus tard, par décret 555 du 9 octobre 1952, l'insigne des patriotes de la guerre d'indépendance du 20 juillet 1810[92] fut finalement adopté comme drapeau officiel de Bogota.
405
+
406
+ Signification des couleurs :
407
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408
+ Par le Royal Warrant de Valladolid du 3 décembre 1548, l'empereur Charles Quint accorda des armoiries à la ville de Santa Fe (actuellement Bogota). En voici un extrait traduit de l'ancien espagnol :
409
+
410
+ « ... et parce que nous méritons et nous souhaitons que, désormais, le commandement agora et la dite province du Nouveau Royaume de Grenade et les villes aient des armes et soient connus par un bouclier ayant au centre un aigle noir couronné, sur fond d'or, tenant dans chaque patte une grenade rouge, avec neuf grenades d'or sur une bordure bleue. »
411
+
412
+ Soit en termes de blasonnement : « D'or, à l'aigle couronnée de sable tenant dans chaque patte une grenade de gueules, à la bordure d'azur neuf grenades d'or. » 20
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+
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+ Dans ces armoiries données par Charles Quint au Nouveau Royaume de Grenade, l'aigle symbolise la force, les neuf grenades représentent le courage et l'intrépidité.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Bogota a passé un accord de jumelage de villes avec Miami (États-Unis) en 1971[104], un autre avec Cadix (Espagne) en 2008[105] et également avec Chicago (États-Unis) en 2009[106]. En 1982, la ville a signé un accord de jumelage pour la coopération internationale avec Séoul (Corée du Sud)[107]. En outre, Bogota fait partie de l'Union des Capitales culturelles ibéro-américaines (Unión de Ciudades Capitales Iberoamericanas, UCCI) qui regroupe 29 villes d'Ibéro-Amérique (péninsule Ibérique et Amérique latine[108]). Bogota est jumelée avec 38 villes[109],[110],[111] :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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2
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3
+ Bogota (en espagnol : Bogotá, Bogotá Distrito Capital, Bogotá D.C.)[2],[3], anciennement Santa Fe de Bogotá Distrito Capital, est la capitale de la Colombie et également celle du département de Cundinamarca. Elle a été fondée le 6 août 1538 par le conquistador espagnol Gonzalo Jiménez de Quesada (1509 - 1579). Suivant l’organisation d’un district capital unitaire et décentralisé, Bogota jouit d'une autonomie lui permettant la gestion de ses intérêts dans les limites imposées par la Constitution et la loi[3],[4]. Composée de 20 districts, elle est la métropole incontestée du pays aux points de vue administratif, économique et politique.
4
+
5
+ Bogota se trouve au centre de la Colombie, dans une zone naturelle appelée savane de Bogota (espagnol : Sabana de Bogotá) située dans la partie sud de l’Altiplano cundiboyacense, ensemble de hauts plateaux de la cordillère Orientale, une ramification de la cordillère des Andes. Pour ce qui est de la superficie, Bogota est la plus grande ville de la Colombie, et son altitude de 2 640 mètres fait d'elle la troisième plus haute capitale du monde après La Paz (Bolivie) et Quito (Équateur).
6
+
7
+ En 2013, la population de Bogota et de son agglomération, qui inclut des municipalités telles que Chía, Cota, Soacha, Cajicá et La Calera, s'élève à 8 744 000 habitants[5]. Elle s'étend sur 33 km du nord au sud, et sur 16 km d'est en ouest[6].
8
+
9
+ En tant que capitale du pays, Bogota est le siège des organes politiques les plus importants :
10
+
11
+ Sur le plan économique, elle se distingue en tant que centre économique et industriel de grande importance[8].
12
+
13
+ Bogota, ville la plus grande et la plus peuplée de Colombie, est aussi la plaque tournante industrielle, économique, culturelle et touristique du pays. Pour toutes ces raisons, elle occupe également une place prépondérante en Amérique latine[9].
14
+
15
+ La présence de nombreux musées, théâtres et bibliothèques participe à offrir à la ville une situation d'un grand intérêt sur le plan culturel. Certains de ces lieux culturels figurent parmi les plus importants de Colombie. De plus, des festivals de renommée nationale et internationale y sont organisés, attirant un public venu du monde entier.
16
+
17
+ Sur le plan académique, Bogota se distingue grâce aux universités qu'elle abrite, dont quelques-unes sont les plus réputées du pays. L’UNESCO lui a décerné le titre de Capitale mondiale du livre de l’année 2007[10].
18
+
19
+ La ville est surnommée « l'Athènes sud-américaine »[11].
20
+
21
+ Bogota, capitale de la Colombie, est classée 54e à l'indice Global Cities de 2010[12]. Elle est considérée comme une ville globale (ou ville mondiale) de type Bêta+ par le GaWC[13].
22
+
23
+ Le nom de Bogota provient de Bacatá, appellation donnée par les indigènes chibchas, un des groupes indiens dont la civilisation était la plus avancée. Parmi les Chibchas se côtoyaient de pacifiques fermiers et de remarquables orfèvres. Avant la conquête espagnole, la ville abritait une importante population. Le chroniqueur espagnol Juan de Castellanos (1522 - 1607) affirmait que le sens originel de Bacatá, en langue indigène, était « la fin des champs »[14]. Le lieu où se situe actuellement Bogota avait reçu le nom de Muequetá (« champ ou savane des cultures »)[15], et le district du Zipa, c'est-à-dire du prince chibcha le plus important parmi les gouvernants, était désigné sous celui de Funza (« homme puissant »). L'éducation du Zipa se faisait dans l'actuelle municipalité de Chía. C’est précisément sur le territoire actuel de Funza, municipalité située dans le département de Cundinamarca et banlieue de Bogota, mais probablement aussi aux alentours de Funza que l’on peut trouver la source de la population de Bacatá, la ville où habitait majoritairement le peuple chibcha.
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+ Lors de l'arrivée des Espagnols dans les Indes, que les conquérants (conquistadores) appelèrent les Indes occidentales espagnoles, les Chibchas y vivaient déjà.
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+ Au fil de l’Histoire, Bogota et ses alentours ont porté différents noms. En muisca, langue amérindienne - aujourd'hui éteinte - qui était parlée par les Indiens chibchas, l'appellation d’origine du lieu où les Espagnols fondèrent la cité était Thybzacá ou Teusacá, d’où vient Teusaquillo, l'actuel 13e district de Bogota. En 1538, quand le conquistador Gonzalo Jiménez de Quesada (1509 - 1579) fonda la cité, il lui donna le nom de Nuestra Señora de la Esperanza. Cependant, une année plus tard, en 1539, lors de la fondation juridique de la ville, ce nom changea en Santafé ou Santa Fe (Sainte Foi).
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+ Le nom Santafé de Bogota (ou Santa Fe de Bogota) ne fut pas officiel durant l'époque coloniale, mais son utilisation devint commune par la nécessité de la distinguer des autres Santafé et parce que Bogota était le nom indien de la région. À cette époque, le district actuel de Funza portait aussi l'appellation de Bogota.
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+ Après avoir obtenu son indépendance en 1819, Santa Fe reçut derechef le nom indien de l’ancienne capitale chibcha : Bogota. En fait, son nom officiel était, sauf pendant l'époque coloniale, Santa Fe de Bogota mais on l’appelait communément seulement Santa Fe pour la distinguer de l’actuelle Funza.
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+ La constitution de 1991 a indirectement changé le nom de la capitale qui devint Santa Fe de Bogota. La polémique engendrée par ce changement a conduit à la réforme constitutionnelle du 18 août 2000 afin de supprimer les mots « Santa Fe de », lui redonnant finalement le nom de Bogota[16].
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+ À partir de 10500 av. J.-C., des chasseurs-cueilleurs habitèrent la zone. Dès 3500 av. J.-C., on remarque l'existence d'activités horticoles, de poterie et de la domestication du cochon d’Inde, pratiquées par des groupes qui, à l'origine, dépendaient de la chasse et de la cueillette. En 500 av. J.-C., la culture du maïs et celle de la pomme de terre étaient déjà largement répandues. Jusqu'en l'an 800 de notre ère, les Muiscas (la peuplade indigène la plus importante de la famille chibcha) vivaient dans la zone, résultat d'une migration d'origine chibcha, provenant d'autres territoires (probablement d'Amérique centrale), qui s'était mélangée avec la population déjà présente.
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+ Il manquait à la culture chibcha l'écriture. C'est pourquoi les chroniqueurs ont reconstitué l'histoire aborigène en recueillant des récits oraux qui remontent à 1470, date à laquelle le zipa Saguanmachica gouvernait Bogota. Tout en haut de l’échelle sociale se trouvait le monarque absolu (le zipa), suivi par l’ordre religieux des sages et des moines. Ensuite venaient les guerriers (ou güechas), puis les artisans, les commerçants, les paysans, etc.
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+ On pense que les Chibchas ont peut-être eu coutume de sacrifier des jeunes filles capturées lors des guerres ou achetées à d’autres tribus. Il n’en existe toutefois aucune preuve solide ou vérifiable. Ils ont élaboré un calendrier d’une grande précision et une structure juridique complexe, connue sous le nom de « Code de Nemequene ». En outre, les monuments chibchas furent érigés avec des matériaux périssables, ce qui ne les empêcha pas de rester debout après l’arrivée des conquistadors européens[17].
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+ Il faut également souligner que, même s'il est possible d'identifier des traits indigènes dans la population bogotaine, comme Bogota a longtemps reçu des migrants de tout le pays, on peut rencontrer des phénotypes d'une grande diversité : couleur de peau, de cheveux et d'yeux, ce qui l'a convertie en une cité multiraciale.
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+ Gonzalo Jiménez de Quesada qui était revenu de son expédition militaire de Santa Marta (la capitale du département de Magdalena) et de la vallée du fleuve Magdalena avec plus de 500 hommes n'en comptait que 70 environ après sa victoire sur les Muiscas et la conquête de la savane de Bogota. Il annonça « la fondation de facto » de la cité ; la cérémonie eut lieu le 6 août 1538. Douze cabanes furent construites ainsi qu'une chapelle dans le site appelé Thybzacá, aujourd’hui Teusaquillo, le 13e district de Bogota. On suppose que l’événement se produisit sur l’actuelle Plazoleta del Chorro de Quevedo, bien qu’il n’existe aucun document le confirmant[18].
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+ Le 22 avril 1539, Gonzalo Jiménez de Quesada procéda aussi à la fondation juridique de Santa Fe en compagnie des explorateurs Nikolaus Federmann et Sebastián de Belalcázar[19]. Le nom de la ville, initialement Nuestra Señora de la Esperanza, fut changé en Santa Fe lors de la fondation juridique et le Conseil municipal de Santa Fe fut établi. Gonzalo Jiménez de Quesada donna à Santa Fe et aux territoires alentour le nom de Royaume de Nouvelle-Grenade dont la ville fut, durant toute la période coloniale, la capitale.
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+ Le brevet royal de l’empereur Charles Quint éleva Santa Fe au rang de ville le 27 juillet 1540[20]. En 1548, l’empereur octroya à Santa Fe le titre de « très noble, très loyale et ville très ancienne du Nouveau Règne » avec, pour armes, un blason[21] sur lequel figure un aigle noir sur fond or, une grenade dans chaque serre, entouré de grenades d’or sur fond bleu[22].
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+ Puis la ville devint dépendante de la vice-royauté du Pérou, fondée le 20 novembre 1542 par Charles Quint. Bogota fut également le siège du gouvernement de la Real audiencia de Santa Fe de Bogota (l'Audience royale de Santa Fe de Bogota), créée en 1550.
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+ En 1717, la cité devint la capitale de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade, créée par la couronne d'Espagne, accueillant ainsi les vice-rois, après avoir disputé le siège vice-royal à Carthagène des Indes[23], ville de Colombie fondée en 1533 par le conquistador Pedro de Heredia (1505 - 1554).
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+ En 1783, le vice-roi créa une commission scientifique, dirigée par le médecin et naturaliste espagnol José Celestino Bruno Mutis y Bosio (1732 - 1808), qui commença ses recherches sur les collines de Santa Fe, premiers pas de ce qui, plus tard, sera connu comme l’Expédition botanique[24]. Le naturaliste, géographe et explorateur allemand Alexander von Humboldt (1769 - 1859), en route vers Quito (Équateur), traversa la vice-royauté du nord au sud, passant par Carthagène des Indes, Bogota et Pasto[25]. De 1802 à 1803 eut lieu la construction de l'Observatoire astronomique national de Colombie, le premier observatoire astronomique construit en Amérique, qui avait été promu par José Celestino Bruno Mutis y Bosio[26].
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+ Quelques-uns des créoles les plus influents de la vice-royauté - de hauts personnages comparables à Policarpa Salavarrieta (1795 - 1817), héroïne de la résistance colombienne, et Antonio Nariño (1765 - 1823), président de l'État libre de Cundinamarca de 1811 à 1813, puis vice-président de la Grande Colombie en 1821 - habitaient la ville. C’est en grande partie là que le mouvement indépendantiste se produisit, auquel se rattachent les faits connus sous le nom de El Florero de Llorente (Le Vase de Llorente). Les frères Francisco et Antonio Morales recevaient à dîner un fonctionnaire du roi arrivé d’Espagne. En quête d'un fleuriste pour commander la décoration de la salle où était prévu cet évènement, ils interrogèrent un commerçant espagnol, José González Llorente, qui tenait boutique au coin nord-est de l'actuelle place Bolívar, la principale place de Bogota. Ils furent rejetés par celui-ci d'une façon qu'ils jugèrent inappropriée. Cela fut le prétexte d'une rixe qui dégénéra en désordre populaire et marqua, le 20 juillet 1810, le début de la lutte et du Cri (espagnol : El Grito) pour l’Indépendance. Bien que le territoire eût été reconquis en 1816 par les Espagnols, il obtint l’indépendance définitive en 1819.
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+ Bogota devint la capitale de la Grande Colombie jusqu’en 1830[27], quand la dissolution de cet État permit de donner naissance à ceux qui sont aujourd'hui l'Équateur, le Venezuela et la Colombie (le Panama proclama son indépendance en 1903). Jusqu'à la fin du XXe siècle, l'histoire de la Colombie ne fut qu’une suite de guerres civiles, dont la plus notoire fut la guerre des Mille Jours (1899 - 1902), au cours de laquelle les factions du parti conservateur et du parti libéral massacrèrent la population.
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+ Bogota reçut, en 1861, le titre de capitale des États-Unis de Colombie, ancien pays d'Amérique du Sud, et ses quelques quartiers, peu nombreux, furent élevés au rang de cantons.
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+ En 1876, le Conseil de la ville établit une nomenclature et une numérotation des rues en remplaçant leur nom traditionnel par des nombres consécutifs, comme c'est le cas aujourd'hui[28].
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+ En 1884, le service de tramway de la ville commença à fonctionner de la place Bolívar jusqu'à Chapinero, le 2e district de Bogota. Il était tiré par des mules.
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+ En 1889 fut inaugurée la première ligne de chemin de fer reliant Bogota depuis San Victorino, quartier bogotanais, jusqu'à Facatativá, municipalité du département de Cundinamarca[29]. Cette ligne de chemin de fer, terminée vers la fin du XIXe siècle et comptant plus de 100 km de voies ferrées, permettait, avec des correspondances, de voyager dans certaines zones du pays y compris jusqu’à la mer des Caraïbes (ou mer des Antilles). De 1910 à 1940, un système de tramways électriques, doté de nombreuses lignes, s'étendit autour de Bogota et de ses banlieues. Avec le train, ces moyens de transport ont été les piliers du développement de la ville dont la population, en 1912, dépassait à peine 120 000 habitants[30].
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+ Dans les années 1920 fut inauguré à Bogota le premier aéroport d’Amérique latine et la ville commença à être approvisionnée en énergie électrique permanente avec la construction d’une centrale électrique, toujours en service, à la cascade du Tequendama, une chute d'eau de 132 mètres de haut qui se trouve dans la municipalité de San Antonio del Tequendama (département de Cundinamarca). La décennie suivante vit l'élaboration des premiers projets urbanistiques en l’honneur du quatrième centenaire de la fondation de la ville : un complexe urbanistique dans le quartier de Teusaquillo, la Cité universitaire, le parc national Enrique Olaya Herrera, ainsi nommé en hommage au président de la Colombie de 1930 à 1934, et le stade Nemesio Camacho El Campín, le principal stade de football de Bogota.
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+ Cette floraison fut néanmoins assombrie par l'assassinat, le 9 avril 1948, de Jorge Eliécer Gaitán, homme politique colombien très populaire, chef du Parti libéral. Destruction et pillage d'une partie de la ville s'ensuivirent lors des évènements baptisés Bogotazo marquant le début de La Violencia (« La Violence »), période de guerre civile qui dura jusqu'en 1960.
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+ Une des conséquences du Bogotazo fut que les familles de nantis, qui habitaient jusque-là dans le centre de la ville, commencèrent progressivement à déménager vers d’autres secteurs tels que Chapinero, le 2e district de Bogota, et parfois même jusqu’à des localités de banlieues comme Usaquén ou Suba, respectivement les 1er et 11e districts de la ville[29].
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+ Au cours de la 9e Conférence panaméricaine organisée dans la ville en 1948, la charte de Bogota, également nommée traité américain de règlement pacifique (American Treaty on Pacific Settlement) ou pacte de Bogota, qui constitua l'institutionnalisation de l’Organisation des États américains[31] (OEA), fut signée. La dictature militaire dirigée par le général Gustavo Rojas Pinilla de 1953 à 1957 contribua au développement de la cité grâce à la construction de l’Autopista Norte (en français : Autoroute du Nord), du nouvel aéroport international El Dorado, principal aéroport de Bogota ainsi que du pays, et à la reconstruction de l'avenue reliant le centre de la ville (Calle 26) et le Centro Internacional de Bogotá près duquel avait été inauguré l'hôtel Tequendama quelques années plus tôt.
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+ En 1955, on créa le Distrito Especial - en tant qu'aire métropolitaine de Bogota - dans lequel furent intégrées les municipalités de Bosa, Engativá, Fontibón, Suba, Usme et Usaquén ; le hameau de Chapinero fut inclus dans le périmètre de la capitale et devint la première commune mineure de la ville.
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+ En 1961, on entreprit la construction du quartier Ciudad Kennedy, le 8e district de Bogota, conformément au programme de l'Alliance pour le Progrès, créée par le président des États-Unis John F. Kennedy afin de renforcer la coopération entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud, et dirigée par le gouvernement américain.
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+ En 1964, Puente Aranda, l'actuel 16e district, devint également une commune mineure de Bogota, suivie par Ciudad Kennedy en 1967. Cinq ans plus tard, on divisa la ville en seize communes mineures incluant des municipalités annexes. Les nouvelles communes furent les trois secteurs traditionnels du centre : Santa Fe, le 3e district, Teusaquillo, le 13e ainsi que mentionné plus haut, et Los Mártires, le 14e. On créa, en 1977, la commune mineure de La Candelaria, le 17e, et en 1983, du fait du chaos engendré par les invasions au sud, Ciudad Bolívar, le 19e district, devint une des autres communes de la ville. Avec la Constitution de 1991, le District Spécial se transforma en District Capital et les communes furent élevées au rang de districts. Bogota est alors divisée en vingt districts.
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+ Divers évènements se sont déroulés dans le cadre du conflit armé en Colombie, qui débuta vers le milieu des années 1960 pendant lesquelles des guérillas eurent lieu, s'opposant par la suite aux groupes paramilitaires qui se constituèrent au cours des années 1980. Parmi les faits les plus frappants, on note la prise de l'ambassade de la République dominicaine, l'assaut contre le Cantón Norte, la Prise du palais de justice de Bogota, l’attentat au club El Nogal (en), de même que l'attentat perpétré par les trafiquants de drogues contre le bâtiment du Departamento Administrativo de Seguridad (DAS) (en français : Département administratif de Sécurité).
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+ À partir du premier mandat du mathématicien et philosophe Antanas Mockus en tant que maire en 1995, la ville a subi d’importants changements[32]. Au développement du système de transports en commun TransMilenio s'ajoutent la récupération d’espaces piétonniers, la construction de bibliothèques publiques et d'un réseau de pistes cyclables. On peut y ajouter l'implémentation de projets comme le Pico y placa, un programme de restrictions véhiculaires, la Hora zanahoria, une réglementation des heures de fermeture des débits de boissons, et d’autres programmes sociaux comprenant la création de restaurants communautaires et l’augmentation de la couverture éducative pour les familles ayant de bas revenus.
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+
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+ Carte des districts de Bogota D.C.En rouge, l'aire urbaine de Bogota.
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+ Bogota se trouve à une altitude de 2 640 m au-dessus du niveau de la mer, dans la cordillère Orientale des montagnes du nord des Andes. Elle est située sur un plateau, au pied d'une chaîne de montagnes.
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89
+ Les cerros (français : collines) de Guadalupe et de Monserrate bordent à l'est la savane de Bogota. Sur le cerro de Guadalupe[33] sont érigées une petite chapelle dédiée à Notre-Dame de Guadalupe et une statue de 15 m de haut. Sur le cerro de Monserrate est construite une basilique, la basílica del Señor de Monserrate.
90
+
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+ Plusieurs petits cours d'eau, dont le río San Francisco, traversent la ville jusqu'à l'extrémité sud-ouest du plateau et rejoignent le río Bogotá, également appelé río Funza, qui plonge au bord du plateau, à Tequendama, dans l'une des plus importantes attractions touristiques de Bogota : une magnifique chute d'eau de 132 m, le Salto del Tequendama cité plus haut.
92
+
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+ Le climat est doux et tempéré. La température moyenne annuelle est de 14 °C, et les importantes précipitations atteignent environ 960 mm (en comparaison, à Paris, le total annuel est d'environ 600 mm).
94
+
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+ La ville a un plan en damier, ou hippodamien, avec beaucoup de carreras (avenues orientées nord-sud) aux intersections des calles (rues orientées est-ouest). Il existe également deux types de rues ne respectant pas ce damier : les transversales, qui vont dans le sens des carreras, et les diagonales dans le sens des calles. Bogota comporte de nombreux parcs et jardins, dont le parc Simón Bolívar, à ne pas confondre avec la Plaza de Bolívar où sont situés plusieurs importants édifices publics et églises.
96
+
97
+ Bogota est reliée par route aux côtes Pacifique et Atlantique de la Colombie, respectivement au nord et à l'ouest, ainsi qu'aux deux autres villes majeures du pays : Medellín, la capitale du département d'Antioquia, et Cali, celle de Valle del Cauca. La route panaméricaine, système de voies rapides et d'autoroutes reliant l'ensemble du continent américain, et l'autoroute Simón Bolívar traversent la ville.
98
+
99
+ Les districts (distritos) se subdivisent à leur tour en unités de planification zonale (unidades de planeamiento zonal) appelées « UPZ », localités (localidades) ou simplement « zones » (zonas). Ces zones regroupent plusieurs quartiers (barrios) et parfois des veredas qui sont des divisions administratives de la Colombie. .
100
+
101
+ Vue sur La Candelaria
102
+
103
+ Une rue typique de La Candelaria
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+ Vue du quartier "El Uval" à Usme
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+ Quartier nord de Bogota
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+ Située à haute altitude, soit 2 640 mètres, la ville de Bogota bénéficie d'un climat dit « tempéré d'altitude » que l'on retrouve principalement dans les Andes. La ville étant proche de l'équateur, la variation de température est faible au cours de l'année (entre 6 °C et 19 °C, avec une moyenne annuelle de 14 °C
110
+
111
+ D'après la classification de Köppen : la température du mois le plus froid est comprise entre 0 °C et 18 °C (décembre et janvier avec respectivement 12,9 °C et 12,9 °C) et la température du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (avril et mai avec 13,8 °C), ce qui en fait un climat tempéré. Malgré deux saisons humides (mars à juin et septembre à décembre) il n'y a pas de saison sèche donc c'est un climat tempéré chaud sans saison sèche. L'été est tempéré car la température moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 22 °C (avril et mai avec 13,8 °C), les températures moyennes des 4 mois les plus chauds sont supérieures à 10 °C (mars à juin avec respectivement 13,6 °C, 13,8 °C, 13,8 °C et 13,5 °C).
112
+
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+ Le climat de Bogota est classé comme Cfb[35] selon la classification de Köppen, soit un climat océanique.
114
+
115
+ Les pluies sont très fréquentes entre mars et mai, ainsi qu'en octobre et novembre. Ces deux saisons des pluies coïncident, à un mois près, avec les équinoxes de printemps et d'automne car c'est à ce moment de l'année que le soleil passe à la verticale de l’équateur, augmentant les rayons solaires reçus par le sol, accroissant la chaleur et l'évaporation et favorisant ainsi la formation de tempêtes et d'orages.
116
+
117
+ À l'inverse, les saisons les plus sèches de l'année se situent en janvier et février ainsi qu'en juillet et août. Durant une bonne partie de l'année, la ville de Bogota est dans la brume (220 jours par an)[34].
118
+
119
+ Les chutes de grêle sont un phénomène peu courant mais qui se produit cependant quelques fois par an - entre 1939 et 2008, on recense 231 chutes de grêle -[36]. Ce phénomène a lieu durant la saison des pluies avec la formation rapide de cumulonimbus en fin d'après-midi. On observe alors des chutes brusques de température pouvant aller jusqu'à 20 °C en moins d'une heure[37].
120
+
121
+ Les extrêmes de températures enregistrés dans le district de la capitale vont de −7 °C à 24,5 °C. Ces relevés proviennent de la station météo de l’aéroport de Guaymaral[38]
122
+
123
+ Les zones humides de la région de Bogota ont pour la plupart disparu. Elles couvraient près de 50 000 hectares dans les années 1960, contre seulement 727 en 2019, soit un taux de disparition de 98 %[40].
124
+
125
+ Bogota, capitale de la République de Colombie, abrite la Cour suprême de justice et le centre de l'administration exécutive ainsi que la résidence du président de la République (Palais Nariño)[41]. Ces bâtiments, ainsi que le bureau du maire principal, le palais Liévano (palacio Liévano), sont situés à quelques mètres les uns des autres sur la place Bolívar (espagnol : plaza de Bolívar). Cette place se trouve dans le centre historique de la ville, La Candelaria, qui présente une architecture de style colonial et de style baroque.
126
+
127
+ Le maire de Bogota et le conseil municipal - tous deux élus par vote populaire - sont responsables de l'administration municipale. En octobre 2019, Claudia López est élue maire. Son mandat s'étend du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2023.
128
+
129
+ Parmi les plus récents prédécesseurs de Claudia López, citons :
130
+
131
+ La ville est divisée en vingt districts : Usaquén, Chapinero, Santa Fe, San Cristóbal, Usme, Tunjuelito, Bosa, Kennedy, Fontibón, Engativá, Suba, Barrios Unidos, Teusaquillo, Los Mártires, Antonio Nariño, Puente Aranda, La Candelaria, Rafael Uribe Uribe, Ciudad Bolívar et Sumapaz.
132
+
133
+ Chacun de ces vingt districts est régi par un conseil d'administration - élu par vote populaire - composé d'au moins sept membres. Le maire de Bogota désigne les maires des localités parmi les candidats proposés par le conseil d'administration.
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+
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+ Palais Nariño, la résidence présidentielle.
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+
137
+ Le palais de justice.
138
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139
+ Le palais Lievano.
140
+
141
+ Le District fédéral de Bogota (espagnol : Distrito Federal de Bogotá), créé en 1861 par le général Tomás Cipriano de Mosquera lors de son deuxième mandat de président de la Colombie, fut la première entité administrative de la capitale et le siège du gouvernement fédéral des États-Unis de Colombie[42],[43]. Le district comprenait les zones comprises entre les ríos Arzobispo au nord, Fucha au sud, Bogotá à l'ouest et les cerros Orientales à l'est[42]. Cependant, il fut supprimé le 23 juillet 1863 et son territoire incorporé à l'État souverain de Cundinamarca[44],[43].
142
+
143
+ En 1905 fut créé le district capital de Bogota par le partage du département de Cundinamarca en trois : le Distrito Capital et les départements de Cundinamarca (capitale : Facatativá) et de Quesada (capitale : Zipaquirá)[43]. Les trois entités furent supprimées par la loi 65 du 14 décembre 1909, qui prit effet le 1er mai 1910 et le département de Cundinamarca retrouva alors le territoire qui était le sien avant 1905[43].
144
+
145
+ Par décret législatif du 17 décembre 1954, le général Gustavo Rojas Pinilla, président de la Colombie de 1953 à 1957, créa le District spécial de Bogota (espagnol : Distrito Especial de Bogotá) et les municipalités de Bosa, Engativá, Fontibón, Suba, Usme et Usaquén furent annexées. Le territoire de Sumapaz, annexé en 1955, donna au district son extension finale.
146
+
147
+ Chapinero devint le premier arrondissement de la ville en 1960, suivi par Puente Aranda en 1964 et Ciudad Kennedy en 1967. En 1972, la ville était alors subdivisée en 16 quartiers (barrios), auxquels s'adjoignirent de nombreux autres quartiers jusqu'en 1991 lorsque le Distrito Capital fut divisé finalement en vingt districts constitués à leur tour de quartiers.
148
+
149
+ Bogota comprend six domaines administratifs de taxations, auxquelles les habitants font souvent référence en tant que classes socio-économiques (strates) : estrato 1 (taxation des services : eau, électricité, etc., strate la plus avantageuse) à 6 (taxation la plus forte).
150
+
151
+ L'aire de Bogota comprend une zone urbaine et une zone rurale. Bogotá Distrito Capital est une division du département de Cundinamarca. Toutefois il s'agit d'une division de premier niveau de la Colombie équivalant à un département.
152
+
153
+ Le conseil districtal est le responsable du contrôle politique du Distrito Capital. Il est composé de quarante-cinq consejales, les représentants des vingt districts, élus pour une période de trois ans[45].
154
+
155
+ Le secrétariat districtal a la charge des services de la Santé, de la Mobilité et de l'Éducation.
156
+
157
+ Le maire de Bogota (espagnol : Alcalde Mayor) est le chef de gouvernement et représentant légal, judiciaire et extrajudiciaire du Distrito Capital. C'est, en importance, le deuxième personnage officiel après le président de la République.
158
+
159
+ À partir de 1988[46], il est démocratiquement élu pour une période de deux ans, puis après l'adoption de la Constitution de 1991, pour quatre ans[45]. Il est aussi le responsable de la nomination du maire de chaque district.
160
+
161
+ La maire de Bogota est Claudia López depuis le 1er janvier 2020[47].
162
+
163
+ En 2010, selon les chiffres présentés par le Departamento Administrativo Nacional de Estadística (DANE), (français : Département administratif national des statistiques), Bogota avait une population de 7 363 782 habitants, dont 7 347 795 dans la zone métropolitaine, avec une densité de population d'environ 4 146 habitants par kilomètre carré. Seules 15 987 personnes habitaient dans les zones rurales du district de la capitale. 47,8 % de la population sont des hommes, 52,2 % des femmes.
164
+
165
+ La ville a le plus faible taux d'analphabétisme du pays avec seulement 3,4 % parmi la population âgée de plus de 5 ans.
166
+
167
+ Historiquement, la population de Bogota n'a pas connu une croissance importante avant le XXe siècle, lorsqu'elle avait environ 100 000 habitants. Mais les années 1940, 1960 et 1970 ont vu les hausses les plus importantes de la population. Ces hausses étaient disproportionnées par rapport aux ressources disponibles de la ville, principalement celles ayant trait aux transports, aux services publics et aux possibilités d'emploi[48].
168
+
169
+ Selon un rapport officiel de la « surveillance de district », la capitale est passée de 89,4 morts violentes pour 100 000 personnes en 1996 à 37,9 en 2005, ce qui représente une réduction de 57,6 % en tenant compte du fait que durant la même période la population a augmenté de plus de 25 %.
170
+
171
+ 62,8 % de ces morts violentes ont été causées par des homicides et 20,5 % par des accidents de la circulation. 85,1 % des victimes sont de sexe masculin et 14,9 % de sexe féminin.
172
+
173
+ En février 2012, les autorités de Bogota décident d'interdire le port d'arme à feu dans les espaces publics et les véhicules, à l'exception des membres des forces armées et du personnel de sécurité. Début mai 2012, le maire de Bogota, Gustavo Petro Urrego, annonce que la mesure a permis une diminution de 18 % des meurtres avec armes, dont une baisse de 24 % des meurtres par arme à feu. Cette mesure est renouvelée pour trois mois[49].
174
+
175
+ Le Ministère des Affaires étrangères français, en 2013, indique qu'une vigilance normale doit être observée dans la zone de la capitale de la Colombie. La plupart des agressions contre des Français, à Bogota, sont commises dans des quartiers aisés, tels que le Parque de la 93, la Zona T, etc[50].
176
+
177
+ La convergence des capitaux vers Bogota, ville comptant une importante population, en fait le principal centre économique et commercial du pays. Bogota a affaire à des investisseurs de toute la Colombie ainsi que de plusieurs autres pays. En 2008, la ville fut classée quatrième centre financier parmi les plus influents de l'Amérique latine[51]. À moyen terme, Bogota pourrait devenir l'une des métropoles d'affaires les plus importantes au monde.
178
+
179
+ Dans la période 2003 - 2006, le PIB (produit intérieur brut) du commerce de Bogota a augmenté de 10,3 % par an, ce qui représente 25,3 % du PIB national du commerce, les actifs provenant d'investissements d'autres villes de la Colombie ainsi que de nombreuses multinationales. Malgré un PIB plus élevé que celui de l'Uruguay, en mars 2013 le taux de chômage a atteint 10,2 %[52].
180
+
181
+ Le coût de la vie y est inférieur à la moyenne de celui des quarante villes d'Amérique latine les mieux classées à ce sujet[53]. Bogota DC occupe le sixième rang parmi cinquante villes d'Amérique latine grâce à ses normes de qualité de vie, son potentiel d'affaires élevé et les excellentes conditions qu'elle offre pour le développement professionnel, selon le barème fixé par l'Amérique Economia Intelligence[54].
182
+
183
+ Au niveau national, l'importation de biens d'équipement, stimulée par le gouvernement, a spécialement profité à Bogota dont la participation s'élevait à 24,4 % de la production nationale totale en 2003[55]. Cela est dû, en partie, à sa situation géographique qui fait de la ville un point stratégique du point de vue logistique, car le transport de marchandises vers d'autres parties du pays est relativement rapide. Cette situation géographique facilite également la fourniture de matières premières pour l'industrie de la ville grâce à sa proximité avec les régions agricoles comme les Llanos orientales. Pour toutes ces raisons, plusieurs sociétés multinationales ont établi à Bogota leurs opérations régionales au cours des dernières décennies.
184
+
185
+ Le fleuve Magdalena, dont le profond fossé sépare les cordillères Centrale et Orientale, permet une navigation facilitant les échanges commerciaux et industriels ; les services, y compris les télécommunications et le commerce, gagnent ainsi des parts de marché[56].
186
+
187
+ En 2005, la fourniture des biens de consommation créés par la production industrielle, suivie par celle des biens intermédiaires, est capitale[57]. Parmi les 248 000 entreprises décomptées à Bogota, 78 % d'entre elles sont liées aux activités de services, ce qui représente 76 % des emplois et 79 % du PIB[58]. Les districts où se trouve le plus grand nombre d'établissements industriels sont, dans l'ordre ci-après : Puente Aranda, Fontibón, Kennedy, Los Mártires, Engativá et Barrios Unidos[57]. Les principaux secteurs industriels sont l'industrie alimentaire, la chimie, les produits pharmaceutiques, le textile, l'édition et l'usinage des métaux. Toujours en 2005, le district ayant la plus forte productivité était Tunjuelito, suivi de Chapinero et Teusaquillo[57].
188
+
189
+ Bogota est la principale destination touristique[59], ce qui est particulièrement important compte tenu de la croissance appréciable de ce secteur, à l'échelle nationale, au cours des dernières années[59]. L'industrie de la construction s'est également développée, contribuant directement à réactiver l'activité économique de la capitale[60].
190
+
191
+ En 2003, les États-Unis, suivis de l'Union européenne[55], étaient les principaux partenaires commerciaux internationaux de Bogota. La ville exporte principalement des produits agroalimentaires (30 %), des produits chimiques (10 %) et des textiles (7 %). Elle importe du matériel de transport (17 %), des constructions mécaniques (17 %) et des constructions électriques (14 %)[55]. En outre, Bogota comporte plusieurs quartiers commerçants et un nombre croissant de commerces répartis sur son territoire. Les districts de Suba et de Fontibón comptent également de nombreux commerces.
192
+
193
+ Vue de nuit de Bogota depuis le cerro de Monserrate
194
+
195
+ Le Sanctuaire de Monserrate
196
+
197
+ Le Salitre Mágico (parc d'attractions)
198
+
199
+ Maison de la Monnaie (Casa de la Moneda de Colombia)
200
+
201
+ La Candelaria (le quartier historique)
202
+
203
+ Théâtre Cristóbal Colón
204
+
205
+ Maloka
206
+
207
+ Le paramo de Sumapaz
208
+
209
+ Une fresque à Bogota
210
+
211
+
212
+
213
+ Le tourisme a été déconseillé pendant plusieurs années en Colombie à cause du conflit armé interne. À partir des années 2000, grâce à des campagnes intensives de publicité ainsi qu'aux améliorations des infrastructures et de la sécurité, cette activité s'est développée à Bogota. En 2007, l'Instituto de Turismo Distrital (l'Institut de Tourisme du District) a été créé avec l'objectif de faire de Bogota une destination touristique de premier plan.
214
+
215
+ Les amoureux de la culture et des arts fréquentent les hôtels du centre historique de La Candelaria et de ses environs. Cette zone comporte aussi la plus grande partie des auberges de jeunesse de la ville. Les hôtels situés près de Ciudad Salitre reçoivent surtout des visiteurs faisant de brefs séjours à Bogota ou ayant besoin de se trouver à proximité de l'aéroport international El Dorado.
216
+
217
+ Parmi les lieux touristiques et les monuments importants de Bogota, se trouvent le jardin botanique José Celestino Mutis, la Quinta de Bolívar (français : villa de Bolívar), l'Observatoire astronomique national de Colombie, le planétarium de Bogota, Maloka, le point d'observation de la Tour Colpatria, ainsi que celui de La Calera, et La Candelaria. On peut également visiter Usaquén et ses vestiges coloniaux, où le brunch et le marché aux puces le dimanche étaient des activités traditionnelles. La ville possède de nombreux espaces verts et parcs d'attractions comme Salitre Mágico Mundo Aventura. À l'extérieur de Bogota, à Zipaquirá, on peut voir la Cathédrale de sel, une église construite à l'intérieur des mines de sel. Tout près de La Candelaria se trouve la colline de Monserrate.
218
+
219
+ Dans plusieurs quartiers de la ville, comme la zone G, la zone T et La Macarena, sont situés des restaurants connus pour leurs menus gastronomiques.
220
+
221
+ Depuis les années 2000, l'arrivée d'importantes chaînes d'hôtels, telles que : Marriott, JW Marriott, Radisson Hotels and Resorts, Hilton, NH Hotel Group, entre autres, apporte à Bogota un ensemble de services hôteliers réputés.
222
+
223
+ L'économie de Bogota s'est considérablement développée en raison de la construction de nouveaux centres commerciaux au cours de ces dernières années. En décembre 2011, la construction de 160 centres commerciaux a été prévue en complément des 100 centres existants[61].
224
+
225
+ Quelques centres commerciaux :
226
+
227
+ Les factures d'énergie et celles des services d'eau et d'égout sont établies en fonction du lieu de résidence du propriétaire et de ses revenus[62], afin que les personnes les plus fortunées subventionnent les factures énergétiques et celles des services d'eau et d'égout des plus pauvres.
228
+
229
+ Bogota est divisée en six strates socio-économiques :
230
+
231
+ La croissance de Bogota a mis à rude épreuve les routes et les autoroutes de l'agglomération, mais, durant les années 2000, des efforts importants ont été entrepris pour améliorer l'infrastructure. Même si le nombre de véhicules par habitant demeure faible, les voitures constituent une part importante de la congestion du trafic, s'ajoutant à celle engendrée par les taxis, les autobus et les véhicules utilitaires.
232
+
233
+ Les bus restent le principal moyen de transport en commun. Il existe deux systèmes de bus : le système traditionnel et le TransMilenio. Le système traditionnel, exploité par plusieurs compagnies, offre une grande variété de types de bus : Bus (grands bus), Buseta (autobus de taille moyenne) et Colectivo (camionnettes ou fourgonnettes).
234
+
235
+ Bogota est un hub pour les bus effectuant des trajets à l'intérieur du pays et ceux destinés aux trajets internationaux. Le terminal de bus de Bogota, le plus grand du pays, dessert la plupart des villes colombiennes[63]. En dehors des trajets intérieurs, le terminal permet également d'effectuer des trajets vers le Venezuela, l'Équateur ou le Pérou.
236
+
237
+ Le TransMilenio est un système de transport en commun créé pendant le mandat de maire de Enrique Peñalosa Londoño (mandat de 1998 à 2001)[64]. C'est un Bus à haut niveau de service mis en œuvre pour compenser l'absence de métro (1ère ligne prévue pour 2024) ou de système ferroviaire. Le TransMilenio combine des autobus articulés opérant sur les voies réservées et de petits autobus effectuant les trajets dans les zones résidentielles, ce qui permet aux habitants de rejoindre les lignes principales. Ce système devrait couvrir toute la ville d'ici 2030.
238
+
239
+ Bien que le TransMilenio desserve les principaux axes de Bogota, il reste plus cher que les autres transports, excepté les taxis. En 2011, le prix d'un billet était de 1700 pesos colombiens (environ US $ 0,85). Un seul billet permet un nombre illimité de déplacements jusqu'à ce que le voyageur quitte le système.
240
+
241
+ En complément du TransMilenio, l'administration municipale sous Enrique Peñalosa Londoño a approuvé, à l'aide d'un référendum, la mise en place de restrictions des déplacements en voiture pour certains numéros de plaque d'immatriculation pendant les heures de pointe, système appelé Pico y placa. Le dimanche est également devenu une « Journée sans voitures ».
242
+
243
+ L'administration a mis en œuvre un système de voies cyclables (ciclorutas), et supprimé des milliers de places de stationnement dans le but de rendre les routes plus agréables pour les piétons. Les ciclorutas sont l'un des plus vastes réseaux de pistes cyclables, avec une étendue totale de 303 km. Elles s'étendent du nord de la ville, Calle 170, vers le sud, Calle 27, sans oublier Monserrate. Les ciclorutas ont été lancées par Antanas Mockus, lors de son premier mandat (1995 - 1997), et se sont considérablement étendues au cours de l'administration de Enrique Peñalosa Londoño[65] ; depuis leur mise en place, l'utilisation de la bicyclette dans la ville s'est notablement développée.
244
+
245
+ Depuis un référendum populaire organisé en 2000, une « journée sans voiture » a lieu chaque dimanche[66].
246
+
247
+ Le principal aéroport de Bogota est l'aéroport international El Dorado, à l'ouest du centre-ville, au bout de l'avenue El Dorado. Grâce à sa situation centrale en Colombie et en Amérique latine, c'est une plaque tournante pour les compagnies nationales Avianca et LAN. Il est également desservi par de nombreuses compagnies étrangères du monde entier.
248
+
249
+ D'importants travaux pour une expansion majeure de cet aéroport ont débuté en septembre 2007. Ces travaux terminés, la capacité actuelle connaîtra un important accroissement afin qu'elle atteigne 25 millions de passagers annuels[67].
250
+
251
+ La base aérienne Camilo Daza Álvarez (CATAM), affectée à l'aviation militaire et à celle de la police, est implantée sur le même terrain aux côtés de l'aéroport.
252
+
253
+ L'aéroport Guaymaral (en) est réservé aux activités d'aviation privée.
254
+
255
+ Les services sanitaires de Bogota sont fournis par un réseau d'institutions dépendant de la Direction régionale de la Santé. Ces institutions sont réparties, suivant leur objectif, en trois secteurs[68] :
256
+
257
+ Quelques hôpitaux de Bogota :
258
+
259
+ La capitale de la Colombie dispose de plus de 140 centres de soins. Le Ministère de la protection sociale a recensé plus de vingt services d'assurance santé. Le régime subventionné pour les utilisateurs, établi par les règlements de la loi 100 de 1993, s'applique à chaque institution.
260
+
261
+ Bogota est devenue une destination recherchée tant par les Colombiens que par les étrangers pour ses institutions médicales reconnues internationalement, ses centres de traitement du cancer et des maladies neurologiques, ainsi que pour ses établissements de chirurgie plastique reconstructrice.
262
+ Parmi les établissements de soins de Bogota se trouvent également des cliniques privées.
263
+ Existent aussi diverses banques du sang, de tissus et de cellules souches.
264
+
265
+ Concernant le tourisme[69], la vaccination contre la fièvre jaune est recommandée aux personnes voyageant dans la région des Llanos. L'eau courante est considérée comme potable à Bogota et dans les plus grandes villes de la Colombie mais les contaminations virales ou parasitaires sont assez fréquentes. Le mal des montagnes est parfois éprouvé par des personnes sujettes aux maladies cardiaques ou respiratoires.
266
+
267
+ Bogota possède un vaste réseau d'enseignement : écoles primaires et secondaires, collèges. En raison de la constante migration dans la capitale du pays, les quotas relatifs à l'accès à l'éducation gratuite, offerte par l'État, sont souvent insuffisants. La ville possède également un système diversifié d'écoles et de collèges privés.
268
+
269
+ Il existe un certain nombre d'universités, tant publiques que privées. En 2002, il y avait un total de 106 établissements d'enseignement supérieur. Parmi les universités de Bogota, certaines sont partiellement ou totalement accréditées par le Conseil national d'accréditation (CCN) : l'université nationale de Colombie qui est la plus vaste et la plus importante du pays, l'université des Andes (université privée), l'université pontificale Javeriana fondée par les Jésuites et dont les grades universitaires furent reconnus en 1623, l'université du Rosaire, l'université Externado de Colombie, l'université militaire Nueva Granada, l'université d'Amérique, l'université Sergio Arboleda, l'université Jorge Tadeo Lozano, l'université catholique de Colombie, l'université Saint Thomas d'Aquin et l'université La Salle.
270
+
271
+ L'université nationale de Colombie abrite une cité universitaire, un campus situé dans le Teusaquillo, secteur traditionnel. C'est le plus vaste campus de Colombie et l'un des plus importants de l'Amérique latine. Le district de La Candelaria est le foyer de la plus grande concentration d'universités privées en Amérique latine.
272
+
273
+ En outre, Bogota est de plus en plus populaire parmi les étrangers et les touristes qui souhaitent apprendre l'espagnol tout en découvrant la culture latino-américaine. Des écoles telles que le Meboc Institute[70] ont été mises en place pour offrir des cours flexibles, à des prix compétitifs, aux étudiants internationaux.
274
+
275
+ En Colombie, les systèmes primaire et secondaire des écoles d'enseignement vont de la pré-maternelle à la onzième année. L'éducation en Colombie n'est obligatoire que jusqu'à la 8e année, mais le gouvernement a mis en œuvre une campagne de promotion nationale pour inciter les familles ayant un faible niveau économique à inscrire et à maintenir leurs enfants à l'école au-delà de la huitième année.
276
+
277
+ Seuls 4 % des élèves issus de l'enseignement public ont accès à l'enseignement supérieur[71].
278
+
279
+ De nombreux lieux culturels ont été créés à Bogota, dont 58 musées, 62 galeries d'art, 33 réseaux de bibliothèques et 45 théâtres.
280
+
281
+ L'offre culturelle s'est considérablement développée lors des dernières décennies. Un grand nombre de personnes, venues de tout le pays et souhaitant résider dans la capitale, ont contribué à l'accroissement de différents intérêts culturels en apportant les traditions de régions diverses.
282
+
283
+ Plusieurs parcs d'attractions attirent aussi maints Colombiens et touristes.
284
+
285
+ En outre, 75 stades démontrent l'importance accordée aux sports et la ferveur qui leur est réservée.
286
+
287
+ Enfin, on dénombre à Bogota plus de 150 monuments nationaux[72].
288
+
289
+ Citons quelques lieux culturels de la ville ainsi que des festivals jouissant d'une grande renommée :
290
+
291
+ Bogota a beaucoup œuvré ces dernières décennies pour se positionner en chef de file de l'offre culturelle en Amérique du Sud. Elle est de plus en plus reconnue dans le monde entier en tant que plaque tournante du pays pour le développement des arts[79],[80],[81],[82].
292
+ En 1991, le titre de Capitale culturelle d'Amérique latine a été décerné à Bogota par l'UCCI, Union des Capitales culturelles ibéro-américaines (espagnol : Unión de Ciudades Capitales Iberoamericanas). En 2007, ce titre lui a été décerné pour la deuxième fois ; elle est ainsi devenue la seule ville ayant été honorée de cette reconnaissance à deux reprises[83].
293
+
294
+ Le 7 mars 2012, l'UNESCO a décerné à Bogota le titre de "Cité de la Musique". Elle est au cinquième rang des villes dont la musique est la plus écoutée sur Internet, après Séville (Espagne), Bologne (Italie), Glasgow (Royaume-Uni) et Gand (Belgique)[84].
295
+
296
+ À la fin du XIXe siècle, Bogota était une ville assez isolée faute de moyens de communication, les transports de passagers par voie ferrée ayant été réduits. Cependant, le réseau routier se développa, reliant la ville à la vallée du fleuve Magdalena jusqu'aux côtes des Caraïbes.
297
+
298
+ Au cours des années 1860 - 1870, des écrivains de tendances variées formèrent un groupe au sein de la revue littéraire « El Mosaico », fondée (en 1858) et dirigée par l'écrivain, journaliste et critique littéraire José María Vergara y Vergara, afin de tenter d'écrire, pour la première fois, l'histoire de la littérature colombienne et de renforcer ainsi l'identité culturelle du pays.
299
+
300
+ La vie culturelle de la ville s'est concentrée au cœur de réunions qui, au cours du XIXe siècle, ont permis aux Bogotanais de participer à des discussions littéraires, de partager leurs préoccupations politiques, d'assister à des représentations musicales et théâtrales. Au Théâtre Maldonado étaient donnés des opéras et des pièces de théâtre. À la fin du XIXe siècle, Bogota avait deux grands théâtres : le Théâtre Cristóbal Colón, inauguré en 1892, et le Théâtre municipal, inauguré en 1895. Au Théâtre municipal se jouaient des opérettes (zarzuelas) ainsi que d'autres spectacles musicaux. De plus, les scénarios d'importants événements de l'histoire colombienne, qui s'étaient déroulés durant les années 1830 et 1840, y furent présentés.
301
+
302
+ Au cours du XIXe siècle, en dépit des émeutes constantes et des guerres civiles qui entravèrent un développement culturel se voulant très actif, Bogota conserva des traditions datant de l'époque coloniale, assorties d'une certaine influence européenne.
303
+
304
+ L'École nationale des beaux-arts, fondée en 1886, dont le premier directeur fut Alberto Urdaneta, s'avéra être à l'origine du développement artistique de la ville. Les peintres Epifanio Garay et Ricardo Acevedo Bernal, célèbres portraitistes, enseignèrent à l'École nationale des Beaux-Arts. Andrés de Santamaría (1860 - 1945), peintre de grande renommée, en fut, par deux fois, le directeur. Ses œuvres, associées à l'impressionnisme, furent considérées comme les plus remarquables de cette époque. Les toiles de célèbres peintres paysagistes : Roberto Páramo, Jesús María Zamora, Eugenio Peña, Luis Núñez Borda et Ricardo Gómez Campuzano, sont conservées dans la collection permanente du Musée national.
305
+
306
+ Bogota a donné au monde hispanophone le poète José Asunción Silva (1865 - 1896), précurseur du mouvement moderniste. Parmi ses œuvres poétiques, De sobremesa occupe une place importante. Le poète Rafael Pombo (1833 - 1912) laissa un recueil de fables nourries essentiellement de l'imagination enfantine et des traditions colombiennes.
307
+
308
+ La structure urbaine et l'architecture des bâtiments coloniaux à Bogota ont été maintenues depuis la fin du XIXe siècle, longtemps après l'indépendance de la Colombie (1810). Cette persistance de structures datant de la période coloniale se constate principalement dans La Candelaria, centre historique de Bogota. Des maisons coloniales de deux étages, avec des cours, des toits à pignons, des carreaux de céramique et des balcons ont été préservées. Parfois, un matériau ajouté, au cours de la période républicaine, à la construction des balcons, le verre (les balcons de la maison du poète Rafael Pombo en sont un exemple), différencie certaines habitations de celles restées conformes à l'architecture du secteur.
309
+
310
+ « L'architecture républicaine » était le style qui prévalait entre 1830 et 1930. Malgré les tentatives pour consolider un langage architectural moderne, la construction, entre 1936 et 1939, de la Cité universitaire de Bogota ou « Ciudad Blanca » (français : Ville blanche), un campus qui réunit à l'Université nationale de Colombie[85] plusieurs facultés dispersées, en est le seul exemple bien que les architectes des tendances rationalistes aient participé à la conception des bâtiments de ce campus. Ce travail fut élaboré par l'architecte et urbaniste allemand Leopold Siegfried Rother Cuhn (1894 - 1978) avec l'aide du pédagogue allemand Fritz Kartzen.
311
+
312
+ Parmi les tendances de l'architecture bogotana, peuvent être cités : l'art déco, l'expressionnisme et l'architecture organique, à l'échelle humaine, harmonisant l'habitation et son environnement naturel. Cette dernière tendance fut utilisée par des architectes bogotanais, dans la seconde moitié du XXe siècle, tel que l'architecte franco-colombien Rogelio Salmona (1927 - 2007).
313
+
314
+ En 2006, le Lion d'or de la dixième Exposition internationale d'architecture de Venise (ou Biennale d'architecture de Venise) a été décerné à Bogota en reconnaissance de « ses efforts en faveur de l'insertion sociale, l'éducation, le logement, et l'espace public, en particulier grâce à des innovations dans les transports ».
315
+
316
+ Bien que Bogota soit réputée pour la préservation de sa belle architecture coloniale, des exemples significatifs d'architecture contemporaine se trouvent dans le centre-ville et au nord de la ville.
317
+
318
+ En 2015, BD Bacatá sera inauguré en tant que le plus haut bâtiment (240 mètres) de la ville, prenant ainsi la place de la tour Colpatria (196 mètres). Cet édifice est situé à l'intersection de la calle 19 et des carreras 5 - 20. Sa construction marque le début de la rénovation du centre-ville[86].
319
+
320
+ En 2007, Bogota a été nommée Capitale mondiale du livre par l'UNESCO[87]. Bogota est la première ville d'Amérique latine à avoir reçu cette reconnaissance et la deuxième du continent américain après Montréal (Canada). Parmi les programmes pour l'accession au titre de Capitale mondiale du livre, celui de Bogota se distingue principalement par son réseau de bibliothèques et la présence d'organisations qui, d'une manière coordonnée, travaillent à la promotion du livre et de la lecture dans la ville. Plusieurs initiatives spécifiques pour le programme de Capitale mondiale du livre ont été prises avec la participation effective des groupes, tant publics que privés, engagés dans le secteur du livre.
321
+
322
+ La ville est le foyer de la BibloRed, institution qui administre les bibliothèques publiques, dont seize petites et quatre grandes (la Bibliothèque Virgilio Barco, la Bibliothèque El Tintal, la Bibliothèque El Tunal et la Bibliothèque Julio Mario Santodomingo). Un des services du Fonds d'indemnisation de la Caisse colombienne d'allocations familiales (Colsubsidio) a la charge, entre autres secteurs d'activité, du réseau des Bibliothèques de la Famille. Des bibliothèques et des centres de documentation rattachés à des institutions telles que le Musée national de Colombie (spécialisé dans les livres anciens, catalogues et livres d'art), le musée d'art moderne de Bogota, l'Alliance française et le Centre colombo-américain.
323
+
324
+ Des centres culturels ont été conçus grâce à de nouvelles initiatives prises en collaboration avec l'État, la ville, des institutions et agences internationales : le Centre culturel Gabriel García Márquez, créé avec l'aide du Fonds de Culture économique du Mexique, et le Centre culturel espagnol dont la construction débutera avec l'apport de fonds publics bogotains et l'aide du gouvernement espagnol dans le centre de Bogota, plus précisément Carrera Tercera con Avenida 19.
325
+
326
+ La Bibliothèque nationale de Colombie (1777), relevant du ministère de la Culture, et la Bibliothèque Luis Ángel Arango (1958), dépendant de la Banque de la République de Colombie, sont les deux plus grandes bibliothèques publiques de la ville. Dans la première, on dénombre plus de deux millions de volumes, dont une importante collection de livres anciens. La seconde comprend presque deux millions de volumes. D'une superficie de 45 000 mètres carrés, elle accueille 10 000 visiteurs par jour. De la Banque de la République dépend aussi la Bibliothèque Rudas Alfonso Palacio, au nord de Bogota, avec environ 50 000 volumes. Parmi les grandes bibliothèques publiques, on trouve la Bibliothèque du Congrès en Colombie, qui contient 100 000 volumes, la Bibliothèque de l'Institut Caro y Cuervo, comprenant près de 200 000 volumes, qui est la plus grande bibliothèque d'Amérique latine en philologie et linguistique, la Bibliothèque de l'Académie de l'histoire, celle de l'Académie de la langue, celle de l'Institut colombien d'anthropologie et d'histoire (ICANH), et les bibliothèques universitaires.
327
+
328
+ À Bogota, les archives nationales contiennent environ 60 millions de documents historiques. Il s'agit de l'une des plus grandes collections d'Amérique latine de sources historiques primaires. La ville abrite également les archives musicales de la cathédrale de l'Immaculée-Conception comportant des milliers de livres, de chants chorals et de chansons coloniales d'époque, les archives de l'archidiocèse de Bogota[88] qui a pour siège la cathédrale de l'Immaculée-Conception, les archives du séminaire conciliaire de Bogota, les archives historiques de l'université nationale de Colombie, et les archives de la Monnaie sous le couvert de la Banque de la République.
329
+
330
+ Bibliothèque nationale de Colombie.
331
+
332
+ Centre culturel Julio Mario Santodomingo.
333
+
334
+ Bibliothèque El Tunal.
335
+
336
+ Bibliothèque Ernesto Guhl, Université nationale de Colombie.
337
+
338
+ Bogota est dotée d'un immense héritage culturel. Elle abrite 58 musées et plus de 70 galeries d'art. Les acquisitions du Musée national de Colombie, le plus grand et le plus ancien du pays, sont réparties en quatre collections : art, histoire, archéologie et ethnographie. Le Musée de l'or conserve de nombreuses œuvres d'orfèvres de l'ethnie indienne jadis dominante, les Chibchas des Andes. Sa collection d'orfèvrerie et de bijouterie précolombienne, la plus riche du monde, compte 35 000 pièces d'or tumbaga (alliage d'or et de cuivre). Sont aussi dénombrés 30 000 objets en céramique, pierre et textile.
339
+
340
+ Le Musée Botero dispose de 123 œuvres de Fernando Botero et de 87 œuvres d'artistes internationaux. Le Musée d'art moderne possède des collections d'arts graphiques, de design industriel et de photographie. Le Musée d'art colonial de Bogota contient une importante collection d'art colonial de la Colombie. La Fondation Gilberto Alzate Avendaño accueille, dans ses salles et ses galeries d'art, les activités liées aux arts de la scène ainsi que des expositions temporaires d'art.
341
+
342
+ Le Musée d'art moderne de Bogota (MAMBO), conçu par l'architecte franco-colombien Rogelio Salmona, a été créé en 1955. Il abrite une importante collection d'œuvres d'art moderne et contemporain d'artistes colombiens, ainsi que des œuvres d'artistes d'Amérique latine en général : peinture, sculpture, dessin et gravure, entre autres[89].
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344
+ Parmi les musées scientifiques, citons le Musée Archéologique (Casa del Marqués de San Jorge), qui compte environ 30 000 pièces d'art précolombien, l'Institut de Sciences naturelles (Instituto de Ciencias Naturales), l'un des quatre plus grands musées de sciences naturelles de l'Amérique latine, et le Musée géologique national José Royo y Gómez, possédant des collections spécialisées en géologie et paléontologie.
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+ Bogota abrite des musées historiques tels que le Musée Jorge Eliécer Gaitán, le Musée de l'Indépendance (Museo de la Independencia), la Quinta de Bolívar et le Musée Francisco José de Caldas, ainsi que le siège de Maloka et le musée des enfants de Bogota. Le Musée national de Colombie et de nouveaux musées accueillent l'Art déco.
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+ Bogota abrite beaucoup de parcs et d'installations pour de nombreux concerts, pièces de théâtre et films, ainsi que des espaces pour les conteurs et d'autres activités de loisirs.
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+ Le train touristique, populaire auprès des habitants de Bogota, conduit, le week-end, dans des villes éloignées, telles que Zipaquirá, Cajicá et Nemocón, le long des lignes de l'ancien Bogota Savannah Railway (le chemin de fer de la Savane de Bogota) qui transportait les passagers dans les villes de la région métropolitaine de Bogota. La ligne ferroviaire vers Zipaquirá (célèbre pour sa Cathédrale de Sel, une église construite à l'intérieur des mines de sel) est longue de 53 km. Une autre ligne, de 47 km, va vers le nord et se termine à Briceño.
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+ Parc Simón Bolívar.
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+ Parc des journalistes.
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+ Parque de la 93.
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+ Parc Santander.
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+ Parc El Virrey.
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+ Bogota, qui accueille le Festival de théâtre ibéro-américain, comporte 45 théâtres, dont les principaux sont le Théâtre Colón, le Théâtre national avec ses deux salles, le traditionnel TPB Hall, le Théâtre de La Candelaria, le Théâtre Camarín del Carmen (un ancien couvent de plus de quatre cents ans), celui de la Colsubsidio (le fonds d'indemnisation de la Caisse colombienne d'allocations familiales), et un symbole de la ville, le Théâtre rénové Jorge Eliécer Gaítan offrant, actuellement, la plus grande capacité en Amérique du Sud, l'Auditorium León de Greiff qui abrite l'Orchestre philharmonique de Bogota, et l'Open Air Theater, la Media Torta où des manifestations musicales sont également organisées.
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+ Depuis 1984, Bogota a son propre festival de cinéma : le Festival du film de Bogota, qui se déroule généralement en septembre ou octobre. Ce festival attribue le Golden Precolumbian Circle.
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+ De nombreuses salles présentent aussi bien les films contemporains que le cinéma d'art.
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+ Le principal centre culturel de Bogota est La Candelaria, lieu historique de la ville, avec une forte concentration d'universités et de musées. En 2007, Bogota fut désignée « Capitale culturelle ibéro-américaine ».
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+ À Bogota, outre la cuisine typique santafereña, on trouve également des spécialités de toutes les régions de la Colombie.
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+ Parmi les plats typiques, on peut citer l'ajiaco santafereño, soupe composée de poulet, de plusieurs sortes de pommes de terre, de manioc, de maïs et d'une herbe appelée guascas. Cette soupe est servie, le plus souvent, avec un peu de crème, de coriandre fraîche et, parfois, des câpres. Elle se consomme accompagnée d'un avocat cru.
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373
+ Le tamal, cuit à la vapeur dans une feuille de bananier, dont on trouve de nombreuses déclinaisons dans différents pays d'Amérique latine, est souvent servi au petit déjeuner avec un chocolat chaud. Il s'agit d'une pâte de farine de maïs avec de la viande ou du poulet, des pois chiches, des carottes et des épices. Ce plat est présenté dans une feuille de bananier.
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+ L'arepa est une galette de farine de maïs. Sa version la plus courante est l'arepa con queso (au fromage).
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+ Les empanadas, différentes sortes de beignets fourrés, sont également une nourriture courante cuisinée chez soi ou achetée dans la rue.
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379
+ Les figues au caramel, les fraises à la crème et les desserts avec de la crème en général sont des mets appréciés à Bogota.
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+ Le canelazo est une boisson de l'Altiplano cundiboyacense préparée avec de l'aguapanela (eau sucrée par dissolution d'un pain de sucre de canne), de l'aguardiente et de la cannelle, qui se boit chaude.
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+ La « chicha et masato » (dérivé du maïs fermenté) est une boisson andine typique[90].
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385
+ Les boissons les plus courantes, comme ailleurs en Colombie et souvent dans le reste de l'Amérique latine, sont les jus de fruits frais, dilués avec de l'eau ou du lait.
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+ Comme dans toute la Colombie, l'unité familiale tient une grande place parmi les valeurs de la société bogotana et se manifeste particulièrement lors des fêtes religieuses et des temps forts de l'année.
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+ Bogota a été majoritairement catholique; le nombre d'églises construites dans le centre historique de la ville le prouve. La ville est le siège de l'archidiocèse de Bogota depuis le 22 mars 1564, actuellement situé dans les nouveaux bâtiments du nord de la ville. La cathédrale de l'Immaculée-Conception est le siège de l'archevêché.
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391
+ La Constitution de 1991 a facilité la présence de mouvements protestants et d'autres groupes religieux parmi la population. Une mosquée se trouve dans le quartier de Chapinero. La principale synagogue juive ashkénaze (quatre synagogues existent à Bogota) est située sur la 94e rue (appelée aussi avenue de l'État d'Israël). Le 20 avril 2011, un acte antisémite fut commis sur le mur de la synagogue ashkénaze sous la forme de graffitis haineux (le mot « Juifs » et une croix gammée)[91].
392
+
393
+ Une église orthodoxe orientale et la cathédrale anglicane San Pablo, l'église mère de l'Église épiscopale de Colombie, sont toutes deux situées dans le quartier de Chapinero.
394
+ Le temple mormon de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours se trouve dans le quartier de Niza.
395
+ Il existe aussi quatre centres bouddhistes dans le nord de la ville.
396
+ De nombreuses églises protestantes se dressent dans diverses parties de la ville, y compris la chapelle baptiste de Bogota, l'église de l'Union non confessionnelle, et l'église de la Communauté évangélique de langue allemande Saint-Matthäus dont les services sont en allemand et en espagnol.
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+
398
+ L'Institut du district des Loisirs et du Sport veille également à la bonne utilisation des stades de Bogota. Le football en salle, le sport le plus populaire de la ville, a été déclaré sport symbolique de Bogota. Le football professionnel colombien jouit, dans la ville, d'une grande considération en tant que sport national d'une extrême importance. Deux des trois équipes de football de Bogota, Millonarios et Santa Fe, ont un nombre très élevé de supporters. Millonarios a remporté quatorze ligues et Santa Fe sept. Grâce à ces deux équipes, Bogota est la première ville de Colombie en nombre de titres, avec Cali, soit vingt titres reçus. Le Stade Nemesio Camacho El Campín accueille Millonarios depuis 1938, et Santa Fe depuis 1951. El Campín fut l'hôte de la finale de la Coupe du monde de football des moins de 20 ans en 2011. La troisième équipe de football de Bogota est La Equidad.
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+ Parmi les autres grands sites sportifs, citons : le colisée El-Campín, le complexe aquatique du parc Simón-Bolívar, le palais des Sports et le complexe sportif El-Salitre qui inclut le vélodrome Luis-Carlos-Galán-Sarmiento (l'hôte de la Coupe du monde de cyclisme sur piste en 1995) et le stade de baseball El-Salitre.
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+ Bogota a accueilli les premiers Jeux bolivariens en 1938 et les Jeux nationaux en 2004. La ville a été « co-hôtesse », avec d'autres villes de Colombie, de différents Jeux panaméricains et Jeux bolivariens. Bogota est également présente dans le parcours du Tour de Colombie.
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+ Le drapeau de Bogota a pour origine le mouvement de rébellion qui éclata le 20 juillet 1810 contre les autorités coloniales. Les rebelles ont commencé à porter à l'avant-bras une rosette aux couleurs jaune et rouge, celles du drapeau de l'Espagne alors en vigueur au Nouveau Royaume de Grenade. 142 ans plus tard, par décret 555 du 9 octobre 1952, l'insigne des patriotes de la guerre d'indépendance du 20 juillet 1810[92] fut finalement adopté comme drapeau officiel de Bogota.
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+ Signification des couleurs :
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+ Par le Royal Warrant de Valladolid du 3 décembre 1548, l'empereur Charles Quint accorda des armoiries à la ville de Santa Fe (actuellement Bogota). En voici un extrait traduit de l'ancien espagnol :
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+ « ... et parce que nous méritons et nous souhaitons que, désormais, le commandement agora et la dite province du Nouveau Royaume de Grenade et les villes aient des armes et soient connus par un bouclier ayant au centre un aigle noir couronné, sur fond d'or, tenant dans chaque patte une grenade rouge, avec neuf grenades d'or sur une bordure bleue. »
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+ Soit en termes de blasonnement : « D'or, à l'aigle couronnée de sable tenant dans chaque patte une grenade de gueules, à la bordure d'azur neuf grenades d'or. » 20
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+ Dans ces armoiries données par Charles Quint au Nouveau Royaume de Grenade, l'aigle symbolise la force, les neuf grenades représentent le courage et l'intrépidité.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Bogota a passé un accord de jumelage de villes avec Miami (États-Unis) en 1971[104], un autre avec Cadix (Espagne) en 2008[105] et également avec Chicago (États-Unis) en 2009[106]. En 1982, la ville a signé un accord de jumelage pour la coopération internationale avec Séoul (Corée du Sud)[107]. En outre, Bogota fait partie de l'Union des Capitales culturelles ibéro-américaines (Unión de Ciudades Capitales Iberoamericanas, UCCI) qui regroupe 29 villes d'Ibéro-Amérique (péninsule Ibérique et Amérique latine[108]). Bogota est jumelée avec 38 villes[109],[110],[111] :
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+ Le mot Roms (parfois écrit Rroms[3]) désigne en français un ensemble de populations établies dans divers pays du monde et ayant, à origine, une culture et des origines communes dans le sous-continent indien[4], également dénommées par les exonymes Tziganes / Tsiganes, Gitans, Bohémiens, Manouches ou Romanichels (chacun de ces noms ayant sa propre histoire) ou encore « gens du voyage » par confusion ou par vision fantasmée (l'immense majorité étant sédentaire). Leurs langues initiales font partie du groupe, issu du sanskrit, parlé au nord-ouest du sous-continent indien, et qui comprend aussi le gujarati, le pendjabi, le rajasthani et le sindhi. Minoritaires sur une vaste aire géographique entre l'Inde et l'océan Atlantique, puis sur le continent américain, les élites lettrées de ces populations ont adopté comme endonyme unique le terme Rom, signifiant en langue romani « homme accompli et marié au sein de la communauté »[5]. Deux autres dénominations, les Sintis et les Kalés, sont considérées tantôt comme des groupes différents des Roms[6], tantôt comme inclus parmi ces derniers[7].
8
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9
+ Selon Ian Hancock, contrairement aux Kalés et aux Sintis, tous originaires du nord de l’Inde, les Roms seraient plus précisément issus de la ville de Cannouge (Uttar Pradesh)[8], d'où les armées de Mahmoud de Ghazni les auraient déportés en 1018. Quoi qu'il en soit, ils sont présents en Europe dès le XIe siècle[9], et au XXIe siècle, les roms de tous les pays formeraient ensemble, selon une étude faite en 1994 pour le Conseil de l'Europe, la minorité « la plus importante en termes numériques »[10].
10
+
11
+ Le terme de « Rom » est adopté par l'Union romani internationale (IRU) lors du premier Congrès international des Roms (Londres, 1971) qui a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel, et a officialisé la dénomination « Rom »[11].
12
+
13
+ Depuis cette date, beaucoup de Roms se désignent ou sont désignés par les noms rom (masculin), romni (féminin), roma (masculin pluriel) et romnia (féminin pluriel) qui selon Bordigoni signifient « hommes et femmes mariés et parents faisant partie d'un groupe de voyageurs, Gitans ou Tsiganes »[12], par opposition à gadjo (masculin), gadji (féminin) et gadjé (masculin pluriel), qui désignent tous les individus étrangers à la population rom, les « autres ». Les Gitans de la péninsule ibérique disent payo (masculin), paya (féminin), payos (masculin pluriel) à la place de gadjo, gadgi et gadjé, que les Gitans de France désignent aussi avec les mots paysan et paysanne[12].
14
+
15
+ Par ailleurs, des journalistes de The Economist ont reçu une brochure au pavillon « Rom »[13] de la Biennale de Venise 2007, qui excluait de ce terme « les Sintis, les Romungrés, les Gitans, les Manouches , etc.[14][source insuffisante]. Lorsqu'ils sont entendus dans leur sens étroit de sous-groupes qui s'excluent les uns des autres, ces différents termes posent des problèmes étymologiques, car on ne peut prouver de manière indiscutable leur filiation par rapport à « Sind », à « Égyptiens » et aux « Manouches ». Cette notion de Rom au sens le plus restreint est également celle utilisée par le site internet de Larousse[15].
16
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17
+ Une hypothèse propose que le mot Rom dériverait du nom du Dieu Rāma (nom d'un Avatâr de Vishnou)[16]. Une étymologie remontant au mot sanskrit Dom, dont la signification elle-même pose problème et qui désigne une population de basse caste en Inde, a également été proposée par Ian Hancock[17], mais il la réfute lui-même en arguant de la « distance génétique » entre Roms et divers groupes de populations indiennes[17].
18
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19
+ Les Roms sont désignés en France par d'autres noms traditionnels ou familiers, selon les pays d'où ils sont supposés venir : « Bohémiens », originaires des régions de la Bohême ; « Gitans », originaires d'Égypte, appellation traditionnelle très ancienne en France ; « Manouches » ; « Romanichels », originaires de l'Est de l'Europe, mentionnés dans la littérature au début du XIXe siècle, ils parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident ; « Tziganes » ; etc.
20
+
21
+ D'autres appellations, d'origine scientifique, se sont diffusées récemment : Kalés (Gitans)[18], qui peuplent la péninsule Ibérique et l'Amérique latine et qui parlent le kaló, un mélange entre castillan ou catalan et romani ; Sintis (Manouches), qui peuplent l'Europe occidentale (France, Italie, Allemagne...), qui parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident.
22
+
23
+ La nouvelle appellation administrative française gens du voyage, qui a remplacé celle de nomades, ne saurait être utilisée pour désigner les Roms, l'immense majorité de ceux-ci étant sédentaire[19],[20]. En outre l'appellation gens du voyage regroupe des personnes qui ne sont pas roms ou ne se reconnaissent pas roms.
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25
+ À diverses époques, la langue française a produit différents termes qui évoquent soit des sous-ensembles soit l'ensemble des populations rom :
26
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27
+ Jan Yoors (en), qui a vécu de nombreuses années au sein des Roms au cours des années 1930, décrit dans son ouvrage Tsiganes (paru en 1967) les différentes populations Roms telles qu'elles lui ont été présentées par les siens, membres de la tribu des Lovara. Tout d'abord, tous ne sont pas nomades et certains se fixent pour plusieurs générations en lieu donné, à l'instar des Cali ou Gitans d'Espagne (Calés) qui parlent une langue fortement influencée par l'espagnol ; on trouve également des tribus sédentaires en Serbie, en Macédoine, en Turquie et en Roumanie : ainsi, les Rudari ont « rompu tout lien avec leur passé » et ne parlent plus que roumain. Ensuite, il est fréquent que des vagabonds soient baptisés tsiganes alors qu'il s'agit uniquement « d'autochtones ayant pris la route » : ils sont certes nomades mais dans un périmètre restreint : ce sont par exemple les Yénische en Allemagne, les Shelta en Irlande ou les Tatars de Scandinavie. À ces populations se rajoutent ensuite les forains et les gens du cirque. Existe également une tribu apparentée aux Roms bien que très différente : les Sinti ou Manush : ce sont souvent des musiciens et des luthiers et ils se distingueraient des autres Roms par leur physionomie (plus petits et mats de peau), leur dialecte mâtiné d'allemand « pratiquement inintelligible aux autres tsiganes » ou encore leurs coutumes, comme le rite de l'enlèvement de la future épouse. Enfin, « les vrais Roms » se diviseraient uniquement en quatre grandes tribus : Lovara (Lovàris), Tshurara, Kalderasha (Kalderàšis) et Matchvaya. Ils diffèrent eux aussi par la langue, le physique, les métiers (les Lovara et les Tshurara étant marchands de chevaux et se déplacent donc en roulotte ; les Kalderasha, les plus nombreux, sont chaudronniers et dorment sous la tente). Tous se considèrent néanmoins comme des « races tsiganes » à part entière et évitent de se mélanger[48].
28
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29
+ Selon Jean-Pierre Liégeois, « les Tsiganes forment une mosaïque de groupes diversifiés et segmentarisés dont aucun ne saurait représenter un autre »[49].
30
+ Marcel Courthiade a proposé en 2003 une classification qui se caractérise notamment par le refus de la dichotomie « Vlax/non-Vlax » faite par d'autres linguistes[50] ; le terme « Vlax » provient du mot « Valaques » désignant, à l'origine, les locuteurs des langues romanes orientales, mais dont le sens a été ultérieurement élargi à beaucoup de populations nomades des Balkans (voir l'article Valaques). Les linguistes qui s'y réfèrent désignent par « Vlax » les groupes utilisant des mots empruntés aux langues romanes orientales, ou censés avoir transité par les régions valaques.
31
+
32
+ Sans que l'on puisse le démontrer formellement faute d'archives écrites, les noms de ces groupes (appelés endaja en langue romani, que l'on peut traduire par « clans ») ressemblent :
33
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+ Selon Marcel Courthiade, on peut répartir les endajas dans les cinq ensembles ci-dessous, identifiés d'après les formes de la langue romani[50] :
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+ De nombreux contes poétiques de la tradition orale circulent sur l'origine des Roms et font partie de leurs traditions. Ils en font des descendants de la divinité hindoue Rāma, ou encore de Rāmachandra, avatar de Vishnou, de Cham fils de Noé, des mages de Chaldée, des Égyptiens de l’époque pharaonique, des manichéens de Phrygie, de la Marie-Madeleine biblique, d'une des tribus perdues d'Israël, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mamelouks, d’anciennes tribus celtes du temps des druides, voire des Mayas, des Aztèques, des Incas... La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Quant à la tradition écrite, un récit légendaire du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza al-Isfahani (en), reproduite et embellie au XIe siècle par le poète Ferdowsi, fait état de migrations de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) partant du Sind actuel vers la Perse[réf. souhaitée]. Plus récemment, les protochronistes ont fait remonter l'origine des Roms à Hérodote lequel mentionne une tribu du nom de Sigynnes (qui sont des Scythes pour les historiens[réf. nécessaire]).
37
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38
+ Les études linguistiques envisagent, vers la fin du XVIIIe siècle, des origines indiennes aux Roms. L'Inde du nord est aujourd'hui clairement identifiée comme la zone géographique d'origine des Roms, comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées[51].
39
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40
+ Selon les recherches en génétique de l'UWA, les caractéristiques génétiques de la population rom permettent de démontrer leur origine indienne et d'estimer que leurs origines remontent de 32 à 40 générations environ[52]. Les études génétiques montrent que tous les Roms européens sont les descendants d'un petit nombre de fondateurs (cinq lignées paternelles et 11 lignées maternelles représentant 58 % des individus étudiés ont été définies comme fondatrices des Roms européens)[53]. Cette ascendance Indienne est confirmée par la présence de hautes fréquences pour l'haplogroupe du chromsome Y H-M52 (de fréquence extrêmement faible parmi les populations non-Roms en Europe), pour les haplogroupes mitochondriaux M5, M18, M25 et M35 d'origine Indienne et par la présence de maladies génétiques spécifiques que l'on retrouve également en Inde et au Pakistan[53]. D'après les études portant sur les marqueurs autosomiques, le nord-ouest de l'Inde semble la patrie la plus probable des Roms européens, la période du départ de cette région étant évaluée à il y a environ 1 500 ans[53].
41
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42
+ Dans les recherches linguistiques, la première hypothèse, plutôt européenne et anglo-saxonne[54], les rapproche du Sind et du Pendjab, régions dont les langues sont les plus proches des langages actuellement parlés par les Roms[54].
43
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44
+ Dans les recherches sociologiques, la seconde hypothèse, plutôt indienne, se réfère à la société brahmanique, où les bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les bûcherons, les fossoyeurs, les éboueurs, les chiffonniers, les ferronniers et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais, considérés comme religieusement « impurs », n'avaient pas le droit d'être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), avec toutefois une grande diversité, depuis les guerriers Rajputs (liés aux castes royales, équivalent hindou des samouraï japonais) jusqu'à ceux que l'on désigne aujourd'hui comme intouchables. En Inde, où ils sont connus sous des noms comme Banjara, Doma, Lôma, Roma ou Hanabadosh (en hindi/ourdou), ces groupes sociaux/professionnels plutôt qu'ethniques, aux origines géographiquement et socialement multiples, sont beaucoup plus mobiles et perméables que les castes traditionnelles (un enfant issu d'une union non autorisée, un proscrit pour quelque raison que ce soit sont eux aussi « impurs » et peuvent donc les rejoindre)[55].
45
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46
+ Probablement pour échapper au rejet de la société brahmanique, ces groupes pourraient avoir quitté le nord de l'Inde autour de l'an 1000 vers le plateau Iranien et l'Asie centrale, où on les appelle Kaoulis et Djâts, et, à travers ce qui est maintenant l'Afghanistan, l'Iran, l'Arménie, le Caucase, le sud de l'ex-URSS et la Turquie, s'être mis, comme charriers, éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service des Mongols, qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin[56]. Avec la Horde d'or et Tamerlan, les Roms parvinrent ainsi en Europe, en Anatolie et aux portes de l'Égypte[57]. Des populations reconnues par d'autres Roms comme telles vivent encore en Iran, y compris ceux qui ont migré vers l'Europe, et qui en sont revenus. Deux directions migratoires sont connues : vers le sud-ouest et l’Égypte (Roms méridionaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l’Europe (Roms septentrionaux ou Zingares, mot venant peut-être d'une déformation du terme Sinti). Quoi qu'il en soit, au XIVe siècle, des Roms vassaux des Tatars atteignent les Balkans, et il semble que ce faisant, ils aient été marqués dès l'origine (puisque cette origine les « constitue » en tant que peuple) par le nomadisme et la dispersion. Au XVIe siècle, ils sont attestés en Écosse et en Suède. Vers le sud ils traversent en 1425 les Pyrénées et pénètrent dans ce qui deviendra l'Espagne en 1479. On ignore si des Roms ont jamais transité par l'Afrique du Nord, comme certains le pensent. Les preuves manquent.
47
+
48
+ Ils sont Tsiganoi parmi les Byzantins (d'où Tsiganes), Cingene parmi les Turcs, Romani-çel pour eux-mêmes (c'est-à-dire « peuple rom », d'où Romanichels pour les Croisés francophones), Manuschen pour les Croisés germanophones et Gypsies pour les Croisés de langue anglaise. La plupart des Roms, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leur esclavage était une servitude de type féodal nommée Roba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota » : travail). Au XIVe siècle, la plupart des groupes de Roms que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.
49
+
50
+ L'histoire des Roms en Europe commence en 1416-1417, car c'est à cette époque que l'on trouve les premiers documents attestant de leur passage dans telle ou telle contrée (néanmoins, il est fort probable que de très petits contingents roms circulent en Europe dès le XIIe siècle[58]).
51
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52
+ Au XIVe siècle, des récits attestent pour la première fois de leur présence à Constantinople, en Crète, en Serbie, en Bohême, en Roumanie... Au siècle suivant, ils continuent d'avancer vers l'ouest.
53
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+ L'Empire byzantin en accueille un grand nombre dès le début du XIVe siècle, sous le nom d'Atsinganos (Ατσίγγανος, qui a donné Tsigane, Zigeuner, Zingari, Ciganos, etc.) ou de Gyphtos (déformation de Egyptios = égyptien). L'Empire est traversé par les pèlerins occidentaux se rendant en Terre sainte. Ces voyageurs les appellent alors Égyptiens (Egitanos, Gitanos, Gitans, Egypsies, Gypsies). De l'Empire byzantin (et ensuite ottoman) les Roms se dispersent sur les routes d’Europe, et au XVe siècle, la diaspora commence à être visible partout : Hongrie, Allemagne, jusqu'à la Baltique et en Suisse. L'été 1419, les tribus apparurent sur le territoire de la France actuelle à Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Bresse, à Mâcon, à Sisteron[59].
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+ En 1423, Sigismond Ier du Saint-Empire accorde à un certain Ladislav, chef d'une communauté tsigane, une lettre de protection qui permet à des familles d'émigrer depuis la Transylvanie vers la Hongrie[45],[60].
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+ Le 11 juin 1447, un contingent rom arrive en Espagne, en Catalogne, et se dirige vers Barcelone : la même légende[Quoi ?] y est racontée[61] ; d'autres clans roms plus nombreux s'éparpillèrent à leur tour sur ce territoire, tous avec un « duc » ou un « comte » de Petite Égypte à leur tête[61].
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+ D'après le Journal d'un bourgeois de Paris, le 17 août 1427, 100 à 120 hommes, femmes et enfants, qui se présentent en tant que chrétiens, pèlerins pénitents recommandés par le Pape, originaires d'Égypte, sont annoncés par une délégation à cheval qui demande l'hospitalité, et autorisés quelques jours plus tard à séjourner à La Chapelle Saint-Denis. Intrigués par leur apparence physique et vestimentaire, ou par leurs anneaux portés à l'oreille, des curieux accourent de Paris et des environs pour les voir, se prêtant parfois à la chiromancie qui leur est proposée. La rumeur leur prête également des tours de magie durant lesquels se vide la bourse des passants. L'évêque de Paris réagit en se rendant sur place avec un frère mineur qui prêche et convainc le groupe de repartir. Praticiens et clients de chiromancie sont excommuniés. Le groupe repart en direction de Pontoise début septembre[62].
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+ En Angleterre, les Roms arrivent en 1460[61] ; en Suède, en 1512[61] ; à la fin du XVIe siècle, en Finlande[61] ; et au début du XVIIe siècle, les premiers textes légiférant sur leur présence en Grande Russie sont réalisés[61]. En Russie méridionale, les Roms apparaissent sous les noms de Tataritika Roma, Koraka Roma et Khaladitika Roma soit « Roms des Tatars », « Roms Coraques » ou « Roms des Armées » qui témoignent de leur ancien statut d'artisans, éleveurs de chevaux, charrons, ferronniers, selliers ou éclaireurs auprès des Tatars, des caravaniers ou des Cosaques[63].
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+ À leur arrivée (historique) en Europe, au XVe siècle, les Roms furent en règle générale bien accueillis[64] ; ils obtinrent des protections qui leur permettaient de ne pas être inquiété par l'Inquisition, les groupes hérétiques gyrovagues étant les victimes privilégiées de l'Inquisition ; car c'est ce qu'ils étaient ostensiblement, précisément, mais leur politique fut toujours d'adopter en apparence la religion officielle, en s'accordant ainsi, en Europe occidentale, la protection du pape[65].
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+ Ils deviennent indésirables et tombent, dès la fin du XVe siècle, sous le coup de décrets qui vont de l’expulsion pure et simple à l’exigence de sédentarisation : ce ne sont pas les Tsiganes qui sont visés, mais les nomades. Les récalcitrants sont emprisonnés, mutilés, envoyés aux galères ou dans les colonies, et même exécutés. La récurrence de ces mesures montre leur manque d’efficacité, sauf aux Pays-Bas, qui parviennent à tous les expulser au milieu du XIXe siècle.
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+ Les deux premiers documents attestant de la présence des Roms dans l'actuelle Roumanie sont des actes de donation de familles de robs roms à deux monastères, l'un de Vodița daté de 1385 et l'autre de Tismana daté de 1387, tous deux situés en Olténie dans l'ancienne Principauté de Valachie. La « robie », terme issu du mot slave robota : travail, est un statut traduit en français et en roumain moderne par « esclavage », mais qui s'apparente davantage à un contrat féodal de servitude personnelle, appelée εργατεία ou υποτέλεια (ergatie, hypotélie) dans les documents phanariotes en grec, et différente de la δουλεία (esclavage proprement dit) qui existait aussi, pour les (rares) eunuques africains attachés au service des cours princières[67]. L’entrée de la plupart de Roms en « robie » est liée au recul de leurs anciens alliés les Tatars au XIVe siècle. Les Khans tatars cèdent alors leurs Roms au voïvode roumain victorieux, qui les distribue soit aux monastères de sa principauté, soit aux nobles, propriétaires terriens : les boyards. Ainsi en 1428, le voïvode moldave Alexandre le Bon fait don de 31 familles de Roms au monastère de Bistriţa en Principauté de Moldavie.
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+ Le « rob » pouvait être vendu et acheté, mais contrairement à l'esclave, il pouvait racheter lui-même sa liberté, et la revendre ailleurs : c'est pour cela que traditionnellement les Roms portent leur or sur eux, bien visible, sous forme de colliers, bijoux ou dents, afin de montrer leur solvabilité et leur capacité à se racheter. Il est la marque de leur dignité. En droit, les familles ne pouvaient pas être séparées sans leur propre accord, et un rob ne peut être puni sans le jugement d'un pope ; son témoignage ne vaut pas celui d'un homme libre mais est néanmoins enregistré ; les « robs » du voïvode ou hospodar (robi domnesti : « robs princiers ») sont libres d’aller et venir, mais payent tous les ans une redevance pour ce droit[68]. Ils pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants ambulants, forains, ferronniers, forgerons, rétameurs, bûcherons, maquignons, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens. Quant aux monastères et aux boyards, ils utilisent leurs « robs » comme domestiques ou comme contremaîtres pour faire travailler les paysans serfs. Ils offrent à quelques-uns une formation et des postes de majordomes, de comptables ou d’instituteurs pour leurs enfants. Si le maître ou la maîtresse de maison est stérile, une jeune Rom ou un jeune Rom pourvoira à la perpétuation de la famille, en toute simplicité (cas de Ștefan VIII, devenu voïvode de Moldavie). Les « robs » peuvent être donnés, légués ou vendus aux enchères[69].
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+ En France, dès 1666, Louis XIV décrète que tous les Bohémiens de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés aux galères sans procès. Par la suite, lors de l'ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens mâles soient, dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées, et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux Bohémiens ; leurs fiefs étaient frappés de confiscation[70],[71].
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+ Les philosophes des Lumières ne se sont pas montrés particulièrement tendres avec les Bohémiens, à l'exception peut-être de Jean-Jacques Rousseau[72]. L'abbé Prévost ou Voltaire ont eu des mots assez durs, et Mallet, dans l'Encyclopédie, écrit comme définition pour Égyptiens : « Espèce de vagabonds déguisés, qui, quoiqu'ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d'Égypte ni de Bohème ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage et leur corps, et se font un certain jargon ; qui rôdent çà et là, et abusent le peuple sous prétexte de dire la bonne aventure et de guérir les maladies, font des dupes, volent et pillent dans les campagnes ».
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+ Le 6 décembre 1802, le préfet des Basses-Pyrénées Boniface de Castellane fait arrêter en une seule nuit les Bohémiens des arrondissements de Bayonne et Mauléon (environ 500 personnes[73]) dans l'intention de les déporter en Louisiane[74],[75]. Mais la guerre maritime empêcha l'exécution de ce projet et ils furent progressivement remis en liberté[76]. Les femmes et les enfants furent répartis dans divers dépôts de mendicité en France et les hommes furent employés à divers grands travaux : canal d'Arles, canal d'Aigues-Mortes, construction de routes dans les départements des Hautes-Alpes et du Mont-Blanc[77]. La détention des personnes ainsi arrêtées s'étend sur une période de trois ans[78]. Après cet épisode, « tous sont revenus à leurs montagnes », estime Adolphe Mazure[74].
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+ Vers la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, l’Europe éclairée alterne coercition et recherche de solutions « humaines » pour les sédentariser, d’autant que les Roms acquièrent avec la Révolution et le mouvement romantique une image plus positive empreinte de liberté. En Hongrie, on leur donne des terres et des bêtes, qu’ils revendent aussitôt à leurs voisins pour reprendre la route. L’échec de la plupart de ces politiques n’est pourtant pas une règle absolue, et une partie de la population nomade se sédentarise.
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+ Au Siècle des Lumières, l'Espagne a essayé brièvement d'éliminer le statut de marginal des Roms en tentant d'interdire l'emploi du mot gitano, et d'assimiler les Roms dans la population en les forçant à abandonner leur langue et leur style de vie. Cet effort fut vain.
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+ On rencontre, dans le nord des Vosges, dans le courant du XIXe siècle des familles manouches qui habitent des maisons dans les villages parfois depuis plusieurs générations, tout en maintenant leur spécificité culturelle. Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, leurs descendants se déplacent ensuite dans de nombreuses autres régions françaises, voire en Espagne ou en Amérique du Sud[79],[80].
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+ Depuis le XVIIIe siècle, des fils de boyards étudiants à Paris, initiés à l'esprit des Lumières et/ou en franc-maçonnerie, lancent un mouvement abolitionniste. Le processus se fait en plusieurs étapes. En 1825, en Moldavie, le Hospodar Ioniță Sandu Sturza délie les Roms de leurs liens envers les monastères et les boyards. Cet acte officiel part d'une bonne intention : mettre fin à la « robie ». Mais en pratique, cela laisse les Roms sans protection face aux agriculteurs sédentaires qui réclament des réformes agraires. De nombreux Roms reprennent alors le nomadisme, alors qu'ils s'étaient sédentarisés en majorité autour des domaines seigneuriaux (konaks) et abbatiaux. De toute façon, Sturdza est renversé en 1828 et la « robie » est aussitôt rétablie. Plus tard, en 1865, influencé par la Révolution roumaine de 1848 et par Victor Schœlcher, le prince humaniste Alexandru Ioan Cuza sécularise les immenses domaines ecclésiastiques et abolit la « robie » en Moldavie et Valachie. Toutefois il faut attendre 1923 pour que des lois leur donnent des droits égaux aux sédentaires et les protègent contre les discriminations (Constitution roumaine de 1923). Mais ces lois sont remises en question entre 1940 et 1944[81]. Cette abolition de la robie a pour conséquence de faire émigrer les Roms Vlax en masse dans les pays voisins et dans le monde ; la plupart respectent leurs règles endogames et leur mode de vie nomade[53].
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+ L'immigration rom aux États-Unis commence avec la colonisation des Espagnols et les Roms étaient embarqués comme esclaves et certains s'échappèrent en arrivant aux Amériques avec de petits groupes en Virginie et en Louisiane[réf. nécessaire]. L'immigration à plus grande échelle commence dans les années 1860, avec des groupes de Romanichels ou assimilés (à tort — ainsi : les Pavees) du Royaume-Uni et les Travellers de l'Irlande. Au début des années 1900 commence une importante vague d’émigration de Roms récemment émancipés de Russie, de Roumanie et de Hongrie vers de nombreux pays d’Europe. Tous ces Roms seront appelés indistinctement « Romanichels » ou « Hongrois » dans la plupart des contrées où ils arrivent. Nombre d’entre eux s’embarqueront aussi à cette époque vers les Amériques. Le plus grand nombre d'émigrants appartient au groupe des Kalderash (« Căldărași » = « Chaudronniers ») de Roumanie. Un grand nombre émigre également vers l'Amérique latine.
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+ Au XXe siècle, les grandes vagues de migration cessèrent au moment de la Première Guerre mondiale.
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+ C’est, paradoxalement, la première moitié du XXe siècle, époque de libéralisation dans toute l’Europe, qui fut la plus dure pour les « gens du voyage ». En France, une loi sur « l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » les oblige pour la première fois, en 1912, à se munir d’un « carnet anthropométrique d’identité » qui doit être tamponné à chaque déplacement. Marcel Waline dira en 1950 à propos de cette loi, en vigueur jusqu'en 1969, qu'elle constitue « un cas probablement unique dans le droit français (...) de législation appliquant à une certaine catégorie de gens, les nomades, un régime d'exception, rejetant cette catégorie hors du droit commun, et adoptant, pour opérer cette discrimination, un critère fondé sur un élément racial »[82],[83]. Ce contrôle administratif et de police existe toujours avec le Livret de circulation[84], dont la suppression est cependant programmée au terme d'une procédure législative entamée à l'Assemblée nationale en 2015[85]. Voir aussi ci-après la section « L'après-guerre ».
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+ La répression du nomadisme se conjugue avec le succès des théories eugénistes sur la « protection de la race » dans les milieux scientifiques[Quand ?][réf. nécessaire]. La Suisse et la Suède mettent en place une législation qui vise à détruire la culture tzigane, avec l'assentiment ou l'approbation d'une majorité de la société. En Suisse, le département fédéral de justice et police planifie en 1930 l’enlèvement des enfants sur dix ans. La fondation Pro-Juventute a déjà mis en application en 1926 l'opération « les Enfants de la Grand-Route ». Celle-ci enlève de force les enfants des Yéniches (Tsiganes de Suisse, en allemand Jenische) pour les placer et les rééduquer dans des familles d'accueil sédentaires, des orphelinats voire des asiles psychiatriques en tant que « dégénérés ». Le docteur Alfred Siegfried, directeur des Enfants de la Grand-Route considère en effet les Yéniches comme génétiquement menteurs et voleurs. Non seulement on interdit aux parents biologiques de rencontrer leurs enfants (sous peine de prison) mais des stérilisations sont pratiquées sous prétexte « humanitaire » pour limiter leur reproduction. Cette opération ne prend fin en Suisse qu'en 1972. La Suède pratique une politique similaire jusqu'en 1975[86].
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+ Le génocide contre les roms est officiellement reconnu par l'Allemagne, seulement en 1982. Si le génocide contre les juifs porte le nom de shoah, celui des roms reste flou et selon les courants il s'appelle Porajmos, littéralement « engloutissement », ou Samudaripen, « meurtre total »[87]. De plus, il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, car bon nombre de victimes n'ont pas été comptées[88].
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+ En Allemagne, le Parti national-socialiste renforce, dès son arrivée au pouvoir, une législation déjà assez dure ; bien qu’Indo-européens, les Zigeuner ne sont pas considérés comme des Aryens mais, au contraire, comme un mélange de races inférieures ou, au mieux, comme des asociaux[89]. Ils sont vite parqués dans des réserves (on envisage d’en classer une tribu comme échantillon, mais le projet est abandonné), puis envoyés en Pologne, et enfin internés dans des camps de concentration sur ordre d’Himmler, puis assassinés dans des camps d'extermination.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, déportés à Auschwitz, à Jasenovac, à Buchenwald, entre 50 000 et 80 000 Tsiganes d'Europe sont morts des suites des persécutions nazies[90]. Les Tsiganes ont aussi participé à la résistance armée en France, en Yougoslavie, en Roumanie, en Pologne et en URSS.
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+ D'autres massacres ont pris une forme particulièrement cruelle : ainsi, en Roumanie, le régime d'Antonescu déporte plus de 5000 Roms vers l'Ukraine occupée par les Roumains (« Transnistrie ») : la plupart meurent de froid, de faim et de dysenterie. Quelques habitants parviennent à protéger certains groupes. Le gouvernement roumain a officiellement reconnu ce génocide (en même temps que la Shoah) en 2005.
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+ Durant la Première Guerre mondiale, tandis que les tsiganes alsaciens-lorrains de nationalité allemande sont internés en tant que civils ennemis, ceux de nationalité française qui circulent dans les zones de combat sont arrêtés sous divers motifs et internés au camp de Crest, de 1915 à 1919[92].
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+ Lorsque se déclenche la Seconde Guerre mondiale, la France n'attend pas l'occupation allemande pour prendre des mesures privatives de liberté à l'encontre des « nomades ». Le 16 septembre 1939, le préfet d'Indre-et-Loire les déclare « indésirables » dans le département et ordonne à la gendarmerie qu'ils « soient refoulés de brigade en brigade dans un autre département[93] ». Le 22 octobre 1939, le général Vary (sl), commandant de la 9e Région militaire, ajoute une interdiction de séjour en Maine-et-Loire et une interdiction de circuler dans les deux départements précités ainsi que dans la Vienne, les Deux-Sèvres, la Haute-Vienne, la Charente, la Dordogne et la Corrèze, précisant quelques jours plus tard que la mesure s'applique également aux « forains »[94].
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+ Un décret-loi du 6 avril 1940 prohibe la circulation des nomades sur l'ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre et impose l'assignation à résidence. Officiellement, cette mesure vise à réduire les risques d’espionnage mais il s'agit en réalité de contraindre les « Tsiganes » à la sédentarisation[95]. Pour autant, les autorités se montrent réticentes à imposer l'internement à cause de la menace de reconstitution de bandes à l'intérieur des camps et pour ne pas imposer de charges trop lourdes à l'État. Ces réticences sont toujours de mise sous le régime de Vichy : seuls deux camps, le camp de Lannemezan et le camp de Saliers sont consacrés exclusivement à l'internement de « nomades » en zone sud[96].
115
+ En zone nord les Allemands sont à l'origine de l'internement des nomades[97]. Selon la thèse de l'historien Denis Peschanski publiée en 2002 et qui confirme son estimation de 1994[98], le nombre des Tsiganes internés une ou plusieurs fois entre 1940 et 1946 s'élève à 3 000[99]. D'autres chiffres ont été cités : Marie-Christine Hubert a cité en 1999 un minimum de 4 657 internés tsiganes en zone occupée et 1 404 en zone libre, en précisant que 90 % sont de nationalité française, et que 30 à 40 % sont des enfants[100]. Ce chiffre de 6 000 a été confirmé en 2009[101] et repris en 2010, par le secrétaire d'État aux anciens combattants Hubert Falco[102].
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+ L'ordonnance du Militärbefehlshaber in Frankreich du 4 octobre 1940 édicte que « les Tsiganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d’internement, surveillés par des policiers français »[103]. Les autorités françaises y répondent dans un premier temps en créant de petits camps plus ou moins organisés ou improvisés[104],[105], où les « nomades » sont soumis à un régime d'assignation à résidence assez dans l'esprit de la circulaire du 26 avril 1940 aux préfets[106] : autorisation de quitter le camp le jour pour trouver des moyens de subsistance, à condition de regagner le camp le soir, à l'instar du camp de la rue Le-Guen-de-Kérangal à Rennes[107].
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+ Le régime se durcit progressivement. Il n'y a pas de barbelés ni de mirador au camp établi jusqu'en décembre 1940 par le département des Deux-Sèvres dans les ruines du château de Châtillon à Boussais, ce qui n'est plus le cas au camp de la route de Limoges où les « nomades » de Boussais sont ensuite transférés[108].
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120
+ Le règlement du camp de Coudrecieux rédigé en août 1941 précise qu'aucune permission n'est accordée aux internés, tout en permettant des sorties encadrées par les gendarmes[109]. Dans son étude sur Arc-et-Senans, Alain Gagnieux distingue la période « camp de rassemblement » de septembre 1941 à mai 1942 et la période « camp d'internement » de mai 1942 à septembre 1943 lorsque les autorisations de sortie furent exclues[110].
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+ Les conditions de vie au camp de Moisdon-la-Rivière sont décrites le 8 décembre 1941 par l'assistante sociale principale : les repas consistent en ersatz de café le matin avec une ration de pain pour la journée, parfois un peu de viande le midi pour agrémenter navets, betteraves, choux, et le soir une soupe trop claire ; à l'exception de quelques familles, « toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air », la gale et les poux ne manquant pas de faire leur apparition[111],[112]. En mai 1942, les instituteurs du camp de Mulsanne obtiennent du directeur d'une scierie voisine « l'autorisation de collecter les écorces et brindilles qui couvrent les sapinières (…) [qui] seraient collectées par les enfants au cours de promenades surveillées et destinées à la cuisson du lait des bébés du camp, aucun moyen de chauffage n'ayant été prévu jusqu'à présent »[113].
123
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124
+ D'une part, 66 hommes adultes en provenance du camp de Poitiers quittent le camp de Compiègne le 23 janvier 1943 pour être déportés à Oranienburg-Sachsenhausen[114], d'autre part, un second groupe de 25 hommes adultes du camp de Poitiers sont déportés au cours de la même année vers Buchenwald[114]. Emmanuel Filhol cite le cas d'un déporté de Sachsenhausen qui rentre de déportation en août 1945 et se voit à nouveau assigné à résidence sous le coup du décret du 6 avril 1940 que les gendarmes continuent d'appliquer jusqu'en juin 1946[115].
125
+
126
+ En 1995, le quotidien Centre-Presse publie le récit d'un survivant de Buchenwald qui témoigne du « froid et de la faim, des coups, du travail harassant dans les galeries souterraines » qui causèrent la mort de son père et neuf membres de sa famille[116].
127
+
128
+ Par ailleurs, des personnes du Nord-Pas-de-Calais rattaché par l'occupant à la Belgique furent arrêtées fin 1943 à la suite de l'ordre d'Himmler d'arrêter tous les Tsiganes de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, puis internées au camp de Malines et déportées vers Auschwitz le 15 janvier 1944. Seules 12 personnes belges ou françaises ont survécu sur les 351 convoyées de Malines à Auschwitz[117]. Parmi les 351 personnes, au moins 145 étaient françaises, au moins 121 étaient belges, et 107 étaient des enfants de moins de 16 ans[118].
129
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130
+ Il existe également quelques cas connus, non exhaustifs, de Gitans français déportés en tant que résistants[119].
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+ Les derniers internés au camp de Jargeau ne le quitteront qu’en décembre 1945, alors que les déportés survivants sont rentrés d’Allemagne depuis le printemps[120]. Le dernier camp à fermer est le camp des Alliers à Angoulême, qui fonctionne jusqu'au 1er juin 1946[121]. Les internés sont libérés mais placés sous une étroite surveillance. Le régime des nomades reprend ses droits[122]. À la sortie, les familles libérées ne retrouvent pas les roulottes et chevaux qu'elles possédaient et ne reçoivent aucune aide ou indemnisation. Certaines se réfugient dans la grotte des Eaux-Claires à Ma Campagne.
133
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134
+ Toutefois, un petit nombre de personnes ont obtenu le statut d'« interné politique » longtemps après la guerre[46].
135
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136
+ En 1985, une stèle est érigée au camp de la route de Limoges à Poitiers, qui mentionne la présence des Tsiganes dans ce camp, avec des Juifs et des résistants[123].
137
+
138
+ En 1988, une modeste stèle commémorative est érigée sur le site d'internement de Montreuil-Bellay[124]. Les vestiges de ce camp font l'objet d'une inscription aux Monuments historiques le 8 juillet 2010[125].
139
+
140
+ Des stèles furent également érigées au Camp de Jargeau en 1991, à Laval (mémoire des camps de Grez-en-Bouère et Montsûrs) en 1993, à Arc-et-Senans en 1999, au camp de Linas-Montlhéry en 2004, à Angoulême (camp des Alliers), et Lannemezan en 2006, à Avrillé-les-Ponceaux (camp de La Morellerie) et Barenton en 2008[123].
141
+
142
+ Un monument, œuvre du sculpteur Jean-Claude Guerri, a été inauguré à l'emplacement du camp de Saliers le 2 février 2006[126].
143
+
144
+ L'ouvrage « Les lieux de mémoire » publié de 1984 à 1992 sous la direction de Pierre Nora, et les principaux manuels d'histoire de classe de terminale disponibles en 2009 n'évoquent pas les camps d'internement de « nomades[127] ».
145
+
146
+ Depuis 2004, une cérémonie d'hommage aux victimes nomades de l'internement en France (1939-1946) est organisée le 2 août sous l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris.
147
+
148
+ Le film Liberté de Tony Gatlif, qui a pour thème les politiques anti-tsiganes en France sous le régime de Vichy, paraît en 2010.
149
+
150
+ Le génocide a violemment marqué les consciences et, s’il faut attendre 1969 pour qu’une loi plus libérale remplace en France la loi de 1912, cela se fait sans opposition, ceux qui sont peu favorables aux Tsiganes craignant d'être assimilés aux promoteurs du racisme sous l'occupation allemande.
151
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152
+ Le « Comité international tsigane » créé en 1967, réunit à Londres en 1971 le premier « Congrès mondial tsigane », durant lequel des délégués de 14 pays décident de recommander l'utilisation du terme « Rom ». Le Congrès mondial rom réuni à Genève en 1978 crée l'Union romani internationale qui a un statut consultatif à l'ONU[128].
153
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154
+ Les Roms sont mentionnés pour la première fois dans un texte officiel de l'ONU à travers la résolution 6 (XXX) du 31 août 1977 de la Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme exhortant les pays « qui ont des Tsiganes (Romanis) à l'intérieur de leurs frontières à accorder à ces personnes, s'ils ne l'ont pas fait jusqu'ici, la totalité des droits dont jouit le reste de la population[129] ».
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+ Les dernières décennies sont marquées par une conversion massive de la communauté au protestantisme évangélique[réf. nécessaire]. En France, 100 000 adultes au moins rejoignent l'association cultuelle Vie et Lumière fondée en 1953 et membre de la Fédération protestante de France[réf. nécessaire].
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158
+ Entre 1944 et 1946, dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est , comme la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, ou la Bulgarie, de nombreux pogroms eurent lieu contre les Roms, accusés de collaboration avec l'Allemagne, ou "profiteurs de guerre " (Marché noir, et vols de marchandises à des paysans) : on ignore l'ampleur de ces pogroms, et le nombre de victimes, d'autant plus que certains de ces pays étaient occupés par l'Armée rouge, et allaient basculer vers les démocraties populaires Communistes.
159
+
160
+ Avec de 10 à 12 millions de personnes, les Roms sont la plus grosse minorité ethnique d'Europe. Quelquefois, ils ont prospéré, par exemple chez les Căldăraşi (Caldéraches) de Roumanie, qui travaillent traditionnellement le cuivre.
161
+
162
+ Le niveau d'intégration des Roms dans la société est variable. Les statistiques roumaines ne reconnaissent qu'un demi-million de Roms, alors qu'eux-mêmes estiment leur nombre entre 0,5 et 1 million[130].
163
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164
+ Dans certains pays comme la Slovaquie ou la Roumanie, où il est possible de constituer des partis ethniques, les Roms ont constitué des partis et ont au Parlement des représentants en tant que tels. Toutefois, leur entrée en politique n'est pas sans risques. Dans ces deux pays, les partis conservateurs (ex-communistes), cherchant à retarder l'intégration en Union européenne, leur ont distribué dans les anciens kolkhozes des terres qui étaient revendiquées par leurs anciens propriétaires, les agriculteurs locaux spoliés par la collectivisation. Les partis rénovateurs pro-européens, favorables à la restitution, soutenaient ces agriculteurs contre les Roms, ce qui a conduit à des désordres civils dans quelques villages. À la suite de ces manipulations, la plupart des dirigeants politiques roms se sont détachés des conservateurs (communistes) et rapprochés des rénovateurs (libéraux). En 2000, un parlement international rom, basé à Vienne, a été créé. En juin 2004, Lívia Járóka devint le premier membre rom hongrois du parlement européen (elle avait été précédée d'un seul auparavant : Juan de Dios Ramírez-Heredia, d'Espagne). Depuis lors, deux autres Roms y ont été élus, l'un sur la liste ADLE : Mme Viktória Mohácsi (Hongrie), l'autre sur celle du parti roumain libéral.
165
+
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+ Sept États de l'ancien bloc communiste ont lancé l'initiative Décennie de l'intégration tzigane en 2005, pour améliorer les conditions socio-économiques et le statut de la minorité rom. En septembre 2008, les deux députées au Parlement européen d’origine rom, Lívia Járóka et Viktória Mohácsi, ont réussi à faire voter cette initiative au niveau de toute l'Union européenne[131].
167
+
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+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
169
+
170
+ L'Espagne est le pays de l'Europe de l'Ouest qui accueille la plus grosse communauté de Roms. C'est aussi l'un des rares à lui avoir donné le statut de minorité nationale[132]. Le gouvernement catalan a adopté depuis 2009 un plan d'action pour le développement de la population gitane[133],[134].
171
+
172
+ La plupart des Roms (au sens de l'URI) de France sont sédentaires, salariés, intégrés[réf. nécessaire], même si une « minorité visible » restée semi-nomade pratique le travail à la journée (par exemple dans les vergers à l'époque de la cueillette, ou dans le bâtiment). Cependant, une partie de la classe politique les accuse, dans leur totalité ou en en désignant une partie, de pratiquer la mendicité ou la délinquance, de façon forcée par des réseaux mafieux ou de manière volontaire.[réf. nécessaire].
173
+
174
+ Elle vise en fait une minorité de sédentaires roumains et pays proches, exilés, qui a commencé à circuler depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne, le 1er janvier 2007, bénéficiant à partir de ce moment des droits de liberté de circulation dont bénéficie tout citoyen de l'Union européenne. Selon certaines associations et journaux[135], « On compte […] en France environ 15 000 Roms migrants de nationalité roumaine, bulgare, tchèque, slovaque, hongroise, moldave ou des pays de l’ex Yougoslavie (Serbie, Croatie, Kosovo notamment). La plupart d’entre eux ont immigré dans les années 1990, peu après la chute des états communistes[136]. »
175
+
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+ Si une partie de ces Roms pratique le travail à la journée, c'est parce que jusqu'en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe européen de libre circulation et, pour travailler officiellement, ont besoin d'un titre de séjour et d'une autorisation de travail : c'est pour cela qu'ils sont expulsables. De plus, la directive communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l'UE n'a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées[137].
177
+
178
+ Dans cette situation, les expulsions de Roms sont passées de 2 000 en 2003 à environ 8 000 en 2008[138]. Depuis 2007, le nombre de reconduites à la frontière de Roms roumains en France se situe entre 8 000 et 9 000 par an, représentant environ 30 % des objectifs chiffrés de reconduite à la frontière. Ces retours sont en grande partie volontaires car ils sont assortis de primes de 300 € par adulte et 100 € par enfant et de la prise en charge du billet d'avion[139].
179
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+ En 2009, la France a expulsé 10 000 Roms de Roumanie et de Bulgarie. Le 9 septembre 2010, le Parlement européen a réclamé la suspension de ces retours forcés, contraires au droit communautaire.
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+ 8 030 Roms en situation irrégulière ont ainsi été reconduits par la France en Roumanie et en Bulgarie entre le 1er janvier et le 25 août 2010. Selon le ministre Éric Besson, 1291 l'ont été de manière contrainte, et 6739 de manière volontaire, au moyen de 27 vols « spécialement affrétés[140] ».
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+ En 2014, près de 13 500 Roms ont été expulsés de leurs campements en 2014, contre 19 380 en 2013 selon les chiffres de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Centre européen pour les droits des Roms (CEDR)[141]. En 2014, la France est critiquée par le rapport d'Amnesty International[142] en raison d'expulsions réalisées dans des conditions jugées par l'ONG « épouvantables »[141].
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+ Certains « gens du voyage » français ne veulent pas être identifiés aux Roms en raison de la large utilisation du terme Rom en lien avec les problèmes de délinquance faite par des médias francophones et par des hommes politiques[réf. nécessaire] tels Nicolas Sarkozy[143], Manuel Valls[144], Christian Estrosi, Éric Ciotti[145] Lionnel Luca[146], ou de partis politiques comme le Front national.
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+ Selon l'eurodéputé roumain Cristian Preda, membre du parti au pouvoir (PD-L) et ancien secrétaire d'État à la Francophonie, l'emploi du mot Rom en français est devenu synonyme à la fois de « délinquant » et de « Roumain »[147]. Rom et Roumain étant ainsi devenus péjoratifs, Dorin Cioabă, le fils du « roi » (autoproclamé) des Roms, a suggéré en 2009 d'utiliser le terme d’Indirom à la place de Rom.
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+ La politique d'intégration menée par les ONG et l'État roumain porte des fruits : d'après Martin Olivera, ethnologue connaissant bien la communauté Rom « certains [des Roms] ont effectivement voyagé de Roumanie en France, mais étaient sédentaires là-bas et ne demandent pas mieux que de se sédentariser ici[148] ». Toutefois, comme les Afro-Américains aux États-Unis ou les Dalits en Inde, une partie de la communauté reste très marginale socialement et vit, en Occident comme en Europe de l'Est, dans des conditions extrêmement précaires[149].
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+ Mais ces estimations ne concernent que les environ 600.000 Roms comptés comme tels dans les statistiques roumaines, alors que selon Nicolae Paun[150], si l'on comptait aussi les 0,3 à 0,6 millions de Roms intégrés (qui eux, sont comptés comme Roumains), le peu d'ampleur de la marginalité apparaîtrait clairement : selon lui, les Roms en tant que groupe ethnique ne sont pas plus marginalisés que n'importe quelle classe sociale de niveau socio-économique et culturel équivalent. À l'encontre de cette position, les nationalistes roumains (comme les nationalistes français en France), refusent de considérer les Roms comme des Roumains et les perçoivent comme une population indésirable venue d'ailleurs, vivant en parasite et impossible à intégrer. Cette tendance d'opinion se fait un devoir de les appeler couramment « Tziganes », mot péjoratif, en dépit de la loi qui prescrit l’appellation de « Roms »
193
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194
+ Les Roms restent discriminés en Hongrie[151]. Le gouvernement hongrois entend d'ici à septembre 2011 faire voter une loi qui proposera aux allocataires de prestations sociales « des tâches d'intérêt général sur de gros chantiers de travaux publics, tels la construction d'un stade de football à Debrecen (à l'est du pays), le nettoyage des rues mais aussi l'entretien des parcs et des forêts »[152].
195
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196
+ En mai 2008, en Italie, près de Naples, des camps roms ont été brûlés[153]. En 2010, le gouvernement de Silvio Berlusconi a déjà fait évacuer de nombreux camps illégaux et demande à Bruxelles l'autorisation d'expulser les Roms.
197
+
198
+ D'autres camps de Rome sont en 2014 l'objet de l'enquête judiciaire Mafia Capitale : certains groupes mafieux auraient détourné les fonds européens destinés à l'intégration de ces populations, ce qui expliquerait l'état de profonde dégradation des infrastructures leur étant destinées[154].
199
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200
+ Arrivée en Pologne au XIVe siècle, la population Rom est estimée au début du XXIe siècle entre 17 000 et 35 000 personnes. Ils y ont souffert des persécutions, notamment lors de l'occupation nazie au cours de laquelle un nombre très important (le chiffre exact n'est pas connu) d'entre eux a été exterminé. Ils subissent toujours les préjugés et les persécutions, qu'ils soient Roms polonais ou étrangers (de Roumanie ou de Macédoine du Nord) et ce malgré l'instauration d'une loi en 2011 destinée à les protéger[155].
201
+
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+ Le terme Rom n'est nullement réservé aux seuls Roms de Roumanie même s'il est phonétiquement proche du mot roumain român (roumain). Il n'y a pas de lien étymologique ou sémantique entre les deux termes : rom signifie simplement être humain en romani tandis que român vient du latin romanus.
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204
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
205
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206
+ Les Roms de Roumanie forment l'un des principaux groupes de la communauté rom[157]. Officiellement, selon les derniers recensements, la Roumanie compte 600 000 Roms mais plusieurs ONG estiment que ce nombre est sous-estimé et serait en réalité plus proche d'un million, soit autour de 6 % de la population roumaine, et Nicolae Paun du Partida le Romenge (parti Rom) fait remarquer que le fait d'être compté comme Rom a moins à voir avec la langue ou les traditions qu'avec la situation sociale : « si on a ou si on pose des problèmes, on est considéré comme Rom »[156].
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208
+ Le romani est une langue parlée par plus d'un million de personnes en Roumanie.
