de-francophones commited on
Commit
aff9e4a
1 Parent(s): 562dff6

12ddadd00fda2485e7bf315e41db98bf604edfeddef43d3e3218e74f0c1a8f40

Browse files
fr/1872.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,297 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ États-Unis d'Amérique
2
+
3
+ (en) United States of America
4
+
5
+ en anglais : In God We Trust (« En Dieu nous croyons »), officielle, depuis 1956[1]
6
+
7
+ (38° 53′ N, 77° 02′ O)
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique ou EUA[N 1] (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Celui-ci est encadré par l'océan Atlantique à l'est, le golfe du Mexique au sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud-ouest par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé au nord-ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays mégadivers de la planète[4].
12
+
13
+ La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.
14
+
15
+ Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15 000 ans[5]. La colonisation européenne débute au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde[6],[7], reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il participe à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis deviennent une superpuissance mondiale et sont confrontés à l'URSS pendant la guerre froide.
16
+
17
+ En 2019, les États-Unis comptent environ 328 millions d'habitants[2] et constituent le troisième pays du monde en termes de population après la Chine et l'Inde[N 2]. Le pays s'étend sur 9,6 millions de km2, ce qui en fait, selon les critères, le troisième ou quatrième pays du monde en superficie après la Russie, le Canada et la Chine[N 3]. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée. L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015[8],[9], et est alimentée par une productivité du travail élevée[10]. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde[11]. Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale[12], et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique[13],[14],[15],[16],[17]. Les États-Unis sont membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l'Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G7, du G20, et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.
18
+
19
+ En 1507, le cartographe lorrain Martin Waldseemüller produit un planisphère (dit planisphère de Waldseemüller) représentant notamment la région méridionale de l'hémisphère ouest. Il y inscrivit alors le prénom féminisé « America », en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci.
20
+
21
+ Le nom du pays fut suggéré par Thomas Paine et adopté pour la première fois par les Treize Colonies de l'Empire britannique dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776.
22
+
23
+ La désignation en forme courte — d'usage dans la vie courante, l'enseignement et la cartographie[18] — de ce pays est « États-Unis » (en anglais United States, abrégé en « US ») et la forme longue — d'usage dans les documents officiels — est « États-Unis d'Amérique » (en anglais : United States of America, abrégé en « USA »). La forme longue « États-Unis d'Amérique » ne ressemble pas à la grande majorité des formes longues qui commence par « République de », « Royaume de », etc. Elle est en revanche proche de celle du pays voisin, les États-Unis mexicains. En France et dans de nombreux autres pays, le pays est également désigné en forme courte, dans le langage courant[19], mais aussi parfois dans des discours officiels[20], par le terme informel d'« Amérique »[21]. En anglais, la forme courte « America » est largement utilisée, y compris dans les discours officiels[22].
24
+
25
+ En français, dans le langage courant, le pays est parfois également désigné par « les US », « les USA », « les States » ou « les États » (ce dernier est usité au Canada, principalement au Québec).
26
+
27
+ Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'Est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Depuis 1927, la théorie la plus communément admise est celle de l'immigration de peuples asiatiques il y a 12 000 ans par le détroit de Béring. Toutefois, certaines découvertes archéologiques relevées au cours des dernières années donnent de nouvelles orientations quant au processus de colonisation préhistorique de l'Amérique du Nord.
28
+
29
+ Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, 17 000 ans avant notre ère[réf. nécessaire], lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[23].
30
+
31
+ Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagé les premiers tertres vers 3 400 av. J.-C.[24]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelque 15 000[25] à 30 000 habitants[26] et 120 tumulus[25].
32
+
33
+ Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons-Wendats, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.
34
+
35
+ Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[27].
36
+
37
+ Christophe Colomb découvre le continent américain en 1492 puis explore l'actuelle Porto Rico l'année suivante. Au XVIe siècle, les puissances européennes à la recherche du passage du Nord-Ouest et de richesses, naviguent puis s'installent le long du littoral atlantique. Ici se succèdent des colonies espagnoles, anglaises, françaises, néerlandaises et scandinaves plus ou moins permanentes. Les établissements les plus célèbres et les plus anciens sont ceux de Saint Augustine (Floride, 1565), Jamestown (1607) et Plymouth (fondée par les Pères pèlerins puritains en 1620). Au sud-ouest, les Espagnols agrandissent la Nouvelle-Espagne en menant des expéditions depuis le Mexique. Au nord-ouest, les Russes s'installent le long de la côte Pacifique. Les Blancs entrent en contact et font du commerce avec les peuples autochtones. Mais les Amérindiens ne résistent pas aux épidémies introduites par les Européens (variole, rougeole), à l'acculturation (alcool, armes à feu), aux massacres et aux guerres coloniales.
38
+
39
+ Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se forment progressivement les treize Colonies britanniques de la côte orientale, ancêtres des États-Unis (carte). La colonisation est assurée par des compagnies et un système de chartes. Les Français explorent la vallée du Mississippi et fondent la Louisiane. L'Amérique du Nord devient rapidement un enjeu entre les puissances coloniales : l'Angleterre (devenue la Grande-Bretagne en 1707 à la suite de son unification avec l'Écosse) assure peu à peu sa suprématie en remportant les guerres anglo-néerlandaises puis la guerre de Sept Ans (1763) contre la France, qui perd ses possessions de l'est du Mississippi (carte). Le peuplement se fait essentiellement par des migrants britanniques et par la traite négrière. Les esclaves noirs sont employés dans les plantations de tabac du sud mais aussi pour le développement des infrastructures. Vers 1775, les treize colonies sont prospères et comptent plus de deux millions d'habitants.
40
+
41
+ Dans le courant des années 1770, les colons américains s'opposent de plus en plus à leur métropole : Londres leur refuse les terres indiennes situées à l'ouest des montagnes Appalaches. Les taxes et les impôts sont augmentés alors que les sujets américains ne sont pas représentés au Parlement britannique. Le système de l'exclusif lèse les marchands de la côte est. De nouvelles troupes sont envoyées en Amérique et un climat révolutionnaire s'installe en Nouvelle-Angleterre, à Philadelphie et en Virginie. En 1770, les soldats britanniques tirent sur les manifestants (massacre de Boston). En décembre 1773, les colons détruisent une cargaison de thé (Boston Tea Party) : la guerre d'indépendance éclate l'année suivante.
42
+
43
+ Les insurgés envoient des représentants au Congrès continental qui approuvent la déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. Ce texte, essentiellement rédigé par Thomas Jefferson, proclame les principes de liberté, d'égalité et de droit à la recherche du bonheur. La Déclaration d'indépendance américaine fonde aussi la première nation décolonisée du monde, bien que dans un premier temps, la Grande-Bretagne refuse de la reconnaître. Le Maroc fut le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis, en 1777[28]. Pendant la guerre, plusieurs milliers de loyalistes fuient le pays. L'armée américaine, commandée par George Washington, finit par vaincre les Britanniques avec le renfort de la France (ainsi que de l'Espagne et des Pays-Bas) ; le traité de Paris est signé en 1783, dans lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance des États-Unis, mettant fin à la guerre.
44
+
45
+ Le second Congrès continental qui a ratifié les Articles de la Confédération en 1781, rédige la Constitution américaine à la Convention de Philadelphie en 1787. Ce texte, auquel sont ajoutés dix amendements (Déclaration des droits) en 1789 (définitivement ratifiés en 1791), demeure aujourd'hui encore le fondement de la démocratie américaine. George Washington est choisi comme premier Président américain en 1789. Les institutions s'installent définitivement à Washington, D.C. en 1800.
46
+
47
+ La Déclaration d'indépendance, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, ainsi que la Déclaration des droits de 1789 influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.
48
+
49
+ L'histoire américaine au XIXe siècle est marquée par quatre questions majeures : la conquête de l'Ouest, l'esclavage dans le Sud, l'industrialisation et l'immigration.
50
+
51
+ Le territoire américain s'agrandit progressivement vers l'ouest par des achats (Louisiane à la France en 1803, Alaska à la Russie en 1867) et des conflits. Poussés par la doctrine de la « Destinée manifeste » et par le « Mythe de la Frontière », les Américains font la guerre aux Amérindiens et s'étendent vers l'Ouest. La guerre contre le Mexique (1846-1848) et le traité de Guadeloupe Hidalgo entraînent l'annexion du Texas puis de la Californie. Le traité de l'Oregon (1846) définit le tracé de la frontière entre le Canada et les États-Unis à l'ouest des montagnes Rocheuses. La ruée vers l'or à partir du milieu du XIXe siècle accélère la colonisation blanche de l'Ouest. En 1859, la découverte des plus importants filons d'argent de l'histoire provoque l'afflux d'aventuriers dans le Nevada, sur le Comstock Lode.
52
+
53
+ Enfin, la construction du premier chemin de fer transcontinental (1869) facilite l'intégration des nouveaux territoires. La conquête de l'Ouest s'achève avec le massacre de Wounded Knee (1890), l'annexion d'Hawaï (1898) et l'entrée de l'Arizona dans l'Union (1912).
54
+
55
+ Alors que la traite des Noirs est supprimée au niveau fédéral en 1808 et que les États du Nord ont aboli l'esclavage entre 1777[N 4] et 1804, les planteurs du Sud continuaient de défendre cette institution. En 1860, Abraham Lincoln, candidat du parti antiesclavagiste, remporte l'élection présidentielle : sept États esclavagistes font alors sécession et forment les États confédérés d'Amérique. La bataille de Fort Sumter (avril 1861) marque le début de la guerre de Sécession qui fit 970 000 victimes (3 % de la population américaine), dont 620 000 soldats[29]. La guerre se termina en 1865, à l'avantage des États du Nord, protectionnistes et égalitaires face à ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. Après cette victoire, trois nouveaux amendements à la constitution sont votés pour abolir l'esclavage, libérer les quatre millions d'esclaves[30], leur donner la citoyenneté et le droit de vote. Mais les lois Jim Crow introduisent la ségrégation raciale dans le Sud, jusque dans les années 1950-1960. La guerre de Sécession a également pour conséquence de renforcer le pouvoir fédéral[31].
56
+
57
+ L'industrialisation débute à partir des années 1850. Elle entraîne des bouleversements démographiques, économiques et sociaux. Les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L'immigration s'accélère et se diversifie. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la deuxième révolution industrielle voit l'apparition de la société de consommation et de l'automobile. Les premiers gratte-ciel sont construits dans les centres-villes de Chicago et New York. La presse écrite pénètre dans de nombreux foyers grâce aux gros tirages permis par l'invention de la rotative.
58
+
59
+ Le pays remporte la guerre hispano-américaine en 1898 : Porto Rico et les Philippines passent sous contrôle de Washington.
60
+
61
+ C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917. Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).
62
+
63
+ La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique. En août 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler. Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations unies signée en juin 1945 à San Francisco, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.
64
+
65
+ Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d'endiguer le communisme, les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall — finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin — et la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie (guerre de Corée et du Viêtnam). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis[32]. Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d'Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.
66
+
67
+ L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974[33], qui le contraint à la d��mission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les relations, notamment avec l'URSS, et diminue les armements. Les États-Unis sont généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste.
68
+
69
+ Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.
70
+
71
+ George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore[34]. Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.
72
+
73
+ En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain[35]. Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême. En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président.
74
+
75
+ Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
76
+
77
+ Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des États fédérés et le niveau des autorités locales (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
78
+
79
+ La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.
80
+
81
+ Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
82
+
83
+ La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif.
84
+
85
+ Le Capitole, siège du pouvoir législatif.
86
+
87
+ La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.
88
+
89
+ La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertarien, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
90
+
91
+ La Conférence des maires des États-Unis est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1 408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire[37].
92
+
93
+ Les États-Unis sont composés de cinquante États et un district fédéral, le district de Columbia. Les quarante-huit États attenants — tous les États sauf l'Alaska et Hawaï — sont appelés États-Unis contigus (abrégé en CONUS (CONtiguous United States)) ou « lower 48 » (« les 48 plus bas ») et occupent la majeure partie du centre de l'Amérique du Nord. L'Alaska est séparé des États-Unis contigus par le Canada ; ensemble, ils forment les États-Unis continentaux. Hawaï, le cinquantième État, est situé dans le Pacifique.
94
+
95
+ En plus des territoires (Porto Rico, Guam, îles Mariannes du Nord, îles Vierges des États-Unis, Samoa américaines), les États-Unis comprennent aussi plusieurs autres espaces peu propices voire interdits à l'habitat. L'atoll Palmyra est un territoire non incorporé, mais il est inhabité. Les îles mineures éloignées des États-Unis sont des îles inhabitées et des atolls du Pacifique et de la mer des Caraïbes. De plus, l'US Navy a établi une importante base navale dans la baie de Guantánamo à Cuba depuis 1898 et sur l'atoll Diego Garcia dans l'océan Indien depuis 1971.
96
+
97
+ Reliefs.
98
+
99
+ Cartographie.
100
+
101
+ Précipitations moyennes annuelles.
102
+
103
+ Vents.
104
+
105
+ Principales agglomérations.
106
+
107
+ Densités.
108
+
109
+ Les États-Unis se classent au quatrième rang mondial en superficie (9 631 417 km2) derrière la Russie, le Canada et la Chine[38]. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen. Les États de l'Alaska et du Texas sont ainsi plus grands que tout autre pays européen (hors Russie). Situés en Amérique du Nord, les 48 États d'un seul tenant (appelés parfois « Mainland » ou « États-Unis continentaux »), dont la forme évoque un pentagone s'étirent sur quatre fuseaux horaires. Une distance de 4 280 km sépare la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest[39]. À ces deux côtes, il faut ajouter celle qui borde le golfe du Mexique dans le Sud-Est du pays, entre la frontière mexicaine et l'extrême sud de la Floride. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique. Les États-Unis possèdent 12 034 km de frontières terrestres[40], 8 893 km avec le Canada (dont 2 477 km avec l'Alaska), 3 141 km avec le Mexique et 28 km avec Cuba (base navale de la baie de Guantánamo). La longueur totale des côtes américaines est de 19 924 km.
110
+
111
+ L'ensemble des fleuves du Missouri et du Mississippi parcourt plus de 6 000 km dans le Mainland, l'équivalent du cours de l'Amazone en Amérique du Sud. Les deux derniers États fédérés sont Hawaï, un archipel volcanique de l'océan Pacifique Nord, et l'Alaska, au nord-ouest du Canada. Dans l'Est des Caraïbes, l'île de Porto Rico est un territoire non incorporé.
112
+
113
+ Le point culminant du pays, le Denali (6 190 mètres), se trouve en Alaska. Hors Alaska, le principal sommet est le mont Whitney en Californie (4 421 mètres). L'altitude la plus basse est celle de Badwater dans le parc national de la vallée de la Mort en Californie (−86 mètres).
114
+
115
+ L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. À l'est-nord-est du pays, la Nouvelle-Angleterre est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts.
116
+
117
+ Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord-est, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du Sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical. À l'est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes Plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Aux États-Unis se trouve la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.
118
+
119
+ L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4 401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (désert des Mojaves, vallée de la Mort). La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon est soumis au climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.
120
+
121
+ Située à l'extrémité nord-ouest de l'Amérique du Nord, l'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord subit un climat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.
122
+
123
+ La plupart des volcans en activité se situent à l'ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï :
124
+
125
+ Les Grands Lacs représentent ensemble une superficie d'environ 250 000 km2, soit la moitié de la superficie de la France métropolitaine.
126
+
127
+ Liste des Grands Lacs, classés du plus grand au plus petit :
128
+
129
+ Les autres lacs importants sont :
130
+
131
+ Les 328 millions d'Américains sont répartis de façon inégale sur le territoire. La densité de population est en effet plus élevée à l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est concentrée à l'est du 100e méridien avec la mégalopole de BosWash, les rives des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Milwaukee, Cleveland) et ChiPitts, les Appalaches et le littoral atlantique. Au-delà du 100e méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques — le peuplement s’est fait d’est en ouest — et naturelles (aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe californien (San Francisco, Los Angeles) et le bras du Puget Sound dit Pugetopolis (Seattle, Portland). Les villes et les aires urbaines d'Austin et de Dallas au Texas comprennent également des millions d'habitants, tout comme Orlando et Miami en Floride. La densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par km2.
132
+
133
+ Les Américains se concentrent sur les littoraux, y compris ceux des Grands Lacs. À l'ouest du 100e méridien jusqu'au littoral du Pacifique et en Alaska, les densités sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et externes.
134
+
135
+ Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue[41]. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants[42]. Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.
136
+
137
+ La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.
138
+
139
+ Les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.
140
+
141
+ Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement. Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. Dès les années 1970, la conscience écologique se développe aux États-Unis : le Jour de la Terre (Earth Day) célébré depuis 1970. L'Agence de protection de l'environnement est le principal organe des politiques environnementales. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXe siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste[43].
142
+
143
+ Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime que chaque année 72 millions d'oiseaux sont tués par les pesticides aux États-Unis[44]
144
+
145
+ Les entreprises de forage ont utilisé 770 % d'eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016, tandis que les eaux usées toxiques relâchées ont augmenté de 1 440 %. La moitié des gazoducs et oléoducs en développement dans le monde en 2019 le sont en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, ces nouveaux pipelines devraient être à l'origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d'ici à 2040[45]. Le gouvernement prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines. Le ministère de l'Intérieur propose d'ouvrir presque entièrement le littoral du pays au forage[46].
146
+
147
+ De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine[47]. Cependant, des efforts sont réalisés pour diminuer ces émissions à tous les échelons, principalement à l'échelle locale. Ainsi, entre 1990 et 2016, les émissions de CO2 par habitant ont diminué de 21,9 %[48]. Avec 15,5 tonnes par habitant en 2016, les États-Unis figurent parmi les premiers émetteurs de CO2 derrière le Canada, l'Arabie Saoudite et les émirats du golfe arabo-persique[48].
148
+
149
+ Une grande partie des déchets produits par les États-Unis sont envoyés à l'étranger.[réf. nécessaire]
150
+ En 2018, 81 % des exportations américaines de déchets ménagers ont été expédiés en Asie. Alors que la Chine décide en 2018 de stopper les importations de déchets plastiques afin de ne plus être la « poubelle du monde », l'industrie du recyclage aux États-Unis s'en trouve bouleversé. Le prix du traitement des déchets augmente considérablement et de nombreuses villes préfèrent incinérer leurs déchets, affectant la qualité de l'air, ou ouvrir des décharges à ciel ouvert, source importante d'émission de méthane[49] En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu'en 2010 et 60 % de plus qu'en 1985 selon les données officielles[50] : cela s'explique en partie par la croissance démographique et économique du pays. De nombreuses grandes villes appliquent les recommandations environnementales de l'Agenda 21 et mettent en œuvre des politiques ambitieuses de recyclage, à l'instar de San Francisco.
151
+
152
+ Pour l'année 2019, le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des États-Unis[N 7] est le 15 mars. Les États-Unis sont le 2e pays (après le Luxembourg) dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[51].
153
+
154
+ Le nombre de coléoptères aux États-Unis a chuté de 83 % depuis les années 1980[52].
155
+
156
+ Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.
157
+
158
+ Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'organisation des États américains et d'accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB[53].
159
+
160
+ Le président détient le titre de commandant en chef de la nation et peut à ce titre selon son seul avis utiliser la bombe atomique. Il dirige les forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d'États-majors interarmes. Le département de la Défense des États-Unis administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le département de la Marine en temps de guerre. En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en service actif[54], en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats. Le ministère de la Défense emploie également environ 700 000 civils, sans compter ceux des services sous-traitants. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif. Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porte-avions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des États-Unis, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique[55],[56].
161
+
162
+ Le total des dépenses militaires des États-Unis en 2013, plus de 640 milliards de dollars, comptait pour 36 % des dépenses militaires officielles mondiales et était égal à la somme des neuf autres budgets militaires les plus importants combinés. Les dépenses par habitant en 2006 étaient de 1 756 $, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale[57]. À 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des États-Unis sont cependant classées 27e sur 172 nations[58]. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les États-Unis jusqu'en 2016 est de 2 267 milliards de dollars[59]. En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les États-Unis ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 500 militaires tués et plus de 30 000 blessés[60] et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001[61].
163
+
164
+ Quand le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance des États-Unis en 1783, des relations diplomatiques officielles se sont rapidement mises en place dès 1785. De cette période jusqu'à aujourd'hui, les États-Unis n'ont pas d'allié plus proche que le Royaume-Uni et la politique étrangère britannique met l'accent sur une coordination étroite avec les États-Unis. Reflétée par la langue commune, les idéaux et les pratiques démocratiques des deux nations, une coopération bilatérale est établie entre les deux États. Les États-Unis et le Royaume-Uni se consultent continuellement sur la politique étrangère et les problèmes mondiaux. Enfin les deux États partagent les principaux objectifs de politique étrangère et de sécurité[62].
165
+
166
+ Les États-Unis sont devenus dans les années 1870 la première puissance économique mondiale[63]. En 2014, le PIB est de 17 416 milliards de dollars, soit environ un cinquième du PIB mondial.
167
+
168
+ Les États-Unis sont la première puissance économique mondiale, selon le PIB nominal, devant la Chine[64], mais la seconde après la Chine depuis 2014, selon les dernières estimations de la Banque mondiale, pour le PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA)[65]. En 2017, le PIB américain est également supérieur à celui de l'Union européenne[66]. Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d'achat[9]. Les États-Unis possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB[67]. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteigne 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT)[68], et atteint 9,9 % en avril 2010[69]. Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'État fédéral est passé durant la même période de 1 798 à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %[70].
169
+
170
+ Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique, l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie post-industrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme…), qui contribue pour 75 % du PIB.
171
+
172
+ Les États-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l'Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l'Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux[71]. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles[72]. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.
173
+
174
+ En 2016, la dette publique américaine est la plus élevée du monde avec plus de 19 000 milliards de dollars, devant l'Union européenne[73]. En 2015, les États-Unis se classent 38e sur 179 pays pour la dette rapportée au PIB[74].
175
+
176
+ Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre…) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite, mobile et bien formée. Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux. L'agriculture est très diversifiée, ce qui en fait à la fois un puissant contributeur aux marchés mondiaux des céréales et des oléagineux mais aussi un producteur encore significatif de coton, grâce au climat des États les plus au sud, comme le Texas. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa sixième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[75], malgré un léger déclin. Parmi les points forts de son agriculture, le pays était aussi premier au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
177
+
178
+ En 2013, la population active est de 155 millions de salariés, soit une augmentation de moins de 1 % depuis janvier 2008[76]. Parmi eux, 87 % travaillaient à plein temps en 2012[77]. 79 % de la population active américaine travaille dans les services[78]. Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois[79]. Le taux de syndicalisation (en) est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale[80]. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les États-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (troisième en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège)[81]. Aucune loi n'oblige les entreprises à accorder des congés payés à leurs employés. En 2013, selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des salariés américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent[82].
179
+
180
+ Depuis la crise économique de 2008, qui a lourdement impacté les plans épargne retraite des Américains, le nombre de personnes à travailler au-delà de 85 ans ne cesse d'augmenter. Elles sont 255 000 en 2018, soit près de 5 % de cette classe d'âge[83].
181
+
182
+ Selon une étude réalisée en 2018 par l'OCDE, les États-Unis présentent des inégalités de revenus beaucoup plus élevées et un pourcentage plus élevé de travailleurs pauvres que presque tous les autres pays développés, en grande partie parce que les travailleurs précaires ne reçoivent que très peu d'aides de l'État et du manque de conventions collectives[84]. D'après la réserve fédérale, les 50 % d'Américains les plus pauvres ont perdu 32 % de leurs richesses, corrigés de l'inflation, depuis 2003. En revanche, le patrimoine des 1 % d'Américains les plus riches a doublé[85]. Le coefficient de Gini, indice qui évalue les écarts de revenus, a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis 1967, moment auquel les autorités américaines ont commencé à le calculer[86].
183
+
184
+ Les États-Unis ont pris depuis longtemps (Buy American Act, 1933) des mesures visant à protéger leurs marchés publics contre les achats de biens manufacturés produits en dehors de leur territoire.
185
+
186
+ Au début des années 1990, le président Bill Clinton a lancé une politique très active d'intelligence économique, appelée politique d'advocacy (advocacy policy[87]). L'efficacité de cette politique relève de la capacité d'obtention, d'échange et d'exploitation de l'information entre une multitude d'acteurs et de décideurs, fédérés par des réseaux d'intérêt et de connivences. La perception du monde qu'ont ces acteurs est résolument électronique et leur champ de vision est une planète sous emprise américaine. Le moyen pour cela est le contrôle le plus étroit possible du complexe informations-médias parce qu'il confère le pouvoir. L'efficacité de cette stratégie tient en grande partie à la relation forte entre le secteur public, le secteur privé, et la société civile[88].
187
+
188
+ Le gouvernement fédéral exerce aussi une politique systématique d'influence, en s'appuyant sur la Common law et la normalisation internationale. Le gouvernement américain cherche à influencer les organisations multilatérales mondiales (OCDE, ONU, OIT), les institutions européennes et en particulier la Commission européenne, les enceintes privées (Chambre de commerce internationale, Business Action for Sustainable Development, International Accounting Standards Board), et les organisations de protection de l'environnement. L'influence s'exerce aussi dans les pratiques commerciales et les doctrines de l'aide au développement. Elle s'exerce enfin dans la sphère socioculturelle, en utilisant la technique du social learning, par l'enseignement, la langue anglaise et le cinéma[89].
189
+
190
+ Quelques chiffres récents :
191
+
192
+ Revenu moyen(en $ constant et par foyer)
193
+
194
+ 46 326[92]
195
+
196
+ 2005
197
+
198
+ IDH
199
+
200
+ Coefficient de Gini
201
+
202
+ 0,469
203
+
204
+ 2005
205
+
206
+ Pauvreté
207
+
208
+ 12,6 % à 3,3 %[92]
209
+
210
+ 2005
211
+
212
+ Les États-Unis sont un pays riche et développé, mais traversé par de fortes inégalités sociales. Avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,914 en 2013, le pays se classe au cinquième rang des États les plus développés de la planète. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, le revenu brut moyen était de 46 326 dollars en 2005[92]. Il est le plus élevé du pays dans le New Jersey (60 246 $) et le plus bas dans le Mississippi (34 396 $)[93]. À parité de pouvoir d'achat, ces niveaux de revenus sont parmi les plus élevés au monde. En 2006, 10 % des ménages les plus riches concentrait près de 50 % du revenu[94]. Le pourcent le plus riche en recevait 23 %[95]. Cette dernière catégorie a bénéficié entre 2002 et 2006 des trois quarts de la progression des revenus. La part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté a légèrement augmenté pendant les deux mandats de George W. Bush et surtout durant le mandat de Barack Obama qui a connu la crise des subprimes. En 2017, les mariages de mineurs (la majorité est atteinte à 21 ans aux États-Unis) sont encore légaux dans vingt-cinq États des États-Unis[96]. Selon l'association Unchained at Last, 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays entre 2000 et 2010[96] ; un mariage d'enfant étant défini par l'Unicef et le département d'État des États-Unis comme « un mariage formel ou une union informelle avant l'âge de 18 ans »[97].
213
+
214
+ En 2016, les États-Unis se situent au dix-septième rang des pays de l'OCDE pour le taux de travail des femmes. D'après une étude du Bureau du recensement de 2014, les salariées gagnent en moyenne 21 % de moins que leurs collègues hommes. L'écart s'accentue quand elles sont noires (36 % de moins) ou hispaniques (44 %). Les États-Unis comptent parmi les quatre pays — avec le Eswatini, le Lesotho, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée — à ne pas garantir de congé maternité payé[98].
215
+
216
+ L'espérance de vie des Américains diminue pour la troisième année consécutive en 2019. Des chercheurs mettent en cause la crise des opioïdes ainsi que des “suicides de désespoir” provoqués par la dislocation du monde du travail, la stagnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur statut social, la perte de pouvoir des syndicats, et les dysfonctionnements du système de santé[99].
217
+
218
+ La protection sociale aux États-Unis couvre 90 % de la population américaine[100]. Depuis le New Deal et la création de l'État-providence (Welfare State), le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes afin d'aider les personnes en difficulté : Medicare, Medicaid, Aid to Families with Dependent Children (AFDC) puis Temporary Assistance for Needy Families (TANF) pour les mères au foyer, Early Childhood Intervention et SCHIP pour les enfants en difficulté, SSI pour les personnes âgées, les aveugles et les handicapés[101], Low Income Home Energy Assistance Program (LIHEAP) pour les plus pauvres[102], Old-Age, Survivors, Disability and Health Insurance (OASDHI) pour les chômeurs et les veuves, etc.
219
+
220
+ En 2000, 180 millions d'Américains[103] bénéficiaient de la sécurité sociale. Le système de répartition des aides sociales est pluraliste et décentralisé : l'État fédéral donne une enveloppe fixe aux 50 États fédérés. La protection sociale dépend de la situation de l'individu : l'assurance maladie n'est pas obligatoire. L'organisation fédérale des États-Unis entraîne des inégalités géographiques quant aux dépenses et aux redistributions sociales. La philosophie dominante est que la meilleure assurance sociale reste le plein emploi : les divers gouvernements qui se succèdent cherchent avant tout à maintenir la croissance économique et à faire baisser le chômage. Contrairement aux idées reçues, le sort des pauvres ne laisse pas indifférent aux États-Unis[104]. La pauvreté est largement prise en charge par les Américains dans le cadre des associations caritatives (plus de 650 000 dans tout le pays), des organisations religieuses et des institutions philanthropiques ; les États-Unis sont le premier pays du monde pour le bénévolat[105] : 93 millions d'Américains[105] le pratiquent à différents degrés. Il implique surtout les retraités et les femmes. Le bénévolat américain est particulièrement développé dans le domaine des arts et contribue au fonctionnement de nombreuses institutions culturelles.
221
+
222
+ En 2005, le système des retraites procurait plus de la moitié de leurs revenus aux deux tiers des retraités des États-Unis[106]. Le système des retraites américain est complexe : la Social security est une retraite fédérale calculée en fonction du nombre d'années travaillées, des cotisations versées et de l'inflation. À la fin des années 1990, le gouvernement fédéral dépensait 289 milliards de dollars pour le système des retraites obligatoires[107]. Les Pensions sont payées par les grandes entreprises et les administrations publiques. Enfin, la retraite par capitalisation consiste en des plans d'épargne-retraite et des fonds de pension. Les retraités les plus pauvres reçoivent des aides fédérales complémentaires (OASDHI) et les soins (Medicaid). Le reste participe au système de santé fédéral (Medicare) et payent une cotisation mensuelle (135 $ en 2019).
223
+
224
+ Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est le plus élevé des pays développés. En augmentation depuis les années 1980, il se situe en 2016 à 42,8 pour 100 000 naissances vivantes pour les Afro-Américaines. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède. Selon la National Organization for Women, ce record tient à l'absence d'assurance-maladie pour de nombreuses mères[98]. Le système de santé américain est généralement considéré comme peu efficace et très inégalitaire. Avec moins de 3 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants (6 en France), une espérance de vie inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, les États-Unis comptent 30 millions de personnes qui n'ont aucune couverture santé, tandis qu'un Américain sur deux est sous-assuré[108].
225
+
226
+ Avec plus de 328 millions d'habitants depuis juillet 2019, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 538[109].
227
+
228
+ La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %[78]. L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale[110]. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines[111].
229
+
230
+ En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions)[112]. Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants[112]. Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.
231
+
232
+ Structure par âge (estimation 2011[40]) :
233
+
234
+ La démographie des États-Unis diffère, sur certains points, de celle des autres pays industrialisés et développés :
235
+
236
+ La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer[réf. nécessaire]. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains[113].
237
+
238
+ Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 2016[117]. En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane et dans le Maine.
239
+
240
+ Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolinien dans les Îles Mariannes du Nord.
241
+
242
+ Au XXIe siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.
243
+
244
+ En 1968 en Louisiane , le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
245
+
246
+ Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF)[118].
247
+
248
+ La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel :
249
+
250
+ Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis occupent les premiers rangs mondiaux pour la recherche scientifique et les innovations techniques. En 1876, Alexander Graham Bell dépose un brevet pour l'invention du téléphone. Le laboratoire de Thomas Edison met au point le phonographe, la lampe à incandescence et l'une des premières caméras. Au début du XXe siècle, les entreprises de Ransom E. Olds et d'Henry Ford expérimentent de nouvelles façons de produire les véhicules automobiles. En 1903, les frères Wright procèdent à l'un des premiers vols en avion. L'arrivée au pouvoir des nazis au début des années 1930 contraint de nombreux scientifiques européens à émigrer aux États-Unis, tels qu'Albert Einstein et Enrico Fermi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan fait entrer le monde dans l'âge atomique. La course à l'espace pendant la Guerre froide a produit d'importantes avancées dans l'armement et l'industrie aérospatiale. C'est aux États-Unis que sont nés l'ARPANET et l'internet. Les systèmes informatiques pour la guerre en réseau développés au cours de la Guerre Iran-Irak se sont diffusés dans la plupart des entreprises stratégiques américaines, et assurent une domination par la connaissance technique. Le gouvernement fédéral apporte ainsi un soutien en information stratégique pour que les grandes entreprises américaines remportent des marchés à l'exportation[120]. Aujourd'hui, la recherche scientifique et technique reste en pointe notamment dans le domaine des OGM, grâce à d'importants investissements et des universités renommées. Une majorité des Américains aujourd'hui a un accès à internet, et 99 % sont possesseurs d'un poste de télévision (il y a aujourd'hui plus de téléviseurs que de résidents dans un foyer moyen, sans parler des postes qui se généralisent dans les lieux publics, tels les transports en commun, les ascenseurs ou les halls d'aéroports[121]).
251
+
252
+ Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la littérature américaine reste influencée par les œuvres et les auteurs européens[réf. nécessaire]. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît une littérature proprement américaine avec des auteurs tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe ou Henry David Thoreau. Le romancier Mark Twain et le poète Walt Whitman sont les principales figures littéraires des États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Emily Dickinson, qui n'était pas célèbre de son vivant, fut par la suite reconnue comme l'une des poétesses essentielles de l'Amérique.
253
+
254
+ Onze Américains ont reçu le prix Nobel de littérature au XXe siècle, Toni Morrison étant la dernière en 1993. Ernest Hemingway, lauréat de l'année 1954, et John Steinbeck, lauréat de l'année 1962, sont des écrivains majeurs du XXe siècle. Parmi les romans les plus importants, on peut citer : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885), Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald (1925), Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939).
255
+
256
+ Le roman noir est un des genres littéraires les plus populaires.
257
+
258
+ Les transcendantalistes menés par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau sont à l'origine du premier mouvement philosophique américain au XIXe siècle. Après la guerre de Sécession, Charles Sanders Peirce puis William James et John Dewey développent le mouvement du pragmatisme. Au XXe siècle, Willard Van Orman Quine et Richard Rorty sont les représentants de la philosophie analytique.
259
+
260
+ Au milieu du XIXe siècle, l'Hudson River School est un mouvement artistique, fondé par un groupe de peintres influencés par le romantisme. Leurs tableaux représentent les paysages américains. L'exposition de l'Armory Show en 1913 à New York est considérée comme le point de départ de l'art moderne aux États-Unis. Georgia O'Keeffe, Marsden Hartley et d'autres artistes expérimentent de nouveaux styles et mettent en œuvre une sensibilité unique. Après 1945, Jackson Pollock et Willem de Kooning font naître l'expressionnisme abstrait ; Andy Warhol et Roy Lichtenstein inventent le pop art.
261
+ L'art de la photographie se développe de manière précoce aux États-Unis, dès le XIXe siècle, avec des photographes comme Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Ansel Adams, et bien d'autres. Dans le domaine de la bande dessinée, le comic et le comic strip sont deux genres nés dans la presse américaine. Les super-héros comme Superman (1938), Batman (1939) ou Spider-Man (1962), sont devenus des icônes et des symboles de l'Amérique.
262
+
263
+ L'architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. L'architecture amérindienne et coloniale a laissé peu de vestiges. Avec la naissance des États-Unis, les bâtiments publics sont influencés par l'Antiquité gréco-latine et reflètent l'idéal républicain. Au XIXe siècle se succèdent de nombreux styles tels que le Greek Revival, néo-gothique, City Beautiful, éclectisme, style Beaux-Arts, style victorien qui se rattachent aux traditions européennes.
264
+
265
+ L'architecture américaine s'émancipe vraiment à la fin du XIXe siècle avec la création d'un nouveau type de bâtiment : le gratte-ciel. Dans l'entre-deux-guerres, l'Empire State Building, le Chrysler Building et le Chicago Board of Trade Building sont des exemples fameux de style Art déco. La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Dans les années 1960, les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera. Les années 1970-1980 sont marquées par l'édification de musées aux formes audacieuses (Musée Guggenheim, Walker Art Center, Getty Center) et les architectes Pei et Richard Meier.
266
+
267
+ Phineas Taylor Barnum est l'un des premiers promoteurs du théâtre américain, qui commença dans le quartier des spectacles à Manhattan en 1841. Edward Harrigan et Tony Hart (en) s'associent dans les années 1870 pour produire une série de comédies musicales à New York. Au début du XXe siècle, Broadway devient le centre de ce genre aux États-Unis. Les chansons et les mélodies d'Irving Berlin, Cole Porter et Stephen Sondheim deviennent des classiques. En 1936, le dramaturge Eugene O'Neill remporte le prix Nobel de littérature ; le prix Pulitzer de théâtre récompense Tennessee Williams, Edward Albee et August Wilson.
268
+
269
+ En musique, Charles Ives (1874-1954) est considéré comme l'un des premiers grands compositeurs américains, dans les années 1910. Henry Cowell et John Cage ont essayé après lui de donner une approche américaine de la composition classique. Aaron Copland et George Gershwin développent une synthèse spécifiquement américaine de la musique populaire et classique.
270
+
271
+ En ce qui concerne la musique populaire du XXe siècle, les États-Unis sont le berceau du gospel, du jazz, du blues, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la soul, de la house music, du disco, du funk, du jazz fusion et du rap. Représentant de loin le plus grand marché de l'industrie mondiale du disque, les plus grands vendeurs de disques de l'histoire, à l'exception des Beatles britanniques, sont américains : Elvis Presley, Michael Jackson, Madonna, Rihanna (de nationalité barbadienne mais dont l'ensemble de la carrière a été façonnée aux États-Unis) et Eminem sont les seuls artistes dont au moins 200 millions de ventes ont été certifiées.
272
+
273
+ Isadora Duncan et Martha Graham furent les figures centrales de la création en danse moderne ; George Balanchine et Jerome Robbins sont les grands noms du ballet.
274
+
275
+ La cuisine américaine est à l'image du peuplement du pays, c'est-à-dire diverse et métissée. Toutefois, les principaux apports sont allemand, hollandais et irlandais et ces influences perdurent jusqu'à nos jours. La cuisine amérindienne compte également beaucoup : les recettes traditionnelles des Indiens d'Alabama sont préservées et protégées comme un patrimoine culturel[122].
276
+
277
+ Il existe également de nombreux plats et cuisines régionaux : cuisine amish en Pennsylvanie, cuisine cadienne de la Louisiane, cuisine paysanne du Vieux Sud (dont la cuisine virginienne), californienne ou de la Nouvelle-Angleterre. C'est aux États-Unis que sont nés la cuisine rapide (fast-food) et les produits de consommation de masse, qui se sont diffusés dans le monde entier (Coca-Cola, McDonald's entre autres).
278
+
279
+ Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits , il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[123]. Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God We Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[124]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[123]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.
280
+
281
+ La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des Églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis[125]. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[125]. La composante chrétienne se voit renforcée aux États-Unis du fait de l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.
282
+
283
+ D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme - 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)[126].
284
+
285
+ Depuis la fin du XIXe siècle, le baseball était considéré comme le sport national des États-Unis, avant d'être concurrencé puis égalé par le football américain[127]. La compétition automobile (Nascar), le basket-ball et le hockey sur glace sont d'autres disciplines majeures (dans cet ordre) dans le pays[127]. La boxe et les courses de chevaux sont les sports individuels les plus suivis, même s'ils sont concurrencés par le golf. Le football, appelé soccer aux États-Unis, est largement pratiqué par les jeunes et les équipes d'amateurs. Le tennis et d'autres sports de plein air sont également appréciés.
286
+
287
+ Si de nombreux sports ont été importés d'Europe, c'est aux États-Unis qu'est né le basket-ball: il fut inventé par le canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts) en 1891. Quant à la crosse, elle dérive de pratiques autochtones précoloniales. Le surf existait dans les îles Hawaï dès le XVe siècle et fut remis au goût du jour par Duke Kahanamoku (1890-1968). Le skateboard et le snowboard ont été inventés aux États-Unis au XXe siècle.
288
+
289
+ Neuf jeux olympiques eurent lieu sur le territoire américain, cinq d'été (St Louis, 1904 ; Los Angeles, 1932 ; Los Angeles, 1984 ; Atlanta, 1996 ; Los Angeles, 2028), quatre d'hiver (Lake Placid, 1932 ; Squaw Valley, 1960 ; Lake Placid, 1980 ; Salt Lake City, 2002). Les athlètes américains ont remporté un total de 2 520 médailles depuis les débuts des jeux olympiques d'été, soit plus qu'aucun autre pays. Le pays occupe la quatrième place derrière l'Allemagne, la Norvège et la Russie pour les jeux olympiques d'hiver, avec 282 médailles. Plusieurs sportifs américains sont devenus célèbres dans le monde : on peut citer, parmi tant d'autres les joueurs de baseball Mickey Mantle et Babe Ruth, le boxeur Mohamed Ali, le joueur de tennis John McEnroe, l'athlète Carl Lewis, le joueur de basketball Michael Jordan, le golfeur Tiger Woods ou le nageur Michael Phelps.
290
+
291
+ Parmi les plus importantes manifestations sportives, on trouve le Super Bowl (finale du football américain), les World Series (finale de baseball), l'Indianapolis 500 (course automobile à la renommée mondiale), l'US Open de tennis, ou le marathon de New York. Une proportion importante des bourses d'études universitaires est attribuée à des athlètes. Le marché du sport professionnel aux États-Unis est d'environ 69 milliards de dollars, soit environ 50 % de plus que celui de l'ensemble de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis[128].
292
+
293
+ Certains jours sont fériés dans un État, mais pas dans l'autre : en Californie par exemple, le César Chávez Day (31 mars) ou le Native American Day (le 4e lundi de septembre), les écoles publiques peuvent être fermées.
294
+
295
+ Les États-Unis ont pour codes :
296
+
297
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1873.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,297 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ États-Unis d'Amérique
2
+
3
+ (en) United States of America
4
+
5
+ en anglais : In God We Trust (« En Dieu nous croyons »), officielle, depuis 1956[1]
6
+
7
+ (38° 53′ N, 77° 02′ O)
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique ou EUA[N 1] (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Celui-ci est encadré par l'océan Atlantique à l'est, le golfe du Mexique au sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud-ouest par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé au nord-ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays mégadivers de la planète[4].
12
+
13
+ La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.
14
+
15
+ Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15 000 ans[5]. La colonisation européenne débute au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde[6],[7], reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il participe à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis deviennent une superpuissance mondiale et sont confrontés à l'URSS pendant la guerre froide.
16
+
17
+ En 2019, les États-Unis comptent environ 328 millions d'habitants[2] et constituent le troisième pays du monde en termes de population après la Chine et l'Inde[N 2]. Le pays s'étend sur 9,6 millions de km2, ce qui en fait, selon les critères, le troisième ou quatrième pays du monde en superficie après la Russie, le Canada et la Chine[N 3]. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée. L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015[8],[9], et est alimentée par une productivité du travail élevée[10]. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde[11]. Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale[12], et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique[13],[14],[15],[16],[17]. Les États-Unis sont membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l'Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G7, du G20, et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.
18
+
19
+ En 1507, le cartographe lorrain Martin Waldseemüller produit un planisphère (dit planisphère de Waldseemüller) représentant notamment la région méridionale de l'hémisphère ouest. Il y inscrivit alors le prénom féminisé « America », en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci.
20
+
21
+ Le nom du pays fut suggéré par Thomas Paine et adopté pour la première fois par les Treize Colonies de l'Empire britannique dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776.
22
+
23
+ La désignation en forme courte — d'usage dans la vie courante, l'enseignement et la cartographie[18] — de ce pays est « États-Unis » (en anglais United States, abrégé en « US ») et la forme longue — d'usage dans les documents officiels — est « États-Unis d'Amérique » (en anglais : United States of America, abrégé en « USA »). La forme longue « États-Unis d'Amérique » ne ressemble pas à la grande majorité des formes longues qui commence par « République de », « Royaume de », etc. Elle est en revanche proche de celle du pays voisin, les États-Unis mexicains. En France et dans de nombreux autres pays, le pays est également désigné en forme courte, dans le langage courant[19], mais aussi parfois dans des discours officiels[20], par le terme informel d'« Amérique »[21]. En anglais, la forme courte « America » est largement utilisée, y compris dans les discours officiels[22].
24
+
25
+ En français, dans le langage courant, le pays est parfois également désigné par « les US », « les USA », « les States » ou « les États » (ce dernier est usité au Canada, principalement au Québec).
26
+
27
+ Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'Est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Depuis 1927, la théorie la plus communément admise est celle de l'immigration de peuples asiatiques il y a 12 000 ans par le détroit de Béring. Toutefois, certaines découvertes archéologiques relevées au cours des dernières années donnent de nouvelles orientations quant au processus de colonisation préhistorique de l'Amérique du Nord.
28
+
29
+ Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, 17 000 ans avant notre ère[réf. nécessaire], lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[23].
30
+
31
+ Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagé les premiers tertres vers 3 400 av. J.-C.[24]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelque 15 000[25] à 30 000 habitants[26] et 120 tumulus[25].
32
+
33
+ Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons-Wendats, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.
34
+
35
+ Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[27].
36
+
37
+ Christophe Colomb découvre le continent américain en 1492 puis explore l'actuelle Porto Rico l'année suivante. Au XVIe siècle, les puissances européennes à la recherche du passage du Nord-Ouest et de richesses, naviguent puis s'installent le long du littoral atlantique. Ici se succèdent des colonies espagnoles, anglaises, françaises, néerlandaises et scandinaves plus ou moins permanentes. Les établissements les plus célèbres et les plus anciens sont ceux de Saint Augustine (Floride, 1565), Jamestown (1607) et Plymouth (fondée par les Pères pèlerins puritains en 1620). Au sud-ouest, les Espagnols agrandissent la Nouvelle-Espagne en menant des expéditions depuis le Mexique. Au nord-ouest, les Russes s'installent le long de la côte Pacifique. Les Blancs entrent en contact et font du commerce avec les peuples autochtones. Mais les Amérindiens ne résistent pas aux épidémies introduites par les Européens (variole, rougeole), à l'acculturation (alcool, armes à feu), aux massacres et aux guerres coloniales.
38
+
39
+ Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se forment progressivement les treize Colonies britanniques de la côte orientale, ancêtres des États-Unis (carte). La colonisation est assurée par des compagnies et un système de chartes. Les Français explorent la vallée du Mississippi et fondent la Louisiane. L'Amérique du Nord devient rapidement un enjeu entre les puissances coloniales : l'Angleterre (devenue la Grande-Bretagne en 1707 à la suite de son unification avec l'Écosse) assure peu à peu sa suprématie en remportant les guerres anglo-néerlandaises puis la guerre de Sept Ans (1763) contre la France, qui perd ses possessions de l'est du Mississippi (carte). Le peuplement se fait essentiellement par des migrants britanniques et par la traite négrière. Les esclaves noirs sont employés dans les plantations de tabac du sud mais aussi pour le développement des infrastructures. Vers 1775, les treize colonies sont prospères et comptent plus de deux millions d'habitants.
40
+
41
+ Dans le courant des années 1770, les colons américains s'opposent de plus en plus à leur métropole : Londres leur refuse les terres indiennes situées à l'ouest des montagnes Appalaches. Les taxes et les impôts sont augmentés alors que les sujets américains ne sont pas représentés au Parlement britannique. Le système de l'exclusif lèse les marchands de la côte est. De nouvelles troupes sont envoyées en Amérique et un climat révolutionnaire s'installe en Nouvelle-Angleterre, à Philadelphie et en Virginie. En 1770, les soldats britanniques tirent sur les manifestants (massacre de Boston). En décembre 1773, les colons détruisent une cargaison de thé (Boston Tea Party) : la guerre d'indépendance éclate l'année suivante.
42
+
43
+ Les insurgés envoient des représentants au Congrès continental qui approuvent la déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. Ce texte, essentiellement rédigé par Thomas Jefferson, proclame les principes de liberté, d'égalité et de droit à la recherche du bonheur. La Déclaration d'indépendance américaine fonde aussi la première nation décolonisée du monde, bien que dans un premier temps, la Grande-Bretagne refuse de la reconnaître. Le Maroc fut le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis, en 1777[28]. Pendant la guerre, plusieurs milliers de loyalistes fuient le pays. L'armée américaine, commandée par George Washington, finit par vaincre les Britanniques avec le renfort de la France (ainsi que de l'Espagne et des Pays-Bas) ; le traité de Paris est signé en 1783, dans lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance des États-Unis, mettant fin à la guerre.
44
+
45
+ Le second Congrès continental qui a ratifié les Articles de la Confédération en 1781, rédige la Constitution américaine à la Convention de Philadelphie en 1787. Ce texte, auquel sont ajoutés dix amendements (Déclaration des droits) en 1789 (définitivement ratifiés en 1791), demeure aujourd'hui encore le fondement de la démocratie américaine. George Washington est choisi comme premier Président américain en 1789. Les institutions s'installent définitivement à Washington, D.C. en 1800.
46
+
47
+ La Déclaration d'indépendance, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, ainsi que la Déclaration des droits de 1789 influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.
48
+
49
+ L'histoire américaine au XIXe siècle est marquée par quatre questions majeures : la conquête de l'Ouest, l'esclavage dans le Sud, l'industrialisation et l'immigration.
50
+
51
+ Le territoire américain s'agrandit progressivement vers l'ouest par des achats (Louisiane à la France en 1803, Alaska à la Russie en 1867) et des conflits. Poussés par la doctrine de la « Destinée manifeste » et par le « Mythe de la Frontière », les Américains font la guerre aux Amérindiens et s'étendent vers l'Ouest. La guerre contre le Mexique (1846-1848) et le traité de Guadeloupe Hidalgo entraînent l'annexion du Texas puis de la Californie. Le traité de l'Oregon (1846) définit le tracé de la frontière entre le Canada et les États-Unis à l'ouest des montagnes Rocheuses. La ruée vers l'or à partir du milieu du XIXe siècle accélère la colonisation blanche de l'Ouest. En 1859, la découverte des plus importants filons d'argent de l'histoire provoque l'afflux d'aventuriers dans le Nevada, sur le Comstock Lode.
52
+
53
+ Enfin, la construction du premier chemin de fer transcontinental (1869) facilite l'intégration des nouveaux territoires. La conquête de l'Ouest s'achève avec le massacre de Wounded Knee (1890), l'annexion d'Hawaï (1898) et l'entrée de l'Arizona dans l'Union (1912).
54
+
55
+ Alors que la traite des Noirs est supprimée au niveau fédéral en 1808 et que les États du Nord ont aboli l'esclavage entre 1777[N 4] et 1804, les planteurs du Sud continuaient de défendre cette institution. En 1860, Abraham Lincoln, candidat du parti antiesclavagiste, remporte l'élection présidentielle : sept États esclavagistes font alors sécession et forment les États confédérés d'Amérique. La bataille de Fort Sumter (avril 1861) marque le début de la guerre de Sécession qui fit 970 000 victimes (3 % de la population américaine), dont 620 000 soldats[29]. La guerre se termina en 1865, à l'avantage des États du Nord, protectionnistes et égalitaires face à ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. Après cette victoire, trois nouveaux amendements à la constitution sont votés pour abolir l'esclavage, libérer les quatre millions d'esclaves[30], leur donner la citoyenneté et le droit de vote. Mais les lois Jim Crow introduisent la ségrégation raciale dans le Sud, jusque dans les années 1950-1960. La guerre de Sécession a également pour conséquence de renforcer le pouvoir fédéral[31].
56
+
57
+ L'industrialisation débute à partir des années 1850. Elle entraîne des bouleversements démographiques, économiques et sociaux. Les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L'immigration s'accélère et se diversifie. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la deuxième révolution industrielle voit l'apparition de la société de consommation et de l'automobile. Les premiers gratte-ciel sont construits dans les centres-villes de Chicago et New York. La presse écrite pénètre dans de nombreux foyers grâce aux gros tirages permis par l'invention de la rotative.
58
+
59
+ Le pays remporte la guerre hispano-américaine en 1898 : Porto Rico et les Philippines passent sous contrôle de Washington.
60
+
61
+ C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917. Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).
62
+
63
+ La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique. En août 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler. Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations unies signée en juin 1945 à San Francisco, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.
64
+
65
+ Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d'endiguer le communisme, les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall — finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin — et la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie (guerre de Corée et du Viêtnam). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis[32]. Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d'Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.
66
+
67
+ L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974[33], qui le contraint à la d��mission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les relations, notamment avec l'URSS, et diminue les armements. Les États-Unis sont généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste.
68
+
69
+ Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.
70
+
71
+ George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore[34]. Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.
72
+
73
+ En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain[35]. Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême. En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président.
74
+
75
+ Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
76
+
77
+ Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des États fédérés et le niveau des autorités locales (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
78
+
79
+ La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.
80
+
81
+ Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
82
+
83
+ La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif.
84
+
85
+ Le Capitole, siège du pouvoir législatif.
86
+
87
+ La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.
88
+
89
+ La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertarien, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
90
+
91
+ La Conférence des maires des États-Unis est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1 408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire[37].
92
+
93
+ Les États-Unis sont composés de cinquante États et un district fédéral, le district de Columbia. Les quarante-huit États attenants — tous les États sauf l'Alaska et Hawaï — sont appelés États-Unis contigus (abrégé en CONUS (CONtiguous United States)) ou « lower 48 » (« les 48 plus bas ») et occupent la majeure partie du centre de l'Amérique du Nord. L'Alaska est séparé des États-Unis contigus par le Canada ; ensemble, ils forment les États-Unis continentaux. Hawaï, le cinquantième État, est situé dans le Pacifique.
94
+
95
+ En plus des territoires (Porto Rico, Guam, îles Mariannes du Nord, îles Vierges des États-Unis, Samoa américaines), les États-Unis comprennent aussi plusieurs autres espaces peu propices voire interdits à l'habitat. L'atoll Palmyra est un territoire non incorporé, mais il est inhabité. Les îles mineures éloignées des États-Unis sont des îles inhabitées et des atolls du Pacifique et de la mer des Caraïbes. De plus, l'US Navy a établi une importante base navale dans la baie de Guantánamo à Cuba depuis 1898 et sur l'atoll Diego Garcia dans l'océan Indien depuis 1971.
96
+
97
+ Reliefs.
98
+
99
+ Cartographie.
100
+
101
+ Précipitations moyennes annuelles.
102
+
103
+ Vents.
104
+
105
+ Principales agglomérations.
106
+
107
+ Densités.
108
+
109
+ Les États-Unis se classent au quatrième rang mondial en superficie (9 631 417 km2) derrière la Russie, le Canada et la Chine[38]. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen. Les États de l'Alaska et du Texas sont ainsi plus grands que tout autre pays européen (hors Russie). Situés en Amérique du Nord, les 48 États d'un seul tenant (appelés parfois « Mainland » ou « États-Unis continentaux »), dont la forme évoque un pentagone s'étirent sur quatre fuseaux horaires. Une distance de 4 280 km sépare la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest[39]. À ces deux côtes, il faut ajouter celle qui borde le golfe du Mexique dans le Sud-Est du pays, entre la frontière mexicaine et l'extrême sud de la Floride. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique. Les États-Unis possèdent 12 034 km de frontières terrestres[40], 8 893 km avec le Canada (dont 2 477 km avec l'Alaska), 3 141 km avec le Mexique et 28 km avec Cuba (base navale de la baie de Guantánamo). La longueur totale des côtes américaines est de 19 924 km.
110
+
111
+ L'ensemble des fleuves du Missouri et du Mississippi parcourt plus de 6 000 km dans le Mainland, l'équivalent du cours de l'Amazone en Amérique du Sud. Les deux derniers États fédérés sont Hawaï, un archipel volcanique de l'océan Pacifique Nord, et l'Alaska, au nord-ouest du Canada. Dans l'Est des Caraïbes, l'île de Porto Rico est un territoire non incorporé.
112
+
113
+ Le point culminant du pays, le Denali (6 190 mètres), se trouve en Alaska. Hors Alaska, le principal sommet est le mont Whitney en Californie (4 421 mètres). L'altitude la plus basse est celle de Badwater dans le parc national de la vallée de la Mort en Californie (−86 mètres).
114
+
115
+ L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. À l'est-nord-est du pays, la Nouvelle-Angleterre est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts.
116
+
117
+ Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord-est, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du Sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical. À l'est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes Plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Aux États-Unis se trouve la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.
118
+
119
+ L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4 401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (désert des Mojaves, vallée de la Mort). La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon est soumis au climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.
120
+
121
+ Située à l'extrémité nord-ouest de l'Amérique du Nord, l'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord subit un climat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.
122
+
123
+ La plupart des volcans en activité se situent à l'ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï :
124
+
125
+ Les Grands Lacs représentent ensemble une superficie d'environ 250 000 km2, soit la moitié de la superficie de la France métropolitaine.
126
+
127
+ Liste des Grands Lacs, classés du plus grand au plus petit :
128
+
129
+ Les autres lacs importants sont :
130
+
131
+ Les 328 millions d'Américains sont répartis de façon inégale sur le territoire. La densité de population est en effet plus élevée à l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est concentrée à l'est du 100e méridien avec la mégalopole de BosWash, les rives des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Milwaukee, Cleveland) et ChiPitts, les Appalaches et le littoral atlantique. Au-delà du 100e méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques — le peuplement s’est fait d’est en ouest — et naturelles (aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe californien (San Francisco, Los Angeles) et le bras du Puget Sound dit Pugetopolis (Seattle, Portland). Les villes et les aires urbaines d'Austin et de Dallas au Texas comprennent également des millions d'habitants, tout comme Orlando et Miami en Floride. La densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par km2.
132
+
133
+ Les Américains se concentrent sur les littoraux, y compris ceux des Grands Lacs. À l'ouest du 100e méridien jusqu'au littoral du Pacifique et en Alaska, les densités sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et externes.
134
+
135
+ Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue[41]. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants[42]. Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.
136
+
137
+ La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.
138
+
139
+ Les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.
140
+
141
+ Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement. Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. Dès les années 1970, la conscience écologique se développe aux États-Unis : le Jour de la Terre (Earth Day) célébré depuis 1970. L'Agence de protection de l'environnement est le principal organe des politiques environnementales. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXe siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste[43].
142
+
143
+ Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime que chaque année 72 millions d'oiseaux sont tués par les pesticides aux États-Unis[44]
144
+
145
+ Les entreprises de forage ont utilisé 770 % d'eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016, tandis que les eaux usées toxiques relâchées ont augmenté de 1 440 %. La moitié des gazoducs et oléoducs en développement dans le monde en 2019 le sont en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, ces nouveaux pipelines devraient être à l'origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d'ici à 2040[45]. Le gouvernement prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines. Le ministère de l'Intérieur propose d'ouvrir presque entièrement le littoral du pays au forage[46].
146
+
147
+ De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine[47]. Cependant, des efforts sont réalisés pour diminuer ces émissions à tous les échelons, principalement à l'échelle locale. Ainsi, entre 1990 et 2016, les émissions de CO2 par habitant ont diminué de 21,9 %[48]. Avec 15,5 tonnes par habitant en 2016, les États-Unis figurent parmi les premiers émetteurs de CO2 derrière le Canada, l'Arabie Saoudite et les émirats du golfe arabo-persique[48].
148
+
149
+ Une grande partie des déchets produits par les États-Unis sont envoyés à l'étranger.[réf. nécessaire]
150
+ En 2018, 81 % des exportations américaines de déchets ménagers ont été expédiés en Asie. Alors que la Chine décide en 2018 de stopper les importations de déchets plastiques afin de ne plus être la « poubelle du monde », l'industrie du recyclage aux États-Unis s'en trouve bouleversé. Le prix du traitement des déchets augmente considérablement et de nombreuses villes préfèrent incinérer leurs déchets, affectant la qualité de l'air, ou ouvrir des décharges à ciel ouvert, source importante d'émission de méthane[49] En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu'en 2010 et 60 % de plus qu'en 1985 selon les données officielles[50] : cela s'explique en partie par la croissance démographique et économique du pays. De nombreuses grandes villes appliquent les recommandations environnementales de l'Agenda 21 et mettent en œuvre des politiques ambitieuses de recyclage, à l'instar de San Francisco.
151
+
152
+ Pour l'année 2019, le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des États-Unis[N 7] est le 15 mars. Les États-Unis sont le 2e pays (après le Luxembourg) dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[51].
153
+
154
+ Le nombre de coléoptères aux États-Unis a chuté de 83 % depuis les années 1980[52].
155
+
156
+ Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.
157
+
158
+ Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'organisation des États américains et d'accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB[53].
159
+
160
+ Le président détient le titre de commandant en chef de la nation et peut à ce titre selon son seul avis utiliser la bombe atomique. Il dirige les forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d'États-majors interarmes. Le département de la Défense des États-Unis administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le département de la Marine en temps de guerre. En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en service actif[54], en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats. Le ministère de la Défense emploie également environ 700 000 civils, sans compter ceux des services sous-traitants. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif. Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porte-avions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des États-Unis, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique[55],[56].
161
+
162
+ Le total des dépenses militaires des États-Unis en 2013, plus de 640 milliards de dollars, comptait pour 36 % des dépenses militaires officielles mondiales et était égal à la somme des neuf autres budgets militaires les plus importants combinés. Les dépenses par habitant en 2006 étaient de 1 756 $, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale[57]. À 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des États-Unis sont cependant classées 27e sur 172 nations[58]. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les États-Unis jusqu'en 2016 est de 2 267 milliards de dollars[59]. En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les États-Unis ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 500 militaires tués et plus de 30 000 blessés[60] et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001[61].
163
+
164
+ Quand le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance des États-Unis en 1783, des relations diplomatiques officielles se sont rapidement mises en place dès 1785. De cette période jusqu'à aujourd'hui, les États-Unis n'ont pas d'allié plus proche que le Royaume-Uni et la politique étrangère britannique met l'accent sur une coordination étroite avec les États-Unis. Reflétée par la langue commune, les idéaux et les pratiques démocratiques des deux nations, une coopération bilatérale est établie entre les deux États. Les États-Unis et le Royaume-Uni se consultent continuellement sur la politique étrangère et les problèmes mondiaux. Enfin les deux États partagent les principaux objectifs de politique étrangère et de sécurité[62].
165
+
166
+ Les États-Unis sont devenus dans les années 1870 la première puissance économique mondiale[63]. En 2014, le PIB est de 17 416 milliards de dollars, soit environ un cinquième du PIB mondial.
167
+
168
+ Les États-Unis sont la première puissance économique mondiale, selon le PIB nominal, devant la Chine[64], mais la seconde après la Chine depuis 2014, selon les dernières estimations de la Banque mondiale, pour le PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA)[65]. En 2017, le PIB américain est également supérieur à celui de l'Union européenne[66]. Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d'achat[9]. Les États-Unis possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB[67]. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteigne 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT)[68], et atteint 9,9 % en avril 2010[69]. Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'État fédéral est passé durant la même période de 1 798 à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %[70].
169
+
170
+ Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique, l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie post-industrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme…), qui contribue pour 75 % du PIB.
171
+
172
+ Les États-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l'Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l'Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux[71]. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles[72]. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.
173
+
174
+ En 2016, la dette publique américaine est la plus élevée du monde avec plus de 19 000 milliards de dollars, devant l'Union européenne[73]. En 2015, les États-Unis se classent 38e sur 179 pays pour la dette rapportée au PIB[74].
175
+
176
+ Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre…) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite, mobile et bien formée. Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux. L'agriculture est très diversifiée, ce qui en fait à la fois un puissant contributeur aux marchés mondiaux des céréales et des oléagineux mais aussi un producteur encore significatif de coton, grâce au climat des États les plus au sud, comme le Texas. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa sixième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[75], malgré un léger déclin. Parmi les points forts de son agriculture, le pays était aussi premier au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
177
+
178
+ En 2013, la population active est de 155 millions de salariés, soit une augmentation de moins de 1 % depuis janvier 2008[76]. Parmi eux, 87 % travaillaient à plein temps en 2012[77]. 79 % de la population active américaine travaille dans les services[78]. Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois[79]. Le taux de syndicalisation (en) est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale[80]. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les États-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (troisième en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège)[81]. Aucune loi n'oblige les entreprises à accorder des congés payés à leurs employés. En 2013, selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des salariés américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent[82].
179
+
180
+ Depuis la crise économique de 2008, qui a lourdement impacté les plans épargne retraite des Américains, le nombre de personnes à travailler au-delà de 85 ans ne cesse d'augmenter. Elles sont 255 000 en 2018, soit près de 5 % de cette classe d'âge[83].
181
+
182
+ Selon une étude réalisée en 2018 par l'OCDE, les États-Unis présentent des inégalités de revenus beaucoup plus élevées et un pourcentage plus élevé de travailleurs pauvres que presque tous les autres pays développés, en grande partie parce que les travailleurs précaires ne reçoivent que très peu d'aides de l'État et du manque de conventions collectives[84]. D'après la réserve fédérale, les 50 % d'Américains les plus pauvres ont perdu 32 % de leurs richesses, corrigés de l'inflation, depuis 2003. En revanche, le patrimoine des 1 % d'Américains les plus riches a doublé[85]. Le coefficient de Gini, indice qui évalue les écarts de revenus, a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis 1967, moment auquel les autorités américaines ont commencé à le calculer[86].
183
+
184
+ Les États-Unis ont pris depuis longtemps (Buy American Act, 1933) des mesures visant à protéger leurs marchés publics contre les achats de biens manufacturés produits en dehors de leur territoire.
185
+
186
+ Au début des années 1990, le président Bill Clinton a lancé une politique très active d'intelligence économique, appelée politique d'advocacy (advocacy policy[87]). L'efficacité de cette politique relève de la capacité d'obtention, d'échange et d'exploitation de l'information entre une multitude d'acteurs et de décideurs, fédérés par des réseaux d'intérêt et de connivences. La perception du monde qu'ont ces acteurs est résolument électronique et leur champ de vision est une planète sous emprise américaine. Le moyen pour cela est le contrôle le plus étroit possible du complexe informations-médias parce qu'il confère le pouvoir. L'efficacité de cette stratégie tient en grande partie à la relation forte entre le secteur public, le secteur privé, et la société civile[88].
187
+
188
+ Le gouvernement fédéral exerce aussi une politique systématique d'influence, en s'appuyant sur la Common law et la normalisation internationale. Le gouvernement américain cherche à influencer les organisations multilatérales mondiales (OCDE, ONU, OIT), les institutions européennes et en particulier la Commission européenne, les enceintes privées (Chambre de commerce internationale, Business Action for Sustainable Development, International Accounting Standards Board), et les organisations de protection de l'environnement. L'influence s'exerce aussi dans les pratiques commerciales et les doctrines de l'aide au développement. Elle s'exerce enfin dans la sphère socioculturelle, en utilisant la technique du social learning, par l'enseignement, la langue anglaise et le cinéma[89].
189
+
190
+ Quelques chiffres récents :
191
+
192
+ Revenu moyen(en $ constant et par foyer)
193
+
194
+ 46 326[92]
195
+
196
+ 2005
197
+
198
+ IDH
199
+
200
+ Coefficient de Gini
201
+
202
+ 0,469
203
+
204
+ 2005
205
+
206
+ Pauvreté
207
+
208
+ 12,6 % à 3,3 %[92]
209
+
210
+ 2005
211
+
212
+ Les États-Unis sont un pays riche et développé, mais traversé par de fortes inégalités sociales. Avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,914 en 2013, le pays se classe au cinquième rang des États les plus développés de la planète. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, le revenu brut moyen était de 46 326 dollars en 2005[92]. Il est le plus élevé du pays dans le New Jersey (60 246 $) et le plus bas dans le Mississippi (34 396 $)[93]. À parité de pouvoir d'achat, ces niveaux de revenus sont parmi les plus élevés au monde. En 2006, 10 % des ménages les plus riches concentrait près de 50 % du revenu[94]. Le pourcent le plus riche en recevait 23 %[95]. Cette dernière catégorie a bénéficié entre 2002 et 2006 des trois quarts de la progression des revenus. La part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté a légèrement augmenté pendant les deux mandats de George W. Bush et surtout durant le mandat de Barack Obama qui a connu la crise des subprimes. En 2017, les mariages de mineurs (la majorité est atteinte à 21 ans aux États-Unis) sont encore légaux dans vingt-cinq États des États-Unis[96]. Selon l'association Unchained at Last, 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays entre 2000 et 2010[96] ; un mariage d'enfant étant défini par l'Unicef et le département d'État des États-Unis comme « un mariage formel ou une union informelle avant l'âge de 18 ans »[97].
213
+
214
+ En 2016, les États-Unis se situent au dix-septième rang des pays de l'OCDE pour le taux de travail des femmes. D'après une étude du Bureau du recensement de 2014, les salariées gagnent en moyenne 21 % de moins que leurs collègues hommes. L'écart s'accentue quand elles sont noires (36 % de moins) ou hispaniques (44 %). Les États-Unis comptent parmi les quatre pays — avec le Eswatini, le Lesotho, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée — à ne pas garantir de congé maternité payé[98].
215
+
216
+ L'espérance de vie des Américains diminue pour la troisième année consécutive en 2019. Des chercheurs mettent en cause la crise des opioïdes ainsi que des “suicides de désespoir” provoqués par la dislocation du monde du travail, la stagnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur statut social, la perte de pouvoir des syndicats, et les dysfonctionnements du système de santé[99].
217
+
218
+ La protection sociale aux États-Unis couvre 90 % de la population américaine[100]. Depuis le New Deal et la création de l'État-providence (Welfare State), le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes afin d'aider les personnes en difficulté : Medicare, Medicaid, Aid to Families with Dependent Children (AFDC) puis Temporary Assistance for Needy Families (TANF) pour les mères au foyer, Early Childhood Intervention et SCHIP pour les enfants en difficulté, SSI pour les personnes âgées, les aveugles et les handicapés[101], Low Income Home Energy Assistance Program (LIHEAP) pour les plus pauvres[102], Old-Age, Survivors, Disability and Health Insurance (OASDHI) pour les chômeurs et les veuves, etc.
219
+
220
+ En 2000, 180 millions d'Américains[103] bénéficiaient de la sécurité sociale. Le système de répartition des aides sociales est pluraliste et décentralisé : l'État fédéral donne une enveloppe fixe aux 50 États fédérés. La protection sociale dépend de la situation de l'individu : l'assurance maladie n'est pas obligatoire. L'organisation fédérale des États-Unis entraîne des inégalités géographiques quant aux dépenses et aux redistributions sociales. La philosophie dominante est que la meilleure assurance sociale reste le plein emploi : les divers gouvernements qui se succèdent cherchent avant tout à maintenir la croissance économique et à faire baisser le chômage. Contrairement aux idées reçues, le sort des pauvres ne laisse pas indifférent aux États-Unis[104]. La pauvreté est largement prise en charge par les Américains dans le cadre des associations caritatives (plus de 650 000 dans tout le pays), des organisations religieuses et des institutions philanthropiques ; les États-Unis sont le premier pays du monde pour le bénévolat[105] : 93 millions d'Américains[105] le pratiquent à différents degrés. Il implique surtout les retraités et les femmes. Le bénévolat américain est particulièrement développé dans le domaine des arts et contribue au fonctionnement de nombreuses institutions culturelles.
221
+
222
+ En 2005, le système des retraites procurait plus de la moitié de leurs revenus aux deux tiers des retraités des États-Unis[106]. Le système des retraites américain est complexe : la Social security est une retraite fédérale calculée en fonction du nombre d'années travaillées, des cotisations versées et de l'inflation. À la fin des années 1990, le gouvernement fédéral dépensait 289 milliards de dollars pour le système des retraites obligatoires[107]. Les Pensions sont payées par les grandes entreprises et les administrations publiques. Enfin, la retraite par capitalisation consiste en des plans d'épargne-retraite et des fonds de pension. Les retraités les plus pauvres reçoivent des aides fédérales complémentaires (OASDHI) et les soins (Medicaid). Le reste participe au système de santé fédéral (Medicare) et payent une cotisation mensuelle (135 $ en 2019).
223
+
224
+ Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est le plus élevé des pays développés. En augmentation depuis les années 1980, il se situe en 2016 à 42,8 pour 100 000 naissances vivantes pour les Afro-Américaines. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède. Selon la National Organization for Women, ce record tient à l'absence d'assurance-maladie pour de nombreuses mères[98]. Le système de santé américain est généralement considéré comme peu efficace et très inégalitaire. Avec moins de 3 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants (6 en France), une espérance de vie inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, les États-Unis comptent 30 millions de personnes qui n'ont aucune couverture santé, tandis qu'un Américain sur deux est sous-assuré[108].
225
+
226
+ Avec plus de 328 millions d'habitants depuis juillet 2019, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 538[109].
227
+
228
+ La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %[78]. L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale[110]. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines[111].
229
+
230
+ En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions)[112]. Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants[112]. Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.
231
+
232
+ Structure par âge (estimation 2011[40]) :
233
+
234
+ La démographie des États-Unis diffère, sur certains points, de celle des autres pays industrialisés et développés :
235
+
236
+ La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer[réf. nécessaire]. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains[113].
237
+
238
+ Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 2016[117]. En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane et dans le Maine.
239
+
240
+ Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolinien dans les Îles Mariannes du Nord.
241
+
242
+ Au XXIe siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.
243
+
244
+ En 1968 en Louisiane , le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
245
+
246
+ Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF)[118].
247
+
248
+ La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel :
249
+
250
+ Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis occupent les premiers rangs mondiaux pour la recherche scientifique et les innovations techniques. En 1876, Alexander Graham Bell dépose un brevet pour l'invention du téléphone. Le laboratoire de Thomas Edison met au point le phonographe, la lampe à incandescence et l'une des premières caméras. Au début du XXe siècle, les entreprises de Ransom E. Olds et d'Henry Ford expérimentent de nouvelles façons de produire les véhicules automobiles. En 1903, les frères Wright procèdent à l'un des premiers vols en avion. L'arrivée au pouvoir des nazis au début des années 1930 contraint de nombreux scientifiques européens à émigrer aux États-Unis, tels qu'Albert Einstein et Enrico Fermi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan fait entrer le monde dans l'âge atomique. La course à l'espace pendant la Guerre froide a produit d'importantes avancées dans l'armement et l'industrie aérospatiale. C'est aux États-Unis que sont nés l'ARPANET et l'internet. Les systèmes informatiques pour la guerre en réseau développés au cours de la Guerre Iran-Irak se sont diffusés dans la plupart des entreprises stratégiques américaines, et assurent une domination par la connaissance technique. Le gouvernement fédéral apporte ainsi un soutien en information stratégique pour que les grandes entreprises américaines remportent des marchés à l'exportation[120]. Aujourd'hui, la recherche scientifique et technique reste en pointe notamment dans le domaine des OGM, grâce à d'importants investissements et des universités renommées. Une majorité des Américains aujourd'hui a un accès à internet, et 99 % sont possesseurs d'un poste de télévision (il y a aujourd'hui plus de téléviseurs que de résidents dans un foyer moyen, sans parler des postes qui se généralisent dans les lieux publics, tels les transports en commun, les ascenseurs ou les halls d'aéroports[121]).
251
+
252
+ Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la littérature américaine reste influencée par les œuvres et les auteurs européens[réf. nécessaire]. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît une littérature proprement américaine avec des auteurs tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe ou Henry David Thoreau. Le romancier Mark Twain et le poète Walt Whitman sont les principales figures littéraires des États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Emily Dickinson, qui n'était pas célèbre de son vivant, fut par la suite reconnue comme l'une des poétesses essentielles de l'Amérique.
253
+
254
+ Onze Américains ont reçu le prix Nobel de littérature au XXe siècle, Toni Morrison étant la dernière en 1993. Ernest Hemingway, lauréat de l'année 1954, et John Steinbeck, lauréat de l'année 1962, sont des écrivains majeurs du XXe siècle. Parmi les romans les plus importants, on peut citer : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885), Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald (1925), Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939).
255
+
256
+ Le roman noir est un des genres littéraires les plus populaires.
257
+
258
+ Les transcendantalistes menés par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau sont à l'origine du premier mouvement philosophique américain au XIXe siècle. Après la guerre de Sécession, Charles Sanders Peirce puis William James et John Dewey développent le mouvement du pragmatisme. Au XXe siècle, Willard Van Orman Quine et Richard Rorty sont les représentants de la philosophie analytique.
259
+
260
+ Au milieu du XIXe siècle, l'Hudson River School est un mouvement artistique, fondé par un groupe de peintres influencés par le romantisme. Leurs tableaux représentent les paysages américains. L'exposition de l'Armory Show en 1913 à New York est considérée comme le point de départ de l'art moderne aux États-Unis. Georgia O'Keeffe, Marsden Hartley et d'autres artistes expérimentent de nouveaux styles et mettent en œuvre une sensibilité unique. Après 1945, Jackson Pollock et Willem de Kooning font naître l'expressionnisme abstrait ; Andy Warhol et Roy Lichtenstein inventent le pop art.
261
+ L'art de la photographie se développe de manière précoce aux États-Unis, dès le XIXe siècle, avec des photographes comme Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Ansel Adams, et bien d'autres. Dans le domaine de la bande dessinée, le comic et le comic strip sont deux genres nés dans la presse américaine. Les super-héros comme Superman (1938), Batman (1939) ou Spider-Man (1962), sont devenus des icônes et des symboles de l'Amérique.
262
+
263
+ L'architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. L'architecture amérindienne et coloniale a laissé peu de vestiges. Avec la naissance des États-Unis, les bâtiments publics sont influencés par l'Antiquité gréco-latine et reflètent l'idéal républicain. Au XIXe siècle se succèdent de nombreux styles tels que le Greek Revival, néo-gothique, City Beautiful, éclectisme, style Beaux-Arts, style victorien qui se rattachent aux traditions européennes.
264
+
265
+ L'architecture américaine s'émancipe vraiment à la fin du XIXe siècle avec la création d'un nouveau type de bâtiment : le gratte-ciel. Dans l'entre-deux-guerres, l'Empire State Building, le Chrysler Building et le Chicago Board of Trade Building sont des exemples fameux de style Art déco. La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Dans les années 1960, les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera. Les années 1970-1980 sont marquées par l'édification de musées aux formes audacieuses (Musée Guggenheim, Walker Art Center, Getty Center) et les architectes Pei et Richard Meier.
266
+
267
+ Phineas Taylor Barnum est l'un des premiers promoteurs du théâtre américain, qui commença dans le quartier des spectacles à Manhattan en 1841. Edward Harrigan et Tony Hart (en) s'associent dans les années 1870 pour produire une série de comédies musicales à New York. Au début du XXe siècle, Broadway devient le centre de ce genre aux États-Unis. Les chansons et les mélodies d'Irving Berlin, Cole Porter et Stephen Sondheim deviennent des classiques. En 1936, le dramaturge Eugene O'Neill remporte le prix Nobel de littérature ; le prix Pulitzer de théâtre récompense Tennessee Williams, Edward Albee et August Wilson.
268
+
269
+ En musique, Charles Ives (1874-1954) est considéré comme l'un des premiers grands compositeurs américains, dans les années 1910. Henry Cowell et John Cage ont essayé après lui de donner une approche américaine de la composition classique. Aaron Copland et George Gershwin développent une synthèse spécifiquement américaine de la musique populaire et classique.
270
+
271
+ En ce qui concerne la musique populaire du XXe siècle, les États-Unis sont le berceau du gospel, du jazz, du blues, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la soul, de la house music, du disco, du funk, du jazz fusion et du rap. Représentant de loin le plus grand marché de l'industrie mondiale du disque, les plus grands vendeurs de disques de l'histoire, à l'exception des Beatles britanniques, sont américains : Elvis Presley, Michael Jackson, Madonna, Rihanna (de nationalité barbadienne mais dont l'ensemble de la carrière a été façonnée aux États-Unis) et Eminem sont les seuls artistes dont au moins 200 millions de ventes ont été certifiées.
272
+
273
+ Isadora Duncan et Martha Graham furent les figures centrales de la création en danse moderne ; George Balanchine et Jerome Robbins sont les grands noms du ballet.
274
+
275
+ La cuisine américaine est à l'image du peuplement du pays, c'est-à-dire diverse et métissée. Toutefois, les principaux apports sont allemand, hollandais et irlandais et ces influences perdurent jusqu'à nos jours. La cuisine amérindienne compte également beaucoup : les recettes traditionnelles des Indiens d'Alabama sont préservées et protégées comme un patrimoine culturel[122].
276
+
277
+ Il existe également de nombreux plats et cuisines régionaux : cuisine amish en Pennsylvanie, cuisine cadienne de la Louisiane, cuisine paysanne du Vieux Sud (dont la cuisine virginienne), californienne ou de la Nouvelle-Angleterre. C'est aux États-Unis que sont nés la cuisine rapide (fast-food) et les produits de consommation de masse, qui se sont diffusés dans le monde entier (Coca-Cola, McDonald's entre autres).
278
+
279
+ Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits , il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[123]. Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God We Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[124]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[123]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.
280
+
281
+ La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des Églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis[125]. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[125]. La composante chrétienne se voit renforcée aux États-Unis du fait de l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.
282
+
283
+ D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme - 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)[126].
284
+
285
+ Depuis la fin du XIXe siècle, le baseball était considéré comme le sport national des États-Unis, avant d'être concurrencé puis égalé par le football américain[127]. La compétition automobile (Nascar), le basket-ball et le hockey sur glace sont d'autres disciplines majeures (dans cet ordre) dans le pays[127]. La boxe et les courses de chevaux sont les sports individuels les plus suivis, même s'ils sont concurrencés par le golf. Le football, appelé soccer aux États-Unis, est largement pratiqué par les jeunes et les équipes d'amateurs. Le tennis et d'autres sports de plein air sont également appréciés.
286
+
287
+ Si de nombreux sports ont été importés d'Europe, c'est aux États-Unis qu'est né le basket-ball: il fut inventé par le canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts) en 1891. Quant à la crosse, elle dérive de pratiques autochtones précoloniales. Le surf existait dans les îles Hawaï dès le XVe siècle et fut remis au goût du jour par Duke Kahanamoku (1890-1968). Le skateboard et le snowboard ont été inventés aux États-Unis au XXe siècle.
288
+
289
+ Neuf jeux olympiques eurent lieu sur le territoire américain, cinq d'été (St Louis, 1904 ; Los Angeles, 1932 ; Los Angeles, 1984 ; Atlanta, 1996 ; Los Angeles, 2028), quatre d'hiver (Lake Placid, 1932 ; Squaw Valley, 1960 ; Lake Placid, 1980 ; Salt Lake City, 2002). Les athlètes américains ont remporté un total de 2 520 médailles depuis les débuts des jeux olympiques d'été, soit plus qu'aucun autre pays. Le pays occupe la quatrième place derrière l'Allemagne, la Norvège et la Russie pour les jeux olympiques d'hiver, avec 282 médailles. Plusieurs sportifs américains sont devenus célèbres dans le monde : on peut citer, parmi tant d'autres les joueurs de baseball Mickey Mantle et Babe Ruth, le boxeur Mohamed Ali, le joueur de tennis John McEnroe, l'athlète Carl Lewis, le joueur de basketball Michael Jordan, le golfeur Tiger Woods ou le nageur Michael Phelps.
290
+
291
+ Parmi les plus importantes manifestations sportives, on trouve le Super Bowl (finale du football américain), les World Series (finale de baseball), l'Indianapolis 500 (course automobile à la renommée mondiale), l'US Open de tennis, ou le marathon de New York. Une proportion importante des bourses d'études universitaires est attribuée à des athlètes. Le marché du sport professionnel aux États-Unis est d'environ 69 milliards de dollars, soit environ 50 % de plus que celui de l'ensemble de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis[128].
292
+
293
+ Certains jours sont fériés dans un État, mais pas dans l'autre : en Californie par exemple, le César Chávez Day (31 mars) ou le Native American Day (le 4e lundi de septembre), les écoles publiques peuvent être fermées.
294
+
295
+ Les États-Unis ont pour codes :
296
+
297
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1874.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,297 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ États-Unis d'Amérique
2
+
3
+ (en) United States of America
4
+
5
+ en anglais : In God We Trust (« En Dieu nous croyons »), officielle, depuis 1956[1]
6
+
7
+ (38° 53′ N, 77° 02′ O)
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique ou EUA[N 1] (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Celui-ci est encadré par l'océan Atlantique à l'est, le golfe du Mexique au sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud-ouest par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé au nord-ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays mégadivers de la planète[4].
12
+
13
+ La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.
14
+
15
+ Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15 000 ans[5]. La colonisation européenne débute au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde[6],[7], reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il participe à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis deviennent une superpuissance mondiale et sont confrontés à l'URSS pendant la guerre froide.
16
+
17
+ En 2019, les États-Unis comptent environ 328 millions d'habitants[2] et constituent le troisième pays du monde en termes de population après la Chine et l'Inde[N 2]. Le pays s'étend sur 9,6 millions de km2, ce qui en fait, selon les critères, le troisième ou quatrième pays du monde en superficie après la Russie, le Canada et la Chine[N 3]. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée. L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015[8],[9], et est alimentée par une productivité du travail élevée[10]. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde[11]. Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale[12], et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique[13],[14],[15],[16],[17]. Les États-Unis sont membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l'Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G7, du G20, et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.
18
+
19
+ En 1507, le cartographe lorrain Martin Waldseemüller produit un planisphère (dit planisphère de Waldseemüller) représentant notamment la région méridionale de l'hémisphère ouest. Il y inscrivit alors le prénom féminisé « America », en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci.
20
+
21
+ Le nom du pays fut suggéré par Thomas Paine et adopté pour la première fois par les Treize Colonies de l'Empire britannique dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776.
22
+
23
+ La désignation en forme courte — d'usage dans la vie courante, l'enseignement et la cartographie[18] — de ce pays est « États-Unis » (en anglais United States, abrégé en « US ») et la forme longue — d'usage dans les documents officiels — est « États-Unis d'Amérique » (en anglais : United States of America, abrégé en « USA »). La forme longue « États-Unis d'Amérique » ne ressemble pas à la grande majorité des formes longues qui commence par « République de », « Royaume de », etc. Elle est en revanche proche de celle du pays voisin, les États-Unis mexicains. En France et dans de nombreux autres pays, le pays est également désigné en forme courte, dans le langage courant[19], mais aussi parfois dans des discours officiels[20], par le terme informel d'« Amérique »[21]. En anglais, la forme courte « America » est largement utilisée, y compris dans les discours officiels[22].
24
+
25
+ En français, dans le langage courant, le pays est parfois également désigné par « les US », « les USA », « les States » ou « les États » (ce dernier est usité au Canada, principalement au Québec).
26
+
27
+ Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'Est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Depuis 1927, la théorie la plus communément admise est celle de l'immigration de peuples asiatiques il y a 12 000 ans par le détroit de Béring. Toutefois, certaines découvertes archéologiques relevées au cours des dernières années donnent de nouvelles orientations quant au processus de colonisation préhistorique de l'Amérique du Nord.
28
+
29
+ Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, 17 000 ans avant notre ère[réf. nécessaire], lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[23].
30
+
31
+ Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagé les premiers tertres vers 3 400 av. J.-C.[24]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelque 15 000[25] à 30 000 habitants[26] et 120 tumulus[25].
32
+
33
+ Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons-Wendats, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.
34
+
35
+ Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[27].
36
+
37
+ Christophe Colomb découvre le continent américain en 1492 puis explore l'actuelle Porto Rico l'année suivante. Au XVIe siècle, les puissances européennes à la recherche du passage du Nord-Ouest et de richesses, naviguent puis s'installent le long du littoral atlantique. Ici se succèdent des colonies espagnoles, anglaises, françaises, néerlandaises et scandinaves plus ou moins permanentes. Les établissements les plus célèbres et les plus anciens sont ceux de Saint Augustine (Floride, 1565), Jamestown (1607) et Plymouth (fondée par les Pères pèlerins puritains en 1620). Au sud-ouest, les Espagnols agrandissent la Nouvelle-Espagne en menant des expéditions depuis le Mexique. Au nord-ouest, les Russes s'installent le long de la côte Pacifique. Les Blancs entrent en contact et font du commerce avec les peuples autochtones. Mais les Amérindiens ne résistent pas aux épidémies introduites par les Européens (variole, rougeole), à l'acculturation (alcool, armes à feu), aux massacres et aux guerres coloniales.
38
+
39
+ Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se forment progressivement les treize Colonies britanniques de la côte orientale, ancêtres des États-Unis (carte). La colonisation est assurée par des compagnies et un système de chartes. Les Français explorent la vallée du Mississippi et fondent la Louisiane. L'Amérique du Nord devient rapidement un enjeu entre les puissances coloniales : l'Angleterre (devenue la Grande-Bretagne en 1707 à la suite de son unification avec l'Écosse) assure peu à peu sa suprématie en remportant les guerres anglo-néerlandaises puis la guerre de Sept Ans (1763) contre la France, qui perd ses possessions de l'est du Mississippi (carte). Le peuplement se fait essentiellement par des migrants britanniques et par la traite négrière. Les esclaves noirs sont employés dans les plantations de tabac du sud mais aussi pour le développement des infrastructures. Vers 1775, les treize colonies sont prospères et comptent plus de deux millions d'habitants.
40
+
41
+ Dans le courant des années 1770, les colons américains s'opposent de plus en plus à leur métropole : Londres leur refuse les terres indiennes situées à l'ouest des montagnes Appalaches. Les taxes et les impôts sont augmentés alors que les sujets américains ne sont pas représentés au Parlement britannique. Le système de l'exclusif lèse les marchands de la côte est. De nouvelles troupes sont envoyées en Amérique et un climat révolutionnaire s'installe en Nouvelle-Angleterre, à Philadelphie et en Virginie. En 1770, les soldats britanniques tirent sur les manifestants (massacre de Boston). En décembre 1773, les colons détruisent une cargaison de thé (Boston Tea Party) : la guerre d'indépendance éclate l'année suivante.
42
+
43
+ Les insurgés envoient des représentants au Congrès continental qui approuvent la déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. Ce texte, essentiellement rédigé par Thomas Jefferson, proclame les principes de liberté, d'égalité et de droit à la recherche du bonheur. La Déclaration d'indépendance américaine fonde aussi la première nation décolonisée du monde, bien que dans un premier temps, la Grande-Bretagne refuse de la reconnaître. Le Maroc fut le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis, en 1777[28]. Pendant la guerre, plusieurs milliers de loyalistes fuient le pays. L'armée américaine, commandée par George Washington, finit par vaincre les Britanniques avec le renfort de la France (ainsi que de l'Espagne et des Pays-Bas) ; le traité de Paris est signé en 1783, dans lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance des États-Unis, mettant fin à la guerre.
44
+
45
+ Le second Congrès continental qui a ratifié les Articles de la Confédération en 1781, rédige la Constitution américaine à la Convention de Philadelphie en 1787. Ce texte, auquel sont ajoutés dix amendements (Déclaration des droits) en 1789 (définitivement ratifiés en 1791), demeure aujourd'hui encore le fondement de la démocratie américaine. George Washington est choisi comme premier Président américain en 1789. Les institutions s'installent définitivement à Washington, D.C. en 1800.
46
+
47
+ La Déclaration d'indépendance, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, ainsi que la Déclaration des droits de 1789 influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.
48
+
49
+ L'histoire américaine au XIXe siècle est marquée par quatre questions majeures : la conquête de l'Ouest, l'esclavage dans le Sud, l'industrialisation et l'immigration.
50
+
51
+ Le territoire américain s'agrandit progressivement vers l'ouest par des achats (Louisiane à la France en 1803, Alaska à la Russie en 1867) et des conflits. Poussés par la doctrine de la « Destinée manifeste » et par le « Mythe de la Frontière », les Américains font la guerre aux Amérindiens et s'étendent vers l'Ouest. La guerre contre le Mexique (1846-1848) et le traité de Guadeloupe Hidalgo entraînent l'annexion du Texas puis de la Californie. Le traité de l'Oregon (1846) définit le tracé de la frontière entre le Canada et les États-Unis à l'ouest des montagnes Rocheuses. La ruée vers l'or à partir du milieu du XIXe siècle accélère la colonisation blanche de l'Ouest. En 1859, la découverte des plus importants filons d'argent de l'histoire provoque l'afflux d'aventuriers dans le Nevada, sur le Comstock Lode.
52
+
53
+ Enfin, la construction du premier chemin de fer transcontinental (1869) facilite l'intégration des nouveaux territoires. La conquête de l'Ouest s'achève avec le massacre de Wounded Knee (1890), l'annexion d'Hawaï (1898) et l'entrée de l'Arizona dans l'Union (1912).
54
+
55
+ Alors que la traite des Noirs est supprimée au niveau fédéral en 1808 et que les États du Nord ont aboli l'esclavage entre 1777[N 4] et 1804, les planteurs du Sud continuaient de défendre cette institution. En 1860, Abraham Lincoln, candidat du parti antiesclavagiste, remporte l'élection présidentielle : sept États esclavagistes font alors sécession et forment les États confédérés d'Amérique. La bataille de Fort Sumter (avril 1861) marque le début de la guerre de Sécession qui fit 970 000 victimes (3 % de la population américaine), dont 620 000 soldats[29]. La guerre se termina en 1865, à l'avantage des États du Nord, protectionnistes et égalitaires face à ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. Après cette victoire, trois nouveaux amendements à la constitution sont votés pour abolir l'esclavage, libérer les quatre millions d'esclaves[30], leur donner la citoyenneté et le droit de vote. Mais les lois Jim Crow introduisent la ségrégation raciale dans le Sud, jusque dans les années 1950-1960. La guerre de Sécession a également pour conséquence de renforcer le pouvoir fédéral[31].
56
+
57
+ L'industrialisation débute à partir des années 1850. Elle entraîne des bouleversements démographiques, économiques et sociaux. Les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L'immigration s'accélère et se diversifie. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la deuxième révolution industrielle voit l'apparition de la société de consommation et de l'automobile. Les premiers gratte-ciel sont construits dans les centres-villes de Chicago et New York. La presse écrite pénètre dans de nombreux foyers grâce aux gros tirages permis par l'invention de la rotative.
58
+
59
+ Le pays remporte la guerre hispano-américaine en 1898 : Porto Rico et les Philippines passent sous contrôle de Washington.
60
+
61
+ C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917. Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).
62
+
63
+ La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique. En août 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler. Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations unies signée en juin 1945 à San Francisco, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.
64
+
65
+ Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d'endiguer le communisme, les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall — finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin — et la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie (guerre de Corée et du Viêtnam). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis[32]. Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d'Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.
66
+
67
+ L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974[33], qui le contraint à la d��mission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les relations, notamment avec l'URSS, et diminue les armements. Les États-Unis sont généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste.
68
+
69
+ Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.
70
+
71
+ George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore[34]. Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.
72
+
73
+ En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain[35]. Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême. En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président.
74
+
75
+ Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
76
+
77
+ Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des États fédérés et le niveau des autorités locales (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
78
+
79
+ La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.
80
+
81
+ Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
82
+
83
+ La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif.
84
+
85
+ Le Capitole, siège du pouvoir législatif.
86
+
87
+ La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.
88
+
89
+ La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertarien, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
90
+
91
+ La Conférence des maires des États-Unis est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1 408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire[37].
92
+
93
+ Les États-Unis sont composés de cinquante États et un district fédéral, le district de Columbia. Les quarante-huit États attenants — tous les États sauf l'Alaska et Hawaï — sont appelés États-Unis contigus (abrégé en CONUS (CONtiguous United States)) ou « lower 48 » (« les 48 plus bas ») et occupent la majeure partie du centre de l'Amérique du Nord. L'Alaska est séparé des États-Unis contigus par le Canada ; ensemble, ils forment les États-Unis continentaux. Hawaï, le cinquantième État, est situé dans le Pacifique.
94
+
95
+ En plus des territoires (Porto Rico, Guam, îles Mariannes du Nord, îles Vierges des États-Unis, Samoa américaines), les États-Unis comprennent aussi plusieurs autres espaces peu propices voire interdits à l'habitat. L'atoll Palmyra est un territoire non incorporé, mais il est inhabité. Les îles mineures éloignées des États-Unis sont des îles inhabitées et des atolls du Pacifique et de la mer des Caraïbes. De plus, l'US Navy a établi une importante base navale dans la baie de Guantánamo à Cuba depuis 1898 et sur l'atoll Diego Garcia dans l'océan Indien depuis 1971.
96
+
97
+ Reliefs.
98
+
99
+ Cartographie.
100
+
101
+ Précipitations moyennes annuelles.
102
+
103
+ Vents.
104
+
105
+ Principales agglomérations.
106
+
107
+ Densités.
108
+
109
+ Les États-Unis se classent au quatrième rang mondial en superficie (9 631 417 km2) derrière la Russie, le Canada et la Chine[38]. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen. Les États de l'Alaska et du Texas sont ainsi plus grands que tout autre pays européen (hors Russie). Situés en Amérique du Nord, les 48 États d'un seul tenant (appelés parfois « Mainland » ou « États-Unis continentaux »), dont la forme évoque un pentagone s'étirent sur quatre fuseaux horaires. Une distance de 4 280 km sépare la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest[39]. À ces deux côtes, il faut ajouter celle qui borde le golfe du Mexique dans le Sud-Est du pays, entre la frontière mexicaine et l'extrême sud de la Floride. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique. Les États-Unis possèdent 12 034 km de frontières terrestres[40], 8 893 km avec le Canada (dont 2 477 km avec l'Alaska), 3 141 km avec le Mexique et 28 km avec Cuba (base navale de la baie de Guantánamo). La longueur totale des côtes américaines est de 19 924 km.
110
+
111
+ L'ensemble des fleuves du Missouri et du Mississippi parcourt plus de 6 000 km dans le Mainland, l'équivalent du cours de l'Amazone en Amérique du Sud. Les deux derniers États fédérés sont Hawaï, un archipel volcanique de l'océan Pacifique Nord, et l'Alaska, au nord-ouest du Canada. Dans l'Est des Caraïbes, l'île de Porto Rico est un territoire non incorporé.
112
+
113
+ Le point culminant du pays, le Denali (6 190 mètres), se trouve en Alaska. Hors Alaska, le principal sommet est le mont Whitney en Californie (4 421 mètres). L'altitude la plus basse est celle de Badwater dans le parc national de la vallée de la Mort en Californie (−86 mètres).
114
+
115
+ L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. À l'est-nord-est du pays, la Nouvelle-Angleterre est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts.
116
+
117
+ Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord-est, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du Sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical. À l'est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes Plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Aux États-Unis se trouve la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.
118
+
119
+ L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4 401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (désert des Mojaves, vallée de la Mort). La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon est soumis au climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.
120
+
121
+ Située à l'extrémité nord-ouest de l'Amérique du Nord, l'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord subit un climat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.
122
+
123
+ La plupart des volcans en activité se situent à l'ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï :
124
+
125
+ Les Grands Lacs représentent ensemble une superficie d'environ 250 000 km2, soit la moitié de la superficie de la France métropolitaine.
126
+
127
+ Liste des Grands Lacs, classés du plus grand au plus petit :
128
+
129
+ Les autres lacs importants sont :
130
+
131
+ Les 328 millions d'Américains sont répartis de façon inégale sur le territoire. La densité de population est en effet plus élevée à l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est concentrée à l'est du 100e méridien avec la mégalopole de BosWash, les rives des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Milwaukee, Cleveland) et ChiPitts, les Appalaches et le littoral atlantique. Au-delà du 100e méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques — le peuplement s’est fait d’est en ouest — et naturelles (aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe californien (San Francisco, Los Angeles) et le bras du Puget Sound dit Pugetopolis (Seattle, Portland). Les villes et les aires urbaines d'Austin et de Dallas au Texas comprennent également des millions d'habitants, tout comme Orlando et Miami en Floride. La densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par km2.
132
+
133
+ Les Américains se concentrent sur les littoraux, y compris ceux des Grands Lacs. À l'ouest du 100e méridien jusqu'au littoral du Pacifique et en Alaska, les densités sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et externes.
134
+
135
+ Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue[41]. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants[42]. Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.
136
+
137
+ La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.
138
+
139
+ Les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.
140
+
141
+ Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement. Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. Dès les années 1970, la conscience écologique se développe aux États-Unis : le Jour de la Terre (Earth Day) célébré depuis 1970. L'Agence de protection de l'environnement est le principal organe des politiques environnementales. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXe siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste[43].
142
+
143
+ Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime que chaque année 72 millions d'oiseaux sont tués par les pesticides aux États-Unis[44]
144
+
145
+ Les entreprises de forage ont utilisé 770 % d'eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016, tandis que les eaux usées toxiques relâchées ont augmenté de 1 440 %. La moitié des gazoducs et oléoducs en développement dans le monde en 2019 le sont en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, ces nouveaux pipelines devraient être à l'origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d'ici à 2040[45]. Le gouvernement prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines. Le ministère de l'Intérieur propose d'ouvrir presque entièrement le littoral du pays au forage[46].
146
+
147
+ De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine[47]. Cependant, des efforts sont réalisés pour diminuer ces émissions à tous les échelons, principalement à l'échelle locale. Ainsi, entre 1990 et 2016, les émissions de CO2 par habitant ont diminué de 21,9 %[48]. Avec 15,5 tonnes par habitant en 2016, les États-Unis figurent parmi les premiers émetteurs de CO2 derrière le Canada, l'Arabie Saoudite et les émirats du golfe arabo-persique[48].
148
+
149
+ Une grande partie des déchets produits par les États-Unis sont envoyés à l'étranger.[réf. nécessaire]
150
+ En 2018, 81 % des exportations américaines de déchets ménagers ont été expédiés en Asie. Alors que la Chine décide en 2018 de stopper les importations de déchets plastiques afin de ne plus être la « poubelle du monde », l'industrie du recyclage aux États-Unis s'en trouve bouleversé. Le prix du traitement des déchets augmente considérablement et de nombreuses villes préfèrent incinérer leurs déchets, affectant la qualité de l'air, ou ouvrir des décharges à ciel ouvert, source importante d'émission de méthane[49] En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu'en 2010 et 60 % de plus qu'en 1985 selon les données officielles[50] : cela s'explique en partie par la croissance démographique et économique du pays. De nombreuses grandes villes appliquent les recommandations environnementales de l'Agenda 21 et mettent en œuvre des politiques ambitieuses de recyclage, à l'instar de San Francisco.
151
+
152
+ Pour l'année 2019, le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des États-Unis[N 7] est le 15 mars. Les États-Unis sont le 2e pays (après le Luxembourg) dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[51].
153
+
154
+ Le nombre de coléoptères aux États-Unis a chuté de 83 % depuis les années 1980[52].
155
+
156
+ Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.
157
+
158
+ Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'organisation des États américains et d'accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB[53].
159
+
160
+ Le président détient le titre de commandant en chef de la nation et peut à ce titre selon son seul avis utiliser la bombe atomique. Il dirige les forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d'États-majors interarmes. Le département de la Défense des États-Unis administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le département de la Marine en temps de guerre. En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en service actif[54], en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats. Le ministère de la Défense emploie également environ 700 000 civils, sans compter ceux des services sous-traitants. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif. Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porte-avions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des États-Unis, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique[55],[56].
161
+
162
+ Le total des dépenses militaires des États-Unis en 2013, plus de 640 milliards de dollars, comptait pour 36 % des dépenses militaires officielles mondiales et était égal à la somme des neuf autres budgets militaires les plus importants combinés. Les dépenses par habitant en 2006 étaient de 1 756 $, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale[57]. À 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des États-Unis sont cependant classées 27e sur 172 nations[58]. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les États-Unis jusqu'en 2016 est de 2 267 milliards de dollars[59]. En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les États-Unis ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 500 militaires tués et plus de 30 000 blessés[60] et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001[61].
163
+
164
+ Quand le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance des États-Unis en 1783, des relations diplomatiques officielles se sont rapidement mises en place dès 1785. De cette période jusqu'à aujourd'hui, les États-Unis n'ont pas d'allié plus proche que le Royaume-Uni et la politique étrangère britannique met l'accent sur une coordination étroite avec les États-Unis. Reflétée par la langue commune, les idéaux et les pratiques démocratiques des deux nations, une coopération bilatérale est établie entre les deux États. Les États-Unis et le Royaume-Uni se consultent continuellement sur la politique étrangère et les problèmes mondiaux. Enfin les deux États partagent les principaux objectifs de politique étrangère et de sécurité[62].
165
+
166
+ Les États-Unis sont devenus dans les années 1870 la première puissance économique mondiale[63]. En 2014, le PIB est de 17 416 milliards de dollars, soit environ un cinquième du PIB mondial.
167
+
168
+ Les États-Unis sont la première puissance économique mondiale, selon le PIB nominal, devant la Chine[64], mais la seconde après la Chine depuis 2014, selon les dernières estimations de la Banque mondiale, pour le PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA)[65]. En 2017, le PIB américain est également supérieur à celui de l'Union européenne[66]. Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d'achat[9]. Les États-Unis possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB[67]. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteigne 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT)[68], et atteint 9,9 % en avril 2010[69]. Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'État fédéral est passé durant la même période de 1 798 à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %[70].
169
+
170
+ Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique, l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie post-industrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme…), qui contribue pour 75 % du PIB.
171
+
172
+ Les États-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l'Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l'Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux[71]. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles[72]. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.
173
+
174
+ En 2016, la dette publique américaine est la plus élevée du monde avec plus de 19 000 milliards de dollars, devant l'Union européenne[73]. En 2015, les États-Unis se classent 38e sur 179 pays pour la dette rapportée au PIB[74].
175
+
176
+ Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre…) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite, mobile et bien formée. Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux. L'agriculture est très diversifiée, ce qui en fait à la fois un puissant contributeur aux marchés mondiaux des céréales et des oléagineux mais aussi un producteur encore significatif de coton, grâce au climat des États les plus au sud, comme le Texas. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa sixième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[75], malgré un léger déclin. Parmi les points forts de son agriculture, le pays était aussi premier au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
177
+
178
+ En 2013, la population active est de 155 millions de salariés, soit une augmentation de moins de 1 % depuis janvier 2008[76]. Parmi eux, 87 % travaillaient à plein temps en 2012[77]. 79 % de la population active américaine travaille dans les services[78]. Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois[79]. Le taux de syndicalisation (en) est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale[80]. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les États-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (troisième en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège)[81]. Aucune loi n'oblige les entreprises à accorder des congés payés à leurs employés. En 2013, selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des salariés américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent[82].
179
+
180
+ Depuis la crise économique de 2008, qui a lourdement impacté les plans épargne retraite des Américains, le nombre de personnes à travailler au-delà de 85 ans ne cesse d'augmenter. Elles sont 255 000 en 2018, soit près de 5 % de cette classe d'âge[83].
181
+
182
+ Selon une étude réalisée en 2018 par l'OCDE, les États-Unis présentent des inégalités de revenus beaucoup plus élevées et un pourcentage plus élevé de travailleurs pauvres que presque tous les autres pays développés, en grande partie parce que les travailleurs précaires ne reçoivent que très peu d'aides de l'État et du manque de conventions collectives[84]. D'après la réserve fédérale, les 50 % d'Américains les plus pauvres ont perdu 32 % de leurs richesses, corrigés de l'inflation, depuis 2003. En revanche, le patrimoine des 1 % d'Américains les plus riches a doublé[85]. Le coefficient de Gini, indice qui évalue les écarts de revenus, a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis 1967, moment auquel les autorités américaines ont commencé à le calculer[86].
183
+
184
+ Les États-Unis ont pris depuis longtemps (Buy American Act, 1933) des mesures visant à protéger leurs marchés publics contre les achats de biens manufacturés produits en dehors de leur territoire.
185
+
186
+ Au début des années 1990, le président Bill Clinton a lancé une politique très active d'intelligence économique, appelée politique d'advocacy (advocacy policy[87]). L'efficacité de cette politique relève de la capacité d'obtention, d'échange et d'exploitation de l'information entre une multitude d'acteurs et de décideurs, fédérés par des réseaux d'intérêt et de connivences. La perception du monde qu'ont ces acteurs est résolument électronique et leur champ de vision est une planète sous emprise américaine. Le moyen pour cela est le contrôle le plus étroit possible du complexe informations-médias parce qu'il confère le pouvoir. L'efficacité de cette stratégie tient en grande partie à la relation forte entre le secteur public, le secteur privé, et la société civile[88].
187
+
188
+ Le gouvernement fédéral exerce aussi une politique systématique d'influence, en s'appuyant sur la Common law et la normalisation internationale. Le gouvernement américain cherche à influencer les organisations multilatérales mondiales (OCDE, ONU, OIT), les institutions européennes et en particulier la Commission européenne, les enceintes privées (Chambre de commerce internationale, Business Action for Sustainable Development, International Accounting Standards Board), et les organisations de protection de l'environnement. L'influence s'exerce aussi dans les pratiques commerciales et les doctrines de l'aide au développement. Elle s'exerce enfin dans la sphère socioculturelle, en utilisant la technique du social learning, par l'enseignement, la langue anglaise et le cinéma[89].
189
+
190
+ Quelques chiffres récents :
191
+
192
+ Revenu moyen(en $ constant et par foyer)
193
+
194
+ 46 326[92]
195
+
196
+ 2005
197
+
198
+ IDH
199
+
200
+ Coefficient de Gini
201
+
202
+ 0,469
203
+
204
+ 2005
205
+
206
+ Pauvreté
207
+
208
+ 12,6 % à 3,3 %[92]
209
+
210
+ 2005
211
+
212
+ Les États-Unis sont un pays riche et développé, mais traversé par de fortes inégalités sociales. Avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,914 en 2013, le pays se classe au cinquième rang des États les plus développés de la planète. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, le revenu brut moyen était de 46 326 dollars en 2005[92]. Il est le plus élevé du pays dans le New Jersey (60 246 $) et le plus bas dans le Mississippi (34 396 $)[93]. À parité de pouvoir d'achat, ces niveaux de revenus sont parmi les plus élevés au monde. En 2006, 10 % des ménages les plus riches concentrait près de 50 % du revenu[94]. Le pourcent le plus riche en recevait 23 %[95]. Cette dernière catégorie a bénéficié entre 2002 et 2006 des trois quarts de la progression des revenus. La part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté a légèrement augmenté pendant les deux mandats de George W. Bush et surtout durant le mandat de Barack Obama qui a connu la crise des subprimes. En 2017, les mariages de mineurs (la majorité est atteinte à 21 ans aux États-Unis) sont encore légaux dans vingt-cinq États des États-Unis[96]. Selon l'association Unchained at Last, 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays entre 2000 et 2010[96] ; un mariage d'enfant étant défini par l'Unicef et le département d'État des États-Unis comme « un mariage formel ou une union informelle avant l'âge de 18 ans »[97].
213
+
214
+ En 2016, les États-Unis se situent au dix-septième rang des pays de l'OCDE pour le taux de travail des femmes. D'après une étude du Bureau du recensement de 2014, les salariées gagnent en moyenne 21 % de moins que leurs collègues hommes. L'écart s'accentue quand elles sont noires (36 % de moins) ou hispaniques (44 %). Les États-Unis comptent parmi les quatre pays — avec le Eswatini, le Lesotho, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée — à ne pas garantir de congé maternité payé[98].
215
+
216
+ L'espérance de vie des Américains diminue pour la troisième année consécutive en 2019. Des chercheurs mettent en cause la crise des opioïdes ainsi que des “suicides de désespoir” provoqués par la dislocation du monde du travail, la stagnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur statut social, la perte de pouvoir des syndicats, et les dysfonctionnements du système de santé[99].
217
+
218
+ La protection sociale aux États-Unis couvre 90 % de la population américaine[100]. Depuis le New Deal et la création de l'État-providence (Welfare State), le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes afin d'aider les personnes en difficulté : Medicare, Medicaid, Aid to Families with Dependent Children (AFDC) puis Temporary Assistance for Needy Families (TANF) pour les mères au foyer, Early Childhood Intervention et SCHIP pour les enfants en difficulté, SSI pour les personnes âgées, les aveugles et les handicapés[101], Low Income Home Energy Assistance Program (LIHEAP) pour les plus pauvres[102], Old-Age, Survivors, Disability and Health Insurance (OASDHI) pour les chômeurs et les veuves, etc.
219
+
220
+ En 2000, 180 millions d'Américains[103] bénéficiaient de la sécurité sociale. Le système de répartition des aides sociales est pluraliste et décentralisé : l'État fédéral donne une enveloppe fixe aux 50 États fédérés. La protection sociale dépend de la situation de l'individu : l'assurance maladie n'est pas obligatoire. L'organisation fédérale des États-Unis entraîne des inégalités géographiques quant aux dépenses et aux redistributions sociales. La philosophie dominante est que la meilleure assurance sociale reste le plein emploi : les divers gouvernements qui se succèdent cherchent avant tout à maintenir la croissance économique et à faire baisser le chômage. Contrairement aux idées reçues, le sort des pauvres ne laisse pas indifférent aux États-Unis[104]. La pauvreté est largement prise en charge par les Américains dans le cadre des associations caritatives (plus de 650 000 dans tout le pays), des organisations religieuses et des institutions philanthropiques ; les États-Unis sont le premier pays du monde pour le bénévolat[105] : 93 millions d'Américains[105] le pratiquent à différents degrés. Il implique surtout les retraités et les femmes. Le bénévolat américain est particulièrement développé dans le domaine des arts et contribue au fonctionnement de nombreuses institutions culturelles.
221
+
222
+ En 2005, le système des retraites procurait plus de la moitié de leurs revenus aux deux tiers des retraités des États-Unis[106]. Le système des retraites américain est complexe : la Social security est une retraite fédérale calculée en fonction du nombre d'années travaillées, des cotisations versées et de l'inflation. À la fin des années 1990, le gouvernement fédéral dépensait 289 milliards de dollars pour le système des retraites obligatoires[107]. Les Pensions sont payées par les grandes entreprises et les administrations publiques. Enfin, la retraite par capitalisation consiste en des plans d'épargne-retraite et des fonds de pension. Les retraités les plus pauvres reçoivent des aides fédérales complémentaires (OASDHI) et les soins (Medicaid). Le reste participe au système de santé fédéral (Medicare) et payent une cotisation mensuelle (135 $ en 2019).
223
+
224
+ Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est le plus élevé des pays développés. En augmentation depuis les années 1980, il se situe en 2016 à 42,8 pour 100 000 naissances vivantes pour les Afro-Américaines. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède. Selon la National Organization for Women, ce record tient à l'absence d'assurance-maladie pour de nombreuses mères[98]. Le système de santé américain est généralement considéré comme peu efficace et très inégalitaire. Avec moins de 3 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants (6 en France), une espérance de vie inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, les États-Unis comptent 30 millions de personnes qui n'ont aucune couverture santé, tandis qu'un Américain sur deux est sous-assuré[108].
225
+
226
+ Avec plus de 328 millions d'habitants depuis juillet 2019, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 538[109].
227
+
228
+ La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %[78]. L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale[110]. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines[111].
229
+
230
+ En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions)[112]. Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants[112]. Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.
231
+
232
+ Structure par âge (estimation 2011[40]) :
233
+
234
+ La démographie des États-Unis diffère, sur certains points, de celle des autres pays industrialisés et développés :
235
+
236
+ La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer[réf. nécessaire]. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains[113].
237
+
238
+ Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 2016[117]. En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane et dans le Maine.
239
+
240
+ Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolinien dans les Îles Mariannes du Nord.
241
+
242
+ Au XXIe siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.
243
+
244
+ En 1968 en Louisiane , le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
245
+
246
+ Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF)[118].
247
+
248
+ La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel :
249
+
250
+ Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis occupent les premiers rangs mondiaux pour la recherche scientifique et les innovations techniques. En 1876, Alexander Graham Bell dépose un brevet pour l'invention du téléphone. Le laboratoire de Thomas Edison met au point le phonographe, la lampe à incandescence et l'une des premières caméras. Au début du XXe siècle, les entreprises de Ransom E. Olds et d'Henry Ford expérimentent de nouvelles façons de produire les véhicules automobiles. En 1903, les frères Wright procèdent à l'un des premiers vols en avion. L'arrivée au pouvoir des nazis au début des années 1930 contraint de nombreux scientifiques européens à émigrer aux États-Unis, tels qu'Albert Einstein et Enrico Fermi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan fait entrer le monde dans l'âge atomique. La course à l'espace pendant la Guerre froide a produit d'importantes avancées dans l'armement et l'industrie aérospatiale. C'est aux États-Unis que sont nés l'ARPANET et l'internet. Les systèmes informatiques pour la guerre en réseau développés au cours de la Guerre Iran-Irak se sont diffusés dans la plupart des entreprises stratégiques américaines, et assurent une domination par la connaissance technique. Le gouvernement fédéral apporte ainsi un soutien en information stratégique pour que les grandes entreprises américaines remportent des marchés à l'exportation[120]. Aujourd'hui, la recherche scientifique et technique reste en pointe notamment dans le domaine des OGM, grâce à d'importants investissements et des universités renommées. Une majorité des Américains aujourd'hui a un accès à internet, et 99 % sont possesseurs d'un poste de télévision (il y a aujourd'hui plus de téléviseurs que de résidents dans un foyer moyen, sans parler des postes qui se généralisent dans les lieux publics, tels les transports en commun, les ascenseurs ou les halls d'aéroports[121]).
251
+
252
+ Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la littérature américaine reste influencée par les œuvres et les auteurs européens[réf. nécessaire]. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît une littérature proprement américaine avec des auteurs tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe ou Henry David Thoreau. Le romancier Mark Twain et le poète Walt Whitman sont les principales figures littéraires des États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Emily Dickinson, qui n'était pas célèbre de son vivant, fut par la suite reconnue comme l'une des poétesses essentielles de l'Amérique.
253
+
254
+ Onze Américains ont reçu le prix Nobel de littérature au XXe siècle, Toni Morrison étant la dernière en 1993. Ernest Hemingway, lauréat de l'année 1954, et John Steinbeck, lauréat de l'année 1962, sont des écrivains majeurs du XXe siècle. Parmi les romans les plus importants, on peut citer : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885), Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald (1925), Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939).
255
+
256
+ Le roman noir est un des genres littéraires les plus populaires.
257
+
258
+ Les transcendantalistes menés par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau sont à l'origine du premier mouvement philosophique américain au XIXe siècle. Après la guerre de Sécession, Charles Sanders Peirce puis William James et John Dewey développent le mouvement du pragmatisme. Au XXe siècle, Willard Van Orman Quine et Richard Rorty sont les représentants de la philosophie analytique.
259
+
260
+ Au milieu du XIXe siècle, l'Hudson River School est un mouvement artistique, fondé par un groupe de peintres influencés par le romantisme. Leurs tableaux représentent les paysages américains. L'exposition de l'Armory Show en 1913 à New York est considérée comme le point de départ de l'art moderne aux États-Unis. Georgia O'Keeffe, Marsden Hartley et d'autres artistes expérimentent de nouveaux styles et mettent en œuvre une sensibilité unique. Après 1945, Jackson Pollock et Willem de Kooning font naître l'expressionnisme abstrait ; Andy Warhol et Roy Lichtenstein inventent le pop art.
261
+ L'art de la photographie se développe de manière précoce aux États-Unis, dès le XIXe siècle, avec des photographes comme Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Ansel Adams, et bien d'autres. Dans le domaine de la bande dessinée, le comic et le comic strip sont deux genres nés dans la presse américaine. Les super-héros comme Superman (1938), Batman (1939) ou Spider-Man (1962), sont devenus des icônes et des symboles de l'Amérique.
262
+
263
+ L'architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. L'architecture amérindienne et coloniale a laissé peu de vestiges. Avec la naissance des États-Unis, les bâtiments publics sont influencés par l'Antiquité gréco-latine et reflètent l'idéal républicain. Au XIXe siècle se succèdent de nombreux styles tels que le Greek Revival, néo-gothique, City Beautiful, éclectisme, style Beaux-Arts, style victorien qui se rattachent aux traditions européennes.
264
+
265
+ L'architecture américaine s'émancipe vraiment à la fin du XIXe siècle avec la création d'un nouveau type de bâtiment : le gratte-ciel. Dans l'entre-deux-guerres, l'Empire State Building, le Chrysler Building et le Chicago Board of Trade Building sont des exemples fameux de style Art déco. La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Dans les années 1960, les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera. Les années 1970-1980 sont marquées par l'édification de musées aux formes audacieuses (Musée Guggenheim, Walker Art Center, Getty Center) et les architectes Pei et Richard Meier.
266
+
267
+ Phineas Taylor Barnum est l'un des premiers promoteurs du théâtre américain, qui commença dans le quartier des spectacles à Manhattan en 1841. Edward Harrigan et Tony Hart (en) s'associent dans les années 1870 pour produire une série de comédies musicales à New York. Au début du XXe siècle, Broadway devient le centre de ce genre aux États-Unis. Les chansons et les mélodies d'Irving Berlin, Cole Porter et Stephen Sondheim deviennent des classiques. En 1936, le dramaturge Eugene O'Neill remporte le prix Nobel de littérature ; le prix Pulitzer de théâtre récompense Tennessee Williams, Edward Albee et August Wilson.
268
+
269
+ En musique, Charles Ives (1874-1954) est considéré comme l'un des premiers grands compositeurs américains, dans les années 1910. Henry Cowell et John Cage ont essayé après lui de donner une approche américaine de la composition classique. Aaron Copland et George Gershwin développent une synthèse spécifiquement américaine de la musique populaire et classique.
270
+
271
+ En ce qui concerne la musique populaire du XXe siècle, les États-Unis sont le berceau du gospel, du jazz, du blues, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la soul, de la house music, du disco, du funk, du jazz fusion et du rap. Représentant de loin le plus grand marché de l'industrie mondiale du disque, les plus grands vendeurs de disques de l'histoire, à l'exception des Beatles britanniques, sont américains : Elvis Presley, Michael Jackson, Madonna, Rihanna (de nationalité barbadienne mais dont l'ensemble de la carrière a été façonnée aux États-Unis) et Eminem sont les seuls artistes dont au moins 200 millions de ventes ont été certifiées.
272
+
273
+ Isadora Duncan et Martha Graham furent les figures centrales de la création en danse moderne ; George Balanchine et Jerome Robbins sont les grands noms du ballet.
274
+
275
+ La cuisine américaine est à l'image du peuplement du pays, c'est-à-dire diverse et métissée. Toutefois, les principaux apports sont allemand, hollandais et irlandais et ces influences perdurent jusqu'à nos jours. La cuisine amérindienne compte également beaucoup : les recettes traditionnelles des Indiens d'Alabama sont préservées et protégées comme un patrimoine culturel[122].
276
+
277
+ Il existe également de nombreux plats et cuisines régionaux : cuisine amish en Pennsylvanie, cuisine cadienne de la Louisiane, cuisine paysanne du Vieux Sud (dont la cuisine virginienne), californienne ou de la Nouvelle-Angleterre. C'est aux États-Unis que sont nés la cuisine rapide (fast-food) et les produits de consommation de masse, qui se sont diffusés dans le monde entier (Coca-Cola, McDonald's entre autres).
278
+
279
+ Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits , il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[123]. Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God We Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[124]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[123]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.
280
+
281
+ La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des Églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis[125]. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[125]. La composante chrétienne se voit renforcée aux États-Unis du fait de l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.
282
+
283
+ D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme - 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)[126].
284
+
285
+ Depuis la fin du XIXe siècle, le baseball était considéré comme le sport national des États-Unis, avant d'être concurrencé puis égalé par le football américain[127]. La compétition automobile (Nascar), le basket-ball et le hockey sur glace sont d'autres disciplines majeures (dans cet ordre) dans le pays[127]. La boxe et les courses de chevaux sont les sports individuels les plus suivis, même s'ils sont concurrencés par le golf. Le football, appelé soccer aux États-Unis, est largement pratiqué par les jeunes et les équipes d'amateurs. Le tennis et d'autres sports de plein air sont également appréciés.
286
+
287
+ Si de nombreux sports ont été importés d'Europe, c'est aux États-Unis qu'est né le basket-ball: il fut inventé par le canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts) en 1891. Quant à la crosse, elle dérive de pratiques autochtones précoloniales. Le surf existait dans les îles Hawaï dès le XVe siècle et fut remis au goût du jour par Duke Kahanamoku (1890-1968). Le skateboard et le snowboard ont été inventés aux États-Unis au XXe siècle.
288
+
289
+ Neuf jeux olympiques eurent lieu sur le territoire américain, cinq d'été (St Louis, 1904 ; Los Angeles, 1932 ; Los Angeles, 1984 ; Atlanta, 1996 ; Los Angeles, 2028), quatre d'hiver (Lake Placid, 1932 ; Squaw Valley, 1960 ; Lake Placid, 1980 ; Salt Lake City, 2002). Les athlètes américains ont remporté un total de 2 520 médailles depuis les débuts des jeux olympiques d'été, soit plus qu'aucun autre pays. Le pays occupe la quatrième place derrière l'Allemagne, la Norvège et la Russie pour les jeux olympiques d'hiver, avec 282 médailles. Plusieurs sportifs américains sont devenus célèbres dans le monde : on peut citer, parmi tant d'autres les joueurs de baseball Mickey Mantle et Babe Ruth, le boxeur Mohamed Ali, le joueur de tennis John McEnroe, l'athlète Carl Lewis, le joueur de basketball Michael Jordan, le golfeur Tiger Woods ou le nageur Michael Phelps.
290
+
291
+ Parmi les plus importantes manifestations sportives, on trouve le Super Bowl (finale du football américain), les World Series (finale de baseball), l'Indianapolis 500 (course automobile à la renommée mondiale), l'US Open de tennis, ou le marathon de New York. Une proportion importante des bourses d'études universitaires est attribuée à des athlètes. Le marché du sport professionnel aux États-Unis est d'environ 69 milliards de dollars, soit environ 50 % de plus que celui de l'ensemble de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis[128].
292
+
293
+ Certains jours sont fériés dans un État, mais pas dans l'autre : en Californie par exemple, le César Chávez Day (31 mars) ou le Native American Day (le 4e lundi de septembre), les écoles publiques peuvent être fermées.
294
+
295
+ Les États-Unis ont pour codes :
296
+
297
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1875.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,69 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ L’été est l'une des quatre saisons de l'année, dans les zones tempérées et polaires de la planète. L'été suit le printemps et précède l'automne.
2
+
3
+ Il existe plusieurs définitions de l'été : astronomique (saison définie par des phénomènes astronomiques marquants), météorologique (saison comprenant les mois les plus chauds de l’année) et calendaire (dont les dates varient selon les pays).
4
+
5
+ Dans l’hémisphère nord, l'été se situe entre les deuxième et troisième trimestres de l'année et dans l'hémisphère sud, il se situe entre le dernier trimestre de l'année et le premier de l'année suivante.
6
+
7
+ Quelle que soit sa définition (et l'hémisphère), l'été est la période de fructification pour la plupart des plantes et celle des vacances. C'est la saison la plus chaude, et où l'ensoleillement est à son maximum en corrélation avec les journées les plus longues de l'année. L'été est ainsi utilisé comme une métaphore d’une période faste, d’un apogée.
8
+
9
+ Le substantif masculin[1],[2],[3] « été » est issu du latin[1],[3] classique[2] æstatem, accusatif[1] du substantif féminin[2] æstas.
10
+
11
+ Du point de vue astronomique, les phénomènes marquants sont les 2 solstices (jour le plus long et nuit la plus longue) et les 2 équinoxes (égalité des jours et des nuits).
12
+
13
+ L'été astronomique est défini comme débutant au solstice d'été pour finir à l'équinoxe d'automne[4].
14
+
15
+ En fait, les températures journalières augmentent de façon marquée quelques semaines avant le solstice d'été, qui correspond à l’ensoleillement maximal, la terre et la mer mettant un certain temps à se réchauffer. À cette période de l'année, début juin, l'été météorologique exclut le risque de gel tardif (gelées blanches).
16
+
17
+ Du point de vue météorologique, l'été correspond donc à des dates plus précoces que l'été astronomique, ainsi la période la plus chaude de l'année, dans l'hémisphère nord, se situe aux mois de juin, juillet et août, précisément pour les météorologues du 1er juin au 31 août[5].
18
+
19
+ Dans l'hémisphère sud, l'été météorologique est inversé et comprend donc les mois de décembre, janvier et février, autrement dit du 1er décembre au 28 ou 29 février.
20
+
21
+ Les dates de l’été sur le calendrier diffèrent selon les cultures. Certains pays font correspondre l'été calendaire à la période de l'été météorologique, comme en Russie où il est fixé au 1er juin[réf. nécessaire]. Ce qui correspond bien à l'été, défini par les météorologues comme la saison des jours les plus chauds, à plus forte raison pour un pays au climat continental qui connait de fortes amplitudes thermiques entre l'été et l'hiver.
22
+
23
+ D’autres pays placent sur leur calendrier l'été sur une période s'étendant du solstice d'été, (le 21 juin ou 22 juin) à l'équinoxe d'automne (le 22 septembre ou 23 septembre). Cela vient du fait que le jour du solstice d'été est défini comme le jour de l'été, et par extension il est devenu le premier jour de l'été. Plus symboliquement, il fait entrer dans la saison estivale. C'est le cas des calendriers de beaucoup de pays européens, notamment la France[réf. nécessaire], bien qu'en dehors de rares lieux où l'influence maritime soit prononcée (comme à Nice, Ajaccio ou Brest), le mois de septembre est plus froid (donc plus typiquement automnal) que le mois de juin.
24
+
25
+ Enfin, des pays calent l'été centré sur le solstice, en prenant donc comme bornes chronologiques les jours à égale distance des solstices et des équinoxes. C’est le cas par exemple du calendrier chinois où l’été débute vers le 6 mai. Dans l'ancien calendrier irlandais celtique, l'été débutait dès le 1er mai.
26
+
27
+ Dans le Sud et le Sud-Est de l’Asie, l’été est plus généralement défini comme la période allant de mars à mai ou début juin, la période la plus chaude de l’année qui se termine avec l’arrivée de la mousson ou des grandes pluies[réf. nécessaire].
28
+
29
+ L'été est généralement perçu comme la saison où les températures sont les plus élevées, ainsi que la période de l'année où l'apport d'énergie solaire est à son maximum, c'est-à-dire où le Soleil envoie le plus de lumière et le plus de chaleur. Ce phénomène est dû en grande part à l’inclinaison de la Terre sur le plan de l'écliptique dans son trajet autour du soleil, l'hémisphère plongé dans la saison d’été est incliné en direction du Soleil, provoquant ainsi l’allongement de la durée des jours et l’augmentation de la température, et ces effets sont d'autant plus marqué que l'on s'éloigne de l'équateur. En effet, pendant la période estivale deux effets se cumulent : les journées sont plus longues et donc la durée d'ensoleillement est plus grande et de plus, les rayons du Soleil arrivent sur Terre en suivant un axe plus proche de la verticale que pendant les autres saisons. Ce dernier effet permet à la même quantité de rayons d'éclairer une plus petite surface du sol qu'en hiver, et donc augmente la concentration des rayons solaires. En résumé, en été, l'ensoleillement dure plus longtemps et le rayonnement solaire est plus intense, résultant dans l'augmentation des températures. On notera cependant que le maximum de température n'est pas au moment du solstice mais un peu plus tard (un retard de 1 mois à 1,5 mois), ce retard saisonnier est dû à l'inertie thermique du sol et de l'océan.
30
+
31
+ Dans l'hémisphère nord, la Terre se trouve à l’aphélie de son orbite en été (ce phénomène s'est produit par exemple en 2006 le 3 juillet). La Terre se trouve donc à ce moment-là au plus loin du Soleil, ce qui a pour conséquence une vitesse orbitale plus faible que lors des autres saisons ; l’été est donc la saison la plus longue dans l’hémisphère nord. Un phénomène symétrique se produit dans l’hémisphère sud, la Terre se trouvant alors au périhélie et l’été y est la saison la plus courte. Cependant, ce changement de distance lors du parcours de la terre sur son orbite est minime (environ 3%) et a donc un impact très faible sur les durées théoriques des saisons comme sur l'intensité du rayonnement solaire (la distance du soleil étant plus petite lors de l'été austral, ils sont en théorie un peu plus chaud que les étés septentrionaux, mais cette différence à un impact bien moindre que la durée des jours et la variation de l'obliquité du rayonnement solaire).
32
+
33
+ Aux latitudes plus élevées que les cercles polaires, le phénomène de soleil de minuit se produit pendant l’été et le Soleil ne se couche pas du tout pendant plusieurs jours. Sur des latitudes plus basses, le crépuscule dure au moins une heure et conduit parfois au phénomène de nuits blanches, rencontré par exemple au nord de la Scandinavie.
34
+
35
+ L'été est la période de fructification pour la plupart des plantes, elle précède l’automne au cours duquel la nature entre dans une phase de déclin. L’été est donc fréquemment utilisé comme une métaphore d’une période faste, d’un apogée.
36
+
37
+ Dans les latitudes tempérées, où l'été est plutôt sec et chaud, c'est la saison propice à la réalisation des travaux sensibles aux intempéries : réfection de toitures, réfection de routes, peintures extérieures, etc.
38
+
39
+ Dans la plupart des pays, les écoliers et étudiants ont une longue période de vacances, pendant la saison d'été.
40
+
41
+ De même, les adultes prennent généralement une partie de leurs congés annuels dans cette période où les bains de mer sont plus plaisants, les journées plus longues, l'ensoleillement élevé et les températures agréables.
42
+
43
+ Dans les régions touristiques littorales, l'été est la haute saison des séjours hôteliers. Le bassin méditerranéen constitue, de par son climat méditerranéen ensoleillé et chaud, la destination la plus prisée des vacanciers durant la saison. L'industrie hôtelière des pays bordés par la mer Méditerranée ou l'océan Atlantique est centrée sur le tourisme balnéaire durant tout l'été sur une durée allant de 4 à 6 mois.
44
+
45
+ Plage, océan Atlantique.
46
+
47
+ Bronzage et baignade.
48
+
49
+ Ski nautique.
50
+
51
+ Cyclisme.
52
+
53
+ Descente des gorges de l'Ardèche en bateau.
54
+
55
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
56
+
57
+ L'été a inspiré et inspire encore de nombreux artistes (écrivains, musiciens, peintres). On peut citer :
58
+
59
+ Giuseppe Arcimboldo, L’Été, 1563.
60
+
61
+ Été, d'Ambrogio Lorenzetti.
62
+
63
+ L’Été ou La Moisson, de Jean-Baptiste Oudry, 1749.
64
+
65
+ Une allégorie de mère nature en été.
66
+
67
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
68
+
69
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1876.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,5 @@
 
 
 
 
 
 
1
+ Sur les autres projets Wikimedia :
2
+
3
+ Le terme alcool peut désigner :
4
+
5
+ Voir aussi : Alcools, recueil de poésie.
fr/1877.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,115 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Sa qualité peut être largement améliorée en utilisant un vocabulaire plus directement compréhensible.
2
+ Discutez des points à améliorer en page de discussion.
3
+
4
+ Ethernet est un protocole de réseau local à commutation de paquets. C'est une norme internationale : ISO/IEC 802-3.
5
+
6
+ Depuis les années 1990, on utilise très fréquemment Ethernet sur paires torsadées pour la connexion des postes clients, et des versions sur fibre optique pour le cœur du réseau. Cette configuration a largement supplanté d'autres standards comme le Token Ring, FDDI et ARCNET. Depuis quelques années, les variantes sans fil d'Ethernet (normes IEEE 802.11, dites « Wi-Fi ») ont connu un fort succès, aussi bien pour les installations personnelles que professionnelles.
7
+
8
+ Ethernet n'offre pas de garantie de bonne livraison des données, ce qui est laissé aux couches protocolaires supérieures.
9
+
10
+ Dans les premiers réseaux Ethernet, le câble coaxial diffusait les données à toutes les machines connectées, de la même façon que les ondes radiofréquences parviennent à tous les récepteurs. Le nom Ethernet dérive de cette analogie[1] : avant le XXe siècle, on imaginait que les ondes se propageaient dans l’éther, milieu hypothétique censé baigner l'Univers. Quant au suffixe net, il s'agit de l'abréviation du mot network (réseau) en anglais.
11
+
12
+ Ethernet a originellement été développé comme l'un des projets pionniers du Xerox PARC[réf. nécessaire]. Une histoire commune veut qu'il ait été inventé en 1973, date à laquelle Robert Metcalfe écrivit une note à ses patrons à propos du potentiel d'Ethernet. Metcalfe affirme qu'Ethernet a été inventé sur une période de plusieurs années[2]. En 1975, Robert Metcalfe et David Boggs (l'assistant de Metcalfe) ont publié un document intitulé Ethernet: Distributed Packet Switching For Local Computer Networks[3] (Ethernet : commutation de paquets distribuée pour les réseaux informatiques locaux).
13
+
14
+ Metcalfe a quitté Xerox en 1979 pour promouvoir l'utilisation des ordinateurs personnels et des réseaux locaux, et a fondé l'entreprise 3Com. Il réussit à convaincre DEC, Intel et Xerox de travailler ensemble[4] pour promouvoir Ethernet en tant que standard, au terme d'une période au cours de laquelle la réflexion des constructeurs s'oriente vers une informatique décentralisée.
15
+
16
+ La norme Ethernet I (10 Mb/s), ou « DIX » (DEC Intel Xerox) est publiée en 1980[5], suivie d'une révision Ethernet II en 1982[6]. L'IEEE s'inspire du standard DIX et publie sa norme IEEE 802.3 en 1983.
17
+
18
+ Ethernet était à l'époque en compétition avec deux systèmes propriétaires, Token Ring (IBM, plus récent) et ARCnet (TRW-Matra, plus ancien) ; ces deux systèmes ont au fil du temps diminué en popularité[5] puis disparu face à Ethernet, en raison de la baisse de coûts due à la production de masse, et aux modernisations ultérieures d'Ethernet. Ethernet avait par ailleurs moins de contraintes topologiques que le Token Ring (au CeBIT de 1995, on pouvait voir à titre expérimental un simili plafond blanc utilisé comme medium Ethernet, les signaux transitant par infrarouge). Pendant ce temps, 3Com est devenue une compagnie majeure du domaine des réseaux informatiques.
19
+
20
+ Ethernet est fondé sur le principe de membres (pairs) sur le réseau, envoyant des messages dans ce qui était essentiellement un système radio, captif à l'intérieur d'un fil ou d'un canal commun, parfois appelé l'éther. Ainsi, Ethernet est conçu à l'origine pour une topologie physique et logique en bus (tous les signaux émis sont reçus par l'ensemble des machines connectées). Chaque pair est identifié par une clé globalement unique, appelée adresse MAC, pour s'assurer que tous les postes sur un réseau Ethernet aient des adresses distinctes sans configuration préalable.
21
+
22
+ Une technologie connue sous le nom de CSMA/CD (Carrier Sense Multiple Access with Collision Detection, ou écoute de porteuse avec accès multiples et détection de collision) régit la façon dont les postes accèdent au média. Au départ développée durant les années 1960 pour ALOHAnet à Hawaï en utilisant la radio, la technologie est relativement simple comparée à Token Ring ou aux réseaux contrôlés par un maître. Lorsqu'un ordinateur veut envoyer de l'information, il obéit à l'algorithme suivant[7] :
23
+
24
+ Une station qui détecte une collision émet sur le média un signal de collision appelé « jam signal » (une séquence de 4 à 6 octets)[8].
25
+
26
+ En pratique, ceci fonctionne comme une discussion ordinaire, où les gens utilisent tous un médium commun (l'air) pour parler à quelqu'un d'autre[9]. Avant de parler, chaque personne attend poliment que plus personne ne parle. Si deux personnes commencent à parler en même temps, les deux s'arrêtent et attendent un court temps aléatoire. Il y a de bonnes chances que les deux personnes attendent un délai différent, évitant donc une autre collision. Des temps d'attente en progression exponentielle sont utilisés lorsque plusieurs collisions surviennent à la suite.
27
+
28
+ Comme dans le cas d'un réseau non commuté, toutes les communications sont émises sur un médium partagé, toute information envoyée par un poste est reçue par tous les autres, même si cette information était destinée à une seule personne. Les ordinateurs connectés sur l'Ethernet doivent donc filtrer ce qui leur est destiné ou non. Ce type de communication « quelqu'un parle, tous les autres entendent » d'Ethernet était une de ses faiblesses, car, pendant que l'un des nœuds émet, toutes les machines du réseau reçoivent et doivent, de leur côté, observer le silence. Ce qui fait qu'une communication à fort débit entre seulement deux postes pouvait saturer tout un réseau local[10].
29
+
30
+ De même, comme les chances de collision sont proportionnelles au nombre de transmetteurs et aux données envoyées, le réseau devient extrêmement congestionné au-delà de 50 % de sa capacité (indépendamment du nombre de sources de trafic).
31
+
32
+ Suivant le débit utilisé, il faut tenir compte du domaine de collision régi par les lois de la physique et notamment la vitesse de propagation finie des signaux dans un câble de cuivre. Si l'on ne respecte pas des distances maximales entre machines, le protocole CSMA/CD devient inopérant et la détection des collisions ne fonctionne plus correctement.
33
+
34
+ Historiquement[11] Ethernet utilisait des bus sur câbles coaxiaux, surtout de type 10BASE5 puis 10BASE2. Il fut ensuite adapté en 10BASE-T pour utiliser des topologies physiques en étoile sur câbles à paires torsadées, les pairs étant raccordés à des concentrateurs (hubs), ce qui ne change toutefois rien à la nature d'Ethernet: la topologie logique reste le bus, le médium reste partagé, tout le monde reçoit toutes les trames, il n'y a toujours qu'un seul segment, tout le monde voit les collisions[12].
35
+
36
+ Ethernet est un réseau de type diffusion (Broadcast), c'est-à-dire qu'il est possible d'envoyer (y compris dans ses évolutions ultérieures, sur demande) une trame donnée à toutes les stations raccordées au réseau Ethernet, qui constitue ainsi un domaine de diffusion (Broadcast domain).
37
+
38
+ Il est possible de raccorder deux segments Ethernet par le biais d'un pont (bridge)[13] qui va répéter et retransmettre à l'identique (contrairement à un routeur) les trames d'un segment vers un autre segment. Les deux segments ainsi raccordés forment un seul domaine de diffusion, en revanche ils forment chacun leur propre domaine de collision (les collisions ne traversent pas le pont).
39
+
40
+ Pour résoudre les problèmes liés aux collisions, les commutateurs (switches) ont été développés afin de maximiser la bande passante disponible, en reprenant les câbles à paires torsadées (et plus tard en y ajoutant la fibre optique). Un commutateur est une sorte de pont multiport, chaque lien point à point entre un hôte et le commutateur étant alors un segment avec son propre domaine de collision. Dans ce cas, les caractéristiques d'Ethernet changent nettement[14]:
41
+
42
+ Historiquement Ethernet est un standard de fait décrit depuis 1980 par les spécifications Ethernet / DIX. Par ailleurs, l'IEEE a publié son propre standard IEEE 802.3 en 1983, s'inspirant de ce standard de fait. Il existe donc en fait un standard Ethernet II / DIX d'une part (de 1982), et une norme IEEE 802.3 d'autre part (de 1983). Les deux standards sont interopérables[15]. Par la suite les mises à jour normatives ont été formalisées par l'IEEE, et 802.3 a du reste pris officiellement en compte les aspects de DIX en 1998 (révision 802.3-1998)[13].
43
+
44
+ Bien qu'il implémente la couche physique (PHY) et la sous-couche Media Access Control (MAC) du modèle IEEE 802.3, le protocole Ethernet est classé dans les couches de liaison de données (niveau 2) et physique (niveau 1) du modèle OSI. En 802.3, la couche LLC (Logical Link Control) 802.2[16],[17] fait la charnière entre les couches supérieures et la sous-couche MAC (Media Access Control) qui fait partie intégrante du processus 802.3 avec la couche physique ; les formats de trames que le standard définit sont normalisés et peuvent être encapsulés dans des protocoles autres que ses propres couches physiques MAC et PHY. Ces couches physiques font l'objet de normes séparées en fonction des débits, du support de transmission, de la longueur des liaisons et des conditions environnementales.
45
+
46
+ Ethernet a été standardisé sous le nom IEEE 802.3[18],[19] :
47
+
48
+ Il y a quatre types de trames Ethernet[20] (en dehors de l'Ethernet Experimental de 1975) :
49
+
50
+ Ces différents types de trame ont des formats différents mais peuvent coexister et être distinguées entre elles[22] sur un même médium physique par les membres du réseau.
51
+
52
+ La différence de base entre les trames Ethernet II et les autres trames est l'utilisation du champ de 16 bits (soit 2 octets) situé après les adresses MAC:
53
+
54
+ Par convention les valeurs de ce champ entre 0 et 1 500 indiquent une taille de payload et donc permettent d'identifier une trame Ethernet 802.3 ; et les valeurs plus grandes indiquent un EtherType, et l'utilisation du format Ethernet II. Cette utilisation duale du même champ justifie son appellation courante de champ longueur/type.
55
+
56
+ L'IEEE 802.3 ayant initialement défini ce champ de 16 bits après les adresses MAC comme la longueur du payload, il est fait appel à un nouveau champ pour préciser le payload transportés et les niveaux et types de service utilisés (Service Access Point). Les trames 802.3 doivent ainsi avoir un champ LLC de 3 octets défini par la norme IEEE 802.2. Le LLC étant trop petit par rapport aux besoins potentiels, un champ supplémentaire SNAP de 5 octets a été défini ultérieurement, utilisable en option. En examinant le champ LLC, il est possible de déterminer s'il est suivi par un champ SNAP ou non.
57
+
58
+ En outre, Novell a utilisé des trames 802.3 sans LLC (avant la normalisation IEEE 802.2) dans son système d'exploitation Netware[20] pour y faire passer son protocole IPX. Netware ayant été très répandu (à une époque), ce non-standard en est devenu un de fait.
59
+
60
+ Note: Les valeurs de champ longueur/type entre 1 500 et 1 536 sont indéfinies et ne devraient jamais être employées.
61
+
62
+ Exemple de trame Ethernet II (Information extraite du document de G.Requilé du CNRS et adaptée):
63
+
64
+ Le champ Type de protocole des trames Ethernet II peut prendre entre autres les valeurs suivantes :
65
+
66
+ La plupart des évolutions ultérieures sont rendues possibles par la mise en œuvre de l'Ethernet commuté.
67
+
68
+ Une station et un commutateur qui se connectent ensemble peuvent utiliser l'auto-négociation[29],[30], c'est-à-dire qu'ils négocient automatiquement sans configuration préalable nécessaire, les éléments de la communication Ethernet et notamment, la vitesse, le duplex, et l'utilisation ou pas de contrôle de flux.
69
+
70
+ En Ethernet commuté, toutes les stations du réseau peuvent communiquer en même temps (ou à des vitesses différentes, le média physique n'étant pas partagé), il est donc possible pour une station que son port soit saturé en réception par plusieurs communications entrantes. Le commutateur peut alors stocker temporairement et/ou détruire les trames qui ne peuvent être transmises, ou opter pour d'autres méthodes[31],[32] comme le backpressure ou les trames Pause.
