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+ La masturbation est une pratique sexuelle, consistant à provoquer le plaisir sexuel par la stimulation des parties génitales ou d’autres zones érogènes, généralement à l’aide des mains, ou parfois d’objets tels des godemichets ou autres jouets sexuels.
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+
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+ La masturbation est pratiquée par quasiment tous les mammifères, mais surtout par tous les primates.
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+
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+ L’attitude sociale envers la masturbation change suivant les époques et suivant les cultures. En Occident, la masturbation a été particulièrement réprimée du XVIIIe au début du XXe siècle. Dans les religions, les positions morales varient de permissive à interdite. Actuellement, la masturbation est reconnue par la sexologie occidentale comme une activité sexuelle aussi « normale » que les autres.
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+ D’après le dictionnaire Le Grand Robert, la masturbation est « une pratique qui consiste à provoquer le plaisir sexuel par l’excitation manuelle des parties génitales (du sujet ou du partenaire) »[1].
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+
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+ D'après les manuels de sexologie, on peut distinguer plusieurs types de masturbation[2],[3],[4],[5] :
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+ La masturbation peut être réalisée :
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+ L’étymologie du mot « masturbation » rappelle l’ancienne condamnation morale de cette pratique. « Le mot « masturbation » a été formé pour la première fois dans la langue française par Montaigne sous la forme « manustupration » dans l’Apologie de Raimond Sebond, 12e chapitre du deuxième livre des Essais. […] Le mot va coexister pendant plus d’un siècle sous deux formes concurrentes : manustupration et masturbation. Le premier terme, « manustupration », vient de manus, « la main », et stupratio, « l’action de souiller ». La manustupration serait alors le fait de se souiller par une action de la main, ou encore de se donner du stupre, plaisir honteux, par la main. Le second terme, « masturbation », vient du latin masturbatio et peut-être du grec mastropeuein, « prostituer »[8]. »
14
+
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+ Cette ancienne condamnation morale se retrouve également dans les synonymes de la masturbation : onanisme et abus de soi[3]. Pour éviter cette connotation négative et culpabilisante, on utilise parfois le terme « auto-sexualité » à la place du mot « masturbation ».
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+
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+ Les techniques de masturbation sont différentes pour les hommes et les femmes, en raison de leurs appareils génitaux différents, mais elles varient également beaucoup d’un homme à l’autre et d’une femme à l’autre.
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+ La plupart des hommes qui se masturbent le font par un geste de va-et-vient de leur main directement sur leur pénis ou après intrusion de celui-ci dans un tissu (caleçon, culotte, chaussette, mouchoir pour recueillir le sperme…). Certains (et notamment ceux qui sont circoncis) se masturbent en stimulant le frein du pénis du bout des doigts. Il est également possible d’utiliser un lubrifiant (salive, gel, huile de massage…) pour faciliter le glissement.
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+
21
+ La plupart des femmes qui se masturbent le font en stimulant leur clitoris ou leur vagin, soit avec leurs doigts, soit avec un objet contre ou avec lequel elles se frottent. Certaines se masturbent uniquement en se pénétrant (avec les doigts, un godemichet ou autre) mais c’est relativement rare, d’autres apprécient de cumuler les stimulations clitoridiennes et vaginales et pourquoi pas anales[réf. nécessaire]. Chacune a, en général, une position et technique préférée, pratiquée la majorité du temps[réf. nécessaire].
22
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+ Les femmes comme les hommes peuvent se masturber l’anus, soit uniquement l’orifice, soit par pénétration, avec des doigts ou avec un objet ; ce plaisir est encore plus grand pour les hommes[réf. nécessaire] lors de la pénétration puisque cela stimule la prostate.
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+
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+ Les hommes comme les femmes peuvent stimuler d’autres parties sensibles de leur corps en même temps ou à la place de leurs parties génitales : scrotum, tétons, seins, cuisses, pieds, aisselles, ventre, nombril, cou, testicules pour les hommes, selon leur sensibilité.
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+
27
+ Certaines personnes utilisent des techniques de contrôle de l'orgasme lors de la masturbation pour prolonger les sensations préorgastiques, ou pour étendre la durée de la sensation orgastique[9],[10], ou pour provoquer plusieurs orgasmes[11].
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29
+ Dans certaines sociétés traditionnelles, il existe des techniques particulières de masturbation.
30
+
31
+ Pour se masturber, les femmes Lesu de Nouvelle-Guinée « s’assoient par terre et plient leur jambe droite de telle sorte que leur talon s’appuie contre leur sexe. […] C’est une position habituelle pour les femmes, qui est apprise dans l’enfance. Les femmes n’utilisent jamais leurs mains pour la manipulation du sexe[12]. »
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+
33
+ Les chimpanzés utilisent parfois des « jouets sexuels » pour se masturber. « Un chimpanzé femelle adulte jouait avec une mangue. D’abord elle a placé le fruit sur sa vulve. Puis, apparemment insatisfaite des résultats de cette procédure, l’animal a posé la mangue par terre, s’est assis dessus, en tournant, en se tortillant, et en frottant avec ses mains. Elle changeait continuellement sa position, comme pour améliorer sa technique de production des frictions génitales. Puis le chimpanzé s’est levé et baissait son corps de façon répétée, cognant sa vulve contre le fruit[13]. »
34
+
35
+ Grâce à certaines particularités de leur anatomie, des animaux peuvent utiliser des techniques irréalisables chez l’être humain : les singes-araignées utilisent la pointe de leur queue, qui est extrêmement préhensile, pour manipuler leur pénis. Les éléphants stimulent parfois leur organe génital avec leur trompe[14]. Enfin, « La masturbation chez le cerf est réalisée en baissant la tête et en frottant doucement la pointe de ses bois dans l’herbe. Puis après environ cinq à sept secondes, on observe l’érection et la sortie du pénis de son fourreau. Il n’y a quasiment pas de saillie ou de rétractation du pénis, ou de mouvements d’oscillation du pelvis. L’éjaculation se produit environ cinq secondes après l’érection du pénis. La masturbation dure en tout de dix à quinze secondes[15]. »
36
+
37
+ La masturbation est habituelle chez les primates[14], il est donc vraisemblable qu'elle existe depuis toujours chez les humains.
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+
39
+ Jusqu'au milieu du XXe siècle, comme la masturbation n'a aucune relation avec la reproduction, la plupart des savants ont pensé quelle provenait d'une maladie ou d'une déviation de l'instinct de reproduction.
40
+
41
+ Depuis la fin du XXe siècle, les recherches scientifiques ont montré que la masturbation est « biologiquement normale » et qu’elle ne provient pas d’une maladie ou de troubles psychologiques. Les recherches en neurosciences ont montré que les êtres humains stimulent leurs zones érogènes car ces stimulations procurent des récompenses / renforcements dans le cerveau[16]. Ces récompenses cérébrales, en particulier l’orgasme, sont perçues au niveau de la conscience comme des sensations de plaisirs érotiques et de jouissances. En simplifiant, l’être humain se masturbe car cette activité procure des plaisirs sexuels intenses[17].
42
+
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+ Chez l’être humain (et le chimpanzé, le bonobo, l’orang outan et le dauphin), le comportement sexuel n’est plus un comportement de reproduction, mais devient un comportement érotique[note 1]. Car au cours de l’évolution, la sexualité s'est progressivement dissociée des cycles hormonaux[18],[19], 90 % des gènes des récepteurs aux phéromones ont été altérés[20],[21] et le réflexe sexuel de la lordose n'est plus fonctionnel (voir schéma ci-contre). Tandis qu'au contraire, l'importance du système de récompense et de la cognition est devenue majeure[16]. Chez l’être humain, le but fonctionnel du comportement sexuel n'est plus le coït vaginal, mais la recherche des plaisirs érotiques, procurés par la stimulation du corps et des zones érogènes[22],[23].
44
+
45
+ Par ailleurs, les chercheurs William Masters et Virginia Johnson ont observé et mesuré avec des appareils spécialisés plus de 10 000 réponses sexuelles auprès de 694 hommes et femmes. Ils ont montré que le pénis de l’homme et le clitoris de la femme étaient les principales régions du corps à l’origine du plaisir sexuel[24]. C’est pour cette raison que le clitoris et le pénis sont les zones érogènes les plus stimulées au cours de la masturbation.
46
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+ De plus, pour augmenter l’excitation et le plaisir érotique, les êtres humains peuvent se masturber en regardant des vidéos érotiques ou pornographiques, en imaginant des fantasmes sexuels, en se souvenant de leurs activités sexuelles avec un partenaire, ou avec d’autres moyens (images suggestives, conversation érotique téléphonique ou par Internet, etc.)[25].
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+ Pour toutes ces raisons, la masturbation des organes génitaux dans le but de ressentir du plaisir est une des principales activités sexuelles humaines. Elle est actuellement reconnue par la sexologie comme une activité sexuelle aussi « normale » que les autres[2].
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+ La masturbation se développe dès la vie intra-utérine. Dans un contexte culturel neutre, sans incitations ou interdits, les stimulations génitales débutent dès la première année après la naissance et la masturbation apparaît vers 2 ou 3 ans. À cet âge, le plaisir est visiblement la motivation de l’activité. Le contexte culturel peut faciliter ou inhiber le développement de la masturbation[26],[14],[27].
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+ La masturbation se développe dès la vie intra-utérine. Plusieurs auteurs ont observé, grâce à l’échographie, des stimulations génitales dès la 26e semaine[28]. Une enquête réalisée auprès de 60 échographistes indique que les stimulations manu-génitales sont assez souvent observées par 70 % des praticiens[29].
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+ En plus des stimulations manuelles, des succions génitales sont occasionnellement observées : « L’évidence de l’érection [voir figure ci-contre] est ici attestée à 36 semaines d’aménorrhée. L’ensemble de la séquence d’observation [d’un contact oro-génital] qui dure 2 minutes 23 secondes, montre le lent retrait du pénis de son engagement oral. […] L’analyse des résultats montre qu’après la succion du pouce ou de la main, ce sont les contacts manu-génitaux qui sont le plus souvent observés. En ce qui concerne la succion, il semble que le fœtus développe très tôt cette activité exploratoire. […] Les fréquences plus faibles de succion du pied, du cordon ou du sexe sont peut-être à mettre en relation avec la plus grande difficulté à atteindre ces “objets”[29]. »
56
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57
+ Ces stimulations génitales semblent parfois aboutir à des états similaires à l’orgasme[30],[31] : « Nous avons récemment observé un fœtus femelle de 32 semaines [soit 8 mois] qui se touchait la vulve avec les doigts de la main droite. Les mouvements de caresse étaient centrés principalement sur la région du clitoris. Les mouvements s’arrêtaient après 30 à 40 secondes puis recommençaient après quelques minutes. De plus, ces légers touchers étaient répétés et étaient associés avec des mouvements courts et rapides du pelvis et des jambes. Après un autre arrêt, en plus de ces comportements, le fœtus a contracté les muscles de son tronc et de ses membres, puis des mouvements cloniques de tout le corps ont suivi. Finalement, le fœtus s’est détendu et s’est reposé. Nous avons observé ce comportement durant environ 20 minutes. […] Cette observation semble montrer que non seulement le réflexe d’excitation peut être provoqué chez un fœtus au troisième trimestre de gestation, mais aussi que le réflexe orgastique peut être provoqué durant la vie intra-utérine[30]. »
58
+
59
+ La stimulation des organes génitaux débute dès que les réflexes moteurs sont fonctionnels. En moyenne, les stimulations débutent vers 6 ou 7 mois chez les garçons et 10 ou 11 mois chez les filles[32],[6].
60
+
61
+ Des enregistrements vidéos, où des parents pensaient enregistrer pour leur pédiatre des troubles neurologiques de leurs enfants (comme l'épilepsie), confirment l'existence d'activités autoérotiques avec des réactions de type orgasmiques dès les premières années de la vie[33],[34],[35].
62
+
63
+ La masturbation, c’est-à-dire la stimulation des organes génitaux dans l’objectif de provoquer l’orgasme, n’est pas observée avant 2 ou 3 ans. « En général, la masturbation n’est pas observée avant la deuxième ou la troisième année après la naissance. Le plus souvent elle commence entre les 15e et 19e mois[32]. Les signes de l’excitation incluent des poussées rythmiques du bassin, des sons, des rougeurs au visage et une respiration rapide. Quand les enfants commencent à se stimuler, ils essayent de maintenir un contact corporel avec le parent, mais la plupart des parents découragent cette réaction[6]. »
64
+
65
+ C’est également ce qu’on observe dans les sociétés traditionnelles qui permettent l’autostimulation, comme chez les Pilaga[36] ou les Marquisiens : « La masturbation chez les garçons commence environ à l’âge de trois ans, ou parfois avant. Beaucoup de garçons se masturbent avant de savoir parler[37]. » Les données ethnologiques, provenant de sociétés permissives, suggèrent que les activités autoérotiques se développent spontanément dès les premières années de la vie dans l’ensemble de la population, deviennent maximales à l’adolescence, mais qu’il existe apparemment une préférence pour les jeux sexuels avec les pairs[36],[37],[14],[27].
66
+
67
+ Plusieurs auteurs indiquent que le plaisir est le facteur à l’origine des activités autoérotiques[38],[5]. Une fois que l’enfant a acquis une méthode de masturbation, celle-ci devient habituelle et résistante au changement[6].
68
+
69
+ Dès la naissance, l’influence du contexte culturel est majeure dans le développement de la masturbation[26]. En particulier, s’il existe des interdits culturels, implicites ou explicites (voir les exemples ci-dessous dans la section « Condamnation et répression »), le début de la masturbation sera beaucoup plus tardif[27],[39].
70
+
71
+ Dans les sociétés occidentales, des enquêtes par questionnaires ou par entretiens permettent d’obtenir des informations sur la pratique de la masturbation chez les adolescents et les adultes[note 2].
72
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73
+ D’après plusieurs enquêtes, la masturbation est la forme d’activité sexuelle la plus répandue pour la majorité des Occidentaux[5].
74
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75
+ L’analyse des réponses des adolescents de 12 à 17 ans aux questionnaires régulièrement soumis aux jeunes membres des sites Internet pour ados, dont certains forums traitent de la sexualité, fournit une image de la vie sexuelle des garçons, et particulièrement de la masturbation. On y apprend ainsi que…[réf. nécessaire]
76
+
77
+ Ces pratiques collectives semblent être avant tout une façon pour les adolescents de comparer leur pénis et de partager leurs techniques de masturbation. La masturbation est parfois l’objet d’une initiation en groupe[40].
78
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79
+ Aux États-Unis et au Canada dans les années 1960, un sondage (le « rapport Kinsey ») a montré que, à 15 ans, la proportion de jeunes hommes s’étant masturbés était de 82,2 % et de femmes 24,9 %. À 18 ans, ce chiffre atteignait 95,4 % pour les hommes et 46,3 % pour les femmes. Cela dit, il est probable que, aujourd’hui, le nombre soit plus important[réf. nécessaire]. De très nombreuses études[41], notamment les sondages réalisés presque quotidiennement sur les sites Internet consacrés aux adolescents, montrent que les garçons commencent à se masturber très tôt, généralement sans pouvoir éjaculer ; l’âge médian de la première masturbation masculine est tout juste inférieur à 12 ans ; par ailleurs, ces mêmes observations, qui portent sur plusieurs dizaines de milliers d’adolescents la plupart du temps originaires d’Amérique du Nord, du Royaume-Uni et d’Australie, montrent que c’est à 13 et 14 ans que le rythme de masturbation des garçons est le plus élevé (entre 12 et 14 fois par semaine) ; ce rythme diminue pour la tranche d’âge 15-16 ans (en moyenne 9 fois) et diminue vraisemblablement après. Il est plus que vraisemblable que les résultats obtenus auprès des jeunes Français, Belges ou Suisses seraient similaires à ceux obtenus auprès des Anglo-Saxons. La masturbation des jeunes est un phénomène universel que les études réalisées sous-estiment systématiquement, autant pour des raisons idéologiques (la « pureté » des enfants) que pour des raisons méthodologiques ; les enquêteurs s’adressent presque toujours aux adolescents par l’intermédiaire de leurs parents ou de leur école, un contexte qui ne favorise pas l’intimité des répondants et la véracité des réponses aux questions les plus sensibles.
80
+
81
+ Dans les sociétés traditionnelles qui permettent l’autostimulation, comme chez les Marquisiens, la masturbation est quotidienne chez les adolescents. Les Marquisiens ne pensent pas que cette pratique puisse avoir des effets pathologiques. Au contraire, ils considèrent que c’est un exercice bénéfique[37].
82
+
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+ La masturbation est considérée comme naturelle et normale pour les enfants et les adolescents dans la plupart des sociétés[Lesquelles ?]. Dans ces groupes sociaux, l’autostimulation des enfants est graduellement remplacée au cours du développement par d’autres activités sexuelles[14].
84
+
85
+ Des facteurs biologiques, sociaux et culturels[26] influencent la pratique de la masturbation. La grande enquête NHSLS réalisée aux États-Unis dans les années 1990 précise les facteurs qui influencent la fréquence de la masturbation[42],[4] :
86
+
87
+ Les adultes dans les sociétés traditionnelles[Lesquelles ?] pratiquent rarement la masturbation. Pour la plupart des peuples, l’autostimulation représente une forme inférieure de sexualité. Mais malgré la désapprobation sociale, les hommes et les femmes se masturbent occasionnellement dans certaines sociétés[14].
88
+
89
+ Concernant la masturbation féminine, les filles vont plus se faire dire de ne pas le faire, tandis qu'il sera vu comme normal qu'un garçon se masturbe et se stimule sexuellement, ce qui a une influence sur la recherche[44].
90
+
91
+ L’enquête CSF « Contexte de la sexualité en France » sur la sexualité des Français (Inserm, INED, réalisée en 2006), montre que 60 % des femmes âgées de 18 à 69 ans ont déjà pratiqué la masturbation (48 % des 18-19 ans, 54 % des 20-24 ans, 66 % des 25-34 ans, 68 % des 35-39 ans, 64 % des 40-49 ans, 60 % des 50-59 ans, 43 % des 60-69 ans)[45]. Celles qui se masturbent régulièrement (c’est-à-dire « souvent » ou « parfois » au cours des 12 derniers mois selon la définition adoptée par les enquêteurs de CSF) ne sont plus que 10 % à 18-19 ans, 16 % des 20-24 ans, 22 % des 25-49 ans, 14 % des 50-69 ans, 10 % des 60-69 ans). Il s’agit d’une pratique d’autant plus déclarée que la femme est diplômée ; ainsi, 29 % des femmes diplômées de l’enseignement supérieur sont des pratiquantes régulières mais seulement 14 % des femmes sans diplôme. De la même façon, 51 % de ces dernières disent ne s’être jamais masturbées alors que 80 % des plus diplômées l’ont déjà fait. Un lien déjà signalé dans l’enquête américaine (NHSLS). Enfin, l’enquête CSF montre que si la pratique régulière de la masturbation concerne 43 % de celles qui ont connu au moins 10 partenaires, ce n’est plus le cas que de 11 % de celles qui n’en ont eu qu’un.
92
+ La fréquence de cette pratique peut varier en fonction de l’âge et du milieu culturel : de une à trois fois par an chez certaines femmes âgées à plus de vingt fois par jour chez certaines femmes de douze à cinquante cinq ans[46].
93
+
94
+ Au niveau physiologique, plusieurs études montrent que les réactions sexuelles entre les femmes et les hommes sont relativement similaires[47],[48],[25].
95
+
96
+ « Lors de la masturbation, les réactions sexuelles féminines ne sont pas tellement plus lentes que celles des hommes. La moyenne des femmes déclarent obtenir un orgasme un peu moins de quatre minutes après le début de l’autostimulation, et certaines atteignent l’orgasme en un peu moins de 30 s. Cette différence relativement peu importante entre l’homme et la femme augmente lors de la stimulation coïtale. En général, la femme met plus de temps que l’homme à obtenir un orgasme pendant le coït, probablement parce que la stimulation directe de la région clitoridienne est plus intensive lors de la masturbation que pendant le coït[5]. »
97
+
98
+ Une étude faite par 4 universités européennes (Essen, Louvain, Göttingen et Malmö) en 2016 auprès de 3 000 étudiants de 18 à 22 ans a démontré que 61 % des hommes avaient une opinion positive de la masturbation et 34 % une opinion négative mais se masturbaient quand même[49].
99
+
100
+ Une étude conduite par Tenga en 2016 aux Etats-Unis a fait ressortir les statistiques ci-dessous[50] :
101
+
102
+ Selon une étude en Allemagne, une fréquence plus élevée d'activités autosexuelles dont la masturbation est négativement corrélée à une satisfaction dans le couple. C'est-à-dire que l’occurrence de la masturbation augmente lors d'insatisfaction dans le couple[51].
103
+
104
+ Les primates non humains sont les animaux qui se masturbent le plus. L’auto-stimulation est clairement réalisée pour obtenir un orgasme[14]. Chez les mâles, le pénis est manipulé avec la main ou le pied, ou est pris dans la bouche. Les mâles adultes provoquent souvent l’éjaculation en utilisant une ou plusieurs de ces techniques[14].
105
+
106
+ Chez les femelles, on peut faire trois généralisations[14] :
107
+
108
+ Chez les primates, la masturbation n’est pas uniquement une activité compensatrice, réalisée en l’absence de partenaires. Des activités d’autostimulation ont été observées alors que des partenaires sexuels étaient disponibles et même au cours des activités sexuelles avec ces partenaires[52].
109
+
110
+ Les autres mammifères se masturbent moins que les primates, et les femelles moins que les mâles. Occasionnellement, on observe différentes activités d'autostimulation : par exemple, avant et après la copulation, les chiens et les chats mâles lèchent régulièrement les organes génitaux, ce qui provoque souvent des mouvements convulsifs du pelvis. Cette réaction indique que la stimulation génitale déclenche des réflexes sexuels[14].
111
+
112
+ Des animaux qui ne peuvent pas stimuler leurs organes génitaux, en raison de leur morphologie, trouvent des moyens indirects pour se masturber. Par exemple, Shadle a observé un porc-épic mâle qui utilisait un outil pour s’autostimuler : « L’excitation sexuelle du porc-épic mâle était montrée par [le fait qu’] il enjambait une longue brindille qu’il tenait avec ses pattes avant, comme font les enfants avec un manche à balai. La brindille était tenue de telle sorte que son pénis était stimulé par le contact avec le bois, qui fut rapidement imprégné de l’odeur de l’urine et des sécrétions glandulaires. En conséquence, c’était bien un état d’excitation sexuelle[53]. »
113
+
114
+ Quelques études sur les rongeurs ont montré que les stimulations génitales postnatales quotidiennes induisent le développement des structures sexuelles : les seuils de déclenchement des réflexes copulatoires sont abaissés, et les circuits sexuels sont davantage développés[54],[55].
115
+
116
+ La masturbation peut avoir des effets bénéfiques sur l'état de santé : selon une étude australienne effectuée auprès de 2 250 hommes âgés entre 20 et 40 ans, les risques de cancer de la prostate diminuent avec un nombre important d’éjaculations. Les chercheurs ont constaté que le risque de développer un cancer de la prostate était inférieur d’environ 33 % chez la plupart des hommes qui éjaculaient fréquemment (cinq fois ou plus par semaine), quel que soit le type d’activité sexuelle, y compris la masturbation[56]. Ce résultat a été confirmé par une autre étude portant sur 30 000 hommes[57]. Une méta-analyse de 2016 conclut que les preuves sont insuffisante pour pouvoir donner un verdict, il n'est donc pas prouvé que la masturbation ait un effet bénéfique sur le cancer de la prostate[58].
117
+
118
+ La masturbation et l'éjaculation fréquente réduirait le risque d'avoir des maladies cardiovasculaires[59][source insuffisante].
119
+
120
+ D’après le Dr Beauge, pour les enfants et les adolescents qui ont un phimosis, la masturbation permet de corriger ce problème, en ouvrant l’anneau préputial[60].
121
+
122
+ En Occident, la plupart des médecins et des sexologues du XVIIIe au début du XXe siècle pensaient que la masturbation était une maladie, et qu’elle provenait d’un vice moral ou d’un dérèglement de l’instinct sexuel[61],[62],[63] (voir ci-dessous la section « Condamnation et répression »).
123
+
124
+ Actuellement, pour plusieurs chercheurs, l'attitude sociale et médicale concernant la masturbation est toujours en partie influencée par les croyances et les valeurs du début du XXe siècle[5],[4]. « Progressivement, à mesure qu'il devenait de plus en plus difficile, au XXe siècle, de défendre la position selon laquelle il existe un lien entre la masturbation et la maladie, on déplaça le problème pour s'attacher à des aspects particuliers de la masturbation. Un de ces aspects était la définition de la masturbation “excessive”. Tout en admettant de mauvaise grâce la possibilité que la pratique occasionnelle du “péché solitaire” ne menait pas directement au lit de mort ou à l'asile, les médecins et d'autres “experts” de la question prêchaient encore que la pratique trop fréquente de la masturbation entravait le développement du caractère. Malheureusement pour la personne qui se masturbait, on n'a jamais défini clairement ce que l'on considérait comme “trop”, “normal” ou “trop peu”[5]. »
125
+
126
+ Des études démontrent néanmoins les liens entre masturbation et certains problèmes, comme la masturbation compulsive ou la dépendance sexuelle[64]. Le Dr Karila indique que « Les gens souffrent réellement, ils sont en constante recherche de sexe, passent à l’acte et après, ils culpabilisent »[65]. Cette addiction entraînerait les mêmes modifications cérébrales que celles liées aux psychotropes[66].
127
+
128
+ En effet, la sexualité, comme toutes les activités naturelles ou artificielles qui procurent des sensations de plaisir, dépend de l'activité du système de récompense. Plus ce système est stimulé, de manière durable ou intense, plus il devient sensible aux stimuli hédoniques, et plus fort devient le désir. Toutes les situations hédoniques peuvent induire des situations de dépendance. Toutes les personnes sont plus ou moins dépendantes[67], et pour certaines il existe une plus grande vulnérabilité biologique à la dépendance.
129
+
130
+ Mais en analysant la complexité des vécus des patients, d'autres chercheurs concluent que dans la plupart des cas, ce n'est pas la masturbation, ou la masturbation “excessive” qui est à l'origine du problème. La masturbation compulsive est plutôt un symptôme d'un autre problème[68],[69], comme des inhibitions sexuelles ou des problèmes de socialisation (timidité, difficultés à respecter les règles sociales, introversion, mauvaise image de soi, peur d'un refus ou de l'échec sexuel…) empêchant d'engager une relation affective et sexuelle avec un partenaire.
131
+
132
+ Certains hommes semblent développer une préférence sexuelle pour la masturbation solitaire, gênante pour le reste de leur sexualité. Il s'agit parfois de conséquences d'une pratique régulière de la masturbation. Celle-ci conditionnerait la sensibilité du pénis au type de contact offert par les mains. Les hommes concernés éprouveraient alors des difficultés, voire une incapacité, à éjaculer lors d'autres types de pratiques sexuelles (pénétration vaginale, masturbation par autrui...). Ce trouble est généralement réversible par un reconditionnement de la sensibilité du pénis et un travail psychologique sur soi. Les anglo-saxons parlent parfois de Death Grip Syndrom, terme médicalement non reconnu[70]. Les sexologues francophones évoquent parfois des troubles d'éjaculation retardée qui seraient peut-être liés à la masturbation. Les statistiques sont difficiles à établir sur le sujet[71].
133
+
134
+ La masturbation peut être le symptôme de pathologies psychiques[72]. 47% des patients souffrant de psychose présenterait un dysfonctionnement sexuel souvent caractérisé par la masturbation comme seule activité sexuelle, et pratiquée de manière excessive dans les phases aiguës de la maladie[72]. Additionnellement, 3 à 6% de la population américaine souffrerait d'hypersexualité, avec un sex-ratio de 4:1 en faveur des hommes[72]. Chez les hommes, cette hypersexualité se manifeste notamment par une masturbation compulsive, une consommation excessive de pornographie, des rendez-vous sexuels fréquents avec des femmes inconnues et la recherche de prostituées[72]. L'hypersexualité est souvent corrélée à des expériences de maltraitance dans l'enfance et à des cas d'addiction chez les parents[72].
135
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136
+ La valeur morale de la masturbation est un sujet récurrent de controverses.
137
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138
+ En ce début de XXIe siècle, on peut identifier plusieurs positions relatives à l'éthique : sexologique, religieuse ou philosophique.
139
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140
+ La réflexion sexologique se base sur des études éthologiques, historiques, neurobiologiques, psychologiques et sociologiques pour conclure que la masturbation est une pratique sexuelle biologiquement normale (voir les données et les analyses dans les sections précédentes). La sexologie ne donne pas de valeur morale à la masturbation.
141
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142
+ Le philosophe cynique Diogène de Sinope, dont l'éthique moquait les conventions sociales et prônait une vie simple (une vie « de chien » d'où son surnom de « Diogène le Cynique »), encourage la masturbation. Lorsqu'on l'interrogea sur la manière d'éviter la tentation de la chair, Diogène aurait répondu « en se masturbant », et aurait ajouté : « Ah, si l'on pouvait ainsi faire disparaître la faim rien qu'en se frottant le ventre ! »
143
+
144
+ Dans l’hindouisme, la masturbation est condamnée pour ceux qui ont fait un voeu de chasteté, mais permise pour les autres croyants[73].
145
+
146
+ Dans le catholicisme, la masturbation est condamnée. L'Église considère que l'acte sexuel doit être subordonné à la reproduction. Elle se refuse à déduire du caractère fréquent de la pratique une quelconque justification morale. Par contre, la masturbation réciproque est tolérée à condition de n’être qu’un préliminaire dans une relation de couple, afin de ne pas aller à l’encontre des finalités que la doctrine catholique donne à la vie sexuelle : parfaire l’unité entre les époux en restant ouverte à la transmission de la vie, les deux étant mis sur le même plan (Catéchisme de l'Église catholique, article 2363[74]).
147
+
148
+ Dans le christianisme évangélique, la masturbation est vue comme étant interdite par certains pasteurs évangéliques en raison des pensées sexuelles qui peuvent l’accompagner[75]. Toutefois, aux États-Unis et au Nigeria, des pasteurs évangéliques croient que la masturbation peut être bénéfique pour le corps et qu’elle est un don de Dieu pour éviter la fornication, particulièrement pour les célibataires[76],[77],[78].
149
+
150
+ Dans l’Islam, la masturbation est interdite[79].
151
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152
+ Dans la tradition juive, toute éjaculation en dehors des rapports conjugaux est considérée comme un gaspillage criminel de la force vitale créatrice et donc explicitement prohibée dans plusieurs écrits talmudiques[80].
153
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154
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155
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156
+ Il est important de bien comprendre le phénomène de la répression de la masturbation, car c'est de l'histoire récente et l'influence de ces croyances s'exerce encore aujourd'hui[4]. De surcroît, ces idées ont été principalement propagées par des médecins et des psychiatres, qui auraient dû être les premiers à combattre ces croyances inexactes. La compréhension de ce phénomène social et médical apparaît comme nécessaire afin de prévenir la réapparition future d'un phénomène similaire, tant pour la masturbation que pour d'autres pratiques ou domaines de la sexualité[2].
157
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158
+ En Occident, la masturbation fut longtemps considérée comme une incapacité à se contrôler, un vice moral, une déviation de l’instinct, ou une perversion[3],[61],[63]. Pour exemple, sont présentés ci-dessous plusieurs documents datant du XIXe siècle, époque où la répression de la masturbation était à son apogée.
159
+
160
+ « Masturbation. L’excitation des organes génitaux par le frottement de la main constitue la masturbation ou l’onanisme. Les garçons et les filles se livrent également à la masturbation, soit par corruption morale et par goût prématuré de la débauche, soit par une sorte d’habitude instinctive contractée dans le berceau à un âge où il est impossible d’admettre l’existence de la dépravation. Chez les petits enfants à la mamelle et dans la première enfance, la masturbation est plutôt une mauvaise habitude qu’un vice du cœur, et elle produit la fièvre, l’amaigrissement, le marasme et la mort par consomption tuberculeuse. Dans la seconde enfance et chez l’adolescent, la masturbation est un vice moral qui a les plus déplorables effets sur la santé, car il ébranle les systèmes musculaire et nerveux, il affaiblit l’intelligence et les sens, il altère les fonctions organiques et morales, et il conduit lentement à l’hébétude, à la tristesse, à la paralysie, à la phtisie tuberculeuse pulmonaire et à une consomption mortelle. Chez l’homme, la masturbation est très souvent l’origine d’une dyspepsie hypocondriaque ou d’une folie dont la cause reste toujours inconnue au médecin. Thérapeutique. – Chez les jeunes enfants, il importe de prévenir les mauvaises habitudes en donnant aux organes génitaux tous les soins de propreté désirables, car l’accumulation de mucus à l’entrée de la vulve, autour du clitoris ou à l’orifice du prépuce, amène une irritation locale qui provoque des démangeaisons plus ou moins vives et consécutives, et la nécessité de se soulager par le frottement de la main. Si les enfants se grattent souvent les organes génitaux, il faut leur donner 50 centigrammes ou 1 gramme de bromure de potassium tous les soirs et on les lavera avec de l’eau et du vinaigre aromatique, – de l’eau de sublimé corrosif, 10 centigrammes pour 300 grammes d’eau ; – de l’eau de goudron, etc. ; puis on les punira en les fouettant, s’ils continuent à y porter la main. Si cela ne suffit pas, il faut tous les soirs attacher les mains de l’enfant de chaque côté du lit ou les croiser sur la poitrine pour qu’il puisse dormir sans se toucher. Au besoin, on les enveloppe avec des gants. Une précaution très utile à employer est celle qui consiste à coucher les petits enfants habillés d’une chemise large et longue, dépassant les pieds de 20 centimètres, de façon à pouvoir être fermée au moyen d’une coulisse. Si cela ne suffit pas, lorsque, sans toucher les organes génitaux, avec les mains les enfants trouvent le moyen de croiser les cuisses et par leur frottement de se procurer des sensations énervantes, il faut placer entre les cuisses ou entre les genoux une pelote fixée avec une bande, de façon à empêcher le croisement des jambes ; – ce serait alors le cas d’employer la gouttière de Bonnet, dont on se sert pour immobiliser la hanche affectée de coxalgie. L’excision du clitoris ou des nymphes et l’infibulation ont été conseillées, mais ce sont des moyens qu’il ne faut mettre en usage que s’il n’est pas possible de faire autrement. Chez les garçons qui ont le prépuce très long et sous lequel séjourne des matières qui entretiennent un prurit désagréable, il n’y a pas à hésiter, il faut recourir à la circoncision, et ce moyen suffit souvent pour guérir la mauvaise habitude qui compromettait la santé de l’enfant. On employait aussi, comme moyen préventif pour empêcher la masturbation, l’infibulation, c’est-à-dire le passage d’anneaux dans le prépuce et dans les grandes lèvres, expédient qui a été proposé et auquel personne n’a plus recours[62]. »
161
+
162
+ — Dictionnaire de médecine et de thérapeutique médicale et chirurgicale, publié en 1877 (texte intégral de l'article)
163
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164
+ Les auteurs sont des médecins honorés et reconnus : Eugène Bouchut est médecin de l’hôpital des Enfants malades, professeur agrégé de la faculté de médecine et officier de la Légion d’honneur ; Armand Després est professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris, chirurgien de l’hôpital Cochin, membre de la Société de chirurgie et de la Société anatomique, membre correspondant de la Société gynécologique de Boston, et chevalier de la Légion d’honneur.
165
+
166
+ Des manuels spécialisés recommandaient aux parents d’« user de psychologie » pour apprendre aux enfants à ne pas toucher leurs organes génitaux :
167
+
168
+ « Quand les enfants sont très jeunes on peut leur apprendre que leurs organes [génitaux] ne doivent être utilisés que pour uriner, et qu’il ne faut pas les toucher car cela va les blesser et les rendre malades. Dites leur que les petits enfants, parfois, quand ils ne savent pas, prennent l’habitude de se toucher et qu’après ils deviennent faibles et malades, et parfois idiot et fou, ou ont des crises d’épilepsie. Ces avertissements les impressionneront tellement qu’ils ne tomberont pas facilement dans le mauvais chemin[81]. »
169
+
170
+ Le film Le Ruban blanc de Michael Haneke, palme d'or au Festival de Cannes en 2009, met en scène le contexte psychologique de l’époque par rapport à la sexualité. Une scène montre ces méthodes psychologiques utilisées par un pasteur pour inculquer à son fils la culpabilité pour la masturbation[note 3].
171
+
172
+ Et quand ces méthodes psychologiques échouaient, des moyens plus radicaux étaient mis en œuvre. Les chercheurs Masters et Johnson décrivent avec précision ces pratiques éducatives et médicales du XIXe siècle :
173
+
174
+ « On dépensa beaucoup d’énergie et d’argent en traitement allant de ceintures élaborées, de serrures et de cages – pour protéger les parties génitales des mains vagabondes – jusqu’à des “traitements” chirurgicaux, qui ne laissaient presque plus rien à caresser au malheureux patient. D’autres médecins incriminaient les pantalons serrés, le frottement des draps, le fait de tenir ses parties génitales en urinant et le fait que les parents et les nourrices touchaient les parties génitales des enfants pendant leur bain. Si l’on supprimait les aliments “irritants” de leur régime, que l’on retirait les pantalons serrés de leur garde robe, et que les patients continuaient à se masturber, des mesures draconiennes s’avéraient nécessaires. Les médecins prescrivaient alors l’utilisation de camisoles de force pour la nuit, des enveloppements dans des draps froids pour l’enfant, pour “refroidir” son désir ; on lui attachait les mains à la tête du lit. Le service américain des brevets délivra plusieurs brevets à des variantes de la ceinture de chasteté médiévale, qui empêchaient les attouchements des parties génitales. Les parents pouvaient cadenasser les “cages génitales” de leurs enfants, et en mettre la clef de côté. (Il y avait une version particulièrement torturante de ces cages, construites pour les adolescents et les adultes, et qui consistait en un tube doublé de piquants dans lequel on glissait le pénis. S’il y avait érection, le pénis était blessé). Au début de notre siècle, on vendait des mitaines de fer, afin de décourager les vagabondages nocifs des petites mains d’enfants ; on vendait aussi des alarmes qui sonnaient dans la chambre des parents lorsque le lit de leur enfant se mettait à bouger. Pour ceux qui recherchaient une solution plus permanente au problème, les médecins prescrivaient d’autres traitements : on pouvait appliquer des sangsues sur la région génitale pour en sucer le sang et éradiquer la congestion qui provoquait le désir sexuel ; il y avait la cautérisation (on brûlait le tissu génital avec un courant électrique ou un fer brûlant) qui avait la réputation de tuer les nerfs et de diminuer les sensations et le désir. Dans les années 1850 et 1860, les traitements extrêmes – castration et ablation du clitoris – étaient très à la mode. Les journaux médicaux américains du milieu du XIXe siècle affirmaient que la castration était souvent un traitement efficace de la folie. La croyance actuelle des Américains qu’il faut circoncire immédiatement les nouveau-nés est un reliquat des convictions victoriennes, selon lesquelles cette intervention empêchait la masturbation[38]. »
175
+
176
+ Le document suivant, publié en 1882 dans la revue médicale L'encéphale, montre qu'à l'époque les pratiques extrêmes, telle la cautérisation au fer rouge du clitoris d'une fille de 8 ans, étaient cautionnées par la majorité de la communauté médicale.
177
+
178
+ « Le 11 septembre, pour l'effrayer autant que possible, je fais étalage des réchauds aux charbons ardents; j'y place un énorme fer en hache; je fais souffler jusqu'à ce qu'il rougisse, elle est tremblante à la vue de toutes ces scènes infernales. Vous n'avez pas tenu votre promesse lui dis-je. (…) Le 14 septembre, cette opération a eu un effet salutaire immédiat: la petite Y… est restée sage depuis la cautérisation. (…) Le 16 nouvelle cautérisation, j'applique trois points de feu sur chaque grande lèvre, et un autre sur le clitoris, pour la punir de sa désobéissance je lui cautérise les fesses et les lombes avec un grand fer. Elle jure qu'elle ne faillira plus, elle s'avoue très coupable. (…) X… voyant la punition infligée à sa soeur, est devenue toute triste; elle répète souvent: si je pouvais mourir ! (…) Le 19 troisième cautérisation de la petite Y… qui sanglote et vocifère. » [p46-48][82]. »
179
+
180
+ Dans la conclusion de l'article, Zambaco expose les raisons médicales de ces pratiques :
181
+
182
+ « Il est rationnel d'admettre que la cautérisation au fer rouge abolit la sensibilité du clitoris, qu'elle peut entièrement détruire, un certain nombre de fois répétée. L'orifice vulvaire, qui constitue le second point génésique sensible, étant émoussé lui-même par la cautérisation, on conçoit facilement que les enfants, devenues moins excitables, soient aussi moins portées à se toucher. Il est également probable que, le clitoris et l'orifice vulvaire devenant le siège d'une inflammation plus ou moins intense, consécutivement à l'opération, les attouchements soient douloureux au lieu d'être source de plaisir. Enfin, la frayeur éprouvée à la vue du supplice, et l'influence que le fer rouge exerce sur l'imagination des enfants, doivent aussi être comptées parmi les actions bienfaisantes de la cautérisation transcurrente. Nous croyons donc que (…) on ne doit pas hésiter à avoir recours, et de bonne heure, au fer rouge pour combattre l'onanisme clitoridien ou vulvaire des petites filles. » [p58-59][82]. »
183
+
184
+ Trente ans plus tard, le docteur Zambaco est devenu « correspondant de l’académie des sciences, membre associé de l’académie de médecine et commandeur de la légion d’honneur ».
185
+
186
+ Avant le XVIIe siècle, la masturbation était considérée comme un péché mais elle n’avait pas de conséquences pathologiques. Les médecins, comme Caramuel, recommandaient même de « purger » l’organisme de la semence en excès[5].
187
+
188
+ Toutes les croyances et les pratiques répressives proviennent, du XVIIIe au XIXe siècle, des écrits de moralistes (Shannon[83]…), de religieux (Dutoit-Membrini[84]…) et de médecins (Marten[85], Tissot, Acton…). Ces écrits ne provenaient généralement pas d’études scientifiques ou médicales, mais de convictions personnelles ou d’intérêts particuliers. Par exemple, l’auteur d’Onania[85] vendait son livre accompagné d’une « Teinture revigorante » et d’une « Poudre prolifique », destinés à guérir toutes les « effroyables conséquences » provoquées par la masturbation, et décrites avec force détails dans son ouvrage ; les personnes, qui après cette lecture étaient devenues fort inquiètes pour leur santé, pouvaient (heureusement) se procurer ces potions pour la somme de 10 et 12 shillings[5].
189
+
190
+ « Pour comprendre l’interdiction qui a frappé la masturbation un siècle plus tard, il faut savoir qu’un ouvrage publié à Londres en 1715 a véritablement tout bouleversé. Cet ouvrage intitulé « Onania » est peut-être le livre qui a conditionné le plus les deux siècles de répression de la masturbation. Son auteur, un médecin, commença par décrire dans une brochure d’une dizaine de pages, les retombées physiologiques de la masturbation. Il soutenait la thèse selon laquelle les séquelles dues à la masturbation sont irréversibles, conduisent peu à peu à la déchéance du corps et de l’âme, jusqu’à la mort. De 1718 à 1778 se sont succédé près de 22 rééditions d’« Onania ». Les publications ont eu tant de succès, entre autres, parce que l’auteur y publiait les lettres de ses lecteurs, qui constituaient de véritables romans-feuilletons de la masturbation et des crimes qu’elle occasionne. Le médecin suisse Samuel Tissot répertoria toutes les lettres (réelles ou inventées) d’« Onania », et en fit six classifications reprenant les troubles les plus fréquents[5]. »
191
+
192
+ Samuel Auguste Tissot, lui, avait élaboré une théorie « médicale » à partir d’hypothèses de plusieurs médecins de l’époque, dont le célèbre Herman Boerhaave, et surtout du livre Onania[85].
193
+
194
+ « Tissot suggéra que le sperme jouait un rôle important dans le fonctionnement normal de l’organisme, et que le gaspillage de ce liquide par des activités sexuelles pouvait affaiblir l’organisme et provoquer des maladies. Ce liquide vital devait être « dépensé » parcimonieusement, et seulement lorsqu’il y avait une chance raisonnable de procréer. À partir de cette théorie, des médecins […] élaborèrent un répertoire des maladies liées au gaspillage du sperme dans des activités sexuelles dommageables, dont la masturbation[5]. »
195
+
196
+ « C’est, en grande partie, au médecin suisse S. Tissot (1728-1797) que l’on doit une conception aussi négative de la masturbation ; il fit de ce sujet un thème scientifique, et transforma la masturbation, considérée jusque-là comme un simple péché, en une maladie qu’il fallait soigner. Tissot croyait que toute activité sexuelle était dangereuse, parce qu’elle refoulait le sang vers la tête, n’en laissant plus assez dans le reste du corps, ce qui provoquait la dégénérescence des nerfs et autres tissus vitaux. En accord avec les connaissances scientifiques de l’époque, il était certain que cette forme de détérioration nerveuse était cause de la folie. Tissot était convaincu que la masturbation était une forme de sexualité particulièrement “dangereuse”, parce qu’elle était commode, qu’elle pouvait commencer pendant les années vulnérables de l’enfance, et parce que le sentiment de culpabilité éprouvé par celui qui se masturbe, eu égard à son péché, irritait son système nerveux et le rendait plus fragile. Les parents cherchèrent désespérément à écarter leurs enfants de ce fléau. Les médecins étaient contents de leur rendre ce service ; après tout, c’était du devoir du médecin consciencieux de mettre fin à la masturbation[38]. »
197
+
198
+ Le livre de Tissot L’Onanisme, traité sur les maladies produites par la masturbation eut un très grand succès avec soixante-trois éditions entre 1760 et 1905. Tissot y expose les maladies provoquées par l’autostimulation.
199
+
200
+ « Je me suis proposé d’écrire sur les maladies produites par la masturbation, et non pas du crime de la masturbation : n’est-ce pas d’ailleurs assez en prouver le crime que de démontrer qu’elle est un acte de suicide ? … J’ai vu un jeune homme atteint d’épuisement dorsal. Il était d’une fort jolie figure et, malgré le fait qu’on l’ait souvent averti de ne pas se livrer au plaisir, il s’y livra néanmoins et devint difforme avant sa mort… Le cerveau même, dans ce cas, paraissait s’être consumé. En effet, les malades deviennent stupides et si raides que je n’ai jamais vu une si grande immobilité du corps. Les yeux mêmes sont si hébétés qu’ils n’ont plus la capacité de voir… La peinture du danger, quand on s’est livré au mal, est peut-être le plus puissant motif de correction, c’est un tableau effrayant propre à faire reculer d’horreur. En voici les principaux trais : un dépérissement général de la machine ; l’affaiblissement de tous les sens corporels et de toutes les facultés de l’âme ; la perte de l’imagination et de la mémoire ; l’imbécillité, le mépris, la honte ; toutes les fonctions troublées, suspendues, douloureuses ; des maladies longues, bizarres, dégoûtantes ; des douleurs aiguës et toujours renaissantes ; tous les maux de la vieillesse dans l’âge de la force… le dégoût pour tous les plaisirs honnêtes, l’ennui, l’aversion des autres et de soi ; l’horreur de la vie, la crainte de devenir suicide d’un moment à l’autre ; l’angoisse pire que les douleurs ; les remords pires que l’angoisse… voilà l’esquisse du sort réservé à ceux qui se conduiront comme s’ils ne le craignaient pas[61]. »
201
+
202
+ À la fin du XVIIIe siècle, la renommée de Tissot était telle qu’il n’était plus possible pour un médecin de ne pas condamner l’autostimulation. La masturbation était devenue un problème médical « incontournable » et un problème social majeur[86].
203
+
204
+ À la fin du XIXe siècle, les médecins pensaient que la consommation d’aliments savoureux provoquait la masturbation, tandis que les aliments fades la décourageait. Des aliments, comme les céréales Kellogg’s Corn Flakes (sans sucre à l’époque), ont été spécialement conçus par des médecins, des religieux ou des moralistes pour lutter contre la masturbation[4].
205
+
206
+ Encore en 1961, un sondage effectué dans cinq facultés de médecine indiquait que la moitié des étudiants et un cinquième des professeurs croyaient que la masturbation pouvait provoquer des maladies mentales[87].
207
+
208
+ Avant les années 1970, la terminologie officielle de l’Église catholique pour la masturbation était : « abus de soi », « souillure de la chair » et « auto-pollution ». Cette pratique était sévèrement condamnée : « La masturbation est un acte intrinsèquement et sérieusement déréglé[88] ». Depuis les années 1970 et les changements sociaux et culturels, l’attitude de l’Église a évolué. Actuellement, la masturbation est toujours considérée comme un péché par l’Église catholique, en tant que pratique sexuelle ne menant pas à la reproduction. L’Église déconseille la masturbation, même lorsqu’elle est pratiquée dans le but d’une reproduction dans le cadre d’une procréation médicalement assistée. « Dans la ligne d’une tradition constante, tant le magistère de l’Église que le sens moral des fidèles ont affirmé sans hésitation que la masturbation est un acte intrinsèquement et gravement désordonné. Quel qu’en soit le motif, l’usage délibéré de la faculté sexuelle en dehors des rapports conjugaux normaux en contredit la finalité[89]. »
209
+
210
+ Après la révolution sexuelle des années 1970, le discours médical change radicalement et le sexologue Philippe Brenot publiera même un « éloge de la masturbation »[note 4]
211
+
212
+ À l'époque de la révolution sexuelle, la sexualité était perçue comme source d'épanouissement et de plaisir. À la fin du XXe siècle, après la médiatisation des agressions sexuelles, des infections sexuellement transmissibles et tout particulièrement du SIDA, la perception de la sexualité a été modifiée. Elle était plutôt perçue de manière ambivalente, comme source potentielle de dangers et de maladies[90]. Pour la masturbation apparaît un nouveau concept clinique, celui de la masturbation « excessive »[5].
213
+
214
+ Dans les années 2000, peu de personnes militent ouvertement contre la masturbation, mais également peu de personnes la défendent. L’autoérotisme ne fait partie ni des débats politiques, ni du discours social et éducationnel. L’Église catholique, ainsi que d’autres groupes confessionnels et des mouvements conservateurs, diffusent toujours une image négative de cette pratique. De plus, la masturbation est souvent considérée comme une sous-sexualité, pratiquée surtout par ceux qui ne peuvent pas avoir de partenaires. Pour ces raisons, les enfants et les jeunes, en particulier dans les pays occidentaux les plus conservateurs, peuvent être influencés par ces réprobations sociales[4]. Dans l’enquête NHSLS, en 1992, près de 50 % des personnes qui pratiquent la masturbation disent ressentir de la culpabilité[42].
215
+
216
+ En synthèse, même si depuis la révolution sexuelle il existe un discours apparemment plus libéral relativement à la masturbation, les attitudes sociales restent similaires. En particulier pour les plus jeunes, il n'existe plus d'« interdits » formels, mais on « ne laisse pas faire ». Le contexte social et culturel n’est guère favorable à cette pratique : la masturbation n’est tolérée qu’à condition de rester dans les zones les plus intimes de la vie privée.
217
+
218
+ Les condamnations de la masturbation existent également dans d’autres sociétés, ainsi que l’utilisation de divers moyens, moqueries, humiliations, coercitions et sanctions physiques, pour empêcher cette pratique.
219
+
220
+ « Chez les Apinayé, les garçons et les filles sont avertis dès l’enfance de ne pas se masturber, et une sévère correction attend l’enfant qui est suspecté d’un tel comportement. En Nouvelle-Guinée, les garçons Kwoma sont constamment avertis de ne pas toucher leurs organes génitaux. Si une femme voit un garçon avec une érection, elle va battre son pénis avec un bâton, et le garçon apprend très vite à ne pas toucher son pénis même pour uriner[14]. »
221
+
222
+ Dans sa vidéo C’est mignon tout cela (1993), l'artiste Pierrick Sorin, travesti, met en scène ses caresses masturbatoires, face à la caméra qui lui tient lieu de voyeur.
223
+
224
+ L'expression « masturbation intellectuelle » qualifie parfois une activité de l’esprit qui n'est pas considérée comme « féconde » soit en réalisations, soit en idées nouvelles, une activité que l’on considère en vase clos, en tour d’ivoire. Ainsi Karl Marx considérait la philosophie comme une masturbation intellectuelle : « La philosophie et l’étude du monde réel sont dans le même rapport que l’onanisme et l’amour sexuel. » (L’Idéologie allemande, Le concile de Leipzig – III Saint Max).
225
+
226
+ Le terme possède actuellement une connotation péjorative qui doit sans doute plus à quelque mépris de l’activité intellectuelle non « rentable » (et qui tourne en quelque sorte à vide) qu’aux anciens interdits sexuels.
227
+ À côté de cette expression désignant un travail intense mais inutile, une série d’expressions renvoient carrément à l’inaction et à la paresse : « être un branleur », « peigner la girafe », « moucher le cyclope »…
228
+ Mais, inversement, dans un langage extrêmement vulgaire, le verbe « branler » devient — à l’instar du verbe « foutre », qui désigne l’accouplement — un synonyme du verbe « faire » : « s’en foutre » / « s’en branler » ; « ne rien en avoir à faire / à foutre / à branler » ; « ne rien faire / foutre / branler »…
229
+
230
+ La masturbation, en particulier en public, est parfois utilisée comme une forme de provocation dans l’objectif de faire passer des messages[réf. nécessaire].
231
+
232
+ Le « masturbathon » est un rassemblement dans lequel des hommes et des femmes sont invités à se faire sponsoriser pour se masturber lors de cet événement. Les profits servent à aider des causes de charité.
233
+ Les personnalités ayant essayé ce type de masturbation incluent : Rocco Siffredi (acteur pornographique), René Étiemble[100] (écrivain) et Maxime Collins[101] (écrivain)[source insuffisante].
234
+
235
+ La psychanalyse de Freud concernant le fonctionnement de la satisfaction du plaisir, peut apporter une notion de répétition non distanciée. Il a établi que ce qu’il appelle le « principe de plaisir » exige de satisfaire, par les voies les plus courtes, les pulsions qui traversent le psychisme humain[102]. Freud, critique à l’égard de la masturbation, proposait de soigner la masturbation masculine par psychrophore[103],[104].
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+ Jugée et exécutée pour espionnage au profit de l'Empire allemand
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+ Margaretha Geertruida Zelle dite Grietje Zelle, connue sous le nom de Mata Hari, est une danseuse et courtisane néerlandaise, née le 7 août 1876 à Leeuwarden et morte le 15 octobre 1917 à Vincennes. Elle fut fusillée pour espionnage pendant la Première Guerre mondiale, mais était innocente du crime dont on l'accusait. En effet, elle a été trahie par l'Armée française, qui avait besoin d'un bouc émissaire[2],[3],[4].
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+ Margaretha Geertruida Zelle est née à Leeuwarden (Frise) d'Adam Zelle, un riche marchand de chapeaux et de capes néerlandais, et d'Antje van der Meulen[5]. Aînée d'une famille de quatre enfants, elle a trois frères. Appelée familièrement M'greet ou Grietje, la jeune Margaretha a un teint basané au point d'être souvent prise pour une Eurasienne[6]. En 1889, l'entreprise de son père fait faillite ; le couple se sépare en septembre 1890, et sa mère meurt huit mois plus tard en 1891. Déchu de son autorité parentale, son père doit accepter qu'elle soit placée chez un autre oncle, négociant à La Haye qui la fait entrer dans le pensionnat le plus huppé de la région et où elle commence à s'inventer un passé glorieux[7]. Lors de ses études à Leyde pour devenir institutrice, elle est renvoyée de l'école à la suite d'un scandale impliquant une liaison avec le directeur, qui perd aussi sa place[8]. À 18 ans, le 11 juillet 1895, à la suite d'une annonce matrimoniale, elle se marie avec un officier de la marine néerlandaise de dix-neuf ans son aîné, Rudolf MacLeod, avec qui elle part vivre aux Indes néerlandaises, où le capitaine MacLeod est nommé chef de garnison à Malang, dans l'Est de l'île de Java. Comme c'était l'usage des femmes européennes à l'époque, elle s'habille à la javanaise, parle un peu le javanais, apprend la danse javanaise[9].
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+ Le couple a deux enfants, Louise-Jeanne et Normand-John. Comme le résume l'un de ses principaux biographes, Fred Kupferman, « le 27 juin 1899, un drame brise définitivement ce couple mal assorti. Les deux enfants ont été empoisonnés. Vengeance de domestique, accident ? On ne saura jamais[10]. » Deux histoires circulent : Rudolf MacLeod aurait battu un soldat indigène, amant de la domestique, ou aurait fait des avances à cette femme de chambre[11]. Seule Louise-Jeanne survit.
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+ En 1902, de retour en Europe, elle divorce à La Haye de son mari, un homme violent et alcoolique. Elle obtient la garde de sa fille et une pension alimentaire, qui ne lui sera jamais versée. Rudolf MacLeod enlève sa fille, jugeant son ex-femme indigne et dangereuse[12]. En novembre 1903, à l'âge de 27 ans, elle fait une arrivée peu remarquée à Paris. Jouant sur le patronyme écossais de son mari, elle se fait appeler « Lady MacLeod » et, pour survivre, se fait entretenir par les hommes, devenant une cocotte, entre la courtisane et la prostituée, dans le Paris de la Belle Époque. Début 1905, elle se fait embaucher en tant qu'écuyère dans le « Nouveau cirque » d'Ernest Molier, qui lui propose d'évoluer en danseuse dénudée ; elle commence dès lors à composer son rôle de danseuse orientale. Le 13 mars 1905, Émile Guimet, orientaliste fortuné et fondateur du musée du même nom, l'invite à venir danser dans la bibliothèque du musée[13], transformé pour l'occasion en temple hindou. Elle y triomphe dans un numéro de danseuse érotique exotique sous le nom de Mata Hari, signifiant « soleil », littéralement « œil du jour » en malais[14] : sous les apparences d'une princesse javanaise habillée d'un collant couleur chair et entourée de quatre servantes[15], elle rend hommage au dieu hindou Shiva, et s'offre à lui lors de la troisième danse, se dėnudant progressivement[6]. Très grande (1,75 m), élancée, avec une peau mate sous une chevelure de jais, un regard ténébreux et une bouche sensuelle, elle séduit son public[16].
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+ Devant le succès du spectacle parisien, Gabriel Astruc devient son imprésario pendant dix ans, faisant jouer la troupe en août 1905 à l'Olympia puis à travers toute l'Europe, rémunérée alors 10 000 FRF par soirée. Couronnée d'aigrettes et de plumes, elle se produit d'une capitale à l'autre, guettée par les échotiers qui comptent ses chapeaux, ses chiens, ses fourrures, ses bijoux et ses amants (notamment le lieutenant allemand Alfred Kiepert avec qui elle reste plusieurs mois à Berlin - cette liaison lui sera vivement reprochée lors de son procès). Son numéro d'effeuillage sous prétexte de danse orientale a fait d'elle une égérie de la Belle Époque[12], une femme moderne qui lève le tabou de la nudité dans une société encore marquée par le rigorisme moral du XIXe siècle[17]. Elle aide les échotiers à créer autour de sa personne une légende : elle serait née à Java où les prêtres de Shiva l'ont initiée aux secrets de son culte et de ses danses[18]. Son père était baron[18]. Son mari, un officier supérieur dont elle est séparée, était jaloux comme un tigre (Mata Hari, pour justifier les cupules de bronze ornées de bijoux qui masquaient ses seins pendant ses spectacles, affirmait qu'il lui avait arraché ses mamelons dans un accès de rage jalouse, lui laissant de vilaines cicatrices. Ces cupules servant surtout à masquer leur petite taille[19]). Elle est aussi une courtisane qui se préoccupe trop peu de la nationalité de ses conquêtes. Personnalité flamboyante, elle s'invente ainsi un personnage et une histoire mais sa carrière a du mal à redémarrer depuis sa liaison avec Alfred Kiepert en 1907 : endettée, elle est réduite à des rôles peu reluisants dans des spectacles non plus mondains mais populaires, allant jusqu'à se prostituer dans des maisons closes[12]. En 1910 et 1911, après avoir atteint le sommet de la célébrité à Paris, elle séjourne au château de la Dorée à Esvres, qui était loué à la comtesse de La Taille-Trétinville par son amant le banquier Xavier Rousseau. En 1915, elle vend son hôtel luxueux de Neuilly et loue une modeste maison à La Haye. Elle y reçoit la visite du consul d'Allemagne Carl H. Cramer qui est intéressé par cette femme polyglotte introduite auprès des milieux du pouvoir et lui propose de rembourser ses dettes en échange de renseignements stratégiques pour l'Allemagne en retournant à Paris[20].
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+ Mata Hari en 1906.
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+ Mata Hari vers 1906.
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+ Mata Hari en 1908.
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+ Mata Hari en 1910.
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+ Mata Hari en 1910.
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+ Mata Hari en 1910.
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+ Elle s'éprend vers la fin 1916 à Paris d'un capitaine russe au service de la France dénommé Vadim Maslov, fils d'amiral couvert de dettes. Il a 21 ans et lui rappelle peut-être son fils mort qui devait avoir le même âge. Au front, il est abattu en plein vol et blessé à l'œil, si bien qu'il est soigné dans un hôpital de campagne près de Vittel. Elle réalise des démarches pour un laissez-passer à destination de cette infirmerie du front. C'est dans ces circonstances qu'elle rencontre le capitaine Georges Ladoux, chef des services du contre-espionnage français, le 2 septembre 1916, ce dernier pouvant faciliter l'obtention du laissez-passer. Comme Cramer quelques mois plus tôt, il l'invite à mettre ses relations internationales, son don des langues et ses facultés de déplacement au service de la France. Elle accepte contre rémunération (elle réclame une somme d'un million de francs à Ladoux qui accepte mais la somme ne sera jamais versée) d'aller espionner le Haut commandement allemand en Belgique. En tant que ressortissante des Pays-Bas, elle peut franchir librement les frontières (son pays natal étant resté neutre durant ce conflit). Pour éviter les combats, elle compte rejoindre la Belgique via l'Espagne. Elle est interrogée lors d'une escale involontaire à Falmouth par Basil Thomson du MI-5 (services britanniques) à qui elle reconnaît son appartenance aux services secrets français. On ne sait pas si elle ment à cette occasion, croyant que cette histoire la rendrait plus intrigante, ou si les services français se servent effectivement d'elle sans le reconnaître, en raison des réactions internationales que cette révélation aurait suscitées. Après un séjour en Belgique où elle aurait reçu une formation au centre de renseignements allemand d'Anvers par Fräulein Doktor Elsbeth Schragmüller[21], elle embarque finalement le 24 mai 1916 pour l'Espagne, où elle fréquente dans la capitale de nombreux membres des services secrets, comme Marthe Richard, toutes les deux étant sous le commandement du colonel Denvignes alors sur place[22]. Elle y est courtisée par de nombreux officiers alliés[12].
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+ En janvier 1917, l'attaché militaire allemand à Madrid, le major Kalle, que Mata Hari avait tenté de séduire en se faisant passer (ou en étant réellement ?) comme l'espion allemand de nom de code H-21, transmet un message radio à Berlin, décrivant les activités de H-21[note 1]. Les services secrets français interceptent le message grâce aux antennes de la Tour Eiffel[23] et sont capables d'identifier H-21 comme étant Mata Hari. Aussi étrange que cela puisse paraître, les Allemands chiffrent le message avec un code qu'ils savaient pertinemment connu des Français[24] et avec des informations suffisamment précises pour désigner sans peine Mata Hari (nom de sa gouvernante, adresse), laissant les historiens penser que le but du message était que, si elle travaillait effectivement pour les Français, ceux-ci pourraient démasquer sa double identité et la neutraliser. En tout état de cause Mata Hari se retrouve au milieu de services secrets en pleines manœuvres de manipulation et d'intoxication de part et d'autre[12].
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+ Six semaines après son retour en France pour rejoindre son amant Vadim Maslov, le contre-espionnage français fait une perquisition dans sa chambre de l'hôtel Élysée Palace sur les Champs-Élysées[note 2]. On ne trouve pas de preuve incontestable, mais le sac à main contient deux produits pharmaceutiques. Elle déclare que l'un de ces produits est un contraceptif, bien légitime compte tenu de ses activités, mais il entre aussi dans la composition de l'encre sympathique[25]. Des télégrammes chiffrés interceptés établissent (et elle le reconnaît) que le consul allemand aux Pays-Bas lui avait versé 20 000 francs. « Pour prix de mes faveurs », précise-t-elle. Pour des « renseignements », selon ses juges, sans préciser lesquels.
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+ À la suite de cette perquisition, le 13 février 1917, elle est arrêtée par le capitaine Pierre Bouchardon (son passage ayant été signalé par Louis-Ferdinand Céline qui travaillait alors au Service des Passeports[26]) ; elle est soumise à un interrogatoire à la prison Saint-Lazare mais apporte en fait très peu d'informations. La seule qui soit assez importante concerne un autre agent double qui avait infiltré le réseau allemand pour les services secrets français. Pour anecdote, elle avoue à Bouchardon qui mène l'instruction vouloir se « venger » des Allemands qui lors d'une perquisition au théâtre de Berlin lui avaient pris toutes ses fourrures (d'une valeur d'environ 80 000 francs).
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+ Accusée d'espionnage au profit de l'Allemagne dans le cadre d'une enquête sommaire, Mata Hari passe du statut d'idole à celui de coupable idéale dans une France traumatisée par la guerre et dont l'armée vient de connaître d'importantes mutineries après l'échec de la bataille du Chemin des Dames. Son avocat et ancien amant Édouard Clunet [27] n'a le droit d'assister qu'aux premiers et derniers interrogatoires. L'instruction est assurée par le capitaine Pierre Bouchardon, rapporteur au troisième conseil de guerre. À ce titre, il instruira toutes les grandes affaires d'espionnage du premier conflit mondial. Son procès, dont le substitut du procureur est André Mornet, ne dure que trois jours sans apporter de nouveaux éléments. Elle est même, lors du procès, abandonnée par son amant Vadim Maslov qui la qualifie tout simplement « d'aventurière ».
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+ Elle est condamnée à mort pour intelligence avec l'ennemi en temps de guerre[28] sur réquisitoire de l'avocat général Mornet et sa grâce rejetée par le président Raymond Poincaré, qui laisse la justice suivre son cours. Son exécution a lieu le 15 octobre 1917 par fusillade, au polygone de tir[note 3] de Vincennes[29]. Peu de temps avant son exécution, bien que n'étant pas croyante, elle a de nombreux entretiens avec le pasteur Jules Arboux qui était aumônier des prisons et qui l'accompagne jusqu'à ses derniers instants[30],[31]. Son médecin, le docteur Léon Bizard, relate les faits dans son livre Souvenirs d'un médecin de la préfecture de police et des prisons de Paris (1914-1918)[32] : coiffée d'un grand canotier et vêtue d'une robe élégante garnie de fourrures, avec un manteau jeté sur les épaules, elle refuse d'être attachée au poteau et le bandeau qu'on lui propose. Elle aurait lancé un dernier baiser aux soldats de son peloton d'exécution 723, formé de douze zouaves[33]. Alors que les soldats la mettent en joue, Mata Hari s'écrie : « Quelle étrange coutume des Français que d'exécuter les gens à l'aube ! »[34].
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+ « Tandis qu'un officier donne lecture du jugement, la danseuse, qui a refusé de se laisser bander les yeux, très crâne, se place d'elle-même contre le poteau, une corde, qui n'est même pas nouée, passée autour de la ceinture… Le peloton d'exécution, composé de douze chasseurs à pied, quatre soldats, quatre caporaux, quatre sous-officiers, est à dix mètres d'elle… Mata Hari sourit encore à sœur Léonide agenouillée et fait un geste d'adieu. L'officier commandant lève son sabre : un bruit sec, suivi du coup de grâce moins éclatant et la Danseuse rouge s'écroule tête en avant, masse inerte qui dégoutte de sang… »
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+ — Léon Clément Bizard[32]
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+ Sa famille ne réclame pas le corps, qui est confié à la faculté de médecine de Paris : deux professeurs dissèquent la morte, déterminant que la balle mortelle a traversé le cœur de part en part alors qu'une autre balle, celle du coup de grâce, l'a défigurée. Durant cette autopsie, on vole plusieurs de ses organes comme souvenirs, comme reliques[35].
50
+
51
+ Entre les deux grandes guerres, un livre lui est consacré presque chaque année[36].
52
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53
+ Dès la fin de la guerre, l'Allemagne la présente d'abord comme une innocente victime, n'ayant jamais collaboré avec les services de renseignements allemands. En 1931, dans un important ouvrage collectif L'Espionnage pendant la guerre mondiale auquel ont notamment collaboré des historiens, des officiers et des anciens agents des services secrets, il est fait mention que « Mata Hari a fait de grandes choses pour l'Allemagne ; elle fut le courrier pour nos informateurs installés à l'étranger ou en pays ennemis… Mata Hari était parfaitement au courant des choses militaires, puisqu'elle avait été formée dans l'une de nos meilleures écoles d'information… Elle était un agent de marque. »
54
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55
+ En 1937, « Mademoiselle Docteur », Fräulein Schragmüller, qui dirigeait le centre d'espionnage allemand, à Anvers, publie ses mémoires. Elle y révèle à propos de Mata Hari : « Pas une des nouvelles qu'elle a envoyées n'était utilisable, et ses informations n'ont eu pour nous aucun intérêt politique et militaire. » Elle reconnaîtra cependant : « La condamnation était méritée et conforme à l'esprit du code militaire. »
56
+
57
+ L'historien Alain Decaux témoignera lors d'une de ses recherches sur Mata Hari avoir interrogé le procureur Mornet sur l'enjeu réel que présentait le cas de cette espionne. Celui-ci répondait « qu'on n'avait finalement pas grand-chose à lui reprocher » mais que son cas était évoqué « sous le feu de la presse dans un contexte politique tel » que la raison d'État ne pouvait que l'emporter.
58
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59
+ Selon le journaliste Russel Warren Howe (en), Mata Hari fut une « cocotte » naïve et vénale manipulée par les services secrets. Le chef des services du contre-espionnage français Georges Ladoux avait engagé de tels frais qu'il n'aurait jamais voulu avouer qu'il avait avancé de telles sommes pour une simple courtisane. De plus, les services secrets français ne pouvaient révéler tout de l'affaire Mata Hari car cela aurait montré qu'ils avaient percé les codes de chiffrement allemand[37].
60
+
61
+ Depuis 1996, le musée Frison (en) de sa ville natale Leeuwarden présente une exposition permanente de sa vie dans une salle qui lui est entièrement consacrée[38].
62
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63
+ Le 19 octobre 2001, grâce aux travaux de Léon Schirmann qui épluche les archives françaises, allemandes et hollandaises depuis 1992, la fondation néerlandaise Mata Hari et la ville natale de la danseuse, Leeuwarden, engagent l'avocat Thibault de Montbrial pour déposer une requête en révision du procès de Mata Hari auprès de Marylise Lebranchu, ministre de la Justice, seule habilitée à donner suite à la requête puisqu'elle n'émane pas des descendants de la condamnée. La demande est rejetée[39].
64
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65
+ En 2003, Philippe Collas, arrière petit-fils de Pierre Bouchardon, écrit la première biographie exhaustive, ayant eu accès à tous les documents du dossier secret et aux archives personnelles de son arrière grand-père[40].
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67
+ Passeport néerlandais de Mata Hari.
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+ Permis de séjour à Paris de Mata Hari (1915).
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+ Lettre du capitaine Ladoux expliquant au Conseil de guerre pourquoi ils se sont intéressés à Mata Hari dès décembre 1915.
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+ Extrait des minutes de la décision du Conseil de guerre condamnant à mort Mata Hari.
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+ L'arithmétique est une branche des mathématiques qui correspond à la science des nombres[1].
2
+
3
+ L'arithmétique s'est au départ limitée à l'étude des propriétés des entiers naturels, des entiers relatifs et des nombres rationnels (sous forme de fractions), et aux propriétés des opérations sur ces nombres. Les opérations arithmétiques traditionnelles sont l'addition, la division, la multiplication, et la soustraction. Cette discipline fut ensuite élargie par l'inclusion de l'étude d'autres nombres comme les réels (sous forme de développement décimal illimité), ou même de concepts plus avancés, comme l'exponentiation ou la racine carrée. Une arithmétique est une manière de représenter formellement - autrement dit, « coder » - les nombres (sous la forme d'une liste de chiffres, par exemple) ; et (grâce à cette représentation) définir les opérations de base : addition, multiplication, etc.
4
+
5
+ L'étymologie du mot arithmétique est basée sur le grec ancien ἀριθμός (arithmos), qui signifie nombre[2].
6
+
7
+ L’origine de l'arithmétique semble être une invention phénicienne[3]. Dans l'école pythagoricienne, à la deuxième moitié du VIe siècle av. J.-C., l'arithmétique était, avec la géométrie, l'astronomie et la musique, une des quatre sciences quantitatives ou mathématiques (Mathemata). Celles-ci furent regroupées au sein des sept arts libéraux par Martianus Capella (Ve siècle) et plus précisément désignées sous le nom de quadrivium par Boèce. Les trois autres disciplines étaient littéraires (grammaire, rhétorique, dialectique) et firent l'objet des travaux de Cassiodore et, plus tard, Alcuin qui leur donna le nom de trivium.
8
+
9
+ L'expression « arithmétique élémentaire » désigne parfois la forme la plus basique des mathématiques, apprise à l’école élémentaire. Il s’agit essentiellement de l'étude des nombres et des opérations élémentaires (soustraction, addition, division, multiplication).
10
+
11
+ Ce terme désigne aussi les rudiments des techniques de l'arithmétique. Les outils utilisés sont la division euclidienne, le lemme d'Euclide, le théorème de Bachet-Bézout ou encore le théorème fondamental de l'arithmétique. Ils permettent de démontrer des théorèmes comme celui de Wilson ou encore le petit théorème de Fermat.
12
+
13
+ Cette deuxième acception du terme est traitée dans l'article détaillé.
14
+
15
+ Carl Friedrich Gauss (1777-1855) étudie l'ensemble des classes de congruence des entiers relatifs modulo un entier donné. Chaque classe correspond à un reste de la division euclidienne par cet entier, et l'ensemble est naturellement muni d'une addition et d'une multiplication.
16
+
17
+ L'étude de cette structure porte le nom d'arithmétique modulaire. Elle permet de généraliser les résultats de l'arithmétique élémentaire. Le théorème d'Euler, correspondant à un résultat plus fort que celui du petit théorème de Fermat, illustre une généralisation.
18
+
19
+ L'arithmétique modulaire est utilisé en cryptologie ou pour la construction de codes correcteurs en informatique.
20
+
21
+ De nombreuses questions ne trouvent pas de réponse, même avec les techniques de l'arithmétique modulaire. Des exemples proviennent d'équations diophantiennes, c'est-à-dire d'équations dont les coefficients sont entiers et dont les solutions recherchées sont entières. Une méthode consiste à élargir l'ensemble des entiers à une nouvelle structure qualifiée d'anneau d'entiers algébriques, comme celui des entiers de Gauss.
22
+
23
+ L'étude de ces structures, plus générales que celles de l'arithmétique modulaire qui se limite aux anneaux euclidiens, constitue le premier chapitre de la théorie algébrique des nombres.
24
+
25
+ L'étude de l'arithmétique, au sens des nombres entiers, suppose d'établir des théorèmes. Ces théorèmes se démontrent à l'aide de techniques qui ne se limitent pas aux nombres entiers. Il est possible de faire usage de la même démarche sur d'autres structures, comme celle des polynômes. À travers l'étude des polynômes cyclotomiques, Gauss parvient à trouver un nouveau polygone régulier constructible à la règle et au compas, de 17 côtés.
26
+
27
+ Sa démarche est de nature arithmétique, pour cette raison, on parle d'arithmétique des polynômes.
28
+
29
+ La totalité des nombres a été subdivisée en divers ensembles. Les plus connus sont :
30
+
31
+ Certains de ces ensembles sont des sous-ensembles des autres ; tous les éléments de
32
+
33
+
34
+
35
+
36
+ N
37
+
38
+
39
+
40
+ {\displaystyle \mathbb {N} }
41
+
42
+ appartiennent aussi à
43
+
44
+
45
+
46
+
47
+ Z
48
+
49
+
50
+
51
+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
52
+
53
+ , par exemple. Mais à l'inverse, un élément de
54
+
55
+
56
+
57
+
58
+ Q
59
+
60
+
61
+
62
+ {\displaystyle \mathbb {Q} }
63
+
64
+ n'est pas forcément élément de
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+ Z
70
+
71
+
72
+
73
+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
74
+
75
+ . On peut représenter ces ensembles par des cercles concentriques : le plus petit est
76
+
77
+
78
+
79
+
80
+ N
81
+
82
+
83
+
84
+ {\displaystyle \mathbb {N} }
85
+
86
+ , puis viennent
87
+
88
+
89
+
90
+
91
+ Z
92
+
93
+
94
+
95
+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
96
+
97
+ ,
98
+
99
+
100
+
101
+
102
+ D
103
+
104
+
105
+
106
+ {\displaystyle \mathbb {D} }
107
+
108
+ ,
109
+
110
+
111
+
112
+
113
+ Q
114
+
115
+
116
+
117
+ {\displaystyle \mathbb {Q} }
118
+
119
+ ,
120
+
121
+
122
+
123
+
124
+ R
125
+
126
+
127
+
128
+ {\displaystyle \mathbb {R} }
129
+
130
+ et
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+ C
136
+
137
+
138
+
139
+ {\displaystyle \mathbb {C} }
140
+
141
+ .
142
+
143
+ Il est possible de ne considérer qu'une partie d'un ensemble. Ainsi, on note
144
+
145
+
146
+
147
+
148
+
149
+ R
150
+
151
+
152
+ +
153
+
154
+
155
+
156
+
157
+ {\displaystyle \mathbb {R} _{+}}
158
+
159
+ l'ensemble des nombres positifs de
160
+
161
+
162
+
163
+
164
+ R
165
+
166
+
167
+
168
+ {\displaystyle \mathbb {R} }
169
+
170
+ . De même on note
171
+
172
+
173
+
174
+
175
+
176
+ R
177
+
178
+
179
+
180
+
181
+
182
+
183
+
184
+ {\displaystyle \mathbb {R} ^{*}}
185
+
186
+ l'ensemble
187
+
188
+
189
+
190
+
191
+ R
192
+
193
+
194
+
195
+ {\displaystyle \mathbb {R} }
196
+
197
+ privé de 0. On remarque entre autres que
198
+
199
+
200
+
201
+
202
+
203
+ Z
204
+
205
+
206
+ +
207
+
208
+
209
+ =
210
+
211
+ N
212
+
213
+
214
+
215
+ {\displaystyle \mathbb {Z} _{+}=\mathbb {N} }
216
+
217
+ et que
218
+
219
+
220
+
221
+
222
+ Z
223
+
224
+
225
+
226
+ N
227
+
228
+ =
229
+
230
+
231
+ Z
232
+
233
+
234
+
235
+
236
+
237
+
238
+
239
+
240
+
241
+
242
+ {\displaystyle \mathbb {Z} \setminus \mathbb {N} =\mathbb {Z} _{-}^{*}}
243
+
244
+ (il s'agit de
245
+
246
+
247
+
248
+
249
+ Z
250
+
251
+
252
+
253
+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
254
+
255
+ « privé de »
256
+
257
+
258
+
259
+
260
+ N
261
+
262
+
263
+
264
+ {\displaystyle \mathbb {N} }
265
+
266
+ ).
267
+
268
+ De nombreux nombres entiers ont des propriétés particulières. Ces propriétés font l'objet de la théorie des nombres. Parmi ces nombres particuliers, les nombres premiers sont sans doute les plus importants.
269
+
270
+ C'est le cas des nombres dits premiers. Ce sont les entiers naturels possédant uniquement deux diviseurs positifs distincts, à savoir 1 et eux-mêmes. Les dix premiers nombres premiers sont 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23 et 29. L'entier 1 n'est pas premier car il n'a pas deux diviseurs positifs distincts, mais un seul, à savoir lui-même. Il existe une infinité de nombres premiers. En complétant une grille de taille 10 × 10 avec les 100 premiers entiers naturels non nuls, et en rayant ceux qui ne sont pas premiers, on obtient les nombres premiers appartenant à {1, …, 100} par un procédé appelé un crible d'Ératosthène, du nom du savant grec qui l'inventa.
271
+
272
+ Les entiers naturels peuvent être divisés en deux catégories : les pairs et les impairs.
273
+
274
+ Un entier
275
+
276
+
277
+
278
+ n
279
+
280
+
281
+ {\displaystyle n}
282
+
283
+ pair est un multiple de 2 et peut par conséquent s'écrire
284
+
285
+
286
+
287
+ n
288
+ =
289
+ 2
290
+
291
+ k
292
+
293
+
294
+ {\displaystyle n=2\,k}
295
+
296
+ , avec
297
+
298
+
299
+
300
+ k
301
+
302
+
303
+ N
304
+
305
+
306
+
307
+ {\displaystyle k\in \mathbb {N} }
308
+
309
+ . Un nombre
310
+
311
+
312
+
313
+ n
314
+
315
+
316
+ {\displaystyle n}
317
+
318
+ impair n'est pas multiple de 2 et peut s'écrire
319
+
320
+
321
+
322
+ n
323
+ =
324
+ 2
325
+
326
+ k
327
+ +
328
+ 1
329
+
330
+
331
+ {\displaystyle n=2\,k+1}
332
+
333
+ , avec
334
+
335
+
336
+
337
+ k
338
+
339
+
340
+ N
341
+
342
+
343
+
344
+ {\displaystyle k\in \mathbb {N} }
345
+
346
+ .
347
+
348
+ On montre que tout entier est soit pair soit impair, et ce pour un unique
349
+
350
+
351
+
352
+ k
353
+
354
+
355
+ {\displaystyle k}
356
+
357
+  : on note
358
+
359
+
360
+
361
+
362
+ n
363
+
364
+
365
+ N
366
+
367
+
368
+
369
+ !
370
+ k
371
+
372
+
373
+ N
374
+
375
+
376
+
377
+ (
378
+
379
+ n
380
+ =
381
+ 2
382
+
383
+ k
384
+
385
+ n
386
+ =
387
+ 2
388
+
389
+ k
390
+ +
391
+ 1
392
+
393
+ )
394
+
395
+
396
+
397
+ {\displaystyle \forall n\in \mathbb {N} \quad \exists !k\in \mathbb {N} \quad \left(n=2\,k\lor n=2\,k+1\right)}
398
+
399
+ .
400
+
401
+ Les six premiers entiers pairs sont 0, 2, 4, 6, 8 et 10.
402
+ Les six premiers entiers impairs sont 1, 3, 5, 7, 9 et 11.
403
+
404
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3720.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,131 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un ordinateur est un système de traitement de l'information programmable tel que défini par Turing et qui fonctionne par la lecture séquentielle d'un ensemble d'instructions, organisées en programmes, qui lui font exécuter des opérations logiques et arithmétiques. Sa structure physique actuelle fait que toutes les opérations reposent sur la logique binaire et sur des nombres formés à partir de chiffres binaires. Dès sa mise sous tension, un ordinateur exécute, l'une après l'autre, des instructions qui lui font lire, manipuler, puis réécrire un ensemble de données déterminées par une mémoire morte d'amorçage. Des tests et des sauts conditionnels permettent de passer à l'instruction suivante et donc d'agir différemment en fonction des données ou des nécessités du moment ou de l'environnement.
2
+
3
+ Les données à manipuler sont obtenues, soit par la lecture de mémoires, soit par la lecture d'information en provenance de périphériques internes ou externes (déplacement d'une souris, touche appuyée sur un clavier, température, vitesse, compression…). Une fois utilisés, ou manipulés, les résultats sont écrits, soit dans des mémoires, soit dans des composants qui peuvent transformer une valeur binaire en une action physique (écriture sur une imprimante ou sur un moniteur, accélération ou freinage d'un véhicule, changement de température d'un four…). L'ordinateur peut aussi répondre à des interruptions qui lui permettent d’exécuter des programmes de réponses spécifiques à chacune, puis de reprendre l’exécution séquentielle du programme interrompu.
4
+
5
+ De 1834 à 1837, Charles Babbage conçoit une machine à calculer programmable en associant un des descendants de la Pascaline (première machine à calculer mécanique inventée par Blaise Pascal) avec des instructions écrites sur le même type de cartes perforées que celles inventées par Jacquard pour ses métiers à tisser[1]. C'est durant cette période qu'il imagine la plupart des caractéristiques de l'ordinateur moderne[2]. Babbage passera le reste de sa vie à essayer de construire sa machine analytique, mais sans succès. Beaucoup de personnes s’y intéressèrent et essayèrent de développer cette machine[3], mais c'est cent ans plus tard, en 1937, qu'IBM inaugurera l'ère de l'informatique en commençant le développement de l'ASCC/Mark I, une machine basée sur l’architecture de Babbage qui, une fois réalisée, sera considérée comme l'achèvement de son rêve[4].
6
+
7
+ La technique actuelle des ordinateurs date du milieu du xxe siècle. Les ordinateurs peuvent être classés selon plusieurs critères[5] tels que le domaine d'application, la taille ou l'architecture.
8
+
9
+ Le mot « ordinateur » fut introduit par IBM France en 1955[6],[7] après que François Girard, alors responsable du service publicité de l'entreprise, eut l'idée de consulter son ancien professeur de lettres à Paris, Jacques Perret. Avec Christian de Waldner, alors président d'IBM France, ils demandèrent au professeur Perret, de suggérer un « nom français pour sa nouvelle machine électronique destinée au traitement de l'information (IBM 650), en évitant d'utiliser la traduction littérale du mot anglais computer (« calculateur » ou « calculatrice »), qui était à cette époque plutôt réservé aux machines scientifiques »[8].
10
+
11
+ En 1911, une description de la machine analytique de Babbage utilisait le mot ordonnateur pour en décrire son organe moteur: « Pour aller prendre et reporter les nombres… et pour les soumettre à l’opération demandée, il faut qu'il y ait dans la machine un organe spécial et variable : c'est l'ordonnateur. Cet ordonnateur est constitué simplement par des feuilles de carton ajourées, analogues à celle des métiers Jacquard… »[9].
12
+
13
+ Le professeur proposa un mot composé centré autour d'ordonnateur : celui qui met en ordre[10] et qui avait aussi la notion d'ordre ecclésiastique dans l'église catholique (ordinant)[11]. Il suggéra plus précisément « ordinatrice électronique », le féminin ayant pu permettre, selon lui, de mieux distinguer l'usage religieux de l'usage comptable du mot[12].
14
+
15
+ « IBM France retint le mot ordinateur et chercha au début à protéger ce nom comme une marque. Mais le mot fut facilement et rapidement adopté par les utilisateurs et IBM France décida au bout de quelques mois de le laisser dans le domaine public. »[8]
16
+
17
+ Selon Bernard Cohen, auteur de l'ouvrage intitulé Howard Aiken: Portrait of a computer pioneer, « les historiens des technologies et les informaticiens intéressés en histoire, ont adopté un certain nombre de caractéristiques qui définissent un ordinateur. C'est ainsi que la question de savoir si le Mark I était ou n'était pas un ordinateur ne dépend pas d'une opinion majoritaire mais plutôt de la définition utilisée. Souvent, quelques-unes des caractéristiques fondamentales nécessaires pour être considérées comme un ordinateur sont :
18
+
19
+ Une machine n'est généralement pas classifiée comme un ordinateur à moins qu'elle n'ait des caractéristiques supplémentaires comme la possibilité d’exécuter des opérations spécifiques automatiquement et ceci d'une façon contrôlée et dans une séquence prédéterminée. Pour d'autres historiens et informaticiens, il faut aussi que la machine ait été vraiment construite et qu'elle ait été complètement opérationnelle[15]. »
20
+
21
+ Sans une définition stricte il est impossible d'identifier la machine qui devint le premier ordinateur, mais il faut remarquer certaines des étapes fondamentales qui vont du développement du concept de la machine à calculer programmable par Charles Babbage en 1837 au premier développement de l'ère de l'informatique cent ans plus tard.
22
+
23
+ En 1834, Charles Babbage commence à développer une machine à calculer programmable, sa machine analytique. Il pense la programmer grâce à un cylindre à picots comme dans les automates de Vaucanson, mais, deux ans plus tard, il remplace ce cylindre par la lecture de cartes Jacquard, et ainsi crée une machine à calculer infiniment programmable[16].
24
+
25
+ En 1843, Ada Lovelace écrit le premier programme informatique pour calculer les nombres de Bernoulli, pour la machine analytique qui ne sera jamais construite.
26
+
27
+ Henry Babbage construit une version extrêmement simplifiée de l'unité centrale de la « machine analytique » de son père et l'utilise en 1906, pour calculer et imprimer automatiquement les quarante premiers multiples du nombre Pi avec une précision de vingt-neuf décimales[17], démontrant sans ambiguïté que le principe de la machine analytique était viable et réalisable. En 1886, sa plus grande contribution fut de donner un ensemble mécanique de démonstration d'une des machines de son père à l'université Harvard[18]. C'est cinquante ans plus tard, après avoir entendu la présentation de Howard Aiken sur son super calculateur, qu'un technicien de Harvard, Carmello Lanza, lui fit savoir qu'une machine similaire avait déjà été développée et qu'il lui montra l'ensemble mécanique de démonstration donné par Henry Babbage qui se trouvait dans un des greniers de l'université ; c'est ainsi qu'il découvrit les travaux de Babbage et qu'il les incorpora dans la machine qu'il présenta à IBM en 1937[19]. C'était la troisième fois qu'il essayait de trouver un sponsor pour le développement de sa machine car son projet avait déjà été rejeté deux fois avant l'intégration des travaux de Babbage dans l'architecture de sa machine (une fois par la Monroe Calculating Company[20] et une fois par l'université Harvard[19]).
28
+
29
+ Leonardo Torres Quevedo remplaça toutes les fonctions mécaniques de Babbage par des fonctions électromécaniques (addition, soustraction, multiplication et division mais aussi la lecture de cartes et les mémoires). En 1914 et en 1920, Il construisit deux machines analytiques, non programmable, extrêmement simplifiées[21] mais qui montraient que des relais électromécaniques pouvaient être utilisés dans une machine à calculer qu'elle soit programmable ou non. Sa machine de 1914 avait une petite mémoire électromécanique et son arithmomètre de 1920, qu'il développa pour célébrer le centième anniversaire de l'invention de l'arithmomètre, était commandé par une machine à écrire qui était aussi utilisée pour imprimer ses résultats.
30
+
31
+ Percy Ludgate améliora et simplifia les fonctions mécaniques de Babbage mais ne construisit pas de machine. Et enfin, Louis Couffignal essaya au début des années 1930[22], de construire une machine analytique « purement mécanique, comme celle de Babbage, mais sensiblement plus simple », mais sans succès. C'est cent ans après la conceptualisation de l'ordinateur par Charles Babbage que le premier projet basé sur l'architecture de sa machine analytique aboutira. En effet, c'est en 1937 qu'Howard Aiken présenta à IBM un projet de machine à calculer programmable qui sera le premier projet qui finira par une machine qui puisse être, et qui sera utilisée, et dont les caractéristiques en font presque un ordinateur moderne. Et donc, bien que le premier ordinateur ne sera jamais déterminé à l’unanimité, le début de l'ère de l'informatique moderne peut être considéré comme la présentation d'Aiken à IBM, en 1937, qui aboutira par l'ASCC.
32
+
33
+ Les machines à calculer jouèrent un rôle primordial dans le développement des ordinateurs pour deux raisons tout à fait indépendantes. D'une part, pour leurs origines : c'est pendant le développement d'une machine à calculer automatique à imprimante qu'en 1834 Charles Babbage commença à imaginer sa machine analytique, l’ancêtre des ordinateurs. C’était une machine à calculer programmée par la lecture de cartes perforées (inspirées du Métier Jacquard), avec un lecteur de cartes pour les données et un pour les programmes, avec des mémoires, un calculateur central et des imprimantes et qui inspirera le développement des premiers ordinateurs à partir de 1937 ; ce qui nous amènera aux mainframes des années 1960.
34
+
35
+ D'autre part, leur propagation se fit grâce à la commercialisation en 1971 du premier microprocesseur, l'Intel 4004, qui fut inventé pendant le développement d'une machine à calculer électronique pour la compagnie japonaise Busicom, qui est à l'origine de l'explosion de la micro-informatique à partir de 1975[23] et qui réside au cœur de tous les ordinateurs actuels quelles que soient leurs tailles ou fonctions (bien que seulement 2 % des microprocesseurs produits chaque année soient utilisés comme unités centrales d'ordinateur, les 98 % restant sont utilisés dans la construction de voitures, de robots ménagers, de montres, de caméras de surveillance[24]…).
36
+
37
+ Outre les avancées observées dans l'industrie du textile et celles de l'électronique, les avancées de la mécanographie à la fin du XIXe siècle, pour achever les recensements aux États-Unis, la mécanisation de la cryptographie au début du XXe siècle, pour chiffrer puis déchiffrer automatiquement des messages, le développement des réseaux téléphoniques (à base de relais électromécaniques), sont aussi à prendre en compte pour comprendre l'avènement de ce nouveau genre de machine qui ne calculent pas (comme font/faisaient les calculatrices), mais lisent et interprètent des programmes qui -eux- calculent. Pour le monde des idées, avant l'invention de ces nouvelles machines, l'élément fondateur de la science informatique est en 1936, la publication de l'article On Computable Numbers with an Application to the Entscheidungsproblem[25] par Alan Turing qui allait déplacer le centre de préoccupation de certains scientifiques (mathématiciens et logiciens) de l'époque, du sujet de la calculabilité (ou décidabilité) ouvert par Hilbert, malmené par Godël, éclairci par Church, vers le sujet de la mécanisation du calcul (ou calculabilité effective). Dans ce texte de 36 pages, Turing expose une machine théorique capable d'effectuer tout calcul ; il démontre que cette machine est aussi puissante, au niveau du calcul, que tout être humain. Autrement dit, un problème mathématique possède une solution, si et seulement si, il existe une machine de Turing capable de résoudre ce problème. Par la suite, il expose une machine de Turing universelle apte à reproduire toute machine de Turing, il s'agit des concepts d'ordinateur, de programmation et de programme. Il termine en démontrant qu'il existe au moins un problème mathématique formellement insoluble, le problème de l'arrêt.
38
+
39
+ Peu avant la Seconde Guerre mondiale, apparurent les premières calculatrices électromécaniques, construites selon les idées d'Alan Turing. Les machines furent vite supplantées par les premiers calculateurs électroniques, nettement plus performants.
40
+
41
+ La fin des années 1930 virent, pour la première fois dans l'histoire de l'informatique, le début de la construction de deux machines à calculer programmables. Elles utilisaient des relais et étaient programmées par la lecture de rouleaux perforés et donc, pour certains, étaient déjà des ordinateurs. Elles ne furent mises en service qu'au début des années 1940, faisant ainsi de 1940 la première décennie dans laquelle on trouve des ordinateurs et des machines à calculer programmables totalement fonctionnels. C'est d'abord en 1937 que Howard Aiken, qui avait réalisé que la machine analytique de Babbage était le type de machine à calculer qu'il voulait développer[26], proposa à IBM de la créer et de la construire ; après une étude de faisabilité, Thomas J. Watson accepta de la construire en 1939 ; elle fut testée en 1943 dans les locaux d'IBM et fut donnée et déménagée à l'université Harvard en 1944, changeant son nom de ASCC à Harvard Mark I ou Mark I.
42
+
43
+ Mais c'est aussi Konrad Zuse qui commença le développement de son Zuse 3, en secret, en 1939, et qui le finira en 1941. Parce que le Zuse 3 resta inconnu du grand public jusqu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale (sauf des services secrets américains qui le détruisirent dans un bombardement en 1943), ses solutions très inventives ne furent pas utilisées dans les efforts communs mondiaux de développement de l’ordinateur.
44
+
45
+ Six machines furent construites durant ces 9 ans. Elles furent toutes décrites, au moins une fois, dans la multitude de livres de l'histoire de l'informatique, comme étant le premier ordinateur ; aucune autre machine, construite ultérieurement, ne fut décrit comme telle. Ces six précurseurs peuvent être divisées en trois groupes bien spécifiques :
46
+
47
+ « Sans un branchement conditionnel, et donc l’implémentation mécanique du mot SI, le plus grand des calculateurs ne serait qu'une super machine à calculer. Il pourrait être comparé à une ligne d'assemblage, tout étant organisé du début à la fin, avec aucune possibilité de changement une fois que la machine est mise en marche[27]. »
48
+
49
+ — Andrew Hodges, Alan Turing: the enigma, 1983.
50
+
51
+ « L'ENIAC et le Colosse étaient comme deux kits à assembler, desquelles beaucoup de machines similaires, mais différentes, pouvaient être construites. Aucun n’essaya d’implémenter l'universalité de la « machine de Babbage » dans laquelle la machine n'est jamais modifiée, et où seulement les instructions sont réécrites sur des cartes perforées[29]. »
52
+
53
+ — Andrew Hodges, Alan Turing: the enigma, 1983.
54
+
55
+ De ces six machines, seulement quatre furent connues de leurs contemporains, les deux autres, le Colosse et le Z3, utilisées dans l'effort de guerre, ne furent découvertes qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et donc ne participèrent pas au développement communautaire mondial des ordinateurs. Seulement deux de ces machines furent utilisées dans les années 1950, l'ASCC/Mark I et l'ENIAC, et chacune fut éventuellement modifiée pour en faire une machine Turing-complet. En juin 1945 est publié un article fondateur de John von Neumann[30] donnant les bases de l'architecture utilisée dans la quasi-totalité des ordinateurs depuis lors. Dans cet article, von Neumann veut concevoir un programme enregistré et programmé dans la machine. La première machine correspondant à cette architecture, dite depuis architecture de von Neumann est une machine expérimentale la Small-Scale Experimental Machine (SSEM ou baby) construite à Manchester en juillet 1948. En août 1949 la première machine fonctionnelle, fondée sur les bases de von Neumann fut l'EDVAC.
56
+
57
+ Cette chronologie[31] demande qu'un ordinateur soit électronique et donc elle commence, en 1946, avec l'ENIAC qui, au départ, était programmé avec des interrupteurs et par le positionnement de fils sur un commutateur, comme sur un ancien standard téléphonique. Les ordinateurs de cette période sont énormes avec des dizaines de milliers de tubes à vide. L'ENIAC faisait 30 m de long, 2,40 m de haut et pesait 30 tonnes. Ces machines n’étaient pas du tout fiables, par exemple, en 1952, dix-neuf mille tubes furent remplacés sur l'ENIAC, soit plus de tubes qu'il n'en contient[32].
58
+
59
+ « L'ENIAC prouva, sans ambiguïté, que les principes de base de l'électronique était bien fondés. Il était vraiment inévitable que d'autres machines à calculer de ce type seraient perfectionnées grâce aux connaissances et à l’expérience acquises sur cette première[33]. »
60
+
61
+ De nouveau, le titre de premier ordinateur commercialisé dépend de la définition utilisée ; trois ordinateurs sont souvent cités. En premier, le BINAC[34], conçu par la Eckert–Mauchly Computer Corporation et livré à la Northrop Corporation en 1949 qui, après sa livraison, ne fut jamais fonctionnel[35],[36]. En deuxième, le Ferranti Mark I, dont le prototype avait été développé par l'université de Manchester, fut amélioré et construit en un exemplaire par la société Ferranti et revendu à l'université de Manchester en février 1951[37]. Et en dernier, UNIVAC I[34], conçu par la « Eckert–Mauchly Computer Corporation », dont le premier fut vendu à l'United States Census Bureau le 30 mars 1951. Une vingtaine de machines furent produites et vendues entre 1951 et 1954[38].
62
+
63
+ « L'utilisation de transistors au milieu des années 1950 changea le jeu complètement. Les ordinateurs devinrent assez fiables pour être vendus à des clients payants sachant qu'ils fonctionneraient assez longtemps pour faire du bon travail[39]. » Les circuits intégrés réduisirent la taille et le prix des ordinateurs considérablement. Les moyennes entreprises pouvaient maintenant acheter ce genre de machines.
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65
+ Les circuits intégrés permettent de concevoir une informatique plus décentralisée les constructeurs souhaitant concurrencer le géant IBM. Le microprocesseur fut inventé en 1969 par Ted Hoff d'Intel pendant le développement d'une calculatrice pour la firme japonaise Busicom. Intel commercialisera le 4004 fin 1971. Ted Hoff avait copié l'architecture du PDP-8, le premier mini-ordinateur, et c'est grâce à la technologie de circuits intégrés LSI (large scale integration), qui permettait de mettre quelques milliers de transistors sur une puce[40] qu'il put miniaturiser les fonctions d'un ordinateur en un seul circuit intégré. La fonction première du microprocesseur était de contrôler son environnement. Il lisait des interrupteurs, les touches d'un clavier et il agissait en exécutant les opérations requises (addition, multiplication, etc.) et en affichant les résultats. Le premier ordinateur personnel fut décrit dans le livre d'Edmund Berkeley, Giant brain, or machines that think, en 1949, et sa construction fut décrite dans une série d'articles du magazine Radio-Electronics à partir du numéro d'octobre 1950. En 1972, une société française développe le Micral, premier micro-ordinateur à être basé sur le microprocesseur 8008. Mais l’ordinateur qui créa l'industrie de l'ordinateur personnel est l'Altair 8800[41],[42] qui fut décrit pour la première fois dans le magazine Radio-Electronics de janvier 1975. Bill Gates, Paul Allen, Steve Wozniak et Steve Jobs (ordre chronologique) firent tous leurs débuts dans la micro-informatique sur ce produit moins de six mois après son introduction.
66
+
67
+ Les ordinateurs furent d'abord utilisés pour le calcul (en nombres entiers d'abord, puis flottants). On ne peut cependant les assimiler à de simples calculateurs, du fait de la possibilité quasi infinie de lancer d'autres programmes en fonction du résultat de calculs, ou de capteurs internes ou externes (température, inclinaison, orientation, etc.), ou de toute action de l'opérateur ou de son environnement.
68
+
69
+ Cette création d'un néologisme fut à l'origine de traductions multiples des expressions supercomputer, superordinateur ou supercalculateur.
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+ L'expérience a appris à distinguer dans un ordinateur deux aspects, dont le second avait été au départ sous-estimé :
72
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+ Un ordinateur très avancé techniquement pour son époque comme le Gamma 60 de la compagnie Bull n'eut pas le succès attendu, pour la simple raison qu'il existait peu de moyens de mettre en œuvre commodément ses possibilités techniques[réf. nécessaire].
74
+
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+ Le logiciel - et son complément les services (formation, maintenance…) - forme depuis le milieu des années 1980 l’essentiel des coûts d'équipement informatique, le matériel n’y ayant qu'une part minoritaire.
76
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+ Les ordinateurs peuvent être sensibles aux bombes IEM.[réf. nécessaire]
78
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+ Parmi toutes les machines inventées par l'Homme, l'ordinateur est celle qui se rapproche le plus du concept anthropologique suivant : Organe d'entrée, organe de traitement de l'information et organe de sortie. Chez l'humain, les organes d'entrée sont les organes sensoriels, l'organe de traitement est le cerveau dont les logiciels sont l'apprentissage avec des mises à jour constantes en cours de vie, puis les organes de sortie sont les muscles. Pour les ordinateurs modernes, les organes d'entrée sont le clavier et la souris et les organes de sortie, l'écran, l'imprimante, le graveur de DVD, etc. Les techniques utilisées pour fabriquer ces machines ont énormément changé depuis les années 1940 et sont devenues une technologie (c’est-à-dire un ensemble industriel organisé autour de techniques) à part entière depuis les années 1970. Beaucoup utilisent encore les concepts définis par John von Neumann, bien que cette architecture soit en régression : les programmes ne se modifient plus guère eux-mêmes (ce qui serait considéré comme une mauvaise pratique de programmation), et le matériel prend en compte cette nouvelle donne en séparant aujourd'hui nettement le stockage des instructions et des données, y compris dans les caches.
80
+
81
+ L’architecture de von Neumann décomposait l’ordinateur en quatre parties distinctes :
82
+
83
+ L’unité arithmétique et logique ou UAL est l’élément qui réalise les opérations élémentaires (additions, soustractions…), les opérateurs logiques (ET, OU, NI, etc.) et les opérations de comparaison (par exemple la comparaison d’égalité entre deux zones de mémoire). C’est l’UAL qui effectue les calculs de l’ordinateur. L’unité de contrôle prend ses instructions dans la mémoire. Celles-ci lui indiquent ce qu’elle doit ordonner à l’UAL et, comment elle devra éventuellement agir selon les résultats que celle-ci lui fournira. Une fois l’opération terminée, l’unité de contrôle passe soit à l’instruction suivante, soit à une autre instruction à laquelle le programme lui ordonne de se brancher.
84
+
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+ L'unité de contrôle facilite la communication entre l'unité arithmétique et logique, la mémoire ainsi que les périphériques. Elle gère la plupart des exécutions des instructions dans l'ordinateur.
86
+
87
+ Au sein du système, la mémoire peut être décrite comme une suite de cellules numérotées contenant chacune une petite quantité d’informations. Cette information peut servir à indiquer à l’ordinateur ce qu’il doit faire (instructions) ou contenir des données à traiter. Dans la plupart des architectures, c'est la même mémoire qui est utilisée pour les deux fonctions. Dans les calculateurs massivement parallèles, on admet même que des instructions de programmes soient substituées à d’autres en cours d’opération lorsque cela se traduit par une plus grande efficacité. Cette pratique était jadis courante, mais les impératifs de lisibilité du génie logiciel l'ont fait régresser, hormis dans ce cas particulier, depuis plusieurs décennies. Cette mémoire peut être réécrite autant de fois que nécessaire. La taille de chacun des blocs de mémoire ainsi que la technologie utilisée ont varié selon les coûts et les besoins : 8 bits pour les télécommunications, 12 bits pour l’instrumentation (DEC) et 60 bits pour de gros calculateurs scientifiques (Control Data). Un consensus a fini par être trouvé autour de l’octet comme unité adressable et d’instructions sur format de 4 ou 8 octets.
88
+
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+ Dans tous les cas de figure, l'octet reste adressable, ce qui simplifie l'écriture des programmes. Les techniques utilisées pour la réalisation des mémoires ont compris des relais électromécaniques, des tubes au mercure au sein desquels étaient générées des ondes acoustiques, des transistors individuels, des tores de ferrite et enfin des circuits intégrés incluant des millions de transistors.
90
+
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+ Les dispositifs d’entrée/sortie permettent à l’ordinateur de communiquer avec l’extérieur. Ces dispositifs sont très importants, du clavier à l’écran. La carte réseau permet par exemple de relier les ordinateurs en réseau informatique, dont le plus grand est Internet. Le point commun entre tous les périphériques d’entrée est qu’ils convertissent l’information qu’ils récupèrent de l’extérieur en données compréhensibles par l’ordinateur. À l’inverse, les périphériques de sortie décodent l’information fournie par l’ordinateur afin de la rendre compréhensible par l’utilisateur.
92
+
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+ Ces différentes parties sont reliées par trois bus, le bus d'adresse, le bus de données et le bus de commande. Un bus est un groupement d'un certain nombre de fils électriques réalisant une liaison pour transporter des informations binaires codées sur plusieurs bits. Le bus d'adresse transporte les adresses générées par l'UCT (Unité Centrale de Traitement) pour sélectionner une case mémoire ou un registre interne de l'un des blocs. Le nombre de bits véhiculés par ce bus dépend de la quantité de mémoire qui doit être adressée. Le bus de données transporte les données échangées entre les différents éléments du système. Le bus de contrôle transporte les différents signaux de synchronisation nécessaires au fonctionnement du système : signal de lecture (RD), signal d'écriture (WR), signal de sélection (CS : Chip Select).
94
+
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+ La miniaturisation permet d’intégrer l’UAL et l’unité de contrôle au sein d’un même circuit intégré connu sous le nom de microprocesseur. Typiquement, la mémoire est située sur des circuits intégrés proches du processeur, une partie de cette mémoire, la mémoire cache, pouvant être située sur le même circuit intégré que l’UAL.
96
+
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+ L’ensemble est, sur la plupart des architectures, complété d’une horloge qui cadence le processeur. Bien sûr, on souhaite qu'elle soit le plus rapide possible, mais on ne peut pas augmenter sans limites sa vitesse pour deux raisons :
98
+
99
+ La tendance a été à partir de 2004 de regrouper plusieurs UAL dans le même processeur, voire plusieurs processeurs dans la même puce. En effet, la miniaturisation progressive (voir Loi de Moore) le permet sans grand changement de coût. Une autre tendance, depuis 2006 chez ARM, est aux microprocesseurs sans horloge : la moitié de la dissipation thermique est en effet due aux signaux d'horloge quand le microprocesseur fonctionne ; de plus, un microprocesseur sans horloge a une consommation presque nulle quand il ne fonctionne pas : le seul signal d'horloge nécessaire est alors celui destiné au rafraîchissement des mémoires. Cet atout est important pour les modèles portables.
100
+
101
+ Le principal écart fonctionnel aujourd’hui par rapport au modèle de von Neumann est la présence sur certaines architectures de deux antémémoires différentes : une pour les instructions et une pour les données (alors que le modèle de von Neumann spécifiait une mémoire commune pour les deux). La raison de cet écart est que la modification par un programme de ses propres instructions est aujourd’hui considérée (sauf sur les machines hautement parallèles) comme une pratique à proscrire. Dès lors, si le contenu du cache de données doit être récrit en mémoire principale quand il est modifié, on sait que celui du cache d’instructions n’aura jamais à l’être, d’où simplification des circuits et gain de performance.
102
+
103
+ Les instructions que l’ordinateur peut comprendre ne sont pas celles du langage humain. Le matériel sait juste exécuter un nombre limité d’instructions bien définies. Des instructions typiques comprises par un ordinateur sont par exemple :
104
+
105
+ La plupart des instructions se composent de deux zones : l’une indiquant quoi faire, nommée code opération, et l’autre indiquant où le faire, nommée opérande.
106
+
107
+ Au sein de l’ordinateur, les instructions correspondent à des codes - le code pour une copie étant par exemple 001. L’ensemble d’instructions qu’un ordinateur supporte se nomme son langage machine, langage qui est une succession de chiffres binaires, car les instructions et données qui sont comprises par le processeur (CPU) sont constituées uniquement de 0 (zéro) et de 1 (un) :
108
+
109
+ En général, ce type de langage n'est pas utilisé car on lui préfère ce que l’on appelle un langage de haut niveau qui est ensuite transformé en langage binaire par un programme spécial (interpréteur ou compilateur selon les besoins). Les programmes ainsi obtenus sont des programmes compilés compréhensibles par l'ordinateur dans son langage natif. Certains langages de programmation, comme l’assembleur sont dits langages de bas niveau car les instructions qu’ils utilisent sont très proches de celles de l’ordinateur. Les programmes écrits dans ces langages sont ainsi très dépendants de la plate-forme pour laquelle ils ont été développés. Le langage C, beaucoup plus facile à relire que l’assembleur, permet de produire plus facilement des programmes. Pour cette raison, on l’a vu de plus en plus utilisé à mesure que les coûts du matériel diminuaient et que les salaires horaires des programmeurs augmentaient[réf. nécessaire].
110
+
111
+ Les logiciels informatiques sont des listes (généralement longues) d’instructions exécutables par un ordinateur. De nombreux programmes contiennent des millions d’instructions, effectuées pour certaines de manière répétitive. De nos jours, un ordinateur personnel exécute plusieurs milliards d’instructions par seconde. Depuis le milieu des années 1960, des ordinateurs exécutent plusieurs programmes simultanément. Cette possibilité est appelée multitâche. C’est le cas de tous les ordinateurs modernes. En réalité, chaque cœur de processeur n’exécute qu’un programme à la fois, passant d’un programme à l’autre chaque fois que nécessaire. Si la rapidité du processeur est suffisamment grande par rapport au nombre de tâches à exécuter, l’utilisateur aura l’impression d’une exécution simultanée des programmes. Les priorités associées aux différents programmes sont, en général, gérées par le système d'exploitation.
112
+
113
+ Le système d’exploitation est le programme central qui contient les programmes de base nécessaires au bon fonctionnement des applications de l’ordinateur. Le système d’exploitation alloue les ressources physiques de l’ordinateur (temps processeur, mémoire…) aux différents programmes en cours d’exécution. Il fournit aussi des outils aux logiciels (comme les pilotes) afin de leur faciliter l’utilisation des différents périphériques sans avoir à en connaître les détails physiques.
114
+
115
+ IBM 370 (1972).
116
+
117
+ HP 2116 (1974).
118
+
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+ Serveur VAX (1975).
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+ Bull-Micral p. 2 français en 1981.
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+ IBM PC 5150 en 1983.
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+ Superordinateur Columbia de la NASA en 2004.
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+ Acer Aspire 8920 (2012).
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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3
+ Un mathématicien est au sens restreint un chercheur en mathématiques, par extension toute personne faisant des mathématiques la base de son activité principale. Ce terme recouvre une large palette de compétences et de pratiques très différentes, avec néanmoins en commun un vocabulaire et un formalisme spécifiques, ainsi qu'une exigence de rigueur propre à cette discipline.
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+ Le terme générique mathématicien peut se décliner pour des domaines plus restreints, comme algébriste, analyste, arithméticien, géomètre, logicien, probabiliste, etc.
6
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7
+ Un mathématicien est véritablement reconnu s'il est admis qu'il a contribué significativement au développement de la science mathématique.
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9
+ Les personnes mettant en œuvre des résultats mathématiques pour les profits d'une autre discipline ou activité ne sont pas pour autant considérées comme mathématiciens.
10
+
11
+ On trouve essentiellement deux usages différents de ce mot : le mathématicien peut désigner une personne travaillant activement dans la recherche mathématique[1],[2], ce qui donne la plupart du temps lieu, de nos jours, à des publications dans des revues à comité de lecture. Ainsi sont classés Henri Poincaré ou Andrew Wiles, par exemple. D'un autre côté, le mathématicien peut désigner une personne versée dans les mathématiques[3], ou qui a travaillé dans un domaine connexe (enseignement des mathématiques ne donnant pas lieu à de la recherche, épistémologie, pédagogie, ou même par des œuvres de vulgarisation scientifique)[réf. souhaitée]. Ainsi peuvent être classés Denis Guedj ou Stella Baruk.
12
+
13
+ Il n'y a pas de définition précise ou de restriction a priori de l'activité d'un mathématicien[4], en dehors de l'objectif d'un apport à sa discipline.
14
+
15
+ Le travail principal d'un mathématicien peut ainsi prendre pour objectif la résolution des problèmes ouverts et la vérification des conjectures. Dans ce contexte, le terme problème est à distinguer des exercices que posent les professeurs aux élèves, et dont les solutions sont déjà connues. Les problèmes peuvent se poser lors de modélisations en physique, en économie, en informatique, etc. ou lors de tentatives de généralisations de découvertes antérieures.
16
+
17
+ Ces travaux peuvent nécessiter un élargissement ou un approfondissement des résultats déjà acquis dans un domaine des mathématiques, mais également consister en la recherche de liens entre des domaines différents.
18
+
19
+ La découverte et la caractérisation d'un domaine d'étude nouveau peuvent également être un résultat de l'activité d'un mathématicien.
20
+
21
+ Les mathématiciens s'imposent une rigueur méthodologique qui peut faire paraître singulière leur discipline. Le formalisme et l'exposition rigoureuse des travaux, y compris des phases intermédiaires, sont des points estimés nécessaires à l'acceptation des résultats obtenus. Le travail de vérification, ou de réfutation le cas échéant, des résultats présentés par d'autres mathématiciens, fait également partie de l'activité d'un mathématicien. Pour certains exposés particulièrement complexes ou difficiles, ces vérifications peuvent nécessiter la contribution de plusieurs mathématiciens travaillant de manière concertée.
22
+
23
+ Les mathématiciens se spécialisent souvent dans différentes branches des mathématiques. On distingue parfois les mathématiques pures des mathématiques appliquées. Cette distinction n'est cependant ni formalisée, ni de compréhension commune à l'ensemble des mathématiciens.
24
+
25
+ L'usage grandissant des mathématiques dans de nombreuses disciplines et techniques offre aux mathématiciens divers débouchés. Ils sont parfois employés par des entreprises, privées ou publiques, ou comme professeurs dans un cadre universitaire, souvent en complément de leurs travaux de recherche. En tant que spécialistes de leur discipline, ou d'une partie des mathématiques, certains mathématiciens sont intégrés dans des équipes multidisciplinaires travaillant selon l'idée que tout peut être modélisé par des formules, entre autres la physique, l'informatique et l'analyse statistique.
26
+
27
+ Il n'existe pas de prix Nobel pour les mathématiciens. La médaille Fields et le prix Abel sont cependant considérés comme une distinction de même valeur que le prix Nobel.
28
+
29
+ Parmi les autres distinctions prestigieuses figurent notamment :
30
+
31
+ Ces prix sont en général dédiés à la mémoire d'un grand mathématicien ou philanthrope et sont organisés par diverses institutions, sociétés mathématiques et fondations.
32
+
33
+ Les principales sociétés mathématiques et fondations décernant ou non des prix mathématiques ou des prix scientifiques dont des mathématiciens sont lauréats, sont les diverses Académies des Sciences, la AMS, le Clay Mathematics Institute, la Société mathématique du Canada, en France l'Académie des Sciences, la Société mathématique de France, l'Institut des hautes études scientifiques et le Centre national de la recherche scientifique. Au niveau européen l'European Congress of Mathematics. Ces sociétés sont généralement organisées par pays mais communiquent régulièrement. Elles sont parfois spécialisées sur un pan des mathématiques (informatique...) ou situées à la confluence des mathématiques et d'autres champs disciplinaires (Association internationale de physique mathématique).
34
+
35
+ Un annuaire mondial de mathématiciens, publié par l'Union mathématique internationale, est accessible sur le site de l'Union[5].
36
+
37
+ À cet usage, l'Union mathématique internationale a précisé la définition du mathématicien retenue : « On appelle mathématicien actif toute personne qui a publié dans les 4 dernières années au moins 2 articles référencés dans les 3 grandes bases de données bibliographiques, à savoir Zentralblatt für Mathematik, Mathematical Reviews et Referativny Zhurnal (en) ».
38
+
39
+ Restrictive, mais opératoire, cette définition permet un dénombrement des mathématiciens en activité.
40
+
41
+ En France, une autre définition considère comme mathématicien toute personne employée au titre des mathématiques par l'université ou un organisme de recherche ; en ce sens, il existe entre 3 500 et 4 000 mathématiciens en France, dont la très grande majorité (environ 3 200) sont à l'université, la plupart étant également actifs au sens de la définition précédente.
42
+
43
+ Selon Alain Connes, David Hilbert et Henri Poincaré sont les derniers mathématiciens à avoir une maîtrise complète de la recherche de leur époque[6]. Selon leurs dires, il y aurait entre 15 000 et 20 000 mathématiciens.
44
+
45
+ Bien que la majorité des mathématiciens reconnus soient des hommes, la profession s'est féminisée, en particulier depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette féminisation, moins forte en mathématiques pures qu'en mathématiques appliquées, marque cependant le pas depuis plusieurs années, en particulier en haut de l'échelle : parmi les 75 mathématiciens admis à l'Institut universitaire de France depuis sa fondation, on ne compte aucune femme.
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+ Les mathématiques (ou la mathématique) sont un ensemble de connaissances abstraites résultant de raisonnements logiques appliqués à des objets divers tels que les ensembles mathématiques, les nombres, les formes, les structures, les transformations, etc ; ainsi qu'aux relations et opérations mathématiques qui existent entre ces objets. Elles sont aussi le domaine de recherche développant ces connaissances, ainsi que la discipline qui les enseigne.
2
+
3
+ Elles possèdent plusieurs branches telles que : l'arithmétique, l'algèbre, l'analyse, la géométrie, la logique mathématique, etc. Il existe également une certaine séparation entre les mathématiques pures et les mathématiques appliquées.
4
+
5
+ Les mathématiques se distinguent des autres sciences par un rapport particulier au réel car l'observation et l'expérience ne s'y portent pas sur des objets physiques ; les mathématiques ne sont pas une science empirique. Elles sont de nature entièrement intellectuelle, fondées sur des axiomes déclarés vrais ou sur des postulats provisoirement admis. Ces axiomes en constituent les fondements et ne dépendent donc d'aucune autre proposition. Un énoncé mathématique – dénommé généralement, après être validé, théorème, proposition, lemme, fait, scholie ou corollaire – est considéré comme valide lorsque le discours formel qui établit sa vérité respecte une certaine structure rationnelle appelée démonstration, ou raisonnement logico-déductif. Un énoncé qui n'a pas encore fait l'objet d'une démonstration mais qui est néanmoins considéré plausible est appelé conjecture.
6
+
7
+ Bien que les résultats mathématiques soient des vérités purement formelles, ils trouvent cependant des applications dans les autres sciences et dans différents domaines de la technique. C'est ainsi qu'Eugene Wigner parle de « la déraisonnable efficacité des mathématiques dans les sciences de la nature »[1].
8
+
9
+ Le mot « mathématique » vient du grec par l'intermédiaire du latin. Le mot μάθημα (máthēma) est dérivé du verbe μανθάνω (manthánô) (« apprendre »). Il signifie « science, connaissance » puis « mathématiques » de μαθὴματα ; il a donné naissance à l'adjectif μαθηματικός (mathematikos), d'abord « relatif au savoir » puis « qui concerne les sciences mathématiques ». Cet adjectif a été adopté en latin (mathematicus) et dans les langues romanes par la suite (« mathématique » en français, matematica en italien, etc.), ainsi que dans de nombreuses autres langues[2],[3].
10
+
11
+ La forme neutre de l'adjectif μαθηματικός a été substantivée en τα μαθηματικά (ta mathēmatiká) pour désigner les sciences mathématiques dans leur ensemble. Cette forme plurielle, utilisée par Aristote, explique l'usage du pluriel pour le substantif en latin chez Cicéron (mathematica) puis en français et dans certaines autres langues européennes.
12
+
13
+ L'usage du pluriel est un héritage de l'époque antique, où le quadrivium regroupait les quatre arts dits « mathématiques » : l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. Le singulier (« la mathématique ») est parfois employé en français, mais « le mot donne alors au contexte une teinte d'archaïsme ou de didactisme »[4]. Toutefois, certains auteurs, à la suite de Nicolas Bourbaki, insistent sur l'utilisation du singulier, pour montrer l'uniformisation apportée par l'approche axiomatique contemporaine : Jean Dieudonné semble être le premier à avoir insisté sur ce point, et le vaste traité de Bourbaki (dont il est l'un des principaux rédacteurs) s'intitule Éléments de mathématique, tandis que, par contraste, le fascicule historique qui l'accompagne a pour titre Éléments d'histoire des mathématiques. Cédric Villani préconise l'utilisation du singulier pour affirmer l'unité du domaine[5].
14
+
15
+ Dans l'argot scolaire, le terme « mathématiques » est fréquemment apocopé en « maths », parfois aussi écrit « math ».
16
+
17
+ Il est probable que l'homme a développé des compétences mathématiques avant l'apparition de l'écriture. Les premiers objets reconnus attestant de compétences calculatoires sont les bâtons de comptage, tels que l'os d'Ishango (en Afrique) datant de 20 000 ans avant notre ère. Le développement des mathématiques en tant que connaissance transmise dans les premières civilisations est lié à leurs applications concrètes : le commerce, la gestion des récoltes, la mesure des surfaces, la prédiction des événements astronomiques, et parfois l'exécution de rituels religieux[réf. nécessaire].
18
+
19
+ Les premiers développements mathématiques concernaient l'extraction des racines carrées, des racines cubiques, la résolution d'équations polynomiales, la trigonométrie, le calcul fractionnaire, l'arithmétique des entiers naturels… Ils s'effectuèrent dans les civilisations akkadienne, babylonienne, égyptienne[6], chinoise ou encore de la vallée de l'Indus.
20
+
21
+ Dans la civilisation grecque, les mathématiques, influencées par les travaux antérieurs et les spéculations philosophiques, recherchent davantage d'abstraction. Les notions de démonstration et de définition axiomatique sont précisées. Deux branches se distinguent, l'arithmétique et la géométrie. Au IIIe siècle av. J.-C., les Éléments d'Euclide[7] résument et ordonnent les connaissances mathématiques de la Grèce.
22
+
23
+ Les mathématiques chinoises et indiennes (plus précisément de la vallée de l'Indus) sont parvenues en occident par la civilisation islamique à travers la conservation de l'héritage grec et l'interfécondation avec les découvertes, notamment en matière de représentation des nombres[réf. nécessaire]. Les travaux mathématiques sont considérablement développés tant en trigonométrie (introduction des fonctions trigonométriques) qu'en arithmétique. L'analyse combinatoire, l'analyse numérique et l'algèbre polynomiale sont inventées et développées.
24
+
25
+ Durant la « renaissance du XIIe siècle », une partie des textes grecs et arabes sont étudiés et traduits en latin. La recherche mathématique se concentre en Europe. Au XVIe siècle se développe - avec notamment Pierre de La Ramée - l'idée qu'il existe une science universelle (mathesis universalis) sur laquelle il est possible de fonder l'ensemble des connaissances. Descartes voit dès 1629, dans les Règles pour la direction de l'esprit, les possibilités qu'offrent les mathématiques pour jouer ce rôle[8]. Descartes souligne, dans le Discours de la méthode, l'attrait des mathématiques, « à cause de la certitude et de l'évidence de leurs raisons ». Le calcul algébrique se développe alors à la suite des travaux de Viète et de Descartes. Newton et Leibniz, indépendamment, inventent le calcul infinitésimal.
26
+
27
+ Au XVIIe siècle, Galilée se rend compte que les mathématiques sont l'outil idéal pour décrire le monde physique, ce qu'on peut résumer en disant que les lois de la Nature sont écrites en langage mathématique.
28
+ Les mathématiques constituent donc, avec la démarche expérimentale, l'un des deux piliers du développement de la Science moderne.
29
+
30
+ Au cours du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, les mathématiques connaissent de forts développements avec l'étude systématique des structures, à commencer par les groupes issus des travaux de Galois sur les équations polynomiales, et les anneaux introduits par Dedekind.
31
+
32
+ Le XIXe siècle voit avec Cantor et Hilbert le développement d'une théorie axiomatique sur tous les objets étudiés, soit la recherche des fondements mathématiques[9]. Ce développement de l'axiomatique conduira plusieurs mathématiciens du XXe siècle à chercher à définir toutes les mathématiques à l'aide d'un langage, la logique mathématique.
33
+
34
+ Le XXe siècle a connu un fort développement en mathématiques avec une spécialisation des domaines, et la naissance ou le développement de nombreuses nouvelles branches (théorie de la mesure, théorie spectrale, topologie algébrique et géométrie algébrique, par exemple). L'informatique a eu un impact sur la recherche. D'une part, elle a facilité la communication et le partage des connaissances, d'autre part, elle a fourni un formidable outil pour la confrontation aux exemples. Ce mouvement a naturellement conduit à la modélisation et à la numérisation.
35
+
36
+ Des découpages des mathématiques en deux, trois ou quatre domaines différents sont proposés : algèbre et analyse, ou bien algèbre, analyse et géométrie, ou bien algèbre, analyse, géométrie et probabilités. De tels découpages ne sont pas évidents et les frontières les séparant sont toujours mal définies. En effet, de nombreux résultats font appel à des compétences mathématiques variées. Le théorème de Fermat-Wiles, établi en 1994, en est un exemple. Bien que l'énoncé en soit formulé de manière dite arithmétique, la preuve nécessite de profondes compétences en analyse et en géométrie.
37
+
38
+ L'algèbre est l'ensemble des méthodes mathématiques visant à étudier et développer les structures algébriques et à comprendre les relations qu'elles entretiennent entre elles. L'algèbre, au sens actuel, trouve historiquement ses origines dans la compréhension des équations polynomiales et dans les développements des méthodes de résolution : les recherches dans ces domaines ont suscité l'émergence des notions qui fondent la théorie des groupes, la théorie de Galois ou encore la géométrie algébrique.
39
+
40
+ En un sens très restrictif, l'analyse est la partie des mathématiques s'intéressant aux questions de régularité des applications d'une variable réelle ou complexe : on parle alors plus volontiers d'analyse réelle ou d'analyse complexe. En un sens élargi, elle englobe toutes les méthodes mathématiques qui s'y apparentent, et un certain nombre de méthodes pour comprendre et analyser les espaces de fonctions.
41
+
42
+ La géométrie tente de comprendre en premier lieu les objets dans l'espace, puis par extension s'intéresse aux propriétés d'objets plus abstraits, à plusieurs dimensions, introduits selon plusieurs approches, relevant autant de l'analyse que de l'algèbre.
43
+
44
+ Les probabilités tentent de formaliser tout ce qui relève de l'aléatoire. Bien qu'anciennes, elles ont connu un renouveau avec la théorie de la mesure. La compréhension des lois aléatoires rendant compte au mieux des données déjà réalisées forme les statistiques.
45
+
46
+ De nombreux domaines de recherche se situent transversalement par rapport au découpage donné ci-dessus :
47
+
48
+ On fait parfois la distinction entre mathématiques pures et mathématiques appliquées :
49
+
50
+ En France, cette distinction structure souvent les équipes de recherche, sans forcément hypothéquer les possibilités d'interactions entre elles. Toutefois, la pertinence de cette distinction est remise en cause par un certain nombre de mathématiciens. L'évolution des domaines et de leurs objets d'étude peut également contribuer à déplacer une éventuelle frontière ou notion de séparation. Selon une boutade d'Ian Stewart, auteur de nombreux ouvrages portant sur les mathématiques populaires, dans son œuvre intitulée Mon cabinet des curiosités mathématiques, « La relation entre les mathématiciens purs et appliqués est fondée sur la confiance et la compréhension. Les mathématiciens purs ne font pas confiance aux mathématiciens appliqués, et les mathématiciens appliqués ne comprennent pas les mathématiciens purs »[10].Les mathématiques appliquées, en un sens mal définies, comprennent entre autres l'analyse numérique, les statistiques appliquées et la théorie de l'optimisation mathématique. Certains domaines de recherche des mathématiques sont nés à la frontière avec d'autres sciences (voir ci-dessous).
51
+
52
+ Les questions traditionnelles que se pose la philosophie au sujet des mathématiques peuvent se classer selon trois thèmes :
53
+
54
+ Les mathématiques sont parfois surnommées « reine des sciences ». Cependant, l'expression remonte à Carl Friedrich Gauss : Regina Scientiarum[11] et le mot scientiarium signifie en réalité « des connaissances ».
55
+
56
+ Censément, les mathématiques utilisent la logique comme outil pour démontrer des vérités organisées en théories. Une première analyse laisse espérer qu'une utilisation puissante de cet outil tellement sûr, une réduction toujours plus poussée des bases, les axiomes, sur lesquelles s'échafaude l'édifice mathématique, finissent par mener à un corpus de faits incontestables. Plusieurs obstacles se dressent pourtant.
57
+
58
+ D'une part, en tant qu'activité humaine, les mathématiques s'éloignent du modèle d'une construction suivant scrupuleusement les lois de la logique et indépendante du réel. Citons un fait et un phénomène pour illustrer cela. Tout d'abord, les démonstrations que rédigent les mathématiciens ne sont pas formalisées au point de suivre en détail les lois de la logique, car cela est impossible en un temps raisonnablement court. Comme pour n'importe quelle science. L'acceptation de la véracité d'une démonstration, et donc d'un théorème, repose in fine sur un consensus de spécialistes au sujet de la validité de l'approximation de démonstration formelle proposée (voir La Structure des révolutions scientifiques de Thomas Samuel Kuhn). L'avènement de l'informatique a cependant changé la donne, au moins marginalement, puisque celle-ci permet de formaliser et de vérifier des démonstrations de plus en plus complexes[12].
59
+
60
+ Cependant l'activité mathématique est loin de se réduire à la recherche de démonstrations et à la vérification de celles-ci. La confiance que la communauté mathématique place dans un de ses membres qui propose un résultat nouveau intervient dans la réception qu'aura ce résultat, et ce d'autant plus s'il est inattendu ou modifie la façon de voir les choses. On peut prendre pour exemple historique les controverses sur les géométries non euclidiennes au XIXe siècle, durant lequel les travaux de Lobatchevski ont été largement ignorés ; ou bien, dans un autre ordre d'idée, la difficulté de la réception des travaux du jeune républicain Galois au début du même siècle, notamment par Cauchy[13]. La sociologie des mathématiques étudie de tels phénomènes (voir sociologie des sciences).
61
+
62
+ D'autre part, la solidité même des bases ne peut reposer sur les seules mathématiques. En effet les théorèmes d'incomplétude, démontrés par Kurt Gödel dans la première moitié du XXe siècle, montrent que, contrairement à ce qu'espérait David Hilbert, il est impossible de réduire formellement les bases des mathématiques en un système dont la sûreté se démontre à partir de celles-ci, et cela entraîne que certaines propriétés considérées « vraies » resteront inaccessibles à la démonstration, quels que soient les axiomes choisis.
63
+
64
+ L'enseignement des mathématiques peut aussi bien désigner l'apprentissage des notions mathématiques fondamentales ou élémentaires de base que l'apprentissage et l'initiation à la recherche (enseignement supérieur des mathématiques). Suivant les époques et les lieux, les choix des matières enseignées et les méthodes d'enseignement changent (mathématiques modernes, méthode de Moore, éducation classique…). Dans certains pays, le choix des programmes scolaires dans l'éducation publique est fait par des institutions officielles.
65
+
66
+ Cédric Villani, dans une conférence TED, rappelle une difficulté importante et que l'enseignement des mathématiques ne résoudra pas à lui seul : le processus d'une découverte mathématique ne relève pas lui-même des mathématiques[14]. George Pólya indiqua en revanche vers le milieu du 20e siècle quelques techniques permettant de résoudre des problèmes existants, dans son livre Comment poser et résoudre un problème ("How to solve it").
67
+
68
+ Vers la même époque quelques ouvrages proposaient d'acquérir les mécanismes de résolution par une multitude d'exercices proposés avec leur correction détaillée en regard. En France et pour les mathématiques, il y eut dans le secondaire les ouvrages de Pierre Louquet. Dans le monde anglophone et concernant un grand nombre de disciplines, la série des Schaum's Outlines (en) poursuit ce but.
69
+
70
+ La recherche mathématique ne se limite pas qu'à la démonstration des théorèmes. L'une des méthodes les plus fructueuses de recherche mathématique est la mise en rapprochement de domaines a priori éloignés en mettant en lumière des phénomènes analogues (par exemple, la géométrie euclidienne et les équations différentielles linéaires). L'identification de phénomènes analogues peut conduire à vouloir adapter des résultats d'un domaine des mathématiques à un autre, à reformuler des éléments de démonstration en termes équivalents, à tenter une axiomatisation d'un objet (par exemple, ce pourrait être la notion d'espace vectoriel) qui regrouperait les deux domaines… Dans ce dernier cas, ce nouvel objet deviendrait alors un objet d'étude par lui-même. Dans certains cas, l'identification d'objets a priori différents devient nécessaire : le langage des catégories permet de faire ce genre de choses.
71
+
72
+ Une autre méthode de recherche est la confrontation aux exemples et aux cas particuliers. Cette confrontation peut permettre de réfuter des propriétés qu'on pensait ou espérait être vraies (conjectures). Au contraire, elle peut permettre de vérifier des propriétés ou d'amener à les formaliser. Par exemple, en géométrie riemannienne, l'étude des surfaces (donc des objets en dimension 2) et de leurs géodésiques a finalement conduit Anosov à formaliser le difféomorphisme d'Anosov, une transformation possédant d'intéressantes propriétés dynamiques.
73
+
74
+ Les mathématiques utilisent un langage qui leur est propre. Certains termes du langage courant, comme groupe, anneau, corps ou variété peuvent être empruntés et redéfinis pour désigner des objets mathématiques. Mais souvent des termes sont formés et introduits selon les besoins : isomorphisme, topologie, itération… Le nombre élevé de ces termes rend difficile la compréhension des mathématiques par les non mathématiciens.
75
+
76
+ Le langage mathématique s'appuie aussi sur l'usage de formules. Elles comportent des symboles, les uns en rapport avec le calcul propositionnel comme le connecteur binaire d'implication
77
+
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+
79
+
80
+
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+
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+
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+ {\displaystyle \Rightarrow }
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+
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+ ou le connecteur unaire de négation
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+
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+
88
+
89
+ ¬
90
+
91
+
92
+ {\displaystyle \neg }
93
+
94
+ , d'autres en rapport avec le calcul des prédicats, comme le quantificateur universel
95
+
96
+
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+
98
+
99
+
100
+
101
+ {\displaystyle \forall }
102
+
103
+ ou le quantificateur existentiel
104
+
105
+
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+
107
+
108
+
109
+
110
+ {\displaystyle \exists }
111
+
112
+ . La plupart des notations utilisées au XXIe siècle ont été introduites après le XVIIe siècle seulement.
113
+
114
+ Il existe un langage mathématique qui décrit les mathématiques. En ce sens, on dit qu'il s'agit d'un métalangage : il s'agit de la logique mathématique.
115
+
116
+ Les mathématiques entretiennent des rapports particuliers avec toutes les sciences, au sens large du terme. L'analyse de données (interprétation graphique, données statistiques…) fait appel à des compétences mathématiques variées. Mais des outils avancés de mathématiques interviennent dans les modélisations.
117
+
118
+ Toutes les sciences dites dures, à l'exception des mathématiques, tendent à une compréhension du monde réel. Cette compréhension passe par la mise en place d'un modèle, prenant en compte un certain nombre de paramètres considérés comme causes d'un phénomène. Ce modèle constitue un objet mathématique, dont l'étude permet une meilleure compréhension du phénomène étudié, éventuellement une prédiction qualitative ou quantitative quant à son évolution future.
119
+
120
+ La modélisation fait appel à des compétences relevant essentiellement de l'analyse et des probabilités, mais les méthodes algébriques ou géométriques s'avèrent utiles.
121
+
122
+ Les mathématiques sont nées d'une volonté de compréhension de l'espace ambiant : la géométrie naît de la modélisation de formes idéalisées, et l'arithmétique des besoins des gestions des quantités. Astronomie et géométrie se sont longtemps confondues, jusque dans les civilisations islamiques. Les mathématiques et la physique, après s'être différenciées, ont gardé d'étroits liens. Dans l'histoire contemporaine de ces deux sciences, les mathématiques et la physique se sont influencées mutuellement. La physique moderne use abondamment des mathématiques, en faisant une modélisation systématique pour comprendre les résultats de ses expériences :
123
+
124
+ Un domaine de recherche spécifique, la physique mathématique, tend précisément à développer les méthodes mathématiques mises à l'usage de la physique.
125
+
126
+ Le lien étroit entre mathématiques et physique se reflète dans l'enseignement supérieur des mathématiques. L'enseignement de la physique fait appel à des cours de mathématiques pour physiciens ; et il n'est pas rare que les cursus de mathématiques dans les universités incluent une initiation facultative à la physique.
127
+
128
+ Néanmoins, Albert Einstein est un des premiers à relativiser le domaine des mathématiques en rappelant que la physique en utilise plusieurs formes, au gré de ses besoins, et non une seule. Sa Théorie de la relativité générale utilise par exemple une géométrie non euclidienne formalisée par Minkowski. Il énoncera : « En tant que se rapportant à la réalité, la géométrie euclidienne n'est pas exacte. En tant qu'exacte, elle ne se rapporte pas à la réalité » (conférence berlinoise de 1921, la géométrie et l'expérience).
129
+
130
+ L'essor des techniques au XXe siècle a ouvert la voie à une nouvelle science, l'informatique. Celle-ci est étroitement liée aux mathématiques, de diverses manières : certains pans de la recherche en informatique théorique peuvent être considérés comme d'essence mathématique, d'autres branches de l'informatique faisant plutôt usage des mathématiques. Les nouvelles technologies de communication ont quant à elles ouvert la voie aux applications à des branches des mathématiques parfois très anciennes (arithmétique), notamment en ce qui concerne les problèmes de sécurité des transmissions : cryptographie et théorie des codes.
131
+
132
+ En contrepartie, les sciences informatiques influencent l'évolution moderne des mathématiques.
133
+
134
+ Les mathématiques discrètes forment un domaine de recherche actuel des mathématiques visant à développer les méthodes utilisées en science informatique, incluant la théorie de la complexité, la théorie de l'information, la théorie des graphes… Parmi les problèmes ouverts, citons notamment le célèbre P=NP en théorie de la complexité, qui fait partie des sept problèmes du prix du millénaire. Celui qui arrivera à décider si P et NP sont différents ou égaux recevra un montant de 1 000 000 USD.
135
+
136
+ L'informatique est également devenue un outil essentiel à la découverte ou à la démonstration de certains théorèmes mathématiques. L'exemple le plus célèbre est celui du Théorème des quatre couleurs, démontré en 1976 à l'aide d'un ordinateur, car certains des calculs nécessaires sont trop complexes pour être réalisés à la main. Cette évolution bouleverse les mathématiques traditionnelles, où la règle était que le mathématicien puisse vérifier de lui-même chaque partie de la démonstration. En 1998, la Conjecture de Kepler semble avoir également été démontrée par ordinateur, et une équipe internationale travaille depuis sur la rédaction d'une preuve formelle.
137
+
138
+ En effet, si la preuve est rédigée de façon formelle, il devient alors possible de la vérifier à l'aide d'un logiciel particulier, appelé assistant de preuve. C'est la meilleure technique connue pour être (presque) certain qu'une démonstration assistée par ordinateur ne souffre d'aucun bug. En l'espace d'une trentaine d'années, le rapport entre les mathématiciens et l'informatique s'est donc complètement renversé : d'abord instrument suspect à éviter si possible dans l'activité mathématique, l'ordinateur est devenu au contraire un outil incontournable.
139
+
140
+ La biologie est grande consommatrice de mathématiques et notamment de probabilités. La dynamique d'une population se modélise couramment par des chaînes de Markov (théorie des processus discrets) ou par des équations différentielles couplées. Il en va de même pour l'évolution des génotypes : le principe de Hardy-Weinberg, souvent évoqué en génétique, relève de propriétés générales sur les processus à temps discret (existence de lois limites). Plus généralement, la phylogéographie fait appel à des modélisations probabilistes. De plus, la médecine use de tests (statistiques) pour comprendre la validité de tel ou tel traitement. Un domaine spécifique de recherche à la frontière de la biologie est né : la biomathématique.
141
+
142
+ Depuis le début du XXIe siècle, la chimie organique a fait appel à l'informatique pour pouvoir modéliser les molécules en trois dimensions : il s'avère que la forme d'une macromolécule en biologie est variable et détermine son action. Cette modélisation fait appel à la géométrie euclidienne ; les atomes forment une sorte de polyèdre dont les distances et les angles sont fixés par les lois d'interaction.
143
+
144
+ Les géologies structurales et climatologiques font appel à des modèles mêlant des méthodes probabilistes et analytiques, pour pouvoir prédire du risque de catastrophe naturelle. La complexité des modèles est telle qu'une branche de recherche est née à la frontière des mathématiques et de la géophysique, à savoir la géophysique mathématique. De même, la météorologie, l'océanographie et la planétologie sont grandes consommatrices de mathématiques car elles nécessitent des modélisations.
145
+
146
+ Le rapport des mathématiques avec les sciences humaines se fait essentiellement par les statistiques et les probabilités, mais aussi par des équations différentielles, stochastiques ou non, utilisées en sociologie, psychologie, économie, finance, gestion d'entreprise, linguistique…
147
+
148
+ La logique est depuis l'Antiquité l'une des trois grandes disciplines de la philosophie, avec l'éthique et la physique. Des philosophes comme Pythagore et Thales de Milet ont formalisé les célèbres théorèmes géométriques portant leur nom. « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre », était-il gravé sur le portail de l'Académie de Platon, pour qui les mathématiques sont un intermédiaire pour accéder au monde des Idées.
149
+
150
+ Notamment, les mathématiques financières sont une branche des mathématiques appliquées visant à la compréhension de l'évolution des marchés financiers et de l'estimation des risques. Cette branche des mathématiques se développe à la frontière des probabilités et de l'analyse et use des statistiques.
151
+
152
+ Beaucoup plus subtil est le cas de l'économie mathématique. Le postulat fondamental de cette discipline est que l'activité économique peut se comprendre à partir d'un axiome de nature anthropologique, celui de l'acteur individuel rationnel. Dans cette vision, chaque individu cherche par ses actions à accroître un certain profit, et ce de façon rationnelle. Cette sorte de vision atomiste de l'économie permet à celle-ci de mathématiser relativement aisément sa réflexion, puisque le calcul individuel se transpose en calcul mathématique. Cette modélisation mathématique en économie permet de percer à jour des mécanismes économiques qui n'auraient pu être découverts que très difficilement par une analyse « littéraire ». Par exemple, les explications des cycles économiques ne sont pas triviales. Sans modélisation mathématique, on peut difficilement aller au-delà du simple constat statistique ou des spéculations non prouvées. Toutefois, certains sociologues, comme Bourdieu, et même certains économistes, refusent ce postulat de l'homo œconomicus, en remarquant que les motivations des individus comprennent non seulement le don, mais dépendent également d'autres enjeux dont l'intérêt financier n'est qu'une partie, ou tout simplement ne sont pas rationnelles. La mathématisation est donc, selon eux, un habillage permettant une valorisation scientifique de la matière.
153
+
154
+ On assiste également au début du XXe siècle, à une réflexion pour mettre les mouvements historiques en formule, comme le fait Nikolaï Kondratiev, qui discerne un cycle de base pour expliquer les phases d'expansion et de crise en économie politique, ou Nicolas-Remi Brück et Charles Henri Lagrange[15] qui, dès la fin du XIXe siècle, ont amplifié leur analyse jusqu'à pénétrer dans le domaine de la géopolitique, en voulant établir l'existence, dans l'histoire, de mouvements de vaste amplitude qui mènent les peuples à leur apogée, puis à leur déclin[16].
155
+
156
+ Cependant une mathématisation des sciences humaines n'est pas sans danger. Dans l'essai polémique Impostures intellectuelles, Sokal et Bricmont dénoncent la relation, non fondée ou abusive, d'une terminologie scientifique, en particulier mathématique et physique, dans le domaine des sciences humaines. L'étude de systèmes complexes (évolution du chômage, capital d'une entreprise, évolution démographique d'une population…) fait appel à des connaissances mathématiques élémentaires, mais le choix des critères de comptage, notamment dans le cas du chômage, ou de la modélisation peut être sujet à polémique.
157
+
158
+ L'écologie utilise également un grand nombre de modèles[17] pour simuler la dynamique des populations, étudier des écosystèmes comme le modèle proie-prédateur, mesurer les diffusions de pollutions[18] ou évaluer les changements climatiques issus du réchauffement[19]. Ces outils permettent de communiquer sur des données chiffrées, pour éventuellement les critiquer ou les confronter entre elles. Se pose alors le problème de la validation de ces modèles, notamment dans le cas où les résultats peuvent influer sur des décisions politiques et où l'existence de modèles contradictoires entre eux permet aux États de choisir le plus favorable à leur décision[20].
159
+
160
+ Les mathématiques ont entretenu pendant longtemps des liens très étroits avec l'astrologie. Celle-ci, par le biais de thèmes astraux, a servi de motivation dans l'étude de l'astronomie. Des mathématiciens de renom furent également considérés comme des grands astrologues. On peut citer Ptolémée, les astronomes de langue arabe, Regiomontanus, Cardan, Kepler, ou encore John Dee. Au Moyen Âge, l'astrologie est considérée comme une science se rangeant dans les mathématiques. Ainsi Theodor Zwingler signale dans sa grande encyclopédie, concernant l'astrologie, que c'est une science mathématique traitant du « mouvement actif des corps en tant qu'ils agissent sur d'autres corps » et réserve aux mathématiques le soin de « calculer avec probabilité les influences [des astres] » en prévoyant leurs « conjonctions et oppositions »[21]. Les théories astrologiques occidentales contemporaines se targuent de suivre des méthodes scientifiques. En particulier, l'astrologie statistique utilise les tests statistiques pour mettre en évidence d'éventuelles corrélations entre la position des astres et le devenir des hommes. Toutefois, ces études initiées par Choisnard et Gauquelin, menées à la marge de la recherche scientifique, n'ont, en date de 2009, pas été productives et n'ont réussi à donner aucune preuve recevable d'un lien de cause à effet.
161
+
162
+ Les mathématiques sont aussi une composante de l'ésotérisme. Très fréquemment, les mathématiciens eux-mêmes ont été tentés de trouver dans la figure ou le nombre un sens caché servant de clé dans la découverte du monde. Dans l'école pythagoricienne, chaque nombre a une signification symbolique et le serment des initiés se serait énoncé devant une tretraktys[22] De même Platon ne se contente pas d'énumérer les solides qui portent son nom il attribue à chacun d'eux une nature (eau, terre, feu, air, univers)[23]. L'arithmosophie, la numérologie, la gématrie, l'arithmancie tentent, à travers des calculs sur les nombres, de trouver des significations cachées à des textes ou d'en extraire des propriétés prédictives. On retrouve cette fascination pour le nombre et la figure encore de nos jours où certains attribuent des vertus cachées à un pentacle ou un nombre d'or.
163
+
164
+ Au XXIe siècle, ces disciplines ne sont plus considérées comme des sciences[24].
165
+
166
+ Les notes qui sonnent bien ensemble à une oreille occidentale sont des sons dont les fréquences fondamentales de vibration sont dans des rapports simples.
167
+ Par exemple, l'octave est un doublement de fréquence, la quinte une multiplication par 3⁄2.
168
+
169
+ Ce lien entre les fréquences et l'harmonie a été notamment détaillé dans le Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels de Jean-Philippe Rameau[25], compositeur baroque français et théoricien de la musique. Il repose en partie sur l'analyse des harmoniques (notées 2 à 15 dans la figure suivante) d'un son fondamental Do grave (noté 1), les premières harmoniques et leurs octaves sonnant bien entre elles.
170
+
171
+ Si la courbe tracée en rouge, qui suit les notes harmoniques, a une allure logarithmique, cela correspond au rapport entre deux phénomènes :
172
+
173
+ Les Occidentaux associent une certaine beauté aux figures symétriques. Une symétrie d'une figure géométrique est, intuitivement, l'existence d'un motif de la figure qui se répète suivant une règle précise, tout en étant partiellement transformé. Mathématiquement, une symétrie est l'existence d'une action non triviale d'un groupe, très souvent par isométrie, c'est-à-dire qui préserve les distances sur la figure. En d'autres termes, l'intuition de la règle est mathématiquement réalisée par le fait que c'est un groupe qui agit sur la figure, et le sentiment qu'une règle régit la symétrie est précisément dû à la structure algébrique de ce groupe.
174
+
175
+ Par exemple, le groupe lié à la symétrie miroir est le groupe cyclique à deux éléments, ℤ/2ℤ. Un test de Rorschach est une figure invariante par cette symétrie, de même qu'un papillon et plus généralement le corps des animaux, du moins en surface. Lorsqu'on dessine la surface de la mer, l'ensemble des vagues possède une symétrie par translation : bouger notre regard de la longueur séparant deux crêtes de vagues ne change pas la vue que l'on a de la mer. Un autre cas de symétrie, cette fois non isométrique et presque toujours seulement approximative, est celui présenté par les fractales : un certain motif se répète à toutes les échelles de vision.
176
+
177
+ La vulgarisation mathématique a pour objectif de présenter les mathématiques en un langage dénué de termes techniques. Comme l'objet d'études des mathématiques n'est pas réel, elle use souvent d'un vocabulaire imagé, et de comparaisons ou analogies non rigoureuses, pour faire sentir l'idée des développements mathématiques. Parmi les ouvrages qui se fixent ce but, citons Oh, les maths de Yakov Perelman et Le livre qui rend fou de Raymond Smullyan. Toutefois, les mathématiques font rarement l'objet de vulgarisation dans des journaux écrits ou télévisés.
178
+
179
+ Si nombre de biographies portent sur les mathématiciens, les mathématiques sont un thème certes peu exploité dans la littérature ou la filmographie, mais présent.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3723.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,181 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Les mathématiques (ou la mathématique) sont un ensemble de connaissances abstraites résultant de raisonnements logiques appliqués à des objets divers tels que les ensembles mathématiques, les nombres, les formes, les structures, les transformations, etc ; ainsi qu'aux relations et opérations mathématiques qui existent entre ces objets. Elles sont aussi le domaine de recherche développant ces connaissances, ainsi que la discipline qui les enseigne.
2
+
3
+ Elles possèdent plusieurs branches telles que : l'arithmétique, l'algèbre, l'analyse, la géométrie, la logique mathématique, etc. Il existe également une certaine séparation entre les mathématiques pures et les mathématiques appliquées.
4
+
5
+ Les mathématiques se distinguent des autres sciences par un rapport particulier au réel car l'observation et l'expérience ne s'y portent pas sur des objets physiques ; les mathématiques ne sont pas une science empirique. Elles sont de nature entièrement intellectuelle, fondées sur des axiomes déclarés vrais ou sur des postulats provisoirement admis. Ces axiomes en constituent les fondements et ne dépendent donc d'aucune autre proposition. Un énoncé mathématique – dénommé généralement, après être validé, théorème, proposition, lemme, fait, scholie ou corollaire – est considéré comme valide lorsque le discours formel qui établit sa vérité respecte une certaine structure rationnelle appelée démonstration, ou raisonnement logico-déductif. Un énoncé qui n'a pas encore fait l'objet d'une démonstration mais qui est néanmoins considéré plausible est appelé conjecture.
6
+
7
+ Bien que les résultats mathématiques soient des vérités purement formelles, ils trouvent cependant des applications dans les autres sciences et dans différents domaines de la technique. C'est ainsi qu'Eugene Wigner parle de « la déraisonnable efficacité des mathématiques dans les sciences de la nature »[1].
8
+
9
+ Le mot « mathématique » vient du grec par l'intermédiaire du latin. Le mot μάθημα (máthēma) est dérivé du verbe μανθάνω (manthánô) (« apprendre »). Il signifie « science, connaissance » puis « mathématiques » de μαθὴματα ; il a donné naissance à l'adjectif μαθηματικός (mathematikos), d'abord « relatif au savoir » puis « qui concerne les sciences mathématiques ». Cet adjectif a été adopté en latin (mathematicus) et dans les langues romanes par la suite (« mathématique » en français, matematica en italien, etc.), ainsi que dans de nombreuses autres langues[2],[3].
10
+
11
+ La forme neutre de l'adjectif μαθηματικός a été substantivée en τα μαθηματικά (ta mathēmatiká) pour désigner les sciences mathématiques dans leur ensemble. Cette forme plurielle, utilisée par Aristote, explique l'usage du pluriel pour le substantif en latin chez Cicéron (mathematica) puis en français et dans certaines autres langues européennes.
12
+
13
+ L'usage du pluriel est un héritage de l'époque antique, où le quadrivium regroupait les quatre arts dits « mathématiques » : l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. Le singulier (« la mathématique ») est parfois employé en français, mais « le mot donne alors au contexte une teinte d'archaïsme ou de didactisme »[4]. Toutefois, certains auteurs, à la suite de Nicolas Bourbaki, insistent sur l'utilisation du singulier, pour montrer l'uniformisation apportée par l'approche axiomatique contemporaine : Jean Dieudonné semble être le premier à avoir insisté sur ce point, et le vaste traité de Bourbaki (dont il est l'un des principaux rédacteurs) s'intitule Éléments de mathématique, tandis que, par contraste, le fascicule historique qui l'accompagne a pour titre Éléments d'histoire des mathématiques. Cédric Villani préconise l'utilisation du singulier pour affirmer l'unité du domaine[5].
14
+
15
+ Dans l'argot scolaire, le terme « mathématiques » est fréquemment apocopé en « maths », parfois aussi écrit « math ».
16
+
17
+ Il est probable que l'homme a développé des compétences mathématiques avant l'apparition de l'écriture. Les premiers objets reconnus attestant de compétences calculatoires sont les bâtons de comptage, tels que l'os d'Ishango (en Afrique) datant de 20 000 ans avant notre ère. Le développement des mathématiques en tant que connaissance transmise dans les premières civilisations est lié à leurs applications concrètes : le commerce, la gestion des récoltes, la mesure des surfaces, la prédiction des événements astronomiques, et parfois l'exécution de rituels religieux[réf. nécessaire].
18
+
19
+ Les premiers développements mathématiques concernaient l'extraction des racines carrées, des racines cubiques, la résolution d'équations polynomiales, la trigonométrie, le calcul fractionnaire, l'arithmétique des entiers naturels… Ils s'effectuèrent dans les civilisations akkadienne, babylonienne, égyptienne[6], chinoise ou encore de la vallée de l'Indus.
20
+
21
+ Dans la civilisation grecque, les mathématiques, influencées par les travaux antérieurs et les spéculations philosophiques, recherchent davantage d'abstraction. Les notions de démonstration et de définition axiomatique sont précisées. Deux branches se distinguent, l'arithmétique et la géométrie. Au IIIe siècle av. J.-C., les Éléments d'Euclide[7] résument et ordonnent les connaissances mathématiques de la Grèce.
22
+
23
+ Les mathématiques chinoises et indiennes (plus précisément de la vallée de l'Indus) sont parvenues en occident par la civilisation islamique à travers la conservation de l'héritage grec et l'interfécondation avec les découvertes, notamment en matière de représentation des nombres[réf. nécessaire]. Les travaux mathématiques sont considérablement développés tant en trigonométrie (introduction des fonctions trigonométriques) qu'en arithmétique. L'analyse combinatoire, l'analyse numérique et l'algèbre polynomiale sont inventées et développées.
24
+
25
+ Durant la « renaissance du XIIe siècle », une partie des textes grecs et arabes sont étudiés et traduits en latin. La recherche mathématique se concentre en Europe. Au XVIe siècle se développe - avec notamment Pierre de La Ramée - l'idée qu'il existe une science universelle (mathesis universalis) sur laquelle il est possible de fonder l'ensemble des connaissances. Descartes voit dès 1629, dans les Règles pour la direction de l'esprit, les possibilités qu'offrent les mathématiques pour jouer ce rôle[8]. Descartes souligne, dans le Discours de la méthode, l'attrait des mathématiques, « à cause de la certitude et de l'évidence de leurs raisons ». Le calcul algébrique se développe alors à la suite des travaux de Viète et de Descartes. Newton et Leibniz, indépendamment, inventent le calcul infinitésimal.
26
+
27
+ Au XVIIe siècle, Galilée se rend compte que les mathématiques sont l'outil idéal pour décrire le monde physique, ce qu'on peut résumer en disant que les lois de la Nature sont écrites en langage mathématique.
28
+ Les mathématiques constituent donc, avec la démarche expérimentale, l'un des deux piliers du développement de la Science moderne.
29
+
30
+ Au cours du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, les mathématiques connaissent de forts développements avec l'étude systématique des structures, à commencer par les groupes issus des travaux de Galois sur les équations polynomiales, et les anneaux introduits par Dedekind.
31
+
32
+ Le XIXe siècle voit avec Cantor et Hilbert le développement d'une théorie axiomatique sur tous les objets étudiés, soit la recherche des fondements mathématiques[9]. Ce développement de l'axiomatique conduira plusieurs mathématiciens du XXe siècle à chercher à définir toutes les mathématiques à l'aide d'un langage, la logique mathématique.
33
+
34
+ Le XXe siècle a connu un fort développement en mathématiques avec une spécialisation des domaines, et la naissance ou le développement de nombreuses nouvelles branches (théorie de la mesure, théorie spectrale, topologie algébrique et géométrie algébrique, par exemple). L'informatique a eu un impact sur la recherche. D'une part, elle a facilité la communication et le partage des connaissances, d'autre part, elle a fourni un formidable outil pour la confrontation aux exemples. Ce mouvement a naturellement conduit à la modélisation et à la numérisation.
35
+
36
+ Des découpages des mathématiques en deux, trois ou quatre domaines différents sont proposés : algèbre et analyse, ou bien algèbre, analyse et géométrie, ou bien algèbre, analyse, géométrie et probabilités. De tels découpages ne sont pas évidents et les frontières les séparant sont toujours mal définies. En effet, de nombreux résultats font appel à des compétences mathématiques variées. Le théorème de Fermat-Wiles, établi en 1994, en est un exemple. Bien que l'énoncé en soit formulé de manière dite arithmétique, la preuve nécessite de profondes compétences en analyse et en géométrie.
37
+
38
+ L'algèbre est l'ensemble des méthodes mathématiques visant à étudier et développer les structures algébriques et à comprendre les relations qu'elles entretiennent entre elles. L'algèbre, au sens actuel, trouve historiquement ses origines dans la compréhension des équations polynomiales et dans les développements des méthodes de résolution : les recherches dans ces domaines ont suscité l'émergence des notions qui fondent la théorie des groupes, la théorie de Galois ou encore la géométrie algébrique.
39
+
40
+ En un sens très restrictif, l'analyse est la partie des mathématiques s'intéressant aux questions de régularité des applications d'une variable réelle ou complexe : on parle alors plus volontiers d'analyse réelle ou d'analyse complexe. En un sens élargi, elle englobe toutes les méthodes mathématiques qui s'y apparentent, et un certain nombre de méthodes pour comprendre et analyser les espaces de fonctions.
41
+
42
+ La géométrie tente de comprendre en premier lieu les objets dans l'espace, puis par extension s'intéresse aux propriétés d'objets plus abstraits, à plusieurs dimensions, introduits selon plusieurs approches, relevant autant de l'analyse que de l'algèbre.
43
+
44
+ Les probabilités tentent de formaliser tout ce qui relève de l'aléatoire. Bien qu'anciennes, elles ont connu un renouveau avec la théorie de la mesure. La compréhension des lois aléatoires rendant compte au mieux des données déjà réalisées forme les statistiques.
45
+
46
+ De nombreux domaines de recherche se situent transversalement par rapport au découpage donné ci-dessus :
47
+
48
+ On fait parfois la distinction entre mathématiques pures et mathématiques appliquées :
49
+
50
+ En France, cette distinction structure souvent les équipes de recherche, sans forcément hypothéquer les possibilités d'interactions entre elles. Toutefois, la pertinence de cette distinction est remise en cause par un certain nombre de mathématiciens. L'évolution des domaines et de leurs objets d'étude peut également contribuer à déplacer une éventuelle frontière ou notion de séparation. Selon une boutade d'Ian Stewart, auteur de nombreux ouvrages portant sur les mathématiques populaires, dans son œuvre intitulée Mon cabinet des curiosités mathématiques, « La relation entre les mathématiciens purs et appliqués est fondée sur la confiance et la compréhension. Les mathématiciens purs ne font pas confiance aux mathématiciens appliqués, et les mathématiciens appliqués ne comprennent pas les mathématiciens purs »[10].Les mathématiques appliquées, en un sens mal définies, comprennent entre autres l'analyse numérique, les statistiques appliquées et la théorie de l'optimisation mathématique. Certains domaines de recherche des mathématiques sont nés à la frontière avec d'autres sciences (voir ci-dessous).
51
+
52
+ Les questions traditionnelles que se pose la philosophie au sujet des mathématiques peuvent se classer selon trois thèmes :
53
+
54
+ Les mathématiques sont parfois surnommées « reine des sciences ». Cependant, l'expression remonte à Carl Friedrich Gauss : Regina Scientiarum[11] et le mot scientiarium signifie en réalité « des connaissances ».
55
+
56
+ Censément, les mathématiques utilisent la logique comme outil pour démontrer des vérités organisées en théories. Une première analyse laisse espérer qu'une utilisation puissante de cet outil tellement sûr, une réduction toujours plus poussée des bases, les axiomes, sur lesquelles s'échafaude l'édifice mathématique, finissent par mener à un corpus de faits incontestables. Plusieurs obstacles se dressent pourtant.
57
+
58
+ D'une part, en tant qu'activité humaine, les mathématiques s'éloignent du modèle d'une construction suivant scrupuleusement les lois de la logique et indépendante du réel. Citons un fait et un phénomène pour illustrer cela. Tout d'abord, les démonstrations que rédigent les mathématiciens ne sont pas formalisées au point de suivre en détail les lois de la logique, car cela est impossible en un temps raisonnablement court. Comme pour n'importe quelle science. L'acceptation de la véracité d'une démonstration, et donc d'un théorème, repose in fine sur un consensus de spécialistes au sujet de la validité de l'approximation de démonstration formelle proposée (voir La Structure des révolutions scientifiques de Thomas Samuel Kuhn). L'avènement de l'informatique a cependant changé la donne, au moins marginalement, puisque celle-ci permet de formaliser et de vérifier des démonstrations de plus en plus complexes[12].
59
+
60
+ Cependant l'activité mathématique est loin de se réduire à la recherche de démonstrations et à la vérification de celles-ci. La confiance que la communauté mathématique place dans un de ses membres qui propose un résultat nouveau intervient dans la réception qu'aura ce résultat, et ce d'autant plus s'il est inattendu ou modifie la façon de voir les choses. On peut prendre pour exemple historique les controverses sur les géométries non euclidiennes au XIXe siècle, durant lequel les travaux de Lobatchevski ont été largement ignorés ; ou bien, dans un autre ordre d'idée, la difficulté de la réception des travaux du jeune républicain Galois au début du même siècle, notamment par Cauchy[13]. La sociologie des mathématiques étudie de tels phénomènes (voir sociologie des sciences).
61
+
62
+ D'autre part, la solidité même des bases ne peut reposer sur les seules mathématiques. En effet les théorèmes d'incomplétude, démontrés par Kurt Gödel dans la première moitié du XXe siècle, montrent que, contrairement à ce qu'espérait David Hilbert, il est impossible de réduire formellement les bases des mathématiques en un système dont la sûreté se démontre à partir de celles-ci, et cela entraîne que certaines propriétés considérées « vraies » resteront inaccessibles à la démonstration, quels que soient les axiomes choisis.
63
+
64
+ L'enseignement des mathématiques peut aussi bien désigner l'apprentissage des notions mathématiques fondamentales ou élémentaires de base que l'apprentissage et l'initiation à la recherche (enseignement supérieur des mathématiques). Suivant les époques et les lieux, les choix des matières enseignées et les méthodes d'enseignement changent (mathématiques modernes, méthode de Moore, éducation classique…). Dans certains pays, le choix des programmes scolaires dans l'éducation publique est fait par des institutions officielles.
65
+
66
+ Cédric Villani, dans une conférence TED, rappelle une difficulté importante et que l'enseignement des mathématiques ne résoudra pas à lui seul : le processus d'une découverte mathématique ne relève pas lui-même des mathématiques[14]. George Pólya indiqua en revanche vers le milieu du 20e siècle quelques techniques permettant de résoudre des problèmes existants, dans son livre Comment poser et résoudre un problème ("How to solve it").
67
+
68
+ Vers la même époque quelques ouvrages proposaient d'acquérir les mécanismes de résolution par une multitude d'exercices proposés avec leur correction détaillée en regard. En France et pour les mathématiques, il y eut dans le secondaire les ouvrages de Pierre Louquet. Dans le monde anglophone et concernant un grand nombre de disciplines, la série des Schaum's Outlines (en) poursuit ce but.
69
+
70
+ La recherche mathématique ne se limite pas qu'à la démonstration des théorèmes. L'une des méthodes les plus fructueuses de recherche mathématique est la mise en rapprochement de domaines a priori éloignés en mettant en lumière des phénomènes analogues (par exemple, la géométrie euclidienne et les équations différentielles linéaires). L'identification de phénomènes analogues peut conduire à vouloir adapter des résultats d'un domaine des mathématiques à un autre, à reformuler des éléments de démonstration en termes équivalents, à tenter une axiomatisation d'un objet (par exemple, ce pourrait être la notion d'espace vectoriel) qui regrouperait les deux domaines… Dans ce dernier cas, ce nouvel objet deviendrait alors un objet d'étude par lui-même. Dans certains cas, l'identification d'objets a priori différents devient nécessaire : le langage des catégories permet de faire ce genre de choses.
71
+
72
+ Une autre méthode de recherche est la confrontation aux exemples et aux cas particuliers. Cette confrontation peut permettre de réfuter des propriétés qu'on pensait ou espérait être vraies (conjectures). Au contraire, elle peut permettre de vérifier des propriétés ou d'amener à les formaliser. Par exemple, en géométrie riemannienne, l'étude des surfaces (donc des objets en dimension 2) et de leurs géodésiques a finalement conduit Anosov à formaliser le difféomorphisme d'Anosov, une transformation possédant d'intéressantes propriétés dynamiques.
73
+
74
+ Les mathématiques utilisent un langage qui leur est propre. Certains termes du langage courant, comme groupe, anneau, corps ou variété peuvent être empruntés et redéfinis pour désigner des objets mathématiques. Mais souvent des termes sont formés et introduits selon les besoins : isomorphisme, topologie, itération… Le nombre élevé de ces termes rend difficile la compréhension des mathématiques par les non mathématiciens.
75
+
76
+ Le langage mathématique s'appuie aussi sur l'usage de formules. Elles comportent des symboles, les uns en rapport avec le calcul propositionnel comme le connecteur binaire d'implication
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+
82
+
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+ {\displaystyle \Rightarrow }
84
+
85
+ ou le connecteur unaire de négation
86
+
87
+
88
+
89
+ ¬
90
+
91
+
92
+ {\displaystyle \neg }
93
+
94
+ , d'autres en rapport avec le calcul des prédicats, comme le quantificateur universel
95
+
96
+
97
+
98
+
99
+
100
+
101
+ {\displaystyle \forall }
102
+
103
+ ou le quantificateur existentiel
104
+
105
+
106
+
107
+
108
+
109
+
110
+ {\displaystyle \exists }
111
+
112
+ . La plupart des notations utilisées au XXIe siècle ont été introduites après le XVIIe siècle seulement.
113
+
114
+ Il existe un langage mathématique qui décrit les mathématiques. En ce sens, on dit qu'il s'agit d'un métalangage : il s'agit de la logique mathématique.
115
+
116
+ Les mathématiques entretiennent des rapports particuliers avec toutes les sciences, au sens large du terme. L'analyse de données (interprétation graphique, données statistiques…) fait appel à des compétences mathématiques variées. Mais des outils avancés de mathématiques interviennent dans les modélisations.
117
+
118
+ Toutes les sciences dites dures, à l'exception des mathématiques, tendent à une compréhension du monde réel. Cette compréhension passe par la mise en place d'un modèle, prenant en compte un certain nombre de paramètres considérés comme causes d'un phénomène. Ce modèle constitue un objet mathématique, dont l'étude permet une meilleure compréhension du phénomène étudié, éventuellement une prédiction qualitative ou quantitative quant à son évolution future.