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+ Au Royaume-Uni, les travellers (voyageurs, en référence à la fois aux Irish Travellers et aux Roms) sont devenus en 2005 un enjeu électoral, quand le chef du Parti conservateur promit de réviser l'Acte des droits de l'Homme de 1998. Cette loi, qui englobe la Convention européenne sur les droits de l'Homme dans la législation du Royaume-Uni, est considérée par beaucoup comme permettant de garantir le droit rétrospectif de planification[précision nécessaire]. Les pressions importantes de la population avaient conduit les travellers à acheter des terres[Quand ?], et à s'établir en contournant ainsi les restrictions de planification imposées sur les autres membres locaux de la communauté.
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212
+ En Suisse romande, l'enquête que Jean-Pierre Tabin a menée à Lausanne entre 2011 et 2013, a montré que la mendicité concerne peu de personnes, environ une soixantaine. Selon cette enquête, il ne s'agit pas d’une mendicité organisée de manière criminelle[158].
213
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+ De « nombreux habitants » seraient méfiants lorsqu'il s'agit d'utiliser les deniers publics pour des infrastructures en Roumanie. Ainsi, Messemrom, une association de soutien aux populations roms, a dû faire face à une plainte afin que soit examinée l'utilisation d'une subvention de l'État helvétique en Roumanie[159]. Elles se plaignent des conséquences générées par la stigmatisation des Roms sous la présidence, en France, de Nicolas Sarkozy[160].
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216
+ Confronté à un afflux de Roms du Kosovo, le pays a pratiqué quelques expulsions. Entre 1934 et 1975, la Suède, comme le Danemark et la Norvège, a stérilisé[réf. souhaitée] des Roms et des malades mentaux. En 1999, elle a indemnisé les victimes, plus de 60 000.
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218
+ D'après une enquête publiée en 2007 par le Centre européen pour les droits des Roms sur l'exclusion des Roms du marché de l'emploi en Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Roumanie, et Slovaquie, 35 % d'entre eux se définissent comme des ouvriers non qualifiés, 27 % comme des ouvriers qualifiés, 18 % déclarent travailler dans le nettoyage. Seuls 2 % des Roms ont une profession libérale ou sont cadres[161]. 61 % des Roms interrogés lors de l'enquête étaient sans emploi[162].
219
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220
+ Il est difficile de définir avec précision des critères d'appartenance et le nombre exact des Roms car comme pour la plupart des minorités, les nombreuses unions mixtes avec des non-Rom, la sédentarisation (seulement 2 % d’entre eux sont du voyage en Europe) et l'acculturation (ou intégration, selon les points de vue) progressent à grande vitesse.
221
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222
+ Des estimations laissent à penser qu'il y a approximativement 8 à 10 millions de Roms dans le monde en 2001[163] sans compter ceux qui résident en Inde. Les plus grandes concentrations de Roms se trouvent dans les Balkans, en Europe centrale et de l'Est, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. De plus petits groupes vivent dans l'Ouest et le Nord de l'Europe, au Moyen-Orient, et en Afrique du Nord.
223
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224
+ Les pays où les populations roms dépassent le demi-million sont la Roumanie, les pays de l'ex-Yougoslavie, l'Espagne, les États-Unis, la Hongrie, la Turquie, le Brésil et l'Argentine. Les Roms sont nombreux aussi en Tchéquie et en Slovaquie.
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226
+ En 1971, le congrès des associations et mouvements militants roms adopta le drapeau rom comme symbole du peuple Rom. Sur un fond vert (qui symbolise la Terre fertile) et bleu intense (le Ciel, la liberté), est posé le Chakra (roue solaire à vingt-quatre rayons, symbole de la route et de la liberté), du rouge de l'empereur Ashoka ou Ashok, comme on le voit en tête d'article. Le Congrès mondial tzigane tenu à Londres le 8 avril 1971 choisit cette date pour commémorer la journée internationale des Roms[164]. L'hymne, Djelem, djelem, a été écrit par Žarko Jovanović sur une chanson populaire tzigane[165].
227
+
228
+ Il y aurait actuellement en France entre 350 000[166] et 1 300 000[167] Roms.
229
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230
+ La quasi-totalité des Roms parlant les langues d'origine romani est bilingue, mais un nombre indéterminé (parce que généralement non comptés comme Roms aux recensements) ne parlent que les langues des pays où ils vivent ou ont vécu. Les Gitans, par exemple, s'expriment le plus souvent en dialectes hispaniques, comme le caló[172].
231
+
232
+ Les Roms parlent de nombreuses langues : certaines leur sont propres, d'autres sont celles des contrées qu'ils ont traversées et où ils vivent, d'autres encore sont des dialectes nés de ces multiples influences. La parenté de l'ensemble romani avec le sanskrit est clairement établie, avec des influences avestiques et hébraïques[54].
233
+
234
+ Les Roms parlent aussi la langue dominante de la région dans laquelle ils vivent, voire plusieurs langues. Par exemple, les Roms de Prizren au Kosovo parlent quotidiennement quatre langues[réf. nécessaire] dès leur plus jeune âge : l'albanais, le romani, le serbe et le turc. En Slovaquie, beaucoup de Roms parlent à la fois le romani, le slovaque et le hongrois. Les emprunts linguistiques du romani rendent possible le suivi de leur migration vers l'Ouest.
235
+
236
+ Les linguistes divisent actuellement l'ensemble rom (non reconnu par les tsiganologues de l'INALCO) en trois groupes linguistiques, correspondant à trois grands ensembles historiquement différenciés en Europe, celui des Tsiganes (qui sont les Roms stricto sensu pour l'INALCO) vivant principalement en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Amérique et en Australie, celui des Sintis ou Manouches vivant en France, en Italie, au Benelux et en Allemagne, et celui des Gitans vivant dans le Sud de la France, en Espagne et au Portugal.
237
+
238
+ Quelques Roms ont développé des sabirs tels que l’ibéroromani (caló), qui utilise le vocabulaire rom, la grammaire espagnole, présente de nombreux emprunts lexicaux à l'andalou, et au catalan et est la source de nombreux mots en argot espagnol, l’angloromani (cant, ce mot désigne également la langue des Travellers irlandais, le shelta), l’arméno-romani (lomavren ou lovari) ; le gréco-romani (ellino-romani), le suédo-romani (tavringer romani), le norvégo-romani (nomad norsk), le serbo-romani (srpskoromani), le hungaro-romani (romungro, modgar, modyar), alors que la boyash est un argot roumain avec des emprunts au hongrois et au romani.
239
+
240
+ Dans les Balkans, on trouve cinq langues vernaculaires composés de romani, d'albanais, de grec et de langues slaves : l’arlisque (arliskó), le djambasque (xhambaskó), le tchanarsque (Čanarskó), le tcherbarsque (Čerbarskó) et le thamarsque (thamarskó).
241
+
242
+ Les Roms sont connus pour être d'excellents musiciens et danseurs. En Espagne, ils ont influencé le flamenco et ils sont devenus les protagonistes de ce genre. Dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Macédoine du Nord, Roumanie, Tchéquie, Slovaquie…), les musiciens tziganes ont été très recherchés pour les mariages, funérailles, etc. En Roumanie on les appelle lăutari, en République tchèque et Slovaquie lavutari.
243
+
244
+ En France, leurs talents d'amuseurs publics et de dresseurs de chevaux ont généré des familles du cirque célèbres, comme les Bouglione ou les Zavatta.
245
+ Le guitariste Django Reinhardt, quant à lui, influencera durablement le jazz en y mêlant la musique tzigane. Gus Viseur et Tony Murena, compositeurs de célèbres valses-musette, ont joué et ont été influencés par des musiciens manouches.
246
+
247
+ Le théâtre était également une activité artistique traditionnelle de la population Tsigane. Aujourd'hui, il n'est plus guère représenté que par le Djungalo Teatro, l'un des très rares théâtres de tradition tsigane en Europe.
248
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249
+ En Andalousie, le flamenco est la principale musique dans laquelle les artistes gitans se sont imposés depuis la fin du XVIIIe siècle, et ce, en concurrence et rivalité avec les artistes andalous non gitans. El Planeta est considéré comme le premier artiste gitan du flamenco, identifié comme tel par les auteurs du XIXe siècle. À la fois guitariste et chanteur, il crée certains styles de cette musique dont la seguiriya. Au début du XXe siècle le cante flamenco gitan est représenté par Manuel Torre de Jerez de la Frontera spécialisé dans les styles typiquement gitans du cante jondo, et à partir des années 1930, par Manolo Caracol. Entre 1930 et 1940, le flamenco fait place à l'opéra flamenca, décrié pour son caractère décadent et commercial. Après la seconde guerre mondiale, Antonio Mairena impose un retour aux sources d'un flamenco purement gitan, son approche d'une musique dont il revendique les origines exclusivement gitane, est contesté par les défenseur du répertoire payo (c'est-à-dire non gitan). Des années 1950 à 1970 plusieurs cantaors vont représenter le versant gitan du flamenco, les principaux étant El Chocolate, Terremoto de Jerez, El Agujetas. Camarón de la Isla fut la principale vedette du cante flamenco des années 1970 à 1990.
250
+
251
+ Dans la guitare, Ramón Montoya est considéré comme le père du répertoire moderne du flamenco, premier artiste à se produire seul et non seulement comme accompagnateur, sa célébrité ne fut supplantée que par le guitariste non gitan Paco de Lucía. Le guitariste Manitas de Plata, né en 1921 dans le Sud de la France, vendra plus de 93 millions d'album, contribuant ainsi à la diffusion de la musique flamenco et devenant un des artistes français les plus connus au monde. Dans le domaine de la danse flamenca, la figure prépondérante fut Carmen Amaya l'une des plus célèbres artistes du flamenco tout style confondu.
252
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253
+ Le pianiste György Cziffra fut réputé pour sa grande virtuosité, son répertoire extrêmement varié et ses dons d'improvisateur.
254
+
255
+ On a suggéré que, lorsqu’ils étaient encore en Inde, les Roms étaient hindouistes ; le mot romani pour « croix », trushul, est le même mot que le sanskrit triṣula qui désigne le trident de Shiva.
256
+
257
+ Les Roms ont souvent adopté la religion dominante du pays où ils se trouvaient, en gardant toutefois leur système spécial de croyances. La plupart des Roms sont catholiques, protestants, orthodoxes ou musulmans. Ceux qui se trouvent en Europe de l'Ouest ou aux États-Unis sont soit catholiques, soit protestants. En Amérique latine, beaucoup ont gardé leur religion européenne : la plupart sont orthodoxes. En Turquie, en Égypte et dans le sud des Balkans, ils sont souvent musulmans. Il n'existe pas de "religion rom", mais l'on observe chez les Roms à travers leurs différentes confessions, des survivances vivaces de croyances au surnaturel et d'interdits spécifiques, bien souvent dénigrés par les religions organisées.
258
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259
+ Dans les Balkans, Georges de Lydda est commémoré le 6 mai lors de la fête que les Roms appellent Ederlezi qui marque le printemps.
260
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261
+ Même lorsque les Tsiganes rejoignent au fil des siècles telle ou telle religion, ils n'oublient pas leurs origines. Celles-ci remontent très loin dans le passé et la mythologie, et ce qui est parfois devenu ailleurs folklore ou superstition, demeure souvent chez eux une croyance véritable. La principale, fréquente chez les peuples ayant souffert de rejets et de déportations, est l'espérance d'être un jour tous réunis. Cette espérance prend, dans les croyances, un tour prophétique : au rassemblement ultime sur un lieu d'origine mythique est associée la fin du monde actuel, d'où doit ressortir un monde meilleur.
262
+
263
+ À la fin des années 1990, certains Roms de Hongrie se tournent vers le bouddhisme à l'image des intouchables d'Inde rejoignant le mouvement Ambedkar dans leur recherche de dignité et d'égalité[173],[174].
264
+
265
+ Il existe un mouvement de Roms qui souhaitent revenir à l'hindouisme, leur religion originelle : le mouvement a commencé en Grande-Bretagne, lors de rencontres de Roms et de migrants hindous d'Inde, et en Allemagne, où des Roms qui avaient accès à des études universitaires, cherchaient l'origine des Roms, tout en considérant l'évolution religieuse des différents groupes roms à travers les âges. Cependant , l'hindouisme, lointain, reste fort mal connu, et ce mouvement est fortement minoritaire.
266
+
267
+ Dans plusieurs sous-groupes Roms, des repas traditionnels, connus notamment sous le nom de pomana, sont pratiqués plusieurs fois à des intervalles déterminés après un décès, dans l'intention d'apaiser les esprits des morts, appelés mulo, auxquels une place est réservée[175]. Cette tradition est partagée avec les aroumains[176], ainsi qu'avec les Roumains mais aussi d'autres populations balkaniques.
268
+
269
+ Sous l'Ancien Régime, des Tsiganes font des pèlerinages au Mont Saint-Michel et à Alise-Sainte-Reine[177].
270
+
271
+ L'origine du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue, qui est l'occasion d'un grand rassemblement annuel, pieux et festif, n'est pas connue précisément. Un des premiers récits faisant état de la participation des Gitans à la fête des Saintes-Maries-de-la-Mer est celui de Frédéric Mistral publié en 1906 :
272
+
273
+ « L'église était bondée de gens du Languedoc, de femmes du pays d'Arles, d'infirmes, de bohémiennes, tous les uns sur les autres. Ce sont d'ailleurs les bohémiens qui font brûler les plus gros cierges, mais exclusivement à l'autel de Sara qui, d'après leur croyance, serait de leur nation[178] »
274
+
275
+ Mais la date de 1855 où l'auteur situe le récit, n'est pas fiable[179]. L'édition de 1861 de Mireille comporte au chant XII les vers suivants :
276
+
277
+ « Dins la capello sousterradoI'a Santo Saro, venerado di brun Bóumian ; (...) »
278
+
279
+ L'auteur les traduit par « Dans la chapelle souterraine est Sainte Sara vénérée des bruns bohémiens[180] ». Une image de L'Illustration de 1852 montre une Bohémienne plaçant son enfant sur les châsses des Maries[181].
280
+ Le journal des curés des Saintes mentionne les Gitans dès 1861 et peu après 1900 y est inscrite la note suivante :
281
+
282
+ « Les Bohémiens sont déjà arrivés. Usant d'un droit très ancien qu'on leur a laissé d'occuper, sous le chœur de l'église, la crypte de sainte Sara, leur patronne légendaire, ils sont là accroupis au pied de son autel, têtes crépues, lèvres ardentes, maniant des chapelets, couvrant de leurs baisers la châsse de leur sainte, et suant à grosses gouttes au milieu des centaines de cierges qu'ils allument. (...) L'empressement qu'ils mettent à porter, toucher, baiser, faire baiser à leurs enfants, à la procession, la barque qui contient les statues des Saintes, se disputant les fleurs qui la parent, témoignent de leurs sentiments chrétiens[182]. »
283
+
284
+ La création en 1935 de la procession annuelle de Sara la noire, le 24 mai, qui s'ajoute à la procession, plus ancienne, des Maries, fixée au 25 mai, est le résultat d'une demande faite par le poète camarguais Folco de Baroncelli au nouvel archevêque d'Aix, Clément Roques, alors que l'ancien évêque Emmanuel Coste avait interdit aux Bohémiens en 1934, de porter la barque des Maries[183]. Les deux processions seront interdites durant la durée du régime de Vichy[184].
285
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286
+ Le 26 septembre 1965, le pape Paul VI célèbre la messe lors d'un pèlerinage international gitan réunissant des milliers de pèlerins à Pomezia près de Rome[185],[186].
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+ Le gitan espagnol Zéphyrin Giménez Malla est béatifié le 4 mai 1997 par Jean-Paul II[187].
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+ Son nom est donné à la paroisse catholique des gens du voyage du diocèse d'Evry créée par l’évêque d’Évry Mgr Michel Dubosc, basée à Longpont non loin du camp de Linas Montlhery, et se déplaçant parfois sous un chapiteau au gré des campements.
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+ La 54e édition du « pèlerinage des gitans et gens du voyage » à Lourdes rassemble 6 000 personnes en août 2010[188].
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+ Le pèlerinage de Lisieux est aussi très suivi par les familles de l'Île-de-France.
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+ Les orientations de la pastorale des Tsiganes sont définies par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, un nombre croissant de Roms rejoint des mouvements évangéliques, et pour la première fois, des Roms s'engagent comme chefs religieux, en créant leurs propres églises et organisations missionnaires. Dans certains pays, la majorité des Roms appartiennent maintenant à des Églises rom. Ce changement imprévu a contribué grandement à l'amélioration de leur image dans la société. Le travail qu'ils font est perçu comme plus légitime, et ils ont commencé à obtenir des permis légaux pour exercer leurs activités commerciales.
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+ Des églises roms évangéliques existent aujourd'hui dans chaque pays où les Roms se sont installés. Le « réveil spirituel » a eu lieu dès la fin des années 1950, en France d'abord, en Normandie, puis partout en Europe. Leur conversion s'est réalisée sous l'impulsion du pasteur missionnaire « gadjé » Clément Le Cossec à qui on attribue l'adhésion de plus de cinq cent mille tsiganes à travers l'Europe[2]. Il fut appelé « l'apôtre des Gitans » par le peuple Rom. Le mouvement est particulièrement fort en France et en Espagne (dans ce dernier pays, il y a plus d'un millier d'églises rom, appelées Filadelfia, dont déjà une centaine à Madrid). D'autres assemblées importantes et nombreuses existent à Los Angeles, Houston, Buenos Aires et Mexico. Quelques groupes de Roumanie et du Chili ont rejoint l'Église adventiste du septième jour.
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+ L'association Vie et Lumière anime un rassemblement communautaire à Chaumont-Semoutiers, Damblain, à Nevoy et dans la Haute-Saône.
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+ On trouve des Roms de confession musulmanes sunnite surtout en Albanie[189], en Bosnie-Herzégovine[190], au Monténégro[190], en Macédoine du Nord[190], au Kosovo[190], dans le sud de la Serbie[190] et dans le sud-est de la Bulgarie[190].
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+ D'un point de vue génétique, les populations roms, notamment pour celles du Sud-Est de l'Europe, se caractérisent à la différence des autres populations européennes par une faible diversité de leurs haplotypes due au petit nombre de fondateurs de ces communautés[53]. Les études génétiques montrent que le flux de gènes des populations roms vers les autres populations européennes a été extrêmement limité, le flux génétique étant un peu plus fréquent en sens opposé variant entre 17 % en Roumanie et jusqu'à 46 % en Hongrie pour le flux génétique masculin (estimations hautes)[53].
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+ Pour Jean-Pierre Tabin, René Knüsel et Claire Ansermet dans leur ouvrage Lutter contre les pauvres[191], ce qui différencie le discours sur l’identité « Rom » par rapport aux discours sur les identités nationales ou régionales, n’est pas son caractère construit qui est commun à chacun de ces groupes, mais le fait qu’il n’est pas en lien avec un territoire. Le discours est d’ordre ethnique (voire relève de l'ethnogenèse) et fait référence à une « communauté imaginaire et imaginée » dans le sens où l’entend l'historien des nationalismes Benedict Anderson (1983) : elle n’existe qu’en fonction des attributs qu’un groupe revendique ou que d’autres groupes lui prêtent.
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+ Des fictions célèbres ont contribué à modeler la représentation du monde rom dans l'imaginaire collectif, comme Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou Carmen de l'opéra Carmen de Georges Bizet.
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+ Mentionnons aussi : La Petite Gitane de Miguel de Cervantes, Noces de sang de Federico García Lorca, La Lyre d'Orphée de Robertson Davies, dont les personnages principaux perpétuent jusqu'à ce jour au Canada et ailleurs les traditions tziganes, comme le soin et la réparation des instruments de musique. Mulengro, roman de l'auteur canadien de fiction contemporaine Charles de Lint, présente un portrait du Rom et de ses mythes culturels.
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+ Citons également : The Experiment, roman de Stephen (Barbara) Kyle qui trace le portrait d'une Rom américaine, sœur d'une victime de l'expérimentation nazie, Fires in the Dark de Louise Doughty, fiction relatant une expérience rom en Europe centrale durant la Seconde Guerre mondiale, Zoli de Colum McCann, roman retraçant la destinée mouvementée d'une Rom en Europe des années 1930 à nos jours, et le roman de Gaston Leroux, Rouletabille chez les Bohémiens[192]. Dans la bande dessinée Les Bijoux de la Castafiore, en 1963, Hergé met en scène des tsiganes obligés par la police de camper dans un endroit insalubre, et victimes des préjugés ambiants auxquels ne cèdent pas Tintin et le capitaine Haddock qui les invitent dans le parc du château de Moulinsart.
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+ En bande dessinée également, Modou la Tzigane, de Nadine Brass et Régine Pascale, est une série dont l'héroïne principale est une jeune Tzigane à la fin du Moyen Âge.
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+ La Bohème est un thème littéraire et artistique dérivé des divers stéréotypes sur les Bohémiens.
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+ Parmi les œuvres de littérature populaire française contribuant à transmettre des stéréotypes sur le monde rom, on peut citer les chansons. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, la chanson évoque souvent le thème du tzigane (homme ou femme), sous diverses nominations : gitan, manouche, bohémien, tzigane ou tsigane. Les mêmes stéréotypes que dans le roman ou l'opéra sont utilisés[193].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le mot Roms (parfois écrit Rroms[3]) désigne en français un ensemble de populations établies dans divers pays du monde et ayant, à origine, une culture et des origines communes dans le sous-continent indien[4], également dénommées par les exonymes Tziganes / Tsiganes, Gitans, Bohémiens, Manouches ou Romanichels (chacun de ces noms ayant sa propre histoire) ou encore « gens du voyage » par confusion ou par vision fantasmée (l'immense majorité étant sédentaire). Leurs langues initiales font partie du groupe, issu du sanskrit, parlé au nord-ouest du sous-continent indien, et qui comprend aussi le gujarati, le pendjabi, le rajasthani et le sindhi. Minoritaires sur une vaste aire géographique entre l'Inde et l'océan Atlantique, puis sur le continent américain, les élites lettrées de ces populations ont adopté comme endonyme unique le terme Rom, signifiant en langue romani « homme accompli et marié au sein de la communauté »[5]. Deux autres dénominations, les Sintis et les Kalés, sont considérées tantôt comme des groupes différents des Roms[6], tantôt comme inclus parmi ces derniers[7].
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+ Selon Ian Hancock, contrairement aux Kalés et aux Sintis, tous originaires du nord de l’Inde, les Roms seraient plus précisément issus de la ville de Cannouge (Uttar Pradesh)[8], d'où les armées de Mahmoud de Ghazni les auraient déportés en 1018. Quoi qu'il en soit, ils sont présents en Europe dès le XIe siècle[9], et au XXIe siècle, les roms de tous les pays formeraient ensemble, selon une étude faite en 1994 pour le Conseil de l'Europe, la minorité « la plus importante en termes numériques »[10].
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+ Le terme de « Rom » est adopté par l'Union romani internationale (IRU) lors du premier Congrès international des Roms (Londres, 1971) qui a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel, et a officialisé la dénomination « Rom »[11].
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+ Depuis cette date, beaucoup de Roms se désignent ou sont désignés par les noms rom (masculin), romni (féminin), roma (masculin pluriel) et romnia (féminin pluriel) qui selon Bordigoni signifient « hommes et femmes mariés et parents faisant partie d'un groupe de voyageurs, Gitans ou Tsiganes »[12], par opposition à gadjo (masculin), gadji (féminin) et gadjé (masculin pluriel), qui désignent tous les individus étrangers à la population rom, les « autres ». Les Gitans de la péninsule ibérique disent payo (masculin), paya (féminin), payos (masculin pluriel) à la place de gadjo, gadgi et gadjé, que les Gitans de France désignent aussi avec les mots paysan et paysanne[12].
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15
+ Par ailleurs, des journalistes de The Economist ont reçu une brochure au pavillon « Rom »[13] de la Biennale de Venise 2007, qui excluait de ce terme « les Sintis, les Romungrés, les Gitans, les Manouches , etc.[14][source insuffisante]. Lorsqu'ils sont entendus dans leur sens étroit de sous-groupes qui s'excluent les uns des autres, ces différents termes posent des problèmes étymologiques, car on ne peut prouver de manière indiscutable leur filiation par rapport à « Sind », à « Égyptiens » et aux « Manouches ». Cette notion de Rom au sens le plus restreint est également celle utilisée par le site internet de Larousse[15].
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+ Une hypothèse propose que le mot Rom dériverait du nom du Dieu Rāma (nom d'un Avatâr de Vishnou)[16]. Une étymologie remontant au mot sanskrit Dom, dont la signification elle-même pose problème et qui désigne une population de basse caste en Inde, a également été proposée par Ian Hancock[17], mais il la réfute lui-même en arguant de la « distance génétique » entre Roms et divers groupes de populations indiennes[17].
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+ Les Roms sont désignés en France par d'autres noms traditionnels ou familiers, selon les pays d'où ils sont supposés venir : « Bohémiens », originaires des régions de la Bohême ; « Gitans », originaires d'Égypte, appellation traditionnelle très ancienne en France ; « Manouches » ; « Romanichels », originaires de l'Est de l'Europe, mentionnés dans la littérature au début du XIXe siècle, ils parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident ; « Tziganes » ; etc.
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+ D'autres appellations, d'origine scientifique, se sont diffusées récemment : Kalés (Gitans)[18], qui peuplent la péninsule Ibérique et l'Amérique latine et qui parlent le kaló, un mélange entre castillan ou catalan et romani ; Sintis (Manouches), qui peuplent l'Europe occidentale (France, Italie, Allemagne...), qui parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident.
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+ La nouvelle appellation administrative française gens du voyage, qui a remplacé celle de nomades, ne saurait être utilisée pour désigner les Roms, l'immense majorité de ceux-ci étant sédentaire[19],[20]. En outre l'appellation gens du voyage regroupe des personnes qui ne sont pas roms ou ne se reconnaissent pas roms.
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+ À diverses époques, la langue française a produit différents termes qui évoquent soit des sous-ensembles soit l'ensemble des populations rom :
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+ Jan Yoors (en), qui a vécu de nombreuses années au sein des Roms au cours des années 1930, décrit dans son ouvrage Tsiganes (paru en 1967) les différentes populations Roms telles qu'elles lui ont été présentées par les siens, membres de la tribu des Lovara. Tout d'abord, tous ne sont pas nomades et certains se fixent pour plusieurs générations en lieu donné, à l'instar des Cali ou Gitans d'Espagne (Calés) qui parlent une langue fortement influencée par l'espagnol ; on trouve également des tribus sédentaires en Serbie, en Macédoine, en Turquie et en Roumanie : ainsi, les Rudari ont « rompu tout lien avec leur passé » et ne parlent plus que roumain. Ensuite, il est fréquent que des vagabonds soient baptisés tsiganes alors qu'il s'agit uniquement « d'autochtones ayant pris la route » : ils sont certes nomades mais dans un périmètre restreint : ce sont par exemple les Yénische en Allemagne, les Shelta en Irlande ou les Tatars de Scandinavie. À ces populations se rajoutent ensuite les forains et les gens du cirque. Existe également une tribu apparentée aux Roms bien que très différente : les Sinti ou Manush : ce sont souvent des musiciens et des luthiers et ils se distingueraient des autres Roms par leur physionomie (plus petits et mats de peau), leur dialecte mâtiné d'allemand « pratiquement inintelligible aux autres tsiganes » ou encore leurs coutumes, comme le rite de l'enlèvement de la future épouse. Enfin, « les vrais Roms » se diviseraient uniquement en quatre grandes tribus : Lovara (Lovàris), Tshurara, Kalderasha (Kalderàšis) et Matchvaya. Ils diffèrent eux aussi par la langue, le physique, les métiers (les Lovara et les Tshurara étant marchands de chevaux et se déplacent donc en roulotte ; les Kalderasha, les plus nombreux, sont chaudronniers et dorment sous la tente). Tous se considèrent néanmoins comme des « races tsiganes » à part entière et évitent de se mélanger[48].
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+ Selon Jean-Pierre Liégeois, « les Tsiganes forment une mosaïque de groupes diversifiés et segmentarisés dont aucun ne saurait représenter un autre »[49].
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+ Marcel Courthiade a proposé en 2003 une classification qui se caractérise notamment par le refus de la dichotomie « Vlax/non-Vlax » faite par d'autres linguistes[50] ; le terme « Vlax » provient du mot « Valaques » désignant, à l'origine, les locuteurs des langues romanes orientales, mais dont le sens a été ultérieurement élargi à beaucoup de populations nomades des Balkans (voir l'article Valaques). Les linguistes qui s'y réfèrent désignent par « Vlax » les groupes utilisant des mots empruntés aux langues romanes orientales, ou censés avoir transité par les régions valaques.
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+ Sans que l'on puisse le démontrer formellement faute d'archives écrites, les noms de ces groupes (appelés endaja en langue romani, que l'on peut traduire par « clans ») ressemblent :
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+ Selon Marcel Courthiade, on peut répartir les endajas dans les cinq ensembles ci-dessous, identifiés d'après les formes de la langue romani[50] :
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+ De nombreux contes poétiques de la tradition orale circulent sur l'origine des Roms et font partie de leurs traditions. Ils en font des descendants de la divinité hindoue Rāma, ou encore de Rāmachandra, avatar de Vishnou, de Cham fils de Noé, des mages de Chaldée, des Égyptiens de l’époque pharaonique, des manichéens de Phrygie, de la Marie-Madeleine biblique, d'une des tribus perdues d'Israël, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mamelouks, d’anciennes tribus celtes du temps des druides, voire des Mayas, des Aztèques, des Incas... La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Quant à la tradition écrite, un récit légendaire du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza al-Isfahani (en), reproduite et embellie au XIe siècle par le poète Ferdowsi, fait état de migrations de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) partant du Sind actuel vers la Perse[réf. souhaitée]. Plus récemment, les protochronistes ont fait remonter l'origine des Roms à Hérodote lequel mentionne une tribu du nom de Sigynnes (qui sont des Scythes pour les historiens[réf. nécessaire]).
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38
+ Les études linguistiques envisagent, vers la fin du XVIIIe siècle, des origines indiennes aux Roms. L'Inde du nord est aujourd'hui clairement identifiée comme la zone géographique d'origine des Roms, comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées[51].
39
+
40
+ Selon les recherches en génétique de l'UWA, les caractéristiques génétiques de la population rom permettent de démontrer leur origine indienne et d'estimer que leurs origines remontent de 32 à 40 générations environ[52]. Les études génétiques montrent que tous les Roms européens sont les descendants d'un petit nombre de fondateurs (cinq lignées paternelles et 11 lignées maternelles représentant 58 % des individus étudiés ont été définies comme fondatrices des Roms européens)[53]. Cette ascendance Indienne est confirmée par la présence de hautes fréquences pour l'haplogroupe du chromsome Y H-M52 (de fréquence extrêmement faible parmi les populations non-Roms en Europe), pour les haplogroupes mitochondriaux M5, M18, M25 et M35 d'origine Indienne et par la présence de maladies génétiques spécifiques que l'on retrouve également en Inde et au Pakistan[53]. D'après les études portant sur les marqueurs autosomiques, le nord-ouest de l'Inde semble la patrie la plus probable des Roms européens, la période du départ de cette région étant évaluée à il y a environ 1 500 ans[53].
41
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+ Dans les recherches linguistiques, la première hypothèse, plutôt européenne et anglo-saxonne[54], les rapproche du Sind et du Pendjab, régions dont les langues sont les plus proches des langages actuellement parlés par les Roms[54].
43
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+ Dans les recherches sociologiques, la seconde hypothèse, plutôt indienne, se réfère à la société brahmanique, où les bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les bûcherons, les fossoyeurs, les éboueurs, les chiffonniers, les ferronniers et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais, considérés comme religieusement « impurs », n'avaient pas le droit d'être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), avec toutefois une grande diversité, depuis les guerriers Rajputs (liés aux castes royales, équivalent hindou des samouraï japonais) jusqu'à ceux que l'on désigne aujourd'hui comme intouchables. En Inde, où ils sont connus sous des noms comme Banjara, Doma, Lôma, Roma ou Hanabadosh (en hindi/ourdou), ces groupes sociaux/professionnels plutôt qu'ethniques, aux origines géographiquement et socialement multiples, sont beaucoup plus mobiles et perméables que les castes traditionnelles (un enfant issu d'une union non autorisée, un proscrit pour quelque raison que ce soit sont eux aussi « impurs » et peuvent donc les rejoindre)[55].
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+ Probablement pour échapper au rejet de la société brahmanique, ces groupes pourraient avoir quitté le nord de l'Inde autour de l'an 1000 vers le plateau Iranien et l'Asie centrale, où on les appelle Kaoulis et Djâts, et, à travers ce qui est maintenant l'Afghanistan, l'Iran, l'Arménie, le Caucase, le sud de l'ex-URSS et la Turquie, s'être mis, comme charriers, éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service des Mongols, qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin[56]. Avec la Horde d'or et Tamerlan, les Roms parvinrent ainsi en Europe, en Anatolie et aux portes de l'Égypte[57]. Des populations reconnues par d'autres Roms comme telles vivent encore en Iran, y compris ceux qui ont migré vers l'Europe, et qui en sont revenus. Deux directions migratoires sont connues : vers le sud-ouest et l’Égypte (Roms méridionaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l’Europe (Roms septentrionaux ou Zingares, mot venant peut-être d'une déformation du terme Sinti). Quoi qu'il en soit, au XIVe siècle, des Roms vassaux des Tatars atteignent les Balkans, et il semble que ce faisant, ils aient été marqués dès l'origine (puisque cette origine les « constitue » en tant que peuple) par le nomadisme et la dispersion. Au XVIe siècle, ils sont attestés en Écosse et en Suède. Vers le sud ils traversent en 1425 les Pyrénées et pénètrent dans ce qui deviendra l'Espagne en 1479. On ignore si des Roms ont jamais transité par l'Afrique du Nord, comme certains le pensent. Les preuves manquent.
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+ Ils sont Tsiganoi parmi les Byzantins (d'où Tsiganes), Cingene parmi les Turcs, Romani-çel pour eux-mêmes (c'est-à-dire « peuple rom », d'où Romanichels pour les Croisés francophones), Manuschen pour les Croisés germanophones et Gypsies pour les Croisés de langue anglaise. La plupart des Roms, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leur esclavage était une servitude de type féodal nommée Roba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota » : travail). Au XIVe siècle, la plupart des groupes de Roms que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.
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+ L'histoire des Roms en Europe commence en 1416-1417, car c'est à cette époque que l'on trouve les premiers documents attestant de leur passage dans telle ou telle contrée (néanmoins, il est fort probable que de très petits contingents roms circulent en Europe dès le XIIe siècle[58]).
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52
+ Au XIVe siècle, des récits attestent pour la première fois de leur présence à Constantinople, en Crète, en Serbie, en Bohême, en Roumanie... Au siècle suivant, ils continuent d'avancer vers l'ouest.
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54
+ L'Empire byzantin en accueille un grand nombre dès le début du XIVe siècle, sous le nom d'Atsinganos (Ατσίγγανος, qui a donné Tsigane, Zigeuner, Zingari, Ciganos, etc.) ou de Gyphtos (déformation de Egyptios = égyptien). L'Empire est traversé par les pèlerins occidentaux se rendant en Terre sainte. Ces voyageurs les appellent alors Égyptiens (Egitanos, Gitanos, Gitans, Egypsies, Gypsies). De l'Empire byzantin (et ensuite ottoman) les Roms se dispersent sur les routes d’Europe, et au XVe siècle, la diaspora commence à être visible partout : Hongrie, Allemagne, jusqu'à la Baltique et en Suisse. L'été 1419, les tribus apparurent sur le territoire de la France actuelle à Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Bresse, à Mâcon, à Sisteron[59].
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56
+ En 1423, Sigismond Ier du Saint-Empire accorde à un certain Ladislav, chef d'une communauté tsigane, une lettre de protection qui permet à des familles d'émigrer depuis la Transylvanie vers la Hongrie[45],[60].
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58
+ Le 11 juin 1447, un contingent rom arrive en Espagne, en Catalogne, et se dirige vers Barcelone : la même légende[Quoi ?] y est racontée[61] ; d'autres clans roms plus nombreux s'éparpillèrent à leur tour sur ce territoire, tous avec un « duc » ou un « comte » de Petite Égypte à leur tête[61].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
61
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62
+ D'après le Journal d'un bourgeois de Paris, le 17 août 1427, 100 à 120 hommes, femmes et enfants, qui se présentent en tant que chrétiens, pèlerins pénitents recommandés par le Pape, originaires d'Égypte, sont annoncés par une délégation à cheval qui demande l'hospitalité, et autorisés quelques jours plus tard à séjourner à La Chapelle Saint-Denis. Intrigués par leur apparence physique et vestimentaire, ou par leurs anneaux portés à l'oreille, des curieux accourent de Paris et des environs pour les voir, se prêtant parfois à la chiromancie qui leur est proposée. La rumeur leur prête également des tours de magie durant lesquels se vide la bourse des passants. L'évêque de Paris réagit en se rendant sur place avec un frère mineur qui prêche et convainc le groupe de repartir. Praticiens et clients de chiromancie sont excommuniés. Le groupe repart en direction de Pontoise début septembre[62].
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+ En Angleterre, les Roms arrivent en 1460[61] ; en Suède, en 1512[61] ; à la fin du XVIe siècle, en Finlande[61] ; et au début du XVIIe siècle, les premiers textes légiférant sur leur présence en Grande Russie sont réalisés[61]. En Russie méridionale, les Roms apparaissent sous les noms de Tataritika Roma, Koraka Roma et Khaladitika Roma soit « Roms des Tatars », « Roms Coraques » ou « Roms des Armées » qui témoignent de leur ancien statut d'artisans, éleveurs de chevaux, charrons, ferronniers, selliers ou éclaireurs auprès des Tatars, des caravaniers ou des Cosaques[63].
65
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+ À leur arrivée (historique) en Europe, au XVe siècle, les Roms furent en règle générale bien accueillis[64] ; ils obtinrent des protections qui leur permettaient de ne pas être inquiété par l'Inquisition, les groupes hérétiques gyrovagues étant les victimes privilégiées de l'Inquisition ; car c'est ce qu'ils étaient ostensiblement, précisément, mais leur politique fut toujours d'adopter en apparence la religion officielle, en s'accordant ainsi, en Europe occidentale, la protection du pape[65].
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+ Ils deviennent indésirables et tombent, dès la fin du XVe siècle, sous le coup de décrets qui vont de l’expulsion pure et simple à l’exigence de sédentarisation : ce ne sont pas les Tsiganes qui sont visés, mais les nomades. Les récalcitrants sont emprisonnés, mutilés, envoyés aux galères ou dans les colonies, et même exécutés. La récurrence de ces mesures montre leur manque d’efficacité, sauf aux Pays-Bas, qui parviennent à tous les expulser au milieu du XIXe siècle.
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+ Les deux premiers documents attestant de la présence des Roms dans l'actuelle Roumanie sont des actes de donation de familles de robs roms à deux monastères, l'un de Vodița daté de 1385 et l'autre de Tismana daté de 1387, tous deux situés en Olténie dans l'ancienne Principauté de Valachie. La « robie », terme issu du mot slave robota : travail, est un statut traduit en français et en roumain moderne par « esclavage », mais qui s'apparente davantage à un contrat féodal de servitude personnelle, appelée εργατεία ou υποτέλεια (ergatie, hypotélie) dans les documents phanariotes en grec, et différente de la δουλεία (esclavage proprement dit) qui existait aussi, pour les (rares) eunuques africains attachés au service des cours princières[67]. L’entrée de la plupart de Roms en « robie » est liée au recul de leurs anciens alliés les Tatars au XIVe siècle. Les Khans tatars cèdent alors leurs Roms au voïvode roumain victorieux, qui les distribue soit aux monastères de sa principauté, soit aux nobles, propriétaires terriens : les boyards. Ainsi en 1428, le voïvode moldave Alexandre le Bon fait don de 31 familles de Roms au monastère de Bistriţa en Principauté de Moldavie.
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+ Le « rob » pouvait être vendu et acheté, mais contrairement à l'esclave, il pouvait racheter lui-même sa liberté, et la revendre ailleurs : c'est pour cela que traditionnellement les Roms portent leur or sur eux, bien visible, sous forme de colliers, bijoux ou dents, afin de montrer leur solvabilité et leur capacité à se racheter. Il est la marque de leur dignité. En droit, les familles ne pouvaient pas être séparées sans leur propre accord, et un rob ne peut être puni sans le jugement d'un pope ; son témoignage ne vaut pas celui d'un homme libre mais est néanmoins enregistré ; les « robs » du voïvode ou hospodar (robi domnesti : « robs princiers ») sont libres d’aller et venir, mais payent tous les ans une redevance pour ce droit[68]. Ils pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants ambulants, forains, ferronniers, forgerons, rétameurs, bûcherons, maquignons, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens. Quant aux monastères et aux boyards, ils utilisent leurs « robs » comme domestiques ou comme contremaîtres pour faire travailler les paysans serfs. Ils offrent à quelques-uns une formation et des postes de majordomes, de comptables ou d’instituteurs pour leurs enfants. Si le maître ou la maîtresse de maison est stérile, une jeune Rom ou un jeune Rom pourvoira à la perpétuation de la famille, en toute simplicité (cas de Ștefan VIII, devenu voïvode de Moldavie). Les « robs » peuvent être donnés, légués ou vendus aux enchères[69].
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+ En France, dès 1666, Louis XIV décrète que tous les Bohémiens de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés aux galères sans procès. Par la suite, lors de l'ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens mâles soient, dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées, et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux Bohémiens ; leurs fiefs étaient frappés de confiscation[70],[71].
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+ Les philosophes des Lumières ne se sont pas montrés particulièrement tendres avec les Bohémiens, à l'exception peut-être de Jean-Jacques Rousseau[72]. L'abbé Prévost ou Voltaire ont eu des mots assez durs, et Mallet, dans l'Encyclopédie, écrit comme définition pour Égyptiens : « Espèce de vagabonds déguisés, qui, quoiqu'ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d'Égypte ni de Bohème ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage et leur corps, et se font un certain jargon ; qui rôdent çà et là, et abusent le peuple sous prétexte de dire la bonne aventure et de guérir les maladies, font des dupes, volent et pillent dans les campagnes ».
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+ Le 6 décembre 1802, le préfet des Basses-Pyrénées Boniface de Castellane fait arrêter en une seule nuit les Bohémiens des arrondissements de Bayonne et Mauléon (environ 500 personnes[73]) dans l'intention de les déporter en Louisiane[74],[75]. Mais la guerre maritime empêcha l'exécution de ce projet et ils furent progressivement remis en liberté[76]. Les femmes et les enfants furent répartis dans divers dépôts de mendicité en France et les hommes furent employés à divers grands travaux : canal d'Arles, canal d'Aigues-Mortes, construction de routes dans les départements des Hautes-Alpes et du Mont-Blanc[77]. La détention des personnes ainsi arrêtées s'étend sur une période de trois ans[78]. Après cet épisode, « tous sont revenus à leurs montagnes », estime Adolphe Mazure[74].
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+ Vers la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, l’Europe éclairée alterne coercition et recherche de solutions « humaines » pour les sédentariser, d’autant que les Roms acquièrent avec la Révolution et le mouvement romantique une image plus positive empreinte de liberté. En Hongrie, on leur donne des terres et des bêtes, qu’ils revendent aussitôt à leurs voisins pour reprendre la route. L’échec de la plupart de ces politiques n’est pourtant pas une règle absolue, et une partie de la population nomade se sédentarise.
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+ Au Siècle des Lumières, l'Espagne a essayé brièvement d'éliminer le statut de marginal des Roms en tentant d'interdire l'emploi du mot gitano, et d'assimiler les Roms dans la population en les forçant à abandonner leur langue et leur style de vie. Cet effort fut vain.
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+ On rencontre, dans le nord des Vosges, dans le courant du XIXe siècle des familles manouches qui habitent des maisons dans les villages parfois depuis plusieurs générations, tout en maintenant leur spécificité culturelle. Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, leurs descendants se déplacent ensuite dans de nombreuses autres régions françaises, voire en Espagne ou en Amérique du Sud[79],[80].
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+ Depuis le XVIIIe siècle, des fils de boyards étudiants à Paris, initiés à l'esprit des Lumières et/ou en franc-maçonnerie, lancent un mouvement abolitionniste. Le processus se fait en plusieurs étapes. En 1825, en Moldavie, le Hospodar Ioniță Sandu Sturza délie les Roms de leurs liens envers les monastères et les boyards. Cet acte officiel part d'une bonne intention : mettre fin à la « robie ». Mais en pratique, cela laisse les Roms sans protection face aux agriculteurs sédentaires qui réclament des réformes agraires. De nombreux Roms reprennent alors le nomadisme, alors qu'ils s'étaient sédentarisés en majorité autour des domaines seigneuriaux (konaks) et abbatiaux. De toute façon, Sturdza est renversé en 1828 et la « robie » est aussitôt rétablie. Plus tard, en 1865, influencé par la Révolution roumaine de 1848 et par Victor Schœlcher, le prince humaniste Alexandru Ioan Cuza sécularise les immenses domaines ecclésiastiques et abolit la « robie » en Moldavie et Valachie. Toutefois il faut attendre 1923 pour que des lois leur donnent des droits égaux aux sédentaires et les protègent contre les discriminations (Constitution roumaine de 1923). Mais ces lois sont remises en question entre 1940 et 1944[81]. Cette abolition de la robie a pour conséquence de faire émigrer les Roms Vlax en masse dans les pays voisins et dans le monde ; la plupart respectent leurs règles endogames et leur mode de vie nomade[53].
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+ L'immigration rom aux États-Unis commence avec la colonisation des Espagnols et les Roms étaient embarqués comme esclaves et certains s'échappèrent en arrivant aux Amériques avec de petits groupes en Virginie et en Louisiane[réf. nécessaire]. L'immigration à plus grande échelle commence dans les années 1860, avec des groupes de Romanichels ou assimilés (à tort — ainsi : les Pavees) du Royaume-Uni et les Travellers de l'Irlande. Au début des années 1900 commence une importante vague d’émigration de Roms récemment émancipés de Russie, de Roumanie et de Hongrie vers de nombreux pays d’Europe. Tous ces Roms seront appelés indistinctement « Romanichels » ou « Hongrois » dans la plupart des contrées où ils arrivent. Nombre d’entre eux s’embarqueront aussi à cette époque vers les Amériques. Le plus grand nombre d'émigrants appartient au groupe des Kalderash (« Căldărași » = « Chaudronniers ») de Roumanie. Un grand nombre émigre également vers l'Amérique latine.
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+ Au XXe siècle, les grandes vagues de migration cessèrent au moment de la Première Guerre mondiale.
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+ C’est, paradoxalement, la première moitié du XXe siècle, époque de libéralisation dans toute l’Europe, qui fut la plus dure pour les « gens du voyage ». En France, une loi sur « l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » les oblige pour la première fois, en 1912, à se munir d’un « carnet anthropométrique d’identité » qui doit être tamponné à chaque déplacement. Marcel Waline dira en 1950 à propos de cette loi, en vigueur jusqu'en 1969, qu'elle constitue « un cas probablement unique dans le droit français (...) de législation appliquant à une certaine catégorie de gens, les nomades, un régime d'exception, rejetant cette catégorie hors du droit commun, et adoptant, pour opérer cette discrimination, un critère fondé sur un élément racial »[82],[83]. Ce contrôle administratif et de police existe toujours avec le Livret de circulation[84], dont la suppression est cependant programmée au terme d'une procédure législative entamée à l'Assemblée nationale en 2015[85]. Voir aussi ci-après la section « L'après-guerre ».
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+ La répression du nomadisme se conjugue avec le succès des théories eugénistes sur la « protection de la race » dans les milieux scientifiques[Quand ?][réf. nécessaire]. La Suisse et la Suède mettent en place une législation qui vise à détruire la culture tzigane, avec l'assentiment ou l'approbation d'une majorité de la société. En Suisse, le département fédéral de justice et police planifie en 1930 l’enlèvement des enfants sur dix ans. La fondation Pro-Juventute a déjà mis en application en 1926 l'opération « les Enfants de la Grand-Route ». Celle-ci enlève de force les enfants des Yéniches (Tsiganes de Suisse, en allemand Jenische) pour les placer et les rééduquer dans des familles d'accueil sédentaires, des orphelinats voire des asiles psychiatriques en tant que « dégénérés ». Le docteur Alfred Siegfried, directeur des Enfants de la Grand-Route considère en effet les Yéniches comme génétiquement menteurs et voleurs. Non seulement on interdit aux parents biologiques de rencontrer leurs enfants (sous peine de prison) mais des stérilisations sont pratiquées sous prétexte « humanitaire » pour limiter leur reproduction. Cette opération ne prend fin en Suisse qu'en 1972. La Suède pratique une politique similaire jusqu'en 1975[86].
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+ Le génocide contre les roms est officiellement reconnu par l'Allemagne, seulement en 1982. Si le génocide contre les juifs porte le nom de shoah, celui des roms reste flou et selon les courants il s'appelle Porajmos, littéralement « engloutissement », ou Samudaripen, « meurtre total »[87]. De plus, il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, car bon nombre de victimes n'ont pas été comptées[88].
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+ En Allemagne, le Parti national-socialiste renforce, dès son arrivée au pouvoir, une législation déjà assez dure ; bien qu’Indo-européens, les Zigeuner ne sont pas considérés comme des Aryens mais, au contraire, comme un mélange de races inférieures ou, au mieux, comme des asociaux[89]. Ils sont vite parqués dans des réserves (on envisage d’en classer une tribu comme échantillon, mais le projet est abandonné), puis envoyés en Pologne, et enfin internés dans des camps de concentration sur ordre d’Himmler, puis assassinés dans des camps d'extermination.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, déportés à Auschwitz, à Jasenovac, à Buchenwald, entre 50 000 et 80 000 Tsiganes d'Europe sont morts des suites des persécutions nazies[90]. Les Tsiganes ont aussi participé à la résistance armée en France, en Yougoslavie, en Roumanie, en Pologne et en URSS.
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+ D'autres massacres ont pris une forme particulièrement cruelle : ainsi, en Roumanie, le régime d'Antonescu déporte plus de 5000 Roms vers l'Ukraine occupée par les Roumains (« Transnistrie ») : la plupart meurent de froid, de faim et de dysenterie. Quelques habitants parviennent à protéger certains groupes. Le gouvernement roumain a officiellement reconnu ce génocide (en même temps que la Shoah) en 2005.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Durant la Première Guerre mondiale, tandis que les tsiganes alsaciens-lorrains de nationalité allemande sont internés en tant que civils ennemis, ceux de nationalité française qui circulent dans les zones de combat sont arrêtés sous divers motifs et internés au camp de Crest, de 1915 à 1919[92].
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+ Lorsque se déclenche la Seconde Guerre mondiale, la France n'attend pas l'occupation allemande pour prendre des mesures privatives de liberté à l'encontre des « nomades ». Le 16 septembre 1939, le préfet d'Indre-et-Loire les déclare « indésirables » dans le département et ordonne à la gendarmerie qu'ils « soient refoulés de brigade en brigade dans un autre département[93] ». Le 22 octobre 1939, le général Vary (sl), commandant de la 9e Région militaire, ajoute une interdiction de séjour en Maine-et-Loire et une interdiction de circuler dans les deux départements précités ainsi que dans la Vienne, les Deux-Sèvres, la Haute-Vienne, la Charente, la Dordogne et la Corrèze, précisant quelques jours plus tard que la mesure s'applique également aux « forains »[94].
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+ Un décret-loi du 6 avril 1940 prohibe la circulation des nomades sur l'ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre et impose l'assignation à résidence. Officiellement, cette mesure vise à réduire les risques d’espionnage mais il s'agit en réalité de contraindre les « Tsiganes » à la sédentarisation[95]. Pour autant, les autorités se montrent réticentes à imposer l'internement à cause de la menace de reconstitution de bandes à l'intérieur des camps et pour ne pas imposer de charges trop lourdes à l'État. Ces réticences sont toujours de mise sous le régime de Vichy : seuls deux camps, le camp de Lannemezan et le camp de Saliers sont consacrés exclusivement à l'internement de « nomades » en zone sud[96].
115
+ En zone nord les Allemands sont à l'origine de l'internement des nomades[97]. Selon la thèse de l'historien Denis Peschanski publiée en 2002 et qui confirme son estimation de 1994[98], le nombre des Tsiganes internés une ou plusieurs fois entre 1940 et 1946 s'élève à 3 000[99]. D'autres chiffres ont été cités : Marie-Christine Hubert a cité en 1999 un minimum de 4 657 internés tsiganes en zone occupée et 1 404 en zone libre, en précisant que 90 % sont de nationalité française, et que 30 à 40 % sont des enfants[100]. Ce chiffre de 6 000 a été confirmé en 2009[101] et repris en 2010, par le secrétaire d'État aux anciens combattants Hubert Falco[102].
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+ L'ordonnance du Militärbefehlshaber in Frankreich du 4 octobre 1940 édicte que « les Tsiganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d’internement, surveillés par des policiers français »[103]. Les autorités françaises y répondent dans un premier temps en créant de petits camps plus ou moins organisés ou improvisés[104],[105], où les « nomades » sont soumis à un régime d'assignation à résidence assez dans l'esprit de la circulaire du 26 avril 1940 aux préfets[106] : autorisation de quitter le camp le jour pour trouver des moyens de subsistance, à condition de regagner le camp le soir, à l'instar du camp de la rue Le-Guen-de-Kérangal à Rennes[107].
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+ Le régime se durcit progressivement. Il n'y a pas de barbelés ni de mirador au camp établi jusqu'en décembre 1940 par le département des Deux-Sèvres dans les ruines du château de Châtillon à Boussais, ce qui n'est plus le cas au camp de la route de Limoges où les « nomades » de Boussais sont ensuite transférés[108].
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+ Le règlement du camp de Coudrecieux rédigé en août 1941 précise qu'aucune permission n'est accordée aux internés, tout en permettant des sorties encadrées par les gendarmes[109]. Dans son étude sur Arc-et-Senans, Alain Gagnieux distingue la période « camp de rassemblement » de septembre 1941 à mai 1942 et la période « camp d'internement » de mai 1942 à septembre 1943 lorsque les autorisations de sortie furent exclues[110].
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+ Les conditions de vie au camp de Moisdon-la-Rivière sont décrites le 8 décembre 1941 par l'assistante sociale principale : les repas consistent en ersatz de café le matin avec une ration de pain pour la journée, parfois un peu de viande le midi pour agrémenter navets, betteraves, choux, et le soir une soupe trop claire ; à l'exception de quelques familles, « toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air », la gale et les poux ne manquant pas de faire leur apparition[111],[112]. En mai 1942, les instituteurs du camp de Mulsanne obtiennent du directeur d'une scierie voisine « l'autorisation de collecter les écorces et brindilles qui couvrent les sapinières (…) [qui] seraient collectées par les enfants au cours de promenades surveillées et destinées à la cuisson du lait des bébés du camp, aucun moyen de chauffage n'ayant été prévu jusqu'à présent »[113].
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+ D'une part, 66 hommes adultes en provenance du camp de Poitiers quittent le camp de Compiègne le 23 janvier 1943 pour être déportés à Oranienburg-Sachsenhausen[114], d'autre part, un second groupe de 25 hommes adultes du camp de Poitiers sont déportés au cours de la même année vers Buchenwald[114]. Emmanuel Filhol cite le cas d'un déporté de Sachsenhausen qui rentre de déportation en août 1945 et se voit à nouveau assigné à résidence sous le coup du décret du 6 avril 1940 que les gendarmes continuent d'appliquer jusqu'en juin 1946[115].
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+ En 1995, le quotidien Centre-Presse publie le récit d'un survivant de Buchenwald qui témoigne du « froid et de la faim, des coups, du travail harassant dans les galeries souterraines » qui causèrent la mort de son père et neuf membres de sa famille[116].
127
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128
+ Par ailleurs, des personnes du Nord-Pas-de-Calais rattaché par l'occupant à la Belgique furent arrêtées fin 1943 à la suite de l'ordre d'Himmler d'arrêter tous les Tsiganes de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, puis internées au camp de Malines et déportées vers Auschwitz le 15 janvier 1944. Seules 12 personnes belges ou françaises ont survécu sur les 351 convoyées de Malines à Auschwitz[117]. Parmi les 351 personnes, au moins 145 étaient françaises, au moins 121 étaient belges, et 107 étaient des enfants de moins de 16 ans[118].
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+ Il existe également quelques cas connus, non exhaustifs, de Gitans français déportés en tant que résistants[119].
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+ Les derniers internés au camp de Jargeau ne le quitteront qu’en décembre 1945, alors que les déportés survivants sont rentrés d’Allemagne depuis le printemps[120]. Le dernier camp à fermer est le camp des Alliers à Angoulême, qui fonctionne jusqu'au 1er juin 1946[121]. Les internés sont libérés mais placés sous une étroite surveillance. Le régime des nomades reprend ses droits[122]. À la sortie, les familles libérées ne retrouvent pas les roulottes et chevaux qu'elles possédaient et ne reçoivent aucune aide ou indemnisation. Certaines se réfugient dans la grotte des Eaux-Claires à Ma Campagne.
133
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134
+ Toutefois, un petit nombre de personnes ont obtenu le statut d'« interné politique » longtemps après la guerre[46].
135
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136
+ En 1985, une stèle est érigée au camp de la route de Limoges à Poitiers, qui mentionne la présence des Tsiganes dans ce camp, avec des Juifs et des résistants[123].
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+ En 1988, une modeste stèle commémorative est érigée sur le site d'internement de Montreuil-Bellay[124]. Les vestiges de ce camp font l'objet d'une inscription aux Monuments historiques le 8 juillet 2010[125].
139
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140
+ Des stèles furent également érigées au Camp de Jargeau en 1991, à Laval (mémoire des camps de Grez-en-Bouère et Montsûrs) en 1993, à Arc-et-Senans en 1999, au camp de Linas-Montlhéry en 2004, à Angoulême (camp des Alliers), et Lannemezan en 2006, à Avrillé-les-Ponceaux (camp de La Morellerie) et Barenton en 2008[123].
141
+
142
+ Un monument, œuvre du sculpteur Jean-Claude Guerri, a été inauguré à l'emplacement du camp de Saliers le 2 février 2006[126].
143
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144
+ L'ouvrage « Les lieux de mémoire » publié de 1984 à 1992 sous la direction de Pierre Nora, et les principaux manuels d'histoire de classe de terminale disponibles en 2009 n'évoquent pas les camps d'internement de « nomades[127] ».
145
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146
+ Depuis 2004, une cérémonie d'hommage aux victimes nomades de l'internement en France (1939-1946) est organisée le 2 août sous l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris.
147
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148
+ Le film Liberté de Tony Gatlif, qui a pour thème les politiques anti-tsiganes en France sous le régime de Vichy, paraît en 2010.
149
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150
+ Le génocide a violemment marqué les consciences et, s’il faut attendre 1969 pour qu’une loi plus libérale remplace en France la loi de 1912, cela se fait sans opposition, ceux qui sont peu favorables aux Tsiganes craignant d'être assimilés aux promoteurs du racisme sous l'occupation allemande.
151
+
152
+ Le « Comité international tsigane » créé en 1967, réunit à Londres en 1971 le premier « Congrès mondial tsigane », durant lequel des délégués de 14 pays décident de recommander l'utilisation du terme « Rom ». Le Congrès mondial rom réuni à Genève en 1978 crée l'Union romani internationale qui a un statut consultatif à l'ONU[128].
153
+
154
+ Les Roms sont mentionnés pour la première fois dans un texte officiel de l'ONU à travers la résolution 6 (XXX) du 31 août 1977 de la Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme exhortant les pays « qui ont des Tsiganes (Romanis) à l'intérieur de leurs frontières à accorder à ces personnes, s'ils ne l'ont pas fait jusqu'ici, la totalité des droits dont jouit le reste de la population[129] ».
155
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156
+ Les dernières décennies sont marquées par une conversion massive de la communauté au protestantisme évangélique[réf. nécessaire]. En France, 100 000 adultes au moins rejoignent l'association cultuelle Vie et Lumière fondée en 1953 et membre de la Fédération protestante de France[réf. nécessaire].
157
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158
+ Entre 1944 et 1946, dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est , comme la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, ou la Bulgarie, de nombreux pogroms eurent lieu contre les Roms, accusés de collaboration avec l'Allemagne, ou "profiteurs de guerre " (Marché noir, et vols de marchandises à des paysans) : on ignore l'ampleur de ces pogroms, et le nombre de victimes, d'autant plus que certains de ces pays étaient occupés par l'Armée rouge, et allaient basculer vers les démocraties populaires Communistes.
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+ Avec de 10 à 12 millions de personnes, les Roms sont la plus grosse minorité ethnique d'Europe. Quelquefois, ils ont prospéré, par exemple chez les Căldăraşi (Caldéraches) de Roumanie, qui travaillent traditionnellement le cuivre.
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+ Le niveau d'intégration des Roms dans la société est variable. Les statistiques roumaines ne reconnaissent qu'un demi-million de Roms, alors qu'eux-mêmes estiment leur nombre entre 0,5 et 1 million[130].
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+ Dans certains pays comme la Slovaquie ou la Roumanie, où il est possible de constituer des partis ethniques, les Roms ont constitué des partis et ont au Parlement des représentants en tant que tels. Toutefois, leur entrée en politique n'est pas sans risques. Dans ces deux pays, les partis conservateurs (ex-communistes), cherchant à retarder l'intégration en Union européenne, leur ont distribué dans les anciens kolkhozes des terres qui étaient revendiquées par leurs anciens propriétaires, les agriculteurs locaux spoliés par la collectivisation. Les partis rénovateurs pro-européens, favorables à la restitution, soutenaient ces agriculteurs contre les Roms, ce qui a conduit à des désordres civils dans quelques villages. À la suite de ces manipulations, la plupart des dirigeants politiques roms se sont détachés des conservateurs (communistes) et rapprochés des rénovateurs (libéraux). En 2000, un parlement international rom, basé à Vienne, a été créé. En juin 2004, Lívia Járóka devint le premier membre rom hongrois du parlement européen (elle avait été précédée d'un seul auparavant : Juan de Dios Ramírez-Heredia, d'Espagne). Depuis lors, deux autres Roms y ont été élus, l'un sur la liste ADLE : Mme Viktória Mohácsi (Hongrie), l'autre sur celle du parti roumain libéral.
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+ Sept États de l'ancien bloc communiste ont lancé l'initiative Décennie de l'intégration tzigane en 2005, pour améliorer les conditions socio-économiques et le statut de la minorité rom. En septembre 2008, les deux députées au Parlement européen d’origine rom, Lívia Járóka et Viktória Mohácsi, ont réussi à faire voter cette initiative au niveau de toute l'Union européenne[131].
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+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
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+ L'Espagne est le pays de l'Europe de l'Ouest qui accueille la plus grosse communauté de Roms. C'est aussi l'un des rares à lui avoir donné le statut de minorité nationale[132]. Le gouvernement catalan a adopté depuis 2009 un plan d'action pour le développement de la population gitane[133],[134].
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+ La plupart des Roms (au sens de l'URI) de France sont sédentaires, salariés, intégrés[réf. nécessaire], même si une « minorité visible » restée semi-nomade pratique le travail à la journée (par exemple dans les vergers à l'époque de la cueillette, ou dans le bâtiment). Cependant, une partie de la classe politique les accuse, dans leur totalité ou en en désignant une partie, de pratiquer la mendicité ou la délinquance, de façon forcée par des réseaux mafieux ou de manière volontaire.[réf. nécessaire].
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174
+ Elle vise en fait une minorité de sédentaires roumains et pays proches, exilés, qui a commencé à circuler depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne, le 1er janvier 2007, bénéficiant à partir de ce moment des droits de liberté de circulation dont bénéficie tout citoyen de l'Union européenne. Selon certaines associations et journaux[135], « On compte […] en France environ 15 000 Roms migrants de nationalité roumaine, bulgare, tchèque, slovaque, hongroise, moldave ou des pays de l’ex Yougoslavie (Serbie, Croatie, Kosovo notamment). La plupart d’entre eux ont immigré dans les années 1990, peu après la chute des états communistes[136]. »
175
+
176
+ Si une partie de ces Roms pratique le travail à la journée, c'est parce que jusqu'en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe européen de libre circulation et, pour travailler officiellement, ont besoin d'un titre de séjour et d'une autorisation de travail : c'est pour cela qu'ils sont expulsables. De plus, la directive communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l'UE n'a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées[137].
177
+
178
+ Dans cette situation, les expulsions de Roms sont passées de 2 000 en 2003 à environ 8 000 en 2008[138]. Depuis 2007, le nombre de reconduites à la frontière de Roms roumains en France se situe entre 8 000 et 9 000 par an, représentant environ 30 % des objectifs chiffrés de reconduite à la frontière. Ces retours sont en grande partie volontaires car ils sont assortis de primes de 300 € par adulte et 100 € par enfant et de la prise en charge du billet d'avion[139].
179
+
180
+ En 2009, la France a expulsé 10 000 Roms de Roumanie et de Bulgarie. Le 9 septembre 2010, le Parlement européen a réclamé la suspension de ces retours forcés, contraires au droit communautaire.
181
+
182
+ 8 030 Roms en situation irrégulière ont ainsi été reconduits par la France en Roumanie et en Bulgarie entre le 1er janvier et le 25 août 2010. Selon le ministre Éric Besson, 1291 l'ont été de manière contrainte, et 6739 de manière volontaire, au moyen de 27 vols « spécialement affrétés[140] ».
183
+
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+ En 2014, près de 13 500 Roms ont été expulsés de leurs campements en 2014, contre 19 380 en 2013 selon les chiffres de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Centre européen pour les droits des Roms (CEDR)[141]. En 2014, la France est critiquée par le rapport d'Amnesty International[142] en raison d'expulsions réalisées dans des conditions jugées par l'ONG « épouvantables »[141].
185
+
186
+ Certains « gens du voyage » français ne veulent pas être identifiés aux Roms en raison de la large utilisation du terme Rom en lien avec les problèmes de délinquance faite par des médias francophones et par des hommes politiques[réf. nécessaire] tels Nicolas Sarkozy[143], Manuel Valls[144], Christian Estrosi, Éric Ciotti[145] Lionnel Luca[146], ou de partis politiques comme le Front national.
187
+
188
+ Selon l'eurodéputé roumain Cristian Preda, membre du parti au pouvoir (PD-L) et ancien secrétaire d'État à la Francophonie, l'emploi du mot Rom en français est devenu synonyme à la fois de « délinquant » et de « Roumain »[147]. Rom et Roumain étant ainsi devenus péjoratifs, Dorin Cioabă, le fils du « roi » (autoproclamé) des Roms, a suggéré en 2009 d'utiliser le terme d’Indirom à la place de Rom.
189
+
190
+ La politique d'intégration menée par les ONG et l'État roumain porte des fruits : d'après Martin Olivera, ethnologue connaissant bien la communauté Rom « certains [des Roms] ont effectivement voyagé de Roumanie en France, mais étaient sédentaires là-bas et ne demandent pas mieux que de se sédentariser ici[148] ». Toutefois, comme les Afro-Américains aux États-Unis ou les Dalits en Inde, une partie de la communauté reste très marginale socialement et vit, en Occident comme en Europe de l'Est, dans des conditions extrêmement précaires[149].
191
+
192
+ Mais ces estimations ne concernent que les environ 600.000 Roms comptés comme tels dans les statistiques roumaines, alors que selon Nicolae Paun[150], si l'on comptait aussi les 0,3 à 0,6 millions de Roms intégrés (qui eux, sont comptés comme Roumains), le peu d'ampleur de la marginalité apparaîtrait clairement : selon lui, les Roms en tant que groupe ethnique ne sont pas plus marginalisés que n'importe quelle classe sociale de niveau socio-économique et culturel équivalent. À l'encontre de cette position, les nationalistes roumains (comme les nationalistes français en France), refusent de considérer les Roms comme des Roumains et les perçoivent comme une population indésirable venue d'ailleurs, vivant en parasite et impossible à intégrer. Cette tendance d'opinion se fait un devoir de les appeler couramment « Tziganes », mot péjoratif, en dépit de la loi qui prescrit l’appellation de « Roms »
193
+
194
+ Les Roms restent discriminés en Hongrie[151]. Le gouvernement hongrois entend d'ici à septembre 2011 faire voter une loi qui proposera aux allocataires de prestations sociales « des tâches d'intérêt général sur de gros chantiers de travaux publics, tels la construction d'un stade de football à Debrecen (à l'est du pays), le nettoyage des rues mais aussi l'entretien des parcs et des forêts »[152].
195
+
196
+ En mai 2008, en Italie, près de Naples, des camps roms ont été brûlés[153]. En 2010, le gouvernement de Silvio Berlusconi a déjà fait évacuer de nombreux camps illégaux et demande à Bruxelles l'autorisation d'expulser les Roms.
197
+
198
+ D'autres camps de Rome sont en 2014 l'objet de l'enquête judiciaire Mafia Capitale : certains groupes mafieux auraient détourné les fonds européens destinés à l'intégration de ces populations, ce qui expliquerait l'état de profonde dégradation des infrastructures leur étant destinées[154].
199
+
200
+ Arrivée en Pologne au XIVe siècle, la population Rom est estimée au début du XXIe siècle entre 17 000 et 35 000 personnes. Ils y ont souffert des persécutions, notamment lors de l'occupation nazie au cours de laquelle un nombre très important (le chiffre exact n'est pas connu) d'entre eux a été exterminé. Ils subissent toujours les préjugés et les persécutions, qu'ils soient Roms polonais ou étrangers (de Roumanie ou de Macédoine du Nord) et ce malgré l'instauration d'une loi en 2011 destinée à les protéger[155].
201
+
202
+ Le terme Rom n'est nullement réservé aux seuls Roms de Roumanie même s'il est phonétiquement proche du mot roumain român (roumain). Il n'y a pas de lien étymologique ou sémantique entre les deux termes : rom signifie simplement être humain en romani tandis que român vient du latin romanus.
203
+
204
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
205
+
206
+ Les Roms de Roumanie forment l'un des principaux groupes de la communauté rom[157]. Officiellement, selon les derniers recensements, la Roumanie compte 600 000 Roms mais plusieurs ONG estiment que ce nombre est sous-estimé et serait en réalité plus proche d'un million, soit autour de 6 % de la population roumaine, et Nicolae Paun du Partida le Romenge (parti Rom) fait remarquer que le fait d'être compté comme Rom a moins à voir avec la langue ou les traditions qu'avec la situation sociale : « si on a ou si on pose des problèmes, on est considéré comme Rom »[156].
207
+
208
+ Le romani est une langue parlée par plus d'un million de personnes en Roumanie.
209
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210
+ Au Royaume-Uni, les travellers (voyageurs, en référence à la fois aux Irish Travellers et aux Roms) sont devenus en 2005 un enjeu électoral, quand le chef du Parti conservateur promit de réviser l'Acte des droits de l'Homme de 1998. Cette loi, qui englobe la Convention européenne sur les droits de l'Homme dans la législation du Royaume-Uni, est considérée par beaucoup comme permettant de garantir le droit rétrospectif de planification[précision nécessaire]. Les pressions importantes de la population avaient conduit les travellers à acheter des terres[Quand ?], et à s'établir en contournant ainsi les restrictions de planification imposées sur les autres membres locaux de la communauté.
211
+
212
+ En Suisse romande, l'enquête que Jean-Pierre Tabin a menée à Lausanne entre 2011 et 2013, a montré que la mendicité concerne peu de personnes, environ une soixantaine. Selon cette enquête, il ne s'agit pas d’une mendicité organisée de manière criminelle[158].
213
+
214
+ De « nombreux habitants » seraient méfiants lorsqu'il s'agit d'utiliser les deniers publics pour des infrastructures en Roumanie. Ainsi, Messemrom, une association de soutien aux populations roms, a dû faire face à une plainte afin que soit examinée l'utilisation d'une subvention de l'État helvétique en Roumanie[159]. Elles se plaignent des conséquences générées par la stigmatisation des Roms sous la présidence, en France, de Nicolas Sarkozy[160].
215
+
216
+ Confronté à un afflux de Roms du Kosovo, le pays a pratiqué quelques expulsions. Entre 1934 et 1975, la Suède, comme le Danemark et la Norvège, a stérilisé[réf. souhaitée] des Roms et des malades mentaux. En 1999, elle a indemnisé les victimes, plus de 60 000.
217
+
218
+ D'après une enquête publiée en 2007 par le Centre européen pour les droits des Roms sur l'exclusion des Roms du marché de l'emploi en Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Roumanie, et Slovaquie, 35 % d'entre eux se définissent comme des ouvriers non qualifiés, 27 % comme des ouvriers qualifiés, 18 % déclarent travailler dans le nettoyage. Seuls 2 % des Roms ont une profession libérale ou sont cadres[161]. 61 % des Roms interrogés lors de l'enquête étaient sans emploi[162].
219
+
220
+ Il est difficile de définir avec précision des critères d'appartenance et le nombre exact des Roms car comme pour la plupart des minorités, les nombreuses unions mixtes avec des non-Rom, la sédentarisation (seulement 2 % d’entre eux sont du voyage en Europe) et l'acculturation (ou intégration, selon les points de vue) progressent à grande vitesse.
221
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222
+ Des estimations laissent à penser qu'il y a approximativement 8 à 10 millions de Roms dans le monde en 2001[163] sans compter ceux qui résident en Inde. Les plus grandes concentrations de Roms se trouvent dans les Balkans, en Europe centrale et de l'Est, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. De plus petits groupes vivent dans l'Ouest et le Nord de l'Europe, au Moyen-Orient, et en Afrique du Nord.
223
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224
+ Les pays où les populations roms dépassent le demi-million sont la Roumanie, les pays de l'ex-Yougoslavie, l'Espagne, les États-Unis, la Hongrie, la Turquie, le Brésil et l'Argentine. Les Roms sont nombreux aussi en Tchéquie et en Slovaquie.
225
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226
+ En 1971, le congrès des associations et mouvements militants roms adopta le drapeau rom comme symbole du peuple Rom. Sur un fond vert (qui symbolise la Terre fertile) et bleu intense (le Ciel, la liberté), est posé le Chakra (roue solaire à vingt-quatre rayons, symbole de la route et de la liberté), du rouge de l'empereur Ashoka ou Ashok, comme on le voit en tête d'article. Le Congrès mondial tzigane tenu à Londres le 8 avril 1971 choisit cette date pour commémorer la journée internationale des Roms[164]. L'hymne, Djelem, djelem, a été écrit par Žarko Jovanović sur une chanson populaire tzigane[165].
227
+
228
+ Il y aurait actuellement en France entre 350 000[166] et 1 300 000[167] Roms.
229
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230
+ La quasi-totalité des Roms parlant les langues d'origine romani est bilingue, mais un nombre indéterminé (parce que généralement non comptés comme Roms aux recensements) ne parlent que les langues des pays où ils vivent ou ont vécu. Les Gitans, par exemple, s'expriment le plus souvent en dialectes hispaniques, comme le caló[172].
231
+
232
+ Les Roms parlent de nombreuses langues : certaines leur sont propres, d'autres sont celles des contrées qu'ils ont traversées et où ils vivent, d'autres encore sont des dialectes nés de ces multiples influences. La parenté de l'ensemble romani avec le sanskrit est clairement établie, avec des influences avestiques et hébraïques[54].
233
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234
+ Les Roms parlent aussi la langue dominante de la région dans laquelle ils vivent, voire plusieurs langues. Par exemple, les Roms de Prizren au Kosovo parlent quotidiennement quatre langues[réf. nécessaire] dès leur plus jeune âge : l'albanais, le romani, le serbe et le turc. En Slovaquie, beaucoup de Roms parlent à la fois le romani, le slovaque et le hongrois. Les emprunts linguistiques du romani rendent possible le suivi de leur migration vers l'Ouest.
235
+
236
+ Les linguistes divisent actuellement l'ensemble rom (non reconnu par les tsiganologues de l'INALCO) en trois groupes linguistiques, correspondant à trois grands ensembles historiquement différenciés en Europe, celui des Tsiganes (qui sont les Roms stricto sensu pour l'INALCO) vivant principalement en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Amérique et en Australie, celui des Sintis ou Manouches vivant en France, en Italie, au Benelux et en Allemagne, et celui des Gitans vivant dans le Sud de la France, en Espagne et au Portugal.
237
+
238
+ Quelques Roms ont développé des sabirs tels que l’ibéroromani (caló), qui utilise le vocabulaire rom, la grammaire espagnole, présente de nombreux emprunts lexicaux à l'andalou, et au catalan et est la source de nombreux mots en argot espagnol, l’angloromani (cant, ce mot désigne également la langue des Travellers irlandais, le shelta), l’arméno-romani (lomavren ou lovari) ; le gréco-romani (ellino-romani), le suédo-romani (tavringer romani), le norvégo-romani (nomad norsk), le serbo-romani (srpskoromani), le hungaro-romani (romungro, modgar, modyar), alors que la boyash est un argot roumain avec des emprunts au hongrois et au romani.
239
+
240
+ Dans les Balkans, on trouve cinq langues vernaculaires composés de romani, d'albanais, de grec et de langues slaves : l’arlisque (arliskó), le djambasque (xhambaskó), le tchanarsque (Čanarskó), le tcherbarsque (Čerbarskó) et le thamarsque (thamarskó).
241
+
242
+ Les Roms sont connus pour être d'excellents musiciens et danseurs. En Espagne, ils ont influencé le flamenco et ils sont devenus les protagonistes de ce genre. Dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Macédoine du Nord, Roumanie, Tchéquie, Slovaquie…), les musiciens tziganes ont été très recherchés pour les mariages, funérailles, etc. En Roumanie on les appelle lăutari, en République tchèque et Slovaquie lavutari.
243
+
244
+ En France, leurs talents d'amuseurs publics et de dresseurs de chevaux ont généré des familles du cirque célèbres, comme les Bouglione ou les Zavatta.
245
+ Le guitariste Django Reinhardt, quant à lui, influencera durablement le jazz en y mêlant la musique tzigane. Gus Viseur et Tony Murena, compositeurs de célèbres valses-musette, ont joué et ont été influencés par des musiciens manouches.
246
+
247
+ Le théâtre était également une activité artistique traditionnelle de la population Tsigane. Aujourd'hui, il n'est plus guère représenté que par le Djungalo Teatro, l'un des très rares théâtres de tradition tsigane en Europe.
248
+
249
+ En Andalousie, le flamenco est la principale musique dans laquelle les artistes gitans se sont imposés depuis la fin du XVIIIe siècle, et ce, en concurrence et rivalité avec les artistes andalous non gitans. El Planeta est considéré comme le premier artiste gitan du flamenco, identifié comme tel par les auteurs du XIXe siècle. À la fois guitariste et chanteur, il crée certains styles de cette musique dont la seguiriya. Au début du XXe siècle le cante flamenco gitan est représenté par Manuel Torre de Jerez de la Frontera spécialisé dans les styles typiquement gitans du cante jondo, et à partir des années 1930, par Manolo Caracol. Entre 1930 et 1940, le flamenco fait place à l'opéra flamenca, décrié pour son caractère décadent et commercial. Après la seconde guerre mondiale, Antonio Mairena impose un retour aux sources d'un flamenco purement gitan, son approche d'une musique dont il revendique les origines exclusivement gitane, est contesté par les défenseur du répertoire payo (c'est-à-dire non gitan). Des années 1950 à 1970 plusieurs cantaors vont représenter le versant gitan du flamenco, les principaux étant El Chocolate, Terremoto de Jerez, El Agujetas. Camarón de la Isla fut la principale vedette du cante flamenco des années 1970 à 1990.
250
+
251
+ Dans la guitare, Ramón Montoya est considéré comme le père du répertoire moderne du flamenco, premier artiste à se produire seul et non seulement comme accompagnateur, sa célébrité ne fut supplantée que par le guitariste non gitan Paco de Lucía. Le guitariste Manitas de Plata, né en 1921 dans le Sud de la France, vendra plus de 93 millions d'album, contribuant ainsi à la diffusion de la musique flamenco et devenant un des artistes français les plus connus au monde. Dans le domaine de la danse flamenca, la figure prépondérante fut Carmen Amaya l'une des plus célèbres artistes du flamenco tout style confondu.
252
+
253
+ Le pianiste György Cziffra fut réputé pour sa grande virtuosité, son répertoire extrêmement varié et ses dons d'improvisateur.
254
+
255
+ On a suggéré que, lorsqu’ils étaient encore en Inde, les Roms étaient hindouistes ; le mot romani pour « croix », trushul, est le même mot que le sanskrit triṣula qui désigne le trident de Shiva.
256
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257
+ Les Roms ont souvent adopté la religion dominante du pays où ils se trouvaient, en gardant toutefois leur système spécial de croyances. La plupart des Roms sont catholiques, protestants, orthodoxes ou musulmans. Ceux qui se trouvent en Europe de l'Ouest ou aux États-Unis sont soit catholiques, soit protestants. En Amérique latine, beaucoup ont gardé leur religion européenne : la plupart sont orthodoxes. En Turquie, en Égypte et dans le sud des Balkans, ils sont souvent musulmans. Il n'existe pas de "religion rom", mais l'on observe chez les Roms à travers leurs différentes confessions, des survivances vivaces de croyances au surnaturel et d'interdits spécifiques, bien souvent dénigrés par les religions organisées.
258
+
259
+ Dans les Balkans, Georges de Lydda est commémoré le 6 mai lors de la fête que les Roms appellent Ederlezi qui marque le printemps.
260
+
261
+ Même lorsque les Tsiganes rejoignent au fil des siècles telle ou telle religion, ils n'oublient pas leurs origines. Celles-ci remontent très loin dans le passé et la mythologie, et ce qui est parfois devenu ailleurs folklore ou superstition, demeure souvent chez eux une croyance véritable. La principale, fréquente chez les peuples ayant souffert de rejets et de déportations, est l'espérance d'être un jour tous réunis. Cette espérance prend, dans les croyances, un tour prophétique : au rassemblement ultime sur un lieu d'origine mythique est associée la fin du monde actuel, d'où doit ressortir un monde meilleur.
262
+
263
+ À la fin des années 1990, certains Roms de Hongrie se tournent vers le bouddhisme à l'image des intouchables d'Inde rejoignant le mouvement Ambedkar dans leur recherche de dignité et d'égalité[173],[174].
264
+
265
+ Il existe un mouvement de Roms qui souhaitent revenir à l'hindouisme, leur religion originelle : le mouvement a commencé en Grande-Bretagne, lors de rencontres de Roms et de migrants hindous d'Inde, et en Allemagne, où des Roms qui avaient accès à des études universitaires, cherchaient l'origine des Roms, tout en considérant l'évolution religieuse des différents groupes roms à travers les âges. Cependant , l'hindouisme, lointain, reste fort mal connu, et ce mouvement est fortement minoritaire.
266
+
267
+ Dans plusieurs sous-groupes Roms, des repas traditionnels, connus notamment sous le nom de pomana, sont pratiqués plusieurs fois à des intervalles déterminés après un décès, dans l'intention d'apaiser les esprits des morts, appelés mulo, auxquels une place est réservée[175]. Cette tradition est partagée avec les aroumains[176], ainsi qu'avec les Roumains mais aussi d'autres populations balkaniques.
268
+
269
+ Sous l'Ancien Régime, des Tsiganes font des pèlerinages au Mont Saint-Michel et à Alise-Sainte-Reine[177].
270
+
271
+ L'origine du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue, qui est l'occasion d'un grand rassemblement annuel, pieux et festif, n'est pas connue précisément. Un des premiers récits faisant état de la participation des Gitans à la fête des Saintes-Maries-de-la-Mer est celui de Frédéric Mistral publié en 1906 :
272
+
273
+ « L'église était bondée de gens du Languedoc, de femmes du pays d'Arles, d'infirmes, de bohémiennes, tous les uns sur les autres. Ce sont d'ailleurs les bohémiens qui font brûler les plus gros cierges, mais exclusivement à l'autel de Sara qui, d'après leur croyance, serait de leur nation[178] »
274
+
275
+ Mais la date de 1855 où l'auteur situe le récit, n'est pas fiable[179]. L'édition de 1861 de Mireille comporte au chant XII les vers suivants :
276
+
277
+ « Dins la capello sousterradoI'a Santo Saro, venerado di brun Bóumian ; (...) »
278
+
279
+ L'auteur les traduit par « Dans la chapelle souterraine est Sainte Sara vénérée des bruns bohémiens[180] ». Une image de L'Illustration de 1852 montre une Bohémienne plaçant son enfant sur les châsses des Maries[181].
280
+ Le journal des curés des Saintes mentionne les Gitans dès 1861 et peu après 1900 y est inscrite la note suivante :
281
+
282
+ « Les Bohémiens sont déjà arrivés. Usant d'un droit très ancien qu'on leur a laissé d'occuper, sous le chœur de l'église, la crypte de sainte Sara, leur patronne légendaire, ils sont là accroupis au pied de son autel, têtes crépues, lèvres ardentes, maniant des chapelets, couvrant de leurs baisers la châsse de leur sainte, et suant à grosses gouttes au milieu des centaines de cierges qu'ils allument. (...) L'empressement qu'ils mettent à porter, toucher, baiser, faire baiser à leurs enfants, à la procession, la barque qui contient les statues des Saintes, se disputant les fleurs qui la parent, témoignent de leurs sentiments chrétiens[182]. »
283
+
284
+ La création en 1935 de la procession annuelle de Sara la noire, le 24 mai, qui s'ajoute à la procession, plus ancienne, des Maries, fixée au 25 mai, est le résultat d'une demande faite par le poète camarguais Folco de Baroncelli au nouvel archevêque d'Aix, Clément Roques, alors que l'ancien évêque Emmanuel Coste avait interdit aux Bohémiens en 1934, de porter la barque des Maries[183]. Les deux processions seront interdites durant la durée du régime de Vichy[184].
285
+
286
+ Le 26 septembre 1965, le pape Paul VI célèbre la messe lors d'un pèlerinage international gitan réunissant des milliers de pèlerins à Pomezia près de Rome[185],[186].
287
+
288
+ Le gitan espagnol Zéphyrin Giménez Malla est béatifié le 4 mai 1997 par Jean-Paul II[187].
289
+
290
+ Son nom est donné à la paroisse catholique des gens du voyage du diocèse d'Evry créée par l’évêque d’Évry Mgr Michel Dubosc, basée à Longpont non loin du camp de Linas Montlhery, et se déplaçant parfois sous un chapiteau au gré des campements.
291
+
292
+ La 54e édition du « pèlerinage des gitans et gens du voyage » à Lourdes rassemble 6 000 personnes en août 2010[188].
293
+
294
+ Le pèlerinage de Lisieux est aussi très suivi par les familles de l'Île-de-France.
295
+
296
+ Les orientations de la pastorale des Tsiganes sont définies par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
297
+
298
+ Après la Seconde Guerre mondiale, un nombre croissant de Roms rejoint des mouvements évangéliques, et pour la première fois, des Roms s'engagent comme chefs religieux, en créant leurs propres églises et organisations missionnaires. Dans certains pays, la majorité des Roms appartiennent maintenant à des Églises rom. Ce changement imprévu a contribué grandement à l'amélioration de leur image dans la société. Le travail qu'ils font est perçu comme plus légitime, et ils ont commencé à obtenir des permis légaux pour exercer leurs activités commerciales.
299
+
300
+ Des églises roms évangéliques existent aujourd'hui dans chaque pays où les Roms se sont installés. Le « réveil spirituel » a eu lieu dès la fin des années 1950, en France d'abord, en Normandie, puis partout en Europe. Leur conversion s'est réalisée sous l'impulsion du pasteur missionnaire « gadjé » Clément Le Cossec à qui on attribue l'adhésion de plus de cinq cent mille tsiganes à travers l'Europe[2]. Il fut appelé « l'apôtre des Gitans » par le peuple Rom. Le mouvement est particulièrement fort en France et en Espagne (dans ce dernier pays, il y a plus d'un millier d'églises rom, appelées Filadelfia, dont déjà une centaine à Madrid). D'autres assemblées importantes et nombreuses existent à Los Angeles, Houston, Buenos Aires et Mexico. Quelques groupes de Roumanie et du Chili ont rejoint l'Église adventiste du septième jour.
301
+
302
+ L'association Vie et Lumière anime un rassemblement communautaire à Chaumont-Semoutiers, Damblain, à Nevoy et dans la Haute-Saône.
303
+
304
+ On trouve des Roms de confession musulmanes sunnite surtout en Albanie[189], en Bosnie-Herzégovine[190], au Monténégro[190], en Macédoine du Nord[190], au Kosovo[190], dans le sud de la Serbie[190] et dans le sud-est de la Bulgarie[190].
305
+
306
+ D'un point de vue génétique, les populations roms, notamment pour celles du Sud-Est de l'Europe, se caractérisent à la différence des autres populations européennes par une faible diversité de leurs haplotypes due au petit nombre de fondateurs de ces communautés[53]. Les études génétiques montrent que le flux de gènes des populations roms vers les autres populations européennes a été extrêmement limité, le flux génétique étant un peu plus fréquent en sens opposé variant entre 17 % en Roumanie et jusqu'à 46 % en Hongrie pour le flux génétique masculin (estimations hautes)[53].
307
+
308
+ Pour Jean-Pierre Tabin, René Knüsel et Claire Ansermet dans leur ouvrage Lutter contre les pauvres[191], ce qui différencie le discours sur l’identité « Rom » par rapport aux discours sur les identités nationales ou régionales, n’est pas son caractère construit qui est commun à chacun de ces groupes, mais le fait qu’il n’est pas en lien avec un territoire. Le discours est d’ordre ethnique (voire relève de l'ethnogenèse) et fait référence à une « communauté imaginaire et imaginée » dans le sens où l’entend l'historien des nationalismes Benedict Anderson (1983) : elle n’existe qu’en fonction des attributs qu’un groupe revendique ou que d’autres groupes lui prêtent.
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+ Des fictions célèbres ont contribué à modeler la représentation du monde rom dans l'imaginaire collectif, comme Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou Carmen de l'opéra Carmen de Georges Bizet.
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+ Mentionnons aussi : La Petite Gitane de Miguel de Cervantes, Noces de sang de Federico García Lorca, La Lyre d'Orphée de Robertson Davies, dont les personnages principaux perpétuent jusqu'à ce jour au Canada et ailleurs les traditions tziganes, comme le soin et la réparation des instruments de musique. Mulengro, roman de l'auteur canadien de fiction contemporaine Charles de Lint, présente un portrait du Rom et de ses mythes culturels.
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+ Citons également : The Experiment, roman de Stephen (Barbara) Kyle qui trace le portrait d'une Rom américaine, sœur d'une victime de l'expérimentation nazie, Fires in the Dark de Louise Doughty, fiction relatant une expérience rom en Europe centrale durant la Seconde Guerre mondiale, Zoli de Colum McCann, roman retraçant la destinée mouvementée d'une Rom en Europe des années 1930 à nos jours, et le roman de Gaston Leroux, Rouletabille chez les Bohémiens[192]. Dans la bande dessinée Les Bijoux de la Castafiore, en 1963, Hergé met en scène des tsiganes obligés par la police de camper dans un endroit insalubre, et victimes des préjugés ambiants auxquels ne cèdent pas Tintin et le capitaine Haddock qui les invitent dans le parc du château de Moulinsart.
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+ En bande dessinée également, Modou la Tzigane, de Nadine Brass et Régine Pascale, est une série dont l'héroïne principale est une jeune Tzigane à la fin du Moyen Âge.
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+ La Bohème est un thème littéraire et artistique dérivé des divers stéréotypes sur les Bohémiens.
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+ Parmi les œuvres de littérature populaire française contribuant à transmettre des stéréotypes sur le monde rom, on peut citer les chansons. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, la chanson évoque souvent le thème du tzigane (homme ou femme), sous diverses nominations : gitan, manouche, bohémien, tzigane ou tsigane. Les mêmes stéréotypes que dans le roman ou l'opéra sont utilisés[193].
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+ Voir aussi : Alcools, recueil de poésie.
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+ Dans la mythologie grecque, Pandore ou Pandora (en grec ancien Πανδώρα / Pandốra, « ornée de tous les dons ») est la première femme humaine, façonnée dans l'argile par Héphaïstos et animée par la déesse Athéna. Elle est associée à la légende de la « boîte de Pandore » — en fait, une jarre.
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+ Hésiode fournit dans Les Travaux et les Jours la plus ancienne et la plus complète version connue du mythe de Pandore. Il raconte au début de son œuvre que Pandore fut créée sur l'ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Elle fut ainsi fabriquée dans de l'argile et de l'eau par Héphaïstos ; Athéna lui donna ensuite la vie, lui apprit l'habileté manuelle (elle lui apprit entre autres l'art du tissage) et l'habilla ; Aphrodite lui donna la beauté ; Apollon lui donna le talent musical ; Hermès lui apprit le mensonge et l'art de la persuasion et lui donna la curiosité ; enfin Héra lui donna la jalousie.
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+ « En achevant ces mots, le père des dieux et des hommes sourit et commanda à l'illustre Vulcain de composer sans délais un corps, en mélangeant de la terre avec l'eau, de lui communiquer la force et la voix humaine, d'en former une vierge douée d'une beauté ravissante et semblable aux déesses immortelles ; il ordonna à Minerve de lui apprendre les travaux des femmes et l'art de façonner un merveilleux tissu, à Vénus à la parure d'or de répandre sur sa tête la grâce enchanteresse, de lui inspirer les violents désirs et les soucis dévorants, à Mercure, messager des dieux et meurtrier d'Argus, de remplir son esprit d'impudence et de perfidie. Tels furent les ordres de Jupiter, et les dieux obéirent à ce roi, fils de Saturne. Aussitôt l'illustre Vulcain, soumis à ses volontés, façonna avec de la terre une image semblable à une chaste vierge ; la déesse aux yeux bleus, Minerve, l'orna d'une ceinture et de riches vêtements ; les divines Grâces et l'auguste Persuasion lui attachèrent des colliers d'or, et les Heures à la belle chevelure la couronnèrent des fleurs du printemps. Minerve entoura tout son corps d'une magnifique parure. Enfin le meurtrier d'Argus, docile au maître du tonnerre, lui inspira l'art du mensonge, les discours séduisants et le caractère perfide. Ce héraut des dieux lui donna un nom et l'appela Pandore, parce que chacun des habitants de l'Olympe lui avait fait un présent pour la rendre funeste aux hommes industrieux. »
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+ — Hésiode, Les Travaux et les Jours
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+ Zeus offrit la main de Pandore à Épiméthée, frère de Prométhée. Bien qu'il eût promis à Prométhée de refuser les cadeaux venant de Zeus, Épiméthée accepta Pandore. Pandore apporta dans ses bagages une boîte mystérieuse que Zeus lui interdit d'ouvrir. Celle-ci contenait tous les maux de l'humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l'Orgueil ainsi que l'Espérance.
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+ « Après avoir achevé cette attrayante et pernicieuse merveille, Jupiter ordonna à l'illustre meurtrier d'Argus, au rapide messager des dieux, de la conduire vers Épiméthée. Épiméthée ne se rappela point que Prométhée lui avait recommandé de ne rien recevoir de Jupiter, roi d'Olympe, mais de lui renvoyer tous ses dons de peur qu'ils ne devinssent un fléau terrible aux mortels. Il accepta le présent fatal et reconnut bientôt son imprudence. »
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+ — Hésiode, Les Travaux et les Jours
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17
+ Une fois installée comme épouse, Pandore céda à la curiosité qu'Hermès lui avait donnée et ouvrit la boîte, libérant ainsi les maux qui y étaient contenus. Elle voulut refermer la boîte pour les retenir ; hélas, il était trop tard. Seule l'Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée.
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+ « Auparavant, les tribus des hommes vivaient sur la terre, exemptes des tristes souffrances, du pénible travail et de ces cruelles maladies qui amènent la vieillesse, car les hommes qui souffrent vieillissent promptement. Pandore, tenant dans ses mains un grand vase, en souleva le couvercle, et les maux terribles qu'il renfermait se répandirent au loin. L'Espérance seule resta. Arrêtée sur les bords du vase, elle ne s'envola point, Pandore ayant remis le couvercle, par l'ordre de Jupiter qui porte l'égide et rassemble les nuages. Depuis ce jour, mille calamités entourent les hommes de toutes parts : la terre est remplie de maux, la mer en est remplie, les maladies se plaisent à tourmenter les mortels nuit et jour et leur apportent en silence toutes les douleurs, car le prudent Jupiter les a privées de la voix. Nul ne peut donc échapper à la volonté de Jupiter. »
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+ — Hésiode, Les Travaux et les Jours
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23
+ L’Iliade, aux vers 527 et suivants du chant XXIV, utilise ce terme : dans la maison de Zeus, il y avait deux jarres, l'une enfermant les biens, l'autre les maux[1].
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25
+ La Théogonie d'Hésiode évoque la figure de Pandore, sans pourtant en citer explicitement le nom, mais le rapprochement avec Épiméthée et Prométhée permet une assimilation très claire, renforcée par les similitudes narratives.
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27
+ « Puis amena dans l'assemblée des dieux et des hommes cette vierge orgueilleuse des ornements que lui avait donnés la déesse aux yeux bleus, fille d'un père puissant. Une égale admiration transporta les dieux et les hommes dès qu'ils aperçurent cette fatale merveille si terrible aux humains ; car de cette vierge est venue la race des femmes au sein fécond, de ces femmes dangereuses, fléau cruel vivant parmi les hommes et s'attachant non pas à la triste pauvreté, mais au luxe éblouissant. Lorsque, dans leurs ruches couronnées de toits, les abeilles nourrissent les frelons, qui ne participent qu'au mal, depuis le lever du jour jusqu'au soleil couchant, ces actives ouvrières composent leurs blanches cellules, tandis que renfermés au fond de leur demeure, les lâches frelons dévorent le fruit d'un travail étranger : ainsi Zeus, ce maître de la foudre accorda aux hommes un fatal présent en leur donnant ces femmes complices de toutes les mauvaises actions. Voici encore un autre mal qu'il leur envoya au lieu d'un bienfait. Celui qui, fuyant l'hymen et l'importune société des femmes, ne veut pas se marier et parvient jusqu'à la triste vieillesse, reste privé de soins ; et s'il ne vit pas dans l'indigence, à sa mort, des parents éloignés se divisent son héritage. Si un homme subit la destinée du mariage, quoiqu'il possède une femme pleine de chasteté et de sagesse, pour lui le mal lutte toujours avec le bien. Mais s'il a épousé une femme vicieuse, tant qu'il respire, il porte dans son cœur un chagrin sans bornes, une douleur incurable. »
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+ — Hésiode, Théogonie
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+ Dans Les Travaux et les Jours, Hésiode décrit Pandore comme un « si beau mal » (καλὸν κακὸν / kalòn kakòn)[2]. Pour le nom « Pandore », il peut y avoir plusieurs significations : « celle qui a tous les dons » ou « celle qui est le don de tous les dieux ». Les Travaux et les Jours fournit une interprétation qui semble confirmer la deuxième hypothèse :
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+ « Ce héraut des dieux lui donna un nom et l'appela Pandore, parce que chacun des habitants de l'Olympe lui avait fait un présent pour la rendre funeste aux hommes industrieux. »
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+ — Hésiode, Les Travaux et les Jours
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+ La raison de la présence de l'Espérance parmi les maux est à chercher dans une meilleure traduction du texte grec. Le terme exact est ἐλπίς / elpís, qui se définit comme l'« attente de quelque chose » ; on l'a sûrement traduit à tort[réf. nécessaire] par « espoir ». Une meilleure traduction aurait été « appréhension », voire, « crainte irraisonnée »[réf. nécessaire]. Grâce à la fermeture opportune de la jarre par Pandore, l'humanité ne souffrira que des maux, et non pas de l'attente de ces maux, qui est probablement le pire de tous.[réf. nécessaire]
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+ L'humanité ne vivra pas dans la crainte perpétuelle des maux à venir. Prométhée se félicite ainsi d'avoir délivré les hommes de l'obsession de la mort. En effet une autre interprétation suggère que le dernier mal est de connaître l'heure de sa propre mort et l'abattement qui s'ensuivrait par manque d'espérance. Un autre symbole est à rechercher dans ce passage. La jarre n'est pas qu'une simple amphore : c'est un très gros vase, qui sert à stocker le grain. Ce vase ne peut être rempli de grain que par l'effort, le travail au champ, et son contenu est alors une symbolique de la condition humaine. Par la suite, ce sera la femme qui l'ouvrira et s'y servira, pour nourrir la famille[réf. nécessaire].
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41
+ Elle est parfois appelée Anésidora (en grec ancien Ἀνησιδώρα / Anêsidốra, « celle qui fait sortir les présents des profondeurs » - c’est-à-dire « la Déesse de la terre qui préside à la fécondité ».
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43
+ Selon les Histoires incroyables de Palaiphatos[3], Pandore était une femme grecque très riche. Quand elle sortait, elle se maquillait avec des cosmétiques tirés de la terre, se donnant une grande beauté ; elle découvrit que beaucoup de terre pouvait donner de la couleur et pouvait servir de maquillage.
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+ Première femme, elle condamne l'Humanité à tous les maux à cause de sa curiosité, ce qui n'est pas sans rappeler Ève.
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47
+ Georges Charachidzé a mis en évidence que plusieurs éléments du mythe de Prométhée ont été empruntés aux légendes géorgiennes[4]. Ces contacts avec le Caucase sont également à la base du mythe de Pandore, fondé sur l'idée reprise par Hésiode que la femme est à l'origine des maux de l'homme. Néanmoins, sa création comme celle du premier homme à partir de la terre glaise est d'origine mésopotamienne[5],[6]..
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+ Le jeu vidéo Legendary est un jeu de tir à la première personne sorti en 2008 ayant comme toile de fond le mythe de Pandore.
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51
+ Professeur Layton et la Boîte de Pandore (レイトン教授と悪魔の箱, litt. "Professeur Layton et la Boite Maléfique") sorti en Europe le 25 septembre 2009 sur Nintendo DS et développé par le studio japonais Level-5 tourne autour d'un mystérieux coffret situé dans une ville fantôme qui attirerait malheur à quiconque le possèderait, présentant des points communs avec la légende. Le titre francophone du jeu en fait d'ailleurs plus explicitement référence.
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+ Dans la mythologie grecque, Pandore ou Pandora (en grec ancien Πανδώρα / Pandốra, « ornée de tous les dons ») est la première femme humaine, façonnée dans l'argile par Héphaïstos et animée par la déesse Athéna. Elle est associée à la légende de la « boîte de Pandore » — en fait, une jarre.
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+ Hésiode fournit dans Les Travaux et les Jours la plus ancienne et la plus complète version connue du mythe de Pandore. Il raconte au début de son œuvre que Pandore fut créée sur l'ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Elle fut ainsi fabriquée dans de l'argile et de l'eau par Héphaïstos ; Athéna lui donna ensuite la vie, lui apprit l'habileté manuelle (elle lui apprit entre autres l'art du tissage) et l'habilla ; Aphrodite lui donna la beauté ; Apollon lui donna le talent musical ; Hermès lui apprit le mensonge et l'art de la persuasion et lui donna la curiosité ; enfin Héra lui donna la jalousie.
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+ « En achevant ces mots, le père des dieux et des hommes sourit et commanda à l'illustre Vulcain de composer sans délais un corps, en mélangeant de la terre avec l'eau, de lui communiquer la force et la voix humaine, d'en former une vierge douée d'une beauté ravissante et semblable aux déesses immortelles ; il ordonna à Minerve de lui apprendre les travaux des femmes et l'art de façonner un merveilleux tissu, à Vénus à la parure d'or de répandre sur sa tête la grâce enchanteresse, de lui inspirer les violents désirs et les soucis dévorants, à Mercure, messager des dieux et meurtrier d'Argus, de remplir son esprit d'impudence et de perfidie. Tels furent les ordres de Jupiter, et les dieux obéirent à ce roi, fils de Saturne. Aussitôt l'illustre Vulcain, soumis à ses volontés, façonna avec de la terre une image semblable à une chaste vierge ; la déesse aux yeux bleus, Minerve, l'orna d'une ceinture et de riches vêtements ; les divines Grâces et l'auguste Persuasion lui attachèrent des colliers d'or, et les Heures à la belle chevelure la couronnèrent des fleurs du printemps. Minerve entoura tout son corps d'une magnifique parure. Enfin le meurtrier d'Argus, docile au maître du tonnerre, lui inspira l'art du mensonge, les discours séduisants et le caractère perfide. Ce héraut des dieux lui donna un nom et l'appela Pandore, parce que chacun des habitants de l'Olympe lui avait fait un présent pour la rendre funeste aux hommes industrieux. »
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+ L’Iliade, aux vers 527 et suivants du chant XXIV, utilise ce terme : dans la maison de Zeus, il y avait deux jarres, l'une enfermant les biens, l'autre les maux[1].
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+ La Théogonie d'Hésiode évoque la figure de Pandore, sans pourtant en citer explicitement le nom, mais le rapprochement avec Épiméthée et Prométhée permet une assimilation très claire, renforcée par les similitudes narratives.
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+ « Puis amena dans l'assemblée des dieux et des hommes cette vierge orgueilleuse des ornements que lui avait donnés la déesse aux yeux bleus, fille d'un père puissant. Une égale admiration transporta les dieux et les hommes dès qu'ils aperçurent cette fatale merveille si terrible aux humains ; car de cette vierge est venue la race des femmes au sein fécond, de ces femmes dangereuses, fléau cruel vivant parmi les hommes et s'attachant non pas à la triste pauvreté, mais au luxe éblouissant. Lorsque, dans leurs ruches couronnées de toits, les abeilles nourrissent les frelons, qui ne participent qu'au mal, depuis le lever du jour jusqu'au soleil couchant, ces actives ouvrières composent leurs blanches cellules, tandis que renfermés au fond de leur demeure, les lâches frelons dévorent le fruit d'un travail étranger : ainsi Zeus, ce maître de la foudre accorda aux hommes un fatal présent en leur donnant ces femmes complices de toutes les mauvaises actions. Voici encore un autre mal qu'il leur envoya au lieu d'un bienfait. Celui qui, fuyant l'hymen et l'importune société des femmes, ne veut pas se marier et parvient jusqu'à la triste vieillesse, reste privé de soins ; et s'il ne vit pas dans l'indigence, à sa mort, des parents éloignés se divisent son héritage. Si un homme subit la destinée du mariage, quoiqu'il possède une femme pleine de chasteté et de sagesse, pour lui le mal lutte toujours avec le bien. Mais s'il a épousé une femme vicieuse, tant qu'il respire, il porte dans son cœur un chagrin sans bornes, une douleur incurable. »
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+ Dans Les Travaux et les Jours, Hésiode décrit Pandore comme un « si beau mal » (καλὸν κακὸν / kalòn kakòn)[2]. Pour le nom « Pandore », il peut y avoir plusieurs significations : « celle qui a tous les dons » ou « celle qui est le don de tous les dieux ». Les Travaux et les Jours fournit une interprétation qui semble confirmer la deuxième hypothèse :
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+ La raison de la présence de l'Espérance parmi les maux est à chercher dans une meilleure traduction du texte grec. Le terme exact est ἐλπίς / elpís, qui se définit comme l'« attente de quelque chose » ; on l'a sûrement traduit à tort[réf. nécessaire] par « espoir ». Une meilleure traduction aurait été « appréhension », voire, « crainte irraisonnée »[réf. nécessaire]. Grâce à la fermeture opportune de la jarre par Pandore, l'humanité ne souffrira que des maux, et non pas de l'attente de ces maux, qui est probablement le pire de tous.[réf. nécessaire]
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+ L'humanité ne vivra pas dans la crainte perpétuelle des maux à venir. Prométhée se félicite ainsi d'avoir délivré les hommes de l'obsession de la mort. En effet une autre interprétation suggère que le dernier mal est de connaître l'heure de sa propre mort et l'abattement qui s'ensuivrait par manque d'espérance. Un autre symbole est à rechercher dans ce passage. La jarre n'est pas qu'une simple amphore : c'est un très gros vase, qui sert à stocker le grain. Ce vase ne peut être rempli de grain que par l'effort, le travail au champ, et son contenu est alors une symbolique de la condition humaine. Par la suite, ce sera la femme qui l'ouvrira et s'y servira, pour nourrir la famille[réf. nécessaire].
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+ Elle est parfois appelée Anésidora (en grec ancien Ἀνησιδώρα / Anêsidốra, « celle qui fait sortir les présents des profondeurs » - c’est-à-dire « la Déesse de la terre qui préside à la fécondité ».
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+ Selon les Histoires incroyables de Palaiphatos[3], Pandore était une femme grecque très riche. Quand elle sortait, elle se maquillait avec des cosmétiques tirés de la terre, se donnant une grande beauté ; elle découvrit que beaucoup de terre pouvait donner de la couleur et pouvait servir de maquillage.
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+ Première femme, elle condamne l'Humanité à tous les maux à cause de sa curiosité, ce qui n'est pas sans rappeler Ève.
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+ Georges Charachidzé a mis en évidence que plusieurs éléments du mythe de Prométhée ont été empruntés aux légendes géorgiennes[4]. Ces contacts avec le Caucase sont également à la base du mythe de Pandore, fondé sur l'idée reprise par Hésiode que la femme est à l'origine des maux de l'homme. Néanmoins, sa création comme celle du premier homme à partir de la terre glaise est d'origine mésopotamienne[5],[6]..
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+ Le jeu vidéo Legendary est un jeu de tir à la première personne sorti en 2008 ayant comme toile de fond le mythe de Pandore.
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+ Professeur Layton et la Boîte de Pandore (レイトン教授と悪魔の箱, litt. "Professeur Layton et la Boite Maléfique") sorti en Europe le 25 septembre 2009 sur Nintendo DS et développé par le studio japonais Level-5 tourne autour d'un mystérieux coffret situé dans une ville fantôme qui attirerait malheur à quiconque le possèderait, présentant des points communs avec la légende. Le titre francophone du jeu en fait d'ailleurs plus explicitement référence.
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+ État plurinational de Bolivie
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+
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+ (es) Estado Plurinacional de Bolivia Écouter
4
+
5
+ (qu) Bulibiya Mama llaqta
6
+
7
+ (ay) Wuliwya Suyu
8
+
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+ (gn) Tetã Volívia
10
+
11
+ 19° 02′ 35″ S, 65° 15′ 33″ O
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+ modifier
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15
+ La Bolivie, en forme longue l'État plurinational de Bolivie, en espagnol Bolivia et Estado Plurinacional de Bolivia, en quechua Bulibiya et Bulibiya Mama llaqta, en aymara Wuliwya et Wuliwya Suyu, en guarani Volívia et Tetã Volívia, est un pays enclavé d'Amérique du Sud entouré par le Brésil au nord-est, le Paraguay au sud-est, l'Argentine au sud, le Chili au sud-ouest et le Pérou à l'ouest-nord-ouest.
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+ Avant la colonisation européenne, le territoire bolivien appartenait à l'empire inca, qui était le plus grand État de l'Amérique précolombienne. L'Empire espagnol a conquis la région au XVIe siècle. Pendant la période coloniale espagnole, la région s'appelle « le Haut-Pérou » ou « Charcas ». Après la déclaration d'indépendance en 1809, 16 années de guerre se déroulent avant la mise en place de la République, du nom de Simón Bolívar.
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+ La Bolivie est une république démocratique, divisée en neuf départements. Sa géographie est variée, comprenant des territoires de la cordillère des Andes, de l'Altiplano, de l'Amazonie et du Gran Chaco. Le taux de pauvreté est d'environ 39 %[6]. Les principales activités économiques sont l'agriculture, la sylviculture et la pêche, les produits manufacturiers, comme le textile, l'habillement, les métaux raffinés, et le pétrole raffiné. La Bolivie est ainsi très riche en métaux comme l'étain, l'argent, ou encore le lithium.
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+ La population bolivienne est multi-ethnique avec des Amérindiens, des Métis, des Européens, des Asiatiques et des Africains. La langue principale est l'espagnol, bien que les langues aymara et quechua soient également fréquentes. La constitution bolivienne de 2009 reconnaît 37 langues officielles (aymara, araona, baure, bésiro, canichana, cavineña, cayubaba, chácobo, chimán, ese 'ejja, espagnol, guarani, guarasu’we, guarayu, itonama, kallawaya, leco, machineri, maropa, mojeño-trinitario, mojeño-ignaciano, moré, mosetén, movima, pacahuara, péquina, quechua, siriono, tacana, tapieté, toromona, uru-chipaya, wichi, yaminahua, yuki, yuracaré et zamuco)[7]. En raison de cultures différentes, la Bolivie jouit d'une grande diversité dans des domaines comme l'art, la cuisine, la littérature et la musique.
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+ La Bolivie est membre de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) de 2006 à la crise post-électorale bolivienne de 2019.
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+ Avant la conquête espagnole, les Andes étaient habitées par de nombreuses cultures, dont la plus importante fut certainement la civilisation de Tiahuanaco (aussi écrit tiwanaku). Au XVe siècle, les Incas intégrèrent une partie de l'actuelle Bolivie dans leur empire.
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+ Les Espagnols découvrirent à leur arrivée au XVIe siècle, une très grande quantité d'argent (dans les mines de Potosí). La Bolivie fit d'abord partie de la vice-royauté du Pérou avant de passer sous le contrôle de la vice-royauté du Río de la Plata. Avant l'arrivée des Espagnols, les hauteurs de la Bolivie étaient peuplées de polythéistes (religions incas), puis ces derniers y imposèrent graduellement le catholicisme. Aujourd'hui, la majorité de la population est catholique.
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+ Les luttes pour l'indépendance débutent en 1809 et celle-ci est acquise en 1825, grâce aux armées de Bolívar, en hommage duquel la Bolivie prit son nom. La Bolivie et le Pérou constituent, sous le nom de Confédération péruano-bolivienne, un seul pays pendant une courte période de temps (1836-1839). Comme le Pérou, le Chili, Mexique, ou la Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[8]. Bolivar nationalise pour cinq millions de pesos de mines abandonnées, le 2 août 1825[8], pour les revendre, et créer la Potosi, La Paz and Peruvian Mining Association, qui sera liquidée après le krach de décembre 1825 et a pour agent James Paroissien, médecin anglais et officier bolivariste[9].
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+ La Bolivie connaît tout au long du XIXe siècle une période d'instabilité politique, marquée par de fréquents coups d'État et l'intervention répétée de l'armée qui ne totalise alors pas moins des deux tiers des dépenses publiques de l'État central[10]. Dans l'ère des caudillos qui s'étend sur une large partie du XIXe siècle, on distingue traditionnellement la période des caudillos letrados, courant de l'indépendance de 1825 à 1848, de celle des caudillos barbaros (1848 à 1884). Là où les premiers caudillos étaient majoritairement issus de la bourgeoisie créole, parfois instruits (letrados) à l'école militaire espagnole, à l'image des généraux Sucre et Santa Cruz, les seconds, d'origine plus populaire et indigène, ne devaient leur position qu'à leur ascension dans la hiérarchie militaire[11] ; ils sont restés célèbres pour leur cruauté et leur gestion approximative des affaires publiques.
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+ À l'issue des premiers revers de la guerre du Pacifique (1879-1884) menée contre le Chili, la Bolivie se dote en 1880 d'une 11e constitution depuis son indépendance ; en 1884 a lieu l'élection du président Gregorio Pacheco qui inaugure une nouvelle période politique, caractérisée par l'instauration d'un corps électoral qui reste toutefois restreint[note 1]. Un parti conservateur et un parti libéral se structurent, en s'appuyant respectivement sur l'oligarchie minière de l'argent et de l'étain qui deviendra au début du XXe siècle la principale source de richesse du pays. Le coup d'État « libéral » de 1899 voit s'imposer durablement cette seconde tendance qui tiendra les rênes du pays jusqu'en 1920[13]. Un système d'instruction publique se développe, accompagné d'un anticléricalisme modéré : le catholicisme perd en 1906 son statut de seule religion reconnue par l’État et le mariage civil est adopté en 1911. Le libéralisme bolivien perd cependant nettement de son caractère progressiste pour coexister avec les intérêts des nouvelles fortunes de l'étain (l'ère libérale est parfois aussi considérée comme l'ère de l'étain, la production de celui-ci ayant considérablement augmentée), des propriétaires terriens et de l'armée. Inspiré par l'exemple de la révolution libérale menée par Eloy Alfaro en Équateur, un nouveau libéralisme va s'organiser et manifester quelques préoccupations sociales contre la domination de l'oligarchie libérale. Le soulèvement de 1920, initié par le Parti républicain, d'inspiration nationaliste, initie une nouvelle période d'instabilité, renforcée par la crise économique consécutive au krach de 1929 ; elle conduit le président Salamanca à engager son pays dans la très meurtrière guerre du Chaco contre le Paraguay, avec lequel un conflit larvé existait depuis le milieu des années 1920[note 2].
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+ La défaite consécutive à la guerre du Chaco ponctue une rétraction constante du territoire bolivien depuis l'indépendance acquise en 1825. La Bolivie perdit ainsi une grande partie de son territoire et son unique accès à la mer dans la guerre du Pacifique contre le Chili. En 1903, elle vendit par ailleurs la région d'Acre au Brésil par le traité de Petrópolis[15].
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+ La fin de la guerre du Chaco marque une reprise en main des militaires. Le colonel Toro initie en 1937 la première nationalisation du pétrole en Amérique latine. La période se caractérise surtout par un renouvellement du paysage politique. Le Mouvement nationaliste révolutionnaire (Movimiento Nacionalista Revolucionario), qui sera amené à jouer un rôle pivot dans la vie politique du pays jusque dans les années 1960, est créé en 1941. Malgré l'opposition de l'armée, il accède au pouvoir en avril 1952 après une nouvelle période d'instabilité politique. Il octroie le suffrage universel[16], entame sous la pression paysanne une réforme agraire en 1953[17] et nationalise, moyennant de fortes indemnisations, les mines des trois principaux « barons de l'étain » du pays[18]. Sa politique interventionniste s'infléchit progressivement et s'ouvre largement à l'influence des États-Unis dont l'aide représente en 1958 le tiers du budget national[19].
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+ En 1964, le coup d'État du général Barrientos ouvre une longue période de dictatures militaires qui ne s'achèvera qu'en 1980. Le 7 novembre 1966, le révolutionnaire argentino-cubain Che Guevara commence une guérilla armée avec la création de l'Armée de libération nationale de Bolivie (Ejército de Liberación Nacional de Bolivia, ELN) pour lutter contre cette dictature soutenue par la CIA, et pour la liberté et l'amélioration des conditions de vie du peuple bolivien. Après une dernière embuscade avec seize hommes, il fut capturé par une troupe de 1 800 soldats boliviens. Il est exécuté le 9 octobre 1967 à La Higuera par l'armée bolivienne, grâce à l'appui important des agents de la CIA et d'instructeurs de l'armée américaine formés au Viêt Nam.
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+ Après l'intermède de gauche du général Torres (1970-1971)[20], la dictature du général Banzer (1971-1978) est marquée par l'adoption de la « doctrine de sécurité nationale » qui se traduit par l'interdiction institutionnalisée de toute activité politique et syndicale[21]. Après la chute de Banzer, la Bolivie connaît entre 1978 et 1980 trois scrutins présidentiels annulés et six présidents, dont quatre sont des généraux. En juin 1980, alors que le candidat de gauche Hernán Siles Zuazo sort vainqueur d'un nouveau scrutin, le général Luis García Meza Tejada s’empare du pouvoir (il s'agit alors du 190e coup d’État depuis l'indépendance). La Centrale ouvrière bolivienne, qui tentait d'opposer une résistance au putsch, est violemment réprimée. Plus d'un millier de personnes sont tuées en moins d'un an. Cousin de l'un des plus importants narco-trafiquant du pays, Luis García Meza Tejada favorise la production de cocaïne ce qui conduit à la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis et contraint les militaires à soutenir un processus démocratique qui porte, après vingt-deux ans de dictatures quasiment ininterrompues, Hernán Siles Zuazo au pouvoir[22].