71
+
72
+ Dans ce cas le commutateur génère un signal de collision factice[33] vers la station émettrice (en fait il n'y a pas de collision puisqu'il s'agit d'Ethernet commuté, full-duplex, mais ce signal est toujours pris en compte), ce qui fait cesser temporairement son émission.
73
+
74
+ IEEE 802.3x définit un type de trame Pause[34] qu'un équipement dont le lien sature en réception peut envoyer pour faire taire l'émetteur le temps que le lien ne soit plus saturé, fournissant ainsi un mécanisme normalisé de contrôle de flux.
75
+
76
+ Toutefois cette norme ne permet pas d'être spécifique en fonction du trafic (aucune prise en compte de types ou classes de trafic), tout le trafic de la station est stoppé. Par conséquent des trames Pause prenant en compte les classes de services sont normalisées par la norme IEEE 802.1Qbb[35] (contrôle de flux Ethernet prenant en compte les priorités 802.1p).
77
+
78
+ La norme IEEE 802.1Q permet de faire circuler des réseaux virtuels au sein du réseau Ethernet physiques, en distinguant les trames de chaque VLAN (Virtual LAN)[36] par un identifiant sur 12 bits de 1 à 4095. Il contient aussi une valeur de classe de service (802.1p) sur 3 bits.
79
+
80
+ La norme IEEE 802.1Q, en plus de définir des VLAN, inclut aussi une valeur de classe de service (802.1p)[37] sur 3 bits qui permet de classifier et discriminer 8 classes de trafic (des Classes de Service – Class of Service ou CoS) pour traitement éventuel par un mécanisme de Qualité de Service / QoS (Quality of Service).
81
+
82
+ Il est désormais possible pour un commutateur de contrôler l'identité de la station et/ou de l'utilisateur avant de le laisser accéder au réseau (et le cas échéant de le placer dans un certain VLAN), grâce à la norme IEEE 802.1X[38].
83
+
84
+ Les normes IEEE 802.3af et IEEE 802.3at permettent à un commutateur d'alimenter électriquement un équipement raccordé en paire torsadée dans le cadre du concept de Power over Ethernet (PoE)[39].
85
+
86
+ La section ci-dessous donne un bref résumé de tous les types de média d'Ethernet. En plus de tous ces standards officiels, plusieurs fabricants ont implémenté des types de média propriétaires pour différentes raisons—quelquefois pour supporter de plus longues distances sur de la fibre optique.
87
+
88
+ (cf. cercle CREDO)
89
+
90
+ Le standard Ethernet 10 gigabits par seconde recouvre sept types de média différents pour les réseaux locaux, réseaux métropolitains et réseaux étendus. Il a été spécifié par le standard IEEE 802.3ae dont la première publication date de 2002, puis a été incorporé dans une révision de l'IEEE 802.3. La version Ethernet 10 Gbit/s est 10 fois plus rapide que Gigabit Ethernet ; ceci est vrai jusqu'au niveau de la couche MAC seulement.
91
+
92
+ Ces deux familles de standards (40GBASE et 100GBASE) ont été initialement définies en 2010 sous la norme IEEE 802.3ba.
93
+
94
+ Ces deux familles de standards (200GBASE et 400GBASE) ont été définies en décembre 2017 sous la norme IEEE 802.3bs.
95
+
96
+ 10 Gigabit Ethernet et ultérieurs supportent seulement le mode full duplex.
97
+
98
+ Sur les médias fibre, le mode LAN[40] fonctionne à un débit ligne, au niveau de la fibre, de 10,3 Gbit/s ce qui représente le débit MAC de 10 Gbit/s pondéré par 66/64 rapport lié au codage de la couche PCS utilisant un code de ligne 64B66B. Le sur-débit de ce code est de 3 %, à comparer aux 25 % du code 8B10B du mode Gigabit Ethernet.
99
+
100
+ Il existe un mode WAN PHY[41] permettant de transporter les trames Ethernet 10 Gigabits sur des liens SDH ou SONET encore en place dans beaucoup de réseaux. Le mode WAN PHY opère à un débit légèrement inférieur à 10Gbe, à savoir 9 953 280 kbit/s (ce qui correspond au débit STM64/OC192). Le conteneur virtuel 64c ou 192c véhicule des codes 64B66B.
101
+
102
+ Divers fabricants (Fiberxon, Sumitomo, Finisar[42], etc) proposent des modules optiques (ou cuivre, selon la technologie employée) appelés transceivers en anglais, permettant une interopérabilité. Ces modules permettent de convertir le signal optique (côté ligne) en un signal électrique différentiel (côté matériel) au débit de 10,3 Gbit/s; c'est donc l'équivalent de la couche PHY au niveau PMD du modèle OSI.
103
+
104
+ Il existe plusieurs normes pour ces transceivers, par exemple (en 10 Gb/s) : XENPAK, XPAK, X2, XFP (normalisés selon le XFP MSA Group), SFP+ (normalisés selon le Small Form Factor Committee).
105
+
106
+ Ce signal de 10 Gbit/s, trop rapide à l'époque de sa standardisation, ne pouvait pas être traité directement, il a donc fallu donc le paralléliser, en général sur 64 bits. Des circuits dédiés spécialisés permettent cette conversion.
107
+ Le terme serdes vient de l'anglais pour serialiser/deserialiser.
108
+
109
+ Le code en ligne utilisé 64B66B transforme le format XGMII (64 bits de données plus 8 bits de contrôle) en mots de 66 bits. L'objectif est multiple :
110
+
111
+ Le code 66 bits est composé de deux bits de synchronisation suivis de 64 bits de donnée.
112
+
113
+ Les 64 bits de données sont embrouillés par un embrouilleur auto synchronisé.
114
+
115
+ À ce niveau-là nous retrouvons un format équivalent MII, les couches suivantes : data link (MAC), network (IP), transport (TCP/UDP) fonctionnant de façon similaire à gigabit Ethernet.
fr/1878.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1879.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/188.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,297 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ États-Unis d'Amérique
2
+
3
+ (en) United States of America
4
+
5
+ en anglais : In God We Trust (« En Dieu nous croyons »), officielle, depuis 1956[1]
6
+
7
+ (38° 53′ N, 77° 02′ O)
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique ou EUA[N 1] (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Celui-ci est encadré par l'océan Atlantique à l'est, le golfe du Mexique au sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud-ouest par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé au nord-ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays mégadivers de la planète[4].
12
+
13
+ La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.
14
+
15
+ Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15 000 ans[5]. La colonisation européenne débute au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde[6],[7], reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il participe à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis deviennent une superpuissance mondiale et sont confrontés à l'URSS pendant la guerre froide.
16
+
17
+ En 2019, les États-Unis comptent environ 328 millions d'habitants[2] et constituent le troisième pays du monde en termes de population après la Chine et l'Inde[N 2]. Le pays s'étend sur 9,6 millions de km2, ce qui en fait, selon les critères, le troisième ou quatrième pays du monde en superficie après la Russie, le Canada et la Chine[N 3]. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée. L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015[8],[9], et est alimentée par une productivité du travail élevée[10]. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde[11]. Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale[12], et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique[13],[14],[15],[16],[17]. Les États-Unis sont membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l'Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G7, du G20, et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.
18
+
19
+ En 1507, le cartographe lorrain Martin Waldseemüller produit un planisphère (dit planisphère de Waldseemüller) représentant notamment la région méridionale de l'hémisphère ouest. Il y inscrivit alors le prénom féminisé « America », en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci.
20
+
21
+ Le nom du pays fut suggéré par Thomas Paine et adopté pour la première fois par les Treize Colonies de l'Empire britannique dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776.
22
+
23
+ La désignation en forme courte — d'usage dans la vie courante, l'enseignement et la cartographie[18] — de ce pays est « États-Unis » (en anglais United States, abrégé en « US ») et la forme longue — d'usage dans les documents officiels — est « États-Unis d'Amérique » (en anglais : United States of America, abrégé en « USA »). La forme longue « États-Unis d'Amérique » ne ressemble pas à la grande majorité des formes longues qui commence par « République de », « Royaume de », etc. Elle est en revanche proche de celle du pays voisin, les États-Unis mexicains. En France et dans de nombreux autres pays, le pays est également désigné en forme courte, dans le langage courant[19], mais aussi parfois dans des discours officiels[20], par le terme informel d'« Amérique »[21]. En anglais, la forme courte « America » est largement utilisée, y compris dans les discours officiels[22].
24
+
25
+ En français, dans le langage courant, le pays est parfois également désigné par « les US », « les USA », « les States » ou « les États » (ce dernier est usité au Canada, principalement au Québec).
26
+
27
+ Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'Est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Depuis 1927, la théorie la plus communément admise est celle de l'immigration de peuples asiatiques il y a 12 000 ans par le détroit de Béring. Toutefois, certaines découvertes archéologiques relevées au cours des dernières années donnent de nouvelles orientations quant au processus de colonisation préhistorique de l'Amérique du Nord.
28
+
29
+ Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, 17 000 ans avant notre ère[réf. nécessaire], lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[23].
30
+
31
+ Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagé les premiers tertres vers 3 400 av. J.-C.[24]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelque 15 000[25] à 30 000 habitants[26] et 120 tumulus[25].
32
+
33
+ Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons-Wendats, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.
34
+
35
+ Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[27].
36
+
37
+ Christophe Colomb découvre le continent américain en 1492 puis explore l'actuelle Porto Rico l'année suivante. Au XVIe siècle, les puissances européennes à la recherche du passage du Nord-Ouest et de richesses, naviguent puis s'installent le long du littoral atlantique. Ici se succèdent des colonies espagnoles, anglaises, françaises, néerlandaises et scandinaves plus ou moins permanentes. Les établissements les plus célèbres et les plus anciens sont ceux de Saint Augustine (Floride, 1565), Jamestown (1607) et Plymouth (fondée par les Pères pèlerins puritains en 1620). Au sud-ouest, les Espagnols agrandissent la Nouvelle-Espagne en menant des expéditions depuis le Mexique. Au nord-ouest, les Russes s'installent le long de la côte Pacifique. Les Blancs entrent en contact et font du commerce avec les peuples autochtones. Mais les Amérindiens ne résistent pas aux épidémies introduites par les Européens (variole, rougeole), à l'acculturation (alcool, armes à feu), aux massacres et aux guerres coloniales.
38
+
39
+ Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se forment progressivement les treize Colonies britanniques de la côte orientale, ancêtres des États-Unis (carte). La colonisation est assurée par des compagnies et un système de chartes. Les Français explorent la vallée du Mississippi et fondent la Louisiane. L'Amérique du Nord devient rapidement un enjeu entre les puissances coloniales : l'Angleterre (devenue la Grande-Bretagne en 1707 à la suite de son unification avec l'Écosse) assure peu à peu sa suprématie en remportant les guerres anglo-néerlandaises puis la guerre de Sept Ans (1763) contre la France, qui perd ses possessions de l'est du Mississippi (carte). Le peuplement se fait essentiellement par des migrants britanniques et par la traite négrière. Les esclaves noirs sont employés dans les plantations de tabac du sud mais aussi pour le développement des infrastructures. Vers 1775, les treize colonies sont prospères et comptent plus de deux millions d'habitants.
40
+
41
+ Dans le courant des années 1770, les colons américains s'opposent de plus en plus à leur métropole : Londres leur refuse les terres indiennes situées à l'ouest des montagnes Appalaches. Les taxes et les impôts sont augmentés alors que les sujets américains ne sont pas représentés au Parlement britannique. Le système de l'exclusif lèse les marchands de la côte est. De nouvelles troupes sont envoyées en Amérique et un climat révolutionnaire s'installe en Nouvelle-Angleterre, à Philadelphie et en Virginie. En 1770, les soldats britanniques tirent sur les manifestants (massacre de Boston). En décembre 1773, les colons détruisent une cargaison de thé (Boston Tea Party) : la guerre d'indépendance éclate l'année suivante.
42
+
43
+ Les insurgés envoient des représentants au Congrès continental qui approuvent la déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. Ce texte, essentiellement rédigé par Thomas Jefferson, proclame les principes de liberté, d'égalité et de droit à la recherche du bonheur. La Déclaration d'indépendance américaine fonde aussi la première nation décolonisée du monde, bien que dans un premier temps, la Grande-Bretagne refuse de la reconnaître. Le Maroc fut le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis, en 1777[28]. Pendant la guerre, plusieurs milliers de loyalistes fuient le pays. L'armée américaine, commandée par George Washington, finit par vaincre les Britanniques avec le renfort de la France (ainsi que de l'Espagne et des Pays-Bas) ; le traité de Paris est signé en 1783, dans lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance des États-Unis, mettant fin à la guerre.
44
+
45
+ Le second Congrès continental qui a ratifié les Articles de la Confédération en 1781, rédige la Constitution américaine à la Convention de Philadelphie en 1787. Ce texte, auquel sont ajoutés dix amendements (Déclaration des droits) en 1789 (définitivement ratifiés en 1791), demeure aujourd'hui encore le fondement de la démocratie américaine. George Washington est choisi comme premier Président américain en 1789. Les institutions s'installent définitivement à Washington, D.C. en 1800.
46
+
47
+ La Déclaration d'indépendance, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, ainsi que la Déclaration des droits de 1789 influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.
48
+
49
+ L'histoire américaine au XIXe siècle est marquée par quatre questions majeures : la conquête de l'Ouest, l'esclavage dans le Sud, l'industrialisation et l'immigration.
50
+
51
+ Le territoire américain s'agrandit progressivement vers l'ouest par des achats (Louisiane à la France en 1803, Alaska à la Russie en 1867) et des conflits. Poussés par la doctrine de la « Destinée manifeste » et par le « Mythe de la Frontière », les Américains font la guerre aux Amérindiens et s'étendent vers l'Ouest. La guerre contre le Mexique (1846-1848) et le traité de Guadeloupe Hidalgo entraînent l'annexion du Texas puis de la Californie. Le traité de l'Oregon (1846) définit le tracé de la frontière entre le Canada et les États-Unis à l'ouest des montagnes Rocheuses. La ruée vers l'or à partir du milieu du XIXe siècle accélère la colonisation blanche de l'Ouest. En 1859, la découverte des plus importants filons d'argent de l'histoire provoque l'afflux d'aventuriers dans le Nevada, sur le Comstock Lode.
52
+
53
+ Enfin, la construction du premier chemin de fer transcontinental (1869) facilite l'intégration des nouveaux territoires. La conquête de l'Ouest s'achève avec le massacre de Wounded Knee (1890), l'annexion d'Hawaï (1898) et l'entrée de l'Arizona dans l'Union (1912).
54
+
55
+ Alors que la traite des Noirs est supprimée au niveau fédéral en 1808 et que les États du Nord ont aboli l'esclavage entre 1777[N 4] et 1804, les planteurs du Sud continuaient de défendre cette institution. En 1860, Abraham Lincoln, candidat du parti antiesclavagiste, remporte l'élection présidentielle : sept États esclavagistes font alors sécession et forment les États confédérés d'Amérique. La bataille de Fort Sumter (avril 1861) marque le début de la guerre de Sécession qui fit 970 000 victimes (3 % de la population américaine), dont 620 000 soldats[29]. La guerre se termina en 1865, à l'avantage des États du Nord, protectionnistes et égalitaires face à ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. Après cette victoire, trois nouveaux amendements à la constitution sont votés pour abolir l'esclavage, libérer les quatre millions d'esclaves[30], leur donner la citoyenneté et le droit de vote. Mais les lois Jim Crow introduisent la ségrégation raciale dans le Sud, jusque dans les années 1950-1960. La guerre de Sécession a également pour conséquence de renforcer le pouvoir fédéral[31].
56
+
57
+ L'industrialisation débute à partir des années 1850. Elle entraîne des bouleversements démographiques, économiques et sociaux. Les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L'immigration s'accélère et se diversifie. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la deuxième révolution industrielle voit l'apparition de la société de consommation et de l'automobile. Les premiers gratte-ciel sont construits dans les centres-villes de Chicago et New York. La presse écrite pénètre dans de nombreux foyers grâce aux gros tirages permis par l'invention de la rotative.
58
+
59
+ Le pays remporte la guerre hispano-américaine en 1898 : Porto Rico et les Philippines passent sous contrôle de Washington.
60
+
61
+ C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917. Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).
62
+
63
+ La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique. En août 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler. Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations unies signée en juin 1945 à San Francisco, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.
64
+
65
+ Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d'endiguer le communisme, les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall — finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin — et la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie (guerre de Corée et du Viêtnam). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis[32]. Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d'Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.
66
+
67
+ L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974[33], qui le contraint à la d��mission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les relations, notamment avec l'URSS, et diminue les armements. Les États-Unis sont généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste.
68
+
69
+ Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.
70
+
71
+ George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore[34]. Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.
72
+
73
+ En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain[35]. Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême. En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président.
74
+
75
+ Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
76
+
77
+ Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des États fédérés et le niveau des autorités locales (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
78
+
79
+ La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.
80
+
81
+ Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
82
+
83
+ La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif.
84
+
85
+ Le Capitole, siège du pouvoir législatif.
86
+
87
+ La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.
88
+
89
+ La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertarien, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
90
+
91
+ La Conférence des maires des États-Unis est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1 408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire[37].
92
+
93
+ Les États-Unis sont composés de cinquante États et un district fédéral, le district de Columbia. Les quarante-huit États attenants — tous les États sauf l'Alaska et Hawaï — sont appelés États-Unis contigus (abrégé en CONUS (CONtiguous United States)) ou « lower 48 » (« les 48 plus bas ») et occupent la majeure partie du centre de l'Amérique du Nord. L'Alaska est séparé des États-Unis contigus par le Canada ; ensemble, ils forment les États-Unis continentaux. Hawaï, le cinquantième État, est situé dans le Pacifique.
94
+
95
+ En plus des territoires (Porto Rico, Guam, îles Mariannes du Nord, îles Vierges des États-Unis, Samoa américaines), les États-Unis comprennent aussi plusieurs autres espaces peu propices voire interdits à l'habitat. L'atoll Palmyra est un territoire non incorporé, mais il est inhabité. Les îles mineures éloignées des États-Unis sont des îles inhabitées et des atolls du Pacifique et de la mer des Caraïbes. De plus, l'US Navy a établi une importante base navale dans la baie de Guantánamo à Cuba depuis 1898 et sur l'atoll Diego Garcia dans l'océan Indien depuis 1971.
96
+
97
+ Reliefs.
98
+
99
+ Cartographie.
100
+
101
+ Précipitations moyennes annuelles.
102
+
103
+ Vents.
104
+
105
+ Principales agglomérations.
106
+
107
+ Densités.
108
+
109
+ Les États-Unis se classent au quatrième rang mondial en superficie (9 631 417 km2) derrière la Russie, le Canada et la Chine[38]. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen. Les États de l'Alaska et du Texas sont ainsi plus grands que tout autre pays européen (hors Russie). Situés en Amérique du Nord, les 48 États d'un seul tenant (appelés parfois « Mainland » ou « États-Unis continentaux »), dont la forme évoque un pentagone s'étirent sur quatre fuseaux horaires. Une distance de 4 280 km sépare la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest[39]. À ces deux côtes, il faut ajouter celle qui borde le golfe du Mexique dans le Sud-Est du pays, entre la frontière mexicaine et l'extrême sud de la Floride. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique. Les États-Unis possèdent 12 034 km de frontières terrestres[40], 8 893 km avec le Canada (dont 2 477 km avec l'Alaska), 3 141 km avec le Mexique et 28 km avec Cuba (base navale de la baie de Guantánamo). La longueur totale des côtes américaines est de 19 924 km.
110
+
111
+ L'ensemble des fleuves du Missouri et du Mississippi parcourt plus de 6 000 km dans le Mainland, l'équivalent du cours de l'Amazone en Amérique du Sud. Les deux derniers États fédérés sont Hawaï, un archipel volcanique de l'océan Pacifique Nord, et l'Alaska, au nord-ouest du Canada. Dans l'Est des Caraïbes, l'île de Porto Rico est un territoire non incorporé.
112
+
113
+ Le point culminant du pays, le Denali (6 190 mètres), se trouve en Alaska. Hors Alaska, le principal sommet est le mont Whitney en Californie (4 421 mètres). L'altitude la plus basse est celle de Badwater dans le parc national de la vallée de la Mort en Californie (−86 mètres).
114
+
115
+ L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. À l'est-nord-est du pays, la Nouvelle-Angleterre est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts.
116
+
117
+ Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord-est, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du Sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical. À l'est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes Plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Aux États-Unis se trouve la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.
118
+
119
+ L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4 401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (désert des Mojaves, vallée de la Mort). La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon est soumis au climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.
120
+
121
+ Située à l'extrémité nord-ouest de l'Amérique du Nord, l'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord subit un climat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.
122
+
123
+ La plupart des volcans en activité se situent à l'ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï :
124
+
125
+ Les Grands Lacs représentent ensemble une superficie d'environ 250 000 km2, soit la moitié de la superficie de la France métropolitaine.
126
+
127
+ Liste des Grands Lacs, classés du plus grand au plus petit :
128
+
129
+ Les autres lacs importants sont :
130
+
131
+ Les 328 millions d'Américains sont répartis de façon inégale sur le territoire. La densité de population est en effet plus élevée à l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est concentrée à l'est du 100e méridien avec la mégalopole de BosWash, les rives des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Milwaukee, Cleveland) et ChiPitts, les Appalaches et le littoral atlantique. Au-delà du 100e méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques — le peuplement s’est fait d’est en ouest — et naturelles (aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe californien (San Francisco, Los Angeles) et le bras du Puget Sound dit Pugetopolis (Seattle, Portland). Les villes et les aires urbaines d'Austin et de Dallas au Texas comprennent également des millions d'habitants, tout comme Orlando et Miami en Floride. La densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par km2.
132
+
133
+ Les Américains se concentrent sur les littoraux, y compris ceux des Grands Lacs. À l'ouest du 100e méridien jusqu'au littoral du Pacifique et en Alaska, les densités sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et externes.
134
+
135
+ Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue[41]. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants[42]. Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.
136
+
137
+ La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.
138
+
139
+ Les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.
140
+
141
+ Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement. Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. Dès les années 1970, la conscience écologique se développe aux États-Unis : le Jour de la Terre (Earth Day) célébré depuis 1970. L'Agence de protection de l'environnement est le principal organe des politiques environnementales. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXe siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste[43].
142
+
143
+ Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime que chaque année 72 millions d'oiseaux sont tués par les pesticides aux États-Unis[44]
144
+
145
+ Les entreprises de forage ont utilisé 770 % d'eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016, tandis que les eaux usées toxiques relâchées ont augmenté de 1 440 %. La moitié des gazoducs et oléoducs en développement dans le monde en 2019 le sont en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, ces nouveaux pipelines devraient être à l'origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d'ici à 2040[45]. Le gouvernement prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines. Le ministère de l'Intérieur propose d'ouvrir presque entièrement le littoral du pays au forage[46].
146
+
147
+ De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine[47]. Cependant, des efforts sont réalisés pour diminuer ces émissions à tous les échelons, principalement à l'échelle locale. Ainsi, entre 1990 et 2016, les émissions de CO2 par habitant ont diminué de 21,9 %[48]. Avec 15,5 tonnes par habitant en 2016, les États-Unis figurent parmi les premiers émetteurs de CO2 derrière le Canada, l'Arabie Saoudite et les émirats du golfe arabo-persique[48].
148
+
149
+ Une grande partie des déchets produits par les États-Unis sont envoyés à l'étranger.[réf. nécessaire]
150
+ En 2018, 81 % des exportations américaines de déchets ménagers ont été expédiés en Asie. Alors que la Chine décide en 2018 de stopper les importations de déchets plastiques afin de ne plus être la « poubelle du monde », l'industrie du recyclage aux États-Unis s'en trouve bouleversé. Le prix du traitement des déchets augmente considérablement et de nombreuses villes préfèrent incinérer leurs déchets, affectant la qualité de l'air, ou ouvrir des décharges à ciel ouvert, source importante d'émission de méthane[49] En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu'en 2010 et 60 % de plus qu'en 1985 selon les données officielles[50] : cela s'explique en partie par la croissance démographique et économique du pays. De nombreuses grandes villes appliquent les recommandations environnementales de l'Agenda 21 et mettent en œuvre des politiques ambitieuses de recyclage, à l'instar de San Francisco.
151
+
152
+ Pour l'année 2019, le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des États-Unis[N 7] est le 15 mars. Les États-Unis sont le 2e pays (après le Luxembourg) dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[51].
153
+
154
+ Le nombre de coléoptères aux États-Unis a chuté de 83 % depuis les années 1980[52].
155
+
156
+ Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.
157
+
158
+ Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'organisation des États américains et d'accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB[53].
159
+
160
+ Le président détient le titre de commandant en chef de la nation et peut à ce titre selon son seul avis utiliser la bombe atomique. Il dirige les forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d'États-majors interarmes. Le département de la Défense des États-Unis administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le département de la Marine en temps de guerre. En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en service actif[54], en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats. Le ministère de la Défense emploie également environ 700 000 civils, sans compter ceux des services sous-traitants. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif. Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porte-avions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des États-Unis, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique[55],[56].
161
+
162
+ Le total des dépenses militaires des États-Unis en 2013, plus de 640 milliards de dollars, comptait pour 36 % des dépenses militaires officielles mondiales et était égal à la somme des neuf autres budgets militaires les plus importants combinés. Les dépenses par habitant en 2006 étaient de 1 756 $, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale[57]. À 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des États-Unis sont cependant classées 27e sur 172 nations[58]. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les États-Unis jusqu'en 2016 est de 2 267 milliards de dollars[59]. En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les États-Unis ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 500 militaires tués et plus de 30 000 blessés[60] et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001[61].
163
+
164
+ Quand le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance des États-Unis en 1783, des relations diplomatiques officielles se sont rapidement mises en place dès 1785. De cette période jusqu'à aujourd'hui, les États-Unis n'ont pas d'allié plus proche que le Royaume-Uni et la politique étrangère britannique met l'accent sur une coordination étroite avec les États-Unis. Reflétée par la langue commune, les idéaux et les pratiques démocratiques des deux nations, une coopération bilatérale est établie entre les deux États. Les États-Unis et le Royaume-Uni se consultent continuellement sur la politique étrangère et les problèmes mondiaux. Enfin les deux États partagent les principaux objectifs de politique étrangère et de sécurité[62].
165
+
166
+ Les États-Unis sont devenus dans les années 1870 la première puissance économique mondiale[63]. En 2014, le PIB est de 17 416 milliards de dollars, soit environ un cinquième du PIB mondial.
167
+
168
+ Les États-Unis sont la première puissance économique mondiale, selon le PIB nominal, devant la Chine[64], mais la seconde après la Chine depuis 2014, selon les dernières estimations de la Banque mondiale, pour le PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA)[65]. En 2017, le PIB américain est également supérieur à celui de l'Union européenne[66]. Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d'achat[9]. Les États-Unis possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB[67]. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteigne 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT)[68], et atteint 9,9 % en avril 2010[69]. Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'État fédéral est passé durant la même période de 1 798 à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %[70].
169
+
170
+ Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique, l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie post-industrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme…), qui contribue pour 75 % du PIB.
171
+
172
+ Les États-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l'Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l'Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux[71]. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles[72]. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.
173
+
174
+ En 2016, la dette publique américaine est la plus élevée du monde avec plus de 19 000 milliards de dollars, devant l'Union européenne[73]. En 2015, les États-Unis se classent 38e sur 179 pays pour la dette rapportée au PIB[74].
175
+
176
+ Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre…) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite, mobile et bien formée. Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux. L'agriculture est très diversifiée, ce qui en fait à la fois un puissant contributeur aux marchés mondiaux des céréales et des oléagineux mais aussi un producteur encore significatif de coton, grâce au climat des États les plus au sud, comme le Texas. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa sixième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[75], malgré un léger déclin. Parmi les points forts de son agriculture, le pays était aussi premier au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
177
+
178
+ En 2013, la population active est de 155 millions de salariés, soit une augmentation de moins de 1 % depuis janvier 2008[76]. Parmi eux, 87 % travaillaient à plein temps en 2012[77]. 79 % de la population active américaine travaille dans les services[78]. Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois[79]. Le taux de syndicalisation (en) est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale[80]. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les États-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (troisième en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège)[81]. Aucune loi n'oblige les entreprises à accorder des congés payés à leurs employés. En 2013, selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des salariés américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent[82].
179
+
180
+ Depuis la crise économique de 2008, qui a lourdement impacté les plans épargne retraite des Américains, le nombre de personnes à travailler au-delà de 85 ans ne cesse d'augmenter. Elles sont 255 000 en 2018, soit près de 5 % de cette classe d'âge[83].
181
+
182
+ Selon une étude réalisée en 2018 par l'OCDE, les États-Unis présentent des inégalités de revenus beaucoup plus élevées et un pourcentage plus élevé de travailleurs pauvres que presque tous les autres pays développés, en grande partie parce que les travailleurs précaires ne reçoivent que très peu d'aides de l'État et du manque de conventions collectives[84]. D'après la réserve fédérale, les 50 % d'Américains les plus pauvres ont perdu 32 % de leurs richesses, corrigés de l'inflation, depuis 2003. En revanche, le patrimoine des 1 % d'Américains les plus riches a doublé[85]. Le coefficient de Gini, indice qui évalue les écarts de revenus, a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis 1967, moment auquel les autorités américaines ont commencé à le calculer[86].
183
+
184
+ Les États-Unis ont pris depuis longtemps (Buy American Act, 1933) des mesures visant à protéger leurs marchés publics contre les achats de biens manufacturés produits en dehors de leur territoire.
185
+
186
+ Au début des années 1990, le président Bill Clinton a lancé une politique très active d'intelligence économique, appelée politique d'advocacy (advocacy policy[87]). L'efficacité de cette politique relève de la capacité d'obtention, d'échange et d'exploitation de l'information entre une multitude d'acteurs et de décideurs, fédérés par des réseaux d'intérêt et de connivences. La perception du monde qu'ont ces acteurs est résolument électronique et leur champ de vision est une planète sous emprise américaine. Le moyen pour cela est le contrôle le plus étroit possible du complexe informations-médias parce qu'il confère le pouvoir. L'efficacité de cette stratégie tient en grande partie à la relation forte entre le secteur public, le secteur privé, et la société civile[88].
187
+
188
+ Le gouvernement fédéral exerce aussi une politique systématique d'influence, en s'appuyant sur la Common law et la normalisation internationale. Le gouvernement américain cherche à influencer les organisations multilatérales mondiales (OCDE, ONU, OIT), les institutions européennes et en particulier la Commission européenne, les enceintes privées (Chambre de commerce internationale, Business Action for Sustainable Development, International Accounting Standards Board), et les organisations de protection de l'environnement. L'influence s'exerce aussi dans les pratiques commerciales et les doctrines de l'aide au développement. Elle s'exerce enfin dans la sphère socioculturelle, en utilisant la technique du social learning, par l'enseignement, la langue anglaise et le cinéma[89].
189
+
190
+ Quelques chiffres récents :
191
+
192
+ Revenu moyen(en $ constant et par foyer)
193
+
194
+ 46 326[92]
195
+
196
+ 2005
197
+
198
+ IDH
199
+
200
+ Coefficient de Gini
201
+
202
+ 0,469
203
+
204
+ 2005
205
+
206
+ Pauvreté
207
+
208
+ 12,6 % à 3,3 %[92]
209
+
210
+ 2005
211
+
212
+ Les États-Unis sont un pays riche et développé, mais traversé par de fortes inégalités sociales. Avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,914 en 2013, le pays se classe au cinquième rang des États les plus développés de la planète. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, le revenu brut moyen était de 46 326 dollars en 2005[92]. Il est le plus élevé du pays dans le New Jersey (60 246 $) et le plus bas dans le Mississippi (34 396 $)[93]. À parité de pouvoir d'achat, ces niveaux de revenus sont parmi les plus élevés au monde. En 2006, 10 % des ménages les plus riches concentrait près de 50 % du revenu[94]. Le pourcent le plus riche en recevait 23 %[95]. Cette dernière catégorie a bénéficié entre 2002 et 2006 des trois quarts de la progression des revenus. La part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté a légèrement augmenté pendant les deux mandats de George W. Bush et surtout durant le mandat de Barack Obama qui a connu la crise des subprimes. En 2017, les mariages de mineurs (la majorité est atteinte à 21 ans aux États-Unis) sont encore légaux dans vingt-cinq États des États-Unis[96]. Selon l'association Unchained at Last, 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays entre 2000 et 2010[96] ; un mariage d'enfant étant défini par l'Unicef et le département d'État des États-Unis comme « un mariage formel ou une union informelle avant l'âge de 18 ans »[97].
213
+
214
+ En 2016, les États-Unis se situent au dix-septième rang des pays de l'OCDE pour le taux de travail des femmes. D'après une étude du Bureau du recensement de 2014, les salariées gagnent en moyenne 21 % de moins que leurs collègues hommes. L'écart s'accentue quand elles sont noires (36 % de moins) ou hispaniques (44 %). Les États-Unis comptent parmi les quatre pays — avec le Eswatini, le Lesotho, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée — à ne pas garantir de congé maternité payé[98].
215
+
216
+ L'espérance de vie des Américains diminue pour la troisième année consécutive en 2019. Des chercheurs mettent en cause la crise des opioïdes ainsi que des “suicides de désespoir” provoqués par la dislocation du monde du travail, la stagnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur statut social, la perte de pouvoir des syndicats, et les dysfonctionnements du système de santé[99].
217
+
218
+ La protection sociale aux États-Unis couvre 90 % de la population américaine[100]. Depuis le New Deal et la création de l'État-providence (Welfare State), le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes afin d'aider les personnes en difficulté : Medicare, Medicaid, Aid to Families with Dependent Children (AFDC) puis Temporary Assistance for Needy Families (TANF) pour les mères au foyer, Early Childhood Intervention et SCHIP pour les enfants en difficulté, SSI pour les personnes âgées, les aveugles et les handicapés[101], Low Income Home Energy Assistance Program (LIHEAP) pour les plus pauvres[102], Old-Age, Survivors, Disability and Health Insurance (OASDHI) pour les chômeurs et les veuves, etc.
219
+
220
+ En 2000, 180 millions d'Américains[103] bénéficiaient de la sécurité sociale. Le système de répartition des aides sociales est pluraliste et décentralisé : l'État fédéral donne une enveloppe fixe aux 50 États fédérés. La protection sociale dépend de la situation de l'individu : l'assurance maladie n'est pas obligatoire. L'organisation fédérale des États-Unis entraîne des inégalités géographiques quant aux dépenses et aux redistributions sociales. La philosophie dominante est que la meilleure assurance sociale reste le plein emploi : les divers gouvernements qui se succèdent cherchent avant tout à maintenir la croissance économique et à faire baisser le chômage. Contrairement aux idées reçues, le sort des pauvres ne laisse pas indifférent aux États-Unis[104]. La pauvreté est largement prise en charge par les Américains dans le cadre des associations caritatives (plus de 650 000 dans tout le pays), des organisations religieuses et des institutions philanthropiques ; les États-Unis sont le premier pays du monde pour le bénévolat[105] : 93 millions d'Américains[105] le pratiquent à différents degrés. Il implique surtout les retraités et les femmes. Le bénévolat américain est particulièrement développé dans le domaine des arts et contribue au fonctionnement de nombreuses institutions culturelles.
221
+
222
+ En 2005, le système des retraites procurait plus de la moitié de leurs revenus aux deux tiers des retraités des États-Unis[106]. Le système des retraites américain est complexe : la Social security est une retraite fédérale calculée en fonction du nombre d'années travaillées, des cotisations versées et de l'inflation. À la fin des années 1990, le gouvernement fédéral dépensait 289 milliards de dollars pour le système des retraites obligatoires[107]. Les Pensions sont payées par les grandes entreprises et les administrations publiques. Enfin, la retraite par capitalisation consiste en des plans d'épargne-retraite et des fonds de pension. Les retraités les plus pauvres reçoivent des aides fédérales complémentaires (OASDHI) et les soins (Medicaid). Le reste participe au système de santé fédéral (Medicare) et payent une cotisation mensuelle (135 $ en 2019).
223
+
224
+ Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est le plus élevé des pays développés. En augmentation depuis les années 1980, il se situe en 2016 à 42,8 pour 100 000 naissances vivantes pour les Afro-Américaines. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède. Selon la National Organization for Women, ce record tient à l'absence d'assurance-maladie pour de nombreuses mères[98]. Le système de santé américain est généralement considéré comme peu efficace et très inégalitaire. Avec moins de 3 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants (6 en France), une espérance de vie inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, les États-Unis comptent 30 millions de personnes qui n'ont aucune couverture santé, tandis qu'un Américain sur deux est sous-assuré[108].
225
+
226
+ Avec plus de 328 millions d'habitants depuis juillet 2019, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 538[109].
227
+
228
+ La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %[78]. L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale[110]. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines[111].
229
+
230
+ En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions)[112]. Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants[112]. Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.
231
+
232
+ Structure par âge (estimation 2011[40]) :
233
+
234
+ La démographie des États-Unis diffère, sur certains points, de celle des autres pays industrialisés et développés :
235
+
236
+ La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer[réf. nécessaire]. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains[113].
237
+
238
+ Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 2016[117]. En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane et dans le Maine.
239
+
240
+ Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolinien dans les Îles Mariannes du Nord.
241
+
242
+ Au XXIe siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.
243
+
244
+ En 1968 en Louisiane , le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
245
+
246
+ Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF)[118].
247
+
248
+ La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel :
249
+
250
+ Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis occupent les premiers rangs mondiaux pour la recherche scientifique et les innovations techniques. En 1876, Alexander Graham Bell dépose un brevet pour l'invention du téléphone. Le laboratoire de Thomas Edison met au point le phonographe, la lampe à incandescence et l'une des premières caméras. Au début du XXe siècle, les entreprises de Ransom E. Olds et d'Henry Ford expérimentent de nouvelles façons de produire les véhicules automobiles. En 1903, les frères Wright procèdent à l'un des premiers vols en avion. L'arrivée au pouvoir des nazis au début des années 1930 contraint de nombreux scientifiques européens à émigrer aux États-Unis, tels qu'Albert Einstein et Enrico Fermi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan fait entrer le monde dans l'âge atomique. La course à l'espace pendant la Guerre froide a produit d'importantes avancées dans l'armement et l'industrie aérospatiale. C'est aux États-Unis que sont nés l'ARPANET et l'internet. Les systèmes informatiques pour la guerre en réseau développés au cours de la Guerre Iran-Irak se sont diffusés dans la plupart des entreprises stratégiques américaines, et assurent une domination par la connaissance technique. Le gouvernement fédéral apporte ainsi un soutien en information stratégique pour que les grandes entreprises américaines remportent des marchés à l'exportation[120]. Aujourd'hui, la recherche scientifique et technique reste en pointe notamment dans le domaine des OGM, grâce à d'importants investissements et des universités renommées. Une majorité des Américains aujourd'hui a un accès à internet, et 99 % sont possesseurs d'un poste de télévision (il y a aujourd'hui plus de téléviseurs que de résidents dans un foyer moyen, sans parler des postes qui se généralisent dans les lieux publics, tels les transports en commun, les ascenseurs ou les halls d'aéroports[121]).
251
+
252
+ Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la littérature américaine reste influencée par les œuvres et les auteurs européens[réf. nécessaire]. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît une littérature proprement américaine avec des auteurs tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe ou Henry David Thoreau. Le romancier Mark Twain et le poète Walt Whitman sont les principales figures littéraires des États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Emily Dickinson, qui n'était pas célèbre de son vivant, fut par la suite reconnue comme l'une des poétesses essentielles de l'Amérique.
253
+
254
+ Onze Américains ont reçu le prix Nobel de littérature au XXe siècle, Toni Morrison étant la dernière en 1993. Ernest Hemingway, lauréat de l'année 1954, et John Steinbeck, lauréat de l'année 1962, sont des écrivains majeurs du XXe siècle. Parmi les romans les plus importants, on peut citer : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885), Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald (1925), Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939).
255
+
256
+ Le roman noir est un des genres littéraires les plus populaires.
257
+
258
+ Les transcendantalistes menés par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau sont à l'origine du premier mouvement philosophique américain au XIXe siècle. Après la guerre de Sécession, Charles Sanders Peirce puis William James et John Dewey développent le mouvement du pragmatisme. Au XXe siècle, Willard Van Orman Quine et Richard Rorty sont les représentants de la philosophie analytique.
259
+
260
+ Au milieu du XIXe siècle, l'Hudson River School est un mouvement artistique, fondé par un groupe de peintres influencés par le romantisme. Leurs tableaux représentent les paysages américains. L'exposition de l'Armory Show en 1913 à New York est considérée comme le point de départ de l'art moderne aux États-Unis. Georgia O'Keeffe, Marsden Hartley et d'autres artistes expérimentent de nouveaux styles et mettent en œuvre une sensibilité unique. Après 1945, Jackson Pollock et Willem de Kooning font naître l'expressionnisme abstrait ; Andy Warhol et Roy Lichtenstein inventent le pop art.
261
+ L'art de la photographie se développe de manière précoce aux États-Unis, dès le XIXe siècle, avec des photographes comme Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Ansel Adams, et bien d'autres. Dans le domaine de la bande dessinée, le comic et le comic strip sont deux genres nés dans la presse américaine. Les super-héros comme Superman (1938), Batman (1939) ou Spider-Man (1962), sont devenus des icônes et des symboles de l'Amérique.
262
+
263
+ L'architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. L'architecture amérindienne et coloniale a laissé peu de vestiges. Avec la naissance des États-Unis, les bâtiments publics sont influencés par l'Antiquité gréco-latine et reflètent l'idéal républicain. Au XIXe siècle se succèdent de nombreux styles tels que le Greek Revival, néo-gothique, City Beautiful, éclectisme, style Beaux-Arts, style victorien qui se rattachent aux traditions européennes.
264
+
265
+ L'architecture américaine s'émancipe vraiment à la fin du XIXe siècle avec la création d'un nouveau type de bâtiment : le gratte-ciel. Dans l'entre-deux-guerres, l'Empire State Building, le Chrysler Building et le Chicago Board of Trade Building sont des exemples fameux de style Art déco. La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Dans les années 1960, les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera. Les années 1970-1980 sont marquées par l'édification de musées aux formes audacieuses (Musée Guggenheim, Walker Art Center, Getty Center) et les architectes Pei et Richard Meier.
266
+
267
+ Phineas Taylor Barnum est l'un des premiers promoteurs du théâtre américain, qui commença dans le quartier des spectacles à Manhattan en 1841. Edward Harrigan et Tony Hart (en) s'associent dans les années 1870 pour produire une série de comédies musicales à New York. Au début du XXe siècle, Broadway devient le centre de ce genre aux États-Unis. Les chansons et les mélodies d'Irving Berlin, Cole Porter et Stephen Sondheim deviennent des classiques. En 1936, le dramaturge Eugene O'Neill remporte le prix Nobel de littérature ; le prix Pulitzer de théâtre récompense Tennessee Williams, Edward Albee et August Wilson.
268
+
269
+ En musique, Charles Ives (1874-1954) est considéré comme l'un des premiers grands compositeurs américains, dans les années 1910. Henry Cowell et John Cage ont essayé après lui de donner une approche américaine de la composition classique. Aaron Copland et George Gershwin développent une synthèse spécifiquement américaine de la musique populaire et classique.
270
+
271
+ En ce qui concerne la musique populaire du XXe siècle, les États-Unis sont le berceau du gospel, du jazz, du blues, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la soul, de la house music, du disco, du funk, du jazz fusion et du rap. Représentant de loin le plus grand marché de l'industrie mondiale du disque, les plus grands vendeurs de disques de l'histoire, à l'exception des Beatles britanniques, sont américains : Elvis Presley, Michael Jackson, Madonna, Rihanna (de nationalité barbadienne mais dont l'ensemble de la carrière a été façonnée aux États-Unis) et Eminem sont les seuls artistes dont au moins 200 millions de ventes ont été certifiées.
272
+
273
+ Isadora Duncan et Martha Graham furent les figures centrales de la création en danse moderne ; George Balanchine et Jerome Robbins sont les grands noms du ballet.
274
+
275
+ La cuisine américaine est à l'image du peuplement du pays, c'est-à-dire diverse et métissée. Toutefois, les principaux apports sont allemand, hollandais et irlandais et ces influences perdurent jusqu'à nos jours. La cuisine amérindienne compte également beaucoup : les recettes traditionnelles des Indiens d'Alabama sont préservées et protégées comme un patrimoine culturel[122].
276
+
277
+ Il existe également de nombreux plats et cuisines régionaux : cuisine amish en Pennsylvanie, cuisine cadienne de la Louisiane, cuisine paysanne du Vieux Sud (dont la cuisine virginienne), californienne ou de la Nouvelle-Angleterre. C'est aux États-Unis que sont nés la cuisine rapide (fast-food) et les produits de consommation de masse, qui se sont diffusés dans le monde entier (Coca-Cola, McDonald's entre autres).
278
+
279
+ Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits , il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[123]. Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God We Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[124]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[123]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.
280
+
281
+ La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des Églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis[125]. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[125]. La composante chrétienne se voit renforcée aux États-Unis du fait de l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.
282
+
283
+ D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme - 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)[126].
284
+
285
+ Depuis la fin du XIXe siècle, le baseball était considéré comme le sport national des États-Unis, avant d'être concurrencé puis égalé par le football américain[127]. La compétition automobile (Nascar), le basket-ball et le hockey sur glace sont d'autres disciplines majeures (dans cet ordre) dans le pays[127]. La boxe et les courses de chevaux sont les sports individuels les plus suivis, même s'ils sont concurrencés par le golf. Le football, appelé soccer aux États-Unis, est largement pratiqué par les jeunes et les équipes d'amateurs. Le tennis et d'autres sports de plein air sont également appréciés.
286
+
287
+ Si de nombreux sports ont été importés d'Europe, c'est aux États-Unis qu'est né le basket-ball: il fut inventé par le canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts) en 1891. Quant à la crosse, elle dérive de pratiques autochtones précoloniales. Le surf existait dans les îles Hawaï dès le XVe siècle et fut remis au goût du jour par Duke Kahanamoku (1890-1968). Le skateboard et le snowboard ont été inventés aux États-Unis au XXe siècle.
288
+
289
+ Neuf jeux olympiques eurent lieu sur le territoire américain, cinq d'été (St Louis, 1904 ; Los Angeles, 1932 ; Los Angeles, 1984 ; Atlanta, 1996 ; Los Angeles, 2028), quatre d'hiver (Lake Placid, 1932 ; Squaw Valley, 1960 ; Lake Placid, 1980 ; Salt Lake City, 2002). Les athlètes américains ont remporté un total de 2 520 médailles depuis les débuts des jeux olympiques d'été, soit plus qu'aucun autre pays. Le pays occupe la quatrième place derrière l'Allemagne, la Norvège et la Russie pour les jeux olympiques d'hiver, avec 282 médailles. Plusieurs sportifs américains sont devenus célèbres dans le monde : on peut citer, parmi tant d'autres les joueurs de baseball Mickey Mantle et Babe Ruth, le boxeur Mohamed Ali, le joueur de tennis John McEnroe, l'athlète Carl Lewis, le joueur de basketball Michael Jordan, le golfeur Tiger Woods ou le nageur Michael Phelps.
290
+
291
+ Parmi les plus importantes manifestations sportives, on trouve le Super Bowl (finale du football américain), les World Series (finale de baseball), l'Indianapolis 500 (course automobile à la renommée mondiale), l'US Open de tennis, ou le marathon de New York. Une proportion importante des bourses d'études universitaires est attribuée à des athlètes. Le marché du sport professionnel aux États-Unis est d'environ 69 milliards de dollars, soit environ 50 % de plus que celui de l'ensemble de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis[128].
292
+
293
+ Certains jours sont fériés dans un État, mais pas dans l'autre : en Californie par exemple, le César Chávez Day (31 mars) ou le Native American Day (le 4e lundi de septembre), les écoles publiques peuvent être fermées.
294
+
295
+ Les États-Unis ont pour codes :
296
+
297
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1880.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,89 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le texte peut changer fréquemment, n’est peut-être pas à jour et peut manquer de recul.N’hésitez pas à participer en citant vos sources.La dernière modification de cette page a été faite le 22 juillet 2020 à 12:14.
2
+
3
+
4
+
5
+
6
+
7
+ L'Etna est un volcan d'Italie situé en Sicile, à proximité de la ville de Catane, la deuxième ville la plus peuplée de Sicile[3]. Culminant à 3 330 mètres d'altitude[1], il est le plus haut volcan actif d'Europe[3] et l'un des plus actifs du monde avec près de 80 éruptions au cours du XXe siècle[2],[4]. Sa forte activité éruptive, les coulées de lave très fluides et la proximité de zones densément peuplées ont décidé les volcanologues à l'inclure dans la liste des volcans de la décennie.
8
+
9
+ L'Etna est également appelé Ætna, Etnea, Monte di Catania ou encore Mons Gibel Utlamat, d'où Mongibello (doublet du latin mons et de l'arabe djebel qui veulent dire « montagne »)[1], en sicilien ’a muntagna[4] et Mungibeddu.
10
+
11
+ Selon de multiples sources, l'Etna (en latin Aetna) pourrait devoir son nom soit au grec Aitne, de aithō (αἴθω) qui signifie « je brûle »[5], soit au phénicien attuna signifiant « fourneau », « fournaise »[6].
12
+
13
+ L'Etna est un volcan situé en Italie, dans l'est de l'île et région de Sicile[3], dans le nord de la province de Catane. Il est entouré par la mer Ionienne à l'est, la ville de Catane et sa plaine au sud et les monts Nébrodes à l'ouest et au nord.
14
+
15
+ L'Etna forme une montagne massive conique culminant à 3 330 mètres d'altitude[1] et couvrant une superficie de 1 200 km2 ce qui en fait le volcan le plus haut d'Europe et la montagne la plus volumineuse d'Italie[3] avec 350 km3[4]. Durant le XXe siècle son altitude a fréquemment varié d'environ cent mètres en fonction des coulées de lave et de boue[4]. Il s'élevait à 3 274 mètres en 1900, 3 290 mètres en 1956 et 3 345 mètres en 1978.
16
+
17
+ Ses pentes relativement raides sont interrompues par plusieurs bouches éruptives, notamment sur ses flancs sud et ouest, ainsi que par plusieurs caldeiras dont la plus grande est la vallée du Bœuf de cinq kilomètres de largeur pour dix kilomètres de longueur orientée vers l'est[3].
18
+
19
+ Etna vu par le satellite Spot.
20
+
21
+ Animation représentant l'Etna en trois dimensions.
22
+
23
+ Cratère Silvestri depuis le refuge de Sapienza.
24
+
25
+ L'altitude élevée de l'Etna est à l'origine d'un microclimat relativement humide qui contraste avec le climat méditerranéen qui règne à ses pieds, ce qui permet une agriculture fertile, enrichie par les sols volcaniques, ainsi que la présence de deux stations de ski qui fonctionnent (l'une d'elles a été en très grande partie détruite par l'éruption de 2003) grâce aux précipitations neigeuses de l'hiver[4], etc.
26
+
27
+ Jusqu'à 1 000 m d'altitude, le climat est chaud et tempéré, les précipitations sont faibles et les températures minimales restent supérieures à 4 °C, alors que les températures maximales peuvent dépasser 40 °C dans les zones les plus basses[7]. Au-delà de 1 000 m, le climat devient froid et tempéré et les pluies sont plus abondantes. En hiver au sommet, les températures pouvant descendre jusqu'à −5 °C sont propices aux chutes de neige qui couvrent chaque année le sommet du volcan de novembre à mars environ. La présence du vent violent quasi-permanent au sommet peut donner des températures avec un ressenti de −10 °C en hiver.
28
+
29
+ La combinaison de la haute altitude de la montagne, du climat relativement humide qui y règne et des chutes de cendres volcaniques au cours d'éruptions fréquentes permet le maintien de névés protégés du soleil par les couches de cendres au-dessous de la limite inférieure des neiges persistantes[8].
30
+
31
+ La fertilité des pentes de l'Etna donne dès l'Antiquité des vignes productives et du bétail gras, selon le témoignage de Strabon[9].
32
+
33
+ Les pentes du volcan sont désormais couvertes de vergers de citronniers et d'orangers, qui laissent leur place à une forêt et des genêts à partir de 800 mètres et jusqu'à 1 500 mètres, altitude à partir de laquelle la végétation se fait plus rare jusqu'à devenir totalement absente[réf. nécessaire].
34
+
35
+ Dix espèces botaniques ont été reconnues endémiques de l'Etna : Celtis aetnensis, Betula aetnensis, Galium aetnicum, Anthemis aetnensis, Sclerantus aetnensis, Genista aetnensis, Senecio aetnensis, Astragalus siculus, Tanacetum siculum et Viola aetnensis[10].
36
+
37
+ L'Etna a des éruptions majoritairement effusives, ce qui le classe parmi les volcans rouges émettant des laves très fluides, qui donnent, en refroidissant, des trachy-basaltes. Ce volcan possède une structure interne complexe induite par ses différentes phases de formation[11]. Les éruptions effusives qui se déroulent généralement à partir de fissures éruptives ouvertes sur les flancs de la montagne sont toutefois moins fréquentes que les manifestations explosives de type strombolien qui se déroulent dans les quatre cratères sommitaux de l'Etna (nord-est, Bocca Nuova et Voragine qui ont fusionné, cône sud-est, et nouveau cône sud-est depuis 2011)[3],[2],[4]. La majorité des produits éruptifs de l'Etna sont émis sous forme de coulées de lave qui atteignent parfois la mer Méditerranée dans une zone très localisée située au sud-est du volcan[3]. Ce fut notamment le cas des coulées historiques de 1329, de 1381 et surtout de celle de 1669 qui détruisit une partie de la ville de Catane.
38
+
39
+ Avec près de 80 éruptions au cours du XXe siècle, l'Etna est l'un des volcans les plus actifs au monde[4],[2].
40
+
41
+ L'Etna se déforme au cours des éruptions. Entre deux éruptions de flanc majeures il se dilate horizontalement, sous l'effet de son poids et en réponse à l'inflation de la chambre magmatique[12].
42
+
43
+ Comme d'autres volcans construits sur un substrat en pente, l'Etna glisse aussi sur cette pente, ce qui engendre des déplacements qui s'ajoutent aux déformations de l'édifice. La mesure (par GPS différentiel) des déplacements entre 2001 et 2012 a permis de quantifier quatre épisodes de glissement vers l'est-sud-est, au rythme moyen de 14 mm/an[13].
44
+
45
+ L'origine du volcanisme qui alimente l'Etna, de même que celui des îles Éoliennes situées au nord de la Sicile ou celui des Cyclades en Grèce, est encore discutée et pourrait être engendrée, soit par la présence d'un point chaud, soit par la subduction de la plaque africaine sous la plaque eurasienne[4].
46
+
47
+ L'Etna actuel, appelé Mongibello pour le distinguer des autres phases de formation, est le résultat d'une construction qui s'est déroulée en quatre phases étalées sur 500 000 ans[14] :
48
+
49
+ La vallée du Bœuf, la caldeira de cinq kilomètres de largeur pour dix kilomètres de longueur orientée vers l'est[3], s'est formée à la suite de l'effondrement d'une autre caldeira durant la phase « Trifoglietto II[15] » mais sa forme définitive serait due à un effondrement datant d'environ 3 500 ans[14].
50
+
51
+ La croissance du sommet actuel de l'Etna a été interrompue il y a environ 2 000 ans par l'effondrement de la caldeira Piano à l'occasion d'un rare épisode explosif plinien en 122 av. J.-C.[2],[15] Cette caldeira de deux kilomètres et demi de diamètre est encore visible et son rebord culmine à 2 900 mètres d'altitude[réf. nécessaire].
52
+
53
+ En 2012, le sommet de l'Etna est occupé par cinq cratères sommitaux : le cratère nord-est apparu en 1911, la Voragine en 1947, la Bocca Nuova en 1968, le cratère sud-est en 1971 et le nouveau cratère sud-est apparu en 2007 au pied est de l'ancien, et régulièrement en activité depuis lors.
54
+
55
+ La première ascension répertoriée du volcan a été faite par le philosophe grec Empédocle entre 490 et 430 av. J.-C. ; il s'y serait jeté pour se suicider et on retrouva ses sandales de bronze au bord du cratère[16]. À cette époque, on jetait des objets en or et en argent en guise d'offrandes au dieu Vulcain : si le volcan les recrachait, cela signifiait qu'il les refusait et le donateur était alors précipité dans la lave[réf. nécessaire]. Le géographe grec Strabon (mort vers 23) est un des premiers à décrire sérieusement l'aspect de l'Etna[17]. Dans son ouvrage intitulé Géographie[17], il montre l'étagement de la végétation et des activités sur les pentes du volcan[18]. Il indique que le sommet change fréquemment de forme et décrit la partie supérieure comme ayant une forme circulaire de vingt stades de circonférence (soit environ 3,6 kilomètres)[17].
56
+
57
+ L’empereur Hadrien monte au sommet de l’Etna en 125[9].
58
+
59
+ Sainte Agathe, patronne de la ville de Catane située au pied de l'Etna, fut martyrisée par les Romains en 251[réf. nécessaire]. Sa mort fut accompagnée d'un tremblement de terre qui ébranla toute la ville[réf. nécessaire]. Un an après ces événements, l'Etna entra en éruption, déversant un flot de lave en direction de Catane[réf. nécessaire]. Les habitants s'emparèrent du voile qui recouvrait la sépulture de sainte Agathe et le placèrent devant la lave qui s'arrêta aussitôt, épargnant ainsi la ville[réf. nécessaire]. Depuis, sainte Agathe est invoquée pour se protéger des tremblements de terre, des éruptions volcaniques ou des incendies provoqués par l'Etna[réf. nécessaire].
60
+
61
+ Avec plusieurs dizaines d'éruptions par siècle[2], la présence d'habitations et d'infrastructures agricoles, économiques et de transport aux pieds et sur les flancs même du volcan induit un enjeu humain élevé pour l'Etna[4], ce qui a décidé les volcanologues à l'inclure dans la liste des volcans de la Décennie. Ainsi, plusieurs éruptions de l'Etna ont provoqué des dégâts sur les installations humaines en détruisant parfois totalement des villages[4], ont menacé la vie de 3 000 000 personnes[réf. nécessaire] et ont été à l'origine de presque cent morts qui se trouvaient pour la plupart trop près du lieu d'éruption, ce qui ne leur permettait pas de s'échapper à temps[4]. Ce fut le cas des éruptions de 141 av. J.-C., 1329, 1536, 1669, 1689, 1832, 1843, 1928, 1929, 1979, 1984, 1985 et 1987[2].
62
+
63
+ Les Sicules vénéraient Adranos, dieu de la Guerre et des Enfers, en particulier sur les pentes de l'Etna, à Adranon[9].
64
+
65
+ Adaptant les cultes sicules, les Grecs situent certains mythes sur l'Etna[9]. L'origine mythologique de l'Etna est liée à la gigantomachie : le géant Encelade, puni par la déesse Athéna pour avoir déserté le champ de bataille contre les Titans, se retrouve écrasé sous l'île de Sicile où il reste emprisonné[19]. Les coulées de lave du volcan correspondent à son haleine de feu et il provoque des séismes d'origine volcanique lorsqu'il se retourne[19]. Dans une autre version, il s'agit du titan Typhon[20] : selon le poète grec Pindare qui désigne l'Etna comme la « colonne du ciel[21] », Zeus a combattu puis enfermé le monstre Typhon, père de Cerbère et de la Chimère, sous l'Etna dont il cause les éruptions[22]. Gardé par Héphaïstos, il portait des ailes d'aigle et avait cent têtes de dragon dont les yeux lancent des flammes.
66
+
67
+ La nymphe Ætna, fille d'Ouranos et de Gaïa, aurait donné son nom au volcan[23] et naissance, de son union avec Héphaistos, aux Paliques[9]. La mythologie grecque situe, par ailleurs, les forges du dieu Héphaïstos sous l'Etna (elles étaient localisées auparavant à Lemnos mais aussi en Campanie et dans les îles Eoliennes[9]) où il fabrique les armes des dieux de l'Olympe tels que le trident de Poséidon ou le foudre de Zeus avec l'aide des cyclopes forgerons, les bruits sourds s'échappant du volcan correspondant au martèlement des outils sur les enclumes[19].
68
+
69
+ Selon Simonide, Héphaïstos aurait disputé à Déméter la possession de la Sicile.
70
+
71
+ Les Romains pensaient, quant à eux, que Vulcain, l'équivalent d'Héphaïstos dans le panthéon romain, se trouvait dans l'île de Vulcano, dans l'archipel des Îles Éoliennes, au nord de la Sicile. Enée retrouve au pied de l’Etna l'ancien compagnon d'Ulysse, Achéménide[9].
72
+
73
+ L'Etna joue clairement un rôle aussi dans certains sites de la Sicile utilisés par les anciens pour leurs fonctions astronomiques pour établir les calendriers, les solstices les équinoxes, etc. comme celui de l'Argimusco à Montalbano Elicona et Pizzo Vent à Fondachelli-Fantina.
74
+
75
+ L'Etna demeure à l’époque chrétienne identifié aux forces maléfiques et à l’enfer, comme dans les écrits de Philip Cluwer ou de Massa, ce que conteste Carrera tout en attestant une apparition démoniaque annonciatrice de l’éruption de 1636[24]
76
+
77
+ Vue de l'Etna depuis le site astronomique de Pizzo Vento à Fondachelli-Fantina.
78
+
79
+ Vue de l'Etna depuis le site astronomique de l'Argimusco à Montalbano Elicona.
80
+
81
+ L'Etna a été à l'arrivée de plusieurs étapes du tour d'Italie cycliste.
82
+
83
+ L'Etna possède deux stations de ski : Etna Nord-Linguaglossa et Etna Sud-Nicolosi.
84
+
85
+ Sur les autres projets Wikimedia :
86
+
87
+ Art rupestre du Valcamonica (1979) · Centre historique de Rome, les biens du Saint-Siège situés dans cette ville bénéficiant des droits d'extra-territorialité et Saint-Paul-hors-les-Murs (1980) (avec le Vatican) · L'église et le couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie avec « La Cène » de Léonard de Vinci (1980) · Centre historique de Florence (1982) · Piazza del Duomo à Pise (1987) · Venise et sa lagune (1987) · Centre historique de San Gimignano (1990) · Les Sassi et le parc des églises rupestres de Matera (1993) · Ville de Vicence et les villas de Palladio en Vénétie (1994) · Centre historique de Naples (1995) · Centre historique de Sienne (1995) · Crespi d'Adda (1995) · Ferrare, ville de la Renaissance, et son delta du Pô (1995) · Castel del Monte (1996) · Centre historique de la ville de Pienza (1996) · Les trulli d'Alberobello (1996) · Monuments paléochrétiens de Ravenne (1996) · Cathédrale, Torre Civica et Piazza Grande, Modène (1997) · Côte amalfitaine (1997) · Jardin botanique (Orto botanico), Padoue (1997) · Résidences des Savoie (1997) · Su Nuraxi de Barumini (1997) · Palais royal du XVIIIe siècle de Caserte avec le parc, l’aqueduc de Vanvitelli et l’ensemble de San Leucio (1997) · Portovenere, Cinque Terre et les îles (Palmaria, Tino et Tinetto) (1997) · Villa romaine du Casale (1997) · Zone archéologique d’Agrigente (1997) · Zones archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata (1997) · Centre historique d’Urbino (1998) · Parc national du Cilento et du Vallo Diano, avec les sites archéologiques de Paestum et Velia et la Chartreuse de Padula (1998) · Zone archéologique et la basilique patriarcale d'Aquilée (1998) · Villa Adriana (Tivoli) (1999) · Assise, la Basilique de San Francesco et autres sites franciscains (2000) · Ville de Vérone (2000) · Villa d'Este, Tivoli (2001) · Villes du baroque tardif de la vallée de Noto (sud-est de la Sicile) (2002) · Sacri Monti du Piémont et de Lombardie (2003) · Nécropoles étrusques de Cerveteri et de Tarquinia (2004) · Vallée de l'Orcia (2004) · Syracuse et la nécropole rocheuse de Pantalica (2005) · Gênes, les Strade Nuove et le système des palais des Rolli (2006) · Chemin de fer rhétique dans les paysages de l’Albula et de la Bernina (2008) (avec la Suisse) · Mantoue et Sabbioneta (2008) · Les Lombards en Italie. Lieux de pouvoir (568-774 après J.-C.) (2011) · Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (avec cinq autres pays) (2011) · Paysage viticole du Piémont (2014) · Palerme arabo-normande et les cathédrales de Cefalú et Monreale (2015) · Ouvrages de défense vénitiens du XVIe siècle au XVIIe siècle : Stato da Terra - Stato da Mar occidental (avec la Croatie et le Monténégro) (2017) · Ivrée, cité industrielle du XXe siècle (2018) · Les Collines du Prosecco de Conegliano et Valdobbiadene (2019)
88
+
89
+ Isole Eolie (Îles Éoliennes) (2000) · Monte San Giorgio (2003) (avec la Suisse) · Les Dolomites (2009) · Mont Etna (2013) · Forêts primaires de hêtres des Carpates et d’autres régions d’Europe (avec 12 pays) (2017)
fr/1881.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,236 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
4
+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
6
+
7
+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
8
+
9
+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
10
+
11
+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
12
+
13
+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
16
+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
18
+
19
+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
20
+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
25
+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
27
+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
+
31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
33
+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
+
37
+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
38
+
39
+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
+
41
+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
229
+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
230
+
231
+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
232
+
233
+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
234
+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
235
+
236
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1882.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,236 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
4
+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
6
+
7
+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
8
+
9
+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
10
+
11
+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
12
+
13
+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
16
+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
18
+
19
+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
20
+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
25
+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
27
+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
+
31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
33
+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
+
37
+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
38
+
39
+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
+
41
+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
229
+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
230
+
231
+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
232
+
233
+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
234
+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
235
+
236
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1883.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,236 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
4
+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
6
+
7
+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
8
+
9
+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
10
+
11
+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
12
+
13
+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
16
+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
18
+
19
+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
20
+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
25
+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
27
+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
+
31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
33
+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
+
37
+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
38
+
39
+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
+
41
+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
229
+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
230
+
231
+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
232
+
233
+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
234
+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
235
+
236
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1884.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,97 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ En droit de la famille, l'adoption du latin adoptare (étymologiquement : ad optare, « à choisir ») signifie « donner à quelqu'un le rang et les droits de fils ou de fille »[1]. Autrement dit, l'adoption est une institution par laquelle un lien de famille ou de filiation est créé entre l'adopté, généralement un enfant et le ou les adoptants, son/ses nouveaux parents qui ne sont pas ses parents de naissance. L'adopté devient l'enfant de l'adoptant (lien de filiation) et obtient donc des droits et des devoirs moraux et patrimoniaux.
2
+
3
+ L'adoption peut avoir pour but de pourvoir aux besoins d'un enfant par l'établissement d'une filiation alors qu'il en est dépourvu car il est orphelin. L'adoption peut aussi permettre à une personne, l'adoptant de transmettre son héritage car elle n'a pas d'enfant ou alors si les deux parents sont du même sexe, ils ont le droit d'adopter. Il peut aussi être question de la volonté de créer une famille.
4
+
5
+ L'adopté peut être un enfant mineur ou un majeur[2], un orphelin, l'enfant de son conjoint, ou un enfant abandonné volontairement ou retiré à ses parents par l’État (protection de l'enfance) ou illégalement par une personne (trafic d'enfants). L'adoptant est une personne seule ou un couple de sexe différent ou de même sexe (adoption homoparentale), un étranger ou le conjoint du parent de l'enfant.
6
+
7
+ Selon le droit local, l'adoption peut être dite simple, plénière, confidentielle ou ouverte voire internationale si l'adopté ne provient pas du même pays que l'adoptant. À signaler, le droit musulman qui ne reconnait pas l'adoption mais permet une autre procédure : la kafala. Le droit positif peut faire coexister ces différents systèmes, ou n'en reconnaitre que certains.
8
+
9
+ La procédure d'adoption consiste généralement en une procédure préalable d'abandon ou d'adoptabilité de l'enfant suivie d'une procédure d'agrément à l'adoption et à l'enregistrement de celle-ci dans l'état civil.
10
+
11
+ Connue depuis la plus haute Antiquité, l'adoption ne sera pratiquée couramment qu'à partir des Romains. À Rome, l'adoption peut être dite « impériale » et avoir pour but la désignation d'un successeur officiel. Elle concerne donc généralement des adultes qui sont adoptés par un autre adulte n'ayant pas de descendance à qui transmettre leur patrimoine.
12
+
13
+ Avec la fin de l'Antiquité, l'adoption disparait en Europe, elle est même interdite dans certaines conditions[3].
14
+
15
+ « L’adoption médiévale, qui était juridiquement instituée comme filiation fictive, ne pouvait avoir lieu que si l’adoptant était en état de procréer, ce qui interdisait l’adoption aux eunuques et aux impuissants. De même, il était « contraire à la vérité » et impossible selon la nature que l’adopté fût considéré comme le fils fictif d’un adoptant qui aurait été plus jeune que lui parce que, dans la nature, le père est nécessairement plus âgé que le fils[4]. »
16
+
17
+ De l'autre côté de la Méditerranée, l'adoption est interdite par le droit musulman. Il s'agit d'une interprétation du verset 4 et 5 de la sourate 33 du Coran :
18
+
19
+ À sa place, il est instauré la kafala, un système de placement sans modification de la filiation.
20
+
21
+ Avant l'adoption dite moderne, telle qu'on la connaît depuis la seconde moitié du XXe siècle, il a existé plusieurs formes d'adoption dont les plus anciennes remontent au droit hellénique puis au droit romain. Après une longue période de marginalisation, le recours à l'adoption réapparaît, selon les pays, entre la fin du xviiie siècle et le début du XIXe siècle.
22
+
23
+ À l'époque de la Révolution française[5], Hugues Fulchiron cité par Bruno Perreau dans son ouvrage Penser l'adoption[6], souligne que les révolutionnaires y voient la possibilité d'« imiter la nature, créer par la puissance de la volonté une seconde nature, plus harmonieuse et plus raisonnable que la première ». Aux États-Unis, elle prend son essor du fait de l'immigration et de la guerre de Sécession[7]. L'adoption d'un orphelin indien par le père Anton Docher à la fin du XIXe siècle au Nouveau-Mexique constitue un exemple atypique d'adoption aux États-Unis[8].
24
+
25
+ La sociologue Martine Court note qu'« à la fin du XIXe siècle, les enfants qu'on adopte sont en priorité des garçons de 8-10 ans, en vue de les faire travailler. L'adoption a ensuite pris une finalité plus sentimentale : à partir des années 1920, on cherche à adopter pour vivre avec eux une relation affective, épanouissante, centrée sur le bonheur »[9].
26
+
27
+ En France, l'adoption moderne, dans le sens de la création d'un lien de filiation, prend son essor au terme de la Première Guerre mondiale. Il s'agissait alors de « faire face aux pertes de guerre »[6]. La législation évolue, toujours dans le sens de la facilitation de l'adoption, jusqu'en 1976 où est définitivement inscrite dans la loi la finalité de « faire famille »[6].
28
+
29
+ L'adoption internationale a pris une importance croissante depuis la seconde moitié du XXe siècle. Selon les travaux de Peter Selman elle a augmenté de 40 % entre 1998 et 2004[10], année au cours de laquelle les vingt principaux pays d'accueil avaient reçu 45 000 enfants[10]. On observe depuis une tendance baissière[11]. Selon d'autres analyses portant sur les 23 principaux pays d'accueil, elles s'évaluent à 35 000 en 2008 et à 29 000 en 2010[12]. Face à cette croissance des déplacements d'enfants, la communauté internationale a pris des mesures sans cesse croissantes de réglementation et de normalisation des procédures. Elles visent à protéger les enfants et, en particulier, à faire obstacle aux trafics d'enfants.
30
+
31
+ Comme toute notion de droit de la famille, l'adoption reste une matière régalienne, conservant une certaine diversité selon les États mais elle fait l'objet de nombreuses conventions ou accords multilatéraux notamment pour gérer les effets des adoptions internationales. Il existe également des formes d'adoption coutumière ou traditionnelle comme le don d'enfant.
32
+
33
+ Certains pays connaissent deux formes concurrentes d'adoption (comme la France : adoption simple et adoption plénière), d'autres n'en connaissent qu'une seule (Haïti par exemple[13]). L'adoption peut être dite « ouverte » ou « confidentielle ». Elle peut être définitive ou révocable. (Ce principe de rupture du lien de filiation d'origine existe notamment en France, en Belgique, aux États-Unis[14] et au Canada[15]).
34
+
35
+ La France et la Belgique, héritiers du Code napoléon possèdent tous deux un régime sur l'adoption inscrit à l'article 343 et suivant du code civil national (code civil français[16], code civil belge[17]). C'est un régime séparé en deux possibilités : adoption simple et adoption plénière[18].
36
+
37
+ L'adoption simple ne rompt pas le lien de filiation avec les parents de naissance de l'adopté. Elle ajoute à ce lien de filiation le lien de filiation adoptif créant ainsi une filiation double. Selon les droits nationaux, elle peut être révocable. Contrairement à l'adoption simple, l'adoption plénière rompt tout lien de filiation avec la famille d'origine de l'adopté. Elle est généralement irrévocable mais certains droits nationaux permettent qu'elle soit révisée.
38
+
39
+ En Haïti, par exemple, seule l'adoption simple est possible[13]. En revanche en Suisse, le code civil[19] ne permet qu'un système proche de l'adoption plénière[20].
40
+
41
+ Notamment utilisée aux États-Unis, l'adoption dite « confidentielle » est proche de l'accouchement sous X. Les origines biologiques de l'enfant adopté, et en particulier ses parents, sont conservées secrètes afin de prévenir la rencontre a posteriori entre l'enfant et l'un ou l'autre de ses parents de naissance.
42
+
43
+ L'adoption ouverte est une pratique en vigueur aux États-Unis. Dans son analyse, Florence Laroche-Gisserot[21], précise qu'elle « n'est pas dotée d'une identité juridique claire et précise », qu'elle est apparue autour des années 1970 et qu'elle se caractérise « par le fait que les parents biologiques rencontrent et choisissent eux-mêmes les futurs adoptants puis maintiennent des contacts entre ceux-ci et l'enfant ». En ce sens, elle présente des similitudes avec le placement volontaire de l'enfant.
44
+
45
+ L'adoption est régie par plusieurs textes internationaux de portée et de nature différente. Certains textes cherchent à organiser l'adoption, à protéger les droits de l'enfant ; d'autres ont pour but de faciliter la coopération entre pays pour faciliter l'adoption internationale et lutter contre le trafic d'enfants.
46
+
47
+ Il existe deux textes principaux à vocation mondiale sur ce thème : la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE) rédigée en 1989 et la convention sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale de 1993.
48
+
49
+ La Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE), traité international adopté le 20 novembre 1989 par les Nations unies proclame « l'intérêt supérieur de l'enfant » (art. 3), l'intérêt de protéger l'unité familiale (art. 9 et 10) mais aussi une « protection de remplacement » (art. 20 et 21).
50
+
51
+ La convention créé une hiérarchie entre ses protections en privilégiant les solutions évitant le déplacement de l'enfant. Les quatre solutions locales énumérées sont le placement dans une famille, la kafala dans les pays de droit islamique, l'adoption et le placement en établissement, ce dernier cas devant n'être envisagé qu'« en cas de nécessité ». Lorsque aucune solution satisfaisante pour l'enfant n'a pu être mise en œuvre dans son pays d'origine, l'adoption internationale peut alors être envisagée, celle-ci devant faire l'objet d'une vigilance particulière.
52
+
53
+ La convention internationale des droits de l'enfant s'impose à tous les pays l'ayant ratifiée, soit 190 des 193 États reconnus par l'ONU c'est-à-dire sauf aux États-Unis, à la Somalie et au Soudan du Sud.
54
+
55
+ Le 29 mai 1993, un traité multilatéral de droit privé, la convention sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale, pose le cadre général de coopération internationale en matière d'adoption internationale. Il décline les principes de la Convention internationale des droits de l'enfant et énumère une série de règles visant à protéger l'enfant lorsqu'est envisagée une adoption internationale et à faciliter la coopération entre les États parties. En décembre 2012, il réunit 89 pays[22].
56
+
57
+ Le 18 décembre 2009, l'Assemblée générale des Nations unies adopte les « Lignes directrices relatives à la protection de remplacement pour les enfants »[23] qui viennent compléter et renforcer les dispositions internationales en vigueur[24]. Ce texte se limite à fixer des orientations souhaitables et n'a pas de valeur contraignante en droit international.
58
+
59
+ Dans son guide de bonnes pratiques numéro 2, la conférence de la Haye de droit international privé (HCCH) énumère les cinq principes fondamentaux qui s'envisagent simultanément et concourent, ensemble, à la réalisation des objectifs prévus par la convention[25] :
60
+
61
+ Remarque : il n'existe pas de directive européenne en la matière. Le droit de la famille étant exclu du champ de compétence de l'Union européenne.
62
+
63
+ Le 1er juillet 1990, l'Organisation de l'unité africaine adopte la charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant qui s'inspire d'une déclaration précédemment adoptée par l'OUA et de la Convention internationale des droits de l'enfant. La charte apporte aux termes de la convention une interprétation qui tient compte des spécificités du continent africain et de ses cultures. Elle est en vigueur dans 53 pays[26].
64
+
65
+ La charte apporte une précision au concept de « famille élargie » pour l'enfant, introduite par la Convention internationale des droits de l'enfant, par la mention du tuteur dans l'environnement familial ; ainsi que celle de « séparation temporaire » pour faits de « déplacement interne et externe provoqué par des conflits armés ou des catastrophes culturelles ». Une telle séparation appelant dès lors la mise en œuvre de mesures favorisant la réunion des enfants avec leurs parents. C'est l'Union africaine, qui a succédé à l'OUA, qui assure désormais le suivi de la charte, en particulier au travers du comité africain des experts sur les droits et le bien-être de l'enfant.
66
+
67
+ Le 24 avril 1967, le Conseil de l'Europe adopte la « Convention européenne en matière d'adoption des enfants »[27] qui entre en vigueur le 26 avril 1968. Le 26 janvier 2000, l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adopte une recommandation[28] qui dénonce les dérives en matière d'adoption internationale et demande, notamment, au Comité des Ministres du Conseil de l'Europe d'affirmer plus avant sa volonté politique de faire respecter les droits de l'enfant par les États membres.
68
+
69
+ En 2008, 18 des 47 États membres du Conseil avaient ratifié le texte et 3 l’avaient signé[29]. À cette date, une version révisée est élaborée puis adoptée[30]. Au 14 décembre 2012, cette version est en vigueur dans 7 des 47 États membres du conseil[31]. Le texte révisé introduit de nouvelles règles en matière de consentement, élargit l'accès à l'adoption en l'ouvrant aux couples non mariés, homosexuels ou hétérosexuels, traite des questions d'accès aux origines et fixe des conditions d'âge pour accéder à l'adoption[32].
70
+
71
+ Enfin, la Cour européenne des droits de l'homme, tribunal spécial du Conseil de l'Europe a eu à connaître un certain nombre d'affaires en matière d'adoption en raison d'une violation alléguée des articles 8 (droit à la vie privée et familiale) et 14 (discrimination) de la Convention. Les conditions de l'abandon des enfants ont ainsi pu être critiquées[33] mais ces derniers temps c'est surtout la fermeture de l'adoption pour les homosexuels qui a pu être critiquée. Ainsi depuis l'affaire E.B. c. France[34] le motif d'homosexualité ne semble plus pouvoir être invoqué pour justifier, seul, d'un refus d'agrément à l'adoption[35].
72
+
73
+ Comme il est d'usage, les procédures générales sont peu décrites dans les conventions en vigueur en matière de droits de l'enfant et d'adoption internationale. Pour autant, elles stipulent un certain nombre de règles supranationales que l'ensemble des États signataires est supposé respecter.
74
+
75
+ Toute adoption doit (dans l'ordre) :
76
+
77
+ Les déclinaisons de ces quatre obligations varient profondément selon les États. Elles constituent cependant, normalement, un socle commun à l'ensemble des procédures nationales mises en œuvre par les pays ayant ratifié la Convention internationale des droits de l'Enfant.
78
+
79
+ Selon les pays, les candidats à l'adoption peuvent être soumis à l'obtention d'un agrément préalable à l'engagement des démarches en vue d'adopter. Les règles relatives à cette démarche relèvent du droit national de chaque pays.
80
+
81
+ En cas d'adoption internationale, on distingue les procédures des pays ayant ratifié la convention sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale et celles des autres pays. Le site internet de la Conférence de la Haye de droit international privé (HCCH) tient à jour la liste des pays concernés[22].
82
+
83
+ Dans le cas des pays ayant ratifié la convention :
84
+
85
+ Dans le cas des pays n'ayant pas ratifié la convention :
86
+
87
+ Depuis la seconde moitié du XXe siècle l'institution de l'adoption est traversée par de profondes mutations qui reflètent les évolutions des sociétés et des mentalités. Elle devient un moyen de protection de l'enfance, déborde des frontières (adoption internationale), et s'éloigne lentement du modèle de la famille biologique (connaissance des origines, adoption homoparentale).
88
+
89
+ En quelque quarante années, entre 1969 et 2010 et selon les statistiques connues, les déplacements d'enfants dans le monde au motif d'une adoption internationale subissent un accroissement quantitativement majeur, passant de 1 239 (1969) à 675 243 enfants (2010)[12], soit près de 545 fois plus. Les carences de contrôles quant à l'adoptabilité réelle des enfants proposés dans les orphelinats des pays d'origine ont pu conduire à des abus et des trafics d'enfants. C'est tout l'objet des réglementations internationales que d'en protéger les enfants, et les candidats à l'adoption, comme le précise l'UNICEF dans sa position sur l'adoption internationale[38]. Depuis 2003 toutefois, le nombre d'adoptés internationaux baisse : il y a eu en 2013 trois fois moins d'adoptions internationales qu'en 2003[39].
90
+
91
+ Parmi les grands pays d'origine des enfants adoptés à l'international, de sérieuses dérives ont été constatées au Guatemala, qui gèle en 2008 plus de 3 000 dossiers à la suite de la découverte d'irrégularités massives dans l'un des principaux orphelinats du pays[40]. Au Cambodge, face aux fraudes constatées, les États-Unis suspendent les adoptions internationales le 21 décembre 2001[41], suivis par un certain nombre de pays. En décembre 2009 le pays déclare une suspension provisoire de toutes les adoptions internationales consécutive à sa ratification de la convention sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale[42]. En Haïti, à la suite du séisme de 2010, des enlèvements d'enfants ont été signalés[43]. (compléter sources et dates)
92
+
93
+ Toute adoption internationale impose aux États parties de résoudre les problèmes de conciliation de droits qu'elle engendre. Ainsi, en France, de nombreuses difficultés sont apparues pour l'adoption plénière d'enfants adoptés en Haïti qui ne reconnaît, en son droit local, que l'adoption simple. Les familles adoptives sont, dès lors, confrontées à l'interprétation des tribunaux. Par avis du 4 avril 2011[44], la Cour de cassation française a confirmé que « la formalité de la légalisation des actes de l’état civil établis par une autorité étrangère et destinés à être produits en France demeure, selon la coutume internationale et sauf convention contraire, obligatoire pour y recevoir effet », autrement dit que la conversion en adoption plénière française d'une adoption simple haïtienne n'était pas possible malgré la production du consentement des parents de naissance, ce consentement n'ayant pas été légalisé par les autorités haïtiennes. L'avis de la Cour de cassation, et les arrêts auxquels il fait référence, ne porte que sur l'absence de légalisation des documents produits.
94
+
95
+ Tandis que l'adoption ouverte apparaît aux États-Unis, le droit pour les enfants adoptés d'accéder à leurs origines biologiques, et les moyens pour exercer ce droit, sont vastement débattus dans certains pays, dont la France, pendant les années 1990. S'opposent alors « les défenseurs des secrets verrouillés coûte que coûte[45] » aux « promoteurs de la transparence de l’origine à tout prix[45] ». Selon l'analyse des conventions internationales publiée en 2006 par la Coordination des ONG pour les droits de l'enfant (Belgique), ce droit d'accès aux origines « n’est à ce jour pas formalisé explicitement dans ces conventions internationales[46] ». Les législations varient profondément entre les pays, notamment européens, selon qu'ils autorisent, ou non, l'accouchement dans le secret[47].
96
+
97
+ L'adoption homoparentale est le moyen pour deux personnes de même sexe d'adopter des enfants. Le ou les enfants vivant dans un foyer homosexuel peuvent alors avoir les mêmes droits familiaux et patrimoniaux qu'un enfant vivant dans un foyer hétérosexuel. L'adoption homoparentale peut concerner l'enfant biologique du conjoint comme un enfant extérieur au foyer. Elle résulte le plus souvent de la possibilité pour les couples de même sexe de se marier, qui existe inégalement dans le monde. Son apparition va de pair avec le recul des discriminations fondées sur l'orientation sexuelle, qui prend son essor dans les années 2000.
fr/1885.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,318 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Homme moderne, Homme, humain, être humain
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Statut de conservation UICN
8
+
9
+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Répartition géographique
12
+
13
+ Homo sapiens, plus communément appelé « Homme moderne », « Homme », « Humain », ou « Être humain », est une espèce de primates originaire d'Afrique qui s'est aujourd'hui répandue et naturalisée sur l'ensemble de la planète hormis l'Antarctique. Il appartient à la famille des hominidés et est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces étant éteintes. Les plus anciens fossiles connus de cette espèce sont datés d'environ 300 000 ans[1].
14
+
15
+ Parmi les hominidés actuels, il se distingue du point de vue physiologique par un mode locomoteur au sol exclusivement bipède, son cerveau plus volumineux et sa pilosité moins développée[2]. Il faut ajouter à ces critères, l’existence d’une ménopause chez la femme, rare chez les autres hominidés.
16
+
17
+ Du point de vue de l'éthologie, et par rapport au reste du règne animal, l'Homo sapiens se distingue par la complexité de ses relations sociales, l'utilisation d'un langage articulé élaboré transmis par l'apprentissage, la fabrication d'outils, le port de vêtements, la maîtrise du feu, la domestication de nombreuses espèces végétales et animales, ainsi que l'aptitude de son système cognitif à l'abstraction, à l'introspection et à la spiritualité. Certaines de ces caractéristiques étaient partagées par d'autres espèces du genre Homo.
18
+
19
+ Plus généralement, il se distingue de toute autre espèce animale par l'abondance et la sophistication de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il opère sur les écosystèmes[a].
20
+
21
+ La science qui étudie les humains actuels sous tous leurs aspects est l'anthropologie. Celle qui étudie son évolution est la paléoanthropologie.
22
+
23
+ L'espèce Homo sapiens fut décrite par Carl von Linné en 1758 dans la 10e édition de son ouvrage Systema naturae[3]. Deux siècles plus tard, William Thomas Stearn désigna Linné lui-même comme lectotype de l'espèce[b],[3].
24
+
25
+ Le mot français « Homme » est une évolution du latin hominem, accusatif de homo (être humain), et peut faire référence à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble (le nominatif homo a donné en français le pronom indéfini on[4]). Sapiens est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », adjectif issu du gérondif du verbe sapio signifiant « avoir du goût, de la saveur, du jugement ».
26
+
27
+ Homo sapiens est aussi appelé « Homme », « Homme moderne », « humain » ou encore « être humain ». Le mot « homme » désigne aussi le mâle adulte, plus prosaïquement qualifié d'individu de genre masculin. Le terme « femme » pour sa part désigne la femelle adulte. Les termes « garçon » et « fille » désignent respectivement le mâle et la femelle à leur stade infantile ou pubère. « Fils » et « fille » renvoient indifféremment à l'individu jeune ou adulte lorsque l'accent est mis sur la filiation.
28
+
29
+ On emploie aussi le terme « Humanité », au singulier et avec une majuscule, pour désigner l'espèce humaine dans son ensemble.
30
+
31
+ Dans le dernier quart du XXe siècle, l'espèce Homo sapiens a parfois été subdivisée en deux sous-espèces, l'Homme moderne dit Homo sapiens sapiens et l'Homme de Néandertal dit Homo sapiens neanderthalensis. Le consensus actuel classe à nouveau les deux groupes humains dans deux espèces séparées, l'Homme de Néandertal étant désormais dit Homo neanderthalensis[5], ce qui rend inutile le recours à une dénomination trinominale pour Homo sapiens[6]. Si à l'avenir une véritable sous-espèce d'Homo sapiens est découverte, l'Homme moderne pourra retrouver une dénomination trinominale (avec ou non sapiens comme troisième terme).
32
+
33
+ Homo sapiens fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés en cascade, dont chacun est caractérisé par un ou plusieurs caractères dérivés, qui s'ajoutent ou remplacent des caractères ancestraux.
34
+
35
+ Dans la classe des mammifères, l'espèce Homo sapiens fait partie des[7] :
36
+
37
+ Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[8] et Springer et al. (2012)[9] :
38
+
39
+ Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)
40
+
41
+ Hylobatidae (Gibbon)
42
+
43
+ Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)
44
+
45
+ Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)
46
+
47
+ Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)
48
+
49
+ Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)
50
+
51
+ Phylogénie des genres actuels d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[10] et Springer et al. (2012)[11] :
52
+
53
+ Pongo (Orang-outan)
54
+
55
+ Gorilla (Gorille)
56
+
57
+ Pan (Chimpanzé)
58
+
59
+ Homo (Homme)
60
+
61
+ Les grands singes génétiquement les plus proches de l'Homme moderne sont les deux espèces de Chimpanzé : Pan troglodytes (le Chimpanzé commun) et Pan paniscus (le Bonobo). Le génome de l'Homme moderne (d'une longueur approximative de 3,2 milliards de paires de nucléotides) ne diffère que de 1,2 % de celui des chimpanzés[12],[c],[13] (soit quand même 38,4 millions de paires de nucléotides).
62
+
63
+ Selon la plupart des paléoanthropologues, la divergence entre Hominina et Panina (lignée des chimpanzés) remonterait à au moins 7 millions d'années[14].
64
+
65
+
66
+
67
+ Les plus anciens Hominina identifiés à ce jour sont Sahelanthropus tchadensis, daté de 7 millions d'années, découvert en 2001 au Tchad, et Orrorin tugenensis, daté de 6 millions d'années, découvert en 2000 au Kenya.
68
+
69
+ Le genre Australopithèque, apparu vers 4,2 millions d'années en Afrique de l'Est, a formé de nombreuses espèces en Afrique, du Pliocène jusqu'au début du Pléistocène. La découverte de l'australopithèque Lucy en 1974 en Éthiopie, datée de 3,2 millions d'années, à la bipédie affirmée mais dotée d'un cerveau de faible volume (seulement légèrement plus gros que celui des chimpanzés), a confirmé, après l'enfant de Taung découvert en 1924 en Afrique du Sud, que la bipédie était de loin plus ancienne que l'augmentation du volume cérébral. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,66 Ma, trouvées à Laetoli en Tanzanie, montrent cependant une bipédie encore archaïque chez les Australopithèques.
70
+
71
+ Il y a près de 3 millions d'années, en réaction à un probable assèchement du climat en Afrique de l'Est, il semble se produire une divergence évolutive, donnant d'un côté les Paranthropes et de l'autre le genre Homo. La sélection naturelle pourrait avoir joué un rôle significatif par l'adaptation à un couvert végétal de moins en moins arboré.
72
+
73
+ Le plus ancien fossile attribué au genre Homo (découvert en 2013 en Éthiopie et désigné sous le code LD 350-1) est une mandibule fragmentaire datée d'environ 2,8 millions d'années. Elle montre des caractères intermédiaires entre les Australopithèques et Homo habilis[15].
74
+
75
+ À partir d'environ 2 millions d'années, les fossiles d'Homo ergaster attestent d'une bipédie devenue exclusive, avec des membres antérieurs nettement plus courts que les membres postérieurs et la présence d'une voûte plantaire. Les jambes sont plus longues que la hauteur du torse et adaptées à la marche d'endurance et à la course. Des traces de pas comparables à celles de l'Homme moderne et datant de 1,51 à 1,52 million d'années ont notamment été trouvées à Ileret (en), au Kenya[16].
76
+
77
+ De manière générale, tout au long de l'évolution humaine, le squelette devient de plus en plus gracile, alors que les Homo archaïques ont des squelettes robustes.
78
+
79
+ L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :
80
+
81
+ L'un des éléments caractérisant le processus évolutif ayant accompagné l'émergence d’Homo sapiens serait la néoténie, c'est-à-dire une modification héréditaire du phénotype consistant en une persistance de caractères juvéniles à l'âge adulte. Certaines caractéristiques de la physiologie et de l'éthologie humaine actuelles seraient directement liées à la néoténie[2].
82
+
83
+ L'enchainement des différentes espèces humaines depuis quelque 2,5 millions d'années demeure un sujet de débat chez les spécialistes, faute de fossiles en nombre suffisant qui puissent permettre de proposer une phylogénie consensuelle. Seules les espèces humaines les plus récentes peuvent faire l'objet d'hypothèses sérieuses, notamment grâce aux récentes avancées de la paléogénétique.
84
+
85
+ Phylogénie des espèces récentes du genre Homo,
86
+ d'après Strait, Grine & Fleagle (2015)[17],
87
+ et Meyer, Pääbo & al. (2016)[18] :
88
+
89
+ Homo antecessor †
90
+
91
+ Homo heidelbergensis †
92
+
93
+ Homo denisovensis †
94
+
95
+ Homo neanderthalensis †
96
+
97
+ Homo rhodesiensis †
98
+
99
+ Homo sapiens
100
+
101
+ Pour les paléoanthropologues, les ossements fossiles du genre Homo peuvent être attribués à Homo sapiens s'ils présentent un certain nombre de critères distinctifs, dont les plus importants sont un volume endocrânien supérieur à 1 300 cm3, une face réduite sous la boite crânienne, un angle facial compris entre 82 et 88° (prognathisme faible à nul), un bourrelet sus-orbitaire réduit, et un menton osseux saillant.
102
+
103
+ Le volume cérébral d'Homo sapiens, qui est en moyenne aujourd'hui chez l'humain moderne de 1 350 cm3, était plus élevé au Paléolithique supérieur, sans atteindre toutefois le volume cérébral moyen de l'Homme de Néandertal. La réduction du volume global du cerveau se serait accompagnée d'une réorganisation des aires cérébrales aux conséquences plus importantes que la variation du volume brut.
104
+
105
+ Historiquement, les premiers restes fossiles d'Homo sapiens ont été découverts en 1823 au Pays de Galles : il s'agit de la Dame rouge de Paviland. Puis des restes ont été découverts en 1829 à Engis, en Belgique, dans les grottes Schmerling, en même temps que les premiers restes néandertaliens. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été reconnus lors de leur découverte comme des restes fossiles d'Homo sapiens. C'est Louis Lartet qui, en mettant au jour en 1868 en Dordogne les fossiles de l'Homme de Cro-Magnon, datés de 28 000 ans, fait reconnaitre pour la première fois l'ancienneté d'Homo sapiens.
106
+
107
+ On a déjà découvert à ce jour de nombreux fossiles d'Homo sapiens plus ou moins archaïques, en Afrique, et de plus en plus, hors d'Afrique. Les fossiles suivants lui sont généralement attribués (non exhaustif) :
108
+
109
+ Le site de Fuyan en Chine a livré en 2015 47 dents datées d'au moins 80 000 ans et appartenant à Homo sapiens[29].
110
+
111
+ 8 dents trouvées dans la grotte de Qesem, à proximité de Tel Aviv-Jaffa, dont les plus vieilles seraient datées d'environ 400 000 ans, auraient éventuellement des affinités avec Homo sapiens, hypothèse étudiée par M. Gopher et son équipe[30], mais elles ne peuvent être attribuées de façon certaine[31].
112
+
113
+ En 2018 est annoncée la découverte sur le site de Nwya Devu (en) de fossiles d'Homo sapiens qui ont colonisé le plateau tibétain, à 4 600 m d'altitude, il y a 30 à 40 000 ans. Il s’agit de la plus ancienne présence connue d'Homo sapiens à haute altitude[32].
114
+
115
+ Les fossiles européens les plus anciens sont des fragments d'os et de dents trouvés dans la grotte de Bacho Kiro, en Bulgarie, datés à 46 790 ans (cal AP). La grotte a été utilisée par Homo sapiens jusqu'à −42 810 ans (cal AP)[33],[34].
116
+
117
+ Les études génétiques basées sur la comparaison de l'ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles indiquent que notre espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique au terme d'une évolution allant d'environ 300 000 à 60 000 ans avant le présent. Par la suite l'Homme moderne aurait quitté l'Afrique principalement entre 70 000 et 50 000 ans pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l'Homme de Néandertal en Europe ou l'Homme de Denisova en Asie, avec lesquelles ils ont néanmoins pu s'hybrider, ce qui a favorisé leur adaptation aux nouveaux environnements rencontrés. Cette influence néandertalienne s'est ensuite rétrodiffusée en Afrique[35].
118
+
119
+ La vision de l’émergence d'Homo sapiens a évolué depuis les années 1980. Parmi les différents modèles proposés, on distingue[36] :
120
+
121
+ La diversité génétique humaine actuelle s'est construite à partir de trois principaux évènements radiatifs en Afrique[44] :
122
+
123
+ Plusieurs autres espèces du genre Homo, l'Homme de Néandertal, l'Homme de Denisova, l'Homme de Florès, ont été contemporaines d’Homo sapiens, avec lequel certaines d'entre elles ont pu coexister pendant des milliers d'années avant de s'éteindre.
124
+ Selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier environ 1,8 % d'ADN néandertalien chez les populations non africaines modernes[45].
125
+
126
+ Bien qu'Homo sapiens et Homo neanderthalensis soient désormais considérés comme deux espèces distinctes, il s'est produit une hybridation entre Sapiens et Néandertal il y a 50 000 à 70 000 ans au Proche-Orient, produisant aujourd'hui un héritage de 1,8 à 2,6 % de gènes néandertaliens chez tous les non-Africains[46]. Depuis, l'ADN néandertalien a été rétrodiffusé en Afrique. Certains de ces gènes, sélectionnés positivement par les africains, améliorent leur immunité ou les protègent contre le rayonnement ultraviolet. Une partie des gènes qu'ils partagent avec les Néandertaliens (0.3 % en moyenne) provient de migrations eurasiatiques relativement récentes. L'autre témoigne en fait d'une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[47].
127
+
128
+ Plusieurs études publiées depuis 2010, basées sur le séquençage de l'ADN nucléaire extrait d'une phalange et de dents dénisoviennes, indiquent que l'Homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d'Australie actuels, et aurait été relativement répandu en Asie à la fin du Pléistocène[48],[49],[50]. Une étude de 2014 montre qu'une partie du matériel génétique de Denisova a été sélectionnée chez Homo sapiens pour s'adapter à la haute altitude. Un variant du gène EPAS1 provenant des Dénisoviens améliore le transport d'oxygène et est présent uniquement chez les Tibétains et chez les Chinois Han dans une moindre proportion[51].
129
+
130
+ Homo sapiens est un hominidé dont la caractéristique physique la plus manifeste est sa station debout : la colonne vertébrale est redressée et les membres antérieurs ne s'appuient pas sur le sol. Il fait partie des très rares mammifères adoptant ce mode de locomotion.
131
+
132
+ Un humain adulte mesure de 1,40 à 2 m, mais cet écart peut s'étendre d'environ 70 cm à environ 2,70 m, dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme. La taille est influencée par des facteurs environnementaux, tels que la disponibilité de nourriture, mais aussi par le caryotype constitutionnel. Ainsi, toutes autres choses égales par ailleurs, les femmes au caryotype 46,XX sont plus petites que les hommes au caryotype 46,XY, qui eux-mêmes sont plus petits que les hommes atteints du Syndrome de Klinefelter (47,XXY) ou du syndrome 47,XYY. Les femmes au caryotype 46,XX sont aussi plus petites que les femmes atteintes du syndrome triple X. De façon générale, la taille semble croître avec le nombre de chromosomes sexuels.
133
+
134
+ Le poids moyen est d'environ 62 kg[52]. Les données individuelles varient beaucoup autour des moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, alimentaires et comportementaux. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques. Les hommes sont en moyenne 12 centimètres plus grands que les femmes[53].
135
+
136
+ La pilosité humaine est réduite par rapport à celle des autres primates[2] ; elle est essentiellement limitée à certaines parties du corps (cuir chevelu, aisselles et pubis).
137
+
138
+ La couleur de la peau humaine présente une grande variété (noire, brune, beige ou rosée très claire), liée à la présence plus ou moins abondante de mélanine, un pigment brun filtrant les rayons ultraviolets. La peau humaine est plus foncée dans la zone intertropicale. Cette variété de pigmentation est une adaptation génétique aux différences d'ensoleillement selon les zones géographiques[54]. En Afrique, les albinos ont ainsi un risque accru de cancers de la peau[55].
139
+
140
+ L'humain a besoin du soleil pour synthétiser la vitamine D. Plus il s’est trouvé sous des latitudes faiblement ensoleillées, plus sa peau s’est éclaircie, ce qui facilite la production de vitamine D. La peau noire a en revanche un très haut pouvoir filtrant face aux UV. La dépigmentation a suivi la migration des populations humaines vers les zones septentrionales de la planète.
141
+
142
+ La peau humaine se ride, s’amincit et perd son élasticité avec l’âge (un test consiste à pincer et à tirer légèrement la peau du dessus de la main ouverte et à mesurer le temps qu'elle met pour reprendre son aspect normal une fois relâchée : l’écart entre un sujet jeune et un sujet âgé est d'environ une seconde). Des pratiques à visée ornementale ou rituelle peuvent modifier l'aspect de la peau et y faire apparaître des motifs divers[56].
143
+
144
+ Caractères sexuels secondaires : la pilosité est moindre sur le corps féminin, à l'exception notable du cuir chevelu. En effet, le cycle de vie des cheveux est de cinq ans chez la femme, et de trois ans chez l'homme. Les cheveux poussent aussi plus rapidement chez la femme, ce qui, combiné à des facteurs culturels, peut expliquer que sa chevelure soit souvent plus longue que celle de l'homme. La femme a des seins proéminents en dehors même des périodes de gestation et d’allaitement, une tessiture vocale haute, un bassin plus large et un rapport taille / hanche inférieur. La pilosité masculine est généralement chez l'adulte plus abondante, le bassin est étroit, la musculature plus puissante, la voix plus grave, etc. Toute considération ethnique mise à part, la couleur de la peau est plus sombre chez l'homme que chez la femme. Cette différence serait due à l'influence de certains œstrogènes sur la sécrétion de mélanine[57].
145
+
146
+ L’humain porte généralement des vêtements, recouvrant presque toujours au moins les parties génitales. Le port de vêtements pourrait, selon une analyse comparative des génomes du pou et du morpion, remonter à environ 170 000 ans[58].
147
+
148
+ Les êtres humains ont 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels XX ou XY. Selon le système XY de détermination sexuelle, les individus de type XY sont mâles et ceux de type XX sont femelles.
149
+
150
+ Le génome des humains est identique à 99,9 %, soit un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères[59]. Cette similitude est explicable par la relative jeunesse de l'espèce et le brassage des populations. Celle-ci est encore plus faible entre eurasiens, sortis d'Afrique il y a moins de 60 000 ans. À titre de comparaison, on constate une variation de 1,2 % du génome entre humains d'une part, et bonobos et chimpanzés d'autre part.
151
+
152
+ Plusieurs théories concurrentes de goulot d'étranglement génétique ont été émises depuis les années 1990 afin de tenter d'expliquer la faible diversité génétique de l'humanité actuelle[60],[61], mais ces théories ne sont pas confirmées par l'état actuel de la science, selon lequel l'effet fondateur suffit à expliquer cette faible diversité[62],[63].
153
+
154
+ Une étude, publiée en 2008 dans la revue Science, a été réalisée sur l'ADN de plus d'un millier d'individus : la comparaison de 650 000 nucléotides chez 938 individus (non apparentés) appartenant à 51 ethnies a estimé que 89 % de la variation entre individus était contenue à l'intérieur des populations, pour 9 % entre continents et 2 % entre populations d'un même continent. La génétique permet donc d'identifier l'origine géographique des individus en se basant sur la présence de mutations sur certains allèles[64],[65].
155
+
156
+ L'hétérozygotie diminue au fur et à mesure que la distance avec l'Afrique subsaharienne augmente, ce qui confirme l'origine africaine des humains actuels. Par ailleurs d'une manière générale, plus deux individus sont nés dans des lieux éloignés géographiquement plus ils sont différents génétiquement, à l'exception du continent africain, qui recèle la plus grande diversité génétique entre les individus. Cependant l'histoire des migrations humaines durant la période historique doit aussi être prise en compte pour pondérer cette règle générale[66].
157
+
158
+ Par rapport aux autres primates, l'humain serait « hypermétabolique »[67]. On a longtemps pensé que les singes et humains brûlaient leurs calories à la même vitesse et les premières études concernaient en outre des individus au repos.
159
+
160
+ En 2010 des études métaboliques ont surpris en montrant que l'orang-outan avait un taux métabolique étonnamment faible. Puis en mai 2016, une étude publiée dans Nature révèle qu’un humain moyen consomme chaque jour environ 400 calories de plus qu’un chimpanzé ou bonobo, et 635 calories de plus qu’un gorille et 820 de plus qu’un orang-outan. Un humain moyen brûle en moyenne 27 % d'énergie par jour en plus qu’un chimpanzé. Cet hypermétabolisme pourrait être dû au cerveau humain (au moins trois fois plus gros que celui de tous les autres singes et particulièrement énergivore). La même étude montre que l’humain sédentaire est également le plus gras de tous les primates (y compris que les primates sédentaires de zoos)[67]. Une autre explication pourrait être que les femmes produisent potentiellement plus de bébés, plus longs à élever et à intervalles plus court que les singes femelles[67].
161
+
162
+ Une hypothèse est que le grossissement du cerveau humain, il y a 1,6 million d'années environ se serait accompagné d'une perte de muscles et de longueur d'intestin (par rapport aux autres grands singes) avec un moindre besoin énergétique, une facilité à se tenir debout et courir ; le différentiel pouvant être mis à profit par le cerveau. D’autres ont pensé que l’invention du feu, la cuisson et le partage des aliments ont aussi contribué à cette économie d’énergie au profit du cerveau[68].
163
+
164
+ Homo sapiens est omnivore et opportuniste. Un humain végétarien ou zoophage demeure omnivore : l'alimentation humaine est donc une attitude culturelle avant tout, et l'humanité dans son ensemble n'est pas « omnivore » culturellement[pas clair].
165
+
166
+ L'Homme peut chasser n'importe quelle espèce animale, et est même capable de chasser des animaux normalement considérés comme des superprédateurs. Pour cette raison, l'Homme est parfois considéré comme le superprédateur ultime. Selon des données collectées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture entre 1961 et 2009, l'être humain n'est cependant pas haut dans la chaîne alimentaire en raison de son régime omnivore qui comporte une large proportion d'aliments d'origine végétale[69].
167
+
168
+ Les Hommes dans leur ensemble consomment des aliments très diversifiés, qu'ils soient d'origine végétale ou animale. Depuis le Néolithique, la base de leur alimentation est toutefois constituée de féculents, issus en particulier de trois céréales : le blé, le maïs et le riz. Cette propension à consommer des féculents semble être une spécialisation humaine : le taux d'amylase dans la salive humaine est en effet de six à huit fois plus élevé que dans la salive d'autres Hominidés comme le chimpanzé[70]. Avant l'essor des céréales au Néolithique, les Hommes devaient probablement se procurer des féculents par la consommation de tubercules[71]. Cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours, notamment depuis l'expansion de la pomme de terre après l'échange colombien.
169
+
170
+ Une particularité de l'alimentation humaine est que la plupart des aliments sont cuits, en particulier la viande. Parce qu'elle accélère le processus de digestion, et permet ainsi d'accroître l'apport énergétique alimentaire, la cuisson semble avoir joué un rôle essentiel dans le développement particulièrement prononcé du cerveau humain[70],[72],[73]. La cuisson améliore aussi l'innocuité microbiologique des aliments.
171
+
172
+ Normalement un adulte présente, comme la plupart des mammifères, une intolérance au lactose. Cependant, une mutation génétique a été sélectionnée plusieurs fois il y a six à huit mille ans dans certaines régions d'Europe, d'Asie, et d'Afrique, en raison de l'essor de l'élevage laitier dans ces régions. De nos jours, environ 15 % de la population mondiale présente à l'âge adulte une tolérance au lactose sous forme de lait.[réf. nécessaire] La plupart des adultes sont cependant capables de consommer des fromages, dont la production est une pratique très ancienne. Il semble que la consommation de fromage a contribué à sélectionner la tolérance au lactose[74].
173
+
174
+ L'Homme possède une appétence prononcée pour certaines saveurs, notamment le salé et le sucré. Le sel et le sucre sont normalement présents en faibles quantités dans la nature, mais l'Homme depuis peu est capable d'en produire en quantités industrielles et à faible coût. Cet écart entre l'appétence pour ces substances et leur abondance est l'un des facteurs à l'origine de problèmes de santé tels que l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète, et ce principalement chez les individus disposant d'un niveau de vie relativement faible, mais tout de même suffisamment élevé, d'un point de vue anthropologique, pour avoir accès aux productions industrielles[75],[76],[77].
175
+
176
+ Dès le Néolithique, la plupart des sociétés humaines ont fait fermenter des jus de fruits divers ou autres solutions végétales, afin d'en obtenir une boisson alcoolisée. L'alcool a en effet longtemps été le moyen le plus simple d'assurer l'asepsie des boissons et ainsi de permettre le transport de l'eau sur de longues distances, ou son stockage pendant de longues périodes[78].
177
+
178
+ L'ensemble des habitudes alimentaires et arts culinaires de chaque culture est regroupé sous le terme de gastronomie.
179
+
180
+ Contrairement à la plupart des autres hominoïdes, l'être humain n'est que peu apte à la brachiation. Seul un individu jeune et en bonne santé peut, après entrainement, effectuer ce type de locomotion. L'anatomie humaine conserve cependant les caractéristiques associées que sont la flexibilité des épaules permettant de lever les bras au-dessus du corps, ainsi que les mains préhensiles.
181
+
182
+ L’Homme est en revanche spécialisé dans la bipédie, dont il maitrise parfaitement les deux allures : la marche et la course. Sa marche est plantigrade[d], mais sa course peut être digitigrade aux allures les plus rapides. Il marche à une vitesse de 5 à 6 km/h, et peut courir jusqu'à une vitesse d'environ 36 km/h[e], ce qui est particulièrement lent en comparaison de nombreuses espèces de mammifères terrestres.
183
+
184
+ En effet, Homo sapiens ne se distingue pas par la vitesse mais par l'endurance. La marche et la course sur de longues distances sont favorisées par l'absence de pelage, qui contribue à la thermorégulation en favorisant la sudation. Cette aptitude à la marche et à la course était probablement déjà présente il y a plus de 1,5 million d'années chez Homo ergaster en Afrique.
185
+
186
+ Homo sapiens partage son endurance avec plusieurs espèces de canidés, dont le loup et le chien qui en est issu. Mais l'Homme a dans ce domaine l'avantage sur la plupart des mammifères herbivores, ce qui lui permet de pratiquer avec succès la chasse à l'épuisement sur des animaux comme les cerfs ou les antilopes. Cette faculté à parcourir de longues distances aisément a aussi pu faciliter les échanges entre les tribus humaines, comme c'est le cas aujourd'hui chez les Tarahumaras[réf. souhaitée].
187
+
188
+ L’Homme est capable, de manière occasionnelle et selon les situations, de ramper, grimper, sauter. L'Homme semble aussi avoir des prédispositions naturelles à la nage (absence de pilosité, étanchéité parfaite des lèvres fermées, horizontalité des fosses nasales, contrôle efficace de la respiration, etc.), et même à l'apnée : il manifeste par exemple un réflexe bradycarde à l'immersion, et ses poumons peuvent recevoir un afflux supplémentaire de sang afin de compenser l'excès de pression à partir de trente mètres. Ce phénomène, appelé transfert sanguin (en), a longtemps été cru limité aux seuls mammifères aquatiques[79]. Ces prédispositions font partie des éléments qui appuient l'hypothèse d'un passage transitoire à un mode de vie aquatique ou semi-aquatique au cours de l'hominisation[80].
189
+
190
+ L'être humain est particulièrement apte au lancer de projectiles divers, notamment par rapport aux autres hominidés. Selon des chercheurs de l'université de Harvard[81], cette aptitude exceptionnelle résulte d'évolutions propres à l'anatomie humaine : l'existence d'une taille souple entre le bassin et la cage thoracique, le positionnement bas des épaules, et une légère torsion de l'humérus. Cette aptitude au lancer aurait joué un « rôle clé » dans l'évolution humaine[82].
191
+
192
+ Les aptitudes physiques de l’être humain présentent un dimorphisme sexuel, la puissance musculaire des femmes étant généralement inférieure à celles des hommes. À titre indicatif, l'actuel record du monde de l'épreuve féminine du 100 mètres est en 10 s 49, contre 9 s 58 pour l'épreuve masculine.
193
+
194
+ De tous les animaux à système nerveux central, l’Homme est probablement celui qui a le cerveau le plus développé et performant[f]. Ses seuls rivaux dans ce domaine sont certains cétacés. D'un point de vue anatomique, ces capacités cognitives sont associées au développement particulièrement prononcé du néocortex, bien que certaines expériences suggèrent que des différences au niveau neuronal jouent aussi un rôle[83].
195
+
196
+ Les capacités de l'esprit humain notamment en termes de mémoire, d'imagination et d'abstraction sont probablement ce qui explique le mieux le succès évolutif de l'espèce.
197
+
198
+ L’Homme est capable d’appréhender les règles qui organisent le monde qui l’entoure, de près comme de loin : du mouvement des astres aux lois qui structurent la matière, en passant par les règles qui organisent l’espace et les principes nécessaires à l’induction.
199
+
200
+ Plus précisément, on peut dire que depuis le milieu du XXe siècle, Homo sapiens est capable d’appréhender toutes les règles qui régissent l’organisation du monde visible, à l’exception de celles qui sont à l’origine des forces subatomiques, et des raisons qui font que la matière courbe l’espace-temps. En effet, selon le prix Nobel de physique Richard Feynman, ces deux domaines sont les seuls qui ne sont pas couverts par l’électrodynamique quantique[84].
201
+
202
+ Cette aptitude à comprendre le monde s'est traduite par l'accumulation d'un ensemble de connaissances appelées « sciences » et le développement d'outils divers appelés « techniques ». L'attitude plus générale qui consiste à clarifier sa pensée et à chercher à comprendre le monde par-delà les seules considérations matérielles, est quant à elle appelée philosophie.
203
+
204
+ Cependant ces savoirs collectifs résultent de l'échange et de la spécialisation, la totalité des connaissances n'étant jamais maîtrisée par un seul individu. Cette dichotomie entre les connaissances individuelles et l'intégralité de la connaissance et de la culture humaine appuie d'ailleurs une conception de la culture comme entité évolutive propre, dont les constituants sont appelés mèmes, et qui évolue avec l'homo sapiens de façon symbiotique ou même commensale.
205
+
206
+ Les capacités cognitives de l'être humain lui permettent d'avoir conscience de lui-même. Comme quelques autres espèces animales, il réussit systématiquement le test du miroir.
207
+
208
+ Concernant le dimorphisme sexuel, on note quelques différences anatomiques entre les cerveaux féminins et masculins[85] mais la complexité des interactions fonctionnelles rend difficile la corrélation de différences anatomiques avec des différences cognitives[86]. « Il existe bien des patterns d'activation différents en fonction du sexe pour des tâches variées comme la rotation mentale, le traitement verbal, la compréhension d'idiomes etc. Toutefois, ces résultats sont variables voire divergents d'une étude à l'autre et il n’y a pas de parallélisme strict entre les différences d'activation et les différences de performance[87] ».
209
+
210
+ Le cycle reproductif humain comporte un vocabulaire spécifique par rapport aux autres mammifères :
211
+
212
+ La puberté se manifeste en moyenne vers l'âge de 12 à 15 ans. La ménarche intervient chez les jeunes filles vers l'âge de 11 ans. Pour les garçons, la capacité à procréer est en théorie continue, de la puberté jusqu'à la fin de la vie. Chez la femme, cette capacité disparaît à la ménopause, qui survient généralement entre 40 et 50 ans. La ménopause est rare chez les mammifères, y compris chez les primates. Chez les autres femelles de primates, la fertilité diminue généralement progressivement avec l'âge[88]. Une durée de vie longue après la ménopause pourrait être un avantage sélectif acquis au cours de l'hominisation (c'est l' « hypothèse de la grand-mère »[89]). L'andropause chez l'homme n'est pas l'équivalent de la ménopause chez la femme.
213
+
214
+ Le cycle ovarien dure environ 28 jours et est marqué par les menstruations. Contrairement à la plupart des femelles de primates, la femme ne manifeste pas de chaleurs et la période de meilleure fécondité n'est donc pas directement décelable par les mâles[2],[88]. Cependant, il est avéré que le comportement des femmes, en particulier lors de la recherche d'un partenaire sexuel, est sensiblement différent pendant l'œstrus[90]. L'homme quant à lui serait plus attiré par les femmes en période d'ovulation, en raison de modifications physiques de la femme[91].
215
+
216
+ Bien que le coït reste la principale méthode de fécondation, la femme peut avoir recours à des techniques de procréation médicalement assistée, telles que l'insémination artificielle et la fécondation in vitro, que ce soit dans le cadre de la lutte contre la stérilité, ou pour les femmes célibataires ou en couple homosexuel. Inversement, les êtres humains ont la particularité de pouvoir contrôler et réduire consciemment leur fécondité en empêchant la fécondation lors du coït, par diverses méthodes de contraception. Dans plusieurs endroits du monde, ces pratiques qui tendent à décorréler, de façon unique dans le règne animal, la reproduction de l'activité sexuelle ont un impact drastique sur le taux de fécondité, le rendant inférieur au seuil de renouvellement des générations[92].
217
+
218
+ La gestation est appelée grossesse et dure environ neuf mois. Une femme gravide est dite enceinte[g]. La grossesse est le plus souvent monoembryonnaire, même si une grossesse sur quarante[réf. nécessaire] est gémellaire. La parturition est appelée accouchement.
219
+
220
+ L'accouchement s'effectue le plus souvent dans la douleur du fait des contractions utérines, de la dilatation du col de l'utérus et de la distension périnéale[93]. Les difficultés liées à l'accouchement sont parfois associées à l'antagonisme de deux aspects anatomiques propre à l'être humain : la taille croissante du crâne et l'absence de développement concomitant du bassin des femmes attribué à la station debout[94]. Cette hypothèse, appelée dilemme obstétrique (en), est cependant régulièrement remise en question[95].
221
+
222
+ L'accouchement ne se fait pas toujours par voie basse : le recours à la césarienne, pratiquée depuis l'Antiquité, représente parfois plus de 30 % des naissances dans certains pays développés[96]. Une équipe de scientifiques, observant cet accroissement sur quelques années, a émis l'hypothèse que le recours à la césarienne empêcherait la sélection naturelle et mènerait à une évolution humaine où il y aurait de plus en plus de bébés avec un gros crâne et de mères avec un bassin étroit, ce qui accroitrait à son tour le taux de césariennes. L'hypothèse a été contestée par un paléoanthropologue, qui considère que compte tenu de la disparité des taux de césariennes entre pays avancés et moins avancés, il y a probablement d'autres facteurs biologiques et culturels en jeu. Des obstétriciens ont relevé que l'hypothèse ne prenait pas en compte l'augmentation du nombre de mères obèses ou diabétiques, ni la pression juridique qui conduisait les médecins à prendre de moins en moins de risques lors des accouchements [97],[98].[pertinence contestée] Par ailleurs, l'être humain est capable, à l'aide de dispositifs techniques divers, d'assurer la survie d'un enfant prématuré à partir d'un âge gestationnel d'environ vingt-cinq semaines[99].
223
+
224
+ À la naissance, le bébé est complètement dépendant de sa mère, ce qui constitue une différence notable par rapport aux autres hominidés. La mère peut allaiter son enfant pendant plusieurs années, l'allaitement exclusif couvrant l'intégralité de ses besoins jusqu'à ses 6 mois[100] date à laquelle démarre généralement le début de la diversification alimentaire. Homo sapiens élève généralement sa progéniture au moins jusqu'à la puberté.
225
+
226
+ Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Ils sont totalement dépendants à la naissance, et leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule).
227
+
228
+ L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux[évasif]. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 50 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps dont l'âge a pu être vérifié est la Française Jeanne Calment, qui avait 122 ans et un peu plus de 5 mois le jour de son décès.
229
+
230
+ Même s'il existe des exceptions, Homo sapiens possède depuis au moins cinq milliers d'années une forte tendance à la monogamie sociale, et dans une bien moindre mesure, à la monogamie sexuelle[2],[101],[102]. Les couples forment le plus souvent la base de la structure familiale et sociale, s'établissent dès la puberté et durent en général jusqu'à la mort. Cette tendance s'explique par le très fort investissement que nécessitent la protection et l'éducation des enfants, rendant nécessaire d'un point de vue évolutif la cohésion du couple. Il s'agit là encore d'un caractère distinguant l'Homme des autres Hominidés. L'espèce humaine est principalement une espèce à stratégie de reproduction de type K.
231
+
232
+ Le sexe-ratio moyen à la naissance observé chez l'être humain est entre 100[103] et 105[104], donc une quasi-symétrie avec un très léger excédent de garçons. Ce chiffre suggère que les humains sont donc biologiquement prédisposés à la monogamie[105].
233
+
234
+ Les êtres humains, à l'instar des bonobos[106] ou des chimpanzés[réf. nécessaire], peuvent pratiquer le coït de façon ludique ou sociale, ou avoir des pratiques sexuelles à visée non reproductive, comme la masturbation, la sodomie, la sexualité orale, ou les pratiques homosexuelles. Le coït est souvent la manifestation d'un très fort attachement affectif et émotionnel. Il se déroule en général à l'écart du groupe, c'est-à-dire dans l'intimité. Il est le plus souvent nocturne, fait l'objet de préliminaires[2] et peut s'effectuer selon diverses positions.
235
+
236
+ Avec la bipédie permanente et une modification de la pilosité, les femelles humaines acquièrent trois caractères originaux : le camouflage de l'œstrus (sexe dissimulé par la posture bipède et la pilosité pubienne qui pourrait favoriser la dissémination de phéromones) ; une réceptivité sexuelle constante (à n'importe quel moment de leur cycle menstruel) ; l'érotisation du corps à l'adolescence : développement des parties adipeuses des hanches, développement de seins dont les formes, inhabituelles pour une femelle de primates, auraient évolué en évoquant celles des fesses[88][source insuffisante], courbure de la lordose lombaire et formation d'une taille en violoncelle. Le corps des mâles passe aussi par des modifications en rapport avec les jeux de séduction et d'attachement entre les deux personnes : taille plus grande ; musculature et épaules plus puissantes (corps en trapèze) ; allongement du pénis dépourvu d'os pénien contrairement aux autres primates, notamment le chimpanzé et le gorille, ce qui autorise une variation angulaire de l'érection, utile selon les positions de l'accouplement ; mue de la voix ; développement de la pilosité pubienne et faciale ; testicules de taille relativement moyenne, en relation avec la capacité de répéter des copulations[107].
237
+
238
+ Comme mentionné plus haut, le coït peut être pratiqué à des fins non-reproductives, c'est-à-dire récréatives, hédonistiques ou sociales. Ceci inclut aussi son échange marchand, appelé prostitution.[pertinence contestée]
239
+
240
+ Chez l'humain il n'existe pas à proprement parler de parade nuptiale codifiée, même si certaines pratiques et situations, liées notamment à des activités culturelles telles que la danse et la musique, peuvent s'avérer plus propices que d'autres à la formation de couples. Toutefois, selon l'ethnomusicologue australien Joseph Jordania (en), les origines de la danse et de la musique ne seraient pas liés aux comportements reproductifs mais plutôt aux moyens naturels de défense, et représenteraient une forme d'aposématisme[108]. La séduction est, chez les humains, un processus souvent long et complexe, du fait de l'importance de l'investissement parental.
241
+
242
+ L'émotion est une expérience psychophysiologique complexe de l'état d'esprit d'un individu lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes). Chez les humains, l'émotion inclut fondamentalement « un comportement physiologique, des comportements expressifs et une conscience »[109]. L'émotion est associée à l'humeur, au tempérament, à la personnalité, à la disposition et à la motivation.
243
+
244
+ Une taxonomie non-définitive des émotions existe. Certaines catégorisations incluent :
245
+
246
+ Il faut distinguer, entre l'émotion et les résultats d'émotions, principalement les expressions et les comportements émotionnels. Chaque individu réagit généralement d'une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l'un des axes combattre – fuir – subir.
247
+
248
+ L'humain est un animal diurne, même s’il peut se tenir éveillé la nuit, ou dormir le jour. Son rythme circadien n'est d'ailleurs pas tout à fait ajusté à la durée du jour[réf. souhaitée].
249
+
250
+ Homo sapiens manifeste une activité culturelle variée, qui se présente notamment sous forme :
251
+
252
+ On admet qu'il existe des cultures simples chez les autres primates actuels (méthode de toilettage, outils à termites…)[110] mais ce n'est qu'au sein de l'espèce humaine que l'on constate une modification de la culture avec un aspect cumulatif, ce qui lui permet d'atteindre un haut niveau de complexité[111].
253
+
254
+ Un aspect important de la culture humaine, qui améliore à la fois sa transmission et son accumulation (mais aussi le dogmatisme), est l'existence de l'écriture.
255
+
256
+ La culture est hétérogène et différencie des groupes d'individus. L'étude de ces groupes appelés peuples et de leurs différentes caractéristiques est l'objet de l'ethnologie.
257
+
258
+ Les premières cultures techniques qui se sont traduites par la confection des premiers outils ou la maîtrise du feu sont bien antérieures à Homo sapiens. Les premiers rites funéraires sûrement liés à des croyances, les premiers objets artistiques ou décoratifs sont attribués à Homo neanderthalensis[112]. En revanche, l'art préhistorique, qu'il soit pariétal, rupestre ou mobilier, et les premières représentations humaines font leur apparition au début du Paléolithique supérieur, chez l'espèce humaine moderne.
259
+
260
+ Comme tous les Hominidés[113], l’Homme manifeste un comportement social complexe et dispose d'aptitudes à la communication telles qu'une expressivité faciale, accentuée chez lui par la mobilité des sourcils qu'offre l'absence de bourrelet sus-orbitaire[114]. Un autre élément notable de l'expressivité faciale chez l'Homme est la forme des yeux. En effet chez l'Homme le blanc de l'œil est ostensiblement visible et permet de suivre aisément la direction du regard. Cette particularité est unique parmi les mammifères, et peut-être même dans tout le règne animal[70].
261
+
262
+ L'Homme est capable de vocaliser un langage articulé complexe, appelé parole, et dont l'usage particulier, appelé langue[h], se transmet de façon culturelle[115]. Les vocalisations et l’acquisition du langage sont liés à la protéine FOXP2, qui semble être plus abondante dans le cerveau des femmes, ce qui pourrait expliquer une maîtrise du langage plus rapide chez les petites filles[116]. À un degré bien moindre que l'articulation, le langage implique parfois l'usage de clics.
263
+
264
+ L’Homme manifeste aussi un réflexe respiratoire et nerveux, appelé rire, qui permet d’exprimer la joie ou l’incongruité d’une situation. Le rire semble inné et propre à l’espèce, mais il existerait néanmoins sous une forme moins accentuée chez d’autres primates et même chez les rats. Le rire est doté d’un pouvoir communicatif et peut faire office de signal d’apaisement dans une situation éventuellement conflictuelle.
265
+
266
+ Le rire possède une version atténuée se limitant à une expression faciale, appelée sourire, qui semble ne pas avoir d'équivalent non plus chez les autres Hominidés à l'exception peut-être du chimpanzé[réf. nécessaire]. Contrairement au rire (qui peut tout de même être simulé), le sourire peut être déclenché de façon consciente[2], ce qui lui fait jouer un rôle particulier dans les conventions sociales : le sourire est dans certaines cultures un élément de salutation requis par la politesse[117].
267
+
268
+ Une autre réponse émotionnelle propre à l'espèce peut aussi être observée, en particulier chez les individus jeunes : le pleur. Le caractère unique du pleur chez l'être humain est toutefois disputé.
269
+
270
+ Les humains, pour qui le nombre de Dunbar est estimé à 150, forment des sociétés complexes et souvent hiérarchisées, dont le fonctionnement est essentiellement basé sur une répartition des activités qui peut prendre la forme de la division du travail. Au sein de ces sociétés, chaque individu peut avoir des moyens de subsistance extrêmement variés, qui dépendent du type de société dont il s’agit, et de la position hiérarchique qu’il y occupe[118]. Ces sociétés s'affrontent souvent dans des conflits appelés guerres, le plus souvent liés au partage des ressources, à la religion ou à l'occupation territoriale. Selon le professeur David Carrier de l'université de l'Utah, le rôle de la violence dans l'évolution humaine serait suffisant pour être visible dans l'anatomie, notamment en ce qui concerne la forme et la biomécanique des mains[119]. Selon une étude anthropologique dont les résultats ont été publiés en 2013[120], la guerre est rare parmi les peuples nomades de type chasseurs-cueilleurs, et serait surtout présente chez les peuples sédentarisés pratiquant l'agriculture.
271
+
272
+ Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'Homme de Néandertal et datent du Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines sont le fait d’Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), premier faciès culturel attribué à l'Homme en Europe, sont associées les statuettes des grottes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. Dans l'art pariétal, la représentation de vulves féminines et d'individus mi-homme mi-animal est attestée, comme à la grotte Chauvet[121]. Au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites « Vénus paléolithiques ». Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.
273
+
274
+ La Vénus de Willendorf.
275
+
276
+ La Vénus de Lespugue.
277
+
278
+ Main négative sur une paroi de la Grotte du Pech Merle, datée de 25 000 ans.
279
+
280
+ Certains aspects de la culture humaine, notamment la médecine, et les connaissances scientifiques et techniques, influencent les processus biologiques et reproductifs, et ont un impact sur l'espérance de vie ou la fécondité, et sur la démographie[122].
281
+
282
+ Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, Homo sapiens prospère sous toutes les latitudes et sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique.
283
+
284
+ Il a tendance à se regrouper à l'intérieur de villes et de grandes cités atteignant parfois plusieurs millions d'habitants, souvent situées sur une côte ou sur un fleuve. Ailleurs, il occupe l'espace indirectement, notamment par son activité agricole, qui façonne le paysage et influe fortement sur les écosystèmes.
285
+
286
+ La population humaine est estimée à près de 7,5 milliards d'individus en 2017[123]. Les perspectives démographiques pour le siècle à venir sont incertaines. Compte tenu des incertitudes concernant l'évolution du comportement reproductif des individus, on ignore à quel niveau la population humaine pourrait se stabiliser, ni même si elle se stabilisera. En effet, il est difficile de prévoir si le taux de fécondité au niveau mondial va baisser sous les 2 enfants par femme, ou s'il se stabilisera au-dessus du seuil de remplacement (2,1 enfants par femme), et si le taux de mortalité mondial va continuer de baisser au même rythme que jusqu'à présent.
287
+
288
+ L'Organisation des Nations unies s'attend à ce que la population mondiale atteigne un pic aux alentours de 11 milliards d'individus en 2100[123]. Cette projection suppose que le taux de fécondité au niveau mondial descende en dessous de deux enfants par femme bien avant 2100. L'éventualité d'un crash démographique est envisagée par certains démographes[92],[124], tandis qu'un modèle mathématique conçu en 2013 à partir des données démographiques recueillies de 1950 à 2010 suggère que l'effectif humain mondial pourrait se stabiliser aux alentours de l'an 2050[125].
289
+
290
+ Homo sapiens exerce un impact important sur son environnement, surtout depuis l'époque moderne, parfois appelée anthropocène, essentiellement du fait de ses activités agricoles et industrielles. Cet impact se traduit en particulier par un phénomène d'extinction d'espèces considéré depuis peu comme la sixième extinction massive, parfois appelée crise anthropique[126].
291
+
292
+ Dans certaines régions du monde, cet impact est ancien ; par exemple, la déforestation de la Chine a été entamée il y a 8 000 ans environ. On a longtemps pensé que l’extension de l’agriculture en Afrique centrale avait été rendue possible uniquement par un recul naturel de la forêt tropicale humide primaire qui serait dû à des périodes de sécheresses sévères, longues qui se seraient succédé il y a 3 000 ans environ[127]. Mais l'analyse[128] des sédiments anciens déposés par le fleuve Congo, qui offrent un enregistrement continu du Climat d'Afrique centrale pour les 40 000 dernières années, réalisée par des géochimistes, montre que la responsabilité humaine pourrait être au moins en grande partie à l’origine de la relativement brusque disparition de forêts tropicales d'Afrique centrale (il y a 3 000 ans environ), via une déforestation active qui a augmenté l’érosion, intensifié les intempéries et asséché cette partie de l’Afrique[127].
293
+
294
+ Les carottages de sédiments fournissent des données montrant des modifications des précipitations normalement corrélées aux flux de sédiments pour la période de -20 000 à -3 500 ans, mais depuis près de 3 000 ans, on observe « un découplage total » entre précipitations et érosion, montrant que dans ce cas « le climat ne peut pas être le seul facteur expliquant la déforestation ». L’équipe de Germain Bayon, géochimiste à l’Institut de recherche Français d’exploration de la mer à Plouzané, suggère que les ancêtres des actuelles ethnies bantous de l'actuel Nigeria et Cameroun, connus pour avoir entamé des migrations en l'Afrique il y a environ 4 000 ans, ont eu « un impact significatif sur la forêt tropicale » en déforestant pour l’agriculture et pour les forges permettant la métallurgie du fer.
295
+
296
+ En 2012, de nombreux paléobotanistes[129] peinent encore à croire que les outils disponibles à l’époque aient pu permettre aux premiers bantous de la région d’abattre assez d’arbres pour causer des érosions de cette importance, plus graves que ceux produits par les abattis avec culture sur brûlis actuellement selon Katharina Neumann[129]. D'autres[130], estiment aussi qu'un réchauffement climatique a plutôt été en grande partie responsable de la perte de la forêt tropicale d'Afrique centrale, mais que les premiers bantous ont effectivement pu exacerber un recul des forêts induit par un réchauffement[127]. Bayon estime lui-même que ces données ne contredisent pas les théories existantes, mais illustrent « combien la combinaison de la culture et le climat peuvent affecter l'environnement. Les êtres humains peuvent avoir un impact énorme sur les processus naturels »[127]. Pour David Harris[131], l'étude pose par contre des questions importantes concernant les impacts climatiques de la déforestation et d'autres activités humaines susceptibles d'exacerber les effets d’un changement climatique, « qui devraient nous inciter à plus de vigilance quant aux impacts contemporains de l'exploitation forestière, des transports modernes, des groupes déplacés par les conflits, et des marchés modernes pour l'alimentation et les produits forestiers »[127]. L'Homme semble aussi en zone tempérée responsable en Eurasie et Amérique du Nord de l'extinction de presque toutes les espèces de la grande faune et mégafaune qui avait survécu à trois glaciations. La déforestation, qui a tendance à provoquer la réduction voire la destruction du milieu de vie de nombreuses autres espèces (animales, végétales, fongiques, terrestres et aquatiques), est une pratique ancienne en zone tempérée de l'hémisphère nord, mais récente et très rapide au niveau des forêts tropicales et humides telles que celles d'Amérique du Sud et d'Indonésie et d'Afrique (Bassin du Congo par exemple). La disparition accélérée de groupes entiers d'espèces animales, végétales et fongiques qui en découle, est parfois qualifiée d'« extinction de l'holocène » ou de « 6e extinction ».
297
+
298
+ L'agriculture intensive fait un usage important d'engrais, de pesticides et de désherbants chimiques, dont l'innocuité sur la qualité des sols ne fait pas l'unanimité.
299
+
300
+ Un autre aspect important de l'impact de l'Homme sur l'environnement est le fait qu'il transporte avec lui de nombreuses espèces domestiques ou synanthropes. Cela fait de lui un important vecteur d'échanges biotiques intercontinentaux. Un exemple très significatif d'un tel échange est l'échange colombien, déjà évoqué.
301
+
302
+ Outre sa capacité à faire disparaître des espèces, l'Homme influe aussi sur l'évolution d'un bon nombre d'entre elles, notamment du fait de la domestication. De façon plus directe encore, il est aussi capable de modifier le génome de certaines espèces en ayant recours pour cela non pas à la sélection artificielle, mais à une manipulation directe du noyau des cellules germinales, par diverses techniques dite de génie génétique. Ces techniques peuvent consister notamment à prélever des gènes chez une espèce et à les introduire dans le génome d'une espèce qui peut être d'un taxon complètement différent : par exemple le gène de synthèse de la soie d'une arachnide implanté dans le génome d'une espèce de caprin[132], ou encore un gène bactérien implanté dans le génome du maïs pour lui permettre de résister au glyphosate[133]. Cette pratique appelée transgénèse fait de l'espèce humaine un pont permettant la recombinaison génétique entre des lignées évolutives séparées depuis plusieurs ères géologiques, ou même plusieurs éons.
303
+
304
+ Au début du XXIe siècle, une espèce de type bactérien, dont le génome a été entièrement conçu par ordinateur, a été créée pour la première fois[134]. On ignore à l'heure actuelle quel pourrait être l'impact de ces productions humaines sur l'environnement à long terme, mais d'ores et déjà l'apparition de ces espèces, par un processus qui ne relève pas de la théorie synthétique de l'évolution, constitue un évènement sans précédent dans l'histoire de la vie sur Terre. La mise au point récente des techniques dites de forçage génétique constitue aussi un jalon remarquable car il permet à des gènes d'être transmis par reproduction sexuée sans pour autant respecter les lois de Mendel.
305
+
306
+ L'activité humaine produit aussi annuellement environ vingt milliards de tonnes de dioxyde de carbone par l'utilisation de combustibles fossiles comme source primaire d'énergie, ce qui fait de l'espèce humaine le premier facteur biotique de production de ce gaz. Les quantités dégagées restent significatives même par rapport aux facteurs de production abiotiques tels que le volcanisme. Cette production a entraîné une augmentation sensible de la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Le dioxyde de carbone étant un gaz à effet de serre, ces taux élevés dans l'atmosphère sont considérés comme l'un des facteurs prépondérants pour expliquer le réchauffement climatique.
307
+
308
+ Compte tenu aussi bien de l'évolution rapide de son effectif que des changements perpétuels de ses différents modes de vie, il apparaît que l'espèce humaine est une forme de vie actuellement instable, de telle sorte que son avenir à moyen et long terme est tout à fait incertain.
309
+
310
+ Cependant, étant donnée l'influence considérable qu'ont les connaissances techniques sur l'organisation des sociétés humaines, il existe plusieurs courants intellectuels extrapolant l'évolution de ces connaissances techniques dans le temps pour tenter de prévoir le futur de l'espèce humaine. Il s'agit soit d'une démarche artistique, à travers essentiellement un courant littéraire appelé science-fiction, soit d'une démarche qui se veut plus scientifique, appelée futurologie.
311
+
312
+ Un thème fréquent est notamment l'idée que la capacité humaine à utiliser des moyens techniques pour augmenter sa mobilité spatiale, devrait in fine l'amener à s'affranchir de l'attraction terrestre et donc à se rendre et peut-être même s'installer à proximité immédiate d'autres objets du système solaire ou même au-delà. Il s'agit du projet, au moins partiellement entamé, d'exploration spatiale.
313
+
314
+ D'autres approches semblent focaliser plus sur les aspects destructifs ou délétères de la technologie, et en concluent soit l'extinction prochaine de l'espèce humaine, soit une nette dégradation de son effectif et de ses conditions de vie. Ce type de scénario fait l'objet notamment de ce qu'on appelle la science-fiction post-apocalyptique, apparue en particulier à la suite de la création par l'Homme d'engins de destruction utilisant l'énergie nucléaire. Un autre type de scénario s'appuie sur la capacité de l'être humain à subvenir à tous ses besoins matériels, combinée à sa récente explosion démographique. Il est alors avancé, en s'appuyant en particulier sur des expérimentations animales réalisées par John B. Calhoun, que l'esp��ce humaine pourrait subir une forme de surpopulation conduisant in fine à son extinction, non pas en raison de l'épuisement de ses ressources naturelles, mais plutôt en raison de l'apparition de cloaques comportementaux et de la concomitante disparition des schémas de comportements nécessaires à la perpétuation de l'espèce[135]. D'autres approches concluent en l'extinction prochaine de l'espèce humaine à partir de raisonnements logiques ou philosophiques, par exemple avec l'argument de l'Apocalypse, ou avec le Grand filtre, vu en tant que résolution du paradoxe de Fermi.
315
+
316
+ Enfin, un point de vue plus récent s'appuie sur le constat empirique du rythme de l'évolution de la capacité de calcul des machines construites par l'Homme. Cette évolution semble en effet suivre une progression géométrique, selon la loi dite de Moore. L'extrapolation de cette loi suggère qu'au cours du vingt-et-unième siècle, l'humanité atteindra un seuil, appelé singularité technologique, à partir duquel les machines qu'elle produit seront plus aptes à comprendre le monde que ne le sont les cerveaux humains. Dès lors, il est avancé que le développement scientifique et technique échappera à la compréhension humaine et empruntera une voie qu'il est par définition impossible d'appréhender. Ces considérations sont parfois accompagnées de spéculations sur la capacité future de l'Homme à modifier son organisme par des procédés techniques divers incluant une modification ou une réécriture complète de son génome, ce qui constituerait une forme d'eugénisme. Le mouvement culturel qui étudie et parfois promeut ce type de perspective est le transhumanisme.
317
+
318
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1886.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,25 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un organisme (du grec organon, « instrument »), ou organisme vivant, est, en biologie et en écologie, un système vivant complexe, organisé[1] et est le produit de variations successives au cours de l'évolution[2]. Il est constitué d'une ou plusieurs cellules vivantes (on parle alors, respectivement, d'organisme unicellulaire ou multicellulaire). Les organismes vivants sont classifiés en espèces partageant des caractéristiques génétiques, biologiques et morphologiques communes.
2
+
3
+ Les organismes complexes, multicellulaires, sont constitués d'un ensemble de cellules vivantes différenciées, assurant des fonctions spécialisées et opérant de manière concertée. Ces cellules dérivent en général d'une progénitrice unique et partagent le même patrimoine génétique. Elles interagissent de façon à fonctionner comme un ensemble stable dynamiquement.
4
+
5
+ Un organisme vivant se trouve en effet dans un état thermodynamique de non-équilibre, mais conservant un environnement interne approximativement constant, grâce à l’apport continu d'énergie et, le cas échéant, de nutriments. Ce phénomène d'équilibre dynamique maintenu par l'organisme est appelée homéostasie.
6
+
7
+ Quelques centaines d'espèces, dites « organismes modèles », sont utilisées comme modèles d'étude par les scientifiques et les laboratoires de recherche pour comprendre les mécanismes fondamentaux du vivant.
8
+
9
+ Un organisme est un être organisé, qui peut être un organisme unicellulaire ou un organisme multicellulaire. Le terme d'organisme complexe s'applique à tout organisme vivant ayant plus d'une cellule.
10
+
11
+ Il est difficile de définir avec précision ce qu'est un être vivant. On peut donner quelques caractéristiques du vivant :
12
+
13
+ La matière vivante est fondée sur la chimie organique avec comme base le carbone.
14
+
15
+ Tout organisme vivant est mortel, par définition.
16
+
17
+ Selon la source d'énergie utilisée, on distingue les organismes chimiotrophes, tirant leur énergie de molécules et les phototrophes, tirant leur énergie de la lumière.
18
+
19
+ Tous les organismes vivants sont composés d'un nombre plus ou moins grand de cellules. Un organisme se développe en général à partir d'une cellule unique, par divisions cellulaires successives. Au cours de ce développement, les cellules subissent des étapes de différenciation, ce qui leur permet d'acquérir des spécialisations associées à des fonctions particulières. Un ensemble de cellules spécialisées de même type qui s'associent forment un tissu et l'organisation structurée de différents tissus constitue un organe. À l'intérieur d'un organisme vivant complexe, on trouve ainsi différents types cellulaires et différents tissus, variables suivant le type d'organisme considéré (animaux, plantes...).
20
+
21
+ Ce type d'organisation hiérarchique : cellule, tissu, organe peut s'étendre aux grandes fonctions de l'organisme, on parle alors de système ou d'appareil, qui sont une collection d'organes participant à la même grande fonction : système nerveux, système respiratoire, appareil reproducteur, système racinaire (chez les plantes)...
22
+
23
+ L'ensemble de l'organisme suit en général un plan d'organisation commun à tous les individus d'une même espèce. Ce plan d'organisation détermine la disposition relative des organes et des tissus, l'existence et le positionnement de membres ou d'appendices. Il est déterminé génétiquement et partagé en général par des espèces voisines sur le plan évolutif. Certains organismes vivants ont au cours de leur cycle de vie des stades d'existence très différenciés (stade larvaire, stade adulte...) avec des morphologies et des plans d'organisation qui peuvent varier, au travers d'étapes de métamorphose.
24
+
25
+ Georges Chapouthier a proposé d'interpréter la complexité des organismes par l'application répétée de deux principes généraux, compatibles avec la sélection darwinienne : le principe de « juxtaposition » d'unités identiques, puis le principe d'« intégration » de ces unités dans des ensembles plus complexes, dont elles constituent alors des parties[3].
fr/1887.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,25 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un organisme (du grec organon, « instrument »), ou organisme vivant, est, en biologie et en écologie, un système vivant complexe, organisé[1] et est le produit de variations successives au cours de l'évolution[2]. Il est constitué d'une ou plusieurs cellules vivantes (on parle alors, respectivement, d'organisme unicellulaire ou multicellulaire). Les organismes vivants sont classifiés en espèces partageant des caractéristiques génétiques, biologiques et morphologiques communes.
2
+
3
+ Les organismes complexes, multicellulaires, sont constitués d'un ensemble de cellules vivantes différenciées, assurant des fonctions spécialisées et opérant de manière concertée. Ces cellules dérivent en général d'une progénitrice unique et partagent le même patrimoine génétique. Elles interagissent de façon à fonctionner comme un ensemble stable dynamiquement.
4
+
5
+ Un organisme vivant se trouve en effet dans un état thermodynamique de non-équilibre, mais conservant un environnement interne approximativement constant, grâce à l’apport continu d'énergie et, le cas échéant, de nutriments. Ce phénomène d'équilibre dynamique maintenu par l'organisme est appelée homéostasie.
6
+
7
+ Quelques centaines d'espèces, dites « organismes modèles », sont utilisées comme modèles d'étude par les scientifiques et les laboratoires de recherche pour comprendre les mécanismes fondamentaux du vivant.