119
+
120
+ La modélisation fait appel à des compétences relevant essentiellement de l'analyse et des probabilités, mais les méthodes algébriques ou géométriques s'avèrent utiles.
121
+
122
+ Les mathématiques sont nées d'une volonté de compréhension de l'espace ambiant : la géométrie naît de la modélisation de formes idéalisées, et l'arithmétique des besoins des gestions des quantités. Astronomie et géométrie se sont longtemps confondues, jusque dans les civilisations islamiques. Les mathématiques et la physique, après s'être différenciées, ont gardé d'étroits liens. Dans l'histoire contemporaine de ces deux sciences, les mathématiques et la physique se sont influencées mutuellement. La physique moderne use abondamment des mathématiques, en faisant une modélisation systématique pour comprendre les résultats de ses expériences :
123
+
124
+ Un domaine de recherche spécifique, la physique mathématique, tend précisément à développer les méthodes mathématiques mises à l'usage de la physique.
125
+
126
+ Le lien étroit entre mathématiques et physique se reflète dans l'enseignement supérieur des mathématiques. L'enseignement de la physique fait appel à des cours de mathématiques pour physiciens ; et il n'est pas rare que les cursus de mathématiques dans les universités incluent une initiation facultative à la physique.
127
+
128
+ Néanmoins, Albert Einstein est un des premiers à relativiser le domaine des mathématiques en rappelant que la physique en utilise plusieurs formes, au gré de ses besoins, et non une seule. Sa Théorie de la relativité générale utilise par exemple une géométrie non euclidienne formalisée par Minkowski. Il énoncera : « En tant que se rapportant à la réalité, la géométrie euclidienne n'est pas exacte. En tant qu'exacte, elle ne se rapporte pas à la réalité » (conférence berlinoise de 1921, la géométrie et l'expérience).
129
+
130
+ L'essor des techniques au XXe siècle a ouvert la voie à une nouvelle science, l'informatique. Celle-ci est étroitement liée aux mathématiques, de diverses manières : certains pans de la recherche en informatique théorique peuvent être considérés comme d'essence mathématique, d'autres branches de l'informatique faisant plutôt usage des mathématiques. Les nouvelles technologies de communication ont quant à elles ouvert la voie aux applications à des branches des mathématiques parfois très anciennes (arithmétique), notamment en ce qui concerne les problèmes de sécurité des transmissions : cryptographie et théorie des codes.
131
+
132
+ En contrepartie, les sciences informatiques influencent l'évolution moderne des mathématiques.
133
+
134
+ Les mathématiques discrètes forment un domaine de recherche actuel des mathématiques visant à développer les méthodes utilisées en science informatique, incluant la théorie de la complexité, la théorie de l'information, la théorie des graphes… Parmi les problèmes ouverts, citons notamment le célèbre P=NP en théorie de la complexité, qui fait partie des sept problèmes du prix du millénaire. Celui qui arrivera à décider si P et NP sont différents ou égaux recevra un montant de 1 000 000 USD.
135
+
136
+ L'informatique est également devenue un outil essentiel à la découverte ou à la démonstration de certains théorèmes mathématiques. L'exemple le plus célèbre est celui du Théorème des quatre couleurs, démontré en 1976 à l'aide d'un ordinateur, car certains des calculs nécessaires sont trop complexes pour être réalisés à la main. Cette évolution bouleverse les mathématiques traditionnelles, où la règle était que le mathématicien puisse vérifier de lui-même chaque partie de la démonstration. En 1998, la Conjecture de Kepler semble avoir également été démontrée par ordinateur, et une équipe internationale travaille depuis sur la rédaction d'une preuve formelle.
137
+
138
+ En effet, si la preuve est rédigée de façon formelle, il devient alors possible de la vérifier à l'aide d'un logiciel particulier, appelé assistant de preuve. C'est la meilleure technique connue pour être (presque) certain qu'une démonstration assistée par ordinateur ne souffre d'aucun bug. En l'espace d'une trentaine d'années, le rapport entre les mathématiciens et l'informatique s'est donc complètement renversé : d'abord instrument suspect à éviter si possible dans l'activité mathématique, l'ordinateur est devenu au contraire un outil incontournable.
139
+
140
+ La biologie est grande consommatrice de mathématiques et notamment de probabilités. La dynamique d'une population se modélise couramment par des chaînes de Markov (théorie des processus discrets) ou par des équations différentielles couplées. Il en va de même pour l'évolution des génotypes : le principe de Hardy-Weinberg, souvent évoqué en génétique, relève de propriétés générales sur les processus à temps discret (existence de lois limites). Plus généralement, la phylogéographie fait appel à des modélisations probabilistes. De plus, la médecine use de tests (statistiques) pour comprendre la validité de tel ou tel traitement. Un domaine spécifique de recherche à la frontière de la biologie est né : la biomathématique.
141
+
142
+ Depuis le début du XXIe siècle, la chimie organique a fait appel à l'informatique pour pouvoir modéliser les molécules en trois dimensions : il s'avère que la forme d'une macromolécule en biologie est variable et détermine son action. Cette modélisation fait appel à la géométrie euclidienne ; les atomes forment une sorte de polyèdre dont les distances et les angles sont fixés par les lois d'interaction.
143
+
144
+ Les géologies structurales et climatologiques font appel à des modèles mêlant des méthodes probabilistes et analytiques, pour pouvoir prédire du risque de catastrophe naturelle. La complexité des modèles est telle qu'une branche de recherche est née à la frontière des mathématiques et de la géophysique, à savoir la géophysique mathématique. De même, la météorologie, l'océanographie et la planétologie sont grandes consommatrices de mathématiques car elles nécessitent des modélisations.
145
+
146
+ Le rapport des mathématiques avec les sciences humaines se fait essentiellement par les statistiques et les probabilités, mais aussi par des équations différentielles, stochastiques ou non, utilisées en sociologie, psychologie, économie, finance, gestion d'entreprise, linguistique…
147
+
148
+ La logique est depuis l'Antiquité l'une des trois grandes disciplines de la philosophie, avec l'éthique et la physique. Des philosophes comme Pythagore et Thales de Milet ont formalisé les célèbres théorèmes géométriques portant leur nom. « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre », était-il gravé sur le portail de l'Académie de Platon, pour qui les mathématiques sont un intermédiaire pour accéder au monde des Idées.
149
+
150
+ Notamment, les mathématiques financières sont une branche des mathématiques appliquées visant à la compréhension de l'évolution des marchés financiers et de l'estimation des risques. Cette branche des mathématiques se développe à la frontière des probabilités et de l'analyse et use des statistiques.
151
+
152
+ Beaucoup plus subtil est le cas de l'économie mathématique. Le postulat fondamental de cette discipline est que l'activité économique peut se comprendre à partir d'un axiome de nature anthropologique, celui de l'acteur individuel rationnel. Dans cette vision, chaque individu cherche par ses actions à accroître un certain profit, et ce de façon rationnelle. Cette sorte de vision atomiste de l'économie permet à celle-ci de mathématiser relativement aisément sa réflexion, puisque le calcul individuel se transpose en calcul mathématique. Cette modélisation mathématique en économie permet de percer à jour des mécanismes économiques qui n'auraient pu être découverts que très difficilement par une analyse « littéraire ». Par exemple, les explications des cycles économiques ne sont pas triviales. Sans modélisation mathématique, on peut difficilement aller au-delà du simple constat statistique ou des spéculations non prouvées. Toutefois, certains sociologues, comme Bourdieu, et même certains économistes, refusent ce postulat de l'homo œconomicus, en remarquant que les motivations des individus comprennent non seulement le don, mais dépendent également d'autres enjeux dont l'intérêt financier n'est qu'une partie, ou tout simplement ne sont pas rationnelles. La mathématisation est donc, selon eux, un habillage permettant une valorisation scientifique de la matière.
153
+
154
+ On assiste également au début du XXe siècle, à une réflexion pour mettre les mouvements historiques en formule, comme le fait Nikolaï Kondratiev, qui discerne un cycle de base pour expliquer les phases d'expansion et de crise en économie politique, ou Nicolas-Remi Brück et Charles Henri Lagrange[15] qui, dès la fin du XIXe siècle, ont amplifié leur analyse jusqu'à pénétrer dans le domaine de la géopolitique, en voulant établir l'existence, dans l'histoire, de mouvements de vaste amplitude qui mènent les peuples à leur apogée, puis à leur déclin[16].
155
+
156
+ Cependant une mathématisation des sciences humaines n'est pas sans danger. Dans l'essai polémique Impostures intellectuelles, Sokal et Bricmont dénoncent la relation, non fondée ou abusive, d'une terminologie scientifique, en particulier mathématique et physique, dans le domaine des sciences humaines. L'étude de systèmes complexes (évolution du chômage, capital d'une entreprise, évolution démographique d'une population…) fait appel à des connaissances mathématiques élémentaires, mais le choix des critères de comptage, notamment dans le cas du chômage, ou de la modélisation peut être sujet à polémique.
157
+
158
+ L'écologie utilise également un grand nombre de modèles[17] pour simuler la dynamique des populations, étudier des écosystèmes comme le modèle proie-prédateur, mesurer les diffusions de pollutions[18] ou évaluer les changements climatiques issus du réchauffement[19]. Ces outils permettent de communiquer sur des données chiffrées, pour éventuellement les critiquer ou les confronter entre elles. Se pose alors le problème de la validation de ces modèles, notamment dans le cas où les résultats peuvent influer sur des décisions politiques et où l'existence de modèles contradictoires entre eux permet aux États de choisir le plus favorable à leur décision[20].
159
+
160
+ Les mathématiques ont entretenu pendant longtemps des liens très étroits avec l'astrologie. Celle-ci, par le biais de thèmes astraux, a servi de motivation dans l'étude de l'astronomie. Des mathématiciens de renom furent également considérés comme des grands astrologues. On peut citer Ptolémée, les astronomes de langue arabe, Regiomontanus, Cardan, Kepler, ou encore John Dee. Au Moyen Âge, l'astrologie est considérée comme une science se rangeant dans les mathématiques. Ainsi Theodor Zwingler signale dans sa grande encyclopédie, concernant l'astrologie, que c'est une science mathématique traitant du « mouvement actif des corps en tant qu'ils agissent sur d'autres corps » et réserve aux mathématiques le soin de « calculer avec probabilité les influences [des astres] » en prévoyant leurs « conjonctions et oppositions »[21]. Les théories astrologiques occidentales contemporaines se targuent de suivre des méthodes scientifiques. En particulier, l'astrologie statistique utilise les tests statistiques pour mettre en évidence d'éventuelles corrélations entre la position des astres et le devenir des hommes. Toutefois, ces études initiées par Choisnard et Gauquelin, menées à la marge de la recherche scientifique, n'ont, en date de 2009, pas été productives et n'ont réussi à donner aucune preuve recevable d'un lien de cause à effet.
161
+
162
+ Les mathématiques sont aussi une composante de l'ésotérisme. Très fréquemment, les mathématiciens eux-mêmes ont été tentés de trouver dans la figure ou le nombre un sens caché servant de clé dans la découverte du monde. Dans l'école pythagoricienne, chaque nombre a une signification symbolique et le serment des initiés se serait énoncé devant une tretraktys[22] De même Platon ne se contente pas d'énumérer les solides qui portent son nom il attribue à chacun d'eux une nature (eau, terre, feu, air, univers)[23]. L'arithmosophie, la numérologie, la gématrie, l'arithmancie tentent, à travers des calculs sur les nombres, de trouver des significations cachées à des textes ou d'en extraire des propriétés prédictives. On retrouve cette fascination pour le nombre et la figure encore de nos jours où certains attribuent des vertus cachées à un pentacle ou un nombre d'or.
163
+
164
+ Au XXIe siècle, ces disciplines ne sont plus considérées comme des sciences[24].
165
+
166
+ Les notes qui sonnent bien ensemble à une oreille occidentale sont des sons dont les fréquences fondamentales de vibration sont dans des rapports simples.
167
+ Par exemple, l'octave est un doublement de fréquence, la quinte une multiplication par 3⁄2.
168
+
169
+ Ce lien entre les fréquences et l'harmonie a été notamment détaillé dans le Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels de Jean-Philippe Rameau[25], compositeur baroque français et théoricien de la musique. Il repose en partie sur l'analyse des harmoniques (notées 2 à 15 dans la figure suivante) d'un son fondamental Do grave (noté 1), les premières harmoniques et leurs octaves sonnant bien entre elles.
170
+
171
+ Si la courbe tracée en rouge, qui suit les notes harmoniques, a une allure logarithmique, cela correspond au rapport entre deux phénomènes :
172
+
173
+ Les Occidentaux associent une certaine beauté aux figures symétriques. Une symétrie d'une figure géométrique est, intuitivement, l'existence d'un motif de la figure qui se répète suivant une règle précise, tout en étant partiellement transformé. Mathématiquement, une symétrie est l'existence d'une action non triviale d'un groupe, très souvent par isométrie, c'est-à-dire qui préserve les distances sur la figure. En d'autres termes, l'intuition de la règle est mathématiquement réalisée par le fait que c'est un groupe qui agit sur la figure, et le sentiment qu'une règle régit la symétrie est précisément dû à la structure algébrique de ce groupe.
174
+
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+ Par exemple, le groupe lié à la symétrie miroir est le groupe cyclique à deux éléments, ℤ/2ℤ. Un test de Rorschach est une figure invariante par cette symétrie, de même qu'un papillon et plus généralement le corps des animaux, du moins en surface. Lorsqu'on dessine la surface de la mer, l'ensemble des vagues possède une symétrie par translation : bouger notre regard de la longueur séparant deux crêtes de vagues ne change pas la vue que l'on a de la mer. Un autre cas de symétrie, cette fois non isométrique et presque toujours seulement approximative, est celui présenté par les fractales : un certain motif se répète à toutes les échelles de vision.
176
+
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+ La vulgarisation mathématique a pour objectif de présenter les mathématiques en un langage dénué de termes techniques. Comme l'objet d'études des mathématiques n'est pas réel, elle use souvent d'un vocabulaire imagé, et de comparaisons ou analogies non rigoureuses, pour faire sentir l'idée des développements mathématiques. Parmi les ouvrages qui se fixent ce but, citons Oh, les maths de Yakov Perelman et Le livre qui rend fou de Raymond Smullyan. Toutefois, les mathématiques font rarement l'objet de vulgarisation dans des journaux écrits ou télévisés.
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+ Si nombre de biographies portent sur les mathématiciens, les mathématiques sont un thème certes peu exploité dans la littérature ou la filmographie, mais présent.
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+ Les mathématiques (ou la mathématique) sont un ensemble de connaissances abstraites résultant de raisonnements logiques appliqués à des objets divers tels que les ensembles mathématiques, les nombres, les formes, les structures, les transformations, etc ; ainsi qu'aux relations et opérations mathématiques qui existent entre ces objets. Elles sont aussi le domaine de recherche développant ces connaissances, ainsi que la discipline qui les enseigne.
2
+
3
+ Elles possèdent plusieurs branches telles que : l'arithmétique, l'algèbre, l'analyse, la géométrie, la logique mathématique, etc. Il existe également une certaine séparation entre les mathématiques pures et les mathématiques appliquées.
4
+
5
+ Les mathématiques se distinguent des autres sciences par un rapport particulier au réel car l'observation et l'expérience ne s'y portent pas sur des objets physiques ; les mathématiques ne sont pas une science empirique. Elles sont de nature entièrement intellectuelle, fondées sur des axiomes déclarés vrais ou sur des postulats provisoirement admis. Ces axiomes en constituent les fondements et ne dépendent donc d'aucune autre proposition. Un énoncé mathématique – dénommé généralement, après être validé, théorème, proposition, lemme, fait, scholie ou corollaire – est considéré comme valide lorsque le discours formel qui établit sa vérité respecte une certaine structure rationnelle appelée démonstration, ou raisonnement logico-déductif. Un énoncé qui n'a pas encore fait l'objet d'une démonstration mais qui est néanmoins considéré plausible est appelé conjecture.
6
+
7
+ Bien que les résultats mathématiques soient des vérités purement formelles, ils trouvent cependant des applications dans les autres sciences et dans différents domaines de la technique. C'est ainsi qu'Eugene Wigner parle de « la déraisonnable efficacité des mathématiques dans les sciences de la nature »[1].
8
+
9
+ Le mot « mathématique » vient du grec par l'intermédiaire du latin. Le mot μάθημα (máthēma) est dérivé du verbe μανθάνω (manthánô) (« apprendre »). Il signifie « science, connaissance » puis « mathématiques » de μαθὴματα ; il a donné naissance à l'adjectif μαθηματικός (mathematikos), d'abord « relatif au savoir » puis « qui concerne les sciences mathématiques ». Cet adjectif a été adopté en latin (mathematicus) et dans les langues romanes par la suite (« mathématique » en français, matematica en italien, etc.), ainsi que dans de nombreuses autres langues[2],[3].
10
+
11
+ La forme neutre de l'adjectif μαθηματικός a été substantivée en τα μαθηματικά (ta mathēmatiká) pour désigner les sciences mathématiques dans leur ensemble. Cette forme plurielle, utilisée par Aristote, explique l'usage du pluriel pour le substantif en latin chez Cicéron (mathematica) puis en français et dans certaines autres langues européennes.
12
+
13
+ L'usage du pluriel est un héritage de l'époque antique, où le quadrivium regroupait les quatre arts dits « mathématiques » : l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. Le singulier (« la mathématique ») est parfois employé en français, mais « le mot donne alors au contexte une teinte d'archaïsme ou de didactisme »[4]. Toutefois, certains auteurs, à la suite de Nicolas Bourbaki, insistent sur l'utilisation du singulier, pour montrer l'uniformisation apportée par l'approche axiomatique contemporaine : Jean Dieudonné semble être le premier à avoir insisté sur ce point, et le vaste traité de Bourbaki (dont il est l'un des principaux rédacteurs) s'intitule Éléments de mathématique, tandis que, par contraste, le fascicule historique qui l'accompagne a pour titre Éléments d'histoire des mathématiques. Cédric Villani préconise l'utilisation du singulier pour affirmer l'unité du domaine[5].
14
+
15
+ Dans l'argot scolaire, le terme « mathématiques » est fréquemment apocopé en « maths », parfois aussi écrit « math ».
16
+
17
+ Il est probable que l'homme a développé des compétences mathématiques avant l'apparition de l'écriture. Les premiers objets reconnus attestant de compétences calculatoires sont les bâtons de comptage, tels que l'os d'Ishango (en Afrique) datant de 20 000 ans avant notre ère. Le développement des mathématiques en tant que connaissance transmise dans les premières civilisations est lié à leurs applications concrètes : le commerce, la gestion des récoltes, la mesure des surfaces, la prédiction des événements astronomiques, et parfois l'exécution de rituels religieux[réf. nécessaire].
18
+
19
+ Les premiers développements mathématiques concernaient l'extraction des racines carrées, des racines cubiques, la résolution d'équations polynomiales, la trigonométrie, le calcul fractionnaire, l'arithmétique des entiers naturels… Ils s'effectuèrent dans les civilisations akkadienne, babylonienne, égyptienne[6], chinoise ou encore de la vallée de l'Indus.
20
+
21
+ Dans la civilisation grecque, les mathématiques, influencées par les travaux antérieurs et les spéculations philosophiques, recherchent davantage d'abstraction. Les notions de démonstration et de définition axiomatique sont précisées. Deux branches se distinguent, l'arithmétique et la géométrie. Au IIIe siècle av. J.-C., les Éléments d'Euclide[7] résument et ordonnent les connaissances mathématiques de la Grèce.
22
+
23
+ Les mathématiques chinoises et indiennes (plus précisément de la vallée de l'Indus) sont parvenues en occident par la civilisation islamique à travers la conservation de l'héritage grec et l'interfécondation avec les découvertes, notamment en matière de représentation des nombres[réf. nécessaire]. Les travaux mathématiques sont considérablement développés tant en trigonométrie (introduction des fonctions trigonométriques) qu'en arithmétique. L'analyse combinatoire, l'analyse numérique et l'algèbre polynomiale sont inventées et développées.
24
+
25
+ Durant la « renaissance du XIIe siècle », une partie des textes grecs et arabes sont étudiés et traduits en latin. La recherche mathématique se concentre en Europe. Au XVIe siècle se développe - avec notamment Pierre de La Ramée - l'idée qu'il existe une science universelle (mathesis universalis) sur laquelle il est possible de fonder l'ensemble des connaissances. Descartes voit dès 1629, dans les Règles pour la direction de l'esprit, les possibilités qu'offrent les mathématiques pour jouer ce rôle[8]. Descartes souligne, dans le Discours de la méthode, l'attrait des mathématiques, « à cause de la certitude et de l'évidence de leurs raisons ». Le calcul algébrique se développe alors à la suite des travaux de Viète et de Descartes. Newton et Leibniz, indépendamment, inventent le calcul infinitésimal.
26
+
27
+ Au XVIIe siècle, Galilée se rend compte que les mathématiques sont l'outil idéal pour décrire le monde physique, ce qu'on peut résumer en disant que les lois de la Nature sont écrites en langage mathématique.
28
+ Les mathématiques constituent donc, avec la démarche expérimentale, l'un des deux piliers du développement de la Science moderne.
29
+
30
+ Au cours du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, les mathématiques connaissent de forts développements avec l'étude systématique des structures, à commencer par les groupes issus des travaux de Galois sur les équations polynomiales, et les anneaux introduits par Dedekind.
31
+
32
+ Le XIXe siècle voit avec Cantor et Hilbert le développement d'une théorie axiomatique sur tous les objets étudiés, soit la recherche des fondements mathématiques[9]. Ce développement de l'axiomatique conduira plusieurs mathématiciens du XXe siècle à chercher à définir toutes les mathématiques à l'aide d'un langage, la logique mathématique.
33
+
34
+ Le XXe siècle a connu un fort développement en mathématiques avec une spécialisation des domaines, et la naissance ou le développement de nombreuses nouvelles branches (théorie de la mesure, théorie spectrale, topologie algébrique et géométrie algébrique, par exemple). L'informatique a eu un impact sur la recherche. D'une part, elle a facilité la communication et le partage des connaissances, d'autre part, elle a fourni un formidable outil pour la confrontation aux exemples. Ce mouvement a naturellement conduit à la modélisation et à la numérisation.
35
+
36
+ Des découpages des mathématiques en deux, trois ou quatre domaines différents sont proposés : algèbre et analyse, ou bien algèbre, analyse et géométrie, ou bien algèbre, analyse, géométrie et probabilités. De tels découpages ne sont pas évidents et les frontières les séparant sont toujours mal définies. En effet, de nombreux résultats font appel à des compétences mathématiques variées. Le théorème de Fermat-Wiles, établi en 1994, en est un exemple. Bien que l'énoncé en soit formulé de manière dite arithmétique, la preuve nécessite de profondes compétences en analyse et en géométrie.
37
+
38
+ L'algèbre est l'ensemble des méthodes mathématiques visant à étudier et développer les structures algébriques et à comprendre les relations qu'elles entretiennent entre elles. L'algèbre, au sens actuel, trouve historiquement ses origines dans la compréhension des équations polynomiales et dans les développements des méthodes de résolution : les recherches dans ces domaines ont suscité l'émergence des notions qui fondent la théorie des groupes, la théorie de Galois ou encore la géométrie algébrique.
39
+
40
+ En un sens très restrictif, l'analyse est la partie des mathématiques s'intéressant aux questions de régularité des applications d'une variable réelle ou complexe : on parle alors plus volontiers d'analyse réelle ou d'analyse complexe. En un sens élargi, elle englobe toutes les méthodes mathématiques qui s'y apparentent, et un certain nombre de méthodes pour comprendre et analyser les espaces de fonctions.
41
+
42
+ La géométrie tente de comprendre en premier lieu les objets dans l'espace, puis par extension s'intéresse aux propriétés d'objets plus abstraits, à plusieurs dimensions, introduits selon plusieurs approches, relevant autant de l'analyse que de l'algèbre.
43
+
44
+ Les probabilités tentent de formaliser tout ce qui relève de l'aléatoire. Bien qu'anciennes, elles ont connu un renouveau avec la théorie de la mesure. La compréhension des lois aléatoires rendant compte au mieux des données déjà réalisées forme les statistiques.
45
+
46
+ De nombreux domaines de recherche se situent transversalement par rapport au découpage donné ci-dessus :
47
+
48
+ On fait parfois la distinction entre mathématiques pures et mathématiques appliquées :
49
+
50
+ En France, cette distinction structure souvent les équipes de recherche, sans forcément hypothéquer les possibilités d'interactions entre elles. Toutefois, la pertinence de cette distinction est remise en cause par un certain nombre de mathématiciens. L'évolution des domaines et de leurs objets d'étude peut également contribuer à déplacer une éventuelle frontière ou notion de séparation. Selon une boutade d'Ian Stewart, auteur de nombreux ouvrages portant sur les mathématiques populaires, dans son œuvre intitulée Mon cabinet des curiosités mathématiques, « La relation entre les mathématiciens purs et appliqués est fondée sur la confiance et la compréhension. Les mathématiciens purs ne font pas confiance aux mathématiciens appliqués, et les mathématiciens appliqués ne comprennent pas les mathématiciens purs »[10].Les mathématiques appliquées, en un sens mal définies, comprennent entre autres l'analyse numérique, les statistiques appliquées et la théorie de l'optimisation mathématique. Certains domaines de recherche des mathématiques sont nés à la frontière avec d'autres sciences (voir ci-dessous).
51
+
52
+ Les questions traditionnelles que se pose la philosophie au sujet des mathématiques peuvent se classer selon trois thèmes :
53
+
54
+ Les mathématiques sont parfois surnommées « reine des sciences ». Cependant, l'expression remonte à Carl Friedrich Gauss : Regina Scientiarum[11] et le mot scientiarium signifie en réalité « des connaissances ».
55
+
56
+ Censément, les mathématiques utilisent la logique comme outil pour démontrer des vérités organisées en théories. Une première analyse laisse espérer qu'une utilisation puissante de cet outil tellement sûr, une réduction toujours plus poussée des bases, les axiomes, sur lesquelles s'échafaude l'édifice mathématique, finissent par mener à un corpus de faits incontestables. Plusieurs obstacles se dressent pourtant.
57
+
58
+ D'une part, en tant qu'activité humaine, les mathématiques s'éloignent du modèle d'une construction suivant scrupuleusement les lois de la logique et indépendante du réel. Citons un fait et un phénomène pour illustrer cela. Tout d'abord, les démonstrations que rédigent les mathématiciens ne sont pas formalisées au point de suivre en détail les lois de la logique, car cela est impossible en un temps raisonnablement court. Comme pour n'importe quelle science. L'acceptation de la véracité d'une démonstration, et donc d'un théorème, repose in fine sur un consensus de spécialistes au sujet de la validité de l'approximation de démonstration formelle proposée (voir La Structure des révolutions scientifiques de Thomas Samuel Kuhn). L'avènement de l'informatique a cependant changé la donne, au moins marginalement, puisque celle-ci permet de formaliser et de vérifier des démonstrations de plus en plus complexes[12].
59
+
60
+ Cependant l'activité mathématique est loin de se réduire à la recherche de démonstrations et à la vérification de celles-ci. La confiance que la communauté mathématique place dans un de ses membres qui propose un résultat nouveau intervient dans la réception qu'aura ce résultat, et ce d'autant plus s'il est inattendu ou modifie la façon de voir les choses. On peut prendre pour exemple historique les controverses sur les géométries non euclidiennes au XIXe siècle, durant lequel les travaux de Lobatchevski ont été largement ignorés ; ou bien, dans un autre ordre d'idée, la difficulté de la réception des travaux du jeune républicain Galois au début du même siècle, notamment par Cauchy[13]. La sociologie des mathématiques étudie de tels phénomènes (voir sociologie des sciences).
61
+
62
+ D'autre part, la solidité même des bases ne peut reposer sur les seules mathématiques. En effet les théorèmes d'incomplétude, démontrés par Kurt Gödel dans la première moitié du XXe siècle, montrent que, contrairement à ce qu'espérait David Hilbert, il est impossible de réduire formellement les bases des mathématiques en un système dont la sûreté se démontre à partir de celles-ci, et cela entraîne que certaines propriétés considérées « vraies » resteront inaccessibles à la démonstration, quels que soient les axiomes choisis.
63
+
64
+ L'enseignement des mathématiques peut aussi bien désigner l'apprentissage des notions mathématiques fondamentales ou élémentaires de base que l'apprentissage et l'initiation à la recherche (enseignement supérieur des mathématiques). Suivant les époques et les lieux, les choix des matières enseignées et les méthodes d'enseignement changent (mathématiques modernes, méthode de Moore, éducation classique…). Dans certains pays, le choix des programmes scolaires dans l'éducation publique est fait par des institutions officielles.
65
+
66
+ Cédric Villani, dans une conférence TED, rappelle une difficulté importante et que l'enseignement des mathématiques ne résoudra pas à lui seul : le processus d'une découverte mathématique ne relève pas lui-même des mathématiques[14]. George Pólya indiqua en revanche vers le milieu du 20e siècle quelques techniques permettant de résoudre des problèmes existants, dans son livre Comment poser et résoudre un problème ("How to solve it").
67
+
68
+ Vers la même époque quelques ouvrages proposaient d'acquérir les mécanismes de résolution par une multitude d'exercices proposés avec leur correction détaillée en regard. En France et pour les mathématiques, il y eut dans le secondaire les ouvrages de Pierre Louquet. Dans le monde anglophone et concernant un grand nombre de disciplines, la série des Schaum's Outlines (en) poursuit ce but.
69
+
70
+ La recherche mathématique ne se limite pas qu'à la démonstration des théorèmes. L'une des méthodes les plus fructueuses de recherche mathématique est la mise en rapprochement de domaines a priori éloignés en mettant en lumière des phénomènes analogues (par exemple, la géométrie euclidienne et les équations différentielles linéaires). L'identification de phénomènes analogues peut conduire à vouloir adapter des résultats d'un domaine des mathématiques à un autre, à reformuler des éléments de démonstration en termes équivalents, à tenter une axiomatisation d'un objet (par exemple, ce pourrait être la notion d'espace vectoriel) qui regrouperait les deux domaines… Dans ce dernier cas, ce nouvel objet deviendrait alors un objet d'étude par lui-même. Dans certains cas, l'identification d'objets a priori différents devient nécessaire : le langage des catégories permet de faire ce genre de choses.
71
+
72
+ Une autre méthode de recherche est la confrontation aux exemples et aux cas particuliers. Cette confrontation peut permettre de réfuter des propriétés qu'on pensait ou espérait être vraies (conjectures). Au contraire, elle peut permettre de vérifier des propriétés ou d'amener à les formaliser. Par exemple, en géométrie riemannienne, l'étude des surfaces (donc des objets en dimension 2) et de leurs géodésiques a finalement conduit Anosov à formaliser le difféomorphisme d'Anosov, une transformation possédant d'intéressantes propriétés dynamiques.
73
+
74
+ Les mathématiques utilisent un langage qui leur est propre. Certains termes du langage courant, comme groupe, anneau, corps ou variété peuvent être empruntés et redéfinis pour désigner des objets mathématiques. Mais souvent des termes sont formés et introduits selon les besoins : isomorphisme, topologie, itération… Le nombre élevé de ces termes rend difficile la compréhension des mathématiques par les non mathématiciens.
75
+
76
+ Le langage mathématique s'appuie aussi sur l'usage de formules. Elles comportent des symboles, les uns en rapport avec le calcul propositionnel comme le connecteur binaire d'implication
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ {\displaystyle \Rightarrow }
84
+
85
+ ou le connecteur unaire de négation
86
+
87
+
88
+
89
+ ¬
90
+
91
+
92
+ {\displaystyle \neg }
93
+
94
+ , d'autres en rapport avec le calcul des prédicats, comme le quantificateur universel
95
+
96
+
97
+
98
+
99
+
100
+
101
+ {\displaystyle \forall }
102
+
103
+ ou le quantificateur existentiel
104
+
105
+
106
+
107
+
108
+
109
+
110
+ {\displaystyle \exists }
111
+
112
+ . La plupart des notations utilisées au XXIe siècle ont été introduites après le XVIIe siècle seulement.
113
+
114
+ Il existe un langage mathématique qui décrit les mathématiques. En ce sens, on dit qu'il s'agit d'un métalangage : il s'agit de la logique mathématique.
115
+
116
+ Les mathématiques entretiennent des rapports particuliers avec toutes les sciences, au sens large du terme. L'analyse de données (interprétation graphique, données statistiques…) fait appel à des compétences mathématiques variées. Mais des outils avancés de mathématiques interviennent dans les modélisations.
117
+
118
+ Toutes les sciences dites dures, à l'exception des mathématiques, tendent à une compréhension du monde réel. Cette compréhension passe par la mise en place d'un modèle, prenant en compte un certain nombre de paramètres considérés comme causes d'un phénomène. Ce modèle constitue un objet mathématique, dont l'étude permet une meilleure compréhension du phénomène étudié, éventuellement une prédiction qualitative ou quantitative quant à son évolution future.
119
+
120
+ La modélisation fait appel à des compétences relevant essentiellement de l'analyse et des probabilités, mais les méthodes algébriques ou géométriques s'avèrent utiles.
121
+
122
+ Les mathématiques sont nées d'une volonté de compréhension de l'espace ambiant : la géométrie naît de la modélisation de formes idéalisées, et l'arithmétique des besoins des gestions des quantités. Astronomie et géométrie se sont longtemps confondues, jusque dans les civilisations islamiques. Les mathématiques et la physique, après s'être différenciées, ont gardé d'étroits liens. Dans l'histoire contemporaine de ces deux sciences, les mathématiques et la physique se sont influencées mutuellement. La physique moderne use abondamment des mathématiques, en faisant une modélisation systématique pour comprendre les résultats de ses expériences :
123
+
124
+ Un domaine de recherche spécifique, la physique mathématique, tend précisément à développer les méthodes mathématiques mises à l'usage de la physique.
125
+
126
+ Le lien étroit entre mathématiques et physique se reflète dans l'enseignement supérieur des mathématiques. L'enseignement de la physique fait appel à des cours de mathématiques pour physiciens ; et il n'est pas rare que les cursus de mathématiques dans les universités incluent une initiation facultative à la physique.
127
+
128
+ Néanmoins, Albert Einstein est un des premiers à relativiser le domaine des mathématiques en rappelant que la physique en utilise plusieurs formes, au gré de ses besoins, et non une seule. Sa Théorie de la relativité générale utilise par exemple une géométrie non euclidienne formalisée par Minkowski. Il énoncera : « En tant que se rapportant à la réalité, la géométrie euclidienne n'est pas exacte. En tant qu'exacte, elle ne se rapporte pas à la réalité » (conférence berlinoise de 1921, la géométrie et l'expérience).
129
+
130
+ L'essor des techniques au XXe siècle a ouvert la voie à une nouvelle science, l'informatique. Celle-ci est étroitement liée aux mathématiques, de diverses manières : certains pans de la recherche en informatique théorique peuvent être considérés comme d'essence mathématique, d'autres branches de l'informatique faisant plutôt usage des mathématiques. Les nouvelles technologies de communication ont quant à elles ouvert la voie aux applications à des branches des mathématiques parfois très anciennes (arithmétique), notamment en ce qui concerne les problèmes de sécurité des transmissions : cryptographie et théorie des codes.
131
+
132
+ En contrepartie, les sciences informatiques influencent l'évolution moderne des mathématiques.
133
+
134
+ Les mathématiques discrètes forment un domaine de recherche actuel des mathématiques visant à développer les méthodes utilisées en science informatique, incluant la théorie de la complexité, la théorie de l'information, la théorie des graphes… Parmi les problèmes ouverts, citons notamment le célèbre P=NP en théorie de la complexité, qui fait partie des sept problèmes du prix du millénaire. Celui qui arrivera à décider si P et NP sont différents ou égaux recevra un montant de 1 000 000 USD.
135
+
136
+ L'informatique est également devenue un outil essentiel à la découverte ou à la démonstration de certains théorèmes mathématiques. L'exemple le plus célèbre est celui du Théorème des quatre couleurs, démontré en 1976 à l'aide d'un ordinateur, car certains des calculs nécessaires sont trop complexes pour être réalisés à la main. Cette évolution bouleverse les mathématiques traditionnelles, où la règle était que le mathématicien puisse vérifier de lui-même chaque partie de la démonstration. En 1998, la Conjecture de Kepler semble avoir également été démontrée par ordinateur, et une équipe internationale travaille depuis sur la rédaction d'une preuve formelle.
137
+
138
+ En effet, si la preuve est rédigée de façon formelle, il devient alors possible de la vérifier à l'aide d'un logiciel particulier, appelé assistant de preuve. C'est la meilleure technique connue pour être (presque) certain qu'une démonstration assistée par ordinateur ne souffre d'aucun bug. En l'espace d'une trentaine d'années, le rapport entre les mathématiciens et l'informatique s'est donc complètement renversé : d'abord instrument suspect à éviter si possible dans l'activité mathématique, l'ordinateur est devenu au contraire un outil incontournable.
139
+
140
+ La biologie est grande consommatrice de mathématiques et notamment de probabilités. La dynamique d'une population se modélise couramment par des chaînes de Markov (théorie des processus discrets) ou par des équations différentielles couplées. Il en va de même pour l'évolution des génotypes : le principe de Hardy-Weinberg, souvent évoqué en génétique, relève de propriétés générales sur les processus à temps discret (existence de lois limites). Plus généralement, la phylogéographie fait appel à des modélisations probabilistes. De plus, la médecine use de tests (statistiques) pour comprendre la validité de tel ou tel traitement. Un domaine spécifique de recherche à la frontière de la biologie est né : la biomathématique.
141
+
142
+ Depuis le début du XXIe siècle, la chimie organique a fait appel à l'informatique pour pouvoir modéliser les molécules en trois dimensions : il s'avère que la forme d'une macromolécule en biologie est variable et détermine son action. Cette modélisation fait appel à la géométrie euclidienne ; les atomes forment une sorte de polyèdre dont les distances et les angles sont fixés par les lois d'interaction.
143
+
144
+ Les géologies structurales et climatologiques font appel à des modèles mêlant des méthodes probabilistes et analytiques, pour pouvoir prédire du risque de catastrophe naturelle. La complexité des modèles est telle qu'une branche de recherche est née à la frontière des mathématiques et de la géophysique, à savoir la géophysique mathématique. De même, la météorologie, l'océanographie et la planétologie sont grandes consommatrices de mathématiques car elles nécessitent des modélisations.
145
+
146
+ Le rapport des mathématiques avec les sciences humaines se fait essentiellement par les statistiques et les probabilités, mais aussi par des équations différentielles, stochastiques ou non, utilisées en sociologie, psychologie, économie, finance, gestion d'entreprise, linguistique…
147
+
148
+ La logique est depuis l'Antiquité l'une des trois grandes disciplines de la philosophie, avec l'éthique et la physique. Des philosophes comme Pythagore et Thales de Milet ont formalisé les célèbres théorèmes géométriques portant leur nom. « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre », était-il gravé sur le portail de l'Académie de Platon, pour qui les mathématiques sont un intermédiaire pour accéder au monde des Idées.
149
+
150
+ Notamment, les mathématiques financières sont une branche des mathématiques appliquées visant à la compréhension de l'évolution des marchés financiers et de l'estimation des risques. Cette branche des mathématiques se développe à la frontière des probabilités et de l'analyse et use des statistiques.
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+
152
+ Beaucoup plus subtil est le cas de l'économie mathématique. Le postulat fondamental de cette discipline est que l'activité économique peut se comprendre à partir d'un axiome de nature anthropologique, celui de l'acteur individuel rationnel. Dans cette vision, chaque individu cherche par ses actions à accroître un certain profit, et ce de façon rationnelle. Cette sorte de vision atomiste de l'économie permet à celle-ci de mathématiser relativement aisément sa réflexion, puisque le calcul individuel se transpose en calcul mathématique. Cette modélisation mathématique en économie permet de percer à jour des mécanismes économiques qui n'auraient pu être découverts que très difficilement par une analyse « littéraire ». Par exemple, les explications des cycles économiques ne sont pas triviales. Sans modélisation mathématique, on peut difficilement aller au-delà du simple constat statistique ou des spéculations non prouvées. Toutefois, certains sociologues, comme Bourdieu, et même certains économistes, refusent ce postulat de l'homo œconomicus, en remarquant que les motivations des individus comprennent non seulement le don, mais dépendent également d'autres enjeux dont l'intérêt financier n'est qu'une partie, ou tout simplement ne sont pas rationnelles. La mathématisation est donc, selon eux, un habillage permettant une valorisation scientifique de la matière.
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+
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+ On assiste également au début du XXe siècle, à une réflexion pour mettre les mouvements historiques en formule, comme le fait Nikolaï Kondratiev, qui discerne un cycle de base pour expliquer les phases d'expansion et de crise en économie politique, ou Nicolas-Remi Brück et Charles Henri Lagrange[15] qui, dès la fin du XIXe siècle, ont amplifié leur analyse jusqu'à pénétrer dans le domaine de la géopolitique, en voulant établir l'existence, dans l'histoire, de mouvements de vaste amplitude qui mènent les peuples à leur apogée, puis à leur déclin[16].
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+
156
+ Cependant une mathématisation des sciences humaines n'est pas sans danger. Dans l'essai polémique Impostures intellectuelles, Sokal et Bricmont dénoncent la relation, non fondée ou abusive, d'une terminologie scientifique, en particulier mathématique et physique, dans le domaine des sciences humaines. L'étude de systèmes complexes (évolution du chômage, capital d'une entreprise, évolution démographique d'une population…) fait appel à des connaissances mathématiques élémentaires, mais le choix des critères de comptage, notamment dans le cas du chômage, ou de la modélisation peut être sujet à polémique.
157
+
158
+ L'écologie utilise également un grand nombre de modèles[17] pour simuler la dynamique des populations, étudier des écosystèmes comme le modèle proie-prédateur, mesurer les diffusions de pollutions[18] ou évaluer les changements climatiques issus du réchauffement[19]. Ces outils permettent de communiquer sur des données chiffrées, pour éventuellement les critiquer ou les confronter entre elles. Se pose alors le problème de la validation de ces modèles, notamment dans le cas où les résultats peuvent influer sur des décisions politiques et où l'existence de modèles contradictoires entre eux permet aux États de choisir le plus favorable à leur décision[20].
159
+
160
+ Les mathématiques ont entretenu pendant longtemps des liens très étroits avec l'astrologie. Celle-ci, par le biais de thèmes astraux, a servi de motivation dans l'étude de l'astronomie. Des mathématiciens de renom furent également considérés comme des grands astrologues. On peut citer Ptolémée, les astronomes de langue arabe, Regiomontanus, Cardan, Kepler, ou encore John Dee. Au Moyen Âge, l'astrologie est considérée comme une science se rangeant dans les mathématiques. Ainsi Theodor Zwingler signale dans sa grande encyclopédie, concernant l'astrologie, que c'est une science mathématique traitant du « mouvement actif des corps en tant qu'ils agissent sur d'autres corps » et réserve aux mathématiques le soin de « calculer avec probabilité les influences [des astres] » en prévoyant leurs « conjonctions et oppositions »[21]. Les théories astrologiques occidentales contemporaines se targuent de suivre des méthodes scientifiques. En particulier, l'astrologie statistique utilise les tests statistiques pour mettre en évidence d'éventuelles corrélations entre la position des astres et le devenir des hommes. Toutefois, ces études initiées par Choisnard et Gauquelin, menées à la marge de la recherche scientifique, n'ont, en date de 2009, pas été productives et n'ont réussi à donner aucune preuve recevable d'un lien de cause à effet.
161
+
162
+ Les mathématiques sont aussi une composante de l'ésotérisme. Très fréquemment, les mathématiciens eux-mêmes ont été tentés de trouver dans la figure ou le nombre un sens caché servant de clé dans la découverte du monde. Dans l'école pythagoricienne, chaque nombre a une signification symbolique et le serment des initiés se serait énoncé devant une tretraktys[22] De même Platon ne se contente pas d'énumérer les solides qui portent son nom il attribue à chacun d'eux une nature (eau, terre, feu, air, univers)[23]. L'arithmosophie, la numérologie, la gématrie, l'arithmancie tentent, à travers des calculs sur les nombres, de trouver des significations cachées à des textes ou d'en extraire des propriétés prédictives. On retrouve cette fascination pour le nombre et la figure encore de nos jours où certains attribuent des vertus cachées à un pentacle ou un nombre d'or.
163
+
164
+ Au XXIe siècle, ces disciplines ne sont plus considérées comme des sciences[24].
165
+
166
+ Les notes qui sonnent bien ensemble à une oreille occidentale sont des sons dont les fréquences fondamentales de vibration sont dans des rapports simples.
167
+ Par exemple, l'octave est un doublement de fréquence, la quinte une multiplication par 3⁄2.
168
+
169
+ Ce lien entre les fréquences et l'harmonie a été notamment détaillé dans le Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels de Jean-Philippe Rameau[25], compositeur baroque français et théoricien de la musique. Il repose en partie sur l'analyse des harmoniques (notées 2 à 15 dans la figure suivante) d'un son fondamental Do grave (noté 1), les premières harmoniques et leurs octaves sonnant bien entre elles.
170
+
171
+ Si la courbe tracée en rouge, qui suit les notes harmoniques, a une allure logarithmique, cela correspond au rapport entre deux phénomènes :
172
+
173
+ Les Occidentaux associent une certaine beauté aux figures symétriques. Une symétrie d'une figure géométrique est, intuitivement, l'existence d'un motif de la figure qui se répète suivant une règle précise, tout en étant partiellement transformé. Mathématiquement, une symétrie est l'existence d'une action non triviale d'un groupe, très souvent par isométrie, c'est-à-dire qui préserve les distances sur la figure. En d'autres termes, l'intuition de la règle est mathématiquement réalisée par le fait que c'est un groupe qui agit sur la figure, et le sentiment qu'une règle régit la symétrie est précisément dû à la structure algébrique de ce groupe.
174
+
175
+ Par exemple, le groupe lié à la symétrie miroir est le groupe cyclique à deux éléments, ℤ/2ℤ. Un test de Rorschach est une figure invariante par cette symétrie, de même qu'un papillon et plus généralement le corps des animaux, du moins en surface. Lorsqu'on dessine la surface de la mer, l'ensemble des vagues possède une symétrie par translation : bouger notre regard de la longueur séparant deux crêtes de vagues ne change pas la vue que l'on a de la mer. Un autre cas de symétrie, cette fois non isométrique et presque toujours seulement approximative, est celui présenté par les fractales : un certain motif se répète à toutes les échelles de vision.
176
+
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+ La vulgarisation mathématique a pour objectif de présenter les mathématiques en un langage dénué de termes techniques. Comme l'objet d'études des mathématiques n'est pas réel, elle use souvent d'un vocabulaire imagé, et de comparaisons ou analogies non rigoureuses, pour faire sentir l'idée des développements mathématiques. Parmi les ouvrages qui se fixent ce but, citons Oh, les maths de Yakov Perelman et Le livre qui rend fou de Raymond Smullyan. Toutefois, les mathématiques font rarement l'objet de vulgarisation dans des journaux écrits ou télévisés.
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+ Si nombre de biographies portent sur les mathématiciens, les mathématiques sont un thème certes peu exploité dans la littérature ou la filmographie, mais présent.
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1
+ Les mathématiques (ou la mathématique) sont un ensemble de connaissances abstraites résultant de raisonnements logiques appliqués à des objets divers tels que les ensembles mathématiques, les nombres, les formes, les structures, les transformations, etc ; ainsi qu'aux relations et opérations mathématiques qui existent entre ces objets. Elles sont aussi le domaine de recherche développant ces connaissances, ainsi que la discipline qui les enseigne.
2
+
3
+ Elles possèdent plusieurs branches telles que : l'arithmétique, l'algèbre, l'analyse, la géométrie, la logique mathématique, etc. Il existe également une certaine séparation entre les mathématiques pures et les mathématiques appliquées.
4
+
5
+ Les mathématiques se distinguent des autres sciences par un rapport particulier au réel car l'observation et l'expérience ne s'y portent pas sur des objets physiques ; les mathématiques ne sont pas une science empirique. Elles sont de nature entièrement intellectuelle, fondées sur des axiomes déclarés vrais ou sur des postulats provisoirement admis. Ces axiomes en constituent les fondements et ne dépendent donc d'aucune autre proposition. Un énoncé mathématique – dénommé généralement, après être validé, théorème, proposition, lemme, fait, scholie ou corollaire – est considéré comme valide lorsque le discours formel qui établit sa vérité respecte une certaine structure rationnelle appelée démonstration, ou raisonnement logico-déductif. Un énoncé qui n'a pas encore fait l'objet d'une démonstration mais qui est néanmoins considéré plausible est appelé conjecture.
6
+
7
+ Bien que les résultats mathématiques soient des vérités purement formelles, ils trouvent cependant des applications dans les autres sciences et dans différents domaines de la technique. C'est ainsi qu'Eugene Wigner parle de « la déraisonnable efficacité des mathématiques dans les sciences de la nature »[1].
8
+
9
+ Le mot « mathématique » vient du grec par l'intermédiaire du latin. Le mot μάθημα (máthēma) est dérivé du verbe μανθάνω (manthánô) (« apprendre »). Il signifie « science, connaissance » puis « mathématiques » de μαθὴματα ; il a donné naissance à l'adjectif μαθηματικός (mathematikos), d'abord « relatif au savoir » puis « qui concerne les sciences mathématiques ». Cet adjectif a été adopté en latin (mathematicus) et dans les langues romanes par la suite (« mathématique » en français, matematica en italien, etc.), ainsi que dans de nombreuses autres langues[2],[3].
10
+
11
+ La forme neutre de l'adjectif μαθηματικός a été substantivée en τα μαθηματικά (ta mathēmatiká) pour désigner les sciences mathématiques dans leur ensemble. Cette forme plurielle, utilisée par Aristote, explique l'usage du pluriel pour le substantif en latin chez Cicéron (mathematica) puis en français et dans certaines autres langues européennes.
12
+
13
+ L'usage du pluriel est un héritage de l'époque antique, où le quadrivium regroupait les quatre arts dits « mathématiques » : l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. Le singulier (« la mathématique ») est parfois employé en français, mais « le mot donne alors au contexte une teinte d'archaïsme ou de didactisme »[4]. Toutefois, certains auteurs, à la suite de Nicolas Bourbaki, insistent sur l'utilisation du singulier, pour montrer l'uniformisation apportée par l'approche axiomatique contemporaine : Jean Dieudonné semble être le premier à avoir insisté sur ce point, et le vaste traité de Bourbaki (dont il est l'un des principaux rédacteurs) s'intitule Éléments de mathématique, tandis que, par contraste, le fascicule historique qui l'accompagne a pour titre Éléments d'histoire des mathématiques. Cédric Villani préconise l'utilisation du singulier pour affirmer l'unité du domaine[5].
14
+
15
+ Dans l'argot scolaire, le terme « mathématiques » est fréquemment apocopé en « maths », parfois aussi écrit « math ».
16
+
17
+ Il est probable que l'homme a développé des compétences mathématiques avant l'apparition de l'écriture. Les premiers objets reconnus attestant de compétences calculatoires sont les bâtons de comptage, tels que l'os d'Ishango (en Afrique) datant de 20 000 ans avant notre ère. Le développement des mathématiques en tant que connaissance transmise dans les premières civilisations est lié à leurs applications concrètes : le commerce, la gestion des récoltes, la mesure des surfaces, la prédiction des événements astronomiques, et parfois l'exécution de rituels religieux[réf. nécessaire].
18
+
19
+ Les premiers développements mathématiques concernaient l'extraction des racines carrées, des racines cubiques, la résolution d'équations polynomiales, la trigonométrie, le calcul fractionnaire, l'arithmétique des entiers naturels… Ils s'effectuèrent dans les civilisations akkadienne, babylonienne, égyptienne[6], chinoise ou encore de la vallée de l'Indus.
20
+
21
+ Dans la civilisation grecque, les mathématiques, influencées par les travaux antérieurs et les spéculations philosophiques, recherchent davantage d'abstraction. Les notions de démonstration et de définition axiomatique sont précisées. Deux branches se distinguent, l'arithmétique et la géométrie. Au IIIe siècle av. J.-C., les Éléments d'Euclide[7] résument et ordonnent les connaissances mathématiques de la Grèce.
22
+
23
+ Les mathématiques chinoises et indiennes (plus précisément de la vallée de l'Indus) sont parvenues en occident par la civilisation islamique à travers la conservation de l'héritage grec et l'interfécondation avec les découvertes, notamment en matière de représentation des nombres[réf. nécessaire]. Les travaux mathématiques sont considérablement développés tant en trigonométrie (introduction des fonctions trigonométriques) qu'en arithmétique. L'analyse combinatoire, l'analyse numérique et l'algèbre polynomiale sont inventées et développées.
24
+
25
+ Durant la « renaissance du XIIe siècle », une partie des textes grecs et arabes sont étudiés et traduits en latin. La recherche mathématique se concentre en Europe. Au XVIe siècle se développe - avec notamment Pierre de La Ramée - l'idée qu'il existe une science universelle (mathesis universalis) sur laquelle il est possible de fonder l'ensemble des connaissances. Descartes voit dès 1629, dans les Règles pour la direction de l'esprit, les possibilités qu'offrent les mathématiques pour jouer ce rôle[8]. Descartes souligne, dans le Discours de la méthode, l'attrait des mathématiques, « à cause de la certitude et de l'évidence de leurs raisons ». Le calcul algébrique se développe alors à la suite des travaux de Viète et de Descartes. Newton et Leibniz, indépendamment, inventent le calcul infinitésimal.
26
+
27
+ Au XVIIe siècle, Galilée se rend compte que les mathématiques sont l'outil idéal pour décrire le monde physique, ce qu'on peut résumer en disant que les lois de la Nature sont écrites en langage mathématique.
28
+ Les mathématiques constituent donc, avec la démarche expérimentale, l'un des deux piliers du développement de la Science moderne.
29
+
30
+ Au cours du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, les mathématiques connaissent de forts développements avec l'étude systématique des structures, à commencer par les groupes issus des travaux de Galois sur les équations polynomiales, et les anneaux introduits par Dedekind.
31
+
32
+ Le XIXe siècle voit avec Cantor et Hilbert le développement d'une théorie axiomatique sur tous les objets étudiés, soit la recherche des fondements mathématiques[9]. Ce développement de l'axiomatique conduira plusieurs mathématiciens du XXe siècle à chercher à définir toutes les mathématiques à l'aide d'un langage, la logique mathématique.
33
+
34
+ Le XXe siècle a connu un fort développement en mathématiques avec une spécialisation des domaines, et la naissance ou le développement de nombreuses nouvelles branches (théorie de la mesure, théorie spectrale, topologie algébrique et géométrie algébrique, par exemple). L'informatique a eu un impact sur la recherche. D'une part, elle a facilité la communication et le partage des connaissances, d'autre part, elle a fourni un formidable outil pour la confrontation aux exemples. Ce mouvement a naturellement conduit à la modélisation et à la numérisation.
35
+
36
+ Des découpages des mathématiques en deux, trois ou quatre domaines différents sont proposés : algèbre et analyse, ou bien algèbre, analyse et géométrie, ou bien algèbre, analyse, géométrie et probabilités. De tels découpages ne sont pas évidents et les frontières les séparant sont toujours mal définies. En effet, de nombreux résultats font appel à des compétences mathématiques variées. Le théorème de Fermat-Wiles, établi en 1994, en est un exemple. Bien que l'énoncé en soit formulé de manière dite arithmétique, la preuve nécessite de profondes compétences en analyse et en géométrie.
37
+
38
+ L'algèbre est l'ensemble des méthodes mathématiques visant à étudier et développer les structures algébriques et à comprendre les relations qu'elles entretiennent entre elles. L'algèbre, au sens actuel, trouve historiquement ses origines dans la compréhension des équations polynomiales et dans les développements des méthodes de résolution : les recherches dans ces domaines ont suscité l'émergence des notions qui fondent la théorie des groupes, la théorie de Galois ou encore la géométrie algébrique.
39
+
40
+ En un sens très restrictif, l'analyse est la partie des mathématiques s'intéressant aux questions de régularité des applications d'une variable réelle ou complexe : on parle alors plus volontiers d'analyse réelle ou d'analyse complexe. En un sens élargi, elle englobe toutes les méthodes mathématiques qui s'y apparentent, et un certain nombre de méthodes pour comprendre et analyser les espaces de fonctions.
41
+
42
+ La géométrie tente de comprendre en premier lieu les objets dans l'espace, puis par extension s'intéresse aux propriétés d'objets plus abstraits, à plusieurs dimensions, introduits selon plusieurs approches, relevant autant de l'analyse que de l'algèbre.
43
+
44
+ Les probabilités tentent de formaliser tout ce qui relève de l'aléatoire. Bien qu'anciennes, elles ont connu un renouveau avec la théorie de la mesure. La compréhension des lois aléatoires rendant compte au mieux des données déjà réalisées forme les statistiques.
45
+
46
+ De nombreux domaines de recherche se situent transversalement par rapport au découpage donné ci-dessus :
47
+
48
+ On fait parfois la distinction entre mathématiques pures et mathématiques appliquées :
49
+
50
+ En France, cette distinction structure souvent les équipes de recherche, sans forcément hypothéquer les possibilités d'interactions entre elles. Toutefois, la pertinence de cette distinction est remise en cause par un certain nombre de mathématiciens. L'évolution des domaines et de leurs objets d'étude peut également contribuer à déplacer une éventuelle frontière ou notion de séparation. Selon une boutade d'Ian Stewart, auteur de nombreux ouvrages portant sur les mathématiques populaires, dans son œuvre intitulée Mon cabinet des curiosités mathématiques, « La relation entre les mathématiciens purs et appliqués est fondée sur la confiance et la compréhension. Les mathématiciens purs ne font pas confiance aux mathématiciens appliqués, et les mathématiciens appliqués ne comprennent pas les mathématiciens purs »[10].Les mathématiques appliquées, en un sens mal définies, comprennent entre autres l'analyse numérique, les statistiques appliquées et la théorie de l'optimisation mathématique. Certains domaines de recherche des mathématiques sont nés à la frontière avec d'autres sciences (voir ci-dessous).
51
+
52
+ Les questions traditionnelles que se pose la philosophie au sujet des mathématiques peuvent se classer selon trois thèmes :
53
+
54
+ Les mathématiques sont parfois surnommées « reine des sciences ». Cependant, l'expression remonte à Carl Friedrich Gauss : Regina Scientiarum[11] et le mot scientiarium signifie en réalité « des connaissances ».
55
+
56
+ Censément, les mathématiques utilisent la logique comme outil pour démontrer des vérités organisées en théories. Une première analyse laisse espérer qu'une utilisation puissante de cet outil tellement sûr, une réduction toujours plus poussée des bases, les axiomes, sur lesquelles s'échafaude l'édifice mathématique, finissent par mener à un corpus de faits incontestables. Plusieurs obstacles se dressent pourtant.
57
+
58
+ D'une part, en tant qu'activité humaine, les mathématiques s'éloignent du modèle d'une construction suivant scrupuleusement les lois de la logique et indépendante du réel. Citons un fait et un phénomène pour illustrer cela. Tout d'abord, les démonstrations que rédigent les mathématiciens ne sont pas formalisées au point de suivre en détail les lois de la logique, car cela est impossible en un temps raisonnablement court. Comme pour n'importe quelle science. L'acceptation de la véracité d'une démonstration, et donc d'un théorème, repose in fine sur un consensus de spécialistes au sujet de la validité de l'approximation de démonstration formelle proposée (voir La Structure des révolutions scientifiques de Thomas Samuel Kuhn). L'avènement de l'informatique a cependant changé la donne, au moins marginalement, puisque celle-ci permet de formaliser et de vérifier des démonstrations de plus en plus complexes[12].
59
+
60
+ Cependant l'activité mathématique est loin de se réduire à la recherche de démonstrations et à la vérification de celles-ci. La confiance que la communauté mathématique place dans un de ses membres qui propose un résultat nouveau intervient dans la réception qu'aura ce résultat, et ce d'autant plus s'il est inattendu ou modifie la façon de voir les choses. On peut prendre pour exemple historique les controverses sur les géométries non euclidiennes au XIXe siècle, durant lequel les travaux de Lobatchevski ont été largement ignorés ; ou bien, dans un autre ordre d'idée, la difficulté de la réception des travaux du jeune républicain Galois au début du même siècle, notamment par Cauchy[13]. La sociologie des mathématiques étudie de tels phénomènes (voir sociologie des sciences).
61
+
62
+ D'autre part, la solidité même des bases ne peut reposer sur les seules mathématiques. En effet les théorèmes d'incomplétude, démontrés par Kurt Gödel dans la première moitié du XXe siècle, montrent que, contrairement à ce qu'espérait David Hilbert, il est impossible de réduire formellement les bases des mathématiques en un système dont la sûreté se démontre à partir de celles-ci, et cela entraîne que certaines propriétés considérées « vraies » resteront inaccessibles à la démonstration, quels que soient les axiomes choisis.
63
+
64
+ L'enseignement des mathématiques peut aussi bien désigner l'apprentissage des notions mathématiques fondamentales ou élémentaires de base que l'apprentissage et l'initiation à la recherche (enseignement supérieur des mathématiques). Suivant les époques et les lieux, les choix des matières enseignées et les méthodes d'enseignement changent (mathématiques modernes, méthode de Moore, éducation classique…). Dans certains pays, le choix des programmes scolaires dans l'éducation publique est fait par des institutions officielles.
65
+
66
+ Cédric Villani, dans une conférence TED, rappelle une difficulté importante et que l'enseignement des mathématiques ne résoudra pas à lui seul : le processus d'une découverte mathématique ne relève pas lui-même des mathématiques[14]. George Pólya indiqua en revanche vers le milieu du 20e siècle quelques techniques permettant de résoudre des problèmes existants, dans son livre Comment poser et résoudre un problème ("How to solve it").
67
+
68
+ Vers la même époque quelques ouvrages proposaient d'acquérir les mécanismes de résolution par une multitude d'exercices proposés avec leur correction détaillée en regard. En France et pour les mathématiques, il y eut dans le secondaire les ouvrages de Pierre Louquet. Dans le monde anglophone et concernant un grand nombre de disciplines, la série des Schaum's Outlines (en) poursuit ce but.
69
+
70
+ La recherche mathématique ne se limite pas qu'à la démonstration des théorèmes. L'une des méthodes les plus fructueuses de recherche mathématique est la mise en rapprochement de domaines a priori éloignés en mettant en lumière des phénomènes analogues (par exemple, la géométrie euclidienne et les équations différentielles linéaires). L'identification de phénomènes analogues peut conduire à vouloir adapter des résultats d'un domaine des mathématiques à un autre, à reformuler des éléments de démonstration en termes équivalents, à tenter une axiomatisation d'un objet (par exemple, ce pourrait être la notion d'espace vectoriel) qui regrouperait les deux domaines… Dans ce dernier cas, ce nouvel objet deviendrait alors un objet d'étude par lui-même. Dans certains cas, l'identification d'objets a priori différents devient nécessaire : le langage des catégories permet de faire ce genre de choses.
71
+
72
+ Une autre méthode de recherche est la confrontation aux exemples et aux cas particuliers. Cette confrontation peut permettre de réfuter des propriétés qu'on pensait ou espérait être vraies (conjectures). Au contraire, elle peut permettre de vérifier des propriétés ou d'amener à les formaliser. Par exemple, en géométrie riemannienne, l'étude des surfaces (donc des objets en dimension 2) et de leurs géodésiques a finalement conduit Anosov à formaliser le difféomorphisme d'Anosov, une transformation possédant d'intéressantes propriétés dynamiques.
73
+
74
+ Les mathématiques utilisent un langage qui leur est propre. Certains termes du langage courant, comme groupe, anneau, corps ou variété peuvent être empruntés et redéfinis pour désigner des objets mathématiques. Mais souvent des termes sont formés et introduits selon les besoins : isomorphisme, topologie, itération… Le nombre élevé de ces termes rend difficile la compréhension des mathématiques par les non mathématiciens.
75
+
76
+ Le langage mathématique s'appuie aussi sur l'usage de formules. Elles comportent des symboles, les uns en rapport avec le calcul propositionnel comme le connecteur binaire d'implication
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ {\displaystyle \Rightarrow }
84
+
85
+ ou le connecteur unaire de négation
86
+
87
+
88
+
89
+ ¬
90
+
91
+
92
+ {\displaystyle \neg }
93
+
94
+ , d'autres en rapport avec le calcul des prédicats, comme le quantificateur universel
95
+
96
+
97
+
98
+
99
+
100
+
101
+ {\displaystyle \forall }
102
+
103
+ ou le quantificateur existentiel
104
+
105
+
106
+
107
+
108
+
109
+
110
+ {\displaystyle \exists }
111
+
112
+ . La plupart des notations utilisées au XXIe siècle ont été introduites après le XVIIe siècle seulement.
113
+
114
+ Il existe un langage mathématique qui décrit les mathématiques. En ce sens, on dit qu'il s'agit d'un métalangage : il s'agit de la logique mathématique.
115
+
116
+ Les mathématiques entretiennent des rapports particuliers avec toutes les sciences, au sens large du terme. L'analyse de données (interprétation graphique, données statistiques…) fait appel à des compétences mathématiques variées. Mais des outils avancés de mathématiques interviennent dans les modélisations.
117
+
118
+ Toutes les sciences dites dures, à l'exception des mathématiques, tendent à une compréhension du monde réel. Cette compréhension passe par la mise en place d'un modèle, prenant en compte un certain nombre de paramètres considérés comme causes d'un phénomène. Ce modèle constitue un objet mathématique, dont l'étude permet une meilleure compréhension du phénomène étudié, éventuellement une prédiction qualitative ou quantitative quant à son évolution future.
119
+
120
+ La modélisation fait appel à des compétences relevant essentiellement de l'analyse et des probabilités, mais les méthodes algébriques ou géométriques s'avèrent utiles.
121
+
122
+ Les mathématiques sont nées d'une volonté de compréhension de l'espace ambiant : la géométrie naît de la modélisation de formes idéalisées, et l'arithmétique des besoins des gestions des quantités. Astronomie et géométrie se sont longtemps confondues, jusque dans les civilisations islamiques. Les mathématiques et la physique, après s'être différenciées, ont gardé d'étroits liens. Dans l'histoire contemporaine de ces deux sciences, les mathématiques et la physique se sont influencées mutuellement. La physique moderne use abondamment des mathématiques, en faisant une modélisation systématique pour comprendre les résultats de ses expériences :
123
+
124
+ Un domaine de recherche spécifique, la physique mathématique, tend précisément à développer les méthodes mathématiques mises à l'usage de la physique.
125
+
126
+ Le lien étroit entre mathématiques et physique se reflète dans l'enseignement supérieur des mathématiques. L'enseignement de la physique fait appel à des cours de mathématiques pour physiciens ; et il n'est pas rare que les cursus de mathématiques dans les universités incluent une initiation facultative à la physique.
127
+
128
+ Néanmoins, Albert Einstein est un des premiers à relativiser le domaine des mathématiques en rappelant que la physique en utilise plusieurs formes, au gré de ses besoins, et non une seule. Sa Théorie de la relativité générale utilise par exemple une géométrie non euclidienne formalisée par Minkowski. Il énoncera : « En tant que se rapportant à la réalité, la géométrie euclidienne n'est pas exacte. En tant qu'exacte, elle ne se rapporte pas à la réalité » (conférence berlinoise de 1921, la géométrie et l'expérience).
129
+
130
+ L'essor des techniques au XXe siècle a ouvert la voie à une nouvelle science, l'informatique. Celle-ci est étroitement liée aux mathématiques, de diverses manières : certains pans de la recherche en informatique théorique peuvent être considérés comme d'essence mathématique, d'autres branches de l'informatique faisant plutôt usage des mathématiques. Les nouvelles technologies de communication ont quant à elles ouvert la voie aux applications à des branches des mathématiques parfois très anciennes (arithmétique), notamment en ce qui concerne les problèmes de sécurité des transmissions : cryptographie et théorie des codes.
131
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132
+ En contrepartie, les sciences informatiques influencent l'évolution moderne des mathématiques.
133
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134
+ Les mathématiques discrètes forment un domaine de recherche actuel des mathématiques visant à développer les méthodes utilisées en science informatique, incluant la théorie de la complexité, la théorie de l'information, la théorie des graphes… Parmi les problèmes ouverts, citons notamment le célèbre P=NP en théorie de la complexité, qui fait partie des sept problèmes du prix du millénaire. Celui qui arrivera à décider si P et NP sont différents ou égaux recevra un montant de 1 000 000 USD.
135
+
136
+ L'informatique est également devenue un outil essentiel à la découverte ou à la démonstration de certains théorèmes mathématiques. L'exemple le plus célèbre est celui du Théorème des quatre couleurs, démontré en 1976 à l'aide d'un ordinateur, car certains des calculs nécessaires sont trop complexes pour être réalisés à la main. Cette évolution bouleverse les mathématiques traditionnelles, où la règle était que le mathématicien puisse vérifier de lui-même chaque partie de la démonstration. En 1998, la Conjecture de Kepler semble avoir également été démontrée par ordinateur, et une équipe internationale travaille depuis sur la rédaction d'une preuve formelle.
137
+
138
+ En effet, si la preuve est rédigée de façon formelle, il devient alors possible de la vérifier à l'aide d'un logiciel particulier, appelé assistant de preuve. C'est la meilleure technique connue pour être (presque) certain qu'une démonstration assistée par ordinateur ne souffre d'aucun bug. En l'espace d'une trentaine d'années, le rapport entre les mathématiciens et l'informatique s'est donc complètement renversé : d'abord instrument suspect à éviter si possible dans l'activité mathématique, l'ordinateur est devenu au contraire un outil incontournable.
139
+
140
+ La biologie est grande consommatrice de mathématiques et notamment de probabilités. La dynamique d'une population se modélise couramment par des chaînes de Markov (théorie des processus discrets) ou par des équations différentielles couplées. Il en va de même pour l'évolution des génotypes : le principe de Hardy-Weinberg, souvent évoqué en génétique, relève de propriétés générales sur les processus à temps discret (existence de lois limites). Plus généralement, la phylogéographie fait appel à des modélisations probabilistes. De plus, la médecine use de tests (statistiques) pour comprendre la validité de tel ou tel traitement. Un domaine spécifique de recherche à la frontière de la biologie est né : la biomathématique.
141
+
142
+ Depuis le début du XXIe siècle, la chimie organique a fait appel à l'informatique pour pouvoir modéliser les molécules en trois dimensions : il s'avère que la forme d'une macromolécule en biologie est variable et détermine son action. Cette modélisation fait appel à la géométrie euclidienne ; les atomes forment une sorte de polyèdre dont les distances et les angles sont fixés par les lois d'interaction.
143
+
144
+ Les géologies structurales et climatologiques font appel à des modèles mêlant des méthodes probabilistes et analytiques, pour pouvoir prédire du risque de catastrophe naturelle. La complexité des modèles est telle qu'une branche de recherche est née à la frontière des mathématiques et de la géophysique, à savoir la géophysique mathématique. De même, la météorologie, l'océanographie et la planétologie sont grandes consommatrices de mathématiques car elles nécessitent des modélisations.
145
+
146
+ Le rapport des mathématiques avec les sciences humaines se fait essentiellement par les statistiques et les probabilités, mais aussi par des équations différentielles, stochastiques ou non, utilisées en sociologie, psychologie, économie, finance, gestion d'entreprise, linguistique…
147
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148
+ La logique est depuis l'Antiquité l'une des trois grandes disciplines de la philosophie, avec l'éthique et la physique. Des philosophes comme Pythagore et Thales de Milet ont formalisé les célèbres théorèmes géométriques portant leur nom. « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre », était-il gravé sur le portail de l'Académie de Platon, pour qui les mathématiques sont un intermédiaire pour accéder au monde des Idées.
149
+
150
+ Notamment, les mathématiques financières sont une branche des mathématiques appliquées visant à la compréhension de l'évolution des marchés financiers et de l'estimation des risques. Cette branche des mathématiques se développe à la frontière des probabilités et de l'analyse et use des statistiques.
151
+
152
+ Beaucoup plus subtil est le cas de l'économie mathématique. Le postulat fondamental de cette discipline est que l'activité économique peut se comprendre à partir d'un axiome de nature anthropologique, celui de l'acteur individuel rationnel. Dans cette vision, chaque individu cherche par ses actions à accroître un certain profit, et ce de façon rationnelle. Cette sorte de vision atomiste de l'économie permet à celle-ci de mathématiser relativement aisément sa réflexion, puisque le calcul individuel se transpose en calcul mathématique. Cette modélisation mathématique en économie permet de percer à jour des mécanismes économiques qui n'auraient pu être découverts que très difficilement par une analyse « littéraire ». Par exemple, les explications des cycles économiques ne sont pas triviales. Sans modélisation mathématique, on peut difficilement aller au-delà du simple constat statistique ou des spéculations non prouvées. Toutefois, certains sociologues, comme Bourdieu, et même certains économistes, refusent ce postulat de l'homo œconomicus, en remarquant que les motivations des individus comprennent non seulement le don, mais dépendent également d'autres enjeux dont l'intérêt financier n'est qu'une partie, ou tout simplement ne sont pas rationnelles. La mathématisation est donc, selon eux, un habillage permettant une valorisation scientifique de la matière.
153
+
154
+ On assiste également au début du XXe siècle, à une réflexion pour mettre les mouvements historiques en formule, comme le fait Nikolaï Kondratiev, qui discerne un cycle de base pour expliquer les phases d'expansion et de crise en économie politique, ou Nicolas-Remi Brück et Charles Henri Lagrange[15] qui, dès la fin du XIXe siècle, ont amplifié leur analyse jusqu'à pénétrer dans le domaine de la géopolitique, en voulant établir l'existence, dans l'histoire, de mouvements de vaste amplitude qui mènent les peuples à leur apogée, puis à leur déclin[16].
155
+
156
+ Cependant une mathématisation des sciences humaines n'est pas sans danger. Dans l'essai polémique Impostures intellectuelles, Sokal et Bricmont dénoncent la relation, non fondée ou abusive, d'une terminologie scientifique, en particulier mathématique et physique, dans le domaine des sciences humaines. L'étude de systèmes complexes (évolution du chômage, capital d'une entreprise, évolution démographique d'une population…) fait appel à des connaissances mathématiques élémentaires, mais le choix des critères de comptage, notamment dans le cas du chômage, ou de la modélisation peut être sujet à polémique.
157
+
158
+ L'écologie utilise également un grand nombre de modèles[17] pour simuler la dynamique des populations, étudier des écosystèmes comme le modèle proie-prédateur, mesurer les diffusions de pollutions[18] ou évaluer les changements climatiques issus du réchauffement[19]. Ces outils permettent de communiquer sur des données chiffrées, pour éventuellement les critiquer ou les confronter entre elles. Se pose alors le problème de la validation de ces modèles, notamment dans le cas où les résultats peuvent influer sur des décisions politiques et où l'existence de modèles contradictoires entre eux permet aux États de choisir le plus favorable à leur décision[20].
159
+
160
+ Les mathématiques ont entretenu pendant longtemps des liens très étroits avec l'astrologie. Celle-ci, par le biais de thèmes astraux, a servi de motivation dans l'étude de l'astronomie. Des mathématiciens de renom furent également considérés comme des grands astrologues. On peut citer Ptolémée, les astronomes de langue arabe, Regiomontanus, Cardan, Kepler, ou encore John Dee. Au Moyen Âge, l'astrologie est considérée comme une science se rangeant dans les mathématiques. Ainsi Theodor Zwingler signale dans sa grande encyclopédie, concernant l'astrologie, que c'est une science mathématique traitant du « mouvement actif des corps en tant qu'ils agissent sur d'autres corps » et réserve aux mathématiques le soin de « calculer avec probabilité les influences [des astres] » en prévoyant leurs « conjonctions et oppositions »[21]. Les théories astrologiques occidentales contemporaines se targuent de suivre des méthodes scientifiques. En particulier, l'astrologie statistique utilise les tests statistiques pour mettre en évidence d'éventuelles corrélations entre la position des astres et le devenir des hommes. Toutefois, ces études initiées par Choisnard et Gauquelin, menées à la marge de la recherche scientifique, n'ont, en date de 2009, pas été productives et n'ont réussi à donner aucune preuve recevable d'un lien de cause à effet.
161
+
162
+ Les mathématiques sont aussi une composante de l'ésotérisme. Très fréquemment, les mathématiciens eux-mêmes ont été tentés de trouver dans la figure ou le nombre un sens caché servant de clé dans la découverte du monde. Dans l'école pythagoricienne, chaque nombre a une signification symbolique et le serment des initiés se serait énoncé devant une tretraktys[22] De même Platon ne se contente pas d'énumérer les solides qui portent son nom il attribue à chacun d'eux une nature (eau, terre, feu, air, univers)[23]. L'arithmosophie, la numérologie, la gématrie, l'arithmancie tentent, à travers des calculs sur les nombres, de trouver des significations cachées à des textes ou d'en extraire des propriétés prédictives. On retrouve cette fascination pour le nombre et la figure encore de nos jours où certains attribuent des vertus cachées à un pentacle ou un nombre d'or.
163
+
164
+ Au XXIe siècle, ces disciplines ne sont plus considérées comme des sciences[24].
165
+
166
+ Les notes qui sonnent bien ensemble à une oreille occidentale sont des sons dont les fréquences fondamentales de vibration sont dans des rapports simples.
167
+ Par exemple, l'octave est un doublement de fréquence, la quinte une multiplication par 3⁄2.
168
+
169
+ Ce lien entre les fréquences et l'harmonie a été notamment détaillé dans le Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels de Jean-Philippe Rameau[25], compositeur baroque français et théoricien de la musique. Il repose en partie sur l'analyse des harmoniques (notées 2 à 15 dans la figure suivante) d'un son fondamental Do grave (noté 1), les premières harmoniques et leurs octaves sonnant bien entre elles.
170
+
171
+ Si la courbe tracée en rouge, qui suit les notes harmoniques, a une allure logarithmique, cela correspond au rapport entre deux phénomènes :
172
+
173
+ Les Occidentaux associent une certaine beauté aux figures symétriques. Une symétrie d'une figure géométrique est, intuitivement, l'existence d'un motif de la figure qui se répète suivant une règle précise, tout en étant partiellement transformé. Mathématiquement, une symétrie est l'existence d'une action non triviale d'un groupe, très souvent par isométrie, c'est-à-dire qui préserve les distances sur la figure. En d'autres termes, l'intuition de la règle est mathématiquement réalisée par le fait que c'est un groupe qui agit sur la figure, et le sentiment qu'une règle régit la symétrie est précisément dû à la structure algébrique de ce groupe.
174
+
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+ Par exemple, le groupe lié à la symétrie miroir est le groupe cyclique à deux éléments, ℤ/2ℤ. Un test de Rorschach est une figure invariante par cette symétrie, de même qu'un papillon et plus généralement le corps des animaux, du moins en surface. Lorsqu'on dessine la surface de la mer, l'ensemble des vagues possède une symétrie par translation : bouger notre regard de la longueur séparant deux crêtes de vagues ne change pas la vue que l'on a de la mer. Un autre cas de symétrie, cette fois non isométrique et presque toujours seulement approximative, est celui présenté par les fractales : un certain motif se répète à toutes les échelles de vision.
176
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+ La vulgarisation mathématique a pour objectif de présenter les mathématiques en un langage dénué de termes techniques. Comme l'objet d'études des mathématiques n'est pas réel, elle use souvent d'un vocabulaire imagé, et de comparaisons ou analogies non rigoureuses, pour faire sentir l'idée des développements mathématiques. Parmi les ouvrages qui se fixent ce but, citons Oh, les maths de Yakov Perelman et Le livre qui rend fou de Raymond Smullyan. Toutefois, les mathématiques font rarement l'objet de vulgarisation dans des journaux écrits ou télévisés.
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+ Si nombre de biographies portent sur les mathématiciens, les mathématiques sont un thème certes peu exploité dans la littérature ou la filmographie, mais présent.
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+ Les lipides constituent la matière grasse des êtres vivants. Ce sont des molécules hydrophobes ou amphiphiles — molécules hydrophobes possédant un domaine hydrophile — très diversifiées, comprenant entre autres les graisses, les cires, les stérols, les vitamines liposolubles, les mono-, di- et triglycérides, ou encore les phospholipides.
2
+
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+ Les lipides peuvent se présenter à l'état solide, comme les cires, ou bien liquide, comme les huiles. Leur nature amphiphile conduit les molécules de certains lipides à s'organiser en vésicules, liposomes et micelles lorsqu'elles se trouvent en milieu aqueux. Cette propriété est à la base des mécanismes du vivant, permettant la formation de structures biologiques — cellules, organites — délimitées par des membranes constituées principalement de lipides. Les lipides assurent par ailleurs diverses autres fonctions biologiques[1],[2], notamment de signalisation cellulaire (signalisation lipidique) et de stockage de l'énergie métabolique par lipogenèse, énergie ensuite libérée notamment par β-oxydation.
4
+
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+ Les lipides biologiques dérivent essentiellement de deux types de composés jouant le rôle de briques élémentaires, les groupes cétoacyle d'une part et les unités isoprène d'autre part. De ce point de vue, ils peuvent être classés en huit catégories différentes : les acides gras, les acylglycérols, les phosphoglycérides, les sphingolipides, les glycolipides et les polycétides, qui résultent de la condensation de groupes cétoacyle, auxquels s'ajoutent les stérols et les prénols, qui sont produits à partir d'unités isoprène[1].
6
+
7
+ Bien que le terme lipide soit souvent utilisé comme synonyme de graisse, ces deux termes ne sont pas équivalents car tous les lipides ne sont pas des graisses, lesquelles correspondent stricto sensu aux seuls triglycérides. Les lipides englobent à la fois les acides gras et leurs dérivés — y compris les mono-, di- et triglycérides ainsi que les phospholipides — mais aussi les métabolites comprenant des stérols, comme le cholestérol.
8
+
9
+ La classification des lipides est un sujet complexe qui se heurte à la difficulté de définir des critères objectifs permettant de distinguer les lipides des autres classes de molécules organiques. L'IUPAC, par exemple, a publié en 1994[3] une classification des lipides excluant le cholestérol, classé comme terpénoïde[4], bien que le cholestérol soit indiscutablement de nature lipidique pour une très large majorité de biochimistes[5]. La classification des lipides actuellement généralement acceptée[1] établit huit classes, fondées en partie sur les définitions de l'IUPAC.
10
+
11
+ Les acides gras sont des acides carboxyliques à chaîne aliphatique. Les acides gras naturels possèdent une chaîne carbonée de 4 à 36 atomes de carbone (rarement au-delà de 28) et typiquement en nombre pair. C'est cette chaîne carbonée qui confère aux acides gras leur caractère hydrophobe. Cette classe de molécules biologiques est présente en abondance chez les eucaryotes et les bactéries mais pas chez les archées, ce qui distingue ces dernières des bactéries parmi les procaryotes. La biosynthèse des acides gras est catalysée essentiellement par l'acide gras synthase et repose sur des condensations de Claisen successives d'unités malonyl-CoA ou méthylmalonyl-CoA sur une amorce d'acétyl-CoA.
12
+
13
+ Divers groupes fonctionnels contenant de l'oxygène, de l'azote, des halogènes ou du soufre peuvent être ajoutés à la chaîne hydrocarbonée des acides gras, qui peut être saturée ou insaturée et présenter dans ce cas une isomérie cis/trans affectant sensiblement la conformation générale des molécules. Les acides gras insaturés naturels adoptent généralement une configuration cis qui tend à courber la chaîne hydrocarbonée et ainsi à fluidifier les bicouches lipidiques en abaissant leur température de fusion ; il existe cependant des acides gras trans naturels, bien qu'ils résultent souvent d'un processus d'hydrogénation industrielle[6].
14
+
15
+ Certains acides gras ne peuvent être synthétisés en quantité suffisante par l'organisme et doivent alors être apportés entièrement ou partiellement par le régime alimentaire. C'est le cas notamment des acides gras dits « oméga-3 » et « oméga-6 », qui sont dits « essentiels ». Plus précisément, les mammifères sont incapables de synthétiser l'acide α-linolénique (ω-3) et l'acide linoléique (ω-6), mais peuvent en revanche convertir par exemple l'acide α-linolénique en acide docosahexaénoïque (DHA), un ω-3. Ces acides gras agissent de manière complexe dans l'organisme : les métabolites issus des oméga-6 sont pro-inflammatoires, prothrombotiques et hypertenseurs tandis que ceux issus des oméga-3 ont globalement un effet inverse.
16
+
17
+ Les eicosanoïdes sont un autre exemple d'acides gras qui jouent un rôle physiologique important, cette fois comme vecteurs de signalisation cellulaire (on parle dans ce cas de signalisation lipidique). Issus principalement de l'acide arachidonique et de l'acide eicosapentaénoïque, ils regroupent les prostaglandines, les leucotriènes, la prostacycline et les thromboxanes.
18
+
19
+ Acide palmitique, saturé
20
+
21
+ Acide oléique, insaturé
22
+
23
+ Acide arachidonique, un des précurseurs d'eicosanoïdes
24
+
25
+ Prostaglandine E2, eicosanoïde
26
+
27
+ Les glycérides sont constitués d'un résidu de glycérol estérifié par un, deux ou trois acides gras, ce qu'on appelle respectivement monoglycérides, diglycérides et triglycérides[7]. Les acides gras d'une même molécule de glycéride sont généralement différents les uns des autres. Ces lipides servent avant tout à stocker de l'énergie métabolique et constituent l'essentiel de la graisse animale. L'hydrolyse des liaisons ester pour libérer le glycérol et les acides gras constitue la première étape de la lipolyse, poursuivie notamment par la β-oxydation.
28
+
29
+ Certains glycolipides, organisés autour d'un résidu de glycérol lié par une liaison osidique à un ou plusieurs oses, sont considérés comme des glycérides, notamment les digalactosyldiacylglycérols membranaires des plantes[8], qu'on trouve également dans les séminolipides des spermatozoïdes chez les mammifères[9].
30
+
31
+ Les phosphoglycérides représentent, avec les sphingolipides, les principaux phospholipides, qui sont les principaux constituants des membranes biologiques — hormis chez les archées — et participent au métabolisme et à la signalisation cellulaire[10]. Les tissus nerveux et le cerveau en contiennent de grandes quantités, et des changements dans leur composition ont été impliqués dans divers troubles neurologiques[11].
32
+
33
+ Les phosphoglycérides bactériens diffèrent des phosphoglycérides d'eucaryotes par la position stéréochimique du groupe polaire sur le résidu de glycérol, les premiers étant sn-1 tandis que les seconds sont sn-3[12].
34
+
35
+ Parmi les phosphoglycérides des membranes biologiques se trouvent les phosphatidylcholines (lécithine), les phosphatidyléthanolamines et les phosphatidylsérines. Chez les eucaryotes, les phosphatidylinositols et les acides phosphatidiques jouent un rôle de messager secondaire (ou peuvent être précurseurs de messagers secondaires) en plus de leur rôle structurel dans les membranes. Des étherlipides dérivant structurellement de ces phosphoglycérides jouent également un rôle en signalisation cellulaire chez les eucaryotes, tels que les plasmalogènes, et sont les constituants essentiels des membranes plasmiques chez les archées[13].
36
+
37
+ Les sphingolipides forment un ensemble complexe de composés[14] constitués d'un alcool aliphatique aminé, produit de novo à partir de la sérine et d'une acyl-CoA à longue chaîne, et convertie en céramides, phosphosphingolipides, glycosphingolipides et d'autres composés. Le principal alcool aminé des mammifères est la sphingosine. Les céramides — N-acylsphingoïdes — forment un sous-ensemble important des dérivés sphingoïdes, avec un acide gras lié par une liaison amide. Ces acides gras sont généralement saturés ou mono-insaturés avec une chaîne hydrocarbonée de 16 à 26 atomes de carbone.
38
+
39
+ Les sphingolipides les plus importants sont les sphingomyélines, des phosphosphingolipides constitués d'un céramide lié à un phosphocholine chez les mammifères[15] ou à une phosphoéthanolamine chez les insectes[16], tandis que les mycètes ont des phytocéramides liés à des groupes inositol phosphate et contenant du mannose[17]. Les glycosphingolipides forment une famille de molécules diversifiée constituées d'un ou plusieurs résidus osidiques liés à la base sphingoïde par une liaison osidique, comme les cérébrosides et les gangliosides.
40
+
41
+ Les glycolipides résultent de l'estérification d'oses ou de l'amidification d'osamines par des acides gras, formant des structures moléculaires compatibles avec les bicouches lipidiques des membranes biologiques. Dans ces composés, un ose joue le rôle du glycérol pour les glycérides et les phosphoglycérides. Les glycolipides les plus courants sont les acyles de glucosamine précurseurs du lipide A du lipopolysaccharide des bactéries à Gram négatif. Les molécules de lipide A sont généralement des disaccharides de glucosamine, qui peuvent porter jusqu'à sept résidus d'acides gras. Le lipopolysaccharide minimal requis pour le développement d'E. coli est le Kdo2-lipide A, un disaccharide hexa-acétylé de glucosamine glycosylé avec deux molécules d'acide céto-3-désoxy-D-manno-octulosonique (KDO)[18].
42
+
43
+ Les polycétides sont une famille de molécules naturelles très diversifiées et pourvues de diverses activités biologiques et propriétés pharmacologiques produites par les animaux, les plantes, les bactéries, et les mycètes[19],[20]. Ils comprennent des macrolides, des ansamycines, des polyènes, des polyéthers, des tétracyclines, des acétogénines, ainsi que divers composés tels que l'acide usnique, le discodermolide ou le radicicol. On distingue les polycétides :
44
+
45
+ Ils sont généralement produits par condensation de Claisen d'acétyl-CoA, de propionyl-CoA et d'unités moléculaires dérivées de la malonyl-CoA, selon un processus semblable à celui de la biosynthèse des acides gras[21]. De nombreux polycétides sont des molécules cycliques dont la structure est modifiée par glycosylation, méthylation, hydroxylation, oxydation, voire d'autres réactions. De nombreux composés couramment utilisés comme antimicrobiens, antiparasitaires et anticancéreux sont des polycétides ou leurs dérivés, tels que l'érythromycine, les tétracyclines, les avermectines et les épothilones[22].
46
+
47
+ Les stérols, comme le cholestérol et ses dérivés, sont des constituants importants des membranes biologiques[23], à côté des phosphoglycérides et des sphingomyélines. Les stéroïdes, qui partagent tous le même noyau stérane à quatre cycles fusionnés, sont susceptibles d'agir biologiquement comme hormones et comme vecteurs de signalisation cellulaire (signalisation lipidique). Les stéroïdes à 18 atomes de carbone (C18) comprennent les œstrogènes tandis que les stéroïdes en C19 comprennent les androgènes tels que la testostérone et l'androstérone. Les stéroïdes en C21 comprennent les progestatifs ainsi que les glucocorticoïdes et les minéralocorticoïdes. Les sécostéroïdes, qui comprennent diverses formes de vitamine D (ergocalciférol et cholécalciférol notamment), sont caractérisés par le clivage du cycle B du noyau cyclopentanophénanthrène (stérane)[24]. Les acides biliaires et leurs conjugués sont d'autres exemples de stérols[25] ; chez les mammifères, ce sont des dérivés oxydés du cholestérol produits dans le foie. Chez les plantes, on trouve des phytostérols tels que le β-sitostérol, le stigmastérol, le brassicastérol, ce dernier étant également utilisé comme biomarqueur pour la croissance des algues[26]. L'ergostérol est le principal stérol membranaire chez les mycètes.
48
+
49
+ Nomenclature du stérane
50
+
51
+ Cholestérol
52
+
53
+ Les prénols sont synthétisés à partir de précurseurs à cinq atomes de carbones, l'isopentényl-pyrophosphate (IPP) et le diméthylallyl-pyrophosphate (DMAPP), issus de la voie du mévalonate[27] chez tous les eucaryotes supérieurs et la plupart des bactéries ; chez les plantes, certains protozoaires et la plupart des bactéries (dans ce cas, parallèlement à la voie du mévalonate), ces précurseurs sont issus de la voie du méthylérythritol phosphate.
54
+
55
+ Les isoprénoïdes simples sont formés par l'addition successive d'unités en C5 et sont classés selon le nombre de ces unités terpène. Les composés contenant plus de 40 atomes de carbone sont appelés polyterpènes.
56
+
57
+ Les caroténoïdes sont des isoprénoïdes simples importants qui agissent comme des antioxydants et comme précurseurs de la vitamine A[28].
58
+
59
+ Les quinones et les hydroquinones sont une autre classe de molécules, qui contiennent une chaîne latérale isoprénique attachée à un noyau quinonoïde d'origine non isoprénique[29]. La vitamine E et les vitamines K, ainsi que les ubiquinones, sont des exemples de cette classe.
60
+
61
+ Les bactéries produisent des polyprénols appelés bactoprénols dans lesquels l'unité isoprénique terminale liée à l'hydroxyle reste insaturée, tandis que les animaux produisent des dolichols dans lequel l'unité isoprénique terminale est réduite[30].
62
+
63
+ Les cellules d'eucaryotes sont compartimentées en organites délimités par des membranes et qui réalisent différentes fonctions biologiques. Les principaux constituants de ces membranes sont les phosphoglycérides : c'est le cas par exemple dans les membranes plasmiques et le système endomembranaire. Ce sont des molécules amphiphiles, c'est-à-dire qu'elles possèdent à la fois une région hydrophile — un résidu de glycérol-3-phosphate souvent appelé « tête hydrophile » — et une région hydrophobe souvent appelée « queue hydrophobe » constituée d'acides gras. Les membranes contiennent également des lipides autres que les phosphoglycérides, notamment des sphingomyélines et des stérols, ces derniers étant surtout représentés chez les animaux par le cholestérol.
64
+
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+ Les membranes biologiques s'organisent autour d'une bicouche lipidique, constituée de deux feuillets parallèles dans lesquels les phosphoglycérides s'orientent pour présenter leur tête hydrophile au contact de l'eau et leurs queues hydrophobes au contact de l'autre feuillet. La formation d'une telle bicouche est thermodynamiquement favorable lorsque des phosphoglycérides se trouvent en milieu aqueux : c'est l'effet hydrophobe[31] ; l'orientation et la distribution spatiale des molécules d'eau autour d'une telle bicouche est étroitement conditionnée par la configuration des molécules amphiphiles qui la composent, de sorte que ces molécules d'eau forment comme des « clathrates » autour des lipides solvatés[32]. De telles bicouches tendent également à se refermer sur elles-mêmes, formant des vésicules. Selon la concentration en lipides, leur interaction biophysique peut conduire à la formation de micelles, de liposomes ou de surfaces membranaires. D'autres modes d'agrégation sont également observés et relèvent du polymorphisme des molécules amphiphiles. Le comportement des phases lipidiques est un domaine d'étude en biophysique et fait l'objet de recherches académiques[33],[34]. Selon certaines théories, la formation de protocellules (en) délimitées par une membrane lipidique aurait été une étape de l'abiogenèse[35].
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67
+ Chez les plantes, les membranes de thylakoïdes sont particulièrement riches en monogalactosyl diglycérides (MGDG), qui ne forment pas spontanément de bicouche lipidique mais entrent néanmoins dans de telles structures lorsqu'ils interagissent avec les caroténoïdes et les chlorophylles des membranes de thylakoïdes[36], de sorte que les membranes des thylakoïdes s'organisent en bicouche lipidique dynamique[37] ; elles contiennent en revanche peu de phospholipides.
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69
+ Les triglycérides stockés dans le tissu adipeux est la principale forme de stockage de l'énergie chez les animaux et les plantes. Les adipocytes sont les cellules chargées de la synthèse et de la dégradation des triglycérides chez les animaux ; chez ces derniers, la dégradation des triglycérides est essentiellement contrôlée par la lipase hormonosensible[38]. L'oxydation complète des acides gras, essentiellement par β-oxydation, fournit davantage d'énergie — sous forme d'ATP — que celle des glucides et des protéines : environ 37 kJ·g-1 contre 17 kJ·g-1 respectivement[39]. Les triglycérides sont par exemple le carburant utilisé par les oiseaux migrateurs pour assurer leurs vols à longue distance.
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+ Ce n'est qu'assez récemment qu'a été établi le rôle déterminant de la signalisation lipidique comme composante de la signalisation cellulaire[40],[41]. La signalisation lipidique peut faire intervenir des récepteurs couplés aux protéines G ou des récepteurs nucléaires, et différents types de lipides ont été identifiés comme molécules de signalisation cellulaire et comme messagers secondaires[42]. On compte parmi eux la sphingosine-1-phosphate, un sphingolipide issu d'un céramide et agissant comme un puissant messager intervenant dans la régulation de la mobilisation du calcium[43], dans la croissance des cellules et dans l'apoptose[44] ; les diglycérides et les phosphatidylinositol phosphates (PIP), qui interviennent dans l'activation de la protéine kinase C[45] ; les prostaglandines, qui sont des eicosanoïdes impliqués dans les processus inflammatoires et immunitaires[46] ; les hormones stéroïdiennes telles que l'œstrogène, la testostérone et le cortisol, qui régulent les diverses fonctions du métabolisme, la reproduction et la pression artérielle ; les oxystérols tels que le 25-hydroxycholestérol, qui sont des agonistes des récepteurs nucléaires des oxystérols[47].
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+ Les lipides de type phosphatidylsérine sont connus pour intervenir dans la signalisation de la phagocytose des cellules apoptotiques. Ils assurent cette fonction en se retrouvant dans le feuillet externe de la membrane plasmique après inactivation des flippases, qui les placent exclusivement dans le feuillet cytosolique, et activation des scramblases, qui les font passer d'un feuillet à l'autre : la présence de phosphatidylsérines dans le feuillet externe de la membrane plasmique est reconnue par certaines cellules, qui les phagocytent, de même qu'elles phagocytent d'éventuels fragment cellulaires exposant le feuillet interne de la membrane plasmique[48].
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+ Les vitamines liposolubles — vitamine A, vitamines D, vitamine E et vitamines K — sont des terpénoïdes emmagasinés dans le foie et les tissus adipeux. Ce sont des substances essentielles assurant diverses fonctions biologiques. Les acylcarnitines interviennent dans le métabolisme des acides gras et leur transport dans et hors des mitochondries, à l'intérieur desquelles ils sont dégradés par β-oxydation[49]. Les polyprénols et leurs dérivés phosphorylés jouent quant à eux un rôle important dans le transport des oligosaccharides à travers les membranes. Les dérivés osidiques à polyprénol phosphate et polyprénol diphosphate interviennent dans les réactions de glycosylation extra-cytoplasmiques, dans la biosynthèse extracellulaire de polysaccharides (par exemple dans la polymérisation du peptidoglycane chez les bactéries) et dans la N-glycosylation des protéines chez les eucaryotes[50],[51]. Les cardiolipines sont une sous-classe de phosphoglycérides contenant quatre résidus acyle et trois résidus de glycérol ; elles sont particulièrement abondantes dans la membrane mitochondriale interne[52],[53]. On pense qu'elles activent les enzymes qui interviennent dans la phosphorylation oxydative[54].
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+ Les triglycérides, les stérols et les phospholipides membranaires des plantes et des animaux constituent l'essentiel des lipides de l'alimentation humaine et de celle des autres animaux. Le métabolisme lipidique est l'ensemble des processus par lesquels chaque tissu synthétise et dégrade ses lipides structurels et fonctionnels.
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+ La digestion de certains lipides commence au niveau de la bouche avec l'action de la lipase linguale, une enzyme qui clive certains triglycérides à chaînes courtes en diglycérides et acides gras, tandis que les mucines de la salive des mammifères contribuent, par leur viscosité et leur action mécanique, à dissocier le bol alimentaire et à libérer les lipides.
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+ Cependant, les lipides sont digérés essentiellement dans l'intestin grêle. La présence de graisses à ce niveau favorise la sécrétion d'hormones qui stimulent la libération, par le pancréas de la lipase pancréatique, enzyme active à pH acide, et de bile, cette dernière conduisant à une émulsion permettant l'absorption des lipides. La digestion complète des triglycérides conduit à un mélange d'acides gras, de monoglycérides, de diglycérides et de triglycérides non digérés, mais pas de glycérol libre.
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+ Les triglycérides ne peuvent être absorbés par l'intestin grêle. En revanche, les entérocytes de la paroi intestinale absorbent le contenu des micelles en suspension dans la bile et reforment des triglycérides conditionnés avec des lipoprotéines dans de grandes micelles appelées chylomicrons. Ces derniers sont sécrétés dans les chylifères du système lymphatique, qui les déverse ensuite dans le sang depuis le conduit thoracique. Ainsi, contrairement aux autres nutriments, les triglycérides absorbés par l'alimentation passent dans le sang en court-circuitant le foie.
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+
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+ Chez les animaux, des lipides peuvent être produits en réponse à l'absorption d'un excès de glucides (sucres). Ceci fait intervenir la biosynthèse des acides gras à partir d'acétyl-CoA, puis l'estérification d'une molécule de glycérol par les acides gras produits pour former une molécule de triglycéride. Ce processus est appelé lipogenèse.
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+ Les acides gras sont produits par l'acide gras synthase, une enzyme qui polymérise les monomères acétyl-CoA, puis réduit le polymère résultant. La chaîne acyle de l'acide gras est allongée de manière itérative par un cycle de réactions qui ajoutent un groupe acétyle, le réduit en alcool, le déshydrate en alcène, et enfin le réduit à nouveau pour former un groupe alcane.
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+ Les enzymes de la biosynthèse des acides gras sont classées en deux groupes distincts : chez les animaux et les champignons, toutes ces réactions sont réalisées par une protéine unique se comportant comme une enzyme multifonctionnelle[55], tandis que, chez les plastes des plantes et les bactéries, ces réactions sont réalisées chacune par une protéine dédiée, chacune se comportant comme une enzyme monofonctionnelle réalisant une étape particulière de cette voie métabolique[56],[57]. Ces acides gras peuvent être par la suite convertis en triglycérides qui sont conditionnés dans des lipoprotéines sécrétées par le foie.
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+ La biosynthèse des acides gras insaturés fait intervenir des réactions de désaturation par lesquelles un double liaison est introduite dans la chaîne de l'acide gras. Ainsi, chez l'homme, la désaturation de l'acide stéarique par la stéaryl-CoA 9-désaturase conduit à l'acide oléique. L'acide linoléique, doublement insaturé, ainsi que l'acide α-linolénique, triplement insaturé, ne peuvent pas être produits par les tissus des mammifères, de sorte qu'ils doivent nécessairement être apportés par l'alimentation : ce sont des acides gras essentiels.
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+ La biosynthèse des triglycérides intervient dans le réticulum endoplasmique à travers des voies métaboliques qui transfèrent les résidus acyle d'unités acyl-CoA aux groupes hydroxyle d'un résidu de glycérol.
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+ Les terpènes et terpénoïdes, dont font partie les caroténoïdes, sont formés par assemblage et modification d'unités isoprène fournis par l'isopentényl-pyrophosphate et le diméthylallyl-pyrophosphate[27]. Ces précurseurs peuvent être obtenus de différentes manières. Chez les animaux et chez les archées, la voie du mévalonate produit ces molécules à partir de l'acétyl-CoA[58], tandis que les plantes et les bactéries les produisent à partir de pyruvate et de glycéraldéhyde-3-phosphate à travers la voie du méthylérythritol phosphate[27],[59]. La biosynthèse des stéroïdes est l'une des utilisations de tels isoprénoïdes activés les plus importantes, par l'intermédiaire du squalène et du lanostérol. Ce dernier peut ensuite être converti en cholestérol et en ergostérol[59],[60].
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+
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+ La β-oxydation est la voie métabolique par laquelle les acides gras sont dégradés en acétyl-CoA dans les mitochondries et/ou dans les peroxysomes. L'oxydation des acides gras est, pour une large part, semblable, en sens inverse, à la biosynthèse des acides gras : des unités de deux atomes de carbone sont retirées séquentiellement à partir de l'extrémité de la chaîne hydrocarbonée de l'acide gras à l'issue de réactions de déshydrogénation, d'hydratation et d'oxydation pour former un β-cétoacide, clivé par thiolyse. L'acétyl-CoA est enfin converti en ATP, CO2 et H2O à travers le cycle de Krebs et la chaîne respiratoire. L'oxydation complète d'une molécule de palmitate produit ainsi 108 molécules d'ATP. La dégradation des acides gras insaturés ou à nombre impair d'atomes de carbone nécessitent des enzymes supplémentaires.
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+ L'essentiel des lipides absorbés par l'alimentation est présent sous forme de triglycérides, de cholestérol et de phospholipides. Ils facilitent l'absorption des vitamines liposolubles — vitamine A, vitamine D, vitamine E et vitamine K — et des caroténoïdes. Chez les mammifères, certains acides gras, appelés acides gras essentiels, doivent être apportés par l'alimentation car ils ne peuvent être produits par l'organisme à partir d'autres précurseurs. C'est par exemple le cas de l'acide linoléique, un acide gras oméga-6, et de l'acide α-linolénique, un acide gras oméga-3. Ces deux acides gras essentiels sont des acides gras polyinsaturés à 18 atomes de carbone qui ne diffèrent que par le nombre et la position des doubles liaisons. La plupart des huiles végétales sont riches en acide linoléique, comme l'huile de carthame, l'huile de tournesol et l'huile de maïs. L'acide α-linolénique est présent dans les feuilles vertes et dans un ensemble de graines, de fruits à écale et de gousses, notamment l'huile de lin, l'huile de colza, l'huile de noix et l'huile de soja[61]. Les huiles de poisson sont particulièrement riches en acides gras ω-3 à longue chaîne tels que l'acide eicosapentaénoïque (EPA) et l'acide docosahexaénoïque (DHA). De nombreuses études ont démontré les effets bénéfiques pour la santé d'un régime alimentaire riche en acides gras ω-3 du point de vue du développement des enfants, de la prévention de cancers, de maladies cardiovasculaires et de divers troubles psychiques tels que la dépression, le trouble du déficit de l'attention et la démence[62],[63]. A contrario, il est établi que la consommation d'acides gras trans tels que ceux présents dans les huiles végétales hydrogénées sont des facteurs de risque accru pour les maladies cardiovasculaires[64],[65],[66].
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+ Si la nature des lipides absorbés par l'alimentation est déterminante pour la santé, leur quantité totale importe finalement assez peu. Quelques études ont lié la quantité totale de lipides absorbés à un risque accru d'obésité[67],[68] et de diabète[69], mais de nombreuses études, dont certaines réalisées sur un grand nombre de personnes pendant plusieurs années[70], n'ont pas établi de tels liens[71],[72]. Ces études ne permettent pas non plus d'établir un lien entre le pourcentage de calories apportées par les lipides et un risque accru de cancer, de maladie cardiovasculaire ou d'obésité ; ainsi, contrairement aux idées véhiculées au siècle dernier, les régimes à faible apport en graisses ne sont pas nécessairement bénéfiques pour la santé[73], car les plats dits allégés issus de l'industrie agroalimentaire sont souvent enrichis en sucres cachés[74],[75],[76].
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+ En physique, la matière est ce qui compose tout corps ayant une réalité tangible. C'est-à-dire plus simplement c'est une substance matérielle « dont les caractéristiques fondamentales sont l'étendue et la masse »[1] et donc occupe de l'espace. Les quatre états les plus communs sont l'état solide, l'état liquide, l'état gazeux et l'état plasma. Réciproquement, en physique, tout ce qui a une masse est de la matière.
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+ La matière ordinaire qui nous entoure est formée de baryons et constitue la matière baryonique. Cette définition exclut les bosons fondamentaux, qui transportent les quatre forces fondamentales, bien qu'ils aient une masse et/ou une énergie.
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+ Ne pas confondre avec matériau, qui est le type, la sorte ou la classe de matière utilisé pour réaliser une pièce.
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+ Du latin « materia » (bois, matériaux de construction) correspondant au grec « hyle » (matériaux forêt, jungle, bois, construction).
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+ En langue française, on trouve historiquement du XIIe siècle jusqu'au XXe siècle le concept de substance matérielle tangible[1].
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+ En général, avec le terme matière des philosophes ont fait référence à la réalité sensible, tout ce qui peut être objet d'expérience[2].
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+ La matière peut se retrouver dans plusieurs états ou phases. Les quatre états les plus connus sont solide, liquide, gazeux, et plasma. Il existe aussi d'autres états un peu plus exotiques, tels que cristal liquide, condensat de Bose-Einstein, superfluide et fluide supercritique. Lorsque la matière passe d'un état à l'autre, elle effectue une transition de phase. Attention : un changement d'état n'est pas une transformation chimique ! Ce phénomène est étudié en thermodynamique via les diagrammes de phase. La transition de phase se produit lorsque certaines caractéristiques de la matière changent : pression, température, volume, densité, énergie, etc.
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+ La matière au niveau fondamental est constituée de quarks et de leptons. Les quarks se combinent pour former des hadrons, principalement des baryons et des mésons via la force forte, et sont présumés toujours confinés ainsi. Parmi les baryons se trouvent le proton (dont la charge électrique est positive) et le neutron (de charge électrique nulle), qui eux se combinent pour former les noyaux atomiques de tous les éléments chimiques du tableau périodique. Normalement, ces noyaux sont entourés d'un nuage d'électrons (de charge électrique négative et exactement opposée à celle du proton). L'ensemble formé par un noyau et un nuage qui comprend autant d'électrons négatifs que de protons positifs présents dans le noyau est un atome. Il est électriquement neutre, sinon, c'est un ion[3]. Les atomes peuvent s'agencer entre eux pour former des structures plus grosses et plus complexes, telles que les molécules. Une quantité de particules de matière s'exprime avec l'unité : la mole.
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+
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+ La chimie est la science qui étudie comment se combinent les noyaux et les électrons pour former divers éléments et molécules.
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+ Chaque particule élémentaire et, par extension, toute particule composite est associée à une (anti-)particule d'antimatière (par exemple électron-positron ou proton-antiproton). Une particule d'antimatière se distingue de sa partenaire par le fait que sa charge électrique soit opposée. En outre, les nombres baryoniques et leptoniques sont conservés. Toutefois, de telles particules possèdent la même masse.
17
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18
+ Bien que les lois fondamentales de la physique n'indiquent pas une préférence pour la matière par rapport à l'antimatière, les observations cosmologiques indiquent que l'Univers est presque exclusivement constitué de matière[4],[5].
19
+
20
+ À noter que la plus grande partie (99,99 % du volume) d’un atome est constituée de vide. C’est ce que l’on appelle une structure lacunaire, qui a été prouvée par l’expérience de Lord Ernest Rutherford. Les noyaux (donc la matière à proprement dit) de deux atomes qui constituent la « matière » sont séparés par une grande distance de vide[6].
21
+
22
+ Les travaux d'Albert Einstein en relativité restreinte nous ont légué la fameuse équation E = mc2, où E est l'énergie au repos d'un système, m est sa masse et c est la vitesse de la lumière dans le vide. Cela implique donc que la masse est équivalente à de l'énergie et inversement.
23
+
24
+ Ainsi par exemple lorsque plusieurs particules se combinent pour former des atomes, la masse totale (au repos) de l'assemblage est plus petite que la somme des masses des constituants (au repos) car en fait une partie de la masse des constituants est convertie en énergie de liaison, nécessaire pour assurer la cohésion de l'ensemble. On appelle ce phénomène le défaut de masse.
25
+
26
+ Ce même physicien a établi le lien entre la courbure de l'espace-temps et de la masse-énergie grâce à la théorie de la relativité générale : la masse (l'inertie) de la matière (ou une équivalence en énergie) courbe l'espace-temps « indique » les géodésiques à suivre, les trajectoires possibles. Ainsi, en relativité générale, la matière et l'énergie sont regroupées sous la même bannière et une façon d'en mesurer la quantité est d'observer la courbure de l'espace-temps qui les contient.
27
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28
+ À l'origine, la matière désigne l'élément naturel destiné à être « informé » (travaillé) par l'homme (le bois, l'argile) ; puis elle est devenue progressivement le fond indifférencié, le réceptacle. Devenue pur concept, elle est atteinte par une opération de l'esprit et correspond à ce qui pourrait subsister si l'on faisait abstraction de toutes les qualités particulières d'une chose. Elle n'est pas un simple matériau passif mais manifeste une certaine nécessité interne qui autorise à la faire figurer parmi les causes ou même les principes[7].
29
+
30
+ C'est Aristote qui porte cette notion au statut de concept « j'appelle matière le premier « substrat », hupokeimenon, de chaque chose, d'où une chose advient et qui lui appartient d'une façon immanente et non par accident […] Les êtres sensibles sont des composés de matière et de forme, et la matière est le substrat du changement »[7].
31
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32
+ Il y a dualisme entre matière et esprit. L'une est solide, rigide, tangible et immobile de même que limitée, alors que l'esprit est évanescent, créateur, dynamique et principalement sensitif. Ainsi, le fait de mélanger esprit et matière faisait partie du plan de Dieu. L'homme est ainsi à la frontière entre le monde créé qui comporte les trois premiers règnes (minéral, végétal et animal) et le monde créateur. Or, de cette situation l'homme sur cette terre se voit attribuer une tâche, une finalité à savoir élever la matière, créer un lien entre le monde créé et le monde créateur, ceci afin que la Vie puisse circuler librement dans toute la création. En d'autres termes, l'Esprit jouerait un rôle primordial sur la matière, selon John Eccles qui reçut le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1963[8].
33
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34
+ Teilhard de Chardin affirmait que nos pensées sont des énergies vivantes, des énergies psychiques qui imprègnent le milieu. Ainsi, « L'univers est collecteur et conservateur, non pas d'énergie mécanique mais de personne. L'esprit n'est plus indépendant de la Matière, ni opposé à elle, mais émerge laborieusement d'elle sous l'attrait de Dieu par voie de synthèse et de contraction »[9].
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36
+ Cette vision des choses expliquerait notamment les phénomènes de télépathie et l'affirmation selon laquelle les lieux posséderaient une mémoire, et qu'ainsi on trouve des lieux dits « maudits » de même que des lieux dits lieux saints.[réf. nécessaire]
37
+
38
+ Teilhard qui inventa le principe de noosphère, sorte de milieu d'énergies psychiques qui envelopperait la terre, affirme ainsi que selon la nature des pensées humaines bonnes ou mauvaises, ces dernières imprégnant le milieu, seraient, entre autres, capables de dégénérer les organismes de vie, viendraient alors les maladies. Cette thèse rejoint en fait la parabole du jardin d’Éden dont Adam et Ève furent chassés par leur péché. Dans ce cas, la matière n'est rien d'autre qu'une pâte à modeler pour l'esprit, pour l'être humain, et que nous avons la création dans notre charge. La matière, au sens propre comme au sens figuré, est notre poids à porter.
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+ Dans l'économie moderne, on produit de plus en plus d'informations, qui sont stockées et diffusées sur des supports d'information matériels.
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+ Les principaux supports d'information sont le papier, et, de plus en plus, les équipements électroniques qui stockent de l'information (matériels informatiques, réseaux, bases de données, systèmes de gestion électronique des documents, systèmes de gestion de contenu) ou la diffusent (réseaux).
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+ Dans ce qu'on appelle quelquefois l'économie de l'immatériel, on fait souvent passer l'information du support papier au support électronique dans un processus appelé dématérialisation. On voit que les termes « économie de l'immatériel » et « dématérialisation » sont peu appropriés, car en réalité on ne fait que changer le support de l'information. Le nouveau support, électronique, est lui aussi matériel.
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+ On présente quelquefois la dématérialisation comme un avantage du point de vue du respect de l'environnement et du développement durable. Mais en réalité les choses ne sont pas si simples, car l'utilisation des deux types de supports d'information consomme de l'énergie et des ressources naturelles (bois pour le papier, métaux pour les équipements électroniques) et génère des déchets (les vieux papiers et les déchets d'équipements électriques et électroniques).
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+ Le bilan global n'est donc pas si simple à établir du point de vue de l'environnement et du développement durable.
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+ Henri Matisse, né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis et mort le 3 novembre 1954 à Nice, est un peintre, dessinateur, graveur et sculpteur français.
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+ Figure majeure du XXe siècle, son influence sur l'art de la seconde partie de ce siècle est considérable par l'utilisation de la simplification, de la stylisation, de la synthèse et de la couleur comme seul sujet de la peinture, aussi bien pour les nombreux peintres figuratifs ou abstraits qui se réclameront de lui et de ses découvertes. Il fut le chef de file du fauvisme.
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+ De Pablo Picasso, qui fut son ami et le considérait comme son grand rival[2], à Andy Warhol qui « voulait être Matisse[3] », tous les peintres du XXe siècle ont été confrontés à la gloire et au génie de Matisse.
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+ Henri Matisse naît le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis en France, fils d’un marchand de grains. Sa mère est peintre amateur. Après la guerre franco-allemande, en 1871, la famille déménage à Bohain-en-Vermandois où Matisse passe sa jeunesse. Il commence sa vie professionnelle comme clerc de notaire chez maître Derieux à Saint-Quentin[4]. À 20 ans, à la suite d'une crise d'appendicite, il est contraint de rester alité pendant de longues semaines. Grâce à son voisin et ami peintre amateur, Léon Bouvier, Matisse découvre le plaisir de peindre. Sa mère lui offre une boîte de peinture. Il réalise ses premières œuvres, plus particulièrement un Chalet suisse, chromo reproduit dans les boîtes de peinture en vente à l'époque, dont Henri Matisse peindra une copie, qu'il signera « Essitam[5] ».
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+ Dès son rétablissement, tout en réintégrant l'étude, il s'inscrit au cours de dessin de l'école Quentin-de-La Tour destinée aux dessinateurs en textile de l'industrie locale.
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+ Il peint son premier tableau, Nature morte avec des livres, en juin 1890[6].
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+ Peu après, il se rend à Paris. En 1892, Matisse rencontre Albert Marquet à l'École des Arts déco. C'est le début d'une amitié indéfectible entre les deux hommes qui échangeront par la suite une abondante correspondance[7]. En 1895, Matisse s'inscrit à l'École des beaux-arts, dans l'atelier de Gustave Moreau. L'enseignement du maître encourage ses élèves à penser leur peinture, à la rêver, au-delà de la virtuosité technique. Matisse, comme ses condisciples, Georges Rouault, Léon Lehmann, Simon Bussy, Eugène Martel, Albert Huyot ou Henri Evenepoel, est stimulé par cette conception de la peinture et entend développer la sienne selon son individualité. Gustave Moreau, lors d'une correction, lui dit : « Vous allez simplifier la peinture »[8]
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+ Cette prophétie peut être considérée comme le programme esthétique de l'œuvre d'Henri Matisse.
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+ En 1896, Matisse expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des beaux-arts, dont il devient membre associé sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes. Cette fonction lui permet notamment d'exposer sans passer par un jury. Il passe l'été à Belle-Île-en-Mer et rencontre l'Australien John Peter Russell, qui l'introduit auprès d'Auguste Rodin et Camille Pissarro. Il commence à s'intéresser à la peinture impressionniste qu'il découvre en 1897 au musée du Luxembourg. Il est alors un peintre classique de natures mortes réalistes aux textures amples. Pour gagner sa vie, Matisse et Marquet travaillent comme peintre décorateurs à la journée, pour les décorateurs de théâtre[9].
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+ Le 31 août 1894 naît sa fille Marguerite[10] dont la mère, Caroline Joblaud, est un de ses modèles[11]. Le 8 janvier 1898, Matisse épouse Amélie Parayre[12]. Ils ont deux enfants, Jean en 1899[13] et Pierre[14] en 1900 tous deux nés à Toulouse où les Matisse vivent près des parents d'Amélie[15]. Le couple Matisse élève les trois enfants. Ils partent en voyage de noces à Londres où, sur les conseils de Pissarro, Matisse découvre la peinture de Joseph Mallord William Turner. Puis Matisse s'installe en Corse[16], il habite dans une villa dont il a loué le dernier étage meublé à un certain De la Rocca. Henri Matisse peint, à Ajaccio, une cinquantaine de toiles dont Le Mur rose qui représente l'arrière de l'hospice Eugénie vu depuis la Villa de la Rocca. Matisse s'inspire alors de Turner.
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+ En 1899, il découvre le traité de Paul Signac, D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme[17]. À partir de 1900, Matisse travaille la sculpture et le modelage, à l'Académie de la Grande Chaumière, sous la direction d'Antoine Bourdelle et fréquente également l'atelier d'Eugène Carrière. Il y fait la connaissance d'André Derain et de Jean Puy. Derain lui présente Maurice de Vlaminck. Il expose au Salon des indépendants (1901) et participe à la première édition du Salon d'automne (1903). En 1902, Berthe Weill devient son premier marchand et, en 1904, Ambroise Vollard lui consacre sa première exposition personnelle ; cette année-là, il prend un atelier rue de Sèvres, dans l'ancien Couvent des Oiseaux.
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+ En 1900, Matisse achète à Ambroise Vollard Les Trois Baigneuses de Cézanne, toile aujourd'hui au Petit Palais de Paris. Matisse gardera toujours cette toile avec lui, refusant même de la vendre dans les moments difficiles[18], avant de la donner, en 1936, au musée parisien. Car, pour Matisse : « Cézanne est notre maître à tous »[19].
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+ Au début de 1905, Matisse participe au Salon des indépendants. L'été de 1905, il séjourne sur les bords de la Méditerranée, à Collioure[20], en compagnie de Derain. Il rencontre le sculpteur Maillol. Au Salon d'automne de 1905, l'accrochage des œuvres de Matisse, Albert Marquet, Vlaminck, Derain et Kees van Dongen provoque un scandale par les couleurs pures et violentes posées en aplat sur leurs toiles. À la vue de ces tableaux regroupés dans une même salle, le critique Louis Vauxcelles, dans un article intitulé « Le Salon d'automne », publié dans Gil Blas, le 17 octobre 1905, décrit le salon salle par salle. Il écrit notamment « Salle no  VII. MM. Henri Matisse, Marquet, Manguin, Camoin, Girieud, Derain, Ramon Pichot. Salle archi-claire, des oseurs, des outranciers, de qui il faut déchiffrer les intentions, en laissant aux malins et aux sots le droit de rire, critique trop aisée. […] Au centre de la salle, un torse d'enfant et un petit buste en marbre, d'Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l'orgie des tons purs : « Donatello chez les fauves[21] ».
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+ L'appellation de « fauve » est aussitôt adoptée et revendiquée par les peintres eux-mêmes. Cette période marque également la reconnaissance du travail de Matisse, lui permettant enfin une relative aisance matérielle ; il devient le chef de file du fauvisme.
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+ Matisse s'en explique ainsi :
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+ « Le fauvisme secoue la tyrannie du divisionnisme. On ne peut pas vivre dans un ménage trop bien fait, un ménage de tantes de province. Ainsi on part dans la brousse pour se faire des moyens plus simples qui n'étouffent pas l'esprit. ll y a aussi à ce moment, l'influence de Gauguin et Van Gogh. Voici les idées d'alors : construction par surfaces colorées, recherche d'intensité dans la couleur. La lumière n'est pas supprimée, mais elle se trouve exprimée par un accord des surfaces colorées intensément. Mon tableau La Musique était fait avec un beau bleu pour le ciel, le plus bleu des bleus. La surface était colorée à saturation, c'est-à-dire jusqu'au point où le bleu, l'idée du bleu absolu, apparaissait entièrement, le vert des arbres et le vermillon vibrant des corps. J'avais avec ces trois couleurs mon accord lumineux, et aussi la pureté dans la teinte. Signe particulier, la couleur était proportionnée à la forme. La forme se modifiait, selon les réactions des voisinages colorés. Car l'expression vient de la surface colorée que le spectateur saisit dans son entier[22]. »
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+ André Gide écrit dans Promenade au salon d'Automne :
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+ « Je veux admettre que M. Henri Matisse ait les plus beaux dons naturels. […] Les toiles qu'il présente aujourd'hui ont l'aspect d'exposés de théorèmes. […] Tout peut s'y déduire, expliquer, l'intuition n'a que faire[23]. »
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+ … Alors que sur les murs de Montparnasse, on pouvait lire : « Matisse rend fou, Matisse est plus dangereux que l'absinthe[23]. » La même année, il rencontre Edmond-Marie Poullain et Signac lui achète Luxe, Calme et Volupté.
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+ En 1907, Guillaume Apollinaire écrit dans ses critiques :
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+ « Tout tableau, tout dessin d’Henri Matisse possède une vertu qu’on ne peut toujours identifier, mais qui est une force véritable. Et c’est la force de l’artiste de ne point la contrarier, de la laisser agir. Si l’on devait comparer l’œuvre d’Henri Matisse à quelque chose, il faudrait choisir l’orange. Comme elle, l’œuvre d’Henri Matisse est un fruit de lumière éclatante. Avec une entière bonne foi et un pur souci de se connaître et de se réaliser, ce peintre n’a cessé de suivre son instinct. Il lui laisse le soin de choisir entre les émotions, de juger et de limiter la fantaisie et celui de scruter profondément la lumière, rien que la lumière. À vue d’œil, son art s’est dépouillé et malgré sa simplicité toujours plus grande il n’a pas manqué de devenir plus somptueux. Ce n’est pas l’habileté qui rend ainsi cet art plus simple et l’œuvre plus lisible. Mais, la beauté de la lumière se confondant chaque jour davantage avec la vertu de l'instinct auquel l’artiste se fie entièrement, tout ce qui contrariait cette union disparaît comme il arrive aux souvenirs de se fondre dans les brouillards du passé[24]. »
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44
+ Le 18 septembre 1909, Matisse signe son contrat avec la galerie Josse et Gaston Bernheim qui l'expose. Ce contrat prévoit que Matisse touche 25 % du prix de vente des toiles. Le contrat de trois ans fut renouvelé pendant dix-sept ans. Matisse se trouvait selon, ses propres mots : « condamné à ne plus faire que des chefs-d'œuvre. »
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+ Matisse rencontre Leo et Gertrude Stein, collectionneurs américains, vivant à Paris, qui lui achètent Femme au chapeau (San Francisco Museum of Modern Art), un portrait de madame Matisse qui était exposé dans la « cage aux fauves ». En 1907, chez eux, il rencontre Picasso. Gertrude Stein définissait les deux artistes comme le « Pôle Nord » (Matisse) et le « Pôle Sud » (Picasso) de l'Art moderne. Fernande Olivier se souvient que dans les dîners en ville, Matisse paraissait docte et professoral, ne répondant que par oui ou non, ou tout d'un coup s'enferrant dans des théories interminables. « Matisse, beaucoup plus âgé, sérieux, n'avait jamais les idées de Picasso[25] ! » Puis Matisse retrouve le critique Louis Vauxcelles, à qui il dit avoir vu au jury du Salon un tableau de Georges Braque « fait en petits cubes », que Matisse baptise du nom de « cubisme[26] ».
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+ En 1908, Matisse publie Note d'un peintre. La même année, avec entre autres l'aide financière de Sarah et Michael Stein, Matisse ouvre une académie libre au Couvent des Oiseaux, puis à l'hôtel de Biron (où Rodin possède son atelier de présentation). Le succès est immédiat : sur 120 élèves inscrits au total s'y pressent des étudiants pour la plupart étrangers, puisqu'on n'y compte aucun Français et principalement de jeunes peintres scandinaves, ainsi que des Allemands, issus du cercle du café du Dôme. Le peintre Hans Purrmann est nommé « grand massier ». L'académie Matisse ferme en 1911[27].
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+ Matisse se souvient, en 1951, de son activité d’enseignant :
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+ En 1909, le collectionneur russe Sergueï Chtchoukine lui commande deux toiles : La Danse et La Musique. Ces deux toiles, qui sont considérées comme deux chefs-d'œuvre du peintre, sont présentées au Salon d'automne en 1910, et sont installées à Moscou en 1911.
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+ La Danse est décrite par Marcel Sembat :
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+ « Une ronde endiablée fait tourner, sur un fond bleu des mouvements roses. À gauche une grande figure entraîne toute la chaîne ! Quelle ivresse ! Quelle bacchante ! Cette arabesque souveraine, cette courbe empoignante qui va de la tête tournée jusqu'à la hanche saillante descend le long de la jambe tendue[23]. »
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+ Entre 1908 et 1912, ses œuvres sont exposées à Moscou, Berlin, Munich et Londres. Matisse et Amélie reviennent à Ajaccio, en décembre 1912. En 1913, Matisse est exposé à l’Armory Show de New York, à côté d'œuvres de Marcel Duchamp et Francis Picabia, comme autant de représentants de l'art le plus moderne.
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+ De 1906 et jusqu'en 1913, Matisse part en hiver en voyage en Andalousie, au Maroc, en Algérie, accompagné de ses amis peintres, Camoin et Marquet. Ces voyages influenceront profondément Matisse — couleurs, céramique, carreaux de faïence — dans son sentiment décoratif du monde extérieur. Si la recherche de l'arabesque est un des signes distinctifs de l'écriture de Matisse, sa peinture se caractérise par une simplification des formes et des couleurs souvent pures et plates, cernées d'un trait noir. Cependant, Matisse n'hésite pas à utiliser des dégradés de gris ou de roses dans ses portraits ou nus.
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+ De 1909 à 1917, Matisse vit et travaille à Issy-les-Moulineaux, au 42, route de Clamart, dans une villa comportant un grand parc où il fait construire son atelier (aujourd'hui détruit), et qui héberge l'Académie Matisse jusqu'en 1911. La villa existe toujours et abrite désormais les archives du peintre, au 92, avenue du Général-de-Gaulle[29].
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+ Dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il quitte Collioure qu'il fréquentait régulièrement depuis 1905. Marquet et Matisse, qui a 46 ans, demandent à intégrer l'armée et à rejoindre leurs collègues : « Derain, Braque, Camoin, Puy sont au front, risquent leurs peaux. Nous en avons assez de rester à l'arrière… Comment pouvons nous servir le pays ? » demandent-ils à Marcel Sembat, ministre des Travaux publics, qui leur répond : « En continuant, comme vous le faites, à bien peindre[30] ! »
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+ Après avoir passé une partie de l'hiver 1916-1917 à Nice, Matisse décide de rester plus longuement sur la Côte d'Azur, qu'il considère comme un paradis, et dont il recherche la transcription dans ses toiles. En 1918, Matisse rencontre Renoir à qui il présente ses toiles, à Cagnes. Renoir est très surpris de la qualité des toiles et du travail de Matisse : « Je croyais que ce bougre travaillait comme ça… ! C'est faux ! Il se donne beaucoup de mal ! […] Tout est très juste. C'était difficile ! », déclare Renoir après le départ de Matisse[31].
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+ Matisse expose avec Picasso à la galerie Paul Guillaume à Paris, le catalogue est préfacé par Apollinaire.
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+ Durant cette période, Matisse rencontre le peintre japonais Yoshio Aoyama, qui vivait aussi à Nice, dans le quartier de Cimiez, et qui devient son disciple[32].
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+ En 1920, Igor Stravinsky et Serge Diaghilev lui font commande de dessiner les costumes et les décors du ballet Le Chant du rossignol, présenté à Londres. En 1924, Matisse expose à New York, et une première rétrospective lui est consacrée au Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.
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+ En 1925, Matisse est nommé chevalier de la Légion d'honneur et son fils Pierre Matisse ouvre une galerie à New York[33] sur la recommandation de son père, dont les collectionneurs sont essentiellement américains. Matisse voyage régulièrement aux États-Unis. Il reçoit le Prix Carnegie 1927 à Pittsburgh, et fait partie du jury qui attribue le même prix à Picasso en 1930.
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+ Son travail se concentre sur la réalisation de natures mortes, de nus et d'odalisques qui évoquent les nus orientalistes aux couleurs chatoyantes et au dessin épuré, une forme de classicisme renouvelé, tant les citations de Delacroix ou d'Ingres semblent prégnantes. Le critique Claude Roger-Marx écrit dans le Dessin d'Henri Matisse :
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+ « L'imagination plastique du peintre aime à s'éveiller au son de cette musique de chambre que composent une ou plusieurs figures (figurantes serait plus juste) dans un intérieur. Si leur nudité l'exalte, il aime aigrement à les orner d'accessoires — écharpes, mantilles, coiffures étranges, culottes assorties à leur épiderme — à les parer d'un certain luxe oriental. Il y a de l'Oriental, en effet, chez cet homme du Nord. C'est en véritable égoïste qui s'empare de ces êtres vivants conçus presque comme des objets et qu'il observe, moins pour eux-mêmes que pour les démonstrations et pour le plaisir visuel qu'il en veut tirer […] un prétexte pour s'affirmer lui[34]. »
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+ Henri Matisse travaille par variations et répétitions d'un même thème ou motif. Les premières études peuvent être très poussées, figuratives puis, de proche en proche, les formes se font plus stylisées, abstraites. Matisse photographie les différentes étapes de son travail.
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+ Il publie également des lithographies, des gravures et des albums de dessin où il laisse libre cours à ses variations sur un thème, en général un nu féminin :
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+ « Ces dessins sont toujours précédés d'études faites avec un moyen moins rigoureux que le trait, le fusain par exemple ou l'estompe, qui permet de considérer simultanément le caractère du modèle, son expression humaine, la qualité de la lumière qui l'entoure, son ambiance, et tout ce qu'on ne peut exprimer que par le dessin. Et c'est seulement lorsque j'ai la sensation d'être épuisé par ce travail, qui peut durer plusieurs séances, que, l'esprit clarifié, je peux laisser aller ma plume, avec confiance. »
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+ Et Matisse d'ajouter : « Certaines de mes gravures, je les ai faites après des centaines de dessins[35]… » Les Américains malicieusement appellent cette période The Nice Period, la « période niçoise » ou la « jolie période », par jeu de mots.
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+ En 1930, il séjourne à Tahiti où il rencontre le réalisateur expressionniste allemand Murnau, qui tourne Tabou.
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+ « Je me baignais dans le « lagoon ». Je nageais autour des couleurs des coraux soutenues par les accents piquants et noirs des holothuries. Je plongeais la tête dans l'eau, transparente sur le fond absinthe du lagon, les yeux grands ouverts… et puis brusquement je relevais la tête au-dessus de l'eau et fixais l'ensemble lumineux des contrastes[36]. »
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+ À New York, Le Museum of Modern Art organise une rétrospective en 1931 après une exposition personnelle en 1930. Pendant son séjour aux États-Unis, Albert Barnes, un collectionneur, lui commande une œuvre monumentale pour sa fondation à Philadelphie. À son retour à Nice, dans l'atelier de la rue Désiré Niel loué spécialement pour cette réalisation, Matisse s'attelle à La Danse dont il réalise, de 1930 à 1933, trois versions en raison d'erreurs de gabarit. La première version inachevée a été retrouvée après sa mort dans son appartement de Nice. Elle est exposée en présentation définitive avec la deuxième version, la Danse de Paris (1 037 × 450 cm), dans la salle Matisse du musée d'art moderne de la ville de Paris. La dernière version, dite la Danse de Mérion, a été installée par Matisse lui-même en mai 1933, à la Fondation Barnes de Philadelphie. C'est au cours de ce travail que Matisse invente sa technique des « gouaches découpées ».
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+ De retour des États-Unis, il déclare :
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+ « Vous comprendrez, quand vous verrez l'Amérique, qu'un jour ils auront des peintres, parce que ce n'est pas possible, dans un pays pareil, qui offre des spectacles visuels aussi éblouissants, qu'il n'y ait pas de peintres un jour[37]. »
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+ annonçant ainsi la naissance d'une école américaine.
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+ Il travaille à l'illustration du roman de James Joyce, Ulysse, et aux décors et aux costumes de Rouge et noir pour les Ballets russes de Monte-Carlo (1934-1938).
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+ En 1924, Matisse se consacre à la sculpture et réalise Grand nu assis, qui est exemplaire de son style — à la fois en arabesques et en angles —, en ronde-bosse. Matisse pratique la sculpture depuis qu'il a été l'élève d'Antoine Bourdelle, dont Matisse conserve le goût pour les grandes stylisations, comme on peut le voir dans la grande série des Nu de dos, séries de plâtres monumentaux qu'il réalise entre 1909 et 1930. Matisse y affronte en bas-relief les problèmes picturaux qu'il rencontre : le tracé des figures monumentales (la réalisation de Nu de dos I, de 1909, est contemporaine de celle des grandes compositions La Musique et La Danse), le rapport forme et fond (les fresques destinées à la Fondation Barnes sont réalisées en 1930, comme Nu de dos IV). Toutefois, bien que la série ne semble pas avoir été conçue pour être présentée en une seule entité (la fonte des pièces en bronze n'a été faite qu'après la mort de Matisse), ces quatre sculptures constituent un ensemble plastique cohérent[38].
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+ En 1939, Matisse se sépare de sa femme. Après un court voyage en Espagne, il revient à Nice où il peint La Blouse roumaine[39].
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+ En 1940, il rencontre Pierre Bonnard au Cannet. Le marchand Paul Rosenberg renouvelle son contrat avec Matisse. Le peintre part le retrouver à Floirac, avec Lydia Délectorskaya[40], qui était son assistante et modèle depuis 1935. En 1941, atteint d'un cancer du côlon, il est hospitalisé à la clinique du Parc de Lyon. Ses médecins lui donnent six mois à vivre. Il retourne à Nice où cette fois il s'installe à l'hôtel Regina, alité. Il conserve de son opération le port d'un corset de fer, qui empêche la station debout plus d'une heure ; de plus, il souffre de calculs biliaires.
106
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107
+ Il dessine au crayon et au fusain, les dessins sont exposés chez Louis Carré en novembre. S'il ne peut plus voyager, il utilise alors les étoffes ramenées de ses voyages pour habiller ses modèles originaires du monde entier. Son infirmière, Monique Bourgeois, accepte d'être son modèle. Matisse commence à utiliser la technique des gouaches découpées et commence la série Jazz.
108
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109
+ Il s'installe à Vence et renoue une amitié épistolaire assidue avec le dessinateur et écrivain André Rouveyre, connu autrefois à l'atelier de Gustave Moreau[41].
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111
+ En 1942, Aragon fait de Matisse le symbole artistique « d'une manifestation de résistance à l'envahisseur barbare », celui de la Vraie France contre l'Allemagne nazie dans l'Art français — « Propos d'un amateur[42] ».
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+ En 1943, le peintre Vlaminck, collaborateur des Allemands, l'ancien compagnon de la cage aux fauves, attaque violemment Matisse dans son livre Portraits avant décès :
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+ « Bien qu'Henri Matisse professe une volonté de simplification, ne retrouve-y-on pas dans les casaquins et les pantalons bouffants de ses odalisques, l'Orientalisme où se perdaient les festons et les astragales littéraires de Théophile Gautier. Tous ces dons de coloristes, son œil de peintre, Henri Matisse les employa à des compositions de couleur pure, dépourvues de modelé, aux figures schématiques, encore accentuées par le trait du dessin avec leurs aplats de rouge, de jaune, de laque-rose et de bleu. En réalité et en dehors de leur parti-pris scientifique, ces morceaux n'apparaissent-ils pas, aujourd'hui, comme des symboles décoratifs ? Matisse fut pris au piège… Matisse c'est un vieux monsieur qui a mal tourné[43]. »
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+ Depuis septembre 1939, Georges Duthuit, le gendre de Matisse, est resté aux États-Unis, où il est speaker pour des émissions radiophoniques en direction de la France[44]. En avril 1944, Amélie (la femme de Matisse) et le 21 mai 1944, Marguerite Matisse-Duthuit (sa fille), sont arrêtées par la Gestapo, pour faits de Résistance. Madame Amélie Matisse est condamnée à six mois de prison (elle est libérée en septembre 1944), tandis que Marguerite Matisse, la fille du peintre, est torturée et défigurée[45].
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+ Marguerite, dite « Jeannette », internée au fort Hatry de Belfort, est libérée le 27 août 1944[46]. Elle est recueillie dans un premier temps par la famille de Léon Delarbre, un peintre résistant et déporté, connu pour avoir réussi à rapporter des dessins réalisés dans les camps d'extermination (musée de la Résistance à Besançon). Marguerite est ensuite prise en charge par la Croix-Rouge, qui la cache au sein de la famille Bruno à Giromagny près de Belfort. Elle est libérée en octobre 1944. Matisse la revoit en janvier et février 1945[47]. Sous le coup d'une émotion intense, Henri Matisse dessine de nombreux portraits de sa fille, dont le dernier de la série montre un visage enfin apaisé[48],[49]. Jean Matisse, son fils, sculpteur, appartient lui à un réseau de résistance très actif[45].
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+ Dans une lettre à Albert Marquet, du 6 novembre 1944, Matisse donne des nouvelles de sa fille : « Je suppose qu'elle n'est que très fatiguée, car on ne m'a pas dit autre chose pour me ménager. Le docteur a dit que c'était un miracle qu'elle en soit sortie ainsi. »
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+ En 1945, une grande rétrospective Matisse est organisée au Salon d'automne de Paris après celle sur Picasso en 1944, et sur Braque, en 1943. Il réalise les cartons de tapisserie, à savoir Polynésie, le Ciel et Polynésie, la Mer (1946).
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+ Alité, handicapé, mais « vivant », Matisse ne peut plus peindre ou pratiquer des techniques qui demandent des diluants (eau ou huile). Il invente alors la technique des papiers découpés, qu'il peut, dans son lit, couper avec des ciseaux, papiers que ses assistants placent et collent aux endroits souhaités par l'artiste.
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+ Entre 1943 et 1947, Matisse travaille à l'élaboration de Jazz, un livre illustré, pour l'éditeur et critique d'art Tériade. Pour Matisse,
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+ « Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs. Ce livre a été conçu dans cet esprit. »
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+ Le texte qui accompagne les illustrations est écrit et calligraphié par Matisse lui-même, et constitue un texte théorique du peintre sur sa conception de l'art[50].
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+ Il commence à travailler, à partir de 1949, au décor de la chapelle du Rosaire de Vence[51], à la demande de son infirmière-assistante. L'artiste Jean Vincent de Crozals lui sert de modèle pour ses dessins du Christ[52]. D'un point de vue plastique, la simplification des formes semblent être nées des observations des icônes byzantines dont son gendre, Georges Duthuit, était un spécialiste au Louvre.
134
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+ En 1950, alors que le peintre reçoit la visite de ses trois petits-enfants, il dessine au plafond de sa chambre leurs trois portraits au fusain avec un bâton de 2 m de long. Le plafond a été déposé et offert au musée Matisse du Cateau-Cambrésis par les descendants de Pierre Matisse où il est visible : « Ce sont mes petits-enfants. J'essaie de me les représenter et quand j'y parviens, je me sens mieux. Aussi, je les ai dessinés au plafond pour les avoir sous les yeux, surtout pendant la nuit. Je me sens moins seul. »
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+ À 81 ans, Henri Matisse représente la France à la XXVe Biennale de Venise.
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+ Installé dans une chambre-atelier à l'hôtel Regina de Nice, il réalise sa dernière œuvre, La Tristesse du roi, une gouache découpée aujourd'hui au musée d'Art moderne du Centre Pompidou.
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+ En 1952 a lieu l'inauguration du musée Matisse du Cateau-Cambrésis, sa ville natale.
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+ Henri Matisse meurt le 3 novembre 1954 à Nice, après avoir dessiné la veille une dernière fois le portrait de Lydia Délectorskaya, que Matisse disait connaître par cœur, il conclut d'un : « Ça ira ! », expression qui peut être considérée comme ses dernières paroles[53]. Matisse est enterré dans cette ville, au cimetière de Cimiez.
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+
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+ En 1963, le musée Matisse de Nice ouvre ses portes à son tour et, en 1970, la première rétrospective de l'œuvre de Matisse en France est organisée au Grand Palais de Paris. L'année suivante, Aragon publie Henri Matisse, roman, recueil d'une vingtaine d'articles, de textes et préfaces de catalogues, de conférences d'Aragon, consacré au peintre. L'œuvre de Matisse rencontre le public français.[pas clair]
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+ Depuis, les expositions et les rétrospectives se succèdent dans le monde entier. Lors de l'exposition à la Tate Modern de Londres, en 2014, consacrée aux papiers découpés, la critique Laura Cumming de The Guardian écrit : « L'art de Matisse est une leçon de vie, et une source d'inspiration pour le spectateur : voilà ce dont nous devrions tous être capable, être prêt à savourer la beauté de la vie alors même que nous sommes confrontés à sa fin[54]. »
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+ Célèbre et célébré de son vivant, Matisse aura une influence prépondérante sur la peinture américaine, et en particulier sur l'École de New York, Mark Rothko, Barnett Newman, Motherwell, mais aussi en Allemagne, au travers des élèves de son académie, Marg Moll, Oskar Moll, Hans Purrmann…
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+ À la première école de New York, emmené par les deux critiques Harold Rosenberg et Clement Greenberg[55], il convient d'ajouter la seconde école de New York avec des figures comme Frank Stella et le mouvement que Greenberg définit comme la Post-Painterly-Abstraction, le Colorfield Painting (Morris Louis, Helen Frankenthaler, Sam Francis, Jules Olitskix), ou encore le hard edge (Kenneth Noland Mary Pinchot Meyer…)[56].
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+ Mais également les peintres du Pop Art, dont Warhol qui déclare, en 1956 : « Je veux être Matisse[57] », ou Tom Wesselmann, Roy Lichtenstein, qui feront d'amples citations du peintre français.
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+ En France, l'influence de Matisse se retrouve chez les peintres de Supports/Surfaces, et dans les textes théoriques du critique Marcelin Pleynet, comme Système de la peinture.
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+ Une autre particularité est que de nombreux descendants d'Henri Matisse sont des peintres ou des sculpteurs, comme son fils Jean, sculpteur, son fils Pierre, galeriste, ses petits-enfants, Paul Matisse, sculpteur, Jacqueline, artiste et son arrière-petite-fille, Sophie, peintre.
158
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159
+ En 2015, une étude menée à l'European Synchrotron Radiation Facility de Grenoble révèle au monde de l'art que le sulfure de cadmium connu aussi comme étant le pigment jaune de cadmium utilisé par Matisse est sujet à un processus d'oxydation lors d'une exposition à la lumière, se transformant alors en sulfate de cadmium très soluble dans l'eau et surtout incolore[58].
160
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161
+ Matisse, s'il n'apparaît pas directement comme tel, est un théoricien de l'art qui a laissé par ses interviews et ses différents textes, les explications de son art « inspiré de la nature » mais travaillé par la mémoire et les perceptions. C'est dans Jazz, en particulier, qu'il rejette toute distinction entre art abstrait et figuratif. Tout au long de sa carrière, il a laissé des textes — Notes d'un peintre, des interviews, jusqu'à Jazz — que l'on peut lire dans Écrits et propos sur l'art[59], qui donnent le sentiment d'un classicisme revisité.
162
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163
+ « Mon dessin au trait est la traduction directe et la plus pure de mon émotion. La simplification du moyen permet cela[60]. »
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165
+ Louis Aragon, dans Henri Matisse, roman, note comment Matisse lui explique l'utilisation des signes qui fondent son dessin par exemple les : « signe-œil », « signe-arbre », « signe 3-bouche », « signe fleurs », « signe main-fleurs ». Ainsi, l'épuration de son dessin doit atteindre au hiéroglyphe, le 3 devenant bouche, ou l'arbre désigné par quelques feuilles comme « un signe chinois qui signifie l'homme, l'oiseau ou même la bouche[61] ».
166
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167
+ Pour Matisse :
168
+
169
+ « L'importance d'un peintre se mesure à la quantité de nouveaux signes qu'il aura introduit dans le langage plastique[62]. »
170
+
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+ Le sinologue François Cheng a remarqué la parenté des remarques et assertions de Matisse avec les traités taoïstes de peinture chinoise[63], connus en France depuis le XVIIIe siècle, et qui vont bien au-delà de la simple citation visuelle d'un vase Quing ou d'une calligraphie, par la recherche d'une intériorité spirituelle de la peinture.
172
+
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+ D'un autre côté, Matisse était très attentif aux évolutions techniques, au métier de peintre et aux différentes théories scientifiques des couleurs et à leurs effets de perception. Mais :
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+ « Le choix de mes couleurs ne repose sur aucune théorie scientifique. Il est basé sur l'observation, sur le sentiment, sur l'expérience de ma sensibilité. S'inspirant de certaines pages de Delacroix, un artiste comme Signac se préoccupe des complémentaires, et leur connaissance théorique le porte à employer ici ou là, tel ou tel ton. Pour moi, je cherche simplement à poser des couleurs qui rendent ma sensation. Il y a une proportion nécessaire des tons qui m'aident à modifier la forme d'une figure ou à transformer ma composition. Tant que je ne l'ai pas obtenu pour tous les parties, je la cherche et poursuis mon travail. Puis il arrive un moment où toutes les parties ont trouvé leurs rapports définitifs et dès lors, il me serait impossible de rien retoucher à mon tableau, sans le refaire entièrement.
176
+
177
+ En réalité, j'estime que la théorie des complémentaires, n'est pas absolue. En étudiant les tableaux de peintres dont la connaissance des couleurs repose sur l'instinct et le sentiment, sur une analogie constante de leurs sensations ; on pourrait préciser, sur certains points, les lois de la couleur, recaler les bornes de la théorie de la couleur, telle qu'elle est actuellement admise[64]. »
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179
+ Cependant, Matisse considérait toujours que :
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+
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+ « Ce que je poursuis par-dessus tout, c’est l’expression. Quelquefois, on m’a concédé une certaine science, tout en déclarant que mon ambition était bornée et n’allait pas au-delà de la satisfaction d’ordre purement visuel que peut procurer la vue d'un tableau. Mais la pensée d'un peintre ne doit pas être considérée en dehors de ses moyens, car elle ne vaut qu’autant qu’elle est servie par des moyens qui doivent être d’autant plus complets (et, par complets, je n’entends pas compliqués) que sa pensée est plus profonde. Je ne puis pas distinguer entre le sentiment que j’ai de la vie et la façon dont je le traduis[65]. »
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+ En 1948, dans une lettre à son ami Henry Clifford, il fait le point sur sa démarche :
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+ « J'ai toujours essayé de dissimuler mes efforts, j'ai toujours souhaité que mes œuvres aient la légèreté et la gaieté du printemps qui ne laisse jamais soupçonner le travail qu'il a coûté. Je crains donc que les jeunes, en ne voyant que l'apparente facilité et les négligences du dessin, se servent de cela comme d'une excuse pour se dispenser de certains efforts que je juge nécessaires. […] Ce lent et pénible travail est indispensable. En vérité, si les jardins n'étaient pas bêchés à l'époque voulue, ils ne seraient bientôt plus bons à rien. N'avons-nous pas d'abord à nettoyer puis à cultiver le sol à chaque saison de l'année ? […] Ce n'est qu'après des années de préparation que le jeune artiste a le droit de toucher aux couleurs — pas aux couleurs en tant que moyen de description — mais en tant que moyen d'expression intime. Alors il peut espérer que toutes les images et même tous les symboles qu'il emploie puissent être le reflet de son amour pour les choses, un reflet dans lequel il peut avoir confiance, s'il a été capable d'accomplir jusqu'au bout son éducation avec pureté et sans se mentir à lui-même. Alors il emploiera les couleurs avec discernement. Il les posera en accord avec un dessin naturel, informulé et totalement conçu qui jaillira directement de sa sensation ; ce qui permettait à Toulouse-Lautrec, à la fin de sa vie, de s'exclamer : « Enfin, je ne sais plus dessiner. » […] Le peintre débutant pense qu'il peint avec son cœur. L'artiste qui a terminé son développement pense aussi qu'il peint avec son cœur. Seulement ce dernier a raison parce que son entraînement et la discipline qu'il s'est imposée lui permettent d'accepter les impulsions. […] Mon but n'est pas d'enseigner. […] Je voudrais que les gens sachent qu'il ne faut pas approcher de la couleur comme on entre dans un moulin, qu'il faut une sévère préparation pour être digne d'elle. Mais avant tout, il faut posséder le don de la couleur comme un chanteur doit posséder la voix. Sans ce don, on ne peut aller nulle part et tout le monde ne peut pas dire comme le Corrège : moi aussi je suis un peintre. Un coloriste marque de son empreinte même un simple dessin au fusain. […] Je m'aperçois que, obéissant à une nécessité intérieure, j'en ai fait l'expression de ce que je ressens à propos du dessin et de la couleur et de l'importance d'une discipline dans l'éducation d'un artiste[66]. »
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+ Ainsi, l'artiste arrive à exprimer ses visons intérieures, ce qui selon Matisse est l'objet de la peinture[67].
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+ Henri Matisse filmé par François Campaux. en train de peindre deux portraits, un d'enfant et un de Lydia.[réf. souhaitée]
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+ Connu et reconnu de son vivant, la cote de Matisse n'a cessé depuis de monter ainsi que le montre, en 2009, la valeur historique de 32 millions d'euros atteinte par Les Coucous, tapis bleu et rose, œuvre mise en vente dans le cadre de la vente Bergé-Yves Saint Laurent à Paris[68].
192
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+ La sculpture Nu de dos IV a été vendue aux enchères chez Christie's, à New York, pour près de 49 millions $ (environ 35 millions € avec les frais[69]), elle devient ainsi la 4e sculpture la plus onéreuse vendue aux enchères, après Alberto Giacometti et Amedeo Modigliani[70].
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+ L'œuvre comprend également d'importantes séries de sculptures tirées en bronze (bustes de Jeannette, 1910-1913 ; quatre Nus de dos, bas reliefs, 1909-1930), près de 500 pièces gravées (eaux-fortes, bois, lithographies), des illustrations de livres : Poésies de Mallarmé (1932), Lettres de la religieuse portugaise (1946), Florilège des Amours de Ronsard (1948).
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+ Matthew Paige Damon, dit Matt Damon (nom prononcé en anglais : [ˈdeɪmən]), est un acteur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 8 octobre 1970 à Cambridge (Massachusetts).
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+ Il est révélé en incarnant les rôles-titres de Will Hunting (1997) et Il faut sauver le soldat Ryan (1998). Il est par la suite à l'affiche de la trilogie Ocean (Ocean's Eleven, Ocean's Twelve et Ocean's Thirteen) et de la série de films Jason Bourne (La Mémoire dans la peau, La Mort dans la peau, La Vengeance dans la peau et Jason Bourne). Damon apparaît également dans d'autres longs-métrages comme Syriana (2005), Les Infiltrés (2006), Invictus (2009), Interstellar (2014), Seul sur Mars (2015) et Manchester by the Sea (2016).
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+ En 2007, il est considéré par le magazine Forbes comme l'« acteur le plus rentable d'Hollywood » et appartient au club des dix acteurs américains qui produisent le plus de recettes au box-office. La même année, il est élu « homme le plus sexy du monde » par le magazine People. Nominé cinq fois aux Oscars du cinéma au cours de sa carrière, dont deux à la catégorie du meilleur acteur, Damon gagne l'Oscar du meilleur scénario original au côté de Ben Affleck, pour Will Hunting.
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+ Matthew Paige Damon naît à Cambridge, dans le Massachusetts. Son père, Kent Damon, est agent immobilier, travaillant également pour les impôts[1]. Sa mère, Nancy Carlsson-Paige, est professeure d'éducation physique à l'université Lesley[2]. Matt a un frère aîné, Kyle, qui est sculpteur[3]. Son père était d'origine anglaise et écossaise et sa mère est d'origine finlandaise et suédoise[4]. La famille vivait à Newton jusqu'à ce que ses parents divorcent en 1973, lorsque Matt et son frère s'installèrent avec sa mère à Cambridge (Massachusetts)[5]. À l’âge de dix ans, il rencontre un cousin lointain : Ben Affleck[6]. Ils deviennent très vite de très bons amis et fréquentent la même école secondaire. Dans sa jeunesse, Matt Damon suit des cours de théâtre et après des études littéraires à Harvard qu’il abandonne en 1992, il se produit sur les planches où il connaît son premier succès dans la pièce The Speed of Darkness de Steve Tesich.
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+ Matt Damon enchaîne d'abord des rôles de figurant, avant de démarrer sa carrière cinématographique par une succession de seconds rôles : en 1988 dans Mystic Pizza de Donald Petrie, aux côtés de Julia Roberts et dans Geronimo de Walter Hill. En 1996, il perce dans À l'épreuve du feu d'Edward Zwick aux côtés de Meg Ryan et Denzel Washington.
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13
+ À cette époque, ne décrochant pas le grand rôle qui fera de lui une vedette, il décide d’écrire lui-même le rôle dont il rêve. Pour cela, il fait appel à son ami de toujours Ben Affleck avec qui il commence l’écriture d’un scénario racontant l’histoire d’un génie des mathématiques rebelle vivant dans la banlieue pauvre de Boston. Séduits par l'originalité de l'histoire, les studios Miramax sont prêts à lui acheter le scénario, mais lui préfèrent Leonardo di Caprio dans le rôle-titre[7]. En insistant, il obtient gain de cause et le rôle principal. Le film Will Hunting, qui sort en 1997 et qui est réalisé par Gus Van Sant, obtient de nombreux prix dont l'Oscar du meilleur scénario original et l'Ours d'argent au Festival de Berlin, permettant aux deux jeunes acteurs de gagner un statut de star.
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+ Entre-temps, Francis Ford Coppola fait appel à lui pour revêtir le costume d’un jeune avocat qui tente de percer dans le métier sans renier son humanité dans L'Idéaliste, d'après un roman de John Grisham, en 1997.
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17
+ Après le succès de Will Hunting, Matt Damon est très sollicité dans le milieu hollywoodien : Steven Spielberg lui propose d’incarner le soldat Ryan dans Il faut sauver le soldat Ryan en 1998, le premier gros succès commercial de sa carrière (supplanté depuis au box office par Seul sur Mars), qui le propulse en acteur à suivre.
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19
+ En 1999, il étend sa palette de jeu en interprétant l'ambigu Tom Ripley dans Le Talentueux Mr Ripley d'Anthony Minghella. La même année, il enchaîne avec Les Joueurs de John Dahl puis Dogma de son ami Kevin Smith, qui lui permet de retrouver son fidèle complice Ben Affleck.
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+
21
+ L'année 2000 est plus problématique. Il est en effet à l'affiche de deux mélodrames réalisés par des acteurs : De si jolis chevaux, de Billy Bob Thornton puis La Légende de Bagger Vance, mis en scène par Robert Redford. Les deux films déçoivent critique et public[8], et mettent en danger la progression du jeune acteur.
22
+
23
+ Il peut néanmoins compter sur un réseau de collaborateurs prestigieux. Devenu ami avec le réalisateur Gus Van Sant, il se contente d'une apparition dans À la rencontre de Forrester (2000). Deux ans plus tard, leur collaboration reprend pour Gerry, film sur l’errance, racontant l’histoire de deux hommes perdus dans la vallée de la Mort. Le film, quasi expérimental, est écrit par Damon et Casey Affleck, le petit frère de Ben.
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25
+ Si Matt Damon est ami avec les deux frères Affleck, ils n’en sont pas moins compagnons de travail. Leur statut d’acteurs vedettes leur permet de promouvoir les jeunes talents en développant des concours de scénaristes et en produisant des jeunes réalisateurs.
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27
+ Matt Damon retrouve Casey Affleck sur scène à Londres dans This is Our Youth puis en 2001 dans Ocean's Eleven qui marque ainsi son entrée dans le cercle de Steven Soderbergh et de George Clooney.
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+ Il apparaît d'ailleurs (le temps d'un clin d'œil) avec Brad Pitt dans la première réalisation de George Clooney, Confessions d'un homme dangereux. Ses célèbres partenaires d'Ocean's Eleven deviennent eux aussi des bons amis.
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31
+ En 2002, Matt Damon est la voix de Spirit dans le dessin animé de DreamWorks Spirit, l'étalon des plaines. Mais il défend surtout le rôle qui va relancer sa carrière, et lui faire enfin quitter son image de gendre idéal.
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33
+ La même année, il est pour la première fois le héros d’un film d'action en incarnant Jason Bourne dans La Mémoire dans la peau, adaptation du roman éponyme de Robert Ludlum. Les résultats au box-office sont très bons et une suite est programmée pour 2004 : La Mort dans la peau.
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+ Ses participations à deux lucratives franchises lui permettent de cumuler les projets avec des cinéastes prestigieux.
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+ En 2003, il se frotte à la comédie avec les frères Farrelly pour la comédie Deux en un, puis est ensuite dirigé par Terry Gilliam pour la comédie fantastique et d'aventure Les Frères Grimm, avec Heath Ledger.
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+ En 2004, outre le second opus de Jason Bourne, il collabore à deux reprises avec George Clooney : tout d'abord pour la lucrative suite Ocean's Twelve, toujours de Steven Soderbergh, et l'acclamé thriller politique Syriana de Stephen Gaghan.
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+
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+ On le retrouve ensuite en flic bostonien auprès de Jack Nicholson, Leonardo DiCaprio, Mark Wahlberg, Alec Baldwin et Vera Farmiga dans Les Infiltrés de Martin Scorsese, un des grands succès critiques et commerciaux de 2006, qui remporte notamment 4 Oscars.
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+ Il est aussi le personnage principal du thriller historique Raisons d'État (The Good Shepherd) aux côtés d'Angelina Jolie, mis en scène par Robert De Niro.
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+ En 2007, il conclut ses deux trilogies : avec le troisième plus gros succès commercial de sa carrière, La Vengeance dans la peau, toujours mis en scène par Paul Greengrass, et Ocean's Thirteen, de Steven Soderbergh, pour lequel son rôle est considérablement développé.
46
+
47
+ En 2009, il retrouve une nouvelle fois Steven Soderbergh pour The Informant!. Dans ce film inspiré de faits réels, il interprète Mark Whitacre, un informateur du FBI au sein d'une grande société agroalimentaire.
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49
+ Les fans de Jason Bourne s'attendaient à retrouver leur héros avec la paire Damon-Greengrass, mais de peur de produire un film au scénario décevant, les deux hommes préfèrent se tourner vers un projet plus politique et engagé. Dans le thriller d'action Green Zone, Matt Damon interprète le rôle d'un commandant d'une unité militaire basée en Irak en 2003 chargé de trouver des armes de destruction massive.
50
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51
+ En 2010, il collabore à nouveau avec Clint Eastwood pour le drame Au-delà, un an après Invictus dans lequel il incarnait le rugbyman sud-africain Francois Pienaar.
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+ Il travaille ensuite pour la première fois avec les frères Coen pour le western True Grit, avec Jeff Bridges et Josh Brolin. Le film fonctionne très bien au box-office, et est nominé 10 fois aux Oscars.
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+ En 2011, il est à l'affiche de plusieurs films : tout d'abord en héros malgré lui de L'Agence, aux côtés d'Emily Blunt. Ce thriller de science-fiction écrit et réalisé par George Nolfi (co-scénariste de La Vengeance dans la peau) fonctionne correctement au box-office et reçoit des critiques positives.
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57
+ La même année, il retrouve le réalisateur Steven Soderbergh pour Contagion, qui raconte la propagation à l'échelle mondiale d'un virus. Ce thriller d'anticipation réunit une distribution impressionnante, composé de Kate Winslet, Marion Cotillard, Gwyneth Paltrow, Jude Law et Laurence Fishburne. Enfin, il est la star de Nouveau Départ, le septième long-métrage de Cameron Crowe. Cette comédie dramatique, avec Scarlett Johansson et la jeune Elle Fanning, est un succès commercial, mais reçoit des critiques mitigées.
58
+
59
+ En 2012, il est l'acteur principal de Promised Land, qu'il co-écrit et produit, et qu'il convainc Gus Van Sant de réaliser. Ce drame social et engagé, abordant le recours au gaz de schiste sur le territoire nord-américain, est bien reçu par la critique, mais échoue au box-office.
60
+
61
+ En 2013, il s'investit dans un autre projet délicat : Ma vie avec Liberace est le dernier long-métrage de Steven Soderbergh, qui, peinant à trouver un financement pour le cinéma, est produit pour la télévision. Le téléfilm est acclamé par la critique, notamment pour la performance des acteurs, Damon et Michael Douglas dans le rôle-titre. La même année, il retourne aux blockbusters avec Elysium, un thriller de science-fiction de Neill Blomkamp. Le film reçoit des critiques très mitigées, mais fonctionne correctement au box-office.
62
+
63
+ En 2014, il participe à la cinquième réalisation de George Clooney, Monuments Men, qui malgré une distribution de luxe (Clooney lui-même, entouré de Bill Murray, Cate Blanchett, John Goodman et Jean Dujardin) et un sujet prometteur — la récupération des œuvres d'art volées par les nazis durant la Seconde guerre mondiale — est un énorme échec critique et peine à convaincre largement le grand public. En fin d'année, il peut néanmoins compter sur le nouveau blockbuster de Christopher Nolan, Interstellar, avec lequel il collabore pour la première fois, et ce aux côtés de Matthew McConaughey, Anne Hathaway et Jessica Chastain. Le film de science-fiction est un énorme succès critique et commercial.
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+ En 2015, on le retrouve de nouveau au cœur d'une nouvelle aventure spatiale, cette fois en tant que tête d'affiche : l'ambitieux Seul sur Mars, un film de Ridley Scott, pour lequel il est entouré de Jessica Chastain, Kristen Wiig, Kate Mara et Sean Bean. L'année 2016 sera marquée par la sortie de La Grande Muraille, un thriller historique du cinéaste chinois Zhang Yimou, mais surtout par son retour dans le rôle de Jason Bourne, pour un cinquième opus mis en scène par Paul Greengrass. Il en co-signe également le scénario, dont il a développé l'idée originale avec le réalisateur[11].
66
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67
+ En 2017, il apparaît dans deux films satiriques : Bienvenue à Suburbicon (Suburbicon), réalisé par George Clooney, et Downsizing, réalisé par Alexander Payne : les deux films reçoivent des critiques mitigées. Mieux reçu est le drame biographique et historique Le Mans 66 (Ford v Ferrari), réalisé en 2019 par James Mangold, où Damon incarne le pilote de course américain Carroll Shelby.
68
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69
+ Matt Damon se marie à New York le 9 décembre 2005 avec Luciana Bozán Barroso, une Argentine rencontrée en 2003 lors du tournage du film Deux en un. Déjà mère d'une fille, Alexia, née en 1998, Luciana donne naissance à Isabella le 11 juin 2006, à Gia Zavala le 20 août 2008[12] et à Stella Zavala le 20 octobre 2010[13].
70
+
71
+ En 2009, Matt Damon fonde avec Gary White[14] une association à but non lucratif, Water.org, dont le but est de venir en aide aux populations qui n'ont pas accès à l'eau potable[15].
72
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73
+ Lors de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2016, il soutient Hillary Clinton[16].
74
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75
+ En 2017, il est mis en cause lors de la révélation des scandales sexuels du producteur Harvey Weinstein, étant accusé d'avoir voulu étouffer l'affaire[17]. Il est également critiqué pour avoir déclaré qu'on ne pouvait pas comparer un homme qui pelote une femme et un qui la viole[18]. Il indique quant à lui qu'il savait que « Weinstein était un enfoiré », mais qu'il ignorait « ce niveau de prédation sexuelle et criminelle »[19].
76
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77
+ Ici sont repris les plus grands succès de Matt Damon, c'est-à-dire uniquement les films ayant dépassé les 100 000 000 de dollars au box-office mondial. Au total, l'acteur a rapporté 6 577 400 000 de dollars aux studios pour lesquels il a tourné[20].
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79
+ :Source : IMDb[22]
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+ Le 25 juillet 2007, Matt Damon se voit attribuer une étoile sur le célèbre Walk of Fame d'Hollywood.
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+ En France, Damien Boisseau est la voix française[23] régulière de Matt Damon depuis le film Will Hunting en 1997[24].
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+ Au Québec, Gilbert Lachance est la voix française régulière de l'acteur depuis À l'épreuve du feu de 1996[25].
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+ Matt Damon a refusé le rôle principal du film Avatar de James Cameron à cause d'un conflit d'emploi du temps avec le tournage de La Vengeance dans la peau[27]. Il a refusé également le rôle d'Harvey Dent dans The Dark Knight car il était en tournage sur Invictus de Clint Eastwood[27].
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+ Matt devait tenir le rôle de l'inspecteur Ed Witwer dans Minority Report, mais il n'a pas pu assurer le tournage en raison d'emploi du temps incompatible avec le tournage d'Ocean's Eleven. Il a donc été remplacé par Colin Farrell. Dans Paycheck, c'est Matt Damon qui, dans un premier temps, devait tenir le rôle de Michael Jennings, rôle finalement attribué à Ben Affleck.
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+ Dans le film Eurotrip, il interprète le rôle de Donny, leader d'un groupe de rock, qui vole la copine de l'acteur principal du film : c'est lui qui chante Scotty Doesn't Know du groupe Lustra.
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+ L'Arizona (/a.ʁi.zo.na/ ; en anglais : /ˌæɹɪˈzoʊnə/[2] Écouter) est un État de l'Ouest des États-Unis. Sa capitale et plus grande ville est Phoenix. Avec une superficie de 295 254 km2, il est le sixième État américain le plus vaste, et le seizième plus peuplé avec 6 392 017 habitants en 2010. Bordé par la Californie, le Nevada, l'Utah, le Nouveau-Mexique et les États mexicains de la Basse-Californie et du Sonora au sud, l'Arizona est l'un des quatre États des Four Corners. Il fait en outre partie de la Sun Belt (« ceinture du soleil ») qui connaît une forte croissance démographique en raison de l'héliotropisme. Situé au sud des Montagnes Rocheuses, l'Arizona est un des États des montagnes. Traversé par le fleuve Colorado, l'État comprend de spectaculaires formations géologiques, telles que le Grand Canyon, le Meteor Crater et Monument Valley.
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5
+ Le territoire est sous souveraineté espagnole à partir du XVIe siècle, en tant que région de la Nouvelle-Espagne. Le Mexique en prend possession en 1821 lors de son indépendance : il devient une partie de la Haute-Californie. En 1848, à l'issue de la guerre américano-mexicaine, les États-Unis annexent l'Arizona, puis agrandissent son territoire en 1853 lors de l'achat Gadsden. Il adhère tardivement à l'Union, le 14 février 1912, et en devient le 48e État. Il est divisé en quinze comtés, et près du quart de son territoire est constitué par vingt-et-une réserves indiennes. Les Navajos et d'autres peuples Apaches y sont majoritaires.
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7
+ L'État a connu une croissance démographique importante et soutenue au cours du XXe siècle : il ne comptait que 750 000 habitants en 1950 et a vu sa population multipliée par sept en soixante ans. La ville de Tucson, située à une centaine de kilomètres de la frontière mexicaine, a ainsi accueilli d'importants flux migratoires. En 2010, l'État de l'Arizona avait la quatrième plus forte proportion d'Hispaniques après le Nouveau-Mexique (46,30 %), le Texas (37,62 %) et la Californie (37,62 %) ainsi que le troisième plus grand nombre d'Amérindiens.
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9
+ Une grande partie de l'État est constituée de paysages désertiques, dans lesquels furent tournés de nombreux westerns. L'Arizona est un État très touristique, comprenant trois parcs nationaux (le Grand Canyon, Saguaro et Petrified Forest) et plusieurs monuments nationaux américains (Sunset Crater Volcano, Rainbow Bridge, Montezuma Castle).