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+ Les différents présidents qui se succèdent à partir de 1985 — Víctor Paz Estenssoro, Jaime Paz Zamora, Gonzalo Sánchez de Lozada, l'ancien ministre de l'Économie du premier cité, et l'ancien dictateur Banzer — suivront durant une quinzaine d'années une ligne de conduite conforme à l'orthodoxie des institutions financières internationales : lutte contre l'inflation, réduction du déficit budgétaire, réduction du périmètre du secteur nationalisé seront les contreparties d'un réaménagement de la dette du pays[23].
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+ En 2000, un gisement de gaz naturel, estimé à 1,58 milliard de mètres cubes, est découvert dans la région de Tarija. Pour construire un gazoduc vers la mer, deux options étaient possibles : soit passer par le Pérou, soit passer par le Chili. Le choix de privilégier la voie chilienne, plus facile du point de vue technique, mais critiquée en raison des ressentiments remontant aux guerres du XIXe siècle, cristallise un mécontentement social latent qui se traduit par un mouvement protestataire d'ampleur nationale. Des manifestations contre les hausses de prix ayant suivi les privatisations tournent parfois à l'émeute et sont durement réprimées (80 morts et 500 blessés)[24]. L'ampleur des mobilisations contraint le président Sánchez de Losada à démissionner en octobre 2003[25].
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+ L'arrivée au pouvoir du vice-président Carlos Mesa ne stabilise pas une situation sociale explosive. En juillet 2004, sous la pression du Mouvement vers le socialisme (MAS) du syndicaliste paysan Evo Morales, il organise un « référendum du gaz » au cours duquel la population se prononce en majorité pour une nationalisation des hydrocarbures. Devant l'opposition du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et des multinationales, il déclare que cette loi est « impossible » à mettre en œuvre[24]. Le 6 juin 2005, à la suite de nombreuses manifestations, Carlos Mesa démissionne, laissant sa place au chef du Tribunal suprême, Eduardo Rodríguez[26]. Cependant le retour au calme est fragile, les mouvements populaires, essentiellement indiens, continuant de réclamer (entre autres) la renationalisation des réserves de pétrole et de gaz du pays, exploitées par des firmes américaines ou européennes.
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+ Evo Morales remporte l'élection présidentielle de 2005 avec 53,7 % des voix[27] contre son concurrent l'ex-président de la Bolivie Jorge Quiroga[28]. Le 22 janvier 2006, le congrès le nomme officiellement président ; il devient alors le premier président bolivien d'origine amérindienne depuis le XIXe siècle et le mandat d'Andrés de Santa Cruz y Calahumana (1829-1839). Des élections législatives normalement prévues pour le 4 décembre 2005 sont reportées au 18 décembre 2005 et remportées par le MAS, le parti présidentiel. L'élection d'Evo Morales vit donc une nouvelle restructuration du paysage politique avec l'avènement d'un fort parti de gouvernement[29].
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+ Le 1er mai 2006, Evo Morales a annoncé par décret la nationalisation des hydrocarbures et la renégociation de tous les contrats des entreprises étrangères dans un délai de 180 jours. L'objectif est que 82 % des revenus des hydrocarbures soient réservés à l'État. La compagnie nationale Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB) devient ainsi la seule instance autorisée à commercialiser les hydrocarbures[30]. Cette initiative affecte au premier chef la société brésilienne Petrobras.
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+ Les revenus dégagés par ces nationalisations permettent de financer plusieurs mesures sociales : la Renta Dignidad (ou minimum vieillesse) pour les personnes âgées de plus de 60 ans ; le bon Juana Azurduy (du nom de la révolutionnaire Juana Azurduy de Padilla, 1780-1862), qui assure la prise en charge complète des frais médicaux aux femmes enceintes et à leur enfant afin de combattre la mortalité infantile ; le bon Juancito Pinto (du nom d’un enfant héros de la guerre du Pacifique, 1879-1884), une aide versée jusqu’à la fin du secondaire aux parents dont les enfants sont scolarisés afin de lutter contre la désertion scolaire, ou encore le Système unique de santé qui depuis 2018 offre à tous les Boliviens la gratuité des soins médicaux[31].
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+ Les réformes adoptées ont fait du système économique bolivien le plus réussi et le plus stable de la région. Entre 2006 et 2019, le PIB est passé de 9 milliards à plus de 40 milliards de dollars, le salaire réel a augmenté, le PIB par habitant a triplé, les réserves de change sont à la hausse, l’inflation a été pour l'essentiel éliminée, et l’extrême pauvreté a chuté, passant de 38 % à 15 %, ce qui constitue une baisse de 23 points[32],[33].
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+ Le 2 juillet 2006, se tiennent simultanément un référendum sur l'autonomie départementale et l'élection des représentants à une Assemblée constituante[34]. La décentralisation était une des revendications essentielles des protestations exprimées en 2005 par les mouvements de la région de Santa Cruz. À l'inverse, les mouvements d'origine autochtone dénoncent cette volonté autonomiste, qui servirait selon eux la minorité oligarchique du pays.
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+ Le MAS remporte 55 des 70 circonscriptions uninominales avec 50,7 % des suffrages exprimés au niveau national lors de l'élection de la Constituante. Si le « non », pour lequel le MAS s'était fortement mobilisé, l'emporte largement au niveau national lors du référendum pour l'autonomie départementale (57,6 % des voix), les résultats locaux trahissent la fracture territoriale est-ouest du pays. Les départements de Santa Cruz, Tarija et Pando se prononcèrent en effet largement pour l'autonomie avec respectivement 74 %, 61 % et 58 % des voix en faveur du « oui »[35].
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+ Les travaux de l'Assemblée constituante, présidée par l'Indienne quechua Silvia Lazarte (es), devaient initialement prendre fin en août 2006 ; émaillés de nombreux incidents, ils ont été prolongés jusqu'à la fin de l'année 2007. Les députés du MAS ont approuvé le texte de la Constituante le 9 décembre 2007 à Oruro, en présence de 164 des 255 constituants. Le parti PODEMOS n'a pas souhaité prendre part au vote, estimant que l'assemblée n'avait pas réuni les conditions d'un débat démocratique. Un référendum national concernant cette nouvelle Constitution a été convoqué par le président Morales pour mai 2008 mais la Cour électorale a refusé de valider cette convocation, arguant que cette dernière n'avait pas suivi la voie légale[36]. La nouvelle constitution fut adoptée par voie de référendum le 25 janvier 2009, à 58,7 %, selon un sondage de sortie des urnes d'Ipsos Apoyo pour le quotidien La Razón et ATB[37]. Cette Constitution novatrice, qui ne remettait pas en cause les prérogatives dévolues à l'exécutif, modifiait cependant les principes constitutionnels en vigueur en Bolivie jusqu'à présent[38]. L'esprit de cette Constitution était affiché dans son préambule qui mettait en exergue les valeurs des peuples indigènes de Bolivie et remettait en cause « l'État colonial, républicain et néolibéral au profit d'un État unitaire social de droit plurinational communautaire »[39]. L'élection d'Evo Morales en 2005 et l'approbation de la Constitution de 2009 prouvaient la volonté du peuple de consacrer un pouvoir exécutif soumis au contrôle des électeurs par des élections mais disposant de marges de manœuvre importantes allant parfois au-delà du texte même de la Constitution ; ainsi, Evo Morales qui bénéficiait dès son élection de l'ensemble du pouvoir législatif dans le pays, avec plus de deux tiers des représentants à l'Assemblée législative plurinationale, précisa que sa priorité résidait dans le vote des lois organiques à l'Assemblée législative plurinationale pour l'application de la nouvelle Constitution approuvée en 2009[40].
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+ Les réformes économiques et constitutionnelles mises en œuvre par la majorité présidentielle rencontrent de vives résistances au sein des élites économiques créoles du croissant est du pays qui concentre les richesses gazières boliviennes. Ces dernières ont, depuis le début des années 2000, traduit leur opposition au pouvoir central par des revendications autonomistes, portées par un ensemble d'organisations dont le Comité civique de Santa Cruz (es) est l'une des plus actives. Les préfets élus des départements de Santa Cruz, Beni et Pando soutiennent ce mouvement pour une autonomie élargie.
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+ Un référendum portant sur un statut d'autonomie régionale, et déclaré illégal par le pouvoir central, s'est tenu en mai 2008 dans le département de Santa Cruz à l'initiative de son préfet, Ruben Costas[41]. En réponse à ce qui peut apparaître comme une remise en cause de sa légitimité électorale, le président Morales a décidé de remettre son mandat en jeu lors d'un référendum qui s'est tenu le 10 août 2008[42]. Morales gagna ce référendum avec 67 % des voix[43], bien que certains médias d'opposition aient laissé entendre de possibles fraudes de la part de membres du MAS. Les sondages à la sortie des urnes effectués par des instituts d'enquête privés, pour le compte de ces mêmes journaux, donnaient toutefois sensiblement le même résultat (entre 62 et 64 %[44],[45]).
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+ En décembre 2010, sous l’impulsion des communautés locales andines et du président Evo Morales, la Bolivie a introduit une « Loi des droits de la Terre Mère (en) » qui accorde des droits à la nature, à l’instar des droits de l’homme.
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+ En novembre 2019, une crise éclate dans le cadre d’une contestation des résultats officiels des élections générales d'octobre qui proclament la réélection d’Evo Morales, dont le parti était parvenu à revenir judiciairement sur le référendum de 2016 interdisant au chef de l’État de briguer un quatrième mandat. Des manifestations menées notamment par le Comité civique de Santa Cruz se déroulent dans plusieurs villes contrôlées par le MAS. Au cours de ces troubles, trois personnes trouvent la mort.
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+ Après la conclusion de l’enquête de l’Organisation des États américains faisant état de fraudes, Evo Morales annonce la tenue de nouvelles élections, mais l'armée l'appelle à démissionner. Il décide de quitter le pays, tout comme le vice-président, en dénonçant un coup d'État[46]. Après la démission d’autres personnalités amenées à succéder à Morales dans l’ordre protocolaire, Jeanine Áñez, deuxième vice-présidente de la Chambre des sénateurs, devient présidente de la République, mais sa légitimité est contestée par le MAS[47]. Des manifestations éclatent dans les régions majoritairement indigènes et font des dizaines de morts[48].
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+ Selon le New York Times du 7 juin 2020, une étude de trois chercheurs indépendants montre que l'enquête diligentée par l'OEA présente des problèmes méthodologiques[49].
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+ La Bolivie est une république de forme présidentielle. Le président, élu tous les 5 ans, est à la fois le chef d'État et le chef du gouvernement. Il nomme les ministres.
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+ Le parlement est formé par deux chambres : le Sénat, composé de 36 sièges, et la Chambre des députés, composée de 130 sièges.
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+ La loi des groupes citoyens et peuples indigènes, promulguée le 6 juillet 2004, a mis fin au monopole des partis politiques pour les principales élections du pays. Elle autorise des groupes de citoyens (Agrupaciones ciudadanas) et les peuples indigènes à présenter des candidats lors des scrutins municipaux, départementaux et nationaux.
79
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+ Les neuf départements boliviens se sont vu accorder une autonomie accrue avec la loi de décentralisation de 1995. Cette autonomie s'est encore accentuée avec la loi, adoptée sous le gouvernement Meza, instituant l'élection des préfets à la tête du département. Réclamée par les mouvements autonomistes des départements de l'ouest, cette réforme a donné lieu aux premières élections préfectorales le 18 décembre 2005. Le MAS (Movimiento Al Socialismo) n'a obtenu que trois des neuf postes de préfets. L'opposition au pouvoir central s'est, depuis cette élection, manifestée au niveau administratif intermédiaire des départements, générant de vives tensions.
81
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+ Les villes boliviennes sont dirigées par des maires et des conseils élus pour cinq ans. La dernière élection municipale a eu lieu le 5 décembre 2004.
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+ La Bolivie fait partie de la Communauté andine.
85
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+ La Bolivie est divisée en 9 départements (departamentos), eux-mêmes subdivisés en provinces (provincias), municipalités (municipios), cantons (cantones), sous-cantons et localités.
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+ La Bolivie est composée de deux régions géographiques bien distinctes. L'Ouest est traversé par deux cordillères d'orientations nord-sud qui bordent un vaste plateau, l'Altiplano, c'est dans cette région que vit la majeure partie des Boliviens. La cordillère occidentale, aride, abrite quelques sommets majestueux comme le Nevado Sajama qui avec ses 6 542 mètres est le point culminant de la Bolivie. Le haut plateau est bordé au nord-est par la cordillère Royale où l'on peut admirer entre autres le Nevado Illimani et l'Illampu et où s'abrite la ville de La Paz. Les massifs de la cordillère orientale abritent des vallées humides et possèdent des contreforts recouverts de forêts.
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+ À l'est s'étendent de vastes plaines alluviales qui bénéficient d'un climat tropical. Le Nord de ces terres basses appartient au bassin amazonien et est en grande partie recouvert de forêt. Plus au sud, les terres font partie du bassin du río Paraguay, les terres y sont davantage défrichées.
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+ Parmi les curiosités géographiques du pays, on peut citer le lac Titicaca, situé à cheval entre le Pérou et la Bolivie qui est le plus haut lac navigable du monde. Sa vaste étendue permet un microclimat clément sur ses rives qui furent le berceau de la civilisation tiwanaku ; le salar d'Uyuni, situé à l'ouest du pays, sur le Sud de l'Altiplano dans le département de Potosí, est la plus grande étendue de sel au monde.
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+ On peut aussi admirer la cordillère Royale qui abrite de majestueux sommets enneigés, le parc des volcans, où l'on peut observer le Nevado Sajama, point culminant du pays avec 6 542 mètres d'altitude, et les Bañados de Izozog (en français marais de l'Izozog).
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+ Parmi les grandes villes, on peut citer La Paz, en très haute altitude, très marquée par la culture aymara, Sucre, connue pour ses richesses architecturales, Santa Cruz de la Sierra, la grande ville de l'orient bolivien, Cochabamba, ville carrefour au centre du pays.
97
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+ La Bolivie comprend 20 % environ des glaciers tropicaux dans le monde, avec la cordillère des Andes. Ils sont cependant vulnérables face au réchauffement climatique et ont perdu 43 % de leur surface entre 1986 et 2014[51].
99
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100
+ On retrouve en Bolivie les paysages montagneux de la cordillère des Andes, mais aussi des paysages de plateau d'altitude, avec l'Altiplano. Au sud, la « banquise de sel » offre un paysage lunaire. On y découvre aussi lagunes, volcans et canyons. Dans la région de l'Oriente, au nord-est, un paysage de plaines débouche sur la forêt amazonienne, à la frontière avec le Brésil[52].
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+ Le climat bolivien est subtropical : chaud et humide. Mais ses conditions climatiques sont variées en raison d'altitudes diverses. En haute altitude, comme dans les Andes, le climat est froid, sec et venteux alors qu'en plaine il est humide et plus doux. Les températures moyennes annuelles se situent entre 8 °C dans l'Altiplano et 26 °C dans les plaines orientales où elles varient peu tout au long de l'année.
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+ Les écarts thermiques peuvent être très importants. Sur l'Altiplano à 4 000 mètres d'altitude et à La Paz notamment, lors de la saison chaude (de novembre à mars) la température atteint facilement 19 °C au meilleur de la journée, puis chute au fil des heures, atteignant des valeurs négatives en soirée. Dans les vallées intermédiaires situées en moyenne à 2 500 mètres d'altitude, comme la vallée de Cochabamba, les températures moyennes sont de 18-19 degrés. C'est ce qui donne la réputation de « printemps éternel » à cette région. Les écarts diurnes-nocturnes sont encore plus grands ici, les températures peuvent être parfois légèrement négatives en hiver et atteignent 27 à 30 degrés au meilleur de la journée (12 h-16 h). L'été, cet écart se réduit à 14 et 30 degrés. Dans la partie orientale, le climat est subtropical. La pluviométrie importante engendre une végétation luxuriante. L'été, l'humidité relative est très haute, parfois même étouffante. L'hiver (juin-août) est moins humide mais il est parfois rafraîchi par des vents froids venus de la Patagonie appelés surazos qui font chuter la température à 12 degrés et le froid est plus pénétrant à cause de l'humidité.
105
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106
+ La Bolivie a été longtemps l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine. Elle a réalisé de grandes réformes libérales dans les années 1990. Ainsi, le président Gonzalo Sánchez de Lozada (1993-1997) a notamment signé un traité de libre-échange avec le Mexique, et a adhéré au Mercosur en tant que membre associé. En outre, ce président a privatisé la compagnie aérienne, l'entreprise de téléphonie, les chemins de fer, l'entreprise d'électricité, ainsi que l'entreprise de pétrole.
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108
+ La croissance du PIB a ralenti en 1999, en partie en raison d'une politique budgétaire d'austérité. Ces restrictions freinèrent la mise en œuvre des programmes de lutte contre la pauvreté. Ce ralentissement s'explique aussi en partie par les retombées de la crise économique asiatique. Le PIB par secteur est de 13 % pour l'agriculture, 37 % pour l'industrie et de 50 % pour les services en 2017[2].
109
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110
+ En 2000, la croissance du PIB ne fut pas supérieure à 2,5 %. Le PIB n'a pas progressé en 2001 en raison du ralentissement de l'économie mondiale et de la faiblesse de l'activité nationale. Le déficit public s'élevait à 8,6 % en 2002.
111
+
112
+ L’économie du pays dépendait beaucoup de l’aide apportée par les pays étrangers. En particulier, les États-Unis participent en 2005 à 10 % du PIB de la Bolivie, dans le cadre du programme d’éradication de la coca. Bien que la production globale ne soit pas connue officiellement, la Bolivie est considérée comme le troisième producteur de feuilles de coca après la Colombie et le Pérou[53].
113
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+ La dette extérieure de la Bolivie est passée de 6,8 % en 2001 à 3,6 % en 2012.
115
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+ L’importation de produits manufacturiers comprend l’importation de fer et acier, de produits chimiques, de machinerie et équipements de transport, de textiles et de vêtements. Les importations proviennent principalement du Brésil (40 %), des États-Unis (13,9 %), de la Colombie (8,7 %), du Pérou (6,3 %) et du Japon (4,5 %) (données de 2004). Les principaux produits exportés sont le gaz naturel, le soja et ses dérivés, le pétrole, le zinc et l'étain (l'industrie minière représente en 2011 14 % du PIB et 74 % des exportations). Ces exportations vont principalement vers le Brésil (33,9 %), les États-Unis (12,7 %), la Colombie (11,8 %), le Venezuela (11,6 %), le Pérou (5,1 %) le Japon (4,2 %) (données de 2004)[54].
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+ La Bolivie détient derrière le Venezuela les secondes réserves de gaz naturel d'Amérique du Sud (740 milliards de mètres cubes, selon la compagnie pétrolière BP)[55]. Durant près de trente ans, l'Argentine était l'acheteur quasi-exclusif du gaz bolivien mais les ventes à destination du Brésil sont en croissance rapide depuis 1999[56]. L'un des problèmes principaux que rencontre le pays pour nouer de nouvelles relations commerciales et exercer une totale souveraineté sur ses exportations d'hydrocarbures tient dans son enclavement, consécutif à la guerre du Pacifique contre le Chili.
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+ Vingt-six compagnies gazières ou pétrolières multinationales travaillent en Bolivie, dont :
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+ Le 1er mai 2006, la Bolivie a nationalisé l'ensemble de son activité pétrolière, industrie qui sera gérée par la compagnie pétrolière publique YPFB[57].
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+ Encore inexploitées pour l'instant, le pays possèderait la moitié des réserves mondiales de lithium (70 % des réserves étant situées dans le « triangle du lithium » entre trois salars andins : le salar d'Atacama au Chili, le salar d'Uyuni en Bolivie et le salar del Hombre Muerto en Argentine[58]), élément privilégié des batteries modernes, notamment dans le salar d'Uyuni[59].
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+
126
+ Depuis l'année 2007, l'économie bolivienne connaît une forte croissance (6,8 % en 2013 et 5,9 % en 2014). De même manière, l'excédent budgétaire pour l'année 2013 a été de 4,6 %.
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+
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+ En 2016, la Bolivie a le taux de croissance économique le plus élevé et le taux de chômage le plus faible d’Amérique du Sud[60]. L’extrême pauvreté a chuté de 38,2 % à 16,8 % au cours de la décennie 2007-2017[61] et le PIB par habitant est passé de 1 182 dollars à 2 757 dollars entre 2005 et 2013 [62].
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+
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+ Les avoirs en devises étrangères et en or, dites réserves internationales nettes, détenues par la banque centrale bolivienne sont passées de 1,085 milliards de dollars dans l'année 2000 sous le gouvernement de Hugo Banzer Suárez — 80e président bolivien — à 15,282 milliards de dollars au 5 janvier 2015 sous le gouvernement du 86e président bolivien Evo Morales.
131
+
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+ Certaines régions de la Bolivie sont en grande partie sous le pouvoir des ganaderos, les grands propriétaires d’élevages bovins et porcins, et nombre de petits paysans sont encore réduits à la condition de péons. Néanmoins, la présence de l’État s'est nettement renforcée sous le gouvernement d'Evo Morales. Celui-ci tend à ménager les intérêts des grands propriétaires tout en s’efforçant d’améliorer les conditions de vie et de travail des petits paysans[31].
133
+
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+ La réforme agraire promise par Evo Morales — et approuvée à travers un référendum par près de 80 % de la population — n’a jamais été enclenchée. Destinée à abolir le latifundisme en réduisant la taille maximale des propriétés n’ayant pas de « fonction économique et sociale » à 5 000 hectares, le reste devant alors être réparti entre petits travailleurs agricoles et indigènes sans terre, elle rencontra une ferme opposition de la part de l'oligarchie bolivienne. Le gouvernement a cédé en 2009 devant le secteur agro-industriel, qui s'est engagé en échange à mettre fin aux pressions qu'il exerçait et compromettaient jusqu’à la mise en place de la nouvelle Constitution[31].
135
+
136
+ Une série de réformes et de projets économiques a toutefois permis d'améliorer la condition des familles paysannes modestes. Celles-ci ont reçu des machines agricoles, des tracteurs, des engrais, des semences et des animaux reproducteurs, tandis que l’État a construit des systèmes d’irrigation, ainsi que des routes et des ponts leur permettant d’écouler plus facilement leur production sur les marchés. La situation de nombreux indigènes et petits paysans a été régularisée à travers l'attribution des titres fonciers pour les terres qu’ils exploitaient[31].
137
+
138
+ En 2007, le gouvernement crée une « Banque du développement productif » grâce à laquelle les petits travailleurs et les producteurs agricoles peuvent emprunter facilement, à des taux bas et avec des modalités de remboursement adaptées aux cycles agricoles. En raison d'un meilleur encadrement des activités bancaires, les taux d’emprunt ont été divisés par trois entre 2014 et 2019 dans l’ensemble des établissements bancaires pour les petits et moyens producteurs agricoles. En outre, la loi impose désormais aux banques de consacrer au moins 60 % de leurs ressources à des crédits productifs ou destinés à la construction de logements sociaux[31].
139
+
140
+ Avec la création de l’Entreprise d’aide à la production d’aliments (Emapa), le gouvernement a voulu stabiliser le marché intérieur des produits agricoles en achetant au meilleur prix la production des petits et moyens agriculteurs, forçant ainsi les agro-industriels à leur offrir des rémunérations plus justes. Selon le vice-président Àlvaro García Linera, « en fixant les règles du jeu, l’État établit un nouveau rapport de forces qui donne plus de pouvoir aux petits producteurs. La richesse est mieux redistribuée afin d’équilibrer la puissance du secteur agro-industriel. Cela génère de la stabilité, ce qui permet une économie prospère et profite à tout le monde »[31].
141
+
142
+ La population de la Bolivie est évaluée en 2017 à 11 138 234 habitants[2]. Elle est composée à 55 % d'Amérindiens répartis en 40 groupes ethno-linguistiques (30 % Quechuas et 25 % Aymaras, 0,2 % Chiquitos et Guaranís), à 30 % de métis[note 3], et à 15 % d'Européens principalement d'origine espagnole et portugaise[note 4] résidant dans les grandes villes et formant l'élite politique et économique du pays[64]. Le taux de croissance de la population est de 1,7 %. Le taux de natalité est de 22,76 pour mille et le taux de mortalité infantile est de 37,49 pour mille. L’espérance de vie en Bolivie est de 68,86 ans. Le taux d’alphabétisation est de 96,6 %[65]. En décembre 2008, la Bolivie fut déclarée comme étant le troisième pays latino-américain, après Cuba et le Venezuela, à avoir vaincu l’analphabétisme.
143
+
144
+ La participation à l'éducation de la population autochtone est inférieure à la moyenne[66].
145
+
146
+ En décembre 2008, après une campagne d'alphabétisation de deux ans et demi auprès des populations pauvres, le président bolivien Evo Morales déclare son pays « libre d'analphabétisme » selon les critères de l'UNESCO (taux d'analphabétisme inférieur à 4 % pour les plus de 15 ans)[67]. L'analphabétisme a reculé de 13.3 % en 2001 à 2.9 % en 2016[68]. La Bolivie est le deuxième pays d’Amérique latine après Cuba à dédier le plus important pourcentage de son PIB à l'éducation[68].
147
+
148
+ Les dépenses étaient de 6,6 % du PIB en 2006[69]. Elles étaient de 204 $ par personne en 2006[69]. De plus, l'espérance de vie était de 66 ans pour les hommes et de 70 ans pour les femmes en 2011[70].
149
+
150
+ En janvier 2017, l’Organisation panaméricaine de la santé indique que les campagnes de vaccination ont permis d'éliminer la poliomyélite, la rubéole et la rougeole[71].
151
+
152
+ Entre 2007 et 2017, la mortalité infantile a reculé de 50 % et la sous-nutrition chez les enfants de 14 % selon l'Organisation mondiale de la santé[61].
153
+
154
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 93,9 % des habitants de la Bolivie sont chrétiens, principalement catholiques (79 %) et dans une moindre mesure protestants (13,7 %), alors que 4,1 % de la population n'est pas affilié à une religion et que 2 % pratique une autre religion[72].
155
+
156
+ La culture bolivienne a été fortement influencée par les Quechuas, les Aymaras, ainsi que par la culture de l'Amérique latine dans son ensemble.
157
+
158
+ Le développement culturel est divisé en trois périodes distinctes : précolombienne, coloniale et républicaine. D'importants vestiges archéologiques, des ornements d'or et d'argent, des monuments de pierre, des céramiques, des tissages encore présents aujourd'hui viennent de plusieurs cultures précolombiennes. On peut citer comme vestiges importants Tiwanaku ou Samaipata. Le pays regorge d'autres sites qui sont difficiles à atteindre et ont fait l'objet de peu d'explorations archéologiques[73].
159
+
160
+ Le sport national est le football, le baby-foot étant aussi très populaire.
161
+
162
+ La musique bolivienne est riche et variée. Les instruments de musique utilisés sont le sicus (flûte de Pan), la quena, tarkas et quenacho (instruments à vent), le charango (petite guitare à dix cordes) et la guitare classique apportée par les Espagnols. Forte et authentique, la musique bolivienne est moins facile d'accès que bien d'autres musiques d'Amérique latine.
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+ La Bolivie a pour codes :
fr/698.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,164 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ État plurinational de Bolivie
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+
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+ (es) Estado Plurinacional de Bolivia Écouter
4
+
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+ (qu) Bulibiya Mama llaqta
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+
7
+ (ay) Wuliwya Suyu
8
+
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+ (gn) Tetã Volívia
10
+
11
+ 19° 02′ 35″ S, 65° 15′ 33″ O
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+ modifier
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+ La Bolivie, en forme longue l'État plurinational de Bolivie, en espagnol Bolivia et Estado Plurinacional de Bolivia, en quechua Bulibiya et Bulibiya Mama llaqta, en aymara Wuliwya et Wuliwya Suyu, en guarani Volívia et Tetã Volívia, est un pays enclavé d'Amérique du Sud entouré par le Brésil au nord-est, le Paraguay au sud-est, l'Argentine au sud, le Chili au sud-ouest et le Pérou à l'ouest-nord-ouest.
16
+
17
+ Avant la colonisation européenne, le territoire bolivien appartenait à l'empire inca, qui était le plus grand État de l'Amérique précolombienne. L'Empire espagnol a conquis la région au XVIe siècle. Pendant la période coloniale espagnole, la région s'appelle « le Haut-Pérou » ou « Charcas ». Après la déclaration d'indépendance en 1809, 16 années de guerre se déroulent avant la mise en place de la République, du nom de Simón Bolívar.
18
+
19
+ La Bolivie est une république démocratique, divisée en neuf départements. Sa géographie est variée, comprenant des territoires de la cordillère des Andes, de l'Altiplano, de l'Amazonie et du Gran Chaco. Le taux de pauvreté est d'environ 39 %[6]. Les principales activités économiques sont l'agriculture, la sylviculture et la pêche, les produits manufacturiers, comme le textile, l'habillement, les métaux raffinés, et le pétrole raffiné. La Bolivie est ainsi très riche en métaux comme l'étain, l'argent, ou encore le lithium.
20
+
21
+ La population bolivienne est multi-ethnique avec des Amérindiens, des Métis, des Européens, des Asiatiques et des Africains. La langue principale est l'espagnol, bien que les langues aymara et quechua soient également fréquentes. La constitution bolivienne de 2009 reconnaît 37 langues officielles (aymara, araona, baure, bésiro, canichana, cavineña, cayubaba, chácobo, chimán, ese 'ejja, espagnol, guarani, guarasu’we, guarayu, itonama, kallawaya, leco, machineri, maropa, mojeño-trinitario, mojeño-ignaciano, moré, mosetén, movima, pacahuara, péquina, quechua, siriono, tacana, tapieté, toromona, uru-chipaya, wichi, yaminahua, yuki, yuracaré et zamuco)[7]. En raison de cultures différentes, la Bolivie jouit d'une grande diversité dans des domaines comme l'art, la cuisine, la littérature et la musique.
22
+
23
+ La Bolivie est membre de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) de 2006 à la crise post-électorale bolivienne de 2019.
24
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25
+ Avant la conquête espagnole, les Andes étaient habitées par de nombreuses cultures, dont la plus importante fut certainement la civilisation de Tiahuanaco (aussi écrit tiwanaku). Au XVe siècle, les Incas intégrèrent une partie de l'actuelle Bolivie dans leur empire.
26
+
27
+ Les Espagnols découvrirent à leur arrivée au XVIe siècle, une très grande quantité d'argent (dans les mines de Potosí). La Bolivie fit d'abord partie de la vice-royauté du Pérou avant de passer sous le contrôle de la vice-royauté du Río de la Plata. Avant l'arrivée des Espagnols, les hauteurs de la Bolivie étaient peuplées de polythéistes (religions incas), puis ces derniers y imposèrent graduellement le catholicisme. Aujourd'hui, la majorité de la population est catholique.
28
+
29
+ Les luttes pour l'indépendance débutent en 1809 et celle-ci est acquise en 1825, grâce aux armées de Bolívar, en hommage duquel la Bolivie prit son nom. La Bolivie et le Pérou constituent, sous le nom de Confédération péruano-bolivienne, un seul pays pendant une courte période de temps (1836-1839). Comme le Pérou, le Chili, Mexique, ou la Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[8]. Bolivar nationalise pour cinq millions de pesos de mines abandonnées, le 2 août 1825[8], pour les revendre, et créer la Potosi, La Paz and Peruvian Mining Association, qui sera liquidée après le krach de décembre 1825 et a pour agent James Paroissien, médecin anglais et officier bolivariste[9].
30
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31
+ La Bolivie connaît tout au long du XIXe siècle une période d'instabilité politique, marquée par de fréquents coups d'État et l'intervention répétée de l'armée qui ne totalise alors pas moins des deux tiers des dépenses publiques de l'État central[10]. Dans l'ère des caudillos qui s'étend sur une large partie du XIXe siècle, on distingue traditionnellement la période des caudillos letrados, courant de l'indépendance de 1825 à 1848, de celle des caudillos barbaros (1848 à 1884). Là où les premiers caudillos étaient majoritairement issus de la bourgeoisie créole, parfois instruits (letrados) à l'école militaire espagnole, à l'image des généraux Sucre et Santa Cruz, les seconds, d'origine plus populaire et indigène, ne devaient leur position qu'à leur ascension dans la hiérarchie militaire[11] ; ils sont restés célèbres pour leur cruauté et leur gestion approximative des affaires publiques.
32
+
33
+ À l'issue des premiers revers de la guerre du Pacifique (1879-1884) menée contre le Chili, la Bolivie se dote en 1880 d'une 11e constitution depuis son indépendance ; en 1884 a lieu l'élection du président Gregorio Pacheco qui inaugure une nouvelle période politique, caractérisée par l'instauration d'un corps électoral qui reste toutefois restreint[note 1]. Un parti conservateur et un parti libéral se structurent, en s'appuyant respectivement sur l'oligarchie minière de l'argent et de l'étain qui deviendra au début du XXe siècle la principale source de richesse du pays. Le coup d'État « libéral » de 1899 voit s'imposer durablement cette seconde tendance qui tiendra les rênes du pays jusqu'en 1920[13]. Un système d'instruction publique se développe, accompagné d'un anticléricalisme modéré : le catholicisme perd en 1906 son statut de seule religion reconnue par l’État et le mariage civil est adopté en 1911. Le libéralisme bolivien perd cependant nettement de son caractère progressiste pour coexister avec les intérêts des nouvelles fortunes de l'étain (l'ère libérale est parfois aussi considérée comme l'ère de l'étain, la production de celui-ci ayant considérablement augmentée), des propriétaires terriens et de l'armée. Inspiré par l'exemple de la révolution libérale menée par Eloy Alfaro en Équateur, un nouveau libéralisme va s'organiser et manifester quelques préoccupations sociales contre la domination de l'oligarchie libérale. Le soulèvement de 1920, initié par le Parti républicain, d'inspiration nationaliste, initie une nouvelle période d'instabilité, renforcée par la crise économique consécutive au krach de 1929 ; elle conduit le président Salamanca à engager son pays dans la très meurtrière guerre du Chaco contre le Paraguay, avec lequel un conflit larvé existait depuis le milieu des années 1920[note 2].
34
+
35
+ La défaite consécutive à la guerre du Chaco ponctue une rétraction constante du territoire bolivien depuis l'indépendance acquise en 1825. La Bolivie perdit ainsi une grande partie de son territoire et son unique accès à la mer dans la guerre du Pacifique contre le Chili. En 1903, elle vendit par ailleurs la région d'Acre au Brésil par le traité de Petrópolis[15].
36
+
37
+ La fin de la guerre du Chaco marque une reprise en main des militaires. Le colonel Toro initie en 1937 la première nationalisation du pétrole en Amérique latine. La période se caractérise surtout par un renouvellement du paysage politique. Le Mouvement nationaliste révolutionnaire (Movimiento Nacionalista Revolucionario), qui sera amené à jouer un rôle pivot dans la vie politique du pays jusque dans les années 1960, est créé en 1941. Malgré l'opposition de l'armée, il accède au pouvoir en avril 1952 après une nouvelle période d'instabilité politique. Il octroie le suffrage universel[16], entame sous la pression paysanne une réforme agraire en 1953[17] et nationalise, moyennant de fortes indemnisations, les mines des trois principaux « barons de l'étain » du pays[18]. Sa politique interventionniste s'infléchit progressivement et s'ouvre largement à l'influence des États-Unis dont l'aide représente en 1958 le tiers du budget national[19].
38
+
39
+ En 1964, le coup d'État du général Barrientos ouvre une longue période de dictatures militaires qui ne s'achèvera qu'en 1980. Le 7 novembre 1966, le révolutionnaire argentino-cubain Che Guevara commence une guérilla armée avec la création de l'Armée de libération nationale de Bolivie (Ejército de Liberación Nacional de Bolivia, ELN) pour lutter contre cette dictature soutenue par la CIA, et pour la liberté et l'amélioration des conditions de vie du peuple bolivien. Après une dernière embuscade avec seize hommes, il fut capturé par une troupe de 1 800 soldats boliviens. Il est exécuté le 9 octobre 1967 à La Higuera par l'armée bolivienne, grâce à l'appui important des agents de la CIA et d'instructeurs de l'armée américaine formés au Viêt Nam.
40
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41
+ Après l'intermède de gauche du général Torres (1970-1971)[20], la dictature du général Banzer (1971-1978) est marquée par l'adoption de la « doctrine de sécurité nationale » qui se traduit par l'interdiction institutionnalisée de toute activité politique et syndicale[21]. Après la chute de Banzer, la Bolivie connaît entre 1978 et 1980 trois scrutins présidentiels annulés et six présidents, dont quatre sont des généraux. En juin 1980, alors que le candidat de gauche Hernán Siles Zuazo sort vainqueur d'un nouveau scrutin, le général Luis García Meza Tejada s’empare du pouvoir (il s'agit alors du 190e coup d’État depuis l'indépendance). La Centrale ouvrière bolivienne, qui tentait d'opposer une résistance au putsch, est violemment réprimée. Plus d'un millier de personnes sont tuées en moins d'un an. Cousin de l'un des plus importants narco-trafiquant du pays, Luis García Meza Tejada favorise la production de cocaïne ce qui conduit à la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis et contraint les militaires à soutenir un processus démocratique qui porte, après vingt-deux ans de dictatures quasiment ininterrompues, Hernán Siles Zuazo au pouvoir[22].
42
+
43
+ Les différents présidents qui se succèdent à partir de 1985 — Víctor Paz Estenssoro, Jaime Paz Zamora, Gonzalo Sánchez de Lozada, l'ancien ministre de l'Économie du premier cité, et l'ancien dictateur Banzer — suivront durant une quinzaine d'années une ligne de conduite conforme à l'orthodoxie des institutions financières internationales : lutte contre l'inflation, réduction du déficit budgétaire, réduction du périmètre du secteur nationalisé seront les contreparties d'un réaménagement de la dette du pays[23].
44
+
45
+ En 2000, un gisement de gaz naturel, estimé à 1,58 milliard de mètres cubes, est découvert dans la région de Tarija. Pour construire un gazoduc vers la mer, deux options étaient possibles : soit passer par le Pérou, soit passer par le Chili. Le choix de privilégier la voie chilienne, plus facile du point de vue technique, mais critiquée en raison des ressentiments remontant aux guerres du XIXe siècle, cristallise un mécontentement social latent qui se traduit par un mouvement protestataire d'ampleur nationale. Des manifestations contre les hausses de prix ayant suivi les privatisations tournent parfois à l'émeute et sont durement réprimées (80 morts et 500 blessés)[24]. L'ampleur des mobilisations contraint le président Sánchez de Losada à démissionner en octobre 2003[25].
46
+
47
+ L'arrivée au pouvoir du vice-président Carlos Mesa ne stabilise pas une situation sociale explosive. En juillet 2004, sous la pression du Mouvement vers le socialisme (MAS) du syndicaliste paysan Evo Morales, il organise un « référendum du gaz » au cours duquel la population se prononce en majorité pour une nationalisation des hydrocarbures. Devant l'opposition du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et des multinationales, il déclare que cette loi est « impossible » à mettre en œuvre[24]. Le 6 juin 2005, à la suite de nombreuses manifestations, Carlos Mesa démissionne, laissant sa place au chef du Tribunal suprême, Eduardo Rodríguez[26]. Cependant le retour au calme est fragile, les mouvements populaires, essentiellement indiens, continuant de réclamer (entre autres) la renationalisation des réserves de pétrole et de gaz du pays, exploitées par des firmes américaines ou européennes.
48
+
49
+ Evo Morales remporte l'élection présidentielle de 2005 avec 53,7 % des voix[27] contre son concurrent l'ex-président de la Bolivie Jorge Quiroga[28]. Le 22 janvier 2006, le congrès le nomme officiellement président ; il devient alors le premier président bolivien d'origine amérindienne depuis le XIXe siècle et le mandat d'Andrés de Santa Cruz y Calahumana (1829-1839). Des élections législatives normalement prévues pour le 4 décembre 2005 sont reportées au 18 décembre 2005 et remportées par le MAS, le parti présidentiel. L'élection d'Evo Morales vit donc une nouvelle restructuration du paysage politique avec l'avènement d'un fort parti de gouvernement[29].
50
+
51
+ Le 1er mai 2006, Evo Morales a annoncé par décret la nationalisation des hydrocarbures et la renégociation de tous les contrats des entreprises étrangères dans un délai de 180 jours. L'objectif est que 82 % des revenus des hydrocarbures soient réservés à l'État. La compagnie nationale Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB) devient ainsi la seule instance autorisée à commercialiser les hydrocarbures[30]. Cette initiative affecte au premier chef la société brésilienne Petrobras.
52
+
53
+ Les revenus dégagés par ces nationalisations permettent de financer plusieurs mesures sociales : la Renta Dignidad (ou minimum vieillesse) pour les personnes âgées de plus de 60 ans ; le bon Juana Azurduy (du nom de la révolutionnaire Juana Azurduy de Padilla, 1780-1862), qui assure la prise en charge complète des frais médicaux aux femmes enceintes et à leur enfant afin de combattre la mortalité infantile ; le bon Juancito Pinto (du nom d’un enfant héros de la guerre du Pacifique, 1879-1884), une aide versée jusqu’à la fin du secondaire aux parents dont les enfants sont scolarisés afin de lutter contre la désertion scolaire, ou encore le Système unique de santé qui depuis 2018 offre à tous les Boliviens la gratuité des soins médicaux[31].
54
+
55
+ Les réformes adoptées ont fait du système économique bolivien le plus réussi et le plus stable de la région. Entre 2006 et 2019, le PIB est passé de 9 milliards à plus de 40 milliards de dollars, le salaire réel a augmenté, le PIB par habitant a triplé, les réserves de change sont à la hausse, l’inflation a été pour l'essentiel éliminée, et l’extrême pauvreté a chuté, passant de 38 % à 15 %, ce qui constitue une baisse de 23 points[32],[33].
56
+
57
+ Le 2 juillet 2006, se tiennent simultanément un référendum sur l'autonomie départementale et l'élection des représentants à une Assemblée constituante[34]. La décentralisation était une des revendications essentielles des protestations exprimées en 2005 par les mouvements de la région de Santa Cruz. À l'inverse, les mouvements d'origine autochtone dénoncent cette volonté autonomiste, qui servirait selon eux la minorité oligarchique du pays.
58
+
59
+ Le MAS remporte 55 des 70 circonscriptions uninominales avec 50,7 % des suffrages exprimés au niveau national lors de l'élection de la Constituante. Si le « non », pour lequel le MAS s'était fortement mobilisé, l'emporte largement au niveau national lors du référendum pour l'autonomie départementale (57,6 % des voix), les résultats locaux trahissent la fracture territoriale est-ouest du pays. Les départements de Santa Cruz, Tarija et Pando se prononcèrent en effet largement pour l'autonomie avec respectivement 74 %, 61 % et 58 % des voix en faveur du « oui »[35].
60
+
61
+ Les travaux de l'Assemblée constituante, présidée par l'Indienne quechua Silvia Lazarte (es), devaient initialement prendre fin en août 2006 ; émaillés de nombreux incidents, ils ont été prolongés jusqu'à la fin de l'année 2007. Les députés du MAS ont approuvé le texte de la Constituante le 9 décembre 2007 à Oruro, en présence de 164 des 255 constituants. Le parti PODEMOS n'a pas souhaité prendre part au vote, estimant que l'assemblée n'avait pas réuni les conditions d'un débat démocratique. Un référendum national concernant cette nouvelle Constitution a été convoqué par le président Morales pour mai 2008 mais la Cour électorale a refusé de valider cette convocation, arguant que cette dernière n'avait pas suivi la voie légale[36]. La nouvelle constitution fut adoptée par voie de référendum le 25 janvier 2009, à 58,7 %, selon un sondage de sortie des urnes d'Ipsos Apoyo pour le quotidien La Razón et ATB[37]. Cette Constitution novatrice, qui ne remettait pas en cause les prérogatives dévolues à l'exécutif, modifiait cependant les principes constitutionnels en vigueur en Bolivie jusqu'à présent[38]. L'esprit de cette Constitution était affiché dans son préambule qui mettait en exergue les valeurs des peuples indigènes de Bolivie et remettait en cause « l'État colonial, républicain et néolibéral au profit d'un État unitaire social de droit plurinational communautaire »[39]. L'élection d'Evo Morales en 2005 et l'approbation de la Constitution de 2009 prouvaient la volonté du peuple de consacrer un pouvoir exécutif soumis au contrôle des électeurs par des élections mais disposant de marges de manœuvre importantes allant parfois au-delà du texte même de la Constitution ; ainsi, Evo Morales qui bénéficiait dès son élection de l'ensemble du pouvoir législatif dans le pays, avec plus de deux tiers des représentants à l'Assemblée législative plurinationale, précisa que sa priorité résidait dans le vote des lois organiques à l'Assemblée législative plurinationale pour l'application de la nouvelle Constitution approuvée en 2009[40].
62
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+ Les réformes économiques et constitutionnelles mises en œuvre par la majorité présidentielle rencontrent de vives résistances au sein des élites économiques créoles du croissant est du pays qui concentre les richesses gazières boliviennes. Ces dernières ont, depuis le début des années 2000, traduit leur opposition au pouvoir central par des revendications autonomistes, portées par un ensemble d'organisations dont le Comité civique de Santa Cruz (es) est l'une des plus actives. Les préfets élus des départements de Santa Cruz, Beni et Pando soutiennent ce mouvement pour une autonomie élargie.
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+ Un référendum portant sur un statut d'autonomie régionale, et déclaré illégal par le pouvoir central, s'est tenu en mai 2008 dans le département de Santa Cruz à l'initiative de son préfet, Ruben Costas[41]. En réponse à ce qui peut apparaître comme une remise en cause de sa légitimité électorale, le président Morales a décidé de remettre son mandat en jeu lors d'un référendum qui s'est tenu le 10 août 2008[42]. Morales gagna ce référendum avec 67 % des voix[43], bien que certains médias d'opposition aient laissé entendre de possibles fraudes de la part de membres du MAS. Les sondages à la sortie des urnes effectués par des instituts d'enquête privés, pour le compte de ces mêmes journaux, donnaient toutefois sensiblement le même résultat (entre 62 et 64 %[44],[45]).
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+ En décembre 2010, sous l’impulsion des communautés locales andines et du président Evo Morales, la Bolivie a introduit une « Loi des droits de la Terre Mère (en) » qui accorde des droits à la nature, à l’instar des droits de l’homme.
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+ En novembre 2019, une crise éclate dans le cadre d’une contestation des résultats officiels des élections générales d'octobre qui proclament la réélection d’Evo Morales, dont le parti était parvenu à revenir judiciairement sur le référendum de 2016 interdisant au chef de l’État de briguer un quatrième mandat. Des manifestations menées notamment par le Comité civique de Santa Cruz se déroulent dans plusieurs villes contrôlées par le MAS. Au cours de ces troubles, trois personnes trouvent la mort.
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+ Après la conclusion de l’enquête de l’Organisation des États américains faisant état de fraudes, Evo Morales annonce la tenue de nouvelles élections, mais l'armée l'appelle à démissionner. Il décide de quitter le pays, tout comme le vice-président, en dénonçant un coup d'État[46]. Après la démission d’autres personnalités amenées à succéder à Morales dans l’ordre protocolaire, Jeanine Áñez, deuxième vice-présidente de la Chambre des sénateurs, devient présidente de la République, mais sa légitimité est contestée par le MAS[47]. Des manifestations éclatent dans les régions majoritairement indigènes et font des dizaines de morts[48].
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+ Selon le New York Times du 7 juin 2020, une étude de trois chercheurs indépendants montre que l'enquête diligentée par l'OEA présente des problèmes méthodologiques[49].
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+ La Bolivie est une république de forme présidentielle. Le président, élu tous les 5 ans, est à la fois le chef d'État et le chef du gouvernement. Il nomme les ministres.
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+ Le parlement est formé par deux chambres : le Sénat, composé de 36 sièges, et la Chambre des députés, composée de 130 sièges.
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+ La loi des groupes citoyens et peuples indigènes, promulguée le 6 juillet 2004, a mis fin au monopole des partis politiques pour les principales élections du pays. Elle autorise des groupes de citoyens (Agrupaciones ciudadanas) et les peuples indigènes à présenter des candidats lors des scrutins municipaux, départementaux et nationaux.
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+ Les neuf départements boliviens se sont vu accorder une autonomie accrue avec la loi de décentralisation de 1995. Cette autonomie s'est encore accentuée avec la loi, adoptée sous le gouvernement Meza, instituant l'élection des préfets à la tête du département. Réclamée par les mouvements autonomistes des départements de l'ouest, cette réforme a donné lieu aux premières élections préfectorales le 18 décembre 2005. Le MAS (Movimiento Al Socialismo) n'a obtenu que trois des neuf postes de préfets. L'opposition au pouvoir central s'est, depuis cette élection, manifestée au niveau administratif intermédiaire des départements, générant de vives tensions.
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+ Les villes boliviennes sont dirigées par des maires et des conseils élus pour cinq ans. La dernière élection municipale a eu lieu le 5 décembre 2004.
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+ La Bolivie fait partie de la Communauté andine.
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+ La Bolivie est divisée en 9 départements (departamentos), eux-mêmes subdivisés en provinces (provincias), municipalités (municipios), cantons (cantones), sous-cantons et localités.
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+ La Bolivie est composée de deux régions géographiques bien distinctes. L'Ouest est traversé par deux cordillères d'orientations nord-sud qui bordent un vaste plateau, l'Altiplano, c'est dans cette région que vit la majeure partie des Boliviens. La cordillère occidentale, aride, abrite quelques sommets majestueux comme le Nevado Sajama qui avec ses 6 542 mètres est le point culminant de la Bolivie. Le haut plateau est bordé au nord-est par la cordillère Royale où l'on peut admirer entre autres le Nevado Illimani et l'Illampu et où s'abrite la ville de La Paz. Les massifs de la cordillère orientale abritent des vallées humides et possèdent des contreforts recouverts de forêts.
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+ À l'est s'étendent de vastes plaines alluviales qui bénéficient d'un climat tropical. Le Nord de ces terres basses appartient au bassin amazonien et est en grande partie recouvert de forêt. Plus au sud, les terres font partie du bassin du río Paraguay, les terres y sont davantage défrichées.
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+ Parmi les curiosités géographiques du pays, on peut citer le lac Titicaca, situé à cheval entre le Pérou et la Bolivie qui est le plus haut lac navigable du monde. Sa vaste étendue permet un microclimat clément sur ses rives qui furent le berceau de la civilisation tiwanaku ; le salar d'Uyuni, situé à l'ouest du pays, sur le Sud de l'Altiplano dans le département de Potosí, est la plus grande étendue de sel au monde.
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+ On peut aussi admirer la cordillère Royale qui abrite de majestueux sommets enneigés, le parc des volcans, où l'on peut observer le Nevado Sajama, point culminant du pays avec 6 542 mètres d'altitude, et les Bañados de Izozog (en français marais de l'Izozog).
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+ Parmi les grandes villes, on peut citer La Paz, en très haute altitude, très marquée par la culture aymara, Sucre, connue pour ses richesses architecturales, Santa Cruz de la Sierra, la grande ville de l'orient bolivien, Cochabamba, ville carrefour au centre du pays.
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+ La Bolivie comprend 20 % environ des glaciers tropicaux dans le monde, avec la cordillère des Andes. Ils sont cependant vulnérables face au réchauffement climatique et ont perdu 43 % de leur surface entre 1986 et 2014[51].
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+ On retrouve en Bolivie les paysages montagneux de la cordillère des Andes, mais aussi des paysages de plateau d'altitude, avec l'Altiplano. Au sud, la « banquise de sel » offre un paysage lunaire. On y découvre aussi lagunes, volcans et canyons. Dans la région de l'Oriente, au nord-est, un paysage de plaines débouche sur la forêt amazonienne, à la frontière avec le Brésil[52].
101
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102
+ Le climat bolivien est subtropical : chaud et humide. Mais ses conditions climatiques sont variées en raison d'altitudes diverses. En haute altitude, comme dans les Andes, le climat est froid, sec et venteux alors qu'en plaine il est humide et plus doux. Les températures moyennes annuelles se situent entre 8 °C dans l'Altiplano et 26 °C dans les plaines orientales où elles varient peu tout au long de l'année.
103
+
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+ Les écarts thermiques peuvent être très importants. Sur l'Altiplano à 4 000 mètres d'altitude et à La Paz notamment, lors de la saison chaude (de novembre à mars) la température atteint facilement 19 °C au meilleur de la journée, puis chute au fil des heures, atteignant des valeurs négatives en soirée. Dans les vallées intermédiaires situées en moyenne à 2 500 mètres d'altitude, comme la vallée de Cochabamba, les températures moyennes sont de 18-19 degrés. C'est ce qui donne la réputation de « printemps éternel » à cette région. Les écarts diurnes-nocturnes sont encore plus grands ici, les températures peuvent être parfois légèrement négatives en hiver et atteignent 27 à 30 degrés au meilleur de la journée (12 h-16 h). L'été, cet écart se réduit à 14 et 30 degrés. Dans la partie orientale, le climat est subtropical. La pluviométrie importante engendre une végétation luxuriante. L'été, l'humidité relative est très haute, parfois même étouffante. L'hiver (juin-août) est moins humide mais il est parfois rafraîchi par des vents froids venus de la Patagonie appelés surazos qui font chuter la température à 12 degrés et le froid est plus pénétrant à cause de l'humidité.
105
+
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+ La Bolivie a été longtemps l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine. Elle a réalisé de grandes réformes libérales dans les années 1990. Ainsi, le président Gonzalo Sánchez de Lozada (1993-1997) a notamment signé un traité de libre-échange avec le Mexique, et a adhéré au Mercosur en tant que membre associé. En outre, ce président a privatisé la compagnie aérienne, l'entreprise de téléphonie, les chemins de fer, l'entreprise d'électricité, ainsi que l'entreprise de pétrole.
107
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108
+ La croissance du PIB a ralenti en 1999, en partie en raison d'une politique budgétaire d'austérité. Ces restrictions freinèrent la mise en œuvre des programmes de lutte contre la pauvreté. Ce ralentissement s'explique aussi en partie par les retombées de la crise économique asiatique. Le PIB par secteur est de 13 % pour l'agriculture, 37 % pour l'industrie et de 50 % pour les services en 2017[2].
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110
+ En 2000, la croissance du PIB ne fut pas supérieure à 2,5 %. Le PIB n'a pas progressé en 2001 en raison du ralentissement de l'économie mondiale et de la faiblesse de l'activité nationale. Le déficit public s'élevait à 8,6 % en 2002.
111
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112
+ L’économie du pays dépendait beaucoup de l’aide apportée par les pays étrangers. En particulier, les États-Unis participent en 2005 à 10 % du PIB de la Bolivie, dans le cadre du programme d’éradication de la coca. Bien que la production globale ne soit pas connue officiellement, la Bolivie est considérée comme le troisième producteur de feuilles de coca après la Colombie et le Pérou[53].
113
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+ La dette extérieure de la Bolivie est passée de 6,8 % en 2001 à 3,6 % en 2012.
115
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+ L’importation de produits manufacturiers comprend l’importation de fer et acier, de produits chimiques, de machinerie et équipements de transport, de textiles et de vêtements. Les importations proviennent principalement du Brésil (40 %), des États-Unis (13,9 %), de la Colombie (8,7 %), du Pérou (6,3 %) et du Japon (4,5 %) (données de 2004). Les principaux produits exportés sont le gaz naturel, le soja et ses dérivés, le pétrole, le zinc et l'étain (l'industrie minière représente en 2011 14 % du PIB et 74 % des exportations). Ces exportations vont principalement vers le Brésil (33,9 %), les États-Unis (12,7 %), la Colombie (11,8 %), le Venezuela (11,6 %), le Pérou (5,1 %) le Japon (4,2 %) (données de 2004)[54].
117
+
118
+ La Bolivie détient derrière le Venezuela les secondes réserves de gaz naturel d'Amérique du Sud (740 milliards de mètres cubes, selon la compagnie pétrolière BP)[55]. Durant près de trente ans, l'Argentine était l'acheteur quasi-exclusif du gaz bolivien mais les ventes à destination du Brésil sont en croissance rapide depuis 1999[56]. L'un des problèmes principaux que rencontre le pays pour nouer de nouvelles relations commerciales et exercer une totale souveraineté sur ses exportations d'hydrocarbures tient dans son enclavement, consécutif à la guerre du Pacifique contre le Chili.
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+
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+ Vingt-six compagnies gazières ou pétrolières multinationales travaillent en Bolivie, dont :
121
+
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+ Le 1er mai 2006, la Bolivie a nationalisé l'ensemble de son activité pétrolière, industrie qui sera gérée par la compagnie pétrolière publique YPFB[57].
123
+
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+ Encore inexploitées pour l'instant, le pays possèderait la moitié des réserves mondiales de lithium (70 % des réserves étant situées dans le « triangle du lithium » entre trois salars andins : le salar d'Atacama au Chili, le salar d'Uyuni en Bolivie et le salar del Hombre Muerto en Argentine[58]), élément privilégié des batteries modernes, notamment dans le salar d'Uyuni[59].
125
+
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+ Depuis l'année 2007, l'économie bolivienne connaît une forte croissance (6,8 % en 2013 et 5,9 % en 2014). De même manière, l'excédent budgétaire pour l'année 2013 a été de 4,6 %.
127
+
128
+ En 2016, la Bolivie a le taux de croissance économique le plus élevé et le taux de chômage le plus faible d’Amérique du Sud[60]. L’extrême pauvreté a chuté de 38,2 % à 16,8 % au cours de la décennie 2007-2017[61] et le PIB par habitant est passé de 1 182 dollars à 2 757 dollars entre 2005 et 2013 [62].
129
+
130
+ Les avoirs en devises étrangères et en or, dites réserves internationales nettes, détenues par la banque centrale bolivienne sont passées de 1,085 milliards de dollars dans l'année 2000 sous le gouvernement de Hugo Banzer Suárez — 80e président bolivien — à 15,282 milliards de dollars au 5 janvier 2015 sous le gouvernement du 86e président bolivien Evo Morales.
131
+
132
+ Certaines régions de la Bolivie sont en grande partie sous le pouvoir des ganaderos, les grands propriétaires d’élevages bovins et porcins, et nombre de petits paysans sont encore réduits à la condition de péons. Néanmoins, la présence de l’État s'est nettement renforcée sous le gouvernement d'Evo Morales. Celui-ci tend à ménager les intérêts des grands propriétaires tout en s’efforçant d’améliorer les conditions de vie et de travail des petits paysans[31].
133
+
134
+ La réforme agraire promise par Evo Morales — et approuvée à travers un référendum par près de 80 % de la population — n’a jamais été enclenchée. Destinée à abolir le latifundisme en réduisant la taille maximale des propriétés n’ayant pas de « fonction économique et sociale » à 5 000 hectares, le reste devant alors être réparti entre petits travailleurs agricoles et indigènes sans terre, elle rencontra une ferme opposition de la part de l'oligarchie bolivienne. Le gouvernement a cédé en 2009 devant le secteur agro-industriel, qui s'est engagé en échange à mettre fin aux pressions qu'il exerçait et compromettaient jusqu’à la mise en place de la nouvelle Constitution[31].
135
+
136
+ Une série de réformes et de projets économiques a toutefois permis d'améliorer la condition des familles paysannes modestes. Celles-ci ont reçu des machines agricoles, des tracteurs, des engrais, des semences et des animaux reproducteurs, tandis que l’État a construit des systèmes d’irrigation, ainsi que des routes et des ponts leur permettant d’écouler plus facilement leur production sur les marchés. La situation de nombreux indigènes et petits paysans a été régularisée à travers l'attribution des titres fonciers pour les terres qu’ils exploitaient[31].
137
+
138
+ En 2007, le gouvernement crée une « Banque du développement productif » grâce à laquelle les petits travailleurs et les producteurs agricoles peuvent emprunter facilement, à des taux bas et avec des modalités de remboursement adaptées aux cycles agricoles. En raison d'un meilleur encadrement des activités bancaires, les taux d’emprunt ont été divisés par trois entre 2014 et 2019 dans l’ensemble des établissements bancaires pour les petits et moyens producteurs agricoles. En outre, la loi impose désormais aux banques de consacrer au moins 60 % de leurs ressources à des crédits productifs ou destinés à la construction de logements sociaux[31].
139
+
140
+ Avec la création de l’Entreprise d’aide à la production d’aliments (Emapa), le gouvernement a voulu stabiliser le marché intérieur des produits agricoles en achetant au meilleur prix la production des petits et moyens agriculteurs, forçant ainsi les agro-industriels à leur offrir des rémunérations plus justes. Selon le vice-président Àlvaro García Linera, « en fixant les règles du jeu, l’État établit un nouveau rapport de forces qui donne plus de pouvoir aux petits producteurs. La richesse est mieux redistribuée afin d’équilibrer la puissance du secteur agro-industriel. Cela génère de la stabilité, ce qui permet une économie prospère et profite à tout le monde »[31].
141
+
142
+ La population de la Bolivie est évaluée en 2017 à 11 138 234 habitants[2]. Elle est composée à 55 % d'Amérindiens répartis en 40 groupes ethno-linguistiques (30 % Quechuas et 25 % Aymaras, 0,2 % Chiquitos et Guaranís), à 30 % de métis[note 3], et à 15 % d'Européens principalement d'origine espagnole et portugaise[note 4] résidant dans les grandes villes et formant l'élite politique et économique du pays[64]. Le taux de croissance de la population est de 1,7 %. Le taux de natalité est de 22,76 pour mille et le taux de mortalité infantile est de 37,49 pour mille. L’espérance de vie en Bolivie est de 68,86 ans. Le taux d’alphabétisation est de 96,6 %[65]. En décembre 2008, la Bolivie fut déclarée comme étant le troisième pays latino-américain, après Cuba et le Venezuela, à avoir vaincu l’analphabétisme.
143
+
144
+ La participation à l'éducation de la population autochtone est inférieure à la moyenne[66].
145
+
146
+ En décembre 2008, après une campagne d'alphabétisation de deux ans et demi auprès des populations pauvres, le président bolivien Evo Morales déclare son pays « libre d'analphabétisme » selon les critères de l'UNESCO (taux d'analphabétisme inférieur à 4 % pour les plus de 15 ans)[67]. L'analphabétisme a reculé de 13.3 % en 2001 à 2.9 % en 2016[68]. La Bolivie est le deuxième pays d’Amérique latine après Cuba à dédier le plus important pourcentage de son PIB à l'éducation[68].
147
+
148
+ Les dépenses étaient de 6,6 % du PIB en 2006[69]. Elles étaient de 204 $ par personne en 2006[69]. De plus, l'espérance de vie était de 66 ans pour les hommes et de 70 ans pour les femmes en 2011[70].
149
+
150
+ En janvier 2017, l’Organisation panaméricaine de la santé indique que les campagnes de vaccination ont permis d'éliminer la poliomyélite, la rubéole et la rougeole[71].
151
+
152
+ Entre 2007 et 2017, la mortalité infantile a reculé de 50 % et la sous-nutrition chez les enfants de 14 % selon l'Organisation mondiale de la santé[61].
153
+
154
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 93,9 % des habitants de la Bolivie sont chrétiens, principalement catholiques (79 %) et dans une moindre mesure protestants (13,7 %), alors que 4,1 % de la population n'est pas affilié à une religion et que 2 % pratique une autre religion[72].
155
+
156
+ La culture bolivienne a été fortement influencée par les Quechuas, les Aymaras, ainsi que par la culture de l'Amérique latine dans son ensemble.
157
+
158
+ Le développement culturel est divisé en trois périodes distinctes : précolombienne, coloniale et républicaine. D'importants vestiges archéologiques, des ornements d'or et d'argent, des monuments de pierre, des céramiques, des tissages encore présents aujourd'hui viennent de plusieurs cultures précolombiennes. On peut citer comme vestiges importants Tiwanaku ou Samaipata. Le pays regorge d'autres sites qui sont difficiles à atteindre et ont fait l'objet de peu d'explorations archéologiques[73].
159
+
160
+ Le sport national est le football, le baby-foot étant aussi très populaire.
161
+
162
+ La musique bolivienne est riche et variée. Les instruments de musique utilisés sont le sicus (flûte de Pan), la quena, tarkas et quenacho (instruments à vent), le charango (petite guitare à dix cordes) et la guitare classique apportée par les Espagnols. Forte et authentique, la musique bolivienne est moins facile d'accès que bien d'autres musiques d'Amérique latine.
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+ La Bolivie a pour codes :
fr/699.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,108 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Bologne (en italien : Bologna, prononcé [boˈloːɲa] est une ville italienne située dans le nord-est du pays, entre le Pô et les Apennins. C'est le chef-lieu de la région d'Émilie-Romagne (plaine du Pô) et de la province de même nom et l'une des principales villes d'Italie. Bologne compte environ 390 000 habitants (les Bolonais[2]) et son aire urbaine regroupe 1 005 000 habitants.
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+
5
+ Elle est considérée comme le siège de la plus ancienne université du monde occidental puisqu'elle a été fondée en 1088[3]. Plus de 900 ans après sa fondation, l'université est encore aujourd'hui le cœur de la ville puisque ses 100 000 étudiants constituent un quart de sa population.
6
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7
+ Ce rayonnement culturel et son université lui ont valu le surnom de la Dotta (la savante). La ville possède également d'autres surnoms comme la Rossa (la rouge), en référence à ses tuiles en terre cuite et aussi pour son âme politique de gauche communiste, et la Grassa (la grasse) pour son excellente cuisine.
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9
+ La sauce bolognaise (ragù alla bolognese en italien) est une recette de la région.
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11
+ Chaque année au printemps, Bologne accueille un salon du livre de jeunesse de renommée internationale, la Foire du livre de jeunesse de Bologne (La Fiera del Libro per Ragazzi).
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+ Bologne est située en Émilie dans une zone de plaines et de collines, entre la vallée du Reno et celle du Savena, à l'extrême sud de la plaine du Pô et au nord des Apennins.
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+ La commune se divise en neuf circonscriptions administratives qui portent le nom de quartiers : Borgo Panigale, San Donato, San Vitale, Sàvena, Navile, Porto, Saragozza, Santo Stefano, Reno.
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+ Bologne a été fondée par les Étrusques sous le nom de Felsina en 534 av. J.-C. dans une zone habitée de longue date par le peuple de Villanova, un peuple de fermiers et de bergers. La ville étrusque a grandi autour d'un sanctuaire construit sur une colline entourée d'une nécropole. Au IVe siècle av. J.-C., elle fut conquise par les Boïens, qui lui donnèrent le nom (d'origine celtique) de Bononia. Conquise par les Romains en 191 av. J.-C., la cité devint une colonie (3 000 familles romaines s'y installèrent sous la conduite des consuls Lucius Valerius Flaccus, Marcus Atilius Seranus et Lucius Valerius Tappo. La construction de la Via Æmilia en 187 av. J.-C. fit de Bologne un carrefour routier, relié à Arezzo par la Via Flaminia mineure et à Aquileia (Aquilée) par le Via Aemilia Altinate.
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+ En 88 av. J.-C., la ville devint un municipium. Elle est constituée de rues rectilignes et orthogonales avec six cardines et huit decumani, qui font encore la structure de la ville aujourd'hui. La ville compta près de 10 000 habitants sous l'Empire romain, ainsi que de nombreux temples, thermes, théâtres et une arène. Pour Pomponius Mela, Bononia figurait parmi les cinq opulentissimae (plus riches) cités d'Italie. Ravagée par un incendie, elle fut reconstruite par Néron.
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21
+ Après un long déclin, Bologne renaît au Ve siècle sous l'impulsion de l'évêque Petronius, qui a construit l'église de Santo Stefano. Après la chute de l'Empire romain, Bologne a été transformée en forteresse sur les frontières de l'Exarchat de Ravenne dans la plaine du Pô. La ville était protégée par une enceinte qui ne protégeait néanmoins pas les ruines de l'ancienne ville antique romaine. En 728, la ville fut conquise par Liutprand, roi des Lombards, et annexée au royaume des Lombards.
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23
+ Au XIe siècle, Bologne connaît une nouvelle période de croissance et elle devient une Commune puis rejoint la Ligue lombarde en 1164 pour lutter contre Frédéric Barberousse. En 1088, l'Université de Bologne est créée, elle est aujourd'hui la plus vieille université d'Europe. Des personnages illustres ont fréquenté cette université au Moyen Âge comme Irnerius, Dante, Boccace et Pétrarque. Au XIIe siècle, le développement de la ville nécessite l'extension de son enceinte, suivie d'une nouvelle extension au XIVe siècle.
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+ En 1256, Bologne promulgue le Legge del Paradiso (la « loi du paradis »), qui a supprimé le servage féodal et libéré les esclaves grâce à l'argent de la ville. Au même moment, le centre de la ville se couvre de tours, construites par les riches et influentes familles de la ville pour montrer leur puissance, d'édifices publics, d'églises et d'abbayes. Cette croissance et cette richesse amène la ville à figurer en 1294 parmi les dix villes les plus peuplées d'Europe.
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+ Comme la plupart des communes italiennes de l'époque, Bologne a été déchirée par les luttes internes, qui conduisirent à l'expulsion des Gibelins en 1274. Après avoir été écrasée lors de la bataille de Zappolino par Modène en 1325, Bologne commence à régresser et demande la protection du Pape au début du XIVe siècle.
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+ Après des années heureuses sous l'autorité de Taddeo Pepoli (1337-1347), Bologne tombe aux mains des Visconti, mais revient dans l'orbite papale avec le cardinal Gil de Albornoz en 1360. Les années suivantes ont vu une alternance entre des gouvernements républicains (comme en 1377, lequel a fait construire la basilique San Petronio et la Loggia dei Mercanti) et une domination papale ou des Visconti. Pendant ce temps-là, les familles de la ville s'engageaient dans des combats fratricides pour son contrôle. Au milieu du XVe siècle, la famille Bentivoglio conquiert le pouvoir avec Sante (1445-1462) et Giovanni II (1462-1506). Cette période est l'une des plus florissantes de la ville, avec la présence de célèbres architectes et peintres dans ses murs, qui transforment Bologne en une véritable ville italienne de la Renaissance.
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+ Le règne de Giovanni II finit en 1506 après que les troupes papales de Jules II eurent assiégé et pillé la ville. De cette date, et ce jusqu'au XVIIIe siècle, Bologne fera partie des États pontificaux, et elle sera dirigée par un cardinal legato, et un Sénat qui élit tous les deux mois un gonfalonier (juge), secondé par huit consuls plus âgés. La prospérité de la ville continue de croître, bien qu'une peste à la fin du XVIe siècle fait chuter la population de 72 000 à 59 000 habitants.
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+ Dans le domaine de la peinture, annonçant l'École bolonaise on trouve alors des artistes comme Amico Aspertini, dont l'imaginaire fut nourri par l'œuvre humaniste, teintée d'ésotérisme, d'Ercole de’ Roberti qui a stimulé son goût pour la magie, le masque, le tragique et le grotesque. Les artistes bolonais bénéficièrent aussi de la puissance expressive de la peinture allemande qui s'est répandue dans la plaine émilienne grâce au gravures et aux voyages à Venise où la mode était aux Ecoles du Nord.
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+ Durant les XVe et XVIe siècles, la ville de Bologne a été également connue pour un style d'escrime connu sous le nom d'escrime bolonaise, avec des maîtres d'armes tels que Antonio Manciolino, Achille Marozzo, Giovanni dall'Agocchie, pour n'en citer que quelques-uns. Ce style a grandement contribué à la réputation de l'Italie dans ce domaine et a eu directement, ou indirectement, une grande influence sur l'histoire de l'escrime européenne.
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+ La prospérité de la ville se traduit également par la construction de nombreux édifices, comme en 1564 avec la Piazza Nettuno et le Palazzo dei Banchi. La domination papale voit la construction de beaucoup d'églises et d'autres établissements religieux, et la rénovation des plus anciens. Avec 96 couvents, Bologne détient le record pour l'Italie. Les artistes travaillant à cette époque dans la ville fondèrent l'École bolonaise, parmi lesquels figurent Annibale Carracci, Domenichino, Guercino et d'autres de renommée européenne, regroupés dans l'académie bolonaise des Incamminati des frères Carracci.
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+ Sous Napoléon, Bologne devient la capitale de la République cispadane. Après la chute de Napoléon, Bologne retombe sous la coupe papale, se rebellant en 1831, puis en 1849.
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+ Après la visite du Pape Pie IX de 1857, la ville vote son annexion au Royaume de Sardaigne le 12 juin 1859, participant ainsi au Risorgimento. Depuis, l'histoire de Bologne se confond avec celle de l'Italie.
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+ La ville de Bologne a été bombardée à plusieurs reprises pendant la Seconde Guerre mondiale. L'importance de la ville comme centre urbain qui relie le nord au centre de l'Italie, ainsi que son importance stratégique en tant que plaque tournante ferroviaire, en fait l'une des principales cibles des forces alliées. Le 16 juillet 1943, une série de bombardements eut des conséquences dévastatrices pour une grande partie de la ville et de la population. Elle détruisit plusieurs quartiers historiques de la ville et la gare principale. En tout, 44 % de l'infrastructure de la ville fut détruite ou gravement endommagée. Le 25 septembre 1943, Bologne fut une nouvelle fois la cible de bombardements avec un bilan de 936 personnes tuées et des milliers de blessés.
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+ Dans la matinée du 21 avril 1945 ; le premier corps armé à entrer dans la ville fut le 87e régiment d'infanterie du Groupe de combat « Frioul », dirigé par le général Arturo Scattini. Les combats pour chasser les Allemands de la 65e division d'infanterie (Allemagne) commandée par le général Hellmuth Pfeifer ont été principalement conduits par des soldats du 2e Corps polonais de la VIIIe Armée britannique, appuyés par la 34e division du 2e corps de la 5e Armée américaine. La libération de la ville sera effective le 22 avril par la capitulation de la 65e division allemande.
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+ Pendant les années de plomb, la ville, bastion du Parti communiste italien, fut le théâtre de nombreux mouvements contestataires, notamment étudiants en 1977, ainsi que des actions de groupes néofascistes. L'attentat de la gare de Bologne (connu en Italie comme la strage di Bologna) fut une des plus importantes actions terroristes qui ont touché l'Italie, faisant 85 morts et blessant plus de 200 personnes le 2 août 1980, à 10 h 25. Des membres d'un groupe d'extrême droite furent condamnés pour l'attentat.
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+ En 1995, le Conseil de l'Europe décerna à Bologne son prix de l'Europe[4].
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+ Bologne est aujourd'hui un important centre culturel mais aussi un nœud commercial, industriel et de communications. Au début du XXe siècle, les vieux murs ont été détruits afin de construire un boulevard et de nouvelles habitations.
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+ Dans son livre Les Souterrains de Bologne (trad. L. Lombard, édition Métaillé), Loriano Macchiavelli commence ainsi son histoire (chapitre 1er) :
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+ « Ceux qui s'y connaissent affirment que toute histoire doit prendre le lecteur aux tripes dès le début. Pour ce qui est des histoires situées à Bologne, pas besoin d'un gros effort d'imagination car Bologne est – et a toujours été – un lieu de mystère idéal. La ville est faite pour. Architecturalement je veux dire. »
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+ Bologne est caractérisée par trois éléments : La Dotta, (« La Savante », qui fait référence à son université célèbre), La Grassa, (« La Grasse », faisant référence à la cuisine) et La Rossa (« La Rouge », en référence aux toits rouges de la ville ainsi qu'à son histoire politique liée au communisme).
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+ La ville abrite la principale cinémathèque italienne et une des plus importantes d'Europe et annuellement, depuis 1986, s'y déroule le festival du film Il cinema ritrovato. Elle accueille également la Foire du livre de jeunesse depuis 1963, et dispose de nombreuses bibliothèques dont les principales sont la Bibliothèque de l’Archiginnasio, Salaborsa dans le Palazzo d'Accursio, et la bibliothèque universitaire. Elle accueille également des bibliothèques thématiques, comme la bibliothèque de la Musique et la Bibliothèque italienne des femmes.
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+ Le bûcher du vecchione est une tradition toujours en vigueur au sein de la ville de Bologne qui consiste à mettre au bûcher un grand pantin qui a l'apparence d'une vieille personne (le vecchione) qui se déroule à minuit le 31 décembre pour célébrer le nouvel an. Cette cérémonie se déroule à la Place Maggiore, où le public se retrouve pour être ensemble et assister au spectacle musical et pyrotechnique. Pendant les années bissextiles, il est traditionnel de brûler un pantin qui a une ressemblance féminine (la vieille dame). Le pantin représente l'année passée. Il est brûlé pour conjurer le mauvais sort, par superstition, comme pour se défaire de sa laideur et dans l'espoir que la suite soit meilleure.
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+ En 2010, Marco Dugo, designer de 35 ans a gagné une compétition proposée par la Commune de Bologne et a décidé de représenter le vecchione sous l'apparence d'une monumentale grenouille (la rana) d'une hauteur de 12 mètres. La figure de la grenouille est en lien avec l'histoire de Bologne : il existe d'abord un proverbe italien avere della rana qui signifie être fauché, une image de la grenouille est aussi dessinée au siège social de la Caisse d'Épargne de Bologne représentant la pauvreté, ensuite « La Rana » était le titre d'un journal satirique qui était imprimé durant les années austères de 1865 à 1912. Donc en 2010, le bûcher de la vieille personne a été renommé le bûcher de la grenouille. L'année précédente, Ericailcane avait représenté le vecchione sous les traits d'un énorme lapin.
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+ En 2013, le vecchione était un arrosoir d'une hauteur de 12 mètres troué réalisé par le duo artistique To/Let. Selon les artistes, il symbolise le fait de prendre soin de quelqu'un ou de quelque chose, il sert à nourrir. Mais comme l'arrosoir est troué dans leur réalisation, la sève vitale se gaspille à l'extérieur. Elle est symbolisée par de l'eau bleue qui sort des trous. Avec l'acte cathartique de brûler l'arrosoir, les artistes souhaitaient exhorter à dépasser le problème.
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+ Bologne est restée l'une des villes médiévales les mieux préservées d'Europe, possédant une grande valeur historique. En dépit des dommages considérables lors de bombardements en 1944, le centre historique de Bologne, l'un des plus grands d'Europe, recèle de richesses aussi bien médiévales, de la Renaissance, que baroques.
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+
69
+ Économiquement, Bologne est une ville très prospère. Elle est la capitale d'une région riche et dynamique, grâce entre autres, à l'innovation, la recherche et son pôle étudiant. Elle possède une importante activité industrielle (30 % des emplois en 1998) avec notamment des groupes prestigieux comme Ducati, Lamborghini et Malaguti dans le secteur automobile et La Perla, Mandarina Duck, Stone Island et Borbonese dans la mode. La ville possède également un des plus grands parcs d’exposition d’Europe. Bologne est aussi un important centre culturel et touristique grâce à son histoire et ses superbes monuments.
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+ Elle comporte un réseau de trolleybus et un très vaste réseau de bus. En avril 2020, Bologne signe un accord pour la construction de quatre lignes de tramway supplémentaires[5].
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+ Bologne est au cœur du réseau autoroutier du nord de l’Italie (A1, A13, A14).
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+ En ville, la circulation automobile était à ce point problématique que la municipalité l'a interdite dans la majeure partie du centre historique entre sept heures du matin et huit heures du soir, du dimanche au vendredi. Pour encourager les autres modes de transport, un système d'autopartage et de location de vélos a été mis à disposition des habitants, et des parkings de délestage avec accès aux transports en commun ont été aménagés en périphérie.
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+
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+ Bologne est sur le tracé de la plus importante ligne de chemin de fer italienne et est desservie grâce à la gare de Bologna Centrale. La ville est ainsi située à 56 min de Milan et 1 h 50 de Rome grâce aux trains circulant sur le réseau à grande vitesse italien.
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+
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+ La ville dispose d'un réseau de train de banlieue le Servizio ferroviario metropolitano di Bologna (it).
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81
+ La gare a été le théâtre d'un attentat sanglant lorsque le 2 août 1980, à 10 h 25, une bombe posée dans la salle d'attente explose. Cette explosion tue 85 personnes et en blesse plus de 200. Des membres d'un groupe d'extrême droite, le grand-maître de la loge maçonnique Propaganda Due, et deux officiers des services secrets militaires italiens furent condamnés pour l'attentat.
82
+
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+ L'aéroport Guglielmo Marconi (code AITA : BLQ), situé à 6 km de la ville, propose des vols nationaux et internationaux. En octobre 2015 commence la construction du Marconi Express, une ligne monorail reliant la gare centrale à l'aéroport.
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+
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+ En 1996, Bologne est la ville italienne avec le plus grand pourcentage de diplômés (environ 7,3 %).
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+ Bien que le football soit le sport roi en Italie, Bologne se caractérise par son basket. En effet la ville est surnommée « Basket City » (« la ville du Basket »), et elle doit cela à ses deux clubs de basket-ball : le Virtus Bologne et le Fortitudo Bologne. Ces deux équipes sont parmi les meilleures italiennes mais aussi européennes avec des victoires en Coupe d'Europe. La ville possède néanmoins un club de football, Bologne FC 1909, mais celui-ci, aujourd'hui, ne joue pas les premiers rôles. Il évolue actuellement en Serie A.
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+
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+ Anzola dell'Emilia, Calderara di Reno, Casalecchio di Reno, Castel Maggiore, Castenaso, Granarolo dell'Emilia, Pianoro, San Lazzaro di Savena, Sasso Marconi, Zola Predosa
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+ Habitants recensés
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+ Selon les données de l’Institut national de statistique (ISTAT) au 1er janvier 2011, la population étrangère résidente était de 48 466 personnes.
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+ Les principales nationalités étaient :
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+ Piazza maggiore.
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+ Basilique mineure Saint Petronius.
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+ Tour Asinelli.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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1
+ Anthophila
2
+
3
+ Clade
4
+
5
+ Les abeilles (Anthophila) forment un clade d'insectes hyménoptères de la superfamille des Apoïdes. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète[1] dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France[2]. En Europe, l'espèce la plus connue est Apis mellifera qui, comme la plupart des abeilles à miel, appartient au genre Apis. Cependant, la majorité des abeilles ne produit pas de miel, elles se nourrissent du nectar des fleurs. Une abeille d'hiver peut vivre jusqu'à 10 mois, tandis qu'une abeille d'été peut vivre jusqu'à 1 mois.
6
+
7
+ Les abeilles peuvent être classées selon leur mode de vie : abeilles domestiques ou sauvages, solitaires ou bien sociales, etc. Elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement, notamment leur alimentation. Les bourdons en revanche sont un groupe particulier d'abeilles[3],[4].
8
+
9
+ Les abeilles, et les autres espèces pollinisatrices, sont actuellement gravement menacées, avec un taux d'extinction qui est "de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale", selon l'ONU [5]. Lors de la "Journée mondiale des abeilles", le 20 mai 2019, l'ONU a détaillé les principales causes du déclin des pollinisateurs : l'utilisation de pesticides, la monoculture, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, le changement d'affectation des terres et la destruction des habitats[5].
10
+
11
+ Le mot abeille est attesté en français pour la première fois au XIVe siècle[6].
12
+
13
+ D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha [aˈβeʎo][6],[7], lui-même issu du latin ăpĭcŭla « petite abeille », diminutif d’apis « abeille »[8]. Cette forme est aussi attesté dans de nombreuses autres langues : l'arpitan avelye[9], le portugais abelha[10], le catalan abella[11], le castillan abeja[12], etc.
14
+
15
+ Il remplace un ancien terme d'oïl ef, puis é (pluriel es) issu directement du latin apis ; le terme de mouche-ep est aussi trouvé et eps employé par Montaigne. Au début du XIXe siècle l'Atlas linguistique de la France repère l'abeille encore sous le nom « é » dans quelques localités du nord, puis comme « mouche à miel » dans les deux tiers nord du domaine d'oïl (Bretagne « mouche à mièl », Normandie « mouque à mié », Ile-de-France, Picardie, Wallonie, Lorraine « mouche é mi », Bourgogne), « mouchette » dans la frange est (Lorraine orientale « mouchette, mohhâte », Franche-Comté du nord « môtchotte »), « abeille » dans le sud-ouest (Poitou, Saintonge « aboeille »), et « avette » dans le val inférieur de la Loire[13].
16
+
17
+ D'ailleurs, dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel, sauvage ou domestique »[14]. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le XIXe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche : « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le XXe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »[15]. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la Langue Française (1971-1994)[6], ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel[16].
18
+
19
+ Pourtant, parmi les insectes appelés « abeille » en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu ou pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en réduisant la définition de l'abeille à la « famille des Apidés », explique qu'elle vit en société et produit du miel.
20
+
21
+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[17] en français.
22
+
23
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
24
+
25
+ Les caractéristiques générales des abeilles sont celles des guêpes apoïdes, ce sont donc des insectes hyménoptères dont les adultes sont généralement velus et se nourrissent de nectar, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie. Par exemple, pour les abeilles à miel d'Europe, voir tout le genre Apis et principalement Apis mellifera.
26
+
27
+ L’histoire évolutive des insectes met en évidence que les premiers insectes apparaissent vers 400 Ma au Dévonien, les insectes volants vers 350 Ma au Carbonifère[34].
28
+
29
+ On ignore encore quel est l’ancêtre commun à tous les Apoïdes[1]. Les premières abeilles stricto sensu sont probablement apparues en même temps que les premières fleurs, c'est-à-dire il y a plus de 100 millions d’années, la flore terrestre étant auparavant dominée par les Gymnospermes[1]. Les études génétiques suggèrent que les abeilles proviennent, comme les fourmis, de la spécialisation de guêpes prédatrices de la famille des Crabronidés, le changement du comportement alimentaire pouvant s'expliquer par la consommation par ces guêpes de proies qui visitaient les fleurs et se couvraient de pollen[35]. Les premières abeilles ont probablement été solitaires et spécialistes (pollinisation d'un nombre défini de fleurs), certaines évoluant vers des formes sociales plus ou moins élaborées et devenant des pollinisateurs généralistes mais ces transitions instables font que certaines sont retournées vers un mode de vie solitaire[36].
30
+
31
+ On a retrouvé les plus anciens fossiles d'abeilles en inclusion dans de l'ambre. Ces abeilles appartiennent à des espèces et des genres à présent éteints. Le plus vieux fossile à ce jour est Melittosphex burmensis (en) : datée de 100 millions d'années, cette espèce minuscule découverte en 2006 en Birmanie avait des grains de pollen sur les pattes[37]. Sa découverte confirme l'origine commune des guêpes et des abeilles et l'ancienneté de la coévolution entre les « abeilles » et les Angiospermes (spécialisation dans la consommation de nectar et de pollen et rôle dans la pollinisation). Cette découverte suggère que les premières abeilles végétariennes ont émergé à partir d'ancêtres guêpes insectivores[38].
32
+ Le genre Electrapis vivait au Crétacé supérieur, il y a environ 70 millions d’années, dans l’actuelle région de la Baltique et avait une forme très proche de l'abeille à miel contemporaine[1].
33
+
34
+ Toutes les abeilles sont des insectes hyménoptères, végétariens et butineurs. Butiner signifie voler de fleur en fleur à la recherche de nourriture. L'abeille récolte ainsi dans la nature nectar, propolis, miellat et pollen. En butinant l'abeille assure également la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen permettant la reproduction des plantes.
35
+
36
+ Leur taille distingue les abeilles des guêpes, qui ont quant à elles la taille fine, en général moins de poils et leurs larves sont carnivores[39]. Les bourdons, qui semblent au premier abord plus ronds et généralement plus gros que d'autres espèces, sont tout de même un groupe spécifique d'abeilles (Bombus), bien que le nom vernaculaire d'abeille ne s'y réfère généralement pas. Le nom d'abeille est ainsi généralement accordé aux espèces dont l'aspect se rapproche de celui des mouches. Leurs quatre ailes reliées deux à deux différencient pourtant facilement les abeilles des mouches, notamment des syrphes, ces diptères également pollinisateurs qui arborent par mimétisme le costume rayé de la guêpe et parfois celui, plus poilu, des abeilles.
37
+
38
+ Selon les habitudes de vie des différentes espèces d'abeilles, on distingue plusieurs catégories d'abeilles : l'expression « abeille domestique » est l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera)[26] mais elle peut aussi être employée pour toute autre abeille domestiquée par l'Homme. Par opposition, on nomme « abeille sauvage » une abeille non domestiquée. L'expression « abeille sociale » désigne une espèce d'abeille vivant en colonie, sinon il s'agit d'une « abeille solitaire » constituant plutôt des agrégations (ou bourgades) de terriers individuels[40]. D'autres espèces sont des « abeilles parasites » ou « abeilles coucous » qui pratiquent le cleptoparasitisme.
39
+
40
+ Certaines abeilles transforment une partie de leur récolte en produits dérivés : miel, cire ou gelée royale. Ces produits sont stockés dans des nids plus ou moins élaborés : de simples galeries pour les espèces solitaires, des assemblages complexes de rayons de cire pour les espèces sociales. Les espèces qui en produisent en quantité significative sont appelées des « abeilles à miel ».
41
+
42
+ La taille et le poids des abeilles varient selon les espèces, leur taille va de 9 à 15 mm de long et elles peuvent peser de 60 à 80 mg.
43
+
44
+ Abeille européenne (Apis mellifera).
45
+
46
+ Abeille indienne (Apis cerana).
47
+
48
+ Abeille géante (Apis dorsata).
49
+
50
+ Abeille charpentière (ici Xylocopa violacea).
51
+
52
+ Abeille découpeuse de la luzerne (Megachile rotundata).
53
+
54
+ Abeille maçonne (ici Osmia cornuta).
55
+
56
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
57
+
58
+ La majorité des plus de 20 000 espèces d'abeilles[41] et des abeilles sauvages sont solitaires : elles ne fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle), les abeilles femelles construisant individuellement un petit nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou dans un arbre, coquille d'escargot, etc.)[42]. Certaines espèces, comme l’halicte (Halictus) ont cependant une vie communautaire, sans être eusociales[43]. Si les femelles ont parfois une même entrée de nid, elles construisent et s'occupent seules de leurs propres cellules et n'ont aucun contact avec leur descendance[44].
59
+
60
+ Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel[41]. Certaines espèces sont des « rubicoles » (au sens strict « qui habitent les ronces ») et nidifient dans des tiges de plantes à moelle. D'autres espèces sont des « xylicoles » qui utilisent des galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par des insectes xylophages. D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois de terre sèche ou dans le sol[43]. Chaque cellule, contenant une larve et du pain d'abeille, est scellée par un bouchon[44].
61
+
62
+ Une abeille maçonne (ici Osmia cornifrons) explorant une cavité.
63
+
64
+ Abeille solitaire (ici Dasypoda altercator).
65
+
66
+ Andrena vaga sur une feuille.
67
+
68
+ Ce sont des insectes solitaires qui pratiquent le cleptoparasitisme en parasitant les couvains d’autres espèces.
69
+
70
+ Les abeilles sociales forment des colonies, groupes d'abeilles vivant en société. La colonie est composée de trois castes :
71
+
72
+ Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle survit à la saison froide.
73
+
74
+ Un essaim[46] d'abeilles est un rassemblement en nombre important d'abeilles de la même famille. Quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine, on parle d'essaimage. Les abeilles évitent ainsi d'engendrer un super-organisme étouffant.
75
+
76
+ L'essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d'intelligence collective puisqu'il s'agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l'installation de la colonie par une danse dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné, et suffisamment explicite pour en indiquer la position. Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d'information et présentent de manière transparente et souvent simultanément leurs découvertes. Selon l'intensité de la communication, l'abeille découvreuse d'un site va recruter un nombre plus ou moins grand de nouvelles éclaireuses qui iront chacune le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles pourront à leur tour donner leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination[47].
77
+
78
+ L'expression « abeille à miel » ou « abeille mellifère » est un nom vernaculaire désignant en français des insectes sociaux parmi les abeilles qui produisent du miel en quantité significative mais, par métonymie, c'est aussi l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera).
79
+
80
+ Les abeilles à miel appartiennent majoritairement au genre Apis, de la sous-famille des Apinés, mais c'est Apis mellifera et, dans une moindre mesure, son homologue asiatique Apis cerana, l'espèce qui se prête le mieux à l'apiculture[48]. D'autres espèces produisent du miel mais pas en quantité suffisante pour mériter cette appellation.
81
+
82
+ Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera. Originaire d'Europe et d'Afrique, c'est en effet l'espèce la plus utilisée pour produire du miel. Elle a donné de nombreuses sous-espèces ainsi que de nombreux hybrides de ces sous-espèces, dont certains, comme l'abeille buckfast, sont obtenus par croisements au sein des élevages. Apis cerana est également exploitée dans certaines régions de l'Asie.
83
+
84
+ Les autres espèces du genre Apis (Apis florea, Apis dorsata, etc.) se trouvent uniquement à l'état sauvage.
85
+
86
+ Des abeilles de la tribu des Meliponini produisent également de petites quantités de miel. Le rendement des colonies d'abeilles en miel dépend aussi des végétaux à la disposition des butineuses, car les plantes à fleurs sont plus ou moins mellifères.
87
+
88
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
89
+
90
+ Vue dorsale des trois principales espèces.
91
+
92
+ Vue latérale des trois principales espèces.
93
+
94
+ Abeille à miel d'Europe et d'Afrique : Apis mellifera.
95
+
96
+ Favorite de l'apiculture en Europe, sous-espèce de la précédente, l'Abeille noire : Apis mellifera mellifera.
97
+
98
+ Abeille à miel asiatique : Apis cerana.
99
+
100
+ Abeilles à miel géantes : Apis dorsata.
101
+
102
+ Abeille à miel d'Amérique du Sud : Trigona spinipes.
103
+
104
+ Avant Linné, on ne connaissait comme abeille que la « mouche à miel ». Le père de la taxinomie moderne ajoute à cette abeille domestiquée d'autres espèces d'hyménoptères qui, comme elle, vivent de nectar et de pollen. En 1758 il les classe toutes dans un genre nommé Apis (abeille en latin)[49].
105
+
106
+ Les connaissances sur ces insectes progressant, un seul genre Apis se révèle bientôt insuffisant pour contenir toutes les nouvelles abeilles répertoriées. Avec les travaux de Kirby et Latreille, suivis par Schenk et Thomson, les classifications gagnent en précision : Apis ne conserve qu'un petit nombre d'espèces proches de l'abeille domestique et de nombreux autres genres sont créés. On distingue alors deux grands groupes d'abeilles : les abeilles à langue courte et les abeilles à langue longue. Ces dernières sont divisées à leur tour en abeilles solitaires ou abeilles sociales (les abeilles « vraies »). Plus d'une centaine de genres se répartissent à l'intérieur de ces grands groupes[50]. Les abeilles à langue longue sont considérées comme les plus évoluées. Les guêpes apoïdes (Sphecidae sensu lato) sont reconnues comme apparentées aux abeilles à langue courte[51].
107
+
108
+ À la fin du XIXe siècle sont reconnus comme portant le nom d'abeille « tous les hyménoptères dont la larve se nourrit de miel et de pollen, quels que soient d'ailleurs le genre de vie et les mœurs de l'adulte »[49].
109
+
110
+ Dans la classification classique, les abeilles font toutes partie de la superfamille des Apoïdes[27] créée en 1802 par Pierre-André Latreille et qui regroupe les abeilles et les guêpes apoïdes. Toutefois, la classification des abeilles est en constante évolution[52].
111
+
112
+ La classification classique est historiquement centrée sur l'abeille mellifère. Ceci aurait amené les entomologistes à considérer que les abeilles à langue longue formaient un groupe plus évolué que celui des abeilles à langue courte. Les premières classifications phylogénétiques ont maintenu cette hypothèse, en plaçant la famille des Colletidés (à langue courte) à la base de l'arbre phylogénétique des Apoïdes. Cependant, en 2007 des travaux d'analyse moléculaire démontrent que la langue courte des Colletidés n'est pas un caractère hérité des Sphecidés, mais découle d'une évolution parallèle. Ces conclusions bouleversent la classification classique et désignent la famille des melittidés comme la plus ancienne des familles d'abeilles[51].
113
+
114
+ Liste des familles actuelles selon Debevic et al. 2012[53] et Hedtke et al. 2013[54], en concordance avec ITIS[55]:
115
+
116
+ Note: Les Apidés et les Mégachilidés sont considérées comme les abeilles à langues longues, les autres familles à l'exception des Mélittidés sont considérées comme les abeilles à langues courtes.
117
+
118
+ Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[56] :
119
+
120
+ Ampulicidae (guêpes à blattes)
121
+
122
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 1
123
+
124
+ Sphecidae s.s. (guêpes fouisseuses)
125
+
126
+ Crabroninae
127
+
128
+ Bembicini
129
+
130
+ Astatinae et Nyssonini
131
+
132
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 2
133
+
134
+ Pemphredoninae et Philanthinae
135
+
136
+ Anthophila (abeilles)
137
+
138
+
139
+
140
+ Phylogénie des familles actuelles d'abeilles, d'après Hedtke et al., 2013 :[54]
141
+
142
+ Melittidae (avec l'abeille à culotte)
143
+
144
+ Apidae (abeilles sociales)
145
+
146
+ Megachilidae (abeilles découpeuses, abeilles maçonnes)
147
+
148
+ Andrenidae (abeilles des sables)
149
+
150
+ Halictidae (abeilles de la sueur)
151
+
152
+ Colletidae (abeilles à face jaune)
153
+
154
+ Stenotritidae
155
+
156
+ Toutes les abeilles peuvent jouer un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées. Toutefois on doit en général considérer que les abeilles domestiques des apiculteurs jouent un rôle supplétif perturbant la nature[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue : le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques[57]. Les plantes dont la pollinisation est favorisée par l'abeille sont dites mellitophiles. En effet, lorsque les abeilles récoltent des ressources alimentaires, elles se couvrent de pollen. Le pollen est le gamète mâle de la fleur. Elles butinent ensuite d'autres fleurs afin d'y récolter le nectar et se frottent alors contre les parties reproductrices des autres fleurs. Ainsi, le pollen déposé à la surface de la fleur colonise ses graines femelles[58]. Involontairement, les abeilles permettent donc le contact entre les gamètes mâles et femelles des différentes fleurs.
159
+
160
+ Les abeilles bénéficient également de la pollinisation car, en récoltant le nectar et pollen, elles constituent leurs réserves alimentaires. De plus, une grande densité de fleurs aux alentours de la ruche leur est bénéfique car cela minimise leur temps de recherche de nourriture.
161
+
162
+ Enfin, les populations humaines sont directement et indirectement dépendantes des fleurs pour un tiers de leur régime alimentaire[59]. L'absence des pollinisateurs indigènes naturels les plus répandus pourrait donc avoir des conséquences économiques, sociales et écologiques.
163
+
164
+ Or, on constate dans l'Hémisphère nord une baisse de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles[2],[60]. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l'origine de cette baisse de la population : parasites, champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique… Les produits phytosanitaires agricoles, les cultures d'OGM et la pollution électromagnétique sont également cités mais leur implication est de moins en moins controversée avec un consensus scientifique croissant sur le rôle dévastateur des insecticides[61]. En tant qu'animal bioindicateur, cette situation inquiète non seulement les apiculteurs, mais aussi de nombreux écologues, économistes et experts en raison de l'importance économique et écologique de l'abeille. En février 2010, l'Union européenne met en place le programme STEP afin de préciser les causes et les impacts de ce déclin et d'en assurer le suivi.
165
+
166
+ Un groupement d'apiculteurs et d'acteurs intéressés crée en 2011 le réseau européen Bee-Secured, pour la surveillance de l'environnement et de la biodiversité. En 2012, le réseau prend une dimension hors Europe.[réf. nécessaire]
167
+
168
+ La pollinisation par les insectes indigènes non domestiques est un enjeu important de l'écologie. En effet, les insectes sauvages permettent d'effectuer naturellement des fécondations croisées : l'ovule d'une plante reçoit le pollen d'une autre plante de la même espèce, cela permet de conserver une grande diversité génétique. Or, la diversité génétique permet d'éviter les dépressions de consanguinité et augmente la résilience de la population face aux perturbations environnementales et aux nouvelles maladies. Dans une population à grande diversité génétique, le risque d'extinction est beaucoup plus faible[62].
169
+
170
+ Le 16 avril 2014 les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi sur l'avenir de l'agriculture reconnaissant l'abeille comme « un bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques »[63].
171
+
172
+ En butinant d'un arbre à l'autre, les abeilles (Apis mellifera), ainsi que d'autres insectes pollinisateurs, contribuent à la diffusion de bactéries phytopathogènes, telles que Erwinia amylovora, agent pathogène du feu bactérien, maladie bactérienne grave qui affecte des arbres fruitiers de la sous-famille des Maloideae[64], ou Pseudomonas syringae, agent de diverses maladies du type chancre bactérien, notamment le chancre bactérien du kiwi, causé par le pathovar Pseudomonas syringae pv. actinidiae[65].
173
+ Du fait de leur intense activité de pollinisation, les abeilles sont un vecteur très efficace de transmission de ces bactéries. Toutefois, comme les bactéries ne peuvent survivre l'hiver dans les ruches, les abeilles ne peuvent en aucun cas être responsables d'une inoculation primaire, mais seulement d'inoculation secondaire, transmettant les bactéries de fleur en fleur[66],[67].
174
+ Selon une étude néo-zélandaise de 2014, Pseudomonas syringae, comme Erwinia amylovora, peut survivre et se propager au sein des ruches pendant un temps limité. Les auteurs appuient donc la recommandation d'une période de retrait minimum avant de transporter dans un verger sain des ruches provenant d'un verger contaminé[65].
175
+
176
+ L'abeille est la plus ancienne amie de l'homme, bien qu'apparue avant lui, il y a 45 millions d'années[68]!
177
+
178
+ Très tôt les humains ont pris conscience de leur intérêt à protéger, voire héberger ou même élever et, plus simplement, à observer les abeilles.
179
+ Outre leurs fonctions écosystémiques, les abeilles présentent une fonction économique importante.
180
+
181
+ Les substances produites par certaines abeilles – cire d'abeille, propolis, gelée royale, miels de différentes plantes et même leur venin – ont la réputation ancestrale d'être excellentes pour la santé.
182
+
183
+ Ce sont évidemment les abeilles à miel domestiquées qui en sont les meilleures pourvoyeuses.
184
+
185
+ À la différence des guêpes et des frelons, l'abeille n'est pas un prédateur et ne chasse pas pour se nourrir[69]. Une abeille en train de butiner est généralement inoffensive[70].
186
+
187
+ Cependant, les abeilles défendent leur nid et leurs routes aériennes des intrus. Les espèces prisées pour l'apiculture sont les plus tolérantes à cet égard. D'autres, comme l'abeille tueuse, hybride apparu au Brésil dans les années 1950, sont plus agressives à l'approche de leur nid[71] tandis que chez certaines espèces comme les mélipones, l'aiguillon, sous-développé, ne permet pas la piqûre : l'abeille se défend alors par une morsure urticante[72].
188
+
189
+ L'abeille utilise son dard cranté pour injecter du venin à son agresseur lorsqu'elle se trouve menacée. Cet aiguillon dentelé, dont seules les femelles sont pourvues, reste fiché dans la peau de la victime et est arraché de l'abdomen de l'abeille lorsque celle-ci s'éloigne. Il entraîne à sa suite une partie des organes internes de l'abeille, dont son sac à venin. Cette déchirure est presque toujours fatale à l'abeille piqueuse[73]. Mais l'abeille peut repartir indemne, si sa victime s'avère être un autre insecte, dépourvu de la peau épaisse des mammifères[73].
190
+
191
+ Une piqûre injecte en moyenne 50 à 140 µg de venin (contre 10 µg pour la guêpe qui possède un dard lisse mais peut piquer plusieurs fois), selon l'espèce d'abeille et le délai avant lequel l'aiguillon est retiré[74]. Même après le départ de l'abeille, les contractions réflexe des muscles arrachés continuent d'injecter le venin contenu dans le sac, une trentaine de secondes étant nécessaires pour vider celui-ci. Il faut donc éviter de le compresser en le retirant dans les secondes suivant la piqûre[74].
192
+
193
+ Sauf en cas d'intolérance, une unique piqûre est inoffensive pour l'homme (et pourrait même avoir parfois des effets bénéfiques notamment pour lutter contre la maladie de Parkinson). Toutefois, l'emplacement des piqûres, leur nombre ou une sensibilité allergique peuvent occasionner des décès en cas de choc anaphylactique[75].
194
+
195
+ En l'absence de données significatives, la dose létale médiane n'est pas établie avec certitude et oscille, selon les auteurs, entre 1,3 mg. kg−1[71] et 3,5 mg. kg−1[74] de venin. Le nombre de piqûres nécessaires pour atteindre ces doses, pour un adulte pesant entre 60 kg et 70 kg, varie selon les espèces et les estimations entre 600[73] et 1 750[74]. Seules les abeilles tueuses, au comportement extrêmement agressif, sont susceptibles de causer un si grand nombre de piqûres. En revanche, leur venin ne diffère pas sensiblement de celui des autres espèces d'Apis mellifera[71].
196
+
197
+ L'apiculture est la discipline liée à l'élevage des abeilles domestiques, l'éleveur étant un apiculteur.
198
+ Les abeilles d'élevage vivent dans une ruche, une structure artificielle faite à base de paille, de bois ou de plastique et destinée à abriter une colonie d'abeilles sociales butineuses. Un ensemble de ruches constitue un rucher.
199
+
200
+ L’osmiculture est la technique d’élevage local d’abeilles indigènes et solitaires qui nichent hors sol. L'osmiculteur fournit un environnement de nidification (nichoir d'abeilles) adapté à l’espèce, identifie et élimine les parasites qui s’incrustent dans cette population. Il ne gère pas de récolte car les abeilles indigènes pollinisent mais ne fabriquent pas de miel.
201
+
202
+
203
+
204
+ Métaphore de l’harmonie politique et sociale depuis l’Antiquité, l'abeille était censée symboliser, dans l'Égypte antique, la Basse-Égypte, le pharaon étant désigné comme étant « Celui des carex et de l'abeille » (les carex représentant la Haute-Égypte).
205
+
206
+ Le Coran porte un chapitre nommé « Les abeilles ». Sourate no 16 les abeilles, verset [68-69].
207
+
208
+ L'abeille a pu symboliser la résurrection et l'immortalité pour les Mérovingiens. Des représentations d'abeilles ont été retrouvées parmi les éléments funéraires de Childéric Ier[76].
209
+
210
+ En France, Napoléon Bonaparte a repris[77] – avec l’aigle, symbole de l’Empire carolingien – cet insecte industrieux et a remplacé par les abeilles impériales les fleurs de lys du semis des armoiries royales.
211
+
212
+ Dans les pays scandinaves, sur certaines tombes, l'abeille est un symbole utilisé pour représenter le caractère travailleur et industrieux de la personne décédée[78].
213
+
214
+ Dans la culture populaire, l'abeille fait majoritairement référence aux abeilles sociales à miel et en Occident à l'abeille domestique Apis mellifera.
215
+
216
+ Depuis les années 1970 avec une accélération depuis la fin des années 1990, de nombreuses espèces d'abeilles sont en forte régression (ou ont localement disparu) en raison, semble-t-il, de parasites, virus, champignons, bactéries, mais aussi de la dégradation des habitats (urbanisation, imperméabilisation des sols, débocagisation) et du réchauffement climatique qui a un impact sur la phénologie des plantes hôtes et des fleurs pollinisées. Or, ces abeilles ont une importance majeure pour la pollinisation de nombreuses espèces de fruits, légumes et céréales. Les impacts de l'usage croissant de certains pesticides et insecticides écotoxiques sont également suspectés depuis la fin des années 1990 d'avoir un lien avec le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles domestiques. Ce lien a été confirmé par deux études faites en milieu naturel (« conditions réalistes »), publiées par la revue Science en mars 2012, confirmant des impacts négatifs des néonicotinoïdes sur deux pollinisateurs essentiels, l'abeille domestique[79] et le bourdon commun. Présents par diffusion dans le nectar et le pollen des fleurs de cultures industrielles telles que le maïs et le colza, ils affectent le système nerveux des insectes[80]. Il ne s'agirait pas de la seule cause du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, mais il y participe et accélère la régression de ces pollinisateurs[81].
217
+
218
+ Dans l'Union européenne, le règlement (CE) no1107/2009 indique qu'"une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste n’est approuvé que s’il est établi, au terme d’une évaluation des risques appropriée sur la base de lignes directrices pour les essais adoptées au niveau communautaire ou au niveau international, que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active, ce phytoprotecteur ou ce synergiste, dans les conditions d’utilisation proposées n’aura pas d’effets inacceptables aigus ou chroniques sur la survie et le développement des colonies, compte tenu des effets sur les larves d’abeille et le comportement des abeilles"[82].
219
+
220
+ Le règlement de 2009 devait conduire à la refonte des tests de toxicité à réaliser sur les abeilles, avant la mise sur le marché d'un pesticide. L'EFSA, l'Autorité sanitaire européenne, a constaté en 2012 que ces tests étaient très insuffisants, les produits phytosanitaires étant mis sur le marché sans avoir été correctement évalués[83]. L'EFSA[84] a élaboré de nouveaux protocoles complets : Ces lignes directrices incluent l'évaluation de la toxicité chronique, les effets sur les larves, sur les abeilles sauvages et bourdons et non pas seulement les abeilles à miel, les différentes voies de contamination (eau, poussières...)[84].
221
+
222
+ Ce document guide a été publié en 2013, mais les États membres ne l'ont jamais adopté (entre 2013 et 2019, il a été inscrit à l’ordre du jour du Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed, ou SCoPAFF, une trentaine de fois). Depuis 2013, l’European Crop Protection Association (ECPA), l’association professionnelle des fabricants de pesticides, s'oppose fermement à la mise en application de ce document[83]. Les industriels de l’agrochimie ont adressé à l’exécutif européen de nombreuses lettres contre le document guide de l’EFSA.
223
+
224
+ Dans une tribune du 9 février 2019, l'eurodéputé Eric Andrieu, président de la commission spéciale du Parlement européen sur la procédure d’autorisation des pesticides par l’Union, écrit: "sous la pression incessante des lobbyistes des industriels de l’agrochimie, certains États demandent aujourd’hui à l’EFSA de réviser son document de 2013, qui n’a jamais été mis en œuvre. Et pour cause : selon l’industrie, 82 % des produits phytosanitaires seraient alors sur la sellette !"[85]
225
+
226
+ Les protocoles d’évaluation des pesticides sur les pollinisateurs se référent toujours à un texte de 2002, totalement obsolète selon les spécialistes. La toxicité chronique, cause importante de la mortalité des pollinisateurs, n'est pas évaluée, ni les effets délétères sur les espèces sauvages. "Pendant ce temps, le taux de mortalité des abeilles atteint les 80 % dans certaines régions de l’UE. Alors que les études montrent que l’utilisation de pesticides représente un risque réel pour les abeilles sauvages et les abeilles mellifères, les gouvernements des 28, en particulier les 16 États qui bloquent la proposition, doivent enfin prendre leurs responsabilités", estime Eric Andrieu, "Les chefs d’État doivent en finir avec leur hypocrisie sur la question des pesticides et cesser de dérouler le tapis rouge aux multinationales de l’agrochimie"[85]. Selon l'eurodéputé et Nicolas Laarman, de l'Ong Pollinis, « l’extinction en cours des abeilles et autres insectes pollinisateurs est un enjeu vital, et la réforme de notre système d’homologation des pesticides, une urgence absolue[86] ».
227
+
228
+ "En renonçant à la mise à jour des principes d’évaluation des risques des pesticides, la Commission européenne participe à la dégradation dramatique de l’environnement", écrit l'éditorialiste du journal Le Monde, le 27 août 2019[87].
229
+
230
+ Une étude française conduite par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avec le réseau des instituts des filières agricoles et végétales (ACTA), s’est basé sur le radiosuivi d’abeilles par micropuces (système RFID) identifiant 653 abeilles mellifères, et un comptage électronique des entrées/sorties de ruche.
231
+
232
+ Comme certains apiculteurs l'avaient pressenti ou observé, au moins l’un des néonicotinoïdes les plus utilisés perturbe l'orientation des abeilles ; le thiaméthoxame (matière active de produits commerciaux tels que le Cruiser, Flagship, Illium, Axoris[79]). 10 % à 31 % des abeilles ayant ingéré cette molécule, même à de très faibles doses, se sont montrées incapables de rejoindre leur ruche[79]. Or, la perte de repères est l’un des éléments du syndrome d'effondrement des colonies. Hors de la ruche, ces abeilles meurent trois fois plus que le taux normal[79].
233
+
234
+ Le projet « EPILOBEE » est la première surveillance épidémiologique de la mortalité des colonies d’abeilles domestiques en Europe. Au total, ce sont 31 832 colonies d’abeilles provenant de 3 284 ruchers qui ont été suivies entre l’automne 2012 et l’été 2013. Les premiers résultats provenant des 17 pays européens participants montrent une grande variabilité des taux de mortalité en fonction des zones géographiques en Europe. Les taux de mortalité hivernaux s’échelonnent suivant les pays de 3,5 % à 33,6 %. Les taux de mortalité des colonies pendant la saison apicole sont quant à eux plus faibles et sont compris entre 0,3 % et 13,6 %. En additionnant la mortalité hivernale à la mortalité de la saison apicole, c’est la Belgique qui arrive en tête de ce lugubre classement, avec un taux de mortalité de 42,5 %. Viennent ensuite le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %)[88].
235
+
236
+ Le nombre de ruches est un bon indicateur de la population d'abeilles domestiques. Au niveau mondial les chiffres sont soumis à beaucoup d'incertitudes, par contre les données de l'Union européenne sont plus fiable. Le rapport du CMO [89](Common Market Organisation) d'avril 2019 montre que le nombre de ruches est passé de 11.6 millions en 2004 à 17.5 millions en 2017. En France, d'après la Fédération ADA France[90] le nombre de ruches en 2017 était de 1.3 million, nombre similaire à celui de 1994 après une baisse entre 2010 et 2015 avec 1 million de ruches recensées . Étonnamment, ces chiffres, au niveau européen, sont en contradiction avec le syndrome d’effondrement des colonies. Malgré une forte mortalité le nombre de ruches en Europe continue de croitre ce qui est en adéquation avec la production européenne de miel qui était de 209 000 tonnes en 2017.
237
+
238
+ Le déclin des abeilles semble avoir pour cause principale l'usage des pesticides : Cuba, qui n'en utilise que très peu et dont l'agriculture est essentiellement biologique, est l'un des rares pays où les populations d'abeilles se sont maintenues à un niveau stable[91].
239
+
240
+ Depuis l'introduction des néonicotinoïdes, dans les années 1990, les trois quarts des insectes volants ont disparu d’Europe de l'Ouest[92]. Dans son livre Et le monde devint silencieux[93], le journaliste du Monde, Stéphane Foucart, raconte comment les entreprises de l’agrochimie ont tenté de faire croire que l’effondrement des pollinisateurs était un mystère, et n'était surtout pas lié à la mise sur le marché des insecticides néonicotinoïdes (une « stratégie du doute » calquée sur celle de l’industrie du tabac). Le journaliste analyse leurs méthodes pour infiltrer et financer des organisations scientifiques et des associations. Face à ces firmes, 70 scientifiques tentent de mener des recherches totalement indépendantes[92].
241
+
242
+ Dans la revue PLOS One, une étude[94] montre que « le paysage agricole américain est aujourd'hui 48 fois plus toxique qu'il ne l'était il y a 25 ans pour les abeilles et probablement d'autres insectes. Cette toxicité accrue est presque entièrement liée à l'usage des pesticides néonicotinoïdes. Parallèlement à cette montée en flèche de la toxicité, les populations d'abeilles, de papillons, d'autres pollinisateurs et même d'oiseaux ont quant à elle enregistré un déclin »[95].
243
+
244
+ En 2017, des chercheurs révèlent la disparition de 80 % des insectes volants en Allemagne en moins de trente ans, une situation qui est extrapolée à l’échelle de l’Europe[96]. En février 2019, des scientifiques publient dans Biological Conservation la synthèse de 73 études[97] : 40 % des populations d’insectes sont menacées d’extinction dans le monde, avec le risque d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels ». Les chercheurs considèrent l'agriculture conventionnelle, et ses pesticides, comme l'une des causes principales du déclin des insectes.
245
+
246
+ Une étude américaine publiée en septembre 2018 montre les dégâts du glyphosate sur les abeilles : cet herbicide altère leur flore intestinale, barrière contre de nombreux pathogènes[98]. Elles se retrouvent ensuite plus vulnérables aux bactéries (les abeilles contaminées au glyphosate ont eu une mortalité de 80 % après avoir été exposées à la bactérie Serratia marcescens). Le chercheur Jean-Marc Bonmatin, du CNRS, spécialiste des abeilles, explique que : « plus il y a de pesticides, plus les abeilles sont sensibles aux pathogènes », du fait d’une « perturbation de leur biologie »[99].
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+
248
+ En cas de manque de pollinisateurs, plusieurs conséquences directes peuvent être répertoriées.
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250
+ Premièrement, le rendement des cultures destinées à notre régime alimentaire serait considérablement amoindri. On estime que la pollinisation par les insectes contribue au rendement de 75 % des grandes cultures[100][réf. à confirmer]. Ceci entrainerait une hausse des prix des fruits et légumes.
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+ Deuxièmement, le nombre d'apiculteurs professionnels chuterait ainsi que l'économie liée à la vente de produits de la ruche.
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+ Troisièmement, l'augmentation des prix des fruits et légumes due au manque de pollinisateurs pourrait accentuer la tendance à la sous-consommation de ces produits, particulièrement pour les groupes sociaux à bas-revenu[101].
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+ Une première évaluation (liste rouge) a été publiée en 2015[102], faite par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour une partie des 1 960 espèces d’abeilles sauvages recensées en Europe : 9,2 % des espèces sauvages étudiées sont en voie d’extinction selon l'UICN et 5,2 % le seront dans un avenir proche. Plus précisément, 7,7 % (150 espèces) sont en déclin certain, 12,6 % (244 espèces) semblent plus ou moins stables et 0,7 % (soit 13 espèces) seraient en augmentation[102].
257
+
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+ La situation est peut-être plus grave, car alors que des phénomènes de perte de compétence (orientation, capacité à se nourrir) est constatée chez certaines espèces à des échelles nationales[103], pour plus de 79 % des espèces, une tendance n'a pu être évaluée et pour 56,7 % des espèces, leur statut de menace n'a pu être évalué faute de données scientifiques[102]. De plus, ce déclin est associé à une forte chute de la diversité génétique pour les espèces en déclin, mais l'UICN signale aussi que ce déclin contribue à la crise de la biodiversité avec en Europe près de 30 % des espèces d’abeilles menacées (en danger critique, en danger, vulnérables) qui sont endémiques au continent européen ou à une partie de ce continent (l’Europe abrite 10 % des espèces d'abeilles connues dans le monde, sur 7 % des habitats terrestres mondiaux)[102]. Diverses plantes (sauvages ou cultivées) ne peuvent être pollinisées que par une ou quelques espèces d'abeilles « spécialistes »[104] ; leur régression entraine donc aussi une perte de diversité végétale. De plus, selon les données les plus récentes, ce sont les abeilles sauvages qui assurent maintenant la plus grande part de la pollinisation (autrefois attribuée à l'abeille domestique)[105].