8
+
9
+ Un organisme est un être organisé, qui peut être un organisme unicellulaire ou un organisme multicellulaire. Le terme d'organisme complexe s'applique à tout organisme vivant ayant plus d'une cellule.
10
+
11
+ Il est difficile de définir avec précision ce qu'est un être vivant. On peut donner quelques caractéristiques du vivant :
12
+
13
+ La matière vivante est fondée sur la chimie organique avec comme base le carbone.
14
+
15
+ Tout organisme vivant est mortel, par définition.
16
+
17
+ Selon la source d'énergie utilisée, on distingue les organismes chimiotrophes, tirant leur énergie de molécules et les phototrophes, tirant leur énergie de la lumière.
18
+
19
+ Tous les organismes vivants sont composés d'un nombre plus ou moins grand de cellules. Un organisme se développe en général à partir d'une cellule unique, par divisions cellulaires successives. Au cours de ce développement, les cellules subissent des étapes de différenciation, ce qui leur permet d'acquérir des spécialisations associées à des fonctions particulières. Un ensemble de cellules spécialisées de même type qui s'associent forment un tissu et l'organisation structurée de différents tissus constitue un organe. À l'intérieur d'un organisme vivant complexe, on trouve ainsi différents types cellulaires et différents tissus, variables suivant le type d'organisme considéré (animaux, plantes...).
20
+
21
+ Ce type d'organisation hiérarchique : cellule, tissu, organe peut s'étendre aux grandes fonctions de l'organisme, on parle alors de système ou d'appareil, qui sont une collection d'organes participant à la même grande fonction : système nerveux, système respiratoire, appareil reproducteur, système racinaire (chez les plantes)...
22
+
23
+ L'ensemble de l'organisme suit en général un plan d'organisation commun à tous les individus d'une même espèce. Ce plan d'organisation détermine la disposition relative des organes et des tissus, l'existence et le positionnement de membres ou d'appendices. Il est déterminé génétiquement et partagé en général par des espèces voisines sur le plan évolutif. Certains organismes vivants ont au cours de leur cycle de vie des stades d'existence très différenciés (stade larvaire, stade adulte...) avec des morphologies et des plans d'organisation qui peuvent varier, au travers d'étapes de métamorphose.
24
+
25
+ Georges Chapouthier a proposé d'interpréter la complexité des organismes par l'application répétée de deux principes généraux, compatibles avec la sélection darwinienne : le principe de « juxtaposition » d'unités identiques, puis le principe d'« intégration » de ces unités dans des ensembles plus complexes, dont elles constituent alors des parties[3].
fr/1888.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,25 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un organisme (du grec organon, « instrument »), ou organisme vivant, est, en biologie et en écologie, un système vivant complexe, organisé[1] et est le produit de variations successives au cours de l'évolution[2]. Il est constitué d'une ou plusieurs cellules vivantes (on parle alors, respectivement, d'organisme unicellulaire ou multicellulaire). Les organismes vivants sont classifiés en espèces partageant des caractéristiques génétiques, biologiques et morphologiques communes.
2
+
3
+ Les organismes complexes, multicellulaires, sont constitués d'un ensemble de cellules vivantes différenciées, assurant des fonctions spécialisées et opérant de manière concertée. Ces cellules dérivent en général d'une progénitrice unique et partagent le même patrimoine génétique. Elles interagissent de façon à fonctionner comme un ensemble stable dynamiquement.
4
+
5
+ Un organisme vivant se trouve en effet dans un état thermodynamique de non-équilibre, mais conservant un environnement interne approximativement constant, grâce à l’apport continu d'énergie et, le cas échéant, de nutriments. Ce phénomène d'équilibre dynamique maintenu par l'organisme est appelée homéostasie.
6
+
7
+ Quelques centaines d'espèces, dites « organismes modèles », sont utilisées comme modèles d'étude par les scientifiques et les laboratoires de recherche pour comprendre les mécanismes fondamentaux du vivant.
8
+
9
+ Un organisme est un être organisé, qui peut être un organisme unicellulaire ou un organisme multicellulaire. Le terme d'organisme complexe s'applique à tout organisme vivant ayant plus d'une cellule.
10
+
11
+ Il est difficile de définir avec précision ce qu'est un être vivant. On peut donner quelques caractéristiques du vivant :
12
+
13
+ La matière vivante est fondée sur la chimie organique avec comme base le carbone.
14
+
15
+ Tout organisme vivant est mortel, par définition.
16
+
17
+ Selon la source d'énergie utilisée, on distingue les organismes chimiotrophes, tirant leur énergie de molécules et les phototrophes, tirant leur énergie de la lumière.
18
+
19
+ Tous les organismes vivants sont composés d'un nombre plus ou moins grand de cellules. Un organisme se développe en général à partir d'une cellule unique, par divisions cellulaires successives. Au cours de ce développement, les cellules subissent des étapes de différenciation, ce qui leur permet d'acquérir des spécialisations associées à des fonctions particulières. Un ensemble de cellules spécialisées de même type qui s'associent forment un tissu et l'organisation structurée de différents tissus constitue un organe. À l'intérieur d'un organisme vivant complexe, on trouve ainsi différents types cellulaires et différents tissus, variables suivant le type d'organisme considéré (animaux, plantes...).
20
+
21
+ Ce type d'organisation hiérarchique : cellule, tissu, organe peut s'étendre aux grandes fonctions de l'organisme, on parle alors de système ou d'appareil, qui sont une collection d'organes participant à la même grande fonction : système nerveux, système respiratoire, appareil reproducteur, système racinaire (chez les plantes)...
22
+
23
+ L'ensemble de l'organisme suit en général un plan d'organisation commun à tous les individus d'une même espèce. Ce plan d'organisation détermine la disposition relative des organes et des tissus, l'existence et le positionnement de membres ou d'appendices. Il est déterminé génétiquement et partagé en général par des espèces voisines sur le plan évolutif. Certains organismes vivants ont au cours de leur cycle de vie des stades d'existence très différenciés (stade larvaire, stade adulte...) avec des morphologies et des plans d'organisation qui peuvent varier, au travers d'étapes de métamorphose.
24
+
25
+ Georges Chapouthier a proposé d'interpréter la complexité des organismes par l'application répétée de deux principes généraux, compatibles avec la sélection darwinienne : le principe de « juxtaposition » d'unités identiques, puis le principe d'« intégration » de ces unités dans des ensembles plus complexes, dont elles constituent alors des parties[3].
fr/1889.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,25 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un organisme (du grec organon, « instrument »), ou organisme vivant, est, en biologie et en écologie, un système vivant complexe, organisé[1] et est le produit de variations successives au cours de l'évolution[2]. Il est constitué d'une ou plusieurs cellules vivantes (on parle alors, respectivement, d'organisme unicellulaire ou multicellulaire). Les organismes vivants sont classifiés en espèces partageant des caractéristiques génétiques, biologiques et morphologiques communes.
2
+
3
+ Les organismes complexes, multicellulaires, sont constitués d'un ensemble de cellules vivantes différenciées, assurant des fonctions spécialisées et opérant de manière concertée. Ces cellules dérivent en général d'une progénitrice unique et partagent le même patrimoine génétique. Elles interagissent de façon à fonctionner comme un ensemble stable dynamiquement.
4
+
5
+ Un organisme vivant se trouve en effet dans un état thermodynamique de non-équilibre, mais conservant un environnement interne approximativement constant, grâce à l’apport continu d'énergie et, le cas échéant, de nutriments. Ce phénomène d'équilibre dynamique maintenu par l'organisme est appelée homéostasie.
6
+
7
+ Quelques centaines d'espèces, dites « organismes modèles », sont utilisées comme modèles d'étude par les scientifiques et les laboratoires de recherche pour comprendre les mécanismes fondamentaux du vivant.
8
+
9
+ Un organisme est un être organisé, qui peut être un organisme unicellulaire ou un organisme multicellulaire. Le terme d'organisme complexe s'applique à tout organisme vivant ayant plus d'une cellule.
10
+
11
+ Il est difficile de définir avec précision ce qu'est un être vivant. On peut donner quelques caractéristiques du vivant :
12
+
13
+ La matière vivante est fondée sur la chimie organique avec comme base le carbone.
14
+
15
+ Tout organisme vivant est mortel, par définition.
16
+
17
+ Selon la source d'énergie utilisée, on distingue les organismes chimiotrophes, tirant leur énergie de molécules et les phototrophes, tirant leur énergie de la lumière.
18
+
19
+ Tous les organismes vivants sont composés d'un nombre plus ou moins grand de cellules. Un organisme se développe en général à partir d'une cellule unique, par divisions cellulaires successives. Au cours de ce développement, les cellules subissent des étapes de différenciation, ce qui leur permet d'acquérir des spécialisations associées à des fonctions particulières. Un ensemble de cellules spécialisées de même type qui s'associent forment un tissu et l'organisation structurée de différents tissus constitue un organe. À l'intérieur d'un organisme vivant complexe, on trouve ainsi différents types cellulaires et différents tissus, variables suivant le type d'organisme considéré (animaux, plantes...).
20
+
21
+ Ce type d'organisation hiérarchique : cellule, tissu, organe peut s'étendre aux grandes fonctions de l'organisme, on parle alors de système ou d'appareil, qui sont une collection d'organes participant à la même grande fonction : système nerveux, système respiratoire, appareil reproducteur, système racinaire (chez les plantes)...
22
+
23
+ L'ensemble de l'organisme suit en général un plan d'organisation commun à tous les individus d'une même espèce. Ce plan d'organisation détermine la disposition relative des organes et des tissus, l'existence et le positionnement de membres ou d'appendices. Il est déterminé génétiquement et partagé en général par des espèces voisines sur le plan évolutif. Certains organismes vivants ont au cours de leur cycle de vie des stades d'existence très différenciés (stade larvaire, stade adulte...) avec des morphologies et des plans d'organisation qui peuvent varier, au travers d'étapes de métamorphose.
24
+
25
+ Georges Chapouthier a proposé d'interpréter la complexité des organismes par l'application répétée de deux principes généraux, compatibles avec la sélection darwinienne : le principe de « juxtaposition » d'unités identiques, puis le principe d'« intégration » de ces unités dans des ensembles plus complexes, dont elles constituent alors des parties[3].
fr/189.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,102 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ 11 000-
4
+
5
+ 3 000
6
+
7
+
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les Amérindiens, Indiens d'Amérique, Indiens, Autochtones ou encore membres des Premières Nations, aborigènes, natifs américains ou Autochtones américains, sont les habitants de l'Amérique avant la colonisation européenne et leurs descendants. La présence humaine dans cette partie du monde remonte au Paléolithique. En 1492, ils occupent la totalité des Amériques : Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes.
12
+
13
+ La colonisation européenne a été un événement central et dramatique pour les différents peuples amérindiens. Souvent réduits en servitude ou esclavage, chassés de leurs territoires, victimes d'épidémies apportées par les colons, ces peuples furent également tragiquement confrontés à la disparition de leur organisation sociale traditionnelle et de leur mode de vie, et à la transformation par les colons des paysages, de l'occupation des sols, de l'architecture urbaine ou rurale dont ils étaient les concepteurs et qui traduisaient le génie propre des civilisations précolombiennes. Les effectifs de leur population ne cessèrent de diminuer depuis le XVe siècle, et de nombreux peuples disparurent entièrement, et avec eux leur langue et leur culture.
14
+
15
+ Depuis les années 1960, les Amérindiens revendiquent leur identité (politique, culturelle, linguistique…), et interviennent de plus en plus souvent pour défendre l'environnement des petits territoires qui leur ont été laissés au terme de la conquête.
16
+
17
+ L'ethnonyme « Amérindien » dérive d'« Indien d'Amérique ». Le mot a été formé à la suite de l'erreur de l’explorateur Christophe Colomb qui, en 1492, pensait avoir atteint les rivages des Indes orientales, nom sous lequel on désignait alors l'Asie du sud et du sud-est, alors qu’il débarquait en Amérique. C'est dans ce contexte que les Européens ont nommé ce territoire les Indes occidentales, pour les différencier de celles dites orientales (qui donnèrent aussi leur nom à différentes entités coloniales européennes nommées Compagnie des Indes orientales). À cause de cette confusion, on continue d’utiliser le mot « Indiens » pour parler des populations d'un Nouveau Monde (le mot pouvait naguère être utilisé pour les aborigènes d'Australie). Avec les travaux du cartographe Martin Waldseemüller au début du XVIe siècle, on commence à parler de « continent américain », en mémoire du navigateur italien Amerigo Vespucci ; ses habitants sont alors désignés sous le nom d'« Indiens d’Amérique » pour les distinguer des populations asiatiques, sans modifier complètement l'usage de les désigner comme des Indiens.
18
+
19
+ En l’absence d’appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « peuples autochtones » ou « aborigènes », ou plus précisément, « Premières Nations » ou « Premiers peuples » (traductions littérales de l'anglais). L'expression « Peaux Rouges » est ancienne — le géographe grec Pausanias le Périégète aurait décrit une terre située au-delà de l'océan Atlantique, qu'il nomme terre d'outre-océan, peuplée par des « hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval »[5],[6] —, mais péjorative et n'est plus beaucoup utilisée en Amérique du Nord.
20
+
21
+ On parle aussi de « peuples précolombiens » pour les territoires américains de l'Empire colonial espagnol, qui incluent la Mésoamérique et la cordillère des Andes. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions « Native Americans » (« Américains d'origine »), « American Indians », « Native peoples » (« peuples d'origine »), « First Nations », « First Peoples », « Aboriginal Peoples ». Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les intéressés qui préfèrent être appelés en fonction des noms originels de leurs peuples.
22
+
23
+ Au Québec, le terme « autochtone » est de loin le plus courant, à côté de « Premiers peuples », et « Premières Nations »[7] quand cela concerne des revendications territoriales ou spécifiques. Dans le contexte québécois le terme englobe également les Inuits, qui ne sont pas des Amérindiens[8], et les Métis reconnus[9].
24
+
25
+ En Guyane, on parle d'« Amérindiens » répartis en six ethnies.
26
+
27
+ Au Mexique, on préfère dire « indígena » (« indigène ») qu’« indio » (« indien »), qui prête à confusion avec les citoyens de l'Inde et qui est ressenti comme une insulte.
28
+
29
+ La concurrence nationaliste entre les pays d'Amérique du Nord, et plus particulièrement entre le Mexique et les États-Unis, qui se sont disputé la suprématie sur le continent américain jusqu'à la guerre américano-mexicaine, ont suscité des traditions historiques différentes et une distinction devenue commune entre les groupes amérindiens établis en Mésoamérique (y compris parfois certains d'Oasisamérique et d'Aridamérique) avec les groupes établis plus au nord. Les recherches archéologiques, historiques et anthropologiques ont pourtant établi qu'il existait des échanges culturels entre ces différentes aires culturelles qui, de ce fait, s'influençaient mutuellement et partageaient certains traits culturels.
30
+
31
+ Entre le Sud de l'Amérique du Nord et le Nord de l'Amérique centrale, les Mésoaméricains ont développé de véritables civilisations, tant dans la construction des villes que par l'écriture ou la connaissance astronomique. Parmi les principales ethnies, on peut citer en particulier les Olmèques, les Mayas, les Purépechas, les Mixtèques, les Zapotèques, les Huaxtèques, les Totonaques et les Nahuas (dont les Aztèques).
32
+
33
+ Les Chibchas (aux confins de l'Amérique centrale et du Sud), les nations Quechuas, la nation aymara, les Mapuches, peuples d'Amazonie, peuples Patagons. Les derniers Amérindiens contactés hors du bassin amazonien (en 2004 dans le Paraguay occidental) sont les Totobiegosodes (ou Ayoreo-Totobiegosode) dont le territoire forestier est illégalement et rapidement détruit par deux compagnies forestières brésiliennes (Yaguarete Porá SA et River Plate SA) au moins depuis mai 2008 selon Survival International qui a alerté l'opinion internationale sur ce fait en novembre 2008. Les Totobiegosodes avaient déjà perdu 6 000 hectares de leur forêt au profit des éleveurs de bétail en 2007[10].
34
+
35
+ Les spécialistes ont dans un premier temps pensé[11] que l’arrivée des premiers humains en Amérique remontait à 12 000 ans environ, mais des découvertes archéologiques récentes feraient remonter les premières migrations à plus de 40 000 ans. Venant de Sibérie, ils auraient traversé le détroit de Béring, alors au-dessus de la ligne de rivage maritime en période glaciaire (voir Béringie). Après une période d'habitation en Béringie, et après la disparition des masses glaciaires d’Amérique du Nord, ils auraient pu continuer la colonisation du nouveau continent[12].
36
+
37
+ D’autres théories parlent de peuples océaniens ayant traversé l'océan Pacifique (théorie exprimée par Paul Rivet), ou encore de peuples européens (hypothèse de l'archéologue Dennis Stanford confirmée aujourd'hui par une analyse d'ADN[13]). On estime en effet qu'une peuplade serait venue d'Europe entre 12 000 et 36 000 ans ; elle correspondrait aujourd'hui à un groupe très restreint d'autochtones que sont les Ojibwés, les Nuu-Chah-Nulth, les Sioux, et les Yakamas.
38
+
39
+ Les Amérindiens, s'appuyant sur leur tradition orale, soutiennent que leurs ancêtres ont toujours habité là[14]. Quoi qu'il en soit, la diversité des milieux naturels du continent a engendré des cultures très différentes.
40
+
41
+ On notera cependant des découvertes qui remettent en cause le schéma général de la colonisation de l'Amérique par les Amérindiens. Certains spécialistes pensent que le peuplement du continent américain n'a pas une seule origine :
42
+
43
+ L'autre question problématique est celle de la date du peuplement. Là encore, le travail des archéologues semble repousser l'origine du peuplement à des époques plus anciennes qu'on ne l'a longtemps cru :
44
+
45
+ Les Algonquins seraient apparus il y a 4 500 ans. Des traces de maisons en rondins iroquoises sont attestées pour le Xe siècle av. J.-C.. En 2019, des charbons de bois et des ossements de grands mammifères accompagnés de lames de pierre et de pointes de lance, provenant du site de Cooper's Ferry (sur les rives d'une rivière de l'ouest de l'Idaho), sont datés à environ 16 000 ans, plus d'un millénaire avant que la fonte des glaciers n'ait ouvert un corridor sans glace à travers le Canada il y a environ 14 800 ans. Les premiers Paléoaméricains ont donc dû venir par voie maritime, en parcourant rapidement la côte du Pacifique et en remontant les rivières[16],[17].
46
+
47
+ Les Amérindiens d'aujourd'hui sont étroitement liés aux Asiatiques de l'Est. Néanmoins, les chercheurs estiment que 14 à 38 % de l'ascendance amérindienne provient d'une population semblable à celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans. L'étude de l'ADN d'un garçon sibérien du Paléolithique supérieur découvert près du village de Mal'ta, le long de la rivière Belaya en Sibérie a montré que certaines parties de son génome se retrouvent aujourd'hui chez les Eurasiens occidentaux, d'autres se retrouvent chez les Amérindiens et sont uniques aux Amérindiens aujourd'hui. L'ADN du garçon est rare ou absent en Asie centrale et en Asie de l'Est. Le scénario le plus probable est celui d'une population telle que celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans qui s'est mélangée aux ancêtres des Asiatiques de l'Est. Ainsi, les Amérindiens sont formés par la réunion de deux populations - un groupe est-asiatique et des populations ouest-eurasiennes - sans que l'on sache où ce mélange a eu lieu[18].
48
+
49
+ L'utilisation de l'écriture, par opposition à la tradition orale, est habituellement la ligne de démarcation entre l'histoire et la préhistoire[19] et les années 1500, époque des premiers contacts, représentent plut��t cette ligne séparatrice. Il faut donc adapter constamment le concept de « vérité historique », car les autochtones contemporains fondent une bonne partie de leurs revendications sur cette antériorité historique, sur la période que l'on qualifie habituellement de préhistorique[Quoi ?].
50
+
51
+ L'histoire, chez les peuples indigènes des Amériques, se transmettait le plus souvent oralement, même si l'usage de supports mnémotechniques plus ou moins semblables à des systèmes d'écriture furent développés en Mésoamérique (codex) et dans les Andes (quipu). Légendes, contes, aventures de chasse et faits historiques ont voyagé à travers le temps et se sont transformés dans la bouche des conteurs. Contrairement aux historiens contemporains, les Inuits et les Amérindiens accordent à la valeur mythique et symbolique des événements, dans le cadre de leur conception cyclique du temps, une place plus importante que l'exactitude des lieux, des dates et des acteurs. Ces différences perceptuelles de l'histoire n'ont pas toujours facilité les relations passées et présentes entre les Amérindiens et les allochtones.
52
+
53
+ L'arrivée des Européens au XVe siècle a bouleversé la vie des peuples d'Amérique. Parmi les centaines de nations qui peuplaient le continent, beaucoup ont disparu, déculturées ou exterminées. Le désastre démographique est dû aux épidémies principalement, mais aussi aux guerres, au travail forcé, aux déplacements de tribus entières. La population indienne en Amérique latine est passée, selon les estimations, de 30 à 80 millions d'habitants lors de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique à 4,5 millions un siècle et demi plus tard[2], pour remonter à 44 millions à l'aube du XXIe siècle[20].
54
+
55
+ Au Mexique, Hernán Cortés débarque à proximité de Veracruz en 1519 ; il est tout d'abord bien accueilli par Moctezuma, empereur aztèque. Les Espagnols entrent dans Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Mais le 30 juin 1520, ils sont chassés par une révolte de la population. Cortez, soutenu par les autres peuples amérindiens, remporte la bataille d'Otumba le 7 juillet 1520 et vient assiéger la capitale qui finit par tomber le 13 août 1521. Le dernier empereur, Cuauhtémoc, fait prisonnier pour éviter une nouvelle révolte, est exécuté vers 1524-1526, tandis que Tenochtitlan est rasée pour laisser la place à Mexico.
56
+
57
+ Lorsque Pizarro arrive au Pérou en 1532, il est perçu comme un dieu. Il enlève l'empereur Atahualpa et encourage la révolte des peuples soumis aux Incas. L'empire se morcelle et l'empereur est finalement exécuté par les Espagnols en 1533. Les conquistadors contrôlent le territoire inca au milieu du XVIe siècle, même si des résistances ont encore lieu.
58
+ La formation de l'Empire colonial espagnol s'accompagne de pillages, de maladies nouvelles qui font des ravages, de la famine, de l'asservissement des Amérindiens dans les encomiendas et de l'évangélisation de la population.
59
+
60
+ Le 16 avril 1550, Charles Quint ordonne d'interrompre les conquêtes du Nouveau Monde pour des raisons morales. Le débat qui s'ensuit, confié aux théologiens, sera l'objet des fameuses joutes de Bartolomé de las Casas et Sepulveda lors de la controverse de Valladolid. À son issue, l'Église catholique romaine réaffirme l'opposition à l'esclavage des Indiens qu'elle avait déjà exprimée par les bulles Veritas ipsa (2 juin 1537) et Sublimis Deus (le 9 juin 1537) dans lesquelles Rome condamnant l'esclavage des Indiens avait affirmé leur droit, en tant qu'êtres humains, à la liberté et à la propriété mais l'Église ne condamna pas, dans le même temps, l’esclavage des Africains.
61
+
62
+ En 1556, la terminologie change, « Conquista » est officiellement remplacé par « descubrimiento » (« découverte »), et « conquistador » par « poblador » (« colon »).
63
+
64
+ Les Amérindiens étaient utilisés pour exploiter les ressources en Amérique du Sud (sucre, rhum, café, etc.). Les Espagnols récoltaient ces ressources, qu'ils exportaient en Europe. Les Espagnols partaient d'Europe avec des marchandises (armes, tissus, métaux en lingots, etc.), qu'ils échangeaient en Afrique contre des esclaves qu'ils transportaient en Amérique pour exploiter les ressources. Ce système se nomme le « commerce triangulaire »[21].
65
+
66
+ La démographie historique estime qu'une majorité d'Amérindiens sont morts à la suite des maladies infectieuses introduites par les Espagnols, contre lesquelles les Amérindiens n'étaient pas immunisés. Le processus a commencé dès les années 1500 et les épidémies de variole (1525, 1558, 1589), de typhus (1546), de grippe (1558), de diphtérie (1614), de rougeole (1618) ou encore de peste bubonique (1617-1619, en Nouvelle-Angleterre) ont décimé des millions d'indigènes.
67
+
68
+ Le bilan de ces épidémies est cependant difficile à donner avec exactitude. Les sources sont insuffisantes et les historiens ne sont pas d'accord sur les estimations. À la fin du XXe siècle, notamment à la suite de recherches publiées en 1966[22], les historiens ont favorisé les estimations hautes[23], qui calculent un taux de mortalité, selon les régions, compris entre 50 % et plus de 95 % de la population amérindienne[24],[25].
69
+
70
+ Certains[Qui ?] avancent un bilan de 10 millions de victimes indigènes sur l'ensemble du continent américain ; d'autres[Qui ?] pensent plutôt à 90 millions, dont 10 pour l'Amérique du Nord. Si l'on prend les données d'Anne Garrait-Bourrier et Monique Venuat (voir la bibliographie), le continent américain entier (de l'Alaska au cap Horn) abritait environ 50 millions d'habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Pour le territoire des États-Unis d'aujourd'hui le recensement de 2005 donne une population d'Amérindiens de 2 821 311 habitants répartis sur les 50 États, l'Arizona venant en tête avec 300 288 Amérindiens. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte est de cet espace. Ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. Dans l'Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu'ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d'œuvre en Amérique du Sud.
71
+
72
+ Exemples parmi d'autres des ravages causés par ces pandémies :
73
+
74
+ Les Timicuas, en Floride, qui en 1650 étaient 13 000 répartis sur 40 villages, ne furent après une épidémie de petite vérole que 35 en 1728, regroupés dans un seul hameau.
75
+
76
+ Les Wampanoag qui occupaient le territoire de l'actuel Massachusetts furent emportés jusqu'au dernier en 1617, trois ans avant l'arrivée des premiers colons débarqués du Mayflower qui fonderont Plymouth.
77
+
78
+ Au début du XXe siècle, les Amérindiens sont presque toujours des prolétaires ; leur statut social leur est assigné par leur appartenance ethno-culturelle et les voies de la mobilité sociale leur sont fermées. Les communautés amérindiennes ont été dépossédées de leurs terres, notamment sous les régimes inspirés par le positivisme de Porfirio Diaz au Mexique, Rafael Reyes Prieto en Colombie et Manuel Estrada Cabrera au Guatemala. Ils sont employés le plus souvent comme ouvriers agricoles dans les plantations ou comme mineurs. Leurs salaires sont très bas et, étant généralement analphabètes, le droit de vote leur est refusé[26].
79
+
80
+ Des soulèvements collectifs d'indigènes ont lieu en Amérique latine entre 1915 et 1917, dont les plus importants au Mexique pendant la période révolutionnaire. La révolution mexicaine exerce ainsi une influence considérable sur la question indigène. Dans une certaine mesure, elle a tenté de réaliser un renversement de valeurs, en réaction à la suprématie raciale imposée par le régime de Porfirio Díaz. Les élites mexicaines ne sont pas seules à éprouver une violente répulsion pour ce changement : l'ambassadeur américain appelle au retour à la suprématie blanche grâce à l'aide des Etats-Unis aux « réels gouvernants du Mexique »[26].
81
+
82
+ Outre le Mexique, c'est aussi au Pérou que l'indigénisme apparaît, notamment en raison du débat culturel à la recherche de l'identité latino-américaine par rapport à l'Europe, et à la diffusion d'idées socialisantes parmi les intellectuelles qui les conduit à poser la question du statut des Amérindiens. Les écrits de Manuel González Prada, considéré comme l'un des pères de l'indigénisme moderne, exercent une importante influence sur le mouvement de la réforme universitaire et sur l'APRA (parti politique nationaliste latino-américain et indigéniste). Pour José Carlos Mariátegui, penseur indigéniste et fondateur du Parti communiste péruvien, socialisme et indigénisme sont indissociables au Pérou : « les masses — la classe des travailleurs — sont pour quatre cinquième indigènes. Notre socialisme ne sera pas péruvien, ni même socialiste, s'il ne se solidarise pas avec les revendications indigènes[26]. »
83
+
84
+ Depuis 1968, il y a un réveil politique et culturel des Amérindiens et des métis :
85
+
86
+ Les langues amérindiennes sont les langues indigènes d'Amérique, parlées par les différents peuples amérindiens depuis l'Alaska et le Groenland jusqu'à la Terre de Feu. Les linguistes qui en sont spécialistes sont appelés américanistes.
87
+
88
+ Les langues amérindiennes ne forment pas une famille de langues unique, mais comprennent de nombreuses familles de tailles très variables, ainsi que des langues isolées. Diverses hypothèses rassemblant ces divers groupes en un plus petit nombre de superfamilles ont été formulées, avec un niveau d'acceptation très variable parmi les américanistes. Les Indiens des Plaines avaient développé une langue des signes auxiliaire pour communiquer par-delà la variété de leurs langues maternelles. Beaucoup de langues amérindiennes sont aujourd'hui menacées de disparition.
89
+
90
+ Les Amérindiens utilisent des tambours, qui permettent de communiquer à distance à l'instar des appareils modernes. Ainsi, en frappant sur un tambour, un chaman peut échanger des informations avec un autre chaman ou localiser le gibier.
91
+
92
+ La musique amérindienne comprend la musique précolombienne, mais aussi celle que les Amérindiens ont continué de pratiquer après et malgré les premiers contacts, ou en marge de ceux-ci. Elle se caractérise par une grande variété d'aérophones, de membranophones et d'idiophones, et de lorophone avec de très rares cordophones. On ne connaît aucun traité ou système musical amérindien ; la musique est aussi variée que le nombre de peuples l'est et a justement une fonction sociale, identitaire voire culturelle essentielle. Elle est souvent associée à des interdits ou des tabous, étant réservée parfois aux hommes, aux célibataires, etc. Si elle est en général très simple et monophonique, il existe néanmoins des exemples de musique polyphonique ou orchestrale. L'instrumentarium est très riche du fait des variations linguistiques, culturelles et naturelles (grande variété de végétaux utilisés), mais les cordes sont très rares du fait de l'absence de métal.
93
+
94
+ Le softball, variante « allégée » du baseball est l'un des loisirs typiquement nord-américains pratiqué par les Amérindiens[30]. Parmi les rares sportifs d'origine amérindienne, la joueuse WNBA de basket-ball Shoni Schimmel connaît une forte popularité aux États-Unis[31].
95
+
96
+ Vie quotidienne des Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
97
+
98
+ Fabrication du sirop d'érable par les Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
99
+
100
+ Album des principaux outils, amulettes et autres objets d'origine caraïbe faisant partie d'une collection ethnographique recueillie à la Guadeloupe par le docteur F. L'Herminier et Math. Guesde (lire l'ouvrage en ligne), 1860, Collectivité territoriale de Martinique. Bibliothèque Schoelcher.
101
+
102
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1890.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1891.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1892.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1893.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1894.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1895.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,179 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Taxons concernés
2
+
3
+ En zoologie :
4
+
5
+ modifier
6
+
7
+ Le terme bactérie est un nom vernaculaire qui désigne certains organismes vivants microscopiques et procaryotes présents dans tous les milieux. Le plus souvent unicellulaires, elles sont parfois pluricellulaires (généralement filamenteuses), la plupart des espèces bactériennes ne vivant pas individuellement en suspension, mais en communautés complexes adhérant à des surfaces au sein d'un gel muqueux (biofilm)[1].
8
+
9
+ Les bactéries les plus grosses mesurent plus de 2 μm et, jusqu'au début du XXIe siècle, les spécialistes considéraient que les plus petites mesuraient 0,2 μm, mais il existe des « ultramicrobactéries »[2],[3],[4].
10
+
11
+ Les bactéries présentent de nombreuses formes : sphériques (coques), allongées ou en bâtonnets (bacilles) et des formes plus ou moins spiralées. L’étude des bactéries est la bactériologie, soit une des nombreuses branches de la microbiologie.
12
+
13
+ Il existe environ 10 000 espèces connues à ce jour[5],[6], mais la diversité réelle du groupe est probablement supérieure. L'estimation du nombre des espèces oscillerait entre 5 et 10 millions[7],[8].
14
+
15
+ Les bactéries sont ubiquitaires et sont présentes dans tous les types de biotopes rencontrés sur Terre. Elles peuvent être isolées du sol, des eaux douces, marines ou saumâtres, de l’air, des profondeurs océaniques, des déchets radioactifs[10], de la croûte terrestre, sur la peau et dans l’intestin des animaux ou des humains. Les bactéries ont une importance considérable dans les cycles biogéochimiques comme le cycle du carbone et la fixation de l’azote de l’atmosphère.
16
+
17
+ Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, d'ordre comparable à la quantité des cellules qui le constituent, mais la masse de ces dernières est plus importante. La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l'organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses.
18
+
19
+ Les bactéries peuvent être très utiles à l’humain lors des processus de traitement des eaux usées, dans l’agroalimentaire lors de la fabrication des yaourts ou du fromage et dans la production industrielle de nombreux composés chimiques[11].
20
+
21
+ Les bactéries étant microscopiques, elles ne sont donc visibles qu'avec un microscope. Antoine van Leeuwenhoek fut le premier à observer des bactéries, grâce à un microscope de sa fabrication, en 1668[12]. Il les appela « animalcules » et publia ses observations dans une série de lettres qu'il envoya à la Royal Society[13],[14],[15].
22
+
23
+ Au XIXe siècle, les travaux de Louis Pasteur ont révolutionné la bactériologie. Il démontra en 1859 que les processus de fermentation sont causés par des microorganismes et que leur croissance n’était pas due à la génération spontanée. Il démontra aussi le rôle des microorganismes comme agents infectieux[16]. Pasteur conçut également des milieux de culture, des procédés de destruction des microorganismes comme l’autoclave et la pasteurisation.
24
+
25
+ Le médecin allemand Robert Koch et ses collaborateurs mirent au point les techniques de culture des bactéries sur milieu solide. Robert Koch est un des pionniers de la microbiologie médicale, il a travaillé sur le choléra, la maladie du charbon (anthrax) et la tuberculose. Il démontra de façon claire qu’une bactérie pouvait être l’agent responsable d’une maladie infectieuse et il proposa une série de postulats (les postulats de Koch, toujours utilisés aujourd'hui[17]) confirmant le rôle étiologique d’un microorganisme dans une maladie. Il obtient le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1905[18].
26
+
27
+ Si les bactéries étaient connues au XIXe siècle, il n’existait pas encore de traitement antibactérien. En 1909, Paul Ehrlich mit au point un traitement contre la syphilis avant l’utilisation de la pénicilline en thérapeutique suggérée par Ernest Duchesne en 1897 et étudiée par Alexander Fleming en 1929. Ehrlich reçut le prix Nobel pour ses travaux sur l'immunologie en 1908, et fut un pionnier de l'usage de colorants pour détecter et identifier les bactéries, son travail étant la base de la coloration de Gram et de la coloration de Ziehl-Neelsen[19].
28
+
29
+ Les microbiologistes Martinus Beijerinck et Sergei Winogradsky initièrent les premiers travaux de microbiologie de l’environnement et d’écologie microbienne en étudiant les relations entre ces microorganismes au sein de communautés microbiennes du sol et de l’eau.
30
+
31
+ Le mot « bactérie » apparaît pour la première fois avec le microbiologiste allemand Christian Gottfried Ehrenberg en 1838[20]. Ce mot dérive du grec βακτηριον, qui signifie « bâtonnet ». Parallèlement Haeckel inventa en 1866 l'embranchement Monera pour regrouper au sein de son règne Protista tous les microorganismes sans structure interne (bien qu'excluant les cyanobactéries, alors classées parmi les plantes). Ferdinand Cohn utilisa à son tour le terme Bacteria comme taxon en 1870 et tenta le premier de les classer rigoureusement selon leur morphologie[21]. Pour Cohn, les bactéries étaient des plantes primitives non chlorophylliennes. À la suite des travaux de Cohn, Haeckel révisa la circonscription de ses « monères » pour y inclure les cyanobactéries[22]. Les termes de « monère » et de « bactérie » devinrent alors synonymes[21].
32
+
33
+ En 1938 Herbert Copeland éleva les monères au rang de règne, à un niveau désormais égal aux animaux, plantes et protistes[23]. Ce n'est qu'en 1957 qu'André Lwoff distingua avec clarté les concepts de bactérie et de virus[24] grâce à des arguments biochimiques et structuraux. Enfin, Roger Stanier et Cornelis van Niel définirent pour la première fois rigoureusement en 1962 le concept de bactérie par l’absence d’organite membrané (et en particulier de véritable noyau, donc de mitose)[25].
34
+
35
+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[26] en français.
36
+
37
+ En 1977, Carl Woese grâce à ses travaux de phylogénie moléculaire divisa les procaryotes en deux domaines : les Eubacteria et les Archaebacteria[30] ; il les renomma respectivement Bacteria et Archaea lors de la révision de sa nomenclature en 1990[31]. Le mot « bactérie » faisant référence à l'ensemble des procaryotes avant 1990, ce renommage a provoqué une certaine ambiguïté dans l'utilisation de ce terme et n'a donc pas été accepté par tous les biologistes[32],[33],[34],[35],[36].
38
+
39
+ Certains biologistes[21],[37] pensent que cette tentative de renommage tient davantage de la propagande (de la part de Carl Woese, afin d'accréditer ses idées) que de la science :
40
+
41
+ « Therefore archaebacterial cell structure, growth, division, and genetics remained fundamentally bacterial or prokaryotic. Early claims that archaebacteria are a “third form of life” in addition to eukaryotes and prokaryotes/bacteria are thus falsified, despite misleading, confusing, purely propagandistic name changes that some of us never accepted [...][37] »
42
+
43
+ Et plus loin dans le même article :
44
+
45
+ « Differences between archaebacteria and eubacteria have been grossly exaggerated. »
46
+
47
+ Dans un cadre kuhnien la théorie des trois domaines qui sous-tend ce changement de nomenclature est parfois analysé comme un paradigme de la bactériologie moderne[38],[39],[21], ce qui expliquerait les résistances (principalement de nature sociologiques) contre sa remise en cause.
48
+
49
+ Les bactéries présentent une grande diversité de tailles et de formes. Les cellules bactériennes typiques ont une taille comprise entre 0,5 et 5 µm de longueur, cependant, quelques espèces comme Thiomargarita namibiensis et Epulopiscium fishelsoni peuvent mesurer jusqu’à 750 µm (0,75 mm) de long et être visibles à l’œil nu[40],[41] (voir Bactérie géante). Parmi les plus petites bactéries, les mycoplasmes mesurent 0,3 µm, soit une taille comparable à certains gros virus[42].
50
+
51
+ La plupart des bactéries sont soit sphériques soit en forme de bâtonnets. Dans le premier cas elles sont appelées coques (du grec kókkos, grain) et dans le second bacilles (du latin baculus, bâton). Il existe aussi des formes intermédiaires : les coccobacilles. Quelques bactéries en forme de bâtonnets sont légèrement incurvées comme les Vibrio. D’autres bactéries sont hélicoïdales. Ce sont des spirilles si la forme est invariable et rigide, des spirochètes si l’organisme est flexible et peut changer de forme. La grande diversité de formes est déterminée par la paroi cellulaire et le cytosquelette. Les différentes formes de bactéries peuvent influencer leur capacité d’acquérir des nutriments, de s’attacher aux surfaces, de nager dans un liquide et d’échapper à la prédation.
52
+
53
+ Beaucoup d’espèces bactériennes peuvent être observées sous forme unicellulaire isolée alors que d’autres espèces sont associées en paires comme les Neisseria ou en chaînette, caractéristique des Streptocoques. Dans ces cas, les coques se divisent selon un axe unique et les cellules restent liées après la division. Certains coques se divisent selon un axe perpendiculaire et s’agencent de façon régulière pour former des feuillets. D’autres se divisent de façon désordonnée et forment des amas comme les membres du genre Staphylococcus qui présentent un regroupement caractéristique en grappe de raisins. D'autres bactéries peuvent s’élonger et former des filaments composés de plusieurs cellules comme les actinobactéries.
54
+
55
+ En dépit de leur apparente simplicité, elles peuvent former des associations complexes. Des capteurs leur permettent de détecter d'autres bactéries ou une surface (ce qui induit souvent chez elle un changement de comportement ; ainsi Pseudomonas aeruginosa ne devient virulente et active ses gènes de résistance que quand son « sens du toucher » l'informe qu'elle entre en contact avec une surface ; muqueuse pulmonaire par exemple[43]).
56
+
57
+ Les cyanobactéries forment des chaînes appelées trichomes où les cellules sont en relation étroite, grâce à des échanges physiologiques. Certaines bactéries forment des colonies pouvant solidement s’attacher aux surfaces. Ces « biofilms » sont un arrangement complexe de cellules et de composants extracellulaires, formant des structures secondaires comme des microcolonies, au sein desquelles se forme un réseau de canaux facilitant la diffusion des nutriments.
58
+
59
+ Une caractéristique importante des bactéries est la paroi cellulaire. La paroi donne à la bactérie sa forme et la protège contre l’éclatement sous l’effet de la très forte pression osmotique du cytosol. Les bactéries peuvent être structuralement divisées en deux groupes : les bactéries à paroi unimembranée (ne contenant qu'une seule membrane, la membrane plasmique) et les bactéries à paroi bimembranée (constituée de deux membranes superposées, la membrane interne et la membrane externe). La coloration de Gram est un critère empirique, quoique imparfait, permettant de déterminer la structure de la paroi bactérienne.
60
+
61
+ Certains organites extracellulaires comme les flagelles ou les poils peuvent être enchâssés dans la paroi cellulaire. Quelques bactéries peuvent fabriquer de fines couches externes à la paroi cellulaire, généralement essentiellement constituées de polysaccharides (des sucres). D'autres bactéries peuvent s’envelopper d’une couche protéique appelée la couche S.
62
+
63
+ En tant que procaryote (organisme sans noyau), les bactéries sont des cellules relativement simples, caractérisées par une absence de noyau et d’organites comme les mitochondries et les chloroplastes, elles n'ont pas non plus de réticulum endoplasmique ou d'appareil de Golgi[44].
64
+
65
+ Le métabolisme d’une cellule est l’ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de cette cellule. Pour réaliser ce processus, les bactéries, comme toutes les autres cellules, ont besoin d’énergie. L’ATP est la source d’énergie biochimique universelle, commune à toutes les formes de vie, mais les réactions d’oxydo-réduction impliquées dans sa synthèse sont très variées selon les organismes et notamment chez les bactéries.
66
+
67
+ Les bactéries vivent dans pratiquement toutes les niches environnementales de la biosphère. Elles peuvent ainsi utiliser une très large variété de source de carbone et/ou d’énergie[45].
68
+
69
+ Les bactéries peuvent être classées selon leur type de métabolisme, en fonction des sources de carbone et d’énergie utilisés pour la croissance, les donneurs d’électrons et les accepteurs d’électrons[46].
70
+
71
+ (donneur d'électrons)
72
+
73
+ L’énergie cellulaire des chimiotrophes est d’origine chimique alors que celle des phototrophes est d’origine lumineuse. La source de carbone des autotrophes est le dyoxyde de carbone , tandis que des substrats organiques sont la source de carbone des hétérotrophes. Il est aussi possible de distinguer deux sources possibles de protons (H+) et d'électrons (e-) : les bactéries réduisant des composés minéraux sont des lithotrophes alors que celles réduisant des substances organiques sont des organotrophes.
74
+
75
+ Tout organisme vivant réalise en permanence de nombreuses réactions chimiques destinées à construire les biomolécules indispensables à la vie, et particulièrement lipides, protéines, acides nucléiques et saccharides. Ces réactions ne sont possibles que grâce à l'énergie accumulée à la suite d’autres réactions chimiques. Le métabolisme d'une bactérie est l'ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de la cellule bactérienne[47]. Les besoins énergétiques de la bactérie peuvent être satisfaits par deux mécanismes :
76
+
77
+ Les bactéries possèdent un chromosome généralement unique et circulaire (mais il y a des exceptions) qui porte la majorité des gènes. Certains gènes ayant des fonctions particulières (résistance à un antibiotique, un prédateur, adaptation physiologique au milieu, etc.) sont cependant localisés sur des petites sections d'ADN circulaire libres appelées plasmides.
78
+
79
+ Il existe une grande diversité de métabolismes par rapport aux eucaryotes. D'ailleurs la phototrophie et l'autotrophie chez les eucaryotes sont toujours le résultat d'une symbiose avec des bactéries (certains lichens par exemple) et/ou d'une symbiogenèse impliquant une cyanobactérie (chloroplaste).
80
+
81
+ Source de matière : Hétérotrophie vs Autotrophie
82
+
83
+ Source d'énergie : Phototrophie vs Chimiotrophie
84
+
85
+ Les bactéries, avec les autres micro-organismes, participent pour une très large part à l’équilibre biologique existant à la surface de la Terre. Elles colonisent en effet tous les écosystèmes et sont à l’origine de transformations chimiques fondamentales lors des processus biogéochimiques responsables du cycle des éléments sur la planète.
86
+
87
+ Une population de bactéries peut avoir un comportement coordonné grâce à une messagerie moléculaire, le quorum sensing.
88
+
89
+ Au sein des biofilms des relations s'établissent entre bactéries, conduisant à une réponse cellulaire intégrée. Les molécules de la communication cellulaire ou « lang » sont soit des homosérines lactones pour les bactéries à Gram négatif, soit des peptides courts pour les bactéries à Gram positif. De plus au sein de biofilms établis, les caractéristiques physico-chimiques (pH, oxygénation, métabolites) peuvent être néfastes au bon développement bactérien et constituer donc des conditions stressantes. Les bactéries mettent en place des réponses de stress qui sont autant d'adaptation à ces conditions défavorables. En général les réponses de stress rendent les bactéries plus résistantes à toute forme de destruction par des agents mécaniques ou des molécules biocides.
90
+
91
+ L'étude des canaux ioniques bactériens a permis à une équipe de chercheurs de mettre en évidence, en 2015, une synchronisation du métabolisme de certaines bactéries au sein des communautés de biofilms bactériens par des vagues d'ions potassium. Celles-ci résultent d'une boucle de rétroaction positive, dans laquelle un déclencheur métabolique induit la libération d'ions potassium intracellulaire, qui à son tour dépolarise les bactéries voisines. Cette vague de dépolarisation coordonne les états métaboliques entre les bactéries à l'intérieur et à la périphérie du biofilm. La suppression ou le blocage de l'activité des canaux potassium supprime cette réponse[48].
92
+
93
+ Les eaux naturelles comme les eaux marines (océans) ou les eaux douces (lacs, mares, étangs, rivières, etc.) sont des habitats microbiens très importants. Les matières organiques en solution et les minéraux dissous permettent le développement des bactéries. Les bactéries participent dans ces milieux à l’autoépuration des eaux. Elles sont aussi la proie des protozoaires. Les bactéries composant le plancton des milieux aquatiques sont appelées le bactérioplancton.
94
+
95
+ Il y a environ quarante millions de cellules bactériennes dans un gramme de sol et un million de cellules bactériennes dans un millilitre d’eau douce. On estime qu'il y aurait (à un instant donné) quatre à six quintillions (4 ×1030 à 6×1030), soit entre quatre et six mille milliards de milliards de milliards de bactéries dans le monde[49], représentant une grande partie de la biomasse du monde[49]. Cependant, un grand nombre de ces bactéries ne sont pas encore caractérisées car non cultivables en laboratoire[50].
96
+
97
+ Le sol est composé de matière minérale provenant de l’érosion des roches et de matière organique (l’humus) provenant de la décomposition partielle des végétaux. La flore microbienne y est très variée. Elle comprend des bactéries, des champignons, des protozoaires, des algues, des virus, mais les bactéries sont les représentants les plus importants quantitativement. On peut y retrouver tous les types de bactéries, des autotrophes, des hétérotrophes, des aérobies, des anaérobies, des mésophiles, des psychrophiles, des thermophiles. Tout comme les champignons, certaines bactéries sont capables de dégrader des substances insolubles d’origine végétale comme la cellulose, la lignine, de réduire les sulfates, d’oxyder le soufre, de fixer l’azote atmosphérique et de produire des nitrates. Les bactéries jouent un rôle dans le cycle des nutriments des sols, et sont notamment capables de fixer l’azote. Elles ont donc un rôle dans la fertilité des sols pour l’agriculture. Les bactéries abondent au niveau des racines des végétaux avec lesquels elles vivent en mutualisme.
98
+
99
+ À la différence des milieux aquatiques, l’eau n’est pas toujours disponible dans les sols. Les bactéries ont mis en place des stratégies pour s’adapter aux périodes sèches. Les Azotobacter produisent des cystes, les Clostridium et les Bacillus des endospores ou d’autres types de spores chez les Actinomycètes.
100
+
101
+ Dans le sous-sol, dans l'eau ou dans les cavités humides, des bactéries colonisent inévitablement les galeries minières, puits de mines et leurs abords faillés ou évidés, y compris dans les centres de stockage souterrains ; elles sont parfois trouvée à grande profondeur dans le sous-sol, y compris dans les remontées de forages d'eau ou de pétrole. Elles peuvent là aussi modifier leur environnement, être source de CO2 ou de méthane, d'acidification, de corrosion, de méthylation, de putréfaction et/ou interagir avec les nappes, certains métaux ou des matériaux de confinement (ce pourquoi Rizlan Bernier-Latmani a monté une campagne expérimentale d'étude à des centaines de mètres de profondeur (sous le Mont Terri, près de Saint-Ursanne dans le Jura dans une plateforme de recherche et de collaboration internationales visant à étudier la pertinence de la roche argileuse pour l'enfouissement des déchets radioactifs[51].
102
+
103
+ Les bactéries peuvent aussi être rencontrées dans des environnements plus extrêmes. Elles sont qualifiées d’extrémophiles. Des bactéries halophiles sont rencontrées dans des lacs salés, des bactéries psychrophiles sont isolées d’environnements froids comme des océans Arctique et Antarctique, des banquises. Des bactéries thermophiles sont isolées des sources chaudes ou des cheminées hydrothermales.
104
+
105
+ En 2007, des forages dans le pergélisol du nord-est de la Sibérie, du nord-ouest du Canada et de l'Antarctique ont permis à des scientifiques de l'université de Californie dirigée par le professeur Eske Willerslev (en) (Université de Copenhague) de mettre au jour des bactéries toujours vivantes vieilles d'environ 500 000 ans. Les chercheurs ont montré chez ces bactéries des signes de réparation de leur ADN combiné à un état de dormance inférieure à l'activité métabolique nécessaire à la réparation de l'ADN maintenue à un bas niveau[52].
106
+
107
+ En 2000, une équipe scientifique a annoncé avoir découvert une bactérie demeurée endormie dans un cristal de sel pendant 250 millions d'années[53]. De nombreux scientifiques sont très réservés vis-à-vis de ce résultat, qui serait plutôt dû à une colonisation récente du cristal[54].
108
+
109
+ Dans l'espace, les bactéries deviendraient presque trois fois plus virulentes. C'est du moins le cas de Salmonella typhimurium, une bactérie responsable d'intoxication alimentaire. Celles-ci ont fait un voyage à bord de la navette Atlantis en 2006. À leur retour, les bactéries qui avaient été conservées dans un récipient étanche, ont été transmises à des souris. Il n'a fallu que le tiers de la dose habituelle pour tuer la moitié du groupe de souris qui avait été infecté[55],[56].
110
+
111
+ On cherche actuellement à savoir s'il a existé une vie bactérienne sur la planète Mars. Certains éléments d'analyse du sol martien semblent s'orienter en ce sens, et la présence abondante d'eau sur Mars jadis a peut-être pu constituer un terrain extrêmement favorable au développement de la vie bactérienne, si elle est apparue. Si la chose venait à être confirmée, ce serait un élément important en faveur de l'hypothèse de panspermie. Des chercheurs écossais ont mis en évidence en juin 2017 que le sol de mars éliminait la moindre bactérie. C’est l’interaction entre le rayonnement ultraviolet, les substances oxydantes du sol de Mars, et surtout les perchlorates qui confère à la surface de la Planète rouge sa capacité à éliminer toute bactérie[57]. D'autres recherches s'intéressent aussi aux glaces de la lune jovienne Europe qui abritent de l'eau liquide sous leur surface.
112
+
113
+ En dépit de leur apparente simplicité, les bactéries peuvent entretenir des associations complexes avec d’autres organismes. Ces associations peuvent être répertoriées en parasitisme, mutualisme et commensalisme. En raison de leurs petites tailles, les bactéries commensales sont ubiquitaires et sont rencontrées à la surface et à l’intérieur des plantes et des animaux.
114
+
115
+ Dans le sol, les bactéries de la rhizosphère (couche de sol fixée aux racines des plantes) fixent l’azote et produisent des composés azotés utilisés par les plantes (exemple de la bactérie Azotobacter ou Frankia). En échange, la plante excrète au niveau des racines des sucres, des acides aminés et des vitamines qui stimulent la croissance des bactéries. D’autres bactéries comme Rhizobium sont associées aux plantes légumineuses au niveau de nodosités sur les racines.
116
+
117
+ Il existe de nombreuses relations symbiotiques ou mutualistes de bactéries avec des invertébrés. Par exemple, les animaux qui se développent à proximité des cheminées hydrothermales des fonds océaniques comme les vers tubicoles Riftia pachyptila, les moules Bathymodiolus ou la crevette Rimicaris exoculata vivent en symbiose avec des bactéries chimiolitho-autotrophes.
118
+
119
+ Buchnera est une bactérie endosymbiote des aphides (puceron). Elle vit à l'intérieur des cellules de l'insecte et lui fournit des acides aminés essentiels. La bactérie Wolbachia est hébergée dans les testicules ou les ovaires de certains insectes. Cette bactérie peut contrôler les capacités de reproduction de son hôte.
120
+
121
+ Des bactéries sont associées aux termites et leur apportent des sources d'azote et de carbone.
122
+
123
+ Des bactéries colonisant la panse des herbivores permettent la digestion de la cellulose par ces animaux. La présence de bactéries dans l’intestin de l’Homme contribue à la digestion des aliments mais les bactéries fabriquent également des vitamines comme l’acide folique, la vitamine K et la biotine[58].
124
+
125
+ Des bactéries colonisent le jabot d'un oiseau folivore (consommateur de feuilles), le Hoazin (Opisthocomus hoazin). Ces bactéries permettent la digestion de la cellulose des feuilles, de la même manière que dans le rumen des ruminants.
126
+
127
+ Des bactéries bioluminescentes comme Photobacterium sont souvent associées à des poissons ou des invertébrés marins. Ces bactéries sont hébergées dans des organes spécifiques chez leurs hôtes et émettent une luminescence grâce à une protéine particulière : la luciférase. Cette luminescence est utilisée par l'animal lors de divers comportements comme la reproduction, l'attraction de proies ou la dissuasion de prédateurs.
128
+
129
+ Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, environ autant, voire plus, que de cellules le constituant, toutefois leur masse reste infime en comparaison.
130
+
131
+ Les calculs donnent des résultats variés quant à leur nombre. D'après certaines estimations, 1012 bactéries colonisent la peau, 1010 bactéries colonisent la bouche et 1014 bactéries habitent dans l'intestin[59]. D'autres calculs, réalisés par des chercheurs de l'institut Weizmann, indiquent qu'il y a plus de cellules bactériennes (~40 × 1012) que de cellules humaines (~30 × 1012) dans le corps humain[60],[61].
132
+
133
+ La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l’organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses comme le choléra, la syphilis, la peste, l’anthrax, la tuberculose.
134
+
135
+ Le plus souvent, les maladies bactériennes mortelles sont les infections respiratoires : la tuberculose à elle seule tue environ deux millions de personnes par an, principalement en Afrique subsaharienne[62]. Des bactéries peuvent entraîner des troubles respiratoires ou intestinaux alors que d’autres peuvent être responsables de l’infection d'une blessure. Les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques, qui le plus souvent inhibent une de leurs fonctions vitales (par exemple, la pénicilline bloque la synthèse de la paroi cellulaire).
136
+
137
+ Les bactéries pathogènes sont responsables de maladies humaines et causent des infections. Les organismes infectieux peuvent être distingués en trois types : les pathogènes obligatoires, accidentels ou opportunistes.
138
+
139
+ Un pathogène obligatoire ne peut survivre en dehors de son hôte. Parmi les bactéries pathogènes obligatoires, Corynebacterium diphtheriae entraîne la diphtérie, Treponema pallidum est l’agent de la syphilis, Mycobacterium tuberculosis provoque la tuberculose, Mycobacterium leprae la lèpre, Neisseria gonorrhoeae la gonorrhée. Les Rickettsia à l’origine du typhus sont des bactéries parasites intracellulaires.
140
+
141
+ Un pathogène accidentel présent dans la nature peut infecter l’Homme dans certaines conditions. Par exemple, Clostridium tetani provoque le tétanos en pénétrant dans une plaie. Vibrio cholerae entraîne le choléra à la suite de la consommation d’une eau contaminée.
142
+
143
+ Un pathogène opportuniste infecte des individus affaiblis ou atteints par une autre maladie. Des bactéries comme Pseudomonas aeruginosa, des espèces de la flore normale, comme des Staphylococcus de la flore cutanée, peuvent devenir des pathogènes opportunistes dans certaines conditions. On rencontre surtout ce type d’infection en milieu hospitalier.
144
+
145
+ La capacité d’une bactérie à provoquer une maladie est son pouvoir pathogène. L’intensité du pouvoir pathogène est la virulence. L’aboutissement de la relation bactérie-hôte et l’évolution de la maladie dépendent du nombre de bactéries pathogènes présentes dans l’hôte, de la virulence de cette bactérie, des défenses de l’hôte et de son degré de résistance.
146
+
147
+ Pour déclencher une maladie, les bactéries infectieuses doivent d’abord pénétrer dans l’organisme et adhérer à un tissu. Des facteurs d’adhésion permettent la fixation des bactéries à une cellule. Le pouvoir invasif est la capacité de la bactérie à se répandre et à se multiplier dans les tissus de l’hôte, soit par un processus d'endocytose permettant leur pénétration intracellulaire, soit pour certaines bactéries en passant entre les cellules des muqueuses afin de coloniser la lamina propria sous-jacente. Les bactéries peuvent produire des substances lytiques leur permettant de se disséminer dans les tissus. Certaines bactéries présentent aussi un pouvoir toxinogène qui est la capacité de produire des toxines, substances chimiques portant préjudice à l’hôte. On peut distinguer les exotoxines libérées lors de la multiplication des bactéries et les endotoxines fixées dans la membrane des bactéries.
148
+
149
+ Les bactéries pathogènes tentant d’envahir un hôte rencontrent toutefois de nombreux mécanismes de défense assurant à l’organisme une protection aux infections. Une bonne alimentation et une hygiène de vie correcte constituent une première protection. La peau, les muqueuses forment une première ligne de défense contre la pénétration d’organismes pathogènes. Les bactéries de la flore normale constituent aussi une barrière de protection. Lorsqu’un micro-organisme a pénétré ces premières lignes de défense, il rencontre des cellules spécialisées qui se mobilisent contre l’envahissement : ce sont les phagocytes. L’inflammation est une réaction défensive non spécifique. Un second système de défense très efficace est le système immunitaire spécifique, capable de reconnaître des antigènes portés ou sécrétés par les bactéries, et d’élaborer des anticorps et des cellules immunitaires spécifiques de ces antigènes.
150
+
151
+ En milieu hospitalier, le personnel soignant doit suivre des protocoles de protection (port de la blouse, gants, lunettes en chirurgie...). En cas de contact avec un élément à risque (sang, liquide...), le personnel soignant doit impérativement et au plus tôt se laver les mains avec un produit désinfectant et aseptisant[63].
152
+
153
+ Les bactéries pathogènes pour les plantes sont connues du grand public pour leur responsabilité dans la dévastation de cultures agricoles. En 2001, les vergers du midi de la France étaient victimes d'une vague d'infection par une bactérie du genre Xanthomonas[64].
154
+
155
+ En biotechnologie végétale, la bactérie du sol, Agrobacterium tumefaciens, est utilisée pour sa capacité à transmettre un fragment d'ADN à la plante cible lors de son cycle infectieux.
156
+
157
+ Les Procaryotes sont d'importants outils dans le domaine de la biorestauration : on se sert d'organismes pour éliminer des polluants du sol, de l'eau et de l'air. Exemple : Les archées décomposent la matière organique contenue dans les eaux usées pour la transformer en substance qui peut servir d'engrais. Dans l'industrie minière, les Procaryotes aident à retirer les métaux contenus dans le minéral. L'utilité des Procaryotes provient en grande partie de la diversité de leurs formes de nutrition et de métabolisme[65].
158
+
159
+ L’origine de la microbiologie industrielle date de l’époque préhistorique. Les premières civilisations ont utilisé sans le savoir des micro-organismes pour produire des boissons alcoolisées, du pain et du fromage.
160
+
161
+ Les bactéries comme Lactobacillus, Lactococcus ou Streptococcus, combinées aux levures et moisissures interviennent dans l’élaboration d’aliments fermentés comme les fromages, les yaourts, la bière, le vin, la sauce de soja, le vinaigre, la choucroute.
162
+
163
+ Les bactéries acétiques (Acetobacter, Gluconobacter) peuvent produire de l'acide acétique à partir de l'éthanol. Elles se rencontrent dans les jus alcoolisés et sont utilisées dans la production du vinaigre. Elles sont également exploitées pour la production d'acide ascorbique (vitamine C) à partir du sorbitol transformée en sorbose.
164
+
165
+ La capacité des bactéries hétérotrophes à dégrader une large variété de composés organiques est exploitée dans des processus de traitement des déchets comme la bioremédiation ou le traitement des eaux usées. Des bactéries sont également utilisées dans les fosses septiques pour en assurer l'épuration. Des bactéries, capables de dégrader des hydrocarbures du pétrole, peuvent être utilisées lors du nettoyage d'une marée noire. Le processus de nettoyage de milieux pollués par des micro-organismes est la bioremédiation.
166
+
167
+ Des bactéries peuvent être utilisées pour récupérer des métaux d'intérêts économiques à partir de minerais. C'est la biolixiviation. L'activité de bactéries est ainsi exploitée pour la récupération du cuivre.
168
+
169
+ Des bactéries peuvent être utilisées à la place de pesticides en lutte biologique pour combattre des parasites des plantes. Par exemple, Bacillus thuringiensis produit une protéine Bt qui est toxique pour certains insectes. Cette toxine est utilisée en agriculture pour combattre des insectes qui se nourrissent de plantes.
170
+
171
+ En raison de leur capacité à se multiplier rapidement et de leur relative facilité à être manipulées, certaines bactéries comme Escherichia coli sont des outils très utilisés en biologie moléculaire, génétique et biochimie. Les scientifiques peuvent déterminer la fonction de gènes, d’enzymes ou identifier des voies métaboliques nécessaires à la compréhension fondamentale du vivant et permettant également de mettre en œuvre de nouvelles applications en biotechnologie.
172
+
173
+ De nombreuses enzymes utilisées dans divers processus industriels ont été isolées de micro-organismes. Les enzymes des détergents sont des protéases de certaines souches de Bacillus. Des amylases capables d’hydrolyser l’amidon sont très utilisées dans l’industrie alimentaire. La Taq polymérase utilisée dans les réactions de polymérisation en chaîne (PCR) pour l’amplification de l’ADN provient d’une bactérie thermophile Thermus aquaticus.
174
+
175
+ Les bactéries génétiquement modifiées sont très utilisées pour la production de produits pharmaceutiques. C’est le cas par exemple de l’insuline, l’hormone de croissance, certains vaccins, des interférons… Certaines bactéries comme Streptomyces sont très employées pour la production d’antibiotiques.
176
+
177
+ Certaines bactéries peuvent provoquer une dégradation d'installation (biocorrosion), en particulier les bactéries sulfato-réductrices.
178
+
179
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1896.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,373 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Eugène Delacroix est un peintre français né le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice et mort le 13 août 1863 à Paris.
4
+
5
+ Dans la peinture française du XIXe siècle, il est considéré comme le principal représentant du romantisme, dont la vigueur correspond à l'étendue de sa carrière. À quarante ans, sa réputation est suffisamment établie pour lui permettre de recevoir d'importantes commandes de l'État. Il peint sur toile et décore les murs et plafonds de monuments publics. Il laisse en outre des gravures et lithographies, plusieurs articles écrits pour des revues et un Journal publié peu après sa mort et plusieurs fois réédité. Remarqué au Salon en 1824, il produit dans les années suivantes des œuvres s'inspirant d'anecdotes historiques ou littéraires aussi bien que d'événements contemporains (La Liberté guidant le peuple) ou d'un voyage au Maghreb (Femmes d'Alger dans leur appartement).
6
+
7
+ Eugène Delacroix, le quatrième enfant de Victoire Œben (1758 – 1814) et de Charles-François Delacroix (1741 – 1805), naît en 1798 au 2 rue de Paris à Charenton-Saint-Maurice, près de Paris[1], dans une grande demeure bourgeoise des XVIIe et XVIIIe siècles, qui existe toujours[a].
8
+
9
+ Charles-François Delacroix, avocat à Paris à partir de 1774, devient député sous la Convention. Fin 1795, il devient ministre des Affaires extérieures, puis ambassadeur dans la République batave du 6 novembre 1797 à juin 1798. Rallié à l'Empire, il est nommé préfet de Marseille, le 2 mars 1800, puis trois ans plus tard, préfet de la Gironde où il meurt le 4 novembre 1805 et où il repose, au cimetière de la Chartreuse[3].
10
+
11
+ Victoire Œben, de dix-sept ans plus jeune que son mari, descend d'une famille d'ébénistes de renom, les Œben. À la mort en 1763 de son père Jean-François Œben, le célèbre ébéniste de Louis XV, Victoire a cinq ans. Trois ans plus tard, en 1766, sa mère, Françoise Vandercruse, sœur de l'ébéniste Roger Vandercruse, se remarie avec l'ébéniste Jean-Henri Riesener, élève de son premier époux[4]. De cette seconde union naît le 6 août 1767 Henri-François Riesener, peintre, demi-frère de Victoire et oncle d'Eugène Delacroix qui aura de son union avec Félicité Longrois un fils, le peintre Léon Riesener.
12
+
13
+ Charles-Henri Delacroix, l’aîné des enfants de Victoire et Charles-François Delacroix, naît le 9 janvier 1779. Il fait une belle carrière dans les armées impériales. Promu maréchal de camp honoraire en 1815, il est démobilisé avec le grade de général (mais en demi-solde)[5].
14
+
15
+ Henriette naît le 4 janvier 1782 et meurt le 6 avril 1827. Elle a épousé le 1er décembre 1797 Raymond de Verninac-Saint-Maur (1762 – 1822)[6], un diplomate en Suède puis à Constantinople, dont elle a un fils, Charles de Verninac (1803 – 1834), neveu d'Eugène. À la demande de son époux, David fait son portrait (musée du Louvre), en 1799, dans un genre qu'il développe au cours des dernières années de la Révolution, le modèle assis, coupé aux genoux, sur fond uni[7]. Son mari demande aussi au sculpteur Joseph Chinard (1756 – 1813) son buste en Diane chasseresse préparant ses traits (1808, musée du Louvre)[8].
16
+
17
+ Henri, né en 1784, est tué à 23 ans le 14 juin 1807 à la bataille de Friedland.
18
+
19
+ Victoire Œben meurt le 3 septembre 1814. Le règlement de la succession maternelle ruine la famille Delacroix. Ce désastre engloutit toute la fortune des enfants ; une propriété que la mère de l'artiste avait achetée afin de couvrir une créance doit être vendue à perte. Les Verninac recueillent le jeune Eugène resté dans un grand dénuement[9].
20
+
21
+ Remarquant que le père du peintre souffrait depuis quatorze ans et jusqu'à quelques mois avant la naissance d'Eugène, d'une volumineuse tumeur testiculaire, certains auteurs en ont inféré que son géniteur aurait été un autre homme, Talleyrand, crédité de nombreuses liaisons féminines, qui a remplacé Charles-François Delacroix aux Affaires extérieures le 16 juillet 1797[b]. Cette opinion est vigoureusement contestée.
22
+
23
+ Le chirurgien Ange-Bernard Imbert-Delonnes (1747-1818) publia en décembre 1797 une brochure à propos de l'ablation le 13 septembre 1797 de ce sarcocèle, qui constituait une première médicale[c]. Il indique que l'opération a réussi et que le patient fut complètement rétabli au bout de soixante jours. Eugène Delacroix nait sept mois après l'intervention[11]. Cependant, la tumeur de Charles Delacroix n'était pas nécessairement un obstacle à la procréation[12].
24
+
25
+ S'il existe des raisons de penser que Charles-François Delacroix n'a pas pu être son géniteur, les conjectures qui font de l'artiste un fils naturel de Talleyrand sont peu fondées. Caroline Jaubert évoque en 1880 cette rumeur dans la description d'une scène de salon qui aurait eu lieu vers 1840[d].
26
+
27
+ Pour Raymond Escholier « entre le masque du prince de Bénévent et celui de Delacroix il existe une étonnante ressemblance […] les traits de Delacroix ne rappellent ni ceux de son frère le général, ni ceux de sa sœur Henriette […] voilà bien des chances pour qu'Eugène Delacroix ait été un de ces fils de l'amour, doués si souvent de dons prestigieux[14] ». Cependant de nombreux autres notent que Talleyrand était blond et pâle, alors que, décrivant leur ami Eugène Delacroix à la chevelure de jais, très noire, Baudelaire parle d'un « teint de Péruvien » et Théophile Gautier d'un air de « maharadjah »[15].
28
+
29
+ Emmanuel de Waresquiel rappelle l'absence de sources sérieuses à cette paternité supposée et conclut :
30
+ « Tous ceux qui ont aimé à forcer le trait de leur personnage, [...] se sont laissé tenter, sans se soucier du reste, ni surtout des sources ou plutôt de l'absence de sources. Une fois pour toutes, Talleyrand n'est pas le père d'Eugène Delacroix. On ne prête qu'aux riches[16] »…
31
+
32
+ Talleyrand est en tous cas un proche de la famille Delacroix et l'un des protecteurs occultes de l'artiste[17]. Il aurait facilité l'achat par le baron Gérard de des Massacres de Scio, présenté au Salon de 1824 et aujourd'hui au musée du Louvre), pour une somme de 6 000 francs[18]. Le petit-fils adultérin de Talleyrand, le duc de Morny, président du corps législatif et demi-frère utérin de Napoléon III, fit de Delacroix le peintre officiel du Second Empire, bien que l'empereur lui préférât Winterhalter et Meissonnier[19]. Delacroix a également bénéficié de l'ombre tutélaire d'Adolphe Thiers, qui fut son mentor. L'appui de Thiers semble avoir aidé Delacroix à obtenir plusieurs commandes importantes[20], notamment la décoration du Salon du Roi, au Palais Bourbon, et une partie du décor de la Bibliothèque du Sénat, au Palais du Luxembourg.
33
+
34
+ Cette protection n'établit cependant pas une paternité naturelle, et Maurice Sérullaz[e] évite de se prononcer à ce sujet[21].
35
+
36
+ Au-delà de l'intérêt de curiosité, les opinions dans cette controverse reflètent l'importance que les commentateurs veulent attribuer, soit au talent individuel et au caractère, soit aux relations sociales et familiales, soit même à l'hérédité, dans le succès de Delacroix.
37
+
38
+ À la mort de son père, Eugène n'a que 7 ans. La mère et le fils quittent Bordeaux pour Paris[23]. En janvier 1806, ils habitent au 50 rue de Grenelle[6], dans l'appartement d'Henriette et de Raymond de Verninac[24]. D'octobre 1806 à l'été 1815, Delacroix fréquente un établissement d'élite, le Lycée Impérial (actuel lycée Louis-le-Grand) où il reçoit une bonne instruction.
39
+
40
+ Ses lectures sont classiques : Horace, Virgile, mais également Racine, Corneille et Voltaire. Il apprend le grec et le latin. Les nombreux dessins et croquis griffonnés sur ses cahiers attestent déjà de ses dons artistiques. Il rencontre au Lycée Impérial ses premiers confidents : Jean-Baptiste Pierret (1795-1854), Louis (1790-1865) et Félix (1796-1842) Guillemardet, et Achille Piron (1798-1865)[25]. Ils partagèrent sa vie de bohème et lui restèrent fidèles jusqu'à la fin de sa vie.
41
+
42
+ Il reçoit aussi une éducation musicale précoce, prenant des leçons avec un vieil organiste, qui adorait Mozart[1]. Ce maître de musique, qui a remarqué les talents de l’enfant, recommande à sa mère d’en faire un musicien. Mais la mort de son père en 1805 met fin à cette possibilité. Cependant, toute sa vie, il continuera à participer à la vie musicale parisienne, recherchant la compagnie des compositeurs, des chanteurs et des instrumentistes : Paganini jouant du violon (1831, Collection Philipps de Washington).
43
+
44
+ En 1815, son oncle, Henri-François Riesener, le fait entrer dans l'atelier de Pierre-Narcisse Guérin[26] où il a pour condisciples Paul Huet, Léon Cogniet, Ary et Henry Scheffer, et Charles-Henri de Callande de Champmartin[27]. Il y fait la connaissance de Théodore Géricault, de sept ans son aîné, qui eut une influence capitale sur son art[28]. L'enseignement de Guérin est à la fois classique et libéral. Il enseigne le principe néo-classique de la primauté du dessin sur la couleur, le retour à l'Antique cher à l'Allemand Winckelmann[f], mais n'est pas fermé aux idées nouvelles.
45
+
46
+ En mars 1816, Delacroix poursuit son apprentissage, toujours avec Guérin, aux Beaux-Arts où l'enseignement est moins onéreux qu'en atelier privé. L'enseignement privilégie le dessin et la copie des maîtres. Grâce à la carte de travail au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale[30] qu'il acquiert le 13 juillet 1816, il copiera pendant plusieurs années des manuscrits d'après des recueils de costumes du Moyen Âge. Ses résultats aux concours et aux examens de l'École des beaux-arts ne lui laissent pas espérer un séjour romain ; en 1820, il échoue à la première partie du Prix de Rome. Parallèlement, il trouve des petits travaux : dessin industriel, décoration d'appartements, costumes de théâtre ; la faible rente de l'héritage ne suffit pas à subvenir à ses besoins[31].
47
+
48
+ Pendant toute sa carrière, Delacroix souffrira des carences de son apprentissage technique, sous-estimé dans l'enseignement officiel. Pour lui, David était le dernier détenteur de « secrets » perdus. Sa génération « dégoûtée d'une peinture glaciale, où la qualité de la matière tenait si peu de place, […] semble avoir tourné le dos, de parti pris, à tous les enseignements[32] ». Peignant d'instinct, il en résultera, comme pour la plupart de ses contemporains, des désastres qui se manifestèrent après peu d'années. La Mort de Sardanapale, de 1827, dut être entièrement restauré dès 1861[33]. Les délicats rapports de tons qui avaient enchanté les contemporains n'ont pas subsisté ; craquelures et crevasses, dus à la hâte de peindre sans respecter les délais de séchage, ont abimé sa peinture[34]. Le Journal de Delacroix témoigne de sa conscience de ses manques.
49
+
50
+ En 1816 Delacroix rencontre Charles-Raymond Soulier, aquarelliste amateur anglophile élève de Copley Fielding revenu d'Angleterre. Cet ami et Richard Parkes Bonington familiarisent Delacroix avec l'art de l’aquarelle, qui l'éloigne des normes académiques enseignées aux Beaux-Arts. Les Britanniques associent l’aquarelle à la gouache et utilisent divers procédés comme l’emploi des gommes, de vernis et de grattages. Soulier lui enseigne également les rudiments de la langue anglaise[35].
51
+
52
+ Du 24 avril à la fin août 1825[36], il voyage en Angleterre. Il découvre le théâtre de Shakespeare en assistant aux représentations de Richard III, Henri IV, Othello, Le Marchand de Venise et La Tempête[37] deux ans avant qu'une troupe anglaise se déplace à Paris[38]. Il assiste également à une adaptation du Faust de Goethe. Delacroix trouvera des sujets dans le théâtre tout au long de sa carrière : Hamlet et Horatio au cimetière (1835, Francfort) et Hamlet et les deux fossoyeurs (1859, musée du Louvre). Ces sujets se mêleront jusqu’à sa mort aux thèmes orientaux, littéraires, historiques ou religieux. À partir de ce voyage, la technique de l'aquarelle acquiert une importance dans son œuvre[39]. Elle lui sera d'une grande aide lors de son voyage en Afrique du Nord, pour pouvoir en restituer toutes les couleurs.
53
+
54
+ En 1819, Delacroix aborde pour la première fois la décoration avec la salle à manger de l’hôtel particulier de M. Lottin de Saint-Germain, dans l’île de la Cité. Il termine les dessus de porte dans le style pompéien avant mars 1820. De cet ensemble aujourd’hui disparu ne restent que les dessins et projets, personnages, scènes allégoriques ou mythologiques, déposés au musée du Louvre.
55
+
56
+ Le tragédien Talma lui confie en 1821 pour le décor de la salle à manger de l'hôtel particulier qu'il se fait construire au 9 rue de la Tour-des-Dames, à Montmartre quatre dessus de porte présentant les quatre saisons dans un style gréco-romain inspiré des fresques d'Herculanum, comme ceux de M. Lottin[40]. Le Louvre possède un certain nombre de dessins préparatoires et de projets, le reste étant conservé dans une collection particulière à Paris.
57
+
58
+ Ses premiers tableaux de chevalet sont deux retables inspirés des peintres de Renaissance[41] :
59
+
60
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
61
+
62
+ En 1822, Delacroix, désireux de se faire un nom dans la peinture et de trouver une issue à ses difficultés financières, paraît pour la première fois au Salon avec La Barque de Dante ou Dante et Virgile aux Enfers que l’État lui achète pour 2 000 francs, pour les 2 400 qu'il en demandait[43]. Les réactions de la critique sont vives, voire virulentes. « Une vraie tartouillade[g] », écrit Étienne-Jean Delécluze, élève de Jacques-Louis David et défenseur de son école davidienne, dans le Moniteur du 18 mai[44]. Cependant, Adolphe Thiers, alors jeune journaliste, évoque « l’avenir d’un grand peintre » dans un article élogieux du Constitutionnel du 11 mai[45]. Quant à Antoine-Jean Gros, qui admire La Barque de Dante, il qualifie le peintre de « Rubens châtié ».
63
+
64
+ Ayant défini son sujet très tardivement, à la mi-janvier[46], Delacroix doit travailler dans l'urgence afin d’être prêt pour exposer au Salon Officiel, à partir du 24 avril. Il utilise des vernis qui provoquent un séchage plus rapide des couleurs, mais compromettent la conservation de sa toile. Les couches sombres sous-jacentes en séchant plus vite que les couches claires en surface provoquent d’énormes craquelures et gerçures. Il obtiendra en février 1860 l'autorisation de le restaurer lui-même[47].
65
+
66
+ Le thème, tiré du chant VIII de l'Enfer de Dante, est inédit pour l’époque[48]. Les contemporains, n'ayant de l’œuvre de Dante qu'une connaissance superficielle, illustrent toujours les mêmes épisodes : l’histoire d’Ugolin (Enfer, chant XXXIII), Paolo et Francesca (Enfer, chant V), et La Barque de Charon (Enfer, chant III). Le choix de l'anecdote et d'un format jusqu'à ce moment réservé à des sujets religieux, mythologiques ou historiques pour cette peinture à sujet littéraire manifestent la nouveauté de Delacroix, qui veut prouver qu’il est un vrai peintre, et qu’il maîtrise les différentes parties de son art : le nu, le drapé, l’expression[49].
67
+
68
+ Pour ce tableau, les influences sont multiples. La critique signale des ressemblances entre La Barque de Dante et Le Radeau de La Méduse (1819, musée du Louvre) de Géricault, une vue de près, une embarcation, des flots déchaînés, pour mieux en diminuer l'importance[50].
69
+
70
+ Théodore Géricault a influencé considérablement Delacroix, particulièrement au début de sa carrière[51]. Il lui emprunte sa manière : de forts contrastes d’ombres et de lumières donnant du relief et du modelé. Il utilise également certaines de ses couleurs : des vermillons, du bleu de Prusse, des bruns, des blancs colorés. L’officier turc enlevant sur son cheval l’esclave grecque de la Scène des massacres de Scio (1824, musée du Louvre) s'inspire de l'Officier de chasseurs à cheval de Géricault] (1812, musée du Louvre)[52]. Quand celui-ci meurt le 26 janvier 1824, Delacroix devient malgré lui le chef de file du Romantisme[53].
71
+
72
+ L'influence de Michel-Ange apparaît avec les musculatures imposantes des damnés (rappelant l'un des deux Esclaves du Louvre) et de la femme, dérivée d'un prototype masculin[54]. La figure de Phlégias, le nocher, chargé de conduire Dante et Virgile jusqu’à la ville infernale de Dité, renvoie à l’Antique et au Torse du Belvédère (IVe av. J.-C., Musée Pio-Clementino à Rome). Les naïades du Débarquement de Marie de Médicis à Marseille de Rubens (1610, musée du Louvre) inspirent la coloration par petites touches de couleurs pures juxtaposées des gouttes d’eau sur les corps de damnés. Delacroix avait produit une étude : Torse d'une sirène, d'après le Débarquement de Marie de Médicis (Kunstmuseum de Bâle)[55].
73
+
74
+ Sous l'influence de Géricault[56] et avec les encouragements de Gros[57], Delacroix multiplie les études de chevaux d'après nature dans les années 1820. À la date du 15 avril de cette année, il note dans son journal : « Il faut absolument se mettre à faire des chevaux. Aller dans une écurie tous les matins ; se coucher de très bonne heure et se lever de même ». Il s'établit un programme d'étude comprenant des visites dans les écuries ou au manège. La constitution de cette encyclopédie lui servira pour ses futurs tableaux[58].
75
+
76
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
77
+
78
+ Avec Scène des massacres de Scio, que Delacroix présente en 1824 au Salon Officiel, comme avec La Grèce sur les ruines de Missolonghi deux ans plus tard, Delacroix participe au mouvement philhellène. Il obtient la médaille de seconde classe et l’État l'achète 6 000 francs, pour l'exposer ensuite au musée du Luxembourg[59]. La toile s’inspire d’un fait d’actualité : le massacre de la population de l’Île de Chio par les Turcs, survenu en avril 1822. Dès cette date, Delacroix a l’idée de peindre un tableau sur ce thème qu’il abandonne au profit de La Barque de Dante[60]. . Il a trouvé son sujet dans l’ouvrage Mémoires du Colonel Voutier sur la Guerre actuelle des Grecs [61]. Le lundi 12 janvier 1824, il déjeune avec le colonel et note dans son journal : « C’est donc proprement aujourd’hui [...] que je commence mon tableau » [62] .
79
+
80
+ Pour l’élaboration de son tableau, Delacroix a effectué des recherches iconographiques à La Bibliothèque nationale et obtenu de M. Auguste le prêt de costumes orientaux rapportés de ses voyages en Orient. Un carnet[h] utilisé vers 1820-1825, mentionne la consultation des Lettres sur la Grèce, de Claude-Étienne Savary ainsi que des croquis effectués d’après les Mœurs et coutumes turques et orientales dessinés dans le pays, du dessinateur Rosset (1790)[63].
81
+
82
+ M. Auguste, ancien sculpteur devenu aquarelliste et pastelliste, a rapporté de ses voyages en Grèce, Égypte, Asie Mineure et Maroc de remarquables études et toute une série d’objets : étoffes, costumes, armes et bibelots divers. Il est considéré comme l’initiateur de l’Orientalisme en France. Son influence sur Delacroix et son art est très forte, surtout entre 1824 et 1832, date de son voyage en Afrique du Nord[64].
83
+
84
+ Il commence la femme traînée par le cheval le 25 janvier [62]. Le modèle qui a posé pour ce personnage s'appelle Emilie Robert [65].
85
+
86
+ Les critiques, la plupart des artistes et le public accueillirent durement le tableau[59]. Les collègues de Delacroix comme Girodet lui reprochent sa manière de peindre, sa négligence vis-à-vis du dessin, comme l'avait fait Delécluze en 1822. Gros avait apprécié La Barque de Dante ; il accueillit la Scène des massacres de Scio, en déclarant qu’il s’agissait du « Massacre de la peinture ». Certain critique, signalant l’influence des Pestiférés de Jaffa de Gros, écrivit qu’il avait « mal lavé la palette de Gros ». Thiers, cependant, poursuit son soutien indéfectible dans Le Constitutionnel : « M. Delacroix […] a prouvé un grand talent, et il a levé des doutes en faisant succéder le tableau des Grecs à celui de Dante »[66], comme Théophile Gautier et Charles Baudelaire qui lui consacra un poème un de ses salons[67]. Ce tableau le place comme porte-drapeau des romantiques, ce qu'il déplore, ne voulant être affilié à aucune école.
87
+
88
+ Le peintre présente en outre trois autres tableaux au Salon : Tête de vieille femme (musée des Beaux-Arts d’Orléans) et Jeune orpheline au cimetière (musée du Louvre), et hors catalogue, Le Tasse dans la maison des fous (collection particulière). Entre 1823 et 1825, il peint plusieurs tableaux de Grecs en costume de palikares (soldats grecs combattant les Turcs pendant la Guerre d’indépendance) et des Turcs, dont certains ont pu être utilisés pour Scène des massacres de Scio. Lors du Salon Officiel, Delacroix a l’occasion de voir des peintures de John Constable que son marchand Arrowsmith présentait, notamment La Charrette à foin (1821, National Gallery de Londres)[68], récompensée par la médaille d’or. Une anecdote veut qu’après avoir vu cette toile, il décida de refaire le ciel de la Scène des massacres de Scio, après en avoir demandé la permission au comte de Forbin, directeur des musées[68].
89
+
90
+ Durant son voyage en Angleterre, de mai à août 1825, Delacroix a visité Hampstead et l’Abbaye de Westminster, dont il s’est inspiré pour L'Assassinat de l'évêque de Liège (1831, musée du Louvre). Il a rencontré Sir David Wilkie, peintre d’histoire, de genre et de portrait ainsi que Thomas Lawrence, qu’il a pu voir dans son atelier[69]. Il admirait beaucoup son style et ses portraits, et s'est inspiré de son portrait de David Lyon (vers 1825, Musée Thyssen-Bornemisza) pour celui du baron de Schwiter (1826-1830, National Gallery de Londres).
91
+
92
+ Dans les années 1820 Delacroix, de sept ans son aîné, croise pour la première fois, chez son ami Jean-Baptiste Pierret, Louis-Auguste Schwiter (1805-1889). Ils furent des amis très proches[70] et tous les deux de grands admirateurs du portraitiste anglais. Il rend également visite au Dr Samuel Rush Merrick (en), un antiquaire très réputé[71] pour sa collection d’armes et d'armures, dont il fait des études, en compagnie de Richard Parkes Bonington qu’il avait revu à Londres[72]. Les deux hommes partageaient les mêmes goûts pour le Moyen Âge, d'où les études communes qu'ils firent ensemble : plusieurs feuilles leur ayant été successivement imputées l'un à l'autre.
93
+
94
+ À partir de 1826, Delacroix fréquente Victor Hugo et son cénacle[73]. Dans un premier temps, un groupe se constitue autour de Charles Nodier et Alexandre Soumet. Ce premier cénacle se réunit tout d’abord dans l'appartement de Nodier, rue de Provence puis à la Bibliothèque de l'Arsenal où il avait été nommé bibliothécaire[73]. Leur intérêt commun pour le Moyen Âge donnera naissance au « style troubadour » : Ingres et Delacroix ont l'un et l'autre réalisé des peintures de petit format dans ce style.
95
+
96
+ En parallèle et dès 1823, les amis de Victor Hugo forment une sorte d'école autour du poète. De plus en plus nombreux, ce second groupe constitue à partir de 1828 et en 1829 le second cénacle : Hugo devenant le chef de file du mouvement romantique auquel se rallieront les membres du premier cénacle. En 1830, les rapports entre Delacroix et Hugo se détériorent ; le poète lui reprochant son manque d’engagement vis-à-vis du romantisme[74].
97
+
98
+ Le 25 avril 1826, les Ottomans prennent Missolonghi, bastion des indépendantistes grecs. Le 24 mai, Lebrun accueille dans sa galerie une exposition afin de récolter des fonds pour soutenir la cause grecque. Il s’agit d’alerter l’opinion publique alors que le gouvernement français prône la neutralité. Delacroix y présente d'abord Le Doge Marino Faliero (Wallace collection de Londres), Don Juan et Un officier tué dans les montagnes, qu'il remplace en juin, par Le Combat du Giaour et d'Hassan et en août, par La Grèce sur les ruines de Missolonghi (musée des beaux-arts de Bordeaux). Pour cette allégorie de La Grèce, il s’inspire des Victoires antiques et de la figure mariale, avec son manteau bleu et sa tunique blanche. Cette interprétation du sujet déroute les critiques, sauf Victor Hugo.
99
+
100
+ À cette époque de sa vie, Delacroix entretient de nombreuses liaisons amoureuses avec des femmes mariées, Eugènie Dalton, Alberthe de Rubempré, Elisa Boulanger ou encore Joséphine Forget, « Delacroix est amoureux par-dessus les oreilles » suivant le mot de Mérimée[75]. Le peintre séjourne au Château de Beffes, chez son ami le général Coëtlosquet où il décore la chambre de Madame Louise Pron, dite Sarah, de fresques en arabesque de style pompéien. Il y peint la Nature morte aux Homards[76], dont le sens est selon Michèle Hannoosh à trouver dans les caricatures anticléricales que le peintre a réalisé à cette occasion de son ami le général Coëtlosquet en Homard (breton) et en Omar (déguisé en turc) : « L'abbé Casse, missionnaire, prếchant devant le calife Homard »[77].
101
+
102
+ Au Salon officiel de 1827-1828, Delacroix expose plusieurs œuvres. La critique rejette unanimement La Mort de Sardanapale (musée du Louvre). Le 21 mars, Étienne-Jean Delécluze affirme dans le Journal des débats qu’il s’agit d’une erreur: « « L'œil ne peut y débrouiller la confusion des lignes et des couleurs… le Sardanapale est une erreur de peintre », il ajoute que Delacroix devrait prendre des cours de perspective , cet art étant à la peinture ce qu'est l'orthographe pour tout le monde[78]. Le lendemain, pour La Gazette de France, c’est le « plus mauvais tableau du Salon ». Le Quotidien met en question un « ouvrage bizarre » le 24 avril[79]. Pour le critique Vitet « Eugène Delacroix est devenu la pierre de scandale des expositions. » et Charles Chauvin dans le Moniteur Universel, s'il reconnait une exécution franche et hardie et la couleur chaude et vivante de Rubens, il ne comprend pas « Où sommes-nous ? Sur quel sol la scène est-elle assise ? Où cet esclave prétend-il monter ce cheval ? […] La majeure partie du public trouve ce tableau ridicule. Que M. Delacroix se rappelle que le goût français est noble et pur et qu'il cultive Racine plutôt que Shakespeare[80]. »
103
+
104
+ Pourtant, Delacroix n’a nullement voulu choquer ses pairs, mais plutôt les convaincre de son génie par ses références à l’art du passé, par la multiplicité de ses sources d’inspiration et par le choix de son thème dans l’Orient ancien.
105
+
106
+ Le déchaînement que suscite la présentation du tableau gêne ses amis, qui n’interviennent pas pour le défendre. Victor Hugo ne prend pas publiquement son parti, bien qu'il manifeste son enthousiasme dans une lettre à Victor Pavis du 3 avril 1828 en écrivant: « Ne croyez pas que Delacroix ait failli. Son Sardanapale est une chose magnifique et si gigantesque qu’elle échappe aux petites vues[81] ». Le peintre est également victime des bons mots des humoristes, qu’il n’apprécie pas, malgré son goût pour les calembours[82]. Cette fois-ci le tableau n’est pas acheté, et le surintendant des Beaux-Arts, Sosthène de La Rochefoucauld (1785-1864) l’invite à « changer de manière » ; ce qu’il refuse catégoriquement. La violence des attaques va précipiter sa brouille avec le mouvement romantique. Il écrit qu'on l’éloigne pendant cinq ans des commandes publiques, mais il n'en est rien, dès l'année suivante il en obtient[15].
107
+
108
+ Ingres, peintre néo-classique présente cette année-là au Salon L'Apothéose d'Homère. Il représente la peinture classique, comme Delacroix représente la peinture romantique, et sera perçu comme le principal rival de Delacroix, pendant toute sa vie[83]. À travers ces deux artistes, deux conceptions opposées de la peinture s’affrontent : le disegno (dessin) et l'effacement de l'artiste derrière le sujet, pour les classiques, le colorito (couleur) et l'affirmation de l'expression et de la touche individuelle, pour les romantiques. Avec L'Apothéose d'Homère et La Mort de Sardanapale, les deux artistes affirment leurs doctrines. La querelle du coloris qui opposait poussinistes et rubénistes dans les années 1670 se renouvelle au XIXe siècle avec de nouvelles oppositions, en plus de celle entre la couleur et la ligne. La critique considèrera Delacroix comme le chef de file des coloristes jusqu'au XXe siècle.
109
+
110
+ Après cet échec, Delacroix conserve son tableau dans son atelier. En 1844, il se décide à le mettre en vente ; en 1845, un collectionneur américain, John Wilson l'achète pour 6 000 francs[84]. La toile est restaurée par Haro et présentée au public en 1861[33]. Elle finalement acquise par le Louvre en 1921.
111
+
112
+ Le Salon de 1827-1828 est avec l’Exposition Universelle de 1855, la manifestation la plus importante pour Delacroix par le nombre de toiles présentées. En deux envois[85], il expose tout d’abord :
113
+
114
+ Puis ce sera :
115
+
116
+ En 1828, Charles Motte, éditeur rue des Marais, publie Faust, la tragédie de Goethe traduite par Philipp Albert Stapfer, illustrée d’une suite de 17 lithographies par Delacroix. Goethe témoigne de son enthousiasme dans une lettre adressée de Weimar à son ami Johann Peter Eckermann et estime qu’il a bien su traduire les scènes qu’il avait imaginées[88].
117
+
118
+ Après la visite de Charles X à Nancy, Delacroix reçoit le 28 août 1828 commande du ministre de l’Intérieur d'un tableau que le roi veut offrir à la ville[89]. Terminé en 1831, La Mort de Charles le hardi ou Le Téméraire, plus couramment appelé La Bataille de Nancy (Musée des beaux-arts de Nancy) ne sera exposé au Salon qu’en 1834[90]. Suit en décembre 1828 ou en janvier 1829 la commande de deux peintures pour la duchesse de Berry, veuve du fils cadet du roi : Quentin Durward et le Balafré (Musée des beaux-arts de Caen) et La Bataille de Poitiers, dit aussi Le Roi Jean à la bataille de Poitiers (musée du Louvre), achevés en 1830[91].
119
+
120
+ À la demande du duc Louis-Philippe d'Orléans, Delacroix peint un tableau de grande dimension (420 × 300 cm) pour sa galerie historique, au Palais Royal[88], Richelieu disant sa messe (1828) ou Le Cardinal de Richelieu dans sa chapelle au Palais-Royal, détruit durant La Révolution de 1848 et dont il ne reste qu’une lithographie de Ligny figurant dans l’Histoire du Palais Royal par Jean Vatout (1830 ?)[92].
121
+
122
+ En janvier, il le sollicite de nouveau pour un autre tableau inspiré de Walter Scott, L'Assassinat de l'évêque de Liège (musée du Louvre)[93], présenté d’abord à la Royal Academy en 1830, puis au Salon de 1831 et enfin à l’Exposition universelle de 1855 à Paris et à celle de Londres en 1862. Une anecdote circule au sujet de ce tableau, concernant une nappe blanche, point capital de cette scène, que Delacroix avait du mal à peindre. En dessinant un soir chez son ami Frédéric Villot, le peintre se serait fixé un ultimatum, en déclarant : « Demain j’attaque cette maudite nappe qui sera pour moi Austerlitz ou Waterloo ». Et ce fut Austerlitz[91]. Pour la charpente de la voûte, il s’était inspiré de croquis faits au Palais de justice de Rouen et du vieux hall de Westminster qu’il avait visité durant son séjour à Londres.
123
+
124
+ Delacroix écrit à partir de 1830 cinq articles de critique d’art pour la Revue de Paris, que Louis Véron a fondée l'année précédente[94]. Le premier, consacré à Raphaël, paraît en mai et le deuxième, à Michel-Ange, en juillet[95]. Il y exprime ses convictions esthétiques et son admiration pour ces deux artistes, qui ont eu une grande influence sur son œuvre.
125
+
126
+ Les Trois Glorieuses, les 27, 28 et 29 juillet 1830, entraînent la chute de Charles X et portent au pouvoir Louis-Philippe. Le nouveau gouvernement organise le 30 septembre trois concours pour la décoration de la Salle des séances de la nouvelle Chambre des députés qui sera reconstruite au Palais Bourbon. Delacroix se présente aux deux derniers[96]. Les sujets proposés sont :
127
+
128
+ Le jury composé de Guérin (1774-1833), Gros et Ingres donne le Mirabeau à Hesse, élève de Gros et le Boissy d’Anglas à Vinchon, prix de Rome 1814. Achille Ricourt, écrivain et journaliste, fondateur de la revue L'Artiste, fera de cette décision une injustice à l'égard de la cause romantique. Louis Boulanger écrit : « Mon peintre, c’est Delacroix. Tout cela vit, tout cela se meut, se tord et accélère le mouvement du sang dans vos artères … C’est l’accent de la nature saisi dans ce qu’il a de plus inattendu, qualités précieuses, qui seules révèlent le grand peintre, mais qui malheureusement le révèlent trop souvent à un trop petit nombre[97] ».
129
+
130
+ La revue publie également la longue « Lettre sur les concours[98] » que Delacroix avait adressée le 1er mars 1831, afin d’accentuer la controverse[99]. C’est un violent réquisitoire contre les concours, opposant les médiocres, aux Rubens, aux Raphaël, aux Hoffmann, sur un ton plein d’ironie[100]. L’esquisse qu’il avait réalisée pour le deuxième sujet, Mirabeau devant Dreux-Brézé, est aujourd’hui exposée au Musée national Eugène-Delacroix[96]. Celle du troisième sujet, Boissy d’Anglas tenant tête à l’émeute, se trouve au musée des beaux arts de Bordeaux[101].
131
+
132
+ En 1831, Delacroix présente au Salon, qui avait ouvert ses portes cette année-là le 14 avril La Liberté guidant le peuple. Le tableau, répertorié au no 511 du catalogue du Salon, est intitulé Le 28 juillet ou La Liberté guidant le peuple, titre qu’il conservera par la suite. Delacroix a peint ce tableau pour deux raisons. La première tient à son échec au salon de 1827. Il souhaite l'effacer et s'attirer les faveurs du pouvoir en place en créant une œuvre d'art représentant les idées libérales qu'il partage avec le nouveau roi des français Louis Philippe Ier. En effet, Delacroix n'était pas favorable à l'instauration d'une République, il souhaitait que la monarchie française soit une monarchie modérée respectant les libertés mais également le droit des peuples de disposer d'eux-mêmes. Par ailleurs, lors de la révolution des Trois Glorieuses, Delacroix est enrôlé dans les gardes de collection du musée du Louvre. Il n'a pu participer à cette révolution. Dans une lettre datant du 28 octobre 1830 adressée à son frère Charles Delacroix, il écrit « J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n'ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-je pour elle. Cela m'a remis de belle humeur ». Dans cette lettre, il indique donc qu'il regrette de ne pas avoir participé à cette glorieuse révolution et qu'il entend glorifier ceux qui ont participé à cette révolution. Le terme « patrie » montre que pour lui la réalisation de ce tableau est un acte patriotique et donc que son objectif premier n'est pas tellement de plaire au nouveau roi avec lequel il entretenait précédemment des liens d'amitié mais en réalité de glorifier ceux qui ont permis cette révolution. Il veut donc glorifier dans ce tableau, le peuple, c'est-à-dire les classes populaires qui ont établi des barricades et qui se sont battus pour mettre un terme au règne du monarque Charles X voulant rétablir une monarchie absolue de droit divin. La composition de son tableau révèle en elle-même cette volonté de glorification du peuple. En effet, l'ensemble des personnages à l'exception de la figure féminine allégorique de la liberté est issu de la classe populaire, c'est-à-dire du peuple. La présence d'un enfant à ses côtés révèle également que l'ensemble des citoyens a eu le courage de se battre pour renverser Charles X. Il fait ainsi apparaître ce peuple comme un grand peuple dont les idéaux doivent susciter le respect. Les idéaux libéraux étant aussi ceux du roi Louis Philippe Ier, ce dernier va acheter ce tableau pour 3 000 francs dans le but de l'exposer au Palais du Luxembourg[102].
133
+
134
+ Sa peinture n’y est présentée que quelques mois. Hippolyte Royer-Collard, directeur des Beaux-Arts, la fait mettre dans les réserves, de peur que son sujet encourage les émeutes[103]. Edmond Cavé, son successeur, permet à Delacroix de la reprendre en 1839. Elle est exposée de nouveau en 1848 ; cependant, quelques semaines plus tard, le peintre est invité à la reprendre[104]. Grâce à Jeanron, directeur des musées et à Frédéric Villot, conservateur au musée du Louvre, La Liberté guidant le peuple rejoint les réserves du musée du Luxembourg[105]. Avec l’accord de Napoléon III, elle sera exposée à l’Exposition Universelle de 1855. Le musée du Louvre l'expose en permanence à partir de novembre 1874[106].
135
+
136
+ Son sujet évoque les combats de rue qui se sont déroulés durant les journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet, dites aussi « Les Trois Glorieuses ». Une jeune femme à la poitrine nue, coiffée du bonnet phrygien, tenant un drapeau tricolore[i] figure l'allégorie de La Liberté. Elle marche armée, accompagnée d'un enfant des rues brandissant des pistolets. À gauche du tableau, un jeune homme en redingote et coiffé d’un haut de forme tient une espingole (fusil tromblon à deux canons parallèles[107]. Une légende veut que ce jeune homme représente Delacroix et qu’il ait participé à l'insurrection. Plusieurs éléments permettent d'en douter, comme le témoignage peu fiable d’Alexandre Dumas[108]. Le peintre, d'opinions bonapartistes[99], aurait tout au plus été enrôlé dans la garde nationale, restaurée le 30 juillet 1830 après avoir été supprimée en 1827, afin de garder le trésor de la Couronne, d’ailleurs déjà au Louvre[109].
137
+
138
+ Lee Johnson, spécialiste britannique de Delacroix, identifie plutôt le jeune homme comme Étienne Arago, ardent républicain, directeur du théâtre du Vaudeville de 1830 à 1840[110]. C'était aussi l'opinion de Jules Claregie en 1880[111]. Quant à l’enfant des rues, il aurait inspiré Victor Hugo (1802-1885) pour son personnage de Gavroche,des Misérables, publiés en 1862[112].
139
+
140
+ La critique accueille le tableau avec modération. Delécluze écrit dans le Journal des débats du 7 mai : « […] Ce tableau peint avec verve, coloré dans plusieurs de ses parties avec un rare talent, rappelle tout à fait la manière de Jouvenet […][105] ». D'autres critiques trouvent inacceptable la figure de la Liberté, qu'ils la qualifient de « poissarde, fille publique, faubourienne ». Son réalisme dérange : la nudité de son torse, la pilosité des aisselles[113].
141
+
142
+ Son absence du musée pendant des années en fait une icône républicaine. Le sculpteur François Rude s’en inspirera pour son Départ des volontaires sur l'Arc de triomphe de l'Étoile[106]. En 1924, le peintre, Maurice Denis, reprendra ce sujet pour orner la coupole du Petit Palais. Elle sert d’affiche à la réouverture en 1945 du musée du Louvre[114] et orne ensuite l’ancien billet de 100 francs[115].
143
+
144
+ Les querelles qui opposent les classiques et les romantiques ou modernes agacent Delacroix. Le 27 juin 1831, il écrit au peintre Henri Decaisne (1799-1852), membre comme lui de la Société libre de peinture et de sculpture, fondée le 18 octobre 1830, afin d’adopter une stratégie commune face à l’influence puissante de la Société des Amis des Arts, proche de Institut de France (créée en 1789 et ressuscitée en 1817). Sur les conseils de Decaisne, il contacte Auguste Jal, un important critique d’art, pour qu’il défende leur cause dans Le Constitutionnel. Dans une longue lettre qu’il adresse alors à M. d’Agoult, ministre de l’intérieur, afin d’exposer leurs griefs, il signale les dangers de séparer les artistes « officiels », des autres, d’un talent bien souvent plus grand. La reconnaissance officielle se manifteste en septembre 1831 par l'octroi de la Légion d’honneur[116].
145
+
146
+ En 1831, Eugène Delacroix accompagne pendant sept mois la mission diplomatique que Louis-Philippe a confié à Charles-Edgar, comte de Mornay (1803-1878) auprès du sultan du Maroc[117] Moulay Abd er-Rahman (1778[118]-1859). Mornay doit porter un message de paix et rassurer le Sultan et les britanniques, inquiets après la conquête de l'Algérie par la France.
147
+
148
+ Ce voyage allait marquer profondément le peintre. Delacroix découvre l'Andalousie espagnole et l'Afrique du Nord, le Maroc, et l'Algérie : leurs paysages, leurs architectures, leurs populations tant musulmanes que juives leurs mœurs, leurs arts de vivre et costumes. Le peintre note inlassablement, réalise des dessins et aquarelles, qui constituent un des premiers carnets de voyage où il décrit ce qu'il découvre. Ce voyage est primordial pour sa technique et son esthétique. Il en rapporte sept carnets constituant son journal de voyage, dont seulement quatre sont conservés[119].
149
+
150
+ Par la suite tout au long de sa vie, il reviendra régulièrement au thème marocain dans plus de quatre-vingts peintures[119] sur des thèmes « orientaux », notamment Les Femmes d'Alger dans leur appartement (1834, musée du Louvre), La Noce juive au Maroc (1841, musée du Louvre), Le Sultan du Maroc (1845, musée des Augustins de Toulouse).
151
+
152
+ Ce voyage qu'il a entrepris à ses frais[120] permet à Delacroix, qui n'a jamais été en Italie, de retrouver « l’Antiquité vivante ». La lettre qu’il adresse à Jean-Baptiste Pierret le 29 janvier, est très éloquente à ce sujet : « Imagine mon ami ce que c’est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages consulaires, des Caton, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde[121] »…
153
+
154
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
155
+
156
+ Paysage.
157
+
158
+ Eugène Delacroix, Étude d’arabe assis.
159
+
160
+ Aquarelle de voyage.
161
+
162
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
163
+
164
+ Grâce à ce voyage en Afrique du Nord et à son séjour en Algérie du lundi 18 au jeudi 28 juin 1832, Delacroix aurait alors visité le harem d'un ancien reis du Dey qu'il évoquera dans sa peinture des femmes d'Alger dans leur appartement, du Salon de 1834. (Louvre, cat. no 163) scène qu'il reproduit de mémoire dans son atelier dès son retour[122]. Poirel, ingénieur au port d'Alger, lui a présenté un ancien corsaire qui a accepté d'ouvrir les portes de sa maison au jeune français. Delacroix est transporté par ce qu'il voit : « C'est comme au temps d'Homère, la femme dans la gynécée, brodant de merveilleux tissus. C'est la femme comme je la comprends[123] ».
165
+
166
+ Grâce à ce voyage, il fut l'un des premiers artistes à aller peindre l'« Orient » d'après nature, ce qui valut, outre de très nombreux croquis et aquarelles, quelques belles toiles de la veine des Femmes d'Alger dans leur appartement, tableau à la fois orientaliste et romantique, l'orientalisme étant caractéristique des artistes et écrivains au XIXe siècle.
167
+
168
+ C’est le 31 août 1833 que Thiers, ministre des Travaux Publics de l’époque, confia à Delacroix, sa première grande décoration : la « peinture sur muraille » du Salon du Roi ou Salle du Trône, au Palais Bourbon (actuelle Assemblée nationale). Cet ensemble composé d’un plafond, avec une verrière centrale entourée de huit caissons (quatre grands et quatre petits), de quatre frises situées au-dessus des portes et fenêtres, et de huit pilastres, lui fut payé 35 000 francs[124]. Il le peignit à l’huile sur toiles marouflées, et les frises à l’huile et à la cire directement sur le mur afin d’obtenir une matité plus proche de la détrempe. Il adopta la même technique pour les pilastres peints sur les murs, mais en grisaille[124]. Il termina cette commande sans collaborateurs, excepté des ornemanistes pour les décors dorés, en particulier Charles Cicéri[125].
169
+
170
+ Dans les quatre caissons principaux, il a représenté quatre figures allégoriques symbolisant pour lui, les forces vives de l’État : la Justice, l’Agriculture, l’Industrie et le Commerce, et la Guerre[126]. Les quatre plus petits, disposés aux quatre angles de la pièce, entre les caissons principaux, sont couverts de figures d’enfants[127], avec des attributs, comme :
171
+
172
+ Dans les trumeaux allongés, séparant les fenêtres et les portes, il représenta en grisaille les principaux fleuves de France la Loire, le Rhin, la Seine, le Rhône, la Garonne et la Saône). Il plaça L’océan et la Méditerranée, cadre naturel du pays, des deux côtés du trône[128]. Son travail fut bien accueilli par les critiques, qui, dans leur ensemble, lui reconnurent les talents d’un grand décorateur, à l’égal d’un Primatice ou d’un Medardo Rosso. Pour eux, Delacroix avait su allier intelligence et culture, en choisissant des thèmes adaptés à l’espace et au volume[129] du lieu à décorer. La Salle du Trône (aujourd’hui appelé salon Delacroix), où le roi se rendait pour inaugurer les sessions parlementaires, était effectivement une pièce ingrate à décorer, de format carré, d’environ 11 mètres de côté et qu’il dut faire aménager.
173
+
174
+ En 1838, il présente au Salon la toile Médée qui est achetée par l'État et attribuée au Musée des Beaux-Arts de Lille. En 1839, Delacroix part en Flandres voir les peintures de Rubens avec Elisa Boulanger avec qui une idylle s'est nouée et qu'il connait depuis un bal chez Alexandre Dumas en 1833[130]. En 1840, il présente l'Entrée des Croisés à Constantinople, aujourd'hui au Musée du Louvre.
175
+
176
+ À peine son œuvre fut-elle achevée dans le salon du Roi, qu'en septembre 1838 le ministre de l'Intérieur Camille de Montalivet lui confie le décor de la bibliothèque de l'Assemblée nationale, toujours dans le Palais Bourbon[131]. Pour ce projet d'une grande ampleur, Delacroix peindra les 5 coupoles, ainsi que les deux culs-de-four de la salle de lecture.
177
+
178
+ Chacune des cinq coupoles est consacrée à une discipline, évoquée dans les pendentifs par des scènes ou des évènements qui l'ont illustrée : la Législation au centre, la Théologie et la Poésie d'un côté, la Philosophie et les Sciences de l'autre.
179
+
180
+ Les deux culs-de-four qui les encadrent représentent quant à eux la Paix, berceau du savoir, et la Guerre, qui en est l'anéantissement :
181
+
182
+ Ce travail durera jusqu'à la fin de l'année 1847, le chantier ayant pris du retard pour divers problèmes de santé et d'autres travaux en parallèle. L'ensemble est accueilli avec enthousiasme par la critique, et a participé à sa reconnaissance en tant qu'artiste complet, se situant dans la tradition de la renaissance italienne.
183
+
184
+ Il fut également sollicité dans le même temps pour la décoration de la salle de lecture de la bibliothèque du Sénat au Palais du Luxembourg à Paris, entre 1840 et 1846 :
185
+
186
+ Pour réaliser ces grandes commandes Delacroix ouvre, en 1841, un atelier avec des élèves, assistants qui doivent adopter l'écriture du peintre dans une abnégation totale. Ils sont chargés de la réalisation des fonds et des grisailles ainsi que le racontent Lasalle-Borde et Louis de Planet[132].
187
+
188
+ En 1850, Delacroix reçoit la commande du décor central de la Galerie d'Apollon au Louvre où il présente Apollon vainqueur du serpent Python. En 1851 la ville de Paris lui passe commande des décorations du Salon de la Paix de l’Hôtel de Ville, aujourd'hui disparues dans l'incendie de 1871.
189
+
190
+ À partir de 1844, Delacroix loue à Draveil au lieu-dit Champrosay, une « bicoque » ou un chalet où il se fait installer un atelier de 10 m2. En pleine campagne accessible par le train directement Delacroix vient s'y reposer à l'écart de Paris, où sévit le choléra. Là il peut, accompagné de sa gouvernante Jenny, entrée à son service vers 1835[133], faire de longues promenades dans la campagne pour soigner sa tuberculose. Il achète la maison en 1858[134].
191
+ Il travaille de nombreux paysages, plusieurs vues de Champrosay tant au pastel (Musée du Louvre) qu'à la peinture à l'huile (Musée du Havre). Il réalise de nombreux tableaux de mémoire suivant ses notes et carnets du Maroc, interprétant des scènes antiques à la mode orientale. Son travail se fait plus intimiste, les tableaux de petite taille sont vendus par les marchands parisiens. Il fait régulièrement des séjours sur la côte normande à Etretat, à Fécamp mais surtout à Dieppe où il peint aquarelles et pastels. Il peint également des natures mortes, souvent des fleurs imaginaires, comme des lys jaune à cinq pétales. Les relations avec Georges Sand quoique suivies, se distendent. Après avoir réalisé le portrait de l'écrivain en 1834, Delacroix vient régulièrement à Nohant-Vic[135] où il peint pour l'église de Nohant une Éducation de la Vierge[136]. Il offre un Bouquet de fleurs dans un vase[137] à l'écrivain, qui l'accroche[138] au-dessus de son lit[139], mais quand celle-ci tombe amoureuse du graveur et élève de Delacroix, Alexandre Manceau, Delacroix en prend ombrage d'autant qu'il est opposé à la révolution de 1848 dont Sand a été une des figures.
192
+ En 1844, le préfet Rambuteau lui commande une Pietà pour l'église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement à Paris. Il réalise en 17 jours son chef-d'œuvre qui laisse « un profond sillon de mélancolie » suivant le mot de Baudelaire[140].
193
+
194
+ Eugène Delacroix - Odalisque vers 1857.
195
+
196
+ Durieu, étude de nu pour Delacroix vers 1855.
197
+
198
+ Étude de nu féminin d'Eugène Durieu pour Delacroix.
199
+
200
+ Eugène Durieu, Portrait de Femme, Jenny(?).
201
+
202
+ Dessin de Delacroix d'après les photographies de Durieu.
203
+
204
+ Étude de nu masculin d'Eugène Durieu pour Delacroix.
205
+
206
+ À partir des années 1850, Delacroix s'intéresse à la photographie. En 1851, il est membre fondateur de la Société héliographique[141]. Il pratique les cliché-verres et en 1854, commande au photographe Eugène Durieu une série de photographies de modèles nus masculins et féminins[142]. Delacroix impose pour la prise de ces clichés des critères particuliers en vue de leur réutilisation, notamment des images volontairement un peu floues ainsi qu'un dépouillement le plus total[réf. nécessaire]. Fasciné par l'anatomie humaine Delacroix écrit dans son journal « Je regarde avec passion et sans fatigue ces photographies d'hommes nus, ce poème admirable, ce corps humain sur lequel j'apprends à lire et dont la vue m'en dit plus que les inventions des écrivassiers »[143].
207
+
208
+ Ces clichés commandés par Delacroix à Durieu, ainsi que la quasi-intégralité des dessins réalisés à partir de ceux-ci, ont par ailleurs pu être exposés au Musée national Eugène Delacroix avec le concours de la Bibliothèque nationale de France[144]. La réunion de ces clichés et des dessins qu'ils ont inspiré apparaît fondamentale pour comprendre la tension de l'utilisation du médium photographique dans l'œuvre de Delacroix, à mi-chemin entre l'exaltation de la découverte d'un outil précieux et le scepticisme du peintre qui n'y perçoit qu'un élément à valeur instrumentale, loin de pouvoir rivaliser avec la peinture.
209
+
210
+ Tant que la demande des collectionneurs reste faible, sa carrière dépend des commandes officielles. Pour se concilier les faveurs du pouvoir, il fréquente tous les cercles politiques à la mode et ne refuse jamais une visite pouvant s’avérer fructueuse. Durant toute sa vie, à l'exception des dernières années marquées par la maladie, Delacroix a une vie mondaine intense mais en souffre, se pliant à ces obligations afin d'obtenir des commandes[145]. Il pratique aussi régulièrement pour se soigner les cures thermales à Bad-Ems en 1861 ou à Eaux-Bonnes en 1845, où il réalise un carnet de voyage. Il aime se retirer dans sa maison de campagne à Champrosay, tout près de la forêt de Sénart, surtout à partir des années 1840[146].
211
+
212
+ En 1851, il est élu conseiller municipal de Paris. Il garde cette fonction jusqu'en 1861. Il approuve la méthode d'apprentissage du dessin « pour apprendre à dessiner juste et de mémoire » de Madame Marie-Elisabeth Cavé[147].
213
+
214
+ Delacroix trouve des appuis auprès de la presse, des revues d’art et de certains critiques de l’époque.
215
+
216
+ Ainsi Baudelaire considère que le peintre n’est pas seulement « excellent dessinateur, prodigieux coloriste, compositeur ardent et fécond, tout cela est évident », mais qu’il « exprime surtout l’intime du cerveau, l’aspect étonnant des choses. » Un tableau de Delacroix « c’est l’infini dans le fini.[148] » Il est « le plus suggestif de tous les peintres » en traduisant « avec la couleur ce qu’on pourrait appeler l’atmosphère du drame humain.[148]»
217
+
218
+ Adolphe Thiers écrit plusieurs articles louangeurs dans le Constitutionnel, notamment lors de l’exposition des Massacres de Scio[62] .
219
+
220
+ Théophile Gautier n’hésite pas à critiquer certaines toiles mais au fil des ans son admiration ne se dément jamais. « M. Delacroix comprend parfaitement la portée de son art, car c’est un poète en même temps qu’un homme d’exécution. Il ne fait retourner la peinture ni aux puérilités gothiques ni aux radoteries pseudo-grecques. Son style est moderne et répond à celui de Victor Hugo dans les Orientales: c’est la même fougue et le même tempérament.[149]»
221
+
222
+ Victor Hugo est beaucoup moins convaincu. Il dit un jour, comme cela est rapporté par son fils Charles : Delacroix « a toutes [les qualités] moins une ; il lui manque ce qu’ont toujours cherché et trouvé les artistes suprêmes, peintres ou poètes – la beauté. » Il ajoutait que dans toute son œuvre, on ne trouvait pas une seule femme vraiment belle, à l’exception des anges que Hugo voyait féminins dans le Christ au Jardin des Oliviers et d’une femme en buste (sans préciser laquelle) des Scènes des massacres de Scio. Selon lui, les personnages féminins de Delacroix se caractérisent par ce qu’il qualifie, en un oxymore osé, de « laideur exquise », comme l'illustre en particulier les Femmes d'Alger dans leur appartement » [150].
223
+
224
+ Alexandre Dumas rejoint Hugo quand il écrit à propos du peintre : « il voit plutôt laid que beau, mais sa laideur est toujours poétisée par un profond sentiment.[151] » Il voit en lui « un peintre dans toute la force du terme [...] plein de défauts impossibles à défendre, plein de qualités impossibles à contester. » D’où la virulence d’opinions irréconciliables à son sujet car, ajoute-t-il « Delacroix est un fait de guerre et un cas de guerre. » [151] « Comme Hugo en littérature, [il] ne devait avoir que des fanatiques aveugles ou des détracteurs acharnés » [151].
225
+
226
+ Aussi son génie ne sera que tardivement reconnu par les milieux officiels de la peinture. Il ne triomphera qu’en 1855 à l’Exposition universelle. À cette occasion Ingres expose quarante toiles, Delacroix trente-cinq, sorte de rétrospective comprenant quelques-uns de ses plus grands chefs-d'œuvre prêtés par différents musées. Il est présenté comme l'homme qui sait dépasser la formation classique pour renouveler la peinture. Le 14 novembre 1855, il est fait commandeur de la Légion d'Honneur et reçoit la grande médaille d'honneur de l'Exposition universelle. Il ne sera élu à l’Institut de France que le 10 janvier 1857 au siège de Paul Delaroche, après sept candidatures infructueuses, Ingres s'opposant à son élection. Il n'est pas entièrement satisfait, car l'Académie ne lui donne pas le poste de professeur aux Beaux-Arts qu'il espérait. Il se lance alors dans un Dictionnaire des Beaux-Arts qu'il n'achève pas.
227
+
228
+ Pourtant la critique est toujours aussi sévère avec lui, ainsi Maxime Du Camp, écrit-il dans son compte-rendu de l'Exposition Universelle :
229
+ « M. Decamps est un démocrate sage, révolutionnaire avec conviction, qui, en faisant une large part au présent, nous montre dans l'avenir des splendeurs consolantes et fortifiantes. M.Eugène Delacroix est un démagogue sans but et sans cause qui aime la couleur pour la couleur, c'est-à-dire le bruiteur le bruit. Nous admirons respectueusement M.Ingres ; nous croyons M. Decamps, qui a toutes nos sympathies ; nous n'aimons pas M.Delacroix[152]. » En 1859, il participe à son dernier Salon. Il y expose notamment la Montée au Calvaire, L'Enlèvement de Rébecca et Hamlet. Le salon est le Waterloo du peintre selon Philippe Burty. En défense du peintre, Baudelaire écrit un article apologétique pour la Revue Française, Salon de 1859[153] qui se termine par ses mots : « Excellent dessinateur, prodigieux coloriste, compositeur ardent et fécond, tout cela est évident, tout cela a été dit. Mais d’où vient qu’il produit la sensation de nouveauté ? Que nous donne-t-il de plus que le passé ? Aussi grand que les grands, aussi habile que les habiles, pourquoi nous plaît-il davantage ? On pourrait dire que, doué d’une plus riche imagination, il exprime surtout l’intime du cerveau, l’aspect étonnant des choses, tant son ouvrage garde fidèlement la marque et l’humeur de sa conception. C’est l’infini dans le fini. C’est le rêve ! et je n’entends pas par ce mot les capharnaüms de la nuit, mais la vision produite par une intense méditation, ou, dans les cerveaux moins fertiles, par un excitant artificiel. En un mot, Eugène Delacroix peint surtout l’âme dans ses belles heures. ». Delacroix répond au poète par une lettre restée célèbre : « Comment vous remercier dignement pour cette nouvelle preuve de votre amitié ? […] Vous me traitez comme on ne traite que les grands morts ; vous me faites rougir tout en me plaisant beaucoup ; nous sommes fait comme cela[154]. »
230
+
231
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
232
+
233
+ Église Saint-Sulpice - La Chapelle des Anges.
234
+
235
+ Le combat de Jacob avec l'Ange.
236
+
237
+ Saint Michel terrassant le dragon.
238
+
239
+ Héliodore chassé du temple.
240
+
241
+ Delacroix reçoit la commande de trois fresques pour la Chapelle des Anges l'église St Sulpice de Paris en 1849, travail qu'il conduira jusqu'en 1861. Ces fresques Le combat de Jacob et l'Ange et Héliodore chassé du temple accompagné de la lanterne du plafond Saint Michel terrassant le Dragon sont le testament spirituel du peintre. Pour les réaliser le peintre s'installe rue Furstenberg à deux pas. Il met au point un procédé à base de cire et de peinture l'huile pour peindre ses fresques dans une église à l'humidité endémique qui provoque la destruction des fresques par le salpêtre. Malade, il est épuisé par le travail dans le froid et les conditions difficiles. À l'inauguration des fresques, aucun officiel ne sera présent.
242
+
243
+ La fresque de la lutte de l'ange et de Jacob, illustre le combat entre le patriarche de la Bible et l'ange au centre gauche de la fresque au pied de trois arbres, et comporte de nombreuses allusions à son voyage au Maroc de 1832, à droite des personnages enturbannées sont cités avec des moutons et un chameau. À droite en bas des objets marocains et sur l'herbe au pied de Jacob, le sabre Marocain Nimcha[155] qu'il avait rapporté de son voyage.
244
+
245
+ Terminé en 1860, la fresque de l'Héliodore chassé du temple, prend pour motif le moment où le général Séleucide, venu voler le trésor du Temple en est chassé par des anges cavaliers suivant le récit biblique du second Livre des Maccabées (3, 24-27). Delacroix associe dans une même vision le monde de l'Orient au monde biblique. Il puise son inspiration aussi dans l'histoire de la peinture dans la version de 1725 de Francesco Solimena du Louvre ou de celle de Raphaël.
246
+
247
+ Le plafond présente le combat victorieux de Saint Michel contre le dragon, trois combats qui font écho à celui de Delacroix avec la peinture : « La peinture me harcèle et me tourmente de mille manières à la vérité, comme la maîtresse la plus exigeante ; depuis quatre mois, je fuis dès le petit jour et je cours à ce travail enchanteur, comme aux pieds de la maîtresse la plus chérie ; ce qui me paraissait de loin facile à surmonter me présente d’horribles et incessantes difficultés. Mais d’où vient que ce combat éternel, au lieu de m’abattre, me relève, au lieu de me décourager, me console et remplit mes moments, quand je l’ai quitté[156] ? »
248
+
249
+ En 1861, Baudelaire publie un article élogieux sur les peintures de Saint-Sulpice, auquel Delacroix répond par une lettre chaleureuse au poète[157]. Baudelaire publie en 1863 l'œuvre et la vie d'Eugène Delacroix où il rend hommage au génie du peintre[158].
250
+
251
+ En 1862, il reprend le thème de Médée.
252
+
253
+ Mais ses dernières années sont ruinées par une santé défaillante, qui le plonge dans une grande solitude[159]. Ses amis accusent Jenny d'avoir eu un sentiment affectif, jaloux et exclusif voire intéressée, renforçant sa méfiance et son caractère ombrageux.
254
+
255
+ Il meurt « tenant la main de Jenny »[160] à 7 h du soir d'une crise d'hémoptysie des suites d'une tuberculose[161] le 13 août 1863, au 6 rue de Furstemberg à Paris, appartement-atelier où il s'est installé en 1857. Il repose au cimetière du Père-Lachaise, division 49. Sa tombe, un sarcophage en pierre de Volvic, est, selon son désir, copié de l'antique puisque sa forme reproduit fidèlement le modèle antique de tombeau dit de Scipion[162].
256
+
257
+ Eugène Delacroix avait participé à la création, en 1862, de la Société nationale des beaux-arts, laissant son ami l'écrivain Théophile Gautier, qui l'avait fait connaître dans le cénacle romantique, en devenir le président avec le peintre Aimé Millet comme vice-président. En plus de Delacroix, le comité était composé des peintres Albert-Ernest Carrier-Belleuse, Pierre Puvis de Chavannes et parmi les exposants se trouvaient Léon Bonnat, Jean-Baptiste Carpeaux, Charles-François Daubigny, Laura Fredducci, Gustave Doré et Édouard Manet. Après sa mort, la société nationale des Beaux-Arts organisa en 1864 une exposition rétrospective de l'œuvre de Delacroix[163]. La même année, Henri-Fantin Latour réalise son Hommage à Delacroix, portrait de groupe réunissant dix artistes de l'avant-garde parisienne (dont Charles Baudelaire, James Whistler ou encore Edouard Manet). Pour ces artistes de la modernité, ce tableau est une façon de revendiquer avec Delacroix un certain lien de parenté (dans la mesure où son style affirmait déjà une certaine liberté par rapport aux préceptes de l'académie).
258
+
259
+ Authentique génie, il a laissé de nombreuses œuvres engagées qui étaient souvent en rapport avec l'actualité (Les massacres de Scio ou La Liberté guidant le peuple). Il exécuta aussi nombre de tableaux à thèmes religieux (La Crucifixion, La Lutte de Jacob avec l'Ange, Le Christ sur le lac de Génésareth, etc.), bien qu'il se soit parfois déclaré athée. Sur tous les terrains de son époque, il reste le symbole le plus éclatant de la peinture romantique.
260
+
261
+ À sa mort, il laisse 50 000 francs à Jenny[164] mais également deux montres, les portraits en miniature de son père et de ses deux frères, et il a même précisé qu'elle devrait choisir parmi les meubles qui se trouvaient dans l'appartement de quoi «se composer le mobilier d'un petit appartement convenable». Elle met les carnets du Journal « de côté » à l'écart de l'exécuteur testamentaire A.Piron et fait préparer leur édition[165]. Elle meurt le 13 novembre 1869 rue Mabillon à Paris, et est enterrée au côté du peintre suivant la volonté de ce dernier[166].
262
+
263
+ L'atelier et les collections du peintre sont vendus en trois jours en février 1864[167] avec un succès retentissant.
264
+
265
+ À sa mort, les artistes contemporains lui rendirent de vibrants hommages, notamment Gustave Courbet. Dans ses Principes de l'art publiés en 1865, Pierre-Joseph Proudhon résume : « chef de l'école romantique, comme David l'avait été de l'école classique, Eugène Delacroix est un des plus grands artistes de la première moitié du dix-neuvième siècle. Il n'eût pas eu d'égaux, et son nom aurait atteint le plus haut degré de la célébrité, si, à la passion de l'art et à la grandeur du talent, il avait joint la netteté de l'idée[168] ».
266
+
267
+ En 1930, pour le centenaire du romantisme, Élie Faure apporte cependant des mises au point sur ce terme attribué à Delacroix[169]. Delacroix est, selon lui, plus classique qu'Ingres : « Il est aisé de montrer qu'Ingres, par ses déformations plus arbitraires qu'expressives et son peu d'intelligence de l'ordre rationnel d'une composition, est à la fois plus romantique et moins classique en dépit de ses qualités réalistes et sensuelles que Delacroix, Barye ou Daumier[170] ». La définition du mot « romantique » en peinture devant être élargie, toujours selon Élie Faure : « Les plus grands de nos classiques sont des romantiques avant la lettre, comme les bâtisseurs de cathédrales l'étaient quatre ou cinq siècles auparavant. Et à mesure que les temps s'éloignent, on s'aperçoit que Stendhal, Charles Baudelaire, Barye, Balzac, Delacroix prennent naturellement place auprès d'eux. Le romantisme, en vérité, pourrait n'être réduit à se définir que par l'excès de la saillie, qui est le principe de l'art-même et de la peinture avant tout. Mais où commence cet excès, où cesse-t-il ? Avec le génie justement. Ce serait donc les mauvais romantiques qui définiraient le romantisme[170]. »
268
+
269
+ L'œuvre de Delacroix inspirera nombre de peintres, tels le pointilliste Paul Signac ou Vincent van Gogh[171]. Ses tableaux témoignent en effet d'une grande maîtrise de la couleur.
270
+
271
+ Édouard Manet copie plusieurs tableaux de Delacroix, dont la Barque de Dante.
272
+
273
+ Dès 1864, Henri Fantin-Latour présente au Salon, un Hommage à Delacroix, toile où l'on peut voir Baudelaire, Édouard Manet, James Whistler… réunis autour d'un portrait du peintre.
274
+
275
+ Paul Signac publie en 1911, De Delacroix au néo-impressionnisme[172] dans lequel il fait de Delacroix le père et l'inventeur des techniques par divisionnisme de la couleur propre à l'Impressionnisme.
276
+ De nombreux peintres vont se réclamer de Delacroix, parmi les plus importants Paul Cézanne, qui va copier Bouquets de Fleurs et Médée. Il peindra même une Apothéose de Delacroix (1890-94) où des peintres paysagistes prient le maître au ciel. Il déclare à Gasquet devant les femmes d'Alger dans leur appartement : « Nous y sommes tous dans ce Delacroix ». Degas qui déclare vouloir combiner Ingres et Delacroix, copie entre autres les Bouquets de Fleurs de Delacroix en sa possession. Degas possédait 250 tableaux et dessins de Delacroix. Claude Monet, qui s'inspire des Vues sur la Manche depuis Dieppe pour sa peinture, possédait Falaises près de Dieppe[173].
277
+
278
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
279
+
280
+ Fantin-Latour - Hommage à Delacroix - Musée d'Orsay.
281
+
282
+ Copie d'après La Barque de Dante de Delacroix par Édouard Manet. Musée des Beaux-Arts de Lyon.
283
+
284
+ Cézanne - Fleurs d'après Delacroix - Musée Pouchkine - Moscou.
285
+
286
+ Paul Cézanne - Aquarelle d'après Médée - vers 1879-1880.
287
+
288
+ Van Gogh - Pietà d'après Delacroix - 1888.
289
+
290
+ Van Gogh - Le bon samaritain d'après Delacroix - 1890.
291
+
292
+ Maurice Denis et les Nabis vouaient une grande admiration à Delacroix, autant à son œuvre qu'à son attitude dans la vie que donne à lire son journal. Maurice Denis participe de manière décisive au sauvetage de l'Atelier du peintre[174].
293
+ Picasso réalise dans les années 1950 une série de peintures et dessins à partir Des femmes d'Alger dans leur appartement.
294
+
295
+ Cette influence sur les générations suivantes en fait un des pères de l'art moderne[175] et des recherches contemporaines alors que Robert Motherwell traduit le journal en anglais.
296
+
297
+ Une souscription publique permit l'installation d'un monument dû à Jules Dalou dans le jardin du Luxembourg à Paris.
298
+
299
+ Plusieurs œuvres d'Eugène Delacroix ont servi à des objets français d'usage courant :
300
+
301
+ En astronomie, sont nommés en son honneur (10310) Delacroix, un astéroïde de la ceinture principale d'astéroïdes[176], et Delacroix, un cratère de la planète Mercure[177].
302
+
303
+ La plupart des œuvres de Delacroix sont d'inspiration littéraire. Il en était déjà ainsi de sa La Barque de Dante. Il en sera de même de son Sardanapale[j], inspiré d'un poème de Byron ; il en sera également ainsi de sa Barque de don Juan, tiré d'un autre poème de Byron, et il en sera encore ainsi de quantité d'autres peintures qui sortent tout droit des œuvres de Shakespeare, de Goethe[178] ou d'autres écrivains, notamment Walter Scott, Dante et Victor Hugo. Les Pirates africains enlevant une jeune femme au Louvre, seraient vraisemblablement inspirés par une de ses Orientales (la Chanson du Pirate).
304
+
305
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
306
+
307
+ Dante et Virgile en Enfer, aussi connu comme La Barque de Dante, huile sur toile, 189 × 241 cm, Musée du Louvre (1822).
308
+
309
+ La Mort de Sardanapale, huile sur toile, 390 × 490 cm, Musée du Louvre (1827).
310
+
311
+ Les Orientales. Œuvres illustrées de Victor Hugo, vers 1853 et 1854.
312
+
313
+ Il exécuta aussi nombre de tableaux à thème religieux tout au long de sa carrière :
314
+
315
+ Saint-Sébastien avec sainte Irène et un accompagnant (1858)
316
+
317
+ Lutte de Jacob avec l'ange, chapelle des Saints-Anges de l'église Saint-Sulpice de Paris.
318
+
319
+ Lutte de Jacob avec l'ange (détail).
320
+
321
+ L'Annonciation, Musée national Eugène-Delacroix (1841).
322
+
323
+ Esquisse pour Le Christ au Jardin des Oliviers (c.1826), Musée national Eugène-Delacroix.
324
+
325
+ Pietà, vers 1842-1843, Musée national Eugène-Delacroix.
326
+
327
+ Sainte Marie Madeleine au pied de la croix, Musée des beaux-arts de Houston (1829)
328
+
329
+ Le Christ sur la croix (1835).
330
+
331
+ L'Éducation de la Vierge (1842).
332
+
333
+ Pietà. Dessin pour une peinture murale à Saint-Denis-du-Saint-Sacrement, Musée du Louvre (1844).
334
+
335
+ Crucifixion, huile sur panneau, 37 × 25 cm, Musée Boijmans Van Beuningen (1845).
336
+
337
+ Le Christ sur le lac de Génésareth, Walters Art Museum, (1854).
338
+
339
+ La lamentation sur le corps du Christ, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe 1857.
340
+
341
+ L'Enlèvement de Rebecca, huile sur toile, 105 × 82 cm, Musée du Louvre (1858).
342
+
343
+ Débuté en 1822, interrompu en 1824, repris en 1847 jusqu'en 1863 à sa mort, le journal intime de Delacroix est le chef-d'œuvre littéraire du peintre. Il y note, jour après jour, ses réflexions sur la peinture, la poésie ou la musique, autant que la vie parisienne et politique du milieu du XIXe siècle. Il consigne dans des carnets longilignes ses discussions avec George Sand avec qui il entretient une profonde amitié-amoureuse et des désaccords politiques, ses promenades avec ses maitresses dont la baronne Joséphine de Forget dont il est l'amant pendant une vingtaine d'années, et ses rencontres artistiques avec Chopin, Chabrier, Dumas, Géricault, Ingres ou Rossini… C'est un témoignage au jour le jour non seulement sur la vie du peintre, de ses inquiétudes, de l'avancée de ses peintures, de sa mélancolie et de l'évolution de sa maladie (la tuberculose) qu'il évite de montrer à ses proches, excepté à sa gouvernante et confidente Jenny Le Guillou[179], Delacroix n'ayant jamais été marié, avec qui au fur et à mesure des années s'établit une relation de couple, éloignée de la vie de la grande société, l'un protégeant l'autre. On peut lire au jeudi 4 octobre 1855 : « Je ne puis exprimer, le plaisir que j'ai eu à revoir Jenny. Pauvre chère femme, la petite figure maigre mais les yeux pétillants du bonheur à qui parler. Je reviens à pied avec elle, malgré le mauvais temps. Je suis pendant plusieurs jours, et probablement j'y serai tout le temps de mon séjour à Dieppe, sous le charme de cette réunion au seul être dont le cœur soit à moi sans réserve[180]. »
344
+ La première édition du Journal de Delacroix est parue chez Plon en 1893 et a été révisée en 1932 par André Joubin, puis rééditée en 1980 avec une préface d'Hubert Damisch chez le même éditeur. Il a ensuite fallu attendre 2009 pour que Michèle Hannoosh en publie, aux éditions José Corti, une monumentale version critique, corrigée sur les manuscrits originaux et augmentée des découvertes récentes.
345
+
346
+ On doit aussi à Delacroix l'ébauche d'un Dictionnaire des Beaux-Arts, assemblé et publié par Anne Larue, et des articles sur la peinture.
347
+
348
+ Delacroix travailla longtemps dans son premier atelier de la rue Notre-Dame-de-Lorette, à Paris.
349
+ En 1857, afin de se rapprocher de l’église Saint-Sulpice dont il avait été chargé en 1847 de décorer une chapelle, il rejoignit l'Atelier de la rue Furstenberg. Célèbre adresse où se succèderont Frédéric Bazille, Claude Monet, ou encore Diogène Maillart, élève de Delacroix et Grand Prix de Rome en 1864.
350
+
351
+ L'endroit, 6 rue de Furstenberg Paris 6e, est aujourd'hui le musée national Eugène-Delacroix.
352
+
353
+ (liste non exhaustive)
354
+
355
+ Delacroix avait ouvert en 1838, un cours rue Neuve-Guillemin qui fut transféré Rue Neuve-Bréda en 1846.Selon Bida, le cours portait essentiellement « sur l'ordonnance de la composition »[181].
356
+
357
+ Femmes d'Alger.
358
+
359
+ Femmes d'Alger.
360
+
361
+ Selon Alfred Robaut, Eugène Delacroix a laissé vingt-quatre gravures et cent neuf lithographies[202].
362
+
363
+ Frédéric Chopin, dessin d'Eugène Delacroix, vers 1838.
364
+
365
+ Étude pour Jenny Le Guillou et Joséphine de Forget, 32 × 20,8 cm, Musée Boijmans Van Beuningen.
366
+
367
+ Tigre menteur, dessin au stylo et encre sur papier, 19 × 29 cm, Collection du Parlement grec.
368
+
369
+ Gravure originale (Panthère).
370
+
371
+ En 1827, l'éditeur et lithographe Charles Motte le persuade d'illustrer la première édition française du Faust de Johann Wolfgang von Goethe, lui-même se chargeant de lithographier les planches et de les colorier à l'aquarelle.
372
+
373
+ "C'est avec les romantiques français de la seconde génération, cette race d'artistes de haut vol, de haute ambition, tels que Delacroix et Berlioz, avec un fond de maladie, quelque chose de congénitalement incurable, de vrais fanatiques, de l'expression, virtuoses jusqu'au bout des ongles..." Nietzsche Ecce Homo, Oeuvres philosophiques complètes, Gallimard 1974 p. 267
fr/1897.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,373 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Eugène Delacroix est un peintre français né le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice et mort le 13 août 1863 à Paris.
4
+
5
+ Dans la peinture française du XIXe siècle, il est considéré comme le principal représentant du romantisme, dont la vigueur correspond à l'étendue de sa carrière. À quarante ans, sa réputation est suffisamment établie pour lui permettre de recevoir d'importantes commandes de l'État. Il peint sur toile et décore les murs et plafonds de monuments publics. Il laisse en outre des gravures et lithographies, plusieurs articles écrits pour des revues et un Journal publié peu après sa mort et plusieurs fois réédité. Remarqué au Salon en 1824, il produit dans les années suivantes des œuvres s'inspirant d'anecdotes historiques ou littéraires aussi bien que d'événements contemporains (La Liberté guidant le peuple) ou d'un voyage au Maghreb (Femmes d'Alger dans leur appartement).
6
+
7
+ Eugène Delacroix, le quatrième enfant de Victoire Œben (1758 – 1814) et de Charles-François Delacroix (1741 – 1805), naît en 1798 au 2 rue de Paris à Charenton-Saint-Maurice, près de Paris[1], dans une grande demeure bourgeoise des XVIIe et XVIIIe siècles, qui existe toujours[a].
8
+
9
+ Charles-François Delacroix, avocat à Paris à partir de 1774, devient député sous la Convention. Fin 1795, il devient ministre des Affaires extérieures, puis ambassadeur dans la République batave du 6 novembre 1797 à juin 1798. Rallié à l'Empire, il est nommé préfet de Marseille, le 2 mars 1800, puis trois ans plus tard, préfet de la Gironde où il meurt le 4 novembre 1805 et où il repose, au cimetière de la Chartreuse[3].
10
+
11
+ Victoire Œben, de dix-sept ans plus jeune que son mari, descend d'une famille d'ébénistes de renom, les Œben. À la mort en 1763 de son père Jean-François Œben, le célèbre ébéniste de Louis XV, Victoire a cinq ans. Trois ans plus tard, en 1766, sa mère, Françoise Vandercruse, sœur de l'ébéniste Roger Vandercruse, se remarie avec l'ébéniste Jean-Henri Riesener, élève de son premier époux[4]. De cette seconde union naît le 6 août 1767 Henri-François Riesener, peintre, demi-frère de Victoire et oncle d'Eugène Delacroix qui aura de son union avec Félicité Longrois un fils, le peintre Léon Riesener.
12
+
13
+ Charles-Henri Delacroix, l’aîné des enfants de Victoire et Charles-François Delacroix, naît le 9 janvier 1779. Il fait une belle carrière dans les armées impériales. Promu maréchal de camp honoraire en 1815, il est démobilisé avec le grade de général (mais en demi-solde)[5].
14
+
15
+ Henriette naît le 4 janvier 1782 et meurt le 6 avril 1827. Elle a épousé le 1er décembre 1797 Raymond de Verninac-Saint-Maur (1762 – 1822)[6], un diplomate en Suède puis à Constantinople, dont elle a un fils, Charles de Verninac (1803 – 1834), neveu d'Eugène. À la demande de son époux, David fait son portrait (musée du Louvre), en 1799, dans un genre qu'il développe au cours des dernières années de la Révolution, le modèle assis, coupé aux genoux, sur fond uni[7]. Son mari demande aussi au sculpteur Joseph Chinard (1756 – 1813) son buste en Diane chasseresse préparant ses traits (1808, musée du Louvre)[8].
16
+
17
+ Henri, né en 1784, est tué à 23 ans le 14 juin 1807 à la bataille de Friedland.
18
+
19
+ Victoire Œben meurt le 3 septembre 1814. Le règlement de la succession maternelle ruine la famille Delacroix. Ce désastre engloutit toute la fortune des enfants ; une propriété que la mère de l'artiste avait achetée afin de couvrir une créance doit être vendue à perte. Les Verninac recueillent le jeune Eugène resté dans un grand dénuement[9].
20
+
21
+ Remarquant que le père du peintre souffrait depuis quatorze ans et jusqu'à quelques mois avant la naissance d'Eugène, d'une volumineuse tumeur testiculaire, certains auteurs en ont inféré que son géniteur aurait été un autre homme, Talleyrand, crédité de nombreuses liaisons féminines, qui a remplacé Charles-François Delacroix aux Affaires extérieures le 16 juillet 1797[b]. Cette opinion est vigoureusement contestée.
22
+
23
+ Le chirurgien Ange-Bernard Imbert-Delonnes (1747-1818) publia en décembre 1797 une brochure à propos de l'ablation le 13 septembre 1797 de ce sarcocèle, qui constituait une première médicale[c]. Il indique que l'opération a réussi et que le patient fut complètement rétabli au bout de soixante jours. Eugène Delacroix nait sept mois après l'intervention[11]. Cependant, la tumeur de Charles Delacroix n'était pas nécessairement un obstacle à la procréation[12].
24
+
25
+ S'il existe des raisons de penser que Charles-François Delacroix n'a pas pu être son géniteur, les conjectures qui font de l'artiste un fils naturel de Talleyrand sont peu fondées. Caroline Jaubert évoque en 1880 cette rumeur dans la description d'une scène de salon qui aurait eu lieu vers 1840[d].
26
+
27
+ Pour Raymond Escholier « entre le masque du prince de Bénévent et celui de Delacroix il existe une étonnante ressemblance […] les traits de Delacroix ne rappellent ni ceux de son frère le général, ni ceux de sa sœur Henriette […] voilà bien des chances pour qu'Eugène Delacroix ait été un de ces fils de l'amour, doués si souvent de dons prestigieux[14] ». Cependant de nombreux autres notent que Talleyrand était blond et pâle, alors que, décrivant leur ami Eugène Delacroix à la chevelure de jais, très noire, Baudelaire parle d'un « teint de Péruvien » et Théophile Gautier d'un air de « maharadjah »[15].