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11
+ L'État est en outre un bastion du Parti républicain. La ville de Phoenix accueille également l'une des équipes de la NBA, les Suns de Phoenix. Par ailleurs, la peine de mort y est en vigueur.
12
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13
+ L'étymologie du nom n'est pas certaine. Certains historiens soutiennent une dérivation de la formule espagnole zona árida/árida zona, raccourcie en arizona ; d'autres, comme Marshall Trimble, y voient l'expression basque aritz ona, signifiant « bon chêne » ; enfin, on trouve dans la langue uto-aztèque O'odham la phrase alĭ ṣonak, « petite source »[3],[4],[5]. Le nom Arizonac désignait au départ les alentours de la mine d'argent de Planchas de Plata, dans le Sonora ; plus tard, devenant Arizona, il s'étendit au territoire tout entier, avant de prendre son acception actuelle. En navajo, l'État s'appelle Hoozdo Hahoodzo et Alĭ ṣonak en o'odham).
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+
15
+ Les Amérindiens étaient les premiers habitants de la région. Certaines cultures se sont éteintes et ont laissé des vestiges archéologiques comme les Sinaguas, dans la région de Sedona.
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17
+ L'Arizona a été découvert et exploré par Estevanico « black Stephen », explorateur et interprète espagnol, esclave nord-africain originaire d'Azemmour au Maroc, et éclaireur de l'expédition de Marcos de Niza en 1539. Le père Eusebio Chini (Eusebio Kino) y a établi des écoles chrétiennes dans les dernières années du XVIIe siècle et les premières années du XVIIIe siècle. L'Espagne y exerçait sa puissance coloniale jusqu'à l'indépendance du Mexique en 1821.
18
+
19
+ Les États-Unis ont pris l'Arizona au Mexique après la Guerre américano-mexicaine en 1848. Le 14 février 1912, l'Arizona est devenu le 48e État de l'Union américaine.
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21
+ En 1871, un détachement venu de Tucson attaque 300 Amérindiens, dont une grande majorité de femmes et d'enfants, qui travaillaient aux champs à Camp Grant ; 118 femmes et 8 hommes sont tués, tandis que 30 enfants capturés seront vendus comme esclaves au Mexique. Le président Grant ordonna l'arrestation des coupables mais le jury, exclusivement constitué de Blancs, estima que tuer des Indiens, qui pouvaient s’avérer dangereux, n'était pas un meurtre. Aussi, les coupables furent relâchés. Ce sentiment anti-Indien était assez largement partagé, notamment dans la presse ; le journal de Denver écrit « Nous les félicitons d'avoir signé un traité de paix définitif avec tant d'Indiens et regrettons seulement que le nombre de ces derniers n'ait pas été le double. Camp Grant s'inscrit dans la glorieuse liste des Sand Creek et des Washita qui font l'honneur de l'histoire de l'Ouest[6]. »
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+
23
+ D'une surface de 295 260 km2, l'Arizona est peuplé de 6 392 017 habitants (2010)[7]. L'État est connu pour ses paysages désertiques riches en plantes xérophytes comme le cactus, et son climat qui présente des étés très chauds et des hivers doux. Mais l'Arizona est aussi composé du plateau du Colorado et de ses forêts de pin, dans la portion nord-centre de l'État. Comme les autres États du sud-ouest, l'Arizona est une région au relief accidenté, dont plus de la moitié de la superficie est composée de montagnes et de plateaux, dont la formation remonte au volcanisme préhistorique.
24
+
25
+ Les principaux cours d'eau sont le Colorado, fleuve qui a creusé le Grand Canyon, la rivière Gila et la rivière Salée.
26
+
27
+ L'État de l'Arizona est divisé en 15 comtés[8].
28
+
29
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini sept aires métropolitaines et quatre aires micropolitaines dans l'État de l'Arizona[9].
30
+
31
+ En 2010, 98,4 % des Arizoniens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 94,6 % dans une aire métropolitaine et 3,8 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine de Phoenix-Mesa-Scottsdale regroupait à elle seule 65,6 % de la population de l'État.
32
+
33
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini deux aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de l'Arizona.
34
+
35
+ (2 195 401)
36
+
37
+ (2 273 195)
38
+
39
+ (3,5 %)
40
+
41
+ L'État de l'Arizona compte 91 municipalités[8], dont 21 de plus de 40 000 habitants.
42
+
43
+ Les municipalités de Phoenix, de Tucson et de Mesa étaient respectivement les 6e, 33e et 38e municipalités les plus peuplées des États-Unis en 2013.
44
+
45
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'Arizona à 7 278 717 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 13.87 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 6 392 017 habitants[1]. Depuis 2010, l'État connaît la 8e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
46
+
47
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, l'Arizona devrait atteindre une population de 9 354 965 habitants en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, soit une hausse de 46,0 % par rapport à 2010[10].
48
+
49
+ Avec 6 392 017 habitants en 2010, l'Arizona était le 16e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 2,07 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans l'est du comté de Maricopa dans la ville de Mesa[11].
50
+
51
+ Avec 21,73 hab./km2 en 2010, l'Arizona était le 33e État le plus dense des États-Unis.
52
+
53
+ Le taux d'urbains était de 89,8 % et celui de ruraux de 10,2 %[12].
54
+
55
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,7 ‰[13] (13,2 ‰ en 2012[14]) et le taux de mortalité à 7,3 ‰[15] (7,6 ‰ en 2012[16]). L'indice de fécondité était de 2,07 enfants par femme[13] (2,00 en 2012[14]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,0 ‰[15] (5,8 ‰ en 2012[16]). La population était composée de 25,49 % de personnes de moins de 18 ans, 9,91 % de personnes entre 18 et 24 ans, 26,27 % de personnes entre 25 et 44 ans, 24,54 % de personnes entre 45 et 64 ans et 13,80 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 35,9 ans[17].
56
+
57
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 234 609) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 121 237) avec un excédent des naissances (280 500) sur les décès (159 263), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 109 506) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 34 802) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 74 704)[18].
58
+
59
+ Selon des estimations de 2013, 85,3 % des Arizoniens étaient nés dans un État fédéré, dont 38,7 % dans l'État de l'Arizona et 46,6 % dans un autre État (16,6 % dans l'Ouest, 15,8 % dans le Midwest, 7,2 % dans le Sud, 7,0 % dans le Nord-Est), 1,2 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 13,5 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (64,3 % en Amérique latine, 18,0 % en Asie, 9,0 % en Europe, 5,0 % en Amérique du Nord, 3,2 % en Afrique, 0,5 % en Océanie). Parmi ces derniers, 38,2 % étaient naturalisés américain et 61,8 % étaient étrangers[19],[20].
60
+
61
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 300 000 immigrés illégaux, soit 4,6 % de la population. Cela représentait la 6e proportion la plus importante du pays[21].
62
+
63
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 73,01 % —4 667 121 personnes— de Blancs, 4,64 % —296 529 personnes— d'Amérindiens (2,06 % de Navajos), 4,05 % —259 008 personnes— de Noirs, 3,42 % —218 300 personnes— de Métis, 2,76 % —176 695 personnes— d'Asiatiques (0,56 % d'Indiens, 0,55 % de Philippins, 0,51 % de Chinois), 0,20 % —12 648 personnes— d'Océaniens et 11,92 % —761 716 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
64
+
65
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (3,18 %), principalement blanche et autre (0,97 %), blanche et asiatique (0,56 %), blanche et noire (0,55 %) et blanche et amérindienne (0,54 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,24 %).
66
+
67
+ Les non-hispaniques représentaient 70,35 % —4 496 868 personnes— de la population avec 57,82 % —3 695 647 personnes— de Blancs, 4,03 % —257 426 personnes— d'Amérindiens, 3,74 % —239 101 personnes— de Noirs, 2,67 % —170 509 personnes— d'Asiatiques, 1,79 % —114 631 personnes— de Métis, 0,17 % —10 959 personnes— d'Océaniens et 0,13 % —8 595 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 29,65 % —1 895 149 personnes— de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (25,93 %) et de Porto Rico (0,54 %)[17].
68
+
69
+ En 2010, l'État de l'Arizona avait la 4e plus forte proportion d'Hispaniques après le Nouveau-Mexique (46,30 %), le Texas (37,62 %) et la Californie (37,62 %) ainsi que la 7e plus forte proportion d'Amérindiens et la 9e plus forte proportion d'Océaniens des États-Unis. A contrario, l'État avait la 8e plus faible proportion de Blancs non hispaniques des États-Unis.
70
+
71
+ L'État comptait également le 3e plus grand nombre d'Amérindiens après la Californie (362 801) et l'Oklahoma (321 687) ainsi que le 6e plus grand nombre d'Hispaniques et le 8e plus grand nombre d'Océaniens des États-Unis.
72
+
73
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 69,7 %, dont 56,6 % de Blancs, 4,0 % de Noirs, 3,9 % d'Amérindiens, 2,8 % d'Asiatiques et 2,1 % de Métis, et celle des Hispaniques à 30,3 %[24].
74
+
75
+ L'Arizona connaît depuis le début des années 1970 une baisse continue de la part de la population blanche non hispanique au sein de la population totale, marquée fortement depuis le début des années 1990 en raison notamment d'une immigration importante en provenance du Mexique et de l'Asie, d’un âge médian plus élevé (44,5 ans[25]) que les autres populations (25,4 ans pour les Hispaniques, 27,2 ans pour les Amérindiens, 30,0 ans pour les Noirs, 34,4 ans pour les Asiatiques[26]), d'une natalité plus faible (9,3 ‰ en 2010) que les autres populations (20,8 ‰ pour les Hispaniques, 17,3 ‰ pour les Amérindiens, 14,5 ‰ pour les Noirs, 12,1 ‰ pour les Asiatiques) et d'une augmentation substantielle des unions mixtes.
76
+
77
+ En 2010, les Blancs non hispaniques ne représentaient plus que 39,6 % des enfants de moins de 5 ans (44,9 % pour les Hispaniques, 5,1 % pour les Amérindiens, 3,9 % pour les Noirs, 3,8 % pour les Métis et 2,4 % pour les Asiatiques) et 39,1 % des enfants de moins de 1 an (45,0 % pour les Hispaniques, 5,1 % pour les Amérindiens, 4,1 % pour les Métis, 4,0 % pour les Noirs et 2,4 % pour les Asiatiques)[27].
78
+
79
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, les Blancs non hispaniques constitueront 39,0 % de la population de l’État en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent[10].
80
+
81
+ En 2000, les Arizoniens s'identifiaient principalement comme étant d'origine mexicaine (20,8 %), allemande (15,6 %), anglaise (10,4 %), irlandaise (10,2 %), américaine (4,7 %) et italienne (4,4 %)[28].
82
+
83
+ L'État abrite la 13e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 106 300 Juifs en 2013 (21 000 en 1971), soit 1,6 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de Phoenix-Mesa-Scottsdale (82 900) et Tucson (21 400)[29].
84
+
85
+ L'État abrite également la 13e communauté arabe des États-Unis. Selon des estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l’État comptait 32 157 Arabes en 2013, soit 0,5 % de la population, principalement des Libanais (8 504) et des Iraquiens (3 680). Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de Phoenix-Mesa-Scottsdale (24 994) et Tucson (4 369).
86
+
87
+ L’État abritait en 2013 une population noire assez homogène, composée principalement de descendants d’esclaves déportés sur le sol américain entre le début du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle (76,3 %) mais aussi d’Africains subsahariens (14,3 %), d’Hispaniques (5,3 %) et de Caribéens non hispaniques (4,1 %).
88
+
89
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estimait le nombre d’Africains subsahariens à 39 784, soit 0,6 % de la population, principalement des Éthiopiens (4 231), des Somaliens (3 906) et des Nigérians (3 390) concentrés principalement dans les agglomérations de Phoenix-Mesa-Scottsdale (29 890) et Tucson (8 593).
90
+
91
+ Le nombre de Caribéens non hispaniques était quant à lui estimé à 11 423, soit 0,2 % de la population, principalement des Jamaïcains (4 169), des Haïtiens (1 827) et des Trinidadiens (1 461) concentrés principalement dans l'agglomération de Phoenix-Mesa-Scottsdale (9 428).
92
+
93
+ Les Hispaniques étaient essentiellement originaires du Mexique (87,5 %)[30]. Composée à 51,3 % de Blancs, 5,5 % de Métis, 2,1 % d'Amérindiens, 1,1 % de Noirs, 0,3 % d'Asiatiques, 0,1 % d'Océaniens et 39,7 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 47,5 % des Métis, 20,8 % des Blancs, 13,4 % des Océaniens, 13,2 % des Amérindiens, 7,7 % des Noirs, 3,5 % des Asiatiques et 98,9 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
94
+
95
+ L'État avait la 4e plus forte proportion de personnes originaires du Mexique (25,93 %) et la 7e plus forte proportion de personnes originaires d'Espagne (0,34 %).
96
+
97
+ L'État comptait également le 3e plus grand nombre de personnes originaires du Mexique (1 657 668) et le 8e plus grand nombre de personnes originaires d'Espagne (21 561).
98
+
99
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Navajos (44,3 %), Apaches (8,4 %), Pimas (6,6 %), Tohono O'odham (5,7 %), Yaquis (4,8 %) et Hopis (3,3 %)[31].
100
+
101
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (20,4 %), Philippins (19,8 %), Chinois (18,3 %), Viêts (13,7 %), Coréens (8,5 %) et Japonais (5,2 %)[32].
102
+
103
+ L'État avait la 10e plus forte proportion de Philippins (0,55 %).
104
+
105
+ Les Océaniens s'identifiaient principalement comme étant Hawaïens (30,3 %), Chamorros (20,9 %), Samoans (15,8 %), Tongiens (9,8 %) et Marshallais (4,7 %).
106
+
107
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (93,0 %), principalement blanche et autre (28,4 %), blanche et asiatique (16,3 %), blanche et noire (16,2 %) et blanche et amérindienne (15,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,0 %)[33].
108
+
109
+ Les Hispaniques se concentraient principalement dans les agglomérations de Phoenix-Mesa-Scottsdale (65,2 %), dont 59,6 % dans le seul comté de Maricopa et 31,1 % dans la seule ville de Phoenix, et Tucson (17,9 %), dont 11,4 % dans la seule ville de Tucson. Très implantés dans le sud de l'État à la frontière avec le Mexique, ils étaient majoritaires dans les comtés de Santa Cruz (82,8 %) et Yuma (59,7 %) et constituaient une part significative de la population dans les comtés de Greenlee (47,9 %), Pima (34,6 %), Cochise (32,4 %), Graham (30,4 %), Maricopa (29,6 %) et Pinal (28,5 %)[34].
110
+
111
+ Les Amérindiens se concentraient principalement dans les réserves indiennes de l'État (54,7 %), dont 32,8 % dans la réserve de la Nation Navajo, ainsi que dans la partie de l'agglomération de Phoenix-Mesa-Scottsdale non intégrée aux réserves indiennes de Gila River, Salt River, de la Nation Tohono O'odham, de la Nation Fort McDowell Yavapai et Maricopa (Ak Chin) (27,4 %) et dans la partie de l'agglomération de Tucson non intégrée aux réserves indiennes de la Nation Tohono O'odham et Pascua Pueblo Yaqui (7,2 %). Très implantés dans le nord de l'État, ils étaient majoritaires dans le comté d'Apache (72,9 %) et constituaient une part significative de la population dans les comtés de Navajo (43,4 %), Coconino (27,3 %), Gila (14,8 %), Graham (14,4 %) et La Paz (12,8 %)[35].
112
+
113
+ Les Noirs se concentraient principalement dans les agglomérations de Phoenix-Mesa-Scottsdale (80,2 %), dont 73,6 % dans le seul comté de Maricopa et 37,3 % dans la seule ville de Phoenix, et Tucson (13,4 %), dont 10,0 % dans la seule ville de Tucson.
114
+
115
+ Les Asiatiques se concentraient principalement dans les agglomérations de Phoenix-Mesa-Scottsdale (78,5 %), dont 74,8 % dans le seul comté de Maricopa et 25,8 % dans la seule ville de Phoenix, et Tucson (14,6 %).
116
+
117
+ L'anglais est la langue officielle de l'État depuis 2006.
118
+
119
+ Selon l'American Community Survey, pour la période 2012-2016, 73,12 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler anglais à la maison, alors que 20,43 % déclare parler l'espagnol, 1,31 % le navajo, 0,48 % une langue chinoise, 0,42 % une autre langue amérindienne, 0,38 % le tagalog, 0,37 % le vietnamien, 0,37 % l'arabe, 0,34 % l'allemand et 2,78 % une autre langue[36].
120
+
121
+ Selon une enquête annuelle effectuée par l'institut The Gallup Organization en 2013[37], 35,6 % des Arizoniens se considéraient comme « très religieux », soit 5,8 points de moins que la moyenne nationale (41,4 %), 29,1 % comme « modérément religieux » et 35,3 % comme « non religieux », soit 5,9 points de plus que la moyenne nationale (29,4 %). 41,8 % des Arizoniens s'identifiaient comme protestants, 27,1 % comme catholiques, 19,6 % sans appartenance religieuse et 11,5 % avec une autre religion[38].
122
+
123
+ Selon le rapport de l'Association of Religion Data Archives (ARDA) de 2010[39], l'Arizona comptait 930 702 adhérents à l'Église catholique (14,6 %), 762 376 adhérents aux Églises évangéliques (11,9 %) dont 126 830 à la Convention baptiste du Sud (2,0 %) et 123 713 aux Assemblées de Dieu (1,9 %), 392 918 adhérents à l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (6,1 %), 171 792 adhérents aux Églises protestantes traditionnelles (2,7 %), 16 233 adhérents aux Églises orthodoxes (0,3 %), 12 473 adhérents aux Églises protestantes noires (0,2 %), 93 434 adhérents à une autre religion (1,5 %) et 4 012 089 non-adhérents à une religion (62,8 %). Selon ce rapport, l'Arizona avait la 5e plus forte proportion de mormons des États-Unis après l'Utah (69,1 %), l'Idaho (26,1 %), le Wyoming (11,1 %) et le Nevada (6,5 %)[40].
124
+
125
+ Selon une enquête effectuée par l'institut The Gallup Organization en 2009[41], l'Arizona comptait 46,5 % de protestants, 24,7 % de catholiques, 17,2 % de personnes personnes sans appartenance religieuse, 5,5 % de mormons et 1,3 % de juifs. Selon cette enquête, l'Arizona avait la 4e plus forte proportion de mormons des États-Unis après l'Utah (60,8 %), l'Idaho (19,3 %) et le Wyoming (10,1 %).
126
+
127
+ Selon une enquête effectuée par le Pew Forum on Religion & Public Life en 2008[42], l'Arizona comptait 40 % de protestants dont 23 % d'évangéliques, 15 % de traditionnels et 2 % de noirs, 25 % de catholiques, 22 % de personnes sans appartenance religieuse, 4 % de mormons, 1 % de juifs, 1 % de bouddhistes, 1 % de Témoins de Jéhovah et 4 % de personnes avec une autre religion.
128
+
129
+ Selon une enquête effectuée par l'American Religious Identification Survey (ARIS) en 2008[43], l'Arizona comptait 73 % de chrétiens dont 29 % de catholiques, 8 % de baptistes, 4 % de luthériens et 2 % de méthodistes, 17 % de personnes sans appartenance religieuse et 5 % de personnes avec une autre religion.
130
+
131
+ Selon l'United States Conference of Catholics Bishops (USCCB)[44], les catholiques représentaient 16,2 % de la population en 2008.
132
+
133
+ Selon des estimations effectuées par le docteur en Géographie John R. Weeks de l'université d'État de San Diego, l'État comptait 0,7 % de Musulmans en 2000[45].
134
+
135
+ Le gouvernement fédéral a défini vingt-et-une réserves indiennes dans ou en partie dans l'État de l'Arizona.
136
+
137
+ (8 764)
138
+
139
+ (2 469)
140
+
141
+ (1 477)
142
+
143
+ (608)
144
+
145
+ (2 197)
146
+
147
+ (1 346)
148
+
149
+ (173 667)
150
+
151
+ (166 824)
152
+
153
+ (7 891)
154
+
155
+ (7 551)
156
+
157
+ En 2010, 178 131 Arizoniens résidaient dans une réserve indienne, soit 2,8 % de la population de l'État.
158
+
159
+ La réserve de la Nation navajo est la réserve indienne la plus vaste (62 564,24 km2) des États-Unis. Elle était également la plus peuplée (173 667 habitants) des États-Unis en 2010.
160
+
161
+ Les réserves indiennes de la Nation Tohono O'odham (11 535,24 km2), de San Carlos (7 580,68 km2), de Fort Apache (6 814,81 km2), de Hopi (6 560,75 km2) et de Hualapai (4 155,84 km2) sont respectivement les 3e, 10e, 11e, 12e et 19e réserves les plus vastes des États-Unis.
162
+
163
+ Les réserves indiennes de Fort Apache (13 409 habitants) et de Gila River (11 712 habitants) étaient respectivement les 13e et 15e réserves les plus peuplées des États-Unis en 2010.
164
+
165
+ L'Arizona est un État politiquement modéré de l'ouest et de tradition républicaine.
166
+
167
+ Au niveau local, la législature de l'Arizona est composée d'un Sénat de 30 élus et d'une Chambre des représentants de 60 députés, tous élus pour deux ans renouvelables. Depuis 1950, ces deux Assemblées sont dominées par le Parti républicain.
168
+
169
+ Le gouverneur de l'Arizona est élu pour quatre ans. Depuis le 5 janvier 2015, le gouverneur est le républicain Doug Ducey.
170
+
171
+ En 2011, le scandale lié à l'opération Fast and Furious coûta son poste au procureur général de l'Arizona, nommé en septembre 2009.
172
+
173
+ Depuis 2000, l'État de l'Arizona a institué après un référendum d'initiative populaire une mesure de couverture médicale minimale pour les pauvres[46]. En 2008, par référendum, les électeurs ont approuvé l'interdiction du mariage homosexuel dans la constitution.
174
+ Depuis 2010, une nouvelle loi visant à lutter contre l'immigration clandestine suscite la polémique. Le président mexicain a même pris parti contre cette loi en demandant à ses ressortissants de ne pas voyager en Arizona[47].
175
+
176
+ Depuis 1952, lors des élections présidentielles, l'Arizona a constamment voté pour les candidats républicains. En 1964, l'Arizona est d'ailleurs l'un des rares États à voter pour le conservateur républicain Barry Goldwater, qui était à l'époque sénateur de cet État.
177
+
178
+ Seule exception à cette constance est l'élection présidentielle de l'année 1996, quand les électeurs placèrent le démocrate Bill Clinton en tête avec 46,52 % devant le républicain Bob Dole (44,30 %) lequel était handicapé par le bon score réalisé dans l'État par le populiste de droite Ross Perot (8 %).
179
+
180
+ En 2004, l'Arizona a voté à 54,83 % pour George W. Bush contre 44,37 % à John Kerry.
181
+
182
+ En 2008, l'Arizona a voté à 53,60 % pour John McCain, sénateur républicain de cet État, contre 45 % à Barack Obama, vainqueur au niveau national de l'élection présidentielle américaine de 2008.
183
+
184
+ En 2016, Donald Trump remporte 48,1 % des voix, contre 44,6 % pour Hillary Clinton[48].
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+
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+ L'Arizona est actuellement représentée au Sénat par la républicaine Martha McSally et la démocrate Kyrsten Sinema.
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+
188
+ Kyrsten Sinema, sénatrice depuis 2019.
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+
190
+ Martha McSally, sénatrice depuis 2019.
191
+
192
+ Depuis les élections de 2014, l'Arizona élit cinq républicains et quatre démocrates à la Chambre des représentants des États-Unis.
193
+
194
+ Les touristes fréquentent les nombreux parcs naturels et historiques de l'Arizona. Celui du Grand Canyon est le plus célèbre, le plus fréquenté (4,3 millions de visiteurs en 2004) et le plus étendu de tous.
195
+
196
+ Monument national du Canyon de Chelly.
197
+
198
+ Vue panoramique sur les environs de Sedona.
199
+
200
+ Parc national de Saguaro.
201
+
202
+ Panorama des ruines de Wupatki.
203
+
204
+ Panorama sur le Grand Canyon.
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+ Meteor Crater.
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+
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+ Monument Valley.
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+ Sunset Crater Volcano.
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+
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+ Spider Rock, dans le Canyon de Chelly.
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+ Chiricahua.
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+
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+ Le Red Rock State Park (en).
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ On retrouve plusieurs vignobles en Arizona. De plus on retrouve des brasseries et des pubs gastronomiques fort intéressants[49]. On retrouve aussi des plats plus typiques comme le Navajo Frybread, le Chimichangas et les Prickly Pear Cactus[50].
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+
222
+ Il y a deux grandes universités en Arizona : l'université de l'Arizona à Tucson et l'université d'État de l'Arizona à Tempe. De plus il y a une université régionale au nord de l'Arizona, la Northern Arizona University à Flagstaff.
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+ Matteo Renzi (prononciation italienne : [matˈtɛo] [ˈrɛntsi]), né le 11 janvier 1975 à Florence, est un homme d'État italien. Membre du Parti démocrate (PD), il est président du Conseil des ministres du 22 février 2014 au 12 décembre 2016.
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+ Publicitaire de profession, Matteo Renzi s'engage rapidement dans le jeu politique lorsqu'il soutient activement l'économiste Romano Prodi lors des élections parlementaires de 1996 ; élu président de la province de Florence en 2004, il dirige une coalition de centre-gauche, L'Olivier, et, cinq ans plus tard, en 2009, est élu maire de la ville de Florence.
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+ Candidat au secrétariat du PD lors de la primaire de 2012, espérant mener la campagne de la coalition de centre-gauche « Italie. Bien commun » pour les élections parlementaires de 2013, il est cependant défait par le sortant, Pier Luigi Bersani ; un an plus tard, quelques mois après la crise interne vécue par le parti, il est cette fois désigné pour prendre le secrétariat du PD, majoritaire à la Chambre des députés depuis les élections du mois de février, et membre d'une grande coalition gouvernementale alliant la gauche, le centre et la droite.
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+ En 2014, Matteo Renzi obtient, par un vote interne du PD, la démission contrainte du président du Conseil, Enrico Letta. Il lui succède peu après au palais Chigi. Fin 2016, après la victoire du « non » au référendum constitutionnel dont il était le promoteur, il remet sa démission au président de la République. L'année suivante, en 2017, il est réélu secrétaire du PD peu après avoir démissionné de cette fonction.
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+ Il quitte à nouveau la tête du PD après le score historiquement bas obtenu par le parti aux élections générales de 2018, lors desquelles il est cependant élu sénateur. Il quitte en 2019 le Parti démocrate pour former un nouveau parti politique, Italia Viva.
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+ Matteo Renzi est le fils d’un élu chrétien-démocrate. Il passe son enfance à Rignano sull'Arno. Formé, dès l’âge de cinq ans, à l’école du scoutisme catholique où il fait son « véritable apprentissage » pendant vingt ans, il sera chef scout. Il déclare « J’ai appris le sens de la communauté chez les scouts. Et j’ai retenu une leçon en particulier de cette expérience : la valeur la plus importante, c’est la loyauté. Et puis l’idée de relever coûte que coûte les défis les plus difficiles. Comme disent les scouts : « C’est dans la montée que la voie se dégage » »[1].
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+ Il part à Florence pour faire ses études secondaires, puis supérieures. Entré à l’université de Florence, il suit un cursus de droit pendant quatre ans, qu’il achève en 1999 par une maîtrise[2].
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+ Il a un temps été journaliste bénévole, puis a travaillé au sein de la CHIL Srl, une société de services marketing. Dans cette entreprise, propriété de sa famille, il a notamment été chargé de la coordination du service de vente du quotidien La Nazione sur le territoire de Florence avec la gestion directe des marchands de journaux.
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+ En 1999, il épouse Agnese Landini, une enseignante, avec laquelle il a trois enfants.
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+ Pour l'année 2019, il déclare un revenu annuel de 796 000 €[3].
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+ En 1996, il contribue à la création des « comités Prodi », structure qui soutient la candidature de l'économiste Romano Prodi à la présidence du Conseil des ministres, et adhère alors au Parti populaire italien (PPI).
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+ Élu secrétaire provincial du PPI en 1999, il devient, deux ans plus tard, coordinateur du projet électoral de centre gauche chrétien La Marguerite dans la province de Florence. Après la transformation de la coalition en un parti, Démocratie est liberté - La Marguerite (DL), en 2002, il est investi secrétaire provincial, en 2003.
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27
+ À l'occasion des élections provinciales des 12 et 13 juin 2004, il prend la tête de liste de l'alliance de centre gauche L'Olivier dans la province de Florence. Avec 58,8 % des suffrages exprimés dès le premier tour, soit le même résultat que celui obtenu, cinq ans plus tôt, par Michele Gesualdi, issu de la même coalition politique.
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+ Lorsque DL fusionne avec les Démocrates de gauche (DS), afin de constituer le nouveau Parti démocrate (PD), il en devient adhérent.
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+ À l'issue de son mandat provincial de cinq ans, il décide se présenter aux primaires démocrates du 15 février 2009, pour la mairie de la ville de Florence. Vainqueur surprise avec 40,5 % des suffrages, il arrive en tête lors du premier tour des élections municipales, les 6 et 7 juin, en obtenant 47,4 % des voix, se trouvant alors en ballotage face à Giovanni Galli, candidat du Peuple de la liberté (PDL). Au conseil municipal, le PD emporte 22 des 42 sièges, et le centre gauche dans son ensemble, 28. Lors du second tour, les 20 et 21 juin, il s'impose largement, avec 59,5 % des voix, un score moins élevé que son prédécesseur, Leonardo Domenici. Lors d'un sondage, réalisé en 2012, il est le troisième maire le plus apprécié d'Italie, après Luigi De Magistris, de Naples, et Piero Fassino, de Turin, tous les deux issus du centre gauche.
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+ Le 13 septembre 2012, il fait part de son intention d'être candidat aux primaires organisées par la coalition Italie. Bien commun, qui rassemble le Parti démocrate, Gauche, écologie et liberté (SEL) et le Parti socialiste italien (PSI), s'opposant donc au secrétaire du PD, Pier Luigi Bersani. Avec 1 104 958 voix, soit 35,5 %, au premier tour le 25 novembre, il arrive deuxième derrière Pier Luigi Bersani. Au second tour, organisé une semaine plus tard, il est défait par Bersani en ne remportant que 1 095 925 suffrages, ce qui correspond à 39,1 % des voix.
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+ Bien qu'il ne soit pas le candidat du centre-gauche aux élections générales anticipées des 24 et 25 février 2013, il prend une part active dans la campagne. Après le scrutin, qui voit la coalition remporter la majorité à la Chambre des députés, mais pas au Sénat de la République, il appelle le PD à prendre des positions fortes sur la rénovation de la vie politique, de manière à s'assurer le soutien des élus du Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo.
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+ Lors de l'élection présidentielle d'avril 2013, il s'oppose à ce que les démocrates investissent Anna Finocchiaro ou Franco Marini, ce qui lui vaut des critiques de la part de ces derniers. Critique de la désignation de Marini, qui n'est cependant pas élu, il se félicite du choix de soutenir, au troisième tour, Romano Prodi, qui échoue à son tour. Finalement, c'est le chef de l'État sortant Giorgio Napolitano, qui se voit reconduit dans ses fonctions, au sixième tour de scrutin, le 20 avril.
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+ Trois jours après ce scrutin, suivi de la démission de la direction du PD, le nom de Matteo Renzi est évoqué pour la présidence du Conseil des ministres, à la tête d'une alliance avec Le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi[4]. Une telle option, qu'il ne réfute pas tout en affirmant qu'Enrico Letta ferait un bon candidat également, a les faveurs de cadres du parti, tels Piero Fassino, Dario Franceschini. À droite, Sandro Bondi et Ignazio La Russa appuient également cette possibilité. À l'occasion d'une réunion de la direction du PD, tenue ce même 23 mars, il estime sa nomination finalement « improbable ».
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+ Le 19 novembre, Matteo Renzi parvient à se qualifier pour la primaire du 8 décembre suivant, celle-ci devant désigner le successeur de Pier Luigi Bersani au secrétariat du Parti démocrate. En effet, à l'issue du vote des seuls adhérents du parti, le jeune maire de Florence parvient à rassembler sur son nom 46,7 % des suffrages. Il est élu à la direction du PD dès le premier tour de la primaire ouverte avec 1 895 332 voix, soit 67,55 % des suffrages exprimés. Il nomme aussitôt un secrétariat rajeuni et fortement féminisé.
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+ Le 13 février 2014, Renzi obtient la démission du président du Conseil, Enrico Letta, par un vote interne du PD réclamant immédiatement la constitution d'un nouveau gouvernement[5]. S'il s'agit, selon la presse transalpine, d'un véritable camouflet pour le chef du gouvernement démissionnaire, qui ne souhaitait pas quitter ses fonctions pour poursuivre son travail, l'épisode est présenté comme une victoire pour le jeune maire de Florence, désormais pressenti pour succéder à Letta au palais Chigi[6].
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+ Le 17 février 2014, Renzi est officiellement convoqué par le président de la République, Giorgio Napolitano, au palais du Quirinal ; à l'issue d'un entretien d'une heure et demie, le maire de Florence est officiellement chargé par le chef de l'État de la formation d'un nouveau gouvernement, ce qu'il accepte « avec réserve »[7]. S'il promet d'accomplir sa tache « avec toute l'énergie, l'enthousiasme et l'engagement » qui sont les siens[8], il doit cependant reconnaître, selon la presse italienne, que la constitution d'un nouvel exécutif ne sera pas chose aisée. L'écrivain Alessandro Baricco refuse le ministère des Biens et Activités culturels et du Tourisme et le président de Luxottica, Andrea Guerra, pressenti pour le ministère du Développement économique, refuse également l'offre. D'autre part, Renzi doit encore négocier avec le vice-président du Conseil sortant, Angelino Alfano, dont le soutien de son parti, le Nouveau Centre droit (NCD) est nécessaire pour l'investiture du gouvernement[9].
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+ Quatre jours après avoir été convoqué par le chef de l'État Giorgio Napolitano pour la formation d'un nouvel exécutif, Renzi, à l'issue de ses consultations politiques, monte au Quirinal pour accepter la présidence du Conseil et présenter au président la liste des ministres proposés ; durant cet entretien long de plus de deux heures, un différend semble avoir opposé les deux hommes quant aux nominations du ministre des Finances et du chef de la diplomatie[10]. Le président Napolitano a ainsi échoué à faire confirmer Emma Bonino au ministère des Affaires étrangères, mais est parvenu à imposer l'économiste Pier Carlo Padoan au ministère de l'Économie et des Finances, dans un contexte économique difficile pour la péninsule.
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+
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+ À l'issue de cet entretien, le plus jeune président du Conseil de l'histoire italienne présente son gouvernement, composé de seulement seize ministres dont huit femmes, parmi lesquelles Roberta Pinotti au ministère de la Défense, une première. Matto Renzi et ses ministres prêtent serment le lendemain, devant Giorgio Napolitano.
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+ Il conserve dans le même temps la direction du Parti démocrate, une première dans l'histoire de ce dernier[11].
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+ Le 24 février 2014, Matteo Renzi présente son gouvernement et son programme devant le Sénat de la République pour le vote de confiance. Il déroule un discours profondément europhile, affirmant que « La tradition européenne et européiste représente la meilleure partie de l'Italie, ainsi que sa certitude d'avoir un avenir », précisant « Ce ne sont pas Angela Merkel et Mario Draghi qui nous demandent de tenir nos comptes publics en ordre. Nous devons le faire par respect pour nos enfants, pour ceux qui viendront après nous. » Jouant sur son image de jeune réformateur, il rappelle sa volonté de réformer la chambre haute, soulignant qu'il n'a même pas l'âge d'y siéger, promet le remboursement « intégral et immédiat » des dizaines de milliards d'euros que les administrations doivent aux entreprises italiennes, annonce l'instauration de la déclaration pré-remplie d'impôt sur le revenu pour les fonctionnaires et « une réduction à deux chiffres » de la pression fiscale.
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+ À l'issue d'un débat de onze heures, l'exécutif remporte la confiance par 169 voix contre 139[12]. Il obtient, vingt-quatre heures plus tard, la confiance de la Chambre des députés, par 378 voix contre 220[13].
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+ Il annonce, le 12 mars, un important plan de relance[14]. Il comprend notamment une baisse de l'impôt sur le revenu pour les salariés touchant moins de 25 000 euros nets par an, une baisse de 10 % de l'impôt sur la production et de la facture énergétique des PME, le remboursement des 60 milliards d'euros dus par les administrations publiques aux entreprises italiennes, un plan de rénovation des écoles de 3,5 milliards d'euros, un plan de protection du territoire de 1,5 milliard d'euros pour les zones à risque, un fond de 1,7 milliard d'euros pour les jeunes, afin de les aider à poursuivre leurs études ou trouver un emploi.
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+ L'ensemble de ces réductions fiscales et nouvelles dépenses sera financé par une économie de 7 milliards d'euros sur le fonctionnement de l'État, une baisse des taux d'intérêt de la dette, un retour de TVA de l'ordre de 6 milliards d'euros du fait du remboursement des administrations publiques, une augmentation du déficit public, qui se maintiendra sous les 3 % du PIB, et la hausse de six points de la taxe sur les revenus financiers.
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+ Le lendemain, il qualifie le pacte budgétaire européen de « pacte de stupidité », expliquant : « Je suis le Premier ministre d'un pays qui respecte les engagements pris avec l'Europe, mais il y a un engagement encore plus grand : la vocation de l'Europe, qui ne doit pas être un ensemble de techniciens sans âme »[15].
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+ En avril, il lance une vague de nominations dans le service public inédite depuis dix ans (350 à 500 places d'administrateur sont concernés) : il choisit des personnalités plus jeunes et féminines, nomme trois femmes à la tête de grands groupes (notamment Emma Marcegaglia à la direction d'Eni) et réduit les salaires des dirigeants publics[16].
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+ La veille des élections européennes de 2014, Matteo Renzi tient une conférence de presse afin de faire le point sur ses quatre-vingt premiers jours en tant que chef du gouvernement. Il liste notamment la baisse des impôts à hauteur de 10 milliards d'euros pour les ménages et 2,5 milliards pour les entreprises, l'abolition des provinces (ce qui entraîne une diminution de 3 000 hommes politiques) et son plan de relance à destination des jeunes[17]. Il a également fait adopter un nouveau Code du travail (permettant notamment à un jeune d'être titularisé après trois années d'apprentissage), mis en vente la participation de l'État dans les Postes et l'aviation civile et débloqué un crédit de 3,5 milliards d'euros pour la réfection de 10 000 écoles.
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+ Pour autant, l’économiste italien Andrea Fumagalli explique que selon les données de l'OCDE, les réformes économiques libérales de Matteo Renzi ont provoqué une augmentation de la précarité et du chômage parmi les jeunes et un PIB stagnant[18].
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+ La réforme de la loi électorale, pas encore votée, prévoit la suppression du Sénat et la diminution de 3 000 fonctionnaires. Lors du scrutin européen, son parti arrive en première position avec 41 % des voix[19].
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+ En juin 2014, il s'attaque aux affaires de la classe politique, impliquant plusieurs hauts responsables. Le Conseil des ministres accorde notamment des pouvoirs étendus à des magistrats anticorruption pour enquêter sur les financements occultes de l'Exposition universelle de 2015, qui se tient à Milan[20].
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+ Mi-juillet 2014 est présentée la réforme du Sénat. Il n'aura plus de rôle exécutif, mais une mission consultative vis-à-vis à la Chambre des députés ; le « bicamérisme parfait » né en 1947 était jusque-là déclaré responsable de pesanteurs politiques et d'une profonde inertie. Il comportera 100 membres (74 conseillers régionaux, 21 maires et 5 personnalités désignées pour 7 ans par le président de la République) contre 315 aujourd'hui ; ils ne seront plus rémunérés, ce qui représentera une économie de 500 millions d'euros pour l'État. Cette révision constitutionnelle est la plus importante depuis la fondation de la République et conduit à un rétrécissement sensible du collège électoral de l'élection présidentielle (qui compte alors 1 000 membres)[21] et une altération du quorum pour son élection[22].
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+
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+ En 2014, lors de la fête de L'Unità à Bologne, il s'affiche avec le Premier ministre français Manuel Valls et les représentants du Parti travailliste néerlandais, Diederik Samsom, du Parti socialiste ouvrier espagnol, Pedro Sánchez, et du Parti socialiste européen, Achim Post : leur alliance est présentée comme le « pacte des tortellinis », du nom des célèbres pâtes bolognaises[23],[24]. Matteo Renzi affiche de nouveau sa complicité avec Manuel Valls en 2015, tandis que certains observateurs soulignent leurs ressemblances et la convergence de leurs politiques[24],[25],[26].
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+ Il enregistre sa première vraie défaite électorale lors des élections municipales de 2016, à l'issue desquelles le Parti démocrate perd les villes de Rome, Turin, Trieste, et conserve de justesse Milan[27]. L'un de ses plus farouches adversaires, Luigi de Magistris, est par ailleurs largement réélu à Naples[27]. Bien que Matteo Renzi ait refusé de nationaliser ce scrutin, celui-ci a été centré sur sa personne, et les analystes politiques considèrent qu'il a échoué à élargir sa majorité au centre droit, qui a préféré voter pour le grand vainqueur de ces élections, le Mouvement 5 étoiles[27].
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+ Le 4 décembre 2016, à la suite de la large victoire du « non » (59,1 %) lors d'un référendum constitutionnel qui devait mettre fin au bicamérisme égalitaire et auquel il avait lié son avenir à la tête du pays, il annonce qu'il présentera sa démission le lendemain, après une dernière réunion du Conseil des ministres[28]. Le chef de l'État lui ayant demandé d'attendre l'adoption de la loi de finances pour 2017 par le Sénat, Matteo Renzi lui présente officiellement sa démission le 7 décembre. Il se voit alors chargé de l'expédition des affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouvel exécutif[29]. Le 12 décembre 2016, il est remplacé par Paolo Gentiloni au poste de Président du Conseil des ministres d'Italie par le président de la République, Sergio Mattarella.
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+ Après avoir démissionné du gouvernement, Matteo Renzi reste dans un premier temps à la tête du Parti démocrate. Il affronte une vive contestation à la gauche du parti, les proches de Pier Luigi Bersani, ancien secrétaire du parti, hésitant à faire scission. Mediapart souligne qu'« à force d’avoir personnalisé le PD sans le structurer autrement que sur son charisme, Renzi a cristallisé beaucoup de rancœur autour de son mode d’exercice du pouvoir »[11].
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+ Le 19 février 2017, il annonce en ouverture de l'assemblée nationale du Parti démocrate qu'il démissionne de ses fonctions de secrétaire du parti, n'excluant pas de postuler à sa succession lors du prochain congrès du PD[30].
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+ Il est réélu le 30 avril au cours des primaires ouvertes avec 71 % des voix, contre 21 % au ministre de la Justice Andrea Orlando et 8 % au président des Pouilles Michele Emiliano. Cette victoire, plus large que celle attendue, est aussi perçue comme un succès pour le Parti démocrate, victime, avec la création d'Article 1er - Mouvement démocrate et progressiste, d'une scission quelques semaines auparavant, puisque plus de deux millions d'Italiens ont participé à ce scrutin[31].
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+ Il apporte son soutien à Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle, notamment en reprenant notamment son slogan « En marche » (In cammino !) ; il relève également que certaines de ses idées se retrouvent dans le programme d'Emmanuel Macron, tandis que certains observateurs soulignent des ressemblances entre eux[32],[33]. En vue des élections européennes de 2019, certains élus socialistes européens craignent qu'il ne pousse le PD à quitter le groupe du Parti socialiste européen au profit d'un groupe centriste, voire d'une liste transnationale commune avec La République en marche (LREM) et Ciudadanos, dont il rencontre le dirigeant Albert Rivera en janvier 2018[34],[35]. En septembre 2018, avec plusieurs personnalités européennes[36], il cosigne une tribune appelant à refonder l'Europe en réformant les traités et en mettant en garde contre les « dirigeants populistes pour qui l'Union est une anomalie de l'histoire qu'il convient de d��construire »[37].
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+ Après la contre-performance de son parti lors des élections municipales de juin 2017, il écrit dans son livre-programme Avanti. Perchè l’Italia non si ferma [En avant. Parce que l’Italie ne s’arrête pas] : « Nous n’avons pas le devoir moral d’accueillir en Italie toutes les personnes qui se trouvent dans de plus mauvaises conditions que les nôtres. Mais nous avons le devoir moral de les aider. De les aider vraiment chez eux. » Ce dernier propos, perçu comme un rapprochement avec la position de la Ligue du Nord, suscite de nombreuses critiques de la société civile et de l’Église italienne, et jusque dans son propre camp[38].
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+ En vue des élections générales de 2018, son parti souffre de son impopularité alors que le président du Conseil, Paolo Gentiloni, plus populaire, est tenu à l'écart de la campagne[39],[40]. Lui-même se présente au Sénat de la République, dans la circonscription uninominale de Florence, en Toscane. Il recueille 109 830 voix, soit 43,89 % des suffrages exprimés et arrive loin devant le candidat soutenu par la coalition de centre droit[41]. Il obtient ainsi son premier mandat parlementaire. Le 5 mars 2018, il démissionne de la tête du parti[42]. Il doit cependant quitter son poste après le congrès, auquel il annonce qu'il ne se présentera pas, ce qui lui laisse la latitude de refuser toute coalition gouvernementale avec le Mouvement 5 étoiles, conformément à sa position de toujours, alors que cette possibilité est envisagée par certains cadres du parti[43].
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+ En septembre 2019, après avoir œuvré à la constitution du deuxième gouvernement Conte, alliant le PD et le M5S, afin d'éviter la tenue d'élections anticipées, il quitte le Parti démocrate et lance une nouvelle formation baptisée Italia Viva, indiquant : « Aujourd'hui, le PD est un ensemble de courants politiques. […] Je crains qu'il ne soit pas en mesure de répondre seul aux agressions de Salvini et à la difficile cohabitation avec les 5 Étoiles ». Il précise qu'il continue à soutenir le gouvernement Conte[44]. Plusieurs parlementaires le rejoignent, venant du PD et de Forza Italia[45].
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+ Surnommé Il Rottamatore (« Le démolisseur »)[46], en référence à sa volonté d’envoyer la vieille classe dirigeante italienne à la casse.
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+ Certains des détracteurs du maire de Florence le surnomment aussi Renzusconi, en argüant, au-delà des camps politiques opposés dans lesquels se situent Matteo Renzi et Silvio Berlusconi, que les deux hommes partageraient certains traits de caractère : « Même ambition, même goût pour les slogans, même souplesse idéologique, même capacité à priver l’adversaire de ses arguments en les faisant siens, même aisance télégénique, même maîtrise de la mise en valeur de ce qu’ils ont de plus précieux : eux-mêmes, et même maîtrise de la langue anglaise »[47].
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+ Matthew Abram Groening, né le 15 février 1954 à Portland (Oregon), est un dessinateur, scénariste et producteur de télévision américain. Il est le créateur du comic strip Life in Hell et des séries télévisées d'animation Les Simpson, Futurama et Désenchantée.
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+ Matt Groening débute dans la télévision avec Life in Hell, publié dans le magazine Wet dès 1978, et qui est toujours présent dans deux cent cinquante revues hebdomadaires. Life in Hell attire l'attention du cinéaste James L. Brooks, qui contacte Matt Groening en 1985 pour lui proposer de travailler pour l'émission The Tracey Ullman Show, diffusée sur la Fox. Initialement, Brooks voulait que Groening adapte l'univers de Life in Hell à la télévision. Cependant, craignant de perdre ses droits de publication, Groening décide de créer un nouvel ensemble de personnages en 1986, la famille Simpson, en nommant les membres d'après sa propre famille, mis à part pour Bart. La série de courts métrages qui met en vedette cette famille typiquement américaine est par la suite devenue une série à part entière, Les Simpson, toujours diffusée aujourd'hui après plus de six cents épisodes.
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+ En 1997, Matt Groening s'associe à David X. Cohen pour développer Futurama, une série d'animation se déroulant dans les années 3000, qui débute en 1999. Après quatre années de diffusion, la Fox décide d'arrêter la série en 2003, mais Comedy Central commande seize nouveaux épisodes pour une sortie directement en vidéo. En juin 2009, Comedy Central demande vingt-six nouveaux épisodes, pour qu'ils soient diffusés en deux nouvelles saisons.
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+ Matt Groening a remporté douze Primetime Emmy Awards, dix pour Les Simpson et deux pour Futurama, ainsi qu'un British Comedy Award pour sa contribution à la comédie en 2004. En 2006, il remporte le National Cartoonists Society Reuben Award pour Life in Hell.
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+ Il a reçu une étoile sur le Walk of Fame à Hollywood le 14 février 2012[1].
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13
+ Matt Groening naît le 15 février 1954[2], à Portland, dans l'Oregon, aux États-Unis[3], au sein d'une fratrie de cinq enfants. Sa mère norvégo-américaine, Margaret Ruth (née Wiggum) (23 mars 1919–22 avril 2013) est enseignante et son père germano-américain, Homer Philip Groening (30 décembre 1930–15 mars 1996[4]), est réalisateur, publicitaire, et dessinateur[3],[5]. Homer, né en Saskatchewan au Canada, a grandi dans une famille plautdietsch mennonite. Son nom de famille lui vient de la ville néerlandaise de Groningen[6]. Le grand-père de Matt, Abram Groening, était professeur à l'université privée mennonite d'arts libéraux de Tabor, située à Hillsboro au Kansas avant de partir pour l’Albany College, connu maintenant sous le nom de Lewis and Clark College, en Orégon, en 1930[7].
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+ Groening grandit à Portland. Il va à l'école élémentaire d'Ainsworth puis à l'école secondaire Lincoln[8]. De 1972[9] à 1977, Matt Groening étudie à l'université d'Evergreen State à Olympia, dans l'État de Washington[10], une école d'arts libéraux qu'il décrit comme étant « une université hippie avec aucun classement ou classe requis, qui peut emmener tout curieux jusqu'au nord-ouest »[11]. Il tient le poste d'éditeur du journal du campus, The Cooper Point Journal, pour lequel il écrit aussi des articles et dessine quelques bandes dessinées[9]. Il se lie d'amitié avec la dessinatrice Lynda Barry après avoir découvert qu'elle a écrit une lettre d'admiration à Joseph Heller, l'un des auteurs préférés de Matt Groening, et qu'elle a reçu une réponse[12]. Groening reconnaît Lynda Barry comme étant « probablement sa plus grande inspiration »[13]. Il cite aussi le film d'animation des studios Disney Les 101 Dalmatiens comme étant le film qui l'a poussé à s’intéresser aux cartoons[14], au même titre que la série de comic-strip Peanuts créée par Charles M. Schulz.
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+ En 1977, à l'âge de 23 ans, Groening déménage à Los Angeles pour devenir écrivain. Il fait ce qu'il décrit plus tard comme « une série de jobs minables », comprenant le rôle d'un figurant dans le film When Every Day Was the Fourth of July[15], le transport de tables[16], la vaisselle dans une maison de retraite, paysagiste dans une station d'épuration[17] ou encore chauffeur et nègre pour un réalisateur de western à la retraite[18],[19].
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19
+ Dans cette série de comic strip qu'il publie lui-même, Matt Groening décrit la vie à Los Angeles à ses amis. Le titre Life in Hell est librement inspiré du chapitre How to Go to Hell du livre de Walter Kaufmann, Critique of Religion and Philosophy[20]. Groening distribue ses bandes dessinées dans le rayon librairie du Licorice Pizza, un magasin de musique dans lequel il a travaillé. En 1978, il vend pour la première fois son œuvre pour le magazine avant-gardiste Wet. La bande dessinée, intitulée Forbidden Words, apparaît dans le numéro de septembre-octobre de cette même année[16],[21].
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+ Il est alors engagé dans le Los Angeles Reader, un tout nouveau journal alternatif, qui publie des articles, des nouvelles[9], des éditoriaux et des réponses à des appels ou à des courriers des lecteurs[17]. Il décide de présenter ses bandes dessinées à l'éditeur James Vowell, qui, impressionné, lui offre une place dans le journal[9]. Life in Hell débute officiellement comme comic strip dans le Reader du 25 avril 1980[16],[22]. En 1982, Vowell donne à Groening sa propre colonne musicale hebdomadaire : Sound Mix. Mais la colonne ne parle que rarement de musique, Matt préférant écrire sur ses « diverses passions, obsessions, bêtes noires ou problèmes »[11]. Un jour, pour justifier le nom de la rubrique, Matt Groening invente des bandes originales et des morceaux de musique qu'il commente[15]. Il reconnaît sa tromperie dès le numéro suivant en jurant de sa sincérité future, mais la rubrique lui est retirée peu après[23].
22
+ Parmi les adeptes de la colonne de Groening il y a Harry Shearer qui deviendra plus tard un des doubleurs des Simpson[24].
23
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24
+ Life in Hell devient populaire pratiquement dès sa publication[25]. En novembre 1984, Deborah Caplan, la petite amie et collègue de Matt Groening, lui propose de publier Love is Hell, une série de planches de Life in Hell basée sur les relations amoureuses, sous la forme d'un livre[26]. Publié un mois plus tard, le livre est un réel succès, vingt-deux mille exemplaires sont vendus lors des deux premiers tirages. Peu après, Caplan publie Work is Hell[9]. Plus tard, Caplan et Groening s'unissent pour fonder la Life in Hell Corporation afin de vendre les produits dérivés de Life in Hell[16]. Matt Groening fonde aussi une maison d'édition, Acme Features Syndicate, qui édite Life in Hell, Lynda Barry et John Callahan. Aujourd'hui, elle n'édite plus que Life in Hell[9]. Actuellement, Life in Hell est encore publié dans deux cent cinquante journaux hebdomadaires. Plusieurs livres ont aussi été publiés afin de regrouper plusieurs planches, dont School is Hell, Chilhood is Hell, The Big Book of Hell et The Huge Book of Hell[8]. Groening a déclaré : « Je n'abandonnerai jamais cette bande dessinée. C'est mon fondement »[27].
25
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26
+ Matt Groening et Deborah Caplan se marient en 1986[17] et ont deux fils : Homer (qui se fait appeler Will) et Abe[28]. Groening les caricature parfois en lapins dans Life in Hell. Le couple divorce toutefois en 1999, après treize ans de mariage[18]. Groening est le beau-frère du créateur de Hé Arnold !, Craig Barlett, qui est marié avec sa sœur, Lisa. Arnold est apparu dans le magazine Simpsons Illustrated[29].
27
+
28
+ Life in Hell attire l'attention des scénaristes et producteurs d'Hollywood, ainsi que celle du fondateur de la Gracie Films, James L. Brooks grâce à son collègue producteur, Polly Platt, qui lui fait découvrir la série[25],[30]. En 1985, Brooks contacte Groening pour lui proposer de travailler dans un futur projet d'animation encore indéfini[5], qui devrait être développé en une série de parodies animées courtes, appelées « bumpers », pour l'émission de variété de la Fox, le Tracey Ullman Show.
29
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30
+ Brooks veut que Groening adapte les personnages des Life in Hell à l'écran, mais Groening craint à la fois de devoir renoncer à ses droits d'auteur et de faire face à un échec de l'émission, échec qui aurait mis un terme à sa bande dessinée ainsi qu'à sa carrière[31]. Matt Groening conçoit l'idée des Simpson dans l'entrée du bureau de James L. Brooks et, immédiatement, il esquisse sa version d'une famille déséquilibrée constituée d'Homer, le père obèse, de Marge, la mère à la taille mince, Bart, l'aîné turbulent, Lisa, l'intelligente deuxième et Maggie, la benjamine encore bébé[31],[32],[33]. Matt Groening décide de nommer les personnages principaux des Simpson d'après les membres de sa propre famille : ses parents, Homer et Margaret (le nom complet de Marge ou Marjorie), et ses jeunes sœurs, Lisa et Margaret (Maggie). Déclarant qu'il est un peu trop évident de nommer un des personnages comme lui-même, il choisit le nom de « Bart », une anagramme de « brat », équivalent anglais de « morveux » ou « sale gosse »[31],[28].
31
+
32
+ Cependant, il souligne que, mises à part les rivalités entre parents et enfants, sa famille n'a rien à voir avec celle des Simpson[34]. Groening a aussi un frère aîné, Mark, et une sœur aînée, Patty. Dans une interview de 1995, il dévoile que Mark « est la véritable inspiration de Bart »[35]. Maggie Groening, une des petites sœurs de Matt, a coécrit des livres pédagogiques des Simpson mettant en vedette son homonyme fictive, par exemple L'Abécédaire de Maggie Simpson (ISBN 9780694003181) ou encore Le livre des animaux de Maggie Simpson (ISBN 9780694003211)[36].
33
+
34
+ À l'époque du Tracey Ullman Show, la famille Simpson est grossièrement dessinée. En effet, Matt Groening a auparavant soumis aux animateurs de l'émission quelques croquis basiques, pensant qu'ils les amélioreraient d'eux-mêmes mais au lieu de cela ces derniers les ont recopiés pratiquement à l'identique[31]. Tous les membres de la famille sont dessinés de manière à être reconnaissables uniquement à partir de leurs silhouettes[37]. Lorsque Groening conçoit Homer pour la première fois, il écrit ses initiales au moyen des cheveux et de l'oreille du personnage : la forme des cheveux représente un « M » et l'intérieur de l'oreille droite ressemble à un « G ». Groening décide finalement de redessiner l'oreille comme avant, pour que cela ne soit pas trop évident. Il ne représente l'oreille en forme de « G » que lorsqu'il dessine Homer pour un fan[38]. La coiffure ruche si particulière de Marge est inspirée de La Fiancée de Frankenstein ainsi que de la coupe que Margaret Groening porte dans les années 1960, même si les cheveux bleus sont une pure fantaisie de la part de l'auteur[3],[39]. Dans les premiers courts-métrages des Simpson, Bart a les cheveux plus pointus et ses pics sont tous de tailles différentes[40]. Plus tard, le nombre de pics est fixé à neuf et ils sont tous de même taille. À cette époque Matt Groening dessine principalement en noir et blanc et « ne pensant pas que Bart, serait finalement dessiné en couleur », il lui dessine des pointes qui semblent être une extension de sa tête[41]. Les caractéristiques physiques de Lisa ne sont en général utilisées pour aucun autre personnage. Par exemple, dans tous les épisodes, aucun personnage, mise à part Maggie, ne partage sa coupe de cheveux[42]. Pendant qu'il conçoit Lisa, Groening ne veut pas « être dérangé en pensant aux coiffures des filles »[43]. Lorsqu'il crée les personnages de Lisa et Maggie, il « leur donne juste cette coiffure pointue en forme d'étoile de mer, sans penser qu'elles seraient ultérieurement dessinées en couleur »[41]. Groening fait le storyboard et le scénario de chaque court-métrage (maintenant connus sous le nom de courts-métrages des Simpson), qui sont ensuite animés par une équipe comprenant David Silverman et Wes Archer, qui tous deux deviendront plus tard réalisateurs d'épisodes pour la série[44].
35
+
36
+ Les courts-métrages sont diffusés pour la première fois dans le Tracey Ullman Show du 19 avril 1987[45]. Un autre membre de la famille, Grand-père Simpson, apparaît quelques courts-métrages plus tard. Quelques années après, lorsqu'est venu le temps de donner un prénom au personnage pendant les premières saisons des Simpson, Groening n'a pas voulu s'inspirer de son propre grand-père, Abraham Groening, et il a laissé les autres scénaristes choisir. Ceux-ci ont choisi Abraham par coïncidence, ignorant que c'est le nom du grand-père de Matt Groening[46].
37
+
38
+ Même si le Tracey Ullman Show ne connaît pas un grand succès[25], la popularité des courts-métrages mène Les Simpson à devenir une série dérivée d'épisodes de vingt minutes à partir de 1989. Une équipe de production permet cette adaptation pour la Fox Broadcasting Company. L'équipe comprend les membres de l'actuelle maison d'animation Klasky Csupo. James L. Brooks négocie une clause dans le contrat avec le réseau de la Fox qui permet d'empêcher la chaîne d’interférer avec le contenu de l'émission[47]. Groening déclare que son but en créant cette émission est d'offrir aux téléspectateurs une alternative à ce qu'il appelle « les ordures habituelles » qu'ils avaient l'habitude de regarder[48].
39
+
40
+ La série d'épisodes de vingt minutes débute le 17 décembre 1989 avec Noël mortel, un épisode spécial Noël[8]. Une soirée d'enfer est le premier épisode de longueur normale à être produit, mais il n'est pas diffusé avant mai 1990, comme dernier épisode de la première saison, et ce en raison d'un problème dans l'animation[49]. À la surprise générale, la série devient un phénomène mondial. Groening déclare : « Personne ne pensait que Les Simpson allait devenir un tel succès. Cela a surpris tout le monde »[11]. Les Simpson sont alors codéveloppés par Matt Groening, James L. Brooks et Sam Simon, un scénariste et producteur avec lequel Brooks a travaillé sur des projets antérieurs. Cependant, Groening et Simon ne s'entendent pas longtemps[25], et les deux hommes se disputent souvent à propos de la série[16]. Groening décrit leur relation comme « très querelleuse »[32]. Finalement, Simon quitte la série en 1993[50].
41
+
42
+ À l'instar des membres de la famille, plusieurs personnages de la série ont des noms inspirés par des personnes, des lieux ou des films réels. Le nom du chef de la police Clancy Wiggum est le nom de jeune fille de la mère de Matt Groening[38]. Les noms de quelques-uns des autres personnages proviennent des rues principales de la ville natale de Groening, Portland dans l'Oregon. Parmi eux se trouvent les Flanders, les Lovejoy, les Powell, les Quimby ou encore le jeune délinquant Kearney[51]. Beaucoup pensent que Tahiti Bob Terwilliger a été nommé d'après le SW Terwilliger Boulevard à Portland, mais il fait en réalité référence au personnage du Dr Terwilliker dans le film Les 5000 doigts du Dr T[52].
43
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44
+ Bien que Matt Groening lance un certain nombre d'épisodes dérivés des Simpson, aucune de ces tentatives ne remporte le succès escompté. En 1994, Matt Groening, en compagnie d'autres producteurs des Simpson, produit un épisode grandeur nature axé sur le personnage de Krusty le clown, avec Dan Castellaneta dans le rôle principal, mais cette tentative est une nouvelle fois soldée par un échec[19],[53]. Groening crée aussi l'épisode intitulé Young Homer et un autre sur les citoyens de Springfield qui ne font pas partie de la famille Simpson[54].
45
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46
+ En 1995, Matt Groening entre dans un important désaccord avec James L. Brooks et d'autres producteurs des Simpson à propos de l'épisode Burns fait son cinéma, un crossover avec Profession critique, une série télévisée d'animation également produite par Brooks et employant plusieurs précédents membres de l'équipe des Simpson. Groening déclare qu'il redoutait que les spectateurs « ne voient dans cet épisode rien d'autre qu'une tentative pathétique de faire de la publicité pour Profession critique au travers des Simpson ». Il appréhendait aussi le fait que les spectateurs le considèrent comme impliqué dans la production ou la création de Profession critique[35]. Il demande donc la suppression de son nom dans le générique de cet épisode[55].
47
+
48
+ Groening a scénarisé, ou coscénarisé selon le cas, les épisodes Une soirée d'enfer, Bart a perdu la tête, Imprésario de mon cœur et 22 courts-métrages sur Springfield, ainsi que Les Simpson, le film, sorti en 2007[56]. Il a plusieurs caméos dans la série, dont un où Groening s'exprime lui-même dans l'épisode Klingon, j'arrive. Actuellement, il occupe la place de producteur exécutif et de conseiller créatif dans l'équipe des Simpson.
49
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50
+ Après avoir passé quelques années à faire des recherches sur la science-fiction, Matt Groening s'unit avec le scénariste et producteur des Simpson David X. Cohen (connu alors sous le nom de David S. Cohen) en 1997 et crée Futurama, une série télévisée d'animation qui se déroule en l'an 3000[13],[57]. Au moment où la série est vendue à la Fox en avril 1998, Groening et Cohen ont déjà créé de nombreux personnages et intrigues ; Groening déclare que Cohen et lui « débordaient » d'idées[57]. Selon Groening, maintenir la série à l'antenne est « de loin la pire expérience de sa vie »[13]. Le premier épisode est diffusé le 28 mars 1999 à 8 h 30[58]. Groening a été crédité pour les scénarios des épisodes Spaciopilote 3000 (coécrit avec Cohen), Renaissance et Innocence perdue.
51
+
52
+ Après quatre années de diffusion, la série n'est pas reconduite par la Fox. Cependant, comme c'est déjà arrivé aux Griffin, Futurama ressuscite grâce aux bons chiffres de vente des DVD et de l'audience satisfaisante sur la chaîne Adult Swim. Lorsque la chaîne Comedy Central négocie les droits pour les rediffusions de Futurama, la Fox lui fait part de la possibilité de créer de nouveaux épisodes. La chaîne signe alors pour seize nouveaux épisodes, et les producteurs décident de produire quatre vidéofilms : La Grande Aventure de Bender (2007), Le Monstre au milliard de tentacules (2008), Prenez garde au seigneur des robots ! (2008) et Vous prendrez bien un dernier vert ? (2009)[59],[19]. Groening a exprimé son désir de continuer avec Futurama sous d'autres formes — par exemple un film théâtral[60]. Dans une interview à la CNN, Groening déclare : « nous avons un grand partenariat avec Comedy Central et nous aurions aimé faire plus d'épisodes pour eux, mais je ne sais pas… Nous avons eu des discussions et de l'enthousiasme s'est manifesté, mais je ne peux pas dire si c'était juste moi »[61].
53
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54
+ Le 9 juin 2009 Comedy Central confirme qu'elle a signé pour 26 nouveaux épisodes diffusés à partir du 24 juin 2010[62]. Le 24 mars 2011 la chaîne annonce que la série est prolongée jusqu'en 2013[63].
55
+
56
+ Matt Groening crée une série d'animation pour Netflix[64],[65] intitulée Désenchantée (Disenchantment). Elle est disponible depuis le 17 août 2018. La série prend place dans un univers médiéval fantastique mettant en scène de manière humoristique et décalée les aventures de Bean, une jeune princesse alcoolique.
57
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58
+ En 1994, Matt Groening fonde le Bongo Comics Group (nommé d'après le personnage de Bongo dans Life in Hell[66]) réunissant Steve Vance, Cindy Vance et Bill Morrison, et qui publie des bandes dessinées basées sur Les Simpson et Futurama (comprenant Futurama Simpsons Infinetely Secret Crossover Crisis, un crossover entre les deux séries), ainsi que quelques titres originaux.
59
+
60
+ Selon Groening, le but de Bongo est « d'essayer d'apporter de l'humour dans les boutiques de bandes dessinées assez sinistres »[35]. En 1995, il fonde le Zongo Comics, une succursale de Bongo qui publie des bandes dessinées pour des lecteurs plus âgés[35], comprenant trois publications de Fleener produit par Mary Fleener[67] et sept publications de l'œuvre d'un de ses meilleurs amis, Gary Panter : les bandes dessinées Jimbo[68]. Zongo est abandonné en 1997 après la parution du dernier numéro de Jimbo[69].
61
+
62
+ Groening est connu pour son goût éclectique en musique. Son groupe préféré est The Mothers of Invention et son album préféré est Trout Mask Replica par Captain Beefheart (qui est produit par Frank Zappa)[70]. En 2003, il est invité d'honneur dans la rédaction du classement Best Music Writing du Da Capo Press[71] et organise le festival musical All Tomorrow's Parties aux États-Unis[70],[72].
63
+
64
+ En mai 2010, il organise une autre édition de ce festival à Minehead en Angleterre. Il joue aussi de la batterie dans le groupe de Rock 'n' roll The Rock Bottom Remainders (même s'il est repertorié en tant que joueur de cencerro), dont tous les membres sont auteurs, parmi lesquels on peut trouver Amy Tan, Mitch Albom et Stephen King[73].
65
+
66
+ L'œuvre dessinée de Matt Groening a été partiellement traduite en français. La série Life in hell a été traduite par les éditions La Sirène dans les années 1993-1994. Sept tomes sont parus[74] :
67
+
68
+ Matt Groening participe parfois à l'écriture de comics publiés par Bongo Comics, mais il ne s'agit que de pages uniques. Parmi ceux-ci se trouvent des pages sur Bartman, The Bongo Beat, Les Simpson, Futurama, Radioactive Man, Itchy et Scratchy, ou encore Krusty le clown. Il est aussi l'auteur de la couverture de Bizarro Comics publié par DC Comics et qui est sa seule participation à un projet dessiné qui ne soit pas produit par Bongo Comics.
69
+
70
+ Matt Groening se réfère à de multiples influences. Avant même de savoir lire, il s'intéresse aux comics et par la suite il passera des heures à dévorer, chez le marchand de journaux, de nombreux comics. Par ailleurs, son frère lui fera connaître les publications d'horreur et de science-fiction d'EC Comics et plus particulièrement Mad, avant que celui-ci ne devienne un magazine[75]. Étant enfant, il dit avoir été marqué par Dr Seuss puis par les écrits de Mark Twain, par le roman L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger, publié en 1951, par Catch 22 de Joseph Heller mais aussi par les styles de P.G. Wodehouse, de James Thurber, de S. J. Perelman, de Robert Benchley ou de Jean Shepard. L'une de ses principales influences graphiques est le manuel de dessin Cartooning the Head and Figure de Jack Hamm, et notamment la troisième page qui s'attache à expliquer comment faire ressortir des émotions à partir de dessins rudimentaires[76].
71
+
72
+ Groening se qualifie d'agnostique[77],[78], de libéral[79] et dit avoir toujours soutenu et aidé les candidats du parti démocrate[80]. Son cousin germain, Laurie Monnes Anderson, représente le Comté de Multnomah au sein du sénat de l'État de l'Oregon[81].
73
+
74
+ Matt Groening a été nommé vingt-cinq fois aux Emmy Awards et en a remporté onze : dix pour Les Simpson et un pour Futurama dans la catégorie « Meilleur programme d'animation de moins d'une heure »[82]. En 2003, il reçoit le Prix Reuben de la National Cartoonists Society[83]. En 2004 il reçoit un British Comedy Award pour sa contribution à la comédie[84]. En 2007, il est classé quatrième (et premier de nationalité américaine) dans la liste des « 100 plus grands génies vivants », publiée par le journal britannique The Daily Telegraph[85]. Un jour avant son anniversaire, le 14 février 2012, il reçoit son étoile sur le Walk of Fame d'Hollywood, douze ans après celle dédiée aux Simpson[86]. En 2016, il est ajouté au temple de la renommée Will Eisner.
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+ République de Maurice
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+ (en) Republic of Mauritius Écouter
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+
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+ (mfe) Repiblik Moris
6
+
7
+ Créole mauricien
8
+
9
+ 20° 09′ 36″ S, 57° 30′ 36″ E
10
+
11
+ modifier
12
+
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+ Maurice (en anglais : Mauritius), en forme longue la république de Maurice (en anglais : Republic of Mauritius), est un État insulaire de l'océan Indien à 868 kilomètres à l'est de Madagascar et 172 kilomètres à l'est-nord-est de La Réunion. Le pays inclut l'île principale de Maurice, mais aussi l'île Rodrigues à 560 kilomètres à l'est de l'île principale. Les îles plus lointaines d'Agaléga et de Saint-Brandon font partie du territoire national. Les îles Maurice et Rodrigues font partie de l'archipel des Mascareignes, avec l'île de La Réunion qui est elle un département d'outre-mer français. La superficie totale du pays est de 2 040 km2. La capitale et plus grande ville est Port-Louis.
14
+
15
+ Ancienne colonie néerlandaise (1638-1710) et française (1715-1810), Maurice est devenue une possession coloniale britannique en 1810 et cela jusqu'en 1968, année de son indépendance. La colonie britannique de Maurice incluait jadis les territoires actuels de Maurice, de Rodrigues, les îles lointaines d'Agaléga, Saint-Brandon, l'archipel des Chagos et les Seychelles. Les territoires mauriciens se réduisirent progressivement avec la création d'une colonie spécifique des Seychelles en 1903. Aujourd'hui, la souveraineté sur l'archipel des Chagos est disputée entre Maurice et le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni amputa en effet l'archipel du territoire mauricien en 1965, trois ans avant son indépendance. Il dépeupla graduellement l'archipel de sa population indigène et loua sa plus grande île, Diego Garcia, aux États-Unis, qui en firent une base militaire. L'accès à l'archipel est interdit aux touristes, aux médias et à ses anciens habitants. Maurice revendique aussi, à la France, sa souveraineté sur la petite île Tromelin.
16
+
17
+ La population de Maurice est multiethnique, multiconfessionnelle, multiculturelle et plurilingue. Le gouvernement du pays est très proche du système parlementaire westminstérien, et Maurice est très bien notée en matière de démocratie et des libertés économiques et politiques. L'indice de développement humain de Maurice est le plus élevé d'Afrique.
18
+
19
+ Avec les autres îles des Mascareignes, Maurice est connue pour sa faune et sa flore, avec plusieurs espèces endémiques du pays. L'île est particulièrement réputée pour le dodo, qui avec d'autres espèces endémiques, s'est éteint peu après l'arrivée des premiers êtres humains.
20
+
21
+ Maurice est le seul pays d'Afrique où l'hindouisme est la religion principale. Le gouvernement utilise l'anglais comme principale langue et le français comme seconde langue. Le créole mauricien est parlé par la majorité de la population, mais n'est pas reconnu officiellement par la constitution.
22
+
23
+ La première preuve historique de l'existence d'une île aujourd'hui connue comme Maurice se trouve sur une carte élaborée par un cartographe italien, Alberto Cantino, en 1502[5],[6].
24
+
25
+ Il semblerait que Maurice ait été nommée Dina Arobi par des navigateurs arabes vers 975, les premiers à avoir visité régulièrement l'île.
26
+
27
+ En 1507, les navigateurs portugais visitèrent l'île inhabitée. L'île apparaît avec un nom portugais, Cirne, sur les premières cartes portugaises, probablement le nom d'un des navires de l'expédition de 1507 ou en raison de la présence de cet oiseau endémique incapable de voler, le dodo, qui était abondant à cette époque. Un autre navigateur portugais, Dom Pedro de Mascarenhas, donna le nom de Mascareignes à l'archipel composé de l'île Maurice, de l'île de la Réunion et de Rodrigues.
28
+
29
+ En 1598, une escadre hollandaise de l'amiral Wybrand van Warwijck accoste à Grand Port et nomme l'île Mauritius, en l’honneur du prince Maurice de Nassau, stathouder de la République néerlandaise. L’île devient une petite escale de ravitaillement sur la route des Indes néerlandaises.
30
+
31
+ La France, qui administre déjà l’île Bourbon (aujourd'hui l'île de La Réunion), s’installe à l’île Maurice en en faisant une île de peuplement, d’abord avec la Compagnie des Indes, puis directement en 1715. Elle la rebaptise plus tard Isle de France.
32
+
33
+ Le 3 décembre 1810, la France remet formellement l’île aux Britanniques pendant les guerres napoléoniennes. Le nom de l'île redevient Mauritius. L'île Maurice est aussi connue sous le nom de Maurice en français, Moris en créole mauricien et मॉरिशस en hindi[7].
34
+
35
+ Les historiens pensent que les premiers visiteurs de l'île Maurice sont les navigateurs phéniciens qui l’auraient abordée lors de la première circumnavigation autour du continent africain, commanditée par le pharaon d’Égypte Néchao II, vers l’an -600. Les marins arabes visitent Maurice régulièrement à partir du Ve siècle et lui donnent le nom de Dina Arobi.
36
+
37
+ Ce n'est qu'au début du XVIe siècle que des navigateurs portugais commencent à circuler dans la région. Des Portugais s'y installent pour la première fois en 1507 et y établissent une base de visite. L’île figure sur les premières cartes portugaises, avec le nom portugais de Cirne, probablement en raison de la présence du dodo, un oiseau incapable de voler qui a été trouvé en grand nombre à cette époque. Un autre marin portugais, Pedro de Mascarenhas, donne le nom Mascareignes à l’archipel formé des îles désormais connues sous le nom de Maurice, Rodrigues et La Réunion[7].
38
+
39
+ L’île demeure inhabitée jusqu'à l'établissement d’une colonie en 1638 par les Provinces-Unies, les Néerlandais la nommant en l’honneur de Maurice de Nassau. Elle est abandonnée faute de passage de commerçants en 1710 et cinq ans plus tard, l’île devient une colonie française rebaptisée Isle de France. Par sa position stratégique, l’île était surnommée « l'étoile et la clé » de l’océan Indien, d'où sa devise actuelle.
40
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+ Le Royaume-Uni prend le contrôle de l'île le 3 décembre 1810 au cours des guerres napoléoniennes après l'avoir envahie en quelques jours[8]. Cette annexion forcée est reconnue au traité de Paris (1814).
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+ L'île Maurice devient indépendante le 12 mars 1968[7]. Seewoosagur Ramgoolam est premier ministre du 26 septembre 1961 au 16 juin 1982, soit plus de vingt ans, et c'est sous son mandat qu'est négociée l'indépendance avec les Britanniques. C'est un anticommuniste et un ami de la France, qui voit aussi ce pays comme un contre-poids de la Grande-Bretagne[9],[10]. Anerood Jugnauth lui succède comme premier ministre pendant douze ans, de décembre 1982 à juillet 1995. Ce sont des années de boom économique[11]. Puis Navin Ramgoolam, fils de Seewoosagur Ramgoolam, assure cette fonction jusqu'en septembre 2000. Anerood Jugnauth redevient ensuite Premier ministre après les élections de septembre 2000, puis après 3 ans, comme convenu, cède son poste à son allié du Mouvement militant mauricien, Paul Bérenger, dirigeant de la principale formation d'opposition de gauche depuis l'indépendance. Paul Bérenger reste Premier ministre pendant moins de deux ans, puis, dans une nouvelle alternance, Navin Ramgoolam revient au pouvoir pendant neuf ans et demi, jusqu'à décembre 2014, passant alors le relais à nouveau à Anerood Jugnauth, jusqu'à janvier 2017. Le 21 janvier 2017, il annonce sa démission lors d'une allocution télévisée. Il est remplacé par son fils, ministre des Finances Pravind Jugnauth[12]. Celui-ci remporte les législatives de 2019[13].
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+ Maurice a un système juridique qui fonctionne sur la base des éléments de la loi anglaise, héritage de la colonisation anglaise, avec des éléments du Code Napoléon, héritage de la colonisation française. Selon l’indice de démocratie compilé par l’Economist Intelligence Unit qui mesure l’état de la démocratie dans 167 pays, en 2016 Maurice est classé 18e dans le monde et est le seul pays africain avec une « démocratie parfaite »[14].
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+ Maurice a un système juridique hybride dérivé du common law britannique et du droit civil français. La Constitution de Maurice établit la séparation des pouvoirs entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire et garantit la protection des droits fondamentaux et libertés de l'individu. Maurice dispose d'un système judiciaire à structure unique composé de deux niveaux, la Cour suprême et les tribunaux subordonnés. La Cour suprême est composée de différentes divisions exerçant une compétence, telles que le Master Cour, la division de la famille, la division commerciale (faillite), la division pénale, la division de médiation, le tribunal de première instance en matière civile et pénale, la juridiction d'appel : la Cour d'appel civile et la Cour d'appel criminelle. Les tribunaux subordonnés comprennent le tribunal intermédiaire, le tribunal du travail, les tribunaux de districts, le tribunal de mise en liberté sous caution et le tribunal de Rodrigues. Le Comité judiciaire du Conseil privé est la cour d'appel finale de Maurice. Après l'indépendance de Maurice en 1968, Maurice a maintenu le Conseil privé comme instance d'appel suprême. Les recours contre des décisions de la Cour d'appel ou de la Cour suprême peuvent être formés de plein droit ou avec l'autorisation de la Cour, conformément à l'article 81 de la Constitution et à l'article 70A de la loi sur les tribunaux. Le Comité judiciaire peut également accorder une autorisation spéciale de faire appel de la décision de tout tribunal en matière civile ou pénale, conformément à l'article 81 (5) de la Constitution[15].
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+ Le pays se compose de l'Île Maurice, de Rodrigues (560 kilomètres à l'est), des îles Agalega et de l'archipel de Saint Brandon qui font partie de l'archipel des Mascareignes. Maurice revendique sa souveraineté sur l'archipel des Chagos (Royaume-Uni) et l'île de Tromelin (France). La superficie totale du pays est de 2 040 km2. La capitale et plus grande ville est Port-Louis.
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+ Le pays est situé dans l’océan Indien, entre les latitudes 19°58.8' et 20°31.7 Sud et longitudes 57°18.0' et 57°46.5' Est, à 172 kilomètres à l'est-nord-est de La Réunion.
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+ L’île Maurice mesure 65 km de long et 45 km de large et a une superficie totale d'environ 1 864,8 km2, elle est entourée par plus de 150 kilomètres de plages de sable blanc et les lagons sont protégés de la mer par la troisième barrière de corail du monde par sa taille. Sur les côtes de l’île Maurice, il y a quelque 49 îles et îlots inhabités, certains d'entre eux sont utilisés comme réserves naturelles pour la protection des espèces en voie de disparition[16].
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+ La superficie totale du pays, selon la géographie mauricienne est de 2 040 km2, ce qui en fait le 180e pays dans le monde pour ce qui est de la superficie. Le territoire mauricien comprend également l'île Rodrigues, qui est situé à environ 560 km à l'est avec une superficie de 104 km2. Deux petites îles, Agalega situées à quelque 1 000 km au nord de l'île Maurice et les écueils des Cargados Carajos (également appelés Saint-Brandon) situés à quelque 430 km au nord-est de l'île Maurice, la superficie des deux îles est de 71,2 km2. La zone économique exclusive (ZEE) du pays couvre environ 1 200 000 km2 de l'océan Indien. En 2011, l'Organisation des Nations unies a approuvé la soumission conjointe de l'île Maurice et les Seychelles pour étendre leur plateau continental de 396 000 km2 dans la région des Mascareignes, ce qui donne aux deux pays le droit souverain de gérer conjointement et d'exploiter les fonds marins et leur sous-sol dans la zone.
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+ Maurice revendique sa souveraineté sur l'archipel des Chagos (1,931 kilomètres au nord-est) qui comprend l'atoll de Diego Garcia, connue comme le Territoire britannique de l'océan Indien. L'archipel faisait partie du territoire mauricien depuis le XVIIe siècle, à l'époque où les Français se sont installés dans la République de Maurice. Toutes les îles faisant partie du territoire colonial français de l'Isle de France (le nom de Maurice à l'époque) sont cédées aux Britanniques en 1810 en vertu de l'acte de capitulation signé entre les deux pays. Mais trois ans avant que Maurice ne devienne indépendante en 1968, le Royaume-Uni a exclu de ce processus l'archipel de la République de Maurice et loué Diego Garcia, l'île principale de l'archipel, aux États-Unis en vertu d'un bail de 50 ans (qui expire en 2016 et arrive à échéance en 2014). Le détachement des Chagos du territoire mauricien est une violation du droit international. La résolution des Nations unies interdit le démembrement de territoires coloniaux avant l'indépendance. Maurice a affirmé à maintes reprises que l'archipel des Chagos est l'un de ses territoires et cela est une violation du droit de résolutions de l'ONU. Le Royaume-Uni a déclaré qu'il n'a aucun doute sur sa souveraineté sur les Chagos, mais a également dit que les Chagos seront retournés à l'île Maurice une fois que les îles ne sont plus nécessaires à des fins de défense. Compte tenu de l'absence de progrès avec le Royaume-Uni, Maurice a décidé d'internationaliser le conflit et de prendre la question à tous les forums juridiques et politiques appropriés.
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+ Après avoir nié que ces îles étaient habitées, à partir de 1968 les autorités britanniques ont expulsé environ 2 000 Chagossiens à l'île Maurice et Seychelles pour en finir le 27 avril 1973 avec l'évacuation des habitants de Peros Banhos, afin de permettre aux États-Unis d'établir une base militaire sur Diego Garcia. Depuis 1971, seul l'atoll de Diego Garcia est habité et ce, exclusivement par du personnel militaire et civil des États-Unis. Les Chagossiens qui avaient vécu sur ces îles depuis plusieurs siècles sont toujours en exil, ils se battent toujours pour retourner dans leur patrie, en faisant valoir que leur dépossession et expulsion forcées étaient illégales[17]
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+ Enfin, Maurice revendique la souveraineté sur l'île Tromelin qui se trouve à 430 km au nord-ouest de l'île Maurice, mais cette revendication fait l'objet d'interrogations quant à sa légitimité historique et juridique.
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+ Maurice est relativement jeune géologiquement, l’île résulte d'éruptions volcaniques sous-marines qui se sont produites il y a quelque huit millions d’années. Elle est située dans l’archipel des Mascareignes qui comprennent La Réunion, Rodrigues, ainsi que plusieurs petites îles proches. Ces îlots ont émergé de l'océan à la suite des gigantesques éruptions volcaniques sous-marines qui se sont produites à des milliers de kilomètres à l'est du bloc continental constitué par l’Afrique et Madagascar. Ils ne sont plus volcaniquement actifs et le point chaud se trouve aujourd’hui à quelques dizaines de kilomètres de la Réunion. Il n'y a eu aucune activité volcanique sur l'île pendant plus de 100 000 ans. L’île Maurice est entourée par des chaînes de montagnes, dont la hauteur varie de 300 mètres à 800 mètres d'altitude. Le terrain s'élève des plaines côtières à un plateau central où il atteint une hauteur de 670 mètres. Le plus haut sommet, le piton de la Petite Rivière Noire à 828 m, se situe dans le Sud-Ouest. Des ruisseaux et rivières parsèment l'île ; beaucoup d'entre eux ont été créés par les passages de lave.
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+ L'environnement de Maurice est typiquement tropical dans les régions côtières avec des forêts dans les régions montagneuses. La faune et la flore de l'île, bien que régulièrement endommagées par les cyclones saisonniers, se régénèrent rapidement. La qualité de l'air à l'île Maurice est l'une des meilleures dans le monde, Maurice s'est classé deuxième dans l'indice de la qualité de l'air publié par l'Organisation mondiale de la santé en 2011[18],[19].
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+ Située près du tropique du Capricorne, l'île Maurice a un climat tropical. Il y a deux saisons : un été chaud et humide de novembre à avril, avec une température moyenne de 24,7 °C et un hiver relativement frais et sec de juin à septembre, avec une température moyenne de 20,4 °C. La différence de température entre les saisons n'est que de 4,3 °C. Les mois les plus chauds sont janvier et février avec une température maximale quotidienne moyenne atteignant 29,2 °C et les mois les plus frais sont juillet et août où les températures moyennes minimales nocturnes descendent à 16,4 °C. Les précipitations annuelles varient de 900 mm sur la côte à 1 500 mm sur le plateau central. Bien qu'il n'y ait pas de saison marquée des pluies, la plupart des précipitations se produisent au cours des mois d'été. La température de la mer dans le lagon varie de 22 °C à 27 °C. Le plateau central est beaucoup plus frais que les zones côtières et peut connaître le double de précipitations. Les alizés dominants gardent le côté est plus frais et ont également tendance à amener de la pluie. Il peut aussi y avoir une différence marquée de température et de précipitations d'un côté de l'île à l'autre. Des cyclones tropicaux se produisent généralement de janvier à mars et ont tendance à perturber le temps pour seulement trois jours apportant ainsi beaucoup de pluie dans la région.
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+ Le pays abrite quelques-unes des plantes et animaux les plus rares du monde. Mais l'habitation humaine et l'introduction des espèces non indigènes ont menacé la flore et la faune indigènes[20]. En raison de son origine volcanique, de son âge et de son isolement, Maurice est doté d'une diversité de la flore et la faune qu'on ne retrouve généralement pas dans un espace si restreint. Avant sa découverte par les Portugais en 1507, il n'y avait pas de mammifères terrestres sur l'île. Cela a permis l'évolution d'un certain nombre d'oiseaux et de grandes espèces de reptiles. L'arrivée de l'Homme a vu l'introduction d'espèces exotiques envahissantes et la destruction rapide de l'habitat et la perte d'une grande partie de la flore et la faune endémiques. Il reste aujourd'hui moins de 2 % de la forêt indigène qui s'étendait jadis des sommets des montagnes du plateau central aux régions côtières et elle est maintenant concentrée principalement dans les gorges de Rivière-Noire (Black River Gorges National Park) dans le Sud-Ouest, ainsi qu'au sein de la chaîne de montagnes de Grand-Port dans le Sud-Est (notamment la vallée de Ferney). Plus de 100 espèces de plantes et d'animaux ont disparu et beaucoup d'autres sont menacées. Les activités de conservation ont commencé il y a 25 ans[Quand ?] avec la mise en œuvre des programmes pour la reproduction des oiseaux menacés et les espèces végétales ainsi que la restauration de l'habitat dans les parcs nationaux et réserves naturelles[21].
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+ À sa découverte, l'île Maurice était le foyer d'une espèce d'oiseau jusque-là inconnue, vraisemblablement un descendant d'un type de pigeon qui s'y était installé plus de 4 millions d'années auparavant. Des marins néerlandais furent les premiers à en rapporter l'existence, en 1598, et les Portugais le nommèrent le dodo. Une grande diversité d'espèces d'oiseaux vivait dans les forêts denses, et il n'y avait pas de mammifères sur l'île. Le dodo se nourrissait de fruits tombés des arbres, et l'on pense qu'il avait perdu la faculté de voler en raison de l’abondance de nourriture et de l’absence relative de prédateurs. Après que les Portugais ont pour la première fois foulé le sol mauricien, en 1505, l'endroit devint rapidement une escale pour les navires sur la route des épices. Le dodo pouvant mesurer 1 m et peser jusqu'à 17,5 kg, il devint une source appréciable de viande fraîche pour les marins.
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+ Plus tard, les Néerlandais utilisèrent l'île comme colonie pénitentiaire et y introduisirent des animaux domestiques. Des rats provenant de navires débarquèrent aussi sur l'île. Les nids des dodos se trouvant au sol, les rats, les porcs et les singes mangeaient leurs œufs.
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+ À peine 100 ans après l'arrivée des premiers humains, les dodos, jadis abondants sur l'île, avaient été décimés, le dernier ayant été tué en 1681. L’extinction du dodo a pour la première fois montré que l’être humain pouvait causer l’extinction d'une espèce[22]. Aujourd'hui l’emblème du pays, l'oiseau disparu fait figure de support des armoiries de Maurice.
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+ L'île Maurice est divisée en 9 districts qui comprennent un total de 146 localités (Village Council Area) et 23 arrondissements (Municipal Ward) des cinq plus grandes villes de l'île. L'île Rodrigues, autrefois dixième district du pays, a obtenu un statut d'autonomie en 2002. L'île possède donc un gouvernement autonome et une Assemblée locale.
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+ Sa densité est la plus élevée d'Afrique (11e rang mondial) tout comme l'est son indice de démocratie (18e rang mondial).
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+ La population possède des origines multiples, à la suite de la colonisation du pays par des puissances européennes, à l'esclavage et à l’engagisme de travailleurs indiens et chinois. La culture du pays reflète sa composition ethnique diverse, à travers les différentes religions, les festivals religieux, la cuisine, la musique et le folklore mauricien[23].
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+ L'estimation de la population (au 31 décembre 2013) pour toute la république était de 1 259 838 habitants, dont 623 472 étaient des hommes et 636 366 des femmes. Pour l'île Maurice seulement, le nombre est de 1 218 060 et l'île Rodrigues 41 504. Agalega et Saint-Brandon ont une population de 274 habitants[2]. La société mauricienne comprend des gens de différents groupes socioculturels et religieux. Les habitants de la république mauricienne sont les descendants de personnes originaires de l'Inde, de l'Afrique continentale et de Madagascar, de l'Europe et de la Chine. Selon la Constitution mauricienne, il existe quatre groupes communautaires reconnus par l’État et dont le recoupement ne suit pas les mêmes critères : les Sino-Mauriciens (originaires de la Chine), les hindous et les musulmans (originaires du sous-continent indien) et la population générale (qui regroupe aussi bien les descendants de colons européens, principalement français, les créoles — descendants d'esclaves africains et les métis —, mais également tous ceux issus de mariages mixtes, qui ne peuvent donc être intégrés aux trois premiers groupes)[24].
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+ En 2015, Maurice a été classée au premier rang en Afrique dans l'indice de développement humain ajusté selon les inégalités et 64e sur 188 pays dans le monde[25].
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+ Le créole mauricien, à base lexicale française, est né du mélange avec d'autres langues (notamment africaines et malgaches) pendant la période de l'esclavage. Il est parlé par la majorité de la population et est considéré comme la langue nationale du pays.
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+ La Constitution de Maurice ne mentionne aucune langue officielle (de jure) pour le pays. Néanmoins, l'anglais est utilisé par l'administration, les Britanniques ayant été les derniers à administrer l'île avant son indépendance. La langue officielle de l'Assemblée est l'anglais mais les membres peuvent aussi s'exprimer en français[26]. L'anglais est généralement reconnu comme la langue officielle (de facto) de l'île Maurice car il est majoritairement utilisé dans les administrations gouvernementales, les tribunaux et les entreprises. La Constitution de Maurice et toutes les lois sont rédigées d'abord en anglais.
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+ La population mauricienne est multilingue, la plupart des Mauriciens parlant couramment le créole mauricien, le français (environ 73 %[27]) et aussi l'anglais. Tandis que le français et l'anglais sont appris dès la première année du cycle primaire en tant que matières obligatoires, les langues orientales et le créole mauricien sont également enseignés en tant que matières optionnelles. Il existe également une répartition fonctionnelle des langues dans le pays : l'anglais et le français, langues supracommunautaires, sont utilisés dans le cadre professionnel, les langues asiatiques sont utilisées dans les activités socioculturelles des communautés originaires de l'Asie, tandis que le créole et le bhodjpouri sont cantonnés au registre familier. Le créole, à base lexicale française et enrichi d'apports provenant d'autres langues, est parlé par la majorité de la population et est considéré comme la langue nationale[28] : 84 % des Mauriciens s'expriment le plus souvent en créole à la maison[29]. Le français est surtout utilisé dans les médias et la littérature, c'est aussi la langue la plus parlée après le créole ou le bhojpuri[29]. Diverses langues ancestrales sont également parlées à Maurice, parmi lesquelles le bhodjpouri, l’hindi, le tamoul, le télougou, le marathi, l'oriya, le cantonais, le mandarin, le hakka, l’arabe et l’ourdou[30],[31]. Le créole rodriguais, le créole d'Agalega, le créole chagossien, variantes du créole mauricien, sont parlés par les gens de l'île Rodrigues, d'Agalega et des Chagos.
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+ Le système d'éducation à l'île Maurice est en grande partie basé sur le système britannique car l'île Maurice était une ancienne colonie britannique. L'éducation est gratuite pour tous les citoyens du pré-primaire jusqu'au tertiaire. Depuis juillet 2005, le gouvernement a également introduit le transport gratuit pour tous les élèves. Le système éducatif de l'île Maurice est divisé en quatre cycles principaux — le pré-primaire, le primaire, le secondaire et le tertiaire. La structure de l'éducation comporte trois années de pré-primaire, six ans d'études primaires menant au certificat de l'enseignement primaire (CPE), suivie par cinq années d'enseignement secondaire conduisant à la School Certificate (O-Level) et de deux années supplémentaires de fin de secondaire supérieur avec le Higher School Certificate (A-Level). Les examens de O-level et A-level sont organisés par l'université de Cambridge qui élabore le programme, prépare et imprime les papiers d'examens et fait la correction. Certains étudiants mauriciens se classent premiers dans le monde chaque année pour l'examen international de Cambridge en O Level, A Level et AS Level[32],[33]. Le secteur tertiaire comporte l'étude dans des institutions d'enseignement supérieur, les universités et autres établissements d'enseignement technique. Les deux principales universités publiques du pays sont l'université de Maurice et l'université de Technologie. Le taux d'alphabétisation est estimée à 89,8 % en 2011 selon le recensement effectué par le Centre Statistics de Maurice[29].
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+ L'île Maurice a l’une des économies les plus prospères et compétitives en Afrique. En 2014, elle est classée premier pays du continent pour ce qui est du climat d'investissement, de la bonne gouvernance pour la cinquième année consécutive et 8e dans le monde en termes de liberté économique[34]. L'Indice de la facilité de faire des affaires 2019 de la Banque mondiale classe l'île Maurice au 13e rang mondial sur 190 économies en termes de facilité de faire des affaires[35].
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+ Selon le FMI, l’estimation du PIB en 2014 était de 12,025 milliards de dollars, le RNB par habitant était 9 300 dollars[36], l’un des plus élevés en Afrique[3].
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+ Maurice est également le plus grand investisseur étranger en Inde, d'avril 2000 à décembre 2011, le flux d'IDE en Inde était de 62 470,80 millions de US$ ce qui représente plus de 39 % des entrées totales[37].
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+ Le pays est par ailleurs à la fois membre du Commonwealth of Nations et de l'Organisation internationale de la francophonie.
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+ Étant dépendante de la production de sucre depuis son indépendance acquise en 1968, Maurice a connu une évolution économique fulgurante. L'île est passée d'un statut de pays à bas revenus, dont l'économie reposait sur l'agriculture, à un statut de pays dit « émergent ».
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+ Maurice a mis au point une économie diversifiée basée sur des piliers importants comme les secteurs industriel, services financiers, l'éducation, tourisme (14 % des emplois), technologies de l'information et de la communication, de fruits de mer, la santé, l'énergies renouvelables, et externalisation des processus métier. Le taux croissance du PIB réel reste fort même s'il à légèrement ralenti à 4,1 % en 2011, passant de 4,2 % en 2010, avec des projections montrant une croissance modérée de 4,0 % en 2012, la zone euro, la principale destination d'exportations du pays, tombe dans une autre récession.
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+ Selon la Commission des services financiers de Maurice, les activités financières et les activités d'assurance représentaient 11,1% du PIB du pays en 2018[38]. Au fil des ans, Maurice s'est positionnée comme la plaque tournante privilégiée pour les investissements en Afrique en raison de sa position stratégique entre l'Asie et l'Afrique, son cadre légal hybride et solide, sa facilité de faire des affaires, les traités de protection des investissements et de non-double imposition de taxe, sa main-d'œuvre qualifiée et multilingue, sa stabilité politique et son faible taux de criminalité avec une infrastructure et une connectivité modernes. Le pays abrite de nombreuses banques internationales, des cabinets d’avocats, de services de gestion des entreprises, de fonds d’investissement et de fonds de capital-investissement. Les produits et services financiers comprennent la banque privée, le global business, l’assurance et la réassurance, les sociétés à responsabilité limitée, les entreprises à cellules protégées, les sociétés de fiducie et de fondation, les services de banque d’investissement et l’administration du siège social[39]. En juillet 2019, le rapport sur l’investissement dans le monde, de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), positionne Maurice comme hub financier de l’Afrique. Des investissements étrangers directs (IDE) d’environ 46 milliards de dollars (environ 1 656 milliards de Rs), destinés au continent africain, ont transité à travers la juridiction financière internationale de Maurice, en 2018. Le rapport met ainsi en lumière le rôle important que joue le pays dans la circulation des investissements régionaux et intra régionaux[40].
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+ Dû au faible régime fiscaux du pays, Maurice est souvent accusée de favoriser le détournement de recettes fiscales au détriment d'autres États. En 2019, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), avait publier des centaines de milliers de dossiers, e-mails et contrats confidentiels, sur des transactions de la branche mauricienne de Conyers Dill and Pearman, une compagnie basée aux Bermudes, et rachetée par trois Mauriciens. Même si L'ICIJ précise que les documents ne démontrent pas d'agissements illégaux, comme cela avait pu être le cas avec les Panama Papers, qui dénoncaient de l'évasion fiscale, cela avait provoquée un tollé médiatique[41]. Comparer à d’autre pays qui sont classés comme Paradis fiscaux, le secteur du Global Business représente que 6 % du Produit intérieur brut (PIB) du pays parmi d’autres secteurs tels que les services financiers, le tourisme, le manufacturier, entre autres[42].
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+ Le pays s'est construit une solide réputation en s'appuyant sur les meilleures pratiques et en adoptant un cadre juridique et réglementaire solide pour démontrer sa conformité aux exigences internationales en matière de transparence accrue. En juin 2015, Maurice a adhéré à la Convention relative à l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale et dispose actuellement d'un mécanisme d'échange d'informations avec 127 juridictions. Maurice est l'un des membres-fondateurs du groupe de lutte contre le blanchiment d'argent en Afrique orientale et australe et a été à l'avant-garde de la lutte contre le blanchiment d'argent et d'autres formes de criminalité financière. Le pays a adopté l'échange d'informations sur une base automatique conformément à la Common Reporting Standard et à la Foreign Account Tax Compliance Act[43]. Maurice n'est pas sur la liste noire de l'Union européenne (UE). Selon l'UE, en 2019, Maurice avait honoré ses engagements de remédier aux manquements constatés dans son régime. Le régime de port franc n'est plus préférentiel, des exigences de substance ont été introduites et la question de l'absence de règles anti-abus a été traitée par l'introduction de règles relatives aux sociétés étrangères contrôlées largement alignées sur celles de la directive de l'UE sur la lutte contre l'évasion fiscale[44]. Maurice figure sur la liste blanche de l'OCDE parmi les pays ayant substantiellement mis en œuvre les normes fiscales convenues au niveau international. La liste blanche de l'OCDE examine les juridictions sous plusieurs angles ; transparence fiscale, fiscalité équitable, mise en œuvre des mesures BEPS de l’OCDE et exigences de fond pour les pays à taux zéro[45].
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+ L'île est desservie par l'aéroport international Sir-Seewoosagur-Ramgoolam, situé à Plaine Magnien ; c'est le hub de la compagnie aérienne nationale Air Mauritius.
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+ D'après le recensement de 2011, les principales religions sont les suivantes[46] :
118
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+ La République de Maurice est le seul pays africain à majorité hindoue[24].
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+ Les fêtes et jours féries sont un reflet de la société pluriculturelle évoluant à Maurice et issue de l'histoire complexe du pays. Tandis qu'il existe quatre jours fériés républicains (1er et 2 janvier, le 12 mars et le 1er mai), les autres sont attribués sur des critères communautaires et religieux. Il y a des festivals hindous, des festivals chinois, des festivals musulmans, ainsi que des festivals chrétiens.
122
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+ Il y a 15 jours fériés annuels à l'île Maurice. Sept d'entre eux sont des jours fériés fixes : 1er et 2 janvier, 1er février, 12 mars ; 1er mai, 2 novembre et 25 décembre. Les jours restants sont des fêtes religieuses dont les dates varient d'année en année. La liste ci-dessous concerne uniquement les jours fériés, plusieurs autres festivités et célébrations d'importance comme le Festival International Kreol, le Carnaval de Maurice, Holi, Raksha Bandhan et le pèlerinage du Père Laval existent également à Maurice.
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+ Deux genres musicaux locaux sont présents sur l'île.
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+ Le séga et le séga ravanne (séga typique de l'ancien temps), musique et danse créole endémique de Maurice.
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+ Les chants et danses en langue bhojpuri qui continuent à jouir d'un certain intérêt malgré le déclin de cette langue sur l'île.
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+ D'autres courants musicaux font partie de la richesse musicale de l'île, on retrouve le reggae avec des artistes très populaires tel que Kaya.
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+ La nouvelle génération musicale s'inspire du ragga et du dancehall. Des groupes notables occupent la scène depuis des années et sont devenus des références socio-politiques pour leur engagement (Otentik Street Brothers dit OSB).
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+ Les musiques indiennes, principalement de Bollywood représentent une partie importante de la musique écoutée sur l'île avec des concours de chants en langue hindi organisés par la chaîne nationale.
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+ Tout comme l'île, la gastronomie aussi a un mélange culturel. On peut goûter des plats d'origine chinoise, tout comme des plats d'origine africaine en passant par l'Inde et l'Europe. Une gastronomie dont les mauriciens se réjouissent et sont très fiers. Les principaux plats mauriciens sont: les nouilles sautées à la sauce soja, le carry poulet et puis le rougaille à la viande.
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+
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+ Le sport favori des Mauriciens est le football et l'équipe nationale est le Club M. Les autres sports qui sont populaires à Maurice sont le cyclisme, le tennis de table, le badminton, le volley-ball, le basket-ball, le handball, la boxe, la pétanque, le judo, le karaté, le taekwondo, l'haltérophilie, la musculation et l'athlétisme.
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+ Les équipes nationales de Maurice ont eu peu de succès au niveau international due à plusieurs raisons, notamment une faible population, le manque de financement et une culture locale qui valorise plutôt la réussite scolaire que d'autres activités. Maurice est assez compétitif au niveau régional dans l'océan Indien, Maurice recueille des médailles d'or, d'argent et de bronze aux Jeux des îles de l'océan Indien. Les deuxième (1985) et cinquième éditions (2003) des Jeux des îles ont été organisées à Maurice. En 2008, Maurice remporte sa première médaille olympique à Pékin : Bruno Julie remporté la médaille de bronze en boxe.
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+ Les courses hippiques font également partie intégrante du patrimoine culturel de l'île, puisqu'elles remontent à 1812, lorsque le Champ de Mars a été inauguré à Port-Louis, ce qui en fait le plus ancien hippodrome de l'hémisphère sud. Huit courses s'y déroulent tous les samedis de mars à décembre, dont la plus célèbre est la Maiden Cup.
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+ Drapeau de Maurice.
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+ Armoiries de Maurice.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Maurice a pour codes :
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+ Œuvres principales
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+ Maurice Ravel, de son nom de baptême Joseph Maurice Ravel, est un compositeur français né à Ciboure le 7 mars 1875 et mort à Paris le 28 décembre 1937.
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+ Avec son aîné Claude Debussy, Ravel fut la figure la plus influente de la musique française de son époque et le principal représentant du courant dit impressionniste au début du XXe siècle. Son œuvre, modeste en quantité (quatre-vingt-six œuvres originales, vingt-cinq œuvres orchestrées ou transcrites), est le fruit d'influences variées s'étendant de Couperin et Rameau jusqu'aux couleurs et rythmes du jazz, dont celle, récurrente, de l'Espagne.
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+ Caractérisée par sa grande diversité de genres, la production musicale de Ravel respecte dans son ensemble la tradition classique et s'étale sur une période créatrice de plus de quarante années qui la rendent contemporaine de celles de Fauré, Debussy, Stravinsky, Prokofiev, Bartók ou Gershwin. La grande majorité de ses œuvres a intégré le répertoire de concert. Parmi celles-ci le ballet symphonique Daphnis et Chloé (1909-1912), le Boléro (1928), les deux concertos pour piano et orchestre pour la main gauche (1929-1930) et en sol majeur (1929-1931) et l’orchestration des Tableaux d'une exposition de Moussorgski (1922) sont celles qui ont le plus contribué à sa renommée internationale. Reconnu comme un maître de l’orchestration et un artisan perfectionniste, cet homme à la personnalité complexe ne s'est jamais départi d'une sensibilité et d'une expressivité qui, selon Le Robert, lui firent évoquer dans son œuvre à la fois « les jeux les plus subtils de l’intelligence » et « les épanchements les plus secrets du cœur ».
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+ Maurice Ravel est né le 7 mars 1875, dans la maison Estebania, quai de la Nivelle[N 2] à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz, dans les Basses-Pyrénées. Son père, Joseph Ravel (1832–1908), d'ascendance suisse et savoyarde[N 3], était un ingénieur renommé qui travailla notamment à la construction de lignes de chemin de fer et dans l'industrie automobile et étendit les recherches d'Étienne Lenoir sur les moteurs à explosion. Sa mère, née Marie Delouart (1840–1917), femme au foyer après avoir été modiste, était née à Ciboure d'une famille établie dans ce village depuis au moins le XVIIe siècle[2]. Il avait un frère, Édouard (1878–1960), qui devint ingénieur et avec lequel il garda toute sa vie de forts liens affectifs[3]. En juin 1875, la famille Ravel se fixa définitivement à Paris[4]. La légende qui veut que l’influence de l’Espagne sur l’imaginaire musical de Maurice Ravel soit liée à ses origines basques est donc exagérée, d’autant que le musicien ne retourna pas au Pays basque avant l’âge de vingt-cinq ans. En revanche, il revint régulièrement par la suite séjourner à Saint-Jean-de-Luz et dans ses environs pour y passer des vacances ou pour travailler.
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+ L’enfance de Ravel fut heureuse. Ses parents, attentionnés et cultivés, familiers des milieux artistiques, surent très tôt éveiller son don musical et encourager ses premiers pas. Le petit Maurice commença l’étude du piano à l’âge de six ans sous la férule du compositeur Henry Ghys (1839 - 1908) et reçut en 1887 ses premiers cours de composition de Charles René — harmonie et contrepoint[5]. Le climat artistique et musical prodigieusement fécond de Paris à la fin du XIXe siècle ne pouvait que convenir à l’épanouissement de l'enfant qui cependant, au désespoir de ses parents et de ses professeurs, reconnut plus tard avoir joint à ses nombreuses dispositions « la plus extrême paresse »[6]. Dans son Esquisse autobiographique, le compositeur nota : « Tout enfant, j’étais sensible à la musique — à toute espèce de musique. Mon père, beaucoup plus instruit dans cet art que ne le sont la plupart des amateurs, sut développer mes goûts et de bonne heure stimuler mon zèle[N 4] ».
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+ Entré au Conservatoire de Paris en novembre 1889[9], Ravel fut l'élève de Charles de Bériot et se lia d'amitié avec le pianiste espagnol Ricardo Viñes, qui devint l’interprète attitré de ses meilleures œuvres et avec qui il rejoignit plus tard la Société des Apaches[10]. Enthousiasmé par la musique de Chabrier et de Satie, admirateur de Mozart[N 5],[N 6][12], Saint-Saëns, Debussy et du Groupe des Cinq, influencé par la lecture de Baudelaire, Poe, Condillac, Villiers de L'Isle-Adam et surtout de Mallarmé, Ravel manifesta précocement un caractère affirmé et un esprit musical très indépendant. Ses premières compositions en témoignèrent : elles étaient déjà empreintes d'une personnalité et d’une maîtrise telles que son style ne devait guère connaître d’évolution par la suite : Ballade de la reine morte d'aimer (1894), Sérénade grotesque (1894), Menuet antique (1895) et les deux Sites auriculaires pour deux pianos (Habanera, 1895 et Entre cloches, 1897).
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+ En année 1897, Ravel entra dans la classe de contrepoint d'André Gedalge, et Gabriel Fauré devint son professeur de composition ; deux maîtres dont il reçut l'enseignement avec comme condisciple Georges Enesco. Fauré jugea le compositeur avec bienveillance, saluant un « très bon élève, laborieux et ponctuel » et une « nature musicale très éprise de nouveauté, avec une sincérité désarmante »[13]. Les deux artistes devaient se vouer leur vie durant une grande estime réciproque. Fauré introduisit son élève dans le salon de madame de Saint-Marceaux[14], qui aimait découvrir de jeunes talents et chez laquelle il joua régulièrement ses œuvres, dont certaines en première audition privée[N 7],[N 8],[17]. À la fin de ses études, Ravel composa une ouverture symphonique pour un projet d'opéra baptisé Shéhérazade — ouverture créée en mai 1899 sous les sifflets du public, à ne pas confondre avec les trois poèmes de Shéhérazade pour voix de femme et orchestre datés de 1903 —, et la célèbre Pavane pour une infante défunte qui reste une de ses œuvres les plus jouées, même si son auteur ne l'estimait pas beaucoup[N 9].
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+ À la veille du XXe siècle, le jeune Ravel était déjà un compositeur reconnu et ses œuvres discutées. Pourtant, son accession à la célébrité n’allait pas être chose aisée. L’audace de ses compositions et son admiration proclamée pour les « affranchis » Chabrier et Satie allaient lui valoir bien des inimitiés parmi le cercle des traditionalistes.
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+ Le compositeur essuya ainsi cinq échecs au prix de Rome sur fond de querelle entre académisme et tendances avant-gardistes. Éliminé au concours d'essai en 1900, Ravel n'obtint qu'un deuxième Second Grand prix en 1901[19] (derrière André Caplet et Gabriel Dupont) pour sa cantate Myrrha inspirée du Sardanapale de Lord Byron, malgré les éloges de Saint-Saëns auquel le compositeur paraissait « appelé à un sérieux avenir »[20]. Ce fut la seule récompense obtenue par Ravel, qui échoua de nouveau en 1902 (cantate Alcyone d'après Les Métamorphoses d'Ovide) et 1903 (cantate Alyssa sur un texte de Marguerite Coiffier) avant d'être rejeté dès l'épreuve préparatoire en 1905, son âge lui interdisant toute tentative ultérieure[N 10]. Ce dernier échec posa ouvertement la question de l'impartialité du jury où siégeait Charles Lenepveu, professeur des six concurrents admis en loge[N 11],[N 12],[N 13],[N 14], et suscita, par-delà le cercle de ses premiers défenseurs, un courant d'indignation en faveur de Ravel[N 15],[N 16]. La nomination de Gabriel Fauré à la direction du Conservatoire de Paris en juin 1905, en remplacement de Théodore Dubois, démissionnaire[N 17], ouvrit la voie à une lente réforme du prix de Rome[28]. Ce que certains périodiques appelèrent « l’affaire Ravel » contribua à faire connaître le nom du musicien[N 18].
22
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+ Ses déboires au prix de Rome n'avaient pas empêché Ravel, dès 1901, d'affirmer pour de bon sa personnalité musicale avec les Jeux d’eau pour piano, pièce d'inspiration lisztienne qui, la première, lui valut l'étiquette de musicien impressionniste. Très tôt et longtemps dans sa carrière, Ravel fut comparé à Debussy[N 19],[N 20] avec une insistance qui voulut le faire passer pour un imitateur[N 21],[N 22],[N 23], puis rapidement pour un rival. Si l'influence de Debussy ne fut jamais démentie par Ravel, elle ne resta pas à sens unique[N 24]. Certains critiques musicaux aidant, en particulier Pierre Lalo du Temps, l'un des plus farouches adversaires de la musique de Ravel[N 25], ces trajectoires communes tournèrent assez vite au duel à distance[N 26] et furent mal ressenties par l'auteur de La Mer[N 27]. Debussy et Ravel ne se fréquentèrent pas et leur relation, d'abord cordiale, devint très distante à partir de 1905[N 28]. Jusqu'à la fin de sa vie, Ravel ne manqua jamais de rappeler combien il estimait Debussy[40].
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+ Dès cette époque s'affirmèrent les traits ravéliens les plus caractéristiques : goût pour les sonorités hispaniques et orientales, pour l’exotisme et le fantastique, perfectionnisme, raffinement mélodique, virtuosité du piano. À la période particulièrement féconde qui s’étend de 1901 à 1908 appartiennent notamment le Quatuor à cordes en fa majeur (1902), les mélodies de Shéhérazade sur des poèmes de Tristan Klingsor (1904), les Miroirs et la Sonatine pour piano (1905), l'Introduction et allegro pour harpe (1906), les Histoires naturelles d'après Jules Renard (1906), la Rapsodie espagnole (1908), la suite pour piano Ma mère l'Oye (1908) que Ravel dédia aux enfants de ses amis Ida et Cipa Godebski[N 29],[41], puis son grand chef-d’œuvre pianistique, Gaspard de la nuit (1908), inspiré du recueil homonyme d’Aloysius Bertrand.
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+ En avril 1909, Ravel se rendit à Londres chez Ralph Vaughan Williams à l’occasion d'une tournée de concerts à l’étranger. Il put à cette occasion découvrir qu’il était déjà connu et apprécié outre-Manche. Il fut en 1910, avec Charles Koechlin et Florent Schmitt notamment, l’un des fondateurs de la Société musicale indépendante (SMI) créée pour promouvoir la musique contemporaine, par opposition à la Société nationale de musique, plus conservatrice, alors présidée par Vincent d’Indy et liée à la Schola Cantorum. Dirigée à ses débuts par Gabriel Fauré, la SMI fut très active jusqu'au milieu des années 1930, donna en première audition un grand nombre des œuvres de Ravel et contribua à faire connaître la musique de la jeune école française — Aubert, Caplet, Delage, Huré, Koechlin, Schmitt, etc. — et celle de compositeurs d'avant-garde alors peu diffusés en France : Ravel y invita notamment le jeune Béla Bartók. Vers la même époque, en 1911, Ravel participa à la création de la Société Chopin, sur l'initiative de son ami le musicologue Édouard Ganche.
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+ Au début des années 1910, deux œuvres majeures donnèrent à Ravel des difficultés. L'Heure espagnole, premier ouvrage lyrique du compositeur, fut achevé en 1907 et créé en 1911. L'opéra fut mal accueilli par le public et surtout par la critique. Ni l’humour libertin du livret de Franc-Nohain[N 30], ni les hardiesses orchestrales de Ravel ne furent compris, et l'œuvre dut attendre les années 1920 pour devenir populaire. Parallèlement, pour répondre à une commande de Serge de Diaghilev dont les Ballets russes triomphaient à Paris, Ravel composa à partir de 1909 le ballet Daphnis et Chloé. Cette symphonie chorégraphique, qui utilise des chœurs sans paroles, est une vision de la Grèce antique que Ravel voulait proche de celle que les peintres français du XVIIIe siècle avaient donnée. L’argument de l’œuvre fut corédigé par Michel Fokine et Ravel lui-même. Il s’agit de l’œuvre la plus longue du compositeur (soixante-dix minutes environ), et celle dont la composition, longue de trois années, fut la plus laborieuse. Là encore l’accueil fut inégal après la création en juin 1912, deux ans après le triomphe du très novateur Oiseau de feu de Stravinsky. Cette même année cependant, triomphèrent les ballets Ma mère l'Oye et Adélaïde ou le langage des fleurs, tous deux des orchestrations d'œuvres antérieures.
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+ Le 29 mai 1913, Ravel fut au nombre des défenseurs de Stravinsky, avec qui il avait noué une solide amitié, lors de la création tumultueuse du Sacre du printemps au théâtre des Champs-Élysées[N 31]. Cette période qui précédait la guerre, Ravel la décrivit plus tard comme la plus heureuse de sa vie. Il habitait depuis 1908 un appartement avenue Carnot, près de la place de l’Étoile.
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+ La guerre surprit Ravel en pleine composition de son Trio en la mineur qui fut finalement créé en 1915. Dès le début du conflit, le compositeur chercha à s'engager mais, déjà exempté de service militaire en 1895 en raison de sa faible constitution (1,61 m)[N 32],[45], il fut refusé pour être « trop léger de deux kilos » (ne pesant que 48 kg)[N 33],[N 34]. Dès lors, l’inaction devint une torture pour Ravel. À force de démarches pour être incorporé dans l'aviation[N 35], c'est finalement comme conducteur d'un camion militaire qu'il surnomma Adélaïde qu'il fut envoyé près de Verdun en mars 1916. Depuis le front, tandis que plusieurs musiciens de l'arrière tombaient dans les travers du nationalisme[N 36], Ravel fit la démonstration de sa probité artistique en refusant, au risque de voir sa propre musique bannie des concerts, de prendre part à la Ligue nationale pour la défense de la musique française. Cette organisation, créée par Charles Tenroc autour notamment de Vincent d'Indy, Camille Saint-Saëns et Alfred Cortot, entendait faire de la musique un outil de propagande nationaliste et interdire, entre autres, la diffusion en France des œuvres allemandes et austro-hongroises. Ravel leur répondit le 7 juin 1916[50] :
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+ « [...] Je ne crois pas que “pour la sauvegarde de notre patrimoine artistique national” il faille “interdire d'exécuter publiquement en France des œuvres allemandes et autrichiennes contemporaines non tombées dans le domaine public”. [...] Il serait même dangereux pour les compositeurs français d'ignorer systématiquement les productions de leurs confrères étrangers et de former ainsi une sorte de coterie nationale : notre art musical, si riche à l'heure actuelle, ne tarderait pas à dégénérer, à s'enfermer en des formules poncives [sic]. Il m'importe peu que M. Schönberg, par exemple, soit de nationalité autrichienne. Il n'en est pas moins un musicien de haute valeur, dont les recherches pleines d'intérêt ont eu une influence heureuse sur certains compositeurs alliés, et jusque chez nous. Bien plus, je suis ravi que MM. Bartók, Kodály et leurs disciples soient hongrois et le manifestent dans leurs œuvres avec tant de saveur. En Allemagne, à part M. Richard Strauss, nous ne voyons guère que des compositeurs de second ordre dont il serait facile de trouver l'équivalent sans dépasser nos frontières. Mais il est possible que bientôt de jeunes artistes s'y révèlent, qu'il serait intéressant de connaître ici. D'autre part je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire prédominer en France, et de propager à l'étranger toute musique française, quelle qu'en soit la valeur. Vous voyez, Messieurs, que sur bien des points mon opinion est assez différente de la vôtre pour ne pas me permettre l'honneur de figurer parmi vous. »
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+ Victime selon toute vraisemblance d'une dysenterie puis d'une péritonite, Ravel fut opéré le 1er octobre 1916 avant d'être envoyé en convalescence puis démobilisé en mars 1917[51]. La nouvelle du décès de sa mère, survenu en janvier 1917, parvint au compositeur alors qu'il était encore sous les drapeaux. Elle le plongea dans un désespoir sans comparaison avec celui causé par la guerre : profondément abattu[N 37], il devait mettre plusieurs années à surmonter son chagrin[N 38].
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+ Il acheva cette année-là six pièces pour piano regroupées sous le titre Le Tombeau de Couperin, suite en forme d'hommage aux maîtres du classicisme français qu’il dédia à des amis tombés au front. Durement touché par ces épreuves accumulées, le musicien resta insensible aux échos de l'armistice et traversa alors une période de silence et de doute que vinrent interrompre en 1919 deux commandes cruciales : l'une de Diaghilev (La Valse), l'autre de Rouché (L'Enfant et les Sortilèges).
40
+
41
+ La guerre, terminée, avait bouleversé la société et remis en cause les canons esthétiques hérités de ce qu'on appellerait bientôt la « Belle Époque » : les années d'après-guerre virent ainsi tout un pan de la musique européenne, de Sergueï Prokofiev (Symphonie classique) à Stravinsky (Pulcinella), prendre un virage néoclassique auquel Ravel allait contribuer à sa manière. Pour les quelque douze années d’activité qui lui restaient, la production du musicien se ralentit considérablement (une œuvre par an en moyenne, non comprises les orchestrations) et son style évolua selon ses propres mots dans le sens d’un « dépouillement poussé à l'extrême » tout en s’ouvrant aux innovations rythmiques et techniques venues de l’étranger, en particulier d’Amérique du Nord.
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+ Les années passant, et après la mort de Claude Debussy en 1918, Ravel était désormais considéré comme le plus grand compositeur français vivant[N 39]. Sa notoriété croissante, particulièrement à l'étranger, le fit beaucoup réclamer en concert et lui valut plusieurs distinctions. La façon dont s'accommoda de sa célébrité celui qui déclara désabusé, en 1928, à propos du public qui l'acclamait, « Ce n'est pas moi qu'ils veulent voir, c'est Maurice Ravel »[55], dérouta plus d'un observateur. Ce fut d'abord, en 1920, la réaction désinvolte à sa promotion au rang de chevalier de la Légion d'honneur : pour une raison qu'il ne précisa jamais, il ne prit même pas la peine de répondre à cette annonce et obtint d'être radié au Journal officiel[N 40],[N 41],[N 42]. Satie, brouillé avec lui depuis 1913, s’en amusa dans une boutade célèbre : « Ravel refuse la Légion d’Honneur, mais toute sa musique l’accepte »[60].
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45
+ Sa première œuvre majeure de l’après-guerre fut La Valse, poème symphonique dramatique commandé pour le ballet par Serge de Diaghilev. Ravel y défigura sciemment la valse viennoise en dépeignant un « tourbillon fantastique et fatal »[61], évocation musicale de l'anéantissement par la guerre de la civilisation européenne qu'incarnaient les valses de Johann Strauss. Refusée par les Ballets russes en 1920[N 43], La Valse connut un immense succès au concert et fut finalement adaptée pour le théâtre, en 1929, pour les ballets d'Ida Rubinstein.
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+ En 1922, la vaste Sonate pour violon et violoncelle, dédiée à la mémoire de Debussy et créée par Hélène Jourdan-Morhange, matérialisait le « renoncement au charme harmonique » et la « réaction de plus en plus marquée dans le sens de la mélodie »[61] qui allaient caractériser la plupart des œuvres de Ravel au cours des années 1920.
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+ En 1921, désireux de se fixer et d'acquérir « une bicoque à trente kilomètres au moins de Paris »[64], Ravel acheta une maison à Montfort-l’Amaury en Seine-et-Oise[N 44], le Belvédère, où il conçut la majeure partie de ses dernières œuvres. Cette époque vit la naissance des sensuelles Chansons madécasses sur des poèmes d’Évariste de Parny (1923), dans lesquelles le musicien exprima son anticolonialisme (Aoua), et de la rhapsodie virtuose pour violon et orchestre Tzigane (1924) dédiée à Jelly d'Arányi et secondairement réduite pour violon et luthéal. Le Belvédère s’imprégna vite de la personnalité de son occupant qui le décora lui-même et en fit, de son vivant, un véritable musée : collection de porcelaines asiatiques, jouets mécaniques, horloges. À l'extérieur, il dépensa une fortune pour créer un jardin japonais dans la pente, doté d'escaliers et de sentiers dallés[65].
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+ Jusqu'à la fin de sa vie créatrice, Ravel mena à Montfort-l'Amaury une vie paisible entrecoupée de séjours au Pays basque et de tournées de concerts en France et à l'étranger, où il se produisait comme pianiste soliste, accompagnateur ou chef d'orchestre. Solitaire et pudique, le musicien avait cependant une riche vie sociale et sa correspondance témoigne de sa fidélité en amitié. Le Belvédère devint rapidement le point de ralliement du cénacle ravélien : parmi ses proches amis figuraient l’écrivain Léon-Paul Fargue, les compositeurs Maurice Delage, Arthur Honegger, Jacques Ibert, Florent Schmitt, Germaine Tailleferre, les interprètes Marguerite Long, Robert Casadesus, Jacques Février, Madeleine Grey, Hélène Jourdan-Morhange, Vlado Perlemuter, le sculpteur Léon Leyritz, et ses deux fidèles élèves, Roland-Manuel et Manuel Rosenthal. Ravel faisait de fréquents allers et retours entre Montfort-l'Amaury et Paris, dont il appréciait la vie nocturne et où il rencontrait ses amis, allait au concert ou au théâtre et fréquentait les cabarets à la mode[N 45].
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+ Ravel ne se départit jamais d'une extrême discrétion quant à sa vie privée et véhicula au travers de ses portraits et photographies l'image d'un dandy affectant un « cérémonial d'élégance fastidieuse » (André Tubeuf) qui contraste avec les témoignages de ceux qui le fréquentèrent[N 46]. Mais les apparences ne pouvaient entièrement cacher la solitude et la tristesse de cet homme, qui trouva une échappatoire dans l'orchestration des Tableaux d'une exposition de Modeste Moussorgski[N 47] et dans une série de tournées à l’étranger (Pays-Bas, Italie, Angleterre, Espagne). La question de la vie privée du compositeur a souvent fait l'objet de gloses, sans qu'une réponse précise lui soit apportée. Ravel ne se maria jamais et aucune relation sentimentale, féminine ou masculine, ne lui est connue[N 48],[N 49],[N 50]. Une thèse récente s'attache à démontrer que Ravel aurait transcrit en musique le prénom Misia et le nom Godebska, et caché ces transcriptions dans ses œuvres[N 51].
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55
+ Ravel avait connu Colette dans les années 1900, quand ils fréquentaient le salon de madame de Saint-Marceaux[73]. C'est en 1925 qu'aboutit le projet commun des deux artistes d'une fantaisie lyrique baptisée L'Enfant et les Sortilèges. La genèse de cette œuvre avait débuté en 1919, quand Jacques Rouché alors directeur de l’Opéra de Paris, avait proposé à Colette la collaboration de Ravel pour mettre en musique un poème de sa main, intitulé au départ Divertissement pour ma fille. Accaparé par d'autres projets, il n'y travailla vraiment qu'à partir de 1924 pour en tirer une œuvre dont les nombreuses scènes, de par leur brièveté et la variété de leurs genres, la rapprochent plus de la comédie musicale et du music-hall que de l'opéra[N 52]. La création à Monte-Carlo en mars 1925 fut un succès, mais les représentations parisiennes de cette œuvre atypique donnèrent lieu à un accueil perplexe (le duo des chats notamment fit scandale). Colette a rapporté avec humour la relation purement professionnelle et distante dans laquelle Ravel la tint au cours de l’élaboration de ce projet[N 53]. À la fin des années 1920, Ravel s'apprêtait à devenir, avec Stravinsky, le compositeur en vie le plus célèbre de son époque. Il acheva en 1927 sa Sonate pour violon et piano (dont le second mouvement est intitulé Blues) et inaugura la salle Pleyel en dirigeant La Valse.
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+ L’année 1928 fut pour Ravel particulièrement faste. De janvier à avril il effectua une tournée de concerts aux États-Unis et au Canada[N 54],[N 55] qui lui valut, dans chaque ville visitée, un immense succès[N 56]. Il se produisit comme pianiste, notamment dans sa Sonatine, accompagna sa Sonate pour violon et certaines de ses mélodies, dirigea les orchestres, donna des interviews et prononça des discours sur la musique contemporaine[N 57]. À New York, où le peintre Raymond Woog fit son portrait, il fréquenta les clubs de jazz de Harlem et se fascina pour les improvisations du jeune George Gershwin, auteur quatre ans plus tôt d'une retentissante Rhapsody in Blue et dont il appréciait particulièrement la musique[N 58]. À celui-ci lui réclamant des leçons, Ravel répondit par la négative, argumentant : « Vous perdriez la grande spontanéité de votre mélodie pour écrire du mauvais Ravel »[81],[N 59]. Dans cet esprit Ravel exhorta à plusieurs reprises les Américains à cultiver la spécificité de leur musique nationale[83] : « Vous, les Américains, prenez le jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu'à mes yeux, c'est lui qui donnera naissance à la musique nationale des États-Unis ».
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+ De retour en France, Ravel s'attela à ce qui devait devenir son œuvre la plus célèbre et, malgré lui, l'instrument de sa consécration internationale. Après quelques tergiversations, le « ballet de caractère espagnol » que lui avait commandé son amie Ida Rubinstein en 1927 adopta le rythme d'un boléro andalou. Composé entre juillet et octobre 1928, le Boléro fut créé à Paris le 22 novembre de la même année devant un parterre quelque peu stupéfait. Loué par la critique dès sa première[84],[85],[86],[87],[88], gravé sur disque et radiodiffusé dès 1930[89], le Boléro connut en quelques mois un succès planétaire. Cette œuvre singulière, qui tient le pari de durer plus d’un quart d’heure avec seulement deux thèmes et une ritournelle inlassablement répétés, était pourtant considérée par son auteur comme une expérience d’orchestration « dans une direction très spéciale et limitée »[N 60], et Ravel lui-même s'exaspéra du succès phénoménal de cette partition qu’il disait « vide de musique »[91]. À propos d’une dame criant : « Au fou ! » après avoir entendu l’œuvre, le compositeur affirma simplement : « Celle-là, elle a compris[92]. »
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+ En octobre 1928, Ravel reçut le titre de docteur en musique honoris causa à l’université d'Oxford. À Ciboure, en août 1930, le quai qui l'avait vu naître fut rebaptisé de son nom en sa présence.
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+ De 1929 à 1931, Ravel conçut ses deux dernières œuvres majeures. Composés simultanément et créés à quelques jours d’intervalle en janvier 1932, les deux concertos pour piano et orchestre apparaissent comme la synthèse de l’art ravélien, combinant forme classique et style moderne empruntant au jazz ; mais ces deux œuvres frappent par leur contraste. Au Concerto pour la main gauche, œuvre grandiose baignée d’une sombre lumière et empreinte de fatalisme qu’il dédia au pianiste manchot Paul Wittgenstein, répondit l’éclatant Concerto en sol dont le mouvement lent constitue l’une des plus intimes méditations musicales du compositeur. Avec les trois chansons de Don Quichotte à Dulcinée, composées en 1932 sur un poème de Paul Morand, les concertos mirent un point final à la production musicale de Maurice Ravel.
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+ Le temps d’une tournée triomphale en 1932 en compagnie de la pianiste Marguerite Long, qui diffusa le Concerto en sol dans toute l’Europe, Ravel prit une dernière fois la mesure de sa renommée. De retour en France, après avoir supervisé un enregistrement de ce même concerto, il n’avait plus que des projets : notamment un ballet-oratorio, Morgiane, inspiré des Mille et Une Nuits, et un grand opéra, Jeanne d’Arc, d’après le roman homonyme de Joseph Delteil[N 61].
66
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67
+ À partir de l’été 1933, Ravel commença à présenter les signes d’une maladie cérébrale qui allait le condamner au silence pour les quatre dernières années de sa vie. Troubles de l’écriture, de la motricité et du langage en furent les principales manifestations[N 62], tandis que son intelligence était parfaitement préservée et qu’il continuait de penser sa musique, sans plus pouvoir bientôt écrire ni jouer. L’opéra Jeanne d’Arc, auquel le compositeur attachait tant d’importance, ne devait jamais voir le jour[N 63]. On pense qu’un traumatisme crânien consécutif à un accident de taxi dont il fut victime le 8 octobre 1932[N 64],[N 65] précipita les choses, mais Ravel, grand fumeur et insomniaque récurrent, semblait conscient d'un trouble depuis le milieu des années 1920. La thèse d’une atteinte neurodégénérative est aujourd'hui privilégiée[96]. Le public resta longtemps dans l’ignorance de la maladie du musicien ; chacune de ses rares apparitions publiques lui valait une ovation, ce qui rendit d’autant plus douloureuse son inaction[N 66].
68
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+ En 1935, sur proposition d’Ida Rubinstein, Ravel entreprit un ultime voyage en Espagne et au Maroc, où il joua du piano non sans difficulté, puis se retira définitivement à Montfort-l’Amaury. Il faisait seul de longues promenades en forêt de Rambouillet, et bien que son affectivité, son jugement et son intelligence fussent toujours les mêmes, il avait de grandes difficultés à parler, s'habiller, se servir correctement des objets de la vie quotidienne. Jusqu’à sa mort, il put compter sur la fidélité et le soutien de ses amis et de sa fidèle gouvernante, Madame Révelot. Le mal continua de progresser. Le 19 décembre 1937, malgré les réticences du musicien, le docteur Clovis Vincent, réputé le plus grand neurochirurgien français, décida de tenter une intervention chirurgicale sur son cerveau dans l'hypothèse d'une atteinte tumorale[N 67]. Ravel se réveilla un court moment après l’intervention, réclama son frère, puis plongea définitivement dans le coma[98]. Il mourut le 28 décembre 1937, à l’âge de 62 ans. Le soir même, Manuel Rosenthal devait diriger l'Enfant et les Sortilèges : « Cette exécution fut la plus émouvante possible, toute de recueillement et de tristesse devant un public bouleversé. Au balcon de la salle se trouvait Igor Stravinsky, dont le visage ravagé disait la tristesse de perdre son ami, son camarade de lutte[99] ». La mort de Ravel provoqua dans le monde une grande émotion, que la presse relaya dans un hommage unanime[N 68]. Le 30 décembre à midi, l'enterrement du compositeur à Levallois-Perret rassembla ses amis et confrères, parmi lesquels Louis Aubert, Jane Bathori, Robert Casadesus, Jacques Février, Reynaldo Hahn, Robert d'Harcourt, Arthur Honegger, Hélène Jourdan-Morhange, Charles Koechlin, Marguerite Long, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Manuel Rosenthal, Florent Schmitt, Igor Stravinsky[N 69], Maurice Delage, Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, prononça pour le gouvernement de la République un discours remarqué[101]. On en retiendra le passage suivant :
70
+
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+ « Dans le langage et dans l'univers de la musique, et sans jamais briser ni dépasser cet univers, mais au contraire en usant jusqu'à l'infini et avec une généreuse, une inépuisable malice, de toutes les ressources de cet univers, Maurice Ravel s'est efforcé de montrer tout ce que sa merveilleuse intelligence était capable d'accomplir, tout ce qu'elle était capable d'exprimer. Et cela sans négliger les choses obscures, ni les choses douloureuses, ni les choses passionnées. Sans non plus tomber dans la virtuosité pour la virtuosité, la parade pour la parade. Le sortilège ravélien n'est pas une simple prestidigitation ; il n'est pas seulement éblouissant. Il n'y a nulle sécheresse en lui. Et s'il est sans grandiloquence, cela ne veut pas dire qu'il soit sans grandeur. Sa grandeur vient justement de cette vigilance perpétuelle de l'intelligence, de cette présence constante de l'esprit qui mesure, cherche, indique, décompose, connaît et au besoin sourit. »
72
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+ Avec Ravel disparaissait le dernier représentant d’une lignée de musiciens qui avaient su renouveler l’écriture musicale, sans jamais renoncer aux principes hérités du classicisme. Et par là même, le dernier compositeur dont l’œuvre dans sa totalité, toujours novatrice et jamais rétrograde, soit « entièrement accessible à une oreille profane »[102].
74
+
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+ « Je n’ai jamais éprouvé le besoin de formuler, soit pour autrui soit pour moi-même, les principes de mon esthétique. Si j’étais tenu de le faire, je demanderais la permission de reprendre à mon compte les simples déclarations que Mozart a faites à ce sujet. Il se bornait à dire que la musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre, pourvu qu’elle charme et reste enfin et toujours la musique. »
76
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+ — Maurice Ravel, Esquisse autobiographique, 1928[61].
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+ Né à une époque particulièrement propice à l’éclosion des arts, Ravel bénéficia d’influences très diverses. Mais comme le souligne Vladimir Jankélévitch dans sa biographie, « aucune influence ne peut se flatter de l’avoir conquis tout entier […]. Ravel demeure jalousement insaisissable derrière tous ces masques que lui prêtent les snobismes du siècle »[104].
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+ Aussi la musique de Ravel apparaît-elle d’emblée, comme celle de Debussy, profondément originale, voire inclassable selon l’esthétique traditionnelle. Ni absolument moderniste ni simplement impressionniste (comme Debussy, Ravel refusait catégoriquement ce qualificatif qu'il estimait réservé à la peinture)[N 71], elle s’inscrit bien davantage dans la lignée du classicisme français initié au XVIIIe siècle par Couperin et Rameau et dont elle fut l’ultime prolongement. Ravel par exemple (à l’inverse de son contemporain Stravinsky) ne devait jamais renoncer à la musique tonale et n'usa qu'avec parcimonie de la dissonance, ce qui ne l’empêcha pas par ses recherches de trouver de nouvelles solutions aux problèmes posés par l’harmonie et l’orchestration, et de donner à l’écriture pianistique de nouvelles directions.
82
+
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+ De Fauré et Chabrier (Sérénade grotesque, Pavane pour une infante défunte, Menuet antique) à la musique noire américaine (L’Enfant et les sortilèges, Sonate pour violon, Concerto en sol) en passant par l’école russe (À la manière de… Borodine, orchestration des Tableaux d’une exposition), Satie, Debussy (Jeux d’eau, Quatuor à cordes), Couperin et Rameau (Le Tombeau de Couperin), Chopin et Liszt (Gaspard de la nuit, Concerto pour la main gauche), Schubert (Valses nobles et sentimentales), Schönberg (Trois poèmes de Mallarmé), et enfin Saint-Saëns et Mozart (Concerto en sol), Ravel a su faire la synthèse de courants extrêmement variés et imposer son style dès ses premières œuvres. Ce style ne devait d’ailleurs que très peu évoluer au cours de sa carrière, sinon comme il le disait lui-même dans le sens d’un « dépouillement poussé à l’extrême » (Sonate pour violon et violoncelle, Chansons madécasses).
84
+
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+ Éclectique par excellence tout en s'inscrivant dans une esthétique indiscutablement française, Ravel sut tirer profit de son intérêt pour les musiques de toutes origines. L’influence notoire exercée sur son imaginaire musical par le Pays basque (Trio en la mineur) et surtout l’Espagne (Habanera, Pavane pour une infante défunte, Rapsodie espagnole, Boléro, Don Quichotte à Dulcinée) participe beaucoup à sa popularité internationale, mais conforte aussi l’image d’un musicien toujours épris de rythme et de musiques folkloriques. L’Orient (Shéh��razade, Introduction et Allegro, Ma mère l’Oye), la Grèce (Daphnis et Chloé, Chansons populaires grecques) et les sonorités tziganes (Tzigane) l’inspirèrent également.
86
+
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+ La musique noire américaine, que lui fit mieux découvrir Gershwin au cours de la tournée américaine de 1928, fascina Ravel. Il en introduisit de nombreuses touches dans les chefs-d’œuvre de sa dernière période créatrice (ragtime dans l'Enfant et les sortilèges, blues dans le second mouvement de la Sonate pour violon, jazz dans le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche).
88
+
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+ Enfin, il est nécessaire de souligner la fascination qu’exerça le monde de l’enfance sur Ravel. Que ce soit dans sa propre vie (attachement absolu, quasi infantile, à sa mère, collection de jouets mécaniques…) ou dans son œuvre (de Ma mère l’Oye à l'Enfant et les sortilèges), Ravel exprima régulièrement une extrême sensibilité et un goût prononcé pour le fantastique et le domaine du rêve.
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+
91
+ « Je me refuse simplement, mais absolument à confondre la conscience de l’artiste, qui est une chose, avec sa sincérité, qui en est une autre [...]. Cette conscience exige que nous développions en nous le bon ouvrier. Mon objectif est donc la perfection technique. Je puis y tendre sans cesse, puisque je suis assuré de ne jamais l’atteindre. L’important est d’en approcher toujours davantage. L’art, sans doute, a d’autres effets, mais l’artiste, à mon gré, ne doit pas avoir d’autre but »[106].
92
+
93
+ La recherche de la perfection formelle fit autant pour le succès de Maurice Ravel auprès du public que pour sa défaveur auprès de certains critiques. Tandis que Stravinsky raillait sa méticulosité en le qualifiant d’ « horloger suisse », certains ne virent dans sa musique que sécheresse, froideur ou artifice. Ravel, qui ne reniait rien de son amour pour les artifices et les mécanismes, mais cherchait toujours, en citant Edgar Allan Poe, « le point à égale distance de la sensibilité et de l’intelligence »[107], répliqua avec une formule lapidaire : « Mais est-ce qu’il ne vient jamais à l’esprit de ces gens-là que je peux être artificiel par nature[108] ? »
94
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+ Composer semble n’avoir jamais été chose facile pour Ravel. Son refus de céder à cette « haïssable sincérité de l’artiste, mère de tant d'œuvres bavardes et imparfaites » lui donna le goût de la contrainte auto-imposée, et plus encore de la difficulté vaincue. C’est en partie ce qui explique la faible abondance de ses œuvres (et notamment d'œuvres « de second plan »), dans une période créatrice pourtant longue de près de quarante ans, et l'état d'inachèvement dans lequel il laissa plusieurs projets, notamment Shéhérazade (opéra, 1898), La Cloche engloutie d'après Gerhart Hauptmann (opéra, 1906), et Zazpiak Bat (concerto, 1914). Par ailleurs, Ravel ne nous a laissé presque aucune esquisse. Pleinement conscient de son caractère, le compositeur pouvait confier à Manuel Rosenthal : « Oui, mon génie, c’est vrai, j’en ai. Mais qu’est-ce que c’est ? Eh bien, si tout le monde savait travailler comme je sais travailler, tout le monde ferait des œuvres aussi géniales que les miennes »[109].
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+ Quoi qu’il en soit, de l’ouverture de L'Heure espagnole aux onomatopées de L'Enfant et les Sortilèges, de la pédale obstinée de si bémol du Gibet dans Gaspard de la nuit à la rigidité rythmique du Boléro, cet entêtement dans la quête de la perfection et ce goût de la gageure sont un des traits ravéliens les plus caractéristiques.
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+ Ravel fut selon Marcel Marnat « le plus grand orchestrateur français » et de l’avis de nombreux mélomanes l’un des meilleurs orchestrateurs de l’histoire de la musique occidentale. Son œuvre la plus célèbre, le Boléro, doit sa tenue à la seule variation des timbres et à un immense crescendo de l’orchestre.
100
+
101
+ Passé maître dans le maniement des timbres (quoique n’étant pas lui-même adepte de nombreux instruments), sachant trouver l’équilibre harmonieux le plus subtil, Ravel sut transcender de nombreuses œuvres originales (le plus souvent écrites pour le piano) et leur donner une dimension nouvelle, que ces pages fussent de lui (Ma mère l’Oye, 1912, Valses nobles et sentimentales, 1912, Alborada del gracioso, 1918, Le Tombeau de Couperin, 1919…) ou de ses éminents confrères : Moussorgski (Khovantchina, 1913), Schumann (Carnaval, 1914), Chabrier (Menuet pompeux, 1918), Debussy (Sarabande et Danse, 1923) ou encore Chopin (Étude, Nocturne et Valse, 1923).
102
+
103
+ Mais ce fut l’orchestration des célèbres Tableaux d'une exposition de Moussorgski, commande de Serge Koussevitzky achevée en 1922 à Lyons-la-Forêt chez son ami Roland-Manuel, qui assit définitivement la réputation internationale de Ravel en la matière. Sa version reste la référence et éclipse celle des autres compositeurs qui s’y sont essayés, même si[réf. nécessaire] certains regrettent que ce travail ait diminué la simplicité et la naïveté de la page originale. Les Tableaux orchestrés par Ravel font partie, avec le Boléro, des œuvres françaises les plus représentées à l’étranger.
104
+
105
+ Faute d'un entraînement assidu, Ravel fut bon pianiste sans être un virtuose (certaines de ses propres œuvres, notamment le Concerto en sol qu’il rêvait de présenter lui-même[N 72], lui restèrent inaccessibles). Il fut propriétaire de plusieurs pianos, le dernier étant encore exposé à Montfort-l'Amaury. Au piano, le compositeur assura la création, entre autres, de ses Histoires naturelles (1907), des Mélodies hébraïques (1914), de La Valse (1920), de la Berceuse sur le nom de Fauré (1922) et, avec Georges Enesco, de la Sonate pour violon et piano (1927). Au cours de sa tournée américaine en 1928, il joua sa Sonatine, accompagna sa Sonate pour violon et certaines de ses mélodies.
106
+
107
+ En tant que chef d’orchestre, Ravel créa l'ouverture de Shéhérazade (1899) et la version de concert du Boléro (1930). À la baguette il n’égala jamais, même de loin, ses qualités d’orchestrateur. Le seul enregistrement[N 73] qu’il a laissé (un Boléro daté de 1930) et les témoignages de l’époque confirment que Ravel n’était pas un virtuose au pupitre. Il dirigea pourtant avec un immense succès son Concerto en sol au cours de sa dernière tournée, en 1932.
108
+
109
+ D'un volume relativement modeste si on la compare à celle de ses principaux contemporains, l'œuvre de Ravel se caractérise d'une façon générale par sa diversité (tous les genres musicaux ayant été abordés à l'exception de la musique religieuse) et sa faible proportion de titres oubliés, la très grande majorité de ses œuvres ayant intégré le répertoire. Le catalogue complet[111] établi par Arbie Orenstein et complété par Marcel Marnat compte cent onze œuvres achevées par le compositeur entre 1887 et 1933, soit quatre-vingt-six œuvres originales et vingt-cinq œuvres orchestrées, réduites ou transcrites. Les quelque soixante œuvres principales sont sous-citées.
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112
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113
+ D’après le Portail de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique[112] (Sacem), Ravel est un des musiciens français non tombés dans le domaine public qui s’exportent le mieux depuis des décennies. Le Boléro est ainsi resté plusieurs années en tête du classement mondial des droits SACEM, suivi de près par l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. En 1994 et 1995, sur les dix œuvres les plus exportées à l'international, cinq étaient de Ravel : le Boléro, les Tableaux d’une exposition, Daphnis et Chloé, le Concerto en sol et Ma mère l’Oye. En 2014, le Boléro et les Tableaux d'une exposition pointaient encore dans le Top 20 des droits en provenance de l'étranger[113].
114
+
115
+ En 1937, à la mort de Maurice Ravel, son frère Édouard est son seul héritier, qui transforme la maison de Montfort-l'Amaury en musée. En 1954, il devient handicapé à la suite d'un accident de voiture et une infirmière, Jeanne Taverne, s'occupe de lui. Alexandre, l'époux de cette dernière, devient son chauffeur. En 1956, la femme d'Édouard Ravel meurt, et les époux Taverne s'installent chez lui à Saint-Jean-de-Luz. Édouard Ravel décide alors de céder 80 % des droits d'auteurs à la Ville de Paris pour que soit créé un « prix Nobel de la musique »[114], mais il se ravise et fait de Jeanne Taverne sa légataire universelle. En 1960, Édouard Ravel meurt. Les petits-neveux de Maurice font un procès aux époux Taverne pour captation d'héritage, mais ils sont déboutés. En 1964, Jeanne Taverne disparaît et son mari Alexandre hérite de la fortune du Boléro, à savoir 36 millions de francs[réf. souhaitée].
116
+
117
+ En 1969[114] entre en jeu Jean-Jacques Lemoine, directeur juridique de la SACEM qui, à l'âge de soixante ans, en démissionne pour devenir avocat. C'est l'homme qui le 17 novembre 1941 signait pour cet organisme l'acte de spoliation des droits d'auteurs « juifs »[114]. Il connait bien Alexandre Taverne, dont il a bloqué les droits durant les neuf années qu'a duré le procès en captation[114], et devient son conseiller juridique. Ensemble, ils attaquent en justice René Dommange, le patron des éditions Durand, propriétaire des contrats d'édition de Ravel, pour obtenir une refonte de ces mêmes contrats très avantageux pour l'éditeur. René Dommange, âgé de plus de quatre-vingts ans, transige et finit par céder tous les droits et contrats d'édition à Jean-Jacques Lemoine. Ce dernier crée alors en 1971 dans le paradis fiscal des Nouvelles-Hébrides la société off-shore ARIMA (Artists Rights International Management Agency) puis ouvre des bureaux à Gibraltar, Panama, Amsterdam... En vertu d'un assignment of copyright (disposition en droit anglo-saxon, inexistante en droit français), Alexandre Taverne cède plus de la moitié des droits d'édition à ARIMA. D'après Évelyne Pen de Castel, fille de la deuxième épouse d'Alexandre Taverne, Georgette Taverne, ARIMA serait le cessionnaire exclusif de tous les droits sur l'œuvre de Maurice Ravel, soit un revenu annuel de deux millions d'euros depuis quarante ans[115]. À la suite de la mort de Georgette Taverne en 2012, Évelyne Pen de Castel devient la détentrice des droits d'auteur[114],[116].
118
+
119
+ En France, à la suite de la loi relative aux droits d'auteur du 3 juillet 1985[117] voulue par Jack Lang, alors ministre de la Culture, les droits sur l'œuvre de Maurice Ravel ont été étendus à soixante-dix ans, ce qui, pour toutes les créations postérieures au 31 décembre 1920 (date de fin des prorogations de guerre de la Première Guerre mondiale), les ont fait entrer dans le domaine public en France le 1er mai 2016, compte tenu du cumul des prorogations de guerre[118],[119]. Les créations publiées antérieurement au 31 décembre 1920 sont concernées par les prorogations des deux guerres mondiales : elles entreront dans le domaine public en 2022[120],[121],[122]. Pour d'autres œuvres, créées « en collaboration », cette date est encore plus tardive : ainsi de pièces lyriques telles que L'Enfant et les Sortilèges, dont l'autrice du livret, Colette, est morte en 1954, ou Don Quichotte à Dulcinée, dont les soixante-dix ans de protection courent pour la même raison à partir du décès de Paul Morand, survenu en 1976[123].
120
+
121
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
122
+
123
+ Ravel a été toute sa vie un grand épistolier. En tête de ses correspondants viennent Ida et Cipa Godebski, leurs enfants Jean et Mimi (épouse Blacque-Belair). Ravel appelle Cipa « cher vieux ». Il est reçu par eux non seulement rue d'Athènes mais aussi en séjour dans leur villa la Grangette à Valvins, face à la Seine et à la forêt de Fontainebleau, où il peut travailler à l'aise[N 76]. Puis viennent Roland-Manuel et sa mère, madame Fernand Dreyfus. Comme cette dernière est sa marraine de guerre, il l'abreuve de cartes et lettres presque quotidiennes durant sa mobilisation, où il donne des nouvelles du front et exprime sa satisfaction des colis alimentaires qu'elle lui envoie de Lyons-la-Forêt[N 77]. Suivent les apaches Michel Calvocoressi, Maurice Delage et Lucien Garban, Jane et Marie Gaudin (de Saint-Jean-de-Luz), Jean Marnold, Igor Stravinsky, Manuel de Falla, Ralph Vaughan Williams[128].
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+ Les lettres de Ravel sont détenues principalement par :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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@@ -0,0 +1,337 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ République islamique de Mauritanie
2
+
3
+ (ar) الجمهورية الإسلامية الموريتانية
4
+
5
+ 18° 05′ N, 15° 58′ O
6
+
7
+ ONU (28 octobre 1961)[3]
8
+ Union du Maghreb arabe (1989)Organisation de l'unité africaine (1963) / Union africaine (2002)
9
+
10
+ modifier
11
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12
+ La Mauritanie (en arabe : موريتانيا, en berbère : Agawej ou Cengiṭ), en forme longue la république islamique de Mauritanie (en arabe : الجمهورية الإسلامية الموريتانية), est un pays d'Afrique du Nord-Ouest, situé entre 15 et 27 degrés de latitude nord et 5 et 17 degrés de longitude ouest. La Mauritanie fait partie de l'Union africaine, de la Ligue arabe, de l'Union du Maghreb arabe, de l'Organisation de la coopération islamique et de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), en plus d'être membre de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). La capitale de l'actuelle Mauritanie est Nouakchott. Les autres villes principales sont Nouadhibou, Kiffa, Kaedi, Zouérate et Rosso.
13
+
14
+ Elle possède une côte d'environ 800 km ouverte sur l'océan Atlantique s'étirant de Ndiago au sud jusqu'à Nouadhibou au nord. Au nord, elle est limitrophe du Sahara occidental (revendiqué par le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique), de l'Algérie au nord-nord-est, du Mali à l'est et au sud-sud-est, et du Sénégal au sud-ouest.
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+
16
+ La Mauritanie constitue un espace de contact entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne, ce qui en fait un pays pluriethnique ; elle est majoritairement peuplée d'une communauté arabe et berbère dans laquelle se distinguent deux groupes : les Maures arabo-berbères dits « Maures blancs » ou Beidanes (qui représenteraient 40 %), et les Haratins dits « Maures noirs », anciens esclaves arabophones, d'origine Bafour (qui seraient 30 % de la population), et d'un ensemble noir-africain composé de plusieurs ethnies, telles que les Peuls, Soninkés, Wolofs et Bambaras, qui représenteraient 30 % de la population, selon les estimations de la CIA[1] (sans études precises , il n'existe pas de statistiques dans ce sens). Il convient de souligner que la proportion des différents groupes ethno-linguistiques n'est pas connue avec précision, les statistiques avancées variant fortement selon la source. Pour mémoire, les statistiques datant des années 1960 indiquaient une proportion d'environ 80 % d'arabophones (hassanophones).
17
+
18
+ Le nom du pays lui vient de la Maurétanie romaine, désignant le territoire des « Maures », peuple berbère, dans l'Antiquité. Le territoire de la Mauritanie ne correspond cependant pas à celui de l'antique province romaine.
19
+ Ce territoire a été désigné sous plusieurs dénominations, qui correspondent à différentes régions de l'actuelle Mauritanie et sous celui de Gannar par les Wolofs[4]. Il était plus généralement connu des géographes arabes sous le nom de Bilad Chinguit, ou provinces de Chenguit (de la cité de Chinguetti). C'est en 1899 que l’expression « Mauritanie occidentale » est utilisée dans une circulaire ministérielle, sur proposition de Xavier Coppolani. Ce terme de Mauritanie, utilisé par les Français, supplante progressivement les autres dénominations utilisées pour désigner le pays[5],[6].
20
+
21
+ La Mauritanie est un pays de l'Afrique de l'Ouest. Sa superficie est de 1 036 000 km2[7].
22
+
23
+ Elle possède des frontières avec l'Algérie (463 km) au nord-nord-est, le territoire du Sahara occidental (1 561 km) au nord, le Mali (2 237 km) à l'est et au sud-sud-est, enfin le Sénégal au sud-ouest. Celles-ci ont été tracées par les colonisateurs français, ce qui explique les lignes droites, sauf pour le fleuve Sénégal qui constitue une frontière naturelle entre la Mauritanie et le Sénégal. Elle est bordée à l'ouest par l'océan Atlantique.
24
+
25
+ La Mauritanie se divise en trois grandes régions naturelles :
26
+
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+ L'est est constitué de zones de pâturage, alors que le sud constitue la zone agricole grâce aux alluvions du fleuve Sénégal.
28
+
29
+ La plus grande partie du territoire se trouve dans le désert du Sahara, avec des plaines et des reliefs peu accidentés, ainsi que des regs (désert rocheux). Au Nord, il existe de hauts plateaux avec un sommet à 915 m d'altitude : la Kedia d'Idjil. Dans le centre du pays, la cuvette du Hodh El Chargui est bordée au sud-est par des plateaux gréseux (Adrar, Tagant).
30
+
31
+ Le climat est globalement désertique très chaud et très sec, ce qui explique la faible densité de population. De plus, des sécheresses successives ont accentué la désertification du pays.
32
+
33
+ Les températures sont relativement tempérées sur la côte grâce aux vents venant du large et la région du fleuve est plus humide.
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+
35
+ Dans l’extrême sud et sud-est, qui se positionne sur la bande du Sahel, la végétation réapparaît et des cultures sont possibles.
36
+
37
+ Un vent de sable chaud (le Khamsin, ou Harmattan) balaye parfois des régions, ensevelissant des cultures, voire des villages qui luttent contre l'avancée du désert.
38
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39
+ Dans les régions intérieures du pays, les températures sont largement plus élevées et torrides que sur les côtes. Il peut facilement faire plus de 50 °C.
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41
+ Les nuances entre les quatre saisons sont quasi inexistantes.
42
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+ Le plus grand parc national mauritanien, en termes de surface et de paysages, est celui du banc d'Arguin. Il présente un paysage extrêmement contrasté, entre désert et océan, ainsi qu'un riche patrimoine naturel. Le banc d'Arguin[8] est également un site exceptionnel pour la reproduction des oiseaux migrateurs européens ; à ce titre il a été inscrit sur la liste Ramsar[9]. Le parc national du banc d'Arguin est également classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1989[10].
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+ La Mauritanie est divisée en 6 régions regroupant 12 wilayas, auxquelles s'ajoutent trois autres wilayas formant la capitale, Nouakchott. Elle comprend également 58 Mouqataa, ainsi que 216 communes.
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+ De nombreuses peintures pariétales ou gravures rupestres, au fond de grottes ou sur des falaises, témoignent de présence humaine préhistorique sur l'actuel territoire mauritanien. L'environnement a donc été différent de ce que l'on connaît actuellement : autrefois, la Mauritanie n'était pas un désert mais une région humide avec des cours d'eau et du gibier.
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+ Des bifaces témoignent des débuts de la présence de l'homme, au Paléolithique inférieur. Ces outils acheuléens changent de formes, deviennent ovales, triangulaires puis sont accompagnés de hachereaux (outil à biseau tranchant réalisé sur éclat massif). C'est dans l'Adrar et plus particulièrement à Aghmakou et El Beyyed que l'on peut se rendre compte de ces évolutions[11].
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+ Des grattoirs, pointes, racloirs moustériens nous parviennent du Paléolithique moyen. Au nord de la Mauritanie actuelle, l'Atérien qui venait sans doute d'Afrique du Nord, nous apporte des outils améliorés avec une extrémité transformée en pédoncule pouvant être emmanché. Les humains anatomiquement modernes du Paléolithique supérieur s'établissent sur la côte atlantique vers la baie du Lévrier.
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+ Au début du Néolithique, l'Atérien disparaît avec l'arrivée de population du nord de l'Afrique[12]. La présence humaine est attestée au Néolithique[12] par des habitats structurés pendant deux millénaires dans la région du Dhar Tichitt[13]. Des pointes de flèches ont également été retrouvées.
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+ Des populations noires, les Bafours, en partie sédentaires, se sont établies en Mauritanie, plus particulièrement dans la région de l'Atar. Ils étaient chasseurs-pêcheurs puis ils ont développé une civilisation agro-pastorale. Ensuite le Sahara s'est étendu, d'autres populations venant de l'est sont parvenues dans cette région comme les Peuls (des pasteurs qui suivent leurs troupeaux) ainsi que d'autres nomades du nord qui sont venus dès le premier millénaire avec leurs dromadaires[14].
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+ L’empire du Ghana fondé par les Soninkés avait pour capitale Koumbi (dans le Hodh El Chargui) et l'empire de Tekrour fondé par des Peuls les Dia-Ogo.
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+ Désigné par ses habitants sous le nom d'empire de Ouagadou, il se fait connaître en Europe et en Arabie comme l'empire du Ghana. Issu du royaume du Ouagadou, l'empire du Ghana s'est développé au VIIIe siècle avec l’exportation d’or et de sel, important pour la conservation des aliments. Il connaît son apogée au Xe siècle, et s'étend alors sur un territoire à cheval sur la frontière actuelle entre la Mauritanie et le Mali, comprenant le Ouagadou, et Oualata. En 990, il annexe Aoudaghost, grande cité berbère, centre névralgique des échanges entre le nord et le sud[15].
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+ Le mouvement religieux des Almoravides, de rite sunnite malékite, formé par des tribus Sanhadja (originaires de l'Adrar, nomadisant entre le Nord de l'actuel Sénégal, l'actuelle Mauritanie et le Sud de l'actuel Maroc) s'établit sur les rives du fleuve Zenaga (fleuve Sénégal) ou sur les rivages de l’Atlantique. Il fonde l'empire Almoravide, qui impose son hégémonie sur l'ensemble de la région. Il unifiera au Xe siècle, les peuples du Sahara occidental et étendra, au XIe siècle, sa domination sur l'empire du Ghana (conquête des villes Aoudaghost et de Koumbi Saleh). En peu de temps, les Almoravides s'emparent d'Aoudaghost, d'Awlil et de Sijilmassa. C'est à partir de cette dernière qu'ils entament la conquête du Nord7. Éliminant les pouvoirs locaux et annexant les principautés limitrophes, ils font l'unité d'une grande partie du Maghreb et d'al-Andalus.
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+ Au XIIe siècle, après la chute des Almoravides, une partie du territoire de la Mauritanie (Sud/Sud-Ouest) redevient une province des empires du Mali et l'empire songhaï.
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+ Au XIIe siècle, la ville de Tichitt est fondée. Cette cité qui allie le savoir au commerce contribue substantiellement au rayonnement de la région du Maghreb et de l'ouest africain fraîchement islamisé.
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+ Au XIVe siècle, plusieurs villes comme Oualata, Chinguetti, Ouadane se développent.
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+ Au XVe siècle, les Banu Hassan (issus de l'ensemble Maaqil), venus probablement du Yémen, et d'Arabie, et dans une moindre mesure d'Égypte et d'Irak, se fixent dans le Nord et combattent les tribus berbères sanhadjas[16]. Ils vont influencer la structure sociale et la composition ethnique de la société donnant naissance à un ensemble arabo-berbère et répandre progressivement le dialecte arabe hassanya. Au XVIIe siècle, les tribus Mghafra (arabes) et Zwaya (Sanhadja) vont entrer en conflit pendant près de 30 ans. Il convient de noter que les populations (berbères, noir-africains et autres) vivant dans le pays au moment de l’arrivée des Beni Hassan étaient déjà islamisées et avaient fondé, quatre siècles auparavant, l'empire almoravide, qui avait dominé l'ensemble de l'Afrique du Nord-Ouest et la péninsule ibérique (alors connue sous le nom d'Andalus). D'autres royaumes islamisés, à l'image de l'empire peul du Fouta-Toro et, dans une certaine mesure, de l’empire du Ghana, s'étaient également déjà établis sur le territoire. Par la suite, les Beni Hassan fondent de nouveaux Émirats, dont les plus puissants furent ceux du Trarza, du Brakna et de l'Adrar, celui du Tagant ayant été fondé par les descendants des Sanhadja almoravides. Ces émirats étaient souvent en guerre entre eux et avec les principautés du sud, telles que le Fouta-Toro ou le royaume du Oualo[17].
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+ La colonisation française peut être présentée selon la chronologie :
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+ Les Portugais avaient déjà eu des contacts avec les habitants du banc d'Arguin. Le commerce de la gomme au nord du Sénégal se développe. Le fort Portendick au nord de l'estuaire du fleuve Sénégal ainsi que la vallée du Sénégal deviennent une région servant de base à l'expansion économique des colonies. En 1816, le navire La Méduse s'échoue sur la banc d'Arguin en tentant de rejoindre Saint-Louis. Faidherbe considère que les émirats sont source d'insécurité et commence par annexer l'empire du Oualo avant de conquérir l'autre rive du fleuve. Les maures du Trarza tentent d'instaurer une paix entre les tribus, mais dès 1899 l'administrateur Coppolani instituera une Mauritanie occidentale, tout en reconnaissant en 1900 les intérêts des Espagnols établis au cap Blanc.
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+ Les Français s'établissent dans l'Adrar en 1908 puis au Hodh en 1911. Les frontières sont fixées à la suite d'un accord franco-espagnol en 1912, attribuant à l'Espagne le territoire du Río de Oro (Wadi al-Dahab) et de la Saguia El Hamra (actuel Sahara occidental). En 1920, la Mauritanie devient une des colonies de l'Afrique-Occidentale française (AOF). 1934 sonne le glas de la résistance, alors que 1936 marque l'achèvement de l'occupation militaire de la Mauritanie.
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+ Il n'y aura pratiquement pas de développement du pays, seulement une domination militaire en s'appuyant sur les chefs traditionnels afin de sécuriser le territoire (les antagonismes entre les différentes tribus seront utilisés avec profit par les Français). Saint-Louis du Sénégal — capitale de l'AOF et du Sénégal — fera donc office de capitale administrative de la Mauritanie. Il faudra attendre l'indépendance pour voir s'ériger des installations portuaires ou des aéroports. Durant cette période, les populations nomades s'appauvrissent.
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+ En novembre 1945 les Sénégalais Amadou Lamine-Guèye et Léopold Sédar Senghor sont élus députés de la circonscription réunissant le Sénégal et la Mauritanie.
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+ En 1946, la Mauritanie accède au statut de territoire d'outre-mer et le 10 novembre 1946, Ahmeddou Ould Horma Ould Babana devient le premier député mauritanien. Cela permet dès 1948 le développement d'une nouvelle élite administrative et de partis politiques. La loi-cadre Gaston Defferre du 23 juin 1956 autorise la création d'un pouvoir exécutif local, dont la mise en place est confiée à un jeune avocat, Moktar Ould Daddah.
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+ Après l'indépendance du Maroc, à partir de 1956, le royaume chérifien, par la voix de son souverain, Mohammed V, revendique la Mauritanie[18] comme partie intégrante de son territoire.
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+ Après le référendum de 1958, la Constitution mauritanienne adoptée l'année suivante instaure un régime parlementaire. L'indépendance est proclamée le 28 novembre 1960. Le pays est reconnu officiellement par l'Organisation des Nations unies (ONU) le 27 octobre 1961 et devient membre fondateur de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1963. Le Maroc ne reconnait la Mauritanie qu'en 1969, neuf ans après son indépendance, levant ainsi le dernier obstacle à son adhésion à la Ligue arabe, qui devient effective en 1973[19].
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+ Après son indépendance, le Maroc ambitionne de récupérer ce qu'il considère comme appartenant à son territoire précolonial, morcelé par la France et l'Espagne, en essayant de négocier avec ces deux puissances. Toutefois et contrairement à Tarfaya, qu'il récupère en 1958 et Sidi Ifni, en 1969, la Mauritanie lui échappe et accède à l'indépendance. Plusieurs personnalités mauritaniennes étaient cependant venues prêter allégeance au roi Mohammed V à Rabat, comme l'ancien député mauritanien à l'Assemblée nationale française, Horma Ould Babana, l'émir du Trarza, Mohammed Fal Ould Oumeir, devenu ministre au Maroc, chargé de la Mauritanie et du Sahara, ou encore le diplomate Dey Ould Sidi Baba. La Tunisie d’Habib Bourguiba tente, à plusieurs reprises, de rapprocher les positions de Rabat et de Nouakchott, et apporte un soutien diplomatique constant à la Mauritanie[20]. Le royaume marocain renonce finalement à ses revendications territoriales sur la Mauritanie (liées au concept du Grand Maroc développé par Allal El Fassi, le fondateur du parti de l'Istiqlal) et se résigne à la reconnaître formellement. Lors de leur première rencontre, en 1969, à l’occasion du sommet islamique de Fès, Hassan II confessera au président mauritanien Mokhtar Ould qu’il n’avait jamais cru au bien-fondé des revendications marocaines sur la Mauritanie, mais qu’il avait été obligé de les endosser par « filiation dynastique »[20].
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+ En 1961, la nouvelle Constitution instaure un régime de type présidentiel et Moktar Ould Daddah est élu premier président de la Mauritanie.
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+ Reprendre l'œuvre inachevée d'unification des diverses tribus et ethnies est l'objectif prioritaire des nouveaux dirigeants du pays. Son président Moktar Ould Daddah devra s'imposer face aux dissensions internes et à l'influence de ses voisins, tels que le Maroc ou l'Algérie. En 1965, le parti du peuple mauritanien (PPM), issu de la fusion des quatre principales formations politiques, devient le seul parti autorisé. En août 1966, il est réélu à la présidence. Il est confronté à une contestation syndicale, nationaliste, marxiste et maoïste, qui finit par intégrer le parti unique au pouvoir quelques années plus tard, en 1975.
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+ En 1971, Moktar Ould Daddah est élu pour un troisième mandat.
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+ Le partage du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie va générer de graves crises pour le pays. Le conflit avec le Front Polisario soutenu par l'Algérie plonge la Mauritanie dans de graves difficultés économiques (conjuguées à la famine, en raison de la sécheresse). Malgré le soutien de l'aviation française basée à Dakar en décembre 1977, les attaques de villes dans le nord et même de la capitale Nouackchott par le Front Polisario finissent par pousser les militaires mauritaniens à déposer le président Mokhtar Ould Daddah en 1978.