259
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260
+ L’intensification de l'agriculture (avec ses effets collatéraux tels que l'augmentation de l'utilisation de pesticides, néonicotinoïdes notamment[106], le drainage, le recul des prairies permanentes et du bocage) est pointée comme première menace via la destruction et pollution des habitats des abeilles sauvages[107]. Même dans des pays à l'environnement considéré comme relativement préservé comme la Suède, un effondrement de certaines espèces (de bourdons par exemple)[108],[109], est constaté.
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+ Bien des insectes pollinisateurs, comme des papillons et des bourdons, subissent le même déclin.
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+ Dans le monde, diverses initiatives sont nées à différents niveaux de collectivités (du local à l'international). Des plans visent à protéger les abeilles, ou parfois plus largement les pollinisateurs sauvages.
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+ En Europe, la France a lancé en 2015 un projet Plan national d'actions (PNA) « pour la préservation des abeilles et insectes pollinisateurs sauvages » dénommé « France, terre de pollinisateurs », qui comprend vingt actions pour cinq ans, dont l'une est que 20 % au moins du territoire soit concerné par des pratiques favorables aux pollinisateurs ; avec fauchage tardif et jachères fleuries sur les dépendances vertes des axes de transport ; une surface comparable à celle des parcs nationaux[110].
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+ La Wallonie en 2011 a produit un « Plan Maya »[111], intégré dans un projet plus général de renaturation « partout et par tous ».
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+ En juillet 2019, contre l’avis de ses propres experts et de la communauté scientifique, l'Union européenne renonce à agir en faveur de la protection des abeilles[83].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Dans la mythologie grecque, Aphrodite (en grec ancien : Ἀφροδίτη / Aphrodítê) est la déesse de l'Amour dans son acception la plus large[2].
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+ Sa fête principale, les Aphrodisies (en), était célébrée chaque année au milieu de l'été. En Laconie, Aphrodite était vénérée comme une déesse guerrière.
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+ Dans la mythologie grecque, Aphrodite est quelquefois mariée à Héphaïstos, dieu du feu, de la forge et de la métallurgie. Les légendes font également part de ses aventures avec de nombreux amants, dont notamment Arès, Dionysos et Hermès.
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+ Avec Athéna et Héra, Aphrodite est l'une des trois déesses dont la querelle entraîne le début de la guerre de Troie au cours de laquelle elle joue un rôle majeur.
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+ Plus tard, les Romains ont assimilé Aphrodite à la Vénus de la mythologie romaine.
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+ Aphrodite a été présentée dans l'art occidental comme un symbole de la beauté féminine et elle apparaît dans de nombreuses œuvres artistiques depuis la Renaissance jusqu'à nos jours.
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+ Déjà, les Grecs avaient posé la question de l'origine d'Aphrodite.
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+ Hérodote, avec les informations de l'époque, a avancé une origine orientale.
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+ De fait, elle correspond très probablement à la déesse Ishtar-Astarté, avec laquelle elle partage de nombreux traits : ce sont des divinités androgynes[a] ; Astarté est la « reine du ciel » alors qu'Aphrodite est dite « la céleste » (Ourania) ; leur culte comprend l'offrande d'encens et le sacrifice de colombes[5]. Par ailleurs, le nom d'Aphrodite n'a pas été retrouvé sur les tablettes de linéaire B, témoignages écrits de la civilisation mycénienne[6].
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+ Depuis le XIXe siècle, l'origine d'Aphrodite a fait l'objet de nombreuses études et controverses. L'opinion dominante la fait dériver de divinités du Moyen-Orient, que les Grecs auraient adoptées et transformées au cours du temps[7].
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+ Certains mythologues comparatifs ont affirmé qu'Aphrodite était un aspect de la déesse grecque de l'aube, Éos, et qu'elle résultait donc en définitive de la déesse de l'aube indo-européenne **h₂ewsṓs (grec Éos, latin Aurora, sanskrit Ushas). Deborah Dickmann Boedeker souligne ainsi que la désignation d'Aphrodite comme « fille de Zeus » ou, selon les traditions, d'Ouranos, rejoint celle de l'Aurore comme fille du Ciel dans la tradition indo-européenne[8]. La plupart des érudits modernes ont rejeté la notion d'une Aphrodite purement indo-européenne, mais il se peut que la notion indo-européenne d'une déesse de l'aube ait influencé celle de la divinité, à l'origine sémitique[9], Aphrodite, également réputée pour sa beauté érotique, sa sexualité agressive et ses relations avec des amants mortels[10].
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+ Michael Janda analyse le nom d'Aphrodite comme un épithète d'Éos signifiant « celle qui se lève de l'écume [de l'océan] » qui renvoie au récit théogonique d'Hésiode de la naissance d'Aphrodite en tant que réflexe archaïque du mythe indo-européen[11]. Jean Haudry l'interprète également comme signifiant « cheminant sur l'écume » ou « qui a l'éclat de l'écume »[12]. Le mythe d'Aphrodite émergeant des eaux après que Cronos a vaincu Ouranos, serait alors directement apparenté à celui d'Indra vainqueur de Vrtra et libérant Ushas, la déesse de l'aurore dans le Rig-Véda. Cette image héritée se retrouve dans son épiclèse d'Aphrodite Anadyomène « celle qui sort de l'eau »[12].
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+ A l'origine, déesse de l'Aurore, elle est devenue la déesse de l'amour sous toutes ses formes, incluant la prostitution, avec l'Aphrodite pórnē d'Abydos, l'Aphrodite hetaíra d'Athènes, ce rôle dérivant du mythe de l'Aurore qui s'unit à un mortel[12].
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+ Aphrodite apparaît pour la première fois dans Homère (Iliade, II, 819-821)[13] : « Les Dardaniens suivaient Enée, le noble fils d'Anchise, fruit des amours d'Anchise et de la divine Aphrodite, déesse unie à un mortel, sur les flancs de l'Ida. » Elle sera aussi citée dans l’Iliade aux vers III, 374-382; V, 130-132; 311-318; 329-430; XIV, 188-224; XIX, 282; XX, 4-40; 105; XXI, 385-520; XXII, 470-472; XXIII, 184-187…
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+ Elle est citée dans l’Odyssée[14] : VIII, 266-366; 306-320; 363.
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+ Aphrodite possède plusieurs légendes sur sa naissance.
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35
+ Dans les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, les plus anciennes œuvres littéraires grecques connues, Aphrodite naît de Zeus (Iliade, V, 131; 329-351; 418-430; XIV, 188-224; XX, 105; XXIII, 184-187)[13] et Dioné (Iliade, V, 348-417)[13] : « Lors Aphrodite tomba aux genoux de Dioné, sa mère, et celle-ci serra sa fille dans ses bras… » Dioné est une figure mal connue dont le nom, apparenté au nom de Zeus (Ζεύς, génitif Διός), suggère qu'elle était initialement sa parèdre[15].
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+ Dans la Théogonie d'Hésiode, une autre version de la naissance d'Aphrodite est donnée (vers 173-206) : Cronos vient de couper les bourses d'Ouranos. Il les jette « ensuite, au hasard, derrière lui. Ce ne fut pas pourtant un vain débris qui lors s'enfuit de sa main. Des éclaboussures sanglantes en avaient jailli; Gaia (Terre) les reçut toutes, et, avec le cours des années, elle en fit naître les puissantes Erinyes, et les grands Géants [...], et les Nymphes qu'on nomme Méliennes. Quant aux bourses, à peine les eut-il tranchées avec l'acier (adamanti, traduit quelquefois par « diamant » ; l'idée étant « matière très dure ») et jetées de la terre dans le flot (pontô) (ici écrit sans majuscule), qu'elles furent emportées au large, longtemps; et, tout autour, une blanche écume sortait du membre divin. De cette écume, une fille se forma, qui toucha d'abord à Cythère la divine, d'où elle fut ensuite à Chypre qu'entourent les flots; et c'est là que pris terre la belle et vénérée déesse qui faisait autour d'elle, sous ses pieds légers, croître le gazon et que les dieux aussi bien que les hommes appellent Aphrodite, [Le traducteur met des crochets au vers 196, indiquant par là qu'il s'agit vraisemblablement d'un ajout ultérieur au texte d'Hésiode : « déesse née de l'écume (aphrogenea), et aussi Cythérée au front couronné »], pour s'être formée d'une écume (aphrô), ou encore Cythérée, pour avoir aborder à Cythère, [Des crochets sont mis aux vers 199-200 : « ou Cyprogénéia, pour être née à Chypre battue des flots, ou encore Philommédée, pour être sortie des bourses. »]. Eros (Amour) et le bel Himéros (Désir), sans tarder, lui firent cortège, dès qu'elle fut née et se fut mise en route vers les dieux[19] ».
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+
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+ Traditions ultérieures :
40
+
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+ Aphrodite émergeant (4e siècle avant notre ère).
42
+
43
+ Aphrodite (1er quart du IVe siècle avant notre ère).
44
+
45
+ Aphrodite émergeant (fin du Ier siècle avant notre ère /début du Ier siècle avant notre ère).
46
+
47
+ Aphrodite.
48
+
49
+ Aphrodite Anadyomène (Pompeii, avant 79 de notre ère).
50
+
51
+ Le culte d'Aphrodite s'associe souvent à la sexualité, mais ce n'est pas la seule fonction de la déesse. Elle est en rapport avec les activités des jeunes filles en général[28].
52
+
53
+ Les détails du mythe de Thésée et ses amours avec Ariane montrent une Aphrodite impliquée dans la sexualité hors mariage, alors que dans l'Illiade, Zeus lui attribue « les charmantes œuvres du mariage ». Le culte athénien, ainsi que celui d'autres cités grecques, l'associe à la fécondité[29].
54
+
55
+ Les attributions d'Aphrodite ont pu évoluer selon les époques et les cités. À Sparte, où l'on contrôle plus rigoureusement la sexualité des jeunes filles, elle est associée à des divinités plus sévères[30].
56
+
57
+ À l'époque tardive, les auteurs tentent de séparer plus rigoureusement les attributions des divinités de l'Olympe, et celles d'Aphrodite se trouvent plus étroitement circonscrites. Cependant, en tous temps, ce sont surtout les jeunes filles et les femmes, plus que les hommes et les garçons, qui ont des devoirs envers la déesse.
58
+
59
+ La beauté féminine, précieuse aux jeunes filles en vue de leur mariage, aux femmes à qui elle facilite l'harmonie avec leurs époux, et aux courtisanes pour qui elle est une nécessité de leur commerce, se reflète dans les miroirs décorés de la figure d'Aphrodite, parfois offerts au temple de la déesse quand leurs propriétaires ont vieilli[31].
60
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61
+ Aphrodite possède de nombreuses épithètes qui reflètent les aspects de son culte. Dans d'autres épiclèses se retrouvent le type et les noms de ses lieux de culte et de ses sanctuaires.
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+ Selon Hérodote, c'était spécifiquement le culte d'Aphrodite Ourania (Ἀφροδίτη Οὐρανία / Aphrodítê Ouranía) « la céleste » qui avait été introduit à Chypre depuis l'Ascalon syrien. D'après Pausanias, le culte d'Ourania s'est d'abord installé à Paphos à Chypre. Par des épiclèses, l'épithète est attestée en Attique, à Corinthe (comme Πειθώ Οὐρανία / Peithṓ Ouranía) et à Panticapée en Crimée (Οὐρανία Ἀπατούρη Βοσπόρου μέδουσα / Ourania Apatoúrē Bospórou médousa).
64
+
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+ À Athènes, il existait « dans les jardins » (ν κήποις), qui se trouvaient probablement au bord de l'Ilissos[32], un temple d'Aphrodite Ourania, qui, sur un hermès, était décrite comme « la plus ancienne des Moires ». Il y avait aussi une statue importante de la déesse de la main d'Alcamène au même endroit. Un deuxième temple athénien d'Ourania a été trouvé près de Kerameikos et de la stoa du roi (Stoa Basileios) avec une statue de Phidias. Au Pirée se trouvait un temple d'Aphrodite Syría Ouranía (Συρία Οὐρανία).
66
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+ L'épithète de Pandémos (Πάνδημος / Pándêmos) « commun à tous, de tout le peuple » était liée à l'organisation politique de différentes communautés (voir dèmos). Aphrodite agissait comme la divinité de « l'entente civique et de l'harmonie ». La fondation du culte d'Aphrodite Pandémos à Athènes était attribuée à Thésée et considérée comme une conséquence de la réunion des Athéniens des dèmes en une seule cité. Aphrodite est ainsi « la déesse du peuple entier, le peuple souverain trouve en elle une protectrice attentive »[32].
68
+
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+ La Pandémos attique était aussi appelée epitragía (ἐπιτραγία « de la chèvre »). Selon Plutarque, elle avait acquis cette épithète d'un épisode de la vie de Thésée lorsque, sur la recommandation d'Apollon, le héros avait sacrifié une chèvre à Aphrodite avant de partir pour la Crète dans l'espoir qu'elle le guiderait dans son voyage. L'animal se serait soudainement transformé en bouc. Les victimes caprines étaient caractéristiques d'Aphrodite dans tout le pays.
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71
+ Aphrodite a également joué le rôle de déesse de la cité probablement à Cassope (en) en Épire et à Metropolis en Thessalie. Parfois, ses deux épiclèses apparaissaient côte à côte. Ainsi, les Thébains se vantaient de posséder trois tableaux archaïques en bois d'Aphrodite Ourania, Pandemos et Apostrophía (Ἀποστροφία « celle qui détourne »), qui auraient été donnés par Harmonie et créés à partir des figures de proue des navires des Cadmos.
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+ Diverses épithètes font également référence à la sphère de la mer et à la navigation : Pelagía (Πελαγία, voir sainte Pélagie)[b],[33], Pontía (Ποντία) « marine », Thalassía (Θαλασσία « celle de la mer » ), Eúploia (Εὔπλοια « celle qui accorde une bonne traversée, heureuse navigation », ainsi à Cnide) ou Limenía (Λιμενία « celle du refuge ») est appelée Aphrodite en tant que déesse née de l'écume et protectrice des navigateurs.
74
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+ L'un des temples les plus remarquables d'Aphrodite Pontia et Limenia est celui d'Hermione en Argolide, où se trouvait une impressionnante statue en marbre. Enfin et surtout, Thalassa « la mer » était la « mère » de la déesse de l'amour selon l'une des versions rapportant sa naissance ; elle-même était souvent vénérée avec Poséidon, en particulier en Argolide et en Arcadie, à Corinthe, Orchomène et à Patras.
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+ Homère (Iliade) ne donne aucune relation intime à Aphrodite.
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+ Concernant Héphaïstos, Homère (Iliade, XVIII, 380-383) ne donne que Charis comme épouse à Héphaïstos (au moment de la guerre de Troie). Dans Homère (Iliade, XX, 31-155), Aphrodite soutient les Troyens (avec Arès, Apollon Phoibos, Artémis, Léto et le fleuve Xanthe) alors qu'Héphaïstos soutient les Grecs (avec Héra, Pallas Athéna, Poséidon et Hermès)[13].
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+ L'union d'Aphrodite, ancienne déesse de l'Aurore, avec Héphaïstos qui est originellement un dieu du Feu, s'explique par le feu qu'on allume ou qu'on ranime le matin et le rite de la présentation de la jeune épouse au feu du foyer[36].
82
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+ Homère (Odyssée, VIII, 266-366) parle des amours d'Aphrodite et Arès : « L'aède, après quelques accords, commença un beau chant sur les amours d'Arès et d'Aphrodite couronnée. Ils s'unirent d'abord secrètement chez Héphaïstos; Arès l'avait gâtée, et c'est ainsi qu'il outragea la couche d'Héphaïstos. Mais ce dieu en fut informé par Hélios (Soleil), qui les avait surpris en pleine étreinte. Dès qu'Héphaïstos eut entendu ce récit douloureux, il courut dans sa forge [...] et y forgea d'épais et solides liens pour prendre les amants ». Héphaïstos installe son piège autour de sa couche et fait mine de partir pour Lemnos. Arès s'empresse alors de rejoindre Aphrodite dans le palais d'Héphaïstos. « Mais à peine couchés et endormis, l'astucieux réseau de l'habile Héphaïstos se referma sur eux, les empêchant de mouvoir et de soulever leurs membres ». Le dieu forgeron, une nouvelle fois averti par Hélios, revient. Ivre de rage, il alerte tous les dieux : « Zeus père, et vous autres aussi, éternels bienheureux ! venez ici voir un forfait monstrueux et grotesque ! Comme je suis boiteux, la fille de Zeus, Aphrodite, ne fait que m'outrager; elle aime le cruel Arès car il est séduisant et bien planté, tandis que moi je suis estropié. [...]. Mais mon réseau les tiendra prisonniers tant que je n'aurais pas reçu des mains de mon beau-père tous les présents que m'a coûtés sa fille aux yeux de chienne, cette fille si belle et pourtant si dévergondée ! À ces mots, les dieux accoururent [...]. Un rire inextinguible les saisit ». Apollon et Hermès plaisantent mais Poséidon supplie Héphaïstos de libérer Arès et se porte garant. Héphaïstos accepte et libère ses prisonniers. Arès s'envole vers la Thrace. Aphrodite rejoint son temple de Paphos de Chypre[37].
84
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+ Hésiode (Théogonie, 930-937) mentionne la descendance d'Aphrodite et Arès : « à Arès le pourfendeur, Cythérée (Aphrodite) donnait pour fils Phobos (Déroute) et Déimos (Panique), qui, terribles, bousculent les bataillons compacts des guerriers dans la guerre frissonnante, avec l'aide d'Arès destructeur, et aussi Harmonie, que l'ardent Cadmos se donna pour épouse »[19]. Paul Mazon, à propos de ce passage qui commence par la descendance de Poséidon, précise : « Poséidon est le seul des Cronides dont Hésiode n'ait pas encore mentionné la descendance. Il intercale donc ici son nom à côté de sa sœur, Héra; et il profite de cette digression pour revenir à Aphrodite, qui, par sa naissance, se rattache à la génération antérieure, puisqu'elle est une Ouranide, mais qui n'en fait pas moins partie du groupe des Olympiens »[19].
86
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+ D'Hermès, elle enfante Hermaphrodite[39], mi-homme mi-femme[d]. Pour Cicéron[40], qui ne fait pas mention d'Hermaphrodite, le seul fils d'Hermès et d'Aphrodite est Éros.
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+ De Dionysos, elle enfante Priape[41] (la paternité est attribuée alternativement à Zeus ou Adonis), Hyménaios, le dieu du chant nuptial (aussi dit né d'une des neuf Muses), et, selon l'Hymne orphique 54, l'Hermès chtonien ou infernal.
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91
+ Concernant les Charites, il y a plusieurs versions de leur généalogie : selon Hésiode et Pindare[42], elles sont les filles de Zeus et d'Eurynomé (ou d'Eunomie). Certaines traditions tardives en font plutôt les filles d'Hélios (le Soleil) et d'Églé, ou de Dionysos et d'Aphrodite (ou d'Héra)[réf. nécessaire].
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+ De Poséidon, elle enfante Rhodos[43].
94
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+ Hésiode (Théogonie, 985-991) donne Phaéthon comme le fils de la déesse Eos (Aurore) et de Céphale. Il dit : « [Eos] mis au monde un glorieux enfant, le puissant Phaéthon, tout pareil aux dieux. La tendre fleur d'une noble jeunesse était encore le lot du jeune enfant à l'âme fraîche, quand Aphrodite, qui aime les sourires, le ravit et s'en fut; et de lui elle a fait, en ses temples divins, un gardien des nuits du sanctuaire, un génie divin. »[19]. Le traducteur Paul Mazon précise que les passages allant du vers 965 à la fin de la Théogonie sont soupçonnés d'être des ajouts au texte d'Hésiode. En note, il ajoute « Phaéthon, qui est primitivement un des noms du Soleil, est ici le nom de l'Étoile du soir, c'est-à-dire de [la planète] Vénus. C'est pourquoi ce Phaéthon nous est décrit comme un génie nocturne, attaché à Aphrodite. »
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+ Adonis[44], né de Myrrha (métamorphosée en arbre à myrrhe)[45] sera l'objet d'une dispute entre Aphrodite et Perséphone. Zeus décidera de partager le temps d'Adonis entre les deux déesses : un tiers de l'année pour chacune et le troisième à son choix. Il le passera avec Aphrodite, jusqu'à ce qu'un sanglier le blesse mortellement.
98
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99
+ Priape passait parfois pour être né de cette union, de même que la nymphe et héroïne fondatrice Béroé, l'une des innombrables maîtresses de Dionysos (Nonnos de Panopolis, Dionysiaques, divers chants).
100
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101
+ La vengeance d'Aphrodite est terrible. Pour la vindicte, elle ne le cède en rien à Héra, mais si cette dernière ne poursuit les femmes que par jalousie, Aphrodite ne les frappe que lorsqu'elles la servent mal ou refusent de la servir, et les femmes sont alors tant ses victimes que ses instruments destinés aux hommes, plus rarement par jalousie, leur inspirant parfois des amours très difficiles :
102
+
103
+ Ses protégées ne sont guère mieux loties. Hélène se plaint amèrement de la faveur de la déesse : « Infortunée que je suis, lui dit-elle, te voilà encore à mes côtés, pleine de desseins perfides » !
104
+
105
+ Lorsque Zeus décide de créer Pandore, les dieux sont mis à contribution : Hésiode (Travaux, 59-68) : « Aphrodite d'or sur son front répandra la grâce, le douloureux désir, les soucis qui brisent les membres[46]...»
106
+
107
+ Pseudo-Apollodore (I, 9, §17) : « les Lemniennes ne rendaient aucun culte à Aphrodite ; la déesse, pour s'en venger, leur donna à toutes une si mauvaise odeur, que leurs maris ne pouvant en approcher, enlevèrent dans la Thrace, qui était voisine, des jeunes filles, et partagèrent leur lit avec elles. Irritées de ce mépris, les Lemniennes tuèrent leurs pères et leurs maris, à. l'exception de la seule Hypsipyle qui cacha Thoas son père[47]». Par la suite, les Argonautes abordent à Lemnos.
108
+
109
+ Le navire Argo et les Argonautes, sur le chemin du retour, passent près des Sirènes. Orphée, grâce à sa lyre, réussit à briser le charme de leur chant. Seul Boutès y succombe.
110
+
111
+ Avec le Troyen Anchise, elle enfante Énée[50], qu'elle protège dans les combats autour de Troie[12]. Elle l'aidera, lors de la chute de Troie, à emporter les Pénates de Troie jusqu'en Italie, avant d'obtenir pour lui l'Immortalité que lui accorde Zeus[51].
112
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+ La cause mythique de la guerre de Troie est essentiellement connue par Les Métamorphoses d'Ovide et Les Dialogues des dieux de Lucien de Samosate.
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+ Éris, la seule déesse à ne pas être invitée au mariage du roi Pélée et de la nymphe de la mer Thétis, jette par dépit une pomme d'or dans la salle du banquet avec l'inscription « À la plus belle ». Les déesses Héra, Athéna et Aphrodite se la disputent. Afin de se départager, elles demandent à Pâris, prince de Troie, d'être leur arbitre. Toutes les trois essaient de le corrompre : Héra lui promet la puissance royale, Athéna, la gloire militaire, et Aphrodite, la plus belle des femmes. Pâris choisit Aphrodite et demande en récompense Hélène de Troie, épouse du roi grec Ménélas. L'enlèvement d'Hélène par Pâris provoquera la guerre de Troie.
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+ Au cours de cette guerre, le héros grec Diomède blessera légèrement la déesse alors qu'elle porte secours à son fils Énée.
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+ La fête des Aphrodisies (en) (grec ancien: 'Αφροδίσια), était une fête annuelle. Elle avait lieu dans plusieurs villes de la Grèce antique, mais était particulièrement importante en Attique et sur l'île de Chypre, où Aphrodite a été célébrée avec une magnifique célébration. La fête avait lieu pendant le mois de Hekatombaion, que les érudits modernes reconnaissent comme s'étendant de la troisième semaine de juillet à la troisième semaine d'août du calendrier grégorien. Aphrodite était adorée dans la plupart des villes de Chypre, ainsi qu'à Cythère, Sparte, Thèbes, Délos et Élis, et son temple le plus ancien était à Paphos.
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+ Les sources textuelles mentionnent explicitement les fêtes des Aphrodisia à Corinthe et à Athènes, où les nombreuses prostituées qui résidaient dans la ville la célébrait comme un moyen d'adorer leur déesse patronne. La fête d'Aphrodisia a été l'une des cérémonies les plus importantes à Délos, bien que nous ne sachions pas grand-chose sur les détails de la célébration. Les inscriptions indiquent simplement que le festival exigeait l'achat de cordes, de torches et de bois, qui étaient des dépenses habituelles de tous les festivals de l'île[52].
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+ Aphrodite est particulièrement vénérée en Asie Mineure.
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+ La Vénus du Capitole, l'une des meilleures copies du type de l'Aphrodite de Cnide.
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+ Aphrodite est aussi appelée Cythérée.
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+ Sanctuaire d'Aphrodite.
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+ A Athènes, on peut voir l'autel d'Aphrodite Ourania.
132
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133
+ Aphrodite possède deux sanctuaires au Pirée, au bord du port de Kantharos, l'un attribué à Thémistocle, l'autre à Conon qu'il « fit bâtir après la victoire navale qu'il remporta sur les Lacédémoniens, vers Cnide, dans la Chersonèse de Carie »[65],[66].
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+
135
+ pseudo-Orphée (Hymnes orphiques, 43, Parfum de Liknitès — La Manne)[25]:
136
+
137
+ pseudo-Orphée (Hymnes orphiques, 52, Parfum d'Aphrodite)[25]:
138
+
139
+ pseudo-Orphée (Hymnes orphiques, 54, Parfum de Hermès souterrain — Le Styrax)[25]:
140
+
141
+ Dans le Banquet de Platon[72], la discussion s'engage entre Socrate et ses proches. L'un d'eux, Pausanias, déclare « Tout le monde sait bien qu'Amour est inséparable d'Aphrodite. Ceci posé, si Aphrodite était unique, unique aussi serait Amour. Mais puisqu'il y a deux Aphrodite, forcément il y a aussi deux Amours. Or, comment nier ici l'existence de deux déesses ? L'une, sans doute la plus ancienne, qui n'a point de mère et est fille de Ciel, est celle que nous nommons Ourania (Céleste). Mais il y en a une autre, moins ancienne, qui est fille de Zeus et de Dioné, celle-là même que nous appelons Pandémos (Commune, Vulgaire) ». Notons que Platon, afin de bien hiérarchiser les deux Aphrodite, va commettre l'erreur (volontaire ou non) de faire de la version d'Homère (Aphrodite, fille de Zeus et de Dioné) la plus récente, et de la version d'Hésiode (Aphrodite, fille du Ciel) la plus ancienne. Platon oublie aussi de mentionner ses sources Homère et Hésiode. Les historiens modernes placent Homère au -IX/VIIIe siècle, et Hésiode au -VIII/-VIIe siècle. Platon, quant a lui, a vécu de -428/427 à -348/347. Par la suite, Pausanias décrit les deux formes d'amour. L'Aphrodite vulgaire est la moins morale. Elle dirige ceux dont les « visées vont uniquement à l'accomplisement de l'acte ». Ces derniers « ne s'inquiètent pas que ce soit ou non de belle façon ». L'Aphrodite céleste, en revanche, est la plus élevée. Elle inspire les amitiés viriles.
142
+
143
+ Xénophon (-430 à -355 / disciple de Socrate), dans son Banquet, parle également d'une Aphrodite vulgaire (Pandêmos) et d'une Aphrodite céleste (Ourania). La discussion réunit Socrate et plusieurs de ses proches (Charmide, Critobule, Nicératus, Hermogène, Antisthène, Callias). Socrate dit : « N’y a-t-il qu’une seule Aphrodite ou bien deux, l'Aphrodite Ourania et l'Aphrodite Pandémos ? Je l’ignore : car Zeus, qui sans doute est seul, a lui-même tant de noms ! Mais ont-elles leurs autels et leurs temples distincts ? offre-t-on à l'Aphrodite Pandémos des sacrifices moins relevés, et à l'Aphrodite Ourania des offrandes plus chastes ? C’est ce que je n’ignore point. Et l’on peut croire que l'Aphrodite Pandémos inspire les amours du corps, tandis que l'Aphrodite Ourania des offrandes plus chastes ? C’est ce que je n’ignore point. Et l’on peut croire que l'Aphrodite Pandémos inspire les amours du corps, tandis que l'Aphrodite Ourania inspire l’union des âmes, l’amitié, les actes généreux[73]. »
144
+
145
+ Pour Vinciane Pirenne-Delforge, malgré le succès que cette conception intellectuelle a eu dans son interprétation populaire, les deux épiclèses de la déesse ne la divisait pas en figures divines aussi antagonistes. S'il existe des différences entre les cultes d'Aphrodite Ourania et d'Aphrodite Pandémos, elles ne justifient en aucun cas cette opposition irréductible imaginée par Platon et Xénophon[32].
146
+
147
+ Aphrodite est la seule déesse qui soit souvent représentée nue dans l'Antiquité. La représentation d'Aphrodite nue apparaît au VIe siècle av. J.-C., et est encore très rare au cinquième[74].
148
+
149
+ Vers 460 av. J.-C., Les vases attiques à figures rouges figurent la naissance d'Aphrodite. Elle entraîne à sa suite Éros et des divinités allégoriques comme Péitho (la Persuasion), Pothos ou Himéros (le Désir). Elle est aussi souvent accompagnée des nymphes, des Heures, des Charites, des Tritons et des Néréides.
150
+
151
+ Le type de l'Aphrodite anadyomène, surprise sortant de l'eau, quelquefois avec son fils Éros date du Ve siècle av. J.-C.[74]. La variante dite Aphrodite Pudique apparaît vers 330 av. J.-C.
152
+
153
+ La statue d'Aphrodite (retrouvée en 1820 sur l'île de Milos et baptisée improprement Vénus de Milo à l'époque) représente un type plus récent (période hellénistique, vers 150-130 av. J.-C.). Le torse seul est nu, une draperie suggère la forme des membres inférieurs (avec un fort contrapposto). La Vénus d'Arles illustre aussi cette représentation.
154
+
155
+ Il existe aussi des effigies d'Aphrodite courotrophe (avec un enfant dans les bras)[75].
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+ Aphrodite sur son cygne, médaillon d'un kylix à fond blanc du Peintre de Pistoxénos, vers 460 av. J.-C., British Museum.
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+ Vénus Aphrodite (Pompeii, 1er siècle).
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161
+ Aphrodite accroupie. Broderie en lin et laine. Egypte copte, IIIe-IVe siècle.
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+ Aphrodite-Vénus a fait, depuis la Renaissance, l'objet d'un grand intérêt, avec de nombreuses interprétations artistiques.
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+ Le Jugement de Pâris,Albâtre sur plaque de bois, vers 1535 (Bode-Museum, Berlin)
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+ Héphaïstos s’apprêtant à attraper Arès et Aphrodite dans un filet.
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+ Raphaël Mengs, Le Jugement de Pâris, 1757, musée de l'Ermitage
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+ William-Adolphe Bouguereau, La naissance de Vénus, 1879
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+ L’actrice Lex King interprète Aphrodite dans la mini-série de 2018, Troie : La Chute d'une cité, qui commence au moment où le prince troyen Pâris choisit de lui donner la pomme de discorde[76].
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+ Mumbai
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+ Bombay ou Mumbai[2] (marathi : मुंबई (mumbaī)) est la capitale de l'État indien du Maharashtra. La métropole compte 12 478 447 habitants en 2011[3]. Ville d'Inde la plus peuplée, elle forme avec ses villes satellites de Navi Mumbai, Bhiwandi, Kalyan, Ulhasnagar et Thane, une agglomération de 18 414 288 habitants[4], soit la cinquième plus peuplée au monde.
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+ Bombay est la capitale commerciale de l'Inde. Elle produit 5 % du PIB[5] et son activité représente 25 % de la production industrielle, 40 % du commerce maritime et 70 % des transactions de capitaux de l'économie indienne. Mumbai compte parmi les dix plus importantes plates-formes financières mondiales par l'importance des flux de capitaux[6] ; elle abrite la Banque de réserve indienne, la Bourse de Bombay, la Bourse nationale d'Inde et les sièges sociaux de nombreuses sociétés indiennes et multinationales. L’importance économique de Mumbai ainsi que son haut niveau de vie en comparaison avec le reste de l’Inde attirent des migrants de toutes les régions du pays, qui assurent à la ville une intense diversité sociale et culturelle.
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9
+ Bombay abrite en outre une des plus grandes industries cinématographiques du monde et la plus grande du cinéma indien, appelée Bollywood.
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+ La ville a été connue sous différents noms suivant les langues et les époques. La ville a porté le nom de Bombay officiellement jusqu'en 1995 et s'appelle depuis Mumbai[2].
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+
13
+ Lorsque les Portugais s'approprièrent les îles de Bahadur Shah en 1534, le premier gouverneur aurait utilisé le terme de « Bom Bahia » (« la bonne baie ») pour décrire la péninsule et la sécurité qu'apporte le port[7]. Ce nom a évolué en « Bombais » qui est utilisé aujourd'hui en portugais moderne.
14
+
15
+ D'autres sources, notamment le lexicographe portugais Jose Pedro Machado, rejettent l'hypothèse de « Bom Bahia » au profit d'une corruption progressive du nom marathi de « Maiambu » (comparable à l'actuel Mumbai) en Mombaim, puis Bombaim, au cours du XVIe siècle, l'étymologie couramment admise n'étant qu'une reconstruction postérieure[8].
16
+
17
+ Lors de la colonisation par les Britanniques, ce nom a été anglicisé en « Bombay » bien que « Mumbai » ou « Mambai » soient restés en usage en marathi et en gujarati, et « Bambai » en hindi et en ourdou[9].
18
+
19
+ En 1995, sous l'impulsion du Shiv Sena, parti régionaliste marathi parvenu à la tête de la municipalité, les autorités locales décident de renommer Bombay en Mumbai[10] afin de démarquer la ville de son passé colonial[11]. Ce changement de nom a, conformément à la loi indienne, été avalisé par le Gouvernement central alors dominé par le Congrès, mais menacé de défaite aux élections toutes proches[12]. Le nouveau nom n'a toutefois pas été repris par toutes les institutions de la ville (notamment par la Bourse[13] et la Haute Cour[14]), ce qui provoque des tensions avec les partisans du Shiv Sena[15].
20
+
21
+ Ce nom, « Mumbai », provient de la contraction de « Mamba » ou « Maha-Amba », nom de la déesse hindoue Mumbadevi (en) qu'auraient jadis vénérés les habitants des lieux et de « Aai », « mère » en marathi, la langue régionale[16].
22
+
23
+ En français, Bombay reste d'usage plus courant[17].
24
+
25
+ Des objets découverts dans le faubourg nord de Kandivali indiquent que le site de Bombay était occupé dès l'âge de pierre. Les preuves formelles d'une occupation humaine permanente remontèrent à 250 av. J.-C. Ptolémée mentionne Heptanesia, « les sept îles », et le petit port de Thana commerçait avec l'Arabie et l'Égypte[réf. nécessaire]. Les îles appartiennent alors à l'Empire Maurya, dirigé par le bouddhiste Ashoka.
26
+
27
+ Durant les siècles suivants, les Kshatrapas occidentaux indo-scythes et l'Empire Satavahana se disputent le contrôle de Bombay. Entre le IXe siècle et 1343, la région fut dominée par la dynastie des Silhara, qui succombent finalement aux conquêtes des sultans musulmans du Gujarat. Les plus anciens monuments de l'archipel, telle l'île d'Éléphanta ou les temples de Walkeshwar remontent à l'époque des Silhara.
28
+
29
+ En 1534, Bahadur Shah du Gujarat est forcé de céder les îles aux Portugais, qui nomment la zone « Bom Bahia », « la bonne baie ». Ils en restent maîtres jusqu'en 1661, lorsqu'elle passe sous contrôle anglais comme partie de la dot de l'Infante Catherine de Bragance, donnée en mariage à Charles II d'Angleterre[18]. Enfin, en 1668, ce dernier accorde la location des îles, pour dix £ivres par an, à la Compagnie anglaise des Indes orientales, qui obtient ainsi un excellent port sur la côte ouest de l'Inde. La population augmente rapidement, de 10 000 habitants en 1661 à 60 000 en 1675 et, en 1687, la Compagnie y transfère son quartier général, depuis Surate, pour profiter du meilleur mouillage. La ville accueille enfin le siège de la présidence de Bombay, l'une des trois subdivisions de l'Inde britannique. La Compagnie en conserve le contrôle jusqu'en 1857 : après la révolte des Cipayes, la couronne britannique prend en charge l'administration de toutes ses dépendances indiennes.
30
+
31
+ À partir de 1817, la ville est remodelée par de grands projets de génie civil. L'objectif de fusionner les sept îles (projet Hornby Vellard) en un ensemble d'environ 435 km2 est atteint vers 1845. En 1853, la première liaison ferroviaire de l'Inde est mise en service entre Bombay et Thane. La guerre de Sécession américaine (1861-1865) fait de Bombay le premier marché cotonnier du monde : un boom économique s'ensuit, qui renchérit l'importance nationale de la ville. Enfin, l'ouverture du canal de Suez, en 1869, permet à Bombay de devenir l'un des plus importants ports de l'Asie.
32
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33
+ En trois décennies, la ville se transforme considérablement : la jeune métropole se dote de nouvelles infrastructures, les principales institutions reçoivent de nouveaux bâtiments. En 1906, la population atteint le million, faisant de Bombay la deuxième ville d'Inde, derrière Calcutta. Siège de Présidence coloniale, Bombay est aussi l’un des grands centres du mouvement pour l'indépendance. C'est de là qu'en 1942, Gandhi lance le mouvement Quit India.
34
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35
+ Lors de l'Indépendance, en 1947, Bombay devient la capitale de l'État de Bombay. Les limites de la ville sont élargies pour la dernière fois en 1950 par incorporation d'une part importante de l'île de Salsette. À partir de 1955, à la suite de la partition de l'État de Bombay entre Gujarat et Maharashtra, une polémique éclate quant au statut de Bombay. L'élite économique, issue majoritairement du Gujarat, plaide pour un statut de cité-État autonome, distinct de l'État marathe. Les partisans de ce dernier, rassemblés dans le Mouvement Samyukta Maharashtra, exigent que Bombay soit leur capitale. Après des émeutes où 105 personnes trouvent la mort sous les balles de la police, Bombay devint finalement, le 1er mai 1960, la capitale du Maharashtra.
36
+
37
+ En 1986, la ville dépasse Calcutta en nombre d'habitants. Bombay a toujours été une ville d'immigration, sa culture unique résulte de la cohabitation de nombreuses communautés originaires de toutes les régions de l'Inde, sans oublier de nombreux étrangers. Ce caractère est mis à mal par les émeutes de 1992-1993 entre groupes religieux. Le 12 mars 1993, c'est la mafia locale qui s'attaque à la population, par l'explosion simultanée de treize bombes, qui font plus de 250 morts. En 2006 encore, une série d'attentats fait plus de 200 victimes. Les relations entre hindous et musulmans restent depuis lors tendues, s'ajoutant aux anciennes tensions entre Marathes et locuteurs de hindi, originaires d'Inde du Nord[19].
38
+
39
+ Le 26 novembre 2008, une série d'attaques fait au moins 195 morts et des centaines de blessés. Plusieurs hôtels de luxe accueillant des Occidentaux, la gare centrale, un restaurant de luxe et le centre communautaire juif Loubavitch sont les cibles simultanées des assaillants, munis d'armes automatiques et de grenades[20],[21].
40
+
41
+ Bombay est située dans le Sud-Ouest de l'Inde, à l'embouchure du fleuve Ulhas, sur la côte occidentale du pays, appelée à cette latitude côte de Konkan. La ville, qui borde la mer d'Arabie, s'est développée sur l'île de Salsette, dont la partie nord appartient au district de Thane. L'altitude de la ville est proche du niveau de la mer, de dix à quinze mètres en moyenne. Le Nord de la ville, plus accidenté, abrite son point culminant, à 450 mètres[22]. La superficie de la ville est de 603 km2.
42
+
43
+ Le parc national de Sanjay Gandhi, à l'intérieur des limites de la ville, occupe près d'un sixième de sa superficie. Il abrite, à proximité de zones urbaines très denses, de nombreux animaux sauvages, dont des léopards, responsables d'attaques parfois mortelles[23].
44
+
45
+ L'approvisionnement en eau est assuré par six lacs : Vihar, Vaitarna, Upper Vaitarna, Tulsi, Tansa et Powai, auxquels s'ajoute le barrage de Bhatsa. Les lacs de Tulsi et Vihar se trouvent dans les limites du parc Sanjay Gandhi. Les eaux du lac Powai s'écoulent par la rivière Mithi, tristement célèbre pour son degré de pollution. Le rivage maritime se caractérise par une abondance de criques et de baies. Le rivage ouest est surtout sableux et rocheux tandis que la côte est de Salsette abonde en marais à mangroves riches en biodiversité.
46
+
47
+ Les sols de la ville même sont majoritairement sablonneux, du fait de la proximité de la mer ; dans les banlieues, les sols, alluviaux, sont plus fertiles. Le sous-sol de la région est caractéristique des trapps du Deccan, d'immenses coulées de basalte volcanique remontant au Crétacé supérieur et à l'Éocène inférieur. Bombay est situé dans une zone sismique active[24] du fait de la présence de nombreuses failles à proximité. La région est classée en Zone III quant au danger : un séisme d'une magnitude de 6,5 peut y survenir[réf. nécessaire].
48
+
49
+ Bombay est très fortement exposée à la montée des eaux sous l’effet du réchauffement climatique. Selon l’étude mondiale publiée en octobre 2019 par l’organisation scientifique Climate Central, plus des trois quarts de l’agglomération devraient être engloutis dans les trente ans qui viennent. Seules quelques collines huppées du sud de la ville resteraient émergées, ainsi que des banlieues éloignées[25].
50
+
51
+ Située dans la zone tropicale, sur les rives de la mer d'Arabie, Bombay connaît un climat à deux saisons, sèche et humide. Le climat de Mumbai est classé Aw selon la classification de Köppen[26], l'hiver étant la saison sèche (entre novembre et février). Elle se caractérise par des températures moyennes à chaudes, hormis parfois quelques jours de vent de nord plus froids en décembre ou juillet.
52
+
53
+ La saison humide, entre juin et septembre, est elle particulièrement chaude. Mumbai se trouve sur la trajectoire de la mousson qui peut provoquer des inondations meurtrières. La ville fut ainsi paralysée par les précipitations record du 24 juillet 2005 (944,2 mm). Ces pluies diluviennes causèrent la mort de plus de cinq mille personnes dans tout l'État du Maharashtra. Le seul quartier d'Andheri subit environ mille victimes dans un unique glissement de terrain.
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55
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56
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57
+ Bombay est la capitale économique, financière et la ville la plus peuplée de l’Inde. Son importance dans la vie économique nationale est cruciale : elle fournit 10 % des emplois industriels, 40 % de l'impôt sur le revenu, 20 % des droits d'accise nationaux, 60 % des droits de douane, 40 % du commerce extérieur y transite, enfin elle rapporte au budget indien près de 40 milliards de roupies (environ 600 millions d'euros) d'impôt sur les sociétés. Le revenu par habitant, à 1 000 $ par an, y est le triple de la moyenne nationale.
58
+
59
+ Bombay accueille les sièges des deux bourses indiennes : la Bombay Stock Exchange (BSE) et la National Stock Exchange (NSE)[27], ainsi que les sièges de la Reserve Bank of India, ainsi qu'un grand nombre de banque indienne. En dehors de la finance, les activités économiques principales, outre le cinéma, sont la chimie, le textile et la pêche. La ville héberge également les bureaux et le siège social du groupe industriel indien Tata.
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+ La très forte population de la ville présente certains problèmes, ainsi on y manque d'eau et d'électricité et leurs accès sont parfois coupés dans les quartiers commerciaux. À Bombay, les pauvres des bidonvilles vivent parfois tout près des riches dans leurs grands immeubles d'habitation. Le centre de la ville abrite aussi Dharavi, le plus grand bidonville d'Asie.
62
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63
+ Selon le recensement de 2011, la population de la ville de Bombay s’élève à 12 478 447 habitants, l'aire urbaine en compte 20 748 395[28]. La densité de population est estimée à 22 000 hab/km2. Le taux d'alphabétisation de la ville est de 82 %, supérieur à la moyenne nationale[28]. Plus de 50 % de l'accroissement démographique résulte de migrations depuis d'autres régions : plus d'un million de personnes entre 1991 et 2001[29], mais Tokyo restera la ville la plus peuplée du monde d’ici 2020[30].
64
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65
+ Aucune métropole indienne n'a une population aussi polyglotte que Bombay. Le marathi, langue officielle du Maharashtra, est largement parlé, tout comme le hindi, le gujarati et l'anglais. Un dialecte original, le bambaiya — mélange de marathi, de hindi et d'anglais d'Inde — est courant dans la rue. L'anglais reste la langue principale de la vie économique et des employés de bureau.
66
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67
+ Bombay souffre des problèmes des grandes métropoles de pays en voie de développement : pauvreté et chômage de masse, santé publique et système d'éducation inadéquats pour une part importante de la population. Les espaces constructibles étant rares, les logements sont chers, et les habitants demeurent généralement loin de leur lieu de travail, ce qui entraîne de longs trajets par des transports en commun ou un système routier saturés. L’explosion démographique pèse énormément sur les équipements, les infrastructures et les transports de la ville. La moitié de la population de Bombay vit dans un bidonville[31]. Celui de Dharavi, le deuxième plus peuplé d'Asie, compterait entre sept cent mille et plus d'un million d'habitants[32]. 27 577 crimes ont été relevés en 2004, contre 30 991 en 2001, une baisse de 17 %.
68
+
69
+ Les religions présentes à Bombay sont l'hindouisme (67,4 % de la population), l'islam (18,6 %), le bouddhisme (5,22 %) le christianisme (4,2 %). S'y ajoutent des jaïnes, sikhs ainsi que des parsis et des juifs[34].
70
+
71
+ Bombay a le statut de corporation municipale. L'administration de la ville est confiée à la Corporation municipale du Grand Mumbai (Brihanmumbai Municipal Corporation ou BMC), qui constitue la plus riche administration municipale d'Inde. Le conseil de la Corporation est élue au suffrage universel direct et compte 227 conseillers. Le maire, un poste largement honorifique, est élu par le conseil.
72
+
73
+ La BMC est dirigée par un commissaire municipal, un agent de la Fonction publique administrative indienne.
74
+
75
+ Bombay est jumelée avec
76
+
77
+ La plupart des habitants de Bombay utilisent les transports publics pour se déplacer vers leur lieu de travail. Cela est dû, outre le faible taux d'équipement automobile des ménages, au déficit de stationnement public, et à l'état du réseau routier, notamment durant la mousson, cause d'embouteillages massifs. Le système de transport en commun de Mumbai comprend le chemin de fer suburbain de Bombay, le métro de Bombay, le monorail de Bombay, les bus et ferries BEST (Brihanmumbai Electric Supply and Transport), auxquels il faut ajouter taxis et autorickshaws.
78
+
79
+ Le chemin de fer suburbain de Bombay est la colonne vertébrale du système de transport en commun de Mumbai. Il est composé de quatre lignes, dont trois sont orientées comme l'agglomération, nord-sud et il est desservi par des rames automotrices alimentées par caténaire. Avec 7,5 millions de passagers quotidiens, il constitue un des systèmes de transport les plus fréquentés du monde.
80
+
81
+ Le métro de Bombay est en construction. Une première ligne d'une longueur de 11,4 km et comprenant 12 stations et construite en surface sur pilotis entre Versova (banlieue ouest) et Ghatkopar (banlieue est) a été inaugurée le 8 juin 2014[35]. La construction de six autres lignes est en cours ou planifiée et devrait porter la longueur du réseau à environ 200 kilomètres.
82
+
83
+ Les bus publics gérés par le BEST couvrent presque toute la métropole, y compris les villes satellites de Navi Mumbai et Thana. Les bus sont utilisés pour couvrir des distances courtes à moyennes, tandis que les tarifs de train sont plus économiques pour la longue distance. La flotte du BEST se compose de bus à un ou deux étages, certains dotés d'air climatisé. On compte 3 408 autobus BEST, qui transportent quotidiennement 4,5 millions de passagers sur 340 itinéraires. On peut aussi mentionner le service de bus touristique Mumbai Darshan, qui dessert surtout les zones touristiques.
84
+
85
+ Les taxis noirs rayés de jaune peuvent transporter jusqu'à quatre passagers avec leurs bagages et couvrent la majeure partie de la métropole. Les vieux modèles Fiat sont peu à peu remplacés par des taxis plus récents et climatisés. Les autorickshaws, ou pousse-pousse à moteur, n'ont le permis d'opérer que dans les banlieues, et y sont la forme principale de transport loué. Ces véhicules à trois roues peuvent loger jusqu'à trois passagers. Ces pousse-pousse, qui fonctionnent au gaz naturel comprimé, disponibles n'importe où dans les banlieues, sont une façon propre et facile de s'y déplacer.
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+ Bombay est relié aux autres villes indiennes par les Chemins de fer indiens. La ville est le siège social de deux divisions de la compagnie : le Chemin de fer central (CR) dont le siège social se trouve à Chhatrapati Shivaji Terminus (l'ancien Victoria Terminus) et le Chemin de fer occidental (WR) dont le siège social se trouve près de Churchgate. Les trains interurbains partent des gares de Chhatrapati Shivaji Terminus, Dadar, Kurla-Lokmanya Tilak Terminus, Mumbai Central, Bandra Terminus et Andheri. S'y ajoute le service public d'autocars interurbains MSRTC.
88
+
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+ Le port naturel de Bombay est l'un des meilleurs au monde. De nombreux ferries vers les îles voisines circulent, et il reste de loin le principal port de marchandises de l'Inde. La Marine indienne y possède en outre une importante base, qui accueille le commandement régional ouest.
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+
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+ Enfin, Bombay est desservi par l'aéroport international Chhatrapati-Shivaji (ancien aéroport international Sahar), le plus important d'Asie du Sud. Il accueille 25 % du trafic intérieur indien, et 38 % du trafic international. Le projet d'aéroport international Navi Mumbai, qui désengorgerait les infrastructures existantes, a été approuvé par le gouvernement.
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+
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+ Statue de Chhatrapati Shivaji Maharaj.
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+ Fontaine Flora.
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+ Hôtel de Ville.
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+ Vue nocturne.
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+ Khetwadi, Sikka Nagar.
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+ Planetarium Nehru.
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+ Siège social de Tata communication LTD.
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+ Gare terminus Shivaji.
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+ Nariman Point, quartier d'affaires.
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+ Dhobi Ghat.
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+ Imperial Towers Mumbai.
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+ Mumbai est la ville indienne dans laquelle on trouve les plus hauts gratte-ciel du pays : depuis les années 1970 et surtout depuis les années 2000 plus de 160 gratte-ciel y ont été construits et des dizaines d'autres sont en construction, dont plusieurs de plus de 300 mètres de hauteur et même de plus de 400 mètres comme le World One.
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+
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+ À Bombay, 50 % de la population vit en bidonville où les logements sont souvent particulièrement exigus. La ville concentre jusqu’à 200 000 habitants au kilomètre carré dans certains taudis[37].
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+ Bollywood, l'industrie du cinéma en hindi, est basée à Mumbai et est une des plus importantes du monde avec 400 films produits par an[38]. Le nom « Bollywood » est un mot-valise formé à partir de « Bombay » et « Hollywood ».
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+
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+ La ville abrite également l'industrie cinématographique en langue marathi.
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+ L'université de Mumbai a été fondée en 1857.
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+ Mumbai abrite de très nombreux journaux en langue marathi (Maharashtra Times, Navakaal, Lokmat, Loksatta, Mumbai Chaufer, Saamana and Sakaal) et en anglais (notamment The Times of India, Daily News and Analysis). Le Bombay Samachar est le plus vieux journal d'Asie : il est publié en gujarati depuis 1922[41].
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+ La ville est également le siège de nombreuses chaines de télévision.
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+ Le stade Wankhede (en) est l'un des principaux stades de cricket d'Inde, et accueille généralement les matchs de l'équipe nationale.
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+ Pan paniscus • Chimpanzé nain, Chimpanzé pygmée
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+ Espèce
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+ Statut de conservation UICN
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+ EN A4cd : En danger
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+ Statut CITES
10
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+ Le Bonobo[1], Chimpanzé nain[1] ou Chimpanzé pygmée[1] (Pan paniscus) est une espèce de primates de la famille des Hominidés. Proche du Chimpanzé commun (Pan troglodytes), il s'en distingue surtout par une organisation sociale qui a recours aux relations sexuelles et à un bouc émissaire comme mode de résolution des conflits au sein du groupe. Endémique de la République démocratique du Congo, le nom « bonobo » découle de la déformation du nom de la ville de Bolobo située sur les rives du fleuve Congo où les premiers spécimens furent capturés dans les années 1920[2],[3]. L'espèce est en danger d'extinction, le déclin des populations étant principalement dû à la déforestation et au braconnage pour sa chair.
12
+
13
+ Le mâle mesure environ 1,19 m pour un poids allant de 37 à 61 kg (45 kg en moyenne). La femelle mesure 1,11 m pour un poids allant de 27 à 38 kg (33,2 kg en moyenne). Le dimorphisme sexuel est moins prononcé que chez la plupart des primates.
14
+
15
+ Il se distingue notamment du Chimpanzé commun par une face foncée plutôt que claire et ses poils sont généralement plus longs que chez ce dernier[4]. En outre, le bonobo est plus petit que son homologue le chimpanzé, d'où son nom de chimpanzé nain. On pourra de même remarquer que le bonobo a une teinte plus noirâtre, les lèvres rouges et des organes sexuels femelles externes[5].
16
+
17
+ Son espérance de vie dans la nature est de 40 ans et peut atteindre 60 ans en captivité[6].
18
+
19
+ Ils vivent dans les forêts équatoriales de la République démocratique du Congo, entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï.
20
+
21
+ Le bonobo se nourrit essentiellement de fruits mûrs, à 57 %, et de plantes. Son régime alimentaire comporte aussi des racines et des produits d'origine animale (poissons, petits mammifères, miel). Il arrive occasionnellement qu'il mange de petits invertébrés, insectes et vers. Les bonobos consacrent 40 % de leur temps à chercher leur nourriture et à la consommer[7]. Bien qu'ils soient omnivores[8], leur régime alimentaire comporte moins de produits carnés que celui des Chimpanzés communs[9], de sorte qu'on les classe parfois dans la catégorie des animaux frugivores non stricts.
22
+
23
+ Les femelles et les mâles arrivent généralement à maturité sexuelle entre l'âge de 13 et 15 ans.
24
+
25
+ Ils peuvent se reproduire toute l'année et la période de gestation dure de 230 à 240 jours. Chaque femelle donne naissance à un seul petit à la fois qui pèse aux alentours de 1,3 kg à la naissance. La femelle met un petit au monde environ tous les cinq ans, comme chez les chimpanzés. Le rythme des naissances est surtout limité par l'infécondité des femelles pendant l'allaitement qui dure 3 à 4 ans.
26
+
27
+ Les bonobos vivent en groupes qui peuvent compter jusqu'à une centaine d'individus.
28
+
29
+ En milieu naturel, les mâles et les femelles cherchent la nourriture ensemble, mais ce sont les femelles qui décident de la répartition. Par ailleurs, des orphelins peuvent se faire adopter par des adultes.
30
+
31
+ Le Bonobo révèle une aptitude à l'utilisation d'outils. Par exemple l'utilisation de branches comme arme de jets lors des affrontements de mâles, et aussi de baguettes qu'il plonge dans les termitières pour en extraire les insectes qui constituent un de ses mets favoris.
32
+
33
+ Chez les bonobos, les relations sexuelles, feintes ou réelles, sont le plus souvent utilisées comme mode de résolution des conflits, à côté des mécanismes de domination. Les études suggèrent que les trois quarts des rapports sexuels entre bonobos n'ont pas de fin reproductive, mais plutôt sociale, et que presque tous les bonobos sont « pansexuels » – jeu de mots entre le mot grec pan (« tout ») et le nom scientifique de l'espèce, Pan paniscus.
34
+ Des scientifiques ont appelé cette méthode d'accouplement le « sexe convivial »[10].
35
+
36
+ Il est courant qu'un membre du groupe pratique des actes sexuels dans le but de plaire à un autre membre ou pour réduire les tensions sociales. Par exemple, un individu subordonné peut utiliser des actes sexuels pour calmer un autre individu plus fort ou plus agressif. Mais si la fréquence des rapports est exceptionnelle dans le règne animal, et supérieure à celle de tous les primates, les accouplements sont rapides et furtifs, sans aucun geste préparatoire, et ne durent en moyenne qu'une quinzaine de secondes. Leur seul tabou sexuel serait l'inceste[réf. nécessaire], bien que les relations sexuelles incluent également les juvéniles.
37
+
38
+ À côté des pratiques sexuelles variées dont la sexualité orale, le baiser avec la langue ou les rapports homosexuels (le primatologue Frans de Waal préfère d'ailleurs parler de « pansexualité » et non pas d'homosexualité ou de bisexualité, pour insister sur le fait que la sexualité du bonobo est totalement ouverte à toutes les relations, et n'est pas orientée vers un seul sexe, un seul genre��; il a même découvert chez les Bonobos une pratique, l'« escrime au pénis »[10], qui peut être comparé à la pratique du frottement entre deux pénis chez les humains), le bonobo serait l'un des seuls mammifères à pratiquer, comme l'humain, le coït ventro-ventral (face à face)[11].
39
+
40
+ Par ailleurs, l'organisation sociale des bonobos en captivité présente une autre particularité. La paix du groupe est également maintenue par l'existence d'un bouc émissaire (ou pharmakos)[citation nécessaire]. Lorsqu'un groupe de chercheurs[citation nécessaire] a retiré un bonobo blessé et frappé par les autres membres du groupe, une accentuation de la violence et une baisse de la sexualité ont pu être remarquées. A contrario, lorsque ce dernier fut ré-intégré au groupe, la paix du groupe fut ré-instaurée.
41
+
42
+ Comme chez les autres grands anthropomorphes et chez les humains, le phénomène nommé « third party affiliation » — ou bien le contact affectif (« affiliation contact ») offert à la victime d'une agression par un membre du groupe autre que l'agresseur — est présente chez les bonobos[12]. Une étude récente[13] a montré que soit le contact affectif spontanément offert par un membre du groupe à la victime, soit le contact demandé par la victime (sollicité) peut réduire la probabilité d'une nouvelle agression par des membres du groupe sur la victime (ce fait appuie l'« hypothèse de protection de la victime » – « Victim protection hypothesis »). Pourtant, seulement le contact affectif spontané réduit l'anxiété de la victime, suggérant non seulement que le contact non sollicité a une fonction consolatrice mais aussi que le geste spontané — plus de la protection — fonctionne en calmant le sujet en détresse. Les auteurs émettent l'hypothèse que la victime peut percevoir la motivation du consolateur, qui ne nécessite pas d’invitation pour offrir un contact affectif après le conflit. En outre, le contact spontané — et non pas le contact sollicité — était influencé par le lien affectif existant entre le consolateur et la victime (ce qui appuie l'« hypothèse de consolation », « Consolation hypothesis »). À ce propos, les auteurs ont observé que le contact spontané suivait la pente empathique décrite pour les humains, étant principalement offert aux parents, puis aux « amis » et, avec une fréquence plus basse, aux connaissances (la qualité de relation entre les individus a été déterminée en utilisant les taux de contacts entre les individus). Par conséquent, la consolation chez le bonobo pourrait être un phénomène basé sur l’empathie.
43
+
44
+ Le potentiel intellectuel des bonobos est important.
45
+
46
+ Dans l'Iowa, une psychologue américaine, dans le cadre d'une étude de la capacité des bonobo à comprendre le langage humain, a fait apprendre l'utilisation de 348 symboles d'un clavier à un bonobo mâle de 26 ans, nommé Kanzi[14].
47
+
48
+ Il a appris à combiner ces symboles dans ce que les linguistes appellent une « proto-grammaire ». Les symboles se réfèrent aux objets familiers (le yaourt, la clé, le ventre, la boule…), des activités favorites (la poursuite, les chatouilles…) et même quelques concepts considérés assez abstraits (le présent, ce qui est mal…). La psychologue affirme qu'il comprend en plus jusqu'à 3 000 mots anglais parlés, qui ne font pas forcément partie du vocabulaire de son clavier. Elle ajoute qu'il peut s'exprimer vocalement et répondre convenablement aux commandes comme « mets le savon dans l'eau » ou « porte tel objet dehors » (en anglais).
49
+
50
+ Une étude rétrospective publiée en 2016 conclut que l'intelligence grammaticale de Kanzi a cependant été partiellement surestimée[15]. Le linguiste Robert Truswell[15] pense que le bonobo a plus de difficultés que l'humain dans le traitement complexe du nombre (syntagmes nominaux) au sein d'une structure grammaticale ; cependant Truswell considère que l'humain ne nait probablement pas avec la capacité d'interpréter ce type de structure grammaticale, il doit apprendre à l'utiliser[15].
51
+
52
+ Sa morphologie particulière, notamment avec ses longs membres postérieurs et son faible indice intermembral, lui donne une apparence plus proche de l'être humain que le chimpanzé commun [16]. Néanmoins, plusieurs études (en captivité) ont montré que la proportion de bipédie dans son répertoire posturo-locomoteur était la même que celle observée chez le chimpanzé [17]. La différence entre les deux espèces se retrouve plutôt dans le contexte d'utilisation de la bipédie. Tandis que le bonobo l'utilise préférentiellement pour la vigilance et le transport d'objets, le chimpanzé l'utilise lors de démonstrations de dominance [18].
53
+
54
+ Pan paniscus est une espèce de Panines (genre Pan), membres de la famille des Hominidés et de l'ordre des Primates.
55
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56
+ La première observation du Bonobo est réalisée en 1928 sur un crâne de singe qui vient d'arriver dans les réserves du Palais des Colonies (aujourd'hui le musée royal de l'Afrique centrale) à Tervuren, en Belgique[19]. Celui-ci présente les mêmes caractéristiques qu'un chimpanzé excepté sa taille extrêmement petite. Sur la demande du conservateur, Henri Schouteden, l'anatomiste et zoologiste berlinois Ernst Schwarz analyse le crâne et en déduit qu'il s’agit simplement d'un chimpanzé jeune. Il publie son analyse d'une quarantaine de ligne (« Das Vorkommen des Schimpansen auf den linken Kongo-Ufer ») dans la Revue de zoologie et de botanique africaine du 1er avril 1929.
57
+
58
+ Dans le cadre de son tour d’Europe des musées abritant des collections de singes, le primatologue américain Harold Jefferson Coolidge (1904-1985) se rend en personne en Belgique afin de voir par lui même ce crâne étrange. Il est stupéfait. Ce crâne ne saurait être une jeune chimpanzé parce qu'il est complètement formé. Il s'agit donc d'une nouvelle espèce. Il continue ses études dans les collections de différents musées, et obtient même la dissection complète d’un spécimen[20]. À l’issue de ce travail minutieux, il publie en 1933 un article de cinquante-sept pages[21], dans lequel il préconise d'envisager le « chimpanzé pygmée » comme une espèce à part entière, Pan paniscus[22].
59
+
60
+ Le primatologue Robert Yerkes avait également prévu cette révision de la classification observant chez cet animal des comportements qu'il ne retrouvait pas chez le chimpanzé commun[11].
61
+
62
+ Étymologie
63
+
64
+ Le nom « Bonobo » viendrait d'une erreur de lecture d'une caisse contenant un chimpanzé pygmée expédiée en Europe pour analyse. Celle-ci est étiquetée « Bolobo », du nom de la région du Congo d'où elle provient[19].
65
+
66
+ Les méthodes phylogénétiques ont permis d'établir que Pan paniscus et Pan troglodytes sont les primates les plus proches de l'homme. Entre deux humains, les génotypes sont semblables à 99,9 %[23], tandis que la ressemblance entre l'humain et le bonobo serait de 98,7 %[24]. Selon des analyses qui se fondent sur une horloge moléculaire au taux de mutation de 10-9 mutation par année, l'homme aurait divergé il y a 4,5 millions d'années, tandis que l'embranchement bonobo-chimpanzé remonterait à 1 million d'années[24]. L'homme est également plus proche des deux espèces de chimpanzé qu'il ne l'est d'autres primates, comme le gorille dont la divergence remonte à environ 8 millions d'années. Notamment à cause de cette ressemblance extrême, certains auteurs, minoritaires, proposent même de classer chimpanzés et bonobos dans le genre Homo (cf. Wildman et al., 2003), qu'ils appellent ainsi respectivement Homo troglodytes et Homo paniscus.
67
+
68
+ L'espèce est aujourd'hui menacée de disparition à brève échéance à cause de la dégradation de son habitat naturel (déforestation). Depuis la guerre civile de 1996 au Congo, les bonobos sont, en outre, victimes de braconnage de la part des populations locales qui consomment leur viande.
69
+
70
+ Bien que le bonobo soit légalement protégé, la mise en œuvre de la loi n'est pas parfaite, et les efforts de conservation sont entravés par la corruption, l'isolement, aussi bien que par une instabilité politique. La seule présence active et permanente sur le terrain est assurée par des ONG et des projets de recherche. Des ONG travaillent pour renforcer la capacité d'intervention de l'Institut congolais pour la conservation de la nature dans le parc national de la Salonga. Ailleurs, des ONG ont recours à des approches participatives pour amener les autochtones à une utilisation durable des ressources naturelles pour une conservation à long terme.
71
+
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+ Le bonobo est sur la liste rouge de l'UICN des espèces menacées, son statut de conservation est au niveau « en danger » depuis 1996. Les populations sont en déclin. Il n'était que « vulnérable » en 1986[25].
73
+
74
+ Jusqu'en 2007, la seule aire protégée habitée par les bonobos était le parc national de la Salonga (33 346 km2).
75
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+ Pour aider à sauver ce primate singulier et menacé, qui vit exclusivement dans les forêts pluviales de la République démocratique du Congo, le gouvernement congolais et l'« Initiative de conservation du Bonobo », basée aux États-Unis, ont créé un vaste sanctuaire. La réserve naturelle du Sankuru, avec ses 30 570 km2, abrite sans doute plusieurs milliers d'individus, sur une population estimée entre 5 000[26] et 50 000 (les chiffres sont imprécis, une décennie de guerre civile ayant empêché les chercheurs d'accéder à la zone). Afin que cette réserve joue pleinement son rôle, les communautés locales se sont engagées à ne plus chasser les bonobos – c'est la principale menace qui pèse sur l'espèce – en échange d'une aide au développement. Sankuru constitue le premier maillon d'un futur réseau de réserves baptisé « Forêt de la paix des bonobos »[27].
77
+
78
+ Le primatologue allemand Gottfried Hohmann souhaite mettre en évidence, par un exemple, que le pacifisme n'est pas une conduite immuable à laquelle le bonobo se conforme sans faille. Le bonobo est, selon lui, un cousin de l'homme seulement moins agressif que celui-ci, mais cette théorie reste à vérifier[28].
79
+
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+ Takayoshi Kanō[29], de l'Institut de primatologie de Kyoto, commence à étudier les bonobos dans leur milieu en 1973. Dans son livre, The Last Ape (Le Dernier Grand Singe), il oppose le chimpanzé brutal et jaloux au bonobo pacifique et libertin. Selon lui, la société humaine serait née d'une liberté sexuelle comparable, et non de l'agression, comme le soutient Konrad Lorenz. De même, de Waal parle d'une espèce qui « fait l'amour, pas la guerre »[10].
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+ Paul David Hewson dit Bono, né le 10 mai 1960 à Dublin (Irlande), est un auteur-compositeur-interprète, chanteur et musicien irlandais.
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+ Il est le leader et occasionnellement guitariste du groupe irlandais U2, depuis 1976.
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+ Il est cofondateur de Campagne ONE.
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+ Bono est le deuxième fils de Brendan Robert (Bob) Hewson[1] et Iris Hewson (née Iris Rankin). Son frère aîné s'appelle Norman Hewson. Sa mère décède en septembre 1974, alors qu'il a 14 ans, d'une attaque cérébrale survenue lors de l'enterrement de son propre père. S'ensuit pour Bono une adolescence agitée et souvent révoltée[2]. De tempérament curieux et constamment en éveil, il excelle en histoire, en peinture, aux échecs[3] et se passionne aussi pour le théâtre, ce qui lui permet de monter de nombreuses fois sur scène afin de chanter. En revanche, c'est un guitariste médiocre[4],[5], ce qui l'amène naturellement vers le chant.
12
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13
+ Ses premières expériences musicales datent du début des années 1970 au sein de sa bande d'amis du quartier Glasnevin North à Dublin, plus précisément de la Cedarwood Road, parmi lesquels Gavin Friday et Guggi. Ensemble, ils forment le Lypton Village, et jouent dans les espaces publics, comme des bus, par provocation.
14
+
15
+ Son nom de scène vient de « Bonavox », nom d'un magasin de prothèses auditives, transformé en « Bono Vox » par ses camarades de Lypton Village. Ils avaient pour habitude de se donner des surnoms, pensant qu'il était anormal de porter un nom donné par leurs parents alors que ce nom ne leur convenait pas forcément.
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+ Il rejoint le groupe U2 après avoir répondu à une annonce publiée dans son collège, la Mount Temple Comprehensive School, par Larry Mullen Junior.
18
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+ Parolier de la plupart des titres de U2, auteur engagé dans diverses causes humanitaires et politiques (Artists Against Apartheid, Amnesty International, Greenpeace, War Child, Jubilee 2000, etc.) et leader du groupe, il développe et entre dans la peau de multiples personnages, afin de briser continuellement l'image que lui renvoient les médias[6],[7],[8].
20
+
21
+ Tout comme Sting, Bono possède une technique vocale qui lui permet de chanter sur des notes relativement hautes[9]. Elle a beaucoup évolué aux cours des albums.
22
+
23
+ Avant l'enregistrement de The Unforgettable Fire, Bono réapprend à chanter, puis reprend tous ses moyens sur The Joshua Tree. Il est considéré durant cette période comme l'une des plus belles voix du rock, notamment sur le titre I Still Haven't Found What I'm Looking For. La voix de Bono se transforme encore sur Achtung Baby, probablement à la suite de sa consommation de cigarillos.
24
+
25
+ Sur Pop, Bono commence à éprouver quelques problèmes de voix et on lui conseille alors de mener une vie plus saine. Il arrête les cigarillos et diminue l'alcool. Sur All That You Can't Leave Behind et sur How to Dismantle an Atomic Bomb, la voix de Bono est précise, travaillée. Sa voix est aujourd'hui désignée par un grand nombre d'artistes comme la voix la plus sexy du rock.
26
+
27
+ Bono s'intéresse aux différents artistes qu'il rencontre, quel que soit leur courant musical. Il a par exemple collaboré avec Clannad (Il interprète avec Moya Brennan "In a Lifetime", extrait de l'album Macalla), Pavarotti, Johnny Cash, Frank Sinatra, Axl Rose, Mick Jagger, Arcade Fire, Gavin Friday, The Police, Simple Minds, Brandon Flowers (The Killers), Beyonce, Jay-Z, Mary J. Blige, Paul McCartney, Bruce Springsteen, Kylie Minogue, Michael Hutchence, Andrea Corr, B.B. King, Billie Joe Armstrong, Rihanna, Pearl Jam et Lykke li. Bono a ainsi écrit l'une des chansons de l'album Le Cœur d'un homme de Johnny Hallyday, intitulée I Am the Blues. En janvier 2009, il participe au projet Playing for Change en chantant la chanson War / No More Trouble de Bob Marley, en parallèle avec des musiciens du monde entier.
28
+
29
+ Bono est associé du fonds privé d'investissement Elevation Partners[10], qui possède des participations dans le magazine Forbes et l'éditeur de jeux vidéo BioWare. Depuis janvier 2009, il participe comme éditorialiste au journal américain, le New York Times[11]. Elevations Partners aurait également investit près de 210 millions de dollars sur Facebook depuis 2009, acquérant, selon les sources, entre 1,5 % et 2,3 % de son capital. La valeur de ces actions a depuis fortement progressé - notamment à la suite de l'entrée en bourse du réseau social en 2012 - et était estimée en 2015 à 1,4 milliard de dollars. Le fonds d'investissement aurait ainsi à cette date une valeur financière supérieure aux revenus générés par U2 sur l'ensemble de sa carrière[12].
30
+
31
+ Bono s’est marié avec Alison Stewart le 21 août 1982. Le couple a quatre enfants : Jordan (1989), l'actrice Memphis Eve (1991), Elijah Bob Patricus Guggi Q (1999) et John Abraham (2001). Ils vivent à Killiney, dans le sud du comté de Dublin, dans un manoir situé sur un terrain qui surplombe la mer d'Irlande et qui a été agrandi par l'achat de la propriété adjacente[13],[14],[15]. Bill Clinton et Salman Rushdie font partie de ceux qui y ont séjourné[14]. Le couple est aussi propriétaire d'une villa de 20 pièces à Èze dans les Alpes-Maritimes dans le sud de la France, où Ali et Bono reçoivent souvent des célébrités[16]. Le voisin du couple à Èze n’est autre que The Edge, le guitariste de U2, qui a acheté la villa juste à côté. Enfin, Bono et Ali possèdent également un penthouse de 14,5 millions de dollars au San Remo dans l'Upper West Side de Manhattan, qu'ils ont acheté à Steve Jobs[17]. En 2011, la fortune du couple s'élevait à 572 millions d'euros[13].
32
+
33
+ En 1983, il chante avec le groupe U2 la célèbre chanson Sunday Bloody Sunday dénonçant les troubles politiques de l'Irlande, son pays de naissance.
34
+
35
+ Depuis 1999, il prend une part active à la campagne visant à annuler la dette des pays du tiers monde. En mai 2002 il emmène le secrétaire du trésor des États-Unis, Paul O'Neill, dans quatre pays d'Afrique. Cette même année, il crée une organisation appelée « DATA » (pour Debt, Aids, Trade in Africa) dont le but est d'informer sur les dettes des pays d'Afrique, l'épidémie du SIDA et les règles de commerces inéquitables. En 2003, il sera récompensé d'un Golden Globe de la meilleure chanson originale à Beverly Hills en Californie pour The Hands That Built America.
36
+
37
+ En janvier 2005, en marge du Forum économique mondial de Davos, il participe au lancement d'un label de produits Product Red dont les bénéfices sont destinés à financer des programmes de lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria.
38
+
39
+ Il a été reçu plusieurs fois au Vatican, par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI qui ont soutenu ses actions, notamment de suppression de la dette des pays pauvres[18],[19]. Bono avait d'ailleurs rencontré Jean-Paul II à ce sujet en 1999 au Vatican et n'avait pas caché son admiration pour le Pape[20].
40
+
41
+ Si la plupart de ses prises de position ont été louées, sa manière d'en parler a quelquefois été jugée brouillonne ou ambiguë. Ainsi, à la suite d'une tribune qu'il avait publiée en janvier 2000 dans le New York Times, l'hebdomadaire français Les Inrockuptibles pointait sa « légère mégalomanie et ses discours amateurs » sur le téléchargement illégal, la recherche sur l’angiogenèse, la téléportation quantique et le « droit à polluer identique pour tous »[21].
42
+
43
+ Fin 2006, pour échapper à une réforme irlandaise qui est revenue sur le répit fiscal accordé aux royalties, le groupe a transféré aux Pays-Bas le siège de U2 Limited, société qui gère environ un tiers de la fortune de la formation[22], ce qui suscite quelques réactions en raison des engagements politiques du groupe et de Bono en particulier[23]. U2 est le groupe de musique qui a généré les revenus les plus importants en 2005 dans le monde[24]. Or, aux Pays-Bas, les redevances sont pratiquement exemptes de toute fiscalité.
44
+
45
+ En novembre 2017, il est mentionné dans l'enquête des Paradise Papers[25]. En ayant investi dans une entreprise basée sur l'île de Malte, Bono aurait participé à hauteur de 5,1 millions d'euros à la construction d'un centre commercial en 2007 dans une petite ville de Lituanie, un pays qu'il n'aurait jamais visité, que ce soit seul ou pour une tournée avec son groupe[26].
46
+
47
+ Le chanteur possède une propriété en France, sur la commune de Èze, dans les Alpes-Maritimes[27].
48
+
49
+ En février 2003, le président français Jacques Chirac le nomme Chevalier de la Légion d'honneur. En décembre 2005, Bono est déclaré personnalité de l'année 2005 par le magazine américain Time pour son combat en faveur de l'Afrique, aux côtés de Bill Gates et de sa femme Melinda Gates. En janvier 2006, il reçoit le prix des médias allemands, toujours pour ses actions humanitaires.
50
+
51
+ En mars 2007, sur proposition du premier ministre britannique Tony Blair, il est fait chevalier de l'Ordre de l'Empire britannique par la reine du Royaume-Uni pour ses nombreuses actions humanitaires, mais ne peut porter le titre de Sir, car il n'est ni citoyen britannique ni citoyen d'un pays membre du Commonwealth[28], il peut cependant apposer à sa signature les lettres KBE (Knight of the British Empire). Tony Blair avait affirmé[réf. nécessaire] qu'il recevait cet honneur pour avoir ouvert les yeux aux dirigeants du G8 sur les besoins accrus d'aide au développement en Afrique. Bono a déclaré être flatté de cet honneur et espérer qu'il lui sera utile pour ses représentations[29].
52
+
53
+ Il a été en lice pour le prix Nobel de la paix en 2003, en 2005 et en 2006.
54
+
55
+ Il a fait partie à deux reprises de la liste des hommes les plus influents du monde dressée par le magazine Time en 2004 et en 2006.
56
+
57
+ Il est sacré « Homme de la paix » 2008 par un ensemble de récipiendaires du prix Nobel de la paix[30].
58
+
59
+ Il est nommé Commandeur de l'ordre des arts et des lettres par la ministre de la culture française, Aurélie Filippetti en juillet 2013[31].
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+
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+
3
+ 2,37 g·cm-3 (variété amorphe)[4]
4
+
5
+ Le bore est l'élément chimique de numéro atomique 5, de symbole B. C'est la tête de file du groupe 13 du tableau périodique.
6
+
7
+ Il fait partie, avec le lithium et le béryllium, des quelques éléments légers qui ont échappé aux principaux processus de nucléosynthèse (nucléosynthèse primordiale et nucléosynthèse stellaire). Leur (faible) abondance cosmique est imputable à la spallation cosmique (bombardement interstellaire d'éléments plus lourds par les rayons cosmiques).
8
+
9
+ Le corps simple bore est un métalloïde trivalent[8]. Il est plutôt rare dans l'écorce terrestre et le système solaire, mais plus abondant à la surface de la Terre, notamment sous forme de borates principalement de borax[9], mais aussi d'acide borique. Il constitue environ 0,001 % de la croûte terrestre, soit 10 ppm en moyenne (en particulier 5 mg/kg dans les basaltes).
10
+
11
+ Les composés du bore (arabe بورق - buraq, persan burah « brillant »), sont connus depuis des milliers d'années. Dans l'Égypte antique, le procédé de momification dépendait du natron, un minerai contenant en impuretés des borates ainsi que d'autres sels plus communs. Il est connu par les métallurgistes et céramistes depuis la plus haute Antiquité. Les Chinois se servaient d'une glaise à haute teneur en borax au moins depuis − 300 et les Romains, lointains héritiers des Phéniciens, utilisaient des composés de bore pour la fabrication du verre.
12
+
13
+ Cet élément ne fut isolé qu'en 1808 par Sir Humphry Davy, Gay-Lussac et le baron Louis Jacques Thénard, qui obtinrent une pureté de 50 %. Ils n'identifièrent toutefois pas la substance comme un élément; ce fut fait par Jöns Jacob Berzélius en 1824. Henri Moissan livra les premiers échantillons purifiés et le premier échantillon de bore pur fut obtenu, à partir de sesquioxyde de bore, par le chimiste américain Ezekiel Weintraub en 1909.
14
+
15
+ Il existe deux variétés allotropiques principales de bore à l'état de corps simple : le bore amorphe est une poudre brune, tandis que le bore métallique est noir. Le bore métallique est dur — 9,3 sur l'échelle de Mohs — et présente une faible conductivité électrique à température ambiante. Il présente un grand intérêt tant pour la variété de ses composés, pour les progrès qu'il a rendu possibles dans la compréhension de la liaison chimique, que pour son importance industrielle et technologique. Il est utilisé essentiellement sous forme de perborate de sodium Na2B2O4(OH)4 dans les lessives et les détergents, ainsi que sous forme de borax Na2B4O7·10H2O dans les matériaux en fibres de verre.
16
+
17
+ Le bore aisément adsorbé[10] mais aussi solubilisé dans le sol (labouré notamment) est emporté par le ruissellement (0,001 à 2 mg/L dans les eaux douces européenne, avec des valeurs moyennes généralement inférieures à 0,6 mg/l selon l'OMS (2003[11]). Des facteurs tels que des précipitations abondantes, un apport de chaux récent (pH supérieur à 6,6), des sols sablonneux (Acrisols, Podzols et à un niveau moindre Andosols, Luvisols et Oxisols[12]) ou riches en matière organique favorisent les carences en bore des sols.
18
+
19
+ De là, il est lessivé vers les océans où il se retrouve concentré, essentiellement sous forme d'acide borique. C'est là qu'est stocké la plupart du bore (4,5 mg/L en moyenne selon IPCS (International Programme on Chemical Safety), 1998[13]) qu'on retrouve en partie dans les sédiments marins.
20
+ Une petite partie du bore est volatilisé vers l'air et l'atmosphère via les embruns, les incendies de forêt et l'évaporation d'acide borique marin ainsi qu'à partir de l'activité volcanique, et depuis quelques siècles à partir des opérations minières, de la production de verre et de céramiques, de l’épandage agricole de produits chimiques, et de la combustion du charbon (centrales thermiques, usines métallurgiques...). Le bore particulaire retombe en mer ou sur terre sous forme de dépôts secs ou humides. La teneur de l'air en bore ne dépasse pas 0,5 à 80 ng/m3.
21
+ Dans le sol ou les sédiments, le bore tend à être transformé en borates par les champignons et bactéries et à s'adsorber sur le substrat quand il est alcalin (pH 7,5 à 9) (et à être désorbé si le milieu s'acidifie, selon l'ATSDR (1992)[14] et l'IPCS(1998)[13].
22
+
23
+ Le bore naturel est composé de ses deux isotopes stables. La variabilité de leurs concentrations respectives, en particulier entre les borates de Californie (pauvre en 10B) et ceux de Turquie (riche en 10B), empêche la détermination de la masse atomique du bore à une précision meilleure que 10,81[15].
24
+
25
+ De plus, le bore 10 a été utilisé dans les années 1950 comme standard de section efficace neutronique du fait de la large valeur (~3838 barns) de la section efficace de 10B dans la réaction 10B + n → 4He + 7Li. Ainsi, comme pour le lithium appauvri en 6Li pour d'autres raisons, des quantités non négligeables de bore appauvri en 10B remis dans le circuit commercial contribuent également à la basse précision de la masse atomique du bore[16].
26
+
27
+ Le bore possède 14 isotopes connus, avec un nombre de masse variant entre 6 et 19. Seuls 10B et 11B sont stables et naturellement présents dans la nature, le second représentant 80 % du bore naturel. Les radioisotopes du bore sont très instables : la demi-vie la plus longue, celle de 8B, n'est que de 770 ms. Ils se désintègrent en isotopes de l'hélium pour les isotopes plus légers que les isotopes stables (via des isotopes du béryllium pour certains), en isotopes du carbone pour les plus lourds. Son analyse isotopique peut être utile pour tracer les origines de certains composés anthropiques du bore[17].
28
+
29
+ Le bore est le seul élément non métallique de sa colonne (groupe) du tableau périodique. À ce titre, ses propriétés chimiques diffèrent de celles de l'aluminium, du gallium, de l'indium et du thallium. Ainsi, il ne présente pas de chimie ionique en solution aqueuse. Le bore possède une orbitale-p presque vide (un seul électron sur les six pouvant occuper cette sous-couche). Trivalent (susceptible de former trois liaisons covalentes), il est utilisé en électronique comme dopant de type p (accepteur d'électrons / riche en trous) pour le silicium (tétravalent). Les composés du bore se comportent souvent comme des acides de Lewis, se liant aisément avec des espèces riches en électrons afin de combler son déficit électronique.
30
+
31
+ Le bore est transparent à la lumière infrarouge. À température ambiante, le bore est un mauvais conducteur électrique mais est un bon conducteur à température élevée.
32
+
33
+ Le bore possède la résistance à la traction la plus élevée de tous les éléments connus[réf. nécessaire].
34
+
35
+ Le nitrure de bore cubique peut être employé pour faire des matériaux aussi durs que le diamant. Le nitrure agit également en tant qu'isolant électrique, mais conduit la chaleur comme un métal. Le nitrure de bore hexagonal a des qualités lubrifiantes semblables à celles du graphite.
36
+ Le bore ressemble également au carbone car il a la possibilité de former des réseaux moléculaires stables par liaisons covalentes.
37
+
38
+ Il est présent dans les lessives, ce qui en fait un traceur de pollution urbaine dans les réseaux d'assainissement.
39
+ On le détecte dans l'eau grâce à la curcumine, avec laquelle il forme le rouge de rosocyanine[19].
40
+
41
+ Curieusement, le bore n'entre dans la composition que d'une seule molécule ayant un rôle biologique connu : AI-2 (autoinducer 2), découvert en 1994 par Bonnie L. Bassler, est un agent qui permet à des bactéries de communiquer entre elles pour évaluer leur nombre et de ne déclencher certaines actions (comme la luminescence) que si elles sont relativement nombreuses. Cette molécule est un sucre qui enserre un atome de bore.[réf. souhaitée]
42
+
43
+ Le bore présente également, à haute pression (plus de 10 GPa, ou 100 000 atm), la faculté de pouvoir former un cristal ionique à lui seul, alors que d’ordinaire un tel cristal est constitué d’au moins deux types d’atomes différents. Cette propriété s’explique par le fait que, sous l’effet de la pression, les atomes de bore s’assemblent en deux types d’amas aux caractéristiques ioniques différentes, l’un se comportant comme un cation et l’autre comme un anion, permettant ainsi la formation d’un cristal ionique[20].
44
+
45
+ On ne trouve pas de bore dans la nature sous sa forme élémentaire, mais sous forme combinée par exemple dans le borax (tinkalite), l'acide borique, la colémanite, la kernite, l'ulexite et divers borates. On trouve parfois de l'acide borique dans les sources d'eau volcanique. L'ulexite est un minerai de bore qui possède naturellement les propriétés de la fibre optique.
46
+
47
+ Les États-Unis (avec le gisement économiquement le plus important de minerai de rasorite, dans le désert des Mojaves en Californie) et la Turquie (avec ses vastes réserves de minerai de borax) sont les deux plus grands producteurs de bore. La Turquie détient près de 73 % des réserves mondiales et les États-Unis environ 13 %[réf. nécessaire].
48
+
49
+ Le bore pur n'est pas facile à préparer. Les premières méthodes impliquaient la réduction de l'acide borique avec un métal tel que le magnésium ou l'aluminium. Toutefois le produit est presque toujours contaminé par des borures métalliques.
50
+
51
+ Le bore très pur est préparé en réduisant des halogénures de bore volatils avec de l'hydrogène à haute température.
52
+
53
+ Ce métalloïde est présent sous forme ionique ou minéral amorphe de manière courante dans l'environnement.
54
+ C'est l'un des 7 composants essentiels des végétaux[33] ; associé à la pectine, il contribue à maintenir l'intégrité de leurs parois cellulaires[34], et il est indispensable à la croissance des tubes polliniques. Seuls les végétaux bioaccumulent fortement le bore. Certains légumes en contiennent de 0.025 à 0,05 mg/g de poids sec, devant les fruits (de 0.005 à 0,000 5 mg/g) eux-mêmes plus riches en bore que les céréales et leur grains (de 0.001 à 0,005 mg/g)[35]. Dans le bois de l'arbre il se stabilise dans le phloème d'où il est peu transféré aux autres tissus sauf chez certaines espèces dont le pommier (les pommes sont riches en bore) et chez les espèces riches en sorbitol[36]. Les racines en contiennent le moins, les feuilles le plus[13].
55
+
56
+ En revanche, un taux de bore dépassant 1 ppm dans le sol peuvent provoquer une nécrose marginale des feuilles et affecter la croissance de plantes sauvages ou cultivées (tomate[37] par exemple).
57
+ Certains dérivés du bore ont d'ailleurs été utilisés comme pesticides désherbants[34] et une forte dose de bore tue les plantes.
58
+ Inversement, des niveaux trop bas (<0,8 ppm) peuvent provoquer ces mêmes symptômes chez des végétaux particulièrement sensibles au bore dans le sol (arbres fruitiers par exemple).
59
+
60
+ Selon une étude (2010) faite dans la vallée de San Joaquin (SJV) en Californie, l'acidité (pH bas) du sol, même faible serait un des facteurs aggravant le plus la phytotoxicité du bore. Il est associé à une inhibition des symbioses bactériennes de la Rhizosphère chez des concombres cultivées sur un sol salinisé par l'irrigation avec une eau dure ; l'augmentation du taux de bore dans un sol légèrement acide s'accompagnant d'une chute de la diversité bactérienne associée aux racines[38].
61
+ Le bore s’accumule dans les végétaux
62
+
63
+ Le bore est largement présent dans l'alimentation animale et humaine.
64
+ Il ne semble pas être bioaccumulé (sauf dans l'os où le bore s'accumule fortement. Chez le rat exposé au bore par l'alimentation, les os l'accumulent fortement puis après que l'apport alimentaire a cessé, la charge osseuse en bore diminue en quelques mois, mais se stabilise définitivement à une teneur trois fois supérieure à la moyenne[39]).
65
+
66
+ Chez les invertébrés il est toxique à faible dose, quelques dizaines de mg/L d'eau chez la crevette (chez Litopenaeus vannamei par exemple, avec une toxicicité variant selon la salinité de l'eau[40]). D'après des études faites sur la limande (Limanda limanda) ou le mulet à grosses lèvres (Chelon labrosus), les poissons marins s'y montrent moins sensibles que les invertébrés[41].
67
+
68
+ Son rôle (positif ou négatif) dans la physiologie animale est mal compris. À faible dose, il est au moins impliqué dans le transport membranaire, et stimule l'activité ATPase, le pompage des ions H+ de pompage et l'absorption des ions K+. Depuis qu'on sait qu'il a une activité biologique, la recherche sur la chimie de ses composés s'est développée. Certains de ces composés se sont montrés être de puissants agents anti-ostéoporotiques, anti-inflammatoires, hypolipémiants, anti-coagulant et anti-néoplasiques à la fois in vitro et in vivo chez l'animal de laboratoire[34].
69
+
70
+ Il n'est pas certain qu'il s'agisse d'un élément vraiment indispensable à lui seul[34] ; des expériences avec supplémentation ou privation de bore ont un impact sur le métabolisme du calcium osseux, mais avec des effets nettement plus marqués quand il y carence d'autres nutriments (cholécalciférol, magnésium)[34].
71
+
72
+ Quelques études épidémiologiques laissent penser qu'il pourrait — à faible dose (1 à 13 mg/jour, fourchette de non-toxicité selon l'OMS[11]) — jouer un rôle positif pour la santé[42]. Des épidémiologistes ont observé que les cancers et les maladies musculo-squelettiques sont très rares chez les habitants des zones minières où l'on exploite le bore[42], mais s'il existe un lien de cause à effet, il est encore incompris.
73
+
74
+ Dans certaines régions, l'eau de forage peut naturellement présenter des teneurs conjointement trop élevés en bore et fluor, en étant cause de fluorose dentaire[43]. Le bore a été massivement utilisé comme ignifugeant et a contaminé les eaux de surface en tant qu'additif de produits nettoyants, mais une étude anglaise (2010) montre que cette source particulière de pollution est en diminution[44].
75
+
76
+ Associé au fluor sous forme de trifluorure de bore (BF3) et inhalé, en 2 semaines, tous les rats exposés à 180 mg/m3 sont morts avant la sixième exposition (CL50 à 4 h est de 1,21 mg/L d'air), et ceux exposés à 66 et 24 mg/m3 ont montré des signes cliniques d'irritation respiratoire, une chute de poids, une augmentation du poids des poumons, et diminution du poids du foie, avec une nécrose et pycnose de l'épithélium tubulaire proximal des reins dans le groupe le plus exposé. Une accumulation de matières sèches a aussi été constatée autour du nez et de la bouche, ainsi que des râles et des larmoiements, associés à une dépression réversible du taux de protéines du sérum et des globulines, avec augmentation du taux de fluor osseux et urinaire. Les effets semblent tous de type « dose-dépendant ». La toxicité rénale est significative à 17 mg/m3 d'air alors que l'exposition à 6 mg/m3, bien que montrant une élévation des fluorures, n'a pas abouti à une réponse toxique visible[45].
77
+
78
+ Des données toxicologiques (sur la reproduction notamment) sont issues de l'expérimentation animale. Elles ne semblent cependant pas directement extrapolables à l'humain car certains effets négatifs chez l'animal (rat, souris, lapin) n'ont pas été confirmés par les données épidémiologiques disponibles chez l'humain[42],[46]. Aux doses d'exposition des ouvriers travaillant dans un environnement industriel riche en bore, on n'a pas non plus constaté de corrélation entre le taux de bore dans le sang ou le liquide séminal et la fréquence ou la gravité de paramètres indésirables pour le sperme (mais dans ces études, les expositions n'atteignaient pas celles qui en laboratoire provoquent des effets indésirables chez l'animal[47]).
79
+
80
+ Elle est évidente chez les végétaux, mais moins chez l'humain ou l'animal.
81
+
82
+ Le bore semble impliqué dans la fonction cérébrale (via ses effets sur le transport transmembranaire), il affecte la synthèse de la matrice extracellulaire et semble bénéfique pour la cicatrisation de plaies[34]. Si une supplémentation en bore augmente le taux sérique de β-estradiol et de testostérone, il a néanmoins des effets reprotoxiques (inhibition de la fonction reproductive[34]).
83
+
84
+ Comme la quantité de bore de l'eau potable doit (les borates sont concernés par une directive européenne en Europe[48]) et peut être contrôlée et que la quantité de bore est faible dans les aliments (un adulte moyen en consommerait 1 à 2 mg/jour[34]), on suppose que dans un contexte « normal », il n'a pas d'effets négatifs sur la santé humaine[42], mais une évaluation complète des risques nécessiterait de clarifier l'importance positive ou négative du bore sur tous les processus cellulaires et physiologiques.
85
+
86
+ Le bore est présent dans tous les aliments d'origine végétale. Depuis 1989, sa valeur nutritive a été confirmée[réf. souhaitée]. On pense que le bore joue un rôle biochimique chez plusieurs animaux, y compris les humains. Le ministère américain de l'agriculture a mené une expérience[réf. souhaitée] dans laquelle les femmes ménopausées ont pris 3 mg de bore par jour. Les résultats ont montré que le bore réduit l'excrétion de calcium de 44 %, et active la production d'œstrogène et de vitamine D, ce qui suggère un rôle possible dans la prévention de l'ostéoporose.
87
+
88
+ Selon les premières données (études in vivo) disponibles, la peau humaine résiste bien au passage percutané, hormis, quand elle est endommagée, abrasée ou en cas de blessure[49]. Cependant, ces études sont parfois anciennes, et elles ont été produites alors que la sensibilité des méthodes d'analyse du bore dans une matrice biologique était faible[50].
89
+
90
+ Une étude in vitro récente (1998) a été faite par le département de dermatologie de l'Université de Californie (San Francisco), avec un matériel d'analyse plus performant. Ses résultats questionnent les scientifiques, car montrant pour certaines formes de bore un passage percutané de 10 à 1000 fois plus important que ce qui avait été trouvé dans des études in vivo plus anciennes[50]. Selon les auteurs, ces résultats devraient remettre en cause les évaluations de risque toxicologique antérieures[50].
91
+
92
+ Comme pour d'autres éléments, ces seuils peuvent varier selon les espèces (et les individus s'il existe des vulnérabilités génétiques). Et il faut à la fois considérer la toxicité aiguë et chronique.
93
+
94
+ Selon une réévaluation toxicologique récente (2013) basée sur le modèle animal (mammifères), les deux facteurs critiques pour sa toxicité chez les mammifères sont[51] une toxicité testiculaire et une inhibition du développement fœtal[52]. Au-delà de certains seuils, un excès de bore est en effet
95
+
96
+ Le mésusage accidentel d'antiseptiques contenant de l'acide borique était encore dans les années 1980 l'une des premières causes d'accidents toxiques (parfois mortels[65]) du nouveau-né et du nourrisson.
97
+
98
+ Des empoisonnements ont aussi eu lieu à la suite de l'absorption accidentelle de pesticides (dont insecticides) domestiques[66], comme chez les animaux qui y sont exposés[67].
99
+
100
+ Dans d'autres cas, ce sont des produits ménagers contenant des borates qui étaient en cause[68], ou lors d'accidents du travail dans un contexte de production ou d'utilisation de boranes.
101
+
102
+ Chez l'enfant, les cas de toxicité aiguë sont plus facilement détectés, mais il existe aussi des situations d'empoisonnement chronique[69].
103
+
104
+ Chez l'humain et l'animal de laboratoire, 100 % du bore ingéré passe en quelques heures la barrière intestinale vers le sang, pour être ensuite passivement diffusé dans l'ensemble du corps[70]. On l'y retrouve dispersé de manière inhomogène : dans les heures qui suivent l'exposition, il est moins concentré (20 % moins chez le rat) dans les tissus gras, et plus concentré dans l'os, certains tissus du cerveau et la moelle osseuse (4 fois plus dans la moelle que dans le sang[70]).
105
+
106
+ L'acide borique ne semble pas métabolisé chez l'animal ni chez l'humain, sans doute en raison de l'importante quantité d'énergie nécessaire qu'il faut pour rompre la liaison BO, mais il y a une affinité chimique pour les groupes chimiques cis-hydroxy, qui pourrait expliquer certains de ces effets biologiques[70].
107
+
108
+ Une grande partie de cet acide borique est ensuite assez rapidement (un peu plus d'une centaine d'heures) filtré par les reins et excrété via l'urine (de même que pour la plupart du bore expérimentalement injecté en intraveineuse[71],[42]).
109
+ La teneur urinaire en bore est donc considérée comme indicatrice d'une exposition récente[72].
110
+ Chez la femelle du rat prégnante, le rein élimine un peu plus vite le bore, bien que sa clairance soit inférieure à celle de la créatinine, ce qui suggère une réabsorption tubulaire[73].
111
+
112
+ Chez des volontaires humains ayant reçu du bore dans l'alimentation, sa demi-vie était de 21 h en moyenne, et chez d'autres volontaires ayant une dose unique de 562 à 611 mg d'acide borique par perfusion en 20 minutes (dans le cadre d'une étude de pharmacocinétique) avaient après 120 heures éliminé 98.7 (+/-9 %) de la dose, excrétée via l'urine[74].
113
+
114
+ La cinétique du bore semble similaire chez l'humain et le rat[70], mais chez le rat la durée de demi-vie du bore est de 14 à 19 h environ, significativement plus courte que chez l'humain.
115
+
116
+ La part du bore qui n'est pas rapidement excrété peut être plus ou moins durablement absorbé par le cerveau et surtout par les os.
117
+ Chez la femme enceinte, comme pour le lithium (présent à dose relativement élevée dans l'eau avec le bore dans certaines zones d'Argentine[75] ou du Chili[75] il a été montré (2012) que le placenta n'est pas une barrière pour le bore[75], montrant une exposition fœtale directe avec jusqu'à 1 700 mg de lithium/L et 14.000 de bore mesurés dans la première urine du nouveau né) ; dont les conséquences n'ont pas été étudiées[75].
118
+ Par contre le nourrisson semble moins exposé via le lait maternel (qui contient moins de bore que le sang de la mère) que par le lait maternisé reconstitué avec l'eau du robinet de ces régions[75].
119
+
120
+ Le développement des nanotechnologies utilisant le bore pose de nouvelles questions aux toxicologues et écotoxicologues et à la biologie cellulaire, avec notamment le développement dans les années 2000 de nanotubes constitués de nitrure de bore[76],[77],[78]
121
+
122
+ Les carences aussi bien que les excès (toxicité) en bore affectent la croissance, la morphologie, la physiologie et la structure cellulaire des plantes et donc leur rendement en culture. Un apport bien dosé de bore sur un sol carencé peut améliorer les rendements de culture de végétaux (de tournesol par exemple[82]) ou d'arbre (pommiers par exemple[83]).
123
+
124
+ Des expériences de culture hydroponique contrôlée publiées en 2017 confirment qu'une carence affecte plutôt les racines, alors que l'excès brûle le bord des feuilles plus âgées[84]. Les enzymes antioxydants (dont la superoxyde dismutase (SOD), la peroxydase (POD), la catalase (CAT) et l'ascorbate peroxydase (APX) chutent en cas de déficit en bore, et aussi - dans une certaine mesure - en cas d'excès[84]. Le taux de concentration de MDA chute en cas de carence et augmente avec la concentration en bore. Des fonctions vitales comme la photosynthèse, l'évapotranspiration, la conductance stomatale et les échanges gazeux foliaires et le CO2 intercellulaire sont réduites à la fois en cas de carence et d'excès[84]. La teneur en chlorophylle et en caroténoïdes diminue aussi quand il y a carence ou excès en Bore[84]. En raison des enjeux du bore pour les plantes cultivées, c'est l'un des éléments chimiques dont l'écotoxicité dans le sol a été la plus étudiée (en 2017, des études et données scientifiques sur ses doses létales et sublétales dans le sol ont été publiées pour au moins 38 taxons végétaux)[85].
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+ Le bore est toxique pour de nombreuses espèces du sol et dans divers types de sols (acides surtout). Certaines espèces (ex Folsomia candida y sont très sensibles. Parmi les vers, les espèces enchytrées y semblent les plus sensibles. Chez les plantes globalement les dicotylédones y sont toxicologiquement les plus sensibles, suivies des monocotylédones et des gymnospermes qui en supportent des quantités plus élevées. La sensibilité augmente aussi avec la durée d'exposition et la dose finale. Des points limites tels que la létalité et l'évitement mesurés par certains tests semblent moins importants que les effets sur la reproduction (mesurés par d'autres types de tests).
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128
+ À la suite des rejets anthropiques liquides et gazeux (Cf. effluents non-traités et combustion du charbon notamment), on a mesuré (à la fin des années 1960 dont au Royaume-Uni) un accroissement du taux de bore des eaux de surface et de cours d'eau[86] qui a ensuite diminué (années 2010 au Royaume-Uni) avec le développement des stations d'épuration[44] et de nouvelles formulations des détergents à partir des années 1990 (perborates remplacé par d'autres agents blanchissants)[44].
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130
+ Le bore n'est pas considéré comme mutagène ni cancérigène, mais il est soupçonné d'être reprotoxique. L'acide borique a longtemps été utilisé comme « toxique de référence » pour calibrer ou mesurer la sensibilité de tests écotoxicologiques standardisés, mais on lui cherche des alternatives moins préoccupantes pour la santé environnementale[85].
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+ Certaines régions ont cependant été polluées par les activités humaines, des sols et milieux salinisés[87], et certaines nappes ou sols de plusieurs régions minières sont naturellement enrichies en bore (comme dans le Sud des États-Unis où la roche-mère affleurante est naturellement riche en bore[88] ou dans certaines régions turques ; de Kirka)[89] ou d'Hisarcik (dans la province de Kutahya) où l'on trouve de 2,05 à 29,00 mg de bore par litre d'eau[90] (4,08 mg/l en moyenne)[90], avec dans cette même région une excrétion urinaire humaine variant de 0,04 à 50,70 mg/l de bore (8,30 ± 10,91 mg B/l en moyenne) chez l'adulte.
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+ La toxicité environnementale de ce bore et de celui qui peut être émis dans les milieux (cours d'eau notamment) fait l'objet de quelques études[91],[90],[89] dont pour des plantes (l'excès ou le manque de bore est l'un des premiers problèmes pour la santé des plantes) et insectes ou crustacés (daphnie[92] par exemple) aquatiques. Elles ont montré que les taux environnementaux de bore de certaines régions d'Europe sont proches des niveaux de toxicité pour les insectes aquatiques et d'autres espèces[93], laissant penser que les introductions anthropiques de bore dans l'environnement peuvent déjà poser problème dans les régions où le taux de bore était naturellement plus élevé et/ou pour les espèces qui y sont le plus sensibles (invertébrés, certaines plantes...). Les eaux d'irrigation trop riches en bore pourraient peut-être à terme poser problème, de même que les cendres issues de la combustion du charbon[94] ou de bois traités au bore, notamment quand ces cendres sont utilisées comme amendements pour le sol[79]. Par exemple sur sol acide amendé avec des cendres de charbon le maïs absorbe et accumulé plus de bore[95]. La taille des particules de cendre influe sur leur capacité à adsorber ou relarguer le bore[96].
135
+ Le bore susceptibles de poser des problèmes environnementaux provient notamment de certains détergents, de biocides et ignifugeants du bois, de tissus ou d'isolants thermiques (ouate de cellulose) notamment. Ils posent problème en fin de vie du matériau, et peut-être à la suite des contacts que des oiseaux, chauve-souris ou autres mammifères peuvent avoir avec le matériau traité.
136
+
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+ À haute dose le bore est un contaminant indésirable des eaux potables et d'irrigation (il est phytotoxique au-delà d'un certain seuil)[97]. Dans certaines régions (de Turquie ou du sud des États-Unis notamment), les eaux peuvent contenir des quantités élevées de bore[98], susceptibles de poser des problèmes de toxicité[99].
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+ L'épuration du bore de l'eau est assez coûteuse, mais techniquement possible, par exemple par électrocoagulation, osmose inverse[100], ou par des procédés hybrides déjà utilisés pour la dessalinisation (la mer contient une grande partie du bore « terrestre »)[101],[102] utilisant une résine ou d'autres matériaux[103] absorbant sélectivement certains sels[104]. Une alternative par bioremédiation par une micro algue (Chlorella) récemment isolée, a été testée et proposée en 2012[105].
140
+
141
+ Une méthode moins couteuse pourrait utiliser les propriétés adsorbantes de certaines argiles (naturelles ou modifiées) pour adsorber le bore[106].
142
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+ On trouve du bore principalement dans les légumes-feuilles (chou, laitue, poireau, céleri, etc.), les fruits (sauf ceux du genre citrus), les légumineuses et les noix. Parmi les aliments les plus riches, on compte l'avocat, l’arachide, la prune, le raisin, la poudre de chocolat, le vin et la noix de pécan[107].
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145
+ Depuis les années 2000, l'acide borique est considéré (par l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) notamment, et par le règlement REACH) comme une « substance hautement préoccupante en raison de ses propriétés reprotoxiques »[108].
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+ Tout ou partie des dérivés du bore et de l'acide borique en Europe, depuis 2010 sont qualifiés par les phrases de risque suivantes :
148
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+ Les principaux dérivés commercialisés du bore ou industriellement utilisés sont[109] :
150
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+ En 2014, la France est nette importatrice de bore, d'après les douanes françaises. Le prix moyen à la tonne à l'import était de 570 €[110].
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153
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ (en) Moseman, R.F. (1994) Chemical disposition of boron in animals and humans ; Environmental Health Perspectives 102, 113-117 (PDF, 5p)
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Bosnie-Herzégovine
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+ (bs) Bosna i Hercegovina
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+ (sr) Босна и Херцеговина
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+ 43° 50′ 51″ N, 18° 21′ 23″ E
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+ La Bosnie-Herzégovine ou Bosnie-et-Herzégovine[6],[7] (en bosnien et serbe Боснa и Херцеговина / Bosna i Hercegovina ; en croate Bosna i Hercegovina) est un État d'Europe du Sud appartenant à la région des Balkans. Elle est entourée par la Croatie au nord, à l'ouest et au sud, la Serbie à l'est et le Monténégro au sud-sud-est. Elle dispose d'une ouverture réduite sur la mer Adriatique, large d'une vingtaine de kilomètres.
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+ République fédérale de près de 3,5 millions d'habitants, la Bosnie-Herzégovine abrite trois principaux groupes ethniques, désignés comme « peuples constitutifs » par la constitution : les Bosniaques, les Serbes et les Croates. Le pays est divisé en trois entités autonomes : la fédération de Bosnie-et-Herzégovine, la république serbe de Bosnie et le district de Brčko. La capitale et ville la plus peuplée est Sarajevo. La monnaie nationale est le mark convertible.
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+ Les premiers établissement humains permanents sur le territoire de l'actuelle Bosnie-Herzégovine remontent au Néolithique. Au cours des millénaires suivants, le pays est successivement peuplé par diverses civilisations celtiques et illyriennes, avant d'être colonisé par des peuples slaves entre le VIe et le IXe siècle. Le banat de Bosnie, État vassal du royaume de Hongrie, est établi en 1154, avant de prendre son indépendance est de devenir le royaume de Bosnie en 1377. Après un bref âge d'or sous le règne de Stefan Tvrtko Ier de Bosnie, la Bosnie indépendante s'efface progressivement jusqu'à son annexion par l'Empire ottoman en 1463. Commence alors une longue époque de domination turque qui va durer quatre siècles et durant laquelle les Ottomans amènent l'Islam dans la région, modifiant durablement la société et la culture locale. En 1878 les troupes austro-hongroises s'emparent de la Bosnie conformément aux dispositions du Congrès de Berlin. L'occupation impériale dure jusqu'en 1918 lorsque la Bosnie-Herzégovine intègre le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, devenu Yougoslavie en 1929. Rattachée à l'État satellite croate mis en place par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste durant la Seconde Guerre mondiale, la Bosnie-Herzégovine devient une des républiques socialistes fédérées de la Yougoslavie communiste de l'après-guerre. Au cours du processus de dislocation de la Yougoslavie, le pays proclame son indépendance en 1992 et s'enfonce dans la sanglante guerre de Bosnie, laquelle prend fin avec les accords de Dayton le 14 décembre 1995.
20
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21
+ La Bosnie-Herzégovine possède un haut niveau d'alphabétisation, d'espérance de vie et d'éducation et se classe parmi les pays les plus visités de la région[8], avec[Quoi ?] le troisième taux de croissance touristique le plus élevé du monde entre 1995 et 2020[9]. Le pays est réputé pour son environnement naturel, son riche héritage culturel, sa cuisine, ses sports d'hiver, sa musique, son architecture et ses festivals, dont certains comptent comme les plus importants du sud-est de l'Europe[10],[11].
22
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23
+ La Bosnie-Herzégovine a déposé sa candidature (pas encore reconnue) à l'adhésion à l'Union européenne et est un candidat potentiel à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord depuis avril 2010[12]. Le pays est membre du Conseil de l'Europe depuis avril 2002 et est un membre fondateur de l'Union pour la Méditerranée.
24
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25
+ Bien qu'en français on dise couramment « Bosnie-Herzégovine », la traduction littérale du bosnien Bosna i Hercegovina est « Bosnie-et-Herzégovine » (que l'on retrouve dans la plupart des autres langues). Le pays unit ainsi deux régions historiques et n'est pas réductible à une Bosnie à laquelle on accolerait un adjectif.
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27
+ Les habitants de la Bosnie sont les Bosniens. On appelle Bosniaques les habitants de ce pays qui sont de tradition musulmane.
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29
+ Par sa forme constitutionnelle la Bosnie-Herzégovine est une république. Seule la Bosnie-Herzégovine est un sujet de droit international. Sa capitale est Sarajevo. Les autres villes importantes sont Banja Luka, Tuzla, Mostar, Zenica, Bihać, Travnik, Srebrenica, Goražde, Foča, Trebinje, Neum, Jajce, Sanski Most.
30
+
31
+ Depuis les accords de Dayton-Paris du 14 décembre 1995, elle est scindée en trois entités territoriales non indépendantes (entitet), dont la dénomination peut s'avérer trompeuse :
32
+
33
+ La non-concordance entre dénominations et territoires de facto d'une part et statuts de jure d'autre part crée un imbroglio juridique complexe. La république serbe de Bosnie s'est autoproclamée comme entité de l'ancienne Yougoslavie en 1992 par opposition à la proclamation d'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, alors que la constitution yougoslave admettait l'indépendance des six républiques fédérées, mais non l'établissement de nouvelles frontières telles que celles de la république serbe de Bosnie ou du Kosovo. La constitution de la Bosnie-Herzégovine et les exigences de la commission Badinter (en) non plus n'admettaient pas l'autonomie de la République serbe de Bosnie. Cette république de fait ne peut donc pas être reconnue en tant que telle par la communauté internationale. En 1996, les accords de Dayton lui reconnaissent seulement la qualité de collectivité territoriale autonome au même titre que la « fédération croato-musulmane », renommée par la suite fédération de Bosnie-et-Herzégovine (qu'il ne faut pas confondre avec la République de Bosnie-Herzégovine, qui est le seul État souverain reconnu).
34
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35
+ La région historique de Bosnie-Herzégovine a été successivement illyrienne, romaine, hongroise, ottomane, austro-hongroise et yougoslave (voir article détaillé). Avant la venue des Slaves sur le territoire, la population a été successivement illyrienne, grecque et dalmate. Actuellement ses populations sont presque exclusivement des Slaves du Sud qui sont, du point de vue religieux, musulmanes (sunnites) ou chrétiennes (catholiques et orthodoxes). Jadis, il y avait aussi des bogomiles d'inspiration paulicienne (Église bosnienne) et les musulmans affirment que ce sont leurs ancêtres. En janvier 1876, à la fin de la domination ottomane, une insurrection cristallise l'identité bosniaque, mais des forces centrifuges existent aussi, instrumentalisées par l'impérialisme austro-hongrois et le panslavisme russe : les orthodoxes s'appuient sur la Serbie elle-même soutenue par la Russie, tandis que les musulmans et les catholiques misent sur l'Autriche-Hongrie qui occupe le pays en 1878 (et l'annexe en 1908 en tant que condominium de Bosnie-Herzégovine)[13].
36
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37
+ Au Moyen Âge, en 1232, le ban Ninoslav fait du bogomilisme (ou « patarinisme ») la religion d'État[14]. Après la chute du royaume de Bosnie, les Bosniaques patarins se convertiront graduellement à l'islam. Les nouveaux maîtres ottomans feront venir des Valaques de religion orthodoxe comme force de travail ainsi que pour repeupler les territoires désertés à cause de la guerre ou de divers fléaux. C'est à partir de ce moment que s'implante plus sérieusement le courant chrétien orthodoxe en Bosnie alors qu'il n'était que très peu présent auparavant[15]. Lors de la période de l'éveil des nationalismes au XIXe siècle, les catholiques de Bosnie commencent à s'identifier comme Croates alors que les orthodoxes s'identifient comme Serbes. Ces entreprises de croatisation (en) et serbisation (en) de la population chrétienne, menées par les intellectuels et missionnaires des pays voisins, seront alors décriées par le frère franciscain Antun Knežević (en), lui-même catholique mais s'identifiant comme Bosniaque, et partisan d'un nationalisme bosniaque multiconfessionnel[16],[17]. Avec le temps, ce sont surtout les musulmans qui gardent un sentiment d'appartenance envers la Bosnie ; ils s'identifient comme « Bosniaques », tandis que le terme « Bosniens » désigne tous les habitants de la Bosnie-Herzégovine sans distinction de religion, conformément aux principes de la laïcité et du droit du sol.
38
+
39
+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l'invasion de la Yougoslavie, le territoire de la Bosnie-Herzégovine est cédé en 1941 à l'état indépendant de Croatie allié du Troisième Reich. Certains Croates et Bosniaques s'y rallient ou s'y soumettent ; d'autres s'y opposent dans la guerre de résistance qui suit l'invasion. La plupart des Serbes rejoignent le mouvement, fidèle au gouvernement yougoslave en exil à Londres, des Tchetniks, mais un autre mouvement de résistance, multiethnique, se constitue : celui des partisans communistes. Un grand nombre de Bosniaques, Croates et Serbes, mais également des Slovènes, Macédoniens, Monténégrins ou Albanais s'y engagent. Une guerre à cinq commence alors : s'affrontent d'un côté les Allemands et les Oustachis Croates d'Ante Pavelić, d'un autre côté les Tchetniks du serbe Draža Mihailović, et, à partir de l'été 1941 (rupture du pacte germano-soviétique) les partisans de Tito, qui affrontent aussi les Tchetniks à partir de 1943, poussant certains groupes à s'allier aux Oustachis, ou aux Italiens qui de leur côté, rejoignent les Alliés à l'automne 1943. De ces affrontements et changements d'alliances sortent largement vainqueurs les partisans de Tito d'autant que les « cinq de Cambridge » ont réussi à convaincre Winston Churchill de miser sur Tito et de réserver à ses partisans l'essentiel de la logistique Alliée. Dans ce contexte se forme, le 25 novembre 1943 à Jajce, le Conseil antifasciste de libération nationale de Yougoslavie qui décide de la formation d'une République de Bosnie-Herzégovine au sein d'un futur régime communiste fédéral.
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+ La fin de la guerre et la victoire des Partisans sont, conformément à ce programme, suivies de la proclamation de la république fédérative socialiste de Yougoslavie, dont la république socialiste de Bosnie-Herzégovine devient une entité fédérée.
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43
+ Une nouvelle assemblée est formée lors des élections parlementaires de 1990. Elle est dominée par trois partis communautaristes, formés sur des critères ethniques, qui forment une coalition dans le but de prendre le pouvoir aux communistes. Ces partis sont soutenus par certains pays de la Communauté européenne notamment l'Allemagne et l'Italie. Les récentes déclarations d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, et les guerres qui les ont suivies, placent la Bosnie-Herzégovine dans une situation difficile. La population est divisée : la Bosnie-Herzégovine doit-elle rester dans la fédération yougoslave, comme le veut la majorité des Serbes (32 % de la population), ou chercher à obtenir son indépendance, comme le souhaite la majeure partie des Bosniaques et des Croates (64 % de la population) ?
44
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45
+ Initiée par le Parti d'action démocratique de l'ancien dissident Alija Izetbegović, la déclaration de souveraineté du 15 octobre 1991 est suivie du rapport de la commission Badinter. Selon ce rapport, la Bosnie-Herzégovine ne peut être reconnue comme État indépendant par la communauté internationale que si un référendum national réclame cette reconnaissance. Ce référendum a lieu le 29 février 1992, conformément à la constitution yougoslave et aux exigences de la commission Badinter, mais il est boycotté par un tiers de la population (la majorité des Serbes de Bosnie). Parmi la population votante, essentiellement bosniaque et croate, les votants s'expriment à 99,4 % pour l'indépendance.
46
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47
+ Refusant les résultats de ce référendum, les milices serbes organisées par Radovan Karadžić, chef du parti nationaliste serbe SDS encerclent la ville de Sarajevo. Karadzić organise une conférence de presse où il déclare : une guerre interethnique et religieuse est inévitable, alors qu'Alija Izetbegović, élu président de la Bosnie, annonce qu'il n'y aura pas de guerre en Bosnie, ni interne ni importée. Le 30 mars 1992, le chef d'état major de l'armée yougoslave (JNA), le général Blagoje Adžić, déclare : La sécession de la Bosnie-Herzégovine est inacceptable et l'armée fédérale est prête à y intervenir pour défendre le peuple serbe menacé par une agression ouverte.