28
+
29
+ Emmanuel de Waresquiel rappelle l'absence de sources sérieuses à cette paternité supposée et conclut :
30
+ « Tous ceux qui ont aimé à forcer le trait de leur personnage, [...] se sont laissé tenter, sans se soucier du reste, ni surtout des sources ou plutôt de l'absence de sources. Une fois pour toutes, Talleyrand n'est pas le père d'Eugène Delacroix. On ne prête qu'aux riches[16] »…
31
+
32
+ Talleyrand est en tous cas un proche de la famille Delacroix et l'un des protecteurs occultes de l'artiste[17]. Il aurait facilité l'achat par le baron Gérard de des Massacres de Scio, présenté au Salon de 1824 et aujourd'hui au musée du Louvre), pour une somme de 6 000 francs[18]. Le petit-fils adultérin de Talleyrand, le duc de Morny, président du corps législatif et demi-frère utérin de Napoléon III, fit de Delacroix le peintre officiel du Second Empire, bien que l'empereur lui préférât Winterhalter et Meissonnier[19]. Delacroix a également bénéficié de l'ombre tutélaire d'Adolphe Thiers, qui fut son mentor. L'appui de Thiers semble avoir aidé Delacroix à obtenir plusieurs commandes importantes[20], notamment la décoration du Salon du Roi, au Palais Bourbon, et une partie du décor de la Bibliothèque du Sénat, au Palais du Luxembourg.
33
+
34
+ Cette protection n'établit cependant pas une paternité naturelle, et Maurice Sérullaz[e] évite de se prononcer à ce sujet[21].
35
+
36
+ Au-delà de l'intérêt de curiosité, les opinions dans cette controverse reflètent l'importance que les commentateurs veulent attribuer, soit au talent individuel et au caractère, soit aux relations sociales et familiales, soit même à l'hérédité, dans le succès de Delacroix.
37
+
38
+ À la mort de son père, Eugène n'a que 7 ans. La mère et le fils quittent Bordeaux pour Paris[23]. En janvier 1806, ils habitent au 50 rue de Grenelle[6], dans l'appartement d'Henriette et de Raymond de Verninac[24]. D'octobre 1806 à l'été 1815, Delacroix fréquente un établissement d'élite, le Lycée Impérial (actuel lycée Louis-le-Grand) où il reçoit une bonne instruction.
39
+
40
+ Ses lectures sont classiques : Horace, Virgile, mais également Racine, Corneille et Voltaire. Il apprend le grec et le latin. Les nombreux dessins et croquis griffonnés sur ses cahiers attestent déjà de ses dons artistiques. Il rencontre au Lycée Impérial ses premiers confidents : Jean-Baptiste Pierret (1795-1854), Louis (1790-1865) et Félix (1796-1842) Guillemardet, et Achille Piron (1798-1865)[25]. Ils partagèrent sa vie de bohème et lui restèrent fidèles jusqu'à la fin de sa vie.
41
+
42
+ Il reçoit aussi une éducation musicale précoce, prenant des leçons avec un vieil organiste, qui adorait Mozart[1]. Ce maître de musique, qui a remarqué les talents de l’enfant, recommande à sa mère d’en faire un musicien. Mais la mort de son père en 1805 met fin à cette possibilité. Cependant, toute sa vie, il continuera à participer à la vie musicale parisienne, recherchant la compagnie des compositeurs, des chanteurs et des instrumentistes : Paganini jouant du violon (1831, Collection Philipps de Washington).
43
+
44
+ En 1815, son oncle, Henri-François Riesener, le fait entrer dans l'atelier de Pierre-Narcisse Guérin[26] où il a pour condisciples Paul Huet, Léon Cogniet, Ary et Henry Scheffer, et Charles-Henri de Callande de Champmartin[27]. Il y fait la connaissance de Théodore Géricault, de sept ans son aîné, qui eut une influence capitale sur son art[28]. L'enseignement de Guérin est à la fois classique et libéral. Il enseigne le principe néo-classique de la primauté du dessin sur la couleur, le retour à l'Antique cher à l'Allemand Winckelmann[f], mais n'est pas fermé aux idées nouvelles.
45
+
46
+ En mars 1816, Delacroix poursuit son apprentissage, toujours avec Guérin, aux Beaux-Arts où l'enseignement est moins onéreux qu'en atelier privé. L'enseignement privilégie le dessin et la copie des maîtres. Grâce à la carte de travail au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale[30] qu'il acquiert le 13 juillet 1816, il copiera pendant plusieurs années des manuscrits d'après des recueils de costumes du Moyen Âge. Ses résultats aux concours et aux examens de l'École des beaux-arts ne lui laissent pas espérer un séjour romain ; en 1820, il échoue à la première partie du Prix de Rome. Parallèlement, il trouve des petits travaux : dessin industriel, décoration d'appartements, costumes de théâtre ; la faible rente de l'héritage ne suffit pas à subvenir à ses besoins[31].
47
+
48
+ Pendant toute sa carrière, Delacroix souffrira des carences de son apprentissage technique, sous-estimé dans l'enseignement officiel. Pour lui, David était le dernier détenteur de « secrets » perdus. Sa génération « dégoûtée d'une peinture glaciale, où la qualité de la matière tenait si peu de place, […] semble avoir tourné le dos, de parti pris, à tous les enseignements[32] ». Peignant d'instinct, il en résultera, comme pour la plupart de ses contemporains, des désastres qui se manifestèrent après peu d'années. La Mort de Sardanapale, de 1827, dut être entièrement restauré dès 1861[33]. Les délicats rapports de tons qui avaient enchanté les contemporains n'ont pas subsisté ; craquelures et crevasses, dus à la hâte de peindre sans respecter les délais de séchage, ont abimé sa peinture[34]. Le Journal de Delacroix témoigne de sa conscience de ses manques.
49
+
50
+ En 1816 Delacroix rencontre Charles-Raymond Soulier, aquarelliste amateur anglophile élève de Copley Fielding revenu d'Angleterre. Cet ami et Richard Parkes Bonington familiarisent Delacroix avec l'art de l’aquarelle, qui l'éloigne des normes académiques enseignées aux Beaux-Arts. Les Britanniques associent l’aquarelle à la gouache et utilisent divers procédés comme l’emploi des gommes, de vernis et de grattages. Soulier lui enseigne également les rudiments de la langue anglaise[35].
51
+
52
+ Du 24 avril à la fin août 1825[36], il voyage en Angleterre. Il découvre le théâtre de Shakespeare en assistant aux représentations de Richard III, Henri IV, Othello, Le Marchand de Venise et La Tempête[37] deux ans avant qu'une troupe anglaise se déplace à Paris[38]. Il assiste également à une adaptation du Faust de Goethe. Delacroix trouvera des sujets dans le théâtre tout au long de sa carrière : Hamlet et Horatio au cimetière (1835, Francfort) et Hamlet et les deux fossoyeurs (1859, musée du Louvre). Ces sujets se mêleront jusqu’à sa mort aux thèmes orientaux, littéraires, historiques ou religieux. À partir de ce voyage, la technique de l'aquarelle acquiert une importance dans son œuvre[39]. Elle lui sera d'une grande aide lors de son voyage en Afrique du Nord, pour pouvoir en restituer toutes les couleurs.
53
+
54
+ En 1819, Delacroix aborde pour la première fois la décoration avec la salle à manger de l’hôtel particulier de M. Lottin de Saint-Germain, dans l’île de la Cité. Il termine les dessus de porte dans le style pompéien avant mars 1820. De cet ensemble aujourd’hui disparu ne restent que les dessins et projets, personnages, scènes allégoriques ou mythologiques, déposés au musée du Louvre.
55
+
56
+ Le tragédien Talma lui confie en 1821 pour le décor de la salle à manger de l'hôtel particulier qu'il se fait construire au 9 rue de la Tour-des-Dames, à Montmartre quatre dessus de porte présentant les quatre saisons dans un style gréco-romain inspiré des fresques d'Herculanum, comme ceux de M. Lottin[40]. Le Louvre possède un certain nombre de dessins préparatoires et de projets, le reste étant conservé dans une collection particulière à Paris.
57
+
58
+ Ses premiers tableaux de chevalet sont deux retables inspirés des peintres de Renaissance[41] :
59
+
60
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
61
+
62
+ En 1822, Delacroix, désireux de se faire un nom dans la peinture et de trouver une issue à ses difficultés financières, paraît pour la première fois au Salon avec La Barque de Dante ou Dante et Virgile aux Enfers que l’État lui achète pour 2 000 francs, pour les 2 400 qu'il en demandait[43]. Les réactions de la critique sont vives, voire virulentes. « Une vraie tartouillade[g] », écrit Étienne-Jean Delécluze, élève de Jacques-Louis David et défenseur de son école davidienne, dans le Moniteur du 18 mai[44]. Cependant, Adolphe Thiers, alors jeune journaliste, évoque « l’avenir d’un grand peintre » dans un article élogieux du Constitutionnel du 11 mai[45]. Quant à Antoine-Jean Gros, qui admire La Barque de Dante, il qualifie le peintre de « Rubens châtié ».
63
+
64
+ Ayant défini son sujet très tardivement, à la mi-janvier[46], Delacroix doit travailler dans l'urgence afin d’être prêt pour exposer au Salon Officiel, à partir du 24 avril. Il utilise des vernis qui provoquent un séchage plus rapide des couleurs, mais compromettent la conservation de sa toile. Les couches sombres sous-jacentes en séchant plus vite que les couches claires en surface provoquent d’énormes craquelures et gerçures. Il obtiendra en février 1860 l'autorisation de le restaurer lui-même[47].
65
+
66
+ Le thème, tiré du chant VIII de l'Enfer de Dante, est inédit pour l’époque[48]. Les contemporains, n'ayant de l’œuvre de Dante qu'une connaissance superficielle, illustrent toujours les mêmes épisodes : l’histoire d’Ugolin (Enfer, chant XXXIII), Paolo et Francesca (Enfer, chant V), et La Barque de Charon (Enfer, chant III). Le choix de l'anecdote et d'un format jusqu'à ce moment réservé à des sujets religieux, mythologiques ou historiques pour cette peinture à sujet littéraire manifestent la nouveauté de Delacroix, qui veut prouver qu’il est un vrai peintre, et qu’il maîtrise les différentes parties de son art : le nu, le drapé, l’expression[49].
67
+
68
+ Pour ce tableau, les influences sont multiples. La critique signale des ressemblances entre La Barque de Dante et Le Radeau de La Méduse (1819, musée du Louvre) de Géricault, une vue de près, une embarcation, des flots déchaînés, pour mieux en diminuer l'importance[50].
69
+
70
+ Théodore Géricault a influencé considérablement Delacroix, particulièrement au début de sa carrière[51]. Il lui emprunte sa manière : de forts contrastes d’ombres et de lumières donnant du relief et du modelé. Il utilise également certaines de ses couleurs : des vermillons, du bleu de Prusse, des bruns, des blancs colorés. L’officier turc enlevant sur son cheval l’esclave grecque de la Scène des massacres de Scio (1824, musée du Louvre) s'inspire de l'Officier de chasseurs à cheval de Géricault] (1812, musée du Louvre)[52]. Quand celui-ci meurt le 26 janvier 1824, Delacroix devient malgré lui le chef de file du Romantisme[53].
71
+
72
+ L'influence de Michel-Ange apparaît avec les musculatures imposantes des damnés (rappelant l'un des deux Esclaves du Louvre) et de la femme, dérivée d'un prototype masculin[54]. La figure de Phlégias, le nocher, chargé de conduire Dante et Virgile jusqu’à la ville infernale de Dité, renvoie à l’Antique et au Torse du Belvédère (IVe av. J.-C., Musée Pio-Clementino à Rome). Les naïades du Débarquement de Marie de Médicis à Marseille de Rubens (1610, musée du Louvre) inspirent la coloration par petites touches de couleurs pures juxtaposées des gouttes d’eau sur les corps de damnés. Delacroix avait produit une étude : Torse d'une sirène, d'après le Débarquement de Marie de Médicis (Kunstmuseum de Bâle)[55].
73
+
74
+ Sous l'influence de Géricault[56] et avec les encouragements de Gros[57], Delacroix multiplie les études de chevaux d'après nature dans les années 1820. À la date du 15 avril de cette année, il note dans son journal : « Il faut absolument se mettre à faire des chevaux. Aller dans une écurie tous les matins ; se coucher de très bonne heure et se lever de même ». Il s'établit un programme d'étude comprenant des visites dans les écuries ou au manège. La constitution de cette encyclopédie lui servira pour ses futurs tableaux[58].
75
+
76
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
77
+
78
+ Avec Scène des massacres de Scio, que Delacroix présente en 1824 au Salon Officiel, comme avec La Grèce sur les ruines de Missolonghi deux ans plus tard, Delacroix participe au mouvement philhellène. Il obtient la médaille de seconde classe et l’État l'achète 6 000 francs, pour l'exposer ensuite au musée du Luxembourg[59]. La toile s’inspire d’un fait d’actualité : le massacre de la population de l’Île de Chio par les Turcs, survenu en avril 1822. Dès cette date, Delacroix a l’idée de peindre un tableau sur ce thème qu’il abandonne au profit de La Barque de Dante[60]. . Il a trouvé son sujet dans l’ouvrage Mémoires du Colonel Voutier sur la Guerre actuelle des Grecs [61]. Le lundi 12 janvier 1824, il déjeune avec le colonel et note dans son journal : « C’est donc proprement aujourd’hui [...] que je commence mon tableau » [62] .
79
+
80
+ Pour l’élaboration de son tableau, Delacroix a effectué des recherches iconographiques à La Bibliothèque nationale et obtenu de M. Auguste le prêt de costumes orientaux rapportés de ses voyages en Orient. Un carnet[h] utilisé vers 1820-1825, mentionne la consultation des Lettres sur la Grèce, de Claude-Étienne Savary ainsi que des croquis effectués d’après les Mœurs et coutumes turques et orientales dessinés dans le pays, du dessinateur Rosset (1790)[63].
81
+
82
+ M. Auguste, ancien sculpteur devenu aquarelliste et pastelliste, a rapporté de ses voyages en Grèce, Égypte, Asie Mineure et Maroc de remarquables études et toute une série d’objets : étoffes, costumes, armes et bibelots divers. Il est considéré comme l’initiateur de l’Orientalisme en France. Son influence sur Delacroix et son art est très forte, surtout entre 1824 et 1832, date de son voyage en Afrique du Nord[64].
83
+
84
+ Il commence la femme traînée par le cheval le 25 janvier [62]. Le modèle qui a posé pour ce personnage s'appelle Emilie Robert [65].
85
+
86
+ Les critiques, la plupart des artistes et le public accueillirent durement le tableau[59]. Les collègues de Delacroix comme Girodet lui reprochent sa manière de peindre, sa négligence vis-à-vis du dessin, comme l'avait fait Delécluze en 1822. Gros avait apprécié La Barque de Dante ; il accueillit la Scène des massacres de Scio, en déclarant qu’il s’agissait du « Massacre de la peinture ». Certain critique, signalant l’influence des Pestiférés de Jaffa de Gros, écrivit qu’il avait « mal lavé la palette de Gros ». Thiers, cependant, poursuit son soutien indéfectible dans Le Constitutionnel : « M. Delacroix […] a prouvé un grand talent, et il a levé des doutes en faisant succéder le tableau des Grecs à celui de Dante »[66], comme Théophile Gautier et Charles Baudelaire qui lui consacra un poème un de ses salons[67]. Ce tableau le place comme porte-drapeau des romantiques, ce qu'il déplore, ne voulant être affilié à aucune école.
87
+
88
+ Le peintre présente en outre trois autres tableaux au Salon : Tête de vieille femme (musée des Beaux-Arts d’Orléans) et Jeune orpheline au cimetière (musée du Louvre), et hors catalogue, Le Tasse dans la maison des fous (collection particulière). Entre 1823 et 1825, il peint plusieurs tableaux de Grecs en costume de palikares (soldats grecs combattant les Turcs pendant la Guerre d’indépendance) et des Turcs, dont certains ont pu être utilisés pour Scène des massacres de Scio. Lors du Salon Officiel, Delacroix a l’occasion de voir des peintures de John Constable que son marchand Arrowsmith présentait, notamment La Charrette à foin (1821, National Gallery de Londres)[68], récompensée par la médaille d’or. Une anecdote veut qu’après avoir vu cette toile, il décida de refaire le ciel de la Scène des massacres de Scio, après en avoir demandé la permission au comte de Forbin, directeur des musées[68].
89
+
90
+ Durant son voyage en Angleterre, de mai à août 1825, Delacroix a visité Hampstead et l’Abbaye de Westminster, dont il s’est inspiré pour L'Assassinat de l'évêque de Liège (1831, musée du Louvre). Il a rencontré Sir David Wilkie, peintre d’histoire, de genre et de portrait ainsi que Thomas Lawrence, qu’il a pu voir dans son atelier[69]. Il admirait beaucoup son style et ses portraits, et s'est inspiré de son portrait de David Lyon (vers 1825, Musée Thyssen-Bornemisza) pour celui du baron de Schwiter (1826-1830, National Gallery de Londres).
91
+
92
+ Dans les années 1820 Delacroix, de sept ans son aîné, croise pour la première fois, chez son ami Jean-Baptiste Pierret, Louis-Auguste Schwiter (1805-1889). Ils furent des amis très proches[70] et tous les deux de grands admirateurs du portraitiste anglais. Il rend également visite au Dr Samuel Rush Merrick (en), un antiquaire très réputé[71] pour sa collection d’armes et d'armures, dont il fait des études, en compagnie de Richard Parkes Bonington qu’il avait revu à Londres[72]. Les deux hommes partageaient les mêmes goûts pour le Moyen Âge, d'où les études communes qu'ils firent ensemble : plusieurs feuilles leur ayant été successivement imputées l'un à l'autre.
93
+
94
+ À partir de 1826, Delacroix fréquente Victor Hugo et son cénacle[73]. Dans un premier temps, un groupe se constitue autour de Charles Nodier et Alexandre Soumet. Ce premier cénacle se réunit tout d’abord dans l'appartement de Nodier, rue de Provence puis à la Bibliothèque de l'Arsenal où il avait été nommé bibliothécaire[73]. Leur intérêt commun pour le Moyen Âge donnera naissance au « style troubadour » : Ingres et Delacroix ont l'un et l'autre réalisé des peintures de petit format dans ce style.
95
+
96
+ En parallèle et dès 1823, les amis de Victor Hugo forment une sorte d'école autour du poète. De plus en plus nombreux, ce second groupe constitue à partir de 1828 et en 1829 le second cénacle : Hugo devenant le chef de file du mouvement romantique auquel se rallieront les membres du premier cénacle. En 1830, les rapports entre Delacroix et Hugo se détériorent ; le poète lui reprochant son manque d’engagement vis-à-vis du romantisme[74].
97
+
98
+ Le 25 avril 1826, les Ottomans prennent Missolonghi, bastion des indépendantistes grecs. Le 24 mai, Lebrun accueille dans sa galerie une exposition afin de récolter des fonds pour soutenir la cause grecque. Il s’agit d’alerter l’opinion publique alors que le gouvernement français prône la neutralité. Delacroix y présente d'abord Le Doge Marino Faliero (Wallace collection de Londres), Don Juan et Un officier tué dans les montagnes, qu'il remplace en juin, par Le Combat du Giaour et d'Hassan et en août, par La Grèce sur les ruines de Missolonghi (musée des beaux-arts de Bordeaux). Pour cette allégorie de La Grèce, il s’inspire des Victoires antiques et de la figure mariale, avec son manteau bleu et sa tunique blanche. Cette interprétation du sujet déroute les critiques, sauf Victor Hugo.
99
+
100
+ À cette époque de sa vie, Delacroix entretient de nombreuses liaisons amoureuses avec des femmes mariées, Eugènie Dalton, Alberthe de Rubempré, Elisa Boulanger ou encore Joséphine Forget, « Delacroix est amoureux par-dessus les oreilles » suivant le mot de Mérimée[75]. Le peintre séjourne au Château de Beffes, chez son ami le général Coëtlosquet où il décore la chambre de Madame Louise Pron, dite Sarah, de fresques en arabesque de style pompéien. Il y peint la Nature morte aux Homards[76], dont le sens est selon Michèle Hannoosh à trouver dans les caricatures anticléricales que le peintre a réalisé à cette occasion de son ami le général Coëtlosquet en Homard (breton) et en Omar (déguisé en turc) : « L'abbé Casse, missionnaire, prếchant devant le calife Homard »[77].
101
+
102
+ Au Salon officiel de 1827-1828, Delacroix expose plusieurs œuvres. La critique rejette unanimement La Mort de Sardanapale (musée du Louvre). Le 21 mars, Étienne-Jean Delécluze affirme dans le Journal des débats qu’il s’agit d’une erreur: « « L'œil ne peut y débrouiller la confusion des lignes et des couleurs… le Sardanapale est une erreur de peintre », il ajoute que Delacroix devrait prendre des cours de perspective , cet art étant à la peinture ce qu'est l'orthographe pour tout le monde[78]. Le lendemain, pour La Gazette de France, c’est le « plus mauvais tableau du Salon ». Le Quotidien met en question un « ouvrage bizarre » le 24 avril[79]. Pour le critique Vitet « Eugène Delacroix est devenu la pierre de scandale des expositions. » et Charles Chauvin dans le Moniteur Universel, s'il reconnait une exécution franche et hardie et la couleur chaude et vivante de Rubens, il ne comprend pas « Où sommes-nous ? Sur quel sol la scène est-elle assise ? Où cet esclave prétend-il monter ce cheval ? […] La majeure partie du public trouve ce tableau ridicule. Que M. Delacroix se rappelle que le goût français est noble et pur et qu'il cultive Racine plutôt que Shakespeare[80]. »
103
+
104
+ Pourtant, Delacroix n’a nullement voulu choquer ses pairs, mais plutôt les convaincre de son génie par ses références à l’art du passé, par la multiplicité de ses sources d’inspiration et par le choix de son thème dans l’Orient ancien.
105
+
106
+ Le déchaînement que suscite la présentation du tableau gêne ses amis, qui n’interviennent pas pour le défendre. Victor Hugo ne prend pas publiquement son parti, bien qu'il manifeste son enthousiasme dans une lettre à Victor Pavis du 3 avril 1828 en écrivant: « Ne croyez pas que Delacroix ait failli. Son Sardanapale est une chose magnifique et si gigantesque qu’elle échappe aux petites vues[81] ». Le peintre est également victime des bons mots des humoristes, qu’il n’apprécie pas, malgré son goût pour les calembours[82]. Cette fois-ci le tableau n’est pas acheté, et le surintendant des Beaux-Arts, Sosthène de La Rochefoucauld (1785-1864) l’invite à « changer de manière » ; ce qu’il refuse catégoriquement. La violence des attaques va précipiter sa brouille avec le mouvement romantique. Il écrit qu'on l’éloigne pendant cinq ans des commandes publiques, mais il n'en est rien, dès l'année suivante il en obtient[15].
107
+
108
+ Ingres, peintre néo-classique présente cette année-là au Salon L'Apothéose d'Homère. Il représente la peinture classique, comme Delacroix représente la peinture romantique, et sera perçu comme le principal rival de Delacroix, pendant toute sa vie[83]. À travers ces deux artistes, deux conceptions opposées de la peinture s’affrontent : le disegno (dessin) et l'effacement de l'artiste derrière le sujet, pour les classiques, le colorito (couleur) et l'affirmation de l'expression et de la touche individuelle, pour les romantiques. Avec L'Apothéose d'Homère et La Mort de Sardanapale, les deux artistes affirment leurs doctrines. La querelle du coloris qui opposait poussinistes et rubénistes dans les années 1670 se renouvelle au XIXe siècle avec de nouvelles oppositions, en plus de celle entre la couleur et la ligne. La critique considèrera Delacroix comme le chef de file des coloristes jusqu'au XXe siècle.
109
+
110
+ Après cet échec, Delacroix conserve son tableau dans son atelier. En 1844, il se décide à le mettre en vente ; en 1845, un collectionneur américain, John Wilson l'achète pour 6 000 francs[84]. La toile est restaurée par Haro et présentée au public en 1861[33]. Elle finalement acquise par le Louvre en 1921.
111
+
112
+ Le Salon de 1827-1828 est avec l’Exposition Universelle de 1855, la manifestation la plus importante pour Delacroix par le nombre de toiles présentées. En deux envois[85], il expose tout d’abord :
113
+
114
+ Puis ce sera :
115
+
116
+ En 1828, Charles Motte, éditeur rue des Marais, publie Faust, la tragédie de Goethe traduite par Philipp Albert Stapfer, illustrée d’une suite de 17 lithographies par Delacroix. Goethe témoigne de son enthousiasme dans une lettre adressée de Weimar à son ami Johann Peter Eckermann et estime qu’il a bien su traduire les scènes qu’il avait imaginées[88].
117
+
118
+ Après la visite de Charles X à Nancy, Delacroix reçoit le 28 août 1828 commande du ministre de l’Intérieur d'un tableau que le roi veut offrir à la ville[89]. Terminé en 1831, La Mort de Charles le hardi ou Le Téméraire, plus couramment appelé La Bataille de Nancy (Musée des beaux-arts de Nancy) ne sera exposé au Salon qu’en 1834[90]. Suit en décembre 1828 ou en janvier 1829 la commande de deux peintures pour la duchesse de Berry, veuve du fils cadet du roi : Quentin Durward et le Balafré (Musée des beaux-arts de Caen) et La Bataille de Poitiers, dit aussi Le Roi Jean à la bataille de Poitiers (musée du Louvre), achevés en 1830[91].
119
+
120
+ À la demande du duc Louis-Philippe d'Orléans, Delacroix peint un tableau de grande dimension (420 × 300 cm) pour sa galerie historique, au Palais Royal[88], Richelieu disant sa messe (1828) ou Le Cardinal de Richelieu dans sa chapelle au Palais-Royal, détruit durant La Révolution de 1848 et dont il ne reste qu’une lithographie de Ligny figurant dans l’Histoire du Palais Royal par Jean Vatout (1830 ?)[92].
121
+
122
+ En janvier, il le sollicite de nouveau pour un autre tableau inspiré de Walter Scott, L'Assassinat de l'évêque de Liège (musée du Louvre)[93], présenté d’abord à la Royal Academy en 1830, puis au Salon de 1831 et enfin à l’Exposition universelle de 1855 à Paris et à celle de Londres en 1862. Une anecdote circule au sujet de ce tableau, concernant une nappe blanche, point capital de cette scène, que Delacroix avait du mal à peindre. En dessinant un soir chez son ami Frédéric Villot, le peintre se serait fixé un ultimatum, en déclarant : « Demain j’attaque cette maudite nappe qui sera pour moi Austerlitz ou Waterloo ». Et ce fut Austerlitz[91]. Pour la charpente de la voûte, il s’était inspiré de croquis faits au Palais de justice de Rouen et du vieux hall de Westminster qu’il avait visité durant son séjour à Londres.
123
+
124
+ Delacroix écrit à partir de 1830 cinq articles de critique d’art pour la Revue de Paris, que Louis Véron a fondée l'année précédente[94]. Le premier, consacré à Raphaël, paraît en mai et le deuxième, à Michel-Ange, en juillet[95]. Il y exprime ses convictions esthétiques et son admiration pour ces deux artistes, qui ont eu une grande influence sur son œuvre.
125
+
126
+ Les Trois Glorieuses, les 27, 28 et 29 juillet 1830, entraînent la chute de Charles X et portent au pouvoir Louis-Philippe. Le nouveau gouvernement organise le 30 septembre trois concours pour la décoration de la Salle des séances de la nouvelle Chambre des députés qui sera reconstruite au Palais Bourbon. Delacroix se présente aux deux derniers[96]. Les sujets proposés sont :
127
+
128
+ Le jury composé de Guérin (1774-1833), Gros et Ingres donne le Mirabeau à Hesse, élève de Gros et le Boissy d’Anglas à Vinchon, prix de Rome 1814. Achille Ricourt, écrivain et journaliste, fondateur de la revue L'Artiste, fera de cette décision une injustice à l'égard de la cause romantique. Louis Boulanger écrit : « Mon peintre, c’est Delacroix. Tout cela vit, tout cela se meut, se tord et accélère le mouvement du sang dans vos artères … C’est l’accent de la nature saisi dans ce qu’il a de plus inattendu, qualités précieuses, qui seules révèlent le grand peintre, mais qui malheureusement le révèlent trop souvent à un trop petit nombre[97] ».
129
+
130
+ La revue publie également la longue « Lettre sur les concours[98] » que Delacroix avait adressée le 1er mars 1831, afin d’accentuer la controverse[99]. C’est un violent réquisitoire contre les concours, opposant les médiocres, aux Rubens, aux Raphaël, aux Hoffmann, sur un ton plein d’ironie[100]. L’esquisse qu’il avait réalisée pour le deuxième sujet, Mirabeau devant Dreux-Brézé, est aujourd’hui exposée au Musée national Eugène-Delacroix[96]. Celle du troisième sujet, Boissy d’Anglas tenant tête à l’émeute, se trouve au musée des beaux arts de Bordeaux[101].
131
+
132
+ En 1831, Delacroix présente au Salon, qui avait ouvert ses portes cette année-là le 14 avril La Liberté guidant le peuple. Le tableau, répertorié au no 511 du catalogue du Salon, est intitulé Le 28 juillet ou La Liberté guidant le peuple, titre qu’il conservera par la suite. Delacroix a peint ce tableau pour deux raisons. La première tient à son échec au salon de 1827. Il souhaite l'effacer et s'attirer les faveurs du pouvoir en place en créant une œuvre d'art représentant les idées libérales qu'il partage avec le nouveau roi des français Louis Philippe Ier. En effet, Delacroix n'était pas favorable à l'instauration d'une République, il souhaitait que la monarchie française soit une monarchie modérée respectant les libertés mais également le droit des peuples de disposer d'eux-mêmes. Par ailleurs, lors de la révolution des Trois Glorieuses, Delacroix est enrôlé dans les gardes de collection du musée du Louvre. Il n'a pu participer à cette révolution. Dans une lettre datant du 28 octobre 1830 adressée à son frère Charles Delacroix, il écrit « J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n'ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-je pour elle. Cela m'a remis de belle humeur ». Dans cette lettre, il indique donc qu'il regrette de ne pas avoir participé à cette glorieuse révolution et qu'il entend glorifier ceux qui ont participé à cette révolution. Le terme « patrie » montre que pour lui la réalisation de ce tableau est un acte patriotique et donc que son objectif premier n'est pas tellement de plaire au nouveau roi avec lequel il entretenait précédemment des liens d'amitié mais en réalité de glorifier ceux qui ont permis cette révolution. Il veut donc glorifier dans ce tableau, le peuple, c'est-à-dire les classes populaires qui ont établi des barricades et qui se sont battus pour mettre un terme au règne du monarque Charles X voulant rétablir une monarchie absolue de droit divin. La composition de son tableau révèle en elle-même cette volonté de glorification du peuple. En effet, l'ensemble des personnages à l'exception de la figure féminine allégorique de la liberté est issu de la classe populaire, c'est-à-dire du peuple. La présence d'un enfant à ses côtés révèle également que l'ensemble des citoyens a eu le courage de se battre pour renverser Charles X. Il fait ainsi apparaître ce peuple comme un grand peuple dont les idéaux doivent susciter le respect. Les idéaux libéraux étant aussi ceux du roi Louis Philippe Ier, ce dernier va acheter ce tableau pour 3 000 francs dans le but de l'exposer au Palais du Luxembourg[102].
133
+
134
+ Sa peinture n’y est présentée que quelques mois. Hippolyte Royer-Collard, directeur des Beaux-Arts, la fait mettre dans les réserves, de peur que son sujet encourage les émeutes[103]. Edmond Cavé, son successeur, permet à Delacroix de la reprendre en 1839. Elle est exposée de nouveau en 1848 ; cependant, quelques semaines plus tard, le peintre est invité à la reprendre[104]. Grâce à Jeanron, directeur des musées et à Frédéric Villot, conservateur au musée du Louvre, La Liberté guidant le peuple rejoint les réserves du musée du Luxembourg[105]. Avec l’accord de Napoléon III, elle sera exposée à l’Exposition Universelle de 1855. Le musée du Louvre l'expose en permanence à partir de novembre 1874[106].
135
+
136
+ Son sujet évoque les combats de rue qui se sont déroulés durant les journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet, dites aussi « Les Trois Glorieuses ». Une jeune femme à la poitrine nue, coiffée du bonnet phrygien, tenant un drapeau tricolore[i] figure l'allégorie de La Liberté. Elle marche armée, accompagnée d'un enfant des rues brandissant des pistolets. À gauche du tableau, un jeune homme en redingote et coiffé d’un haut de forme tient une espingole (fusil tromblon à deux canons parallèles[107]. Une légende veut que ce jeune homme représente Delacroix et qu’il ait participé à l'insurrection. Plusieurs éléments permettent d'en douter, comme le témoignage peu fiable d’Alexandre Dumas[108]. Le peintre, d'opinions bonapartistes[99], aurait tout au plus été enrôlé dans la garde nationale, restaurée le 30 juillet 1830 après avoir été supprimée en 1827, afin de garder le trésor de la Couronne, d’ailleurs déjà au Louvre[109].
137
+
138
+ Lee Johnson, spécialiste britannique de Delacroix, identifie plutôt le jeune homme comme Étienne Arago, ardent républicain, directeur du théâtre du Vaudeville de 1830 à 1840[110]. C'était aussi l'opinion de Jules Claregie en 1880[111]. Quant à l’enfant des rues, il aurait inspiré Victor Hugo (1802-1885) pour son personnage de Gavroche,des Misérables, publiés en 1862[112].
139
+
140
+ La critique accueille le tableau avec modération. Delécluze écrit dans le Journal des débats du 7 mai : « […] Ce tableau peint avec verve, coloré dans plusieurs de ses parties avec un rare talent, rappelle tout à fait la manière de Jouvenet […][105] ». D'autres critiques trouvent inacceptable la figure de la Liberté, qu'ils la qualifient de « poissarde, fille publique, faubourienne ». Son réalisme dérange : la nudité de son torse, la pilosité des aisselles[113].
141
+
142
+ Son absence du musée pendant des années en fait une icône républicaine. Le sculpteur François Rude s’en inspirera pour son Départ des volontaires sur l'Arc de triomphe de l'Étoile[106]. En 1924, le peintre, Maurice Denis, reprendra ce sujet pour orner la coupole du Petit Palais. Elle sert d’affiche à la réouverture en 1945 du musée du Louvre[114] et orne ensuite l’ancien billet de 100 francs[115].
143
+
144
+ Les querelles qui opposent les classiques et les romantiques ou modernes agacent Delacroix. Le 27 juin 1831, il écrit au peintre Henri Decaisne (1799-1852), membre comme lui de la Société libre de peinture et de sculpture, fondée le 18 octobre 1830, afin d’adopter une stratégie commune face à l’influence puissante de la Société des Amis des Arts, proche de Institut de France (créée en 1789 et ressuscitée en 1817). Sur les conseils de Decaisne, il contacte Auguste Jal, un important critique d’art, pour qu’il défende leur cause dans Le Constitutionnel. Dans une longue lettre qu’il adresse alors à M. d’Agoult, ministre de l’intérieur, afin d’exposer leurs griefs, il signale les dangers de séparer les artistes « officiels », des autres, d’un talent bien souvent plus grand. La reconnaissance officielle se manifteste en septembre 1831 par l'octroi de la Légion d’honneur[116].
145
+
146
+ En 1831, Eugène Delacroix accompagne pendant sept mois la mission diplomatique que Louis-Philippe a confié à Charles-Edgar, comte de Mornay (1803-1878) auprès du sultan du Maroc[117] Moulay Abd er-Rahman (1778[118]-1859). Mornay doit porter un message de paix et rassurer le Sultan et les britanniques, inquiets après la conquête de l'Algérie par la France.
147
+
148
+ Ce voyage allait marquer profondément le peintre. Delacroix découvre l'Andalousie espagnole et l'Afrique du Nord, le Maroc, et l'Algérie : leurs paysages, leurs architectures, leurs populations tant musulmanes que juives leurs mœurs, leurs arts de vivre et costumes. Le peintre note inlassablement, réalise des dessins et aquarelles, qui constituent un des premiers carnets de voyage où il décrit ce qu'il découvre. Ce voyage est primordial pour sa technique et son esthétique. Il en rapporte sept carnets constituant son journal de voyage, dont seulement quatre sont conservés[119].
149
+
150
+ Par la suite tout au long de sa vie, il reviendra régulièrement au thème marocain dans plus de quatre-vingts peintures[119] sur des thèmes « orientaux », notamment Les Femmes d'Alger dans leur appartement (1834, musée du Louvre), La Noce juive au Maroc (1841, musée du Louvre), Le Sultan du Maroc (1845, musée des Augustins de Toulouse).
151
+
152
+ Ce voyage qu'il a entrepris à ses frais[120] permet à Delacroix, qui n'a jamais été en Italie, de retrouver « l’Antiquité vivante ». La lettre qu’il adresse à Jean-Baptiste Pierret le 29 janvier, est très éloquente à ce sujet : « Imagine mon ami ce que c’est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages consulaires, des Caton, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde[121] »…
153
+
154
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
155
+
156
+ Paysage.
157
+
158
+ Eugène Delacroix, Étude d’arabe assis.
159
+
160
+ Aquarelle de voyage.
161
+
162
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
163
+
164
+ Grâce à ce voyage en Afrique du Nord et à son séjour en Algérie du lundi 18 au jeudi 28 juin 1832, Delacroix aurait alors visité le harem d'un ancien reis du Dey qu'il évoquera dans sa peinture des femmes d'Alger dans leur appartement, du Salon de 1834. (Louvre, cat. no 163) scène qu'il reproduit de mémoire dans son atelier dès son retour[122]. Poirel, ingénieur au port d'Alger, lui a présenté un ancien corsaire qui a accepté d'ouvrir les portes de sa maison au jeune français. Delacroix est transporté par ce qu'il voit : « C'est comme au temps d'Homère, la femme dans la gynécée, brodant de merveilleux tissus. C'est la femme comme je la comprends[123] ».
165
+
166
+ Grâce à ce voyage, il fut l'un des premiers artistes à aller peindre l'« Orient » d'après nature, ce qui valut, outre de très nombreux croquis et aquarelles, quelques belles toiles de la veine des Femmes d'Alger dans leur appartement, tableau à la fois orientaliste et romantique, l'orientalisme étant caractéristique des artistes et écrivains au XIXe siècle.
167
+
168
+ C’est le 31 août 1833 que Thiers, ministre des Travaux Publics de l’époque, confia à Delacroix, sa première grande décoration : la « peinture sur muraille » du Salon du Roi ou Salle du Trône, au Palais Bourbon (actuelle Assemblée nationale). Cet ensemble composé d’un plafond, avec une verrière centrale entourée de huit caissons (quatre grands et quatre petits), de quatre frises situées au-dessus des portes et fenêtres, et de huit pilastres, lui fut payé 35 000 francs[124]. Il le peignit à l’huile sur toiles marouflées, et les frises à l’huile et à la cire directement sur le mur afin d’obtenir une matité plus proche de la détrempe. Il adopta la même technique pour les pilastres peints sur les murs, mais en grisaille[124]. Il termina cette commande sans collaborateurs, excepté des ornemanistes pour les décors dorés, en particulier Charles Cicéri[125].
169
+
170
+ Dans les quatre caissons principaux, il a représenté quatre figures allégoriques symbolisant pour lui, les forces vives de l’État : la Justice, l’Agriculture, l’Industrie et le Commerce, et la Guerre[126]. Les quatre plus petits, disposés aux quatre angles de la pièce, entre les caissons principaux, sont couverts de figures d’enfants[127], avec des attributs, comme :
171
+
172
+ Dans les trumeaux allongés, séparant les fenêtres et les portes, il représenta en grisaille les principaux fleuves de France la Loire, le Rhin, la Seine, le Rhône, la Garonne et la Saône). Il plaça L’océan et la Méditerranée, cadre naturel du pays, des deux côtés du trône[128]. Son travail fut bien accueilli par les critiques, qui, dans leur ensemble, lui reconnurent les talents d’un grand décorateur, à l’égal d’un Primatice ou d’un Medardo Rosso. Pour eux, Delacroix avait su allier intelligence et culture, en choisissant des thèmes adaptés à l’espace et au volume[129] du lieu à décorer. La Salle du Trône (aujourd’hui appelé salon Delacroix), où le roi se rendait pour inaugurer les sessions parlementaires, était effectivement une pièce ingrate à décorer, de format carré, d’environ 11 mètres de côté et qu’il dut faire aménager.
173
+
174
+ En 1838, il présente au Salon la toile Médée qui est achetée par l'État et attribuée au Musée des Beaux-Arts de Lille. En 1839, Delacroix part en Flandres voir les peintures de Rubens avec Elisa Boulanger avec qui une idylle s'est nouée et qu'il connait depuis un bal chez Alexandre Dumas en 1833[130]. En 1840, il présente l'Entrée des Croisés à Constantinople, aujourd'hui au Musée du Louvre.
175
+
176
+ À peine son œuvre fut-elle achevée dans le salon du Roi, qu'en septembre 1838 le ministre de l'Intérieur Camille de Montalivet lui confie le décor de la bibliothèque de l'Assemblée nationale, toujours dans le Palais Bourbon[131]. Pour ce projet d'une grande ampleur, Delacroix peindra les 5 coupoles, ainsi que les deux culs-de-four de la salle de lecture.
177
+
178
+ Chacune des cinq coupoles est consacrée à une discipline, évoquée dans les pendentifs par des scènes ou des évènements qui l'ont illustrée : la Législation au centre, la Théologie et la Poésie d'un côté, la Philosophie et les Sciences de l'autre.
179
+
180
+ Les deux culs-de-four qui les encadrent représentent quant à eux la Paix, berceau du savoir, et la Guerre, qui en est l'anéantissement :
181
+
182
+ Ce travail durera jusqu'à la fin de l'année 1847, le chantier ayant pris du retard pour divers problèmes de santé et d'autres travaux en parallèle. L'ensemble est accueilli avec enthousiasme par la critique, et a participé à sa reconnaissance en tant qu'artiste complet, se situant dans la tradition de la renaissance italienne.
183
+
184
+ Il fut également sollicité dans le même temps pour la décoration de la salle de lecture de la bibliothèque du Sénat au Palais du Luxembourg à Paris, entre 1840 et 1846 :
185
+
186
+ Pour réaliser ces grandes commandes Delacroix ouvre, en 1841, un atelier avec des élèves, assistants qui doivent adopter l'écriture du peintre dans une abnégation totale. Ils sont chargés de la réalisation des fonds et des grisailles ainsi que le racontent Lasalle-Borde et Louis de Planet[132].
187
+
188
+ En 1850, Delacroix reçoit la commande du décor central de la Galerie d'Apollon au Louvre où il présente Apollon vainqueur du serpent Python. En 1851 la ville de Paris lui passe commande des décorations du Salon de la Paix de l’Hôtel de Ville, aujourd'hui disparues dans l'incendie de 1871.
189
+
190
+ À partir de 1844, Delacroix loue à Draveil au lieu-dit Champrosay, une « bicoque » ou un chalet où il se fait installer un atelier de 10 m2. En pleine campagne accessible par le train directement Delacroix vient s'y reposer à l'écart de Paris, où sévit le choléra. Là il peut, accompagné de sa gouvernante Jenny, entrée à son service vers 1835[133], faire de longues promenades dans la campagne pour soigner sa tuberculose. Il achète la maison en 1858[134].
191
+ Il travaille de nombreux paysages, plusieurs vues de Champrosay tant au pastel (Musée du Louvre) qu'à la peinture à l'huile (Musée du Havre). Il réalise de nombreux tableaux de mémoire suivant ses notes et carnets du Maroc, interprétant des scènes antiques à la mode orientale. Son travail se fait plus intimiste, les tableaux de petite taille sont vendus par les marchands parisiens. Il fait régulièrement des séjours sur la côte normande à Etretat, à Fécamp mais surtout à Dieppe où il peint aquarelles et pastels. Il peint également des natures mortes, souvent des fleurs imaginaires, comme des lys jaune à cinq pétales. Les relations avec Georges Sand quoique suivies, se distendent. Après avoir réalisé le portrait de l'écrivain en 1834, Delacroix vient régulièrement à Nohant-Vic[135] où il peint pour l'église de Nohant une Éducation de la Vierge[136]. Il offre un Bouquet de fleurs dans un vase[137] à l'écrivain, qui l'accroche[138] au-dessus de son lit[139], mais quand celle-ci tombe amoureuse du graveur et élève de Delacroix, Alexandre Manceau, Delacroix en prend ombrage d'autant qu'il est opposé à la révolution de 1848 dont Sand a été une des figures.
192
+ En 1844, le préfet Rambuteau lui commande une Pietà pour l'église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement à Paris. Il réalise en 17 jours son chef-d'œuvre qui laisse « un profond sillon de mélancolie » suivant le mot de Baudelaire[140].
193
+
194
+ Eugène Delacroix - Odalisque vers 1857.
195
+
196
+ Durieu, étude de nu pour Delacroix vers 1855.
197
+
198
+ Étude de nu féminin d'Eugène Durieu pour Delacroix.
199
+
200
+ Eugène Durieu, Portrait de Femme, Jenny(?).
201
+
202
+ Dessin de Delacroix d'après les photographies de Durieu.
203
+
204
+ Étude de nu masculin d'Eugène Durieu pour Delacroix.
205
+
206
+ À partir des années 1850, Delacroix s'intéresse à la photographie. En 1851, il est membre fondateur de la Société héliographique[141]. Il pratique les cliché-verres et en 1854, commande au photographe Eugène Durieu une série de photographies de modèles nus masculins et féminins[142]. Delacroix impose pour la prise de ces clichés des critères particuliers en vue de leur réutilisation, notamment des images volontairement un peu floues ainsi qu'un dépouillement le plus total[réf. nécessaire]. Fasciné par l'anatomie humaine Delacroix écrit dans son journal « Je regarde avec passion et sans fatigue ces photographies d'hommes nus, ce poème admirable, ce corps humain sur lequel j'apprends à lire et dont la vue m'en dit plus que les inventions des écrivassiers »[143].
207
+
208
+ Ces clichés commandés par Delacroix à Durieu, ainsi que la quasi-intégralité des dessins réalisés à partir de ceux-ci, ont par ailleurs pu être exposés au Musée national Eugène Delacroix avec le concours de la Bibliothèque nationale de France[144]. La réunion de ces clichés et des dessins qu'ils ont inspiré apparaît fondamentale pour comprendre la tension de l'utilisation du médium photographique dans l'œuvre de Delacroix, à mi-chemin entre l'exaltation de la découverte d'un outil précieux et le scepticisme du peintre qui n'y perçoit qu'un élément à valeur instrumentale, loin de pouvoir rivaliser avec la peinture.
209
+
210
+ Tant que la demande des collectionneurs reste faible, sa carrière dépend des commandes officielles. Pour se concilier les faveurs du pouvoir, il fréquente tous les cercles politiques à la mode et ne refuse jamais une visite pouvant s’avérer fructueuse. Durant toute sa vie, à l'exception des dernières années marquées par la maladie, Delacroix a une vie mondaine intense mais en souffre, se pliant à ces obligations afin d'obtenir des commandes[145]. Il pratique aussi régulièrement pour se soigner les cures thermales à Bad-Ems en 1861 ou à Eaux-Bonnes en 1845, où il réalise un carnet de voyage. Il aime se retirer dans sa maison de campagne à Champrosay, tout près de la forêt de Sénart, surtout à partir des années 1840[146].
211
+
212
+ En 1851, il est élu conseiller municipal de Paris. Il garde cette fonction jusqu'en 1861. Il approuve la méthode d'apprentissage du dessin « pour apprendre à dessiner juste et de mémoire » de Madame Marie-Elisabeth Cavé[147].
213
+
214
+ Delacroix trouve des appuis auprès de la presse, des revues d’art et de certains critiques de l’époque.
215
+
216
+ Ainsi Baudelaire considère que le peintre n’est pas seulement « excellent dessinateur, prodigieux coloriste, compositeur ardent et fécond, tout cela est évident », mais qu’il « exprime surtout l’intime du cerveau, l’aspect étonnant des choses. » Un tableau de Delacroix « c’est l’infini dans le fini.[148] » Il est « le plus suggestif de tous les peintres » en traduisant « avec la couleur ce qu’on pourrait appeler l’atmosphère du drame humain.[148]»
217
+
218
+ Adolphe Thiers écrit plusieurs articles louangeurs dans le Constitutionnel, notamment lors de l’exposition des Massacres de Scio[62] .
219
+
220
+ Théophile Gautier n’hésite pas à critiquer certaines toiles mais au fil des ans son admiration ne se dément jamais. « M. Delacroix comprend parfaitement la portée de son art, car c’est un poète en même temps qu’un homme d’exécution. Il ne fait retourner la peinture ni aux puérilités gothiques ni aux radoteries pseudo-grecques. Son style est moderne et répond à celui de Victor Hugo dans les Orientales: c’est la même fougue et le même tempérament.[149]»
221
+
222
+ Victor Hugo est beaucoup moins convaincu. Il dit un jour, comme cela est rapporté par son fils Charles : Delacroix « a toutes [les qualités] moins une ; il lui manque ce qu’ont toujours cherché et trouvé les artistes suprêmes, peintres ou poètes – la beauté. » Il ajoutait que dans toute son œuvre, on ne trouvait pas une seule femme vraiment belle, à l’exception des anges que Hugo voyait féminins dans le Christ au Jardin des Oliviers et d’une femme en buste (sans préciser laquelle) des Scènes des massacres de Scio. Selon lui, les personnages féminins de Delacroix se caractérisent par ce qu’il qualifie, en un oxymore osé, de « laideur exquise », comme l'illustre en particulier les Femmes d'Alger dans leur appartement » [150].
223
+
224
+ Alexandre Dumas rejoint Hugo quand il écrit à propos du peintre : « il voit plutôt laid que beau, mais sa laideur est toujours poétisée par un profond sentiment.[151] » Il voit en lui « un peintre dans toute la force du terme [...] plein de défauts impossibles à défendre, plein de qualités impossibles à contester. » D’où la virulence d’opinions irréconciliables à son sujet car, ajoute-t-il « Delacroix est un fait de guerre et un cas de guerre. » [151] « Comme Hugo en littérature, [il] ne devait avoir que des fanatiques aveugles ou des détracteurs acharnés » [151].
225
+
226
+ Aussi son génie ne sera que tardivement reconnu par les milieux officiels de la peinture. Il ne triomphera qu’en 1855 à l’Exposition universelle. À cette occasion Ingres expose quarante toiles, Delacroix trente-cinq, sorte de rétrospective comprenant quelques-uns de ses plus grands chefs-d'œuvre prêtés par différents musées. Il est présenté comme l'homme qui sait dépasser la formation classique pour renouveler la peinture. Le 14 novembre 1855, il est fait commandeur de la Légion d'Honneur et reçoit la grande médaille d'honneur de l'Exposition universelle. Il ne sera élu à l’Institut de France que le 10 janvier 1857 au siège de Paul Delaroche, après sept candidatures infructueuses, Ingres s'opposant à son élection. Il n'est pas entièrement satisfait, car l'Académie ne lui donne pas le poste de professeur aux Beaux-Arts qu'il espérait. Il se lance alors dans un Dictionnaire des Beaux-Arts qu'il n'achève pas.
227
+
228
+ Pourtant la critique est toujours aussi sévère avec lui, ainsi Maxime Du Camp, écrit-il dans son compte-rendu de l'Exposition Universelle :
229
+ « M. Decamps est un démocrate sage, révolutionnaire avec conviction, qui, en faisant une large part au présent, nous montre dans l'avenir des splendeurs consolantes et fortifiantes. M.Eugène Delacroix est un démagogue sans but et sans cause qui aime la couleur pour la couleur, c'est-à-dire le bruiteur le bruit. Nous admirons respectueusement M.Ingres ; nous croyons M. Decamps, qui a toutes nos sympathies ; nous n'aimons pas M.Delacroix[152]. » En 1859, il participe à son dernier Salon. Il y expose notamment la Montée au Calvaire, L'Enlèvement de Rébecca et Hamlet. Le salon est le Waterloo du peintre selon Philippe Burty. En défense du peintre, Baudelaire écrit un article apologétique pour la Revue Française, Salon de 1859[153] qui se termine par ses mots : « Excellent dessinateur, prodigieux coloriste, compositeur ardent et fécond, tout cela est évident, tout cela a été dit. Mais d’où vient qu’il produit la sensation de nouveauté ? Que nous donne-t-il de plus que le passé ? Aussi grand que les grands, aussi habile que les habiles, pourquoi nous plaît-il davantage ? On pourrait dire que, doué d’une plus riche imagination, il exprime surtout l’intime du cerveau, l’aspect étonnant des choses, tant son ouvrage garde fidèlement la marque et l’humeur de sa conception. C’est l’infini dans le fini. C’est le rêve ! et je n’entends pas par ce mot les capharnaüms de la nuit, mais la vision produite par une intense méditation, ou, dans les cerveaux moins fertiles, par un excitant artificiel. En un mot, Eugène Delacroix peint surtout l’âme dans ses belles heures. ». Delacroix répond au poète par une lettre restée célèbre : « Comment vous remercier dignement pour cette nouvelle preuve de votre amitié ? […] Vous me traitez comme on ne traite que les grands morts ; vous me faites rougir tout en me plaisant beaucoup ; nous sommes fait comme cela[154]. »
230
+
231
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
232
+
233
+ Église Saint-Sulpice - La Chapelle des Anges.
234
+
235
+ Le combat de Jacob avec l'Ange.
236
+
237
+ Saint Michel terrassant le dragon.
238
+
239
+ Héliodore chassé du temple.
240
+
241
+ Delacroix reçoit la commande de trois fresques pour la Chapelle des Anges l'église St Sulpice de Paris en 1849, travail qu'il conduira jusqu'en 1861. Ces fresques Le combat de Jacob et l'Ange et Héliodore chassé du temple accompagné de la lanterne du plafond Saint Michel terrassant le Dragon sont le testament spirituel du peintre. Pour les réaliser le peintre s'installe rue Furstenberg à deux pas. Il met au point un procédé à base de cire et de peinture l'huile pour peindre ses fresques dans une église à l'humidité endémique qui provoque la destruction des fresques par le salpêtre. Malade, il est épuisé par le travail dans le froid et les conditions difficiles. À l'inauguration des fresques, aucun officiel ne sera présent.
242
+
243
+ La fresque de la lutte de l'ange et de Jacob, illustre le combat entre le patriarche de la Bible et l'ange au centre gauche de la fresque au pied de trois arbres, et comporte de nombreuses allusions à son voyage au Maroc de 1832, à droite des personnages enturbannées sont cités avec des moutons et un chameau. À droite en bas des objets marocains et sur l'herbe au pied de Jacob, le sabre Marocain Nimcha[155] qu'il avait rapporté de son voyage.
244
+
245
+ Terminé en 1860, la fresque de l'Héliodore chassé du temple, prend pour motif le moment où le général Séleucide, venu voler le trésor du Temple en est chassé par des anges cavaliers suivant le récit biblique du second Livre des Maccabées (3, 24-27). Delacroix associe dans une même vision le monde de l'Orient au monde biblique. Il puise son inspiration aussi dans l'histoire de la peinture dans la version de 1725 de Francesco Solimena du Louvre ou de celle de Raphaël.
246
+
247
+ Le plafond présente le combat victorieux de Saint Michel contre le dragon, trois combats qui font écho à celui de Delacroix avec la peinture : « La peinture me harcèle et me tourmente de mille manières à la vérité, comme la maîtresse la plus exigeante ; depuis quatre mois, je fuis dès le petit jour et je cours à ce travail enchanteur, comme aux pieds de la maîtresse la plus chérie ; ce qui me paraissait de loin facile à surmonter me présente d’horribles et incessantes difficultés. Mais d’où vient que ce combat éternel, au lieu de m’abattre, me relève, au lieu de me décourager, me console et remplit mes moments, quand je l’ai quitté[156] ? »
248
+
249
+ En 1861, Baudelaire publie un article élogieux sur les peintures de Saint-Sulpice, auquel Delacroix répond par une lettre chaleureuse au poète[157]. Baudelaire publie en 1863 l'œuvre et la vie d'Eugène Delacroix où il rend hommage au génie du peintre[158].
250
+
251
+ En 1862, il reprend le thème de Médée.
252
+
253
+ Mais ses dernières années sont ruinées par une santé défaillante, qui le plonge dans une grande solitude[159]. Ses amis accusent Jenny d'avoir eu un sentiment affectif, jaloux et exclusif voire intéressée, renforçant sa méfiance et son caractère ombrageux.
254
+
255
+ Il meurt « tenant la main de Jenny »[160] à 7 h du soir d'une crise d'hémoptysie des suites d'une tuberculose[161] le 13 août 1863, au 6 rue de Furstemberg à Paris, appartement-atelier où il s'est installé en 1857. Il repose au cimetière du Père-Lachaise, division 49. Sa tombe, un sarcophage en pierre de Volvic, est, selon son désir, copié de l'antique puisque sa forme reproduit fidèlement le modèle antique de tombeau dit de Scipion[162].
256
+
257
+ Eugène Delacroix avait participé à la création, en 1862, de la Société nationale des beaux-arts, laissant son ami l'écrivain Théophile Gautier, qui l'avait fait connaître dans le cénacle romantique, en devenir le président avec le peintre Aimé Millet comme vice-président. En plus de Delacroix, le comité était composé des peintres Albert-Ernest Carrier-Belleuse, Pierre Puvis de Chavannes et parmi les exposants se trouvaient Léon Bonnat, Jean-Baptiste Carpeaux, Charles-François Daubigny, Laura Fredducci, Gustave Doré et Édouard Manet. Après sa mort, la société nationale des Beaux-Arts organisa en 1864 une exposition rétrospective de l'œuvre de Delacroix[163]. La même année, Henri-Fantin Latour réalise son Hommage à Delacroix, portrait de groupe réunissant dix artistes de l'avant-garde parisienne (dont Charles Baudelaire, James Whistler ou encore Edouard Manet). Pour ces artistes de la modernité, ce tableau est une façon de revendiquer avec Delacroix un certain lien de parenté (dans la mesure où son style affirmait déjà une certaine liberté par rapport aux préceptes de l'académie).
258
+
259
+ Authentique génie, il a laissé de nombreuses œuvres engagées qui étaient souvent en rapport avec l'actualité (Les massacres de Scio ou La Liberté guidant le peuple). Il exécuta aussi nombre de tableaux à thèmes religieux (La Crucifixion, La Lutte de Jacob avec l'Ange, Le Christ sur le lac de Génésareth, etc.), bien qu'il se soit parfois déclaré athée. Sur tous les terrains de son époque, il reste le symbole le plus éclatant de la peinture romantique.
260
+
261
+ À sa mort, il laisse 50 000 francs à Jenny[164] mais également deux montres, les portraits en miniature de son père et de ses deux frères, et il a même précisé qu'elle devrait choisir parmi les meubles qui se trouvaient dans l'appartement de quoi «se composer le mobilier d'un petit appartement convenable». Elle met les carnets du Journal « de côté » à l'écart de l'exécuteur testamentaire A.Piron et fait préparer leur édition[165]. Elle meurt le 13 novembre 1869 rue Mabillon à Paris, et est enterrée au côté du peintre suivant la volonté de ce dernier[166].
262
+
263
+ L'atelier et les collections du peintre sont vendus en trois jours en février 1864[167] avec un succès retentissant.
264
+
265
+ À sa mort, les artistes contemporains lui rendirent de vibrants hommages, notamment Gustave Courbet. Dans ses Principes de l'art publiés en 1865, Pierre-Joseph Proudhon résume : « chef de l'école romantique, comme David l'avait été de l'école classique, Eugène Delacroix est un des plus grands artistes de la première moitié du dix-neuvième siècle. Il n'eût pas eu d'égaux, et son nom aurait atteint le plus haut degré de la célébrité, si, à la passion de l'art et à la grandeur du talent, il avait joint la netteté de l'idée[168] ».
266
+
267
+ En 1930, pour le centenaire du romantisme, Élie Faure apporte cependant des mises au point sur ce terme attribué à Delacroix[169]. Delacroix est, selon lui, plus classique qu'Ingres : « Il est aisé de montrer qu'Ingres, par ses déformations plus arbitraires qu'expressives et son peu d'intelligence de l'ordre rationnel d'une composition, est à la fois plus romantique et moins classique en dépit de ses qualités réalistes et sensuelles que Delacroix, Barye ou Daumier[170] ». La définition du mot « romantique » en peinture devant être élargie, toujours selon Élie Faure : « Les plus grands de nos classiques sont des romantiques avant la lettre, comme les bâtisseurs de cathédrales l'étaient quatre ou cinq siècles auparavant. Et à mesure que les temps s'éloignent, on s'aperçoit que Stendhal, Charles Baudelaire, Barye, Balzac, Delacroix prennent naturellement place auprès d'eux. Le romantisme, en vérité, pourrait n'être réduit à se définir que par l'excès de la saillie, qui est le principe de l'art-même et de la peinture avant tout. Mais où commence cet excès, où cesse-t-il ? Avec le génie justement. Ce serait donc les mauvais romantiques qui définiraient le romantisme[170]. »
268
+
269
+ L'œuvre de Delacroix inspirera nombre de peintres, tels le pointilliste Paul Signac ou Vincent van Gogh[171]. Ses tableaux témoignent en effet d'une grande maîtrise de la couleur.
270
+
271
+ Édouard Manet copie plusieurs tableaux de Delacroix, dont la Barque de Dante.
272
+
273
+ Dès 1864, Henri Fantin-Latour présente au Salon, un Hommage à Delacroix, toile où l'on peut voir Baudelaire, Édouard Manet, James Whistler… réunis autour d'un portrait du peintre.
274
+
275
+ Paul Signac publie en 1911, De Delacroix au néo-impressionnisme[172] dans lequel il fait de Delacroix le père et l'inventeur des techniques par divisionnisme de la couleur propre à l'Impressionnisme.
276
+ De nombreux peintres vont se réclamer de Delacroix, parmi les plus importants Paul Cézanne, qui va copier Bouquets de Fleurs et Médée. Il peindra même une Apothéose de Delacroix (1890-94) où des peintres paysagistes prient le maître au ciel. Il déclare à Gasquet devant les femmes d'Alger dans leur appartement : « Nous y sommes tous dans ce Delacroix ». Degas qui déclare vouloir combiner Ingres et Delacroix, copie entre autres les Bouquets de Fleurs de Delacroix en sa possession. Degas possédait 250 tableaux et dessins de Delacroix. Claude Monet, qui s'inspire des Vues sur la Manche depuis Dieppe pour sa peinture, possédait Falaises près de Dieppe[173].
277
+
278
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
279
+
280
+ Fantin-Latour - Hommage à Delacroix - Musée d'Orsay.
281
+
282
+ Copie d'après La Barque de Dante de Delacroix par Édouard Manet. Musée des Beaux-Arts de Lyon.
283
+
284
+ Cézanne - Fleurs d'après Delacroix - Musée Pouchkine - Moscou.
285
+
286
+ Paul Cézanne - Aquarelle d'après Médée - vers 1879-1880.
287
+
288
+ Van Gogh - Pietà d'après Delacroix - 1888.
289
+
290
+ Van Gogh - Le bon samaritain d'après Delacroix - 1890.
291
+
292
+ Maurice Denis et les Nabis vouaient une grande admiration à Delacroix, autant à son œuvre qu'à son attitude dans la vie que donne à lire son journal. Maurice Denis participe de manière décisive au sauvetage de l'Atelier du peintre[174].
293
+ Picasso réalise dans les années 1950 une série de peintures et dessins à partir Des femmes d'Alger dans leur appartement.
294
+
295
+ Cette influence sur les générations suivantes en fait un des pères de l'art moderne[175] et des recherches contemporaines alors que Robert Motherwell traduit le journal en anglais.
296
+
297
+ Une souscription publique permit l'installation d'un monument dû à Jules Dalou dans le jardin du Luxembourg à Paris.
298
+
299
+ Plusieurs œuvres d'Eugène Delacroix ont servi à des objets français d'usage courant :
300
+
301
+ En astronomie, sont nommés en son honneur (10310) Delacroix, un astéroïde de la ceinture principale d'astéroïdes[176], et Delacroix, un cratère de la planète Mercure[177].
302
+
303
+ La plupart des œuvres de Delacroix sont d'inspiration littéraire. Il en était déjà ainsi de sa La Barque de Dante. Il en sera de même de son Sardanapale[j], inspiré d'un poème de Byron ; il en sera également ainsi de sa Barque de don Juan, tiré d'un autre poème de Byron, et il en sera encore ainsi de quantité d'autres peintures qui sortent tout droit des œuvres de Shakespeare, de Goethe[178] ou d'autres écrivains, notamment Walter Scott, Dante et Victor Hugo. Les Pirates africains enlevant une jeune femme au Louvre, seraient vraisemblablement inspirés par une de ses Orientales (la Chanson du Pirate).
304
+
305
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
306
+
307
+ Dante et Virgile en Enfer, aussi connu comme La Barque de Dante, huile sur toile, 189 × 241 cm, Musée du Louvre (1822).
308
+
309
+ La Mort de Sardanapale, huile sur toile, 390 × 490 cm, Musée du Louvre (1827).
310
+
311
+ Les Orientales. Œuvres illustrées de Victor Hugo, vers 1853 et 1854.
312
+
313
+ Il exécuta aussi nombre de tableaux à thème religieux tout au long de sa carrière :
314
+
315
+ Saint-Sébastien avec sainte Irène et un accompagnant (1858)
316
+
317
+ Lutte de Jacob avec l'ange, chapelle des Saints-Anges de l'église Saint-Sulpice de Paris.
318
+
319
+ Lutte de Jacob avec l'ange (détail).
320
+
321
+ L'Annonciation, Musée national Eugène-Delacroix (1841).
322
+
323
+ Esquisse pour Le Christ au Jardin des Oliviers (c.1826), Musée national Eugène-Delacroix.
324
+
325
+ Pietà, vers 1842-1843, Musée national Eugène-Delacroix.
326
+
327
+ Sainte Marie Madeleine au pied de la croix, Musée des beaux-arts de Houston (1829)
328
+
329
+ Le Christ sur la croix (1835).
330
+
331
+ L'Éducation de la Vierge (1842).
332
+
333
+ Pietà. Dessin pour une peinture murale à Saint-Denis-du-Saint-Sacrement, Musée du Louvre (1844).
334
+
335
+ Crucifixion, huile sur panneau, 37 × 25 cm, Musée Boijmans Van Beuningen (1845).
336
+
337
+ Le Christ sur le lac de Génésareth, Walters Art Museum, (1854).
338
+
339
+ La lamentation sur le corps du Christ, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe 1857.
340
+
341
+ L'Enlèvement de Rebecca, huile sur toile, 105 × 82 cm, Musée du Louvre (1858).
342
+
343
+ Débuté en 1822, interrompu en 1824, repris en 1847 jusqu'en 1863 à sa mort, le journal intime de Delacroix est le chef-d'œuvre littéraire du peintre. Il y note, jour après jour, ses réflexions sur la peinture, la poésie ou la musique, autant que la vie parisienne et politique du milieu du XIXe siècle. Il consigne dans des carnets longilignes ses discussions avec George Sand avec qui il entretient une profonde amitié-amoureuse et des désaccords politiques, ses promenades avec ses maitresses dont la baronne Joséphine de Forget dont il est l'amant pendant une vingtaine d'années, et ses rencontres artistiques avec Chopin, Chabrier, Dumas, Géricault, Ingres ou Rossini… C'est un témoignage au jour le jour non seulement sur la vie du peintre, de ses inquiétudes, de l'avancée de ses peintures, de sa mélancolie et de l'évolution de sa maladie (la tuberculose) qu'il évite de montrer à ses proches, excepté à sa gouvernante et confidente Jenny Le Guillou[179], Delacroix n'ayant jamais été marié, avec qui au fur et à mesure des années s'établit une relation de couple, éloignée de la vie de la grande société, l'un protégeant l'autre. On peut lire au jeudi 4 octobre 1855 : « Je ne puis exprimer, le plaisir que j'ai eu à revoir Jenny. Pauvre chère femme, la petite figure maigre mais les yeux pétillants du bonheur à qui parler. Je reviens à pied avec elle, malgré le mauvais temps. Je suis pendant plusieurs jours, et probablement j'y serai tout le temps de mon séjour à Dieppe, sous le charme de cette réunion au seul être dont le cœur soit à moi sans réserve[180]. »
344
+ La première édition du Journal de Delacroix est parue chez Plon en 1893 et a été révisée en 1932 par André Joubin, puis rééditée en 1980 avec une préface d'Hubert Damisch chez le même éditeur. Il a ensuite fallu attendre 2009 pour que Michèle Hannoosh en publie, aux éditions José Corti, une monumentale version critique, corrigée sur les manuscrits originaux et augmentée des découvertes récentes.
345
+
346
+ On doit aussi à Delacroix l'ébauche d'un Dictionnaire des Beaux-Arts, assemblé et publié par Anne Larue, et des articles sur la peinture.
347
+
348
+ Delacroix travailla longtemps dans son premier atelier de la rue Notre-Dame-de-Lorette, à Paris.
349
+ En 1857, afin de se rapprocher de l’église Saint-Sulpice dont il avait été chargé en 1847 de décorer une chapelle, il rejoignit l'Atelier de la rue Furstenberg. Célèbre adresse où se succèderont Frédéric Bazille, Claude Monet, ou encore Diogène Maillart, élève de Delacroix et Grand Prix de Rome en 1864.
350
+
351
+ L'endroit, 6 rue de Furstenberg Paris 6e, est aujourd'hui le musée national Eugène-Delacroix.
352
+
353
+ (liste non exhaustive)
354
+
355
+ Delacroix avait ouvert en 1838, un cours rue Neuve-Guillemin qui fut transféré Rue Neuve-Bréda en 1846.Selon Bida, le cours portait essentiellement « sur l'ordonnance de la composition »[181].
356
+
357
+ Femmes d'Alger.
358
+
359
+ Femmes d'Alger.
360
+
361
+ Selon Alfred Robaut, Eugène Delacroix a laissé vingt-quatre gravures et cent neuf lithographies[202].
362
+
363
+ Frédéric Chopin, dessin d'Eugène Delacroix, vers 1838.
364
+
365
+ Étude pour Jenny Le Guillou et Joséphine de Forget, 32 × 20,8 cm, Musée Boijmans Van Beuningen.
366
+
367
+ Tigre menteur, dessin au stylo et encre sur papier, 19 × 29 cm, Collection du Parlement grec.
368
+
369
+ Gravure originale (Panthère).
370
+
371
+ En 1827, l'éditeur et lithographe Charles Motte le persuade d'illustrer la première édition française du Faust de Johann Wolfgang von Goethe, lui-même se chargeant de lithographier les planches et de les colorier à l'aquarelle.
372
+
373
+ "C'est avec les romantiques français de la seconde génération, cette race d'artistes de haut vol, de haute ambition, tels que Delacroix et Berlioz, avec un fond de maladie, quelque chose de congénitalement incurable, de vrais fanatiques, de l'expression, virtuoses jusqu'au bout des ongles..." Nietzsche Ecce Homo, Oeuvres philosophiques complètes, Gallimard 1974 p. 267
fr/1898.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/1899.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,25 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
4
+
5
+
6
+
7
+ L'Eurasie est un terme géographique désignant conjointement l'Europe et l'Asie en tant que continent unique, plutôt que deux continents séparés. Ce supercontinent s'étend ainsi sur une superficie de près de 54 millions de km2 (environ un dixième de la surface planétaire) entre l'océan Atlantique, à l'ouest, et l'océan Pacifique, à l'est.
8
+
9
+ Au sens géographique, l'Eurasie est un supercontinent formé de l'Europe à l'ouest et de l'Asie à l'est. L'Eurasie est parfois elle-même incluse dans un supercontinent plus vaste encore comprenant également l'Afrique communément désigné Afro-Eurasie.
10
+
11
+ Géologiquement, la plaque eurasiatique ne comprend ni le sous-continent indien, ni la péninsule arabique (qui est située sur une plaque tectonique détachée de l'Afrique), ni les Philippines (qui sont sur la plaque philippine), ni l'extrémité est de la Russie (située sur la plaque nord-américaine).
12
+
13
+ Au sens géopolitique, l'Eurasie se réfère à une conception politique : l'eurasisme qui ancre la Russie (autrefois l'URSS) dans la masse continentale et tente de rebalancer vers l'Asie l'eurocentrisme traditionnel des élites russes. Selon cette doctrine le terme Eurasie ne désigne pas l'ensemble formé par l'Europe et l'Asie mais la zone intermédiaire entre l'Europe et l'Asie.
14
+
15
+ Aujourd'hui l'eurasisme s'exprime essentiellement à travers le processus d'intégration régionale dans un monde multipolaire. Le courant eurasien prône un rapprochement toujours plus fort et la construction de l'Union économique eurasiatique sur le modèle de l'Union européenne s'inscrit dans cette doctrine géopolitique.
16
+
17
+ Du point de vue environnemental, il s'agit d'une entité biogéographique cohérente. Le réseau écologique paneuropéen (REP) et la Stratégie paneuropéenne pour la protection de la diversité biologique et paysagère qui le promeut, soutenue par le Programme des Nations unies pour l'environnement (ONU) et le Conseil de l'Europe, souhaitent développer un réseau écologique couvrant cette zone.
18
+
19
+ L'Eurasie héberge 4,9 milliards d'habitants.
20
+
21
+ Au sens ethno-anthropologique, l'adjectif « eurasien » (ou « eurasienne » au féminin) peut désigner une personne métisse, née de parents respectivement européen et asiatique. Le terme a été forgé en Indochine française[1].
22
+
23
+ Le groupe Muse a repris le concept politique et littéraire de l'Eurasie dans la chanson United States of Eurasia tirée de leur sixième album, The Resistance.
24
+
25
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/19.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,137 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ L’accident de la navette spatiale américaine Challenger est l'accident astronautique du 28 janvier 1986 qui se traduisit par la désintégration de la navette spatiale de la NASA Challenger 73 secondes après son décollage, provoquant la mort des sept astronautes de l'équipage de la mission STS-51-L. La défaillance d'un joint du propulseur d'appoint à poudre droit — adjacent au réservoir externe de la navette — en raison du froid, provoqua un départ de flammes. En quelques secondes, le feu endommagea le réservoir principal rempli d'hydrogène ; la structure céda sous la chaleur ; le dôme inférieur du réservoir se sépara et les forces aérodynamiques dévièrent la trajectoire de la navette entraînant sa destruction. Le poste d'équipage et de nombreux fragments de la navette furent retrouvés au fond de l'océan, lors des opérations de recherche menées au cours des mois suivants.
6
+
7
+ Cet accident a entraîné une interruption de 32 mois du programme de la navette et la formation de la Commission Rogers pour enquêter sur l'accident. Celle-ci a constaté que la culture d'entreprise de la National Aeronautics and Space Administration (NASA) et les processus de décision avaient été l'un des principaux facteurs ayant conduit à l'accident. Les dirigeants de la NASA savaient que la conception du propulseur d'appoint à poudre par la société Morton Thiokol présentait une faille potentiellement catastrophique dans les joints toriques depuis 1977, mais ils n'ont pas su régler ce problème correctement. Ils n'ont pas davantage été attentifs aux avertissements des ingénieurs sur les dangers de lancer la navette un jour aussi froid, et n'avaient pas remonté de manière adéquate ces problèmes techniques à leurs supérieurs. La Commission Rogers a fait neuf recommandations à la NASA, à mettre en œuvre avant la reprise des vols de navette.
8
+
9
+ De nombreuses personnes, dont des écoliers, assistèrent en direct au lancement de la navette, du fait de la présence dans l'équipe d'astronautes de Christa McAuliffe, institutrice choisie par le projet « Teacher in Space ». La couverture médiatique de l'évènement fut considérable. Cette catastrophe suscita ensuite de nombreux débats quant à la sécurité technologique et les prises de décision, et inspira une adaptation à la télévision en 1990.
10
+
11
+ Avec l'accident de la navette spatiale Columbia durant la phase de rentrée atmosphérique de la mission STS-107 le 1er février 2003, cet accident est l'un des plus marquants de la conquête spatiale américaine.
12
+
13
+ La navette spatiale Challenger était à l'origine prévue pour être lancée du centre spatial Kennedy (KSC) de Floride le 22 janvier 1986 à 14 h 43 HNE. Toutefois, les retards liés à la précédente mission STS-61-C repoussèrent le décollage au 23 janvier, puis au 24. Le lancement fut encore reporté au 25 janvier à cause des mauvaises conditions météorologiques sur le site du Transoceanic Abort Landing (TAL) de Dakar. Ce site étant la solution de repli principale lorsque la navette ne peut revenir au point de lancement. La NASA décida de se replier sur le site de Casablanca comme nouveau site de TAL, mais cette piste n'étant pas équipée pour un atterrissage de nuit, le lancement dut être différé au matin (heure de Floride). Des prévisions météorologiques mauvaises au centre spatial Kennedy provoquèrent un nouveau report du lancement au 27 janvier à 9 h 37 HNE. Selon le livre de Malcolm McConnell, Challenger : A Major Malfunction, la NASA aurait normalement lancé la navette avec la prévision de 50 % de chance de pluie.[précision nécessaire]
14
+
15
+ Le lendemain, le décollage fut retardé par des problèmes concernant la trappe d'accès extérieur : d'abord, l'un des indicateurs de la fermeture complète de la trappe fonctionnait mal[1], puis, un boulon détérioré empêcha l'équipage de retirer une protection de la trappe de la navette[2]. Lorsque le boulon fut finalement scié, le vent de travers à la piste d'atterrissage de secours excédait la limite autorisée pour un Return to Launch Site (RTLS), c'est-à-dire un retour au point de lancement[3]. L'équipage attendit que le vent se calme, mais le délai de la fenêtre de lancement fut finalement dépassé, imposant encore un autre report du lancement.
16
+
17
+ Les prévisions pour le 28 janvier avaient annoncé une matinée exceptionnellement froide, avec des températures proches de −0,5 °C (31 °F), la température minimale autorisée pour un décollage. Les basses températures suscitèrent l'inquiétude des ingénieurs de Morton Thiokol et du fournisseur chargé de la construction et de la maintenance du propulseur d'appoint à poudre de la navette spatiale américaine (SRB). Lors d'une téléconférence qui se tint dans la soirée du 27 janvier, des ingénieurs et des cadres de Thiokol discutèrent des conditions météorologiques avec des responsables de la NASA au centre spatial Kennedy et du centre de vol spatial Marshall. Plusieurs ingénieurs, dont notamment Roger Boisjoly, avaient exprimé précédemment des préoccupations similaires quant à l'effet de la température sur la résistance des joints toriques en caoutchouc qui permettaient d'assurer l'étanchéité des segments du SRB. Ils firent valoir que si les joints toriques étaient plus froids qu'environ 11,7 °C (53 °F), il n'y avait pas de garantie qu'ils soient véritablement hermétiques. C'était une considération importante, car les joints toriques avaient été repérés comme des composants d'un niveau « critique 1 » ; ce qui voulait dire que s'ils ne fonctionnaient pas de manière optimale, cela menacerait la navette et son équipage. Ils firent également valoir que les faibles températures de la nuit se traduisaient presque certainement par des températures au-dessous de la limite de 4,4 °C (40 °F) fixée pour les SRB. Cependant, ces remarques furent rejetées par les responsables de Thiokol qui recommandèrent que le lancement soit exécuté comme prévu[4]. À ce titre, ces ingénieurs et notamment Roger Boisjoly sont considérés comme lanceurs d'alerte[5],[6].
18
+
19
+ En raison de la température très basse, une importante quantité de glace s'accumula sur les structures de l'aire de lancement, notamment la tour de service jouxtant la navette. L'équipe chargée de la surveillance de la glace au centre spatial Kennedy pointa par inadvertance une caméra thermique sur le joint du SRB droit et trouva une température de seulement −13 °C (8 °F). C'était la conséquence de l'air frais soufflant sur le joint à partir du conduit de la citerne d'oxygène liquide. Cela était bien en dessous de la température de l'air et bien en deçà des spécifications de conception pour les joints toriques, mais cette information ne fut jamais communiquée aux responsables[4].
20
+
21
+ Les ingénieurs de Rockwell International, le manufacturier principal de la navette, avaient toujours exprimé des inquiétudes même sans être au courant du joint très froid. Ils avaient prévenu que la glace pouvait être ébranlée au cours du lancement et tomber sur la navette, peut-être à cause de l'aspiration provoquée par le jet des gaz d'échappement des SRB. Bien que Rockwell vît cette situation comme un empêchement au décollage de la navette, les responsables de Rockwell au Cap Kennedy firent part de leurs préoccupations d'une manière qui conduisit le responsable de la mission basée à Houston Arnold Aldrich à ne pas annuler le lancement. Aldrich décida de reporter d'une heure le lancement de la navette afin que l'équipe chargée de la surveillance de la glace ait le temps d'effectuer une nouvelle inspection après avoir tenté dans la nuit d'enlever cette glace. Après cette dernière inspection, au cours de laquelle la glace avait semblé fondre, Challenger fut finalement autorisé à décoller à 11 h 38 HNE[4].
22
+
23
+ Six secondes et six dixièmes avant le décollage, les trois principaux moteurs de la navette spatiale (SSME) sont mis en marche. Jusqu'au décollage, les SSMEs peuvent être arrêtés en toute sécurité et le lancement peut être avorté si nécessaire. Au décollage (t = 0, soit 11:38:00.010 EST), les trois SSMEs étaient à 100 % de leur performance, et montaient à 104 % sous contrôle de l'ordinateur de bord. À ce moment, les deux propulseurs d'appoint à poudre (SRB) avaient été allumés et les attaches les maintenant au sol ont été libérées grâce à de l'explosif, libérant le véhicule de l'aire de lancement. Lors du premier mouvement vertical du véhicule, le bras à hydrogène gazeux se rétracta depuis le réservoir externe, mais sans pouvoir se replier complètement. Les films tournés par les caméras de l'aire de lancement ont montré que le bras n'a pas touché le véhicule, et donc il a été exclu comme facteur contribuant à l'accident[8]. L'inspection post-lancement de la plate-forme a aussi révélé que des ressorts des attaches au sol étaient absents, mais là encore, ceci a été écarté comme cause possible de l'accident[9].
24
+
25
+ L'examen ultérieur des films a montré qu'à t + 0,678, un panache de fumée sombre se dégageait du bas SRB droit, qui relie un propulseur d'appoint à poudre au réservoir externe : la dernière bouffée de fumée s'est produite à environ t + 2,733 ; la dernière vision de cette fumée eut lieu à t + 3,375. Il a été déterminé que ces bouffées de fumée ont été provoquées par l'ouverture et la fermeture du joint de la partie arrière du SRB droit. L'enveloppe extérieure présentait des signes de cloquage en raison des sollicitations de la mise en route. À la suite de ce ballonnement, les parties métalliques de la carcasse endommagée formèrent une brèche à travers laquelle des gaz chauds - plus de 2 760 °C - se sont échappés. Le premier joint torique a été conçu pour pallier cette déficience, mais il faisait trop froid pour qu'il joue son rôle dans le délai prévu. De son côté, le joint torique secondaire n'était pas dans sa position normale en raison de la déformation du métal. Il n'y eut donc aucune barrière aux gaz, et les deux joints toriques ont été détruits dans un arc de 70 degrés. Cependant, l'alumine brûlée du propergol solide obstrua la brèche, remplaçant provisoirement le joint torique, au moins tant qu'aucune flamme ne survenait.
26
+
27
+ Quand le véhicule quitta la tour, le SSMEs fonctionnait à 104 % de sa puissance maximale nominale, et le contrôle fut transmis du centre de contrôle du décollage (LCC) du centre spatial Kennedy au centre de contrôle de mission (MCC) de Houston au Texas. Pour éviter que les forces aérodynamiques ne séparent la navette des moteurs, à t + 28 les SSMEs ont commencé à décélérer pour limiter la vitesse de la navette dans la dense basse atmosphère. À t + 35,379, les SSMEs furent en dessous des 65 % prévus. Cinq secondes plus tard, à environ 5 800 mètres (19 000 pieds), Challenger a dépassé Mach 1. À t + 51,860, les SSMEs sont revenus à 104 % alors que le véhicule approchait Max Q, le moment de pression aérodynamique maximale.
28
+
29
+ Comme la navette s'approchait de « max Q », la pression devint intense en raison du cisaillement du vent.
30
+
31
+ À t + 58,788, une caméra de contrôle a enregistré un échappement de fumée à proximité du joint arrière du SRB droit, mais ce fut ignoré de l'équipage de Challenger et des techniciens à Houston. Du gaz brûlant a alors commencé à fuir par une ouverture d'un joint continuant à s'agrandir, pendant que la force du cisaillement du vent brisait le dépôt d'alumine qui avait refermé le trou en lieu et place du joint torique déficient ; sans ce vent, l'alumine aurait presque certainement tenu tout au long du décollage jusqu'à l'épuisement du booster.
32
+
33
+ Rapidement le panache de fumée est devenu considérable ; la pression interne du SRB droit a commencé à baisser à la suite de l'élargissement de l'ouverture, et à t + 60,238 il y avait des preuves visuelles de la flamme au travers du joint[7].
34
+
35
+ À t + 64,660, le panache de fumée a subitement changé de forme, signe d'une fuite de dihydrogène liquide (LH2), dans la partie arrière du réservoir externe. Les tuyères des moteurs principaux pivotèrent sous le contrôle de l'ordinateur de bord pour compenser le déséquilibre de la trajectoire causée par la fuite du booster. La pression dans le réservoir externe de LH2 a commencé à baisser à t + 66,764, traduisant les effets de la fuite[7].
36
+
37
+ À ce stade, la situation apparaissait toujours normale à la fois pour les astronautes et pour les contrôleurs de vol. À t + 68, le Capsule Communicator (CAPCOM) chargé de la communication avec l'équipage informa celui-ci qu'ils allaient « Plein gaz » et le commandant Dick Scobee a confirmé le message par « Compris, plein gaz ». Ce fut le dernier message émis par Challenger.
38
+
39
+ À t + 72,284, le propulseur d'appoint à poudre droit s'est, semble-t-il, détaché du pylône de liaison au réservoir principal : une analyse des données de télémétrie a montré une soudaine accélération latérale à droite, à t + 72,525, qui a pu être ressentie par l'équipage. La dernière déclaration de l'équipage enregistrée à bord fut juste une demi-seconde après cette accélération lorsque le pilote Michael J. Smith a dit : « Oh oh »[10]. Smith a peut-être également réagi à des indications sur les performances du moteur principal ou à la baisse de pression du réservoir extérieur.
40
+
41
+ À t + 73,124, le dôme arrière du réservoir d'hydrogène s'est détaché et a été propulsé sur l'avant du réservoir d'oxygène. Au même moment, le propulseur d'appoint à poudre droit a pivoté autour du pylône avant et a percuté la structure inter-réservoir.
42
+
43
+ La destruction de la fusée a commencé à t + 73,162 secondes et à une altitude de 14,6 km (48 000 pieds)[11]. Le réservoir externe se désintégrant, Challenger a viré depuis son altitude correcte par rapport au flux d'air local, et a été immédiatement désintégrée par les forces aérodynamiques qui se sont appliquées par un facteur de charge d'environ 20 g, bien au-delà des 5 g[réf. nécessaire] que pouvait supporter la navette. Les deux propulseurs d'appoint à poudre, capables de supporter des charges aérodynamiques bien supérieures, se sont séparés du réservoir externe, et ont continué à voler pendant environ 37 secondes. L'enveloppe des propulseurs d'appoint à poudre est faite d'acier de 12,7 mm d'épaisseur, ce qui les rend largement plus solides que la navette elle-même et les réservoirs externes. Ainsi, les deux propulseurs d'appoint à poudre ont survécu à la désintégration, malgré les dégâts occasionnés sur le propulseur droit par la fusion du joint[9].
44
+
45
+ Les écrans de télévision ont montré un nuage de fumée et de vapeur à l'emplacement attendu de Challenger, ainsi que des débris tombant vers l'océan. À environ t + 89, le directeur de vol Jay Greene (en) demanda des informations à l'ingénieur chargé de la dynamique de vol ; celui-ci répondit que « […] le radar montre plusieurs sources distinctes », preuve supplémentaire que Challenger était disloquée en plusieurs morceaux. Le contrôleur au sol a signalé « Aucun contact. Perte de liaison au sol ». En effet, plus de transmission des données de la navette, radio et télémétrie. Greene a ordonné à son équipe de « regarder leurs données avec soin » et de rechercher un signe de la navette.
46
+
47
+ À t + 110,250, le Range Safety Officer (en) (RSO) à Cape Canaveral Air Force Station envoya un signal radio déclenchant le système de destruction des deux boosters. Il s'agissait d'une procédure normale, l'officier jugeant la retombée libre des boosters comme une menace possible. Un même signal aurait détruit le réservoir extérieur s'il n'avait pas été déjà désintégré[12].
48
+
49
+ « Les contrôleurs de vols analysent soigneusement la situation » a indiqué le porte-parole Steve Nesbitt. « D'évidence, un dysfonctionnement majeur. Nous n'avons pas de liaison au sol. » Après une pause, Nesbitt précisa : « Nous avons un rapport du responsable de la dynamique de vol indiquant que le véhicule a explosé ».
50
+
51
+ Greene a mis en place les procédures d'urgence au centre de contrôle de la mission. Ces procédures comprenaient le verrouillage des portes du centre de contrôle, la coupure des communications téléphoniques avec le monde extérieur et une liste de contrôle servant à s'assurer que les données utiles ont été correctement enregistrées et préservées.
52
+
53
+ Contrairement à la déclaration initiale du responsable de la dynamique de vol, la navette et le réservoir externe n'ont pas « explosé ». Plutôt, ils se sont rapidement désintégrés à cause des énormes forces aérodynamiques, puisque la navette avait passé « Max Q », la pression aérodynamique maximum. Lorsque le réservoir externe s'est désintégré, le carburant et le comburant qui y étaient stockés ont été lâchés, produisant en apparence une énorme boule de feu.
54
+
55
+ Toutefois, selon l'équipe de la NASA qui a analysé l'imagerie après l'accident, il y eut seulement des « combustions localisées » de propergol[9]. En revanche, le nuage visible était composé principalement de la vapeur et des gaz résultant de la libération de l'oxygène liquide de la navette et de l'hydrogène liquide. Stockés dans des conditions très froides, l'hydrogène liquide ne pouvait pas s'enflammer rapidement pour déclencher une « explosion » dans le sens traditionnel d'une détonation (par opposition à une déflagration, qui fut ici le cas). S'il y avait eu une véritable explosion, toute la navette aurait été détruite instantanément, tuant l'équipage à ce moment-là. L'habitacle de la navette et les boosters, plus résistants, ont résisté à l'éclatement du véhicule de lancement, et les boosters ont ensuite explosé à distance, l'habitacle continuant sur la trajectoire : il a été observé sortant du nuage de gaz à t + 75,237[9]. Vingt-cinq secondes après l'éclatement du véhicule, la trajectoire du compartiment de l'équipage a culminé à une altitude de 19,8 km (65 000 pieds), la rupture s'étant produite à seulement 14,6 km (48 000 pieds)[11].
56
+
57
+ Durant la désintégration de la navette, l'habitacle — très robuste — s'est détaché d'un seul bloc et a chuté. La NASA a estimé la force de séparation à environ douze à vingt fois la force de gravité. En moins de deux secondes, ces forces étaient déjà passées en dessous de 4 g, et en moins de dix secondes la cabine était en chute libre. Ces forces étaient vraisemblablement insuffisantes pour causer des lésions sérieuses.
58
+
59
+ Les astronautes semblaient encore en vie et conscients après la séparation de la navette, car trois des quatre dispositifs PEAP du poste de pilotage avaient été activés. Les enquêteurs ont estimé, en mesurant la quantité d'air non consommé, que les PEAPs ont été utilisés durant les 2 min 45 s de vol ayant suivi l'explosion. On ne sait pas si les astronautes sont restés conscients pendant l'accident, ni si la pression s'est maintenue longtemps dans l'habitacle ; en effet, en état de dépressurisation, on ne peut rester conscient à cette altitude que pendant quelques secondes.
60
+
61
+ L'habitacle a percuté la surface de l'océan à environ 334 km/h (207 mi/h), provoquant une décélération instantanée de plus de 200 g, bien au-delà de la résistance de la structure du cockpit et de celle d'un corps humain[11] ; l'équipage était donc décédé dans tous les cas en touchant l'océan.
62
+
63
+ Le 28 juillet 1986, l'ancien astronaute et amiral Richard H. Truly, administrateur associé à la NASA pour les vols spatiaux, a publié un rapport de Joseph Kerwin, spécialiste biomédical du Lyndon B. Johnson Space Center de Houston, portant sur la mort des astronautes dans l'accident. Le Dr. Kerwin, vétéran de la mission Skylab 2, a été chargé de réaliser cette étude peu après l'accident. Selon son rapport[11] :
64
+
65
+ « Les résultats ne sont pas concluants. L'impact de l'habitacle de l'équipage à la surface de l'océan a été si violent que des preuves de dommages survenus dans les secondes qui ont suivi l'explosion ont été masquées. Nos conclusions sont les suivantes :
66
+
67
+ Pendant l'ascension de la navette spatiale, l'équipage n'a pas la possibilité de quitter la navette. Alors que des systèmes d'évacuation ont été examinés à plusieurs reprises au cours du développement de la navette spatiale américaine, la NASA a conclu que la haute fiabilité attendue de la navette permettrait d'éviter d'en avoir besoin. Des sièges éjectables inspirés par ceux du Lockheed SR-71 Blackbird et des combinaisons pressurisées ont été utilisés sur les quatre premières missions de la navette en orbite, missions qui étaient considérées comme des essais en vol, mais ils ont été supprimés pour les missions opérationnelles qui ont suivi. Un système d'évacuation pour de grands équipages a été jugé indésirable du fait d'« une utilité limitée, de la complexité technique et des coûts excessifs en dollars, poids et retards »[13].
68
+
69
+ Après la perte de Challenger, la question est revenue à l'ordre du jour, et la NASA a examiné plusieurs options, y compris les sièges éjectables, des fusées d'éjection ainsi qu'une évacuation par l'arrière de l'orbiteur. Toutefois, la NASA a de nouveau conclu que tous les systèmes de survie considérés seraient irréalisables en raison de la modification radicale du véhicule qui aurait été nécessaire et de la limitation de la taille des équipages. Un système a été conçu pour donner à l'équipage la possibilité de quitter la navette pendant le vol plané d'atterrissage, mais ce système n'aurait pas été utilisable dans le cas de la perte de Challenger[14].
70
+
71
+ Au lendemain de la catastrophe, la NASA a été critiquée pour son manque d'ouverture à la presse. Le New York Times a noté le lendemain de la catastrophe que « ni Jay Greene (en), le directeur de vol pour l'ascension, ni aucune autre personne dans la salle de contrôle, n'a été mis à la disposition de la presse par l'agence spatiale »[15]. En l'absence de sources dignes de foi, la presse s'est contentée de spéculations : le New York Times et United Press International publièrent des articles suggérant que le problème avec le réservoir externe avait provoqué une explosion, en dépit du fait que l'enquête interne de la NASA s'est rapidement portée sur le propulseur d'appoint à poudre[16],[17]. Le journaliste William Harwood écrivit que « L'agence spatiale, enfermée dans sa politique de strict secret sur les détails de l'enquête, avait une position inhabituelle pour un organisme qui s'enorgueillit depuis longtemps de son ouverture »[16].
72
+
73
+ La nuit de la catastrophe, le président Ronald Reagan devait faire son discours annuel sur l'état de l'Union devant le Congrès. Il annonça initialement que le discours allait se dérouler comme prévu, mais sous la pression, il le reporta d'une semaine et fit à la place un discours sur la catastrophe de Challenger depuis le bureau ovale. Ce discours a été écrit par l'assistante présidentielle Peggy Noonan et finit avec cette citation adaptée du poème High Flight de John Gillespie Magee, Jr. (en) : « Nous ne les oublierons jamais, ni la dernière fois que nous les avons vus, ce matin, quand ils préparèrent leur voyage et dirent au revoir et "rompirent les liens difficiles avec la Terre pour toucher le visage du Créateur" »[18]. Ce discours d'hommage, nommé Challenger Speech est considéré comme l'une des plus importantes prises de parole pour un président américain[19],[20],[21].
74
+
75
+ Trois jours plus tard, le président Reagan et sa femme Nancy se rendirent au Centre spatial Lyndon B. Johnson où le président prit la parole lors d'une cérémonie honorant les astronautes. Y assistèrent 6 000 employés de la NASA, plus de 4 000 invités[22],[23] et les familles des disparus[24]. Au cours de la cérémonie, des musiciens de l'United States Air Force ont chanté God Bless America lorsque des Northrop T-38 Talon volèrent au-dessus de la scène, dans la formation traditionnelle « Missing man »[22],[23]. L'ensemble de la cérémonie a été diffusée en direct sur des réseaux nationaux de télévision[22].
76
+
77
+ La ville de Palmdale, site de fabrication de toute la flotte des navettes spatiales américaines, et sa voisine Lancaster en Californie, ont rebaptisé la 10th Street East, de l’avenue de M à la Edwards Air Force Base, la Challenger Way en mémoire de l'accident. C'était la route par laquelle les navettes Challenger, Enterprise et Columbia ont toutes été transportées pour la première fois en direction de l'aéroport de Palmdale (en) à la base aérienne d'Edwards après leur achèvement parce que l'aéroport de Palmdale n'avait pas encore installé une grue permettant leur installation sur un Shuttle Carrier Aircraft (Boeing 747 modifié).
78
+
79
+ Les restes de l'équipage qui ont été identifiés ont été rendus à leurs familles le 29 avril 1986.
80
+
81
+ Deux des membres d'équipage, Francis Richard Scobee et Michael J. Smith, ont été inhumés par leurs familles au cimetière national d'Arlington dans des tombes individuelles. Le lieutenant-colonel Ellison Onizuka a été inhumé au National Memorial Cemetery of the Pacific à Honolulu.
82
+
83
+ Les dépouilles mortelles non identifiées ont été enterrées collectivement au « Mémorial de la navette spatiale Challenger » au cimetière national d'Arlington, le 20 mai 1986[25].
84
+
85
+ Dans les premières minutes après l'accident, des tentatives de récupération des débris ont été entreprises par le « Launch Recovery Director » de la NASA, qui a ordonné aux navires utilisés par la NASA pour la récupération des boosters, d'aller au lieu d'impact. Des avions de recherche et sauvetage ont également été sollicités. À ce stade, toutefois, les débris n'étaient pas encore tous tombés, et le « Range Safety Officer » a retenu les avions et les navires hors de la zone d'impact, jusqu'à ce qu'elle soit assez sûre pour qu'ils puissent y entrer. Cette attente dura environ une heure[26].
86
+
87
+ Les opérations de recherche qui ont eu lieu dans la première semaine après l'accident de Challenger étaient gérées par le Département de la Défense pour le compte de la NASA, avec l'aide des garde-côtes. Il s'agissait le plus souvent de recherches de surface. Selon les garde-côtes, « l'opération a été la recherche la plus large à laquelle ils aient participé »[26]. Cette phase de l'opération a duré jusqu'au 7 février. Par la suite, les recherches ont été gérées par une équipe spécialisée dont l'objectif était de récupérer les débris susceptibles d'aider à déterminer la cause de l'accident. Sonar, plongeurs, submersibles actionnés à distance et submersibles habités (dont le NR-1) ont tous été utilisés au cours de la recherche, qui couvre une zone de 1 600 km2 (480 milles marins au carré), et ce jusqu'à 370 m de profondeur (1 200 pieds). Au 1er mai, suffisamment de débris du booster droit ont été repêchés pour déterminer l'origine de l'accident ; la NASA mit donc fin aux grandes opérations de recherche. Cependant, certaines recherches à faible profondeur se poursuivirent, non pas pour l'enquête sur l'accident mais pour récupérer des débris pour une étude de la NASA sur les propriétés des matériaux utilisés dans les engins spatiaux et des lanceurs[26]. L'opération de récupération a permis de récupérer 15 tonnes de débris dans l'océan Atlantique ; mais 55 % de Challenger, 5 % de l'habitacle et 65 % du satellite (cargaison) sont toujours manquants[27]. Déplacés par les courants marins, certains débris ont continué d'arriver au rivage, comme le 17 décembre 1996, près de onze ans après l'accident, lorsque deux grands morceaux de la navette ont été retrouvés à Cocoa Beach[28]. En vertu du Titre 18 du code des États-Unis, Section 641, il est interdit de conserver des débris de Challenger et les pièces découvertes récemment doivent être remises à la NASA[29].
88
+
89
+ À bord de Challenger se trouvait un drapeau des États-Unis, baptisé le « drapeau Challenger », et parrainé par la troupe 514 des scouts de Monument (Colorado). Il a été récupéré intact, toujours scellé dans son sac de transport. Un petit morceau de bois a été également retrouvé, relique de l'un des planeurs de l'aviateur australien Bert Hinkler — le deuxième pilote après Charles Lindbergh à avoir traversé l'Atlantique en solitaire. Il avait été offert à l'astronaute Don L. Lind au début de 1986 en signe de reconnaissance pour sa venue à Bundaberg en Australie. Lind avait, à son tour, offert l'objet à Francis Richard Scobee, qui l'avait pris avec lui à bord de Challenger, dans un petit sac en plastique placé dans ses affaires. Après l'explosion, le sac et le morceau de bois ont été récupérés en mer, puis plus tard, retournés à l'Hinkler Memorial Museum de Bundaberg[30]. Un ballon fut également retrouvé intact dans les débris. 31 ans plus tard, ce même ballon fut envoyé à bord de la Station Spatiale Internationale pour y flotter comme il aurait dû le faire en janvier 1986.
90
+
91
+ La commission présidentielle sur l'accident de la navette spatiale Challenger (anglais : Presidential Commission on the Space Shuttle Challenger Accident), également connue sous le nom de « Commission Rogers » (d'après le nom de son président), a été constituée pour enquêter sur la catastrophe. Elle a travaillé pendant plusieurs mois et a publié un rapport de ses constatations.
92
+
93
+ Les membres de la commission étaient l'ancien Secrétaire d'État des États-Unis William P. Rogers (président), les astronautes Neil Armstrong (vice-président) et Sally Ride, l'avocat David Acheson (en), les spécialistes de l'aviation Eugene Covert (en) et Robert Hotz, les physiciens Richard Feynman, Albert Wheelon et Arthur B. C. Walker, Jr. (en), l'ancien général de l'Air Force Donald J. Kutyna (en), Robert Rummel, Joe Sutter et le pilote d'essai Chuck Yeager.
94
+
95
+ Elle a constaté que l'accident de Challenger a été causé par une défaillance de l'étanchéité des joints toriques dans la partie arrière du propulseur d'appoint à poudre droit, ce qui a permis aux gaz chauds sous pression puis aux flammes d'endommager le joint torique et d'entrer en contact avec le réservoir externe adjacent, provoquant une rupture de la structure. La défaillance des joints toriques a été attribuée à un défaut de conception, car leur action pouvait être trop facilement compromise par des facteurs incluant une basse température le jour du lancement[31]. Plus généralement, le rapport a également examiné les causes de l'accident, notamment l'échec de la NASA et de son fournisseur, Morton Thiokol, à répondre de manière adéquate aux vices de conception. Ceci a conduit la Commission Rogers à conclure que la catastrophe de Challenger était un accident ayant des causes anciennes[32].
96
+
97
+ Le rapport a également vivement critiqué le processus de décision qui a conduit au lancement de Challenger, en affirmant qu'il était entaché de graves irrégularités. Le rapport publie des preuves montrant que les responsables de la NASA n'étaient pas au courant des doutes initiaux de Thiokol au sujet des effets du froid sur les joints toriques, et ne comprenaient pas que Rockwell considéra la grande quantité de glace présente sur l'aire de décollage comme une contrainte majeure au décollage[33].
98
+
99
+ Le rapport se conclut par : « [Ces] échecs dans la communication […] ont abouti au fait que la décision de lancer le 51-L était basée sur des informations incomplètes et parfois trompeuses. Un conflit entre les données d'ingénierie et les choix de gestion ainsi que la structure de management de la NASA, ont permis que les problèmes de sécurité internes au vol passent outre les décisions de personnes chargées du vol. »
100
+
101
+ L'un des membres le plus connu de la Commission était le physicien Richard Feynman. Son style d'enquête avec ses propres méthodes, plutôt directes, et dédaignant les procédures de la Commission, l'a amené à un désaccord avec Rogers, qui jadis a commenté : « Feynman est en train de devenir un vrai problème ». Au cours d'une audience télévisée, Feynman montra comment les joints toriques deviennent moins résistants et sujets à des défaillances à basse température en immergeant un échantillon du matériau dans un verre d'eau glacée[34].
102
+
103
+ « J'ai pris ce qui composait le joint et je l'ai mis dans l'eau glacée. J'ai découvert que soumis à une pression, celle-ci étant relâchée, il ne revenait pas à son état de départ, il gardait la même taille. En d'autres termes, pendant au moins quelques secondes, et plus en fait, il n'y avait plus d'élasticité de ce matériau pour une température de 0 °C »
104
+
105
+ — Richard Feynman[34]
106
+
107
+ Feynman était tellement critique à l'égard des déficiences de la « culture de la sécurité » de la NASA, qu'il a menacé de retirer son nom du rapport si celui-ci n'incluait pas ses observations personnelles sur la fiabilité de la navette ; elles figurent à l'annexe « F »[35],[36]. Dans cette annexe, il a fait valoir que les estimations de fiabilité données par la NASA étaient largement irréalistes et différaient considérablement des estimations des ingénieurs. Il conclut : « Pour qu'une technologie soit couronnée de succès, la réalité doit prendre le dessus sur les relations publiques, car on ne peut pas tromper la nature »[37].
108
+
109
+ Dans son livre What Do You Care What Other People Think? de 1988[38],[39] Feynman indique qu'il pense avoir été manipulé : il a d'abord cru qu'il faisait par lui-même des découvertes au sujet des problèmes de la NASA, mais a ensuite compris que la NASA ou des contractuels, dans un effort anonyme pour attirer l'attention sur ces problèmes, l'ont sûrement aiguillé vers les preuves aboutissant aux conclusions du rapport publié plus tard[40].
110
+
111
+ La Commission d'enquête du Sénat pour la science et la technologie (conduite par la United States House Committee on Science, Space, and Technology) a aussi mené des auditions le 29 octobre 1986, puis publié son propre rapport sur l'accident de Challenger[41]. Ce comité a passé en revue les conclusions de la Commission Rogers dans le cadre de son enquête, et a conclu comme elle quant aux causes techniques de l'accident. Cependant, elle diffère de la commission Rogers dans son évaluation des causes de l'accident :
112
+
113
+ « [...] le Comité estime que le problème sous-jacent qui a conduit à l'accident de Challenger n'était pas une mauvaise communication ou des procédures inadéquates comme décrit dans la conclusion de la Commission Rogers. Le problème de fond était plutôt lié une mauvaise prise de décisions techniques, sur une période de plusieurs années, par la NASA et le personnel des entreprises sous contrat, qui n'ont pas réussi à agir de manière décisive pour résoudre les plus graves anomalies dans les joints du propulseur d'appoint à poudre[42]. »
114
+
115
+ Après l'accident de Challenger, les vols de navette ont été suspendus en attendant les résultats de l'enquête de la Commission Rogers. En 1967, c'est la National Aeronautics and Space Administration qui a mené une enquête interne sur l'incendie d'Apollo 1. Mais après Challenger , ses actions étaient limitées par les avis d'organismes extérieurs. La Commission Rogers a donné neuf recommandations pour l'amélioration de la sécurité dans le programme de la navette spatiale, et le président Reagan exigea de la NASA un rapport sous trente jours sur la façon dont l'agence envisageait de mettre en œuvre ces recommandations[43].
116
+
117
+ À la suite de la recommandation de la commission, la NASA a décidé une refonte totale des propulseurs d'appoint à poudre de la navette spatiale américaine, qui a été supervisée par un groupe de contrôle indépendant tel que stipulé par la commission[43]. Le contrat de la NASA avec Morton Thiokol, fournisseur responsable des boosters, comprenait une clause stipulant qu'en cas de défaillance conduisant à « la perte de vie ou de la mission », Thiokol perdrait 10 millions de dollars des honoraires prévus et porterait formellement de manière officielle la responsabilité juridique de l'échec. Cependant, après l'accident de Challenger, Thiokol a « volontairement accepté » la sanction pécuniaire en échange de ne pas devoir endosser la responsabilité de l'accident[44].
118
+
119
+ La NASA a également créé un nouveau « Bureau de sécurité, de fiabilité et de l'assurance qualité », dirigé, comme le stipulait la commission, par un administrateur adjoint de la NASA rendant compte directement à l'administrateur de la NASA. George Martin, ancien de Martin Marietta, a été nommé à ce poste[45]. L'ancien directeur de vol de Challenger Jay Greene est devenu chef de la « Division de la sécurité » de la direction[46].
120
+
121
+ Le calendrier de lancement, très optimiste et irréaliste, suivi par la NASA, a été critiqué par la Commission Rogers comme une possible cause contribuant à l'accident. Après l'accident, la NASA a tenté de s'approcher d'un niveau plus réaliste de fréquence des vols : elle a ajouté une autre navette à sa flotte, Endeavour, en vue de remplacer Challenger, et l'agence a travaillé avec le Département de la Défense des États-Unis en vue de mettre en orbite plusieurs satellites au moyen de lanceurs plutôt que de navettes[47]. En août 1986, le président Reagan a également annoncé que la navette ne pourrait plus assumer les charges utiles des satellites commerciaux. Après trente-deux mois d'interruption, la navette de la mission suivante, STS-26, a été lancée le 29 septembre 1988.
122
+
123
+ Bien que d'importants changements aient été apportés par la NASA après l'accident de Challenger, de nombreux commentateurs ont fait valoir que l'évolution de sa structure de gestion et de la culture organisationnelle n'était ni profonde ni durable. Après l'accident de la navette spatiale Columbia en 2003, l'attention fut une nouvelle fois mis sur l'attitude de la NASA dans la gestion des problèmes de sécurité. Le Columbia Accident Investigation Board (CAIB) conclut que la NASA n'avait pas réussi à tirer toutes les leçons de Challenger. En particulier, l'agence n'avait pas mis en place un véritable bureau indépendant pour la supervision de la sécurité ; la CAIB a estimé que dans ce domaine, « la réponse de la NASA à la Commission Rogers ne satisfaisait pas les attentes de la Commission »[48]. La CAIB a estimé qu' « il n'a pas été remédié aux causes de l'échec institutionnel responsable de Challenger », affirmant que le même « processus de prise de décisions erronées » qui a abouti à l'accident de Challenger a été responsable de la destruction de Columbia dix-sept ans plus tard[49].
124
+
125
+ L'accident de Challenger et l'interruption du programme des navettes spatiales durant 32 mois eut un impact considérable sur le marché des lancements commerciaux, alors en plein essor. Alors que, jusque là, la navette spatiale occupait une position dominante, notamment grâce à un dumping sur les prix du lancement, elle perdit sa position au profit du lanceur européen Ariane, qui occupa la moitié du marché jusqu'à l'arrivée du concurrent SpaceX et de ses lanceurs réutilisables Falcon 9 et Falcon Heavy.
126
+
127
+ Bien que la présence de l'enseignante du New Hampshire Christa McAuliffe dans l'équipage de Challenger ait suscité l'intérêt de certains médias, il y eut peu de couverture en direct du lancement. La seule couverture nationale en direct a été réalisée par la Cable News Network (CNN). Toutefois, après l'accident, 17 % des personnes interrogées dans une enquête ont indiqué qu'elles avaient vu le lancement de la navette, alors que 85 % ont dit avoir appris l'accident moins d'une heure après. Comme les auteurs de l'étude le remarquent : « Deux enquêtes seulement ont révélé une diffusion plus rapide [de l'information] ». L'une portait sur la diffusion de l'information à Dallas après l'assassinat de John F. Kennedy, tandis que l'autre concernait la propagation parmi les étudiants de l'université d'État de Kent de la nouvelle de la mort de Franklin Delano Roosevelt[50]. Une autre étude a noté que « même les gens qui ne regardaient pas la télévision au moment de la catastrophe étaient presque certains de voir les images de l'accident car les réseaux de télévision rapportèrent l'histoire presque en continu pendant le reste de la journée »[51]. Les enfants étaient encore plus susceptibles que les adultes d'avoir vu l'accident en direct, puisque beaucoup d'entre eux (48 % des neuf à treize ans, selon un sondage du The New York Times) regardaient le décollage dans leur école[51].
128
+
129
+ Le lendemain de l'accident, l'intérêt de la presse est resté élevé. Alors que seuls 535 journalistes ont été accrédités pour couvrir le lancement, trois jours plus tard, ils étaient 1 467 au centre spatial Kennedy et 1 040 au centre spatial Johnson. L'accident a fait les gros titres des journaux du monde entier[16].
130
+
131
+ L'épisode final de la série télévisée américaine pour enfants Punky Brewster, diffusé trois semaines après la catastrophe, a pris l'accident pour thème[52]. Avec notamment une apparition de l'astronaute Buzz Aldrin, l'épisode est réalisé dans le but, « si possible, [d']aider certains […] enfants à […] se frayer un chemin à travers ce genre d'expérience »[52].
132
+
133
+ L'accident de Challenger a souvent été utilisé comme étude de cas dans des formations liées à la sécurité de l'ingénierie, l'éthique de la délation, les communications et la prise de décisions en groupe. Ce cas a fait partie des lectures obligatoires des ingénieurs en licence professionnelle au Canada[53] et dans d'autres pays. Roger Boisjoly, l'ingénieur qui avait alerté à propos de l'effet du froid sur les joints toriques, a quitté son emploi chez Morton Thiokol et est devenu conférencier sur l'éthique en milieu professionnel[54]. Il fait valoir que la réunion des responsables de Morton Thiokol qui aboutit à la recommandation de procéder au lancement « constituait un forum contraire à l'éthique résultant de l'intense intimidation du client »[55].
134
+
135
+ L'ingénieur en design de l'information Edward Tufte a utilisé l'accident de Challenger comme illustration des problèmes qui peuvent survenir lorsque l'information est présentée sous une forme imprécise. Il fait valoir que, si les ingénieurs de Morton Thiokol avaient présenté plus clairement les données qu'ils avaient sur la relation entre le froid et l'altération des joints sur les propulseurs d'appoints à poudre, ils auraient réussi à persuader les responsables de la NASA d'annuler le lancement[56]. Tufte a également fait valoir que la mauvaise présentation de l'information peut avoir affecté les décisions de la NASA lors de l'accident de la navette spatiale Columbia le 1er février 2003[57].
136
+
137
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/190.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,102 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ 11 000-
4
+
5
+ 3 000
6
+
7
+
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les Amérindiens, Indiens d'Amérique, Indiens, Autochtones ou encore membres des Premières Nations, aborigènes, natifs américains ou Autochtones américains, sont les habitants de l'Amérique avant la colonisation européenne et leurs descendants. La présence humaine dans cette partie du monde remonte au Paléolithique. En 1492, ils occupent la totalité des Amériques : Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes.
12
+
13
+ La colonisation européenne a été un événement central et dramatique pour les différents peuples amérindiens. Souvent réduits en servitude ou esclavage, chassés de leurs territoires, victimes d'épidémies apportées par les colons, ces peuples furent également tragiquement confrontés à la disparition de leur organisation sociale traditionnelle et de leur mode de vie, et à la transformation par les colons des paysages, de l'occupation des sols, de l'architecture urbaine ou rurale dont ils étaient les concepteurs et qui traduisaient le génie propre des civilisations précolombiennes. Les effectifs de leur population ne cessèrent de diminuer depuis le XVe siècle, et de nombreux peuples disparurent entièrement, et avec eux leur langue et leur culture.
14
+
15
+ Depuis les années 1960, les Amérindiens revendiquent leur identité (politique, culturelle, linguistique…), et interviennent de plus en plus souvent pour défendre l'environnement des petits territoires qui leur ont été laissés au terme de la conquête.
16
+
17
+ L'ethnonyme « Amérindien » dérive d'« Indien d'Amérique ». Le mot a été formé à la suite de l'erreur de l’explorateur Christophe Colomb qui, en 1492, pensait avoir atteint les rivages des Indes orientales, nom sous lequel on désignait alors l'Asie du sud et du sud-est, alors qu’il débarquait en Amérique. C'est dans ce contexte que les Européens ont nommé ce territoire les Indes occidentales, pour les différencier de celles dites orientales (qui donnèrent aussi leur nom à différentes entités coloniales européennes nommées Compagnie des Indes orientales). À cause de cette confusion, on continue d’utiliser le mot « Indiens » pour parler des populations d'un Nouveau Monde (le mot pouvait naguère être utilisé pour les aborigènes d'Australie). Avec les travaux du cartographe Martin Waldseemüller au début du XVIe siècle, on commence à parler de « continent américain », en mémoire du navigateur italien Amerigo Vespucci ; ses habitants sont alors désignés sous le nom d'« Indiens d’Amérique » pour les distinguer des populations asiatiques, sans modifier complètement l'usage de les désigner comme des Indiens.
18
+
19
+ En l’absence d’appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « peuples autochtones » ou « aborigènes », ou plus précisément, « Premières Nations » ou « Premiers peuples » (traductions littérales de l'anglais). L'expression « Peaux Rouges » est ancienne — le géographe grec Pausanias le Périégète aurait décrit une terre située au-delà de l'océan Atlantique, qu'il nomme terre d'outre-océan, peuplée par des « hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval »[5],[6] —, mais péjorative et n'est plus beaucoup utilisée en Amérique du Nord.
20
+
21
+ On parle aussi de « peuples précolombiens » pour les territoires américains de l'Empire colonial espagnol, qui incluent la Mésoamérique et la cordillère des Andes. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions « Native Americans » (« Américains d'origine »), « American Indians », « Native peoples » (« peuples d'origine »), « First Nations », « First Peoples », « Aboriginal Peoples ». Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les intéressés qui préfèrent être appelés en fonction des noms originels de leurs peuples.
22
+
23
+ Au Québec, le terme « autochtone » est de loin le plus courant, à côté de « Premiers peuples », et « Premières Nations »[7] quand cela concerne des revendications territoriales ou spécifiques. Dans le contexte québécois le terme englobe également les Inuits, qui ne sont pas des Amérindiens[8], et les Métis reconnus[9].
24
+
25
+ En Guyane, on parle d'« Amérindiens » répartis en six ethnies.
26
+
27
+ Au Mexique, on préfère dire « indígena » (« indigène ») qu’« indio » (« indien »), qui prête à confusion avec les citoyens de l'Inde et qui est ressenti comme une insulte.
28
+
29
+ La concurrence nationaliste entre les pays d'Amérique du Nord, et plus particulièrement entre le Mexique et les États-Unis, qui se sont disputé la suprématie sur le continent américain jusqu'à la guerre américano-mexicaine, ont suscité des traditions historiques différentes et une distinction devenue commune entre les groupes amérindiens établis en Mésoamérique (y compris parfois certains d'Oasisamérique et d'Aridamérique) avec les groupes établis plus au nord. Les recherches archéologiques, historiques et anthropologiques ont pourtant établi qu'il existait des échanges culturels entre ces différentes aires culturelles qui, de ce fait, s'influençaient mutuellement et partageaient certains traits culturels.
30
+
31
+ Entre le Sud de l'Amérique du Nord et le Nord de l'Amérique centrale, les Mésoaméricains ont développé de véritables civilisations, tant dans la construction des villes que par l'écriture ou la connaissance astronomique. Parmi les principales ethnies, on peut citer en particulier les Olmèques, les Mayas, les Purépechas, les Mixtèques, les Zapotèques, les Huaxtèques, les Totonaques et les Nahuas (dont les Aztèques).
32
+
33
+ Les Chibchas (aux confins de l'Amérique centrale et du Sud), les nations Quechuas, la nation aymara, les Mapuches, peuples d'Amazonie, peuples Patagons. Les derniers Amérindiens contactés hors du bassin amazonien (en 2004 dans le Paraguay occidental) sont les Totobiegosodes (ou Ayoreo-Totobiegosode) dont le territoire forestier est illégalement et rapidement détruit par deux compagnies forestières brésiliennes (Yaguarete Porá SA et River Plate SA) au moins depuis mai 2008 selon Survival International qui a alerté l'opinion internationale sur ce fait en novembre 2008. Les Totobiegosodes avaient déjà perdu 6 000 hectares de leur forêt au profit des éleveurs de bétail en 2007[10].
34
+
35
+ Les spécialistes ont dans un premier temps pensé[11] que l’arrivée des premiers humains en Amérique remontait à 12 000 ans environ, mais des découvertes archéologiques récentes feraient remonter les premières migrations à plus de 40 000 ans. Venant de Sibérie, ils auraient traversé le détroit de Béring, alors au-dessus de la ligne de rivage maritime en période glaciaire (voir Béringie). Après une période d'habitation en Béringie, et après la disparition des masses glaciaires d’Amérique du Nord, ils auraient pu continuer la colonisation du nouveau continent[12].
36
+
37
+ D’autres théories parlent de peuples océaniens ayant traversé l'océan Pacifique (théorie exprimée par Paul Rivet), ou encore de peuples européens (hypothèse de l'archéologue Dennis Stanford confirmée aujourd'hui par une analyse d'ADN[13]). On estime en effet qu'une peuplade serait venue d'Europe entre 12 000 et 36 000 ans ; elle correspondrait aujourd'hui à un groupe très restreint d'autochtones que sont les Ojibwés, les Nuu-Chah-Nulth, les Sioux, et les Yakamas.
38
+
39
+ Les Amérindiens, s'appuyant sur leur tradition orale, soutiennent que leurs ancêtres ont toujours habité là[14]. Quoi qu'il en soit, la diversité des milieux naturels du continent a engendré des cultures très différentes.
40
+
41
+ On notera cependant des découvertes qui remettent en cause le schéma général de la colonisation de l'Amérique par les Amérindiens. Certains spécialistes pensent que le peuplement du continent américain n'a pas une seule origine :
42
+
43
+ L'autre question problématique est celle de la date du peuplement. Là encore, le travail des archéologues semble repousser l'origine du peuplement à des époques plus anciennes qu'on ne l'a longtemps cru :
44
+
45
+ Les Algonquins seraient apparus il y a 4 500 ans. Des traces de maisons en rondins iroquoises sont attestées pour le Xe siècle av. J.-C.. En 2019, des charbons de bois et des ossements de grands mammifères accompagnés de lames de pierre et de pointes de lance, provenant du site de Cooper's Ferry (sur les rives d'une rivière de l'ouest de l'Idaho), sont datés à environ 16 000 ans, plus d'un millénaire avant que la fonte des glaciers n'ait ouvert un corridor sans glace à travers le Canada il y a environ 14 800 ans. Les premiers Paléoaméricains ont donc dû venir par voie maritime, en parcourant rapidement la côte du Pacifique et en remontant les rivières[16],[17].
46
+
47
+ Les Amérindiens d'aujourd'hui sont étroitement liés aux Asiatiques de l'Est. Néanmoins, les chercheurs estiment que 14 à 38 % de l'ascendance amérindienne provient d'une population semblable à celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans. L'étude de l'ADN d'un garçon sibérien du Paléolithique supérieur découvert près du village de Mal'ta, le long de la rivière Belaya en Sibérie a montré que certaines parties de son génome se retrouvent aujourd'hui chez les Eurasiens occidentaux, d'autres se retrouvent chez les Amérindiens et sont uniques aux Amérindiens aujourd'hui. L'ADN du garçon est rare ou absent en Asie centrale et en Asie de l'Est. Le scénario le plus probable est celui d'une population telle que celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans qui s'est mélangée aux ancêtres des Asiatiques de l'Est. Ainsi, les Amérindiens sont formés par la réunion de deux populations - un groupe est-asiatique et des populations ouest-eurasiennes - sans que l'on sache où ce mélange a eu lieu[18].
48
+
49
+ L'utilisation de l'écriture, par opposition à la tradition orale, est habituellement la ligne de démarcation entre l'histoire et la préhistoire[19] et les années 1500, époque des premiers contacts, représentent plut��t cette ligne séparatrice. Il faut donc adapter constamment le concept de « vérité historique », car les autochtones contemporains fondent une bonne partie de leurs revendications sur cette antériorité historique, sur la période que l'on qualifie habituellement de préhistorique[Quoi ?].
50
+
51
+ L'histoire, chez les peuples indigènes des Amériques, se transmettait le plus souvent oralement, même si l'usage de supports mnémotechniques plus ou moins semblables à des systèmes d'écriture furent développés en Mésoamérique (codex) et dans les Andes (quipu). Légendes, contes, aventures de chasse et faits historiques ont voyagé à travers le temps et se sont transformés dans la bouche des conteurs. Contrairement aux historiens contemporains, les Inuits et les Amérindiens accordent à la valeur mythique et symbolique des événements, dans le cadre de leur conception cyclique du temps, une place plus importante que l'exactitude des lieux, des dates et des acteurs. Ces différences perceptuelles de l'histoire n'ont pas toujours facilité les relations passées et présentes entre les Amérindiens et les allochtones.
52
+
53
+ L'arrivée des Européens au XVe siècle a bouleversé la vie des peuples d'Amérique. Parmi les centaines de nations qui peuplaient le continent, beaucoup ont disparu, déculturées ou exterminées. Le désastre démographique est dû aux épidémies principalement, mais aussi aux guerres, au travail forcé, aux déplacements de tribus entières. La population indienne en Amérique latine est passée, selon les estimations, de 30 à 80 millions d'habitants lors de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique à 4,5 millions un siècle et demi plus tard[2], pour remonter à 44 millions à l'aube du XXIe siècle[20].
54
+
55
+ Au Mexique, Hernán Cortés débarque à proximité de Veracruz en 1519 ; il est tout d'abord bien accueilli par Moctezuma, empereur aztèque. Les Espagnols entrent dans Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Mais le 30 juin 1520, ils sont chassés par une révolte de la population. Cortez, soutenu par les autres peuples amérindiens, remporte la bataille d'Otumba le 7 juillet 1520 et vient assiéger la capitale qui finit par tomber le 13 août 1521. Le dernier empereur, Cuauhtémoc, fait prisonnier pour éviter une nouvelle révolte, est exécuté vers 1524-1526, tandis que Tenochtitlan est rasée pour laisser la place à Mexico.
56
+
57
+ Lorsque Pizarro arrive au Pérou en 1532, il est perçu comme un dieu. Il enlève l'empereur Atahualpa et encourage la révolte des peuples soumis aux Incas. L'empire se morcelle et l'empereur est finalement exécuté par les Espagnols en 1533. Les conquistadors contrôlent le territoire inca au milieu du XVIe siècle, même si des résistances ont encore lieu.
58
+ La formation de l'Empire colonial espagnol s'accompagne de pillages, de maladies nouvelles qui font des ravages, de la famine, de l'asservissement des Amérindiens dans les encomiendas et de l'évangélisation de la population.
59
+
60
+ Le 16 avril 1550, Charles Quint ordonne d'interrompre les conquêtes du Nouveau Monde pour des raisons morales. Le débat qui s'ensuit, confié aux théologiens, sera l'objet des fameuses joutes de Bartolomé de las Casas et Sepulveda lors de la controverse de Valladolid. À son issue, l'Église catholique romaine réaffirme l'opposition à l'esclavage des Indiens qu'elle avait déjà exprimée par les bulles Veritas ipsa (2 juin 1537) et Sublimis Deus (le 9 juin 1537) dans lesquelles Rome condamnant l'esclavage des Indiens avait affirmé leur droit, en tant qu'êtres humains, à la liberté et à la propriété mais l'Église ne condamna pas, dans le même temps, l’esclavage des Africains.
61
+
62
+ En 1556, la terminologie change, « Conquista » est officiellement remplacé par « descubrimiento » (« découverte »), et « conquistador » par « poblador » (« colon »).
63
+
64
+ Les Amérindiens étaient utilisés pour exploiter les ressources en Amérique du Sud (sucre, rhum, café, etc.). Les Espagnols récoltaient ces ressources, qu'ils exportaient en Europe. Les Espagnols partaient d'Europe avec des marchandises (armes, tissus, métaux en lingots, etc.), qu'ils échangeaient en Afrique contre des esclaves qu'ils transportaient en Amérique pour exploiter les ressources. Ce système se nomme le « commerce triangulaire »[21].
65
+
66
+ La démographie historique estime qu'une majorité d'Amérindiens sont morts à la suite des maladies infectieuses introduites par les Espagnols, contre lesquelles les Amérindiens n'étaient pas immunisés. Le processus a commencé dès les années 1500 et les épidémies de variole (1525, 1558, 1589), de typhus (1546), de grippe (1558), de diphtérie (1614), de rougeole (1618) ou encore de peste bubonique (1617-1619, en Nouvelle-Angleterre) ont décimé des millions d'indigènes.
67
+
68
+ Le bilan de ces épidémies est cependant difficile à donner avec exactitude. Les sources sont insuffisantes et les historiens ne sont pas d'accord sur les estimations. À la fin du XXe siècle, notamment à la suite de recherches publiées en 1966[22], les historiens ont favorisé les estimations hautes[23], qui calculent un taux de mortalité, selon les régions, compris entre 50 % et plus de 95 % de la population amérindienne[24],[25].
69
+
70
+ Certains[Qui ?] avancent un bilan de 10 millions de victimes indigènes sur l'ensemble du continent américain ; d'autres[Qui ?] pensent plutôt à 90 millions, dont 10 pour l'Amérique du Nord. Si l'on prend les données d'Anne Garrait-Bourrier et Monique Venuat (voir la bibliographie), le continent américain entier (de l'Alaska au cap Horn) abritait environ 50 millions d'habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Pour le territoire des États-Unis d'aujourd'hui le recensement de 2005 donne une population d'Amérindiens de 2 821 311 habitants répartis sur les 50 États, l'Arizona venant en tête avec 300 288 Amérindiens. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte est de cet espace. Ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. Dans l'Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu'ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d'œuvre en Amérique du Sud.
71
+
72
+ Exemples parmi d'autres des ravages causés par ces pandémies :
73
+
74
+ Les Timicuas, en Floride, qui en 1650 étaient 13 000 répartis sur 40 villages, ne furent après une épidémie de petite vérole que 35 en 1728, regroupés dans un seul hameau.
75
+
76
+ Les Wampanoag qui occupaient le territoire de l'actuel Massachusetts furent emportés jusqu'au dernier en 1617, trois ans avant l'arrivée des premiers colons débarqués du Mayflower qui fonderont Plymouth.
77
+
78
+ Au début du XXe siècle, les Amérindiens sont presque toujours des prolétaires ; leur statut social leur est assigné par leur appartenance ethno-culturelle et les voies de la mobilité sociale leur sont fermées. Les communautés amérindiennes ont été dépossédées de leurs terres, notamment sous les régimes inspirés par le positivisme de Porfirio Diaz au Mexique, Rafael Reyes Prieto en Colombie et Manuel Estrada Cabrera au Guatemala. Ils sont employés le plus souvent comme ouvriers agricoles dans les plantations ou comme mineurs. Leurs salaires sont très bas et, étant généralement analphabètes, le droit de vote leur est refusé[26].
79
+
80
+ Des soulèvements collectifs d'indigènes ont lieu en Amérique latine entre 1915 et 1917, dont les plus importants au Mexique pendant la période révolutionnaire. La révolution mexicaine exerce ainsi une influence considérable sur la question indigène. Dans une certaine mesure, elle a tenté de réaliser un renversement de valeurs, en réaction à la suprématie raciale imposée par le régime de Porfirio Díaz. Les élites mexicaines ne sont pas seules à éprouver une violente répulsion pour ce changement : l'ambassadeur américain appelle au retour à la suprématie blanche grâce à l'aide des Etats-Unis aux « réels gouvernants du Mexique »[26].
81
+
82
+ Outre le Mexique, c'est aussi au Pérou que l'indigénisme apparaît, notamment en raison du débat culturel à la recherche de l'identité latino-américaine par rapport à l'Europe, et à la diffusion d'idées socialisantes parmi les intellectuelles qui les conduit à poser la question du statut des Amérindiens. Les écrits de Manuel González Prada, considéré comme l'un des pères de l'indigénisme moderne, exercent une importante influence sur le mouvement de la réforme universitaire et sur l'APRA (parti politique nationaliste latino-américain et indigéniste). Pour José Carlos Mariátegui, penseur indigéniste et fondateur du Parti communiste péruvien, socialisme et indigénisme sont indissociables au Pérou : « les masses — la classe des travailleurs — sont pour quatre cinquième indigènes. Notre socialisme ne sera pas péruvien, ni même socialiste, s'il ne se solidarise pas avec les revendications indigènes[26]. »
83
+
84
+ Depuis 1968, il y a un réveil politique et culturel des Amérindiens et des métis :
85
+
86
+ Les langues amérindiennes sont les langues indigènes d'Amérique, parlées par les différents peuples amérindiens depuis l'Alaska et le Groenland jusqu'à la Terre de Feu. Les linguistes qui en sont spécialistes sont appelés américanistes.
87
+
88
+ Les langues amérindiennes ne forment pas une famille de langues unique, mais comprennent de nombreuses familles de tailles très variables, ainsi que des langues isolées. Diverses hypothèses rassemblant ces divers groupes en un plus petit nombre de superfamilles ont été formulées, avec un niveau d'acceptation très variable parmi les américanistes. Les Indiens des Plaines avaient développé une langue des signes auxiliaire pour communiquer par-delà la variété de leurs langues maternelles. Beaucoup de langues amérindiennes sont aujourd'hui menacées de disparition.
89
+
90
+ Les Amérindiens utilisent des tambours, qui permettent de communiquer à distance à l'instar des appareils modernes. Ainsi, en frappant sur un tambour, un chaman peut échanger des informations avec un autre chaman ou localiser le gibier.
91
+
92
+ La musique amérindienne comprend la musique précolombienne, mais aussi celle que les Amérindiens ont continué de pratiquer après et malgré les premiers contacts, ou en marge de ceux-ci. Elle se caractérise par une grande variété d'aérophones, de membranophones et d'idiophones, et de lorophone avec de très rares cordophones. On ne connaît aucun traité ou système musical amérindien ; la musique est aussi variée que le nombre de peuples l'est et a justement une fonction sociale, identitaire voire culturelle essentielle. Elle est souvent associée à des interdits ou des tabous, étant réservée parfois aux hommes, aux célibataires, etc. Si elle est en général très simple et monophonique, il existe néanmoins des exemples de musique polyphonique ou orchestrale. L'instrumentarium est très riche du fait des variations linguistiques, culturelles et naturelles (grande variété de végétaux utilisés), mais les cordes sont très rares du fait de l'absence de métal.
93
+
94
+ Le softball, variante « allégée » du baseball est l'un des loisirs typiquement nord-américains pratiqué par les Amérindiens[30]. Parmi les rares sportifs d'origine amérindienne, la joueuse WNBA de basket-ball Shoni Schimmel connaît une forte popularité aux États-Unis[31].
95
+
96
+ Vie quotidienne des Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
97
+
98
+ Fabrication du sirop d'érable par les Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
99
+
100
+ Album des principaux outils, amulettes et autres objets d'origine caraïbe faisant partie d'une collection ethnographique recueillie à la Guadeloupe par le docteur F. L'Herminier et Math. Guesde (lire l'ouvrage en ligne), 1860, Collectivité territoriale de Martinique. Bibliothèque Schoelcher.
101
+
102
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1900.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,270 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ La poussée d'Archimède est la force particulière que subit un corps plongé en tout ou en partie dans un fluide (liquide ou gaz) et soumis à un champ de gravité. Cette force provient de l'augmentation de la pression du fluide avec la profondeur (effet de la gravité sur le fluide, voir l'article hydrostatique) : la pression étant plus forte sur la partie inférieure d'un objet immergé que sur sa partie supérieure, il en résulte une poussée globalement verticale ascendante. C'est à partir de cette poussée qu'on définit la flottabilité d'un corps. Cette poussée a été pour la première fois mise en évidence par Archimède de Syracuse.
2
+
3
+ « Tout corps plongé dans un fluide au repos, entièrement mouillé par celui-ci ou traversant sa surface libre, subit une force verticale, dirigée de bas en haut et opposée au poids du volume de fluide déplacé. Cette force est appelée poussée d'Archimède. Elle s'applique au centre de masse du fluide déplacé, appelé centre de poussée. »
4
+
5
+ Pour que le théorème s'applique il faut que le fluide immergeant et le corps immergé soient au repos. Il faut également qu'il soit possible de remplacer le corps immergé par du fluide immergeant sans rompre l'équilibre, le contre-exemple étant le bouchon d'une baignoire remplie d'eau : si celui-ci est remplacé par de l'eau, il est clair que la baignoire se vide et que le fluide n'est alors plus au repos. Le théorème ne s'applique pas puisque nous sommes dans un cas où le bouchon n'est pas entièrement mouillé par le liquide et ne traverse pas sa surface libre.
6
+
7
+ Une fois les conditions précédentes respectées, dans un champ de pesanteur uniforme, la poussée d'Archimède, notée
8
+
9
+
10
+
11
+
12
+
13
+
14
+
15
+ P
16
+
17
+
18
+
19
+
20
+
21
+ A
22
+
23
+
24
+
25
+
26
+ {\textstyle {\vec {P}}_{A}}
27
+
28
+ est donnée par la formule :
29
+
30
+ Dans le cas particulier où la masse volumique ρ du fluide est elle aussi uniforme, on a :
31
+
32
+ P
33
+
34
+
35
+
36
+
37
+
38
+
39
+ A
40
+
41
+
42
+
43
+ =
44
+
45
+
46
+ ρ
47
+
48
+ V
49
+
50
+
51
+
52
+
53
+ g
54
+
55
+
56
+
57
+
58
+
59
+
60
+ {\displaystyle {\vec {P}}_{\rm {A}}=-\,\rho \,V\,{\vec {g}}}
61
+
62
+ Si l'on considère les intensités (normes) des forces alors, en notant PA et g les normes des vecteurs associés, on a :
63
+
64
+ L'intensité PA de la poussée d'Archimède s'exprime en N, la masse volumique ρ en kg m−3, le volume de fluide déplacé V en m3 et l'accélération de la pesanteur g en m s−2.
65
+
66
+ Considérons un fluide au repos. On délimite, par la pensée, un certain volume de forme quelconque au sein de ce fluide. Ce volume est lui aussi au repos : malgré son poids, ce volume ne tombe pas. Cela signifie donc que son poids est rigoureusement compensé par une force opposée, qui le maintient sur place, et qui provient du fluide extérieur. On remplace maintenant, toujours par la pensée, ce volume par un corps quelconque. Comme la force qui maintenait le fluide en équilibre est une force de pression agissant à la surface du volume, il est possible de supposer que cette même force s'applique encore au corps immergé : elle est toujours opposée au poids de fluide déplacé. C'est la poussée d'Archimède. Le fait que les champs de force soient identiques pour le fluide homogène au repos et pour le corps immergé dans le fluide au repos est appelé « théorème de solidification ».
67
+
68
+ Supposons un cube d'arête a entièrement immergé dans un liquide, sa face du haut étant horizontale et située à une profondeur z1 > 0 (le sens positif est vers le bas). On notera
69
+
70
+
71
+
72
+
73
+
74
+
75
+
76
+ e
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+
82
+ z
83
+
84
+
85
+
86
+
87
+ {\displaystyle {\vec {e}}_{z}}
88
+
89
+ le vecteur unitaire dirigé selon l'axe des z croissants (donc orienté vers le bas).
90
+
91
+ Dans le cas d'un liquide incompressible au repos soumis à un champ de pesanteur uniforme, la pression absolue p à une profondeur z vaut :
92
+
93
+ On considère une colonne de liquide, assimilable à un pavé droit de hauteur variable z et dont la surface de la base est constante et vaut A. À une profondeur z, la pression hydrostatique correspond à la norme P du poids, divisé par la base A de la colonne de liquide : p(z) = P/A.
94
+
95
+ Or l'expression du poids de la colonne de liquide est :
96
+
97
+ On obtient donc, en utilisant la formule p(z) = P/A :
98
+
99
+ La pression absolue vaut donc
100
+
101
+ Par symétrie, les forces de pression exercées sur les quatre faces latérales du cube s'annulent deux à deux.
102
+
103
+ La force
104
+
105
+
106
+
107
+
108
+
109
+
110
+
111
+ F
112
+
113
+
114
+
115
+
116
+
117
+ 1
118
+
119
+
120
+
121
+
122
+ {\displaystyle {\vec {F}}_{1}}
123
+
124
+ , exercée par le liquide sur la face supérieure (d'aire A = a2) du cube, est dirigée de haut en bas et vaut :
125
+
126
+ La force
127
+
128
+
129
+
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+ F
135
+
136
+
137
+
138
+
139
+
140
+ 2
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+ {\displaystyle {\vec {F}}_{2}}
146
+
147
+ dirigée du bas vers le haut, exercée par le liquide sur la face inférieure (d'aire A = a2) du cube, qui est située à la profondeur z2 = z1 + a, vaut :
148
+
149
+ La résultante
150
+
151
+
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+ F
157
+
158
+
159
+
160
+
161
+
162
+
163
+ {\displaystyle {\vec {F}}}
164
+
165
+ des forces de pression vaut donc :
166
+
167
+ La force résultante est donc bien égale à l'opposé du poids du volume de liquide déplacé. Cette force étant négative, elle est bien orientée verticalement du bas vers le haut.
168
+
169
+ Il est possible de généraliser la démonstration précédente à un volume de forme quelconque. Il suffit de décomposer la surface bordant le volume en une infinité d'éléments infinitésimaux dS supposés plans, puis de faire la somme, à l'aide d'un calcul d'intégrales, de toutes les forces infinitésimales
170
+
171
+
172
+
173
+
174
+ d
175
+
176
+
177
+
178
+
179
+ f
180
+
181
+
182
+
183
+
184
+
185
+
186
+ {\displaystyle \mathrm {d} {\vec {f}}}
187
+
188
+ exercées sur chaque élément de surface.
189
+
190
+ On peut déduire le théorème d'Archimède de celui du gradient[1] : supposons un volume quelconque V, délimité par une surface fermée S, plongé entièrement dans un fluide de masse volumique ρ soumis à un champ de pesanteur
191
+
192
+
193
+
194
+
195
+
196
+
197
+ g
198
+
199
+
200
+
201
+
202
+
203
+
204
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
205
+
206
+ , non nécessairement uniforme.
207
+
208
+ Par définition de la pression p, la résultante des forces de pression exercées sur le volume est :
209
+
210
+ Par le théorème du gradient puis la loi fondamentale de l'hydrostatique, cette expression devient :
211
+
212
+ qui est l'opposé du poids du volume de fluide déplacé.
213
+
214
+ Immergeons entièrement un solide de volume V, de masse m et de masse volumique ρ dans un fluide de masse volumique ρf uniforme, puis relâchons-le à partir du repos. Au départ, la vitesse étant nulle, deux forces seulement agissent sur le solide : son poids Fp (vers le bas) et la poussée d'Archimède Fa (vers le haut).
215
+
216
+ Le rapport des masses volumiques est en l'occurrence équivalent à celui des densités :
217
+
218
+ Dans les deux cas où le solide n'est pas en équilibre, son mouvement ultérieur est déterminé par trois forces : son poids, la poussée d'Archimède (opposée au poids) et une force de frottement visqueux Ff (opposée à la vitesse).
219
+
220
+ Selon la deuxième loi du mouvement de Newton, on a alors :
221
+
222
+ où a est l'accélération du solide.
223
+
224
+ Comme la force de frottement visqueux n'est pas constante, mais qu'elle augmente avec la vitesse, l'accélération diminue graduellement, de sorte que le solide atteint[2] plus ou moins rapidement une vitesse limite, lorsque la résultante des forces est nulle.
225
+
226
+ Considérons un solide de volume V et de masse volumique ρS flottant à la surface d'un liquide de masse volumique ρL. Si le solide flotte, c'est que son poids est équilibré par la poussée d'Archimède :
227
+
228
+ La poussée d'Archimède étant égale (en valeur absolue) au poids du volume de liquide déplacé (égal au volume V i immergé), on peut écrire :
229
+
230
+ Le volume immergé vaut donc :
231
+
232
+ Puisque V > V i, il s'ensuit que ρS < ρL .
233
+
234
+ Considérons un morceau de glace pure à 0 °C flottant dans de l'eau de mer. Soit ρS = 0,917 g/cm3 et ρL = 1,025 g/cm3 (on aurait ρL = 1,000 g/cm3 pour de l'eau pure à 3,98 °C). Le rapport ρS/ρL (c’est-à-dire la densité relative) est égal à 0,895, si bien que le volume immergé V i représente près de 90 % du volume total V de l'iceberg.
235
+
236
+ Il est facile de vérifier que la fonte d'un morceau de glace pure flottant sur de l'eau pure se produit sans changement de niveau de l'eau. Le volume de glace immergé correspond en effet au volume d'eau liquide nécessaire pour égaler le poids du glaçon (Eq. 1). En fondant, le glaçon produit (par conservation de la masse) exactement ce volume d'eau, qui « bouche le trou laissé par la disparition de la glace solide ». Le niveau de l'eau reste le même. Sur la figure ci-contre, le volume délimité en pointillé est, dans le verre de gauche, le volume de glace immergée, et, dans le verre de droite, le volume d'eau liquide produit par la fonte du glaçon.
237
+
238
+ On peut également faire le calcul suivant : si on considère, par exemple, un glaçon de 1 cm3 et de masse volumique 0,917 g·cm−3 (qui contient donc 0,917 g d'eau), le volume immergé est 0,917 cm3 (Eq. 2) (comme pour un iceberg, la majeure partie est sous l'eau). Lorsque le glaçon aura fondu, ce 0,917 g d'eau qui aura désormais une masse volumique de 1 g·cm−3 occupera exactement le volume qu'occupait la partie immergée du glaçon.
239
+
240
+ Tout se passe comme si la poussée d'Archimède s'appliquait au centre de carène, c'est-à-dire au centre de gravité du volume de fluide déplacé[3].
241
+
242
+ Cette caractéristique est importante pour le calcul de la stabilité d'un sous-marin en plongée ou d'un aérostat : sous peine de voir ces engins se retourner, il est nécessaire que leur centre de carène soit situé au-dessus de leur centre de gravité.
243
+
244
+ Pour ce qui est d'un navire, en revanche, le centre de carène est souvent situé au-dessous du centre de gravité afin d'éviter des moments de redressement trop importants. Cependant, lorsque l'inclinaison du navire change (roulis), le centre de carène se déplace latéralement plus que le centre de gravité, ce qui génère un couple qui tend à ramener le navire à son inclinaison d'origine. La stabilité est alors assurée par la position du métacentre, qui est le point d'application des variations de la poussée. Ce métacentre doit se trouver au-dessus du centre de gravité.
245
+
246
+ De façon anecdotique, on peut remarquer que les concepteurs de sous-marins doivent s'assurer simultanément de deux types d'équilibres pour leurs engins : l'équilibre en plongée et l'équilibre en surface.