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+ Le 10 juillet 1978, le lieutenant-colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck, à la tête de l'armée depuis quelques mois, renverse Moktar Ould Daddah et prend la tête d'un Comité militaire de redressement national (CMRN), qui signe un cessez-le-feu avec le Front Polisario.
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+ Le nouveau régime est en proie à des luttes intestines qui conduisent, le 6 avril 1979, à des modifications transférant la réalité du pouvoir à un nouveau Premier ministre, le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif. Moustapha Ould Mohamed Saleck conserve toutefois son poste de chef de l’État. Un Comité militaire de Salut National est créé.
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+ À la suite de la disparition du Premier ministre, Ahmed Ould Bouceif, dans un accident d'avion, le 27 mai 1979, une nouvelle direction est mise en place. Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly devient chef de l’État (symbolique) et Mohamed Khouna Ould Haïdalla Premier ministre. Un accord de paix est signé avec le front Polisario et la Mauritanie se retire du Sahara occidental.
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+ Le 4 janvier 1980, à la suite d'une nouvelle restructuration au sein du Comité Militaire de Salut National, Ould Haïdalla devient chef de l’État. Diverses tentatives de putsch sont déjouées (dont une le 16 mars 1981, menée par l'Alliance pour une Mauritanie démocratique, réputée proche de l'ancien président Mokhtar Ould Daddah et du Maroc), tandis que l'opposition ne cesse de se renforcer en réaction à la politique autoritaire du nouveau chef de l'État.
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+ Le 12 décembre 1984, le colonel Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, chef d'état major des armées — Premier ministre (1981-1984) et ministre de la Défense — accède au pouvoir par un coup d'État sans effusion de sang avec l'aide du Comité militaire de salut national dont il est président.
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+ Il libéralise l'économie et permet l'organisation d'élections locales. En 1991, il proclame une nouvelle Constitution qui instaure le multipartisme (à l’exception des partis islamistes) et la liberté de la presse. Le chef de l'État créé le Parti républicain démocratique et social (PRDS). En 1992, il est élu président de la République, puis réélu en 1997 avec plus de 90 % des voix tandis que le front uni de l'opposition a appelé au boycott[21].
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+ En 2001, le régime de Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya devient plus souple avec la reconnaissance de 6 nouveaux partis[21].
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+ Le 8 juin 2003, le président Ould Taya parvient à reprendre le contrôle de Nouakchott après de violents combats contre des soldats putschistes, surnommés « Les Cavaliers du changement » et menés par l’ancien commandant de la garde nationale, Saleh Ould Hannena et l’officier Mohammed Ould Cheikhna[21]. Le bilan officiel est de 15 morts et une dizaine de blessés. Ould Taya indiquera l'année suivante avoir déjoué une nouvelle tentative[21].
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+ En novembre 2003, Ould Taya est réélu avec 67 % des voix[21].
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+ Avec la prise du pouvoir par le colonel Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya à la suite d’un coup d’État du 12 décembre 1984, la dérive chauvine du pouvoir atteint son paroxysme dans les années 1989-1991[22].
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+ Le 9 avril 1989, un incident frontalier opposant bergers peuls mauritaniens et paysans soninké sénégalais provoque l’intervention de l’armée mauritanienne dans le village de Diawara, au Sénégal, et se solde par la mort de deux Sénégalais. Cet événement exacerbe les tensions communautaires entre les deux pays et provoque des émeutes, à Dakar et à Kaolack : des dizaines de commerçants mauritaniens sont pris pour cible, par représailles, et plusieurs sont massacrés, entre le 21 et le 24 avril[23]. Ces événements déclenchent, à leur tour, des émeutes en Mauritanie, particulièrement à Nouakchott, visant cette fois les Sénégalais expatriés, et, indistinctement, les populations noires-mauritaniennes. La France, l’Algérie et le Maroc, qui a offert sa médiation, organisent un pont aérien pour permettre aux ressortissants des deux pays d’être évacués. Ce double exode concerne des dizaines de milliers de personnes, obligées de tout abandonner. La Mauritanie et le Sénégal rompent leurs relations diplomatiques en août 1989, et la frontière restera fermée jusqu’en mai 1992[23].
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+ En Mauritanie, la période 1989-1991 est marquée par les assassinats de cadres militaires et civils noire-mauritaniens, la déportation de dizaines de milliers de noirs-africains vers le Sénégal (environ 50 000 personnes[24]) et au Mali (40 000 personnes), la radiation de milliers de cadres civils et militaires de la fonction publique, viols, la destruction de documents d’état-civil, la confiscation de biens et de terres. Les peuls éleveurs de zébus ont été les principales victimes de ces exactions.
120
+
121
+ Il s’agit sans nul doute de l'événement le plus significatif de la politique d’épuration ethnique de l'histoire de la Mauritanie, accomplie méthodiquement et fondée sur la négation du caractère pluri-ethnique du pays, légitimant l’exclusion des populations non arabes et, à défaut, leur exclusion et la relativisation de la discrimination.
122
+
123
+ À son arrivée au pouvoir à l'issue des élections présidentielles de 2007, le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi entreprendra, ultérieurement, le rapatriement volontaire des réfugiés au Sénégal à la suite des accords tripartites conclus entre le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et les gouvernements mauritaniens et sénégalais. Ce rapatriement aurait été freiné avec le coup d'État ayant mis fin au mandat du président Ould Cheikh Abdallahi.
124
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125
+ En avril 2005, les autorités arrêtent une cinquantaine d'individus dans les milieux islamistes accusés de planifier des actions terroristes avec des djihadistes liés au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC)[21].
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+
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+ Le 4 juin 2005, une caserne de l'armée mauritanienne est attaquée par des combattants du GSPC. Cette action, dite attaque de Lemgheity, est la première attaque commise par le GSPC contre des militaires hors de l'Algérie[réf. nécessaire].
128
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+ Le 3 août 2005, l'armée, au travers du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), prend le pouvoir pour « mettre fin au régime totalitaire du président Taya et mettre en place de véritables institutions démocratiques ». Ce putsch a lieu alors que le président est sur le chemin du retour de Riyad, où il avait assisté la veille aux funérailles du roi Fahd. Après un court séjour au Niger et en Gambie, ce dernier se réfugie au Qatar où il obtient une résidence permanente.
130
+
131
+ Le nouvel homme fort du pays, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, a été l'un des plus fidèles compagnons de route du président déchu. Responsable de la Sûreté nationale (police) pendant 18 ans, il a été associé aux vagues de répressions successives. Le 21 avril 2006, il autorise l'ex-président Maaouiya Ould Taya, en exil au Qatar, à revenir dans son pays, lui interdisant toutefois de participer aux élections prévues dans le cadre d'une transition démocratique jusqu'en 2007. L'ex-président Maaouiya Ould Taya n'a toutefois pas regagné la Mauritanie et continue de vivre au Qatar.
132
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+ Conformément aux engagements formulés lors de sa prise de pouvoir, Ely Ould Mohamed Vall ne se présente pas à l’élection présidentielle de mars 2007, ainsi que tous les militaires qui avaient participé au coup d'État. Aucun des candidats en lice n'ayant obtenu plus de 50 % des suffrages lors du premier tour, un second tour a lieu le 25 mars 2007, portant au pouvoir Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
134
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+ Le nouveau président de la République élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, prête serment le 19 avril 2007. C'est le premier civil, depuis près de 30 ans, élu sans fraude massive depuis l'indépendance de la Mauritanie. Un vent d'espoir souffle sur le pays : les médias sont plus libres et de nouvelles formations politiques sont reconnues, dont un parti islamiste (Tawassoul). Mais des émeutes en raison de la baisse du pouvoir d'achat et l'augmentation de l'insécurité dans le pays affaiblissent le pouvoir du président[25], de même que l'influence trop pesante des dirigeants de l'armée, qui lui avaient apporte leur soutien durant la campagne électorale.
136
+
137
+ Parallèlement, les attaques du groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), nouveau nom depuis le 25 janvier 2007 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat après que celui-ci ait fait allégeance à al-Qaïda, se multiplient sur le territoire mauritanien :
138
+
139
+ Le Premier ministre, Zeine Ould Zeidane, annonce en mai 2008 sa démission ainsi que celle du cabinet[28]. Le 11 mai 2008, un nouveau Premier ministre, Yahya Ould Ahmed el Waghf, forme un gouvernement d'ouverture avec des personnalités de l'entourage du président déchu, suscitant les réserves des militaires à l'origine du putsch de 2005, sans oublier l'entrée de deux islamistes. Une motion de censure est déposée par des députés, le 30 juin 2008. Toutefois, cette motion n'aboutit pas, en raison de la démission du gouvernement el Waghf.
140
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+ Après trois semaines de crise constitutionnelle, le Premier ministre, reconduit dans ses fonctions, compose un nouveau cabinet renouvelé de moitié mais sans ouverture vers l'opposition. Quelques ministres qui semblaient être source de conflit entre le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et les militaires sont écartés afin de permettre un apaisement, mais la crise ne prend pas fin, pour autant[29].
142
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143
+ Lors du coup d'État militaire du 6 août 2008, le président de la République et le Premier ministre sont arrêtés et déposés à la suite du renvoi de quatre des plus importants officiers militaires du pays[30],[31], arguant notamment de sa « faiblesse » face au terrorisme (détenu au palais des congrès de Nouakchott puis placé en résidence surveillée dans son village de Lemden, Sidi Ould Cheikh Abdallahi sera finalement libéré en décembre 2008[32]).
144
+
145
+ Le nouveau maître du pays est le général Mohamed Ould Abdel Aziz qui préside un Haut Conseil d'État et promet d'organiser une rapide élection présidentielle. Le 13 août 2008, il nomme un nouveau Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf.
146
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147
+ Après avoir démissionné de l'armée, il abandonne la charge de chef de l'État le 15 avril 2009 au président du Sénat Ba Mamadou M'Baré afin de pouvoir se présenter à l'élection présidentielle, prévue en juin, qui se tient finalement le 18 juillet. Élu avec 52,5 % des voix, il entre officiellement en fonction le 5 août.
148
+
149
+ Les attaques d'AQMI se poursuivent contre la Mauritanie malgré la résolution affichée par le nouveau pouvoir :
150
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+ Le premier semestre de l'année 2011 est marqué par l’extension du printemps arabe en Mauritanie, avec une vague de grèves, manifestations et revendications politiques.
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153
+ Il est réélu en juin 2014 pour un second mandat, avec 81,89 % des voix au premier tour[33].
154
+
155
+ Il confirme début 2018 qu’il se conformera à la Constitution, laquelle limite à deux le nombre de mandats présidentiels : « Nous avons certes révisé la Constitution, mais nous n’avons jamais touché à cet article. Et je n’y toucherai pas. »[34].
156
+
157
+ En 2019 la sécheresse menace les populations du sud et de l’est du pays. Près de 560 000 personnes se trouvent en situation d'insécurité alimentaire[35].
158
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159
+ Moktar Ould Daddah.
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161
+ Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya.
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+ Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
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+ Mohamed Ould Abdel Aziz.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
168
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169
+ La Constitution de la République islamique de Mauritanie date du 20 juillet 1991, et a été révisée à trois reprises, en 2006, 2012 et 2017. Elle rappelle dans son préambule son attachement à l'islam et aux principes démocratiques tels que définis dans la Déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que dans la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples[36].
170
+
171
+ La Mauritanie se trouve dans une zone d'activité de mouvements salafistes radicaux, en particulier d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Bien qu'étant le seul État du Maghreb qui ne compte pas une branche locale d’Al Qaïda, la Mauritanie connu des attentats perpétrés par le GSPC en 2003, quand le groupe terroriste algérien attaque une unité de l'armée mauritanienne à Lemgheity dans le nord du pays. Le bilan de l'attaque fait état de 17 tués et des armes, des munitions ainsi que des véhicules militaires sont volés par les assaillants. Le président Ould Taya avait à l'époque mobilisé d’importants moyens militaires pour répliquer au GSPC sans arriver pour autant à éradiquer le groupe[37].
172
+
173
+ Durant les quatre années qui suivent cet incident aucune attaque terroriste n'est à déplorer sur le territoire mauritanien. Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avance la possibilité d'un dialogue avec les islamistes et fait preuve d'ouverture en autorisant la création de deux partis politiques d’obédience islamiste : Tawassoul et Al-Fadila[37].
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+ Pourtant, fin 2007, la Mauritanie connaît une série d'attaque terroristes. Le 24 décembre 2007, à la veille de Noël, quatre touristes français sont abattus par trois jeunes mauritaniens se réclamant de l’islamisme radical. Deux jours plus tard, une attaque revendiquée par la branche Al-Qaïda au Maghreb fait trois victimes parmi les forces armées mauritanienne à Al-Ghallawouiya dans le nord-est du pays. AQMI reproche alors au gouvernement mauritanien de ne pas avoir mis fin à ses relations diplomatiques avec Israël. Un mois plus tard, l’ambassade d’Israël à Nouakchott est attaquée par des assaillants que les services de sécurité n’arriveront pas à identifier[37]. Cette série d'attaques terroriste donnera lieu à l'annulation du rallye Paris-Dakar qui passait par la Mauritanie[38].
176
+
177
+ En août 2009, trois jours après l’investiture de Mohamed Ould Abdel Aziz à la suite de sa victoire à l’élection présidentielle de 2009, un attentat-suicide revendiqué par Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est perpétré au passage de deux gendarmes mobiles français devant l’ambassade de France à Nouakchott[39].
178
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179
+ Des documents découverts par l'armée américaine durant la traque d’Oussama Ben Laden au Pakistan révèlent que le président Mohamed Ould Abdel Aziz se serait rapproché d'AQMI pour conclure un pacte de non-agression en 2010[40]. Ces documents montrent qu'un accord d'un an reconductible proposait la fin des attaques sur le sol mauritanien contre un pacte de non agression entre l'armée mauritanienne et AQMI, le versement d'une somme de 10 à 20 millions d'euros chaque année ainsi que la libération de prisonniers[41]. Les documents mentionnent également qu'une trêve permettrait à AQMI de disposer de bases arrières en Mauritanie afin d'y installer ses cadres en sécurité, ce qui lui permettrait de se concentrer sur l'Algérie[40]. Le pouvoir mauritanien a toujours nié l'existence d'un tel contrat passé entre la Mauritanie et AQMI[42].
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+
181
+ De fait, depuis 2011, et contrairement à ses voisins malien et algérien, la Mauritanie n'a pas subit d'attaque terroriste sur son sol. Le pays fait par ailleurs face à de multiples critiques à l'international pour avoir libéré en 2015, sans même l’avoir présenté à la justice, l’un des principaux leaders de l’insurrection dans le nord du Mali et ancien porte-parole d’Ansar Dine (allié d’AQMI), Sanda Ould Bouamama[43], ainsi que pour l'évasion d'autres prisonniers djihadistes dans des circonstances jugées opaques[40]. Cet accord secret expliquerait également pourquoi, durant l’opération Serval menée en 2013 par la France dans le nord du Mali, le président président Aziz a refusé d’apporter l'aide militaire de la Mauritanie à son allié français[43].
182
+
183
+ L'ancien numéro 3 d'Al-Qaïda d'origine mauritanienne Abou Hafs al-Mauritani, qui s'était opposé à Oussama Ben Laden au sujet des attentats du 11 septembre, vit à Nouakchott depuis 2012 après avoir été extradé par l'Iran où il vivait en résidence surveillée[44],[45].
184
+
185
+ Le 9 mars 2017 une révision de la Constitution est approuvée à l'Assemblée nationale. Elle porte sur la suppression du Sénat, de la Haute cour de justice, du médiateur de la République et du Haut Conseil islamique ainsi que sur une modification du drapeau national qui portera désormais deux bandes rouges symbolisant le sang versé par les « martyrs de la résistance » durant la période coloniale française[46]. Soumise initialement au parlement, cette modification, vivement contestée par l'opposition[47], est rejetée, à la surprise générale, par le Sénat. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz opte alors pour l'organisation d'un référendum, qui a lieu le 5 août 2017. Les électeurs mauritaniens votent « oui » à 85 %, selon les résultats dévoilés par la commission électorale. La participation s'est élevée à 53,73 %[48].
186
+
187
+ Les traités et accords internationaux ne peuvent être ratifiés qu'en vertu d'une loi. Aucune modification du territoire (cession, échange, adjonction) ne peut se faire sans le consentement du peuple par référendum.
188
+
189
+ Les engagements internationaux contraires à la Constitution rendent nécessaire la révision de celle-ci afin de ratifier ces engagements. À partir de leur publications, ces engagements internationaux ont une valeur supérieure à celle des lois[49].
190
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+ Des passages de cet article sont désuets ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-le ou discutez-en. Vous pouvez également préciser les sections à actualiser en utilisant {{section à actualiser}}.
192
+
193
+ En 2016, la Mauritanie s'est classée au 155e rang sur 182 pays à l'indice de développement humain (IDH)[57]. La moitié de sa population vit toujours de l'agriculture et de l'élevage, mais un nombre croissant de nomades et de paysans ont dû migrer vers les grandes villes afin de fuir la pauvreté[1]. Certains ont tout perdu lors des sécheresses des années 1970 et 1980. Une mauvaise gestion de ces crises dues à la sécheresse n'a fait qu'augmenter la dette qui s'élève à plus de trois fois le total des exportations annuelles du pays.
194
+
195
+ En décembre 2001, la Mauritanie a reçu — en tant que « pays pauvre fortement endetté » ou Heavily Indebted Poor Countries (HIPC) — des aides de la part de pays donateurs. Une nouvelle fiscalité a été développée (0 % d'imposition sur les sociétés en 1993) afin de favoriser les investisseurs étrangers et créer de l'emploi.
196
+
197
+ Le 6 décembre 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) approuve un accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) avec la Mauritanie, d’un montant de 115,92 millions de DTS (environ 163,9 millions de dollars américains ou 90 % de la quote-part de la Mauritanie), pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays. Le programme appuyé par la FEC devrait « contribuer à favoriser une croissance inclusive et diversifiée de l’économie mauritanienne afin d’améliorer le niveau de vie de la population, de maintenir la stabilité macroéconomique, de renforcer la viabilité de la dette, et de réduire la pauvreté »[50].
198
+
199
+ En janvier 2017, le pays se dote d’une loi sur le partenariat public-privé[58].
200
+
201
+ En novembre 2017, la Banque mondiale présente son rapport annuel qui indique une progression de la Mauritanie dans le classement Doing Business 2018, pour la troisième année consécutive : elle gagne 10 places en se classant 150e sur 190 pays[59].
202
+
203
+ L’activité économique reprend lentement en 2017 grâce à l’amélioration progressive de la consommation privée et à la performance des secteurs de la pêche, du commerce et des industries manufacturières[56].
204
+
205
+ Le taux d'endettement s'élève à près 100 % du PIB en 2017. La croissance économique est de 4 % en 2018 et devrait s’accélérer avec les exportations de pétrole[60].
206
+
207
+ L'agriculture se développe autour de la production de dattes, millet, sorgho, maïs[61], des bovins (1,8 million de têtes) des ovins et caprins (14,7 millions en 2013) et des camélidés (1,5 million)[62] en élevage.
208
+
209
+ Le riz constitue un des secteurs les plus importants de l’agriculture mauritanienne[61]. Sa production est concentrée le long de la frontière méridionale, sur la rive nord du fleuve Sénégal. Ces terres ont fait partie du Waalo, royaume né de l’éclatement de l’empire Wolof, et sont traditionnellement orientées vers l’agriculture de rizières. Le rythme des crues (septembre-octobre) et décrues (novembre-décembre) marque la vie des communes riveraines du fleuve Sénégal. Le riz s’est introduit assez récemment dans la région. Sa culture, alliée à celles des tomates et des oignons permet aux cultivateurs de maximiser le rendement des terres en opérant un roulement entre les trois productions[63]. Ce changement des pratiques se détourne de siècles d’exploitations traditionnelles tournées principalement vers le sorgho, le maïs, la courgette, la patate douce, le niébé. La jachère est donc de moins en moins pratiquée. Il semble que des politiques gouvernementales aient également remis en cause la hiérarchie sociale liée à l’agriculture : « L’aménagement et la distribution des superficies irriguées étant assurés par l’État, on constate également un certain équilibre entre les différentes couches sociales d’un même village. Autrement dit, les anciens propriétaires terriens ne sont plus ceux qui contrôlent les rizières. »[64].
210
+
211
+ Le secteur de la pêche représente environ 20 % des recettes budgétaires de l’État[65] (estimées en 2016 à 400 M€) et emploie près de 40 000 personnes. La pêche est surtout réalisée par des sociétés étrangères[66].
212
+
213
+ En juillet 2015, l’Union Européenne (UE) confirme par un nouveau protocole de mise en œuvre l’accord de partenariat signé avec la Mauritanie dans le domaine de la pêche durable. En plus des captures payées, l'UE garantit 59,125 millions d'euros, dont 4,125 millions d'euros directement dédiés au soutien des communautés de pêche locales[67]. Une Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016[68] précise que le Parlement « se félicite vivement des dispositions en matière de transparence contenues dans le dernier protocole avec la Mauritanie, au titre desquelles celle-ci s'engage à publier l'ensemble des accords conclus avec des États ou des entités privées qui accordent aux navires étrangers un accès à sa zone économique exclusive (ZEE) et demande instamment que ces dispositions relatives à la transparence figurent dans tous les accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable ».
214
+
215
+ Les côtes mauritaniennes sont parmi les plus poissonneuses au monde.[réf. nécessaire]
216
+
217
+ L'agriculture, l'élevage et la pêche représentaient 16,6 % du PIB et employaient 50 % des actifs en 2012[62].
218
+
219
+ Le fer constitue près de 40 % des exportations : mine de F'Derick, Tazadit, Rouessat, guelb à magnétite.
220
+ Mine(s) d'or : mine de Tasiast...
221
+
222
+ En janvier 2016, le président sénégalais Macky Sall annonce la découverte d’un gisement offshore[69] à la frontière sénégalo-mauritanienne, à la suite des prospections de la société américaine Kosmos. Il se situe à 5 200 mètres de profondeur et les réserves seraient estimées à 450 milliards de mètres cubes. Kosmos signe ensuite un mémorandum avec la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) et la Société mauritanienne des hydrocarbures et du patrimoine minier (SMHPM), entérinant les principes d’une coopération intergouvernementale pour le développement du complexe Grande Tortue d’une surface de 1 200 km2 [70].
223
+
224
+ En décembre 2016, BP signe un accord[71] pour acquérir 62 % du projet d’exploitation de plusieurs blocs explorés par Kosmos (28 %), en partenariat avec la Société mauritanienne des hydrocarbures et de patrimoine minier (10 %). Au titre de cette prise de participation, BP paie à Kosmos la somme de 916 millions de dollars couvrant notamment la poursuite des explorations. Les exportations de GNL vont ainsi permettre à la Mauritanie de se positionner en tant que fournisseur d’énergie à part entière pour plusieurs années et de générer des revenus qui pourront être investis dans le développement d’autres secteurs[72].
225
+
226
+ Le 9 février 2018, la Mauritanie et le Sénégal signent un accord de coopération[73] intergouvernemental (ACI) portant sur l’exploitation du champ gazier off-shore « Grand Tortue - Ahmeyim » (GTA), à cheval sur la frontière maritime entre les deux pays. Signé au cours d'une visite à Nouakchott du président sénégalais Macky Sall, son contenu n'a pas été rendu public, mais selon une source du Ministère mauritanien du Pétrole, de l'Énergie et des Mines, il inclut le « développement de l'exploitation et le partage des ressources, ainsi que les conditions de règlement des litiges. […] L'accord est avantageux pour les deux pays »[73].
227
+
228
+ L’ouguiya-MRU (de l'arabe wqiya qui signifie once) est la devise officielle de la Mauritanie depuis le 1er janvier 2018. Elle remplace la première ouguiya-MRO, qui avait cours depuis 1973, au taux de 10 pour 1. Ce changement s’explique, selon la Banque centrale par la trop forte augmentation de la masse monétaire (environ 608 milliards d’ouguiya en 2017)[74].
229
+
230
+ Le 28 novembre 2017, le Président de la République, dans son discours prononcé à l'occasion du 57e anniversaire de l'Indépendance nationale, avait annoncé la démonétisation de l’ouguiya (MRO) et la création d’une nouvelle ouguiya (MRU). Ce changement de l’étalon monétaire entraîne le changement de toute la gamme de billets (adoption du polymère comme seul substrat) et le changement de toute la gamme des pièces, mais n'affecte pas le nom de la monnaie nationale qui reste l'ouguiya[75].
231
+
232
+ La population de la Mauritanie est estimée à près de 4 millions d'habitants en 2014[76].
233
+
234
+ Les conditions géographiques – le Sahara occupe les deux tiers du territoire – expliquent la très faible densité moyenne de population, de l'ordre de 3 habitants par km2. Dans le Sud cependant, les rives du fleuve Sénégal connaissent une plus grande concentration d'habitants, très majoritairement noirs. Nouakchott, capitale créée de toutes pièces en 1958 et qui comptait 6 000 habitants en 1965, est devenue une agglomération importante qui accueille, aujourd'hui, le tiers des Mauritaniens, dont de très nombreux anciens nomades, que la sécheresse a condamnés à changer de mode de vie. Avec le port de Nouadhibou, au nord, et quelques rares centres secondaires, dont Zouerate, la ville minière du désert, le taux d'urbanisation dépasse 50 %. Le pays connaît une croissance démographique soutenue, de l'ordre de 3 % par an, liée à une très forte fécondité.
235
+
236
+ On distingue généralement trois groupes principaux de population ː
237
+
238
+ Ils constitueraient (34 %)[1].
239
+ Les Haratins sont des Noirs, anciens esclaves des Bidhaan, d'origines bafours , fortement assimilés et quelque peu métissés aux Maures blancs, qui partagent la même langue et la même culture.
240
+
241
+ La société mauritanienne est très hiérarchisée. Le groupe dominant est celui des Beidhane, ou Maures blancs. Vient ensuite celui des Négros-africains, et en-dessous, celui des Haratine (ou Maures noirs), anciens esclaves[77].
242
+
243
+ Le groupe dominant des Beidanes est lui-même hiérarchisé entre descendants des grandes familles de guerriers ou de marabouts et de tribus moins prestigieuses, voire de caste honteuses comme celle des maallemine (forgerons) ou des griots. Le nombre des mariages mixtes est très faible[77].
244
+
245
+ La quasi-totalité des pouvoirs économiques, politiques et militaires sont détenus par des Beidhane. Les entreprises importantes, de même que toutes les banques, leur appartiennent. La grande majorité des généraux (32 sur 34 en 2019) sont également issus de leur groupe[77].
246
+
247
+ Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et à la suite du conflit qui a éclaté dans le nord du Mali en 2012, à la mi-août 2013, 72 000 réfugiés maliens avaient trouvé refuge en Mauritanie.
248
+
249
+ L’esclavage est officiellement aboli en 1981[78]. En 2007, une nouvelle loi criminalise l’esclavage dorénavant passible de cinq à dix ans de prison ainsi que l’apologie de l’esclavage punissable de deux ans de prison.
250
+
251
+ Le 28 mars 2013, l’agence nationale Tadamoun est créée par décret. Elle entend « répondre à un impératif de développement relatif à l’amélioration des conditions de vie d’une certaine population victime d’une parenthèse historique ». La mission de Tadamoun s’articule autour de trois composantes : lutte contre les séquelles de l’esclavage, insertion des rapatriés mauritaniens du Sénégal et lutte contre la pauvreté[79].
252
+
253
+ En 2015, le parlement pénalise de 10 à 20 ans de prison les maîtres et complices d'esclavage[80], désormais reconnu comme crime contre l'humanité[81].
254
+
255
+ Pour autant, en dépit de l’arsenal législatif, plusieurs milliers de personnes seraient encore concernées[82] par ce phénomène qui relève d'un ordonnancement social très ancien[83], une forme de société de castes, au sein des sociétés tribales sahariennes[84]. Selon le Global Slavery Index 2016, qui s’est appuyé sur 1 000 sondages effectués par téléphone ou sur le terrain, 43 000 Mauritaniens, soit 1,06 % de la population, sont concernés. Les chiffres de 2014 étaient quatre fois plus élevés, avec 155 600 personnes, soit 4 % de la population[82]. En 2018, il concerne 90 000 personnes[77]. Cette situation est combattue par des mouvements politiques d'opposition, dont celui des Kadihine (prolétaires) et le Mouvement pour l'émancipation des Haratines (connu sous le nom d'El Horr ou l'Homme libre), actifs dans les années 1970 et 1980, et des associations, dont les plus connues sont SOS Esclaves, fondée en 1995 par des militants des droits de l'Homme et dirigée par Boubacar Ould Messaoud, l'un des leaders historiques du mouvement El Horr, et l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (en) (IRA) fondée plus récemment et dirigée par Biram Ould Dah Ould Abeid, surnommé par la presse le « Spartacus mauritanien »[85].
256
+
257
+ En 2011, un arrêté réglementant le travail domestique est pris par le gouvernement, afin de renforcer la protection des droits des travailleurs domestiques[86].
258
+
259
+ L'envoi de jeunes Mauritaniennes pauvres vers l'Arabie saoudite où elles sont exploitées, et parfois tuées, est considéré comme une forme d'esclavage[87].
260
+
261
+ Le 30 mai 2018, la 107e session du Bureau international du travail (BIT) de Genève a supprimé la Mauritanie de la liste des pays interpellés par la commission des normes sur la question de l’esclavage en matière d’emploi et de travail forcé. Ce retrait couronne les efforts consentis depuis une quinzaine d’années par les gouvernements mauritaniens pour lutter contre les pratiques de l’esclavage[88].
262
+
263
+ L'école primaire dure six ans et l'enseignement secondaire sept ans[89].
264
+ L'enseignement est fondé sur un système bilingue (arabe et français)[89]
265
+ L'analphabétisme est encore assez important[90], le taux d'alphabétisation étant en 2012 inférieur à 60 %[77]. Le nombre de bacheliers est inférieurs à 5 % chez les 20 ans et plus.
266
+
267
+ Les familles des classes supérieurs envoient leurs enfants dans des écoles privées, d'un coût élevé : entre 20 à 100 euros par mois et par enfants alors que les masses mauritaniennes vivent avec l'équivalent de 100 à 200 euros mensuels[77].
268
+
269
+ Sont également fériées certaines fêtes musulmanes : Aïd el-Fitr, Aïd al-Adha et le Mawlid (naissance de Mahomet).
270
+
271
+ Très ancienne terre d'islam, comme en témoignent les milliers de manuscrits conservés dans les bibliothèques de Chinguetti, Ouadane ou Oualata, la Mauritanie est musulmane à près de 100 %[91]. Cette foi qui imprègne très fortement la société et la culture du pays est affirmée par la Constitution qui en fait la religion d'État. Les Mauritaniens sont sunnites et se réclament pour la plupart de l'école de jurisprudence malékite, l'une des quatre écoles du sunnisme[91]. Beaucoup de musulmans appartiennent aussi à des confréries religieuses. Les plus représentées en Mauritanie sont la Qadiriyya et la Tijaniyya[91].
272
+
273
+ Selon l’article 306 du Code pénal mauritanien, tout musulman qui apostasie, sans se repentir dans un délai de trois jours, est passible de la peine de mort[92]. Ce châtiment extrême n’a cependant jamais été appliqué. Le pays observe un moratoire de fait sur les condamnations à mort, la dernière exécution capitale en Mauritanie remontant à plus de trente ans[93].
274
+
275
+ Les non-musulmans sont pour la plupart des étrangers, généralement des catholiques qui disposent de plusieurs lieux de culte dans le pays, à Nouakchott (cathédrale) et à Nouadhibou notamment. En revanche les protestants et les juifs – très peu nombreux – n'ont ni temple ni synagogue[94].
276
+
277
+ L'impression et la distribution de matériel non musulman sont interdits ainsi que le prosélytisme non musulman[95]. Selon la Constitution de 1991, les citoyens sont musulmans[95].
278
+
279
+ Depuis les années 1990, le nombre de lieux de culte a considérablement augmenté du fait notamment des pétrodollars des monarchies du Golfe[77].
280
+
281
+ Les langues sont inscrites dans la Constitution à l'article 6[96].
282
+
283
+ La langue officielle est l'arabe écrit. À noter qu'il existe l'arabe dialectal local parlé : le hassanya.
284
+
285
+ Les langues nationales sont l'arabe-hassaniya, le peul, le soninké, et le wolof.
286
+
287
+ Le français est, de facto, l'une des langues de travail au sein de l'administration, même s'il n'a pas le statut de langue officielle.
288
+
289
+ La Mauritanie est membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie de même que de l'Organisation internationale de la francophonie.
290
+
291
+ Les régions mauritaniennes de Dakhlet Nouadhibou, Gorgol et de l'Inchiri sont membres de l'Association internationale des régions francophones[97].
292
+
293
+ La Mauritanie est 55e au classement mondial 2017 en termes de liberté de la presse, selon le rapport annuel établi par le groupe de surveillance des médias Reporters Sans Frontières (RSF)[98].
294
+
295
+ La liberté des médias fluctue selon les régimes en place. Il n'est pas toujours facile pour les journalistes de faire leur travail mais cela dépend réellement de la situation politique du jour. Depuis le début de la transition démocratique en 2005 les médias ont plus de liberté. Après le coup d'État de 2008, une reprise en main des médias publics a été observée. Elle a concerné notamment la télévision et la radio publique dont l'information est censurée, mais les journaux gardent une grande liberté de parole (notamment le Calame et la Tribune). Mal payés, les journalistes rédigent souvent sur commande des notables, des politiques ou des hommes d'affaires. L'autocensure et le manque de sources aux articles sont d'autres pratiques qui contribuent à la médiocrité de la presse mauritanienne.
296
+
297
+ Le mode vestimentaire en Mauritanie a été influencé par les modes traditionnelles dans l’Afrique du Nord et l’Afrique au sud du Sahara. Le climat aride et chaud du désert mauritanien a déterminé la nature de chaque pièce vestimentaire du costume traditionnel.
298
+
299
+ Le daraa ou boubou d'origine peul , est le costume incontestable des hommes Maures en Mauritanie. Cette tenue traditionnelle est habituellement, confectionnée de coton chiga, ou du bazin damassé. Le daraa peut être de couleur bleue ou blanche, avec une fente pour la tête et de larges pans (manches) ouverts des deux côtés, qu’on peut replier sur les épaules. Ce boubou est parfois orné, en plusieurs endroits, de jolies bordures. Sous ce boubou, les hommes portent un sarouel, un pantalon bouffant, de couleur bleue, blanche ou noire.
300
+
301
+ Un chèche ou haouli en hassanya, de couleur bleue, blanche ou noire, est porté par les hommes pour se protéger du soleil et des vents de sable.
302
+
303
+ Le melehfa, un long voile rectangulaire souple et généralement fin, enveloppe les Mauresques de la tête aux pieds. Il est coloré de teintures unicolores ou multicolores.
304
+
305
+ Chez les Peuls, Soninkés, Wolofs et Bambaras, la version féminine du boubou largement répandu dans les pays du Sahel est porté par les femmes, avec de beaux pagnes dessous et un foulard ceignant la tête. Le bolonta est surtout porté par la population soninké de Kaédi au sud du pays, il a la forme d'un caftan, mais il est sans manche, on met une chemise longue manche appelé katalla en dessous.
306
+
307
+ C'est l'art le plus apprécié des Mauritaniens avec les contes. La Mauritanie est connue dans le monde arabe pour être le 'Pays du Million de poètes'. La poésie est appréciée chez les principaux groupes ethniques du pays[99] :
308
+
309
+ La nuit à la belle étoile après une chaude journée, les Mauritaniens aiment contempler leur environnement. Les choses sont magnifiées (sans les diviniser puisque cela est interdit par l'islam), les conteurs savent raconter des histoires qui permettent à l'imaginaire de s'échapper vers le contemplatif.
310
+
311
+ Les contes servent également à éduquer les enfants en leur transmettant des connaissances, préceptes avec des exemples développés sous formes de petites histoires...
312
+
313
+ Elle est surtout orale constituée de chants et de musique. Chaque groupe social (guerriers, tisserands...) a son chant[100].
314
+
315
+ La musique maure ou hassani se situe au confluent des musiques arabe et de l'Afrique sub-saharienne. Elle est influencée par les sons des peuples noirs du sud.
316
+
317
+ La musique traditionnelle rappelle les exploits des princes guerriers des émirats et des empires qui ont existé en Mauritanie. Elle est assez élitiste. Aujourd'hui, une musique populaire jouée par des artistes contemporains est écoutée lors d'événements traditionnels tels que les mariages et les baptêmes[101].
318
+
319
+ Les principaux instruments de la musique maure ou hassani sont la Tidinit, l'Ardîn, le Tbol, etc.
320
+
321
+ Les instruments de musique se modernisent et remplacent la Kora, le Djembé, les Dum dum, le N'goni, la Tambin (flûte peule)…
322
+
323
+ Le mariage unit non seulement deux individus mais aussi deux familles, deux ethnies. Par le passé, les enfants étaient désignés pour le mariage dès leur berceau. Parvenus à l'âge adulte, nul ne songe à décevoir les parents, la communauté. Une dot est fixée lors d'une réunion entre les parents.
324
+
325
+ Chez les Maures, après le mariage, la mariée tente de se cacher avec ses amies. Si le marié ne la retrouve pas, il paie une rançon au camp adverse. Mais actuellement, l'évolution de la société mauritanienne fait que beaucoup de ces pratiques disparaissent, surtout dans les villes.
326
+
327
+ La cuisine mauritanienne est composée de produits locaux : mil, blé, orge, haricot, pastèque, dattes, etc. C'est donc une cuisine typique des peuples du Sahel. Les plats les plus connus sont à base de deux variétés de couscous communément appelé petit couscous et gros couscous, et, fondé, Makhafo, El aiche, Baci, sakou, Echerchem, Leglyé, Bellakh, Belleghmane, Hacou, lemvassas, soupou kandia, mechoui, gombo, néré, thiéboudiène, mafé, lakh, etc.[102].
328
+
329
+ Les protéines animales viennent du dromadaire, des ovins et caprins, du bœuf, et du poisson (sur la côte). Le fromage caravane se fait à partir de lait de chamelle.
330
+
331
+ À part ces produits traditionnels, d'autres denrées tels le riz, la pomme de terre sont également consommés et la mondialisation influence les méthodes et les usages culinaires.
332
+
333
+ L'influence de l'islam dans les relations hommes/femmes a créé deux types de jeux[103] :
334
+
335
+ La Mauritanie a pour codes :
336
+
337
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3735.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,153 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ République de Maurice
2
+
3
+ (en) Republic of Mauritius Écouter
4
+
5
+ (mfe) Repiblik Moris
6
+
7
+ Créole mauricien
8
+
9
+ 20° 09′ 36″ S, 57° 30′ 36″ E
10
+
11
+ modifier
12
+
13
+ Maurice (en anglais : Mauritius), en forme longue la république de Maurice (en anglais : Republic of Mauritius), est un État insulaire de l'océan Indien à 868 kilomètres à l'est de Madagascar et 172 kilomètres à l'est-nord-est de La Réunion. Le pays inclut l'île principale de Maurice, mais aussi l'île Rodrigues à 560 kilomètres à l'est de l'île principale. Les îles plus lointaines d'Agaléga et de Saint-Brandon font partie du territoire national. Les îles Maurice et Rodrigues font partie de l'archipel des Mascareignes, avec l'île de La Réunion qui est elle un département d'outre-mer français. La superficie totale du pays est de 2 040 km2. La capitale et plus grande ville est Port-Louis.
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+ Ancienne colonie néerlandaise (1638-1710) et française (1715-1810), Maurice est devenue une possession coloniale britannique en 1810 et cela jusqu'en 1968, année de son indépendance. La colonie britannique de Maurice incluait jadis les territoires actuels de Maurice, de Rodrigues, les îles lointaines d'Agaléga, Saint-Brandon, l'archipel des Chagos et les Seychelles. Les territoires mauriciens se réduisirent progressivement avec la création d'une colonie spécifique des Seychelles en 1903. Aujourd'hui, la souveraineté sur l'archipel des Chagos est disputée entre Maurice et le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni amputa en effet l'archipel du territoire mauricien en 1965, trois ans avant son indépendance. Il dépeupla graduellement l'archipel de sa population indigène et loua sa plus grande île, Diego Garcia, aux États-Unis, qui en firent une base militaire. L'accès à l'archipel est interdit aux touristes, aux médias et à ses anciens habitants. Maurice revendique aussi, à la France, sa souveraineté sur la petite île Tromelin.
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+ La population de Maurice est multiethnique, multiconfessionnelle, multiculturelle et plurilingue. Le gouvernement du pays est très proche du système parlementaire westminstérien, et Maurice est très bien notée en matière de démocratie et des libertés économiques et politiques. L'indice de développement humain de Maurice est le plus élevé d'Afrique.
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+ Avec les autres îles des Mascareignes, Maurice est connue pour sa faune et sa flore, avec plusieurs espèces endémiques du pays. L'île est particulièrement réputée pour le dodo, qui avec d'autres espèces endémiques, s'est éteint peu après l'arrivée des premiers êtres humains.
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+ Maurice est le seul pays d'Afrique où l'hindouisme est la religion principale. Le gouvernement utilise l'anglais comme principale langue et le français comme seconde langue. Le créole mauricien est parlé par la majorité de la population, mais n'est pas reconnu officiellement par la constitution.
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+ La première preuve historique de l'existence d'une île aujourd'hui connue comme Maurice se trouve sur une carte élaborée par un cartographe italien, Alberto Cantino, en 1502[5],[6].
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+ Il semblerait que Maurice ait été nommée Dina Arobi par des navigateurs arabes vers 975, les premiers à avoir visité régulièrement l'île.
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+ En 1507, les navigateurs portugais visitèrent l'île inhabitée. L'île apparaît avec un nom portugais, Cirne, sur les premières cartes portugaises, probablement le nom d'un des navires de l'expédition de 1507 ou en raison de la présence de cet oiseau endémique incapable de voler, le dodo, qui était abondant à cette époque. Un autre navigateur portugais, Dom Pedro de Mascarenhas, donna le nom de Mascareignes à l'archipel composé de l'île Maurice, de l'île de la Réunion et de Rodrigues.
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+ En 1598, une escadre hollandaise de l'amiral Wybrand van Warwijck accoste à Grand Port et nomme l'île Mauritius, en l’honneur du prince Maurice de Nassau, stathouder de la République néerlandaise. L’île devient une petite escale de ravitaillement sur la route des Indes néerlandaises.
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+ La France, qui administre déjà l’île Bourbon (aujourd'hui l'île de La Réunion), s’installe à l’île Maurice en en faisant une île de peuplement, d’abord avec la Compagnie des Indes, puis directement en 1715. Elle la rebaptise plus tard Isle de France.
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+ Le 3 décembre 1810, la France remet formellement l’île aux Britanniques pendant les guerres napoléoniennes. Le nom de l'île redevient Mauritius. L'île Maurice est aussi connue sous le nom de Maurice en français, Moris en créole mauricien et मॉरिशस en hindi[7].
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+ Les historiens pensent que les premiers visiteurs de l'île Maurice sont les navigateurs phéniciens qui l’auraient abordée lors de la première circumnavigation autour du continent africain, commanditée par le pharaon d’Égypte Néchao II, vers l’an -600. Les marins arabes visitent Maurice régulièrement à partir du Ve siècle et lui donnent le nom de Dina Arobi.
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+ Ce n'est qu'au début du XVIe siècle que des navigateurs portugais commencent à circuler dans la région. Des Portugais s'y installent pour la première fois en 1507 et y établissent une base de visite. L’île figure sur les premières cartes portugaises, avec le nom portugais de Cirne, probablement en raison de la présence du dodo, un oiseau incapable de voler qui a été trouvé en grand nombre à cette époque. Un autre marin portugais, Pedro de Mascarenhas, donne le nom Mascareignes à l’archipel formé des îles désormais connues sous le nom de Maurice, Rodrigues et La Réunion[7].
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+ L’île demeure inhabitée jusqu'à l'établissement d’une colonie en 1638 par les Provinces-Unies, les Néerlandais la nommant en l’honneur de Maurice de Nassau. Elle est abandonnée faute de passage de commerçants en 1710 et cinq ans plus tard, l’île devient une colonie française rebaptisée Isle de France. Par sa position stratégique, l’île était surnommée « l'étoile et la clé » de l’océan Indien, d'où sa devise actuelle.
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+ Le Royaume-Uni prend le contrôle de l'île le 3 décembre 1810 au cours des guerres napoléoniennes après l'avoir envahie en quelques jours[8]. Cette annexion forcée est reconnue au traité de Paris (1814).
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+ L'île Maurice devient indépendante le 12 mars 1968[7]. Seewoosagur Ramgoolam est premier ministre du 26 septembre 1961 au 16 juin 1982, soit plus de vingt ans, et c'est sous son mandat qu'est négociée l'indépendance avec les Britanniques. C'est un anticommuniste et un ami de la France, qui voit aussi ce pays comme un contre-poids de la Grande-Bretagne[9],[10]. Anerood Jugnauth lui succède comme premier ministre pendant douze ans, de décembre 1982 à juillet 1995. Ce sont des années de boom économique[11]. Puis Navin Ramgoolam, fils de Seewoosagur Ramgoolam, assure cette fonction jusqu'en septembre 2000. Anerood Jugnauth redevient ensuite Premier ministre après les élections de septembre 2000, puis après 3 ans, comme convenu, cède son poste à son allié du Mouvement militant mauricien, Paul Bérenger, dirigeant de la principale formation d'opposition de gauche depuis l'indépendance. Paul Bérenger reste Premier ministre pendant moins de deux ans, puis, dans une nouvelle alternance, Navin Ramgoolam revient au pouvoir pendant neuf ans et demi, jusqu'à décembre 2014, passant alors le relais à nouveau à Anerood Jugnauth, jusqu'à janvier 2017. Le 21 janvier 2017, il annonce sa démission lors d'une allocution télévisée. Il est remplacé par son fils, ministre des Finances Pravind Jugnauth[12]. Celui-ci remporte les législatives de 2019[13].
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+ Maurice a un système juridique qui fonctionne sur la base des éléments de la loi anglaise, héritage de la colonisation anglaise, avec des éléments du Code Napoléon, héritage de la colonisation française. Selon l’indice de démocratie compilé par l’Economist Intelligence Unit qui mesure l’état de la démocratie dans 167 pays, en 2016 Maurice est classé 18e dans le monde et est le seul pays africain avec une « démocratie parfaite »[14].
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+ Maurice a un système juridique hybride dérivé du common law britannique et du droit civil français. La Constitution de Maurice établit la séparation des pouvoirs entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire et garantit la protection des droits fondamentaux et libertés de l'individu. Maurice dispose d'un système judiciaire à structure unique composé de deux niveaux, la Cour suprême et les tribunaux subordonnés. La Cour suprême est composée de différentes divisions exerçant une compétence, telles que le Master Cour, la division de la famille, la division commerciale (faillite), la division pénale, la division de médiation, le tribunal de première instance en matière civile et pénale, la juridiction d'appel : la Cour d'appel civile et la Cour d'appel criminelle. Les tribunaux subordonnés comprennent le tribunal intermédiaire, le tribunal du travail, les tribunaux de districts, le tribunal de mise en liberté sous caution et le tribunal de Rodrigues. Le Comité judiciaire du Conseil privé est la cour d'appel finale de Maurice. Après l'indépendance de Maurice en 1968, Maurice a maintenu le Conseil privé comme instance d'appel suprême. Les recours contre des décisions de la Cour d'appel ou de la Cour suprême peuvent être formés de plein droit ou avec l'autorisation de la Cour, conformément à l'article 81 de la Constitution et à l'article 70A de la loi sur les tribunaux. Le Comité judiciaire peut également accorder une autorisation spéciale de faire appel de la décision de tout tribunal en matière civile ou pénale, conformément à l'article 81 (5) de la Constitution[15].
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+ Le pays se compose de l'Île Maurice, de Rodrigues (560 kilomètres à l'est), des îles Agalega et de l'archipel de Saint Brandon qui font partie de l'archipel des Mascareignes. Maurice revendique sa souveraineté sur l'archipel des Chagos (Royaume-Uni) et l'île de Tromelin (France). La superficie totale du pays est de 2 040 km2. La capitale et plus grande ville est Port-Louis.
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+ Le pays est situé dans l’océan Indien, entre les latitudes 19°58.8' et 20°31.7 Sud et longitudes 57°18.0' et 57°46.5' Est, à 172 kilomètres à l'est-nord-est de La Réunion.
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+ L’île Maurice mesure 65 km de long et 45 km de large et a une superficie totale d'environ 1 864,8 km2, elle est entourée par plus de 150 kilomètres de plages de sable blanc et les lagons sont protégés de la mer par la troisième barrière de corail du monde par sa taille. Sur les côtes de l’île Maurice, il y a quelque 49 îles et îlots inhabités, certains d'entre eux sont utilisés comme réserves naturelles pour la protection des espèces en voie de disparition[16].
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+ La superficie totale du pays, selon la géographie mauricienne est de 2 040 km2, ce qui en fait le 180e pays dans le monde pour ce qui est de la superficie. Le territoire mauricien comprend également l'île Rodrigues, qui est situé à environ 560 km à l'est avec une superficie de 104 km2. Deux petites îles, Agalega situées à quelque 1 000 km au nord de l'île Maurice et les écueils des Cargados Carajos (également appelés Saint-Brandon) situés à quelque 430 km au nord-est de l'île Maurice, la superficie des deux îles est de 71,2 km2. La zone économique exclusive (ZEE) du pays couvre environ 1 200 000 km2 de l'océan Indien. En 2011, l'Organisation des Nations unies a approuvé la soumission conjointe de l'île Maurice et les Seychelles pour étendre leur plateau continental de 396 000 km2 dans la région des Mascareignes, ce qui donne aux deux pays le droit souverain de gérer conjointement et d'exploiter les fonds marins et leur sous-sol dans la zone.
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+ Maurice revendique sa souveraineté sur l'archipel des Chagos (1,931 kilomètres au nord-est) qui comprend l'atoll de Diego Garcia, connue comme le Territoire britannique de l'océan Indien. L'archipel faisait partie du territoire mauricien depuis le XVIIe siècle, à l'époque où les Français se sont installés dans la République de Maurice. Toutes les îles faisant partie du territoire colonial français de l'Isle de France (le nom de Maurice à l'époque) sont cédées aux Britanniques en 1810 en vertu de l'acte de capitulation signé entre les deux pays. Mais trois ans avant que Maurice ne devienne indépendante en 1968, le Royaume-Uni a exclu de ce processus l'archipel de la République de Maurice et loué Diego Garcia, l'île principale de l'archipel, aux États-Unis en vertu d'un bail de 50 ans (qui expire en 2016 et arrive à échéance en 2014). Le détachement des Chagos du territoire mauricien est une violation du droit international. La résolution des Nations unies interdit le démembrement de territoires coloniaux avant l'indépendance. Maurice a affirmé à maintes reprises que l'archipel des Chagos est l'un de ses territoires et cela est une violation du droit de résolutions de l'ONU. Le Royaume-Uni a déclaré qu'il n'a aucun doute sur sa souveraineté sur les Chagos, mais a également dit que les Chagos seront retournés à l'île Maurice une fois que les îles ne sont plus nécessaires à des fins de défense. Compte tenu de l'absence de progrès avec le Royaume-Uni, Maurice a décidé d'internationaliser le conflit et de prendre la question à tous les forums juridiques et politiques appropriés.
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+ Après avoir nié que ces îles étaient habitées, à partir de 1968 les autorités britanniques ont expulsé environ 2 000 Chagossiens à l'île Maurice et Seychelles pour en finir le 27 avril 1973 avec l'évacuation des habitants de Peros Banhos, afin de permettre aux États-Unis d'établir une base militaire sur Diego Garcia. Depuis 1971, seul l'atoll de Diego Garcia est habité et ce, exclusivement par du personnel militaire et civil des États-Unis. Les Chagossiens qui avaient vécu sur ces îles depuis plusieurs siècles sont toujours en exil, ils se battent toujours pour retourner dans leur patrie, en faisant valoir que leur dépossession et expulsion forcées étaient illégales[17]
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+ Enfin, Maurice revendique la souveraineté sur l'île Tromelin qui se trouve à 430 km au nord-ouest de l'île Maurice, mais cette revendication fait l'objet d'interrogations quant à sa légitimité historique et juridique.
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+ Maurice est relativement jeune géologiquement, l’île résulte d'éruptions volcaniques sous-marines qui se sont produites il y a quelque huit millions d’années. Elle est située dans l’archipel des Mascareignes qui comprennent La Réunion, Rodrigues, ainsi que plusieurs petites îles proches. Ces îlots ont émergé de l'océan à la suite des gigantesques éruptions volcaniques sous-marines qui se sont produites à des milliers de kilomètres à l'est du bloc continental constitué par l’Afrique et Madagascar. Ils ne sont plus volcaniquement actifs et le point chaud se trouve aujourd’hui à quelques dizaines de kilomètres de la Réunion. Il n'y a eu aucune activité volcanique sur l'île pendant plus de 100 000 ans. L’île Maurice est entourée par des chaînes de montagnes, dont la hauteur varie de 300 mètres à 800 mètres d'altitude. Le terrain s'élève des plaines côtières à un plateau central où il atteint une hauteur de 670 mètres. Le plus haut sommet, le piton de la Petite Rivière Noire à 828 m, se situe dans le Sud-Ouest. Des ruisseaux et rivières parsèment l'île ; beaucoup d'entre eux ont été créés par les passages de lave.
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+ L'environnement de Maurice est typiquement tropical dans les régions côtières avec des forêts dans les régions montagneuses. La faune et la flore de l'île, bien que régulièrement endommagées par les cyclones saisonniers, se régénèrent rapidement. La qualité de l'air à l'île Maurice est l'une des meilleures dans le monde, Maurice s'est classé deuxième dans l'indice de la qualité de l'air publié par l'Organisation mondiale de la santé en 2011[18],[19].
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+ Située près du tropique du Capricorne, l'île Maurice a un climat tropical. Il y a deux saisons : un été chaud et humide de novembre à avril, avec une température moyenne de 24,7 °C et un hiver relativement frais et sec de juin à septembre, avec une température moyenne de 20,4 °C. La différence de température entre les saisons n'est que de 4,3 °C. Les mois les plus chauds sont janvier et février avec une température maximale quotidienne moyenne atteignant 29,2 °C et les mois les plus frais sont juillet et août où les températures moyennes minimales nocturnes descendent à 16,4 °C. Les précipitations annuelles varient de 900 mm sur la côte à 1 500 mm sur le plateau central. Bien qu'il n'y ait pas de saison marquée des pluies, la plupart des précipitations se produisent au cours des mois d'été. La température de la mer dans le lagon varie de 22 °C à 27 °C. Le plateau central est beaucoup plus frais que les zones côtières et peut connaître le double de précipitations. Les alizés dominants gardent le côté est plus frais et ont également tendance à amener de la pluie. Il peut aussi y avoir une différence marquée de température et de précipitations d'un côté de l'île à l'autre. Des cyclones tropicaux se produisent généralement de janvier à mars et ont tendance à perturber le temps pour seulement trois jours apportant ainsi beaucoup de pluie dans la région.
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+ Le pays abrite quelques-unes des plantes et animaux les plus rares du monde. Mais l'habitation humaine et l'introduction des espèces non indigènes ont menacé la flore et la faune indigènes[20]. En raison de son origine volcanique, de son âge et de son isolement, Maurice est doté d'une diversité de la flore et la faune qu'on ne retrouve généralement pas dans un espace si restreint. Avant sa découverte par les Portugais en 1507, il n'y avait pas de mammifères terrestres sur l'île. Cela a permis l'évolution d'un certain nombre d'oiseaux et de grandes espèces de reptiles. L'arrivée de l'Homme a vu l'introduction d'espèces exotiques envahissantes et la destruction rapide de l'habitat et la perte d'une grande partie de la flore et la faune endémiques. Il reste aujourd'hui moins de 2 % de la forêt indigène qui s'étendait jadis des sommets des montagnes du plateau central aux régions côtières et elle est maintenant concentrée principalement dans les gorges de Rivière-Noire (Black River Gorges National Park) dans le Sud-Ouest, ainsi qu'au sein de la chaîne de montagnes de Grand-Port dans le Sud-Est (notamment la vallée de Ferney). Plus de 100 espèces de plantes et d'animaux ont disparu et beaucoup d'autres sont menacées. Les activités de conservation ont commencé il y a 25 ans[Quand ?] avec la mise en œuvre des programmes pour la reproduction des oiseaux menacés et les espèces végétales ainsi que la restauration de l'habitat dans les parcs nationaux et réserves naturelles[21].
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+ À sa découverte, l'île Maurice était le foyer d'une espèce d'oiseau jusque-là inconnue, vraisemblablement un descendant d'un type de pigeon qui s'y était installé plus de 4 millions d'années auparavant. Des marins néerlandais furent les premiers à en rapporter l'existence, en 1598, et les Portugais le nommèrent le dodo. Une grande diversité d'espèces d'oiseaux vivait dans les forêts denses, et il n'y avait pas de mammifères sur l'île. Le dodo se nourrissait de fruits tombés des arbres, et l'on pense qu'il avait perdu la faculté de voler en raison de l’abondance de nourriture et de l’absence relative de prédateurs. Après que les Portugais ont pour la première fois foulé le sol mauricien, en 1505, l'endroit devint rapidement une escale pour les navires sur la route des épices. Le dodo pouvant mesurer 1 m et peser jusqu'à 17,5 kg, il devint une source appréciable de viande fraîche pour les marins.
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+ Plus tard, les Néerlandais utilisèrent l'île comme colonie pénitentiaire et y introduisirent des animaux domestiques. Des rats provenant de navires débarquèrent aussi sur l'île. Les nids des dodos se trouvant au sol, les rats, les porcs et les singes mangeaient leurs œufs.
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+ À peine 100 ans après l'arrivée des premiers humains, les dodos, jadis abondants sur l'île, avaient été décimés, le dernier ayant été tué en 1681. L’extinction du dodo a pour la première fois montré que l’être humain pouvait causer l’extinction d'une espèce[22]. Aujourd'hui l’emblème du pays, l'oiseau disparu fait figure de support des armoiries de Maurice.
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+ L'île Maurice est divisée en 9 districts qui comprennent un total de 146 localités (Village Council Area) et 23 arrondissements (Municipal Ward) des cinq plus grandes villes de l'île. L'île Rodrigues, autrefois dixième district du pays, a obtenu un statut d'autonomie en 2002. L'île possède donc un gouvernement autonome et une Assemblée locale.
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+ Sa densité est la plus élevée d'Afrique (11e rang mondial) tout comme l'est son indice de démocratie (18e rang mondial).
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+ La population possède des origines multiples, à la suite de la colonisation du pays par des puissances européennes, à l'esclavage et à l’engagisme de travailleurs indiens et chinois. La culture du pays reflète sa composition ethnique diverse, à travers les différentes religions, les festivals religieux, la cuisine, la musique et le folklore mauricien[23].
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+ L'estimation de la population (au 31 décembre 2013) pour toute la république était de 1 259 838 habitants, dont 623 472 étaient des hommes et 636 366 des femmes. Pour l'île Maurice seulement, le nombre est de 1 218 060 et l'île Rodrigues 41 504. Agalega et Saint-Brandon ont une population de 274 habitants[2]. La société mauricienne comprend des gens de différents groupes socioculturels et religieux. Les habitants de la république mauricienne sont les descendants de personnes originaires de l'Inde, de l'Afrique continentale et de Madagascar, de l'Europe et de la Chine. Selon la Constitution mauricienne, il existe quatre groupes communautaires reconnus par l’État et dont le recoupement ne suit pas les mêmes critères : les Sino-Mauriciens (originaires de la Chine), les hindous et les musulmans (originaires du sous-continent indien) et la population générale (qui regroupe aussi bien les descendants de colons européens, principalement français, les créoles — descendants d'esclaves africains et les métis —, mais également tous ceux issus de mariages mixtes, qui ne peuvent donc être intégrés aux trois premiers groupes)[24].
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+ En 2015, Maurice a été classée au premier rang en Afrique dans l'indice de développement humain ajusté selon les inégalités et 64e sur 188 pays dans le monde[25].
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+ Le créole mauricien, à base lexicale française, est né du mélange avec d'autres langues (notamment africaines et malgaches) pendant la période de l'esclavage. Il est parlé par la majorité de la population et est considéré comme la langue nationale du pays.
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+ La Constitution de Maurice ne mentionne aucune langue officielle (de jure) pour le pays. Néanmoins, l'anglais est utilisé par l'administration, les Britanniques ayant été les derniers à administrer l'île avant son indépendance. La langue officielle de l'Assemblée est l'anglais mais les membres peuvent aussi s'exprimer en français[26]. L'anglais est généralement reconnu comme la langue officielle (de facto) de l'île Maurice car il est majoritairement utilisé dans les administrations gouvernementales, les tribunaux et les entreprises. La Constitution de Maurice et toutes les lois sont rédigées d'abord en anglais.
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+ La population mauricienne est multilingue, la plupart des Mauriciens parlant couramment le créole mauricien, le français (environ 73 %[27]) et aussi l'anglais. Tandis que le français et l'anglais sont appris dès la première année du cycle primaire en tant que matières obligatoires, les langues orientales et le créole mauricien sont également enseignés en tant que matières optionnelles. Il existe également une répartition fonctionnelle des langues dans le pays : l'anglais et le français, langues supracommunautaires, sont utilisés dans le cadre professionnel, les langues asiatiques sont utilisées dans les activités socioculturelles des communautés originaires de l'Asie, tandis que le créole et le bhodjpouri sont cantonnés au registre familier. Le créole, à base lexicale française et enrichi d'apports provenant d'autres langues, est parlé par la majorité de la population et est considéré comme la langue nationale[28] : 84 % des Mauriciens s'expriment le plus souvent en créole à la maison[29]. Le français est surtout utilisé dans les médias et la littérature, c'est aussi la langue la plus parlée après le créole ou le bhojpuri[29]. Diverses langues ancestrales sont également parlées à Maurice, parmi lesquelles le bhodjpouri, l’hindi, le tamoul, le télougou, le marathi, l'oriya, le cantonais, le mandarin, le hakka, l’arabe et l’ourdou[30],[31]. Le créole rodriguais, le créole d'Agalega, le créole chagossien, variantes du créole mauricien, sont parlés par les gens de l'île Rodrigues, d'Agalega et des Chagos.
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+ Le système d'éducation à l'île Maurice est en grande partie basé sur le système britannique car l'île Maurice était une ancienne colonie britannique. L'éducation est gratuite pour tous les citoyens du pré-primaire jusqu'au tertiaire. Depuis juillet 2005, le gouvernement a également introduit le transport gratuit pour tous les élèves. Le système éducatif de l'île Maurice est divisé en quatre cycles principaux — le pré-primaire, le primaire, le secondaire et le tertiaire. La structure de l'éducation comporte trois années de pré-primaire, six ans d'études primaires menant au certificat de l'enseignement primaire (CPE), suivie par cinq années d'enseignement secondaire conduisant à la School Certificate (O-Level) et de deux années supplémentaires de fin de secondaire supérieur avec le Higher School Certificate (A-Level). Les examens de O-level et A-level sont organisés par l'université de Cambridge qui élabore le programme, prépare et imprime les papiers d'examens et fait la correction. Certains étudiants mauriciens se classent premiers dans le monde chaque année pour l'examen international de Cambridge en O Level, A Level et AS Level[32],[33]. Le secteur tertiaire comporte l'étude dans des institutions d'enseignement supérieur, les universités et autres établissements d'enseignement technique. Les deux principales universités publiques du pays sont l'université de Maurice et l'université de Technologie. Le taux d'alphabétisation est estimée à 89,8 % en 2011 selon le recensement effectué par le Centre Statistics de Maurice[29].
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+ L'île Maurice a l’une des économies les plus prospères et compétitives en Afrique. En 2014, elle est classée premier pays du continent pour ce qui est du climat d'investissement, de la bonne gouvernance pour la cinquième année consécutive et 8e dans le monde en termes de liberté économique[34]. L'Indice de la facilité de faire des affaires 2019 de la Banque mondiale classe l'île Maurice au 13e rang mondial sur 190 économies en termes de facilité de faire des affaires[35].
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+ Selon le FMI, l’estimation du PIB en 2014 était de 12,025 milliards de dollars, le RNB par habitant était 9 300 dollars[36], l’un des plus élevés en Afrique[3].
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+ Maurice est également le plus grand investisseur étranger en Inde, d'avril 2000 à décembre 2011, le flux d'IDE en Inde était de 62 470,80 millions de US$ ce qui représente plus de 39 % des entrées totales[37].
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+ Le pays est par ailleurs à la fois membre du Commonwealth of Nations et de l'Organisation internationale de la francophonie.
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+ Étant dépendante de la production de sucre depuis son indépendance acquise en 1968, Maurice a connu une évolution économique fulgurante. L'île est passée d'un statut de pays à bas revenus, dont l'économie reposait sur l'agriculture, à un statut de pays dit « émergent ».
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+ Maurice a mis au point une économie diversifiée basée sur des piliers importants comme les secteurs industriel, services financiers, l'éducation, tourisme (14 % des emplois), technologies de l'information et de la communication, de fruits de mer, la santé, l'énergies renouvelables, et externalisation des processus métier. Le taux croissance du PIB réel reste fort même s'il à légèrement ralenti à 4,1 % en 2011, passant de 4,2 % en 2010, avec des projections montrant une croissance modérée de 4,0 % en 2012, la zone euro, la principale destination d'exportations du pays, tombe dans une autre récession.
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+ Selon la Commission des services financiers de Maurice, les activités financières et les activités d'assurance représentaient 11,1% du PIB du pays en 2018[38]. Au fil des ans, Maurice s'est positionnée comme la plaque tournante privilégiée pour les investissements en Afrique en raison de sa position stratégique entre l'Asie et l'Afrique, son cadre légal hybride et solide, sa facilité de faire des affaires, les traités de protection des investissements et de non-double imposition de taxe, sa main-d'œuvre qualifiée et multilingue, sa stabilité politique et son faible taux de criminalité avec une infrastructure et une connectivité modernes. Le pays abrite de nombreuses banques internationales, des cabinets d’avocats, de services de gestion des entreprises, de fonds d’investissement et de fonds de capital-investissement. Les produits et services financiers comprennent la banque privée, le global business, l’assurance et la réassurance, les sociétés à responsabilité limitée, les entreprises à cellules protégées, les sociétés de fiducie et de fondation, les services de banque d’investissement et l’administration du siège social[39]. En juillet 2019, le rapport sur l’investissement dans le monde, de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), positionne Maurice comme hub financier de l’Afrique. Des investissements étrangers directs (IDE) d’environ 46 milliards de dollars (environ 1 656 milliards de Rs), destinés au continent africain, ont transité à travers la juridiction financière internationale de Maurice, en 2018. Le rapport met ainsi en lumière le rôle important que joue le pays dans la circulation des investissements régionaux et intra régionaux[40].
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+ Dû au faible régime fiscaux du pays, Maurice est souvent accusée de favoriser le détournement de recettes fiscales au détriment d'autres États. En 2019, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), avait publier des centaines de milliers de dossiers, e-mails et contrats confidentiels, sur des transactions de la branche mauricienne de Conyers Dill and Pearman, une compagnie basée aux Bermudes, et rachetée par trois Mauriciens. Même si L'ICIJ précise que les documents ne démontrent pas d'agissements illégaux, comme cela avait pu être le cas avec les Panama Papers, qui dénoncaient de l'évasion fiscale, cela avait provoquée un tollé médiatique[41]. Comparer à d’autre pays qui sont classés comme Paradis fiscaux, le secteur du Global Business représente que 6 % du Produit intérieur brut (PIB) du pays parmi d’autres secteurs tels que les services financiers, le tourisme, le manufacturier, entre autres[42].
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+ Le pays s'est construit une solide réputation en s'appuyant sur les meilleures pratiques et en adoptant un cadre juridique et réglementaire solide pour démontrer sa conformité aux exigences internationales en matière de transparence accrue. En juin 2015, Maurice a adhéré à la Convention relative à l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale et dispose actuellement d'un mécanisme d'échange d'informations avec 127 juridictions. Maurice est l'un des membres-fondateurs du groupe de lutte contre le blanchiment d'argent en Afrique orientale et australe et a été à l'avant-garde de la lutte contre le blanchiment d'argent et d'autres formes de criminalité financière. Le pays a adopté l'échange d'informations sur une base automatique conformément à la Common Reporting Standard et à la Foreign Account Tax Compliance Act[43]. Maurice n'est pas sur la liste noire de l'Union européenne (UE). Selon l'UE, en 2019, Maurice avait honoré ses engagements de remédier aux manquements constatés dans son régime. Le régime de port franc n'est plus préférentiel, des exigences de substance ont été introduites et la question de l'absence de règles anti-abus a été traitée par l'introduction de règles relatives aux sociétés étrangères contrôlées largement alignées sur celles de la directive de l'UE sur la lutte contre l'évasion fiscale[44]. Maurice figure sur la liste blanche de l'OCDE parmi les pays ayant substantiellement mis en œuvre les normes fiscales convenues au niveau international. La liste blanche de l'OCDE examine les juridictions sous plusieurs angles ; transparence fiscale, fiscalité équitable, mise en œuvre des mesures BEPS de l’OCDE et exigences de fond pour les pays à taux zéro[45].
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+ L'île est desservie par l'aéroport international Sir-Seewoosagur-Ramgoolam, situé à Plaine Magnien ; c'est le hub de la compagnie aérienne nationale Air Mauritius.
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+ D'après le recensement de 2011, les principales religions sont les suivantes[46] :
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+ La République de Maurice est le seul pays africain à majorité hindoue[24].
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+ Les fêtes et jours féries sont un reflet de la société pluriculturelle évoluant à Maurice et issue de l'histoire complexe du pays. Tandis qu'il existe quatre jours fériés républicains (1er et 2 janvier, le 12 mars et le 1er mai), les autres sont attribués sur des critères communautaires et religieux. Il y a des festivals hindous, des festivals chinois, des festivals musulmans, ainsi que des festivals chrétiens.
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+ Il y a 15 jours fériés annuels à l'île Maurice. Sept d'entre eux sont des jours fériés fixes : 1er et 2 janvier, 1er février, 12 mars ; 1er mai, 2 novembre et 25 décembre. Les jours restants sont des fêtes religieuses dont les dates varient d'année en année. La liste ci-dessous concerne uniquement les jours fériés, plusieurs autres festivités et célébrations d'importance comme le Festival International Kreol, le Carnaval de Maurice, Holi, Raksha Bandhan et le pèlerinage du Père Laval existent également à Maurice.
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+ Deux genres musicaux locaux sont présents sur l'île.
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+ Le séga et le séga ravanne (séga typique de l'ancien temps), musique et danse créole endémique de Maurice.
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+ Les chants et danses en langue bhojpuri qui continuent à jouir d'un certain intérêt malgré le déclin de cette langue sur l'île.
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+ D'autres courants musicaux font partie de la richesse musicale de l'île, on retrouve le reggae avec des artistes très populaires tel que Kaya.
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+ La nouvelle génération musicale s'inspire du ragga et du dancehall. Des groupes notables occupent la scène depuis des années et sont devenus des références socio-politiques pour leur engagement (Otentik Street Brothers dit OSB).
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+ Les musiques indiennes, principalement de Bollywood représentent une partie importante de la musique écoutée sur l'île avec des concours de chants en langue hindi organisés par la chaîne nationale.
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+ Tout comme l'île, la gastronomie aussi a un mélange culturel. On peut goûter des plats d'origine chinoise, tout comme des plats d'origine africaine en passant par l'Inde et l'Europe. Une gastronomie dont les mauriciens se réjouissent et sont très fiers. Les principaux plats mauriciens sont: les nouilles sautées à la sauce soja, le carry poulet et puis le rougaille à la viande.
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+ Le sport favori des Mauriciens est le football et l'équipe nationale est le Club M. Les autres sports qui sont populaires à Maurice sont le cyclisme, le tennis de table, le badminton, le volley-ball, le basket-ball, le handball, la boxe, la pétanque, le judo, le karaté, le taekwondo, l'haltérophilie, la musculation et l'athlétisme.
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+ Les équipes nationales de Maurice ont eu peu de succès au niveau international due à plusieurs raisons, notamment une faible population, le manque de financement et une culture locale qui valorise plutôt la réussite scolaire que d'autres activités. Maurice est assez compétitif au niveau régional dans l'océan Indien, Maurice recueille des médailles d'or, d'argent et de bronze aux Jeux des îles de l'océan Indien. Les deuxième (1985) et cinquième éditions (2003) des Jeux des îles ont été organisées à Maurice. En 2008, Maurice remporte sa première médaille olympique à Pékin : Bruno Julie remporté la médaille de bronze en boxe.
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+ Les courses hippiques font également partie intégrante du patrimoine culturel de l'île, puisqu'elles remontent à 1812, lorsque le Champ de Mars a été inauguré à Port-Louis, ce qui en fait le plus ancien hippodrome de l'hémisphère sud. Huit courses s'y déroulent tous les samedis de mars à décembre, dont la plus célèbre est la Maiden Cup.
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+ Drapeau de Maurice.
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+ Armoiries de Maurice.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Maurice a pour codes :
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+ Le mauve est un groupe de nuances du champ chromatique violet, rappelant la couleur pâle de certaines variétés d'une fleur, la mauve[1]. Mauve et violet sont « substituables en contexte »[2], c'est-à-dire, dans certains cas. Selon certains, en Belgique et au Québec, le terme mauve regroupe l'ensemble de ces nuances[réf. nécessaire].
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3
+ Le terme mauve s'emploie principalement en habillement. En dessin et en peinture, il désigne en principe le pigment violet pâle comme la fleur de bourrache qui doit sa couleur à la mauvéine ; il a été utilisé en aquarelle, mais il est remplacé de nos jours par d'autres pigments plus résistants[3].
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+ Le nom de couleur mauve se modifie par clair, pâle, foncé.
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+ Le mauve, nom de couleur, apparaît en français à la fin du XVIIIe siècle. Absent du Dictionnaire universel de Furetière, la couleur se trouve, différenciée du violet, en 1781[4].
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+ En 1786, la couleur mauve fait partie, avec le lilas et le violet, des nuances que l'on peut obtenir avec les teintures à base d'orseille[5]. Vendues en Angleterre, ces teintures étaient appelées mauve ou « French purple ». Elles étaient sans doute à la mode à cette époque ; la modiste Madame Éloffe livre du ruban mauve pour la reine en 1787[6], et Élisabeth Vigée-Lebrun peint en 1789 un portrait de Madame du Barry portant une ceinture mauve.
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+ En 1856, le chimiste William Henry Perkin (1838-1907) découvre en travaillant sur la quinine, un dérivé oxydé de l'aniline, l'allyltoluidine, un précipité rouge-brun qui se révèle un très bon colorant textile. Il l'appelle pourpre aniline ou mauvéine. C'est le premier colorant synthétique utilisable par l'industrie. Après l'invention des teintures d'aniline, le mot mauve désigne en anglais une couleur, plutôt qu'un procédé de teinture[7].
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+ Peu après, les nouvelles couleurs, produites dans un grand nombre de nuances de pourpre, mauve, violet, lilas, envahirent la mode[8] ; ce goût semble avoir duré[9]. En 1935, André Maurois écrira rétrospectivement « l'essayiste américain Thomas Beer a donné jadis à la décade 1890-1900 le nom de décade mauve[10] ». On ne peut pas plus assurer que le « mauve » de la « décade mauve » désigne ce que nous appellerions un mauve, si tant est qu'on puisse s'accorder sur ce point, que cette « décade » corresponde à un décennie particulière. Les chimistes britanniques vendirent ces nouvelles couleurs sous des noms commerciaux français, exotiques pour leurs clients ; il en résulte que les noms de couleur des gammes des violets, pourpres (purple), roses (pink) et mauves désignent fréquemment des nuances différentes en anglais et en français.
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+
15
+ Au XIXe siècle, Chevreul s'est attaché à définir les couleurs. Il les situe dans une sphère dont les teintes sont repérées entre elles et par rapport aux raies de Fraunhofer du spectre lumineux, et du blanc au noir. Il cite le mauve parmi les « noms de couleur le plus fréquemment usités dans la conversation et dans les livres », le décrivant comme un 3 violet 8 ton[11], ce qui désigne une couleur médiane entre violet et violet-rouge, six tons plus claire et lavée de blanc que la pleine teinte[12]. Le 3 violet 8 ton visble dans la version imprimée du cercle chromatique de Chevreul est, après plus d'un siècle de conservation, nettement rompu[13]. Le Lilas-mauve du fabricant de soieries Guinon est 5 bleu-violet[14], c'est-à-dire violet pâle tirant légèrement sur le bleu.
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17
+ Le Répertoire de couleurs de la Société des chrysanthémistes (1905) présente quatre mauves. Le « mauve (vrai) » n° 181, a le ton le plus fort, le « mauve lilacé » n° 193 le plus faible (lavé de blanc). Le « mauve pourpré » n° 186 et « mauve violacé » n° 195 sont similaires, plus pâles et de même force[15]. Chaque couleur est donnée sur quatre tons. Le Répertoire témoigne aussi de l'acception plus large que le terme mauve a en anglais « mauve rose » est un synonyme de « Rose malvacé : Dégradations, vers le blanc, du ton clair de l'Amarante » (n° 181), « vinous rose », de « violet vineux » (n°184)[16].
18
+
19
+ Maurice Déribéré donne un champ des mauve entre x=0,285, y=0,207    et x=0,337, y=0,232   , excluant les couleurs moins saturées, qu'il désigne comme prune[17] ; mais dans un autre diagramme de chromaticité similaire, le mauve est un violet lavé de blanc, entre x=0,23, y=0,15    et x=0,33, y=0,17   [18]. Pour Maurice Jay, une rose mauve a les valeurs L*a*b* L*=62, a*=13, b*=-7[19].
20
+
21
+ Dans les nuanciers actuels, on trouve, en peinture pour la décoration mauve[20], Mauve[21] mauve d'antan[22], mauve poudré[23] ; en fil à broder 155 mauve[24].
22
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23
+ Les nuanciers des couleurs fines pour les beaux-arts mettent en évidence la différence de sens de « mauve » en anglais et en français de France. Le Permanent mauve de Daler & Rowney est le pigment PV23 (dioxazine)[25]. Dans la marque francophone Lefranc-Bourgeois, le même pigment sert pour la couleur à l'huile Violet bleuté[26].
24
+
25
+ Au cours des années 1990, le mauve saturé et le grenat violacé ont été très utilisés sur les tissus[27].
26
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27
+ En Belgique, les uniformes des gardiens de la paix sont dits « mauves[28] ». Le RSC Anderlecht désigne comme mauve sa couleur distinctive[29].
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+ En français, les adjectifs de couleur qui proviennent de noms d'objets sont invariables (des robes marron, et non pas marronnes). Ce n'est pas le cas de « mauve », qui s'accorde : « des robes pervenche avec des rubans mauves ».
30
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+ Il se peut qu'il ne s'agisse pas d'une exception « car bien des espèces végétales avaient été elles-mêmes désignées par la couleur très significative de leur floraison : rose, lilas, mauve, violette[30] »… Et en effet, c'est « par sa couleur que la mauve en est venue à s'appeler μαλἀχη en grec, malva en latin, et non par emprunt à l'hébreu malluah. L'indo-européen mel désigne précisément la couleur violâtre, noirâtre (lat. mulleus « pourpre », a. prus. : melne « tache bleuâtre », ligh. mêlas « bleu », etc.)[31] ».
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+ Guillaume-Alexandre
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+ Willem-Alexander (prononcé en néerlandais : /ˈʋɪ.ləm ɑ.lɛ.ˈksɑn.dər/, parfois francisé en Guillaume-Alexandre), né le 27 avril 1967 à Utrecht, est roi des Pays-Bas depuis le 30 avril 2013.
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+ Fils aîné du prince Claus van Amsberg et de la reine Beatrix, il devient prince d'Orange lorsque sa mère monte sur le trône le 30 avril 1980, après l'abdication de la reine Juliana. Après avoir servi dans la Marine royale néerlandaise, il fait ses études supérieures à la faculté d'histoire de l'université de Leyde. En 2002, il épouse Máxima Zorreguieta, ressortissante argentine qu'il rencontre lors d'une foire en Espagne, dont il a trois filles : Catharina-Amalia (née en 2003), Alexia (née en 2005) et Ariane (née en 2007).
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+ Après l'abdication de sa mère Beatrix en 2013, Willem-Alexander devient roi des Pays-Bas. À côté de ses obligations institutionnelles, il travaille à temps partiel pour la compagnie aérienne KLM en tant que copilote sur le réseau européen[1]. Avec 85 % d'avis favorables en 2018, il est l'un des chefs d'État les plus populaires d'Europe[2].
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+ Willem-Alexander Claus George Ferdinand naît à l'hôpital de l'université d'Utrecht. Il est le premier enfant de la princesse Beatrix et du prince Claus, et le premier petit-enfant de la reine Juliana et du prince Bernhard. Il est le premier enfant royal de sexe masculin depuis la naissance du prince Alexandre en 1851, et le premier héritier masculin direct depuis la mort de ce dernier en 1884.
12
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+ À sa naissance, Willem-Alexander reçoit les titres de prince des Pays-Bas (en néerlandais : Prins der Nederlanden) et prince d'Orange-Nassau (en néerlandais : Prins van Oranje-Nassau). Il est baptisé selon le rite de l'Église réformée des Pays-Bas le 2 septembre 1967 en l'église Saint Jacob de La Haye. Ses parrains et marraines sont le prince Bernhard, la baronne Gösta Freiin von dem Bussche-Haddenhausen, le prince Ferdinand von Bismarck, l'ancien Premier ministre Jelle Zijlstra, Jonkvrouw Renée Röell, et la princesse héritière Margrethe de Danemark (future reine Margrethe II).
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+ Le prince a deux jeunes frères : le prince Friso (1968-2013) et le prince Constantijn (né en 1969). Il vit avec sa famille au château de Drakensteyn de sa naissance à 1981, où il déménage au sein du plus grand palais de Huis ten Bosch à La Haye.
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17
+ Après 31 ans de règne, sa grand-mère la reine Juliana abdique le 30 avril 1980, et sa mère Beatrix devient reine des Pays-Bas. Il reçoit alors le titre de prince d'Orange, en sa qualité d'héritier du trône du royaume des Pays-Bas.
18
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+ Après ses études primaires et secondaires réalisées à Baarn puis La Haye, le prince Wilem-Alexander obtient un baccalauréat international à l'Atlantic College au pays de Galles en 1985. Après son service militaire de 1985 à 1987, il étudie l'histoire à l'université de Leyde. Son sujet de maîtrise porte sur la décision du général Charles de Gaulle de quitter le commandement intégré de l'OTAN en 1965. Dans sa jeunesse, Willem-Alexander est considéré comme dissipé, étant surnommé « le prince Pils » pendant ses études, du nom d'une variété de bière[3]. À un jeune âge, il dit notamment que « toute la presse néerlandaise [est] pourrie » (Alle Nederlandse pers opgerot) devant les caméras, avant que sa mère ne le réprimande[réf. nécessaire]. Devenu majeur, il fait la une des journaux après avoir perdu le contrôle de sa voiture qui termine dans un canal.
20
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+ En 1991, il devient bénévole pour l'African Medical Research and Education Foundation au Kénya et passe notamment un mois à bord des avions du Kenya Wildlife Service. L'année suivante, il court le marathon de New York sous un faux nom. Avant son accession au trône, le roi était membre d'associations impliquées dans les problèmes de gestion de l'eau et les sports[3], pratiquant par ailleurs le patin à glace.
22
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23
+ En 2017, il est révélé qu'il travaille comme copilote pour KLM au moins deux fois par mois, depuis 21 ans, aux commandes d'un Fokker 70, notamment sur de petits vols en Europe du Nord. L'une des raisons avancées est son désir de ne pas laisser sa licence de pilote expirer faute de pratique. Il suit une formation durant l'été 2017 pour pouvoir piloter des Boeing 737 pour la compagnie, les Fokker étant progressivement retirés de la flotte. En novembre 2018, il est notamment copilote d'un Boeing lors d'un vol reliant Amsterdam à Istanbul[4]. Il effectue ses prestations de manière anonyme, mais certains passagers reconnaissent parfois sa voix au micro lors des annonces[5].
24
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25
+ Il se marie le 2 février 2002 avec Máxima Zorreguieta, dans la Nieuwe Kerk d'Amsterdam. Leur union est l'objet d'une polémique en raison du passé du père de la nouvelle princesse, Jorge Zorreguieta, qui a été ministre de l'Agriculture en Argentine de mars 1979 à mars 1981, sous la dictature du général Jorge Rafael Videla (1976-1981), au cours de laquelle des milliers de personnes ont disparu. L'absence du père de la mariée au mariage et aux festivités met un terme à la polémique.
26
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27
+ Dans l'optique de son accession au trône royal, Willem-Alexander doit renoncer à son statut militaire actif. Avant son investiture en tant que roi des Pays-Bas, il se voit accorder à sa demande une libération honorable. En effet, le prince d'Orange détient jusqu'alors le grade de commodore dans la Marine royale néerlandaise et les grades d'officiers généraux correspondants dans les autres services armés. Cependant, en tant que chef de l'État et membre du gouvernement, le roi ne peut plus occuper de poste militaire actif dans les forces armées. Le prince a expliqué la situation au personnel du ministère de la Défense dans sa publication hebdomadaire Defensiekrant[6].
28
+
29
+ Le 28 janvier 2013, la reine Beatrix annonce son intention d'abdiquer le 30 avril suivant[7], date à laquelle son fils doit lui succéder, devenant le premier homme à occuper le trône depuis le 23 novembre 1890. Il avait indiqué dans le NOS Journaal du 28 mars 2009 que son nom en tant que roi serait Guillaume IV (Willem IV en néerlandais), mais, le 28 janvier 2013, la Maison royale annonce que son nom de règne sera finalement Willem-Alexander[8],[9]. Ce revirement est justifié par la volonté du nouveau roi de moderniser la monarchie néerlandaise : il souhaite en effet régner sous son nom de naissance et précise ne pas tenir au titre de « Sire »[3].
30
+
31
+ À l'âge de 46 ans et 3 jours, Willem-Alexander est le deuxième monarque le plus âgé des Pays-Bas au moment de son accession au trône. Seul le roi Guillaume II est plus âgé quand il monta sur le trône à l'âge de 47 ans, 10 mois et un jour. Les autres souverains néerlandais étaient plus jeunes à leur avènement : le roi Guillaume Ier a 41 ans, 2 mois et 3 jours lorsqu'il est devenu prince souverain en 1813, le roi Guillaume III a 32 ans et un mois, la reine Wilhelmine, 18 ans et 6 jours, la reine Juliana, 39 ans, 4 mois et 4 jours et la reine Beatrix, 42 ans, 2 mois et 30 jours. Dans le même temps, le nouveau roi devient le monarque le plus jeune d'Europe[10].
32
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+ Lors des festivités, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont réunies sur la place du Dam devant le palais royal de la capitale néerlandaise, signe de la popularité de la monarchie aux Pays-Bas[3]. La date de succession n'est pas choisie au hasard : ce jour est celui du 33e anniversaire de l'intronisation de sa mère. Sous le règne de Beatrix, le 30 avril est célébré comme fête de la Reine, la fête nationale des Pays-Bas. Sous Willem-Alexander, la fête du Roi redevient l'anniversaire du roi (27 avril). Beatrix préfère célébrer la fête le jour de l'anniversaire de son accession au trône au lieu de son propre anniversaire, le 31 janvier, expliquant que ce jour est moins favorable pour organiser des activités en extérieur. L'intronisation de Willem-Alexander a lieu dans la Nieuwe Kerk, église proche du palais royal d'Amsterdam sur la place du Dam[3]. Il devient ainsi le septième monarque des Pays-Bas depuis 1815.
34
+
35
+ En tant que roi, il représente les Pays-Bas à l'étranger et préside certains comités nationaux à titre honorifique. Il apporte également son soutien à des associations aidant des personnes sans-abri[11], âgées, et des enfants issus de milieux populaires. En 2015, une affaire fuite dans la presse selon laquelle le roi fait barrage à son Premier ministre Mark Rutte pour que celui-ci ne diminue pas la somme allouée aux services de santé[12] : le monarque finit par confirmer l'information et se justifie de cette intrusion dans le processus politique en affirmant qu'« aux Pays-Bas, les gens doivent pouvoir compter sur une bonne aide médicale ». L'année suivante, il dit regretter le résultat du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne comme un éloignement des peuples.
36
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37
+ Son style proche des gens ordinaires fait de lui un monarque populaire. Selon un sondage réalisé en 2015, 89 % des Néerlandais estiment que les Pays-Bas doivent rester un royaume à l'avenir[13]. Il célèbre en 2017 ses cinquante ans en invitant au palais 150 citoyens nés le même jour que lui, tirés au sort par une loterie[14].
38
+
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+ Il participe à la réunion du groupe Bilderberg de 2016 et 2017[15],[16],[17],[18]. Willem-Alexander accorde le 22 juin 2018, sur proposition du gouvernement, le titre honorifique de ministre d'État à l'ancienne ministre du Logement Sybilla Dekker, à l'ancien ministre des Affaires étrangères et ex-secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer, ainsi qu'à l'ancienne ministre de la Justice Winnie Sorgdrager. Il est fait chevalier de l'ordre de la Jarretière par la reine Élisabeth II lors de sa visite d'État le 22 octobre 2018[19].
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+
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+ Le 20 mars 2020, le roi prend la parole lors d'une allocution télévisée. Le roi Willem-Alexander a appelé à l’unité et il a chaleureusement remercié le personnel du secteur médical pour le travail acharné et salvateur qu’ils fournissent. Pendant cette prise de parole, il déclare : « « Notre vie quotidienne a radicalement changé en quelques semaines. Le coronavirus nous affecte tous, aux Pays-Bas, dans les Caraïbes du Royaume et dans le monde. Les personnes les plus touchées sont les personnes gravement malades et leurs familles. Nous envoyons nos condoléances aux proches des personnes décédées et pensons aux patients atteints du coronavirus, à la maison ou à l’hôpital ». » Le roi avait déjà fait savoir sa gratitude en publiant sur ses réseaux sociaux une vidéo amateur dans laquelle, lui et sa famille applaudissent le personnel médical à l’aide de casseroles[20]. Le 5 mai 2020 ont lieu les commémorations du Jour du Souvenir mais cette année, la cérémonie qui rend hommage aux quelque 200.000 civils et soldats du royaume morts durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi qu’aux militaires tombés au champ d'honneur lors des conflits et opérations de maintien de la paix depuis 1945, se déroule dans le contexte de la Pandémie de Covid-19. Le couple royal n’était accompagné que du Premier ministre et de quelques autres personnes. D’ordinaire, la place regorge de monde, entre les officiels, les anciens combattants et le public.
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+ Le roi Willem-Alexander fête son 53e anniversaire le 27 avril 2020, et règne désormais depuis plus de sept ans. Après la disparition ou l'abdication du roi c'est sa fille aînée, la princesse d'Orange, qui sera appelée à régner.
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+ Trois filles sont nées du mariage de Willem-Alexander et de Máxima Zorreguieta, titrées princesses avec prédicat d'altesse royale :
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+
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+ En 2010, la monarchie néerlandaise perçoit 37 843 000 euros pour les infrastructures utilisées, dont 5 102 000 euros au titre de la liste civile. La famille royale néerlandaise est l'une des moins riches au monde, avec des possessions ayant une valeur totale estimée à 200 millions d'euros. Selon un sondage réalisé en 2015[24], une majorité de Néerlandais estiment qu'au vu de sa fortune, la famille royale devrait recevoir moins d'argent public. Cependant, une majorité dit également apprécier les actions financières du roi, qui reverse certains de ses revenus à des organismes favorisant l'insertion sociale, le sport et le développement international. Le roi ne paie pas d'impôt sur le revenu, plusieurs personnalités politiques militant pour la suppression de cet avantage.
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+ Willem-Alexander est représenté sur les timbres postaux suivants :
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+ Mayence (en allemand : Mainz, prononcé /maɪ̯nt͡s/, en latin classique Mogontiacum, devenu Magontia en latin tardif) est une ville allemande, capitale, arrondissement et plus grande ville du Land de Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz). Entourée de vignobles (Mayence est la première ville d'Allemagne pour le commerce du vin), elle est située sur la rive gauche du Rhin, en face du confluent du Main.
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+ Mayence est une ancienne cité romaine, une ville universitaire et un archevêché ; son archevêque était l'un des sept (huit à partir de la réforme des institutions du Reich en 1648, puis neuf en 1692, et à nouveau huit en 1777) princes-électeurs du Saint-Empire romain germanique.
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+ C'est aussi le siège de nombreuses entreprises médiatiques. Elle est entourée de villes importantes comme Mannheim, Darmstadt, Wiesbaden et Francfort-sur-le-Main.
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+ Ville natale de Johannes Gutenberg. Ancien chef-lieu du département du Mont-Tonnerre.
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+ Sa cathédrale a plus de 1 000 ans.
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+ Les habitants de Mayence sont les Mayençais (Mainzer en allemand).
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+ La ville a mis au point un système de signalisation très simple : les rues inscrites en rouge et blanc mènent au Rhin tandis que les rues en bleu et blanc lui sont parallèles.
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+ La ville est située sur la rive ouest (à gauche) du Rhin, qui forme la limite nord et est de la ville; à 500 kilomètres en aval du lac de Constance à mi-chemin du Rhin de la mer du Nord. Le « bassin de Mayence » est une dépression du Tertiaire. Il fait partie de la zone nord du bas fossé rhénan, délimité au sud par les collines du Hesse rhénane et au nord par le massif du Taunus. Mayence en parcourant le 50e parallèle nord.
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+ 1 Rattaché depuis août 1945 à Wiesbaden
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+ 2 Commune à part entière dans l’arrondissement de Groß-Gerau
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+ À Mayence siègent différentes grandes chaînes de télévision et de radio allemandes :
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+ Mayence-Hesse-rhénane fait partie du Réseau des Capitales de Grands Vignobles « Great Wine Capitals » avec les autres huit villes membres du réseau : Adelaide-South Australia, Bilbao-Rioja, Bordeaux-Vignoble de Bordeaux, Le Cap, Mendoza-Vignoble de Mendoza, Porto, San Francisco-Napa Valley et Valparaiso-Valley de Casablanca. Le Fonds de promotion des vins allemands Deutscher Weinfonds et son organe exécutif Deutsches Weininstitut est établi à côté du théâtre d'État. Le fonds et le DWI occupent 40 salariés, et travaillent en outre avec des agences, des représentants particuliers et de multiples commissions consultatives diverses.
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+ Les couleurs des armes de Mayence sont celles de l'évêque de Mayence, de gueules (rouge) et d'argent (blanc). Deux roues blanches reliées par une croix de même couleur sur fond rouge sont les armoiries de Mayence. Ces roues rappellent, selon la tradition, la profession du père de Willigis, archevêque de la ville.
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+ Armoiries de Mayence
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+ Armoiries de Mayence sous le Premier Empire
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+ Électorat de Mayence 983-1242
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+ Saint-Empire (Ville libre) 1242-1462
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+ Électorat de Mayence 1462-1797
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+ République cisrhénane (Mont-Tonnerre) 1797-1802
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+  République française (Mont-Tonnerre) 1802-1804
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+  Empire français (Mont-Tonnerre) 1804-1815
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+ Grand-duché de Hesse 1816-1918
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+ République de Weimar 1918-1933
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+  Reich allemand 1933-1945
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+ Allemagne occupée 1945-1949
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+ Allemagne de l'Ouest 1949-1990
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+ Allemagne 1990-présent
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+ À la suite de la progression vers l’est des armées et des idées de la Révolution française, une République de Mayence fut proclamée le 18 mars 1793, demandant son annexion à la France le 21 et l'obtenant le 30. Cette République de Mayence a été la première démocratie sur le sol allemand. Cet événement est commémoré le 11 novembre de chaque année, 11 symbolisant la devise de la France républicaine : ELF (onze en allemand) donnant les initiales de « Égalité, Liberté, Fraternité ».
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+ Le général Custine, entré dans la ville le 21 octobre 1792[1], doit cependant reculer devant l’avancée prussienne et Mayence est perdue le 23 juillet 1793, à la suite d'un siège des Prussiens.
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+ Ensuite, une éphémère République cisrhénane fut proclamée le 5 septembre 1797 (le traité de Campo-Formio entérinant l’occupation de la rive gauche du Rhin), mais le 4 novembre 1797 le Directoire crée le département du Mont-Tonnerre, organisé le 23 janvier 1798 (arrêté du 4 pluviôse an VI). Ce département a été officiellement intégré au territoire français le 9 mars 1801 et a existé jusqu'au démantèlement de l'Empire en 1814. Sur les conseils de son ministre, par arrêté des Consuls du 3 nivôse an IX (23 décembre 1802), Napoléon rétablit les Chambres de Commerce supprimées en 1791 et en créa 10 nouvelles, Mayence bénéficiait d'une Chambre.
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+ Bonaparte nomma Jean Bon Saint-André préfet de Mont-Tonnerre et le créa baron André Jeanbon Saint André. Il y mourut du typhus. Après la chute de l'empire napoléonien, Mayence devint une place militaire, et une forteresse germanique avec droit de garnison à la fois de la Prusse et de l'Autriche, ce que confirma le recès de Francfort en 1819. Elle le resta jusqu'en 1866, et devint ensuite une forteresse prussienne, dans le cadre de l'armée impériale, jusqu'en 1918[2],[3].
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+ Marquée par une industrialisation tardive après 1872, l'économie de la ville a longtemps reposé sur la présence des administrations et de l'armée.
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+ Après la Première Guerre mondiale, et jusqu’en 1930, Mayence est réoccupée par les Français (voir République rhénane). La ville est bombardée en 1942 et réduite en cendres en 1944. De nouveau, en 1945, Mayence se trouve sous administration de la France, à la limite des zones d’occupation française et américaine. Aujourd’hui la Maison de Bourgogne et l'Institut Français (anciennement Maison de France) située au palais Schönborn, sont chargés, au travers de programmes linguistiques et culturels (CinéMayence notamment), d’entretenir les relations d’amitié entre Mayence et la France.
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+ En tant que ville de la Grande Région, Mayence participe au programme de l'année Européenne de la Capitale de la Culture 2007.
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+ Au début de l’année, les bouffons transforment la métropole en un lieu du carnaval. Le défilé du Rosenmontag, s’irise de mille couleurs chatoyantes.
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+ La Johannisnacht, nuit de la Saint-Jean de Mayence, attire également dans la vieille ville nombre de visiteurs des régions proches et lointaines. Cette fête est organisée à la mémoire du plus célèbre fils de la ville de Mayence, Johannes Gutenberg, qui inventa l’imprimerie à lettres mobiles en 1450 à Mayence. Elle se déroule aux environs du 24 juin.
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+ Depuis 2005, en octobre, la Fête de la bière.
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+ La tour de la cathédrale surpasse en hauteur bon nombre de bâtiments de la ville.
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+ Le Théâtre National de Mayence comprend, depuis sa rénovation en 2001, un cylindre de verre abritant un restaurant
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+ Le parlement du land et Hôtel de l’ordre Teutonique, un des nombreux exemples de architecture baroque à Mayence
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les sportifs disposent de nombreuses infrastructures, stades, gymnases, courts de tennis, piscines, patinoire, bowlings, parcours de santé dans les parcs péri-urbains. La ville de Mayence se démarque dans de multiples sports : en football avec le 1.FSV Mayence 05, SV Weisenau-Mainz et SV 1919 Gonsenheim, en baseball Mainz Athletics, et en natation SSV Undine 08 et SG EWR Rheinhessen-Mainz.
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+ La ville est située à la EuroVéloroute EV15 (Véloroute Rhin de la source du Rhin à Rotterdam).
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+ Mayence, entourée de vignobles de la hesse-rhénane est de Rheingau, est très connue pour son vin. Ces mets sont à déguster dans les "Woistub", restaurants typiquement mayençais, au cadre intime et à l'ambiance chaleureuse, où l'on peut retrouver les spécialités régionales traditionnelles.
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+ Les vins de la Hesse rhénane sont présents dans une grande partie de la région. Un itinéraire a été nommé Route des Weinterrasse. Ces vins, cultivés sur les collines du triangle Mayence - Alzey - Worms, bénéficient d'un micro-climat chaud et ensoleillé à l'origine de la grande variété de cépages, il s’appelle « paradis des vins ». Les vins peuvent se consommer tout au long d'un repas.
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+ Les petits plats incontournables sont le Fleischwurst, à base de porc, le Spundekäs, les côtelettes bouillies (Mainzer Rippchen) et le « Handkäse avec musique » (oignons et vinaigrette). Outre cette cuisine familiale, Mayence produit de nombreux mets raffinés comme la charcuterie très renommée.
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+ Handkäse, fromage fait à la main, avec « musique » (Vinaigrette et oignons)
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+ Mainzer Fleischwurst
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+ Bretzel traditionnel
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+ Mainzer Fleischmagen ou fromage de tête mayençais
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le Weinstub, littéralement local à vin, restitue le mieux l'art de vivre mayençais. À l'origine, il s'agit d'une salle ouverte au public permettant aux propriétaires, les producteurs, d'écouler le surplus de leur production viticole. Le vin est servi en Mainzer Stange, un verre spécial, accompagné de petits plats simples.
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+ Aujourd'hui, le Weinstub est le restaurant typiquement mayençais par son esprit terroir et bistrot. On y retrouve des plats traditionnels tels que les Spundekäse, Handkäse, Fleischwurst et les quenelles de foie. On y mange au coude à coude sur des tables en bois.
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+ La ville a été partiellement (80 %) détruite dans les bombardements de 1942 et 1945. Depuis sa fusion avec plusieurs communes rurales et la création de nouveaux quartiers et zones industrielles dans les années cinquante, puis dans les années soixante, Mayence connaît un fort accroissement démographique. La refondation de l'université Johannes Gutenberg de Mayence, implantée en 1945, a apporté à Mayence une importante population universitaire. La présence d'un grand nombre de résidents étrangers confère à la ville un caractère cosmopolite.
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+ Mayence ville compte 209 779 habitants[13], qui s’étend sur 98 km2. La ville exerce son influence sur un vaste espace rural et viticole qui s'étend sur la Hesse rhénane. Elle évolue et se développe au cœur d'une agglomération et d'un bassin de vie.
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+ Victor Hugo l'évoque dans ses lettres fictives de récit de voyage Le Rhin (1842).
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+ Mayence est jumelée avec des villes du monde entier :
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+ Il existe par ailleurs une amitié commune :
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+ L'Arkansas (prononcé : /aʁ.kɑ̃(n).sa(s)/[3]), les Arkansas (/aʁ.kɑ̃.sa/[3]), ou simplement les Arcs (/ɑɹk/[4]), (prononcé en anglais : /ˈɑɹkənsɔ/[5]), est un État du Sud des États-Unis. Sa capitale et plus grande ville est Little Rock, située au centre du territoire. Avec une population de 2 915 918 habitants en 2010, estimée à 3 017 804 habitants en 2019, sur une superficie de 137 732 km2, l'État est le 32e plus peuplé et le 29e plus vaste du pays. L'Arkansas est entouré par six États : l'Oklahoma à l'ouest, le Missouri au nord, le Tennessee et le Mississippi à l'est, le Texas au sud-ouest et la Louisiane au sud. Il est divisé en 75 comtés. Surnommé The Natural State (« l'État naturel »), il présente des paysages variés : des chaînes montagneuses telles que les Monts Ozarks ou les Montagnes Ouachita ; au sud, des forêts denses nommées Timberlands de l'Arkansas (en) ; à l'est, les plaines du Mississippi et du delta de l'Arkansas (en).
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+ Le nom de l'État provient du nom de la langue Sioux et désigne les Indiens Quapaw. Il forme un territoire dès 1819 et est admis dans l'Union le 15 juin 1836, dont il devient le 25e État. Esclavagiste, il repose sur l'économie de plantation (coton, riz) et se joint aux États confédérés durant la Guerre de Sécession (1861-1865). Après avoir réintégré l'Union, l'Arkansas connaît une crise due à l'effondrement des structures économiques et sociales antérieures. Les intérêts des Blancs ruraux dominent la vie politique locale jusqu'au Mouvement des droits civiques, au milieu du XXe siècle. L'État demeure ségrégationniste jusqu'à la fin des années 1960. Il est aujourd'hui un territoire populaire, conservateur, dont l'ancrage républicain se confirme depuis les années 2000. Néanmoins, l'État demeure de tradition démocrate au niveau local et beaucoup d'électeurs se considèrent toujours Dixiecrats. La tradition conservatrice de cet État s'illustre par l'application de la peine de mort par injection létale et l'interdiction du mariage homosexuel à la suite d'un référendum.
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+ L'Arkansas demeure un État à dominante agricole. En plus des plantations traditionnelles, il produit du soja, et tend à se spécialiser dans l'arboriculture et l'élevage de poulets. Les ressources en hydrocarbures ont également permis une industrialisation durant l'après-guerre, avec la création de papeteries, de scieries, d'usines métallurgiques (aluminium) et textiles. Durant les dernières décennies, l'Arkansas voit son économie se diversifier dans les services, accueillant des sièges sociaux de grandes entreprises (Walmart, Tyson Foods), ainsi que des aciéries et des constructeurs aéronautiques. En outre, des personnalités comme le sénateur J. William Fulbright, le chanteur de country Johnny Cash ou l'ancien président Bill Clinton en sont originaires.
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+ Le nom Arkansas est l'interprétation française d'un mot sioux : acansa, qui signifie « lieu en aval ». En français louisianais, l'État est appelé les Arcs, dénomination qui serait à l'origine du nom des monts Ozarks (« aux Arcs »)[6] et d'un certain nombre de toponymes locaux (Des Arc, Bayou Des Arc).
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+ État du Sud des États-Unis, il a une superficie de 137 754 km2 pour une population de 2 915 918 habitants au recensement de 2010 (33e État sur 50). La rivière Arkansas, un affluent du Mississippi, traverse l'État d'ouest en est, séparant les différentes régions. Ses paysages sont diversifiés : au nord-ouest se trouvent les monts Boston (en) et les monts Ozarks, au sud les montagnes Ouachita, tandis que le reste de l'État est composé de terres basses fertiles qui servent à l'agriculture.
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+ L'Arkansas est frontalier du Missouri au nord, du Tennesse au nord-est, le Mississippi à l'est, de la Louisiane au sud, du Texas, au sud-ouest et de l'Oklahoma à l'est. Le fleuve Mississippi marque la frontière Est de l'État sauf au nord-est, dans les comtés de Clay et de Greene où c'est la rivière Saint Francis qui forme la frontière, à l'ouest du Missouri BootheelMissouri Bootheel. Pour le Mississippi, la frontière suit le cours que le fleuve avait en 1836, la frontière ne suit donc pas exactement son cours actuel, avec l'évolution naturelle de ses méandres ou parce qu'il a été redressé par endroits par l'homme.
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+ Little Rock est la capitale et plus grande ville de l'état (193 000 habitants en 2010) et son aire urbaine, appelée Central Arkansas (en), est la principale aire urbaine de l'État avec 735 000 habitants en 2016. La seconde est Northwest Arkansas (en) (NWA) dont les villes de Fayetteville, Springdale, Rogers et Bentonville, respectivement la troisième, quatrième, huitième et dixième plus grandes villes de l'Arkansas.
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+ Le climat de l'Arkansas est subtropical humide, avec des hivers plutôt doux mais ponctués parfois de vagues de froid et des étés chauds et humides.
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+ L'Arkansas contient plusieurs régions protégées par le National Park System, dont :
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+ La Piste des Larmes traverse aussi l'État.
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+ Le nom de l'État vient de la tribu amérindienne des Arkansas (ou Quapaws). Il forma un territoire dès 1819, mais ne devint État qu'en 1836. Il fit partie des États confédérés d'Amérique du 6 mai 1861 jusqu'à la fin de la guerre de Sécession en 1865.
26
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+ Orval Faubus, gouverneur de l'Arkansas de 1955 à 1967 fut connu pour sa défense de la ségrégation raciale dans les écoles de Little Rock, la capitale de l'Arkansas.
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+
29
+ L'État de l'Arkansas est divisé en 75 comtés[7].
30
+
31
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini huit aires métropolitaines et quatorze aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de l'Arkansas[8].
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+
33
+ (463 204)
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+
35
+ (491 966)
36
+
37
+ (6,2 %)
38
+
39
+ (280 467)
40
+
41
+ (279 974)
42
+
43
+ (-0,2 %)
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+
45
+ (149 198)
46
+
47
+ (149 619)
48
+
49
+ (0,3 %)
50
+
51
+ (1 324 829)
52
+
53
+ (1 341 746)
54
+
55
+ (1,3 %)
56
+
57
+ En 2010, 79,9 % des Arkansasais résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 60,1 % dans une aire métropolitaine et 19,8 % dans une aire micropolitaine.
58
+
59
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini quatre aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de l'Arkansas.
60
+
61
+ (1 353 087)
62
+
63
+ (1 369 006)
64
+
65
+ (1,2 %)
66
+
67
+ L'État de l'Arkansas compte 502 municipalités[9], dont 14 de plus de 30 000 habitants.
68
+
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+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État de l'Arkansas à 3 017 804 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 3,49 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 2 915 918 habitants[2]. Depuis 2010, l'État connaît la 29e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
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+
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+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, l'Arkansas devrait atteindre une population de 3 850 237 habitants en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, soit une hausse de 31,8 % par rapport à 2010[10].
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+
73
+ Avec 2 915 918 habitants en 2010, l'Arkansas était le 32e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,94 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le sud du comté de Conway[11].
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+ Avec 21,64 hab./km2 en 2010, l'Arkansas était le 34e État le plus dense des États-Unis.
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+ Le taux d'urbains était de 56,2 % et celui de ruraux de 43,8 %. L'État comptait le 6e plus fort taux de ruraux du pays[12].
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+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,2 ‰[13] (13,0 ‰ en 2012[14]) et le taux de mortalité à 9,9 ‰[15] (10,2 ‰ en 2012[16]). L'indice de fécondité était de 2,00 enfants par femme[13] (1,97 en 2012[14]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 7,3 ‰[15] (7,0 ‰ en 2012[16]). La population était composée de 24,40 % de personnes de moins de 18 ans, 9,74 % de personnes entre 18 et 24 ans, 25,45 % de personnes entre 25 et 44 ans, 26,00 % de personnes entre 45 et 64 ans et 14,40 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 37,4 ans[17].
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+
81
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 43 457) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 31 262) avec un excédent des naissances (125 153) sur les décès (93 891), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 12 703) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 9 617) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 3 086)[18].
82
+
83
+ Selon des estimations de 2013, 94,8 % des Arkansasais étaient nés dans un État fédéré, dont 62,2 % dans l'État de l'Arkansas et 32,6 % dans un autre État (14,7 % dans le Sud, 10,1 % dans le Midwest, 6,1 % dans l'Ouest, 1,7 % dans le Nord-Est), 0,7 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 4,5 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (63,4 % en Amérique latine, 24,6 % en Asie, 7,2 % en Europe, 2,2 % en Afrique, 2,0 % en Amérique du Nord, 0,7 % en Océanie). Parmi ces derniers, 32,6 % étaient naturalisés américain et 67,4 % étaient étrangers[19],[20].
84
+
85
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 60 000 immigrés illégaux, soit 2,1 % de la population[21].
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+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 77,00 % —2 245 229 personnes— de Blancs, 15,43 % —449 895 personnes— de Noirs, 1,96 % —57 010 personnes— de Métis, 1,24 % —36 102 personnes— d'Asiatiques, 0,76 % —22 248 personnes— d'Amérindiens, 0,20 % —5 863 personnes— d'Océaniens et 3,41 % —99 571 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
88
+
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+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,86 %), principalement blanche et amérindienne (0,72 %) et blanche et noire (0,46 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,09 %).
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+
91
+ Les non-hispaniques représentaient 93,62 % —2 729 868 personnes— de la population avec 74,54 % —2 173 469 personnes— de Blancs, 15,33 % —447 102 personnes— de Noirs, 1,57 % —45 837 personnes— de Métis, 1,22 % —35 647 personnes— d'Asiatiques, 0,69 % —20 183 personnes— d'Amérindiens, 0,19 % —5 509 personnes— d'Océaniens et 0,07 % —2 121 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 6,38 % —186 050 personnes— de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (4,74 %) et du Salvador (0,51 %)[17].
92
+
93
+ En 2010, l'Arkansas avait la 8e plus forte proportion d'Océaniens des États-Unis.
94
+
95
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 93,1 %, dont 73,6 % de Blancs, 15,6 % de Noirs, 2,0 % de Métis et 1,3 % d'Asiatiques, et celle des Hispaniques à 6,9 %[24].
96
+
97
+ L'Arkansas connaît depuis le début des années 1990 une baisse continue de la part de la population blanche non hispanique au sein de la population totale en raison notamment d'une immigration importante en provenance de l'Amérique latine, d’un âge médian plus élevé (41,1 ans[25]) que les autres populations (23,5 ans pour les Hispaniques, 30,7 ans pour les Noirs, 31,1 ans pour les Asiatiques[26]), d'une natalité plus faible (11,0 ‰ en 2010) que les autres populations (26,2 ‰ pour les Hispaniques, 16,0 ‰ pour les Noirs, 13,1 ‰ pour les Asiatiques) et d'une augmentation substantielle des unions mixtes.
98
+
99
+ En 2010, les Blancs non hispaniques ne représentaient plus que 62,7 % des enfants de moins de 5 ans (18,5 % pour les Noirs, 12,5 % pour les Hispaniques, 3,7 % pour les Métis et 1,3 % pour les Asiatiques) et 62,1 % des enfants de moins de 1 an (18,6 % pour les Noirs, 12,7 % pour les Hispaniques, 3,9 % pour les Métis et 1,2 % pour les Asiatiques)[27].
100
+
101
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, les Blancs non hispaniques constitueront 59,3 % de la population de l’État en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent[10].
102
+
103
+ En 2000, les Arkansasais s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (15,9 %), irlandaise (9,5 %), allemande (9,3 %) et anglaise (7,9 %)[28].
104
+
105
+ En 2000, l'État avait la 5e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
106
+
107
+ L'État abrite la 33e communauté arabe des États-Unis. Selon des estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l’État comptait 8 681 Arabes en 2013, soit 0,3 % de la population, principalement des Syriens (1 762) et des Libanais (1 374).
108
+
109
+ L'État abrite également la 44e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 1 725 Juifs en 2013 (3 030 en 1971), soit 0,1 % de la population. Ils se concentraient essentiellement dans l'agglomération de Little Rock-North Little Rock-Conway (1 100)[29].
110
+
111
+ L'État abrite enfin la 23e communauté amish des États-Unis. Selon le Young Center for Anabaptist and Pietist Studies[30], l'État comptait 270 Amish en 2013 (0 en 1992) répartis dans 2 implantations[31],[32].
112
+
113
+ L’État abritait en 2013 une population noire assez homogène, composée principalement de descendants d’esclaves déportés sur le sol américain entre le début du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle (97,0 %) mais aussi d’Africains subsahariens (1,7 %), de Caribéens non hispaniques (0,7 %) et d’Hispaniques (0,6 %).
114
+
115
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estimait le nombre d’Africains subsahariens à 7 808, soit 0,3 % de la population, et celui des Caribéens non hispaniques à 3 175, soit 0,1 % de la population, principalement des personnes originaires des Antilles néerlandaises (1 851).
116
+
117
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (74,3 %) et du Salvador (8,1 %)[33]. Composée à 38,6 % de Blancs, 6,0 % de Métis, 1,5 % de Noirs, 1,1 % d'Amérindiens, 0,2 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 52,4 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 19,6 % des Métis, 9,3 % des Amérindiens, 6,0 % des Océaniens, 3,2 % des Blancs, 1,3 % des Asiatiques, 0,6 % des Noirs et 97,9 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
118
+
119
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes originaires du Salvador (0,51 %).
120
+
121
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (22,1 %), Viêts (15,3 %), Chinois (14,3 %), Philippins (10,9 %), Laotiens (10,8 %), Coréens (6,3 %), Hmongs (5,7 %) et Japonais (3,1 %)[34].
122
+
123
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de Laotiens (0,13 %).
124
+
125
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (38,9 %) et Chactas (12,1 %)[35].
126
+
127
+ Les Océaniens s'identifiaient principalement comme étant Marshallais (70,3 %), Hawaïens (9,2 %), Chamorros (7,5 %) et Samoans (3,0 %).
128
+
129
+ L'État comptait le 2e plus grand nombre de Marshallais (4 121), soit 20,8 % de la population marshallaise américaine, concentrés essentiellement dans la ville de Springdale (3 603).
130
+
131
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (95,2 %), principalement blanche et am��rindienne (36,9 %), blanche et noire (23,7 %), blanche et autre (13,4 %) et blanche et asiatique (10,5 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (4,8 %)[36].
132
+
133
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 52 % des habitants de l'Arkansas se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 30 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 18 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[38].
134
+
135
+ Autrefois État sécessionniste, l'Arkansas a été un État ségrégationniste jusqu'à la fin des années 1960. C'est aujourd'hui un État populaire, très conservateur et de tradition démocrate au niveau local. Les démocrates ont longtemps dominé l'État. Nombre d'entre eux se reconnaissent toujours sous l'intitulé de Dixiecrat (démocrate du sud, ultra-conservateur).
136
+
137
+ L'État a cependant opéré un fort virage en faveur des républicains au cours des années 2000. Le nord-ouest de l'État (à l'exception de Fayetteville) et les banlieues de Little Rock sont les régions les plus républicaines de l'Arkansas. Le reste de l'État est rural et conservateur ; ces anciens territoires démocrates sont peu à peu devenus républicains, notamment lors des scrutins nationaux. Les derniers bastions démocrates sont la capitale de l'État, Little Rock, et les comtés majoritairement afro-américains du Delta de l'Arkansas (en)[43].
138
+
139
+ L'Arkansas est l'un des États américains à avoir interdit le mariage homosexuel à la suite d'un référendum (75 % des suffrages). L'article 19 de la constitution de l'Arkansas, quoique inapplicable, spécifie notamment que les Athées ne peuvent exercer de fonctions publiques ou être témoin en justice.
140
+
141
+ Acquis aux démocrates depuis les premières élections présidentielles à s'être tenues dans l'Arkansas en 1836, les électeurs de l'État avaient plébiscité la candidature du démocrate sudiste John Breckinridge lors des élections de 1860 (53,06 %) devant le candidat de l'union constitutionnel John Bell (37,05 %) et devant le candidat démocrate national Stephen A. Douglas (9,89 %). État sécessionniste, l'Arkansas ne participe pas aux élections de 1864.
142
+
143
+ En 1868 et 1872, le républicain Ulysses S. Grant y obtient la majorité du vote populaire grâce aux voix des militaires yankees et des esclaves libérés alors que les anciens confédérés n'ont pas encore recouvré la totalité de leurs droits civiques.
144
+
145
+ De 1876 à 1964, chaque candidat démocrate y remporte une large majorité, parfois supérieure à 70 ou 80 % des voix. En 1968, le candidat Dixiecrat George Wallace s'impose avec 38,65 % des voix devant le républicain Richard Nixon (31,01 %) et devant le candidat officiel du parti démocrate, Hubert Humphrey (30,33 %).
146
+
147
+ En 1972, Richard Nixon est le premier candidat républicain à gagner l'Arkansas. Depuis cette date, les électeurs de l'État votent plutôt pour des candidats républicains à moins que le candidat démocrate ne soit le seul à être issu de l'un des États de la région. Ainsi, les deux seuls candidats démocrates à y avoir obtenu la majorité des suffrages sont deux sudistes. Le premier, en 1976, est Jimmy Carter, gouverneur de l'État sudiste de Géorgie mais qui sera battu par le républicain Ronald Reagan 4 ans plus tard. Le second est le démocrate Bill Clinton, par ailleurs gouverneur d'Arkansas, qui y obtient la majorité des voix en 1992 et 1996. L'Arkansas est d'ailleurs en 1992 le seul État américain à donner la majorité absolue de ses suffrages à Bill Clinton.
148
+
149
+ En 2004, le président George W. Bush, républicain et texan, y obtient 54,31 % des suffrages contre 44,55 % au candidat démocrate John Kerry. En 2008, le républicain John McCain de l'Arizona s'impose avec 58,72 % des voix face au démocrate Barack Obama de l'Illinois (38,86 %). Ce fut alors l'un des rares États, avec la Louisiane, le Tennessee, l'Oklahoma et la Virginie-Occidentale à augmenter le score des républicains par rapport à l'élection de 2004.
150
+
151
+ Lors de l'élection présidentielle de 2016, le républicain Donald Trump remporte l’Arkansas avec 60,6 % des voix contre 33,7 % des votes à la démocrate Hillary Clinton[44].
152
+
153
+ Au niveau fédéral, lors du 114e congrès de 2015-2017, la délégation de l'Arkansas au Congrès des États-Unis est entièrement républicaine, composée des sénateurs John Boozman et Tom Cotton, et des quatre représentants Rick Crawford, French Hill, Bruce Westerman et Steve Womack.
154
+
155
+ Tom Cotton, sénateur depuis 2015.
156
+
157
+ Le Sénateur John Boozman, sénateur depuis 2011.
158
+
159
+ Le gouverneur de l'Arkansas détient le pouvoir exécutif dans l'État en plus d'être le plus haut bureau de l'État de l’Arkansas.
160
+
161
+ Depuis 2015, le gouverneur de l'Arkansas est le républicain Asa Hutchinson, élu en novembre 2014 par 55,44 % des voix face au démocrate Mike Ross. Le lieutenant-gouverneur depuis la même date est le républicain Tim Griffin.
162
+
163
+ État du Sud autrefois esclavagiste puis ségrégationniste, l'Arkansas a une longue tradition de gouverneurs démocrates conservateurs dont l'un des plus emblématiques est le Dixiecrat Orval Faubus.
164
+
165
+ En 1967, Winthrop Rockefeller devient le premier gouverneur républicain de l'Arkansas depuis 1874 et la fin de la période de reconstruction qui a suivi la guerre de Sécession.
166
+
167
+ En 1996, Mike Huckabee est le troisième gouverneur républicain de l'Arkansas. Il accède à cette fonction en tant que lieutenant-gouverneur à la suite de la démission du gouverneur démocrate Jim Guy Tucker, accusé de félonie dans le cadre du scandale Whitewater. Huckabee est par la suite candidat aux élections primaires républicaines pour l'élection présidentielle américaine de 2008.
168
+
169
+ Au niveau local, l'Assemblée générale de l'Arkansas a longtemps été contrôlée par les démocrates depuis les années 1870. Mais à partir de 2013, les républicains deviennent majoritaires. Lors de la législature 2017-2019, le Sénat de 35 membres est composé de 24 républicains et 11 démocrates tandis que la Chambre des représentants de 100 élus est composée de 76 républicains et 24 démocrates.
170
+
171
+ Les républicains sont plutôt dominants dans les villes et comtés nord et nord-ouest de l'État, comme Fort Smith, Bentonville et Mountain Home.
172
+
173
+ L'Arkansas reste un État agricole. Les productions sont variées, l'État produit du soja, du coton, du riz, et se spécialise dans l'arboriculture et l'élevage de poulets. Cependant, les ressources en bauxite (presque épuisées), en pétrole et en gaz ont accéléré l'industrialisation : papeteries, scieries, usines métallurgiques (aluminium), textiles.
174
+
175
+ Actuellement, de grands sièges sociaux se trouvent en Arkansas, notamment Walmart, Tyson, et J.B. Hunt. Ils se trouvent principalement au nord-ouest de l'État. Grâce à ces sociétés, le nord-ouest devient chaque année plus riche et plus peuplé.
176
+
177
+ En Arkansas, la petite ville de Dyess, l'État natal du célèbre chanteur folk et country Johnny Cash.
178
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+ Maison d'Ernest Hemingway dans l'Arkansas.
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+ La sitcom du début des années 1990, Evening Shade (en), se déroule dans l'Arkansas.
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5
+ McDonald's Corporation [məkˈdɑnəldz ˌkɔɹpəˈɹeɪʃən][2] est une chaine de restauration rapide américaine présente dans le monde entier, fondée par l'homme d'affaires Ray Kroc en 1952 après qu'il eut acheté les droits à une petite chaîne de hamburger exploitée à partir de 1940 par Richard et Maurice McDonald[3].
6
+
7
+ Chaque restaurant rapide McDonald's est exploité par un réseau commercial, par un affilié ou par la société elle-même. Les revenus de la société proviennent de la location des terrains, des redevances et des honoraires versés par les réseaux commerciaux, ainsi que des ventes dans les restaurants exploités par la compagnie. Les revenus de McDonald's ont augmenté de 5,5 % au cours des deux années se terminant en 2007 à 21,6 milliards de dollars accompagnés d'une croissance des bénéfices de 36,2 % du revenu d'exploitation à 3,5 milliards de dollars[4].
8
+
9
+ McDonald's vend principalement des burgers de bœuf, poulet et poisson ainsi que des frites, des menus pour le petit-déjeuner, des sodas, des laits frappés et des desserts. La société a élargi l'offre avec des salades, wraps et fruits[5].
10
+
11
+ Elle serait la plus grande chaîne de restauration rapide au monde en nombre de repas servis avec quelque 69 millions de clients par jour en 2013[6].
12
+
13
+ L'entreprise est régulièrement la cible de critiques quant à la qualité diététique de ses produits, son omniprésence, ses pratiques environnementales et sa pratique de l'optimisation fiscale.
14
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15
+ En 1937, Patrick McDonald ouvre un stand de hot-dogs appelé « Airdome » à Arcadia, en Californie. En 1940, ses deux fils Richard et Maurice reprennent l'affaire, déménagent à San Bernardino, et se renomment « restaurant McDonald's » le 15 mai[7],[8],[9]. Le menu consiste en 25 articles, principalement cuisinés au grill. Et comme il était courant à l’époque, ils emploient environ 20 voituriers. Il devint un lieu de rendez-vous très populaire pour les jeunes (le lycée de la ville est situé à côté[7]), et très profitable pour ses propriétaires. Huit années plus tard, après avoir remarqué que la plupart de leurs revenus provenaient des hamburgers, les deux frères fermèrent leur restaurant pour plusieurs mois afin de développer l’innovant service rapide à hamburgers. La carte est réduite à l’offre que 80 % des consommateurs ont l’habitude de commander (hamburgers, soda, lait, café, frites et gâteau), tandis que la taille du hamburger est diminuée mais pour un prix réduit à 15 cents et que la vaisselle laisse la place à des assiettes et gobelets en carton. Dans la mesure où le service n’est plus assuré au volant — les clients passent commandes eux-mêmes à un guichet —, les voituriers furent licenciés.
16
+
17
+ En 1953, les frères McDonald commencent à franchiser leur restaurant. Neil Fox fut le premier franchisé. Le deuxième ouvre à Phoenix (Arizona). Il est le premier à présenter le dessin des arches dorées (formées par la lettre « M ») ; plus tard celui d’origine fut reconstruit dans ce style. Le troisième ouvre à Downey en Californie à l'angle du boulevard Lakewood et de l'avenue Florence et est à ce jour le plus vieux de la marque encore en activité.
18
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19
+ L'année suivante, l’entrepreneur et vendeur de machine à milk-shake (« lait frappé » au Québec) Ray Kroc fut fasciné quand il apprit leur rentabilité extraordinaire et leur popularité. Après avoir vu le système en fonctionnement, Kroc rencontra les frères McDonald, qui avaient déjà commencé à franchiser, avec une proposition de le laisser franchiser le système, avec lui comme premier franchisé. Kroc travailla dur pour vendre le système McDonald's. Il essaya de faire valoir sa rencontre avec Walt Disney (tous deux ayant suivi le même entraînement d'infirmier de la Croix-rouge pendant la première Guerre mondiale), dans le vain espoir d’ouvrir un restaurant dans le parc d'attraction Disneyland, alors en construction. D’autres le visitèrent et en repartirent inspirés, comme James McLamore, fondateur de Burger King, et Glen Bell, celui de Taco Bell.
20
+
21
+ En 1955, Ray Kroc ouvre le premier McDonald de la société McDonald's actuelle à Des Plaines, dans la banlieue de Chicago, Illinois. Les revenus du premier jour furent de 366,12 dollars (de l’époque)[10]. Les documents officiels de la société utilisent souvent cette date comme leur commencement bien qu'il fût quinze ans plus tôt, et effaçant par la même occasion toute trace des frères McDonald en faveur de Kroc. Pendant plusieurs décennies cet établissement fut connu comme le « McDonalds numéro 1 ».
22
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23
+ À la fin de 2015 environ 83 % des 36 525 restaurants McDonald's dans le monde (119 pays) sont franchisés (30 081 franchisés)[11].
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27
+ Au début des années 1960, la société est renommée « McDonald's Corporation ». Dès 1961, les frères McDonald donnent leur accord pour vendre les droits de leur entreprise à Kroc pour un montant de 2,7 millions de dollars, que Kroc avait obtenu de plusieurs investisseurs (dont l’université de Princeton). Le contrat autorise les deux frères à conserver leur commerce d’origine mais ils perdent en contrepartie le droit d’afficher le nom McDonald's. Il fut donc renommé The Big M, et resta ouvert jusqu’à ce que Kroc ouvre un McDonald's juste dans la rue située au nord. Si les frères avaient conservé l’accord précédent qui leur offraient 0,5 % des revenus annuels de la chaîne, ils auraient aujourd’hui cumulé avec leurs familles plus de 100 millions de dollars par an. L’un des points forts du marketing de Kroc fut sa décision de vendre les hamburgers McDonald's aux familles et aux enfants. Un franchisé de Washington commandita un spectacle pour enfants baptisé Bozo's Circus. Bozo était un personnage franchisé, joué à Los Angeles par Willard Scott. Après que le spectacle fut annulé, Goldstein embaucha Scott pour représenter la nouvelle mascotte de McDonald's, Ronald McDonald dans les trois premières publicités télévisuelles incluant le personnage. Le personnage sera finalement diffusé sur le reste des États-Unis par une campagne de publicité. Bien que plus tard, il fut décidé qu’à la fois Scott et son costume d’origine étaient peu convenables pour le rôle. Une troupe entière de personnages issus du McDonaldland fut développée.
28
+
29
+ En 1963, le sandwich filet de poisson (Filet-O-Fish) est proposé pour la première fois à Cincinnati dans l’Ohio, dans un restaurant situé dans un quartier à dominance catholique qui pratique l’abstinence les vendredis. Ce fut le premier ajout au menu d’origine, qui devint national l’année suivante, avec des poissons fournis par Gorton's of Gloucester. La société McDonald's entre en Bourse deux ans après en 1965. Le premier McDonald's en dehors des États-Unis ouvre à Richmond en Colombie-Britannique, au Canada dès 1967. Par ailleurs, le projet d’établissement, pour la chaîne, s'ouvre dans un bâtiment en propre, avec un toit à mansarde et des places à l’intérieur est présenté. En 1968, le Big Mac, similaire au hamburger Big Boy, et le chausson aux pommes sont mis en vente. Ils seront suivis de près par l’Egg McMuffin (Œuf McMuffin au Canada).
30
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31
+ Au début des années 1970, après avoir changé de propriétaires en 1968, le restaurant d’origine Big M ferme ses portes. Il est démoli en 1970 laissant seulement une partie de l’enseigne qui fut depuis restaurée. Les années suivantes ont marqué l'ouverture du restaurant dans de nombreux pays. Le premier McDonald's ouvre au Costa Rica le 28 décembre 1970 et au Panama le 1er septembre 1970. L'année suivante, l'un de ses restaurants s'ouvre au Japon.
32
+ En Europe, le premier restaurant du nom s'ouvre aux Pays-Bas à Zaandam (près d’Amsterdam) le 20 août 1971 (le premier franchisé se nommant Ahold) et en Allemagne le 22 novembre 1971. C’est le premier à vendre de l’alcool, comme il propose de la bière. Le premier McDonald's ouvre en Suède, dans Kungsgatan à Stockholm le 27 octobre 1973. Le 1er octobre 1974, le premier McDonald's ouvre au Royaume-Uni à Woolwich, dans le sud-est de Londres. C’est le 3 000e restaurant de cette société. 1977, ouverture du premier McDonald's en Irlande le 9 mai 1977, dans O'Connell Street (principale avenue de Dublin) et en Autriche le 21 juillet 1977.
33
+
34
+ Dans les pays ou territoires francophones, le premier McDonald's québécois ouvre ses portes à Montréal en 1972 ; au cours des 18 mois qui suivent, une nouvelle franchise ouvre ses portes chaque mois au Québec.
35
+
36
+ En France, ne se voyant aucun avenir au pays de la gastronomie, McDonalds signe en 1971 à Raymond Dayan — un homme d'affaires français résident aux États-Unis — un contrat de franchise pour 30 ans à des conditions très avantageuses[12]. C’est ainsi que le premier McDonald's s'ouvre en France le 30 juin 1972 à Créteil situé sur l'avenue de la brèche[13]. La France est ainsi le neuvième pays où McDonald's s’installe, Dayan ouvrant bientôt 14 restaurants. Après quelques années, McDonald's réalise son erreur, et propose à Raymond Dayan de lui racheter ses restaurants. Ce dernier refuse, si bien que McDonald invoque le non-respect de ses règles d'hygiène et engage une action judiciaire pour mettre fin à la licence. Dayan gagne le procès en première instance mais perd en appel au Tribunal de Chicago en 1982. Il doit rebaptiser ses 14 restaurants O'Kitch en décembre 1982 alors que la firme américaine ouvre en pleine bataille judiciaire son restaurant à Strasbourg le 17 septembre 1979[14].
37
+
38
+ Entre-temps, en 1973, le Quarter Pounder (Royal Cheese en France, Quart de livre au Canada) est proposé. En Suisse, le premier restaurant ouvre le 20 octobre 1976 à Genève dans la rue du Mont-Blanc, près de la Gare. En Belgique, ouverture du premier McDonald's le 21 mars 1978.
39
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40
+ En Amérique du sud, le premier McDonald's est ouvert le 20 juillet 1972 au Salvador. Deux ans plus tard, le premier McDonald's au Guatemala ouvre le 6 juin 1974. Le 13 février 1979, le premier McDonald's ouvre ses portes au Brésil. En Océanie, le premier McDonald's australien ouvre à Sydney le 30 décembre 1971 dans le quartier de Yagoona. Il est suivi du premier restaurant installé en Nouvelle-Zélande le 7 juin 1976. En Asie, ouverture du premier McDonald's à Hong Kong le 8 janvier, aux Bahamas le 4 août, et au Nicaragua. C'est par ailleurs cette année que le principe du Drive In est proposé. Il fut plus tard appelé McDrive dans certains pays. À Singapour, ouverture du premier McDonald's le 20 octobre 1979.
41
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42
+ Le Happy Meal (Joyeux Festin au Canada) fait ses débuts aux États-Unis dès le début de l'année 1979. Cette même année, l'ouverture d’un McDonald's est organisée en France à Strasbourg le 17 septembre 1979. Beaucoup plus contrôlé que son prédécesseur par le siège européen, alors basé à Zurich, il lui donna satisfaction.
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44
+ Au début des années 1980, McDonald's lance le sandwich McChicken (« MacPoulet » au Canada), c’est son premier produit à base de volaille. Il ne se vend pas et sera retiré des menus, avant d'être relancé plus tard, après les Chicken McNuggets, sans faillir. Deux ans plus tard, le premier McDonald's ouvre en Malaisie.
45
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46
+ En 1983, McDonald's lance les Chicken McNuggets (« McCroquettes » au Canada).
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48
+ Le 18 juillet 1984, un homme de 41 ans, James Huberty, rentre dans un établissement McDonald's à San Ysidro, Californie, avec une arme à feu ; il tue 21 personnes et en blesse 19 autres[15]. La même année, la société est l'un des principaux commanditaires des Jeux olympiques d'été de 1984. Elle dépense beaucoup plus que prévu pendant les jeux avec son opération marketing « Quand les États-Unis gagnent, vous gagnez ! » (« If the U.S. wins, you win! »), offrant des repas gratuits dans ses restaurants à chaque médaille américaine[16] ; n'ayant pu prévoir le boycott des jeux par les nations du bloc soviétique.
49
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50
+ En 1985, McDonald's ouvre en Italie, dans la ville de Bolzano. Un établissement plus récent à Rome imposera de nouveaux standards pour les décors intérieurs. Un an plus tard, le premier McDonald's ouvre en Turquie, dans la ville d’Istanbul (quartier Taksim). Le premier ministre de Turquie, Turgut Özal, fait le déplacement pour l'inauguration. Deux ans plus tard, McDonald's ouvre dans un pays communiste, à Győr en Hongrie. Le restaurant de Belgrade en Yougoslavie ouvre plus tard la même année[réf. nécessaire].
51
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+ En 1989, McDonald's ouvre en Écosse dans le quartier de Trongate à Glasgow[réf. nécessaire].
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54
+ Le 31 janvier 1990, le premier McDonald's d'Union soviétique (URSS) ouvre à Moscou[17]. Cette ouverture est particulièrement remarquée, la chaîne étant vue comme un symbole du capitalisme[18]. C'est alors le premier restaurant étranger de l'Union soviétique, il accueille 30 000 clients le jour de son inauguration[19]. C’est l’un des plus imposants du monde. Pour des raisons politiques, son ouverture fut négociée par McDonald's Canada ; pour compenser les problèmes d’approvisionnement russes, la société créa sa propre chaîne de production, y compris les fermes. Cette même année marque le début de l’affaire McLibel à Londres en Angleterre, le plus long procès de l’histoire britannique.
55
+
56
+ En 1992, Stella Liebeck est brûlée au troisième degré par un café acheté à emporter dans un McDonald's. Elle poursuivit en justice la société. Cette même année marque l'ouverture au Maroc, sur la Corniche de Casablanca. McDonald’s Maroc est le premier centre de distribution en Afrique (en juillet 2015 : 36 McDo[20]).
57
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58
+ En plus, ce premier restaurant dispose d'une entrée spéciale pour véhicules et un service au volant (McDrive).
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+ Parallèlement, McDonald's diversifie son offre avec le McCafé en 1993, le McMorning pour le petit-déjeuner en 1996[21].
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+ En 1995, McDonald's ouvre son premier restaurant en Afrique du Sud au mois de novembre[22]. D'un autre côté, la société reçoit des plaintes provenant de ses franchisés se plaignant du trop grand nombre de franchises accordées. McDonald's commença à conduire des études de marchés avant d’accorder de nouvelles franchises.
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64
+ Au mois de mai 1996, la Walt Disney Company et McDonald's signent un contrat international d’exclusivité pour Disney des jouets proposés dans les Happy Meals (Joyeux festins au Canada). Après un procès de 314 jours (le procès le plus long de l’histoire anglaise), McDonald's gagne la première partie du procès McLibel[23] contre des membres de l’association écologiste Greenpeace à Londres. L’image de McDonald's en ressort fortement entachée puisque le juge a déclaré à l’issue du verdict du procès que la multinationale « exploite les enfants » par ses méthodes de marché, que l’entreprise est responsable de « cruauté envers les animaux » et « empêche la création de syndicats ». De plus le juge a dénoncé la politique de l’entreprise de payer des salaires toujours plus bas. Cela n'empêche pas l'entreprise d'ouvrir son premier restaurant en Ukraine, le 24 mai, sur l'artère la plus connue du pays : la khrechtchatyk. L'Ukraine est le 102e pays où la marque s'installe. En 2012, McDonald's propose ses menus dans plus de 70 restaurants ukrainiens, principalement dans le centre et l'est du pays.
65
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66
+ En 1998, le procès d'un ancien franchisé, Bernard Collorafi[24][réf. à confirmer] est déclenché contre l'enseigne pour avoir fait les frais d'une guerre économique.
67
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68
+ En 1999 en France, le syndicat agricole Confédération paysanne par l'entremise de M. José Bové et d’autres paysans français attirent l’attention internationale sur la malbouffe en démontant une sandwicherie franchisée de McDonald en cours d'assemblage à l'entrée de la petite ville de Millau (Aveyron). L’action fait suite à l'interdiction des importations en Europe par l’Union européenne des viandes américaines issues de vaches élevées aux hormones de croissance. En signe de rétorsion, les États-Unis augmentent les frais de douanes des fromages au lait cru français, dont le célèbre roquefort, ainsi que d’autres produits européens[25]. José Bové fut condamné à trois mois de prison pour son rôle dans cette action symbolique.
69
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70
+ En réaction, McDonald's France adopte dans les années 2000-2010 une nouvelle stratégie pour mieux s'adapter au marché hexagonal : aliments qui « font français dans [la] recette » des sandwichs (fromage à raclette, bœuf charolais, croque-monsieur, etc.), réorganisation des lieux de vente pour les présenter comme des restaurants, modernisation de l'image ou encore présence au salon de l'Agriculture à partir de 2001 (insistant notamment sur la provenance majoritairement française des produits vendus). Au fil des années, ce virage est adopté par la marque à l'international : le slogan « Venez comme vous êtes » est ainsi repris sous la forme « Come as you are » et Denis Hennequin, responsable de cette stratégie française, est promu à la tête de la division Europe de McDonald's[25].
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72
+ Le 8 février 2014, Mc Donald's ouvrait son premier restaurant au Vietnam à Hô-Chi-Minh-Ville[26].
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+ Au début de l'année 2000, Eric Schlosser publie Fast Food Nation, un livre critique sur les restaurants rapides en général et McDonald’s en particulier. En Bretagne (France), plusieurs attentats visent des McDonald's, dont l’attentat de Quévert qui coûte la vie à une employée.
75
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76
+ L'année suivante, le FBI annonce que des employés de Simon Worldwide, une société sous-traitante de McDonald's pour promouvoir les Happy Meals et les jeux 'Millionnaire'/'Monopoly', avaient dérobé des bulletins gagnants pour plus de 20 millions de dollars.
77
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78
+ En 2002, McDonald's perd le procès contre un ancien franchisé, Bernard Collorafi[27], mais ce dernier n’obtient aucune compensation. Un sondage dans Restaurants and Institutions Magazine classe McDonald's 15e pour la qualité de la nourriture dans les chaînes de hamburgers, soulignant l’échec de la société pour améliorer les standards dans son réseau de franchises. McDonald's publie sa première perte trimestrielle (344 millions de dollars) pour le dernier trimestre de l’année. C’est un résultat de la concurrence provenant des autres chaînes de restauration rapide.
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80
+ L'année suivante en 2003, McDonald's entame une campagne de publicité mondiale qui vend une image meilleure pour la santé et de meilleure qualité. La campagne fut baptisée I'm lovin' it™ en référence au titre du même nom de Justin Timberlake, et fut lancée dans plus de 100 pays simultanément. Selon Technomic, une société d’études de marché, les parts de marché de McDonald's aux États-Unis sont tombées en cinq ans de 30 % à 15,2 %[réf. nécessaire]. Plus tard, la société annonce à nouveau une perte de 126 millions de dollars pour le quatrième trimestre.
81
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82
+ En 2004, Morgan Spurlock produit le film documentaire Super Size Me dans lequel il ne mange que de la nourriture McDonald's durant 30 jours. Le film montre que ce sera au détriment de sa santé. Le titre est tiré d’une option de menu disponible aux États-Unis (un menu venant en trois « tailles » : petit, moyen et grand), qui fut rapidement retiré de l’offre. Il est très probable que ce retrait ait été influencé par les retombées médiatiques de Super Size Me[réf. nécessaire].
83
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84
+ En 2005, McDonald's célèbre son 50e anniversaire, 65 ans après l’ouverture par les frères McDonald de leur premier restaurant rapide. Le 15 février, McDonald's perd la deuxième partie du procès McLibel devant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg. En effet, après avoir perdu le premier procès en 1997, Helen Steel et Dave Morris (deux membres de Greenpeace), ont décidé de ne pas payer l’amende qui leur avait été imposée (60 000 £ de dommages et intérêts à payer à McDonald's, somme réduite à 40 000 £ en appel). Au lieu de ça, ils ont décidé de faire appel à la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg revendiquant que les lois de diffamation anglaises jouaient lourdement en faveur d’entreprises comme McDonald’s. Mark Stephens, l’avocat des plaignants a déclaré : « La Cour Européenne des Droits de l’Homme a considéré que des violations des droits de l’homme avaient été commises à leur encontre — qu’il y avait eu une iniquité procédurale dans l’affaire et que les procédures adoptées n’étaient pas équitables. » Après 15 années de procédures judiciaires et de battages médiatiques, l’affaire a coûté environ 15 millions d’euros au géant de la restauration rapide et a été décrit comme « le plus grand désastre de l’histoire quant aux relations publiques pour une société ».
85
+
86
+ Au mois de mars 2006 entame la campagne de la coalition des travailleurs Immokalee, appelé aussi le CIW (Coalition of Immokalee Workers). Ce groupe d’ouvriers agricoles de la Floride du Sud réclame un respect des droits du travail de la part de la compagnie.
87
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88
+ Le 9 mai 2006, la société Disney a annoncé qu’elle ne renouvelait pas son contrat international avec McDonald's.
89
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90
+ En novembre sort le film Fast Food Nation réalisé par Richard Linklater et Éric Schlosser, une forte critique de l’industrie de la restauration rapide. Dans le film, la compagnie fictive Mickey's est largement inspirée de la compagnie McDonald's.
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92
+ En 2007, McDonald's du Canada célèbre son 40e anniversaire.
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+ 2008 : le 8 avril, McDonald's du Canada révise son menu. Certains sandwichs sont retirés, d’autres sont modifiés et de nouveaux produits de luxe apparaissent. En France, une campagne de publicité est lancée : « Venez comme vous êtes », une traduction littérale de Come as you are, un succès du groupe de musique Nirvana. Une enseignante-chercheuse écrit un article titré : « Le roi du standardisé s'empare de la diversité »[28].
95
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96
+ En 2009, McDonald's se retire de l'Islande, l'importation des hamburgers y devient trop chère[29] et les profits n'ont jamais été aussi bas à la suite de la baisse considérable de la monnaie nationale, la couronne islandaise[30],[31],[32], les restaurants rapides sont transformés sous l'enseigne locale Metro[29]. Cette même année, McDonald's a environ 13 000 restaurants rapides aux États-Unis, soit un restaurant rapide pour 23 000 habitants[33].
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98
+ En décembre 2010 en Chine, McDonald's a 1 100 lieux de vente[34].
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100
+ En mars 2011 en Inde, McDonald's a 160 restaurants[35]. McDonald's a 1,7 million de salariés dans le monde[36]. En France métropolitaine, il y a un McDonald's pour 54 000 habitants[37]. Dans le monde, le résultat net grimpe de 11 % à 5,5 milliards de dollars et un CA en progrès de 12 % à 27 milliards. En France, le CA s'élève de 7,5 % à 4,19 milliards d'euros (d'environ + 5 % à base comparable)[38]. McDonald's achète plus de 50 000 tonnes de steak haché de bœuf à McKey dans le Loiret dont 2 000 tonnes de charolais, issue de plus de 40 000 éleveurs. 36 087 tonnes de blé[39]. Plus de 230 000 tonnes de pommes de terre issues de la Marne de McCain Foods et 17 641 tonnes de salade de Bakkvör[40].
101
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102
+ En 2012, McDonald's construit le plus grand de ses restaurants avec 1 500 places assises pour les JO à Londres[41]. Ce restaurant reste en service 6 semaines car il est par la suite démonté[42]. 14 000 restaurants aux États-Unis dont 27 sont dans des hôpitaux[43]. En février 2012 en Chine, McDonald's a 1 400 points de vente dont 36 restaurants franchisés[44].
103
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104
+ Le 14 février 2012, signature d'un contrat à prix bloqué sur 3 ans avec les coopératives et meuneries françaises à partir de la récolte 2012. L'achat concerne 8 500 tonnes de blé panifiable (180 € / tonne au départ de la coopérative et 235 € / tonnes pour un blé très protéiné)[45].
105
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106
+ À partir de 2013 se développe le « made for you » en France afin d'augmenter la qualité des produits et de réduire les pertes de nourritures[46],[47],[48]. En 2002, les États-Unis ont la totalité des McDonald's made for you[46]. Les cuisines « fait pour vous » n'ont pas de burgers en attente au chaud[49]. Les produits sont préparés dès que la commande est validée[50].
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108
+ Le 15 novembre 2013, au moins trois postes en contrat emplois d'avenir sont diffusés sur Pôle emploi[51] alors que McDonald's avait d'abord refusé les contrats subventionnés par l'État à 35 % du salaire brut[52].
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110
+ À partir du milieu de l'année 2015, McDonald's propose un service de livraison à domicile, disponible dans 88 établissements, tous répartis au sein de trois quartiers de la ville de New York : Manhattan, Brooklyn et le Queen's. Un service de livraison était déjà plus ou moins établi en Asie[53].
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112
+ En janvier 2017, McDonald's annonce la vente de ses activités en Chine aux fonds CITIC et Carlyle Group pour 2,1 milliards de dollars, McDonald's garde une participation de 20 % dans sa filiale locale, qui devient ainsi son franchisé[54],[55].
113
+
114
+ En août 2017, McDonald's est contraint de fermer 40 % de ses restaurants en Inde à la suite d'un désaccord avec son principal franchisé[56].
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116
+ En France, le 10 octobre 2017, le burger végétarien est une première. Le « Grand Veggie » a une galette panée de légumes à l’emmental (carottes, salsifis). Le burger à la sauce au pesto rouge a du chou rouge et blanc, des jeunes pousses d'épinard, de salade et de roquette, et 2 rondelles de tomates. Quelques graines de courge, de sésame et de pavot sont sur le pain[57],[58].
117
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+ Le 27 février 2018, McDonald's reprend un partenariat avec Disney pour les jouets des Happy Meals pour Les Indestructibles 2, presque 10 ans après leur contrat décennal des années 1990[59],[60].
119
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120
+ Au 29/09/2019[61].
121
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122
+ L’entreprise McDonald's est une multinationale qui possède fin 2014, 36 258 réseaux commerciaux rapides (restaurants rapides) sous la marque McDonald's, dans 119 pays[62], dont 7 855 en Europe et 14 350 aux États-Unis. L’entreprise possède ou a des participations dans d’autres chaînes de restaurants, comme Aroma Café, Boston Market, Chipotle Mexican Grill, Donatos Pizza (depuis décembre 2003) et Pret A Manger.
123
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124
+ Les revenus pour 2001 étaient de 14,87 milliards de dollars, avec un revenu net de 1,64 milliard de dollars[63]. Près d'un employé sur huit aux États-Unis a travaillé une fois dans sa vie au sein de l'entreprise McDonald's[64].
125
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126
+ Dans tous les pays où McDonald's est établi, il dispose du plus grand nombre d'établissements de restauration rapide dans le pays à l'exception du Canada et de la Belgique. En effet, au Canada Tim Hortons dispose de plus de 3 000 restaurants contre 1 400 pour McDonald's. Quant à la Belgique, Quick commença son implantation avant McDonald's ; il en résulte 96 Quick pour 65 McDonald's[Quand ?].
127
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128
+ En réponse à cette expansion, a été voté en Russie en 2004 une loi pour restreindre le nombre de restaurants rapides sur le territoire et pour fermer ceux qui se situent sur des lieux touristiques, selon Moscou pour « remettre en valeur le patrimoine architectural ». Ailleurs, par exemple, une demande de création d'un restaurant McDonald's sur la place du Tertre, à Paris, a été refusée.
129
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130
+ A contrario, McDonald's a entamé depuis le milieu des années 1990 une « régionalisation » de ses restaurants (dont ses franchises) de par le monde. Des spécialités culinaires « dans le respect de la culture et des attentes du pays en question » ont ainsi été proposées. Pourtant, certaines devantures arborent une inspiration architecturale contrastant avec les ambiances locales : les années 1950 aux États-Unis, le far-west (à Toulouse-Balma), le théâtre italien (celui de Disney Village), temple chinois (celui de Paris 13e), Riad (à Marrakech).
131
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132
+ Fin 2015, l'entreprise comptait 36 525 restaurants à travers le monde[11].
133
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134
+ Le McDonald's le plus haut sur Terre (3 600 mètres) était à La Paz, en Bolivie, mais est aujourd'hui fermé. Le plus bas (-396 m) est ouvert en Israël dans le village de Ein Bokek près de la mer Morte. Ces implantations extrêmes valent à McDonald's la phrase suivante, librement inspirée de celle qualifiant l'Empire britannique à son apogée : « Le soleil ne se couche jamais sur les Golden Arches » (« The sun never sets on the Golden Arches »)[65].
135
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136
+ Le plus vaste McDonald's du monde est situé à Orlando, en Floride, sur la route menant à Walt Disney World Resort : International Drive[66]. Il a 117  places de parking. La surface du terrain fait 1,07 ha dont 1 320 m2 couvert (380 m2 : 3 niveaux, 440 m2 : 2 niveaux et 500 m2 : 1 niveau)[67].
137
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138
+ Fin 2018, la France compte 1 464 restaurants qui servent chaque jour 1,8 million de repas[69]. La France est l'un des marchés les plus dynamiques[70] : en 2018, l'enseigne a réalisé 5,1 milliards d'euros hors taxes de ventes totales. « McDo », selon l'appellation commune, voit passer plus de 1,8 million de clients par jour[71]. Selon la campagne publicitaire de juillet 2007, plus de 200 restaurants sont équipés de Wi-Fi, plus de 700 restaurants sont équipés de McDrive, plus de 900 restaurants sont climatisés, et 70 % des restaurants ouvrent jusqu'à 23 h au moins. En 2011, la France est le pays le plus rentable du monde après les États-Unis, et le restaurant réalisant le plus gros CA du monde se trouve à Marne-la-Vallée, en Seine-et-Marne dans la zone commerciale Disney Village[72]. Son CA dépasse celui situé sur les Champs-Élysées[70] qui était auparavant le gros volume d'affaires avec près de 25 millions d'euros par an fin 2011[40]. Fin 2018, on comptait, en France, 1 464 restaurants répartis dans 1148 communes[40]. Plus de 1,8 million de repas sont servis quotidiennement en France[40] où McDonald's revendique le titre de premier recruteur, avec 32 015 personnes recrutées en 2018[73],[74].
139
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140
+ En France, avant mi-2013, au moins la moitié des restaurants propose le service à table avec la présence de personnels et de bornes automatiques de commandes[75]. L'avantage pour le client étant l'absence d'attente en heure de pointe bien que les 70 % du CA soient réalisés sur cette même plage horaire de 4 heures par jour (rush du midi et du soir)[75]. Pour un service optimum, le lobby est divisé en plusieurs zones que le client peut choisir[75].
141
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142
+ En février 2012 est mis en place la commande en ligne appelée « GoMcDo ». Une trentaine de restaurants en France servent des commandes prises à partir de 10h00[76] et pré-payées (PayPal et carte de paiement) via internet par ordinateur ou smartphone[75]. Une fois pré-payée, la commande ne peut être modifiée mais peut être annulée[77]. Avant 23h00, le client doit se présenter à un restaurant McDonald's et valider sa commande à l'une des bornes de commande ou borne « Easy Check-In » situées à l'intérieur du restaurant[78] (ou pour certains restaurants, à l'extérieur, au CEL Drive[79]), le système déclenche le paiement et la préparation de la commande. Passé 23h00, si le client ne s'est pas présenté, la commande est annulée et le client n'est pas débité. Au début de 2014, 95 % du réseau propose ce service[80]. La commande en ligne GoMcDo permet une réduction de la surface des comptoirs[75].
143
+
144
+ En 2013, il faut en moyenne 17 semaines entre le début des travaux et l'ouverture du restaurant. Le record est de 12 semaines (avenue Alexandre Marqui à Lourdes)[81].
145
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146
+ En moyenne, chaque McDo ouest parisien[82] :
147
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148
+ Les restaurants ont d'abord ouvert dans des communes fortement peuplées [ouverture en 1979 à Strasbourg (1975 : 253 384 habitants)] puis dans des communes de moins en moins peuplées : 2012 à Jonzac[83] (2011 : 3 491 habitants), 2012 en face de l'aire, A75, de la Lozère, à Albaret-Sainte-Marie[84],[85] (2012 : 569 habitants), 2013 à Notre-Dame-de-Sanilhac[49] (2011 : 3 089 habitants) et 2014 à La Queue-les-Yvelines[86] (2011 : 2 164 habitants). En France en 2013, on compte en moyenne un restaurant McDonald's pour 52 000 habitants.
149
+
150
+ Depuis le 18 novembre 2019, les pailles ont été définitivement supprimées dans 1470 restaurants McDonald's de France, au profit de gobelets en carton, équipés d'un couvercle recyclé en fibre naturelle de papier, avec un bec verseur. La chaîne de restauration a donc renoncé au plastique au profit de l'écologie et en faveur du "plastic bashing"[87].
151
+
152
+ On propose dans cette chaîne : des hamburgers (sandwichs ronds comme le pan-bagnat mais utilisant un pain sucré), des pommes de terre frites, salades, morceaux de poulet panés, divers sodas.
153
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154
+ Conscient de cette critique et soucieux de sa popularité, McDonald's essaie de diversifier son menu en proposant des salades et des fruits.
155
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156
+ Au Maroc, à chaque Ramadan, McDonald’s sert un menu spécial f’tour : harira (soupe marocaine), lait, dattes ainsi qu’un Big Mac et Le McArabia y est vendu toute l'année (très apprécié par les marocains pour sa viande épicée). Alors qu'au Québec, McDonald's propose le populaire plat de poutine. L’offre de produit a considérablement évolué, la chaîne a déjà proposé des pizzas (format familial et individuel), le McLéger et autres. Pendant quelques années, les établissements ont proposé une gamme de sandwichs réalisés sur pain grillé pour concurrencer Subway qui propose des sandwichs frais. Ce produit a été retiré du menu. Finalement, certains produits ne sont proposés que pour une période spécifique de l’année.
157
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158
+ Au Canada, dans les provinces francophones, McDonald's a toujours francisé le nom de ses produits : alors qu’en France, on commande « un Menu Best of Royal Cheese avec un Coca light », on parlera au Canada d’« un trio quart de livre avec fromage avec un Coke diète ».
159
+
160
+ Composition partielle d’un pain de hamburger McDonald's :
161
+
162
+ Étant donné la constitution de ce pain, on ne peut le comparer avec un pain traditionnel fait de farine de blé, de sel, de levant (levain ou levure) et d’eau, il n’en a pas les qualités nutritives. Cependant tous les additifs (Exxx) ont été autorisés par la Commission européenne et sont déclarés sans danger aux doses où ils sont présents (sauf parfois un risque allergène) ; quelques-uns sont même entièrement naturels. Ils se retrouvent tous dans la composition d’autres aliments industriels vendus dans les supermarchés (pain industriel, bonbons, fromages de laits mélangés et stérilisés, etc.). Voir Additif alimentaire.
163
+
164
+ En raison de la valeur calorique du hamburger (viande de bœuf et pain sucré), des frites et des sodas, se nourrir fréquemment chez McDonald's peut favoriser l’obésité[88]. Il a été démontré qu’y manger épisodiquement ne devrait pas représenter de risque immédiat, et les cours de diététique actuels (2004) donnent souvent comme exercice d’application l’équilibrage alimentaire d’une journée comportant un repas chez « McDo » ou dans un établissement similaire. Des tables rappelant les valeurs caloriques, protidiques, glucidiques et lipidiques des principaux produits vendus sont désormais toujours indiqués sur les emballages des produits.
165
+
166
+ Les fournisseurs historiques de McDonald's aux États-Unis se sont implantés en Europe en même temps que la chaîne de restaurants, bâtissant un tissu industriel capable de répondre à ses exigences : Keystone pour la viande transformée, East Balt pour les pains, McCain pour les frites, et Cargill pour la volaille[89]. L'enseigne s'approvisionne également auprès de quelques fournisseurs locaux, pour les sauces ou pour l'équipement des restaurants. Dans d'autres pays européens[Lesquels ?], les fournisseurs locaux de produits alimentaires constituent en très grande partie[réf. nécessaire] de l'approvisionnement des restaurants de McDonald's.
167
+
168
+ En France, en 2018, 74% des produits alimentaires achetés par McDonald’s étaient issus d’entreprises agroalimentaires françaises[90].L’enseigne a utilisé plus de 25 504 tonnes de viande bovine française, en 2018, à 55% d’origine française. Depuis 2014, les sachets de P’tite Pomme sont composés de pommes 100% françaises, avec des vergers situés dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et le Val de Loire[91]. De manière générale, ce sont environ 10 entreprises principales qui se partagent la production des matières premières utilisées par McDonald's en France[92].
169
+
170
+ En Suisse, en 2016, 85 % des produits alimentaires utilisés par McDonald’s Suisse étaient issus de fournisseurs suisses, dont 100 % pour le bœuf, les pommes de terres et l'huile de colza. Parmi lesquels on compte notamment Bell (4 445 tonnes de viande de bœuf en 2016) depuis plus de 40 ans, Eisberg (salade), Emmi (produits laitiers), Frigemo (13 550 tonnes de pommes de terre en 2016), Florin, Fortisa (3 630 tonnes de blé en 2016), Nestlé, Ospelt et Valser. Les galettes de viande hachée, composées exclusivement de viande de bœuf suisse, ne comporte aucun additifs tels que exhausteurs de goût et liants[réf. nécessaire].
171
+
172
+ Le mardi 20 janvier 2015, McDonald's dévoile dans une vidéo diffusée sur internet la recette de ses frites vendues aux États-Unis. Les frites américaines de McDonald's sont composés de 19 ingrédients dont le principal reste la pomme de terre. Cependant des ingrédients sont ajoutés pour rendre un goût unique aux frites McDonald's comme le dimethylpolysiloxane (ou E900), un silicone qui évite que l’huile ne mousse au moment de la cuisson. Selon Santé Magazine, le dimethylpolysiloxane est toxique en grande quantité[93].
173
+ Le pyrophosphate de sodium, un cristallin incolore transparent peu toxique et irritant[94]. On trouve aussi du butylhydroquinone tertiaire, un composé dérivé du pétrole qui est toxique et peu biodégradable[95] ainsi que de l'arôme naturel de bœuf.
174
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175
+ Dans les restaurants français, les frites sont composées de trois ingrédients principaux : des pommes de terre 100% françaises, de l’huile et du sel. L’huile de friture est composée d’un mélange d’huiles de colza et de tournesol pour garantir la saveur et la croustillance des frites. L’huile de cuisson contient en quantité infime du E900, un additif autorisé par la Commission européenne, qui permet d’éviter les projections d’huile bouillante et donc les risques de brûlures pour les équipiers. Du E450 est aussi utilisé en faible quantité pour éviter que les pommes de terre coupées ne brunissent lorsqu’on les laisse à l’air libre. Enfin, du dextrose peut être ponctuellement ajouté. Ce sucre naturel permet de garantir une qualité et une couleur homogène des frites toute l’année. Aucun agent de saveur, arôme artificiel ou additif d’origine animale n’est ajouté à la préparation des frites[96].
176
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177
+ Tous les sandwichs sont condimentés de la couronne du pain (partie supérieure) au talon du pain (partie inférieure) sauf le Big Mac. Les listes suivantes sont générales et ne tiennent pas compte des cartes disponibles selon les pays. Certains sandwichs ne sont donc pas à la carte dans certains pays (par ex : le double hamburger n'est pas servi en France) mais il y a le double cheeseburger.
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+ Parmi les plats proposés, on peut noter :
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+ La chaîne de restauration rapide présente également une offre de déjeuners.
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+ Le logo McDonald's dit des « arches dorées » (Golden Arches (en)) est créé en 1962 par Jim Schindler alors responsable de l'ingénierie de conception à McDonald's. Il s'inspire des deux arches jaunes de la façade du tout premier restaurant McDonald's réalisé par l'architecte Stanley Meston à Phoenix. Jim Schindler rassemble les deux arches pour en faire un « M ». Aux États-Unis de 1968 à 2006, le nom de la chaîne écrit en blanc est ajouté dans un encadré rouge, puis il est simplifié[97].
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+ McDonald's France fait le choix à partir de 2009 de changer son image en intégrant le logo dans un encadré vert foncé pour un ton « développement durable ». Cette nouvelle formule est une réussite marketing, en cours de généralisation en Europe[98].
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+ Au Maroc, l'Institut national de normalisation certifie que toutes les recettes sont halal[99].
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+ Logo de 1968 à 2006, utilisé à travers le monde.
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+ Logo depuis 2007, utilisé en Europe.
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+ Logo sans fond rouge utilisé depuis les années 2010.
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+ Logo sans fond rouge utilisé depuis les années 2010 (Canada).
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+ Un autre aspect contesté est la possible précarité de l’emploi dans cette entreprise. Un mot dérivé, McJob, est utilisé par les anglophones pour parler des emplois les plus difficiles et mal payés. En 2007, McDonald's lance une pétition sur internet pour que le Oxford English Dictionary (dictionnaire de référence pour la langue anglaise) retire ce terme[101],[102].
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+ Étant d'origine américaine, les dirigeants des restaurants McDonald's imposent à leur personnel l'utilisation d'un large vocabulaire anglais, y compris dans les pays où l’anglais n’est pas parlé par la population, ce qui les met souvent en infraction avec la législation du travail de ces pays[103].
200
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+ En 1986, le magazine The Economist a proposé l’utilisation de l’indice Big Mac pour estimer le niveau de vie des pays dans lesquels McDonald's est présent. Ce produit est en effet une constante dans les menus proposés dans les enseignes McDonald's et permet de rendre compte du pouvoir d’achat de la population. Cependant l'Inde fait figure d'exception puisque McDonald's n'y propose pas de viande dans ses burgers.
202
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+ En 2012, le prix du Big Mac est de 2 à 8 $. Il coûte 4,80 € (5 $) en France[104].
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+ La façade du 119 rue Saint-Lazare à Paris est classée « patrimoine des monuments historiques » depuis 1997[105].
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+ La distribution des fournitures aux McDonald's est assurée en Amérique et depuis peu[Quand ?] en France, au Canada, en Australie et au Royaume-Uni par Martin-Brower. Cette entreprise intervient de nos jours (2019) dans 19 pays différents et 25 000 restaurants[106] Trente-deux pays du continent européen sont fournis par Havi Logistics[107].
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+ Les critiques envers McDonald's sont nombreuses et de plusieurs ordres : elles portent soit sur les produits, soit sur l'entreprise multinationale, et sont diététiques, culturelles, esthétiques, environnementales, économiques, sociales et même politiques ; plusieurs néologismes sont apparus pour désigner ces nouveaux phénomènes : la « macdomination » du monde et la « McDonaldisation » de la société (Paul Ariès[108], George Ritzer[109]).
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+ En 2012, le chef Jamie Oliver démontre que les parties grasses de la viande de bœuf sont « lavées » dans de l'hydroxyde d'ammonium avant d'être utilisées pour les hamburgers de l'enseigne.
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+ L'enseigne a été touchée par des scandales alimentaires. Le 5 janvier 2015, les nuggets au poulet de McDonald's au Japon font scandale, à nouveau, après un retentissant problème sanitaire en 2014, avec la découverte d'un morceau de plastique dans ce met. Mac Donald a donné l'ordre à 3100 de ses restaurants de ne pas proposer les nuggets provenant des mêmes chaînes de production[110]. En Chine, McDonald's a été obligé d'arrêter toute importation et vente des produits à base de poulet car la filiale Husi Food Company utilisait de la viande périmée[111].
214
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215
+ McDonald's est un symbole de la mondialisation et par conséquent l'objet de critiques portant sur la standardisation des modes de vies (ici l'alimentation) et sur la domination du style de vie nord-américain. Ces critiques sont inhérentes aux services proposés par McDonald's qui vont parfois à l'encontre de pratiques culturelles régionales et par extension de valeurs.
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+ Outre l’affaire McLibel, McDonald's est une cible privilégiée des mouvements altermondialistes et du syndicat agricole français Confédération paysanne.
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+ En France, le 12 août 1999, à l'entrée de la ville de Millau (Aveyron) dans la vallée du Tarn, McDonald's a fait l'objet d'une action militante initiée par la Confédération paysanne[112]. Des paysans militants, dont le porte-parole de ce syndicat José Bové, ont démonté illégalement un établissement de la chaîne McDonald's en cours d'édification afin d’alerter l’opinion publique sur les mesures restrictives (par surtaxations douanières) des États-Unis envers des produits agroalimentaires français dont le fromage au lait cru roquefort en réaction au refus européen d'importer de la viande américaine de vache élevée aux hormones de croissance. Pour information, l’OMC s'était déclarée favorable à ces importations de viandes. Mcdonald's France avait alors lancé une vaste campagne publicitaire, insistant sur le fait que 88,9 % des produits Mcdonald's vendus en France sont achetés au sein de l’Union européenne. 45 % proviennent des éleveurs et cultivateurs français.
220
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+ Une illustration des critiques liant les aspects sanitaires (diététiques) et marketing a eu lieu dans la municipalité californienne de San Francisco : celle-ci a prévu d'interdire en décembre 2011 les jouets gratuits inclus dans les menus pour enfants trop gras, trop salés et trop sucrés : « Pour avoir le droit d'offrir un jouet gratuit dans un menu, la limite sera fixée à 600 calories, 640 mg de sodium, 35 % de calories issues de graisses et 10 % de calories issues de graisses saturées. Par ailleurs, les menus devront comporter des portions significatives de fruits et de légumes. »[113]. En effet, des élus argumentent que les jouets motivent largement l'achat de ces repas et reconnaissent implicitement que la nourriture de McDonald's peut être néfaste au niveau diététique.
222
+ La composition des sandwichs est à elle seule une source de critique.
223
+ Liste des ingrédients entrant dans la composition du pain[114] : « Farine enrichie (farine de blé blanchie, farine d’orge maltée, niacine, fer réduit, mononitrate de thiamine, riboflavine [Vitamine B2], acide folique (Vitamine B9), enzymes), eau, sirop de maïs riche en fructose, sucre, levure, huile de soja et/ou huile de soja partiellement hydrogénée, contient 2 % ou moins des ingrédients suivants : sel, sulfate de calcium, carbonate de calcium, gluten de blé, sulfate d'ammonium, chlorure d'ammonium, améliorant de pâte (stéaroyl lactylate de sodium, émulsifiant, acide ascorbique, azodicarbonamide, monoglycérides et diglycérides, monoglycérides éthoxylés, phosphate monocalcique, enzymes, gomme de guar, peroxyde de calcium, farine de soja), propionate de calcium et de sodium (conservateurs), lécithine de soja. »
224
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225
+ Le fait que les repas soient servis dans des emballages qui tiennent lieu de couvert jetable (boites, barquettes, gobelets, serviettes, pailles...) rend possible d'emporter et consommer n'importe où dans l'espace public et dans la nature où ils sont parfois abandonnés. De plus, la quantité d'emballage par client a tendance à augmenter (de 85,8 g par client en 2011 à 93 g en 2015 en Allemagne). Plus de 250 partenariats ont été signés entre les restaurants et les collectivités locales pour mutualiser les moyens de lutte contre l’abandon des emballages dans les rues et dans la nature[115].