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+ Néanmoins, la Communauté européenne et les États-Unis reconnaissent l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, le 6 avril 1992. Son adhésion dans l'Organisation des Nations unies a lieu le 22 mai 1992, en même temps que celles de la Croatie et de la Slovénie[18].
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+ Refusant aussi cette reconnaissance par la communauté internationale, les forces de l'armée yougoslave dressent des barricades et postent des snipers tout autour de Sarajevo, pour « protéger » les quartiers serbes, et isoler les quartiers bosniaques, à majorité musulmane, et les croates, à majorité catholique. Le 6 avril 1992, le président yougoslave Slobodan Milošević coordonne les premières opérations militaires en Bosnie. Le scénario est le même qu'en Croatie.
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53
+ Bijeljina est la première ville bosniaque à être investie par l'armée yougoslave et par les milices serbes sous les ordres d'Arkan. « Nous avions l'ordre de tuer le plus de musulmans possible », confesse Goran Jelišić, un jeune mécanicien serbe recruté à Bijeljina par Arkan pour participer au nettoyage ethnique de Brčko dans le Nord de la Bosnie[19]. Zvornik est la deuxième ville investie par les Serbes. José Maria Mendiluce (en), du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, responsable pour l'ex-Yougoslavie, parvient à franchir le pont Mehmed Pacha Sokolović sur la Drina et à longer Zvornik avant d'être arrêté par un groupe de miliciens. Lorsqu'il eut quitté ses fonctions, il décrivit la scène suivante : Dans un virage, avant d'être interceptée, ma voiture a patiné sur du sang, j'ai croisé des camions remplis de cadavres. Dès lors, la guerre se généralise, les milices de chaque communauté s'en prenant aux civils désarmés des deux autres. Aucune convention de guerre n'est appliquée et la barbarie se déchaîne (viols, tortures, assassinats, formation de camps de concentration)[20]. Le général Mladić, serbe de Bosnie à la tête du corps d'armée de Knin, réussit à s'emparer de l'ouest de la Bosnie-Herzégovine (à l'exception de Bihać), d'où il chasse toutes les populations non-serbes. À la mi-mai 1992, les forces serbes entreprennent de « nettoyer » les zones occupées. Parallèlement, le chef du parti démocratique serbe, Radislav Vukić, interdit les mariages mixtes.
54
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55
+ Les populations bosniennes sont dès lors soumises à un régime d'apartheid, institutionnalisé sous le nom de statut spécifique : les Bosniaques et les Croates des territoires sous contrôle serbe, ainsi que les Serbes des territoires sous contrôle croate ou bosniaque, sont privés de travail et de soins médicaux, assignées à résidence après avoir été expulsés et relogés dans des quartiers devenus ghettos. Des membres de chaque communauté sont également détenus dans les territoires pourtant contrôlés par « leurs » leaders, pour s'être opposés à la guerre et avoir défendu l'idée d'une Bosnie multi-ethnique. Ils y subissent les mêmes sévices que les ennemis. La violence se déchaîne aussi entre Croates et musulmans (combats de Mostar et dynamitage de son pont, sac de Stolac et dynamitage de sa mosquée…)[21].
56
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57
+ En 1993, le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est créé par les résolutions, no 808 et 827, du Conseil de sécurité des Nations unies. Ainsi déclarait M. Boutros Boutros-Ghali : il était inadmissible, en effet, que restent depuis si longtemps impunis les actes dont nous sommes, hélas, si souvent les témoins et qui révoltent les consciences humaines[22].
58
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59
+ Lorsque les pressions de la communauté internationale sur le régime Milošević forcent l'armée fédérale yougoslave (JNA) d'évacuer la Bosnie-Herzégovine, les militaires serbes de la JNA changent d'insigne sur leurs uniformes et sur leurs appareils militaires, créant ainsi l'armée de la république serbe de Bosnie. Sous ce nouvel uniforme, ils continuent de bénéficier d'un large support humain, logistique, et financier de la part de la République fédérale de Yougoslavie. L'offensive de la république serbe de Bosnie de 1992 réussit à placer la majorité du pays sous son contrôle (70 % du pays en 1993). En mars 1994, un accord à Washington proposait une fédération croato-musulmane, avec le principe d'un État fédéral entre celle-ci et la république serbe de Bosnie.
60
+
61
+ Mais les efforts de la communauté internationale pour tenter de faire cesser le conflit et éviter les pertes humaines parmi la population eurent peu d'effets concrets malgré l'envoi de plus de 38 000 militaires sous le drapeau de l'ONU. Les massacres continuèrent, dont le plus connu fut certainement celui de Srebrenica, en juillet 1995.
62
+
63
+ Les populations croato-bosniaques ont alors obtenu une aide logistique accrue de la part de la communauté internationale, qui isola la république fédérale de Yougoslavie officiellement définie comme agresseur (même si les Serbes continuaient de dire qu'il s'agissait d'une guerre légitime pour permettre le maintien dans la Yougoslavie des populations désirant y rester).
64
+
65
+ L'offensive conjointe en Croatie, en 1995, des forces croates de Croatie et de Bosnie, et des forces bosniaques de Bosnie (voir 5e Corpus de Hamza en Croatie), permit la conquête de tous les territoires serbes de Croatie. La population serbe de ces territoires (dont la présence remontait aux frontières militaires de l'Empire d'Autriche) fut expulsée vers la république serbe de Bosnie, qui fut également attaquée et perdit un tiers de son territoire. La Forpronu perdit 167 hommes et compta plus de 700 blessés.
66
+
67
+ Le 21 novembre 1995, alors que certains militaires croates et bosniaques souhaitaient effacer la république serbe de Bosnie et en expulser les habitants vers la Yougoslavie, les belligérants furent invités à signer à Dayton (États-Unis) un traité de paix afin d'arrêter les combats. Les accords de Dayton, signés en décembre 1995, partagèrent la Bosnie-Herzégovine en deux entités : La fédération de Bosnie-et-Herzégovine (51 % du territoire et 70 % de la population) et la république serbe de Bosnie (49 % du territoire et 25 % de la population, plus les réfugiés serbes de Croatie, désormais apatrides). En 1995-1996, une force internationale de maintien de la paix (IFOR) dirigée par l'OTAN, comprenant 60 000 soldats, intervint en Bosnie afin de mettre en place et de surveiller les aspects militaires de l'accord. À l'IFOR succéda une force de stabilisation (Sfor) plus réduite (14 000 soldats en 2003) dont la mission était d'empêcher la reprise des hostilités. À cette Sfor, a succédé en décembre 2004 l'Eufor, une force militaire de l'Union européenne de 7 000 hommes environ.
68
+
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+ La force de police internationale de l'ONU en Bosnie-Herzégovine a été remplacée fin 2002 par la Mission de police de l'Union européenne (MPUE), premier exemple pour l'Union européenne d'une telle force de police, ayant des missions de surveillance et d'entraînement.
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+ En 2005, on découvre encore en Bosnie-Herzégovine des charniers datant de la guerre. La plupart du temps, les militaires de chaque belligérant s'en prenaient aux populations civiles de ses adversaires, et évitaient de s'affronter entre eux. Peu d'entre eux furent inquiétés, moins encore, poursuivis. La Croatie s'est officiellement excusée pour ses agressions et ses crimes de guerre commis sur le peuple bosniaque (mais pas sur les Serbes). La Serbie, qui n'a encore présenté aucun regret, est poursuivie par la Bosnie-Herzégovine pour agression et génocide sur la population bosniaque devant la Cour internationale de justice. Les Bosniaques, comme les Croates, ne reconnaissent officiellement aucun crime sur les Serbes. Les principaux dirigeants de l'armée serbe de Bosnie, rendus responsables des évènements de Srebrenica, sont le général Ratko Mladić et Radovan Karadžić, ancien président de la République serbe de Bosnie. Après des années de fuite, Karadžić est arrêté en juillet 2008.
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+ La guerre a causé la mort de « 100 000 civils et militaires bosniaques, serbes et croates[23] » ; 1,8 million de personnes furent déplacées, tous groupes ethniques confondus.
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+ L'analyse ethnique de la population du territoire de la Republika Srpska, d'après le recensement de la population de l'année 1991 en comparaison avec après guerre en l'an 1997 (source : IMG, sur la base du recensement de la population de l'année 1991 et des estimations de l'UNHCR pour l'année 1997) montre la quasi-disparition des Bosniaques de ce territoire :
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+ Le haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, Valentin Inzko, est nommé par le Conseil de mise en œuvre des Accords de Paix. Il est la plus haute autorité du pays et dispose de pouvoirs exécutifs tels que l'annulation de décisions de l'exécutif et du parlement de Bosnie-Herzégovine contraires à l'esprit des accords de Dayton, dont il est l'autorité finale pour toute interprétation[23]. Il rend compte de son action chaque semestre au Conseil de sécurité des Nations unies.
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+ La déclaration d'indépendance a eu lieu en 1992. Des élections générales ont eu lieu le 3 octobre 2010. Les électeurs de Bosnie-Herzégovine ont élu la présidence et le parlement de Bosnie-Herzégovine. Les électeurs de la fédération de Bosnie-et-Herzégovine ont élu un nouveau parlement pour l'entité et les électeurs de la république serbe de Bosnie ont choisi un président, un vice-président et un parlement. Le président du Conseil des ministres, Nikola Špirić, a été confirmé par le Parlement le 9 février 2007.
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+ Le 15 février 2016, Dragan Čović, président collégial de la Bosnie-Herzégovine, dépose la demande d'adhésion du pays à l'Union européenne[24].
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+ Trois présidents devant représenter respectivement les communautés Serbes, Croates et Bosniaques sont élus simultanément au scrutin uninominal majoritaire à un tour. L'un des candidats serbes est élu par les seuls électeurs de la République serbe de Bosnie tandis que les électeurs croates et bosniaques de la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine votent pour l'un ou l'autre des candidats croates et bosniaques. Les habitants du district de Brčko, qui ne fait partie d'aucune des deux entités, doivent se faire enregistrer sur les listes électorales de l'une ou l'autre. Les trois présidents alternent à tour de rôle à la tête de la présidence collégiale, pour des périodes de huit mois[25].
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+ En mai 2008, les 4e élections, ont eu lieu en Bosnie, et les clivages entre Musulmans, Serbes et Croates se sont retrouvés dans les résultats[26] ; 55 % des 3 millions d'électeurs se sont abstenus, ce qui représente le plus faible taux de participation des 4 élections depuis les accords de Dayton.
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+ Selon les premiers résultats partiels fournis par la Commission électorale centrale (CEC), l'Union des sociaux-démocrates indépendants (SNSD, serbe) a remporté 32 sièges de maires, le Parti de l'Action démocratique (SDA, musulman) 28, et la Communauté démocratique croate (HDZ) 15, dans les régions où chaque communauté est respectivement majoritaire[26].
88
+
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+ Depuis 1991, il y a entre quatre et cinq fois moins de Serbes qui vivent à Sarajevo et dans le reste de la fédération de Bosnie-Herzégovine, ils sont tous en République serbe de Bosnie. Il en est de même pour les Croates et les Bosniaques qui vivent en majorité en Bosnie centrale et à Sarajevo pour les Bosniaques, et dans le sud du pays, surtout dans l'ouest de l'Herzégovine, pour les Croates. Concrètement, la Bosnie-Herzégovine est divisée d'un point de vue ethnico-religieux[27].
90
+
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+ Le mouvement indépendantiste serbe se trouve renforcé dans sa volonté d'organiser un référendum au sujet de l'indépendance depuis l'annonce du soutien de l'indépendance du Kosovo par l'Union européenne et les États-Unis[28].
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+ Fin 2007, l'institut de sondage Partner qui est basé à Banja Luka a révélé que 77 % des Serbes de Bosnie étaient favorables à une sécession de la République serbe de Bosnie dans l'hypothèse où les Albanais du Kosovo se déclareraient indépendants de la Serbie[29].
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+ L'ancien ambassadeur des États-Unis à Belgrade, William Dale Montgomery (en), soutient une division de la Bosnie, ainsi que du Kosovo[30].
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+ Les autorités de l’entité République serbe continuent de mener une politique déstabilisatrice et conflictuelle en Bosnie-Herzégovine. La poursuite des déclarations du Président de la République serbe Milorad Dodik, niant le statut d’État de la Bosnie-Herzégovine, tout en prônant la sécession de la République serbe et son union avec la Serbie, est une attaque contre l'intégrité territoriale de Bosnie-Herzégovine .
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+
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+ Il faut rappeler que les entités ne sont en aucun cas fondées à faire sécession, et la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine sont garantis par l’Accord de Dayton.[31]
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+
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+ En 2017, les États-Unis ont sanctionné le président de l'entité République serbe, Milorad Dodik, pour ses propos sécessionnistes. En faisant obstacle aux accords de Dayton, Milorad Dodik constitue une menace importante pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. La sanction signifie que toute propriété ou intérêt dans la propriété de Dodik sous juridiction américaine est bloqué, et ils sont toujours valables.[32]
102
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+ La Commission de Venise a constaté que les pouvoirs de l'État central de Bosnie-Herzégovine, sont trop faibles et propose une révision constitutionnelle qui permettrait d'adapter le texte à la réalité politique parː Le transfert de responsabilités des Entités vers l'État central ; Une définition plus stricte du veto au nom des intérêts vitaux, afin que ce veto ne soit pas un simple pouvoir de blocage au nom d'intérêts partisans; Simplifier l'organisation territoriale par suppression des Entités, ou passer d'un État fondé sur l'égalité de trois peuples constituants à un État fondé sur l'égalité des citoyens.
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+
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+ Les États-Unis souhait de voir disparaître la République serbe, considérée comme le seul résultat tangible de la politique menée par les nationalistes serbes.[33]
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+ En 2019, Le Conseil de sécurité de Nations Unies a exprimé son ferme appui au plein respect de la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine[34].
108
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+ Le parti nationaliste croate de Bosnie appelle régulièrement à la création d'une entité autonome croate, séparée de la communauté bosniaque[35]. Les Croates (chrétiens catholiques) justifient cette demande par la crainte d’être mis en minorité par les Bosniaques (musulmans) qui détiennent la majorité de quatre cinquièmes au sein des institutions fédérales[36].
110
+
111
+ La Bosnie-Herzégovine présente deux organisations parallèles de subdivisions territoriales du fait de l'existence de deux entités constitutives de la fédération bosnienne :
112
+
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+ auxquelles on ajoutera une troisième entité, le district de Brčko situé entre les deux premières, au nord du pays, possédant un statut neutre et autonome, géré en partie par un superviseur international mandaté par l'ONU.
114
+
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+ La population, d'après le recensement effectué en 2013, est de 3 531 159 habitants[38].
116
+
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+ Pour des raisons économiques, plus de 2 millions d'habitants de ce pays, vivent et travaillent à l'étranger (Allemagne, Autriche, pays de la Scandinavie, Canada, France...)
118
+
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+ À l'époque de la Yougoslavie, les Bosniaques étaient majoritairement appelés « Musulmans », les trois peuples composant le pays étant les Musulmans, qui avaient la majorité relative, les Bosno-Croates et les Bosno-Serbes.
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+
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+ La composition de la population a varié et surtout a changé de répartition géographique à la suite des diverses opérations de nettoyage ethnique, et les gentilés ont été changés afin d'éviter toute confusion entre le peuple musulman et la religion musulmane et pour répondre à la volonté de reconnaissance des Bosniaques en tant que nation, nommés ainsi jusque l'invasion austro-hongroise. Ainsi les habitants du pays sont désormais officiellement appelés « Bosniens », les trois « nationalités » majoritaires étant les Bosniaques, les Croates et les Serbes. Par « nationalité » il ne faut pas entendre ici la citoyenneté bosnienne ni la langue BCMS que tous partagent, mais l'appartenance à une communauté confessionnelle et historique définie par la religion musulmane sunnite pour les Bosniaques, chrétienne catholique pour les Croates et chrétienne orthodoxe pour les Serbes, appartenances qui changent aussi le nom de la langue (respectivement bosnien, croate et serbe ; dans ce dernier cas, la langue s'écrit majoritairement en caractères cyrilliques, ces derniers étant admis en bosnien).
122
+
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+ La nationalité yougoslave n'a pas pour autant disparu, et correspond à la population continuant à se déclarer Yougoslave, et non de l'une des « nationalités » bosniaque, croate ou serbe : il s'agit en majorité de couples mixtes. Cette nationalité disparaît à partir du recensement de 2013[40].
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+ Traditionnellement, la population bosniaque vit davantage dans et autour des centres urbains, la population serbe occupant de plus vastes zones rurales. Ceci explique en partie la répartition géographique des différents groupes ethniques.
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+ Un recensement de la population est effectué en 1991. Par la suite, aucune donnée fiable n'est produite, car les principales forces politiques de Bosnie-Herzégovine considèrent les statistiques démographiques comme une poursuite de la guerre et une tentative d'officialiser les résultats du nettoyage ethnique. En janvier 2012, Halid Genjac (en) du Parti d'action démocratique annonce qu'un accord est conclu pour qu'un recensement ait lieu en 2013[40].
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+ Résultats finaux publiés le 30 juin 2016 incluant les statistiques sur les groupes ethniques en Bosnie-Herzégovine[41].
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+ Même si les linguistes utilisent le terme de serbo-croate pour définir la langue parlée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue « croate », « bosnien », « serbe » ou « monténégrin ». Il n'y a pas d'isoglosse entre ces langues (les locuteurs se comprennent spontanément, sans traducteur) : leur définition est donc historique et politique. Par contre, il y a des différences partielles de lexique (certains mots, certaines conjugaisons ou déclinaisons varient) et surtout une différence d'alphabet : il est exclusivement latin en Croatie et dans la Fédération croato-bosniaque de Bosnie-Herzégovine, alors que les Serbes utilisent les deux alphabets : alphabet cyrillique serbe en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie, mais aussi l'alphabet latin serbe en Serbie et au Monténégro, mais pas en Bosnie. Des éléments de la langue turque se retrouvent dans le bosnien.
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+ La constitution de la Bosnie-Herzégovine ne mentionne aucune langue officielle.
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+ Au temps où la Bosnie-Herzégovine était sous domination austro-hongroise (1878 à 1918), le territoire était administré en langue allemande.
136
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+ Aujourd'hui, l'anglais est très parlé, surtout parmi les plus jeunes, et est une langue universitaire. Il est souvent utilisé dans l'administration, et est très utile pour communiquer avec les casques bleus de l'ONU présents sur le territoire. Une forte diaspora bosniaque existe aux États-Unis, au Canada, et en Australie, tout comme en Grande-Bretagne. L'allemand est également répandu, un grand nombre de Bosniaques vivant et travaillant dans des pays de langue allemande, l'Allemagne, l'Autriche ou la Suisse. Enfin, le turc, langue de culture en Bosnie-Herzégovine qui fut partie intégrante de l'Empire ottoman jusqu'en 1878.
138
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+ La Bosnie-Herzégovine est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie[42].
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+ La répartition religieuse du pays s'établit ainsi : les musulmans constituent 51 % de la population, les chrétiens orthodoxes constituent 31 % tandis que les chrétiens catholiques constituent 15 %, et 1,2 % pour les autres groupes religieux (y compris les juifs et les protestants). Il y a aussi 0,8 % d'athées et 0,3 % d'agnostiques[43].
142
+
143
+ Le taux de pratique religieuse est relativement faible parmi les groupes religieux traditionnels, mais certaines régions connaissent une pratique plus fréquente, comme chez les Croates catholiques en Herzégovine ou parmi les musulmans de Bosnie centrale. Pour beaucoup de musulmans de Bosnie, la religion sert souvent comme identifiant communautaire lors des rites significatifs de passage comme la naissance, le mariage et la mort. Il y a également beaucoup d'athées et d'agnostiques parmi les Bosniaques. Toutes les religions ont connu un regain de pratique à la suite de la guerre de 1992-1995, expression de l'identification accrue de chacun avec son héritage ethnique et culturel.
144
+
145
+ Durant les années 2010, la presse pointe néanmoins du doigt un radicalisme religieux salafiste dans une partie de la communauté musulmane[44]. Les combattants étrangers, venus dans le pays lors de la guerre (1992-1995), seraient à l’origine de ce nouvel intégrisme[45]. Quelque 300 Bosniens se trouvent ainsi, en 2015, à faire le djihad en Syrie, ce qui ramené au nombre d’habitants forme le taux de départ pour le jihad le plus élevé d’Europe[46].
146
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147
+ Le pape a alerté sur la situation des catholiques de Bosnie, dont beaucoup des jeunes se sont enfuis lors de la guerre, mais ne peuvent pas revenir. Il leur est également impossible de construire une église ou une école[47].
148
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149
+ Sarajevo est aujourd'hui l'une des capitales les plus polluées au monde. La pollution de l’air est à l’origine de près d’un décès sur cinq[48].
150
+
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+ La Bosnie-Herzégovine est un pays en voie de développement. La monnaie est le mark convertible.
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+ Les Jeux olympiques d'hiver se sont déroulés à Sarajevo en 1984, le pays faisant alors partie de la Yougoslavie.
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+ Avant que n'éclate la Yougoslavie, tous les clubs jouaient sous une même fédération, la Fédération de Yougoslavie de football, Fédération yougoslave de basket-ball ou la Fédération yougoslave de handball.
156
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+ En handball, le RK Borac Banja Luka de la ville de Banja Luka remporte la Coupe des clubs champions européens en 1976, un an après avoir échoué en finale, et la coupe EHF en 1991. En 1979, le KK Bosna, club de basket-ball de Sarajevo remporte la Coupe d'Europe des clubs champions chez les hommes, et le Jedinstvo Aida, de Tuzla, remporte la Coupe d'Europe des clubs champions en 1989 chez les femmes. Les clubs de football comme le FK Sarajevo, le FK Željezničar Sarajevo et le FK Velež Mostar sont parmi les clubs les plus connus du pays.
158
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+ La Bosnie-Herzégovine se qualifie pour la première coupe du monde de football de son histoire en 2014. Un an plus tard, le 15 juin 2014, l'équipe nationale de handball se qualifie pour la première fois de son histoire à une compétition majeure, le Championnat du monde 2015 disputé au Qatar.
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+ La Bosnie-Herzégovine a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Bosnie-Herzégovine
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+ (bs) Bosna i Hercegovina
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+ (sr) Босна и Херцеговина
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+ 43° 50′ 51″ N, 18° 21′ 23″ E
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+ La Bosnie-Herzégovine ou Bosnie-et-Herzégovine[6],[7] (en bosnien et serbe Боснa и Херцеговина / Bosna i Hercegovina ; en croate Bosna i Hercegovina) est un État d'Europe du Sud appartenant à la région des Balkans. Elle est entourée par la Croatie au nord, à l'ouest et au sud, la Serbie à l'est et le Monténégro au sud-sud-est. Elle dispose d'une ouverture réduite sur la mer Adriatique, large d'une vingtaine de kilomètres.
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+ République fédérale de près de 3,5 millions d'habitants, la Bosnie-Herzégovine abrite trois principaux groupes ethniques, désignés comme « peuples constitutifs » par la constitution : les Bosniaques, les Serbes et les Croates. Le pays est divisé en trois entités autonomes : la fédération de Bosnie-et-Herzégovine, la république serbe de Bosnie et le district de Brčko. La capitale et ville la plus peuplée est Sarajevo. La monnaie nationale est le mark convertible.
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+ Les premiers établissement humains permanents sur le territoire de l'actuelle Bosnie-Herzégovine remontent au Néolithique. Au cours des millénaires suivants, le pays est successivement peuplé par diverses civilisations celtiques et illyriennes, avant d'être colonisé par des peuples slaves entre le VIe et le IXe siècle. Le banat de Bosnie, État vassal du royaume de Hongrie, est établi en 1154, avant de prendre son indépendance est de devenir le royaume de Bosnie en 1377. Après un bref âge d'or sous le règne de Stefan Tvrtko Ier de Bosnie, la Bosnie indépendante s'efface progressivement jusqu'à son annexion par l'Empire ottoman en 1463. Commence alors une longue époque de domination turque qui va durer quatre siècles et durant laquelle les Ottomans amènent l'Islam dans la région, modifiant durablement la société et la culture locale. En 1878 les troupes austro-hongroises s'emparent de la Bosnie conformément aux dispositions du Congrès de Berlin. L'occupation impériale dure jusqu'en 1918 lorsque la Bosnie-Herzégovine intègre le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, devenu Yougoslavie en 1929. Rattachée à l'État satellite croate mis en place par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste durant la Seconde Guerre mondiale, la Bosnie-Herzégovine devient une des républiques socialistes fédérées de la Yougoslavie communiste de l'après-guerre. Au cours du processus de dislocation de la Yougoslavie, le pays proclame son indépendance en 1992 et s'enfonce dans la sanglante guerre de Bosnie, laquelle prend fin avec les accords de Dayton le 14 décembre 1995.
20
+
21
+ La Bosnie-Herzégovine possède un haut niveau d'alphabétisation, d'espérance de vie et d'éducation et se classe parmi les pays les plus visités de la région[8], avec[Quoi ?] le troisième taux de croissance touristique le plus élevé du monde entre 1995 et 2020[9]. Le pays est réputé pour son environnement naturel, son riche héritage culturel, sa cuisine, ses sports d'hiver, sa musique, son architecture et ses festivals, dont certains comptent comme les plus importants du sud-est de l'Europe[10],[11].
22
+
23
+ La Bosnie-Herzégovine a déposé sa candidature (pas encore reconnue) à l'adhésion à l'Union européenne et est un candidat potentiel à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord depuis avril 2010[12]. Le pays est membre du Conseil de l'Europe depuis avril 2002 et est un membre fondateur de l'Union pour la Méditerranée.
24
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25
+ Bien qu'en français on dise couramment « Bosnie-Herzégovine », la traduction littérale du bosnien Bosna i Hercegovina est « Bosnie-et-Herzégovine » (que l'on retrouve dans la plupart des autres langues). Le pays unit ainsi deux régions historiques et n'est pas réductible à une Bosnie à laquelle on accolerait un adjectif.
26
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27
+ Les habitants de la Bosnie sont les Bosniens. On appelle Bosniaques les habitants de ce pays qui sont de tradition musulmane.
28
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29
+ Par sa forme constitutionnelle la Bosnie-Herzégovine est une république. Seule la Bosnie-Herzégovine est un sujet de droit international. Sa capitale est Sarajevo. Les autres villes importantes sont Banja Luka, Tuzla, Mostar, Zenica, Bihać, Travnik, Srebrenica, Goražde, Foča, Trebinje, Neum, Jajce, Sanski Most.
30
+
31
+ Depuis les accords de Dayton-Paris du 14 décembre 1995, elle est scindée en trois entités territoriales non indépendantes (entitet), dont la dénomination peut s'avérer trompeuse :
32
+
33
+ La non-concordance entre dénominations et territoires de facto d'une part et statuts de jure d'autre part crée un imbroglio juridique complexe. La république serbe de Bosnie s'est autoproclamée comme entité de l'ancienne Yougoslavie en 1992 par opposition à la proclamation d'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, alors que la constitution yougoslave admettait l'indépendance des six républiques fédérées, mais non l'établissement de nouvelles frontières telles que celles de la république serbe de Bosnie ou du Kosovo. La constitution de la Bosnie-Herzégovine et les exigences de la commission Badinter (en) non plus n'admettaient pas l'autonomie de la République serbe de Bosnie. Cette république de fait ne peut donc pas être reconnue en tant que telle par la communauté internationale. En 1996, les accords de Dayton lui reconnaissent seulement la qualité de collectivité territoriale autonome au même titre que la « fédération croato-musulmane », renommée par la suite fédération de Bosnie-et-Herzégovine (qu'il ne faut pas confondre avec la République de Bosnie-Herzégovine, qui est le seul État souverain reconnu).
34
+
35
+ La région historique de Bosnie-Herzégovine a été successivement illyrienne, romaine, hongroise, ottomane, austro-hongroise et yougoslave (voir article détaillé). Avant la venue des Slaves sur le territoire, la population a été successivement illyrienne, grecque et dalmate. Actuellement ses populations sont presque exclusivement des Slaves du Sud qui sont, du point de vue religieux, musulmanes (sunnites) ou chrétiennes (catholiques et orthodoxes). Jadis, il y avait aussi des bogomiles d'inspiration paulicienne (Église bosnienne) et les musulmans affirment que ce sont leurs ancêtres. En janvier 1876, à la fin de la domination ottomane, une insurrection cristallise l'identité bosniaque, mais des forces centrifuges existent aussi, instrumentalisées par l'impérialisme austro-hongrois et le panslavisme russe : les orthodoxes s'appuient sur la Serbie elle-même soutenue par la Russie, tandis que les musulmans et les catholiques misent sur l'Autriche-Hongrie qui occupe le pays en 1878 (et l'annexe en 1908 en tant que condominium de Bosnie-Herzégovine)[13].
36
+
37
+ Au Moyen Âge, en 1232, le ban Ninoslav fait du bogomilisme (ou « patarinisme ») la religion d'État[14]. Après la chute du royaume de Bosnie, les Bosniaques patarins se convertiront graduellement à l'islam. Les nouveaux maîtres ottomans feront venir des Valaques de religion orthodoxe comme force de travail ainsi que pour repeupler les territoires désertés à cause de la guerre ou de divers fléaux. C'est à partir de ce moment que s'implante plus sérieusement le courant chrétien orthodoxe en Bosnie alors qu'il n'était que très peu présent auparavant[15]. Lors de la période de l'éveil des nationalismes au XIXe siècle, les catholiques de Bosnie commencent à s'identifier comme Croates alors que les orthodoxes s'identifient comme Serbes. Ces entreprises de croatisation (en) et serbisation (en) de la population chrétienne, menées par les intellectuels et missionnaires des pays voisins, seront alors décriées par le frère franciscain Antun Knežević (en), lui-même catholique mais s'identifiant comme Bosniaque, et partisan d'un nationalisme bosniaque multiconfessionnel[16],[17]. Avec le temps, ce sont surtout les musulmans qui gardent un sentiment d'appartenance envers la Bosnie ; ils s'identifient comme « Bosniaques », tandis que le terme « Bosniens » désigne tous les habitants de la Bosnie-Herzégovine sans distinction de religion, conformément aux principes de la laïcité et du droit du sol.
38
+
39
+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l'invasion de la Yougoslavie, le territoire de la Bosnie-Herzégovine est cédé en 1941 à l'état indépendant de Croatie allié du Troisième Reich. Certains Croates et Bosniaques s'y rallient ou s'y soumettent ; d'autres s'y opposent dans la guerre de résistance qui suit l'invasion. La plupart des Serbes rejoignent le mouvement, fidèle au gouvernement yougoslave en exil à Londres, des Tchetniks, mais un autre mouvement de résistance, multiethnique, se constitue : celui des partisans communistes. Un grand nombre de Bosniaques, Croates et Serbes, mais également des Slovènes, Macédoniens, Monténégrins ou Albanais s'y engagent. Une guerre à cinq commence alors : s'affrontent d'un côté les Allemands et les Oustachis Croates d'Ante Pavelić, d'un autre côté les Tchetniks du serbe Draža Mihailović, et, à partir de l'été 1941 (rupture du pacte germano-soviétique) les partisans de Tito, qui affrontent aussi les Tchetniks à partir de 1943, poussant certains groupes à s'allier aux Oustachis, ou aux Italiens qui de leur côté, rejoignent les Alliés à l'automne 1943. De ces affrontements et changements d'alliances sortent largement vainqueurs les partisans de Tito d'autant que les « cinq de Cambridge » ont réussi à convaincre Winston Churchill de miser sur Tito et de réserver à ses partisans l'essentiel de la logistique Alliée. Dans ce contexte se forme, le 25 novembre 1943 à Jajce, le Conseil antifasciste de libération nationale de Yougoslavie qui décide de la formation d'une République de Bosnie-Herzégovine au sein d'un futur régime communiste fédéral.
40
+
41
+ La fin de la guerre et la victoire des Partisans sont, conformément à ce programme, suivies de la proclamation de la république fédérative socialiste de Yougoslavie, dont la république socialiste de Bosnie-Herzégovine devient une entité fédérée.
42
+
43
+ Une nouvelle assemblée est formée lors des élections parlementaires de 1990. Elle est dominée par trois partis communautaristes, formés sur des critères ethniques, qui forment une coalition dans le but de prendre le pouvoir aux communistes. Ces partis sont soutenus par certains pays de la Communauté européenne notamment l'Allemagne et l'Italie. Les récentes déclarations d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, et les guerres qui les ont suivies, placent la Bosnie-Herzégovine dans une situation difficile. La population est divisée : la Bosnie-Herzégovine doit-elle rester dans la fédération yougoslave, comme le veut la majorité des Serbes (32 % de la population), ou chercher à obtenir son indépendance, comme le souhaite la majeure partie des Bosniaques et des Croates (64 % de la population) ?
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+ Initiée par le Parti d'action démocratique de l'ancien dissident Alija Izetbegović, la déclaration de souveraineté du 15 octobre 1991 est suivie du rapport de la commission Badinter. Selon ce rapport, la Bosnie-Herzégovine ne peut être reconnue comme État indépendant par la communauté internationale que si un référendum national réclame cette reconnaissance. Ce référendum a lieu le 29 février 1992, conformément à la constitution yougoslave et aux exigences de la commission Badinter, mais il est boycotté par un tiers de la population (la majorité des Serbes de Bosnie). Parmi la population votante, essentiellement bosniaque et croate, les votants s'expriment à 99,4 % pour l'indépendance.
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+ Refusant les résultats de ce référendum, les milices serbes organisées par Radovan Karadžić, chef du parti nationaliste serbe SDS encerclent la ville de Sarajevo. Karadzić organise une conférence de presse où il déclare : une guerre interethnique et religieuse est inévitable, alors qu'Alija Izetbegović, élu président de la Bosnie, annonce qu'il n'y aura pas de guerre en Bosnie, ni interne ni importée. Le 30 mars 1992, le chef d'état major de l'armée yougoslave (JNA), le général Blagoje Adžić, déclare : La sécession de la Bosnie-Herzégovine est inacceptable et l'armée fédérale est prête à y intervenir pour défendre le peuple serbe menacé par une agression ouverte.
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+ Néanmoins, la Communauté européenne et les États-Unis reconnaissent l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, le 6 avril 1992. Son adhésion dans l'Organisation des Nations unies a lieu le 22 mai 1992, en même temps que celles de la Croatie et de la Slovénie[18].
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+ Refusant aussi cette reconnaissance par la communauté internationale, les forces de l'armée yougoslave dressent des barricades et postent des snipers tout autour de Sarajevo, pour « protéger » les quartiers serbes, et isoler les quartiers bosniaques, à majorité musulmane, et les croates, à majorité catholique. Le 6 avril 1992, le président yougoslave Slobodan Milošević coordonne les premières opérations militaires en Bosnie. Le scénario est le même qu'en Croatie.
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+ Bijeljina est la première ville bosniaque à être investie par l'armée yougoslave et par les milices serbes sous les ordres d'Arkan. « Nous avions l'ordre de tuer le plus de musulmans possible », confesse Goran Jelišić, un jeune mécanicien serbe recruté à Bijeljina par Arkan pour participer au nettoyage ethnique de Brčko dans le Nord de la Bosnie[19]. Zvornik est la deuxième ville investie par les Serbes. José Maria Mendiluce (en), du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, responsable pour l'ex-Yougoslavie, parvient à franchir le pont Mehmed Pacha Sokolović sur la Drina et à longer Zvornik avant d'être arrêté par un groupe de miliciens. Lorsqu'il eut quitté ses fonctions, il décrivit la scène suivante : Dans un virage, avant d'être interceptée, ma voiture a patiné sur du sang, j'ai croisé des camions remplis de cadavres. Dès lors, la guerre se généralise, les milices de chaque communauté s'en prenant aux civils désarmés des deux autres. Aucune convention de guerre n'est appliquée et la barbarie se déchaîne (viols, tortures, assassinats, formation de camps de concentration)[20]. Le général Mladić, serbe de Bosnie à la tête du corps d'armée de Knin, réussit à s'emparer de l'ouest de la Bosnie-Herzégovine (à l'exception de Bihać), d'où il chasse toutes les populations non-serbes. À la mi-mai 1992, les forces serbes entreprennent de « nettoyer » les zones occupées. Parallèlement, le chef du parti démocratique serbe, Radislav Vukić, interdit les mariages mixtes.
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+ Les populations bosniennes sont dès lors soumises à un régime d'apartheid, institutionnalisé sous le nom de statut spécifique : les Bosniaques et les Croates des territoires sous contrôle serbe, ainsi que les Serbes des territoires sous contrôle croate ou bosniaque, sont privés de travail et de soins médicaux, assignées à résidence après avoir été expulsés et relogés dans des quartiers devenus ghettos. Des membres de chaque communauté sont également détenus dans les territoires pourtant contrôlés par « leurs » leaders, pour s'être opposés à la guerre et avoir défendu l'idée d'une Bosnie multi-ethnique. Ils y subissent les mêmes sévices que les ennemis. La violence se déchaîne aussi entre Croates et musulmans (combats de Mostar et dynamitage de son pont, sac de Stolac et dynamitage de sa mosquée…)[21].
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+ En 1993, le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est créé par les résolutions, no 808 et 827, du Conseil de sécurité des Nations unies. Ainsi déclarait M. Boutros Boutros-Ghali : il était inadmissible, en effet, que restent depuis si longtemps impunis les actes dont nous sommes, hélas, si souvent les témoins et qui révoltent les consciences humaines[22].
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+ Lorsque les pressions de la communauté internationale sur le régime Milošević forcent l'armée fédérale yougoslave (JNA) d'évacuer la Bosnie-Herzégovine, les militaires serbes de la JNA changent d'insigne sur leurs uniformes et sur leurs appareils militaires, créant ainsi l'armée de la république serbe de Bosnie. Sous ce nouvel uniforme, ils continuent de bénéficier d'un large support humain, logistique, et financier de la part de la République fédérale de Yougoslavie. L'offensive de la république serbe de Bosnie de 1992 réussit à placer la majorité du pays sous son contrôle (70 % du pays en 1993). En mars 1994, un accord à Washington proposait une fédération croato-musulmane, avec le principe d'un État fédéral entre celle-ci et la république serbe de Bosnie.
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+ Mais les efforts de la communauté internationale pour tenter de faire cesser le conflit et éviter les pertes humaines parmi la population eurent peu d'effets concrets malgré l'envoi de plus de 38 000 militaires sous le drapeau de l'ONU. Les massacres continuèrent, dont le plus connu fut certainement celui de Srebrenica, en juillet 1995.
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+ Les populations croato-bosniaques ont alors obtenu une aide logistique accrue de la part de la communauté internationale, qui isola la république fédérale de Yougoslavie officiellement définie comme agresseur (même si les Serbes continuaient de dire qu'il s'agissait d'une guerre légitime pour permettre le maintien dans la Yougoslavie des populations désirant y rester).
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+ L'offensive conjointe en Croatie, en 1995, des forces croates de Croatie et de Bosnie, et des forces bosniaques de Bosnie (voir 5e Corpus de Hamza en Croatie), permit la conquête de tous les territoires serbes de Croatie. La population serbe de ces territoires (dont la présence remontait aux frontières militaires de l'Empire d'Autriche) fut expulsée vers la république serbe de Bosnie, qui fut également attaquée et perdit un tiers de son territoire. La Forpronu perdit 167 hommes et compta plus de 700 blessés.
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+ Le 21 novembre 1995, alors que certains militaires croates et bosniaques souhaitaient effacer la république serbe de Bosnie et en expulser les habitants vers la Yougoslavie, les belligérants furent invités à signer à Dayton (États-Unis) un traité de paix afin d'arrêter les combats. Les accords de Dayton, signés en décembre 1995, partagèrent la Bosnie-Herzégovine en deux entités : La fédération de Bosnie-et-Herzégovine (51 % du territoire et 70 % de la population) et la république serbe de Bosnie (49 % du territoire et 25 % de la population, plus les réfugiés serbes de Croatie, désormais apatrides). En 1995-1996, une force internationale de maintien de la paix (IFOR) dirigée par l'OTAN, comprenant 60 000 soldats, intervint en Bosnie afin de mettre en place et de surveiller les aspects militaires de l'accord. À l'IFOR succéda une force de stabilisation (Sfor) plus réduite (14 000 soldats en 2003) dont la mission était d'empêcher la reprise des hostilités. À cette Sfor, a succédé en décembre 2004 l'Eufor, une force militaire de l'Union européenne de 7 000 hommes environ.
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+ La force de police internationale de l'ONU en Bosnie-Herzégovine a été remplacée fin 2002 par la Mission de police de l'Union européenne (MPUE), premier exemple pour l'Union européenne d'une telle force de police, ayant des missions de surveillance et d'entraînement.
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+ En 2005, on découvre encore en Bosnie-Herzégovine des charniers datant de la guerre. La plupart du temps, les militaires de chaque belligérant s'en prenaient aux populations civiles de ses adversaires, et évitaient de s'affronter entre eux. Peu d'entre eux furent inquiétés, moins encore, poursuivis. La Croatie s'est officiellement excusée pour ses agressions et ses crimes de guerre commis sur le peuple bosniaque (mais pas sur les Serbes). La Serbie, qui n'a encore présenté aucun regret, est poursuivie par la Bosnie-Herzégovine pour agression et génocide sur la population bosniaque devant la Cour internationale de justice. Les Bosniaques, comme les Croates, ne reconnaissent officiellement aucun crime sur les Serbes. Les principaux dirigeants de l'armée serbe de Bosnie, rendus responsables des évènements de Srebrenica, sont le général Ratko Mladić et Radovan Karadžić, ancien président de la République serbe de Bosnie. Après des années de fuite, Karadžić est arrêté en juillet 2008.
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+ La guerre a causé la mort de « 100 000 civils et militaires bosniaques, serbes et croates[23] » ; 1,8 million de personnes furent déplacées, tous groupes ethniques confondus.
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+ L'analyse ethnique de la population du territoire de la Republika Srpska, d'après le recensement de la population de l'année 1991 en comparaison avec après guerre en l'an 1997 (source : IMG, sur la base du recensement de la population de l'année 1991 et des estimations de l'UNHCR pour l'année 1997) montre la quasi-disparition des Bosniaques de ce territoire :
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+ Le haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, Valentin Inzko, est nommé par le Conseil de mise en œuvre des Accords de Paix. Il est la plus haute autorité du pays et dispose de pouvoirs exécutifs tels que l'annulation de décisions de l'exécutif et du parlement de Bosnie-Herzégovine contraires à l'esprit des accords de Dayton, dont il est l'autorité finale pour toute interprétation[23]. Il rend compte de son action chaque semestre au Conseil de sécurité des Nations unies.
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+
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+ La déclaration d'indépendance a eu lieu en 1992. Des élections générales ont eu lieu le 3 octobre 2010. Les électeurs de Bosnie-Herzégovine ont élu la présidence et le parlement de Bosnie-Herzégovine. Les électeurs de la fédération de Bosnie-et-Herzégovine ont élu un nouveau parlement pour l'entité et les électeurs de la république serbe de Bosnie ont choisi un président, un vice-président et un parlement. Le président du Conseil des ministres, Nikola Špirić, a été confirmé par le Parlement le 9 février 2007.
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+
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+ Le 15 février 2016, Dragan Čović, président collégial de la Bosnie-Herzégovine, dépose la demande d'adhésion du pays à l'Union européenne[24].
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+ Trois présidents devant représenter respectivement les communautés Serbes, Croates et Bosniaques sont élus simultanément au scrutin uninominal majoritaire à un tour. L'un des candidats serbes est élu par les seuls électeurs de la République serbe de Bosnie tandis que les électeurs croates et bosniaques de la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine votent pour l'un ou l'autre des candidats croates et bosniaques. Les habitants du district de Brčko, qui ne fait partie d'aucune des deux entités, doivent se faire enregistrer sur les listes électorales de l'une ou l'autre. Les trois présidents alternent à tour de rôle à la tête de la présidence collégiale, pour des périodes de huit mois[25].
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+ En mai 2008, les 4e élections, ont eu lieu en Bosnie, et les clivages entre Musulmans, Serbes et Croates se sont retrouvés dans les résultats[26] ; 55 % des 3 millions d'électeurs se sont abstenus, ce qui représente le plus faible taux de participation des 4 élections depuis les accords de Dayton.
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+
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+ Selon les premiers résultats partiels fournis par la Commission électorale centrale (CEC), l'Union des sociaux-démocrates indépendants (SNSD, serbe) a remporté 32 sièges de maires, le Parti de l'Action démocratique (SDA, musulman) 28, et la Communauté démocratique croate (HDZ) 15, dans les régions où chaque communauté est respectivement majoritaire[26].
88
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+ Depuis 1991, il y a entre quatre et cinq fois moins de Serbes qui vivent à Sarajevo et dans le reste de la fédération de Bosnie-Herzégovine, ils sont tous en République serbe de Bosnie. Il en est de même pour les Croates et les Bosniaques qui vivent en majorité en Bosnie centrale et à Sarajevo pour les Bosniaques, et dans le sud du pays, surtout dans l'ouest de l'Herzégovine, pour les Croates. Concrètement, la Bosnie-Herzégovine est divisée d'un point de vue ethnico-religieux[27].
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+
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+ Le mouvement indépendantiste serbe se trouve renforcé dans sa volonté d'organiser un référendum au sujet de l'indépendance depuis l'annonce du soutien de l'indépendance du Kosovo par l'Union européenne et les États-Unis[28].
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+ Fin 2007, l'institut de sondage Partner qui est basé à Banja Luka a révélé que 77 % des Serbes de Bosnie étaient favorables à une sécession de la République serbe de Bosnie dans l'hypothèse où les Albanais du Kosovo se déclareraient indépendants de la Serbie[29].
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+ L'ancien ambassadeur des États-Unis à Belgrade, William Dale Montgomery (en), soutient une division de la Bosnie, ainsi que du Kosovo[30].
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+ Les autorités de l’entité République serbe continuent de mener une politique déstabilisatrice et conflictuelle en Bosnie-Herzégovine. La poursuite des déclarations du Président de la République serbe Milorad Dodik, niant le statut d’État de la Bosnie-Herzégovine, tout en prônant la sécession de la République serbe et son union avec la Serbie, est une attaque contre l'intégrité territoriale de Bosnie-Herzégovine .
98
+
99
+ Il faut rappeler que les entités ne sont en aucun cas fondées à faire sécession, et la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine sont garantis par l’Accord de Dayton.[31]
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+ En 2017, les États-Unis ont sanctionné le président de l'entité République serbe, Milorad Dodik, pour ses propos sécessionnistes. En faisant obstacle aux accords de Dayton, Milorad Dodik constitue une menace importante pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. La sanction signifie que toute propriété ou intérêt dans la propriété de Dodik sous juridiction américaine est bloqué, et ils sont toujours valables.[32]
102
+
103
+ La Commission de Venise a constaté que les pouvoirs de l'État central de Bosnie-Herzégovine, sont trop faibles et propose une révision constitutionnelle qui permettrait d'adapter le texte à la réalité politique parː Le transfert de responsabilités des Entités vers l'État central ; Une définition plus stricte du veto au nom des intérêts vitaux, afin que ce veto ne soit pas un simple pouvoir de blocage au nom d'intérêts partisans; Simplifier l'organisation territoriale par suppression des Entités, ou passer d'un État fondé sur l'égalité de trois peuples constituants à un État fondé sur l'égalité des citoyens.
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+
105
+ Les États-Unis souhait de voir disparaître la République serbe, considérée comme le seul résultat tangible de la politique menée par les nationalistes serbes.[33]
106
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107
+ En 2019, Le Conseil de sécurité de Nations Unies a exprimé son ferme appui au plein respect de la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine[34].
108
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109
+ Le parti nationaliste croate de Bosnie appelle régulièrement à la création d'une entité autonome croate, séparée de la communauté bosniaque[35]. Les Croates (chrétiens catholiques) justifient cette demande par la crainte d’être mis en minorité par les Bosniaques (musulmans) qui détiennent la majorité de quatre cinquièmes au sein des institutions fédérales[36].
110
+
111
+ La Bosnie-Herzégovine présente deux organisations parallèles de subdivisions territoriales du fait de l'existence de deux entités constitutives de la fédération bosnienne :
112
+
113
+ auxquelles on ajoutera une troisième entité, le district de Brčko situé entre les deux premières, au nord du pays, possédant un statut neutre et autonome, géré en partie par un superviseur international mandaté par l'ONU.
114
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115
+ La population, d'après le recensement effectué en 2013, est de 3 531 159 habitants[38].
116
+
117
+ Pour des raisons économiques, plus de 2 millions d'habitants de ce pays, vivent et travaillent à l'étranger (Allemagne, Autriche, pays de la Scandinavie, Canada, France...)
118
+
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+ À l'époque de la Yougoslavie, les Bosniaques étaient majoritairement appelés « Musulmans », les trois peuples composant le pays étant les Musulmans, qui avaient la majorité relative, les Bosno-Croates et les Bosno-Serbes.
120
+
121
+ La composition de la population a varié et surtout a changé de répartition géographique à la suite des diverses opérations de nettoyage ethnique, et les gentilés ont été changés afin d'éviter toute confusion entre le peuple musulman et la religion musulmane et pour répondre à la volonté de reconnaissance des Bosniaques en tant que nation, nommés ainsi jusque l'invasion austro-hongroise. Ainsi les habitants du pays sont désormais officiellement appelés « Bosniens », les trois « nationalités » majoritaires étant les Bosniaques, les Croates et les Serbes. Par « nationalité » il ne faut pas entendre ici la citoyenneté bosnienne ni la langue BCMS que tous partagent, mais l'appartenance à une communauté confessionnelle et historique définie par la religion musulmane sunnite pour les Bosniaques, chrétienne catholique pour les Croates et chrétienne orthodoxe pour les Serbes, appartenances qui changent aussi le nom de la langue (respectivement bosnien, croate et serbe ; dans ce dernier cas, la langue s'écrit majoritairement en caractères cyrilliques, ces derniers étant admis en bosnien).
122
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123
+ La nationalité yougoslave n'a pas pour autant disparu, et correspond à la population continuant à se déclarer Yougoslave, et non de l'une des « nationalités » bosniaque, croate ou serbe : il s'agit en majorité de couples mixtes. Cette nationalité disparaît à partir du recensement de 2013[40].
124
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+ Traditionnellement, la population bosniaque vit davantage dans et autour des centres urbains, la population serbe occupant de plus vastes zones rurales. Ceci explique en partie la répartition géographique des différents groupes ethniques.
126
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+ Un recensement de la population est effectué en 1991. Par la suite, aucune donnée fiable n'est produite, car les principales forces politiques de Bosnie-Herzégovine considèrent les statistiques démographiques comme une poursuite de la guerre et une tentative d'officialiser les résultats du nettoyage ethnique. En janvier 2012, Halid Genjac (en) du Parti d'action démocratique annonce qu'un accord est conclu pour qu'un recensement ait lieu en 2013[40].
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+ Résultats finaux publiés le 30 juin 2016 incluant les statistiques sur les groupes ethniques en Bosnie-Herzégovine[41].
130
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131
+ Même si les linguistes utilisent le terme de serbo-croate pour définir la langue parlée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue « croate », « bosnien », « serbe » ou « monténégrin ». Il n'y a pas d'isoglosse entre ces langues (les locuteurs se comprennent spontanément, sans traducteur) : leur définition est donc historique et politique. Par contre, il y a des différences partielles de lexique (certains mots, certaines conjugaisons ou déclinaisons varient) et surtout une différence d'alphabet : il est exclusivement latin en Croatie et dans la Fédération croato-bosniaque de Bosnie-Herzégovine, alors que les Serbes utilisent les deux alphabets : alphabet cyrillique serbe en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie, mais aussi l'alphabet latin serbe en Serbie et au Monténégro, mais pas en Bosnie. Des éléments de la langue turque se retrouvent dans le bosnien.
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+ La constitution de la Bosnie-Herzégovine ne mentionne aucune langue officielle.
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+ Au temps où la Bosnie-Herzégovine était sous domination austro-hongroise (1878 à 1918), le territoire était administré en langue allemande.
136
+
137
+ Aujourd'hui, l'anglais est très parlé, surtout parmi les plus jeunes, et est une langue universitaire. Il est souvent utilisé dans l'administration, et est très utile pour communiquer avec les casques bleus de l'ONU présents sur le territoire. Une forte diaspora bosniaque existe aux États-Unis, au Canada, et en Australie, tout comme en Grande-Bretagne. L'allemand est également répandu, un grand nombre de Bosniaques vivant et travaillant dans des pays de langue allemande, l'Allemagne, l'Autriche ou la Suisse. Enfin, le turc, langue de culture en Bosnie-Herzégovine qui fut partie intégrante de l'Empire ottoman jusqu'en 1878.
138
+
139
+ La Bosnie-Herzégovine est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie[42].
140
+
141
+ La répartition religieuse du pays s'établit ainsi : les musulmans constituent 51 % de la population, les chrétiens orthodoxes constituent 31 % tandis que les chrétiens catholiques constituent 15 %, et 1,2 % pour les autres groupes religieux (y compris les juifs et les protestants). Il y a aussi 0,8 % d'athées et 0,3 % d'agnostiques[43].
142
+
143
+ Le taux de pratique religieuse est relativement faible parmi les groupes religieux traditionnels, mais certaines régions connaissent une pratique plus fréquente, comme chez les Croates catholiques en Herzégovine ou parmi les musulmans de Bosnie centrale. Pour beaucoup de musulmans de Bosnie, la religion sert souvent comme identifiant communautaire lors des rites significatifs de passage comme la naissance, le mariage et la mort. Il y a également beaucoup d'athées et d'agnostiques parmi les Bosniaques. Toutes les religions ont connu un regain de pratique à la suite de la guerre de 1992-1995, expression de l'identification accrue de chacun avec son héritage ethnique et culturel.
144
+
145
+ Durant les années 2010, la presse pointe néanmoins du doigt un radicalisme religieux salafiste dans une partie de la communauté musulmane[44]. Les combattants étrangers, venus dans le pays lors de la guerre (1992-1995), seraient à l’origine de ce nouvel intégrisme[45]. Quelque 300 Bosniens se trouvent ainsi, en 2015, à faire le djihad en Syrie, ce qui ramené au nombre d’habitants forme le taux de départ pour le jihad le plus élevé d’Europe[46].
146
+
147
+ Le pape a alerté sur la situation des catholiques de Bosnie, dont beaucoup des jeunes se sont enfuis lors de la guerre, mais ne peuvent pas revenir. Il leur est également impossible de construire une église ou une école[47].
148
+
149
+ Sarajevo est aujourd'hui l'une des capitales les plus polluées au monde. La pollution de l’air est à l’origine de près d’un décès sur cinq[48].
150
+
151
+ La Bosnie-Herzégovine est un pays en voie de développement. La monnaie est le mark convertible.
152
+
153
+ Les Jeux olympiques d'hiver se sont déroulés à Sarajevo en 1984, le pays faisant alors partie de la Yougoslavie.
154
+
155
+ Avant que n'éclate la Yougoslavie, tous les clubs jouaient sous une même fédération, la Fédération de Yougoslavie de football, Fédération yougoslave de basket-ball ou la Fédération yougoslave de handball.
156
+
157
+ En handball, le RK Borac Banja Luka de la ville de Banja Luka remporte la Coupe des clubs champions européens en 1976, un an après avoir échoué en finale, et la coupe EHF en 1991. En 1979, le KK Bosna, club de basket-ball de Sarajevo remporte la Coupe d'Europe des clubs champions chez les hommes, et le Jedinstvo Aida, de Tuzla, remporte la Coupe d'Europe des clubs champions en 1989 chez les femmes. Les clubs de football comme le FK Sarajevo, le FK Željezničar Sarajevo et le FK Velež Mostar sont parmi les clubs les plus connus du pays.
158
+
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+ La Bosnie-Herzégovine se qualifie pour la première coupe du monde de football de son histoire en 2014. Un an plus tard, le 15 juin 2014, l'équipe nationale de handball se qualifie pour la première fois de son histoire à une compétition majeure, le Championnat du monde 2015 disputé au Qatar.
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+ La Bosnie-Herzégovine a pour codes :
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Bosnie-Herzégovine
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+ (bs) Bosna i Hercegovina
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+
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+ (sr) Босна и Херцеговина
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+
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+ 43° 50′ 51″ N, 18° 21′ 23″ E
12
+
13
+ modifier
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+ La Bosnie-Herzégovine ou Bosnie-et-Herzégovine[6],[7] (en bosnien et serbe Боснa и Херцеговина / Bosna i Hercegovina ; en croate Bosna i Hercegovina) est un État d'Europe du Sud appartenant à la région des Balkans. Elle est entourée par la Croatie au nord, à l'ouest et au sud, la Serbie à l'est et le Monténégro au sud-sud-est. Elle dispose d'une ouverture réduite sur la mer Adriatique, large d'une vingtaine de kilomètres.
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+ République fédérale de près de 3,5 millions d'habitants, la Bosnie-Herzégovine abrite trois principaux groupes ethniques, désignés comme « peuples constitutifs » par la constitution : les Bosniaques, les Serbes et les Croates. Le pays est divisé en trois entités autonomes : la fédération de Bosnie-et-Herzégovine, la république serbe de Bosnie et le district de Brčko. La capitale et ville la plus peuplée est Sarajevo. La monnaie nationale est le mark convertible.
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+ Les premiers établissement humains permanents sur le territoire de l'actuelle Bosnie-Herzégovine remontent au Néolithique. Au cours des millénaires suivants, le pays est successivement peuplé par diverses civilisations celtiques et illyriennes, avant d'être colonisé par des peuples slaves entre le VIe et le IXe siècle. Le banat de Bosnie, État vassal du royaume de Hongrie, est établi en 1154, avant de prendre son indépendance est de devenir le royaume de Bosnie en 1377. Après un bref âge d'or sous le règne de Stefan Tvrtko Ier de Bosnie, la Bosnie indépendante s'efface progressivement jusqu'à son annexion par l'Empire ottoman en 1463. Commence alors une longue époque de domination turque qui va durer quatre siècles et durant laquelle les Ottomans amènent l'Islam dans la région, modifiant durablement la société et la culture locale. En 1878 les troupes austro-hongroises s'emparent de la Bosnie conformément aux dispositions du Congrès de Berlin. L'occupation impériale dure jusqu'en 1918 lorsque la Bosnie-Herzégovine intègre le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, devenu Yougoslavie en 1929. Rattachée à l'État satellite croate mis en place par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste durant la Seconde Guerre mondiale, la Bosnie-Herzégovine devient une des républiques socialistes fédérées de la Yougoslavie communiste de l'après-guerre. Au cours du processus de dislocation de la Yougoslavie, le pays proclame son indépendance en 1992 et s'enfonce dans la sanglante guerre de Bosnie, laquelle prend fin avec les accords de Dayton le 14 décembre 1995.
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+ La Bosnie-Herzégovine possède un haut niveau d'alphabétisation, d'espérance de vie et d'éducation et se classe parmi les pays les plus visités de la région[8], avec[Quoi ?] le troisième taux de croissance touristique le plus élevé du monde entre 1995 et 2020[9]. Le pays est réputé pour son environnement naturel, son riche héritage culturel, sa cuisine, ses sports d'hiver, sa musique, son architecture et ses festivals, dont certains comptent comme les plus importants du sud-est de l'Europe[10],[11].
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+ La Bosnie-Herzégovine a déposé sa candidature (pas encore reconnue) à l'adhésion à l'Union européenne et est un candidat potentiel à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord depuis avril 2010[12]. Le pays est membre du Conseil de l'Europe depuis avril 2002 et est un membre fondateur de l'Union pour la Méditerranée.
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+ Bien qu'en français on dise couramment « Bosnie-Herzégovine », la traduction littérale du bosnien Bosna i Hercegovina est « Bosnie-et-Herzégovine » (que l'on retrouve dans la plupart des autres langues). Le pays unit ainsi deux régions historiques et n'est pas réductible à une Bosnie à laquelle on accolerait un adjectif.
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+ Les habitants de la Bosnie sont les Bosniens. On appelle Bosniaques les habitants de ce pays qui sont de tradition musulmane.
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+ Par sa forme constitutionnelle la Bosnie-Herzégovine est une république. Seule la Bosnie-Herzégovine est un sujet de droit international. Sa capitale est Sarajevo. Les autres villes importantes sont Banja Luka, Tuzla, Mostar, Zenica, Bihać, Travnik, Srebrenica, Goražde, Foča, Trebinje, Neum, Jajce, Sanski Most.
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+ Depuis les accords de Dayton-Paris du 14 décembre 1995, elle est scindée en trois entités territoriales non indépendantes (entitet), dont la dénomination peut s'avérer trompeuse :
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+ La non-concordance entre dénominations et territoires de facto d'une part et statuts de jure d'autre part crée un imbroglio juridique complexe. La république serbe de Bosnie s'est autoproclamée comme entité de l'ancienne Yougoslavie en 1992 par opposition à la proclamation d'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, alors que la constitution yougoslave admettait l'indépendance des six républiques fédérées, mais non l'établissement de nouvelles frontières telles que celles de la république serbe de Bosnie ou du Kosovo. La constitution de la Bosnie-Herzégovine et les exigences de la commission Badinter (en) non plus n'admettaient pas l'autonomie de la République serbe de Bosnie. Cette république de fait ne peut donc pas être reconnue en tant que telle par la communauté internationale. En 1996, les accords de Dayton lui reconnaissent seulement la qualité de collectivité territoriale autonome au même titre que la « fédération croato-musulmane », renommée par la suite fédération de Bosnie-et-Herzégovine (qu'il ne faut pas confondre avec la République de Bosnie-Herzégovine, qui est le seul État souverain reconnu).
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+ La région historique de Bosnie-Herzégovine a été successivement illyrienne, romaine, hongroise, ottomane, austro-hongroise et yougoslave (voir article détaillé). Avant la venue des Slaves sur le territoire, la population a été successivement illyrienne, grecque et dalmate. Actuellement ses populations sont presque exclusivement des Slaves du Sud qui sont, du point de vue religieux, musulmanes (sunnites) ou chrétiennes (catholiques et orthodoxes). Jadis, il y avait aussi des bogomiles d'inspiration paulicienne (Église bosnienne) et les musulmans affirment que ce sont leurs ancêtres. En janvier 1876, à la fin de la domination ottomane, une insurrection cristallise l'identité bosniaque, mais des forces centrifuges existent aussi, instrumentalisées par l'impérialisme austro-hongrois et le panslavisme russe : les orthodoxes s'appuient sur la Serbie elle-même soutenue par la Russie, tandis que les musulmans et les catholiques misent sur l'Autriche-Hongrie qui occupe le pays en 1878 (et l'annexe en 1908 en tant que condominium de Bosnie-Herzégovine)[13].
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+ Au Moyen Âge, en 1232, le ban Ninoslav fait du bogomilisme (ou « patarinisme ») la religion d'État[14]. Après la chute du royaume de Bosnie, les Bosniaques patarins se convertiront graduellement à l'islam. Les nouveaux maîtres ottomans feront venir des Valaques de religion orthodoxe comme force de travail ainsi que pour repeupler les territoires désertés à cause de la guerre ou de divers fléaux. C'est à partir de ce moment que s'implante plus sérieusement le courant chrétien orthodoxe en Bosnie alors qu'il n'était que très peu présent auparavant[15]. Lors de la période de l'éveil des nationalismes au XIXe siècle, les catholiques de Bosnie commencent à s'identifier comme Croates alors que les orthodoxes s'identifient comme Serbes. Ces entreprises de croatisation (en) et serbisation (en) de la population chrétienne, menées par les intellectuels et missionnaires des pays voisins, seront alors décriées par le frère franciscain Antun Knežević (en), lui-même catholique mais s'identifiant comme Bosniaque, et partisan d'un nationalisme bosniaque multiconfessionnel[16],[17]. Avec le temps, ce sont surtout les musulmans qui gardent un sentiment d'appartenance envers la Bosnie ; ils s'identifient comme « Bosniaques », tandis que le terme « Bosniens » désigne tous les habitants de la Bosnie-Herzégovine sans distinction de religion, conformément aux principes de la laïcité et du droit du sol.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l'invasion de la Yougoslavie, le territoire de la Bosnie-Herzégovine est cédé en 1941 à l'état indépendant de Croatie allié du Troisième Reich. Certains Croates et Bosniaques s'y rallient ou s'y soumettent ; d'autres s'y opposent dans la guerre de résistance qui suit l'invasion. La plupart des Serbes rejoignent le mouvement, fidèle au gouvernement yougoslave en exil à Londres, des Tchetniks, mais un autre mouvement de résistance, multiethnique, se constitue : celui des partisans communistes. Un grand nombre de Bosniaques, Croates et Serbes, mais également des Slovènes, Macédoniens, Monténégrins ou Albanais s'y engagent. Une guerre à cinq commence alors : s'affrontent d'un côté les Allemands et les Oustachis Croates d'Ante Pavelić, d'un autre côté les Tchetniks du serbe Draža Mihailović, et, à partir de l'été 1941 (rupture du pacte germano-soviétique) les partisans de Tito, qui affrontent aussi les Tchetniks à partir de 1943, poussant certains groupes à s'allier aux Oustachis, ou aux Italiens qui de leur côté, rejoignent les Alliés à l'automne 1943. De ces affrontements et changements d'alliances sortent largement vainqueurs les partisans de Tito d'autant que les « cinq de Cambridge » ont réussi à convaincre Winston Churchill de miser sur Tito et de réserver à ses partisans l'essentiel de la logistique Alliée. Dans ce contexte se forme, le 25 novembre 1943 à Jajce, le Conseil antifasciste de libération nationale de Yougoslavie qui décide de la formation d'une République de Bosnie-Herzégovine au sein d'un futur régime communiste fédéral.
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+ La fin de la guerre et la victoire des Partisans sont, conformément à ce programme, suivies de la proclamation de la république fédérative socialiste de Yougoslavie, dont la république socialiste de Bosnie-Herzégovine devient une entité fédérée.
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+ Une nouvelle assemblée est formée lors des élections parlementaires de 1990. Elle est dominée par trois partis communautaristes, formés sur des critères ethniques, qui forment une coalition dans le but de prendre le pouvoir aux communistes. Ces partis sont soutenus par certains pays de la Communauté européenne notamment l'Allemagne et l'Italie. Les récentes déclarations d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, et les guerres qui les ont suivies, placent la Bosnie-Herzégovine dans une situation difficile. La population est divisée : la Bosnie-Herzégovine doit-elle rester dans la fédération yougoslave, comme le veut la majorité des Serbes (32 % de la population), ou chercher à obtenir son indépendance, comme le souhaite la majeure partie des Bosniaques et des Croates (64 % de la population) ?
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+ Initiée par le Parti d'action démocratique de l'ancien dissident Alija Izetbegović, la déclaration de souveraineté du 15 octobre 1991 est suivie du rapport de la commission Badinter. Selon ce rapport, la Bosnie-Herzégovine ne peut être reconnue comme État indépendant par la communauté internationale que si un référendum national réclame cette reconnaissance. Ce référendum a lieu le 29 février 1992, conformément à la constitution yougoslave et aux exigences de la commission Badinter, mais il est boycotté par un tiers de la population (la majorité des Serbes de Bosnie). Parmi la population votante, essentiellement bosniaque et croate, les votants s'expriment à 99,4 % pour l'indépendance.
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+ Refusant les résultats de ce référendum, les milices serbes organisées par Radovan Karadžić, chef du parti nationaliste serbe SDS encerclent la ville de Sarajevo. Karadzić organise une conférence de presse où il déclare : une guerre interethnique et religieuse est inévitable, alors qu'Alija Izetbegović, élu président de la Bosnie, annonce qu'il n'y aura pas de guerre en Bosnie, ni interne ni importée. Le 30 mars 1992, le chef d'état major de l'armée yougoslave (JNA), le général Blagoje Adžić, déclare : La sécession de la Bosnie-Herzégovine est inacceptable et l'armée fédérale est prête à y intervenir pour défendre le peuple serbe menacé par une agression ouverte.
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+ Néanmoins, la Communauté européenne et les États-Unis reconnaissent l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, le 6 avril 1992. Son adhésion dans l'Organisation des Nations unies a lieu le 22 mai 1992, en même temps que celles de la Croatie et de la Slovénie[18].
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+ Refusant aussi cette reconnaissance par la communauté internationale, les forces de l'armée yougoslave dressent des barricades et postent des snipers tout autour de Sarajevo, pour « protéger » les quartiers serbes, et isoler les quartiers bosniaques, à majorité musulmane, et les croates, à majorité catholique. Le 6 avril 1992, le président yougoslave Slobodan Milošević coordonne les premières opérations militaires en Bosnie. Le scénario est le même qu'en Croatie.
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+ Bijeljina est la première ville bosniaque à être investie par l'armée yougoslave et par les milices serbes sous les ordres d'Arkan. « Nous avions l'ordre de tuer le plus de musulmans possible », confesse Goran Jelišić, un jeune mécanicien serbe recruté à Bijeljina par Arkan pour participer au nettoyage ethnique de Brčko dans le Nord de la Bosnie[19]. Zvornik est la deuxième ville investie par les Serbes. José Maria Mendiluce (en), du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, responsable pour l'ex-Yougoslavie, parvient à franchir le pont Mehmed Pacha Sokolović sur la Drina et à longer Zvornik avant d'être arrêté par un groupe de miliciens. Lorsqu'il eut quitté ses fonctions, il décrivit la scène suivante : Dans un virage, avant d'être interceptée, ma voiture a patiné sur du sang, j'ai croisé des camions remplis de cadavres. Dès lors, la guerre se généralise, les milices de chaque communauté s'en prenant aux civils désarmés des deux autres. Aucune convention de guerre n'est appliquée et la barbarie se déchaîne (viols, tortures, assassinats, formation de camps de concentration)[20]. Le général Mladić, serbe de Bosnie à la tête du corps d'armée de Knin, réussit à s'emparer de l'ouest de la Bosnie-Herzégovine (à l'exception de Bihać), d'où il chasse toutes les populations non-serbes. À la mi-mai 1992, les forces serbes entreprennent de « nettoyer » les zones occupées. Parallèlement, le chef du parti démocratique serbe, Radislav Vukić, interdit les mariages mixtes.
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+ Les populations bosniennes sont dès lors soumises à un régime d'apartheid, institutionnalisé sous le nom de statut spécifique : les Bosniaques et les Croates des territoires sous contrôle serbe, ainsi que les Serbes des territoires sous contrôle croate ou bosniaque, sont privés de travail et de soins médicaux, assignées à résidence après avoir été expulsés et relogés dans des quartiers devenus ghettos. Des membres de chaque communauté sont également détenus dans les territoires pourtant contrôlés par « leurs » leaders, pour s'être opposés à la guerre et avoir défendu l'idée d'une Bosnie multi-ethnique. Ils y subissent les mêmes sévices que les ennemis. La violence se déchaîne aussi entre Croates et musulmans (combats de Mostar et dynamitage de son pont, sac de Stolac et dynamitage de sa mosquée…)[21].
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+ En 1993, le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est créé par les résolutions, no 808 et 827, du Conseil de sécurité des Nations unies. Ainsi déclarait M. Boutros Boutros-Ghali : il était inadmissible, en effet, que restent depuis si longtemps impunis les actes dont nous sommes, hélas, si souvent les témoins et qui révoltent les consciences humaines[22].
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+ Lorsque les pressions de la communauté internationale sur le régime Milošević forcent l'armée fédérale yougoslave (JNA) d'évacuer la Bosnie-Herzégovine, les militaires serbes de la JNA changent d'insigne sur leurs uniformes et sur leurs appareils militaires, créant ainsi l'armée de la république serbe de Bosnie. Sous ce nouvel uniforme, ils continuent de bénéficier d'un large support humain, logistique, et financier de la part de la République fédérale de Yougoslavie. L'offensive de la république serbe de Bosnie de 1992 réussit à placer la majorité du pays sous son contrôle (70 % du pays en 1993). En mars 1994, un accord à Washington proposait une fédération croato-musulmane, avec le principe d'un État fédéral entre celle-ci et la république serbe de Bosnie.
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+ Mais les efforts de la communauté internationale pour tenter de faire cesser le conflit et éviter les pertes humaines parmi la population eurent peu d'effets concrets malgré l'envoi de plus de 38 000 militaires sous le drapeau de l'ONU. Les massacres continuèrent, dont le plus connu fut certainement celui de Srebrenica, en juillet 1995.
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+ Les populations croato-bosniaques ont alors obtenu une aide logistique accrue de la part de la communauté internationale, qui isola la république fédérale de Yougoslavie officiellement définie comme agresseur (même si les Serbes continuaient de dire qu'il s'agissait d'une guerre légitime pour permettre le maintien dans la Yougoslavie des populations désirant y rester).
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+ L'offensive conjointe en Croatie, en 1995, des forces croates de Croatie et de Bosnie, et des forces bosniaques de Bosnie (voir 5e Corpus de Hamza en Croatie), permit la conquête de tous les territoires serbes de Croatie. La population serbe de ces territoires (dont la présence remontait aux frontières militaires de l'Empire d'Autriche) fut expulsée vers la république serbe de Bosnie, qui fut également attaquée et perdit un tiers de son territoire. La Forpronu perdit 167 hommes et compta plus de 700 blessés.
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+ Le 21 novembre 1995, alors que certains militaires croates et bosniaques souhaitaient effacer la république serbe de Bosnie et en expulser les habitants vers la Yougoslavie, les belligérants furent invités à signer à Dayton (États-Unis) un traité de paix afin d'arrêter les combats. Les accords de Dayton, signés en décembre 1995, partagèrent la Bosnie-Herzégovine en deux entités : La fédération de Bosnie-et-Herzégovine (51 % du territoire et 70 % de la population) et la république serbe de Bosnie (49 % du territoire et 25 % de la population, plus les réfugiés serbes de Croatie, désormais apatrides). En 1995-1996, une force internationale de maintien de la paix (IFOR) dirigée par l'OTAN, comprenant 60 000 soldats, intervint en Bosnie afin de mettre en place et de surveiller les aspects militaires de l'accord. À l'IFOR succéda une force de stabilisation (Sfor) plus réduite (14 000 soldats en 2003) dont la mission était d'empêcher la reprise des hostilités. À cette Sfor, a succédé en décembre 2004 l'Eufor, une force militaire de l'Union européenne de 7 000 hommes environ.
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+ La force de police internationale de l'ONU en Bosnie-Herzégovine a été remplacée fin 2002 par la Mission de police de l'Union européenne (MPUE), premier exemple pour l'Union européenne d'une telle force de police, ayant des missions de surveillance et d'entraînement.
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+ En 2005, on découvre encore en Bosnie-Herzégovine des charniers datant de la guerre. La plupart du temps, les militaires de chaque belligérant s'en prenaient aux populations civiles de ses adversaires, et évitaient de s'affronter entre eux. Peu d'entre eux furent inquiétés, moins encore, poursuivis. La Croatie s'est officiellement excusée pour ses agressions et ses crimes de guerre commis sur le peuple bosniaque (mais pas sur les Serbes). La Serbie, qui n'a encore présenté aucun regret, est poursuivie par la Bosnie-Herzégovine pour agression et génocide sur la population bosniaque devant la Cour internationale de justice. Les Bosniaques, comme les Croates, ne reconnaissent officiellement aucun crime sur les Serbes. Les principaux dirigeants de l'armée serbe de Bosnie, rendus responsables des évènements de Srebrenica, sont le général Ratko Mladić et Radovan Karadžić, ancien président de la République serbe de Bosnie. Après des années de fuite, Karadžić est arrêté en juillet 2008.
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+ La guerre a causé la mort de « 100 000 civils et militaires bosniaques, serbes et croates[23] » ; 1,8 million de personnes furent déplacées, tous groupes ethniques confondus.
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+ L'analyse ethnique de la population du territoire de la Republika Srpska, d'après le recensement de la population de l'année 1991 en comparaison avec après guerre en l'an 1997 (source : IMG, sur la base du recensement de la population de l'année 1991 et des estimations de l'UNHCR pour l'année 1997) montre la quasi-disparition des Bosniaques de ce territoire :
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+ Le haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, Valentin Inzko, est nommé par le Conseil de mise en œuvre des Accords de Paix. Il est la plus haute autorité du pays et dispose de pouvoirs exécutifs tels que l'annulation de décisions de l'exécutif et du parlement de Bosnie-Herzégovine contraires à l'esprit des accords de Dayton, dont il est l'autorité finale pour toute interprétation[23]. Il rend compte de son action chaque semestre au Conseil de sécurité des Nations unies.
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+ La déclaration d'indépendance a eu lieu en 1992. Des élections générales ont eu lieu le 3 octobre 2010. Les électeurs de Bosnie-Herzégovine ont élu la présidence et le parlement de Bosnie-Herzégovine. Les électeurs de la fédération de Bosnie-et-Herzégovine ont élu un nouveau parlement pour l'entité et les électeurs de la république serbe de Bosnie ont choisi un président, un vice-président et un parlement. Le président du Conseil des ministres, Nikola Špirić, a été confirmé par le Parlement le 9 février 2007.
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+ Le 15 février 2016, Dragan Čović, président collégial de la Bosnie-Herzégovine, dépose la demande d'adhésion du pays à l'Union européenne[24].
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+ Trois présidents devant représenter respectivement les communautés Serbes, Croates et Bosniaques sont élus simultanément au scrutin uninominal majoritaire à un tour. L'un des candidats serbes est élu par les seuls électeurs de la République serbe de Bosnie tandis que les électeurs croates et bosniaques de la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine votent pour l'un ou l'autre des candidats croates et bosniaques. Les habitants du district de Brčko, qui ne fait partie d'aucune des deux entités, doivent se faire enregistrer sur les listes électorales de l'une ou l'autre. Les trois présidents alternent à tour de rôle à la tête de la présidence collégiale, pour des périodes de huit mois[25].
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+ En mai 2008, les 4e élections, ont eu lieu en Bosnie, et les clivages entre Musulmans, Serbes et Croates se sont retrouvés dans les résultats[26] ; 55 % des 3 millions d'électeurs se sont abstenus, ce qui représente le plus faible taux de participation des 4 élections depuis les accords de Dayton.
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+ Selon les premiers résultats partiels fournis par la Commission électorale centrale (CEC), l'Union des sociaux-démocrates indépendants (SNSD, serbe) a remporté 32 sièges de maires, le Parti de l'Action démocratique (SDA, musulman) 28, et la Communauté démocratique croate (HDZ) 15, dans les régions où chaque communauté est respectivement majoritaire[26].
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+ Depuis 1991, il y a entre quatre et cinq fois moins de Serbes qui vivent à Sarajevo et dans le reste de la fédération de Bosnie-Herzégovine, ils sont tous en République serbe de Bosnie. Il en est de même pour les Croates et les Bosniaques qui vivent en majorité en Bosnie centrale et à Sarajevo pour les Bosniaques, et dans le sud du pays, surtout dans l'ouest de l'Herzégovine, pour les Croates. Concrètement, la Bosnie-Herzégovine est divisée d'un point de vue ethnico-religieux[27].
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+ Le mouvement indépendantiste serbe se trouve renforcé dans sa volonté d'organiser un référendum au sujet de l'indépendance depuis l'annonce du soutien de l'indépendance du Kosovo par l'Union européenne et les États-Unis[28].
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+ Fin 2007, l'institut de sondage Partner qui est basé à Banja Luka a révélé que 77 % des Serbes de Bosnie étaient favorables à une sécession de la République serbe de Bosnie dans l'hypothèse où les Albanais du Kosovo se déclareraient indépendants de la Serbie[29].
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+ L'ancien ambassadeur des États-Unis à Belgrade, William Dale Montgomery (en), soutient une division de la Bosnie, ainsi que du Kosovo[30].
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+ Les autorités de l’entité République serbe continuent de mener une politique déstabilisatrice et conflictuelle en Bosnie-Herzégovine. La poursuite des déclarations du Président de la République serbe Milorad Dodik, niant le statut d’État de la Bosnie-Herzégovine, tout en prônant la sécession de la République serbe et son union avec la Serbie, est une attaque contre l'intégrité territoriale de Bosnie-Herzégovine .
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+ Il faut rappeler que les entités ne sont en aucun cas fondées à faire sécession, et la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine sont garantis par l’Accord de Dayton.[31]
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+ En 2017, les États-Unis ont sanctionné le président de l'entité République serbe, Milorad Dodik, pour ses propos sécessionnistes. En faisant obstacle aux accords de Dayton, Milorad Dodik constitue une menace importante pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. La sanction signifie que toute propriété ou intérêt dans la propriété de Dodik sous juridiction américaine est bloqué, et ils sont toujours valables.[32]
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103
+ La Commission de Venise a constaté que les pouvoirs de l'État central de Bosnie-Herzégovine, sont trop faibles et propose une révision constitutionnelle qui permettrait d'adapter le texte à la réalité politique parː Le transfert de responsabilités des Entités vers l'État central ; Une définition plus stricte du veto au nom des intérêts vitaux, afin que ce veto ne soit pas un simple pouvoir de blocage au nom d'intérêts partisans; Simplifier l'organisation territoriale par suppression des Entités, ou passer d'un État fondé sur l'égalité de trois peuples constituants à un État fondé sur l'égalité des citoyens.
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105
+ Les États-Unis souhait de voir disparaître la République serbe, considérée comme le seul résultat tangible de la politique menée par les nationalistes serbes.[33]
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+ En 2019, Le Conseil de sécurité de Nations Unies a exprimé son ferme appui au plein respect de la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine[34].
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+ Le parti nationaliste croate de Bosnie appelle régulièrement à la création d'une entité autonome croate, séparée de la communauté bosniaque[35]. Les Croates (chrétiens catholiques) justifient cette demande par la crainte d’être mis en minorité par les Bosniaques (musulmans) qui détiennent la majorité de quatre cinquièmes au sein des institutions fédérales[36].
110
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111
+ La Bosnie-Herzégovine présente deux organisations parallèles de subdivisions territoriales du fait de l'existence de deux entités constitutives de la fédération bosnienne :
112
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113
+ auxquelles on ajoutera une troisième entité, le district de Brčko situé entre les deux premières, au nord du pays, possédant un statut neutre et autonome, géré en partie par un superviseur international mandaté par l'ONU.
114
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+ La population, d'après le recensement effectué en 2013, est de 3 531 159 habitants[38].
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+
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+ Pour des raisons économiques, plus de 2 millions d'habitants de ce pays, vivent et travaillent à l'étranger (Allemagne, Autriche, pays de la Scandinavie, Canada, France...)
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+ À l'époque de la Yougoslavie, les Bosniaques étaient majoritairement appelés « Musulmans », les trois peuples composant le pays étant les Musulmans, qui avaient la majorité relative, les Bosno-Croates et les Bosno-Serbes.
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+ La composition de la population a varié et surtout a changé de répartition géographique à la suite des diverses opérations de nettoyage ethnique, et les gentilés ont été changés afin d'éviter toute confusion entre le peuple musulman et la religion musulmane et pour répondre à la volonté de reconnaissance des Bosniaques en tant que nation, nommés ainsi jusque l'invasion austro-hongroise. Ainsi les habitants du pays sont désormais officiellement appelés « Bosniens », les trois « nationalités » majoritaires étant les Bosniaques, les Croates et les Serbes. Par « nationalité » il ne faut pas entendre ici la citoyenneté bosnienne ni la langue BCMS que tous partagent, mais l'appartenance à une communauté confessionnelle et historique définie par la religion musulmane sunnite pour les Bosniaques, chrétienne catholique pour les Croates et chrétienne orthodoxe pour les Serbes, appartenances qui changent aussi le nom de la langue (respectivement bosnien, croate et serbe ; dans ce dernier cas, la langue s'écrit majoritairement en caractères cyrilliques, ces derniers étant admis en bosnien).
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+ La nationalité yougoslave n'a pas pour autant disparu, et correspond à la population continuant à se déclarer Yougoslave, et non de l'une des « nationalités » bosniaque, croate ou serbe : il s'agit en majorité de couples mixtes. Cette nationalité disparaît à partir du recensement de 2013[40].
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+ Traditionnellement, la population bosniaque vit davantage dans et autour des centres urbains, la population serbe occupant de plus vastes zones rurales. Ceci explique en partie la répartition géographique des différents groupes ethniques.
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+ Un recensement de la population est effectué en 1991. Par la suite, aucune donnée fiable n'est produite, car les principales forces politiques de Bosnie-Herzégovine considèrent les statistiques démographiques comme une poursuite de la guerre et une tentative d'officialiser les résultats du nettoyage ethnique. En janvier 2012, Halid Genjac (en) du Parti d'action démocratique annonce qu'un accord est conclu pour qu'un recensement ait lieu en 2013[40].
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+ Résultats finaux publiés le 30 juin 2016 incluant les statistiques sur les groupes ethniques en Bosnie-Herzégovine[41].
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131
+ Même si les linguistes utilisent le terme de serbo-croate pour définir la langue parlée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue « croate », « bosnien », « serbe » ou « monténégrin ». Il n'y a pas d'isoglosse entre ces langues (les locuteurs se comprennent spontanément, sans traducteur) : leur définition est donc historique et politique. Par contre, il y a des différences partielles de lexique (certains mots, certaines conjugaisons ou déclinaisons varient) et surtout une différence d'alphabet : il est exclusivement latin en Croatie et dans la Fédération croato-bosniaque de Bosnie-Herzégovine, alors que les Serbes utilisent les deux alphabets : alphabet cyrillique serbe en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie, mais aussi l'alphabet latin serbe en Serbie et au Monténégro, mais pas en Bosnie. Des éléments de la langue turque se retrouvent dans le bosnien.
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+ La constitution de la Bosnie-Herzégovine ne mentionne aucune langue officielle.
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+ Au temps où la Bosnie-Herzégovine était sous domination austro-hongroise (1878 à 1918), le territoire était administré en langue allemande.
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+ Aujourd'hui, l'anglais est très parlé, surtout parmi les plus jeunes, et est une langue universitaire. Il est souvent utilisé dans l'administration, et est très utile pour communiquer avec les casques bleus de l'ONU présents sur le territoire. Une forte diaspora bosniaque existe aux États-Unis, au Canada, et en Australie, tout comme en Grande-Bretagne. L'allemand est également répandu, un grand nombre de Bosniaques vivant et travaillant dans des pays de langue allemande, l'Allemagne, l'Autriche ou la Suisse. Enfin, le turc, langue de culture en Bosnie-Herzégovine qui fut partie intégrante de l'Empire ottoman jusqu'en 1878.
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+ La Bosnie-Herzégovine est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie[42].
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+ La répartition religieuse du pays s'établit ainsi : les musulmans constituent 51 % de la population, les chrétiens orthodoxes constituent 31 % tandis que les chrétiens catholiques constituent 15 %, et 1,2 % pour les autres groupes religieux (y compris les juifs et les protestants). Il y a aussi 0,8 % d'athées et 0,3 % d'agnostiques[43].
142
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+ Le taux de pratique religieuse est relativement faible parmi les groupes religieux traditionnels, mais certaines régions connaissent une pratique plus fréquente, comme chez les Croates catholiques en Herzégovine ou parmi les musulmans de Bosnie centrale. Pour beaucoup de musulmans de Bosnie, la religion sert souvent comme identifiant communautaire lors des rites significatifs de passage comme la naissance, le mariage et la mort. Il y a également beaucoup d'athées et d'agnostiques parmi les Bosniaques. Toutes les religions ont connu un regain de pratique à la suite de la guerre de 1992-1995, expression de l'identification accrue de chacun avec son héritage ethnique et culturel.
144
+
145
+ Durant les années 2010, la presse pointe néanmoins du doigt un radicalisme religieux salafiste dans une partie de la communauté musulmane[44]. Les combattants étrangers, venus dans le pays lors de la guerre (1992-1995), seraient à l’origine de ce nouvel intégrisme[45]. Quelque 300 Bosniens se trouvent ainsi, en 2015, à faire le djihad en Syrie, ce qui ramené au nombre d’habitants forme le taux de départ pour le jihad le plus élevé d’Europe[46].
146
+
147
+ Le pape a alerté sur la situation des catholiques de Bosnie, dont beaucoup des jeunes se sont enfuis lors de la guerre, mais ne peuvent pas revenir. Il leur est également impossible de construire une église ou une école[47].
148
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149
+ Sarajevo est aujourd'hui l'une des capitales les plus polluées au monde. La pollution de l’air est à l’origine de près d’un décès sur cinq[48].
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+ La Bosnie-Herzégovine est un pays en voie de développement. La monnaie est le mark convertible.
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+ Les Jeux olympiques d'hiver se sont déroulés à Sarajevo en 1984, le pays faisant alors partie de la Yougoslavie.
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+ Avant que n'éclate la Yougoslavie, tous les clubs jouaient sous une même fédération, la Fédération de Yougoslavie de football, Fédération yougoslave de basket-ball ou la Fédération yougoslave de handball.
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+ En handball, le RK Borac Banja Luka de la ville de Banja Luka remporte la Coupe des clubs champions européens en 1976, un an après avoir échoué en finale, et la coupe EHF en 1991. En 1979, le KK Bosna, club de basket-ball de Sarajevo remporte la Coupe d'Europe des clubs champions chez les hommes, et le Jedinstvo Aida, de Tuzla, remporte la Coupe d'Europe des clubs champions en 1989 chez les femmes. Les clubs de football comme le FK Sarajevo, le FK Željezničar Sarajevo et le FK Velež Mostar sont parmi les clubs les plus connus du pays.
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+ La Bosnie-Herzégovine se qualifie pour la première coupe du monde de football de son histoire en 2014. Un an plus tard, le 15 juin 2014, l'équipe nationale de handball se qualifie pour la première fois de son histoire à une compétition majeure, le Championnat du monde 2015 disputé au Qatar.
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+ La Bosnie-Herzégovine a pour codes :
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+ Vache est le nom vernaculaire donné à la femelle du mammifère domestique de l'espèce Bos taurus, un ruminant appartenant à la famille des bovidés, généralement porteur de deux cornes sur le front. Les individus mâles sont appelés taureaux et les jeunes, veaux[1]. Une génisse ou vachette, appelée aussi taure au Québec ou dans le Poitou, est une vache qui n'a pas vêlé. Descendant de plusieurs sous-espèces d'aurochs, les bovins actuels (zébus compris) sont élevés pour produire du lait et de la viande, ou comme animaux de trait. En Inde, la vache est un animal sacré. Le mot vache vient du latin vacca, de même sens[2],[3].
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+ Le poids moyen d'une vache adulte varie en fonction de la race de 500 à 900 kg. Elle est plus petite que le taureau.
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+ Les bovins n'ont pas d'incisives supérieures[4], ils ne peuvent pas très bien mordre l'herbe et leurs dents servent principalement à broyer la nourriture. Pour se nourrir, les bovins utilisent leur langue pour ramasser l'herbe[5], puis la pincer entre leurs incisives inférieures et leur bourrelet gingival[4].
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+ Vache de race tarentaise.
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+ Taureau de race tarentaise.
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+ Alors que les taureaux sont destinés principalement à la boucherie et rarement à la reproduction, les vaches sont le plus souvent destinées à assurer le renouvellement du troupeau ou la production de lait. La vache est élevée soit pour son lait (races de vaches laitières), soit pour la production de viande (races à viande ou « allaitantes »), soit pour les deux (races mixtes).
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+ Comme tous les mammifères, une vache ne peut donner du lait qu'à partir du moment où elle a mis bas[6]. Avant d'avoir eu son premier veau, la jeune femelle est appelée génisse.
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+ Les vaches laitières en fin de vie sont normalement mises à l'engraissement et envoyées à l'abattoir (vaches de réforme). Elles fournissent en France l'essentiel de ce qui est commercialisé sous la dénomination « viande de bœuf » (80 % en 2013)[7].
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+ La France comptait 18,9 millions de vaches en 2006[8] et 18,7 millions de têtes de vaches en France en 2011.
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+ 35 % du cheptel (toutes vaches confondues) vit dans le centre de la France. 39 % du même cheptel est en Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie.
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+ La Prim’Holstein est la race laitière la plus répandue en France.
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+ De 1985 à 2011, le nombre de vaches allaitantes a augmenté, passant de 3 339 000 têtes à 4 108 000 têtes (soit +23 % en 26 ans).
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+ Dans le même temps le nombre de vaches laitières est passé de 6 538 000 têtes à 3 678 000 (soit -44 %).
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+ C'est après fin 2003 que le nombre de vaches allaitantes a dépassé le nombre de vaches laitières.
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+ Répartition des laitières et allaitantes par région : fort nombre de têtes de vaches allaitantes en Pays de Loire, ainsi que dans la diagonale Bourgogne, Massif-Central, Midi-Pyrénées. Et fort nombre de têtes de vaches laitières à l'Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie).
31
+
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+ Près de deux millions de veaux sont abattus chaque année en France, dont la plus grande partie provient du cheptel de vaches laitières[9].
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+
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+ En Inde, une grande partie de la population considère traditionnellement les vaches comme des animaux sacrés. Elles sont libres de se promener dans les rues et jusque sur les autoroutes. Elles ne sont pas destinées à être mangées mais fournissent le lait nécessaire aux rituels religieux. Le barattage de la mer de lait est un des mythes de la cosmogonie indienne.
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+ La vache Audhumla est un mythe cosmogonique de la mythologie scandinave.
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+ La sourate Al-Baqara (en arabe: سورة البقرة, Sūratu al-Baqarah, « La vache ») est la deuxième et la plus longue sourate du Coran. Le nom de « sourate de la vache » fait référence à un différend entre Moïse et les Israélites à propos d'une vache qu'ils doivent sacrifier afin de connaître le meurtrier d'un homme tué. Ne pas confondre avec l'incident biblique où Moïse interdit d'adorer le veau d'or.
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40
+ La Torah fait référence au rite de la Vache rousse[10].
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+
42
+ Proverbe : « À chacun son métier, et les vaches seront bien gardées[11] ».
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+
44
+ Expressions :
45
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+ Voir aussi : Idiotisme animalier.
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+ Peinture à l'huile par Carl Rudolf Huber, 1873.
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+ Vache qui se gratte, huile sur toile de Constant Troyon (1859)
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+ Sculpture de vache en courges.
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+ Scène de traite sur une porte de la cathédrale de Guildford.
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+ Mosaïque romaine.
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+ Dessin de bande-dessinée par Benjamin Rabier.
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+ L’Âge de la pierre, ou Âge de pierre[1], est la période de la Préhistoire durant laquelle les humains ont fabriqué et utilisé des outils et des armes en pierre, avant l'usage prépondérant des métaux.
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+ Cet âge est déjà évoqué comme hypothèse philosophique dans le De rerum natura de Lucrèce[2].
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+ En 1820, le danois Christian Jürgensen Thomsen, à la suite de Nicolas Mahudel, ordonne les collections de son musée en fonction des principaux matériaux utilisés et popularise une classification dite des « trois âges »[3] :
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+ Les hommes préhistoriques exploitaient divers types de roche, de qualité très variable, en fonction des gisements situés à proximité de leurs habitats : silex, chaille, quartz, quartzite, radiolarite, obsidienne, calcédoine, silcrète, basalte, etc. Au Paléolithique supérieur, les meilleurs matériaux, bruts ou taillés, faisaient l'objet d'échanges sur de grandes distances.
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+ Durant l'Âge de la pierre, le bois, l'os, l'ivoire, la corne, et les bois de cerf étaient aussi utilisés, notamment en fin de période, mais la pierre, et notamment le silex, était le principal matériau travaillé pour créer des outils coupants et des armes.
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+ L'Âge de la pierre débute il y a 3,3 millions d’années avec les premiers outils lithiques connus[4].
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+ La fin de cette période varie selon la région concernée et selon les critères que l’on retient. Bien qu’il soit possible de parler d’un Âge de la pierre global pour toute l’humanité, certains groupes n’ont jamais développé de technologies métallurgiques et restèrent donc dans un âge de la pierre jusqu’à ce qu’ils rencontrent des cultures technologiquement plus développées.
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+ Au Néolithique, les hommes maitrisent dans de nombreuses régions le travail du cuivre, ainsi que de l'or et de l'argent, mais les outils de pierre polie restent alors prépondérants, le cuivre étant un métal trop mou pour pouvoir supplanter la pierre dans l'outillage et dans l'armement. Il faut attendre le développement des alliages de cuivre et d'étain, qui donnent le bronze, un métal plus dur et plus résistant, pour que les outils et armes de pierre cèdent la place aux outils et armes de bronze. L’Âge de la pierre s'achève donc avec le début de l'Âge du bronze, vers 3 000 av. J.-C. en Anatolie, et vers 2 000 av. J.-C. en Europe de l'Ouest et en Chine.
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+ « Âge de la pierre » est désormais une expression désuète, et on lui préfère l’une de ses subdivisions : Paléolithique, Mésolithique ou Néolithique. Ces périodes de la Préhistoire sont elles-mêmes subdivisées en sous-périodes.
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+ Boston [bɔstɔ̃][a] ou [bɔstɔn][b] Écouter (en anglais : [ˈbɒstən][c] Écouter) est la capitale et la plus grande ville de l’État du Massachusetts et de la région de Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est des États-Unis. La ville compte 673 184 habitants selon le bureau du recensement fédéral de 2016, et la zone métropolitaine de Boston-Cambridge-Quincy en concentre environ 4 628 910, ce qui fait d'elle la dixième agglomération des États-Unis (après Atlanta). Elle constitue le nord de la mégalopole du Nord-Est des États-Unis, communément appelée BosWash, qui s'étend de Boston à Washington en passant par New York. La ville est traversée par le fleuve Charles, un fleuve côtier qui se jette dans le Boston Harbor, un estuaire au fond de la baie du Massachusetts sur les bords duquel la ville s'est construite. Centre économique et culturel de la Nouvelle-Angleterre, Boston est connu pour l'excellence de ses universités, notamment l'université Harvard et le Massachusetts Institute of Technology (MIT), situés dans la ville voisine de Cambridge.
4
+
5
+ Boston est l'une des plus anciennes villes des États-Unis. Fondée en 1630 sur la péninsule de Shawmut, au fond du Boston Harbor, par des puritains anglais fuyant les persécutions religieuses de leur pays, elle s’est rapidement développée dès le XVIIe siècle : l'université Harvard est notamment fondée en 1636. La ville reprend le nom d'une petite ville du nord-est de l'Angleterre, et les Français l'appellent « Baston » pendant le XVIIe siècle. Vers 1750, elle compte 15 000 habitants et est alors la troisième ville la plus peuplée des treize colonies britanniques d’Amérique du Nord. Elle joue un rôle central durant la Guerre d'indépendance américaine et est le témoin d'événements majeurs, tels que le Massacre de Boston, le siège de Boston et la Boston Tea Party (1773). Au XIXe siècle, l'immigration italienne et irlandaise fournit une importante main d'œuvre aux usines textiles et au secteur portuaire. Au cours du XXe siècle, son économie se reconvertit vers la finance et les industries de haute technologie, bien que l'enseignement supérieur demeure le principal domaine économique.
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7
+ Enfin, le paysage urbain de Boston ne ressemble pas aux autres villes américaines : son centre a gardé de nombreux édifices de l’époque coloniale, ses rues ne sont pas rectilignes et la cité réserve de nombreux axes aux piétons ou aux vélos. La ville est divisée en de nombreux quartiers. Back Bay et Beacon Hill sont des quartiers résidentiels huppés. Fenway Kenmore concentre les administrations et accueille le stade de baseball de la ville, le Fenway Park. Le centre de la ville se compose également de Downtown — un quartier mixte où se trouvent aussi bien des habitants au revenu modeste que le quartier d'affaires (en) — et de Chinatown. À l'image de New York, qui se trouve à 306 km au sud-ouest, Boston compte un vaste jardin public en plein cœur de l'agglomération : le Boston Common. Le Faneuil Hall est en outre l'un des bâtiments les plus visités du pays.
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+ En 2015, Boston a rejoint le mouvement Fab City, suivant l'appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054[1].
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+ Avant l’arrivée des colons européens, les Amérindiens algonquins occupent la région de l’actuelle Boston. Fondée en 1630, la cité reprend le nom d’une ville anglaise du Lincolnshire (Nord-Est) dont sont originaires ses fondateurs anglais. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle se développe et s’enrichit grâce à son port, par les relations commerciales maritimes avec la Grande-Bretagne et les Antilles. Boston devient le chef-lieu de la colonie de la baie du Massachusetts. Elle s’impose aussi comme la capitale intellectuelle de la Nouvelle-Angleterre, notamment avec l’ouverture d’Harvard en 1636 et la naissance de plusieurs journaux. La culture bostonienne est alors très influencée par les valeurs du puritanisme et la théologie. Mais la cité acquiert également une réputation d’intolérance religieuse lorsqu’elle condamne Mary Dyer, une quaker en 1660. De même, le renversement du gouverneur Edmund Andros en 1689 est largement lié à ses politiques religieuses en faveur de l'Église d'Angleterre.
12
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+ Vers 1750, Boston compte 15 000 habitants[2] ; elle est alors la troisième ville la plus peuplée des treize colonies britanniques d’Amérique du Nord. L’activité industrielle est florissante (la construction navale, la métallurgie, le textile, la pêche et la distillerie) et le trafic transatlantique est placé sous le monopole britannique. Le port exporte du bois, de la farine, de l’huile de baleine, de la viande et du poisson ; les marchands bostoniens reviennent des Antilles avec du sucre, du rhum, des mélasses et du tafia[3]. L’essor économique enrichit la bourgeoisie marchande qui contrôle les affaires de la cité.
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+ Boston joue un rôle central avant et pendant la Révolution américaine contre la Grande-Bretagne. Lorsque Londres impose une série de taxes et renforce sa présence militaire dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les Bostoniens entrent en rébellion et réclament une représentation politique des colonies au Parlement du Royaume-Uni.
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+ En 1770, le massacre de Boston alimente la rancœur des habitants. En 1773, ces derniers s’emparent de la cargaison de thé d’un navire britannique et la jettent par-dessus bord : cet épisode, appelé la Boston Tea Party (« Fête du Thé de Boston »), est l’un des événements les plus célèbres de la Révolution américaine. L’année suivante, le gouvernement britannique fait bloquer le port et envoie des soldats.
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+ La guerre d’indépendance commence en 1775 avec les batailles de Lexington et Concord qui se déroulent à une trentaine de kilomètres de Boston. Le 17 juin 1775 s’engage la bataille de Bunker Hill (Charlestown) qui se solde par la défaite des insurgés américains. En 1776, George Washington conquiert Boston, tenue jusqu’ici par les troupes du général britannique William Howe. Pendant cette période, Paul Revere, le fils d’un huguenot (son nom de naissance était Paul Rivoire), fait sa fameuse chevauchée. Boston est surnommée le berceau de la Liberté et plusieurs de ses sites historiques restent des attractions touristiques populaires à ce jour. La guerre se termine en 1783 par le traité de Versailles et la création des États-Unis. Le Massachusetts devient un État fédéré de l’Union en 1788 et son gouverneur siège à Boston.
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+
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+ Après la Guerre d’indépendance, comme New York, Baltimore et la capitale fédérale Philadelphie, Boston accueille l'une des 4 bourses rivales des États-Unis, même si Philadelphie puis New-York vont tirer leur épingle du jeu financier. Boston continue à se développer en même temps que le port de commerce international, exportant du rhum, du poisson, du sel et du tabac. Une charte lui octroie son autonomie municipale en 1822, et au cours des années 1850 Boston devient l’un des plus grands centres manufacturiers des États-Unis, célèbre pour la confection, l’industrie du cuir, la construction navale et la fabrication de machines. La guerre de Sécession stimule la production industrielle destinée au ravitaillement des troupes.
22
+
23
+ La ville reste longtemps dominée par de riches familles dont plusieurs sont toujours présentes à Boston. Leur généalogie remonte aux premiers colons et certaines sont surnommées les « brahmanes de Boston », en allusion au système de castes indien. À partir des années 1840, de nombreux immigrants européens arrivent à Boston, en particulier des Irlandais, qui fuient la Grande Famine. Ils sont employés dans l’industrie textile[4]. Avec les Italiens, ils forment une importante population catholique qui inquiète les WASPs.
24
+
25
+ Malgré la concurrence de New York, Boston reste un foyer intellectuel et culturel de premier ordre au XIXe siècle. La ville accueille de nombreux écrivains américains (Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne, Henry James, etc.). Elle finance les industries naissantes du Michigan, en particulier le cuivre, grâce à sa Bourse.
26
+
27
+ L’entre-deux-guerres est une période de crises pour la ville : en septembre 1919, une grande grève touche la police de Boston. Le 23 août 1927, les anarchistes italiens Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti sont exécutés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Boston reconvertit son économie pour les besoins de l’industrie de guerre. Mais après le conflit, l’économie connaît une récession, qui touche en particulier le secteur halieutique. Les usines ferment et les entreprises vont s’établir dans le Sud du pays où la main-d’œuvre est meilleur marché. Les quelques atouts de Boston, d’excellentes banques, ses hôpitaux, ses universités, son savoir-faire technique, comptent alors peu à l’échelle de l’économie du pays. La crise économique entraîne une crise sociale et urbaine. Dans les années 1960, 13 femmes sont assassinées par le tueur en série Albert DeSalvo.
28
+
29
+ Boston connaît un renouveau économique depuis les années 1970. À ce moment, l’importance des institutions financières dans l’économie américaine s’accroît, beaucoup de particuliers plaçant leur épargne en bourse et Boston se développe dans le secteur financier. Alors que le poids des dépenses de santé augmente aux États-Unis, de nombreux hôpitaux de la ville dégagent des bénéfices. Les universités attirent des dizaines de milliers d’étudiants et des fonds très importants sont investis par le gouvernement dans la recherche. L’agglomération devient le deuxième pôle américain pour les hautes technologies (informatique, biotechnologies), derrière la Silicon Valley californienne. La construction de nouveaux gratte-ciel dans le quartier des affaires témoigne du réveil économique de Boston.
30
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31
+ Le 15 avril 2013, à 14 h 48 (heure locale), deux explosions ont lieu lors du marathon de Boston, près de la ligne d'arrivée, tuant trois personnes et en blessant près de 170 autres. Les explosions sont dues à deux bombes. Après une semaine de recherche par la police locale et le FBI, une des deux personnes suspectées, Tamerlane Tsarnaïev, un immigré tchétchène, est tué le 19 avril 2013. L'autre, Djokhar Tsarnaïev est arrêté par la police le 20 avril 2013 dans la banlieue de Watertown[5].
32
+
33
+ Boston se situe dans le nord de la mégalopole du Nord-est des États-Unis appelée BosWash. Elle est la ville la plus importante de la Nouvelle-Angleterre et se trouve sur la côte orientale de l’État du Massachusetts. Elle est entourée par les villes de Revere, Chelsea, Everett, Somerville, Cambridge, Watertown, Newton, et Quincy. Plusieurs autres villes en périphérie constituent le Grand Boston.
34
+
35
+ Boston a longtemps profité d’une situation très favorable sur la côte de l’océan Atlantique : plus proche de l’Europe occidentale que sa rivale New York, elle a développé son trafic maritime et son industrie jusqu’au XIXe siècle. La baie du Massachusetts offrait un abri en eaux profondes pour les navires et son site péninsulaire lui donnait une défense naturelle. La ville du XVIIe siècle s’étalait sur la péninsule de Shawmut, reliée au continent par un isthme. À l’ouest s’étendaient des marais envahis par la marée : de nos jours, cette partie correspond au quartier de Back Bay. Le centre de la Boston coloniale se trouvait autour de l’Old State House. Enfin, la ville était entourée à l’origine par trois collines, les Trimoutains, dont il ne reste aujourd’hui que celle de Beacon Hill ; les autres ont été rasées pour combler le port de Boston et le secteur de Back Bay. La physionomie de la ville a donc été considérablement transformée entre sa fondation et le XXe siècle (voir le paragraphe urbanisme plus bas). Tout comme San Francisco, Boston est aujourd’hui en grande partie implantée sur des terre-pleins artificiels qui ont fait disparaître son caractère péninsulaire.
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+ Les deux cours d’eau de la Charles River et de la Mystic River permettent une communication facile avec l’intérieur des terres. Avec le percement du canal Érié au début du XIXe siècle, Boston perd son avantage au profit de New York. La croissance du trafic dans le bassin du Mississippi et des Grands Lacs éclipse également l’influence de Boston. Aujourd’hui, la rivière Charles sépare Boston de Cambridge et Charlestown. À l’est de la ville se trouvent le port de Boston et ses îles. La rivière Neponset délimite la frontière entre Boston et les villes voisines de Quincy et Milton, au sud-est. Plus du quart[6] du territoire de la ville est sous le niveau de la mer, qu’il s’agisse de la rivière Charles ou du quartier du port.
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+ Le climat de Boston est à l’image de celui de la Nouvelle-Angleterre : il est tempéré de façade orientale, qui se caractérise par une amplitude thermique relativement importante (25 °C). La Nouvelle-Angleterre ne bénéficie pas du rôle de régulateur thermique de l’océan Atlantique, ni des effets du Gulf Stream.
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+ D'après la classification de Köppen : la température moyenne du mois le plus froid est inférieure à 0 °C (janvier avec −1,5 °C) et celle du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (juillet avec 23,2 °C) donc c'est un climat continental. Les précipitations sont stables, donc il s'agit d'un climat continental froid sans saison sèche. L'été est chaud car la température moyenne du mois le plus chaud est supérieure à 22 °C (juillet avec 23,2 °C).
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+ Donc le climat de Boston est classé comme Dfa[7] dans la classification de Köppen, soit un climat continental humide avec été chaud.
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+ La position de Boston expose la ville aux flux méridiens froids en hiver et chauds en été, qui apportent des perturbations. Le total annuel des précipitations, sous forme de pluie ou de neige, est de 1 054 mm. La région est assez régulièrement arrosée tout au long de l’année, avec un maximum des précipitations en mars. Les températures sont contrastées entre l’hiver et l’été, celui-ci se prolonge jusqu’en septembre et octobre : on désigne cette période par l’expression « été indien ». Lorsque les masses d’air tropical chaudes et humides remontent du golfe du Mexique, les Bostoniens connaissent alors des périodes de canicule, comme celle de l’été 2006. En leur temps, les colons anglais s’étaient trouvés désemparés lorsqu’ils virent leurs récoltes de céréales pourrir en juillet[8]. Les hivers sont quant à eux froids et venteux, les tempêtes de neige sont fréquentes : par exemple, le blizzard de février 2006 a paralysé les infrastructures de transport de toute la région.
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+ Tout au long de son histoire, l’urbanisme de Boston a connu d’importants bouleversements, liés à la croissance démographique et économique de la cité. Ces mutations peuvent être résumées en trois phases : poldérisation au XIXe siècle, suburbanisation et construction de gratte-ciel au XXe siècle. La capitale du Massachusetts a su préserver son patrimoine historique et s’adapter aux besoins de la modernité.
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+ Boston est l’une des plus anciennes villes des États-Unis. Sa prospérité économique au XIXe siècle permet aux élites enrichies de se faire construire de belles demeures victoriennes à Beacon Hill. L’urbanisme des premières décennies du XIXe siècle est marqué par les réalisations de l’architecte Charles Bulfinch : celui-ci transforme la ville coloniale en une cité américaine moderne. Il dessine plusieurs maisons en briques, notamment à Louisburg Square, ainsi que le Capitole de l'État du Massachusetts, en style néo-classique. De nouvelles rues sont percées comme la « Commonwealth Avenue », large de 60 mètres[10].
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+ Avec la croissance économique et l’immigration, la ville ne cesse de s’étendre : enserrée au nord d’une péninsule, la ville coloniale se trouve vite à l’étroit. Le comblement et l’assèchement des marécages tout au long du XIXe siècle permet d’aménager de nouveaux quartiers. À la fin du XIXe siècle, le quartier de Back Bay est complètement poldérisé ; la hauteur des maisons est limitée par une législation stricte. Entre 1630 et 1890, la superficie de Boston est multipliée par trois. La ville crée de nouveaux parcs et jardins publics : le Boston Common, acheté par la ville en 1634, est agrandi dans les années 1830. L’architecte-paysager Frederick Law Olmsted (1822-1903) conçoit plusieurs parcs, appelés le « collier d'émeraude ». Les magnats de l’industrie, de la finance et du commerce fondent les grandes institutions culturelles et sociales, ce qui entraîne le déplacement du centre de gravité de la ville vers l’ouest.
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+ Tout au long du XIXe siècle, la ville se dote des infrastructures et des institutions d’une ville moderne : les premiers égouts sont aménagés à partir de 1823. Une police en uniforme est organisée en 1845. Le métro est mis en place en 1896, avant celui de New York et Chicago et fut ainsi le premier métro du continent américain. En 1910, l’achèvement d’un barrage crée le bassin de la Charles River, au nord-ouest. L’apparition de l’omnibus, du métro puis de l’automobile, entraîne un processus de périurbanisation. Une partie des classes moyennes quittent le centre pour s’installer en banlieue. Les quartiers dégradés sont laissés aux immigrants récents. L’étalement urbain s’accompagne de l’annexion de villes périphériques telles que Dorchester, Roxbury, West Roxbury, Brighton et Charlestown. Un organisme de coopération entre les municipalités de l’agglomération est mis en place : c’est la Metropolitan District Commission (1919).
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+ Dans les années 1960, le code de l’urbanisme est modifié et autorise les tours de bureaux. Jusque-là, Boston n’avait aucun édifice très élevé, à part les bâtiments administratifs et les clochers des églises. Dès lors, l’allure de la skyline se transforme avec l’apparition de gratte-ciel. Le premier est la Prudential Tower (228 mètres, achevé en 1964). D’autres gratte-ciel sortent de terre dans les années 1970 : le One Boston Place (183 mètres), le 200 Clarendon Street (241 mètres) ou encore le Federal Reserve Bank Building (196 mètres). En 2006, 18 bâtiments dépassent les 150 mètres.
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+ Aujourd’hui, le plan des rues présente des singularités par rapport à ceux des autres métropoles américaines : la configuration du site a entraîné l’élaboration d’un plan circulaire. À la différence des autres centres-villes du pays, le quartier des affaires n’est pas organisé selon un plan en damier. Le réseau des rues et des routes forme plutôt un plan radioconcentrique. Ce dessin accentue la centralité et provoque des embouteillages à l’intersection des principaux axes. La municipalité tente de pallier ces difficultés de circulation en faisant la promotion des moyens de transports en commun, mais aussi en perçant des tunnels comme le Big Dig. Une partie des activités industrielles et tertiaires se sont installées en périphérie et se sont implantées à proximité des échangeurs autoroutiers.
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+ Au début du XVIIIe siècle, Boston était l’une des villes les plus peuplées des treize colonies britanniques. Malgré sa croissance démographique spectaculaire, elle n’a cessé de reculer dans le classement des villes américaines. Elle est notamment dépassée par New York dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. En 1690, Boston compte 7 000 habitants, en 1770, environ 16 000[11]. Dans les années 1830, la population augmente de 52 %, grâce à l’immigration[12].
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+ La crise des années 1950-1970 a fait partir une partie des Bostoniens. Mais depuis les années 1990, l’agglomération gagne à nouveau des habitants, notamment grâce aux rénovations urbaines, aux reconversions industrielles et à la gentrification. Le retournement de situation reste fragile car, entre 2000 et 2005, la ville de Boston a perdu 30 107 résidents[13]. Cependant, trois quartiers se distinguent par leur croissance démographique : il s'agit de Central Boston, East Boston et North Dorchester. Selon le dernier recensement pour l'année 2016, la ville de Boston comptait 673 184 habitants dans ses limites. L’aire métropolitaine de Boston, soit un territoire allant jusqu’à Lawrence, Salem, Nashua et Worcester, compte aujourd’hui près de 6 millions d’habitants.
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+ L’originalité de la ville vient de sa petite taille (232 km2) comparée à celle de villes américaines d’importance semblable. La densité y est relativement élevée (4 924 hab./km2 contre 3 400 hab./km2 à Washington, D.C. par exemple), ce qui la rapproche des villes européennes[d].
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+ Boston est devenue une ville cosmopolite au XIXe siècle. Elle est alors avec New York l’une des portes d’entrée aux États-Unis pour de nombreux Européens (Irlandais, Italiens, Allemands et Russes). Une partie des immigrants ne reste pas à Boston, comme le montre le film Horizons Lointains de Ron Howard : ils deviennent les pionniers de la conquête de l’Ouest. Après la Guerre de Sécession, de nombreux Noirs migrent vers les cités industrielles du Nord-Est des États-Unis. À Boston, ils s’établissent dans le quartier de Roxbury, au sud de la ville ainsi qu'à Mattapan et North Dorchester[14]. De nos jours, la part de la population afro-américaine est relativement importante : elle représente environ 1/4 des habitants. Les minorités de Latinos les plus nombreuses sont dans le quartier de Roxbury[14].
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+ En 1900, près de la moitié des Bostoniens est d’origine irlandaise[10]. Aujourd’hui, les descendants d'Irlandais ne représentent plus que 16 % de la population[15] et se concentrent essentiellement dans le quartier de South Boston. La plus célèbre famille d’origine irlandaise, les Kennedy, vient d’ailleurs de l’agglomération de Boston.
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+ Selon l'American Community Survey, en 2015, 62,31 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler anglais à la maison, alors que 16,57 % déclare parler l'espagnol, 4,45 % une langue chinoise, 4,30 % un créole français, 1,79 % le vietnamien, 1,76 % le portugais, 1,17 % une langue africaine, 1,15 % le français, 0,88 le russe, 0,77 % l'arabe, 0,42 % l'italien, 0,59 % le coréen, 0,46 % le grec et 3,12 % une autre langue[18].
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+ Le revenu moyen des ménages bostoniens s’élève à 55 183 $ en 2004[19] : il est inférieur à celui de San Francisco mais plus élevé que celui de New York. Les dépenses affectées au logement sont importantes, en partie à cause de la gentrification. Le taux de chômage s’établit à environ 5 %[20] et se situe dans la moyenne nationale. La part des actifs est supérieure à la moyenne de l'État et du pays. Boston souffre des mêmes maux que les autres villes-centres américaines : certains quartiers connaissent une grande pauvreté, en particulier dans la communauté afro-américaine de Roxbury. L'importante présence d'étudiants (Allston et Brighton) et de populations défavorisées peuvent expliquer en partie la relative faiblesse du revenu moyen par foyer.
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+ Chaque année plusieurs festivals de cinéma se tiennent à Boston : le plus important est le festival du film de Boston (Boston Film Festival) qui dure une semaine, en général au début du mois de septembre. Le festival du film français (Boston French Film Festival) est organisé chaque année depuis 1996 : il a lieu en juillet en coopération avec les services culturels de l’ambassade française. Le festival du film juif (Boston Jewish Film Festival) a été mis en place en 1989[24]. Enfin, le festival du film underground (Boston Underground Film Festival) et celui du film gay et lesbien (Boston Gay & Lesbian Film/Video Festival) existent depuis quelques années[Quand ?] et représentent le cinéma indépendant, tout comme le Festival international du film de Boston.
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+ Dans le domaine de la musique, Boston organise un festival de musique baroque (The Boston Early Music Festival) depuis 1980 qui attire les spécialistes du monde entier.
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+ Boston est aussi une des villes où est née la musique punk hardcore, avec un nombre impressionnant de groupes et une scène très active encore de nos jours.
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+ Tout au long de l’année, de nombreuses parades défilent dans les rues de la ville et témoignent de sa diversité culturelle : Gay pride et parade haïtienne en juin, fête porto-ricaine en juillet, dominicaine en août, etc.