247
+
248
+ Le Traité des corps flottants, où Archimède énonce les lois de la statique des fluides - et des conditions d'équilibre des corps solides immergés dans un fluide ou flottant sur lui - est probablement la plus connue des œuvres d'Archimède, car tout le monde a présent à l'esprit l'anecdote rapportée par Vitruve suivant laquelle Archimède aurait eu l'intuition du principe fondamental de l'hydrostatique en prenant un bain[5]:
249
+
250
+ Archimède, savant grec qui vécut à Syracuse, en Sicile de 287 av. J.-C. à 212 av. J.-C., est connu pour ses multiples travaux scientifiques, théoriques ou pratiques, que ce soit en mathématique ou en physique. Le Traité des corps flottants qui étudie avec rigueur l'immersion d'un corps, solide ou fluide, dans un fluide de densité inférieure, égale ou supérieure, jette les bases de la branche de mécanique des fluides, ce que l'on nommera plus tard « hydrostatique ». Dans cet ouvrage se trouve le théorème qui portera le nom du savant[6], qui ne sera complètement démontré qu'au XVIe siècle.
251
+
252
+ Le Traité des corps flottants contient d'autres propositions relatives à la poussée d'Archimède[6] :
253
+
254
+ Vitruve[7] rapporte que le roi Hiéron II de Syracuse (306-214) aurait demandé à son jeune ami et conseiller scientifique Archimède (âgé alors de 22 ans) de vérifier si une couronne d'or, qu'il s'était fait confectionner comme offrande à Zeus, était totalement en or ou si l'artisan y avait mis de l'argent. La vérification avait bien sûr pour contrainte de ne pas détériorer la couronne. La forme de celle-ci était en outre trop complexe pour effectuer un calcul du volume de l'ornement. Archimède aurait trouvé le moyen de vérifier si la couronne était vraiment en or, alors qu'il était au bain public, en observant comment des objets y flottaient. Il serait alors sorti dans la rue entièrement nu en s'écriant « Eurêka ! » (j'ai trouvé !), formule depuis lors devenue célèbre.
255
+
256
+ La constatation qu'Archimède fait au bain public est que, pour un même volume donné, les corps n'ont pas le même poids, c'est-à-dire ont une masse par unité de volume différente. On parle de nos jours de masse volumique. L'argent (masse volumique 10 500 kg m−3) est moins dense que l'or (masse volumique 19 300 kg m−3), il a donc une masse volumique plus faible: pour obtenir le même poids, il faut une plus grande quantité d'argent que d'or. Si l'artisan a caché de l'argent dans la couronne du roi, Archimède déduit que la couronne doit être plus volumineuse que si elle avait été faite exclusivement en or. Ainsi fut démasquée la supercherie du joaillier.
257
+
258
+ Pour répondre à la question du roi Hiéron, Archimède a donc pu comparer les volumes d'eau déplacés par la couronne et une quantité d'or de masse identique. Si les deux déplacent le même volume d'eau, leur masse volumique est alors égale et on peut en conclure que les deux sont composés du même métal. Pour réaliser l'expérience, on peut imaginer plonger la masse d'or dans un récipient rempli à ras-bord (et muni d'un bec verseur pour mieux observer la chose). Une certaine quantité d'eau débordera alors du récipient (on peut la recueillir pour la mesurer). Ensuite, on retire l'or et on le remplace par la couronne à étudier. Si la couronne est bien totalement en or, alors l'eau ne débordera pas. En revanche, si sa densité est plus faible et donc son volume plus important pour la même masse, de l'eau supplémentaire débordera.
259
+
260
+ Le volume d'eau déplacé dépendra de la proportion d'argent dans l'or ; l'or étant approximativement deux fois plus dense que l'argent, remplacer 10 % en masse d'or par de l'argent conduit à une hausse de volume de 10 %[8]. Mais du fait de la forte masse volumique de l'or, son volume est très faible : le volume d'une couronne de 1 kg d'or n'est que d'un peu plus de 50 cm3 et substituer 10 % d'or par de l'argent ne produit une différence que d'environ de 4,34 cm3 (le volume d'eau d'une petite cuillère)
261
+
262
+ La méthode ainsi décrite par Vitruve présente deux inconvénients. Le premier est qu'elle ne fait ici intervenir en rien le principe d'Archimède. Le second problème est qu'avec des conditions réalistes, en raison de la densité de l'or et du volume faible de la couronne, le volume d'eau déplacée est très faible et sa mesure est perturbée par l'eau qui peut être perdue dans les différentes opérations. Il est donc peu probable qu'Archimède ait pu tirer des conclusions significatives à partir d'une telle expérience.
263
+
264
+ Une méthode plus réaliste est la suivante. On équilibre une balance avec la couronne d'un côté et de l'or pur de l'autre, dont les masses sont égales. Ensuite, on immerge complètement les objets pesés (pour s'affranchir de l'influence des plateaux de la balance, on peut s'assurer que ceux-ci sont bien strictement identiques, ou, mieux, les supprimer en les remplaçant par un fil fin et de densité proche de celle de l'eau). Si la couronne n'est pas en or pur, elle est de volume un peu plus grand, donc elle produit une force d'Archimède vers le haut un peu plus importante que la même masse d'or pur et l'équilibre initial de la balance est rompu. Là encore, la différence de poids est faible ; dans les conditions imaginées plus haut elle correspond au poids de 5 cm3 d'eau, soit 5 g. Il faut donc une balance capable de détecter une telle variation, ce qui est difficile, mais pas irréaliste.
265
+
266
+ L'appareil a effectivement été réalisé sous le nom de balance hydrostatique.
267
+
268
+ L'anecdote est perpétuée par des titres comme La Baignoire d'Archimède. Petite mythologie de la science de Sven Ortoli et Nicolas Witkowski (1998), ou encore La baignoire d'archimède - anthologie poétique de l'Obériou de Henri Abril (2012).
269
+
270
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1901.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,25 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
4
+
5
+
6
+
7
+ L'Eurasie est un terme géographique désignant conjointement l'Europe et l'Asie en tant que continent unique, plutôt que deux continents séparés. Ce supercontinent s'étend ainsi sur une superficie de près de 54 millions de km2 (environ un dixième de la surface planétaire) entre l'océan Atlantique, à l'ouest, et l'océan Pacifique, à l'est.
8
+
9
+ Au sens géographique, l'Eurasie est un supercontinent formé de l'Europe à l'ouest et de l'Asie à l'est. L'Eurasie est parfois elle-même incluse dans un supercontinent plus vaste encore comprenant également l'Afrique communément désigné Afro-Eurasie.
10
+
11
+ Géologiquement, la plaque eurasiatique ne comprend ni le sous-continent indien, ni la péninsule arabique (qui est située sur une plaque tectonique détachée de l'Afrique), ni les Philippines (qui sont sur la plaque philippine), ni l'extrémité est de la Russie (située sur la plaque nord-américaine).
12
+
13
+ Au sens géopolitique, l'Eurasie se réfère à une conception politique : l'eurasisme qui ancre la Russie (autrefois l'URSS) dans la masse continentale et tente de rebalancer vers l'Asie l'eurocentrisme traditionnel des élites russes. Selon cette doctrine le terme Eurasie ne désigne pas l'ensemble formé par l'Europe et l'Asie mais la zone intermédiaire entre l'Europe et l'Asie.
14
+
15
+ Aujourd'hui l'eurasisme s'exprime essentiellement à travers le processus d'intégration régionale dans un monde multipolaire. Le courant eurasien prône un rapprochement toujours plus fort et la construction de l'Union économique eurasiatique sur le modèle de l'Union européenne s'inscrit dans cette doctrine géopolitique.
16
+
17
+ Du point de vue environnemental, il s'agit d'une entité biogéographique cohérente. Le réseau écologique paneuropéen (REP) et la Stratégie paneuropéenne pour la protection de la diversité biologique et paysagère qui le promeut, soutenue par le Programme des Nations unies pour l'environnement (ONU) et le Conseil de l'Europe, souhaitent développer un réseau écologique couvrant cette zone.
18
+
19
+ L'Eurasie héberge 4,9 milliards d'habitants.
20
+
21
+ Au sens ethno-anthropologique, l'adjectif « eurasien » (ou « eurasienne » au féminin) peut désigner une personne métisse, née de parents respectivement européen et asiatique. Le terme a été forgé en Indochine française[1].
22
+
23
+ Le groupe Muse a repris le concept politique et littéraire de l'Eurasie dans la chanson United States of Eurasia tirée de leur sixième album, The Resistance.
24
+
25
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1902.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,178 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous connaissez bien la langue suggérée, vous pouvez faire cette traduction. Découvrez comment.
2
+
3
+
4
+
5
+ Espace unique de paiement en euros147 x 82 mm
6
+
7
+ L'euro (€) est la monnaie unique de l'union économique et monétaire[3], formée au sein de l'Union européenne ; elle est commune à dix-neuf États membres de l'Union européenne qui forment ainsi la zone euro.
8
+
9
+ Quatre micro-États (Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican) sont également autorisés à utiliser l'euro, ainsi que deux pays européens non-membres, le Monténégro et le Kosovo qui l'utilisent de facto.
10
+
11
+ D'autres pays ont leurs monnaies nationales liées à l'euro en raison d'accords préalables avec le franc français et l'escudo portugais : Bénin, Bosnie-Herzégovine, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Comores, Congo (Brazzaville), Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, République centrafricaine, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Tchad, Togo.
12
+
13
+ En usage sous sa forme scripturale le 1er janvier 1999, il est mis en circulation le 1er janvier 2002 à minuit sous sa forme fiduciaire. Il succède à l'ECU, « l'unité de compte européenne » mise en service en 1979.
14
+
15
+ L'euro est la deuxième monnaie au monde pour le montant des transactions[4], derrière le dollar américain et devant le yuan chinois.
16
+
17
+ Depuis octobre 2006, elle est la première monnaie au monde pour la quantité de billets en circulation[5].
18
+
19
+ Au 1er janvier 2020, il y avait 24 057 232 839 billets en circulation dans le monde, pour une valeur totale de 1 292 742 470 730 €, ainsi que 135 067 560 396 pièces de monnaie pour une valeur totale de 29 987 926 311 €, l'ensemble représentant la somme de 1 322 730 397 041 €
20
+ [6].
21
+
22
+ L'euro est géré par la Banque centrale européenne (BCE) qui siège à Francfort et par l'Eurosystème, composé des banques centrales des États de la zone euro. En tant que banque centrale indépendante, la BCE est l'unique instance ayant le pouvoir de fixer une politique monétaire pour l'ensemble de la zone euro. L'Eurosystème participe à l'impression, la frappe et la distribution des billets et pièces dans tous les États membres ; il veille également au bon fonctionnement des systèmes de paiements au sein de la zone euro.
23
+
24
+ Le traité de Maastricht, signé en 1992, oblige la plupart des États de l'UE à adopter l'euro dès qu'ils respectent certains critères monétaires et budgétaires, dits de convergence. Le Royaume-Uni et le Danemark ont cependant obtenu des options de retrait[7], tandis que la Suède (qui rejoint l'UE en 1995, soit après la signature du traité de Maastricht) refuse d'introduire l'euro, après un référendum négatif en 2003, et contourne au surplus l'obligation d'adopter l'euro en ne respectant pas un des critères de convergence. Néanmoins, tous les pays qui adhérent à l'UE depuis 1993 se sont engagés à adopter l'euro en temps voulu.
25
+
26
+ La gestion de l'euro dépend du contrôle de la Banque centrale européenne qui en mesure les flux, la masse monétaire, ainsi que les dettes des États membres[8].
27
+
28
+ Toutes les pièces en euro possèdent une face européenne commune (1, 2 et 5 centimes : l'Europe dans le monde ; 10, 20 et 50 centimes : l'Europe comme une alliance d'États ; 1 et 2 euros : l'Europe sans frontière) et une face spécifique au pays émetteur (y compris Monaco, Saint-Marin, le Vatican et Andorre, États en union monétaire avec leurs voisins immédiats qui sont autorisés à frapper leurs propres pièces).
29
+
30
+ Une nouvelle série de pièces est frappée depuis fin 2007 avec un décalage d'un an pour la monnaie italienne (qui frappe aussi les pièces du Vatican et de Saint-Marin). Se calquant sur la pratique décidée pour les billets de banque, elle représente désormais l'ensemble du continent européen (membre ou non de l'Union), afin d'éviter de devoir frapper de nouvelles séries à chaque élargissement. Les frontières n'y apparaissent donc plus.
31
+
32
+ Toutes les pièces sont utilisables dans tous les États membres, à l'exception des pièces de collection, qu'elles soient ou non en métal précieux, qui n'ont cours que dans le pays d'émission. Des problèmes de compatibilité sont cependant relevés sur certains automates (distributeurs automatiques, péages…).
33
+
34
+ Il existe également des pièces de collection, souvent en métal précieux, qui n'ont cours légal que dans leur pays d'émission[9]. Par exemple, gravée par Joaquin Jimenez (qui est également l'auteur de l’Arbre Étoilé des pièces de 1 et 2 euros), une pièce de 5 euros en argent est frappée à deux millions d'exemplaires en 2008. Des pièces de 10 à 5 000 euros, en argent et en or, sont mises en circulation de 2008 à 2010.
35
+
36
+ Les billets, quant à eux, ont une maquette commune à toute la zone euro. Les ponts, portes et fenêtres des billets symbolisent l'ouverture de l'Europe sur le reste du monde et les liens entre les peuples.
37
+
38
+ Le choix du graphisme des billets est de la compétence de la Banque centrale européenne alors que celui des pièces est de la compétence des États membres de l'Eurogroupe. La prochaine face commune a ainsi été décidée lors d'une réunion de l'Eurogroupe. Cette décision provoque une petite polémique de la part de quelques députés par l'absence, selon eux volontaire, de la Turquie sur le dessin retenu, au contraire de celui des billets[Note 1].
39
+
40
+ Le 2 mai 2013, un nouveau billet de 5 € est mis en circulation ; il est le premier d'une nouvelle série de billets baptisée Europe[10].
41
+
42
+ Le 24 septembre 2014, c'est un nouveau billet de 10 euros qui fait son apparition. Puis, le 25 novembre 2015, c'est le nouveau billet de 20 € qui est mis en circulation. Le billet de 50 € est mis en circulation le 4 avril 2017[11]. Enfin, les nouveaux billets de 100 et 200 € sont introduits le 28 mai 2019.
43
+
44
+ L'euro n'est pas la première monnaie à vocation européenne (et internationale). En effet, l'Union latine, née en 1865 à l'initiative de Napoléon III, marque une union monétaire, ou supranationale, signée et partagée par la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie, la Grèce et, plus tard, l'Espagne et le Portugal, puis la Russie et certains pays d'Amérique latine. La Première Guerre mondiale (1914-1918) met fin à ce projet d'unification monétaire.
45
+
46
+ Le projet de créer une monnaie commune naît dans les années 1970 avec les turbulences du régime agrimonétaire, depuis la mise en œuvre de la Politique agricole commune, en 1962, et l'impossibilité de mettre en place un système de taux de change contrôlable[13].
47
+
48
+ La décision de créer l'euro est officialisée lors du traité de Maastricht. Lorsque les négociations sont engagées, les responsables savent qu'économiquement la constitution de la zone euro est un défi. En effet, les économistes savent, depuis les travaux de Robert Mundell (dans les années 1950) que, pour que des pays aient intérêt à avoir une même monnaie, ils doivent[14] :
49
+
50
+ Pour Jean Pisani-Ferry, les responsables politiques des pays décident de passer outre, pour trois raisons :
51
+
52
+ Deux visions s'opposent :
53
+
54
+ L'euro est créé par les dispositions du traité de Maastricht, en 1992. Pour participer à la monnaie commune, les États membres sont censés répondre à des critères stricts tels qu'un déficit budgétaire de moins de 3 % de leur PIB, un endettement inférieur à 60 % du PIB (deux critères qui sont régulièrement bafoués après l'introduction de l'euro[25]), une faible inflation et des taux d'intérêt proches de la moyenne de l'UE. Lors de la signature du traité de Maastricht, le Royaume-Uni et le Danemark obtiennent des options de retrait pour ne pas participer à l'union monétaire qui se traduirait par l'introduction de l'euro.
55
+
56
+ De nombreux économistes tels que Fred Arditti, Neil Dowling, Wim Duisenberg, Robert Mundell, Tommaso Padoa-Schioppa et Robert Tollison participent à la création de la monnaie commune.
57
+
58
+ L'appellation « euro » est officiellement adoptée à Madrid, le 16 décembre 1995[26]. L'espérantiste belge, Germain Pirlot[27], ancien professeur de français et d'histoire, est désigné pour dénommer la nouvelle monnaie ; il envoie une lettre au président de la Commission européenne, Jacques Santer, et suggère la dénomination « euro », le 4 août 1995[28].
59
+
60
+ Les taux de conversion sont déterminés par le Conseil de l'Union européenne[Note 2], sur la base d'une recommandation de la Commission européenne, établie sur les taux du marché au 31 décembre 1998. Ils sont créés de sorte qu'une unité de compte européenne (ECU) serait égale à un euro. L'unité monétaire européenne était une unité de compte utilisée par l'UE et calculée sur la base des monnaies des États membres. Ce n'était pas une monnaie à part entière. Les taux n'ont pas pu être fixés plus tôt car la valeur d'un ECU dépendait des taux de change des monnaies ne participant pas à l'euro (comme la livre sterling), à la clôture, ce jour-là.
61
+
62
+ La procédure utilisée pour fixer le taux de change irrévocable entre la drachme grecque et l'euro est différente : alors que les taux de change pour les onze monnaies initiales sont déterminés quelques heures seulement avant que l'euro n'ait été introduit, le taux de conversion de la drachme grecque est fixé plusieurs mois à l'avance[Note 3].
63
+
64
+ La monnaie est introduite sous forme immatérielle (chèques de voyage, transferts électroniques, services bancaires…), le 1er janvier 1999, à minuit, dans les onze pays formant la toute nouvelle zone euro: l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal. Les monnaies nationales des pays participants cessent dès lors d'exister indépendamment. Les taux de change sont alors bloqués à taux fixes, les uns envers les autres. L'euro devient ainsi le successeur de l'unité de compte européenne (ECU). Les billets et pièces des anciennes monnaies continuent cependant à avoir cours légal jusqu'à ce que les billets et pièces en euro soient introduits, le 1er janvier 2002.
65
+
66
+ La période de transition au cours de laquelle les anciens billets et les anciennes pièces sont échangés contre billets et pièces en euro dure environ deux mois, jusqu'au 28 février 2002. La date officielle à laquelle les monnaies nationales cessent d'avoir cours légal varie d'un état membre à l'autre ; la période la plus courte est en Allemagne, où le Deutsche Mark cesse officiellement d'avoir cours légal le 31 décembre 2001, bien que la période de transition y dure également deux mois. Même après que les monnaies nationales cessent d'avoir cours légal, elles continuent à être acceptées par les banques centrales nationales, pour des périodes plus ou moins longues, allant de plusieurs années à tout jamais (voir ici). Les premières pièces cessant d'avoir cours légal sont les pièces portugaises en escudo, qui cessent d'avoir cours légal le 31 décembre 2002, bien que les billets restent échangeables jusqu'en 2022[29].
67
+
68
+ En 2002, l'euro est lauréat du Prix International Charlemagne.
69
+
70
+ L'adhésion à l'euro est obligatoire pour les nouveaux membres de l'UE, mais chaque pays en fixe la date et doit respecter les conditions économiques nécessaires.
71
+
72
+ La zone euro s'étend progressivement :
73
+
74
+ Des trois membres de l'UE (à quinze) non participants, seuls le Royaume-Uni et le Danemark obtiennent une clause dite d’opting-out, leur permettant de rester en dehors de la monnaie commune, même s'ils venaient à remplir les conditions d'adhésion, clause confirmée par le traité de Rome de 2004. Cette clause ne leur interdit toutefois pas d'adhérer ultérieurement.
75
+
76
+ Aussi le Royaume-Uni, contrairement au Danemark, ne fait pas partie du mécanisme de change européen II (MCE II), bien que remplissant les conditions du traité de Maastricht car il ne souhaite pas lier le taux de change de la livre sterling à l'euro ; depuis que la livre sterling a quitté le défunt SME (fondé sur l'ancienne unité de compte européenne, ou ECU), son cours par rapport à l'euro connaît des variations plus importantes que les autres monnaies des pays membres non adhérents, notamment durant les deux premières années de l'introduction de l'euro, qui s'est temporairement fortement déprécié par rapport au dollar américain, à la livre sterling et au franc suisse. Cette instabilité initiale est, semble-t-il, résolue et, depuis, la livre sterling suit de façon assez proche les évolutions du cours de l'euro (le franc suisse s'est aussi stabilisé par rapport à l'euro et il remplirait les conditions d'entrée dans le MCE II si la Suisse et le Liechtenstein décidaient de rejoindre l'Union européenne).
77
+
78
+ En revanche, la Suède s'est engagée à rejoindre à terme la monnaie commune et ce, dès qu'elle remplira les conditions du traité de Maastricht. Cependant, en raison d'une opinion publique qui reste favorable au maintien de la couronne suédoise, comme le montre le dernier référendum organisé sur ce sujet, le 14 septembre 2003, la Suède ne remplit pas techniquement les conditions d'entrée dans le MCE II afin de ne pas être contrainte d'adopter automatiquement la monnaie commune.
79
+
80
+ Les états membres qui ont rejoint l'UE après la mise en place de l'euro sont tenus d'intégrer, à terme, la zone euro. Ceci suppose qu'ils intègrent d'abord le MCE II puis qu'ils remplissent les autres conditions d'adoption de l'euro. Ainsi, pour la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Bulgarie et la Roumanie, tout nouvel élargissement n'est pas à prévoir « dans les prochaines années »[Quand ?], selon Valdis Dombrovskis, commissaire européen chargé de l'euro[37].
81
+
82
+ Les motifs de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Pologne commencent à être proposés[Quand ?].
83
+
84
+ En septembre 2012, le ministre des Finances bulgare, Simeon Djankov, annonce que son pays renonce à abandonner sa monnaie nationale pour l'euro, du fait de l'incertitude entourant la pérennité de la monnaie commune[38]. Notons cependant que la Bulgarie est juridiquement obligée d'adopter l'euro à terme, ayant ratifié son traité d'adhésion à l'UE sans bénéficier d’opting-out.
85
+
86
+ Au 1er janvier 2017, 19 pays de l'Union européenne utilisent l'euro comme monnaie nationale.
87
+
88
+ À ceux-ci s'ajoutent quatre états hors UE ayant des accords officiels et utilisant donc l'euro de façon officielle, ainsi que deux autres états l'ayant adopté unilatéralement. Le cas des bases britanniques à Chypre est particulier : le traité d'indépendance de Chypre y prévoyait l'utilisation exclusive de la monnaie locale, ce qui a imposé un basculement vers l'euro ; cette particularité est prévue par le traité d'adhésion de Chypre et par le droit britannique.
89
+
90
+ L'euro est également de facto utilisé dans plusieurs pays hors d'Europe, comme au Zimbabwe où il circule aux côtés du dollar américain, du rand sud-africain, du pula botswannais et de la livre sterling.
91
+
92
+ En 2018, au sein de l'Union européenne et des pays candidats à l'entrée dans l'Union, se trouvent les monnaies suivantes qui ont toutes intégré le MCE II :
93
+
94
+ Toutefois, les phases préparatoires avant l'introduction de l'euro sont actuellement considérablement raccourcies, tous ces pays négociant déjà l'euro sur les marchés internationaux et disposant même de stocks de pièces et billets pour le marché des changes aux particuliers (notamment dans les zones touristiques). Dans certains de ces pays, de nombreux commerces acceptent les paiements en euro (parfois même aussi en pièces et billets), certains pratiquant même le double affichage sur un taux voisin du cours central défini dans le MCE II (qui autorise une variation de 15 % du cours, mais qui, en pratique, varie dans des marges très inférieures, le marché des changes étant déjà très stabilisé, ce qui permet même à certains pays de garantir unilatéralement leur taux de change par l'intervention de leur banque centrale), ou autorisant l'ouverture de comptes en euro pour les entreprises et les administrations, afin de limiter les frais relatifs aux opérations de change.
95
+
96
+ Dans les derniers jours précédant l'évaluation par la Commission européenne d'une devise MCE II après deux années de stabilité, il apparaît une instabilité temporaire du cours de cette devise liée à une anticipation du marché sur une prochaine convertibilité totale de cette devise, ce qui limite l'intérêt de conserver des fonds de garantie dans cette devise. Mais la BCE et les BCN veillent à limiter cette instabilité et assistent la BCN, candidate pour limiter cet impact temporaire, en achetant ou vendant massivement les surplus de change sur les marchés financiers. Une stabilisation forte en dernière minute est donc constatée autour du taux central défini dans le MCE II, sauf si les engagements financiers pris par la BCE sont trop importants et nécessitent un ajustement pour éviter d'imposer à la BCN candidate des dettes dès son entrée dans l'UME, qui ne lui permettraient plus de remplir les objectifs de stabilité de Maastricht. Aussi, le cours central, défini dans le MCE II, ne préfigure pas forcément le taux de conversion définitif qui sera appliqué (mais qui devrait rester tout de même dans la bande de fluctuation de 15 % autour du taux central).
97
+
98
+ Un certain nombre de devises, hors Union européenne, sont déjà liées à travers un taux de change, fixe ou variable, à l'euro :
99
+
100
+ Les monnaies suivantes des pays membres de l'Union européenne, ou candidats à l'adhésion, ne sont pas liées à l'euro.
101
+
102
+ Quatre micro-États enclavés dans l'Union européenne, sans en être membres, ont obtenu le droit d'utiliser l'euro : Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican ; ces États sont également autorisés à frapper un certain nombre de pièces de monnaie (officiellement depuis le 1er juillet 2013 pour Andorre, effectif à compter du 1er janvier 2014).
103
+
104
+ Deux autres États, ou entités européennes, non membres de l'Union, utilisent également l'euro de facto : le Monténégro et le Kosovo, sans dépendre de la BCE, sans pouvoir émettre de pièces ni de billets.
105
+
106
+ L'euro est également utilisé de facto dans certains territoires d'outre-mer, non intégrés à l'Union, dont les habitants sont citoyens d'un pays de l'Union ; c'est le cas de Saint-Pierre-et-Miquelon et, dans une mesure plus infime, des TAAF.
107
+
108
+ Enfin, l'euro est accepté comme quasi seconde monnaie dans des régions d'États non-membres frontalières de la zone euro (Genève) ou pour des raisons touristiques (Polynésie).
109
+
110
+ La valeur de l'euro, exprimée dans les anciennes monnaies de ces pays, est la suivante :
111
+
112
+ Franc luxembourgeois
113
+
114
+ Notes :
115
+
116
+ Notes :
117
+
118
+ L'ECU, qui était un panier, contenait des monnaies comme la livre sterling, qui n'ont pas été intégrées dans l'euro. Les deux devises européennes ne coïncident donc que brièvement, pendant les heures de fermeture des marchés entre la fin de 1998 et le début de 1999 et, si l'ECU existait encore, il aurait maintenant une valeur tout autre que celle de l'euro.
119
+
120
+ Afin de reconstituer la valeur qu'aurait eue l'euro par rapport au dollar américain avant sa cristallisation du 31 décembre 1998, il convient d'utiliser les taux de change face au dollar d'une monnaie nationale, et de lui appliquer son taux de conversion en euro. Par exemple, 6,559 57 sera divisé par la valeur du dollar en francs français. Le résultat du calcul figure sur le graphique ci-contre pour le franc français (en rouge) et le deutschemark (en bleu) pour toute la période qui va de l'introduction du régime des changes flottants par Richard Nixon à celle de l'euro.
121
+
122
+ Pendant les dix années précédant son introduction, l'euro aurait ainsi eu une valeur moyenne de l'ordre de 1,182 5 dollar US, calculée avec le franc français, et 1,20 dollar, calculée avec le deutschemark.
123
+
124
+ Le marché des changes le plus actif de l'euro est bien évidemment celui comparé au dollar US ; la parité euro/dollar est l'instrument financier le plus traité dans le monde , c'est un indicateur phare, suivi quotidiennement par tous les milieux économiques et financiers.
125
+
126
+ À partir de l'introduction de l'euro, l'inflation perçue en France a été nettement plus élevée que l'inflation réelle[Note 4].
127
+
128
+ Pourtant, l'inflation dans la zone euro n'a pas augmenté à partir de 2002, date d'introduction. Entre 2000 et 2006, elle a fluctué entre 1,9 et 2,3 %[42]. En 2003, l'augmentation moyenne des prix à la consommation due au basculement à l'euro ne représente qu'environ 0,1 à 0,3 % du taux normal d'inflation de 2,3 % pour l'année en question[43]. Ainsi, l'indice des prix au sein de la zone euro est resté inférieur à celui des pays européens qui n'ont pas introduit la monnaie commune.
129
+
130
+ La Banque de France a montré[44] que l'introduction de l'euro s'est produite simultanément à une hausse importante des prix de l'immobilier et des produits pétroliers. Par ailleurs, certains secteurs (hôtellerie, tabac par exemple) ont connu de fortes hausses de prix depuis l'introduction de l'euro[44].
131
+
132
+ Le niveau faible de l'inflation globale s'explique également par les fortes baisses de prix observées depuis le début des années 2000 pour les biens d'équipement (ordinateurs, machines à laver, automobiles, téléphones mobiles, etc.), qui n'ont pas été ressenties par les consommateurs (phénomène de biais cognitif qui s'explique du fait qu'il ne s'agit pas de biens de première nécessité et dont la périodicité d'acquisition moyenne est supérieure à l'année). Pour cela, il est intéressant d'observer le taux d'inflation pour les ménages modestes, qui est calculé en tenant compte de leurs achats (la baguette de pain a un poids plus fort…).
133
+
134
+ Face à la polémique[45],[46], le ministre des Finances français, Thierry Breton, propose, ultérieurement, un indice spécial lié au coût du panier d'achat au supermarché pour répondre aux critiques des associations de consommateurs. L'INSEE introduit un indicateur d'inflation personnalisé[Note 5],[47].
135
+
136
+ En mai 2017, l'Insee publie une étude dans laquelle affirmant qu'il n'y a pas eu « d'inflation particulière » depuis l'introduction de l'euro[48].
137
+
138
+ Si la Banque centrale européenne a un objectif d'inflation de 2 %, il s'agit d'une moyenne : sur les 12 premières années, l'inflation est, en moyenne, de 1,5 % en Allemagne, de 1,8 % aux Pays-Bas mais de 3,3 % en Grèce, de 2,8 % en Espagne et de 2,5 % au Portugal[49]. La perte de compétitivité qui a suivi le différentiel d'inflation est un des éléments clés d'explication de la crise de la zone euro. Ce problème est difficile à régler lorsque les pays ne peuvent pas dévaluer. En effet, seules deux solutions sont alors possibles : une dévaluation interne (baisse des salaires) dans les pays qui ont connu trop d'inflation ou une politique de relance dans les pays affectés par une inflation trop faible[50].
139
+
140
+ Depuis la crise de 2007, la zone euro est confrontée à un problème de déflation dans la plupart des pays qui la compose ce qui a amené la BCE à agir et à utiliser les outils de politique monétaire dont elle dispose pour tenter de faire remonter l'inflation. Certains sont habituels, comme la baisse du taux directeur (ce qui permet en théorie de relancer le crédit), d'autres exceptionnels comme l'achat d'actifs par le biais de l'assouplissement quantitatif (QE)[51]. Les résultats de cette politique sont, en 2017, insuffisants, et certains analystes plaident pour joindre à la politique anti-déflation de la BCE une politique de relance budgétaire de la part des États qui compose la zone euro, mais cette option suscite de vives controverses au sein de l'Eurogroupe[52], en particulier une opposition de l'Allemagne, qui plaide pour l'orthodoxie budgétaire partout dans la zone Euro.
141
+
142
+ La politique monétaire menée ces dernières années[Lesquelles ?] (au moins jusqu'au QE) conduit à un « euro fort », ou qualifiée par ses détracteurs d'« euro cher ». À terme, selon le centre de recherche économique CEE Council, le maintien de l'orthodoxie financière, prôné par le gouvernement allemand et la BCE, et la politique de rigueur généralisée qui en découle, nécessiteront une révision du traité de Lisbonne, car ils pourraient avoir pour conséquence de réduire les prérogatives budgétaires et fiscales des états-membres, au-delà des dispositions du traité dans sa forme actuelle[53].
143
+
144
+ Le CEPII soulignait en 2012 que, par construction, l'euro empêche les taux de change de s'ajuster pour compenser les déséquilibres des balances commerciales des pays membres. En l'absence de ce canal, l'ajustement doit se faire par des taux d'inflation différenciés entre pays, ce qui suppose des dévaluations internes (baisse des salaires) pour les pays les moins compétitifs, ou par une montée en gamme des produits[54]. Paul Krugman souligne à ce propos que l'Allemagne bénéficie d'un Euro légèrement sous-évalué par rapport au DM (si celui-ci était toujours en circulation), contrairement aux autres pays d'Europe, en particulier au sud, qui ont une monnaie sur-évaluée[55]. Cette analyse a été confirmée par une étude du FMI datant de 2017[56]. Ce déséquilibre a sa part de responsabilité dans l'excédent commercial très élevé de l'Allemagne, qui est en partie responsable, selon nombre d’économistes, dont ceux du FMI, de l’anémie de la croissance européenne[57] (cet excédent se fait au détriment des autres pays de la zone, certains économistes parlant à ce sujet de mercantilisme[58]). De plus, l'épargne résultant de cet excédent s'investirait peu dans la zone euro et profiterait peu aux voisins de l'Allemagne[59]. A ce sujet, Patrick Artus souligne que les excédents allemands servent essentiellement à financer le déficit américain.
145
+
146
+ Faute de pouvoir rééquilibrer leur compétitivité par la dévaluation, certains pays ont connu, selon une étude allemande du CEP (Centrum für europäische Politik), une moindre hausse de leur PIB. L'Euro a ainsi freiné leur croissance économique par rapport à la croissance qui aurait été la leur s'ils avaient gardé leur monnaie. Ainsi, chaque français aurait perdu 56 000 euros sur la période 1999-2017 et les italiens 73 000[60]. L'Allemagne, les Pays-Bas et la Grèce auraient au contraire bénéficié de l'euro[61]. Cette étude a été critiquée par le Groupe d'Etudes Géopolitiques (GEG), un groupe de réflexion de l'ENS Ulm[62]. Selon le GEG, les chiffres de l'étude sont faux car elle est constituée « de grossières erreurs méthodologiques qui disqualifient la démarche du CEP et laissent planer le doute sur sa bonne foi ». Le GEG ajoute que « les auteurs ne semblent pas conscients des biais possibles de la méthode d’évaluation dite de contrôle synthétique et ne font rien qui puisse les éliminer »[62]. Une étude publiée en décembre 2018 dans la European Economic Review et employant la même méthode statistique que le CEP trouve des résultats également sensiblement différents[63]. Le quotidien allemand Die Welt a aussi livré une critique acerbe de l'étude du CEP[64], en France Le Point qualifie l'étude de « bidon »[65] et Libération estime que la méthodologie employée est particulièrement « critiquable »[66].
147
+
148
+ Un sondage est effectué à la demande du German Marshall Fund, durant l'été 2010. À la question « L'usage de l'euro est-il une bonne chose pour l'économie ? », si une majorité de Néerlandais a répondu oui, 53 % des Allemands et des Espagnols ont répondu non, ainsi que 60 % des Français[67]. Pourtant, à cette même date, un autre sondage indiquait que seuls 38 % des Français étaient en faveur d'un retour au franc[68].
149
+
150
+ En 2015, dans un sondage Eurobaromètre, 61 % des citoyens des pays du zone euro ont répondu, à la question « En général, pensez-vous que l'euro est une bonne chose ou une mauvaise chose pour votre pays ? », que l'euro était une bonne chose pour leur pays, alors que 30 % ont dit que c'était une mauvaise chose le niveau de soutien le plus élevé enregistré par Eurobaromètre depuis qu'il a commencé à poser cette question en 2002, et une importante augmentation depuis le plus bas niveau de soutien (moins de 50 %) enregistré par ce sondage, en 2007. Les pays les moins favorables à l'euro était l'Italie et la Chypre, les deux pays où moins de la majorité absolue ne se sont prononcés favorables à l'euro (en Italie, 49 % en faveur et 41 % contre ; en Chypre 50 % et 40 % respectivement) et la Lettonie (54 % en faveur, 29 % contre), pendant que les pays les plus favorables étaient le Luxembourg (79 % en faveur, 14 % contre), l'Irlande (75 % et 18 %), et l'Allemagne (70 % et 22 %)[69].
151
+
152
+ En 2017, un sondage Ifop indique que 72 % des Français sont en faveur d'un maintien dans la zone euro. Seuls 28 % se sont déclarés en faveur d'une sortie dont une majorité est électrice du Front national[68].
153
+
154
+ Nombre d'économistes[70],[71] pointent le fait que les pays de la zone euro ne constituaient pas, en 2002, une zone monétaire optimale, et qu'un défaut de convergence des politiques économiques, et l'absence d'outils de gestion commune (trésor, budget fédéral) ne les rapprochent pas de cette configuration. Les économistes Milton Friedman et Martin Feldstein ont également exprimé leur doute à ce sujet[72]. L'absence de trésor et de budget fédéral entraîne l'absence de transferts (en particulier fiscaux) entre pays en excédent et pays en déficit, ce qui pose un problème qui peut menacer à terme la viabilité de la zone Euro. Conscients du problème, un certain nombre de responsables européens, dont Emmanuel Macron, plaident pour une Europe budgétaire, tentant d'infléchir la position de l'Allemagne sur ce sujet[73]. Ce problème est également souligné à la tête de la BCE par Christine Lagarde qui déplore le manque de solidarité dans la zone Euro sur le plan budgétaire[74].
155
+
156
+ L'euro est la deuxième monnaie de réserve dans le monde, loin derrière le dollar américain ; cependant, petit à petit, l'euro commence à augmenter comme monnaie de réserve dans le monde, passant de 17,9 %, en 1999, à 27,3 %, en 2009[75].
157
+
158
+ Ceci vient confirmer les propos d'Alan Greenspan, ancien président de la banque centrale des États-Unis, selon lesquels « il est concevable que l'euro remplace le dollar comme monnaie de réserve ou devienne d'une importance égale »[76].
159
+
160
+ Toutefois, en 2017, la part de l'euro est redescendue à 20 %.
161
+
162
+ Une étude montre que l'introduction de l'euro a eu un effet positif sur le tourisme en Europe, avec une augmentation de 6,5 % du nombre de touristes au sein de la zone euro[79].
163
+
164
+ L'euro est actuellement présent dans les documents électroniques et les bases de données de nombreux pays, non seulement de l'Union économique et monétaire, mais aussi de nombreux pays du monde. Il faut signaler que cette devise, comme toutes les autres, ne fait pas encore partie d'une norme internationale de métadonnées (voir Dublin Core), en raison de la variabilité des monnaies et des prix soumis aux lois d'évolution des marchés ; cependant, la norme ISO 4 217 est abondamment utilisée dans les bases de données et les échanges informatiques, et attribue le code EUR à l'euro, norme à caractère quasi obligatoire pour les transferts interbancaires de devises et la tenue des comptes à la place des symboles monétaires souvent ambigus (même si l'euro a un symbole bien défini, la présence de devises dérivées non régulées par la BCE est source de nouvelles ambiguïtés).
165
+
166
+ Du fait d'alphabets différents les noms et divisions nationales de l'euro ne s'orthographient et ne se prononcent pas de la même façon dans tous les pays de la zone.
167
+
168
+ Du fait de la diversité des règles grammaticales au sein de la zone euro, le mot « euro » sur les pièces et billets est invariable et ne prend donc pas de « s »[Note 6]. Toutefois, dans la langue française, selon la règle, le pluriel se forme par l'ajout d'un « s » en fin de mot[80]. L'Académie française s'est prononcée en ce sens dans une note publiée au Journal officiel du 2 décembre 1997[81].
169
+
170
+ En revanche, en France, le terme « cent », prêtant à confusion, n'est généralement pas utilisé en français ; on parle de centime ou, dans une forme plus rare et déconseillée, d'eurocent (pour ne pas confondre avec les centimes de franc pendant la phase transitoire[81]). Pour des raisons similaires, il est dit centimo en espagnol, centesimo en italien, lepton (pluriel lepta) en grec, alors que ce problème ne se pose pas en anglais, par exemple, langue dans laquelle il est adopté tel quel[Note 7].
171
+
172
+ La liaison avec le mot antéposé et l'élision du « e » (des articles « de » et « le » ainsi que de la préposition « de ») suivent les règles habituelles du français : on prononce donc un(n)euro, dix(z)euros, vingt(t)euros, quatre-vingts(z)euros, cent(t)euros, etc., de même qu'on dit « l'euro » et « d'euro(s) »[82].
173
+
174
+ En France, deux imprimeries fabriquent des billets de 5, 10 et 20 euros : l'imprimerie de la Banque de France, à Chamalières (Puy-de-Dôme) et l'imprimerie de François-Charles Oberthur Fiduciaire, à Chantepie (Ille-et-Vilaine). Ces billets sont destinés à remplacer ceux qui sont trop usés, en France et dans toute l'Europe.
175
+
176
+ Les autres coupures sont fabriquées dans d'autres pays européens puis envoyées en France selon une sorte de contrat d'échange établi par la BCE. En revanche, les pièces françaises en euro sont toutes frappées à Pessac (Gironde), par la direction des Monnaies et médailles.
177
+
178
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1903.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,339 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Vous pouvez améliorer sa rédaction !
2
+
3
+ L’Europe est considérée conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest par l’océan Atlantique et la mer de Norvège, et au nord par l’océan Arctique. Sa limite méridionale est marquée par le détroit de Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que les détroits respectivement du Bosphore et des Dardanelles marquent sa frontière avec l'Asie du Sud-Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au fleuve Oural et au Caucase est la limite traditionnellement retenue, mais reste, faute de séparation claire et précise, l'objet de controverses selon lesquelles un certain nombre de pays sont ou ne sont pas à inclure dans le continent européen. Géographiquement, ce peut être considéré aussi comme une partie des supercontinents de l'Eurasie et de l'Afro-Eurasie.
4
+
5
+ Dans son acception la plus commune, le continent européen couvre une superficie d’environ 10 millions de km2 et a une population d’environ 743 millions d’habitants. Ses habitants sont les Européens.
6
+
7
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord. L'Europe comprend une diversité de climats : un climat tempéré sur la majorité de sa surface, du fait de l'influence de l'océan Atlantique Nord-Est et de la mer Méditerranée et un climat de type continental à l'est de la Pologne orientale. Elle connaît aussi un climat océanique froid, voire polaire, dans ses régions les plus septentrionales, et un climat subtropical humide dans les Balkans autour de la Mer noire. Arrosé par de nombreux fleuves et rivières, le continent n'est pas en stress hydrique.
8
+
9
+ L'Europe recouvre une grande biodiversité et a été pionnière dans les questions environnementales.
10
+
11
+ Le peuplement s'est effectué de manière continue depuis 1,8 ou 2 millions d'années, des cycles glaciaires et interglaciaires créant des périodes d'isolement géographique à l'origine d'une différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent à partir d'une espèce commune apparue en Afrique. Arrive ensuite Sapiens, également né en Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités » à partir de 70 000 ans avant l'ère commune.
12
+
13
+ La population européenne se sédentarise entre 7 500 et 8 000 ans avant J.-C., par l'effet de diffusion de populations et de techniques apparues sur le plateau d'Anatolie vers 11 000 ans avant J.-C. et pratique l'agriculture à partir de 5 000 ans avant J.-C. Des hypothèses linguistiques et archéologiques ainsi que des études génétiques récentes accréditent la thèse d'un peuplement de l'ensemble du continent par des populations de l'est de l'Europe qui seraient les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes.
14
+
15
+ Les peuples germains apparaissent 2 000 ans avant J.-C. au nord de l'Europe, les peuples celtes s'étendant quant à eux à partir de 1 200 ans avant J.-C. sur la majeure partie du territoire, du bassin des Carpates à l’est de la France.
16
+
17
+ Mais c'est la Grèce, avec sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), qui doit être considérée  comme le berceau culturel de l'Europe. Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. Le continent est alors divisé entre le monde romain et celui des barbares (Pictes celtes et Germains). L'influence romaine s'inscrit dans la culture, via la langue latine, ainsi que dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation, sur un vaste territoire borné au nord par le mur d'Hadrien et à l'Est par le Rhin et la Vistule, et qui s'étend par ailleurs en Afrique et en Asie.
18
+
19
+ L'Europe est ainsi le berceau de la civilisation gréco-romaine, qui a donné le jour à la civilisation occidentale. Le christianisme s'y diffuse à partir du Ier siècle.
20
+
21
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire romain est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient seul perdurant (jusqu'au milieu du XVe siècle) tandis que l'Empire romain d'Occident se délite dès le Ve siècle sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares
22
+
23
+ Plusieurs tentatives furent faites pour reconstituer l'Empire romain d'Occident :celles de Charlemagne, des souverains du Saint-Empire romain germanique, d’Otton Ier en 962 à Charles Quint au XVIe siècle, voire de Napoléon Ier
24
+
25
+ Le morcellement féodal prévalut au Moyen Âge, avec toutefois l'élaboration d'une civilisation commune aux Européens autour de la foi chrétienne.
26
+
27
+ Des États-nations se constituèrent ensuite progressivement, et leur rivalité entraîna des guerres importantes au fil des siècles, de la guerre de Cent ans aux guerres du XXe siècle.
28
+
29
+ L'unité religieuse fut également perdue, un premier schisme séparant en 1054 les chrétiens d'Occident (catholiques) des chrétiens de l'Est de l'Europe (orthodoxes). La Réforme protestante entraîna un deuxième schisme à partir du XVe siècle et de nombreuses guerres de religion, notamment en France, entre Catholiques et Protestants.
30
+
31
+ L'Europe est toutefois, à partir de la Renaissance, à l'origine de plusieurs bouleversements historiques majeurs. La période moderne voit l'invention de l'imprimerie, la première alphabétisation de masse à la suite de la Réforme protestante, les grandes découvertes. Elle voit éclore le siècle des Lumières, est à l'origine de la diffusion du capitalisme marchand puis de la révolution industrielle. Elle invente des formes politiques nouvelles nées des révolutions anglaise et française.
32
+
33
+ Du XVIe au XXe siècles, elle colonise par peuplement l'ensemble du continent américain. Elle établit par ailleurs, au travers de plusieurs de ses nations, des empires coloniaux dans la quasi-totalité de l'Afrique, l'Océanie et de grandes parties de l'Asie jusque dans les années 1950-1960. C'est en Europe également que prennent naissance les deux guerres mondiales et que se produit la Shoah.
34
+
35
+ La Seconde Guerre mondiale, qui l'a laissée exsangue, fait perdre à l'Europe son hégémonie mondiale et enclenche un mouvement de décolonisation. Pendant la Guerre froide, le continent est divisé en deux blocs séparés par un rideau de fer, celui de l'Ouest et celui de l'Est, idéologiquement opposés. Le bloc occidental, zone d'influence américaine, connaît un essor économique rapide et met en place les premières étapes d'une union européenne, économique puis politique, qui ira croissant dans le nombre des États membres, en intégrant en particulier un certain nombre d'ex-pays de l'Est après l'effondrement du bloc soviétique. De nombreuses critiques se sont élevées depuis une quinzaine d'années à son encontre dans les populations des États membres, notamment à la suite du non-respect des votes référendaires ou de la crise de l'Euro. Elles se sont exprimées à travers le vote du Brexit qui a entraîné le départ du Royaume-Uni en 2020.
36
+
37
+ Deux origines concurrentes du mot « Europe » ont été proposées[1].
38
+
39
+ La première fait provenir ce nom de l'usage par les marins phéniciens des deux mots Ereb, le couchant, et Assou, le levant pour désigner les deux rives opposées de la mer Égée : d'une part la Grèce actuelle et d'autre part l'Anatolie (Ἀνατολή signifie pareillement, en grec, le levant). La première mention connue de ces mots sémitiques se trouve sur une stèle assyrienne qui distingue Ereb, la nuit, le [pays du soleil] couchant, et Assou, le [pays du soleil] levant. Selon Michael Barry, les deux mots sont probablement à l'origine des deux noms grecs Eurôpè et Asia dans leur acception géographique antique[2][source insuffisante]. En grec, dans un hymne à Apollon datant d’environ 700 avant notre ère, Eurôpè représente encore, comme Ereb, le simple littoral occidental de l’Égée[2]. C'est également le nom de la princesse de Tyr enlevée par Zeus. Néanmoins, cette étymologie sémitique est à peine encore défendue[3] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable[Note 2],[Note 3].
40
+
41
+ La seconde est grecque. Dans la mythologie grecque, plusieurs « Europe » sont connues, Europe, fille du géant Tityos ; la mère de Niobé ; la fille de Nil, une épouse de Danaé ; selon Hésiode, Europe l'Océanide est l'une des trois mille nymphes d'Océan et de Téthys ; dans l’Iliade, Europe est la fille de Phœnix, ascendant du peuple phénicien. Europè (εὐρώπη) provient de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, εὐρύς, signifie soit large, qui s'étend en largeur, soit vaste, qui s'étend au loin[Note 4] ; le second, en grec ancien ὤψ, signifie soit regarder en face, regard, soit œil[Note 5]. Le terme signifie « [celle qui a] de grands yeux » et devient un prénom féminin, donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse princesse Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau. Hérodote fait remarquer que la jeune princesse ne pose jamais le pied sur le continent du côté grec désigné par le terme géographique Eurôpè puisque Zeus la dépose en Crète[6]. À Gortyne, à l’endroit où ils s'unissent, près d'une fontaine a poussé un platane qui ne perd jamais son feuillage[7].
42
+
43
+ En 1961, une troisième origine est avancée par des archéologues spécialistes de l'Empire hittite, qui émettent l'hypothèse que les noms des deux continents Europe et Asie viendraient de deux royaumes voisins de l'Empire hittite situés de part et d'autre du Bosphore : Avrupa, correspondant approximativement à la Thrace, aurait donné le nom « Europe » tandis qu'Assuwa, correspondant au quart nord-ouest de l'actuelle Turquie anatolienne, aurait donné le nom « Asie »[8]. La langue turque actuelle utilise toujours le vocable Avrupa pour désigner l'Europe.
44
+
45
+ De nos jours, les institutions de l'Union européenne retiennent et propagent l'affirmation selon laquelle le nom du continent viendrait de la mythique Europe enlevée par Zeus[9],[10],[Note 6],[12].
46
+
47
+ Selon Jean Haudry, Europē est initialement une désignation de la Grèce continentale par opposition au Péloponnèse, aux îles et à la Thrace. Ce serait seulement à partir des guerres médiques, que le terme s'oppose à l'Asie (qui ne désigne que l'Asie Mineure) et à la Libye (l'Afrique) pour s'appliquer au continent européen, dont les limites demeurent inconnues[13].
48
+
49
+ L'usage fait de l'Europe un continent[Note 7] mais il s'agit, si l'on considère la plaque eurasiatique, de la partie occidentale (une péninsule[15]) d'un super-continent[16]. Cela entraîne que les limites terrestres de l'Europe ont donc toujours été imprécises à l'est car il n'existe pas de relief ou de mer venant clairement scinder l'Eurasie. Les frontières géographiques de l'Europe sont donc plus politiques que physiques[17].
50
+
51
+ Pour les Grecs, l'Europe ne s'étendait pas « au-delà du Bosphore et des rives occidentales de la mer Noire »[18]. Jusqu'au règne du tsar Pierre le Grand (1682-1725), la limite orientale de l'Europe est fixée au fleuve Tanaïs (actuel Don)[19]. Pierre le Grand mène une politique de réorientation de l'Empire russe vers l'Europe, en fondant Saint-Pétersbourg capitale ouverte sur la mer Baltique et en chargeant Vassili Tatichtchev de déplacer vers l'est la frontière de l'Europe. Ce dernier choisit le massif de l'Oural et le fleuve Oural[20]. Au sud-est, la mer Caspienne, le massif du Caucase, la mer Noire et le détroit du Bosphore séparent l'Europe du Proche-Orient. Au sud et au sud-ouest, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar séparent l'Europe de l'Afrique. Le continent est bordé à l'ouest par l'océan Atlantique et au nord par l'Arctique. Sont considérées comme européennes l'Islande (située géologiquement sur la séparation Eurasie-Amérique[21]) et les principales îles de la Méditerranée ; le cas de Chypre est toutefois particulièrement sujet à débat, à la fois sur les plans géographique, culturel, politique et historique[22].
52
+
53
+ Les cas de la Russie, de la Géorgie et de la Turquie sont emblématiques du hiatus politico-géographique. Ces nations ayant la plus grande partie de leur territoire en Asie (Russie) et au Moyen-Orient (Turquie), le plan politique ne recoupe pas le « plan » géographique premier. Ainsi, si la Russie est occidentale par sa culture, son histoire et une part de son territoire, son centre de gravité fait d'elle un quasi-continent, s'étendant du Pacifique jusque dans l'Europe. Ensuite la Géorgie conserve un territoire de part et d'autre du Caucase qui atteint la mer Noire. Le cas est plus complexe pour la Turquie, celle-ci possédant la majeure partie de son territoire au Moyen-Orient, et possédant par l'histoire une culture mixte entre la culture occidentale et moyen-orientale.
54
+
55
+ Le Groenland, qui appartient au Danemark est rattaché à l'Europe.
56
+
57
+ Certains territoires, les régions ultrapériphériques, font partie de l'Union européenne quoique étant situés en dehors du continent (la communauté autonome espagnole des îles Canaries, les cinq départements et régions d'outre-mer français, la collectivité d'outre-mer française de Saint-Martin et les deux régions autonomes portugaises de Madère et des Açores)[23].
58
+
59
+ L'Europe a une superficie d'un peu plus de 10 millions de kilomètres carrés (10 392 855 km2[réf. nécessaire]). Cela représente un tiers de l'Afrique, un quart de l'Asie et de l'Amérique.
60
+
61
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord.
62
+
63
+ L'organisation de l'espace montre un cœur économique, la « banane bleue » ou mégalopole européenne, qui comprend notamment l'Europe rhénane ainsi que les périphéries européennes[24].
64
+
65
+ Les frontières orientales de l'Europe sont avant tout politiques : la limite de l'Oural est due aux cartographes du tsar Pierre Ier le Grand au XVIIIe siècle. De même, la frontière fut déplacée des hautes crêtes du Caucase vers la mer Caspienne au début du XIXe siècle pour justifier l'annexion de la Géorgie et de l'Arménie dans l'Empire russe. D'un point de vue géologique, si l'on se réfère à la tectonique des plaques, l'Europe et la partie continentale de l'Asie ne sont qu'un seul et même continent, dénommé Eurasie. Aussi, quelques géographes éminents, tels qu'Alexander von Humboldt, considéraient-ils l'Europe comme une simple péninsule de l'Asie.
66
+
67
+ Le climat européen est conditionné notamment par son étalement en latitude du 36e au 71e parallèle nord, soit plus de 4 000 kilomètres entre les espaces scandinave et méditerranéen. De ce fait, le contraste de température est considérable entre l'extrême nord, moyenne annuelle −5 °C environ comme dans l'archipel de Nouvelle-Zemble, et l'extrême sud, moyenne annuelle 18,7 °C environ pour la Crète.
68
+
69
+ L'Europe dispose d'une vaste zone côtière, et l'influence océanique atlantique et méditerranéenne contribuent à modérer les températures sur une bonne partie de l'Europe. Elle est située à l'est et au sud de l'Atlantique nord-est dont la température est notablement attiédie par la dérive nord-atlantique. Du fait de sa latitude, la majeure partie du continent est soumise au flux d'ouest dont la température a été auparavant adoucie par son passage sur cette partie de l'océan. Ce flux d'ouest n'est pas contrarié dans sa progression vers l'est en raison des grandes plaines largement ouvertes vers l'ouest dans la partie moyenne de l'Europe.
70
+
71
+ En toutes saisons, ce flux est tempéré et porteur de perturbations assurant des pluies régulières. Au fur et à mesure de sa progression à l'intérieur des terres, ce flux subit les influences continentales : il devient moins tempéré et s'assèche progressivement, les précipitations devenant moins régulières. Vers l'est, les hautes pressions hivernales prennent de l'importance, font barrage au flux océanique et sont la source d'épisodes très froids et secs. Au nord, les montagnes scandinaves font obstacle aux vents d'ouest et entraînent un climat continental froid sur la partie orientale de la Scandinavie. Le flux océanique voit également son importance climatique diminuer au sud de l'Europe, à cause de la latitude, des hautes pressions estivales, et des barrières montagneuses conséquentes qui s'interposent la plupart du temps en direction de la Méditerranée.
72
+
73
+ Tous ces facteurs expliquent la répartition des climats européens[25].
74
+
75
+ La bordure de l'océan Arctique connaît un climat polaire sans véritable été (température de juillet inférieure à 10 °C, ET dans la classification de Köppen) avec des précipitations faibles. L'hiver est froid ou très froid avec une température moyenne de janvier qui s'abaisse à −20 °C vers l'est, il est assez perturbé du fait du voisinage de la mer.
76
+
77
+ Les littoraux du Nord-Ouest, la bordure côtière de la Norvège, les îles au nord de l'archipel britannique, l'Islande connaissent un climat océanique frais avec une température moyenne dépassant 10 °C pendant moins de quatre mois (Cfc dans la classification de Köppen[précision nécessaire]). Les précipitations sont abondantes, généralement plus de 1 000 mm par an et souvent beaucoup plus dès qu'il y a des reliefs un peu importants. Les pluies sont réparties en toutes saisons avec un maximum d'automne ou d'hiver. Les tempêtes d'automne et d'hiver sont très fréquentes. Bien qu'agité, l'hiver reste « tempéré » par rapport à la latitude, entre −3 °C et 4 °C pour le mois le plus froid. L'été est frais et la température moyenne de juillet est comprise entre 10 °C et 14 °C.
78
+
79
+ Sur le domaine littoral plus bas en latitude, depuis les Îles britanniques jusqu'au nord-ouest de l'Espagne, en passant par la bordure côtière des Pays-Bas, de la Belgique, de la France s'étend un climat océanique bien caractérisé, avec une faible amplitude entre l'hiver et l'été et une température moyenne qui augmente du nord vers le sud mais assez homogène par rapport à l'étalement en latitude. Dans cette zone, le flux océanique modère les températures, les pluies sont fréquentes et régulières en toutes saisons avec cependant un maximum d'automne au nord et d'hiver au sud. Le total des précipitations annuelles, plus modéré que dans le type précédent, est compris entre 700 mm et 1 000 mm sauf sur les massifs côtiers - Écosse, Pays de Galles, Cordillère Cantabrique - où ce total peut largement dépasser 2 000 mm. Les tempêtes automnales et hivernales sont fréquentes mais un peu moins que dans la zone précédente. En hiver, par rapport à la latitude, le gel et la neige sont relativement rares ainsi que les fortes chaleurs en été. Les étés sont tempérés avec une température moyenne qui dépasse 10 °C pendant plus de quatre mois[27]. Pour le mois le plus chaud la température est comprise entre 15 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 2 °C à 10 °C du nord-est au sud-ouest.[réf. non conforme]
80
+
81
+ À l'est de cette zone, le climat, encore modéré par l'influence de l'océan, connaît une altération de ses caractéristiques quand on s'éloigne du littoral. La limite avec le domaine précédent est assez floue, cependant on peut considérer qu'à partir de quelques dizaines de kilomètres du littoral, dans la vaste zone de plaines ou de moyennes montagnes qui va du Bassin parisien au sud de la Scandinavie, à l'ouest de la Pologne et limitée par les contreforts des Alpes suisses et autrichiennes au sud, le climat est assez homogène sur une grande étendue. Il se continentalise peu à peu tout en conservant des caractéristiques modérées par rapport à la latitude (comme précédemment Cfb selon Köppen), les pluies deviennent un peu moins régulières, leur volume diminue progressivement, entre 500 et 700 mm en plaine, 800 à 1 500 mm sur les reliefs. Les pluies sont réparties très uniformément tout au long de l'année avec un maximum pluviométrique qui tend à devenir plutôt estival. Les tempêtes automnales et hivernales voient leur importance diminuer au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'océan, mais ne sont pas exclues. L'amplitude entre l'hiver et l'été ainsi que la fréquence des épisodes de température extrêmes augmentent progressivement mais les moyennes restent modérées par rapport à la latitude. La température du mois le plus chaud est comprise entre 17 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 5 °C à −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « parisien », « semi-océanique d'abri ».
82
+
83
+ Un peu plus au sud, du Bassin aquitain jusqu'à une partie des Balkans hormis la plaine du Pô, le climat est encore océanique ou semi-océanique (Cfb dans la classification de Köppen), mais se distingue par ses températures d'été plus élevées (moyenne de juillet de 19 °C à 23 °C) et par une multiplication des climats locaux du fait du relief beaucoup plus compartimenté. Les précipitations peuvent être importantes à proximité des reliefs exposés aux flux humides ou bien réduites dans les bassins abrités. Les étés sont plus orageux que dans le type précédent avec des précipitations plus irrégulières. Mais la chaleur moyenne de juillet reste en dessous de 23 °C et l'été connaît encore des périodes de rafraîchissement épisodiques, ce qui est un trait des climats océaniques. Les hivers restent doux à proximité de l'océan mais nettement plus froids vers l'Europe centrale. La température du mois le plus froid (janvier le plus souvent) est comprise entre 6 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « aquitain », « semi-océanique d'abri ».
84
+
85
+ À l'est des deux domaines précédents, à partir de la Pologne orientale, la façade orientale de la chaîne scandinave et les confins de l'océan Arctique au nord jusqu'à l'Oural vers l'est, jusqu'à la mer Noire, le Caucase et la Caspienne au sud apparaît le climat continental. L'hiver est froid avec blocage fréquent du flux océanique par l'anticyclone continental générateur d'épisodes très froids et secs. La moyenne de janvier va de −3 °C de l'ouest à −20 °C vers le nord-est. L'été, l'anticyclone continental disparaît et le flux atlantique pénètre plus librement à l'intérieur du continent, l'été est encore frais au nord mais il est de plus en plus chaud vers le sud, 10 °C en juillet à la frontière du domaine polaire, jusqu'à 25 °C près de la mer Caspienne (au nord, où les étés sont frais, nous sommes dans le domaine Dfc de Köppen, Dfb plus au sud, là où la moyenne dépasse 10 °C durant au moins quatre mois). Les saisons intermédiaires sont courtes. Les pluies sont plus irrégulières avec un maximum de printemps ou d'été. Au nord du domaine, les étés sont assez pluvieux et restent frais avec une évaporation modérée, la sécheresse d'été est modérée. Vers le sud, la chaleur augmente ainsi que l'irrégularité des pluies, la sécheresse relative d'été s'intensifie et les abords de la Caspienne connaissent un climat steppique (BSk selon Köppen).
86
+
87
+ Les montagnes (Alpes, Pyrénées, Carpates, chaînes balkaniques, Caucase, Alpes scandinaves) connaissent le climat montagnard qui correspondent à peu près à celui des plaines environnantes mais modifiés par l'altitude. Celle-ci provoque un abaissement de la température, en toutes saisons mais davantage en été qu'en hiver et une augmentation des pluies pour les versants exposés aux vents pluvieux. Les reliefs multiplient les climats locaux du fait des différences d'expositions au soleil et du fait de la modification du régime des vents qu'ils induisent.
88
+
89
+ Dans la plaine du Pô et dans les Balkans bordant la mer Noire, les chaînes de montagnes font barrage au flux océanique, la chaleur estivale s'accentue avec une température moyenne de juillet supérieure à 22 °C, les précipitations deviennent plus importantes en été. Selon la classification de Köppen, ce climat est appelé tempéré à étés chauds (Cfa). Les hivers sont assez variables, de assez doux comme sur les côtes occidentales de l'Adriatique, à assez froid (Bulgarie, Roumanie), mais toujours avec une température moyenne de janvier supérieure à −3 °C. La température du mois le plus froid est comprise entre 3 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. Les influences océaniques concernent peu cette zone. Le cumul annuel des précipitations s'assèche progressivement vers l'est. Les pluies, encore réparties sur toute l'année, prennent cependant une importance estivale marquée, notamment sous forme d'orages.
90
+
91
+ Les régions bordant la Méditerranée (majeure partie de l'Espagne, Sud-Est de la France, Italie excepté les Alpes et la plaine du Pô, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, la Grèce et les îles méditerranéennes) connaissent un climat méditerranéen, Csa et Csb d'après Köppen. À l'écart du flux océanique humide du fait des montagnes et de la latitude, ce climat est caractérisé par une sécheresse estivale et un ensoleillement nettement plus important que dans les domaines précédents. Les pluies ne sont pas souvent apportées par le flux atlantique mais la plupart du temps par des perturbations qui se développent sur place, alimentées par l'air méditerranéen, ces perturbations sont moins nombreuses que les perturbations océaniques mais les pluies qu'elles apportent sont copieuses et parfois excessives. Le total pluviométrique annuel des régions méditerranéennes est à peu près le même que pour les domaines précédents mais la répartition des précipitations est beaucoup plus irrégulière. L'été est à peu près sec surtout près des côtes et dans le sud, les pluies de printemps et d'automne sont prédominantes au nord du domaine méditerranéen et celles d'hiver au sud. Suivant les effets d'abris ou au contraire suivant les effets de couloir induits par les reliefs environnants, ce domaine est calme ou au contraire très venté (mistral, tramontane, bora, etc.). Les températures hivernales sont douces sauf en moyenne montagne, 5 à 11 °C en janvier, de l'intérieur vers la côte et du nord vers le sud. L'été est chaud 22 °C à 27 °C en juillet du nord vers le sud. Ce type de climat est généralement limité par les versants sud ou est des massifs montagneux : chaîne Cantabrique, Pyrénées, Alpes et Balkans. Sur le littoral atlantique, la limite se trouve à peu près au nord du Portugal. C'est à partir de cette zone que l'on observe des caractéristiques méditerranéennes marquées (chaleur et sécheresse d'été entraînant des feux de forêt réguliers, un ensoleillement élevé comparé aux régions océaniques, etc.).
92
+
93
+ L'Europe est assez bien arrosée par des fleuves et rivières, et pratiquement aucune zone n'est en stress hydrique.
94
+
95
+ Trois fleuves d'Europe, le Rhin, le Rhône, et le Pô, prennent leur source dans les Alpes, quelquefois appelées pour cette raison le « château d'eau de l'Europe » (au moins de sa partie occidentale). Le Rhin se jette dans la mer du Nord, le Rhône dans la mer Méditerranée et le Pô dans la mer Adriatique. Le Danube prend sa source dans la Forêt-Noire et se jette dans la mer Noire. L'Elbe se jette dans la mer du Nord. La Vistule et l'Oder se jettent dans la mer Baltique. Le Dniepr, fleuve de plaine, se jette dans la mer Noire. La Volga et l'Oural se jettent dans la mer Caspienne.
96
+
97
+ L'Europe regroupe plusieurs zones biogéographiques et une grande variété d'écosystèmes terrestres et marins, qui ont souvent été intensivement exploités, fragmentés et pollués.
98
+
99
+ L'Europe a été motrice pour de nombreux états-membres en matière de Droit de l'environnement avec notamment les directives Habitats et Oiseaux, bien que certains états membres (dont la France) les aient tardivement et incomplètement appliquées. Une directive-cadre sur l'eau est en cours d'application, des directives sur le sol et la mer sont en projet, et le 1er janvier 2005 est entrée en vigueur la nouvelle norme européenne pour limiter la pollution atmosphérique : les agglomérations de plus de 250 000 habitants de l'Union européenne ne doivent pas dépasser certaines valeurs limites : 50 microgrammes (0,05 mg) de particules par mètre cube d'air ambiant doit être le seuil maximum pour 35 jours par an, et la valeur moyenne annuelle ne doit pas aller au-delà de 40 microgrammes. Cependant, les normes anti-pollution déjà en vigueur n'étaient déjà pas respectées : en 2002, 11 pays sur 15 ont dépassé la marge autorisée.
100
+
101
+ Depuis 1996, le conseil de l'Europe invite les états à construire ensemble un Réseau écologique paneuropéen et ils doivent appliquer, comme toutes les collectivités la directive 2003/4 concernant l'accès du public à l'information en matière d'environnement, la directive INSPIRE (Infrastructure d’information spatiale en Europe). Un futur Réseau européen de données d'observation et de surveillance (EMODNET / European Monitoring Observation. Data Network) est en construction.
102
+
103
+ Pour mesurer l'état de l'environnement, les pressions et les réponses, l'UE s'est dotée d'une Agence européenne pour l’Environnement (AEE) qui applique maintenant la méthodologie LEAC (Land and Ecosystem Accounting - Comptabilité des écosystèmes et du territoire). Le système Corine Landcover et d'autres permettent d'harmoniser les cartes européennes de données environnementales.
104
+
105
+ Bilan : malgré des efforts importants, comme dans la plupart des autres régions du monde, la biodiversité qui y fait l'objet d'évaluations[33] périodiques, est globalement en recul (sauf pour certaines les espèces plutôt généralistes et banales). Les espèces invasives continuent à gagner du terrain. À ce titre, la commission européenne a publié le 13 juillet 2016, une liste des trente-sept espèces à combattre pour éviter qu'elles ne portent préjudice aux espèces indigènes. Cette liste prévoit d’interdire l’importation, la vente, la reproduction, la culture ou l’élevage de ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité[34],[35].
106
+
107
+ Les objectifs européens en matière de lutte contre le changement climatique, et limitation des émissions de gaz à effet de serre, dont celui de -25 % pour 2020 semble difficile à tenir (pour les transports et l'agriculture notamment[36]), la Pologne s'y opposant même[36] avant que le 21 juin 2011, les ministres de l'environnement européens (en Conseil environnement) examinent un nouveau projet de feuille de route pour 2050 (économie européenne bas carbone) présentée par la Commission européenne le 8 mars 2011, confirmant l'objectif du Conseil d'octobre 2009 de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % en 2050 (par rapport à 1990), avec un calendrier de -40 % par rapport à 1990 en 2030, -60 % en 2040 et -80 % en 2050 (un pays s'est encore opposé à ces objectifs)[37].
108
+
109
+ En 2019, on compte 20 % d'oiseaux en moins en Europe qu'en 2000[38]
110
+
111
+ Plus de 40 % des espèces d’arbres présents en Europe sont menacées d’extinction selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L'organisation appelle l’Union européenne à agir, indiquant que « Les arbres sont essentiels à la vie sur terre et les arbres européens dans toute leur diversité sont une source de nourriture et d’abri pour d’innombrables espèces animales telles que les oiseaux et les écureuils »[39]. En outre, la moitié des espèces d’arbustes présents en Europe sont menacées de disparition, ainsi qu’un cinquième des espèces de mollusques terrestres, tels que les escargots, et certaines espèces de bryophytes (plantes non vascularisées), comme des mousses[39].
112
+
113
+ Le peuplement de l'Europe est conditionné par les cycles glaciaires et interglaciaires qui se succèdent, notamment au Pléistocène moyen (0,781 à 0,126 Ma), et qui affectent la démographie des populations, créant notamment des périodes d'isolement géographique qui sont une des raisons de la différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent. Homo naît et évolue en Afrique, où il s'affranchit d'abord du milieu forestier, puis connaît une expansion constante vers les latitudes moyennes d'Eurasie, puis les hautes latitudes. Cela est rendu possible par sa capacité à s'adapter aux changements d'environnement et par ses caractéristiques de prédateur, lesquelles culminent chez Néandertal l'Européen, devenu principalement un chasseur carnivore occupant le haut de la chaîne alimentaire, un superprédateur chasseur de gros gibier. Arrive ensuite Sapiens, venu d'Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités »[40],[41],[42],[43],[44].
114
+
115
+ Le genre Homo apparaît en Afrique, probablement vers 2,7 millions d'années (Ma) dans la basse vallée de l’Omo, en Éthiopie, et il est attesté de manière certaine vers 2,4 à 2,3 Ma[45]. Les premiers Homo erectus quittent l'Afrique et atteignent l'Eurasie il y a sans doute 1,8 ou 2 millions d'années[46], mais les dates et les chemins empruntés[47],[48] ainsi que certaines différenciations en espèces (H. erectus, H. ergaster, H. antecessor, H. heidelbergensis) sont encore discutées[Note 8],[50].
116
+
117
+ Homo georgicus, parfois considéré comme un Homo ergaster européen[51],[45], dont les restes ont été découverts en 2002 à Dmanissi, en Géorgie (Caucase), est le premier représentant du genre Homo attesté en Europe (et aussi l'un des plus anciens hors d'Afrique) ; il est daté d'environ 1,8 Ma[52],[53]. D'autres lui succèdent ; on a trouvé, à Kozarnika (Bulgarie), une industrie lithique, datant de 1,4 Ma et, en actuelle Espagne, des restes humains à Sima del Elefante (appartenant au site d'Atapuerca), datant de 1,4 Ma et à Orce, les restes de l'Homme d'Orce et de l'Enfant d'Orce, datant de 1,2 Ma[54],[55]. Le site d'Atapuerca a livré aussi des restes d'industrie lithique d'environ 1,4 Ma, et des restes humains ayant abouti à la description d'Homo antecessor, daté d'env. 820 000 BP, possible ancêtre de H. neanderthalensis, attestant d'un peuplement continu de l'Europe occidentale depuis 1,8 Ma ainsi que de l'existence possible d'une migration à partir de l'Europe centrale, depuis Dmanissi (où a été découvert H. georgicus), et non pas via le détroit de Gibraltar[56],[57],[58],[49]. Jusqu'à H. antecessor, l'industrie lithique associée à ces peuplements est l'Oldowayen, technique des galets aménagés. Vient ensuite Homo heidelbergensis (l'Homo erectus européen[51], 650 000-300 000 BP, espèce à laquelle appartient, par exemple, l'homme de Tautavel), décrit à partir de plusieurs fossiles, retrouvés en Allemagne actuelle, à Heidelberg, d'où provient son holotype et en Espagne, sur le site d'Atapuerca ; H. heidelbergensis pourrait être l'ancêtre d'H. neanderthalensis[59],[60],[61]. L'industrie lithique associée aux heidelbergiens est l'Acheuléen, caractérisé par la technique des bifaces, attesté il y a 650 000 ans en Europe mais né en Afrique il y a 1,7 Ma[62]. À la même époque, vers 450 000 à 500 000 ans BP, les Européens commencent à maîtriser le feu, étape importante de l'évolution, qui permet la cuisson des aliments et donc facilite l'assimilation des nutriments, et qui permet aussi de se chauffer, dans un environnement climatique globalement plus froid qu'actuellement, ce qui concourt à un processus de socialisation[63],[64],[65].
118
+
119
+ Homo neanderthalensis, l'« Homme de Néandertal », naît il y a environ 400 000 ans en Europe occidentale, issu sans doute d'une forme de spéciation (« spéciation par distance »)[66],[67],[68] d'H. erectus/heidelbergensis, ou d'une dérive génétique (modèle d'accrétion)[69], dans un contexte où l'Europe est isolée par les glaces du reste de l'ancien monde[70],[71]. Neandertal est très adaptable, il s'accommode des périodes glaciaires et inter-glaciaires et des environnements correspondants et s'étend massivement en Europe[72] et au-delà, vers l'Asie Centrale et le Proche-Orient entre 120 000 et 110 000 ans BP[73],[74]. Physiquement robuste et adapté au froid, Néandertal possède des capacités cognitives proches de celles de l'« Homme moderne » (Homo sapiens)[75], il pratique des rituels, il enterre ses morts, le premier en Europe à le faire, et il pratique une forme d'art[76],[77],[78],[79],[80]. Il est associé au Moustérien[81]. Le nombre de néandertaliens (métapopulation) est compris dans une fourchette allant de quelques milliers à 200 000 individus, donnant en tout état de cause une très faible densité de population[82],[83],[84].
120
+
121
+ Homo sapiens, quant à lui, naît en Afrique, il y a environ 300 000 ans[85]. Sa présence hors d'Afrique, sous une forme archaïque, est attestée par des fossiles âgés de 180 000 ans environ, en Israël (Grotte de Misliya)[86],[87],[88]. L'expansion de Sapiens se fait en plusieurs vagues, lesquelles empruntent probablement un chemin passant par Bab-el-Mandeb, détroit entre la péninsule arabique et l'Afrique, outre celui par le Nil et le Proche-Orient[89],[90],[91],[92], mais les premières n'atteignent pas l'Europe. Les vagues de Sapiens évolués qui atteignent l'Europe partent d'Afrique vers 70 000 ans et leurs plus anciennes traces en Europe datent de 45 000 ans (Grotta del Cavallo)[93],[94],[95]. À partir de 45 000 ans, H. sapiens commence sa colonisation de l'Europe, dans un mouvement d'est en ouest[90]. À ce moment, il a déjà eu l'occasion de se métisser avec Néandertal, leurs chemins s'étant croisés au Proche-Orient et à l'est de l'Eurasie[96],[97],[98],[94]. Ce métissage entre Néandertal et Sapiens est sans doute favorable à ce dernier ; venu beaucoup plus récemment d'Afrique, il est plus adapté aux basses latitudes et il acquiert par ce métissage des avantages évolutifs, notamment de résistance au froid[99],[100]. Sapiens progresse en Europe et, concomitamment, les néandertaliens régressent, se retrouvant confinés dans des zones refuges avant de disparaître vers 40 000 ans BP avec des populations relictuelles perdurant jusqu'à 28 000 ans BP[74],[101], non sans laisser leurs traces génétiques dans l'actuelle population humaine[102]. Les causes de la régression puis de la disparition de Néandertal sont plurifactorielles et toujours discutées[103],[104]. La peau de ces Homo sapiens était sombre, adaptée à leur origine africaine et aux régions très ensoleillées. Ce n'est que récemment, il y a 10 000 ans, que les chasseurs-cueilleurs européens ont disposé des gènes responsables de la peau pâle[Note 9],[106],[107],[108].
122
+
123
+ Avec l'arrivée de Sapiens, des industries diverses (Uluzzien, Bohunicien, Châtelperronien, attribué à Néandertal, Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien, etc.) se développent ; deux d'entre elles, l'Aurignacien (env. 40−29 ka BP) puis le Gravettien (env. 29−22 ka BP) se répandent largement en Europe[109],[110]. Ces expansions sont concomitantes à des mouvements de populations, retracés par la génétique[111], eux-mêmes corrélés aux fluctuations climatiques de l'époque[44]. L'Aurignacien est caractérisé notamment par le développement du travail des matières osseuses (bois de rennes et os de mammouths), rare jusqu'alors, à des techniques de débitage de lamelles ainsi qu'à des objets de parure et au développement de l'art[112] ; la grotte Chauvet, occupée à l'Aurignacien (37 ka BP) et au Gravettien (30 ka BP), en est un exemple[113]. Dès 30 ka BP, à une période particulièrement froide, on trouve des traces de sédentarisation partielle dans l'est de l'Europe, sous la forme de campements bénéficiant d'infrastructures d'habitation (à la différence des abris de plein-air), autour desquels ont été retrouvés des sépultures et des statuettes d'argile. Mais Sapiens reste néanmoins, fondamentalement, un chasseur-cueilleur mobile nomadisant sur des distances de quelques centaines de kilomètres[114].
124
+
125
+ Entre 21 000 et 18 000 ans[115] se produit un intense refroidissement, le « maximum glaciaire »[Note 10] qui donne à l'Europe une configuration nettement différente de l'actuelle[Note 11]. Les études génétiques montrent que certains groupes, d'abord représentés en Europe du Nord-Ouest, sont repoussés dans le sud de l'Europe[118],[44]. C'est le moment où apparaît l'industrie lithique solutréenne, caractérisée par des pointes en pierre très fines et acérées, appelées « feuilles de laurier », servant sans doute de couteaux et armant l'extrémité des flèches et des sagaies[119]. Émergent l'usage du propulseur et (probablement) de l'arc pour la chasse mais ces deux outils, cependant, ne se généraliseront qu'au Magdalénien qui lui succède[120],[121]. On a longtemps pensé que le Solutréen était aussi l'époque de l'invention de l'aiguille à chas[122],[123],[124] jusqu'à la découverte, en 2016 en Sibérie, d'un tel artefact, daté de 45 ka BP, attribué à l'Homme de Denisova[125],[126],[127]. Le Magdalénien est caractérisé par un art pariétal particulièrement riche, comme en témoignent les grottes de Lascaux et d'Altamira[128], et par le travail des matières osseuses[129].
126
+
127
+ La dernière période glaciaire s'achève de manière brutale. Un premier réchauffement rapide se produit vers 14 700 BP, la température du Groenland augmente de plus de 10 °C, c'est ce qu'on nomme le Bölling, qui libère des glaces une grande partie de l'Europe du Nord et de la Scandinavie, permettant leur peuplement depuis le sud. Avec ce retrait des glaces, de nouveaux apports de populations à partir du Proche-Orient font sentir leurs effets[118]. Plus tard, vers 12 900 BP, un retour à des conditions glaciaires se traduit par des températures extrêmement froides avant un réchauffement final, vers 11 700 BP, qui marque la fin de la dernière glaciation[130] et l'entrée dans l'Holocène avec l'instauration du climat actuel[131] ; cela coïncide avec les débuts de l'extinction de la mégafaune européenne (mammouth laineux, rhinocéros laineux, cerf géant, ours des cavernes, etc.), sans doute pour des raisons climatiques probablement aggravées par la prédation humaine[132]. Le paysage et sa faune se recomposent[Note 12], la forêt tempérée progresse en Europe à partir de 10 000 BP, la chasse à l'arc se généralise[134],[135] et l'alimentation des hommes du Mésolithique devient extrêmement diversifiée[136] (les escargots par exemple, sont consommés en très grande quantité dans certaines niches écologiques[137]).
128
+
129
+ Galet aménagé du gisement de Dmanissi, de type Oldowayen (env. 1.8 Ma, Homo georgicus).
130
+
131
+ Biface Acheuléens (650 000 (en Europe) - 100 000 BP, Homo heidelbergensis).
132
+
133
+ Nucléus et éclat Levallois en silex du Moustérien (300 000−38 000 BP, Homme de Néandertal).
134
+
135
+ Grattoir double sur lame, Aurignacien (40 000−29 000 BP, correspond à l'arrivée d'Homo sapiens en Europe, première occupation de la grotte Chauvet).
136
+
137
+ Pointe de flèche en silex, Gravettien (29 000−22 000 BP, Homme de Cro-Magnon, deuxième occupation de la grotte Chauvet).
138
+
139
+ Outil en « feuille de laurier », Solutréen (22 000−17 000 BP).
140
+
141
+ Aiguille en os du Magdalénien (période à laquelle correspond l'art de la grotte de Lascaux et d'Altamira), (17 000−12 000 BP).
142
+
143
+ Harpon Azilien en os (12 500−9 500 BP).
144
+
145
+ La néolithisation de l'Europe commence vers 7,5 ou 8 Ka BP (milliers d'années avant le présent) par diffusion de populations et de techniques apparues vers 11 Ka BP dans le croissant fertile, elle s'accompagne d'une forte croissance démographique[138],[139]. Elle est probablement autant due à un changement culturel qu'aux conditions climatiques[140]. Les indicateurs de la néolithisation sont la domestication des plantes et des animaux (celle du chien étant cependant largement antérieure[141]), la tendance à la sédentarisation (la sédentarisation précède cependant l'agriculture[142],[140]) avec le regroupement en villages et l'émergence de la poterie pour des contenants destinés au stockage de produits agricoles[143]. Ce sont les débuts des sociétés agropastorales[140] et la naissance du mégalithisme[144].
146
+
147
+ Cette néolithisation, venue du croissant fertile via l'Anatolie, emprunte deux chemins ; d'abord un courant méditerranéen par lequel se diffuse la culture de la céramique imprimée suivie de la culture de la céramique cardiale (8 Ka BP) ; ensuite un courant danubien, par lequel se diffuse la culture rubanée (vers 7,5 Ka BP). Les études génétiques[145],[146] montrent que, outre une diffusion culturelle, l'Europe connaît l'arrivée de populations d'agriculteurs[Note 13], venues d'un foyer anatolien, qui ont suivi ces chemins danubien et méditerranéen[118],[147]. Les îles britanniques, en configuration insulaire depuis 8 Ka BP, connaissent ce processus plus tardivement, près d'un millénaire après celui de l'Europe continentale[143],[148],[149],[150]. La néolithisation est largement effective en Europe vers 5 Ka BP[151].
148
+
149
+ Des hypothèses linguistiques et archéologiques de la deuxième moitié du XXe siècle (l'hypothèse kourgane étant la plus largement reconnue[Note 14],[Note 15]) et des études génétiques du début du XXIe siècle[Note 16] accréditent la thèse que des populations, ayant domestiqué le cheval et maîtrisant l'équitation ainsi que le transport en chariot, seraient venues de l'est de l'Europe, la steppe pontique, et se seraient répandues sur le continent à partir de 5 000 BP[154], le dominant largement ; elles contribuent pour 75 % à l'ADN des peuples de la céramique cordée, héritière de la culture de la céramique rubanée, largement présente en Europe à ce moment[155]. Leur foyer d'origine est la culture Yamna (notamment les hommes yamnayas avec les femmes locales)[156]’[157]’[158] donnant raison à l'intuition de la théorie de l'invasion aryenne sans accréditer son utilisation politique (il n'y a aucun lien de cause à effet) aussi descendue en Inde (comme le supposaient ès humanités René Guénon ou Georges Dumézil)[159]. Elle se caractérise par sa pratique de l'inhumation dans des tumuli nommés « kourganes ». Ils seraient aussi les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes[118],[160],[161],[162],[163]. Georges Dumézil, au début du XXe siècle, postule que les sociétés d'origine indo-européenne partagent jusqu'à nos jours un mode de pensée, l'idéologie tripartite[164].
150
+
151
+ L'agriculture européenne commence sur les bords de la mer Égée, aux environs de 6500 av. J.-C. Elle s'installe progressivement sur le continent, dans la zone danubienne et l'actuelle Hongrie (5500 av. J.-C.), sur les côtes méditerranéennes et le territoire de la France actuelle vers 5000 av. J.-C., en Germanie et sur le territoire des actuels Pays-Bas vers 4500 av. J.-C. ; elle atteint les îles britanniques vers 4000 av. J.-C.[166],[167].
152
+
153
+ Vers 3000 av. J.-C. apparaît le travail du cuivre, qui conjugué à celui de la pierre, caractérise le Chalcolithique ; des outils agricoles métalliques plus efficaces apparaissent, l'araire se développe à la place de la houe[168]. La civilisation minoenne, inspiratrice de la culture grecque[169], apparaît vers 2700 av. J.-C. avec sa langue écrite en linéaire A, une des plus anciennes formes d'écriture en Europe avec les hiéroglyphes crétois. À son apogée, elle sera la première civilisation avancée de l'âge du bronze[170]. L'âge du bronze date de la fin de la culture campaniforme, laquelle, entre 2600 av. J.-C. et 2200 av. J.-C., couvre une notable partie de l'Europe de l'Ouest[171],[172].
154
+
155
+ Le commencement des Germains se situe vers le iie millénaire av. J.-C. en Suède méridionale, au Danemark et en Allemagne du Nord entre la Weser et l’Oder. Ils s'établissent dans la grande plaine européenne, du Rhin à la Vistule et de la Baltique au Danube, entre le Ve siècle av. J.-C. et le début de l'ère chrétienne. Leur expansion vers le sud est arrêtée par l'« écran du peuplement celtique[173] » (IIIe siècle av. J.-C.) puis par les Romains (IIe siècle av. J.-C.)[174].
156
+
157
+ On distingue trois groupes linguistiques : le nordique, celui des Scandinaves ; l’Ostique ou Germains orientaux, celui des Goths, des Vandales, des Burgondes, etc. ; enfin les Westiques (Germains occidentaux), en Allemagne, au Jutland et aux Pays-Bas[173].
158
+
159
+ Les Celtes s'installent entre l’âge du bronze moyen (env. 1200 av. J.-C.) et le début de l’âge du fer (env. 800 av. J.-C.) dans une grande partie de l’Europe, du bassin des Carpates à l’est de la France[175]. Leur origine est le centre de l'Europe, où étaient apparues les cultures caractérisées par leurs coutumes funéraires de l'enterrement sous tumulus (XVIe siècle av. J.-C. - XIIe siècle av. J.-C.) puis par la technique consistant à incinérer les cadavres et à conserver leurs cendres dans des urnes (civilisation des champs d'urnes, XIVe siècle av. J.-C. - IXe siècle av. J.-C.)[176].
160
+
161
+ Le noyau celte se situe à Hallstatt, en actuelle Autriche. Aux débuts de l'âge du fer, leur société, relativement égalitaire, se stratifie avec, à son sommet, des chefs militaires. Cela est probablement en lien avec la métallurgie du fer et, notamment, la conception d'armes, telles les épées droites caractéristiques[177], et la confection de pièces de harnachement plus efficaces qui donnent de l'importance aux cavaliers armés[178]. Les Celtes excellent en effet dans le travail du fer, fabriquant, outre des armes, des outils tels que haches et ciseaux[178]. Ils confectionnent aussi des poteries, ils inventent la tonnellerie[179], et ils exploitent le sel gemme, dont le commerce est source de richesse[180],[181]. On leur doit aussi, avec un apogée aux IIe et Ier siècles av. J.-C., les habitats structurés autour d'un oppidum, centre fortifié à vocation militaire, économique et cultuelle[182]. La période laténienne ou deuxième âge du fer, commençant au Ve siècle av. J.-C., est celle où les Celtes passent de la protohistoire à l'histoire, lorsqu'ils apparaissent dans les textes des auteurs grecs[183].
162
+
163
+ L'Europe antique est, pour notable partie, une Europe celtique, celle des peuples héritiers de la culture des tumulus[184],[Note 17], et en partie germanique, aux côtés de la Grèce antique[186] et de sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), considérée comme le berceau culturel de la civilisation occidentale[187],[188],[189],[190],[191],[192],[193].
164
+
165
+ Pour ce qui concerne le terme et le concept, le mot « Europe » désigne d'abord, dans son acception géographique, la Grèce continentale. Le terme est mentionné pour la première fois vers 590 av. J.-C., par Hésiode, dans sa Théogonie[194]. Anaximandre et Hécatée de Milet produisent, entre 600 et 500 av. J.-C., des cartes représentant un territoire appelé Europe[195]. Le mot prend aussi un sens politique lorsque les Grecs sont confrontés aux invasions venant d'Asie, principalement lors des guerres avec l'empire perse. Selon Jacqueline de Romilly, « la victoire de Salamine [en 480 av. J.-C.] a bel et bien empêché la Grèce de basculer sous la coupe de l'Asie […] les Grecs ont eu alors pour la première fois le sentiment de défendre une civilisation contre une autre »[196]. L'Europe en tant qu'entité géographique se retrouve chez Ératosthène au iiie siècle av. J.-C., lequel présente une tripartition du monde connu par une carte où elle figure[197]. Mais la distinction fondamentale durant l'antiquité est celle entre les Barbares[Note 18], qui habitent ce qu'en latin on nomme barbaricum (« pays des Barbares[199] »), et ceux qui appartiennent à l'aire culturelle grecque[Note 19], puis gréco-romaine[201]. Le royaume de Macédoine désigne l'Europe comme une entité politique : lorsque Philippe II part en Orient, en 335 av. J.-C., il laisse en Macédoine un régent, Antipatros, qui porte le titre de « stratège d'Europe »[202],[203].
166
+
167
+ Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. L'Europe est reconfigurée, son histoire devient celle de l'Empire romain pour la zone concernée[Note 20].
168
+
169
+ La Grèce et le royaume de Macédoine sont supplantés au iie siècle av. J.-C. Les Celtes, qui se sont largement répandus en Europe[205], allant jusqu'à menacer Rome en 390 av. J.-C.[206], pris en tenaille par les attaques des tribus germaniques venues du nord[207],[208], sont repoussés ou assimilés[209]. À l'aube de l'ère chrétienne, les Romains, lorsque leur zone d'expansion dépasse la « ceinture celtique »[Note 21], se retrouvent entourés par les Germains qui deviennent « les nouveaux peuples voisins du monde romain en Europe centrale et occidentale »[211]. Les frontières orientales de l'Imperium, limites avec les peuples germaniques[Note 22], sont le Rhin et le Danube, tandis que sa frontière septentrionale est le mur d'Hadrien, qui le sépare des Pictes celtes.
170
+
171
+ À cette époque, entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C., Strabon rédige une géographie qui mentionne l'Europe[213] et, déjà, des descriptions non seulement géographiques, mais aussi économiques et culturelles des territoires qu'il étudie[214]. Au Ier siècle, Varron[215] évoque une bipartition du monde au niveau du Bosphore, les parties situées au nord-ouest du détroit constituant l’Europe, celles situées au sud-est, l’Asie[216]. Toujours au Ier siècle, Pline l'Ancien divise le monde en trois parties, l'Europe, l'Asie et l'Afrique[Note 23].
172
+
173
+ Les Celtes présentent une certaine unité linguistique et culturelle, mais pas d'intégration politique[218] ; ils bénéficient d'une organisation tribale, au plus en ligues de tribus[219], à l'instar des Germains[173],[220]. C'est donc l'Empire romain qui contribue à créer les prémices d'une unité européenne. Si la Grèce est le berceau culturel de l'Europe, Rome peut être considérée comme le berceau de sa civilisation[221],[222],[223],[224],[225]. L'influence romaine s'inscrit dans la culture, formant ce qu'on nomme la culture gréco-romaine[226] via la langue latine, ainsi que dans les territoires et dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation[227] et esquisse même une Europe religieuse en diffusant le christianisme à partir du Ier siècle[228]. Les Ier et IIe siècles sont ceux de la Pax Romana, période de calme relatif, notamment politique, malgré des batailles toujours existantes sur les marches de l'Empire, notamment avec les peuples germaniques pour ce qui concerne la zone européenne[229]. L'Empire est l'entité politique unificatrice définissant le mode de gestion politique[230] ainsi que les limites (et les frontières, qui sont une forme particulière de limites[231]), qui séparent le monde romain de celui des barbares[232],[233],[234].
174
+
175
+ Le IIIe siècle est une période de crise interne pour l'Empire romain[Note 24] qui subit aussi une pression croissante des peuples germaniques, invasions difficilement repoussées. L'empire intègre nombre de ces envahisseurs par des traités, faisant d'eux des fédérés qui fournissent des troupes à l'armée[220]. Une Tétrarchie est mise en place en 293 apr. J.-C. pour lutter contre les Barbares[236] et, au IVe siècle, « Europe » désigne l’une des six provinces du diocèse de Thrace dont le territoire correspond à « la partie européenne de la Turquie actuelle »[237].
176
+
177
+ Le christianisme, dont les adeptes sont par périodes persécutés, notamment au IIIe siècle par Dioclétien[238],[239], s'était répandu dans l'Empire, comme en témoigne l'épisode symbolique de la conversion de l'Empereur Constantin et l'édit de tolérance religieuse de Milan en 313 apr. J.-C.[240] En 392 apr. J.-C., il est déclaré religion officielle de l'Empire par Théodose et les autres cultes sont interdits[241]. Même si, à ce moment, les chrétiens sont nettement minoritaires dans la population[242],[243], cette christianisation officialisée aura une importance, donnant, au moment des royaumes barbares, une légitimité religieuse à un pouvoir royal qui en était, à l'origine, dépourvu[244].
178
+
179
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient et l'Empire romain d'Occident. Le premier perdure : « l'empire d'Orient [...], à bien des égards héritier de l'Empire romain, devait durer jusqu'au milieu du XVe siècle[204]. » Inversement, dès le Ve siècle, l'Empire d'Occident se délite sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares : « La fin de l'empire d'occident est amenée par les invasions barbares des Germains qui entrent dans l'empire par vagues, poussés sur leurs arrières par les Huns, et attirés à la fois par le désir de pillage et l'espoir d'y trouver des conditions de vie meilleures[245] ».
180
+
181
+ En Europe occidentale, la déposition du dernier empereur romain d'Occident en 476 apr. J.-C. marque conventionnellement le passage de l'Antiquité au Moyen Âge[246].
182
+
183
+ En Europe occidentale, la lente déliquescence de l’Empire romain d'Occident qui aboutit à la désunion et à l’émergence de nations parfois éphémères, au gré des invasions et conquêtes, ne fera jamais oublier l’héritage romain qui reste un modèle d’unité et de droit pour l’Europe, de l’Empire carolingien jusqu’à l’Empire napoléonien en passant par le Saint-Empire romain germanique. Les liens entre places commerciales européennes émergent.
184
+
185
+ Poursuivant la politique de conquête de ses prédécesseurs francs, Charlemagne étend son royaume. Sa politique d’expansion rejoint le désir de la papauté romaine d'asseoir la prépondérance de l’évêque de Rome par rapport aux patriarches orthodoxes et coptes. Le jour de Noël de l'an 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III, à Rome, en la basilique Saint-Pierre. Cette union entre pouvoir temporel et religieux vise à réunir l’Europe en un empire chrétien d’Occident. De son vivant, Charlemagne se fait appeler Pater Europae (« père de l'Europe »), et parfois Europa vel regnum Caroli (l’Europe, ou le royaume de Charles).
186
+
187
+ L’Europe occidentale de Charlemagne est franco-germanique et chrétienne de rite latin, alors que l’Europe orientale sous l’influence de Constantinople est à dominante slave et de rite grec, mais les deux tendent à christianiser l’Europe du Nord, britannique, scandinave et russe. Alors qu’à Constantinople se concentrent les deux pouvoirs religieux et politique, en Occident le rôle de Rome y est essentiellement religieux, la capitale de Charlemagne se trouvant à Aix-la-Chapelle. Charlemagne tente une réunification avec l’Empire romain d'Orient vers l’an 800 mais il échoue, et son empire se désagrège rapidement après sa mort. En 962, Otton Ier crée le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci ne peut s’étendre, contrecarré par la permanence de royaumes anciennement constitués, la France et l’Angleterre surtout, par ses luttes avec la papauté, puis par le développement de l’Empire ottoman lors de l’époque moderne.
188
+
189
+ L’Empire romain d'Orient (dit, depuis le XVIe siècle, « byzantin ») est chrétien et de culture essentiellement grecque : il connaît d’importantes fluctuations de sa force et par conséquent de son territoire, qui s’étend à son apogée sur une grande partie du rivage méditerranéen, d’abord sous Justinien, puis sous les empereurs macédoniens, du IXe au XIe siècle. Au cours des siècles, ses relations avec l’Occident se distendent puis se détériorent, alors que les musulmans montent en puissance à l’Est et s’emparent de la moitié de l’Anatolie au XIe siècle. Le schisme religieux de 1054 et l’agression militaire venue de l’Ouest en 1202 affaiblissent l’Empire d’Orient qui finit dépecé morceau par morceau par l’Empire ottoman avant de disparaître lors de la chute de Constantinople en 1453.
190
+
191
+ Durant plusieurs siècles c’est le terme de chrétienté qui unit culturellement les monarchies et les populations européennes, tandis que le mot « Europe » disparaît des propos et des esprits[réf. nécessaire].
192
+
193
+ L'axe européen Bruges/Venise est déplacé à la fin du Moyen Âge. À l'époque où l'Empire d'Orient s'effondre, la Reconquista espagnole touche à sa fin. L'année 1492 est celle de l'Espagne, avec la reconquête du dernier royaume maure (Grenade) en péninsule ibérique et le premier voyage de Christophe Colomb, sous l'égide des Rois catholiques qui va ouvrir la voie à l'établissement des hégémonies européennes.
194
+
195
+ Le rêve d'un grand empire européen renaît au XVIe siècle lors de l'affrontement entre François Ier et Charles Quint, qui tous deux se disputent le trône du Saint-Empire. Grâce à l'appui des banquiers Fugger, Charles Quint l'emporte, se retrouvant à la tête d'un domaine très vaste, mais aussi très morcelé. Les diverses guerres menées contre la France ne donnent aucun résultat : durant deux siècles, le découpage de l'Europe va évoluer au gré des alliances matrimoniales et des guerres entre États. C'est face à la montée en puissance de l'Empire ottoman qu'une union des États chrétiens d'Europe apparaît : « Nous tenons de Gadès à l’Isler, une zone qui s’étend entre les deux mers et qui est la très courageuse et la très puissante Europe. Là, si nous nous unissions, nous ne serions pas seulement égaux à la Turquie, mais supérieurs à toute l’Asie » (Jean Louis Vivès).
196
+
197
+ Mais ce ciment du christianisme catholique, qui donnait un semblant d'union à cette Europe occidentale, éclate en morceaux avec la Réforme (ou plutôt les Réformes), dont l'impact politique est considérable, permettant néanmoins la formation des Provinces-Unies et de la Confédération suisse. Les guerres de religion, la guerre de Trente Ans, les guerres de Louis XIV rythment les XVIe et XVIIe siècles. Les traités de Westphalie (1648) et celui du traité des Pyrénées en 1659, redessinent durablement la carte politique de l'Europe et l'équilibre des forces en présence.
198
+
199
+ L'Époque moderne est marquée par un renforcement des nationalismes en tous genres. C'est aussi l'époque où l'Europe s'étend très loin de ses frontières par la constitution des premiers empires coloniaux sur le continent américain, puis en Inde.
200
+
201
+ La Révolution française inaugure un bouleversement politique très important : les idées démocratiques apparaissent sur le devant de la scène et les campagnes de Napoléon Ier puis le Congrès de Vienne vont remodeler profondément la carte de l'Europe et les mentalités. Honoré de Balzac a cette déclaration optimiste dans Le Bal de Sceaux, (1830) : « Le seizième siècle n'a donné que la liberté religieuse à l'Europe, et le dix-neuvième lui donnera la liberté politique[247]. »
202
+
203
+ À la fin d'un long processus, le XIXe siècle voit se réaliser l'unité de l'Italie (de 1861 à 1870) et de l'Allemagne (en 1871), ainsi que la constitution de plusieurs nouveaux pays dans les Balkans, issus du démembrement de l'Empire ottoman, appelé alors « l'homme malade de l'Europe ».
204
+
205
+ C'est aussi l'apparition de nouveaux mouvements politiques prônant plus d'égalité (socialismes), voire le démantèlement du pouvoir des États (anarchismes). Ces idées se diffuseront par la suite, et avec plus ou moins de retard, largement hors des frontières de l'Europe.
206
+
207
+ La domination politique et économique de l'Europe sur le reste du monde s'est affirmée après qu'elle a bouleversé son économie lors des révolutions industrielles, développant sa productivité et amorçant une forte explosion démographique. Leur avance technologique, et notamment militaire, permit aux pays européens, en concurrence les uns contre les autres, d'étendre leur emprise sur les autres continents. Cette colonisation connut son apogée au début du XXe siècle (cet apogée s'achève en 1914), avant que les deux guerres mondiales ne bouleversent l'ordre établi.
208
+
209
+ La Première Guerre mondiale et ses conséquences favorisent l'émergence de plusieurs régimes totalitaires dont ceux, génocidaires, d'Adolf Hitler et de Joseph Staline. L'instabilité politique et économique débouche sur la Seconde Guerre mondiale et la domination nazie qui laissent l'Europe exsangue. Alors que la suprématie des pays européens occidentaux disparaît au profit de deux nouvelles superpuissances (les États-Unis et l'Union soviétique), des mouvements de libération se développent dans les colonies, aboutissant à l'indépendance de nombreux pays, notamment au cours du troisième quart du XXe siècle. Au cours de la Guerre Froide, l'Europe est scindée en deux blocs idéologiquement opposés, et séparées par un rideau de fer, le bloc de l'Ouest, zone d'influence des États-Unis, et le "bloc de l'Est où se mettent en place des dictatures communistes patronnées par l'U.R.S.S. La séparation perdurera jusqu'à l'effondrement du bloc communiste, en 1989-1991.
210
+
211
+ Parallèlement, alors que l'excédent démographique de l'Europe était tel qu'elle constituait un réservoir d'émigration massive tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les pays du continent furent confrontés à une stabilisation à partir de la Première Guerre mondiale, et parfois à une régression démographique ensuite (les guerres, génocides et famines y contribuant). Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe occidentale connaît un « baby boom » et un développement continu de l'économie, dont principalement l'industrie de production et de transformation, qui provoqua un appel de main d'œuvre transformant cette moitié de l'Europe en une terre d'immigration, notamment au cours des Trente Glorieuses. Au même moment, la construction de l'Union européenne crée un marché commun entre États européens.
212
+
213
+ L’Europe est au début du XXIe siècle, quand on considère sa densité de population, le troisième foyer de peuplement derrière la Chine et l'Inde, avec des densités de populations parmi les plus élevées au monde dans certaines zones des Pays-Bas, de la Belgique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l'Italie, d’autant que l’exode rural s’est renforcé ainsi que l’attractivité des littoraux avec des populations de plus en plus urbaines. En termes absolus, l'Europe et, a fortiori, l'Union européenne, est cependant un « nain démographique »[248],[249],[250]. Le continent (env. 740 millions d'habitants ; UE env. 511 millions d'habitants) se situe derrière l'Asie (env. 4,3 milliards d'habitants dont env. 1,4 milliard d'habitants pour la Chine et env. 1,3 milliard d'habitants pour l'Inde), l'Afrique (env. 1,2 milliard d'habitants) et l'Amérique (env. 1 milliard d'habitants) ; l'Eurasie, quant à elle, concentre environ 4,6 milliards d'habitants.
214
+
215
+ En 2005, le Conseil de l'Europe soulignait que depuis quelques décennies l’UE devait sa croissance démographique à l'immigration qui, dans les années 2000, est devenue le premier, puis le seul facteur d’augmentation de la population totale de l’UE. Ainsi deux millions de personnes sont venues s'installer en Europe en 2004 alors que l'accroissement naturel était négatif de 63 000 personnes. L'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'UE. En 2007, 70 millions de personnes, soit 16 % de la population de l'UE, résidaient dans des communes côtières[251].
216
+
217
+ Malgré les dizaines de millions de morts des deux guerres mondiales, l’Europe a connu une période d’explosion démographique aux XIXe et XXe siècles, qui s’est accompagnée d’une forte pression sur l’environnement et les ressources non renouvelables (cf. empreinte écologique, empreinte énergétique, pression urbanistique, pollutions, etc.). Depuis quelques décennies, la population européenne tend à se stabiliser, à la suite d'une forte diminution de la natalité, qui reste toutefois encore largement compensée par la natalité de certains pays, par le recul de l’âge auquel les femmes font leurs premiers enfants, et surtout par une immigration régulière.
218
+
219
+ L'immigration est le premier moteur de la croissance dans une Union européenne à la population vieillissante. Le boom économique des années 1950-1960 avait poussé l'Europe à faire appel à une immigration massive, souvent issue de ses ex-colonies. Les Chinois, Indiens et Africains constituent l'un des principaux flux d'immigrants non originaires de l'UE. Après les Turcs, les Marocains forment le plus gros contingent[252].
220
+
221
+ Les études prospectives pour 2050 varient d’une population diminuant de 3 % (dans l'hypothèse d'un ISF remontant à 2,34), à -22 % voire -50 %. Les experts parlent alors de retournement démographique[253] ou d'hiver démographique. Que la diminution soit due à la natalité est un phénomène inédit jusqu'à nos jours dans le monde. Ces chiffres ci-dessus doivent tous être utilisés avec prudence, la prospective démographique ayant toujours été prise en défaut et pouvant elle-même influer en retour sur les comportements individuels et collectifs et sur les politiques de soutien à la natalité ou à l’immigration. Pour d'autres, la population de l'Union européenne (UE) serait de 470 millions de personnes en 2050 selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et 506 millions en 2060 selon Eurostat. La population de l'UE dépasserait ainsi celle des États-Unis (468 millions de personnes en 2060 selon le Centre américain d'études sur l'immigration)[254].
222
+
223
+ Toutefois, la situation démographique diffère pour chaque pays européen. Les pays de l'Europe de l'Est se sont inquiétés des évolutions démographiques dès les années 1960 et ont mis en place des politiques d'encouragement à la natalité. Cependant, les moyens utilisés, comme l'interdiction de l'avortement, n'auraient pu être acceptés au même moment en Europe de l'Ouest. Ces mesures n'ont d'ailleurs généralement pas produit d’effet satisfaisant ; et si la Pologne a maintenu sa population au cours de la période communiste, l'influence de l'Église catholique, qui imprègne la société polonaise, a sans doute été plus efficace que la politique nataliste.
224
+
225
+ Pour les pays d'Europe de l'Ouest, personne ne se risque, entre autres en Allemagne, à mettre sur la place publique l'évolution de la population sur la longue durée. Pour les responsables, tout passe par la politique d'immigration. Ils ne veulent pas toucher au tabou de la politique familiale en faveur de la fécondité, compte tenu du poids de la mauvaise conscience des années hitlériennes. La situation démographique empire en Europe pourtant : un rapport annuel sur la situation démographique des pays membres demandé autrefois par les autorités communautaires a été abandonné depuis 2000, désormais remplacé par un « Rapport social », où l'on communique à propos de chômage et de pauvreté sans jamais plus effleurer la dimension démographique. Autrement dit, l'UE s'interdit de voir la situation démographique de ses pays membres[255].
226
+
227
+ La croissance démographique s’est globalement poursuivie pour les 28 États membres de l'Union européenne, mais la population décroît dans certains pays, notamment en Europe de l'Est. Ce déclin démographique semble plus important et plus rapide dans les ex-pays de l’Est, dans quelques pays où la pauvreté et le renforcement des inégalités ont suivi l’effondrement du communisme, et aussi dans les régions touchées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (la Biélorussie qui a reçu 70 % environ des retombées d'iode et de césium radioactifs et connaît depuis 20 ans le plus fort taux d’avortement et le taux d’abandon d’enfants y est élevé).
228
+
229
+ Avec plus de 740 millions d'habitants et sur une surface réduite pour une moyenne d'une langue pour 4,3 millions d'habitants, l'Europe bénéficie d’une grande richesse ethnoculturelle et une pluralité de langues. Les cultures germaniques, slaves, latines et finno-ougrienne sont traduites par la diversité des langues parlées : 128 langues et dialectes ont des racines indo-européennes ; latines et grecques au sud, germaniques au nord et au nord-ouest ; slaves à l'est et en Europe centrale, seul le groupe des langues finno-ougriennes (regroupant le finnois, estonien et le hongrois) et la langue basque ne font pas partie des langues indo-européennes.
230
+
231
+ Administrativement, l’allemand, l’anglais, le russe, le français, l'espagnol et l’italien dominent mais l’Europe est linguistiquement beaucoup plus riche puisque les 50 États européens (tous souverains, hormis Gibraltar) de la grande Europe géographique regroupent 35 langues officielles, enrichies de 225 langues secondaires non officielles. À tel point qu'Umberto Eco dit : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ». Andreas Kaplan décrit l'Europe comme « offrant un maximum de diversité culturelle en un minimum de distance géographique »[256]. Ces précédents chiffres peuvent paraître élevés, mais ils ne représentent que 3 % du total des langues vivantes encore parlées sur la planète.
232
+
233
+ En Europe de l’Ouest (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, etc.) les langues vernaculaires sont souvent régionales et minoritaires, parfois au bord de l’extinction, mais certaines (breton, alsacien, basque, corse, catalan, occitan, flamand, le dernier étant un dialecte du néerlandais), sont plus reconnues[C'est-à-dire ?], et enseignées en France, plutôt à l’université, mais parfois dès l’enfance : école Diwan en Bretagne. En Espagne, c’est le cas du basque, du catalan et du galicien. Pour le Royaume-Uni, c’est le gallois, le gaélique écossais, le scots et l’irlandais. Le français est reconnu en Italie dans le Val d’Aoste, ainsi que le sarde en Sardaigne, le frioulan, l'allemand et le slovène dans le Frioul-Vénétie julienne, le ladin et l'allemand dans le Trentin-Haut-Adige, comme le sont le féroïen aux îles Féroé, ou le frison occidental aux Pays-Bas, etc.
234
+
235
+ Une langue unique n’est officiellement parlée que dans quatre petits États[réf. nécessaire] : l’Islande (où l’on parle islandais), Malte (où la seule langue officielle est le maltais), le Liechtenstein (où l'on parle allemand), et la République de Saint-Marin (où l'on parle italien). L'État de la Cité du Vatican (plus petit État européen) est un cas à part : l’italien y est la langue véhiculaire, le latin (réputé langue morte) y est la langue juridique, le français y est la langue diplomatique (le Vatican se fait enregistrer comme État francophone auprès des organisations internationales), et l'allemand est la langue en usage dans l'armée (la Garde suisse). - Les autres États comptent tous plusieurs langues vernaculaires, tant dialectes que langues à part (plus ou moins reconnues et souvent non enseignées) et jusqu’à plus de 10 pour l'Allemagne (21 langues), l'Azerbaïdjan (13), la Bulgarie (11), l'Espagne (14), la France (25), l'Italie (33), la Roumanie (14), le Royaume-Uni (12). La vaste Russie regroupe à elle seule 43 langues à statut officiel sur son territoire. La Suisse possède quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien et le romanche (cousine du ladin et du frioulan).
236
+
237
+ Certaines langues régionales, sans statut officiel (quoique doublant parfois les noms de communes ou de rues) persistent et sont parfois protégées et enseignées, souvent avec le soutien de collectivités locales ou régionales (breton, corse, occitan en France, sarde, ladin, frioulan en Italie, lapon en Scandinavie).
238
+
239
+ Les systèmes d'écriture en Europe reposent sur l'alphabet latin (sous diverses variantes), l'alphabet grec, l'alphabet cyrillique (sous diverses variantes).
240
+
241
+ Aux langues originaires des pays d’accueil s’ajoutent les langues maternelles des populations circulantes (Roms), migrantes ou réfugiées, et tout particulièrement l'arabe, le berbère, le turc, l'hindi, etc.
242
+
243
+ L'Europe a été confrontée au cours de son histoire aux besoins de langues véhiculaires. Ainsi la lingua franca, langue composite (mélange d'arabe, de français, portugais, espagnol, italien ou occitan, le tout variant dans le temps et l'espace), a été utilisée du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle par les marins et dans les ports de la Méditerranée. De nombreux projets de langues construites sont apparus en Europe, avec notamment la création de l'espéranto en 1887, seule langue construite devenue langue vivante.
244
+
245
+ Sur une population totale d'environ 730 millions d'habitants en 2010, l'Europe compte environ 255 millions de catholiques (35 %)[257], 197 millions d'orthodoxes (27 %)[257], 102 millions de protestants (14 %)[257] et 44 millions de musulmans (6 %)[258]. Les personnes n'ayant pas de religion ou pratiquant une autre religion sont environ 132 millions (18 %). Selon l'historien Geert Mak il existe au moins quatre communautés de culture et de traditions en Europe : la protestante du Nord, la catholique latine, la grecque orthodoxe et l'ottomane musulmane[259].
246
+
247
+ Le christianisme est la religion dominante en Europe et y est divisée en trois grandes confessions, (protestantisme, orthodoxie et catholicisme), réparties géographiquement de la façon suivante :
248
+
249
+ Les catholiques sont majoritaires dans vingt-trois pays[257], les orthodoxes dans treize pays[257], les protestants dans neuf pays[257], les musulmans dans cinq pays (Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Kosovo et Turquie[258], les « sans religion » dans deux pays (Tchéquie et Pays-Bas). À la fin du XXe siècle, la papauté a proclamé six saints patrons de l'Europe.
250
+
251
+ Il existe des minorités religieuses à l'intérieur de ces grands ensembles dont la plus importante est l'islam avec 44 millions de musulmans soit près de 6 % de la population européenne totale[258] :
252
+
253
+ Selon Emmanuel Todd, les systèmes familiaux en Europe sont d'une grande diversité[263].
254
+
255
+ Les pays qui ont tout ou partie de leur territoire sur le continent européen ou sont culturellement rattachés à l'Europe (selon les limites géographiques définies plus haut) sont au nombre de 51 :
256
+
257
+ Le nombre d'États souverains en Europe, qui s'élevait à plus de trois cents en 1789, était encore d'une soixantaine en 1815, au lendemain du congrès de Vienne. Après l'unification de l’Italie et de l’Allemagne, ce nombre était tombé à 19 en 1871 (20 avec la Turquie, qui contrôlait encore la majeure partie de la péninsule des Balkans). Il passa à 22 en 1878, lorsque le congrès de Berlin reconnut l'indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro. S'y ajoutèrent ensuite la Norvège (1905), la Bulgarie (1908) et l’Albanie (1912).
258
+
259
+ En 1914, l'Europe comptait donc 25 États généralement reconnus comme indépendants, non compris le Saint-Siège, l'ordre souverain de Malte et le territoire neutre de Moresnet : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche-Hongrie, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Suède, Suisse. La forme de gouvernement la plus répandue était la monarchie, puisque qu'on ne dénombrait alors que quatre républiques (la France, le Portugal, la Suisse et Saint-Marin) — huit en tenant compte des villes libres de Brême, Hambourg et Lübeck, inféodées à l'Empire allemand, et de la république monastique du mont Athos, placée sous le protectorat politique de la Grèce.
260
+
261
+ À la fin de l'année 1945, le nombre d'États était passé à 31 : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Irlande, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, URSS, Vatican, Yougoslavie. Plus de la moitié d'entre eux (19 sur 31) étaient encore des monarchies, y compris l'Albanie, la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie et la Roumanie qui vivaient alors sous un régime transitoire. Depuis 1975, le nombre de monarchies s'est maintenu à douze, à savoir sept royaumes, un grand-duché, trois principautés et un État pontifical.
262
+
263
+ Parmi les nombreux États qui connurent une existence éphémère au lendemain des deux guerres mondiales, on peut citer les républiques autonomes de Rhénanie et du Palatinat (1923/1924), les villes libres de Dantzig (1920/1939), de Fiume (1920/1924), de Memel (1920/1923) et de Trieste (1947/1954), ainsi que le territoire de la Sarre, qui disposa d'un statut particulier de 1920 à 1935 et de 1947 à 1957.
264
+
265
+ Le nombre d'États européens parut se stabiliser à 34 avec l'accession à l'indépendance de Chypre (1960) et de Malte (1964). Il devait se maintenir à ce niveau jusqu'à la chute du mur de Berlin, en 1989. Après la réunification de l'Allemagne et l'éclatement des anciennes fédérations communistes (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie), puis avec la séparation de la Serbie et du Monténégro, le nombre d'États européens officiellement reconnus comme indépendants s'élevait à 45 en 2006 (50 avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et tout ou partie de la Turquie et du Kazakhstan). Encore ce chiffre ne prend-il pas en compte les nombreux pays ou territoires dont le statut est contesté (Abkhazie, Chypre du Nord, Haut-Karabagh, Kosovo, Ossétie du Sud-Alanie, Principauté de Sealand, Tchétchénie, Transnistrie), etc.
266
+
267
+ Par ailleurs, Israël fait partie de nombreuses associations européennes culturelles ou sportives (UEFA par exemple). L'Algérie, l'Égypte, Israël, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie et la Tunisie font partie de l'Union européenne de radio-télévision. Le Maroc a participé au Concours Eurovision de la chanson en 1980 et Israël y participe depuis 1973. Ainsi, pour Pierre Beckouche, l’Europe est d’ores et déjà partie prenante d’un vaste ensemble macro-régional, appelé « Euroméditerranée », qui va de la Russie au Maroc en passant par le Moyen-Orient et qui est traversé de flux économiques, culturels et migratoires plus intenses qu'imaginés[264].
268
+
269
+ De nombreuses visions d'une Europe unie se sont affrontées au cours de l'histoire du continent, jusqu'à l'Union Européenne actuelle.
270
+
271
+ L'Europe n'a jamais connu d'unité politique parfaite. Certaines périodes d'une durée variable ont certes été marquées par la domination d'une vaste partie du continent par un pouvoir unique, qui s'est en général imposé par la force - ce fut ainsi le cas de l'Empire romain, de l'empire carolingien, de l'empire napoléonien et du IIIe Reich. Certaines familles royales ont également, par le biais de relations dynastiques, gouverné un grand nombre de pays européens, au premier rang desquelles la famille des Habsbourg[265]. Mais on voit, tant hétéroclite est cette liste de candidats à l'hégémonie, que des projets d'unification européenne concurrents et divergents se sont affrontés sans qu'aucun ne parvienne vraiment à s'imposer.
272
+
273
+ L'Empire Romain est longtemps demeuré dans la mémoire des Européens comme symbole d'une unité perdue. Après sa chute en Occident en 476, Théodoric, Justinien, Charlemagne poursuivirent le rêve de la résurrection de l'Empire. Au Moyen Âge, la Papauté parvint enfin à s'imposer aux yeux d'une majorité de l'Europe comme l'héritière légitime de Rome, et à imposer au continent une forme d'unité, sous la forme de la Chrétienté médiévale : certes, les Papes ne possédaient qu'un pouvoir temporel limité sur les princes et les rois, mais jouissaient d'une autorité morale, religieuse et même juridique puissante. Surtout, la Chrétienté se conçoit elle-même comme une communauté, matérialisée positivement par l'union dans les croisades et négativement par la procédure de l’excommunication, avec des droits et des devoirs partagés (par exemple le respect des trêves et jours saints), et étendue au gros du continent (à l'exception des terres orthodoxes)[266].
274
+
275
+ La crise de la Chrétienté, l'affirmation des États proto-nationaux, l'affaiblissement de la Papauté, et surtout la Réforme qui brise l'unité de la Chrétienté font naître la nécessité de repenser ce qui fait l'unité de l'Europe. C'est donc de la Renaissance que l'on peut dater la naissance de l'idée européenne moderne[267].
276
+
277
+ Au XVe siècle, déjà, des projets sont agités pour offrir paix et unité à l'Europe ravagée par des guerres intestines (Guerre de cent ans guerre hussite, guerres civiles de l'Espagne), dépeuplée par la grande peste, désunie spirituellement par le Grand Schisme d'Occident et les hérésies (Wyclifisme, hussisme, pour ne nommer que les principales), menacée par l'expansion de l'empire du Grand Turc avec la prise de Constantinople. C'est le cas, par exemple, du projet d'union chrétienne de George de Podiebrad[268].
278
+
279
+ Les Humanistes multiplieront les initiatives, aux XVe et XVIe siècles, pour créer une Europe pacifiée et harmonieuse. Tandis que les évangélistes rêvent d'une Chrétienté rénovée, affranchie de la tutelle de Rome, des irénistes cherchent à réaliser la concorde entre les princes, sous l'égide d'une Raison médiatrice et partagée[269]. Stefan Zweig loue en Érasme l'éblouissante incarnation de l'idéal européen des humanistes, lui qui institua un latin rénové comme langue de culture paneuropéenne, correspondant dans cette langue avec des intellectuels de tout le continent, et rêva d'une Europe réalisant par le pouvoir d'attraction de sa culture la concorde de l'humanité. Surtout, pour Zweig, Érasme fut celui qui prophétisa que l'union de l'Europe ne se ferait pas par la guerre, mais par des moyens pacifiques[270]. On peut citer, parmi d'autres illustres précurseurs, Andrés Laguna de Segovia, qui en 1543 se lamentait sur la pauvre Europe déchirée et exsangue.
280
+
281
+ C'est peu de dire, toutefois, que le rêve humaniste ne devait pas immédiatement se réaliser. Certes, il exerça une influence certaine, même sur les élites politiques, devenant un idéal volontiers invoqué par les princes ; ainsi lors de la signature en 1518 du traité de Londres, instaurant une « Paix Perpétuelle »[269]. Mais la paix de 1518 fut rompue dès l'année suivante, et, dans le sillage de la Réforme, l'Europe s'enfonça dans la spirale sanglante des guerres de religion, en France et surtout en Allemagne, culminant dans le paroxysme de la Guerre de Trente Ans, qui embrasa le continent[267].
282
+
283
+ La Paix de Westphalie qui mit fin à cette guerre ne fonda pas une Union de l'Europe, mais au contraire officialisa une organisation de celle-ci fondée sur l'équilibre de puissances souveraines et régulièrement en guerre. Ce système qui régulait mais approfondissait la division européenne devait persister, perfectionné au XVIIIe siècle par l'instauration de congrès réguliers[271], et renouvelé en 1815, jusqu'à la Première Guerre mondiale.
284
+
285
+ Toutefois, cela n'empêcha pas que fleurissent, portés par des visionnaires, des projets d'union de l'Europe. Pour ne citer que des Français, Sully et Rousseau y ont rêvé ; en 1712, l'abbé Castel de Saint-Pierre rend public son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, et reçoit le soutien du philosophe Leibniz.
286
+
287
+ Le rêve européen reprend de la vigueur au XIXe siècle, après la boucherie des guerres de la Révolution et de l'Empire. Dans une Europe dominée par la Sainte-Alliance, où triomphent tout ce que le Vieux Continent compte de réactionnaires, il est doté d'un nouveau contenu, social et humanitaire. Avant le Printemps des peuples en 1848, les républicains, démocrates et socialistes de toute l'Europe espèrent qu'une révolution ouvrirait la voie, conjointement, à une union pacifique du continent et à une réforme de ses sociétés dans un sens démocratique et égalitaire[272]. Victor Hugo a rêvé qu'un jour existeraient les « États-Unis d'Europe »}, pendants des États-Unis d'Amérique, utopie humanitaire et prélude à l'unité de toute l'humanité. Son discours prononcé le 21 août 1849, à l'occasion de l'ouverture du Congrès de la Paix à Paris, est resté célèbre. Il y évoque une Europe enfin pacifiée, unie sous un même gouvernement. La suite de l'Histoire prouva qu'il s'agissait d'une vision prophétique en avance sur son temps, avec la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales.
288
+
289
+ Mais surtout, la « mystique européenne »[273] fut vivement réactivée après la Première Guerre mondiale qui se chargea de démontrer, si besoin était, à un grand nombre d'intellectuels à quel point la guerre était absurde. Seule une Europe unie pouvait éviter le retour de l'horreur. Conscient du déclin de celle-ci face à l'Amérique (Albert Demangeon - 1920), ils cherchent la voie la plus sûre pour unifier le continent.
290
+
291
+ L'héritage culturel grec, le droit romain et l'unité chrétienne sont conçues par Paul Valéry[274] comme les trois piliers de l'Europe, lors d'une conférence donnée à l'université de Zurich le 15 novembre 1922. En 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi publie Paneuropa, ouvrage dans lequel il développe sa vision d'une Europe forte de 300 millions d'individus, dont il exclut la Russie et la Grande-Bretagne, l'une considérée comme « asiatique » et l'autre plus préoccupée de toute manière par son Empire planétaire (vision partagée alors par les Britanniques eux-mêmes). C'est une vision qui s'appuie sur une analyse géopolitique d'un monde divisé en grands blocs antagonistes. Il rencontre un tel écho dans le monde intellectuel qu'il peut réunir à Vienne en 1926 un congrès avec plus de 2 000 délégués venus de 24 nations différentes (l'un des premiers adhérents à son mouvement est le jeune maire de Cologne, Konrad Adenauer). Il trouve aussi le soutien de Louis Loucheur et Aristide Briand (qui sera d'ailleurs nommé président d'honneur du mouvement), mais dans l'ensemble les politiques ne le suivent pas et on le soupçonne parfois de travailler pour l'Allemagne. Quoi qu'il en soit le mouvement Pan-Europe est fondé et survit jusqu'à nos jours (un membre de la famille des Habsbourg en est le président). Le même Aristide Briand, alors président du Conseil, pourra s'appuyer sur ce mouvement pour appeler à la création d'une « sorte de lien fédéral » devant l'assemblée de la Société des Nations (SDN) en 1929.[réf. nécessaire]
292
+
293
+ Le 1er mai 1930, en accord avec les instances dirigeantes de la SDN, il remet aux autres gouvernements européens un mémorandum sur « l'organisation d'un régime d'Union fédérale européenne ». Il essuie un refus poli : c'est un échec[275].
294
+
295
+ La crise et la montée en puissance des totalitarismes étouffent progressivement tout espoir de construction européenne. L'Allemagne nazie conçoit l'Europe selon une vision pangermaniste, raciste et centrée autour d'une grande Allemagne. L'Europe n'est plus qu'un réservoir de matières premières et de main-d'œuvre, destinée à nourrir la machine de guerre nazie.
296
+
297
+ Mais la résistance pense aussi l'Europe, et tandis qu'elle mène le combat intérieur partout en Europe contre le fascisme et le nazisme, ses membres les plus éminents se réunissent afin de dessiner les contours d'une Europe post-Seconde Guerre mondiale[276].
298
+
299
+ Après la guerre Churchill appelle à son tour de ses vœux à l'unité européenne et crée un mouvement qui fusionne très peu de temps après avec celui de Richard Coudenhove-Kalergi. Devant ce qui est perçu comme le danger soviétique, les États-Unis lancent un vaste programme de reconstruction de l'Europe avec le plan Marshall. Celui-ci conditionne la formation d'une Europe financière appuyée sur des politiques monétaires concertées (création de l'OECE - Organisation Européenne de Coopération Économique). Il faut désormais attendre la déclaration Schuman du 9 mai 1950 pour assister à la relance du vieux projet d'union européenne, cette fois lancée par étape, en commençant par l'un des secteurs économiques phares pour les Français comme pour les Allemands, l'industrie de la houille et de la sidérurgie. En plaçant ces productions sous la houlette d'une Haute Autorité, c'est le consentement prudent mais définitif d'un abandon de souveraineté qui transparaît. La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) née le 1er avril 1951 par la signature du Traité de Paris, elle réunit six États européens : le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, la RFA et la France. L'Europe est en marche[277].
300
+
301
+ Ainsi, depuis la seconde moitié du XXe siècle, un mouvement d'union politique est en construction, avec pour particularité une mise en place pacifique et démocratique (même si on l'accuse souvent de s'être faite à l'insu des peuples). La forme actuelle de ce nouveau pouvoir qu'est l'Union européenne n'est cependant pas encore entièrement arrêtée. Il est encore laissé une grande liberté politique aux pays membres, de plus en plus nombreux. L'Union européenne comprend maintenant 27 États membres, dont 19 faisant partie de la zone euro, zone de souveraineté monétaire commune. Avec l'Asie, l’Europe est le continent comptant le plus de monarchies (une monarchie pour trois républiques) ; les monarchies européennes sont toutes de type parlementaire, les souverains n'ayant le plus souvent qu'un rôle symbolique ou un rôle politique non déterminant : ce sont les premiers ministres ou chefs de gouvernement, issus d'une majorité parlementaire, qui sont investis du véritable pouvoir politique[réf. nécessaire].
302
+
303
+ → Pays membres de la zone euro (19 membres) :
304
+
305
+ → Pays non-membres de la zone euro (8 membres) :
306
+
307
+ → 4 pays non-membres de l'Union européenne, mais ayant signé des accords spécifiques avec celle-ci au sein de l'Union douanière de l'Union européenne :
308
+
309
+ La Biélorussie et le Vatican sont les deux seuls États européens souverains et indépendants à n'être membres d'aucune organisation supranationale européenne. Cependant, le Vatican dispose d'un statut d'observateur au Comité des ministres du Conseil de l'Europe et fait également partie de la zone euro, tandis que la Biélorussie est candidate à l'adhésion au Conseil de l'Europe depuis 1993.
310
+
311
+ L'Europe, ou plus précisément l'Union européenne, est l'un des pôles de la triade (États-Unis, Union européenne et Japon). Ces pôles centralisent 70 % de la richesse pour 14 % de la population[Quand ?]. Si l’Europe est la région la plus riche et développée du monde[278],[279], elle n'est pas un espace économiquement homogène[280],[281]: tous les pays européens ne sont pas des pays développés : l'Ukraine et la Moldavie font exception et sont classés comme pays à développement moyen avec un IDH inférieur à 0,8. L’Europe de l'Ouest et l'Europe du Nord très prospères contrastent avec certaines régions moins riches d'Europe centrale, d'Europe de l'Est (Moldavie, Ukraine, certaines régions de Roumanie, Russie) et d'Europe du Sud (Albanie, Serbie, Macédoine du Nord, certaines régions de Bulgarie, Italie du Sud, certaines régions d'Espagne, de Grèce et du Portugal).
312
+
313
+ La mégalopole européenne constitue le cœur économique de l'Europe. On peut ainsi distinguer principalement les pays de l'ancien bloc de l'Ouest, développés et avec une croissance faible et les pays de l'ancien bloc de l'est moins développés mais à plus forte croissance.
314
+
315
+ L’Union européenne, principal ensemble de la région, est en 2015 la deuxième puissance économique du monde[282]. Tous ses pays membres commercent entre eux librement grâce au marché commun, et dix-huit de ses pays ont accentué leur collaboration au sein de la zone euro. Des accords de libre-échange ont également été passés avec des pays partenaires, comme la Suisse[283].
316
+
317
+ L'Europe est un producteur important de céréales, de fruits et légumes, et de sucre, grâce aux cultures de betteraves, très développées en Ukraine et dans le nord de la France. Sur les six premières années de la décennie 2010, le continent a confirmé sa troisième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[284], malgré un léger déclin, derrière les deux géants, le Brésil et l'Inde. Parmi les points forts de son agriculture, l'Europe était aussi troisième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis.
318
+
319
+ Parler de culture de l'Europe est difficile, car de nombreuses cultures s'y sont succédé (et ont souvent assimilé des apports extra-européens) depuis plusieurs millénaires. Une définition de la culture de l'Europe doit nécessairement aussi tenir compte des limites géographiques du continent.
320
+
321
+ Le tourisme culturel tient une place singulière en Europe, elle est une des clés de l'avenir permettant d'assurer une puissante force d'attraction pour l'Europe. Elle touche essentiellement l'audience des musées, des monuments et des évènements culturels. Et donne lieu à des déplacements vacanciers. Par conséquent, elle est une mine de recette considérable pour les pays européens. L'activité touristique s'est notablement enrichie depuis une vingtaine d'années, et les modes de visite des touristes ont beaucoup évolué. Le tourisme étranger en France en est une vivante illustration.
322
+
323
+ Agence spatiale européenne (Ariane 5).
324
+
325
+ L'orchestre symphonique.
326
+
327
+ Académie européenne du cinéma.
328
+
329
+ Prix Nobel.
330
+
331
+ Ligue des champions de l'UEFA.
332
+
333
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
334
+
335
+ Sur les autres projets Wikimedia :
336
+
337
+ Histoire :
338
+
339
+ Cartes :
fr/1904.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,339 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Vous pouvez améliorer sa rédaction !
2
+
3
+ L’Europe est considérée conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest par l’océan Atlantique et la mer de Norvège, et au nord par l’océan Arctique. Sa limite méridionale est marquée par le détroit de Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que les détroits respectivement du Bosphore et des Dardanelles marquent sa frontière avec l'Asie du Sud-Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au fleuve Oural et au Caucase est la limite traditionnellement retenue, mais reste, faute de séparation claire et précise, l'objet de controverses selon lesquelles un certain nombre de pays sont ou ne sont pas à inclure dans le continent européen. Géographiquement, ce peut être considéré aussi comme une partie des supercontinents de l'Eurasie et de l'Afro-Eurasie.
4
+
5
+ Dans son acception la plus commune, le continent européen couvre une superficie d’environ 10 millions de km2 et a une population d’environ 743 millions d’habitants. Ses habitants sont les Européens.
6
+
7
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord. L'Europe comprend une diversité de climats : un climat tempéré sur la majorité de sa surface, du fait de l'influence de l'océan Atlantique Nord-Est et de la mer Méditerranée et un climat de type continental à l'est de la Pologne orientale. Elle connaît aussi un climat océanique froid, voire polaire, dans ses régions les plus septentrionales, et un climat subtropical humide dans les Balkans autour de la Mer noire. Arrosé par de nombreux fleuves et rivières, le continent n'est pas en stress hydrique.
8
+
9
+ L'Europe recouvre une grande biodiversité et a été pionnière dans les questions environnementales.
10
+
11
+ Le peuplement s'est effectué de manière continue depuis 1,8 ou 2 millions d'années, des cycles glaciaires et interglaciaires créant des périodes d'isolement géographique à l'origine d'une différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent à partir d'une espèce commune apparue en Afrique. Arrive ensuite Sapiens, également né en Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités » à partir de 70 000 ans avant l'ère commune.
12
+
13
+ La population européenne se sédentarise entre 7 500 et 8 000 ans avant J.-C., par l'effet de diffusion de populations et de techniques apparues sur le plateau d'Anatolie vers 11 000 ans avant J.-C. et pratique l'agriculture à partir de 5 000 ans avant J.-C. Des hypothèses linguistiques et archéologiques ainsi que des études génétiques récentes accréditent la thèse d'un peuplement de l'ensemble du continent par des populations de l'est de l'Europe qui seraient les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes.
14
+
15
+ Les peuples germains apparaissent 2 000 ans avant J.-C. au nord de l'Europe, les peuples celtes s'étendant quant à eux à partir de 1 200 ans avant J.-C. sur la majeure partie du territoire, du bassin des Carpates à l’est de la France.
16
+
17
+ Mais c'est la Grèce, avec sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), qui doit être considérée  comme le berceau culturel de l'Europe. Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. Le continent est alors divisé entre le monde romain et celui des barbares (Pictes celtes et Germains). L'influence romaine s'inscrit dans la culture, via la langue latine, ainsi que dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation, sur un vaste territoire borné au nord par le mur d'Hadrien et à l'Est par le Rhin et la Vistule, et qui s'étend par ailleurs en Afrique et en Asie.
18
+
19
+ L'Europe est ainsi le berceau de la civilisation gréco-romaine, qui a donné le jour à la civilisation occidentale. Le christianisme s'y diffuse à partir du Ier siècle.
20
+
21
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire romain est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient seul perdurant (jusqu'au milieu du XVe siècle) tandis que l'Empire romain d'Occident se délite dès le Ve siècle sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares
22
+
23
+ Plusieurs tentatives furent faites pour reconstituer l'Empire romain d'Occident :celles de Charlemagne, des souverains du Saint-Empire romain germanique, d’Otton Ier en 962 à Charles Quint au XVIe siècle, voire de Napoléon Ier
24
+
25
+ Le morcellement féodal prévalut au Moyen Âge, avec toutefois l'élaboration d'une civilisation commune aux Européens autour de la foi chrétienne.
26
+
27
+ Des États-nations se constituèrent ensuite progressivement, et leur rivalité entraîna des guerres importantes au fil des siècles, de la guerre de Cent ans aux guerres du XXe siècle.
28
+
29
+ L'unité religieuse fut également perdue, un premier schisme séparant en 1054 les chrétiens d'Occident (catholiques) des chrétiens de l'Est de l'Europe (orthodoxes). La Réforme protestante entraîna un deuxième schisme à partir du XVe siècle et de nombreuses guerres de religion, notamment en France, entre Catholiques et Protestants.
30
+
31
+ L'Europe est toutefois, à partir de la Renaissance, à l'origine de plusieurs bouleversements historiques majeurs. La période moderne voit l'invention de l'imprimerie, la première alphabétisation de masse à la suite de la Réforme protestante, les grandes découvertes. Elle voit éclore le siècle des Lumières, est à l'origine de la diffusion du capitalisme marchand puis de la révolution industrielle. Elle invente des formes politiques nouvelles nées des révolutions anglaise et française.
32
+
33
+ Du XVIe au XXe siècles, elle colonise par peuplement l'ensemble du continent américain. Elle établit par ailleurs, au travers de plusieurs de ses nations, des empires coloniaux dans la quasi-totalité de l'Afrique, l'Océanie et de grandes parties de l'Asie jusque dans les années 1950-1960. C'est en Europe également que prennent naissance les deux guerres mondiales et que se produit la Shoah.
34
+
35
+ La Seconde Guerre mondiale, qui l'a laissée exsangue, fait perdre à l'Europe son hégémonie mondiale et enclenche un mouvement de décolonisation. Pendant la Guerre froide, le continent est divisé en deux blocs séparés par un rideau de fer, celui de l'Ouest et celui de l'Est, idéologiquement opposés. Le bloc occidental, zone d'influence américaine, connaît un essor économique rapide et met en place les premières étapes d'une union européenne, économique puis politique, qui ira croissant dans le nombre des États membres, en intégrant en particulier un certain nombre d'ex-pays de l'Est après l'effondrement du bloc soviétique. De nombreuses critiques se sont élevées depuis une quinzaine d'années à son encontre dans les populations des États membres, notamment à la suite du non-respect des votes référendaires ou de la crise de l'Euro. Elles se sont exprimées à travers le vote du Brexit qui a entraîné le départ du Royaume-Uni en 2020.
36
+
37
+ Deux origines concurrentes du mot « Europe » ont été proposées[1].
38
+
39
+ La première fait provenir ce nom de l'usage par les marins phéniciens des deux mots Ereb, le couchant, et Assou, le levant pour désigner les deux rives opposées de la mer Égée : d'une part la Grèce actuelle et d'autre part l'Anatolie (Ἀνατολή signifie pareillement, en grec, le levant). La première mention connue de ces mots sémitiques se trouve sur une stèle assyrienne qui distingue Ereb, la nuit, le [pays du soleil] couchant, et Assou, le [pays du soleil] levant. Selon Michael Barry, les deux mots sont probablement à l'origine des deux noms grecs Eurôpè et Asia dans leur acception géographique antique[2][source insuffisante]. En grec, dans un hymne à Apollon datant d’environ 700 avant notre ère, Eurôpè représente encore, comme Ereb, le simple littoral occidental de l’Égée[2]. C'est également le nom de la princesse de Tyr enlevée par Zeus. Néanmoins, cette étymologie sémitique est à peine encore défendue[3] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable[Note 2],[Note 3].
40
+
41
+ La seconde est grecque. Dans la mythologie grecque, plusieurs « Europe » sont connues, Europe, fille du géant Tityos ; la mère de Niobé ; la fille de Nil, une épouse de Danaé ; selon Hésiode, Europe l'Océanide est l'une des trois mille nymphes d'Océan et de Téthys ; dans l’Iliade, Europe est la fille de Phœnix, ascendant du peuple phénicien. Europè (εὐρώπη) provient de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, εὐρύς, signifie soit large, qui s'étend en largeur, soit vaste, qui s'étend au loin[Note 4] ; le second, en grec ancien ὤψ, signifie soit regarder en face, regard, soit œil[Note 5]. Le terme signifie « [celle qui a] de grands yeux » et devient un prénom féminin, donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse princesse Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau. Hérodote fait remarquer que la jeune princesse ne pose jamais le pied sur le continent du côté grec désigné par le terme géographique Eurôpè puisque Zeus la dépose en Crète[6]. À Gortyne, à l’endroit où ils s'unissent, près d'une fontaine a poussé un platane qui ne perd jamais son feuillage[7].
42
+
43
+ En 1961, une troisième origine est avancée par des archéologues spécialistes de l'Empire hittite, qui émettent l'hypothèse que les noms des deux continents Europe et Asie viendraient de deux royaumes voisins de l'Empire hittite situés de part et d'autre du Bosphore : Avrupa, correspondant approximativement à la Thrace, aurait donné le nom « Europe » tandis qu'Assuwa, correspondant au quart nord-ouest de l'actuelle Turquie anatolienne, aurait donné le nom « Asie »[8]. La langue turque actuelle utilise toujours le vocable Avrupa pour désigner l'Europe.
44
+
45
+ De nos jours, les institutions de l'Union européenne retiennent et propagent l'affirmation selon laquelle le nom du continent viendrait de la mythique Europe enlevée par Zeus[9],[10],[Note 6],[12].
46
+
47
+ Selon Jean Haudry, Europē est initialement une désignation de la Grèce continentale par opposition au Péloponnèse, aux îles et à la Thrace. Ce serait seulement à partir des guerres médiques, que le terme s'oppose à l'Asie (qui ne désigne que l'Asie Mineure) et à la Libye (l'Afrique) pour s'appliquer au continent européen, dont les limites demeurent inconnues[13].
48
+
49
+ L'usage fait de l'Europe un continent[Note 7] mais il s'agit, si l'on considère la plaque eurasiatique, de la partie occidentale (une péninsule[15]) d'un super-continent[16]. Cela entraîne que les limites terrestres de l'Europe ont donc toujours été imprécises à l'est car il n'existe pas de relief ou de mer venant clairement scinder l'Eurasie. Les frontières géographiques de l'Europe sont donc plus politiques que physiques[17].
50
+
51
+ Pour les Grecs, l'Europe ne s'étendait pas « au-delà du Bosphore et des rives occidentales de la mer Noire »[18]. Jusqu'au règne du tsar Pierre le Grand (1682-1725), la limite orientale de l'Europe est fixée au fleuve Tanaïs (actuel Don)[19]. Pierre le Grand mène une politique de réorientation de l'Empire russe vers l'Europe, en fondant Saint-Pétersbourg capitale ouverte sur la mer Baltique et en chargeant Vassili Tatichtchev de déplacer vers l'est la frontière de l'Europe. Ce dernier choisit le massif de l'Oural et le fleuve Oural[20]. Au sud-est, la mer Caspienne, le massif du Caucase, la mer Noire et le détroit du Bosphore séparent l'Europe du Proche-Orient. Au sud et au sud-ouest, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar séparent l'Europe de l'Afrique. Le continent est bordé à l'ouest par l'océan Atlantique et au nord par l'Arctique. Sont considérées comme européennes l'Islande (située géologiquement sur la séparation Eurasie-Amérique[21]) et les principales îles de la Méditerranée ; le cas de Chypre est toutefois particulièrement sujet à débat, à la fois sur les plans géographique, culturel, politique et historique[22].
52
+
53
+ Les cas de la Russie, de la Géorgie et de la Turquie sont emblématiques du hiatus politico-géographique. Ces nations ayant la plus grande partie de leur territoire en Asie (Russie) et au Moyen-Orient (Turquie), le plan politique ne recoupe pas le « plan » géographique premier. Ainsi, si la Russie est occidentale par sa culture, son histoire et une part de son territoire, son centre de gravité fait d'elle un quasi-continent, s'étendant du Pacifique jusque dans l'Europe. Ensuite la Géorgie conserve un territoire de part et d'autre du Caucase qui atteint la mer Noire. Le cas est plus complexe pour la Turquie, celle-ci possédant la majeure partie de son territoire au Moyen-Orient, et possédant par l'histoire une culture mixte entre la culture occidentale et moyen-orientale.
54
+
55
+ Le Groenland, qui appartient au Danemark est rattaché à l'Europe.
56
+
57
+ Certains territoires, les régions ultrapériphériques, font partie de l'Union européenne quoique étant situés en dehors du continent (la communauté autonome espagnole des îles Canaries, les cinq départements et régions d'outre-mer français, la collectivité d'outre-mer française de Saint-Martin et les deux régions autonomes portugaises de Madère et des Açores)[23].
58
+
59
+ L'Europe a une superficie d'un peu plus de 10 millions de kilomètres carrés (10 392 855 km2[réf. nécessaire]). Cela représente un tiers de l'Afrique, un quart de l'Asie et de l'Amérique.
60
+
61
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord.
62
+
63
+ L'organisation de l'espace montre un cœur économique, la « banane bleue » ou mégalopole européenne, qui comprend notamment l'Europe rhénane ainsi que les périphéries européennes[24].