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227
+ En juin 2019, McDonald’s a annoncé déployer le tri dans tous ses restaurants français en trois ans[116].
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229
+ D'autre part, McDonald's est le plus grand usager mondial de bœuf, cette viande est l'une des plus écologiquement coûteuses à produire (voir impact environnemental de la production de viande).
230
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231
+ Conformément à une obligation légale en France[117], les huiles de friture usagées sont recyclées depuis 2004 en France.
232
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233
+ À l'assemblée générale du 24 mai 2018, les actionnaires américains de McDonald's sont appelés à voter l'interdiction de l'utilisation des pailles en plastique[118]. La chaîne de restauration rapide est par ailleurs épinglée par l'association Zéro Waste France pour sa gestion des déchets[119] : 80 millions de boites Happy Meal sont vendues en France chaque année et seulement 1/4 des déchets produits par les restaurants sont recyclés.
234
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235
+ Face aux pressions des associations écologistes, McDonald’s remplace au Royaume-Uni et en Irlande[120] ses pailles en plastique par des pailles « écoresponsables » en papier. Pourtant, dans des notes internes divulguées dans la presse (The Sun), l’entreprise indique que ses nouvelles pailles devaient être jetées puis brûlées, car elles ne sont pas recyclables. Au Royaume-Uni, McDonald’s distribue 1,8 million de pailles chaque jour[121].
236
+
237
+ En France, l’enseigne de restauration va supprimer, à partir du 18 novembre 2019, les pailles et couvercles en plastique qui accompagnent les gobelets en papier contenant des boissons froides. Le liquide passera via un petit bec placé sur le couvercle, qui sera composé de fibres moulées de papier[122].
238
+
239
+ Au Brésil, la commission des droits de l'homme du Sénat a enregistré une plainte émanant du syndicat de travailleurs de McDonald's, à l'encontre de McDonald's pour avoir exploité des employés en les forçant à avoir des horaires de travail variables et non rémunérés[123].
240
+
241
+ McDonald's, en tant que sponsor des Jeux olympiques d’Athènes d’août 2004, était le seul restaurant de marque autorisé dans le village olympique, sur les terrains de sport et dans le centre de presse[124].
242
+
243
+ McDonald’s est l'un des sponsors des Jeux olympiques depuis 1968 et au moins jusqu'en 2020[125].
244
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245
+ Le 5 avril 2017, un rapport[126] publié par la CGT McDonald's et l'association ReAct décrypte le « système McDonald’s en France » (selon la terminologie de la multinationale[127]), lequel organiserait la maximisation des profits aux dépens de ses salariés et des recettes de l'État en s'appuyant principalement sur deux mécanismes juridiques[128].
246
+
247
+ Le premier est, selon le rapport, le dispositif de « redevances ». Ce dispositif a fait l'objet de plusieurs rapports détaillés[129] où il est expliqué que : « McDonald’s a pu procéder à une optimisation agressive et potentiellement abusive de sa structure, ce qui lui a permis d’éviter de payer des montants élevés d’impôts sur le continent ». Ces stratégies « d’optimisation fiscale » auraient coûté aux gouvernements européens plus d’1,5 milliard d’euros de recettes fiscales entre 2009 et 2015[130]. Au total, ce sont entre 386 millions et 713 millions d’euros qui auraient échappé à l’État français entre 2009 et 2013. Ce montage fiscal ne toucherait pas seulement les recettes de l'État, mais aussi les revenus des salariés : car en affectant le résultat net de chaque société, ces frais de redevances auraient notamment pour effet de minorer l’éventuelle prime de participation due à chaque salarié. Le second mécanisme est celui de l’évitement des seuils sociaux, via notamment les restaurants franchisés. Bien que McDonald’s emploie 73 000 personnes en France, c’est le droit social des petites entreprises qui s’applique dans la majorité des restaurants franchisés : ce qui leur permet de ne pas avoir à verser de prime de participation aux salariés (ni de mettre en place un comité d'entreprise). Au total, selon les auteurs du rapport, ce sont plus de 40 millions d'euros qui échapperaient chaque année aux salariés grâce à ce mécanisme.
248
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249
+ En mai 2018, trois syndicats européens, la Fédération syndicale européenne des services publics, la Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme, et l’Union internationale des employés des services, publient un rapport intitulé Unhappier Meal, qui révèle que la branche européenne de McDonald's (renommée McDonald’s Europe Franchising LLC) a été rapatriée en décembre 2016 du Luxembourg vers l'État américain du Delaware, où l'opacité est particulièrement forte au nom du secret des affaires — les rapports annuels de la multinationale sont ainsi inaccessibles. Une filiale est créée au Royaume-Uni (qui vient de s'engager dans le Brexit et de diminuer son imposition sur les entreprises) et est chargée d'engranger les bénéfices européens de la marque pour les rapatrier vers le siège américain via un circuit complexe de structures juridiques ; en parallèle, les filiales luxembourgeoises sur lesquelles enquête l'Union européenne (cf. infra) sont dissoutes par McDonald's[131].
250
+
251
+ En janvier 2014, la multinationale est soupçonnée de fraude fiscale pour un montant approchant les 2,2 milliards d'euros en France. Sur environ 1300 restaurants McDonald’s en France, 80 % appartiennent à des franchisés qui sont au nombre de 300. En tant que franchisés, ils doivent rétrocéder 4 % de leur chiffre d’affaires à McDonald’s pour les frais publicitaires, et entre 10 et 20 % à titre de commissions d’exploitation. Une fois ces sommes déduites, ils payent normalement des impôts. Ces sommes sont transférés de McDonald’s France vers la filiale basée au Luxembourg, McD Europe Franchising créé en 2009, et sa filiale en Suisse. L'entreprise est accusée d'organiser, depuis 2009, des transferts d'importantes sommes d'argent de la France vers la Suisse et le Luxembourg, sans que la filiale française ne se soit acquittée des impôts correspondants auprès du fisc[132].
252
+
253
+ En février 2015, McDonald's est à nouveau accusé par plusieurs syndicats d’avoir créé un montage juridique et financier pour échapper aux impôts en Europe et plus particulièrement en France entre 2009 et 2013[133],[134]. Le fisc français aurait un manque de plus d'un milliard d'euros[82].
254
+
255
+ En 2015, la Commission européenne révèle après avoir ouvert une enquête que la filiale européenne de l'entreprise américaine ne payait d'impôt sur les bénéfices ni dans l'Union européenne, ni aux États-Unis jusqu'en 2013 grâce à un accord fiscal avec le Luxembourg[135].
256
+
257
+ En décembre 2015, l'UNSA et la CGT, assisté par leur avocate Eva Joly, portent plainte contre l'entreprise pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée[136], abus de biens sociaux[137], présentation de comptes inexacts, faux et usage de faux, et recel, devant le procureur national financier[138],[139].
258
+
259
+ Selon L'Expansion, le fisc français notifie en avril 2016 à McDonald's un redressement de 300 millions d'euros, dont 100 000 de pénalités[140].
260
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261
+ Le 18 mai 2016, une perquisition est menée au siège social de McDonald's France dans le cadre d'une enquête pour blanchiment de fraude fiscale[141]. La branche française est accusée de réduire artificiellement ses bénéfices en France et de répercuter cette différence sur la comptabilité de sa maison mère au Luxembourg ou le régime fiscal est plus avantageux[141].
262
+
263
+ La Fondation Ronald McDonald a été créée en 1994, sous l'égide de la Fondation de France. Cette fondation agit pour le bien-être des enfants hospitalisés, et de leur famille[142]. Pour ce faire, elle a créé depuis plus de dix ans des « Maisons de Parents Ronald McDonald » qui permettent aux enfants d'être entourés de leurs proches (autant de la famille, que des camarades de classe). Selon son créateur, ces maisons donnent aux enfants un équilibre affectif déterminant dans leur guérison[143].
264
+
265
+ En 1998, la Fondation a créé le prix Familles au cœur, prix récompensant la famille la plus affective. Puis en 1999 les Rencontres Familles au cœur, pour se faire rencontrer les différentes familles dont les enfants sont hospitalisés.
266
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267
+ Il existe aujourd'hui neuf maisons en France, à Lille, Marseille, Villejuif, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Paris, Limoges, Nantes et Grenoble[144], ainsi qu’une parenthèse Ronald McDonald’s, un accueil de jour pour les familles, à l’hôpital d’Arras[145]. À travers le monde, il existe aujourd'hui plus de 250 maisons de parents McDonald qui accueillent plus de 5 000 proches.
268
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+ McDonald's apparaît dans plusieurs films, comme Les Rois mages (2001), 3 zéros (2002), Inspecteur Gadget 2 (2003) ou encore The Starving Games (2013).
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+ McDonald's Corporation [məkˈdɑnəldz ˌkɔɹpəˈɹeɪʃən][2] est une chaine de restauration rapide américaine présente dans le monde entier, fondée par l'homme d'affaires Ray Kroc en 1952 après qu'il eut acheté les droits à une petite chaîne de hamburger exploitée à partir de 1940 par Richard et Maurice McDonald[3].
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7
+ Chaque restaurant rapide McDonald's est exploité par un réseau commercial, par un affilié ou par la société elle-même. Les revenus de la société proviennent de la location des terrains, des redevances et des honoraires versés par les réseaux commerciaux, ainsi que des ventes dans les restaurants exploités par la compagnie. Les revenus de McDonald's ont augmenté de 5,5 % au cours des deux années se terminant en 2007 à 21,6 milliards de dollars accompagnés d'une croissance des bénéfices de 36,2 % du revenu d'exploitation à 3,5 milliards de dollars[4].
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9
+ McDonald's vend principalement des burgers de bœuf, poulet et poisson ainsi que des frites, des menus pour le petit-déjeuner, des sodas, des laits frappés et des desserts. La société a élargi l'offre avec des salades, wraps et fruits[5].
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11
+ Elle serait la plus grande chaîne de restauration rapide au monde en nombre de repas servis avec quelque 69 millions de clients par jour en 2013[6].
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13
+ L'entreprise est régulièrement la cible de critiques quant à la qualité diététique de ses produits, son omniprésence, ses pratiques environnementales et sa pratique de l'optimisation fiscale.
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+ En 1937, Patrick McDonald ouvre un stand de hot-dogs appelé « Airdome » à Arcadia, en Californie. En 1940, ses deux fils Richard et Maurice reprennent l'affaire, déménagent à San Bernardino, et se renomment « restaurant McDonald's » le 15 mai[7],[8],[9]. Le menu consiste en 25 articles, principalement cuisinés au grill. Et comme il était courant à l’époque, ils emploient environ 20 voituriers. Il devint un lieu de rendez-vous très populaire pour les jeunes (le lycée de la ville est situé à côté[7]), et très profitable pour ses propriétaires. Huit années plus tard, après avoir remarqué que la plupart de leurs revenus provenaient des hamburgers, les deux frères fermèrent leur restaurant pour plusieurs mois afin de développer l’innovant service rapide à hamburgers. La carte est réduite à l’offre que 80 % des consommateurs ont l’habitude de commander (hamburgers, soda, lait, café, frites et gâteau), tandis que la taille du hamburger est diminuée mais pour un prix réduit à 15 cents et que la vaisselle laisse la place à des assiettes et gobelets en carton. Dans la mesure où le service n’est plus assuré au volant — les clients passent commandes eux-mêmes à un guichet —, les voituriers furent licenciés.
16
+
17
+ En 1953, les frères McDonald commencent à franchiser leur restaurant. Neil Fox fut le premier franchisé. Le deuxième ouvre à Phoenix (Arizona). Il est le premier à présenter le dessin des arches dorées (formées par la lettre « M ») ; plus tard celui d’origine fut reconstruit dans ce style. Le troisième ouvre à Downey en Californie à l'angle du boulevard Lakewood et de l'avenue Florence et est à ce jour le plus vieux de la marque encore en activité.
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19
+ L'année suivante, l’entrepreneur et vendeur de machine à milk-shake (« lait frappé » au Québec) Ray Kroc fut fasciné quand il apprit leur rentabilité extraordinaire et leur popularité. Après avoir vu le système en fonctionnement, Kroc rencontra les frères McDonald, qui avaient déjà commencé à franchiser, avec une proposition de le laisser franchiser le système, avec lui comme premier franchisé. Kroc travailla dur pour vendre le système McDonald's. Il essaya de faire valoir sa rencontre avec Walt Disney (tous deux ayant suivi le même entraînement d'infirmier de la Croix-rouge pendant la première Guerre mondiale), dans le vain espoir d’ouvrir un restaurant dans le parc d'attraction Disneyland, alors en construction. D’autres le visitèrent et en repartirent inspirés, comme James McLamore, fondateur de Burger King, et Glen Bell, celui de Taco Bell.
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+ En 1955, Ray Kroc ouvre le premier McDonald de la société McDonald's actuelle à Des Plaines, dans la banlieue de Chicago, Illinois. Les revenus du premier jour furent de 366,12 dollars (de l’époque)[10]. Les documents officiels de la société utilisent souvent cette date comme leur commencement bien qu'il fût quinze ans plus tôt, et effaçant par la même occasion toute trace des frères McDonald en faveur de Kroc. Pendant plusieurs décennies cet établissement fut connu comme le « McDonalds numéro 1 ».
22
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23
+ À la fin de 2015 environ 83 % des 36 525 restaurants McDonald's dans le monde (119 pays) sont franchisés (30 081 franchisés)[11].
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27
+ Au début des années 1960, la société est renommée « McDonald's Corporation ». Dès 1961, les frères McDonald donnent leur accord pour vendre les droits de leur entreprise à Kroc pour un montant de 2,7 millions de dollars, que Kroc avait obtenu de plusieurs investisseurs (dont l’université de Princeton). Le contrat autorise les deux frères à conserver leur commerce d’origine mais ils perdent en contrepartie le droit d’afficher le nom McDonald's. Il fut donc renommé The Big M, et resta ouvert jusqu’à ce que Kroc ouvre un McDonald's juste dans la rue située au nord. Si les frères avaient conservé l’accord précédent qui leur offraient 0,5 % des revenus annuels de la chaîne, ils auraient aujourd’hui cumulé avec leurs familles plus de 100 millions de dollars par an. L’un des points forts du marketing de Kroc fut sa décision de vendre les hamburgers McDonald's aux familles et aux enfants. Un franchisé de Washington commandita un spectacle pour enfants baptisé Bozo's Circus. Bozo était un personnage franchisé, joué à Los Angeles par Willard Scott. Après que le spectacle fut annulé, Goldstein embaucha Scott pour représenter la nouvelle mascotte de McDonald's, Ronald McDonald dans les trois premières publicités télévisuelles incluant le personnage. Le personnage sera finalement diffusé sur le reste des États-Unis par une campagne de publicité. Bien que plus tard, il fut décidé qu’à la fois Scott et son costume d’origine étaient peu convenables pour le rôle. Une troupe entière de personnages issus du McDonaldland fut développée.
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+ En 1963, le sandwich filet de poisson (Filet-O-Fish) est proposé pour la première fois à Cincinnati dans l’Ohio, dans un restaurant situé dans un quartier à dominance catholique qui pratique l’abstinence les vendredis. Ce fut le premier ajout au menu d’origine, qui devint national l’année suivante, avec des poissons fournis par Gorton's of Gloucester. La société McDonald's entre en Bourse deux ans après en 1965. Le premier McDonald's en dehors des États-Unis ouvre à Richmond en Colombie-Britannique, au Canada dès 1967. Par ailleurs, le projet d’établissement, pour la chaîne, s'ouvre dans un bâtiment en propre, avec un toit à mansarde et des places à l’intérieur est présenté. En 1968, le Big Mac, similaire au hamburger Big Boy, et le chausson aux pommes sont mis en vente. Ils seront suivis de près par l’Egg McMuffin (Œuf McMuffin au Canada).
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+ Au début des années 1970, après avoir changé de propriétaires en 1968, le restaurant d’origine Big M ferme ses portes. Il est démoli en 1970 laissant seulement une partie de l’enseigne qui fut depuis restaurée. Les années suivantes ont marqué l'ouverture du restaurant dans de nombreux pays. Le premier McDonald's ouvre au Costa Rica le 28 décembre 1970 et au Panama le 1er septembre 1970. L'année suivante, l'un de ses restaurants s'ouvre au Japon.
32
+ En Europe, le premier restaurant du nom s'ouvre aux Pays-Bas à Zaandam (près d’Amsterdam) le 20 août 1971 (le premier franchisé se nommant Ahold) et en Allemagne le 22 novembre 1971. C’est le premier à vendre de l’alcool, comme il propose de la bière. Le premier McDonald's ouvre en Suède, dans Kungsgatan à Stockholm le 27 octobre 1973. Le 1er octobre 1974, le premier McDonald's ouvre au Royaume-Uni à Woolwich, dans le sud-est de Londres. C’est le 3 000e restaurant de cette société. 1977, ouverture du premier McDonald's en Irlande le 9 mai 1977, dans O'Connell Street (principale avenue de Dublin) et en Autriche le 21 juillet 1977.
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+ Dans les pays ou territoires francophones, le premier McDonald's québécois ouvre ses portes à Montréal en 1972 ; au cours des 18 mois qui suivent, une nouvelle franchise ouvre ses portes chaque mois au Québec.
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+ En France, ne se voyant aucun avenir au pays de la gastronomie, McDonalds signe en 1971 à Raymond Dayan — un homme d'affaires français résident aux États-Unis — un contrat de franchise pour 30 ans à des conditions très avantageuses[12]. C’est ainsi que le premier McDonald's s'ouvre en France le 30 juin 1972 à Créteil situé sur l'avenue de la brèche[13]. La France est ainsi le neuvième pays où McDonald's s’installe, Dayan ouvrant bientôt 14 restaurants. Après quelques années, McDonald's réalise son erreur, et propose à Raymond Dayan de lui racheter ses restaurants. Ce dernier refuse, si bien que McDonald invoque le non-respect de ses règles d'hygiène et engage une action judiciaire pour mettre fin à la licence. Dayan gagne le procès en première instance mais perd en appel au Tribunal de Chicago en 1982. Il doit rebaptiser ses 14 restaurants O'Kitch en décembre 1982 alors que la firme américaine ouvre en pleine bataille judiciaire son restaurant à Strasbourg le 17 septembre 1979[14].
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+ Entre-temps, en 1973, le Quarter Pounder (Royal Cheese en France, Quart de livre au Canada) est proposé. En Suisse, le premier restaurant ouvre le 20 octobre 1976 à Genève dans la rue du Mont-Blanc, près de la Gare. En Belgique, ouverture du premier McDonald's le 21 mars 1978.
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+ En Amérique du sud, le premier McDonald's est ouvert le 20 juillet 1972 au Salvador. Deux ans plus tard, le premier McDonald's au Guatemala ouvre le 6 juin 1974. Le 13 février 1979, le premier McDonald's ouvre ses portes au Brésil. En Océanie, le premier McDonald's australien ouvre à Sydney le 30 décembre 1971 dans le quartier de Yagoona. Il est suivi du premier restaurant installé en Nouvelle-Zélande le 7 juin 1976. En Asie, ouverture du premier McDonald's à Hong Kong le 8 janvier, aux Bahamas le 4 août, et au Nicaragua. C'est par ailleurs cette année que le principe du Drive In est proposé. Il fut plus tard appelé McDrive dans certains pays. À Singapour, ouverture du premier McDonald's le 20 octobre 1979.
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+ Le Happy Meal (Joyeux Festin au Canada) fait ses débuts aux États-Unis dès le début de l'année 1979. Cette même année, l'ouverture d’un McDonald's est organisée en France à Strasbourg le 17 septembre 1979. Beaucoup plus contrôlé que son prédécesseur par le siège européen, alors basé à Zurich, il lui donna satisfaction.
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+ Au début des années 1980, McDonald's lance le sandwich McChicken (« MacPoulet » au Canada), c’est son premier produit à base de volaille. Il ne se vend pas et sera retiré des menus, avant d'être relancé plus tard, après les Chicken McNuggets, sans faillir. Deux ans plus tard, le premier McDonald's ouvre en Malaisie.
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+ En 1983, McDonald's lance les Chicken McNuggets (« McCroquettes » au Canada).
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+ Le 18 juillet 1984, un homme de 41 ans, James Huberty, rentre dans un établissement McDonald's à San Ysidro, Californie, avec une arme à feu ; il tue 21 personnes et en blesse 19 autres[15]. La même année, la société est l'un des principaux commanditaires des Jeux olympiques d'été de 1984. Elle dépense beaucoup plus que prévu pendant les jeux avec son opération marketing « Quand les États-Unis gagnent, vous gagnez ! » (« If the U.S. wins, you win! »), offrant des repas gratuits dans ses restaurants à chaque médaille américaine[16] ; n'ayant pu prévoir le boycott des jeux par les nations du bloc soviétique.
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+ En 1985, McDonald's ouvre en Italie, dans la ville de Bolzano. Un établissement plus récent à Rome imposera de nouveaux standards pour les décors intérieurs. Un an plus tard, le premier McDonald's ouvre en Turquie, dans la ville d’Istanbul (quartier Taksim). Le premier ministre de Turquie, Turgut Özal, fait le déplacement pour l'inauguration. Deux ans plus tard, McDonald's ouvre dans un pays communiste, à Győr en Hongrie. Le restaurant de Belgrade en Yougoslavie ouvre plus tard la même année[réf. nécessaire].
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+ En 1989, McDonald's ouvre en Écosse dans le quartier de Trongate à Glasgow[réf. nécessaire].
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+ Le 31 janvier 1990, le premier McDonald's d'Union soviétique (URSS) ouvre à Moscou[17]. Cette ouverture est particulièrement remarquée, la chaîne étant vue comme un symbole du capitalisme[18]. C'est alors le premier restaurant étranger de l'Union soviétique, il accueille 30 000 clients le jour de son inauguration[19]. C’est l’un des plus imposants du monde. Pour des raisons politiques, son ouverture fut négociée par McDonald's Canada ; pour compenser les problèmes d’approvisionnement russes, la société créa sa propre chaîne de production, y compris les fermes. Cette même année marque le début de l’affaire McLibel à Londres en Angleterre, le plus long procès de l’histoire britannique.
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56
+ En 1992, Stella Liebeck est brûlée au troisième degré par un café acheté à emporter dans un McDonald's. Elle poursuivit en justice la société. Cette même année marque l'ouverture au Maroc, sur la Corniche de Casablanca. McDonald’s Maroc est le premier centre de distribution en Afrique (en juillet 2015 : 36 McDo[20]).
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+ En plus, ce premier restaurant dispose d'une entrée spéciale pour véhicules et un service au volant (McDrive).
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+ Parallèlement, McDonald's diversifie son offre avec le McCafé en 1993, le McMorning pour le petit-déjeuner en 1996[21].
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+ En 1995, McDonald's ouvre son premier restaurant en Afrique du Sud au mois de novembre[22]. D'un autre côté, la société reçoit des plaintes provenant de ses franchisés se plaignant du trop grand nombre de franchises accordées. McDonald's commença à conduire des études de marchés avant d’accorder de nouvelles franchises.
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+ Au mois de mai 1996, la Walt Disney Company et McDonald's signent un contrat international d’exclusivité pour Disney des jouets proposés dans les Happy Meals (Joyeux festins au Canada). Après un procès de 314 jours (le procès le plus long de l’histoire anglaise), McDonald's gagne la première partie du procès McLibel[23] contre des membres de l’association écologiste Greenpeace à Londres. L’image de McDonald's en ressort fortement entachée puisque le juge a déclaré à l’issue du verdict du procès que la multinationale « exploite les enfants » par ses méthodes de marché, que l’entreprise est responsable de « cruauté envers les animaux » et « empêche la création de syndicats ». De plus le juge a dénoncé la politique de l’entreprise de payer des salaires toujours plus bas. Cela n'empêche pas l'entreprise d'ouvrir son premier restaurant en Ukraine, le 24 mai, sur l'artère la plus connue du pays : la khrechtchatyk. L'Ukraine est le 102e pays où la marque s'installe. En 2012, McDonald's propose ses menus dans plus de 70 restaurants ukrainiens, principalement dans le centre et l'est du pays.
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+ En 1998, le procès d'un ancien franchisé, Bernard Collorafi[24][réf. à confirmer] est déclenché contre l'enseigne pour avoir fait les frais d'une guerre économique.
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+ En 1999 en France, le syndicat agricole Confédération paysanne par l'entremise de M. José Bové et d’autres paysans français attirent l’attention internationale sur la malbouffe en démontant une sandwicherie franchisée de McDonald en cours d'assemblage à l'entrée de la petite ville de Millau (Aveyron). L’action fait suite à l'interdiction des importations en Europe par l’Union européenne des viandes américaines issues de vaches élevées aux hormones de croissance. En signe de rétorsion, les États-Unis augmentent les frais de douanes des fromages au lait cru français, dont le célèbre roquefort, ainsi que d’autres produits européens[25]. José Bové fut condamné à trois mois de prison pour son rôle dans cette action symbolique.
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+ En réaction, McDonald's France adopte dans les années 2000-2010 une nouvelle stratégie pour mieux s'adapter au marché hexagonal : aliments qui « font français dans [la] recette » des sandwichs (fromage à raclette, bœuf charolais, croque-monsieur, etc.), réorganisation des lieux de vente pour les présenter comme des restaurants, modernisation de l'image ou encore présence au salon de l'Agriculture à partir de 2001 (insistant notamment sur la provenance majoritairement française des produits vendus). Au fil des années, ce virage est adopté par la marque à l'international : le slogan « Venez comme vous êtes » est ainsi repris sous la forme « Come as you are » et Denis Hennequin, responsable de cette stratégie française, est promu à la tête de la division Europe de McDonald's[25].
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72
+ Le 8 février 2014, Mc Donald's ouvrait son premier restaurant au Vietnam à Hô-Chi-Minh-Ville[26].
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+ Au début de l'année 2000, Eric Schlosser publie Fast Food Nation, un livre critique sur les restaurants rapides en général et McDonald’s en particulier. En Bretagne (France), plusieurs attentats visent des McDonald's, dont l’attentat de Quévert qui coûte la vie à une employée.
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76
+ L'année suivante, le FBI annonce que des employés de Simon Worldwide, une société sous-traitante de McDonald's pour promouvoir les Happy Meals et les jeux 'Millionnaire'/'Monopoly', avaient dérobé des bulletins gagnants pour plus de 20 millions de dollars.
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+ En 2002, McDonald's perd le procès contre un ancien franchisé, Bernard Collorafi[27], mais ce dernier n’obtient aucune compensation. Un sondage dans Restaurants and Institutions Magazine classe McDonald's 15e pour la qualité de la nourriture dans les chaînes de hamburgers, soulignant l’échec de la société pour améliorer les standards dans son réseau de franchises. McDonald's publie sa première perte trimestrielle (344 millions de dollars) pour le dernier trimestre de l’année. C’est un résultat de la concurrence provenant des autres chaînes de restauration rapide.
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+ L'année suivante en 2003, McDonald's entame une campagne de publicité mondiale qui vend une image meilleure pour la santé et de meilleure qualité. La campagne fut baptisée I'm lovin' it™ en référence au titre du même nom de Justin Timberlake, et fut lancée dans plus de 100 pays simultanément. Selon Technomic, une société d’études de marché, les parts de marché de McDonald's aux États-Unis sont tombées en cinq ans de 30 % à 15,2 %[réf. nécessaire]. Plus tard, la société annonce à nouveau une perte de 126 millions de dollars pour le quatrième trimestre.
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82
+ En 2004, Morgan Spurlock produit le film documentaire Super Size Me dans lequel il ne mange que de la nourriture McDonald's durant 30 jours. Le film montre que ce sera au détriment de sa santé. Le titre est tiré d’une option de menu disponible aux États-Unis (un menu venant en trois « tailles » : petit, moyen et grand), qui fut rapidement retiré de l’offre. Il est très probable que ce retrait ait été influencé par les retombées médiatiques de Super Size Me[réf. nécessaire].
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84
+ En 2005, McDonald's célèbre son 50e anniversaire, 65 ans après l’ouverture par les frères McDonald de leur premier restaurant rapide. Le 15 février, McDonald's perd la deuxième partie du procès McLibel devant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg. En effet, après avoir perdu le premier procès en 1997, Helen Steel et Dave Morris (deux membres de Greenpeace), ont décidé de ne pas payer l’amende qui leur avait été imposée (60 000 £ de dommages et intérêts à payer à McDonald's, somme réduite à 40 000 £ en appel). Au lieu de ça, ils ont décidé de faire appel à la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg revendiquant que les lois de diffamation anglaises jouaient lourdement en faveur d’entreprises comme McDonald’s. Mark Stephens, l’avocat des plaignants a déclaré : « La Cour Européenne des Droits de l’Homme a considéré que des violations des droits de l’homme avaient été commises à leur encontre — qu’il y avait eu une iniquité procédurale dans l’affaire et que les procédures adoptées n’étaient pas équitables. » Après 15 années de procédures judiciaires et de battages médiatiques, l’affaire a coûté environ 15 millions d’euros au géant de la restauration rapide et a été décrit comme « le plus grand désastre de l’histoire quant aux relations publiques pour une société ».
85
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86
+ Au mois de mars 2006 entame la campagne de la coalition des travailleurs Immokalee, appelé aussi le CIW (Coalition of Immokalee Workers). Ce groupe d’ouvriers agricoles de la Floride du Sud réclame un respect des droits du travail de la part de la compagnie.
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+ Le 9 mai 2006, la société Disney a annoncé qu’elle ne renouvelait pas son contrat international avec McDonald's.
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+ En novembre sort le film Fast Food Nation réalisé par Richard Linklater et Éric Schlosser, une forte critique de l’industrie de la restauration rapide. Dans le film, la compagnie fictive Mickey's est largement inspirée de la compagnie McDonald's.
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+ En 2007, McDonald's du Canada célèbre son 40e anniversaire.
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+ 2008 : le 8 avril, McDonald's du Canada révise son menu. Certains sandwichs sont retirés, d’autres sont modifiés et de nouveaux produits de luxe apparaissent. En France, une campagne de publicité est lancée : « Venez comme vous êtes », une traduction littérale de Come as you are, un succès du groupe de musique Nirvana. Une enseignante-chercheuse écrit un article titré : « Le roi du standardisé s'empare de la diversité »[28].
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+ En 2009, McDonald's se retire de l'Islande, l'importation des hamburgers y devient trop chère[29] et les profits n'ont jamais été aussi bas à la suite de la baisse considérable de la monnaie nationale, la couronne islandaise[30],[31],[32], les restaurants rapides sont transformés sous l'enseigne locale Metro[29]. Cette même année, McDonald's a environ 13 000 restaurants rapides aux États-Unis, soit un restaurant rapide pour 23 000 habitants[33].
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+ En décembre 2010 en Chine, McDonald's a 1 100 lieux de vente[34].
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+ En mars 2011 en Inde, McDonald's a 160 restaurants[35]. McDonald's a 1,7 million de salariés dans le monde[36]. En France métropolitaine, il y a un McDonald's pour 54 000 habitants[37]. Dans le monde, le résultat net grimpe de 11 % à 5,5 milliards de dollars et un CA en progrès de 12 % à 27 milliards. En France, le CA s'élève de 7,5 % à 4,19 milliards d'euros (d'environ + 5 % à base comparable)[38]. McDonald's achète plus de 50 000 tonnes de steak haché de bœuf à McKey dans le Loiret dont 2 000 tonnes de charolais, issue de plus de 40 000 éleveurs. 36 087 tonnes de blé[39]. Plus de 230 000 tonnes de pommes de terre issues de la Marne de McCain Foods et 17 641 tonnes de salade de Bakkvör[40].
101
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102
+ En 2012, McDonald's construit le plus grand de ses restaurants avec 1 500 places assises pour les JO à Londres[41]. Ce restaurant reste en service 6 semaines car il est par la suite démonté[42]. 14 000 restaurants aux États-Unis dont 27 sont dans des hôpitaux[43]. En février 2012 en Chine, McDonald's a 1 400 points de vente dont 36 restaurants franchisés[44].
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104
+ Le 14 février 2012, signature d'un contrat à prix bloqué sur 3 ans avec les coopératives et meuneries françaises à partir de la récolte 2012. L'achat concerne 8 500 tonnes de blé panifiable (180 € / tonne au départ de la coopérative et 235 € / tonnes pour un blé très protéiné)[45].
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+ À partir de 2013 se développe le « made for you » en France afin d'augmenter la qualité des produits et de réduire les pertes de nourritures[46],[47],[48]. En 2002, les États-Unis ont la totalité des McDonald's made for you[46]. Les cuisines « fait pour vous » n'ont pas de burgers en attente au chaud[49]. Les produits sont préparés dès que la commande est validée[50].
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+ Le 15 novembre 2013, au moins trois postes en contrat emplois d'avenir sont diffusés sur Pôle emploi[51] alors que McDonald's avait d'abord refusé les contrats subventionnés par l'État à 35 % du salaire brut[52].
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+ À partir du milieu de l'année 2015, McDonald's propose un service de livraison à domicile, disponible dans 88 établissements, tous répartis au sein de trois quartiers de la ville de New York : Manhattan, Brooklyn et le Queen's. Un service de livraison était déjà plus ou moins établi en Asie[53].
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112
+ En janvier 2017, McDonald's annonce la vente de ses activités en Chine aux fonds CITIC et Carlyle Group pour 2,1 milliards de dollars, McDonald's garde une participation de 20 % dans sa filiale locale, qui devient ainsi son franchisé[54],[55].
113
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114
+ En août 2017, McDonald's est contraint de fermer 40 % de ses restaurants en Inde à la suite d'un désaccord avec son principal franchisé[56].
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116
+ En France, le 10 octobre 2017, le burger végétarien est une première. Le « Grand Veggie » a une galette panée de légumes à l’emmental (carottes, salsifis). Le burger à la sauce au pesto rouge a du chou rouge et blanc, des jeunes pousses d'épinard, de salade et de roquette, et 2 rondelles de tomates. Quelques graines de courge, de sésame et de pavot sont sur le pain[57],[58].
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+ Le 27 février 2018, McDonald's reprend un partenariat avec Disney pour les jouets des Happy Meals pour Les Indestructibles 2, presque 10 ans après leur contrat décennal des années 1990[59],[60].
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+ Au 29/09/2019[61].
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122
+ L’entreprise McDonald's est une multinationale qui possède fin 2014, 36 258 réseaux commerciaux rapides (restaurants rapides) sous la marque McDonald's, dans 119 pays[62], dont 7 855 en Europe et 14 350 aux États-Unis. L’entreprise possède ou a des participations dans d’autres chaînes de restaurants, comme Aroma Café, Boston Market, Chipotle Mexican Grill, Donatos Pizza (depuis décembre 2003) et Pret A Manger.
123
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124
+ Les revenus pour 2001 étaient de 14,87 milliards de dollars, avec un revenu net de 1,64 milliard de dollars[63]. Près d'un employé sur huit aux États-Unis a travaillé une fois dans sa vie au sein de l'entreprise McDonald's[64].
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126
+ Dans tous les pays où McDonald's est établi, il dispose du plus grand nombre d'établissements de restauration rapide dans le pays à l'exception du Canada et de la Belgique. En effet, au Canada Tim Hortons dispose de plus de 3 000 restaurants contre 1 400 pour McDonald's. Quant à la Belgique, Quick commença son implantation avant McDonald's ; il en résulte 96 Quick pour 65 McDonald's[Quand ?].
127
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128
+ En réponse à cette expansion, a été voté en Russie en 2004 une loi pour restreindre le nombre de restaurants rapides sur le territoire et pour fermer ceux qui se situent sur des lieux touristiques, selon Moscou pour « remettre en valeur le patrimoine architectural ». Ailleurs, par exemple, une demande de création d'un restaurant McDonald's sur la place du Tertre, à Paris, a été refusée.
129
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130
+ A contrario, McDonald's a entamé depuis le milieu des années 1990 une « régionalisation » de ses restaurants (dont ses franchises) de par le monde. Des spécialités culinaires « dans le respect de la culture et des attentes du pays en question » ont ainsi été proposées. Pourtant, certaines devantures arborent une inspiration architecturale contrastant avec les ambiances locales : les années 1950 aux États-Unis, le far-west (à Toulouse-Balma), le théâtre italien (celui de Disney Village), temple chinois (celui de Paris 13e), Riad (à Marrakech).
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132
+ Fin 2015, l'entreprise comptait 36 525 restaurants à travers le monde[11].
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134
+ Le McDonald's le plus haut sur Terre (3 600 mètres) était à La Paz, en Bolivie, mais est aujourd'hui fermé. Le plus bas (-396 m) est ouvert en Israël dans le village de Ein Bokek près de la mer Morte. Ces implantations extrêmes valent à McDonald's la phrase suivante, librement inspirée de celle qualifiant l'Empire britannique à son apogée : « Le soleil ne se couche jamais sur les Golden Arches » (« The sun never sets on the Golden Arches »)[65].
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136
+ Le plus vaste McDonald's du monde est situé à Orlando, en Floride, sur la route menant à Walt Disney World Resort : International Drive[66]. Il a 117  places de parking. La surface du terrain fait 1,07 ha dont 1 320 m2 couvert (380 m2 : 3 niveaux, 440 m2 : 2 niveaux et 500 m2 : 1 niveau)[67].
137
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138
+ Fin 2018, la France compte 1 464 restaurants qui servent chaque jour 1,8 million de repas[69]. La France est l'un des marchés les plus dynamiques[70] : en 2018, l'enseigne a réalisé 5,1 milliards d'euros hors taxes de ventes totales. « McDo », selon l'appellation commune, voit passer plus de 1,8 million de clients par jour[71]. Selon la campagne publicitaire de juillet 2007, plus de 200 restaurants sont équipés de Wi-Fi, plus de 700 restaurants sont équipés de McDrive, plus de 900 restaurants sont climatisés, et 70 % des restaurants ouvrent jusqu'à 23 h au moins. En 2011, la France est le pays le plus rentable du monde après les États-Unis, et le restaurant réalisant le plus gros CA du monde se trouve à Marne-la-Vallée, en Seine-et-Marne dans la zone commerciale Disney Village[72]. Son CA dépasse celui situé sur les Champs-Élysées[70] qui était auparavant le gros volume d'affaires avec près de 25 millions d'euros par an fin 2011[40]. Fin 2018, on comptait, en France, 1 464 restaurants répartis dans 1148 communes[40]. Plus de 1,8 million de repas sont servis quotidiennement en France[40] où McDonald's revendique le titre de premier recruteur, avec 32 015 personnes recrutées en 2018[73],[74].
139
+
140
+ En France, avant mi-2013, au moins la moitié des restaurants propose le service à table avec la présence de personnels et de bornes automatiques de commandes[75]. L'avantage pour le client étant l'absence d'attente en heure de pointe bien que les 70 % du CA soient réalisés sur cette même plage horaire de 4 heures par jour (rush du midi et du soir)[75]. Pour un service optimum, le lobby est divisé en plusieurs zones que le client peut choisir[75].
141
+
142
+ En février 2012 est mis en place la commande en ligne appelée « GoMcDo ». Une trentaine de restaurants en France servent des commandes prises à partir de 10h00[76] et pré-payées (PayPal et carte de paiement) via internet par ordinateur ou smartphone[75]. Une fois pré-payée, la commande ne peut être modifiée mais peut être annulée[77]. Avant 23h00, le client doit se présenter à un restaurant McDonald's et valider sa commande à l'une des bornes de commande ou borne « Easy Check-In » situées à l'intérieur du restaurant[78] (ou pour certains restaurants, à l'extérieur, au CEL Drive[79]), le système déclenche le paiement et la préparation de la commande. Passé 23h00, si le client ne s'est pas présenté, la commande est annulée et le client n'est pas débité. Au début de 2014, 95 % du réseau propose ce service[80]. La commande en ligne GoMcDo permet une réduction de la surface des comptoirs[75].
143
+
144
+ En 2013, il faut en moyenne 17 semaines entre le début des travaux et l'ouverture du restaurant. Le record est de 12 semaines (avenue Alexandre Marqui à Lourdes)[81].
145
+
146
+ En moyenne, chaque McDo ouest parisien[82] :
147
+
148
+ Les restaurants ont d'abord ouvert dans des communes fortement peuplées [ouverture en 1979 à Strasbourg (1975 : 253 384 habitants)] puis dans des communes de moins en moins peuplées : 2012 à Jonzac[83] (2011 : 3 491 habitants), 2012 en face de l'aire, A75, de la Lozère, à Albaret-Sainte-Marie[84],[85] (2012 : 569 habitants), 2013 à Notre-Dame-de-Sanilhac[49] (2011 : 3 089 habitants) et 2014 à La Queue-les-Yvelines[86] (2011 : 2 164 habitants). En France en 2013, on compte en moyenne un restaurant McDonald's pour 52 000 habitants.
149
+
150
+ Depuis le 18 novembre 2019, les pailles ont été définitivement supprimées dans 1470 restaurants McDonald's de France, au profit de gobelets en carton, équipés d'un couvercle recyclé en fibre naturelle de papier, avec un bec verseur. La chaîne de restauration a donc renoncé au plastique au profit de l'écologie et en faveur du "plastic bashing"[87].
151
+
152
+ On propose dans cette chaîne : des hamburgers (sandwichs ronds comme le pan-bagnat mais utilisant un pain sucré), des pommes de terre frites, salades, morceaux de poulet panés, divers sodas.
153
+
154
+ Conscient de cette critique et soucieux de sa popularité, McDonald's essaie de diversifier son menu en proposant des salades et des fruits.
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156
+ Au Maroc, à chaque Ramadan, McDonald’s sert un menu spécial f’tour : harira (soupe marocaine), lait, dattes ainsi qu’un Big Mac et Le McArabia y est vendu toute l'année (très apprécié par les marocains pour sa viande épicée). Alors qu'au Québec, McDonald's propose le populaire plat de poutine. L’offre de produit a considérablement évolué, la chaîne a déjà proposé des pizzas (format familial et individuel), le McLéger et autres. Pendant quelques années, les établissements ont proposé une gamme de sandwichs réalisés sur pain grillé pour concurrencer Subway qui propose des sandwichs frais. Ce produit a été retiré du menu. Finalement, certains produits ne sont proposés que pour une période spécifique de l’année.
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158
+ Au Canada, dans les provinces francophones, McDonald's a toujours francisé le nom de ses produits : alors qu’en France, on commande « un Menu Best of Royal Cheese avec un Coca light », on parlera au Canada d’« un trio quart de livre avec fromage avec un Coke diète ».
159
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160
+ Composition partielle d’un pain de hamburger McDonald's :
161
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162
+ Étant donné la constitution de ce pain, on ne peut le comparer avec un pain traditionnel fait de farine de blé, de sel, de levant (levain ou levure) et d’eau, il n’en a pas les qualités nutritives. Cependant tous les additifs (Exxx) ont été autorisés par la Commission européenne et sont déclarés sans danger aux doses où ils sont présents (sauf parfois un risque allergène) ; quelques-uns sont même entièrement naturels. Ils se retrouvent tous dans la composition d’autres aliments industriels vendus dans les supermarchés (pain industriel, bonbons, fromages de laits mélangés et stérilisés, etc.). Voir Additif alimentaire.
163
+
164
+ En raison de la valeur calorique du hamburger (viande de bœuf et pain sucré), des frites et des sodas, se nourrir fréquemment chez McDonald's peut favoriser l’obésité[88]. Il a été démontré qu’y manger épisodiquement ne devrait pas représenter de risque immédiat, et les cours de diététique actuels (2004) donnent souvent comme exercice d’application l’équilibrage alimentaire d’une journée comportant un repas chez « McDo » ou dans un établissement similaire. Des tables rappelant les valeurs caloriques, protidiques, glucidiques et lipidiques des principaux produits vendus sont désormais toujours indiqués sur les emballages des produits.
165
+
166
+ Les fournisseurs historiques de McDonald's aux États-Unis se sont implantés en Europe en même temps que la chaîne de restaurants, bâtissant un tissu industriel capable de répondre à ses exigences : Keystone pour la viande transformée, East Balt pour les pains, McCain pour les frites, et Cargill pour la volaille[89]. L'enseigne s'approvisionne également auprès de quelques fournisseurs locaux, pour les sauces ou pour l'équipement des restaurants. Dans d'autres pays européens[Lesquels ?], les fournisseurs locaux de produits alimentaires constituent en très grande partie[réf. nécessaire] de l'approvisionnement des restaurants de McDonald's.
167
+
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+ En France, en 2018, 74% des produits alimentaires achetés par McDonald’s étaient issus d’entreprises agroalimentaires françaises[90].L’enseigne a utilisé plus de 25 504 tonnes de viande bovine française, en 2018, à 55% d’origine française. Depuis 2014, les sachets de P’tite Pomme sont composés de pommes 100% françaises, avec des vergers situés dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et le Val de Loire[91]. De manière générale, ce sont environ 10 entreprises principales qui se partagent la production des matières premières utilisées par McDonald's en France[92].
169
+
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+ En Suisse, en 2016, 85 % des produits alimentaires utilisés par McDonald’s Suisse étaient issus de fournisseurs suisses, dont 100 % pour le bœuf, les pommes de terres et l'huile de colza. Parmi lesquels on compte notamment Bell (4 445 tonnes de viande de bœuf en 2016) depuis plus de 40 ans, Eisberg (salade), Emmi (produits laitiers), Frigemo (13 550 tonnes de pommes de terre en 2016), Florin, Fortisa (3 630 tonnes de blé en 2016), Nestlé, Ospelt et Valser. Les galettes de viande hachée, composées exclusivement de viande de bœuf suisse, ne comporte aucun additifs tels que exhausteurs de goût et liants[réf. nécessaire].
171
+
172
+ Le mardi 20 janvier 2015, McDonald's dévoile dans une vidéo diffusée sur internet la recette de ses frites vendues aux États-Unis. Les frites américaines de McDonald's sont composés de 19 ingrédients dont le principal reste la pomme de terre. Cependant des ingrédients sont ajoutés pour rendre un goût unique aux frites McDonald's comme le dimethylpolysiloxane (ou E900), un silicone qui évite que l’huile ne mousse au moment de la cuisson. Selon Santé Magazine, le dimethylpolysiloxane est toxique en grande quantité[93].
173
+ Le pyrophosphate de sodium, un cristallin incolore transparent peu toxique et irritant[94]. On trouve aussi du butylhydroquinone tertiaire, un composé dérivé du pétrole qui est toxique et peu biodégradable[95] ainsi que de l'arôme naturel de bœuf.
174
+
175
+ Dans les restaurants français, les frites sont composées de trois ingrédients principaux : des pommes de terre 100% françaises, de l’huile et du sel. L’huile de friture est composée d’un mélange d’huiles de colza et de tournesol pour garantir la saveur et la croustillance des frites. L’huile de cuisson contient en quantité infime du E900, un additif autorisé par la Commission européenne, qui permet d’éviter les projections d’huile bouillante et donc les risques de brûlures pour les équipiers. Du E450 est aussi utilisé en faible quantité pour éviter que les pommes de terre coupées ne brunissent lorsqu’on les laisse à l’air libre. Enfin, du dextrose peut être ponctuellement ajouté. Ce sucre naturel permet de garantir une qualité et une couleur homogène des frites toute l’année. Aucun agent de saveur, arôme artificiel ou additif d’origine animale n’est ajouté à la préparation des frites[96].
176
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177
+ Tous les sandwichs sont condimentés de la couronne du pain (partie supérieure) au talon du pain (partie inférieure) sauf le Big Mac. Les listes suivantes sont générales et ne tiennent pas compte des cartes disponibles selon les pays. Certains sandwichs ne sont donc pas à la carte dans certains pays (par ex : le double hamburger n'est pas servi en France) mais il y a le double cheeseburger.
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+ Parmi les plats proposés, on peut noter :
180
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+ La chaîne de restauration rapide présente également une offre de déjeuners.
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+ Le logo McDonald's dit des « arches dorées » (Golden Arches (en)) est créé en 1962 par Jim Schindler alors responsable de l'ingénierie de conception à McDonald's. Il s'inspire des deux arches jaunes de la façade du tout premier restaurant McDonald's réalisé par l'architecte Stanley Meston à Phoenix. Jim Schindler rassemble les deux arches pour en faire un « M ». Aux États-Unis de 1968 à 2006, le nom de la chaîne écrit en blanc est ajouté dans un encadré rouge, puis il est simplifié[97].
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185
+ McDonald's France fait le choix à partir de 2009 de changer son image en intégrant le logo dans un encadré vert foncé pour un ton « développement durable ». Cette nouvelle formule est une réussite marketing, en cours de généralisation en Europe[98].
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+ Au Maroc, l'Institut national de normalisation certifie que toutes les recettes sont halal[99].
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+ Logo de 1968 à 2006, utilisé à travers le monde.
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+ Logo depuis 2007, utilisé en Europe.
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+ Logo sans fond rouge utilisé depuis les années 2010.
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+ Logo sans fond rouge utilisé depuis les années 2010 (Canada).
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197
+ Un autre aspect contesté est la possible précarité de l’emploi dans cette entreprise. Un mot dérivé, McJob, est utilisé par les anglophones pour parler des emplois les plus difficiles et mal payés. En 2007, McDonald's lance une pétition sur internet pour que le Oxford English Dictionary (dictionnaire de référence pour la langue anglaise) retire ce terme[101],[102].
198
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+ Étant d'origine américaine, les dirigeants des restaurants McDonald's imposent à leur personnel l'utilisation d'un large vocabulaire anglais, y compris dans les pays où l’anglais n’est pas parlé par la population, ce qui les met souvent en infraction avec la législation du travail de ces pays[103].
200
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201
+ En 1986, le magazine The Economist a proposé l’utilisation de l’indice Big Mac pour estimer le niveau de vie des pays dans lesquels McDonald's est présent. Ce produit est en effet une constante dans les menus proposés dans les enseignes McDonald's et permet de rendre compte du pouvoir d’achat de la population. Cependant l'Inde fait figure d'exception puisque McDonald's n'y propose pas de viande dans ses burgers.
202
+
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+ En 2012, le prix du Big Mac est de 2 à 8 $. Il coûte 4,80 € (5 $) en France[104].
204
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+ La façade du 119 rue Saint-Lazare à Paris est classée « patrimoine des monuments historiques » depuis 1997[105].
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+ La distribution des fournitures aux McDonald's est assurée en Amérique et depuis peu[Quand ?] en France, au Canada, en Australie et au Royaume-Uni par Martin-Brower. Cette entreprise intervient de nos jours (2019) dans 19 pays différents et 25 000 restaurants[106] Trente-deux pays du continent européen sont fournis par Havi Logistics[107].
208
+
209
+ Les critiques envers McDonald's sont nombreuses et de plusieurs ordres : elles portent soit sur les produits, soit sur l'entreprise multinationale, et sont diététiques, culturelles, esthétiques, environnementales, économiques, sociales et même politiques ; plusieurs néologismes sont apparus pour désigner ces nouveaux phénomènes : la « macdomination » du monde et la « McDonaldisation » de la société (Paul Ariès[108], George Ritzer[109]).
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211
+ En 2012, le chef Jamie Oliver démontre que les parties grasses de la viande de bœuf sont « lavées » dans de l'hydroxyde d'ammonium avant d'être utilisées pour les hamburgers de l'enseigne.
212
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213
+ L'enseigne a été touchée par des scandales alimentaires. Le 5 janvier 2015, les nuggets au poulet de McDonald's au Japon font scandale, à nouveau, après un retentissant problème sanitaire en 2014, avec la découverte d'un morceau de plastique dans ce met. Mac Donald a donné l'ordre à 3100 de ses restaurants de ne pas proposer les nuggets provenant des mêmes chaînes de production[110]. En Chine, McDonald's a été obligé d'arrêter toute importation et vente des produits à base de poulet car la filiale Husi Food Company utilisait de la viande périmée[111].
214
+
215
+ McDonald's est un symbole de la mondialisation et par conséquent l'objet de critiques portant sur la standardisation des modes de vies (ici l'alimentation) et sur la domination du style de vie nord-américain. Ces critiques sont inhérentes aux services proposés par McDonald's qui vont parfois à l'encontre de pratiques culturelles régionales et par extension de valeurs.
216
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+ Outre l’affaire McLibel, McDonald's est une cible privilégiée des mouvements altermondialistes et du syndicat agricole français Confédération paysanne.
218
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+ En France, le 12 août 1999, à l'entrée de la ville de Millau (Aveyron) dans la vallée du Tarn, McDonald's a fait l'objet d'une action militante initiée par la Confédération paysanne[112]. Des paysans militants, dont le porte-parole de ce syndicat José Bové, ont démonté illégalement un établissement de la chaîne McDonald's en cours d'édification afin d’alerter l’opinion publique sur les mesures restrictives (par surtaxations douanières) des États-Unis envers des produits agroalimentaires français dont le fromage au lait cru roquefort en réaction au refus européen d'importer de la viande américaine de vache élevée aux hormones de croissance. Pour information, l’OMC s'était déclarée favorable à ces importations de viandes. Mcdonald's France avait alors lancé une vaste campagne publicitaire, insistant sur le fait que 88,9 % des produits Mcdonald's vendus en France sont achetés au sein de l’Union européenne. 45 % proviennent des éleveurs et cultivateurs français.
220
+
221
+ Une illustration des critiques liant les aspects sanitaires (diététiques) et marketing a eu lieu dans la municipalité californienne de San Francisco : celle-ci a prévu d'interdire en décembre 2011 les jouets gratuits inclus dans les menus pour enfants trop gras, trop salés et trop sucrés : « Pour avoir le droit d'offrir un jouet gratuit dans un menu, la limite sera fixée à 600 calories, 640 mg de sodium, 35 % de calories issues de graisses et 10 % de calories issues de graisses saturées. Par ailleurs, les menus devront comporter des portions significatives de fruits et de légumes. »[113]. En effet, des élus argumentent que les jouets motivent largement l'achat de ces repas et reconnaissent implicitement que la nourriture de McDonald's peut être néfaste au niveau diététique.
222
+ La composition des sandwichs est à elle seule une source de critique.
223
+ Liste des ingrédients entrant dans la composition du pain[114] : « Farine enrichie (farine de blé blanchie, farine d’orge maltée, niacine, fer réduit, mononitrate de thiamine, riboflavine [Vitamine B2], acide folique (Vitamine B9), enzymes), eau, sirop de maïs riche en fructose, sucre, levure, huile de soja et/ou huile de soja partiellement hydrogénée, contient 2 % ou moins des ingrédients suivants : sel, sulfate de calcium, carbonate de calcium, gluten de blé, sulfate d'ammonium, chlorure d'ammonium, améliorant de pâte (stéaroyl lactylate de sodium, émulsifiant, acide ascorbique, azodicarbonamide, monoglycérides et diglycérides, monoglycérides éthoxylés, phosphate monocalcique, enzymes, gomme de guar, peroxyde de calcium, farine de soja), propionate de calcium et de sodium (conservateurs), lécithine de soja. »
224
+
225
+ Le fait que les repas soient servis dans des emballages qui tiennent lieu de couvert jetable (boites, barquettes, gobelets, serviettes, pailles...) rend possible d'emporter et consommer n'importe où dans l'espace public et dans la nature où ils sont parfois abandonnés. De plus, la quantité d'emballage par client a tendance à augmenter (de 85,8 g par client en 2011 à 93 g en 2015 en Allemagne). Plus de 250 partenariats ont été signés entre les restaurants et les collectivités locales pour mutualiser les moyens de lutte contre l’abandon des emballages dans les rues et dans la nature[115].
226
+
227
+ En juin 2019, McDonald’s a annoncé déployer le tri dans tous ses restaurants français en trois ans[116].
228
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229
+ D'autre part, McDonald's est le plus grand usager mondial de bœuf, cette viande est l'une des plus écologiquement coûteuses à produire (voir impact environnemental de la production de viande).
230
+
231
+ Conformément à une obligation légale en France[117], les huiles de friture usagées sont recyclées depuis 2004 en France.
232
+
233
+ À l'assemblée générale du 24 mai 2018, les actionnaires américains de McDonald's sont appelés à voter l'interdiction de l'utilisation des pailles en plastique[118]. La chaîne de restauration rapide est par ailleurs épinglée par l'association Zéro Waste France pour sa gestion des déchets[119] : 80 millions de boites Happy Meal sont vendues en France chaque année et seulement 1/4 des déchets produits par les restaurants sont recyclés.
234
+
235
+ Face aux pressions des associations écologistes, McDonald’s remplace au Royaume-Uni et en Irlande[120] ses pailles en plastique par des pailles « écoresponsables » en papier. Pourtant, dans des notes internes divulguées dans la presse (The Sun), l’entreprise indique que ses nouvelles pailles devaient être jetées puis brûlées, car elles ne sont pas recyclables. Au Royaume-Uni, McDonald’s distribue 1,8 million de pailles chaque jour[121].
236
+
237
+ En France, l’enseigne de restauration va supprimer, à partir du 18 novembre 2019, les pailles et couvercles en plastique qui accompagnent les gobelets en papier contenant des boissons froides. Le liquide passera via un petit bec placé sur le couvercle, qui sera composé de fibres moulées de papier[122].
238
+
239
+ Au Brésil, la commission des droits de l'homme du Sénat a enregistré une plainte émanant du syndicat de travailleurs de McDonald's, à l'encontre de McDonald's pour avoir exploité des employés en les forçant à avoir des horaires de travail variables et non rémunérés[123].
240
+
241
+ McDonald's, en tant que sponsor des Jeux olympiques d’Athènes d’août 2004, était le seul restaurant de marque autorisé dans le village olympique, sur les terrains de sport et dans le centre de presse[124].
242
+
243
+ McDonald’s est l'un des sponsors des Jeux olympiques depuis 1968 et au moins jusqu'en 2020[125].
244
+
245
+ Le 5 avril 2017, un rapport[126] publié par la CGT McDonald's et l'association ReAct décrypte le « système McDonald’s en France » (selon la terminologie de la multinationale[127]), lequel organiserait la maximisation des profits aux dépens de ses salariés et des recettes de l'État en s'appuyant principalement sur deux mécanismes juridiques[128].
246
+
247
+ Le premier est, selon le rapport, le dispositif de « redevances ». Ce dispositif a fait l'objet de plusieurs rapports détaillés[129] où il est expliqué que : « McDonald’s a pu procéder à une optimisation agressive et potentiellement abusive de sa structure, ce qui lui a permis d’éviter de payer des montants élevés d’impôts sur le continent ». Ces stratégies « d’optimisation fiscale » auraient coûté aux gouvernements européens plus d’1,5 milliard d’euros de recettes fiscales entre 2009 et 2015[130]. Au total, ce sont entre 386 millions et 713 millions d’euros qui auraient échappé à l’État français entre 2009 et 2013. Ce montage fiscal ne toucherait pas seulement les recettes de l'État, mais aussi les revenus des salariés : car en affectant le résultat net de chaque société, ces frais de redevances auraient notamment pour effet de minorer l’éventuelle prime de participation due à chaque salarié. Le second mécanisme est celui de l’évitement des seuils sociaux, via notamment les restaurants franchisés. Bien que McDonald’s emploie 73 000 personnes en France, c’est le droit social des petites entreprises qui s’applique dans la majorité des restaurants franchisés : ce qui leur permet de ne pas avoir à verser de prime de participation aux salariés (ni de mettre en place un comité d'entreprise). Au total, selon les auteurs du rapport, ce sont plus de 40 millions d'euros qui échapperaient chaque année aux salariés grâce à ce mécanisme.
248
+
249
+ En mai 2018, trois syndicats européens, la Fédération syndicale européenne des services publics, la Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme, et l’Union internationale des employés des services, publient un rapport intitulé Unhappier Meal, qui révèle que la branche européenne de McDonald's (renommée McDonald’s Europe Franchising LLC) a été rapatriée en décembre 2016 du Luxembourg vers l'État américain du Delaware, où l'opacité est particulièrement forte au nom du secret des affaires — les rapports annuels de la multinationale sont ainsi inaccessibles. Une filiale est créée au Royaume-Uni (qui vient de s'engager dans le Brexit et de diminuer son imposition sur les entreprises) et est chargée d'engranger les bénéfices européens de la marque pour les rapatrier vers le siège américain via un circuit complexe de structures juridiques ; en parallèle, les filiales luxembourgeoises sur lesquelles enquête l'Union européenne (cf. infra) sont dissoutes par McDonald's[131].
250
+
251
+ En janvier 2014, la multinationale est soupçonnée de fraude fiscale pour un montant approchant les 2,2 milliards d'euros en France. Sur environ 1300 restaurants McDonald’s en France, 80 % appartiennent à des franchisés qui sont au nombre de 300. En tant que franchisés, ils doivent rétrocéder 4 % de leur chiffre d’affaires à McDonald’s pour les frais publicitaires, et entre 10 et 20 % à titre de commissions d’exploitation. Une fois ces sommes déduites, ils payent normalement des impôts. Ces sommes sont transférés de McDonald’s France vers la filiale basée au Luxembourg, McD Europe Franchising créé en 2009, et sa filiale en Suisse. L'entreprise est accusée d'organiser, depuis 2009, des transferts d'importantes sommes d'argent de la France vers la Suisse et le Luxembourg, sans que la filiale française ne se soit acquittée des impôts correspondants auprès du fisc[132].
252
+
253
+ En février 2015, McDonald's est à nouveau accusé par plusieurs syndicats d’avoir créé un montage juridique et financier pour échapper aux impôts en Europe et plus particulièrement en France entre 2009 et 2013[133],[134]. Le fisc français aurait un manque de plus d'un milliard d'euros[82].
254
+
255
+ En 2015, la Commission européenne révèle après avoir ouvert une enquête que la filiale européenne de l'entreprise américaine ne payait d'impôt sur les bénéfices ni dans l'Union européenne, ni aux États-Unis jusqu'en 2013 grâce à un accord fiscal avec le Luxembourg[135].
256
+
257
+ En décembre 2015, l'UNSA et la CGT, assisté par leur avocate Eva Joly, portent plainte contre l'entreprise pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée[136], abus de biens sociaux[137], présentation de comptes inexacts, faux et usage de faux, et recel, devant le procureur national financier[138],[139].
258
+
259
+ Selon L'Expansion, le fisc français notifie en avril 2016 à McDonald's un redressement de 300 millions d'euros, dont 100 000 de pénalités[140].
260
+
261
+ Le 18 mai 2016, une perquisition est menée au siège social de McDonald's France dans le cadre d'une enquête pour blanchiment de fraude fiscale[141]. La branche française est accusée de réduire artificiellement ses bénéfices en France et de répercuter cette différence sur la comptabilité de sa maison mère au Luxembourg ou le régime fiscal est plus avantageux[141].
262
+
263
+ La Fondation Ronald McDonald a été créée en 1994, sous l'égide de la Fondation de France. Cette fondation agit pour le bien-être des enfants hospitalisés, et de leur famille[142]. Pour ce faire, elle a créé depuis plus de dix ans des « Maisons de Parents Ronald McDonald » qui permettent aux enfants d'être entourés de leurs proches (autant de la famille, que des camarades de classe). Selon son créateur, ces maisons donnent aux enfants un équilibre affectif déterminant dans leur guérison[143].
264
+
265
+ En 1998, la Fondation a créé le prix Familles au cœur, prix récompensant la famille la plus affective. Puis en 1999 les Rencontres Familles au cœur, pour se faire rencontrer les différentes familles dont les enfants sont hospitalisés.
266
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267
+ Il existe aujourd'hui neuf maisons en France, à Lille, Marseille, Villejuif, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Paris, Limoges, Nantes et Grenoble[144], ainsi qu’une parenthèse Ronald McDonald’s, un accueil de jour pour les familles, à l’hôpital d’Arras[145]. À travers le monde, il existe aujourd'hui plus de 250 maisons de parents McDonald qui accueillent plus de 5 000 proches.
268
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269
+ McDonald's apparaît dans plusieurs films, comme Les Rois mages (2001), 3 zéros (2002), Inspecteur Gadget 2 (2003) ou encore The Starving Games (2013).
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1
+ Un méandre, qui doit son nom à un fleuve de Turquie, est une sinuosité très prononcée du cours d'un fleuve ou rivière, qui se produit naturellement lorsque le courant est suffisant pour éroder les berges en présence de matériaux plus résistants, d'embâcles ou de barrages de castors. Le début de sinuosités naturelles est accentué par la force centrifuge qui exerce une pression sur la partie extérieure de la courbe. Sa courbure est essentiellement due à une faible pente.
2
+
3
+ Un méandre est aussi dénommé un cingle pour certaines rivières comme la Dordogne, la Vézère ou le Lot.
4
+ Pour désigner les tresses de grands fleuves, on parlait aussi autrefois (1689) de rague ou serpenteaux[1].
5
+
6
+ Presque partout l'homme a contribué à figer (par artificialisation et/ou engiguement des berges) et/ou à rectifier ou détruire (processus d'endiguements de chenalisation[2]...) de très nombreux méandres, ce qui a considérablement dégradé les habitats aquatiques et rivulaires et diminué la surface des zones humides (qui abritent une grande partie de la biodiversité). C'est pourquoi de nombreuses expériences de renaturation avec reméandrage sont mises en œuvre de par le monde[2],[3].
7
+
8
+ Le terme vient du grec Maiandros, désignant un fleuve de Turquie au cours particulièrement sinueux (appelé aujourd'hui le Menderes). Les Grecs anciens l'avaient divinisé (voir l'article Méandre (mythologie)).
9
+
10
+ Il existe deux approches pour expliquer la formation des méandres : la turbulence et la compression. Selon l’école des « compresseurs », les méandres sont formés par le fait de la compression induite par la rugosité du lit du cours d’eau et selon les « turbulents », les méandres sont semblables à des allées tourbillonnaires de von Karman[4],[5].
11
+
12
+ Les méandres et le « chevelu » naturels des fleuves évoluent dans l'espace et dans le temps sous l'effet de l'érosion et de la sédimentation due au courant, face aux substrats durs (embâcles naturels ou non). Au fil du temps, un méandre peut finir par se recouper, délimitant un bras mort.
13
+
14
+ Dans les régions agricoles et urbaines, ou ayant fait l'objet d'aménagements hydrauliques, les méandres et les bras-morts tendent à rapidement régresser puis disparaître au profit de la rectification des canaux (depuis plus de 500 ans en Europe), avec diverses conséquences négatives liées à l'accélération des flux d'eau :
15
+
16
+ Les grands fleuves dont les berges sont depuis longtemps urbanisées ont souvent conservé leurs anciens et principaux méandres (p. ex. la Seine en France, notamment en aval de Rouen), mais ils ont souvent perdu leur « chevelu » et la capacité de ces méandres à évoluer, l'urbanisme ou l'agriculture cherchant à les fixer pour des raisons de protection de la propriété publique ou privée.
17
+
18
+ On oppose traditionnellement la rive concave (rive externe, attaquée par l'érosion, souvent en pente forte) et la rive convexe (rive intérieure, généralement en pente faible et constituée d'alluvions déposées par le cours d'eau), ces deux rives alternant d'un méandre à l'autre.
19
+
20
+ Le lobe d'un méandre correspond à l'espace enserré par l'arc de cercle formé par ledit méandre; lorsque le méandre est très accentué, ce lobe se rétrécit à son entrée, formant un pédoncule. Lorsque ce dernier disparaît sous les attaques de l'érosion, il se forme alors un méandre recoupé.
21
+
22
+ La méandrisation fait partie des processus dits de perturbation qui créent de nouveaux milieux, colonisés par les espèces pionnières, puis par un stade secondaire et climacique. Ce phénomène contribue à l'hétérogénéité et à la diversité biologique des fleuves, rivières et ripisylves. La méandrisation est un phénomène naturel nécessaire au bon fonctionnement écologique des fleuves, qui devrait être préservé ou restauré pour répondre aux objectifs de bonne gestion de l'eau et de bon état écologique du bassin versant (cf. directive-cadre sur l'eau en Europe), que l'écologie rétrospective peut intégrer dans les démarches de cartographie des corridors biologiques.
23
+ Ces processus nécessitent que la rivière puisse librement divaguer dans son lit majeur, ce qui est peu acceptable dans les contextes de propriété privée. En France les documents d'urbanisme (SCoT en particulier) peuvent désigner et protéger les zones d'évolution des cours d'eau.
24
+
25
+ Dans les processus de renaturation, pour retrouver un fonctionnement plus naturel et se rapprocher de l'écopotentialité du cours d'eau et du bon état écologique (objectif de la directive-cadre sur l'eau), des opérations de reméandrisation sont parfois réalisées, par exemple avec l'aide de l'Europe dans le cadre de projets Life (par exemple) et/ou de restauration de la trame verte et bleue ou de gestion restauratoire de sites Natura 2000 tel qu'en vallée de la Lauter où des canaux de drainage ont été reméandrés pour retrouver un paysage et des fonctionnalités plus proches de ces systèmes naturels[12]. Ainsi en Suisse des travaux de grande ampleur sont parfois menés pour que les rivières puissent à nouveau circuler (et former des méandres) dans leur lit majeur[13]. Des guides et ouvrages spécialisés proposent des documents pédagogiques sur le reméandrage[14],[15],[16].
26
+
27
+ Formation d'un méandre : la berge de gauche régresse naturellement sous l'action érosive du courant, alors que la berge de droite avance, le courant moins rapide y déposant des sédiments fixés par les arbres.
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+ Dans un contexte aride, les méandres augmentent considérablement le linéaire de végétation rivulaire.
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+ Méandres saumâtres du delta du Sine-Saloum (Sénégal, entre la Petite-Côte et la Gambie), une région de mangroves classée Parc national en 1978.
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+ La Sioule: le méandre de Queuille (Auvergne, France).
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+ Méandres du Nowitna, affluent du Yukon (Alaska, États-Unis).
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37
+ Méandres et bras mort (Scandinavie).
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+
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+ Méandre du Doubs à Besançon.
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+ Petits méandres insérés dans des méandres plus larges (trace fossile de l'ancienne White River).
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+ Méandre de l'Arda (rivière de Bulgarie).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La Meuse dans les Ardennes françaises.
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+ Le grand méandre de la Loue, Chenecey-Buillon (Doubs)
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+ La Canche près de Montreuil (Pas-de-Calais).
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+ Rochefort, méandre de la Charente.
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+ Un méandre, qui doit son nom à un fleuve de Turquie, est une sinuosité très prononcée du cours d'un fleuve ou rivière, qui se produit naturellement lorsque le courant est suffisant pour éroder les berges en présence de matériaux plus résistants, d'embâcles ou de barrages de castors. Le début de sinuosités naturelles est accentué par la force centrifuge qui exerce une pression sur la partie extérieure de la courbe. Sa courbure est essentiellement due à une faible pente.
2
+
3
+ Un méandre est aussi dénommé un cingle pour certaines rivières comme la Dordogne, la Vézère ou le Lot.
4
+ Pour désigner les tresses de grands fleuves, on parlait aussi autrefois (1689) de rague ou serpenteaux[1].
5
+
6
+ Presque partout l'homme a contribué à figer (par artificialisation et/ou engiguement des berges) et/ou à rectifier ou détruire (processus d'endiguements de chenalisation[2]...) de très nombreux méandres, ce qui a considérablement dégradé les habitats aquatiques et rivulaires et diminué la surface des zones humides (qui abritent une grande partie de la biodiversité). C'est pourquoi de nombreuses expériences de renaturation avec reméandrage sont mises en œuvre de par le monde[2],[3].
7
+
8
+ Le terme vient du grec Maiandros, désignant un fleuve de Turquie au cours particulièrement sinueux (appelé aujourd'hui le Menderes). Les Grecs anciens l'avaient divinisé (voir l'article Méandre (mythologie)).
9
+
10
+ Il existe deux approches pour expliquer la formation des méandres : la turbulence et la compression. Selon l’école des « compresseurs », les méandres sont formés par le fait de la compression induite par la rugosité du lit du cours d’eau et selon les « turbulents », les méandres sont semblables à des allées tourbillonnaires de von Karman[4],[5].
11
+
12
+ Les méandres et le « chevelu » naturels des fleuves évoluent dans l'espace et dans le temps sous l'effet de l'érosion et de la sédimentation due au courant, face aux substrats durs (embâcles naturels ou non). Au fil du temps, un méandre peut finir par se recouper, délimitant un bras mort.
13
+
14
+ Dans les régions agricoles et urbaines, ou ayant fait l'objet d'aménagements hydrauliques, les méandres et les bras-morts tendent à rapidement régresser puis disparaître au profit de la rectification des canaux (depuis plus de 500 ans en Europe), avec diverses conséquences négatives liées à l'accélération des flux d'eau :
15
+
16
+ Les grands fleuves dont les berges sont depuis longtemps urbanisées ont souvent conservé leurs anciens et principaux méandres (p. ex. la Seine en France, notamment en aval de Rouen), mais ils ont souvent perdu leur « chevelu » et la capacité de ces méandres à évoluer, l'urbanisme ou l'agriculture cherchant à les fixer pour des raisons de protection de la propriété publique ou privée.
17
+
18
+ On oppose traditionnellement la rive concave (rive externe, attaquée par l'érosion, souvent en pente forte) et la rive convexe (rive intérieure, généralement en pente faible et constituée d'alluvions déposées par le cours d'eau), ces deux rives alternant d'un méandre à l'autre.
19
+
20
+ Le lobe d'un méandre correspond à l'espace enserré par l'arc de cercle formé par ledit méandre; lorsque le méandre est très accentué, ce lobe se rétrécit à son entrée, formant un pédoncule. Lorsque ce dernier disparaît sous les attaques de l'érosion, il se forme alors un méandre recoupé.
21
+
22
+ La méandrisation fait partie des processus dits de perturbation qui créent de nouveaux milieux, colonisés par les espèces pionnières, puis par un stade secondaire et climacique. Ce phénomène contribue à l'hétérogénéité et à la diversité biologique des fleuves, rivières et ripisylves. La méandrisation est un phénomène naturel nécessaire au bon fonctionnement écologique des fleuves, qui devrait être préservé ou restauré pour répondre aux objectifs de bonne gestion de l'eau et de bon état écologique du bassin versant (cf. directive-cadre sur l'eau en Europe), que l'écologie rétrospective peut intégrer dans les démarches de cartographie des corridors biologiques.
23
+ Ces processus nécessitent que la rivière puisse librement divaguer dans son lit majeur, ce qui est peu acceptable dans les contextes de propriété privée. En France les documents d'urbanisme (SCoT en particulier) peuvent désigner et protéger les zones d'évolution des cours d'eau.
24
+
25
+ Dans les processus de renaturation, pour retrouver un fonctionnement plus naturel et se rapprocher de l'écopotentialité du cours d'eau et du bon état écologique (objectif de la directive-cadre sur l'eau), des opérations de reméandrisation sont parfois réalisées, par exemple avec l'aide de l'Europe dans le cadre de projets Life (par exemple) et/ou de restauration de la trame verte et bleue ou de gestion restauratoire de sites Natura 2000 tel qu'en vallée de la Lauter où des canaux de drainage ont été reméandrés pour retrouver un paysage et des fonctionnalités plus proches de ces systèmes naturels[12]. Ainsi en Suisse des travaux de grande ampleur sont parfois menés pour que les rivières puissent à nouveau circuler (et former des méandres) dans leur lit majeur[13]. Des guides et ouvrages spécialisés proposent des documents pédagogiques sur le reméandrage[14],[15],[16].
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+ Formation d'un méandre : la berge de gauche régresse naturellement sous l'action érosive du courant, alors que la berge de droite avance, le courant moins rapide y déposant des sédiments fixés par les arbres.
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+ Dans un contexte aride, les méandres augmentent considérablement le linéaire de végétation rivulaire.
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+ Méandres saumâtres du delta du Sine-Saloum (Sénégal, entre la Petite-Côte et la Gambie), une région de mangroves classée Parc national en 1978.
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+ La Sioule: le méandre de Queuille (Auvergne, France).
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+ Petits méandres insérés dans des méandres plus larges (trace fossile de l'ancienne White River).
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+ Le grand méandre de la Loue, Chenecey-Buillon (Doubs)
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+ La Mecque[1] (en arabe : مكة, makka) est une ville de l'ouest de l'Arabie saoudite, non loin de la charnière séparant le Hedjaz de l'Asir, à 80 km de la mer Rouge, et capitale de la province de la Mecque.
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+
7
+ Lieu de naissance, selon la tradition islamique, du prophète de l'islam Mahomet à la fin du VIe siècle[2], elle abrite la Kaaba au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram (« La Mosquée sacrée ») et la tradition musulmane a lié sa fondation à Ibrahim (Abraham), ce qui en fait la ville sainte la plus sacrée de l'islam. L'accès est interdit aux personnes qui ne sont pas de confession musulmane ainsi qu'aux femmes seules, même musulmanes[3].
8
+
9
+ L'histoire pré-islamique de la ville est assez obscure et difficilement accessible. C'est annuellement et depuis le VIIe siècle le lieu du pèlerinage de La Mecque (hajj) qui rassemble, depuis la fin du XXe siècle, des millions de fidèles des différentes confessions de l'islam, venus du monde entier. C'est également le lieu vers lequel se tournent pour leurs prières quotidiennes les croyants musulmans[4].
10
+
11
+ Depuis les années 1970, des spéculateurs immobiliers construisent des infrastructures, avec un gigantisme comparable à celles de Las Vegas, pour permettre d'accueillir plus de fidèles, mais détruisant dans le même temps des sites historiques islamiques[5],[6].
12
+
13
+ La ville de La Mecque a pour nom officiel actuel Makkah[7] (en arabe : مَكَّة [makkaʰ al mukarramaʰ], « La Mecque »).
14
+
15
+ Le géographe grec Ptolémée (IIe siècle) mentionne dans son ouvrage Géographie VI, 7, 31-37[8] une « Makoraba » située en Arabie heureuse (Arabia felix)[9],[10] c'est-à-dire l'actuel Yémen. Certains chercheurs y voient la première mention de la Mecque, une thèse qui reste débattue.
16
+
17
+ L'étymologie de Macoraba est incertaine. Certains chercheurs la font remonter à l'arabe yéménite maqrab qui signifierait « sanctuaire »[11] d'autres à l'éthiopien mikrab, « le temple »[12]. Mekwarb peut signifier le « palais », le « lieu sacré » ou la « synagogue », sans être antinomique du sens surbaissé pour désigner « le lieu du sanctuaire »[13]. Makoraba peut suggérer la présence d'une ressource en eau pérenne qui attirait une population sédentaire et près de laquelle la Kaa'ba fut bâtie à une époque indéterminée[14]. Cependant, à partir de la langue afar, une langue du même groupe que l'arabe yéménite appartenant au groupe de l'afrasiatique, la traduction du mot maqrab (pl. maqrooba) signifie « amas de pierres rouges et plates »[15].
18
+
19
+ En 1987, dans son livre Meccan trade and the Rise of Islam, l'historienne Patricia Crone remet en question l'identification de la Makoraba avec le site de la Mecque[16] : selon elle, une évolution de la racine krb de « Makoraba » en mkk de Mekka est impossible[16]. En 2010, Mikhaïl D. Bukharin, soutient que le nom Macoraba pourrait dériver — via le grec — de l'arabe maghrib (« ouest »), conjecturant que le sud-ouest du Hedjaz et la région de La Mecque étaient connus des romains et des grecs de la seconde moitié du IIe siècle sous le nom de « l'Ouest »[17], dans une hypothèse « curieuse »[18] qui, identifiant la Mecque à la Macoraba de Ptolémée[19], demeure spéculative et conforte paradoxalement[20] les positions de Crone[21].
20
+
21
+ En 2018, l'historien Ian D. Morris relève que le consensus sur l'identification entre la Mecque et Macoraba a pu exister car la question, peu approfondie[22], n'a pas été réexaminé avant Crone et que cette attribution, arbitraire et fragile, doit être requestionnée[23]. En 2019, l'historien Guillaume Dye, citant Morris, remet également cette hypothèse en question dans Le Coran des historiens[19].
22
+
23
+ Selon les commentateurs musulmans, le nom la Mecque apparaîtrait à deux reprises dans des passages tardifs du Coran sous la dénomination de Makka (48,24) et sous celle, plus controversée, de Bakka (3,96) ; certains de ces commentateurs considèrent que ces termes puissent être des dérivatifs de noms plus anciens dont il existe peut-être des traces.
24
+
25
+ Le verset 3,96 mentionne : « Certes, le premier sanctuaire qui ait été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bakka bénie et une bonne direction pour l'univers ». L'exégèse traditionnelle du Coran (Tafsir) assimile également ce nom de Bakka à celui de Makka/La Mecque pour revendiquer une grande antiquité à la ville, qui en ferait ainsi le premier centre cultuel du monde. Cette assimilation et l'interprétation du nom sont également débattues[24]. L'archéologie montre cependant que les premières constructions datent du VIIIe siècle. Lors de la construction du complexe Abraj Al Bait Towers des fouilles ont été entreprises sur le site. L'architecte Sami Angawi en sa qualité de docteur de philosophie en architecture islamique a dirigé ces fouilles et relève que les première strates d'occupations du sol remonte au mieux à la formation de l'islam il y a 1 400 ans, l'architecture est de type abbasside[25].
26
+
27
+ Pour Tesei, si les commentateurs ont relié Bakka à la Mecque, celui-ci considère ce lien comme douteux. Ce toponyme apparaît, en effet, dans le psaume 84 sans référence à une ville arabe. Ce passage semble davantage lié à l’autel d’Abraham sur une montagne du pays de Moriyya. Pour Reynolds, il est possible que le Coran, par ce passage, « transfère ces traditions à un lieu en Arabie » et il n’est pas impossible que la Mecque ait été choisie comme site de la « Maison », par la correspondance avec certains traits de la description coranique[26]. Pour Holmgren, dans la Bible, la vallée de Baca désigne une vallée au sud-ouest de Jérusalem (Psaume 84:6)[27].
28
+
29
+ Selon certaines interprétations enfin, Bakka désignerait l’esplanade où la Kaaba fut construite, tandis que Makkah (pour « La Mecque » en arabe) désigne l’ensemble de la cité[28]. Enfin, al Haram signifiant « sacré », le territoire autour des deux villes saintes de La Mecque et de Médine se dit al-balad al-ḥarām, « le territoire sacré ».
30
+
31
+ Le philologue Christoph Luxenberg, dans un article daté de 2012[29], traduit l'expression « dans la vallée de la Makka » par « au milieu d'un conflit ». Ainsi, selon cette approche, le nom de La Mecque ne serait pas même cité dans le Coran.
32
+
33
+ Dans les parties géographiques des puranas, composés au Ier millénaire ap. J.-C.[évasif], on trouve La Mecque sous le nom de मकेश्वर / Makeśvara. Pour le texte hindou, la pierre noire qui y est entreposée est l’emblème du dieu Shiva (le Lingam)[30].
34
+
35
+ Selon le philologue Christoph Luxenberg qui théorisa en 2007 une origine syro-araméenne du Coran, le nom de la Mecque proviendrait plutôt de la racine araméenne Makk désignant une dépression topographique, soit notamment et justement une « vallée » qui accréditerait l'origine syro-araméenne[31].
36
+
37
+ La ville de La Mecque se situe à l'ouest de l'Arabie saoudite, sur les pentes de la chaîne d'al-Sarawat, entre les massifs du Hedjaz et de l'Asir, plus précisément dans la vallée de l'oued Ibrahim au pied de collines de 60 à plus de 500 mètres de hauteur. Le port de Djeddah n'est distant que de 80 kilomètres. La partie est de la ville se situe entre 194 et 310 m au-dessus du niveau de la mer. La partie ouest, à 400 m, se caractérise par la présence de certains monts qui peuvent atteindre jusqu'à 900 m d'altitude comme le mont Jabal Tarki (qui est la plus haute montagne de la Mecque) et le Jabal Khandama qui culmine à 914 m. La partie centrale a une altitude moyenne de 294 m et la Kaaba est à 300 m. Cette partie est caractérisée par le mont Jabal Thor (759 m) qui a joué un rôle important dans la vie du prophète de l'islam Mahomet.
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39
+ La température à La Mecque atteint un maximum de 48 degrés l'été et un minimum de 18 degrés l'hiver, avec une moyenne comprise entre 29,9 et 31 degrés, ce qui en fait une des villes les plus chaudes du monde après In-Salah (et non Aïn-Salah) en Algérie.
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41
+ Sa population est estimée à 1 547 360 habitants (estimation 2012)[32]. La ville de La Mecque prospère surtout grâce aux millions de pèlerins qui s'y rendent chaque année. Le sanctuaire de La Mecque atteint sa pleine capacité de deux millions et demi de personnes lors des nuits du mois de ramadan (pour les prières nocturnes tarawih), ou lors du pèlerinage hajj.
42
+
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+ Le point antipodal de La Mecque (21° 25′ 21″ S, 140° 10′ 26″ O[33]) se situe dans l'océan Pacifique, en Polynésie française, à 55 kilomètres à l'est-nord-est de l'atoll de Tematangi (archipel des Tuamotu, commune de Tureia).
44
+
45
+ La Mecque possède un climat subtropical désertique avec des étés très chauds et très secs et des hivers chauds et secs. Contrairement aux autres villes d'Arabie saoudite, La Mecque conserve une température moyenne maximale supérieure à 30 °C en période hivernale. En hiver, il peut y avoir de grands changements de température, qui peuvent par exemple en quelques jours passer de 45 °C à 30 °C. il peut faire rarement 25 °C, tout comme les températures peuvent souvent dépasser les 40 °C. Il ne neige jamais, il n'y a jamais de gel, et les pluies sont rares mais souvent brutales, orageuses, avec des inondations fréquentes. En été, les températures moyennes maximales dépassent 40 °C et les températures nocturnes restent supérieures à 28 °C. Les orages secs sont fréquents. Depuis 2004, de septembre à mai, les températures minimales observées dépassent toujours les 29 °C. À partir de mai, il n'est pas rare de voir des températures supérieures à 48 °C.
46
+
47
+ En 2009 une importante découverte paléontologique a lieu près de la Mecque, le paléontologue Iyad Zalmout[35], université du Michigan aux États-Unis, qui était à la recherche de fossiles de baleines et de dinosaures, a découvert un crâne fossilisé datant de 29 à 28 millions d’années, qui correspond à l'espèce Saadanius hijazensis[36], un Primate catarrhinien apparenté à l’ancêtre commun des Grands Singes (dont l'Homme) et des Cercopithèques. Les chercheurs vont accentuer les recherches dans cette région d'Asie et particulièrement dans les strates géologiques de cette période.
48
+
49
+ On appelle généralement « Tradition musulmane » ou « islamique » « l'ensemble des textes produits ou enregistrés aux premiers siècles de l'islam »[37]. Selon le Coran et les hadith, la ville aurait été fondée avant la période islamique par Ibrahim et Ismaël. Dieu renouvelant solennellement son alliance en leur faveur convoque les hommes à « la Maison », al-bayt (البيت), transposition directe du syro-araméen bayta (ܐܬܝܒ) pour qu’ils adoptent « pour lieu de prière ce lieu où Abraham se tint » (s. 2/v. 125).
50
+
51
+ Cette tradition coranique correspond au dogme religieux selon lequel la première « demeure (bayt) divine » terrestre a été créée par Abraham à La Mecque[38], affirmation qui atteste de la polémique entre Mahomet et la communauté judaïque de Médine, ainsi dépossédée de la figure patriarcale fondatrice désormais islamisée[39].
52
+
53
+ Les récits anciens transmis par la tradition musulmane expliquent que c'est une source miraculeusement apparue grâce à une intervention divine qui est à l'origine de la ville. L'histoire rapportée par les Qisas Al-Anbiya (en), le Livre des Prophètes, rejoignant partiellement un récit de la Genèse[40], explique que l'épouse d’Abraham (Ibrahim), Sarah (Śāra), exigea de celui-ci qu'il exile sa concubine Agar (Hajar) et l'enfant qu'elle lui a donné, Ismaël (Ismāʿīl)[41].
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+
55
+ Le patriarche s'exécuta et, au terme d'une longue marche, abandonna son enfant et sa concubine à la providence divine dans un endroit inhabité, désertique et sauvage. Agar chercha âme qui vive entre les collines de Safâ et Marwah mais c'est à une intervention de l'ange Gabriel (Djibril) qu'elle dut son salut : celui-ci lui apparut et donna un coup de talon sur le sol d'où jaillit la source connue aujourd'hui sous le nom de Zamzam[41]. La source attira bientôt des nuées d'oiseaux qui attirèrent à leur tour l'attention de la tribu de Jurhum à laquelle Agar donna accès à la source en échange de leur protection pour elle et son fils. Les membres de cette tribu, surnommée par l'historiographie musulmane les « Vrais Arabes », installèrent leur campement à cet endroit et sont considérés comme les premiers habitants de la Mecque[41].
56
+
57
+ Ismaël, devenu un homme, prit pour épouse une Jurhum. Abraham vint le visiter une fois par an et, au cours de l'un de ses séjours, reçut l'injonction divine de construire le sanctuaire de la Kaaba. Les deux hommes se firent aider par les Jurhum qui se convertirent alors au monothéisme du Patriarche[42].
58
+
59
+ L'histoire pré-islamique de La Mecque est assez obscure[39]. Dans les dernières décennies du XXe siècle, les vestiges antiques, médiévaux et modernes de la ville ont été détruits systématiquement et l'on ignore dès lors tout de son archéologie[43]. Cette histoire pré-islamique repose sur des traditions musulmanes tandis que plusieurs chercheurs remettent en cause l’existence de La Mecque à cette époque. Pour R. Simon, « Les spécialistes qui n'utilisent que les informations de la tradition musulmane, n'ont jusqu'à ce jour pas été à même de mettre convenablement au point la préhistoire de la Mecque[44]. »
60
+
61
+ Selon la tradition musulmane, son implantation ne devrait rien à une oasis. Cette singularité qui serait relevée par le Coran[45] participerait de son caractère sacré, préexistant à l'implantation de l'islam. Mais, en vérité, la ville s'est probablement structurée dans cette région aride autour d'un point d'eau qui, d'ailleurs, existe toujours et qui est à l'origine de la Kaaba, lieu sacré où se seraient retrouvées les caravanes et les tribus. Et il reste la trace d'une divinité protectrice. Il accueille à proximité et à une date indéterminée un bétyle — une « demeure (bayt) du dieu (el) » — qui fait l'objet d'un pèlerinage aux environs de l'équinoxe de printemps[39].
62
+
63
+ Reprenant la tradition musulmane, la Mecque serait, aux VIe et VIIe siècles, un centre économique modeste au regard des grandes cités caravanières comme Palmyre et Pétra, ses ressources apparaissent limitées et on y souffre régulièrement de la faim[37]. Mais c'est un centre sanctuaire et cultuel polythéiste qui abrite la Kaaba et accueille des pèlerinages donnant lieu à de grands rassemblements, notamment au cours des trêves, coïncidant avec la tenue d'importantes foires[46].
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+
65
+ La tradition musulmane présente une Arabie préislamique misérable et anarchique appelée l'« Âge de l'Ignorance », traduisant une période de crise, d'appauvrissement et de dérèglements qui a probablement existé mais seulement pendant quelques dizaines d'années avant l'hégire[47]. Des populations nouvelles auraient alors pris la place de populations plus anciennes, dispersées ou disparues. À La Mecque, c'est Qusay qui, ayant uni les différentes tribus qurayshites au début du VIe siècle[48], prend le contrôle de la ville, six générations avant Mahomet[49].
66
+
67
+ À la veille de l'islam, la ville est passée de la domination du clan Hashîm et de la tribu Quraysh, au sein duquel Mahomet voit le jour, à celle du clan Umayya[50] qui a bénéficié du commerce caravanier renaissant[51].
68
+
69
+ Sur le plan religieux, la tradition atteste du polythéisme mecquois des qurayshites dont le panthéon se compose d'idoles que l'on trouve dans l'enceinte sacrée — le Haram — panthéon dominé par le dieu ancestral Hubal, accompagné de Manaf (en), Isaf et Na'ila (culte de Isaf et Na'ila)[52]. S'y superposent les divinités propres à l’association cultuelle, dite Hums, qui unit les tribus d'Arabie occidentale au sanctuaire mecquois[53] ; on compte parmi elles Allâh[54] — dieu qui a pour sanctuaire la Kaaba et qui donne la victoire à Quraysh lors de la « campagne de l'Éléphant » — ainsi que les déesses Allât, al-Uzzâ et Manât, ces dernières n'ayant ni idole ni sanctuaire dans la ville[52].
70
+
71
+ À l'époque de la naissance de Mahomet et à l'instar du paganisme arabe ancien, le polythéisme mecquois est en déclin, et il semble que les principales références intellectuelles et culturelles de la région soient essentiellement juives et issues des différentes confessions chrétiennes, ce qu'atteste notamment la familiarité des auditeurs de Mahomet avec les récits bibliques[55]. À côté de l'adoption de cultes monothéistes existants, on constate également une tendance à adapter les cultes anciens à l'exigence monothéiste, tout en conservant les formes ancestrales de la religiosité locale, une tendance dont relèvent plusieurs réformateurs religieux parmi lesquels Mahomet[56].
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73
+ Bien que la région autour de la Mecque soit complètement aride et déserte, selon la tradition musulmane, la cité était riche, et la plus riche parmi les tribus installées dans cette partie de l'Arabie, grâce au puits Zamzam, dont l'eau a toujours été abondante et à sa position géographique sur la route des grandes caravanes. Au Ve siècle, les Quraychites auraient pris le contrôle de la Mecque pour devenir des marchands et commerçants très habiles. Jusqu'au début du VIIe siècle, le dieu principal de la mythologie arabe est Hubal[57].
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75
+ Toujours selon la tradition, La Mecque était une place commerciale importante sur la route reliant le Yémen à la Mésopotamie. Les Quraychites participèrent au commerce lucratif des épices au VIe siècle. La route des épices de plus en plus menacée sur mer (piraterie) s'était déplacée sur des voies terrestres plus sûres. La Mecque devint un important centre de commerce surpassant les villes de Pétra (Jordanie) et Palmyre (Syrie)[58].
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77
+ Ce lieu d'échanges aurait été à l'origine d'alliances entre les marchands de la Mecque et les tribus nomades qui commerçaient par caravanes de chameaux avec des villes de Syrie et d'Irak auxquelles ils apportaient du cuir, du bétail et des métaux qu'ils tiraient des mines locales dans les montagnes. Des récits historiques confirment le passage des marchandises venant d'Afrique plus particulièrement d'Algérie et d'Asie (médecines, tissus, épices, cuirs, esclaves) grâce à des accords commerciaux avec les Byzantins et les Bédouins qui rapportaient des céréales, du vin, des armes ensuite redistribués en Arabie[59].
78
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79
+ Selon la Sunna, c'était aussi une ville sacrée du paganisme arabe, la Kaaba étant vénérée pour les idoles qu'elle contenait, dont la Pierre noire. Les pèlerinages étaient l'occasion de rassemblement pacifique entre les clans nomades qui, le reste du temps, s'affrontaient fréquemment. Une fois par an avait lieu un pèlerinage qui rassemblait les tribus nomades afin de célébrer les différentes déités arabes. Cet événement permettait le développement des relations sociales et des foires. S'est créée ainsi une notion d'appartenance et d'identité qui a fait de la Mecque un endroit important dans la péninsule. À la fin du VIe siècle, le commerce de la Mecque était à son apogée et représentait le pouvoir principal qui liait les habitants de la péninsule arabique[60].
80
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+ Le royaume d'Axoum, conduit par le général éthiopien chrétien Abraha tente d'envahir La Mecque mais ses troupes sont décimées par la peste. Les tribus menacées craignant une nouvelle attaque font appel au roi perse Khosro Ier : l'intervention des Sassanides en 575 fait échouer une nouvelle tentative d'invasion[61]. Les études sur cette expédition montrent qu'elle ne concernait pas directement la Mecque mais est « passé de l'histoire arabe préislamique dans la tradition mecquoise plus tardive qui s'en empara, la transforma en légende et s'en servit pour accroître la gloire de la Mecque préislamique[44]. »
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+ L'historien grec Diodorus Siculus (60 – 30 av. J.-C.), dans ses écrits « Bibliothèque historique » décrit un lieu sacré pour tous les Arabes et hautement révéré (les musulmans pensent qu'il s'agit de la Kaaba à La Mecque)[62]. Dès 1931, pour H. Leclercq, la description est tellement peu précise que l'association à la Mecque n'est pas certaine[63]. Par ailleurs, Diodore de Sicile associe clairement cet « autel bâti de pierres dures » à la Phénicie :
84
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85
+ « Au-dessus du golfe, on rencontre des terres maritimes que leur fertilité a rendues fameuses. Ceux qui les habitent leur ont donné le nom de Phénicie parce qu'elles produisent des palmiers qui portent une grande abondance de fruits aussi utiles pour la santé que délicieux au goût. Toute la contrée voisine manque absolument de rivières et étant située au midi il y fait des chaleurs brûlantes. Ainsi ce n'est pas sans raison que les barbares ont consacré aux dieux le pays des palmiers, qui tout environné qu'il est de terres inhabitables, satisfait abondamment aux besoins et aux plaisirs de ceux qui y sont renfermés. Car il est arrosé par quantité de sources, de fontaines dont l'eau est plus fraîche que la neige et qui rendent cette contrée plus verdoyante et plus agréable qu'aucun lieu du monde. On y trouve un ancien autel bâti de pierres dures et dont l'inscription est en caractères qu'on ne connaît plus. Cet autel est entretenu par un homme et une femme qui en sont les prêtres pendant tout le cours de leur vie. »
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+ — Diodore de Sicile[64]
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+ On remarque l'absence de sources concernant La Mecque jusqu'à la fin du VIIe siècle, contrairement aux autres villes de l'Arabie, telle Médine. Les sources concernant l'histoire de La Mecque sont dépendantes du matériau islamique et sont tardives : à partir de la fin du VIIe siècle. H. Holma (1944), dans Que signifie, chez Diodore de Sicile, le nom propre arabe Βανιζομεν (εῖς) ?, Orientalia, déclarait : « En préparant mon livre Le Grand Prophète des Arabes, et en parcourant à cette fin la vaste littérature consacrée à l’étude de l’œuvre du prophète et à l’histoire de sa ville natale, La Mecque, j’ai été surpris de n’y trouver aucune indication sûre concernant la première apparition, chez les Arabes eux-mêmes, de ce fameux nom propre[65]. »
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91
+ A.-L. de Prémare rappelle que la charte de Médine ne mentionne jamais le nom de La Mecque et que la recherche sur les origines de l'islam est dépendante du matériau islamique à ce sujet. Il déclare : « Faute de données externes estimées suffisantes, et faute de vouloir considérer celles qui existent, bien des chercheurs se limitent au matériel islamique traditionnel tel qu’il se présente à eux. Ils sont contraints d’entrer dans le jeu des clercs musulmans d’autrefois ; ce sont ceux-ci, en effet, qui en ont sélectionné et compilé les éléments selon l’idée qu’ils voulaient donner des origines de leur communauté et de la vie de leur prophète »[66].
92
+
93
+ Bien que l'Arabie eut une importance politique et religieuse au VIe siècle, il n'est pas fait mention des Quraychites ni du centre commercial de La Mecque dans toute la littérature grecque et latine de l'époque. Certains chercheurs, tels Patricia Crone, Alfred-Louis de Prémare, Günter Lüling, Christoph Luxenberg, Claude Gilliot et Edouard-Marie Gallez, remettent en cause l’existence de La Mecque du vivant de Mahomet. Elle aurait été fondée sous le calife Muawiya[67] ou vers le milieu du VIIe siècle[68]. C'est également la thèse de Robert M. Kerr[69].
94
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95
+ Défendant la thèse d'une existence préislamique, R. Simon, étudiant la géostratégie de l'Arabie préislamique, considère « qu'à l'époque de la campagne [d'Abraha], la Mecque n'était encore qu'une agglomération insignifiante contrôlée par les Lahmides. ». Pour lui, La Mecque n'avait pas de commerce indépendant et elle était dirigée par les marchands de la Hira[44]. Il semble même plutôt que les habitants aient pris les nomades à leur service, établissant de multiples réseaux d'alliances commerciales et religieuses[70]. L'importance ainsi que le poids commercial et économique de la ville à cette époque ont été réévalués à la baisse depuis les travaux de Patricia Crone. La chercheuse montre la limitation des ressources et la modestie relative de la taille de cette cité dont on ne trouve d'ailleurs pas, pour cette période, d'attestation dans la littérature non musulmane[37]. La Mecque semble néanmoins avoir été, avec Najran et Adan, une ville active de la région, témoignant d'une relative sécurité et prospérité[71].
96
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97
+ La première mention historique de La Mecque (sous la forme latine Maccam) apparaît en 741 dans la chronique Continuatio Byzantia Arabica [72]. La chronique contient un peu d'histoire espagnole ; les 14 premières sections contiennent de très brèves mentions des rois wisigoths jusqu'au règne de Suintila (621-631), tirées de l'Historia de regibus Gothorum, Vandalorum et Suevorum d'Isidore de Séville. Le reste du contenu consiste en des sections alternées traitant des empereurs byzantins et des chefs arabes en commençant par Mahomet. L'auteur du document situe La Mecque entre Our en Chaldée et Carrhes, ce qui en ferait une ville mésopotamienne et non pas arabe.
98
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+ Citation latine extraite de ce document : « ad ultimum apud Maccam, Abrahae, ut ipsi putant, domum, quae inter Ur Chaldaeorum et Carras Mesopotamiae urbem in heremo adiacet. » (enfin à La Mecque, la maison d'Abraham, selon leur [les Arabes] croyance, une ville mésopotamienne située entre Our en Chaldée et Carrhes, dans le désert).
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101
+ Le chrétien Jean Damascène en parle dans son Traité des Hérésies en 746 également comme un lieu situé en plein désert[73].
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103
+ Un documentaire de Dan Gibson, The Sacred City, développe la thèse que La Mecque de l'époque de Mahomet serait Pétra[74]. Dan Gibson base sa thèse sur le constat archéologique que les premières mosquées construites on leur direction de prière (qibla) orientée vers Pétra et non vers La Mecque (le changement de qibla vers la Mecque actuelle est postérieur à la mort de Mahomet). Il observe de plus que les descriptions de La Mecque à travers la littérature musulmane ne correspondent pas à La Mecque actuelle. Les hadiths de Bukhari, Muslim ou encore Tabari décrivent La Mecque comme une ville antique (mère de toutes les cités) alors qu'aucune trace archéologique n'est antérieure au IXe et Xe siècle, comme une terre agricole (présence de limon, d'arbres et de plantes absents de la Mecque actuelle), comme une ville disposant de gorges (thaniya)[75].
104
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105
+ Dans le cercle des historiens arméniens du Moyen Âge (Moyse De Khoren Ve siècle, Thomas Ardzrouni Xe siècle), Vartabied (docteur en arménien) Vartan Pardserpertsi [XIIIe siècle]), on mentionne une Makka (ou Mak'ha) en Arabie pétrée dans le Pays de Pharan[76],[77],[78]. Cette région est localisée selon le « dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique, et littéral de la bible » d’Augustin Calmet « au midi de la Terre promise, au nord et à l’orient du golfe élanitique. La plupart des demeures de ce pays étaient creusées dans le roc »[79]. Cette description de Pharan peut correspondre à Pétra.
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+ La Tradition, dont les plus anciennes sources proviennent d'Irak dans la seconde moitié du VIIIe siècle, voit la naissance de Mahomet dans cette ville en 570 dans une famille influente de marchands caravaniers. Lorsque Mahomet fait état de premières révélations divines qu'il impute à l'ange Gabriel dans la grotte de Hira à Jabal al-Nour (située à 4 km au nord-ouest de la cité), il rencontre peu d'adhésion de la part de la majorité de ses concitoyens (juifs, chrétiens nestoriens et polythéistes), en général les plus riches[réf. nécessaire], mais il en rencontre de sa femme, très fortunée, de la part des pauvres[réf. nécessaire] de la ville et d'esclaves chez qui sa religion se répand assez vite[Combien ?]. Mahomet est l'arrière petit-fils de Hâchim, prince des Quraychites, gouverneur de La Mecque et intendant de la Ka`ba. Il est marchand. Khadija ou Khadidja bint Khuwaylid, sa première épouse, est commerçante issue d'une famille chrétienne, et aussi son employeur.
108
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+ Les Quraychites hostiles à cette nouvelle religion menaçant l'ordre établi, donc peut-être aussi leur aisance et leur commerce, le chassèrent, peu après la mort de sa première femme, avec ses premiers compagnons. Ils s'exilent vers l'oasis de Yathrib (Médine) le 16 juillet 622. Cet évènement appelé « hégire » sera le point de départ du calendrier musulman.
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+ Après des campagnes militaires victorieuses accompagnées de conversions, Mahomet revient en 630 à La Mecque à la tête d'une armée de dix-mille hommes pendant le mois de ramadan de la huitième année de l'hégire. Il entoure la ville de nuit avec des torches allumées. Les habitants effrayés lui envoient un parlementaire, Abû Sufyân, qui se convertit à l'Islam et revient annoncer aux Mecquois que s'ils se rendent, aucun mal ne leur sera fait. Ainsi donc Mahomet et ses partisans pénètrent dans la Mecque et épargne les Quraychites, qui l'avaient auparavant chassé. Il leur offre son pardon[80]. Les Mecquois se convertissent alors en nombre à la nouvelle religion monothéiste, la plupart sans combattre[81]. Lors d'une escarmouche, quelques hommes et une femme furent tués. Une tribu ralliée aux Quraychites, celle des Bakrites, eut cependant à souffrir de la vengeance des Khuzâ'ites, ralliés aux musulmans, qui entendaient réparer une attaque par traîtrise commise lors de la trêve d'Hudaibîyah, à laquelle avaient adhéré les deux tribus. Voyant les excès commis durant ces représailles, Mahomet intervint et proclama la paix générale[82].
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+ Une légende ponctue ce voyage dans les récits musulmans et concerne l'attitude du prophète envers les animaux. Il aurait posté un soldat près d'une chienne allaitant ses petits afin de la protéger. Il est à noter que selon les ahadith Mahomet insistait beaucoup sur le bien-être des animaux et les respectait [83] ; « Il n’y a point un moineau ou un animal plus gros, que l’homme ne tue sans excuse, sans qu’Allah ne lui demande des comptes le jour de la résurrection au sujet de ce qu’il a tué. » (rapporté par An-Nassa'i).
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+ Après avoir pris la cité, Mahomet la consacre ville sainte. Les idoles païennes de la Kaaba sont détruites en janvier 630 (sauf la Pierre noire et une icône de la Vierge à l'Enfant, selon une tradition rapportée par Al-Azraqi (en)[84]). La Ka'ba à la Mecque sera interdite aux seuls païens l'année suivante, décision accompagnée de la sourate 9, verset 28[85]. L'interdiction à tous les non-musulmans de la Mecque et de Medine sera postérieure aux quatre premiers califes. Muhammad Hamidullah la date de « basse époque, peut-être de celle des Ottomans », rappelant au passage que le deuxième calife Omar recevait les plaintes des dhimmis au sein même de la mosquée de la Kaaba et qu'un peu plus tard un médecin chrétien disposait d'un cabinet au pied du minaret de cette dernière[86]. À la suite d'une nouvelle révélation alléguée par le Prophète, le pèlerinage à la Ka'ba devient l'un des cinq piliers de l'islam pour les musulmans sunnites et l'une des dix pratiques de la foi (ou Furû' ad-Dîn) pour les chiites duodécimains.
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+ À la mort de Mahomet (632), l'islam commence une expansion géographique et La Mecque prend de l'importance. Auparavant, elle n'était qu'une ville médiocre, non située sur la route de pèlerinages importants, qui ne comportait que quelques milliers d'habitants à la fin du VIe siècle. Tous appartenaient à la même tribu et s'étaient établis là parce que s'y trouvait un point d'eau (un puits)[87]. Les Mecquois n'étaient ni de grands marchands ni de grands caravaniers, plutôt de petits trafiquants qui exerçaient à l'échelle locale. La Mecque attire alors davantage de nouveaux convertis venus en pèlerinage et gardera son caractère de capitale religieuse et de cité commerciale. Cependant, la ville ne sera jamais un centre politique, ni même la capitale d'un quelconque califat, y compris pendant la période ottomane.
118
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+ Elle tombe quelque temps sous la domination d'Abd Allah ibn az-Zubayr, compagnon de Mahomet et neveu de sa femme Aïcha, qui refuse de faire allégeance aux Omeyyades et se proclame lui-même calife. Il est vaincu, décapité puis crucifié par Al-Hajjaj ben Yusef à l'automne 692.
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+ À partir de la fin du IXe, la « Mecque cosmopolite devient peu à peu un bastion du hanbalisme, l’école juridique la plus rigoriste de l’islam sunnite, source originelle dont se réclament toujours la doctrine wahhabite intransigeante prônée par l’Arabie saoudite actuelle[88]. »
122
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+ En 930, les Qarmates — une secte ismaélienne originaire de l'est de la péninsule arabique qui, dénonçant les inégalités et les privilèges du califat, prêche le partage équitable des biens — se livrent, sous le commandement d’Abou Tahir, au sac de la ville sainte au cours d'un raid[89]. Considérant le pèlerinage à La Mecque comme une superstition et la ville elle-même corrompue[90], ils massacrent les pèlerins et habitant puis empoisonnent la source de Zamzam avec des cadavres[91]. Dans l'attente de l'arrivée imminente du mahdi, ils emportent la Pierre noire de la Kaaba dans leur capitale Al-Hassa[90], qui ne sera restituée que vingt ans plus tard contre une rançon payée par les Abbassides[89].
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+ À partir de 1201, la Mecque devient un chérifat chiite zaïdite dirigé par les hassanides[92],[93] (des descendants de Hassan, le petit-fils de Mahomet).
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+ En 1349, la ville sainte est touchée par la Peste noire.
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+ En 1517, le chérif de La Mecque, Barakat II ibn Muhammad al-Hachimi, reconnaît la souveraineté du nouveau calife ottoman Sélim Ier, mais obtient un fort degré d'autonomie locale (c'est également autour de cette période que les hassanides passent du chiisme zaïdite au rite shâfi'îte de l'islam sunnite[92],[93]). Cependant, la création du premier État saoudien en 1744, mais surtout la prise de La Mecque par les Wahhabites en 1803 porte un rude coup au prestige des Turcs. Ceci, jusqu'à ce que Méhémet Ali, le vice-roi d'Égypte, reprenne son contrôle en 1813. Un second État saoudien sera aussitôt créé en 1824, six années après la disparition du premier, mais ne réussira cependant pas à prendre le contrôle des deux villes saintes et s'effondrera à son tour le 24 janvier 1891, défait par l'émirat de Haïl lors de la bataille de Mulayda (en).
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+ C'est à faveur du premier conflit mondial, que la révolte arabe contre la domination turque éclate en 1916. Le chérif de La Mecque, Hussein ben Ali proclame la même année l'indépendance du royaume du Hejaz à la suite de la bataille du 10 juin au 4 juillet 1916 et fait de La Mecque sa capitale. Cette année-là, Hussein Ibn Ali se déclare lui-même roi du Hejaz (reconnu internationalement le 10 août 1920) alors que son armée combat les Turcs et les expulse de la péninsule arabique, avec d'autres forces militaires arabes et celles de l'Empire britannique.
132
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+ Mais cette indépendance est de courte durée puisqu'en octobre 1924 Hussein ibn Ali est vaincu lors d'une deuxième bataille (en) par Abdelaziz Al Saoud, fondateur du troisième État saoudien, l'actuelle Arabie saoudite. Le nouveau souverain supprime alors le poste de chérif de La Mecque et se proclame lui-même gardien des deux saintes mosquées.
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+ La prise de la Mecque par Abd al Aziz ben Abd al Rahman Al Saoud en 1924 inaugure une nouvelle ère. La ville sainte dut en effet se mettre à l'heure de l'imam Abdelwahab, l'ardent théologien du XVIIIe siècle (ère chrétienne), la tête pensante et légiférante de la dynastie Séoudite (monuments rasés, pratiques cultuelles « païennes » abolies, tabac et musique bannis…). Les ressortissants des diverses obédiences minoritaires islamiques — chiites, druzes, etc. — sont tolérés dans le sens propre du terme. Ce sont des « fautifs » qu'on supporte. Le wahhabisme devient, de facto, le seul courant de l'islam à administrer et gérer la ville à compter de cette date[94],[95],[96].
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+ En décembre 1975 l'explosion d'une bouteille de gaz provoque un incendie dans un camp de tentes ce qui tue plus de 200 pèlerins.
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+ Le 20 novembre 1979, 1er jour de l'an 1400 de l'hégire, 200 militants islamistes armés, opposants au régime monarchiste, prennent le contrôle de la grande mosquée, prenant des dizaines de milliers de pèlerins en otages. Ils reprochent à la dynastie des Al-Saoud « son culte de l’argent, sa corruption et sa déviance religieuse[88] » mettant ainsi en péril la « vraie foi ». Le siège dure deux semaines, et le régime saoudien se résout finalement à employer la force pour reprendre le contrôle de la mosquée, demandant discrètement l'aide de la France. Ainsi, le Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale français (GIGN) assura une « aide technique et logistique » durant l'opération[97]. Les membres du GIGN participant à l'opération durent toutefois « se convertir » à l'islam en récitant la shahada avant d'être autorisés à combattre dans la mosquée interdite (indiscrétion du magazine Le Point suivant article du journaliste Jean-Michel Gourevitch en date du 28 janvier 1980)[98],[99]. L'assaut terminé le 4 décembre[100] a fait plus de 244 morts[101].
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+ Le 31 juillet 1987, une manifestation anti-américaine organisée par des pèlerins iraniens tourne à l'émeute, lorsque la police saoudienne ouvre le feu contre les manifestants non armés. Il y eut ce jour-là 402 morts (275 pèlerins iraniens, 85 saoudiens (y compris les policiers), et de 45 pèlerins en provenance d'autres pays) et 649 blessés (303 pèlerins iraniens, 145 saoudiens, [y compris policiers] et de 201 pèlerins en provenance d'autres pays). Des violences ont régulièrement opposé, depuis la révolution islamique de 1979, les forces saoudiennes aux pèlerins iraniens accusés de transformer le pèlerinage en tribune politique anti-israélienne, anti-américaine et hostile au régime saoudien. Ces affrontements de 1987 ont provoqué une rupture de plusieurs années des relations entre Ryad et Téhéran[102],[103].
142
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+ Le 2 juillet 1990, le jour de l'Aïd al-Adha, la fête du sacrifice, 1 426 pèlerins meurent piétinés et asphyxiés dans le tunnel reliant Mina à La Mecque.
144
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145
+ En 1994, 270 personnes meurent dans une bousculade, en 1998, 118 morts, en 2004, 251 morts.
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147
+ Le 12 janvier 2006 362 personnes périssent piétinées ou étouffées à l’entrée nord du pont Djamarat, à Mina, dans une vallée étroite qui s’ouvre à l’extérieur de La Mecque, pendant la cérémonie de la lapidation des stèles. L'incident fait également 289 blessés parmi les pèlerins[104]. Des failles dans la sécurité et l'encadrement sont alors mises en cause.
148
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149
+ Le 11 septembre 2015, la chute d'une grue de chantier fait 107 morts parmi les fidèles[105].
150
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151
+ Le 24 septembre 2015, lors du pèlerinage près de la Mecque (rituel de la lapidation de Satan), un très grand nombre de pèlerins trouvent la mort lors d'une bousculade dans la vallée de Mina (2 432 morts selon le Middle East Eye (en)[106]).
152
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153
+ Les deux principales branches de l'islam, sunnite et chiite, considèrent cette ville comme sainte, puisqu'elle est la ville natale du prophète de l'islam et se rapporte à la période d'avant le schisme.
154
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+ La Mecque est un centre fondamental de la vie religieuse musulmane. Le cinquième pilier de l'islam[107] dispose en effet que tout croyant doit faire un pèlerinage à La Mecque, s'il en a les moyens. Ce pèlerinage porte le nom de hajj (ou hadj, selon les graphies). Il réunit plusieurs millions de fidèles depuis la fin du XXe siècle qui s'y recueillent entre le 8 et le 12 ou le 13 du mois de dhou al-hijja, douzième mois du calendrier musulman ou hégirien. Ce dernier étant lunaire, contrairement au calendrier grégorien occidental — donc onze jours plus court — le pèlerinage se déplace sur l'année du calendrier grégorien sur une période de trente ans ; alors qu'à l'origine, le pèlerinage était saisonnier[107]. Ce pèlerinage n'est réalisé chaque année que par une minorité de musulmans : en 2012, sur plus d’1,5 milliard de musulmans dans le monde, 3 millions de pèlerins ont été recensés, soit 0,2 %[88].
156
+
157
+ Un nombre élevé de croyants accomplissent également le pèlerinage mineur (la oumra), qui peut être exécuté à tout moment de l'année, mais plus particulièrement pendant le ramadan. Cet afflux a profondément modifié les infrastructures de la ville, devenue un centre cosmopolite[108],[109]. Environ 30 000 pèlerins partent de France et 30 000 d'Algérie vers l'Arabie Saoudite par an[110].
158
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159
+ La Mecque est aussi la direction, la qibla, vers laquelle les musulmans qui prient se tournent au cours de leurs prières. L'historien Dan Gibson soutient dans son livre Qur'anic Geography que la ville sainte originale du Coran serait Pétra, située dans une vallée, et que la relocalisation de la pierre noire par Abd Allah ibn az-Zubayr à l'emplacement actuel de La Mecque aurait été la cause du changement de la qibla des mosquées de Petra vers La Mecque au deuxième siècle après l'hégire[111].
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161
+ Lors de funérailles musulmanes, le défunt est inhumé sur le côté droit, en direction de La Mecque.
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+ L'accès à La Mecque est interdit aux non-musulmans[6],[88], c'est un « territoire sacré » (en arabe : البَلَد الحرام, al-balad al-harām)[112]. Afin de garantir cette interdiction, des postes de contrôle sur les routes surveillent l'accès à la ville. De plus, les autorités saoudiennes exigent désormais la présentation d'un « certificat de conversion à l'islam » pour toutes les personnes converties qui souhaitent pénétrer dans le « périmètre sacré ». Ce document est normalement délivré dans n'importe quelle mosquée, après entretien et contrôle des connaissances mais n'est pas nécessaire lorsqu'on possède un nom et un prénom musulman arabe. Il est préférable de faire cette attestation auprès des grandes mosquées, ou à défaut, auprès des associations.
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+ C'est la Mosquée sacrée, le premier lieu saint de l'islam, qui comporte en son centre la Kaaba.
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+ L'esplanade de la Grande mosquée de La Mecque s'étend sur 368 000 m2. Sa capacité d'accueil, actuellement de plus de 1,5 million de fidèles, devrait passer à plus de deux millions dans le cadre d'un plan d'extension en cours d'exécution. Au moins 1 500 caméras de surveillance ont été installées autour de la Grande mosquée à La Mecque et ses environs[113].
168
+
169
+ À cause des travaux à la Grande mosquée et sur l'esplanade, le nombre de visas accordés aux fidèles est réduit en 2013 par les autorités saoudiennes. Mais il est possible qu'il s'agisse aussi de prévention sanitaire en relation avec l’épidémie du coronavirus.[réf. nécessaire]
170
+
171
+ Ces travaux ont entraîné la destruction de certaines anciennes parties de la Grande mosquée, et notamment des dizaines de sites historiques majeurs remontant à la naissance de l'islam, et, relève l'islamologue Robert M. Kerr, des anciennes inscriptions sud-arabiques[114] et des colonnes datant de l'Empire ottoman[5].
172
+
173
+ En arabe, « kaaba » signifie « cube ». Il s'agit toutefois d'un parallélépipède dont la base est un rectangle de 10 mètres par 12 mètres et de 15 mètres de haut. Selon la tradition musulmane, la Kaaba fut construite par Adam, premier prophète et premier homme sur Terre, et fut reconstruite plus tard par Ibrahim (Abraham) et son fils Ismaïl.
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+ Une pierre noire, creuse, est enclose dans l'un des angles de la Kaaba.
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+ La ville sainte a construit un complexe comportant plusieurs tours, les Abraj Al Bait Towers, qui surplombent la Sainte mosquée. La plus élevée d'entre elles, la Makkah Clock Royal Tower, fait 601 mètres de haut, ce qui, au moment de son inauguration, la classait à la deuxième place des plus hautes tours au monde, après la Burj Khalifa de Dubai. L'édifice, qui abrite un hôtel, a ouvert ses portes en 2010[115].
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+ Cet hôtel est surmonté, depuis le 10 août 2010, d’une horloge (Arabian Standard Time) six fois plus grande que celle de Big Ben, à Londres[116]. D’un diamètre de plus d'une quarantaine de mètres, l’horloge est visible jusqu’à 30 km à la ronde de nuit, et jusqu'à 11 à 12 km le jour[117]. Elle est dotée de quatre cadrans de 46 mètres de diamètre en partie recouverts d'or[118] et décorés de 98 millions de pièces de mosaïque. Deux millions d'ampoules électriques éclairent l'inscription « Au nom d'Allah », présente sur chaque cadran de l'horloge. Pour appeler les fidèles à prier, 21 000 luminaires verts et blancs s'illuminent cinq fois par jour au sommet de la tour[118]. Le tout est surmonté d'une flèche portant un croissant, symbole de l'islam.
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+ La ville sainte est desservie par l'aéroport international King Abdulaziz de Djeddah, qui se situe à 93 kilomètres (par route ou autoroute) au nord-ouest de la ville.
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+ Une ligne ferroviaire à grande vitesse, la LGV Haramain, fonctionne depuis le 11 octobre 2018 et relie La Mecque à Djeddah, à la Ville économique du roi Abdallah à Rabigh et à Médine.
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+ La Mecque s'est dotée d'une ligne de métro aérienne. Elle dessert les principaux lieux de pèlerinage, a été inaugurée en novembre 2010 pour l'Aïd et a une longueur de 18,1 km. D'après l'AFP, l'ouvrage, « construit par un consortium conduit par China Railway Corp. […] serait l'unique train au monde à ne circuler que cinq jours par an »[119]. Il a été réservé la première année aux seuls pèlerins des monarchies du Golfe[119]. D'un coût de 1,8 milliard de dollars[119], cette ligne de métro fait partie d'un vaste projet de développement de la ville sainte, estimé à 20 milliards de dollars.
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+ Un appel d'offres auprès d'entreprises internationales a été lancé début 2013 pour la construction d'un métro à La Mecque. C'est un projet de 16,53 milliards de dollars. Osama Al Bar, le maire de la ville, a annoncé que les quatre lignes du futur métro couvriront au total 182 kilomètres. La première étape du projet, qui concerne 122 kilomètres du réseau, devrait être construite en trois ans. Le projet total devrait être réalisé sous dix ans[120].
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+ « She [...] was unable because she lacked a mahram, or male guardian — usually a husband, brother or father — to accompany her; male pilgrims can come alone.[...] She got here only because the Saudi government allows some women over 45 to come with an older female companion.. »
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+ La médecine (du latin : medicina, qui signifie « art de guérir, remède, potion »[1]), au sens de pratique (art), est la science témoignant de l'organisation du corps humain (anatomie humaine), son fonctionnement normal (physiologie), et cherchant à préserver la santé (physique comme mentale) par la prévention (prophylaxie) et le traitement (thérapie) des maladies.
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+
3
+ La médecine contemporaine utilise les soins de santé, la recherche et les technologies biomédicales pour diagnostiquer et traiter les blessures et les maladies, habituellement à travers la prescription de médicaments, la chirurgie ou d'autres formes de thérapies. Depuis plusieurs décennies, le soulagement de la douleur s'est imposé comme un objectif médical à travers des solutions chimiques mais également par la relation médecin-patient.
4
+
5
+ Il n'existe pas suffisamment de données fiables pour déterminer le début de l'usage des plantes à des fins médicinales (phytothérapie).
6
+ Les données médicales contenues dans le Papyrus Edwin Smith[2] peuvent être datées du XXXe siècle av. J.-C.[3]. Les premiers exemples connus d’interventions chirurgicales ont été réalisés en Égypte aux alentours du XXVIIIe siècle av. J.-C. (voir chirurgie). Imhotep sous la troisième dynastie est parfois considéré comme le fondateur de la médecine en Égypte antique et comme l'auteur originel du papyrus d’Edwin Smith qui énumère des médicaments, des maladies et des observations anatomiques. Le papyrus gynécologique Kahun[4] traite des maladies des femmes et des problèmes de conception. Nous sont parvenues trente-quatre observations détaillées avec le diagnostic et le traitement, certains d'entre eux étant fragmentaires[5]. Datant de 1800 av. J.-C., il s’agit du plus ancien texte médical, toutes catégories confondues. On sait que des établissements médicaux, désignés par l’expression Maisons de vie ont été fondés dans l’Égypte antique dès la première dynastie[6].
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+
8
+ Les plus anciens textes babyloniens sur la médecine remontent à l’époque de l’ancien empire babylonien dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. Cependant, le texte babylonien le plus complet dans le domaine de la médecine est le Manuel de diagnostic écrit par Esagil-kin-apli le médecin de Borsippa[7], sous le règne du roi babylonien Adad-ALPA-iddina (1069-1046 av. J.-C.)[8].
9
+
10
+ Hippocrate, est considéré comme le père fondateur de la médecine moderne et rationnelle[9],[10], et ses disciples ont été les premiers à décrire de nombreuses maladies. On lui attribue la première description des doigts en baguette de tambour, un signe important pour le diagnostic de la bronchopathie chronique obstructive, du cancer du poumon et des cardiopathies cyanogènes congénitales. Pour cette raison, le symptôme des doigts en baguette de tambour est parfois appelé hippocratisme digital [11]. Hippocrate a également été le premier médecin à décrire la face hippocratique. Shakespeare fait une allusion célèbre à cette description dans sa relation de la mort de Falstaff dans Henry V, acte II, scène III[12],[13]. Le Corpus hippocratique popularise la théorie des humeurs. La médecine rationnelle grecque et latine coexiste cependant pendant toute l'Antiquité avec les cultes des Dieux guérisseurs[14].
11
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12
+ La médecine pratiquée et enseignée en occident à ses racines dans les connaissances acquises et protocollées de l’antiquité au Ier millénaire av. J.-C. de l'Orient à l'Empire Romain
13
+
14
+ Elles proviennent de la Torah, étonnement rationnelle en la matière, car tenant compte des conditions climatiques.[15] En effet, les cinq livres de Moïse qui la constituent, contiennent diverses « lois » ayant des conséquences directes sur la santé à travers différents rituels, tels que l'isolement des personnes infectées (Lévitique 13:45-46), le lavage des mains après avoir manipulé un cadavre (Livre des Nombres 19:11-19) et l’enfouissement des excréments à l’extérieur du campement (Deutéronome 23:12-13).
15
+
16
+ La traduction dans les années 830-870 de 129 œuvres du médecin grec Galien (1er siècle av J.C.) en arabe par Hunayn ibn Ishaq et ses élèves sert de modèle à la médecine des civilisations islamiques et se propage rapidement à travers l’Empire arabe, reprenant en particulier, l'insistance de Galien sur une approche rationnelle et systématique de la médecine. Qusta ibn Luqa joua aussi un rôle important dans la traduction et la transmission des textes grecs. Les médecins musulmans ont mis en place certains des premiers hôpitaux, institution qui importée en Europe à la suite des croisades[16].
17
+
18
+ En Europe occidentale, l'effondrement de l'autorité de l’empire romain a conduit à l’interruption de toute pratique médicale organisée. La médecine était exercée localement, alors que le rôle de la médecine traditionnelle augmentait, avec ce qui restait des connaissances médicales de l'antiquité. Les connaissances médicales ont été préservées et mises en pratique dans de nombreuses institutions monastiques qui s’étaient souvent adjoint un hôpital et disposaient de carrés d'herbes médicinales. Une médecine professionnelle organisée est réapparue, avec la fondation de l’école de médecine de Salerne en Italie au XIe siècle qui, en coopération avec le monastère du Mont Cassin, a traduit de nombreux ouvrages byzantins et arabes.
19
+
20
+ À partir du XIe siècle, l'Église veut dissocier la vocation de moine de la profession de médecin. La volonté d'encadrer le savoir aboutit à la formation d'universités aux mains des ecclésiastiques. Les médecins de l'université de médecine de Montpellier, dépositaires des doctrines des médecins juifs et arabes, privilégient les plantes, ceux de l'Ancienne université de Paris privilégient la purge et la saignée[17].
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22
+ Au XIXe siècle, Karl August Wunderlich publie Das Verhalten der Eigenwärme in Krankheiten, qui établit que la fièvre est seulement un symptôme et met fin au credo d'une maladie infectieuse jusqu'alors nommée « fièvre intermittente ». En 1881 Theodor Billroth réalise la première gastrectomie, il révolutionne la chirurgie du pharynx et de l'estomac. En utilisant l'analyse statistique, le médecin Pierre-Charles Alexandre Louis (1787-1872) montre que l'utilisation des saignées chez les malades atteints de pneumonie n'est pas bénéfique mais néfaste[18]. Ceci esquisse la notion d'étude randomisée en double aveugle.
23
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24
+ Le 25 novembre 1901, Aloïs Alzheimer décrit le tableau clinique de la maladie qui porte son nom, dont il n'existe toujours aucun traitement connu à ce jour. Les traitements médicaux font des progrès spectaculaires avec l'invention de nouvelles classes de médicaments. Felix Hoffmann dépose le brevet de l'aspirine le 6 mars 1899. En 1909, le Nobel de médecine Paul Ehrlich invente la première chimiothérapie en créant un traitement à base d'arsenic contre la syphilis. En 1921 Frederick Banting de l'université de Toronto isole l'insuline et invente un traitement du diabète sucré. Le premier antibiotique date de 1928 avec la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming.
25
+
26
+ Selon la psychanalyste argentine Raquel Capurro, la médecine a été le premier domaine influencé par le positivisme d'Auguste Comte, à partir du milieu du XIXe siècle, à travers des personnalités telles que le docteur Robinet parmi d'autres[19].
27
+
28
+ La délimitation de ce qui est médecine et de ce qui ne l'est pas est source de débat.
29
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30
+ La plus grande partie de cet article traite de la médecine telle qu'elle s'est développée à partir de l'époque moderne, et pratiquée à partir du XIXe siècle. Les innovations majeures apportées par la médecine occidentale à partir du XIXe siècle (anesthésie et asepsie puis vaccination et antibiotiques au XXe siècle), ses succès, ainsi que sa diffusion à travers le monde par le biais notamment de la colonisation par l'Occident vont inciter à poser, dès la fin du XIXe siècle, la médecine scientifique occidentale comme modèle de médecine faisant autorité, lequel s'est diffusé au niveau mondial à travers son industrialisation au XXe siècle[20].
31
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32
+ Certains chercheurs réhabilitent de même certains aspects de la médecine médiévale occidentale. Ainsi l'historien de la médecine Roger Dachez qui met en valeur l'aspect préventif et la vision globale qu'avait de la médecine le Moyen Âge[21].
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34
+ De même, toujours à la fin du XXe siècle, notamment sous l'effet de la mondialisation, les médecines traditionnelles ou non occidentales ont vu leur place reconnue au sein de la médecine mondiale : en 2002, l'organisation mondiale de la santé a ainsi mis en place sa première stratégie globale en matière de médecine traditionnelle[22].
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+
36
+ On identifie ainsi, à côté de la médecine occidentale, d'autres types de médecines, dites « alternatives » incluant : médecine chinoise, médecine tibétaine traditionnelle, médecine ayurvédique, médecine traditionnelle, et médecine non conventionnelle.
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38
+ En Occident, l'usage de médecines alternatives et complémentaires est constaté dans certaines conditions où les traitements de biomédecine semblent inefficaces, notamment dans le cas de maladies chroniques[23].
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+
40
+ Les étapes de l'acte médical sont formées de :
41
+
42
+ En travaillant ensemble comme une équipe interdisciplinaire, de nombreux professionnels de la santé hautement qualifiés sont impliqués dans la prestation des soins de santé modernes. Voici quelques exemples : les infirmiers, les techniciens médicaux d'urgence et les ambulanciers, les scientifiques de laboratoire, pharmaciens, podologues, physiothérapeutes, inhalothérapeutes, psychologues,orthophonistes, ergothérapeutes, radiologues, des diététiciens, des bioingénieurs et des chirurgiens.
43
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44
+ Un patient admis à l'hôpital est habituellement sous les soins d'une équipe spécifique en fonction de leur problème de présentation principale, par exemple, l'équipe de cardiologie, qui peut ensuite interagir avec d'autres spécialités, par exemple, la chirurgie, la radiologie, pour aider à diagnostiquer ou traiter le problème principal ou des complications ultérieures. Les médecins ont de nombreuses spécialisations et sous-spécialisations dans certaines branches de la médecine, qui sont énumérés ci-dessous. Il existe des variations d'un pays à l'autre en ce qui concerne les spécialités et les sous-spécialités.
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46
+ Les principales branches de la médecine sont :
47
+
48
+ Une profession de la santé est une profession dans laquelle une personne exerce ses compétences ou son jugement ou fournit un service lié au maintien ou l'amélioration de la santé des individus, ou au traitement ou soins des individus blessés, malades, souffrant d'un handicap ou d'une infirmité. Des exemples de profession peuvent notamment inclure : médecin, pharmacien, chirurgien-dentiste, sage-femme, masseur-kinésithérapeute, physiothérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, infirmier, podologue, aide-soignant, ambulancier, et attaché de recherche clinique.
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+ Chaque profession possède son propre cursus de formation. En plus des études permettant d'exercer la profession de médecin dont l'organisation varie selon les pays, on trouve donc notamment les études en soins infirmiers, et les études de pharmacie.
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52
+ L'étudiant en médecine s'appelle carabin.
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54
+ Les succès de la médecine, particulièrement de la médecine occidentale depuis le XIXe siècle, se mesure notamment par l'allongement de la durée de la vie, la réduction de la mortalité infantile, et l'éradication ou la capacité technique d'éradication de très anciennes épidémies (tuberculose, peste, lèpre, etc.). Ces progrès se poursuivent comme avec les succès de nouvelles thérapies (ou actes chirurgicaux) sur des pathologies considérées encore incurables il y a une quinzaine d'années (comme certains cancers et maladies auto-immunes)[réf. souhaitée].
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56
+ La médecine n'est pas une science exacte, et l'acte médical peut parfois affecter la personne humaine de manière négative, par exemple via :
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58
+ De nombreux progrès sont annoncés ou espérés dans les années à venir, en matière de santé-environnement, d'épidémiologie, d'allongement de la durée de vie, si ce n'est de la durée de vie en bonne santé. La médecine prédictive, le clonage, les cellules-souches posent des questions nouvelles en termes de bioéthique.
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+ Des défauts d'anticipation font que, par exemple en France, en 2025, alors que la population aura augmenté (et la population âgée plus encore), le nombre de médecins aura diminué de 10 % et la densité médicale de 15 %, à la suite du non-remplacement des médecins baby-boomers induit par les quotas d’accès aux études de médecine dans les années 1970 à 1990. La médecine libérale devrait perdre 17 % de ses effectifs, et le secteur salarié 8 %, sauf en milieu hospitalier où le ministère envisage une hausse de 4 % ; 13 % des généralistes auront disparu, contre 7 % pour les spécialistes (ophtalmologistes, oto-rhino-laryngologistes et psychiatres surtout). La faible « densité médicale » augmentera aussi le coût des soins, l’impact des déplacements en termes de pollution (et secondairement de santé) et pourrait diminuer l'efficience médicale (une moindre densité médicale augmente la mortalité), d'autant plus que les patients sont plus pauvres[26].
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+ La médecine (du latin : medicina, qui signifie « art de guérir, remède, potion »[1]), au sens de pratique (art), est la science témoignant de l'organisation du corps humain (anatomie humaine), son fonctionnement normal (physiologie), et cherchant à préserver la santé (physique comme mentale) par la prévention (prophylaxie) et le traitement (thérapie) des maladies.
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+ La médecine contemporaine utilise les soins de santé, la recherche et les technologies biomédicales pour diagnostiquer et traiter les blessures et les maladies, habituellement à travers la prescription de médicaments, la chirurgie ou d'autres formes de thérapies. Depuis plusieurs décennies, le soulagement de la douleur s'est imposé comme un objectif médical à travers des solutions chimiques mais également par la relation médecin-patient.
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+ Il n'existe pas suffisamment de données fiables pour déterminer le début de l'usage des plantes à des fins médicinales (phytothérapie).
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+ Les données médicales contenues dans le Papyrus Edwin Smith[2] peuvent être datées du XXXe siècle av. J.-C.[3]. Les premiers exemples connus d’interventions chirurgicales ont été réalisés en Égypte aux alentours du XXVIIIe siècle av. J.-C. (voir chirurgie). Imhotep sous la troisième dynastie est parfois considéré comme le fondateur de la médecine en Égypte antique et comme l'auteur originel du papyrus d’Edwin Smith qui énumère des médicaments, des maladies et des observations anatomiques. Le papyrus gynécologique Kahun[4] traite des maladies des femmes et des problèmes de conception. Nous sont parvenues trente-quatre observations détaillées avec le diagnostic et le traitement, certains d'entre eux étant fragmentaires[5]. Datant de 1800 av. J.-C., il s’agit du plus ancien texte médical, toutes catégories confondues. On sait que des établissements médicaux, désignés par l’expression Maisons de vie ont été fondés dans l’Égypte antique dès la première dynastie[6].
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+ Les plus anciens textes babyloniens sur la médecine remontent à l’époque de l’ancien empire babylonien dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. Cependant, le texte babylonien le plus complet dans le domaine de la médecine est le Manuel de diagnostic écrit par Esagil-kin-apli le médecin de Borsippa[7], sous le règne du roi babylonien Adad-ALPA-iddina (1069-1046 av. J.-C.)[8].
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+ Hippocrate, est considéré comme le père fondateur de la médecine moderne et rationnelle[9],[10], et ses disciples ont été les premiers à décrire de nombreuses maladies. On lui attribue la première description des doigts en baguette de tambour, un signe important pour le diagnostic de la bronchopathie chronique obstructive, du cancer du poumon et des cardiopathies cyanogènes congénitales. Pour cette raison, le symptôme des doigts en baguette de tambour est parfois appelé hippocratisme digital [11]. Hippocrate a également été le premier médecin à décrire la face hippocratique. Shakespeare fait une allusion célèbre à cette description dans sa relation de la mort de Falstaff dans Henry V, acte II, scène III[12],[13]. Le Corpus hippocratique popularise la théorie des humeurs. La médecine rationnelle grecque et latine coexiste cependant pendant toute l'Antiquité avec les cultes des Dieux guérisseurs[14].
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+ Elles proviennent de la Torah, étonnement rationnelle en la matière, car tenant compte des conditions climatiques.[15] En effet, les cinq livres de Moïse qui la constituent, contiennent diverses « lois » ayant des conséquences directes sur la santé à travers différents rituels, tels que l'isolement des personnes infectées (Lévitique 13:45-46), le lavage des mains après avoir manipulé un cadavre (Livre des Nombres 19:11-19) et l’enfouissement des excréments à l’extérieur du campement (Deutéronome 23:12-13).
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+ La traduction dans les années 830-870 de 129 œuvres du médecin grec Galien (1er siècle av J.C.) en arabe par Hunayn ibn Ishaq et ses élèves sert de modèle à la médecine des civilisations islamiques et se propage rapidement à travers l’Empire arabe, reprenant en particulier, l'insistance de Galien sur une approche rationnelle et systématique de la médecine. Qusta ibn Luqa joua aussi un rôle important dans la traduction et la transmission des textes grecs. Les médecins musulmans ont mis en place certains des premiers hôpitaux, institution qui importée en Europe à la suite des croisades[16].
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+ En Europe occidentale, l'effondrement de l'autorité de l’empire romain a conduit à l’interruption de toute pratique médicale organisée. La médecine était exercée localement, alors que le rôle de la médecine traditionnelle augmentait, avec ce qui restait des connaissances médicales de l'antiquité. Les connaissances médicales ont été préservées et mises en pratique dans de nombreuses institutions monastiques qui s’étaient souvent adjoint un hôpital et disposaient de carrés d'herbes médicinales. Une médecine professionnelle organisée est réapparue, avec la fondation de l’école de médecine de Salerne en Italie au XIe siècle qui, en coopération avec le monastère du Mont Cassin, a traduit de nombreux ouvrages byzantins et arabes.
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+ À partir du XIe siècle, l'Église veut dissocier la vocation de moine de la profession de médecin. La volonté d'encadrer le savoir aboutit à la formation d'universités aux mains des ecclésiastiques. Les médecins de l'université de médecine de Montpellier, dépositaires des doctrines des médecins juifs et arabes, privilégient les plantes, ceux de l'Ancienne université de Paris privilégient la purge et la saignée[17].
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+ Au XIXe siècle, Karl August Wunderlich publie Das Verhalten der Eigenwärme in Krankheiten, qui établit que la fièvre est seulement un symptôme et met fin au credo d'une maladie infectieuse jusqu'alors nommée « fièvre intermittente ». En 1881 Theodor Billroth réalise la première gastrectomie, il révolutionne la chirurgie du pharynx et de l'estomac. En utilisant l'analyse statistique, le médecin Pierre-Charles Alexandre Louis (1787-1872) montre que l'utilisation des saignées chez les malades atteints de pneumonie n'est pas bénéfique mais néfaste[18]. Ceci esquisse la notion d'étude randomisée en double aveugle.
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+ Le 25 novembre 1901, Aloïs Alzheimer décrit le tableau clinique de la maladie qui porte son nom, dont il n'existe toujours aucun traitement connu à ce jour. Les traitements médicaux font des progrès spectaculaires avec l'invention de nouvelles classes de médicaments. Felix Hoffmann dépose le brevet de l'aspirine le 6 mars 1899. En 1909, le Nobel de médecine Paul Ehrlich invente la première chimiothérapie en créant un traitement à base d'arsenic contre la syphilis. En 1921 Frederick Banting de l'université de Toronto isole l'insuline et invente un traitement du diabète sucré. Le premier antibiotique date de 1928 avec la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming.
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+ Selon la psychanalyste argentine Raquel Capurro, la médecine a été le premier domaine influencé par le positivisme d'Auguste Comte, à partir du milieu du XIXe siècle, à travers des personnalités telles que le docteur Robinet parmi d'autres[19].
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+ De même, toujours à la fin du XXe siècle, notamment sous l'effet de la mondialisation, les médecines traditionnelles ou non occidentales ont vu leur place reconnue au sein de la médecine mondiale : en 2002, l'organisation mondiale de la santé a ainsi mis en place sa première stratégie globale en matière de médecine traditionnelle[22].
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+ On identifie ainsi, à côté de la médecine occidentale, d'autres types de médecines, dites « alternatives » incluant : médecine chinoise, médecine tibétaine traditionnelle, médecine ayurvédique, médecine traditionnelle, et médecine non conventionnelle.
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+ En Occident, l'usage de médecines alternatives et complémentaires est constaté dans certaines conditions où les traitements de biomédecine semblent inefficaces, notamment dans le cas de maladies chroniques[23].
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+ Les étapes de l'acte médical sont formées de :
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+ En travaillant ensemble comme une équipe interdisciplinaire, de nombreux professionnels de la santé hautement qualifiés sont impliqués dans la prestation des soins de santé modernes. Voici quelques exemples : les infirmiers, les techniciens médicaux d'urgence et les ambulanciers, les scientifiques de laboratoire, pharmaciens, podologues, physiothérapeutes, inhalothérapeutes, psychologues,orthophonistes, ergothérapeutes, radiologues, des diététiciens, des bioingénieurs et des chirurgiens.
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+ Une profession de la santé est une profession dans laquelle une personne exerce ses compétences ou son jugement ou fournit un service lié au maintien ou l'amélioration de la santé des individus, ou au traitement ou soins des individus blessés, malades, souffrant d'un handicap ou d'une infirmité. Des exemples de profession peuvent notamment inclure : médecin, pharmacien, chirurgien-dentiste, sage-femme, masseur-kinésithérapeute, physiothérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, infirmier, podologue, aide-soignant, ambulancier, et attaché de recherche clinique.
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+ L'étudiant en médecine s'appelle carabin.
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+ Les succès de la médecine, particulièrement de la médecine occidentale depuis le XIXe siècle, se mesure notamment par l'allongement de la durée de la vie, la réduction de la mortalité infantile, et l'éradication ou la capacité technique d'éradication de très anciennes épidémies (tuberculose, peste, lèpre, etc.). Ces progrès se poursuivent comme avec les succès de nouvelles thérapies (ou actes chirurgicaux) sur des pathologies considérées encore incurables il y a une quinzaine d'années (comme certains cancers et maladies auto-immunes)[réf. souhaitée].
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+ Des défauts d'anticipation font que, par exemple en France, en 2025, alors que la population aura augmenté (et la population âgée plus encore), le nombre de médecins aura diminué de 10 % et la densité médicale de 15 %, à la suite du non-remplacement des médecins baby-boomers induit par les quotas d’accès aux études de médecine dans les années 1970 à 1990. La médecine libérale devrait perdre 17 % de ses effectifs, et le secteur salarié 8 %, sauf en milieu hospitalier où le ministère envisage une hausse de 4 % ; 13 % des généralistes auront disparu, contre 7 % pour les spécialistes (ophtalmologistes, oto-rhino-laryngologistes et psychiatres surtout). La faible « densité médicale » augmentera aussi le coût des soins, l’impact des déplacements en termes de pollution (et secondairement de santé) et pourrait diminuer l'efficience médicale (une moindre densité médicale augmente la mortalité), d'autant plus que les patients sont plus pauvres[26].
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+ La médecine (du latin : medicina, qui signifie « art de guérir, remède, potion »[1]), au sens de pratique (art), est la science témoignant de l'organisation du corps humain (anatomie humaine), son fonctionnement normal (physiologie), et cherchant à préserver la santé (physique comme mentale) par la prévention (prophylaxie) et le traitement (thérapie) des maladies.
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3
+ La médecine contemporaine utilise les soins de santé, la recherche et les technologies biomédicales pour diagnostiquer et traiter les blessures et les maladies, habituellement à travers la prescription de médicaments, la chirurgie ou d'autres formes de thérapies. Depuis plusieurs décennies, le soulagement de la douleur s'est imposé comme un objectif médical à travers des solutions chimiques mais également par la relation médecin-patient.
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5
+ Il n'existe pas suffisamment de données fiables pour déterminer le début de l'usage des plantes à des fins médicinales (phytothérapie).
6
+ Les données médicales contenues dans le Papyrus Edwin Smith[2] peuvent être datées du XXXe siècle av. J.-C.[3]. Les premiers exemples connus d’interventions chirurgicales ont été réalisés en Égypte aux alentours du XXVIIIe siècle av. J.-C. (voir chirurgie). Imhotep sous la troisième dynastie est parfois considéré comme le fondateur de la médecine en Égypte antique et comme l'auteur originel du papyrus d’Edwin Smith qui énumère des médicaments, des maladies et des observations anatomiques. Le papyrus gynécologique Kahun[4] traite des maladies des femmes et des problèmes de conception. Nous sont parvenues trente-quatre observations détaillées avec le diagnostic et le traitement, certains d'entre eux étant fragmentaires[5]. Datant de 1800 av. J.-C., il s’agit du plus ancien texte médical, toutes catégories confondues. On sait que des établissements médicaux, désignés par l’expression Maisons de vie ont été fondés dans l’Égypte antique dès la première dynastie[6].
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8
+ Les plus anciens textes babyloniens sur la médecine remontent à l’époque de l’ancien empire babylonien dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. Cependant, le texte babylonien le plus complet dans le domaine de la médecine est le Manuel de diagnostic écrit par Esagil-kin-apli le médecin de Borsippa[7], sous le règne du roi babylonien Adad-ALPA-iddina (1069-1046 av. J.-C.)[8].
9
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10
+ Hippocrate, est considéré comme le père fondateur de la médecine moderne et rationnelle[9],[10], et ses disciples ont été les premiers à décrire de nombreuses maladies. On lui attribue la première description des doigts en baguette de tambour, un signe important pour le diagnostic de la bronchopathie chronique obstructive, du cancer du poumon et des cardiopathies cyanogènes congénitales. Pour cette raison, le symptôme des doigts en baguette de tambour est parfois appelé hippocratisme digital [11]. Hippocrate a également été le premier médecin à décrire la face hippocratique. Shakespeare fait une allusion célèbre à cette description dans sa relation de la mort de Falstaff dans Henry V, acte II, scène III[12],[13]. Le Corpus hippocratique popularise la théorie des humeurs. La médecine rationnelle grecque et latine coexiste cependant pendant toute l'Antiquité avec les cultes des Dieux guérisseurs[14].
11
+
12
+ La médecine pratiquée et enseignée en occident à ses racines dans les connaissances acquises et protocollées de l’antiquité au Ier millénaire av. J.-C. de l'Orient à l'Empire Romain
13
+
14
+ Elles proviennent de la Torah, étonnement rationnelle en la matière, car tenant compte des conditions climatiques.[15] En effet, les cinq livres de Moïse qui la constituent, contiennent diverses « lois » ayant des conséquences directes sur la santé à travers différents rituels, tels que l'isolement des personnes infectées (Lévitique 13:45-46), le lavage des mains après avoir manipulé un cadavre (Livre des Nombres 19:11-19) et l’enfouissement des excréments à l’extérieur du campement (Deutéronome 23:12-13).
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16
+ La traduction dans les années 830-870 de 129 œuvres du médecin grec Galien (1er siècle av J.C.) en arabe par Hunayn ibn Ishaq et ses élèves sert de modèle à la médecine des civilisations islamiques et se propage rapidement à travers l’Empire arabe, reprenant en particulier, l'insistance de Galien sur une approche rationnelle et systématique de la médecine. Qusta ibn Luqa joua aussi un rôle important dans la traduction et la transmission des textes grecs. Les médecins musulmans ont mis en place certains des premiers hôpitaux, institution qui importée en Europe à la suite des croisades[16].
17
+
18
+ En Europe occidentale, l'effondrement de l'autorité de l’empire romain a conduit à l’interruption de toute pratique médicale organisée. La médecine était exercée localement, alors que le rôle de la médecine traditionnelle augmentait, avec ce qui restait des connaissances médicales de l'antiquité. Les connaissances médicales ont été préservées et mises en pratique dans de nombreuses institutions monastiques qui s’étaient souvent adjoint un hôpital et disposaient de carrés d'herbes médicinales. Une médecine professionnelle organisée est réapparue, avec la fondation de l’école de médecine de Salerne en Italie au XIe siècle qui, en coopération avec le monastère du Mont Cassin, a traduit de nombreux ouvrages byzantins et arabes.
19
+
20
+ À partir du XIe siècle, l'Église veut dissocier la vocation de moine de la profession de médecin. La volonté d'encadrer le savoir aboutit à la formation d'universités aux mains des ecclésiastiques. Les médecins de l'université de médecine de Montpellier, dépositaires des doctrines des médecins juifs et arabes, privilégient les plantes, ceux de l'Ancienne université de Paris privilégient la purge et la saignée[17].
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22
+ Au XIXe siècle, Karl August Wunderlich publie Das Verhalten der Eigenwärme in Krankheiten, qui établit que la fièvre est seulement un symptôme et met fin au credo d'une maladie infectieuse jusqu'alors nommée « fièvre intermittente ». En 1881 Theodor Billroth réalise la première gastrectomie, il révolutionne la chirurgie du pharynx et de l'estomac. En utilisant l'analyse statistique, le médecin Pierre-Charles Alexandre Louis (1787-1872) montre que l'utilisation des saignées chez les malades atteints de pneumonie n'est pas bénéfique mais néfaste[18]. Ceci esquisse la notion d'étude randomisée en double aveugle.
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24
+ Le 25 novembre 1901, Aloïs Alzheimer décrit le tableau clinique de la maladie qui porte son nom, dont il n'existe toujours aucun traitement connu à ce jour. Les traitements médicaux font des progrès spectaculaires avec l'invention de nouvelles classes de médicaments. Felix Hoffmann dépose le brevet de l'aspirine le 6 mars 1899. En 1909, le Nobel de médecine Paul Ehrlich invente la première chimiothérapie en créant un traitement à base d'arsenic contre la syphilis. En 1921 Frederick Banting de l'université de Toronto isole l'insuline et invente un traitement du diabète sucré. Le premier antibiotique date de 1928 avec la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming.
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26
+ Selon la psychanalyste argentine Raquel Capurro, la médecine a été le premier domaine influencé par le positivisme d'Auguste Comte, à partir du milieu du XIXe siècle, à travers des personnalités telles que le docteur Robinet parmi d'autres[19].
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28
+ La délimitation de ce qui est médecine et de ce qui ne l'est pas est source de débat.
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30
+ La plus grande partie de cet article traite de la médecine telle qu'elle s'est développée à partir de l'époque moderne, et pratiquée à partir du XIXe siècle. Les innovations majeures apportées par la médecine occidentale à partir du XIXe siècle (anesthésie et asepsie puis vaccination et antibiotiques au XXe siècle), ses succès, ainsi que sa diffusion à travers le monde par le biais notamment de la colonisation par l'Occident vont inciter à poser, dès la fin du XIXe siècle, la médecine scientifique occidentale comme modèle de médecine faisant autorité, lequel s'est diffusé au niveau mondial à travers son industrialisation au XXe siècle[20].
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32
+ Certains chercheurs réhabilitent de même certains aspects de la médecine médiévale occidentale. Ainsi l'historien de la médecine Roger Dachez qui met en valeur l'aspect préventif et la vision globale qu'avait de la médecine le Moyen Âge[21].
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34
+ De même, toujours à la fin du XXe siècle, notamment sous l'effet de la mondialisation, les médecines traditionnelles ou non occidentales ont vu leur place reconnue au sein de la médecine mondiale : en 2002, l'organisation mondiale de la santé a ainsi mis en place sa première stratégie globale en matière de médecine traditionnelle[22].
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36
+ On identifie ainsi, à côté de la médecine occidentale, d'autres types de médecines, dites « alternatives » incluant : médecine chinoise, médecine tibétaine traditionnelle, médecine ayurvédique, médecine traditionnelle, et médecine non conventionnelle.
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38
+ En Occident, l'usage de médecines alternatives et complémentaires est constaté dans certaines conditions où les traitements de biomédecine semblent inefficaces, notamment dans le cas de maladies chroniques[23].
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40
+ Les étapes de l'acte médical sont formées de :
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42
+ En travaillant ensemble comme une équipe interdisciplinaire, de nombreux professionnels de la santé hautement qualifiés sont impliqués dans la prestation des soins de santé modernes. Voici quelques exemples : les infirmiers, les techniciens médicaux d'urgence et les ambulanciers, les scientifiques de laboratoire, pharmaciens, podologues, physiothérapeutes, inhalothérapeutes, psychologues,orthophonistes, ergothérapeutes, radiologues, des diététiciens, des bioingénieurs et des chirurgiens.
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44
+ Un patient admis à l'hôpital est habituellement sous les soins d'une équipe spécifique en fonction de leur problème de présentation principale, par exemple, l'équipe de cardiologie, qui peut ensuite interagir avec d'autres spécialités, par exemple, la chirurgie, la radiologie, pour aider à diagnostiquer ou traiter le problème principal ou des complications ultérieures. Les médecins ont de nombreuses spécialisations et sous-spécialisations dans certaines branches de la médecine, qui sont énumérés ci-dessous. Il existe des variations d'un pays à l'autre en ce qui concerne les spécialités et les sous-spécialités.
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+ Les principales branches de la médecine sont :
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48
+ Une profession de la santé est une profession dans laquelle une personne exerce ses compétences ou son jugement ou fournit un service lié au maintien ou l'amélioration de la santé des individus, ou au traitement ou soins des individus blessés, malades, souffrant d'un handicap ou d'une infirmité. Des exemples de profession peuvent notamment inclure : médecin, pharmacien, chirurgien-dentiste, sage-femme, masseur-kinésithérapeute, physiothérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, infirmier, podologue, aide-soignant, ambulancier, et attaché de recherche clinique.
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50
+ Chaque profession possède son propre cursus de formation. En plus des études permettant d'exercer la profession de médecin dont l'organisation varie selon les pays, on trouve donc notamment les études en soins infirmiers, et les études de pharmacie.
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52
+ L'étudiant en médecine s'appelle carabin.
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54
+ Les succès de la médecine, particulièrement de la médecine occidentale depuis le XIXe siècle, se mesure notamment par l'allongement de la durée de la vie, la réduction de la mortalité infantile, et l'éradication ou la capacité technique d'éradication de très anciennes épidémies (tuberculose, peste, lèpre, etc.). Ces progrès se poursuivent comme avec les succès de nouvelles thérapies (ou actes chirurgicaux) sur des pathologies considérées encore incurables il y a une quinzaine d'années (comme certains cancers et maladies auto-immunes)[réf. souhaitée].
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56
+ La médecine n'est pas une science exacte, et l'acte médical peut parfois affecter la personne humaine de manière négative, par exemple via :
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+ De nombreux progrès sont annoncés ou espérés dans les années à venir, en matière de santé-environnement, d'épidémiologie, d'allongement de la durée de vie, si ce n'est de la durée de vie en bonne santé. La médecine prédictive, le clonage, les cellules-souches posent des questions nouvelles en termes de bioéthique.
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+ Des défauts d'anticipation font que, par exemple en France, en 2025, alors que la population aura augmenté (et la population âgée plus encore), le nombre de médecins aura diminué de 10 % et la densité médicale de 15 %, à la suite du non-remplacement des médecins baby-boomers induit par les quotas d’accès aux études de médecine dans les années 1970 à 1990. La médecine libérale devrait perdre 17 % de ses effectifs, et le secteur salarié 8 %, sauf en milieu hospitalier où le ministère envisage une hausse de 4 % ; 13 % des généralistes auront disparu, contre 7 % pour les spécialistes (ophtalmologistes, oto-rhino-laryngologistes et psychiatres surtout). La faible « densité médicale » augmentera aussi le coût des soins, l’impact des déplacements en termes de pollution (et secondairement de santé) et pourrait diminuer l'efficience médicale (une moindre densité médicale augmente la mortalité), d'autant plus que les patients sont plus pauvres[26].
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+ La médecine (du latin : medicina, qui signifie « art de guérir, remède, potion »[1]), au sens de pratique (art), est la science témoignant de l'organisation du corps humain (anatomie humaine), son fonctionnement normal (physiologie), et cherchant à préserver la santé (physique comme mentale) par la prévention (prophylaxie) et le traitement (thérapie) des maladies.
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+ La médecine contemporaine utilise les soins de santé, la recherche et les technologies biomédicales pour diagnostiquer et traiter les blessures et les maladies, habituellement à travers la prescription de médicaments, la chirurgie ou d'autres formes de thérapies. Depuis plusieurs décennies, le soulagement de la douleur s'est imposé comme un objectif médical à travers des solutions chimiques mais également par la relation médecin-patient.
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+ Il n'existe pas suffisamment de données fiables pour déterminer le début de l'usage des plantes à des fins médicinales (phytothérapie).
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+ Les données médicales contenues dans le Papyrus Edwin Smith[2] peuvent être datées du XXXe siècle av. J.-C.[3]. Les premiers exemples connus d’interventions chirurgicales ont été réalisés en Égypte aux alentours du XXVIIIe siècle av. J.-C. (voir chirurgie). Imhotep sous la troisième dynastie est parfois considéré comme le fondateur de la médecine en Égypte antique et comme l'auteur originel du papyrus d’Edwin Smith qui énumère des médicaments, des maladies et des observations anatomiques. Le papyrus gynécologique Kahun[4] traite des maladies des femmes et des problèmes de conception. Nous sont parvenues trente-quatre observations détaillées avec le diagnostic et le traitement, certains d'entre eux étant fragmentaires[5]. Datant de 1800 av. J.-C., il s’agit du plus ancien texte médical, toutes catégories confondues. On sait que des établissements médicaux, désignés par l’expression Maisons de vie ont été fondés dans l’Égypte antique dès la première dynastie[6].
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+ Les plus anciens textes babyloniens sur la médecine remontent à l’époque de l’ancien empire babylonien dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. Cependant, le texte babylonien le plus complet dans le domaine de la médecine est le Manuel de diagnostic écrit par Esagil-kin-apli le médecin de Borsippa[7], sous le règne du roi babylonien Adad-ALPA-iddina (1069-1046 av. J.-C.)[8].
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+ Hippocrate, est considéré comme le père fondateur de la médecine moderne et rationnelle[9],[10], et ses disciples ont été les premiers à décrire de nombreuses maladies. On lui attribue la première description des doigts en baguette de tambour, un signe important pour le diagnostic de la bronchopathie chronique obstructive, du cancer du poumon et des cardiopathies cyanogènes congénitales. Pour cette raison, le symptôme des doigts en baguette de tambour est parfois appelé hippocratisme digital [11]. Hippocrate a également été le premier médecin à décrire la face hippocratique. Shakespeare fait une allusion célèbre à cette description dans sa relation de la mort de Falstaff dans Henry V, acte II, scène III[12],[13]. Le Corpus hippocratique popularise la théorie des humeurs. La médecine rationnelle grecque et latine coexiste cependant pendant toute l'Antiquité avec les cultes des Dieux guérisseurs[14].
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+ Elles proviennent de la Torah, étonnement rationnelle en la matière, car tenant compte des conditions climatiques.[15] En effet, les cinq livres de Moïse qui la constituent, contiennent diverses « lois » ayant des conséquences directes sur la santé à travers différents rituels, tels que l'isolement des personnes infectées (Lévitique 13:45-46), le lavage des mains après avoir manipulé un cadavre (Livre des Nombres 19:11-19) et l’enfouissement des excréments à l’extérieur du campement (Deutéronome 23:12-13).
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+ En Europe occidentale, l'effondrement de l'autorité de l’empire romain a conduit à l’interruption de toute pratique médicale organisée. La médecine était exercée localement, alors que le rôle de la médecine traditionnelle augmentait, avec ce qui restait des connaissances médicales de l'antiquité. Les connaissances médicales ont été préservées et mises en pratique dans de nombreuses institutions monastiques qui s’étaient souvent adjoint un hôpital et disposaient de carrés d'herbes médicinales. Une médecine professionnelle organisée est réapparue, avec la fondation de l’école de médecine de Salerne en Italie au XIe siècle qui, en coopération avec le monastère du Mont Cassin, a traduit de nombreux ouvrages byzantins et arabes.
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+ À partir du XIe siècle, l'Église veut dissocier la vocation de moine de la profession de médecin. La volonté d'encadrer le savoir aboutit à la formation d'universités aux mains des ecclésiastiques. Les médecins de l'université de médecine de Montpellier, dépositaires des doctrines des médecins juifs et arabes, privilégient les plantes, ceux de l'Ancienne université de Paris privilégient la purge et la saignée[17].
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+ Le 25 novembre 1901, Aloïs Alzheimer décrit le tableau clinique de la maladie qui porte son nom, dont il n'existe toujours aucun traitement connu à ce jour. Les traitements médicaux font des progrès spectaculaires avec l'invention de nouvelles classes de médicaments. Felix Hoffmann dépose le brevet de l'aspirine le 6 mars 1899. En 1909, le Nobel de médecine Paul Ehrlich invente la première chimiothérapie en créant un traitement à base d'arsenic contre la syphilis. En 1921 Frederick Banting de l'université de Toronto isole l'insuline et invente un traitement du diabète sucré. Le premier antibiotique date de 1928 avec la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming.
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+ Selon la psychanalyste argentine Raquel Capurro, la médecine a été le premier domaine influencé par le positivisme d'Auguste Comte, à partir du milieu du XIXe siècle, à travers des personnalités telles que le docteur Robinet parmi d'autres[19].
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+ Certains chercheurs réhabilitent de même certains aspects de la médecine médiévale occidentale. Ainsi l'historien de la médecine Roger Dachez qui met en valeur l'aspect préventif et la vision globale qu'avait de la médecine le Moyen Âge[21].
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+ De même, toujours à la fin du XXe siècle, notamment sous l'effet de la mondialisation, les médecines traditionnelles ou non occidentales ont vu leur place reconnue au sein de la médecine mondiale : en 2002, l'organisation mondiale de la santé a ainsi mis en place sa première stratégie globale en matière de médecine traditionnelle[22].
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+ On identifie ainsi, à côté de la médecine occidentale, d'autres types de médecines, dites « alternatives » incluant : médecine chinoise, médecine tibétaine traditionnelle, médecine ayurvédique, médecine traditionnelle, et médecine non conventionnelle.
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+ En Occident, l'usage de médecines alternatives et complémentaires est constaté dans certaines conditions où les traitements de biomédecine semblent inefficaces, notamment dans le cas de maladies chroniques[23].
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+ En travaillant ensemble comme une équipe interdisciplinaire, de nombreux professionnels de la santé hautement qualifiés sont impliqués dans la prestation des soins de santé modernes. Voici quelques exemples : les infirmiers, les techniciens médicaux d'urgence et les ambulanciers, les scientifiques de laboratoire, pharmaciens, podologues, physiothérapeutes, inhalothérapeutes, psychologues,orthophonistes, ergothérapeutes, radiologues, des diététiciens, des bioingénieurs et des chirurgiens.
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+ Un patient admis à l'hôpital est habituellement sous les soins d'une équipe spécifique en fonction de leur problème de présentation principale, par exemple, l'équipe de cardiologie, qui peut ensuite interagir avec d'autres spécialités, par exemple, la chirurgie, la radiologie, pour aider à diagnostiquer ou traiter le problème principal ou des complications ultérieures. Les médecins ont de nombreuses spécialisations et sous-spécialisations dans certaines branches de la médecine, qui sont énumérés ci-dessous. Il existe des variations d'un pays à l'autre en ce qui concerne les spécialités et les sous-spécialités.
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+ Les principales branches de la médecine sont :
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+ Une profession de la santé est une profession dans laquelle une personne exerce ses compétences ou son jugement ou fournit un service lié au maintien ou l'amélioration de la santé des individus, ou au traitement ou soins des individus blessés, malades, souffrant d'un handicap ou d'une infirmité. Des exemples de profession peuvent notamment inclure : médecin, pharmacien, chirurgien-dentiste, sage-femme, masseur-kinésithérapeute, physiothérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, infirmier, podologue, aide-soignant, ambulancier, et attaché de recherche clinique.
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+ L'étudiant en médecine s'appelle carabin.
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+ Les succès de la médecine, particulièrement de la médecine occidentale depuis le XIXe siècle, se mesure notamment par l'allongement de la durée de la vie, la réduction de la mortalité infantile, et l'éradication ou la capacité technique d'éradication de très anciennes épidémies (tuberculose, peste, lèpre, etc.). Ces progrès se poursuivent comme avec les succès de nouvelles thérapies (ou actes chirurgicaux) sur des pathologies considérées encore incurables il y a une quinzaine d'années (comme certains cancers et maladies auto-immunes)[réf. souhaitée].
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+ De nombreux progrès sont annoncés ou espérés dans les années à venir, en matière de santé-environnement, d'épidémiologie, d'allongement de la durée de vie, si ce n'est de la durée de vie en bonne santé. La médecine prédictive, le clonage, les cellules-souches posent des questions nouvelles en termes de bioéthique.
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+ Medellín est la capitale d'Antioquia, un des départements de la Colombie. Avec une population de 3 312 165 habitants en 2005 (pour l'agglomération), elle se place au deuxième rang des villes les plus peuplées de Colombie, après Bogota. Les Medellinense, les habitants de Medellín, sont appelés communément les « Paisas ».
4
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5
+ Medellín se trouve dans la vallée de l'Aburrá entre les cordillères Occidentale et Centrale des Andes colombiennes. Lorsque les Espagnols débarquèrent dans la région, au début des années 1500, le territoire était occupé par des indigènes de différentes ethnies.
6
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7
+ Medellín est l'un des principaux centres culturels de Colombie et abrite de nombreux sites touristiques. Elle a également été le centre opérationnel du cartel homonyme, mené par le baron de la drogue Pablo Escobar, des années 1970 au début des années 1990. Durant cette période, Medellín est le théâtre de très nombreux crimes de sang.
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+ Au cours de son évolution, la ville de Medellín s'est appelée : « Aburrá de los Yamesíes », « San Lorenzo de Aburrá », « San Lorenzo de Aná », « Valle de San Bartolomé », « Villa de la Candelaria de Medellín » et Medellín.
10
+ Le nom de la ville honore Medellín d'Estrémadure (Espagne) car la plupart des conquérants espagnols, tel Gaspar de Rodas (es), le premier gouverneur d'Antioquia, étaient originaires de cette région de Badajoz.
11
+ Le comte Pedro Portocarrero y Luna, Président du Conseil pour l'Inde de l'Ouest (« Consejo de Indias »), demanda à la monarchie de donner le nom de Medellín d'Extremadura à une nouvelle fondation américaine. Sa demande fut acceptée le 22 novembre 1674, quand la régente Marie-Anne d'Autriche proclama le nom de « Villa de Nuestra Señora de Medellín ». La proclamation officielle fut effectuée par le gouverneur Miguel Aguinaga y Mendiogoitia le 2 novembre 1675.
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+ Les premiers Espagnols débarquèrent dans la région au cours des années 1500 et 1501. Le territoire était alors occupé par de nombreuses tribus appartenant à la grande famille des Caraïbes. Le nom de Medellín tient son origine du nom Metellium, ancien nom latin de la ville de Medellín, dans la province espagnole de Badajoz, nom issu de celui de son fondateur, Quintus Caecilius Metellus Pius.
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+ La vallée où aujourd'hui se trouve Medellín a été vue pour la première fois par les Espagnols en août 1541. Ils étaient en expédition pour le compte de Jeronimo Luis Tejelo, qui lui-même obéissait aux ordres du maréchal Jorge Robledo, pour trouver des terres et des richesses.
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+ Peuplé d'indigènes de différentes ethnies — Yanmesies, Niquiás, Nutabes (es) (ou Nutabés, ou Nutabae) et Aburraes, selon l'histoire — la vallée était un endroit propice pour que les colons ibériques, à la tête desquels Francisco de Herrera Campuzano (es)[2], fondent le 2 mars 1616 le village de San Lorenzo de Aburrà sur le site qu'occupe aujourd'hui le parc El Poblado.
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+ En 1674, un certificat officiel de la reine Marie-Anne d'Autriche lui attribue le titre de Villa et, en 1675, s'établit la Villa de Nuestra Señora de la Candelaria de Medellín.
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+ En 1813, le gouverneur Juan del Corral (es) la déclare ville, motivé par son importance commerciale.
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+ Le 17 avril 1826, Medellín fut élevée à la catégorie de capitale d'Antioquia, et enleva ainsi le titre à Santa Fe de Antioquia de ville la plus active économiquement.
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25
+ Pablo Escobar fait de Medellín sa base opérationnelle des années 1970 à sa mort, en 1993. Un quartier de la ville, entièrement financé par le baron de la drogue, porte son nom, le barrio Pablo Escobar. Malgré la violence qu'il a fait régner sur Medellín et sur la Colombie en général, Escobar reste populaire auprès de certains des plus démunis, qu'il a régulièrement fait profiter de ses énormes ressources financières. Il est abattu à Medellín même, le 3 décembre 1993, après y être resté terré pendant plusieurs semaines.