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+ Pour le nouvel an, la ville de Boston organise chaque année depuis 1976 la First Night Boston[25]. C'est la plus vieille, la plus grande et la plus élaborée des célébrations du nouvel an aux États-Unis, et elle est organisée pour toute la famille. On peut trouver, un peu partout dans le centre de la ville, des sculptures de glace, des concerts et des spectacles en plein air et à l'intérieur (dont beaucoup dans le Hynes Convention Center (en)), ainsi qu'un grand défilé et un feu d'artifice. En 2014, on pouvait applaudir notamment Patti Smith, les Blind Boys of Alabama et le Donald Harrison Quintet. On accède aux événements intérieurs grâce à un badge préalablement en vente à 10 $.
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+ Boston a inspiré de nombreux réalisateurs de cinéma : plusieurs films reprennent les caractères originaux de la ville. Ainsi, les personnages principaux de Mystic River, réalisé par Clint Eastwood (2003), ont été élevés dans la communauté irlandaise. Les Infiltrés (Martin Scorsese, 2006) évoque le quartier irlandais de South Boston. Good Will Hunting (Gus Van Sant, 1997) met en valeur l’importance de l’enseignement supérieur et de la recherche dans l’agglomération. Dans Terrain d’entente des Frères Farrelly (2005), l’héroïne tombe amoureuse d’un fan des Red Sox de Boston. Récemment, dans Gone Baby Gone, réalisé par Ben Affleck avec son frère cadet Casey dans le rôle principal, on retrouve les mêmes quartiers « durs » de Boston que dans Mystic River : pas de hasard, l'auteur est le même Dennis Lehane.
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+ Par ailleurs, Boston a été rendue célèbre dans le monde grâce à la télévision. Quatre séries judiciaires créées par David Edward Kelley ont pour cadre Boston : The Practice : Donnell et Associés, Boston Justice, Rizzoli and Isles et Ally McBeal. Cette dernière montre à chaque épisode des plans de la skyline et du palais de justice. La série Cheers raconte le quotidien d’un bar de Boston. La Vie de palace de Zack et Cody a pour décor un palace de la ville. Les intrigues de deux séries policières, Preuve à l’appui et Banacek se déroulent également dans les rues de Boston. La série Sabrina, l’apprentie sorcière joue sur la proximité de Salem.
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+ Plus récemment, la série Fringe se déroule également à Boston.
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+ Boston est également la ville principale du film The Town réalisé par Ben Affleck, sorti le 15 septembre 2010.
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+ Le cinéaste Saul Levine programme et présente chaque semaine un cinéma indépendant, alternatif et expérimental du monde entier au MassArt Film Society[26], un des microcinema (en) les plus anciens aux États-Unis.
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+ L’évolution de la littérature à Boston est le reflet de l’histoire de la ville. Les premières formes de littérature se manifestent dans les écrits des pasteurs de la colonie de la baie du Massachusetts. Cotton Mather (1663-1728) est représentatif de ces premiers auteurs : il laissa une œuvre écrite de plus de 450 livres et pamphlets.
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+ Le mouvement des Lumières inspire les écrits politiques du Bostonien Samuel Adams et la presse de la ville (Independant Advertiser, Boston Gazette, Massachusetts Spy, etc.) se fait l’écho des revendications des patriotes. The Power of Sympathy (en français : Le Pouvoir des affinités, Boston, 1789), écrit par William Hill Brown (1756 - 1793) est considéré comme le premier roman américain. Il fit d’ailleurs scandale dans la bonne société bostonienne et dut être publié anonymement pendant plusieurs années.
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+ Le courant abolitionniste se développe parmi les auteurs résidant à Boston : Samuel Sewall (1652-1730) ou William Ellery Channing (1780 –1842) ont écrit contre l’esclavage.
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+ Phillis Wheatley, (1753-1784) a vécu à Boston ; elle est considérée comme la première poétesse afro-américaine des États-Unis. En 1770, elle écrivit un hommage poétique au calviniste George Whitefield, qui eut une large audience à Boston. Dans les années 1830, Boston est l’un des foyers du transcendantalisme : la ville est en effet le berceau du Transcendental Club qui entendait s'opposer à l’intellectualisme de Harvard. La première réunion, à laquelle assistait notamment Ralph Waldo Emerson, eut lieu à la maison de George Ripley (en), le 8 septembre 1836.
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+ Au XIXe siècle, de nombreux écrivains américains (Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne, Henry James, etc.) habitent dans l’agglomération de Boston. Le poète et romancier Edgar Allan Poe (1809-1849) est né à Boston. Au XXe siècle, la ville accueille des écrivains européens réfugiés comme le Libanais Gibran Khalil Gibran (1883-1931), l’Espagnol Pedro Salinas (1891-1951) ou le Roumain Elie Wiesel (1928-2016).
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+ Plus récemment ce sont les ouvrages de Dennis Lehane qui prennent pour cadre Boston. Un pays à l'aube nous raconte l'histoire du Boston de l'immédiat après guerre (1919) surtout les luttes sociales des policiers du BPD qui tentent de faire respecter leurs droits. Les détectives Angie Gennaro et Patrick Kenzie écument la ville depuis de longues années du premier tome intitulé Un dernier verre avant la guerre au dernier Moonlight Mile.
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+ En 1850, Nathaniel Hawthorne (1804 - 1864), publie La lettre écarlate qui raconte le sort d’Hester Prynne, une jeune femme vivant dans une communauté puritaine à Boston. L'action du livre se situe entre 1642 et 1649. The Bostonians, un roman d'Henry James (1843-1916), aborde le thème du rôle des femmes dans la société de la fin du XIXe siècle. Dans l’une des nouvelles de Jacques Futrelle (1875-1912) la ville de Boston est le lieu de résidence de la Machine à Penser et accueille des championnats du monde d'échecs. Une partie du roman Le Bruit et la Fureur (1929) de William Faulkner (1897-1962), se déroule à Boston. Stephen King choisit la capitale du Massachusetts pour faire évoluer les personnages de son roman Cellulaire (2006). Enfin, l'ensemble des romans policiers de Dennis Lehane, dont Mystic River adapté au cinéma par Clint Eastwood, et Gone Baby Gone réalisé par Ben Affleck avec son frère cadet Casey dans le rôle principal, se déroulent à Boston. Toujours de Dennis Lehane, Un pays à l'aube décrit Boston au lendemain de la Première Guerre mondiale, un Boston secoué par les luttes syndicales, leur répression et la grande grève de la police.
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+ L’académie de musique de Boston (The Boston Academy of Music) est la compagnie d’opéra la plus célèbre de la ville. Le conservatoire de musique de Boston (The Boston Conservatory of Music) est un lieu important de la vie culturelle. Il programme des spectacles de danse, de théâtre ou de musique. L’orchestre symphonique de Boston (The Boston Symphony Orchestra) est une autre institution dynamique de l’agglomération. Il est considéré comme l’un des dix meilleurs du monde[27]. La société Handel et Hayden (The Handel and Hayden Society) propose depuis 1815 des concerts de musique classique.
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+ Depuis 1996, le Boston Modern Orchestra Project organise des concerts dans différents endroits de la ville, tout comme le Berklee College. En été des orchestres de rue se produisent à Faneuil Hall, Copley Square ou sur l’esplanade de la Charles River.
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+ Depuis 1980 le Boston Early Music Festival est un des festivals consacrés à la musique ancienne les plus notés au plan mondial.
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+ Le premier mouvement des Three Places in New England composé par Charles Ives, et intitulé The "Saint-Gaudens" in Boston Common, fait référence à un bas-relief situé au nord-est du parc Boston-Common, sculpté par Augustus Saint-Gaudens qui rend hommage au colonel nordiste Robert Gould Shaw et à son bataillon de soldats noirs volontaires.
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+ L'action de l'opéra de Giuseppe Verdi Un ballo in maschera (« Un bal masqué »), se déroule à Boston. Le comte Richard de Warwick, protagoniste de l'œuvre, est le gouverneur de la ville.
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+ Plusieurs groupes musicaux viennent de Boston : Extreme, avec Gary Cherone et Nuno Bettencourt notamment, un groupe de funk metal des années 1980-1990, Dropkick Murphys (punk celtique) ou encore Street Dogs, The Mighty Mighty Bosstones (ska core), The Dresden Dolls, The Unseen (punk). Aerosmith, Boston, The Modern Lovers et The Cars popularisés au courant des années 1980 par leur mélodies électro-pop accrocheuses. Le groupe Boys Like Girls est originaire de Boston. La ville et sa région disposent également d'une scène influente dans le domaine du hardcore, qui a développé son style propre. Cette scène est d'ailleurs nommée « Boston Hardcore », avec des groupes comme Have Heart ou Defeater. Enfin, le groupe précurseur du grunge les Pixies vient également de la capitale du Massachusetts ainsi que le groupe New Kids on the Block.
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+ Le bâtiment du Huntington Theatre abrite depuis 1925 le premier théâtre public américain. Les Bostoniens le connaissent sous le nom de Boston University Theatre. Le Majestic Theatre propose des spectacles divers (opéra, danse, théâtre…) dans un bâtiment du début du XXe siècle en style Beaux-Arts. La ville compte de nombreux autres lieux de représentation comme le Boston Center for the Arts, le Virginia Wimberly Theatre, le Nancy and Edward Roberts Studio Theatre, le Shubert Theater (1910) ou encore le Wang Theater (1925), l’Orpheum , etc.
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+ La Bibliothèque publique de Boston conserve plus de 15 millions de livres[28], et des centaines de milliers d’autres documents (photographies, cartes anciennes, manuscrits, dessins…) couvrant tous les domaines du savoir. En 1895, l’architecte Charles Follen McKim, se voit confier le projet de la bibliothèque sur le Copley Square. À cette époque, la première bibliothèque de Mason Street, ouverte en 1854, était devenue trop petite. En 1972, le site est encore agrandi grâce aux travaux de Philip Johnson. Aujourd’hui, l’institution compte 27 bibliothèques de quartier dans toute l’agglomération. L’intérieur est décoré par les fresques du Français Pierre Puvis de Chavannes et de l’Américain John Singer Sargent.
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+ Le Boston Athenæum sert de lieu d’exposition et de bibliothèque : elle conserve plus de 500 000 documents, parmi lesquels des livres anciens, des manuscrits et des photographies. L’édifice, construit au milieu du XIXe siècle et agrandi en 1913-1914, a été classé monument historique. Il est l’un des hauts lieux de la culture et de la recherche bostonienne. Les bibliothèques universitaires, la Massachusetts Historical Society, la bibliothèque d’État (State Library) participent également au prestige culturel de la ville.
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+ Musées d’art et d’histoire, vieux bateaux, ateliers d’artistes, les musées de Boston réunissent des collections exceptionnelles et variées. Certains organisent chaque année des expositions prestigieuses.
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+ Fondé en 1870 et ouvert au public en 1876, le musée des Beaux-Arts est le principal musée de la ville. Il présente un large choix d’œuvres (peintures, objets d’art, photographies) provenant de tous les continents. Situé dans un petit palais de style Renaissance vénitienne, le musée Isabella Stewart Gardner a été inauguré en 1903. Ses collections, riches de plus de 2 500 œuvres et objets, illustrent différentes époques de l’art, de l’Antiquité au XIXe siècle. L’Institut d’art contemporain de Boston propose des expositions temporaires dans une ancienne station de police et de pompier.
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+ D’autres musées reflètent l’intérêt des Bostoniens pour l’histoire (musée et bateau de la Boston Tea Party, musée d’histoire afro-américaine, bibliothèque Kennedy, Boston Historical Society and Museum), la mer et les activités portuaires (aquarium de Nouvelle-Angleterre, Boston National Historical Park, Charlestown Navy Yard, USS Constitution) ou les sciences et techniques (musée de la science, musée des transports). Le Boston Children’s Museum propose des activités ludiques et pédagogiques. D’autres musées attendent les visiteurs sur le Freedom Trail.
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+ Le chemin de la Liberté (Freedom Trail) est une ligne rouge peinte sur les trottoirs de Boston permettant de suivre un circuit de découverte des principaux monuments et hauts-lieux de la ville, sur environ six kilomètres. Les seize sites officiels de ce parcours sont :
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+ Granary Burying Ground.
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+ Capitole de l'État du Massachusetts
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+ Quincy Market.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La forte concentration d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche explique le surnom de Boston, l’« Athènes de l’Amérique ». L’agglomération compte une centaine d’institutions publiques ou privées qui concourent à sa réputation d’excellence depuis la période coloniale. Parmi elles, les 65 colleges et universités[29] font de Boston une ville étudiante. Cependant, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard ne se trouvent pas dans les limites de la ville, mais sont installés à Cambridge, sur l’autre rive de la Charles River.
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+ Le Boston College fut créé en 1827 dans le South End avant de déménager à Chestnut Hill. L’université de Boston, fondée en 1869, est aujourd’hui la quatrième plus grande université du pays avec environ 30 000 étudiants et le second employeur de la ville[30]. Le campus de l'université du Massachusetts à Boston est un établissement d’enseignement supérieur public situé dans le quartier de Dorchester. Le collège Emerson (3 700 étudiants) est situé non loin du Boston Common et propose des formations dans les arts et la communication. L'université Northeastern dispose d’un grand campus sur l’avenue Huntington dans le quartier de Fenway. Le Wentworth Institute of Technology propose plusieurs formations de haut niveau en architecture ou en informatique par exemple. L’université Suffolk (4 600 étudiants) est une école de droit qui garde un campus sur Beacon Hill. Il existe bien d’autres établissements d’enseignement supérieur : le Simmons College (1899), l’Emmanuel College (1919), etc. Boston compte également de nombreux lieux de formation aux arts du spectacle, à la musique (conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre, conservatoire de Boston, Berklee College of Music).
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+ Les publications médicales de Boston sont deux fois plus nombreuses que celles de la France entière[31]. La ville dispose d’une importante concentration de laboratoires et de lieu de formation en relation avec la santé : les écoles de médecine de Harvard et de l’Université Tufts ne sont pas à Cambridge mais bien à Boston. C’est à Boston qu’eut lieu, en 1954, la première greffe de rein.
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+ L’histoire de l’immigration à Boston permet d’expliquer la diversité des confessions présentes dans la ville. Depuis le XIXe siècle, la capitale du Massachusetts est un centre majeur du catholicisme aux États-Unis : le Boisi Center for Religion and American Public Life, qui fait partie du Boston College, demeure la plus ancienne université jésuite du pays. Boston est le siège d’un archevêché catholique. L’archidiocèse métropolitain rassemble six diocèses. L’archevêque de Boston porte le titre de cardinal, ce qui l’autorise à participer aux élections pontificales. En 2002, la ville est secouée par le scandale des abus sexuels dans le clergé catholique, qui a mené à la destitution de l’archevêque Bernard Law. Les descendants des migrants d’Europe de l’Est forment une communauté orthodoxe importante encadrée par deux métropolites (Mgr Ephraim et Mgr Moses). Le judaïsme est également bien représenté. Par ailleurs, la ville a été le lieu de création de plusieurs Églises au rayonnement mondial, notamment la Science chrétienne et le Mouvement de Boston devenu par la suite les Églises du Christ internationales.
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+ Boston est reconstituée dans Assassin's Creed III telle qu'elle était pendant la guerre de Sept Ans et la Révolution américaine, à l'échelle 1:2. Plusieurs événements marquants de la Révolution, tels que la Boston Tea Party, la Bataille de Bunker Hill ou le Massacre de Boston y sont également reconstitués. On peut également reconnaître la ville au début de The Last of Us grâce au capitole. Le jeu Fallout 4 se déroule également dans un Boston et sa banlieue post-apocalyptiques.
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+ Les institutions municipales de Boston sont réglementées par une charte. La municipalité a un système de « maire fort » : celui-ci dispose d’un droit de veto[32] et de prérogatives importantes. Le maire est élu pour quatre ans au suffrage universel. Il est secondé par un administrateur en chef pour la gestion des affaires courantes.
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+ Le conseil municipal est élu tous les deux ans dans le cadre des neuf arrondissements. Les habitants de chaque arrondissement élisent un conseiller. Il y a quatre sièges pour les conseillers qui représentent la ville entière. Le Comité des écoles est nommé par le maire, de même que les chefs de service de la ville.
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+ Depuis janvier 2016 la ville utilise City Score, une application indiquant « la santé » de la ville en temps réel. Grâce à la collecte de données publiques issues des différents départements de la municipalité, Boston bénéficie d'informations concernant le taux de criminalité, la consommation d’énergie, le nombre d’abonnés à la bibliothèque municipale ou encore le temps nécessaire à un camion de pompier pour arriver sur les lieux d’un accident… À l'aide de cet outil, Martin Walsh, le maire de Boston aurait réajusté les budgets pour augmenter le nombre d’ambulances à la suite de l'enregistrement de résultats assez faibles[33].
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+
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+ Le Boston Police Department (BPD) assure le respect de la loi et de l'ordre public dans la ville de Boston divisée en 3 grandes zones et 11 îlots. Ses personnels se divisent en 87 % d'hommes pour 13 % de femmes. Ses 2 000 policiers (armés de Glock 23 et roulant en Ford Crown Victoria) et fonctionnaires se répartissent entre :
155
+
156
+ L'élite du BPD est le Boston Police Department Special Operations Unit assurant la police routière et le maintien de l'ordre et opérant aussi comme une SWAT Team. Le BPD dispose aussi de 21 unités canines[34]. Enfin, le BPD apparaît dans les polars de Dennis Lehane et de Robert B. Parker, mais aussi dans Blown Away et dans Preuve à l'appui ou L'Étrangleur de Boston.
157
+
158
+ Dans le passé, Boston a montré à la fois son attachement aux valeurs conservatrices des puritains, mais aussi sa capacité d’ouverture et de non-conformisme : pendant la guerre de Sécession, Boston fut le foyer le plus actif de la lutte antiesclavagiste[29]. La ville a souvent été le lieu de la contestation pacifique, pendant la guerre du Viêt Nam ou la guerre d'Irak. La tradition démocrate est importante, surtout depuis le mandat présidentiel de John F. Kennedy. Depuis 1929, tous les maires de Boston sont de cette tendance politique. En 2004 a eu lieu la convention démocrate pour l’élection présidentielle du candidat John Kerry. Ce dernier possède une maison dans le quartier de Beacon Hill.
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+
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+ Le démocrate Marty Walsh est le maire de Boston depuis le 6 janvier 2014.
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+
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+ Boston est un centre de décision : elle est le chef-lieu du comté de Suffolk, le centre de l’administration américaine pour la Nouvelle-Angleterre et le siège du premier district de la réserve fédérale des États-Unis. En tant que chef-lieu du Massachusetts, la ville est le siège du pouvoir législatif de l’État : la Chambre des Représentants et le Sénat se réunissent dans le Capitole de l'État du Massachusetts et possèdent des services près du Government Center. La cité fait partie du Metropolitan Area Planning Council, une institution d’urbanisme qui regroupe 101 villes autour de Boston[13].
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+ Enfin, Boston est le quartier général du premier district naval. On y trouve plusieurs représentations diplomatiques comme les consulats français, belge, suisse et canadien.
164
+
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+ L’économie de Boston a d’abord reposé sur le commerce transatlantique et le cabotage. Pendant la période coloniale, le port reçoit des produits venant d’Angleterre. Il expédie les productions des colonies du sud et du centre (riz, tabac et indigo). Le trafic des marchandises avec les Antilles est important : au XVIIIe siècle, Boston exporte du bois, de la farine, de l’huile de baleine, de la viande et du poisson ; ses marchands reviennent avec du sucre, du rhum, des mélasses et du tafia[35]. Dès le XVIIe siècle, ces activités portuaires stimulent la construction navale, la métallurgie, le textile, la pêche et la distillerie. L’essor économique colonial enrichit la classe de marchands.
166
+
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+ Au milieu du XIXe siècle, Boston accueille des milliers d’Irlandais qui fuient la famine dans leur pays. Ils sont employés dans l’industrie textile[4]. La confection et l’habillement connaissent une expansion considérable. En 1906, New Balance voit le jour à Boston. Le secteur secondaire a connu une crise importante après la Seconde Guerre mondiale et a vu fondre ses effectifs.
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+
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+ Le secteur industriel emploie 12 339 personnes soit 2,3 % de la population active[36]. Les industries de haute technologie se sont développées en liaison avec les centres de recherche et les grandes universités. Elles ont permis la reconversion industrielle de l’agglomération de Boston dans les années 1980 et ont fourni de nombreux emplois. L’industrie pharmaceutique est représentée par les groupes Millennium Pharmaceuticals, Millipore Corp. ou Biogen Idec. Le secteur de la santé se développe en liaison avec les instituts de recherche et le principal hôpital de la ville (Massachusetts General) : Boston Scientific est l’un des géants de l’appareillage médical. Plusieurs entreprises informatiques (DEC, Data General (en)…) se sont implantées le long de la Route 495 (en) et de la Route 128, qui traverse une trentaine de villes de l’agglomération et est connue mondialement pour longer une grande concentration de haute technologie[37]. Les parcs technologiques symbolisent la reconversion industrielle de la métropole. La ville reste également l’un des principaux foyers d’édition et d’imprimerie d’Amérique du Nord (voir le paragraphe sur les médias ci-dessous). Les usines de confection, d’agro-alimentaire et de fabrication de machines complètent le tissu industriel de la ville.
170
+
171
+ Le revenu annuel moyen par foyer est de 55 777 $, le revenu annuel moyen par personne est de 35 728 $ (selon le Bureau du recensement) et 21,5 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté[34].[Quand ?]
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+
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+ Le secteur tertiaire salarie des milliers de personnes. L’enseignement supérieur reste l’un des employeurs principaux de l’agglomération. Les services bancaires et financiers se concentrent dans le quartier des affaires avec Fidelity Investments ou le siège régional de Bank of America. La ville de Boston dispose également d'un des plus grands marchés de gestions d'actifs au monde. La compagnie Gilette a installé son siège social à Boston, de même que les cabinets du Boston Consulting Group et du Boston Globe Consulting. Le secteur de la santé et les services sociaux constituent le premier employeur de la ville[36].
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+
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+ 83 352 conteneurs sont passés par le terminal Conley du port de Boston en 2002[38]. Le trafic total du port était en 2001 de 14 millions de tonnes de marchandises manutentionnées[39], ce qui le situe très loin derrière le port de Houston (176 millions de tonnes) ou de New York (73 millions de tonnes). Les produits transportés sont pour l’essentiel le papier, le bois, le poisson, le pétrole et l’alcool.
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+ Boston possède une vieille tradition dans le secteur de l’édition et de la presse : dès 1690 paraît un premier journal imprimé, Publick occurrences, suivi en 1704 du Boston News-Letter[40]. En 1765, le Stamp Act provoque le mécontentement des imprimeurs contre la métropole anglaise. Au début du XIXe siècle, plusieurs journaux défendent l'abolition de l'esclavage : en 1828, le journaliste William Lloyd Garrison (1805-1879) devient le directeur du National Philanthropist à Boston ; il fut aussi l'éditeur du journal abolitionniste, The Liberator, et comme l'un des fondateurs de l'American Anti-Slavery Society.
178
+ The Atlantic Monthly est un magazine fondé à Boston en 1857 et par l'essayiste et poète Ralph Waldo Emerson : l'écrivain William Dean Howells y écrit plusieurs articles. Le nombre de journaux se multiplie après la Guerre de Sécession : The Boston Globe est fondé en 1872 par des hommes d’affaires.
179
+ À la fin du XIXe siècle, le premier journal national publié par et pour les femmes afro-américaines, The Woman's Era est édité dans la ville[41].
180
+
181
+ Aujourd’hui, l’offre de journaux et de magazines reste importante ; cela témoigne du dynamisme de la vie culturelle bostonienne : le mensuel Boston Magazine, diffusé à 70 000 exemplaires, est entièrement tourné vers Boston[42]. Le bimestriel littéraire Boston Review, diffusé à 10 000 exemplaires, est destiné aux écrivains et aux universitaires ; il expose les débats d’idées des campus bostoniens. Fondée en 1975, la Boston Review est rédigée par le bureau du département de sciences politiques du Massachusetts Institute of Technology. La revue doit son renom à des écrivains tels que Noam Chomsky, Ralph Nader ou Thomas O. Paine. The Boston Globe, diffusé à 435 000 exemplaires, représente le grand quotidien de la Nouvelle-Angleterre. En 1993, il a été racheté par The New York Times[43]. Les quotidiens Boston Herald, The Boston Phoenix et The Christian Science Monitor sont aussi basés dans la ville.
182
+
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+ Sept principales radios émettent sur la région de Boston : WRKO 680 AM, WEEI 850 AM, WBZ 1030 AM, NPR, WBUR, WGBH. Des radios universitaires complètent l’offre avec WZBC (Boston College), WERS (Emerson), WUMB (UMass Boston) et WMFO (Tufts University).
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+
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+ Si Boston bénéficie surtout d’une réputation de ville intellectuelle, cela ne l’empêche pas d’avoir aussi de grandes équipes sportives. En baseball, la rivalité est exacerbée entre les Red Sox et les Yankees de New York. En moins acharnée, la rivalité en basketball entre les Celtics et les Lakers de Los Angeles, personnifiée par l'opposition entre un Larry Bird aux racines irlandaises et campagnardes et l'urbain Noir Magic Johnson, a passionné l'Amérique dans les années 1980, notamment durant les Finales NBA 1985. Les Celtics ont le record historique de titres NBA (17) dont celui de 2008 en finale, une fois de plus contre les Lakers de Los Angeles. L’équipe de football américain, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre a vu le jour en 1959 et a remporté le Super Bowl en 2002, 2004, 2005, 2015, 2017 et 2019 en plus d'être à ce jour la seule équipe de la NFL à avoir remporté la totalité des 16 matchs de saison régulière en 2007. L'ensemble de ses Super Bowls ont été remportés en présence du quaterback vedette de l'équipe Tom Brady.
186
+
187
+ La ville compte de nombreux équipements sportifs : le TD Garden (ou TD Banknorth Garden) reçoit les deux équipes des Bruins de Boston et des Celtics de Boston. Le Fenway Park, construit en 1912 dans le Fenway Kenmore, est le plus vieux stade de la MLB. Domicile des Red Sox de Boston, il peut accueillir 36 945 spectateurs le jour et 37 373 le soir, et détient d'ailleurs le record de matchs consécutifs à guichets fermés depuis le 15 mai 2003. Le Gillette Stadium, inauguré en 2002, ne se trouve pas à Boston même, mais à Foxboro. Il accueille les grands matches de soccer et de football américain.
188
+ En juin 2011, les Bruins de Boston ont remporté leur 6e Coupe Stanley en battant en finale les Canucks de Vancouver en sept parties et ce, après une disette de 39 ans.
189
+
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+ Signalons que le sport universitaire contribue au dynamisme et au rayonnement national de Boston. Les équipes de hockey des quatre grands établissements supérieurs[44] se rencontrent lors d’un tournoi appelé The Beanpot.
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+
192
+ Le Marathon de Boston est organisé chaque année depuis 1897 : la course part de Hopkinton et se termine dans le quartier de Back Bay. Plus de 5 000 coureurs viennent du monde entier pour y participer[45]. Depuis 1969, il a lieu le troisième lundi d’avril. Il s’agit du premier marathon ouvert aux femmes en 1972. Cet événement a été endeuillé lors de son édition 2013 par un attentat faisant 3 morts et plus de 170 blessés.
193
+
194
+ Sur mer, The Transat est une course transatlantique en solitaire reliant Plymouth en Angleterre à Boston.
195
+
196
+ Dès le XVIIe siècle, Boston est rattachée au reste du monde par des liaisons transatlantiques et un système de ferrys constitue les premiers transports en commun. En 1826 est construit le premier chemin de fer du pays. Les transports se sont développés en parallèle avec l’industrialisation et l’urbanisation de la région.
197
+
198
+ Dans les années 1960, le Massachusetts Bay Transportation Authority (MBTA) est fondé pour s’occuper du réseau de transport en commun.
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200
+ L’aéroport international Logan de Boston connecte Boston au reste du pays. Il se trouve à quelques kilomètres dans le quartier d’East Boston. Il se place au 35e rang des aéroports américains[46] et au 39e rang mondial pour le nombre de passagers (22,6 millions en 2002[39]). Il s’agit surtout d’un aéroport d’importance nationale ou régionale. Des navettes gratuites de bus relient l’aéroport au réseau du métro.
201
+
202
+ Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la sécurité a été particulièrement renforcée. Il convient en effet de rappeler que le vol 11 American Airlines et le vol 175 United Airlines qui se sont écrasés dans les tours du World Trade Center, à New York, effectuaient ce jour-là la liaison Boston-Los Angeles.
203
+
204
+ En 2002, 162 236 tonnes de courrier et de marchandises sont passées par l’aéroport[38].
205
+
206
+ Les trains de banlieue, exploités par Keolis Commuter Services, une filiale Keolis (60 %) et SNCF (40 %), desservent la région de Boston sur environ 2 700 km2 et concernent 175 villes regroupant 2,6 millions d’habitants.
207
+
208
+ Le réseau est géré par la Massachusetts Bay Transportation Authority (MBTA) et il comprend 13 lignes sur près de 750 km de voies ; il est utilisé chaque jour par 140 000 personnes en moyenne[47].
209
+
210
+ Il existe deux grandes gares ferroviaires : South Station est l’une des plus importantes de la ville, avec ses 13 quais et ses liaisons avec le bus et le métro. North Station permet de prendre le train vers le nord.
211
+
212
+ Les transports urbains sont gérés par la Massachusetts Bay Transit Authority (MBTA).
213
+ Un tiers des Bostoniens prennent les transports en commun pour aller travailler[48].
214
+
215
+ Il existe cinq lignes principales de métro — en fait 3 lignes de métro et 2 lignes de tramway représentant environ 100 km de voies — qui desservent l’ensemble de l’agglomération ; chacun de ces lignes est identifiée par une couleur. Les Bostoniens désignent leur métro par la lettre « T ».
216
+
217
+ Il existe 159 lignes de bus dans toute l’agglomération et le parc a été récemment remplacé par des véhicules plus modernes et moins polluants[38]. Des liaisons en car sont disponibles au terminal de South Station : plusieurs compagnies proposent des dessertes vers les états voisins et le Canada.
218
+
219
+ Il est possible de faire une visite touristique de Boston à bord de camions amphibies militaires reconditionnés de type DUKW.
220
+
221
+ Water Shuttle Boat : des navettes par bateau relient l’aéroport au Long Wharf, à deux pas du centre-ville, et à la rive sud de la ville (Quincy et Hull).
222
+
223
+ Le vélo est un moyen de transport plébiscité par les étudiants de l’agglomération. Développé à partir des années 1970, le réseau de bandes et de pistes cyclables s’est développé sous l’impulsion du Boston Bicycle Advisory Committee. L’une des plus anciennes est celle qui longe la rivière Charles. De plus, depuis 2011, les citoyens de la ville de Boston peuvent bénéficier du système de vélos en libre-service développé par PBSC Solutions Urbaines[49], baptisé Hubway.
224
+
225
+ Boston est le terminus est de l'I-90 ; la partie de l'I-90 qui traverse le Massachusetts est aussi appelée The Mass Pike. La Route 128 représente un tronçon de l'I-95, qui ceinture la ville à l’ouest. La route 1 et l’I-93 parcourent l’agglomération du nord au sud. Face aux problèmes d’embouteillages, l’artère centrale (Central Artery) qui traverse le centre-ville a été remplacée par un tunnel appelé Big Dig.
226
+
227
+ Voici quelques restaurants célèbres de la ville démolis ou encore actifs :
228
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229
+ Liste des villes jumelées à Boston[50] :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ République du Botswana
2
+
3
+ (tn) Lefatshe la Botswana
4
+
5
+ (en) Republic of Botswana
6
+
7
+ 24° 38′ S, 25° 54′ E
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Le Botswana, terme tswana signifiant « pays des Tswanas » du nom de l'ethnie principale, en forme longue la république du Botswana, en tswana Lefatshe la Botswana, est un pays d'Afrique australe sans accès à la mer, entouré de l'Afrique du Sud au sud et sud-est, de la Namibie à l'ouest, de la Zambie au nord et du Zimbabwe au nord-est. Les habitants s'appellent les Botswanais.
12
+
13
+ Autrefois, le protectorat britannique était appelé Bechuanaland. Le Botswana adopta son nom après son indépendance à l'intérieur du Commonwealth le 30 septembre 1966. Sa capitale est Gaborone. Son économie, majoritairement liée à son voisin sud-africain, est dominée par les services (43 % en part du PNB en 1999), les mines (48 %), les industries (4 %) et l'agriculture (5 %). Son taux de transparence est de 6,1 en 2011 (5,4 en 2007) sur une échelle de 10, faisant du Botswana le pays le moins corrompu du continent africain[2],[3].
14
+
15
+ Le pays est régulièrement placé au premier rang des pays africains en matière de gouvernance et de transparence (30e sur 174 pays selon l’Indice 2012 de la perception de la corruption de Transparency International)[4]. Ce pays est surnommé « le miracle africain », « l’exception du continent » ou encore « la Suisse de l’Afrique »[5].
16
+
17
+ À la fin du XIXe siècle, les hostilités éclatent entre les Tswanas, habitant le Botswana, et les tribus Ndebele migrant sur ce territoire depuis le désert du Kalahari. Les tensions montent également d'un cran avec les colons Boers venant du Transvaal. Après les demandes d'assistance lancées par les dirigeants botswanais Khama III, Bathoen et Sebele, le gouvernement britannique met le Bechuanaland sous sa protection le 31 mars 1885. La partie nord de ce territoire passe sous administration directe en tant que protectorat du Bechuanaland, formant le Botswana actuel. La partie sud du territoire est intégrée à la colonie du Cap, et fait maintenant partie de la province nord-ouest de l'Afrique du Sud. La majorité des personnes parlant setswana vivent aujourd'hui en Afrique du Sud.
18
+
19
+ Lorsque l'Union de l'Afrique du Sud est formée en 1910, englobant les principales colonies britanniques de la région, le protectorat du Bechuanaland, le Basutoland (actuel Lesotho) et le Swaziland (actuel Eswatini) - les High Commission Territories - ne sont pas inclus, mais leur incorporation ultérieure est prévue. Toutefois, l'Empire britannique s'engage vaguement à consulter au préalable les habitants de ces territoires. Bien que les gouvernements successifs d'Afrique du Sud cherchent plusieurs fois à intégrer ces territoires, le Royaume-Uni ne cesse de retarder sa décision, et cette intégration n'a finalement jamais eu lieu. En 1948, le National Party est élu au gouvernement, et il institue l'apartheid en Afrique du Sud. Il se retire de la communauté du Commonwealth en 1961, mettant ainsi fin à toute perspective d'intégration de ces territoires dans l'Afrique du Sud.
20
+
21
+ Une expansion de l'autorité centrale britannique et l'évolution du gouvernement tribal aboutissent à la création en 1920 de deux conseils consultatifs représentant les Africains et les Européens. Les proclamations de 1934 régularisent les lois et pouvoirs des tribus. Un conseil consultatif euro-africain est formé en 1951, et la constitution de 1961 crée un conseil consultatif législatif.
22
+
23
+ En juin 1964, le Royaume-Uni accepte les propositions de création d'un gouvernement autonome élu démocratiquement au Botswana. En 1965, le siège du gouvernement est transféré depuis Mafikeng en Afrique du Sud, vers Gaborone nouvellement créée. La constitution de 1965 mène aux premières élections générales et à l'indépendance, le 30 septembre 1966. Seretse Khama, un chef de file du mouvement pour l'indépendance, est élu premier président de la République du Botswana. Réélu à deux reprises, il meurt en fonction en 1980. La présidence est transmise au vice-président, Quett Masire, qui est élu en son nom propre en 1984 et réélu en 1989 et 1994. Masire prend sa retraite de son poste en 1998. La présidence est transmise au vice-président, Festus Mogae, qui remporte ensuite l'élection de 1999 et est réélu en 2004. Le président suivant est le lieutenant-général Ian Khama qui entre en fonction 2008, en prévision des élections de 2009. Il est le fils du premier président du Botswana, et un ancien chef de l'armée du Botswana (BDF). Élu formellement en 2009 et réélu en 2014, il demeure en fonction jusqu'en 2018, date à laquelle il démissionne pour laisser la place au vice-président Mokgweetsi Masisi qui lui succède[6].
24
+
25
+ La politique du Botswana s'effectue dans le cadre d'une république, alliant un régime présidentiel à une démocratie représentative, dans lequel le président du Botswana est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif est exercé par le gouvernement et le parlement du Botswana, mais le pouvoir judiciaire est indépendant de l'exécutif et du législatif. C'est également un système multipartite, dominé depuis l'indépendance par le Parti démocratique du Botswana.
26
+
27
+ Au moment de l'indépendance, le Botswana n'a pas de force armée. À la suite de conflits avec la Rhodésie (actuel Zimbabwe), le Botswana se dote d'une force armée, la force armée, Botswana Defence Force (BDF), en 1977. Le président du Botswana en est le commandant en chef, et il désigne un conseil de défense. La BDF compte aujourd'hui près de 12 000 membres.
28
+
29
+ À la suite de l'évolution de la situation politique en Afrique du Sud et dans la région, les missions de la BDF sont de plus en plus centrées sur les activités de lutte anti-braconnage, la préparation aux catastrophes, et des opérations de maintien de la paix à l'étranger. Les États-Unis sont le plus gros contributeur étranger au développement de la BDF, et une grande partie de son corps des officiers a reçu une formation américaine.
30
+
31
+ Le Botswana met l'accent sur son intégration économique et politique en Afrique australe. Il cherche à faire de la Communauté de développement d'Afrique australe un outil de développement économique, et encourage les efforts permettant à la région d'assurer elle-même sa propre diplomatie préventive, de résoudre localement les conflits et assurer une bonne gouvernance. Le Botswana a accepté amicalement l'Afrique du Sud post-apartheid comme partenaire dans ces efforts. Le Botswana s'associe généralement au consensus africain sur la plupart des grandes questions internationales et est membre d'organisations internationales telles que les Nations unies, le Commonwealth et l'Union africaine (UA). Le Botswana est également membre de la Cour pénale internationale, avec un accord bilatéral d'immunité pour l'armée américaine (couvert par l'article 98 du Statut de Rome).
32
+
33
+ Le Botswana est partagé en 10 districts :
34
+
35
+ Les principales villes sont Gaborone et Francistown, mais d'autres agglomérations de taille plus réduites existent : (dans l'ordre décroissant de population)
36
+
37
+ Le Botswana est majoritairement plat, formant un plateau vallonné. Le désert du Kalahari est situé dans le sud-ouest du pays. Il constitue un ensemble hostile de collines rocailleuses, de marais salants asséchés et de buissons épineux. Le bassin du fleuve Limpopo est le principal relief de l'ensemble de l'Afrique australe, et notamment du Botswana. Avec 581 730 km2, le Botswana est par la superficie, au 45e rang mondial (juste après l'Ukraine). À titre de comparaison, il est d'une taille équivalente à celle de Madagascar.
38
+
39
+ Le Botswana est dominé par le désert du Kalahari, qui couvre pratiquement 70 % de la superficie du pays. Le delta de l'Okavango, dans le nord-ouest du pays, est le second plus grand delta intérieur du monde avec une superficie de 18 000 km2. Le pan de Makgadikgadi, un grand désert de sel, est situé dans le nord.
40
+
41
+ Le Botswana possède divers types d'habitat pour la faune sauvage, dont le delta de l'Okavango, le désert du Kalahari, la prairie et la savane.
42
+
43
+ Le Botswana pourrait facilement passer pour un modèle de réussite économique sur le continent africain. Il a bâti son avenir sur une administration démocratique, stable, compétente et peu corrompue (Transparency International le classe régulièrement comme le pays le moins corrompu d'Afrique), une gestion prudente et un sous-sol riche en diamants (dont il est le troisième producteur mondial) et en minéraux (cuivre, nickel), mais aussi en charbon et pétrole. Ce pays, qui lors de son indépendance en 1966 était l'un des vingt-cinq plus pauvres du monde, se classe désormais parmi les plus prospères du continent. Il s'agit du seul pays au monde qui a pu afficher, lors de la période 1970-2000, une croissance annuelle moyenne de près de 9 % ; il est en outre le seul pays avec le Cap-Vert en 2007, les Maldives en 2011 et les Samoa en 2014 à être sorti du groupe des pays les moins avancés, en 1994[7].
44
+
45
+ Cette richesse théorique est cependant menacée par une trop grande dépendance de l'économie vis-à-vis du secteur minier, ainsi que par l'épidémie de SIDA qui sévit dans toutes les couches de la population (près d'un adulte sur trois serait infecté).
46
+
47
+ Depuis avril 2012, le pays figure sur la liste française des paradis fiscaux[8].
48
+
49
+ Le gouvernement de Mokgweetsi Masisi lève en 2019 l'interdiction de la chasse à l'éléphant et propose dans des ventes aux enchères auprès d'entreprises des permis de chasse. Ces entreprises les revendent par la suite, avec une marge, aux chasseurs de trophées. L'Afrique australe est devenue le théâtre d'un tourisme de chasse, en provenance majoritaire des États-Unis[9].
50
+
51
+ La population du Botswana est estimée à 2 209 208 habitants en 2016 par le The World Factbook[1], et était de 2 024 787 habitants d'après le recensement de 2011. 32,4 % de la population était âgée de 0 à 14 ans, 63,5 % âgée entre 15 et 64 ans et 4,1 % de 65 ans ou plus. Le pays connait une croissance de sa population de 1,19 % par an en 2016, avec un taux de natalité de 20,7 ‰, un taux de mortalité de 13,3 ‰, un taux de mortalité infantile de 8,6 ‰, une fécondité de 2,3 enfants par femme et un taux de migration de 4,5 ‰[1].
52
+
53
+ Avec seulement 3,8 hab./km2, le Botswana est l'un des pays les moins densément peuplés du monde. À peu près 20 % de la population est touché par le VIH. L'espérance de vie est en 2013 de 56,9 ans pour les hommes et de 54,3 ans pour les femmes.
54
+
55
+ Environ 79 % de la population[1] est chrétienne, 15 % n'a pas de religion.
56
+
57
+ La langue officielle du Botswana est l'anglais. Cependant, 90 % de population parle le tswana. Cette langue est la plus répandue dans le pays. L'afrikaans y est aussi parlé par de petites communautés[10].
58
+
59
+ Le français est la seule langue étrangère proposée dans le système éducatif[11].
60
+
61
+ Dans la partie nord du Botswana, les femmes des villages de Etsha et Gumare sont connues pour leur aptitude à l'élaboration de paniers tressés à partir de la fibre de palmier Mokola (Hyphaene petersiana) et de colorants locaux. Les paniers sont généralement de trois types : de grands paniers avec couvercles utilisés pour le stockage, de grands paniers ouverts pour transporter des objets sur la tête ou pour vanner du grain battu, et de petites plaques de vannage pour grains pilés.
62
+
63
+ Dans la partie sud-est du Botswana, l'artisanat local s'exprime aussi au travers de la poterie de Thamaga[12] et des tissages du village d'Oodi.
64
+
65
+ Dans le désert du Kalahari, les plus anciennes peintures de cette région de l'Afrique furent l'œuvre des Khoisan (Kung San! / San) il y a environ vingt mille ans, et dépeignent la chasse, des animaux et des figures humaines.
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+ Les paysages du Botswana ont inspiré de nombreux romans, et quelques écrivains l'habitant développèrent la littérature de ce pays.
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+ Bessie Head est une célèbre écrivaine du Botswana. Elle a fui le régime de l'apartheid en Afrique du Sud pour vivre et écrire sur le Botswana. Elle y a vécu de 1964 (quand il était encore le protectorat du Bechuanaland) jusqu'à sa mort, à l'âge de 49 ans, en 1986. Elle a vécu à Serowe, et ses plus célèbres ouvrages, When Rain Clouds Gather, Maru et A Question of Power y sont exposés.
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+ Le Botswana sert de décor à une série de romans populaires et mystérieux d'Alexander McCall Smith. Le personnage principal, Precious Ramotswe, vit à Gaborone. Le premier roman de la série, The No. 1 Ladies' Detective Agency, est publié en 1998 au Royaume-Uni (et en 2001 aux États-Unis). Ces romans sont appréciés pour leur intérêt humain et leur couleur locale. Un film a été tourné en Kgalewood, au pied du Mont Kgale, au Botswana.
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+ Norman Rush, qui a servi en tant que directeur du Corps de la paix au Botswana de 1978 à 1983, utilise ce pays comme décor pour l'ensemble de ses livres publiés, qui mettent généralement l'accent sur la communauté expatriée.
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+ Unity Dow (née en 1959), magistrate, militante des droits de l'homme, et écrivaine. Elle vient d'un milieu rural qui tend vers des valeurs traditionnelles africaines de la nature. Sa mère ne savait pas lire l'anglais, et la plupart des décisions sont prises par les hommes. Elle devint avocate et une grande partie de son enseignement se fait en Occident. Son éducation occidentale lui a valu un mélange de respect et de suspicion.
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+ En tant qu'avocate, elle est principalement connue pour ses positions sur les droits des femmes. Elle s'est portée partie civile dans une affaire qui a permis aux enfants dont seule la mère est de nationalité Botswana d'obtenir également cette nationalité. La tradition et la loi avant cette affaire indiquaient que seuls les descendants de père Botswana obtenaient la nationalité. Plus tard, elle devint la première femme Botswana juge de la Haute Cour.
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+ En tant que romancière, elle écrivit trois livres. Ces livres concernent le plus souvent les questions relatives à la lutte entre les valeurs traditionnelles et occidentales, et marquent également son intérêt pour les questions de genre et la pauvreté du pays.
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+ L'auteur et historienne britannique Susan Williams écrivit un livre, The Triumph of Seretse Khama and His Nation, qui raconte l'histoire du mariage et des luttes de Sir Seretse Khama et Lady Ruth Williams Khama.
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+ L'équipe du Botswana de football porte le surnom de « Zebras » (les zèbres en anglais). Au 21 décembre 2011, elle est classée 95e au classement de la Fifa.
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+ Les « Zebras » se sont qualifiés pour la première fois de leur histoire à une coupe internationale de football en se qualifiant pour la Coupe d'Afrique des Nations, qui s'est déroulée au Gabon et en Guinée équatoriale du 21 janvier au 12 février 2012.
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+ Lors des Jeux olympiques de Londres en 2012, Nijel Amos réussit à remporter une médaille d'argent sur 800 mètres derrière le Kényan David Rudisha qui battit le record du monde dans cette course. Amos devient le premier sportif botswanais à remporter une médaille aux Jeux olympiques. Deux ans plus tard il remporte la médaille d'or aux Jeux du Commonwealth à Glasgow devant David Rudisha.
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+ Isaac Makwala est un coureur sur 200 mètres et 400 mètres.
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+ Le Botswana possède deux chaînes de télévision dont l'une appartient au gouvernement (télévision du Botswana); cinq stations de radio et sept journaux qui publient chaque semaine.
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+ Mpule Kwelagobe a été élue à Chaguaramas au Trinité-et-Tobago Miss Univers 1999 dans la nuit du 26 mai 1999 devant plus d'un milliard de téléspectateurs. Ce fait a contribué à populariser le Botswana.
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+ Le premier lundi suivant Noël est également férié.
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+ L'éducation moderne a longtemps été assurée par les seuls ordres missionnaires catholiques.
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+ Le Botswana a fait de grands progrès dans le développement de l'éducation depuis l'indépendance en 1966. À cette époque, il y avait très peu de diplômés dans le pays, et seul un très faible pourcentage de la population parvenait jusqu'à l'école secondaire.
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+ Avec la découverte de filons de diamants et l'augmentation du budget du gouvernement qui s'est ensuivi, le Botswana a acquis les moyens financiers pour développer le domaine de l'éducation. Tous les étudiants sont garantis de bénéficier de dix ans d'éducation de base, conduisant à un certificat de qualification junior. Environ la moitié de la population scolaire participe à deux autres années de l'enseignement secondaire menant à l'attribution du Botswana General Certificate of Education (BGCSE). Après avoir quitté l'école, les élèves peuvent s'inscrire dans l'un des six collèges techniques du pays, ou de suivre un cours de formation professionnelle pour l'enseignement ou pour devenir infirmier/infirmière, par exemple. Les meilleurs élèves entrent à l'université du Botswana de Gaborone, une université moderne et bien équipée, avec une population étudiante dépassant les dix mille inscrits.
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+ Les gains quantitatifs n'ont pas toujours été récompensés par un gain qualitatif. Les écoles primaires en particulier, manquent encore de ressources, et les enseignants sont moins bien rémunérés que leurs collègues du secondaire. Le gouvernement du Botswana espère qu'en investissant une large part de recettes nationales dans l'éducation, l'économie du pays deviendra moins dépendante des revenus du diamant, mais également moins dépendante des expatriés pour alimenter son marché du travail en travailleurs qualifiés.
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+ En janvier 2006, le Botswana annonce la réintroduction des frais de scolarité après deux décennies d'éducation exclusivement financée par l'État[13]. Néanmoins, le gouvernement prévoit toujours d'accorder des bourses à tout étudiant de l'université du Botswana ou si la formation n'est pas assurée localement, comme les études de médecine, lorsqu'il doit étudier à l'étranger.
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+ Le Botswana a pour codes :
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+ La botanique, nommée auparavant phytologie, est la science consacrée à l'étude des végétaux (du grec βοτανική[1] ; féminin du mot βοτανικός qui signifie « qui concerne les herbes, les plantes »[2]). Elle présente plusieurs facettes qui la rattachent aux autres sciences du vivant. La botanique générale recouvre la taxinomie (description des caractères diagnostiques et différentiels), la systématique (dénombrement et classification des taxons dans un certain ordre), la morphologie végétale (décrivant les organes ou parties des végétaux), l'histologie végétale, la physiologie végétale, la biogéographie végétale et la pathologie végétale. Certaines disciplines, comme la dendrologie, sont spécialisées sur un sous-ensemble des végétaux. La connaissance fine des végétaux trouve des applications dans les domaines de la pharmacologie, de la sélection et de l'amélioration des plantes cultivées, en agriculture, en horticulture, et en sylviculture.
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+ Le terme botanique vient du grec ancien βοτανική[1], féminin du mot βοτανικός qui signifie « qui concerne les herbes, les plantes »[2] ; βότανο qui signifie « herbe, plante » veut dire également « fourrage »[3] ou « plante fourragère »[4].
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+ Comme les autres formes de vie, les végétaux peuvent être étudiés de différents points de vue, au niveau moléculaire, génétique et biochimique, organite, cellulaire, tissus ou organes, en considérant le végétal individuellement, à l'échelle d'une population ou d'une communauté végétales.
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+ À chaque niveau, le botaniste pourrait être amené à s'intéresser à la classification (taxinomie), la structure (externe : morphologie ou interne : anatomie), ou au fonctionnement (physiologie) du végétal considéré.
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+ Plus précisément, la botanique générale recouvre la taxinomie (description des caractères diagnostiques et différentiels), la systématique (dénombrement et classification des taxons dans un certain ordre), la morphologie végétale (décrivant les organes ou parties des végétaux), l'histologie végétale, la physiologie végétale, la biogéographie végétale et la pathologie végétale. Certaines disciplines, comme la dendrologie, sont spécialisées sur un sous-ensemble des végétaux.
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+
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+ Historiquement, le domaine étudié par la botanique couvre l'ensemble des organismes qui étaient exclus du règne animal. Certains de ces organismes comme les champignons (étudiés par la mycologie), les bactéries et les virus (étudiés par la microbiologie) et les algues (étudiées par la phycologie) sont aussi étudiés par les botanistes.
12
+
13
+ Les végétaux sont une part fondamentale de la vie sur Terre : ils génèrent l'oxygène, fournissent de la nourriture, des fibres, du carburant et des médicaments qui permettent aux autres formes de vie d'exister. Les végétaux absorbent également le dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, par la photosynthèse.
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+ Par conséquent, une bonne compréhension des végétaux est cruciale pour le futur des sociétés humaines car elle permet :
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+
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+ Presque toute la nourriture que nous consommons provient directement ou indirectement des végétaux, directement par les féculents, les fruits et les légumes ou indirectement à travers les animaux d'élevage qui se nourrissent de plantes fourragères. Les végétaux sont à la base de presque toute chaîne alimentaire et surtout à la base de la chaîne alimentaire dans laquelle nous sommes intégrés. Elles constituent ce que les écologistes appellent le premier niveau trophique. Comprendre comment les végétaux produisent la nourriture que nous mangeons est important pour être capable de nourrir la planète et garantir la sécurité alimentaire pour les générations futures, par exemple par l'amélioration des plantes ou la compréhension des pertes de rendement agricole (phytopathologie). Selon les prévisions de la FAO, les rendements devront augmenter de 70% pour nourrir la planète en 2050[5].
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+
19
+ Les plantes ne sont pas toutes bénéfiques à l'homme ; les adventices posent par exemple des problèmes considérables en agriculture (compétition pour la captation des ressources, toxicité pour les récoltes alentour, etc.). La botanique fournit des connaissances cruciales pour comprendre comment réduire leurs impacts. L'ethnobotanique étudie ces questions, ainsi que les autres relations entre les plantes et l'homme.
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+
21
+ Les végétaux sont des organismes qui peuvent être étudiés aisément pour comprendre les processus fondamentaux du vivant (tels que la division cellulaire, la synthèse protéique ou la reproduction), sans les dilemmes éthiques qui pourraient se présenter pour des études chez l'animal ou l'être humain. Les lois génétiques de l'hérédité ont été découvertes de cette façon par Gregor Mendel, en étudiant la forme des pois. Ce que Mendel apprit de cette étude dépassa de loin le domaine de la botanique. Par ailleurs, Barbara McClintock a découvert le 'gène sauteur' en étudiant le maïs. Ces quelques exemples montrent comment la recherche en botanique reste pertinente dans la compréhension des processus biologiques généraux.
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+
23
+ Beaucoup de médicaments ou drogues proviennent du règne végétal. La cocaïne est extraite des plants de coca, la caféine des caféiers et la nicotine des tabacs. L'aspirine (acide salicylique), qui provient de l'écorce de saule, est un exemple parmi des centaines de médicaments directement issus du règne végétal. Des préparations en herboristerie sont largement utilisées en phytothérapie et de nombreux nouveaux médicaments, qui pourraient être fournis par les végétaux, attendent d'être découverts et redécouverts.
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+
25
+ Les stimulants courants comme le café, le chocolat, le tabac et le thé proviennent aussi des plantes. La plupart des boissons alcoolisées sont issues de la fermentation de plantes telles que l'orge ou le raisin.
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27
+ Les plantes nous fournissent beaucoup de substances naturelles, telles que le coton, le bois, le lin, les huiles végétales, certaines cordes et le caoutchouc. La production de la soie ne serait pas possible sans la culture du mûrier. La canne à sucre et autres plantes sucrières sont utilisées comme sources de biocarburants, et offrent une alternative à l'utilisation des carburants fossiles.
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+ Les végétaux peuvent aussi nous aider à comprendre les changements dans notre environnement de plusieurs façons.
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+ Par exemple, en analysant le pollen déposé par les plantes il y a des milliers d'années nous pouvons reconstituer les climats anciens et envisager ceux du futur, une part importante de la recherche sur le changement climatique.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Principales disciplines botaniques
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+ Classification botanique
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+ Histoire de la botanique
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+ La botanique, nommée auparavant phytologie, est la science consacrée à l'étude des végétaux (du grec βοτανική[1] ; féminin du mot βοτανικός qui signifie « qui concerne les herbes, les plantes »[2]). Elle présente plusieurs facettes qui la rattachent aux autres sciences du vivant. La botanique générale recouvre la taxinomie (description des caractères diagnostiques et différentiels), la systématique (dénombrement et classification des taxons dans un certain ordre), la morphologie végétale (décrivant les organes ou parties des végétaux), l'histologie végétale, la physiologie végétale, la biogéographie végétale et la pathologie végétale. Certaines disciplines, comme la dendrologie, sont spécialisées sur un sous-ensemble des végétaux. La connaissance fine des végétaux trouve des applications dans les domaines de la pharmacologie, de la sélection et de l'amélioration des plantes cultivées, en agriculture, en horticulture, et en sylviculture.
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+ Le terme botanique vient du grec ancien βοτανική[1], féminin du mot βοτανικός qui signifie « qui concerne les herbes, les plantes »[2] ; βότανο qui signifie « herbe, plante » veut dire également « fourrage »[3] ou « plante fourragère »[4].
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+ Comme les autres formes de vie, les végétaux peuvent être étudiés de différents points de vue, au niveau moléculaire, génétique et biochimique, organite, cellulaire, tissus ou organes, en considérant le végétal individuellement, à l'échelle d'une population ou d'une communauté végétales.
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+ Plus précisément, la botanique générale recouvre la taxinomie (description des caractères diagnostiques et différentiels), la systématique (dénombrement et classification des taxons dans un certain ordre), la morphologie végétale (décrivant les organes ou parties des végétaux), l'histologie végétale, la physiologie végétale, la biogéographie végétale et la pathologie végétale. Certaines disciplines, comme la dendrologie, sont spécialisées sur un sous-ensemble des végétaux.
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+ République du Botswana
2
+
3
+ (tn) Lefatshe la Botswana
4
+
5
+ (en) Republic of Botswana
6
+
7
+ 24° 38′ S, 25° 54′ E
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Le Botswana, terme tswana signifiant « pays des Tswanas » du nom de l'ethnie principale, en forme longue la république du Botswana, en tswana Lefatshe la Botswana, est un pays d'Afrique australe sans accès à la mer, entouré de l'Afrique du Sud au sud et sud-est, de la Namibie à l'ouest, de la Zambie au nord et du Zimbabwe au nord-est. Les habitants s'appellent les Botswanais.
12
+
13
+ Autrefois, le protectorat britannique était appelé Bechuanaland. Le Botswana adopta son nom après son indépendance à l'intérieur du Commonwealth le 30 septembre 1966. Sa capitale est Gaborone. Son économie, majoritairement liée à son voisin sud-africain, est dominée par les services (43 % en part du PNB en 1999), les mines (48 %), les industries (4 %) et l'agriculture (5 %). Son taux de transparence est de 6,1 en 2011 (5,4 en 2007) sur une échelle de 10, faisant du Botswana le pays le moins corrompu du continent africain[2],[3].
14
+
15
+ Le pays est régulièrement placé au premier rang des pays africains en matière de gouvernance et de transparence (30e sur 174 pays selon l’Indice 2012 de la perception de la corruption de Transparency International)[4]. Ce pays est surnommé « le miracle africain », « l’exception du continent » ou encore « la Suisse de l’Afrique »[5].
16
+
17
+ À la fin du XIXe siècle, les hostilités éclatent entre les Tswanas, habitant le Botswana, et les tribus Ndebele migrant sur ce territoire depuis le désert du Kalahari. Les tensions montent également d'un cran avec les colons Boers venant du Transvaal. Après les demandes d'assistance lancées par les dirigeants botswanais Khama III, Bathoen et Sebele, le gouvernement britannique met le Bechuanaland sous sa protection le 31 mars 1885. La partie nord de ce territoire passe sous administration directe en tant que protectorat du Bechuanaland, formant le Botswana actuel. La partie sud du territoire est intégrée à la colonie du Cap, et fait maintenant partie de la province nord-ouest de l'Afrique du Sud. La majorité des personnes parlant setswana vivent aujourd'hui en Afrique du Sud.
18
+
19
+ Lorsque l'Union de l'Afrique du Sud est formée en 1910, englobant les principales colonies britanniques de la région, le protectorat du Bechuanaland, le Basutoland (actuel Lesotho) et le Swaziland (actuel Eswatini) - les High Commission Territories - ne sont pas inclus, mais leur incorporation ultérieure est prévue. Toutefois, l'Empire britannique s'engage vaguement à consulter au préalable les habitants de ces territoires. Bien que les gouvernements successifs d'Afrique du Sud cherchent plusieurs fois à intégrer ces territoires, le Royaume-Uni ne cesse de retarder sa décision, et cette intégration n'a finalement jamais eu lieu. En 1948, le National Party est élu au gouvernement, et il institue l'apartheid en Afrique du Sud. Il se retire de la communauté du Commonwealth en 1961, mettant ainsi fin à toute perspective d'intégration de ces territoires dans l'Afrique du Sud.
20
+
21
+ Une expansion de l'autorité centrale britannique et l'évolution du gouvernement tribal aboutissent à la création en 1920 de deux conseils consultatifs représentant les Africains et les Européens. Les proclamations de 1934 régularisent les lois et pouvoirs des tribus. Un conseil consultatif euro-africain est formé en 1951, et la constitution de 1961 crée un conseil consultatif législatif.
22
+
23
+ En juin 1964, le Royaume-Uni accepte les propositions de création d'un gouvernement autonome élu démocratiquement au Botswana. En 1965, le siège du gouvernement est transféré depuis Mafikeng en Afrique du Sud, vers Gaborone nouvellement créée. La constitution de 1965 mène aux premières élections générales et à l'indépendance, le 30 septembre 1966. Seretse Khama, un chef de file du mouvement pour l'indépendance, est élu premier président de la République du Botswana. Réélu à deux reprises, il meurt en fonction en 1980. La présidence est transmise au vice-président, Quett Masire, qui est élu en son nom propre en 1984 et réélu en 1989 et 1994. Masire prend sa retraite de son poste en 1998. La présidence est transmise au vice-président, Festus Mogae, qui remporte ensuite l'élection de 1999 et est réélu en 2004. Le président suivant est le lieutenant-général Ian Khama qui entre en fonction 2008, en prévision des élections de 2009. Il est le fils du premier président du Botswana, et un ancien chef de l'armée du Botswana (BDF). Élu formellement en 2009 et réélu en 2014, il demeure en fonction jusqu'en 2018, date à laquelle il démissionne pour laisser la place au vice-président Mokgweetsi Masisi qui lui succède[6].
24
+
25
+ La politique du Botswana s'effectue dans le cadre d'une république, alliant un régime présidentiel à une démocratie représentative, dans lequel le président du Botswana est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif est exercé par le gouvernement et le parlement du Botswana, mais le pouvoir judiciaire est indépendant de l'exécutif et du législatif. C'est également un système multipartite, dominé depuis l'indépendance par le Parti démocratique du Botswana.
26
+
27
+ Au moment de l'indépendance, le Botswana n'a pas de force armée. À la suite de conflits avec la Rhodésie (actuel Zimbabwe), le Botswana se dote d'une force armée, la force armée, Botswana Defence Force (BDF), en 1977. Le président du Botswana en est le commandant en chef, et il désigne un conseil de défense. La BDF compte aujourd'hui près de 12 000 membres.
28
+
29
+ À la suite de l'évolution de la situation politique en Afrique du Sud et dans la région, les missions de la BDF sont de plus en plus centrées sur les activités de lutte anti-braconnage, la préparation aux catastrophes, et des opérations de maintien de la paix à l'étranger. Les États-Unis sont le plus gros contributeur étranger au développement de la BDF, et une grande partie de son corps des officiers a reçu une formation américaine.
30
+
31
+ Le Botswana met l'accent sur son intégration économique et politique en Afrique australe. Il cherche à faire de la Communauté de développement d'Afrique australe un outil de développement économique, et encourage les efforts permettant à la région d'assurer elle-même sa propre diplomatie préventive, de résoudre localement les conflits et assurer une bonne gouvernance. Le Botswana a accepté amicalement l'Afrique du Sud post-apartheid comme partenaire dans ces efforts. Le Botswana s'associe généralement au consensus africain sur la plupart des grandes questions internationales et est membre d'organisations internationales telles que les Nations unies, le Commonwealth et l'Union africaine (UA). Le Botswana est également membre de la Cour pénale internationale, avec un accord bilatéral d'immunité pour l'armée américaine (couvert par l'article 98 du Statut de Rome).
32
+
33
+ Le Botswana est partagé en 10 districts :
34
+
35
+ Les principales villes sont Gaborone et Francistown, mais d'autres agglomérations de taille plus réduites existent : (dans l'ordre décroissant de population)
36
+
37
+ Le Botswana est majoritairement plat, formant un plateau vallonné. Le désert du Kalahari est situé dans le sud-ouest du pays. Il constitue un ensemble hostile de collines rocailleuses, de marais salants asséchés et de buissons épineux. Le bassin du fleuve Limpopo est le principal relief de l'ensemble de l'Afrique australe, et notamment du Botswana. Avec 581 730 km2, le Botswana est par la superficie, au 45e rang mondial (juste après l'Ukraine). À titre de comparaison, il est d'une taille équivalente à celle de Madagascar.
38
+
39
+ Le Botswana est dominé par le désert du Kalahari, qui couvre pratiquement 70 % de la superficie du pays. Le delta de l'Okavango, dans le nord-ouest du pays, est le second plus grand delta intérieur du monde avec une superficie de 18 000 km2. Le pan de Makgadikgadi, un grand désert de sel, est situé dans le nord.
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+
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+ Le Botswana possède divers types d'habitat pour la faune sauvage, dont le delta de l'Okavango, le désert du Kalahari, la prairie et la savane.
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+ Le Botswana pourrait facilement passer pour un modèle de réussite économique sur le continent africain. Il a bâti son avenir sur une administration démocratique, stable, compétente et peu corrompue (Transparency International le classe régulièrement comme le pays le moins corrompu d'Afrique), une gestion prudente et un sous-sol riche en diamants (dont il est le troisième producteur mondial) et en minéraux (cuivre, nickel), mais aussi en charbon et pétrole. Ce pays, qui lors de son indépendance en 1966 était l'un des vingt-cinq plus pauvres du monde, se classe désormais parmi les plus prospères du continent. Il s'agit du seul pays au monde qui a pu afficher, lors de la période 1970-2000, une croissance annuelle moyenne de près de 9 % ; il est en outre le seul pays avec le Cap-Vert en 2007, les Maldives en 2011 et les Samoa en 2014 à être sorti du groupe des pays les moins avancés, en 1994[7].
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+ Cette richesse théorique est cependant menacée par une trop grande dépendance de l'économie vis-à-vis du secteur minier, ainsi que par l'épidémie de SIDA qui sévit dans toutes les couches de la population (près d'un adulte sur trois serait infecté).
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+ Depuis avril 2012, le pays figure sur la liste française des paradis fiscaux[8].
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+ Le gouvernement de Mokgweetsi Masisi lève en 2019 l'interdiction de la chasse à l'éléphant et propose dans des ventes aux enchères auprès d'entreprises des permis de chasse. Ces entreprises les revendent par la suite, avec une marge, aux chasseurs de trophées. L'Afrique australe est devenue le théâtre d'un tourisme de chasse, en provenance majoritaire des États-Unis[9].
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+ La population du Botswana est estimée à 2 209 208 habitants en 2016 par le The World Factbook[1], et était de 2 024 787 habitants d'après le recensement de 2011. 32,4 % de la population était âgée de 0 à 14 ans, 63,5 % âgée entre 15 et 64 ans et 4,1 % de 65 ans ou plus. Le pays connait une croissance de sa population de 1,19 % par an en 2016, avec un taux de natalité de 20,7 ‰, un taux de mortalité de 13,3 ‰, un taux de mortalité infantile de 8,6 ‰, une fécondité de 2,3 enfants par femme et un taux de migration de 4,5 ‰[1].
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+ Avec seulement 3,8 hab./km2, le Botswana est l'un des pays les moins densément peuplés du monde. À peu près 20 % de la population est touché par le VIH. L'espérance de vie est en 2013 de 56,9 ans pour les hommes et de 54,3 ans pour les femmes.
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+ Environ 79 % de la population[1] est chrétienne, 15 % n'a pas de religion.
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+ La langue officielle du Botswana est l'anglais. Cependant, 90 % de population parle le tswana. Cette langue est la plus répandue dans le pays. L'afrikaans y est aussi parlé par de petites communautés[10].
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+ Le français est la seule langue étrangère proposée dans le système éducatif[11].
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+ Dans la partie nord du Botswana, les femmes des villages de Etsha et Gumare sont connues pour leur aptitude à l'élaboration de paniers tressés à partir de la fibre de palmier Mokola (Hyphaene petersiana) et de colorants locaux. Les paniers sont généralement de trois types : de grands paniers avec couvercles utilisés pour le stockage, de grands paniers ouverts pour transporter des objets sur la tête ou pour vanner du grain battu, et de petites plaques de vannage pour grains pilés.
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+ Dans la partie sud-est du Botswana, l'artisanat local s'exprime aussi au travers de la poterie de Thamaga[12] et des tissages du village d'Oodi.
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+ Dans le désert du Kalahari, les plus anciennes peintures de cette région de l'Afrique furent l'œuvre des Khoisan (Kung San! / San) il y a environ vingt mille ans, et dépeignent la chasse, des animaux et des figures humaines.
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+ Les paysages du Botswana ont inspiré de nombreux romans, et quelques écrivains l'habitant développèrent la littérature de ce pays.
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+ Bessie Head est une célèbre écrivaine du Botswana. Elle a fui le régime de l'apartheid en Afrique du Sud pour vivre et écrire sur le Botswana. Elle y a vécu de 1964 (quand il était encore le protectorat du Bechuanaland) jusqu'à sa mort, à l'âge de 49 ans, en 1986. Elle a vécu à Serowe, et ses plus célèbres ouvrages, When Rain Clouds Gather, Maru et A Question of Power y sont exposés.
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+ Le Botswana sert de décor à une série de romans populaires et mystérieux d'Alexander McCall Smith. Le personnage principal, Precious Ramotswe, vit à Gaborone. Le premier roman de la série, The No. 1 Ladies' Detective Agency, est publié en 1998 au Royaume-Uni (et en 2001 aux États-Unis). Ces romans sont appréciés pour leur intérêt humain et leur couleur locale. Un film a été tourné en Kgalewood, au pied du Mont Kgale, au Botswana.
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+ Norman Rush, qui a servi en tant que directeur du Corps de la paix au Botswana de 1978 à 1983, utilise ce pays comme décor pour l'ensemble de ses livres publiés, qui mettent généralement l'accent sur la communauté expatriée.
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+ Unity Dow (née en 1959), magistrate, militante des droits de l'homme, et écrivaine. Elle vient d'un milieu rural qui tend vers des valeurs traditionnelles africaines de la nature. Sa mère ne savait pas lire l'anglais, et la plupart des décisions sont prises par les hommes. Elle devint avocate et une grande partie de son enseignement se fait en Occident. Son éducation occidentale lui a valu un mélange de respect et de suspicion.
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+ En tant qu'avocate, elle est principalement connue pour ses positions sur les droits des femmes. Elle s'est portée partie civile dans une affaire qui a permis aux enfants dont seule la mère est de nationalité Botswana d'obtenir également cette nationalité. La tradition et la loi avant cette affaire indiquaient que seuls les descendants de père Botswana obtenaient la nationalité. Plus tard, elle devint la première femme Botswana juge de la Haute Cour.
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+ En tant que romancière, elle écrivit trois livres. Ces livres concernent le plus souvent les questions relatives à la lutte entre les valeurs traditionnelles et occidentales, et marquent également son intérêt pour les questions de genre et la pauvreté du pays.
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+ L'auteur et historienne britannique Susan Williams écrivit un livre, The Triumph of Seretse Khama and His Nation, qui raconte l'histoire du mariage et des luttes de Sir Seretse Khama et Lady Ruth Williams Khama.
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+ L'équipe du Botswana de football porte le surnom de « Zebras » (les zèbres en anglais). Au 21 décembre 2011, elle est classée 95e au classement de la Fifa.
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+ Les « Zebras » se sont qualifiés pour la première fois de leur histoire à une coupe internationale de football en se qualifiant pour la Coupe d'Afrique des Nations, qui s'est déroulée au Gabon et en Guinée équatoriale du 21 janvier au 12 février 2012.
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+ Lors des Jeux olympiques de Londres en 2012, Nijel Amos réussit à remporter une médaille d'argent sur 800 mètres derrière le Kényan David Rudisha qui battit le record du monde dans cette course. Amos devient le premier sportif botswanais à remporter une médaille aux Jeux olympiques. Deux ans plus tard il remporte la médaille d'or aux Jeux du Commonwealth à Glasgow devant David Rudisha.
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+ Isaac Makwala est un coureur sur 200 mètres et 400 mètres.
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+ Le Botswana possède deux chaînes de télévision dont l'une appartient au gouvernement (télévision du Botswana); cinq stations de radio et sept journaux qui publient chaque semaine.
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+ Mpule Kwelagobe a été élue à Chaguaramas au Trinité-et-Tobago Miss Univers 1999 dans la nuit du 26 mai 1999 devant plus d'un milliard de téléspectateurs. Ce fait a contribué à populariser le Botswana.
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+ Le premier lundi suivant Noël est également férié.
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+ L'éducation moderne a longtemps été assurée par les seuls ordres missionnaires catholiques.
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+ Le Botswana a fait de grands progrès dans le développement de l'éducation depuis l'indépendance en 1966. À cette époque, il y avait très peu de diplômés dans le pays, et seul un très faible pourcentage de la population parvenait jusqu'à l'école secondaire.
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+ Avec la découverte de filons de diamants et l'augmentation du budget du gouvernement qui s'est ensuivi, le Botswana a acquis les moyens financiers pour développer le domaine de l'éducation. Tous les étudiants sont garantis de bénéficier de dix ans d'éducation de base, conduisant à un certificat de qualification junior. Environ la moitié de la population scolaire participe à deux autres années de l'enseignement secondaire menant à l'attribution du Botswana General Certificate of Education (BGCSE). Après avoir quitté l'école, les élèves peuvent s'inscrire dans l'un des six collèges techniques du pays, ou de suivre un cours de formation professionnelle pour l'enseignement ou pour devenir infirmier/infirmière, par exemple. Les meilleurs élèves entrent à l'université du Botswana de Gaborone, une université moderne et bien équipée, avec une population étudiante dépassant les dix mille inscrits.
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+ Les gains quantitatifs n'ont pas toujours été récompensés par un gain qualitatif. Les écoles primaires en particulier, manquent encore de ressources, et les enseignants sont moins bien rémunérés que leurs collègues du secondaire. Le gouvernement du Botswana espère qu'en investissant une large part de recettes nationales dans l'éducation, l'économie du pays deviendra moins dépendante des revenus du diamant, mais également moins dépendante des expatriés pour alimenter son marché du travail en travailleurs qualifiés.
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+ En janvier 2006, le Botswana annonce la réintroduction des frais de scolarité après deux décennies d'éducation exclusivement financée par l'État[13]. Néanmoins, le gouvernement prévoit toujours d'accorder des bourses à tout étudiant de l'université du Botswana ou si la formation n'est pas assurée localement, comme les études de médecine, lorsqu'il doit étudier à l'étranger.
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+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
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+ La Bouche, également dénommé Cavité buccale, ou encore Cavité orale, est l'ouverture par laquelle la nourriture d'un animal entre dans son corps. Le mot « gueule » s'utilise aussi, mais avec un sens familier voire grossier lorsqu'il est question d'un Être humain. Le terme Gueule est scientifiquement réservé aux mammifères du genre Carnivora, ou plus généralement aux vertébrés carnivores.
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+ Cet organe est habituellement situé au niveau de la Tête. Les planaires, notamment, font exception puisque leur bouche se situe au milieu de leur ventre.
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+ La plupart des animaux ont un système digestif complet, avec une bouche à une extrémité et un anus à l'autre. Selon l'extrémité qui se forme en premier en embryologie, on peut classifier les animaux en protostomiens et deutérostomiens. Quelques animaux n'ont pas d'anus : ils excrètent leurs déchets par la bouche. C'est le cas des cnidaires et des planaires, ainsi que des brachiopodes, qui ont un système digestif très efficace (le tube étant enroulé autour de l'estomac durant la digestion).
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+ Quelques animaux, comme les cestodes, n'ont même pas de bouche. Ils vivent à l'intérieur du système digestif de leur hôte et n'ont donc pas besoin d'en posséder une.
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+ Chez de nombreux animaux, la bouche possède des dents pour mâcher la nourriture ou injecter du poison. De plus, elle est souvent dotée d'une langue qui sert à la mastication, à la phonation et à la déglutition. Chez les arthropodes, il y a des membres externes modifiés ; chez les vertébrés gnathostomes, ils sont internes.
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+ Les structures cornées couvrant la bouche d'un oiseau composent son bec.
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+ La cavité buccale humaine représente le premier segment du tube digestif. Elle est divisée en deux parties : le vestibule et la cavité buccale proprement dite qui sont séparés par l’arcade dentaire :
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+ Limites de la cavité buccale :
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+ Les dents. Les arcades dentaires maxillaire et mandibulaire sont composées de 20 dents déciduales pendant l'enfance, puis de 32 à l'âge adulte :
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+ La langue, organe musculaire, est responsable du goût par l'intermédiaire des papilles gustatives, mais aussi de la phonation et de la bonne mastication du bol alimentaire.
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+ C'est dans la cavité buccale qu'aboutissent les canaux excréteurs des glandes salivaires principales (parotides, sous-maxillaires, et sublinguales) et accessoires.
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+ Fonctions :
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+ Le microbiote oral est principalement constitué de bactéries. Plus de 800 espèces colonisent la muqueuse buccale, 1 300 se partagent la crevasse abritée qui sépare la gencive de la dent, et près de 1 000 constituent le biofilm plus exposé au flux salivaire qu'est la plaque dentaire[1]. La salive est un milieu riche de centaines d'espèces de bactéries, dont la concentration va de 10 à 1 000 millions de germes par millilitre, ce qui explique que lors du baiser amoureux, pas moins de 80 millions de bactéries sont échangés en une dizaine de secondes par le mélange des salives.
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+ Comme élément essentiel du visage, la bouche est à l'origine de nombreux surnoms : par exemple en Breton[2] Beg Sukr, c'est-à-dire « Bec sucré » ou « Bouche à sucre » ; Beg bleud ou Bouche Farine, surnom de boulanger, etc.
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+ Les maladies de la bouche sont étudiées par la stomatologie, spécialité médicale s'intéressant aux pathologies de la cavité buccale (pathologie infectieuse (mycoses), tumorale (carcinomes épidermoïdes), traumatologique (ulcérations de la cavité buccale). Elle est fréquemment couplée avec la chirurgie maxillo-faciale et la chirurgie dentaire.
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+ La bouche et le plancher buccal peuvent être le siège de tumeur malignes, ou cancers, en particulier de carcinome épidermoïde.
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+ Le sillon qui relie la lèvre supérieure au nez s'appelle philtrum délimité par des crêtes philtrales latéralement et le tubercule labial, en bas, a sa jonction avec la lèvre supérieure.
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+ La Bouche, également dénommé Cavité buccale, ou encore Cavité orale, est l'ouverture par laquelle la nourriture d'un animal entre dans son corps. Le mot « gueule » s'utilise aussi, mais avec un sens familier voire grossier lorsqu'il est question d'un Être humain. Le terme Gueule est scientifiquement réservé aux mammifères du genre Carnivora, ou plus généralement aux vertébrés carnivores.
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+ Cet organe est habituellement situé au niveau de la Tête. Les planaires, notamment, font exception puisque leur bouche se situe au milieu de leur ventre.
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+ La plupart des animaux ont un système digestif complet, avec une bouche à une extrémité et un anus à l'autre. Selon l'extrémité qui se forme en premier en embryologie, on peut classifier les animaux en protostomiens et deutérostomiens. Quelques animaux n'ont pas d'anus : ils excrètent leurs déchets par la bouche. C'est le cas des cnidaires et des planaires, ainsi que des brachiopodes, qui ont un système digestif très efficace (le tube étant enroulé autour de l'estomac durant la digestion).
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+ Quelques animaux, comme les cestodes, n'ont même pas de bouche. Ils vivent à l'intérieur du système digestif de leur hôte et n'ont donc pas besoin d'en posséder une.
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+ Chez de nombreux animaux, la bouche possède des dents pour mâcher la nourriture ou injecter du poison. De plus, elle est souvent dotée d'une langue qui sert à la mastication, à la phonation et à la déglutition. Chez les arthropodes, il y a des membres externes modifiés ; chez les vertébrés gnathostomes, ils sont internes.
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+ Limites de la cavité buccale :
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+ Les dents. Les arcades dentaires maxillaire et mandibulaire sont composées de 20 dents déciduales pendant l'enfance, puis de 32 à l'âge adulte :
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+ La langue, organe musculaire, est responsable du goût par l'intermédiaire des papilles gustatives, mais aussi de la phonation et de la bonne mastication du bol alimentaire.
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+ Le microbiote oral est principalement constitué de bactéries. Plus de 800 espèces colonisent la muqueuse buccale, 1 300 se partagent la crevasse abritée qui sépare la gencive de la dent, et près de 1 000 constituent le biofilm plus exposé au flux salivaire qu'est la plaque dentaire[1]. La salive est un milieu riche de centaines d'espèces de bactéries, dont la concentration va de 10 à 1 000 millions de germes par millilitre, ce qui explique que lors du baiser amoureux, pas moins de 80 millions de bactéries sont échangés en une dizaine de secondes par le mélange des salives.
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+ Comme élément essentiel du visage, la bouche est à l'origine de nombreux surnoms : par exemple en Breton[2] Beg Sukr, c'est-à-dire « Bec sucré » ou « Bouche à sucre » ; Beg bleud ou Bouche Farine, surnom de boulanger, etc.
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+ Les maladies de la bouche sont étudiées par la stomatologie, spécialité médicale s'intéressant aux pathologies de la cavité buccale (pathologie infectieuse (mycoses), tumorale (carcinomes épidermoïdes), traumatologique (ulcérations de la cavité buccale). Elle est fréquemment couplée avec la chirurgie maxillo-faciale et la chirurgie dentaire.
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+ Le bouddhisme est, selon le point de vue, une religion, une philosophie, voire les deux, dont les origines se situent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de la diffusion de son enseignement.
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+ En 2018, on compte (mais le chiffre doit être pris avec prudence) quelque 623 millions de bouddhistes dans le monde[1], ce qui fait du bouddhisme la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le christianisme, l'islam et l'hindouisme. L'historien des religions Odon Vallet mentionne que c'est « la seule grande religion au monde à avoir régressé au XXe siècle », en raison, notamment, des persécutions menées contre le bouddhisme par les régimes communistes en Chine et en Indochine[2].
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+
5
+ Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de rituels religieux (prières, offrandes), de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi, « l'éveil ». À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique comme l'est l'hindouisme.
6
+
7
+ Les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme sont particulières : bien que le bouddhisme soit souvent perçu comme une religion sans dieu créateur[n 1], cette notion étant absente de la plupart des formes du bouddhisme[n 2], la vénération et le culte du Bouddha historique Siddhartha Gautama en tant que bhagavat jouent un rôle important dans le Theravāda tout comme dans le Mahāyāna, qui voient en ce personnage un être éveillé présentant un triple corps[n 3] de manifestation (trikāya).
8
+
9
+ Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que Mahâvîra, qui rendit plus populaire le jaïnisme, courant avec lequel le bouddhisme partage une certaine tendance à la remise en cause de l'hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).
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+ Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (« l'éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.
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+ Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet[3]. La plus ancienne le fait naître en 623 av. J.-C. et mourir en 543 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., il y a 543 années de différences avec le calendrier thaï (exemple: 2018 - 2561). Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt vers 420 jusqu'en 380 av. J.-C.
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+ Né selon la tradition, à Lumbinî dans l’actuel Teraï népalais de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas (ou Shakya), il avait pour nom Gautama[n 4]. Il appartenait au clan Shakya de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shakyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne — Bouddha Shakyamuni — et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources[4] ; Gautama signifie en sanskrit « le plus bovin des sages »[5].
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+
17
+ La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.
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19
+ Le bouddhisme est une religion indienne basée sur les enseignements d'un professeur mendiant et spirituel appelé « Bouddha » (« L'éveillé », du Vème au IVᵉ siècle avant J-C). Les textes anciens disent que le nom de Bouddha serait « Gautama » (en Pāli : Gotama). Les détails de la vie du Bouddha sont mentionnés dans de nombreux textes bouddhistes anciens mais sont incohérents et son milieu social ainsi que les détails de sa vie sont difficiles à prouver, les dates précises incertaines.
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+ Les témoignages des textes anciens suggèrent que Siddhārta Gautama est né à Lumbini et a grandi à Kapilavastu,une ville dans la plaine du Gange, près de la frontière actuelle entre le Népal et l'Inde, et qu'il a passé sa vie dans ce qui est à présent le Bihar et l'Uttar Pradesh modernes. Certaines légendes hagiographiques indiquent que son père était un roi nommé Suddhodana, sa mère était Reine Maya, et il est né à Lumbini. Cependant, des savants tels que Richard Gombrich considèrent qu'il s'agit d'une revendication douteuse car une combinaison de témoignages suggère qu'il est né dans la communauté Śākya, qui était gouvernée par une petite oligarchie ou un conseil pseudo-républicain où il n'y avait pas de rang mais où l'ancienneté importait plutôt. Certaines histoires à propos de Bouddha, sa vie, ses enseignements et ses revendications à propos de la société dans laquelle il a grandi peuvent avoir été inventés et interpolés plus tard dans les textes bouddhistes.
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+ D'après les textes anciens tels que l’Ariyapariyesanā-sutta (« Le discours sur la quête noble », MN 26) et son analogue chinois au MĀ 204, Gautama a été touché par la souffrance (Duḥkha) de la vie et de la mort, et sa répétition sans fin due à sa renaissance (Punarbhava). Il a donc conçu une quête afin de trouver la libération à cette souffrance (aussi connue sous le nom de « Nirvāṇa »). D’anciens textes et biographies déclarent que Gautama a premièrement étudié avec deux professeurs de méditation, à savoir Arada Kalama et Uddaka Rāmaputta, apprenant la méditation et la philosophie, et particulièrement la connaissance méditative de « la sphère du Néant » avec le premier et de « la sphère sans perception ni non-perception » en compagnie du dernier (Arūpaloka).
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25
+ Trouvant ces enseignements insuffisants pour atteindre son but, il se tourna vers la pratique d’un ascétisme extrême, qui incluait un régime strict avec du jeûne et diverses formes de contrôle de la respiration (Prāṇayāma). Cela ne fut pas suffisamment à la hauteur de ses espérances et il se tourna donc vers une pratique méditative du Dhyāna. Il s’assit alors en méditation sous un Ficus religiosa, maintenant appelé « Arbre de la Bodhi » dans la ville de Bodhgaya et atteignit « L’Éveil » (Bodhi).
26
+
27
+ Selon différents textes anciens comme le Mahāsaccaka-sutta et le Samaññaphala Sutta, en éveil, le Bouddha acquit un aperçu du travail du karma et de ses premières vies, ainsi que l’extinction de la profanation mentale (Āsavas), de la souffrance et du cycle des renaissances du Saṃsāra. Cet évènement exposa aussi la certitude de la Voie Médiane, comme étant celle de la pratique spirituelle visant la fin de la souffrance. C’est comme un « Bouddha complètement éveillé » (Buddhatva), qu’il attira des disciples et fonda le Saṅgha (communauté). Il passa le reste de sa vie à enseigner le Dharma qu’il avait découvert et mourut atteignant le « Parinirvāṇa » à l’âge de 80 ans à Kushinagar en Inde.
28
+
29
+ Les enseignements de Bouddha se sont propagés grâce à ses disciples et devinrent, durant les derniers centenaires av. J.C., diverses écoles de pensée Bouddhiste, chacune avec ses propres ensembles de textes contenant différentes interprétations et des enseignements authentiques de Bouddha. Au fil du temps, ils évoluèrent en de nombreuses traditions parmi lesquelles les bouddhismes Theravāda, Mahāyāna et Vajrayāna sont les plus connus et étendus à l’ère moderne.
30
+
31
+ Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion, causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.
32
+
33
+ Pour les theravādins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (voir plus bas) ; il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (saṃsāra).
34
+ L'homme éveillé atteint le nirvāṇa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort (appelée parinirvâna, dissolution complète des cinq agrégats). Le cycle des renaissances et des morts est donc brisé.
35
+
36
+ Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil est la sagesse personnelle et est utilisée pour venir en aide à autrui, par le biais du transfert de mérites et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha (la nature essentielle de tout être possédant une conscience, de tout être vivant[6]).
37
+
38
+ Il en convient que, le mahāyāna laisse aux bodhisattvas (ceux qui sont éveillés) la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.
39
+
40
+ Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose » ou « l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. ».
41
+
42
+ Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et le Sangha (l'ensemble des pratiquants, voir plus bas), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.
43
+
44
+ Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :
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+
46
+ Les trois caractéristiques ou marques de l'existence, trilakshana[7] (du sanskrit : lakṣaṇa ; pali : lakkhaṇa ; « marque »[8]) sont :
47
+
48
+ Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles[réf. nécessaire], valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāṇa, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc « personne » en nirvāṇa).
49
+
50
+ Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :
51
+
52
+ Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.
53
+
54
+ Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.
55
+
56
+ Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en s'en libérant qu'il serait parvenu au nirvāṇa.
57
+
58
+ À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta[10]). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel.
59
+
60
+ Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa.
61
+
62
+ Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.
63
+
64
+ Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :
65
+
66
+ Au lieu de « juste » on lit parfois « complet » ou « total ».
67
+
68
+ Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāra en sanskrit et pali) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».
69
+
70
+ Il existe plusieurs méditations (bhāvanā) pouvant développer ces quatre « qualités morales[8] » :
71
+
72
+ Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre[11] (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.
73
+
74
+ Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.
75
+
76
+ Le Canon pāli désigne trois corps de Gautama Bouddha :
77
+
78
+ Le concept prend de l'importance dans l'école Sarvāstivādin. Mais il acquiert par la suite une signification fort différente.
79
+
80
+ En effet, dans le Mahāyāna, les Trois corps, manifestations d'un Bouddha, ne sont pas des entités séparées mais des expressions de l'ainsité (tathāta) qui sont une. Ils y sont respectivement :
81
+
82
+ Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il existe deux sortes d’actions : les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).
83
+
84
+ L’éthique bouddhiste propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.
85
+
86
+ Elle se décline sous forme de préceptes (pali : sīla) — les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés — qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.
87
+
88
+ Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.
89
+
90
+ Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
91
+
92
+ Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya)[13]. Au Japon, ils peuvent être dénommés jujukai[14].
93
+
94
+ La formulation de ces dix préceptes peut prendre différentes formes :
95
+
96
+ Sous leur forme positive, ce sont :
97
+
98
+ (Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).
99
+
100
+ Dans la tradition du Zen, les 10 préceptes ont été interprétés par Dogen de la façon suivante :
101
+
102
+ Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines dans les traditions du petit véhicule (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :
103
+
104
+ Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.
105
+
106
+ Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le « Noble Saṅgha » (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.
107
+
108
+ Toutes les méditations bouddhistes ont pour but le développement de la « conscience éveillée » ou « conscience sans ego », en utilisant la concentration comme un outil. Mais le bouddhisme comprend de nombreuses voies différentes, qui peuvent toutes être rattachées à ses trois principales branches :
109
+
110
+ Buddhānusmṛti (en) est une pratique, commune à plusieurs écoles, prenant le Bouddha comme objet de méditation.
111
+
112
+ Frise : Développement et propagation des écoles bouddhistes
113
+ (env. 450 av. J.-C. – env. 1300 ap. J.-C.)
114
+
115
+
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+
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+ Inde
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+
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+ SanghaAncien
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+
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+
135
+
136
+
137
+ Sri Lanka &Asie du Sud-Est (en)
138
+
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+
147
+ Asie centrale (en)
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+
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+
150
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+ Greco-Bouddhisme
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+
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+
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+
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+
156
+
157
+ Bouddhisme de la Route de la Soie
158
+
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+
160
+
161
+ Asie de l'Est (en)
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+ Shingon
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165
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+
167
+
168
+
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+ Le bouddhisme ancien, appelé parfois bouddhisme hīnayāna (terme sanskrit signifiant « petit véhicule ») par des tenants du grand véhicule, regroupe plusieurs écoles, dont une seule a survécu jusqu'à nos jours, le bouddhisme theravãda. Si plusieurs classifications sont débattues, bouddhistes et chercheurs s'accordent grosso modo à reconnaître dans le bouddhisme dix-huit écoles anciennes.
170
+
171
+ Le bouddhisme theravāda (en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit sthaviravāda) est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, parties du Viêt Nam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.
172
+
173
+ Comme son nom l’indique, il se veut l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hīnayāna (« petit véhicule ») par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère chrétienne. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains mais retranscrites bien plus tard.
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+ Mahāyāna est un terme sanskrit (महायान) signifiant « grand véhicule ». Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère chrétienne dans l'Empire kouchan et dans le nord de l’Inde, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.
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+ Le Madhyamaka, Chittamatra, Chán (Son en Corée, Zen au Japon), la Terre pure, et le bouddhisme de Nichiren sont des écoles du bouddhisme mahāyāna.
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+ Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension peut se faire de façon intuitive ou bien nécessite la maîtrise du mahāyāna et du hīnayāna. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont influencés réciproquement.
180
+
181
+ Son nom sanskrit signifie « véhicule », yāna, de vajra, c'est-à-dire de « diamant » (indestructible et brillant comme l'ultime réalité), et de « foudre » (destructrice de l’ignorance et rapidité fulgurante). On appelle aussi ce véhicule mantrayāna et tantrayāna, puisqu’il fait appel aux mantras et tantras; on trouve aussi le nom guhyayāna « véhicule secret », donc ésotérique (en chinois mìzōng 密宗 et en japonais mikkyō).
182
+
183
+ Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, aux confins ouest et au nord de la Chine, au nord de l’Inde) et aussi au Japon depuis le VIIe siècle à travers les écoles du Shugendo, du Shingon et du Tendai. C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Kraï de Khabarovsk), ainsi qu'au Japon (Shingon et Tendai, voir Bouddhisme au Japon). Bien que différent d'origine, le Bön tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.
184
+
185
+ On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme vajrayāna qui s'est développé au Tibet. Il y a actuellement quatre écoles principales : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelugpa. Cette dernière est la plus connue en Occident, car le dalaï-lama en est un membre éminent.
186
+
187
+ Plusieurs penseurs européens comme Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ont été inspirés par la pensée bouddhiste, de même que le philosophe écossais David Hume et aussi Emmanuel Kant parmi les plus célèbres.
188
+
189
+ Les jaïns, dont la religion est basée sur l'existence de l'âme ou atman, considèrent que le bouddhisme ne respecte pas la non-violence (ahimsa) : en effet, un fidèle bouddhiste ne doit pas commettre de violence lui-même mais peut, par exemple, manger de la chair d'un animal tué par un autre ; cette attitude est condamnée par le jaïnisme, qui promeut une non-violence obligatoire pour ses disciples, exigeant de s'abstenir de la violence de neuf façons : par la pensée, par la parole et par le corps et, à chaque fois, soit personnellement (krita), soit en le commandant à d'autres (kârita), soit en consentant à son exécution par d'autres (anumodita)[15].
190
+
191
+ Si les différentes branches du bouddhisme et de l'hindouisme considèrent que la compassion (karuna) est une vertu cardinale (commune autant aux gens vivant dans la société qu'à ceux qui ont renoncé au monde)[16], il n'en reste pas moins qu'il y a des divergences métaphysiques entre le « bouddhisme » et l'« hindouisme » (différences qui n'étaient pas originellement si prononcées[n 5]) ; ainsi, le bouddhisme s'est vu critiqué par les philosophies hindoues Vaisheshika et Nyâya : « Le Vaisheshika-sutra semble s'opposer radicalement au bouddhisme par sa conception réaliste et substantialiste du cosmos et de l'homme »[17], et la philosophie Nyâya considère la notion bouddhiste d'anatman (non-Soi) comme étant illogique (par exemple, se remémorer d'un objet est impossible s'il n'y a pas un âtman (Soi connaisseur) permanent) et que la Totalité est une réalité alors que le bouddhisme affirme l'inverse :
192
+
193
+ « Tandis que le Bouddhisme pense que le tout n'existe pas, que les parties seules existent — mais pas en l'état de parties ! — alors que la doctrine védique est que le tout est plus ou moins différent de la somme des parties »
194
+
195
+ — Michel Angot, Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda, et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin[18].
196
+
197
+ Akshapâda Pakshilasvâmin, dans son Nyâya-Bhâshya, a réfuté les thèses de la vacuité (Śūnyatā), de l'impermanence (Anitya) et du non-Soi (Anātman).
198
+
199
+ Dans son ouvrage L'infini dans la paume de la main[19], l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan évoque deux points de discorde entre la vision bouddhiste et la vision scientifique du monde.
200
+
201
+ Il explique que l'univers décrit par le bouddhisme est un univers cyclique qui n'a ni commencement ni fin et serait donc traversé d'une série sans fin de big bang et big crunch. Or l'avènement d'un big crunch n'est pas confirmé par les données actuelles de la science qui établissent que l'univers ne contient pas assez de matière pour le générer. Le modèle actuel est au contraire celui d'une expansion infinie de l'univers ce qui est en contradiction avec la conception d'un univers cyclique.
202
+
203
+ Dans ce même ouvrage il évoque le concept bouddhiste de flots de consciences coexistants avec l'univers matériel de tout temps. Il explique que pour beaucoup de neurobiologistes la conscience est une propriété émergente de la matière vivante qui aurait passé un certain seuil de complexité. Le fait que la conscience ait pu préexister à la matière ou en dehors de celle-ci n'est pas prouvé.
204
+
205
+ Depuis les années 1970, comme dans d'autres pays, le bouddhisme s'est développé en France de façon spectaculaire[20]. Plusieurs maîtres de diverses traditions y ont fondé des centres : Ryotan Tokuda, Taisen Deshimaru ou encore Thich Nhat Hanh pour le Zen et Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Vén. Tharchin Rinpoché pour le bouddhisme tibétain.
206
+ Arnaud Desjardins a également contribué à faire connaître les enseignements du bouddhisme en France. Plusieurs organisations bouddhistes sont reconnues comme congrégations religieuses par le Bureau central des cultes qui dépend du Ministère de l'Intérieur, selon la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. À l'instar des religions établies en France depuis plus longtemps, le bouddhisme a également aujourd'hui ses émissions à la télévision.
207
+
208
+ Selon l'Union bouddhiste de France, il y avait en 1986 environ 800 000 bouddhistes en France dont les trois-quarts seraient d'origine asiatique. Une enquête plus récente, publiée par TNS Sofres, en avril 2007, avance un chiffre de 500 000 adeptes du bouddhisme (âgés de plus de 15 ans), représentant 1 % de la population française de cette tranche d'âge. En 1999, le sociologue Frédéric Lenoir avait estimé à cinq millions « les sympathisants » bouddhistes français[20].
209
+
210
+ pagode Chua Tinh Tam, mahayana vietnamien à Sèvres
211
+
212
+ La pagode du bois de Vincennes à Paris, principalement partagé entre pratiquants du vajrayana tibétain et du theravada cambodgien
213
+
214
+ Stupa de l'Institut Karma Ling, pratiquant le vajrayana tibétain, en Savoie
215
+
216
+ Temple bouddhique Linh Son chan sino-vietnamien à Joinville-le-Pont.
217
+
218
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le bouddhisme est, selon le point de vue, une religion, une philosophie, voire les deux, dont les origines se situent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de la diffusion de son enseignement.
2
+
3
+ En 2018, on compte (mais le chiffre doit être pris avec prudence) quelque 623 millions de bouddhistes dans le monde[1], ce qui fait du bouddhisme la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le christianisme, l'islam et l'hindouisme. L'historien des religions Odon Vallet mentionne que c'est « la seule grande religion au monde à avoir régressé au XXe siècle », en raison, notamment, des persécutions menées contre le bouddhisme par les régimes communistes en Chine et en Indochine[2].
4
+
5
+ Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de rituels religieux (prières, offrandes), de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi, « l'éveil ». À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique comme l'est l'hindouisme.
6
+
7
+ Les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme sont particulières : bien que le bouddhisme soit souvent perçu comme une religion sans dieu créateur[n 1], cette notion étant absente de la plupart des formes du bouddhisme[n 2], la vénération et le culte du Bouddha historique Siddhartha Gautama en tant que bhagavat jouent un rôle important dans le Theravāda tout comme dans le Mahāyāna, qui voient en ce personnage un être éveillé présentant un triple corps[n 3] de manifestation (trikāya).
8
+
9
+ Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que Mahâvîra, qui rendit plus populaire le jaïnisme, courant avec lequel le bouddhisme partage une certaine tendance à la remise en cause de l'hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).
10
+
11
+ Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (« l'éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.
12
+
13
+ Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet[3]. La plus ancienne le fait naître en 623 av. J.-C. et mourir en 543 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., il y a 543 années de différences avec le calendrier thaï (exemple: 2018 - 2561). Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt vers 420 jusqu'en 380 av. J.-C.
14
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15
+ Né selon la tradition, à Lumbinî dans l’actuel Teraï népalais de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas (ou Shakya), il avait pour nom Gautama[n 4]. Il appartenait au clan Shakya de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shakyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne — Bouddha Shakyamuni — et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources[4] ; Gautama signifie en sanskrit « le plus bovin des sages »[5].
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+ La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.
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+ Le bouddhisme est une religion indienne basée sur les enseignements d'un professeur mendiant et spirituel appelé « Bouddha » (« L'éveillé », du Vème au IVᵉ siècle avant J-C). Les textes anciens disent que le nom de Bouddha serait « Gautama » (en Pāli : Gotama). Les détails de la vie du Bouddha sont mentionnés dans de nombreux textes bouddhistes anciens mais sont incohérents et son milieu social ainsi que les détails de sa vie sont difficiles à prouver, les dates précises incertaines.
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+ Les témoignages des textes anciens suggèrent que Siddhārta Gautama est né à Lumbini et a grandi à Kapilavastu,une ville dans la plaine du Gange, près de la frontière actuelle entre le Népal et l'Inde, et qu'il a passé sa vie dans ce qui est à présent le Bihar et l'Uttar Pradesh modernes. Certaines légendes hagiographiques indiquent que son père était un roi nommé Suddhodana, sa mère était Reine Maya, et il est né à Lumbini. Cependant, des savants tels que Richard Gombrich considèrent qu'il s'agit d'une revendication douteuse car une combinaison de témoignages suggère qu'il est né dans la communauté Śākya, qui était gouvernée par une petite oligarchie ou un conseil pseudo-républicain où il n'y avait pas de rang mais où l'ancienneté importait plutôt. Certaines histoires à propos de Bouddha, sa vie, ses enseignements et ses revendications à propos de la société dans laquelle il a grandi peuvent avoir été inventés et interpolés plus tard dans les textes bouddhistes.
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+ D'après les textes anciens tels que l’Ariyapariyesanā-sutta (« Le discours sur la quête noble », MN 26) et son analogue chinois au MĀ 204, Gautama a été touché par la souffrance (Duḥkha) de la vie et de la mort, et sa répétition sans fin due à sa renaissance (Punarbhava). Il a donc conçu une quête afin de trouver la libération à cette souffrance (aussi connue sous le nom de « Nirvāṇa »). D’anciens textes et biographies déclarent que Gautama a premièrement étudié avec deux professeurs de méditation, à savoir Arada Kalama et Uddaka Rāmaputta, apprenant la méditation et la philosophie, et particulièrement la connaissance méditative de « la sphère du Néant » avec le premier et de « la sphère sans perception ni non-perception » en compagnie du dernier (Arūpaloka).
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25
+ Trouvant ces enseignements insuffisants pour atteindre son but, il se tourna vers la pratique d’un ascétisme extrême, qui incluait un régime strict avec du jeûne et diverses formes de contrôle de la respiration (Prāṇayāma). Cela ne fut pas suffisamment à la hauteur de ses espérances et il se tourna donc vers une pratique méditative du Dhyāna. Il s’assit alors en méditation sous un Ficus religiosa, maintenant appelé « Arbre de la Bodhi » dans la ville de Bodhgaya et atteignit « L’Éveil » (Bodhi).
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+
27
+ Selon différents textes anciens comme le Mahāsaccaka-sutta et le Samaññaphala Sutta, en éveil, le Bouddha acquit un aperçu du travail du karma et de ses premières vies, ainsi que l’extinction de la profanation mentale (Āsavas), de la souffrance et du cycle des renaissances du Saṃsāra. Cet évènement exposa aussi la certitude de la Voie Médiane, comme étant celle de la pratique spirituelle visant la fin de la souffrance. C’est comme un « Bouddha complètement éveillé » (Buddhatva), qu’il attira des disciples et fonda le Saṅgha (communauté). Il passa le reste de sa vie à enseigner le Dharma qu’il avait découvert et mourut atteignant le « Parinirvāṇa » à l’âge de 80 ans à Kushinagar en Inde.
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+
29
+ Les enseignements de Bouddha se sont propagés grâce à ses disciples et devinrent, durant les derniers centenaires av. J.C., diverses écoles de pensée Bouddhiste, chacune avec ses propres ensembles de textes contenant différentes interprétations et des enseignements authentiques de Bouddha. Au fil du temps, ils évoluèrent en de nombreuses traditions parmi lesquelles les bouddhismes Theravāda, Mahāyāna et Vajrayāna sont les plus connus et étendus à l’ère moderne.
30
+
31
+ Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion, causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.
32
+
33
+ Pour les theravādins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (voir plus bas) ; il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (saṃsāra).
34
+ L'homme éveillé atteint le nirvāṇa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort (appelée parinirvâna, dissolution complète des cinq agrégats). Le cycle des renaissances et des morts est donc brisé.
35
+
36
+ Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil est la sagesse personnelle et est utilisée pour venir en aide à autrui, par le biais du transfert de mérites et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha (la nature essentielle de tout être possédant une conscience, de tout être vivant[6]).
37
+
38
+ Il en convient que, le mahāyāna laisse aux bodhisattvas (ceux qui sont éveillés) la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.
39
+
40
+ Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose » ou « l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. ».
41
+
42
+ Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et le Sangha (l'ensemble des pratiquants, voir plus bas), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.
43
+
44
+ Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :
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+
46
+ Les trois caractéristiques ou marques de l'existence, trilakshana[7] (du sanskrit : lakṣaṇa ; pali : lakkhaṇa ; « marque »[8]) sont :
47
+
48
+ Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles[réf. nécessaire], valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāṇa, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc « personne » en nirvāṇa).
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+
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+ Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :
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+
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+ Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.
53
+
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+ Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.
55
+
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+ Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en s'en libérant qu'il serait parvenu au nirvāṇa.
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+ À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta[10]). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel.
59
+
60
+ Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa.
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+
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+ Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.
63
+
64
+ Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :
65
+
66
+ Au lieu de « juste » on lit parfois « complet » ou « total ».
67
+
68
+ Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāra en sanskrit et pali) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».
69
+
70
+ Il existe plusieurs méditations (bhāvanā) pouvant développer ces quatre « qualités morales[8] » :
71
+
72
+ Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre[11] (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.
73
+
74
+ Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.
75
+
76
+ Le Canon pāli désigne trois corps de Gautama Bouddha :
77
+
78
+ Le concept prend de l'importance dans l'école Sarvāstivādin. Mais il acquiert par la suite une signification fort différente.
79
+
80
+ En effet, dans le Mahāyāna, les Trois corps, manifestations d'un Bouddha, ne sont pas des entités séparées mais des expressions de l'ainsité (tathāta) qui sont une. Ils y sont respectivement :
81
+
82
+ Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il existe deux sortes d’actions : les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).
83
+
84
+ L’éthique bouddhiste propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.
85
+
86
+ Elle se décline sous forme de préceptes (pali : sīla) — les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés — qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.
87
+
88
+ Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.
89
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90
+ Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
91
+
92
+ Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya)[13]. Au Japon, ils peuvent être dénommés jujukai[14].
93
+
94
+ La formulation de ces dix préceptes peut prendre différentes formes :
95
+
96
+ Sous leur forme positive, ce sont :
97
+
98
+ (Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).
99
+
100
+ Dans la tradition du Zen, les 10 préceptes ont été interprétés par Dogen de la façon suivante :
101
+
102
+ Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines dans les traditions du petit véhicule (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :
103
+
104
+ Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.
105
+
106
+ Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le « Noble Saṅgha » (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.
107
+
108
+ Toutes les méditations bouddhistes ont pour but le développement de la « conscience éveillée » ou « conscience sans ego », en utilisant la concentration comme un outil. Mais le bouddhisme comprend de nombreuses voies différentes, qui peuvent toutes être rattachées à ses trois principales branches :
109
+
110
+ Buddhānusmṛti (en) est une pratique, commune à plusieurs écoles, prenant le Bouddha comme objet de méditation.
111
+
112
+ Frise : Développement et propagation des écoles bouddhistes
113
+ (env. 450 av. J.-C. – env. 1300 ap. J.-C.)
114
+
115
+
116
+
117
+ Inde
118
+
119
+ SanghaAncien
120
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121
+
122
+
123
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124
+
125
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126
+
127
+
128
+
129
+
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+
137
+ Sri Lanka &Asie du Sud-Est (en)
138
+
139
+
140
+
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+
146
+
147
+ Asie centrale (en)
148
+
149
+
150
+
151
+ Greco-Bouddhisme
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+
157
+ Bouddhisme de la Route de la Soie
158
+
159
+
160
+
161
+ Asie de l'Est (en)
162
+
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+ Shingon
164
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165
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166
+
167
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168
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169
+ Le bouddhisme ancien, appelé parfois bouddhisme hīnayāna (terme sanskrit signifiant « petit véhicule ») par des tenants du grand véhicule, regroupe plusieurs écoles, dont une seule a survécu jusqu'à nos jours, le bouddhisme theravãda. Si plusieurs classifications sont débattues, bouddhistes et chercheurs s'accordent grosso modo à reconnaître dans le bouddhisme dix-huit écoles anciennes.
170
+
171
+ Le bouddhisme theravāda (en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit sthaviravāda) est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, parties du Viêt Nam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.
172
+
173
+ Comme son nom l’indique, il se veut l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hīnayāna (« petit véhicule ») par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère chrétienne. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains mais retranscrites bien plus tard.
174
+
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+ Mahāyāna est un terme sanskrit (महायान) signifiant « grand véhicule ». Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère chrétienne dans l'Empire kouchan et dans le nord de l’Inde, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.
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+ Le Madhyamaka, Chittamatra, Chán (Son en Corée, Zen au Japon), la Terre pure, et le bouddhisme de Nichiren sont des écoles du bouddhisme mahāyāna.
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+ Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension peut se faire de façon intuitive ou bien nécessite la maîtrise du mahāyāna et du hīnayāna. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont influencés réciproquement.
180
+
181
+ Son nom sanskrit signifie « véhicule », yāna, de vajra, c'est-à-dire de « diamant » (indestructible et brillant comme l'ultime réalité), et de « foudre » (destructrice de l’ignorance et rapidité fulgurante). On appelle aussi ce véhicule mantrayāna et tantrayāna, puisqu’il fait appel aux mantras et tantras; on trouve aussi le nom guhyayāna « véhicule secret », donc ésotérique (en chinois mìzōng 密宗 et en japonais mikkyō).
182
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183
+ Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, aux confins ouest et au nord de la Chine, au nord de l’Inde) et aussi au Japon depuis le VIIe siècle à travers les écoles du Shugendo, du Shingon et du Tendai. C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Kraï de Khabarovsk), ainsi qu'au Japon (Shingon et Tendai, voir Bouddhisme au Japon). Bien que différent d'origine, le Bön tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.
184
+
185
+ On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme vajrayāna qui s'est développé au Tibet. Il y a actuellement quatre écoles principales : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelugpa. Cette dernière est la plus connue en Occident, car le dalaï-lama en est un membre éminent.
186
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187
+ Plusieurs penseurs européens comme Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ont été inspirés par la pensée bouddhiste, de même que le philosophe écossais David Hume et aussi Emmanuel Kant parmi les plus célèbres.
188
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189
+ Les jaïns, dont la religion est basée sur l'existence de l'âme ou atman, considèrent que le bouddhisme ne respecte pas la non-violence (ahimsa) : en effet, un fidèle bouddhiste ne doit pas commettre de violence lui-même mais peut, par exemple, manger de la chair d'un animal tué par un autre ; cette attitude est condamnée par le jaïnisme, qui promeut une non-violence obligatoire pour ses disciples, exigeant de s'abstenir de la violence de neuf façons : par la pensée, par la parole et par le corps et, à chaque fois, soit personnellement (krita), soit en le commandant à d'autres (kârita), soit en consentant à son exécution par d'autres (anumodita)[15].
190
+
191
+ Si les différentes branches du bouddhisme et de l'hindouisme considèrent que la compassion (karuna) est une vertu cardinale (commune autant aux gens vivant dans la société qu'à ceux qui ont renoncé au monde)[16], il n'en reste pas moins qu'il y a des divergences métaphysiques entre le « bouddhisme » et l'« hindouisme » (différences qui n'étaient pas originellement si prononcées[n 5]) ; ainsi, le bouddhisme s'est vu critiqué par les philosophies hindoues Vaisheshika et Nyâya : « Le Vaisheshika-sutra semble s'opposer radicalement au bouddhisme par sa conception réaliste et substantialiste du cosmos et de l'homme »[17], et la philosophie Nyâya considère la notion bouddhiste d'anatman (non-Soi) comme étant illogique (par exemple, se remémorer d'un objet est impossible s'il n'y a pas un âtman (Soi connaisseur) permanent) et que la Totalité est une réalité alors que le bouddhisme affirme l'inverse :
192
+
193
+ « Tandis que le Bouddhisme pense que le tout n'existe pas, que les parties seules existent — mais pas en l'état de parties ! — alors que la doctrine védique est que le tout est plus ou moins différent de la somme des parties »
194
+
195
+ — Michel Angot, Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda, et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin[18].
196
+
197
+ Akshapâda Pakshilasvâmin, dans son Nyâya-Bhâshya, a réfuté les thèses de la vacuité (Śūnyatā), de l'impermanence (Anitya) et du non-Soi (Anātman).
198
+
199
+ Dans son ouvrage L'infini dans la paume de la main[19], l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan évoque deux points de discorde entre la vision bouddhiste et la vision scientifique du monde.
200
+
201
+ Il explique que l'univers décrit par le bouddhisme est un univers cyclique qui n'a ni commencement ni fin et serait donc traversé d'une série sans fin de big bang et big crunch. Or l'avènement d'un big crunch n'est pas confirmé par les données actuelles de la science qui établissent que l'univers ne contient pas assez de matière pour le générer. Le modèle actuel est au contraire celui d'une expansion infinie de l'univers ce qui est en contradiction avec la conception d'un univers cyclique.
202
+
203
+ Dans ce même ouvrage il évoque le concept bouddhiste de flots de consciences coexistants avec l'univers matériel de tout temps. Il explique que pour beaucoup de neurobiologistes la conscience est une propriété émergente de la matière vivante qui aurait passé un certain seuil de complexité. Le fait que la conscience ait pu préexister à la matière ou en dehors de celle-ci n'est pas prouvé.
204
+
205
+ Depuis les années 1970, comme dans d'autres pays, le bouddhisme s'est développé en France de façon spectaculaire[20]. Plusieurs maîtres de diverses traditions y ont fondé des centres : Ryotan Tokuda, Taisen Deshimaru ou encore Thich Nhat Hanh pour le Zen et Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Vén. Tharchin Rinpoché pour le bouddhisme tibétain.
206
+ Arnaud Desjardins a également contribué à faire connaître les enseignements du bouddhisme en France. Plusieurs organisations bouddhistes sont reconnues comme congrégations religieuses par le Bureau central des cultes qui dépend du Ministère de l'Intérieur, selon la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. À l'instar des religions établies en France depuis plus longtemps, le bouddhisme a également aujourd'hui ses émissions à la télévision.
207
+
208
+ Selon l'Union bouddhiste de France, il y avait en 1986 environ 800 000 bouddhistes en France dont les trois-quarts seraient d'origine asiatique. Une enquête plus récente, publiée par TNS Sofres, en avril 2007, avance un chiffre de 500 000 adeptes du bouddhisme (âgés de plus de 15 ans), représentant 1 % de la population française de cette tranche d'âge. En 1999, le sociologue Frédéric Lenoir avait estimé à cinq millions « les sympathisants » bouddhistes français[20].
209
+
210
+ pagode Chua Tinh Tam, mahayana vietnamien à Sèvres
211
+
212
+ La pagode du bois de Vincennes à Paris, principalement partagé entre pratiquants du vajrayana tibétain et du theravada cambodgien
213
+
214
+ Stupa de l'Institut Karma Ling, pratiquant le vajrayana tibétain, en Savoie
215
+
216
+ Temple bouddhique Linh Son chan sino-vietnamien à Joinville-le-Pont.
217
+
218
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+ Le bouddhisme est, selon le point de vue, une religion, une philosophie, voire les deux, dont les origines se situent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de la diffusion de son enseignement.
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+ En 2018, on compte (mais le chiffre doit être pris avec prudence) quelque 623 millions de bouddhistes dans le monde[1], ce qui fait du bouddhisme la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le christianisme, l'islam et l'hindouisme. L'historien des religions Odon Vallet mentionne que c'est « la seule grande religion au monde à avoir régressé au XXe siècle », en raison, notamment, des persécutions menées contre le bouddhisme par les régimes communistes en Chine et en Indochine[2].
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+ Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de rituels religieux (prières, offrandes), de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi, « l'éveil ». À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique comme l'est l'hindouisme.
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+ Les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme sont particulières : bien que le bouddhisme soit souvent perçu comme une religion sans dieu créateur[n 1], cette notion étant absente de la plupart des formes du bouddhisme[n 2], la vénération et le culte du Bouddha historique Siddhartha Gautama en tant que bhagavat jouent un rôle important dans le Theravāda tout comme dans le Mahāyāna, qui voient en ce personnage un être éveillé présentant un triple corps[n 3] de manifestation (trikāya).
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+ Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que Mahâvîra, qui rendit plus populaire le jaïnisme, courant avec lequel le bouddhisme partage une certaine tendance à la remise en cause de l'hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).
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+ Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (« l'éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.
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+ Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet[3]. La plus ancienne le fait naître en 623 av. J.-C. et mourir en 543 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., il y a 543 années de différences avec le calendrier thaï (exemple: 2018 - 2561). Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt vers 420 jusqu'en 380 av. J.-C.
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+ Né selon la tradition, à Lumbinî dans l’actuel Teraï népalais de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas (ou Shakya), il avait pour nom Gautama[n 4]. Il appartenait au clan Shakya de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shakyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne — Bouddha Shakyamuni — et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources[4] ; Gautama signifie en sanskrit « le plus bovin des sages »[5].
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+ La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.
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+ Le bouddhisme est une religion indienne basée sur les enseignements d'un professeur mendiant et spirituel appelé « Bouddha » (« L'éveillé », du Vème au IVᵉ siècle avant J-C). Les textes anciens disent que le nom de Bouddha serait « Gautama » (en Pāli : Gotama). Les détails de la vie du Bouddha sont mentionnés dans de nombreux textes bouddhistes anciens mais sont incohérents et son milieu social ainsi que les détails de sa vie sont difficiles à prouver, les dates précises incertaines.
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+ Les témoignages des textes anciens suggèrent que Siddhārta Gautama est né à Lumbini et a grandi à Kapilavastu,une ville dans la plaine du Gange, près de la frontière actuelle entre le Népal et l'Inde, et qu'il a passé sa vie dans ce qui est à présent le Bihar et l'Uttar Pradesh modernes. Certaines légendes hagiographiques indiquent que son père était un roi nommé Suddhodana, sa mère était Reine Maya, et il est né à Lumbini. Cependant, des savants tels que Richard Gombrich considèrent qu'il s'agit d'une revendication douteuse car une combinaison de témoignages suggère qu'il est né dans la communauté Śākya, qui était gouvernée par une petite oligarchie ou un conseil pseudo-républicain où il n'y avait pas de rang mais où l'ancienneté importait plutôt. Certaines histoires à propos de Bouddha, sa vie, ses enseignements et ses revendications à propos de la société dans laquelle il a grandi peuvent avoir été inventés et interpolés plus tard dans les textes bouddhistes.