64
+
65
+ Les frontières orientales de l'Europe sont avant tout politiques : la limite de l'Oural est due aux cartographes du tsar Pierre Ier le Grand au XVIIIe siècle. De même, la frontière fut déplacée des hautes crêtes du Caucase vers la mer Caspienne au début du XIXe siècle pour justifier l'annexion de la Géorgie et de l'Arménie dans l'Empire russe. D'un point de vue géologique, si l'on se réfère à la tectonique des plaques, l'Europe et la partie continentale de l'Asie ne sont qu'un seul et même continent, dénommé Eurasie. Aussi, quelques géographes éminents, tels qu'Alexander von Humboldt, considéraient-ils l'Europe comme une simple péninsule de l'Asie.
66
+
67
+ Le climat européen est conditionné notamment par son étalement en latitude du 36e au 71e parallèle nord, soit plus de 4 000 kilomètres entre les espaces scandinave et méditerranéen. De ce fait, le contraste de température est considérable entre l'extrême nord, moyenne annuelle −5 °C environ comme dans l'archipel de Nouvelle-Zemble, et l'extrême sud, moyenne annuelle 18,7 °C environ pour la Crète.
68
+
69
+ L'Europe dispose d'une vaste zone côtière, et l'influence océanique atlantique et méditerranéenne contribuent à modérer les températures sur une bonne partie de l'Europe. Elle est située à l'est et au sud de l'Atlantique nord-est dont la température est notablement attiédie par la dérive nord-atlantique. Du fait de sa latitude, la majeure partie du continent est soumise au flux d'ouest dont la température a été auparavant adoucie par son passage sur cette partie de l'océan. Ce flux d'ouest n'est pas contrarié dans sa progression vers l'est en raison des grandes plaines largement ouvertes vers l'ouest dans la partie moyenne de l'Europe.
70
+
71
+ En toutes saisons, ce flux est tempéré et porteur de perturbations assurant des pluies régulières. Au fur et à mesure de sa progression à l'intérieur des terres, ce flux subit les influences continentales : il devient moins tempéré et s'assèche progressivement, les précipitations devenant moins régulières. Vers l'est, les hautes pressions hivernales prennent de l'importance, font barrage au flux océanique et sont la source d'épisodes très froids et secs. Au nord, les montagnes scandinaves font obstacle aux vents d'ouest et entraînent un climat continental froid sur la partie orientale de la Scandinavie. Le flux océanique voit également son importance climatique diminuer au sud de l'Europe, à cause de la latitude, des hautes pressions estivales, et des barrières montagneuses conséquentes qui s'interposent la plupart du temps en direction de la Méditerranée.
72
+
73
+ Tous ces facteurs expliquent la répartition des climats européens[25].
74
+
75
+ La bordure de l'océan Arctique connaît un climat polaire sans véritable été (température de juillet inférieure à 10 °C, ET dans la classification de Köppen) avec des précipitations faibles. L'hiver est froid ou très froid avec une température moyenne de janvier qui s'abaisse à −20 °C vers l'est, il est assez perturbé du fait du voisinage de la mer.
76
+
77
+ Les littoraux du Nord-Ouest, la bordure côtière de la Norvège, les îles au nord de l'archipel britannique, l'Islande connaissent un climat océanique frais avec une température moyenne dépassant 10 °C pendant moins de quatre mois (Cfc dans la classification de Köppen[précision nécessaire]). Les précipitations sont abondantes, généralement plus de 1 000 mm par an et souvent beaucoup plus dès qu'il y a des reliefs un peu importants. Les pluies sont réparties en toutes saisons avec un maximum d'automne ou d'hiver. Les tempêtes d'automne et d'hiver sont très fréquentes. Bien qu'agité, l'hiver reste « tempéré » par rapport à la latitude, entre −3 °C et 4 °C pour le mois le plus froid. L'été est frais et la température moyenne de juillet est comprise entre 10 °C et 14 °C.
78
+
79
+ Sur le domaine littoral plus bas en latitude, depuis les Îles britanniques jusqu'au nord-ouest de l'Espagne, en passant par la bordure côtière des Pays-Bas, de la Belgique, de la France s'étend un climat océanique bien caractérisé, avec une faible amplitude entre l'hiver et l'été et une température moyenne qui augmente du nord vers le sud mais assez homogène par rapport à l'étalement en latitude. Dans cette zone, le flux océanique modère les températures, les pluies sont fréquentes et régulières en toutes saisons avec cependant un maximum d'automne au nord et d'hiver au sud. Le total des précipitations annuelles, plus modéré que dans le type précédent, est compris entre 700 mm et 1 000 mm sauf sur les massifs côtiers - Écosse, Pays de Galles, Cordillère Cantabrique - où ce total peut largement dépasser 2 000 mm. Les tempêtes automnales et hivernales sont fréquentes mais un peu moins que dans la zone précédente. En hiver, par rapport à la latitude, le gel et la neige sont relativement rares ainsi que les fortes chaleurs en été. Les étés sont tempérés avec une température moyenne qui dépasse 10 °C pendant plus de quatre mois[27]. Pour le mois le plus chaud la température est comprise entre 15 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 2 °C à 10 °C du nord-est au sud-ouest.[réf. non conforme]
80
+
81
+ À l'est de cette zone, le climat, encore modéré par l'influence de l'océan, connaît une altération de ses caractéristiques quand on s'éloigne du littoral. La limite avec le domaine précédent est assez floue, cependant on peut considérer qu'à partir de quelques dizaines de kilomètres du littoral, dans la vaste zone de plaines ou de moyennes montagnes qui va du Bassin parisien au sud de la Scandinavie, à l'ouest de la Pologne et limitée par les contreforts des Alpes suisses et autrichiennes au sud, le climat est assez homogène sur une grande étendue. Il se continentalise peu à peu tout en conservant des caractéristiques modérées par rapport à la latitude (comme précédemment Cfb selon Köppen), les pluies deviennent un peu moins régulières, leur volume diminue progressivement, entre 500 et 700 mm en plaine, 800 à 1 500 mm sur les reliefs. Les pluies sont réparties très uniformément tout au long de l'année avec un maximum pluviométrique qui tend à devenir plutôt estival. Les tempêtes automnales et hivernales voient leur importance diminuer au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'océan, mais ne sont pas exclues. L'amplitude entre l'hiver et l'été ainsi que la fréquence des épisodes de température extrêmes augmentent progressivement mais les moyennes restent modérées par rapport à la latitude. La température du mois le plus chaud est comprise entre 17 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 5 °C à −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « parisien », « semi-océanique d'abri ».
82
+
83
+ Un peu plus au sud, du Bassin aquitain jusqu'à une partie des Balkans hormis la plaine du Pô, le climat est encore océanique ou semi-océanique (Cfb dans la classification de Köppen), mais se distingue par ses températures d'été plus élevées (moyenne de juillet de 19 °C à 23 °C) et par une multiplication des climats locaux du fait du relief beaucoup plus compartimenté. Les précipitations peuvent être importantes à proximité des reliefs exposés aux flux humides ou bien réduites dans les bassins abrités. Les étés sont plus orageux que dans le type précédent avec des précipitations plus irrégulières. Mais la chaleur moyenne de juillet reste en dessous de 23 °C et l'été connaît encore des périodes de rafraîchissement épisodiques, ce qui est un trait des climats océaniques. Les hivers restent doux à proximité de l'océan mais nettement plus froids vers l'Europe centrale. La température du mois le plus froid (janvier le plus souvent) est comprise entre 6 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « aquitain », « semi-océanique d'abri ».
84
+
85
+ À l'est des deux domaines précédents, à partir de la Pologne orientale, la façade orientale de la chaîne scandinave et les confins de l'océan Arctique au nord jusqu'à l'Oural vers l'est, jusqu'à la mer Noire, le Caucase et la Caspienne au sud apparaît le climat continental. L'hiver est froid avec blocage fréquent du flux océanique par l'anticyclone continental générateur d'épisodes très froids et secs. La moyenne de janvier va de −3 °C de l'ouest à −20 °C vers le nord-est. L'été, l'anticyclone continental disparaît et le flux atlantique pénètre plus librement à l'intérieur du continent, l'été est encore frais au nord mais il est de plus en plus chaud vers le sud, 10 °C en juillet à la frontière du domaine polaire, jusqu'à 25 °C près de la mer Caspienne (au nord, où les étés sont frais, nous sommes dans le domaine Dfc de Köppen, Dfb plus au sud, là où la moyenne dépasse 10 °C durant au moins quatre mois). Les saisons intermédiaires sont courtes. Les pluies sont plus irrégulières avec un maximum de printemps ou d'été. Au nord du domaine, les étés sont assez pluvieux et restent frais avec une évaporation modérée, la sécheresse d'été est modérée. Vers le sud, la chaleur augmente ainsi que l'irrégularité des pluies, la sécheresse relative d'été s'intensifie et les abords de la Caspienne connaissent un climat steppique (BSk selon Köppen).
86
+
87
+ Les montagnes (Alpes, Pyrénées, Carpates, chaînes balkaniques, Caucase, Alpes scandinaves) connaissent le climat montagnard qui correspondent à peu près à celui des plaines environnantes mais modifiés par l'altitude. Celle-ci provoque un abaissement de la température, en toutes saisons mais davantage en été qu'en hiver et une augmentation des pluies pour les versants exposés aux vents pluvieux. Les reliefs multiplient les climats locaux du fait des différences d'expositions au soleil et du fait de la modification du régime des vents qu'ils induisent.
88
+
89
+ Dans la plaine du Pô et dans les Balkans bordant la mer Noire, les chaînes de montagnes font barrage au flux océanique, la chaleur estivale s'accentue avec une température moyenne de juillet supérieure à 22 °C, les précipitations deviennent plus importantes en été. Selon la classification de Köppen, ce climat est appelé tempéré à étés chauds (Cfa). Les hivers sont assez variables, de assez doux comme sur les côtes occidentales de l'Adriatique, à assez froid (Bulgarie, Roumanie), mais toujours avec une température moyenne de janvier supérieure à −3 °C. La température du mois le plus froid est comprise entre 3 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. Les influences océaniques concernent peu cette zone. Le cumul annuel des précipitations s'assèche progressivement vers l'est. Les pluies, encore réparties sur toute l'année, prennent cependant une importance estivale marquée, notamment sous forme d'orages.
90
+
91
+ Les régions bordant la Méditerranée (majeure partie de l'Espagne, Sud-Est de la France, Italie excepté les Alpes et la plaine du Pô, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, la Grèce et les îles méditerranéennes) connaissent un climat méditerranéen, Csa et Csb d'après Köppen. À l'écart du flux océanique humide du fait des montagnes et de la latitude, ce climat est caractérisé par une sécheresse estivale et un ensoleillement nettement plus important que dans les domaines précédents. Les pluies ne sont pas souvent apportées par le flux atlantique mais la plupart du temps par des perturbations qui se développent sur place, alimentées par l'air méditerranéen, ces perturbations sont moins nombreuses que les perturbations océaniques mais les pluies qu'elles apportent sont copieuses et parfois excessives. Le total pluviométrique annuel des régions méditerranéennes est à peu près le même que pour les domaines précédents mais la répartition des précipitations est beaucoup plus irrégulière. L'été est à peu près sec surtout près des côtes et dans le sud, les pluies de printemps et d'automne sont prédominantes au nord du domaine méditerranéen et celles d'hiver au sud. Suivant les effets d'abris ou au contraire suivant les effets de couloir induits par les reliefs environnants, ce domaine est calme ou au contraire très venté (mistral, tramontane, bora, etc.). Les températures hivernales sont douces sauf en moyenne montagne, 5 à 11 °C en janvier, de l'intérieur vers la côte et du nord vers le sud. L'été est chaud 22 °C à 27 °C en juillet du nord vers le sud. Ce type de climat est généralement limité par les versants sud ou est des massifs montagneux : chaîne Cantabrique, Pyrénées, Alpes et Balkans. Sur le littoral atlantique, la limite se trouve à peu près au nord du Portugal. C'est à partir de cette zone que l'on observe des caractéristiques méditerranéennes marquées (chaleur et sécheresse d'été entraînant des feux de forêt réguliers, un ensoleillement élevé comparé aux régions océaniques, etc.).
92
+
93
+ L'Europe est assez bien arrosée par des fleuves et rivières, et pratiquement aucune zone n'est en stress hydrique.
94
+
95
+ Trois fleuves d'Europe, le Rhin, le Rhône, et le Pô, prennent leur source dans les Alpes, quelquefois appelées pour cette raison le « château d'eau de l'Europe » (au moins de sa partie occidentale). Le Rhin se jette dans la mer du Nord, le Rhône dans la mer Méditerranée et le Pô dans la mer Adriatique. Le Danube prend sa source dans la Forêt-Noire et se jette dans la mer Noire. L'Elbe se jette dans la mer du Nord. La Vistule et l'Oder se jettent dans la mer Baltique. Le Dniepr, fleuve de plaine, se jette dans la mer Noire. La Volga et l'Oural se jettent dans la mer Caspienne.
96
+
97
+ L'Europe regroupe plusieurs zones biogéographiques et une grande variété d'écosystèmes terrestres et marins, qui ont souvent été intensivement exploités, fragmentés et pollués.
98
+
99
+ L'Europe a été motrice pour de nombreux états-membres en matière de Droit de l'environnement avec notamment les directives Habitats et Oiseaux, bien que certains états membres (dont la France) les aient tardivement et incomplètement appliquées. Une directive-cadre sur l'eau est en cours d'application, des directives sur le sol et la mer sont en projet, et le 1er janvier 2005 est entrée en vigueur la nouvelle norme européenne pour limiter la pollution atmosphérique : les agglomérations de plus de 250 000 habitants de l'Union européenne ne doivent pas dépasser certaines valeurs limites : 50 microgrammes (0,05 mg) de particules par mètre cube d'air ambiant doit être le seuil maximum pour 35 jours par an, et la valeur moyenne annuelle ne doit pas aller au-delà de 40 microgrammes. Cependant, les normes anti-pollution déjà en vigueur n'étaient déjà pas respectées : en 2002, 11 pays sur 15 ont dépassé la marge autorisée.
100
+
101
+ Depuis 1996, le conseil de l'Europe invite les états à construire ensemble un Réseau écologique paneuropéen et ils doivent appliquer, comme toutes les collectivités la directive 2003/4 concernant l'accès du public à l'information en matière d'environnement, la directive INSPIRE (Infrastructure d’information spatiale en Europe). Un futur Réseau européen de données d'observation et de surveillance (EMODNET / European Monitoring Observation. Data Network) est en construction.
102
+
103
+ Pour mesurer l'état de l'environnement, les pressions et les réponses, l'UE s'est dotée d'une Agence européenne pour l’Environnement (AEE) qui applique maintenant la méthodologie LEAC (Land and Ecosystem Accounting - Comptabilité des écosystèmes et du territoire). Le système Corine Landcover et d'autres permettent d'harmoniser les cartes européennes de données environnementales.
104
+
105
+ Bilan : malgré des efforts importants, comme dans la plupart des autres régions du monde, la biodiversité qui y fait l'objet d'évaluations[33] périodiques, est globalement en recul (sauf pour certaines les espèces plutôt généralistes et banales). Les espèces invasives continuent à gagner du terrain. À ce titre, la commission européenne a publié le 13 juillet 2016, une liste des trente-sept espèces à combattre pour éviter qu'elles ne portent préjudice aux espèces indigènes. Cette liste prévoit d’interdire l’importation, la vente, la reproduction, la culture ou l’élevage de ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité[34],[35].
106
+
107
+ Les objectifs européens en matière de lutte contre le changement climatique, et limitation des émissions de gaz à effet de serre, dont celui de -25 % pour 2020 semble difficile à tenir (pour les transports et l'agriculture notamment[36]), la Pologne s'y opposant même[36] avant que le 21 juin 2011, les ministres de l'environnement européens (en Conseil environnement) examinent un nouveau projet de feuille de route pour 2050 (économie européenne bas carbone) présentée par la Commission européenne le 8 mars 2011, confirmant l'objectif du Conseil d'octobre 2009 de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % en 2050 (par rapport à 1990), avec un calendrier de -40 % par rapport à 1990 en 2030, -60 % en 2040 et -80 % en 2050 (un pays s'est encore opposé à ces objectifs)[37].
108
+
109
+ En 2019, on compte 20 % d'oiseaux en moins en Europe qu'en 2000[38]
110
+
111
+ Plus de 40 % des espèces d’arbres présents en Europe sont menacées d’extinction selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L'organisation appelle l’Union européenne à agir, indiquant que « Les arbres sont essentiels à la vie sur terre et les arbres européens dans toute leur diversité sont une source de nourriture et d’abri pour d’innombrables espèces animales telles que les oiseaux et les écureuils »[39]. En outre, la moitié des espèces d’arbustes présents en Europe sont menacées de disparition, ainsi qu’un cinquième des espèces de mollusques terrestres, tels que les escargots, et certaines espèces de bryophytes (plantes non vascularisées), comme des mousses[39].
112
+
113
+ Le peuplement de l'Europe est conditionné par les cycles glaciaires et interglaciaires qui se succèdent, notamment au Pléistocène moyen (0,781 à 0,126 Ma), et qui affectent la démographie des populations, créant notamment des périodes d'isolement géographique qui sont une des raisons de la différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent. Homo naît et évolue en Afrique, où il s'affranchit d'abord du milieu forestier, puis connaît une expansion constante vers les latitudes moyennes d'Eurasie, puis les hautes latitudes. Cela est rendu possible par sa capacité à s'adapter aux changements d'environnement et par ses caractéristiques de prédateur, lesquelles culminent chez Néandertal l'Européen, devenu principalement un chasseur carnivore occupant le haut de la chaîne alimentaire, un superprédateur chasseur de gros gibier. Arrive ensuite Sapiens, venu d'Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités »[40],[41],[42],[43],[44].
114
+
115
+ Le genre Homo apparaît en Afrique, probablement vers 2,7 millions d'années (Ma) dans la basse vallée de l’Omo, en Éthiopie, et il est attesté de manière certaine vers 2,4 à 2,3 Ma[45]. Les premiers Homo erectus quittent l'Afrique et atteignent l'Eurasie il y a sans doute 1,8 ou 2 millions d'années[46], mais les dates et les chemins empruntés[47],[48] ainsi que certaines différenciations en espèces (H. erectus, H. ergaster, H. antecessor, H. heidelbergensis) sont encore discutées[Note 8],[50].
116
+
117
+ Homo georgicus, parfois considéré comme un Homo ergaster européen[51],[45], dont les restes ont été découverts en 2002 à Dmanissi, en Géorgie (Caucase), est le premier représentant du genre Homo attesté en Europe (et aussi l'un des plus anciens hors d'Afrique) ; il est daté d'environ 1,8 Ma[52],[53]. D'autres lui succèdent ; on a trouvé, à Kozarnika (Bulgarie), une industrie lithique, datant de 1,4 Ma et, en actuelle Espagne, des restes humains à Sima del Elefante (appartenant au site d'Atapuerca), datant de 1,4 Ma et à Orce, les restes de l'Homme d'Orce et de l'Enfant d'Orce, datant de 1,2 Ma[54],[55]. Le site d'Atapuerca a livré aussi des restes d'industrie lithique d'environ 1,4 Ma, et des restes humains ayant abouti à la description d'Homo antecessor, daté d'env. 820 000 BP, possible ancêtre de H. neanderthalensis, attestant d'un peuplement continu de l'Europe occidentale depuis 1,8 Ma ainsi que de l'existence possible d'une migration à partir de l'Europe centrale, depuis Dmanissi (où a été découvert H. georgicus), et non pas via le détroit de Gibraltar[56],[57],[58],[49]. Jusqu'à H. antecessor, l'industrie lithique associée à ces peuplements est l'Oldowayen, technique des galets aménagés. Vient ensuite Homo heidelbergensis (l'Homo erectus européen[51], 650 000-300 000 BP, espèce à laquelle appartient, par exemple, l'homme de Tautavel), décrit à partir de plusieurs fossiles, retrouvés en Allemagne actuelle, à Heidelberg, d'où provient son holotype et en Espagne, sur le site d'Atapuerca ; H. heidelbergensis pourrait être l'ancêtre d'H. neanderthalensis[59],[60],[61]. L'industrie lithique associée aux heidelbergiens est l'Acheuléen, caractérisé par la technique des bifaces, attesté il y a 650 000 ans en Europe mais né en Afrique il y a 1,7 Ma[62]. À la même époque, vers 450 000 à 500 000 ans BP, les Européens commencent à maîtriser le feu, étape importante de l'évolution, qui permet la cuisson des aliments et donc facilite l'assimilation des nutriments, et qui permet aussi de se chauffer, dans un environnement climatique globalement plus froid qu'actuellement, ce qui concourt à un processus de socialisation[63],[64],[65].
118
+
119
+ Homo neanderthalensis, l'« Homme de Néandertal », naît il y a environ 400 000 ans en Europe occidentale, issu sans doute d'une forme de spéciation (« spéciation par distance »)[66],[67],[68] d'H. erectus/heidelbergensis, ou d'une dérive génétique (modèle d'accrétion)[69], dans un contexte où l'Europe est isolée par les glaces du reste de l'ancien monde[70],[71]. Neandertal est très adaptable, il s'accommode des périodes glaciaires et inter-glaciaires et des environnements correspondants et s'étend massivement en Europe[72] et au-delà, vers l'Asie Centrale et le Proche-Orient entre 120 000 et 110 000 ans BP[73],[74]. Physiquement robuste et adapté au froid, Néandertal possède des capacités cognitives proches de celles de l'« Homme moderne » (Homo sapiens)[75], il pratique des rituels, il enterre ses morts, le premier en Europe à le faire, et il pratique une forme d'art[76],[77],[78],[79],[80]. Il est associé au Moustérien[81]. Le nombre de néandertaliens (métapopulation) est compris dans une fourchette allant de quelques milliers à 200 000 individus, donnant en tout état de cause une très faible densité de population[82],[83],[84].
120
+
121
+ Homo sapiens, quant à lui, naît en Afrique, il y a environ 300 000 ans[85]. Sa présence hors d'Afrique, sous une forme archaïque, est attestée par des fossiles âgés de 180 000 ans environ, en Israël (Grotte de Misliya)[86],[87],[88]. L'expansion de Sapiens se fait en plusieurs vagues, lesquelles empruntent probablement un chemin passant par Bab-el-Mandeb, détroit entre la péninsule arabique et l'Afrique, outre celui par le Nil et le Proche-Orient[89],[90],[91],[92], mais les premières n'atteignent pas l'Europe. Les vagues de Sapiens évolués qui atteignent l'Europe partent d'Afrique vers 70 000 ans et leurs plus anciennes traces en Europe datent de 45 000 ans (Grotta del Cavallo)[93],[94],[95]. À partir de 45 000 ans, H. sapiens commence sa colonisation de l'Europe, dans un mouvement d'est en ouest[90]. À ce moment, il a déjà eu l'occasion de se métisser avec Néandertal, leurs chemins s'étant croisés au Proche-Orient et à l'est de l'Eurasie[96],[97],[98],[94]. Ce métissage entre Néandertal et Sapiens est sans doute favorable à ce dernier ; venu beaucoup plus récemment d'Afrique, il est plus adapté aux basses latitudes et il acquiert par ce métissage des avantages évolutifs, notamment de résistance au froid[99],[100]. Sapiens progresse en Europe et, concomitamment, les néandertaliens régressent, se retrouvant confinés dans des zones refuges avant de disparaître vers 40 000 ans BP avec des populations relictuelles perdurant jusqu'à 28 000 ans BP[74],[101], non sans laisser leurs traces génétiques dans l'actuelle population humaine[102]. Les causes de la régression puis de la disparition de Néandertal sont plurifactorielles et toujours discutées[103],[104]. La peau de ces Homo sapiens était sombre, adaptée à leur origine africaine et aux régions très ensoleillées. Ce n'est que récemment, il y a 10 000 ans, que les chasseurs-cueilleurs européens ont disposé des gènes responsables de la peau pâle[Note 9],[106],[107],[108].
122
+
123
+ Avec l'arrivée de Sapiens, des industries diverses (Uluzzien, Bohunicien, Châtelperronien, attribué à Néandertal, Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien, etc.) se développent ; deux d'entre elles, l'Aurignacien (env. 40−29 ka BP) puis le Gravettien (env. 29−22 ka BP) se répandent largement en Europe[109],[110]. Ces expansions sont concomitantes à des mouvements de populations, retracés par la génétique[111], eux-mêmes corrélés aux fluctuations climatiques de l'époque[44]. L'Aurignacien est caractérisé notamment par le développement du travail des matières osseuses (bois de rennes et os de mammouths), rare jusqu'alors, à des techniques de débitage de lamelles ainsi qu'à des objets de parure et au développement de l'art[112] ; la grotte Chauvet, occupée à l'Aurignacien (37 ka BP) et au Gravettien (30 ka BP), en est un exemple[113]. Dès 30 ka BP, à une période particulièrement froide, on trouve des traces de sédentarisation partielle dans l'est de l'Europe, sous la forme de campements bénéficiant d'infrastructures d'habitation (à la différence des abris de plein-air), autour desquels ont été retrouvés des sépultures et des statuettes d'argile. Mais Sapiens reste néanmoins, fondamentalement, un chasseur-cueilleur mobile nomadisant sur des distances de quelques centaines de kilomètres[114].
124
+
125
+ Entre 21 000 et 18 000 ans[115] se produit un intense refroidissement, le « maximum glaciaire »[Note 10] qui donne à l'Europe une configuration nettement différente de l'actuelle[Note 11]. Les études génétiques montrent que certains groupes, d'abord représentés en Europe du Nord-Ouest, sont repoussés dans le sud de l'Europe[118],[44]. C'est le moment où apparaît l'industrie lithique solutréenne, caractérisée par des pointes en pierre très fines et acérées, appelées « feuilles de laurier », servant sans doute de couteaux et armant l'extrémité des flèches et des sagaies[119]. Émergent l'usage du propulseur et (probablement) de l'arc pour la chasse mais ces deux outils, cependant, ne se généraliseront qu'au Magdalénien qui lui succède[120],[121]. On a longtemps pensé que le Solutréen était aussi l'époque de l'invention de l'aiguille à chas[122],[123],[124] jusqu'à la découverte, en 2016 en Sibérie, d'un tel artefact, daté de 45 ka BP, attribué à l'Homme de Denisova[125],[126],[127]. Le Magdalénien est caractérisé par un art pariétal particulièrement riche, comme en témoignent les grottes de Lascaux et d'Altamira[128], et par le travail des matières osseuses[129].
126
+
127
+ La dernière période glaciaire s'achève de manière brutale. Un premier réchauffement rapide se produit vers 14 700 BP, la température du Groenland augmente de plus de 10 °C, c'est ce qu'on nomme le Bölling, qui libère des glaces une grande partie de l'Europe du Nord et de la Scandinavie, permettant leur peuplement depuis le sud. Avec ce retrait des glaces, de nouveaux apports de populations à partir du Proche-Orient font sentir leurs effets[118]. Plus tard, vers 12 900 BP, un retour à des conditions glaciaires se traduit par des températures extrêmement froides avant un réchauffement final, vers 11 700 BP, qui marque la fin de la dernière glaciation[130] et l'entrée dans l'Holocène avec l'instauration du climat actuel[131] ; cela coïncide avec les débuts de l'extinction de la mégafaune européenne (mammouth laineux, rhinocéros laineux, cerf géant, ours des cavernes, etc.), sans doute pour des raisons climatiques probablement aggravées par la prédation humaine[132]. Le paysage et sa faune se recomposent[Note 12], la forêt tempérée progresse en Europe à partir de 10 000 BP, la chasse à l'arc se généralise[134],[135] et l'alimentation des hommes du Mésolithique devient extrêmement diversifiée[136] (les escargots par exemple, sont consommés en très grande quantité dans certaines niches écologiques[137]).
128
+
129
+ Galet aménagé du gisement de Dmanissi, de type Oldowayen (env. 1.8 Ma, Homo georgicus).
130
+
131
+ Biface Acheuléens (650 000 (en Europe) - 100 000 BP, Homo heidelbergensis).
132
+
133
+ Nucléus et éclat Levallois en silex du Moustérien (300 000−38 000 BP, Homme de Néandertal).
134
+
135
+ Grattoir double sur lame, Aurignacien (40 000−29 000 BP, correspond à l'arrivée d'Homo sapiens en Europe, première occupation de la grotte Chauvet).
136
+
137
+ Pointe de flèche en silex, Gravettien (29 000−22 000 BP, Homme de Cro-Magnon, deuxième occupation de la grotte Chauvet).
138
+
139
+ Outil en « feuille de laurier », Solutréen (22 000−17 000 BP).
140
+
141
+ Aiguille en os du Magdalénien (période à laquelle correspond l'art de la grotte de Lascaux et d'Altamira), (17 000−12 000 BP).
142
+
143
+ Harpon Azilien en os (12 500−9 500 BP).
144
+
145
+ La néolithisation de l'Europe commence vers 7,5 ou 8 Ka BP (milliers d'années avant le présent) par diffusion de populations et de techniques apparues vers 11 Ka BP dans le croissant fertile, elle s'accompagne d'une forte croissance démographique[138],[139]. Elle est probablement autant due à un changement culturel qu'aux conditions climatiques[140]. Les indicateurs de la néolithisation sont la domestication des plantes et des animaux (celle du chien étant cependant largement antérieure[141]), la tendance à la sédentarisation (la sédentarisation précède cependant l'agriculture[142],[140]) avec le regroupement en villages et l'émergence de la poterie pour des contenants destinés au stockage de produits agricoles[143]. Ce sont les débuts des sociétés agropastorales[140] et la naissance du mégalithisme[144].
146
+
147
+ Cette néolithisation, venue du croissant fertile via l'Anatolie, emprunte deux chemins ; d'abord un courant méditerranéen par lequel se diffuse la culture de la céramique imprimée suivie de la culture de la céramique cardiale (8 Ka BP) ; ensuite un courant danubien, par lequel se diffuse la culture rubanée (vers 7,5 Ka BP). Les études génétiques[145],[146] montrent que, outre une diffusion culturelle, l'Europe connaît l'arrivée de populations d'agriculteurs[Note 13], venues d'un foyer anatolien, qui ont suivi ces chemins danubien et méditerranéen[118],[147]. Les îles britanniques, en configuration insulaire depuis 8 Ka BP, connaissent ce processus plus tardivement, près d'un millénaire après celui de l'Europe continentale[143],[148],[149],[150]. La néolithisation est largement effective en Europe vers 5 Ka BP[151].
148
+
149
+ Des hypothèses linguistiques et archéologiques de la deuxième moitié du XXe siècle (l'hypothèse kourgane étant la plus largement reconnue[Note 14],[Note 15]) et des études génétiques du début du XXIe siècle[Note 16] accréditent la thèse que des populations, ayant domestiqué le cheval et maîtrisant l'équitation ainsi que le transport en chariot, seraient venues de l'est de l'Europe, la steppe pontique, et se seraient répandues sur le continent à partir de 5 000 BP[154], le dominant largement ; elles contribuent pour 75 % à l'ADN des peuples de la céramique cordée, héritière de la culture de la céramique rubanée, largement présente en Europe à ce moment[155]. Leur foyer d'origine est la culture Yamna (notamment les hommes yamnayas avec les femmes locales)[156]’[157]’[158] donnant raison à l'intuition de la théorie de l'invasion aryenne sans accréditer son utilisation politique (il n'y a aucun lien de cause à effet) aussi descendue en Inde (comme le supposaient ès humanités René Guénon ou Georges Dumézil)[159]. Elle se caractérise par sa pratique de l'inhumation dans des tumuli nommés « kourganes ». Ils seraient aussi les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes[118],[160],[161],[162],[163]. Georges Dumézil, au début du XXe siècle, postule que les sociétés d'origine indo-européenne partagent jusqu'à nos jours un mode de pensée, l'idéologie tripartite[164].
150
+
151
+ L'agriculture européenne commence sur les bords de la mer Égée, aux environs de 6500 av. J.-C. Elle s'installe progressivement sur le continent, dans la zone danubienne et l'actuelle Hongrie (5500 av. J.-C.), sur les côtes méditerranéennes et le territoire de la France actuelle vers 5000 av. J.-C., en Germanie et sur le territoire des actuels Pays-Bas vers 4500 av. J.-C. ; elle atteint les îles britanniques vers 4000 av. J.-C.[166],[167].
152
+
153
+ Vers 3000 av. J.-C. apparaît le travail du cuivre, qui conjugué à celui de la pierre, caractérise le Chalcolithique ; des outils agricoles métalliques plus efficaces apparaissent, l'araire se développe à la place de la houe[168]. La civilisation minoenne, inspiratrice de la culture grecque[169], apparaît vers 2700 av. J.-C. avec sa langue écrite en linéaire A, une des plus anciennes formes d'écriture en Europe avec les hiéroglyphes crétois. À son apogée, elle sera la première civilisation avancée de l'âge du bronze[170]. L'âge du bronze date de la fin de la culture campaniforme, laquelle, entre 2600 av. J.-C. et 2200 av. J.-C., couvre une notable partie de l'Europe de l'Ouest[171],[172].
154
+
155
+ Le commencement des Germains se situe vers le iie millénaire av. J.-C. en Suède méridionale, au Danemark et en Allemagne du Nord entre la Weser et l’Oder. Ils s'établissent dans la grande plaine européenne, du Rhin à la Vistule et de la Baltique au Danube, entre le Ve siècle av. J.-C. et le début de l'ère chrétienne. Leur expansion vers le sud est arrêtée par l'« écran du peuplement celtique[173] » (IIIe siècle av. J.-C.) puis par les Romains (IIe siècle av. J.-C.)[174].
156
+
157
+ On distingue trois groupes linguistiques : le nordique, celui des Scandinaves ; l’Ostique ou Germains orientaux, celui des Goths, des Vandales, des Burgondes, etc. ; enfin les Westiques (Germains occidentaux), en Allemagne, au Jutland et aux Pays-Bas[173].
158
+
159
+ Les Celtes s'installent entre l’âge du bronze moyen (env. 1200 av. J.-C.) et le début de l’âge du fer (env. 800 av. J.-C.) dans une grande partie de l’Europe, du bassin des Carpates à l’est de la France[175]. Leur origine est le centre de l'Europe, où étaient apparues les cultures caractérisées par leurs coutumes funéraires de l'enterrement sous tumulus (XVIe siècle av. J.-C. - XIIe siècle av. J.-C.) puis par la technique consistant à incinérer les cadavres et à conserver leurs cendres dans des urnes (civilisation des champs d'urnes, XIVe siècle av. J.-C. - IXe siècle av. J.-C.)[176].
160
+
161
+ Le noyau celte se situe à Hallstatt, en actuelle Autriche. Aux débuts de l'âge du fer, leur société, relativement égalitaire, se stratifie avec, à son sommet, des chefs militaires. Cela est probablement en lien avec la métallurgie du fer et, notamment, la conception d'armes, telles les épées droites caractéristiques[177], et la confection de pièces de harnachement plus efficaces qui donnent de l'importance aux cavaliers armés[178]. Les Celtes excellent en effet dans le travail du fer, fabriquant, outre des armes, des outils tels que haches et ciseaux[178]. Ils confectionnent aussi des poteries, ils inventent la tonnellerie[179], et ils exploitent le sel gemme, dont le commerce est source de richesse[180],[181]. On leur doit aussi, avec un apogée aux IIe et Ier siècles av. J.-C., les habitats structurés autour d'un oppidum, centre fortifié à vocation militaire, économique et cultuelle[182]. La période laténienne ou deuxième âge du fer, commençant au Ve siècle av. J.-C., est celle où les Celtes passent de la protohistoire à l'histoire, lorsqu'ils apparaissent dans les textes des auteurs grecs[183].
162
+
163
+ L'Europe antique est, pour notable partie, une Europe celtique, celle des peuples héritiers de la culture des tumulus[184],[Note 17], et en partie germanique, aux côtés de la Grèce antique[186] et de sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), considérée comme le berceau culturel de la civilisation occidentale[187],[188],[189],[190],[191],[192],[193].
164
+
165
+ Pour ce qui concerne le terme et le concept, le mot « Europe » désigne d'abord, dans son acception géographique, la Grèce continentale. Le terme est mentionné pour la première fois vers 590 av. J.-C., par Hésiode, dans sa Théogonie[194]. Anaximandre et Hécatée de Milet produisent, entre 600 et 500 av. J.-C., des cartes représentant un territoire appelé Europe[195]. Le mot prend aussi un sens politique lorsque les Grecs sont confrontés aux invasions venant d'Asie, principalement lors des guerres avec l'empire perse. Selon Jacqueline de Romilly, « la victoire de Salamine [en 480 av. J.-C.] a bel et bien empêché la Grèce de basculer sous la coupe de l'Asie […] les Grecs ont eu alors pour la première fois le sentiment de défendre une civilisation contre une autre »[196]. L'Europe en tant qu'entité géographique se retrouve chez Ératosthène au iiie siècle av. J.-C., lequel présente une tripartition du monde connu par une carte où elle figure[197]. Mais la distinction fondamentale durant l'antiquité est celle entre les Barbares[Note 18], qui habitent ce qu'en latin on nomme barbaricum (« pays des Barbares[199] »), et ceux qui appartiennent à l'aire culturelle grecque[Note 19], puis gréco-romaine[201]. Le royaume de Macédoine désigne l'Europe comme une entité politique : lorsque Philippe II part en Orient, en 335 av. J.-C., il laisse en Macédoine un régent, Antipatros, qui porte le titre de « stratège d'Europe »[202],[203].
166
+
167
+ Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. L'Europe est reconfigurée, son histoire devient celle de l'Empire romain pour la zone concernée[Note 20].
168
+
169
+ La Grèce et le royaume de Macédoine sont supplantés au iie siècle av. J.-C. Les Celtes, qui se sont largement répandus en Europe[205], allant jusqu'à menacer Rome en 390 av. J.-C.[206], pris en tenaille par les attaques des tribus germaniques venues du nord[207],[208], sont repoussés ou assimilés[209]. À l'aube de l'ère chrétienne, les Romains, lorsque leur zone d'expansion dépasse la « ceinture celtique »[Note 21], se retrouvent entourés par les Germains qui deviennent « les nouveaux peuples voisins du monde romain en Europe centrale et occidentale »[211]. Les frontières orientales de l'Imperium, limites avec les peuples germaniques[Note 22], sont le Rhin et le Danube, tandis que sa frontière septentrionale est le mur d'Hadrien, qui le sépare des Pictes celtes.
170
+
171
+ À cette époque, entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C., Strabon rédige une géographie qui mentionne l'Europe[213] et, déjà, des descriptions non seulement géographiques, mais aussi économiques et culturelles des territoires qu'il étudie[214]. Au Ier siècle, Varron[215] évoque une bipartition du monde au niveau du Bosphore, les parties situées au nord-ouest du détroit constituant l’Europe, celles situées au sud-est, l’Asie[216]. Toujours au Ier siècle, Pline l'Ancien divise le monde en trois parties, l'Europe, l'Asie et l'Afrique[Note 23].
172
+
173
+ Les Celtes présentent une certaine unité linguistique et culturelle, mais pas d'intégration politique[218] ; ils bénéficient d'une organisation tribale, au plus en ligues de tribus[219], à l'instar des Germains[173],[220]. C'est donc l'Empire romain qui contribue à créer les prémices d'une unité européenne. Si la Grèce est le berceau culturel de l'Europe, Rome peut être considérée comme le berceau de sa civilisation[221],[222],[223],[224],[225]. L'influence romaine s'inscrit dans la culture, formant ce qu'on nomme la culture gréco-romaine[226] via la langue latine, ainsi que dans les territoires et dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation[227] et esquisse même une Europe religieuse en diffusant le christianisme à partir du Ier siècle[228]. Les Ier et IIe siècles sont ceux de la Pax Romana, période de calme relatif, notamment politique, malgré des batailles toujours existantes sur les marches de l'Empire, notamment avec les peuples germaniques pour ce qui concerne la zone européenne[229]. L'Empire est l'entité politique unificatrice définissant le mode de gestion politique[230] ainsi que les limites (et les frontières, qui sont une forme particulière de limites[231]), qui séparent le monde romain de celui des barbares[232],[233],[234].
174
+
175
+ Le IIIe siècle est une période de crise interne pour l'Empire romain[Note 24] qui subit aussi une pression croissante des peuples germaniques, invasions difficilement repoussées. L'empire intègre nombre de ces envahisseurs par des traités, faisant d'eux des fédérés qui fournissent des troupes à l'armée[220]. Une Tétrarchie est mise en place en 293 apr. J.-C. pour lutter contre les Barbares[236] et, au IVe siècle, « Europe » désigne l’une des six provinces du diocèse de Thrace dont le territoire correspond à « la partie européenne de la Turquie actuelle »[237].
176
+
177
+ Le christianisme, dont les adeptes sont par périodes persécutés, notamment au IIIe siècle par Dioclétien[238],[239], s'était répandu dans l'Empire, comme en témoigne l'épisode symbolique de la conversion de l'Empereur Constantin et l'édit de tolérance religieuse de Milan en 313 apr. J.-C.[240] En 392 apr. J.-C., il est déclaré religion officielle de l'Empire par Théodose et les autres cultes sont interdits[241]. Même si, à ce moment, les chrétiens sont nettement minoritaires dans la population[242],[243], cette christianisation officialisée aura une importance, donnant, au moment des royaumes barbares, une légitimité religieuse à un pouvoir royal qui en était, à l'origine, dépourvu[244].
178
+
179
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient et l'Empire romain d'Occident. Le premier perdure : « l'empire d'Orient [...], à bien des égards héritier de l'Empire romain, devait durer jusqu'au milieu du XVe siècle[204]. » Inversement, dès le Ve siècle, l'Empire d'Occident se délite sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares : « La fin de l'empire d'occident est amenée par les invasions barbares des Germains qui entrent dans l'empire par vagues, poussés sur leurs arrières par les Huns, et attirés à la fois par le désir de pillage et l'espoir d'y trouver des conditions de vie meilleures[245] ».
180
+
181
+ En Europe occidentale, la déposition du dernier empereur romain d'Occident en 476 apr. J.-C. marque conventionnellement le passage de l'Antiquité au Moyen Âge[246].
182
+
183
+ En Europe occidentale, la lente déliquescence de l’Empire romain d'Occident qui aboutit à la désunion et à l’émergence de nations parfois éphémères, au gré des invasions et conquêtes, ne fera jamais oublier l’héritage romain qui reste un modèle d’unité et de droit pour l’Europe, de l’Empire carolingien jusqu’à l’Empire napoléonien en passant par le Saint-Empire romain germanique. Les liens entre places commerciales européennes émergent.
184
+
185
+ Poursuivant la politique de conquête de ses prédécesseurs francs, Charlemagne étend son royaume. Sa politique d’expansion rejoint le désir de la papauté romaine d'asseoir la prépondérance de l’évêque de Rome par rapport aux patriarches orthodoxes et coptes. Le jour de Noël de l'an 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III, à Rome, en la basilique Saint-Pierre. Cette union entre pouvoir temporel et religieux vise à réunir l’Europe en un empire chrétien d’Occident. De son vivant, Charlemagne se fait appeler Pater Europae (« père de l'Europe »), et parfois Europa vel regnum Caroli (l’Europe, ou le royaume de Charles).
186
+
187
+ L’Europe occidentale de Charlemagne est franco-germanique et chrétienne de rite latin, alors que l’Europe orientale sous l’influence de Constantinople est à dominante slave et de rite grec, mais les deux tendent à christianiser l’Europe du Nord, britannique, scandinave et russe. Alors qu’à Constantinople se concentrent les deux pouvoirs religieux et politique, en Occident le rôle de Rome y est essentiellement religieux, la capitale de Charlemagne se trouvant à Aix-la-Chapelle. Charlemagne tente une réunification avec l’Empire romain d'Orient vers l’an 800 mais il échoue, et son empire se désagrège rapidement après sa mort. En 962, Otton Ier crée le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci ne peut s’étendre, contrecarré par la permanence de royaumes anciennement constitués, la France et l’Angleterre surtout, par ses luttes avec la papauté, puis par le développement de l’Empire ottoman lors de l’époque moderne.
188
+
189
+ L’Empire romain d'Orient (dit, depuis le XVIe siècle, « byzantin ») est chrétien et de culture essentiellement grecque : il connaît d’importantes fluctuations de sa force et par conséquent de son territoire, qui s’étend à son apogée sur une grande partie du rivage méditerranéen, d’abord sous Justinien, puis sous les empereurs macédoniens, du IXe au XIe siècle. Au cours des siècles, ses relations avec l’Occident se distendent puis se détériorent, alors que les musulmans montent en puissance à l’Est et s’emparent de la moitié de l’Anatolie au XIe siècle. Le schisme religieux de 1054 et l’agression militaire venue de l’Ouest en 1202 affaiblissent l’Empire d’Orient qui finit dépecé morceau par morceau par l’Empire ottoman avant de disparaître lors de la chute de Constantinople en 1453.
190
+
191
+ Durant plusieurs siècles c’est le terme de chrétienté qui unit culturellement les monarchies et les populations européennes, tandis que le mot « Europe » disparaît des propos et des esprits[réf. nécessaire].
192
+
193
+ L'axe européen Bruges/Venise est déplacé à la fin du Moyen Âge. À l'époque où l'Empire d'Orient s'effondre, la Reconquista espagnole touche à sa fin. L'année 1492 est celle de l'Espagne, avec la reconquête du dernier royaume maure (Grenade) en péninsule ibérique et le premier voyage de Christophe Colomb, sous l'égide des Rois catholiques qui va ouvrir la voie à l'établissement des hégémonies européennes.
194
+
195
+ Le rêve d'un grand empire européen renaît au XVIe siècle lors de l'affrontement entre François Ier et Charles Quint, qui tous deux se disputent le trône du Saint-Empire. Grâce à l'appui des banquiers Fugger, Charles Quint l'emporte, se retrouvant à la tête d'un domaine très vaste, mais aussi très morcelé. Les diverses guerres menées contre la France ne donnent aucun résultat : durant deux siècles, le découpage de l'Europe va évoluer au gré des alliances matrimoniales et des guerres entre États. C'est face à la montée en puissance de l'Empire ottoman qu'une union des États chrétiens d'Europe apparaît : « Nous tenons de Gadès à l’Isler, une zone qui s’étend entre les deux mers et qui est la très courageuse et la très puissante Europe. Là, si nous nous unissions, nous ne serions pas seulement égaux à la Turquie, mais supérieurs à toute l’Asie » (Jean Louis Vivès).
196
+
197
+ Mais ce ciment du christianisme catholique, qui donnait un semblant d'union à cette Europe occidentale, éclate en morceaux avec la Réforme (ou plutôt les Réformes), dont l'impact politique est considérable, permettant néanmoins la formation des Provinces-Unies et de la Confédération suisse. Les guerres de religion, la guerre de Trente Ans, les guerres de Louis XIV rythment les XVIe et XVIIe siècles. Les traités de Westphalie (1648) et celui du traité des Pyrénées en 1659, redessinent durablement la carte politique de l'Europe et l'équilibre des forces en présence.
198
+
199
+ L'Époque moderne est marquée par un renforcement des nationalismes en tous genres. C'est aussi l'époque où l'Europe s'étend très loin de ses frontières par la constitution des premiers empires coloniaux sur le continent américain, puis en Inde.
200
+
201
+ La Révolution française inaugure un bouleversement politique très important : les idées démocratiques apparaissent sur le devant de la scène et les campagnes de Napoléon Ier puis le Congrès de Vienne vont remodeler profondément la carte de l'Europe et les mentalités. Honoré de Balzac a cette déclaration optimiste dans Le Bal de Sceaux, (1830) : « Le seizième siècle n'a donné que la liberté religieuse à l'Europe, et le dix-neuvième lui donnera la liberté politique[247]. »
202
+
203
+ À la fin d'un long processus, le XIXe siècle voit se réaliser l'unité de l'Italie (de 1861 à 1870) et de l'Allemagne (en 1871), ainsi que la constitution de plusieurs nouveaux pays dans les Balkans, issus du démembrement de l'Empire ottoman, appelé alors « l'homme malade de l'Europe ».
204
+
205
+ C'est aussi l'apparition de nouveaux mouvements politiques prônant plus d'égalité (socialismes), voire le démantèlement du pouvoir des États (anarchismes). Ces idées se diffuseront par la suite, et avec plus ou moins de retard, largement hors des frontières de l'Europe.
206
+
207
+ La domination politique et économique de l'Europe sur le reste du monde s'est affirmée après qu'elle a bouleversé son économie lors des révolutions industrielles, développant sa productivité et amorçant une forte explosion démographique. Leur avance technologique, et notamment militaire, permit aux pays européens, en concurrence les uns contre les autres, d'étendre leur emprise sur les autres continents. Cette colonisation connut son apogée au début du XXe siècle (cet apogée s'achève en 1914), avant que les deux guerres mondiales ne bouleversent l'ordre établi.
208
+
209
+ La Première Guerre mondiale et ses conséquences favorisent l'émergence de plusieurs régimes totalitaires dont ceux, génocidaires, d'Adolf Hitler et de Joseph Staline. L'instabilité politique et économique débouche sur la Seconde Guerre mondiale et la domination nazie qui laissent l'Europe exsangue. Alors que la suprématie des pays européens occidentaux disparaît au profit de deux nouvelles superpuissances (les États-Unis et l'Union soviétique), des mouvements de libération se développent dans les colonies, aboutissant à l'indépendance de nombreux pays, notamment au cours du troisième quart du XXe siècle. Au cours de la Guerre Froide, l'Europe est scindée en deux blocs idéologiquement opposés, et séparées par un rideau de fer, le bloc de l'Ouest, zone d'influence des États-Unis, et le "bloc de l'Est où se mettent en place des dictatures communistes patronnées par l'U.R.S.S. La séparation perdurera jusqu'à l'effondrement du bloc communiste, en 1989-1991.
210
+
211
+ Parallèlement, alors que l'excédent démographique de l'Europe était tel qu'elle constituait un réservoir d'émigration massive tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les pays du continent furent confrontés à une stabilisation à partir de la Première Guerre mondiale, et parfois à une régression démographique ensuite (les guerres, génocides et famines y contribuant). Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe occidentale connaît un « baby boom » et un développement continu de l'économie, dont principalement l'industrie de production et de transformation, qui provoqua un appel de main d'œuvre transformant cette moitié de l'Europe en une terre d'immigration, notamment au cours des Trente Glorieuses. Au même moment, la construction de l'Union européenne crée un marché commun entre États européens.
212
+
213
+ L’Europe est au début du XXIe siècle, quand on considère sa densité de population, le troisième foyer de peuplement derrière la Chine et l'Inde, avec des densités de populations parmi les plus élevées au monde dans certaines zones des Pays-Bas, de la Belgique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l'Italie, d’autant que l’exode rural s’est renforcé ainsi que l’attractivité des littoraux avec des populations de plus en plus urbaines. En termes absolus, l'Europe et, a fortiori, l'Union européenne, est cependant un « nain démographique »[248],[249],[250]. Le continent (env. 740 millions d'habitants ; UE env. 511 millions d'habitants) se situe derrière l'Asie (env. 4,3 milliards d'habitants dont env. 1,4 milliard d'habitants pour la Chine et env. 1,3 milliard d'habitants pour l'Inde), l'Afrique (env. 1,2 milliard d'habitants) et l'Amérique (env. 1 milliard d'habitants) ; l'Eurasie, quant à elle, concentre environ 4,6 milliards d'habitants.
214
+
215
+ En 2005, le Conseil de l'Europe soulignait que depuis quelques décennies l’UE devait sa croissance démographique à l'immigration qui, dans les années 2000, est devenue le premier, puis le seul facteur d’augmentation de la population totale de l’UE. Ainsi deux millions de personnes sont venues s'installer en Europe en 2004 alors que l'accroissement naturel était négatif de 63 000 personnes. L'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'UE. En 2007, 70 millions de personnes, soit 16 % de la population de l'UE, résidaient dans des communes côtières[251].
216
+
217
+ Malgré les dizaines de millions de morts des deux guerres mondiales, l’Europe a connu une période d’explosion démographique aux XIXe et XXe siècles, qui s’est accompagnée d’une forte pression sur l’environnement et les ressources non renouvelables (cf. empreinte écologique, empreinte énergétique, pression urbanistique, pollutions, etc.). Depuis quelques décennies, la population européenne tend à se stabiliser, à la suite d'une forte diminution de la natalité, qui reste toutefois encore largement compensée par la natalité de certains pays, par le recul de l’âge auquel les femmes font leurs premiers enfants, et surtout par une immigration régulière.
218
+
219
+ L'immigration est le premier moteur de la croissance dans une Union européenne à la population vieillissante. Le boom économique des années 1950-1960 avait poussé l'Europe à faire appel à une immigration massive, souvent issue de ses ex-colonies. Les Chinois, Indiens et Africains constituent l'un des principaux flux d'immigrants non originaires de l'UE. Après les Turcs, les Marocains forment le plus gros contingent[252].
220
+
221
+ Les études prospectives pour 2050 varient d’une population diminuant de 3 % (dans l'hypothèse d'un ISF remontant à 2,34), à -22 % voire -50 %. Les experts parlent alors de retournement démographique[253] ou d'hiver démographique. Que la diminution soit due à la natalité est un phénomène inédit jusqu'à nos jours dans le monde. Ces chiffres ci-dessus doivent tous être utilisés avec prudence, la prospective démographique ayant toujours été prise en défaut et pouvant elle-même influer en retour sur les comportements individuels et collectifs et sur les politiques de soutien à la natalité ou à l’immigration. Pour d'autres, la population de l'Union européenne (UE) serait de 470 millions de personnes en 2050 selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et 506 millions en 2060 selon Eurostat. La population de l'UE dépasserait ainsi celle des États-Unis (468 millions de personnes en 2060 selon le Centre américain d'études sur l'immigration)[254].
222
+
223
+ Toutefois, la situation démographique diffère pour chaque pays européen. Les pays de l'Europe de l'Est se sont inquiétés des évolutions démographiques dès les années 1960 et ont mis en place des politiques d'encouragement à la natalité. Cependant, les moyens utilisés, comme l'interdiction de l'avortement, n'auraient pu être acceptés au même moment en Europe de l'Ouest. Ces mesures n'ont d'ailleurs généralement pas produit d’effet satisfaisant ; et si la Pologne a maintenu sa population au cours de la période communiste, l'influence de l'Église catholique, qui imprègne la société polonaise, a sans doute été plus efficace que la politique nataliste.
224
+
225
+ Pour les pays d'Europe de l'Ouest, personne ne se risque, entre autres en Allemagne, à mettre sur la place publique l'évolution de la population sur la longue durée. Pour les responsables, tout passe par la politique d'immigration. Ils ne veulent pas toucher au tabou de la politique familiale en faveur de la fécondité, compte tenu du poids de la mauvaise conscience des années hitlériennes. La situation démographique empire en Europe pourtant : un rapport annuel sur la situation démographique des pays membres demandé autrefois par les autorités communautaires a été abandonné depuis 2000, désormais remplacé par un « Rapport social », où l'on communique à propos de chômage et de pauvreté sans jamais plus effleurer la dimension démographique. Autrement dit, l'UE s'interdit de voir la situation démographique de ses pays membres[255].
226
+
227
+ La croissance démographique s’est globalement poursuivie pour les 28 États membres de l'Union européenne, mais la population décroît dans certains pays, notamment en Europe de l'Est. Ce déclin démographique semble plus important et plus rapide dans les ex-pays de l’Est, dans quelques pays où la pauvreté et le renforcement des inégalités ont suivi l’effondrement du communisme, et aussi dans les régions touchées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (la Biélorussie qui a reçu 70 % environ des retombées d'iode et de césium radioactifs et connaît depuis 20 ans le plus fort taux d’avortement et le taux d’abandon d’enfants y est élevé).
228
+
229
+ Avec plus de 740 millions d'habitants et sur une surface réduite pour une moyenne d'une langue pour 4,3 millions d'habitants, l'Europe bénéficie d’une grande richesse ethnoculturelle et une pluralité de langues. Les cultures germaniques, slaves, latines et finno-ougrienne sont traduites par la diversité des langues parlées : 128 langues et dialectes ont des racines indo-européennes ; latines et grecques au sud, germaniques au nord et au nord-ouest ; slaves à l'est et en Europe centrale, seul le groupe des langues finno-ougriennes (regroupant le finnois, estonien et le hongrois) et la langue basque ne font pas partie des langues indo-européennes.
230
+
231
+ Administrativement, l’allemand, l’anglais, le russe, le français, l'espagnol et l’italien dominent mais l’Europe est linguistiquement beaucoup plus riche puisque les 50 États européens (tous souverains, hormis Gibraltar) de la grande Europe géographique regroupent 35 langues officielles, enrichies de 225 langues secondaires non officielles. À tel point qu'Umberto Eco dit : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ». Andreas Kaplan décrit l'Europe comme « offrant un maximum de diversité culturelle en un minimum de distance géographique »[256]. Ces précédents chiffres peuvent paraître élevés, mais ils ne représentent que 3 % du total des langues vivantes encore parlées sur la planète.
232
+
233
+ En Europe de l’Ouest (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, etc.) les langues vernaculaires sont souvent régionales et minoritaires, parfois au bord de l’extinction, mais certaines (breton, alsacien, basque, corse, catalan, occitan, flamand, le dernier étant un dialecte du néerlandais), sont plus reconnues[C'est-à-dire ?], et enseignées en France, plutôt à l’université, mais parfois dès l’enfance : école Diwan en Bretagne. En Espagne, c’est le cas du basque, du catalan et du galicien. Pour le Royaume-Uni, c’est le gallois, le gaélique écossais, le scots et l’irlandais. Le français est reconnu en Italie dans le Val d’Aoste, ainsi que le sarde en Sardaigne, le frioulan, l'allemand et le slovène dans le Frioul-Vénétie julienne, le ladin et l'allemand dans le Trentin-Haut-Adige, comme le sont le féroïen aux îles Féroé, ou le frison occidental aux Pays-Bas, etc.
234
+
235
+ Une langue unique n’est officiellement parlée que dans quatre petits États[réf. nécessaire] : l’Islande (où l’on parle islandais), Malte (où la seule langue officielle est le maltais), le Liechtenstein (où l'on parle allemand), et la République de Saint-Marin (où l'on parle italien). L'État de la Cité du Vatican (plus petit État européen) est un cas à part : l’italien y est la langue véhiculaire, le latin (réputé langue morte) y est la langue juridique, le français y est la langue diplomatique (le Vatican se fait enregistrer comme État francophone auprès des organisations internationales), et l'allemand est la langue en usage dans l'armée (la Garde suisse). - Les autres États comptent tous plusieurs langues vernaculaires, tant dialectes que langues à part (plus ou moins reconnues et souvent non enseignées) et jusqu’à plus de 10 pour l'Allemagne (21 langues), l'Azerbaïdjan (13), la Bulgarie (11), l'Espagne (14), la France (25), l'Italie (33), la Roumanie (14), le Royaume-Uni (12). La vaste Russie regroupe à elle seule 43 langues à statut officiel sur son territoire. La Suisse possède quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien et le romanche (cousine du ladin et du frioulan).
236
+
237
+ Certaines langues régionales, sans statut officiel (quoique doublant parfois les noms de communes ou de rues) persistent et sont parfois protégées et enseignées, souvent avec le soutien de collectivités locales ou régionales (breton, corse, occitan en France, sarde, ladin, frioulan en Italie, lapon en Scandinavie).
238
+
239
+ Les systèmes d'écriture en Europe reposent sur l'alphabet latin (sous diverses variantes), l'alphabet grec, l'alphabet cyrillique (sous diverses variantes).
240
+
241
+ Aux langues originaires des pays d’accueil s’ajoutent les langues maternelles des populations circulantes (Roms), migrantes ou réfugiées, et tout particulièrement l'arabe, le berbère, le turc, l'hindi, etc.
242
+
243
+ L'Europe a été confrontée au cours de son histoire aux besoins de langues véhiculaires. Ainsi la lingua franca, langue composite (mélange d'arabe, de français, portugais, espagnol, italien ou occitan, le tout variant dans le temps et l'espace), a été utilisée du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle par les marins et dans les ports de la Méditerranée. De nombreux projets de langues construites sont apparus en Europe, avec notamment la création de l'espéranto en 1887, seule langue construite devenue langue vivante.
244
+
245
+ Sur une population totale d'environ 730 millions d'habitants en 2010, l'Europe compte environ 255 millions de catholiques (35 %)[257], 197 millions d'orthodoxes (27 %)[257], 102 millions de protestants (14 %)[257] et 44 millions de musulmans (6 %)[258]. Les personnes n'ayant pas de religion ou pratiquant une autre religion sont environ 132 millions (18 %). Selon l'historien Geert Mak il existe au moins quatre communautés de culture et de traditions en Europe : la protestante du Nord, la catholique latine, la grecque orthodoxe et l'ottomane musulmane[259].
246
+
247
+ Le christianisme est la religion dominante en Europe et y est divisée en trois grandes confessions, (protestantisme, orthodoxie et catholicisme), réparties géographiquement de la façon suivante :
248
+
249
+ Les catholiques sont majoritaires dans vingt-trois pays[257], les orthodoxes dans treize pays[257], les protestants dans neuf pays[257], les musulmans dans cinq pays (Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Kosovo et Turquie[258], les « sans religion » dans deux pays (Tchéquie et Pays-Bas). À la fin du XXe siècle, la papauté a proclamé six saints patrons de l'Europe.
250
+
251
+ Il existe des minorités religieuses à l'intérieur de ces grands ensembles dont la plus importante est l'islam avec 44 millions de musulmans soit près de 6 % de la population européenne totale[258] :
252
+
253
+ Selon Emmanuel Todd, les systèmes familiaux en Europe sont d'une grande diversité[263].
254
+
255
+ Les pays qui ont tout ou partie de leur territoire sur le continent européen ou sont culturellement rattachés à l'Europe (selon les limites géographiques définies plus haut) sont au nombre de 51 :
256
+
257
+ Le nombre d'États souverains en Europe, qui s'élevait à plus de trois cents en 1789, était encore d'une soixantaine en 1815, au lendemain du congrès de Vienne. Après l'unification de l’Italie et de l’Allemagne, ce nombre était tombé à 19 en 1871 (20 avec la Turquie, qui contrôlait encore la majeure partie de la péninsule des Balkans). Il passa à 22 en 1878, lorsque le congrès de Berlin reconnut l'indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro. S'y ajoutèrent ensuite la Norvège (1905), la Bulgarie (1908) et l’Albanie (1912).
258
+
259
+ En 1914, l'Europe comptait donc 25 États généralement reconnus comme indépendants, non compris le Saint-Siège, l'ordre souverain de Malte et le territoire neutre de Moresnet : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche-Hongrie, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Suède, Suisse. La forme de gouvernement la plus répandue était la monarchie, puisque qu'on ne dénombrait alors que quatre républiques (la France, le Portugal, la Suisse et Saint-Marin) — huit en tenant compte des villes libres de Brême, Hambourg et Lübeck, inféodées à l'Empire allemand, et de la république monastique du mont Athos, placée sous le protectorat politique de la Grèce.
260
+
261
+ À la fin de l'année 1945, le nombre d'États était passé à 31 : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Irlande, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, URSS, Vatican, Yougoslavie. Plus de la moitié d'entre eux (19 sur 31) étaient encore des monarchies, y compris l'Albanie, la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie et la Roumanie qui vivaient alors sous un régime transitoire. Depuis 1975, le nombre de monarchies s'est maintenu à douze, à savoir sept royaumes, un grand-duché, trois principautés et un État pontifical.
262
+
263
+ Parmi les nombreux États qui connurent une existence éphémère au lendemain des deux guerres mondiales, on peut citer les républiques autonomes de Rhénanie et du Palatinat (1923/1924), les villes libres de Dantzig (1920/1939), de Fiume (1920/1924), de Memel (1920/1923) et de Trieste (1947/1954), ainsi que le territoire de la Sarre, qui disposa d'un statut particulier de 1920 à 1935 et de 1947 à 1957.
264
+
265
+ Le nombre d'États européens parut se stabiliser à 34 avec l'accession à l'indépendance de Chypre (1960) et de Malte (1964). Il devait se maintenir à ce niveau jusqu'à la chute du mur de Berlin, en 1989. Après la réunification de l'Allemagne et l'éclatement des anciennes fédérations communistes (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie), puis avec la séparation de la Serbie et du Monténégro, le nombre d'États européens officiellement reconnus comme indépendants s'élevait à 45 en 2006 (50 avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et tout ou partie de la Turquie et du Kazakhstan). Encore ce chiffre ne prend-il pas en compte les nombreux pays ou territoires dont le statut est contesté (Abkhazie, Chypre du Nord, Haut-Karabagh, Kosovo, Ossétie du Sud-Alanie, Principauté de Sealand, Tchétchénie, Transnistrie), etc.
266
+
267
+ Par ailleurs, Israël fait partie de nombreuses associations européennes culturelles ou sportives (UEFA par exemple). L'Algérie, l'Égypte, Israël, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie et la Tunisie font partie de l'Union européenne de radio-télévision. Le Maroc a participé au Concours Eurovision de la chanson en 1980 et Israël y participe depuis 1973. Ainsi, pour Pierre Beckouche, l’Europe est d’ores et déjà partie prenante d’un vaste ensemble macro-régional, appelé « Euroméditerranée », qui va de la Russie au Maroc en passant par le Moyen-Orient et qui est traversé de flux économiques, culturels et migratoires plus intenses qu'imaginés[264].
268
+
269
+ De nombreuses visions d'une Europe unie se sont affrontées au cours de l'histoire du continent, jusqu'à l'Union Européenne actuelle.
270
+
271
+ L'Europe n'a jamais connu d'unité politique parfaite. Certaines périodes d'une durée variable ont certes été marquées par la domination d'une vaste partie du continent par un pouvoir unique, qui s'est en général imposé par la force - ce fut ainsi le cas de l'Empire romain, de l'empire carolingien, de l'empire napoléonien et du IIIe Reich. Certaines familles royales ont également, par le biais de relations dynastiques, gouverné un grand nombre de pays européens, au premier rang desquelles la famille des Habsbourg[265]. Mais on voit, tant hétéroclite est cette liste de candidats à l'hégémonie, que des projets d'unification européenne concurrents et divergents se sont affrontés sans qu'aucun ne parvienne vraiment à s'imposer.
272
+
273
+ L'Empire Romain est longtemps demeuré dans la mémoire des Européens comme symbole d'une unité perdue. Après sa chute en Occident en 476, Théodoric, Justinien, Charlemagne poursuivirent le rêve de la résurrection de l'Empire. Au Moyen Âge, la Papauté parvint enfin à s'imposer aux yeux d'une majorité de l'Europe comme l'héritière légitime de Rome, et à imposer au continent une forme d'unité, sous la forme de la Chrétienté médiévale : certes, les Papes ne possédaient qu'un pouvoir temporel limité sur les princes et les rois, mais jouissaient d'une autorité morale, religieuse et même juridique puissante. Surtout, la Chrétienté se conçoit elle-même comme une communauté, matérialisée positivement par l'union dans les croisades et négativement par la procédure de l’excommunication, avec des droits et des devoirs partagés (par exemple le respect des trêves et jours saints), et étendue au gros du continent (à l'exception des terres orthodoxes)[266].
274
+
275
+ La crise de la Chrétienté, l'affirmation des États proto-nationaux, l'affaiblissement de la Papauté, et surtout la Réforme qui brise l'unité de la Chrétienté font naître la nécessité de repenser ce qui fait l'unité de l'Europe. C'est donc de la Renaissance que l'on peut dater la naissance de l'idée européenne moderne[267].
276
+
277
+ Au XVe siècle, déjà, des projets sont agités pour offrir paix et unité à l'Europe ravagée par des guerres intestines (Guerre de cent ans guerre hussite, guerres civiles de l'Espagne), dépeuplée par la grande peste, désunie spirituellement par le Grand Schisme d'Occident et les hérésies (Wyclifisme, hussisme, pour ne nommer que les principales), menacée par l'expansion de l'empire du Grand Turc avec la prise de Constantinople. C'est le cas, par exemple, du projet d'union chrétienne de George de Podiebrad[268].
278
+
279
+ Les Humanistes multiplieront les initiatives, aux XVe et XVIe siècles, pour créer une Europe pacifiée et harmonieuse. Tandis que les évangélistes rêvent d'une Chrétienté rénovée, affranchie de la tutelle de Rome, des irénistes cherchent à réaliser la concorde entre les princes, sous l'égide d'une Raison médiatrice et partagée[269]. Stefan Zweig loue en Érasme l'éblouissante incarnation de l'idéal européen des humanistes, lui qui institua un latin rénové comme langue de culture paneuropéenne, correspondant dans cette langue avec des intellectuels de tout le continent, et rêva d'une Europe réalisant par le pouvoir d'attraction de sa culture la concorde de l'humanité. Surtout, pour Zweig, Érasme fut celui qui prophétisa que l'union de l'Europe ne se ferait pas par la guerre, mais par des moyens pacifiques[270]. On peut citer, parmi d'autres illustres précurseurs, Andrés Laguna de Segovia, qui en 1543 se lamentait sur la pauvre Europe déchirée et exsangue.
280
+
281
+ C'est peu de dire, toutefois, que le rêve humaniste ne devait pas immédiatement se réaliser. Certes, il exerça une influence certaine, même sur les élites politiques, devenant un idéal volontiers invoqué par les princes ; ainsi lors de la signature en 1518 du traité de Londres, instaurant une « Paix Perpétuelle »[269]. Mais la paix de 1518 fut rompue dès l'année suivante, et, dans le sillage de la Réforme, l'Europe s'enfonça dans la spirale sanglante des guerres de religion, en France et surtout en Allemagne, culminant dans le paroxysme de la Guerre de Trente Ans, qui embrasa le continent[267].
282
+
283
+ La Paix de Westphalie qui mit fin à cette guerre ne fonda pas une Union de l'Europe, mais au contraire officialisa une organisation de celle-ci fondée sur l'équilibre de puissances souveraines et régulièrement en guerre. Ce système qui régulait mais approfondissait la division européenne devait persister, perfectionné au XVIIIe siècle par l'instauration de congrès réguliers[271], et renouvelé en 1815, jusqu'à la Première Guerre mondiale.
284
+
285
+ Toutefois, cela n'empêcha pas que fleurissent, portés par des visionnaires, des projets d'union de l'Europe. Pour ne citer que des Français, Sully et Rousseau y ont rêvé ; en 1712, l'abbé Castel de Saint-Pierre rend public son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, et reçoit le soutien du philosophe Leibniz.
286
+
287
+ Le rêve européen reprend de la vigueur au XIXe siècle, après la boucherie des guerres de la Révolution et de l'Empire. Dans une Europe dominée par la Sainte-Alliance, où triomphent tout ce que le Vieux Continent compte de réactionnaires, il est doté d'un nouveau contenu, social et humanitaire. Avant le Printemps des peuples en 1848, les républicains, démocrates et socialistes de toute l'Europe espèrent qu'une révolution ouvrirait la voie, conjointement, à une union pacifique du continent et à une réforme de ses sociétés dans un sens démocratique et égalitaire[272]. Victor Hugo a rêvé qu'un jour existeraient les « États-Unis d'Europe »}, pendants des États-Unis d'Amérique, utopie humanitaire et prélude à l'unité de toute l'humanité. Son discours prononcé le 21 août 1849, à l'occasion de l'ouverture du Congrès de la Paix à Paris, est resté célèbre. Il y évoque une Europe enfin pacifiée, unie sous un même gouvernement. La suite de l'Histoire prouva qu'il s'agissait d'une vision prophétique en avance sur son temps, avec la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales.
288
+
289
+ Mais surtout, la « mystique européenne »[273] fut vivement réactivée après la Première Guerre mondiale qui se chargea de démontrer, si besoin était, à un grand nombre d'intellectuels à quel point la guerre était absurde. Seule une Europe unie pouvait éviter le retour de l'horreur. Conscient du déclin de celle-ci face à l'Amérique (Albert Demangeon - 1920), ils cherchent la voie la plus sûre pour unifier le continent.
290
+
291
+ L'héritage culturel grec, le droit romain et l'unité chrétienne sont conçues par Paul Valéry[274] comme les trois piliers de l'Europe, lors d'une conférence donnée à l'université de Zurich le 15 novembre 1922. En 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi publie Paneuropa, ouvrage dans lequel il développe sa vision d'une Europe forte de 300 millions d'individus, dont il exclut la Russie et la Grande-Bretagne, l'une considérée comme « asiatique » et l'autre plus préoccupée de toute manière par son Empire planétaire (vision partagée alors par les Britanniques eux-mêmes). C'est une vision qui s'appuie sur une analyse géopolitique d'un monde divisé en grands blocs antagonistes. Il rencontre un tel écho dans le monde intellectuel qu'il peut réunir à Vienne en 1926 un congrès avec plus de 2 000 délégués venus de 24 nations différentes (l'un des premiers adhérents à son mouvement est le jeune maire de Cologne, Konrad Adenauer). Il trouve aussi le soutien de Louis Loucheur et Aristide Briand (qui sera d'ailleurs nommé président d'honneur du mouvement), mais dans l'ensemble les politiques ne le suivent pas et on le soupçonne parfois de travailler pour l'Allemagne. Quoi qu'il en soit le mouvement Pan-Europe est fondé et survit jusqu'à nos jours (un membre de la famille des Habsbourg en est le président). Le même Aristide Briand, alors président du Conseil, pourra s'appuyer sur ce mouvement pour appeler à la création d'une « sorte de lien fédéral » devant l'assemblée de la Société des Nations (SDN) en 1929.[réf. nécessaire]
292
+
293
+ Le 1er mai 1930, en accord avec les instances dirigeantes de la SDN, il remet aux autres gouvernements européens un mémorandum sur « l'organisation d'un régime d'Union fédérale européenne ». Il essuie un refus poli : c'est un échec[275].
294
+
295
+ La crise et la montée en puissance des totalitarismes étouffent progressivement tout espoir de construction européenne. L'Allemagne nazie conçoit l'Europe selon une vision pangermaniste, raciste et centrée autour d'une grande Allemagne. L'Europe n'est plus qu'un réservoir de matières premières et de main-d'œuvre, destinée à nourrir la machine de guerre nazie.
296
+
297
+ Mais la résistance pense aussi l'Europe, et tandis qu'elle mène le combat intérieur partout en Europe contre le fascisme et le nazisme, ses membres les plus éminents se réunissent afin de dessiner les contours d'une Europe post-Seconde Guerre mondiale[276].
298
+
299
+ Après la guerre Churchill appelle à son tour de ses vœux à l'unité européenne et crée un mouvement qui fusionne très peu de temps après avec celui de Richard Coudenhove-Kalergi. Devant ce qui est perçu comme le danger soviétique, les États-Unis lancent un vaste programme de reconstruction de l'Europe avec le plan Marshall. Celui-ci conditionne la formation d'une Europe financière appuyée sur des politiques monétaires concertées (création de l'OECE - Organisation Européenne de Coopération Économique). Il faut désormais attendre la déclaration Schuman du 9 mai 1950 pour assister à la relance du vieux projet d'union européenne, cette fois lancée par étape, en commençant par l'un des secteurs économiques phares pour les Français comme pour les Allemands, l'industrie de la houille et de la sidérurgie. En plaçant ces productions sous la houlette d'une Haute Autorité, c'est le consentement prudent mais définitif d'un abandon de souveraineté qui transparaît. La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) née le 1er avril 1951 par la signature du Traité de Paris, elle réunit six États européens : le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, la RFA et la France. L'Europe est en marche[277].
300
+
301
+ Ainsi, depuis la seconde moitié du XXe siècle, un mouvement d'union politique est en construction, avec pour particularité une mise en place pacifique et démocratique (même si on l'accuse souvent de s'être faite à l'insu des peuples). La forme actuelle de ce nouveau pouvoir qu'est l'Union européenne n'est cependant pas encore entièrement arrêtée. Il est encore laissé une grande liberté politique aux pays membres, de plus en plus nombreux. L'Union européenne comprend maintenant 27 États membres, dont 19 faisant partie de la zone euro, zone de souveraineté monétaire commune. Avec l'Asie, l’Europe est le continent comptant le plus de monarchies (une monarchie pour trois républiques) ; les monarchies européennes sont toutes de type parlementaire, les souverains n'ayant le plus souvent qu'un rôle symbolique ou un rôle politique non déterminant : ce sont les premiers ministres ou chefs de gouvernement, issus d'une majorité parlementaire, qui sont investis du véritable pouvoir politique[réf. nécessaire].
302
+
303
+ → Pays membres de la zone euro (19 membres) :
304
+
305
+ → Pays non-membres de la zone euro (8 membres) :
306
+
307
+ → 4 pays non-membres de l'Union européenne, mais ayant signé des accords spécifiques avec celle-ci au sein de l'Union douanière de l'Union européenne :
308
+
309
+ La Biélorussie et le Vatican sont les deux seuls États européens souverains et indépendants à n'être membres d'aucune organisation supranationale européenne. Cependant, le Vatican dispose d'un statut d'observateur au Comité des ministres du Conseil de l'Europe et fait également partie de la zone euro, tandis que la Biélorussie est candidate à l'adhésion au Conseil de l'Europe depuis 1993.
310
+
311
+ L'Europe, ou plus précisément l'Union européenne, est l'un des pôles de la triade (États-Unis, Union européenne et Japon). Ces pôles centralisent 70 % de la richesse pour 14 % de la population[Quand ?]. Si l’Europe est la région la plus riche et développée du monde[278],[279], elle n'est pas un espace économiquement homogène[280],[281]: tous les pays européens ne sont pas des pays développés : l'Ukraine et la Moldavie font exception et sont classés comme pays à développement moyen avec un IDH inférieur à 0,8. L’Europe de l'Ouest et l'Europe du Nord très prospères contrastent avec certaines régions moins riches d'Europe centrale, d'Europe de l'Est (Moldavie, Ukraine, certaines régions de Roumanie, Russie) et d'Europe du Sud (Albanie, Serbie, Macédoine du Nord, certaines régions de Bulgarie, Italie du Sud, certaines régions d'Espagne, de Grèce et du Portugal).
312
+
313
+ La mégalopole européenne constitue le cœur économique de l'Europe. On peut ainsi distinguer principalement les pays de l'ancien bloc de l'Ouest, développés et avec une croissance faible et les pays de l'ancien bloc de l'est moins développés mais à plus forte croissance.
314
+
315
+ L’Union européenne, principal ensemble de la région, est en 2015 la deuxième puissance économique du monde[282]. Tous ses pays membres commercent entre eux librement grâce au marché commun, et dix-huit de ses pays ont accentué leur collaboration au sein de la zone euro. Des accords de libre-échange ont également été passés avec des pays partenaires, comme la Suisse[283].
316
+
317
+ L'Europe est un producteur important de céréales, de fruits et légumes, et de sucre, grâce aux cultures de betteraves, très développées en Ukraine et dans le nord de la France. Sur les six premières années de la décennie 2010, le continent a confirmé sa troisième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[284], malgré un léger déclin, derrière les deux géants, le Brésil et l'Inde. Parmi les points forts de son agriculture, l'Europe était aussi troisième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis.
318
+
319
+ Parler de culture de l'Europe est difficile, car de nombreuses cultures s'y sont succédé (et ont souvent assimilé des apports extra-européens) depuis plusieurs millénaires. Une définition de la culture de l'Europe doit nécessairement aussi tenir compte des limites géographiques du continent.
320
+
321
+ Le tourisme culturel tient une place singulière en Europe, elle est une des clés de l'avenir permettant d'assurer une puissante force d'attraction pour l'Europe. Elle touche essentiellement l'audience des musées, des monuments et des évènements culturels. Et donne lieu à des déplacements vacanciers. Par conséquent, elle est une mine de recette considérable pour les pays européens. L'activité touristique s'est notablement enrichie depuis une vingtaine d'années, et les modes de visite des touristes ont beaucoup évolué. Le tourisme étranger en France en est une vivante illustration.
322
+
323
+ Agence spatiale européenne (Ariane 5).
324
+
325
+ L'orchestre symphonique.
326
+
327
+ Académie européenne du cinéma.
328
+
329
+ Prix Nobel.
330
+
331
+ Ligue des champions de l'UEFA.
332
+
333
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
334
+
335
+ Sur les autres projets Wikimedia :
336
+
337
+ Histoire :
338
+
339
+ Cartes :
fr/1905.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,339 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Vous pouvez améliorer sa rédaction !
2
+
3
+ L’Europe est considérée conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest par l’océan Atlantique et la mer de Norvège, et au nord par l’océan Arctique. Sa limite méridionale est marquée par le détroit de Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que les détroits respectivement du Bosphore et des Dardanelles marquent sa frontière avec l'Asie du Sud-Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au fleuve Oural et au Caucase est la limite traditionnellement retenue, mais reste, faute de séparation claire et précise, l'objet de controverses selon lesquelles un certain nombre de pays sont ou ne sont pas à inclure dans le continent européen. Géographiquement, ce peut être considéré aussi comme une partie des supercontinents de l'Eurasie et de l'Afro-Eurasie.
4
+
5
+ Dans son acception la plus commune, le continent européen couvre une superficie d’environ 10 millions de km2 et a une population d’environ 743 millions d’habitants. Ses habitants sont les Européens.
6
+
7
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord. L'Europe comprend une diversité de climats : un climat tempéré sur la majorité de sa surface, du fait de l'influence de l'océan Atlantique Nord-Est et de la mer Méditerranée et un climat de type continental à l'est de la Pologne orientale. Elle connaît aussi un climat océanique froid, voire polaire, dans ses régions les plus septentrionales, et un climat subtropical humide dans les Balkans autour de la Mer noire. Arrosé par de nombreux fleuves et rivières, le continent n'est pas en stress hydrique.
8
+
9
+ L'Europe recouvre une grande biodiversité et a été pionnière dans les questions environnementales.
10
+
11
+ Le peuplement s'est effectué de manière continue depuis 1,8 ou 2 millions d'années, des cycles glaciaires et interglaciaires créant des périodes d'isolement géographique à l'origine d'une différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent à partir d'une espèce commune apparue en Afrique. Arrive ensuite Sapiens, également né en Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités » à partir de 70 000 ans avant l'ère commune.
12
+
13
+ La population européenne se sédentarise entre 7 500 et 8 000 ans avant J.-C., par l'effet de diffusion de populations et de techniques apparues sur le plateau d'Anatolie vers 11 000 ans avant J.-C. et pratique l'agriculture à partir de 5 000 ans avant J.-C. Des hypothèses linguistiques et archéologiques ainsi que des études génétiques récentes accréditent la thèse d'un peuplement de l'ensemble du continent par des populations de l'est de l'Europe qui seraient les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes.
14
+
15
+ Les peuples germains apparaissent 2 000 ans avant J.-C. au nord de l'Europe, les peuples celtes s'étendant quant à eux à partir de 1 200 ans avant J.-C. sur la majeure partie du territoire, du bassin des Carpates à l’est de la France.
16
+
17
+ Mais c'est la Grèce, avec sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), qui doit être considérée  comme le berceau culturel de l'Europe. Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. Le continent est alors divisé entre le monde romain et celui des barbares (Pictes celtes et Germains). L'influence romaine s'inscrit dans la culture, via la langue latine, ainsi que dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation, sur un vaste territoire borné au nord par le mur d'Hadrien et à l'Est par le Rhin et la Vistule, et qui s'étend par ailleurs en Afrique et en Asie.
18
+
19
+ L'Europe est ainsi le berceau de la civilisation gréco-romaine, qui a donné le jour à la civilisation occidentale. Le christianisme s'y diffuse à partir du Ier siècle.
20
+
21
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire romain est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient seul perdurant (jusqu'au milieu du XVe siècle) tandis que l'Empire romain d'Occident se délite dès le Ve siècle sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares
22
+
23
+ Plusieurs tentatives furent faites pour reconstituer l'Empire romain d'Occident :celles de Charlemagne, des souverains du Saint-Empire romain germanique, d’Otton Ier en 962 à Charles Quint au XVIe siècle, voire de Napoléon Ier
24
+
25
+ Le morcellement féodal prévalut au Moyen Âge, avec toutefois l'élaboration d'une civilisation commune aux Européens autour de la foi chrétienne.
26
+
27
+ Des États-nations se constituèrent ensuite progressivement, et leur rivalité entraîna des guerres importantes au fil des siècles, de la guerre de Cent ans aux guerres du XXe siècle.
28
+
29
+ L'unité religieuse fut également perdue, un premier schisme séparant en 1054 les chrétiens d'Occident (catholiques) des chrétiens de l'Est de l'Europe (orthodoxes). La Réforme protestante entraîna un deuxième schisme à partir du XVe siècle et de nombreuses guerres de religion, notamment en France, entre Catholiques et Protestants.
30
+
31
+ L'Europe est toutefois, à partir de la Renaissance, à l'origine de plusieurs bouleversements historiques majeurs. La période moderne voit l'invention de l'imprimerie, la première alphabétisation de masse à la suite de la Réforme protestante, les grandes découvertes. Elle voit éclore le siècle des Lumières, est à l'origine de la diffusion du capitalisme marchand puis de la révolution industrielle. Elle invente des formes politiques nouvelles nées des révolutions anglaise et française.
32
+
33
+ Du XVIe au XXe siècles, elle colonise par peuplement l'ensemble du continent américain. Elle établit par ailleurs, au travers de plusieurs de ses nations, des empires coloniaux dans la quasi-totalité de l'Afrique, l'Océanie et de grandes parties de l'Asie jusque dans les années 1950-1960. C'est en Europe également que prennent naissance les deux guerres mondiales et que se produit la Shoah.
34
+
35
+ La Seconde Guerre mondiale, qui l'a laissée exsangue, fait perdre à l'Europe son hégémonie mondiale et enclenche un mouvement de décolonisation. Pendant la Guerre froide, le continent est divisé en deux blocs séparés par un rideau de fer, celui de l'Ouest et celui de l'Est, idéologiquement opposés. Le bloc occidental, zone d'influence américaine, connaît un essor économique rapide et met en place les premières étapes d'une union européenne, économique puis politique, qui ira croissant dans le nombre des États membres, en intégrant en particulier un certain nombre d'ex-pays de l'Est après l'effondrement du bloc soviétique. De nombreuses critiques se sont élevées depuis une quinzaine d'années à son encontre dans les populations des États membres, notamment à la suite du non-respect des votes référendaires ou de la crise de l'Euro. Elles se sont exprimées à travers le vote du Brexit qui a entraîné le départ du Royaume-Uni en 2020.
36
+
37
+ Deux origines concurrentes du mot « Europe » ont été proposées[1].
38
+
39
+ La première fait provenir ce nom de l'usage par les marins phéniciens des deux mots Ereb, le couchant, et Assou, le levant pour désigner les deux rives opposées de la mer Égée : d'une part la Grèce actuelle et d'autre part l'Anatolie (Ἀνατολή signifie pareillement, en grec, le levant). La première mention connue de ces mots sémitiques se trouve sur une stèle assyrienne qui distingue Ereb, la nuit, le [pays du soleil] couchant, et Assou, le [pays du soleil] levant. Selon Michael Barry, les deux mots sont probablement à l'origine des deux noms grecs Eurôpè et Asia dans leur acception géographique antique[2][source insuffisante]. En grec, dans un hymne à Apollon datant d’environ 700 avant notre ère, Eurôpè représente encore, comme Ereb, le simple littoral occidental de l’Égée[2]. C'est également le nom de la princesse de Tyr enlevée par Zeus. Néanmoins, cette étymologie sémitique est à peine encore défendue[3] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable[Note 2],[Note 3].
40
+
41
+ La seconde est grecque. Dans la mythologie grecque, plusieurs « Europe » sont connues, Europe, fille du géant Tityos ; la mère de Niobé ; la fille de Nil, une épouse de Danaé ; selon Hésiode, Europe l'Océanide est l'une des trois mille nymphes d'Océan et de Téthys ; dans l’Iliade, Europe est la fille de Phœnix, ascendant du peuple phénicien. Europè (εὐρώπη) provient de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, εὐρύς, signifie soit large, qui s'étend en largeur, soit vaste, qui s'étend au loin[Note 4] ; le second, en grec ancien ὤψ, signifie soit regarder en face, regard, soit œil[Note 5]. Le terme signifie « [celle qui a] de grands yeux » et devient un prénom féminin, donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse princesse Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau. Hérodote fait remarquer que la jeune princesse ne pose jamais le pied sur le continent du côté grec désigné par le terme géographique Eurôpè puisque Zeus la dépose en Crète[6]. À Gortyne, à l’endroit où ils s'unissent, près d'une fontaine a poussé un platane qui ne perd jamais son feuillage[7].
42
+
43
+ En 1961, une troisième origine est avancée par des archéologues spécialistes de l'Empire hittite, qui émettent l'hypothèse que les noms des deux continents Europe et Asie viendraient de deux royaumes voisins de l'Empire hittite situés de part et d'autre du Bosphore : Avrupa, correspondant approximativement à la Thrace, aurait donné le nom « Europe » tandis qu'Assuwa, correspondant au quart nord-ouest de l'actuelle Turquie anatolienne, aurait donné le nom « Asie »[8]. La langue turque actuelle utilise toujours le vocable Avrupa pour désigner l'Europe.
44
+
45
+ De nos jours, les institutions de l'Union européenne retiennent et propagent l'affirmation selon laquelle le nom du continent viendrait de la mythique Europe enlevée par Zeus[9],[10],[Note 6],[12].
46
+
47
+ Selon Jean Haudry, Europē est initialement une désignation de la Grèce continentale par opposition au Péloponnèse, aux îles et à la Thrace. Ce serait seulement à partir des guerres médiques, que le terme s'oppose à l'Asie (qui ne désigne que l'Asie Mineure) et à la Libye (l'Afrique) pour s'appliquer au continent européen, dont les limites demeurent inconnues[13].
48
+
49
+ L'usage fait de l'Europe un continent[Note 7] mais il s'agit, si l'on considère la plaque eurasiatique, de la partie occidentale (une péninsule[15]) d'un super-continent[16]. Cela entraîne que les limites terrestres de l'Europe ont donc toujours été imprécises à l'est car il n'existe pas de relief ou de mer venant clairement scinder l'Eurasie. Les frontières géographiques de l'Europe sont donc plus politiques que physiques[17].
50
+
51
+ Pour les Grecs, l'Europe ne s'étendait pas « au-delà du Bosphore et des rives occidentales de la mer Noire »[18]. Jusqu'au règne du tsar Pierre le Grand (1682-1725), la limite orientale de l'Europe est fixée au fleuve Tanaïs (actuel Don)[19]. Pierre le Grand mène une politique de réorientation de l'Empire russe vers l'Europe, en fondant Saint-Pétersbourg capitale ouverte sur la mer Baltique et en chargeant Vassili Tatichtchev de déplacer vers l'est la frontière de l'Europe. Ce dernier choisit le massif de l'Oural et le fleuve Oural[20]. Au sud-est, la mer Caspienne, le massif du Caucase, la mer Noire et le détroit du Bosphore séparent l'Europe du Proche-Orient. Au sud et au sud-ouest, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar séparent l'Europe de l'Afrique. Le continent est bordé à l'ouest par l'océan Atlantique et au nord par l'Arctique. Sont considérées comme européennes l'Islande (située géologiquement sur la séparation Eurasie-Amérique[21]) et les principales îles de la Méditerranée ; le cas de Chypre est toutefois particulièrement sujet à débat, à la fois sur les plans géographique, culturel, politique et historique[22].
52
+
53
+ Les cas de la Russie, de la Géorgie et de la Turquie sont emblématiques du hiatus politico-géographique. Ces nations ayant la plus grande partie de leur territoire en Asie (Russie) et au Moyen-Orient (Turquie), le plan politique ne recoupe pas le « plan » géographique premier. Ainsi, si la Russie est occidentale par sa culture, son histoire et une part de son territoire, son centre de gravité fait d'elle un quasi-continent, s'étendant du Pacifique jusque dans l'Europe. Ensuite la Géorgie conserve un territoire de part et d'autre du Caucase qui atteint la mer Noire. Le cas est plus complexe pour la Turquie, celle-ci possédant la majeure partie de son territoire au Moyen-Orient, et possédant par l'histoire une culture mixte entre la culture occidentale et moyen-orientale.
54
+
55
+ Le Groenland, qui appartient au Danemark est rattaché à l'Europe.
56
+
57
+ Certains territoires, les régions ultrapériphériques, font partie de l'Union européenne quoique étant situés en dehors du continent (la communauté autonome espagnole des îles Canaries, les cinq départements et régions d'outre-mer français, la collectivité d'outre-mer française de Saint-Martin et les deux régions autonomes portugaises de Madère et des Açores)[23].
58
+
59
+ L'Europe a une superficie d'un peu plus de 10 millions de kilomètres carrés (10 392 855 km2[réf. nécessaire]). Cela représente un tiers de l'Afrique, un quart de l'Asie et de l'Amérique.
60
+
61
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord.
62
+
63
+ L'organisation de l'espace montre un cœur économique, la « banane bleue » ou mégalopole européenne, qui comprend notamment l'Europe rhénane ainsi que les périphéries européennes[24].
64
+
65
+ Les frontières orientales de l'Europe sont avant tout politiques : la limite de l'Oural est due aux cartographes du tsar Pierre Ier le Grand au XVIIIe siècle. De même, la frontière fut déplacée des hautes crêtes du Caucase vers la mer Caspienne au début du XIXe siècle pour justifier l'annexion de la Géorgie et de l'Arménie dans l'Empire russe. D'un point de vue géologique, si l'on se réfère à la tectonique des plaques, l'Europe et la partie continentale de l'Asie ne sont qu'un seul et même continent, dénommé Eurasie. Aussi, quelques géographes éminents, tels qu'Alexander von Humboldt, considéraient-ils l'Europe comme une simple péninsule de l'Asie.
66
+
67
+ Le climat européen est conditionné notamment par son étalement en latitude du 36e au 71e parallèle nord, soit plus de 4 000 kilomètres entre les espaces scandinave et méditerranéen. De ce fait, le contraste de température est considérable entre l'extrême nord, moyenne annuelle −5 °C environ comme dans l'archipel de Nouvelle-Zemble, et l'extrême sud, moyenne annuelle 18,7 °C environ pour la Crète.
68
+
69
+ L'Europe dispose d'une vaste zone côtière, et l'influence océanique atlantique et méditerranéenne contribuent à modérer les températures sur une bonne partie de l'Europe. Elle est située à l'est et au sud de l'Atlantique nord-est dont la température est notablement attiédie par la dérive nord-atlantique. Du fait de sa latitude, la majeure partie du continent est soumise au flux d'ouest dont la température a été auparavant adoucie par son passage sur cette partie de l'océan. Ce flux d'ouest n'est pas contrarié dans sa progression vers l'est en raison des grandes plaines largement ouvertes vers l'ouest dans la partie moyenne de l'Europe.
70
+
71
+ En toutes saisons, ce flux est tempéré et porteur de perturbations assurant des pluies régulières. Au fur et à mesure de sa progression à l'intérieur des terres, ce flux subit les influences continentales : il devient moins tempéré et s'assèche progressivement, les précipitations devenant moins régulières. Vers l'est, les hautes pressions hivernales prennent de l'importance, font barrage au flux océanique et sont la source d'épisodes très froids et secs. Au nord, les montagnes scandinaves font obstacle aux vents d'ouest et entraînent un climat continental froid sur la partie orientale de la Scandinavie. Le flux océanique voit également son importance climatique diminuer au sud de l'Europe, à cause de la latitude, des hautes pressions estivales, et des barrières montagneuses conséquentes qui s'interposent la plupart du temps en direction de la Méditerranée.
72
+
73
+ Tous ces facteurs expliquent la répartition des climats européens[25].
74
+
75
+ La bordure de l'océan Arctique connaît un climat polaire sans véritable été (température de juillet inférieure à 10 °C, ET dans la classification de Köppen) avec des précipitations faibles. L'hiver est froid ou très froid avec une température moyenne de janvier qui s'abaisse à −20 °C vers l'est, il est assez perturbé du fait du voisinage de la mer.
76
+
77
+ Les littoraux du Nord-Ouest, la bordure côtière de la Norvège, les îles au nord de l'archipel britannique, l'Islande connaissent un climat océanique frais avec une température moyenne dépassant 10 °C pendant moins de quatre mois (Cfc dans la classification de Köppen[précision nécessaire]). Les précipitations sont abondantes, généralement plus de 1 000 mm par an et souvent beaucoup plus dès qu'il y a des reliefs un peu importants. Les pluies sont réparties en toutes saisons avec un maximum d'automne ou d'hiver. Les tempêtes d'automne et d'hiver sont très fréquentes. Bien qu'agité, l'hiver reste « tempéré » par rapport à la latitude, entre −3 °C et 4 °C pour le mois le plus froid. L'été est frais et la température moyenne de juillet est comprise entre 10 °C et 14 °C.
78
+
79
+ Sur le domaine littoral plus bas en latitude, depuis les Îles britanniques jusqu'au nord-ouest de l'Espagne, en passant par la bordure côtière des Pays-Bas, de la Belgique, de la France s'étend un climat océanique bien caractérisé, avec une faible amplitude entre l'hiver et l'été et une température moyenne qui augmente du nord vers le sud mais assez homogène par rapport à l'étalement en latitude. Dans cette zone, le flux océanique modère les températures, les pluies sont fréquentes et régulières en toutes saisons avec cependant un maximum d'automne au nord et d'hiver au sud. Le total des précipitations annuelles, plus modéré que dans le type précédent, est compris entre 700 mm et 1 000 mm sauf sur les massifs côtiers - Écosse, Pays de Galles, Cordillère Cantabrique - où ce total peut largement dépasser 2 000 mm. Les tempêtes automnales et hivernales sont fréquentes mais un peu moins que dans la zone précédente. En hiver, par rapport à la latitude, le gel et la neige sont relativement rares ainsi que les fortes chaleurs en été. Les étés sont tempérés avec une température moyenne qui dépasse 10 °C pendant plus de quatre mois[27]. Pour le mois le plus chaud la température est comprise entre 15 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 2 °C à 10 °C du nord-est au sud-ouest.[réf. non conforme]
80
+
81
+ À l'est de cette zone, le climat, encore modéré par l'influence de l'océan, connaît une altération de ses caractéristiques quand on s'éloigne du littoral. La limite avec le domaine précédent est assez floue, cependant on peut considérer qu'à partir de quelques dizaines de kilomètres du littoral, dans la vaste zone de plaines ou de moyennes montagnes qui va du Bassin parisien au sud de la Scandinavie, à l'ouest de la Pologne et limitée par les contreforts des Alpes suisses et autrichiennes au sud, le climat est assez homogène sur une grande étendue. Il se continentalise peu à peu tout en conservant des caractéristiques modérées par rapport à la latitude (comme précédemment Cfb selon Köppen), les pluies deviennent un peu moins régulières, leur volume diminue progressivement, entre 500 et 700 mm en plaine, 800 à 1 500 mm sur les reliefs. Les pluies sont réparties très uniformément tout au long de l'année avec un maximum pluviométrique qui tend à devenir plutôt estival. Les tempêtes automnales et hivernales voient leur importance diminuer au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'océan, mais ne sont pas exclues. L'amplitude entre l'hiver et l'été ainsi que la fréquence des épisodes de température extrêmes augmentent progressivement mais les moyennes restent modérées par rapport à la latitude. La température du mois le plus chaud est comprise entre 17 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 5 °C à −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « parisien », « semi-océanique d'abri ».
82
+
83
+ Un peu plus au sud, du Bassin aquitain jusqu'à une partie des Balkans hormis la plaine du Pô, le climat est encore océanique ou semi-océanique (Cfb dans la classification de Köppen), mais se distingue par ses températures d'été plus élevées (moyenne de juillet de 19 °C à 23 °C) et par une multiplication des climats locaux du fait du relief beaucoup plus compartimenté. Les précipitations peuvent être importantes à proximité des reliefs exposés aux flux humides ou bien réduites dans les bassins abrités. Les étés sont plus orageux que dans le type précédent avec des précipitations plus irrégulières. Mais la chaleur moyenne de juillet reste en dessous de 23 °C et l'été connaît encore des périodes de rafraîchissement épisodiques, ce qui est un trait des climats océaniques. Les hivers restent doux à proximité de l'océan mais nettement plus froids vers l'Europe centrale. La température du mois le plus froid (janvier le plus souvent) est comprise entre 6 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « aquitain », « semi-océanique d'abri ».
84
+
85
+ À l'est des deux domaines précédents, à partir de la Pologne orientale, la façade orientale de la chaîne scandinave et les confins de l'océan Arctique au nord jusqu'à l'Oural vers l'est, jusqu'à la mer Noire, le Caucase et la Caspienne au sud apparaît le climat continental. L'hiver est froid avec blocage fréquent du flux océanique par l'anticyclone continental générateur d'épisodes très froids et secs. La moyenne de janvier va de −3 °C de l'ouest à −20 °C vers le nord-est. L'été, l'anticyclone continental disparaît et le flux atlantique pénètre plus librement à l'intérieur du continent, l'été est encore frais au nord mais il est de plus en plus chaud vers le sud, 10 °C en juillet à la frontière du domaine polaire, jusqu'à 25 °C près de la mer Caspienne (au nord, où les étés sont frais, nous sommes dans le domaine Dfc de Köppen, Dfb plus au sud, là où la moyenne dépasse 10 °C durant au moins quatre mois). Les saisons intermédiaires sont courtes. Les pluies sont plus irrégulières avec un maximum de printemps ou d'été. Au nord du domaine, les étés sont assez pluvieux et restent frais avec une évaporation modérée, la sécheresse d'été est modérée. Vers le sud, la chaleur augmente ainsi que l'irrégularité des pluies, la sécheresse relative d'été s'intensifie et les abords de la Caspienne connaissent un climat steppique (BSk selon Köppen).
86
+
87
+ Les montagnes (Alpes, Pyrénées, Carpates, chaînes balkaniques, Caucase, Alpes scandinaves) connaissent le climat montagnard qui correspondent à peu près à celui des plaines environnantes mais modifiés par l'altitude. Celle-ci provoque un abaissement de la température, en toutes saisons mais davantage en été qu'en hiver et une augmentation des pluies pour les versants exposés aux vents pluvieux. Les reliefs multiplient les climats locaux du fait des différences d'expositions au soleil et du fait de la modification du régime des vents qu'ils induisent.
88
+
89
+ Dans la plaine du Pô et dans les Balkans bordant la mer Noire, les chaînes de montagnes font barrage au flux océanique, la chaleur estivale s'accentue avec une température moyenne de juillet supérieure à 22 °C, les précipitations deviennent plus importantes en été. Selon la classification de Köppen, ce climat est appelé tempéré à étés chauds (Cfa). Les hivers sont assez variables, de assez doux comme sur les côtes occidentales de l'Adriatique, à assez froid (Bulgarie, Roumanie), mais toujours avec une température moyenne de janvier supérieure à −3 °C. La température du mois le plus froid est comprise entre 3 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. Les influences océaniques concernent peu cette zone. Le cumul annuel des précipitations s'assèche progressivement vers l'est. Les pluies, encore réparties sur toute l'année, prennent cependant une importance estivale marquée, notamment sous forme d'orages.
90
+
91
+ Les régions bordant la Méditerranée (majeure partie de l'Espagne, Sud-Est de la France, Italie excepté les Alpes et la plaine du Pô, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, la Grèce et les îles méditerranéennes) connaissent un climat méditerranéen, Csa et Csb d'après Köppen. À l'écart du flux océanique humide du fait des montagnes et de la latitude, ce climat est caractérisé par une sécheresse estivale et un ensoleillement nettement plus important que dans les domaines précédents. Les pluies ne sont pas souvent apportées par le flux atlantique mais la plupart du temps par des perturbations qui se développent sur place, alimentées par l'air méditerranéen, ces perturbations sont moins nombreuses que les perturbations océaniques mais les pluies qu'elles apportent sont copieuses et parfois excessives. Le total pluviométrique annuel des régions méditerranéennes est à peu près le même que pour les domaines précédents mais la répartition des précipitations est beaucoup plus irrégulière. L'été est à peu près sec surtout près des côtes et dans le sud, les pluies de printemps et d'automne sont prédominantes au nord du domaine méditerranéen et celles d'hiver au sud. Suivant les effets d'abris ou au contraire suivant les effets de couloir induits par les reliefs environnants, ce domaine est calme ou au contraire très venté (mistral, tramontane, bora, etc.). Les températures hivernales sont douces sauf en moyenne montagne, 5 à 11 °C en janvier, de l'intérieur vers la côte et du nord vers le sud. L'été est chaud 22 °C à 27 °C en juillet du nord vers le sud. Ce type de climat est généralement limité par les versants sud ou est des massifs montagneux : chaîne Cantabrique, Pyrénées, Alpes et Balkans. Sur le littoral atlantique, la limite se trouve à peu près au nord du Portugal. C'est à partir de cette zone que l'on observe des caractéristiques méditerranéennes marquées (chaleur et sécheresse d'été entraînant des feux de forêt réguliers, un ensoleillement élevé comparé aux régions océaniques, etc.).
92
+
93
+ L'Europe est assez bien arrosée par des fleuves et rivières, et pratiquement aucune zone n'est en stress hydrique.
94
+
95
+ Trois fleuves d'Europe, le Rhin, le Rhône, et le Pô, prennent leur source dans les Alpes, quelquefois appelées pour cette raison le « château d'eau de l'Europe » (au moins de sa partie occidentale). Le Rhin se jette dans la mer du Nord, le Rhône dans la mer Méditerranée et le Pô dans la mer Adriatique. Le Danube prend sa source dans la Forêt-Noire et se jette dans la mer Noire. L'Elbe se jette dans la mer du Nord. La Vistule et l'Oder se jettent dans la mer Baltique. Le Dniepr, fleuve de plaine, se jette dans la mer Noire. La Volga et l'Oural se jettent dans la mer Caspienne.
96
+
97
+ L'Europe regroupe plusieurs zones biogéographiques et une grande variété d'écosystèmes terrestres et marins, qui ont souvent été intensivement exploités, fragmentés et pollués.
98
+
99
+ L'Europe a été motrice pour de nombreux états-membres en matière de Droit de l'environnement avec notamment les directives Habitats et Oiseaux, bien que certains états membres (dont la France) les aient tardivement et incomplètement appliquées. Une directive-cadre sur l'eau est en cours d'application, des directives sur le sol et la mer sont en projet, et le 1er janvier 2005 est entrée en vigueur la nouvelle norme européenne pour limiter la pollution atmosphérique : les agglomérations de plus de 250 000 habitants de l'Union européenne ne doivent pas dépasser certaines valeurs limites : 50 microgrammes (0,05 mg) de particules par mètre cube d'air ambiant doit être le seuil maximum pour 35 jours par an, et la valeur moyenne annuelle ne doit pas aller au-delà de 40 microgrammes. Cependant, les normes anti-pollution déjà en vigueur n'étaient déjà pas respectées : en 2002, 11 pays sur 15 ont dépassé la marge autorisée.
100
+
101
+ Depuis 1996, le conseil de l'Europe invite les états à construire ensemble un Réseau écologique paneuropéen et ils doivent appliquer, comme toutes les collectivités la directive 2003/4 concernant l'accès du public à l'information en matière d'environnement, la directive INSPIRE (Infrastructure d’information spatiale en Europe). Un futur Réseau européen de données d'observation et de surveillance (EMODNET / European Monitoring Observation. Data Network) est en construction.
102
+
103
+ Pour mesurer l'état de l'environnement, les pressions et les réponses, l'UE s'est dotée d'une Agence européenne pour l’Environnement (AEE) qui applique maintenant la méthodologie LEAC (Land and Ecosystem Accounting - Comptabilité des écosystèmes et du territoire). Le système Corine Landcover et d'autres permettent d'harmoniser les cartes européennes de données environnementales.
104
+
105
+ Bilan : malgré des efforts importants, comme dans la plupart des autres régions du monde, la biodiversité qui y fait l'objet d'évaluations[33] périodiques, est globalement en recul (sauf pour certaines les espèces plutôt généralistes et banales). Les espèces invasives continuent à gagner du terrain. À ce titre, la commission européenne a publié le 13 juillet 2016, une liste des trente-sept espèces à combattre pour éviter qu'elles ne portent préjudice aux espèces indigènes. Cette liste prévoit d’interdire l’importation, la vente, la reproduction, la culture ou l’élevage de ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité[34],[35].
106
+
107
+ Les objectifs européens en matière de lutte contre le changement climatique, et limitation des émissions de gaz à effet de serre, dont celui de -25 % pour 2020 semble difficile à tenir (pour les transports et l'agriculture notamment[36]), la Pologne s'y opposant même[36] avant que le 21 juin 2011, les ministres de l'environnement européens (en Conseil environnement) examinent un nouveau projet de feuille de route pour 2050 (économie européenne bas carbone) présentée par la Commission européenne le 8 mars 2011, confirmant l'objectif du Conseil d'octobre 2009 de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % en 2050 (par rapport à 1990), avec un calendrier de -40 % par rapport à 1990 en 2030, -60 % en 2040 et -80 % en 2050 (un pays s'est encore opposé à ces objectifs)[37].
108
+
109
+ En 2019, on compte 20 % d'oiseaux en moins en Europe qu'en 2000[38]
110
+
111
+ Plus de 40 % des espèces d’arbres présents en Europe sont menacées d’extinction selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L'organisation appelle l’Union européenne à agir, indiquant que « Les arbres sont essentiels à la vie sur terre et les arbres européens dans toute leur diversité sont une source de nourriture et d’abri pour d’innombrables espèces animales telles que les oiseaux et les écureuils »[39]. En outre, la moitié des espèces d’arbustes présents en Europe sont menacées de disparition, ainsi qu’un cinquième des espèces de mollusques terrestres, tels que les escargots, et certaines espèces de bryophytes (plantes non vascularisées), comme des mousses[39].
112
+
113
+ Le peuplement de l'Europe est conditionné par les cycles glaciaires et interglaciaires qui se succèdent, notamment au Pléistocène moyen (0,781 à 0,126 Ma), et qui affectent la démographie des populations, créant notamment des périodes d'isolement géographique qui sont une des raisons de la différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent. Homo naît et évolue en Afrique, où il s'affranchit d'abord du milieu forestier, puis connaît une expansion constante vers les latitudes moyennes d'Eurasie, puis les hautes latitudes. Cela est rendu possible par sa capacité à s'adapter aux changements d'environnement et par ses caractéristiques de prédateur, lesquelles culminent chez Néandertal l'Européen, devenu principalement un chasseur carnivore occupant le haut de la chaîne alimentaire, un superprédateur chasseur de gros gibier. Arrive ensuite Sapiens, venu d'Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités »[40],[41],[42],[43],[44].
114
+
115
+ Le genre Homo apparaît en Afrique, probablement vers 2,7 millions d'années (Ma) dans la basse vallée de l’Omo, en Éthiopie, et il est attesté de manière certaine vers 2,4 à 2,3 Ma[45]. Les premiers Homo erectus quittent l'Afrique et atteignent l'Eurasie il y a sans doute 1,8 ou 2 millions d'années[46], mais les dates et les chemins empruntés[47],[48] ainsi que certaines différenciations en espèces (H. erectus, H. ergaster, H. antecessor, H. heidelbergensis) sont encore discutées[Note 8],[50].
116
+
117
+ Homo georgicus, parfois considéré comme un Homo ergaster européen[51],[45], dont les restes ont été découverts en 2002 à Dmanissi, en Géorgie (Caucase), est le premier représentant du genre Homo attesté en Europe (et aussi l'un des plus anciens hors d'Afrique) ; il est daté d'environ 1,8 Ma[52],[53]. D'autres lui succèdent ; on a trouvé, à Kozarnika (Bulgarie), une industrie lithique, datant de 1,4 Ma et, en actuelle Espagne, des restes humains à Sima del Elefante (appartenant au site d'Atapuerca), datant de 1,4 Ma et à Orce, les restes de l'Homme d'Orce et de l'Enfant d'Orce, datant de 1,2 Ma[54],[55]. Le site d'Atapuerca a livré aussi des restes d'industrie lithique d'environ 1,4 Ma, et des restes humains ayant abouti à la description d'Homo antecessor, daté d'env. 820 000 BP, possible ancêtre de H. neanderthalensis, attestant d'un peuplement continu de l'Europe occidentale depuis 1,8 Ma ainsi que de l'existence possible d'une migration à partir de l'Europe centrale, depuis Dmanissi (où a été découvert H. georgicus), et non pas via le détroit de Gibraltar[56],[57],[58],[49]. Jusqu'à H. antecessor, l'industrie lithique associée à ces peuplements est l'Oldowayen, technique des galets aménagés. Vient ensuite Homo heidelbergensis (l'Homo erectus européen[51], 650 000-300 000 BP, espèce à laquelle appartient, par exemple, l'homme de Tautavel), décrit à partir de plusieurs fossiles, retrouvés en Allemagne actuelle, à Heidelberg, d'où provient son holotype et en Espagne, sur le site d'Atapuerca ; H. heidelbergensis pourrait être l'ancêtre d'H. neanderthalensis[59],[60],[61]. L'industrie lithique associée aux heidelbergiens est l'Acheuléen, caractérisé par la technique des bifaces, attesté il y a 650 000 ans en Europe mais né en Afrique il y a 1,7 Ma[62]. À la même époque, vers 450 000 à 500 000 ans BP, les Européens commencent à maîtriser le feu, étape importante de l'évolution, qui permet la cuisson des aliments et donc facilite l'assimilation des nutriments, et qui permet aussi de se chauffer, dans un environnement climatique globalement plus froid qu'actuellement, ce qui concourt à un processus de socialisation[63],[64],[65].
118
+
119
+ Homo neanderthalensis, l'« Homme de Néandertal », naît il y a environ 400 000 ans en Europe occidentale, issu sans doute d'une forme de spéciation (« spéciation par distance »)[66],[67],[68] d'H. erectus/heidelbergensis, ou d'une dérive génétique (modèle d'accrétion)[69], dans un contexte où l'Europe est isolée par les glaces du reste de l'ancien monde[70],[71]. Neandertal est très adaptable, il s'accommode des périodes glaciaires et inter-glaciaires et des environnements correspondants et s'étend massivement en Europe[72] et au-delà, vers l'Asie Centrale et le Proche-Orient entre 120 000 et 110 000 ans BP[73],[74]. Physiquement robuste et adapté au froid, Néandertal possède des capacités cognitives proches de celles de l'« Homme moderne » (Homo sapiens)[75], il pratique des rituels, il enterre ses morts, le premier en Europe à le faire, et il pratique une forme d'art[76],[77],[78],[79],[80]. Il est associé au Moustérien[81]. Le nombre de néandertaliens (métapopulation) est compris dans une fourchette allant de quelques milliers à 200 000 individus, donnant en tout état de cause une très faible densité de population[82],[83],[84].
120
+
121
+ Homo sapiens, quant à lui, naît en Afrique, il y a environ 300 000 ans[85]. Sa présence hors d'Afrique, sous une forme archaïque, est attestée par des fossiles âgés de 180 000 ans environ, en Israël (Grotte de Misliya)[86],[87],[88]. L'expansion de Sapiens se fait en plusieurs vagues, lesquelles empruntent probablement un chemin passant par Bab-el-Mandeb, détroit entre la péninsule arabique et l'Afrique, outre celui par le Nil et le Proche-Orient[89],[90],[91],[92], mais les premières n'atteignent pas l'Europe. Les vagues de Sapiens évolués qui atteignent l'Europe partent d'Afrique vers 70 000 ans et leurs plus anciennes traces en Europe datent de 45 000 ans (Grotta del Cavallo)[93],[94],[95]. À partir de 45 000 ans, H. sapiens commence sa colonisation de l'Europe, dans un mouvement d'est en ouest[90]. À ce moment, il a déjà eu l'occasion de se métisser avec Néandertal, leurs chemins s'étant croisés au Proche-Orient et à l'est de l'Eurasie[96],[97],[98],[94]. Ce métissage entre Néandertal et Sapiens est sans doute favorable à ce dernier ; venu beaucoup plus récemment d'Afrique, il est plus adapté aux basses latitudes et il acquiert par ce métissage des avantages évolutifs, notamment de résistance au froid[99],[100]. Sapiens progresse en Europe et, concomitamment, les néandertaliens régressent, se retrouvant confinés dans des zones refuges avant de disparaître vers 40 000 ans BP avec des populations relictuelles perdurant jusqu'à 28 000 ans BP[74],[101], non sans laisser leurs traces génétiques dans l'actuelle population humaine[102]. Les causes de la régression puis de la disparition de Néandertal sont plurifactorielles et toujours discutées[103],[104]. La peau de ces Homo sapiens était sombre, adaptée à leur origine africaine et aux régions très ensoleillées. Ce n'est que récemment, il y a 10 000 ans, que les chasseurs-cueilleurs européens ont disposé des gènes responsables de la peau pâle[Note 9],[106],[107],[108].
122
+
123
+ Avec l'arrivée de Sapiens, des industries diverses (Uluzzien, Bohunicien, Châtelperronien, attribué à Néandertal, Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien, etc.) se développent ; deux d'entre elles, l'Aurignacien (env. 40−29 ka BP) puis le Gravettien (env. 29−22 ka BP) se répandent largement en Europe[109],[110]. Ces expansions sont concomitantes à des mouvements de populations, retracés par la génétique[111], eux-mêmes corrélés aux fluctuations climatiques de l'époque[44]. L'Aurignacien est caractérisé notamment par le développement du travail des matières osseuses (bois de rennes et os de mammouths), rare jusqu'alors, à des techniques de débitage de lamelles ainsi qu'à des objets de parure et au développement de l'art[112] ; la grotte Chauvet, occupée à l'Aurignacien (37 ka BP) et au Gravettien (30 ka BP), en est un exemple[113]. Dès 30 ka BP, à une période particulièrement froide, on trouve des traces de sédentarisation partielle dans l'est de l'Europe, sous la forme de campements bénéficiant d'infrastructures d'habitation (à la différence des abris de plein-air), autour desquels ont été retrouvés des sépultures et des statuettes d'argile. Mais Sapiens reste néanmoins, fondamentalement, un chasseur-cueilleur mobile nomadisant sur des distances de quelques centaines de kilomètres[114].
124
+
125
+ Entre 21 000 et 18 000 ans[115] se produit un intense refroidissement, le « maximum glaciaire »[Note 10] qui donne à l'Europe une configuration nettement différente de l'actuelle[Note 11]. Les études génétiques montrent que certains groupes, d'abord représentés en Europe du Nord-Ouest, sont repoussés dans le sud de l'Europe[118],[44]. C'est le moment où apparaît l'industrie lithique solutréenne, caractérisée par des pointes en pierre très fines et acérées, appelées « feuilles de laurier », servant sans doute de couteaux et armant l'extrémité des flèches et des sagaies[119]. Émergent l'usage du propulseur et (probablement) de l'arc pour la chasse mais ces deux outils, cependant, ne se généraliseront qu'au Magdalénien qui lui succède[120],[121]. On a longtemps pensé que le Solutréen était aussi l'époque de l'invention de l'aiguille à chas[122],[123],[124] jusqu'à la découverte, en 2016 en Sibérie, d'un tel artefact, daté de 45 ka BP, attribué à l'Homme de Denisova[125],[126],[127]. Le Magdalénien est caractérisé par un art pariétal particulièrement riche, comme en témoignent les grottes de Lascaux et d'Altamira[128], et par le travail des matières osseuses[129].
126
+
127
+ La dernière période glaciaire s'achève de manière brutale. Un premier réchauffement rapide se produit vers 14 700 BP, la température du Groenland augmente de plus de 10 °C, c'est ce qu'on nomme le Bölling, qui libère des glaces une grande partie de l'Europe du Nord et de la Scandinavie, permettant leur peuplement depuis le sud. Avec ce retrait des glaces, de nouveaux apports de populations à partir du Proche-Orient font sentir leurs effets[118]. Plus tard, vers 12 900 BP, un retour à des conditions glaciaires se traduit par des températures extrêmement froides avant un réchauffement final, vers 11 700 BP, qui marque la fin de la dernière glaciation[130] et l'entrée dans l'Holocène avec l'instauration du climat actuel[131] ; cela coïncide avec les débuts de l'extinction de la mégafaune européenne (mammouth laineux, rhinocéros laineux, cerf géant, ours des cavernes, etc.), sans doute pour des raisons climatiques probablement aggravées par la prédation humaine[132]. Le paysage et sa faune se recomposent[Note 12], la forêt tempérée progresse en Europe à partir de 10 000 BP, la chasse à l'arc se généralise[134],[135] et l'alimentation des hommes du Mésolithique devient extrêmement diversifiée[136] (les escargots par exemple, sont consommés en très grande quantité dans certaines niches écologiques[137]).
128
+
129
+ Galet aménagé du gisement de Dmanissi, de type Oldowayen (env. 1.8 Ma, Homo georgicus).
130
+
131
+ Biface Acheuléens (650 000 (en Europe) - 100 000 BP, Homo heidelbergensis).
132
+
133
+ Nucléus et éclat Levallois en silex du Moustérien (300 000−38 000 BP, Homme de Néandertal).
134
+
135
+ Grattoir double sur lame, Aurignacien (40 000−29 000 BP, correspond à l'arrivée d'Homo sapiens en Europe, première occupation de la grotte Chauvet).
136
+
137
+ Pointe de flèche en silex, Gravettien (29 000−22 000 BP, Homme de Cro-Magnon, deuxième occupation de la grotte Chauvet).
138
+
139
+ Outil en « feuille de laurier », Solutréen (22 000−17 000 BP).
140
+
141
+ Aiguille en os du Magdalénien (période à laquelle correspond l'art de la grotte de Lascaux et d'Altamira), (17 000−12 000 BP).
142
+
143
+ Harpon Azilien en os (12 500−9 500 BP).
144
+
145
+ La néolithisation de l'Europe commence vers 7,5 ou 8 Ka BP (milliers d'années avant le présent) par diffusion de populations et de techniques apparues vers 11 Ka BP dans le croissant fertile, elle s'accompagne d'une forte croissance démographique[138],[139]. Elle est probablement autant due à un changement culturel qu'aux conditions climatiques[140]. Les indicateurs de la néolithisation sont la domestication des plantes et des animaux (celle du chien étant cependant largement antérieure[141]), la tendance à la sédentarisation (la sédentarisation précède cependant l'agriculture[142],[140]) avec le regroupement en villages et l'émergence de la poterie pour des contenants destinés au stockage de produits agricoles[143]. Ce sont les débuts des sociétés agropastorales[140] et la naissance du mégalithisme[144].
146
+
147
+ Cette néolithisation, venue du croissant fertile via l'Anatolie, emprunte deux chemins ; d'abord un courant méditerranéen par lequel se diffuse la culture de la céramique imprimée suivie de la culture de la céramique cardiale (8 Ka BP) ; ensuite un courant danubien, par lequel se diffuse la culture rubanée (vers 7,5 Ka BP). Les études génétiques[145],[146] montrent que, outre une diffusion culturelle, l'Europe connaît l'arrivée de populations d'agriculteurs[Note 13], venues d'un foyer anatolien, qui ont suivi ces chemins danubien et méditerranéen[118],[147]. Les îles britanniques, en configuration insulaire depuis 8 Ka BP, connaissent ce processus plus tardivement, près d'un millénaire après celui de l'Europe continentale[143],[148],[149],[150]. La néolithisation est largement effective en Europe vers 5 Ka BP[151].
148
+
149
+ Des hypothèses linguistiques et archéologiques de la deuxième moitié du XXe siècle (l'hypothèse kourgane étant la plus largement reconnue[Note 14],[Note 15]) et des études génétiques du début du XXIe siècle[Note 16] accréditent la thèse que des populations, ayant domestiqué le cheval et maîtrisant l'équitation ainsi que le transport en chariot, seraient venues de l'est de l'Europe, la steppe pontique, et se seraient répandues sur le continent à partir de 5 000 BP[154], le dominant largement ; elles contribuent pour 75 % à l'ADN des peuples de la céramique cordée, héritière de la culture de la céramique rubanée, largement présente en Europe à ce moment[155]. Leur foyer d'origine est la culture Yamna (notamment les hommes yamnayas avec les femmes locales)[156]’[157]’[158] donnant raison à l'intuition de la théorie de l'invasion aryenne sans accréditer son utilisation politique (il n'y a aucun lien de cause à effet) aussi descendue en Inde (comme le supposaient ès humanités René Guénon ou Georges Dumézil)[159]. Elle se caractérise par sa pratique de l'inhumation dans des tumuli nommés « kourganes ». Ils seraient aussi les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes[118],[160],[161],[162],[163]. Georges Dumézil, au début du XXe siècle, postule que les sociétés d'origine indo-européenne partagent jusqu'à nos jours un mode de pensée, l'idéologie tripartite[164].
150
+
151
+ L'agriculture européenne commence sur les bords de la mer Égée, aux environs de 6500 av. J.-C. Elle s'installe progressivement sur le continent, dans la zone danubienne et l'actuelle Hongrie (5500 av. J.-C.), sur les côtes méditerranéennes et le territoire de la France actuelle vers 5000 av. J.-C., en Germanie et sur le territoire des actuels Pays-Bas vers 4500 av. J.-C. ; elle atteint les îles britanniques vers 4000 av. J.-C.[166],[167].
152
+
153
+ Vers 3000 av. J.-C. apparaît le travail du cuivre, qui conjugué à celui de la pierre, caractérise le Chalcolithique ; des outils agricoles métalliques plus efficaces apparaissent, l'araire se développe à la place de la houe[168]. La civilisation minoenne, inspiratrice de la culture grecque[169], apparaît vers 2700 av. J.-C. avec sa langue écrite en linéaire A, une des plus anciennes formes d'écriture en Europe avec les hiéroglyphes crétois. À son apogée, elle sera la première civilisation avancée de l'âge du bronze[170]. L'âge du bronze date de la fin de la culture campaniforme, laquelle, entre 2600 av. J.-C. et 2200 av. J.-C., couvre une notable partie de l'Europe de l'Ouest[171],[172].
154
+
155
+ Le commencement des Germains se situe vers le iie millénaire av. J.-C. en Suède méridionale, au Danemark et en Allemagne du Nord entre la Weser et l’Oder. Ils s'établissent dans la grande plaine européenne, du Rhin à la Vistule et de la Baltique au Danube, entre le Ve siècle av. J.-C. et le début de l'ère chrétienne. Leur expansion vers le sud est arrêtée par l'« écran du peuplement celtique[173] » (IIIe siècle av. J.-C.) puis par les Romains (IIe siècle av. J.-C.)[174].
156
+
157
+ On distingue trois groupes linguistiques : le nordique, celui des Scandinaves ; l’Ostique ou Germains orientaux, celui des Goths, des Vandales, des Burgondes, etc. ; enfin les Westiques (Germains occidentaux), en Allemagne, au Jutland et aux Pays-Bas[173].
158
+
159
+ Les Celtes s'installent entre l’âge du bronze moyen (env. 1200 av. J.-C.) et le début de l’âge du fer (env. 800 av. J.-C.) dans une grande partie de l’Europe, du bassin des Carpates à l’est de la France[175]. Leur origine est le centre de l'Europe, où étaient apparues les cultures caractérisées par leurs coutumes funéraires de l'enterrement sous tumulus (XVIe siècle av. J.-C. - XIIe siècle av. J.-C.) puis par la technique consistant à incinérer les cadavres et à conserver leurs cendres dans des urnes (civilisation des champs d'urnes, XIVe siècle av. J.-C. - IXe siècle av. J.-C.)[176].
160
+
161
+ Le noyau celte se situe à Hallstatt, en actuelle Autriche. Aux débuts de l'âge du fer, leur société, relativement égalitaire, se stratifie avec, à son sommet, des chefs militaires. Cela est probablement en lien avec la métallurgie du fer et, notamment, la conception d'armes, telles les épées droites caractéristiques[177], et la confection de pièces de harnachement plus efficaces qui donnent de l'importance aux cavaliers armés[178]. Les Celtes excellent en effet dans le travail du fer, fabriquant, outre des armes, des outils tels que haches et ciseaux[178]. Ils confectionnent aussi des poteries, ils inventent la tonnellerie[179], et ils exploitent le sel gemme, dont le commerce est source de richesse[180],[181]. On leur doit aussi, avec un apogée aux IIe et Ier siècles av. J.-C., les habitats structurés autour d'un oppidum, centre fortifié à vocation militaire, économique et cultuelle[182]. La période laténienne ou deuxième âge du fer, commençant au Ve siècle av. J.-C., est celle où les Celtes passent de la protohistoire à l'histoire, lorsqu'ils apparaissent dans les textes des auteurs grecs[183].
162
+
163
+ L'Europe antique est, pour notable partie, une Europe celtique, celle des peuples héritiers de la culture des tumulus[184],[Note 17], et en partie germanique, aux côtés de la Grèce antique[186] et de sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), considérée comme le berceau culturel de la civilisation occidentale[187],[188],[189],[190],[191],[192],[193].
164
+
165
+ Pour ce qui concerne le terme et le concept, le mot « Europe » désigne d'abord, dans son acception géographique, la Grèce continentale. Le terme est mentionné pour la première fois vers 590 av. J.-C., par Hésiode, dans sa Théogonie[194]. Anaximandre et Hécatée de Milet produisent, entre 600 et 500 av. J.-C., des cartes représentant un territoire appelé Europe[195]. Le mot prend aussi un sens politique lorsque les Grecs sont confrontés aux invasions venant d'Asie, principalement lors des guerres avec l'empire perse. Selon Jacqueline de Romilly, « la victoire de Salamine [en 480 av. J.-C.] a bel et bien empêché la Grèce de basculer sous la coupe de l'Asie […] les Grecs ont eu alors pour la première fois le sentiment de défendre une civilisation contre une autre »[196]. L'Europe en tant qu'entité géographique se retrouve chez Ératosthène au iiie siècle av. J.-C., lequel présente une tripartition du monde connu par une carte où elle figure[197]. Mais la distinction fondamentale durant l'antiquité est celle entre les Barbares[Note 18], qui habitent ce qu'en latin on nomme barbaricum (« pays des Barbares[199] »), et ceux qui appartiennent à l'aire culturelle grecque[Note 19], puis gréco-romaine[201]. Le royaume de Macédoine désigne l'Europe comme une entité politique : lorsque Philippe II part en Orient, en 335 av. J.-C., il laisse en Macédoine un régent, Antipatros, qui porte le titre de « stratège d'Europe »[202],[203].
166
+
167
+ Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. L'Europe est reconfigurée, son histoire devient celle de l'Empire romain pour la zone concernée[Note 20].
168
+
169
+ La Grèce et le royaume de Macédoine sont supplantés au iie siècle av. J.-C. Les Celtes, qui se sont largement répandus en Europe[205], allant jusqu'à menacer Rome en 390 av. J.-C.[206], pris en tenaille par les attaques des tribus germaniques venues du nord[207],[208], sont repoussés ou assimilés[209]. À l'aube de l'ère chrétienne, les Romains, lorsque leur zone d'expansion dépasse la « ceinture celtique »[Note 21], se retrouvent entourés par les Germains qui deviennent « les nouveaux peuples voisins du monde romain en Europe centrale et occidentale »[211]. Les frontières orientales de l'Imperium, limites avec les peuples germaniques[Note 22], sont le Rhin et le Danube, tandis que sa frontière septentrionale est le mur d'Hadrien, qui le sépare des Pictes celtes.
170
+
171
+ À cette époque, entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C., Strabon rédige une géographie qui mentionne l'Europe[213] et, déjà, des descriptions non seulement géographiques, mais aussi économiques et culturelles des territoires qu'il étudie[214]. Au Ier siècle, Varron[215] évoque une bipartition du monde au niveau du Bosphore, les parties situées au nord-ouest du détroit constituant l’Europe, celles situées au sud-est, l’Asie[216]. Toujours au Ier siècle, Pline l'Ancien divise le monde en trois parties, l'Europe, l'Asie et l'Afrique[Note 23].
172
+
173
+ Les Celtes présentent une certaine unité linguistique et culturelle, mais pas d'intégration politique[218] ; ils bénéficient d'une organisation tribale, au plus en ligues de tribus[219], à l'instar des Germains[173],[220]. C'est donc l'Empire romain qui contribue à créer les prémices d'une unité européenne. Si la Grèce est le berceau culturel de l'Europe, Rome peut être considérée comme le berceau de sa civilisation[221],[222],[223],[224],[225]. L'influence romaine s'inscrit dans la culture, formant ce qu'on nomme la culture gréco-romaine[226] via la langue latine, ainsi que dans les territoires et dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation[227] et esquisse même une Europe religieuse en diffusant le christianisme à partir du Ier siècle[228]. Les Ier et IIe siècles sont ceux de la Pax Romana, période de calme relatif, notamment politique, malgré des batailles toujours existantes sur les marches de l'Empire, notamment avec les peuples germaniques pour ce qui concerne la zone européenne[229]. L'Empire est l'entité politique unificatrice définissant le mode de gestion politique[230] ainsi que les limites (et les frontières, qui sont une forme particulière de limites[231]), qui séparent le monde romain de celui des barbares[232],[233],[234].
174
+
175
+ Le IIIe siècle est une période de crise interne pour l'Empire romain[Note 24] qui subit aussi une pression croissante des peuples germaniques, invasions difficilement repoussées. L'empire intègre nombre de ces envahisseurs par des traités, faisant d'eux des fédérés qui fournissent des troupes à l'armée[220]. Une Tétrarchie est mise en place en 293 apr. J.-C. pour lutter contre les Barbares[236] et, au IVe siècle, « Europe » désigne l’une des six provinces du diocèse de Thrace dont le territoire correspond à « la partie européenne de la Turquie actuelle »[237].
176
+
177
+ Le christianisme, dont les adeptes sont par périodes persécutés, notamment au IIIe siècle par Dioclétien[238],[239], s'était répandu dans l'Empire, comme en témoigne l'épisode symbolique de la conversion de l'Empereur Constantin et l'édit de tolérance religieuse de Milan en 313 apr. J.-C.[240] En 392 apr. J.-C., il est déclaré religion officielle de l'Empire par Théodose et les autres cultes sont interdits[241]. Même si, à ce moment, les chrétiens sont nettement minoritaires dans la population[242],[243], cette christianisation officialisée aura une importance, donnant, au moment des royaumes barbares, une légitimité religieuse à un pouvoir royal qui en était, à l'origine, dépourvu[244].
178
+
179
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient et l'Empire romain d'Occident. Le premier perdure : « l'empire d'Orient [...], à bien des égards héritier de l'Empire romain, devait durer jusqu'au milieu du XVe siècle[204]. » Inversement, dès le Ve siècle, l'Empire d'Occident se délite sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares : « La fin de l'empire d'occident est amenée par les invasions barbares des Germains qui entrent dans l'empire par vagues, poussés sur leurs arrières par les Huns, et attirés à la fois par le désir de pillage et l'espoir d'y trouver des conditions de vie meilleures[245] ».
180
+
181
+ En Europe occidentale, la déposition du dernier empereur romain d'Occident en 476 apr. J.-C. marque conventionnellement le passage de l'Antiquité au Moyen Âge[246].
182
+
183
+ En Europe occidentale, la lente déliquescence de l’Empire romain d'Occident qui aboutit à la désunion et à l’émergence de nations parfois éphémères, au gré des invasions et conquêtes, ne fera jamais oublier l’héritage romain qui reste un modèle d’unité et de droit pour l’Europe, de l’Empire carolingien jusqu’à l’Empire napoléonien en passant par le Saint-Empire romain germanique. Les liens entre places commerciales européennes émergent.
184
+
185
+ Poursuivant la politique de conquête de ses prédécesseurs francs, Charlemagne étend son royaume. Sa politique d’expansion rejoint le désir de la papauté romaine d'asseoir la prépondérance de l’évêque de Rome par rapport aux patriarches orthodoxes et coptes. Le jour de Noël de l'an 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III, à Rome, en la basilique Saint-Pierre. Cette union entre pouvoir temporel et religieux vise à réunir l’Europe en un empire chrétien d’Occident. De son vivant, Charlemagne se fait appeler Pater Europae (« père de l'Europe »), et parfois Europa vel regnum Caroli (l’Europe, ou le royaume de Charles).
186
+
187
+ L’Europe occidentale de Charlemagne est franco-germanique et chrétienne de rite latin, alors que l’Europe orientale sous l’influence de Constantinople est à dominante slave et de rite grec, mais les deux tendent à christianiser l’Europe du Nord, britannique, scandinave et russe. Alors qu’à Constantinople se concentrent les deux pouvoirs religieux et politique, en Occident le rôle de Rome y est essentiellement religieux, la capitale de Charlemagne se trouvant à Aix-la-Chapelle. Charlemagne tente une réunification avec l’Empire romain d'Orient vers l’an 800 mais il échoue, et son empire se désagrège rapidement après sa mort. En 962, Otton Ier crée le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci ne peut s’étendre, contrecarré par la permanence de royaumes anciennement constitués, la France et l’Angleterre surtout, par ses luttes avec la papauté, puis par le développement de l’Empire ottoman lors de l’époque moderne.
188
+
189
+ L’Empire romain d'Orient (dit, depuis le XVIe siècle, « byzantin ») est chrétien et de culture essentiellement grecque : il connaît d’importantes fluctuations de sa force et par conséquent de son territoire, qui s’étend à son apogée sur une grande partie du rivage méditerranéen, d’abord sous Justinien, puis sous les empereurs macédoniens, du IXe au XIe siècle. Au cours des siècles, ses relations avec l’Occident se distendent puis se détériorent, alors que les musulmans montent en puissance à l’Est et s’emparent de la moitié de l’Anatolie au XIe siècle. Le schisme religieux de 1054 et l’agression militaire venue de l’Ouest en 1202 affaiblissent l’Empire d’Orient qui finit dépecé morceau par morceau par l’Empire ottoman avant de disparaître lors de la chute de Constantinople en 1453.
190
+
191
+ Durant plusieurs siècles c’est le terme de chrétienté qui unit culturellement les monarchies et les populations européennes, tandis que le mot « Europe » disparaît des propos et des esprits[réf. nécessaire].
192
+
193
+ L'axe européen Bruges/Venise est déplacé à la fin du Moyen Âge. À l'époque où l'Empire d'Orient s'effondre, la Reconquista espagnole touche à sa fin. L'année 1492 est celle de l'Espagne, avec la reconquête du dernier royaume maure (Grenade) en péninsule ibérique et le premier voyage de Christophe Colomb, sous l'égide des Rois catholiques qui va ouvrir la voie à l'établissement des hégémonies européennes.
194
+
195
+ Le rêve d'un grand empire européen renaît au XVIe siècle lors de l'affrontement entre François Ier et Charles Quint, qui tous deux se disputent le trône du Saint-Empire. Grâce à l'appui des banquiers Fugger, Charles Quint l'emporte, se retrouvant à la tête d'un domaine très vaste, mais aussi très morcelé. Les diverses guerres menées contre la France ne donnent aucun résultat : durant deux siècles, le découpage de l'Europe va évoluer au gré des alliances matrimoniales et des guerres entre États. C'est face à la montée en puissance de l'Empire ottoman qu'une union des États chrétiens d'Europe apparaît : « Nous tenons de Gadès à l’Isler, une zone qui s’étend entre les deux mers et qui est la très courageuse et la très puissante Europe. Là, si nous nous unissions, nous ne serions pas seulement égaux à la Turquie, mais supérieurs à toute l’Asie » (Jean Louis Vivès).
196
+
197
+ Mais ce ciment du christianisme catholique, qui donnait un semblant d'union à cette Europe occidentale, éclate en morceaux avec la Réforme (ou plutôt les Réformes), dont l'impact politique est considérable, permettant néanmoins la formation des Provinces-Unies et de la Confédération suisse. Les guerres de religion, la guerre de Trente Ans, les guerres de Louis XIV rythment les XVIe et XVIIe siècles. Les traités de Westphalie (1648) et celui du traité des Pyrénées en 1659, redessinent durablement la carte politique de l'Europe et l'équilibre des forces en présence.
198
+
199
+ L'Époque moderne est marquée par un renforcement des nationalismes en tous genres. C'est aussi l'époque où l'Europe s'étend très loin de ses frontières par la constitution des premiers empires coloniaux sur le continent américain, puis en Inde.
200
+
201
+ La Révolution française inaugure un bouleversement politique très important : les idées démocratiques apparaissent sur le devant de la scène et les campagnes de Napoléon Ier puis le Congrès de Vienne vont remodeler profondément la carte de l'Europe et les mentalités. Honoré de Balzac a cette déclaration optimiste dans Le Bal de Sceaux, (1830) : « Le seizième siècle n'a donné que la liberté religieuse à l'Europe, et le dix-neuvième lui donnera la liberté politique[247]. »
202
+
203
+ À la fin d'un long processus, le XIXe siècle voit se réaliser l'unité de l'Italie (de 1861 à 1870) et de l'Allemagne (en 1871), ainsi que la constitution de plusieurs nouveaux pays dans les Balkans, issus du démembrement de l'Empire ottoman, appelé alors « l'homme malade de l'Europe ».
204
+
205
+ C'est aussi l'apparition de nouveaux mouvements politiques prônant plus d'égalité (socialismes), voire le démantèlement du pouvoir des États (anarchismes). Ces idées se diffuseront par la suite, et avec plus ou moins de retard, largement hors des frontières de l'Europe.
206
+
207
+ La domination politique et économique de l'Europe sur le reste du monde s'est affirmée après qu'elle a bouleversé son économie lors des révolutions industrielles, développant sa productivité et amorçant une forte explosion démographique. Leur avance technologique, et notamment militaire, permit aux pays européens, en concurrence les uns contre les autres, d'étendre leur emprise sur les autres continents. Cette colonisation connut son apogée au début du XXe siècle (cet apogée s'achève en 1914), avant que les deux guerres mondiales ne bouleversent l'ordre établi.
208
+
209
+ La Première Guerre mondiale et ses conséquences favorisent l'émergence de plusieurs régimes totalitaires dont ceux, génocidaires, d'Adolf Hitler et de Joseph Staline. L'instabilité politique et économique débouche sur la Seconde Guerre mondiale et la domination nazie qui laissent l'Europe exsangue. Alors que la suprématie des pays européens occidentaux disparaît au profit de deux nouvelles superpuissances (les États-Unis et l'Union soviétique), des mouvements de libération se développent dans les colonies, aboutissant à l'indépendance de nombreux pays, notamment au cours du troisième quart du XXe siècle. Au cours de la Guerre Froide, l'Europe est scindée en deux blocs idéologiquement opposés, et séparées par un rideau de fer, le bloc de l'Ouest, zone d'influence des États-Unis, et le "bloc de l'Est où se mettent en place des dictatures communistes patronnées par l'U.R.S.S. La séparation perdurera jusqu'à l'effondrement du bloc communiste, en 1989-1991.
210
+
211
+ Parallèlement, alors que l'excédent démographique de l'Europe était tel qu'elle constituait un réservoir d'émigration massive tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les pays du continent furent confrontés à une stabilisation à partir de la Première Guerre mondiale, et parfois à une régression démographique ensuite (les guerres, génocides et famines y contribuant). Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe occidentale connaît un « baby boom » et un développement continu de l'économie, dont principalement l'industrie de production et de transformation, qui provoqua un appel de main d'œuvre transformant cette moitié de l'Europe en une terre d'immigration, notamment au cours des Trente Glorieuses. Au même moment, la construction de l'Union européenne crée un marché commun entre États européens.
212
+
213
+ L’Europe est au début du XXIe siècle, quand on considère sa densité de population, le troisième foyer de peuplement derrière la Chine et l'Inde, avec des densités de populations parmi les plus élevées au monde dans certaines zones des Pays-Bas, de la Belgique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l'Italie, d’autant que l’exode rural s’est renforcé ainsi que l’attractivité des littoraux avec des populations de plus en plus urbaines. En termes absolus, l'Europe et, a fortiori, l'Union européenne, est cependant un « nain démographique »[248],[249],[250]. Le continent (env. 740 millions d'habitants ; UE env. 511 millions d'habitants) se situe derrière l'Asie (env. 4,3 milliards d'habitants dont env. 1,4 milliard d'habitants pour la Chine et env. 1,3 milliard d'habitants pour l'Inde), l'Afrique (env. 1,2 milliard d'habitants) et l'Amérique (env. 1 milliard d'habitants) ; l'Eurasie, quant à elle, concentre environ 4,6 milliards d'habitants.
214
+
215
+ En 2005, le Conseil de l'Europe soulignait que depuis quelques décennies l’UE devait sa croissance démographique à l'immigration qui, dans les années 2000, est devenue le premier, puis le seul facteur d’augmentation de la population totale de l’UE. Ainsi deux millions de personnes sont venues s'installer en Europe en 2004 alors que l'accroissement naturel était négatif de 63 000 personnes. L'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'UE. En 2007, 70 millions de personnes, soit 16 % de la population de l'UE, résidaient dans des communes côtières[251].
216
+
217
+ Malgré les dizaines de millions de morts des deux guerres mondiales, l’Europe a connu une période d’explosion démographique aux XIXe et XXe siècles, qui s’est accompagnée d’une forte pression sur l’environnement et les ressources non renouvelables (cf. empreinte écologique, empreinte énergétique, pression urbanistique, pollutions, etc.). Depuis quelques décennies, la population européenne tend à se stabiliser, à la suite d'une forte diminution de la natalité, qui reste toutefois encore largement compensée par la natalité de certains pays, par le recul de l’âge auquel les femmes font leurs premiers enfants, et surtout par une immigration régulière.
218
+
219
+ L'immigration est le premier moteur de la croissance dans une Union européenne à la population vieillissante. Le boom économique des années 1950-1960 avait poussé l'Europe à faire appel à une immigration massive, souvent issue de ses ex-colonies. Les Chinois, Indiens et Africains constituent l'un des principaux flux d'immigrants non originaires de l'UE. Après les Turcs, les Marocains forment le plus gros contingent[252].
220
+
221
+ Les études prospectives pour 2050 varient d’une population diminuant de 3 % (dans l'hypothèse d'un ISF remontant à 2,34), à -22 % voire -50 %. Les experts parlent alors de retournement démographique[253] ou d'hiver démographique. Que la diminution soit due à la natalité est un phénomène inédit jusqu'à nos jours dans le monde. Ces chiffres ci-dessus doivent tous être utilisés avec prudence, la prospective démographique ayant toujours été prise en défaut et pouvant elle-même influer en retour sur les comportements individuels et collectifs et sur les politiques de soutien à la natalité ou à l’immigration. Pour d'autres, la population de l'Union européenne (UE) serait de 470 millions de personnes en 2050 selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et 506 millions en 2060 selon Eurostat. La population de l'UE dépasserait ainsi celle des États-Unis (468 millions de personnes en 2060 selon le Centre américain d'études sur l'immigration)[254].
222
+
223
+ Toutefois, la situation démographique diffère pour chaque pays européen. Les pays de l'Europe de l'Est se sont inquiétés des évolutions démographiques dès les années 1960 et ont mis en place des politiques d'encouragement à la natalité. Cependant, les moyens utilisés, comme l'interdiction de l'avortement, n'auraient pu être acceptés au même moment en Europe de l'Ouest. Ces mesures n'ont d'ailleurs généralement pas produit d’effet satisfaisant ; et si la Pologne a maintenu sa population au cours de la période communiste, l'influence de l'Église catholique, qui imprègne la société polonaise, a sans doute été plus efficace que la politique nataliste.