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+
27
+ La ville est située à 6° 14′ N, 75° 34′ O. Elle se trouve à 400 km de la capitale Bogota et s'étend sur 380 km2.
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+
29
+ La ville de Medellín occupe la vallée encaissée de l'Aburrá, entre les cordillères Occidentale et Centrale, à une altitude de 1 538 mètres. Elle est traversée par le río Medellín qui poursuit son cours vers le nord. Elle est surnommée Capital de la Montaña (Capitale de la Montagne).
30
+
31
+ Au nord se situent les villes de Bello, Copacabana, Girardota, Barbosa, et au sud Itagüí, Envigado, Sabaneta, La Estrella et Caldas.
32
+
33
+ Les températures y varient de 28 °C le jour à 16 °C la nuit, ce qui lui vaut l'autre surnom de « Ciudad de la Eterna Primavera » (Ville de l'éternel Printemps). Elle est aussi surnommée « la ville des fleurs et de l'éternel printemps »[3].
34
+
35
+ La pollution de l'air a provoqué plus de 7 000 décès en 2016 dans la ville et représente un cout financier important du fait du traitement des maladies respiratoires[4].
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+
37
+ Medellín est le deuxième[Quand ?] plus important centre économique de la Colombie[réf. nécessaire].
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+
39
+ L'industrie textile et l'habillement comptent parmi les principales exportations vers les marchés internationaux. Le développement de ces secteurs a permis à la ville d'être un important centre de la mode.
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41
+ Dans le secteur du tourisme, Medellín a progressé jusqu'à devenir la troisième destination, en Colombie, pour les visiteurs étrangers[réf. nécessaire].
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+ La région est riche en mines d'or (70 % de la production d'or du pays[réf. nécessaire]).
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45
+ Medellín est desservie par l'aéroport international José-María-Córdova situé à Rionegro et par l'aéroport régional de Medellín, l'Aéroport Olaya Herrera (en).
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+
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+ Depuis 1995, la cité possède deux lignes de métro (Nord-Sud, Centre-Ouest) et, intégrés avec le métro, deux systèmes de télécabines appelés Metrocable relient également le nord[5]. De plus, récemment inauguré, le système Metroplus (es) (autobus articulé) relie le nord-est de la ville avec le sud-ouest.
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+
49
+ Une ligne de tramway, mise en service en octobre 2015, a été ouverte en intégralité le 31 mars 2016. Son tracé exigeant, présentant de fortes déclivités et des courbes serrées, a conduit au choix d'un système sur pneus type Translohr[6].
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+
51
+ Medellín est l'un des principaux centres culturels de Colombie avec 24 universités ou collèges d'enseignement supérieur et 22 000 étudiants. Les universités les plus importantes sont :
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+ Biblioteca España
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+ Métro de Medellín en fonction depuis 1995
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+ Sculpture de Fernando Botero à Medellín, Plaza Botero, 2007
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+
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+ Basílica Menor de Nuestra Señora de la Candelaria
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le drapeau de Medellín est composé de deux bandes horizontales, couleurs : blanc et vert. Au centre du drapeau se trouve, à cheval sur ces deux bandes, un écusson reproduisant le blason de la ville.
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+ Le blason de Medellín est de forme XVIe siècle.
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+ La ville de Medellín est jumelée avec les villes suivantes:
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac, est un ecclésiastique et homme d'État français, né le 9 septembre 1585 à Paris et mort le 4 décembre 1642 dans cette même ville. Pair de France, il a été le principal ministre du roi Louis XIII.
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+ Initialement destiné au métier des armes, il est contraint d'entrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon. Temporairement ministre des Affaires étrangères en 1616, il est créé cardinal en 1622 et devient principal ministre d'État de Louis XIII en 1624. Il reste en fonction jusqu'à sa mort, en 1642, date à laquelle le cardinal Mazarin lui succède.
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+ La fonction exercée par Richelieu auprès de Louis XIII est souvent désignée par l'expression de « Premier ministre », bien que le titre ne soit utilisé à l'époque que de façon officieuse pour désigner le ministre principal du roi dont l'action englobe aussi bien des dimensions politiques, diplomatiques et coloniales que culturelles et religieuses.
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+ Réputé pour son habileté voire pour son caractère jugé retors, souvent critiqué pour sa fermeté intransigeante, il rénove la vision de la raison d'État et en fait la clef de voûte de ses méthodes de gouvernement et de sa conception de la diplomatie et de la politique. En lutte à l'extérieur contre les Habsbourg, et à l'intérieur contre la noblesse et les protestants, il réprime sévèrement tant les duels meurtriers que les révoltes antifiscales paysannes. Il s'illustre également dans des affaires demeurées fameuses, telle l'Affaire des démons de Loudun.
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+ Richelieu est considéré comme l'un des fondateurs majeurs de l'État moderne en France. Son action est un dur combat pour un renforcement du pouvoir royal.
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+ Par son action, la monarchie s'affirme sous une nouvelle forme qui sera plus tard désignée par le terme d'absolutisme, et ce, de manière triomphante sous le gouvernement personnel de Louis XIV (1661-1715), puis de manière plus apaisée sous celui du cardinal de Fleury (1726-1743).
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+ Richelieu naît à Paris[3], rue du Bouloi, bien qu'une ancienne polémique situe sa naissance dans le fief familial, au château des Richelieu, en Touraine, polémique née du fait que son acte de baptême a disparu[4]. Il est ondoyé à sa naissance, nourrisson chétif et fiévreux, dont on ne sait s'il survivra[5]. Il n'est baptisé qu'au huitième mois, le 5 mai 1586, à l'église Saint-Eustache de Paris. Sa famille, d'ancienne noblesse (noblesse de robe et d'épée) à la fois poitevine et parisienne mais pauvre, est très honorablement connue : son père, François du Plessis, seigneur de Richelieu, est un soldat et un courtisan qui occupe la charge de Grand prévôt de France ; sa mère, Suzanne de La Porte, est la fille d'un avocat au parlement[6]. Il est le troisième d'une famille de cinq enfants[7] :
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+ Une Isabelle, inconnue des historiens jusqu'en 1901[8] serait une sœur ignorée[9] dont l'existence et l'identité sont contestées[10].
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+ Il est aussi question d'une « Marguerite » dans les registres de naissances de l'église de Braye-sous-Faye, paroisse du château de Richelieu en Poitou, mais, faute d'éléments, on peut penser que cette enfant est morte en bas âge.
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+ Alors que le jeune Armand n'est âgé que de cinq ans, son père, capitaine des gardes d'Henri IV, meurt le 10 juin 1590 de fièvre pernicieuse. Il laisse une famille endettée mais la générosité royale lui permet d'éviter les difficultés financières. Antérieurement, pour la récompenser de la participation de François du Plessis à son service durant les guerres de Religion, le roi Henri III avait donné en 1584 l'évêché de Luçon à sa famille[11]. Celle-ci en perçoit ainsi pour son usage privé la plus grande partie des revenus, ce qui mécontente les ecclésiastiques qui auraient préféré que ces fonds fussent utilisés pour l'Église[12].
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+ À l'âge de neuf ans, le jeune Armand-Jean est envoyé à Paris, par son oncle Amador de La Porte, en septembre 1594 au collège de Navarre, pour étudier la philosophie, le latin, le grec et l'hébreu : il porte alors le titre de « Marquis du Chillou »[13], de l'ancienne possession des seigneurs de Chillou à Jaulnay, arrondissement de Chinon, dont Richelieu est le lointain descendant[14] ; titre qu'il portera également plus tard à l'Académie fondée par ses soins. Il reçoit ensuite une formation à l'académie équestre de Monsieur de Pluvinel, qui forme les gentilshommes à la carrière militaire. Il y apprend l'équitation, mais aussi la voltige équestre, l'escrime, la danse, la littérature, les mathématiques et le dessin. Il vit alors la vie typique d'un officier de l'époque, le médecin Théodore de Mayerne devant le traiter pour une gonorrhée en 1605[15]. En 1599, il y rencontra François Leclerc du Tremblay, ancien élève au Collège de Navarre, venu annoncer à ses anciens professeurs son intention d'abandonner sa vie militaire et ses titres, pour se consacrer à sa vocation de capucin.
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+ Destiné à une carrière militaire, Richelieu se trouve dans l'obligation en 1605 de se tourner vers une carrière religieuse : son frère Alphonse-Louis du Plessis refuse l'évêché de Luçon (gardé depuis 20 ans dans la famille) pour devenir moine en entrant à la Grande Chartreuse, et la famille refuse de perdre ce qu'elle considère comme une importante source de revenus. Il est frêle et maladif (migraines dues peut-être à des crises d'épilepsie et à la tuberculose en fin de vie) : la perspective de devenir évêque ne lui déplaît nullement. Les études universitaires l’attirent : il commence des études de théologie en 1605 pour obtenir son doctorat à la Sorbonne en 1607.
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+ Prêtre sans vocation mais attaché à ses devoirs[16], il est nommé évêque de Luçon le 18 décembre 1606 par le roi Henri IV, et se rend à Rome où il reçoit l'investiture canonique le 17 avril 1607 des mains du cardinal de Givry[17]. Selon Tallemant des Réaux, il aurait triché sur son âge (il a 22 ans, alors que l'âge requis pour être évêque est de 26 ans)[18] et, après un aveu supposé du nouvel évêque devant le pape Paul V, celui-ci aurait commenté d'une simple phrase : « S'il vit longtemps, il sera un grand fourbe »[18]. Michel Carmona estime néanmoins que l'anecdote, pour plaisante qu'elle soit, n'est pas conforme à la réalité : Richelieu s'étant précisément rendu à Rome pour obtenir une dispense liée à son jeune âge, il ne pouvait guère mentir sur celui-ci[17].
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+ Il rencontre le chapitre de Luçon à Fontenay-le-Comte le 15 décembre 1608 et ne se rend à Luçon que l'année suivante. Peu après son installation dans son diocèse, il montre son caractère de réformateur catholique en étant le premier évêque en France à mettre en œuvre les réformes institutionnelles que le concile de Trente avait prescrites entre 1545 et 1563.
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+ Richelieu devient alors l’ami de François Leclerc du Tremblay (plus connu sous le nom de « Père Joseph »), un moine capucin, devenant son confident le plus proche. Cette intimité avec Richelieu (qu’on appelait « Son Éminence ») et la couleur grise de son froc vaut au Père Joseph le surnom d'éminence grise. Richelieu l'emploie par la suite souvent comme émissaire et agent à l’occasion de tractations diplomatiques.
32
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+ Pendant cette période, Richelieu commence également à s'entourer de familiers qui lui resteront fidèles toute sa vie. Les secrétaires Denis Charpentier et Michel Le Masle, ainsi que le médecin François Citoys furent recrutés en 1608-1609[19].
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35
+ Richelieu assista le père Humblot dans la conférence religieuse tenue à Châtellerault entre le 8 et le 16 juillet 1611, contre le pasteur dauphinois Daniel Chamier et le ministre Le Faucheur. Le but de la dispute est d'obtenir la conversion d'une demoiselle noble locale nommée La Foulenne[20]. Richelieu est donc déjà engagé à lutter contre le protestantisme avant son ascension politique.
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+ En août 1614, à 29 ans, grâce à l'appui du secrétaire particulier de la reine, Denis Bouthillier, il se fait élire député du clergé poitevin aux états généraux de Paris, puis porte-parole de l'assemblée[22].
38
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39
+ Il se met alors au service de la régente sur les recommandations du cardinal du Perron qui lui a vanté ses qualités intellectuelles[23] et demeure rue des Mauvaises-Paroles jusqu'en 1617[24].
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+ Marie de Médicis, la reine mère, le fait nommer en novembre 1615 grand aumônier auprès de la jeune reine Anne d'Autriche, puis le 25 novembre 1616 ministre des Affaires étrangères au Conseil du roi où il succède à Villeroy. Il fait partie avec Claude Barbin et Claude Mangot des principaux ministres au service de Concino Concini, maréchal d'Ancre et favori de la reine mère[25]. Ce premier ministériat ne durera que 6 mois.
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+
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+ Le 24 avril 1617, l'exécution de Concini, à l'initiative de Louis XIII et du duc de Luynes, entraîne la mise à l'écart de la reine mère de l'entourage du roi. Louis XIII, croisant Richelieu au Louvre, lui dit « Me voila délivré de votre tyrannie, monsieur de Luçon »[26]. Richelieu doit suivre la reine mère en disgrâce à Blois. Il essaie dans un premier temps de s'entremettre entre la reine mère et le duc de Luynes, puis se retire le 11 juin dans son prieuré de Coussay sans en avertir la reine, de plus en plus méfiante envers son chef de Conseil. Affligé, voyant sa carrière politique perdue, il y rédige son testament[15]. Le roi le bannit même en avril 1618 à Avignon où il loge à hôtel de Beaumont en entraînant dans sa disgrâce son frère aîné Henri et son beau-frère René de Vignerot de Pont-Courlay[27]. Il y consacre la majorité de son temps à écrire, composant par exemple L’Instruction du chrétien[15].
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+
45
+ Marie de Médicis, en résidence surveillée au château de Blois, s'en échappe le 22 février 1619 avec la complicité du duc d'Épernon et prend la tête d'une rébellion aristocratique. Luynes fait alors appel à Richelieu qu'il charge de négocier un accommodement entre la mère et le fils. Il réussit à rapprocher Louis XIII et Marie de Médicis, fait conclure le traité d'Angoulême du 30 avril 1619 et organise la première réconciliation au château de Couzières le 7 septembre 1619[28], acquérant une réputation de fin négociateur. Marie de Médicis, insatisfaite, relance la guerre (« deuxième guerre de la mère et du fils »). Richelieu se trouve cette-fois-ci clairement dans le camp des rebelles mais joue la prudence, ce qui lui permet, après la défaite de la coalition nobiliaire, de participer à la réconciliation solennelle au château de Brissac, en août 1620, et au traité d'Angers le 10 août suivant.
46
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47
+ Même si Luynes se rapproche de Richelieu en mariant son neveu M. de Combalet à sa nièce Marie-Madeleine, Louis XIII et son favori agissent en sous-main contre lui. Alors que le chapeau de cardinal lui a été promis contre son arbitrage, ce sont La Valette et Bentivoglio qui sont nommés par Paul V, sur proposition de la France. Finalement, la mort de Luynes à la suite d'une fièvre crée un vide politique qui profite à Marie de Médicis. Celle-ci obtient du nouveau pape Grégoire XV le cardinalat pour son protégé, qui est intronisé à Lyon le 12 décembre 1622[28]. La même année, Richelieu devenu cardinal est suggéré par Marie de Médicis au jeune roi. Cependant Louis XIII — qui garde un amer souvenir de Concino Concini — refuse dans un premier temps de faire appel au cardinal. Ce n'est que le 29 avril 1624 que Richelieu entre à nouveau au Conseil du roi, avec la protection de la reine mère. Cette nomination marque un tournant décisif dans le règne de Louis XIII.
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+ Marie de Médicis fait don, le 28 juin 1627, à son favori Richelieu, du Petit Luxembourg, par la suite cadre de la journée des Dupes[29].
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+ À un Louis XIII ombrageux et soucieux d’affirmer l’autorité royale, Richelieu propose le programme suivant :
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+ D’abord méfiant, Louis XIII accorde ensuite sa confiance à Richelieu.
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+ À la tête du parti dévot, Marie de Médicis finit par s’offenser de la volonté de Richelieu de contrer l’hégémonie de la maison catholique des Habsbourg : il est prêt dans cet objectif à s’allier avec des États protestants. Au cours de la journée des Dupes (1630), elle exige du roi la destitution du cardinal qu’elle juge trop indépendant. Ce dernier, qui doit tout à la reine mère, se croit perdu. Son ami le cardinal de La Valette le retient de prendre la fuite. Mais le roi confirme sa confiance à Richelieu : ce sont Marie de Médicis et le chancelier Michel de Marillac qui doivent partir. L’exil de la reine mère confirme l'abandon d'une politique qui, pour assurer le triomphe du catholicisme en Europe, consentait à laisser le premier rôle à l’Espagne. Marie de Médicis ne pardonnera jamais à sa « créature » de l'avoir trahie[15].
56
+
57
+ En 1625, Richelieu s’adresse au roi en son conseil pour le mettre en garde « que c'étoit chose certaine que tant que le parti des huguenots subsisteroit en France, le Roi ne seroit absolu dans son Royaume »[30]. Or, à la suite de l'édit de Nantes, les protestants de France forment un État dans l’État : ils ont leurs assemblées politiques, une organisation territoriale et leurs places fortes militaires. Leur métropole est la ville de La Rochelle qui s’est de fait depuis un demi-siècle affranchie de l’autorité royale. Quand Richelieu accède au pouvoir, le roi a mené plusieurs campagnes militaires contre les protestants, mais vainement, étant mal servi par son favori Charles d'Albert de Luynes. Le cardinal va poursuivre la politique du roi avec une volonté inflexible.
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59
+ Dans un contexte de tension entre la France et l'Angleterre, cette dernière encourageant la sédition des réformés, la ville de La Rochelle entend préserver ses libertés, notamment celle d’entretenir directement des relations avec des puissances étrangères, en particulier l’Angleterre. Richelieu décide de soumettre définitivement la ville. Il entreprend le siège et ne recule devant aucun moyen : une digue de 1 500 mètres est édifiée qui bloque toute communication de la ville avec la mer. Le siège prend alors une tournure dramatique : La Rochelle résiste pendant plus d’une année au prix de la mort des quatre cinquièmes de sa population. La reddition de la ville (1628) sonne le glas de l’autonomie politique et militaire des protestants. Louis XIII confirme cependant la liberté de culte par l’édit de grâce d’Alès (1629).
60
+
61
+ Par ailleurs, le climat religieux de l'époque est à l’heure d’une contre-offensive du catholicisme. C’est la Contre-Réforme : Louis XIII est profondément catholique depuis toujours, contrairement à son père Henri IV qui s’est converti du protestantisme au catholicisme pour accéder au trône. Il impose en 1620 le rétablissement du culte catholique dans la province protestante du Béarn (dans laquelle il avait été interdit depuis 1570, par décision de Jeanne d'Albret). Richelieu lui-même inaugure l'église Saint-Louis de l'ordre des Jésuites à Paris.
62
+
63
+ Dans ses mémoires, Richelieu défend sa politique en soutenant qu'il y avait nécessité absolue à mettre au pas tous ces « Grands qui, abusant des biens que le Roi leur a faits et de la puissance qu'ils tiennent de Sa Majesté, ne s'en sont servis que pour se rendre criminels »[31]. Aussi, face à la noblesse turbulente et ses prises d'armes régulières, Richelieu répond par la fermeté : il supprime les hautes charges que les grands seigneurs exercent auprès du roi et fait raser plus de 2 000 châteaux forts qui ne sont plus utiles à la défense du royaume (notamment Pamiers et Mazéres).
64
+
65
+ Il donne davantage de pouvoir aux Intendants qui sont envoyés pour faire appliquer les décisions royales dans les provinces. Les assemblées provinciales (les États) sont parfois supprimées. L'institutionnalisation de cette intendance de police, justice et finances, permet d'imposer à partir de 1635 le « tour de vis fiscal » qui suit l'entrée en guerre de la France, considéré comme abusif et qui accroît l'impopularité de Richelieu à cette époque[32].
66
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67
+ Les gouverneurs des provinces, parfois de puissants notables, sont surveillés et Richelieu n'hésite pas à sévir avec les plus grands : il fait décapiter le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, qui prend les armes avec Gaston d'Orléans en 1632 et défend les réclamations de la province. Il finit par assigner à résidence dans la forteresse de Loches le vieux duc d’Épernon, gouverneur de Guyenne et fidèle de Marie de Médicis qui rapportait les effets négatifs sur la population des prélèvements fiscaux croissants du pouvoir central. Il n'hésite pas à s'appuyer sur des réseaux mouvants d'alliances et de factions locales en tissant un jeu de relations parfois complexes avec les parlements et la noblesse de robe[33].
68
+
69
+ Par ailleurs, Richelieu doit déjouer les nombreuses intrigues organisées par tous ceux que son action gêne, notamment la reine mère Marie de Médicis et le frère du roi Gaston d'Orléans. Les comploteurs ne craignent pas d'envisager l'assassinat du cardinal ou de faire appel aux puissances étrangères. Mais les conspirations menées par le comte de Chalais en 1626 et le marquis de Cinq-Mars en 1642 sont des échecs éclatants, les protagonistes étant exécutés (Chalais, Cinq-Mars), mis en prison (maréchal d'Ornano, César et Alexandre de Vendôme) ou disgraciés (la duchesse de Chevreuse, la princesse de Conti, le maréchal de Bassompierre) par Louis XIII. Seul le principal bénéficiaire et complice de ces complots, le frère du roi, Gaston, s'en sort sans trop de dommages ; il perd toutefois ses droits à la régence.
70
+
71
+ Profondément affecté par la mort, le 8 juillet 1619, de son frère Henri au cours d'un duel, Richelieu réprime avec la plus grande sévérité cette pratique et fait mettre à mort les nobles pris en flagrant délit de se battre. Le 22 juin 1627 sont exécutés François de Montmorency-Bouteville et son cousin François de Rosmadec, comte de Chapelles, meurtriers en duel du marquis de Bussy d'Amboise.
72
+
73
+ Après avoir rétabli l’autorité du roi en France, Richelieu entreprend de rabaisser les prétentions de la maison d’Autriche en Europe. Les Habsbourg ont réussi grâce à une heureuse politique patrimoniale à réunir sous leur coupe un grand nombre d’États européens : Autriche, Bohême, Espagne, Milan, Naples, Pays-Bas, Portugal. Au nom d’un catholicisme militant, ils cherchent à établir leur autorité en Allemagne et à y réduire les États protestants lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648).
74
+
75
+ La France finance déjà la Hollande et la Suède, puissances protestantes en guerre contre les Habsbourg. Dans un premier temps, Richelieu replace sous contrôle français la vallée de la Valteline, un nœud de communications essentiel en Europe, que l'Espagne lui disputait (1626). Il assure au duc de Nevers le duché de Mantoue et le Montferrat en forçant le pas de Suse (1629) : c'est l'épisode de la guerre de Succession de Mantoue.
76
+
77
+ En 1632, l'armée du roi occupe les États de Charles IV, duc de Lorraine, hostile à la France.
78
+
79
+ Louis XIII déclare la guerre à l’Espagne en 1635. Les premiers temps de guerre sont difficiles : la chute de Corbie sur la Somme en 1636 laisse craindre une attaque sur Paris. Richelieu est effondré mais Louis XIII organise la défense de la capitale. À partir de 1640, l’effort de guerre fait basculer le sort en faveur de la France. Richelieu qui s'est attribué le titre de « Grand Maître et Surintendant de la Navigation » développe une armée de terre mais aussi une marine de guerre permanente. Il accroît considérablement les prélèvements fiscaux, entraînant de nombreuses révoltes de la paysannerie qui sont durement réprimées.
80
+
81
+ Marie de Médicis, conseillée par le pamphlétaire Mathieu de Morgues, tente vainement de ranimer le parti des « bons catholiques » contre sa politique d'alliance avec les États protestants[34].
82
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83
+ Richelieu exploite le manque de cohésion au sein de la monarchie espagnole. La Catalogne fait sécession en 1640. Peu après, le Portugal restaure son indépendance, mettant fin à l'Union ibérique à laquelle il avait été contraint soixante ans auparavant sous le règne de Philippe II d'Espagne.
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+ Les armées du roi de France font la conquête de l’Alsace et de l’Artois en 1640, puis du Roussillon en 1642. Après la mort du cardinal, un brillant chef militaire, le futur prince Louis II de Condé remporte les victoires de Rocroi (1643), Fribourg-en-Brisgau (1644), Nördlingen (1645) et Lens (1648).
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+ Il donne une grande extension aux établissements coloniaux, faisant occuper notamment les Petites Antilles, Saint-Domingue, la Guyane, le Sénégal, etc. Pour soutenir Samuel de Champlain en Nouvelle-France et conserver le poste de Québec, il fonde en 1627 la Compagnie des Cent-Associés, puis rend le Canada à l’autorité française de Champlain par le traité de Saint-Germain-en-Laye (1632), après que la colonie eut été prise par les frères Kirke en 1629. Ce succès permet à la colonie de se développer par la suite et de devenir le centre de la culture francophone en Amérique du Nord.
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+ Richelieu est aussi célèbre pour le soutien qu’il apporte aux arts ; le fait le plus connu est la fondation en 1635 de l'Académie française, société responsable des questions concernant la langue française.
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+ Richelieu souffre dans les dernières années de sa vie de fièvres récurrentes (peut-être la malaria), de rhumatismes et de goutte (il ne se déplace plus que dans une chaise à porteurs et litière), de ténesme (provoqué par des hémorroïdes à répétition et probablement contracté par sa gonorrhée lors de sa formation militaire, ce qui suscite des sarcasmes triviaux au sujet du « cardinal au cul pourri »[35]), de tuberculose intestinale (avec comme conséquence des fistules et une ostéite tuberculeuse qui fait suppurer son bras droit) et de migraine, ce qui accentue son hypocondrie. Les lavements et saignées pratiqués par ses médecins ne font que l'affaiblir. Crachant fréquemment du sang, il meurt le 4 décembre 1642, probablement des suites d'une tuberculose pulmonaire, son autopsie ayant révélé des nécroses caséeuses des poumons[36].
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+ Les exigences de sa politique ont rendu le cardinal tellement impopulaire qu'à l'annonce de sa mort, le peuple allume des feux de joie pour fêter l'événement[37],[38].
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+ Richelieu recommande au roi celui qui sera son successeur, Jules Mazarin, dont la trajectoire sera similaire à la sienne. Les deux cardinaux auront passé le même temps au pouvoir ; Richelieu d'avril 1624 à décembre 1642, Mazarin de janvier 1643 à mars 1661. Le premier a subi l'orage de novembre 1630, le second la tempête de la Fronde entre 1648 et 1652. Tous les deux sont parvenus aux affaires grâce à l'appui des reines mères. Passablement désargentés, dans un pays que la guerre saignait à blanc, tous deux ont édifié d'immenses fortunes.
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+ L'historien Joseph Bergin[39] a analysé les étapes de celle de Richelieu[40]. Elle repose sur une richesse foncière répartie en trois pôles : le complexe Poitou-Touraine, le complexe Aunis-Saintonge, le complexe Paris et Île-de-France. Cela l'amène avec la grande maîtrise de la Navigation à contrôler les activités économiques et financières de la mer. Richelieu profite aussi des recettes fiscales via ses droits sur le roi et ses gouvernements, dont ceux de Bretagne et d'Aunis. Il cumule les bénéfices ecclésiastiques car commendataire des abbayes les mieux dotées du royaume comme Cluny, Cîteaux, Saint-Arnould de Metz, La Chaise-Dieu, Saint-Lucien de Beauvais.
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+ Il laisse à sa mort une fortune de 20 millions de livres. C'est davantage qu'Henri II de Bourbon-Condé, qui pourtant avait reçu l'héritage Montmorency, dont la fortune n’excédait pas 15 millions de livres à sa mort. Mazarin entendit faire mieux[41].
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+ À sa mort, le cardinal-duc de Richelieu laissa une grande fortune, estimée à une vingtaine de millions de livres répartie entre terres, immeubles, bénéfices, prébendes issus des quinze abbayes dont il est abbé commendataire (Cluny, Marmoutiers, Cîteaux la Chaise-Dieu, Redon, Saint-Benoît-sur-Loire[42],[43]), créances, argent et bijoux. Sa répartition était précisée dans un testament rédigé en mai 1642 à Narbonne avec comme exécuteurs testamentaires le chancelier Séguier, le secrétaire d'État Claude Bouthillier et le secrétaire d'État à la guerre Sublet de Noyers. Ceux-ci, avec Alphonse, archevêque de Lyon et frère du défunt, ainsi que de manière officieuse, mais essentielle, la duchesse d'Aiguillon durent régler les contestations soulevées par Mlle de Brézé, oubliée par le cardinal et qui revendiquait un statut d'héritière ab intestat et par le Grand Condé grâce à son mariage avec Claire-Clémence de Maillé, nièce du cardinal-duc. Si un accord fut trouvé avec la première dès 1631, il fallut attendre 1674 pour que le conflit avec le second soit réglé[44].
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+ Les légataires de Richelieu étaient :
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+ La descendance directe d'Armand-Jean de Vignerot du Plessis comprend le maréchal de Richelieu, ami de Louis XV, ainsi que le duc de Richelieu, Premier ministre de Louis XVIII de 1815 à 1818.
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+ Un des descendants de son frère, le duc d’Aiguillon, fut secrétaire d’état aux Affaires étrangères de 1771 à 1774.
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+ Le corps du cardinal est inhumé dans la chapelle de la Sorbonne, puis dans un caveau sous un mausolée en marbre de Carrare commandé par son héritière la duchesse d'Aiguillon, sculpté par François Girardon à partir de dessins de Le Brun et qui ne fut achevé qu’en 1694. Ce monument funéraire supporte un groupe sculpté représentant le cardinal demi-couché, une main sur son cœur et sur le cordon de l’Ordre du Saint-Esprit, l'autre ouverte sur le livre, les yeux tournés vers l’autel et le Créateur, s'abandonnant dans les bras de l'allégorie de la Piété et à ses pieds l'allégorie de la Doctrine chrétienne (ou de la Science ?)[précision nécessaire] également affligée de sa mort. Sur les côtés, deux anges portent ses armoiries, qui se trouvent reproduites sur les vitraux des trois fenêtres qui éclairent le porche intérieur. Au-dessus de lui pend, à trente pieds de hauteur, le chapeau rouge authentique du cardinal orné de glands de la même couleur. Selon la légende, lorsque le cordon lâchera, le chapeau tombera et l’âme du cardinal montera au Paradis[45].
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+ Le 5 décembre 1793, les révolutionnaires saccagent son tombeau, et ce malgré l'intervention physique d'Alexandre Lenoir. Les assaillants exhument le corps du cardinal, puis le décapitent ; le reste du corps est soit jeté à la Seine soit placé dans un des caveaux de la Sorbonne faisant office de fosse commune avec ceux de plusieurs membres de sa famille, dont le Maréchal de Richelieu. Cette profanation suscite un trafic de reliques sans que l'on puisse attester de leur authenticité, telle la tête, des cheveux et un petit doigt du cardinal[46]. La tête du cardinal en partie momifiée aurait été emportée par un commerçant parisien nommé Cheval, bonnetier ou épicier rue de la Harpe qui, la Terreur finie, peut-être repentant, offre avec insistance la partie antérieure[47] à l'abbé Boshamp[48] lequel, à sa mort en 1805, la lègue à son tour à Nicolas Armez, maire de Plourivo. Nicolas Armez étant le grand-oncle paternel de Louis Armez, député des Côtes-du- Nord, ce dernier rapportait parfois la tête momifiée à Paris pour la montrer à ses collègues de l'Assemblée nationale. En 1846, la tête est prêtée au peintre Bonhomé pour réaliser un portrait en pied du cardinal pour le Conseil d'État. Mise à l'abri à Saint-Brieuc où elle est exposée tous les ans aux élèves à la remise des prix du collège, la relique ne retrouve la Sorbonne que le 15 décembre 1866 lors d'une cérémonie funèbre en présence de Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique et d'une délégation de l'Académie française[49].
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+ En 1896, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères et biographe du cardinal, s'empare du crâne pour l'examiner une dernière fois, en faire des photographies et des moulages[50],[51], avant de le placer dans un coffret scellé et de le faire recouvrir d'une chape de ciment armé, dans un lieu tenu secret à proximité du tombeau[52]. Le 4 décembre 1971, la tête est inhumée à nouveau dans la chapelle et son cénotaphe replacé à sa place originelle, au centre du chœur, lors d'une cérémonie officielle en présence de Jacques Duhamel, ministre de la Culture, des corps constitués et d'une délégation de l'Académie française[53].
114
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+ Même si Richelieu est principalement connu pour son implication dans les politiques du Royaume, il était d'abord un ecclésiastique. Sa pensée théologique peut être comprise au travers des quelques ouvrages qu'il a écrits avant et après sa nomination comme cardinal, eux-mêmes influencés par la doctrine du concile de Trente adoptée quelque vingt ans avant sa naissance.
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+ À l'image de son Testament politique (1688), sa pensée spirituelle est condensée dans le Traité de la perfection du chrétien, publié après sa mort. Son contenu diverge peu des enseignements du concile de Trente. Sa seule originalité à l'époque était d'affirmer la nécessité du pardon entier en cas d'attrition, c'est-à-dire à quelqu'un voulant se repentir d'une faute sous l'effet de la honte ou de la crainte de l'Enfer, et non par amour sincère envers Dieu (ce qui est la contrition). Cette position diverge légèrement de celle du concile, qui déclara que l'attrition était une « contrition imparfaite » pouvant mener à la rémission du pêché mais pas au sacrement de pénitence[54]. À l'opposé, les théologiens jansénistes dont l'abbé de Saint-Cyran, défendaient la thèse du regret authentique comme condition nécessaire au pardon. L'imbrication du domaine religieux dans des intrigues politiques a pu laisser croire que la position du cardinal visait à s'assurer de la conscience et de la confiance du catholique Louis XIII (mais dont la moralité ne semblait guidée que par la peur de l'enfer) dans certaines de ses impitoyables manœuvres. Quoi qu'il en soit, l'historienne Françoise Hildesheimer interprète plutôt la croisade du cardinal pour l'attrition comme une façon pour lui de se déculpabiliser de sa carrière dans les plus hautes sphères de l'État, d'être en paix avec son âme de chrétien[55].
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+ Les citations suivantes sont extraites des Mémoires du cardinal de Richelieu, et de son Testament politique.
120
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+ Pour le cardinal Richelieu, l'expulsion des morisques fut "la proposition la plus audacieuse et la plus barbare dont fasse mention l'histoire de tous les siècles passés"[56].
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+
123
+ Le cardinal a beaucoup écrit et sous les formes les plus diverses, notamment pour justifier les objectifs de sa politique et ses actes.
124
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125
+ Docteur de la Sorbonne en 1606[57], élu le 29 août 1622 proviseur de la Maison et Société de Sorbonne, Richelieu entreprend un ambitieux programme de rénovation du collège et de sa chapelle pour lequel il a dépensé 500 000 livres[58] et où il est enterré.
126
+
127
+ En 1624, Richelieu achète l’hôtel de Rambouillet qui présente pour lui le double avantage d’être proche du Louvre et d’être bordé par un fragment de l’enceinte de Charles V qui peut, s'il est démoli, fournir un grand espace en pleine ville derrière son hôtel. C'est le cas en 1633, un brevet royal lui donnant la propriété des terrains. Il entreprend alors, en faisant appel à l’architecte Jacques Lemercier, la transformation de l’hôtel en un véritable palais, le Palais-Cardinal, avec des appartements somptueux et un théâtre qui demeurera longtemps le plus beau de Paris. Sauval[59] a laissé des témoignages précis sur la galerie des Hommes Illustres du Palais-Cardinal qui comportait, accompagnés de quatre statues et trente-huit bustes de marbres antiques, vingt-cinq portraits (dont celui de Louis XIII et le sien) peints par Philippe de Champaigne et Simon Vouet.
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+ En 1631, au faîte de sa puissance, il obtient du roi l'autorisation de construire en Touraine le château et la cité fortifiée de Richelieu, en lieu et place du domaine de ses ancêtres où il vécut sa prime enfance. Ce lieu est considéré aujourd'hui comme l'un des chefs-d'œuvre de l'urbanisme occidental du XVIIe siècle.
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+ En 1633, Richelieu acquiert à Rueil le château du Val, qu'il aménage à grand frais pendant des années pour en faire un véritable palais et qui devient sa résidence favorite. Loin des cabales et du bruit de la ville, il est idéalement placé sur la route entre Paris et Saint-Germain-en-Laye, où le roi aime aller chasser.
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+ Trois sources, jamais attestées ni documentées par les historiens, prêtent des liaisons au cardinal : les Historiettes de Tallemant des Réaux où il affirme que « le Cardinal aimait les femmes ; mais il craignait que le roi soit médisant »[60], Galanterie des rois de France d'Henri Sauval et l’album du maréchal de Bassompierre. Selon Tallemant des Réaux[61] et l’ouvrage Galanteries des rois de France[62], Marion Delorme, courtisane notoire, serait concernée. Ensuite, Marie-Madeleine de Vignerot d'Aiguillon, la nièce même du cardinal, femme d’une grande beauté, plus connue sous le nom de Madame d’Aiguillon ; une chanson sarcastique de l’époque lui suppose sans équivoque des relations avec elle et brocarde également la princesse de Condé, maîtresse du cardinal de La Valette : « La Combalet et la princesse, ne pensant point faire de mal, et ne s’en iront point à confesse, d’aimer chacune un cardinal, car laisser lever sa chemise, et mettre ainsi leur corps à l’abandon, n’est que se soumettre à l’église, qui leur donnera son pardon »[63]. Des enfants seraient nés de cette liaison ; le journal d’Olivier Lefèvre d'Ormesson mentionne que, le 16 août 1647, la belle-sœur de Mme d’Aiguillon présente une requête pour désavouer ses enfants, en affirmant qu’ils sont en réalité ceux de Mme d’Aiguillon et du Cardinal[64]. Enfin, toujours selon Tallemant, dans ses Historiettes, il y aurait eu Madame de Chaulnes, femme du maréchal Honoré d'Albert[65].
134
+
135
+ Le cardinal de Richelieu aimait beaucoup les chats. Il fit installer une chatterie au Palais-Cardinal même, et les diverses chroniques rapportent qu'il avait toujours un chat sur ses genoux lorsqu'il travaillait. Il a contribué à les faire considérer comme des animaux de compagnie. À sa mort, il en possédait quatorze, la plupart des persans au poil Angora, dont les noms sont parvenus jusqu'à nous : Félimare, Lucifer, Ludovic-le-Cruel, Ludoviska, Mimi-Piaillon, Mounard-le-Fougueux, Perruque, Rubis-sur-l'ongle, Serpolet, Pyrame, Thisbe, Racan, Soumise et Gazette[66].
136
+
137
+ Certains voient en lui l'un des plus importants ministres qui aient gouverné la France : ses visions politiques sont fécondes et sont mises à exécution avec une persévérance, une fermeté inébranlables.
138
+ La tradition populaire — influencée par le portrait qu'en a tracé Alexandre Dumas — retient l'image d'un personnage froid et machiavélique, presque maléfique[67], qui mérite — au regard de l'histoire réelle — d'être sérieusement nuancé. On lui reproche de s'être montré implacable et d'avoir quelquefois exercé des vengeances personnelles sous le prétexte des intérêts de l'État. La couleur rouge de sa cape ou la couleur pourpre de sa soutane cardinalice s'accordent — disent ses adversaires — à son caractère sanguinaire. Comme en témoigne le vers par lequel se termine Marion de Lorme : « Regardez tous ! Voilà l’homme rouge qui passe ».
139
+
140
+ Qu’on parle mal ou bien du fameux Cardinal
141
+ Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien ;
142
+ Il m’a trop fait de bien pour en dire du mal ;
143
+ Il m’a trop fait de mal pour en dire du bien.
144
+
145
+ Ci-gît un fameux Cardinal
146
+ Qui fit plus de mal que de bien ;
147
+ Le bien qu'il fit, il le fit mal ;
148
+ Le mal qu'il fit, il le fit bien.
149
+
150
+ Si Richelieu a connu de nombreuses incarnations au cinéma et à la télévision, là encore, le personnage est le plus souvent traité d'après l'œuvre d'Alexandre Dumas.
151
+
152
+ Interprètes du cardinal de Richelieu (liste non exhaustive) :
153
+
154
+ En mémoire de celui qui avait tant fait pour l'établissement, l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne a créé la médaille Richelieu, une décoration décernée depuis 2010 à des personnalités « qui par leur position, leurs déclarations et/ou leurs actes, contribuent activement au respect et à la défense des valeurs de l'Université, tout en favorisant la diffusion d'un savoir universitaire d'excellence »[77].
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156
+ Une rose gallique de couleur pourpre lui est dédiée en 1840 sous le nom de 'Cardinal de Richelieu'.
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+ Medellín est la capitale d'Antioquia, un des départements de la Colombie. Avec une population de 3 312 165 habitants en 2005 (pour l'agglomération), elle se place au deuxième rang des villes les plus peuplées de Colombie, après Bogota. Les Medellinense, les habitants de Medellín, sont appelés communément les « Paisas ».
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+ Medellín se trouve dans la vallée de l'Aburrá entre les cordillères Occidentale et Centrale des Andes colombiennes. Lorsque les Espagnols débarquèrent dans la région, au début des années 1500, le territoire était occupé par des indigènes de différentes ethnies.
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+ Medellín est l'un des principaux centres culturels de Colombie et abrite de nombreux sites touristiques. Elle a également été le centre opérationnel du cartel homonyme, mené par le baron de la drogue Pablo Escobar, des années 1970 au début des années 1990. Durant cette période, Medellín est le théâtre de très nombreux crimes de sang.
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+ Au cours de son évolution, la ville de Medellín s'est appelée : « Aburrá de los Yamesíes », « San Lorenzo de Aburrá », « San Lorenzo de Aná », « Valle de San Bartolomé », « Villa de la Candelaria de Medellín » et Medellín.
10
+ Le nom de la ville honore Medellín d'Estrémadure (Espagne) car la plupart des conquérants espagnols, tel Gaspar de Rodas (es), le premier gouverneur d'Antioquia, étaient originaires de cette région de Badajoz.
11
+ Le comte Pedro Portocarrero y Luna, Président du Conseil pour l'Inde de l'Ouest (« Consejo de Indias »), demanda à la monarchie de donner le nom de Medellín d'Extremadura à une nouvelle fondation américaine. Sa demande fut acceptée le 22 novembre 1674, quand la régente Marie-Anne d'Autriche proclama le nom de « Villa de Nuestra Señora de Medellín ». La proclamation officielle fut effectuée par le gouverneur Miguel Aguinaga y Mendiogoitia le 2 novembre 1675.
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+ Les premiers Espagnols débarquèrent dans la région au cours des années 1500 et 1501. Le territoire était alors occupé par de nombreuses tribus appartenant à la grande famille des Caraïbes. Le nom de Medellín tient son origine du nom Metellium, ancien nom latin de la ville de Medellín, dans la province espagnole de Badajoz, nom issu de celui de son fondateur, Quintus Caecilius Metellus Pius.
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+ La vallée où aujourd'hui se trouve Medellín a été vue pour la première fois par les Espagnols en août 1541. Ils étaient en expédition pour le compte de Jeronimo Luis Tejelo, qui lui-même obéissait aux ordres du maréchal Jorge Robledo, pour trouver des terres et des richesses.
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+
17
+ Peuplé d'indigènes de différentes ethnies — Yanmesies, Niquiás, Nutabes (es) (ou Nutabés, ou Nutabae) et Aburraes, selon l'histoire — la vallée était un endroit propice pour que les colons ibériques, à la tête desquels Francisco de Herrera Campuzano (es)[2], fondent le 2 mars 1616 le village de San Lorenzo de Aburrà sur le site qu'occupe aujourd'hui le parc El Poblado.
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19
+ En 1674, un certificat officiel de la reine Marie-Anne d'Autriche lui attribue le titre de Villa et, en 1675, s'établit la Villa de Nuestra Señora de la Candelaria de Medellín.
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+ En 1813, le gouverneur Juan del Corral (es) la déclare ville, motivé par son importance commerciale.
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+ Le 17 avril 1826, Medellín fut élevée à la catégorie de capitale d'Antioquia, et enleva ainsi le titre à Santa Fe de Antioquia de ville la plus active économiquement.
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25
+ Pablo Escobar fait de Medellín sa base opérationnelle des années 1970 à sa mort, en 1993. Un quartier de la ville, entièrement financé par le baron de la drogue, porte son nom, le barrio Pablo Escobar. Malgré la violence qu'il a fait régner sur Medellín et sur la Colombie en général, Escobar reste populaire auprès de certains des plus démunis, qu'il a régulièrement fait profiter de ses énormes ressources financières. Il est abattu à Medellín même, le 3 décembre 1993, après y être resté terré pendant plusieurs semaines.
26
+
27
+ La ville est située à 6° 14′ N, 75° 34′ O. Elle se trouve à 400 km de la capitale Bogota et s'étend sur 380 km2.
28
+
29
+ La ville de Medellín occupe la vallée encaissée de l'Aburrá, entre les cordillères Occidentale et Centrale, à une altitude de 1 538 mètres. Elle est traversée par le río Medellín qui poursuit son cours vers le nord. Elle est surnommée Capital de la Montaña (Capitale de la Montagne).
30
+
31
+ Au nord se situent les villes de Bello, Copacabana, Girardota, Barbosa, et au sud Itagüí, Envigado, Sabaneta, La Estrella et Caldas.
32
+
33
+ Les températures y varient de 28 °C le jour à 16 °C la nuit, ce qui lui vaut l'autre surnom de « Ciudad de la Eterna Primavera » (Ville de l'éternel Printemps). Elle est aussi surnommée « la ville des fleurs et de l'éternel printemps »[3].
34
+
35
+ La pollution de l'air a provoqué plus de 7 000 décès en 2016 dans la ville et représente un cout financier important du fait du traitement des maladies respiratoires[4].
36
+
37
+ Medellín est le deuxième[Quand ?] plus important centre économique de la Colombie[réf. nécessaire].
38
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39
+ L'industrie textile et l'habillement comptent parmi les principales exportations vers les marchés internationaux. Le développement de ces secteurs a permis à la ville d'être un important centre de la mode.
40
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41
+ Dans le secteur du tourisme, Medellín a progressé jusqu'à devenir la troisième destination, en Colombie, pour les visiteurs étrangers[réf. nécessaire].
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43
+ La région est riche en mines d'or (70 % de la production d'or du pays[réf. nécessaire]).
44
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45
+ Medellín est desservie par l'aéroport international José-María-Córdova situé à Rionegro et par l'aéroport régional de Medellín, l'Aéroport Olaya Herrera (en).
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47
+ Depuis 1995, la cité possède deux lignes de métro (Nord-Sud, Centre-Ouest) et, intégrés avec le métro, deux systèmes de télécabines appelés Metrocable relient également le nord[5]. De plus, récemment inauguré, le système Metroplus (es) (autobus articulé) relie le nord-est de la ville avec le sud-ouest.
48
+
49
+ Une ligne de tramway, mise en service en octobre 2015, a été ouverte en intégralité le 31 mars 2016. Son tracé exigeant, présentant de fortes déclivités et des courbes serrées, a conduit au choix d'un système sur pneus type Translohr[6].
50
+
51
+ Medellín est l'un des principaux centres culturels de Colombie avec 24 universités ou collèges d'enseignement supérieur et 22 000 étudiants. Les universités les plus importantes sont :
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+
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+ Biblioteca España
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+
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+ Métro de Medellín en fonction depuis 1995
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+
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+ Sculpture de Fernando Botero à Medellín, Plaza Botero, 2007
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+
59
+ Basílica Menor de Nuestra Señora de la Candelaria
60
+
61
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
62
+
63
+ Le drapeau de Medellín est composé de deux bandes horizontales, couleurs : blanc et vert. Au centre du drapeau se trouve, à cheval sur ces deux bandes, un écusson reproduisant le blason de la ville.
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+
65
+ Le blason de Medellín est de forme XVIe siècle.
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67
+ La ville de Medellín est jumelée avec les villes suivantes:
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+ MediaWiki est un moteur de wiki pour le Web. Il est utilisé par l’ensemble des projets de la Wikimedia Foundation, des wikis hébergés chez FANDOM, ainsi que par de nombreux autres wikis. Conçu pour répondre aux besoins de Wikipédia, ce moteur est en 2008 également utilisé par des entreprises comme solution de gestion des connaissances et comme système de gestion de contenu. L’entreprise américaine Novell l’utilise notamment pour plusieurs de ses sites web qui véhiculent un trafic important. Des associations, comme Wikitravel, Mozilla ou Ékopedia, l'ont aussi adopté.
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+ Initialement, Wikipédia utilisait un moteur de wiki rudimentaire écrit en Perl, appelé UseModWiki. Le 25 janvier 2002, MediaWiki, développé par Magnus Manske, un étudiant allemand de l’université de Cologne, devient le moteur de wiki de l'encyclopédie collaborative pour laquelle il a été développé. MediaWiki a ainsi permis de disposer de plus de fonctionnalités et d’une infrastructure plus extensible (grâce à une base de données MySQL). Les performances du logiciel ont ensuite été améliorées par Lee Daniel Crocker, avant que Brion Vibber n'en devienne le développeur le plus actif et ne prenne le rôle de dirigeant des sorties logicielles[4].
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+ Depuis la sortie de la première version du script de Manske, plusieurs noms représentatifs de l’état du logiciel lui ont été donnés : « le script PHP », « phase II », « phase III », « le nouveau code source ». Cependant, il n’était pourvu d’aucun nom de produit. Après l'annonce de la création de la Wikimedia Foundation le 20 juin 2003, le wikipédien Daniel Mayer lui donne le nom « MediaWiki », par jeu de mots sur le nom « Wikimedia », et ce nom est progressivement adopté. Pourtant, la similarité des noms MediaWiki et Wikimedia (qui lui-même est déjà semblable au nom Wikipédia) est à l'origine de fréquentes confusions.
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17
+ Le logo de MediaWiki a été créé par Erik Moeller à partir d’une photographie d’une fleur prise par Florence Devouard (qui est par la suite devenue présidente de la Wikimedia Foundation) et a initialement été soumis au concours international du nouveau logo pour Wikipédia qui s’est déroulé pendant l’été 2003. Le logo s'est placé en troisième position à l'issue de ce concours et a été choisi pour représenter MediaWiki plutôt que Wikipédia, tandis que le logo vainqueur a été adopté pour représenter Wikipédia, et le second vainqueur pour la Wikimedia Foundation. Les doubles crochets sur la photo autour du tournesol symbolisent le wikicode, c'est-à-dire la syntaxe utilisée par MediaWiki pour créer des hyperliens vers les autres pages du wiki.
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+ MediaWiki compte en 2009[5] :
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+ MediaWiki 1.4 est maintenue par Brion Vibber. Pour cette version 1.4, le code a été nettoyé, afin que certaines tâches soient accomplies plus rapidement. La langue de l'interface peut être choisie par l'utilisateur, rendant les projets communs (comme Wikimedia Commons) plus accessibles.
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23
+ Un effort a été fait pour optimiser l'espace disque utilisé. Ainsi depuis MediaWiki 1.4, la compression gzip employée pour stocker le texte réduit d'environ 15 % l’espace nécessaire. Cette compression n'est pas réalisée à chaque révision, ce qui permet d'épargner un peu plus d'espace.
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25
+ Le support des images a été étendu aux images vectorielles SVG. Celles-ci sont converties par MediaWiki en images PNG pour une plus grande compatibilité avec les navigateurs web actuels qui sont en 2005 très rares à prendre en charge de façon native les images au format SVG. Les pages décrivant les images affichent désormais les métadonnées au format Exif contenu dans certains formats d'image.
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27
+ La version 1.6 marque le début d'un cycle de développement. Les différences pour l'utilisateur sont mineures : changement du formulaire d'identification, amélioration du système de protection et sortie quasi complète en XHTML. Les réelles améliorations sont internes et portent notamment sur le système de cache, la qualité du code et l'arrêt du support d'anciens logiciels (MySQL 3, PHP 4.1.x). À partir de cette version, les développeurs ont décidé de réaliser une nouvelle version tous les trimestres.
28
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29
+ MediaWiki est muni d’un ensemble de fonctionnalités élaborées et d’un système d’extensions lui permettant d’intégrer des fonctions supplémentaires. En raison de la forte présence du plurilinguisme dans les projets Wikimedia, la partie internationalisation a bénéficié d’une attention toute particulière de la part des développeurs. L’interface a été intégralement ou partiellement traduite dans 352 langues[8] et peut être personnalisée par les administrateurs du site. Wikipédia étant l’un des sites web les plus visités au monde[9],[10], les développeurs ont apporté un soin tout particulier à l’extensibilité grâce à un système multicouche de mise en cache et de duplication de base de données. En 2008, Wikipédia et les autres projets Wikimedia sont toujours à l’origine d’une grande partie des critères de réalisation de MediaWiki.
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31
+ Le principal atout de MediaWiki par rapport aux autres moteurs de wiki est l’usage de liens libres au lieu du camel case. Là où habituellement les autres wikis ont besoin d’écrire « WorldWideWeb » en un seul mot pour produire un lien vers la page du même nom, MediaWiki n’impose aucune contrainte, il suffit de placer l’expression que l’on souhaite lier entre doubles crochets. Tous les espaces contenus dans l’expression sont ainsi préservés, comme pour [[World Wide Web]]. Néanmoins, certains caractères ne peuvent pas être utilisés, par exemple # ou |.
32
+
33
+ En plus des liens, MediaWiki est pourvu de nombreuses autres fonctionnalités pour structurer le contenu. L’une des plus anciennes fonctionnalités est le système d’espace de nom. Pendant longtemps, la séparation des discussions autour de Wikipédia et de son contenu encyclopédique a constitué un réel problème ; de même concernant les pages personnelles des wikipédiens. De façon simpliste, les espaces de nom peuvent se résumer à des préfixes utilisés dans le titre des pages (par exemple « Utilisateur: » ou bien « Discussion: »), ce qui permet à plusieurs pages d'exister sous le même nom (à l'espace de nom près), mais avec des finalités différentes selon le préfixe. Par exemple, la page intitulée « [[Terminator]] » peut décrire le film de 1984 réalisé par James Cameron, tandis que la page « [[Utilisateur:Terminator]] » peut être une page personnelle décrivant un utilisateur ayant choisi ce pseudonyme. Chaque page de Wikipédia est associée à une page de discussion qui a pour but de permettre aux wikipédiens de discuter du sujet de la page.
34
+
35
+ Par comparaison avec les systèmes de fichiers, les espaces de nom peuvent être assimilés aux dossiers qui permettent de séparer plusieurs fichiers de même nom. Bien qu’il soit possible de rajouter des espaces de nom, leur nombre dans un wiki est habituellement relativement faible.
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37
+ En plus des espaces de noms, les pages peuvent être structurées à l’aide de sous-pages. Une page ayant pour titre « A » peut posséder plusieurs sous-pages dont le titre est alors de la forme « A/x ». La sous-page propose alors automatiquement un lien de retour vers la page mère (de la forme « < A »). Dans cette dernière, on peut accéder à l'une de ses sous-pages en omettant son titre ; ainsi, le lien « [[/x]] » pointera vers la sous-page ayant pour titre « A/x ». Pour un espace de nom donné, le système de sous-pages peut être activé ou désactivé. Par exemple, sur Wikipédia, il est désactivé dans l'espace encyclopédique et activé dans l'espace « Utilisateur: ».
38
+
39
+ MediaWiki permet aux utilisateurs de créer des catégories. Elles fonctionnent de façon similaire aux tags présents dans de nombreuses applications web et forment une hiérarchie et une description. Dans certains wikis comme Wikipédia, des hiérarchies complexes se sont développées avec ce système sans pour autant qu’une quelconque planification n’ait été établie.
40
+
41
+ L’interface de MediaWiki peut être intégralement changée directement sur le wiki lui-même par les utilisateurs qui en ont le droit (il s’agit habituellement des personnes qui sont appelées administrateurs ou sysops). Cela se fait grâce à un espace de nom particulier qui correspond au préfixe « MediaWiki: » où chaque page correspond à un message précis de l’interface. À l’origine, l’espace de nom « MediaWiki: » était utilisé pour créer des blocs de texte personnalisés pouvant être chargés dynamiquement dans les autres pages à l’aide d’une syntaxe spéciale. Ce contenu a été déplacé plus tard dans un espace de nom à part appelé « Modèle: ».
42
+
43
+ Les modèles sont des morceaux de texte qui peuvent être chargés de façon dynamique ou statique dans n'importe quelle page. Pour cela il suffit d’appeler le modèle en écrivant son nom entre doubles accolades (il s’agit en quelque sorte d’un lien spécial). Les modèles possèdent leur propre espace de nom qui correspond au préfixe « Modèle: ». Par exemple pour faire appel dynamiquement au modèle se trouvant à la page intitulée « Modèle:Annexe », il suffit d’écrire « {{annexe}} ». Le contenu du modèle sera ainsi reproduit dans la page où il est appelé, en temps réel. Si des changements sont apportés au modèle par la suite, la page sera également mise à jour automatiquement.
44
+
45
+ Le modèle peut également être appelé à l'aide du préfixe « subst: » (exemple : {{subst:annexe}}), ce qui aura pour effet de substituer l'appel au modèle par son contenu au moment où la modification est validée. Le résultat est équivalent à un copier-coller du contenu du modèle. Par conséquent, tout changement apporté au modèle n’aura aucun effet dans la page dans laquelle le modèle y a été substitué. La substitution limite la cohérence de l’utilisation des modèles, mais peut être pratique dans certains cas, et est a priori moins gourmande en ressources serveur.
46
+
47
+ Il est aussi possible de créer des modèles d'un espace de nom autre que modèle. Exemple : Toto est administrateur. Il souhaite annoncer facilement à un utilisateur qu'il le bloque et peu d'utilisateurs ont l'occasion d'utiliser ce modèle : il peut le créer dans son espace utilisateur sous un nom du type [[Utilisateur:Toto/Blocage]]. Il pourra alors l'utiliser sous la forme {{Utilisateur:Toto/Blocage}} ou {{subst:Utilisateur:Toto/Blocage}}. Il n'est pas possible d'insérer des portions d'articles de l'espace encyclopédique ou de pages de discussions sous forme de modèle ou de substitution de modèle.
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49
+ Les modèles sont utilisés de nombreuses manières différentes, par exemple :
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+ Il est possible d'invoquer des scripts en langage Lua, via la commande {{#invoke|Script|argument1|...}}.
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53
+ Comme le laisse supposer le nom MediaWiki, l’un des points forts du logiciel est sa capacité à gérer une large variété de fichiers multimédias (ces derniers peuvent être envoyés sur le wiki directement grâce à l’interface), en particulier les fichiers d'images, mais aussi les sons (au format Ogg). Si le logiciel est bien configuré, il est alors relativement facile de produire des galeries d’images et des vignettes. Le logiciel gère également les métadonnées Exif. La nécessité de faire tourner Wikimedia Commons (l’une des plus grandes archives de média de contenu libre) avec MediaWiki a été source d’apport en fonctionnalités de ce type.
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+
55
+ En février 2008, Florence Devouard annonce la prochaine apparition d'une forme de vidéo collaborative sur Wikipédia[11]. Il s'agirait d'utiliser un logiciel libre conçu par la société Kaltura.
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+
57
+ Depuis 2015, MediaWiki est pourvu d’une interface WYSIWYG, nommée VisualEditor.
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59
+ → voir l'article détaillé : VisualEditor (en anglais)
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+
61
+ Il est possible avec MediaWiki de modifier une partie d’une page (une section), ce qui permet notamment de modifier plus facilement et de façon concurrente des pages longues. En effet, si un utilisateur tente de valider des changements sur une page alors qu'un autre utilisateur l'a modifiée entretemps, il se produira alors un « conflit d'édition », et l'utilisateur devra effectuer une manipulation pour intégrer ses changements à la nouvelle version. En revanche, si deux utilisateurs modifient en même temps deux sections différentes d'une même page, ce problème ne se posera pas.
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+
63
+ MediaWiki est également muni de fonctionnalités permettant de gérer du contenu élaboré grâce à une syntaxe spéciale. Par exemple, le logiciel permet de produire des formules mathématiques à l’aide de LaTeX et d’un analyseur syntaxique écrit en OCaml. D’autres fonctionnalités de la sorte existent sous forme d’extension, notamment les frises chronologiques, le tracé de courbes mathématiques, les partitions de musique ou encore les hiéroglyphes égyptiens.
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+
65
+ Si l’option est activée, les utilisateurs peuvent aussi personnaliser leur feuille de style et configurer du code JavaScript du côté du client pour qu’il soit exécuté sur chaque page visitée. Par exemple, le système de navigation par pop-up de Lupin est un outil JavaScript qui montre des aperçus d’articles lorsque l’utilisateur passe la souris au-dessus d’un lien, et donnent également des liens vers les tâches de maintenance habituelles. wikEd en est un autre exemple, un éditeur de texte intégré à MediaWiki, qui ne fonctionne qu'avec les navigateurs web de la famille Mozilla, avec de nombreuses fonctionnalités qui apporte la coloration syntaxique et des fonctions de rechercher et de remplacement[12].
66
+
67
+ Bien que MediaWiki possède de base un ensemble de fonctions liées à la restriction, l’accès et la définition de groupes d’utilisateurs, le contrôle de l’accès aux pages ne semble pas constituer un élément de haute priorité dans le processus de développement. Par exemple, il n’est pas possible de définir des permissions d’accès aux pages en fonction de l’espace de nom. D'autres moteurs de wiki, comme TWiki et MoinMoin, apportent plus de puissance en gérant des mécanismes de sécurité avancés comme des listes de contrôle d’accès.
68
+
69
+ Le code source de MediaWiki contient plusieurs « crochets » (« hooks » en anglais) auxquels peut être attaché du code supplémentaire. Cela permet aux programmeurs d’écrire des extensions sans changer la base ou sans les obliger à soumettre leur code à un contrôle de révision. La plupart du temps, installer une extension revient à ajouter une ligne de code informatique dans le fichier de configuration, bien que dans certains cas, des changements au niveau de la base de données soient en plus nécessaires.
70
+
71
+ De nombreuses extensions disponibles sont de simples scripts permettant d’intégrer du contenu comme des fichiers Adobe Flash ou des formulaires HTML. D’autres scripts ajoutent de nouveaux comportements compliqués à la syntaxe wiki. C’est le cas de Semantic MediaWiki qui donne la possibilité d’ajouter des relations structurées et recherchables et des attributs aux pages wiki (voir : Web sémantique). La Wikimedia Foundation détient un serveur sur lequel de nombreuses extensions sont hébergées.
72
+
73
+ Étant donné que MediaWiki est utilisé pour faire tourner Wikipédia, qui est un des dix sites les plus visités au monde[9], les performances du moteur et son extensibilité ont été optimisées de façon accrue. MediaWiki gère les caches Squid, les duplications de bases de données avec répartition de charge, la mise en cache du côté du client, le memcached ou la mise en cache basée sur les tables pour les traitements fréquemment consultés ou les résultats de demandes courantes, sous la forme d’un fichier de cache statique, avec des fonctionnalités réduites, la compression des vieilles versions, et une file d’attente des tâches pour les opérations de base de données.
74
+
75
+ Il se peut que MediaWiki soit surdimensionné pour un usage de taille réduite, car son large ensemble de fonctionnalités et son interface ont un coût en matière de performance. D’un autre côté, le logiciel convient parfaitement pour les opérations des fermes wikis, comme les projets Wikimedia et la famille de langue. Cependant, MediaWiki n’est pas pourvu de fonctionnalités pour gérer de telles installations.
76
+
77
+ Plusieurs remarques peuvent être faites à propos de MediaWiki : sa documentation est majoritairement disponible sur Internet, mais elle n'est pas propriétaire (des dizaines d'auteurs ont participé à sa rédaction). L'installation et l'utilisation du logiciel MediaWiki ne sont pas très intuitives pour un utilisateur inexpérimenté (comparé à d'autres logiciels, comme FrontPage par exemple)[réf. nécessaire].
78
+
79
+ Il n'y a pas de définition formelle de la syntaxe de MediaWiki ; la syntaxe valide est celle reconnue par le code PHP de l'analyseur syntaxique, et il se peut qu'une définition de la syntaxe sous la forme EBNF soit impossible. C'est entre autres pour cette raison que produire un éditeur WYSIWYG ou une adaptation complète de l'analyseur pour d'autres langages de programmation est une tâche difficile.
80
+
81
+ De plus, il n'existe pas de solution satisfaisante pour mettre en place une liste de contrôle d'accès.
82
+
83
+ L'usage de deux types de liens (simples crochets pour des liens externes, doubles crochets pour des liens internes) est source de confusion et dispensable, comme l'a montré Wikicréole[réf. nécessaire].
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+
85
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3752.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,85 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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5
+ MediaWiki est un moteur de wiki pour le Web. Il est utilisé par l’ensemble des projets de la Wikimedia Foundation, des wikis hébergés chez FANDOM, ainsi que par de nombreux autres wikis. Conçu pour répondre aux besoins de Wikipédia, ce moteur est en 2008 également utilisé par des entreprises comme solution de gestion des connaissances et comme système de gestion de contenu. L’entreprise américaine Novell l’utilise notamment pour plusieurs de ses sites web qui véhiculent un trafic important. Des associations, comme Wikitravel, Mozilla ou Ékopedia, l'ont aussi adopté.
6
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7
+ MediaWiki est écrit en PHP et peut aussi bien fonctionner avec le système de gestion de base de données MySQL que PostgreSQL. C'est un logiciel libre distribué selon les termes de la GPL.
8
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9
+ MediaWiki comporte de nombreuses fonctionnalités pour les sites à vocation collaborative. Par exemple, la gestion des espaces de noms, ou l'utilisation de pages de discussions associées à chaque article.
10
+
11
+ MediaWiki est intégré, par l'Etat français, à la liste des logiciels libres recommandés pour le secteur public et au socle interministériel des logiciels libres (édition 2019).
12
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13
+ Initialement, Wikipédia utilisait un moteur de wiki rudimentaire écrit en Perl, appelé UseModWiki. Le 25 janvier 2002, MediaWiki, développé par Magnus Manske, un étudiant allemand de l’université de Cologne, devient le moteur de wiki de l'encyclopédie collaborative pour laquelle il a été développé. MediaWiki a ainsi permis de disposer de plus de fonctionnalités et d’une infrastructure plus extensible (grâce à une base de données MySQL). Les performances du logiciel ont ensuite été améliorées par Lee Daniel Crocker, avant que Brion Vibber n'en devienne le développeur le plus actif et ne prenne le rôle de dirigeant des sorties logicielles[4].
14
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15
+ Depuis la sortie de la première version du script de Manske, plusieurs noms représentatifs de l’état du logiciel lui ont été donnés : « le script PHP », « phase II », « phase III », « le nouveau code source ». Cependant, il n’était pourvu d’aucun nom de produit. Après l'annonce de la création de la Wikimedia Foundation le 20 juin 2003, le wikipédien Daniel Mayer lui donne le nom « MediaWiki », par jeu de mots sur le nom « Wikimedia », et ce nom est progressivement adopté. Pourtant, la similarité des noms MediaWiki et Wikimedia (qui lui-même est déjà semblable au nom Wikipédia) est à l'origine de fréquentes confusions.
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+ Le logo de MediaWiki a été créé par Erik Moeller à partir d’une photographie d’une fleur prise par Florence Devouard (qui est par la suite devenue présidente de la Wikimedia Foundation) et a initialement été soumis au concours international du nouveau logo pour Wikipédia qui s’est déroulé pendant l’été 2003. Le logo s'est placé en troisième position à l'issue de ce concours et a été choisi pour représenter MediaWiki plutôt que Wikipédia, tandis que le logo vainqueur a été adopté pour représenter Wikipédia, et le second vainqueur pour la Wikimedia Foundation. Les doubles crochets sur la photo autour du tournesol symbolisent le wikicode, c'est-à-dire la syntaxe utilisée par MediaWiki pour créer des hyperliens vers les autres pages du wiki.
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+ MediaWiki compte en 2009[5] :
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+ MediaWiki 1.4 est maintenue par Brion Vibber. Pour cette version 1.4, le code a été nettoyé, afin que certaines tâches soient accomplies plus rapidement. La langue de l'interface peut être choisie par l'utilisateur, rendant les projets communs (comme Wikimedia Commons) plus accessibles.
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+ Un effort a été fait pour optimiser l'espace disque utilisé. Ainsi depuis MediaWiki 1.4, la compression gzip employée pour stocker le texte réduit d'environ 15 % l’espace nécessaire. Cette compression n'est pas réalisée à chaque révision, ce qui permet d'épargner un peu plus d'espace.
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25
+ Le support des images a été étendu aux images vectorielles SVG. Celles-ci sont converties par MediaWiki en images PNG pour une plus grande compatibilité avec les navigateurs web actuels qui sont en 2005 très rares à prendre en charge de façon native les images au format SVG. Les pages décrivant les images affichent désormais les métadonnées au format Exif contenu dans certains formats d'image.
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+ La version 1.6 marque le début d'un cycle de développement. Les différences pour l'utilisateur sont mineures : changement du formulaire d'identification, amélioration du système de protection et sortie quasi complète en XHTML. Les réelles améliorations sont internes et portent notamment sur le système de cache, la qualité du code et l'arrêt du support d'anciens logiciels (MySQL 3, PHP 4.1.x). À partir de cette version, les développeurs ont décidé de réaliser une nouvelle version tous les trimestres.
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29
+ MediaWiki est muni d’un ensemble de fonctionnalités élaborées et d’un système d’extensions lui permettant d’intégrer des fonctions supplémentaires. En raison de la forte présence du plurilinguisme dans les projets Wikimedia, la partie internationalisation a bénéficié d’une attention toute particulière de la part des développeurs. L’interface a été intégralement ou partiellement traduite dans 352 langues[8] et peut être personnalisée par les administrateurs du site. Wikipédia étant l’un des sites web les plus visités au monde[9],[10], les développeurs ont apporté un soin tout particulier à l’extensibilité grâce à un système multicouche de mise en cache et de duplication de base de données. En 2008, Wikipédia et les autres projets Wikimedia sont toujours à l’origine d’une grande partie des critères de réalisation de MediaWiki.
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31
+ Le principal atout de MediaWiki par rapport aux autres moteurs de wiki est l’usage de liens libres au lieu du camel case. Là où habituellement les autres wikis ont besoin d’écrire « WorldWideWeb » en un seul mot pour produire un lien vers la page du même nom, MediaWiki n’impose aucune contrainte, il suffit de placer l’expression que l’on souhaite lier entre doubles crochets. Tous les espaces contenus dans l’expression sont ainsi préservés, comme pour [[World Wide Web]]. Néanmoins, certains caractères ne peuvent pas être utilisés, par exemple # ou |.
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33
+ En plus des liens, MediaWiki est pourvu de nombreuses autres fonctionnalités pour structurer le contenu. L’une des plus anciennes fonctionnalités est le système d’espace de nom. Pendant longtemps, la séparation des discussions autour de Wikipédia et de son contenu encyclopédique a constitué un réel problème ; de même concernant les pages personnelles des wikipédiens. De façon simpliste, les espaces de nom peuvent se résumer à des préfixes utilisés dans le titre des pages (par exemple « Utilisateur: » ou bien « Discussion: »), ce qui permet à plusieurs pages d'exister sous le même nom (à l'espace de nom près), mais avec des finalités différentes selon le préfixe. Par exemple, la page intitulée « [[Terminator]] » peut décrire le film de 1984 réalisé par James Cameron, tandis que la page « [[Utilisateur:Terminator]] » peut être une page personnelle décrivant un utilisateur ayant choisi ce pseudonyme. Chaque page de Wikipédia est associée à une page de discussion qui a pour but de permettre aux wikipédiens de discuter du sujet de la page.
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35
+ Par comparaison avec les systèmes de fichiers, les espaces de nom peuvent être assimilés aux dossiers qui permettent de séparer plusieurs fichiers de même nom. Bien qu’il soit possible de rajouter des espaces de nom, leur nombre dans un wiki est habituellement relativement faible.
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+ En plus des espaces de noms, les pages peuvent être structurées à l’aide de sous-pages. Une page ayant pour titre « A » peut posséder plusieurs sous-pages dont le titre est alors de la forme « A/x ». La sous-page propose alors automatiquement un lien de retour vers la page mère (de la forme « < A »). Dans cette dernière, on peut accéder à l'une de ses sous-pages en omettant son titre ; ainsi, le lien « [[/x]] » pointera vers la sous-page ayant pour titre « A/x ». Pour un espace de nom donné, le système de sous-pages peut être activé ou désactivé. Par exemple, sur Wikipédia, il est désactivé dans l'espace encyclopédique et activé dans l'espace « Utilisateur: ».
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+ MediaWiki permet aux utilisateurs de créer des catégories. Elles fonctionnent de façon similaire aux tags présents dans de nombreuses applications web et forment une hiérarchie et une description. Dans certains wikis comme Wikipédia, des hiérarchies complexes se sont développées avec ce système sans pour autant qu’une quelconque planification n’ait été établie.
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+ L’interface de MediaWiki peut être intégralement changée directement sur le wiki lui-même par les utilisateurs qui en ont le droit (il s’agit habituellement des personnes qui sont appelées administrateurs ou sysops). Cela se fait grâce à un espace de nom particulier qui correspond au préfixe « MediaWiki: » où chaque page correspond à un message précis de l’interface. À l’origine, l’espace de nom « MediaWiki: » était utilisé pour créer des blocs de texte personnalisés pouvant être chargés dynamiquement dans les autres pages à l’aide d’une syntaxe spéciale. Ce contenu a été déplacé plus tard dans un espace de nom à part appelé « Modèle: ».
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+ Les modèles sont des morceaux de texte qui peuvent être chargés de façon dynamique ou statique dans n'importe quelle page. Pour cela il suffit d’appeler le modèle en écrivant son nom entre doubles accolades (il s’agit en quelque sorte d’un lien spécial). Les modèles possèdent leur propre espace de nom qui correspond au préfixe « Modèle: ». Par exemple pour faire appel dynamiquement au modèle se trouvant à la page intitulée « Modèle:Annexe », il suffit d’écrire « {{annexe}} ». Le contenu du modèle sera ainsi reproduit dans la page où il est appelé, en temps réel. Si des changements sont apportés au modèle par la suite, la page sera également mise à jour automatiquement.
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+ Le modèle peut également être appelé à l'aide du préfixe « subst: » (exemple : {{subst:annexe}}), ce qui aura pour effet de substituer l'appel au modèle par son contenu au moment où la modification est validée. Le résultat est équivalent à un copier-coller du contenu du modèle. Par conséquent, tout changement apporté au modèle n’aura aucun effet dans la page dans laquelle le modèle y a été substitué. La substitution limite la cohérence de l’utilisation des modèles, mais peut être pratique dans certains cas, et est a priori moins gourmande en ressources serveur.
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+ Il est aussi possible de créer des modèles d'un espace de nom autre que modèle. Exemple : Toto est administrateur. Il souhaite annoncer facilement à un utilisateur qu'il le bloque et peu d'utilisateurs ont l'occasion d'utiliser ce modèle : il peut le créer dans son espace utilisateur sous un nom du type [[Utilisateur:Toto/Blocage]]. Il pourra alors l'utiliser sous la forme {{Utilisateur:Toto/Blocage}} ou {{subst:Utilisateur:Toto/Blocage}}. Il n'est pas possible d'insérer des portions d'articles de l'espace encyclopédique ou de pages de discussions sous forme de modèle ou de substitution de modèle.
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+ Les modèles sont utilisés de nombreuses manières différentes, par exemple :
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+ Il est possible d'invoquer des scripts en langage Lua, via la commande {{#invoke|Script|argument1|...}}.
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+ Comme le laisse supposer le nom MediaWiki, l’un des points forts du logiciel est sa capacité à gérer une large variété de fichiers multimédias (ces derniers peuvent être envoyés sur le wiki directement grâce à l’interface), en particulier les fichiers d'images, mais aussi les sons (au format Ogg). Si le logiciel est bien configuré, il est alors relativement facile de produire des galeries d’images et des vignettes. Le logiciel gère également les métadonnées Exif. La nécessité de faire tourner Wikimedia Commons (l’une des plus grandes archives de média de contenu libre) avec MediaWiki a été source d’apport en fonctionnalités de ce type.
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+ En février 2008, Florence Devouard annonce la prochaine apparition d'une forme de vidéo collaborative sur Wikipédia[11]. Il s'agirait d'utiliser un logiciel libre conçu par la société Kaltura.
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+ Depuis 2015, MediaWiki est pourvu d’une interface WYSIWYG, nommée VisualEditor.
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+ → voir l'article détaillé : VisualEditor (en anglais)
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+ Il est possible avec MediaWiki de modifier une partie d’une page (une section), ce qui permet notamment de modifier plus facilement et de façon concurrente des pages longues. En effet, si un utilisateur tente de valider des changements sur une page alors qu'un autre utilisateur l'a modifiée entretemps, il se produira alors un « conflit d'édition », et l'utilisateur devra effectuer une manipulation pour intégrer ses changements à la nouvelle version. En revanche, si deux utilisateurs modifient en même temps deux sections différentes d'une même page, ce problème ne se posera pas.
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+ MediaWiki est également muni de fonctionnalités permettant de gérer du contenu élaboré grâce à une syntaxe spéciale. Par exemple, le logiciel permet de produire des formules mathématiques à l’aide de LaTeX et d’un analyseur syntaxique écrit en OCaml. D’autres fonctionnalités de la sorte existent sous forme d’extension, notamment les frises chronologiques, le tracé de courbes mathématiques, les partitions de musique ou encore les hiéroglyphes égyptiens.
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+ Si l’option est activée, les utilisateurs peuvent aussi personnaliser leur feuille de style et configurer du code JavaScript du côté du client pour qu’il soit exécuté sur chaque page visitée. Par exemple, le système de navigation par pop-up de Lupin est un outil JavaScript qui montre des aperçus d’articles lorsque l’utilisateur passe la souris au-dessus d’un lien, et donnent également des liens vers les tâches de maintenance habituelles. wikEd en est un autre exemple, un éditeur de texte intégré à MediaWiki, qui ne fonctionne qu'avec les navigateurs web de la famille Mozilla, avec de nombreuses fonctionnalités qui apporte la coloration syntaxique et des fonctions de rechercher et de remplacement[12].
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+ Bien que MediaWiki possède de base un ensemble de fonctions liées à la restriction, l’accès et la définition de groupes d’utilisateurs, le contrôle de l’accès aux pages ne semble pas constituer un élément de haute priorité dans le processus de développement. Par exemple, il n’est pas possible de définir des permissions d’accès aux pages en fonction de l’espace de nom. D'autres moteurs de wiki, comme TWiki et MoinMoin, apportent plus de puissance en gérant des mécanismes de sécurité avancés comme des listes de contrôle d’accès.
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+ Le code source de MediaWiki contient plusieurs « crochets » (« hooks » en anglais) auxquels peut être attaché du code supplémentaire. Cela permet aux programmeurs d’écrire des extensions sans changer la base ou sans les obliger à soumettre leur code à un contrôle de révision. La plupart du temps, installer une extension revient à ajouter une ligne de code informatique dans le fichier de configuration, bien que dans certains cas, des changements au niveau de la base de données soient en plus nécessaires.
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+ De nombreuses extensions disponibles sont de simples scripts permettant d’intégrer du contenu comme des fichiers Adobe Flash ou des formulaires HTML. D’autres scripts ajoutent de nouveaux comportements compliqués à la syntaxe wiki. C’est le cas de Semantic MediaWiki qui donne la possibilité d’ajouter des relations structurées et recherchables et des attributs aux pages wiki (voir : Web sémantique). La Wikimedia Foundation détient un serveur sur lequel de nombreuses extensions sont hébergées.
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73
+ Étant donné que MediaWiki est utilisé pour faire tourner Wikipédia, qui est un des dix sites les plus visités au monde[9], les performances du moteur et son extensibilité ont été optimisées de façon accrue. MediaWiki gère les caches Squid, les duplications de bases de données avec répartition de charge, la mise en cache du côté du client, le memcached ou la mise en cache basée sur les tables pour les traitements fréquemment consultés ou les résultats de demandes courantes, sous la forme d’un fichier de cache statique, avec des fonctionnalités réduites, la compression des vieilles versions, et une file d’attente des tâches pour les opérations de base de données.
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+ Il se peut que MediaWiki soit surdimensionné pour un usage de taille réduite, car son large ensemble de fonctionnalités et son interface ont un coût en matière de performance. D’un autre côté, le logiciel convient parfaitement pour les opérations des fermes wikis, comme les projets Wikimedia et la famille de langue. Cependant, MediaWiki n’est pas pourvu de fonctionnalités pour gérer de telles installations.
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+ Plusieurs remarques peuvent être faites à propos de MediaWiki : sa documentation est majoritairement disponible sur Internet, mais elle n'est pas propriétaire (des dizaines d'auteurs ont participé à sa rédaction). L'installation et l'utilisation du logiciel MediaWiki ne sont pas très intuitives pour un utilisateur inexpérimenté (comparé à d'autres logiciels, comme FrontPage par exemple)[réf. nécessaire].
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+ Il n'y a pas de définition formelle de la syntaxe de MediaWiki ; la syntaxe valide est celle reconnue par le code PHP de l'analyseur syntaxique, et il se peut qu'une définition de la syntaxe sous la forme EBNF soit impossible. C'est entre autres pour cette raison que produire un éditeur WYSIWYG ou une adaptation complète de l'analyseur pour d'autres langages de programmation est une tâche difficile.
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+ De plus, il n'existe pas de solution satisfaisante pour mettre en place une liste de contrôle d'accès.
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+ L'usage de deux types de liens (simples crochets pour des liens externes, doubles crochets pour des liens internes) est source de confusion et dispensable, comme l'a montré Wikicréole[réf. nécessaire].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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+ MediaWiki est un moteur de wiki pour le Web. Il est utilisé par l’ensemble des projets de la Wikimedia Foundation, des wikis hébergés chez FANDOM, ainsi que par de nombreux autres wikis. Conçu pour répondre aux besoins de Wikipédia, ce moteur est en 2008 également utilisé par des entreprises comme solution de gestion des connaissances et comme système de gestion de contenu. L’entreprise américaine Novell l’utilise notamment pour plusieurs de ses sites web qui véhiculent un trafic important. Des associations, comme Wikitravel, Mozilla ou Ékopedia, l'ont aussi adopté.
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7
+ MediaWiki est écrit en PHP et peut aussi bien fonctionner avec le système de gestion de base de données MySQL que PostgreSQL. C'est un logiciel libre distribué selon les termes de la GPL.
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9
+ MediaWiki comporte de nombreuses fonctionnalités pour les sites à vocation collaborative. Par exemple, la gestion des espaces de noms, ou l'utilisation de pages de discussions associées à chaque article.
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11
+ MediaWiki est intégré, par l'Etat français, à la liste des logiciels libres recommandés pour le secteur public et au socle interministériel des logiciels libres (édition 2019).
12
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13
+ Initialement, Wikipédia utilisait un moteur de wiki rudimentaire écrit en Perl, appelé UseModWiki. Le 25 janvier 2002, MediaWiki, développé par Magnus Manske, un étudiant allemand de l’université de Cologne, devient le moteur de wiki de l'encyclopédie collaborative pour laquelle il a été développé. MediaWiki a ainsi permis de disposer de plus de fonctionnalités et d’une infrastructure plus extensible (grâce à une base de données MySQL). Les performances du logiciel ont ensuite été améliorées par Lee Daniel Crocker, avant que Brion Vibber n'en devienne le développeur le plus actif et ne prenne le rôle de dirigeant des sorties logicielles[4].
14
+
15
+ Depuis la sortie de la première version du script de Manske, plusieurs noms représentatifs de l’état du logiciel lui ont été donnés : « le script PHP », « phase II », « phase III », « le nouveau code source ». Cependant, il n’était pourvu d’aucun nom de produit. Après l'annonce de la création de la Wikimedia Foundation le 20 juin 2003, le wikipédien Daniel Mayer lui donne le nom « MediaWiki », par jeu de mots sur le nom « Wikimedia », et ce nom est progressivement adopté. Pourtant, la similarité des noms MediaWiki et Wikimedia (qui lui-même est déjà semblable au nom Wikipédia) est à l'origine de fréquentes confusions.
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17
+ Le logo de MediaWiki a été créé par Erik Moeller à partir d’une photographie d’une fleur prise par Florence Devouard (qui est par la suite devenue présidente de la Wikimedia Foundation) et a initialement été soumis au concours international du nouveau logo pour Wikipédia qui s’est déroulé pendant l’été 2003. Le logo s'est placé en troisième position à l'issue de ce concours et a été choisi pour représenter MediaWiki plutôt que Wikipédia, tandis que le logo vainqueur a été adopté pour représenter Wikipédia, et le second vainqueur pour la Wikimedia Foundation. Les doubles crochets sur la photo autour du tournesol symbolisent le wikicode, c'est-à-dire la syntaxe utilisée par MediaWiki pour créer des hyperliens vers les autres pages du wiki.
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+ MediaWiki compte en 2009[5] :
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21
+ MediaWiki 1.4 est maintenue par Brion Vibber. Pour cette version 1.4, le code a été nettoyé, afin que certaines tâches soient accomplies plus rapidement. La langue de l'interface peut être choisie par l'utilisateur, rendant les projets communs (comme Wikimedia Commons) plus accessibles.
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23
+ Un effort a été fait pour optimiser l'espace disque utilisé. Ainsi depuis MediaWiki 1.4, la compression gzip employée pour stocker le texte réduit d'environ 15 % l’espace nécessaire. Cette compression n'est pas réalisée à chaque révision, ce qui permet d'épargner un peu plus d'espace.
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25
+ Le support des images a été étendu aux images vectorielles SVG. Celles-ci sont converties par MediaWiki en images PNG pour une plus grande compatibilité avec les navigateurs web actuels qui sont en 2005 très rares à prendre en charge de façon native les images au format SVG. Les pages décrivant les images affichent désormais les métadonnées au format Exif contenu dans certains formats d'image.
26
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27
+ La version 1.6 marque le début d'un cycle de développement. Les différences pour l'utilisateur sont mineures : changement du formulaire d'identification, amélioration du système de protection et sortie quasi complète en XHTML. Les réelles améliorations sont internes et portent notamment sur le système de cache, la qualité du code et l'arrêt du support d'anciens logiciels (MySQL 3, PHP 4.1.x). À partir de cette version, les développeurs ont décidé de réaliser une nouvelle version tous les trimestres.
28
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29
+ MediaWiki est muni d’un ensemble de fonctionnalités élaborées et d’un système d’extensions lui permettant d’intégrer des fonctions supplémentaires. En raison de la forte présence du plurilinguisme dans les projets Wikimedia, la partie internationalisation a bénéficié d’une attention toute particulière de la part des développeurs. L’interface a été intégralement ou partiellement traduite dans 352 langues[8] et peut être personnalisée par les administrateurs du site. Wikipédia étant l’un des sites web les plus visités au monde[9],[10], les développeurs ont apporté un soin tout particulier à l’extensibilité grâce à un système multicouche de mise en cache et de duplication de base de données. En 2008, Wikipédia et les autres projets Wikimedia sont toujours à l’origine d’une grande partie des critères de réalisation de MediaWiki.
30
+
31
+ Le principal atout de MediaWiki par rapport aux autres moteurs de wiki est l’usage de liens libres au lieu du camel case. Là où habituellement les autres wikis ont besoin d’écrire « WorldWideWeb » en un seul mot pour produire un lien vers la page du même nom, MediaWiki n’impose aucune contrainte, il suffit de placer l’expression que l’on souhaite lier entre doubles crochets. Tous les espaces contenus dans l’expression sont ainsi préservés, comme pour [[World Wide Web]]. Néanmoins, certains caractères ne peuvent pas être utilisés, par exemple # ou |.
32
+
33
+ En plus des liens, MediaWiki est pourvu de nombreuses autres fonctionnalités pour structurer le contenu. L’une des plus anciennes fonctionnalités est le système d’espace de nom. Pendant longtemps, la séparation des discussions autour de Wikipédia et de son contenu encyclopédique a constitué un réel problème ; de même concernant les pages personnelles des wikipédiens. De façon simpliste, les espaces de nom peuvent se résumer à des préfixes utilisés dans le titre des pages (par exemple « Utilisateur: » ou bien « Discussion: »), ce qui permet à plusieurs pages d'exister sous le même nom (à l'espace de nom près), mais avec des finalités différentes selon le préfixe. Par exemple, la page intitulée « [[Terminator]] » peut décrire le film de 1984 réalisé par James Cameron, tandis que la page « [[Utilisateur:Terminator]] » peut être une page personnelle décrivant un utilisateur ayant choisi ce pseudonyme. Chaque page de Wikipédia est associée à une page de discussion qui a pour but de permettre aux wikipédiens de discuter du sujet de la page.
34
+
35
+ Par comparaison avec les systèmes de fichiers, les espaces de nom peuvent être assimilés aux dossiers qui permettent de séparer plusieurs fichiers de même nom. Bien qu’il soit possible de rajouter des espaces de nom, leur nombre dans un wiki est habituellement relativement faible.
36
+
37
+ En plus des espaces de noms, les pages peuvent être structurées à l’aide de sous-pages. Une page ayant pour titre « A » peut posséder plusieurs sous-pages dont le titre est alors de la forme « A/x ». La sous-page propose alors automatiquement un lien de retour vers la page mère (de la forme « < A »). Dans cette dernière, on peut accéder à l'une de ses sous-pages en omettant son titre ; ainsi, le lien « [[/x]] » pointera vers la sous-page ayant pour titre « A/x ». Pour un espace de nom donné, le système de sous-pages peut être activé ou désactivé. Par exemple, sur Wikipédia, il est désactivé dans l'espace encyclopédique et activé dans l'espace « Utilisateur: ».
38
+
39
+ MediaWiki permet aux utilisateurs de créer des catégories. Elles fonctionnent de façon similaire aux tags présents dans de nombreuses applications web et forment une hiérarchie et une description. Dans certains wikis comme Wikipédia, des hiérarchies complexes se sont développées avec ce système sans pour autant qu’une quelconque planification n’ait été établie.
40
+
41
+ L’interface de MediaWiki peut être intégralement changée directement sur le wiki lui-même par les utilisateurs qui en ont le droit (il s’agit habituellement des personnes qui sont appelées administrateurs ou sysops). Cela se fait grâce à un espace de nom particulier qui correspond au préfixe « MediaWiki: » où chaque page correspond à un message précis de l’interface. À l’origine, l’espace de nom « MediaWiki: » était utilisé pour créer des blocs de texte personnalisés pouvant être chargés dynamiquement dans les autres pages à l’aide d’une syntaxe spéciale. Ce contenu a été déplacé plus tard dans un espace de nom à part appelé « Modèle: ».
42
+
43
+ Les modèles sont des morceaux de texte qui peuvent être chargés de façon dynamique ou statique dans n'importe quelle page. Pour cela il suffit d’appeler le modèle en écrivant son nom entre doubles accolades (il s’agit en quelque sorte d’un lien spécial). Les modèles possèdent leur propre espace de nom qui correspond au préfixe « Modèle: ». Par exemple pour faire appel dynamiquement au modèle se trouvant à la page intitulée « Modèle:Annexe », il suffit d’écrire « {{annexe}} ». Le contenu du modèle sera ainsi reproduit dans la page où il est appelé, en temps réel. Si des changements sont apportés au modèle par la suite, la page sera également mise à jour automatiquement.
44
+
45
+ Le modèle peut également être appelé à l'aide du préfixe « subst: » (exemple : {{subst:annexe}}), ce qui aura pour effet de substituer l'appel au modèle par son contenu au moment où la modification est validée. Le résultat est équivalent à un copier-coller du contenu du modèle. Par conséquent, tout changement apporté au modèle n’aura aucun effet dans la page dans laquelle le modèle y a été substitué. La substitution limite la cohérence de l’utilisation des modèles, mais peut être pratique dans certains cas, et est a priori moins gourmande en ressources serveur.
46
+
47
+ Il est aussi possible de créer des modèles d'un espace de nom autre que modèle. Exemple : Toto est administrateur. Il souhaite annoncer facilement à un utilisateur qu'il le bloque et peu d'utilisateurs ont l'occasion d'utiliser ce modèle : il peut le créer dans son espace utilisateur sous un nom du type [[Utilisateur:Toto/Blocage]]. Il pourra alors l'utiliser sous la forme {{Utilisateur:Toto/Blocage}} ou {{subst:Utilisateur:Toto/Blocage}}. Il n'est pas possible d'insérer des portions d'articles de l'espace encyclopédique ou de pages de discussions sous forme de modèle ou de substitution de modèle.
48
+
49
+ Les modèles sont utilisés de nombreuses manières différentes, par exemple :
50
+
51
+ Il est possible d'invoquer des scripts en langage Lua, via la commande {{#invoke|Script|argument1|...}}.
52
+
53
+ Comme le laisse supposer le nom MediaWiki, l’un des points forts du logiciel est sa capacité à gérer une large variété de fichiers multimédias (ces derniers peuvent être envoyés sur le wiki directement grâce à l’interface), en particulier les fichiers d'images, mais aussi les sons (au format Ogg). Si le logiciel est bien configuré, il est alors relativement facile de produire des galeries d’images et des vignettes. Le logiciel gère également les métadonnées Exif. La nécessité de faire tourner Wikimedia Commons (l’une des plus grandes archives de média de contenu libre) avec MediaWiki a été source d’apport en fonctionnalités de ce type.
54
+
55
+ En février 2008, Florence Devouard annonce la prochaine apparition d'une forme de vidéo collaborative sur Wikipédia[11]. Il s'agirait d'utiliser un logiciel libre conçu par la société Kaltura.
56
+
57
+ Depuis 2015, MediaWiki est pourvu d’une interface WYSIWYG, nommée VisualEditor.
58
+
59
+ → voir l'article détaillé : VisualEditor (en anglais)
60
+
61
+ Il est possible avec MediaWiki de modifier une partie d’une page (une section), ce qui permet notamment de modifier plus facilement et de façon concurrente des pages longues. En effet, si un utilisateur tente de valider des changements sur une page alors qu'un autre utilisateur l'a modifiée entretemps, il se produira alors un « conflit d'édition », et l'utilisateur devra effectuer une manipulation pour intégrer ses changements à la nouvelle version. En revanche, si deux utilisateurs modifient en même temps deux sections différentes d'une même page, ce problème ne se posera pas.
62
+
63
+ MediaWiki est également muni de fonctionnalités permettant de gérer du contenu élaboré grâce à une syntaxe spéciale. Par exemple, le logiciel permet de produire des formules mathématiques à l’aide de LaTeX et d’un analyseur syntaxique écrit en OCaml. D’autres fonctionnalités de la sorte existent sous forme d’extension, notamment les frises chronologiques, le tracé de courbes mathématiques, les partitions de musique ou encore les hiéroglyphes égyptiens.
64
+
65
+ Si l’option est activée, les utilisateurs peuvent aussi personnaliser leur feuille de style et configurer du code JavaScript du côté du client pour qu’il soit exécuté sur chaque page visitée. Par exemple, le système de navigation par pop-up de Lupin est un outil JavaScript qui montre des aperçus d’articles lorsque l’utilisateur passe la souris au-dessus d’un lien, et donnent également des liens vers les tâches de maintenance habituelles. wikEd en est un autre exemple, un éditeur de texte intégré à MediaWiki, qui ne fonctionne qu'avec les navigateurs web de la famille Mozilla, avec de nombreuses fonctionnalités qui apporte la coloration syntaxique et des fonctions de rechercher et de remplacement[12].
66
+
67
+ Bien que MediaWiki possède de base un ensemble de fonctions liées à la restriction, l’accès et la définition de groupes d’utilisateurs, le contrôle de l’accès aux pages ne semble pas constituer un élément de haute priorité dans le processus de développement. Par exemple, il n’est pas possible de définir des permissions d’accès aux pages en fonction de l’espace de nom. D'autres moteurs de wiki, comme TWiki et MoinMoin, apportent plus de puissance en gérant des mécanismes de sécurité avancés comme des listes de contrôle d’accès.
68
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69
+ Le code source de MediaWiki contient plusieurs « crochets » (« hooks » en anglais) auxquels peut être attaché du code supplémentaire. Cela permet aux programmeurs d’écrire des extensions sans changer la base ou sans les obliger à soumettre leur code à un contrôle de révision. La plupart du temps, installer une extension revient à ajouter une ligne de code informatique dans le fichier de configuration, bien que dans certains cas, des changements au niveau de la base de données soient en plus nécessaires.
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71
+ De nombreuses extensions disponibles sont de simples scripts permettant d’intégrer du contenu comme des fichiers Adobe Flash ou des formulaires HTML. D’autres scripts ajoutent de nouveaux comportements compliqués à la syntaxe wiki. C’est le cas de Semantic MediaWiki qui donne la possibilité d’ajouter des relations structurées et recherchables et des attributs aux pages wiki (voir : Web sémantique). La Wikimedia Foundation détient un serveur sur lequel de nombreuses extensions sont hébergées.
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73
+ Étant donné que MediaWiki est utilisé pour faire tourner Wikipédia, qui est un des dix sites les plus visités au monde[9], les performances du moteur et son extensibilité ont été optimisées de façon accrue. MediaWiki gère les caches Squid, les duplications de bases de données avec répartition de charge, la mise en cache du côté du client, le memcached ou la mise en cache basée sur les tables pour les traitements fréquemment consultés ou les résultats de demandes courantes, sous la forme d’un fichier de cache statique, avec des fonctionnalités réduites, la compression des vieilles versions, et une file d’attente des tâches pour les opérations de base de données.
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75
+ Il se peut que MediaWiki soit surdimensionné pour un usage de taille réduite, car son large ensemble de fonctionnalités et son interface ont un coût en matière de performance. D’un autre côté, le logiciel convient parfaitement pour les opérations des fermes wikis, comme les projets Wikimedia et la famille de langue. Cependant, MediaWiki n’est pas pourvu de fonctionnalités pour gérer de telles installations.
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77
+ Plusieurs remarques peuvent être faites à propos de MediaWiki : sa documentation est majoritairement disponible sur Internet, mais elle n'est pas propriétaire (des dizaines d'auteurs ont participé à sa rédaction). L'installation et l'utilisation du logiciel MediaWiki ne sont pas très intuitives pour un utilisateur inexpérimenté (comparé à d'autres logiciels, comme FrontPage par exemple)[réf. nécessaire].
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79
+ Il n'y a pas de définition formelle de la syntaxe de MediaWiki ; la syntaxe valide est celle reconnue par le code PHP de l'analyseur syntaxique, et il se peut qu'une définition de la syntaxe sous la forme EBNF soit impossible. C'est entre autres pour cette raison que produire un éditeur WYSIWYG ou une adaptation complète de l'analyseur pour d'autres langages de programmation est une tâche difficile.
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+ De plus, il n'existe pas de solution satisfaisante pour mettre en place une liste de contrôle d'accès.
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83
+ L'usage de deux types de liens (simples crochets pour des liens externes, doubles crochets pour des liens internes) est source de confusion et dispensable, comme l'a montré Wikicréole[réf. nécessaire].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3754.html.txt ADDED
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+ MediaWiki est un moteur de wiki pour le Web. Il est utilisé par l’ensemble des projets de la Wikimedia Foundation, des wikis hébergés chez FANDOM, ainsi que par de nombreux autres wikis. Conçu pour répondre aux besoins de Wikipédia, ce moteur est en 2008 également utilisé par des entreprises comme solution de gestion des connaissances et comme système de gestion de contenu. L’entreprise américaine Novell l’utilise notamment pour plusieurs de ses sites web qui véhiculent un trafic important. Des associations, comme Wikitravel, Mozilla ou Ékopedia, l'ont aussi adopté.
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+ MediaWiki est écrit en PHP et peut aussi bien fonctionner avec le système de gestion de base de données MySQL que PostgreSQL. C'est un logiciel libre distribué selon les termes de la GPL.
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9
+ MediaWiki comporte de nombreuses fonctionnalités pour les sites à vocation collaborative. Par exemple, la gestion des espaces de noms, ou l'utilisation de pages de discussions associées à chaque article.
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+ MediaWiki est intégré, par l'Etat français, à la liste des logiciels libres recommandés pour le secteur public et au socle interministériel des logiciels libres (édition 2019).
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+ Initialement, Wikipédia utilisait un moteur de wiki rudimentaire écrit en Perl, appelé UseModWiki. Le 25 janvier 2002, MediaWiki, développé par Magnus Manske, un étudiant allemand de l’université de Cologne, devient le moteur de wiki de l'encyclopédie collaborative pour laquelle il a été développé. MediaWiki a ainsi permis de disposer de plus de fonctionnalités et d’une infrastructure plus extensible (grâce à une base de données MySQL). Les performances du logiciel ont ensuite été améliorées par Lee Daniel Crocker, avant que Brion Vibber n'en devienne le développeur le plus actif et ne prenne le rôle de dirigeant des sorties logicielles[4].
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15
+ Depuis la sortie de la première version du script de Manske, plusieurs noms représentatifs de l’état du logiciel lui ont été donnés : « le script PHP », « phase II », « phase III », « le nouveau code source ». Cependant, il n’était pourvu d’aucun nom de produit. Après l'annonce de la création de la Wikimedia Foundation le 20 juin 2003, le wikipédien Daniel Mayer lui donne le nom « MediaWiki », par jeu de mots sur le nom « Wikimedia », et ce nom est progressivement adopté. Pourtant, la similarité des noms MediaWiki et Wikimedia (qui lui-même est déjà semblable au nom Wikipédia) est à l'origine de fréquentes confusions.
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+ Le logo de MediaWiki a été créé par Erik Moeller à partir d’une photographie d’une fleur prise par Florence Devouard (qui est par la suite devenue présidente de la Wikimedia Foundation) et a initialement été soumis au concours international du nouveau logo pour Wikipédia qui s’est déroulé pendant l’été 2003. Le logo s'est placé en troisième position à l'issue de ce concours et a été choisi pour représenter MediaWiki plutôt que Wikipédia, tandis que le logo vainqueur a été adopté pour représenter Wikipédia, et le second vainqueur pour la Wikimedia Foundation. Les doubles crochets sur la photo autour du tournesol symbolisent le wikicode, c'est-à-dire la syntaxe utilisée par MediaWiki pour créer des hyperliens vers les autres pages du wiki.
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+ MediaWiki compte en 2009[5] :
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+ MediaWiki 1.4 est maintenue par Brion Vibber. Pour cette version 1.4, le code a été nettoyé, afin que certaines tâches soient accomplies plus rapidement. La langue de l'interface peut être choisie par l'utilisateur, rendant les projets communs (comme Wikimedia Commons) plus accessibles.
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+ Un effort a été fait pour optimiser l'espace disque utilisé. Ainsi depuis MediaWiki 1.4, la compression gzip employée pour stocker le texte réduit d'environ 15 % l’espace nécessaire. Cette compression n'est pas réalisée à chaque révision, ce qui permet d'épargner un peu plus d'espace.
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25
+ Le support des images a été étendu aux images vectorielles SVG. Celles-ci sont converties par MediaWiki en images PNG pour une plus grande compatibilité avec les navigateurs web actuels qui sont en 2005 très rares à prendre en charge de façon native les images au format SVG. Les pages décrivant les images affichent désormais les métadonnées au format Exif contenu dans certains formats d'image.
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+ La version 1.6 marque le début d'un cycle de développement. Les différences pour l'utilisateur sont mineures : changement du formulaire d'identification, amélioration du système de protection et sortie quasi complète en XHTML. Les réelles améliorations sont internes et portent notamment sur le système de cache, la qualité du code et l'arrêt du support d'anciens logiciels (MySQL 3, PHP 4.1.x). À partir de cette version, les développeurs ont décidé de réaliser une nouvelle version tous les trimestres.
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29
+ MediaWiki est muni d’un ensemble de fonctionnalités élaborées et d’un système d’extensions lui permettant d’intégrer des fonctions supplémentaires. En raison de la forte présence du plurilinguisme dans les projets Wikimedia, la partie internationalisation a bénéficié d’une attention toute particulière de la part des développeurs. L’interface a été intégralement ou partiellement traduite dans 352 langues[8] et peut être personnalisée par les administrateurs du site. Wikipédia étant l’un des sites web les plus visités au monde[9],[10], les développeurs ont apporté un soin tout particulier à l’extensibilité grâce à un système multicouche de mise en cache et de duplication de base de données. En 2008, Wikipédia et les autres projets Wikimedia sont toujours à l’origine d’une grande partie des critères de réalisation de MediaWiki.
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31
+ Le principal atout de MediaWiki par rapport aux autres moteurs de wiki est l’usage de liens libres au lieu du camel case. Là où habituellement les autres wikis ont besoin d’écrire « WorldWideWeb » en un seul mot pour produire un lien vers la page du même nom, MediaWiki n’impose aucune contrainte, il suffit de placer l’expression que l’on souhaite lier entre doubles crochets. Tous les espaces contenus dans l’expression sont ainsi préservés, comme pour [[World Wide Web]]. Néanmoins, certains caractères ne peuvent pas être utilisés, par exemple # ou |.
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+ En plus des liens, MediaWiki est pourvu de nombreuses autres fonctionnalités pour structurer le contenu. L’une des plus anciennes fonctionnalités est le système d’espace de nom. Pendant longtemps, la séparation des discussions autour de Wikipédia et de son contenu encyclopédique a constitué un réel problème ; de même concernant les pages personnelles des wikipédiens. De façon simpliste, les espaces de nom peuvent se résumer à des préfixes utilisés dans le titre des pages (par exemple « Utilisateur: » ou bien « Discussion: »), ce qui permet à plusieurs pages d'exister sous le même nom (à l'espace de nom près), mais avec des finalités différentes selon le préfixe. Par exemple, la page intitulée « [[Terminator]] » peut décrire le film de 1984 réalisé par James Cameron, tandis que la page « [[Utilisateur:Terminator]] » peut être une page personnelle décrivant un utilisateur ayant choisi ce pseudonyme. Chaque page de Wikipédia est associée à une page de discussion qui a pour but de permettre aux wikipédiens de discuter du sujet de la page.
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+ Par comparaison avec les systèmes de fichiers, les espaces de nom peuvent être assimilés aux dossiers qui permettent de séparer plusieurs fichiers de même nom. Bien qu’il soit possible de rajouter des espaces de nom, leur nombre dans un wiki est habituellement relativement faible.
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+ En plus des espaces de noms, les pages peuvent être structurées à l’aide de sous-pages. Une page ayant pour titre « A » peut posséder plusieurs sous-pages dont le titre est alors de la forme « A/x ». La sous-page propose alors automatiquement un lien de retour vers la page mère (de la forme « < A »). Dans cette dernière, on peut accéder à l'une de ses sous-pages en omettant son titre ; ainsi, le lien « [[/x]] » pointera vers la sous-page ayant pour titre « A/x ». Pour un espace de nom donné, le système de sous-pages peut être activé ou désactivé. Par exemple, sur Wikipédia, il est désactivé dans l'espace encyclopédique et activé dans l'espace « Utilisateur: ».
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+ MediaWiki permet aux utilisateurs de créer des catégories. Elles fonctionnent de façon similaire aux tags présents dans de nombreuses applications web et forment une hiérarchie et une description. Dans certains wikis comme Wikipédia, des hiérarchies complexes se sont développées avec ce système sans pour autant qu’une quelconque planification n’ait été établie.
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+ L’interface de MediaWiki peut être intégralement changée directement sur le wiki lui-même par les utilisateurs qui en ont le droit (il s’agit habituellement des personnes qui sont appelées administrateurs ou sysops). Cela se fait grâce à un espace de nom particulier qui correspond au préfixe « MediaWiki: » où chaque page correspond à un message précis de l’interface. À l’origine, l’espace de nom « MediaWiki: » était utilisé pour créer des blocs de texte personnalisés pouvant être chargés dynamiquement dans les autres pages à l’aide d’une syntaxe spéciale. Ce contenu a été déplacé plus tard dans un espace de nom à part appelé « Modèle: ».
42
+
43
+ Les modèles sont des morceaux de texte qui peuvent être chargés de façon dynamique ou statique dans n'importe quelle page. Pour cela il suffit d’appeler le modèle en écrivant son nom entre doubles accolades (il s’agit en quelque sorte d’un lien spécial). Les modèles possèdent leur propre espace de nom qui correspond au préfixe « Modèle: ». Par exemple pour faire appel dynamiquement au modèle se trouvant à la page intitulée « Modèle:Annexe », il suffit d’écrire « {{annexe}} ». Le contenu du modèle sera ainsi reproduit dans la page où il est appelé, en temps réel. Si des changements sont apportés au modèle par la suite, la page sera également mise à jour automatiquement.
44
+
45
+ Le modèle peut également être appelé à l'aide du préfixe « subst: » (exemple : {{subst:annexe}}), ce qui aura pour effet de substituer l'appel au modèle par son contenu au moment où la modification est validée. Le résultat est équivalent à un copier-coller du contenu du modèle. Par conséquent, tout changement apporté au modèle n’aura aucun effet dans la page dans laquelle le modèle y a été substitué. La substitution limite la cohérence de l’utilisation des modèles, mais peut être pratique dans certains cas, et est a priori moins gourmande en ressources serveur.
46
+
47
+ Il est aussi possible de créer des modèles d'un espace de nom autre que modèle. Exemple : Toto est administrateur. Il souhaite annoncer facilement à un utilisateur qu'il le bloque et peu d'utilisateurs ont l'occasion d'utiliser ce modèle : il peut le créer dans son espace utilisateur sous un nom du type [[Utilisateur:Toto/Blocage]]. Il pourra alors l'utiliser sous la forme {{Utilisateur:Toto/Blocage}} ou {{subst:Utilisateur:Toto/Blocage}}. Il n'est pas possible d'insérer des portions d'articles de l'espace encyclopédique ou de pages de discussions sous forme de modèle ou de substitution de modèle.
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49
+ Les modèles sont utilisés de nombreuses manières différentes, par exemple :
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51
+ Il est possible d'invoquer des scripts en langage Lua, via la commande {{#invoke|Script|argument1|...}}.
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53
+ Comme le laisse supposer le nom MediaWiki, l’un des points forts du logiciel est sa capacité à gérer une large variété de fichiers multimédias (ces derniers peuvent être envoyés sur le wiki directement grâce à l’interface), en particulier les fichiers d'images, mais aussi les sons (au format Ogg). Si le logiciel est bien configuré, il est alors relativement facile de produire des galeries d’images et des vignettes. Le logiciel gère également les métadonnées Exif. La nécessité de faire tourner Wikimedia Commons (l’une des plus grandes archives de média de contenu libre) avec MediaWiki a été source d’apport en fonctionnalités de ce type.
54
+
55
+ En février 2008, Florence Devouard annonce la prochaine apparition d'une forme de vidéo collaborative sur Wikipédia[11]. Il s'agirait d'utiliser un logiciel libre conçu par la société Kaltura.
56
+
57
+ Depuis 2015, MediaWiki est pourvu d’une interface WYSIWYG, nommée VisualEditor.
58
+
59
+ → voir l'article détaillé : VisualEditor (en anglais)
60
+
61
+ Il est possible avec MediaWiki de modifier une partie d’une page (une section), ce qui permet notamment de modifier plus facilement et de façon concurrente des pages longues. En effet, si un utilisateur tente de valider des changements sur une page alors qu'un autre utilisateur l'a modifiée entretemps, il se produira alors un « conflit d'édition », et l'utilisateur devra effectuer une manipulation pour intégrer ses changements à la nouvelle version. En revanche, si deux utilisateurs modifient en même temps deux sections différentes d'une même page, ce problème ne se posera pas.
62
+
63
+ MediaWiki est également muni de fonctionnalités permettant de gérer du contenu élaboré grâce à une syntaxe spéciale. Par exemple, le logiciel permet de produire des formules mathématiques à l’aide de LaTeX et d’un analyseur syntaxique écrit en OCaml. D’autres fonctionnalités de la sorte existent sous forme d’extension, notamment les frises chronologiques, le tracé de courbes mathématiques, les partitions de musique ou encore les hiéroglyphes égyptiens.
64
+
65
+ Si l’option est activée, les utilisateurs peuvent aussi personnaliser leur feuille de style et configurer du code JavaScript du côté du client pour qu’il soit exécuté sur chaque page visitée. Par exemple, le système de navigation par pop-up de Lupin est un outil JavaScript qui montre des aperçus d’articles lorsque l’utilisateur passe la souris au-dessus d’un lien, et donnent également des liens vers les tâches de maintenance habituelles. wikEd en est un autre exemple, un éditeur de texte intégré à MediaWiki, qui ne fonctionne qu'avec les navigateurs web de la famille Mozilla, avec de nombreuses fonctionnalités qui apporte la coloration syntaxique et des fonctions de rechercher et de remplacement[12].
66
+
67
+ Bien que MediaWiki possède de base un ensemble de fonctions liées à la restriction, l’accès et la définition de groupes d’utilisateurs, le contrôle de l’accès aux pages ne semble pas constituer un élément de haute priorité dans le processus de développement. Par exemple, il n’est pas possible de définir des permissions d’accès aux pages en fonction de l’espace de nom. D'autres moteurs de wiki, comme TWiki et MoinMoin, apportent plus de puissance en gérant des mécanismes de sécurité avancés comme des listes de contrôle d’accès.
68
+
69
+ Le code source de MediaWiki contient plusieurs « crochets » (« hooks » en anglais) auxquels peut être attaché du code supplémentaire. Cela permet aux programmeurs d’écrire des extensions sans changer la base ou sans les obliger à soumettre leur code à un contrôle de révision. La plupart du temps, installer une extension revient à ajouter une ligne de code informatique dans le fichier de configuration, bien que dans certains cas, des changements au niveau de la base de données soient en plus nécessaires.
70
+
71
+ De nombreuses extensions disponibles sont de simples scripts permettant d’intégrer du contenu comme des fichiers Adobe Flash ou des formulaires HTML. D’autres scripts ajoutent de nouveaux comportements compliqués à la syntaxe wiki. C’est le cas de Semantic MediaWiki qui donne la possibilité d’ajouter des relations structurées et recherchables et des attributs aux pages wiki (voir : Web sémantique). La Wikimedia Foundation détient un serveur sur lequel de nombreuses extensions sont hébergées.
72
+
73
+ Étant donné que MediaWiki est utilisé pour faire tourner Wikipédia, qui est un des dix sites les plus visités au monde[9], les performances du moteur et son extensibilité ont été optimisées de façon accrue. MediaWiki gère les caches Squid, les duplications de bases de données avec répartition de charge, la mise en cache du côté du client, le memcached ou la mise en cache basée sur les tables pour les traitements fréquemment consultés ou les résultats de demandes courantes, sous la forme d’un fichier de cache statique, avec des fonctionnalités réduites, la compression des vieilles versions, et une file d’attente des tâches pour les opérations de base de données.
74
+
75
+ Il se peut que MediaWiki soit surdimensionné pour un usage de taille réduite, car son large ensemble de fonctionnalités et son interface ont un coût en matière de performance. D’un autre côté, le logiciel convient parfaitement pour les opérations des fermes wikis, comme les projets Wikimedia et la famille de langue. Cependant, MediaWiki n’est pas pourvu de fonctionnalités pour gérer de telles installations.
76
+
77
+ Plusieurs remarques peuvent être faites à propos de MediaWiki : sa documentation est majoritairement disponible sur Internet, mais elle n'est pas propriétaire (des dizaines d'auteurs ont participé à sa rédaction). L'installation et l'utilisation du logiciel MediaWiki ne sont pas très intuitives pour un utilisateur inexpérimenté (comparé à d'autres logiciels, comme FrontPage par exemple)[réf. nécessaire].
78
+
79
+ Il n'y a pas de définition formelle de la syntaxe de MediaWiki ; la syntaxe valide est celle reconnue par le code PHP de l'analyseur syntaxique, et il se peut qu'une définition de la syntaxe sous la forme EBNF soit impossible. C'est entre autres pour cette raison que produire un éditeur WYSIWYG ou une adaptation complète de l'analyseur pour d'autres langages de programmation est une tâche difficile.
80
+
81
+ De plus, il n'existe pas de solution satisfaisante pour mettre en place une liste de contrôle d'accès.
82
+
83
+ L'usage de deux types de liens (simples crochets pour des liens externes, doubles crochets pour des liens internes) est source de confusion et dispensable, comme l'a montré Wikicréole[réf. nécessaire].
84
+
85
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3755.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,171 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Le Moyen Âge est une période de l'histoire de l'Europe, s'étendant de la fin du Ve siècle à la fin du XVe siècle, qui débute avec le déclin de l'Empire romain d'Occident et se termine par la Renaissance et les Grandes découvertes. Située entre l'Antiquité et l'époque moderne, la période est subdivisée entre le haut Moyen Âge (Ve à Xe siècle), le Moyen Âge central (XIe-XIIIe siècle) et le Moyen Âge tardif (XIVe-XVe siècle).
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+ La dépopulation, la désurbanisation et les migrations de l'Antiquité tardive se poursuivent durant le haut Moyen Âge et les envahisseurs barbares fondent de nouveaux royaumes sur les territoires de l'ancien Empire romain d'Occident. La période est marquée par de profonds changements sociétaux et politiques ; la rupture avec l'Antiquité classique n'est cependant pas complète. La partie orientale de l'Empire romain survit aux bouleversements géopolitiques de la période et reste une puissance de premier plan sous le nom d'Empire byzantin. Il perd cependant une grande partie de ses territoires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord au profit des califats musulmans au VIIe siècle. À l'ouest, la plupart des royaumes incorporèrent de nombreuses institutions romaines, tandis que l'expansion du christianisme fut marquée par la construction de nombreux monastères. Sous la dynastie carolingienne, les Francs établissent un empire couvrant la plus grande partie de l'Occident chrétien au IXe siècle avant de décliner du fait des tensions internes et des attaques Vikings au nord, hongroises à l'est et sarrasines au sud.
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+ Après l'an mil, durant le Moyen Âge central, la population européenne augmente fortement grâce à des innovations techniques, qui permettent un accroissement des rendements agricoles. La société se réorganise selon les systèmes de la seigneurie, l'organisation des paysans en communautés cultivant la terre pour le compte des nobles, et de la féodalité, la structure politique par laquelle les chevaliers et la basse-noblesse servaient dans l'armée de leur suzerain en échange du droit d'exploiter leurs fiefs. Cette dernière institution connaît un déclin à la fin du Moyen Âge du fait des efforts de centralisation menés par les différents souverains dont l'autorité se renforce aux dépens de celle des seigneurs locaux. Les croisades, lancées pour la première fois au XIe siècle sont des expéditions militaires menées au nom de la foi catholique ; elles sont principalement destinées à prendre le contrôle de la Terre sainte aux musulmans, mais visent également les croyances jugées hérétiques en Europe. La vie intellectuelle est marquée par la scolastique cherchant à concilier la foi et la raison et par l'apparition d'universités dans les grandes villes. La philosophie de Thomas d'Aquin, les peintures de Giotto, la poésie de Dante et de Chaucer, les récits de Marco Polo et l'architecture des grandes cathédrales gothiques comme celle de Chartres sont parmi les plus grandes réalisations de cette période.
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9
+ Le Moyen Âge tardif est marqué par des famines, la peste noire et les guerres qui réduisent fortement la population de l'Europe occidentale tandis que l'Église catholique traverse de profondes crises théologiques. Les changements culturels et technologiques de la période transforment néanmoins la société européenne et ouvrent la voie à la Renaissance et à l'époque moderne.
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11
+ Le Moyen Âge est l'une des trois principales périodes historiques utilisées pour analyser l'histoire de l'Europe avec l'Antiquité et l'époque moderne[1]. Les auteurs médiévaux divisaient l'Histoire en périodes inspirées de la Bible comme les « six âges du monde » et considéraient que leur époque était la dernière avant la fin du monde[2]. Lorsqu'ils évoquaient la période dans laquelle ils vivaient, ils la qualifiaient de « moderne »[3]. Dans les années 1330, l'humaniste et poète Pétrarque qualifiait l'époque pré-chrétienne d'antiqua (« ancienne ») et la période chrétienne de nova (« nouvelle »)[4]. Le Florentin Leonardo Bruni fut le premier historien à utiliser un découpage en trois périodes dans son Historiarium Florentinarum de 1442 car il considérait que le développement de l'Italie l'avait fait changer d'époque par rapport à celle de Pétrarque[5]. L'expression de « Moyen Âge » apparut pour la première fois en latin en 1469 sous la forme de media tempestas (« saison intermédiaire ») dans l'avant-propos de l'Éloge de Nicolas de Cues par Giovanni Andrea Bussi[6] puis de medium ævum (« moyen âge ») en 1604[7]. La division en trois périodes de l'histoire fut popularisée au XVIIe siècle par Christoph Cellarius et est depuis devenue la norme[8].
12
+
13
+ La date admise le plus communément pour le point de départ du Moyen Âge est l'année 476, quand le dernier empereur romain d'Occident fut déposé, et celle-ci fut proposée pour la première fois par Bruni[5]. La fin du Moyen Âge est généralement située à la fin du XVe siècle mais selon le contexte, la date exacte peut varier. On peut par exemple citer la chute de Constantinople en 1453, le premier voyage de Christophe Colomb en 1492 ou le début de la Réforme protestante en 1517[9]. Les historiens français utilisent souvent la fin de la guerre de Cent Ans en 1453 pour marquer le terme de la période tandis qu'en Grande-Bretagne et en Espagne, c'est respectivement la bataille de Bosworth en 1485[10] et la prise de Grenade en 1492[11] qui sont plus fréquemment mentionnées. Ces dates symboliques ne marquent pas à elles seules un changement d'époque et l'historiographie contemporaine considère que la période de la Renaissance allant du début du XVe siècle au milieu du XVIe siècle marque la transition du Moyen Âge à l'époque moderne. De la même manière, il n'y eut pas de passage brutal de l'Antiquité au Moyen Âge mais un processus assez long appelé Antiquité tardive s'étendant de la fin du IIIe siècle au milieu du VIIe siècle. Une définition plus large est donnée par Jacques Le Goff, défenseur d'un « long Moyen âge » occidental qui s'étendrait du IVe siècle (l'installation du christianisme) au XVIIIe siècle (la révolution industrielle en Grande-Bretagne et la Révolution française), contestant l'idée que la Renaissance aurait mis fin à la culture médiévale[12],[13].
14
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15
+ Le Moyen Âge est lui-même subdivisé en trois parties : le haut Moyen Âge de la fin du Ve siècle à la fin du Xe siècle, le Moyen Âge central ou classique du début du XIe siècle à la fin du XIIIe siècle et le bas Moyen Âge ou Moyen Âge tardif du début du XIVe siècle à la fin du XVIe siècle[1].
16
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17
+ L'Empire romain atteignit son extension territoriale maximale au IIe siècle mais il perdit progressivement le contrôle de ses territoires frontaliers durant les deux siècles qui suivirent[14]. Les problèmes économiques et les pressions extérieures provoquèrent une grave crise politique au IIIe siècle durant laquelle les empereurs accédaient au pouvoir par la force et en étaient rapidement chassés[15]. Les dépenses militaires augmentèrent fortement notamment du fait des guerres contre les Sassanides en Orient[16]. La taille de l'armée doubla mais sa composition vit la disparition progressive de l'infanterie lourde au profit de la cavalerie et de l'infanterie légère tandis que les légions furent remplacés par des unités plus petites[17]. Cet accroissement des dépenses militaires entraîna une augmentation des impôts et un appauvrissement des classes inférieures comme les décurions[16].
18
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19
+ Pour faire face à ces difficultés, l'empereur Dioclétien (r. 284–305) décida en 286 de diviser administrativement l'Empire en deux moitiés, l'une orientale et l'autre occidentale qui furent à leur tour subdivisées en deux. Chacune de ces quatre régions possédait un empereur qui formaient la Tétrarchie. Malgré cette gouvernance quadruple, il ne s'agissait pas d'un éclatement de l'Empire et les zones correspondaient plus à des zones d'influence ou à des théâtres militaires qu'à des entités indépendantes[18]. Après une guerre civile, Constantin Ier (r. 306–337) réunifia l'Empire en 324 mais il fut contraint de réinstaurer une tétrarchie peu avant sa mort. Il décida de faire de Byzance qu'il renomma Constantinople la nouvelle capitale de l'Empire[19]. Grâce aux réformes de Dioclétien, la bureaucratie et la défense de l'Empire fut améliorée mais elles ne résolurent pas les problèmes structurels qu'il connaissait dont notamment une imposition excessive, une démographie déclinante et les agressions extérieures[20]. La situation politique resta instable tout au long du IVe siècle et l'affaiblissement de la défense des frontières causées par les luttes de pouvoir entre empereurs permit à des « tribus barbares » de s'implanter au sein de l'Empire[21]. La société romaine s'éloigna de plus en plus de ce qu'elle était durant la période classique (en) avec un écart grandissant entre riches et pauvres et un déclin des petites villes[22]. Une autre évolution importante de la période fut la conversion de l'Empire au christianisme qui devint religion officielle en 381[23]. Cette christianisation ne se fit pas sans difficultés et fut marquée par de nombreuses persécutions et l'opposition entre les différents courants théologiques[24].
20
+
21
+ En 376, les Ostrogoths, qui fuyaient l'avancée des Huns, furent autorisés par l'empereur Valens (r. 364–378) à s'installer dans la province romaine de Thrace dans les Balkans. La gestion par les Romains de leur implantation et de leur admission en tant que peuple fédéré fut calamiteuse et les Ostrogoths se mirent à piller la région[25]. Alors qu'il tentait de ramener l'ordre, Valens fut tué lors de la bataille d'Andrinople en 378 et les Ostrogoths s'implantèrent de manière autonome au sein de l'Empire[26]. En 400, les Wisigoths envahirent l'Empire d'Occident et pillèrent Rome en 410[27]. D'autres peuples firent de même et les « invasions barbares » virent la migration de nombreuses populations essentiellement germaniques dans toute l'Europe. Les Francs, les Alamans et les Burgondes s'installèrent dans le nord de la Gaule, les Angles, les Saxons et les Jutes s'implantèrent en Grande-Bretagne tandis que les Wisigoths et les Vandales fondèrent respectivement des royaumes en Hispanie et en Afrique du Nord[28],[29]. Ces mouvements de population étaient en partie causés par l'avancée vers l'ouest des Huns qui, menés par Attila (r. 434–453), pillèrent les Balkans en 442 et 447, la Gaule en 451 et l'Italie en 452[30]. Les Huns restèrent menaçants jusqu'en 453 quand l'Empire hunnique s'effondra à la mort de son chef[31]. Ces invasions bouleversèrent profondément la nature culturelle, politique et démographique de l'Empire romain d'Occident[29].
22
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23
+ Au Ve siècle, la partie occidentale de l'Empire se divisa en petites entités autonomes gouvernées par les tribus qui s'y étaient installés au début du siècle[32]. Les empereurs de cette période avaient généralement peu d'influence et la plus grande partie du pouvoir appartenait à des généraux d'origine barbare comme Stilicon (d. 408), Aspar (d. 471) ou Ricimer (d. 472). La déposition du dernier empereur romain d'Occident, Romulus Augustule par le chef ostrogoth Odoacre en 476, est traditionnellement utilisée pour marquer la fin de l'Empire romain d'Occident et par extension celle de l'Antiquité[33]. Même s'il survécut aux invasions barbares, l'Empire romain d'Orient, devenu Empire byzantin, fut fortement affecté et fut incapable de reprendre le contrôle des territoires perdus. Au VIe siècle, l'empereur Justinien (r. 527–565) parvint à reconquérir l'Afrique du Nord et la péninsule italienne mais ces territoires furent reperdus au siècle suivant[34].
24
+
25
+ La structure politique de l'Europe occidentale changea profondément avec la fin de l'Empire romain d'Occident. Même si les mouvements de populations durant cette période ont été qualifiés d'« invasions », il ne s'agissait pas d'expéditions militaires mais de migrations concernant des peuples entiers. Les structures romaines en Occident ne disparurent néanmoins pas brusquement car ces barbares ne représentaient que 5 % de la population d'Europe occidentale[35]. Le mélange des élites barbares et romaines notamment par le biais du christianisme donna naissance à une nouvelle société intégrant des éléments des deux cultures[36]. La disparition de la bureaucratie romaine entraîna cependant l'effondrement du système économique romain et la plupart des nouvelles entités politiques finançaient leurs armées de manière décentralisée par le biais de chefs locaux et du pillage plutôt que de manière centralisée par l'impôt. La pratique de l'esclavage déclina mais avec la ruralisation de la société, il fut remplacé par le servage[37].
26
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27
+ En Europe occidentale, de nouvelles entités apparurent dans les anciens territoires de l'Empire romain[38]. Les Ostrogoths menés par Théodoric (d. 526) s'installèrent en Italie à la fin du Ve siècle et créèrent un royaume caractérisé par une coopération entre Italiens et Ostrogoths du moins jusqu'à la fin du règne de Théodoric[39]. Le premier royaume burgonde fut détruit par les Huns en 436 et un nouveau fut fondé dans les années 440 dans l'actuel est de la France[40]. Dans le nord de la Gaule, les Francs formèrent plusieurs royaumes indépendants qui furent unifiés et christianisés par Clovis (r. 481–511)[41]. Dans les îles Britanniques, les Anglo-saxons s'installèrent aux côtés des Britto-romains mais l'actuelle Angleterre resta divisée en plusieurs royaumes formant l'Heptarchie. Au sud, les Wisigoths et les Suèves formèrent respectivement des royaumes dans l'est et l'ouest de la péninsule Ibérique tandis que les Vandales s'installèrent en Afrique du Nord[40]. Profitant du chaos causé par les attaques byzantines en Italie, les Lombards supplantèrent le royaume ostrogoth à la fin du VIe siècle[42]. Plus à l'est, des peuples slaves s'installèrent en Europe centrale et orientale dans les anciens territoires des tribus germaniques même si les circonstances de ces migrations restent en grande partie inconnues. Au niveau linguistique, le latin fut progressivement remplacé par des langues apparentées mais distinctes regroupées sous l'appellation de langues romanes tandis que le grec resta la langue dominante de l'Empire byzantin et que les Slaves apportèrent leurs propres langages en Europe de l'Est[43].
28
+
29
+ Alors que l'Europe occidentale se fragmentait en de multiples nouveaux royaumes, l'Empire romain d'Orient conserva globalement son intégrité territoriale et son économie resta dynamique jusqu'au début du VIIe siècle. La Perse étant également menacée par des peuples nomades venant d'Asie centrale, une paix relative exista une grande partie du Ve siècle entre les Byzantins et les Sassanides. Au niveau politique, l'influence de l'Église était bien plus forte dans l'Empire byzantin qu'en Europe occidentale et les questions doctrinales influençaient fréquemment les décisions des dirigeants. Le droit romain de tradition orale fut codifié par Théodose II (r. 408–450) en 438[44] et une autre compilation fut menée par Justinien sous la forme du Corpus Iuris Civilis en 529[45]. Justinien supervisa également la construction de la basilique Sainte-Sophie à Constantinople et son général Bélisaire (d. 565) reprit l'Afrique du Nord aux Vandales et l'Italie aux Ostrogoths[46],[47]. Cette reconquête ne fut pas complète car la détérioration de la situation économique causée par une épidémie de peste en 542 l'empêcha de mener de nouvelles offensives jusqu'à la fin de son règne[46]. À sa mort, les Byzantins avaient repris le contrôle d'une grande partie de l'Italie, de l'Afrique du Nord et du sud de l'Espagne. Les historiens ont cependant critiqué les conquêtes de Justinien qui épuisèrent les finances de l'Empire et le rendirent probablement trop étendu pour être défendu efficacement ; l'Italie fut ainsi envahie par les Lombards quelques années plus tard et tous les autres territoires furent perdus dans la première moitié du VIIe siècle[48].
30
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31
+ L'Empire byzantin fut également menacé par l'installation des Slaves dans les provinces de Thrace et d'Illyrie au milieu du Ve siècle tandis que dans les années 560, les Avars turcophones migrèrent jusqu'au nord du Danube. À la fin du siècle, ces derniers étaient devenus la puissance dominante en Europe orientale et les empereurs byzantins devaient régulièrement payer des tributs pour éviter leurs attaques. Ils restèrent une menace jusqu'à la fin du VIIIe siècle et l'arrivée des tribus hongroises dans le bassin du Danube[49]. L'empereur Maurice (r. 582–602) parvint à stabiliser la situation en Europe mais les Sassanides de Khosro II (r. 590–628) profitèrent de l'instabilité causée par son renversement pour envahir l'Égypte, le Levant et une partie de l'Asie mineure. L'empereur Héraclius (r. 610–641) organisa une contre-attaque victorieuse avec notamment l'appui d'auxiliaires turcs dans les années 620 et il parvint à récupérer tous les territoires perdus en 628[50].
32
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33
+ En Europe occidentale, le système éducatif romain (en) essentiellement oral disparut et si le degré d'alphabétisation resta élevé chez les élites, savoir lire devint plus une compétence pratique qu'un signe de statut social. La littérature de l'époque devint majoritairement d'inspiration chrétienne et au IVe siècle, Jérôme de Stridon (d. 420), l'un des Pères de l'Église, rêva que Dieu lui reprochait de plus lire Cicéron que la Bible[51]. Les textes classiques continuèrent néanmoins d'être étudiés et certains auteurs comme Augustin d'Hippone (d. 430), Sidoine Apollinaire (d. 486) et Boèce (d. 524) devinrent des références durant tout le Moyen Âge et jusqu'à nos jours[52]. La culture aristocratique délaissa les études littéraires, tandis que les liens familiaux et les valeurs de loyauté, de courage et d'honneur conservèrent une place importante. Ces liens pouvaient mener à des conflits au sein de la noblesse qui pouvaient être réglés par les armes ou par l'argent[53].
34
+
35
+ En raison du faible nombre de documents écrits sur le monde paysan avant le IXe siècle, la vie des classes inférieures est bien moins connue que celle de la noblesse et la plupart des informations est issue de l'archéologie ou des textes juridiques et des écrivains des classes supérieures[54]. L'organisation foncière n'était pas uniforme en Europe occidentale et certaines régions étaient fragmentées en de nombreuses propriétés tandis que dans d'autres, les grandes exploitations étaient la norme. Ces différences créèrent une grande variété de sociétés rurales et cela influa sur les relations de pouvoir ; certaines communautés étaient dominées par l'aristocratie tandis que d'autres disposaient d'une large autonomie[55]. La population rurale n'était pas non plus répartie de manière uniforme et des villages de plusieurs centaines d'habitants pouvaient cohabiter avec des fermes isolées dispersées dans toute la campagne[56]. La société du Haut Moyen Âge était moins figée qu'à la fin de l'Empire romain et via le service militaire auprès d'un seigneur local, une famille de paysans libres pouvait accéder à l'aristocratie en quelques générations[57].
36
+
37
+ La fin de l'Empire romain et le début du haut Moyen Âge virent une diminution importante de la population et la taille des villes se réduisit fortement. Rome passa ainsi de près d'un million d'habitants au IIIe siècle à environ 30 000 à la fin du VIe siècle. Les temples romains furent convertis en églises chrétiennes tandis que d'autres constructions et monuments furent utilisés comme sources de matériaux de construction. L'apparition de nouveaux royaumes entraîna à l'inverse une croissance démographique dans les villes choisies comme capitales[58]. Les migrations et les invasions de l'Antiquité tardive bouleversèrent les réseaux commerciaux établis par les Romains autour de la Méditerranée. Les produits importés furent donc remplacés par des productions locales en particulier pour les régions éloignées de la Méditerranée comme la Gaule et la Grande-Bretagne et seuls les produits de luxe continuèrent à être transportés sur de longues distances[59].
38
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+ L'Empire byzantin et la Perse connurent un grand foisonnement religieux au VIe siècle. En plus du christianisme et de ses nombreux courants idéologiques, le judaïsme et le zoroastrisme étaient également influents, tandis que des cultes polythéistes existaient dans la péninsule arabique. Dans les années 610 et 620, Mahomet fonda une nouvelle religion, l'islam, et unifia les tribus arabes[60]. Profitant du chaos provoqué par la guerre entre l'Empire byzantin et la Perse, les Arabes annexèrent les seconds entre 637 et 642 et chassèrent les premiers du Levant en 634-635 et de l'Égypte (en) en 640-641. Ils envahirent également l'Afrique du Nord à la fin du VIIe siècle et la péninsule ibérique qu'ils appelèrent Al-Andalus dans les années 710[61],[62].
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+ L'expansion musulmane en Europe cessa au milieu du VIIIe siècle avec l'échec du siège de Constantinople en 718 et la défaite face aux Francs à Poitiers en 732. Une autre raison de cet arrêt fut l'effondrement de la dynastie des Omeyyades en 750 et son remplacement par les Abbassides. Ces derniers installèrent leur capitale à Bagdad et se préoccupèrent plus du Moyen-Orient que de l'Europe. Le monde musulman était également traversé par des tensions internes et les Abbassides perdirent le contrôle de l'Espagne au profit de l'émirat de Cordoue tandis que l'Afrique du Nord et l'Égypte devinrent respectivement gouvernées par les Aghlabides et les Toulounides[63].
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+ Le christianisme était un important facteur d'unité entre l'est et l'ouest de l'Europe mais la conquête arabe de l'Afrique du Nord rompit les liens maritimes entre les deux régions. Des différences théologiques et politiques émergèrent alors et au milieu du VIIIe siècle, les divergences concernant l'iconoclasme, le célibat des prêtres, le contrôle étatique de l'Église et la liturgie (en grec à l'est et latin à l'ouest) devinrent particulièrement profondes[64]. La rupture fut officialisée en 1054 lorsque le pape Léon IX et le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire s'excommunièrent mutuellement après des affrontements au sujet de la suprématie pontificale et de questions d'ordre théologiques et liturgiques. La Chrétienté fut ainsi divisée en deux avec une branche occidentale qui devint l'Église catholique et une branche orientale qui forma l'Église orthodoxe[65].
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+ La structure ecclésiastique apparue sous l'Empire romain resta globalement inchangée malgré les bouleversements de l'Antiquité tardive mais la Papauté avait peu d'influence et peu d'évêques suivaient son autorité religieuse ou politique. Avant 750, les papes se préoccupaient essentiellement des controverses théologiques avec les Byzantins et sur les 850 lettres du pape Grégoire Ier (pape 590-604) qui nous sont parvenues, la vaste majorité concernait les affaires en Italie et à Constantinople. La christianisation de l'Europe occidentale, déjà bien avancée à la fin de l'Empire romain, se poursuivit et des missions furent notamment envoyées en Grande-Bretagne en 597 pour évangéliser les Anglo-Saxons[66]. Les moines irlandais (en) comme Colomban (d. 615) furent particulièrement actifs entre les VIe et VIIIe siècles et ils fondèrent des missions en Angleterre puis dans l'actuelle Allemagne[67].
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+ Le haut Moyen Âge vit l'émergence du monachisme en Europe occidentale dont le concept avait été développé par les Pères du désert d'Égypte et de Syrie. Les moines vivaient généralement de façon autonome et se concentraient sur la vie spirituelle en appliquant les enseignements cénobitiques développés par Pacôme le Grand (d. 348) au IVe siècle. Les idéaux monastiques se répandirent en Europe occidentale grâce aux hagiographies comme la Vie d'Antoine[68]. Au VIe siècle, Benoît de Nursie (d. 547) rédigea la règle de saint Benoît qui détaillait les responsabilités administratives et spirituelles d'une communauté de moines dirigée par un abbé[69]. Les moines et les monastères eurent un impact considérable sur la vie politique et religieuse et servaient de gestionnaires pour les biens de la noblesse, de centres de propagande et de soutien au pouvoir royal dans les régions conquises et de bases pour l'évangélisation[70]. Ils étaient les principaux et parfois les seuls centres intellectuels d'une région et la plupart des textes antiques qui nous sont parvenus ont été copiés dans des monastères durant le haut Moyen Âge[71]. Les moines comme Bède (d. 735) furent également les auteurs de nouveaux travaux en histoire, en théologie et dans d'autres domaines[72]. Tout au long du Moyen Âge, les moines ne représentèrent cependant qu'une très faible proportion de la population, en moyenne moins de 1 %[73].
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+ En Grande-Bretagne, les descendants des envahisseurs anglo-saxons fondèrent les royaumes rivaux de Northumbrie, de Mercie, de Wessex, et d'Est-Anglie durant l'Heptarchie, tandis que des entités plus petites en Écosse et dans le Pays de Galles restaient sous le contrôle des Bretons et des Pictes natifs de l'archipel[74]. Le paysage politique irlandais était encore plus fragmenté avec près de 150 rois locaux d'autorité variable[75]. Durant les VIe et VIIe siècles, le royaume franc dans le nord de la Gaule se désintégra en plusieurs royaumes, l'Austrasie, la Neustrie et la Bourgogne gouvernés par des membres de la dynastie mérovingienne descendant de Clovis. Les deux premiers furent fréquemment en guerre durant le VIIe siècle[76] et ces affrontements furent exploités par Pépin de Landen (d. 640), le maire du palais d'Austrasie, qui devint le principal conseiller du roi. Ses descendants devinrent à leur tour rois ou servirent comme régents ou conseillers. L'un d'eux, Charles Martel (d. 741), mit un terme aux incursions musulmanes au nord des Pyrénées après la bataille de Poitiers en 732[77].
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+ Les successeurs de Charles Martel, formant la dynastie carolingienne prirent le contrôle des royaumes d'Austrasie et de Neustrie lors d'un coup d'État organisé en 753 par Pépin III (r. 752–768). Cette accession au pouvoir fut accompagnée d'une propagande représentant les Mérovingiens comme des souverains incapables et cruels et qui vantait les exploits de Charles Martel et la grande piété de sa famille. Comme cela était la tradition à l'époque, le royaume de Pépin III fut partagé à sa mort entre ses deux fils Charles (r. 768–814) et Carloman (r. 768–771). Quand ce dernier mourut de causes naturelles, son frère profita de la situation pour réunifier les possessions de son père. Charles, généralement appelé Charles le Grand ou Charlemagne, entreprit une politique d'expansion agressive qui permit d'unifier une grande partie de l'Europe occidentale au sein de l'Empire carolingien s'étendant sur la majeure partie de l'actuelle France, du nord de l'Italie et de l'ouest de l'Allemagne moderne.
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+ Sa cour à Aix la Chapelle fut le centre d'un renouveau culturel appelé Renaissance carolingienne qui vit un épanouissement des arts et de la culture. Au niveau linguistique, le latin classique utilisé depuis l'Empire romain évolua vers une forme plus adaptée aux besoins de l'administration et du clergé qui fut appelée latin médiéval[78]. La minuscule caroline apparut également pour remplacer l'onciale romaine ; plus ronde, elle facilitait la lecture et se diffusa rapidement dans toute l'Europe[79]. Charlemagne encouragea des évolutions de la liturgie grâce à Benoît d'Aniane en imposant les pratiques romaines et le chant grégorien dans les églises[80].
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+ En 774, Charlemagne battit les Lombards et la fin de cette menace marqua le début des États pontificaux qui existèrent jusqu'à l'unification italienne au XIXe siècle. Son couronnement comme empereur d'Occident par le pape le jour de Noël de l'année 800 fut considéré comme une renaissance de l'Empire romain d'Occident[81] tandis que ce nouveau titre permettait à Charlemagne de se placer au même niveau que l'empereur byzantin[82]. L'Empire carolingien restait cependant très décentralisé et l'administration impériale était composée d'une cour itinérante tandis que le territoire était subdivisés en centaines de comtés. Les activités des fonctionnaires locaux étaient contrôlées par des représentants impériaux appelés missi dominici (« envoyés du seigneur »)[83]. La société restait très rurale et ne comptait que quelques villes tandis que le faible commerce était limité aux îles britanniques et à la Scandinavie[81].
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+ Juste avant de mourir, Charlemagne couronna empereur son unique fils Louis Ier (r. 814–840) mais son règne fut marqué par les luttes de pouvoir entre ses fils. Avant sa mort, il divisa l'Empire entre son fils aîné Lothaire (d. 855) qui obtint la Francie orientale située à l'est du Rhin et son plus jeune fils, Charles (d. 877) qui reçut la Francie occidentale, tandis qu'un troisième fils, Louis (d. 876), fut autorisé à régner sur la Bavière sous la suzeraineté de Charles. Le partage fut contesté après la mort de Louis Ier et au terme d'une guerre civile de trois ans, les frères s'accordèrent sur le traité de Verdun[84]. Charles obtint les territoires occidentaux correspondant à une grande partie de la France actuelle, Louis reçut la Bavière et les territoires orientaux de l'Empire aujourd'hui situés en Allemagne tandis que Lothaire conserva son titre d'empereur et régna sur la Francie médiane située entre les possessions de ses deux frères[84]. Ces royaumes furent à leur tour divisés et toute cohésion interne disparut[85]. La dynastie carolingienne s'éteignit en Francie orientale en 911 avec la mort de Louis IV en 911[86] et le choix de Conrad Ier sans lien de parenté[87]. Elle perdura plus longtemps en Francie occidentale mais fut finalement remplacée en 987 par la dynastie capétienne avec le couronnement de Hugues Capet (r. 987–996).
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+ La désintégration de l'Empire carolingien s'accompagna de nouvelles vagues de migrations. Les Vikings originaires de Scandinavie pillèrent les côtes britanniques et continentales de la mer du Nord et s'y installèrent au début du IXe siècle. En 911, le chef viking Rollon (d. c. 931) fut autorisé par le roi franc Charles III (r. 898–922) à s'installer dans ce qui devint la Normandie[88]. Depuis cette base, les Normands lancèrent des expéditions militaires notamment en Angleterre avec Guillaume le Conquérant (d. 1087) et jusque dans le sud de l'Italie avec Robert Guiscard (d. 1085)[89]. À l'est, les frontières des royaumes francs furent la cible de nombreuses attaques hongroises jusqu'à ce que ces derniers ne soient battus à la bataille du Lechfeld en 955 et se sédentarisent dans la plaine de Pannonie[90].
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+ Les actions des dirigeants locaux pour faire face à ces invasions entraînèrent la formation de nouvelles entités politiques. En Angleterre anglo-saxonne, le roi Alfred le Grand (r. 871–899) négocia avec les envahisseurs vikings le partage du territoire et céda une bonne partie du nord et de l'est de l'Angleterre[91]. Au milieu du Xe siècle, ses successeurs reprirent certains territoires et restaurèrent la domination anglaise sur le sud de la Grande-Bretagne[92]. Plus au nord, Kenneth MacAlpin (d. c. 860) rassembla les Pictes et les Écossais au sein du royaume d'Alba[93]. Au début du Xe siècle, la dynastie ottonienne s'imposa dans le royaume de Germanie qui avait succédé à la Francie orientale et combattait les Hongrois. Otton Ier (r. 936–973) renforça son pouvoir et en 962, il fut couronné empereur du Saint-Empire romain germanique[94]. En Espagne, les chrétiens qui avaient été repoussés au nord de la péninsule par l'expansion musulmane s'étendirent progressivement vers le sud aux IXe et Xe siècles et fondèrent les royaumes de León et de Navarre[95].
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+ Les activités des missionnaires en Scandinavie aux IXe et Xe siècles facilitèrent l'émergence de royaumes comme la Suède, le Danemark et la Norvège. En plus de l'Angleterre et de la Normandie, les Vikings s'installèrent en Islande et dans ce qui devint la Russie. Dans cette région, ils développèrent un important réseau commercial en s'appuyant sur le réseau fluvial de la région et ils tentèrent même de prendre Constantinople en 860 et 907[96]. Malgré ces attaques, la situation de l'Empire byzantin, ébranlée par les attaques musulmanes, s'améliora durant les règnes des empereurs Léon VI (r. 886–912) et Constantin VII (r. 913–959) de la dynastie macédonienne. Le commerce fut relancé et les réformes de l'administration et de l'armée permirent à l'empereur Basile II (r. 976–1025) de progresser sur tous les fronts. La cour impériale fut le centre d'une renaissance culturelle avec des auteurs comme Jean Géomètre (d. c. 1000)[97]. Les missionnaires venant à la fois de l'ouest et de l'est convertirent les Moraves, les Bulgares, les Polonais, les Hongrois et les slaves de la Rus' de Kiev et ces conversions contribuèrent à la formation de nouveaux États sur les terres de ces peuples comme la Moravie, la Bulgarie, la Pologne ou la Hongrie[98].
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+ Peu de grands bâtiments en pierre furent construits entre les IVe et VIIIe siècles mais l'Empire carolingien raviva le concept de basilique[99] dont la principale caractéristique était la présence d'un transept[100] perpendiculaire à la nef[101]. Elles comportaient également une tour-lanterne au-dessus de la croisée du transept et une façade monumentale généralement située à l'extrémité ouest du bâtiment[102]. La cour de Charlemagne semble avoir été responsable de l'introduction des sculptures monumentales dans l'art chrétien[103] et à la fin du haut Moyen Âge, les représentations humaines presque grandeur nature comme la croix de Gero s'étaient répandues dans les plus grandes églises[104].
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+ L'art carolingien était destiné à un petit groupe de personnes appartenant à la cour ainsi qu'aux monastères et aux églises qu'elle soutenait. La volonté carolingienne était de retrouver les formes et la splendeur de l'art romain et byzantin, tandis que l'art anglo-saxon cherchait à associer les formes et les motifs celtiques avec ceux venant de la Méditerranée. Les œuvres religieuses du haut Moyen Âge qui nous sont parvenues sont essentiellement des manuscrits enluminés et des ivoires utilisés dans des pièces d'orfèvrerie qui ont depuis été fondues[105],[106]. Les objets en métaux précieux étaient les plus prestigieux mais ils ont presque tous été perdus hormis quelques croix comme la croix de Lothaire et des reliquaires. D'autres ont été retrouvés lors de découvertes archéologiques médiévales comme les trésors de Sutton Hoo en Angleterre anglo-saxonne, de Gourdon en France mérovingienne, de Guarrazar en Espagne wisigothique et de Nagyszentmiklós en Roumanie près du territoire byzantin[107]. De nombreux livres enluminés nous sont parvenus comme le Livre de Kells et les Évangiles de Lindisfarne anglo-saxons ou le Codex Aureus de Saint-Emmeran carolingien qui est l'un des rares à avoir conservé sa première de couverture en or et incrustée de pierres précieuses[108].
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+ Durant le Bas-Empire, les Romains cherchèrent à développer une force de cavalerie efficace et la création d'unités de cataphractaires lourdement protégés d'inspiration orientale fut une des solutions proposées. Cependant, en l'absence d'étrier, qui ne fut introduit en Europe que vers le VIIIe siècle, l'efficacité de la cavalerie en tant qu'unité de choc était limitée car il n'était pas possible de transférer toute l'énergie du cavalier et de sa monture dans les coups portés sans risquer d'être désarçonné[109]. La cavalerie était donc essentiellement légère et était souvent composée d'archers équipés de puissants arcs composites[110]. La composition des armées barbares n'était pas uniforme et certaines tribus comme les Anglo-Saxons étaient majoritairement composées de fantassins tandis que les Wisigoths et les Vandales intégraient une plus grande proportion de cavaliers[111]. L'importance de l'infanterie et de la cavalerie légère commença à décliner au début de la période carolingienne du fait de la domination croissante de la cavalerie lourde grâce à l'utilisation des étriers. Une autre avancée technologique qui eut des implications au-delà du domaine militaire fut le fer à cheval qui permit aux chevaux d'être utilisés sur tous les types de terrains[112]. L'art de la guerre fut également marqué par l'évolution de la spatha romaine qui s'allongea et s'affina pour donner naissance à l'épée médiévale[113] tandis que l'armure d'écailles (en) fut progressivement remplacée par la cotte de mailles et l'armure lamellaire (en) plus flexibles[114]. L'emploi de milices levées parmi la population déclina durant la période carolingienne avec une plus grande professionnalisation de l'armée[115]. Une exception fut l'Angleterre anglo-saxonne où les armées restaient composées de levées régionales appelées fyrds commandés par les élites locales[116].
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+ Le Moyen Âge dit « classique » ou « central », qui s'étend aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, est la période comprise entre le « Haut Moyen Âge » et le « Bas Moyen Âge ».
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73
+ Cette époque est marquée par une augmentation rapide de la population en Europe, entraînant des changements sociaux et politiques considérables, profitant à l'économie européenne à partir de 1250.
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+ La crise de la fin du Moyen Âge et la pandémie de peste noire marquent la fin du Moyen Âge classique et voient la stagnation de l'économie ainsi que le déclenchement de plusieurs guerres (dont la guerre de Cent Ans). C'est ce que l'on appelle la « grande dépression médiévale » théorisée par Guy Bois qui marque le début de l'entrée dans le Moyen Âge tardif par opposition avec la Renaissance.
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+ Le Moyen Âge central vit une forte croissance démographique. Les historiens estiment que la population européenne passa de 35 à 80 millions entre 1000 et 1347 et suggèrent que cela fut lié à l'amélioration des techniques agricoles, à un climat plus favorable, à l'accroissement des surfaces cultivées grâce aux défrichements et à l'absence d'invasions[117],[118],[119]. Plus de 90 % de la population restait composée de paysans et ces derniers se regroupèrent dans des petites communautés appelées seigneuries[118]. Ils étaient souvent assujettis à des nobles à qui ils devaient des services et un loyer en échange du droit de cultiver la terre. Le nombre de paysans libres était faible et ils étaient comparativement plus nombreux au sud qu'au nord de l'Europe[120].
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+ Les nobles, ceux portant des titres et les simples chevaliers, exploitaient les seigneuries et les paysans ; ces terrains ne leur appartenaient cependant pas entièrement et un suzerain les autorisaient à les utiliser via le système féodal. Durant les XIe et XIIe siècles, ces terres ou fiefs devinrent héréditaires et ne furent plus divisés entre tous les héritiers du propriétaire comme cela était le cas pendant le haut Moyen Âge mais étaient intégralement transmis au fils aîné[121],[122]. La domination de la noblesse reposait sur son contrôle de la terre et des châteaux, son service militaire dans la cavalerie lourde et sur diverses protections et exemptions fiscales[123]. Les châteaux forts, initialement construits en bois puis en pierre, commencèrent à être construits aux IXe et Xe siècles en réponse aux désordres de la période et offraient une protection contre les envahisseurs et les seigneurs rivaux. Ces fortifications étaient l'un des facteurs du maintien du système féodal car elles garantissaient une certaine autonomie des seigneurs face aux rois et aux autres suzerains[123]. La noblesse était subdivisée en plusieurs strates. Les rois et la haute-noblesse contrôlaient de vastes domaines et avaient autorité sur d'autres nobles. Cette basse-noblesse avait moins d'influence et possédait de plus petites propriétés avec moins de serfs. En dessous, les chevaliers était la classe inférieure de la noblesse car ils ne pouvaient pas posséder de terres et devaient servir d'autres nobles[124] ; certains, comme les ministériels étaient techniquement des serfs avec le statut de chevalier[125].
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+ Le clergé était également divisé et était composé du clergé séculier vivant au milieu des laïcs et du clergé régulier, qui suivait une règle religieuse comme les moines[126]. La plupart des membres du clergé régulier était issue de la noblesse qui fournissait également le haut de la hiérarchie du clergé séculier. À l'inverse, les prêtres des paroisses avaient généralement une ascendance paysanne[127]. Les citadins se trouvaient dans une position intermédiaire car ils ne s'intégraient pas à la division traditionnelle de la société en trois ordres à savoir la noblesse, le clergé et la paysannerie. Poussée par la croissance démographique, la population urbaine augmenta fortement aux XIIe et XIIIe siècles[128] même si elle ne dépassa probablement pas les 10 % de la population totale[129].
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+ Durant le haut Moyen Âge, les juifs habitaient principalement en Espagne et des communautés apparurent en Allemagne et en Angleterre aux XIe et XIIe siècles. Les juifs disposaient d'une relative protection en Espagne musulmane, tandis que dans le reste de l'Europe, ils subissaient des pressions pour les contraindre à se convertir au christianisme et étaient parfois victimes de pogrom comme lors de la Première croisade[130]. La majorité était confinée dans les villes car ils n'avaient pas le droit de posséder des terres et de nombreuses professions marchandes leur furent progressivement interdites[131]. En plus des juifs, d'autres minorités religieuses existaient aux marges de l'Europe, comme les païens à l'est ou les musulmans au sud[132].
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+ Au Moyen Âge, les femmes étaient officiellement subordonnées à un homme pouvant être leur père, leur époux ou un autre membre de la famille. Les veuves, qui avaient généralement une plus grande autonomie, devaient également faire face à des restrictions. Les activités féminines se limitaient habituellement aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants. À la campagne, elles participaient aux moissons, à l'élevage des animaux et pouvaient obtenir des revenus supplémentaires en filant ou en brassant chez elles[133]. Les citadines devaient aussi s'occuper du foyer mais elles pouvaient également avoir une activité marchande, même si ces opportunités étaient variables selon les régions et les périodes[134]. Les femmes de la noblesse avaient souvent la possibilité de déléguer leurs tâches à des domestiques et pouvaient gérer les domaines et les affaires courantes en l'absence d'un proche mâle mais elles étaient communément exclues des questions militaires ou gouvernementales. Le seul rôle ouvert aux femmes dans l'Église était celui de nonne car il leur était interdit de devenir prêtre[133].
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+ En Italie et dans les Flandres, la croissance des villes qui disposaient d'une relative autonomie stimula la croissance économique et favorisa l'émergence de nouvelles formes commerciales. Les villes marchandes autour de la mer Baltique se rapprochèrent pour former une ligue commerciale appelée Hanse, tandis que les républiques maritimes italiennes comme Venise, Gênes et Pise s'affrontèrent pour le contrôle du commerce en Méditerranéenne[135]. Des grandes foires furent créées notamment dans le Nord de la France pour permettre les échanges entre marchands venant de toute l'Europe[136]. L'accroissement du commerce donna naissance à de nouvelles techniques financières visant à faciliter les échanges comme la comptabilité en partie double et les lettres de crédit, tandis que la frappe de l'or reprit en Italie puis dans les autres pays[137].
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+ Le Moyen Âge central vit la formation des actuels États d'Europe occidentale. Les rois de France, d'Angleterre et d'Espagne renforcèrent leur pouvoir et instaurèrent des institutions durables[138]. De nouveaux royaumes tels que la Hongrie et la Pologne devinrent les puissances dominantes en Europe centrale après leur conversion au christianisme[139]. Après avoir été longtemps attachée à l'indépendance par rapport aux souverains laïcs, la Papauté revendiqua une autorité temporelle sur l'ensemble du monde chrétien ; cette monarchie papale atteignit son apogée au XIIIe siècle sous le pontificat d'Innocent III (pape 1198-1216)[140].
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+ Au début de la période, l'Allemagne était gouvernée par la dynastie ottonienne qui s'opposait à de puissants ducs comme ceux de Saxe ou de Bavière, dont les territoires remontaient à l'Antiquité tardive. En 1024, celle-ci fut remplacée par la dynastie franconienne et l'un de ses membres, l'empereur Henri IV (r. 1084–1105), affronta la Papauté au sujet de la nomination des évêques lors de la querelle des Investitures[141]. Ses successeurs continuèrent à se battre contre Rome et la noblesse allemande et une période d'instabilité suivit la mort sans héritiers d'Henri V (r. 1111–1125) jusqu'à ce que Frédéric Barberousse devienne empereur (r. 1155–1190)[142]. Même s'il gouverna efficacement, les problèmes fondamentaux perdurèrent et continuèrent d'affecter ses successeurs[143] comme son petit-fils Frédéric II (r. 1220–1250), qui fut excommunié à deux reprises[144]. À l'est, le milieu du XIIIe siècle fut marqué par les conquêtes mongoles, dont les troupes écrasèrent les armées polonaises, hongroises et germaniques lors des batailles de Legnica et de Mohi en 1241. Préoccupé par leur crise de succession, les Mongols se replièrent, même s'ils réalisèrent d'autres attaques jusqu'à la fin du siècle. De leur côté, les principautés russes devinrent des vassaux (en) des Mongols puis de la Horde d'or, à qui ils devaient des tributs[145].
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+ Au début de la dynastie capétienne, le roi de France ne contrôlait réellement que quelques territoires en Île-de-France mais son autorité s'élargit tout au long des XIe et XIIe siècles[146]. Parmi les seigneurs les plus puissants figuraient les ducs de Normandie ; l'un d'eux, Guillaume le Conquérant (r. 1035–1087) conquit l'Angleterre et créa un empire avec des possessions des deux côtés de la Manche, qui dura sous diverses formes jusqu'à la fin du Moyen Âge[147],[148]. Les rois d'Angleterre Henri II (r. 1154–1189) et Richard Ier (r. 1189–1199) appartenant à la dynastie Plantagenêt régnaient ainsi sur l'Angleterre et sur une grande partie du sud-ouest de la France grâce au mariage du premier avec Aliénor d'Aquitaine (d. 1204)[149] ; ces territoires formaient l'Empire angevin[150],[151]. En 1204, le frère cadet de Richard Ier, Jean (r. 1199–1216), perdit la Normandie et les possessions anglaises du nord de la France lors d'une guerre avec le roi de France Philippe (r. 1180–1223). Cela causa des tensions au sein de la noblesse anglaise et les impôts exigés par Jean pour financer la reconquête des territoires perdus menèrent à la signature de la Magna Carta garantissant les droits et les privilèges des hommes libres en Angleterre. Son fils Henri III (r. 1216–1272) fut contraint à de nouvelles concessions qui limitèrent l'autorité royale[152]. À l'inverse, les rois de France continuèrent de réduire l'influence des nobles, intégrèrent de nouveaux territoires au domaine royal et centralisèrent l'administration[153]. Sous Louis IX (r. 1226–1270), le prestige royal atteignit de nouveaux sommets alors que le roi servait de médiateur pour les disputes dans toute l'Europe[154] ; il fut d'ailleurs canonisé par le pape Boniface VIII en 1297 (pape 1294-1303)[155]. En Écosse, les tentatives d'invasions anglaises provoquèrent une série de guerres dans la première moitié du XIVe siècle qui permirent au royaume de conserver son indépendance[156].
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+ En Espagne, les royaumes chrétiens qui avaient été confinés au nord-ouest de la péninsule commencèrent à repousser l'influence musulmane vers le sud lors de ce qui fut appelé la Reconquista[157]. Vers 1150, le nord chrétien s'était réorganisé en cinq grands royaumes : León, Castille, Aragon, Navarre et Portugal[158]. Le sud musulman, initialement uni au sein du califat de Cordoue, se fragmenta dans les années 1030 en de nombreux royaumes indépendants appelés taïfas[157] jusqu'à ce que les Almohades ne restaurent un pouvoir central dans les années 1170[159]. Les forces chrétiennes continuèrent de progresser et elles prirent Séville en 1248[160].
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+ Au XIe siècle, les Turcs seldjoukides originaires d'Asie centrale envahirent une grande partie du Moyen-Orient en occupant la Perse dans les années 1040 ainsi que l'Arménie et le Levant dans les décennies qui suivirent. En 1071, l'armée turque écrasa les forces byzantines à la bataille de Manzikert et captura l'empereur Romain IV (r. 1068–1071). Cette défaite eut d'importantes conséquences pour l'Empire Byzantin qui perdit certaines de ses provinces les plus peuplées et les plus prospères et fut contraint à la défensive. Les Turcs subirent également des revers avec une série de guerres civiles et la prise de Jérusalem par les Fatimides d'Égypte en 1098[161].
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+ La volonté de reprendre les Lieux Saints aux musulmans et les demandes d'aides de l'empereur byzantin Alexis Ier (r. 1081–1118) motivèrent le lancement de la Première croisade par le pape Urbain II (pape 1088-1099) lors du concile de Clermont en 1095. Le pape promit d'accorder des indulgences à tous ceux qui participeraient, et des dizaines de milliers de personnes venant de toutes les couches sociales et de toute l'Europe se mirent en route vers la Terre sainte[162]. Jérusalem fut prise en 1099 et les croisés consolidèrent leurs conquêtes en fondant les États latins d'Orient mais la cohabitation avec les voisins musulmans fut difficile et dégénéra régulièrement en conflits. De nouvelles croisades furent donc lancées par la Papauté pour les soutenir[162], comme la Troisième destinée à reprendre Jérusalem capturée par Saladin (d. 1193) en 1187[163].
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+ La Quatrième Croisade porta un coup sévère à ce mouvement et affaiblit la Papauté. Les armateurs vénitiens transportant les croisés détournèrent l'expédition vers Constantinople et la prise de la ville en 1204 entraîna la création d'un Empire latin de Constantinople[164]. L'Empire byzantin fut gravement affecté et même s'il reprit la ville en 1261, il ne se releva jamais complètement de cette attaque[165]. Les croisades suivantes furent toutes de plus faible envergure et menées à l'initiative de monarques individuels comme Louis IX de France pendant les Septième et Huitième croisades. Elles furent incapables d'enrayer l'isolement des États croisés, qui furent tous repris par les musulmans en 1291[166].
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+ L'une des conséquences des croisades fut l'apparition d'ordres militaires comme les Templiers et les Hospitaliers, qui associaient la vie monastique avec le service militaire[167]. Les croisades espagnoles s'intégrèrent dans le mouvement de la Reconquista avec la formation de nouveaux ordres militaires comme ceux de Calatrava et de Santiago[168]. Les croisades ne furent pas uniquement lancées en direction du Proche-Orient et certaines visèrent les cultes jugés hérétiques par l'Église catholique comme le catharisme actif dans le sud de la France au XIIIe siècle ou le hussitisme en Bohême au XVe siècle[162]. Des expéditions appelées croisades baltes furent également menées contre les païens d'Europe orientale. Les Chevaliers Porte-Glaive étaient actifs dans les actuels États baltes dès le début du XIIIe siècle et ils furent intégrés à l'Ordre Teutonique. Initialement fondé dans les États croisés, ce dernier concentra ses activités dans la région de la Baltique et créa une théocratie avec son siège à Marienbourg en Prusse aux dépens de la Pologne et de la Lituanie[169].
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+ Au XIe siècle, les développements philosophiques et théologiques entraînèrent une grande activité intellectuelle. Les débats opposaient ainsi les réalistes et les nominalistes sur le concept d'universaux. Les échanges philosophiques furent également stimulés par la redécouverte des travaux d'Aristote sur l'empirisme et le rationalisme, et des universitaires comme Pierre Abélard (d. 1142) et Pierre Lombard (d. 1164) introduisirent la logique aristotélicienne dans la théologie. Le début du XIIe siècle vit l'émergence des écoles de cathédrales dans toute l'Europe occidentale et le transfert des lieux de savoir des monastères vers les villes[170]. Ces écoles furent à leur tour supplantées par les universités qui furent créées dans les grandes villes européennes[171]. L'association de la philosophie et de la théologie donna naissance à la scolastique visant à concilier la théologie chrétienne avec la philosophie antique[172] et qui culmina dans les travaux de Thomas d'Aquin (d. 1274) et de sa Summa Theologica[173].
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+ La culture de la noblesse fut marquée par le développement des idéaux chevaleresques et de l'amour courtois. Cette culture s'exprimait en langue vernaculaire plutôt qu'en latin et comprenait des poèmes, des récits et des chants populaires propagés par des troubadours et les ménestrels. Les histoires étaient souvent rédigées sous la forme de chansons de geste relatant des épopées chevaleresques telles que La Chanson de Roland ou La Chanson d'Antioche[174]. Des récits historiques et religieux furent également produits comme l'Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth (d. c. 1155) sur l'histoire légendaire de l'Angleterre et notamment celle du Roi Arthur[175],[176]. D'autres travaux étaient plus historiques comme la Gesta Frederici imperatoris d'Otton de Freising (d. 1158) sur la vie de l'empereur Frédéric Barberousse ou la Gesta Regnum de Guillaume de Malmesbury (d. c. 1143) sur les rois d'Angleterre[175].
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+ Le développement du droit civil fut stimulé par la redécouverte au XIe siècle du Corpus Juris Civilis de Justinien et le droit romain fut enseigné à partir de 1100 environ à l'université de Bologne, l'une des plus anciennes d'Europe. Cela entraîna la rédaction et la standardisation des codes juridiques dans toute l'Europe. Le droit canon fut également développé et vers 1140, le moine Gratien, enseignant à Bologne, rédigea le décret de Gratien qui uniformisait les différents règles canoniques[177]. Les travaux des scientifiques musulmans influencèrent également la pensée européenne avec notamment le remplacement de la numération romaine par le système décimal de notation positionnelle et l'invention de l'algèbre qui permirent des études mathématiques plus approfondies. L'astronomie s'appuya sur la traduction du grec vers le latin de l'Almageste de Ptolémée, tandis que la médecine profita des travaux de l'école de Salerne[178].
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+ Les XIIe et XIIIe siècles virent le développement d'innovations technologiques comme la généralisation des moulins à vent et à eau et l'invention de l'horloge mécanique, des spiritueux, de l'astrolabe et des lunettes de vue[180],[181]. La mobilisation de nombreuses formes d'énergie se généralisa et s'intensifia : hydraulique, thermique, éolienne, animale[182]. La rotation des cultures[118],[183], qui fut progressivement adoptée dans toute l'Europe, accrut l'usage de la terre et donc la production agricole[183]. L'apparition de la charrue facilita l'exploitation des sols lourds, tandis que le collier d'épaule permit l'utilisation de chevaux de traits plus puissants que les ânes[118].
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+ La construction des cathédrales et des châteaux témoigna des progrès des technologies de construction permettant l'édification de grands bâtiments en pierre ainsi que d'autres structures comme des hôtels de ville, des habitations, des ponts et des granges dîmières[184]. Les techniques de construction navale s'améliorèrent grâce aux bordages à clin et à franc-bord à la place des mortaises et tenons utilisés depuis l'époque romaine. L'utilisation des voiles latines et du gouvernail d'étambot permit d'accroître la vitesse et la manœuvrabilité des navires[185].
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+ Au niveau militaire, la domination de la cavalerie lourde s'estompa avec l'apparition de fantassins spécialisés comme les piquiers, les archers[186] et les arbalétriers[187]. Cela entraîna l'accroissement des protections avec des heaumes protégeant complètement le visage et l'utilisation de bardes pour les chevaux[188]. Du fait du nombre important de châteaux forts, la guerre de siège se développa avec la réutilisation de modèles antiques comme la catapulte ou le bélier et l'invention de nouveaux engins comme le trébuchet. L'utilisation de la poudre à canon est attestée en Europe dès la fin du XIIIe siècle et les armes à feu comme les canons et les armes portatives (en) se répandirent durant le Moyen Âge tardif[189].
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+ Au Xe siècle, l'architecture des monastères et des églises reprenait les styles utilisés dans la Rome antique, d'où le terme d'architecture romane. À la suite des premières constructions suivant le roman primitif, de nombreuses églises en pierre furent construites avec une remarquable homogénéité dans toute l'Europe avant l'an mil[190]. Le style se composait d'épais murs de pierre, de petites ouvertures surmontées d'arches semi-circulaires et, notamment en France, de voûtes en arc[191]. Les grands portails décorés de reliefs colorés représentant des scènes mythologiques devinrent un élément central des façades[192],[193]. Les murs intérieurs étaient également peints et un suivaient un schéma commun avec des scènes du Jour du jugement sur le mur occidental du transept, un Christ en gloire à l'est et des scènes bibliques dans la nef ou, dans le cas de l'abbaye française de Saint-Savin-sur-Gartempe, sur sa voûte en berceau[194]. L'art roman, en particulier son orfèvrerie, connut son apogée avec l'art mosan et des artistes comme Nicolas de Verdun (d. 1205) ; les fonts baptismaux de la collégiale Saint-Barthélemy de Liège sont un exemple de ce style presque classique[195] et contrastent par exemple avec le chandelier de Gloucester presque contemporain.