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+ D'après les textes anciens tels que l’Ariyapariyesanā-sutta (« Le discours sur la quête noble », MN 26) et son analogue chinois au MĀ 204, Gautama a été touché par la souffrance (Duḥkha) de la vie et de la mort, et sa répétition sans fin due à sa renaissance (Punarbhava). Il a donc conçu une quête afin de trouver la libération à cette souffrance (aussi connue sous le nom de « Nirvāṇa »). D’anciens textes et biographies déclarent que Gautama a premièrement étudié avec deux professeurs de méditation, à savoir Arada Kalama et Uddaka Rāmaputta, apprenant la méditation et la philosophie, et particulièrement la connaissance méditative de « la sphère du Néant » avec le premier et de « la sphère sans perception ni non-perception » en compagnie du dernier (Arūpaloka).
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+ Trouvant ces enseignements insuffisants pour atteindre son but, il se tourna vers la pratique d’un ascétisme extrême, qui incluait un régime strict avec du jeûne et diverses formes de contrôle de la respiration (Prāṇayāma). Cela ne fut pas suffisamment à la hauteur de ses espérances et il se tourna donc vers une pratique méditative du Dhyāna. Il s’assit alors en méditation sous un Ficus religiosa, maintenant appelé « Arbre de la Bodhi » dans la ville de Bodhgaya et atteignit « L’Éveil » (Bodhi).
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+ Selon différents textes anciens comme le Mahāsaccaka-sutta et le Samaññaphala Sutta, en éveil, le Bouddha acquit un aperçu du travail du karma et de ses premières vies, ainsi que l’extinction de la profanation mentale (Āsavas), de la souffrance et du cycle des renaissances du Saṃsāra. Cet évènement exposa aussi la certitude de la Voie Médiane, comme étant celle de la pratique spirituelle visant la fin de la souffrance. C’est comme un « Bouddha complètement éveillé » (Buddhatva), qu’il attira des disciples et fonda le Saṅgha (communauté). Il passa le reste de sa vie à enseigner le Dharma qu’il avait découvert et mourut atteignant le « Parinirvāṇa » à l’âge de 80 ans à Kushinagar en Inde.
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+ Les enseignements de Bouddha se sont propagés grâce à ses disciples et devinrent, durant les derniers centenaires av. J.C., diverses écoles de pensée Bouddhiste, chacune avec ses propres ensembles de textes contenant différentes interprétations et des enseignements authentiques de Bouddha. Au fil du temps, ils évoluèrent en de nombreuses traditions parmi lesquelles les bouddhismes Theravāda, Mahāyāna et Vajrayāna sont les plus connus et étendus à l’ère moderne.
30
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+ Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion, causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.
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+ Pour les theravādins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (voir plus bas) ; il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (saṃsāra).
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+ L'homme éveillé atteint le nirvāṇa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort (appelée parinirvâna, dissolution complète des cinq agrégats). Le cycle des renaissances et des morts est donc brisé.
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+ Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil est la sagesse personnelle et est utilisée pour venir en aide à autrui, par le biais du transfert de mérites et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha (la nature essentielle de tout être possédant une conscience, de tout être vivant[6]).
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+
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+ Il en convient que, le mahāyāna laisse aux bodhisattvas (ceux qui sont éveillés) la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.
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+
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+ Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose » ou « l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. ».
41
+
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+ Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et le Sangha (l'ensemble des pratiquants, voir plus bas), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.
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+
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+ Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :
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+
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+ Les trois caractéristiques ou marques de l'existence, trilakshana[7] (du sanskrit : lakṣaṇa ; pali : lakkhaṇa ; « marque »[8]) sont :
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+
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+ Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles[réf. nécessaire], valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāṇa, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc « personne » en nirvāṇa).
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+
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+ Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :
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+
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+ Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.
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+
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+ Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.
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+
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+ Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en s'en libérant qu'il serait parvenu au nirvāṇa.
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+
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+ À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta[10]). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel.
59
+
60
+ Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa.
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+
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+ Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.
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+
64
+ Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :
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+
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+ Au lieu de « juste » on lit parfois « complet » ou « total ».
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+
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+ Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāra en sanskrit et pali) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».
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+
70
+ Il existe plusieurs méditations (bhāvanā) pouvant développer ces quatre « qualités morales[8] » :
71
+
72
+ Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre[11] (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.
73
+
74
+ Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.
75
+
76
+ Le Canon pāli désigne trois corps de Gautama Bouddha :
77
+
78
+ Le concept prend de l'importance dans l'école Sarvāstivādin. Mais il acquiert par la suite une signification fort différente.
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+
80
+ En effet, dans le Mahāyāna, les Trois corps, manifestations d'un Bouddha, ne sont pas des entités séparées mais des expressions de l'ainsité (tathāta) qui sont une. Ils y sont respectivement :
81
+
82
+ Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il existe deux sortes d’actions : les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).
83
+
84
+ L’éthique bouddhiste propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.
85
+
86
+ Elle se décline sous forme de préceptes (pali : sīla) — les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés — qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.
87
+
88
+ Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.
89
+
90
+ Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
91
+
92
+ Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya)[13]. Au Japon, ils peuvent être dénommés jujukai[14].
93
+
94
+ La formulation de ces dix préceptes peut prendre différentes formes :
95
+
96
+ Sous leur forme positive, ce sont :
97
+
98
+ (Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).
99
+
100
+ Dans la tradition du Zen, les 10 préceptes ont été interprétés par Dogen de la façon suivante :
101
+
102
+ Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines dans les traditions du petit véhicule (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :
103
+
104
+ Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.
105
+
106
+ Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le « Noble Saṅgha » (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.
107
+
108
+ Toutes les méditations bouddhistes ont pour but le développement de la « conscience éveillée » ou « conscience sans ego », en utilisant la concentration comme un outil. Mais le bouddhisme comprend de nombreuses voies différentes, qui peuvent toutes être rattachées à ses trois principales branches :
109
+
110
+ Buddhānusmṛti (en) est une pratique, commune à plusieurs écoles, prenant le Bouddha comme objet de méditation.
111
+
112
+ Frise : Développement et propagation des écoles bouddhistes
113
+ (env. 450 av. J.-C. – env. 1300 ap. J.-C.)
114
+
115
+
116
+
117
+ Inde
118
+
119
+ SanghaAncien
120
+
121
+
122
+
123
+
124
+
125
+
126
+
127
+
128
+
129
+
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+
137
+ Sri Lanka &Asie du Sud-Est (en)
138
+
139
+
140
+
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+
146
+
147
+ Asie centrale (en)
148
+
149
+
150
+
151
+ Greco-Bouddhisme
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+
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+ Bouddhisme de la Route de la Soie
158
+
159
+
160
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161
+ Asie de l'Est (en)
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+ Shingon
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+
167
+
168
+
169
+ Le bouddhisme ancien, appelé parfois bouddhisme hīnayāna (terme sanskrit signifiant « petit véhicule ») par des tenants du grand véhicule, regroupe plusieurs écoles, dont une seule a survécu jusqu'à nos jours, le bouddhisme theravãda. Si plusieurs classifications sont débattues, bouddhistes et chercheurs s'accordent grosso modo à reconnaître dans le bouddhisme dix-huit écoles anciennes.
170
+
171
+ Le bouddhisme theravāda (en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit sthaviravāda) est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, parties du Viêt Nam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.
172
+
173
+ Comme son nom l’indique, il se veut l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hīnayāna (« petit véhicule ») par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère chrétienne. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains mais retranscrites bien plus tard.
174
+
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+ Mahāyāna est un terme sanskrit (महायान) signifiant « grand véhicule ». Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère chrétienne dans l'Empire kouchan et dans le nord de l’Inde, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.
176
+
177
+ Le Madhyamaka, Chittamatra, Chán (Son en Corée, Zen au Japon), la Terre pure, et le bouddhisme de Nichiren sont des écoles du bouddhisme mahāyāna.
178
+
179
+ Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension peut se faire de façon intuitive ou bien nécessite la maîtrise du mahāyāna et du hīnayāna. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont influencés réciproquement.
180
+
181
+ Son nom sanskrit signifie « véhicule », yāna, de vajra, c'est-à-dire de « diamant » (indestructible et brillant comme l'ultime réalité), et de « foudre » (destructrice de l’ignorance et rapidité fulgurante). On appelle aussi ce véhicule mantrayāna et tantrayāna, puisqu’il fait appel aux mantras et tantras; on trouve aussi le nom guhyayāna « véhicule secret », donc ésotérique (en chinois mìzōng 密宗 et en japonais mikkyō).
182
+
183
+ Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, aux confins ouest et au nord de la Chine, au nord de l’Inde) et aussi au Japon depuis le VIIe siècle à travers les écoles du Shugendo, du Shingon et du Tendai. C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Kraï de Khabarovsk), ainsi qu'au Japon (Shingon et Tendai, voir Bouddhisme au Japon). Bien que différent d'origine, le Bön tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.
184
+
185
+ On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme vajrayāna qui s'est développé au Tibet. Il y a actuellement quatre écoles principales : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelugpa. Cette dernière est la plus connue en Occident, car le dalaï-lama en est un membre éminent.
186
+
187
+ Plusieurs penseurs européens comme Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ont été inspirés par la pensée bouddhiste, de même que le philosophe écossais David Hume et aussi Emmanuel Kant parmi les plus célèbres.
188
+
189
+ Les jaïns, dont la religion est basée sur l'existence de l'âme ou atman, considèrent que le bouddhisme ne respecte pas la non-violence (ahimsa) : en effet, un fidèle bouddhiste ne doit pas commettre de violence lui-même mais peut, par exemple, manger de la chair d'un animal tué par un autre ; cette attitude est condamnée par le jaïnisme, qui promeut une non-violence obligatoire pour ses disciples, exigeant de s'abstenir de la violence de neuf façons : par la pensée, par la parole et par le corps et, à chaque fois, soit personnellement (krita), soit en le commandant à d'autres (kârita), soit en consentant à son exécution par d'autres (anumodita)[15].
190
+
191
+ Si les différentes branches du bouddhisme et de l'hindouisme considèrent que la compassion (karuna) est une vertu cardinale (commune autant aux gens vivant dans la société qu'à ceux qui ont renoncé au monde)[16], il n'en reste pas moins qu'il y a des divergences métaphysiques entre le « bouddhisme » et l'« hindouisme » (différences qui n'étaient pas originellement si prononcées[n 5]) ; ainsi, le bouddhisme s'est vu critiqué par les philosophies hindoues Vaisheshika et Nyâya : « Le Vaisheshika-sutra semble s'opposer radicalement au bouddhisme par sa conception réaliste et substantialiste du cosmos et de l'homme »[17], et la philosophie Nyâya considère la notion bouddhiste d'anatman (non-Soi) comme étant illogique (par exemple, se remémorer d'un objet est impossible s'il n'y a pas un âtman (Soi connaisseur) permanent) et que la Totalité est une réalité alors que le bouddhisme affirme l'inverse :
192
+
193
+ « Tandis que le Bouddhisme pense que le tout n'existe pas, que les parties seules existent — mais pas en l'état de parties ! — alors que la doctrine védique est que le tout est plus ou moins différent de la somme des parties »
194
+
195
+ — Michel Angot, Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda, et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin[18].
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+ Akshapâda Pakshilasvâmin, dans son Nyâya-Bhâshya, a réfuté les thèses de la vacuité (Śūnyatā), de l'impermanence (Anitya) et du non-Soi (Anātman).
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+ Dans son ouvrage L'infini dans la paume de la main[19], l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan évoque deux points de discorde entre la vision bouddhiste et la vision scientifique du monde.
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+ Il explique que l'univers décrit par le bouddhisme est un univers cyclique qui n'a ni commencement ni fin et serait donc traversé d'une série sans fin de big bang et big crunch. Or l'avènement d'un big crunch n'est pas confirmé par les données actuelles de la science qui établissent que l'univers ne contient pas assez de matière pour le générer. Le modèle actuel est au contraire celui d'une expansion infinie de l'univers ce qui est en contradiction avec la conception d'un univers cyclique.
202
+
203
+ Dans ce même ouvrage il évoque le concept bouddhiste de flots de consciences coexistants avec l'univers matériel de tout temps. Il explique que pour beaucoup de neurobiologistes la conscience est une propriété émergente de la matière vivante qui aurait passé un certain seuil de complexité. Le fait que la conscience ait pu préexister à la matière ou en dehors de celle-ci n'est pas prouvé.
204
+
205
+ Depuis les années 1970, comme dans d'autres pays, le bouddhisme s'est développé en France de façon spectaculaire[20]. Plusieurs maîtres de diverses traditions y ont fondé des centres : Ryotan Tokuda, Taisen Deshimaru ou encore Thich Nhat Hanh pour le Zen et Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Vén. Tharchin Rinpoché pour le bouddhisme tibétain.
206
+ Arnaud Desjardins a également contribué à faire connaître les enseignements du bouddhisme en France. Plusieurs organisations bouddhistes sont reconnues comme congrégations religieuses par le Bureau central des cultes qui dépend du Ministère de l'Intérieur, selon la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. À l'instar des religions établies en France depuis plus longtemps, le bouddhisme a également aujourd'hui ses émissions à la télévision.
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+
208
+ Selon l'Union bouddhiste de France, il y avait en 1986 environ 800 000 bouddhistes en France dont les trois-quarts seraient d'origine asiatique. Une enquête plus récente, publiée par TNS Sofres, en avril 2007, avance un chiffre de 500 000 adeptes du bouddhisme (âgés de plus de 15 ans), représentant 1 % de la population française de cette tranche d'âge. En 1999, le sociologue Frédéric Lenoir avait estimé à cinq millions « les sympathisants » bouddhistes français[20].
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+ pagode Chua Tinh Tam, mahayana vietnamien à Sèvres
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+ La pagode du bois de Vincennes à Paris, principalement partagé entre pratiquants du vajrayana tibétain et du theravada cambodgien
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+ Stupa de l'Institut Karma Ling, pratiquant le vajrayana tibétain, en Savoie
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+ Temple bouddhique Linh Son chan sino-vietnamien à Joinville-le-Pont.
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+ L’Âge de la pierre, ou Âge de pierre[1], est la période de la Préhistoire durant laquelle les humains ont fabriqué et utilisé des outils et des armes en pierre, avant l'usage prépondérant des métaux.
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+ Cet âge est déjà évoqué comme hypothèse philosophique dans le De rerum natura de Lucrèce[2].
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+ En 1820, le danois Christian Jürgensen Thomsen, à la suite de Nicolas Mahudel, ordonne les collections de son musée en fonction des principaux matériaux utilisés et popularise une classification dite des « trois âges »[3] :
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+ Les hommes préhistoriques exploitaient divers types de roche, de qualité très variable, en fonction des gisements situés à proximité de leurs habitats : silex, chaille, quartz, quartzite, radiolarite, obsidienne, calcédoine, silcrète, basalte, etc. Au Paléolithique supérieur, les meilleurs matériaux, bruts ou taillés, faisaient l'objet d'échanges sur de grandes distances.
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+ Durant l'Âge de la pierre, le bois, l'os, l'ivoire, la corne, et les bois de cerf étaient aussi utilisés, notamment en fin de période, mais la pierre, et notamment le silex, était le principal matériau travaillé pour créer des outils coupants et des armes.
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+ L'Âge de la pierre débute il y a 3,3 millions d’années avec les premiers outils lithiques connus[4].
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+ La fin de cette période varie selon la région concernée et selon les critères que l’on retient. Bien qu’il soit possible de parler d’un Âge de la pierre global pour toute l’humanité, certains groupes n’ont jamais développé de technologies métallurgiques et restèrent donc dans un âge de la pierre jusqu’à ce qu’ils rencontrent des cultures technologiquement plus développées.
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+ Au Néolithique, les hommes maitrisent dans de nombreuses régions le travail du cuivre, ainsi que de l'or et de l'argent, mais les outils de pierre polie restent alors prépondérants, le cuivre étant un métal trop mou pour pouvoir supplanter la pierre dans l'outillage et dans l'armement. Il faut attendre le développement des alliages de cuivre et d'étain, qui donnent le bronze, un métal plus dur et plus résistant, pour que les outils et armes de pierre cèdent la place aux outils et armes de bronze. L’Âge de la pierre s'achève donc avec le début de l'Âge du bronze, vers 3 000 av. J.-C. en Anatolie, et vers 2 000 av. J.-C. en Europe de l'Ouest et en Chine.
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+
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+ « Âge de la pierre » est désormais une expression désuète, et on lui préfère l’une de ses subdivisions : Paléolithique, Mésolithique ou Néolithique. Ces périodes de la Préhistoire sont elles-mêmes subdivisées en sous-périodes.
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+ Le bouddhisme est, selon le point de vue, une religion, une philosophie, voire les deux, dont les origines se situent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de la diffusion de son enseignement.
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+ En 2018, on compte (mais le chiffre doit être pris avec prudence) quelque 623 millions de bouddhistes dans le monde[1], ce qui fait du bouddhisme la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le christianisme, l'islam et l'hindouisme. L'historien des religions Odon Vallet mentionne que c'est « la seule grande religion au monde à avoir régressé au XXe siècle », en raison, notamment, des persécutions menées contre le bouddhisme par les régimes communistes en Chine et en Indochine[2].
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+ Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de rituels religieux (prières, offrandes), de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi, « l'éveil ». À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique comme l'est l'hindouisme.
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+ Les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme sont particulières : bien que le bouddhisme soit souvent perçu comme une religion sans dieu créateur[n 1], cette notion étant absente de la plupart des formes du bouddhisme[n 2], la vénération et le culte du Bouddha historique Siddhartha Gautama en tant que bhagavat jouent un rôle important dans le Theravāda tout comme dans le Mahāyāna, qui voient en ce personnage un être éveillé présentant un triple corps[n 3] de manifestation (trikāya).
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+
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+ Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que Mahâvîra, qui rendit plus populaire le jaïnisme, courant avec lequel le bouddhisme partage une certaine tendance à la remise en cause de l'hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).
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+ Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (« l'éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.
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+ Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet[3]. La plus ancienne le fait naître en 623 av. J.-C. et mourir en 543 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., il y a 543 années de différences avec le calendrier thaï (exemple: 2018 - 2561). Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt vers 420 jusqu'en 380 av. J.-C.
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+ Né selon la tradition, à Lumbinî dans l’actuel Teraï népalais de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas (ou Shakya), il avait pour nom Gautama[n 4]. Il appartenait au clan Shakya de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shakyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne — Bouddha Shakyamuni — et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources[4] ; Gautama signifie en sanskrit « le plus bovin des sages »[5].
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+ La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.
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+ Le bouddhisme est une religion indienne basée sur les enseignements d'un professeur mendiant et spirituel appelé « Bouddha » (« L'éveillé », du Vème au IVᵉ siècle avant J-C). Les textes anciens disent que le nom de Bouddha serait « Gautama » (en Pāli : Gotama). Les détails de la vie du Bouddha sont mentionnés dans de nombreux textes bouddhistes anciens mais sont incohérents et son milieu social ainsi que les détails de sa vie sont difficiles à prouver, les dates précises incertaines.
20
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+ Les témoignages des textes anciens suggèrent que Siddhārta Gautama est né à Lumbini et a grandi à Kapilavastu,une ville dans la plaine du Gange, près de la frontière actuelle entre le Népal et l'Inde, et qu'il a passé sa vie dans ce qui est à présent le Bihar et l'Uttar Pradesh modernes. Certaines légendes hagiographiques indiquent que son père était un roi nommé Suddhodana, sa mère était Reine Maya, et il est né à Lumbini. Cependant, des savants tels que Richard Gombrich considèrent qu'il s'agit d'une revendication douteuse car une combinaison de témoignages suggère qu'il est né dans la communauté Śākya, qui était gouvernée par une petite oligarchie ou un conseil pseudo-républicain où il n'y avait pas de rang mais où l'ancienneté importait plutôt. Certaines histoires à propos de Bouddha, sa vie, ses enseignements et ses revendications à propos de la société dans laquelle il a grandi peuvent avoir été inventés et interpolés plus tard dans les textes bouddhistes.
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+ D'après les textes anciens tels que l’Ariyapariyesanā-sutta (« Le discours sur la quête noble », MN 26) et son analogue chinois au MĀ 204, Gautama a été touché par la souffrance (Duḥkha) de la vie et de la mort, et sa répétition sans fin due à sa renaissance (Punarbhava). Il a donc conçu une quête afin de trouver la libération à cette souffrance (aussi connue sous le nom de « Nirvāṇa »). D’anciens textes et biographies déclarent que Gautama a premièrement étudié avec deux professeurs de méditation, à savoir Arada Kalama et Uddaka Rāmaputta, apprenant la méditation et la philosophie, et particulièrement la connaissance méditative de « la sphère du Néant » avec le premier et de « la sphère sans perception ni non-perception » en compagnie du dernier (Arūpaloka).
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+ Trouvant ces enseignements insuffisants pour atteindre son but, il se tourna vers la pratique d’un ascétisme extrême, qui incluait un régime strict avec du jeûne et diverses formes de contrôle de la respiration (Prāṇayāma). Cela ne fut pas suffisamment à la hauteur de ses espérances et il se tourna donc vers une pratique méditative du Dhyāna. Il s’assit alors en méditation sous un Ficus religiosa, maintenant appelé « Arbre de la Bodhi » dans la ville de Bodhgaya et atteignit « L’Éveil » (Bodhi).
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27
+ Selon différents textes anciens comme le Mahāsaccaka-sutta et le Samaññaphala Sutta, en éveil, le Bouddha acquit un aperçu du travail du karma et de ses premières vies, ainsi que l’extinction de la profanation mentale (Āsavas), de la souffrance et du cycle des renaissances du Saṃsāra. Cet évènement exposa aussi la certitude de la Voie Médiane, comme étant celle de la pratique spirituelle visant la fin de la souffrance. C’est comme un « Bouddha complètement éveillé » (Buddhatva), qu’il attira des disciples et fonda le Saṅgha (communauté). Il passa le reste de sa vie à enseigner le Dharma qu’il avait découvert et mourut atteignant le « Parinirvāṇa » à l’âge de 80 ans à Kushinagar en Inde.
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+
29
+ Les enseignements de Bouddha se sont propagés grâce à ses disciples et devinrent, durant les derniers centenaires av. J.C., diverses écoles de pensée Bouddhiste, chacune avec ses propres ensembles de textes contenant différentes interprétations et des enseignements authentiques de Bouddha. Au fil du temps, ils évoluèrent en de nombreuses traditions parmi lesquelles les bouddhismes Theravāda, Mahāyāna et Vajrayāna sont les plus connus et étendus à l’ère moderne.
30
+
31
+ Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion, causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.
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+
33
+ Pour les theravādins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (voir plus bas) ; il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (saṃsāra).
34
+ L'homme éveillé atteint le nirvāṇa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort (appelée parinirvâna, dissolution complète des cinq agrégats). Le cycle des renaissances et des morts est donc brisé.
35
+
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+ Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil est la sagesse personnelle et est utilisée pour venir en aide à autrui, par le biais du transfert de mérites et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha (la nature essentielle de tout être possédant une conscience, de tout être vivant[6]).
37
+
38
+ Il en convient que, le mahāyāna laisse aux bodhisattvas (ceux qui sont éveillés) la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.
39
+
40
+ Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose » ou « l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. ».
41
+
42
+ Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et le Sangha (l'ensemble des pratiquants, voir plus bas), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.
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+
44
+ Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :
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+
46
+ Les trois caractéristiques ou marques de l'existence, trilakshana[7] (du sanskrit : lakṣaṇa ; pali : lakkhaṇa ; « marque »[8]) sont :
47
+
48
+ Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles[réf. nécessaire], valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāṇa, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc « personne » en nirvāṇa).
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+
50
+ Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :
51
+
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+ Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.
53
+
54
+ Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.
55
+
56
+ Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en s'en libérant qu'il serait parvenu au nirvāṇa.
57
+
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+ À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta[10]). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel.
59
+
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+ Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa.
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+
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+ Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.
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+
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+ Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :
65
+
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+ Au lieu de « juste » on lit parfois « complet » ou « total ».
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+ Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāra en sanskrit et pali) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».
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+
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+ Il existe plusieurs méditations (bhāvanā) pouvant développer ces quatre « qualités morales[8] » :
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+ Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre[11] (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.
73
+
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+ Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.
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+ Le Canon pāli désigne trois corps de Gautama Bouddha :
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+ Le concept prend de l'importance dans l'école Sarvāstivādin. Mais il acquiert par la suite une signification fort différente.
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+ En effet, dans le Mahāyāna, les Trois corps, manifestations d'un Bouddha, ne sont pas des entités séparées mais des expressions de l'ainsité (tathāta) qui sont une. Ils y sont respectivement :
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+ Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il existe deux sortes d’actions : les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).
83
+
84
+ L’éthique bouddhiste propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.
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+
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+ Elle se décline sous forme de préceptes (pali : sīla) — les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés — qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.
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+
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+ Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.
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+ Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
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+ Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya)[13]. Au Japon, ils peuvent être dénommés jujukai[14].
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+
94
+ La formulation de ces dix préceptes peut prendre différentes formes :
95
+
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+ Sous leur forme positive, ce sont :
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+
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+ (Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).
99
+
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+ Dans la tradition du Zen, les 10 préceptes ont été interprétés par Dogen de la façon suivante :
101
+
102
+ Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines dans les traditions du petit véhicule (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :
103
+
104
+ Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.
105
+
106
+ Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le « Noble Saṅgha » (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.
107
+
108
+ Toutes les méditations bouddhistes ont pour but le développement de la « conscience éveillée » ou « conscience sans ego », en utilisant la concentration comme un outil. Mais le bouddhisme comprend de nombreuses voies différentes, qui peuvent toutes être rattachées à ses trois principales branches :
109
+
110
+ Buddhānusmṛti (en) est une pratique, commune à plusieurs écoles, prenant le Bouddha comme objet de méditation.
111
+
112
+ Frise : Développement et propagation des écoles bouddhistes
113
+ (env. 450 av. J.-C. – env. 1300 ap. J.-C.)
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+
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+
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+ Inde
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+ SanghaAncien
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+ Sri Lanka &Asie du Sud-Est (en)
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+ Asie centrale (en)
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+ Greco-Bouddhisme
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+ Bouddhisme de la Route de la Soie
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+ Asie de l'Est (en)
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+ Shingon
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+ Le bouddhisme ancien, appelé parfois bouddhisme hīnayāna (terme sanskrit signifiant « petit véhicule ») par des tenants du grand véhicule, regroupe plusieurs écoles, dont une seule a survécu jusqu'à nos jours, le bouddhisme theravãda. Si plusieurs classifications sont débattues, bouddhistes et chercheurs s'accordent grosso modo à reconnaître dans le bouddhisme dix-huit écoles anciennes.
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+ Le bouddhisme theravāda (en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit sthaviravāda) est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, parties du Viêt Nam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.
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+ Comme son nom l’indique, il se veut l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hīnayāna (« petit véhicule ») par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère chrétienne. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains mais retranscrites bien plus tard.
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+ Mahāyāna est un terme sanskrit (महायान) signifiant « grand véhicule ». Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère chrétienne dans l'Empire kouchan et dans le nord de l’Inde, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.
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+ Le Madhyamaka, Chittamatra, Chán (Son en Corée, Zen au Japon), la Terre pure, et le bouddhisme de Nichiren sont des écoles du bouddhisme mahāyāna.
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+ Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension peut se faire de façon intuitive ou bien nécessite la maîtrise du mahāyāna et du hīnayāna. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont influencés réciproquement.
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+ Son nom sanskrit signifie « véhicule », yāna, de vajra, c'est-à-dire de « diamant » (indestructible et brillant comme l'ultime réalité), et de « foudre » (destructrice de l’ignorance et rapidité fulgurante). On appelle aussi ce véhicule mantrayāna et tantrayāna, puisqu’il fait appel aux mantras et tantras; on trouve aussi le nom guhyayāna « véhicule secret », donc ésotérique (en chinois mìzōng 密宗 et en japonais mikkyō).
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+ Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, aux confins ouest et au nord de la Chine, au nord de l’Inde) et aussi au Japon depuis le VIIe siècle à travers les écoles du Shugendo, du Shingon et du Tendai. C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Kraï de Khabarovsk), ainsi qu'au Japon (Shingon et Tendai, voir Bouddhisme au Japon). Bien que différent d'origine, le Bön tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.
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+ On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme vajrayāna qui s'est développé au Tibet. Il y a actuellement quatre écoles principales : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelugpa. Cette dernière est la plus connue en Occident, car le dalaï-lama en est un membre éminent.
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+ Plusieurs penseurs européens comme Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ont été inspirés par la pensée bouddhiste, de même que le philosophe écossais David Hume et aussi Emmanuel Kant parmi les plus célèbres.
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+ Les jaïns, dont la religion est basée sur l'existence de l'âme ou atman, considèrent que le bouddhisme ne respecte pas la non-violence (ahimsa) : en effet, un fidèle bouddhiste ne doit pas commettre de violence lui-même mais peut, par exemple, manger de la chair d'un animal tué par un autre ; cette attitude est condamnée par le jaïnisme, qui promeut une non-violence obligatoire pour ses disciples, exigeant de s'abstenir de la violence de neuf façons : par la pensée, par la parole et par le corps et, à chaque fois, soit personnellement (krita), soit en le commandant à d'autres (kârita), soit en consentant à son exécution par d'autres (anumodita)[15].
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+ Si les différentes branches du bouddhisme et de l'hindouisme considèrent que la compassion (karuna) est une vertu cardinale (commune autant aux gens vivant dans la société qu'à ceux qui ont renoncé au monde)[16], il n'en reste pas moins qu'il y a des divergences métaphysiques entre le « bouddhisme » et l'« hindouisme » (différences qui n'étaient pas originellement si prononcées[n 5]) ; ainsi, le bouddhisme s'est vu critiqué par les philosophies hindoues Vaisheshika et Nyâya : « Le Vaisheshika-sutra semble s'opposer radicalement au bouddhisme par sa conception réaliste et substantialiste du cosmos et de l'homme »[17], et la philosophie Nyâya considère la notion bouddhiste d'anatman (non-Soi) comme étant illogique (par exemple, se remémorer d'un objet est impossible s'il n'y a pas un âtman (Soi connaisseur) permanent) et que la Totalité est une réalité alors que le bouddhisme affirme l'inverse :
192
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+ « Tandis que le Bouddhisme pense que le tout n'existe pas, que les parties seules existent — mais pas en l'état de parties ! — alors que la doctrine védique est que le tout est plus ou moins différent de la somme des parties »
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+
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+ — Michel Angot, Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda, et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin[18].
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+ Akshapâda Pakshilasvâmin, dans son Nyâya-Bhâshya, a réfuté les thèses de la vacuité (Śūnyatā), de l'impermanence (Anitya) et du non-Soi (Anātman).
198
+
199
+ Dans son ouvrage L'infini dans la paume de la main[19], l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan évoque deux points de discorde entre la vision bouddhiste et la vision scientifique du monde.
200
+
201
+ Il explique que l'univers décrit par le bouddhisme est un univers cyclique qui n'a ni commencement ni fin et serait donc traversé d'une série sans fin de big bang et big crunch. Or l'avènement d'un big crunch n'est pas confirmé par les données actuelles de la science qui établissent que l'univers ne contient pas assez de matière pour le générer. Le modèle actuel est au contraire celui d'une expansion infinie de l'univers ce qui est en contradiction avec la conception d'un univers cyclique.
202
+
203
+ Dans ce même ouvrage il évoque le concept bouddhiste de flots de consciences coexistants avec l'univers matériel de tout temps. Il explique que pour beaucoup de neurobiologistes la conscience est une propriété émergente de la matière vivante qui aurait passé un certain seuil de complexité. Le fait que la conscience ait pu préexister à la matière ou en dehors de celle-ci n'est pas prouvé.
204
+
205
+ Depuis les années 1970, comme dans d'autres pays, le bouddhisme s'est développé en France de façon spectaculaire[20]. Plusieurs maîtres de diverses traditions y ont fondé des centres : Ryotan Tokuda, Taisen Deshimaru ou encore Thich Nhat Hanh pour le Zen et Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Vén. Tharchin Rinpoché pour le bouddhisme tibétain.
206
+ Arnaud Desjardins a également contribué à faire connaître les enseignements du bouddhisme en France. Plusieurs organisations bouddhistes sont reconnues comme congrégations religieuses par le Bureau central des cultes qui dépend du Ministère de l'Intérieur, selon la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. À l'instar des religions établies en France depuis plus longtemps, le bouddhisme a également aujourd'hui ses émissions à la télévision.
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+
208
+ Selon l'Union bouddhiste de France, il y avait en 1986 environ 800 000 bouddhistes en France dont les trois-quarts seraient d'origine asiatique. Une enquête plus récente, publiée par TNS Sofres, en avril 2007, avance un chiffre de 500 000 adeptes du bouddhisme (âgés de plus de 15 ans), représentant 1 % de la population française de cette tranche d'âge. En 1999, le sociologue Frédéric Lenoir avait estimé à cinq millions « les sympathisants » bouddhistes français[20].
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+
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+ pagode Chua Tinh Tam, mahayana vietnamien à Sèvres
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+ La pagode du bois de Vincennes à Paris, principalement partagé entre pratiquants du vajrayana tibétain et du theravada cambodgien
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+ Stupa de l'Institut Karma Ling, pratiquant le vajrayana tibétain, en Savoie
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+ Temple bouddhique Linh Son chan sino-vietnamien à Joinville-le-Pont.
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+ Le bouddhisme est, selon le point de vue, une religion, une philosophie, voire les deux, dont les origines se situent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de la diffusion de son enseignement.
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+ En 2018, on compte (mais le chiffre doit être pris avec prudence) quelque 623 millions de bouddhistes dans le monde[1], ce qui fait du bouddhisme la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le christianisme, l'islam et l'hindouisme. L'historien des religions Odon Vallet mentionne que c'est « la seule grande religion au monde à avoir régressé au XXe siècle », en raison, notamment, des persécutions menées contre le bouddhisme par les régimes communistes en Chine et en Indochine[2].
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+ Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de rituels religieux (prières, offrandes), de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi, « l'éveil ». À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique comme l'est l'hindouisme.
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+ Les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme sont particulières : bien que le bouddhisme soit souvent perçu comme une religion sans dieu créateur[n 1], cette notion étant absente de la plupart des formes du bouddhisme[n 2], la vénération et le culte du Bouddha historique Siddhartha Gautama en tant que bhagavat jouent un rôle important dans le Theravāda tout comme dans le Mahāyāna, qui voient en ce personnage un être éveillé présentant un triple corps[n 3] de manifestation (trikāya).
8
+
9
+ Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que Mahâvîra, qui rendit plus populaire le jaïnisme, courant avec lequel le bouddhisme partage une certaine tendance à la remise en cause de l'hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).
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+
11
+ Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (« l'éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.
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13
+ Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet[3]. La plus ancienne le fait naître en 623 av. J.-C. et mourir en 543 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., il y a 543 années de différences avec le calendrier thaï (exemple: 2018 - 2561). Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt vers 420 jusqu'en 380 av. J.-C.
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+ Né selon la tradition, à Lumbinî dans l’actuel Teraï népalais de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas (ou Shakya), il avait pour nom Gautama[n 4]. Il appartenait au clan Shakya de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shakyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne — Bouddha Shakyamuni — et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources[4] ; Gautama signifie en sanskrit « le plus bovin des sages »[5].
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+ La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.
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+ Le bouddhisme est une religion indienne basée sur les enseignements d'un professeur mendiant et spirituel appelé « Bouddha » (« L'éveillé », du Vème au IVᵉ siècle avant J-C). Les textes anciens disent que le nom de Bouddha serait « Gautama » (en Pāli : Gotama). Les détails de la vie du Bouddha sont mentionnés dans de nombreux textes bouddhistes anciens mais sont incohérents et son milieu social ainsi que les détails de sa vie sont difficiles à prouver, les dates précises incertaines.
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+ Les témoignages des textes anciens suggèrent que Siddhārta Gautama est né à Lumbini et a grandi à Kapilavastu,une ville dans la plaine du Gange, près de la frontière actuelle entre le Népal et l'Inde, et qu'il a passé sa vie dans ce qui est à présent le Bihar et l'Uttar Pradesh modernes. Certaines légendes hagiographiques indiquent que son père était un roi nommé Suddhodana, sa mère était Reine Maya, et il est né à Lumbini. Cependant, des savants tels que Richard Gombrich considèrent qu'il s'agit d'une revendication douteuse car une combinaison de témoignages suggère qu'il est né dans la communauté Śākya, qui était gouvernée par une petite oligarchie ou un conseil pseudo-républicain où il n'y avait pas de rang mais où l'ancienneté importait plutôt. Certaines histoires à propos de Bouddha, sa vie, ses enseignements et ses revendications à propos de la société dans laquelle il a grandi peuvent avoir été inventés et interpolés plus tard dans les textes bouddhistes.
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+ D'après les textes anciens tels que l’Ariyapariyesanā-sutta (« Le discours sur la quête noble », MN 26) et son analogue chinois au MĀ 204, Gautama a été touché par la souffrance (Duḥkha) de la vie et de la mort, et sa répétition sans fin due à sa renaissance (Punarbhava). Il a donc conçu une quête afin de trouver la libération à cette souffrance (aussi connue sous le nom de « Nirvāṇa »). D’anciens textes et biographies déclarent que Gautama a premièrement étudié avec deux professeurs de méditation, à savoir Arada Kalama et Uddaka Rāmaputta, apprenant la méditation et la philosophie, et particulièrement la connaissance méditative de « la sphère du Néant » avec le premier et de « la sphère sans perception ni non-perception » en compagnie du dernier (Arūpaloka).
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+ Trouvant ces enseignements insuffisants pour atteindre son but, il se tourna vers la pratique d’un ascétisme extrême, qui incluait un régime strict avec du jeûne et diverses formes de contrôle de la respiration (Prāṇayāma). Cela ne fut pas suffisamment à la hauteur de ses espérances et il se tourna donc vers une pratique méditative du Dhyāna. Il s’assit alors en méditation sous un Ficus religiosa, maintenant appelé « Arbre de la Bodhi » dans la ville de Bodhgaya et atteignit « L’Éveil » (Bodhi).
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+ Selon différents textes anciens comme le Mahāsaccaka-sutta et le Samaññaphala Sutta, en éveil, le Bouddha acquit un aperçu du travail du karma et de ses premières vies, ainsi que l’extinction de la profanation mentale (Āsavas), de la souffrance et du cycle des renaissances du Saṃsāra. Cet évènement exposa aussi la certitude de la Voie Médiane, comme étant celle de la pratique spirituelle visant la fin de la souffrance. C’est comme un « Bouddha complètement éveillé » (Buddhatva), qu’il attira des disciples et fonda le Saṅgha (communauté). Il passa le reste de sa vie à enseigner le Dharma qu’il avait découvert et mourut atteignant le « Parinirvāṇa » à l’âge de 80 ans à Kushinagar en Inde.
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+
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+ Les enseignements de Bouddha se sont propagés grâce à ses disciples et devinrent, durant les derniers centenaires av. J.C., diverses écoles de pensée Bouddhiste, chacune avec ses propres ensembles de textes contenant différentes interprétations et des enseignements authentiques de Bouddha. Au fil du temps, ils évoluèrent en de nombreuses traditions parmi lesquelles les bouddhismes Theravāda, Mahāyāna et Vajrayāna sont les plus connus et étendus à l’ère moderne.
30
+
31
+ Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion, causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.
32
+
33
+ Pour les theravādins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (voir plus bas) ; il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (saṃsāra).
34
+ L'homme éveillé atteint le nirvāṇa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort (appelée parinirvâna, dissolution complète des cinq agrégats). Le cycle des renaissances et des morts est donc brisé.
35
+
36
+ Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil est la sagesse personnelle et est utilisée pour venir en aide à autrui, par le biais du transfert de mérites et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha (la nature essentielle de tout être possédant une conscience, de tout être vivant[6]).
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+
38
+ Il en convient que, le mahāyāna laisse aux bodhisattvas (ceux qui sont éveillés) la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.
39
+
40
+ Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose » ou « l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. ».
41
+
42
+ Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et le Sangha (l'ensemble des pratiquants, voir plus bas), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.
43
+
44
+ Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :
45
+
46
+ Les trois caractéristiques ou marques de l'existence, trilakshana[7] (du sanskrit : lakṣaṇa ; pali : lakkhaṇa ; « marque »[8]) sont :
47
+
48
+ Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles[réf. nécessaire], valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāṇa, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc « personne » en nirvāṇa).
49
+
50
+ Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :
51
+
52
+ Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.
53
+
54
+ Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.
55
+
56
+ Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en s'en libérant qu'il serait parvenu au nirvāṇa.
57
+
58
+ À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta[10]). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel.
59
+
60
+ Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa.
61
+
62
+ Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.
63
+
64
+ Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :
65
+
66
+ Au lieu de « juste » on lit parfois « complet » ou « total ».
67
+
68
+ Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāra en sanskrit et pali) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».
69
+
70
+ Il existe plusieurs méditations (bhāvanā) pouvant développer ces quatre « qualités morales[8] » :
71
+
72
+ Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre[11] (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.
73
+
74
+ Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.
75
+
76
+ Le Canon pāli désigne trois corps de Gautama Bouddha :
77
+
78
+ Le concept prend de l'importance dans l'école Sarvāstivādin. Mais il acquiert par la suite une signification fort différente.
79
+
80
+ En effet, dans le Mahāyāna, les Trois corps, manifestations d'un Bouddha, ne sont pas des entités séparées mais des expressions de l'ainsité (tathāta) qui sont une. Ils y sont respectivement :
81
+
82
+ Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il existe deux sortes d’actions : les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).
83
+
84
+ L’éthique bouddhiste propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.
85
+
86
+ Elle se décline sous forme de préceptes (pali : sīla) — les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés — qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.
87
+
88
+ Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.
89
+
90
+ Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
91
+
92
+ Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya)[13]. Au Japon, ils peuvent être dénommés jujukai[14].
93
+
94
+ La formulation de ces dix préceptes peut prendre différentes formes :
95
+
96
+ Sous leur forme positive, ce sont :
97
+
98
+ (Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).
99
+
100
+ Dans la tradition du Zen, les 10 préceptes ont été interprétés par Dogen de la façon suivante :
101
+
102
+ Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines dans les traditions du petit véhicule (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :
103
+
104
+ Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.
105
+
106
+ Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le « Noble Saṅgha » (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.
107
+
108
+ Toutes les méditations bouddhistes ont pour but le développement de la « conscience éveillée » ou « conscience sans ego », en utilisant la concentration comme un outil. Mais le bouddhisme comprend de nombreuses voies différentes, qui peuvent toutes être rattachées à ses trois principales branches :
109
+
110
+ Buddhānusmṛti (en) est une pratique, commune à plusieurs écoles, prenant le Bouddha comme objet de méditation.
111
+
112
+ Frise : Développement et propagation des écoles bouddhistes
113
+ (env. 450 av. J.-C. – env. 1300 ap. J.-C.)
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+
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+
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+
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+ Inde
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+
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+ SanghaAncien
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+
130
+
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+
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+
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+ Sri Lanka &Asie du Sud-Est (en)
138
+
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+
140
+
141
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+
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144
+
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+
146
+
147
+ Asie centrale (en)
148
+
149
+
150
+
151
+ Greco-Bouddhisme
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+
157
+ Bouddhisme de la Route de la Soie
158
+
159
+
160
+
161
+ Asie de l'Est (en)
162
+
163
+ Shingon
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+
165
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166
+
167
+
168
+
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+ Le bouddhisme ancien, appelé parfois bouddhisme hīnayāna (terme sanskrit signifiant « petit véhicule ») par des tenants du grand véhicule, regroupe plusieurs écoles, dont une seule a survécu jusqu'à nos jours, le bouddhisme theravãda. Si plusieurs classifications sont débattues, bouddhistes et chercheurs s'accordent grosso modo à reconnaître dans le bouddhisme dix-huit écoles anciennes.
170
+
171
+ Le bouddhisme theravāda (en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit sthaviravāda) est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, parties du Viêt Nam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.
172
+
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+ Comme son nom l’indique, il se veut l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hīnayāna (« petit véhicule ») par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère chrétienne. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains mais retranscrites bien plus tard.
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+ Mahāyāna est un terme sanskrit (महायान) signifiant « grand véhicule ». Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère chrétienne dans l'Empire kouchan et dans le nord de l’Inde, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.
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+ Le Madhyamaka, Chittamatra, Chán (Son en Corée, Zen au Japon), la Terre pure, et le bouddhisme de Nichiren sont des écoles du bouddhisme mahāyāna.
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+ Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension peut se faire de façon intuitive ou bien nécessite la maîtrise du mahāyāna et du hīnayāna. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont influencés réciproquement.
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+
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+ Son nom sanskrit signifie « véhicule », yāna, de vajra, c'est-à-dire de « diamant » (indestructible et brillant comme l'ultime réalité), et de « foudre » (destructrice de l’ignorance et rapidité fulgurante). On appelle aussi ce véhicule mantrayāna et tantrayāna, puisqu’il fait appel aux mantras et tantras; on trouve aussi le nom guhyayāna « véhicule secret », donc ésotérique (en chinois mìzōng 密宗 et en japonais mikkyō).
182
+
183
+ Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, aux confins ouest et au nord de la Chine, au nord de l’Inde) et aussi au Japon depuis le VIIe siècle à travers les écoles du Shugendo, du Shingon et du Tendai. C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Kraï de Khabarovsk), ainsi qu'au Japon (Shingon et Tendai, voir Bouddhisme au Japon). Bien que différent d'origine, le Bön tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.
184
+
185
+ On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme vajrayāna qui s'est développé au Tibet. Il y a actuellement quatre écoles principales : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelugpa. Cette dernière est la plus connue en Occident, car le dalaï-lama en est un membre éminent.
186
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+ Plusieurs penseurs européens comme Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ont été inspirés par la pensée bouddhiste, de même que le philosophe écossais David Hume et aussi Emmanuel Kant parmi les plus célèbres.
188
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189
+ Les jaïns, dont la religion est basée sur l'existence de l'âme ou atman, considèrent que le bouddhisme ne respecte pas la non-violence (ahimsa) : en effet, un fidèle bouddhiste ne doit pas commettre de violence lui-même mais peut, par exemple, manger de la chair d'un animal tué par un autre ; cette attitude est condamnée par le jaïnisme, qui promeut une non-violence obligatoire pour ses disciples, exigeant de s'abstenir de la violence de neuf façons : par la pensée, par la parole et par le corps et, à chaque fois, soit personnellement (krita), soit en le commandant à d'autres (kârita), soit en consentant à son exécution par d'autres (anumodita)[15].
190
+
191
+ Si les différentes branches du bouddhisme et de l'hindouisme considèrent que la compassion (karuna) est une vertu cardinale (commune autant aux gens vivant dans la société qu'à ceux qui ont renoncé au monde)[16], il n'en reste pas moins qu'il y a des divergences métaphysiques entre le « bouddhisme » et l'« hindouisme » (différences qui n'étaient pas originellement si prononcées[n 5]) ; ainsi, le bouddhisme s'est vu critiqué par les philosophies hindoues Vaisheshika et Nyâya : « Le Vaisheshika-sutra semble s'opposer radicalement au bouddhisme par sa conception réaliste et substantialiste du cosmos et de l'homme »[17], et la philosophie Nyâya considère la notion bouddhiste d'anatman (non-Soi) comme étant illogique (par exemple, se remémorer d'un objet est impossible s'il n'y a pas un âtman (Soi connaisseur) permanent) et que la Totalité est une réalité alors que le bouddhisme affirme l'inverse :
192
+
193
+ « Tandis que le Bouddhisme pense que le tout n'existe pas, que les parties seules existent — mais pas en l'état de parties ! — alors que la doctrine védique est que le tout est plus ou moins différent de la somme des parties »
194
+
195
+ — Michel Angot, Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda, et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin[18].
196
+
197
+ Akshapâda Pakshilasvâmin, dans son Nyâya-Bhâshya, a réfuté les thèses de la vacuité (Śūnyatā), de l'impermanence (Anitya) et du non-Soi (Anātman).
198
+
199
+ Dans son ouvrage L'infini dans la paume de la main[19], l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan évoque deux points de discorde entre la vision bouddhiste et la vision scientifique du monde.
200
+
201
+ Il explique que l'univers décrit par le bouddhisme est un univers cyclique qui n'a ni commencement ni fin et serait donc traversé d'une série sans fin de big bang et big crunch. Or l'avènement d'un big crunch n'est pas confirmé par les données actuelles de la science qui établissent que l'univers ne contient pas assez de matière pour le générer. Le modèle actuel est au contraire celui d'une expansion infinie de l'univers ce qui est en contradiction avec la conception d'un univers cyclique.
202
+
203
+ Dans ce même ouvrage il évoque le concept bouddhiste de flots de consciences coexistants avec l'univers matériel de tout temps. Il explique que pour beaucoup de neurobiologistes la conscience est une propriété émergente de la matière vivante qui aurait passé un certain seuil de complexité. Le fait que la conscience ait pu préexister à la matière ou en dehors de celle-ci n'est pas prouvé.
204
+
205
+ Depuis les années 1970, comme dans d'autres pays, le bouddhisme s'est développé en France de façon spectaculaire[20]. Plusieurs maîtres de diverses traditions y ont fondé des centres : Ryotan Tokuda, Taisen Deshimaru ou encore Thich Nhat Hanh pour le Zen et Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Vén. Tharchin Rinpoché pour le bouddhisme tibétain.
206
+ Arnaud Desjardins a également contribué à faire connaître les enseignements du bouddhisme en France. Plusieurs organisations bouddhistes sont reconnues comme congrégations religieuses par le Bureau central des cultes qui dépend du Ministère de l'Intérieur, selon la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. À l'instar des religions établies en France depuis plus longtemps, le bouddhisme a également aujourd'hui ses émissions à la télévision.
207
+
208
+ Selon l'Union bouddhiste de France, il y avait en 1986 environ 800 000 bouddhistes en France dont les trois-quarts seraient d'origine asiatique. Une enquête plus récente, publiée par TNS Sofres, en avril 2007, avance un chiffre de 500 000 adeptes du bouddhisme (âgés de plus de 15 ans), représentant 1 % de la population française de cette tranche d'âge. En 1999, le sociologue Frédéric Lenoir avait estimé à cinq millions « les sympathisants » bouddhistes français[20].
209
+
210
+ pagode Chua Tinh Tam, mahayana vietnamien à Sèvres
211
+
212
+ La pagode du bois de Vincennes à Paris, principalement partagé entre pratiquants du vajrayana tibétain et du theravada cambodgien
213
+
214
+ Stupa de l'Institut Karma Ling, pratiquant le vajrayana tibétain, en Savoie
215
+
216
+ Temple bouddhique Linh Son chan sino-vietnamien à Joinville-le-Pont.
217
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le bouddhisme est, selon le point de vue, une religion, une philosophie, voire les deux, dont les origines se situent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de la diffusion de son enseignement.
2
+
3
+ En 2018, on compte (mais le chiffre doit être pris avec prudence) quelque 623 millions de bouddhistes dans le monde[1], ce qui fait du bouddhisme la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le christianisme, l'islam et l'hindouisme. L'historien des religions Odon Vallet mentionne que c'est « la seule grande religion au monde à avoir régressé au XXe siècle », en raison, notamment, des persécutions menées contre le bouddhisme par les régimes communistes en Chine et en Indochine[2].
4
+
5
+ Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de rituels religieux (prières, offrandes), de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi, « l'éveil ». À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique comme l'est l'hindouisme.
6
+
7
+ Les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme sont particulières : bien que le bouddhisme soit souvent perçu comme une religion sans dieu créateur[n 1], cette notion étant absente de la plupart des formes du bouddhisme[n 2], la vénération et le culte du Bouddha historique Siddhartha Gautama en tant que bhagavat jouent un rôle important dans le Theravāda tout comme dans le Mahāyāna, qui voient en ce personnage un être éveillé présentant un triple corps[n 3] de manifestation (trikāya).
8
+
9
+ Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que Mahâvîra, qui rendit plus populaire le jaïnisme, courant avec lequel le bouddhisme partage une certaine tendance à la remise en cause de l'hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).
10
+
11
+ Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (« l'éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.
12
+
13
+ Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet[3]. La plus ancienne le fait naître en 623 av. J.-C. et mourir en 543 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., il y a 543 années de différences avec le calendrier thaï (exemple: 2018 - 2561). Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt vers 420 jusqu'en 380 av. J.-C.
14
+
15
+ Né selon la tradition, à Lumbinî dans l’actuel Teraï népalais de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas (ou Shakya), il avait pour nom Gautama[n 4]. Il appartenait au clan Shakya de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shakyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne — Bouddha Shakyamuni — et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources[4] ; Gautama signifie en sanskrit « le plus bovin des sages »[5].
16
+
17
+ La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.
18
+
19
+ Le bouddhisme est une religion indienne basée sur les enseignements d'un professeur mendiant et spirituel appelé « Bouddha » (« L'éveillé », du Vème au IVᵉ siècle avant J-C). Les textes anciens disent que le nom de Bouddha serait « Gautama » (en Pāli : Gotama). Les détails de la vie du Bouddha sont mentionnés dans de nombreux textes bouddhistes anciens mais sont incohérents et son milieu social ainsi que les détails de sa vie sont difficiles à prouver, les dates précises incertaines.
20
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21
+ Les témoignages des textes anciens suggèrent que Siddhārta Gautama est né à Lumbini et a grandi à Kapilavastu,une ville dans la plaine du Gange, près de la frontière actuelle entre le Népal et l'Inde, et qu'il a passé sa vie dans ce qui est à présent le Bihar et l'Uttar Pradesh modernes. Certaines légendes hagiographiques indiquent que son père était un roi nommé Suddhodana, sa mère était Reine Maya, et il est né à Lumbini. Cependant, des savants tels que Richard Gombrich considèrent qu'il s'agit d'une revendication douteuse car une combinaison de témoignages suggère qu'il est né dans la communauté Śākya, qui était gouvernée par une petite oligarchie ou un conseil pseudo-républicain où il n'y avait pas de rang mais où l'ancienneté importait plutôt. Certaines histoires à propos de Bouddha, sa vie, ses enseignements et ses revendications à propos de la société dans laquelle il a grandi peuvent avoir été inventés et interpolés plus tard dans les textes bouddhistes.
22
+
23
+ D'après les textes anciens tels que l’Ariyapariyesanā-sutta (« Le discours sur la quête noble », MN 26) et son analogue chinois au MĀ 204, Gautama a été touché par la souffrance (Duḥkha) de la vie et de la mort, et sa répétition sans fin due à sa renaissance (Punarbhava). Il a donc conçu une quête afin de trouver la libération à cette souffrance (aussi connue sous le nom de « Nirvāṇa »). D’anciens textes et biographies déclarent que Gautama a premièrement étudié avec deux professeurs de méditation, à savoir Arada Kalama et Uddaka Rāmaputta, apprenant la méditation et la philosophie, et particulièrement la connaissance méditative de « la sphère du Néant » avec le premier et de « la sphère sans perception ni non-perception » en compagnie du dernier (Arūpaloka).
24
+
25
+ Trouvant ces enseignements insuffisants pour atteindre son but, il se tourna vers la pratique d’un ascétisme extrême, qui incluait un régime strict avec du jeûne et diverses formes de contrôle de la respiration (Prāṇayāma). Cela ne fut pas suffisamment à la hauteur de ses espérances et il se tourna donc vers une pratique méditative du Dhyāna. Il s’assit alors en méditation sous un Ficus religiosa, maintenant appelé « Arbre de la Bodhi » dans la ville de Bodhgaya et atteignit « L’Éveil » (Bodhi).
26
+
27
+ Selon différents textes anciens comme le Mahāsaccaka-sutta et le Samaññaphala Sutta, en éveil, le Bouddha acquit un aperçu du travail du karma et de ses premières vies, ainsi que l’extinction de la profanation mentale (Āsavas), de la souffrance et du cycle des renaissances du Saṃsāra. Cet évènement exposa aussi la certitude de la Voie Médiane, comme étant celle de la pratique spirituelle visant la fin de la souffrance. C’est comme un « Bouddha complètement éveillé » (Buddhatva), qu’il attira des disciples et fonda le Saṅgha (communauté). Il passa le reste de sa vie à enseigner le Dharma qu’il avait découvert et mourut atteignant le « Parinirvāṇa » à l’âge de 80 ans à Kushinagar en Inde.
28
+
29
+ Les enseignements de Bouddha se sont propagés grâce à ses disciples et devinrent, durant les derniers centenaires av. J.C., diverses écoles de pensée Bouddhiste, chacune avec ses propres ensembles de textes contenant différentes interprétations et des enseignements authentiques de Bouddha. Au fil du temps, ils évoluèrent en de nombreuses traditions parmi lesquelles les bouddhismes Theravāda, Mahāyāna et Vajrayāna sont les plus connus et étendus à l’ère moderne.
30
+
31
+ Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion, causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.
32
+
33
+ Pour les theravādins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (voir plus bas) ; il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (saṃsāra).
34
+ L'homme éveillé atteint le nirvāṇa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort (appelée parinirvâna, dissolution complète des cinq agrégats). Le cycle des renaissances et des morts est donc brisé.
35
+
36
+ Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil est la sagesse personnelle et est utilisée pour venir en aide à autrui, par le biais du transfert de mérites et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha (la nature essentielle de tout être possédant une conscience, de tout être vivant[6]).
37
+
38
+ Il en convient que, le mahāyāna laisse aux bodhisattvas (ceux qui sont éveillés) la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.
39
+
40
+ Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose » ou « l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. ».
41
+
42
+ Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et le Sangha (l'ensemble des pratiquants, voir plus bas), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.
43
+
44
+ Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :
45
+
46
+ Les trois caractéristiques ou marques de l'existence, trilakshana[7] (du sanskrit : lakṣaṇa ; pali : lakkhaṇa ; « marque »[8]) sont :
47
+
48
+ Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles[réf. nécessaire], valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāṇa, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc « personne » en nirvāṇa).
49
+
50
+ Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :
51
+
52
+ Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.
53
+
54
+ Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.
55
+
56
+ Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en s'en libérant qu'il serait parvenu au nirvāṇa.
57
+
58
+ À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta[10]). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel.
59
+
60
+ Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa.
61
+
62
+ Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.
63
+
64
+ Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :
65
+
66
+ Au lieu de « juste » on lit parfois « complet » ou « total ».
67
+
68
+ Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāra en sanskrit et pali) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».
69
+
70
+ Il existe plusieurs méditations (bhāvanā) pouvant développer ces quatre « qualités morales[8] » :
71
+
72
+ Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre[11] (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.
73
+
74
+ Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.
75
+
76
+ Le Canon pāli désigne trois corps de Gautama Bouddha :
77
+
78
+ Le concept prend de l'importance dans l'école Sarvāstivādin. Mais il acquiert par la suite une signification fort différente.
79
+
80
+ En effet, dans le Mahāyāna, les Trois corps, manifestations d'un Bouddha, ne sont pas des entités séparées mais des expressions de l'ainsité (tathāta) qui sont une. Ils y sont respectivement :
81
+
82
+ Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il existe deux sortes d’actions : les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).
83
+
84
+ L’éthique bouddhiste propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.
85
+
86
+ Elle se décline sous forme de préceptes (pali : sīla) — les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés — qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.
87
+
88
+ Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.
89
+
90
+ Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
91
+
92
+ Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya)[13]. Au Japon, ils peuvent être dénommés jujukai[14].
93
+
94
+ La formulation de ces dix préceptes peut prendre différentes formes :
95
+
96
+ Sous leur forme positive, ce sont :
97
+
98
+ (Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).
99
+
100
+ Dans la tradition du Zen, les 10 préceptes ont été interprétés par Dogen de la façon suivante :
101
+
102
+ Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines dans les traditions du petit véhicule (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :
103
+
104
+ Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.
105
+
106
+ Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le « Noble Saṅgha » (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.
107
+
108
+ Toutes les méditations bouddhistes ont pour but le développement de la « conscience éveillée » ou « conscience sans ego », en utilisant la concentration comme un outil. Mais le bouddhisme comprend de nombreuses voies différentes, qui peuvent toutes être rattachées à ses trois principales branches :
109
+
110
+ Buddhānusmṛti (en) est une pratique, commune à plusieurs écoles, prenant le Bouddha comme objet de méditation.
111
+
112
+ Frise : Développement et propagation des écoles bouddhistes
113
+ (env. 450 av. J.-C. – env. 1300 ap. J.-C.)
114
+
115
+
116
+
117
+ Inde
118
+
119
+ SanghaAncien
120
+
121
+
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+
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+
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+
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+
126
+
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+
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+
130
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131
+
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+
137
+ Sri Lanka &Asie du Sud-Est (en)
138
+
139
+
140
+
141
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+
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+
146
+
147
+ Asie centrale (en)
148
+
149
+
150
+
151
+ Greco-Bouddhisme
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+
157
+ Bouddhisme de la Route de la Soie
158
+
159
+
160
+
161
+ Asie de l'Est (en)
162
+
163
+ Shingon
164
+
165
+
166
+
167
+
168
+
169
+ Le bouddhisme ancien, appelé parfois bouddhisme hīnayāna (terme sanskrit signifiant « petit véhicule ») par des tenants du grand véhicule, regroupe plusieurs écoles, dont une seule a survécu jusqu'à nos jours, le bouddhisme theravãda. Si plusieurs classifications sont débattues, bouddhistes et chercheurs s'accordent grosso modo à reconnaître dans le bouddhisme dix-huit écoles anciennes.
170
+
171
+ Le bouddhisme theravāda (en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit sthaviravāda) est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, parties du Viêt Nam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.
172
+
173
+ Comme son nom l’indique, il se veut l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hīnayāna (« petit véhicule ») par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère chrétienne. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains mais retranscrites bien plus tard.
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+ Mahāyāna est un terme sanskrit (महायान) signifiant « grand véhicule ». Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère chrétienne dans l'Empire kouchan et dans le nord de l’Inde, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.
176
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+ Le Madhyamaka, Chittamatra, Chán (Son en Corée, Zen au Japon), la Terre pure, et le bouddhisme de Nichiren sont des écoles du bouddhisme mahāyāna.
178
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+ Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension peut se faire de façon intuitive ou bien nécessite la maîtrise du mahāyāna et du hīnayāna. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont influencés réciproquement.
180
+
181
+ Son nom sanskrit signifie « véhicule », yāna, de vajra, c'est-à-dire de « diamant » (indestructible et brillant comme l'ultime réalité), et de « foudre » (destructrice de l’ignorance et rapidité fulgurante). On appelle aussi ce véhicule mantrayāna et tantrayāna, puisqu’il fait appel aux mantras et tantras; on trouve aussi le nom guhyayāna « véhicule secret », donc ésotérique (en chinois mìzōng 密宗 et en japonais mikkyō).
182
+
183
+ Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, aux confins ouest et au nord de la Chine, au nord de l’Inde) et aussi au Japon depuis le VIIe siècle à travers les écoles du Shugendo, du Shingon et du Tendai. C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Kraï de Khabarovsk), ainsi qu'au Japon (Shingon et Tendai, voir Bouddhisme au Japon). Bien que différent d'origine, le Bön tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.
184
+
185
+ On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme vajrayāna qui s'est développé au Tibet. Il y a actuellement quatre écoles principales : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelugpa. Cette dernière est la plus connue en Occident, car le dalaï-lama en est un membre éminent.
186
+
187
+ Plusieurs penseurs européens comme Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ont été inspirés par la pensée bouddhiste, de même que le philosophe écossais David Hume et aussi Emmanuel Kant parmi les plus célèbres.
188
+
189
+ Les jaïns, dont la religion est basée sur l'existence de l'âme ou atman, considèrent que le bouddhisme ne respecte pas la non-violence (ahimsa) : en effet, un fidèle bouddhiste ne doit pas commettre de violence lui-même mais peut, par exemple, manger de la chair d'un animal tué par un autre ; cette attitude est condamnée par le jaïnisme, qui promeut une non-violence obligatoire pour ses disciples, exigeant de s'abstenir de la violence de neuf façons : par la pensée, par la parole et par le corps et, à chaque fois, soit personnellement (krita), soit en le commandant à d'autres (kârita), soit en consentant à son exécution par d'autres (anumodita)[15].
190
+
191
+ Si les différentes branches du bouddhisme et de l'hindouisme considèrent que la compassion (karuna) est une vertu cardinale (commune autant aux gens vivant dans la société qu'à ceux qui ont renoncé au monde)[16], il n'en reste pas moins qu'il y a des divergences métaphysiques entre le « bouddhisme » et l'« hindouisme » (différences qui n'étaient pas originellement si prononcées[n 5]) ; ainsi, le bouddhisme s'est vu critiqué par les philosophies hindoues Vaisheshika et Nyâya : « Le Vaisheshika-sutra semble s'opposer radicalement au bouddhisme par sa conception réaliste et substantialiste du cosmos et de l'homme »[17], et la philosophie Nyâya considère la notion bouddhiste d'anatman (non-Soi) comme étant illogique (par exemple, se remémorer d'un objet est impossible s'il n'y a pas un âtman (Soi connaisseur) permanent) et que la Totalité est une réalité alors que le bouddhisme affirme l'inverse :
192
+
193
+ « Tandis que le Bouddhisme pense que le tout n'existe pas, que les parties seules existent — mais pas en l'état de parties ! — alors que la doctrine védique est que le tout est plus ou moins différent de la somme des parties »
194
+
195
+ — Michel Angot, Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda, et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin[18].
196
+
197
+ Akshapâda Pakshilasvâmin, dans son Nyâya-Bhâshya, a réfuté les thèses de la vacuité (Śūnyatā), de l'impermanence (Anitya) et du non-Soi (Anātman).
198
+
199
+ Dans son ouvrage L'infini dans la paume de la main[19], l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan évoque deux points de discorde entre la vision bouddhiste et la vision scientifique du monde.
200
+
201
+ Il explique que l'univers décrit par le bouddhisme est un univers cyclique qui n'a ni commencement ni fin et serait donc traversé d'une série sans fin de big bang et big crunch. Or l'avènement d'un big crunch n'est pas confirmé par les données actuelles de la science qui établissent que l'univers ne contient pas assez de matière pour le générer. Le modèle actuel est au contraire celui d'une expansion infinie de l'univers ce qui est en contradiction avec la conception d'un univers cyclique.
202
+
203
+ Dans ce même ouvrage il évoque le concept bouddhiste de flots de consciences coexistants avec l'univers matériel de tout temps. Il explique que pour beaucoup de neurobiologistes la conscience est une propriété émergente de la matière vivante qui aurait passé un certain seuil de complexité. Le fait que la conscience ait pu préexister à la matière ou en dehors de celle-ci n'est pas prouvé.
204
+
205
+ Depuis les années 1970, comme dans d'autres pays, le bouddhisme s'est développé en France de façon spectaculaire[20]. Plusieurs maîtres de diverses traditions y ont fondé des centres : Ryotan Tokuda, Taisen Deshimaru ou encore Thich Nhat Hanh pour le Zen et Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Vén. Tharchin Rinpoché pour le bouddhisme tibétain.
206
+ Arnaud Desjardins a également contribué à faire connaître les enseignements du bouddhisme en France. Plusieurs organisations bouddhistes sont reconnues comme congrégations religieuses par le Bureau central des cultes qui dépend du Ministère de l'Intérieur, selon la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. À l'instar des religions établies en France depuis plus longtemps, le bouddhisme a également aujourd'hui ses émissions à la télévision.
207
+
208
+ Selon l'Union bouddhiste de France, il y avait en 1986 environ 800 000 bouddhistes en France dont les trois-quarts seraient d'origine asiatique. Une enquête plus récente, publiée par TNS Sofres, en avril 2007, avance un chiffre de 500 000 adeptes du bouddhisme (âgés de plus de 15 ans), représentant 1 % de la population française de cette tranche d'âge. En 1999, le sociologue Frédéric Lenoir avait estimé à cinq millions « les sympathisants » bouddhistes français[20].
209
+
210
+ pagode Chua Tinh Tam, mahayana vietnamien à Sèvres
211
+
212
+ La pagode du bois de Vincennes à Paris, principalement partagé entre pratiquants du vajrayana tibétain et du theravada cambodgien
213
+
214
+ Stupa de l'Institut Karma Ling, pratiquant le vajrayana tibétain, en Savoie
215
+
216
+ Temple bouddhique Linh Son chan sino-vietnamien à Joinville-le-Pont.
217
+
218
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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@@ -0,0 +1,280 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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7
+ La bougie est un objet servant en général à éclairer, composé d'un corps gras (cire) et d’une mèche enflammée.
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9
+ Durant des siècles, le jonc a été utilisé pour faire des chandelles. Fendu avec précaution pour ne pas en abimer la moelle, il était trempé dans de la graisse végétale ou animale qu'on laissait ensuite durcir. On le faisait brûler dans des brûle-joncs. En Occident, à partir du Moyen Âge la chandelle rivalise avec la lampe à huile. Cette dernière a l'inconvénient de réclamer une attention constante : il faut la remplir régulièrement, couper et remonter la mèche qui charbonne, nettoyer l'huile qui coule. La chandelle, seulement constituée d'une mèche entourée de suif de bœuf ou de mouton, est plus pratique sans être excessivement chère (mais elle est taxée et l'huile reste moins économique). Moins de liquide qui se renverse, de flamme à ajuster, de réservoir à remplir. Mais le suif coule et blesse les doigts, la flamme demeure jaune et fumeuse, il faut toujours entretenir la mèche qui finit par charbonner.
10
+
11
+ Le mot « bougie » n'est apparu dans la langue française qu'au XIVe siècle, tiré de Bugaya transcription en arabe du mot kabyle Bgayet, nom d'une ville maritime d'Algérie (appelée Bougie ou Béjaia). Elle fournissait une grande quantité de cire utilisée à la place du suif dans les chandelles, qualifiées alors de "bougies" : sur le plan terminologique cette appellation est réservée à un instrument fait exclusivement de cire d'abeille.
12
+
13
+ Les bougies, naturellement de couleur jaunâtre, peuvent aussi être blanches si la cire qui les constitue a été blanchie par une exposition au soleil de plusieurs jours, voire semaines. Les bougies blanches ont un coût encore plus élevé que celui des jaunes, et elles sont presque exclusivement utilisées dans les palais royaux. Le mot « chandelle » est donc réservé aux instruments faits de suif.
14
+
15
+ Dès le XIVe siècle en France, il existait une corporation des chandeliers-ciriers-huiliers rangée sous la bannière de Saint Nicolas. Les principales opérations du métier consistaient à clarifier le suif et la cire, à couper et à ajuster les mèches de deux fils de coton et d’un fil de chanvre, à les attacher par rangées à une baguette, à les plonger et à les replonger, jusqu’à ce qu’elles aient acquis la grosseur et le poids convenable, dans le vase qui contient le suif ou la cire en fusion. Cette corporation était très réglementée pour éviter les falsifications : il était notamment interdit de mêler la vieille cire avec la nouvelle, le suif de mouton avec le suif de vache, et de mettre, aux mèches, plus d’étoupe que de coton.
16
+
17
+ La noblesse et le clergé s'éclairaient avec des cierges en cire d'abeille et laissaient au peuple français l'éclairage au suif. Le cierge de cire conserve les avantages de la chandelle et en élimine les défauts. Mais son prix (sous Louis XIV le coût d'une bougie équivalait au salaire journalier d'un ouvrier spécialisé soit environ 2,5 Livres) en limite la diffusion aux plus hautes sphères de la société et notamment à la Royauté.
18
+
19
+ La bougie comme telle fut développée au milieu du XIXe siècle et se distingue de la chandelle par sa matière première et par l'utilisation de mèches de coton tressé. Le tressage permet à la mèche de se courber et de se consumer : inutile alors de la moucher. La misérable chandelle commence alors à disparaître.
20
+
21
+ En 1783, le chimiste suédois Carl Scheele (1742-1786) avait, dans le cadre de ses recherches sur le savon, fait bouillir de l'huile d'olive avec de l'oxyde de plomb et obtenu une substance au goût sucré qu'il avait appelée Ölsüss et que l'on connaît maintenant sous le nom de glycérine. En 1823, le chimiste français Michel-Eugène Chevreul (1786-1889), poussé par cette découverte, découvrit que ce ne sont pas les corps gras qui se combinent avec l'alcali pour former le savon, mais qu'ils sont d'abord décomposés en acides gras et en glycérine (ou glycérol). Chevreul est ainsi à l'origine de la théorie de la saponification. Ses études chimiques le conduisent à inventer la bougie stéarique (à base d'un acide gras particulier : l'acide stéarique) — notre bougie actuelle — qui remplace définitivement en 1825 la chandelle de suif.
22
+
23
+ Ces deux éléments seront à la base d'une industrialisation massive de la bougie et du savon. Désormais, savonniers et ciriers appartiennent à la même corporation, dont Nantes devient la capitale. Aujourd'hui encore, 80 % de la production française de bougies provient de la région nantaise.
24
+
25
+ L'apparition de la paraffine solide (distillat du pétrole) et de la stéarine (extrait de graisse animale et végétale) permet désormais la production de bougies de meilleure qualité.
26
+
27
+ Le principe du fonctionnement de la bougie repose sur un phénomène d'auto-alimentation.
28
+
29
+ Une bougie est constituée d’un bloc de stéarine enrobé de paraffine dont le centre est traversé par une mèche, en fil de coton tressé imbibée d'acide borique.
30
+
31
+ Lorsque l’on allume la bougie, l’air surchauffé fait fondre la stéarine à proximité. La stéarine fondue monte le long de la mèche par capillarité où elle se vaporise et se décompose en un gaz combustible au contact de la flamme. Ce gaz combustible, en s'oxydant rapidement dans l'air, entretient la flamme qui fait fondre la stéarine et la paraffine, ce qui permet au processus de continuer.
32
+
33
+ La paraffine, étant moins fusible que la stéarine, fond plus lentement, permettant la formation d'une coupelle au centre de laquelle se trouve la mèche. Ainsi, la bougie « coule » moins que les chandelles ou les cierges, ce qui permet une plus longue durée d'utilisation pour une quantité de matière donnée. Certains fabricants ménagent des cheminées dans le bloc de stéarine sur toute la longueur de la bougie, permettant ainsi à la stéarine fondue en excès de couler vers l'intérieur augmentant encore la durée d'utilisation.
34
+
35
+ La mèche d'une bougie est constituée d'une tresse de fils de coton qui se courbe en s'allongeant. L'extrémité de la mèche se trouve dès lors placée dans une partie extrêmement chaude de la flamme et exposée à l'oxygène. Elle va alors brûler et être réduite en cendre. L'acide borique qui imbibe la tresse sert de fondant en régissant avec les résidus de chaux présents dans la stéarine. Sans cela, la chaux engorgerait la mèche et diminuerait sa capillarité[1]. Avec les mèches tressées et imbibées, l'éclairage à la bougie est devenu automatique, permettant plusieurs heures d'éclairage sans aucune manipulation.
36
+
37
+ En partant de la mèche, en allant vers le haut, la flamme d'une bougie comporte trois parties distinctes. Juste au-dessus de la mèche, se trouve une zone sombre qui correspond à l'échappement des gaz combustibles. Elle est suivie d'une zone bleue étroite dans laquelle les gaz combustibles entrent en contact avec l'oxygène de l'air et où se produit la combustion, la température de cette zone est d'environ 1 200 °C. Cette combustion est incomplète et laisse dans la troisième zone un résidu de particules de carbone qui sont chauffées à 1 500 °C par la combustion. C'est cette partie de la flamme qui est la partie éclairante d'une bougie. À mesure que les gaz et les particules s'élèvent vers le haut dans la flamme, leur température baisse et la couleur vire à l'orange et au rouge. Par principe une bougie produit des suies.
38
+
39
+ Une bougie s'éteint lorsque l'on souffle sur sa flamme car on rompt le triangle du feu ce qui stoppe instantanément sa combustion. Dans une chambre de combustion, on retrouve également ce terme de « flamme soufflée » lorsque le mélange carburant–air est trop pauvre. L'odeur de bougie que l'on perçoit à l'extinction d'une bougie est celle des gaz combustibles qui continuent de s'échapper de la mèche tant qu'elle reste suffisamment chaude pour fondre la stéarine. C'est également l'émanation de ce gaz qui permet de rallumer la bougie encore chaude à distance.
40
+
41
+ La cire à bougie passe gazeuse vers les 900 °C.
42
+
43
+ Pour déterminer l'énergie produite par la combustion d'une bougie, la stéarine ou tristéarine peut être considérée comme étant le combustible principal. Ce composé chimique, de formule
44
+
45
+
46
+
47
+
48
+ C
49
+
50
+ 57
51
+
52
+
53
+
54
+ H
55
+
56
+ 110
57
+
58
+
59
+
60
+ O
61
+
62
+ 6
63
+
64
+
65
+
66
+
67
+ {\displaystyle C_{57}H_{110}O_{6}}
68
+
69
+ , a une masse molaire
70
+
71
+
72
+
73
+ M
74
+ (
75
+
76
+ C
77
+
78
+ 57
79
+
80
+
81
+
82
+ H
83
+
84
+ 110
85
+
86
+
87
+
88
+ O
89
+
90
+ 6
91
+
92
+
93
+ )
94
+ =
95
+ 891
96
+ g
97
+ .
98
+ m
99
+ o
100
+
101
+ l
102
+
103
+
104
+ 1
105
+
106
+
107
+
108
+
109
+ {\displaystyle M(C_{57}H_{110}O_{6})=891g.mol^{-1}}
110
+
111
+ [2]. La stéarine s'oxyde au contact de l'air suivant la réaction:
112
+
113
+ C
114
+
115
+ 57
116
+
117
+
118
+
119
+ H
120
+
121
+ 110
122
+
123
+
124
+
125
+ O
126
+
127
+ 6
128
+
129
+
130
+
131
+
132
+ (
133
+ g
134
+ )
135
+
136
+
137
+ +
138
+ 163
139
+
140
+ /
141
+
142
+ 2
143
+  
144
+
145
+
146
+
147
+ O
148
+
149
+ 2
150
+
151
+
152
+
153
+
154
+ (
155
+ g
156
+ )
157
+
158
+
159
+
160
+ 57
161
+  
162
+
163
+
164
+ C
165
+
166
+ O
167
+
168
+ 2
169
+
170
+
171
+
172
+
173
+ (
174
+ g
175
+ )
176
+
177
+
178
+ +
179
+ 55
180
+  
181
+
182
+
183
+
184
+ H
185
+
186
+ 2
187
+
188
+
189
+ O
190
+
191
+
192
+ (
193
+ g
194
+ )
195
+
196
+
197
+
198
+
199
+ {\displaystyle {C_{57}H_{110}O_{6}}_{(g)}+163/2\ {O_{2}}_{(g)}\longrightarrow 57\ {CO_{2}}_{(g)}+55\ {H_{2}O}_{(g)}}
200
+
201
+ La formule topologique de la stéarine[2] permet de déterminer les liaisons qui se dissocient au cours de la réaction:
202
+
203
+ Il faut ensuite compter la condensation des 57 atomes de carbone, dont l'enthalpie a une valeur de
204
+
205
+
206
+
207
+
208
+ Δ
209
+
210
+ r
211
+
212
+
213
+
214
+ H
215
+
216
+ c
217
+ o
218
+ n
219
+ d
220
+
221
+
222
+ o
223
+
224
+
225
+ =
226
+ 717
227
+  
228
+ k
229
+ J
230
+ .
231
+ m
232
+ o
233
+
234
+ l
235
+
236
+
237
+ 1
238
+
239
+
240
+
241
+
242
+ {\displaystyle \Delta _{r}H_{cond}^{o}=717\ kJ.mol^{-1}}
243
+
244
+ [3]
245
+
246
+ Ensuite se forment les produits de la réaction:
247
+
248
+ La loi de Hess permet de déterminer l'enthalpie standard de la réaction totale. Ainsi la combustion de la stéarine libère une énergie de 40,2 kJ/g.
249
+
250
+ Par exemple, une bougie dite "chauffe-plats", constituée en moyenne de 10 g de combustible, représente une énergie potentielle chimique de 402 kJ que la combustion libérera sous forme de chaleur et de rayonnements.
251
+
252
+ La bougie constitue toujours une source de lumière de dépannage, mais ses utilisations ordinaires ne sont plus de l'ordre de l'utilitaire.
253
+
254
+ Pendant longtemps, les bougies ont servi à mesurer le temps. Elles auraient été inventées par Alfred le Grand au IXe siècle afin de fixer les heures de ses prières nocturnes. Ces bougies étaient graduées; en brûlant, la cire restante indiquait le temps écoulé.
255
+
256
+ Elle symbolise ainsi les années écoulées sur les gâteaux d'anniversaire. Cet usage est issu d'anciennes croyances liées au feu et à la lumière. Dans la Rome antique, il semble que l'anniversaire du pater familias était célébré de cette manière. Le fait de souffler des bougies le jour de son anniversaire proviendrait d'une tradition qui, à l'origine, permettait aux personnes les plus âgées de montrer que malgré les années elles étaient encore aptes à cet exercice (et donc en suffisamment bonne santé). Aujourd'hui, les bougies d'anniversaire empruntent diverses formes, répondent à des goûts divers et on les souffle simplement dans l'espoir de voir se réaliser un souhait[4].
257
+
258
+ Le Carnaval de Rome se clôturait jadis par une grandiose bataille de bougies via del Corso. Le jeu consistait à porter une bougie allumée, appelée en italien moccolo, et éteindre celles des autres. Il y avait des milliers de participants à cette joyeuse festivité de nuit où l'on s'apostrophait avec vigueur[5].
259
+
260
+ Elle sert de décoration des sapins de Noël (avec des risques importants d'incendie d'où son remplacement par des bougies électriques qui imitent les vraies) et des carillons d'anges.
261
+
262
+ Elle crée aussi l'intimité lors d'un dîner aux chandelles, au restaurant ou chez soi, à moins qu'elle ne se multiplie sur les lustres et les chandeliers dans des reconstitutions historiques parfois approximatives (la bougie ne produisant pas assez de lumière pour la caméra, les cinéastes ajoutent un éclairage artificiel, donnant une idée fausse de leur luminosité réelle) ou des réceptions.
263
+
264
+ L'emploi des bougies est toujours de mise dans les rituels religieux (on parle alors de cierge) comme le cierge pascal chrétien et participe à l'éclairage des cérémonies. La piété catholique est également toujours utilisatrice des bougies allumées en accompagnement d'une prière, tout particulièrement quand elle est adressée à la Vierge Marie ou à des saints : le geste de faire brûler un cierge en remerciement perdure très largement.
265
+
266
+ La bougie est aussi utilisée dans d'autres religions ou apparentés, telle la Wicca.
267
+
268
+ Les bougies auraient plusieurs propriétés dites magiques selon leur couleur, leur odeur et leur forme.
269
+
270
+ La bougie peut être utilisée pour parfumer un lieu.
271
+
272
+ Autres usages : bougie auriculaire ou bougie d'oreille.
273
+
274
+ Au Maghreb, en dehors des utilisations pour diverses fêtes (empruntées à l'Europe), l'utilisation principale concerne l'offrande aux marabouts. Mais elles ne sont pas allumées et constituent une aide pour l'entretien des lieux (la zaouia), elles sont revendues aux futurs visiteurs. On emploie aussi des bougies de cire d'abeille qui sont décorées et présentées lors des grandes fêtes (mariage, retour du hajj...), elles ne sont jamais allumées et restent comme décor dans la maison.
275
+
276
+ De nos jours les bougies servent aussi à pratiquer des massages. Pour pratiquer des massages à l'aide de ces bougies on utilise en général des cires naturelles comme la cire d'abeille associées à de la stéarine ou des huiles végétales pour abaisser le point de fusion des bougies et éviter toute brûlure. La baisse du point de fusion permet notamment l'ajout d'huiles essentielles dans ces bougies sans risques de voir les bougies prendre feu à l'allumage.
277
+
278
+ On trouve aussi de nos jours des modules en plastique pouvant servir à créer des bougies soi-même. En effet pour ce type de bougies, il suffit de mettre de l'eau dans un récipient puis d'y ajouter de l'huile végétale. C'est cette huile végétale qui va servir de combustible pour la bougie.
279
+
280
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/724.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,268 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ En géométrie dans l'espace, une sphère est une surface constituée de tous les points situés à une même distance d'un point appelé centre. La valeur de cette distance au centre est appelée le rayon de la sphère. La géométrie sphérique est la science qui étudie les propriétés des sphères. La surface de la Terre peut, en première approximation, être modélisée par une sphère dont le rayon est d'environ 6 371 km.
2
+
3
+ Plus généralement en mathématiques, dans un espace métrique, une sphère est l'ensemble des points situés à même distance d'un centre. Leur forme peut alors être très différente de la forme ronde usuelle. Une sphère est également un ellipsoïde dégénéré.
4
+
5
+ Les points dont la distance au centre est inférieure ou égale au rayon constituent une boule.
6
+
7
+
8
+
9
+ En géométrie cartésienne, une sphère de centre
10
+
11
+
12
+
13
+ (
14
+
15
+ x
16
+
17
+ 0
18
+
19
+
20
+ ,
21
+
22
+ y
23
+
24
+ 0
25
+
26
+
27
+ ,
28
+
29
+ z
30
+
31
+ 0
32
+
33
+
34
+ )
35
+
36
+
37
+ {\displaystyle (x_{0},y_{0},z_{0})}
38
+
39
+ et de rayon
40
+
41
+
42
+
43
+ r
44
+
45
+
46
+ {\displaystyle r}
47
+
48
+ est l'ensemble des points
49
+
50
+
51
+
52
+ (
53
+ x
54
+ ,
55
+ y
56
+ ,
57
+ z
58
+ )
59
+
60
+
61
+ {\displaystyle (x,y,z)}
62
+
63
+ tels que[Note 1] :
64
+
65
+ Les points de la sphère de rayon r et de centre l'origine du repère peuvent être paramétrés par :
66
+
67
+ On peut voir
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+ θ
73
+
74
+
75
+
76
+ {\displaystyle \displaystyle \theta }
77
+
78
+ comme la latitude et
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ ϕ
84
+
85
+
86
+
87
+ {\displaystyle \displaystyle \phi }
88
+
89
+ comme la longitude. (Voir fonctions trigonométriques et coordonnées sphériques.)
90
+
91
+ L'aire d'une sphère de rayon
92
+
93
+
94
+
95
+ r
96
+
97
+
98
+ {\displaystyle r}
99
+
100
+ est :
101
+
102
+ Le volume de la boule qu'elle renferme est :
103
+
104
+ Sa compacité, c'est-à-dire le rapport entre son volume et sa surface est de
105
+
106
+ Le moment d'inertie d'une boule homogène de rayon
107
+
108
+
109
+
110
+ r
111
+
112
+
113
+ {\displaystyle r}
114
+
115
+ , de masse volumique
116
+
117
+
118
+
119
+ ρ
120
+
121
+
122
+ {\displaystyle \rho }
123
+
124
+ et de masse M, par rapport à un axe passant par son centre est :
125
+
126
+ Le moment d'inertie d'une sphère homogène de rayon
127
+
128
+
129
+
130
+ r
131
+
132
+
133
+ {\displaystyle r}
134
+
135
+ et de masse M, par rapport à un axe passant par son centre est :
136
+
137
+ L'élément d'aire de la sphère de rayon
138
+
139
+
140
+
141
+ r
142
+
143
+
144
+ {\displaystyle r}
145
+
146
+ dans les coordonnées latitude-longitude est
147
+
148
+
149
+
150
+
151
+ d
152
+
153
+ σ
154
+ =
155
+
156
+ r
157
+
158
+ 2
159
+
160
+
161
+ cos
162
+
163
+ θ
164
+
165
+ d
166
+
167
+ θ
168
+ d
169
+ ϕ
170
+
171
+
172
+ {\displaystyle \mathrm {d} \sigma =r^{2}\cos \theta \mathrm {d} \theta d\phi }
173
+
174
+ . On en déduit que l'aire d'un fuseau (portion limitée par deux demi-cercles joignant les pôles et faisant un angle
175
+
176
+
177
+
178
+ α
179
+
180
+
181
+ {\displaystyle \alpha }
182
+
183
+ exprimé en radians) est
184
+
185
+
186
+
187
+ 2
188
+ α
189
+
190
+ r
191
+
192
+ 2
193
+
194
+
195
+
196
+
197
+ {\displaystyle 2\alpha r^{2}}
198
+
199
+ .
200
+
201
+ Cela permet aussi de calculer l'aire d'une zone sphérique, c’est-à-dire d'une portion de sphère limitée par deux plans parallèles qui intersectent la sphère (ou lui sont tangents). On trouve
202
+
203
+
204
+
205
+ 2
206
+ π
207
+ r
208
+ h
209
+
210
+
211
+ {\displaystyle 2\pi rh}
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+
217
+ h
218
+
219
+
220
+ {\displaystyle h}
221
+
222
+ désigne la distance des deux plans : l'aire est la même que celle d'un cylindre circulaire de même hauteur tangent à la sphère (cylindre circonscrit). Ce résultat remarquable est démontré par Archimède dans son traité De la sphère et du cylindre[1]. Selon Cicéron, Archimède aurait demandé que soient gravés sur son tombeau, en mémoire de ce résultat, une sphère et son cylindre circonscrit[2].
223
+
224
+ Le cylindre circonscrit à une sphère donnée a un volume égal à 1,5 fois le volume de la sphère.
225
+
226
+ La sphère a la plus petite aire parmi les surfaces renfermant un volume donné et renferme le volume le plus élevé parmi les surfaces d'une aire donnée. Elle est la réponse à la question d'isopérimétrie pour l'espace euclidien de dimension 3. Pour cette raison, la sphère apparaît dans la nature, par exemple les bulles et gouttes d'eau (en l'absence de gravité) sont des sphères car la tension superficielle essaie de minimiser l'aire.
227
+
228
+ Par quatre points non coplanaires A, B, C et D (ABCD est un tétraèdre non aplati), il passe une seule et unique sphère, appelée sa sphère circonscrite.
229
+
230
+ Les plans médiateurs des arêtes du tétraèdre se coupent au centre de la sphère.
231
+
232
+ On peut démontrer que la sphère est une surface non développable. Il n'existe pas de patron de la sphère.
233
+ Néanmoins il est possible, en pratique, d'obtenir des surfaces développables approchant la sphère très fidèlement, c'est le cas de tous les ballons cousus. Voir : ballon de football (icosaèdre tronqué), ballon de volley-ball, et ballon fantaisie (en fuseaux de pôle à pôle.)
234
+
235
+ Notez que la pression interne gauchit les surfaces et fidélise l'approche… Plus on gonfle plus la sphère s'approche de la perfection.
236
+
237
+ On peut généraliser le concept de sphère à un espace de dimension entière quelconque.
238
+ Pour tout entier naturel n, une n-sphère de rayon r est l'ensemble des points de l'espace euclidien à (n+1) dimensions qui sont à distance fixée r d'un point de cet espace (r est un réel strictement positif). Par exemple :
239
+
240
+ Les sphères de dimension n > 2 sont parfois appelées hypersphères. La n-sphère de rayon 1 est notée Sn.
241
+
242
+ L'aire d'une (n−1)-sphère de rayon r est
243
+
244
+ où Γ est la fonction gamma d'Euler
245
+
246
+ et le volume d'une n-boule de rayon r est égal au produit de cette aire par
247
+
248
+
249
+
250
+
251
+
252
+ r
253
+ n
254
+
255
+
256
+
257
+
258
+ {\displaystyle {r \over n}}
259
+
260
+ , donc à
261
+
262
+ Selon le contexte, en particulier en topologie, le mot sphère (ou n-sphère si on veut rappeler la dimension) peut être utilisé pour désigner n'importe quel espace topologique homéomorphe à une n-sphère au sens défini dans la section précédente[3].
263
+
264
+ La caractéristique d'Euler d'une n-sphère vaut 2 si n est pair, et 0 si n est impair.
265
+
266
+ Dans les logiciels de CAO ou d'infographie (par exemple[4] Blender), la sphère est très utilisée en tant que primitive géométrique. Les caractéristiques du maillage qui sert à sa représentation sont précisées par l'utilisateur (ajustement de la finesse).
267
+
268
+ C'est une variété (de dimension 2, sans bord).
fr/725.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,268 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ En géométrie dans l'espace, une sphère est une surface constituée de tous les points situés à une même distance d'un point appelé centre. La valeur de cette distance au centre est appelée le rayon de la sphère. La géométrie sphérique est la science qui étudie les propriétés des sphères. La surface de la Terre peut, en première approximation, être modélisée par une sphère dont le rayon est d'environ 6 371 km.
2
+
3
+ Plus généralement en mathématiques, dans un espace métrique, une sphère est l'ensemble des points situés à même distance d'un centre. Leur forme peut alors être très différente de la forme ronde usuelle. Une sphère est également un ellipsoïde dégénéré.
4
+
5
+ Les points dont la distance au centre est inférieure ou égale au rayon constituent une boule.
6
+
7
+
8
+
9
+ En géométrie cartésienne, une sphère de centre
10
+
11
+
12
+
13
+ (
14
+
15
+ x
16
+
17
+ 0
18
+
19
+
20
+ ,
21
+
22
+ y
23
+
24
+ 0
25
+
26
+
27
+ ,
28
+
29
+ z
30
+
31
+ 0
32
+
33
+
34
+ )
35
+
36
+
37
+ {\displaystyle (x_{0},y_{0},z_{0})}
38
+
39
+ et de rayon
40
+
41
+
42
+
43
+ r
44
+
45
+
46
+ {\displaystyle r}
47
+
48
+ est l'ensemble des points
49
+
50
+
51
+
52
+ (
53
+ x
54
+ ,
55
+ y
56
+ ,
57
+ z
58
+ )
59
+
60
+
61
+ {\displaystyle (x,y,z)}
62
+
63
+ tels que[Note 1] :
64
+
65
+ Les points de la sphère de rayon r et de centre l'origine du repère peuvent être paramétrés par :
66
+
67
+ On peut voir
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+ θ
73
+
74
+
75
+
76
+ {\displaystyle \displaystyle \theta }
77
+
78
+ comme la latitude et
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ ϕ
84
+
85
+
86
+
87
+ {\displaystyle \displaystyle \phi }
88
+
89
+ comme la longitude. (Voir fonctions trigonométriques et coordonnées sphériques.)
90
+
91
+ L'aire d'une sphère de rayon
92
+
93
+
94
+
95
+ r
96
+
97
+
98
+ {\displaystyle r}
99
+
100
+ est :
101
+
102
+ Le volume de la boule qu'elle renferme est :
103
+
104
+ Sa compacité, c'est-à-dire le rapport entre son volume et sa surface est de
105
+
106
+ Le moment d'inertie d'une boule homogène de rayon
107
+
108
+
109
+
110
+ r
111
+
112
+
113
+ {\displaystyle r}
114
+
115
+ , de masse volumique
116
+
117
+
118
+
119
+ ρ
120
+
121
+
122
+ {\displaystyle \rho }
123
+
124
+ et de masse M, par rapport à un axe passant par son centre est :
125
+
126
+ Le moment d'inertie d'une sphère homogène de rayon
127
+
128
+
129
+
130
+ r
131
+
132
+
133
+ {\displaystyle r}
134
+
135
+ et de masse M, par rapport à un axe passant par son centre est :
136
+
137
+ L'élément d'aire de la sphère de rayon
138
+
139
+
140
+
141
+ r
142
+
143
+
144
+ {\displaystyle r}
145
+
146
+ dans les coordonnées latitude-longitude est
147
+
148
+
149
+
150
+
151
+ d
152
+
153
+ σ
154
+ =
155
+
156
+ r
157
+
158
+ 2
159
+
160
+
161
+ cos
162
+
163
+ θ
164
+
165
+ d
166
+
167
+ θ
168
+ d
169
+ ϕ
170
+
171
+
172
+ {\displaystyle \mathrm {d} \sigma =r^{2}\cos \theta \mathrm {d} \theta d\phi }
173
+
174
+ . On en déduit que l'aire d'un fuseau (portion limitée par deux demi-cercles joignant les pôles et faisant un angle
175
+
176
+
177
+
178
+ α
179
+
180
+
181
+ {\displaystyle \alpha }
182
+
183
+ exprimé en radians) est
184
+
185
+
186
+
187
+ 2
188
+ α
189
+
190
+ r
191
+
192
+ 2
193
+
194
+
195
+
196
+
197
+ {\displaystyle 2\alpha r^{2}}
198
+
199
+ .
200
+
201
+ Cela permet aussi de calculer l'aire d'une zone sphérique, c’est-à-dire d'une portion de sphère limitée par deux plans parallèles qui intersectent la sphère (ou lui sont tangents). On trouve
202
+
203
+
204
+
205
+ 2
206
+ π
207
+ r
208
+ h
209
+
210
+
211
+ {\displaystyle 2\pi rh}
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+
217
+ h
218
+
219
+
220
+ {\displaystyle h}
221
+
222
+ désigne la distance des deux plans : l'aire est la même que celle d'un cylindre circulaire de même hauteur tangent à la sphère (cylindre circonscrit). Ce résultat remarquable est démontré par Archimède dans son traité De la sphère et du cylindre[1]. Selon Cicéron, Archimède aurait demandé que soient gravés sur son tombeau, en mémoire de ce résultat, une sphère et son cylindre circonscrit[2].
223
+
224
+ Le cylindre circonscrit à une sphère donnée a un volume égal à 1,5 fois le volume de la sphère.
225
+
226
+ La sphère a la plus petite aire parmi les surfaces renfermant un volume donné et renferme le volume le plus élevé parmi les surfaces d'une aire donnée. Elle est la réponse à la question d'isopérimétrie pour l'espace euclidien de dimension 3. Pour cette raison, la sphère apparaît dans la nature, par exemple les bulles et gouttes d'eau (en l'absence de gravité) sont des sphères car la tension superficielle essaie de minimiser l'aire.
227
+
228
+ Par quatre points non coplanaires A, B, C et D (ABCD est un tétraèdre non aplati), il passe une seule et unique sphère, appelée sa sphère circonscrite.
229
+
230
+ Les plans médiateurs des arêtes du tétraèdre se coupent au centre de la sphère.
231
+
232
+ On peut démontrer que la sphère est une surface non développable. Il n'existe pas de patron de la sphère.
233
+ Néanmoins il est possible, en pratique, d'obtenir des surfaces développables approchant la sphère très fidèlement, c'est le cas de tous les ballons cousus. Voir : ballon de football (icosaèdre tronqué), ballon de volley-ball, et ballon fantaisie (en fuseaux de pôle à pôle.)
234
+
235
+ Notez que la pression interne gauchit les surfaces et fidélise l'approche… Plus on gonfle plus la sphère s'approche de la perfection.
236
+
237
+ On peut généraliser le concept de sphère à un espace de dimension entière quelconque.
238
+ Pour tout entier naturel n, une n-sphère de rayon r est l'ensemble des points de l'espace euclidien à (n+1) dimensions qui sont à distance fixée r d'un point de cet espace (r est un réel strictement positif). Par exemple :
239
+
240
+ Les sphères de dimension n > 2 sont parfois appelées hypersphères. La n-sphère de rayon 1 est notée Sn.
241
+
242
+ L'aire d'une (n−1)-sphère de rayon r est
243
+
244
+ où Γ est la fonction gamma d'Euler
245
+
246
+ et le volume d'une n-boule de rayon r est égal au produit de cette aire par
247
+
248
+
249
+
250
+
251
+
252
+ r
253
+ n
254
+
255
+
256
+
257
+
258
+ {\displaystyle {r \over n}}
259
+
260
+ , donc à
261
+
262
+ Selon le contexte, en particulier en topologie, le mot sphère (ou n-sphère si on veut rappeler la dimension) peut être utilisé pour désigner n'importe quel espace topologique homéomorphe à une n-sphère au sens défini dans la section précédente[3].
263
+
264
+ La caractéristique d'Euler d'une n-sphère vaut 2 si n est pair, et 0 si n est impair.
265
+
266
+ Dans les logiciels de CAO ou d'infographie (par exemple[4] Blender), la sphère est très utilisée en tant que primitive géométrique. Les caractéristiques du maillage qui sert à sa représentation sont précisées par l'utilisateur (ajustement de la finesse).
267
+
268
+ C'est une variété (de dimension 2, sans bord).
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@@ -0,0 +1,63 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le maire est une personne physique représentant l'autorité municipale, chef et/ou représentant du pouvoir exécutif au niveau communal.
2
+
3
+ Les formes féminines admises sont la mairesse au Canada et en Suisse romande, le maire ou la maire en France. En Belgique, les deux appellations, la mairesse et la maire, sont admises[1].
4
+
5
+ Concernant les pays francophones, maire est utilisé comme titre en France, dans les provinces et territoires francophones ou bilingues du Canada, dans trois cantons de la Suisse romande (Genève, Jura et Berne), dans différents territoires autrefois sous domination française ainsi qu'en République démocratique du Congo (pour les villes).
6
+
7
+ Le titre correspondant en français de Belgique est bourgmestre, utilisé en Belgique, et au Luxembourg, et dans les communes (subdivisions d'une ville) de la République démocratique du Congo. Bourgmestre est linguistiquement lié aux titres des maires dans les pays germaniques : Oberbürgermeister (Allemagne), burgemeester (Pays-Bas et Région flamande), borgermester (Norvège), borgmester (Danemark), borgmästare (Suède), etc. En français de Belgique, on dit aussi le maïeur (terme non officiel mais d'usage courant, issu du wallon li mayeûr) pour le bourgmestre d'une commune wallone.
8
+
9
+ D'autres titres correspondants dans des régions francophones sont :
10
+
11
+ L'élection du maire ou sa désignation, son rôle et ses attributions sont variables selon les villes ou les pays concernés. Il peut être le détenteur du pouvoir exécutif au niveau d'une ville ou d'un village, comme en France, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Dans un gouvernement à gérance municipale, comme dans certaines villes du Canada et des États-Unis, le maire n'a qu'un rôle protocolaire, le conseil étant le détenteur du pouvoir exécutif.
12
+
13
+ Le substantif masculin[4],[5],[6],[7] « maire » est la substantivation[4],[5] de l'ancien français[5],[7] maire[4],[5],[6],[7], adjectif[4],[5],[6] signifiant proprement,[6] « plus grand »[4],[5],[7],[8], lui-même issu du latin major[4],[5],[6],[7] (« plus grand »[4],[5],[6]), comparatif de magnus[5] (« grand »[5]). Il est à rapprocher des adjectifs mayor (en espagnol) ou maggiore (en italien), qui ont le même sens, tous provenant du latin major[9]. Le mot n'est plus usité en français moderne que pour désigner le représentant de l'autorité municipale.
14
+
15
+ La substantivation de l'ancien français maior, cas régime de l'adjectif maire, a donné les substantifs masculins « maïeur » et « mayeur »[10].
16
+
17
+ Selon la répartition des compétences dans le système fédéral canadien, les municipalités sont de juridiction exclusivement provinciale. Le rôle du maire et le fonctionnement des municipalités est donc différent d'une province à l'autre.
18
+
19
+ Au Québec, les maires sont élus tous les 4 ans à date fixe. L'élection du maire se fait indépendamment de celle des conseillers. À l'exception de la ville de Montréal, un candidat à la mairie ne peut se présenter aussi comme conseiller. Le maire incarne, de concert avec les conseillers municipaux, les pouvoirs exécutifs de la municipalité. Il possède aussi un droit de veto qui lui permet de refuser d'approuver une décision pourtant majoritaire du conseil municipal. Toutefois ce droit de veto est dit suspensif, c'est-à-dire qu'il ne permet que de repousser à une séance ultérieure du conseil municipal la question soulevée. Si la disposition est adoptée de nouveau, le maire ne peut plus y mettre son veto. Il doit l'accepter.
20
+
21
+ Selon l'article 52 de la Loi sur les cités et villes (L.R.Q., c. C-19), les pouvoirs du maire se décrivent comme suit : « Le maire exerce le droit de surveillance, d'investigation et de contrôle sur tous les départements et les fonctionnaires ou employés de la municipalité, et voit spécialement à ce que les revenus de la municipalité soient perçus et dépensés suivant la loi, et à ce que les règlements et les ordonnances du conseil soient fidèlement et impartialement mis à exécution. Il soumet au conseil tout projet qu'il croit nécessaire ou utile, et lui communique toutes informations et suggestions relatives à l'amélioration des finances, de la police, de la santé, de la sûreté, de la propreté, au bien-être et au progrès de la municipalité ». Le maire possède également un pouvoir de suspension des employés et des fonctionnaires municipaux, pouvoir qui est toutefois soumis à certaines conditions (art 52 al.2 LCV). Le Code municipal du Québec (L.R.Q., c. C-27.1) prescrit lui aussi à peu près les mêmes pouvoirs (art. 142 CM).
22
+
23
+ Le Code civil du Québec octroie également au maire le pouvoir de célébrer les mariages civils (art. 366 C.c.Q.).
24
+
25
+ Advenant une absence temporaire ou permanente du poste de maire, un maire suppléant exerce l'entièreté des pouvoirs du premier magistrat, à l'exception du droit de veto, et ce jusqu'à l'élection ou la désignation par le conseil d'un nouveau maire. La Loi sur les cités et villes exige qu'un maire suppléant soit toujours nommé par le conseil pour une période de 4 mois[11]. Le terme pro-maire est également utilisé pour désigner le maire-suppléant[12].
26
+
27
+ À Montréal, on désigne par le mot maire aussi les dirigeants principaux des arrondissements.
28
+
29
+ L'Office québécois de la langue française privilégie l'emploi du mot mairesse, pour désigner une femme exerçant de telles fonctions, mais accepte l’emploi de une maire[13].
30
+
31
+ Aux États-Unis, le maire est appelé Mayor et est à la tête du gouvernement municipal.
32
+
33
+ En France, le maire est élu par le conseil municipal, depuis la loi municipale du 5 avril 1884, qui institue notamment l’élection du maire et de ses adjoints par le conseil municipal[14] pour un mandat, initialement de 4 ans[15], puis, en 1929[16], de six ans renouvelable. La fonction de maire ne peut être exercée que par un citoyen français titulaire de ses droits civils et civiques. Il est secondé par des adjoints également élus par le conseil municipal en son sein.
34
+
35
+ Les maires français ont un rôle important car ils assurent une double fonction, en étant à la fois agent de l’État et agent de la commune en tant que collectivité territoriale. Ils exécutent les délibérations du conseil municipal, qu'ils président et dont ils fixent l'ordre du jour, mais disposent aussi de pouvoirs propres importants, en matière d'urbanisme, de police administrative (ordre public) et de personnel dont ils assument le recrutement et la direction, notamment.
36
+
37
+ Si les rôles et responsabilités des maires sont identiques globalement, quelle que soit la taille de la commune, des règles particulières s'appliquent néanmoins aux trois plus grandes villes françaises, Paris, Lyon et Marseille, à la banlieue parisienne, et, pour des raisons historiques, aux communes de l'Alsace-Moselle.
38
+
39
+ Les fonctions de maire donnent lieu à l'attribution d'une indemnité fixée selon la taille de la commune et votée par le conseil municipal.
40
+
41
+ Officiellement, c’est le 11 mars 1986 que le Premier ministre français Laurent Fabius adresse aux membres de son gouvernement une circulaire prescrivant la féminisation des noms de métiers, des fonctions, grades ou titres dans les textes réglementaires et dans tous les documents officiels émanant des administrations et établissements publics de la République française. Cette circulaire n'a depuis jamais été abrogée. Elle est réaffirmée par la circulaire du 6 mars 1998. En 1999, le CNRS - Institut national de la langue française publie un guide d’aide à la féminisation des noms de métiers qui suggère d'utiliser « madame la maire » et « une maire » en français[17].L'Académie française recommandait l'usage de la forme classique « madame le maire » et « un maire », jusqu'en 2019, où est admis l'usage de l'article féminin pour marquer la féminisation des noms de métier ou de fonction se terminant par un « e » muet. [18]
42
+
43
+ En Italie, le maire de la commune est appelé sindaco, sindaci au pluriel (au féminin, sindaca et sindache) à part dans la vallée d'Aoste où le français syndic est utilisé.
44
+
45
+ Les maires de Malte sont appelés sindki (sindku au singulier).
46
+
47
+ Pour désigner le chef de l’administration municipale en Pologne, il existe trois termes selon la taille de la commune et ou de la ville :
48
+
49
+ Par ailleurs les chefs de village (sections de commune) ont le titre de sołtys, traduit en français comme prévôt ou comme maire.
50
+
51
+ La fonction de président du conseil municipal et celle de chef de l'exécutif communal sont séparées.
52
+
53
+ Le terme polonais de Mer pour maire mer (pl)) est employé (à l'exception de certaines courtes périodes) uniquement pour certains pays étrangers comme la Biélorussie, le Canada, la France, la Roumanie, la Russie, l'Ukraine.
54
+
55
+ En république démocratique du Congo, les villes sont subdivisées en communes. Le détenteur du pouvoir exécutif de la ville porte le titre de maire, et celui de bourgmestre au niveau communal. La capitale, Kinshasa a un gouverneur.
56
+
57
+ En Angleterre et au pays de Galles, le terme de maire (en anglais mayor et en gallois maer) est attribué à l'un des conseillers élus, normalement pour un an seulement, qui n'a qu'un rôle cérémoniel. Dans quelques grandes villes, on emploie le titre de lord-maire (Lord Mayor). Le véritable chef de l'administration municipale est le leader of the council (« chef du conseil »).
58
+
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+ À Londres il y a un maire et un lord-maire, et leurs fonctions sont différentes :
60
+
61
+ En Écosse, le véritable chef de l'administration municipale est aussi le leader of the council (« chef du conseil »). Le provost, que l'on traduit généralement par « prévôt » ou « maire », n'a qu'un rôle cérémoniel (c'est l'un des conseillers élus). Dans les quatre villes principales de l'Écosse (Édimbourg, Glasgow, Dundee et Aberdeen), on emploie le titre de Lord Provost[a].
62
+
63
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
+
3
+ La Bourgogne-Franche-Comté (parfois abrégée BFC) est une région administrative située dans le Centre-Est de la France. D'une superficie de 47 784 km2, elle est la cinquième plus vaste des treize régions de France métropolitaine et rassemble huit départements : la Côte-d'Or, le Doubs, la Haute-Saône, le Jura, la Nièvre, la Saône-et-Loire, le Territoire de Belfort et l'Yonne. Sa population s'élevait à 2 811 423 habitants en 2017, ce qui en faisait la troisième région la moins peuplée et la deuxième la moins densément peuplée (58,8 hab./km2). Son chef-lieu est Dijon tandis que Besançon accueille le siège du conseil régional.
4
+
5
+ Elle est issue de la fusion administrative, le 1er janvier 2016, des deux anciennes régions de Bourgogne et de Franche-Comté.
6
+
7
+ La dénomination « Bourgogne-Franche-Comté », parfois abrégée « BFC »[1],[2] est un mot composé formé à partir du nom des deux régions fusionnées, dans l’ordre alphabétique.
8
+
9
+ Le conseil régional a lancé en février 2016 une concertation locale en ligne[3] où les internautes pouvaient soumettre leurs propositions ; à la date de clôture le 13 mars 2016, 1 461 personnes avaient participé et près de 71 % des suffrages ont opté pour la conservation de l'appellation plutôt que d'autres propositions comme Burgondie ou Séquanie.
10
+
11
+ À la suite de cette concertation et de l’avis du CESER, l’assemblée régionale confirme ce choix à l'unanimité[4] et transmettra la proposition au gouvernement qui devra être approuvée par décret en Conseil d'État, avant le 1er juillet 2016[5].
12
+
13
+ La composition de la région en départements est la suivante.
14
+
15
+ La région est située dans le quart nord-est de la France. Elle est limitrophe des régions Grand Est au nord, Île-de-France et Centre-Val de Loire à l'ouest, Auvergne-Rhône-Alpes au sud, et elle partage une frontière avec la Suisse à l'est.
16
+
17
+ La région Bourgogne-Franche-Comté, qui résulte de la fusion de deux collectivités territoriales (Bourgogne et Franche-Comté) décidée dans le cadre de la réforme territoriale de 2014, s’étend sur 47 784 km2. Elle est, en superficie, la sixième des treize régions de France métropolitaine, et possède ainsi un territoire de taille comparable à des pays tels que la Slovaquie, la Suisse ou l'Estonie. Elle est l'une des deux régions constitutives du Grand Est français avec la région Grand Est.
18
+
19
+ Le sous-sol contient de l'argile, du grès, du calcaire (qui fournit par exemple les pierres de construction du Châtillonnais, de Comblanchien et de Molay), du gypse et des alluvions (sablières de Lure) exploités dans des carrières et de nombreuses ressources anciennement exploitées dans des mines telles que des métaux précieux, du minerai de fer et du sel gemme : dans le Jura (salines d'Arc-et-Senans, de Salins-les-Bains et de Lons-le-Saunier) et en Haute-Saône avec les salines de Gouhenans, Saulnot et Mélecey.
20
+
21
+ La principale ressource du sous-sol est le charbon, dont l'extraction est abandonnée depuis la seconde moitié du XXe siècle, surtout localisée dans le sud de la Bourgogne avec les houillères de Blanzy formées de trois gisements : Blanzy, Épinac et Decize entourés de petits gisements restés indépendants : La Chapelle-sous-Dun et Aubigny-la-Ronce. L'important gisement du Sud Nivernais découvert assez récemment (son existence a été rendue publique en 1986) est inexploité pour ne pas nuire à l'environnement. À l'est, les bassins houillers des Vosges et du Jura comptent trois gisements sur le territoire comtois : le sous-vosgien et le bassin keupérien ont été exploités dans une moindre mesure que Blanzy, seules les houillères de Ronchamp, fermées en 1958 ayant été industrialisées ; le bassin stéphanien jurassien est uniquement prospecté et seules de faibles quantités de gaz y ont été extraites jusqu'en 1964. De l'anthracite est extrait à Sincey-lès-Rouvray jusqu'en 1908 et du lignite anciennement exploité en Côte-d'Or, dans l'Yonne et dans le Doubs. Le sous-sol contient également du schiste bitumineux, exploité de façon industrielle jusqu'en 1957 dans la mine des Télots près d'Autun et plus brièvement, dans l'entre-deux-guerres, dans celle de Creveney, non loin de Vesoul.
22
+
23
+ Trois principaux massifs montagneux marquent le paysage. Le massif des Vosges est situé au nord-est, le point culminant dans la région est le ballon d'Alsace (1 247 mètres). Le Jura s'étend sur toute la limite orientale et culmine dans le département homonyme au Crêt Pela (1 495 mètres), ce dernier est également le plus haut sommet de la région. Les Vosges et le Jura se rejoignent dans la Trouée de Belfort. Le Morvan occupe une place centrale dans la partie ouest, son point culminant est le Haut-Folin (901 mètres).
24
+
25
+ D'autres massifs plus modestes existent. Au nord-est du Morvan se trouve la côte d'Or, un escarpement créé par la formation d'un rift, qui culmine à 641 mètres d’altitude. Le Massif central atteint la partie sud de la région par le Mâconnais qui est dominé par la Mont Saint-Cyr (771 mètres).
26
+
27
+ Le mont d'Or (massif du Jura).
28
+
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+ Les Vosges saônoises.
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+
31
+ Le massif du mont Beuvray (Morvan).
32
+
33
+ Les principaux cours d'eau navigables sont la Saône et le Doubs. La Loire traverse le sud-ouest de la région au niveau de Nevers mais elle n'est pas praticable en raison des bancs de sable. La Seine y prend aussi sa source en Côte-d'Or.
34
+
35
+ Une partie du réseau hydrographique régional prend sa source en Suisse voisine (notamment le bassin versant de l'Allan).
36
+
37
+ La région possède des dizaines de lacs, comme le lac des Rousses, lac de Chalain, lac du Vernois, lac de Lamoura, lac de Vesoul-Vaivre, lac de Saint-Point (3e plus grand lac naturel de France), lac de Remoray, lac de Bonlieu, lac de Narlay, le lac des Settons, le lac de Pannecière et le fameux lac de Vouglans qui est la troisième retenue artificielle française avec 605 millions de mètres cubes. Dans les Vosges saônoises se trouve le Plateau des Mille étangs.
38
+
39
+ La Loire à Nevers.
40
+
41
+ Le lac de Vouglans.
42
+
43
+ Le Doubs à Rancenay.
44
+
45
+ La région des Mille étangs, en Haute-Saône.
46
+
47
+ La Bourgogne-Franche-Comté est un carrefour entre l'Allemagne, la Suisse, l'Italie à l'est et l'Île-de-France, la côte atlantique française à l'ouest, mais aussi entre le Benelux au nord et la mer Méditerranée au sud.
48
+
49
+ La région est composé d'un réseau d'un peu plus de 900 km d'autoroutes[6] : l'axe autoroutier principal est l'A6, dite Autoroute du Soleil, qui relie Paris et Lyon en traversant la région du nord-ouest au sud sur près de 300 km et dessert les villes d'Auxerre, Beaune, Chalon-sur-Saône et Mâcon. La seconde autoroute d'importance est l'A36, surnommée La Comtoise, qui part de Beaune, au centre de la région, et part vers l'est pour rejoindre l'Alsace et la frontière allemande au niveau de Mulhouse. Parcourant environ 200 km au sein de la Bourgogne-Franche-Comté, elle dessert les agglomérations de Dole, Besançon, Montbéliard et Belfort. Comptabilisant 120 km sur le territoire régional, l'A39 relie Dijon au sud de la région selon un axe nord-sud qui permet de délester l'A6 en passant à proximité de Dole et Lons-le-Saunier. Partant de Beaune vers le nord, l'A31 (80 km en Bourgogne-Franche-Comté) permet de rejoindre la Lorraine et le Luxembourg en passant par Dijon. L'autoroute A77 dessert exclusivement le département de la Nièvre sur 80 km, selon un axe nord-sud le long de la limite occidentale de la région : elle relie Nevers à l'Île-de-France. Quelques barreaux autoroutiers de moindre importance complètent le réseau, l'A5 (40 km), l'A19 (30 km), l'A38 (40 km), l'A40 (3 km), l'A406 (2 km), l'A391 (4 km), l'A311 (5 km).
50
+
51
+ Le réseau routier principal est complété par 768 km de routes nationales. Reliant Nancy à la frontière franco-suisse selon un itinéraire nord-sud, la route nationale 57 parcourt 180 km à travers les départements de la Haute-Saône et du Doubs en passant par Luxeuil-les-Bains, Vesoul, Besançon et Pontarlier. La N151 relie Auxerre à La Charité-sur-Loire (100 km) via Clamecy. La N19 Langres-Belfort qui compte une centaine de kilomètres d'est en ouest à travers la Haute-Saône dessert Vesoul et Lure. En Saône-et-Loire, la N79 qui traverse le département d'est en ouest sur 80 km, de Mâcon à Digoin en passant par Paray-le-Monial, la N70 qui relie cette dernière à Montchanin sur 40 km et la N80 de Montchanin à Chalon-sur-Saône (30 km), constituent la portion bourguignonne de la route Centre-Europe Atlantique (RCEA). Connue pour son accidentologie élevée, elle est progressivement transformée en voie rapide à 2x2 voies. La N5 sillonne le département du Jura sur 70 km de Poligny à Champagnole et jusqu'aux Rousses, à la frontière entre la France et la Suisse. De Besançon à Poligny, la N83 s'étire sur une soixantaine de kilomètres.
52
+
53
+ Le réseau ferré en Bourgogne-Franche-Comté s’organise autour des principales agglomérations : Besançon et Dijon. La principale ligne est la ligne Paris-Belfort via Dijon et Besançon. Cette ligne est LGV de Paris à Montbard (LGV Sud-Est) et de Dijon à Belfort (LGV Rhin-Rhône). Le territoire est également quadrillé par des voies secondaires, où circulent principalement des TER Bourgogne-Franche-Comté.