224
+
225
+ Pour les pays d'Europe de l'Ouest, personne ne se risque, entre autres en Allemagne, à mettre sur la place publique l'évolution de la population sur la longue durée. Pour les responsables, tout passe par la politique d'immigration. Ils ne veulent pas toucher au tabou de la politique familiale en faveur de la fécondité, compte tenu du poids de la mauvaise conscience des années hitlériennes. La situation démographique empire en Europe pourtant : un rapport annuel sur la situation démographique des pays membres demandé autrefois par les autorités communautaires a été abandonné depuis 2000, désormais remplacé par un « Rapport social », où l'on communique à propos de chômage et de pauvreté sans jamais plus effleurer la dimension démographique. Autrement dit, l'UE s'interdit de voir la situation démographique de ses pays membres[255].
226
+
227
+ La croissance démographique s’est globalement poursuivie pour les 28 États membres de l'Union européenne, mais la population décroît dans certains pays, notamment en Europe de l'Est. Ce déclin démographique semble plus important et plus rapide dans les ex-pays de l’Est, dans quelques pays où la pauvreté et le renforcement des inégalités ont suivi l’effondrement du communisme, et aussi dans les régions touchées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (la Biélorussie qui a reçu 70 % environ des retombées d'iode et de césium radioactifs et connaît depuis 20 ans le plus fort taux d’avortement et le taux d’abandon d’enfants y est élevé).
228
+
229
+ Avec plus de 740 millions d'habitants et sur une surface réduite pour une moyenne d'une langue pour 4,3 millions d'habitants, l'Europe bénéficie d’une grande richesse ethnoculturelle et une pluralité de langues. Les cultures germaniques, slaves, latines et finno-ougrienne sont traduites par la diversité des langues parlées : 128 langues et dialectes ont des racines indo-européennes ; latines et grecques au sud, germaniques au nord et au nord-ouest ; slaves à l'est et en Europe centrale, seul le groupe des langues finno-ougriennes (regroupant le finnois, estonien et le hongrois) et la langue basque ne font pas partie des langues indo-européennes.
230
+
231
+ Administrativement, l’allemand, l’anglais, le russe, le français, l'espagnol et l’italien dominent mais l’Europe est linguistiquement beaucoup plus riche puisque les 50 États européens (tous souverains, hormis Gibraltar) de la grande Europe géographique regroupent 35 langues officielles, enrichies de 225 langues secondaires non officielles. À tel point qu'Umberto Eco dit : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ». Andreas Kaplan décrit l'Europe comme « offrant un maximum de diversité culturelle en un minimum de distance géographique »[256]. Ces précédents chiffres peuvent paraître élevés, mais ils ne représentent que 3 % du total des langues vivantes encore parlées sur la planète.
232
+
233
+ En Europe de l’Ouest (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, etc.) les langues vernaculaires sont souvent régionales et minoritaires, parfois au bord de l’extinction, mais certaines (breton, alsacien, basque, corse, catalan, occitan, flamand, le dernier étant un dialecte du néerlandais), sont plus reconnues[C'est-à-dire ?], et enseignées en France, plutôt à l’université, mais parfois dès l’enfance : école Diwan en Bretagne. En Espagne, c’est le cas du basque, du catalan et du galicien. Pour le Royaume-Uni, c’est le gallois, le gaélique écossais, le scots et l’irlandais. Le français est reconnu en Italie dans le Val d’Aoste, ainsi que le sarde en Sardaigne, le frioulan, l'allemand et le slovène dans le Frioul-Vénétie julienne, le ladin et l'allemand dans le Trentin-Haut-Adige, comme le sont le féroïen aux îles Féroé, ou le frison occidental aux Pays-Bas, etc.
234
+
235
+ Une langue unique n’est officiellement parlée que dans quatre petits États[réf. nécessaire] : l’Islande (où l’on parle islandais), Malte (où la seule langue officielle est le maltais), le Liechtenstein (où l'on parle allemand), et la République de Saint-Marin (où l'on parle italien). L'État de la Cité du Vatican (plus petit État européen) est un cas à part : l’italien y est la langue véhiculaire, le latin (réputé langue morte) y est la langue juridique, le français y est la langue diplomatique (le Vatican se fait enregistrer comme État francophone auprès des organisations internationales), et l'allemand est la langue en usage dans l'armée (la Garde suisse). - Les autres États comptent tous plusieurs langues vernaculaires, tant dialectes que langues à part (plus ou moins reconnues et souvent non enseignées) et jusqu’à plus de 10 pour l'Allemagne (21 langues), l'Azerbaïdjan (13), la Bulgarie (11), l'Espagne (14), la France (25), l'Italie (33), la Roumanie (14), le Royaume-Uni (12). La vaste Russie regroupe à elle seule 43 langues à statut officiel sur son territoire. La Suisse possède quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien et le romanche (cousine du ladin et du frioulan).
236
+
237
+ Certaines langues régionales, sans statut officiel (quoique doublant parfois les noms de communes ou de rues) persistent et sont parfois protégées et enseignées, souvent avec le soutien de collectivités locales ou régionales (breton, corse, occitan en France, sarde, ladin, frioulan en Italie, lapon en Scandinavie).
238
+
239
+ Les systèmes d'écriture en Europe reposent sur l'alphabet latin (sous diverses variantes), l'alphabet grec, l'alphabet cyrillique (sous diverses variantes).
240
+
241
+ Aux langues originaires des pays d’accueil s’ajoutent les langues maternelles des populations circulantes (Roms), migrantes ou réfugiées, et tout particulièrement l'arabe, le berbère, le turc, l'hindi, etc.
242
+
243
+ L'Europe a été confrontée au cours de son histoire aux besoins de langues véhiculaires. Ainsi la lingua franca, langue composite (mélange d'arabe, de français, portugais, espagnol, italien ou occitan, le tout variant dans le temps et l'espace), a été utilisée du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle par les marins et dans les ports de la Méditerranée. De nombreux projets de langues construites sont apparus en Europe, avec notamment la création de l'espéranto en 1887, seule langue construite devenue langue vivante.
244
+
245
+ Sur une population totale d'environ 730 millions d'habitants en 2010, l'Europe compte environ 255 millions de catholiques (35 %)[257], 197 millions d'orthodoxes (27 %)[257], 102 millions de protestants (14 %)[257] et 44 millions de musulmans (6 %)[258]. Les personnes n'ayant pas de religion ou pratiquant une autre religion sont environ 132 millions (18 %). Selon l'historien Geert Mak il existe au moins quatre communautés de culture et de traditions en Europe : la protestante du Nord, la catholique latine, la grecque orthodoxe et l'ottomane musulmane[259].
246
+
247
+ Le christianisme est la religion dominante en Europe et y est divisée en trois grandes confessions, (protestantisme, orthodoxie et catholicisme), réparties géographiquement de la façon suivante :
248
+
249
+ Les catholiques sont majoritaires dans vingt-trois pays[257], les orthodoxes dans treize pays[257], les protestants dans neuf pays[257], les musulmans dans cinq pays (Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Kosovo et Turquie[258], les « sans religion » dans deux pays (Tchéquie et Pays-Bas). À la fin du XXe siècle, la papauté a proclamé six saints patrons de l'Europe.
250
+
251
+ Il existe des minorités religieuses à l'intérieur de ces grands ensembles dont la plus importante est l'islam avec 44 millions de musulmans soit près de 6 % de la population européenne totale[258] :
252
+
253
+ Selon Emmanuel Todd, les systèmes familiaux en Europe sont d'une grande diversité[263].
254
+
255
+ Les pays qui ont tout ou partie de leur territoire sur le continent européen ou sont culturellement rattachés à l'Europe (selon les limites géographiques définies plus haut) sont au nombre de 51 :
256
+
257
+ Le nombre d'États souverains en Europe, qui s'élevait à plus de trois cents en 1789, était encore d'une soixantaine en 1815, au lendemain du congrès de Vienne. Après l'unification de l’Italie et de l’Allemagne, ce nombre était tombé à 19 en 1871 (20 avec la Turquie, qui contrôlait encore la majeure partie de la péninsule des Balkans). Il passa à 22 en 1878, lorsque le congrès de Berlin reconnut l'indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro. S'y ajoutèrent ensuite la Norvège (1905), la Bulgarie (1908) et l’Albanie (1912).
258
+
259
+ En 1914, l'Europe comptait donc 25 États généralement reconnus comme indépendants, non compris le Saint-Siège, l'ordre souverain de Malte et le territoire neutre de Moresnet : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche-Hongrie, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Suède, Suisse. La forme de gouvernement la plus répandue était la monarchie, puisque qu'on ne dénombrait alors que quatre républiques (la France, le Portugal, la Suisse et Saint-Marin) — huit en tenant compte des villes libres de Brême, Hambourg et Lübeck, inféodées à l'Empire allemand, et de la république monastique du mont Athos, placée sous le protectorat politique de la Grèce.
260
+
261
+ À la fin de l'année 1945, le nombre d'États était passé à 31 : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Irlande, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, URSS, Vatican, Yougoslavie. Plus de la moitié d'entre eux (19 sur 31) étaient encore des monarchies, y compris l'Albanie, la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie et la Roumanie qui vivaient alors sous un régime transitoire. Depuis 1975, le nombre de monarchies s'est maintenu à douze, à savoir sept royaumes, un grand-duché, trois principautés et un État pontifical.
262
+
263
+ Parmi les nombreux États qui connurent une existence éphémère au lendemain des deux guerres mondiales, on peut citer les républiques autonomes de Rhénanie et du Palatinat (1923/1924), les villes libres de Dantzig (1920/1939), de Fiume (1920/1924), de Memel (1920/1923) et de Trieste (1947/1954), ainsi que le territoire de la Sarre, qui disposa d'un statut particulier de 1920 à 1935 et de 1947 à 1957.
264
+
265
+ Le nombre d'États européens parut se stabiliser à 34 avec l'accession à l'indépendance de Chypre (1960) et de Malte (1964). Il devait se maintenir à ce niveau jusqu'à la chute du mur de Berlin, en 1989. Après la réunification de l'Allemagne et l'éclatement des anciennes fédérations communistes (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie), puis avec la séparation de la Serbie et du Monténégro, le nombre d'États européens officiellement reconnus comme indépendants s'élevait à 45 en 2006 (50 avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et tout ou partie de la Turquie et du Kazakhstan). Encore ce chiffre ne prend-il pas en compte les nombreux pays ou territoires dont le statut est contesté (Abkhazie, Chypre du Nord, Haut-Karabagh, Kosovo, Ossétie du Sud-Alanie, Principauté de Sealand, Tchétchénie, Transnistrie), etc.
266
+
267
+ Par ailleurs, Israël fait partie de nombreuses associations européennes culturelles ou sportives (UEFA par exemple). L'Algérie, l'Égypte, Israël, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie et la Tunisie font partie de l'Union européenne de radio-télévision. Le Maroc a participé au Concours Eurovision de la chanson en 1980 et Israël y participe depuis 1973. Ainsi, pour Pierre Beckouche, l’Europe est d’ores et déjà partie prenante d’un vaste ensemble macro-régional, appelé « Euroméditerranée », qui va de la Russie au Maroc en passant par le Moyen-Orient et qui est traversé de flux économiques, culturels et migratoires plus intenses qu'imaginés[264].
268
+
269
+ De nombreuses visions d'une Europe unie se sont affrontées au cours de l'histoire du continent, jusqu'à l'Union Européenne actuelle.
270
+
271
+ L'Europe n'a jamais connu d'unité politique parfaite. Certaines périodes d'une durée variable ont certes été marquées par la domination d'une vaste partie du continent par un pouvoir unique, qui s'est en général imposé par la force - ce fut ainsi le cas de l'Empire romain, de l'empire carolingien, de l'empire napoléonien et du IIIe Reich. Certaines familles royales ont également, par le biais de relations dynastiques, gouverné un grand nombre de pays européens, au premier rang desquelles la famille des Habsbourg[265]. Mais on voit, tant hétéroclite est cette liste de candidats à l'hégémonie, que des projets d'unification européenne concurrents et divergents se sont affrontés sans qu'aucun ne parvienne vraiment à s'imposer.
272
+
273
+ L'Empire Romain est longtemps demeuré dans la mémoire des Européens comme symbole d'une unité perdue. Après sa chute en Occident en 476, Théodoric, Justinien, Charlemagne poursuivirent le rêve de la résurrection de l'Empire. Au Moyen Âge, la Papauté parvint enfin à s'imposer aux yeux d'une majorité de l'Europe comme l'héritière légitime de Rome, et à imposer au continent une forme d'unité, sous la forme de la Chrétienté médiévale : certes, les Papes ne possédaient qu'un pouvoir temporel limité sur les princes et les rois, mais jouissaient d'une autorité morale, religieuse et même juridique puissante. Surtout, la Chrétienté se conçoit elle-même comme une communauté, matérialisée positivement par l'union dans les croisades et négativement par la procédure de l’excommunication, avec des droits et des devoirs partagés (par exemple le respect des trêves et jours saints), et étendue au gros du continent (à l'exception des terres orthodoxes)[266].
274
+
275
+ La crise de la Chrétienté, l'affirmation des États proto-nationaux, l'affaiblissement de la Papauté, et surtout la Réforme qui brise l'unité de la Chrétienté font naître la nécessité de repenser ce qui fait l'unité de l'Europe. C'est donc de la Renaissance que l'on peut dater la naissance de l'idée européenne moderne[267].
276
+
277
+ Au XVe siècle, déjà, des projets sont agités pour offrir paix et unité à l'Europe ravagée par des guerres intestines (Guerre de cent ans guerre hussite, guerres civiles de l'Espagne), dépeuplée par la grande peste, désunie spirituellement par le Grand Schisme d'Occident et les hérésies (Wyclifisme, hussisme, pour ne nommer que les principales), menacée par l'expansion de l'empire du Grand Turc avec la prise de Constantinople. C'est le cas, par exemple, du projet d'union chrétienne de George de Podiebrad[268].
278
+
279
+ Les Humanistes multiplieront les initiatives, aux XVe et XVIe siècles, pour créer une Europe pacifiée et harmonieuse. Tandis que les évangélistes rêvent d'une Chrétienté rénovée, affranchie de la tutelle de Rome, des irénistes cherchent à réaliser la concorde entre les princes, sous l'égide d'une Raison médiatrice et partagée[269]. Stefan Zweig loue en Érasme l'éblouissante incarnation de l'idéal européen des humanistes, lui qui institua un latin rénové comme langue de culture paneuropéenne, correspondant dans cette langue avec des intellectuels de tout le continent, et rêva d'une Europe réalisant par le pouvoir d'attraction de sa culture la concorde de l'humanité. Surtout, pour Zweig, Érasme fut celui qui prophétisa que l'union de l'Europe ne se ferait pas par la guerre, mais par des moyens pacifiques[270]. On peut citer, parmi d'autres illustres précurseurs, Andrés Laguna de Segovia, qui en 1543 se lamentait sur la pauvre Europe déchirée et exsangue.
280
+
281
+ C'est peu de dire, toutefois, que le rêve humaniste ne devait pas immédiatement se réaliser. Certes, il exerça une influence certaine, même sur les élites politiques, devenant un idéal volontiers invoqué par les princes ; ainsi lors de la signature en 1518 du traité de Londres, instaurant une « Paix Perpétuelle »[269]. Mais la paix de 1518 fut rompue dès l'année suivante, et, dans le sillage de la Réforme, l'Europe s'enfonça dans la spirale sanglante des guerres de religion, en France et surtout en Allemagne, culminant dans le paroxysme de la Guerre de Trente Ans, qui embrasa le continent[267].
282
+
283
+ La Paix de Westphalie qui mit fin à cette guerre ne fonda pas une Union de l'Europe, mais au contraire officialisa une organisation de celle-ci fondée sur l'équilibre de puissances souveraines et régulièrement en guerre. Ce système qui régulait mais approfondissait la division européenne devait persister, perfectionné au XVIIIe siècle par l'instauration de congrès réguliers[271], et renouvelé en 1815, jusqu'à la Première Guerre mondiale.
284
+
285
+ Toutefois, cela n'empêcha pas que fleurissent, portés par des visionnaires, des projets d'union de l'Europe. Pour ne citer que des Français, Sully et Rousseau y ont rêvé ; en 1712, l'abbé Castel de Saint-Pierre rend public son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, et reçoit le soutien du philosophe Leibniz.
286
+
287
+ Le rêve européen reprend de la vigueur au XIXe siècle, après la boucherie des guerres de la Révolution et de l'Empire. Dans une Europe dominée par la Sainte-Alliance, où triomphent tout ce que le Vieux Continent compte de réactionnaires, il est doté d'un nouveau contenu, social et humanitaire. Avant le Printemps des peuples en 1848, les républicains, démocrates et socialistes de toute l'Europe espèrent qu'une révolution ouvrirait la voie, conjointement, à une union pacifique du continent et à une réforme de ses sociétés dans un sens démocratique et égalitaire[272]. Victor Hugo a rêvé qu'un jour existeraient les « États-Unis d'Europe »}, pendants des États-Unis d'Amérique, utopie humanitaire et prélude à l'unité de toute l'humanité. Son discours prononcé le 21 août 1849, à l'occasion de l'ouverture du Congrès de la Paix à Paris, est resté célèbre. Il y évoque une Europe enfin pacifiée, unie sous un même gouvernement. La suite de l'Histoire prouva qu'il s'agissait d'une vision prophétique en avance sur son temps, avec la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales.
288
+
289
+ Mais surtout, la « mystique européenne »[273] fut vivement réactivée après la Première Guerre mondiale qui se chargea de démontrer, si besoin était, à un grand nombre d'intellectuels à quel point la guerre était absurde. Seule une Europe unie pouvait éviter le retour de l'horreur. Conscient du déclin de celle-ci face à l'Amérique (Albert Demangeon - 1920), ils cherchent la voie la plus sûre pour unifier le continent.
290
+
291
+ L'héritage culturel grec, le droit romain et l'unité chrétienne sont conçues par Paul Valéry[274] comme les trois piliers de l'Europe, lors d'une conférence donnée à l'université de Zurich le 15 novembre 1922. En 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi publie Paneuropa, ouvrage dans lequel il développe sa vision d'une Europe forte de 300 millions d'individus, dont il exclut la Russie et la Grande-Bretagne, l'une considérée comme « asiatique » et l'autre plus préoccupée de toute manière par son Empire planétaire (vision partagée alors par les Britanniques eux-mêmes). C'est une vision qui s'appuie sur une analyse géopolitique d'un monde divisé en grands blocs antagonistes. Il rencontre un tel écho dans le monde intellectuel qu'il peut réunir à Vienne en 1926 un congrès avec plus de 2 000 délégués venus de 24 nations différentes (l'un des premiers adhérents à son mouvement est le jeune maire de Cologne, Konrad Adenauer). Il trouve aussi le soutien de Louis Loucheur et Aristide Briand (qui sera d'ailleurs nommé président d'honneur du mouvement), mais dans l'ensemble les politiques ne le suivent pas et on le soupçonne parfois de travailler pour l'Allemagne. Quoi qu'il en soit le mouvement Pan-Europe est fondé et survit jusqu'à nos jours (un membre de la famille des Habsbourg en est le président). Le même Aristide Briand, alors président du Conseil, pourra s'appuyer sur ce mouvement pour appeler à la création d'une « sorte de lien fédéral » devant l'assemblée de la Société des Nations (SDN) en 1929.[réf. nécessaire]
292
+
293
+ Le 1er mai 1930, en accord avec les instances dirigeantes de la SDN, il remet aux autres gouvernements européens un mémorandum sur « l'organisation d'un régime d'Union fédérale européenne ». Il essuie un refus poli : c'est un échec[275].
294
+
295
+ La crise et la montée en puissance des totalitarismes étouffent progressivement tout espoir de construction européenne. L'Allemagne nazie conçoit l'Europe selon une vision pangermaniste, raciste et centrée autour d'une grande Allemagne. L'Europe n'est plus qu'un réservoir de matières premières et de main-d'œuvre, destinée à nourrir la machine de guerre nazie.
296
+
297
+ Mais la résistance pense aussi l'Europe, et tandis qu'elle mène le combat intérieur partout en Europe contre le fascisme et le nazisme, ses membres les plus éminents se réunissent afin de dessiner les contours d'une Europe post-Seconde Guerre mondiale[276].
298
+
299
+ Après la guerre Churchill appelle à son tour de ses vœux à l'unité européenne et crée un mouvement qui fusionne très peu de temps après avec celui de Richard Coudenhove-Kalergi. Devant ce qui est perçu comme le danger soviétique, les États-Unis lancent un vaste programme de reconstruction de l'Europe avec le plan Marshall. Celui-ci conditionne la formation d'une Europe financière appuyée sur des politiques monétaires concertées (création de l'OECE - Organisation Européenne de Coopération Économique). Il faut désormais attendre la déclaration Schuman du 9 mai 1950 pour assister à la relance du vieux projet d'union européenne, cette fois lancée par étape, en commençant par l'un des secteurs économiques phares pour les Français comme pour les Allemands, l'industrie de la houille et de la sidérurgie. En plaçant ces productions sous la houlette d'une Haute Autorité, c'est le consentement prudent mais définitif d'un abandon de souveraineté qui transparaît. La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) née le 1er avril 1951 par la signature du Traité de Paris, elle réunit six États européens : le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, la RFA et la France. L'Europe est en marche[277].
300
+
301
+ Ainsi, depuis la seconde moitié du XXe siècle, un mouvement d'union politique est en construction, avec pour particularité une mise en place pacifique et démocratique (même si on l'accuse souvent de s'être faite à l'insu des peuples). La forme actuelle de ce nouveau pouvoir qu'est l'Union européenne n'est cependant pas encore entièrement arrêtée. Il est encore laissé une grande liberté politique aux pays membres, de plus en plus nombreux. L'Union européenne comprend maintenant 27 États membres, dont 19 faisant partie de la zone euro, zone de souveraineté monétaire commune. Avec l'Asie, l’Europe est le continent comptant le plus de monarchies (une monarchie pour trois républiques) ; les monarchies européennes sont toutes de type parlementaire, les souverains n'ayant le plus souvent qu'un rôle symbolique ou un rôle politique non déterminant : ce sont les premiers ministres ou chefs de gouvernement, issus d'une majorité parlementaire, qui sont investis du véritable pouvoir politique[réf. nécessaire].
302
+
303
+ → Pays membres de la zone euro (19 membres) :
304
+
305
+ → Pays non-membres de la zone euro (8 membres) :
306
+
307
+ → 4 pays non-membres de l'Union européenne, mais ayant signé des accords spécifiques avec celle-ci au sein de l'Union douanière de l'Union européenne :
308
+
309
+ La Biélorussie et le Vatican sont les deux seuls États européens souverains et indépendants à n'être membres d'aucune organisation supranationale européenne. Cependant, le Vatican dispose d'un statut d'observateur au Comité des ministres du Conseil de l'Europe et fait également partie de la zone euro, tandis que la Biélorussie est candidate à l'adhésion au Conseil de l'Europe depuis 1993.
310
+
311
+ L'Europe, ou plus précisément l'Union européenne, est l'un des pôles de la triade (États-Unis, Union européenne et Japon). Ces pôles centralisent 70 % de la richesse pour 14 % de la population[Quand ?]. Si l’Europe est la région la plus riche et développée du monde[278],[279], elle n'est pas un espace économiquement homogène[280],[281]: tous les pays européens ne sont pas des pays développés : l'Ukraine et la Moldavie font exception et sont classés comme pays à développement moyen avec un IDH inférieur à 0,8. L’Europe de l'Ouest et l'Europe du Nord très prospères contrastent avec certaines régions moins riches d'Europe centrale, d'Europe de l'Est (Moldavie, Ukraine, certaines régions de Roumanie, Russie) et d'Europe du Sud (Albanie, Serbie, Macédoine du Nord, certaines régions de Bulgarie, Italie du Sud, certaines régions d'Espagne, de Grèce et du Portugal).
312
+
313
+ La mégalopole européenne constitue le cœur économique de l'Europe. On peut ainsi distinguer principalement les pays de l'ancien bloc de l'Ouest, développés et avec une croissance faible et les pays de l'ancien bloc de l'est moins développés mais à plus forte croissance.
314
+
315
+ L’Union européenne, principal ensemble de la région, est en 2015 la deuxième puissance économique du monde[282]. Tous ses pays membres commercent entre eux librement grâce au marché commun, et dix-huit de ses pays ont accentué leur collaboration au sein de la zone euro. Des accords de libre-échange ont également été passés avec des pays partenaires, comme la Suisse[283].
316
+
317
+ L'Europe est un producteur important de céréales, de fruits et légumes, et de sucre, grâce aux cultures de betteraves, très développées en Ukraine et dans le nord de la France. Sur les six premières années de la décennie 2010, le continent a confirmé sa troisième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[284], malgré un léger déclin, derrière les deux géants, le Brésil et l'Inde. Parmi les points forts de son agriculture, l'Europe était aussi troisième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis.
318
+
319
+ Parler de culture de l'Europe est difficile, car de nombreuses cultures s'y sont succédé (et ont souvent assimilé des apports extra-européens) depuis plusieurs millénaires. Une définition de la culture de l'Europe doit nécessairement aussi tenir compte des limites géographiques du continent.
320
+
321
+ Le tourisme culturel tient une place singulière en Europe, elle est une des clés de l'avenir permettant d'assurer une puissante force d'attraction pour l'Europe. Elle touche essentiellement l'audience des musées, des monuments et des évènements culturels. Et donne lieu à des déplacements vacanciers. Par conséquent, elle est une mine de recette considérable pour les pays européens. L'activité touristique s'est notablement enrichie depuis une vingtaine d'années, et les modes de visite des touristes ont beaucoup évolué. Le tourisme étranger en France en est une vivante illustration.
322
+
323
+ Agence spatiale européenne (Ariane 5).
324
+
325
+ L'orchestre symphonique.
326
+
327
+ Académie européenne du cinéma.
328
+
329
+ Prix Nobel.
330
+
331
+ Ligue des champions de l'UEFA.
332
+
333
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
334
+
335
+ Sur les autres projets Wikimedia :
336
+
337
+ Histoire :
338
+
339
+ Cartes :
fr/1906.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,3 @@
 
 
 
 
1
+ Sur les autres projets Wikimedia :
2
+
3
+ Le mot Europe (du grec ancien Εὐρώπη / Eurṓpē) et son dérivé, européen, ont plusieurs significations.
fr/1907.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,339 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Vous pouvez améliorer sa rédaction !
2
+
3
+ L’Europe est considérée conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest par l’océan Atlantique et la mer de Norvège, et au nord par l’océan Arctique. Sa limite méridionale est marquée par le détroit de Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que les détroits respectivement du Bosphore et des Dardanelles marquent sa frontière avec l'Asie du Sud-Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au fleuve Oural et au Caucase est la limite traditionnellement retenue, mais reste, faute de séparation claire et précise, l'objet de controverses selon lesquelles un certain nombre de pays sont ou ne sont pas à inclure dans le continent européen. Géographiquement, ce peut être considéré aussi comme une partie des supercontinents de l'Eurasie et de l'Afro-Eurasie.
4
+
5
+ Dans son acception la plus commune, le continent européen couvre une superficie d’environ 10 millions de km2 et a une population d’environ 743 millions d’habitants. Ses habitants sont les Européens.
6
+
7
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord. L'Europe comprend une diversité de climats : un climat tempéré sur la majorité de sa surface, du fait de l'influence de l'océan Atlantique Nord-Est et de la mer Méditerranée et un climat de type continental à l'est de la Pologne orientale. Elle connaît aussi un climat océanique froid, voire polaire, dans ses régions les plus septentrionales, et un climat subtropical humide dans les Balkans autour de la Mer noire. Arrosé par de nombreux fleuves et rivières, le continent n'est pas en stress hydrique.
8
+
9
+ L'Europe recouvre une grande biodiversité et a été pionnière dans les questions environnementales.
10
+
11
+ Le peuplement s'est effectué de manière continue depuis 1,8 ou 2 millions d'années, des cycles glaciaires et interglaciaires créant des périodes d'isolement géographique à l'origine d'une différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent à partir d'une espèce commune apparue en Afrique. Arrive ensuite Sapiens, également né en Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités » à partir de 70 000 ans avant l'ère commune.
12
+
13
+ La population européenne se sédentarise entre 7 500 et 8 000 ans avant J.-C., par l'effet de diffusion de populations et de techniques apparues sur le plateau d'Anatolie vers 11 000 ans avant J.-C. et pratique l'agriculture à partir de 5 000 ans avant J.-C. Des hypothèses linguistiques et archéologiques ainsi que des études génétiques récentes accréditent la thèse d'un peuplement de l'ensemble du continent par des populations de l'est de l'Europe qui seraient les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes.
14
+
15
+ Les peuples germains apparaissent 2 000 ans avant J.-C. au nord de l'Europe, les peuples celtes s'étendant quant à eux à partir de 1 200 ans avant J.-C. sur la majeure partie du territoire, du bassin des Carpates à l’est de la France.
16
+
17
+ Mais c'est la Grèce, avec sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), qui doit être considérée  comme le berceau culturel de l'Europe. Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. Le continent est alors divisé entre le monde romain et celui des barbares (Pictes celtes et Germains). L'influence romaine s'inscrit dans la culture, via la langue latine, ainsi que dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation, sur un vaste territoire borné au nord par le mur d'Hadrien et à l'Est par le Rhin et la Vistule, et qui s'étend par ailleurs en Afrique et en Asie.
18
+
19
+ L'Europe est ainsi le berceau de la civilisation gréco-romaine, qui a donné le jour à la civilisation occidentale. Le christianisme s'y diffuse à partir du Ier siècle.
20
+
21
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire romain est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient seul perdurant (jusqu'au milieu du XVe siècle) tandis que l'Empire romain d'Occident se délite dès le Ve siècle sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares
22
+
23
+ Plusieurs tentatives furent faites pour reconstituer l'Empire romain d'Occident :celles de Charlemagne, des souverains du Saint-Empire romain germanique, d’Otton Ier en 962 à Charles Quint au XVIe siècle, voire de Napoléon Ier
24
+
25
+ Le morcellement féodal prévalut au Moyen Âge, avec toutefois l'élaboration d'une civilisation commune aux Européens autour de la foi chrétienne.
26
+
27
+ Des États-nations se constituèrent ensuite progressivement, et leur rivalité entraîna des guerres importantes au fil des siècles, de la guerre de Cent ans aux guerres du XXe siècle.
28
+
29
+ L'unité religieuse fut également perdue, un premier schisme séparant en 1054 les chrétiens d'Occident (catholiques) des chrétiens de l'Est de l'Europe (orthodoxes). La Réforme protestante entraîna un deuxième schisme à partir du XVe siècle et de nombreuses guerres de religion, notamment en France, entre Catholiques et Protestants.
30
+
31
+ L'Europe est toutefois, à partir de la Renaissance, à l'origine de plusieurs bouleversements historiques majeurs. La période moderne voit l'invention de l'imprimerie, la première alphabétisation de masse à la suite de la Réforme protestante, les grandes découvertes. Elle voit éclore le siècle des Lumières, est à l'origine de la diffusion du capitalisme marchand puis de la révolution industrielle. Elle invente des formes politiques nouvelles nées des révolutions anglaise et française.
32
+
33
+ Du XVIe au XXe siècles, elle colonise par peuplement l'ensemble du continent américain. Elle établit par ailleurs, au travers de plusieurs de ses nations, des empires coloniaux dans la quasi-totalité de l'Afrique, l'Océanie et de grandes parties de l'Asie jusque dans les années 1950-1960. C'est en Europe également que prennent naissance les deux guerres mondiales et que se produit la Shoah.
34
+
35
+ La Seconde Guerre mondiale, qui l'a laissée exsangue, fait perdre à l'Europe son hégémonie mondiale et enclenche un mouvement de décolonisation. Pendant la Guerre froide, le continent est divisé en deux blocs séparés par un rideau de fer, celui de l'Ouest et celui de l'Est, idéologiquement opposés. Le bloc occidental, zone d'influence américaine, connaît un essor économique rapide et met en place les premières étapes d'une union européenne, économique puis politique, qui ira croissant dans le nombre des États membres, en intégrant en particulier un certain nombre d'ex-pays de l'Est après l'effondrement du bloc soviétique. De nombreuses critiques se sont élevées depuis une quinzaine d'années à son encontre dans les populations des États membres, notamment à la suite du non-respect des votes référendaires ou de la crise de l'Euro. Elles se sont exprimées à travers le vote du Brexit qui a entraîné le départ du Royaume-Uni en 2020.
36
+
37
+ Deux origines concurrentes du mot « Europe » ont été proposées[1].
38
+
39
+ La première fait provenir ce nom de l'usage par les marins phéniciens des deux mots Ereb, le couchant, et Assou, le levant pour désigner les deux rives opposées de la mer Égée : d'une part la Grèce actuelle et d'autre part l'Anatolie (Ἀνατολή signifie pareillement, en grec, le levant). La première mention connue de ces mots sémitiques se trouve sur une stèle assyrienne qui distingue Ereb, la nuit, le [pays du soleil] couchant, et Assou, le [pays du soleil] levant. Selon Michael Barry, les deux mots sont probablement à l'origine des deux noms grecs Eurôpè et Asia dans leur acception géographique antique[2][source insuffisante]. En grec, dans un hymne à Apollon datant d’environ 700 avant notre ère, Eurôpè représente encore, comme Ereb, le simple littoral occidental de l’Égée[2]. C'est également le nom de la princesse de Tyr enlevée par Zeus. Néanmoins, cette étymologie sémitique est à peine encore défendue[3] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable[Note 2],[Note 3].
40
+
41
+ La seconde est grecque. Dans la mythologie grecque, plusieurs « Europe » sont connues, Europe, fille du géant Tityos ; la mère de Niobé ; la fille de Nil, une épouse de Danaé ; selon Hésiode, Europe l'Océanide est l'une des trois mille nymphes d'Océan et de Téthys ; dans l’Iliade, Europe est la fille de Phœnix, ascendant du peuple phénicien. Europè (εὐρώπη) provient de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, εὐρύς, signifie soit large, qui s'étend en largeur, soit vaste, qui s'étend au loin[Note 4] ; le second, en grec ancien ὤψ, signifie soit regarder en face, regard, soit œil[Note 5]. Le terme signifie « [celle qui a] de grands yeux » et devient un prénom féminin, donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse princesse Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau. Hérodote fait remarquer que la jeune princesse ne pose jamais le pied sur le continent du côté grec désigné par le terme géographique Eurôpè puisque Zeus la dépose en Crète[6]. À Gortyne, à l’endroit où ils s'unissent, près d'une fontaine a poussé un platane qui ne perd jamais son feuillage[7].
42
+
43
+ En 1961, une troisième origine est avancée par des archéologues spécialistes de l'Empire hittite, qui émettent l'hypothèse que les noms des deux continents Europe et Asie viendraient de deux royaumes voisins de l'Empire hittite situés de part et d'autre du Bosphore : Avrupa, correspondant approximativement à la Thrace, aurait donné le nom « Europe » tandis qu'Assuwa, correspondant au quart nord-ouest de l'actuelle Turquie anatolienne, aurait donné le nom « Asie »[8]. La langue turque actuelle utilise toujours le vocable Avrupa pour désigner l'Europe.
44
+
45
+ De nos jours, les institutions de l'Union européenne retiennent et propagent l'affirmation selon laquelle le nom du continent viendrait de la mythique Europe enlevée par Zeus[9],[10],[Note 6],[12].
46
+
47
+ Selon Jean Haudry, Europē est initialement une désignation de la Grèce continentale par opposition au Péloponnèse, aux îles et à la Thrace. Ce serait seulement à partir des guerres médiques, que le terme s'oppose à l'Asie (qui ne désigne que l'Asie Mineure) et à la Libye (l'Afrique) pour s'appliquer au continent européen, dont les limites demeurent inconnues[13].
48
+
49
+ L'usage fait de l'Europe un continent[Note 7] mais il s'agit, si l'on considère la plaque eurasiatique, de la partie occidentale (une péninsule[15]) d'un super-continent[16]. Cela entraîne que les limites terrestres de l'Europe ont donc toujours été imprécises à l'est car il n'existe pas de relief ou de mer venant clairement scinder l'Eurasie. Les frontières géographiques de l'Europe sont donc plus politiques que physiques[17].
50
+
51
+ Pour les Grecs, l'Europe ne s'étendait pas « au-delà du Bosphore et des rives occidentales de la mer Noire »[18]. Jusqu'au règne du tsar Pierre le Grand (1682-1725), la limite orientale de l'Europe est fixée au fleuve Tanaïs (actuel Don)[19]. Pierre le Grand mène une politique de réorientation de l'Empire russe vers l'Europe, en fondant Saint-Pétersbourg capitale ouverte sur la mer Baltique et en chargeant Vassili Tatichtchev de déplacer vers l'est la frontière de l'Europe. Ce dernier choisit le massif de l'Oural et le fleuve Oural[20]. Au sud-est, la mer Caspienne, le massif du Caucase, la mer Noire et le détroit du Bosphore séparent l'Europe du Proche-Orient. Au sud et au sud-ouest, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar séparent l'Europe de l'Afrique. Le continent est bordé à l'ouest par l'océan Atlantique et au nord par l'Arctique. Sont considérées comme européennes l'Islande (située géologiquement sur la séparation Eurasie-Amérique[21]) et les principales îles de la Méditerranée ; le cas de Chypre est toutefois particulièrement sujet à débat, à la fois sur les plans géographique, culturel, politique et historique[22].
52
+
53
+ Les cas de la Russie, de la Géorgie et de la Turquie sont emblématiques du hiatus politico-géographique. Ces nations ayant la plus grande partie de leur territoire en Asie (Russie) et au Moyen-Orient (Turquie), le plan politique ne recoupe pas le « plan » géographique premier. Ainsi, si la Russie est occidentale par sa culture, son histoire et une part de son territoire, son centre de gravité fait d'elle un quasi-continent, s'étendant du Pacifique jusque dans l'Europe. Ensuite la Géorgie conserve un territoire de part et d'autre du Caucase qui atteint la mer Noire. Le cas est plus complexe pour la Turquie, celle-ci possédant la majeure partie de son territoire au Moyen-Orient, et possédant par l'histoire une culture mixte entre la culture occidentale et moyen-orientale.
54
+
55
+ Le Groenland, qui appartient au Danemark est rattaché à l'Europe.
56
+
57
+ Certains territoires, les régions ultrapériphériques, font partie de l'Union européenne quoique étant situés en dehors du continent (la communauté autonome espagnole des îles Canaries, les cinq départements et régions d'outre-mer français, la collectivité d'outre-mer française de Saint-Martin et les deux régions autonomes portugaises de Madère et des Açores)[23].
58
+
59
+ L'Europe a une superficie d'un peu plus de 10 millions de kilomètres carrés (10 392 855 km2[réf. nécessaire]). Cela représente un tiers de l'Afrique, un quart de l'Asie et de l'Amérique.
60
+
61
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord.
62
+
63
+ L'organisation de l'espace montre un cœur économique, la « banane bleue » ou mégalopole européenne, qui comprend notamment l'Europe rhénane ainsi que les périphéries européennes[24].
64
+
65
+ Les frontières orientales de l'Europe sont avant tout politiques : la limite de l'Oural est due aux cartographes du tsar Pierre Ier le Grand au XVIIIe siècle. De même, la frontière fut déplacée des hautes crêtes du Caucase vers la mer Caspienne au début du XIXe siècle pour justifier l'annexion de la Géorgie et de l'Arménie dans l'Empire russe. D'un point de vue géologique, si l'on se réfère à la tectonique des plaques, l'Europe et la partie continentale de l'Asie ne sont qu'un seul et même continent, dénommé Eurasie. Aussi, quelques géographes éminents, tels qu'Alexander von Humboldt, considéraient-ils l'Europe comme une simple péninsule de l'Asie.
66
+
67
+ Le climat européen est conditionné notamment par son étalement en latitude du 36e au 71e parallèle nord, soit plus de 4 000 kilomètres entre les espaces scandinave et méditerranéen. De ce fait, le contraste de température est considérable entre l'extrême nord, moyenne annuelle −5 °C environ comme dans l'archipel de Nouvelle-Zemble, et l'extrême sud, moyenne annuelle 18,7 °C environ pour la Crète.
68
+
69
+ L'Europe dispose d'une vaste zone côtière, et l'influence océanique atlantique et méditerranéenne contribuent à modérer les températures sur une bonne partie de l'Europe. Elle est située à l'est et au sud de l'Atlantique nord-est dont la température est notablement attiédie par la dérive nord-atlantique. Du fait de sa latitude, la majeure partie du continent est soumise au flux d'ouest dont la température a été auparavant adoucie par son passage sur cette partie de l'océan. Ce flux d'ouest n'est pas contrarié dans sa progression vers l'est en raison des grandes plaines largement ouvertes vers l'ouest dans la partie moyenne de l'Europe.
70
+
71
+ En toutes saisons, ce flux est tempéré et porteur de perturbations assurant des pluies régulières. Au fur et à mesure de sa progression à l'intérieur des terres, ce flux subit les influences continentales : il devient moins tempéré et s'assèche progressivement, les précipitations devenant moins régulières. Vers l'est, les hautes pressions hivernales prennent de l'importance, font barrage au flux océanique et sont la source d'épisodes très froids et secs. Au nord, les montagnes scandinaves font obstacle aux vents d'ouest et entraînent un climat continental froid sur la partie orientale de la Scandinavie. Le flux océanique voit également son importance climatique diminuer au sud de l'Europe, à cause de la latitude, des hautes pressions estivales, et des barrières montagneuses conséquentes qui s'interposent la plupart du temps en direction de la Méditerranée.
72
+
73
+ Tous ces facteurs expliquent la répartition des climats européens[25].
74
+
75
+ La bordure de l'océan Arctique connaît un climat polaire sans véritable été (température de juillet inférieure à 10 °C, ET dans la classification de Köppen) avec des précipitations faibles. L'hiver est froid ou très froid avec une température moyenne de janvier qui s'abaisse à −20 °C vers l'est, il est assez perturbé du fait du voisinage de la mer.
76
+
77
+ Les littoraux du Nord-Ouest, la bordure côtière de la Norvège, les îles au nord de l'archipel britannique, l'Islande connaissent un climat océanique frais avec une température moyenne dépassant 10 °C pendant moins de quatre mois (Cfc dans la classification de Köppen[précision nécessaire]). Les précipitations sont abondantes, généralement plus de 1 000 mm par an et souvent beaucoup plus dès qu'il y a des reliefs un peu importants. Les pluies sont réparties en toutes saisons avec un maximum d'automne ou d'hiver. Les tempêtes d'automne et d'hiver sont très fréquentes. Bien qu'agité, l'hiver reste « tempéré » par rapport à la latitude, entre −3 °C et 4 °C pour le mois le plus froid. L'été est frais et la température moyenne de juillet est comprise entre 10 °C et 14 °C.
78
+
79
+ Sur le domaine littoral plus bas en latitude, depuis les Îles britanniques jusqu'au nord-ouest de l'Espagne, en passant par la bordure côtière des Pays-Bas, de la Belgique, de la France s'étend un climat océanique bien caractérisé, avec une faible amplitude entre l'hiver et l'été et une température moyenne qui augmente du nord vers le sud mais assez homogène par rapport à l'étalement en latitude. Dans cette zone, le flux océanique modère les températures, les pluies sont fréquentes et régulières en toutes saisons avec cependant un maximum d'automne au nord et d'hiver au sud. Le total des précipitations annuelles, plus modéré que dans le type précédent, est compris entre 700 mm et 1 000 mm sauf sur les massifs côtiers - Écosse, Pays de Galles, Cordillère Cantabrique - où ce total peut largement dépasser 2 000 mm. Les tempêtes automnales et hivernales sont fréquentes mais un peu moins que dans la zone précédente. En hiver, par rapport à la latitude, le gel et la neige sont relativement rares ainsi que les fortes chaleurs en été. Les étés sont tempérés avec une température moyenne qui dépasse 10 °C pendant plus de quatre mois[27]. Pour le mois le plus chaud la température est comprise entre 15 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 2 °C à 10 °C du nord-est au sud-ouest.[réf. non conforme]
80
+
81
+ À l'est de cette zone, le climat, encore modéré par l'influence de l'océan, connaît une altération de ses caractéristiques quand on s'éloigne du littoral. La limite avec le domaine précédent est assez floue, cependant on peut considérer qu'à partir de quelques dizaines de kilomètres du littoral, dans la vaste zone de plaines ou de moyennes montagnes qui va du Bassin parisien au sud de la Scandinavie, à l'ouest de la Pologne et limitée par les contreforts des Alpes suisses et autrichiennes au sud, le climat est assez homogène sur une grande étendue. Il se continentalise peu à peu tout en conservant des caractéristiques modérées par rapport à la latitude (comme précédemment Cfb selon Köppen), les pluies deviennent un peu moins régulières, leur volume diminue progressivement, entre 500 et 700 mm en plaine, 800 à 1 500 mm sur les reliefs. Les pluies sont réparties très uniformément tout au long de l'année avec un maximum pluviométrique qui tend à devenir plutôt estival. Les tempêtes automnales et hivernales voient leur importance diminuer au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'océan, mais ne sont pas exclues. L'amplitude entre l'hiver et l'été ainsi que la fréquence des épisodes de température extrêmes augmentent progressivement mais les moyennes restent modérées par rapport à la latitude. La température du mois le plus chaud est comprise entre 17 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 5 °C à −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « parisien », « semi-océanique d'abri ».
82
+
83
+ Un peu plus au sud, du Bassin aquitain jusqu'à une partie des Balkans hormis la plaine du Pô, le climat est encore océanique ou semi-océanique (Cfb dans la classification de Köppen), mais se distingue par ses températures d'été plus élevées (moyenne de juillet de 19 °C à 23 °C) et par une multiplication des climats locaux du fait du relief beaucoup plus compartimenté. Les précipitations peuvent être importantes à proximité des reliefs exposés aux flux humides ou bien réduites dans les bassins abrités. Les étés sont plus orageux que dans le type précédent avec des précipitations plus irrégulières. Mais la chaleur moyenne de juillet reste en dessous de 23 °C et l'été connaît encore des périodes de rafraîchissement épisodiques, ce qui est un trait des climats océaniques. Les hivers restent doux à proximité de l'océan mais nettement plus froids vers l'Europe centrale. La température du mois le plus froid (janvier le plus souvent) est comprise entre 6 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « aquitain », « semi-océanique d'abri ».
84
+
85
+ À l'est des deux domaines précédents, à partir de la Pologne orientale, la façade orientale de la chaîne scandinave et les confins de l'océan Arctique au nord jusqu'à l'Oural vers l'est, jusqu'à la mer Noire, le Caucase et la Caspienne au sud apparaît le climat continental. L'hiver est froid avec blocage fréquent du flux océanique par l'anticyclone continental générateur d'épisodes très froids et secs. La moyenne de janvier va de −3 °C de l'ouest à −20 °C vers le nord-est. L'été, l'anticyclone continental disparaît et le flux atlantique pénètre plus librement à l'intérieur du continent, l'été est encore frais au nord mais il est de plus en plus chaud vers le sud, 10 °C en juillet à la frontière du domaine polaire, jusqu'à 25 °C près de la mer Caspienne (au nord, où les étés sont frais, nous sommes dans le domaine Dfc de Köppen, Dfb plus au sud, là où la moyenne dépasse 10 °C durant au moins quatre mois). Les saisons intermédiaires sont courtes. Les pluies sont plus irrégulières avec un maximum de printemps ou d'été. Au nord du domaine, les étés sont assez pluvieux et restent frais avec une évaporation modérée, la sécheresse d'été est modérée. Vers le sud, la chaleur augmente ainsi que l'irrégularité des pluies, la sécheresse relative d'été s'intensifie et les abords de la Caspienne connaissent un climat steppique (BSk selon Köppen).
86
+
87
+ Les montagnes (Alpes, Pyrénées, Carpates, chaînes balkaniques, Caucase, Alpes scandinaves) connaissent le climat montagnard qui correspondent à peu près à celui des plaines environnantes mais modifiés par l'altitude. Celle-ci provoque un abaissement de la température, en toutes saisons mais davantage en été qu'en hiver et une augmentation des pluies pour les versants exposés aux vents pluvieux. Les reliefs multiplient les climats locaux du fait des différences d'expositions au soleil et du fait de la modification du régime des vents qu'ils induisent.
88
+
89
+ Dans la plaine du Pô et dans les Balkans bordant la mer Noire, les chaînes de montagnes font barrage au flux océanique, la chaleur estivale s'accentue avec une température moyenne de juillet supérieure à 22 °C, les précipitations deviennent plus importantes en été. Selon la classification de Köppen, ce climat est appelé tempéré à étés chauds (Cfa). Les hivers sont assez variables, de assez doux comme sur les côtes occidentales de l'Adriatique, à assez froid (Bulgarie, Roumanie), mais toujours avec une température moyenne de janvier supérieure à −3 °C. La température du mois le plus froid est comprise entre 3 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. Les influences océaniques concernent peu cette zone. Le cumul annuel des précipitations s'assèche progressivement vers l'est. Les pluies, encore réparties sur toute l'année, prennent cependant une importance estivale marquée, notamment sous forme d'orages.
90
+
91
+ Les régions bordant la Méditerranée (majeure partie de l'Espagne, Sud-Est de la France, Italie excepté les Alpes et la plaine du Pô, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, la Grèce et les îles méditerranéennes) connaissent un climat méditerranéen, Csa et Csb d'après Köppen. À l'écart du flux océanique humide du fait des montagnes et de la latitude, ce climat est caractérisé par une sécheresse estivale et un ensoleillement nettement plus important que dans les domaines précédents. Les pluies ne sont pas souvent apportées par le flux atlantique mais la plupart du temps par des perturbations qui se développent sur place, alimentées par l'air méditerranéen, ces perturbations sont moins nombreuses que les perturbations océaniques mais les pluies qu'elles apportent sont copieuses et parfois excessives. Le total pluviométrique annuel des régions méditerranéennes est à peu près le même que pour les domaines précédents mais la répartition des précipitations est beaucoup plus irrégulière. L'été est à peu près sec surtout près des côtes et dans le sud, les pluies de printemps et d'automne sont prédominantes au nord du domaine méditerranéen et celles d'hiver au sud. Suivant les effets d'abris ou au contraire suivant les effets de couloir induits par les reliefs environnants, ce domaine est calme ou au contraire très venté (mistral, tramontane, bora, etc.). Les températures hivernales sont douces sauf en moyenne montagne, 5 à 11 °C en janvier, de l'intérieur vers la côte et du nord vers le sud. L'été est chaud 22 °C à 27 °C en juillet du nord vers le sud. Ce type de climat est généralement limité par les versants sud ou est des massifs montagneux : chaîne Cantabrique, Pyrénées, Alpes et Balkans. Sur le littoral atlantique, la limite se trouve à peu près au nord du Portugal. C'est à partir de cette zone que l'on observe des caractéristiques méditerranéennes marquées (chaleur et sécheresse d'été entraînant des feux de forêt réguliers, un ensoleillement élevé comparé aux régions océaniques, etc.).
92
+
93
+ L'Europe est assez bien arrosée par des fleuves et rivières, et pratiquement aucune zone n'est en stress hydrique.
94
+
95
+ Trois fleuves d'Europe, le Rhin, le Rhône, et le Pô, prennent leur source dans les Alpes, quelquefois appelées pour cette raison le « château d'eau de l'Europe » (au moins de sa partie occidentale). Le Rhin se jette dans la mer du Nord, le Rhône dans la mer Méditerranée et le Pô dans la mer Adriatique. Le Danube prend sa source dans la Forêt-Noire et se jette dans la mer Noire. L'Elbe se jette dans la mer du Nord. La Vistule et l'Oder se jettent dans la mer Baltique. Le Dniepr, fleuve de plaine, se jette dans la mer Noire. La Volga et l'Oural se jettent dans la mer Caspienne.
96
+
97
+ L'Europe regroupe plusieurs zones biogéographiques et une grande variété d'écosystèmes terrestres et marins, qui ont souvent été intensivement exploités, fragmentés et pollués.
98
+
99
+ L'Europe a été motrice pour de nombreux états-membres en matière de Droit de l'environnement avec notamment les directives Habitats et Oiseaux, bien que certains états membres (dont la France) les aient tardivement et incomplètement appliquées. Une directive-cadre sur l'eau est en cours d'application, des directives sur le sol et la mer sont en projet, et le 1er janvier 2005 est entrée en vigueur la nouvelle norme européenne pour limiter la pollution atmosphérique : les agglomérations de plus de 250 000 habitants de l'Union européenne ne doivent pas dépasser certaines valeurs limites : 50 microgrammes (0,05 mg) de particules par mètre cube d'air ambiant doit être le seuil maximum pour 35 jours par an, et la valeur moyenne annuelle ne doit pas aller au-delà de 40 microgrammes. Cependant, les normes anti-pollution déjà en vigueur n'étaient déjà pas respectées : en 2002, 11 pays sur 15 ont dépassé la marge autorisée.
100
+
101
+ Depuis 1996, le conseil de l'Europe invite les états à construire ensemble un Réseau écologique paneuropéen et ils doivent appliquer, comme toutes les collectivités la directive 2003/4 concernant l'accès du public à l'information en matière d'environnement, la directive INSPIRE (Infrastructure d’information spatiale en Europe). Un futur Réseau européen de données d'observation et de surveillance (EMODNET / European Monitoring Observation. Data Network) est en construction.
102
+
103
+ Pour mesurer l'état de l'environnement, les pressions et les réponses, l'UE s'est dotée d'une Agence européenne pour l’Environnement (AEE) qui applique maintenant la méthodologie LEAC (Land and Ecosystem Accounting - Comptabilité des écosystèmes et du territoire). Le système Corine Landcover et d'autres permettent d'harmoniser les cartes européennes de données environnementales.
104
+
105
+ Bilan : malgré des efforts importants, comme dans la plupart des autres régions du monde, la biodiversité qui y fait l'objet d'évaluations[33] périodiques, est globalement en recul (sauf pour certaines les espèces plutôt généralistes et banales). Les espèces invasives continuent à gagner du terrain. À ce titre, la commission européenne a publié le 13 juillet 2016, une liste des trente-sept espèces à combattre pour éviter qu'elles ne portent préjudice aux espèces indigènes. Cette liste prévoit d’interdire l’importation, la vente, la reproduction, la culture ou l’élevage de ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité[34],[35].
106
+
107
+ Les objectifs européens en matière de lutte contre le changement climatique, et limitation des émissions de gaz à effet de serre, dont celui de -25 % pour 2020 semble difficile à tenir (pour les transports et l'agriculture notamment[36]), la Pologne s'y opposant même[36] avant que le 21 juin 2011, les ministres de l'environnement européens (en Conseil environnement) examinent un nouveau projet de feuille de route pour 2050 (économie européenne bas carbone) présentée par la Commission européenne le 8 mars 2011, confirmant l'objectif du Conseil d'octobre 2009 de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % en 2050 (par rapport à 1990), avec un calendrier de -40 % par rapport à 1990 en 2030, -60 % en 2040 et -80 % en 2050 (un pays s'est encore opposé à ces objectifs)[37].
108
+
109
+ En 2019, on compte 20 % d'oiseaux en moins en Europe qu'en 2000[38]
110
+
111
+ Plus de 40 % des espèces d’arbres présents en Europe sont menacées d’extinction selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L'organisation appelle l’Union européenne à agir, indiquant que « Les arbres sont essentiels à la vie sur terre et les arbres européens dans toute leur diversité sont une source de nourriture et d’abri pour d’innombrables espèces animales telles que les oiseaux et les écureuils »[39]. En outre, la moitié des espèces d’arbustes présents en Europe sont menacées de disparition, ainsi qu’un cinquième des espèces de mollusques terrestres, tels que les escargots, et certaines espèces de bryophytes (plantes non vascularisées), comme des mousses[39].
112
+
113
+ Le peuplement de l'Europe est conditionné par les cycles glaciaires et interglaciaires qui se succèdent, notamment au Pléistocène moyen (0,781 à 0,126 Ma), et qui affectent la démographie des populations, créant notamment des périodes d'isolement géographique qui sont une des raisons de la différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent. Homo naît et évolue en Afrique, où il s'affranchit d'abord du milieu forestier, puis connaît une expansion constante vers les latitudes moyennes d'Eurasie, puis les hautes latitudes. Cela est rendu possible par sa capacité à s'adapter aux changements d'environnement et par ses caractéristiques de prédateur, lesquelles culminent chez Néandertal l'Européen, devenu principalement un chasseur carnivore occupant le haut de la chaîne alimentaire, un superprédateur chasseur de gros gibier. Arrive ensuite Sapiens, venu d'Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités »[40],[41],[42],[43],[44].
114
+
115
+ Le genre Homo apparaît en Afrique, probablement vers 2,7 millions d'années (Ma) dans la basse vallée de l’Omo, en Éthiopie, et il est attesté de manière certaine vers 2,4 à 2,3 Ma[45]. Les premiers Homo erectus quittent l'Afrique et atteignent l'Eurasie il y a sans doute 1,8 ou 2 millions d'années[46], mais les dates et les chemins empruntés[47],[48] ainsi que certaines différenciations en espèces (H. erectus, H. ergaster, H. antecessor, H. heidelbergensis) sont encore discutées[Note 8],[50].
116
+
117
+ Homo georgicus, parfois considéré comme un Homo ergaster européen[51],[45], dont les restes ont été découverts en 2002 à Dmanissi, en Géorgie (Caucase), est le premier représentant du genre Homo attesté en Europe (et aussi l'un des plus anciens hors d'Afrique) ; il est daté d'environ 1,8 Ma[52],[53]. D'autres lui succèdent ; on a trouvé, à Kozarnika (Bulgarie), une industrie lithique, datant de 1,4 Ma et, en actuelle Espagne, des restes humains à Sima del Elefante (appartenant au site d'Atapuerca), datant de 1,4 Ma et à Orce, les restes de l'Homme d'Orce et de l'Enfant d'Orce, datant de 1,2 Ma[54],[55]. Le site d'Atapuerca a livré aussi des restes d'industrie lithique d'environ 1,4 Ma, et des restes humains ayant abouti à la description d'Homo antecessor, daté d'env. 820 000 BP, possible ancêtre de H. neanderthalensis, attestant d'un peuplement continu de l'Europe occidentale depuis 1,8 Ma ainsi que de l'existence possible d'une migration à partir de l'Europe centrale, depuis Dmanissi (où a été découvert H. georgicus), et non pas via le détroit de Gibraltar[56],[57],[58],[49]. Jusqu'à H. antecessor, l'industrie lithique associée à ces peuplements est l'Oldowayen, technique des galets aménagés. Vient ensuite Homo heidelbergensis (l'Homo erectus européen[51], 650 000-300 000 BP, espèce à laquelle appartient, par exemple, l'homme de Tautavel), décrit à partir de plusieurs fossiles, retrouvés en Allemagne actuelle, à Heidelberg, d'où provient son holotype et en Espagne, sur le site d'Atapuerca ; H. heidelbergensis pourrait être l'ancêtre d'H. neanderthalensis[59],[60],[61]. L'industrie lithique associée aux heidelbergiens est l'Acheuléen, caractérisé par la technique des bifaces, attesté il y a 650 000 ans en Europe mais né en Afrique il y a 1,7 Ma[62]. À la même époque, vers 450 000 à 500 000 ans BP, les Européens commencent à maîtriser le feu, étape importante de l'évolution, qui permet la cuisson des aliments et donc facilite l'assimilation des nutriments, et qui permet aussi de se chauffer, dans un environnement climatique globalement plus froid qu'actuellement, ce qui concourt à un processus de socialisation[63],[64],[65].
118
+
119
+ Homo neanderthalensis, l'« Homme de Néandertal », naît il y a environ 400 000 ans en Europe occidentale, issu sans doute d'une forme de spéciation (« spéciation par distance »)[66],[67],[68] d'H. erectus/heidelbergensis, ou d'une dérive génétique (modèle d'accrétion)[69], dans un contexte où l'Europe est isolée par les glaces du reste de l'ancien monde[70],[71]. Neandertal est très adaptable, il s'accommode des périodes glaciaires et inter-glaciaires et des environnements correspondants et s'étend massivement en Europe[72] et au-delà, vers l'Asie Centrale et le Proche-Orient entre 120 000 et 110 000 ans BP[73],[74]. Physiquement robuste et adapté au froid, Néandertal possède des capacités cognitives proches de celles de l'« Homme moderne » (Homo sapiens)[75], il pratique des rituels, il enterre ses morts, le premier en Europe à le faire, et il pratique une forme d'art[76],[77],[78],[79],[80]. Il est associé au Moustérien[81]. Le nombre de néandertaliens (métapopulation) est compris dans une fourchette allant de quelques milliers à 200 000 individus, donnant en tout état de cause une très faible densité de population[82],[83],[84].
120
+
121
+ Homo sapiens, quant à lui, naît en Afrique, il y a environ 300 000 ans[85]. Sa présence hors d'Afrique, sous une forme archaïque, est attestée par des fossiles âgés de 180 000 ans environ, en Israël (Grotte de Misliya)[86],[87],[88]. L'expansion de Sapiens se fait en plusieurs vagues, lesquelles empruntent probablement un chemin passant par Bab-el-Mandeb, détroit entre la péninsule arabique et l'Afrique, outre celui par le Nil et le Proche-Orient[89],[90],[91],[92], mais les premières n'atteignent pas l'Europe. Les vagues de Sapiens évolués qui atteignent l'Europe partent d'Afrique vers 70 000 ans et leurs plus anciennes traces en Europe datent de 45 000 ans (Grotta del Cavallo)[93],[94],[95]. À partir de 45 000 ans, H. sapiens commence sa colonisation de l'Europe, dans un mouvement d'est en ouest[90]. À ce moment, il a déjà eu l'occasion de se métisser avec Néandertal, leurs chemins s'étant croisés au Proche-Orient et à l'est de l'Eurasie[96],[97],[98],[94]. Ce métissage entre Néandertal et Sapiens est sans doute favorable à ce dernier ; venu beaucoup plus récemment d'Afrique, il est plus adapté aux basses latitudes et il acquiert par ce métissage des avantages évolutifs, notamment de résistance au froid[99],[100]. Sapiens progresse en Europe et, concomitamment, les néandertaliens régressent, se retrouvant confinés dans des zones refuges avant de disparaître vers 40 000 ans BP avec des populations relictuelles perdurant jusqu'à 28 000 ans BP[74],[101], non sans laisser leurs traces génétiques dans l'actuelle population humaine[102]. Les causes de la régression puis de la disparition de Néandertal sont plurifactorielles et toujours discutées[103],[104]. La peau de ces Homo sapiens était sombre, adaptée à leur origine africaine et aux régions très ensoleillées. Ce n'est que récemment, il y a 10 000 ans, que les chasseurs-cueilleurs européens ont disposé des gènes responsables de la peau pâle[Note 9],[106],[107],[108].
122
+
123
+ Avec l'arrivée de Sapiens, des industries diverses (Uluzzien, Bohunicien, Châtelperronien, attribué à Néandertal, Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien, etc.) se développent ; deux d'entre elles, l'Aurignacien (env. 40−29 ka BP) puis le Gravettien (env. 29−22 ka BP) se répandent largement en Europe[109],[110]. Ces expansions sont concomitantes à des mouvements de populations, retracés par la génétique[111], eux-mêmes corrélés aux fluctuations climatiques de l'époque[44]. L'Aurignacien est caractérisé notamment par le développement du travail des matières osseuses (bois de rennes et os de mammouths), rare jusqu'alors, à des techniques de débitage de lamelles ainsi qu'à des objets de parure et au développement de l'art[112] ; la grotte Chauvet, occupée à l'Aurignacien (37 ka BP) et au Gravettien (30 ka BP), en est un exemple[113]. Dès 30 ka BP, à une période particulièrement froide, on trouve des traces de sédentarisation partielle dans l'est de l'Europe, sous la forme de campements bénéficiant d'infrastructures d'habitation (à la différence des abris de plein-air), autour desquels ont été retrouvés des sépultures et des statuettes d'argile. Mais Sapiens reste néanmoins, fondamentalement, un chasseur-cueilleur mobile nomadisant sur des distances de quelques centaines de kilomètres[114].
124
+
125
+ Entre 21 000 et 18 000 ans[115] se produit un intense refroidissement, le « maximum glaciaire »[Note 10] qui donne à l'Europe une configuration nettement différente de l'actuelle[Note 11]. Les études génétiques montrent que certains groupes, d'abord représentés en Europe du Nord-Ouest, sont repoussés dans le sud de l'Europe[118],[44]. C'est le moment où apparaît l'industrie lithique solutréenne, caractérisée par des pointes en pierre très fines et acérées, appelées « feuilles de laurier », servant sans doute de couteaux et armant l'extrémité des flèches et des sagaies[119]. Émergent l'usage du propulseur et (probablement) de l'arc pour la chasse mais ces deux outils, cependant, ne se généraliseront qu'au Magdalénien qui lui succède[120],[121]. On a longtemps pensé que le Solutréen était aussi l'époque de l'invention de l'aiguille à chas[122],[123],[124] jusqu'à la découverte, en 2016 en Sibérie, d'un tel artefact, daté de 45 ka BP, attribué à l'Homme de Denisova[125],[126],[127]. Le Magdalénien est caractérisé par un art pariétal particulièrement riche, comme en témoignent les grottes de Lascaux et d'Altamira[128], et par le travail des matières osseuses[129].
126
+
127
+ La dernière période glaciaire s'achève de manière brutale. Un premier réchauffement rapide se produit vers 14 700 BP, la température du Groenland augmente de plus de 10 °C, c'est ce qu'on nomme le Bölling, qui libère des glaces une grande partie de l'Europe du Nord et de la Scandinavie, permettant leur peuplement depuis le sud. Avec ce retrait des glaces, de nouveaux apports de populations à partir du Proche-Orient font sentir leurs effets[118]. Plus tard, vers 12 900 BP, un retour à des conditions glaciaires se traduit par des températures extrêmement froides avant un réchauffement final, vers 11 700 BP, qui marque la fin de la dernière glaciation[130] et l'entrée dans l'Holocène avec l'instauration du climat actuel[131] ; cela coïncide avec les débuts de l'extinction de la mégafaune européenne (mammouth laineux, rhinocéros laineux, cerf géant, ours des cavernes, etc.), sans doute pour des raisons climatiques probablement aggravées par la prédation humaine[132]. Le paysage et sa faune se recomposent[Note 12], la forêt tempérée progresse en Europe à partir de 10 000 BP, la chasse à l'arc se généralise[134],[135] et l'alimentation des hommes du Mésolithique devient extrêmement diversifiée[136] (les escargots par exemple, sont consommés en très grande quantité dans certaines niches écologiques[137]).
128
+
129
+ Galet aménagé du gisement de Dmanissi, de type Oldowayen (env. 1.8 Ma, Homo georgicus).
130
+
131
+ Biface Acheuléens (650 000 (en Europe) - 100 000 BP, Homo heidelbergensis).
132
+
133
+ Nucléus et éclat Levallois en silex du Moustérien (300 000−38 000 BP, Homme de Néandertal).
134
+
135
+ Grattoir double sur lame, Aurignacien (40 000−29 000 BP, correspond à l'arrivée d'Homo sapiens en Europe, première occupation de la grotte Chauvet).
136
+
137
+ Pointe de flèche en silex, Gravettien (29 000−22 000 BP, Homme de Cro-Magnon, deuxième occupation de la grotte Chauvet).
138
+
139
+ Outil en « feuille de laurier », Solutréen (22 000−17 000 BP).
140
+
141
+ Aiguille en os du Magdalénien (période à laquelle correspond l'art de la grotte de Lascaux et d'Altamira), (17 000−12 000 BP).
142
+
143
+ Harpon Azilien en os (12 500−9 500 BP).
144
+
145
+ La néolithisation de l'Europe commence vers 7,5 ou 8 Ka BP (milliers d'années avant le présent) par diffusion de populations et de techniques apparues vers 11 Ka BP dans le croissant fertile, elle s'accompagne d'une forte croissance démographique[138],[139]. Elle est probablement autant due à un changement culturel qu'aux conditions climatiques[140]. Les indicateurs de la néolithisation sont la domestication des plantes et des animaux (celle du chien étant cependant largement antérieure[141]), la tendance à la sédentarisation (la sédentarisation précède cependant l'agriculture[142],[140]) avec le regroupement en villages et l'émergence de la poterie pour des contenants destinés au stockage de produits agricoles[143]. Ce sont les débuts des sociétés agropastorales[140] et la naissance du mégalithisme[144].
146
+
147
+ Cette néolithisation, venue du croissant fertile via l'Anatolie, emprunte deux chemins ; d'abord un courant méditerranéen par lequel se diffuse la culture de la céramique imprimée suivie de la culture de la céramique cardiale (8 Ka BP) ; ensuite un courant danubien, par lequel se diffuse la culture rubanée (vers 7,5 Ka BP). Les études génétiques[145],[146] montrent que, outre une diffusion culturelle, l'Europe connaît l'arrivée de populations d'agriculteurs[Note 13], venues d'un foyer anatolien, qui ont suivi ces chemins danubien et méditerranéen[118],[147]. Les îles britanniques, en configuration insulaire depuis 8 Ka BP, connaissent ce processus plus tardivement, près d'un millénaire après celui de l'Europe continentale[143],[148],[149],[150]. La néolithisation est largement effective en Europe vers 5 Ka BP[151].
148
+
149
+ Des hypothèses linguistiques et archéologiques de la deuxième moitié du XXe siècle (l'hypothèse kourgane étant la plus largement reconnue[Note 14],[Note 15]) et des études génétiques du début du XXIe siècle[Note 16] accréditent la thèse que des populations, ayant domestiqué le cheval et maîtrisant l'équitation ainsi que le transport en chariot, seraient venues de l'est de l'Europe, la steppe pontique, et se seraient répandues sur le continent à partir de 5 000 BP[154], le dominant largement ; elles contribuent pour 75 % à l'ADN des peuples de la céramique cordée, héritière de la culture de la céramique rubanée, largement présente en Europe à ce moment[155]. Leur foyer d'origine est la culture Yamna (notamment les hommes yamnayas avec les femmes locales)[156]’[157]’[158] donnant raison à l'intuition de la théorie de l'invasion aryenne sans accréditer son utilisation politique (il n'y a aucun lien de cause à effet) aussi descendue en Inde (comme le supposaient ès humanités René Guénon ou Georges Dumézil)[159]. Elle se caractérise par sa pratique de l'inhumation dans des tumuli nommés « kourganes ». Ils seraient aussi les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes[118],[160],[161],[162],[163]. Georges Dumézil, au début du XXe siècle, postule que les sociétés d'origine indo-européenne partagent jusqu'à nos jours un mode de pensée, l'idéologie tripartite[164].
150
+
151
+ L'agriculture européenne commence sur les bords de la mer Égée, aux environs de 6500 av. J.-C. Elle s'installe progressivement sur le continent, dans la zone danubienne et l'actuelle Hongrie (5500 av. J.-C.), sur les côtes méditerranéennes et le territoire de la France actuelle vers 5000 av. J.-C., en Germanie et sur le territoire des actuels Pays-Bas vers 4500 av. J.-C. ; elle atteint les îles britanniques vers 4000 av. J.-C.[166],[167].
152
+
153
+ Vers 3000 av. J.-C. apparaît le travail du cuivre, qui conjugué à celui de la pierre, caractérise le Chalcolithique ; des outils agricoles métalliques plus efficaces apparaissent, l'araire se développe à la place de la houe[168]. La civilisation minoenne, inspiratrice de la culture grecque[169], apparaît vers 2700 av. J.-C. avec sa langue écrite en linéaire A, une des plus anciennes formes d'écriture en Europe avec les hiéroglyphes crétois. À son apogée, elle sera la première civilisation avancée de l'âge du bronze[170]. L'âge du bronze date de la fin de la culture campaniforme, laquelle, entre 2600 av. J.-C. et 2200 av. J.-C., couvre une notable partie de l'Europe de l'Ouest[171],[172].
154
+
155
+ Le commencement des Germains se situe vers le iie millénaire av. J.-C. en Suède méridionale, au Danemark et en Allemagne du Nord entre la Weser et l’Oder. Ils s'établissent dans la grande plaine européenne, du Rhin à la Vistule et de la Baltique au Danube, entre le Ve siècle av. J.-C. et le début de l'ère chrétienne. Leur expansion vers le sud est arrêtée par l'« écran du peuplement celtique[173] » (IIIe siècle av. J.-C.) puis par les Romains (IIe siècle av. J.-C.)[174].
156
+
157
+ On distingue trois groupes linguistiques : le nordique, celui des Scandinaves ; l’Ostique ou Germains orientaux, celui des Goths, des Vandales, des Burgondes, etc. ; enfin les Westiques (Germains occidentaux), en Allemagne, au Jutland et aux Pays-Bas[173].
158
+
159
+ Les Celtes s'installent entre l’âge du bronze moyen (env. 1200 av. J.-C.) et le début de l’âge du fer (env. 800 av. J.-C.) dans une grande partie de l’Europe, du bassin des Carpates à l’est de la France[175]. Leur origine est le centre de l'Europe, où étaient apparues les cultures caractérisées par leurs coutumes funéraires de l'enterrement sous tumulus (XVIe siècle av. J.-C. - XIIe siècle av. J.-C.) puis par la technique consistant à incinérer les cadavres et à conserver leurs cendres dans des urnes (civilisation des champs d'urnes, XIVe siècle av. J.-C. - IXe siècle av. J.-C.)[176].
160
+
161
+ Le noyau celte se situe à Hallstatt, en actuelle Autriche. Aux débuts de l'âge du fer, leur société, relativement égalitaire, se stratifie avec, à son sommet, des chefs militaires. Cela est probablement en lien avec la métallurgie du fer et, notamment, la conception d'armes, telles les épées droites caractéristiques[177], et la confection de pièces de harnachement plus efficaces qui donnent de l'importance aux cavaliers armés[178]. Les Celtes excellent en effet dans le travail du fer, fabriquant, outre des armes, des outils tels que haches et ciseaux[178]. Ils confectionnent aussi des poteries, ils inventent la tonnellerie[179], et ils exploitent le sel gemme, dont le commerce est source de richesse[180],[181]. On leur doit aussi, avec un apogée aux IIe et Ier siècles av. J.-C., les habitats structurés autour d'un oppidum, centre fortifié à vocation militaire, économique et cultuelle[182]. La période laténienne ou deuxième âge du fer, commençant au Ve siècle av. J.-C., est celle où les Celtes passent de la protohistoire à l'histoire, lorsqu'ils apparaissent dans les textes des auteurs grecs[183].
162
+
163
+ L'Europe antique est, pour notable partie, une Europe celtique, celle des peuples héritiers de la culture des tumulus[184],[Note 17], et en partie germanique, aux côtés de la Grèce antique[186] et de sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), considérée comme le berceau culturel de la civilisation occidentale[187],[188],[189],[190],[191],[192],[193].
164
+
165
+ Pour ce qui concerne le terme et le concept, le mot « Europe » désigne d'abord, dans son acception géographique, la Grèce continentale. Le terme est mentionné pour la première fois vers 590 av. J.-C., par Hésiode, dans sa Théogonie[194]. Anaximandre et Hécatée de Milet produisent, entre 600 et 500 av. J.-C., des cartes représentant un territoire appelé Europe[195]. Le mot prend aussi un sens politique lorsque les Grecs sont confrontés aux invasions venant d'Asie, principalement lors des guerres avec l'empire perse. Selon Jacqueline de Romilly, « la victoire de Salamine [en 480 av. J.-C.] a bel et bien empêché la Grèce de basculer sous la coupe de l'Asie […] les Grecs ont eu alors pour la première fois le sentiment de défendre une civilisation contre une autre »[196]. L'Europe en tant qu'entité géographique se retrouve chez Ératosthène au iiie siècle av. J.-C., lequel présente une tripartition du monde connu par une carte où elle figure[197]. Mais la distinction fondamentale durant l'antiquité est celle entre les Barbares[Note 18], qui habitent ce qu'en latin on nomme barbaricum (« pays des Barbares[199] »), et ceux qui appartiennent à l'aire culturelle grecque[Note 19], puis gréco-romaine[201]. Le royaume de Macédoine désigne l'Europe comme une entité politique : lorsque Philippe II part en Orient, en 335 av. J.-C., il laisse en Macédoine un régent, Antipatros, qui porte le titre de « stratège d'Europe »[202],[203].
166
+
167
+ Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. L'Europe est reconfigurée, son histoire devient celle de l'Empire romain pour la zone concernée[Note 20].
168
+
169
+ La Grèce et le royaume de Macédoine sont supplantés au iie siècle av. J.-C. Les Celtes, qui se sont largement répandus en Europe[205], allant jusqu'à menacer Rome en 390 av. J.-C.[206], pris en tenaille par les attaques des tribus germaniques venues du nord[207],[208], sont repoussés ou assimilés[209]. À l'aube de l'ère chrétienne, les Romains, lorsque leur zone d'expansion dépasse la « ceinture celtique »[Note 21], se retrouvent entourés par les Germains qui deviennent « les nouveaux peuples voisins du monde romain en Europe centrale et occidentale »[211]. Les frontières orientales de l'Imperium, limites avec les peuples germaniques[Note 22], sont le Rhin et le Danube, tandis que sa frontière septentrionale est le mur d'Hadrien, qui le sépare des Pictes celtes.
170
+
171
+ À cette époque, entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C., Strabon rédige une géographie qui mentionne l'Europe[213] et, déjà, des descriptions non seulement géographiques, mais aussi économiques et culturelles des territoires qu'il étudie[214]. Au Ier siècle, Varron[215] évoque une bipartition du monde au niveau du Bosphore, les parties situées au nord-ouest du détroit constituant l’Europe, celles situées au sud-est, l’Asie[216]. Toujours au Ier siècle, Pline l'Ancien divise le monde en trois parties, l'Europe, l'Asie et l'Afrique[Note 23].
172
+
173
+ Les Celtes présentent une certaine unité linguistique et culturelle, mais pas d'intégration politique[218] ; ils bénéficient d'une organisation tribale, au plus en ligues de tribus[219], à l'instar des Germains[173],[220]. C'est donc l'Empire romain qui contribue à créer les prémices d'une unité européenne. Si la Grèce est le berceau culturel de l'Europe, Rome peut être considérée comme le berceau de sa civilisation[221],[222],[223],[224],[225]. L'influence romaine s'inscrit dans la culture, formant ce qu'on nomme la culture gréco-romaine[226] via la langue latine, ainsi que dans les territoires et dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation[227] et esquisse même une Europe religieuse en diffusant le christianisme à partir du Ier siècle[228]. Les Ier et IIe siècles sont ceux de la Pax Romana, période de calme relatif, notamment politique, malgré des batailles toujours existantes sur les marches de l'Empire, notamment avec les peuples germaniques pour ce qui concerne la zone européenne[229]. L'Empire est l'entité politique unificatrice définissant le mode de gestion politique[230] ainsi que les limites (et les frontières, qui sont une forme particulière de limites[231]), qui séparent le monde romain de celui des barbares[232],[233],[234].
174
+
175
+ Le IIIe siècle est une période de crise interne pour l'Empire romain[Note 24] qui subit aussi une pression croissante des peuples germaniques, invasions difficilement repoussées. L'empire intègre nombre de ces envahisseurs par des traités, faisant d'eux des fédérés qui fournissent des troupes à l'armée[220]. Une Tétrarchie est mise en place en 293 apr. J.-C. pour lutter contre les Barbares[236] et, au IVe siècle, « Europe » désigne l’une des six provinces du diocèse de Thrace dont le territoire correspond à « la partie européenne de la Turquie actuelle »[237].
176
+
177
+ Le christianisme, dont les adeptes sont par périodes persécutés, notamment au IIIe siècle par Dioclétien[238],[239], s'était répandu dans l'Empire, comme en témoigne l'épisode symbolique de la conversion de l'Empereur Constantin et l'édit de tolérance religieuse de Milan en 313 apr. J.-C.[240] En 392 apr. J.-C., il est déclaré religion officielle de l'Empire par Théodose et les autres cultes sont interdits[241]. Même si, à ce moment, les chrétiens sont nettement minoritaires dans la population[242],[243], cette christianisation officialisée aura une importance, donnant, au moment des royaumes barbares, une légitimité religieuse à un pouvoir royal qui en était, à l'origine, dépourvu[244].
178
+
179
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient et l'Empire romain d'Occident. Le premier perdure : « l'empire d'Orient [...], à bien des égards héritier de l'Empire romain, devait durer jusqu'au milieu du XVe siècle[204]. » Inversement, dès le Ve siècle, l'Empire d'Occident se délite sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares : « La fin de l'empire d'occident est amenée par les invasions barbares des Germains qui entrent dans l'empire par vagues, poussés sur leurs arrières par les Huns, et attirés à la fois par le désir de pillage et l'espoir d'y trouver des conditions de vie meilleures[245] ».
180
+
181
+ En Europe occidentale, la déposition du dernier empereur romain d'Occident en 476 apr. J.-C. marque conventionnellement le passage de l'Antiquité au Moyen Âge[246].
182
+
183
+ En Europe occidentale, la lente déliquescence de l’Empire romain d'Occident qui aboutit à la désunion et à l’émergence de nations parfois éphémères, au gré des invasions et conquêtes, ne fera jamais oublier l’héritage romain qui reste un modèle d’unité et de droit pour l’Europe, de l’Empire carolingien jusqu’à l’Empire napoléonien en passant par le Saint-Empire romain germanique. Les liens entre places commerciales européennes émergent.
184
+
185
+ Poursuivant la politique de conquête de ses prédécesseurs francs, Charlemagne étend son royaume. Sa politique d’expansion rejoint le désir de la papauté romaine d'asseoir la prépondérance de l’évêque de Rome par rapport aux patriarches orthodoxes et coptes. Le jour de Noël de l'an 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III, à Rome, en la basilique Saint-Pierre. Cette union entre pouvoir temporel et religieux vise à réunir l’Europe en un empire chrétien d’Occident. De son vivant, Charlemagne se fait appeler Pater Europae (« père de l'Europe »), et parfois Europa vel regnum Caroli (l’Europe, ou le royaume de Charles).
186
+
187
+ L’Europe occidentale de Charlemagne est franco-germanique et chrétienne de rite latin, alors que l’Europe orientale sous l’influence de Constantinople est à dominante slave et de rite grec, mais les deux tendent à christianiser l’Europe du Nord, britannique, scandinave et russe. Alors qu’à Constantinople se concentrent les deux pouvoirs religieux et politique, en Occident le rôle de Rome y est essentiellement religieux, la capitale de Charlemagne se trouvant à Aix-la-Chapelle. Charlemagne tente une réunification avec l’Empire romain d'Orient vers l’an 800 mais il échoue, et son empire se désagrège rapidement après sa mort. En 962, Otton Ier crée le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci ne peut s’étendre, contrecarré par la permanence de royaumes anciennement constitués, la France et l’Angleterre surtout, par ses luttes avec la papauté, puis par le développement de l’Empire ottoman lors de l’époque moderne.
188
+
189
+ L’Empire romain d'Orient (dit, depuis le XVIe siècle, « byzantin ») est chrétien et de culture essentiellement grecque : il connaît d’importantes fluctuations de sa force et par conséquent de son territoire, qui s’étend à son apogée sur une grande partie du rivage méditerranéen, d’abord sous Justinien, puis sous les empereurs macédoniens, du IXe au XIe siècle. Au cours des siècles, ses relations avec l’Occident se distendent puis se détériorent, alors que les musulmans montent en puissance à l’Est et s’emparent de la moitié de l’Anatolie au XIe siècle. Le schisme religieux de 1054 et l’agression militaire venue de l’Ouest en 1202 affaiblissent l’Empire d’Orient qui finit dépecé morceau par morceau par l’Empire ottoman avant de disparaître lors de la chute de Constantinople en 1453.
190
+
191
+ Durant plusieurs siècles c’est le terme de chrétienté qui unit culturellement les monarchies et les populations européennes, tandis que le mot « Europe » disparaît des propos et des esprits[réf. nécessaire].
192
+
193
+ L'axe européen Bruges/Venise est déplacé à la fin du Moyen Âge. À l'époque où l'Empire d'Orient s'effondre, la Reconquista espagnole touche à sa fin. L'année 1492 est celle de l'Espagne, avec la reconquête du dernier royaume maure (Grenade) en péninsule ibérique et le premier voyage de Christophe Colomb, sous l'égide des Rois catholiques qui va ouvrir la voie à l'établissement des hégémonies européennes.
194
+
195
+ Le rêve d'un grand empire européen renaît au XVIe siècle lors de l'affrontement entre François Ier et Charles Quint, qui tous deux se disputent le trône du Saint-Empire. Grâce à l'appui des banquiers Fugger, Charles Quint l'emporte, se retrouvant à la tête d'un domaine très vaste, mais aussi très morcelé. Les diverses guerres menées contre la France ne donnent aucun résultat : durant deux siècles, le découpage de l'Europe va évoluer au gré des alliances matrimoniales et des guerres entre États. C'est face à la montée en puissance de l'Empire ottoman qu'une union des États chrétiens d'Europe apparaît : « Nous tenons de Gadès à l’Isler, une zone qui s’étend entre les deux mers et qui est la très courageuse et la très puissante Europe. Là, si nous nous unissions, nous ne serions pas seulement égaux à la Turquie, mais supérieurs à toute l’Asie » (Jean Louis Vivès).
196
+
197
+ Mais ce ciment du christianisme catholique, qui donnait un semblant d'union à cette Europe occidentale, éclate en morceaux avec la Réforme (ou plutôt les Réformes), dont l'impact politique est considérable, permettant néanmoins la formation des Provinces-Unies et de la Confédération suisse. Les guerres de religion, la guerre de Trente Ans, les guerres de Louis XIV rythment les XVIe et XVIIe siècles. Les traités de Westphalie (1648) et celui du traité des Pyrénées en 1659, redessinent durablement la carte politique de l'Europe et l'équilibre des forces en présence.
198
+
199
+ L'Époque moderne est marquée par un renforcement des nationalismes en tous genres. C'est aussi l'époque où l'Europe s'étend très loin de ses frontières par la constitution des premiers empires coloniaux sur le continent américain, puis en Inde.
200
+
201
+ La Révolution française inaugure un bouleversement politique très important : les idées démocratiques apparaissent sur le devant de la scène et les campagnes de Napoléon Ier puis le Congrès de Vienne vont remodeler profondément la carte de l'Europe et les mentalités. Honoré de Balzac a cette déclaration optimiste dans Le Bal de Sceaux, (1830) : « Le seizième siècle n'a donné que la liberté religieuse à l'Europe, et le dix-neuvième lui donnera la liberté politique[247]. »
202
+
203
+ À la fin d'un long processus, le XIXe siècle voit se réaliser l'unité de l'Italie (de 1861 à 1870) et de l'Allemagne (en 1871), ainsi que la constitution de plusieurs nouveaux pays dans les Balkans, issus du démembrement de l'Empire ottoman, appelé alors « l'homme malade de l'Europe ».
204
+
205
+ C'est aussi l'apparition de nouveaux mouvements politiques prônant plus d'égalité (socialismes), voire le démantèlement du pouvoir des États (anarchismes). Ces idées se diffuseront par la suite, et avec plus ou moins de retard, largement hors des frontières de l'Europe.
206
+
207
+ La domination politique et économique de l'Europe sur le reste du monde s'est affirmée après qu'elle a bouleversé son économie lors des révolutions industrielles, développant sa productivité et amorçant une forte explosion démographique. Leur avance technologique, et notamment militaire, permit aux pays européens, en concurrence les uns contre les autres, d'étendre leur emprise sur les autres continents. Cette colonisation connut son apogée au début du XXe siècle (cet apogée s'achève en 1914), avant que les deux guerres mondiales ne bouleversent l'ordre établi.
208
+
209
+ La Première Guerre mondiale et ses conséquences favorisent l'émergence de plusieurs régimes totalitaires dont ceux, génocidaires, d'Adolf Hitler et de Joseph Staline. L'instabilité politique et économique débouche sur la Seconde Guerre mondiale et la domination nazie qui laissent l'Europe exsangue. Alors que la suprématie des pays européens occidentaux disparaît au profit de deux nouvelles superpuissances (les États-Unis et l'Union soviétique), des mouvements de libération se développent dans les colonies, aboutissant à l'indépendance de nombreux pays, notamment au cours du troisième quart du XXe siècle. Au cours de la Guerre Froide, l'Europe est scindée en deux blocs idéologiquement opposés, et séparées par un rideau de fer, le bloc de l'Ouest, zone d'influence des États-Unis, et le "bloc de l'Est où se mettent en place des dictatures communistes patronnées par l'U.R.S.S. La séparation perdurera jusqu'à l'effondrement du bloc communiste, en 1989-1991.
210
+
211
+ Parallèlement, alors que l'excédent démographique de l'Europe était tel qu'elle constituait un réservoir d'émigration massive tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les pays du continent furent confrontés à une stabilisation à partir de la Première Guerre mondiale, et parfois à une régression démographique ensuite (les guerres, génocides et famines y contribuant). Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe occidentale connaît un « baby boom » et un développement continu de l'économie, dont principalement l'industrie de production et de transformation, qui provoqua un appel de main d'œuvre transformant cette moitié de l'Europe en une terre d'immigration, notamment au cours des Trente Glorieuses. Au même moment, la construction de l'Union européenne crée un marché commun entre États européens.
212
+
213
+ L’Europe est au début du XXIe siècle, quand on considère sa densité de population, le troisième foyer de peuplement derrière la Chine et l'Inde, avec des densités de populations parmi les plus élevées au monde dans certaines zones des Pays-Bas, de la Belgique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l'Italie, d’autant que l’exode rural s’est renforcé ainsi que l’attractivité des littoraux avec des populations de plus en plus urbaines. En termes absolus, l'Europe et, a fortiori, l'Union européenne, est cependant un « nain démographique »[248],[249],[250]. Le continent (env. 740 millions d'habitants ; UE env. 511 millions d'habitants) se situe derrière l'Asie (env. 4,3 milliards d'habitants dont env. 1,4 milliard d'habitants pour la Chine et env. 1,3 milliard d'habitants pour l'Inde), l'Afrique (env. 1,2 milliard d'habitants) et l'Amérique (env. 1 milliard d'habitants) ; l'Eurasie, quant à elle, concentre environ 4,6 milliards d'habitants.
214
+
215
+ En 2005, le Conseil de l'Europe soulignait que depuis quelques décennies l’UE devait sa croissance démographique à l'immigration qui, dans les années 2000, est devenue le premier, puis le seul facteur d’augmentation de la population totale de l’UE. Ainsi deux millions de personnes sont venues s'installer en Europe en 2004 alors que l'accroissement naturel était négatif de 63 000 personnes. L'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'UE. En 2007, 70 millions de personnes, soit 16 % de la population de l'UE, résidaient dans des communes côtières[251].
216
+
217
+ Malgré les dizaines de millions de morts des deux guerres mondiales, l’Europe a connu une période d’explosion démographique aux XIXe et XXe siècles, qui s’est accompagnée d’une forte pression sur l’environnement et les ressources non renouvelables (cf. empreinte écologique, empreinte énergétique, pression urbanistique, pollutions, etc.). Depuis quelques décennies, la population européenne tend à se stabiliser, à la suite d'une forte diminution de la natalité, qui reste toutefois encore largement compensée par la natalité de certains pays, par le recul de l’âge auquel les femmes font leurs premiers enfants, et surtout par une immigration régulière.
218
+
219
+ L'immigration est le premier moteur de la croissance dans une Union européenne à la population vieillissante. Le boom économique des années 1950-1960 avait poussé l'Europe à faire appel à une immigration massive, souvent issue de ses ex-colonies. Les Chinois, Indiens et Africains constituent l'un des principaux flux d'immigrants non originaires de l'UE. Après les Turcs, les Marocains forment le plus gros contingent[252].
220
+
221
+ Les études prospectives pour 2050 varient d’une population diminuant de 3 % (dans l'hypothèse d'un ISF remontant à 2,34), à -22 % voire -50 %. Les experts parlent alors de retournement démographique[253] ou d'hiver démographique. Que la diminution soit due à la natalité est un phénomène inédit jusqu'à nos jours dans le monde. Ces chiffres ci-dessus doivent tous être utilisés avec prudence, la prospective démographique ayant toujours été prise en défaut et pouvant elle-même influer en retour sur les comportements individuels et collectifs et sur les politiques de soutien à la natalité ou à l’immigration. Pour d'autres, la population de l'Union européenne (UE) serait de 470 millions de personnes en 2050 selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et 506 millions en 2060 selon Eurostat. La population de l'UE dépasserait ainsi celle des États-Unis (468 millions de personnes en 2060 selon le Centre américain d'études sur l'immigration)[254].
222
+
223
+ Toutefois, la situation démographique diffère pour chaque pays européen. Les pays de l'Europe de l'Est se sont inquiétés des évolutions démographiques dès les années 1960 et ont mis en place des politiques d'encouragement à la natalité. Cependant, les moyens utilisés, comme l'interdiction de l'avortement, n'auraient pu être acceptés au même moment en Europe de l'Ouest. Ces mesures n'ont d'ailleurs généralement pas produit d’effet satisfaisant ; et si la Pologne a maintenu sa population au cours de la période communiste, l'influence de l'Église catholique, qui imprègne la société polonaise, a sans doute été plus efficace que la politique nataliste.
224
+
225
+ Pour les pays d'Europe de l'Ouest, personne ne se risque, entre autres en Allemagne, à mettre sur la place publique l'évolution de la population sur la longue durée. Pour les responsables, tout passe par la politique d'immigration. Ils ne veulent pas toucher au tabou de la politique familiale en faveur de la fécondité, compte tenu du poids de la mauvaise conscience des années hitlériennes. La situation démographique empire en Europe pourtant : un rapport annuel sur la situation démographique des pays membres demandé autrefois par les autorités communautaires a été abandonné depuis 2000, désormais remplacé par un « Rapport social », où l'on communique à propos de chômage et de pauvreté sans jamais plus effleurer la dimension démographique. Autrement dit, l'UE s'interdit de voir la situation démographique de ses pays membres[255].
226
+
227
+ La croissance démographique s’est globalement poursuivie pour les 28 États membres de l'Union européenne, mais la population décroît dans certains pays, notamment en Europe de l'Est. Ce déclin démographique semble plus important et plus rapide dans les ex-pays de l’Est, dans quelques pays où la pauvreté et le renforcement des inégalités ont suivi l’effondrement du communisme, et aussi dans les régions touchées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (la Biélorussie qui a reçu 70 % environ des retombées d'iode et de césium radioactifs et connaît depuis 20 ans le plus fort taux d’avortement et le taux d’abandon d’enfants y est élevé).
228
+
229
+ Avec plus de 740 millions d'habitants et sur une surface réduite pour une moyenne d'une langue pour 4,3 millions d'habitants, l'Europe bénéficie d’une grande richesse ethnoculturelle et une pluralité de langues. Les cultures germaniques, slaves, latines et finno-ougrienne sont traduites par la diversité des langues parlées : 128 langues et dialectes ont des racines indo-européennes ; latines et grecques au sud, germaniques au nord et au nord-ouest ; slaves à l'est et en Europe centrale, seul le groupe des langues finno-ougriennes (regroupant le finnois, estonien et le hongrois) et la langue basque ne font pas partie des langues indo-européennes.
230
+
231
+ Administrativement, l’allemand, l’anglais, le russe, le français, l'espagnol et l’italien dominent mais l’Europe est linguistiquement beaucoup plus riche puisque les 50 États européens (tous souverains, hormis Gibraltar) de la grande Europe géographique regroupent 35 langues officielles, enrichies de 225 langues secondaires non officielles. À tel point qu'Umberto Eco dit : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ». Andreas Kaplan décrit l'Europe comme « offrant un maximum de diversité culturelle en un minimum de distance géographique »[256]. Ces précédents chiffres peuvent paraître élevés, mais ils ne représentent que 3 % du total des langues vivantes encore parlées sur la planète.
232
+
233
+ En Europe de l’Ouest (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, etc.) les langues vernaculaires sont souvent régionales et minoritaires, parfois au bord de l’extinction, mais certaines (breton, alsacien, basque, corse, catalan, occitan, flamand, le dernier étant un dialecte du néerlandais), sont plus reconnues[C'est-à-dire ?], et enseignées en France, plutôt à l’université, mais parfois dès l’enfance : école Diwan en Bretagne. En Espagne, c’est le cas du basque, du catalan et du galicien. Pour le Royaume-Uni, c’est le gallois, le gaélique écossais, le scots et l’irlandais. Le français est reconnu en Italie dans le Val d’Aoste, ainsi que le sarde en Sardaigne, le frioulan, l'allemand et le slovène dans le Frioul-Vénétie julienne, le ladin et l'allemand dans le Trentin-Haut-Adige, comme le sont le féroïen aux îles Féroé, ou le frison occidental aux Pays-Bas, etc.
234
+
235
+ Une langue unique n’est officiellement parlée que dans quatre petits États[réf. nécessaire] : l’Islande (où l’on parle islandais), Malte (où la seule langue officielle est le maltais), le Liechtenstein (où l'on parle allemand), et la République de Saint-Marin (où l'on parle italien). L'État de la Cité du Vatican (plus petit État européen) est un cas à part : l’italien y est la langue véhiculaire, le latin (réputé langue morte) y est la langue juridique, le français y est la langue diplomatique (le Vatican se fait enregistrer comme État francophone auprès des organisations internationales), et l'allemand est la langue en usage dans l'armée (la Garde suisse). - Les autres États comptent tous plusieurs langues vernaculaires, tant dialectes que langues à part (plus ou moins reconnues et souvent non enseignées) et jusqu’à plus de 10 pour l'Allemagne (21 langues), l'Azerbaïdjan (13), la Bulgarie (11), l'Espagne (14), la France (25), l'Italie (33), la Roumanie (14), le Royaume-Uni (12). La vaste Russie regroupe à elle seule 43 langues à statut officiel sur son territoire. La Suisse possède quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien et le romanche (cousine du ladin et du frioulan).
236
+
237
+ Certaines langues régionales, sans statut officiel (quoique doublant parfois les noms de communes ou de rues) persistent et sont parfois protégées et enseignées, souvent avec le soutien de collectivités locales ou régionales (breton, corse, occitan en France, sarde, ladin, frioulan en Italie, lapon en Scandinavie).
238
+
239
+ Les systèmes d'écriture en Europe reposent sur l'alphabet latin (sous diverses variantes), l'alphabet grec, l'alphabet cyrillique (sous diverses variantes).
240
+
241
+ Aux langues originaires des pays d’accueil s’ajoutent les langues maternelles des populations circulantes (Roms), migrantes ou réfugiées, et tout particulièrement l'arabe, le berbère, le turc, l'hindi, etc.
242
+
243
+ L'Europe a été confrontée au cours de son histoire aux besoins de langues véhiculaires. Ainsi la lingua franca, langue composite (mélange d'arabe, de français, portugais, espagnol, italien ou occitan, le tout variant dans le temps et l'espace), a été utilisée du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle par les marins et dans les ports de la Méditerranée. De nombreux projets de langues construites sont apparus en Europe, avec notamment la création de l'espéranto en 1887, seule langue construite devenue langue vivante.
244
+
245
+ Sur une population totale d'environ 730 millions d'habitants en 2010, l'Europe compte environ 255 millions de catholiques (35 %)[257], 197 millions d'orthodoxes (27 %)[257], 102 millions de protestants (14 %)[257] et 44 millions de musulmans (6 %)[258]. Les personnes n'ayant pas de religion ou pratiquant une autre religion sont environ 132 millions (18 %). Selon l'historien Geert Mak il existe au moins quatre communautés de culture et de traditions en Europe : la protestante du Nord, la catholique latine, la grecque orthodoxe et l'ottomane musulmane[259].
246
+
247
+ Le christianisme est la religion dominante en Europe et y est divisée en trois grandes confessions, (protestantisme, orthodoxie et catholicisme), réparties géographiquement de la façon suivante :
248
+
249
+ Les catholiques sont majoritaires dans vingt-trois pays[257], les orthodoxes dans treize pays[257], les protestants dans neuf pays[257], les musulmans dans cinq pays (Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Kosovo et Turquie[258], les « sans religion » dans deux pays (Tchéquie et Pays-Bas). À la fin du XXe siècle, la papauté a proclamé six saints patrons de l'Europe.
250
+
251
+ Il existe des minorités religieuses à l'intérieur de ces grands ensembles dont la plus importante est l'islam avec 44 millions de musulmans soit près de 6 % de la population européenne totale[258] :
252
+
253
+ Selon Emmanuel Todd, les systèmes familiaux en Europe sont d'une grande diversité[263].
254
+
255
+ Les pays qui ont tout ou partie de leur territoire sur le continent européen ou sont culturellement rattachés à l'Europe (selon les limites géographiques définies plus haut) sont au nombre de 51 :
256
+
257
+ Le nombre d'États souverains en Europe, qui s'élevait à plus de trois cents en 1789, était encore d'une soixantaine en 1815, au lendemain du congrès de Vienne. Après l'unification de l’Italie et de l’Allemagne, ce nombre était tombé à 19 en 1871 (20 avec la Turquie, qui contrôlait encore la majeure partie de la péninsule des Balkans). Il passa à 22 en 1878, lorsque le congrès de Berlin reconnut l'indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro. S'y ajoutèrent ensuite la Norvège (1905), la Bulgarie (1908) et l’Albanie (1912).
258
+
259
+ En 1914, l'Europe comptait donc 25 États généralement reconnus comme indépendants, non compris le Saint-Siège, l'ordre souverain de Malte et le territoire neutre de Moresnet : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche-Hongrie, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Suède, Suisse. La forme de gouvernement la plus répandue était la monarchie, puisque qu'on ne dénombrait alors que quatre républiques (la France, le Portugal, la Suisse et Saint-Marin) — huit en tenant compte des villes libres de Brême, Hambourg et Lübeck, inféodées à l'Empire allemand, et de la république monastique du mont Athos, placée sous le protectorat politique de la Grèce.
260
+
261
+ À la fin de l'année 1945, le nombre d'États était passé à 31 : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Irlande, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, URSS, Vatican, Yougoslavie. Plus de la moitié d'entre eux (19 sur 31) étaient encore des monarchies, y compris l'Albanie, la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie et la Roumanie qui vivaient alors sous un régime transitoire. Depuis 1975, le nombre de monarchies s'est maintenu à douze, à savoir sept royaumes, un grand-duché, trois principautés et un État pontifical.
262
+
263
+ Parmi les nombreux États qui connurent une existence éphémère au lendemain des deux guerres mondiales, on peut citer les républiques autonomes de Rhénanie et du Palatinat (1923/1924), les villes libres de Dantzig (1920/1939), de Fiume (1920/1924), de Memel (1920/1923) et de Trieste (1947/1954), ainsi que le territoire de la Sarre, qui disposa d'un statut particulier de 1920 à 1935 et de 1947 à 1957.
264
+
265
+ Le nombre d'États européens parut se stabiliser à 34 avec l'accession à l'indépendance de Chypre (1960) et de Malte (1964). Il devait se maintenir à ce niveau jusqu'à la chute du mur de Berlin, en 1989. Après la réunification de l'Allemagne et l'éclatement des anciennes fédérations communistes (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie), puis avec la séparation de la Serbie et du Monténégro, le nombre d'États européens officiellement reconnus comme indépendants s'élevait à 45 en 2006 (50 avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et tout ou partie de la Turquie et du Kazakhstan). Encore ce chiffre ne prend-il pas en compte les nombreux pays ou territoires dont le statut est contesté (Abkhazie, Chypre du Nord, Haut-Karabagh, Kosovo, Ossétie du Sud-Alanie, Principauté de Sealand, Tchétchénie, Transnistrie), etc.
266
+
267
+ Par ailleurs, Israël fait partie de nombreuses associations européennes culturelles ou sportives (UEFA par exemple). L'Algérie, l'Égypte, Israël, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie et la Tunisie font partie de l'Union européenne de radio-télévision. Le Maroc a participé au Concours Eurovision de la chanson en 1980 et Israël y participe depuis 1973. Ainsi, pour Pierre Beckouche, l’Europe est d’ores et déjà partie prenante d’un vaste ensemble macro-régional, appelé « Euroméditerranée », qui va de la Russie au Maroc en passant par le Moyen-Orient et qui est traversé de flux économiques, culturels et migratoires plus intenses qu'imaginés[264].
268
+
269
+ De nombreuses visions d'une Europe unie se sont affrontées au cours de l'histoire du continent, jusqu'à l'Union Européenne actuelle.
270
+
271
+ L'Europe n'a jamais connu d'unité politique parfaite. Certaines périodes d'une durée variable ont certes été marquées par la domination d'une vaste partie du continent par un pouvoir unique, qui s'est en général imposé par la force - ce fut ainsi le cas de l'Empire romain, de l'empire carolingien, de l'empire napoléonien et du IIIe Reich. Certaines familles royales ont également, par le biais de relations dynastiques, gouverné un grand nombre de pays européens, au premier rang desquelles la famille des Habsbourg[265]. Mais on voit, tant hétéroclite est cette liste de candidats à l'hégémonie, que des projets d'unification européenne concurrents et divergents se sont affrontés sans qu'aucun ne parvienne vraiment à s'imposer.
272
+
273
+ L'Empire Romain est longtemps demeuré dans la mémoire des Européens comme symbole d'une unité perdue. Après sa chute en Occident en 476, Théodoric, Justinien, Charlemagne poursuivirent le rêve de la résurrection de l'Empire. Au Moyen Âge, la Papauté parvint enfin à s'imposer aux yeux d'une majorité de l'Europe comme l'héritière légitime de Rome, et à imposer au continent une forme d'unité, sous la forme de la Chrétienté médiévale : certes, les Papes ne possédaient qu'un pouvoir temporel limité sur les princes et les rois, mais jouissaient d'une autorité morale, religieuse et même juridique puissante. Surtout, la Chrétienté se conçoit elle-même comme une communauté, matérialisée positivement par l'union dans les croisades et négativement par la procédure de l’excommunication, avec des droits et des devoirs partagés (par exemple le respect des trêves et jours saints), et étendue au gros du continent (à l'exception des terres orthodoxes)[266].
274
+
275
+ La crise de la Chrétienté, l'affirmation des États proto-nationaux, l'affaiblissement de la Papauté, et surtout la Réforme qui brise l'unité de la Chrétienté font naître la nécessité de repenser ce qui fait l'unité de l'Europe. C'est donc de la Renaissance que l'on peut dater la naissance de l'idée européenne moderne[267].
276
+
277
+ Au XVe siècle, déjà, des projets sont agités pour offrir paix et unité à l'Europe ravagée par des guerres intestines (Guerre de cent ans guerre hussite, guerres civiles de l'Espagne), dépeuplée par la grande peste, désunie spirituellement par le Grand Schisme d'Occident et les hérésies (Wyclifisme, hussisme, pour ne nommer que les principales), menacée par l'expansion de l'empire du Grand Turc avec la prise de Constantinople. C'est le cas, par exemple, du projet d'union chrétienne de George de Podiebrad[268].
278
+
279
+ Les Humanistes multiplieront les initiatives, aux XVe et XVIe siècles, pour créer une Europe pacifiée et harmonieuse. Tandis que les évangélistes rêvent d'une Chrétienté rénovée, affranchie de la tutelle de Rome, des irénistes cherchent à réaliser la concorde entre les princes, sous l'égide d'une Raison médiatrice et partagée[269]. Stefan Zweig loue en Érasme l'éblouissante incarnation de l'idéal européen des humanistes, lui qui institua un latin rénové comme langue de culture paneuropéenne, correspondant dans cette langue avec des intellectuels de tout le continent, et rêva d'une Europe réalisant par le pouvoir d'attraction de sa culture la concorde de l'humanité. Surtout, pour Zweig, Érasme fut celui qui prophétisa que l'union de l'Europe ne se ferait pas par la guerre, mais par des moyens pacifiques[270]. On peut citer, parmi d'autres illustres précurseurs, Andrés Laguna de Segovia, qui en 1543 se lamentait sur la pauvre Europe déchirée et exsangue.
280
+
281
+ C'est peu de dire, toutefois, que le rêve humaniste ne devait pas immédiatement se réaliser. Certes, il exerça une influence certaine, même sur les élites politiques, devenant un idéal volontiers invoqué par les princes ; ainsi lors de la signature en 1518 du traité de Londres, instaurant une « Paix Perpétuelle »[269]. Mais la paix de 1518 fut rompue dès l'année suivante, et, dans le sillage de la Réforme, l'Europe s'enfonça dans la spirale sanglante des guerres de religion, en France et surtout en Allemagne, culminant dans le paroxysme de la Guerre de Trente Ans, qui embrasa le continent[267].
282
+
283
+ La Paix de Westphalie qui mit fin à cette guerre ne fonda pas une Union de l'Europe, mais au contraire officialisa une organisation de celle-ci fondée sur l'équilibre de puissances souveraines et régulièrement en guerre. Ce système qui régulait mais approfondissait la division européenne devait persister, perfectionné au XVIIIe siècle par l'instauration de congrès réguliers[271], et renouvelé en 1815, jusqu'à la Première Guerre mondiale.
284
+
285
+ Toutefois, cela n'empêcha pas que fleurissent, portés par des visionnaires, des projets d'union de l'Europe. Pour ne citer que des Français, Sully et Rousseau y ont rêvé ; en 1712, l'abbé Castel de Saint-Pierre rend public son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, et reçoit le soutien du philosophe Leibniz.
286
+
287
+ Le rêve européen reprend de la vigueur au XIXe siècle, après la boucherie des guerres de la Révolution et de l'Empire. Dans une Europe dominée par la Sainte-Alliance, où triomphent tout ce que le Vieux Continent compte de réactionnaires, il est doté d'un nouveau contenu, social et humanitaire. Avant le Printemps des peuples en 1848, les républicains, démocrates et socialistes de toute l'Europe espèrent qu'une révolution ouvrirait la voie, conjointement, à une union pacifique du continent et à une réforme de ses sociétés dans un sens démocratique et égalitaire[272]. Victor Hugo a rêvé qu'un jour existeraient les « États-Unis d'Europe »}, pendants des États-Unis d'Amérique, utopie humanitaire et prélude à l'unité de toute l'humanité. Son discours prononcé le 21 août 1849, à l'occasion de l'ouverture du Congrès de la Paix à Paris, est resté célèbre. Il y évoque une Europe enfin pacifiée, unie sous un même gouvernement. La suite de l'Histoire prouva qu'il s'agissait d'une vision prophétique en avance sur son temps, avec la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales.
288
+
289
+ Mais surtout, la « mystique européenne »[273] fut vivement réactivée après la Première Guerre mondiale qui se chargea de démontrer, si besoin était, à un grand nombre d'intellectuels à quel point la guerre était absurde. Seule une Europe unie pouvait éviter le retour de l'horreur. Conscient du déclin de celle-ci face à l'Amérique (Albert Demangeon - 1920), ils cherchent la voie la plus sûre pour unifier le continent.
290
+
291
+ L'héritage culturel grec, le droit romain et l'unité chrétienne sont conçues par Paul Valéry[274] comme les trois piliers de l'Europe, lors d'une conférence donnée à l'université de Zurich le 15 novembre 1922. En 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi publie Paneuropa, ouvrage dans lequel il développe sa vision d'une Europe forte de 300 millions d'individus, dont il exclut la Russie et la Grande-Bretagne, l'une considérée comme « asiatique » et l'autre plus préoccupée de toute manière par son Empire planétaire (vision partagée alors par les Britanniques eux-mêmes). C'est une vision qui s'appuie sur une analyse géopolitique d'un monde divisé en grands blocs antagonistes. Il rencontre un tel écho dans le monde intellectuel qu'il peut réunir à Vienne en 1926 un congrès avec plus de 2 000 délégués venus de 24 nations différentes (l'un des premiers adhérents à son mouvement est le jeune maire de Cologne, Konrad Adenauer). Il trouve aussi le soutien de Louis Loucheur et Aristide Briand (qui sera d'ailleurs nommé président d'honneur du mouvement), mais dans l'ensemble les politiques ne le suivent pas et on le soupçonne parfois de travailler pour l'Allemagne. Quoi qu'il en soit le mouvement Pan-Europe est fondé et survit jusqu'à nos jours (un membre de la famille des Habsbourg en est le président). Le même Aristide Briand, alors président du Conseil, pourra s'appuyer sur ce mouvement pour appeler à la création d'une « sorte de lien fédéral » devant l'assemblée de la Société des Nations (SDN) en 1929.[réf. nécessaire]
292
+
293
+ Le 1er mai 1930, en accord avec les instances dirigeantes de la SDN, il remet aux autres gouvernements européens un mémorandum sur « l'organisation d'un régime d'Union fédérale européenne ». Il essuie un refus poli : c'est un échec[275].
294
+
295
+ La crise et la montée en puissance des totalitarismes étouffent progressivement tout espoir de construction européenne. L'Allemagne nazie conçoit l'Europe selon une vision pangermaniste, raciste et centrée autour d'une grande Allemagne. L'Europe n'est plus qu'un réservoir de matières premières et de main-d'œuvre, destinée à nourrir la machine de guerre nazie.
296
+
297
+ Mais la résistance pense aussi l'Europe, et tandis qu'elle mène le combat intérieur partout en Europe contre le fascisme et le nazisme, ses membres les plus éminents se réunissent afin de dessiner les contours d'une Europe post-Seconde Guerre mondiale[276].
298
+
299
+ Après la guerre Churchill appelle à son tour de ses vœux à l'unité européenne et crée un mouvement qui fusionne très peu de temps après avec celui de Richard Coudenhove-Kalergi. Devant ce qui est perçu comme le danger soviétique, les États-Unis lancent un vaste programme de reconstruction de l'Europe avec le plan Marshall. Celui-ci conditionne la formation d'une Europe financière appuyée sur des politiques monétaires concertées (création de l'OECE - Organisation Européenne de Coopération Économique). Il faut désormais attendre la déclaration Schuman du 9 mai 1950 pour assister à la relance du vieux projet d'union européenne, cette fois lancée par étape, en commençant par l'un des secteurs économiques phares pour les Français comme pour les Allemands, l'industrie de la houille et de la sidérurgie. En plaçant ces productions sous la houlette d'une Haute Autorité, c'est le consentement prudent mais définitif d'un abandon de souveraineté qui transparaît. La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) née le 1er avril 1951 par la signature du Traité de Paris, elle réunit six États européens : le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, la RFA et la France. L'Europe est en marche[277].
300
+
301
+ Ainsi, depuis la seconde moitié du XXe siècle, un mouvement d'union politique est en construction, avec pour particularité une mise en place pacifique et démocratique (même si on l'accuse souvent de s'être faite à l'insu des peuples). La forme actuelle de ce nouveau pouvoir qu'est l'Union européenne n'est cependant pas encore entièrement arrêtée. Il est encore laissé une grande liberté politique aux pays membres, de plus en plus nombreux. L'Union européenne comprend maintenant 27 États membres, dont 19 faisant partie de la zone euro, zone de souveraineté monétaire commune. Avec l'Asie, l’Europe est le continent comptant le plus de monarchies (une monarchie pour trois républiques) ; les monarchies européennes sont toutes de type parlementaire, les souverains n'ayant le plus souvent qu'un rôle symbolique ou un rôle politique non déterminant : ce sont les premiers ministres ou chefs de gouvernement, issus d'une majorité parlementaire, qui sont investis du véritable pouvoir politique[réf. nécessaire].
302
+
303
+ → Pays membres de la zone euro (19 membres) :
304
+
305
+ → Pays non-membres de la zone euro (8 membres) :
306
+
307
+ → 4 pays non-membres de l'Union européenne, mais ayant signé des accords spécifiques avec celle-ci au sein de l'Union douanière de l'Union européenne :
308
+
309
+ La Biélorussie et le Vatican sont les deux seuls États européens souverains et indépendants à n'être membres d'aucune organisation supranationale européenne. Cependant, le Vatican dispose d'un statut d'observateur au Comité des ministres du Conseil de l'Europe et fait également partie de la zone euro, tandis que la Biélorussie est candidate à l'adhésion au Conseil de l'Europe depuis 1993.
310
+
311
+ L'Europe, ou plus précisément l'Union européenne, est l'un des pôles de la triade (États-Unis, Union européenne et Japon). Ces pôles centralisent 70 % de la richesse pour 14 % de la population[Quand ?]. Si l’Europe est la région la plus riche et développée du monde[278],[279], elle n'est pas un espace économiquement homogène[280],[281]: tous les pays européens ne sont pas des pays développés : l'Ukraine et la Moldavie font exception et sont classés comme pays à développement moyen avec un IDH inférieur à 0,8. L’Europe de l'Ouest et l'Europe du Nord très prospères contrastent avec certaines régions moins riches d'Europe centrale, d'Europe de l'Est (Moldavie, Ukraine, certaines régions de Roumanie, Russie) et d'Europe du Sud (Albanie, Serbie, Macédoine du Nord, certaines régions de Bulgarie, Italie du Sud, certaines régions d'Espagne, de Grèce et du Portugal).
312
+
313
+ La mégalopole européenne constitue le cœur économique de l'Europe. On peut ainsi distinguer principalement les pays de l'ancien bloc de l'Ouest, développés et avec une croissance faible et les pays de l'ancien bloc de l'est moins développés mais à plus forte croissance.
314
+
315
+ L’Union européenne, principal ensemble de la région, est en 2015 la deuxième puissance économique du monde[282]. Tous ses pays membres commercent entre eux librement grâce au marché commun, et dix-huit de ses pays ont accentué leur collaboration au sein de la zone euro. Des accords de libre-échange ont également été passés avec des pays partenaires, comme la Suisse[283].
316
+
317
+ L'Europe est un producteur important de céréales, de fruits et légumes, et de sucre, grâce aux cultures de betteraves, très développées en Ukraine et dans le nord de la France. Sur les six premières années de la décennie 2010, le continent a confirmé sa troisième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[284], malgré un léger déclin, derrière les deux géants, le Brésil et l'Inde. Parmi les points forts de son agriculture, l'Europe était aussi troisième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis.
318
+
319
+ Parler de culture de l'Europe est difficile, car de nombreuses cultures s'y sont succédé (et ont souvent assimilé des apports extra-européens) depuis plusieurs millénaires. Une définition de la culture de l'Europe doit nécessairement aussi tenir compte des limites géographiques du continent.
320
+
321
+ Le tourisme culturel tient une place singulière en Europe, elle est une des clés de l'avenir permettant d'assurer une puissante force d'attraction pour l'Europe. Elle touche essentiellement l'audience des musées, des monuments et des évènements culturels. Et donne lieu à des déplacements vacanciers. Par conséquent, elle est une mine de recette considérable pour les pays européens. L'activité touristique s'est notablement enrichie depuis une vingtaine d'années, et les modes de visite des touristes ont beaucoup évolué. Le tourisme étranger en France en est une vivante illustration.
322
+
323
+ Agence spatiale européenne (Ariane 5).
324
+
325
+ L'orchestre symphonique.
326
+
327
+ Académie européenne du cinéma.
328
+
329
+ Prix Nobel.
330
+
331
+ Ligue des champions de l'UEFA.
332
+
333
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
334
+
335
+ Sur les autres projets Wikimedia :
336
+
337
+ Histoire :
338
+
339
+ Cartes :
fr/1908.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,203 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Europe, officiellement Jupiter II Europe (en abrégé J II Europe, internationalement J II Europa) est un satellite naturel de Jupiter, le sixième par la distance et le deuxième parmi les satellites galiléens.
4
+
5
+ Avec un diamètre de 3 121 kilomètres, Europe est le quatrième plus gros satellite de Jupiter et le sixième du système solaire. Sa surface est composée de glace et se trouve être la plus lisse de tout le système solaire. Bien que sa température soit au maximum de −150 °C, on suppose qu'en dessous se trouve un océan liquide d'environ 90 kilomètres de profondeur. De plus, des geysers d'eau ont été détectés à sa surface. Ces éléments laissent à penser qu'Europe pourrait être habitable par certains organismes, bien que cette hypothèse ne soit pas encore vérifiée. À ce sujet, la NASA projette de lancer vers 2020-2030 une sonde spatiale dans le système de Jupiter, afin d'étudier en détail Europe, le projet ayant pour nom de code Europa Clipper[1].
6
+
7
+ Europe est un des quatre satellites galiléens. Les trois premiers (Ganymède, Io et Callisto) ont été observées pour la première fois le 7 janvier 1610 par Galilée avec une simple lunette grossissant vingt fois à l'université de Padoue. Galilée ne put pas observer Europe ce jour-là, mais la nuit suivante. Le nom du satellite provient de celui d'Europe, fille du roi Agénor de Tyr, aimée du roi des Dieux de l'Olympe Zeus. Les noms des autres satellites galiléens sont aussi tirés de la mythologie. Ces noms ont été suggérés par Simon Marius, qui déclara avoir trouvé ces satellites indépendamment, mais fut accusé de plagiat par Galilée. Marius lui-même attribuait l'idée de ces noms à Johannes Kepler[2],[3]. Cependant, aussi bien Galilée que Marius avaient commencé par nommer les quatre satellites visibles de Jupiter en les numérotant dans l'ordre croissant de leur distance à la planète.
8
+
9
+ Cet usage fut longtemps le seul utilisé, et Europe fut nommé pendant trois siècles « Jupiter II ». La découverte d'Amalthée en 1892, dont l'orbite est intérieure à celle d'Io[4], aurait dû décaler la nomenclature d'une unité, mais elle se vit octroyer, contrairement à la logique initiale, le numéro V. Les sondes Voyager découvrirent trois satellites intérieurs[4] supplémentaires en 1979, si bien qu'Europe est aujourd'hui le sixième satellite connu par ordre de distance à Jupiter. La numérotation des satellites de Jupiter a suivi l'ordre de leur découverte, et cette primauté de l'ordre de découverte sur celui de distance est toujours en place aujourd'hui pour une raison de simplicité : une fois numéroté, un satellite conserve de façon unique et définitive son numéro. On revint cependant à la proposition de Simon et Kepler[5], en donnant des noms extraits de la mythologie, bien que l'appellation séculaire de « Jupiter II » soit toujours utilisée pour la désignation systématique du satellite.
10
+
11
+ Europe fait le tour de Jupiter dans le sens direct à une distance moyenne de 670 900 km en 3 j 13 h 14,6 min. L'orbite a une excentricité de 0,0094 : c'est-à-dire que la distance à l'astre des points le plus éloigné et le plus rapproché (les apsides) ne diffèrent que de ±1,01 % de leur moyenne (demi grand axe). Le plan de l’orbite d’Europe est incliné de 0,47° par rapport à l’écliptique.
12
+
13
+ La période d'Europe est en résonance orbitale avec celle de ses deux voisins dans les rapports 2:1 et 1:2. C'est-à-dire que, quand Ganymède fait un tour, Europe en fait 2 et Io 4. Cette résonance est stabilisée par les forces mutuelles de gravitation entre Jupiter, Io, Europe et Ganymède.
14
+
15
+ Europe présente comme les autres satellites de Jupiter une rotation synchrone, qui lui fait montrer toujours la même face à la planète (comme la Lune terrestre).
16
+
17
+ Pendant les survols de Galileo, un faible champ magnétique a été mesuré, six fois plus faible que celui de Ganymède et six fois plus fort que celui de Callisto[6]. Ce champ magnétique varie lors du mouvement de la magnétosphère très marquée de Jupiter. Ces données indiquent qu'il existe sous la surface d'Europe une couche conductrice de l'électricité, comme pourrait l'être un océan d'eau salée.
18
+
19
+ D'ailleurs, les mesures spectroscopiques montrent que les lignes et structures rougeâtres à la surface sont riches en sels comme ceux de magnésium. Ces dépôts de sel pourraient avoir été laissés à l'occasion de l'évaporation d'eau remontée en surface. Les sels détectés sont en principe incolores, et il faudrait d'autres éléments chimiques comme le fer ou le soufre pour donner cette coloration.
20
+
21
+ En 1999, un disque de débris sous forme d'un anneau de grains de poussière ténue a été détecté tout comme pour Callisto et Ganymède[7].
22
+
23
+ Par ailleurs, l'hydrogène moléculaire produit à partir de la glace superficielle par le rayonnement UV solaire et les particules chargées (de l'environnement magnétosphérique de Jupiter) ainsi qu'une partie de l'oxygène produit ainsi, sous l'état atomique ou moléculaire, forment un anneau en forme de tore de gaz neutre, qui a été détecté par les sondes Cassini et Galileo. Les modèles prédisent que presque tous les atomes ou molécules de ce tore gazeux finissent par être ionisés, et contribuent ainsi au plasma magnétosphérique de Jupiter[8].
24
+
25
+ Europe possède une atmosphère très ténue, composée principalement d'O2. Sa pression au sol est entre 10−7 Pa et 10−6 Pa.
26
+
27
+ Son origine est la radiolyse de la glace superficielle par les UV solaires et les particules chargées de la magnétosphère jovienne. Les fragments de molécules d'eau sont éjectés, les atomes d'hydrogène peuvent échapper à la gravitation mieux que ceux d'oxygène, d'où une accumulation relative d'oxygène dans l'atmosphère.
28
+
29
+ Une partie de l'oxygène peut s'adsorber sur la glace, voire y pénétrer, ce qui peut favoriser un transport d'oxygène vers l'intérieur.
30
+
31
+ L'albédo d'Europe est de 0,64[9], l'un des plus élevés de tous les satellites. Les observations spectrales terrestres révèlent que sa surface est constituée en majeure partie de glace d'eau[10]. De vastes dépôts de chlorure de sodium sont aussi présents en surface[11].
32
+
33
+ La surface d'Europe est la plus lisse[12] du Système solaire. Elle est striée de craquelures et de rayures, mais comporte peu de cratères. Cette surface très lisse et ces structures rappellent fortement les banquises des régions polaires terrestres.
34
+
35
+ Les récentes images de la sonde Galileo ont permis de distinguer que trois grandes familles de structures « géologiques » façonnent la surface glacée d'Europe :
36
+
37
+ Il n'y a pas encore de consensus sur les interprétations parfois contradictoires de la nature de ces structures[13].
38
+
39
+ Le niveau de rayonnement à la surface d'Europe est équivalent à une dose de 540 rem (5 400 mSv) par jour, soit plus de 104 fois la dose considérée comme acceptable pour les travailleurs directement affectés à des travaux nucléaires[14].
40
+
41
+
42
+
43
+ La surface de la croûte de glace est déchirée par de longues et larges bandes sombres qui indiquent une intense déformation. Celle-ci prend l'allure d'un vaste réseau de fractures, fossés ou sillons entremêlés, en périphérie desquelles s'accumulent parfois des sulfates hydratés de magnésium et de sodium et/ou de l'acide sulfurique, et que l'on nomme « linea » (« ligne » en latin, plur. lineae). Ces reliefs sont de toute manière modérés, et on n'a pas vu de sommets de plus de quelques centaines de mètres.
44
+
45
+ Ce constat témoigne de l'existence d'importants mouvements tectoniques (horizontaux et verticaux) dans la croûte de glace et d'un renouvellement de la surface.
46
+
47
+ Les lineae ressemblent fortement aux fractures et failles des banquises terrestres. Les plus larges ont quelque 20 km de large, des bords peu marqués et une région intérieure de matériau clair, strié[15].
48
+
49
+ Elles pourraient avoir été engendrées par un cryovolcanisme ou le jaillissement de geysers d'eau liquide, qui aurait écarté la croûte de glace. Cependant un examen détaillé sur des photos de détail montre que les parties de cette croûte glacée se sont déplacées l'une par rapport à l'autre, à travers les lineae, voire cassées, ce qui la rend comparable à une faille transformante terrestre. Ceci reproduit bien le comportement d'une banquise.
50
+
51
+ L'hypothèse la plus probable est que ces lineae ont été produites par une série d'éruptions de glace « chaude », au moment où la croûte s'ouvrait et laissait apparaître des couches de glaces plus chaudes en dessous[16]. Cet effet peut être assimilé au phénomène terrestre des dorsales océaniques.
52
+
53
+ La croûte est mise en mouvement par les forces de marée, dues à la faible excentricité de l'orbite d'Europe. En raison de la très forte attraction de Jupiter, l'amplitude de la marée est néanmoins d'une trentaine de mètres, avec la période de l'orbite, soit trois jours et demi.
54
+
55
+ En raison des paramètres bien connus de cette marée, les banquises devraient présenter un schéma de dislocations prévisible. Les photos détaillées montrent que seules les régions les plus jeunes géologiquement sont en accord avec cette prévision. Les autres régions en diffèrent d'autant plus qu'elles sont plus vieilles. Ceci peut s'interpréter par l'hypothèse que la surface d'Europe se déplace légèrement plus vite que son intérieur, en raison de la présence d'une couche liquide qui découple les deux mouvements[17] (voir Champ magnétique plus haut). Les effets de marée supplémentaires s'exerçant sur la couche de glace en raison de ce déplacement apportent une correction qui va dans le sens des phénomènes observés. L'analyse citée montre que seules quelques fractures majeures sont provoquées à chaque tour de glissement.
56
+
57
+ Des comparaisons entre les photos de Voyager et de Galileo montrent que ce glissement est limité à un tour au plus pour 12 000 ans[18].
58
+
59
+ On ne voit sur Europe que très peu de cratères de collision, et trois seulement ont un diamètre supérieur à 5 km. Le deuxième en taille, Pwyll, a un diamètre de 26 km. C'est une des structures géologiques les plus jeunes d'Europe, car lors de la collision, des éjectas clairs ont été projetés à des milliers de kilomètres, recouvrant la plupart des autres structures.
60
+
61
+ La faible cratérisation est une indication de ce que la surface d'Europe est géologiquement active et très jeune[19],[9]. Des estimations, à partir de la probabilité de collision avec des comètes et des astéroïdes, donnent un âge entre 20 et 180 millions d'années[20].
62
+
63
+ Les cratères visibles les plus jeunes semblent avoir été comblés par de la glace fraîche, et aplanis. Ce mécanisme, ainsi que le calcul du réchauffement par les marées conduisent à penser que la couche de glace d'Europe est épaisse de 10 à 15 km.
64
+
65
+ Un autre type de structure de surface consiste en formes circulaires ou elliptiques, appelées lenticulae (plur. du latin lenticula « tache »). De nombreuses sont des dômes, d'autres des dépressions, ou simplement des taches sombres plates. Ces lenticulae proviennent apparemment de cheminées de glace plus chaude, comparable aux chambres magmatiques de la Terre.
66
+
67
+ Une telle remontée provoque le rehaussement des dômes (diapir), dont le sommet ressemble à la plaine de glace qui l'entoure[21] ; les taches sombres plates pourraient être de l'eau de fonte de la glace arrivant en surface, et regelée.
68
+
69
+ Des zones chaotiques comme le Conomara chaos sont formées comme par un puzzle de pièces et de morceaux, entouré de glace lisse. Ils ont l'aspect d'icebergs dans une mer gelée. Ils pourraient provenir comme les dômes de remontée de glace, mais sur une plus grande largeur, brisant et morcelant la surface au moment de son émergence[22].
70
+
71
+ Une vue nouvelle suggère que les lenticulae ne diffèrent pas en nature des zones de chaos, et que les dômes, taches et dépressions ne sont que des artefacts résultant d'une interprétation hâtive des premières images, à basse résolution, de Galileo. Ceci impliquerait que la glace est trop fine pour soutenir le modèle convectif du diapir pour la formation des structures[23],[24].
72
+
73
+ La masse d'Europe dépasse la somme totale de celles des satellites connus du Système solaire plus petits que lui : la masse d'Europe atteint 4,8 × 1022 kilogrammes alors que la masse de Triton et de tous les satellites plus légers vaut 3,95 × 1022 kilogrammes.
74
+
75
+ Comme ses frères galiléens (Io, Ganymède et Callisto), Europe est un corps tellurique de composition globale chondritique.
76
+
77
+ Les données acquises par les sondes Voyager autour des années 1980 révèlent de grandes disparités entre les quatre satellites galiléens, suggérant un rôle prédominant de l'effet des marées joviennes qui soumettent les satellites à d'énormes forces de marée gravitationnelle. Ces forces de marée se manifestent pour Europe en une différence de 3 kilomètres entre le rayon dans la direction radiale et les rayons perpendiculaires. Malgré la (faible) excentricité de leurs orbites, au périapside, les forces tendent à augmenter cette différence, et se relâchent légèrement à l'apoapside : sur Io, le plus proche satellite par rapport à Jupiter, les marées entraînent un intense volcanisme de silicates.
78
+
79
+ Sur Europe, l'amplitude de la marée est plus faible que sur Io, quelque 30 mètres, et son rythme plus faible. Elle ne peut entraîner que la fusion de la glace, avec un renouvellement de la surface rapide, marqué par le faible nombre de cratères. Sur Ganymède, un peu plus éloigné encore, on trouve à la fois des régions jeunes et peu cratérisées, et des régions âgées, constellées de cratères. Enfin, Callisto, la plus éloignée, apparaît dénuée de toute activité, et est uniformément recouverte de cratères.
80
+
81
+ Les divers arguments évoqués ci-dessus (variabilité du champ magnétique, découplage apparent de la surface de glace par rapport à l'ensemble du satellite, marqué par la dérive[25] des lineae par rapport à l'axe Jupiter-Europe) poussent à l'hypothèse que sous la glace se trouve un océan continu d'eau salée (conductrice de l'électricité), dont les remontées conduiraient après évaporation aux dépôts de sel remarqués le long des lineae.
82
+
83
+ L'exemple le plus spectaculaire est celui des régions de chaos, structure assez commune sur Europe, et que l'on peut interpréter comme des régions où l'océan subglaciaire a fondu à travers la croûte glacée. Cette interprétation est très controversée. La plupart des géologues qui ont étudié Europe sont en faveur de ce que l'on appelle le modèle « à glace épaisse », dans lequel l'océan n'interagit jamais, ou rarement tout au plus, directement avec la surface[26].
84
+
85
+ Le 26 septembre 2016, la NASA révèle plusieurs observations réalisées à l'aide d'Hubble confortant l'hypothèse que des émissions de panaches d'eau (sous forme de vapeur) se produisent à la surface d'Europe. Si ces observations se confirment, alors de tels panaches rendraient possible l'échantillonnage de l'océan subglaciaire de la lune sans forer la couche de glace supérieure[27],[28]. Un autre argument en faveur de l'existence de panaches a par la suite été apporté grâce au réexamen de mesures de champ magnétique effectuées en 1997 par la sonde Galileo[29].
86
+
87
+ Les différents modèles pour l'estimation de l'épaisseur de glace donnent des valeurs comprises entre quelques kilomètres et des dizaines de kilomètres[30].
88
+
89
+ Les moyennes de température sur la surface d'Europe vont d'environ −163,15 °C (−160 °C) sur l'équateur à seulement −223,15 °C (−220 °C) vers les pôles, ce qui rend la croûte glacée d'Europe aussi dure que le granite[31].
90
+
91
+ Le meilleur indice pour le modèle de la glace épaisse est l'étude des grands cratères : les plus grandes structures d'impact sont entourées d'anneaux concentriques, et paraissent être remplis de glace fraîche relativement plate. En se reposant sur cette donnée et sur les marées, on peut estimer l'épaisseur de la couche de glace à 10 – 30 kilomètres, qui inclut une certaine épaisseur de glace moins froide et plus ductile, ce qui amènerait à une épaisseur de l'océan liquide par-dessous à environ 150 kilomètres[20]. Ceci conduit à un volume des océans d'Europe de 3 × 1018 m3, soit deux fois celui des océans terrestres. Dans le modèle de la glace mince, la glace n'aurait que quelques kilomètres d'épaisseur. Mais la plupart des planétologues concluent que ce modèle ne prend en compte que les couches supérieures de la croûte d'Europe, qui se comportent élastiquement sous l'effet des marées.
92
+
93
+ Un exemple est l'analyse des flexions, dans lequel la croûte est modélisée comme un plan ou une sphère chargée et fléchie sous le poids. Ce genre de modèle suggère que la partie élastique extérieure de la croûte n'aurait que 200 m. Si la couche de glace d'Europe n'a que quelques kilomètres, ceci signifierait que des contacts réguliers entre l'intérieur et la surface auraient lieu, par les lineae ouvertes, ce qui provoquerait la formation des régions chaotiques[30].
94
+
95
+ Le chauffage par la désintégration radioactive, qui devrait être similaire à celui de la Terre (en watts par kilogramme de roche), ne peut fournir le réchauffement nécessaire à Europe, car le volume par unité de surface est beaucoup plus faible en raison d'une plus petite taille de la lune, ce qui fait que l'énergie se dissipe plus vite.
96
+
97
+ Les premiers indices d'un océan souterrain proviennent des théories concernant le système de chauffage par les marées (c'est une conséquence de l'orbite légèrement excentrique d'Europe et accessoirement de la résonance orbitale avec les autres satellites galiléens). L'énergie thermique fournie pour maintenir liquide cet océan proviendrait des marées dues à l'excentricité de l'orbite, servant aussi de moteur à l'activité géologique de la glace de surface[32],[31].
98
+
99
+ À la fin de 2008, il a été suggéré que Jupiter pourrait maintenir les océans chauds par des ondes de marées dues à l'obliquité, faible certes, mais non nulle, du plan de l'équateur sur celui de l'orbite. Ce genre de marée, qui n'avait pas été considéré auparavant, engendre des ondes de Rossby, dont la vitesse est faible, quelques kilomètres par jour, mais qui peuvent comporter une énergie cinétique significative. Pour l'estimation actuelle de l'inclinaison axiale de l'ordre de 1°, les résonances des ondes de Rossby pourraient emmagasiner 7,3 × 1018 J d'énergie cinétique, soit 200 fois la quantité du flux de la marée dominante[33],[34].
100
+
101
+ La dissipation de cette énergie pourrait être la principale source d'énergie thermique de l'océan. Il resterait à préciser le bilan d'énergie entre formation des ondes et dissipation sous forme thermique.
102
+
103
+ Le champ magnétique de Jupiter étant intense jusqu'au niveau de l'orbite d'Europe, il exerce une influence sur les ions présents dans son océan[35]. Cela provoque un courant océanique d'une vitesse de quelques centimètres par seconde et dans un sens contraire à celui de la rotation d'Europe[35]. Ce phénomène pourrait être responsable des failles observées à la surface du satellite[35].
104
+
105
+ Sous la couche d'eau — ou de glace plastique — d'une épaisseur de l'ordre de 100 km, Europe présente une structure similaire à celle des planètes telluriques, en ce sens qu'elle consiste principalement de roches silicatées.
106
+
107
+ On estime que la croûte de glace a subi une migration séculaire de 80°, se retrouvant pratiquement à angle droit, ce qui serait hautement improbable si la glace était attachée rigidement au manteau[36].
108
+
109
+ Enfin, Europe possède probablement en son centre un relativement petit cœur de fer[37].
110
+
111
+ La mission Galileo s'est terminée en 2003, et la NASA a dirigé la sonde vers Jupiter pour qu'elle s'y écrase. Ceci était une précaution pour éviter, entre autres, qu'un corps a priori non stérile ne vienne heurter Europe et la contaminer avec des microorganismes terrestres.
112
+
113
+ Europe semble être (hormis la Terre) la seule à posséder un océan liquide en contact avec des silicates (roches), ce qui en fait le meilleur candidat à la présence de vie dans notre système solaire. D'autres corps, comme Encelade, Titan, Ganymède, Callisto, voire Triton ou éventuellement Charon posséderaient un océan d'eau liquide pris entre deux couches de glace.
114
+
115
+ Le 11 décembre 2013, de l'argile est découverte sur la surface, probablement apporté par une comète ou un astéroïde[38]. L'argile de ces corps est souvent associée à des matériaux organiques, ce qui ouvre la possibilité qu'Europe ait été ensemencée par des composés prébiotiques. Les minéraux argileux présentent en effet des propriétés catalytiques et géométriques qui pourraient favoriser la formation de protéines voire de chaînes d'acides nucléiques comme l'ADN ou l'ARN.
116
+
117
+ Jusqu'aux années 1970, la vie n'était pensée comme possible que dans une entière dépendance de l'énergie du Soleil. Les plantes à la surface de la Terre captent l'énergie du Soleil et l'utilisent par la photosynthèse pour transformer en sucres le dioxyde de carbone et l'eau, relâchant de l'oxygène dans le processus. Elles sont mangées par des animaux qui respirent de l'oxygène, formant une chaîne alimentaire qui fait passer l'énergie d'une forme à l'autre. Même la vie dans l'océan profond, bien au-dessous de la région éclairée, obtient sa nourriture des détritus tombant de la surface, ce qui amorce une nouvelle branche de la chaîne alimentaire[39]. La capacité d'un monde à soutenir la vie dépend dans cette optique de son accès à la lumière solaire.
118
+
119
+ Selon un rapport publié dans New Scientist, les scientifiques de la NASA, qui avaient planifié la mission de la NASA Jupiter Icy Moons Orbiter, après l'évaluation de missions précédentes, sont parvenus au printemps 2004 à la conclusion qu'Europe pouvait être bien plus défavorable à la vie qu'on ne l'avait supposé précédemment. Par exemple, on a démontré l'existence de taches couvertes d'eau oxygénée ou d'acide sulfurique concentré, tous deux extrêmement actifs dans la dégradation de molécules un peu complexes. L'acide provient de l'océan supposé sous la couche de glace et sa concentration peut provenir d'un volcanisme sous-marin, qui apporte le soufre. De même, s'il est trop salé, seuls des halophiles extrêmes pourraient survivre[40].
120
+
121
+ Par ailleurs, si l'océan d'Europe est trop froid, les processus chimiques et biologiques semblables à ceux qui se déroulent sur Terre ne pourraient pas avoir lieu. L'énergie fournie par la contrainte de marée provoque des processus géologiques actifs, comme sur Io, bien qu'à un moindre degré.
122
+
123
+ Europe, comme la Terre, possède une source d'énergie interne d'origine radioactive ; cependant elle est probablement de plusieurs ordres de grandeur plus faible que celle due à la marée[41] (alors que la proportion est de 20 % - 80 % sur Terre[42]).
124
+
125
+ Mais même l'énergie des marées ne pourrait jamais soutenir un écosystème aussi grand, diversifié et prolifique que le système terrestre à base de photosynthèse[43].
126
+
127
+ Cependant, en 1977, pendant une plongée d'exploration dans le rift des Galápagos[44], dans le sous-marin d'exploration des grands fonds Alvin, les scientifiques découvrent des colonies de vers tubulaires géants, de palourdes, de crustacés, de moules et autres créatures assorties, concentrées autour de structures volcaniques sous-marines appelées fumeurs noirs[39]. Ces créatures prolifèrent, malgré le manque de lumière solaire. On découvre bientôt qu'elles forment une chaîne alimentaire complètement autonome. Au lieu de plantes, la base de cette chaîne est constituée par une forme de bactéries qui trouvent son énergie dans l'oxydation de produits chimiques réactifs, tels l'hydrogène ou l'hydrogène sulfuré, qui émergent de l'intérieur de la Terre. Cette chaîne de chimiosynthèse révolutionne la biologie en montrant que la vie n'a pas besoin de la lumière du soleil ; elle n'a besoin que d'eau et d'une différence d'énergie thermique et chimique pour se développer. Ceci ouvre une voie immense à l'astrobiologie, en multipliant considérablement les possibilités d'habitat extraterrestre. Ces sources hydrothermales (fumeurs noirs) des océans profonds montrent sur la Terre des formes de vie qui subsistent dans des conditions extrêmes, et privées de lumière solaire.
128
+
129
+ Un autre exemple de vie dans des conditions particulièrement rudes sur Terre est le lac Vostok, à 4 km sous la glace de l'Antarctique, où des bactéries anaérobies ont été trouvées dans la glace, à quelques centaines de mètres de la zone liquide. Le forage russe s'est arrêté à 200 m de l'eau, afin d'éviter toute contamination, avant de reprendre en 2006 et d'atteindre le lac le 5 février 2012. On a donc peu d'indications sur la chaîne alimentaire de ce système écologique, qui est également complètement privé de la lumière solaire.
130
+
131
+ La vie pourrait exister dans l'océan sous la glace d'Europe, éventuellement subsistant dans un environnement semblable aux environnements terrestres comme celui des fumeurs noirs de l'océan profond ou celui du lac Vostok sous la glace de l'Antarctique[45].
132
+
133
+ La vie dans un océan de ce genre pourrait ressembler à celle des microbes au fond des océans terrestres[46], ce qui pourrait expliquer certaines particularités du spectre de la lumière renvoyée par Europe, notamment dans l'infra-rouge[47].
134
+
135
+ L'intérieur d'Europe sans lumière est actuellement considéré comme l'endroit le plus probable d'existence de vie extraterrestre du Système solaire[48].
136
+
137
+ Bien que les vers tubicoles et les autres organismes eucaryotes pluricellulaires autour des orifices hydrothermaux terrestres respirent de l'oxygène, et dépendent en principe de la photosynthèse, les bactéries anaérobies et les archées à la base de ces écosystèmes donnent un modèle possible pour une vie dans l'océan d'Europe. Comme il a été noté (voir supra), des radicaux libres engendrés par radiolyse peuvent gagner l'océan, soit par diffusion au sein de la glace, soit par subduction de la surface. Et ceci peut être une source suffisante d'oxygène en l'absence de photosynthèse[49].
138
+
139
+ En septembre 2009, le planétologue Richard Greenberg a calculé que la glace convertie en oxydants par les rayons cosmiques tombant sur la surface d'Europe et descendant dans l'océan, dans le renouvellement tectonique de la glace, pourrait amener à une concentration en oxygène de l'océan supérieure à celle de l'océan terrestre en quelques millions d'années. Ceci pourrait permettre à Europe d'entretenir non seulement une vie microbienne anaérobie, mais aussi des organismes pluricellulaires aérobies plus grands, du type poissons[50].
140
+
141
+ La vie sur Europe pourrait exister en îlots autour des évents hydrothermaux du fond de l'océan, ou sous le fond de l'océan, où l'on connaît sur Terre des organismes endolithes, c'est-à-dire vivant au sein de la roche, soit dans des fissures naturelles, soit dans des trous qui se sont creusés par voie chimique.
142
+
143
+ Par ailleurs, la vie pourrait exister accrochée à la surface inférieure de la couche de glace, comme des algues ou des bactéries dans les régions polaires terrestres, ou encore flotter librement dans l'océan[40].
144
+
145
+ McCollomb 1999 évalue que des cycles géothermiques sur Europe pourraient générer du dioxyde de carbone et de l'hydrogène, ce qui permettrait l'existence d'une forme de vie basée sur la méthanogenèse (réduction du dioxyde de carbone par le dihydrogène sous forme de méthane et d'eau, type trophique chimiolithoautotrophe), et ce aussi bien dans un océan réducteur qu'oxydant ; sur la base d'une hypothèse d'une activité géothermique sur Europe égale à 1/1000 de celle sur Terre, il calcule également qu'une telle forme de vie pourrait générer une quantité de biomasse de l'ordre de 105 à 106 kg/an, à comparer avec 1014 kg/an pour la vie photosynthétique sur Terre[43].