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+ À partir du XIIe siècle, les bâtisseurs français développèrent l'architecture gothique marquée par l'utilisation de croisées d'ogives, d'arcs-boutants et de larges vitraux. Elle fut largement utilisée dans la construction de cathédrales avec des exemples remarquables à Chartres et Reims en France et à Salisbury en Angleterre[196]. Les vitraux étaient des éléments essentiels des cathédrales qui continuaient à posséder des peintures murales ayant aujourd'hui presque entièrement disparu[197].
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+ Durant cette période, la réalisation des enluminures des manuscrits passa progressivement des monastères à des ateliers laïcs et les livres d'heures à destination des laïcs se développèrent[198]. L'orfèvrerie commença à faire appel à l'émail de Limoges pour les reliquaires et les croix[199]. En Italie, les innovations de Cimabue (d. c. 1302) et de Duccio (d. c. 1318) sur la peinture sur panneau et les fresques furent suivies par celles de Giotto (d. 1337) et donnèrent naissance au mouvement de la Pré-Renaissance[200]. La musique médiévale était principalement de nature religieuse ; le chant grégorien en était la principale forme et il se diversifia durant le Moyen Âge central avec l'apparition de l'organum, du conduit et du motet. La notation musicale fut également inventée à cette période.
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+ La réforme monastique devint un sujet important au XIe siècle car les élites commencèrent à s'inquiéter de l'accumulation de richesses par les monastères, tandis que la Papauté critiquait leur corruption. L'abbaye de Cluny fondée dans le centre de la France en 909 fut créée sur la base d'un respect rigoureux des règles monastiques[201]. Elle cherchait à maintenir un niveau élevé de vie spirituelle en se plaçant sous la protection de la Papauté et élisait son propre abbé sans interférence de la part des laïcs ; elle disposait ainsi d'une indépendance économique et politique par rapport aux seigneurs locaux[202]. Cluny gagna rapidement une réputation d'austérité et de rigueur et elle fut rapidement imitée dans toute l'Europe.
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+ Ces évolutions inspirèrent des changements dans le clergé séculier. Ceux-ci furent initiés par le pape Léon IX (pape 1049-1054) et l'idée d'indépendance cléricale fut la cause de la querelle des Investitures de la fin du XIe siècle. Le pape Grégoire VII (pape 1073-85) et l'empereur Henri IV s'opposèrent initialement sur la question de la nomination des évêques mais la dispute s'élargit au sujet du célibat des prêtres et de la simonie. L'empereur considérait que la protection de l'Église était une de ses prérogatives et voulait conserver le droit de nommer les évêques de son choix mais la Papauté insista sur l'indépendance de l'Église par rapport aux seigneurs laïcs. Le concordat de Worms de 1122 permit de résoudre une partie de ces questions mais la querelle marqua une étape importante dans la création d'une monarchie papale séparée mais égale aux autorités laïques et elle renforça les princes allemands aux dépens de l'empereur[201].
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+ Le Moyen Âge central vit également le développement de nouveaux mouvements religieux comme les ordres monastiques des Chartreux et des Cisterciens. Ces ordres furent créés en réponse aux inquiétudes des laïcs qui estimaient que le monachisme bénédictin ne répondait plus à leurs besoins et qui voulaient revenir au monachisme ermite plus simple des débuts du Christianisme[167]. Les pèlerinages furent ainsi encouragés ; les anciens sites comme Rome, Jérusalem et Saint-Jacques-de-Compostelle accueillirent un plus grand nombre de visiteurs, tandis que de nouveaux lieux comme Monte Gargano et Bari se développèrent[204]. Au XIIIe siècle, les ordres mendiants comme les Franciscains et les Dominicains, ayant fait vœu de pauvreté et se consacrant entièrement à la vie religieuse, furent approuvés par la Papauté[205]. À l'inverse, les Vaudois, les Umiliati et les Cathares, qui cherchaient également à revenir au christianisme originel, furent qualifiés d'hérétiques, persécutés voire éliminés avec l'aide de l'Inquisition médiévale[206].
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+ Les premières années du XIVe siècle furent marquées par la transition de l'optimum médiéval vers le petit âge glaciaire[207]. Les années 1313-1314 et 1317-1321 furent particulièrement pluvieuses dans toute l'Europe[208] et l'échec des récoltes provoqua une série de famines dont la plus importante, celle de 1315-1317, fit plusieurs millions de morts[209]. Ce changement climatique qui s'accompagna d'une baisse des températures entraîna une détérioration de la situation économique[210].
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+ Ces difficultés furent suivies en 1347 par une épidémie de peste surnommée la Peste noire. Originaire d'Asie, la maladie se répandit rapidement à toute l'Europe et tua probablement un tiers de la population en quelques années. Les villes furent particulièrement touchées en raison de la forte densité de population ; la ville de Lübeck en Allemagne perdit ainsi 90 % de ses habitants[211]. De vastes régions furent dépeuplées et les seigneurs avaient du mal à trouver assez de serfs pour cultiver leurs exploitations. Les terres les moins productives furent abandonnées et les survivants se concentrèrent sur les zones les plus fertiles[212]. Si le servage déclina en Europe de l'Ouest, il se renforça à l'est car les seigneurs l'imposèrent à leurs sujets qui étaient jusqu'alors libres[213]. Du fait du manque de main-d'œuvre, les salaires des ouvriers augmentèrent en Europe occidentale mais les autorités répondirent en adoptant des mesures pour limiter cet accroissement, comme l'Ordonnance des Travailleurs de 1349 en Angleterre. Ces tensions entraînèrent des soulèvements comme la Grande Jacquerie française de 1358 ou la révolte des paysans anglais de 1381[214]. Le traumatisme de la peste noire entraîna un renforcement de la piété qui se traduisit par l'apparition des flagellants, tandis que les juifs furent accusés d'être responsables de l'épidémie[215].
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+ La Révolution commerciale (en) fut initiée dans le nord de l'Italie avec l'apparition des premières banques facilitant les échanges commerciaux[216]. Les bénéficiaires de ces développements, comme les Fugger en Allemagne, les Médicis en Italie ou des individus comme Jacques Cœur en France, accumulèrent d'immenses fortunes et une large influence politique[217]. Le système financier de l'Incanto des galées du marché permit la création de l'Arsenal de Venise employant des milliers d'employés et produisant des galères sur un rythme presque industriel. Les guildes se développèrent dans les villes et des organisations reçurent des monopoles sur le commerce de certains produits comme le Staple avec la laine en Angleterre[218]. À l'inverse, les foires déclinèrent avec le développement de routes maritimes entre la Méditerranée et l'Europe du Nord et des villes comme Bruges devinrent des places financières de premier plan avec la création des premières bourses. Après la dépopulation causée par la Peste noire, les villes connurent une forte croissante démographique. Vers 1500, Venise, Milan, Naples, Paris et Constantinople comptaient chacune plus de 100 000 habitants, tandis qu'une vingtaine d'autres dépassaient les 40 000 personnes[219].
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+ Le bas Moyen Âge vit l'apparition de puissants États-Nations monarchiques comme l'Angleterre, la France, l'Aragon, la Castille et le Portugal. Les nombreux conflits internes renforcèrent l'autorité royale sur les seigneurs locaux[220] mais le financement des guerres nécessitait l'augmentation des impôts et la création de méthodes de collecte plus efficaces[221]. Le besoin d'obtenir le consentement des contribuables accrut les pouvoirs d'assemblées représentatives comme les États généraux en France et le Parlement d'Angleterre[222].
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+ Tout au long du XIVe siècle, les rois de France cherchèrent à étendre leur autorité aux dépens de la noblesse[223] mais les tentatives destinées à prendre le contrôle des possessions anglaises dans le sud-ouest de la France déclenchèrent la guerre de Cent Ans[224]. Le début de ce conflit fut à l'avantage des Anglais, qui remportèrent les batailles de Crécy, de Poitiers et d'Azincourt et s'emparèrent de larges portions du territoire français[225]. Ces défaites causèrent de graves troubles au sein du royaume de France, qui se traduisirent par les actions des grandes compagnies et la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[226]. La situation se retourna néanmoins au début du XVe siècle avec les succès de Jeanne d'Arc (d. 1431), qui permirent aux Français de reprendre l'ascendant. À la fin de la guerre en 1453, les Anglais ne possédaient plus sur le continent que la ville de Calais[227] mais l'économie française avait été fortement affectée par les combats. Le conflit contribua à forger des identités nationales des deux côtés de la Manche[228]. Les affrontements témoignèrent également de l'évolution des technologies militaires et l'arc long anglais souverain au début du conflit[229] montra son infériorité face à l'artillerie de campagne à la fin de la guerre comme lors de la bataille de Castillon en 1453[189].
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+ Dans le territoire de l'actuelle Allemagne, le Saint-Empire continua d'exister mais le choix de l'empereur se faisant par élection après 1356, aucun véritable État-Nation ne put se constituer autour d'une dynastie durable et l'Empire resta un regroupement lâche de plusieurs centaines d'entités[230]. À l'est, les royaumes de Pologne, de Hongrie et de Bohême se renforcèrent, tandis que les principautés russes commencèrent à émerger du joug tatar[231]. Dans la péninsule ibérique, les royaumes chrétiens continuèrent de reprendre des territoires aux musulmans[231] malgré les rivalités et les crises de succession[232],[233]. En Angleterre, la fin de la guerre de Cent Ans fut suivie par une longue guerre civile appelée guerre des Deux-Roses, qui ne se termina que dans les années 1490[233] avec la victoire de la maison Tudor d'Henri VII (r. 1485–1509) lors de la bataille de Bosworth en 1485[234]. La Scandinavie fut unifiée par l'union de Kalmar durant tout le XVe siècle mais le mécontentement de la noblesse suédoise (en) concernant la centralisation au Danemark et le bain de sang de Stockholm en 1520 entraînèrent la désintégration de l'union trois ans plus tard[235].
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+ Même si les empereurs de la dynastie des Paléologues reprirent Constantinople aux croisés en 1261, l'Empire n'était plus composé que d'une petite portion des Balkans autour de Constantinople et de territoires côtiers au sud de la Mer Noire et autour de la Mer Égée. Ses anciennes possessions dans les Balkans avaient été divisées entre les nouveaux royaumes de Serbie (en) et de Bulgarie. La situation byzantine se détériora encore plus avec l'émergence en Asie mineure au XIIIe siècle de la tribu turque des Ottomans, qui s'étendit vers l'ouest tout au long du XIVe siècle. La Bulgarie devint un vassal en 1366 tout comme la Serbie après la défaite de Kosovo en 1389. Inquiets de cette expansion sur des terres chrétiennes, les Européens de l'ouest déclarèrent une croisade mais leur armée fut battue à la bataille de Nicopolis en 1396[236]. Au début du XVe siècle, l'Empire byzantin se réduisait à quelques territoires autour de Constantinople et la ville fut finalement prise par les Ottomans de Mehmed II en 1453[237].
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+ Au niveau religieux, le XIVe siècle fut marqué par la Papauté d'Avignon de 1305-1378, durant laquelle le pape résida dans la ville du même nom dans le sud de la France[238]. Cette situation était liée à l'affrontement entre le pape Boniface VIII et le roi Philippe IV de France concernant l'autorité pontificale. Après la mort rapide du successeur de Boniface VIII, le conclave désigna Clément V (pape 1305-1314), qui refusa de se rendre à Rome et fit venir la Curie à Avignon quatre ans plus tard. Durant cet exil, parfois qualifié de « captivité babylonienne »[239], la Papauté passa sous l'influence grandissante de la Couronne de France. Le pape Grégoire XI (pape 1370-1378) décida de retourner à Rome en 1377 mais les conflits en Italie et l'autoritarisme réformateur de son successeur Urbain VI (pape 1378-1389) provoquèrent le Grand Schisme d'Occident. Durant cette période qui dura de 1378 à 1418, il y eut deux puis trois papes rivaux, chacun soutenu par des États différents[240]. Après un siècle de troubles, l'empereur Sigismond organisa en 1414 le concile de Constance, qui déposa deux des papes rivaux et désigna Martin V (pape 1417-1431) comme seul pape[241].
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+ En plus de ce schisme, l'Église catholique était traversée par des controverses théologiques. Le théologien anglais John Wyclif (d. 1384) fut ainsi condamné pour hérésie après avoir traduit la Bible en anglais et avoir rejeté la doctrine de la transsubstantiation[242]. Ses écrits influencèrent le mouvement des Lollards en Angleterre et des Hussites en Bohème[243]. Cette dernière révolte fut aussi inspirée par les travaux du moine Jan Hus, qui fut brûlé vif pour hérésie en 1415[244]. Les accusations d'hérésie furent également détournées pour servir des besoins politiques, et la dissolution de l'Ordre du Temple en 1312 permit le partage de leur fortune entre le roi Philipe IV de France et les Hospitaliers[245]
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+ Le rejet de ces évolutions théologiques par la Papauté éloigna le clergé des laïcs et ce fossé fut accentué par l'accroissement du commerce des indulgences et le pontificat marqué par les excès et le népotisme d'Alexandre VI (pape 1492-1503). Des mystiques comme maître Eckhart (d. 1327) ou Thomas a Kempis (d. 1471) rédigèrent des travaux appelant les laïcs à se concentrer sur leur vie spirituelle intérieure, ce qui posa les bases de la Réforme protestante du XVIe siècle. Aux côtés du mysticisme, les croyances concernant la sorcellerie se répandirent ; l'Église ordonna l'éradication de ces pratiques en 1484 et elle publia le Malleus Maleficarum (« Marteau des Sorcières ») en 1486, qui servit de base à la chasse aux sorcières[246].
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+ Le Moyen Âge tardif connut une réaction contre la scolastique menée par l'Écossais Jean Duns Scot (d. 1308) et l'Anglais Guillaume d'Ockham (d. c. 1348)[172], qui s'opposaient à l'application de la raison à la foi. Ockham insista sur le fait que le fonctionnement différent de la foi et de la raison permettait la séparation entre la science et la théologie[247]. Dans le domaine juridique, le droit romain s'imposa dans les secteurs auparavant régulés par le droit coutumier sauf en Angleterre, où le système de common law resta dominant[248].
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+ L'éducation restait principalement centrée sur la formation du futur clergé. Les apprentissages des bases comme la lecture ou le calcul continuaient de se faire en famille ou auprès du prêtre du village mais les études supérieures du trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) se faisaient dans les écoles de cathédrales et dans les universités se trouvant dans les villes. L'emploi des langues vernaculaires s'accrut avec des auteurs comme Dante (d. 1321), Pétrarque (d. 1374) et Boccace (d. 1375) en Italie, Geoffrey Chaucer (d. 1400) et William Langland (d. c. 1386) en Angleterre et François Villon (d. 1463) et Christine de Pisan (d. c. 1430) en France. Les ouvrages de nature religieuse continuaient de représenter la majorité des éditions et étaient généralement rédigés en latin mais la demande d'hagiographies en langues vernaculaires s'accrut chez les laïcs[248]. Cette évolution fut alimentée par le mouvement Devotio moderna et la formation des Frères de la vie commune mais également par les travaux des mystiques allemands comme Maître Eckhart et Jean Tauler (d. 1361)[249]. Le théâtre du Moyen Âge était très souvent de nature religieuse même si les formes étaient plus variées. Les drames liturgiques côtoyaient les farces, les moralités et à la fin de la période, les mystères[248]. À la fin du Moyen Âge, le développement de la presse typographique entraîna la création de maisons d'édition dans toute l'Europe et facilita la production des livres[250]. Les taux d'alphabétisation s'accrurent mais restèrent néanmoins à un niveau assez bas ; on estime ainsi qu'un homme sur dix et une femme sur cent savaient lire en 1500[251].
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+ Dès la fin du XIIIe siècle, des explorateurs européens comme le Vénitien Marco Polo (d. 1324) cherchèrent de nouvelles routes commerciales vers l'Asie[252]. L'attrait des richesses et des produits d'Extrême-Orient dont l'approvisionnement était contrôlé par les marchands arabes et vénitiens poussa à la recherche de voies maritimes permettant de contourner leur monopole. À partir de 1415, le prince portugais Henri le Navigateur (d. 1460) encouragea l'exploration maritime des côtes occidentales de l'Afrique et les îles Canaries, les Açores et le Cap-Vert furent découverts avant sa mort. L'introduction de navires plus performants comme les caravelles permit aux navigateurs portugais de longer les côtes africaines jusque dans l'hémisphère sud et en 1486, Bartolomeu Dias franchit le cap de Bonne-Espérance et la pointe sud de l'Afrique. Deux ans plus tard, Vasco de Gama arriva en Inde et ramena avec lui un chargement d'épices dont la valeur était considérable en Europe[253]. Les expéditions portugaises furent imitées par d'autres pays européens et en 1492, le marin génois Christophe Colomb découvrit l'Amérique pour le compte de la Couronne d'Espagne[254], tandis que l'Angleterre finança le voyage de Jean Cabot (d. c. 1499) qui explora les actuelles provinces maritimes du Canada en 1497[255].
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+ L'infanterie et la cavalerie légère continuèrent à se répandre aux dépens de la cavalerie lourde[256]. Les armures devinrent de plus en plus perfectionnées avec l'apparition d'armures de plates offrant une meilleure protection contre les armes à feu[257]. Les armes d'hast devinrent l'armement standard de l'infanterie et leur utilisation fut notamment illustrée par les mercenaires suisses et germaniques[258]. La composition des armées évolua également avec l'emploi grandissant de mercenaires comme les condottieres recrutés par les cités-États italiennes (en)[259]. À l'inverse, le bas Moyen Âge vit l'apparition des premières unités professionnelles permanentes comme les compagnies d'ordonnance françaises[260].
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+ L'élevage de moutons à laine longue autorisa la réalisation de textiles plus résistants tandis que le remplacement de la quenouille traditionnelle par le rouet permit d'accroître fortement la production du filage[261]. L'habillement fut révolutionné par l'apparition de boutons permettant un meilleur ajustement des vêtements[262]. Les moulins à vent furent améliorés par la création de moulin-tours qui pouvaient pivoter afin d'être utilisés quelle que soit la direction du vent[263]. L'apparition du haut fourneau en Suède vers 1350 accrut la production et la qualité du fer[264]. Les premiers brevets furent créés en 1447 à Venise pour protéger les droits des inventeurs[265].
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+ En Italie, le Moyen Âge tardif correspondit avec les périodes culturelles du Trecento et du Quattrocento, qui virent la transition vers le mouvement de la Première Renaissance. À l'inverse, l'Europe du Nord et l'Espagne poursuivirent l'utilisation de l'art gothique, qui devint de plus en plus élaboré jusqu'à la fin de la période. Ces raffinements donnèrent naissance au gothique international, dont les plus beaux exemples furent Les Très Riches Heures du duc de Berry dont la réalisation s'étala sur tout le XVe siècle ou la coupe de sainte Agnès[266]. Le Primitif flamand représenté par des artistes comme Jan van Eyck (d. 1441) et Rogier van der Weyden (d. 1464) rivalisa avec les mouvements picturaux de l'Italie. Le mécénat se développa chez les classes marchandes d'Italie et des Flandres, qui commandèrent des peintures, des bijoux, du mobilier et des faïences[267]. La production de soie se développa en Italie et dans le sud de la France, et cela permit aux élites et aux églises de ne plus dépendre des importations byzantines ou musulmanes. L'industrie de la tapisserie se développa en France et dans les Flandres avec des productions comme la Tenture de l'Apocalypse ou La Dame à la licorne[268].
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+ Dans les églises et les cathédrales, les tombes et les caveaux devinrent plus élaborés, tandis que les retables et les chapelles se répandirent. À partir des années 1450, les livres imprimés se répandirent même s'ils restaient coûteux ; environ 30 000 éditions d'Incunables furent réalisées avant 1500[269]. En Europe du Nord, des petits ouvrages xylographiés, les incunables xylographiques, presque tous religieux, devinrent accessibles même aux paysans, tandis que les techniques de taille-douce s'adressaient à une clientèle plus aisée[270]. En musique, l'ars nova polyphonique représenté notamment par les poètes français Philippe de Vitry (d. 1361) et Guillaume de Machaut (d. 1377) remplaça l'ars antiqua caractérisé par le plain-chant[271].
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+ Le Moyen Âge est fréquemment caricaturé et présenté comme « une période d'ignorance et de superstition » qui plaçait « les paroles des autorités religieuses au-dessus des expériences personnelles et de la réflexion rationnelle[272] ». Cette perception est en partie liée à l'héritage de la Renaissance et des Lumières, quand les intellectuels se définissaient en opposition à cette période. Ceux de la Renaissance considéraient le Moyen Âge comme une période de déclin par rapport à la civilisation et à la culture du monde antique qu'ils tenaient en haute estime, tandis que les philosophes des Lumières, pour qui la raison était supérieure à la foi, méprisaient le Moyen Âge et l'importance accordée à la religion[9]. Ainsi, ce que l'on retient trop souvent du Moyen Âge, de sa civilisation, des structures politiques et sociales, des genres de vie et des relations humaines, a été dicté, il y a maintenant déjà très longtemps, par des œuvres de pure propagande, élaborées consciencieusement puis reprises par des foules de polygraphes appliqués à seulement copier, de sorte que de nombreux clichés se retrouvent encore ici ou là dans de simples manuels pour école primaire, dans de beaux livres illustrés destinés à un large public cultivé, et même dans des études plus spécialisées, commentaires par exemple d'ouvrages littéraires ou artistiques[273].
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+ Cette vision a commencé à être réévaluée à partir du XIXe siècle avec notamment le développement du médiévalisme, qui se traduisit par le style néogothique en architecture, le préraphaélisme en peinture ou le développement de fêtes médiévales. La redécouverte des renaissances médiévales a poussé certains historiens à réévaluer le rôle de la raison durant cette période. Edward Grant (en) écrivit ainsi que « si les pensées rationnelles révolutionnaires furent exprimés [au XVIIIe siècle], cela ne fut possible que grâce à la longue tradition médiévale qui considérait l'usage de la raison comme la plus importante des activités humaines »[274]. De même, David C. Lindberg (en) avança que « l'intellectuel de la fin du Moyen Âge connaissait rarement l'action coercitive de l’Église et se serait considéré comme libre (particulièrement dans les sciences naturelles) de suivre la raison et l'observation, peu importe où elles pouvaient le mener »[275].
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+ Cependant, la période a fait encore l'objet, pendant tout le XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle de nombreuses idées reçues, à travers certaines notions plus spécifiques. Pierre Riché remet les choses en place sur les fameuses « Terreurs de l'an mille », légende tenace datant de la Renaissance et née sous l'influence des écrits d'un moine gyrovague du XIe siècle, Raoul Glaber, sans référence à d'autres sources ; cette légende a été amplifiée par les historiens du XIXe siècle, parmi lesquels Michelet ; Pierre Riché décrit plutôt la période de l'an mille comme une période de stabilité et de prospérité[276]. L'image négative de la féodalité s'est répandue pendant les Lumières, a culminé au moment de la Révolution lors de l'abolition des privilèges, puis a fait l'objet au XIXe siècle de catalogues d'anecdotes dramatiques et d'abus insupportables, mais sans analyse systématique du phénomène dans son contexte[277]. Une idée fausse, propagée au XIXe siècle[278] et toujours très répandue, rapporte que tout le monde au Moyen Âge croyait que la Terre était plate[278]. En réalité, les universitaires médiévaux connaissaient la rotondité de la Terre[279], et Lindberg avance « qu'il n'y avait pas un seul érudit chrétien au Moyen Âge qui doutait de la sphéricité [de la Terre] et ne connaissait pas sa circonférence approximative »[280]. D'autres idées fausses, comme « l'Église interdisait les autopsies et les dissections durant le Moyen Âge », « le développement du christianisme détruisit la science antique » ou « l'Église chrétienne médiévale entrava la croissance de la philosophie naturelle », sont citées par l'historien Ronald Numbers comme des exemples de légendes populaires toujours considérées comme des vérités historiques, même si elles ne sont pas soutenues par les travaux universitaires[281].
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+ La mer Méditerranée (prononcé [me.di.tɛ.ʁa.ne]) est une mer intercontinentale presque entièrement fermée, bordée par les côtes d'Europe du sud, d’Afrique du Nord et d’Asie de l'Ouest, depuis le détroit de Gibraltar à l'ouest aux entrées des Dardanelles et du canal de Suez à l'est. Elle s’étend sur une superficie d’environ 2,5 millions de kilomètres carrés. Son ouverture vers l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar est large de 14 kilomètres.
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+ Elle doit son nom au latin « mare Mediterraneum »[1], qui désigne une « mer au milieu des terres ».
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+ Durant l’Antiquité, la Méditerranée était une importante voie de transports maritimes permettant l’échange commercial et culturel entre les peuples de la région — les cultures mésopotamiennes, égyptienne, perse, phénicienne, carthaginoise, berbère, grecque, étrusque, et romaine. L’histoire de la Méditerranée est importante dans l’origine et le développement de la civilisation occidentale.
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+ Le terme de Méditerranée vient du latin mediterraneus qui veut dire « au milieu des terres », sous-entendu « du monde connu » (medius pour milieu et terra pour terre).
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+ La mer Méditerranée a été connue à travers l'Histoire sous de nombreux noms :
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+ Le bassin méditerranéen est riche d’une histoire complexe et ancienne. Elle est le berceau de la civilisation occidentale. L’Antiquité connaît un foisonnement de civilisations diverses comme les Égyptiens ou les Mésopotamiens. Puis, de grands empires prennent le contrôle des côtes de la mer Méditerranée. La Grèce, Carthage et Rome sont bien connus pour leur domination autour du bassin méditerranéen. Ils développèrent le commerce maritime et les guerres navales.
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+ Venise reprend le flambeau progressivement, puis monte en puissance au XIVe siècle, lorsque la « Bourse du Rialto » facilite l'échange des parts de navires, le développement d'une flotte commerciale, et le quadruplement de la superficie de l'Arsenal de Venise, mené par les autorités de la ville. La rivalité avec Gênes, autre grande cité maritime, favorise aussi le commerce, avant que la découverte des Amériques ne déplace le centre de gravité commercial, très progressivement, plus à l'Ouest.
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+ La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien individualisés, séparés par des hauts fonds situés entre la Sicile et la Tunisie : la Méditerranée occidentale[5] et la Méditerranée orientale[6], elles-mêmes nettement compartimentées. La première recouvre une superficie d’environ 0,85 million de kilomètres carrés tandis que la seconde recouvre environ 1,65 million de kilomètres carrés.
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+ La Méditerranée se trouve à la limite entre deux plaques : les plaques africaine et eurasienne. Ces deux plaques se rapprochent à cause de la subduction de la lithosphère océanique de la Téthys, ce qui est à l'origine de collisions continentales. Cela explique la forte activité sismique dans cette région et le volcanisme (Vésuve, Etna, Stromboli, Santorin...).
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+ Le fond de la Méditerranée occidentale est constitué d'une lithosphère océanique relativement récente, qui a commencé à se former au Miocène. La Méditerranée orientale est aussi constituée de lithosphère océanique mais d'âge plus ancien datant du Mésozoïque (de l'ère secondaire). C'est le vestige d'un ancien océan : la Téthys. Cette lithosphère océanique ancienne s'enfonce (subduction) sous l'Italie, la Sicile, la mer Égée, ce qui est à l'origine de la remontée du continent africain, mais aussi de l'étirement de la lithosphère dans la mer Égée et le bassin algéro-provençal et la mer Tyrrhénienne. Les séismes récents en Italie ont pour origine cet étirement de la croûte.
22
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23
+ La mer Méditerranée est en partie le vestige d’un ancien domaine océanique que l’on nomme aujourd’hui la Téthys, qui était plus vaste que la mer Méditerranée actuelle. À partir du Crétacé, la Téthys s’est « refermée » progressivement par subduction, avec le rapprochement des continents africain et eurasiatique. Ceci entraîne la formation de chaînes de montagne, comme les Pyrénées, ou les Alpes. Durant l’Oligocène (il y a 30 millions d’années), la Méditerranée occidentale subit une phase d’étirement qui sépare la Corse et la Sardaigne du continent européen.
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+ Il y a cinq millions d’années, le détroit de Gibraltar s’est refermé à la suite de l'élévation de son niveau par des mouvements sismiques, réduisant la mer Méditerranée à un lac très salé. On nomme cet épisode la crise de salinité messinienne. Des dépôts salins au fond de la mer produits durant un million d’années témoignent de ce phénomène. Près de 300 000 ans plus tard, une série de mouvements sismiques ont ouvert le barrage naturel du détroit[7]. Les scientifiques ont observé, à l'ouest du bassin oriental, un vaste dépôt de sédiments, d’apparence chaotique, au pied d’une falaise sous-marine appelée l'escarpement de Malte[8]. Ce dép��t témoigne d’une inondation gigantesque, datant du début du Pliocène, qui aurait rempli ce qui est la Méditerranée actuelle. Se déversant par le détroit de Gibraltar dès son ouverture, l’Atlantique a alimenté, en premier lieu, le bassin occidental avant de franchir le verrou au niveau de l’escarpement de Malte et de se jeter dans le bassin oriental par une cascade de 1,5 km de dénivelé en creusant au passage un immense canyon[9] sur le versant oriental de l'escarpement. Il aurait fallu entre quelques mois et quelques années pour que se déverse la quantité d’eau qui avait mis des centaines de milliers d’années à s’évaporer[10].
26
+
27
+ En s'inspirant de cet épisode, l'architecte allemand Herman Sörgel conçoit en 1928 le projet Atlantropa dans lequel la fermeture du détroit de Gibraltar par un barrage hydroélectrique aurait asséché une partie de la mer Méditerranée.
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+
29
+ Les fonds marins de la mer Méditerranée se modifient encore aujourd’hui car les plaques africaine et eurasienne sont en contact. Leurs mouvements provoquent des séismes en Italie, Grèce, Turquie, Israël, France, et Algérie, et entretiennent une activité volcanique en Italie avec l’Etna, le Vésuve et le Stromboli.
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+
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+ L'Organisation hydrographique internationale divise la mer Méditerranée en deux bassins dont les limites sont déterminées de la façon suivante[11] :
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+ La Méditerranée est reliée à l’océan Atlantique, par le détroit de Gibraltar et le canal du Midi, à l’ouest ; à la mer de Marmara et à la mer Noire, par les Dardanelles et le Bosphore, à l’est ; à la mer Rouge, par le canal de Suez, au sud-est. La mer de Marmara — mais pas la mer Noire — est parfois considérée (à tort) comme faisant partie de la Méditerranée. Il s'agit géographiquement d'une mer semi-fermée partagée par 23 États riverains même si certains États comme la Fédération de Russie utilisent une argumentation juridique pour refuser ce qualificatif, arguant du fait qu'il s'agit d'une mer très grande contenant beaucoup d'autres mers (comme la mer Adriatique à son tour semi-fermée) et utilisée pour la navigation internationale, comme s'il s'agissait d'un océan[12].
34
+
35
+ Le climat méditerranéen est caractérisé par un hiver humide et doux et par un été chaud et sec. Cependant, les inter saisons laissent place à une violence certaine du climat. Des pluies très importantes et très violentes s’abattent parfois alors que la terre asséchée par des périodes de sécheresse ne peut absorber ces précipitations (parfois équivalents à trois mois de pluie voire bien plus selon la latitude). Les inondations fréquentes en témoignent, comme à Vaison-la-Romaine en 1992 ou dans l’Aude en 1999.
36
+
37
+ Les marées sont de faible amplitude et l’évaporation (3 130 km3/an) y est plus importante que dans l’océan Atlantique, d’où un taux de salinité plus élevé et des températures d’eau plus chaudes qu’en Atlantique. Les précipitations (pluviométrie de 1 000 km3/an) et la quantité relativement faible d’eau apportée par les fleuves (apports fluviaux de 430 km3/an) qui s’y jettent sont largement insuffisantes pour combler cette évaporation. Les apports hydrologiques de la mer Noire (180 km3/an) et surtout de l’océan Atlantique (1 520 km3/an) permettent cependant de combler une partie du déficit d’environ 3 000 milliards de mètres cubes[13].
38
+
39
+ Les principales îles de la Méditerranée, que ce soit par leur superficie, leur importance historique ou leur fréquentation touristique, sont :
40
+
41
+ Les États qui bordent la Méditerranée sont :
42
+
43
+ Au niveau de ces pays, la Méditerranée est le lieu de processus accentués de littoralisation et d'urbanisation plus ou moins spontanées. Sur 30 ans, de 1970 à 2000, les populations côtières sont passées de 96 millions d’habitants à 145 millions, soit 51 % d’augmentation, dont 17,2 % pour la rive Nord et 84 % pour les rives Est et Sud. Sur la même période, la population urbaine côtière a progressé de 10 millions d’habitants sur la rive Nord et de 30 millions d’habitants sur les rives Sud et Est[14].
44
+
45
+ La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien séparés par des hauts-fonds entre la Sicile et la Tunisie. Chaque bassin est divisé en différents compartiments portant le nom de mers, bassins ou golfes, parfois eux-mêmes divisés en zones géographiques de taille inférieure :
46
+
47
+ Méditerranée occidentale
48
+
49
+ Méditerranée orientale
50
+
51
+ Plusieurs détroits relient ces différentes parties de la Méditerranée :
52
+
53
+ La Méditerranée étant un des derniers vestiges océaniques de la Téthys, la plupart de ses espèces étaient pantropicales (espèces présentes dans toutes les mers chaudes du globe : récifs coralliens à porites, mangroves) avant la crise de salinité messinienne. La fermeture de la communication avec l'océan Indien il y a 14-18 Ma et l’assèchement de la Méditerranée durant cette crise messinienne il y a 5,96 à 5,33 Ma ont eu pour conséquence que le biotope marin de la mer Méditerranée est depuis lors principalement issu de l’océan Atlantique. L’Atlantique Nord est beaucoup plus froid et plus riche en aliments que la Méditerranée, et la vie marine méditerranéenne s'est adaptée à des conditions changeantes au cours des cinq millions d’années qui ont suivi son remplissage[17].
54
+
55
+ La Méditerranée représente 0,8 % de la surface de l’océan mondial et 8 à 9 % de la biodiversité marine (10 à 12 000 espèces). Le domaine continental de la Méditerranée représente 1,6 % de la surface des continents et 10 % de la biodiversité mondiale (notamment 20 000 plantes, dont 52 % d’endémiques). La faune et la flore méditerranéennes comportent environ 20-30 % d’endémiques, 3-10 % d’espèces pantropicales, 55-75 % d’espèces atlantiques et 5 % d’« espèces lessepsiennes »[14],[18]. Le taux d’endémisme y est de 18 % chez les Decapoda et les poissons[19], 48 % chez les spongiaires, 20 % chez les algues, 50 % chez les ascidies, si bien que la Méditerranée occupe la deuxième place mondiale en termes de richesse d’espèces endémiques[20].
56
+
57
+ La Méditerranée est cependant une mer relativement pauvre en termes de biomasse, notamment dans sa partie orientale en raison d'une limitation en phosphates qui réduit le développement du phytoplancton[21].
58
+
59
+ La mer Méditerranée est plus salée et plus pauvre en nutriments que l’océan Atlantique, en particulier à cause du détroit de Gibraltar qui bloque les grands courants de l’Atlantique. En raison de l’aridité du climat et de l’effet des vents, l’évaporation est plus importante que les apports des pluies et des fleuves, ce qui concentre la teneur en sel ; un équilibre est globalement préservé grâce à deux écoulements contraires au niveau de Gibraltar : un flux d'eau Atlantique entrant en surface et un flux d’eau salée sortant en profondeur[22].
60
+
61
+ Le percement du canal de Suez en 1869 a créé le premier passage d’eau de mer entre la mer Méditerranée et la mer Rouge. Cette dernière étant plus haute que la partie orientale de la Méditerranée, le canal forma un fleuve d’eau salée de la mer Rouge dans la Méditerranée. Traversé par le canal, le Grand Lac Amer (très salé avant le percement) a bloqué la migration des espèces de la mer Rouge vers la Méditerranée pendant plusieurs décennies. Progressivement, la salinité de ce lac s’est égalisée avec celle de la mer Rouge, la barrière migratoire s’est levée, et les plantes et les animaux de la mer Rouge ont commencé à coloniser la Méditerranée orientale.
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+ Les espèces animales et végétales de la mer Rouge prennent l’avantage sur les espèces de l’océan Atlantique dans l’environnement méditerranéen oriental salé et pauvre en aliments. La construction du barrage d'Assouan sur le Nil dans les années 1960 a réduit l’apport d’eau douce riche en nutriments dans la Méditerranée orientale, ce qui rend l’environnement de la Méditerranée proche de celui de la mer Rouge. Cet échange d’« espèces lessepsiennes » ou « érythréennes » (du grec eruthros signifiant « rouge ») est connu sous le nom de migration de Lesseps, d’après Ferdinand de Lesseps, l’ingénieur qui a surveillé la construction du canal. Ces espèces s'installent principalement dans le bassin oriental et s'y acclimatent, si bien que 15 % des poissons de la Méditerranée orientale sont exotiques en 2007 (en Turquie elles représentent 43 % des ressources halieutiques ; au Liban, 72 % des poissons sont des Siganus rivulatus[23]). Certaines migrent dans le bassin occidental (Siganus luridus, Fistularia commersoni).
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+
65
+ En 2008, 560 espèces exotiques (une majorité de poissons, arthropodes et mollusques) ont été recensées en Méditerranée. Leurs voies d'arrivée sont le détroit de Suez, le détroit de Gibraltar et la voie anthropique (notamment l'aquaculture, les eaux de ballasts ou le fouling). 220 proviennent du bassin indo-pacifique, 100 de l'océan Indien, 58 de la mer Rouge, 34 de l'océan Atlantique[24].
66
+
67
+ Le dérèglement climatique pourrait avoir des effets exacerbés sur la zone biogéographique méditerranéenne qui abrite un grand nombre de hot-spots de biodiversité. Ils entraînent en effet une augmentation de la température de surface de la mer et entraînent une méridionalisation voire une tropicalisation de la Méditerranée : les espèces végétales et animales d’affinité méridionale sont favorisées aux dépens des espèces septentrionales[25].
68
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69
+ La Méditerranée est la victime de pressions diverses : la poursuite de la surpêche favorise la gélification de cette mer due à la pullulation de méduses ; contaminants chimiques, comme les métaux lourds et les pesticides, dont certaines molécules, quoiqu'elles soient interdites, résident dans le lit des fleuves et sont périodiquement relarguées à l'occasion des épisodes de crues ; développement des macro-déchets et, plus encore, des micro-déchets plastiques, qui font courir un risque de « polymérisation » au bassin méditerranéen.
70
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71
+ Anticiper les effets du changement climatique sur l’eau, l’agriculture, le tourisme, la pêche, l’énergie, le transport et l’urbanisme et l’environnement et la santé (zoonoses, épidémies, maladies émergentes) dans cette zone est une priorité croissante pour les élus et habitants de cette région déjà très dégradée par les feux de forêts et les sécheresses[26].
72
+
73
+ Le bassin méditerranéen concentre 150 millions d’habitants et attire quelque 200 millions de visiteurs chaque année[27]. 20 % des pétroliers, 30 % des navires marchands du monde circulent en Méditerranée, pour un trafic total de 120 000 bateaux[27].
74
+
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+ Le secteur de la pêche primaire (emplois à bord des bateaux de pêche) représente près d'un quart de million d'emplois en Méditerranée. La pêche artisanale représente 60 % de ces emplois et 80 % (67 000 navires) de la flotte totale[28].
76
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77
+ Ce secteur est cependant menacé par la surpêche. Les lacunes en matière de réglementation de la pêche, la non application des recommandations de la Commission générale des Pêches pour la Méditerranée, la surexploitation des ressources halieutiques et l'utilisation de certains modes d'exploitation néfastes entraînent en effet le déclin des stocks dont 4 % à peine atteignent le rendement maximum durable. La Commission européenne estime qu'en 2016, à « l’ouest, entre les côtes espagnoles et la mer Tyrrhénienne, 96 % des stocks sont surexploités. Les pêcheurs européens attrapent en moyenne six fois plus de merlu, de rouget, de merlan bleu ou de baudroie qu’il faudrait pour que ces espèces aient une chance de se reproduire et de se maintenir durablement. A l’est, autour de la Crète et de Chypre, 91 % des populations de poissons sont pressurées au-delà du raisonnable. Le pire étant les zones centrales, où se retrouvent les bateaux de pêche de tous les pays riverains »[29]. Pour les anchois et sardines menacés de disparition, d'autres facteurs que la pression de pêche sont avancés : les changements environnementaux comme la température de la mer ou la pollution semblent modifier le plancton qui serait constitué d’espèces moins énergétiques, ce qui affecterait les populations de sardines et d’anchois[30].
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+ Les Jeux méditerranéens, qui se déroulent tous les quatre ans, sont une compétition multisports où se rencontrent des sportifs des pays du bassin méditerranéen.
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+ Une première forme de tourisme culturel, le Grand Tour, se développe sur les bords de la Méditerranée au XVIIIe siècle. Des jeunes aristocrates d'Europe du Nord visitent l'Italie, parfois la Grèce et le Proche-Orient ottomans, pour s'imprégner de la culture classique grecque, romaine, et italienne et se faire une place au sein de l'élite culturelle, diplomatique ou commerciale européenne.
82
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83
+ Au XIXe siècle, la bonne société européenne ne cherchait pas la chaleur et le soleil pour ses loisirs, se déplaçant sur des stations balnéaires de la côte atlantique, de la Manche ou de la Baltique dès le début de l'été, mais pas en Méditerranée. C'est à la même époque que naît le tourisme en Angleterre, où la population est déjà très urbanisée et invente la notion de vacances : les Anglais sont ainsi premiers à fréquenter les bords de la Méditerranée (mais en hiver), donnant naissance à de nombreux palaces (en particulier à Nice, la promenade des Anglais en étant un souvenir). À cette époque, « bronzer, c'était prendre le risque de régresser socialement et racialement » affirme l'anthropologue Jean-Didier Urbain (en effet, c'étaient les couches les plus pauvres de la population — paysans… — qui travaillaient au soleil ; il s'agissait donc d'un marqueur social, obligeant les couches aisées à garder la peau claire et à se couvrir)[31].
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+ La première description d'un bain de soleil comme plaisir bourgeois date ainsi seulement de 1902, dans L'Immoraliste d'André Gide et Coco Chanel fait scandale en 1927 en prenant le soleil sur la Côte d'Azur, alors que l'écrivain Théo Varlet créé le nudisme en 1905. Le tourisme méditerranéen, encore privilégié, se développe à partir de cette période. Jean-Didier Urbain poursuit : « Longtemps, la fréquentation de la Méditerranée s'est faite autour de trois usages. Il y avait l'aspect sanitaire, avec les stations balnéaires, de la côte espagnole à la Riviera italienne. Puis, dans le croissant allant des côtes adriatiques à l'Égypte, une imbrication entre découverte des racines de notre civilisation et une Méditerranée des loisirs dont le principal attrait était le tourisme sexuel »[31].
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+ En France, pays rural en comparaison de l'Angleterre, c'est avec les congés payés de 1936 et surtout la société de consommation des Trente Glorieuses que le tourisme méditerranéen se développe et se démocratise, donnant naissance au camping et à la fréquentation populaire des villes du Sud de la France. En 1950, l'entrepreneur belge Gérard Blitz créé le Club Méditerranée, des camps de vacances (d'abord sur l'île de Majorque, en Espagne[32], puis en Italie, en Grèce, en Tunisie, etc.). « Le coup de génie de Blitz, c'est la création d'un concept de vacances qui n'a strictement rien à faire de l'endroit où l'on s'implante du moment qu'il y a le sable, le soleil et la mer. Un endroit où l'on est heureux ensemble : sur ces côtes méditerranéennes, on crée une Polynésie fantasme, avec paréos, paillotes et monnaie propre. On ne vient plus là pour découvrir le monde mais pour l'oublier » conclut Jean-Didier Urbain[31]. Avec l'apparition des boîtes de nuits, certains endroits se voient dédiés à la fête estivale, comme l'île d'Ibiza.
88
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+ Depuis, la région accueille un nombre toujours croissant de voyageurs : le nombre de touristes internationaux représente plus de 310 millions en 2015, soit 28 % du tourisme mondial[33]. De 2000 à 2020, la France, l'Espagne et l'Italie sont leaders mais la Turquie et l'Égypte devraient tripler, voire quadrupler leur nombre de visiteurs. .
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91
+ Sur 5,7 % des terres émergées, le bassin méditerranéen concentre un tiers du tourisme mondial (275 millions de visiteurs selon les chiffres du World Travel and Tourism Council (en)). « Ces flux touristiques génèrent plusieurs types de pression sur l’environnement : un urbanisme littoral démesuré au regard des besoins des populations résidentes ; l’augmentation des tensions sur l’utilisation de l’eau qui résulte d’habitudes de consommation très spécifiques (golfs, piscines, usage individuel moins restreint que celui des populations locales), mais aussi de la coïncidence des afflux touristiques avec les périodes d’étiage[14]. »
92
+
93
+ Depuis le début de la crise migratoire, dans les années 2010, de plus en plus de migrants et réfugiés parviennent en Europe en traversant la Méditerranée, en raison d'un contrôle toujours plus grand des routes de migration terrestres par l’UE (Frontex). Ces traversées maritimes sur des embarcations de fortune surpeuplées sont bien souvent très périlleuses, et ont conduit à la mort de plusieurs milliers de personnes. En 2017, 172 301 migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. En 2018, ce nombre est tombé à 113 482 personnes, soit une diminution de 34 %[34].
94
+
95
+ L’OIM, organisation liée aux Nations Unies et spécialisée dans les défis de la gestion des flux migratoires, recense chaque année le nombre de noyés parmi les migrants et réfugiés tentant d’entrer en Europe par voie maritime. Au 12 octobre 2016, elle a enregistré 3 632 décès en mer depuis le début de l’année[35]. Avec ce chiffre, 2016 risque donc de battre le funeste record que l’OIM avait attribué à l’année 2015 en la déclarant l’année la plus meurtrière de l’histoire pour les migrants et réfugiés ayant traversé la Méditerranée (3 711 décès en 2015, 3279 en 2014)[36].
96
+
97
+ Des organisations internationales comme Amnesty International déplorent « l’indifférence » de l’Europe face à cette tragédie, et du décalage entre les moyens consacrés à la protection des frontières externes (qui s’élèvent à deux milliards d’euros en 2012) et ceux destinés à l’accueil des requérants d’asile et réfugiés (700 millions d’euros pour la même année, soit trois fois moins)[37],[38].
98
+
99
+ Le pourtour méditerranéen, qui se démarque par le nombre de phénomènes climatiques extrêmes qui s'y produisent (sécheresses, inondations torrentielles, vents violents catabatiques, canicules, incendies de forêts, cyclones subtropicaux méditerranéens, tornades, mais aussi avalanches et fortes intempéries neigeuses), voit sa population fortement augmenter dans les zones urbaines très densément peuplées, ces dernières se trouvant toutes situées au bord de la mer. L'augmentation et l'intensification de ces phénomènes atmosphériques, associée à la hausse du niveau de la mer, et aux risques géologiques déjà extrêmes (zone sismique très importante à proximité de grandes métropoles, menace du Vésuve, et risque de tsunami très important), les risques sanitaires avec l'arrivée de maladies venues des régions tropicales (paludisme, dengue, chikungunya) et de nouvelles espèces animales et végétales problématiques (moustique-tigre, nouvelles espèces de poissons, invasion d'algues vertes Caulerpa taxifolia), ainsi que la géopolitique très instable qui règne dans le Sud du bassin (Printemps arabe, vague d'immigration, guerre civile syrienne, conflit israélo-palestinien, etc.) rendent la situation particulièrement alarmante pour le futur de cette région.
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+ En 2018, alors que la mer Méditerranée représente seulement 1 % des eaux marines mondiales, elle compte 7 % de tous les microplastiques (fragments de moins de 5 mm), qui atteignent un niveau record de concentration : 1,25 million de fragments par km². L’Europe rejette chaque année en mer 500 000 tonnes de macroplastiques et 130 000 tonnes de microplastiques, en raison d'une production et une consommation excessives et d'une mauvaise gestion des déchets. Cette concentration de matière plastique peut constituer une menace pour la biodiversité et atteint également la santé humaine[39].
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+ La densité des déchets présents dans la Méditerranée est passée de 100 déchets par km2 dans les années 1990 à 200 par km2 dans les années 2010[40]. Chaque année, 11 200 tonnes de déchets plastique français sont déversés dans la Méditerranée[41]. Une pollution qui ne cesse de s'accroître et qui touche particulièrement la côte marseillaise et le nord de la Corse[42].
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+ Depuis la fin du XIXe siècle (ère préindustrielle), la mer bleue s'est réchauffée de près de 1,5 °C, soit 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale. Ces changements affectent les espèces, les écosystèmes et la biodiversité, à l'image de la prolifération des méduses dans la zone[43].
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+ La mer Méditerranée (prononcé [me.di.tɛ.ʁa.ne]) est une mer intercontinentale presque entièrement fermée, bordée par les côtes d'Europe du sud, d’Afrique du Nord et d’Asie de l'Ouest, depuis le détroit de Gibraltar à l'ouest aux entrées des Dardanelles et du canal de Suez à l'est. Elle s’étend sur une superficie d’environ 2,5 millions de kilomètres carrés. Son ouverture vers l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar est large de 14 kilomètres.
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+ Elle doit son nom au latin « mare Mediterraneum »[1], qui désigne une « mer au milieu des terres ».
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+ Durant l’Antiquité, la Méditerranée était une importante voie de transports maritimes permettant l’échange commercial et culturel entre les peuples de la région — les cultures mésopotamiennes, égyptienne, perse, phénicienne, carthaginoise, berbère, grecque, étrusque, et romaine. L’histoire de la Méditerranée est importante dans l’origine et le développement de la civilisation occidentale.
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+ Le terme de Méditerranée vient du latin mediterraneus qui veut dire « au milieu des terres », sous-entendu « du monde connu » (medius pour milieu et terra pour terre).
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+ La mer Méditerranée a été connue à travers l'Histoire sous de nombreux noms :
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+ Le bassin méditerranéen est riche d’une histoire complexe et ancienne. Elle est le berceau de la civilisation occidentale. L’Antiquité connaît un foisonnement de civilisations diverses comme les Égyptiens ou les Mésopotamiens. Puis, de grands empires prennent le contrôle des côtes de la mer Méditerranée. La Grèce, Carthage et Rome sont bien connus pour leur domination autour du bassin méditerranéen. Ils développèrent le commerce maritime et les guerres navales.
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+ Venise reprend le flambeau progressivement, puis monte en puissance au XIVe siècle, lorsque la « Bourse du Rialto » facilite l'échange des parts de navires, le développement d'une flotte commerciale, et le quadruplement de la superficie de l'Arsenal de Venise, mené par les autorités de la ville. La rivalité avec Gênes, autre grande cité maritime, favorise aussi le commerce, avant que la découverte des Amériques ne déplace le centre de gravité commercial, très progressivement, plus à l'Ouest.
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+ La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien individualisés, séparés par des hauts fonds situés entre la Sicile et la Tunisie : la Méditerranée occidentale[5] et la Méditerranée orientale[6], elles-mêmes nettement compartimentées. La première recouvre une superficie d’environ 0,85 million de kilomètres carrés tandis que la seconde recouvre environ 1,65 million de kilomètres carrés.
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+ La Méditerranée se trouve à la limite entre deux plaques : les plaques africaine et eurasienne. Ces deux plaques se rapprochent à cause de la subduction de la lithosphère océanique de la Téthys, ce qui est à l'origine de collisions continentales. Cela explique la forte activité sismique dans cette région et le volcanisme (Vésuve, Etna, Stromboli, Santorin...).
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+ Le fond de la Méditerranée occidentale est constitué d'une lithosphère océanique relativement récente, qui a commencé à se former au Miocène. La Méditerranée orientale est aussi constituée de lithosphère océanique mais d'âge plus ancien datant du Mésozoïque (de l'ère secondaire). C'est le vestige d'un ancien océan : la Téthys. Cette lithosphère océanique ancienne s'enfonce (subduction) sous l'Italie, la Sicile, la mer Égée, ce qui est à l'origine de la remontée du continent africain, mais aussi de l'étirement de la lithosphère dans la mer Égée et le bassin algéro-provençal et la mer Tyrrhénienne. Les séismes récents en Italie ont pour origine cet étirement de la croûte.
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+ La mer Méditerranée est en partie le vestige d’un ancien domaine océanique que l’on nomme aujourd’hui la Téthys, qui était plus vaste que la mer Méditerranée actuelle. À partir du Crétacé, la Téthys s’est « refermée » progressivement par subduction, avec le rapprochement des continents africain et eurasiatique. Ceci entraîne la formation de chaînes de montagne, comme les Pyrénées, ou les Alpes. Durant l’Oligocène (il y a 30 millions d’années), la Méditerranée occidentale subit une phase d’étirement qui sépare la Corse et la Sardaigne du continent européen.
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+ Il y a cinq millions d’années, le détroit de Gibraltar s’est refermé à la suite de l'élévation de son niveau par des mouvements sismiques, réduisant la mer Méditerranée à un lac très salé. On nomme cet épisode la crise de salinité messinienne. Des dépôts salins au fond de la mer produits durant un million d’années témoignent de ce phénomène. Près de 300 000 ans plus tard, une série de mouvements sismiques ont ouvert le barrage naturel du détroit[7]. Les scientifiques ont observé, à l'ouest du bassin oriental, un vaste dépôt de sédiments, d’apparence chaotique, au pied d’une falaise sous-marine appelée l'escarpement de Malte[8]. Ce dép��t témoigne d’une inondation gigantesque, datant du début du Pliocène, qui aurait rempli ce qui est la Méditerranée actuelle. Se déversant par le détroit de Gibraltar dès son ouverture, l’Atlantique a alimenté, en premier lieu, le bassin occidental avant de franchir le verrou au niveau de l’escarpement de Malte et de se jeter dans le bassin oriental par une cascade de 1,5 km de dénivelé en creusant au passage un immense canyon[9] sur le versant oriental de l'escarpement. Il aurait fallu entre quelques mois et quelques années pour que se déverse la quantité d’eau qui avait mis des centaines de milliers d’années à s’évaporer[10].
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+ En s'inspirant de cet épisode, l'architecte allemand Herman Sörgel conçoit en 1928 le projet Atlantropa dans lequel la fermeture du détroit de Gibraltar par un barrage hydroélectrique aurait asséché une partie de la mer Méditerranée.
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+ Les fonds marins de la mer Méditerranée se modifient encore aujourd’hui car les plaques africaine et eurasienne sont en contact. Leurs mouvements provoquent des séismes en Italie, Grèce, Turquie, Israël, France, et Algérie, et entretiennent une activité volcanique en Italie avec l’Etna, le Vésuve et le Stromboli.
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+ L'Organisation hydrographique internationale divise la mer Méditerranée en deux bassins dont les limites sont déterminées de la façon suivante[11] :
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+ La Méditerranée est reliée à l’océan Atlantique, par le détroit de Gibraltar et le canal du Midi, à l’ouest ; à la mer de Marmara et à la mer Noire, par les Dardanelles et le Bosphore, à l’est ; à la mer Rouge, par le canal de Suez, au sud-est. La mer de Marmara — mais pas la mer Noire — est parfois considérée (à tort) comme faisant partie de la Méditerranée. Il s'agit géographiquement d'une mer semi-fermée partagée par 23 États riverains même si certains États comme la Fédération de Russie utilisent une argumentation juridique pour refuser ce qualificatif, arguant du fait qu'il s'agit d'une mer très grande contenant beaucoup d'autres mers (comme la mer Adriatique à son tour semi-fermée) et utilisée pour la navigation internationale, comme s'il s'agissait d'un océan[12].
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+ Le climat méditerranéen est caractérisé par un hiver humide et doux et par un été chaud et sec. Cependant, les inter saisons laissent place à une violence certaine du climat. Des pluies très importantes et très violentes s’abattent parfois alors que la terre asséchée par des périodes de sécheresse ne peut absorber ces précipitations (parfois équivalents à trois mois de pluie voire bien plus selon la latitude). Les inondations fréquentes en témoignent, comme à Vaison-la-Romaine en 1992 ou dans l’Aude en 1999.
36
+
37
+ Les marées sont de faible amplitude et l’évaporation (3 130 km3/an) y est plus importante que dans l’océan Atlantique, d’où un taux de salinité plus élevé et des températures d’eau plus chaudes qu’en Atlantique. Les précipitations (pluviométrie de 1 000 km3/an) et la quantité relativement faible d’eau apportée par les fleuves (apports fluviaux de 430 km3/an) qui s’y jettent sont largement insuffisantes pour combler cette évaporation. Les apports hydrologiques de la mer Noire (180 km3/an) et surtout de l’océan Atlantique (1 520 km3/an) permettent cependant de combler une partie du déficit d’environ 3 000 milliards de mètres cubes[13].
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+
39
+ Les principales îles de la Méditerranée, que ce soit par leur superficie, leur importance historique ou leur fréquentation touristique, sont :
40
+
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+ Les États qui bordent la Méditerranée sont :
42
+
43
+ Au niveau de ces pays, la Méditerranée est le lieu de processus accentués de littoralisation et d'urbanisation plus ou moins spontanées. Sur 30 ans, de 1970 à 2000, les populations côtières sont passées de 96 millions d’habitants à 145 millions, soit 51 % d’augmentation, dont 17,2 % pour la rive Nord et 84 % pour les rives Est et Sud. Sur la même période, la population urbaine côtière a progressé de 10 millions d’habitants sur la rive Nord et de 30 millions d’habitants sur les rives Sud et Est[14].
44
+
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+ La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien séparés par des hauts-fonds entre la Sicile et la Tunisie. Chaque bassin est divisé en différents compartiments portant le nom de mers, bassins ou golfes, parfois eux-mêmes divisés en zones géographiques de taille inférieure :
46
+
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+ Méditerranée occidentale
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+
49
+ Méditerranée orientale
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+
51
+ Plusieurs détroits relient ces différentes parties de la Méditerranée :
52
+
53
+ La Méditerranée étant un des derniers vestiges océaniques de la Téthys, la plupart de ses espèces étaient pantropicales (espèces présentes dans toutes les mers chaudes du globe : récifs coralliens à porites, mangroves) avant la crise de salinité messinienne. La fermeture de la communication avec l'océan Indien il y a 14-18 Ma et l’assèchement de la Méditerranée durant cette crise messinienne il y a 5,96 à 5,33 Ma ont eu pour conséquence que le biotope marin de la mer Méditerranée est depuis lors principalement issu de l’océan Atlantique. L’Atlantique Nord est beaucoup plus froid et plus riche en aliments que la Méditerranée, et la vie marine méditerranéenne s'est adaptée à des conditions changeantes au cours des cinq millions d’années qui ont suivi son remplissage[17].
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55
+ La Méditerranée représente 0,8 % de la surface de l’océan mondial et 8 à 9 % de la biodiversité marine (10 à 12 000 espèces). Le domaine continental de la Méditerranée représente 1,6 % de la surface des continents et 10 % de la biodiversité mondiale (notamment 20 000 plantes, dont 52 % d’endémiques). La faune et la flore méditerranéennes comportent environ 20-30 % d’endémiques, 3-10 % d’espèces pantropicales, 55-75 % d’espèces atlantiques et 5 % d’« espèces lessepsiennes »[14],[18]. Le taux d’endémisme y est de 18 % chez les Decapoda et les poissons[19], 48 % chez les spongiaires, 20 % chez les algues, 50 % chez les ascidies, si bien que la Méditerranée occupe la deuxième place mondiale en termes de richesse d’espèces endémiques[20].
56
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+ La Méditerranée est cependant une mer relativement pauvre en termes de biomasse, notamment dans sa partie orientale en raison d'une limitation en phosphates qui réduit le développement du phytoplancton[21].
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+ La mer Méditerranée est plus salée et plus pauvre en nutriments que l’océan Atlantique, en particulier à cause du détroit de Gibraltar qui bloque les grands courants de l’Atlantique. En raison de l’aridité du climat et de l’effet des vents, l’évaporation est plus importante que les apports des pluies et des fleuves, ce qui concentre la teneur en sel ; un équilibre est globalement préservé grâce à deux écoulements contraires au niveau de Gibraltar : un flux d'eau Atlantique entrant en surface et un flux d’eau salée sortant en profondeur[22].
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+ Le percement du canal de Suez en 1869 a créé le premier passage d’eau de mer entre la mer Méditerranée et la mer Rouge. Cette dernière étant plus haute que la partie orientale de la Méditerranée, le canal forma un fleuve d’eau salée de la mer Rouge dans la Méditerranée. Traversé par le canal, le Grand Lac Amer (très salé avant le percement) a bloqué la migration des espèces de la mer Rouge vers la Méditerranée pendant plusieurs décennies. Progressivement, la salinité de ce lac s’est égalisée avec celle de la mer Rouge, la barrière migratoire s’est levée, et les plantes et les animaux de la mer Rouge ont commencé à coloniser la Méditerranée orientale.
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+ Les espèces animales et végétales de la mer Rouge prennent l’avantage sur les espèces de l’océan Atlantique dans l’environnement méditerranéen oriental salé et pauvre en aliments. La construction du barrage d'Assouan sur le Nil dans les années 1960 a réduit l’apport d’eau douce riche en nutriments dans la Méditerranée orientale, ce qui rend l’environnement de la Méditerranée proche de celui de la mer Rouge. Cet échange d’« espèces lessepsiennes » ou « érythréennes » (du grec eruthros signifiant « rouge ») est connu sous le nom de migration de Lesseps, d’après Ferdinand de Lesseps, l’ingénieur qui a surveillé la construction du canal. Ces espèces s'installent principalement dans le bassin oriental et s'y acclimatent, si bien que 15 % des poissons de la Méditerranée orientale sont exotiques en 2007 (en Turquie elles représentent 43 % des ressources halieutiques ; au Liban, 72 % des poissons sont des Siganus rivulatus[23]). Certaines migrent dans le bassin occidental (Siganus luridus, Fistularia commersoni).
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+ En 2008, 560 espèces exotiques (une majorité de poissons, arthropodes et mollusques) ont été recensées en Méditerranée. Leurs voies d'arrivée sont le détroit de Suez, le détroit de Gibraltar et la voie anthropique (notamment l'aquaculture, les eaux de ballasts ou le fouling). 220 proviennent du bassin indo-pacifique, 100 de l'océan Indien, 58 de la mer Rouge, 34 de l'océan Atlantique[24].
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+ Le dérèglement climatique pourrait avoir des effets exacerbés sur la zone biogéographique méditerranéenne qui abrite un grand nombre de hot-spots de biodiversité. Ils entraînent en effet une augmentation de la température de surface de la mer et entraînent une méridionalisation voire une tropicalisation de la Méditerranée : les espèces végétales et animales d’affinité méridionale sont favorisées aux dépens des espèces septentrionales[25].
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+ La Méditerranée est la victime de pressions diverses : la poursuite de la surpêche favorise la gélification de cette mer due à la pullulation de méduses ; contaminants chimiques, comme les métaux lourds et les pesticides, dont certaines molécules, quoiqu'elles soient interdites, résident dans le lit des fleuves et sont périodiquement relarguées à l'occasion des épisodes de crues ; développement des macro-déchets et, plus encore, des micro-déchets plastiques, qui font courir un risque de « polymérisation » au bassin méditerranéen.
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+ Anticiper les effets du changement climatique sur l’eau, l’agriculture, le tourisme, la pêche, l’énergie, le transport et l’urbanisme et l’environnement et la santé (zoonoses, épidémies, maladies émergentes) dans cette zone est une priorité croissante pour les élus et habitants de cette région déjà très dégradée par les feux de forêts et les sécheresses[26].
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+ Le bassin méditerranéen concentre 150 millions d’habitants et attire quelque 200 millions de visiteurs chaque année[27]. 20 % des pétroliers, 30 % des navires marchands du monde circulent en Méditerranée, pour un trafic total de 120 000 bateaux[27].
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+ Le secteur de la pêche primaire (emplois à bord des bateaux de pêche) représente près d'un quart de million d'emplois en Méditerranée. La pêche artisanale représente 60 % de ces emplois et 80 % (67 000 navires) de la flotte totale[28].
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+ Ce secteur est cependant menacé par la surpêche. Les lacunes en matière de réglementation de la pêche, la non application des recommandations de la Commission générale des Pêches pour la Méditerranée, la surexploitation des ressources halieutiques et l'utilisation de certains modes d'exploitation néfastes entraînent en effet le déclin des stocks dont 4 % à peine atteignent le rendement maximum durable. La Commission européenne estime qu'en 2016, à « l’ouest, entre les côtes espagnoles et la mer Tyrrhénienne, 96 % des stocks sont surexploités. Les pêcheurs européens attrapent en moyenne six fois plus de merlu, de rouget, de merlan bleu ou de baudroie qu’il faudrait pour que ces espèces aient une chance de se reproduire et de se maintenir durablement. A l’est, autour de la Crète et de Chypre, 91 % des populations de poissons sont pressurées au-delà du raisonnable. Le pire étant les zones centrales, où se retrouvent les bateaux de pêche de tous les pays riverains »[29]. Pour les anchois et sardines menacés de disparition, d'autres facteurs que la pression de pêche sont avancés : les changements environnementaux comme la température de la mer ou la pollution semblent modifier le plancton qui serait constitué d’espèces moins énergétiques, ce qui affecterait les populations de sardines et d’anchois[30].
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+ Les Jeux méditerranéens, qui se déroulent tous les quatre ans, sont une compétition multisports où se rencontrent des sportifs des pays du bassin méditerranéen.
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+ Une première forme de tourisme culturel, le Grand Tour, se développe sur les bords de la Méditerranée au XVIIIe siècle. Des jeunes aristocrates d'Europe du Nord visitent l'Italie, parfois la Grèce et le Proche-Orient ottomans, pour s'imprégner de la culture classique grecque, romaine, et italienne et se faire une place au sein de l'élite culturelle, diplomatique ou commerciale européenne.
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+ Au XIXe siècle, la bonne société européenne ne cherchait pas la chaleur et le soleil pour ses loisirs, se déplaçant sur des stations balnéaires de la côte atlantique, de la Manche ou de la Baltique dès le début de l'été, mais pas en Méditerranée. C'est à la même époque que naît le tourisme en Angleterre, où la population est déjà très urbanisée et invente la notion de vacances : les Anglais sont ainsi premiers à fréquenter les bords de la Méditerranée (mais en hiver), donnant naissance à de nombreux palaces (en particulier à Nice, la promenade des Anglais en étant un souvenir). À cette époque, « bronzer, c'était prendre le risque de régresser socialement et racialement » affirme l'anthropologue Jean-Didier Urbain (en effet, c'étaient les couches les plus pauvres de la population — paysans… — qui travaillaient au soleil ; il s'agissait donc d'un marqueur social, obligeant les couches aisées à garder la peau claire et à se couvrir)[31].
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+ La première description d'un bain de soleil comme plaisir bourgeois date ainsi seulement de 1902, dans L'Immoraliste d'André Gide et Coco Chanel fait scandale en 1927 en prenant le soleil sur la Côte d'Azur, alors que l'écrivain Théo Varlet créé le nudisme en 1905. Le tourisme méditerranéen, encore privilégié, se développe à partir de cette période. Jean-Didier Urbain poursuit : « Longtemps, la fréquentation de la Méditerranée s'est faite autour de trois usages. Il y avait l'aspect sanitaire, avec les stations balnéaires, de la côte espagnole à la Riviera italienne. Puis, dans le croissant allant des côtes adriatiques à l'Égypte, une imbrication entre découverte des racines de notre civilisation et une Méditerranée des loisirs dont le principal attrait était le tourisme sexuel »[31].
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+ En France, pays rural en comparaison de l'Angleterre, c'est avec les congés payés de 1936 et surtout la société de consommation des Trente Glorieuses que le tourisme méditerranéen se développe et se démocratise, donnant naissance au camping et à la fréquentation populaire des villes du Sud de la France. En 1950, l'entrepreneur belge Gérard Blitz créé le Club Méditerranée, des camps de vacances (d'abord sur l'île de Majorque, en Espagne[32], puis en Italie, en Grèce, en Tunisie, etc.). « Le coup de génie de Blitz, c'est la création d'un concept de vacances qui n'a strictement rien à faire de l'endroit où l'on s'implante du moment qu'il y a le sable, le soleil et la mer. Un endroit où l'on est heureux ensemble : sur ces côtes méditerranéennes, on crée une Polynésie fantasme, avec paréos, paillotes et monnaie propre. On ne vient plus là pour découvrir le monde mais pour l'oublier » conclut Jean-Didier Urbain[31]. Avec l'apparition des boîtes de nuits, certains endroits se voient dédiés à la fête estivale, comme l'île d'Ibiza.
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+ Depuis, la région accueille un nombre toujours croissant de voyageurs : le nombre de touristes internationaux représente plus de 310 millions en 2015, soit 28 % du tourisme mondial[33]. De 2000 à 2020, la France, l'Espagne et l'Italie sont leaders mais la Turquie et l'Égypte devraient tripler, voire quadrupler leur nombre de visiteurs. .
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+ Sur 5,7 % des terres émergées, le bassin méditerranéen concentre un tiers du tourisme mondial (275 millions de visiteurs selon les chiffres du World Travel and Tourism Council (en)). « Ces flux touristiques génèrent plusieurs types de pression sur l’environnement : un urbanisme littoral démesuré au regard des besoins des populations résidentes ; l’augmentation des tensions sur l’utilisation de l’eau qui résulte d’habitudes de consommation très spécifiques (golfs, piscines, usage individuel moins restreint que celui des populations locales), mais aussi de la coïncidence des afflux touristiques avec les périodes d’étiage[14]. »
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+ Depuis le début de la crise migratoire, dans les années 2010, de plus en plus de migrants et réfugiés parviennent en Europe en traversant la Méditerranée, en raison d'un contrôle toujours plus grand des routes de migration terrestres par l’UE (Frontex). Ces traversées maritimes sur des embarcations de fortune surpeuplées sont bien souvent très périlleuses, et ont conduit à la mort de plusieurs milliers de personnes. En 2017, 172 301 migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. En 2018, ce nombre est tombé à 113 482 personnes, soit une diminution de 34 %[34].
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+ L’OIM, organisation liée aux Nations Unies et spécialisée dans les défis de la gestion des flux migratoires, recense chaque année le nombre de noyés parmi les migrants et réfugiés tentant d’entrer en Europe par voie maritime. Au 12 octobre 2016, elle a enregistré 3 632 décès en mer depuis le début de l’année[35]. Avec ce chiffre, 2016 risque donc de battre le funeste record que l’OIM avait attribué à l’année 2015 en la déclarant l’année la plus meurtrière de l’histoire pour les migrants et réfugiés ayant traversé la Méditerranée (3 711 décès en 2015, 3279 en 2014)[36].
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+ Des organisations internationales comme Amnesty International déplorent « l’indifférence » de l’Europe face à cette tragédie, et du décalage entre les moyens consacrés à la protection des frontières externes (qui s’élèvent à deux milliards d’euros en 2012) et ceux destinés à l’accueil des requérants d’asile et réfugiés (700 millions d’euros pour la même année, soit trois fois moins)[37],[38].
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+ Le pourtour méditerranéen, qui se démarque par le nombre de phénomènes climatiques extrêmes qui s'y produisent (sécheresses, inondations torrentielles, vents violents catabatiques, canicules, incendies de forêts, cyclones subtropicaux méditerranéens, tornades, mais aussi avalanches et fortes intempéries neigeuses), voit sa population fortement augmenter dans les zones urbaines très densément peuplées, ces dernières se trouvant toutes situées au bord de la mer. L'augmentation et l'intensification de ces phénomènes atmosphériques, associée à la hausse du niveau de la mer, et aux risques géologiques déjà extrêmes (zone sismique très importante à proximité de grandes métropoles, menace du Vésuve, et risque de tsunami très important), les risques sanitaires avec l'arrivée de maladies venues des régions tropicales (paludisme, dengue, chikungunya) et de nouvelles espèces animales et végétales problématiques (moustique-tigre, nouvelles espèces de poissons, invasion d'algues vertes Caulerpa taxifolia), ainsi que la géopolitique très instable qui règne dans le Sud du bassin (Printemps arabe, vague d'immigration, guerre civile syrienne, conflit israélo-palestinien, etc.) rendent la situation particulièrement alarmante pour le futur de cette région.
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+ En 2018, alors que la mer Méditerranée représente seulement 1 % des eaux marines mondiales, elle compte 7 % de tous les microplastiques (fragments de moins de 5 mm), qui atteignent un niveau record de concentration : 1,25 million de fragments par km². L’Europe rejette chaque année en mer 500 000 tonnes de macroplastiques et 130 000 tonnes de microplastiques, en raison d'une production et une consommation excessives et d'une mauvaise gestion des déchets. Cette concentration de matière plastique peut constituer une menace pour la biodiversité et atteint également la santé humaine[39].
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+ La densité des déchets présents dans la Méditerranée est passée de 100 déchets par km2 dans les années 1990 à 200 par km2 dans les années 2010[40]. Chaque année, 11 200 tonnes de déchets plastique français sont déversés dans la Méditerranée[41]. Une pollution qui ne cesse de s'accroître et qui touche particulièrement la côte marseillaise et le nord de la Corse[42].
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+ Depuis la fin du XIXe siècle (ère préindustrielle), la mer bleue s'est réchauffée de près de 1,5 °C, soit 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale. Ces changements affectent les espèces, les écosystèmes et la biodiversité, à l'image de la prolifération des méduses dans la zone[43].
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+ Méduse (en grec ancien : Μέδουσα), appelée aussi la Gorgone (Gorgo), est dans la mythologie grecque l'une des trois Gorgones (avec ses sœurs Euryale et Sthéno). Elle est la seule à être mortelle. Fille de Phorcys et Céto, et donc petite-fille de l'union de la Terre (Gaïa) avec l'Océan (Pontos), elle appartient au groupe des divinités primordiales, tout comme ses cousines, la Chimère et l'Hydre de Lerne, qui, elles aussi, avaient des traits associés à l'image du serpent et ont été détruites par des héros. Même si elle figure au fronton de plusieurs temples, elle ne faisait l'objet d'aucun culte.
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+ Ses yeux ont le pouvoir de pétrifier tout mortel qui croise son regard. Après avoir été décapitée par Persée , son masque — le γοργόνειον / gorgóneion — est remis à Athéna qui le fixe sur son égide. La représentation du gorgonéion sera longtemps utilisée comme une protection contre le mauvais œil.
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+ Généralement représentée de face, elle avait à l'époque archaïque un visage de sanglier, des yeux exorbités, des crocs, la langue pendante et des serpents dans la chevelure ou à la taille. Ses traits s'humanisent et se féminisent à l'âge classique et, placées dans des contextes similaires, les représentations figurées resteront remarquablement stables durant plus d'un millénaire avant d'être réinventées successivement à la Renaissance et par les peintres de la fin du XIXe siècle. De monstre qu'elle était, Méduse est devenue l'archétype de la femme fatale.
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+ Le mythe, qui peut être vu comme un conte d'initiation, a alimenté des recherches sur la puissance du féminin, le pouvoir du regard, l'importance des talismans, l'angoisse de castration, le rapport intime au monstrueux et l'existence de sociétés matriarcales préhistoriques. La figure de Méduse est toujours présente dans la culture contemporaine et a été revendiquée comme un puissant symbole de rage et de pouvoir par le courant féministe.
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+ Le nom de Méduse (en grec : ἡ Μέδουσα) est le participe présent du verbe μέδω : régler, protéger, régner sur[1]. Il peut donc se traduire par « la protectrice ».
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+ Dans les premiers états du mythe, Méduse est souvent désignée comme la Gorgone, du mot γοργος qui signifie « effrayant »[2],[3]. Selon Thalia Phillies Howes, le mot Gorgone dérive de la racine indo-européenne garj qui désigne un cri terrifiant[4]. Le bruit terrifiant qu'émet la Gorgone est un de ses attributs essentiels selon Vernant, qui s'appuie sur Pindare : « des mâchoires rapides des Gorgones poursuivant Persée s'élève une plainte criarde et ces cris s'échappent tout à la fois de leurs bouches de jeunes filles et des têtes horribles des serpents qui leur sont associés. Ce cri aigu, inhumain, c'est celui qu'outre-tombe font entendre les morts dans l'Hadès[5]. »
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+ Méduse dans la Théogonie d'Hésiode
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+ Les premières mentions du mythe apparaissent chez Homère, qui ne cite jamais Méduse ni Persée, mais seulement la Gorgone[7], et celle-ci est simplement une tête monstrueuse placée sur l’Égide. Ainsi, quand Athéna est prête à se lancer dans la bataille, elle « jette sur ses épaules la formidable égide que la terreur environne de toutes parts : sur cette égide sont la Discorde, la Force, la Poursuite et la tête effroyable et terrible de Gorgone, monstre d'un horrible aspect, prodige de Jupiter[8] ». Le bouclier d'Achille est muni d'une tête de Gorgone sculptée sur un fond d'émail noir, « à l’aspect effrayant et aux regards horribles » [9]. Dans l’Odyssée, alors qu'il est descendu aux Enfers, Ulysse craint que Perséphone ne lui exhibe « la tête de l’horrible Gorgone[10] » et fait immédiatement demi-tour. Selon Vernant, cela laisse entendre que Gorgone « est chez elle au pays des morts dont elle interdit l'entrée à tout homme vivant[11]. »
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+ Hésiode nomme trois Gorgones : Euryalè, Stheinô et Méduse, cette dernière étant proprement la Gorgone, et il donne les premiers éléments du mythe (voir ci-contre). Au VIe siècle av. J.-C., le Pseudo-Hésiode mentionne l'exploit de Persée dans Le Bouclier d'Héraclès[12]. Le poète tragique Eschyle a consacré une tétralogie à ce mythe dont on ne connait que des fragments (Danaé, Les Phorkides, Polydecte et Les Tireurs de filet)[13].
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+ Au Ve siècle av. J.-C., Pindare évoque « les affreux gémissements des Gorgones et les sifflements que poussèrent les serpents entrelacés sur leurs têtes[14] ». Dans le même poème, il décrit Méduse comme ayant de « belles joues » et attribue l'invention de la flûte au désir d'Athéna d'imiter avec cet instrument « les cris lugubres que de sa bouche effroyable poussait la féroce Euryale », sœur de Méduse[14]. Cette mention établit un lien entre Méduse et l'art de la musique[15].
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+ Vers la fin du Ve siècle av. J.-C., Euripide livre d'autres éléments du mythe dans Ion. Il rappelle que « la Terre enfanta la Gorgone, ce monstre terrible » dont le « corps était armé de vipères aux plis tortueux », que « Pallas, la fille de Jupiter, lui donna la mort » et « couvrit sa poitrine de sa terrible dépouille ». La mère d'Ion possède deux gouttes du sang de la Gorgone : « Celle des deux gouttes qui a coulé de la veine cave / Chasse les maladies et entretient la vie », tandis que l'autre « donne la mort ; c'est le venin des serpents de la Gorgone ». En outre, le lange dont elle avait emmailloté son bébé portait en son centre la figure de la Gorgone[16].
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+ Dans les premiers états du mythe, « la Gorgone est un monstre, l'une des divinités primordiales, appartenant à la génération pré-olympienne. Puis on en vint à la considérer comme une victime d'une métamorphose[17]. » Ce monstre hybride avait des ailes d'or, des mains de bronze et des défenses de sanglier. Elle est parfois représentée sous la forme d'un centaure femelle (voir ci-dessous). Sa demeure varie selon les auteurs : elle est située à l'extrême ouest du monde, du côté des Hespérides selon Hésiode, chez les Hyperboréens au nord selon Pindare ou, le plus souvent, à l'ouest de la Libye[18].
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+ Le mythe a longtemps été connu par le récit qu'en fait Ovide au livre IV des Métamorphoses[19], mais cette version présente quelques détails qui ne correspondent pas aux autres sources. En revanche, la version qu'en donne Apollodore[20] au IIe siècle est considérée comme plus fiable car elle est corroborée par le récit que donnait déjà Phérécyde au Ve siècle av. J.-C., récit qui nous est connu par des scholies apposées en marge d'un ouvrage d'Apollonios de Rhodes[21]. Les spécialistes en concluent que la version d'Apollodore était en vigueur depuis au moins le Ve siècle av. J.-C. et qu'elle avait même probablement acquis sa forme définitive dès le VIIIe siècle av. J.-C. compte tenu des éléments convergents avec les sources anciennes, depuis la Théogonie d'Hésiode[22] jusqu'à Euripide[n 1].
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+ Arbre généalogique de Méduse[23]
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+ Fille de Phorcys et de Céto, et donc sœur des Grées, mais mortelle[n 2], Méduse est une belle jeune fille dont Poséidon s'éprend[24]. Violée par ce dieu dans un temple dédié à Athéna, elle est punie par cette même déesse qui la transforme en Gorgone[25]. Ses cheveux deviennent des serpents, ses yeux se dilatent et désormais son regard pétrifie tous ceux qui le croisent[n 3]. Selon une autre version, que cite Apollodore, Méduse était une jeune fille tellement fière de sa beauté et de sa chevelure qu'elle avait osé rivaliser avec Athéna. Pour la punir, la déesse changea ses cheveux en serpents et modifia son regard[26]. De même, selon Ovide « parmi tous ses attraits, ce qui charmait surtout les regards, c’était sa chevelure »[27]. Elle vivait sur l'île de Sériphos.
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+ Or, Danaé, chassée d'Argos avec son fils Persée, est recueillie par Dictys, un pêcheur de cette île. Celui-ci la prend dans sa maison et élève son enfant. Comme Polydecte, frère jumeau de Dictys et roi de l'île, s'était épris de Danaé et cherchait un moyen d'écarter le jeune Persée, il l'invite avec d'autres à lui faire cadeau d'un cheval pour la dot d'Hippodamie. Persée ayant répondu par bravade « la tête de Méduse ! », le roi le prend au mot et déclare que s'il ne la lui apportait pas, il épouserait Danaé. Se lamentant sur son triste sort, Persée se rend à l'autre bout de l'île. Il rencontre le dieu Hermès, qui lui dit de ne pas se décourager. Avec son aide et celle d'Athéna, Persée se rend chez les sœurs des Gorgones, les Grées (les « Vieilles »), qui sont nées avec des cheveux blancs et vivent dans une grotte où ne pénètre jamais la lumière du Soleil ni la clarté de la Lune ; elles n'ont ensemble qu'un seul œil et une seule dent, qu'elles se passent à tour de rôle[28]. Comme elles refusent de coopérer, il leur subtilise leur œil et leur dent au moment où elles se les passaient de l'une à l'autre, pour les forcer à lui répondre. Il apprend ainsi le chemin qui mène chez les nymphes, après quoi il leur rend l'œil et la dent, ou, selon une autre source, il jette ceux-ci dans le lac Triton, en Libye, afin de les neutraliser définitivement[n 4]. Arrivé chez les nymphes, celles-ci lui indiquent la grotte où se trouvent les Gorgones et lui remettent trois objets magiques : des sandales ailées qui permettent de voler, le casque d'Hadès (la kunée) qui rend invisible parce qu'il est, selon Vernant, le « masque d'un trépassé »[29], ainsi qu'une besace (la kibisis) pour y placer la tête de Méduse.
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+ Ainsi équipé, Persée vole jusqu'au rivage de l'Océan et arrive dans la grotte où les trois Gorgones sont en train de dormir[n 5]. Elles sont monstrueuses, avec leurs têtes couvertes d'écailles, leurs défenses de sanglier, la langue pendante, des yeux exorbités, des ailes et des mains de bronze, ainsi que des serpents autour de leur poitrine[n 6]. Quiconque les regardait est changé en pierre. Couvert du casque d'invisibilité et ayant bien soin de détourner la tête, le héros réussit à s'en approcher grâce au reflet que lui renvoie son bouclier poli comme un miroir. Il se saisit de Méduse à tâtons et, Athéna guidant son bras[n 7], il la décapite[n 8] avec la harpè[n 9], épée courbe qu'il tiendrait d'Hermès selon Apollodore. Du cou tranché de Méduse jaillissent deux fils, Chrysaor, père de Géryon, et Pégase, le cheval ailé[30]. Le sang qui sort de sa blessure est recueilli par Asclépios : celui qui coulait de la veine gauche est un poison, tandis que celui de la veine droite est un remède capable de ressusciter un mort[17], le mythe manifestant ainsi l'ambivalence caractéristique du pharmakon.
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+ Persée met la tête de Méduse dans sa besace et s'enfuit à l'aide de ses sandales ailées[n 10], tout en étant dissimulé, grâce à son casque d'invisibilité, aux deux autres Gorgones qui le poursuivent en poussant des lamentations[n 11]. Il se sert de la tête de Méduse, qui n'a rien perdu de son pouvoir, pour pétrifier Atlas — un des titans défaits jadis par les Olympiens —, parce que celui-ci lui refuse l'hospitalité alors que tombait la nuit. Le lendemain, alors qu'il survolait le désert de Libye, quelques gouttes de sang tombées de la tête de Méduse se transforment en dangereux serpents, dont l'un tuera plus tard un des Argonautes. Continuant son voyage, Persée aperçoit la vierge Andromède attachée nue à un îlot rocheux en guise de sacrifice à Kétos, un monstre marin envoyé par Poséidon. Il la délivre, en devient instantanément amoureux et finit par l'épouser, après avoir obtenu l'accord des parents en tuant le monstre qui ravageait leur pays. Au passage, les algues autour du rocher ont été pétrifiées en corail. Comme l'oncle d'Andromède, Phinée, lui cherche noise en prétendant que la jeune fille lui était promise. Persée le pétrifie à l'aide du gorgonéion.Rentré à Sériphos avec Andromède, il apprend que Danaé et Dictys se sont réfugiés dans un temple pour échapper aux avances de Polydecte accompagné de son armée. Il pétrifie ces derniers, établit Dictys comme roi de Sériphos et part pour Argos avec Danaé et Andromède. Enfin, il fait remettre aux nymphes les trois objets magiques qu'elles lui avaient donnés et offre à Athéna la tête de Méduse, que la déesse, avec l'aide d'Héphaïstos, fixe sur l'égide[26]. Celle-ci, fabriquée à partir d'une peau de chèvre ou de la propre peau de Méduse écorchée[32], avait également pour fonction de semer l'effroi, tout comme le gorgonéion, dont elle est en quelque sorte le double[33].
38
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39
+ Lorsqu'Héraclès part en expédition militaire contre Hippocoon fils d'Œbale, qui avait usurpé le trône de Sparte, il reçoit l'appui de Céphée, le roi de la ville arcadienne de Tégée, qui se joint à lui avec tous les hommes de la ville. Afin que la ville reste protégée en leur absence, Héraclès remet à Astéropé, l'une des filles de Céphée, une boucle de la chevelure de la Gorgone que la déesse Athéna lui a prêtée pour l'occasion[34].
40
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+ Alors que la Gorgone, les Nymphes et les Grées vivent dans des endroits indéterminés, plusieurs événements du mythe sont précisément localisés : Argos, Tirynthe, Sériphos et la Libye[35]. Persée est le héros mythique le plus important de la ville d'Argos, qui passe pour être la ville la plus ancienne de la Grèce et qui aurait été fondée par Danaos, venu d'Égypte[36].
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43
+ Omniprésent dans les objets de la vie quotidienne mis au jour par les fouilles archéologiques, le gorgonéion n'est paradoxalement jamais décrit dans les textes anciens[38].
44
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45
+ Méduse est presque toujours présentée de face plutôt que de profil, contrairement aux figures mythiques généralement vues de profil[39]. Les représentations sont aussi remarquablement semblables les unes aux autres à une même époque[40]. La représentation a passé par trois phases[41]. La première est la Gorgone archaïque, qui va du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle av. J.-C.. Les représentations les plus anciennes de Méduse ne comportaient que la tête. Celle-ci figurait parfois au fronton des temples, décorait souvent des acrotères et des antéfixes, à la façon des gargouilles, et était utilisée comme talisman sur des vêtements, des pièces de monnaie ou des armes, bien avant l'époque d'Homère. Hésiode ajoute à la Gorgone un corps et fait intervenir le personnage de Persée[42]. On trouve ensuite de belles représentations du personnage sur deux pithoi béotiens à relief[43] et une amphore à col protoattique[44], tous trois remontant au second quart du VIIe siècle av. J.-C.[45]. Sur les premiers, Méduse apparaît comme un centaure femelle, sur le point d'être décapitée par Persée, tandis que ce dernier détourne la tête pour éviter d'être pétrifié (illustration ci-contre). Sur l'amphore d'Éleusis, Méduse gît, décapitée, parmi les fleurs ; ses sœurs, à forme humaine mais au visage monstrueux, veulent poursuivre Persée, mais sont arrêtées par Athéna qui s'interpose.
46
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47
+ À la fin du VIIe siècle av. J.-C., le gorgonéion, tête sans corps ou masque de Méduse, est un motif fréquent dans la production des peintres de Corinthe, ville située non loin d'Argos d'où Persée serait originaire. Les masques archaïques ont le visage rond, des yeux protubérants, un nez épaté, une bouche grande ouverte découvrant dents et crocs, avec une langue qui dépasse. Ils ont souvent des cheveux bouclés entremêlés de serpents. Les masques les plus anciens peuvent être mâles ou femelles et sont souvent pourvus d'une barbe. Ce trait disparaîtra dès lors que le mythe sera associé avec celui de Persée[46]. L'exemple le plus connu est une assiette attique de Lydos[n 13].
48
+
49
+ Dans la deuxième phase, qui va du Ve siècle av. J.-C. au IIe siècle av. J.-C., le gorgonéion va progressivement perdre son aspect grotesque et terrifiant, tout en gardant la langue sortie et les dents apparentes ; la barbe disparaît et les serpents se changent en boucles. Dans un troisième temps, la figure pourra prendre l'apparence d'une belle jeune femme, comme dans la Méduse Rondanini : seules les boucles de la chevelure rappelant son association avec les serpents et sa nature monstrueuse. Dès -490, Pindare évoque ainsi dans un de ses poèmes « Méduse aux belles joues »[n 14]. C'est une des premières représentations de la Gorgone sous les traits d'une jolie femme. En l'occurrence, l'art aurait donc été en retard sur la poésie[47].
50
+
51
+ Enfin, la troisième phase, qui commence dès le IVe siècle av. J.-C., présente la Gorgone comme une figure traditionnelle, vue de profil ou de trois-quarts. Elle peut être dessinée dans son sommeil, avec les yeux fermés. Elle a cessé d'être un monstre, ayant perdu ses défenses de sanglier, sa barbe, son rictus et ses yeux protubérants[48]. Cette humanisation progressive de la figure de Méduse correspond, selon Jean Clair, au progrès de la raison et de la culture occidentale[49].
52
+
53
+ Ce schéma évolutif en trois phases, d'abord proposé par l'archéologue Adolf Furtwängler au XIXe siècle doit toutefois être nuancé. Comme le montre Kathryn Topper, les variations dans la représentation de Méduse ne peuvent pas se catégoriser par la seule chronologie, mais sont dépendantes du contexte et des conventions associées : « Nous ne pouvons pas comprendre les images de la belle Méduse à moins de savoir si elles visent à glorifier Persée, évoquer de la sympathie pour le monstre, provoquer le rire ou produire encore une autre réaction[50]. ».
54
+
55
+ Le gorgonéion ou masque de Méduse est l'emblème le plus fréquent sur les boucliers héroïques dans la peinture des vases attiques : « son efficacité visuelle se double d'une dimension sonore. La bouche distendue de Gorgo évoque le cri énorme d'Athéna surgissant dans le camp des Troyens [...] mais aussi le son de la flûte, qu'invente Athéna pour imiter la voix aiguë des gorgones[51] ». Ce masque, qui peut orner le bouclier de n'importe quel guerrier, est un élément typique des représentations du bouclier d'Achille, l'image terrifiante de la Gorgone étant censée terrifier l'adversaire[52], comme l'évoque Homère à plusieurs reprises dans l’Iliade :
56
+
57
+ « [Achille] s’empare d'un magnifique et solide bouclier qui le couvre entièrement. — Ce bouclier, merveilleusement travaillé, était bordé de dix cercles d’airain ; à sa surface s’élevaient vingt bossettes d’étain au milieu desquelles s’en trouvait une d’un métal bleuâtre : l’effroyable Gorgone, lançant d’horribles regards, entourait ce bouclier, et près d’elle étaient la Fuite et la Terreur[53]. »
58
+
59
+ À partir du milieu du Ve siècle, le gorgonéion se rencontre le plus souvent comme ornement de l'égide d'Athéna, ainsi que sur des vases ou des assiettes et sur les pièces de monnaie de nombreuses villes grecques. Il est utilisé comme décoration de porte et est très fréquent dans les mosaïques décorant les riches villas romaines (voir galerie A). Cette représentation apotropaïque vise à préserver du mauvais œil[54].
60
+
61
+ La face ronde de Méduse avec l'un ou l'autre de ses traits caractéristiques est particulièrement recherchée à l'époque romaine pour décorer le panneau central des mosaïques au sol[55]. Une des représentations les plus remarquables est celle trouvée dans les Thermes de Dioclétien, où les serpents prennent une place de premier plan en créant un effet de clair-obscur (voir galerie A). Parfois, l'artiste met en valeur les ailes posées sur le front comme dans la mosaïque trouvée à Tarragone[56] ou celle d'Athènes[57].
62
+
63
+ La face de la Gorgone est souvent aussi utilisée pour décorer des bijoux[58], comme on le voit notamment dans un camée trouvé dans le trésor de Petescia, près de Rome (Voir Galerie A) ou dans un autre en verre datant de la Rome impériale[59] ou encore dans la tasse Farnèse réalisée à Alexandrie, au Ier siècle[60].
64
+
65
+ L'ambiguïté est un trait essentiel de Méduse : « Elle est sur cette ligne de fracture, cette faille qui sépare en deux l��être humain : la vie et la mort », comme l'atteste le fait que son regard conserve son pouvoir de pétrification même dans la mort[61]. Ulysse est angoissé à la seule idée de la rencontrer dans les Enfers[10]. La monstruosité de Gorgo est basée sur « un brouillage systématique de toutes les catégories[51] ». Elle conjugue en effet bestialité et humanité, vie et mort, vieillesse et jeunesse, laideur et beauté. Même son sexe est incertain, Méduse étant parfois dotée d'une barbe et d'un sexe masculin alors que, par ailleurs, elle séduit Poséidon et est montrée en train d'accoucher[n 15].
66
+
67
+ Sculpture de Méduse sur le fronton du temple d'Artémis à Corcyre (-580).
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+
69
+ Reconstitution du temple C de Sélinonte (-550). La figure de Méduse mesurait 275 cm de hauteur.
70
+
71
+ Persée, guidé par Athéna, s'apprête à décapiter Méduse endormie. Céramique à figures rouges du peintre Polygnote, vers 450-30[n 16].
72
+
73
+ Antéfixe ornée d'une tête de Méduse. IVe siècle av. J.-C.. Ile de Paphos (?)
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+
75
+ Méduse de Didymes, ornant le grand temple d'Apollon IVe siècle av. J.-C.
76
+
77
+ Tête de Méduse sur un sarcophage étrusque. Vers le IVe siècle av. J.-C. Musée archéologique d'Ombrie.
78
+
79
+ Décoration de porte provenant des fouilles de Pompei. Musée archéologique national de Naples.
80
+
81
+ Camée du trésor de Petescia, près de Rome. Entre 50 av. J.-C. et 20. Altes Museum, Berlin.
82
+
83
+ Panneau central d'une mosaïque trouvée dans les Thermes de Dioclétien, Ier – IIe siècle.
84
+
85
+ Mosaïque d'une villa romaine de Tusculum. Athéna et Méduse sont deux figures indissociables.
86
+
87
+ Dès une époque ancienne, ce mythe a fait l'objet d'interprétations historicisantes, visant à lui trouver un substrat historique vraisemblable. Ainsi, dans un passage du Phèdre de Platon souvent cité[n 17], Socrate évoque ce genre d'explications rationnelles pour ensuite déclarer que celles-ci ne l'intéressent pas car la mythologie compte « une suite extravagante de si monstrueuses créatures, qu’un incrédule qui s’efforcerait, en se servant même d’une sagesse grossière, de ramener au vraisemblable chacune de ses formes, aurait besoin de beaucoup de loisir[62]. »
88
+
89
+ La recherche d'explications rationnelles connait cependant un regain d'intérêt sous l'influence de l'évhémérisme au IIIe siècle av. J.-C..
90
+
91
+ Selon Palaiphatos, ami d'Aristote et auteur des Histoires incroyables, Persée serait un pirate qui, pour s'emparer d'une statue en or, appelée Gorgone, que cachaient en Éthiopie les trois filles de Phorcys, aurait exécuté l'une d'entre elles, qui s'appelait Méduse. Il aurait ensuite placé la statue de la Gorgone sur son vaisseau et serait allé d'île en île, en rançonnant les habitants. Arrivé à Sériphos, il réclama aussi de l'argent, mais les gens du pays lui dirent de revenir quelques jours plus tard pour qu'ils aient le temps de trouver l'argent. Lorsque Persée revint, il trouva l'île abandonnée et de nombreuses pierres levées sur la place centrale. Il répandit alors la légende que les habitants avaient été transformés en pierres pour avoir refusé de payer[63].
92
+
93
+ Diodore de Sicile, dans sa Bibliothèque historique, explique le mythe comme résultant d'une guerre entre le peuple des Gorgones et les Amazones, que dirigeait la reine Merina. Vaincues, les Gorgones retrouveront toutefois leur puissance sous la reine Méduse. Un héros grec nommé Persée finira par tuer Méduse, tandis que les Amazones seront battues par Héraclès, ce qui fait disparaître les derniers royaumes dirigés par des femmes[64].
94
+
95
+ Au Ier siècle, dans sa description de l'Éthiopie, le géographe Pomponius Mela écrit : « On voit chez ces peuples une bête appelée catoblépas[n 18], qui, sans être grosse, a néanmoins une tête très grosse, qu’elle a peine à soutenir, et que son poids énorme incline fortement vers la terre. Cette bête a surtout cela de particulier, qu’elle n’a pas besoin de se précipiter sur sa proie ni de l’attaquer avec ses dents : elle la tue d’un regard. Les îles Gorgades, qui furent autrefois, dit-on, le séjour des Gorgones, s’élèvent en face de ce pays, qui se termine au promontoire appelé Ἑσπέρου κέρας [Corne de l’Occident][65]. »
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97
+ Vers la même époque, Alexandre de Myndos reprend cette explication dans un ouvrage de zoologie, en précisant que cette sorte de brebis sauvage vivant en Afrique est dotée d'une énorme crinière qui lui tombe sur les yeux, mais que son regard d'habitude tourné vers le bas avait le pouvoir de pétrifier ceux qu'elle regardait. Lors de la campagne militaire de Marius contre Jugurtha, un détachement de soldats a finalement réussi à tuer cet animal par embuscade et la peau en a été ramenée à Rome par le consul et exposée dans le temple d'Hercule[n 19] — prouvant ainsi, selon cet auteur, la vérité de cette explication[66].
98
+
99
+ Un siècle plus tard, Pausanias propose deux autres explications. Dans la première, Méduse est une reine qui, après la mort de son père, reprend elle-même le sceptre, et règne sur ses sujets près du lac Tritonide, en Libye. Dans une guerre contre Persée, qui avait envahi son pays avec des troupes du Péloponnèse, elle est tuée perfidement pendant la nuit. Frappé par sa beauté, Persée ramena la tête en Grèce et l'enterra dans la place publique d'Argos sous un monticule qu'on pouvait encore voir à son époque. L'historien présente toutefois comme plus vraisemblable l'hypothèse selon laquelle Méduse était une femme d'une tribu sauvage de Libye qui désolait les habitants de la région du lac Tritonide jusqu'à ce qu'elle soit tuée par Persée[67].
100
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101
+ Selon un certain Héraclite, auteur d'un autre recueil de Choses incroyables, Méduse était une prostituée[68].
102
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103
+ À l'époque chrétienne, on trouve d'autres interprétations rationalisantes de ce mythe. Fulgence le Mythographe écrit que Méduse, ayant hérité d'une grande somme d'argent, s'en était servi pour développer l'agriculture. Son succès avait attiré l'attention de Persée, mais celui-ci, au lieu de l'épouser, l'aurait tuée, avec l'aide d'Athéna. Cela signifie, selon cet auteur, que l'union de la sagesse et de la force masculine peut vaincre le pouvoir et les charmes de la femme. Contrairement au récit antique, Méduse n'est plus un monstre à éliminer mais devient une femme fatale par l'association que fait le christianisme entre sexualité et péché[69].
104
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105
+ Dans les Étymologies, Isidore de Séville interprète le mythe comme une métaphore, les Gorgones étant « trois sœurs identiquement belles, comme si elles avaient un œil unique, qui frappaient à ce point ceux qui les regardaient que l'on pensait qu'elles les changeaient en pierres[n 20] ».
106
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107
+ De colossales têtes de Méduse servent de base à deux colonnes de la Citerne Basilique de Constantinople, du VIe siècle, sans doute pour la valeur apotropaïque traditionnellement attribuée à cette tête. Selon la tradition, les blocs auraient été placés sur le côté et mis en opposition l'un de l'autre afin d'annuler le pouvoir du regard de la Gorgone[70].
108
+
109
+ Au XIIe siècle, développant la position de Fulgence et d'Isidore, Bernard Silvestre propose dans son commentaire de Virgile une interprétation allégorique selon laquelle Persée, personnifiant la vertu et aidé par Athéna la sagesse, réussit à venir à bout des tendances perverses représentées par Méduse[69]. L'auteur anonyme de l'Ovide moralisé va plus loin encore et décrit Méduse comme une « putain ... sage et cavilleuse / Decevable et malicieuse »[71]. Le même thème revient dans une interpolation du Roman de la Rose[72].
110
+
111
+ Le regard porté sur Méduse commence à changer avec Boccace, qui lui consacre un chapitre dans son ouvrage De mulieribus claris (Sur les femmes célèbres) écrit en 1374[73]. Selon ce récit, Méduse est d'une telle beauté que les hommes qui la regardent en deviennent immobiles et perdent conscience.
112
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+ Christine de Pizan reprend le même thème dans La Cité des dames (1405) et voit dans les serpents de simples boucles dorées. Elle inspirera les relectures féministes contemporaines[74].
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115
+ Absente de l'iconographie médiévale, la représentation du gorgonéion devient très populaire à la Renaissance et au XVIIe siècle. Selon Jean Clair, ce motif « réapparait parce qu'il est structurellement lié à l'invention de la perspectiva artificialis. Il en emblématise le fonctionnement[75]. » Pour cet historien, la fameuse démonstration de la perspective à foyer unique par Brunelleschi en 1425 est un acte fondateur équivalent à la décapitation de Méduse par Persée.
116
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+ Assez curieusement, dans une fresque de La vie de saint Jacques par Andrea Mantegna, réalisée en 1453-1457, le gorgonéion apparait sur un bouclier que tient une femme auprès du corps du martyr[76].
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+ Avec la redécouverte de l'antiquité, les attributs archaïques de Méduse font leur réapparition. Ainsi dans la très populaire Hypnerotomachia Poliphili (Venise, 1499), le narrateur raconte son arrivée devant une énorme pyramide : « En sa face dextre, à l'endroit par où je vins et au milieu de son carré, était entaillée de bosse la tête épouvantable de Méduse, criant (comme il semblait) par furieuse démonstration, rechignée, les yeux enfoncés, les sourcils pendants, le front ridé et renfrogné, la gueule ouverte, qui était cavée et percée d'un petit sentier fait en voûte [...] Quand je fus venu devant la tête de Méduse, je montai par ses cheveux qui servaient de degrés et entrai en sa bouche, suivant ce sentier[77]. » L'importance donnée à la chevelure pourrait avoir été inspirée par la célèbre tasse Farnèse, camée réalisé à Alexandrie au Ier siècle et dont Laurent de Médicis avait fait l'acquisition en 1471[78].
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+ Cet aspect terrifiant va désormais dominer la plupart des représentations visuelles, tout particulièrement dans le bouclier sur lequel, au début du XVIe siècle, Léonard de Vinci aurait peint une figure de Méduse. Cette peinture — malheureusement perdue — ajoutait à l'aspect terrifiant du personnage toute l'intensité du pathos[79].
122
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+ Une des représentations les plus connues de cette époque est Persée tenant la tête de Méduse par Benvenuto Cellini (1554) : selon Elizabeth Johnston, cette statue voulait mettre en garde contre le pouvoir politique croissant des femmes en Italie[80]. Pour l'historien Irving Lavin, il s'agissait plutôt d'un message adressé aux ennemis du duc Côme de Médicis, libérateur de Florence/Andromède[81]. Comme l'a montré Tobin Siebers, la tête de Persée et celle de Méduse présentent des profils identiques et ont toutes deux un nez aquilin, des joues délicates et les yeux baissés. Cellini révèle ainsi l'ambiguïté entre le héros et le monstre[82].
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+ Une autre représentation extrêmement expressive est le bouclier d'apparat, peint par le Caravage, où le sang dégouline de la tête fraîchement décapitée. Le visage, qui exprime à la fois l'incrédulité et la surprise, a des traits quelque peu masculins, le peintre ayant pris un jeune homme comme modèle ou, selon une autre hypothèse, ayant fait son autoportrait[83]. L'effet de relief est saisissant, comme l'a noté Jean Clair[n 21]. Contrairement aux anciennes représentations apotropaïques, cette peinture n'est pas un talisman, mais vise à célébrer la destruction d'une puissance belle mais dangereuse[84]. Selon Le Caravage, « Tout tableau est une tête de méduse. On peut vaincre la terreur par l’image de la terreur. Tout peintre est Persée[85]. »
126
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+ L'horreur qu'inspire le personnage culmine avec un tableau d'un peintre de l'école flamande, vers 1600, et un autre de Pierre Paul Rubens (1618), où les serpents et les scorpions entourant la tête captent le regard et suggèrent un personnage extrêmement venimeux[69]. (Voir galerie B). Dans le récit du mythe que fait L'Ovide moralisé vers 1320, les serpents qui jaillissent du sang de Méduse correspondent aux mauvaises pensées que ruminent les cœurs des méchants[n 22].
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+ Le buste que Le Bernin lui consacre vers 1640 rompt toutefois avec les représentations terrifiantes et inverse la perspective du mythe en présentant une très belle jeune femme en proie à une profonde souffrance morale, une angoisse spirituelle presque méditative, comme si elle était engagée dans un processus de catharsis. Selon Irving Lavin, ces caractéristiques inhabituelles seraient dues au contexte personnel très particulier dans lequel Le Bernin a entrepris de réaliser cette sculpture[86]. Le même spécialiste voit chez le sculpteur un « affreux calembour »[87] dans le fait d'appliquer à Méduse elle-même la pétrification qu'elle produisait sur ses victimes[n 23].
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+ En 1650, le dramaturge espagnol Calderón de la Barca compose une pièce intitulée Andrómeda y Perseo, dans laquelle il récrit le mythe en donnant à Méduse un rôle actif, faisant d'elle une victime de son propre reflet[88].
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+ Au cours de ce siècle et du suivant, l'histoire de Persée, Méduse et Andromède a inspiré plus de 25 opéras[89]. Premier opéra à être présenté devant un public payant[90], l'Andromeda de Francesco Manelli (1637) était un spectacle à grands effets, dans lequel Persée arrivait à la rescousse d'Andromède monté sur le cheval ailé Pégase[n 24].
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+ L'opéra Persée que Lully compose en 1682 sur un livret de Philippe Quinault d’après les Métamorphoses d’Ovide[91], ne comporte pas une machinerie aussi élaborée. Le livret se contente de faire raconter par le chœur le sauvetage d'Andromède par Persée, qui apparait dans les airs. Il représente aussi sur scène la naissance des monstres jaillissant du sang de Méduse[90].
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+ Les poètes romantiques sont fascinés par le mythe de Méduse et donnent de nouveaux développements au thème de la femme fatale. Ce nouveau regard commence avec un poème fragmentaire que Shelley écrit en 1819 après avoir vu à Florence un tableau représentant la tête de Méduse entourée de serpents — un tableau de 1600, d'abord attribué à Léonard de Vinci, mais dû en fait à un peintre de l'École flamande et dont le thème sera repris par Rubens. Le poète s'intéresse à la grâce de ce visage et à la beauté qui se dégage de l'horreur, exaltant dans une antithèse le « charme tumultueux de la terreur[92] ». Dans Jettatura (1857) de Théophile Gautier, le héros persuadé d'avoir le mauvais œil « se fit peur à lui-même : il lui semblait que les effluves de ses yeux, renvoyés par le miroir, lui revenaient en dards empoisonnés : figurez-vous Méduse regardant sa tête horrible et charmante dans le fauve reflet d’un bouclier d’airain[93]. »
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+ Füssli est un des premiers peintres romantiques à s'intéresser au personnage avec le tableau Persée fuyant avec effroi l'antre de la Gorgone (1817) et Persée rendant leur œil aux Grées (voir ci-dessus). Fasciné par les aspects les plus sombres de la mythologie grecque, il dépeint en de nombreux tableaux « l'effroi du sexe féminin comme instrument de la castration de l'homme[94]. »
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141
+ En revanche, un mouvement de réhabilitation se développe avec l'école préraphaélite en Angleterre, qui présente Méduse comme une victime. On découvre alors que, dans le récit du viol de Méduse par Poséidon, c'est la victime, plutôt que le violeur, qui avait été punie par Athéna, inaugurant une longue tradition de justice biaisée[95]. Plutôt que de la répulsion, c'est de l'empathie que le poète et peintre Dante Gabriel Rossetti éprouve pour le drame intérieur de la femme, empathie qui s'exprime dans le tableau Aspecta Medusa, dont on ne sait s'il représente Méduse avant sa décapitation ou Andromède regardant le reflet de Méduse dans l'eau[96].
142
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143
+ Ce nouveau regard est le sujet du tableau d'Edward Burne-Jones, La tête funeste, où un Persée médiéval vêtu d'une armure noire tient à bout de bras la tête de Méduse et tente de « convaincre Andromède de son origine divine en lui montrant le reflet de la tête de Méduse dans l'eau d'un puits[97]. » Ce tableau fait partie d'un ensemble de huit panneaux illustrant le cycle de Persée dont Burne-Jones a décoré la maison de Lord Balfour. Il a également représenté la naissance de Chrysaor et Pégase ainsi que la délivrance d'Andromède[98]. Il n'a cependant pas eu le temps de compléter son projet[89].
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+ On ressent aussi ce mouvement d'empathie chez Alice Pike Barney (1892), ainsi que chez Carlos Schwabe (1895) et surtout chez Arnold Böcklin qui a traité le sujet en plusieurs tableaux, dont l'un ci-dessous, vers 1890, et un autre au musée d'Orsay. Le peintre symboliste belge Jean Delville a également peint La Méduse (1893), ainsi que Lucien Lévy-Dhurmer, dont la Medusa (1897) se trouve au musée du Louvre[99].
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+ Gustav Klimt s'intéresse beaucoup au sujet : en 1898, il peint le tableau Pallas Athéna (voir galerie B), dans lequel il détourne la représentation traditionnelle du sujet, d'inspiration classique, en montrant sous le visage de la déesse une Gorgone tirant la langue, conformément aux images de l'époque archaïque. En cela, il était sans doute inspiré par sa lecture de Nietzsche, La Naissance de la tragédie, comme l'a montré Lisa Florman[100]. Il reviendra sur le sujet avec un groupe de Gorgones en 1902 (image ci-dessus).
148
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149
+ Le sujet inspire aussi les sculpteurs. Antonio Canova réalise Persée tenant la tête de Méduse (1804-1806), qui fixe dans la pierre la surprenante ressemblance entre les deux personnages. En montrant Persée en train de regarder le masque de Méduse, Canova suggère que le héros se fait lui-même pétrifier[101].
150
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151
+ En 1854, la sculptrice américaine Harriet Hosmer représente Méduse dans un buste de marbre sous les traits d'une belle jeune femme aux seins nus (voir galerie B).
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+ La peintre anglaise Evelyn De Morgan coule un buste en bronze de Méduse vers la fin des années 1870[n 25].
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+ Auguste Rodin intègre Méduse dans le groupe La Porte de l'Enfer (1888), d'après le poème de Dante[102].
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+ Benvenuto Cellini, Persée tenant la tête de Méduse[n 26] (1554), Florence
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+ École flamande, Tête de Méduse. Vers 1600.
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+ Pierre Paul Rubens, Tête de Méduse (1618).
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+ Luca Giordano, Persée décapitant Méduse (vers 1670).
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165
+ Jean-Marc Nattier, Persée, assisté par Minerve, pétrifie Phinée (1718).
166
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167
+ Harriet Hosmer, Medusa (1854).
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169
+ Dante Gabriel Rossetti. Aspecta Medusa (1867).
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171
+ Edward Burne-Jones, La tête funeste (1886-87).
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173
+ Laurent Marqueste, Persée et la Gorgone (1890). Musée des beaux-arts de Lyon.
174
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175
+ Arnold Böcklin, Méduse (vers 1890).
176
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177
+ La Gorgone appartient à une classe de créatures mythologiques qui sont bien connues du grand public grâce à leur apparence étrange, tels le cyclope, le centaure et le minotaure[103]. Avec Dionysos et Artémis, elle est une des trois divinités grecques représentées par un masque.
178
+ Le corps de Méduse apparait pour la première fois sur les métopes du sanctuaire d'Apollon à Thermos, entre 640 et 620 avant notre ère[104]. La question de l'origine de ce masque a suscité de nombreuses hypothèses.
179
+
180
+ Dans l'Iliade, Homère compare le bouclier de Zeus au nuage de la tempête. Comme le gorgonéion figure au centre du bouclier, il est logique de conclure que la tête de la Gorgone doit représenter une nuée d'orage. Reprenant la comparaison homérique, le poème Suite d'Homère de Quintus de Smyrne compare le choc de l'égide au bruit du tonnerre. Au XIXe siècle, plusieurs philologues en ont déduit que la tête de la Gorgone représentait le tonnerre et les éclairs, en s'appuyant aussi sur la puissance de son regard et l’harmonie imitative du nom gor-go. Le dictionnaire de mythologie de Roscher soutient cette hypothèse, alors défendue par Adolf Furtwängler et Karl Dilthey[103]. Thalia Feldman écarte cette explication en montrant que le mot sanskrit garj n'était pas associé à la notion de tonnerre, mais plutôt à la production d'un son guttural et à une tête sans corps inspirant la terreur, dont est dérivé notamment le mot gargouille[105].
181
+
182
+ Dans la ligne du récit donné plus haut par Alexandre de Myndos, plusieurs analystes ont voulu voir dans la Gorgone un animal sauvage inspirant la peur : un lion[n 27] ou un gorille[n 28]. D'autres voient l'origine de la Gorgone dans un céphalopode : un calmar, une seiche ou, surtout, une pieuvre, car Méduse est un animal sans partie inférieure, avec des yeux globuleux et des serpents sur la tête qui ressemblent à des tentacules, etc[n 29].
183
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184
+ D'autres hypothèses voient dans ce masque une origine astrale. Selon Clément d'Alexandrie, la Lune était désignée dans les rites orphiques sous le nom de Gorgonéion[106]. S'appuyant sur cette affirmation, au XIXe siècle, le philologue allemand Rudolf Gaedechens a fait l'hypothèse que le gorgonéion représentait la Lune, mais sans apporter d'autre pièce à l'appui. Étant un culte réservé à des initiés, l'orphisme n'a guère laissé de témoignages écrits. La plupart des interprétations modernes rejettent toute affinité entre la Gorgone et la Lune[107]. Cette hypothèse a toutefois été reprise récemment par la linguiste Isabelle Leroy-Turcan, pour qui le mythe a une origine cosmologique : Persée, victorieux de la Gorgone Méduse, représente le génie solaire vainqueur du règne de l'hiver. Les Grées comme les Gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos, les premières étant du pays de la nuit et les Gorgones résidant à l'extrême occident, là où chaque jour disparaît le Soleil. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel : « les gorgones appartenaient au monde des morts que les pythagoriciens situaient précisément dans la Lune, œil unique de la nuit[108]. »
185
+
186
+ Le gorgonéion est plus fréquemment associé avec le Soleil, ainsi qu'on peut le voir sur des pièces de monnaie, des lampes ou des images du zodiaque[107]. Pour l'historien de l'art Jean Clair, « Méduse est le Soleil changé en nuit : elle est plutôt l'autre face du jour : la nuit d'où nous venons, et où nous retournons, à chaque révolution du Soleil, quand le sommeil nous fait affronter les songes, mais aussi quand nous aurons à affronter les portes de la mort. » [109].
187
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188
+ Les hypothèses de type anthropologique sont toutefois préférées par les chercheurs modernes[104].
189
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190
+ S'interrogeant sur la place importante que donne le mythe à la petite île rocheuse de Sériphos, une des moins importantes des Cyclades, le spécialiste de l'antiquité classique J. H. Croon remarque que celle-ci comportait des sources thermales, ce qui est également le cas de nombre d'autres cités antiques dont les pièces de monnaies portaient la figure de la Gorgone, indiquant l'existence d'un culte local[n 30]. Ce culte s'explique par le fait que les sources étaient nécessairement perçues comme des orifices du monde souterrain[107] et, par conséquent, fréquemment associés à des rites religieux en l'honneur des divinités souterraines du monde des morts. Au cours de ces cérémonies, le célébrant portait le masque de la Gorgone, selon une masse d'indices convergents que propose Croon à la suite de Jane Ellen Harrison : « quand un masque est utilisé dans un rituel chthonien, son porteur représente l'apparition d'un démon souterrain. Quand le masque est apotropaïque, cela veut dire que la divinité chthonienne effraie, terrorise, fige de peur ou pétrifie les autres fantômes ou personnes présentes[110] ». L'histoire de Persée serait donc un mythe expliquant le rituel du masque en usage sur cette île, à proximité des sources thermales. Comme le note Wilk, la théorie de Croon est la seule capable d'expliquer la présence dans le mythe de Persée de cette île insignifiante qu'est Sériphos[107]. Cette théorie a été reprise et développée par Jean-Pierre Vernant, dans La mort dans les yeux[111].
191
+
192
+ Par ailleurs, on a trouvé dans une tombe étrusque une fresque montrant un captif tenu par un personnage masqué sous lequel est écrit le mot φersu, mot étrusque dont la racine est liée à celle de Persée. Celui-ci serait donc initialement un personnage relié au monde souterrain, tout comme Perséphone, dont le nom correspond à l'étrusque φersipnai : Persée est donc le porteur du masque du démon souterrain, celui-là même qui avait fait fuir Ulysse dans l'Odyssée (voir plus haut)[112]. Méduse est effectivement désignée comme la gardienne des Enfers chez Hésiode[n 31].
193
+
194
+ Le gorgonéion est aussi le motif mythologique le plus fréquent sur les sarcophages étrusques du Ve siècle, dont on a trouvé des dizaines d'exemplaires (voir galerie A). Cette appartenance de la Gorgone au monde des morts « explique la présence de têtes de gorgones sur des monuments funéraires (sarcophages, autels) même si cette représentation avait aussi une valeur apotropaïque visant à éloigner les mauvais desseins des détrousseurs de morts[108]. » Le lien de Méduse avec le monde des morts semble confirmé par le fait que « les deux représentations les plus connues de Méduse tuée par Persée se trouvent sur deux temples consacrés à Artémis, celui de Sélinonte et celui de Corfou[113]. » Or Artémis est associée à la Lune et à la mort. Dans le sanctuaire d'Artémis Orthia, à Sparte, on a trouvé de nombreux masques de la Gorgone, aux côtés de ceux d'Artémis[114].
195
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196
+ Il est à noter que « Méduse ne fait l'objet d'aucun culte, ni pour l'honorer, ni pour la conjurer. Mais il existe, dans la religion grecques, des Puissances redoutables, apparentées à Gorgô en ce sens qu'elles se présentent sous la forme de simples têtes. Ces déesses-têtes, les Praxidikai, ont, dans le rituel, la charge d'exécuter les vengeances et de garantir le serment[115]. » Elles aussi sont reliées au monde souterrain et sont représentées par un masque rituel que portait le prêtre au cours de la cérémonie visant à garantir les serments[110].
197
+
198
+ Le masque a donc pour fonction de traduire « l'extrême altérité, l'horreur terrifiante de ce qui est absolument autre, l'indicible, l'impensable, le pur chaos[116] » : « Regarder Gorgô dans les yeux c'est se trouver nez à nez avec l'au-delà dans sa dimension de terreur[117]. » Le rituel et le récit mythique ont pour but de permettre à la société de maîtriser l'angoisse :
199
+
200
+ « Depuis la nuit des temps, l’homme a cherché à donner forme à ses peurs pour mieux les maîtriser. Peur des réalités effrayantes qui l’entouraient, des forces de la nature qu’il ne comprenait pas, mais aussi peur des forces obscures de son monde interne, angoisse devant la sexualité, la destructivité, la mort, l’altérité. Pour mieux les contrôler, l’homme en a fait des divinités ; il a organisé des rites et des sacrifices pour s’en attirer les faveurs, il a inventé des mythes pour donner sens et contenu à ces rites[118]. »
201
+
202
+ Loin d'être le seul trio de divinités féminines dans la mythologie grecque, les Gorgones présentent des points communs avec plusieurs autres groupes, mais pour lesquels les représentations sont assez rares[119] :
203
+
204
+ En Égypte, les représentations du dieu Bès présentent aussi des points communs avec celle de la Gorgone : toujours présenté de face, avec de grands yeux, un large nez et la langue qui dépasse, il est assez fréquemment dépourvu de corps. Figure très populaire, il s'est maintenu depuis le milieu du deuxième millénaire av. J.-C jusqu'à l'époque romaine et semble avoir eu une fonction apotropaïque, tenir à distance les mauvais sorts et écarter les démons[120]. Robert Graves voit des éléments communs avec la déesse égyptienne Neith, déesse de l'amour et de la guerre, ainsi qu'avec Lamia, déesse libyenne qui avait des yeux amovibles et dont la cruauté avait changé le visage en un masque de cauchemar[121].
205
+
206
+ Selon d'autres interprétations, le masque de Méduse dériverait du démon Humbaba, qui a été décapité par le héros de l'épopée de Gilgamesh[122]. On a découvert nombre de têtes de Humbaba, représentations de ce dieu sans corps, datant de 2750 av. J.-C. Toujours représenté de face, comme la Gorgone et Bès, il présente des lignes sur son visage et des yeux protubérants. Il avait des pouvoirs assez similaires à ceux de Méduse[123].
207
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208
+ Nombre de comparaisons sont possibles avec le panthéon indien. Il y a d'abord le Kirtimukha (litt. « visage glorieux »), qui consiste en un visage plus ou moins stylisé de monstre féroce ayant d'énormes crocs, la bouche ouverte une langue généreuse et des yeux très protubérants[124]. Il y a aussi la déesse Kali au visage terrifiant et grimaçant, avec des dents en forme de défenses, des cheveux entremêlés, une langue pendante et des yeux protubérants ; parfois, elle boit le sang qui coule des têtes coupées qu'elle brandit. Toutefois, Kali n'est pas une divinité ancienne et n'aurait atteint un statut de déesse majeure que vers le IVe siècle[125].
209
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210
+ On trouve également des figures similaires en Indonésie, en Chine et au Japon, ayant en commun d'être terrifiantes et de servir en même temps de protection[126]. Mais la ressemblance la plus étrange serait, selon Wilk, avec la figure centrale de la Pierre du Soleil représentant le dieu solaire : tout comme pour la Gorgone archaïque, le visage est arrondi, le front marqué de lignes, les yeux protubérants et la bouche grande ouverte dans une grimace avec la langue pendante. Il ne lui manque que les défenses de sanglier[127]. On peut également faire des rapprochements avec la déesse aztèque de la mort Mictecacihuatl ainsi que chez les Mayas[128].
211
+
212
+ Pour Jean-Pierre Vernant, toutefois, ces rapprochements avec les représentations de Bès, Humbaba et autres ne sont pas convaincants car la figure de la Gorgone est « une création neuve, très différente des antécédents qu'on invoque [dont] l'originalité ne saurait être saisie en dehors des relations qui la lient à des pratiques rituelles ». Il rejette aussi l'assimilation avec les Harpies et les Érinyes, qui présentent des caractéristiques différentes[129].
213
+
214
+ Selon l'ingénieur en optique Stephen R. Wilk, le mythe vise à illustrer les systèmes stellaires très particuliers que sont les constellations de Persée et celles qui lui sont associées. Dès une époque ancienne, les cartes du ciel regroupaient les étoiles les plus brillantes de la constellation de Persée dans une figure censée représenter le héros éponyme en pleine action, brandissant la serpe dans la main droite et tenant dans la gauche la tête de Méduse (voir illustration ci-contre). Une telle représentation, qui se trouve dans la grande Uranometria de Johannes Bayer (1603), apparaissait déjà chez l'astronome persan du Xe siècle Ramah al-Sufi. Dans cette constellation, l'étoile Algol (Beta Persei) a une réputation maléfique, comme l'indique son nom dérivé de l'arabe al-ghoul (« tête du démon ») ; les astronomes chinois l'appelaient Tsi-Chi (« pile de cadavres »). Algol présente en effet la particularité d'être jumelée avec une étoile voisine de sorte que leurs rotations respectives la font disparaître tous les trois jours. Une tablette babylonienne semblait déjà faire état du comportement particulier des étoiles binaires. Les témoignages antiques sont cependant rares et Wilk conjecture que cela est dû à la suppression de tout commentaire direct sur ces phénomènes afin d'éviter d'attirer sur soi le mauvais œil[131].
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216
+ Selon Wilk, l'étoile Algol ne correspond pas à l'œil de la Gorgone mais à l'ensemble de la tête, car tous les trois jours, l'étoile la plus brillante de ce système stellaire triple disparaît (telle Méduse, qui est mortelle) tandis que les deux autres (ses sœurs immortelles Stheno et Euryale) se maintiennent égales à elles-mêmes. Selon cette théorie, la présence des trois Grées correspondrait au résidu d'une version parallèle du mythe, dans lequel Algol, qui se trouve au bout du bras gauche de Persée, est l'œil que les Grées se passent de l'une à l'autre. Tous les trois jours, quand il passe par Persée, celui-ci le vole et la lumière disparaît. Autre coïncidence, la pluies de météores des Perséides a pour point d'origine l'extrémité du bras droit de Persée. Or, selon une version du mythe, ce bras aurait lancé l'œil des Grées dans le lac Triton[130]. Enfin, cette « pluie d'or » n'est pas sans évoquer la façon dont Zeus a fécondé Danaé, mère de Persée.
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218
+ Il existe aussi une correspondance astronomique entre la constellation de Persée et celle de la Baleine. Or, celle-ci correspond au mythe de Céto, la mère des Grées et des Gorgones, que combattra Persée pour délivrer Andromède, elle-même fille de Céphée et de Cassiopée. Le fait que les Grecs aient associé dans un même mythe Persée, Céto (dans ses différents sens), Céphée, Cassiopée et Pégase suggère qu'ils savaient que les constellations éponymes contenaient toutes des étoiles variables. Six des treize étoiles variables observables à l'œil nu depuis la Grèce sont donc impliquées dans ce mythe et, à l'exception de Pégase, correspondent à des antagonistes de Persée : cela concorde avec la théorie selon laquelle « les étoiles variables sont en quelque sorte maléfiques et peut-être associées avec le mauvais œil[132]. »
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220
+ Le mythe de la délivrance d'Andromède par Persée, originaire d'Argos, offre des parallèles avec d'autres mythes, tel celui de Bellérophon à Corinthe, et, à Tirynthe, le mythe d'Héraclès délivrant Hésione. Selon Wilk, les ressemblances entre les trois mythes sont dues au fait que tous ces personnages peuvent se retrouver dans la constellation de Persée[133].
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222
+ Quant à Chrysaor et Pégase, nés du cou de Gorgô, il est également possible de les visualiser comme provenant de sa tête. Ils auraient été une des premières interprétations de la constellation avant d'être intégrés à la quête de Persée dès la Théogonie d'Hésiode[134]. Le cheval Pégase faisait lui aussi déjà partie d'une constellation identifiée par les Babyloniens. Le récit mythique de sa naissance permet de l'introduire dans le récit et de le lier à Persée[135].
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224
+ Wilk estime que ce sont les caractéristiques de ces constellations qui ont dicté la forme du mythe et son évolution[136]. Ce n'est toutefois pas l'unique fondement du mythe, car celui-ci résulte de la concaténation de plusieurs éléments disparates[137].
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226
+ L'appartenance de Méduse aux divinités pré-olympiennes semble indiquer que ce mythe a un substrat très ancien. Dans le mythe de Méduse, tout comme dans ceux de la Chimère et de l'Hydre de Lerne, les divinités féminines sont associées à la Terre (Gaia), par opposition aux divinités olympiennes qui résident dans le ciel. Toutes trois ont en commun d'être des monstres et d'emprunter certains de leurs traits aux serpents, dont le lien avec la terre, le féminin et le mystérieux est très ancien. Toutefois, dans le cas de Méduse, le pouvoir maléfique est converti en objet de protection une fois le monstre décapité[138].
227
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228
+ Dès 1911, A. L. Frothingham avait noté les parallèles entre Méduse et la Grande Mère[139]. Selon Joseph Campbell, les lieux de culte à la déesse mère et aux divinités féminines auraient été remplacés par un nouveau panthéon lors de l'arrivée en Grèce des envahisseurs. Les divers états du mythe refléteraient ainsi le passage d'une société matriarcale à une société patriarcale.
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+ Reprenant l'explication de Pausanias selon laquelle Persée aurait décapité une reine de Libye et enterré la tête sous le marché d'Argos[67], Robert Graves y voit une preuve de l'enregistrement par le mythe de la suppression violente d'un régime matriarcal préexistant[140] et de la prise de possession des temples par les hommes[141]. Il suppose que dans la société matriarcale archaïque le masque de Gorgô avait pour fonction d'éloigner les hommes des cérémonies initiatiques célébrant la triple déesse Lune et de protéger de la concupiscence des hommes les jeunes filles vierges qui le portaient[n 32]. Selon Wilk, « en dépit du manque de preuves, l'idée est maintenant largement acceptée que, dans le monde ancien, le masque de la Gorgone servait à garder les secrets féminins[142]. ».
231
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232
+ Graves note aussi que les mythes de Persée et de Bellérophon sont étroitement associés : « tous deux enregistrent l'usurpation des pouvoirs de la déesse Lune par les envahisseurs hellènes et sont unifiés dans une peinture archaïque d'une jument à tête de gorgone[143] » (voir plus haut). Comme le note Eleanor Wilner
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234
+ « Il devrait être évident que le mythe raconte l'histoire d'une migration et d'une invasion, entrainant le remplacement d'une religion par une autre : celle des anciennes divinités élémentaires — de la nature et de l'engendrement, de la soumission aux forces chtoniennes de la terre et au cycle des saisons — par les nouveaux dieux immortels de l'Olympe, les dieux du ciel, de l'intellect et de la volonté, garants de la nouvelle et tragique autonomie des héros humains[n 33]. »
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236
+ Se basant sur une analyse du texte homérique et des données archéologiques, Thalia Feldman, spécialiste en histoire de l'art, fait l'hypothèse que la quête de Persée et la décapitation de Méduse seraient d'origine posthomérique. En revanche, le thème d'une tête sans corps, le gorgonéion, serait très ancien, comme le montre notamment une terre cuite d'époque archaïque trouvée sous le Parthénon (voir en haut de la page). Ce motif aurait sa source dans la nécessité pour l'être humain d'exorciser ses peurs, notamment en les représentant sous la forme d'un masque grimaçant, d'une figure de terreur. Le gorgonéion serait donc à l'origine un croque-mitaine[n 34]. Le fait que le gorgonéion soit une tête de femme pourrait indiquer qu'il est le résidu d'un état de société matriarcal, les figures terrorisantes étant naturellement associées au genre qui détient l'autorité. Le mythe de Méduse s'est donc construit sur le thème d'un visage hirsute et animal, doué d'un regard qui avait le pouvoir de transformer l'homme en pierre, de le castrer. À la suite de changements de société et de structure familiale, entre le VIIIe siècle et le VIe siècle, le mythe a évolué, donnant à ce masque un corps de femme et suscitant un héros capable de la décapiter. Une image complète de Méduse apparaît pour la première fois sur le fronton du temple d'Artémis à Corcyre, érigé en -580 (galerie ci-dessus). Elle y est représentée avec tous ses attributs : serpents entrelacés sur la poitrine en guise de ceinture, bouche grimaçante, langue pendante, yeux protubérants, ailes dans le dos (voir galerie A)[144].
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238
+ Pour Tobin Siebers, Athéna et Méduse sont intimement liées, comme deux pôles opposés, et partagent une histoire de rivalité et de phénomènes inversés. La naissance d'Athéna, qui naît casquée du crâne de son père Zeus, offre en effet une image inversée de la mort de Méduse, qui donne naissance à Pégase et à Chrysaor jaillissant de sa tête[145]. Jalouse de la beauté de Méduse, Athéna arme et guide Persée pour aller tuer sa rivale. Victorieuse, elle marque par l'apposition du masque de Méduse sur son égide la présence subliminale de l'autre, comme si l'une n'était que le double de l'autre[145]. Toutefois, à l'encontre de Méduse, Athéna ne menace pas les hommes : étant née de Zeus, elle correspond, selon Patricia Klindienst, au fantasme masculin de ce que devrait être une femme[146].
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240
+ Selon Olivetti, le mythe de la naissance d'Athéna née toute formée du crâne de Zeus correspond à l'établissement de l'idée de paternité, avec pour effet de diminuer le mystère et le pouvoir du féminin. Ce mythe relate donc le changement fondamental de civilisation qu'est le passage du charnel au symbolique[147]. Idée que partage le psychiatre Jean-Louis Le Run, « le danger de la féminité primitive est désormais régulé dans l’ordre paternel que représente Athéna[148]. » Selon Olivetti, l'apposition du masque de Méduse sur l'égide d'Athéna, la déesse vierge, signifie que celle-ci avait besoin de la libido de Méduse, du numen de la grande déesse, pour réaliser son projet patriarcal : la culture ne pouvait pas progresser sans que la libido ne soit domptée et transformée, une image ne pouvant devenir symbole si elle n'est pas infusée de libido[147].
241
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242
+ Toutes ces hypothèses ont alimenté une intense activité de réappropriation du mythe dans une perspective féministe. En 1971, dans un poème intitulé The Muse as Medusa[149], l'écrivaine belgo-américaine May Sarton dénonce le processus d'identification des lectrices au héros Persée, alors que celui-ci s'est approprié le pouvoir de Méduse, et elle invite les femmes à prendre leur revanche dans l'écriture[150]. Cet appel sera repris en France quelques années plus tard.
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244
+ Dans un essai aux allures de manifeste intitulé « Le rire de la Méduse » (1975), Hélène Cixous développe l'opposition entre la raison masculine et le corps féminin, représenté par Méduse et sauvagement réprimé. Prenant le mythe à contrepied (« Méduse n'est pas mortelle : elle est belle et elle rit »), Cixous ironise sur les théories freudiennes et refuse la métaphore de la femme vue comme « un continent noir » qu'il faudrait cartographier et coloniser, plaidant en faveur du désir et de la libération des femmes à l'égard du discours masculin. Récusant le mythe de la femme fatale incarnée par Méduse, elle suggère que la libération des stéréotypes ne peut venir que de l'écriture des femmes, qui doivent se réapproprier leur corps et leur sexualité. Loin d'être confinée aux organes génitaux, la libido féminine ne connaît pas de frontières et est d'ordre cosmique, englobant les deux sexes, avec mille et un seuils de jouissance. Les anciennes structures de haine et de domination doivent céder le pas à des rapports d'égalité basés sur le don et l'amour[151].
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246
+ La thèse de Cixous entraînera tout un courant de recherches féministes. Critiquant à son tour les théories freudiennes, Sarah Kofman dénonce le mythe comme un récit phallocentrique. Pour Susan Bowers (1990), le mythe de Méduse présente une image pervertie d'une déesse qui était honorée dans la culture matriarcale. S'appuyant sur les pages que Sartre a consacrées au thème du regard et à la façon dont celui-ci détermine le rapport à autrui[152], Bowers suggère que la culture patriarcale a fait de Méduse — et par extension de toutes les femmes — l'objet du regard masculin afin d'éviter que les hommes ne soient eux-mêmes réifiés par le regard de Méduse[153]. L'interdit de regarder Méduse pourrait aussi être lié à l'interdit de contempler le divin. Quant au masque de Méduse, il serait une expression symbolique de la rage des femmes[154] ou de la femme en situation de pouvoir[153].
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248
+ Méduse est ainsi devenue « un important archétype de la créativité féminine […] une métaphore des pouvoirs précédemment cachés et dénigrés, des pouvoirs collectifs que nous commençons finalement à réclamer » selon Annis Pratt[155].
249
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250
+ Les critiques font toutefois remarquer que la Méduse féministe n'est pas l'être monstrueux du mythe grec original. Chaque époque a ainsi récrit le mythe à sa manière, en en faisant un instrument de discussion de ses propres croyances et inquiétudes[156].
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252
+ Roger Caillois voit dans le récit de l'expédition de Persée allant tuer la Gorgone un parfait exemple de conte d'initiation :
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254
+ « L'adolescent, conseillé par ses instructeurs et armé des accessoires requis, se rend dans l'Autre Monde, c'est-à-dire dans la brousse, ou dans l'enceinte où le sorcier conduit la cérémonie. Il subit l'épreuve pour devenir adulte et conquérir le masque qui l'agrège à la société des hommes ou à une confrérie secrète. Désormais, c'est lui qui portera l'épouvantail et qui paralysera ses ennemis[157]. »
255
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256
+ Se basant sur l'iconographie la plus ancienne, en effet, il considère que la tête de la Gorgone « n'est rien d'autre qu'un masque[157] » et que celui-ci sert autant à protéger de l'adversaire qu'à le stupéfier. Étroitement lié au cercle et à l'œil, le recours au masque est un phénomène universel[158].
257
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258
+ Le mythe se prête à une étude anthropologique du regard, en raison de l'importance qu'il accorde à ce dernier ainsi qu'à l'utilisation du gorgonéion comme amulette préservant du mauvais œil. L'idée que le regard peut avoir un pouvoir maléfique se trouve dans la plupart des cultures, non seulement dans des récits légendaires, mais aussi dans des textes religieux comme la Bible et le Coran[159]. Cette croyance repose sur une conception très ancienne du mécanisme de la vision.
259
+
260
+ La plupart des savants et philosophes grecs qui se sont intéressés au phénomène de la vision, ont accepté la théorie de l'émission, selon laquelle la vision opère au moyen d'un rayon qui part de l'œil et va éclairer l'objet. En ce sens, comme le fait remarquer Jean-Marc Luce, « Le regard mortifère de la Méduse n'est pas une propriété qui mettrait le monstre tout à fait à part des autres êtres, son pouvoir ne s'en distingue que d'une façon quantitative : le feu de son regard est actif jusqu'à faire mourir son objet[160]. »
261
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262
+ Cette croyance au pouvoir du regard est encore largement répandue. Dans les années 1980, une enquête auprès d'étudiants universitaires américains montrait que, sur un échantillon de 1 300 personnes, 84 % des femmes et 73 % des hommes sont convaincus qu'ils peuvent sentir lorsque quelqu'un les regarde[161].
263
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264
+ Le mythe peut aussi être interrogé à la lumière de la théorie de Lacan sur la pulsion scopique : « Incarnation du désir forcené de voir et de sa sanction, elle (Méduse) est ce dont on ne peut détacher les yeux[162]. » Le regard est présent sous diverses variations dans ce mythe, non seulement chez Méduse et Andromède, mais aussi sous la forme originelle de l'œil : yeux protubérants de Méduse, œil unique que se partagent les Grées, mauvais œil dont il faut se détourner absolument. Même la vulve a été comparée à un œil[n 36]. Le regard étant lié au désir, il est source d'angoisse par excellence : en se fondant dans le regard de l'autre, « le sujet ne perçoit plus le monde des représentations, mais il est confronté à son manque-à-être[61] ».
265
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266
+ Le regard peut être réfléchi par le miroir. Celui-ci permet à Persée de contempler le reflet de la Gorgone sans être affecté par la puissance pétrifiante de son regard[n 37]. La première mention littéraire de ce reflet apparaît chez Ovide : « Lui cependant ne regardait que la forme de l'horrible Méduse reflétée sur le bronze du bouclier que portait sa main gauche[163]. » Le même thème revient chez Lucain[164] et chez Apollodore[20].
267
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268
+ Toutefois le thème du miroir était présent dès le début du IVe siècle av. J.-C. dans des peintures de vases trouvés dans le sud de l'Italie, tel un cratère représentant Persée et Athéna en train de regarder le reflet du gorgonéion sur un bouclier, sans doute pour satisfaire la curiosité du héros[165] ou à la surface d'un puits[166]. L'apparition de ce thème dans le mythe coïncide avec les efforts des peintres de cette époque pour créer une illusion de perspective[n 38], en même temps que les philosophes réfléchissent sur la notion d'imitation (mimèsis) et que commencent les expérimentations qui, depuis Euclide jusqu'à Ptolémée, mettront en place une science de l'optique[n 39]. Cet artifice du miroir n'est pas simplement un complément rationaliste à l'histoire mais un développement du thème de la vision, car il ajoute au mythe la notion de simulacre (eikon), terme supplémentaire à l'alternative visible/non visible qui parcourt tout le récit des aventures de Persée[167].
269
+
270
+ Dans l'Antiquité, le miroir n'apparaît toutefois jamais comme une arme. Ce n'est qu'avec le dramaturge espagnol Calderón que le miroir est présenté comme possédant un pouvoir égal à celui du regard direct. Cet auteur pousse d'ailleurs l'ironie jusqu'à faire du reflet l'instrument par lequel Persée tue Méduse, en lui renvoyant son image en miroir[168] : pressentant sa fin, Méduse déclare à Persée qu'elle préférerait mourir sous ses coups que de se voir dans un miroir («quiero morir de tu herida/que de mi vista»)[169],[n 40].
271
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272
+ Dans Détruire la peinture, Louis Marin analyse le tableau du Caravage comme une ekphrasis du mythe par la peinture et en identifie le sujet comme étant le regard, Méduse incarnant le sommet du narcissisme au moment où elle se voit reflétée dans le miroir de Persée, ce qui la fait sombrer dans la mort[170]. Le Caravage a d'ailleurs aussi traité la figure de Narcisse (voir ci-contre).
273
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274
+ Par la suite, les peintres insisteront sur cette association entre Méduse et Narcisse dans leurs tableaux. Comme le notent divers analystes « Ce qui nous fascine, ce qui ne quitte pas du regard tant que nous le regardons, c’est notre reflet dans le miroir. [...] la face de Gorgô, c’est l’Autre de nous-même, notre double, une image qui nous happerait parce que, au lieu de nous renvoyer l’apparence de notre propre figure, elle représenterait, dans sa grimace, l’horreur terrifiante d’une altérité radicale à laquelle nous allons nous identifier en devenant pierre[171]. »
275
+
276
+ E. d'Hooghvorst renvoie notamment à la descente de Dante aux Enfers comme étant l'initiation par excellence. En effet, les Érinyes y accueillent Dante en criant : « Viens, Méduse ! Nous le ferons de pierre[172] ! » Le philosophe Porphyre ayant fait remarquer à propos d'Ulysse, lui aussi descendu aux Enfers, que craindre de voir la Méduse n'est pas la voir, d'Hooghvorst précise :
277
+
278
+ « La remarque de Porphyre définit bien la nature de cette Méduse pétrifiante. C’est un fantôme auquel le témoignage des sens n’a aucune part. Si elle se manifeste aux damnés comme terreur panique saisissant ces esprits pâmés, elle peut cependant, au cours de la vie de l’homme, prendre d’autres aspects. C’est le péril de toute activité psychique séparée des sens et, par conséquent, insensée. Voilà le dol des fausses révélations. Ce monstre sans os ni viande est comme Protée prenant toutes les formes et n’en retenant aucune[173]. »
279
+
280
+ Dans un bref article intitulé La Tête de Méduse[n 41], où il s'interroge sur la sexualité féminine, Sigmund Freud propose une interprétation psychanalytique de ce mythe selon laquelle la décapitation de Méduse serait une représentation de la castration[n 42]. La terreur qu'inspire le monstre serait donc la peur de la castration, résultant de la vue de quelque chose qu'on n'était pas censé voir ni regarder. Cette angoisse apparaîtrait chez le petit garçon qui, en apercevant les organes génitaux féminins, découvre que la menace de castration est bien réelle. Cette interprétation de Freud établit ainsi un « lien entre sexe et effroi [qui] est attesté aujourd’hui par les travaux d’anthropologues, de philosophes et d’historiens[174] ».
281
+
282
+ Le visage rond entouré d'une couronne de cheveux serait en fait un sexe féminin. Cette représentation présente certaines ressemblances avec Baubo, une figure féminine liée aux mystères d'Éleusis. Celle-ci en effet montre sa vulve en soulevant sa robe. Mais alors que « Gorgô pétrifie en exhibant le sexe sous son aspect mortifère, Baubô réanime en rappelant qu'il est bien source de vie[175]. »
283
+
284
+ Selon Jean Clair, cette association du gorgonéion avec le sexe féminin fait de Persée un héros moderne :
285
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286
+ « Persée est un fondateur de civilisation dans la mesure où il est ce héros solaire qui instaure, qui pose comme force de loi, comme tout fondateur de civilisation, le tabou de l'inceste. Il est celui qui a osé affronter le regard du sexe maternel pour, l'envisageant par la ruse de son intelligence, réussir à le couper et l'exhiber comme un trophée, et désormais, revenant triomphateur en Éthiopie, délivrer Andromède[176]. »
287
+
288
+ Dans le prolongement de l'interprétation de Freud, son disciple Ferenczi s'est aussi interrogé sur la signification du mythe : « L'analyse des rêves et associations m’a amené plusieurs fois à interpréter la tête de Méduse comme le symbole effrayant de la région génitale féminine dont les caractéristiques ont été déplacées du bas vers le haut. »[n 43] Cette hypothèse d'un déplacement pourrait avoir inspiré à Magritte la composition de son tableau Le viol[177]. Selon Ferenczi
289
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290
+ « Les nombreux serpents qui s’enroulent autour de la tête pourraient signifier — selon le principe de la représentation par le contraire — l’absence du pénis, et l’horreur elle-même, répéter l’impression effrayante que produit sur l’enfant la vue des organes génitaux dépourvus de pénis (castrés). Les yeux de la tête de Méduse, source de l’angoisse et de l’effroi, ont également l’érection pour signification secondaire[178]. »
291
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292
+ Contrairement à Freud qui voit dans la Gorgone le résultat d'une castration, Philip Slater voit dans Méduse une Mère castratrice, dont le pouvoir terrifiant est tenu en échec par la vierge Athéna[179].
293
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294
+ Pour Janine Filloux, « L’horreur du sexe de la mère est horreur de l’inceste. La figure de Méduse est possibilité de représentation de l’horreur de la fusion incestueuse avec l’animalité de la nature femelle, de l’horreur de l’inceste prototypique sous forme de fantasme de retour à l’origine[180]. » Contrebalançant l'horreur qu'elle inspire, « la vue de Méduse, nous dit Freud, apporte également au spectateur une consolation puisque la pétrification, le devenir rigide, signifie érection[181]. » De même, les serpents sur la tête de Méduse, en dépit de la peur qu'ils suscitent, contribueraient à mitiger l'horreur, en tant que substituts symboliques du pénis, dont l'absence était précisément source d'angoisse. Enfin, la contrepartie positive de Méduse est « la déesse vierge Athéna qui porte ce symbole de l’horreur sur son costume, devenant par-là femme inapprochable exerçant sa défense contre tout désir sexuel[174]. » Par son interprétation du mythe et sa théorie générale de la sexualité, Freud a « assis l’image de la femme comme sexe fort face au sexe précaire, (mais pas forcément faible), au sexe masculin[181]. »
295
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296
+ Selon Harris et Platzner, tout en détruisant les pouvoirs terrifiants de la déesse chtonienne, Persée ne rejette pas les pouvoirs de la femme en général car la plupart de ses armes (la besace, le casque d'invisibilité, le bouclier-miroir, les sandales) sont « féminines » et moins agressives que celles des héros classiques, relevant davantage de la magie et de la ruse que de la force[182].
297
+
298
+ Carl Jung s'est intéressé à « l'effet Méduse », phénomène de pétrification psychique qui survient lorsque le patient est confronté à une situation en apparence inextricable. Il insiste sur le fait que Méduse comporte, comme tout être humain, un côté spirituel. Pour ne pas céder aux forces destructrices, il faut suivre l'exemple de Persée et ne regarder les forces de destruction qu'à travers un miroir. Méduse et Athéna sont deux archétypes du féminin : tandis que l'une est asexuée et protège les priorités masculines et le contrôle du patriarcat, l'autre incarne le côté chaotique, érotique et incontrôlable de la femme[183].
299
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300
+ Selon Paul Diel, les Gorgones, en tant que monstres, ne peuvent que « symboliser l'ennemi intérieur à combattre » et correspondent à des « déformations monstrueuses des trois pulsions » que sont la socialité, la sexualité et la spiritualité. Méduse symboliserait « la perversion de la pulsion spirituelle » qu'est « la stagnation vaniteuse » et sa chevelure de serpents manifesterait « le tourment de la culpabilité refoulée ». La quête de Persée est universelle en tant qu'elle consiste pour tout homme à affronter sa propre vérité intérieure en reconnaissant sa vanité coupable et refoulée : « Méduse symbolise l'image déformée de soi […] La pétrification par l'horreur (par la tête de Méduse, miroir déformant) est due à l'incapacité de supporter objectivement la vérité à l'égard de soi-même. Une seule attitude, une seule arme, peut protéger contre Méduse : ne pas la regarder afin de ne pas être pétrifié d'horreur, mais capter son image dans le miroir de vérité[184]. » En affrontant l'horreur de la pétrification qu'avait suscitée en lui sa vanité refoulée, le héros peut l'extirper de soi et la dissoudre. Mais il ne peut le faire que lorsque le miroir déformant qu'est Méduse est endormi et qu'il la voit à travers le bouclier que lui a remis Athéna, « déesse de la combativité spirituelle, divinité de la sagesse et de la vérité ». Ce faisant, il accomplit le précepte placé sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ».
301
+
302
+ La décapitation de Méduse entraîne la naissance de Chrysaor, symbole de spiritualisation, et de Pégase, symbole de sublimation. « L'imagination perverse doit mourir afin que naissent les deux formes de l'imagination créatrice : la spiritualité et la sublimité[185] ».
303
+
304
+ Comme le note Janine Filloux, « depuis la plus haute Antiquité la figure de Méduse assure de façon continue une possibilité de donner expression et de canaliser l’impact de la peur du féminin[180]. » Pour elle aussi, le mythe de Méduse raconterait comment le sexe féminin a été vaincu, défait, dans la lutte originaire[186].
305
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306
+ Le mythe propose des représentations complexes et contrastées du féminin, notamment par l'apposition de la tête de Méduse sur l'égide d'Athéna, opposant ainsi dans une même image la sensualité féminine à la raison par laquelle elle a été vaincue. Les mêmes figures antithétiques sont aussi réunies autour du héros par excellence qu'est Persée : Méduse, dont le regard brave et pétrifie les hommes, et Andromède, la jeune vierge timide qui n'ose même pas regarder un homme[187]. À ces personnages, il faut ajouter Danaé, qui avait sauvé Persée d'une mort certaine alors qu'il était encore au berceau[n 44].
307
+
308
+ « De Dante et Pétrarque à Shelley, en passant par Goethe, la figure de Méduse incarne pour les poètes de toutes les époques l’ambivalence du regard féminin, qui attire et ensorcelle, séduit et condamne. Pour Pétrarque, Méduse c’est sa muse Laura lorsqu’elle détourne le poète du sacré et l’incite à rendre hommage à la beauté charnelle. Pour Goethe, c'est le visage trompeur de l'amour, et l'illusion à laquelle ont recours les femmes pour piéger les hommes dans leurs filets[188]. »
309
+
310
+ Des analystes ont aussi relevé l'importance du chiffre trois dans ce mythe : trois Gorgones, trois Grées, trois cadeaux des nymphes, trois étapes dans la mission de Persée[189].
311
+
312
+ Dans La Naissance de la tragédie, Friedrich Nietzsche voit la décapitation de Méduse comme le symbole de la lutte du principe apollinien d'ordre et de lumière contre le côté dionysiaque, obscur, intuitif et débordant d'émotions[190] :
313
+
314
+ « Contre la fièvre et la frénésie de ces fêtes qui pénétrèrent jusqu’à eux par tous les chemins de la terre et des eaux, les Grecs semblent avoir été défendus et victorieusement protégés pendant quelque temps par l’orgueilleuse image d’Apollon, à laquelle la tête de Méduse était incapable d’opposer une force plus dangereuse que cette grotesque et brutale violence dionysienne[191]. »
315
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+ En ce sens, Persée joue un rôle fondamental dans le récit mythique car, sans lui, Méduse ne serait qu'un monstre archaïque inoffensif. C'est au jeune dieu olympien que le lecteur s'identifie au travers de sa quête et celle-ci symbolise notre propre processus de croissance psychologique en lutte contre la pétrification narcissique de notre être[192].
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318
+ Le mythe a fasciné l'avant-garde intellectuelle française de la seconde moitié du XXe siècle[193]. Dans son autobiographie, Roland Barthes établit une équivalence entre Méduse et la doxa, décrivant cette dernière comme « une masse gélatineuse qui colle au fond de la rétine [...] et pétrifie le regard de ceux qui la regardent[194] ». Dans Glas, Jacques Derrida analyse l'usage que fait Hegel de Méduse comme une métaphore du judaïsme, qui a la propriété de pétrifier tout ce qui le regarde. Pour sa part, il voit dans la circoncision un simulacre de castration par lequel le sujet se fait esclave de la divinité, dans un geste qui a valeur apotropaïque, au même titre que la tête de Méduse[195].
319
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320
+ Au début du XXIe siècle, le mythe continue d'intéresser philosophes et chercheurs de diverses disciplines et est présent dans la psyché contemporaine comme en témoignent la fiction et les jeux[196]. Il en va de même dans le domaine de l'art : « nul artiste aujourd'hui ne saurait représenter Zeus ou Apollon, sinon à des fins parodiques, mais le masque de Méduse continue de hanter les représentations contemporaines de l'art[197]. » Pour Jean Clair, cette figure mythique est emblématique du travail de l'artiste, du moins dans une culture qui ne porte pas d'interdit sur la représentation. En effet, tout comme Méduse, l'artiste « a le pouvoir de jeter son regard sur le monde, d'en immobiliser les aspects et d'en détacher un fragment[198] ».
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+ Au XXIe siècle, Méduse atteint selon un analyste le statut d'une étoile du rock (a rock-star status) et est célébrée à un point que ni Hésiode ni Homère n'auraient pu imaginer, tout en gardant certains de ses attributs monstrueux. Elle n'est plus la belle victime romantique, mais se rapproche de la femme fatale. Elle est un motif fréquemment représenté dans l'art corporel, les tatouages et les styles de coiffure[199]. L'acteur américain Harrison Ford s'est ainsi fait photographier déguisé en Méduse lors de la remise du prix de l'homme de l'année à la Hasty Pudding 1996 de Harvard[200].
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324
+ Sur le thème « Dangerous beauties: Medusa in Classical Art », le Metropolitan Museum de New York lui consacre une exposition au cours de l'année 2018[201]. Les représentations de Méduse sont mises en relation avec ces autres beautés fatales que sont Scylla, les sphinx et les sirènes[202].
325
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326
+ La représentation typique de Méduse avec des serpents dans les cheveux sert également à caricaturer des femmes arrivées à une importante position de pouvoir politique ou médiatique, comme c'est notamment le cas pour Angela Merkel et surtout Hillary Clinton lors de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2016[80].
327
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328
+ Une image stylisée de la Gorgone, sous la forme classique de la femme fatale à la fois belle et dangereuse, sert de logotype au couturier italien et designer d'accessoires Gianni Versace, qui voyait Méduse comme sa muse et son alter ego et l'admirait pour la dangereuse attraction de sa séduction[203] (voir le logo sur la Wikipédia italienne).
329
+
330
+ Dans sa nouvelle Shambleau parue en 1933 et mêlant le fantastique à la science-fiction, l'écrivaine américaine Catherine Lucille Moore renouvelle le mythe de Méduse et Persée, en lui donnant une dimension cosmique. On y trouve une créature dangereuse, un regard hypnotique, un humain sous contrôle et un miroir.
331
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332
+ Le titre du roman A Severed Head (Une tête coupée) publié en 1961 par la romancière britannique Iris Murdoch fait allusion à l'interprétation freudienne de la tête de Méduse (voir ci-dessus)[204].
333
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334
+ Dans la littérature grecque du XXe siècle, la figure de la Gorgone est connotée positivement, et parfois combinée avec celle de la sirène. Ainsi, dans le roman Notre-Dame la Sirène (1949), Strátis Myrivílis met en scène une icône de la « Vierge-Gorgone », moitié femme et moitié poisson. La Gorgone apparaît aussi dans la nouvelle La Gorgona, d’Andréas Karkavitsas, où elle est la sœur d'Alexandre le Grand, qu'elle recherche désespérément partout dans le monde. Dans La Tête de Méduse (1963), qui fait partie d'une trilogie de l'écrivain grec Pandelís Prevelákis, « Le héros se propose de libérer à nouveau la Grèce du monstre. Mais il échoue et se rend compte qu'il n'y a plus, dans son pays, une seule terre vierge. Tout laisse à penser que la maladie propre à la Grèce moderne, et son incapacité à accueillir la différence, ont suscité cette représentation monstrueuse de l'autre[205]. »
335
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+ La Britannique Tanith Lee lui consacre une nouvelle dans The Gorgon and Other Beastly Tales (1985).
337
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338
+ L'écrivain français Mathieu Gaborit intègre un peuple de femmes à chevelures de serpents appelées Méduses à l'univers de son roman de fantasy baroque Les Chroniques des Crépusculaires paru chez Mnémos en 1999. La nouvelle Songe ophidien, parue dans l'anthologie Légendaire chez le même éditeur, a pour personnage principal une jeune Méduse dont les serpents tombent étrangement malades. Dans L’Enfant Méduse, de Sylvie Germain (1991), l'accent est mis sur le traumatisme du viol de Méduse, qui défie toute représentation[206].
339
+
340
+ Dans la série Malphas, quatre romans fantastiques parus de 2011 à 2014, l’écrivain québécois Patrick Senécal a créé deux personnages de sorcières, une mère (Médusa Fudd) et sa fille (Mélusine Fudd) : « Nous sommes Médusa et Mélusine Fudd, noble Malphas, sorcières de mère en fille depuis 1745… [207] ».
341
+
342
+ Dans les littératures de l'imaginaire du XXIe siècle, Méduse apparaît notamment dans la suite romanesque de fantasy Percy Jackson de Rick Riordan (en 2005-2010). En France, Claude Louis-Combet donne une réécriture du mythe de Méduse et de Persée dans son récit Gorgô (2011)[208] : Méduse est imaginée en train de raconter son histoire depuis sa petite enfance, jusqu'à sa transformation en une figure de la séduction « par l’attrait du sexe en son irrépressible violence[209]. »
343
+
344
+ Carlos Schwabe, Méduse, 1895.
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+ Klimt, Pallas Athena (1898).
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+ Klimt, Gorgonen (1902) (détail).
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+ Fernand Khnopff, Tête de Méduse (1900).
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+ Alexej von Jawlensky, Méduse (1923).
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354
+ Fernand Khnopff réalise au crayon sur papier une Étude pour le Sang de la Méduse (1898)[210]. Selon David Leeming[211], ce dessin serait une parfaite illustration des maux du capitalisme que Marx voyait dans la tête de Méduse[n 45].
355
+
356
+ Dans L'esprit a combattu le mal[212] (1904), Paul Klee inverse les représentations traditionnelles en dessinant Persée de face avec un visage terrible alors que Méduse est montrée de profil et en plus petit format[168].
357
+
358
+ Franz von Stuck peint Persée tenant la tête de Méduse (1908). L'Autrichien Julius Klinger traite souvent le thème de Méduse. Dans Vertreibung, on voit une femme décapitée tenant sa tête dans une main et le nœud de serpents dans l'autre pourchasser un homme devant elle[213].
359
+
360
+ Alexej von Jawlensky peint une Méduse aux très grands yeux dont les pupilles verticales évoquent un félin — motif déjà présent chez la Méduse de Carlos Schwabe —, dans un visage empreint d'une tristesse sereine (1923). Le sujet inspire aussi Salvador Dalí, Tête de Méduse (1964).
361
+
362
+ Méduse figure parmi les 1 038 femmes référencées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1974-1979) de Judy Chicago. Associée aux Amazones, Méduse y est présentée comme une reine guerrière qui est finalement vaincue par le régime patriarcal grec[214].
363
+
364
+ Au milieu des années 1980, Keith Haring réalise une série de lithographies intitulées Medusa Head[215]. Pierre et Gilles crée Méduse (1990).
365
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366
+ À la demande de Gianni Versace, le peintre américain Frank C. Moore (1933-2002) la représente dans le tableau To Die For (1997), sous la forme d'une tête coupée étendue sur un sol de marbre taché de sang[216]. Le peintre a pris pour modèle la tête du mannequin britannique Kate Moss. Méduse gît à côté d'une bouteille de parfum Gucci et une photo Polaroid montrant le moment de la décapitation. Un billet d'un dollar et une souris blanche sont emmêlés dans les serpents de ses cheveux. Le cadre est composé de surfaces miroitantes sollicitant la vanité du spectateur. Le tableau est une allégorie des relations complexes entre l'art et la mode, et du destin tragique des créateurs Gianni Versace et Maurizio Gucci, tous deux assassinés[203].
367
+
368
+ Fernand Khnopff réalise une Tête de Méduse en forme de crucifix (1900). Camille Claudel crée Persée et la Gorgone (1902). Antoine Bourdelle réalise en 1925 une Tête de Méduse (étude pour un heurtoir de porte)[217].
369
+
370
+ Alberto Giacometti fait une Tête de Méduse (1935) ; Julio González réalise La Montserrat, représentant une femme hurlant. Cette sculpture, assimilée à Méduse par Jean Clair[218], était placée à côté du tableau Guernica de Picasso au pavillon de l'Espagne à l'Exposition universelle de 1937.
371
+
372
+ En 1990, la sculptrice américaine Audrey Flack réalise une Colossal Head of Medusa[219], en fibre de verre couverte de terracotta polychrome, exposée à la Louis K. Meisel Gallery, New York[220].
373
+
374
+ En 2017, Damien Hirst sculpte une tête de Méduse en or et argent, dans le cadre de son exposition Treasures from the Wreck of the Unbelievable. Cette statue représente la tête de la Gorgone, creuse, avec des morceaux manquants. Cette œuvre est exposée en 2019 au Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse dans le cadre de l'exposition temporaire Age of Classics ! L'Antiquité dans la culture pop.
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377
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378
+ Méduse apparaît dans Les Titans de Duccio Tessari, péplum comique italien sorti en 1962. Elle est la gardienne de la princesse Antiope, qui a été emprisonnée par son père Cadmos, cruel roi de Thèbes ; le personnage principal du film, Crios, affronte et tue Méduse pour libérer Antiope.
379
+
380
+ Persée l'invincible (1963) est un péplum italo-espagnol qui met en scène pour la première fois les aventures de Persée contre Méduse et le sauvetage d'Andromède, mais au prix de nombreuses distorsions et en inventant des actions et des personnages sans aucun rapport avec le mythe[221].
381
+
382
+ Le mythe est complètement réécrit dans le film d'horreur La Gorgone (1964) du réalisateur britannique Terence Fisher. L'histoire se situe en Bavière, où s'est réfugiée la dernière des trois Gorgones. Elle possède encore un pouvoir de pétrification mais celle-ci est progressive au lieu d'être immédiate. Son pouvoir est à son maximum les nuits de pleine lune[222].
383
+
384
+ Dans Malpertuis (1971), film belgo-franco-allemand de Harry Kümel basé sur le roman éponyme de Jean Ray, la plupart des personnages sont des dieux grecs très affaiblis que le propriétaire du domaine de Malpertuis a emprisonnés dans des corps humains. La Gorgone est un de ceux-ci.
385
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386
+ Le péplum américain Le Choc des Titans de Desmond Davis en 1981 et son remake de 2010 par Louis Leterrier sont librement inspirés du mythe de Persée. Ils ne retiennent des trois Gorgones que la seule Méduse, qui devient un être mi-femme, mi-serpent, armé d'un arc et rôdant dans une caverne volcanique. En dépit des nombreuses libertés prises par le scénario, ce film fait beaucoup moins violence au mythe que les adaptations précédentes[223]. Il est toutefois fortement biaisé en faveur du point de vue masculin, ainsi que le signale Stephen Wilk :
387
+
388
+ « Une des principales caractéristiques de ces traitements modernes de l'histoire de la Gorgone est que le rôle des femmes, particulièrement celui de la déesse Athéna, y est singulièrement réduit. Dans les deux films les plus proches du mythe original, Andromède tient un rôle important comme inspirant de l'amour et Danaé est quelque peu présente. Mais il n'y a pas d'autres femmes dans Persée l'invincible. Dans Le Choc des Titans, il y a certes des déesses, mais leurs rôles sont négligeables, mis à part celui de l'inamicale Thétis. Aphrodite ne fait rien, ni Héra. Athéna, qui devrait être à l'origine de l'action, est réduite à un rôle d'accompagnement. Le rôle d'appui divin est tenu par Zeus, ce qui rend ce mythe très patriarcal. […] Cet amoindrissement d'Athéna au profit d'une exaltation de Zeus est le résultat d'une décision consciente. Même dans la bande dessinée The Twilight Zone, le récit du mythe élimine Athéna et donne le rôle d'assistant divin à Hermès[224]. »
389
+
390
+ Méduse apparaît aussi dans Percy Jackson : Le Voleur de foudre (2010), qui met en scène les aventures de jeunes héros et héroïnes dans les États-Unis à l'époque contemporaine.
391
+
392
+ Le gorgonéion, dont le regard a été adouci, est un des emblèmes du drapeau de la Sicile, adopté en 2000 et qui flotte sur tous les édifices gouvernementaux de la Sicile. Le symbole aurait la même fonction que l'antique gorgonéion, qui est de protéger les citoyens[225].
393
+
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+ Le nom de méduse se retrouve dans un grand nombre de domaines scientifiques, notamment :
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+ Méduse apparaît dans de nombreux jeux de rôle sur table.
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+ Méduse apparaît dans de nombreux jeux vidéo.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Méduse (en grec ancien : Μέδουσα), appelée aussi la Gorgone (Gorgo), est dans la mythologie grecque l'une des trois Gorgones (avec ses sœurs Euryale et Sthéno). Elle est la seule à être mortelle. Fille de Phorcys et Céto, et donc petite-fille de l'union de la Terre (Gaïa) avec l'Océan (Pontos), elle appartient au groupe des divinités primordiales, tout comme ses cousines, la Chimère et l'Hydre de Lerne, qui, elles aussi, avaient des traits associés à l'image du serpent et ont été détruites par des héros. Même si elle figure au fronton de plusieurs temples, elle ne faisait l'objet d'aucun culte.
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5
+ Ses yeux ont le pouvoir de pétrifier tout mortel qui croise son regard. Après avoir été décapitée par Persée , son masque — le γοργόνειον / gorgóneion — est remis à Athéna qui le fixe sur son égide. La représentation du gorgonéion sera longtemps utilisée comme une protection contre le mauvais œil.
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7
+ Généralement représentée de face, elle avait à l'époque archaïque un visage de sanglier, des yeux exorbités, des crocs, la langue pendante et des serpents dans la chevelure ou à la taille. Ses traits s'humanisent et se féminisent à l'âge classique et, placées dans des contextes similaires, les représentations figurées resteront remarquablement stables durant plus d'un millénaire avant d'être réinventées successivement à la Renaissance et par les peintres de la fin du XIXe siècle. De monstre qu'elle était, Méduse est devenue l'archétype de la femme fatale.
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9
+ Le mythe, qui peut être vu comme un conte d'initiation, a alimenté des recherches sur la puissance du féminin, le pouvoir du regard, l'importance des talismans, l'angoisse de castration, le rapport intime au monstrueux et l'existence de sociétés matriarcales préhistoriques. La figure de Méduse est toujours présente dans la culture contemporaine et a été revendiquée comme un puissant symbole de rage et de pouvoir par le courant féministe.
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+
11
+ Le nom de Méduse (en grec : ἡ Μέδουσα) est le participe présent du verbe μέδω : régler, protéger, régner sur[1]. Il peut donc se traduire par « la protectrice ».
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13
+ Dans les premiers états du mythe, Méduse est souvent désignée comme la Gorgone, du mot γοργος qui signifie « effrayant »[2],[3]. Selon Thalia Phillies Howes, le mot Gorgone dérive de la racine indo-européenne garj qui désigne un cri terrifiant[4]. Le bruit terrifiant qu'émet la Gorgone est un de ses attributs essentiels selon Vernant, qui s'appuie sur Pindare : « des mâchoires rapides des Gorgones poursuivant Persée s'élève une plainte criarde et ces cris s'échappent tout à la fois de leurs bouches de jeunes filles et des têtes horribles des serpents qui leur sont associés. Ce cri aigu, inhumain, c'est celui qu'outre-tombe font entendre les morts dans l'Hadès[5]. »
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+ Méduse dans la Théogonie d'Hésiode
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17
+ Les premières mentions du mythe apparaissent chez Homère, qui ne cite jamais Méduse ni Persée, mais seulement la Gorgone[7], et celle-ci est simplement une tête monstrueuse placée sur l’Égide. Ainsi, quand Athéna est prête à se lancer dans la bataille, elle « jette sur ses épaules la formidable égide que la terreur environne de toutes parts : sur cette égide sont la Discorde, la Force, la Poursuite et la tête effroyable et terrible de Gorgone, monstre d'un horrible aspect, prodige de Jupiter[8] ». Le bouclier d'Achille est muni d'une tête de Gorgone sculptée sur un fond d'émail noir, « à l’aspect effrayant et aux regards horribles » [9]. Dans l’Odyssée, alors qu'il est descendu aux Enfers, Ulysse craint que Perséphone ne lui exhibe « la tête de l’horrible Gorgone[10] » et fait immédiatement demi-tour. Selon Vernant, cela laisse entendre que Gorgone « est chez elle au pays des morts dont elle interdit l'entrée à tout homme vivant[11]. »
18
+
19
+ Hésiode nomme trois Gorgones : Euryalè, Stheinô et Méduse, cette dernière étant proprement la Gorgone, et il donne les premiers éléments du mythe (voir ci-contre). Au VIe siècle av. J.-C., le Pseudo-Hésiode mentionne l'exploit de Persée dans Le Bouclier d'Héraclès[12]. Le poète tragique Eschyle a consacré une tétralogie à ce mythe dont on ne connait que des fragments (Danaé, Les Phorkides, Polydecte et Les Tireurs de filet)[13].