54
+
55
+ La plus grande gare de la région est Dijon-Ville, qui en 2017 accueille 5,8 millions de voyageurs[7] ; viennent ensuite les gares de Besançon-Viotte (2,1 millions de voyageurs en 2017[8]) et de Belfort-Ville (1,1 million de voyageurs en 2017[9]). Toutes les autres gares ont desservi moins d'un million de voyageurs en 2017. À noter que les villes de Besançon et Belfort disposent chacune d'une deuxième gare sur la LGV Rhin-Rhône : Besançon Franche-Comté TGV et Belfort - Montbéliard TGV.
56
+
57
+ La mise en service de la première phase de la branche Est de la LGV Rhin-Rhône en 2011 a permis de raccourcir significativement les temps de parcours. La durée du trajet entre Belfort et Paris (gare de Lyon) est ainsi passée de 3 h à 2 h 30 min[10], entre Besançon et Paris de 2 h 30 min à 2 h[10], entre Besançon et Lyon de 2 h 20 min à 1 h 55 min[10] et entre Besançon et Strasbourg, de 2 h 30 min à 1 h 40 min[10]. Dans le même temps, les liaisons entre plusieurs villes de la région ont également été raccourcies, passant d’un trajet de 1 h à 0 h 30 min entre Dijon et Besançon et de 1 h 15 min à 0 h 25 min entre Besançon et Belfort[10].
58
+
59
+ Plusieurs prolongements de la LGV Rhin-Rhône sont envisagés : la deuxième phase de la branche Est, qui constituera 50 km de ligne nouvelle dont 35 km à l'est et 15 km à l'ouest, pourrait être financée d'ici 2027 ou 2038[11] ; la branche Ouest, en projet, destinée à raccorder la branche Est à la LGV Sud-Est, et ainsi à la région parisienne, en traversant l'agglomération dijonnaise par sa bordure orientale ; enfin, la branche sud, également au stade de projet, qui représenterait environ 150 km de ligne nouvelle pour relier la branche Est à Lyon et à la LGV Méditerranée, assurant une connexion des bassins de population des villes de l'Est de la France, du Benelux, de l'Allemagne et du nord de la Suisse à la métropole lyonnaise et à l'arc méditerranéen.
60
+
61
+ La région est desservie par le seul aéroport de Dole-Jura, propriété du conseil départemental du Jura. Situé entre Besançon et Dijon, il a accueilli plus de 100 000 passagers en 2018[12] et propose plusieurs lignes régulières vers Londres, Porto, le Maroc et la Corse.
62
+
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+ L'aérodrome de Besançon - La Vèze et l'aéroport de Dijon-Bourgogne sont uniquement tournés vers les vols d’affaires en l’absence de lignes commerciales régulières.
64
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+ La région est desservie par de nombreux canaux (canal du Rhône au Rhin, canal de Bourgogne, canal du Centre, canal du Nivernais, canal latéral de Roanne à Digoin).
66
+
67
+ Le territoire des actuelles Bourgogne et Franche-Comté est inclus au Ve siècle dans le royaume des Burgondes, que prolonge le royaume de Bourgogne mérovingien. Sous les Carolingiens, le traité de Verdun en 843 conduit à distinguer une « Bourgogne franque », ou « Basse Bourgogne », à l'origine du duché de Bourgogne (Bourgogne), et une « Bourgogne impériale », ou « Haute Bourgogne », où se constitue le comté de Bourgogne (Franche-Comté). Réunies au XIVe siècle par la première maison de Bourgogne, puis par les ducs Valois au sein des États bourguignons, les deux provinces sont séparées à la fin du XVe siècle, le duché étant annexé au domaine royal français alors que le comté passe aux mains des Habsbourg[13].
68
+
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+ Le royaume burgonde au Ve siècle.
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+
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+ Duché et Comté de Bourgogne au XIVe siècle.
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+ La Comté n'est intégrée au royaume de France qu'après sa conquête en 1678 par les troupes de Louis XIV et la reddition de Dole, l'ancienne capitale franc-comtoise, cependant que Besançon hérite du statut de capitale. Le duché de Bourgogne et la Franche-Comté forment alors deux provinces et généralités distinctes, avec leur propre capitale de gouvernement (respectivement Dijon et Besançon).
74
+
75
+ Si la majeure partie de son territoire se rattache à ces deux anciennes provinces, la région comprend aussi l'essentiel du Nivernais (correspondant à peu près au département de la Nièvre), une partie de la Champagne (la partie nord du département de l'Yonne avec Sens et Tonnerre notamment), une partie de l'Orléanais (la partie sud-ouest de l'Yonne avec Toucy), la partie de l'Alsace restée française après 1871 (l'actuel Territoire de Belfort), ainsi qu'une infime partie de l'Île-de-France (la partie nord-ouest de l'Yonne).
76
+
77
+ Les anciennes provinces de France sont supprimées pendant la Révolution.
78
+
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+ De 1941 à 1944, une préfecture régionale du régime de Vichy regroupe Bourgogne et Franche-Comté, tout comme l'igamie de Dijon de 1948 à 1964. Cependant, lors de la création des régions comme établissements publics en 1972 puis comme collectivités locales en 1982, Bourgogne et Franche-Comté forment deux régions séparées.
80
+
81
+ En 2009, le comité Balladur propose une première fois de fusionner Bourgogne et Franche-Comté.
82
+
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+ Le 14 avril 2014, les présidents des régions Bourgogne et Franche-Comté, respectivement François Patriat et Marie-Guite Dufay, annoncent, lors d'une conférence de presse, vouloir rapprocher leurs deux régions à la suite des déclarations du Premier ministre Manuel Valls qui souhaite simplifier le découpage administratif français[14].
84
+
85
+ Le 2 juin suivant, les deux régions se retrouvent associées sans surprise sur la carte présentée par le président de la République, François Hollande[15]. Ces deux régions sont les seules à s'être rapprochées volontairement pour une fusion[16] et, contrairement à d'autres projets de fusion, l'alliance entre la Bourgogne et la Franche-Comté n'est pas révisée par l'Assemblée nationale ou par le Sénat[17]. En effet, les deux régions sont historiquement et en partie économiquement liées[18].
86
+
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+ En 2014.
88
+
89
+ En 2015.
90
+
91
+ L'année 2015 est une période de transition et de rapprochement pour les deux régions. Trois instances politiques sont mises en place[19] :
92
+
93
+ Dans le cadre de l'Acte III de la décentralisation, la fusion des deux régions est adoptée le 17 décembre 2014[20]. Son entrée en vigueur est effective le 1er janvier 2016[21].
94
+
95
+ L'instauration d'un droit d'option dans la loi relative à la délimitation des régions permet toutefois au Territoire de Belfort de se prononcer, après le 1er janvier 2016, pour une intégration à la nouvelle région Grand Est (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine)[22], évoquée par certains élus[23],[24],[25],[26].
96
+
97
+ Le 24 juin 2016, les conseillers régionaux choisissent Dijon comme chef-lieu de la région Bourgogne, siège de la préfecture de région. Cette décision est entérinée par un décret du Conseil d'État publié le 28 septembre 2016.
98
+
99
+ Les services déconcentrés de l'État sont répartis entre les deux capitales des anciennes régions Bourgogne et Franche-Comté. Besançon accueille les directions régionales de l'Insee, de la DIRECCTE, de la DREAL, de l'Agence régionale pour la biodiversité et de la région académique ; à Dijon sont notamment implantés les directions régionales de l'ARS et de la DRAC.
100
+
101
+ Le 24 juin 2016, les conseillers régionaux choisissent Besançon comme siège de l'Hôtel de région et Dijon comme lieu des assemblées du conseil régional. Sur les vingt-neuf directions de services de la région, dix-sept sont localisées à Dijon[27] : Transport et infrastructures ; Mobilités du quotidien ; Agriculture et forêt ; Tourisme ; Recherche et enseignement supérieur ; Culture, sport, jeunesse et vie associative ; Numérique éducatif ; Aménagement du territoire et numérique ; Environnement ; Europe et rayonnement international ; Prospective ; Pilotage de projets ; Finances et budget ; Ressources humaines ; Moyens généraux ; Achats ; Assemblée et documentation. Les douze directions restantes sont situées à Besançon: Cabinet ; Relations avec les citoyens ; Économie ; Formation professionnelle des demandeurs d'emploi ; Transitions professionnelles et orientation; Lycées ; Cartes des formations, apprentissage, formations sanitaires et sociales ; Transition énergétique ; Évaluation ; Systèmes d'information ; Affaires juridiques et archives ; Patrimoine et gestion immobilière.
102
+
103
+ La région compte deux pôles métropolitains : le pôle métropolitain Centre Franche-Comté, composé des agglomérations de Besançon, Dole, Lons-le-Saunier, Pontarlier, Vesoul et Morteau, totalise 362 000 habitants.
104
+
105
+ Le pôle métropolitain Nord Franche-Comté s'organise autour du Grand Belfort et du Pays de Montbéliard et intègre également les trois communautés de commune des Vosges du Sud, du Sud Territoire du Pays d'Héricourt. Il comptait 306 000 habitants en 2017.
106
+
107
+ En 2017, la région comptait 2 811 423 habitants[Note 1].
108
+
109
+ Le département le plus peuplé est la Saône-et-Loire. Après le plus petit département, le Territoire de Belfort (609 km2, 234,2 hab./km2) qui fait exception, le Doubs est le département le plus dense de la région, avec une densité proche de la moyenne métropolitaine (103 hab./km2). Les autres départements sont beaucoup moins denses.
110
+
111
+ Au 1er janvier 2016, les trois départements les plus peuplés, respectivement la Saône-et-Loire, le Doubs et la Côte-d'Or qui dépassent tous les trois les 500 000 habitants, représentaient largement plus de la moitié (58 %) de la population régionale totale.
112
+
113
+ Sur la période de 1968 à 2016, l'évolution démographique est proche de la moyenne nationale (+31,3 %) dans quatre départements : la Côte-d'Or (+26,6 %), le Doubs (+26,3 %), le Territoire de Belfort (+21,6 %) et l'Yonne (+20,2 %). Elle est trois fois moindre dans le Jura et la Haute-Saône avec un taux d'évolution de +11,6 % et +10,7 % dans ces deux départements. La population est restée stable en Saône-et-Loire tandis qu'elle a baissé continuellement dans la Nièvre qui a perdu 15,6 % de ses habitants depuis 1968.
114
+
115
+ Depuis le début du XXIe siècle (période 1999-2016), tous les départements de la région connaissent une évolution démographique inférieure à la moyenne nationale (+10,9 %). Le département du Doubs est celui dont la population a le plus augmenté sur cette période (+7,9 %), suivi de la Côte-d'Or (+5,2 %) et du Territoire de Belfort (+4,9 %), du Jura (+3,9 %) et de la Haute-Saône (+3,3 %). L'évolution du nombre d'habitants est plus modérée dans l'Yonne (+2,2 %) et la Saône-et-Loire (+1,9 %) tandis que la Nièvre connaît une baisse marquée (-7,1 %).
116
+
117
+ On remarque ainsi que la dynamique démographique est très inégale sur le territoire des deux régions : à l'ouest d'une ligne Dijon-Mâcon, la population vieillit et diminue. À l'est, elle est plus jeune et sa croissance est plus soutenue (notamment dans les aires urbaines de Besançon et Dijon, ainsi que sur la bande frontalière avec la Suisse). La Franche-Comté comporte dans l'ensemble une population plus jeune et dynamique que la Bourgogne.
118
+
119
+ La région compte seize aires urbaines, plus d'un habitant sur cinq (22,4 %) étant concentré dans celles de Besançon et Dijon.
120
+
121
+
122
+
123
+ Agglomération de 50 000 à 100 000 hab.
124
+
125
+ Agglomération de 20 000 à 50 000 hab.
126
+
127
+ Agglomération de 10 000 à 20 000 hab.
128
+
129
+ Agglomération de 5 000 à 10 000 hab.
130
+
131
+
132
+
133
+ La région Bourgogne-Franche-Comté englobe les académies de Besançon et de Dijon.
134
+
135
+ Elle compte, à la rentrée 2013, 270 000 écoliers, 220 000 collégiens et lycéens et 75 000 étudiants de l’université ou des classes post-baccalauréat. Parmi eux, un peu moins de 20 000 jeunes suivent une formation en apprentissage[31].
136
+
137
+ Conséquence d’une démographie régionale atone, les effectifs scolarisés dans le premier degré ont diminué au cours des dernières années,
138
+
139
+ La répartition des étudiants par type d’études dans l’enseignement supérieur est proche de la structure métropolitaine mais la région Bourgogne-Franche-Comté est parmi les régions qui comptent le moins de diplômés du supérieur parmi les 25-34 ans. À l’inverse la proportion de titulaires d’un CAP ou équivalent place la région au deuxième rang des régions métropolitaines.
140
+
141
+ apprentissage
142
+
143
+ (en %)
144
+
145
+ (1) y compris classes post-baccalauréat BTS et CPGEsources : MESR-DGESUP-DGRI-SES ; ESA DEPP
146
+
147
+ L'université Bourgogne - Franche-Comté (UBFC) est une communauté d'universités et établissements d'environ 56 000 étudiants, répartie sur 22 sites. Elle comprend l'université de Bourgogne, l'université de Franche-Comté, l'Université de technologie de Belfort-Montbéliard, AgroSup Dijon, l'École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques de Besançon, l'École supérieure des technologies et des affaires de Belfort et l'École supérieure de commerce de Dijon-Bourgogne. Chaque établissement garde son autonomie juridique[32]. Le siège de l'établissement est à Besançon.
148
+
149
+ L'espérance de vie à la naissance est, en 2013, proche de la moyenne nationale : 78 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes[33].
150
+
151
+ Les causes de mortalité sont d'abord : les cancers qui constituent la première cause de mortalité (28 %) suivis par les maladies cardiovasculaires (26 %)[33].
152
+
153
+ Offre libérale de soins[33] : La population bénéficie d’une offre libérale de soins de premier recours reposant sur près de 5 600 médecins généralistes, 6 400 infirmiers, 5 700 masseurs-kinésithérapeutes et 2 600 chirurgiens-dentistes. Ceux-ci interviennent en amont et en aval du secteur hospitalier . Ces professionnels de santé sont relativement peu nombreux. La région est déficitaire pour l’offre libérale de soins de premier recours, avec des densités en professionnels (nombre pour 10 000 habitants) faibles comparées à celles des autres régions françaises : elle compte ainsi 10 infirmiers pour 10 000 habitants soit 2,5 points de moins que la moyenne nationale. Cet écart est de 1,3 point pour les dentistes et de 2,6 points pour les masseurs-kinésithérapeutes. La région comprend 9,3 médecins généralistes pour 10 000 habitants, une densité inférieure de 0,5 point à la moyenne nationale.
154
+
155
+ Basket :
156
+
157
+ Football :
158
+
159
+ Rugby :
160
+
161
+ Handball :
162
+
163
+ La grande région est couverte par le réseau local des antennes de France 3 : ainsi, France 3 Bourgogne et France 3 Franche-Comté se sont associées pour former France 3 Bourgogne-Franche-Comté ; les rédactions de chacune des antennes gardent cependant leur indépendance et les journaux télévisés sont séparés. Le réseau local de France Bleu est également présent (France Bleu Auxerre, France Bleu Besançon, France Bleu Bourgogne, France Bleu Belfort Montbéliard). La presse écrite varie d'un département à l'autre : ainsi, l'Est Républicain est distribué en Franche-Comté sauf dans le Jura, où c'est le Progrès qui est implanté. Le quotidien Le Bien public est distribué en Côte d'Or, à Chalon-sur-Saône est basé Le Journal de Saône-et-Loire et à Auxerre L'Yonne républicaine.
164
+
165
+ La région compte plusieurs réserves naturelles où sont protégées la faune et la flore :
166
+
167
+ La région Bourgogne-Franche-Comté compte trois parcs naturels régionaux (PNR) :
168
+
169
+ Le quartier d'affaires Clemenceau à Dijon.
170
+
171
+ Selon France Stratégie, la fusion des deux régions était économiquement cohérente pour cinq départements sur huit tandis que trois départements (le Territoire de Belfort mais également la Nièvre et la Saône-et-Loire) seraient davantage soumis à l'attraction d'autres régions[35],[36].
172
+
173
+ Les deux régions partageaient déjà des liens économiques avant leur projet de fusion, notamment dans l'enseignement et la recherche comme la communauté d'universités et établissements de Bourgogne-Franche-Comté[37].
174
+
175
+ La superficie du territoire de Bourgogne-Franche-Comté représente 9 % du territoire national, soit la 5e région française, mais la densité de population est deux fois moindre que la moyenne : la région compte 2,8 millions d'habitants soit 4,4 % de la population nationale. 1,1 million d’emplois sont situés dans la région à la fin 2013 soit 4,1 % de l'emploi national[38].
176
+
177
+ La région possède deux villes métropoles, Besançon et Dijon, et il existe sept aires urbaines peu distantes les unes des autres : Chalon-sur-Saône, Beaune, Dijon, Dole, Besançon, Montbéliard et Belfort. Ces sept aires constituent un arc urbain de 1,1 million d’habitants et de 486 000 emplois. Quatre autres zones significatives existent : Mâcon, Nevers, Sens et Auxerre. Mâcon est davantage tournée vers la métropole lyonnaise. L’aire urbaine de Nevers est isolée du reste de la région par sa position excentrée. L’agglomération de Sens, excentrée elle aussi, se situe dans le prolongement de l’aire d’influence de Paris. L’aire urbaine d’Auxerre est également relativement isolée bien qu'au cœur urbain de la région.
178
+
179
+ Le site industriel Peugeot - Citroën Sochaux est le premier de France avec 13 841 salariés en septembre 2006. Il produit actuellement les Peugeot 308 I et II, Peugeot 3008, Peugeot 5008 et la Citroën DS5. L'usine PSA de Vesoul du même groupe compte plus de trois mille salariés. La famille Peugeot est originaire de Franche-Comté où se sont développées les premières entreprises portant ce nom.
180
+
181
+ Le groupe Bel, fabricant de produits laitiers tels que La vache qui rit, Mini Babybel, Kiri, Leerdammer, Boursin, est originaire du Jura et possède des usines à Dole et Lons-le-Saunier.
182
+
183
+ Le groupe chimique belge Solvay possède à Tavaux, à côté de Dole, son plus grand site, couvrant près de 300 hectares.
184
+
185
+ À Belfort se situent les usines Alstom spécialisées dans la production ferroviaire, notamment pour les TGV, ainsi que l'ingénierie et les ateliers de General Electric construisant des alternateurs, des turbines à vapeur et des turbines à combustion industriels.
186
+
187
+ Au Creusot se trouve l'ancien site industriel de Creusot-Loire aujourd'hui composé de Areva Creusot-Forge, Industeel (ArcelorMittal), Thermodyn (General Electric) et Alstom Transport, ainsi que d'usines plus récentes, comme Snecma (Safran).
188
+
189
+ À Chalon-sur-Saône et Saint-Marcel, à l'est de Chalon-sur-Saône, sont implantées deux usines Areva avec environ mille salariés chacune.
190
+
191
+ Parmi les entreprises internationales implantées en Bourgogne peuvent aussi être citées Amora Maille (groupe Unilever), dont les usines d'Appoigny (Yonne) et de Chevigny-Saint-Sauveur (Côte-d'Or)(usines fermées) , le groupe Urgo (produits pharmaceutiques) à Chenôve et Chevigny-Saint-Sauveur, l'usine Fulmen, plus gros employeur d'Auxerre (usine fermée), les Laboratoires Vendôme (Le petit Marseillais…) à Quetigny (Dijon Métropole) et l'usine historique du groupe SEB à Selongey.
192
+
193
+ L'industrie, qui s'est développée dès le XIXe siècle (charbon de Montceau-les-Mines, sidérurgie du Creusot, mines de La Machine), a connu un nouvel essor après 1945, particulièrement dans la vallée de la Saône (Mâcon, Chalon-sur-Saône), à Dijon et dans l'Yonne, mais n'a pas été épargnée par la crise. Parmi les entreprises internationales implantées en Bourgogne peuvent être citées Amora Maille (groupe Unilever), dont les usines d'Appoigny (Yonne) et de Dijon (Côte-d'Or) ont fermé fin août 2009, les laboratoires pharmaceutiques URGO à Chenôve et Chevigny-Saint-Sauveur, l'usine Fulmen, plus gros employeur d'Auxerre (usine fermée), les Laboratoires Vendôme (Le petit Marseillais…) à Quetigny (Dijon Métropole) et l'usine historique du groupe SEB à Selongey.
194
+
195
+ En revanche, le nord de la région, pauvre en grandes entreprises, a profité de l'installation d'industries moins lourdes, plus diversifiées : parachimie, industrie pharmaceutique, électronique, plasturgie, papeterie, industries mécaniques et automobiles, agroalimentaire.
196
+
197
+ Enfin, le tourisme avec la gastronomie, l'histoire, la culture et le tourisme vert avec les nombreuses bases de loisirs aventure implantées dans les villages de la vallée de l'Armançon et du parc naturel régional du Morvan fournissent à la région ses plus grosses ressources complémentaires.
198
+
199
+ Le commerce et les services tiennent une place importante en Bourgogne (Avallon est le siège du groupe de distribution Schiever). À titre d'exemple, Dijon est classée ville où les entreprises sont les plus compétitives de France[citation nécessaire].
200
+
201
+ Depuis 2005, la Bourgogne affiche la présence de deux pôles de compétitivité : le Pôle Nucléaire Bourgogne et Vitagora Goût-Nutrition-Santé (agroalimentaire).
202
+ La Bourgogne a créé la Super Cocotte Seb, les avions Jodel et les collants Dim dans les années 1950. Désormais, elle fabrique le cœur des centrales nucléaires, les bogies du TGV, les pansements Urgo et les cosmétiques des Laboratoires Vendôme.
203
+
204
+ De 2003 à 2015 les emplois dans les services marchands ont, au total, progressé de 5,4 % (de 12,5 % en moyenne pour la France de province)[39].
205
+
206
+ (1) activités spécialisées, scientifiques et techniques, activités administratives et de soutien(2) divers services aux particuliers, activités récréatives et culturelles
207
+
208
+ Un Comité du tourisme régional unique pour la Bourgogne et la Franche-Comté est créé en 2016[40], résultant de la fusion des deux entités précédentes. Les deux sites de Besançon et de Dijon sont conservés. Le nouveau conseil d’administration du CRT Bourgogne-Franche-Comté est composé de 35 membres (conseillers régionaux, professionnels du tourisme ou représentants des collectivités locales). Il existe 122 offices de tourisme dans la région.
209
+
210
+ L'Observatoire du tourisme, du Comité du tourisme régional, publie les chiffres et données relatives au tourisme. Ce secteur contribue pour 5,7 % du PIB régional et emploie 42 100 personnes (soit 4,1 % de l'emploi régional total)[41].
211
+
212
+ La Bourgogne-Franche-Comté abrite plusieurs monuments inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO :
213
+
214
+ Enfin, les climats du vignoble de Bourgogne forment un ensemble culturel et paysager comprenant deux composantes : la première couvre des parcelles viticoles, les unités de production associées, des villages de la Côte-d'Or et la ville de Beaune. La seconde est le centre-ville de Dijon.
215
+
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+ La citadelle de Besançon.
217
+
218
+ La saline royale d'Arc-et-Senans.
219
+
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+ La basilique de Vézelay.
221
+
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+ L'abbaye de Fontenay.
223
+
224
+ Les salines de Salins-les-Bains.
225
+
226
+ Les climats du vignoble de Bourgogne.
227
+
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+ Palais duc de Bourgogne à Dijon.
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+
230
+ Le centre-ville de Dijon.
231
+
232
+ Se trouvent également dans la région :
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+
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+ Le temple de Janus à Autun.
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+
236
+ La Cathédrale d'Autun.
237
+
238
+ Le château de Guédelon.
239
+
240
+ Les Hospices de Beaune.
241
+
242
+ Le Lion de Belfort.
243
+
244
+ Le château de La Clayette.
245
+
246
+ La région compte plusieurs sites naturels classés ou remarquables :
247
+
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+ Lac des Settons.
249
+
250
+ Lac de Vouglans.
251
+
252
+ La reculée de Baume-les-Messieurs.
253
+
254
+ Le Crêt Pela.
255
+
256
+ Le lac et l'Arboretum de Pézanin.
257
+
258
+ La région utilise un logotype provisoire de sa création le 1er janvier 2016, à la fin novembre 2016. Il comporte seulement les trois mots (dont un mot composé avec trait d'union) en majuscules « Région Bourgogne Franche-Comté » en orange sur deux lignes.
259
+
260
+ De janvier à novembre 2016.
261
+
262
+ Depuis novembre 2016.
263
+
264
+ Variante à fond jaune utilisée sur les nouvelles rames TER régionales présentées le 1er juillet 2018[43].
265
+
266
+ Un nouveau logo est mis en place le 24 novembre 2016, sans annonce, sur le site internet de la région et des brochures de communication. Ce nouveau logo, créé par l'agence de communication Dartagnan[44], implantée à Paris, Besançon et Dijon, est formé de quatre mots en majuscules « Région Bourgogne Franche Comté », superposés et intercalés entre quatre traits jaunes formant les accents et les traits d'union. Ce logo a été commandé dans le but d'offrir une « approche simple et épurée » et de rester politiquement neutre. Il est cependant vivement critiqué pour sa simplicité, sa non-représentativité du territoire, son esthétique et son coût de 18 000 € par des internautes, des habitants et les élus d’opposition régionaux et départementaux (UDI-LR, FN, DLF, MoDem et un ex-socialiste). Ces derniers dénoncent également un manque de concertation et de communication[45],[46],[47]. Une pétition est mise en ligne par l'Union de la droite et du centre pour demander son retrait et lancer un concours à l'intention des lycéens pour le remplacer[48].
267
+
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+ Le 12 juillet 2017, la région se dote d'armoiries mêlant celles des anciennes régions sous la forme d'un blason et d'un drapeau[49]. Les armoiries sont présentes sur les plaques d'immatriculation depuis 2018 en remplacement du logo.
269
+
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+ La croix de Bourgogne a été l'emblème de la Bourgogne (puis des Pays-Bas espagnols et de l'Empire espagnol des Amériques) à partir de Jean Ier de Bourgogne, dit Jean sans Peur, duc de Bourgogne, comte de Flandre, d'Artois, comte palatin de Bourgogne (c'est-à-dire de Franche-Comté) (° 28 mai 1371 à Dijon - † 10 septembre 1419). La croix de Bourgogne est fréquente dans l'héraldique espagnole (connue sous le nom de cruz de Borgoña), et a fait partie des armes du roi d'Espagne jusqu'en 2014. En tant qu'emblème de la grande Bourgogne, elle est aussi fréquemment employée en Franche-Comté.
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+
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+ Drapeau de la région.
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+ Blason de la région, présent sur les plaques d'immatriculation.
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+ Blason de la Bourgogne historique.
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+ Blason de la Franche-Comté historique.
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+ Croix de Bourgogne.
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+ Une bouteille (du bas latin buticula — petite amphore —, diminutif de buttis) est un récipient généralement cylindrique à sa base et qui se resserre à son sommet. Les bouteilles sont le plus souvent en verre ou en plastique, fabriquées par le procédé de moulage par soufflage, parfois en grès, et servent à conserver des liquides alimentaires : eau, lait, vin, bière, huile, etc., ou non alimentaires : produits chimiques, détergents, parfums, etc. Par métonymie, le terme de bouteille désigne aussi son contenu (comme c'est le cas de « verre »). On dit par exemple « boire une bonne bouteille ».
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+ Après plusieurs décennies d'usage dominant, le verre a reculé au profit des plastiques (PVC puis PET principalement). En 2019, les bouteilles utilisées dans le monde sont principalement en PET, presque toutes fabriquées ou utilisées par quatre entreprises internationales pilotes dans le secteur des boissons PepsiCo, Coca-Cola, Nestlé et Danone [1].
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+ Fiole à deux anses et panse aplatie. Verre verdâtre, IVe siècle apr. J.-C. en Syrie
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+ Gravure d’ampullae trouvées lors de fouilles à Rome
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+ Une fiasque de la seconde moitié du XVIe siècle : détails d'une nature morte de Jacopo Chimenti.
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+ Une flasque, reconnaissable à ses flancs aplatis.
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+ Armagnac en basquaise de 70 cℓ.
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+ Moule pour production par soufflage de verre XIXe siècle.
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+ Durant l'Antiquité, l'amphore est le récipient le plus utilisé pour le transport de liquides alimentaires, la cruche pour la mise à disposition de ces liquides. Néanmoins au Ier millénaire av. J.-C., des spécimens de petites bouteilles (flacons à application, fioles) en verre translucides (verre creux épais car technique encore rudimentaire du moulage par soufflage par canne de verrier) ont été trouvés à Chypre, à Rhodes ou en Perse, sans que l'usage en tant que transport de liquides alimentaires soit attesté[2].
18
+
19
+ Dans la Rome antique la bouteille, appelée ampulla (en), désigne un vaisseau de toute forme ou de toute matière (dont le verre, matériau hérité des Phéniciens selon Pline), mais le plus souvent un vase au long col étroit (pour une bonne prise), au goulot petit, à l'épaule bien marquée et au corps en forme de sphère assurant une bonne assise[3]. Progressivement, la forme des bouteilles évolue et devient plus cylindrique pour faciliter l'entreposage et le transport.
20
+
21
+ Au IVe siècle, le fond plat (en fait jamais rigoureusement plat) est progressivement remplacé par un fond piqué qui assure une meilleure stabilité. Appelé par les professionnels piqûre, ce culot concave s’est généralisé, à l’exception de la cuvée Cristal[4]. Les bouteilles gardent des formes diverses (à quatre pans, cylindrique, gourde recouverte d'osier) et sont surtout utilisées dans les auberges, alors que dans les maisons le récipient pour l'eau est plutôt la cruche ou le pichet. Du XIVe siècle au XVIIe siècle, elles portent des noms divers selon leurs formes : bulbe, hampe, globe[5].
22
+
23
+ Au Moyen Âge en Europe, le monopole de la production de verre est assuré par la verrerie de Murano où les maîtres verriers atteignent un niveau élevé de manualité dans la transformation du verre à chaud, technique découverte chez les Perses et les Byzantins. Leur maîtrise de la transparence, la coloration et la décoration du verre, leur permet de fabriquer à la Renaissance de nombreuses formes de bouteilles s'inspirant de celles des pièces de vaisselle en métal ou en céramique.
24
+
25
+ Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, même si les centres de production se développent partout en Europe, la bouteille de verre reste un produit coûteux et donc rare : les liquides alimentaires sont principalement transportés en tonneau et servis dans des cruches, pichets, gourdes en cuir ou en étain. En 1632, le diplomate anglais sir Kenelm Digby invente la bouteille de vin moderne. En France, la première fabrique spécialisée de bouteilles est fondée à Bordeaux dans la verrerie de Pierre Mitchell en 1723. Au milieu du XVIIe siècle, le développement en Angleterre de fours à charbon et la modification de la composition des matières premières (notamment en manganèse, ce qui donne des bouteilles en verre noires) permettent la production en série de bouteilles en verre plus lourdes et résistantes[6]. Toujours à la silhouette difforme, elles prennent progressivement la place des autres récipients à partir du XVIIIe siècle lorsque la technique de fours à charbon se propage. La première bouteille en plastique apparaît dans les années 1960, la première bouteille en aluminium (en) dans les années 2000.
26
+
27
+ On appelle généralement bouteille de gaz ou bonbonne de gaz ou bouteille sous pression, un récipient ou réservoir sous pression, métallique ou pour l'alléger, en matériau composite, de forme cylindrique, plus ou moins allongé, conçu pour contenir un gaz à une pression nettement différente de la pression ambiante.
28
+
29
+ Une bouteille classique comprend un corps, surmonté du col, plus étroit, lui-m��me terminé par le goulot (constitué du haut du col et de la bague verrière) qui reçoit le bouchon. Le fond de la bouteille, appelé aussi cul de bouteille ou culot, est généralement plat ou parfois bombé vers l'intérieur (piqûre). Une bouteille brisée forme des tessons, utilisés parfois pour hérisser le haut des murs de clôture.
30
+
31
+ Les bouteilles de verre utilisées pour le conditionnement des liquides alimentaires courants (eau, vin, sodas, bière) ont été couramment réutilisées jusqu'au milieu de la seconde moitié du XXe siècle. Elles étaient commercialisées avec une valeur de consigne que les consommateurs récupéraient en rapportant la bouteille vide dans les points de vente. Désormais, en France, la plupart des bouteilles est vendue en verre perdu et récoltée dans des conteneurs de collecte sélective pour en permettre le recyclage.
32
+
33
+ Sauf celle de 75 cℓ, les bouteilles portent des noms particuliers. Initialement issues de la fabrication du champagne, ces appellations sont désormais admises pour d'autres vins :
34
+
35
+ Les capacités supérieures, jusqu'à 30 litres, portent aussi des noms, mais sont beaucoup moins courantes. La maison Drappier et la maison Bollinger sont à peu près les seules à produire du champagne dans des bouteilles d'aussi grande contenance. Les noms de ces bouteilles hors normes sont :
36
+
37
+ Un moyen mnémotechnique permet de mémoriser les principales tailles de bouteilles dans l'ordre croissant de contenance : « Car de bon matin je remarquais mal sa banalité naturelle » (quart, demi, bouteille, magnum, jéroboam, réhoboam, mathusalem, salmanazar, balthazar, nabuchodonosor).
38
+
39
+ La fermeture des bouteilles se fait de diverses manières : bouchon de liège, classique pour le vin, capsule en métal ou en matières plastiques (bière, soda…), bouchon vissé métallique ou plastique (lait), bouchon en verre (produits chimiques, parfums), etc.
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+ Royaume du Bhoutan
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+
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+ (dz) Druk Yul
4
+
5
+ 27° 29′ N, 89° 38′ E
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+
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+ modifier
8
+
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+ Le Bhoutan (dont le nom est prononcé en français : /butɑ̃/[3] ; en dzongkha Druk Yul[pas clair], འབྲུག་ཡུལ་, translittération Wylie ʼbrug-yul ; /ḍu yː/)[4], en forme longue le royaume du Bhoutan, est un pays d’Asie du Sud sans accès à la mer. Il est situé dans l’Est de la chaîne de l’Himalaya, enclavé entre l’Inde au sud, à l’est et à l’ouest-sud-ouest, avec laquelle il partage 605 km de frontières terrestres, et la Chine (région autonome du Tibet) au nord et à l'ouest-nord-ouest avec 470 km de frontières. Plus à l'ouest, il est séparé du Népal par l'État indien du Sikkim, et plus au sud il est séparé du Bangladesh par les États indiens d'Assam et du Bengale-Occidental. Sa capitale et plus grande ville est Thimphou.
10
+
11
+ Le Bhoutan est un ensemble de fiefs mineurs en guerre jusqu'au début du XVIIe siècle, quand le lama et chef militaire Shabdrung Ngawang Namgyal, fuyant la persécution religieuse au Tibet, unifie la région et cultive une identité bhoutanaise distincte. À la fin du XVIIIe siècle, le Bhoutan entre en contact avec l'Empire britannique. Il en devient ensuite un protectorat. Le Bhoutan continue de maintenir des relations bilatérales fortes avec l'Inde de laquelle il se détache en 1949.
12
+
13
+ La géographie du Bhoutan varie des plaines subtropicales dans le sud aux montagnes de l'Himalaya au nord, où certains sommets excèdent 7 000 m. Sa superficie est de 38 394 km2 et le pays mesure environ 300 km dans sa plus grande longueur est-ouest, et 170 km dans le sens nord-sud.
14
+
15
+ La religion d'État du Bhoutan est le bouddhisme vajrayāna (bouddhisme tibétain). Le bouddhisme prédomine dans sa population estimée à presque 750 000 personnes en 2012/13[5]. L'hindouisme est la seconde religion du pays.
16
+
17
+ À partir de 1985, le gouvernement bhoutanais décide de ne plus considérer comme bhoutanaise la population d'origine népalaise, ce qui entraîne l'exil, plus ou moins contraint, de ces Bhoutanais d'origine népalaise, privés de leur citoyenneté. Nombre d'entre eux vivent désormais au Népal dans des camps de réfugiés sous l'égide du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
18
+
19
+ En 2008, le Bhoutan passe d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle et organise ses premières élections générales. Il est membre des Nations unies, ainsi que de l'Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASACR), dont il a accueilli le seizième sommet en avril 2010.
20
+
21
+ L'étymologie précise de Bhoutan est inconnue, mais il est probable que le nom dérive de l'endonyme tibétain Bod, utilisé pour le Grand Tibet. Bod passe traditionnellement pour être une transcription du sanscrit Bhoṭa-anta (भोट-अन्त, « extrémité du Tibet »)[6], allusion à la position du Bhoutan à l'extrémité sud du plateau tibétain et sa culture[7],[8].
22
+
23
+ Des noms similaires à Bhoutan, comme Bottanthis, Bottan et Bottanter, font leur apparition en Europe à partir des années 1580[réf. nécessaire]. Dans la Relação (lettre) du jésuite portugais Estevao Cacella, écrite en octobre 1627, le Bhoutan est appelé Cambirasi (« parmi les Cooch Beharis »)[9], Potente et Mon (un endonyme pour le sud du Tibet)[10]. La première fois qu'un royaume distinct du Bhoutan apparaît sur une carte occidentale, il est désigné sous son nom local, Broukpa[10].
24
+
25
+ L'orthographe Boutan (sans le h) apparaît pour la première fois dans Six voyages du Français Jean-Baptiste Tavernier, publié en 1676. Toutefois, tous ces usages renvoient non au Bhoutan tel qu'on le connaît aujourd'hui, mais au royaume du Tibet. La distinction moderne entre ces deux entités ne se fait qu'à partir de la fin de l'expédition de 1774 de George Bogle. Celui-ci apprend à discerner les différences entre les deux régions, cultures et États. Dans son rapport final à la Compagnie britannique des Indes orientales, il propose d'appeler officiellement le royaume de Druk Desi (en) Boutan (selon l'orthographe française), et celui du panchen-lama Tibet. L'expert géomètre James Rennell anglicise le nom du premier en Bootan avant de populariser la distinction entre celui-ci et le grand Tibet[10].
26
+
27
+ Sur place, le Bhoutan a beaucoup de noms différents. Le nom local du pays est Brug-yul, souvent transcrit Druk Yul, il signifie « terre du dragon ». Il est aussi nommé Druk Tsendhen (« terre du dragon tonnerre »), le tonnerre étant interprété comme étant les grognements de dragons. D'autres noms recensés sont Lho Mon (« terres sombres du sud »), Lho Tsendenjong (« terres du sud du cyprès »), Lhomen Khazhi (« terres du sud des quatre chemins »), et Lho Men Jong (« terres du sud des plantes médicinales »)[11],[12].
28
+
29
+ Des outils en différents matériaux, des armes, des ivoires et des ossements d'éléphants, et des ruines de constructions en pierre témoignent de la présence humaine vers 2000 av. J.-C., mais il n'existe pas de documents écrits.
30
+
31
+ Le Bhoutan aurait été peuplé entre 500 et 600 av. J.-C. par l'ethnie Monba, pratiquant la tradition animiste du bön. Cette culture aurait existé dans l'État de Lho Mon (« terres sombres du sud ») ou Mon Yul (« terres sombres »)[13],[14].
32
+
33
+ Le bouddhisme y prend racine au VIIe siècle de notre ère. Le roi tibétain Songtsen Gampo (régnant de 627 à 649)[15], se convertit au bouddhisme et étend l'empire tibétain jusqu'en Sikkim et au Bhoutan[16] : il ordonne la construction de deux temples bouddhistes, l'un à Jakar et l'autre à Kyichu (près de Paro, dans la vallée du Paro)[17]. Le bouddhisme se propage véritablement[15] dès 746[18], sous le roi Sindhu Raja (aussi appelé Künjom[19], Sendha Gyab, ou Chakhar Gyalpo), un roi indien exilé. Il établit un gouvernement au palais de Chakhar Gutho, dans le district de Bumthang[20],[21]. Le maître et saint indien Padmasambhava (aussi appelé Gourou Rinpoche), arrive en 747[22].
34
+
35
+ La plus grande partie de l'histoire bhoutanaise n'est pas très bien connue car en 1827 un incendie a ravagé l'ancienne capitale, Punakha, détruisant les archives.
36
+
37
+ Au Xe siècle, le développement politique du Bhoutan est très fortement influencé par la religion. Plusieurs variantes du bouddhisme y émergent, soutenues par divers chefs de guerre mongols. À la suite du déclin de la dynastie Yuan au XIVe siècle, ces ordres religieux luttent entre eux pour dominer la région politiquement et religieusement. Ceci mène à la victoire de l'ordre Drukpa au XVIe siècle[17],[23].
38
+
39
+ Au XIe siècle, le territoire est occupé par des forces militaires tibéto-mongoles. Jusqu'au début du XVIIe siècle, il n'est qu'une mosaïque de petits fiefs guerriers que va unifier le lama et chef militaire tibétain Shabdrung Ngawang Namgyal en créant un réseau de forteresses (dzong) à codirection administrative (penlop) et spirituelle (lama). Il promulgue la Tsa Yig, un code législatif qui aide à unifier les chefs locaux. Beaucoup de ces dzong existent toujours, et jouent encore un rôle spirituel et administratif. Les jésuites portugais Estevao Cacella et João Cabral sont les premiers Européens dont on peut attester la présence au Bhoutan. Ils le traversent, en route pour Shigatsé, au Tibet. Ils y sont fort courtoisement reçus[24]. Après presque huit mois dans la région, Cacella écrit une longue lettre décrivant ses voyages. Elle contient une des rares références contemporaines au Shabdrung[25],[26]. La mort de Ngawang Namgyal en 1592 reste secrète pendant 54 ans. Après une période de consolidation, le Bhoutan est à nouveau le théâtre de conflits armés internes. En 1711 commence une guerre contre l'empire moghol et ses subedars, qui restaurent Cooch Behar dans le sud. Dans le chaos qui s'ensuit, les Tibétains cherchent à reprendre le Bhoutan en 1714, sans succès[27].
40
+
41
+ Au XVIIIe siècle, les Bhoutanais envahissent et occupent le royaume de Cooch Behar au sud. En 1772, Cooch Behar fait appel à la Compagnie britannique des Indes orientales, qui l'aide à expulser les Bhoutanais et à attaquer le Bhoutan lui-même en 1774. Un traité de paix est signé et le Bhoutan se replie sur ses frontières de 1730. La paix est fragile : les escarmouches avec les Britanniques continuent pendant encore un siècle. Ces escarmouches mènent à la guerre du Bhoutanguerre du Bhoutan (1864-1865) pour le contrôle des Duars. Après sa défaite, le Bhoutan signe le traité de Sinchula avec l'Inde britannique. L'indemnité de guerre inclut la cession des Duars au Royaume-Uni en échange d'une rente de 50 000 roupies.
42
+
43
+ Dans les années 1870, une guerre civile entre les gouverneurs (penlop) des vallées rivales du Paro et du Tongsa débouche sur la victoire d'Ugyen Wangchuck qui, soutenu par les Britanniques, instaure en 1907 la dynastie royale des Wangchuck. De sa base au centre du Bhoutan, Ugyen Wangchuck met en échec ses rivaux politiques et unifie le pays après plusieurs guerres civiles et rébellions de 1882 à 1885[28].
44
+
45
+ Le 17 décembre 1907 (la fête nationale célébrée le 17 décembre commémore cet événement)[29], Ugyen Wangchuck est unanimement élu roi héréditaire du pays par une assemblée de lamas, des penlops et des chefs de clans (nobles). Le gouvernement britannique reconnaît aussitôt la monarchie. En 1910, le Bhoutan signe le traité de Punakha, qui le place sous protectorat britannique : les Britanniques s'occupent des relations internationales mais s’abstiennent de s’immiscer dans les affaires intérieures du Bhoutan. Ce traité n’affecte pas les relations du Bhoutan avec le Tibet, indépendant de facto à ce moment. Lors de l'indépendance de l'Inde le 15 août 1947, le Bhoutan devient l'un des premiers pays à reconnaître le nouveau pays. Le 8 août 1949, un traité similaire à celui de 1910 est signé avec l'Inde[13].
46
+
47
+ Le nouveau roi Jigme Dorji Wangchuck entend réformer et moderniser le pays. En 1953, il fonde la législature du pays (une assemblée nationale de 130 membres, appelée Tshogdu), afin de promouvoir un système de gouvernement moins autocratique. En 1956 il abolit le servage et l'esclavage et opère une réforme agraire[30]. En 1965, il fonde le Conseil consultatif royal, et en 1968 le conseil des ministres. Le Bhoutan devient membre des Nations unies en 1971 après avoir été membre observateur pendant trois ans.
48
+
49
+ Le couronnement du quatrième roi, Jigme Singye Wangchuck, en 1974, est l'occasion pour le royaume de s'ouvrir davantage sur le monde. Il introduit de nouvelles réformes politiques significatives. Il transfère la plus grande partie de ses pouvoirs administratifs au conseil des ministres, et permet la motion de censure du roi par une majorité de deux tiers de l'Assemblée nationale[31]. Mais il cherche aussi à unifier le pays en imposant la langue bhoutanaise dzongkha et la culture bhoutanaise à tous les habitants, assimilant ainsi de force les minorités issues de l'immigration : en 1985, une loi prive de leur citoyenneté les Lhotshampas, population d'origine népalaise vivant dans les plaines du Sud ; leur langue est interdite, ils doivent porter la tenue vestimentaire drukpa[32]. En septembre 1990, des manifestations contre la politique du gouvernement visant à éradiquer les cultures, les langues, les religions et les tenues vestimentaires non-drukpa, sont réprimées et se soldent par 400 victimes[33]. Des violences (vols, agressions, viols et meurtres) visant des citoyens bhoutanais d'origine népalaise, répandent un climat de peur et d'insécurité qui déclenche, à partir de 1992, un exode des Lhotshampa vers l'Assam ou le Bengale-Occidental en Inde et vers le Népal[34],[35]. 100 000 d'entre eux fuient la répression.
50
+
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+ Toutefois, pour Françoise Pommaret, directeur de recherche spécialiste du Bhoutan, si certains expulsés le furent de façon illégitime, la majorité d'entre eux n'étaient pas originaires du Bhoutan, où ils sont arrivés ces dernières décennies, à la recherche de terres et de services sociaux inexistants au Népal. En raison de leur tradition de castes, ils méprisaient les autres communautés et la plupart refusaient de parler le dzongkha, ce qui était mal perçu par les ethnies bouddhistes[36]. Contestant les chiffres, les autorités bhoutanaises affirment que nombre de réfugiés ayant rejoint les camps ne viennent pas du Bhoutan, mais de l'Inde ou du Népal, pour bénéficier de l'aide internationale[36].
52
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53
+ En 1999, le gouvernement lève l'interdiction sur la télévision et internet. Le Bhoutan devient ainsi l'un des derniers pays du monde à avoir accédé à la télévision. Dans un discours, le roi annonce que la télévision est un pas critique en avant pour la modernisation du Bhoutan, et qu'elle contribuera au bonheur national brut[37]. Toutefois, il met en garde contre « l'usage abusif » de la télévision, qui pourrait effacer certaines valeurs traditionnelles bhoutanaises[38].
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+
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+ Une nouvelle constitution est présentée en 2005. Le 14 décembre 2006, Jigme Singye Wangchuck abdique en faveur de son fils aîné, Jigme Khesar Namgyel Wangchuck. Celui-ci est couronné le 6 novembre 2008[39].
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+ Les premières élections parlementaires ont lieu en décembre 2007 et mars 2008[40].
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+ Le système politique du Bhoutan a récemment changé d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle. En 1999, le 4e roi du Bhoutan crée le Lhengye Zhungtshog (le Conseil des ministres). Le Druk Gyalpo (roi de Druk Yul) est le chef d'État. Le pouvoir exécutif est exercé par le Lhengye Zhungtshog, et le pouvoir législatif par le gouvernement et l'Assemblée nationale.
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+ Le 17 décembre 2005, le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, annonça[41] que le royaume se transformerait en une démocratie parlementaire en 2008 et qu’il abdiquerait à cette date en faveur du prince héritier Dasho Jigme Khesar Namgyel Wangchuck, son fils aîné, âgé de vingt-cinq ans en 2005. Il abdique le 14 décembre 2006 et délègue ses pouvoirs à son fils. Le 6 novembre 2008 Jigme Khesar Namgyel Wangchuck est officiellement couronné cinquième roi du Bhoutan, et devient ainsi, à vingt-huit ans, le plus jeune roi de l'histoire du Bhoutan[42]. Le 13 octobre 2011, il épouse une roturière, Jetsun Pema[43].
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+ Le projet de Constitution, en préparation depuis 2001, prévoit la création d’un Parlement bicaméral, composé d’une Assemblée nationale de 75 membres et d’un Conseil national de 25 membres. Le chef de l’État demeure le roi, mais il pourrait être destitué par un vote réunissant les voix des deux tiers des membres du Parlement.
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+ Les élections pour la chambre haute (le Conseil national) ont lieu le 31 décembre 2007 et le 23 avril 2013, et celles pour la chambre basse (l'Assemblée nationale) le 24 mars 2008 et le 13 juillet 2013.
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+ Le 24 mars 2008, lors des premières élections législatives, le Parti vertueux du Bhoutan, dirigé par Jigme Thinley, âgé de 56 ans et formé aux États-Unis, remporte 44 sièges sur 47 de la chambre basse du Parlement, contre le Parti démocratique populaire. Jigme Thinley devient Premier ministre le 9 avril[44]. Dans les élections de 2013, le Parti démocratique populaire gagne 32 sièges avec 54,88 % des suffrages.
68
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+ L'Armée royale du Bhoutan est la force militaire du pays. Elle inclut la Garde royale et la Police royale. Le service militaire est volontaire, l'âge minimum étant fixé à 18 ans. L'armée compte 18 000 membres et est formée par l'armée de terre (en) de l'Inde[45]. Son budget annuel est d'environ 13,7 millions de dollars, soit 1,8 % du PIB du pays. N'ayant pas accès à la mer, le Bhoutan n'a pas de marine. Il n'a pas de forces aériennes : son armée de terre dépend du Commandement de l'Est de la Force aérienne indienne pour les actions aériennes.
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+ Le Bhoutan maintient des relations économiques, stratégiques et militaires étroites avec l'Inde voisine[46],[47]. Le 8 février 2007, le Bhoutan et l'Inde signent un nouveau traité clarifiant le contrôle du Bhoutan sur ses propres relations internationales. Ce traité remplace celui signé en 1949. Le traité de 1949 est encore parfois interprété comme permettant à l'Inde de contrôler les affaires étrangères du Bhoutan, mais c'est le gouvernement du Bhoutan qui se charge de toutes les affaires étrangères du pays, y compris les sujets intéressant le gouvernement indien, comme la frontière entre le Bhoutan et la Chine.
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+ Le Bhoutan maintient des relations diplomatiques avec 52 pays et l'Union européenne. Il a des ambassades ou consulats en Inde, au Bangladesh, en Thaïlande et au Koweït, ainsi que deux missions aux Nations unies (l'une à New York et l'autre à Genève). Thimphou abrite deux ambassades, celles de l'Inde et du Bangladesh, ainsi qu'un consulat, celui de Thaïlande. D'autres pays maintiennent un contact diplomatique informel via leurs ambassades à New Delhi. Il existe des consulats bhoutanais honoraires à Londres et à Washington[48],[49],[50].
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+ Un accord de longue date permet aux citoyens de l'Inde et du Bhoutan de voyager dans le pays voisin sans passeport ni visa, mais avec leurs documents d'identité. Les Bhoutanais peuvent également travailler en Inde sans restriction aucune.
76
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+ Le Bhoutan ne maintient pas de relations diplomatiques formelles avec son voisin au nord, la Chine, mais en ces dernières années il y a eu une hausse significative de réunions bilatérales. Le premier accord bilatéral entre la Chine et le Bhoutan est signé en 1998, et le Bhoutan a des consulats honoraires à Macao et à Hong Kong. La frontière avec la Chine est en grande partie non délimitée, et donc contestée à certains endroits. Environ 269 km2 restent contestés entre les deux pays[51].
78
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+ Le 13 novembre 2005, des soldats chinois pénètrent les territoires contestés entre la Chine et le Bhoutan, et commencent à y construire des routes et des ponts[52]. Le ministre bhoutanais des affaires étrangères, Khandu Wangchuk, parle du problème avec les autorités chinoises après une discussion à ce sujet au Parlement bhoutanais. Qin Gang, porte-parole de la Chine, répond que la frontière reste contestée et que les deux parties continuent à travailler afin de trouver une solution pour le conflit[53]. Un officier du service de renseignement indien dit que la délégation chinoise au Bhoutan accuse les Bhoutanais de « dramatiser ». Le journal bhoutanais Kuensel dit que la Chine pourrait utiliser les routes construites pour promouvoir la possession chinoise de la région contestée[52].
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+ L’une des particularités du Bhoutan est sa recherche du bonheur à travers l’amélioration de ce qu'il appelle le « bonheur national brut » ou BNB. Là où la majorité des gouvernements se basent sur la valeur du produit national brut (PNB) pour mesurer le niveau de richesse des citoyens, le Bhoutan a substitué le BNB pour mesurer le niveau de bonheur de ses habitants. Cet indice, instauré par le roi Jigme Singye Wangchuck en 1972, se base sur quatre principes fondamentaux, piliers du développement durable, à savoir :
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+ Une première rencontre internationale sur la définition de la prospérité a eu lieu en 2004 à l’Université Saint-Francis-Xavier, au Canada. Sur les quatre cents personnes venant de plus de dix pays différents, plus d’une trentaine étaient bhoutanaises, dont des enseignants, des moines et des responsables politiques. Elle a été suivie de rencontres en 2007 (en Thaïlande), en 2008 (au Bhoutan) et en 2011 (à l'ONU)[56].
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+ Le discours sur le Bonheur national brut est remis en cause par le Premier ministre nommé en juillet 2013, Tshering Tobgay, qui explique que le gouvernement précédent a passé beaucoup plus de temps à en parler qu'à agir, et relève que le pays est confronté à quatre grands défis : l'endettement, la monnaie, le chômage (dont celui des jeunes), et la perception d'une corruption croissante[57].
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+ Le Bhoutan est divisé en 20 dzongkhag :
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+ Un gewog (en dzongkha « bloc ») est un groupe de villages formant une unité administrative géographique intermédiaire entre le village et le dzongkhag. Le pays comprend 205 gewog, qui couvrent chacun en moyenne une région de 230 km2.
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+
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+ Depuis la fin des années 1980, le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, poursuit un programme à long terme de décentralisation. En 1991, les gewog sont devenus des unités administratives officielles, chacun d'entre eux étant dirigé par un gup (« chef »).
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+ La superficie du Bhoutan est de 38 394 km2. L’Himalaya domine le paysage du Nord du pays et de nombreux sommets dépassent les 7 000 mètres d’altitude. Le Kula Kangri est généralement considéré comme le point culminant du Bhoutan, à 7 553 mètres, mais la Chine le revendique. La forêt couvre 70 % du territoire national. La plus grande partie de la population est concentrée sur les hauts plateaux et dans les vallées de l’ouest.
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+ Le climat du Bhoutan est un climat de montagne qui varie beaucoup d'une région à l'autre. Le climat bhoutanais varie au vu de sa diversité géographique et de ses différents degrés d'altitude. Le sud du Bhoutan est marqué par un climat tropical avec des périodes de mousson (pluies venues du golfe du Bengale). Le centre du pays est marqué par un climat semi-tropical tandis que le nord du pays (autour de Thimphou, Paro et Ha) est caractérisé par un climat rude et très froid, avec des chutes de neige en hiver qui peuvent bloquer certains cols[58].
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+
97
+ L'économie du Bhoutan est une des moins développées au monde ; elle est fondée sur l’agriculture, l'élevage, l’exploitation forestière, la vente à l’Inde d’électricité d’origine hydraulique, et le tourisme.
98
+
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+ Au nord du pays, au-delà de 3 500 mètres d'altitude (région du Grand Himalaya), l'élevage du yack prédomine mais perd en rentabilité pour les éleveurs. Cette activité, en 2010, ne représente plus que 3 % de la production du beurre, du fromage et de la viande du pays. Elle a, par contre, l'avantage d'être utilisée pour les fêtes traditionnelles et surtout d'être un attrait touristique[59].
100
+
101
+ L'agriculture est en grande partie vivrière et pratique l'élevage. Les montagnes dominent le territoire et rendent la construction de routes et de toute autre infrastructure difficile et chère. L'économie est étroitement alignée sur celle de l'Inde par de forts liens commerciaux et monétaires et dépend fortement de l'aide financière de ce pays. Le secteur, très délaissé, de la technologie industrielle n'est pas une priorité et la plupart des productions proviennent d'ateliers familiaux.
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103
+ La majorité des projets de développement, tels que la construction de routes, est tributaire de la main-d'œuvre saisonnière indienne. Le potentiel de production hydro-électrique et l'activité touristique sont les ressources principales en capitaux du pays.
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+
105
+ Les programmes modèle sociaux, d'éducation et d'environnement en cours se font avec l'appui d'organismes multilatéraux de développement. Chaque programme économique doit tenir compte de la politique gouvernementale de protection de l'environnement et des traditions culturelles du pays.
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+ Les contrôles poussés et les politiques dans les domaines de l'industrie, du commerce, du travail et des finances constituent une maîtrise de l'investissement étranger.
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+ Le pays ne s'est ouvert aux touristes qu'en 1974. Cette ouverture reste très mesurée et exclut le tourisme de masse par le prix élevé des séjours organisés, culturels et de randonnée. Le tourisme en 2002 fournissait un cinquième des ressources du pays[60].
110
+
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+ La monnaie est le ngultrum, code BTN, qui est lié à la roupie indienne selon une parité fixe de 1/1.
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+
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+ Dans les années 1970 et 1980, le gouvernement royal du Bhoutan a émis des timbres-poste aux formes et dans des matières originales afin d’obtenir de nouveaux revenus. Ces timbres sont aujourd’hui très recherchés par les philatélistes. Le promoteur de cette production philatélique, l’Américain Burt Todd, en a fait commencer la production en 1962. Des timbres destinés à la poste aérienne ont été diffusés avant même que le pays soit doté d’un aéroport, en 1992.
114
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+ De manière générale, le courrier est très marginal au Bhoutan, pays de tradition bouddhiste où les familles vivent très rapprochées. Les timbres visent surtout à rapporter des devises.
116
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+ Le système de santé est totalement gratuit pour tout le monde quel que soit le traitement. Tous les villages sont dotés d'une école et d'une antenne locale de santé[54].
118
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119
+ Le pays est régulièrement touché par le paludisme surtout dans la zone méridionale. Les autres maladies présentes au Bhoutan sont la polio, la diphtérie, la méningite et la rougeole.
120
+
121
+ Selon le World Factbook de la CIA, la population s'élève à 741 919 habitants[1]. Selon une estimation de 2005 la population serait 2 232 291 mais le gouvernement ne recense que 810 000 Bhoutanais. Ceci provient du fait que 40 % de la population vivant au Bhoutan, appelés Lhotshampas, est d’origine népalaise et de religion hindoue et que le gouvernement bhoutanais ne les reconnaît plus comme citoyens depuis 1988. Depuis cette date, l'instruction du népalais est interdite à l'école et la langue tibétaine dzongkha est obligatoire[61]. Les Lhotshampa subissent une discrimination culturelle et ethnique au point que certaines professions leur sont interdites (administration, enseignement, etc.)[62],[63].
122
+
123
+ Quelques statistiques démographiques :
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+
125
+ La langue officielle du Bhoutan est le dzongkha, un dialecte du tibétain. Les autres langues couramment pratiquées sont le tshangla et le népalais.
126
+
127
+ Le pays possède quatre aéroports : l'aéroport international de Paro qui est le principal aéroport du pays, et trois aéroports régionaux, les aéroports de Bathpalathang, Gelephu et Yongphulla.
128
+ La compagnie nationale bhoutanaise Druk Air, équipée d'Airbus 319-115, utilise l'aéroport de Paro comme plate-forme de correspondance. Il existe aussi une autre compagnie aérienne, privée, Bhutan Airlines.
129
+
130
+ Le réseau routier, très sommaire, suit les anciens chemins caravaniers. On compte très peu de ponts ou de tunnels. Mettre huit heures de voiture pour parcourir deux cents kilomètres est la norme en raison de l'étroitesse des routes, dont l'entretien est difficile.
131
+
132
+ En 2014, le Bhoutan passe un accord avec Renault-Nissan pour l'achat d'une centaine de voitures électriques. L'objectif fixé par le premier ministre Tshering Tobgay est d'atteindre à terme le « zéro émission »[64].
133
+
134
+ La religion principale (et religion d'État) du pays est le bouddhisme vajrayāna, le bouddhisme tibétain dans sa forme tantrique, appelé aussi lamaïsme, pratiqué par 75 % de la population[65]. Le Bhoutan est actuellement le seul royaume au monde où le bouddhisme tantrique est religion d'État. Le reste de la population (25 %) a pour religion l'hindouisme indien (et à influence népalaise).
135
+
136
+ Selon des ONG d'obédience chrétienne, les chrétiens y sont peu nombreux en raison d'entraves à la foi chrétienne dans ce royaume[66],[67]. D'après le site « Aide à l'Église en détresse », en 2008 les chrétiens seraient au nombre de 12 255, dont 1 000 catholiques baptisés. Ils ne représentent que 0,5 % de la population contre 74 % pour les bouddhistes, 20,5 % pour les Hindous, 3,8 % pour les animistes et 1,2 % pour ceux n'entrant pas dans ces catégories[68].
137
+
138
+ La loi bhoutanaise incite la population à porter les vêtements traditionnels que sont le gho (en) (pour les hommes) et la kira (pour les femmes)[69].
139
+
140
+ La musique bhoutanaise est proche des musiques tibétaine et indienne en raison de son passé colonial et sa culture bouddhiste. Du fait de la fermeture politique du pays, cette culture a été préservée jusqu'à très récemment. Il existe encore une nette délimitation entre musique religieuse et musique profane[70],[71], la première ayant une large prééminence et s'associant volontiers aux danses.
141
+
142
+ Le dzong du Bhoutan est un monastère-forteresse bouddhiste. Il servait autrefois de centre religieux, militaire, administratif et social du district qu'il commandait. Il pouvait abriter une garnison si nécessaire ainsi qu'une armurerie. Il accueillait les structures administratives du district ainsi que les moines. C'était aussi un lieu d'échanges et souvent le site d'un tséchu ou festival religieux annuel. Les premiers dzongs furent construits dans le pays dès le XIIe siècle, mais leur âge d'or fut la première moitié du XVIIe siècle, qui vit le renforcement défensif du pays par le shabdrung ou grand lama Ngawang Namgyal (1594-1651), l'unificateur du Bhoutan moderne.
143
+
144
+ Du côté sportif, le tir à l'arc est considéré comme la discipline sportive traditionnelle du pays[72],[73].
145
+
146
+ La joaillerie et l'argenterie sont au cœur de l'artisanat local. Parmi les objets les plus populaires figurent les récipients à alcool en bois sertis et décorés avec de l'argent martelé. La bijouterie est relativement peu développée mais comporte cependant un important savoir-faire : les boucles d'oreilles en or et turquoise, les bracelets et les ceintures en argent ou encore les colliers en perles baroques rendent l'artisanat bhoutanais singulier.
147
+
148
+ Le Bhoutan est le dernier pays du monde à avoir reçu la télévision en 1999. 48 chaînes peuvent être reçues par satellite[74],[75]. Le 2 juin 1999, à l'occasion du 25e anniversaire du couronnement du roi Jigme Singye Wangchuck, le pays se dote de sa première chaîne de télévision nationale (BBS TV) et de son premier accès internet. Lorsque la télévision arriva au Bhoutan en 1999, les évènements sportifs sur Ten Sports causèrent des bagarres dans les cours de récréation ; en regardant la chaîne sud-coréenne Arirang TV, des adolescentes se sont mises à se décolorer les cheveux en blond et des bandes se sont formées pour la première fois dans la capitale[76],[77].
149
+
150
+ Voyageurs et Magiciens (Chang hup the gi tril nung) de Khyentse Norbu (2003) est le premier long métrage entièrement produit et réalisé au Bhoutan.
151
+
152
+ Le tourisme est volontairement limité dans la volonté de préserver l'environnement et la culture du pays. Le Bhoutan accueille principalement un tourisme de luxe. L'accès est néanmoins plus facile depuis la privatisation de l'industrie en 1991[réf. souhaitée]. La plupart des dzong, qui abritent toujours à la fois les services administratifs de la région et des locaux à usage religieux, sont ouverts aux étrangers.
153
+
154
+ L'anglais est appris à l'école et la presque totalité des documents officiels (dont les affiches électorales) est publiée également en anglais.
155
+
156
+ En 2005, on estimait à 7 000 le nombre de touristes (hommes d'affaires compris) au Bhoutan.
157
+ On estime que 24 % de ces touristes viennent des États-Unis, 17 % du Japon, 11 % du Royaume-Uni et 48 % d'autres pays. Chaque touriste doit s'affranchir d'un forfait de 250 dollars par jour, lequel comprend hôtel, repas, voiture avec chauffeur et guide[78],[79].
158
+
159
+ Le Bhoutan a pour codes :
160
+
161
+ Sur les autres projets Wikimedia :
162
+
163
+ Asie centrale
164
+
165
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
166
+
167
+ Asie de l’Est
168
+
169
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
170
+
171
+ Asie de l'Ouest
172
+
173
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
174
+
175
+ Asie du Sud-Est
176
+
177
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+
179
+ Asie du Sud
180
+
181
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+
183
+ Asie du Nord
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185
+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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1
+ L'Âge du bronze est la période de la Protohistoire et de l'Histoire caractérisée par l'existence de la métallurgie du bronze, nom générique des alliages de cuivre et d'étain. L'Âge du bronze succède au Néolithique final et précède l'Âge du fer dans de nombreuses régions de l'Ancien Monde.
2
+
3
+ Schématiquement, dans les régions du monde où il est significatif et étudié (Moyen-Orient, Europe, Afrique du Nord, Asie), l'Âge du bronze s'étend sur une période de près de 2 000 ans, de 2700 à 900 av. J.-C., mais avec de grandes variations selon les aires géographiques considérées. En Amérique, les civilisations précolombiennes connurent une métallurgie de l'or et du cuivre jusqu'à la conquête espagnole, mais peu de métallurgie du bronze.
4
+
5
+ En 1723, Antoine de Jussieu fut le premier à publier ses travaux de recherche sur les artéfacts archéologiques intitulés De l'Origine et des usages de la Pierre de Foudre.[1]
6
+
7
+ Le préhistorien Nicolas Mahudel, par ses travaux de classification archéologique, élargit les concepts émis par Antoine de Jussieu. Le 12 novembre 1734, il lut un exposé de ses travaux de recherche, lors d'une audience publique à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, dans lequel il a défini trois « âges » : l'âge de la pierre, l'âge du bronze et l'âge du fer dans un ordre chronologique. Il présenta ses travaux à plusieurs reprises cette année-là, mais ils furent rejetés jusqu'en novembre où ils furent finalement acceptés et publiés par l'Académie en 1740, sous le titre Les Monuments les plus anciens de l'industrie des hommes, des Arts et reconnus dans les pierres de Foudres.[2]
8
+
9
+ Le chercheur danois Christian Jürgensen Thomsen réinvente la notion d'« âge du bronze ». Sans formation spécifique, Thomsen se voit confier en 1816 le classement des collections d'antiquités danoises au musée national du Danemark. Il se retrouve à la tête d'un amoncellement indescriptible d'objets de toutes sortes et de toutes origines[3]. Se fondant sur les idées de l’historien Lauritz Schebye Vedel Simonsen, professeur à l’université de Copenhague, qui avait envisagé en 1813 que les outils des peuples antiques scandinaves avaient d'abord été de bois et de pierre avant d'être de cuivre et de fer[4],[5], et influencé par les travaux de Nicolas Mahudel, Thomsen classe par matière première les collections. Il les présente au public, dans trois cabinets différents, en 1819. Le premier regroupe les objets de la pierre, le deuxième les objets en cuivre et en bronze et le dernier les objets en fer. Devenu le premier directeur des musées archéologiques et ethnographiques de Copenhague, il formalise sa théorie des trois périodes préhistoriques, l'âge de la pierre, l'âge du bronze et l'âge du fer, en 1836 dans Ledetraad til nordisk Oldkyndighed (Guide des antiquités nordiques). Son successeur à la tête du musée, Jens Jacob Asmussen Worsaae, ira sur le terrain faire des fouilles pour prouver, grâce à la stratigraphie, la véracité de l'intuition de l'emploi successif par l'humanité de la pierre, du bronze et du fer[6]. Avant eux, le moine bénédictin Bernard de Montfaucon, en publiant au XVIIIe siècle la sépulture mégalithique découverte près d'Évreux en 1685 par monsieur de Cocherel, avait initié les études paléographiques. Il avait relevé dans l'étude des textes anciens que Pausanias le Périégète ou Homère citaient l'utilisation par les hommes du cuivre avant l'utilisation du fer[7].
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+ Des objets réalisés en cuivre natif travaillé à froid ou à faible température sont attestés dès le Néolithique précéramique B (VIIIe millénaire av. J.‑C. au Proche-Orient[8]. La métallurgie du cuivre, avec fonte du minerai, se développe fortement en Bulgarie durant le Ve millénaire av. J.‑C. Des objets assez massifs, notamment des haches, sont produites. À cette même époque, l'or était également travaillé. La métallurgie du cuivre se développe ensuite dans toute l'Europe. Dans plusieurs régions, on a découvert des objets réalisés dans un alliage de cuivre et d'arsenic, parfois désigné bronze arsénié.
12
+
13
+ Le véritable bronze, alliage de cuivre et d'étain, apparaît dans le nord-ouest de l'Anatolie (région de Çanakkale) au début du IIIe millénaire av. J.‑C.[9]. En Europe, c'est dans la culture d'Unétice que l'on trouve les plus anciennes productions d'objets en bronze à partir de la fin de ce même millénaire[8]. Il s'agit de poinçons, d'alênes, de poignards, de haches et de hallebardes. Cependant, durant cette phase ancienne les éléments en bronze demeurent rares puisqu'ils ne sont attestés que dans une centaine de sites répartis des Balkans jusqu'à l'Inde[10].
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+ La métallurgie du bronze, notamment en Europe, ne se développe vraiment qu'au cours du IIIe millénaire av. J.‑C., période correspondant aux premières phases de l'Âge du bronze.
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+ La caractéristique première de l'âge du bronze n'est donc pas l'utilisation des métaux mais la découverte et le développement de la métallurgie, technique nécessaire pour l'obtention du bronze, alliage à 90/10 de cuivre et d'étain. La métallurgie se définit comme un traitement thermique permettant l'extraction de métaux à partir de minerai. Elle nécessite un savoir-faire parfait de l'art du feu, acquis avec la cuisson de la céramique. Il existe d'ailleurs une parenté certaine entre le four du potier et le four du bronzier. Pour extraire un métal d'un minerai, il faut la maîtrise de fours à haute température (le cuivre fond à 1 084 °C[11] ; son addition avec l'étain abaisse considérablement le point de fusion).
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+ Si la première métallurgie du cuivre ne s'est développée que dans les zones disposant de gisements de cuivre, l'âge du bronze se développe dans des régions dépourvues de minerais de cuivre ou d'étain. C'est le cas de la Mésopotamie (Sumer et Ur) où sont très certainement coulés les premiers outils en bronze[12].
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+
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+ Le façonnage des outils lithiques, la confection du tissage ou la fabrication de la poterie ne nécessitent que des produits et des compétences qui ne relèvent que d'une économie locale. Par contre, la métallurgie est à l'origine de la première économie complexe basée sur une production et une distribution couvrant de vastes territoires. Même si les échanges lithiques ou de céramique existent depuis longtemps, ils n'ont jamais atteint un tel niveau de complexité que les échanges de minéraux et d'objets métalliques. L'Âge du cuivre, durant lequel n'est produit qu'un nombre limité d'objets métalliques, ne marque encore aucune rupture sociale dans le mode de vie du Néolithique. L'apparition d'échanges à grandes distances, les propriétés particulières du bronze, qui est utilisé pour produire des armes tandis que les outils domestiques restent souvent lithiques, et la convoitise de nouvelles richesses non périssables entraînent l'apparition d'une différenciation économique qui n'est pas directement productive (celle des armes) et l'apparition d'une hiérarchisation sociale marquée[13].
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+
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+ Si des indices de spécialisation sont perceptibles avec certaines productions lithiques très particulières de l'âge du cuivre (poignards du Grand-Pressigny), avant le développement de la métallurgie, la production se faisait généralement au sein de la famille élargie, d'un clan ou d'un village. Avec la métallurgie, les activités de production vont se spécialiser. Elle nécessite dorénavant des artisans, mineurs ou forgerons, et des marchands qui exercent leur activité, du fait de la complexité ou de la durée, à plein temps. Il faut donc que d'autres personnes leur fournissent en échange subsistance et bientôt protection[13]. Cette spécialisation se lit dans l'organisation des sites tels que Fort Harrouard, sur la commune de Sorel-Moussel où, au sein d'un site protégé, un quartier des bronziers a pu être localisé avec une production spécifique et différente par artisan[14].[réf. non conforme]
24
+
25
+ L'innovation de l'industrie du bronze est son développement hors zone de gisements métallifères. L'approvisionnement, la production et la distribution élargissent leur horizon. Les centres d'extraction sont parfois très éloignés des centres de production, eux-mêmes éloignés des centres d'échange. Cela implique la création d'un mouvement commercial qui semble avoir eu un développement important.
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+
27
+ Si aujourd’hui la typologie mais aussi les analyses chimiques permettent de tracer des voies d'échanges économiques, - comme les routes de l'ambre décrites quelques dizaines de siècles plus tard, par Pline l'Ancien à qui l'on doit le nom de cette route - les conditions de commercialisation comme les mécanismes de distribution (colportage, marchés, diffusion, grand commerce, etc.) ou les moyens d'échanges (ambre, fourrures, poterie, nourriture, etc.) restent encore largement ignorés[13]. L'archéologie sous-marine a apporté une contribution précieuse à la connaissance de ces circuits économiques, notamment grâce aux fouilles de l'épave d'Uluburun.
28
+
29
+ L'économie de subsistance des populations de l'Âge du bronze apparaît peu différente de celle des sociétés néolithiques et de l'âge du cuivre qui les ont précédées : utilisation des meules à va-et-vient de type néolithique, de matériel de broyage, de lames en silex portant le « lustré des moissons ». Les couteaux à moissonner et les faucilles sont encore confectionnées à la fin de l'Âge du bronze avec des éléments de silex. L'apparition de nombreuses faucilles en bronze, parfois minuscules, est attestée mais leur fonction précise reste inconnue[16]. Cette économie reste ainsi essentiellement basée sur les pratiques de l'agriculture de labour et de l'élevage, complétées par les apports de la cueillette et de la chasse, ainsi que des pêcheries (barrages pour retenir poissons et crustacés, au moment du retrait de la mer)[17].
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+
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+ La mise en place progressive d'échanges économiques dans lesquelles la valeur d'usage, base du troc, est accompagnée de notions nouvelles de valeur d'échange. La compétence nécessaire à la production, la relative rareté des produits semi-finis (haches-lingots) et finis vont donc générer des profits. Les scientifiques mettent ces notions en parallèle avec les témoignages archéologiques (retranchements, fortifications, armes, etc.) d'une insécurité grandissante à partir du IIIe millénaire av. J.‑C. Les gisements de minerais et les dépôts de métaux entraînent la convoitise, nécessitant une protection comme celle des voies commerciales[18] ; « c'est alors que la guerre fait une apparition non déguisée parmi les communautés paysannes d'Occident »[19][réf. non conforme] (voir le massacre de Roaix).
32
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+ Une source de profits, des produits non périssables et la possibilité nouvelle d'accumuler des richesses alliés à une spécialisation du travail entraînent une nouvelle organisation sociale qui débouchera sur l'économie palatiale. Cette organisation est lisible dans les habitudes funéraires. Les tombes et le mobilier funéraire témoignent d’une hiérarchisation sociale liée à une confiscation des richesses au profit de potentats. Dans la nécropole de Varna, datant du milieu du Ve millénaire av. J.‑C., les chercheurs ont trouvé dans un endroit spécifique de la nécropole des sépultures contenant un riche mobilier en or dont une hache de pierre au manche de bois décorée d'or et considérée comme un sceptre par les spécialistes. Ces tombes sont interprétées comme celles d'une petite élite riche et puissante[20]. Un peu partout, l'Âge du bronze voit apparaître les tombes individuelles, jusqu'aux tombes mégalithiques, distinguant les puissants, et non plus les tombes collectives du Néolithique final[18].
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+ Une étude portant sur des communautés (pré-) proto-celtique du sud de l'Allemagne montre une continuité sociologique et génétique majeure dans le temps avec des familles patrilinéaires dérivées de population de la culture campaniforme et de Yamna. Cette continuité de l'âge du bronze en Europe centrale est particulièrement visible dans de nombreuses générations de différentes familles patrilocales pratiquant l’exogamie féminine, montrant un héritage patrilinéaire principalement dans les lignées de l'haplogroupe R1b-P312 (principalement U152 +), toutes suivant apparemment un système sociopolitique similaire s'étendant sur plus de 700 ans, depuis l'arrivée des populations de la culture campaniforme d'Europe centrale/Est dans la région (environ 2500 ans av. J.-C.) jusqu'à au moins la fin de l'âge du bronze moyen (environ 1300 av. J.-C.)[21],[22]. on observe un type d'inégalité sociale basée i) sur des ménages complexes constitués d'une famille de base jouissant d'un statut supérieur, transmettant richesse et statut aux descendants, ii) des femmes non locales non liées, riches et ayant un statut élevé. et iii) de personnes locales ayant un statut inférieur. Sur la base de comparaisons de biens funéraires, plusieurs des femmes non locales de statut élevé pourraient provenir de zones habitées par la culture d'Unétice, c’est-à-dire d'une distance d'au moins 350 km. Les ménages de l'Âge du bronze ancien semblent être similaires à l'oikos, la sphère familiale de la Grèce classique, ainsi qu’à la familia romaine, qui comprennent à la fois la famille et les esclaves[21].
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+ L'usage du bronze est connu en Égypte dès la IVe dynastie (2700-2500 av. J.-C.), et restera courant jusqu’à la généralisation du fer, apparu sous la XVIIIe dynastie et couramment répandu à partir de la XXVIe dynastie[23].
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+ L'épave d'Uluburun, découverte au large de la Turquie, témoigne des échanges entre l'Égypte et d'autres contrées méditerranéennes à l'âge du bronze récent (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.).
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+ L'usage du bronze est attesté en Nubie avec le royaume de Koush (2500 av. J.-C.).
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+ En Asie du Sud-Est, la culture Dong Son, nommée ainsi d'après le village éponyme dans le nord du Viêt Nam, remonte au IIIe siècle av. J.-C.
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+ En Chine, la métallurgie du bronze est introduite progressivement dans l'ouest et le nord de la Chine, dans des cultures néolithiques qui ont pratiqué la culture et l'élevage en complément des pratiques de chasseurs-cueilleurs. Cette introduction du bronze apparaît en particulier dans la culture de Qijia (2200-1600 av. J.-C.), au Gansu, peut-être par le corridor du Hexi, et dans celles de Zhukaigou (2000-1400 av. J.-C.) et du Xiajiadian inférieur (2000-1400 av. J.-C.), par des contacts permanents avec des pasteurs nomades d'Asie centrale ou de Sibérie du sud, avec en particulier la famille des cultures d'Afanaseivo (3300-3200 à 2600-2400 av. J.-C.) et d'Andronovo (2100-1500 av. J.-C.)[24], voire avec les « cultures Seima-Turbino » (1700-800 av. J.-C.). Ce sont des technologies de fonte à deux moules ou de forge, voire à cire perdue. L'expansion de la fonte du bronze à multiples moules se développe ensuite à Erlitou (1900-1800 à 1500 av. J.-C.) et à la période d'Erligang (1600-1500 à 1400-1300 av. J.-C.) puis avec la dynastie Shang (1570-1045 av. J.-C.). La culture Sanxingdui, dans le Sichuan lui est contemporaine (2800 à 800 av. J.-C.), mais développe d'autres techniques métallurgiques. Cette dernière culture n'est documentée que par l'archéologie, les écrits chinois ne semblant jamais la mentionner. Le bronze est progressivement utilisé avec le fer à partir de la dynastie Zhou.
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+ En Corée, l'âge du bronze (environ 1500-300 av. J.-C.) qui correspond sur le plan historique à la période Gojoseon, en partie légendaire (2333 à 108 av. J.-C.), et sur le plan archéologique à la période de la céramique Mumun (1500 à 300 av. J.-C.), est caractérisé par l'abondance des dolmens : plus de 30 000 ont été recensés dans les deux Corées. La culture du poignard de bronze s'est développée à la fin de l'âge du bronze dans cette région, dans l'espace qui recouvre les actuelles Mandchourie et Corée, entre environ 800 av. J.-C. et 200 ap. J.-C. Une seconde phase de migration de nombreux coréens, après la première de la période Yayoi (vers 800 av. J.-C.), au nord de Kyūshū apporte la technologie du bonze dans l'archipel et détermine la période Yayoi Ancien (vers 400-300 à 100 av. J.-C.).
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+ La civilisation de la vallée de l'Indus connaît son apogée à l'Âge du bronze. La cité de Mohenjo-daro en est le site archéologique le plus célèbre.
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+ La civilisation proto-élamite, puis Élam, de même que la civilisation de Jiroft, employaient le bronze comme métal. Pour cette dernière, on peut citer les sites de Tepe Yahya et de Konar Sandal.
52
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+ L'âge du bronze correspond, en Mésopotamie, à plusieurs périodes historiques : la civilisation sumérienne (la métallurgie du bronze y est pratiquée vers 2500 av. J.-C.), l'Empire d'Akkad (de la fin du XXIVe siècle au début du XXIIe siècle av. J.-C.) : une célèbre représentation de la tête d'un roi de Ninive, dans l'Empire d'Akkad, en alliage cuivreux et réalisée à la cire perdue date de 2250 av. J.-C. Cet Âge du bronze correspond donc à la période des dynasties archaïques, ainsi qu'aux périodes paléo-babylonienne et assyrienne.
54
+
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+ L'Empire Hittite fait partie des grandes civilisations de l'Âge du bronze avec l'Égypte et l'Empire néo-babylonien. Il était appelé « Heta » par les égyptiens et en relation avec ceux-ci tel que le montre les premiers textes traduits par Jean- François Champollion[25]. L'utilisation du bronze prend forme dans des statues de dieux, de rois, des bijoux et ornements, ainsi que des tablettes gravées.
56
+
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+ La cité d'Ougarit est le lieu où a été découvert le plus ancien système d'écriture alphabétique. Le site Minet el-Beida, en Syrie, était l'avant-port d'Ougarit.
58
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+ Des hommes préhistoriques ayant vécu dans les premières zones minières de l'actuelle Jordanie ont été victimes de saturnisme et d'une forte augmentation des taux osseux de cuivre. Des contaminations humaines et animales sont connues dès l'Âge du bronze dans cette région[26].
60
+
61
+ L'archéologue américain Eric H. Cline a synthétisé les circonstances systémiques ayant mis fin à l'âge du bronze aux XIe et XIIe siècles av. J.-C.[27].
62
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63
+ La culture des castros se développe dans la péninsule Ibérique durant l'Âge du bronze final (IXe siècle av. J.-C.) et se poursuit à l'Âge du fer jusque la conquête romaine. La culture d'El Argar fait également partie de l'Âge du bronze espagnol.
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+ L'âge du bronze débute en Europe centrale avec la culture d'Unétice, vers 2300-1600 av. J.-C. Cette culture doit son nom à la ville d'Únětice, située au nord-ouest de Prague en région de Bohême (République tchèque). Elle s'étend sur tout le territoire de l'actuelle République tchèque, le centre et le sud de l'Allemagne, et l'ouest de la Pologne. Exploitant les gisements d'étain des monts Métallifères, la culture d'Unétice a largement exporté ses productions dans les régions voisines, où elles ont parfois été imitées[28].
66
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+ Généralement bâtis sur des collines, les villages de la culture d'Unétice sont entourés de palissades en bois. Les maisons, longues de 5 à 10 m, sont en bois et torchis, avec un plancher en bois ou un sol en terre battue. Parfois, les murs sont décorés d'un motif géométrique. Dans les plus grands ensembles, comme à Barca en Slovaquie, de véritables rues larges de 2,50 m séparent les maisons, qui ont parfois plusieurs pièces[28].
68
+
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+ Du point de vue économique, la culture d'Unétice est caractérisée par la pratique de l'élevage du mouton, du porc et du bœuf, ainsi que par la chasse du cerf et du sanglier. Le cheval est domestiqué, comme en témoignent de nombreux mors de bride. Pour l'agriculture, on travaille la terre à l'araire en bois, parfois avec un soc en pierre polie[28].
70
+
71
+ Le site funéraire de Sammallahdenmäki, constitué de 33 cairns funéraires en granite, édifiés entre 1500 et 500 av. J.-C., est le premier site archéologique finlandais à être intégré à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
72
+
73
+ En Corse, la forteresse de Cucuruzzu et les statues-menhir de Filitosa illustrent les spécificités de l'âge du bronze dans l'île. Dans le sud de la France, l'âge du bronze commence vers 2300 av. J.-C. lorsque les communautés paysannes intègrent un mouvement d'unification européenne, et dure jusque vers 800 av. J.-C., alors que des bouleversements sociaux venus de l'est amènent la montée en puissance d'une aristocratie guerrière.
74
+
75
+ La production d'outils et d’autres objets en bronze permet aux archéologues d’individualiser les groupes humains d’alors, à côté du reste de la culture matérielle (essentiellement constituée par les céramiques). La production en bronze permet également d’établir des chronologies et des délimitations de populations, à défaut d’autres indices.
76
+
77
+ La vallée des Merveilles est une vallée du massif du Mercantour dans les Alpes où ont été découvertes plus de 40 000 gravures, datées pour la plupart de l’âge du bronze.
78
+
79
+ La civilisation des Cyclades (de 3200 à 2000 av. J.-C.), présente dans les Cyclades, mais aussi en Grèce continentale, fait partie de l'âge du bronze. En Crète, se développe la civilisation minoenne (de 2700 à 1200 av. J.-C.). Enfin, la
80
+ civilisation mycénienne correspond à la fin de l'âge du bronze en Grèce et en Crète.
81
+
82
+ Le célèbre sanctuaire de Stonehenge existait bien avant l'âge du bronze dans les Îles britanniques, mais il a été transformé et étendu durant cette période (voir Stonehenge III). Le site de Flag Fen est également considéré comme un sanctuaire probable. Le cercle de Brodgar est un cercle mégalithique situé dans les Orcades.
83
+
84
+ Les Culture protovillanovienne et de Terramare font partie de l'âge du bronze italien. L'art rupestre du Valcamonica relève essentiellement de cette période.
85
+
86
+ L'âge du bronze danois commence en 1800 av. J.-C. et se termine en 500 av. J.-C. Le char solaire de Trundholm, daté du premier âge du bronze (vers 1400 av. J.-C.), en est l'une des productions célèbres. En Norvège, l'étude des gravures rupestres joue un rôle important dans la connaissance de l'âge du bronze. En Suède, les gravures rupestres de Tanum sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1994.
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+
88
+ L'Amérique du Nord a connu l'usage du cuivre natif, celui-ci étant très abondant dans la région des Grands Lacs, mais les tribus amérindiennes n'y ont jamais développé l'usage d'alliages.
89
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+ Les Amérindiens d'Amérique du Sud ont connu l'usage du cuivre et de ses alliages de nombreux siècles avant l'arrivée des Espagnols. Les Amérindiens de la culture Moche, sur la côte péruvienne, maîtrisaient le coulage du bronze[29] vers le VIIe siècle. La technique de coulée du bronze fut reprise par les Incas, qui en tirèrent aussi bien des ustensiles que des statues[30]. Les Calchaquí, dans le Nord-ouest de l'Argentine, ont également connu la fabrication du bronze[31].
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92
+ L'usage du cuivre a été introduit au Mexique depuis l'Amérique du Sud il y a 1500 ans. Vers 1200, l'influence maritime des Incas y a introduit l'usage de divers alliages de cuivre, dont le bronze mais aussi le tumbaga.
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+ Vache est le nom vernaculaire donné à la femelle du mammifère domestique de l'espèce Bos taurus, un ruminant appartenant à la famille des bovidés, généralement porteur de deux cornes sur le front. Les individus mâles sont appelés taureaux et les jeunes, veaux[1]. Une génisse ou vachette, appelée aussi taure au Québec ou dans le Poitou, est une vache qui n'a pas vêlé. Descendant de plusieurs sous-espèces d'aurochs, les bovins actuels (zébus compris) sont élevés pour produire du lait et de la viande, ou comme animaux de trait. En Inde, la vache est un animal sacré. Le mot vache vient du latin vacca, de même sens[2],[3].
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+ Le poids moyen d'une vache adulte varie en fonction de la race de 500 à 900 kg. Elle est plus petite que le taureau.
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+ Les bovins n'ont pas d'incisives supérieures[4], ils ne peuvent pas très bien mordre l'herbe et leurs dents servent principalement à broyer la nourriture. Pour se nourrir, les bovins utilisent leur langue pour ramasser l'herbe[5], puis la pincer entre leurs incisives inférieures et leur bourrelet gingival[4].
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+
9
+ Vache de race tarentaise.
10
+
11
+ Taureau de race tarentaise.
12
+
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+ Alors que les taureaux sont destinés principalement à la boucherie et rarement à la reproduction, les vaches sont le plus souvent destinées à assurer le renouvellement du troupeau ou la production de lait. La vache est élevée soit pour son lait (races de vaches laitières), soit pour la production de viande (races à viande ou « allaitantes »), soit pour les deux (races mixtes).
14
+
15
+ Comme tous les mammifères, une vache ne peut donner du lait qu'à partir du moment où elle a mis bas[6]. Avant d'avoir eu son premier veau, la jeune femelle est appelée génisse.
16
+
17
+ Les vaches laitières en fin de vie sont normalement mises à l'engraissement et envoyées à l'abattoir (vaches de réforme). Elles fournissent en France l'essentiel de ce qui est commercialisé sous la dénomination « viande de bœuf » (80 % en 2013)[7].
18
+
19
+ La France comptait 18,9 millions de vaches en 2006[8] et 18,7 millions de têtes de vaches en France en 2011.
20
+ 35 % du cheptel (toutes vaches confondues) vit dans le centre de la France. 39 % du même cheptel est en Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie.
21
+
22
+ La Prim’Holstein est la race laitière la plus répandue en France.
23
+
24
+ De 1985 à 2011, le nombre de vaches allaitantes a augmenté, passant de 3 339 000 têtes à 4 108 000 têtes (soit +23 % en 26 ans).
25
+
26
+ Dans le même temps le nombre de vaches laitières est passé de 6 538 000 têtes à 3 678 000 (soit -44 %).
27
+
28
+ C'est après fin 2003 que le nombre de vaches allaitantes a dépassé le nombre de vaches laitières.
29
+
30
+ Répartition des laitières et allaitantes par région : fort nombre de têtes de vaches allaitantes en Pays de Loire, ainsi que dans la diagonale Bourgogne, Massif-Central, Midi-Pyrénées. Et fort nombre de têtes de vaches laitières à l'Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie).
31
+
32
+ Près de deux millions de veaux sont abattus chaque année en France, dont la plus grande partie provient du cheptel de vaches laitières[9].
33
+
34
+ En Inde, une grande partie de la population considère traditionnellement les vaches comme des animaux sacrés. Elles sont libres de se promener dans les rues et jusque sur les autoroutes. Elles ne sont pas destinées à être mangées mais fournissent le lait nécessaire aux rituels religieux. Le barattage de la mer de lait est un des mythes de la cosmogonie indienne.
35
+
36
+ La vache Audhumla est un mythe cosmogonique de la mythologie scandinave.
37
+
38
+ La sourate Al-Baqara (en arabe: سورة البقرة, Sūratu al-Baqarah, « La vache ») est la deuxième et la plus longue sourate du Coran. Le nom de « sourate de la vache » fait référence à un différend entre Moïse et les Israélites à propos d'une vache qu'ils doivent sacrifier afin de connaître le meurtrier d'un homme tué. Ne pas confondre avec l'incident biblique où Moïse interdit d'adorer le veau d'or.
39
+
40
+ La Torah fait référence au rite de la Vache rousse[10].
41
+
42
+ Proverbe : « À chacun son métier, et les vaches seront bien gardées[11] ».
43
+
44
+ Expressions :
45
+
46
+ Voir aussi : Idiotisme animalier.
47
+
48
+ Peinture à l'huile par Carl Rudolf Huber, 1873.
49
+
50
+ Vache qui se gratte, huile sur toile de Constant Troyon (1859)
51
+
52
+ Sculpture de vache en courges.
53
+
54
+ Scène de traite sur une porte de la cathédrale de Guildford.
55
+
56
+ Mosaïque romaine.
57
+
58
+ Dessin de bande-dessinée par Benjamin Rabier.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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1
+ L'intestin est une partie du tube digestif, qui contribue à la digestion des aliments et au passage des nutriments vers le sang et le reste de l'organisme chez les bilatériens. Cette partie de l'appareil digestif s'étend de la sortie de l'estomac à l'anus. Chez les humains et la plupart des mammifères, il est divisé en deux parties appelées l’intestin grêle et le gros intestin. Chez les animaux à système circulatoire, c'est la partie du corps qui assure l'assimilation dans le sang des nutriments provenant des aliments. L'intestin en bonne santé est une barrière contre certains microbes, mais perméable aux nutriments. Il est le lieu d'une intense vie microbienne (microbiote intestinal, microbiote intestinal humain). Toute altération anormale de sa perméabilité peut affecter l'organisme entier[1].
2
+
3
+ Le tube digestif est la partie postérieure du canal alimentaire des bilatériens qui est constitué de deux orifices, la cavité buccale et l'anus. Il est mis en place sous forme d'archentéron, intestin primitif dans l'embryon. L’axe antéro-postérieur de ces animaux à symétrie bilatérale est déterminé par l’axe de formation de l’intestin.
4
+
5
+ Au-dessus du grand intestin, le tube digestif est parfois appelé tractus gastro-intestinal supérieur, tandis que tout ce qui se trouve en dessous appartient au tractus gastro-intestinal inférieur.
6
+
7
+ L'intestin humain mesure de 7 à 8 mètres. La surface d'absorption de la muqueuse intestinale a été estimée à 32 m2[2]. Les anciennes estimations de 260 à 300 m2, soit équivalent à celle d'un terrain de tennis, ont longtemps prévalu mais se sont avérées erronées car réalisées sur des tissus morts[2].
8
+
9
+ Alors que l'estomac « casse » principalement les molécules constituant les aliments en plus petites molécules, la digestion se poursuit dans l'intestin grêle, où un certain nombre de molécules sont réduites à l'état de nutriments, assimilables par l'organisme. La fine membrane de l'intestin grêle est recouverte de plis et de villosités afin d'augmenter la surface d'échange avec le réseau sanguin. La plupart des protéines sont ainsi assimilées dans l'intestin grêle, ainsi que les glucides et lipides.
10
+ Chez les humains, il mesure entre 3 et 6 mètres et est composé du duodénum, du jéjunum et de l'iléon.
11
+
12
+ Le gros intestin chez l'humain mesure entre 1 et 1,5 mètre et comporte trois parties : le cæcum (portant l’appendice vermiforme), le côlon et le rectum.
13
+
14
+ Le gros intestin héberge des bactéries vivant en symbiose avec leur hôte, qui peuvent décomposer des molécules que le corps humain n'est pas capable d’assimiler. Cette flore intestinale (ou microbiote intestinal) est indispensable au bon fonctionnement du processus de la digestion.
15
+
16
+ Côlon et rectum sont parfois le siège de proliférations anormales, non contrôlées, des cellules de leur muqueuse. Ceci provoque une grosseur en forme de polype (adénome), qui peut dégénérer en cancer du côlon invasif.
17
+
18
+ Environ 200 millions de neurones sont présents dans l'intestin humain et le système nerveux entérique communique de manière étroite avec le système nerveux central[3][source insuffisante].
19
+
20
+ Des études[Lesquelles ?] ont suggéré que le microbiote intestinal prendrait également part à la communication entre l'intestin et le cerveau et influencerait le fonctionnement cérébral. Certains chercheurs[Lesquels ?] se pencheraient même sur des liens possibles entre un déséquilibre du microbiote intestinal et certains troubles psychiques comme le stress, la dépression, mais aussi les maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer...)[3].
21
+
22
+ L'intestin des animaux est doué d'une motricité propre[4], en grande partie réflexe. C'est elle qui va pousser le bol alimentaire (chyme), au fur et à mesure de sa digestion.
23
+
24
+ Chez tous les Mammifères dont l'humain, l'intestin grêle est constitué d'une muqueuse enrobée ; premièrement de couches circulaires de fibres musculaires (internes), capables de constriction, et deuxièmement d'un manchon de fibres musculaires orientées longitudinalement[4].
25
+ Ce double système musculaire est contrôlé d'une part par le système parasympathique qui les stimule, et par le système sympathique qui au contraire les détend par inhibition de fibres parasympathiques (via les neurones situés entre les couches de muscles circulaires et longitudinaux dites plexus nerveux myentérique ou plexus d'Auerbach)[4].
26
+ En complément, l'épithélium, abrite les neurones sensitifs de trois types de récepteurs de la muqueuse (chémorécepteurs, mécanorécepteurs et tensorécepteurs)[4]. Ceux-ci ont des afférences vers le tronc cérébral, la moelle épinière, le plexus myentérique et le plexus sous-muqueux.
27
+
28
+ Dans l'intestin lui-même, les villosités et leurs microvillosités sont également animées de lents mouvements permettant un brassage du contenu, et permettant d'augmenter le contact entre la muqueuse et les éléments du bol alimentaire.
29
+
30
+ Le jeu combiné des fibres musculaires permet des mouvements pendulaires (via la musculature longitudinale), des mouvements de segmentation (via les muscles circulaires constricteurs) et des mouvements péristaltiques (poussée du chyme vers le gros intestin ou l'anus).
31
+ Le péristaltisme (force et rythme) est réglé par les tensorécepteurs qui resserrent le diamètre du tube intestinal (la lumière) derrière le bol alimentaire et qui l'ouvrent devant ; ce péristaltisme est actif entre les périodes de prise d'aliments, mais s'interrompt la nuit vers 22 h 30 (rythme chronobiologique et nycthéméral). Durant la digestion, ce sont les mouvements de brassage qui dominent. Au moment de l'excrétion ou de l'élimination des gaz (méthane, CO2) ce sont les mouvements péristaltiques d'expulsion qui sont activés, consciemment cette fois.
32
+ Au passage, une partie de la muqueuse intestinale est érodée et se retrouve dans les excréments, mais elle est constamment renouvelée[5][réf. à confirmer].
33
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34
+ L'intestin primitif aura un épithélium constitué de l'hypoblaste tapissant le lécithocèle secondaire.
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+ Parmi ces maladies, on distingue souvent les maladies inflammatoires chroniques intestinales.
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+ Le scoutisme (de l'anglais scout, mot signifiant, à l'origine, éclaireur, lui-même issu de l'ancien français « escoute » signifiant écoute[1]) est un mouvement de jeunesse mondial créé par Lord Robert Baden-Powell, un général protestant britannique à la retraite, en 1907, à Brownsea. Aujourd'hui, le scoutisme (comprenant les guides, les éclaireuses et les éclaireurs) compte plus de 40 millions de membres dans 217 pays et territoires, de toutes les religions et de toutes les nationalités, représentés par plusieurs associations scoutes au niveau mondial.
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+ Le scoutisme est un mouvement de jeunesse reposant sur l'apprentissage de valeurs, telles que la solidarité, l'entraide et le respect. Son but est d'aider le jeune individu à former son caractère et à construire sa personnalité tout en contribuant à son développement physique, mental et spirituel. Pour atteindre cet objectif, le scoutisme s'appuie sur des activités pratiques dans la nature, mais aussi des activités en intérieur, destinées plutôt à un apprentissage intellectuel. Le scoutisme s'appuie sur une loi et une promesse et a généralement une dimension religieuse ou spirituelle.
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+ Les membres sont appelés « scouts » (suivant le terme anglais international d'origine) ou parfois « éclaireurs » (sa traduction) dans les pays francophones. Au sens strict, ces termes désignent les jeunes garçons âgés de 12 à 17 ans. Au sens plus large, les encadrants, les animateurs ou les anciens membres sont des scouts, ou « restent des scouts dans l'âme ». Le « scout » est connu du public par le port d'un foulard et d'une tenue plus ou moins complète.
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+ Le guidisme est l'équivalent féminin catholique du scoutisme. Le mouvement féminin autre est celui des éclaireuses. À partir des années 1950, certains mouvements scouts ont fait le choix de la mixité (ou « coéducation ») dans les unités, tandis que d'autres conservent aujourd'hui des unités ou troupes exclusivement masculines ou féminines.
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+ En Rhodésie du Sud en 1896, Frederick Russell Burnham avait enseigné des techniques de survie à Robert Baden-Powell, devenant ainsi l'une des sources d'inspiration de la création du scoutisme. Les prémices d'une idée de scoutisme datent du siège de Mafeking en Afrique du Sud au cours de la Seconde Guerre des Boers (1899-1902) au cours de laquelle Baden-Powell sert comme officier de commandement. Avec beaucoup d'astuce et de courage communicatif, il réussit à sauver la ville de Mafeking qui était assiégée depuis 217 jours par des troupes ennemies quatre fois plus nombreuses. Baden-Powell utilisa les jeunes de la ville appelés les cadets comme messagers pour transmettre des messages à pied et à vélo, comme observateurs, sentinelles et éclaireurs.
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+ À la libération de la ville, le 16 mai 1900, Baden-Powell est acclamé comme un héros et est nommé major-général par la reine elle-même. Il prouva que des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu'on leur fasse confiance. Il publie ses observations sous le nom de « scouting » (l’art des éclaireurs) dans un petit fascicule destiné aux militaires appelé : « Aids to scouting ».
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15
+ À son retour en Angleterre, Baden-Powell fut accueilli triomphalement. Il constate que « Aids to scouting » a un immense succès auprès des garçons britanniques et est utilisé par des éducateurs. Il reçoit même beaucoup de courriers de garçons lui demandant des conseils. Frappé par le spectacle d'une jeunesse britannique des quartiers désœuvrés livrée à la drogue et au tabac, souvent en mauvaise santé et délinquante, il décide de mettre l'expérience apprise à la guerre au service des jeunes gens, cette fois dans une optique de paix. « Sa carrière lui a permis de connaître les hommes pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes avec bienveillance et patience », commente Michel Seyrat, spécialiste de la pensée du fondateur du scoutisme[2].
16
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17
+ S'inspirant de nombreuses expériences éducatives auprès des mouvements de jeunesse de l'époque, il reprend des éléments entiers des méthodes d'autres associations, suscitant parfois des conflits comme celui qui l'oppose à Ernest Thompson Seton. Mais ce qui le caractérise c'est sa capacité à synthétiser toutes ces lectures et toutes les expériences sur lesquelles il s'est documenté pour produire un mouvement de jeunesse qui possède ses propres références et ses rites caractéristiques.
18
+ Notons parmi ses sources, les Wandervogel allemands ou autrichiens, les rites d'initiation zoulous, la gymnastique développée en Allemagne par F.L. Jahn, sans compter les codes de chevalerie dont il n'était pas le premier à s'inspirer, suivant en cela l'exemple de Ruskin aux États-Unis (Knight of King Arthur) ou le mouvement Woodcraft qui pratiquait déjà un système de badges.[réf. nécessaire]
19
+
20
+ Mais ce qui marque également Robert Baden-Powell, c'est sa propre adolescence et son environnement familial. Son enfance est bercée par le récit des aventures de son grand-père, l'amiral William Henry Smyth. Il pratique la voile avec ses frères, ce qui lui inspire plus tard plusieurs récits autobiographiques, notamment la construction du voilier de son frère avec quelques amis du métier.
21
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22
+ Il apprend la répartition des responsabilités à bord, l'acquisition de compétences et la vie d'équipage. Un autre de ses ancêtres, John Smyth, explorateur, avait traversé l'Océan et sillonné la Virginie, alors territoire inexploré. Comment échapper à toutes ses influences quand sa mère l'autorise à accompagner Warington, l'ainé de Baden Powell, navigateur endurci, auprès duquel il acquiert une expérience de la navigation qui l'influencera durablement[3].
23
+
24
+ « À la fin de ma carrière militaire », dit Baden-Powell, « je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix ; le scoutisme n'a rien de commun avec les principes militaires. »
25
+
26
+ En 1907, alors âgé de 50 ans, il organise un camp de quinze jours avec une vingtaine de garçons de différentes classes sociales sur l'île de Brownsea, qui débute le 29 juillet. Il y teste ses idées d'éducation par le jeu, d'indépendance et de confiance. À la suite de ce camp, Sir William SMYTH (fondateur de la « boy’s brigade ») lui demande d’écrire un ouvrage sur la manière dont le « Scouting » pouvait être adapté à la jeunesse qu’il appelle : Scouting for boys (Éclaireurs).
27
+
28
+ Baden-Powell pensait alors que ce livre pourrait donner des idées aux jeunes pour se regrouper en organisations. En effet, les premières patrouilles de scouts furent créées et Baden-Powell reçut de nombreuses demandes d'aide. Il les encouragea et le développement du mouvement scout commença au Royaume-Uni avec la création des scouts marins, des scouts de l'air et d'autres unités spécialisées.
29
+
30
+ Baden Powell dirigea avec son frère Warington un camp nautique en 1908, à Buckler's Hard, dans le Hampshire, en Angleterre, peu après celui de Brownsea Island en 1907, avec là aussi une vingtaine de garçons posant les fondations des « Sea Scouts ». C'est ainsi que Baden-Powell en vint à lancer le scoutisme marin avec l'aide de son frère Warington, avocat à l'amirauté, marin expérimenté et promoteur de la navigation en canoë. Cependant, les scouts marins ne seront pas nommés ainsi avant 1912. Auparavant, en 1910, Warington aura écrit Sea Scouting and Seamanship for Boys, préfacé par son frère, le premier manuel de scoutisme marin, qui fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme par les nombreux jeunes britanniques intéressés par cette nouvelle forme de scoutisme.
31
+
32
+ Baden-Powell ne pouvant plus conseiller personnellement chaque jeune qui lui demandait de l'aide, il décida de mettre en place une formation des adultes pour l'encadrement. Le Wood Badge course est alors créé à ce propos. En 1919, Gilwell Park près de Londres est acheté afin d'être utilisé comme camp et site d'entraînement pour les adultes.
33
+
34
+ Le scoutisme a commencé à se répandre à travers la Grande-Bretagne et l'Irlande bien avant la publication du Scouting for boys de Baden-Powell et il s'étend rapidement dans l'empire britannique. La première unité hors du Royaume-Uni connue a été transportée à Gibraltar en 1908 suivie par Malte peu de temps après. Le Canada devint le premier dominion possédant un programme Boy Scout, puis l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud quelques années après. Le Chili est le premier pays hors des dominions britanniques à posséder un mouvement scout reconnu. Le mouvement fait des émules en France à partir de 1909 à Nantes[4],[5].
35
+
36
+ Le premier rally scout se tient au Crystal Palace à Londres en 1910. Il attira 10 000 garçons ainsi que de nombreuses filles. En 1910, la Belgique, l'Inde, Singapour, la Suède, la Suisse, le Danemark, la France, la Russie, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, le Mexique, l'Argentine, la Grèce et les États-Unis ont des Boy Scouts...
37
+
38
+ En 2007, le scoutisme a célébré ses 100 ans d'existence, avec plusieurs grands événements tel que le renouvellement de la promesse qui a eu lieu le 1er août partout dans le monde, le JAMbe (rassemblement de 95 000 scouts et guides en Belgique, ce qui constitue un record[6]), le jamboree mondial à Chelmsford et sur l'île de Brownsea (Royaume-Uni), ou encore le jamboree de Chambord (France) réunissant plus de 17300 Scouts Unitaires de France (SUF) sur 23700, ou l'Aquajam réunissant des pionniers et caravelles français et espagnols dans les Pyrénées.
39
+
40
+ En 2008, on compte plus de 28 millions de scouts et plus de 10 millions de guides dans le monde, répartis dans 216 pays[7],[8].
41
+
42
+ Selon l'Organisation mondiale du mouvement scout, le but et les principes du mouvement scout sont[9] :
43
+
44
+ Le mouvement scout a pour but de contribuer au développement des jeunes en les aidant à réaliser pleinement leurs possibilités physiques, intellectuelles, sociales et spirituelles, en tant que personnes, citoyens responsables et membres des communautés locales, nationales et internationales.Il a aussi pour but de compléter l'éducation parentale.
45
+
46
+ Selon le Chapitre I de la Constitution et Règlement Additionnel de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout
47
+
48
+ Historiquement, deux sources distinctes ont contribué à la création du scoutisme :
49
+
50
+ Ces deux sources donnent lieu aujourd'hui à des divergences d'application selon les associations qui les mettent en œuvre. On vit ensuite Baden Powell vouloir étendre son recrutement à toutes les couches de jeunes gens, du fait qu’il constituait une des premières formes d'encadrement des loisirs. Dès le départ, Baden Powell construit un mouvement de jeunesse dont il va établir les principes dans son livre Scouting for boys ainsi qu'une série de conférences.
51
+
52
+ Le scoutisme est fondé sur un principe pédagogique qui cherche à donner des responsabilités à l’enfant et à l’adolescent pour former son caractère par le jeu et l'action dans la nature et à épanouir sa vie sociale dans le respect des valeurs traditionnelles de son milieu social. De manière régulière, le scoutisme propose des camps en milieu naturel et des activités d’entraide, de bienfaisance, humanitaires. À l'origine les jeunes étaient séparés par classe d’âge et par sexe, assurant différentes activités en fonction des groupes.
53
+
54
+ Les organisateurs d'activités de scoutisme sont soumis aux obligations générales valant pour toute structure d'animation accueillant des mineurs. Cependant, ils bénéficient de conditions dérogatoires par rapport aux structures d'animation classiques, avec ou sans hébergement[10].
55
+
56
+ La loi scoute est la règle que chaque jeune adhérent à un mouvement scout tente de respecter. Elle fait partie, comme la promesse, le système des patrouilles et les activités de plein air des principes édictés par lord Robert Baden-Powell dans son livre Éclaireurs édité en 1908.
57
+
58
+ Il est important de souligner que le terme de loi chez les scouts n'a en aucun cas de sens légal. La loi est une série de « conseils de vie » qui sont proposés au jeune. C’est lui qui choisit de « faire de son mieux » pour suivre ces conseils, après réflexion et avec l’aide de ses chefs, de sa famille et des amis. En cas de non-respect de la loi, aucune sanction ne sera prise. Tout au plus une discussion lui permettra de prendre conscience pour faire mieux la fois suivante et ainsi progresser. Chaque jeune a donc la possibilité de s’approprier cette loi et de la mettre en application à son rythme en fonction de ses points forts et de ses faiblesses.
59
+
60
+ Si les principes fondateurs sont les mêmes, la loi scoute diffère dans son contenu et sa formulation d'un mouvement à l'autre, et d'un âge à l'autre.
61
+
62
+ La Promesse est l'engagement solennel que prend, au cours d'une cérémonie, le ou la jeune pour marquer son adhésion à la loi et aux valeurs du scoutisme. Elle fait partie des constantes de toutes les branches du scoutisme. Seule la forme change d'un mouvement à l'autre. Dans bien des associations la promesse contient une référence à Dieu. Quelques associations font de la promesse un engagement devant les pairs.
63
+
64
+ « Soyez toujours fidèles à votre Promesse scoute même quand vous aurez cessé d'être un enfant - et que Dieu vous aide à y parvenir ! » sont les derniers mots de la lettre d'adieu que Baden-Powell adresse à l'ensemble des éclaireurs.
65
+
66
+ Les mots de Baden-Powell sur le scout à son image sont : recherche, observation, déduction, nautisme, secourisme, santé, discipline, responsabilités, chevalerie et patriotisme.
67
+
68
+ La tenue est une des caractéristiques du mouvement scout comme le rappelle Baden-Powell lors du Jamboree de 1938 : « il recouvre les différences de pays et d'origines et leur fait sentir qu'ils appartiennent tous à la même Communauté du Monde. »
69
+
70
+ Inspiré de celui porté par les troupes coloniales britanniques, l'uniforme original est constitué d'une chemise kaki, d'une culotte courte et d'un chapeau à larges bords (Quatre-bosses). Par ailleurs, Baden-Powell portait également un short puisque d'après lui, le fait d'être habillé de la même façon que les jeunes contribuait à réduire la distance qui les séparait des adultes. On lui prête aussi l'affirmation selon laquelle « on n'attrape pas froid par les genoux ! ».
71
+
72
+ De nos jours, les tenues ont évolué. Si certains mouvements ont conservé une tenue classique, dans d'autres, les tenues se sont simplifiées et colorées. On en trouve des bleus, orange, rouges ou verts, ne gardant parfois de la tenue qu'une chemise et un foulard. De la même façon, les culottes courtes sont parfois remplacés par des pantalons, notamment dans les pays où la culture demande de la réserve ou pour des raisons climatiques. La jupe-pantalon peut aussi être adoptée pour les Guides dans certains pays. De même, le chapeau "quatre-bosses" peut être remplacé par un béret à deux flots, un bachi (béret à pompon, pour les marins) ou un calot, voire assez souvent, pas de couvre-chef du tout.
73
+
74
+ Enfin, chaque association, dans les différents pays, dispose d'une couleur pour son uniforme et au sein d'une même association, il arrive que la couleur de la tenue diffère en fonction de l'âge.
75
+
76
+ Le mouvement scout possède deux symboles internationaux : la fleur de lys utilisée par les organisations membres de l'Organisation mondiale du mouvement scout et le trèfle par les membres de l'Association mondiale des Guides et Éclaireuses. Ces badges font partie de l'uniforme officiel des scouts.
77
+
78
+ Le badge de l'OMMS est circulaire et violet avec une fleur de lys en son centre. Il est entouré par un morceau de corde fermé par un nœud plat. La fleur de lys est un symbole ancien utilisé par Baden-Powell pour les scouts enrôlés dans l'armée britannique et qui est par la suite adopté et modifié par le mouvement scout. La pointe en flèche représente le Nord sur une boussole et avait pour but de guider les scouts sur le chemin de l'aide et de l'unité. De la même façon, les trois pointes de la fleur de lys représentent les trois devoirs envers Dieu (ou un "Idéal Élevé" pour les mouvements non confessionnaux), soi-même et les autres et rappellent également les trois principes de Franchise, Dévouement et Pureté. Les deux étoiles à cinq branches représentent la vérité et le savoir avec les dix branches symbolisant les dix points de la loi scoute. Enfin, le lien au bas de la fleur tend à montrer l'esprit de famille du scoutisme[11].
79
+
80
+ Le symbolisme du trèfle de l'AMGE est assez similaire : les trois feuilles représentent les trois devoirs et les trois parties de la promesse scoute, les deux étoiles à cinq branches symbolisent la loi scoute et la veine au centre représente l'aiguille de la boussole montrant le droit chemin. Enfin, la base du trèfle représente la flamme de l'amour et les couleurs bleu et or le soleil qui brille sur tous les enfants du monde[12].
81
+
82
+ Le svastika a également été utilisé par les Boy scouts. D'après « Johnny » Walker[13], la première utilisation par le scoutisme date du Thanks Badge de 1911. En effet, le dessin de la médaille du mérite de Baden-Powell en 1922 ajoutait un svastika à la fleur de lys en signe de bonne chance à celui qui la recevait. Comme Rudyard Kipling, il avait sans doute découvert ce symbole en Inde. Cependant, au cours de l'année 1934, de nombreux scouts ont demandé un changement dans le dessin du fait de l'utilisation du svastika par le parti national-socialiste des travailleurs allemands. Une nouvelle médaille du mérite est alors éditée en 1935.
83
+
84
+ Les mouvements chrétiens utilisent généralement le symbole de la croix sous diverses formes comme la croix de Jérusalem, la croix potencée.
85
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86
+ Le terme « totem », originaire des Indiens d'Amérique, a été repris par la tradition scoute dans certains pays. Il s'agit de qualifier son titulaire d'un nom d'animal suivi d'un adjectif, ce nom et cet adjectif représentant ses qualités morales et/ou physiques. Cet adjectif est parfois une qualité sur laquelle le jeune doit travailler, c'est une qualité à acquérir. Dans la tradition scoute, ce totem est donné à la suite d'une épreuve initiatique (constituant la « totémisation »). Le nom de l'animal devient alors une partie officielle connue de tous, l'usage de l'adjectif étant parfois réservé aux autres « sachems ».
87
+
88
+ Toutefois, à la suite de dérives dans la pratique de la « totémisation », la majorité des mouvements scouts en France l'ont interdite. D'autres associations françaises l'ont réservée à leurs seuls aînés dans un cadre ludique. En Belgique et Suisse notamment, la totémisation subsiste mais dans un cadre rénové. Au Québec, la pratique de la totémisation demeure courante.
89
+
90
+ Gamme d'activités pratiquées par les scouts, ici en Grande-Bretagne, en Belgique, aux États-Unis, en Allemagne et en Indonésie :
91
+
92
+ Repas trappeur.
93
+
94
+ Veillées clôturant une journée.
95
+
96
+ Woodcraft et campement.
97
+
98
+ Activités en intérieur.
99
+
100
+ Découverte de la nature.
101
+
102
+ Bricolages.
103
+
104
+ Activités manuelles à vocation d'apprentissage « scientifique ».
105
+
106
+ Activités purement sportives.
107
+
108
+ Apprentissage divers.
109
+
110
+ Travaux d'intérêt général.
111
+
112
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
113
+
114
+ Il existe de nombreux mouvements de scoutisme à travers le monde, qui reprennent les principes éducatifs de Baden-Powell. Ces mouvements sont généralement affiliés aux deux fédérations mondiales, qui ont été mises en place sous la houlette de Robert Baden-Powell : l'Organisation mondiale du mouvement scout (OMMS, ou WOSM en anglais), basée à Kuala Lumpur (Malaisie) et l'Association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE, ou WAGGGS en anglais), basée à Londres (Royaume-Uni). Ces deux fédérations ne reconnaissent dans chaque pays qu’une seule association ou fédération d'associations à l'exception du Canada (à l'image du Scoutisme français).
115
+
116
+ Il existe d'autres fédérations internationales, comme l'union internationale des guides et scouts d'Europe (UIGSE), basée à Château-Landon (France), qui regroupe des associations non-adhérentes à l'OMMS ou l'AMGE.
117
+
118
+ Le scoutisme est à la base d’une abondante littérature pour adolescents, exaltant les vertus (dévouement, service…) mises en avant par le scoutisme.
119
+
120
+ Le scoutisme est également largement exploité dans la littérature pour la jeunesse. Parmi les exemples les plus célèbres :
121
+
122
+ Voici une liste alphabétique non exhaustive des albums de bande dessinée ayant trait au scoutisme :
123
+
124
+ Voici une liste alphabétique non-exhaustive des films ayant trait au scoutisme :
125
+
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