146
+
147
+ Jusqu'à présent, il n'y a aucune preuve d'existence de la vie sur Europe, mais la présence probable d'eau liquide a stimulé les recherches pour y envoyer une sonde[51].
148
+
149
+ En 2006, Robert T. Pappalardo, professeur assistant au laboratoire de physique atmosphérique et spatiale de l'université du Colorado à Boulder disait :
150
+
151
+ « Nous avons dépensé pas mal de temps et de travail pour essayer de savoir si Mars a jamais été un habitat possible. Europe paraît l'être aujourd'hui. Il faudrait le confirmer … Europe semble avoir tous les ingrédients nécessaires … et non seulement il y a quatre milliards d'années … mais encore aujourd'hui[52]. »
152
+
153
+ La possibilité unique d'Europe d'être une destination spéciale pour les futures sondes destinées à rechercher une vie extraterrestre détermine certaines préparations. Il serait effectivement plus raisonnable de se forger une expérience en organisant une expédition pour forer 4 km sous la calotte glaciaire antarctique en direction du lac Vostok.
154
+
155
+ Une expédition à destination de cette lune de Jupiter pose des problèmes presque insurmontables qui ont limité sérieusement les tentatives de la lancer :
156
+
157
+ Toute exploration comporte la désignation des lieux explorés. Dans le cas présent, la plupart des structures visibles de la sonde Galileo ont été répertoriées, et la nomenclature suit une certaine logique : on donne à chaque type de structures un nom pris dans tel ou tel registre de la mythologie ou de la géographie terrestre. Nous ne donnerons ici que quelques exemples. Pour des listes complètes, on se référera aux listes de lineae (en), de cratères et d'autres structures (en). La table suivante donne la liste des types de structure, le registre des noms appropriés, ainsi que quelques exemples.
158
+
159
+ La majorité de ce que nous connaissons d'Europe a été déduit d'une série de survols depuis 1970. Les sondes jumelles du programme Pioneer : Pioneer 10 et Pioneer 11 ont été les premières à survoler Jupiter, en 1973 et 1974 respectivement ; les premières photos des plus grandes lunes de Jupiter envoyées par les Pioneer étaient peu précises[12].
160
+
161
+ Les survols dans le cadre du programme Voyager ont suivi en 1979, et ont fourni au passage, puisque les sondes Voyager ne faisaient que traverser le système de Jupiter vers Saturne et au-delà, quelque 33 000 photos de Jupiter et de ses satellites, notamment d'Io, dont on découvrit le volcanisme, et d'Europe, dont la surface jeune laissait présager une activité tectonique encore récente.
162
+
163
+ La sonde Galileo a tourné en orbite autour de Jupiter et de ses satellites pendant 8 ans de 1995 à 2003, et a fourni les examens les plus détaillés des lunes de Jupiter que l'on attend d'ici la fin des années 2020.
164
+
165
+ Les buts de ces missions se sont étendus de l'étude chimique d'Europe jusqu'à la recherche de vie extraterrestre dans son océan subglaciaire[46].
166
+
167
+ L'essentiel du présent article est déduit des données envoyées par Galileo, et il n'est pas besoin d'y revenir.
168
+
169
+ Les plans pour envoyer une sonde pour étudier Europe, pour préciser les propriétés de son eau liquide, et la possibilité d'une vie ont été handicapés par des faux départs et des coupures budgétaires[53].
170
+
171
+ Le plan très ambitieux, JIMO (Jupiter Icy Moons Orbiter, d'orbiteur des lunes glacées de Jupiter) a reçu le feu vert en 1999, mais a été annulé en 2005[54],[53].
172
+
173
+ JIMO devait être une sonde de gros calibre, avec une technologie à mettre au point, à propulsion ionique alimentée en énergie par un réacteur à fission nucléaire. Cette mission était prévue pour les alentours de 2015. JIMO aurait orbité successivement Callisto, Ganymède et Europe.
174
+
175
+ Le National Research Council des États-Unis avait placé l'étude d'Europe par une sonde américaine en priorité pour une mission-phare dans le Système solaire. L'ajout de Callisto et de Ganymède aurait permis d'établir des comparaisons utiles pour la compréhension de l'évolution de ces lunes.
176
+
177
+ L'utilisation d'un réacteur nucléaire à bord de JIMO lui aurait donné 100 fois plus de puissance disponible, à poids égal, que les autres sources connues.
178
+
179
+ Une autre mission envisagée, connue sous le nom de Ice clipper (coupeur de glace), aurait utilisé un impacteur semblable à celui de la mission Deep Impact — qui aurait fait un impact contrôlé sur la surface d'Europe, faisant une gerbe d'éjecta, qui pourraient être collectés par une petite sonde traversant la gerbe[55],[56].
180
+
181
+ Jupiter Icy Moon Explorer ou JUICE (anciennement JGO et EJSM/Laplace) est une mission spatiale de l'Agence spatiale européenne qui doit être lancée en 2022 vers les lunes de Jupiter.
182
+
183
+ Cette sonde spatiale doit étudier en les survolant à plusieurs reprises trois des lunes glacées de Jupiter — Callisto, Europe et Ganymède — avant de se placer en orbite en 2032 autour de cette dernière pour une étude plus approfondie qui doit s'achever en 2033.
184
+
185
+ Elle emporte environ 100 kilogrammes d'instrumentation scientifique dont un radar, un magnétomètre, des spectromètres et des caméras. JUICE est la mission scientifique phare (L-Class) du programme spatial scientifique de l'ESA Cosmic Vision pour la décennie 2015-2025.
186
+
187
+ Un projet en cours de développement[57] consisterait à larguer plusieurs mini sondes de la taille d'un timbre postal, communiquant avec une sonde principale et contenant chacun un nombre réduit de capteurs et un accéléromètre quantique. Cela permettrait de faire une analyse chimique de la surface, de réagir rapidement à tout changement (geyser d'eau salée par exemple). Mais aussi de dresser une carte gravitationnelle. Ces modules ne comportant aucun composant mobile ou mécanique pourraient résister à l'impact et ne nécessiteraient aucun propulseur.
188
+
189
+ L'EJSM (Europa Jupiter System Mission ou Mission vers le système Jupiter-Europe) est une proposition conjointe NASA/ESA pour l'exploration des lunes de Jupiter à lancer vers 2020. En février 2009, ESA/NASA annoncent qu'ils donnent à cette mission la priorité sur la Titan Saturn System Mission (Mission vers le système Saturne-Titan)[58].
190
+
191
+ La contribution de l'ESA devra encore faire face à d'autres projets de l'ESA en concurrence[59].
192
+
193
+ L'EJSM comportera un orbiteur autour d'Europe, sous la responsabilité de la NASA, un orbiteur autour de Ganymède, sous la responsabilité de l'ESA, et peut-être un orbiteur dans la magnétosphère de Jupiter sous la responsabilité de la JAXA. La Russie a également exprimé son souhait d'envoyer un atterrisseur sur Europe, dans le but de faire partie de cette flottille internationale.
194
+
195
+ Des idées encore plus ambitieuses ont été émises, y compris un atterrisseur capable de tester l'existence de vie à faible profondeur, ou même d'explorer directement l'océan subglaciaire.
196
+
197
+ Une proposition consiste en une grande « sonde de fusion » (cryobot) à propulsion nucléaire, qui se fraierait un chemin dans la glace par fusion, jusqu'à déboucher dans l'océan[54],[60]. Là, elle mettrait en fonction un véhicule sous-marin autonome (hydrobot), qui pourrait récolter toutes informations utiles et les renvoyer sur Terre[61].
198
+
199
+ Le cryobot aussi bien que l'hydrobot devront passer une forme de stérilisation ultime, pour empêcher la contamination d'Europe par des germes terrestres, et leur détection comme germes natifs[62].
200
+
201
+ Cette mission proposée n'a pas encore atteint un stade de planning sérieux[63].
202
+
203
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1909.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,23 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Dans la mythologie grecque, Europe (en grec ancien Εὐρώπη / Eurṓpē) est une princesse phénicienne, fille d'Agénor[1], roi de Tyr, et de Téléphassa, et sœur notamment de Cadmus[1].
4
+
5
+ L'étymologie couramment admise de ce nom y voit un composé de εὐρύς / eurús, « large » et ὤψ / ṓps, « œil, vue »[2]. La terre « à l'aspect large » constitue une vieille épithète de la Terre que l'on retrouve dans plusieurs traditions indo-européennes : « la large terre » en grec, « la large terre » ou simplement « la large » en sanskrit, et de même dans les langues germaniques. Europe serait ainsi l'une des figures de la déesse Terre, renouvelée[3]. Pour Jean Haudry, ni cette héroïne, ni ses homonymes, ne personnifient une terre. Ce serait un qualificatif de la vache « au large regard » qui s'unit au « taureau » Zeus, le désignateur de la terre « où le regard porte au loin » provenant de la même racine[4].
6
+
7
+ Cette étymologie ne tient pas compte de l'origine phénicienne d'Europe, pour laquelle on a proposé une racine dans une langue sémitique. Ainsi, la première mention connue du mot proviendrait d'une stèle assyrienne, qui distingue les rivages de la mer Égée par deux mots phéniciens : Ereb, le « couchant », et Assou, le « levant ». L'origine des noms grecs Eurôpê et Asia se trouverait dans ces deux termes sémitiques[5][source insuffisante] par lesquels les marins phéniciens désignaient les rives opposées de la Grèce actuelle et de l'Anatolie. La mythologie grecque perpétuerait l'origine sémitique du mot, en en faisant le nom de la princesse phénicienne.
8
+
9
+ Néanmoins, cette étymologie sémitique est « à peine encore défendue »[6] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable. Martin Litchfield West fait ainsi observer que « phonologiquement, la correspondance entre le nom de l'Europe et toute forme de mot sémitique est très mauvaise »[7],[8].
10
+
11
+ Selon une version du mythe, Europe, fille du roi de Tyr, une ville de Phénicie (actuel Liban) fit un rêve[9]. Le jour même, Zeus la rencontra sur une plage de Sidon, se métamorphosa en taureau blanc, afin de l'approcher sans l'apeurer et échapper à la jalousie de son épouse Héra. Imprudente, Europe s'approche de lui. Chevauchant l'animal, elle est enlevée sur l'île de Crète à Gortyne (ou au nord du Bosphore selon certaines versions). À Gortyne[10], sous un platane qui depuis lors est toujours vert, Europe s'accouple avec Zeus, sous forme humaine cette fois. De leur union naissent Minos, Rhadamanthe et Sarpédon[11] qui s'exila en Anatolie, à Milet. Plus tard, Europe est donnée par Zeus comme épouse au roi de Crète Astérion.
12
+
13
+ L'enlèvement d'Europe a inspiré de nombreux artistes à travers les siècles : les peintres Paul Véronèse et Le Titien (copié par Rubens), Giambattista Tiepolo[12], les musiciens tel Darius Milhaud.
14
+
15
+ En littérature, Moschos[13], André Chénier, Rimbaud et d'autres poètes ont écrit des textes sur le thème du mythe d'Europe. Elle est la neuvième femme de renom dont l'histoire a été contée par l'auteur florentin Boccace dans son œuvre De mulieribus claris publiée en 1374.
16
+
17
+ Au cinéma, Europe est le personnage principal du film de Christophe Honoré intitulé Métamorphoses.
18
+
19
+ En astronomie, la constellation du Taureau fait référence à l'enlèvement d'Europe.
20
+
21
+ Depuis le 2 mai 2013, le visage d'Europe se trouve sur les billets de 5, 10 et 20 €, nouvelle édition. Le visage d’Europe choisi provient d’un vase antique en céramique du IVe siècle avant notre ère qui fait partie de la collection du musée du Louvre à Paris. Europe est également représentée actuellement sur les pièces de cinquante cents exprimées en livres chypriotes ainsi que sur les pièces grecques de deux euros.
22
+
23
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/191.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,102 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ 11 000-
4
+
5
+ 3 000
6
+
7
+
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les Amérindiens, Indiens d'Amérique, Indiens, Autochtones ou encore membres des Premières Nations, aborigènes, natifs américains ou Autochtones américains, sont les habitants de l'Amérique avant la colonisation européenne et leurs descendants. La présence humaine dans cette partie du monde remonte au Paléolithique. En 1492, ils occupent la totalité des Amériques : Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes.
12
+
13
+ La colonisation européenne a été un événement central et dramatique pour les différents peuples amérindiens. Souvent réduits en servitude ou esclavage, chassés de leurs territoires, victimes d'épidémies apportées par les colons, ces peuples furent également tragiquement confrontés à la disparition de leur organisation sociale traditionnelle et de leur mode de vie, et à la transformation par les colons des paysages, de l'occupation des sols, de l'architecture urbaine ou rurale dont ils étaient les concepteurs et qui traduisaient le génie propre des civilisations précolombiennes. Les effectifs de leur population ne cessèrent de diminuer depuis le XVe siècle, et de nombreux peuples disparurent entièrement, et avec eux leur langue et leur culture.
14
+
15
+ Depuis les années 1960, les Amérindiens revendiquent leur identité (politique, culturelle, linguistique…), et interviennent de plus en plus souvent pour défendre l'environnement des petits territoires qui leur ont été laissés au terme de la conquête.
16
+
17
+ L'ethnonyme « Amérindien » dérive d'« Indien d'Amérique ». Le mot a été formé à la suite de l'erreur de l’explorateur Christophe Colomb qui, en 1492, pensait avoir atteint les rivages des Indes orientales, nom sous lequel on désignait alors l'Asie du sud et du sud-est, alors qu’il débarquait en Amérique. C'est dans ce contexte que les Européens ont nommé ce territoire les Indes occidentales, pour les différencier de celles dites orientales (qui donnèrent aussi leur nom à différentes entités coloniales européennes nommées Compagnie des Indes orientales). À cause de cette confusion, on continue d’utiliser le mot « Indiens » pour parler des populations d'un Nouveau Monde (le mot pouvait naguère être utilisé pour les aborigènes d'Australie). Avec les travaux du cartographe Martin Waldseemüller au début du XVIe siècle, on commence à parler de « continent américain », en mémoire du navigateur italien Amerigo Vespucci ; ses habitants sont alors désignés sous le nom d'« Indiens d’Amérique » pour les distinguer des populations asiatiques, sans modifier complètement l'usage de les désigner comme des Indiens.
18
+
19
+ En l’absence d’appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « peuples autochtones » ou « aborigènes », ou plus précisément, « Premières Nations » ou « Premiers peuples » (traductions littérales de l'anglais). L'expression « Peaux Rouges » est ancienne — le géographe grec Pausanias le Périégète aurait décrit une terre située au-delà de l'océan Atlantique, qu'il nomme terre d'outre-océan, peuplée par des « hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval »[5],[6] —, mais péjorative et n'est plus beaucoup utilisée en Amérique du Nord.
20
+
21
+ On parle aussi de « peuples précolombiens » pour les territoires américains de l'Empire colonial espagnol, qui incluent la Mésoamérique et la cordillère des Andes. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions « Native Americans » (« Américains d'origine »), « American Indians », « Native peoples » (« peuples d'origine »), « First Nations », « First Peoples », « Aboriginal Peoples ». Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les intéressés qui préfèrent être appelés en fonction des noms originels de leurs peuples.
22
+
23
+ Au Québec, le terme « autochtone » est de loin le plus courant, à côté de « Premiers peuples », et « Premières Nations »[7] quand cela concerne des revendications territoriales ou spécifiques. Dans le contexte québécois le terme englobe également les Inuits, qui ne sont pas des Amérindiens[8], et les Métis reconnus[9].
24
+
25
+ En Guyane, on parle d'« Amérindiens » répartis en six ethnies.
26
+
27
+ Au Mexique, on préfère dire « indígena » (« indigène ») qu’« indio » (« indien »), qui prête à confusion avec les citoyens de l'Inde et qui est ressenti comme une insulte.
28
+
29
+ La concurrence nationaliste entre les pays d'Amérique du Nord, et plus particulièrement entre le Mexique et les États-Unis, qui se sont disputé la suprématie sur le continent américain jusqu'à la guerre américano-mexicaine, ont suscité des traditions historiques différentes et une distinction devenue commune entre les groupes amérindiens établis en Mésoamérique (y compris parfois certains d'Oasisamérique et d'Aridamérique) avec les groupes établis plus au nord. Les recherches archéologiques, historiques et anthropologiques ont pourtant établi qu'il existait des échanges culturels entre ces différentes aires culturelles qui, de ce fait, s'influençaient mutuellement et partageaient certains traits culturels.
30
+
31
+ Entre le Sud de l'Amérique du Nord et le Nord de l'Amérique centrale, les Mésoaméricains ont développé de véritables civilisations, tant dans la construction des villes que par l'écriture ou la connaissance astronomique. Parmi les principales ethnies, on peut citer en particulier les Olmèques, les Mayas, les Purépechas, les Mixtèques, les Zapotèques, les Huaxtèques, les Totonaques et les Nahuas (dont les Aztèques).
32
+
33
+ Les Chibchas (aux confins de l'Amérique centrale et du Sud), les nations Quechuas, la nation aymara, les Mapuches, peuples d'Amazonie, peuples Patagons. Les derniers Amérindiens contactés hors du bassin amazonien (en 2004 dans le Paraguay occidental) sont les Totobiegosodes (ou Ayoreo-Totobiegosode) dont le territoire forestier est illégalement et rapidement détruit par deux compagnies forestières brésiliennes (Yaguarete Porá SA et River Plate SA) au moins depuis mai 2008 selon Survival International qui a alerté l'opinion internationale sur ce fait en novembre 2008. Les Totobiegosodes avaient déjà perdu 6 000 hectares de leur forêt au profit des éleveurs de bétail en 2007[10].
34
+
35
+ Les spécialistes ont dans un premier temps pensé[11] que l’arrivée des premiers humains en Amérique remontait à 12 000 ans environ, mais des découvertes archéologiques récentes feraient remonter les premières migrations à plus de 40 000 ans. Venant de Sibérie, ils auraient traversé le détroit de Béring, alors au-dessus de la ligne de rivage maritime en période glaciaire (voir Béringie). Après une période d'habitation en Béringie, et après la disparition des masses glaciaires d’Amérique du Nord, ils auraient pu continuer la colonisation du nouveau continent[12].
36
+
37
+ D’autres théories parlent de peuples océaniens ayant traversé l'océan Pacifique (théorie exprimée par Paul Rivet), ou encore de peuples européens (hypothèse de l'archéologue Dennis Stanford confirmée aujourd'hui par une analyse d'ADN[13]). On estime en effet qu'une peuplade serait venue d'Europe entre 12 000 et 36 000 ans ; elle correspondrait aujourd'hui à un groupe très restreint d'autochtones que sont les Ojibwés, les Nuu-Chah-Nulth, les Sioux, et les Yakamas.
38
+
39
+ Les Amérindiens, s'appuyant sur leur tradition orale, soutiennent que leurs ancêtres ont toujours habité là[14]. Quoi qu'il en soit, la diversité des milieux naturels du continent a engendré des cultures très différentes.
40
+
41
+ On notera cependant des découvertes qui remettent en cause le schéma général de la colonisation de l'Amérique par les Amérindiens. Certains spécialistes pensent que le peuplement du continent américain n'a pas une seule origine :
42
+
43
+ L'autre question problématique est celle de la date du peuplement. Là encore, le travail des archéologues semble repousser l'origine du peuplement à des époques plus anciennes qu'on ne l'a longtemps cru :
44
+
45
+ Les Algonquins seraient apparus il y a 4 500 ans. Des traces de maisons en rondins iroquoises sont attestées pour le Xe siècle av. J.-C.. En 2019, des charbons de bois et des ossements de grands mammifères accompagnés de lames de pierre et de pointes de lance, provenant du site de Cooper's Ferry (sur les rives d'une rivière de l'ouest de l'Idaho), sont datés à environ 16 000 ans, plus d'un millénaire avant que la fonte des glaciers n'ait ouvert un corridor sans glace à travers le Canada il y a environ 14 800 ans. Les premiers Paléoaméricains ont donc dû venir par voie maritime, en parcourant rapidement la côte du Pacifique et en remontant les rivières[16],[17].
46
+
47
+ Les Amérindiens d'aujourd'hui sont étroitement liés aux Asiatiques de l'Est. Néanmoins, les chercheurs estiment que 14 à 38 % de l'ascendance amérindienne provient d'une population semblable à celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans. L'étude de l'ADN d'un garçon sibérien du Paléolithique supérieur découvert près du village de Mal'ta, le long de la rivière Belaya en Sibérie a montré que certaines parties de son génome se retrouvent aujourd'hui chez les Eurasiens occidentaux, d'autres se retrouvent chez les Amérindiens et sont uniques aux Amérindiens aujourd'hui. L'ADN du garçon est rare ou absent en Asie centrale et en Asie de l'Est. Le scénario le plus probable est celui d'une population telle que celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans qui s'est mélangée aux ancêtres des Asiatiques de l'Est. Ainsi, les Amérindiens sont formés par la réunion de deux populations - un groupe est-asiatique et des populations ouest-eurasiennes - sans que l'on sache où ce mélange a eu lieu[18].
48
+
49
+ L'utilisation de l'écriture, par opposition à la tradition orale, est habituellement la ligne de démarcation entre l'histoire et la préhistoire[19] et les années 1500, époque des premiers contacts, représentent plut��t cette ligne séparatrice. Il faut donc adapter constamment le concept de « vérité historique », car les autochtones contemporains fondent une bonne partie de leurs revendications sur cette antériorité historique, sur la période que l'on qualifie habituellement de préhistorique[Quoi ?].
50
+
51
+ L'histoire, chez les peuples indigènes des Amériques, se transmettait le plus souvent oralement, même si l'usage de supports mnémotechniques plus ou moins semblables à des systèmes d'écriture furent développés en Mésoamérique (codex) et dans les Andes (quipu). Légendes, contes, aventures de chasse et faits historiques ont voyagé à travers le temps et se sont transformés dans la bouche des conteurs. Contrairement aux historiens contemporains, les Inuits et les Amérindiens accordent à la valeur mythique et symbolique des événements, dans le cadre de leur conception cyclique du temps, une place plus importante que l'exactitude des lieux, des dates et des acteurs. Ces différences perceptuelles de l'histoire n'ont pas toujours facilité les relations passées et présentes entre les Amérindiens et les allochtones.
52
+
53
+ L'arrivée des Européens au XVe siècle a bouleversé la vie des peuples d'Amérique. Parmi les centaines de nations qui peuplaient le continent, beaucoup ont disparu, déculturées ou exterminées. Le désastre démographique est dû aux épidémies principalement, mais aussi aux guerres, au travail forcé, aux déplacements de tribus entières. La population indienne en Amérique latine est passée, selon les estimations, de 30 à 80 millions d'habitants lors de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique à 4,5 millions un siècle et demi plus tard[2], pour remonter à 44 millions à l'aube du XXIe siècle[20].
54
+
55
+ Au Mexique, Hernán Cortés débarque à proximité de Veracruz en 1519 ; il est tout d'abord bien accueilli par Moctezuma, empereur aztèque. Les Espagnols entrent dans Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Mais le 30 juin 1520, ils sont chassés par une révolte de la population. Cortez, soutenu par les autres peuples amérindiens, remporte la bataille d'Otumba le 7 juillet 1520 et vient assiéger la capitale qui finit par tomber le 13 août 1521. Le dernier empereur, Cuauhtémoc, fait prisonnier pour éviter une nouvelle révolte, est exécuté vers 1524-1526, tandis que Tenochtitlan est rasée pour laisser la place à Mexico.
56
+
57
+ Lorsque Pizarro arrive au Pérou en 1532, il est perçu comme un dieu. Il enlève l'empereur Atahualpa et encourage la révolte des peuples soumis aux Incas. L'empire se morcelle et l'empereur est finalement exécuté par les Espagnols en 1533. Les conquistadors contrôlent le territoire inca au milieu du XVIe siècle, même si des résistances ont encore lieu.
58
+ La formation de l'Empire colonial espagnol s'accompagne de pillages, de maladies nouvelles qui font des ravages, de la famine, de l'asservissement des Amérindiens dans les encomiendas et de l'évangélisation de la population.
59
+
60
+ Le 16 avril 1550, Charles Quint ordonne d'interrompre les conquêtes du Nouveau Monde pour des raisons morales. Le débat qui s'ensuit, confié aux théologiens, sera l'objet des fameuses joutes de Bartolomé de las Casas et Sepulveda lors de la controverse de Valladolid. À son issue, l'Église catholique romaine réaffirme l'opposition à l'esclavage des Indiens qu'elle avait déjà exprimée par les bulles Veritas ipsa (2 juin 1537) et Sublimis Deus (le 9 juin 1537) dans lesquelles Rome condamnant l'esclavage des Indiens avait affirmé leur droit, en tant qu'êtres humains, à la liberté et à la propriété mais l'Église ne condamna pas, dans le même temps, l’esclavage des Africains.
61
+
62
+ En 1556, la terminologie change, « Conquista » est officiellement remplacé par « descubrimiento » (« découverte »), et « conquistador » par « poblador » (« colon »).
63
+
64
+ Les Amérindiens étaient utilisés pour exploiter les ressources en Amérique du Sud (sucre, rhum, café, etc.). Les Espagnols récoltaient ces ressources, qu'ils exportaient en Europe. Les Espagnols partaient d'Europe avec des marchandises (armes, tissus, métaux en lingots, etc.), qu'ils échangeaient en Afrique contre des esclaves qu'ils transportaient en Amérique pour exploiter les ressources. Ce système se nomme le « commerce triangulaire »[21].
65
+
66
+ La démographie historique estime qu'une majorité d'Amérindiens sont morts à la suite des maladies infectieuses introduites par les Espagnols, contre lesquelles les Amérindiens n'étaient pas immunisés. Le processus a commencé dès les années 1500 et les épidémies de variole (1525, 1558, 1589), de typhus (1546), de grippe (1558), de diphtérie (1614), de rougeole (1618) ou encore de peste bubonique (1617-1619, en Nouvelle-Angleterre) ont décimé des millions d'indigènes.
67
+
68
+ Le bilan de ces épidémies est cependant difficile à donner avec exactitude. Les sources sont insuffisantes et les historiens ne sont pas d'accord sur les estimations. À la fin du XXe siècle, notamment à la suite de recherches publiées en 1966[22], les historiens ont favorisé les estimations hautes[23], qui calculent un taux de mortalité, selon les régions, compris entre 50 % et plus de 95 % de la population amérindienne[24],[25].
69
+
70
+ Certains[Qui ?] avancent un bilan de 10 millions de victimes indigènes sur l'ensemble du continent américain ; d'autres[Qui ?] pensent plutôt à 90 millions, dont 10 pour l'Amérique du Nord. Si l'on prend les données d'Anne Garrait-Bourrier et Monique Venuat (voir la bibliographie), le continent américain entier (de l'Alaska au cap Horn) abritait environ 50 millions d'habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Pour le territoire des États-Unis d'aujourd'hui le recensement de 2005 donne une population d'Amérindiens de 2 821 311 habitants répartis sur les 50 États, l'Arizona venant en tête avec 300 288 Amérindiens. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte est de cet espace. Ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. Dans l'Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu'ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d'œuvre en Amérique du Sud.
71
+
72
+ Exemples parmi d'autres des ravages causés par ces pandémies :
73
+
74
+ Les Timicuas, en Floride, qui en 1650 étaient 13 000 répartis sur 40 villages, ne furent après une épidémie de petite vérole que 35 en 1728, regroupés dans un seul hameau.
75
+
76
+ Les Wampanoag qui occupaient le territoire de l'actuel Massachusetts furent emportés jusqu'au dernier en 1617, trois ans avant l'arrivée des premiers colons débarqués du Mayflower qui fonderont Plymouth.
77
+
78
+ Au début du XXe siècle, les Amérindiens sont presque toujours des prolétaires ; leur statut social leur est assigné par leur appartenance ethno-culturelle et les voies de la mobilité sociale leur sont fermées. Les communautés amérindiennes ont été dépossédées de leurs terres, notamment sous les régimes inspirés par le positivisme de Porfirio Diaz au Mexique, Rafael Reyes Prieto en Colombie et Manuel Estrada Cabrera au Guatemala. Ils sont employés le plus souvent comme ouvriers agricoles dans les plantations ou comme mineurs. Leurs salaires sont très bas et, étant généralement analphabètes, le droit de vote leur est refusé[26].
79
+
80
+ Des soulèvements collectifs d'indigènes ont lieu en Amérique latine entre 1915 et 1917, dont les plus importants au Mexique pendant la période révolutionnaire. La révolution mexicaine exerce ainsi une influence considérable sur la question indigène. Dans une certaine mesure, elle a tenté de réaliser un renversement de valeurs, en réaction à la suprématie raciale imposée par le régime de Porfirio Díaz. Les élites mexicaines ne sont pas seules à éprouver une violente répulsion pour ce changement : l'ambassadeur américain appelle au retour à la suprématie blanche grâce à l'aide des Etats-Unis aux « réels gouvernants du Mexique »[26].
81
+
82
+ Outre le Mexique, c'est aussi au Pérou que l'indigénisme apparaît, notamment en raison du débat culturel à la recherche de l'identité latino-américaine par rapport à l'Europe, et à la diffusion d'idées socialisantes parmi les intellectuelles qui les conduit à poser la question du statut des Amérindiens. Les écrits de Manuel González Prada, considéré comme l'un des pères de l'indigénisme moderne, exercent une importante influence sur le mouvement de la réforme universitaire et sur l'APRA (parti politique nationaliste latino-américain et indigéniste). Pour José Carlos Mariátegui, penseur indigéniste et fondateur du Parti communiste péruvien, socialisme et indigénisme sont indissociables au Pérou : « les masses — la classe des travailleurs — sont pour quatre cinquième indigènes. Notre socialisme ne sera pas péruvien, ni même socialiste, s'il ne se solidarise pas avec les revendications indigènes[26]. »
83
+
84
+ Depuis 1968, il y a un réveil politique et culturel des Amérindiens et des métis :
85
+
86
+ Les langues amérindiennes sont les langues indigènes d'Amérique, parlées par les différents peuples amérindiens depuis l'Alaska et le Groenland jusqu'à la Terre de Feu. Les linguistes qui en sont spécialistes sont appelés américanistes.
87
+
88
+ Les langues amérindiennes ne forment pas une famille de langues unique, mais comprennent de nombreuses familles de tailles très variables, ainsi que des langues isolées. Diverses hypothèses rassemblant ces divers groupes en un plus petit nombre de superfamilles ont été formulées, avec un niveau d'acceptation très variable parmi les américanistes. Les Indiens des Plaines avaient développé une langue des signes auxiliaire pour communiquer par-delà la variété de leurs langues maternelles. Beaucoup de langues amérindiennes sont aujourd'hui menacées de disparition.
89
+
90
+ Les Amérindiens utilisent des tambours, qui permettent de communiquer à distance à l'instar des appareils modernes. Ainsi, en frappant sur un tambour, un chaman peut échanger des informations avec un autre chaman ou localiser le gibier.
91
+
92
+ La musique amérindienne comprend la musique précolombienne, mais aussi celle que les Amérindiens ont continué de pratiquer après et malgré les premiers contacts, ou en marge de ceux-ci. Elle se caractérise par une grande variété d'aérophones, de membranophones et d'idiophones, et de lorophone avec de très rares cordophones. On ne connaît aucun traité ou système musical amérindien ; la musique est aussi variée que le nombre de peuples l'est et a justement une fonction sociale, identitaire voire culturelle essentielle. Elle est souvent associée à des interdits ou des tabous, étant réservée parfois aux hommes, aux célibataires, etc. Si elle est en général très simple et monophonique, il existe néanmoins des exemples de musique polyphonique ou orchestrale. L'instrumentarium est très riche du fait des variations linguistiques, culturelles et naturelles (grande variété de végétaux utilisés), mais les cordes sont très rares du fait de l'absence de métal.
93
+
94
+ Le softball, variante « allégée » du baseball est l'un des loisirs typiquement nord-américains pratiqué par les Amérindiens[30]. Parmi les rares sportifs d'origine amérindienne, la joueuse WNBA de basket-ball Shoni Schimmel connaît une forte popularité aux États-Unis[31].
95
+
96
+ Vie quotidienne des Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
97
+
98
+ Fabrication du sirop d'érable par les Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
99
+
100
+ Album des principaux outils, amulettes et autres objets d'origine caraïbe faisant partie d'une collection ethnographique recueillie à la Guadeloupe par le docteur F. L'Herminier et Math. Guesde (lire l'ouvrage en ligne), 1860, Collectivité territoriale de Martinique. Bibliothèque Schoelcher.
101
+
102
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1910.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,23 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Dans la mythologie grecque, Europe (en grec ancien Εὐρώπη / Eurṓpē) est une princesse phénicienne, fille d'Agénor[1], roi de Tyr, et de Téléphassa, et sœur notamment de Cadmus[1].
4
+
5
+ L'étymologie couramment admise de ce nom y voit un composé de εὐρύς / eurús, « large » et ὤψ / ṓps, « œil, vue »[2]. La terre « à l'aspect large » constitue une vieille épithète de la Terre que l'on retrouve dans plusieurs traditions indo-européennes : « la large terre » en grec, « la large terre » ou simplement « la large » en sanskrit, et de même dans les langues germaniques. Europe serait ainsi l'une des figures de la déesse Terre, renouvelée[3]. Pour Jean Haudry, ni cette héroïne, ni ses homonymes, ne personnifient une terre. Ce serait un qualificatif de la vache « au large regard » qui s'unit au « taureau » Zeus, le désignateur de la terre « où le regard porte au loin » provenant de la même racine[4].
6
+
7
+ Cette étymologie ne tient pas compte de l'origine phénicienne d'Europe, pour laquelle on a proposé une racine dans une langue sémitique. Ainsi, la première mention connue du mot proviendrait d'une stèle assyrienne, qui distingue les rivages de la mer Égée par deux mots phéniciens : Ereb, le « couchant », et Assou, le « levant ». L'origine des noms grecs Eurôpê et Asia se trouverait dans ces deux termes sémitiques[5][source insuffisante] par lesquels les marins phéniciens désignaient les rives opposées de la Grèce actuelle et de l'Anatolie. La mythologie grecque perpétuerait l'origine sémitique du mot, en en faisant le nom de la princesse phénicienne.
8
+
9
+ Néanmoins, cette étymologie sémitique est « à peine encore défendue »[6] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable. Martin Litchfield West fait ainsi observer que « phonologiquement, la correspondance entre le nom de l'Europe et toute forme de mot sémitique est très mauvaise »[7],[8].
10
+
11
+ Selon une version du mythe, Europe, fille du roi de Tyr, une ville de Phénicie (actuel Liban) fit un rêve[9]. Le jour même, Zeus la rencontra sur une plage de Sidon, se métamorphosa en taureau blanc, afin de l'approcher sans l'apeurer et échapper à la jalousie de son épouse Héra. Imprudente, Europe s'approche de lui. Chevauchant l'animal, elle est enlevée sur l'île de Crète à Gortyne (ou au nord du Bosphore selon certaines versions). À Gortyne[10], sous un platane qui depuis lors est toujours vert, Europe s'accouple avec Zeus, sous forme humaine cette fois. De leur union naissent Minos, Rhadamanthe et Sarpédon[11] qui s'exila en Anatolie, à Milet. Plus tard, Europe est donnée par Zeus comme épouse au roi de Crète Astérion.
12
+
13
+ L'enlèvement d'Europe a inspiré de nombreux artistes à travers les siècles : les peintres Paul Véronèse et Le Titien (copié par Rubens), Giambattista Tiepolo[12], les musiciens tel Darius Milhaud.
14
+
15
+ En littérature, Moschos[13], André Chénier, Rimbaud et d'autres poètes ont écrit des textes sur le thème du mythe d'Europe. Elle est la neuvième femme de renom dont l'histoire a été contée par l'auteur florentin Boccace dans son œuvre De mulieribus claris publiée en 1374.
16
+
17
+ Au cinéma, Europe est le personnage principal du film de Christophe Honoré intitulé Métamorphoses.
18
+
19
+ En astronomie, la constellation du Taureau fait référence à l'enlèvement d'Europe.
20
+
21
+ Depuis le 2 mai 2013, le visage d'Europe se trouve sur les billets de 5, 10 et 20 €, nouvelle édition. Le visage d’Europe choisi provient d’un vase antique en céramique du IVe siècle avant notre ère qui fait partie de la collection du musée du Louvre à Paris. Europe est également représentée actuellement sur les pièces de cinquante cents exprimées en livres chypriotes ainsi que sur les pièces grecques de deux euros.
22
+
23
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1911.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,203 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Europe, officiellement Jupiter II Europe (en abrégé J II Europe, internationalement J II Europa) est un satellite naturel de Jupiter, le sixième par la distance et le deuxième parmi les satellites galiléens.
4
+
5
+ Avec un diamètre de 3 121 kilomètres, Europe est le quatrième plus gros satellite de Jupiter et le sixième du système solaire. Sa surface est composée de glace et se trouve être la plus lisse de tout le système solaire. Bien que sa température soit au maximum de −150 °C, on suppose qu'en dessous se trouve un océan liquide d'environ 90 kilomètres de profondeur. De plus, des geysers d'eau ont été détectés à sa surface. Ces éléments laissent à penser qu'Europe pourrait être habitable par certains organismes, bien que cette hypothèse ne soit pas encore vérifiée. À ce sujet, la NASA projette de lancer vers 2020-2030 une sonde spatiale dans le système de Jupiter, afin d'étudier en détail Europe, le projet ayant pour nom de code Europa Clipper[1].
6
+
7
+ Europe est un des quatre satellites galiléens. Les trois premiers (Ganymède, Io et Callisto) ont été observées pour la première fois le 7 janvier 1610 par Galilée avec une simple lunette grossissant vingt fois à l'université de Padoue. Galilée ne put pas observer Europe ce jour-là, mais la nuit suivante. Le nom du satellite provient de celui d'Europe, fille du roi Agénor de Tyr, aimée du roi des Dieux de l'Olympe Zeus. Les noms des autres satellites galiléens sont aussi tirés de la mythologie. Ces noms ont été suggérés par Simon Marius, qui déclara avoir trouvé ces satellites indépendamment, mais fut accusé de plagiat par Galilée. Marius lui-même attribuait l'idée de ces noms à Johannes Kepler[2],[3]. Cependant, aussi bien Galilée que Marius avaient commencé par nommer les quatre satellites visibles de Jupiter en les numérotant dans l'ordre croissant de leur distance à la planète.
8
+
9
+ Cet usage fut longtemps le seul utilisé, et Europe fut nommé pendant trois siècles « Jupiter II ». La découverte d'Amalthée en 1892, dont l'orbite est intérieure à celle d'Io[4], aurait dû décaler la nomenclature d'une unité, mais elle se vit octroyer, contrairement à la logique initiale, le numéro V. Les sondes Voyager découvrirent trois satellites intérieurs[4] supplémentaires en 1979, si bien qu'Europe est aujourd'hui le sixième satellite connu par ordre de distance à Jupiter. La numérotation des satellites de Jupiter a suivi l'ordre de leur découverte, et cette primauté de l'ordre de découverte sur celui de distance est toujours en place aujourd'hui pour une raison de simplicité : une fois numéroté, un satellite conserve de façon unique et définitive son numéro. On revint cependant à la proposition de Simon et Kepler[5], en donnant des noms extraits de la mythologie, bien que l'appellation séculaire de « Jupiter II » soit toujours utilisée pour la désignation systématique du satellite.
10
+
11
+ Europe fait le tour de Jupiter dans le sens direct à une distance moyenne de 670 900 km en 3 j 13 h 14,6 min. L'orbite a une excentricité de 0,0094 : c'est-à-dire que la distance à l'astre des points le plus éloigné et le plus rapproché (les apsides) ne diffèrent que de ±1,01 % de leur moyenne (demi grand axe). Le plan de l’orbite d’Europe est incliné de 0,47° par rapport à l’écliptique.
12
+
13
+ La période d'Europe est en résonance orbitale avec celle de ses deux voisins dans les rapports 2:1 et 1:2. C'est-à-dire que, quand Ganymède fait un tour, Europe en fait 2 et Io 4. Cette résonance est stabilisée par les forces mutuelles de gravitation entre Jupiter, Io, Europe et Ganymède.
14
+
15
+ Europe présente comme les autres satellites de Jupiter une rotation synchrone, qui lui fait montrer toujours la même face à la planète (comme la Lune terrestre).
16
+
17
+ Pendant les survols de Galileo, un faible champ magnétique a été mesuré, six fois plus faible que celui de Ganymède et six fois plus fort que celui de Callisto[6]. Ce champ magnétique varie lors du mouvement de la magnétosphère très marquée de Jupiter. Ces données indiquent qu'il existe sous la surface d'Europe une couche conductrice de l'électricité, comme pourrait l'être un océan d'eau salée.
18
+
19
+ D'ailleurs, les mesures spectroscopiques montrent que les lignes et structures rougeâtres à la surface sont riches en sels comme ceux de magnésium. Ces dépôts de sel pourraient avoir été laissés à l'occasion de l'évaporation d'eau remontée en surface. Les sels détectés sont en principe incolores, et il faudrait d'autres éléments chimiques comme le fer ou le soufre pour donner cette coloration.
20
+
21
+ En 1999, un disque de débris sous forme d'un anneau de grains de poussière ténue a été détecté tout comme pour Callisto et Ganymède[7].
22
+
23
+ Par ailleurs, l'hydrogène moléculaire produit à partir de la glace superficielle par le rayonnement UV solaire et les particules chargées (de l'environnement magnétosphérique de Jupiter) ainsi qu'une partie de l'oxygène produit ainsi, sous l'état atomique ou moléculaire, forment un anneau en forme de tore de gaz neutre, qui a été détecté par les sondes Cassini et Galileo. Les modèles prédisent que presque tous les atomes ou molécules de ce tore gazeux finissent par être ionisés, et contribuent ainsi au plasma magnétosphérique de Jupiter[8].
24
+
25
+ Europe possède une atmosphère très ténue, composée principalement d'O2. Sa pression au sol est entre 10−7 Pa et 10−6 Pa.
26
+
27
+ Son origine est la radiolyse de la glace superficielle par les UV solaires et les particules chargées de la magnétosphère jovienne. Les fragments de molécules d'eau sont éjectés, les atomes d'hydrogène peuvent échapper à la gravitation mieux que ceux d'oxygène, d'où une accumulation relative d'oxygène dans l'atmosphère.
28
+
29
+ Une partie de l'oxygène peut s'adsorber sur la glace, voire y pénétrer, ce qui peut favoriser un transport d'oxygène vers l'intérieur.
30
+
31
+ L'albédo d'Europe est de 0,64[9], l'un des plus élevés de tous les satellites. Les observations spectrales terrestres révèlent que sa surface est constituée en majeure partie de glace d'eau[10]. De vastes dépôts de chlorure de sodium sont aussi présents en surface[11].
32
+
33
+ La surface d'Europe est la plus lisse[12] du Système solaire. Elle est striée de craquelures et de rayures, mais comporte peu de cratères. Cette surface très lisse et ces structures rappellent fortement les banquises des régions polaires terrestres.
34
+
35
+ Les récentes images de la sonde Galileo ont permis de distinguer que trois grandes familles de structures « géologiques » façonnent la surface glacée d'Europe :
36
+
37
+ Il n'y a pas encore de consensus sur les interprétations parfois contradictoires de la nature de ces structures[13].
38
+
39
+ Le niveau de rayonnement à la surface d'Europe est équivalent à une dose de 540 rem (5 400 mSv) par jour, soit plus de 104 fois la dose considérée comme acceptable pour les travailleurs directement affectés à des travaux nucléaires[14].
40
+
41
+
42
+
43
+ La surface de la croûte de glace est déchirée par de longues et larges bandes sombres qui indiquent une intense déformation. Celle-ci prend l'allure d'un vaste réseau de fractures, fossés ou sillons entremêlés, en périphérie desquelles s'accumulent parfois des sulfates hydratés de magnésium et de sodium et/ou de l'acide sulfurique, et que l'on nomme « linea » (« ligne » en latin, plur. lineae). Ces reliefs sont de toute manière modérés, et on n'a pas vu de sommets de plus de quelques centaines de mètres.
44
+
45
+ Ce constat témoigne de l'existence d'importants mouvements tectoniques (horizontaux et verticaux) dans la croûte de glace et d'un renouvellement de la surface.
46
+
47
+ Les lineae ressemblent fortement aux fractures et failles des banquises terrestres. Les plus larges ont quelque 20 km de large, des bords peu marqués et une région intérieure de matériau clair, strié[15].
48
+
49
+ Elles pourraient avoir été engendrées par un cryovolcanisme ou le jaillissement de geysers d'eau liquide, qui aurait écarté la croûte de glace. Cependant un examen détaillé sur des photos de détail montre que les parties de cette croûte glacée se sont déplacées l'une par rapport à l'autre, à travers les lineae, voire cassées, ce qui la rend comparable à une faille transformante terrestre. Ceci reproduit bien le comportement d'une banquise.
50
+
51
+ L'hypothèse la plus probable est que ces lineae ont été produites par une série d'éruptions de glace « chaude », au moment où la croûte s'ouvrait et laissait apparaître des couches de glaces plus chaudes en dessous[16]. Cet effet peut être assimilé au phénomène terrestre des dorsales océaniques.
52
+
53
+ La croûte est mise en mouvement par les forces de marée, dues à la faible excentricité de l'orbite d'Europe. En raison de la très forte attraction de Jupiter, l'amplitude de la marée est néanmoins d'une trentaine de mètres, avec la période de l'orbite, soit trois jours et demi.
54
+
55
+ En raison des paramètres bien connus de cette marée, les banquises devraient présenter un schéma de dislocations prévisible. Les photos détaillées montrent que seules les régions les plus jeunes géologiquement sont en accord avec cette prévision. Les autres régions en diffèrent d'autant plus qu'elles sont plus vieilles. Ceci peut s'interpréter par l'hypothèse que la surface d'Europe se déplace légèrement plus vite que son intérieur, en raison de la présence d'une couche liquide qui découple les deux mouvements[17] (voir Champ magnétique plus haut). Les effets de marée supplémentaires s'exerçant sur la couche de glace en raison de ce déplacement apportent une correction qui va dans le sens des phénomènes observés. L'analyse citée montre que seules quelques fractures majeures sont provoquées à chaque tour de glissement.
56
+
57
+ Des comparaisons entre les photos de Voyager et de Galileo montrent que ce glissement est limité à un tour au plus pour 12 000 ans[18].
58
+
59
+ On ne voit sur Europe que très peu de cratères de collision, et trois seulement ont un diamètre supérieur à 5 km. Le deuxième en taille, Pwyll, a un diamètre de 26 km. C'est une des structures géologiques les plus jeunes d'Europe, car lors de la collision, des éjectas clairs ont été projetés à des milliers de kilomètres, recouvrant la plupart des autres structures.
60
+
61
+ La faible cratérisation est une indication de ce que la surface d'Europe est géologiquement active et très jeune[19],[9]. Des estimations, à partir de la probabilité de collision avec des comètes et des astéroïdes, donnent un âge entre 20 et 180 millions d'années[20].
62
+
63
+ Les cratères visibles les plus jeunes semblent avoir été comblés par de la glace fraîche, et aplanis. Ce mécanisme, ainsi que le calcul du réchauffement par les marées conduisent à penser que la couche de glace d'Europe est épaisse de 10 à 15 km.
64
+
65
+ Un autre type de structure de surface consiste en formes circulaires ou elliptiques, appelées lenticulae (plur. du latin lenticula « tache »). De nombreuses sont des dômes, d'autres des dépressions, ou simplement des taches sombres plates. Ces lenticulae proviennent apparemment de cheminées de glace plus chaude, comparable aux chambres magmatiques de la Terre.
66
+
67
+ Une telle remontée provoque le rehaussement des dômes (diapir), dont le sommet ressemble à la plaine de glace qui l'entoure[21] ; les taches sombres plates pourraient être de l'eau de fonte de la glace arrivant en surface, et regelée.
68
+
69
+ Des zones chaotiques comme le Conomara chaos sont formées comme par un puzzle de pièces et de morceaux, entouré de glace lisse. Ils ont l'aspect d'icebergs dans une mer gelée. Ils pourraient provenir comme les dômes de remontée de glace, mais sur une plus grande largeur, brisant et morcelant la surface au moment de son émergence[22].
70
+
71
+ Une vue nouvelle suggère que les lenticulae ne diffèrent pas en nature des zones de chaos, et que les dômes, taches et dépressions ne sont que des artefacts résultant d'une interprétation hâtive des premières images, à basse résolution, de Galileo. Ceci impliquerait que la glace est trop fine pour soutenir le modèle convectif du diapir pour la formation des structures[23],[24].
72
+
73
+ La masse d'Europe dépasse la somme totale de celles des satellites connus du Système solaire plus petits que lui : la masse d'Europe atteint 4,8 × 1022 kilogrammes alors que la masse de Triton et de tous les satellites plus légers vaut 3,95 × 1022 kilogrammes.
74
+
75
+ Comme ses frères galiléens (Io, Ganymède et Callisto), Europe est un corps tellurique de composition globale chondritique.
76
+
77
+ Les données acquises par les sondes Voyager autour des années 1980 révèlent de grandes disparités entre les quatre satellites galiléens, suggérant un rôle prédominant de l'effet des marées joviennes qui soumettent les satellites à d'énormes forces de marée gravitationnelle. Ces forces de marée se manifestent pour Europe en une différence de 3 kilomètres entre le rayon dans la direction radiale et les rayons perpendiculaires. Malgré la (faible) excentricité de leurs orbites, au périapside, les forces tendent à augmenter cette différence, et se relâchent légèrement à l'apoapside : sur Io, le plus proche satellite par rapport à Jupiter, les marées entraînent un intense volcanisme de silicates.
78
+
79
+ Sur Europe, l'amplitude de la marée est plus faible que sur Io, quelque 30 mètres, et son rythme plus faible. Elle ne peut entraîner que la fusion de la glace, avec un renouvellement de la surface rapide, marqué par le faible nombre de cratères. Sur Ganymède, un peu plus éloigné encore, on trouve à la fois des régions jeunes et peu cratérisées, et des régions âgées, constellées de cratères. Enfin, Callisto, la plus éloignée, apparaît dénuée de toute activité, et est uniformément recouverte de cratères.
80
+
81
+ Les divers arguments évoqués ci-dessus (variabilité du champ magnétique, découplage apparent de la surface de glace par rapport à l'ensemble du satellite, marqué par la dérive[25] des lineae par rapport à l'axe Jupiter-Europe) poussent à l'hypothèse que sous la glace se trouve un océan continu d'eau salée (conductrice de l'électricité), dont les remontées conduiraient après évaporation aux dépôts de sel remarqués le long des lineae.
82
+
83
+ L'exemple le plus spectaculaire est celui des régions de chaos, structure assez commune sur Europe, et que l'on peut interpréter comme des régions où l'océan subglaciaire a fondu à travers la croûte glacée. Cette interprétation est très controversée. La plupart des géologues qui ont étudié Europe sont en faveur de ce que l'on appelle le modèle « à glace épaisse », dans lequel l'océan n'interagit jamais, ou rarement tout au plus, directement avec la surface[26].
84
+
85
+ Le 26 septembre 2016, la NASA révèle plusieurs observations réalisées à l'aide d'Hubble confortant l'hypothèse que des émissions de panaches d'eau (sous forme de vapeur) se produisent à la surface d'Europe. Si ces observations se confirment, alors de tels panaches rendraient possible l'échantillonnage de l'océan subglaciaire de la lune sans forer la couche de glace supérieure[27],[28]. Un autre argument en faveur de l'existence de panaches a par la suite été apporté grâce au réexamen de mesures de champ magnétique effectuées en 1997 par la sonde Galileo[29].
86
+
87
+ Les différents modèles pour l'estimation de l'épaisseur de glace donnent des valeurs comprises entre quelques kilomètres et des dizaines de kilomètres[30].
88
+
89
+ Les moyennes de température sur la surface d'Europe vont d'environ −163,15 °C (−160 °C) sur l'équateur à seulement −223,15 °C (−220 °C) vers les pôles, ce qui rend la croûte glacée d'Europe aussi dure que le granite[31].
90
+
91
+ Le meilleur indice pour le modèle de la glace épaisse est l'étude des grands cratères : les plus grandes structures d'impact sont entourées d'anneaux concentriques, et paraissent être remplis de glace fraîche relativement plate. En se reposant sur cette donnée et sur les marées, on peut estimer l'épaisseur de la couche de glace à 10 – 30 kilomètres, qui inclut une certaine épaisseur de glace moins froide et plus ductile, ce qui amènerait à une épaisseur de l'océan liquide par-dessous à environ 150 kilomètres[20]. Ceci conduit à un volume des océans d'Europe de 3 × 1018 m3, soit deux fois celui des océans terrestres. Dans le modèle de la glace mince, la glace n'aurait que quelques kilomètres d'épaisseur. Mais la plupart des planétologues concluent que ce modèle ne prend en compte que les couches supérieures de la croûte d'Europe, qui se comportent élastiquement sous l'effet des marées.
92
+
93
+ Un exemple est l'analyse des flexions, dans lequel la croûte est modélisée comme un plan ou une sphère chargée et fléchie sous le poids. Ce genre de modèle suggère que la partie élastique extérieure de la croûte n'aurait que 200 m. Si la couche de glace d'Europe n'a que quelques kilomètres, ceci signifierait que des contacts réguliers entre l'intérieur et la surface auraient lieu, par les lineae ouvertes, ce qui provoquerait la formation des régions chaotiques[30].
94
+
95
+ Le chauffage par la désintégration radioactive, qui devrait être similaire à celui de la Terre (en watts par kilogramme de roche), ne peut fournir le réchauffement nécessaire à Europe, car le volume par unité de surface est beaucoup plus faible en raison d'une plus petite taille de la lune, ce qui fait que l'énergie se dissipe plus vite.
96
+
97
+ Les premiers indices d'un océan souterrain proviennent des théories concernant le système de chauffage par les marées (c'est une conséquence de l'orbite légèrement excentrique d'Europe et accessoirement de la résonance orbitale avec les autres satellites galiléens). L'énergie thermique fournie pour maintenir liquide cet océan proviendrait des marées dues à l'excentricité de l'orbite, servant aussi de moteur à l'activité géologique de la glace de surface[32],[31].
98
+
99
+ À la fin de 2008, il a été suggéré que Jupiter pourrait maintenir les océans chauds par des ondes de marées dues à l'obliquité, faible certes, mais non nulle, du plan de l'équateur sur celui de l'orbite. Ce genre de marée, qui n'avait pas été considéré auparavant, engendre des ondes de Rossby, dont la vitesse est faible, quelques kilomètres par jour, mais qui peuvent comporter une énergie cinétique significative. Pour l'estimation actuelle de l'inclinaison axiale de l'ordre de 1°, les résonances des ondes de Rossby pourraient emmagasiner 7,3 × 1018 J d'énergie cinétique, soit 200 fois la quantité du flux de la marée dominante[33],[34].
100
+
101
+ La dissipation de cette énergie pourrait être la principale source d'énergie thermique de l'océan. Il resterait à préciser le bilan d'énergie entre formation des ondes et dissipation sous forme thermique.
102
+
103
+ Le champ magnétique de Jupiter étant intense jusqu'au niveau de l'orbite d'Europe, il exerce une influence sur les ions présents dans son océan[35]. Cela provoque un courant océanique d'une vitesse de quelques centimètres par seconde et dans un sens contraire à celui de la rotation d'Europe[35]. Ce phénomène pourrait être responsable des failles observées à la surface du satellite[35].
104
+
105
+ Sous la couche d'eau — ou de glace plastique — d'une épaisseur de l'ordre de 100 km, Europe présente une structure similaire à celle des planètes telluriques, en ce sens qu'elle consiste principalement de roches silicatées.
106
+
107
+ On estime que la croûte de glace a subi une migration séculaire de 80°, se retrouvant pratiquement à angle droit, ce qui serait hautement improbable si la glace était attachée rigidement au manteau[36].
108
+
109
+ Enfin, Europe possède probablement en son centre un relativement petit cœur de fer[37].
110
+
111
+ La mission Galileo s'est terminée en 2003, et la NASA a dirigé la sonde vers Jupiter pour qu'elle s'y écrase. Ceci était une précaution pour éviter, entre autres, qu'un corps a priori non stérile ne vienne heurter Europe et la contaminer avec des microorganismes terrestres.
112
+
113
+ Europe semble être (hormis la Terre) la seule à posséder un océan liquide en contact avec des silicates (roches), ce qui en fait le meilleur candidat à la présence de vie dans notre système solaire. D'autres corps, comme Encelade, Titan, Ganymède, Callisto, voire Triton ou éventuellement Charon posséderaient un océan d'eau liquide pris entre deux couches de glace.
114
+
115
+ Le 11 décembre 2013, de l'argile est découverte sur la surface, probablement apporté par une comète ou un astéroïde[38]. L'argile de ces corps est souvent associée à des matériaux organiques, ce qui ouvre la possibilité qu'Europe ait été ensemencée par des composés prébiotiques. Les minéraux argileux présentent en effet des propriétés catalytiques et géométriques qui pourraient favoriser la formation de protéines voire de chaînes d'acides nucléiques comme l'ADN ou l'ARN.
116
+
117
+ Jusqu'aux années 1970, la vie n'était pensée comme possible que dans une entière dépendance de l'énergie du Soleil. Les plantes à la surface de la Terre captent l'énergie du Soleil et l'utilisent par la photosynthèse pour transformer en sucres le dioxyde de carbone et l'eau, relâchant de l'oxygène dans le processus. Elles sont mangées par des animaux qui respirent de l'oxygène, formant une chaîne alimentaire qui fait passer l'énergie d'une forme à l'autre. Même la vie dans l'océan profond, bien au-dessous de la région éclairée, obtient sa nourriture des détritus tombant de la surface, ce qui amorce une nouvelle branche de la chaîne alimentaire[39]. La capacité d'un monde à soutenir la vie dépend dans cette optique de son accès à la lumière solaire.
118
+
119
+ Selon un rapport publié dans New Scientist, les scientifiques de la NASA, qui avaient planifié la mission de la NASA Jupiter Icy Moons Orbiter, après l'évaluation de missions précédentes, sont parvenus au printemps 2004 à la conclusion qu'Europe pouvait être bien plus défavorable à la vie qu'on ne l'avait supposé précédemment. Par exemple, on a démontré l'existence de taches couvertes d'eau oxygénée ou d'acide sulfurique concentré, tous deux extrêmement actifs dans la dégradation de molécules un peu complexes. L'acide provient de l'océan supposé sous la couche de glace et sa concentration peut provenir d'un volcanisme sous-marin, qui apporte le soufre. De même, s'il est trop salé, seuls des halophiles extrêmes pourraient survivre[40].
120
+
121
+ Par ailleurs, si l'océan d'Europe est trop froid, les processus chimiques et biologiques semblables à ceux qui se déroulent sur Terre ne pourraient pas avoir lieu. L'énergie fournie par la contrainte de marée provoque des processus géologiques actifs, comme sur Io, bien qu'à un moindre degré.
122
+
123
+ Europe, comme la Terre, possède une source d'énergie interne d'origine radioactive ; cependant elle est probablement de plusieurs ordres de grandeur plus faible que celle due à la marée[41] (alors que la proportion est de 20 % - 80 % sur Terre[42]).
124
+
125
+ Mais même l'énergie des marées ne pourrait jamais soutenir un écosystème aussi grand, diversifié et prolifique que le système terrestre à base de photosynthèse[43].
126
+
127
+ Cependant, en 1977, pendant une plongée d'exploration dans le rift des Galápagos[44], dans le sous-marin d'exploration des grands fonds Alvin, les scientifiques découvrent des colonies de vers tubulaires géants, de palourdes, de crustacés, de moules et autres créatures assorties, concentrées autour de structures volcaniques sous-marines appelées fumeurs noirs[39]. Ces créatures prolifèrent, malgré le manque de lumière solaire. On découvre bientôt qu'elles forment une chaîne alimentaire complètement autonome. Au lieu de plantes, la base de cette chaîne est constituée par une forme de bactéries qui trouvent son énergie dans l'oxydation de produits chimiques réactifs, tels l'hydrogène ou l'hydrogène sulfuré, qui émergent de l'intérieur de la Terre. Cette chaîne de chimiosynthèse révolutionne la biologie en montrant que la vie n'a pas besoin de la lumière du soleil ; elle n'a besoin que d'eau et d'une différence d'énergie thermique et chimique pour se développer. Ceci ouvre une voie immense à l'astrobiologie, en multipliant considérablement les possibilités d'habitat extraterrestre. Ces sources hydrothermales (fumeurs noirs) des océans profonds montrent sur la Terre des formes de vie qui subsistent dans des conditions extrêmes, et privées de lumière solaire.
128
+
129
+ Un autre exemple de vie dans des conditions particulièrement rudes sur Terre est le lac Vostok, à 4 km sous la glace de l'Antarctique, où des bactéries anaérobies ont été trouvées dans la glace, à quelques centaines de mètres de la zone liquide. Le forage russe s'est arrêté à 200 m de l'eau, afin d'éviter toute contamination, avant de reprendre en 2006 et d'atteindre le lac le 5 février 2012. On a donc peu d'indications sur la chaîne alimentaire de ce système écologique, qui est également complètement privé de la lumière solaire.
130
+
131
+ La vie pourrait exister dans l'océan sous la glace d'Europe, éventuellement subsistant dans un environnement semblable aux environnements terrestres comme celui des fumeurs noirs de l'océan profond ou celui du lac Vostok sous la glace de l'Antarctique[45].
132
+
133
+ La vie dans un océan de ce genre pourrait ressembler à celle des microbes au fond des océans terrestres[46], ce qui pourrait expliquer certaines particularités du spectre de la lumière renvoyée par Europe, notamment dans l'infra-rouge[47].
134
+
135
+ L'intérieur d'Europe sans lumière est actuellement considéré comme l'endroit le plus probable d'existence de vie extraterrestre du Système solaire[48].
136
+
137
+ Bien que les vers tubicoles et les autres organismes eucaryotes pluricellulaires autour des orifices hydrothermaux terrestres respirent de l'oxygène, et dépendent en principe de la photosynthèse, les bactéries anaérobies et les archées à la base de ces écosystèmes donnent un modèle possible pour une vie dans l'océan d'Europe. Comme il a été noté (voir supra), des radicaux libres engendrés par radiolyse peuvent gagner l'océan, soit par diffusion au sein de la glace, soit par subduction de la surface. Et ceci peut être une source suffisante d'oxygène en l'absence de photosynthèse[49].
138
+
139
+ En septembre 2009, le planétologue Richard Greenberg a calculé que la glace convertie en oxydants par les rayons cosmiques tombant sur la surface d'Europe et descendant dans l'océan, dans le renouvellement tectonique de la glace, pourrait amener à une concentration en oxygène de l'océan supérieure à celle de l'océan terrestre en quelques millions d'années. Ceci pourrait permettre à Europe d'entretenir non seulement une vie microbienne anaérobie, mais aussi des organismes pluricellulaires aérobies plus grands, du type poissons[50].
140
+
141
+ La vie sur Europe pourrait exister en îlots autour des évents hydrothermaux du fond de l'océan, ou sous le fond de l'océan, où l'on connaît sur Terre des organismes endolithes, c'est-à-dire vivant au sein de la roche, soit dans des fissures naturelles, soit dans des trous qui se sont creusés par voie chimique.
142
+
143
+ Par ailleurs, la vie pourrait exister accrochée à la surface inférieure de la couche de glace, comme des algues ou des bactéries dans les régions polaires terrestres, ou encore flotter librement dans l'océan[40].
144
+
145
+ McCollomb 1999 évalue que des cycles géothermiques sur Europe pourraient générer du dioxyde de carbone et de l'hydrogène, ce qui permettrait l'existence d'une forme de vie basée sur la méthanogenèse (réduction du dioxyde de carbone par le dihydrogène sous forme de méthane et d'eau, type trophique chimiolithoautotrophe), et ce aussi bien dans un océan réducteur qu'oxydant ; sur la base d'une hypothèse d'une activité géothermique sur Europe égale à 1/1000 de celle sur Terre, il calcule également qu'une telle forme de vie pourrait générer une quantité de biomasse de l'ordre de 105 à 106 kg/an, à comparer avec 1014 kg/an pour la vie photosynthétique sur Terre[43].
146
+
147
+ Jusqu'à présent, il n'y a aucune preuve d'existence de la vie sur Europe, mais la présence probable d'eau liquide a stimulé les recherches pour y envoyer une sonde[51].
148
+
149
+ En 2006, Robert T. Pappalardo, professeur assistant au laboratoire de physique atmosphérique et spatiale de l'université du Colorado à Boulder disait :
150
+
151
+ « Nous avons dépensé pas mal de temps et de travail pour essayer de savoir si Mars a jamais été un habitat possible. Europe paraît l'être aujourd'hui. Il faudrait le confirmer … Europe semble avoir tous les ingrédients nécessaires … et non seulement il y a quatre milliards d'années … mais encore aujourd'hui[52]. »
152
+
153
+ La possibilité unique d'Europe d'être une destination spéciale pour les futures sondes destinées à rechercher une vie extraterrestre détermine certaines préparations. Il serait effectivement plus raisonnable de se forger une expérience en organisant une expédition pour forer 4 km sous la calotte glaciaire antarctique en direction du lac Vostok.
154
+
155
+ Une expédition à destination de cette lune de Jupiter pose des problèmes presque insurmontables qui ont limité sérieusement les tentatives de la lancer :
156
+
157
+ Toute exploration comporte la désignation des lieux explorés. Dans le cas présent, la plupart des structures visibles de la sonde Galileo ont été répertoriées, et la nomenclature suit une certaine logique : on donne à chaque type de structures un nom pris dans tel ou tel registre de la mythologie ou de la géographie terrestre. Nous ne donnerons ici que quelques exemples. Pour des listes complètes, on se référera aux listes de lineae (en), de cratères et d'autres structures (en). La table suivante donne la liste des types de structure, le registre des noms appropriés, ainsi que quelques exemples.
158
+
159
+ La majorité de ce que nous connaissons d'Europe a été déduit d'une série de survols depuis 1970. Les sondes jumelles du programme Pioneer : Pioneer 10 et Pioneer 11 ont été les premières à survoler Jupiter, en 1973 et 1974 respectivement ; les premières photos des plus grandes lunes de Jupiter envoyées par les Pioneer étaient peu précises[12].
160
+
161
+ Les survols dans le cadre du programme Voyager ont suivi en 1979, et ont fourni au passage, puisque les sondes Voyager ne faisaient que traverser le système de Jupiter vers Saturne et au-delà, quelque 33 000 photos de Jupiter et de ses satellites, notamment d'Io, dont on découvrit le volcanisme, et d'Europe, dont la surface jeune laissait présager une activité tectonique encore récente.
162
+
163
+ La sonde Galileo a tourné en orbite autour de Jupiter et de ses satellites pendant 8 ans de 1995 à 2003, et a fourni les examens les plus détaillés des lunes de Jupiter que l'on attend d'ici la fin des années 2020.
164
+
165
+ Les buts de ces missions se sont étendus de l'étude chimique d'Europe jusqu'à la recherche de vie extraterrestre dans son océan subglaciaire[46].
166
+
167
+ L'essentiel du présent article est déduit des données envoyées par Galileo, et il n'est pas besoin d'y revenir.
168
+
169
+ Les plans pour envoyer une sonde pour étudier Europe, pour préciser les propriétés de son eau liquide, et la possibilité d'une vie ont été handicapés par des faux départs et des coupures budgétaires[53].
170
+
171
+ Le plan très ambitieux, JIMO (Jupiter Icy Moons Orbiter, d'orbiteur des lunes glacées de Jupiter) a reçu le feu vert en 1999, mais a été annulé en 2005[54],[53].
172
+
173
+ JIMO devait être une sonde de gros calibre, avec une technologie à mettre au point, à propulsion ionique alimentée en énergie par un réacteur à fission nucléaire. Cette mission était prévue pour les alentours de 2015. JIMO aurait orbité successivement Callisto, Ganymède et Europe.
174
+
175
+ Le National Research Council des États-Unis avait placé l'étude d'Europe par une sonde américaine en priorité pour une mission-phare dans le Système solaire. L'ajout de Callisto et de Ganymède aurait permis d'établir des comparaisons utiles pour la compréhension de l'évolution de ces lunes.
176
+
177
+ L'utilisation d'un réacteur nucléaire à bord de JIMO lui aurait donné 100 fois plus de puissance disponible, à poids égal, que les autres sources connues.
178
+
179
+ Une autre mission envisagée, connue sous le nom de Ice clipper (coupeur de glace), aurait utilisé un impacteur semblable à celui de la mission Deep Impact — qui aurait fait un impact contrôlé sur la surface d'Europe, faisant une gerbe d'éjecta, qui pourraient être collectés par une petite sonde traversant la gerbe[55],[56].
180
+
181
+ Jupiter Icy Moon Explorer ou JUICE (anciennement JGO et EJSM/Laplace) est une mission spatiale de l'Agence spatiale européenne qui doit être lancée en 2022 vers les lunes de Jupiter.
182
+
183
+ Cette sonde spatiale doit étudier en les survolant à plusieurs reprises trois des lunes glacées de Jupiter — Callisto, Europe et Ganymède — avant de se placer en orbite en 2032 autour de cette dernière pour une étude plus approfondie qui doit s'achever en 2033.
184
+
185
+ Elle emporte environ 100 kilogrammes d'instrumentation scientifique dont un radar, un magnétomètre, des spectromètres et des caméras. JUICE est la mission scientifique phare (L-Class) du programme spatial scientifique de l'ESA Cosmic Vision pour la décennie 2015-2025.
186
+
187
+ Un projet en cours de développement[57] consisterait à larguer plusieurs mini sondes de la taille d'un timbre postal, communiquant avec une sonde principale et contenant chacun un nombre réduit de capteurs et un accéléromètre quantique. Cela permettrait de faire une analyse chimique de la surface, de réagir rapidement à tout changement (geyser d'eau salée par exemple). Mais aussi de dresser une carte gravitationnelle. Ces modules ne comportant aucun composant mobile ou mécanique pourraient résister à l'impact et ne nécessiteraient aucun propulseur.
188
+
189
+ L'EJSM (Europa Jupiter System Mission ou Mission vers le système Jupiter-Europe) est une proposition conjointe NASA/ESA pour l'exploration des lunes de Jupiter à lancer vers 2020. En février 2009, ESA/NASA annoncent qu'ils donnent à cette mission la priorité sur la Titan Saturn System Mission (Mission vers le système Saturne-Titan)[58].
190
+
191
+ La contribution de l'ESA devra encore faire face à d'autres projets de l'ESA en concurrence[59].
192
+
193
+ L'EJSM comportera un orbiteur autour d'Europe, sous la responsabilité de la NASA, un orbiteur autour de Ganymède, sous la responsabilité de l'ESA, et peut-être un orbiteur dans la magnétosphère de Jupiter sous la responsabilité de la JAXA. La Russie a également exprimé son souhait d'envoyer un atterrisseur sur Europe, dans le but de faire partie de cette flottille internationale.
194
+
195
+ Des idées encore plus ambitieuses ont été émises, y compris un atterrisseur capable de tester l'existence de vie à faible profondeur, ou même d'explorer directement l'océan subglaciaire.
196
+
197
+ Une proposition consiste en une grande « sonde de fusion » (cryobot) à propulsion nucléaire, qui se fraierait un chemin dans la glace par fusion, jusqu'à déboucher dans l'océan[54],[60]. Là, elle mettrait en fonction un véhicule sous-marin autonome (hydrobot), qui pourrait récolter toutes informations utiles et les renvoyer sur Terre[61].
198
+
199
+ Le cryobot aussi bien que l'hydrobot devront passer une forme de stérilisation ultime, pour empêcher la contamination d'Europe par des germes terrestres, et leur détection comme germes natifs[62].
200
+
201
+ Cette mission proposée n'a pas encore atteint un stade de planning sérieux[63].
202
+
203
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1912.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,178 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous connaissez bien la langue suggérée, vous pouvez faire cette traduction. Découvrez comment.
2
+
3
+
4
+
5
+ Espace unique de paiement en euros147 x 82 mm
6
+
7
+ L'euro (€) est la monnaie unique de l'union économique et monétaire[3], formée au sein de l'Union européenne ; elle est commune à dix-neuf États membres de l'Union européenne qui forment ainsi la zone euro.
8
+
9
+ Quatre micro-États (Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican) sont également autorisés à utiliser l'euro, ainsi que deux pays européens non-membres, le Monténégro et le Kosovo qui l'utilisent de facto.
10
+
11
+ D'autres pays ont leurs monnaies nationales liées à l'euro en raison d'accords préalables avec le franc français et l'escudo portugais : Bénin, Bosnie-Herzégovine, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Comores, Congo (Brazzaville), Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, République centrafricaine, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Tchad, Togo.
12
+
13
+ En usage sous sa forme scripturale le 1er janvier 1999, il est mis en circulation le 1er janvier 2002 à minuit sous sa forme fiduciaire. Il succède à l'ECU, « l'unité de compte européenne » mise en service en 1979.
14
+
15
+ L'euro est la deuxième monnaie au monde pour le montant des transactions[4], derrière le dollar américain et devant le yuan chinois.
16
+
17
+ Depuis octobre 2006, elle est la première monnaie au monde pour la quantité de billets en circulation[5].
18
+
19
+ Au 1er janvier 2020, il y avait 24 057 232 839 billets en circulation dans le monde, pour une valeur totale de 1 292 742 470 730 €, ainsi que 135 067 560 396 pièces de monnaie pour une valeur totale de 29 987 926 311 €, l'ensemble représentant la somme de 1 322 730 397 041 €
20
+ [6].
21
+
22
+ L'euro est géré par la Banque centrale européenne (BCE) qui siège à Francfort et par l'Eurosystème, composé des banques centrales des États de la zone euro. En tant que banque centrale indépendante, la BCE est l'unique instance ayant le pouvoir de fixer une politique monétaire pour l'ensemble de la zone euro. L'Eurosystème participe à l'impression, la frappe et la distribution des billets et pièces dans tous les États membres ; il veille également au bon fonctionnement des systèmes de paiements au sein de la zone euro.
23
+
24
+ Le traité de Maastricht, signé en 1992, oblige la plupart des États de l'UE à adopter l'euro dès qu'ils respectent certains critères monétaires et budgétaires, dits de convergence. Le Royaume-Uni et le Danemark ont cependant obtenu des options de retrait[7], tandis que la Suède (qui rejoint l'UE en 1995, soit après la signature du traité de Maastricht) refuse d'introduire l'euro, après un référendum négatif en 2003, et contourne au surplus l'obligation d'adopter l'euro en ne respectant pas un des critères de convergence. Néanmoins, tous les pays qui adhérent à l'UE depuis 1993 se sont engagés à adopter l'euro en temps voulu.
25
+
26
+ La gestion de l'euro dépend du contrôle de la Banque centrale européenne qui en mesure les flux, la masse monétaire, ainsi que les dettes des États membres[8].
27
+
28
+ Toutes les pièces en euro possèdent une face européenne commune (1, 2 et 5 centimes : l'Europe dans le monde ; 10, 20 et 50 centimes : l'Europe comme une alliance d'États ; 1 et 2 euros : l'Europe sans frontière) et une face spécifique au pays émetteur (y compris Monaco, Saint-Marin, le Vatican et Andorre, États en union monétaire avec leurs voisins immédiats qui sont autorisés à frapper leurs propres pièces).
29
+
30
+ Une nouvelle série de pièces est frappée depuis fin 2007 avec un décalage d'un an pour la monnaie italienne (qui frappe aussi les pièces du Vatican et de Saint-Marin). Se calquant sur la pratique décidée pour les billets de banque, elle représente désormais l'ensemble du continent européen (membre ou non de l'Union), afin d'éviter de devoir frapper de nouvelles séries à chaque élargissement. Les frontières n'y apparaissent donc plus.
31
+
32
+ Toutes les pièces sont utilisables dans tous les États membres, à l'exception des pièces de collection, qu'elles soient ou non en métal précieux, qui n'ont cours que dans le pays d'émission. Des problèmes de compatibilité sont cependant relevés sur certains automates (distributeurs automatiques, péages…).
33
+
34
+ Il existe également des pièces de collection, souvent en métal précieux, qui n'ont cours légal que dans leur pays d'émission[9]. Par exemple, gravée par Joaquin Jimenez (qui est également l'auteur de l’Arbre Étoilé des pièces de 1 et 2 euros), une pièce de 5 euros en argent est frappée à deux millions d'exemplaires en 2008. Des pièces de 10 à 5 000 euros, en argent et en or, sont mises en circulation de 2008 à 2010.
35
+
36
+ Les billets, quant à eux, ont une maquette commune à toute la zone euro. Les ponts, portes et fenêtres des billets symbolisent l'ouverture de l'Europe sur le reste du monde et les liens entre les peuples.
37
+
38
+ Le choix du graphisme des billets est de la compétence de la Banque centrale européenne alors que celui des pièces est de la compétence des États membres de l'Eurogroupe. La prochaine face commune a ainsi été décidée lors d'une réunion de l'Eurogroupe. Cette décision provoque une petite polémique de la part de quelques députés par l'absence, selon eux volontaire, de la Turquie sur le dessin retenu, au contraire de celui des billets[Note 1].
39
+
40
+ Le 2 mai 2013, un nouveau billet de 5 € est mis en circulation ; il est le premier d'une nouvelle série de billets baptisée Europe[10].
41
+
42
+ Le 24 septembre 2014, c'est un nouveau billet de 10 euros qui fait son apparition. Puis, le 25 novembre 2015, c'est le nouveau billet de 20 € qui est mis en circulation. Le billet de 50 € est mis en circulation le 4 avril 2017[11]. Enfin, les nouveaux billets de 100 et 200 € sont introduits le 28 mai 2019.
43
+
44
+ L'euro n'est pas la première monnaie à vocation européenne (et internationale). En effet, l'Union latine, née en 1865 à l'initiative de Napoléon III, marque une union monétaire, ou supranationale, signée et partagée par la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie, la Grèce et, plus tard, l'Espagne et le Portugal, puis la Russie et certains pays d'Amérique latine. La Première Guerre mondiale (1914-1918) met fin à ce projet d'unification monétaire.
45
+
46
+ Le projet de créer une monnaie commune naît dans les années 1970 avec les turbulences du régime agrimonétaire, depuis la mise en œuvre de la Politique agricole commune, en 1962, et l'impossibilité de mettre en place un système de taux de change contrôlable[13].
47
+
48
+ La décision de créer l'euro est officialisée lors du traité de Maastricht. Lorsque les négociations sont engagées, les responsables savent qu'économiquement la constitution de la zone euro est un défi. En effet, les économistes savent, depuis les travaux de Robert Mundell (dans les années 1950) que, pour que des pays aient intérêt à avoir une même monnaie, ils doivent[14] :
49
+
50
+ Pour Jean Pisani-Ferry, les responsables politiques des pays décident de passer outre, pour trois raisons :
51
+
52
+ Deux visions s'opposent :
53
+
54
+ L'euro est créé par les dispositions du traité de Maastricht, en 1992. Pour participer à la monnaie commune, les États membres sont censés répondre à des critères stricts tels qu'un déficit budgétaire de moins de 3 % de leur PIB, un endettement inférieur à 60 % du PIB (deux critères qui sont régulièrement bafoués après l'introduction de l'euro[25]), une faible inflation et des taux d'intérêt proches de la moyenne de l'UE. Lors de la signature du traité de Maastricht, le Royaume-Uni et le Danemark obtiennent des options de retrait pour ne pas participer à l'union monétaire qui se traduirait par l'introduction de l'euro.
55
+
56
+ De nombreux économistes tels que Fred Arditti, Neil Dowling, Wim Duisenberg, Robert Mundell, Tommaso Padoa-Schioppa et Robert Tollison participent à la création de la monnaie commune.
57
+
58
+ L'appellation « euro » est officiellement adoptée à Madrid, le 16 décembre 1995[26]. L'espérantiste belge, Germain Pirlot[27], ancien professeur de français et d'histoire, est désigné pour dénommer la nouvelle monnaie ; il envoie une lettre au président de la Commission européenne, Jacques Santer, et suggère la dénomination « euro », le 4 août 1995[28].
59
+
60
+ Les taux de conversion sont déterminés par le Conseil de l'Union européenne[Note 2], sur la base d'une recommandation de la Commission européenne, établie sur les taux du marché au 31 décembre 1998. Ils sont créés de sorte qu'une unité de compte européenne (ECU) serait égale à un euro. L'unité monétaire européenne était une unité de compte utilisée par l'UE et calculée sur la base des monnaies des États membres. Ce n'était pas une monnaie à part entière. Les taux n'ont pas pu être fixés plus tôt car la valeur d'un ECU dépendait des taux de change des monnaies ne participant pas à l'euro (comme la livre sterling), à la clôture, ce jour-là.
61
+
62
+ La procédure utilisée pour fixer le taux de change irrévocable entre la drachme grecque et l'euro est différente : alors que les taux de change pour les onze monnaies initiales sont déterminés quelques heures seulement avant que l'euro n'ait été introduit, le taux de conversion de la drachme grecque est fixé plusieurs mois à l'avance[Note 3].
63
+
64
+ La monnaie est introduite sous forme immatérielle (chèques de voyage, transferts électroniques, services bancaires…), le 1er janvier 1999, à minuit, dans les onze pays formant la toute nouvelle zone euro: l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal. Les monnaies nationales des pays participants cessent dès lors d'exister indépendamment. Les taux de change sont alors bloqués à taux fixes, les uns envers les autres. L'euro devient ainsi le successeur de l'unité de compte européenne (ECU). Les billets et pièces des anciennes monnaies continuent cependant à avoir cours légal jusqu'à ce que les billets et pièces en euro soient introduits, le 1er janvier 2002.
65
+
66
+ La période de transition au cours de laquelle les anciens billets et les anciennes pièces sont échangés contre billets et pièces en euro dure environ deux mois, jusqu'au 28 février 2002. La date officielle à laquelle les monnaies nationales cessent d'avoir cours légal varie d'un état membre à l'autre ; la période la plus courte est en Allemagne, où le Deutsche Mark cesse officiellement d'avoir cours légal le 31 décembre 2001, bien que la période de transition y dure également deux mois. Même après que les monnaies nationales cessent d'avoir cours légal, elles continuent à être acceptées par les banques centrales nationales, pour des périodes plus ou moins longues, allant de plusieurs années à tout jamais (voir ici). Les premières pièces cessant d'avoir cours légal sont les pièces portugaises en escudo, qui cessent d'avoir cours légal le 31 décembre 2002, bien que les billets restent échangeables jusqu'en 2022[29].
67
+
68
+ En 2002, l'euro est lauréat du Prix International Charlemagne.
69
+
70
+ L'adhésion à l'euro est obligatoire pour les nouveaux membres de l'UE, mais chaque pays en fixe la date et doit respecter les conditions économiques nécessaires.
71
+
72
+ La zone euro s'étend progressivement :
73
+
74
+ Des trois membres de l'UE (à quinze) non participants, seuls le Royaume-Uni et le Danemark obtiennent une clause dite d’opting-out, leur permettant de rester en dehors de la monnaie commune, même s'ils venaient à remplir les conditions d'adhésion, clause confirmée par le traité de Rome de 2004. Cette clause ne leur interdit toutefois pas d'adhérer ultérieurement.
75
+
76
+ Aussi le Royaume-Uni, contrairement au Danemark, ne fait pas partie du mécanisme de change européen II (MCE II), bien que remplissant les conditions du traité de Maastricht car il ne souhaite pas lier le taux de change de la livre sterling à l'euro ; depuis que la livre sterling a quitté le défunt SME (fondé sur l'ancienne unité de compte européenne, ou ECU), son cours par rapport à l'euro connaît des variations plus importantes que les autres monnaies des pays membres non adhérents, notamment durant les deux premières années de l'introduction de l'euro, qui s'est temporairement fortement déprécié par rapport au dollar américain, à la livre sterling et au franc suisse. Cette instabilité initiale est, semble-t-il, résolue et, depuis, la livre sterling suit de façon assez proche les évolutions du cours de l'euro (le franc suisse s'est aussi stabilisé par rapport à l'euro et il remplirait les conditions d'entrée dans le MCE II si la Suisse et le Liechtenstein décidaient de rejoindre l'Union européenne).
77
+
78
+ En revanche, la Suède s'est engagée à rejoindre à terme la monnaie commune et ce, dès qu'elle remplira les conditions du traité de Maastricht. Cependant, en raison d'une opinion publique qui reste favorable au maintien de la couronne suédoise, comme le montre le dernier référendum organisé sur ce sujet, le 14 septembre 2003, la Suède ne remplit pas techniquement les conditions d'entrée dans le MCE II afin de ne pas être contrainte d'adopter automatiquement la monnaie commune.
79
+
80
+ Les états membres qui ont rejoint l'UE après la mise en place de l'euro sont tenus d'intégrer, à terme, la zone euro. Ceci suppose qu'ils intègrent d'abord le MCE II puis qu'ils remplissent les autres conditions d'adoption de l'euro. Ainsi, pour la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Bulgarie et la Roumanie, tout nouvel élargissement n'est pas à prévoir « dans les prochaines années »[Quand ?], selon Valdis Dombrovskis, commissaire européen chargé de l'euro[37].
81
+
82
+ Les motifs de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Pologne commencent à être proposés[Quand ?].
83
+
84
+ En septembre 2012, le ministre des Finances bulgare, Simeon Djankov, annonce que son pays renonce à abandonner sa monnaie nationale pour l'euro, du fait de l'incertitude entourant la pérennité de la monnaie commune[38]. Notons cependant que la Bulgarie est juridiquement obligée d'adopter l'euro à terme, ayant ratifié son traité d'adhésion à l'UE sans bénéficier d’opting-out.
85
+
86
+ Au 1er janvier 2017, 19 pays de l'Union européenne utilisent l'euro comme monnaie nationale.
87
+
88
+ À ceux-ci s'ajoutent quatre états hors UE ayant des accords officiels et utilisant donc l'euro de façon officielle, ainsi que deux autres états l'ayant adopté unilatéralement. Le cas des bases britanniques à Chypre est particulier : le traité d'indépendance de Chypre y prévoyait l'utilisation exclusive de la monnaie locale, ce qui a imposé un basculement vers l'euro ; cette particularité est prévue par le traité d'adhésion de Chypre et par le droit britannique.
89
+
90
+ L'euro est également de facto utilisé dans plusieurs pays hors d'Europe, comme au Zimbabwe où il circule aux côtés du dollar américain, du rand sud-africain, du pula botswannais et de la livre sterling.
91
+
92
+ En 2018, au sein de l'Union européenne et des pays candidats à l'entrée dans l'Union, se trouvent les monnaies suivantes qui ont toutes intégré le MCE II :
93
+
94
+ Toutefois, les phases préparatoires avant l'introduction de l'euro sont actuellement considérablement raccourcies, tous ces pays négociant déjà l'euro sur les marchés internationaux et disposant même de stocks de pièces et billets pour le marché des changes aux particuliers (notamment dans les zones touristiques). Dans certains de ces pays, de nombreux commerces acceptent les paiements en euro (parfois même aussi en pièces et billets), certains pratiquant même le double affichage sur un taux voisin du cours central défini dans le MCE II (qui autorise une variation de 15 % du cours, mais qui, en pratique, varie dans des marges très inférieures, le marché des changes étant déjà très stabilisé, ce qui permet même à certains pays de garantir unilatéralement leur taux de change par l'intervention de leur banque centrale), ou autorisant l'ouverture de comptes en euro pour les entreprises et les administrations, afin de limiter les frais relatifs aux opérations de change.
95
+
96
+ Dans les derniers jours précédant l'évaluation par la Commission européenne d'une devise MCE II après deux années de stabilité, il apparaît une instabilité temporaire du cours de cette devise liée à une anticipation du marché sur une prochaine convertibilité totale de cette devise, ce qui limite l'intérêt de conserver des fonds de garantie dans cette devise. Mais la BCE et les BCN veillent à limiter cette instabilité et assistent la BCN, candidate pour limiter cet impact temporaire, en achetant ou vendant massivement les surplus de change sur les marchés financiers. Une stabilisation forte en dernière minute est donc constatée autour du taux central défini dans le MCE II, sauf si les engagements financiers pris par la BCE sont trop importants et nécessitent un ajustement pour éviter d'imposer à la BCN candidate des dettes dès son entrée dans l'UME, qui ne lui permettraient plus de remplir les objectifs de stabilité de Maastricht. Aussi, le cours central, défini dans le MCE II, ne préfigure pas forcément le taux de conversion définitif qui sera appliqué (mais qui devrait rester tout de même dans la bande de fluctuation de 15 % autour du taux central).
97
+
98
+ Un certain nombre de devises, hors Union européenne, sont déjà liées à travers un taux de change, fixe ou variable, à l'euro :
99
+
100
+ Les monnaies suivantes des pays membres de l'Union européenne, ou candidats à l'adhésion, ne sont pas liées à l'euro.
101
+
102
+ Quatre micro-États enclavés dans l'Union européenne, sans en être membres, ont obtenu le droit d'utiliser l'euro : Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican ; ces États sont également autorisés à frapper un certain nombre de pièces de monnaie (officiellement depuis le 1er juillet 2013 pour Andorre, effectif à compter du 1er janvier 2014).
103
+
104
+ Deux autres États, ou entités européennes, non membres de l'Union, utilisent également l'euro de facto : le Monténégro et le Kosovo, sans dépendre de la BCE, sans pouvoir émettre de pièces ni de billets.
105
+
106
+ L'euro est également utilisé de facto dans certains territoires d'outre-mer, non intégrés à l'Union, dont les habitants sont citoyens d'un pays de l'Union ; c'est le cas de Saint-Pierre-et-Miquelon et, dans une mesure plus infime, des TAAF.
107
+
108
+ Enfin, l'euro est accepté comme quasi seconde monnaie dans des régions d'États non-membres frontalières de la zone euro (Genève) ou pour des raisons touristiques (Polynésie).
109
+
110
+ La valeur de l'euro, exprimée dans les anciennes monnaies de ces pays, est la suivante :
111
+
112
+ Franc luxembourgeois
113
+
114
+ Notes :
115
+
116
+ Notes :
117
+
118
+ L'ECU, qui était un panier, contenait des monnaies comme la livre sterling, qui n'ont pas été intégrées dans l'euro. Les deux devises européennes ne coïncident donc que brièvement, pendant les heures de fermeture des marchés entre la fin de 1998 et le début de 1999 et, si l'ECU existait encore, il aurait maintenant une valeur tout autre que celle de l'euro.
119
+
120
+ Afin de reconstituer la valeur qu'aurait eue l'euro par rapport au dollar américain avant sa cristallisation du 31 décembre 1998, il convient d'utiliser les taux de change face au dollar d'une monnaie nationale, et de lui appliquer son taux de conversion en euro. Par exemple, 6,559 57 sera divisé par la valeur du dollar en francs français. Le résultat du calcul figure sur le graphique ci-contre pour le franc français (en rouge) et le deutschemark (en bleu) pour toute la période qui va de l'introduction du régime des changes flottants par Richard Nixon à celle de l'euro.
121
+
122
+ Pendant les dix années précédant son introduction, l'euro aurait ainsi eu une valeur moyenne de l'ordre de 1,182 5 dollar US, calculée avec le franc français, et 1,20 dollar, calculée avec le deutschemark.
123
+
124
+ Le marché des changes le plus actif de l'euro est bien évidemment celui comparé au dollar US ; la parité euro/dollar est l'instrument financier le plus traité dans le monde , c'est un indicateur phare, suivi quotidiennement par tous les milieux économiques et financiers.
125
+
126
+ À partir de l'introduction de l'euro, l'inflation perçue en France a été nettement plus élevée que l'inflation réelle[Note 4].
127
+
128
+ Pourtant, l'inflation dans la zone euro n'a pas augmenté à partir de 2002, date d'introduction. Entre 2000 et 2006, elle a fluctué entre 1,9 et 2,3 %[42]. En 2003, l'augmentation moyenne des prix à la consommation due au basculement à l'euro ne représente qu'environ 0,1 à 0,3 % du taux normal d'inflation de 2,3 % pour l'année en question[43]. Ainsi, l'indice des prix au sein de la zone euro est resté inférieur à celui des pays européens qui n'ont pas introduit la monnaie commune.
129
+
130
+ La Banque de France a montré[44] que l'introduction de l'euro s'est produite simultanément à une hausse importante des prix de l'immobilier et des produits pétroliers. Par ailleurs, certains secteurs (hôtellerie, tabac par exemple) ont connu de fortes hausses de prix depuis l'introduction de l'euro[44].
131
+
132
+ Le niveau faible de l'inflation globale s'explique également par les fortes baisses de prix observées depuis le début des années 2000 pour les biens d'équipement (ordinateurs, machines à laver, automobiles, téléphones mobiles, etc.), qui n'ont pas été ressenties par les consommateurs (phénomène de biais cognitif qui s'explique du fait qu'il ne s'agit pas de biens de première nécessité et dont la périodicité d'acquisition moyenne est supérieure à l'année). Pour cela, il est intéressant d'observer le taux d'inflation pour les ménages modestes, qui est calculé en tenant compte de leurs achats (la baguette de pain a un poids plus fort…).
133
+
134
+ Face à la polémique[45],[46], le ministre des Finances français, Thierry Breton, propose, ultérieurement, un indice spécial lié au coût du panier d'achat au supermarché pour répondre aux critiques des associations de consommateurs. L'INSEE introduit un indicateur d'inflation personnalisé[Note 5],[47].
135
+
136
+ En mai 2017, l'Insee publie une étude dans laquelle affirmant qu'il n'y a pas eu « d'inflation particulière » depuis l'introduction de l'euro[48].
137
+
138
+ Si la Banque centrale européenne a un objectif d'inflation de 2 %, il s'agit d'une moyenne : sur les 12 premières années, l'inflation est, en moyenne, de 1,5 % en Allemagne, de 1,8 % aux Pays-Bas mais de 3,3 % en Grèce, de 2,8 % en Espagne et de 2,5 % au Portugal[49]. La perte de compétitivité qui a suivi le différentiel d'inflation est un des éléments clés d'explication de la crise de la zone euro. Ce problème est difficile à régler lorsque les pays ne peuvent pas dévaluer. En effet, seules deux solutions sont alors possibles : une dévaluation interne (baisse des salaires) dans les pays qui ont connu trop d'inflation ou une politique de relance dans les pays affectés par une inflation trop faible[50].
139
+
140
+ Depuis la crise de 2007, la zone euro est confrontée à un problème de déflation dans la plupart des pays qui la compose ce qui a amené la BCE à agir et à utiliser les outils de politique monétaire dont elle dispose pour tenter de faire remonter l'inflation. Certains sont habituels, comme la baisse du taux directeur (ce qui permet en théorie de relancer le crédit), d'autres exceptionnels comme l'achat d'actifs par le biais de l'assouplissement quantitatif (QE)[51]. Les résultats de cette politique sont, en 2017, insuffisants, et certains analystes plaident pour joindre à la politique anti-déflation de la BCE une politique de relance budgétaire de la part des États qui compose la zone euro, mais cette option suscite de vives controverses au sein de l'Eurogroupe[52], en particulier une opposition de l'Allemagne, qui plaide pour l'orthodoxie budgétaire partout dans la zone Euro.
141
+
142
+ La politique monétaire menée ces dernières années[Lesquelles ?] (au moins jusqu'au QE) conduit à un « euro fort », ou qualifiée par ses détracteurs d'« euro cher ». À terme, selon le centre de recherche économique CEE Council, le maintien de l'orthodoxie financière, prôné par le gouvernement allemand et la BCE, et la politique de rigueur généralisée qui en découle, nécessiteront une révision du traité de Lisbonne, car ils pourraient avoir pour conséquence de réduire les prérogatives budgétaires et fiscales des états-membres, au-delà des dispositions du traité dans sa forme actuelle[53].
143
+
144
+ Le CEPII soulignait en 2012 que, par construction, l'euro empêche les taux de change de s'ajuster pour compenser les déséquilibres des balances commerciales des pays membres. En l'absence de ce canal, l'ajustement doit se faire par des taux d'inflation différenciés entre pays, ce qui suppose des dévaluations internes (baisse des salaires) pour les pays les moins compétitifs, ou par une montée en gamme des produits[54]. Paul Krugman souligne à ce propos que l'Allemagne bénéficie d'un Euro légèrement sous-évalué par rapport au DM (si celui-ci était toujours en circulation), contrairement aux autres pays d'Europe, en particulier au sud, qui ont une monnaie sur-évaluée[55]. Cette analyse a été confirmée par une étude du FMI datant de 2017[56]. Ce déséquilibre a sa part de responsabilité dans l'excédent commercial très élevé de l'Allemagne, qui est en partie responsable, selon nombre d’économistes, dont ceux du FMI, de l’anémie de la croissance européenne[57] (cet excédent se fait au détriment des autres pays de la zone, certains économistes parlant à ce sujet de mercantilisme[58]). De plus, l'épargne résultant de cet excédent s'investirait peu dans la zone euro et profiterait peu aux voisins de l'Allemagne[59]. A ce sujet, Patrick Artus souligne que les excédents allemands servent essentiellement à financer le déficit américain.
145
+
146
+ Faute de pouvoir rééquilibrer leur compétitivité par la dévaluation, certains pays ont connu, selon une étude allemande du CEP (Centrum für europäische Politik), une moindre hausse de leur PIB. L'Euro a ainsi freiné leur croissance économique par rapport à la croissance qui aurait été la leur s'ils avaient gardé leur monnaie. Ainsi, chaque français aurait perdu 56 000 euros sur la période 1999-2017 et les italiens 73 000[60]. L'Allemagne, les Pays-Bas et la Grèce auraient au contraire bénéficié de l'euro[61]. Cette étude a été critiquée par le Groupe d'Etudes Géopolitiques (GEG), un groupe de réflexion de l'ENS Ulm[62]. Selon le GEG, les chiffres de l'étude sont faux car elle est constituée « de grossières erreurs méthodologiques qui disqualifient la démarche du CEP et laissent planer le doute sur sa bonne foi ». Le GEG ajoute que « les auteurs ne semblent pas conscients des biais possibles de la méthode d’évaluation dite de contrôle synthétique et ne font rien qui puisse les éliminer »[62]. Une étude publiée en décembre 2018 dans la European Economic Review et employant la même méthode statistique que le CEP trouve des résultats également sensiblement différents[63]. Le quotidien allemand Die Welt a aussi livré une critique acerbe de l'étude du CEP[64], en France Le Point qualifie l'étude de « bidon »[65] et Libération estime que la méthodologie employée est particulièrement « critiquable »[66].
147
+
148
+ Un sondage est effectué à la demande du German Marshall Fund, durant l'été 2010. À la question « L'usage de l'euro est-il une bonne chose pour l'économie ? », si une majorité de Néerlandais a répondu oui, 53 % des Allemands et des Espagnols ont répondu non, ainsi que 60 % des Français[67]. Pourtant, à cette même date, un autre sondage indiquait que seuls 38 % des Français étaient en faveur d'un retour au franc[68].
149
+
150
+ En 2015, dans un sondage Eurobaromètre, 61 % des citoyens des pays du zone euro ont répondu, à la question « En général, pensez-vous que l'euro est une bonne chose ou une mauvaise chose pour votre pays ? », que l'euro était une bonne chose pour leur pays, alors que 30 % ont dit que c'était une mauvaise chose le niveau de soutien le plus élevé enregistré par Eurobaromètre depuis qu'il a commencé à poser cette question en 2002, et une importante augmentation depuis le plus bas niveau de soutien (moins de 50 %) enregistré par ce sondage, en 2007. Les pays les moins favorables à l'euro était l'Italie et la Chypre, les deux pays où moins de la majorité absolue ne se sont prononcés favorables à l'euro (en Italie, 49 % en faveur et 41 % contre ; en Chypre 50 % et 40 % respectivement) et la Lettonie (54 % en faveur, 29 % contre), pendant que les pays les plus favorables étaient le Luxembourg (79 % en faveur, 14 % contre), l'Irlande (75 % et 18 %), et l'Allemagne (70 % et 22 %)[69].
151
+
152
+ En 2017, un sondage Ifop indique que 72 % des Français sont en faveur d'un maintien dans la zone euro. Seuls 28 % se sont déclarés en faveur d'une sortie dont une majorité est électrice du Front national[68].
153
+
154
+ Nombre d'économistes[70],[71] pointent le fait que les pays de la zone euro ne constituaient pas, en 2002, une zone monétaire optimale, et qu'un défaut de convergence des politiques économiques, et l'absence d'outils de gestion commune (trésor, budget fédéral) ne les rapprochent pas de cette configuration. Les économistes Milton Friedman et Martin Feldstein ont également exprimé leur doute à ce sujet[72]. L'absence de trésor et de budget fédéral entraîne l'absence de transferts (en particulier fiscaux) entre pays en excédent et pays en déficit, ce qui pose un problème qui peut menacer à terme la viabilité de la zone Euro. Conscients du problème, un certain nombre de responsables européens, dont Emmanuel Macron, plaident pour une Europe budgétaire, tentant d'infléchir la position de l'Allemagne sur ce sujet[73]. Ce problème est également souligné à la tête de la BCE par Christine Lagarde qui déplore le manque de solidarité dans la zone Euro sur le plan budgétaire[74].
155
+
156
+ L'euro est la deuxième monnaie de réserve dans le monde, loin derrière le dollar américain ; cependant, petit à petit, l'euro commence à augmenter comme monnaie de réserve dans le monde, passant de 17,9 %, en 1999, à 27,3 %, en 2009[75].
157
+
158
+ Ceci vient confirmer les propos d'Alan Greenspan, ancien président de la banque centrale des États-Unis, selon lesquels « il est concevable que l'euro remplace le dollar comme monnaie de réserve ou devienne d'une importance égale »[76].
159
+
160
+ Toutefois, en 2017, la part de l'euro est redescendue à 20 %.
161
+
162
+ Une étude montre que l'introduction de l'euro a eu un effet positif sur le tourisme en Europe, avec une augmentation de 6,5 % du nombre de touristes au sein de la zone euro[79].
163
+
164
+ L'euro est actuellement présent dans les documents électroniques et les bases de données de nombreux pays, non seulement de l'Union économique et monétaire, mais aussi de nombreux pays du monde. Il faut signaler que cette devise, comme toutes les autres, ne fait pas encore partie d'une norme internationale de métadonnées (voir Dublin Core), en raison de la variabilité des monnaies et des prix soumis aux lois d'évolution des marchés ; cependant, la norme ISO 4 217 est abondamment utilisée dans les bases de données et les échanges informatiques, et attribue le code EUR à l'euro, norme à caractère quasi obligatoire pour les transferts interbancaires de devises et la tenue des comptes à la place des symboles monétaires souvent ambigus (même si l'euro a un symbole bien défini, la présence de devises dérivées non régulées par la BCE est source de nouvelles ambiguïtés).
165
+
166
+ Du fait d'alphabets différents les noms et divisions nationales de l'euro ne s'orthographient et ne se prononcent pas de la même façon dans tous les pays de la zone.
167
+
168
+ Du fait de la diversité des règles grammaticales au sein de la zone euro, le mot « euro » sur les pièces et billets est invariable et ne prend donc pas de « s »[Note 6]. Toutefois, dans la langue française, selon la règle, le pluriel se forme par l'ajout d'un « s » en fin de mot[80]. L'Académie française s'est prononcée en ce sens dans une note publiée au Journal officiel du 2 décembre 1997[81].
169
+
170
+ En revanche, en France, le terme « cent », prêtant à confusion, n'est généralement pas utilisé en français ; on parle de centime ou, dans une forme plus rare et déconseillée, d'eurocent (pour ne pas confondre avec les centimes de franc pendant la phase transitoire[81]). Pour des raisons similaires, il est dit centimo en espagnol, centesimo en italien, lepton (pluriel lepta) en grec, alors que ce problème ne se pose pas en anglais, par exemple, langue dans laquelle il est adopté tel quel[Note 7].
171
+
172
+ La liaison avec le mot antéposé et l'élision du « e » (des articles « de » et « le » ainsi que de la préposition « de ») suivent les règles habituelles du français : on prononce donc un(n)euro, dix(z)euros, vingt(t)euros, quatre-vingts(z)euros, cent(t)euros, etc., de même qu'on dit « l'euro » et « d'euro(s) »[82].
173
+
174
+ En France, deux imprimeries fabriquent des billets de 5, 10 et 20 euros : l'imprimerie de la Banque de France, à Chamalières (Puy-de-Dôme) et l'imprimerie de François-Charles Oberthur Fiduciaire, à Chantepie (Ille-et-Vilaine). Ces billets sont destinés à remplacer ceux qui sont trop usés, en France et dans toute l'Europe.
175
+
176
+ Les autres coupures sont fabriquées dans d'autres pays européens puis envoyées en France selon une sorte de contrat d'échange établi par la BCE. En revanche, les pièces françaises en euro sont toutes frappées à Pessac (Gironde), par la direction des Monnaies et médailles.
177
+
178
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1913.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,67 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Euryptérides, Scorpions de mer
2
+
3
+ Ordre
4
+
5
+ Les euryptérides (Eurypterida), ou gigantostracés, forment un ordre éteint d'arthropodes chélicérates marins. Couramment appelés scorpions de mer, ils ne comptent que des formes fossiles (de l'Ordovicien moyen au Permien) dont certaines atteignent plus de 2 mètres de long. Ils étaient situés tout en haut de la chaîne alimentaire de l'ère Paléozoïque.
6
+
7
+ Leur allure était proche de celle des scorpions actuels : un corps allongé et prolongé par une longue queue articulée, et un thorax équipé de pinces redoutables, avec une tête munie de plusieurs paires d'yeux. Une paire de pattes était modifiée en nageoires, terminées par de larges palettes natatoires (sauf chez les espèces purement benthiques). Ils étaient sans doute des prédateurs efficaces, même si certaines espèces devaient être plutôt charognardes ou opportunistes (comme les actuelles limules). La plupart des espèces présentent un aiguillon effilé au bout de leur queue : comme les scorpions modernes, ils injectaient peut-être du venin à leurs proies.
8
+
9
+ Les euryptérides disputent au genre Arthropleura (jusqu'à 2 m de long)[1], le titre de plus grand arthropode ayant existé sur Terre. D'une manière générale, les arthropodes sont limités en taille par leur système de respiration. Malgré cela, quelques grands arthropodes comme les euryptérides ont pu se développer grâce à un air et donc à une eau qui étaient plus riches en oxygène (jusqu'à 35 %) qu'aujourd'hui (21 %)[2],[3].
10
+
11
+ Anatomie d'un euryptéride
12
+
13
+ Exemple de fossile bien conservé
14
+
15
+ Reconstitution d'artiste
16
+
17
+ Modèle 3D
18
+
19
+ La taille des euryptères était très variable, et dépendait de facteurs tels que le mode de vie, l'environnement et les affinités taxonomiques. Des tailles d'environ 100 centimètres sont courantes dans la plupart des groupes d'euryptères[4]. Le plus petit euryptère, Alkenopterus burglahrensis, ne mesurait que 2,03 centimètres de long[5].
20
+
21
+ Le plus grand eurypteride, et le plus grand arthropode connu ayant jamais vécu, est Jaekelopterus rhenaniae. Deux autres euryptères pourraient également avoir atteint une longueur de 2,5 mètres : Erettopterus grandis (étroitement apparenté à Jaekelopterus) et Hibbertopterus wittebergensis, mais E. grandis est très fragmentaire et l'estimation de la taille de H. wittenbergensis est basée sur des preuves de trajectoire, et non sur des restes fossiles[6].
22
+
23
+ La famille des Jaekelopterus, les Pterygotidae, est connue pour plusieurs espèces exceptionnellement grandes. Acutiramus, dont le plus grand membre, A. bohemicus, mesurait 2,1 mètres, et Pterygotus, dont la plus grande espèce, P. grandidentatus, mesurait 1,75 mètres, étaient tous deux gigantesques[7]. Plusieurs facteurs différents ont été suggérés pour expliquer la grande taille des ptérygotides, notamment la séduction, la prédation et la compétition pour les ressources environnementales[8].
24
+
25
+ Les euryptères géants ne se limitaient pas à la famille des Pterygotidae. Un métasome fossile isolé de 12,7 centimètres de long de l'euryptère carcinosomatoïde Carcinosoma punctatum indique que l'animal aurait atteint une longueur de 2,2 mètres, rivalisant en taille avec les ptérygotides[9]. Un autre géant était Pentecopterus decorahensis, un carcinosomatoïde primitif, qui aurait atteint une longueur de 1,7 mètres[10].
26
+
27
+ Les euryptères de grande taille sont généralement de constitution légère. Des facteurs tels que la locomotion, les coûts énergétiques de la mue et de la respiration, ainsi que les propriétés physiques réelles de l'exosquelette, limitent la taille que les arthropodes peuvent atteindre. Une construction légère réduit considérablement l'influence de ces facteurs. Les ptérygotides étaient particulièrement légers, la plupart des grands segments corporels fossilisés étant conservés étaient minces et non minéralisés. Des adaptations permettant d’alléger les exosquelettes sont également présentes dans d'autres arthropodes géants du paléozoïque, comme l'Arthropleura, un mille-pattes géant, et sont peut-être vitales pour l'évolution de la taille géante chez les arthropodes[7],[11].
28
+
29
+ L'espèce connue la plus ancienne d'euryptéride est Pentecopterus decorahensis découverte en 2015, et datant du début du Darriwilien (Ordovicien moyen). Cette espèce étant déjà relativement complexe, cette découverte suggère que les premiers euryptérides seraient apparus au moins au tout début de l'Ordovicien, il y a environ 485 millions d'années[1].
30
+
31
+ Les euryptérides connurent un grand succès évolutif au Silurien et au Dévonien où ils étaient parmi les principaux super-prédateurs, mais seuls deux groupes survécurent à la fin du Dévonien (les Adelophtalmoidea et les Stylonurina), qui disparurent à leur tour au Permien. Leur existence fut donc bornée entre environ -500 et -252 millions d'années avant nos jours[1].
32
+
33
+ Liste des genres selon Paleobiology Database (septembre 2016)[12] et Eurypterids.co.uk pour la classification[13]:
34
+
35
+ Sous-ordre Stylonurina Diener, 1924:
36
+
37
+ Sous-ordre Eurypterina Burmeister, 1843:
38
+
39
+
40
+
41
+ Dolichopterus macrochirus
42
+
43
+ Eurypterus sp. (vue dorsale et ventrale)
44
+
45
+ Megarachne servinei
46
+
47
+ Mixopterus kiaeri
48
+
49
+ Jaekelopterus rhenaniae
50
+
51
+ Stylonurus excelsior
52
+
53
+ Phylogénie des grands groupes de chélicérés, d'après Lamsdell, 2013[14] :
54
+
55
+ Pycnogonida
56
+
57
+ Xiphosura (limules)
58
+
59
+ †Chasmataspidida
60
+
61
+ Arachnida (araignées, scorpions, acariens...)
62
+
63
+ †Eurypterida (scorpions de mer)
64
+
65
+
66
+
67
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1914.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,77 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Eva Braun, née le 6 février 1912 à Munich et morte le 30 avril 1945 à Berlin, est une photographe allemande, connue pour avoir été la maîtresse d'Adolf Hitler, qu'elle a épousé la veille de leur suicide en commun.
4
+
5
+ Eva Anna Paula Braun est la fille cadette de Friedrich « Fritz » Braun (1879-1964)[1], professeur-architecte d'intérieur en lycée professionnel, et de Franziska Kronberger (1885-1976)[2], fille d'un ancien directeur des services vétérinaires, Franz Paul Kronberger (1858-1933), et de Josefa Winbauer (1851-1927).
6
+
7
+ Le couple Braun a trois filles :
8
+
9
+ Les parents divorcent en avril 1921, mais reforment leur couple en se remariant en novembre 1922, probablement pour des raisons financières : l'économie allemande est à l'époque frappée d’hyperinflation[6].
10
+
11
+ Catholiques convaincus[7], Fritz et Franziska placent alors leur fille à l'école catholique de Munich, puis pendant un an au couvent de Simbach am Inn, dans lequel elle prouve un certain talent pour l'athlétisme. Titulaire d'un diplôme de secrétaire-dactylographe-comptable, Eva Braun rêve d'être un jour actrice à Hollywood[8].
12
+
13
+ À l'âge de 17 ans, Eva Braun croise le chemin d'Adolf Hitler en 1929, à Munich, alors qu'elle travaille comme assistante d'Heinrich Hoffmann, le photographe officiel du parti nazi. Ils se rencontrent lors d'une visite de Hitler dans l'atelier. Eva Braun confie plus tard à sa sœur : « Il me dévorait des yeux[9]. » Cette scène est cependant certainement une invention du Turco-Américain Nerin E. Gun, qui écrit à partir de 1947 une biographie d'Eva Braun en mêlant des témoignages de ses proches et son imagination[10].
14
+
15
+ Martin Bormann est alors chargé d'enquêter sur la famille d'Eva Braun et conclut qu'ils sont aryens. Le père de la jeune femme se souvient de la première invitation de Hitler : « Puis-je vous inviter à l'opéra, mademoiselle Eva ? Je suis toujours entouré d’hommes mais je sais apprécier la compagnie d’une femme »[10].
16
+
17
+ Eva Braun est véritablement fascinée par cet homme de 40 ans, de vingt-trois ans son aîné. Il lui est alors présenté comme Herr Wolff, un pseudonyme qu'il utilise souvent dans les années 1920 pour garder l'anonymat. À ses amis, elle le décrit comme « un gentleman d'un certain âge arborant une moustache amusante et portant un grand chapeau de feutre ». Cependant, les choses se compliquent rapidement pour la jeune fille. Les deux familles sont opposées à leur relation. D'ailleurs, Fritz Braun, qui n'adhère pas du tout au national-socialisme et qui n'apprécie pas Adolf Hitler pour ses idées politiques et morales, le considère comme un « clochard d'Autrichien[N 1] ». Il le prie alors d'arrêter de voir sa fille, en vain. Leur relation reste platonique jusqu'en 1932[10]. Par la suite, les périodes d'intimité entre Eva Braun et Hitler se révèlent finalement assez rares, ce dernier refusant tout mariage légal et tout enfant en dehors du mariage. Résignée, Eva a recours à des produits contraceptifs (lavage à la douche chaude après une relation sexuelle, utilisation de contraceptifs)[11].
18
+
19
+ Elle loge chez Heinrich Hoffmann, ce qui permet à Hitler de venir chez lui la rencontrer, officiellement pour chercher des photographies[10].
20
+
21
+ On sait peu de choses sur les deux premières années de leur relation. La demi-sœur de Hitler, Angela Raubal, mère de Geli Raubal (cette dernière ayant peut-être été son amante, et s'étant suicidée en 1931[10]), considère Eva Braun avec condescendance. Pendant ce temps, Hitler fréquente d'autres femmes, comme l'actrice Renate Müller, qui est présente longtemps aux côtés de son amant à Munich, puis à la chancellerie du Reich, mais qui meurt dans des conditions troubles en 1937[12].
22
+
23
+ Jalouse, Eva Braun tente de se suicider le 1er novembre 1932 d'une balle dans le cou, puis une nouvelle fois le 28 mai 1935, en absorbant une grande quantité de somnifères[13]. Sa sœur aînée Ilse, qui l'avait retrouvée ensanglantée lors de sa première tentative de suicide, affirme avoir détruit les pages compromettantes du journal intime d'Eva qui auraient évoqué ce sujet[10]. Après le rétablissement d'Eva, Hitler décide d'être plus proche d'elle, et l'emmène dans sa villa de Wasserburgerstrasse, dans la périphérie de Munich. Il l'invite au congrès du parti à Nuremberg, le 30 septembre 1935, où elle rencontre les femmes des dignitaires nazis, Mmes Hess, Himmler et Bormann, qui sont cependant choquées que cette « demoiselle capricieuse et apparemment insatisfaite » ait les égards d'une épouse de ministre[10]. Le chancelier lui fournit même une voiture avec chauffeur.
24
+
25
+ À partir de 1936, Eva Braun est une invitée permanente au Berghof, la résidence de Hitler en Bavière, à Berchtesgaden (dans le quartier d'Obersalzberg), demeure qu'elle surnomme son « grand hôtel »[10]. La plupart des sources affirment qu'elle se tient à l'écart des affaires politiques mais elle est parfaitement au courant de l'existence des camps de concentration[14]. Eva Braun et son compagnon n'apparaissent néanmoins jamais ensemble en public, et leur mariage a été on ne peut plus tardif : il n'a finalement eu lieu que la veille de leur mort. Ainsi, les Allemands ont tout ignoré de leur relation jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Hitler voulant préserver le mythe du Führer qui ne peut avoir d'autre « épouse » que l'Allemagne[15].
26
+
27
+ Si certains prétendent que leur relation n'était pas sérieuse pendant les six premières années, Herta Schneider, la meilleure amie d'Eva Braun, dément ces affirmations en 1949 : « Dans l'intimité, il était vraiment gentil. Eva l'aimait beaucoup et il l'aimait aussi ». En 1938, il prévoit dans un testament que soient versés à sa concubine 1 000 marks mensuels, à vie[10].
28
+
29
+ Bien qu'elle soit la maîtresse cachée du Führer et officiellement une secrétaire et employée du photographe Heinrich Hoffmann (ce qui lui permet de justifier sa présence à certains moments avec une caméra ou un appareil photo) avec un très bon salaire de quatre cent cinquante reichmarks par mois, les proches d'Adolf Hitler n'ignorent naturellement pas cette relation[16].
30
+
31
+ Dans son autobiographie Erinnerungen (« Souvenirs »), Albert Speer, architecte puis ministre du Reich, décrit ainsi leur relation :
32
+
33
+ « Eva Braun était autorisée à assister aux entretiens avec les anciens du parti. Mais elle devait disparaître lorsque les autres membres du gouvernement, comme les ministres, arrivaient […]. Manifestement, Hitler acceptait sa compagnie en société jusqu'à certaines limites. Parfois, je lui tenais compagnie lorsqu'elle était isolée, à côté de la chambre de Hitler. Elle était tellement intimidée qu'elle n'osait même pas sortir de la maison pour prendre l'air. Au-delà de la sympathie que j'éprouvais pour sa situation délicate, je commençais à prendre goût à cette femme malheureuse, si profondément attachée à Hitler. »
34
+
35
+ Leur vie privée est soumise aux contraintes du pouvoir : Eva Braun le fréquente une semaine par mois, leurs soirées se terminant par la projection d'un film. Une secrétaire d'Hitler note qu'elle le tutoie[10].
36
+
37
+ Le 18 décembre 1939, le magazine américain The Saturday Evening Post est le premier média à publier des informations sur Eva Braun, reprises par Time, qui écrit : « Une jeune fille bavaroise blonde, nommée Eva Helen Braun a emménagé fin août dans la résidence officielle de Hitler à Berlin, la grande chancellerie ». La censure allemande permet cependant que l'anonymat de leur liaison ne soit pas éventé dans le pays[10].
38
+
39
+ Même pendant la Seconde Guerre mondiale, Eva Braun semble avoir beaucoup de loisirs : elle fait du sport, lit des romans à l'eau de rose, regarde des films. En outre, elle s'intéresse fortement à la photographie et aux Rolleiflex Girls, groupe de passionnées dont le nom est inspiré d'une célèbre marque d'appareils photo. Elle aménage d'ailleurs sa propre chambre noire, dans laquelle elle développe la majorité des photographies et des films sur la vie qu'elle mène avec le chef de l'État allemand.
40
+
41
+ À une époque qui voit se développer le cinéma amateur en couleurs et qui permet d'enregistrer les événements importants de la vie de chaque Allemand (naissance, mariage, voyage, etc.), Eva Braun filme plusieurs moments intimes de la vie du Führer avec une caméra de luxe, sans doute une Bell & Howell (en) américaine, avec des pellicules Agfachrome (de)[17].
42
+
43
+ Otto Günsche et Heinz Linge, lors de leurs interrogatoires par les services de renseignements soviétiques au sortir de la guerre, affirment qu'Eva Braun était au centre de la vie du dictateur pendant ses douze ans au pouvoir. En 1946, ils disent[réf. nécessaire] :
44
+
45
+ « Elle l'accompagnait toujours. Dès qu'il entendait la voix de sa bien-aimée, il devenait joyeux. Il plaisantait volontiers à propos de ses nouveaux chapeaux. Après ses journées de travail, ils passaient du temps ensemble à boire du champagne frais et du cognac, et à manger du chocolat et des fruits. »
46
+
47
+ Le rapport d'enquête ajoute que, lorsque Hitler était trop occupé pour lui consacrer du temps, « Eva était souvent en sanglots ».
48
+
49
+ Heinz Linge affirme qu'avant la guerre, Hitler fait renforcer la surveillance de la maison d'Eva Braun à Munich, après que cette dernière a rapporté à la Gestapo qu'une femme l'avait traitée de « putain du Führer ».
50
+
51
+ En 1944, la sœur d'Eva Braun, Gretl, se marie avec un membre de l'entourage de Hitler, Hermann Fegelein, général SS travaillant aux côtés de Himmler. Adolf Hitler se sert de ce mariage comme prétexte à l'accession d'Eva Braun à des fonctions officielles.
52
+
53
+ Mais fin avril 1945, Fegelein est exécuté après un simulacre de procès organisé par ses collègues SS dans le Führerbunker, pour cause de désertion, et pour avoir gardé secrètes les tentatives de négociation de Himmler avec les Américains. Eva Braun ne serait alors pas intervenue en faveur de son beau-frère.[réf. nécessaire]
54
+
55
+ Début avril 1945, Eva Braun choisit de rejoindre Hitler au Führerbunker, son bunker sous la nouvelle chancellerie, à Berlin. Lorsque l'Armée rouge conquiert Berlin, elle refuse de partir, par loyauté envers son compagnon. Le 23 avril, le ministre Albert Speer de retour à Berlin note qu'elle manifeste « une sérénité presque joyeuse », alors que Hitler déclare qu'« Eva est le seul être humain susceptible d'une loyauté ultime jusqu'à l'heure décisive »[10].
56
+
57
+ Ils se marient même le 29 avril 1945, au cours d'une brève cérémonie civile célébrée par Walter Wagner. Hitler note : « Après avoir pensé pendant les années de combat ne pas pouvoir assumer la responsabilité de contracter un mariage, je suis maintenant résolu, au terme de ma destinée terrestre, à prendre pour épouse la jeune femme qui, après de longues années d’amitié fidèle, s’est rendue de sa propre volonté dans la capitale assiégée pour partager son destin avec le mien. Elle ira avec moi dans la mort, selon mes vœux, en qualité d’épouse »[10].
58
+
59
+ Walter Wagner, conseiller municipal de Berlin chargé de l'urbanisme et de la famille, préside la cérémonie[18]. Adolf Hitler, 56 ans, porte un uniforme de la Luftwaffe, Eva Braun, 33 ans, une petite robe bleue et un collier de perles. Les témoins de cette union pour Hitler sont Goebbels, ministre de la Propagande, et Bormann, chef de la chancellerie du NSDAP. Magda Goebbels et Traudl Junge, la secrétaire du Führer, assistent aussi à l'union du couple, tout comme la cuisinière personnelle de Hitler et quelques militaires encore présents dans le Quartier général souterrain. Lors de la signature de l'acte de mariage, Eva signe d'un B pour Braun, mais le raye pour le remplacer par un H pour Hitler[19]. Le lendemain du mariage, quelques heures avant le suicide, l'épouse du Führer fait demander au personnel militaire et civil du bunker de l'appeler « madame Hitler », ce qui surprend, beaucoup ignorant que le dictateur venait d’épouser celle qui faisait figure de maîtresse[20].
60
+
61
+ Ils se suicident ensemble le 30 avril 1945, Eva en absorbant une capsule d'acide cyanhydrique (et non de cyanure[10]) et Hitler en se tirant une balle dans la bouche[21]. Les corps de Hitler et de sa désormais épouse sont remontés à la surface puis brûlés par le chauffeur du Führer (Erich Kempka) et son aide de camp (Otto Günsche), dans un cratère d'obus, près d'un des accès à l'abri souterrain. La pluie d’obus soviétiques labourant Berlin a presque certainement détruit une partie des deux corps. De nombreuses spéculations ont eu cours sur la possible fuite du couple, toutefois la mort de Hitler a été confirmée en 2018 à partir des restes retrouvés sur place et ramenés à Moscou par l'Armée rouge[22]. La mort simultanée de son épouse est donc on ne peut plus probable.
62
+
63
+ Début avril 2014, les médias se sont fait l'écho de possibles origines juives ashkénazes[23] d'Eva Braun, reprenant l'information donnée par un épisode de la série-documentaire Dead Famous DNA (que l'on peut traduire par « ADN de personnes célèbres mortes »), présenté par Mark Evans (en) et diffusé quelques jours plus tôt sur la chaîne de télévision britannique Channel 4[24]. Les producteurs de l'émission ont fait procéder à une analyse ADN de cheveux supposés d'Eva Braun, analyse qui révèle que son génome est porteur d'une séquence particulière appelée N1B1, fortement associée aux Juifs ashkénazes[24]. Ces cheveux auraient été prélevés sur une brosse gravée aux initiales d'Eva Braun, brosse récupérée par un capitaine de l'armée américaine, Paul Baer, au Berghof[24], la résidence de Hitler dans les Alpes bavaroises.
64
+
65
+ Mais cette information est sujette à caution. Dans le passé, Mark Evans avait acheté à l'historien négationniste David Irving une mèche de cheveux supposée appartenir à Adolf Hitler, ce qui par la suite s'était révélé faux[24].
66
+
67
+ Si cela était corroboré, il est probable qu'Eva Braun ignorait ses origines juives, de nombreux ashkénazes allemands s'étant convertis au christianisme au cours du XIXe siècle[24].
68
+
69
+ La famille d'Eva Braun survit à la guerre. Son père travaille alors dans un hôpital, après que Eva lui a envoyé, en avril 1945, plusieurs malles d'affaires personnelles. Sa mère, Franziska, meurt à l'âge de 96 ans en janvier 1976, après avoir passé la fin de sa vie dans une vieille ferme de Ruhpolding, en Bavière.
70
+
71
+ Eva Braun est essentiellement célèbre pour avoir été la maîtresse de Hitler. Son rôle reste cependant controversé[réf. nécessaire] lors de la Seconde Guerre mondiale : si certains historiens soulignent le peu d'intérêt que la jeune femme portait au conflit, d'autres affirment que les derniers jours qu'elle a passés aux côtés du Führer ont été déterminants[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Sa biographe Heike B. Görtemaker conclut : « Pendant les quatorze années de sa relation intime avec Hitler, Eva Braun a évolué. La jeune fille simple, toujours en retrait, est devenue une femme capricieuse et intraitable, exigeant de tous une fidélité inconditionnelle envers « son » Führer[10]. »
74
+
75
+ Les photographies et métrages (une centaine de petits films durant chacun quelques minutes, la plupart en couleurs) réalisés par Eva Braun sont confisqués à la fin de la guerre par les Alliés, considérés comme des prises de guerre et étudiés par des juristes et des militaires lors des procès contre les crimes nazis. Ils sont conservés à la National Archives and Records Administration, à Washington[25].
76
+
77
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1915.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,171 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ L'évaporation[1] est un passage progressif de l'état liquide à l'état gazeux. Ce phénomène est donc une vaporisation progressive qui a pour effet d'absorber de l'énergie thermique et donc de réduire la température de l’environnement.
2
+
3
+ La connaissance de l'existence de l'évaporation est ancienne. Le mot est emprunté au latin impérial evaporatio, -ionis[2].
4
+
5
+ Certains auteurs rapprochent l'évaporation du phénomène inverse appelé condensation, dont on sait depuis avant 1830 qu'il est impliqué dans la formation des nuages[3].
6
+
7
+ Au XIXe siècle, John Dalton étudie le volume de vapeur d'eau qui est nécessaire pour saturer l'air. Il remarque que ce volume dépend beaucoup de la température.
8
+
9
+ L'évaporation d'un liquide se produit principalement lorsqu'une de ses surfaces est libre, c'est-à-dire qu'elle n'est pas enfermée par un autre liquide ou par un solide.
10
+
11
+ Sous l'action de la chaleur — c'est-à-dire l'énergie thermique sous forme d'agitation moléculaire ou rayonnements — contenue dans le liquide, quelques molécules de surfaces sont propulsées dans l'air, gagnant ainsi en énergie cinétique. L'interface entre le liquide et le gaz est appelée couche de Knudsen. La quantité de liquide projetée dans l'air dépend de la température de liquide, de la quantité de liquide déjà présente dans l'air, ou saturation, et de la pression de vapeur saturante.
12
+
13
+ Les mêmes effets sur un solide conduisent à sa sublimation.
14
+
15
+ Dans un volume libre au-dessus d'un liquide formé de molécules d'une espèce chimique donnée, certaines molécules de cette espèce se trouvent sous forme gazeuse. À l'équilibre thermodynamique, la pression gazeuse obtenue définit la pression de vapeur saturante qui dépend de la température. Si le liquide est constitué d'un mélange d'espèces, celles-ci se retrouvent dans le gaz avec des pressions partielles égales à la pression de vapeur saturante de chacune d'entre elles.
16
+
17
+ L'état d'équilibre d'un système à une seule espèce est décrit par la formule de Rankine :
18
+
19
+
20
+
21
+
22
+
23
+
24
+ p
25
+
26
+ 1
27
+
28
+
29
+
30
+
31
+ {\displaystyle p_{1}}
32
+
33
+ ,
34
+
35
+
36
+
37
+
38
+ p
39
+
40
+ 2
41
+
42
+
43
+
44
+
45
+ {\displaystyle p_{2}}
46
+
47
+ sont les pressions aux températures
48
+
49
+
50
+
51
+
52
+ T
53
+
54
+ 1
55
+
56
+
57
+
58
+
59
+ {\displaystyle T_{1}}
60
+
61
+ et
62
+
63
+
64
+
65
+
66
+ T
67
+
68
+ 2
69
+
70
+
71
+
72
+
73
+ {\displaystyle T_{2}}
74
+
75
+ ,
76
+
77
+
78
+
79
+ Δ
80
+
81
+ H
82
+
83
+  vap 
84
+
85
+
86
+
87
+
88
+ {\displaystyle \Delta H_{\text{ vap }}}
89
+
90
+ l'énergie de vaporisation (ou enthalpie de vaporisation) et
91
+
92
+
93
+
94
+ R
95
+
96
+
97
+ {\displaystyle R}
98
+
99
+ la constante universelle des gaz parfaits.
100
+
101
+ Lorsque la pression partielle de la vapeur dans le gaz est inférieure à la pression de vapeur saturante, une partie des molécules passe de la phase liquide à la phase gazeuse : c'est l'évaporation, qui demande de fournir la chaleur latente correspondante. Pour un système fermé, ceci a pour effet de refroidir le liquide. Ce phénomène est décrit par la relation de Hertz-Knudsen donnant le débit massique par unité d'aire :
102
+
103
+
104
+
105
+
106
+
107
+
108
+ p
109
+
110
+ s
111
+
112
+
113
+
114
+
115
+ {\displaystyle p_{s}}
116
+
117
+ est la pression de vapeur saturante,
118
+
119
+
120
+
121
+ M
122
+
123
+
124
+ {\displaystyle M}
125
+
126
+ la masse molaire et
127
+
128
+
129
+
130
+ α
131
+ <
132
+ 1
133
+
134
+
135
+ {\displaystyle \alpha <1}
136
+
137
+ un coefficient d'efficacité du phénomène dépendant de l'espèce et de la température. L'équilibre, correspondant à un débit nul, est atteint lorsque
138
+
139
+
140
+
141
+ p
142
+ =
143
+
144
+ p
145
+
146
+ s
147
+
148
+
149
+
150
+
151
+ {\displaystyle p=p_{s}}
152
+
153
+ .
154
+
155
+ Dans le cas d'un mélange formé de plusieurs espèces liées faiblement, par exemple une espèce dans un solvant, les liaisons diminuent la pression de vapeur d'équilibre. On parle alors d'une diminution d'activité liée au solvant.
156
+
157
+ L'évaporation est un phénomène surfacique où les molécules à la surface passent progressivement d'un état à l'autre alors que l'ébullition est un phénomène volumique (les bulles naissent dans le liquide).
158
+
159
+ L'évaporation est un changement d'état lent alors que l'ébullition est un changement d'état rapide.
160
+
161
+ Les facteurs favorisant l'évaporation sont :
162
+
163
+ L'évaporation est un phénomène indispensable dans le cycle de la vie sur Terre. Le cycle de l'eau (l'eau liquide devient nuage, puis retombe en pluie ou neige) requiert cette étape.
164
+
165
+ L'évaporation demande en général une importante quantité d'énergie (la chaleur latente de vaporisation), ce qui permet par exemple la régulation de température chez les homéothermes par transpiration et évaporation de la sueur, ou encore le rafraîchissement d'une cruche en terre, ou de l'air par nébulisation (aérosol d'eau).
166
+
167
+ Par exemple l'évaporation de 1 gramme d'eau à 25 °C nécessite environ 2 400 joules (580 calories), soit la même énergie que pour élever la température de 580 grammes d'eau de 1 °C.
168
+
169
+ Chez les plantes, l'évaporation est essentielle pour le transport des nutriments. En effet, grâce aux liaisons hydrogène, les molécules d'eau fonctionnent comme une chaîne, se « tirant » les unes les autres. Ainsi, l'eau qui est puisée dans les racines de la plante est transportée jusqu'aux feuilles grâce à la propriété de la cohésion de l'eau et des cellules conductrices végétales.
170
+
171
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1916.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,84 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un évêque Écouter est celui qui a autorité sur une Église chrétienne particulière ou un diocèse. Sous des formes et des modalités très différentes, la fonction épiscopale existe, à l'origine, depuis les débuts de l'Église catholique, ainsi que dans l'Église orthodoxe (y compris les Églises orthodoxes orientales). Elle existe aussi dans la communion anglicane et dans certaines Églises protestantes.
2
+
3
+ Aujourd'hui dans le catholicisme, chaque évêque est consacré par un ou plusieurs évêques issus d'une chaîne d'ordonnateurs qui, théoriquement, remonte dans le temps jusqu'à l'un des apôtres du Christ. C'est ce qu'on appelle la succession apostolique. Dans le langage juridique du droit canonique catholique, l'évêque est appelé ordinaire local[1].
4
+
5
+ Dans le protestantisme et le christianisme évangélique, le ministère d'évêque est présent dans toutes les dénominations, souvent avec d'autres noms comme président du conseil ou surveillant général. Certains dénominations utilisent spécifiquement ce titre.
6
+
7
+ Le mot « évêque » provient du mot gallo-roman *EPISCU[2], forme raccourcie du mot latin episcopus, lui-même issu du grec Eπίσκοπος / episkopos qui veut dire littéralement « surveillant » ou « superviseur », c'est-à-dire modérateur, tuteur, responsable d'une organisation ou d'une communauté. Le mot est plusieurs fois utilisé dans les Épîtres de Paul (dans les textes grecs des Evangiles, les textes les plus anciens).
8
+
9
+ Avant le christianisme, le terme était utilisé pour désigner toutes sortes d'administrateurs (ce mot est la meilleure traduction) dans les domaines civil, financier, militaire, judiciaire.
10
+
11
+ La fonction de surveillance dans l’Église pour le ministère d’évêque est mentionnée dans Actes des Apôtres chapitre 20 verset 28[4]. Les caractéristiques et qualités pour ce ministère sont expliquées dans le première épître à Timothée, chapitre 3[5].
12
+
13
+ Aux alentours de 95, la Première lettre aux Corinthiens
14
+ de Clément Ier a attesté de la structure hiérarchique de l'église chrétienne [6]. La plus ancienne organisation de l'Église de Jérusalem ressemble à celle des synagogues juives, mais elle a un conseil ou un collège de pasteur, le presbytérium.
15
+
16
+ Ce qu'on appelle la succession apostolique consiste en la consécration d'un nouvel évêque par un, ou plusieurs évêques, eux-mêmes validement consacrés. Le concile de Nicée a précisé qu'il fallait la présence d'au moins trois évêques. Mais en cas de nécessité, la présence d'un seul suffit. Cette règle est appliquée par les catholiques, les orthodoxes et d'une façon générale, par l'Église anglicane quoique les deux précédents dénient à cette dernière la validité de ladite succession (tout comme aux nestoriens apparus au Ve siècle).
17
+
18
+ Chez les protestants, la succession apostolique n'est pas considérée comme devant être historique (alors même qu'elle est parfois un fait historique, comme dans les églises luthériennes scandinaves), mais comme spirituelle.
19
+
20
+ Le ministère épiscopal change dans le courant du IIe siècle qui voit progressivement la figure de l'évêque présider ce presbytérium : les premiers episkopoi sont élus par les membres de l'Eκκλησία / ekklêsia, l'assemblée des fidèles (clergé et peuple de la ville, avec en plus les évêques suburbicaires pour l'élection de l'évêque de Rome), à la manière dont une association élit aujourd'hui ses dirigeants[7]. Le dimanche qui suit, le nouvel évêque élu à vie est consacré comme évêque par l'ensemble des évêques de la province, au moyen de l'imposition des mains, au sein de la synaxe eucharistique. À partir du Ve siècle, le corps électoral se restreint aux grands laïcs et au clergé local. Dans les premiers temps, la zone de juridiction d'un évêque peut souvent, notamment en Afrique du Nord, se restreindre à une ville ou à une bourgade, sans être un "diocèse" complet au sens où on le connaîtra plus tard. L'autorité d'un évêque ne découle pas de la Bible, mais de sa connexion aux apôtres en ligne de succession ; les sièges apostoliques ayant été directement fondés ou visités par un Apôtre peuvent se réclamer plus facilement de sa tradition, dont on garde jalousement le récit, l'évêque étant le gardien de cette tradition dans la communion plus large de l'Eglise.
21
+
22
+ L'évêque est le premier des prêtres d'une église locale et, avec le reste de ses frères évêques, le successeur des apôtres[8]. Très rapidement, une hiérarchie entre les évêques finit cependant par apparaître, les évêques de villes politiquement plus importantes, pouvant aussi souvent se réclamer d'une origine apostolique plus directe, président aux affaires des évêques d'une région donnée. Ceux-là seront, plus tard, désignés par le terme d'archevêque.
23
+
24
+ Dans la théologie de l'épiscopat on peut distinguer trois éléments constitutifs, de droit divin, de la fonction épiscopale, et tous les trois également d'origine apostolique :
25
+
26
+ Ces trois éléments, normalement unis et coordonnés l'un à l'autre, peuvent être accidentellement disjoints. La titulature et la juridiction peuvent varier, en cas de démission, ou de mutation de siège, par exemple. Le pouvoir d'ordre est donné pour toujours : sacerdos in aeternum.
27
+
28
+ La titulature et la juridiction sont distinctes pour chaque évêque ; ce sont elles qui constituent la hiérarchie ecclésiastique. Le pouvoir d'ordre, quant à lui, est unique et identique pour tous les évêques. Il fonde ce qu'on appelle la collégialité épiscopale. Tous trois, titulature, pouvoir d'ordre et juridiction, sont une participation au sacerdoce du Christ, unique vrai prêtre et pasteur.
29
+
30
+ L'évêque dans l'Eglise catholique se reconnait à différents attributs :
31
+
32
+ Dans l'Église catholique, les évêques sont nommés par le pape, à partir de listes transmises à Rome par le nonce apostolique, établies par les évêques d'une même province ou même région ecclésiastique. Chaque évêque a le droit de faire des propositions.
33
+
34
+ Dans le passé, la désignation des évêques a souvent donné lieu à des luttes entre les pouvoirs politiques et l'Église romaine, par exemple la fameuse querelle des Investitures, au XIe siècle, entre les papes et les empereurs romains germaniques.
35
+
36
+ De nos jours, les évêques sont nommés par le Saint-Siège, cette règle connaissant des exceptions, comme en France pour l'évêque aux armées qui est fonctionnaire, et pour l'archevêque de Strasbourg et l'évêque de Metz, qui sont nommés formellement par le Président de la République française (cf. Concordat en Alsace-Moselle pour plus de détails) mais sur proposition de Rome, et quelques diocèses de Suisse.
37
+
38
+ D'autre part, dans les Églises orientales catholiques, les évêques des Églises patriarcales et archiépiscopales majeures sont désignés par le synode ou par le patriarche.
39
+
40
+ L'évêque occupe le degré suprême de la hiérarchie ecclésiastique. Il est le successeur des apôtres qui préside à l'eucharistie. Il est l'icône du Christ et le pasteur d'une église particulière dont il porte le nom dans sa titulature. Il est le surveillant et le responsable de la doctrine et de l'enseignement de ses ouailles. Il veille à la communion à l'intérieur de son église et à la communion de son église avec les autres églises orthodoxes.
41
+
42
+ Seuls les hiéromoines (moines prêtres) accèdent à l'épiscopat. Il en découle que les évêques orthodoxes sont astreints non seulement au célibat mais aussi au monachisme, contrairement aux prêtres orthodoxes qui peuvent être mariés s'ils l'étaient déjà avant leur ordination diaconale.
43
+
44
+ L'évêque orthodoxe n'est pas « responsable d'une portion du peuple de Dieu » selon la formule du catholicisme. Il est, par la grâce de son épiscopat et par la sainte eucharistie qu'il préside ou qui est célébrée en son nom, celui qui a le pouvoir sacramentel de transformer en Église le troupeau de fidèles qui se rassemble autour de lui.
45
+
46
+ Les vêtements de l'évêque célébrant à l'autel :
47
+
48
+ La tenue solennelle de l'évêque présidant au chœur est la mandia, traîne violette ornée de bandes rouges et blanches.
49
+
50
+ Les vêtements de l'évêque en tenue de ville sont :
51
+
52
+ Les Églises anglicanes (certaines sont appelées épiscopaliennes) ont conservé l'épiscopat, qui fait partie de leur héritage d'avant la décision de rupture d'Henri VIII[7]. L'ordination sacramentale à vie par trois évêques, la conservation de la succession apostolique (souvent dite historique) et les devoirs et responsabilités de l'évêque suivent les grandes lignes de l'épiscopat catholique et orthodoxe .
53
+
54
+ Les évêques sont soit nommés, soit élus, suivant les us et coutumes de chacune des trente-huit provinces (églises nationales) de la Communion anglicane.
55
+
56
+ Les femmes sont admises à l'épiscopat dans majorité des provinces anglicanes y compris l'Angleterre[12],[13]. La première femme à devenir évêque anglican, Barbara Harris (en), a été élue évêque suffragante dans le diocèse épiscopalien du Massachusetts en 1988 et consacrée le 11 février 1989.
57
+
58
+ De façon courante à la ville, ils portent souvent une chemise violette, ce qui n'est jamais le cas des évêques catholiques.
59
+
60
+ Les vêtements à l'autel sont semblables à ceux des évêques catholiques. Au chœur, pourtant, les évêques anglicans portent des vêtements très particuliers :
61
+
62
+ À part le récent développement du ministère féminin considéré comme une pierre d'achoppement, l'Anglican-Roman Catholic International Consultation ou Commission internationale anglicane-catholique romaine a conclu que la théologie et la pratique de l'épiscopat des deux Églises sont identiques, dans un document rédigé conjointement en 2007[14].
63
+
64
+ Le pape Léon XIII a explicitement déclaré dans sa bulle Apostolicae Curae de 1896, que l'Église catholique considère les ordinations anglicanes comme invalides. Cette position théologique est confirmée par le Cardinal Ratzinger, futur pape Beno��t XVI, dans sa note doctrinale qui accompagne le motu proprio Ad Tuendam Fidem du 18 mai 1998, où il écrit (§ 11, vers la fin) que cette vérité fait partie des vérités « du second alinéa » (cf. canon 750 §2), tranchées de façon définitive et devant être tenues par tous. À la suite de la bulle de 1896, des évêques anglicans se sont fait réordonner par des évêques ordonnés de façon certainement valide mais qui n'étaient pas en communion avec Rome (orthodoxes, etc.).
65
+
66
+ Enfin, la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus de 2009 prévoit des dispositions pour les anglicans qui voudraient revenir à l'Église catholique. Les prêtres et évêques anglicans pourront être ordonnés ; si un ancien évêque anglican est marié, il pourra être ordonné prêtre catholique, mais il pourra bénéficier de certains privilèges : port des insignes épiscopaux, participation à la Conférence épiscopale avec le rang d'« évêque émérite ».
67
+
68
+ Dans le protestantisme (au sens strict, Irvingiens exceptés), seules certaines Églises luthériennes, méthodistes et quelques rares Églises réformées connaissent un ministère épiscopal personnel, qui est une fonction de l'Église et non un ordre sacramentel[15]. Les luthériens français désignent cette fonction par le terme d'inspecteur ecclésiastique. À noter que dans les pays scandinaves et dans une partie de l'Allemagne, la succession apostolique historique a été conservée puisque les diocèses catholiques sont devenus luthériens en bloc lors de la Réforme. Dans l'Église luthérienne, on garde le souvenir de cette étymologie en nommant les évêques des inspecteurs ecclésiastiques.
69
+
70
+ Ces fonctions sont électives, c'est-à-dire démocratiques ; le suffrage des fidèles s'exerçant soit directement au premier degré, soit au second degré. Dans la plupart des confessions protestantes acceptant le ministère épiscopal, la continuité apostolique est généralement entendue comme signifiant la fidélité à l'enseignement apostolique - une succession spirituelle donc, et non historique.
71
+
72
+ Dans les autres Églises protestantes, au niveau de l'Église locale, le ministère épiscopal est celui des pasteurs (traditionnellement élus), et collégialement des anciens. Le consistoire, ou conseil presbytéral est élu par l'assemblée générale qui élit aussi, dans le système presbytéro-synodal, un certain nombre de délégués au synode. Au niveau d'une union nationale, le ministère d'unité est assuré par les synodes et conseils élus par eux, avec parfois une forte concentration sur la personne de leur président. À défaut, il l'est par la collégialité des pasteurs.
73
+
74
+ Les églises protestantes connaissent un épiscopat féminin, comme elles connaissent les ministères pastoraux féminins.
75
+
76
+ En 1918, Alma Bridwell White fut consacrée évêque méthodiste par William Baxter Godbey, et fut donc la première femme évêque aux États-Unis.
77
+
78
+ Dans le christianisme évangélique, le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques [16].
79
+
80
+ Dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l'évêque est un homme devant détenir la prêtrise de Melchisédek et avoir été ordonné et mis à part en tant que Grand Prêtre. Il est choisi parmi les membres de la paroisse (instance locale). Il est appelé à cet office par la présidence de Pieu (instance régionale). La durée de cet appel est d'environ 5 ans, jusqu'au moment de sa relève par la présidence de Pieu.
81
+
82
+ Un évêque « saint des derniers jours » est marié et mari d'une seule femme (Bible 1 Timothée 3:1-7[17]). Il administre à titre bénévole, en parallèle de ses activités professionnelles et familiales, les affaires temporelles et spirituelles de la paroisse. Il ne porte aucune tenue spécifique à sa charge.
83
+
84
+ Sur les autres projets Wikimedia :