20
+
21
+ Au Ve siècle av. J.-C., Pindare évoque « les affreux gémissements des Gorgones et les sifflements que poussèrent les serpents entrelacés sur leurs têtes[14] ». Dans le même poème, il décrit Méduse comme ayant de « belles joues » et attribue l'invention de la flûte au désir d'Athéna d'imiter avec cet instrument « les cris lugubres que de sa bouche effroyable poussait la féroce Euryale », sœur de Méduse[14]. Cette mention établit un lien entre Méduse et l'art de la musique[15].
22
+
23
+ Vers la fin du Ve siècle av. J.-C., Euripide livre d'autres éléments du mythe dans Ion. Il rappelle que « la Terre enfanta la Gorgone, ce monstre terrible » dont le « corps était armé de vipères aux plis tortueux », que « Pallas, la fille de Jupiter, lui donna la mort » et « couvrit sa poitrine de sa terrible dépouille ». La mère d'Ion possède deux gouttes du sang de la Gorgone : « Celle des deux gouttes qui a coulé de la veine cave / Chasse les maladies et entretient la vie », tandis que l'autre « donne la mort ; c'est le venin des serpents de la Gorgone ». En outre, le lange dont elle avait emmailloté son bébé portait en son centre la figure de la Gorgone[16].
24
+
25
+ Dans les premiers états du mythe, « la Gorgone est un monstre, l'une des divinités primordiales, appartenant à la génération pré-olympienne. Puis on en vint à la considérer comme une victime d'une métamorphose[17]. » Ce monstre hybride avait des ailes d'or, des mains de bronze et des défenses de sanglier. Elle est parfois représentée sous la forme d'un centaure femelle (voir ci-dessous). Sa demeure varie selon les auteurs : elle est située à l'extrême ouest du monde, du côté des Hespérides selon Hésiode, chez les Hyperboréens au nord selon Pindare ou, le plus souvent, à l'ouest de la Libye[18].
26
+
27
+ Le mythe a longtemps été connu par le récit qu'en fait Ovide au livre IV des Métamorphoses[19], mais cette version présente quelques détails qui ne correspondent pas aux autres sources. En revanche, la version qu'en donne Apollodore[20] au IIe siècle est considérée comme plus fiable car elle est corroborée par le récit que donnait déjà Phérécyde au Ve siècle av. J.-C., récit qui nous est connu par des scholies apposées en marge d'un ouvrage d'Apollonios de Rhodes[21]. Les spécialistes en concluent que la version d'Apollodore était en vigueur depuis au moins le Ve siècle av. J.-C. et qu'elle avait même probablement acquis sa forme définitive dès le VIIIe siècle av. J.-C. compte tenu des éléments convergents avec les sources anciennes, depuis la Théogonie d'Hésiode[22] jusqu'à Euripide[n 1].
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+ Arbre généalogique de Méduse[23]
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31
+ Fille de Phorcys et de Céto, et donc sœur des Grées, mais mortelle[n 2], Méduse est une belle jeune fille dont Poséidon s'éprend[24]. Violée par ce dieu dans un temple dédié à Athéna, elle est punie par cette même déesse qui la transforme en Gorgone[25]. Ses cheveux deviennent des serpents, ses yeux se dilatent et désormais son regard pétrifie tous ceux qui le croisent[n 3]. Selon une autre version, que cite Apollodore, Méduse était une jeune fille tellement fière de sa beauté et de sa chevelure qu'elle avait osé rivaliser avec Athéna. Pour la punir, la déesse changea ses cheveux en serpents et modifia son regard[26]. De même, selon Ovide « parmi tous ses attraits, ce qui charmait surtout les regards, c’était sa chevelure »[27]. Elle vivait sur l'île de Sériphos.
32
+
33
+ Or, Danaé, chassée d'Argos avec son fils Persée, est recueillie par Dictys, un pêcheur de cette île. Celui-ci la prend dans sa maison et élève son enfant. Comme Polydecte, frère jumeau de Dictys et roi de l'île, s'était épris de Danaé et cherchait un moyen d'écarter le jeune Persée, il l'invite avec d'autres à lui faire cadeau d'un cheval pour la dot d'Hippodamie. Persée ayant répondu par bravade « la tête de Méduse ! », le roi le prend au mot et déclare que s'il ne la lui apportait pas, il épouserait Danaé. Se lamentant sur son triste sort, Persée se rend à l'autre bout de l'île. Il rencontre le dieu Hermès, qui lui dit de ne pas se décourager. Avec son aide et celle d'Athéna, Persée se rend chez les sœurs des Gorgones, les Grées (les « Vieilles »), qui sont nées avec des cheveux blancs et vivent dans une grotte où ne pénètre jamais la lumière du Soleil ni la clarté de la Lune ; elles n'ont ensemble qu'un seul œil et une seule dent, qu'elles se passent à tour de rôle[28]. Comme elles refusent de coopérer, il leur subtilise leur œil et leur dent au moment où elles se les passaient de l'une à l'autre, pour les forcer à lui répondre. Il apprend ainsi le chemin qui mène chez les nymphes, après quoi il leur rend l'œil et la dent, ou, selon une autre source, il jette ceux-ci dans le lac Triton, en Libye, afin de les neutraliser définitivement[n 4]. Arrivé chez les nymphes, celles-ci lui indiquent la grotte où se trouvent les Gorgones et lui remettent trois objets magiques : des sandales ailées qui permettent de voler, le casque d'Hadès (la kunée) qui rend invisible parce qu'il est, selon Vernant, le « masque d'un trépassé »[29], ainsi qu'une besace (la kibisis) pour y placer la tête de Méduse.
34
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35
+ Ainsi équipé, Persée vole jusqu'au rivage de l'Océan et arrive dans la grotte où les trois Gorgones sont en train de dormir[n 5]. Elles sont monstrueuses, avec leurs têtes couvertes d'écailles, leurs défenses de sanglier, la langue pendante, des yeux exorbités, des ailes et des mains de bronze, ainsi que des serpents autour de leur poitrine[n 6]. Quiconque les regardait est changé en pierre. Couvert du casque d'invisibilité et ayant bien soin de détourner la tête, le héros réussit à s'en approcher grâce au reflet que lui renvoie son bouclier poli comme un miroir. Il se saisit de Méduse à tâtons et, Athéna guidant son bras[n 7], il la décapite[n 8] avec la harpè[n 9], épée courbe qu'il tiendrait d'Hermès selon Apollodore. Du cou tranché de Méduse jaillissent deux fils, Chrysaor, père de Géryon, et Pégase, le cheval ailé[30]. Le sang qui sort de sa blessure est recueilli par Asclépios : celui qui coulait de la veine gauche est un poison, tandis que celui de la veine droite est un remède capable de ressusciter un mort[17], le mythe manifestant ainsi l'ambivalence caractéristique du pharmakon.
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+ Persée met la tête de Méduse dans sa besace et s'enfuit à l'aide de ses sandales ailées[n 10], tout en étant dissimulé, grâce à son casque d'invisibilité, aux deux autres Gorgones qui le poursuivent en poussant des lamentations[n 11]. Il se sert de la tête de Méduse, qui n'a rien perdu de son pouvoir, pour pétrifier Atlas — un des titans défaits jadis par les Olympiens —, parce que celui-ci lui refuse l'hospitalité alors que tombait la nuit. Le lendemain, alors qu'il survolait le désert de Libye, quelques gouttes de sang tombées de la tête de Méduse se transforment en dangereux serpents, dont l'un tuera plus tard un des Argonautes. Continuant son voyage, Persée aperçoit la vierge Andromède attachée nue à un îlot rocheux en guise de sacrifice à Kétos, un monstre marin envoyé par Poséidon. Il la délivre, en devient instantanément amoureux et finit par l'épouser, après avoir obtenu l'accord des parents en tuant le monstre qui ravageait leur pays. Au passage, les algues autour du rocher ont été pétrifiées en corail. Comme l'oncle d'Andromède, Phinée, lui cherche noise en prétendant que la jeune fille lui était promise. Persée le pétrifie à l'aide du gorgonéion.Rentré à Sériphos avec Andromède, il apprend que Danaé et Dictys se sont réfugiés dans un temple pour échapper aux avances de Polydecte accompagné de son armée. Il pétrifie ces derniers, établit Dictys comme roi de Sériphos et part pour Argos avec Danaé et Andromède. Enfin, il fait remettre aux nymphes les trois objets magiques qu'elles lui avaient donnés et offre à Athéna la tête de Méduse, que la déesse, avec l'aide d'Héphaïstos, fixe sur l'égide[26]. Celle-ci, fabriquée à partir d'une peau de chèvre ou de la propre peau de Méduse écorchée[32], avait également pour fonction de semer l'effroi, tout comme le gorgonéion, dont elle est en quelque sorte le double[33].
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+ Lorsqu'Héraclès part en expédition militaire contre Hippocoon fils d'Œbale, qui avait usurpé le trône de Sparte, il reçoit l'appui de Céphée, le roi de la ville arcadienne de Tégée, qui se joint à lui avec tous les hommes de la ville. Afin que la ville reste protégée en leur absence, Héraclès remet à Astéropé, l'une des filles de Céphée, une boucle de la chevelure de la Gorgone que la déesse Athéna lui a prêtée pour l'occasion[34].
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+ Alors que la Gorgone, les Nymphes et les Grées vivent dans des endroits indéterminés, plusieurs événements du mythe sont précisément localisés : Argos, Tirynthe, Sériphos et la Libye[35]. Persée est le héros mythique le plus important de la ville d'Argos, qui passe pour être la ville la plus ancienne de la Grèce et qui aurait été fondée par Danaos, venu d'Égypte[36].
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+ Omniprésent dans les objets de la vie quotidienne mis au jour par les fouilles archéologiques, le gorgonéion n'est paradoxalement jamais décrit dans les textes anciens[38].
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+ Méduse est presque toujours présentée de face plutôt que de profil, contrairement aux figures mythiques généralement vues de profil[39]. Les représentations sont aussi remarquablement semblables les unes aux autres à une même époque[40]. La représentation a passé par trois phases[41]. La première est la Gorgone archaïque, qui va du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle av. J.-C.. Les représentations les plus anciennes de Méduse ne comportaient que la tête. Celle-ci figurait parfois au fronton des temples, décorait souvent des acrotères et des antéfixes, à la façon des gargouilles, et était utilisée comme talisman sur des vêtements, des pièces de monnaie ou des armes, bien avant l'époque d'Homère. Hésiode ajoute à la Gorgone un corps et fait intervenir le personnage de Persée[42]. On trouve ensuite de belles représentations du personnage sur deux pithoi béotiens à relief[43] et une amphore à col protoattique[44], tous trois remontant au second quart du VIIe siècle av. J.-C.[45]. Sur les premiers, Méduse apparaît comme un centaure femelle, sur le point d'être décapitée par Persée, tandis que ce dernier détourne la tête pour éviter d'être pétrifié (illustration ci-contre). Sur l'amphore d'Éleusis, Méduse gît, décapitée, parmi les fleurs ; ses sœurs, à forme humaine mais au visage monstrueux, veulent poursuivre Persée, mais sont arrêtées par Athéna qui s'interpose.
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+ À la fin du VIIe siècle av. J.-C., le gorgonéion, tête sans corps ou masque de Méduse, est un motif fréquent dans la production des peintres de Corinthe, ville située non loin d'Argos d'où Persée serait originaire. Les masques archaïques ont le visage rond, des yeux protubérants, un nez épaté, une bouche grande ouverte découvrant dents et crocs, avec une langue qui dépasse. Ils ont souvent des cheveux bouclés entremêlés de serpents. Les masques les plus anciens peuvent être mâles ou femelles et sont souvent pourvus d'une barbe. Ce trait disparaîtra dès lors que le mythe sera associé avec celui de Persée[46]. L'exemple le plus connu est une assiette attique de Lydos[n 13].
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+ Dans la deuxième phase, qui va du Ve siècle av. J.-C. au IIe siècle av. J.-C., le gorgonéion va progressivement perdre son aspect grotesque et terrifiant, tout en gardant la langue sortie et les dents apparentes ; la barbe disparaît et les serpents se changent en boucles. Dans un troisième temps, la figure pourra prendre l'apparence d'une belle jeune femme, comme dans la Méduse Rondanini : seules les boucles de la chevelure rappelant son association avec les serpents et sa nature monstrueuse. Dès -490, Pindare évoque ainsi dans un de ses poèmes « Méduse aux belles joues »[n 14]. C'est une des premières représentations de la Gorgone sous les traits d'une jolie femme. En l'occurrence, l'art aurait donc été en retard sur la poésie[47].
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+ Enfin, la troisième phase, qui commence dès le IVe siècle av. J.-C., présente la Gorgone comme une figure traditionnelle, vue de profil ou de trois-quarts. Elle peut être dessinée dans son sommeil, avec les yeux fermés. Elle a cessé d'être un monstre, ayant perdu ses défenses de sanglier, sa barbe, son rictus et ses yeux protubérants[48]. Cette humanisation progressive de la figure de Méduse correspond, selon Jean Clair, au progrès de la raison et de la culture occidentale[49].
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+ Ce schéma évolutif en trois phases, d'abord proposé par l'archéologue Adolf Furtwängler au XIXe siècle doit toutefois être nuancé. Comme le montre Kathryn Topper, les variations dans la représentation de Méduse ne peuvent pas se catégoriser par la seule chronologie, mais sont dépendantes du contexte et des conventions associées : « Nous ne pouvons pas comprendre les images de la belle Méduse à moins de savoir si elles visent à glorifier Persée, évoquer de la sympathie pour le monstre, provoquer le rire ou produire encore une autre réaction[50]. ».
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+ Le gorgonéion ou masque de Méduse est l'emblème le plus fréquent sur les boucliers héroïques dans la peinture des vases attiques : « son efficacité visuelle se double d'une dimension sonore. La bouche distendue de Gorgo évoque le cri énorme d'Athéna surgissant dans le camp des Troyens [...] mais aussi le son de la flûte, qu'invente Athéna pour imiter la voix aiguë des gorgones[51] ». Ce masque, qui peut orner le bouclier de n'importe quel guerrier, est un élément typique des représentations du bouclier d'Achille, l'image terrifiante de la Gorgone étant censée terrifier l'adversaire[52], comme l'évoque Homère à plusieurs reprises dans l’Iliade :
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+ « [Achille] s’empare d'un magnifique et solide bouclier qui le couvre entièrement. — Ce bouclier, merveilleusement travaillé, était bordé de dix cercles d’airain ; à sa surface s’élevaient vingt bossettes d’étain au milieu desquelles s’en trouvait une d’un métal bleuâtre : l’effroyable Gorgone, lançant d’horribles regards, entourait ce bouclier, et près d’elle étaient la Fuite et la Terreur[53]. »
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+ À partir du milieu du Ve siècle, le gorgonéion se rencontre le plus souvent comme ornement de l'égide d'Athéna, ainsi que sur des vases ou des assiettes et sur les pièces de monnaie de nombreuses villes grecques. Il est utilisé comme décoration de porte et est très fréquent dans les mosaïques décorant les riches villas romaines (voir galerie A). Cette représentation apotropaïque vise à préserver du mauvais œil[54].
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+ La face ronde de Méduse avec l'un ou l'autre de ses traits caractéristiques est particulièrement recherchée à l'époque romaine pour décorer le panneau central des mosaïques au sol[55]. Une des représentations les plus remarquables est celle trouvée dans les Thermes de Dioclétien, où les serpents prennent une place de premier plan en créant un effet de clair-obscur (voir galerie A). Parfois, l'artiste met en valeur les ailes posées sur le front comme dans la mosaïque trouvée à Tarragone[56] ou celle d'Athènes[57].
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+ La face de la Gorgone est souvent aussi utilisée pour décorer des bijoux[58], comme on le voit notamment dans un camée trouvé dans le trésor de Petescia, près de Rome (Voir Galerie A) ou dans un autre en verre datant de la Rome impériale[59] ou encore dans la tasse Farnèse réalisée à Alexandrie, au Ier siècle[60].
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+ L'ambiguïté est un trait essentiel de Méduse : « Elle est sur cette ligne de fracture, cette faille qui sépare en deux l��être humain : la vie et la mort », comme l'atteste le fait que son regard conserve son pouvoir de pétrification même dans la mort[61]. Ulysse est angoissé à la seule idée de la rencontrer dans les Enfers[10]. La monstruosité de Gorgo est basée sur « un brouillage systématique de toutes les catégories[51] ». Elle conjugue en effet bestialité et humanité, vie et mort, vieillesse et jeunesse, laideur et beauté. Même son sexe est incertain, Méduse étant parfois dotée d'une barbe et d'un sexe masculin alors que, par ailleurs, elle séduit Poséidon et est montrée en train d'accoucher[n 15].
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+ Sculpture de Méduse sur le fronton du temple d'Artémis à Corcyre (-580).
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+ Reconstitution du temple C de Sélinonte (-550). La figure de Méduse mesurait 275 cm de hauteur.
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+ Persée, guidé par Athéna, s'apprête à décapiter Méduse endormie. Céramique à figures rouges du peintre Polygnote, vers 450-30[n 16].
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+ Antéfixe ornée d'une tête de Méduse. IVe siècle av. J.-C.. Ile de Paphos (?)
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+ Méduse de Didymes, ornant le grand temple d'Apollon IVe siècle av. J.-C.
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+ Tête de Méduse sur un sarcophage étrusque. Vers le IVe siècle av. J.-C. Musée archéologique d'Ombrie.
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+ Décoration de porte provenant des fouilles de Pompei. Musée archéologique national de Naples.
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+ Camée du trésor de Petescia, près de Rome. Entre 50 av. J.-C. et 20. Altes Museum, Berlin.
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+ Panneau central d'une mosaïque trouvée dans les Thermes de Dioclétien, Ier – IIe siècle.
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+ Mosaïque d'une villa romaine de Tusculum. Athéna et Méduse sont deux figures indissociables.
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+ Dès une époque ancienne, ce mythe a fait l'objet d'interprétations historicisantes, visant à lui trouver un substrat historique vraisemblable. Ainsi, dans un passage du Phèdre de Platon souvent cité[n 17], Socrate évoque ce genre d'explications rationnelles pour ensuite déclarer que celles-ci ne l'intéressent pas car la mythologie compte « une suite extravagante de si monstrueuses créatures, qu’un incrédule qui s’efforcerait, en se servant même d’une sagesse grossière, de ramener au vraisemblable chacune de ses formes, aurait besoin de beaucoup de loisir[62]. »
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+ La recherche d'explications rationnelles connait cependant un regain d'intérêt sous l'influence de l'évhémérisme au IIIe siècle av. J.-C..
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+ Selon Palaiphatos, ami d'Aristote et auteur des Histoires incroyables, Persée serait un pirate qui, pour s'emparer d'une statue en or, appelée Gorgone, que cachaient en Éthiopie les trois filles de Phorcys, aurait exécuté l'une d'entre elles, qui s'appelait Méduse. Il aurait ensuite placé la statue de la Gorgone sur son vaisseau et serait allé d'île en île, en rançonnant les habitants. Arrivé à Sériphos, il réclama aussi de l'argent, mais les gens du pays lui dirent de revenir quelques jours plus tard pour qu'ils aient le temps de trouver l'argent. Lorsque Persée revint, il trouva l'île abandonnée et de nombreuses pierres levées sur la place centrale. Il répandit alors la légende que les habitants avaient été transformés en pierres pour avoir refusé de payer[63].
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+ Diodore de Sicile, dans sa Bibliothèque historique, explique le mythe comme résultant d'une guerre entre le peuple des Gorgones et les Amazones, que dirigeait la reine Merina. Vaincues, les Gorgones retrouveront toutefois leur puissance sous la reine Méduse. Un héros grec nommé Persée finira par tuer Méduse, tandis que les Amazones seront battues par Héraclès, ce qui fait disparaître les derniers royaumes dirigés par des femmes[64].
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+ Au Ier siècle, dans sa description de l'Éthiopie, le géographe Pomponius Mela écrit : « On voit chez ces peuples une bête appelée catoblépas[n 18], qui, sans être grosse, a néanmoins une tête très grosse, qu’elle a peine à soutenir, et que son poids énorme incline fortement vers la terre. Cette bête a surtout cela de particulier, qu’elle n’a pas besoin de se précipiter sur sa proie ni de l’attaquer avec ses dents : elle la tue d’un regard. Les îles Gorgades, qui furent autrefois, dit-on, le séjour des Gorgones, s’élèvent en face de ce pays, qui se termine au promontoire appelé Ἑσπέρου κέρας [Corne de l’Occident][65]. »
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+ Vers la même époque, Alexandre de Myndos reprend cette explication dans un ouvrage de zoologie, en précisant que cette sorte de brebis sauvage vivant en Afrique est dotée d'une énorme crinière qui lui tombe sur les yeux, mais que son regard d'habitude tourné vers le bas avait le pouvoir de pétrifier ceux qu'elle regardait. Lors de la campagne militaire de Marius contre Jugurtha, un détachement de soldats a finalement réussi à tuer cet animal par embuscade et la peau en a été ramenée à Rome par le consul et exposée dans le temple d'Hercule[n 19] — prouvant ainsi, selon cet auteur, la vérité de cette explication[66].
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+ Un siècle plus tard, Pausanias propose deux autres explications. Dans la première, Méduse est une reine qui, après la mort de son père, reprend elle-même le sceptre, et règne sur ses sujets près du lac Tritonide, en Libye. Dans une guerre contre Persée, qui avait envahi son pays avec des troupes du Péloponnèse, elle est tuée perfidement pendant la nuit. Frappé par sa beauté, Persée ramena la tête en Grèce et l'enterra dans la place publique d'Argos sous un monticule qu'on pouvait encore voir à son époque. L'historien présente toutefois comme plus vraisemblable l'hypothèse selon laquelle Méduse était une femme d'une tribu sauvage de Libye qui désolait les habitants de la région du lac Tritonide jusqu'à ce qu'elle soit tuée par Persée[67].
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+ Selon un certain Héraclite, auteur d'un autre recueil de Choses incroyables, Méduse était une prostituée[68].
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+ À l'époque chrétienne, on trouve d'autres interprétations rationalisantes de ce mythe. Fulgence le Mythographe écrit que Méduse, ayant hérité d'une grande somme d'argent, s'en était servi pour développer l'agriculture. Son succès avait attiré l'attention de Persée, mais celui-ci, au lieu de l'épouser, l'aurait tuée, avec l'aide d'Athéna. Cela signifie, selon cet auteur, que l'union de la sagesse et de la force masculine peut vaincre le pouvoir et les charmes de la femme. Contrairement au récit antique, Méduse n'est plus un monstre à éliminer mais devient une femme fatale par l'association que fait le christianisme entre sexualité et péché[69].
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+ Dans les Étymologies, Isidore de Séville interprète le mythe comme une métaphore, les Gorgones étant « trois sœurs identiquement belles, comme si elles avaient un œil unique, qui frappaient à ce point ceux qui les regardaient que l'on pensait qu'elles les changeaient en pierres[n 20] ».
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+ De colossales têtes de Méduse servent de base à deux colonnes de la Citerne Basilique de Constantinople, du VIe siècle, sans doute pour la valeur apotropaïque traditionnellement attribuée à cette tête. Selon la tradition, les blocs auraient été placés sur le côté et mis en opposition l'un de l'autre afin d'annuler le pouvoir du regard de la Gorgone[70].
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+ Au XIIe siècle, développant la position de Fulgence et d'Isidore, Bernard Silvestre propose dans son commentaire de Virgile une interprétation allégorique selon laquelle Persée, personnifiant la vertu et aidé par Athéna la sagesse, réussit à venir à bout des tendances perverses représentées par Méduse[69]. L'auteur anonyme de l'Ovide moralisé va plus loin encore et décrit Méduse comme une « putain ... sage et cavilleuse / Decevable et malicieuse »[71]. Le même thème revient dans une interpolation du Roman de la Rose[72].
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+ Le regard porté sur Méduse commence à changer avec Boccace, qui lui consacre un chapitre dans son ouvrage De mulieribus claris (Sur les femmes célèbres) écrit en 1374[73]. Selon ce récit, Méduse est d'une telle beauté que les hommes qui la regardent en deviennent immobiles et perdent conscience.
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+ Christine de Pizan reprend le même thème dans La Cité des dames (1405) et voit dans les serpents de simples boucles dorées. Elle inspirera les relectures féministes contemporaines[74].
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+ Absente de l'iconographie médiévale, la représentation du gorgonéion devient très populaire à la Renaissance et au XVIIe siècle. Selon Jean Clair, ce motif « réapparait parce qu'il est structurellement lié à l'invention de la perspectiva artificialis. Il en emblématise le fonctionnement[75]. » Pour cet historien, la fameuse démonstration de la perspective à foyer unique par Brunelleschi en 1425 est un acte fondateur équivalent à la décapitation de Méduse par Persée.
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+ Assez curieusement, dans une fresque de La vie de saint Jacques par Andrea Mantegna, réalisée en 1453-1457, le gorgonéion apparait sur un bouclier que tient une femme auprès du corps du martyr[76].
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+ Avec la redécouverte de l'antiquité, les attributs archaïques de Méduse font leur réapparition. Ainsi dans la très populaire Hypnerotomachia Poliphili (Venise, 1499), le narrateur raconte son arrivée devant une énorme pyramide : « En sa face dextre, à l'endroit par où je vins et au milieu de son carré, était entaillée de bosse la tête épouvantable de Méduse, criant (comme il semblait) par furieuse démonstration, rechignée, les yeux enfoncés, les sourcils pendants, le front ridé et renfrogné, la gueule ouverte, qui était cavée et percée d'un petit sentier fait en voûte [...] Quand je fus venu devant la tête de Méduse, je montai par ses cheveux qui servaient de degrés et entrai en sa bouche, suivant ce sentier[77]. » L'importance donnée à la chevelure pourrait avoir été inspirée par la célèbre tasse Farnèse, camée réalisé à Alexandrie au Ier siècle et dont Laurent de Médicis avait fait l'acquisition en 1471[78].
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+ Cet aspect terrifiant va désormais dominer la plupart des représentations visuelles, tout particulièrement dans le bouclier sur lequel, au début du XVIe siècle, Léonard de Vinci aurait peint une figure de Méduse. Cette peinture — malheureusement perdue — ajoutait à l'aspect terrifiant du personnage toute l'intensité du pathos[79].
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+ Une des représentations les plus connues de cette époque est Persée tenant la tête de Méduse par Benvenuto Cellini (1554) : selon Elizabeth Johnston, cette statue voulait mettre en garde contre le pouvoir politique croissant des femmes en Italie[80]. Pour l'historien Irving Lavin, il s'agissait plutôt d'un message adressé aux ennemis du duc Côme de Médicis, libérateur de Florence/Andromède[81]. Comme l'a montré Tobin Siebers, la tête de Persée et celle de Méduse présentent des profils identiques et ont toutes deux un nez aquilin, des joues délicates et les yeux baissés. Cellini révèle ainsi l'ambiguïté entre le héros et le monstre[82].
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+ Une autre représentation extrêmement expressive est le bouclier d'apparat, peint par le Caravage, où le sang dégouline de la tête fraîchement décapitée. Le visage, qui exprime à la fois l'incrédulité et la surprise, a des traits quelque peu masculins, le peintre ayant pris un jeune homme comme modèle ou, selon une autre hypothèse, ayant fait son autoportrait[83]. L'effet de relief est saisissant, comme l'a noté Jean Clair[n 21]. Contrairement aux anciennes représentations apotropaïques, cette peinture n'est pas un talisman, mais vise à célébrer la destruction d'une puissance belle mais dangereuse[84]. Selon Le Caravage, « Tout tableau est une tête de méduse. On peut vaincre la terreur par l’image de la terreur. Tout peintre est Persée[85]. »
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+ L'horreur qu'inspire le personnage culmine avec un tableau d'un peintre de l'école flamande, vers 1600, et un autre de Pierre Paul Rubens (1618), où les serpents et les scorpions entourant la tête captent le regard et suggèrent un personnage extrêmement venimeux[69]. (Voir galerie B). Dans le récit du mythe que fait L'Ovide moralisé vers 1320, les serpents qui jaillissent du sang de Méduse correspondent aux mauvaises pensées que ruminent les cœurs des méchants[n 22].
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+ Le buste que Le Bernin lui consacre vers 1640 rompt toutefois avec les représentations terrifiantes et inverse la perspective du mythe en présentant une très belle jeune femme en proie à une profonde souffrance morale, une angoisse spirituelle presque méditative, comme si elle était engagée dans un processus de catharsis. Selon Irving Lavin, ces caractéristiques inhabituelles seraient dues au contexte personnel très particulier dans lequel Le Bernin a entrepris de réaliser cette sculpture[86]. Le même spécialiste voit chez le sculpteur un « affreux calembour »[87] dans le fait d'appliquer à Méduse elle-même la pétrification qu'elle produisait sur ses victimes[n 23].
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+ En 1650, le dramaturge espagnol Calderón de la Barca compose une pièce intitulée Andrómeda y Perseo, dans laquelle il récrit le mythe en donnant à Méduse un rôle actif, faisant d'elle une victime de son propre reflet[88].
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+ Au cours de ce siècle et du suivant, l'histoire de Persée, Méduse et Andromède a inspiré plus de 25 opéras[89]. Premier opéra à être présenté devant un public payant[90], l'Andromeda de Francesco Manelli (1637) était un spectacle à grands effets, dans lequel Persée arrivait à la rescousse d'Andromède monté sur le cheval ailé Pégase[n 24].
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+ L'opéra Persée que Lully compose en 1682 sur un livret de Philippe Quinault d’après les Métamorphoses d’Ovide[91], ne comporte pas une machinerie aussi élaborée. Le livret se contente de faire raconter par le chœur le sauvetage d'Andromède par Persée, qui apparait dans les airs. Il représente aussi sur scène la naissance des monstres jaillissant du sang de Méduse[90].
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+ Les poètes romantiques sont fascinés par le mythe de Méduse et donnent de nouveaux développements au thème de la femme fatale. Ce nouveau regard commence avec un poème fragmentaire que Shelley écrit en 1819 après avoir vu à Florence un tableau représentant la tête de Méduse entourée de serpents — un tableau de 1600, d'abord attribué à Léonard de Vinci, mais dû en fait à un peintre de l'École flamande et dont le thème sera repris par Rubens. Le poète s'intéresse à la grâce de ce visage et à la beauté qui se dégage de l'horreur, exaltant dans une antithèse le « charme tumultueux de la terreur[92] ». Dans Jettatura (1857) de Théophile Gautier, le héros persuadé d'avoir le mauvais œil « se fit peur à lui-même : il lui semblait que les effluves de ses yeux, renvoyés par le miroir, lui revenaient en dards empoisonnés : figurez-vous Méduse regardant sa tête horrible et charmante dans le fauve reflet d’un bouclier d’airain[93]. »
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+ Füssli est un des premiers peintres romantiques à s'intéresser au personnage avec le tableau Persée fuyant avec effroi l'antre de la Gorgone (1817) et Persée rendant leur œil aux Grées (voir ci-dessus). Fasciné par les aspects les plus sombres de la mythologie grecque, il dépeint en de nombreux tableaux « l'effroi du sexe féminin comme instrument de la castration de l'homme[94]. »
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+ En revanche, un mouvement de réhabilitation se développe avec l'école préraphaélite en Angleterre, qui présente Méduse comme une victime. On découvre alors que, dans le récit du viol de Méduse par Poséidon, c'est la victime, plutôt que le violeur, qui avait été punie par Athéna, inaugurant une longue tradition de justice biaisée[95]. Plutôt que de la répulsion, c'est de l'empathie que le poète et peintre Dante Gabriel Rossetti éprouve pour le drame intérieur de la femme, empathie qui s'exprime dans le tableau Aspecta Medusa, dont on ne sait s'il représente Méduse avant sa décapitation ou Andromède regardant le reflet de Méduse dans l'eau[96].
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+ Ce nouveau regard est le sujet du tableau d'Edward Burne-Jones, La tête funeste, où un Persée médiéval vêtu d'une armure noire tient à bout de bras la tête de Méduse et tente de « convaincre Andromède de son origine divine en lui montrant le reflet de la tête de Méduse dans l'eau d'un puits[97]. » Ce tableau fait partie d'un ensemble de huit panneaux illustrant le cycle de Persée dont Burne-Jones a décoré la maison de Lord Balfour. Il a également représenté la naissance de Chrysaor et Pégase ainsi que la délivrance d'Andromède[98]. Il n'a cependant pas eu le temps de compléter son projet[89].
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+ On ressent aussi ce mouvement d'empathie chez Alice Pike Barney (1892), ainsi que chez Carlos Schwabe (1895) et surtout chez Arnold Böcklin qui a traité le sujet en plusieurs tableaux, dont l'un ci-dessous, vers 1890, et un autre au musée d'Orsay. Le peintre symboliste belge Jean Delville a également peint La Méduse (1893), ainsi que Lucien Lévy-Dhurmer, dont la Medusa (1897) se trouve au musée du Louvre[99].
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+ Gustav Klimt s'intéresse beaucoup au sujet : en 1898, il peint le tableau Pallas Athéna (voir galerie B), dans lequel il détourne la représentation traditionnelle du sujet, d'inspiration classique, en montrant sous le visage de la déesse une Gorgone tirant la langue, conformément aux images de l'époque archaïque. En cela, il était sans doute inspiré par sa lecture de Nietzsche, La Naissance de la tragédie, comme l'a montré Lisa Florman[100]. Il reviendra sur le sujet avec un groupe de Gorgones en 1902 (image ci-dessus).
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+ Le sujet inspire aussi les sculpteurs. Antonio Canova réalise Persée tenant la tête de Méduse (1804-1806), qui fixe dans la pierre la surprenante ressemblance entre les deux personnages. En montrant Persée en train de regarder le masque de Méduse, Canova suggère que le héros se fait lui-même pétrifier[101].
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+ En 1854, la sculptrice américaine Harriet Hosmer représente Méduse dans un buste de marbre sous les traits d'une belle jeune femme aux seins nus (voir galerie B).
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+ La peintre anglaise Evelyn De Morgan coule un buste en bronze de Méduse vers la fin des années 1870[n 25].
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+ Auguste Rodin intègre Méduse dans le groupe La Porte de l'Enfer (1888), d'après le poème de Dante[102].
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+ Benvenuto Cellini, Persée tenant la tête de Méduse[n 26] (1554), Florence
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+ École flamande, Tête de Méduse. Vers 1600.
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161
+ Pierre Paul Rubens, Tête de Méduse (1618).
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163
+ Luca Giordano, Persée décapitant Méduse (vers 1670).
164
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165
+ Jean-Marc Nattier, Persée, assisté par Minerve, pétrifie Phinée (1718).
166
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167
+ Harriet Hosmer, Medusa (1854).
168
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169
+ Dante Gabriel Rossetti. Aspecta Medusa (1867).
170
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171
+ Edward Burne-Jones, La tête funeste (1886-87).
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+
173
+ Laurent Marqueste, Persée et la Gorgone (1890). Musée des beaux-arts de Lyon.
174
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175
+ Arnold Böcklin, Méduse (vers 1890).
176
+
177
+ La Gorgone appartient à une classe de créatures mythologiques qui sont bien connues du grand public grâce à leur apparence étrange, tels le cyclope, le centaure et le minotaure[103]. Avec Dionysos et Artémis, elle est une des trois divinités grecques représentées par un masque.
178
+ Le corps de Méduse apparait pour la première fois sur les métopes du sanctuaire d'Apollon à Thermos, entre 640 et 620 avant notre ère[104]. La question de l'origine de ce masque a suscité de nombreuses hypothèses.
179
+
180
+ Dans l'Iliade, Homère compare le bouclier de Zeus au nuage de la tempête. Comme le gorgonéion figure au centre du bouclier, il est logique de conclure que la tête de la Gorgone doit représenter une nuée d'orage. Reprenant la comparaison homérique, le poème Suite d'Homère de Quintus de Smyrne compare le choc de l'égide au bruit du tonnerre. Au XIXe siècle, plusieurs philologues en ont déduit que la tête de la Gorgone représentait le tonnerre et les éclairs, en s'appuyant aussi sur la puissance de son regard et l’harmonie imitative du nom gor-go. Le dictionnaire de mythologie de Roscher soutient cette hypothèse, alors défendue par Adolf Furtwängler et Karl Dilthey[103]. Thalia Feldman écarte cette explication en montrant que le mot sanskrit garj n'était pas associé à la notion de tonnerre, mais plutôt à la production d'un son guttural et à une tête sans corps inspirant la terreur, dont est dérivé notamment le mot gargouille[105].
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182
+ Dans la ligne du récit donné plus haut par Alexandre de Myndos, plusieurs analystes ont voulu voir dans la Gorgone un animal sauvage inspirant la peur : un lion[n 27] ou un gorille[n 28]. D'autres voient l'origine de la Gorgone dans un céphalopode : un calmar, une seiche ou, surtout, une pieuvre, car Méduse est un animal sans partie inférieure, avec des yeux globuleux et des serpents sur la tête qui ressemblent à des tentacules, etc[n 29].
183
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+ D'autres hypothèses voient dans ce masque une origine astrale. Selon Clément d'Alexandrie, la Lune était désignée dans les rites orphiques sous le nom de Gorgonéion[106]. S'appuyant sur cette affirmation, au XIXe siècle, le philologue allemand Rudolf Gaedechens a fait l'hypothèse que le gorgonéion représentait la Lune, mais sans apporter d'autre pièce à l'appui. Étant un culte réservé à des initiés, l'orphisme n'a guère laissé de témoignages écrits. La plupart des interprétations modernes rejettent toute affinité entre la Gorgone et la Lune[107]. Cette hypothèse a toutefois été reprise récemment par la linguiste Isabelle Leroy-Turcan, pour qui le mythe a une origine cosmologique : Persée, victorieux de la Gorgone Méduse, représente le génie solaire vainqueur du règne de l'hiver. Les Grées comme les Gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos, les premières étant du pays de la nuit et les Gorgones résidant à l'extrême occident, là où chaque jour disparaît le Soleil. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel : « les gorgones appartenaient au monde des morts que les pythagoriciens situaient précisément dans la Lune, œil unique de la nuit[108]. »
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+ Le gorgonéion est plus fréquemment associé avec le Soleil, ainsi qu'on peut le voir sur des pièces de monnaie, des lampes ou des images du zodiaque[107]. Pour l'historien de l'art Jean Clair, « Méduse est le Soleil changé en nuit : elle est plutôt l'autre face du jour : la nuit d'où nous venons, et où nous retournons, à chaque révolution du Soleil, quand le sommeil nous fait affronter les songes, mais aussi quand nous aurons à affronter les portes de la mort. » [109].
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+ Les hypothèses de type anthropologique sont toutefois préférées par les chercheurs modernes[104].
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+ S'interrogeant sur la place importante que donne le mythe à la petite île rocheuse de Sériphos, une des moins importantes des Cyclades, le spécialiste de l'antiquité classique J. H. Croon remarque que celle-ci comportait des sources thermales, ce qui est également le cas de nombre d'autres cités antiques dont les pièces de monnaies portaient la figure de la Gorgone, indiquant l'existence d'un culte local[n 30]. Ce culte s'explique par le fait que les sources étaient nécessairement perçues comme des orifices du monde souterrain[107] et, par conséquent, fréquemment associés à des rites religieux en l'honneur des divinités souterraines du monde des morts. Au cours de ces cérémonies, le célébrant portait le masque de la Gorgone, selon une masse d'indices convergents que propose Croon à la suite de Jane Ellen Harrison : « quand un masque est utilisé dans un rituel chthonien, son porteur représente l'apparition d'un démon souterrain. Quand le masque est apotropaïque, cela veut dire que la divinité chthonienne effraie, terrorise, fige de peur ou pétrifie les autres fantômes ou personnes présentes[110] ». L'histoire de Persée serait donc un mythe expliquant le rituel du masque en usage sur cette île, à proximité des sources thermales. Comme le note Wilk, la théorie de Croon est la seule capable d'expliquer la présence dans le mythe de Persée de cette île insignifiante qu'est Sériphos[107]. Cette théorie a été reprise et développée par Jean-Pierre Vernant, dans La mort dans les yeux[111].
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+ Par ailleurs, on a trouvé dans une tombe étrusque une fresque montrant un captif tenu par un personnage masqué sous lequel est écrit le mot φersu, mot étrusque dont la racine est liée à celle de Persée. Celui-ci serait donc initialement un personnage relié au monde souterrain, tout comme Perséphone, dont le nom correspond à l'étrusque φersipnai : Persée est donc le porteur du masque du démon souterrain, celui-là même qui avait fait fuir Ulysse dans l'Odyssée (voir plus haut)[112]. Méduse est effectivement désignée comme la gardienne des Enfers chez Hésiode[n 31].
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+ Le gorgonéion est aussi le motif mythologique le plus fréquent sur les sarcophages étrusques du Ve siècle, dont on a trouvé des dizaines d'exemplaires (voir galerie A). Cette appartenance de la Gorgone au monde des morts « explique la présence de têtes de gorgones sur des monuments funéraires (sarcophages, autels) même si cette représentation avait aussi une valeur apotropaïque visant à éloigner les mauvais desseins des détrousseurs de morts[108]. » Le lien de Méduse avec le monde des morts semble confirmé par le fait que « les deux représentations les plus connues de Méduse tuée par Persée se trouvent sur deux temples consacrés à Artémis, celui de Sélinonte et celui de Corfou[113]. » Or Artémis est associée à la Lune et à la mort. Dans le sanctuaire d'Artémis Orthia, à Sparte, on a trouvé de nombreux masques de la Gorgone, aux côtés de ceux d'Artémis[114].
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+ Il est à noter que « Méduse ne fait l'objet d'aucun culte, ni pour l'honorer, ni pour la conjurer. Mais il existe, dans la religion grecques, des Puissances redoutables, apparentées à Gorgô en ce sens qu'elles se présentent sous la forme de simples têtes. Ces déesses-têtes, les Praxidikai, ont, dans le rituel, la charge d'exécuter les vengeances et de garantir le serment[115]. » Elles aussi sont reliées au monde souterrain et sont représentées par un masque rituel que portait le prêtre au cours de la cérémonie visant à garantir les serments[110].
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+ Le masque a donc pour fonction de traduire « l'extrême altérité, l'horreur terrifiante de ce qui est absolument autre, l'indicible, l'impensable, le pur chaos[116] » : « Regarder Gorgô dans les yeux c'est se trouver nez à nez avec l'au-delà dans sa dimension de terreur[117]. » Le rituel et le récit mythique ont pour but de permettre à la société de maîtriser l'angoisse :
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+ « Depuis la nuit des temps, l’homme a cherché à donner forme à ses peurs pour mieux les maîtriser. Peur des réalités effrayantes qui l’entouraient, des forces de la nature qu’il ne comprenait pas, mais aussi peur des forces obscures de son monde interne, angoisse devant la sexualité, la destructivité, la mort, l’altérité. Pour mieux les contrôler, l’homme en a fait des divinités ; il a organisé des rites et des sacrifices pour s’en attirer les faveurs, il a inventé des mythes pour donner sens et contenu à ces rites[118]. »
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+ Loin d'être le seul trio de divinités féminines dans la mythologie grecque, les Gorgones présentent des points communs avec plusieurs autres groupes, mais pour lesquels les représentations sont assez rares[119] :
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+ En Égypte, les représentations du dieu Bès présentent aussi des points communs avec celle de la Gorgone : toujours présenté de face, avec de grands yeux, un large nez et la langue qui dépasse, il est assez fréquemment dépourvu de corps. Figure très populaire, il s'est maintenu depuis le milieu du deuxième millénaire av. J.-C jusqu'à l'époque romaine et semble avoir eu une fonction apotropaïque, tenir à distance les mauvais sorts et écarter les démons[120]. Robert Graves voit des éléments communs avec la déesse égyptienne Neith, déesse de l'amour et de la guerre, ainsi qu'avec Lamia, déesse libyenne qui avait des yeux amovibles et dont la cruauté avait changé le visage en un masque de cauchemar[121].
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+ Selon d'autres interprétations, le masque de Méduse dériverait du démon Humbaba, qui a été décapité par le héros de l'épopée de Gilgamesh[122]. On a découvert nombre de têtes de Humbaba, représentations de ce dieu sans corps, datant de 2750 av. J.-C. Toujours représenté de face, comme la Gorgone et Bès, il présente des lignes sur son visage et des yeux protubérants. Il avait des pouvoirs assez similaires à ceux de Méduse[123].
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+ Nombre de comparaisons sont possibles avec le panthéon indien. Il y a d'abord le Kirtimukha (litt. « visage glorieux »), qui consiste en un visage plus ou moins stylisé de monstre féroce ayant d'énormes crocs, la bouche ouverte une langue généreuse et des yeux très protubérants[124]. Il y a aussi la déesse Kali au visage terrifiant et grimaçant, avec des dents en forme de défenses, des cheveux entremêlés, une langue pendante et des yeux protubérants ; parfois, elle boit le sang qui coule des têtes coupées qu'elle brandit. Toutefois, Kali n'est pas une divinité ancienne et n'aurait atteint un statut de déesse majeure que vers le IVe siècle[125].
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210
+ On trouve également des figures similaires en Indonésie, en Chine et au Japon, ayant en commun d'être terrifiantes et de servir en même temps de protection[126]. Mais la ressemblance la plus étrange serait, selon Wilk, avec la figure centrale de la Pierre du Soleil représentant le dieu solaire : tout comme pour la Gorgone archaïque, le visage est arrondi, le front marqué de lignes, les yeux protubérants et la bouche grande ouverte dans une grimace avec la langue pendante. Il ne lui manque que les défenses de sanglier[127]. On peut également faire des rapprochements avec la déesse aztèque de la mort Mictecacihuatl ainsi que chez les Mayas[128].
211
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212
+ Pour Jean-Pierre Vernant, toutefois, ces rapprochements avec les représentations de Bès, Humbaba et autres ne sont pas convaincants car la figure de la Gorgone est « une création neuve, très différente des antécédents qu'on invoque [dont] l'originalité ne saurait être saisie en dehors des relations qui la lient à des pratiques rituelles ». Il rejette aussi l'assimilation avec les Harpies et les Érinyes, qui présentent des caractéristiques différentes[129].
213
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214
+ Selon l'ingénieur en optique Stephen R. Wilk, le mythe vise à illustrer les systèmes stellaires très particuliers que sont les constellations de Persée et celles qui lui sont associées. Dès une époque ancienne, les cartes du ciel regroupaient les étoiles les plus brillantes de la constellation de Persée dans une figure censée représenter le héros éponyme en pleine action, brandissant la serpe dans la main droite et tenant dans la gauche la tête de Méduse (voir illustration ci-contre). Une telle représentation, qui se trouve dans la grande Uranometria de Johannes Bayer (1603), apparaissait déjà chez l'astronome persan du Xe siècle Ramah al-Sufi. Dans cette constellation, l'étoile Algol (Beta Persei) a une réputation maléfique, comme l'indique son nom dérivé de l'arabe al-ghoul (« tête du démon ») ; les astronomes chinois l'appelaient Tsi-Chi (« pile de cadavres »). Algol présente en effet la particularité d'être jumelée avec une étoile voisine de sorte que leurs rotations respectives la font disparaître tous les trois jours. Une tablette babylonienne semblait déjà faire état du comportement particulier des étoiles binaires. Les témoignages antiques sont cependant rares et Wilk conjecture que cela est dû à la suppression de tout commentaire direct sur ces phénomènes afin d'éviter d'attirer sur soi le mauvais œil[131].
215
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216
+ Selon Wilk, l'étoile Algol ne correspond pas à l'œil de la Gorgone mais à l'ensemble de la tête, car tous les trois jours, l'étoile la plus brillante de ce système stellaire triple disparaît (telle Méduse, qui est mortelle) tandis que les deux autres (ses sœurs immortelles Stheno et Euryale) se maintiennent égales à elles-mêmes. Selon cette théorie, la présence des trois Grées correspondrait au résidu d'une version parallèle du mythe, dans lequel Algol, qui se trouve au bout du bras gauche de Persée, est l'œil que les Grées se passent de l'une à l'autre. Tous les trois jours, quand il passe par Persée, celui-ci le vole et la lumière disparaît. Autre coïncidence, la pluies de météores des Perséides a pour point d'origine l'extrémité du bras droit de Persée. Or, selon une version du mythe, ce bras aurait lancé l'œil des Grées dans le lac Triton[130]. Enfin, cette « pluie d'or » n'est pas sans évoquer la façon dont Zeus a fécondé Danaé, mère de Persée.
217
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218
+ Il existe aussi une correspondance astronomique entre la constellation de Persée et celle de la Baleine. Or, celle-ci correspond au mythe de Céto, la mère des Grées et des Gorgones, que combattra Persée pour délivrer Andromède, elle-même fille de Céphée et de Cassiopée. Le fait que les Grecs aient associé dans un même mythe Persée, Céto (dans ses différents sens), Céphée, Cassiopée et Pégase suggère qu'ils savaient que les constellations éponymes contenaient toutes des étoiles variables. Six des treize étoiles variables observables à l'œil nu depuis la Grèce sont donc impliquées dans ce mythe et, à l'exception de Pégase, correspondent à des antagonistes de Persée : cela concorde avec la théorie selon laquelle « les étoiles variables sont en quelque sorte maléfiques et peut-être associées avec le mauvais œil[132]. »
219
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220
+ Le mythe de la délivrance d'Andromède par Persée, originaire d'Argos, offre des parallèles avec d'autres mythes, tel celui de Bellérophon à Corinthe, et, à Tirynthe, le mythe d'Héraclès délivrant Hésione. Selon Wilk, les ressemblances entre les trois mythes sont dues au fait que tous ces personnages peuvent se retrouver dans la constellation de Persée[133].
221
+
222
+ Quant à Chrysaor et Pégase, nés du cou de Gorgô, il est également possible de les visualiser comme provenant de sa tête. Ils auraient été une des premières interprétations de la constellation avant d'être intégrés à la quête de Persée dès la Théogonie d'Hésiode[134]. Le cheval Pégase faisait lui aussi déjà partie d'une constellation identifiée par les Babyloniens. Le récit mythique de sa naissance permet de l'introduire dans le récit et de le lier à Persée[135].
223
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224
+ Wilk estime que ce sont les caractéristiques de ces constellations qui ont dicté la forme du mythe et son évolution[136]. Ce n'est toutefois pas l'unique fondement du mythe, car celui-ci résulte de la concaténation de plusieurs éléments disparates[137].
225
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226
+ L'appartenance de Méduse aux divinités pré-olympiennes semble indiquer que ce mythe a un substrat très ancien. Dans le mythe de Méduse, tout comme dans ceux de la Chimère et de l'Hydre de Lerne, les divinités féminines sont associées à la Terre (Gaia), par opposition aux divinités olympiennes qui résident dans le ciel. Toutes trois ont en commun d'être des monstres et d'emprunter certains de leurs traits aux serpents, dont le lien avec la terre, le féminin et le mystérieux est très ancien. Toutefois, dans le cas de Méduse, le pouvoir maléfique est converti en objet de protection une fois le monstre décapité[138].
227
+
228
+ Dès 1911, A. L. Frothingham avait noté les parallèles entre Méduse et la Grande Mère[139]. Selon Joseph Campbell, les lieux de culte à la déesse mère et aux divinités féminines auraient été remplacés par un nouveau panthéon lors de l'arrivée en Grèce des envahisseurs. Les divers états du mythe refléteraient ainsi le passage d'une société matriarcale à une société patriarcale.
229
+
230
+ Reprenant l'explication de Pausanias selon laquelle Persée aurait décapité une reine de Libye et enterré la tête sous le marché d'Argos[67], Robert Graves y voit une preuve de l'enregistrement par le mythe de la suppression violente d'un régime matriarcal préexistant[140] et de la prise de possession des temples par les hommes[141]. Il suppose que dans la société matriarcale archaïque le masque de Gorgô avait pour fonction d'éloigner les hommes des cérémonies initiatiques célébrant la triple déesse Lune et de protéger de la concupiscence des hommes les jeunes filles vierges qui le portaient[n 32]. Selon Wilk, « en dépit du manque de preuves, l'idée est maintenant largement acceptée que, dans le monde ancien, le masque de la Gorgone servait à garder les secrets féminins[142]. ».
231
+
232
+ Graves note aussi que les mythes de Persée et de Bellérophon sont étroitement associés : « tous deux enregistrent l'usurpation des pouvoirs de la déesse Lune par les envahisseurs hellènes et sont unifiés dans une peinture archaïque d'une jument à tête de gorgone[143] » (voir plus haut). Comme le note Eleanor Wilner
233
+
234
+ « Il devrait être évident que le mythe raconte l'histoire d'une migration et d'une invasion, entrainant le remplacement d'une religion par une autre : celle des anciennes divinités élémentaires — de la nature et de l'engendrement, de la soumission aux forces chtoniennes de la terre et au cycle des saisons — par les nouveaux dieux immortels de l'Olympe, les dieux du ciel, de l'intellect et de la volonté, garants de la nouvelle et tragique autonomie des héros humains[n 33]. »
235
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236
+ Se basant sur une analyse du texte homérique et des données archéologiques, Thalia Feldman, spécialiste en histoire de l'art, fait l'hypothèse que la quête de Persée et la décapitation de Méduse seraient d'origine posthomérique. En revanche, le thème d'une tête sans corps, le gorgonéion, serait très ancien, comme le montre notamment une terre cuite d'époque archaïque trouvée sous le Parthénon (voir en haut de la page). Ce motif aurait sa source dans la nécessité pour l'être humain d'exorciser ses peurs, notamment en les représentant sous la forme d'un masque grimaçant, d'une figure de terreur. Le gorgonéion serait donc à l'origine un croque-mitaine[n 34]. Le fait que le gorgonéion soit une tête de femme pourrait indiquer qu'il est le résidu d'un état de société matriarcal, les figures terrorisantes étant naturellement associées au genre qui détient l'autorité. Le mythe de Méduse s'est donc construit sur le thème d'un visage hirsute et animal, doué d'un regard qui avait le pouvoir de transformer l'homme en pierre, de le castrer. À la suite de changements de société et de structure familiale, entre le VIIIe siècle et le VIe siècle, le mythe a évolué, donnant à ce masque un corps de femme et suscitant un héros capable de la décapiter. Une image complète de Méduse apparaît pour la première fois sur le fronton du temple d'Artémis à Corcyre, érigé en -580 (galerie ci-dessus). Elle y est représentée avec tous ses attributs : serpents entrelacés sur la poitrine en guise de ceinture, bouche grimaçante, langue pendante, yeux protubérants, ailes dans le dos (voir galerie A)[144].
237
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238
+ Pour Tobin Siebers, Athéna et Méduse sont intimement liées, comme deux pôles opposés, et partagent une histoire de rivalité et de phénomènes inversés. La naissance d'Athéna, qui naît casquée du crâne de son père Zeus, offre en effet une image inversée de la mort de Méduse, qui donne naissance à Pégase et à Chrysaor jaillissant de sa tête[145]. Jalouse de la beauté de Méduse, Athéna arme et guide Persée pour aller tuer sa rivale. Victorieuse, elle marque par l'apposition du masque de Méduse sur son égide la présence subliminale de l'autre, comme si l'une n'était que le double de l'autre[145]. Toutefois, à l'encontre de Méduse, Athéna ne menace pas les hommes : étant née de Zeus, elle correspond, selon Patricia Klindienst, au fantasme masculin de ce que devrait être une femme[146].
239
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240
+ Selon Olivetti, le mythe de la naissance d'Athéna née toute formée du crâne de Zeus correspond à l'établissement de l'idée de paternité, avec pour effet de diminuer le mystère et le pouvoir du féminin. Ce mythe relate donc le changement fondamental de civilisation qu'est le passage du charnel au symbolique[147]. Idée que partage le psychiatre Jean-Louis Le Run, « le danger de la féminité primitive est désormais régulé dans l’ordre paternel que représente Athéna[148]. » Selon Olivetti, l'apposition du masque de Méduse sur l'égide d'Athéna, la déesse vierge, signifie que celle-ci avait besoin de la libido de Méduse, du numen de la grande déesse, pour réaliser son projet patriarcal : la culture ne pouvait pas progresser sans que la libido ne soit domptée et transformée, une image ne pouvant devenir symbole si elle n'est pas infusée de libido[147].
241
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242
+ Toutes ces hypothèses ont alimenté une intense activité de réappropriation du mythe dans une perspective féministe. En 1971, dans un poème intitulé The Muse as Medusa[149], l'écrivaine belgo-américaine May Sarton dénonce le processus d'identification des lectrices au héros Persée, alors que celui-ci s'est approprié le pouvoir de Méduse, et elle invite les femmes à prendre leur revanche dans l'écriture[150]. Cet appel sera repris en France quelques années plus tard.
243
+
244
+ Dans un essai aux allures de manifeste intitulé « Le rire de la Méduse » (1975), Hélène Cixous développe l'opposition entre la raison masculine et le corps féminin, représenté par Méduse et sauvagement réprimé. Prenant le mythe à contrepied (« Méduse n'est pas mortelle : elle est belle et elle rit »), Cixous ironise sur les théories freudiennes et refuse la métaphore de la femme vue comme « un continent noir » qu'il faudrait cartographier et coloniser, plaidant en faveur du désir et de la libération des femmes à l'égard du discours masculin. Récusant le mythe de la femme fatale incarnée par Méduse, elle suggère que la libération des stéréotypes ne peut venir que de l'écriture des femmes, qui doivent se réapproprier leur corps et leur sexualité. Loin d'être confinée aux organes génitaux, la libido féminine ne connaît pas de frontières et est d'ordre cosmique, englobant les deux sexes, avec mille et un seuils de jouissance. Les anciennes structures de haine et de domination doivent céder le pas à des rapports d'égalité basés sur le don et l'amour[151].
245
+
246
+ La thèse de Cixous entraînera tout un courant de recherches féministes. Critiquant à son tour les théories freudiennes, Sarah Kofman dénonce le mythe comme un récit phallocentrique. Pour Susan Bowers (1990), le mythe de Méduse présente une image pervertie d'une déesse qui était honorée dans la culture matriarcale. S'appuyant sur les pages que Sartre a consacrées au thème du regard et à la façon dont celui-ci détermine le rapport à autrui[152], Bowers suggère que la culture patriarcale a fait de Méduse — et par extension de toutes les femmes — l'objet du regard masculin afin d'éviter que les hommes ne soient eux-mêmes réifiés par le regard de Méduse[153]. L'interdit de regarder Méduse pourrait aussi être lié à l'interdit de contempler le divin. Quant au masque de Méduse, il serait une expression symbolique de la rage des femmes[154] ou de la femme en situation de pouvoir[153].
247
+
248
+ Méduse est ainsi devenue « un important archétype de la créativité féminine […] une métaphore des pouvoirs précédemment cachés et dénigrés, des pouvoirs collectifs que nous commençons finalement à réclamer » selon Annis Pratt[155].
249
+
250
+ Les critiques font toutefois remarquer que la Méduse féministe n'est pas l'être monstrueux du mythe grec original. Chaque époque a ainsi récrit le mythe à sa manière, en en faisant un instrument de discussion de ses propres croyances et inquiétudes[156].
251
+
252
+ Roger Caillois voit dans le récit de l'expédition de Persée allant tuer la Gorgone un parfait exemple de conte d'initiation :
253
+
254
+ « L'adolescent, conseillé par ses instructeurs et armé des accessoires requis, se rend dans l'Autre Monde, c'est-à-dire dans la brousse, ou dans l'enceinte où le sorcier conduit la cérémonie. Il subit l'épreuve pour devenir adulte et conquérir le masque qui l'agrège à la société des hommes ou à une confrérie secrète. Désormais, c'est lui qui portera l'épouvantail et qui paralysera ses ennemis[157]. »
255
+
256
+ Se basant sur l'iconographie la plus ancienne, en effet, il considère que la tête de la Gorgone « n'est rien d'autre qu'un masque[157] » et que celui-ci sert autant à protéger de l'adversaire qu'à le stupéfier. Étroitement lié au cercle et à l'œil, le recours au masque est un phénomène universel[158].
257
+
258
+ Le mythe se prête à une étude anthropologique du regard, en raison de l'importance qu'il accorde à ce dernier ainsi qu'à l'utilisation du gorgonéion comme amulette préservant du mauvais œil. L'idée que le regard peut avoir un pouvoir maléfique se trouve dans la plupart des cultures, non seulement dans des récits légendaires, mais aussi dans des textes religieux comme la Bible et le Coran[159]. Cette croyance repose sur une conception très ancienne du mécanisme de la vision.
259
+
260
+ La plupart des savants et philosophes grecs qui se sont intéressés au phénomène de la vision, ont accepté la théorie de l'émission, selon laquelle la vision opère au moyen d'un rayon qui part de l'œil et va éclairer l'objet. En ce sens, comme le fait remarquer Jean-Marc Luce, « Le regard mortifère de la Méduse n'est pas une propriété qui mettrait le monstre tout à fait à part des autres êtres, son pouvoir ne s'en distingue que d'une façon quantitative : le feu de son regard est actif jusqu'à faire mourir son objet[160]. »
261
+
262
+ Cette croyance au pouvoir du regard est encore largement répandue. Dans les années 1980, une enquête auprès d'étudiants universitaires américains montrait que, sur un échantillon de 1 300 personnes, 84 % des femmes et 73 % des hommes sont convaincus qu'ils peuvent sentir lorsque quelqu'un les regarde[161].
263
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264
+ Le mythe peut aussi être interrogé à la lumière de la théorie de Lacan sur la pulsion scopique : « Incarnation du désir forcené de voir et de sa sanction, elle (Méduse) est ce dont on ne peut détacher les yeux[162]. » Le regard est présent sous diverses variations dans ce mythe, non seulement chez Méduse et Andromède, mais aussi sous la forme originelle de l'œil : yeux protubérants de Méduse, œil unique que se partagent les Grées, mauvais œil dont il faut se détourner absolument. Même la vulve a été comparée à un œil[n 36]. Le regard étant lié au désir, il est source d'angoisse par excellence : en se fondant dans le regard de l'autre, « le sujet ne perçoit plus le monde des représentations, mais il est confronté à son manque-à-être[61] ».
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266
+ Le regard peut être réfléchi par le miroir. Celui-ci permet à Persée de contempler le reflet de la Gorgone sans être affecté par la puissance pétrifiante de son regard[n 37]. La première mention littéraire de ce reflet apparaît chez Ovide : « Lui cependant ne regardait que la forme de l'horrible Méduse reflétée sur le bronze du bouclier que portait sa main gauche[163]. » Le même thème revient chez Lucain[164] et chez Apollodore[20].
267
+
268
+ Toutefois le thème du miroir était présent dès le début du IVe siècle av. J.-C. dans des peintures de vases trouvés dans le sud de l'Italie, tel un cratère représentant Persée et Athéna en train de regarder le reflet du gorgonéion sur un bouclier, sans doute pour satisfaire la curiosité du héros[165] ou à la surface d'un puits[166]. L'apparition de ce thème dans le mythe coïncide avec les efforts des peintres de cette époque pour créer une illusion de perspective[n 38], en même temps que les philosophes réfléchissent sur la notion d'imitation (mimèsis) et que commencent les expérimentations qui, depuis Euclide jusqu'à Ptolémée, mettront en place une science de l'optique[n 39]. Cet artifice du miroir n'est pas simplement un complément rationaliste à l'histoire mais un développement du thème de la vision, car il ajoute au mythe la notion de simulacre (eikon), terme supplémentaire à l'alternative visible/non visible qui parcourt tout le récit des aventures de Persée[167].
269
+
270
+ Dans l'Antiquité, le miroir n'apparaît toutefois jamais comme une arme. Ce n'est qu'avec le dramaturge espagnol Calderón que le miroir est présenté comme possédant un pouvoir égal à celui du regard direct. Cet auteur pousse d'ailleurs l'ironie jusqu'à faire du reflet l'instrument par lequel Persée tue Méduse, en lui renvoyant son image en miroir[168] : pressentant sa fin, Méduse déclare à Persée qu'elle préférerait mourir sous ses coups que de se voir dans un miroir («quiero morir de tu herida/que de mi vista»)[169],[n 40].
271
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272
+ Dans Détruire la peinture, Louis Marin analyse le tableau du Caravage comme une ekphrasis du mythe par la peinture et en identifie le sujet comme étant le regard, Méduse incarnant le sommet du narcissisme au moment où elle se voit reflétée dans le miroir de Persée, ce qui la fait sombrer dans la mort[170]. Le Caravage a d'ailleurs aussi traité la figure de Narcisse (voir ci-contre).
273
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274
+ Par la suite, les peintres insisteront sur cette association entre Méduse et Narcisse dans leurs tableaux. Comme le notent divers analystes « Ce qui nous fascine, ce qui ne quitte pas du regard tant que nous le regardons, c’est notre reflet dans le miroir. [...] la face de Gorgô, c’est l’Autre de nous-même, notre double, une image qui nous happerait parce que, au lieu de nous renvoyer l’apparence de notre propre figure, elle représenterait, dans sa grimace, l’horreur terrifiante d’une altérité radicale à laquelle nous allons nous identifier en devenant pierre[171]. »
275
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276
+ E. d'Hooghvorst renvoie notamment à la descente de Dante aux Enfers comme étant l'initiation par excellence. En effet, les Érinyes y accueillent Dante en criant : « Viens, Méduse ! Nous le ferons de pierre[172] ! » Le philosophe Porphyre ayant fait remarquer à propos d'Ulysse, lui aussi descendu aux Enfers, que craindre de voir la Méduse n'est pas la voir, d'Hooghvorst précise :
277
+
278
+ « La remarque de Porphyre définit bien la nature de cette Méduse pétrifiante. C’est un fantôme auquel le témoignage des sens n’a aucune part. Si elle se manifeste aux damnés comme terreur panique saisissant ces esprits pâmés, elle peut cependant, au cours de la vie de l’homme, prendre d’autres aspects. C’est le péril de toute activité psychique séparée des sens et, par conséquent, insensée. Voilà le dol des fausses révélations. Ce monstre sans os ni viande est comme Protée prenant toutes les formes et n’en retenant aucune[173]. »
279
+
280
+ Dans un bref article intitulé La Tête de Méduse[n 41], où il s'interroge sur la sexualité féminine, Sigmund Freud propose une interprétation psychanalytique de ce mythe selon laquelle la décapitation de Méduse serait une représentation de la castration[n 42]. La terreur qu'inspire le monstre serait donc la peur de la castration, résultant de la vue de quelque chose qu'on n'était pas censé voir ni regarder. Cette angoisse apparaîtrait chez le petit garçon qui, en apercevant les organes génitaux féminins, découvre que la menace de castration est bien réelle. Cette interprétation de Freud établit ainsi un « lien entre sexe et effroi [qui] est attesté aujourd’hui par les travaux d’anthropologues, de philosophes et d’historiens[174] ».
281
+
282
+ Le visage rond entouré d'une couronne de cheveux serait en fait un sexe féminin. Cette représentation présente certaines ressemblances avec Baubo, une figure féminine liée aux mystères d'Éleusis. Celle-ci en effet montre sa vulve en soulevant sa robe. Mais alors que « Gorgô pétrifie en exhibant le sexe sous son aspect mortifère, Baubô réanime en rappelant qu'il est bien source de vie[175]. »
283
+
284
+ Selon Jean Clair, cette association du gorgonéion avec le sexe féminin fait de Persée un héros moderne :
285
+
286
+ « Persée est un fondateur de civilisation dans la mesure où il est ce héros solaire qui instaure, qui pose comme force de loi, comme tout fondateur de civilisation, le tabou de l'inceste. Il est celui qui a osé affronter le regard du sexe maternel pour, l'envisageant par la ruse de son intelligence, réussir à le couper et l'exhiber comme un trophée, et désormais, revenant triomphateur en Éthiopie, délivrer Andromède[176]. »
287
+
288
+ Dans le prolongement de l'interprétation de Freud, son disciple Ferenczi s'est aussi interrogé sur la signification du mythe : « L'analyse des rêves et associations m’a amené plusieurs fois à interpréter la tête de Méduse comme le symbole effrayant de la région génitale féminine dont les caractéristiques ont été déplacées du bas vers le haut. »[n 43] Cette hypothèse d'un déplacement pourrait avoir inspiré à Magritte la composition de son tableau Le viol[177]. Selon Ferenczi
289
+
290
+ « Les nombreux serpents qui s’enroulent autour de la tête pourraient signifier — selon le principe de la représentation par le contraire — l’absence du pénis, et l’horreur elle-même, répéter l’impression effrayante que produit sur l’enfant la vue des organes génitaux dépourvus de pénis (castrés). Les yeux de la tête de Méduse, source de l’angoisse et de l’effroi, ont également l’érection pour signification secondaire[178]. »
291
+
292
+ Contrairement à Freud qui voit dans la Gorgone le résultat d'une castration, Philip Slater voit dans Méduse une Mère castratrice, dont le pouvoir terrifiant est tenu en échec par la vierge Athéna[179].
293
+
294
+ Pour Janine Filloux, « L’horreur du sexe de la mère est horreur de l’inceste. La figure de Méduse est possibilité de représentation de l’horreur de la fusion incestueuse avec l’animalité de la nature femelle, de l’horreur de l’inceste prototypique sous forme de fantasme de retour à l’origine[180]. » Contrebalançant l'horreur qu'elle inspire, « la vue de Méduse, nous dit Freud, apporte également au spectateur une consolation puisque la pétrification, le devenir rigide, signifie érection[181]. » De même, les serpents sur la tête de Méduse, en dépit de la peur qu'ils suscitent, contribueraient à mitiger l'horreur, en tant que substituts symboliques du pénis, dont l'absence était précisément source d'angoisse. Enfin, la contrepartie positive de Méduse est « la déesse vierge Athéna qui porte ce symbole de l’horreur sur son costume, devenant par-là femme inapprochable exerçant sa défense contre tout désir sexuel[174]. » Par son interprétation du mythe et sa théorie générale de la sexualité, Freud a « assis l’image de la femme comme sexe fort face au sexe précaire, (mais pas forcément faible), au sexe masculin[181]. »
295
+
296
+ Selon Harris et Platzner, tout en détruisant les pouvoirs terrifiants de la déesse chtonienne, Persée ne rejette pas les pouvoirs de la femme en général car la plupart de ses armes (la besace, le casque d'invisibilité, le bouclier-miroir, les sandales) sont « féminines » et moins agressives que celles des héros classiques, relevant davantage de la magie et de la ruse que de la force[182].
297
+
298
+ Carl Jung s'est intéressé à « l'effet Méduse », phénomène de pétrification psychique qui survient lorsque le patient est confronté à une situation en apparence inextricable. Il insiste sur le fait que Méduse comporte, comme tout être humain, un côté spirituel. Pour ne pas céder aux forces destructrices, il faut suivre l'exemple de Persée et ne regarder les forces de destruction qu'à travers un miroir. Méduse et Athéna sont deux archétypes du féminin : tandis que l'une est asexuée et protège les priorités masculines et le contrôle du patriarcat, l'autre incarne le côté chaotique, érotique et incontrôlable de la femme[183].
299
+
300
+ Selon Paul Diel, les Gorgones, en tant que monstres, ne peuvent que « symboliser l'ennemi intérieur à combattre » et correspondent à des « déformations monstrueuses des trois pulsions » que sont la socialité, la sexualité et la spiritualité. Méduse symboliserait « la perversion de la pulsion spirituelle » qu'est « la stagnation vaniteuse » et sa chevelure de serpents manifesterait « le tourment de la culpabilité refoulée ». La quête de Persée est universelle en tant qu'elle consiste pour tout homme à affronter sa propre vérité intérieure en reconnaissant sa vanité coupable et refoulée : « Méduse symbolise l'image déformée de soi […] La pétrification par l'horreur (par la tête de Méduse, miroir déformant) est due à l'incapacité de supporter objectivement la vérité à l'égard de soi-même. Une seule attitude, une seule arme, peut protéger contre Méduse : ne pas la regarder afin de ne pas être pétrifié d'horreur, mais capter son image dans le miroir de vérité[184]. » En affrontant l'horreur de la pétrification qu'avait suscitée en lui sa vanité refoulée, le héros peut l'extirper de soi et la dissoudre. Mais il ne peut le faire que lorsque le miroir déformant qu'est Méduse est endormi et qu'il la voit à travers le bouclier que lui a remis Athéna, « déesse de la combativité spirituelle, divinité de la sagesse et de la vérité ». Ce faisant, il accomplit le précepte placé sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ».
301
+
302
+ La décapitation de Méduse entraîne la naissance de Chrysaor, symbole de spiritualisation, et de Pégase, symbole de sublimation. « L'imagination perverse doit mourir afin que naissent les deux formes de l'imagination créatrice : la spiritualité et la sublimité[185] ».
303
+
304
+ Comme le note Janine Filloux, « depuis la plus haute Antiquité la figure de Méduse assure de façon continue une possibilité de donner expression et de canaliser l’impact de la peur du féminin[180]. » Pour elle aussi, le mythe de Méduse raconterait comment le sexe féminin a été vaincu, défait, dans la lutte originaire[186].
305
+
306
+ Le mythe propose des représentations complexes et contrastées du féminin, notamment par l'apposition de la tête de Méduse sur l'égide d'Athéna, opposant ainsi dans une même image la sensualité féminine à la raison par laquelle elle a été vaincue. Les mêmes figures antithétiques sont aussi réunies autour du héros par excellence qu'est Persée : Méduse, dont le regard brave et pétrifie les hommes, et Andromède, la jeune vierge timide qui n'ose même pas regarder un homme[187]. À ces personnages, il faut ajouter Danaé, qui avait sauvé Persée d'une mort certaine alors qu'il était encore au berceau[n 44].
307
+
308
+ « De Dante et Pétrarque à Shelley, en passant par Goethe, la figure de Méduse incarne pour les poètes de toutes les époques l’ambivalence du regard féminin, qui attire et ensorcelle, séduit et condamne. Pour Pétrarque, Méduse c’est sa muse Laura lorsqu’elle détourne le poète du sacré et l’incite à rendre hommage à la beauté charnelle. Pour Goethe, c'est le visage trompeur de l'amour, et l'illusion à laquelle ont recours les femmes pour piéger les hommes dans leurs filets[188]. »
309
+
310
+ Des analystes ont aussi relevé l'importance du chiffre trois dans ce mythe : trois Gorgones, trois Grées, trois cadeaux des nymphes, trois étapes dans la mission de Persée[189].
311
+
312
+ Dans La Naissance de la tragédie, Friedrich Nietzsche voit la décapitation de Méduse comme le symbole de la lutte du principe apollinien d'ordre et de lumière contre le côté dionysiaque, obscur, intuitif et débordant d'émotions[190] :
313
+
314
+ « Contre la fièvre et la frénésie de ces fêtes qui pénétrèrent jusqu’à eux par tous les chemins de la terre et des eaux, les Grecs semblent avoir été défendus et victorieusement protégés pendant quelque temps par l’orgueilleuse image d’Apollon, à laquelle la tête de Méduse était incapable d’opposer une force plus dangereuse que cette grotesque et brutale violence dionysienne[191]. »
315
+
316
+ En ce sens, Persée joue un rôle fondamental dans le récit mythique car, sans lui, Méduse ne serait qu'un monstre archaïque inoffensif. C'est au jeune dieu olympien que le lecteur s'identifie au travers de sa quête et celle-ci symbolise notre propre processus de croissance psychologique en lutte contre la pétrification narcissique de notre être[192].
317
+
318
+ Le mythe a fasciné l'avant-garde intellectuelle française de la seconde moitié du XXe siècle[193]. Dans son autobiographie, Roland Barthes établit une équivalence entre Méduse et la doxa, décrivant cette dernière comme « une masse gélatineuse qui colle au fond de la rétine [...] et pétrifie le regard de ceux qui la regardent[194] ». Dans Glas, Jacques Derrida analyse l'usage que fait Hegel de Méduse comme une métaphore du judaïsme, qui a la propriété de pétrifier tout ce qui le regarde. Pour sa part, il voit dans la circoncision un simulacre de castration par lequel le sujet se fait esclave de la divinité, dans un geste qui a valeur apotropaïque, au même titre que la tête de Méduse[195].
319
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320
+ Au début du XXIe siècle, le mythe continue d'intéresser philosophes et chercheurs de diverses disciplines et est présent dans la psyché contemporaine comme en témoignent la fiction et les jeux[196]. Il en va de même dans le domaine de l'art : « nul artiste aujourd'hui ne saurait représenter Zeus ou Apollon, sinon à des fins parodiques, mais le masque de Méduse continue de hanter les représentations contemporaines de l'art[197]. » Pour Jean Clair, cette figure mythique est emblématique du travail de l'artiste, du moins dans une culture qui ne porte pas d'interdit sur la représentation. En effet, tout comme Méduse, l'artiste « a le pouvoir de jeter son regard sur le monde, d'en immobiliser les aspects et d'en détacher un fragment[198] ».
321
+
322
+ Au XXIe siècle, Méduse atteint selon un analyste le statut d'une étoile du rock (a rock-star status) et est célébrée à un point que ni Hésiode ni Homère n'auraient pu imaginer, tout en gardant certains de ses attributs monstrueux. Elle n'est plus la belle victime romantique, mais se rapproche de la femme fatale. Elle est un motif fréquemment représenté dans l'art corporel, les tatouages et les styles de coiffure[199]. L'acteur américain Harrison Ford s'est ainsi fait photographier déguisé en Méduse lors de la remise du prix de l'homme de l'année à la Hasty Pudding 1996 de Harvard[200].
323
+
324
+ Sur le thème « Dangerous beauties: Medusa in Classical Art », le Metropolitan Museum de New York lui consacre une exposition au cours de l'année 2018[201]. Les représentations de Méduse sont mises en relation avec ces autres beautés fatales que sont Scylla, les sphinx et les sirènes[202].
325
+
326
+ La représentation typique de Méduse avec des serpents dans les cheveux sert également à caricaturer des femmes arrivées à une importante position de pouvoir politique ou médiatique, comme c'est notamment le cas pour Angela Merkel et surtout Hillary Clinton lors de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2016[80].
327
+
328
+ Une image stylisée de la Gorgone, sous la forme classique de la femme fatale à la fois belle et dangereuse, sert de logotype au couturier italien et designer d'accessoires Gianni Versace, qui voyait Méduse comme sa muse et son alter ego et l'admirait pour la dangereuse attraction de sa séduction[203] (voir le logo sur la Wikipédia italienne).
329
+
330
+ Dans sa nouvelle Shambleau parue en 1933 et mêlant le fantastique à la science-fiction, l'écrivaine américaine Catherine Lucille Moore renouvelle le mythe de Méduse et Persée, en lui donnant une dimension cosmique. On y trouve une créature dangereuse, un regard hypnotique, un humain sous contrôle et un miroir.
331
+
332
+ Le titre du roman A Severed Head (Une tête coupée) publié en 1961 par la romancière britannique Iris Murdoch fait allusion à l'interprétation freudienne de la tête de Méduse (voir ci-dessus)[204].
333
+
334
+ Dans la littérature grecque du XXe siècle, la figure de la Gorgone est connotée positivement, et parfois combinée avec celle de la sirène. Ainsi, dans le roman Notre-Dame la Sirène (1949), Strátis Myrivílis met en scène une icône de la « Vierge-Gorgone », moitié femme et moitié poisson. La Gorgone apparaît aussi dans la nouvelle La Gorgona, d’Andréas Karkavitsas, où elle est la sœur d'Alexandre le Grand, qu'elle recherche désespérément partout dans le monde. Dans La Tête de Méduse (1963), qui fait partie d'une trilogie de l'écrivain grec Pandelís Prevelákis, « Le héros se propose de libérer à nouveau la Grèce du monstre. Mais il échoue et se rend compte qu'il n'y a plus, dans son pays, une seule terre vierge. Tout laisse à penser que la maladie propre à la Grèce moderne, et son incapacité à accueillir la différence, ont suscité cette représentation monstrueuse de l'autre[205]. »
335
+
336
+ La Britannique Tanith Lee lui consacre une nouvelle dans The Gorgon and Other Beastly Tales (1985).
337
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338
+ L'écrivain français Mathieu Gaborit intègre un peuple de femmes à chevelures de serpents appelées Méduses à l'univers de son roman de fantasy baroque Les Chroniques des Crépusculaires paru chez Mnémos en 1999. La nouvelle Songe ophidien, parue dans l'anthologie Légendaire chez le même éditeur, a pour personnage principal une jeune Méduse dont les serpents tombent étrangement malades. Dans L’Enfant Méduse, de Sylvie Germain (1991), l'accent est mis sur le traumatisme du viol de Méduse, qui défie toute représentation[206].
339
+
340
+ Dans la série Malphas, quatre romans fantastiques parus de 2011 à 2014, l’écrivain québécois Patrick Senécal a créé deux personnages de sorcières, une mère (Médusa Fudd) et sa fille (Mélusine Fudd) : « Nous sommes Médusa et Mélusine Fudd, noble Malphas, sorcières de mère en fille depuis 1745… [207] ».
341
+
342
+ Dans les littératures de l'imaginaire du XXIe siècle, Méduse apparaît notamment dans la suite romanesque de fantasy Percy Jackson de Rick Riordan (en 2005-2010). En France, Claude Louis-Combet donne une réécriture du mythe de Méduse et de Persée dans son récit Gorgô (2011)[208] : Méduse est imaginée en train de raconter son histoire depuis sa petite enfance, jusqu'à sa transformation en une figure de la séduction « par l’attrait du sexe en son irrépressible violence[209]. »
343
+
344
+ Carlos Schwabe, Méduse, 1895.
345
+
346
+ Klimt, Pallas Athena (1898).
347
+
348
+ Klimt, Gorgonen (1902) (détail).
349
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350
+ Fernand Khnopff, Tête de Méduse (1900).
351
+
352
+ Alexej von Jawlensky, Méduse (1923).
353
+
354
+ Fernand Khnopff réalise au crayon sur papier une Étude pour le Sang de la Méduse (1898)[210]. Selon David Leeming[211], ce dessin serait une parfaite illustration des maux du capitalisme que Marx voyait dans la tête de Méduse[n 45].
355
+
356
+ Dans L'esprit a combattu le mal[212] (1904), Paul Klee inverse les représentations traditionnelles en dessinant Persée de face avec un visage terrible alors que Méduse est montrée de profil et en plus petit format[168].
357
+
358
+ Franz von Stuck peint Persée tenant la tête de Méduse (1908). L'Autrichien Julius Klinger traite souvent le thème de Méduse. Dans Vertreibung, on voit une femme décapitée tenant sa tête dans une main et le nœud de serpents dans l'autre pourchasser un homme devant elle[213].
359
+
360
+ Alexej von Jawlensky peint une Méduse aux très grands yeux dont les pupilles verticales évoquent un félin — motif déjà présent chez la Méduse de Carlos Schwabe —, dans un visage empreint d'une tristesse sereine (1923). Le sujet inspire aussi Salvador Dalí, Tête de Méduse (1964).
361
+
362
+ Méduse figure parmi les 1 038 femmes référencées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1974-1979) de Judy Chicago. Associée aux Amazones, Méduse y est présentée comme une reine guerrière qui est finalement vaincue par le régime patriarcal grec[214].
363
+
364
+ Au milieu des années 1980, Keith Haring réalise une série de lithographies intitulées Medusa Head[215]. Pierre et Gilles crée Méduse (1990).
365
+
366
+ À la demande de Gianni Versace, le peintre américain Frank C. Moore (1933-2002) la représente dans le tableau To Die For (1997), sous la forme d'une tête coupée étendue sur un sol de marbre taché de sang[216]. Le peintre a pris pour modèle la tête du mannequin britannique Kate Moss. Méduse gît à côté d'une bouteille de parfum Gucci et une photo Polaroid montrant le moment de la décapitation. Un billet d'un dollar et une souris blanche sont emmêlés dans les serpents de ses cheveux. Le cadre est composé de surfaces miroitantes sollicitant la vanité du spectateur. Le tableau est une allégorie des relations complexes entre l'art et la mode, et du destin tragique des créateurs Gianni Versace et Maurizio Gucci, tous deux assassinés[203].
367
+
368
+ Fernand Khnopff réalise une Tête de Méduse en forme de crucifix (1900). Camille Claudel crée Persée et la Gorgone (1902). Antoine Bourdelle réalise en 1925 une Tête de Méduse (étude pour un heurtoir de porte)[217].
369
+
370
+ Alberto Giacometti fait une Tête de Méduse (1935) ; Julio González réalise La Montserrat, représentant une femme hurlant. Cette sculpture, assimilée à Méduse par Jean Clair[218], était placée à côté du tableau Guernica de Picasso au pavillon de l'Espagne à l'Exposition universelle de 1937.
371
+
372
+ En 1990, la sculptrice américaine Audrey Flack réalise une Colossal Head of Medusa[219], en fibre de verre couverte de terracotta polychrome, exposée à la Louis K. Meisel Gallery, New York[220].
373
+
374
+ En 2017, Damien Hirst sculpte une tête de Méduse en or et argent, dans le cadre de son exposition Treasures from the Wreck of the Unbelievable. Cette statue représente la tête de la Gorgone, creuse, avec des morceaux manquants. Cette œuvre est exposée en 2019 au Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse dans le cadre de l'exposition temporaire Age of Classics ! L'Antiquité dans la culture pop.
375
+
376
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377
+
378
+ Méduse apparaît dans Les Titans de Duccio Tessari, péplum comique italien sorti en 1962. Elle est la gardienne de la princesse Antiope, qui a été emprisonnée par son père Cadmos, cruel roi de Thèbes ; le personnage principal du film, Crios, affronte et tue Méduse pour libérer Antiope.
379
+
380
+ Persée l'invincible (1963) est un péplum italo-espagnol qui met en scène pour la première fois les aventures de Persée contre Méduse et le sauvetage d'Andromède, mais au prix de nombreuses distorsions et en inventant des actions et des personnages sans aucun rapport avec le mythe[221].
381
+
382
+ Le mythe est complètement réécrit dans le film d'horreur La Gorgone (1964) du réalisateur britannique Terence Fisher. L'histoire se situe en Bavière, où s'est réfugiée la dernière des trois Gorgones. Elle possède encore un pouvoir de pétrification mais celle-ci est progressive au lieu d'être immédiate. Son pouvoir est à son maximum les nuits de pleine lune[222].
383
+
384
+ Dans Malpertuis (1971), film belgo-franco-allemand de Harry Kümel basé sur le roman éponyme de Jean Ray, la plupart des personnages sont des dieux grecs très affaiblis que le propriétaire du domaine de Malpertuis a emprisonnés dans des corps humains. La Gorgone est un de ceux-ci.
385
+
386
+ Le péplum américain Le Choc des Titans de Desmond Davis en 1981 et son remake de 2010 par Louis Leterrier sont librement inspirés du mythe de Persée. Ils ne retiennent des trois Gorgones que la seule Méduse, qui devient un être mi-femme, mi-serpent, armé d'un arc et rôdant dans une caverne volcanique. En dépit des nombreuses libertés prises par le scénario, ce film fait beaucoup moins violence au mythe que les adaptations précédentes[223]. Il est toutefois fortement biaisé en faveur du point de vue masculin, ainsi que le signale Stephen Wilk :
387
+
388
+ « Une des principales caractéristiques de ces traitements modernes de l'histoire de la Gorgone est que le rôle des femmes, particulièrement celui de la déesse Athéna, y est singulièrement réduit. Dans les deux films les plus proches du mythe original, Andromède tient un rôle important comme inspirant de l'amour et Danaé est quelque peu présente. Mais il n'y a pas d'autres femmes dans Persée l'invincible. Dans Le Choc des Titans, il y a certes des déesses, mais leurs rôles sont négligeables, mis à part celui de l'inamicale Thétis. Aphrodite ne fait rien, ni Héra. Athéna, qui devrait être à l'origine de l'action, est réduite à un rôle d'accompagnement. Le rôle d'appui divin est tenu par Zeus, ce qui rend ce mythe très patriarcal. […] Cet amoindrissement d'Athéna au profit d'une exaltation de Zeus est le résultat d'une décision consciente. Même dans la bande dessinée The Twilight Zone, le récit du mythe élimine Athéna et donne le rôle d'assistant divin à Hermès[224]. »
389
+
390
+ Méduse apparaît aussi dans Percy Jackson : Le Voleur de foudre (2010), qui met en scène les aventures de jeunes héros et héroïnes dans les États-Unis à l'époque contemporaine.
391
+
392
+ Le gorgonéion, dont le regard a été adouci, est un des emblèmes du drapeau de la Sicile, adopté en 2000 et qui flotte sur tous les édifices gouvernementaux de la Sicile. Le symbole aurait la même fonction que l'antique gorgonéion, qui est de protéger les citoyens[225].
393
+
394
+ Le nom de méduse se retrouve dans un grand nombre de domaines scientifiques, notamment :
395
+
396
+ Méduse apparaît dans de nombreux jeux de rôle sur table.
397
+
398
+ Méduse apparaît dans de nombreux jeux vidéo.
399
+
400
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+ Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac, est un ecclésiastique et homme d'État français, né le 9 septembre 1585 à Paris et mort le 4 décembre 1642 dans cette même ville. Pair de France, il a été le principal ministre du roi Louis XIII.
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+ Initialement destiné au métier des armes, il est contraint d'entrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon. Temporairement ministre des Affaires étrangères en 1616, il est créé cardinal en 1622 et devient principal ministre d'État de Louis XIII en 1624. Il reste en fonction jusqu'à sa mort, en 1642, date à laquelle le cardinal Mazarin lui succède.
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+ La fonction exercée par Richelieu auprès de Louis XIII est souvent désignée par l'expression de « Premier ministre », bien que le titre ne soit utilisé à l'époque que de façon officieuse pour désigner le ministre principal du roi dont l'action englobe aussi bien des dimensions politiques, diplomatiques et coloniales que culturelles et religieuses.
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+ Réputé pour son habileté voire pour son caractère jugé retors, souvent critiqué pour sa fermeté intransigeante, il rénove la vision de la raison d'État et en fait la clef de voûte de ses méthodes de gouvernement et de sa conception de la diplomatie et de la politique. En lutte à l'extérieur contre les Habsbourg, et à l'intérieur contre la noblesse et les protestants, il réprime sévèrement tant les duels meurtriers que les révoltes antifiscales paysannes. Il s'illustre également dans des affaires demeurées fameuses, telle l'Affaire des démons de Loudun.
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+ Richelieu est considéré comme l'un des fondateurs majeurs de l'État moderne en France. Son action est un dur combat pour un renforcement du pouvoir royal.
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+ Par son action, la monarchie s'affirme sous une nouvelle forme qui sera plus tard désignée par le terme d'absolutisme, et ce, de manière triomphante sous le gouvernement personnel de Louis XIV (1661-1715), puis de manière plus apaisée sous celui du cardinal de Fleury (1726-1743).
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+ Richelieu naît à Paris[3], rue du Bouloi, bien qu'une ancienne polémique situe sa naissance dans le fief familial, au château des Richelieu, en Touraine, polémique née du fait que son acte de baptême a disparu[4]. Il est ondoyé à sa naissance, nourrisson chétif et fiévreux, dont on ne sait s'il survivra[5]. Il n'est baptisé qu'au huitième mois, le 5 mai 1586, à l'église Saint-Eustache de Paris. Sa famille, d'ancienne noblesse (noblesse de robe et d'épée) à la fois poitevine et parisienne mais pauvre, est très honorablement connue : son père, François du Plessis, seigneur de Richelieu, est un soldat et un courtisan qui occupe la charge de Grand prévôt de France ; sa mère, Suzanne de La Porte, est la fille d'un avocat au parlement[6]. Il est le troisième d'une famille de cinq enfants[7] :
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+ Une Isabelle, inconnue des historiens jusqu'en 1901[8] serait une sœur ignorée[9] dont l'existence et l'identité sont contestées[10].
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+ Il est aussi question d'une « Marguerite » dans les registres de naissances de l'église de Braye-sous-Faye, paroisse du château de Richelieu en Poitou, mais, faute d'éléments, on peut penser que cette enfant est morte en bas âge.
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+ Alors que le jeune Armand n'est âgé que de cinq ans, son père, capitaine des gardes d'Henri IV, meurt le 10 juin 1590 de fièvre pernicieuse. Il laisse une famille endettée mais la générosité royale lui permet d'éviter les difficultés financières. Antérieurement, pour la récompenser de la participation de François du Plessis à son service durant les guerres de Religion, le roi Henri III avait donné en 1584 l'évêché de Luçon à sa famille[11]. Celle-ci en perçoit ainsi pour son usage privé la plus grande partie des revenus, ce qui mécontente les ecclésiastiques qui auraient préféré que ces fonds fussent utilisés pour l'Église[12].
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+ À l'âge de neuf ans, le jeune Armand-Jean est envoyé à Paris, par son oncle Amador de La Porte, en septembre 1594 au collège de Navarre, pour étudier la philosophie, le latin, le grec et l'hébreu : il porte alors le titre de « Marquis du Chillou »[13], de l'ancienne possession des seigneurs de Chillou à Jaulnay, arrondissement de Chinon, dont Richelieu est le lointain descendant[14] ; titre qu'il portera également plus tard à l'Académie fondée par ses soins. Il reçoit ensuite une formation à l'académie équestre de Monsieur de Pluvinel, qui forme les gentilshommes à la carrière militaire. Il y apprend l'équitation, mais aussi la voltige équestre, l'escrime, la danse, la littérature, les mathématiques et le dessin. Il vit alors la vie typique d'un officier de l'époque, le médecin Théodore de Mayerne devant le traiter pour une gonorrhée en 1605[15]. En 1599, il y rencontra François Leclerc du Tremblay, ancien élève au Collège de Navarre, venu annoncer à ses anciens professeurs son intention d'abandonner sa vie militaire et ses titres, pour se consacrer à sa vocation de capucin.
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+ Destiné à une carrière militaire, Richelieu se trouve dans l'obligation en 1605 de se tourner vers une carrière religieuse : son frère Alphonse-Louis du Plessis refuse l'évêché de Luçon (gardé depuis 20 ans dans la famille) pour devenir moine en entrant à la Grande Chartreuse, et la famille refuse de perdre ce qu'elle considère comme une importante source de revenus. Il est frêle et maladif (migraines dues peut-être à des crises d'épilepsie et à la tuberculose en fin de vie) : la perspective de devenir évêque ne lui déplaît nullement. Les études universitaires l’attirent : il commence des études de théologie en 1605 pour obtenir son doctorat à la Sorbonne en 1607.
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+ Prêtre sans vocation mais attaché à ses devoirs[16], il est nommé évêque de Luçon le 18 décembre 1606 par le roi Henri IV, et se rend à Rome où il reçoit l'investiture canonique le 17 avril 1607 des mains du cardinal de Givry[17]. Selon Tallemant des Réaux, il aurait triché sur son âge (il a 22 ans, alors que l'âge requis pour être évêque est de 26 ans)[18] et, après un aveu supposé du nouvel évêque devant le pape Paul V, celui-ci aurait commenté d'une simple phrase : « S'il vit longtemps, il sera un grand fourbe »[18]. Michel Carmona estime néanmoins que l'anecdote, pour plaisante qu'elle soit, n'est pas conforme à la réalité : Richelieu s'étant précisément rendu à Rome pour obtenir une dispense liée à son jeune âge, il ne pouvait guère mentir sur celui-ci[17].
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+ Il rencontre le chapitre de Luçon à Fontenay-le-Comte le 15 décembre 1608 et ne se rend à Luçon que l'année suivante. Peu après son installation dans son diocèse, il montre son caractère de réformateur catholique en étant le premier évêque en France à mettre en œuvre les réformes institutionnelles que le concile de Trente avait prescrites entre 1545 et 1563.
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+ Richelieu devient alors l’ami de François Leclerc du Tremblay (plus connu sous le nom de « Père Joseph »), un moine capucin, devenant son confident le plus proche. Cette intimité avec Richelieu (qu’on appelait « Son Éminence ») et la couleur grise de son froc vaut au Père Joseph le surnom d'éminence grise. Richelieu l'emploie par la suite souvent comme émissaire et agent à l’occasion de tractations diplomatiques.
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+ Pendant cette période, Richelieu commence également à s'entourer de familiers qui lui resteront fidèles toute sa vie. Les secrétaires Denis Charpentier et Michel Le Masle, ainsi que le médecin François Citoys furent recrutés en 1608-1609[19].
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+ Richelieu assista le père Humblot dans la conférence religieuse tenue à Châtellerault entre le 8 et le 16 juillet 1611, contre le pasteur dauphinois Daniel Chamier et le ministre Le Faucheur. Le but de la dispute est d'obtenir la conversion d'une demoiselle noble locale nommée La Foulenne[20]. Richelieu est donc déjà engagé à lutter contre le protestantisme avant son ascension politique.
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+ En août 1614, à 29 ans, grâce à l'appui du secrétaire particulier de la reine, Denis Bouthillier, il se fait élire député du clergé poitevin aux états généraux de Paris, puis porte-parole de l'assemblée[22].
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+ Il se met alors au service de la régente sur les recommandations du cardinal du Perron qui lui a vanté ses qualités intellectuelles[23] et demeure rue des Mauvaises-Paroles jusqu'en 1617[24].
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+ Marie de Médicis, la reine mère, le fait nommer en novembre 1615 grand aumônier auprès de la jeune reine Anne d'Autriche, puis le 25 novembre 1616 ministre des Affaires étrangères au Conseil du roi où il succède à Villeroy. Il fait partie avec Claude Barbin et Claude Mangot des principaux ministres au service de Concino Concini, maréchal d'Ancre et favori de la reine mère[25]. Ce premier ministériat ne durera que 6 mois.
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+ Le 24 avril 1617, l'exécution de Concini, à l'initiative de Louis XIII et du duc de Luynes, entraîne la mise à l'écart de la reine mère de l'entourage du roi. Louis XIII, croisant Richelieu au Louvre, lui dit « Me voila délivré de votre tyrannie, monsieur de Luçon »[26]. Richelieu doit suivre la reine mère en disgrâce à Blois. Il essaie dans un premier temps de s'entremettre entre la reine mère et le duc de Luynes, puis se retire le 11 juin dans son prieuré de Coussay sans en avertir la reine, de plus en plus méfiante envers son chef de Conseil. Affligé, voyant sa carrière politique perdue, il y rédige son testament[15]. Le roi le bannit même en avril 1618 à Avignon où il loge à hôtel de Beaumont en entraînant dans sa disgrâce son frère aîné Henri et son beau-frère René de Vignerot de Pont-Courlay[27]. Il y consacre la majorité de son temps à écrire, composant par exemple L’Instruction du chrétien[15].
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+ Marie de Médicis, en résidence surveillée au château de Blois, s'en échappe le 22 février 1619 avec la complicité du duc d'Épernon et prend la tête d'une rébellion aristocratique. Luynes fait alors appel à Richelieu qu'il charge de négocier un accommodement entre la mère et le fils. Il réussit à rapprocher Louis XIII et Marie de Médicis, fait conclure le traité d'Angoulême du 30 avril 1619 et organise la première réconciliation au château de Couzières le 7 septembre 1619[28], acquérant une réputation de fin négociateur. Marie de Médicis, insatisfaite, relance la guerre (« deuxième guerre de la mère et du fils »). Richelieu se trouve cette-fois-ci clairement dans le camp des rebelles mais joue la prudence, ce qui lui permet, après la défaite de la coalition nobiliaire, de participer à la réconciliation solennelle au château de Brissac, en août 1620, et au traité d'Angers le 10 août suivant.
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+ Même si Luynes se rapproche de Richelieu en mariant son neveu M. de Combalet à sa nièce Marie-Madeleine, Louis XIII et son favori agissent en sous-main contre lui. Alors que le chapeau de cardinal lui a été promis contre son arbitrage, ce sont La Valette et Bentivoglio qui sont nommés par Paul V, sur proposition de la France. Finalement, la mort de Luynes à la suite d'une fièvre crée un vide politique qui profite à Marie de Médicis. Celle-ci obtient du nouveau pape Grégoire XV le cardinalat pour son protégé, qui est intronisé à Lyon le 12 décembre 1622[28]. La même année, Richelieu devenu cardinal est suggéré par Marie de Médicis au jeune roi. Cependant Louis XIII — qui garde un amer souvenir de Concino Concini — refuse dans un premier temps de faire appel au cardinal. Ce n'est que le 29 avril 1624 que Richelieu entre à nouveau au Conseil du roi, avec la protection de la reine mère. Cette nomination marque un tournant décisif dans le règne de Louis XIII.
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+ Marie de Médicis fait don, le 28 juin 1627, à son favori Richelieu, du Petit Luxembourg, par la suite cadre de la journée des Dupes[29].
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+ À un Louis XIII ombrageux et soucieux d’affirmer l’autorité royale, Richelieu propose le programme suivant :
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+ D’abord méfiant, Louis XIII accorde ensuite sa confiance à Richelieu.
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+ À la tête du parti dévot, Marie de Médicis finit par s’offenser de la volonté de Richelieu de contrer l’hégémonie de la maison catholique des Habsbourg : il est prêt dans cet objectif à s’allier avec des États protestants. Au cours de la journée des Dupes (1630), elle exige du roi la destitution du cardinal qu’elle juge trop indépendant. Ce dernier, qui doit tout à la reine mère, se croit perdu. Son ami le cardinal de La Valette le retient de prendre la fuite. Mais le roi confirme sa confiance à Richelieu : ce sont Marie de Médicis et le chancelier Michel de Marillac qui doivent partir. L’exil de la reine mère confirme l'abandon d'une politique qui, pour assurer le triomphe du catholicisme en Europe, consentait à laisser le premier rôle à l’Espagne. Marie de Médicis ne pardonnera jamais à sa « créature » de l'avoir trahie[15].
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+ En 1625, Richelieu s’adresse au roi en son conseil pour le mettre en garde « que c'étoit chose certaine que tant que le parti des huguenots subsisteroit en France, le Roi ne seroit absolu dans son Royaume »[30]. Or, à la suite de l'édit de Nantes, les protestants de France forment un État dans l’État : ils ont leurs assemblées politiques, une organisation territoriale et leurs places fortes militaires. Leur métropole est la ville de La Rochelle qui s’est de fait depuis un demi-siècle affranchie de l’autorité royale. Quand Richelieu accède au pouvoir, le roi a mené plusieurs campagnes militaires contre les protestants, mais vainement, étant mal servi par son favori Charles d'Albert de Luynes. Le cardinal va poursuivre la politique du roi avec une volonté inflexible.
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+ Dans un contexte de tension entre la France et l'Angleterre, cette dernière encourageant la sédition des réformés, la ville de La Rochelle entend préserver ses libertés, notamment celle d’entretenir directement des relations avec des puissances étrangères, en particulier l’Angleterre. Richelieu décide de soumettre définitivement la ville. Il entreprend le siège et ne recule devant aucun moyen : une digue de 1 500 mètres est édifiée qui bloque toute communication de la ville avec la mer. Le siège prend alors une tournure dramatique : La Rochelle résiste pendant plus d’une année au prix de la mort des quatre cinquièmes de sa population. La reddition de la ville (1628) sonne le glas de l’autonomie politique et militaire des protestants. Louis XIII confirme cependant la liberté de culte par l’édit de grâce d’Alès (1629).
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+ Par ailleurs, le climat religieux de l'époque est à l’heure d’une contre-offensive du catholicisme. C’est la Contre-Réforme : Louis XIII est profondément catholique depuis toujours, contrairement à son père Henri IV qui s’est converti du protestantisme au catholicisme pour accéder au trône. Il impose en 1620 le rétablissement du culte catholique dans la province protestante du Béarn (dans laquelle il avait été interdit depuis 1570, par décision de Jeanne d'Albret). Richelieu lui-même inaugure l'église Saint-Louis de l'ordre des Jésuites à Paris.
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+ Dans ses mémoires, Richelieu défend sa politique en soutenant qu'il y avait nécessité absolue à mettre au pas tous ces « Grands qui, abusant des biens que le Roi leur a faits et de la puissance qu'ils tiennent de Sa Majesté, ne s'en sont servis que pour se rendre criminels »[31]. Aussi, face à la noblesse turbulente et ses prises d'armes régulières, Richelieu répond par la fermeté : il supprime les hautes charges que les grands seigneurs exercent auprès du roi et fait raser plus de 2 000 châteaux forts qui ne sont plus utiles à la défense du royaume (notamment Pamiers et Mazéres).
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+ Il donne davantage de pouvoir aux Intendants qui sont envoyés pour faire appliquer les décisions royales dans les provinces. Les assemblées provinciales (les États) sont parfois supprimées. L'institutionnalisation de cette intendance de police, justice et finances, permet d'imposer à partir de 1635 le « tour de vis fiscal » qui suit l'entrée en guerre de la France, considéré comme abusif et qui accroît l'impopularité de Richelieu à cette époque[32].
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+ Les gouverneurs des provinces, parfois de puissants notables, sont surveillés et Richelieu n'hésite pas à sévir avec les plus grands : il fait décapiter le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, qui prend les armes avec Gaston d'Orléans en 1632 et défend les réclamations de la province. Il finit par assigner à résidence dans la forteresse de Loches le vieux duc d’Épernon, gouverneur de Guyenne et fidèle de Marie de Médicis qui rapportait les effets négatifs sur la population des prélèvements fiscaux croissants du pouvoir central. Il n'hésite pas à s'appuyer sur des réseaux mouvants d'alliances et de factions locales en tissant un jeu de relations parfois complexes avec les parlements et la noblesse de robe[33].
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+ Par ailleurs, Richelieu doit déjouer les nombreuses intrigues organisées par tous ceux que son action gêne, notamment la reine mère Marie de Médicis et le frère du roi Gaston d'Orléans. Les comploteurs ne craignent pas d'envisager l'assassinat du cardinal ou de faire appel aux puissances étrangères. Mais les conspirations menées par le comte de Chalais en 1626 et le marquis de Cinq-Mars en 1642 sont des échecs éclatants, les protagonistes étant exécutés (Chalais, Cinq-Mars), mis en prison (maréchal d'Ornano, César et Alexandre de Vendôme) ou disgraciés (la duchesse de Chevreuse, la princesse de Conti, le maréchal de Bassompierre) par Louis XIII. Seul le principal bénéficiaire et complice de ces complots, le frère du roi, Gaston, s'en sort sans trop de dommages ; il perd toutefois ses droits à la régence.
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+ Profondément affecté par la mort, le 8 juillet 1619, de son frère Henri au cours d'un duel, Richelieu réprime avec la plus grande sévérité cette pratique et fait mettre à mort les nobles pris en flagrant délit de se battre. Le 22 juin 1627 sont exécutés François de Montmorency-Bouteville et son cousin François de Rosmadec, comte de Chapelles, meurtriers en duel du marquis de Bussy d'Amboise.
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+ Après avoir rétabli l’autorité du roi en France, Richelieu entreprend de rabaisser les prétentions de la maison d’Autriche en Europe. Les Habsbourg ont réussi grâce à une heureuse politique patrimoniale à réunir sous leur coupe un grand nombre d’États européens : Autriche, Bohême, Espagne, Milan, Naples, Pays-Bas, Portugal. Au nom d’un catholicisme militant, ils cherchent à établir leur autorité en Allemagne et à y réduire les États protestants lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648).
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+ La France finance déjà la Hollande et la Suède, puissances protestantes en guerre contre les Habsbourg. Dans un premier temps, Richelieu replace sous contrôle français la vallée de la Valteline, un nœud de communications essentiel en Europe, que l'Espagne lui disputait (1626). Il assure au duc de Nevers le duché de Mantoue et le Montferrat en forçant le pas de Suse (1629) : c'est l'épisode de la guerre de Succession de Mantoue.
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+ En 1632, l'armée du roi occupe les États de Charles IV, duc de Lorraine, hostile à la France.
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+ Louis XIII déclare la guerre à l’Espagne en 1635. Les premiers temps de guerre sont difficiles : la chute de Corbie sur la Somme en 1636 laisse craindre une attaque sur Paris. Richelieu est effondré mais Louis XIII organise la défense de la capitale. À partir de 1640, l’effort de guerre fait basculer le sort en faveur de la France. Richelieu qui s'est attribué le titre de « Grand Maître et Surintendant de la Navigation » développe une armée de terre mais aussi une marine de guerre permanente. Il accroît considérablement les prélèvements fiscaux, entraînant de nombreuses révoltes de la paysannerie qui sont durement réprimées.
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+ Marie de Médicis, conseillée par le pamphlétaire Mathieu de Morgues, tente vainement de ranimer le parti des « bons catholiques » contre sa politique d'alliance avec les États protestants[34].
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+ Richelieu exploite le manque de cohésion au sein de la monarchie espagnole. La Catalogne fait sécession en 1640. Peu après, le Portugal restaure son indépendance, mettant fin à l'Union ibérique à laquelle il avait été contraint soixante ans auparavant sous le règne de Philippe II d'Espagne.
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+ Les armées du roi de France font la conquête de l’Alsace et de l’Artois en 1640, puis du Roussillon en 1642. Après la mort du cardinal, un brillant chef militaire, le futur prince Louis II de Condé remporte les victoires de Rocroi (1643), Fribourg-en-Brisgau (1644), Nördlingen (1645) et Lens (1648).
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+ Il donne une grande extension aux établissements coloniaux, faisant occuper notamment les Petites Antilles, Saint-Domingue, la Guyane, le Sénégal, etc. Pour soutenir Samuel de Champlain en Nouvelle-France et conserver le poste de Québec, il fonde en 1627 la Compagnie des Cent-Associés, puis rend le Canada à l’autorité française de Champlain par le traité de Saint-Germain-en-Laye (1632), après que la colonie eut été prise par les frères Kirke en 1629. Ce succès permet à la colonie de se développer par la suite et de devenir le centre de la culture francophone en Amérique du Nord.
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+ Richelieu est aussi célèbre pour le soutien qu’il apporte aux arts ; le fait le plus connu est la fondation en 1635 de l'Académie française, société responsable des questions concernant la langue française.
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+ Richelieu souffre dans les dernières années de sa vie de fièvres récurrentes (peut-être la malaria), de rhumatismes et de goutte (il ne se déplace plus que dans une chaise à porteurs et litière), de ténesme (provoqué par des hémorroïdes à répétition et probablement contracté par sa gonorrhée lors de sa formation militaire, ce qui suscite des sarcasmes triviaux au sujet du « cardinal au cul pourri »[35]), de tuberculose intestinale (avec comme conséquence des fistules et une ostéite tuberculeuse qui fait suppurer son bras droit) et de migraine, ce qui accentue son hypocondrie. Les lavements et saignées pratiqués par ses médecins ne font que l'affaiblir. Crachant fréquemment du sang, il meurt le 4 décembre 1642, probablement des suites d'une tuberculose pulmonaire, son autopsie ayant révélé des nécroses caséeuses des poumons[36].
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+ Les exigences de sa politique ont rendu le cardinal tellement impopulaire qu'à l'annonce de sa mort, le peuple allume des feux de joie pour fêter l'événement[37],[38].
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+ Richelieu recommande au roi celui qui sera son successeur, Jules Mazarin, dont la trajectoire sera similaire à la sienne. Les deux cardinaux auront passé le même temps au pouvoir ; Richelieu d'avril 1624 à décembre 1642, Mazarin de janvier 1643 à mars 1661. Le premier a subi l'orage de novembre 1630, le second la tempête de la Fronde entre 1648 et 1652. Tous les deux sont parvenus aux affaires grâce à l'appui des reines mères. Passablement désargentés, dans un pays que la guerre saignait à blanc, tous deux ont édifié d'immenses fortunes.
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97
+ L'historien Joseph Bergin[39] a analysé les étapes de celle de Richelieu[40]. Elle repose sur une richesse foncière répartie en trois pôles : le complexe Poitou-Touraine, le complexe Aunis-Saintonge, le complexe Paris et Île-de-France. Cela l'amène avec la grande maîtrise de la Navigation à contrôler les activités économiques et financières de la mer. Richelieu profite aussi des recettes fiscales via ses droits sur le roi et ses gouvernements, dont ceux de Bretagne et d'Aunis. Il cumule les bénéfices ecclésiastiques car commendataire des abbayes les mieux dotées du royaume comme Cluny, Cîteaux, Saint-Arnould de Metz, La Chaise-Dieu, Saint-Lucien de Beauvais.
98
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99
+ Il laisse à sa mort une fortune de 20 millions de livres. C'est davantage qu'Henri II de Bourbon-Condé, qui pourtant avait reçu l'héritage Montmorency, dont la fortune n’excédait pas 15 millions de livres à sa mort. Mazarin entendit faire mieux[41].
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+ À sa mort, le cardinal-duc de Richelieu laissa une grande fortune, estimée à une vingtaine de millions de livres répartie entre terres, immeubles, bénéfices, prébendes issus des quinze abbayes dont il est abbé commendataire (Cluny, Marmoutiers, Cîteaux la Chaise-Dieu, Redon, Saint-Benoît-sur-Loire[42],[43]), créances, argent et bijoux. Sa répartition était précisée dans un testament rédigé en mai 1642 à Narbonne avec comme exécuteurs testamentaires le chancelier Séguier, le secrétaire d'État Claude Bouthillier et le secrétaire d'État à la guerre Sublet de Noyers. Ceux-ci, avec Alphonse, archevêque de Lyon et frère du défunt, ainsi que de manière officieuse, mais essentielle, la duchesse d'Aiguillon durent régler les contestations soulevées par Mlle de Brézé, oubliée par le cardinal et qui revendiquait un statut d'héritière ab intestat et par le Grand Condé grâce à son mariage avec Claire-Clémence de Maillé, nièce du cardinal-duc. Si un accord fut trouvé avec la première dès 1631, il fallut attendre 1674 pour que le conflit avec le second soit réglé[44].
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+ Les légataires de Richelieu étaient :
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+ La descendance directe d'Armand-Jean de Vignerot du Plessis comprend le maréchal de Richelieu, ami de Louis XV, ainsi que le duc de Richelieu, Premier ministre de Louis XVIII de 1815 à 1818.
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+ Un des descendants de son frère, le duc d’Aiguillon, fut secrétaire d’état aux Affaires étrangères de 1771 à 1774.
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+ Le corps du cardinal est inhumé dans la chapelle de la Sorbonne, puis dans un caveau sous un mausolée en marbre de Carrare commandé par son héritière la duchesse d'Aiguillon, sculpté par François Girardon à partir de dessins de Le Brun et qui ne fut achevé qu’en 1694. Ce monument funéraire supporte un groupe sculpté représentant le cardinal demi-couché, une main sur son cœur et sur le cordon de l’Ordre du Saint-Esprit, l'autre ouverte sur le livre, les yeux tournés vers l’autel et le Créateur, s'abandonnant dans les bras de l'allégorie de la Piété et à ses pieds l'allégorie de la Doctrine chrétienne (ou de la Science ?)[précision nécessaire] également affligée de sa mort. Sur les côtés, deux anges portent ses armoiries, qui se trouvent reproduites sur les vitraux des trois fenêtres qui éclairent le porche intérieur. Au-dessus de lui pend, à trente pieds de hauteur, le chapeau rouge authentique du cardinal orné de glands de la même couleur. Selon la légende, lorsque le cordon lâchera, le chapeau tombera et l’âme du cardinal montera au Paradis[45].
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+ Le 5 décembre 1793, les révolutionnaires saccagent son tombeau, et ce malgré l'intervention physique d'Alexandre Lenoir. Les assaillants exhument le corps du cardinal, puis le décapitent ; le reste du corps est soit jeté à la Seine soit placé dans un des caveaux de la Sorbonne faisant office de fosse commune avec ceux de plusieurs membres de sa famille, dont le Maréchal de Richelieu. Cette profanation suscite un trafic de reliques sans que l'on puisse attester de leur authenticité, telle la tête, des cheveux et un petit doigt du cardinal[46]. La tête du cardinal en partie momifiée aurait été emportée par un commerçant parisien nommé Cheval, bonnetier ou épicier rue de la Harpe qui, la Terreur finie, peut-être repentant, offre avec insistance la partie antérieure[47] à l'abbé Boshamp[48] lequel, à sa mort en 1805, la lègue à son tour à Nicolas Armez, maire de Plourivo. Nicolas Armez étant le grand-oncle paternel de Louis Armez, député des Côtes-du- Nord, ce dernier rapportait parfois la tête momifiée à Paris pour la montrer à ses collègues de l'Assemblée nationale. En 1846, la tête est prêtée au peintre Bonhomé pour réaliser un portrait en pied du cardinal pour le Conseil d'État. Mise à l'abri à Saint-Brieuc où elle est exposée tous les ans aux élèves à la remise des prix du collège, la relique ne retrouve la Sorbonne que le 15 décembre 1866 lors d'une cérémonie funèbre en présence de Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique et d'une délégation de l'Académie française[49].
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+ En 1896, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères et biographe du cardinal, s'empare du crâne pour l'examiner une dernière fois, en faire des photographies et des moulages[50],[51], avant de le placer dans un coffret scellé et de le faire recouvrir d'une chape de ciment armé, dans un lieu tenu secret à proximité du tombeau[52]. Le 4 décembre 1971, la tête est inhumée à nouveau dans la chapelle et son cénotaphe replacé à sa place originelle, au centre du chœur, lors d'une cérémonie officielle en présence de Jacques Duhamel, ministre de la Culture, des corps constitués et d'une délégation de l'Académie française[53].
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+ Même si Richelieu est principalement connu pour son implication dans les politiques du Royaume, il était d'abord un ecclésiastique. Sa pensée théologique peut être comprise au travers des quelques ouvrages qu'il a écrits avant et après sa nomination comme cardinal, eux-mêmes influencés par la doctrine du concile de Trente adoptée quelque vingt ans avant sa naissance.
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+ À l'image de son Testament politique (1688), sa pensée spirituelle est condensée dans le Traité de la perfection du chrétien, publié après sa mort. Son contenu diverge peu des enseignements du concile de Trente. Sa seule originalité à l'époque était d'affirmer la nécessité du pardon entier en cas d'attrition, c'est-à-dire à quelqu'un voulant se repentir d'une faute sous l'effet de la honte ou de la crainte de l'Enfer, et non par amour sincère envers Dieu (ce qui est la contrition). Cette position diverge légèrement de celle du concile, qui déclara que l'attrition était une « contrition imparfaite » pouvant mener à la rémission du pêché mais pas au sacrement de pénitence[54]. À l'opposé, les théologiens jansénistes dont l'abbé de Saint-Cyran, défendaient la thèse du regret authentique comme condition nécessaire au pardon. L'imbrication du domaine religieux dans des intrigues politiques a pu laisser croire que la position du cardinal visait à s'assurer de la conscience et de la confiance du catholique Louis XIII (mais dont la moralité ne semblait guidée que par la peur de l'enfer) dans certaines de ses impitoyables manœuvres. Quoi qu'il en soit, l'historienne Françoise Hildesheimer interprète plutôt la croisade du cardinal pour l'attrition comme une façon pour lui de se déculpabiliser de sa carrière dans les plus hautes sphères de l'État, d'être en paix avec son âme de chrétien[55].
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+ Les citations suivantes sont extraites des Mémoires du cardinal de Richelieu, et de son Testament politique.
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+ Pour le cardinal Richelieu, l'expulsion des morisques fut "la proposition la plus audacieuse et la plus barbare dont fasse mention l'histoire de tous les siècles passés"[56].
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+ Le cardinal a beaucoup écrit et sous les formes les plus diverses, notamment pour justifier les objectifs de sa politique et ses actes.
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+ Docteur de la Sorbonne en 1606[57], élu le 29 août 1622 proviseur de la Maison et Société de Sorbonne, Richelieu entreprend un ambitieux programme de rénovation du collège et de sa chapelle pour lequel il a dépensé 500 000 livres[58] et où il est enterré.
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+ En 1624, Richelieu achète l’hôtel de Rambouillet qui présente pour lui le double avantage d’être proche du Louvre et d’être bordé par un fragment de l’enceinte de Charles V qui peut, s'il est démoli, fournir un grand espace en pleine ville derrière son hôtel. C'est le cas en 1633, un brevet royal lui donnant la propriété des terrains. Il entreprend alors, en faisant appel à l’architecte Jacques Lemercier, la transformation de l’hôtel en un véritable palais, le Palais-Cardinal, avec des appartements somptueux et un théâtre qui demeurera longtemps le plus beau de Paris. Sauval[59] a laissé des témoignages précis sur la galerie des Hommes Illustres du Palais-Cardinal qui comportait, accompagnés de quatre statues et trente-huit bustes de marbres antiques, vingt-cinq portraits (dont celui de Louis XIII et le sien) peints par Philippe de Champaigne et Simon Vouet.
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+ En 1631, au faîte de sa puissance, il obtient du roi l'autorisation de construire en Touraine le château et la cité fortifiée de Richelieu, en lieu et place du domaine de ses ancêtres où il vécut sa prime enfance. Ce lieu est considéré aujourd'hui comme l'un des chefs-d'œuvre de l'urbanisme occidental du XVIIe siècle.
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+ En 1633, Richelieu acquiert à Rueil le château du Val, qu'il aménage à grand frais pendant des années pour en faire un véritable palais et qui devient sa résidence favorite. Loin des cabales et du bruit de la ville, il est idéalement placé sur la route entre Paris et Saint-Germain-en-Laye, où le roi aime aller chasser.
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+ Trois sources, jamais attestées ni documentées par les historiens, prêtent des liaisons au cardinal : les Historiettes de Tallemant des Réaux où il affirme que « le Cardinal aimait les femmes ; mais il craignait que le roi soit médisant »[60], Galanterie des rois de France d'Henri Sauval et l’album du maréchal de Bassompierre. Selon Tallemant des Réaux[61] et l’ouvrage Galanteries des rois de France[62], Marion Delorme, courtisane notoire, serait concernée. Ensuite, Marie-Madeleine de Vignerot d'Aiguillon, la nièce même du cardinal, femme d’une grande beauté, plus connue sous le nom de Madame d’Aiguillon ; une chanson sarcastique de l’époque lui suppose sans équivoque des relations avec elle et brocarde également la princesse de Condé, maîtresse du cardinal de La Valette : « La Combalet et la princesse, ne pensant point faire de mal, et ne s’en iront point à confesse, d’aimer chacune un cardinal, car laisser lever sa chemise, et mettre ainsi leur corps à l’abandon, n’est que se soumettre à l’église, qui leur donnera son pardon »[63]. Des enfants seraient nés de cette liaison ; le journal d’Olivier Lefèvre d'Ormesson mentionne que, le 16 août 1647, la belle-sœur de Mme d’Aiguillon présente une requête pour désavouer ses enfants, en affirmant qu’ils sont en réalité ceux de Mme d’Aiguillon et du Cardinal[64]. Enfin, toujours selon Tallemant, dans ses Historiettes, il y aurait eu Madame de Chaulnes, femme du maréchal Honoré d'Albert[65].
134
+
135
+ Le cardinal de Richelieu aimait beaucoup les chats. Il fit installer une chatterie au Palais-Cardinal même, et les diverses chroniques rapportent qu'il avait toujours un chat sur ses genoux lorsqu'il travaillait. Il a contribué à les faire considérer comme des animaux de compagnie. À sa mort, il en possédait quatorze, la plupart des persans au poil Angora, dont les noms sont parvenus jusqu'à nous : Félimare, Lucifer, Ludovic-le-Cruel, Ludoviska, Mimi-Piaillon, Mounard-le-Fougueux, Perruque, Rubis-sur-l'ongle, Serpolet, Pyrame, Thisbe, Racan, Soumise et Gazette[66].
136
+
137
+ Certains voient en lui l'un des plus importants ministres qui aient gouverné la France : ses visions politiques sont fécondes et sont mises à exécution avec une persévérance, une fermeté inébranlables.
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+ La tradition populaire — influencée par le portrait qu'en a tracé Alexandre Dumas — retient l'image d'un personnage froid et machiavélique, presque maléfique[67], qui mérite — au regard de l'histoire réelle — d'être sérieusement nuancé. On lui reproche de s'être montré implacable et d'avoir quelquefois exercé des vengeances personnelles sous le prétexte des intérêts de l'État. La couleur rouge de sa cape ou la couleur pourpre de sa soutane cardinalice s'accordent — disent ses adversaires — à son caractère sanguinaire. Comme en témoigne le vers par lequel se termine Marion de Lorme : « Regardez tous ! Voilà l’homme rouge qui passe ».
139
+
140
+ Qu’on parle mal ou bien du fameux Cardinal
141
+ Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien ;
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+ Il m’a trop fait de bien pour en dire du mal ;
143
+ Il m’a trop fait de mal pour en dire du bien.
144
+
145
+ Ci-gît un fameux Cardinal
146
+ Qui fit plus de mal que de bien ;
147
+ Le bien qu'il fit, il le fit mal ;
148
+ Le mal qu'il fit, il le fit bien.
149
+
150
+ Si Richelieu a connu de nombreuses incarnations au cinéma et à la télévision, là encore, le personnage est le plus souvent traité d'après l'œuvre d'Alexandre Dumas.
151
+
152
+ Interprètes du cardinal de Richelieu (liste non exhaustive) :
153
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154
+ En mémoire de celui qui avait tant fait pour l'établissement, l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne a créé la médaille Richelieu, une décoration décernée depuis 2010 à des personnalités « qui par leur position, leurs déclarations et/ou leurs actes, contribuent activement au respect et à la défense des valeurs de l'Université, tout en favorisant la diffusion d'un savoir universitaire d'excellence »[77].
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+ Une rose gallique de couleur pourpre lui est dédiée en 1840 sous le nom de 'Cardinal de Richelieu'.
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+ Carcharocles megalodon
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+ Espèce
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+ EX : Éteint
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+ Le Mégalodon (Carcharocles megalodon) est une espèce éteinte de requins appartenant à l'ordre des lamniformes ayant vécu du Miocène (Aquitanien) au milieu du Pliocène (Zancléen), il y a entre 23 à 3,6 millions d'années, bien que d'autres estimations fixent sa date d'extinction au Pléistocène inférieur (Calabrien) soit il y a 1,6 million d'années[1],[2]. La classification du mégalodon a fait l'objet de nombreux changements: il était initialement considéré par certains comme appartenant à la famille des Lamnidés, et comme étant proche du grand requin blanc (Carcharodon carcharias), quand d'autres le rattachaient à la famille éteinte des Otodontidés. C'est cette dernière théorie qui semble prévaloir de nos jours[3], bien que des divergences subsistent en ce qui concerne son genre (Carcharocles, Megaselachus, Otodus ou encore Procarcharodon).
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+ Les scientifiques suggèrent que le Mégalodon ressemblait à une version trapue et géante du grand requin blanc, même s'il ressemblait peut-être au requin pèlerin ou au requin-taureau. Considéré comme l'un des prédateurs les plus importants et les plus puissants à avoir jamais existé, les restes fossiles de mégalodons suggèrent que ce requin géant a atteint une longueur maximale de 20 mètres avec une taille moyenne de 16 à 18 mètres, ce qui en fait l'un des trois plus grands poissons de l'histoire avec le requin-baleine et Leedsichthys. En se basant sur les mâchoires de requins actuels, celles du Mégalodon pouvaient exercer une force de morsure allant de 110 000 à 180 000 newtons (soit environ 11-18 tonnes-force), ce qui en fait la plus puissante de tout le règne animal. Ses dents étaient épaisses et robustes, conçues pour saisir les proies et casser les os.
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+ Le Mégalodon a probablement eu un impact majeur sur la structure des communautés marines. Les fossiles indiquent qu'il avait une répartition cosmopolite. Il ciblait probablement de grandes proies, telles que les baleines, les phoques et les tortues de mer. Les juvéniles habitaient les eaux côtières chaudes où ils se nourrissaient de poissons et de petites baleines. Contrairement au grand requin blanc, qui mord les parties molles de ses proies, le mégalodon a probablement utilisé sa forte mâchoire pour percer la cavité thoracique et toucher ses proies au cœur et aux poumons.
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+ L'animal faisait face à la concurrence de cétacés se nourrissant de baleines, tels que Livyatan, Hoplocetus et d'autres cachalots, qui ont persisté jusqu'au Pliocène. Des orques ancestraux telles qu'Orcinus citoniensis, apparues au milieu du Pliocène, ont également été citées comme concurrentes du requin, bien qu'elles soient plus petites que les orques contemporaines. Comme le mégalodon préférait les eaux chaudes, on pense que le refroidissement océanique associé au début des périodes glaciaires, ainsi que l’abaissement du niveau de la mer et la perte des zones de reproduction adaptées, pourrait avoir contribué à son déclin. Une réduction de la diversité des baleines à fanons et un déplacement de leur répartition vers les régions polaires pourraient avoir réduit la principale source de nourriture du mégalodon. L'extinction du Mégalodon a affecté d'autres animaux ; par exemple, la taille des baleines a augmenté considérablement après la disparition du requin.
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+ Le Mégalodon est principalement connu grâce aux multiples dents et quelques vertèbres fossilisées que l'on a retrouvées. Il s'agit, au même titre que les requins modernes, d'un poisson cartilagineux, c’est-à-dire dont le squelette est constitué de cartilage et non pas d'os, ce qui explique pourquoi peu de squelettes fossilisés ont été retrouvés. Cependant, les grandes dents du Mégalodon ont traversé les âges et s'avèrent similaires en de nombreux points à celles du grand requin blanc. Elles mesuraient jusqu'à 20,3 centimètres pour les plus longues jamais trouvées et étaient plus larges qu'une paume de main. Des études[Lesquelles ?] ont suggéré que le mégalodon était un proche parent du Grand requin blanc actuel mais un nombre croissant de chercheurs[Lesquels ?] contestent cette proche parenté et voient dans les similarités dentaires le fruit d'une évolution convergente. Néanmoins, ce sont des extrapolations entre la taille des dents de Mégalodons et celles de requins modernes qui ont permis d'évaluer les caractéristiques de ce prédateur. La taille de ce requin est depuis toujours un sujet de débat mais voici les extrapolations les plus récentes :
20
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+ La première reconstitution de mâchoire de Mégalodon date de 1909 au Muséum américain d'histoire naturelle. Le professeur Dean Bashford avait monté une mâchoire mesurant 2,70 m de hauteur et 1,80 m de large, pour des dents de 12 cm. L'animal était censé mesurer 24 mètres mais on sait aujourd'hui que la mâchoire est incorrecte car fondée sur une mauvaise connaissance du ratio entre les dents et la longueur du corps.
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+ Dans les années 1980 et début 1990, plusieurs scientifiques ont ramené la taille du Mégalodon à 13 et 12 mètres de long.
23
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+ Le prothésiste dentaire et paléontologue Daniel Pouit effectue en 1991 la 1re reconstitution européenne de mégalodon pour le Bioparc de Doué-la-Fontaine, commune déléguée de Doué-en-Anjou (Maine-et-Loire, France) à partir de dents des faluns (sables coquilliers) d'Anjou-Touraine du Miocène moyen et supérieur. La plus grande dent des faluns d'Anjou mesure 16 cm dans sa hauteur (dent antérieure de la mâchoire supérieure) et la mâchoire reconstituée d'1,80 m d'ouverture buccale avec 150 dents pour 3 rangs de dents fonctionnelles.
25
+
26
+ En 1996, le paléontologue Mike Gottfried et son équipe[réf. nécessaire] ont procédé à une nouvelle étude, basée sur une dent antérieure de la mâchoire supérieure de 16,5 cm. En calculant le ratio exact avec les dents du grand requin blanc, ils sont parvenus à une longueur de 15,90 mètres pour le propriétaire de cette dent. Par ailleurs, l'aspect massif des dents du mégalodon et la forme de toute la denture disponible, des dents de la mâchoire supérieure aux plus petites latérales, ainsi que l'étude des rares vertèbres retrouvées leur ont permis de donner un aspect plus précis de l'animal. Selon ces considérations, le mégalodon était beaucoup plus massif en proportion que le grand requin blanc, pesant près de 50 tonnes pour un animal de 15 mètres. Son corps était plus musclé, ses mâchoires étaient plus larges à cause de l'absence des deux dents latérales légèrement atrophiées que le requin blanc possède. Son museau plus trapu, ses nageoires pectorales plus développées. Son nombre de vertèbres aurait aussi été plus élevé. Le mégalodon possédait l'allure d'un gigantesque Carcharodon carcharias « bodybuildé »[4]. Mike Gottfried a par ailleurs hypothétiquement estimé, en se basant sur les plus grands individus de requins blancs actuels, que les plus grands Mégalodons atteignaient 20,2 mètres.
27
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28
+ Le collectionneur renommé Vito Bertucci, ayant étudié les dents de requins fossiles pendant plus de 20 années, avait retrouvé en 2002 une dent latérale de plus de 18 cm, les plus grandes dents étant celles sur la mâchoire supérieure. Bertucci était d'ailleurs à l'origine de la plus grande reconstruction de mâchoire au monde ; mesurant 3 m de hauteur et 3,30 m de large, elle contient 182 dents, dont les plus grandes dépassaient 18 cm. Le spécimen qui aurait porté cette mâchoire était estimé avoir mesuré plus de 22 mètres pour Bertucci[5],[6].
29
+
30
+ Le spécialiste des requins Cliff Jeremiah[réf. nécessaire] a quant à lui établi une méthode d'estimation basée sur la largeur totale des dents antérieures de la mâchoire supérieure. Il estime que pour chaque centimètre en largeur de dent, il y a approximativement 1,37 mètre de longueur de corps. Une dent de Mégalodon large de 12 centimètres proviendrait donc d'un individu mesurant environ 16,4 mètres. À noter qu'un certain nombre de dents dépassent ces dimensions.
31
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32
+ Mais d'après les techniques de mesure scientifiques les plus étudiées, celle de Mike Gottfried en se basant sur la longueur de la dent et celle de Cliff Jeremiah en utilisant la largeur de la racine, il apparaît que si la taille du mégalodon a longtemps été débattue et erronée, à la suite d'une mauvaise connaissance de la physiologie des requins lamnoïdes à l'époque, les experts actuels accordent généralement au Mégalodon une taille à l'âge adulte de 15,9-20,3 mètres, et un poids compris entre 40 et 60 tonnes. C'est largement supérieur aux dimensions des plus grands cachalots et reptiles marins connus du mésozoïque. Le Mégalodon est de ce fait couramment considéré comme le plus grand macroprédateur marin fossile connu.
33
+
34
+ Le Mégalodon semble avoir possédé une mâchoire puissante. Une équipe de paléontologues australiens dirigée par le docteur Stephen Wroe, a mené une série d'études sur ordinateur pour connaitre la puissance exercée par le grand requin blanc et son cousin fossile le mégalodon. Il apparaît que là où Carcharodon carcharias possède une morsure estimée à 2 tonnes/cm2 de pression, la morsure du mégalodon aurait été 6 à 10 fois supérieure, soit entre 12 et 20 tonnes/cm2 de pression, suffisant pour arracher une nageoire ou broyer la cage thoracique d'une baleine de taille moyenne. Le Mégalodon posséderait ainsi la plus puissante morsure du règne animal[7]. De nos jours, la plus puissante morsure du règne animal appartient à l'alligator du Mississippi, suivi par les crocodiles, l'orque et enfin le grand requin blanc.
35
+
36
+ Selon les récits de la Renaissance, on pensait autrefois que les dents pétrifiées, de dragon et de serpents, étaient des dents fossiles gigantesques et triangulaires souvent trouvées incrustées dans des formations rocheuses. Cette interprétation a été corrigée en 1667 par le naturaliste danois Nicolas Steno, qui les a reconnus comme dents de requin et a rendu célèbre la représentation d'une tête de requin portant de telles dents. Il a décrit ses découvertes dans le livre The Head of a Shark Dissected, qui contenait également l'illustration d'une dent de mégalodon[8].
37
+
38
+ Le naturaliste suisse Louis Agassiz a donné à ce requin son nom scientifique, "Carcharodon megalodon", dans son ouvrage de 1843 "Recherches sur les poissons fossiles", basé sur des dents fossilisées[9],[10] Le paléontologue anglais Edward Charlesworth, dans son article publié en 1837, utilisa le nom de Carcharias megalodon en citant Agassiz comme auteur, indiquant qu'Agassiz avait décrit l'espèce avant 1843. En 1928, le paléontologue anglais Charles Davies Sherborn a énuméré une série d'articles d'Agassiz publiés en 1835 contenant la première description scientifique du requin. Le nom spécifique Megalodon se traduit par "grosse dent", de grec ancien : μέγας et οδόντος ( odontús ), "dent". Les dents du Mégalodon sont morphologiquement similaires à celles du grand requin blanc et, sur la base de cette observation, Agassiz a mis le mégalodon dans le genre Carcharodon.
39
+
40
+ Des dents de Mégalodon ont été retrouvées dans les quatre coins du monde (Europe, Asie de l'Est, Amérique, Caraïbes et dans l'Océanie), ce qui indique, comme certain requins actuel, qu'il devrait avoir une répartition cosmopolite.
41
+
42
+ †Otodus obliquus
43
+
44
+ †Carcharocles megalodon
45
+
46
+ †Cosmopolitodus hastalis
47
+
48
+ Carcharodon carcharias
49
+
50
+ Bien que les premiers restes connus de mégalodon remontent à l'Oligocène supérieur, il y a environ 28 millions d'années [12],[13], un désaccord subsiste quant à sa date d'apparition[14], avec des dates pouvant aller jusqu'à 16 millions d'années. Les auteurs pensaient que le mégalodon s'était éteint vers la fin du Pliocène, il y a environ 2,6 millions d'années[14],[15], parce que les allégations relatives aux dents de mégalodon du Pléistocène, âgées de moins de 2,6 millions d'années, sont considérées comme non fiables[15]. Une évaluation plus récente remet la date d'extinction au début du Pliocène, il y a 3,6 millions de d'années[16].
51
+
52
+ Le Mégalodon est maintenant considéré comme un membre de la famille Otodontidae et au genre Carcharocles, par opposition à sa classification antérieure dans la famille Lamnidae et le genre Carcharodon[14],[15],[17],[18]. La classification du mégalodon dans Carcharodon était due à une similitude dentaire avec le grand requin blanc, mais la plupart des auteurs pensent actuellement que cela est dû à une évolution convergente. Dans ce modèle, le grand requin blanc est plus étroitement apparenté au requin mako à grandes dents (†Cosmopolitodus hastalis) qu'au Mégalodon, comme en témoigne une dentition plus semblable chez ces deux requins. Les dents du mégalodon ont des dentelures bien plus fines que les dents du grand requin blanc. Ce dernier est plus étroitement apparenté au requin mako (Isurus spp.) avec un ancêtre commun autour de 4 millions d'année, tandis que le Mégalodon a pour ancêtre Otodus obliquus[11].
53
+
54
+ Le genre Carcharocles contient actuellement quatre espèces : C. auriculatus, C. angustidens, C. chubutensis, et C. megalodon[19]. L’évolution de cette lignée est caractérisée par l’augmentation des dentelures, l’élargissement de la couronne, le développement d’une forme plus triangulaire et la disparition des cuspides latérales. [19],[20]. L’évolution de la morphologie des dents reflète un changement de tactique de prédation, passant d’une morsure déchirante à une morsure tranchante, ce qui reflète probablement un changement dans le choix des proies passant alors des poissons aux cétacés[21]. Des cuspides latérales ont finalement été perdues dans un processus graduel qui a pris environ 12 millions d'années au cours de la transition entre C. chubutensis et C. megalodon [21]. Le genre a été proposé par DS Jordan et H. Hannibal en 1923 pour contenir C. auriculatus . Dans les années 1980, le mégalodon a été assigné à Carcharocles[10],[19]. Auparavant, en 1960, le genre Procarcharodon a été créé par Edgard Casier, qui comprenait ces quatre requins et était considéré comme séparé du grand requin blanc. Il est maintenant considéré comme un synonyme junior de Carcharocles [19]. Le genre Palaeocarcharodon a été créé à côté de Procarcharodon qui représente le début de la lignée et dans lequel le mégalodon et le grand requin blanc sont étroitement liés à leur dernier ancêtre commun. Il est supposé être une impasse évolutive sans rapport avec les requins Carcharocles par les auteurs qui rejettent ce modèle[22].
55
+
56
+ Un autre modèle de l'évolution de ce genre, également proposé par Casier en 1960, est que l'ancêtre direct des Carcharocles est le requin Otodus obliquus, qui a vécu du paléocène au Miocène, il y a 60 à 13 millions d'années[11],[20]. Le genre Otodus est finalement dérivé de Cretolamna, un requin de la période du crétacé[18],[23]. Dans ce modèle, O. obliquus a évolué pour devenir O. aksuaticus, qui a évolué pour devenir C. auriculatus, puis C. angustidens, puis C. chubutensis, puis finalement C. mégalodon .
57
+
58
+ Un autre modèle de l'évolution de Carcharocles , proposé en 2001 par le paléontologue Michael Benton, est que les trois autres espèces sont en réalité une seule espèce de requin qui a progressivement changé au fil du temps entre le Paléocène et le Pliocène, ce qui en fait une chrono-espèce[19],[24]. Certains auteurs suggèrent que les espèces C. auriculatus , C. angustidens , et C. chubutensis doivent être classées dans une seule espèce dans le genre Otodus , laissant C. megalodon l'unique membre de Carcharocles .
59
+
60
+ Le genre Carcharocles peut être invalide, et le mégalodon peut appartenir au genre Otodus , le rendant ainsi Otodus megalodon . Une étude réalisée en 1974 sur les requins paléogènes par Henri Cappetta a créé le sous-genre Megaselachus , classant le requin dans Otodus (Megaselachus) megalodon, ainsi que O. (M.) chubutensis . Une revue de 2006 de Chondrichthyes a élevé Megaselachus en tant que genre et a classé les requins comme Megaselachus megalodon et M. chubutensis. La découverte de fossiles attribués au genre Megalolamna en 2016 a donné lieu à une réévaluation de Otodus, qui a conclu qu'il est paraphylétique, c'est-à-dire qu'il a un dernier ancêtre commun, mais il n'inclut pas tous ses descendants. L'inclusion des requins Carcharocles dans Otodus le rendrait monophylétique, avec comme groupe frère Megalolamna[18].
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62
+ On ignore les causes de son extinction, mais son temps d'existence, Miocène et Pliocène, correspond en grande partie à celui du pélagornis, oiseau marin de 7 mètres d'envergure, et on peut supposer que leur disparition est peut-être liée et due à la raréfaction de leurs proies, des poissons de grande taille, elle-même liée au refroidissement du climat durant le Pliocène[25]. En effet, n'importe quelle perturbation prolongée de la chaîne alimentaire est à même d'éradiquer un prédateur ayant de tels besoins métaboliques.
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+ Si l'on suppose qu'il se nourrissait principalement de dugongs et cétacés, on peut penser que le Carcharocles megalodon s'est éteint lorsque les mers polaires, en se refroidissant, devinrent trop froides pour les requins mais purent constituer un refuge pour les cétacés à sang chaud. L'émergence de grands cétacés prédateurs chassant en groupe tels que l'orque n'a pas contribué à l'extinction du mégalodon mais ces espèces ont pu profiter de la raréfaction du grand requin. Contrairement à lui, les orques ont la capacité de vivre en eau glaciale.
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+ Il n'y a pas d'indices d'une concurrence entre les orques et le mégalodon. Durant le règne du requin, aucun mammifère marin carnivore ne l'a supplanté, mais des espèces de cétacés carnivores comme les orques sont apparues, et d'autres ont disparu avant l'extinction du mégalodon. Il est possible que ce soient d'autres requins plus petits et mieux adaptés à la chasse aux proies plus modestes mais plus nombreuses (pinnipèdes, poissons pélagiques) qui ont concurrencé le mégalodon, trop grand et trop spécialisé dans la chasse aux grands cétacés qui purent se réfugier aux pôles.
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+ Autre supposition : le début des glaciations, en provoquant l'abaissement du niveau marin, aurait fait émerger, donc disparaître en tant que milieux marins, les larges plates-formes épicontinentales peu profondes où le mégalodon se reproduisait et grandissait, dans les herbiers à l'abri des prédateurs du large (dont les adultes de sa propre espèce)[26].
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+ Quelques cryptozoologistes ont suggéré que le requin aurait bien pu disparaître plus récemment, voire être encore vivant, alors qu'on n'en trouve pas de trace plus récente que 1,6 million d'années.[réf. nécessaire] Passant outre le fait qu'une dent est l'élément squelettique le plus solide, le mieux conservable, et le plus long à se minéraliser (fossiliser), ils avancent les arguments suivants :
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+ Deux des dents récoltées par le HMS Challenger en 1875 en Polynésie française ont été datées par Tschernezky Wladimir en 1959[31]. Il a mesuré les croûtes de dioxyde de manganèse présentes sur les dents et en déduisit qu'une des dents a 11 333 ans et l'autre 24 206 ans. Cependant, plusieurs critiques[Qui ?] peuvent être apportées à cet article. Tout d'abord, le texte comporte une erreur de calcul : la dent N2 est datée de 24 206 ans alors qu'une fois le calcul revérifié, elle aurait plutôt 24 267 ans. Ajoutons que l'auteur n'utilise que la valeur minimale de précipitation donnée par Pettersson (1955)[32] qui est de 0,15 mm de dioxyde de manganèse en 1 000 ans. Le chiffre maximal (de 1,4 mm pour 1 000 ans) donne donc les âges suivants : 1 214 ans pour la dent N1 et 2 600 ans pour la dent N2. Enfin, Tschernezky s'est trompé dans sa conclusion. Par une telle procédure, il n'a pas daté l'âge des dents, mais le temps de formation des croûtes de dioxyde de manganèse et, par conséquent, le temps d'exposition des dents sur le fond océanique. Notons également que les chiffres donnés par Pettersson sont des chiffres établis dans des conditions physico-chimiques et biologiques bien précises, et que donc les temps de formation sont à prendre avec beaucoup de précautions. La seule méthode de datation viable serait une étude approfondie des roches sédimentaires des fonds marins, plaçant ainsi les dents de mégalodon dans un contexte géologique rigoureux.
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+ Concernant les tailles extraordinaires, il faut signaler que, pendant des décennies, des captures de requins blancs de plus de 10 m voire 11 m ont été signalées : les vérifications scientifiques ont toutefois établi que ces dimensions étaient exagérées, et qu'aucun requin atteignant 7 m n'a jamais été capturé[33]. Toutefois, le record de taille et de poids d'un grand requin blanc, a été établi lors d'une prise en Méditerranée, au large de la Tunisie, soit : 7,10 m de longueur, pour une masse de 1 500 kg. Il s'agissait très probablement d'une femelle. Précisons aussi que le grand requin blanc est un requin d'eau froide et tempérée. Grand nageur (nageoire caudale homocerque), il est plutôt donné pour un requin côtier.
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+ En fait, aucune preuve ne soutient ces allégations, considérées comme fantaisistes d'un point de vue scientifique[34], mais dignes de la fascination que les grands requins exercent dans la culture populaire.
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+ Le Mégalodon est bien connu du public, car étant plus grand que le grand requin blanc, il est perçu comme plus dangereux et redoutable.
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+ Le Mégalodon est très apprécié des scénaristes de film et de téléfilm, notamment pour les films d'horreur comme Shark Attack 3: Megalodon ou bien Mega Shark vs Giant Octopus, mais leur taille y est, le plus souvent, toujours exagérée. Le Mégalodon est au centre de l'histoire de l'album de bande dessinée Carthago (actuellement 8 volumes), qui reprend l'hypothèse de la survie de l'espèce jusqu'à nos jours, et fait référence à diverses découvertes de fossiles récents de mégalodon. Il est aussi présent en tant que « easter eggs » dans le jeu vidéo Battlefield 4. Dans un épisode de Sous les mers la famille nektone découvre deux mégalodons, un mâle et une femelle, encore vivants. Après une très longue absence dans le cinéma depuis 2002 (les autres apparitions étant des Direct-to-video), il y marque son retour en apparaissant en 2018 dans le film En eaux troubles dans lequel il est l'antagoniste principal. Sa taille sera pour une fois proche de celle de la réalité.
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+ On peut voir le Mégalodon dans le docu-fiction produit par la BBC Les Monstres du Fond des Mers où il est incorrectement désigné comme l'ancêtre du grand requin blanc.
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+ Carcharocles megalodon
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+ Espèce
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+ EX : Éteint
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+ Le Mégalodon (Carcharocles megalodon) est une espèce éteinte de requins appartenant à l'ordre des lamniformes ayant vécu du Miocène (Aquitanien) au milieu du Pliocène (Zancléen), il y a entre 23 à 3,6 millions d'années, bien que d'autres estimations fixent sa date d'extinction au Pléistocène inférieur (Calabrien) soit il y a 1,6 million d'années[1],[2]. La classification du mégalodon a fait l'objet de nombreux changements: il était initialement considéré par certains comme appartenant à la famille des Lamnidés, et comme étant proche du grand requin blanc (Carcharodon carcharias), quand d'autres le rattachaient à la famille éteinte des Otodontidés. C'est cette dernière théorie qui semble prévaloir de nos jours[3], bien que des divergences subsistent en ce qui concerne son genre (Carcharocles, Megaselachus, Otodus ou encore Procarcharodon).
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+ Les scientifiques suggèrent que le Mégalodon ressemblait à une version trapue et géante du grand requin blanc, même s'il ressemblait peut-être au requin pèlerin ou au requin-taureau. Considéré comme l'un des prédateurs les plus importants et les plus puissants à avoir jamais existé, les restes fossiles de mégalodons suggèrent que ce requin géant a atteint une longueur maximale de 20 mètres avec une taille moyenne de 16 à 18 mètres, ce qui en fait l'un des trois plus grands poissons de l'histoire avec le requin-baleine et Leedsichthys. En se basant sur les mâchoires de requins actuels, celles du Mégalodon pouvaient exercer une force de morsure allant de 110 000 à 180 000 newtons (soit environ 11-18 tonnes-force), ce qui en fait la plus puissante de tout le règne animal. Ses dents étaient épaisses et robustes, conçues pour saisir les proies et casser les os.
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+ Le Mégalodon a probablement eu un impact majeur sur la structure des communautés marines. Les fossiles indiquent qu'il avait une répartition cosmopolite. Il ciblait probablement de grandes proies, telles que les baleines, les phoques et les tortues de mer. Les juvéniles habitaient les eaux côtières chaudes où ils se nourrissaient de poissons et de petites baleines. Contrairement au grand requin blanc, qui mord les parties molles de ses proies, le mégalodon a probablement utilisé sa forte mâchoire pour percer la cavité thoracique et toucher ses proies au cœur et aux poumons.
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+ L'animal faisait face à la concurrence de cétacés se nourrissant de baleines, tels que Livyatan, Hoplocetus et d'autres cachalots, qui ont persisté jusqu'au Pliocène. Des orques ancestraux telles qu'Orcinus citoniensis, apparues au milieu du Pliocène, ont également été citées comme concurrentes du requin, bien qu'elles soient plus petites que les orques contemporaines. Comme le mégalodon préférait les eaux chaudes, on pense que le refroidissement océanique associé au début des périodes glaciaires, ainsi que l’abaissement du niveau de la mer et la perte des zones de reproduction adaptées, pourrait avoir contribué à son déclin. Une réduction de la diversité des baleines à fanons et un déplacement de leur répartition vers les régions polaires pourraient avoir réduit la principale source de nourriture du mégalodon. L'extinction du Mégalodon a affecté d'autres animaux ; par exemple, la taille des baleines a augmenté considérablement après la disparition du requin.
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+ Le Mégalodon est principalement connu grâce aux multiples dents et quelques vertèbres fossilisées que l'on a retrouvées. Il s'agit, au même titre que les requins modernes, d'un poisson cartilagineux, c’est-à-dire dont le squelette est constitué de cartilage et non pas d'os, ce qui explique pourquoi peu de squelettes fossilisés ont été retrouvés. Cependant, les grandes dents du Mégalodon ont traversé les âges et s'avèrent similaires en de nombreux points à celles du grand requin blanc. Elles mesuraient jusqu'à 20,3 centimètres pour les plus longues jamais trouvées et étaient plus larges qu'une paume de main. Des études[Lesquelles ?] ont suggéré que le mégalodon était un proche parent du Grand requin blanc actuel mais un nombre croissant de chercheurs[Lesquels ?] contestent cette proche parenté et voient dans les similarités dentaires le fruit d'une évolution convergente. Néanmoins, ce sont des extrapolations entre la taille des dents de Mégalodons et celles de requins modernes qui ont permis d'évaluer les caractéristiques de ce prédateur. La taille de ce requin est depuis toujours un sujet de débat mais voici les extrapolations les plus récentes :
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+ La première reconstitution de mâchoire de Mégalodon date de 1909 au Muséum américain d'histoire naturelle. Le professeur Dean Bashford avait monté une mâchoire mesurant 2,70 m de hauteur et 1,80 m de large, pour des dents de 12 cm. L'animal était censé mesurer 24 mètres mais on sait aujourd'hui que la mâchoire est incorrecte car fondée sur une mauvaise connaissance du ratio entre les dents et la longueur du corps.
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+ Dans les années 1980 et début 1990, plusieurs scientifiques ont ramené la taille du Mégalodon à 13 et 12 mètres de long.
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+ Le prothésiste dentaire et paléontologue Daniel Pouit effectue en 1991 la 1re reconstitution européenne de mégalodon pour le Bioparc de Doué-la-Fontaine, commune déléguée de Doué-en-Anjou (Maine-et-Loire, France) à partir de dents des faluns (sables coquilliers) d'Anjou-Touraine du Miocène moyen et supérieur. La plus grande dent des faluns d'Anjou mesure 16 cm dans sa hauteur (dent antérieure de la mâchoire supérieure) et la mâchoire reconstituée d'1,80 m d'ouverture buccale avec 150 dents pour 3 rangs de dents fonctionnelles.
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+ En 1996, le paléontologue Mike Gottfried et son équipe[réf. nécessaire] ont procédé à une nouvelle étude, basée sur une dent antérieure de la mâchoire supérieure de 16,5 cm. En calculant le ratio exact avec les dents du grand requin blanc, ils sont parvenus à une longueur de 15,90 mètres pour le propriétaire de cette dent. Par ailleurs, l'aspect massif des dents du mégalodon et la forme de toute la denture disponible, des dents de la mâchoire supérieure aux plus petites latérales, ainsi que l'étude des rares vertèbres retrouvées leur ont permis de donner un aspect plus précis de l'animal. Selon ces considérations, le mégalodon était beaucoup plus massif en proportion que le grand requin blanc, pesant près de 50 tonnes pour un animal de 15 mètres. Son corps était plus musclé, ses mâchoires étaient plus larges à cause de l'absence des deux dents latérales légèrement atrophiées que le requin blanc possède. Son museau plus trapu, ses nageoires pectorales plus développées. Son nombre de vertèbres aurait aussi été plus élevé. Le mégalodon possédait l'allure d'un gigantesque Carcharodon carcharias « bodybuildé »[4]. Mike Gottfried a par ailleurs hypothétiquement estimé, en se basant sur les plus grands individus de requins blancs actuels, que les plus grands Mégalodons atteignaient 20,2 mètres.
27
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+ Le collectionneur renommé Vito Bertucci, ayant étudié les dents de requins fossiles pendant plus de 20 années, avait retrouvé en 2002 une dent latérale de plus de 18 cm, les plus grandes dents étant celles sur la mâchoire supérieure. Bertucci était d'ailleurs à l'origine de la plus grande reconstruction de mâchoire au monde ; mesurant 3 m de hauteur et 3,30 m de large, elle contient 182 dents, dont les plus grandes dépassaient 18 cm. Le spécimen qui aurait porté cette mâchoire était estimé avoir mesuré plus de 22 mètres pour Bertucci[5],[6].
29
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+ Le spécialiste des requins Cliff Jeremiah[réf. nécessaire] a quant à lui établi une méthode d'estimation basée sur la largeur totale des dents antérieures de la mâchoire supérieure. Il estime que pour chaque centimètre en largeur de dent, il y a approximativement 1,37 mètre de longueur de corps. Une dent de Mégalodon large de 12 centimètres proviendrait donc d'un individu mesurant environ 16,4 mètres. À noter qu'un certain nombre de dents dépassent ces dimensions.
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+
32
+ Mais d'après les techniques de mesure scientifiques les plus étudiées, celle de Mike Gottfried en se basant sur la longueur de la dent et celle de Cliff Jeremiah en utilisant la largeur de la racine, il apparaît que si la taille du mégalodon a longtemps été débattue et erronée, à la suite d'une mauvaise connaissance de la physiologie des requins lamnoïdes à l'époque, les experts actuels accordent généralement au Mégalodon une taille à l'âge adulte de 15,9-20,3 mètres, et un poids compris entre 40 et 60 tonnes. C'est largement supérieur aux dimensions des plus grands cachalots et reptiles marins connus du mésozoïque. Le Mégalodon est de ce fait couramment considéré comme le plus grand macroprédateur marin fossile connu.
33
+
34
+ Le Mégalodon semble avoir possédé une mâchoire puissante. Une équipe de paléontologues australiens dirigée par le docteur Stephen Wroe, a mené une série d'études sur ordinateur pour connaitre la puissance exercée par le grand requin blanc et son cousin fossile le mégalodon. Il apparaît que là où Carcharodon carcharias possède une morsure estimée à 2 tonnes/cm2 de pression, la morsure du mégalodon aurait été 6 à 10 fois supérieure, soit entre 12 et 20 tonnes/cm2 de pression, suffisant pour arracher une nageoire ou broyer la cage thoracique d'une baleine de taille moyenne. Le Mégalodon posséderait ainsi la plus puissante morsure du règne animal[7]. De nos jours, la plus puissante morsure du règne animal appartient à l'alligator du Mississippi, suivi par les crocodiles, l'orque et enfin le grand requin blanc.
35
+
36
+ Selon les récits de la Renaissance, on pensait autrefois que les dents pétrifiées, de dragon et de serpents, étaient des dents fossiles gigantesques et triangulaires souvent trouvées incrustées dans des formations rocheuses. Cette interprétation a été corrigée en 1667 par le naturaliste danois Nicolas Steno, qui les a reconnus comme dents de requin et a rendu célèbre la représentation d'une tête de requin portant de telles dents. Il a décrit ses découvertes dans le livre The Head of a Shark Dissected, qui contenait également l'illustration d'une dent de mégalodon[8].
37
+
38
+ Le naturaliste suisse Louis Agassiz a donné à ce requin son nom scientifique, "Carcharodon megalodon", dans son ouvrage de 1843 "Recherches sur les poissons fossiles", basé sur des dents fossilisées[9],[10] Le paléontologue anglais Edward Charlesworth, dans son article publié en 1837, utilisa le nom de Carcharias megalodon en citant Agassiz comme auteur, indiquant qu'Agassiz avait décrit l'espèce avant 1843. En 1928, le paléontologue anglais Charles Davies Sherborn a énuméré une série d'articles d'Agassiz publiés en 1835 contenant la première description scientifique du requin. Le nom spécifique Megalodon se traduit par "grosse dent", de grec ancien : μέγας et οδόντος ( odontús ), "dent". Les dents du Mégalodon sont morphologiquement similaires à celles du grand requin blanc et, sur la base de cette observation, Agassiz a mis le mégalodon dans le genre Carcharodon.
39
+
40
+ Des dents de Mégalodon ont été retrouvées dans les quatre coins du monde (Europe, Asie de l'Est, Amérique, Caraïbes et dans l'Océanie), ce qui indique, comme certain requins actuel, qu'il devrait avoir une répartition cosmopolite.
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+ †Otodus obliquus
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+ †Carcharocles megalodon
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+ †Cosmopolitodus hastalis
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+ Carcharodon carcharias
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+
50
+ Bien que les premiers restes connus de mégalodon remontent à l'Oligocène supérieur, il y a environ 28 millions d'années [12],[13], un désaccord subsiste quant à sa date d'apparition[14], avec des dates pouvant aller jusqu'à 16 millions d'années. Les auteurs pensaient que le mégalodon s'était éteint vers la fin du Pliocène, il y a environ 2,6 millions d'années[14],[15], parce que les allégations relatives aux dents de mégalodon du Pléistocène, âgées de moins de 2,6 millions d'années, sont considérées comme non fiables[15]. Une évaluation plus récente remet la date d'extinction au début du Pliocène, il y a 3,6 millions de d'années[16].
51
+
52
+ Le Mégalodon est maintenant considéré comme un membre de la famille Otodontidae et au genre Carcharocles, par opposition à sa classification antérieure dans la famille Lamnidae et le genre Carcharodon[14],[15],[17],[18]. La classification du mégalodon dans Carcharodon était due à une similitude dentaire avec le grand requin blanc, mais la plupart des auteurs pensent actuellement que cela est dû à une évolution convergente. Dans ce modèle, le grand requin blanc est plus étroitement apparenté au requin mako à grandes dents (†Cosmopolitodus hastalis) qu'au Mégalodon, comme en témoigne une dentition plus semblable chez ces deux requins. Les dents du mégalodon ont des dentelures bien plus fines que les dents du grand requin blanc. Ce dernier est plus étroitement apparenté au requin mako (Isurus spp.) avec un ancêtre commun autour de 4 millions d'année, tandis que le Mégalodon a pour ancêtre Otodus obliquus[11].
53
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+ Le genre Carcharocles contient actuellement quatre espèces : C. auriculatus, C. angustidens, C. chubutensis, et C. megalodon[19]. L’évolution de cette lignée est caractérisée par l’augmentation des dentelures, l’élargissement de la couronne, le développement d’une forme plus triangulaire et la disparition des cuspides latérales. [19],[20]. L’évolution de la morphologie des dents reflète un changement de tactique de prédation, passant d’une morsure déchirante à une morsure tranchante, ce qui reflète probablement un changement dans le choix des proies passant alors des poissons aux cétacés[21]. Des cuspides latérales ont finalement été perdues dans un processus graduel qui a pris environ 12 millions d'années au cours de la transition entre C. chubutensis et C. megalodon [21]. Le genre a été proposé par DS Jordan et H. Hannibal en 1923 pour contenir C. auriculatus . Dans les années 1980, le mégalodon a été assigné à Carcharocles[10],[19]. Auparavant, en 1960, le genre Procarcharodon a été créé par Edgard Casier, qui comprenait ces quatre requins et était considéré comme séparé du grand requin blanc. Il est maintenant considéré comme un synonyme junior de Carcharocles [19]. Le genre Palaeocarcharodon a été créé à côté de Procarcharodon qui représente le début de la lignée et dans lequel le mégalodon et le grand requin blanc sont étroitement liés à leur dernier ancêtre commun. Il est supposé être une impasse évolutive sans rapport avec les requins Carcharocles par les auteurs qui rejettent ce modèle[22].
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+ Un autre modèle de l'évolution de ce genre, également proposé par Casier en 1960, est que l'ancêtre direct des Carcharocles est le requin Otodus obliquus, qui a vécu du paléocène au Miocène, il y a 60 à 13 millions d'années[11],[20]. Le genre Otodus est finalement dérivé de Cretolamna, un requin de la période du crétacé[18],[23]. Dans ce modèle, O. obliquus a évolué pour devenir O. aksuaticus, qui a évolué pour devenir C. auriculatus, puis C. angustidens, puis C. chubutensis, puis finalement C. mégalodon .
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+ Un autre modèle de l'évolution de Carcharocles , proposé en 2001 par le paléontologue Michael Benton, est que les trois autres espèces sont en réalité une seule espèce de requin qui a progressivement changé au fil du temps entre le Paléocène et le Pliocène, ce qui en fait une chrono-espèce[19],[24]. Certains auteurs suggèrent que les espèces C. auriculatus , C. angustidens , et C. chubutensis doivent être classées dans une seule espèce dans le genre Otodus , laissant C. megalodon l'unique membre de Carcharocles .
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+ Le genre Carcharocles peut être invalide, et le mégalodon peut appartenir au genre Otodus , le rendant ainsi Otodus megalodon . Une étude réalisée en 1974 sur les requins paléogènes par Henri Cappetta a créé le sous-genre Megaselachus , classant le requin dans Otodus (Megaselachus) megalodon, ainsi que O. (M.) chubutensis . Une revue de 2006 de Chondrichthyes a élevé Megaselachus en tant que genre et a classé les requins comme Megaselachus megalodon et M. chubutensis. La découverte de fossiles attribués au genre Megalolamna en 2016 a donné lieu à une réévaluation de Otodus, qui a conclu qu'il est paraphylétique, c'est-à-dire qu'il a un dernier ancêtre commun, mais il n'inclut pas tous ses descendants. L'inclusion des requins Carcharocles dans Otodus le rendrait monophylétique, avec comme groupe frère Megalolamna[18].
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+ On ignore les causes de son extinction, mais son temps d'existence, Miocène et Pliocène, correspond en grande partie à celui du pélagornis, oiseau marin de 7 mètres d'envergure, et on peut supposer que leur disparition est peut-être liée et due à la raréfaction de leurs proies, des poissons de grande taille, elle-même liée au refroidissement du climat durant le Pliocène[25]. En effet, n'importe quelle perturbation prolongée de la chaîne alimentaire est à même d'éradiquer un prédateur ayant de tels besoins métaboliques.
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+ Si l'on suppose qu'il se nourrissait principalement de dugongs et cétacés, on peut penser que le Carcharocles megalodon s'est éteint lorsque les mers polaires, en se refroidissant, devinrent trop froides pour les requins mais purent constituer un refuge pour les cétacés à sang chaud. L'émergence de grands cétacés prédateurs chassant en groupe tels que l'orque n'a pas contribué à l'extinction du mégalodon mais ces espèces ont pu profiter de la raréfaction du grand requin. Contrairement à lui, les orques ont la capacité de vivre en eau glaciale.
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+ Il n'y a pas d'indices d'une concurrence entre les orques et le mégalodon. Durant le règne du requin, aucun mammifère marin carnivore ne l'a supplanté, mais des espèces de cétacés carnivores comme les orques sont apparues, et d'autres ont disparu avant l'extinction du mégalodon. Il est possible que ce soient d'autres requins plus petits et mieux adaptés à la chasse aux proies plus modestes mais plus nombreuses (pinnipèdes, poissons pélagiques) qui ont concurrencé le mégalodon, trop grand et trop spécialisé dans la chasse aux grands cétacés qui purent se réfugier aux pôles.
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+ Autre supposition : le début des glaciations, en provoquant l'abaissement du niveau marin, aurait fait émerger, donc disparaître en tant que milieux marins, les larges plates-formes épicontinentales peu profondes où le mégalodon se reproduisait et grandissait, dans les herbiers à l'abri des prédateurs du large (dont les adultes de sa propre espèce)[26].
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70
+ Quelques cryptozoologistes ont suggéré que le requin aurait bien pu disparaître plus récemment, voire être encore vivant, alors qu'on n'en trouve pas de trace plus récente que 1,6 million d'années.[réf. nécessaire] Passant outre le fait qu'une dent est l'élément squelettique le plus solide, le mieux conservable, et le plus long à se minéraliser (fossiliser), ils avancent les arguments suivants :
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+
72
+ Deux des dents récoltées par le HMS Challenger en 1875 en Polynésie française ont été datées par Tschernezky Wladimir en 1959[31]. Il a mesuré les croûtes de dioxyde de manganèse présentes sur les dents et en déduisit qu'une des dents a 11 333 ans et l'autre 24 206 ans. Cependant, plusieurs critiques[Qui ?] peuvent être apportées à cet article. Tout d'abord, le texte comporte une erreur de calcul : la dent N2 est datée de 24 206 ans alors qu'une fois le calcul revérifié, elle aurait plutôt 24 267 ans. Ajoutons que l'auteur n'utilise que la valeur minimale de précipitation donnée par Pettersson (1955)[32] qui est de 0,15 mm de dioxyde de manganèse en 1 000 ans. Le chiffre maximal (de 1,4 mm pour 1 000 ans) donne donc les âges suivants : 1 214 ans pour la dent N1 et 2 600 ans pour la dent N2. Enfin, Tschernezky s'est trompé dans sa conclusion. Par une telle procédure, il n'a pas daté l'âge des dents, mais le temps de formation des croûtes de dioxyde de manganèse et, par conséquent, le temps d'exposition des dents sur le fond océanique. Notons également que les chiffres donnés par Pettersson sont des chiffres établis dans des conditions physico-chimiques et biologiques bien précises, et que donc les temps de formation sont à prendre avec beaucoup de précautions. La seule méthode de datation viable serait une étude approfondie des roches sédimentaires des fonds marins, plaçant ainsi les dents de mégalodon dans un contexte géologique rigoureux.
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+ Concernant les tailles extraordinaires, il faut signaler que, pendant des décennies, des captures de requins blancs de plus de 10 m voire 11 m ont été signalées : les vérifications scientifiques ont toutefois établi que ces dimensions étaient exagérées, et qu'aucun requin atteignant 7 m n'a jamais été capturé[33]. Toutefois, le record de taille et de poids d'un grand requin blanc, a été établi lors d'une prise en Méditerranée, au large de la Tunisie, soit : 7,10 m de longueur, pour une masse de 1 500 kg. Il s'agissait très probablement d'une femelle. Précisons aussi que le grand requin blanc est un requin d'eau froide et tempérée. Grand nageur (nageoire caudale homocerque), il est plutôt donné pour un requin côtier.
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76
+ En fait, aucune preuve ne soutient ces allégations, considérées comme fantaisistes d'un point de vue scientifique[34], mais dignes de la fascination que les grands requins exercent dans la culture populaire.
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78
+ Le Mégalodon est bien connu du public, car étant plus grand que le grand requin blanc, il est perçu comme plus dangereux et redoutable.
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+ Le Mégalodon est très apprécié des scénaristes de film et de téléfilm, notamment pour les films d'horreur comme Shark Attack 3: Megalodon ou bien Mega Shark vs Giant Octopus, mais leur taille y est, le plus souvent, toujours exagérée. Le Mégalodon est au centre de l'histoire de l'album de bande dessinée Carthago (actuellement 8 volumes), qui reprend l'hypothèse de la survie de l'espèce jusqu'à nos jours, et fait référence à diverses découvertes de fossiles récents de mégalodon. Il est aussi présent en tant que « easter eggs » dans le jeu vidéo Battlefield 4. Dans un épisode de Sous les mers la famille nektone découvre deux mégalodons, un mâle et une femelle, encore vivants. Après une très longue absence dans le cinéma depuis 2002 (les autres apparitions étant des Direct-to-video), il y marque son retour en apparaissant en 2018 dans le film En eaux troubles dans lequel il est l'antagoniste principal. Sa taille sera pour une fois proche de celle de la réalité.
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+ On peut voir le Mégalodon dans le docu-fiction produit par la BBC Les Monstres du Fond des Mers où il est incorrectement désigné comme l'ancêtre du grand requin blanc.
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