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+ Le climat tropical est un type de climat présent entre les tropiques, généralement jusqu'à 14 degrés de latitude nord et sud.
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+ Dans le système de classification des climats défini par Köppen, un climat tropical est un climat non aride où la température moyenne mensuelle ne descend pas en dessous de 18 °C (64,4 °F) tout au long de l'année. Toutefois, la notion de transversalité des climats arides, unis en un groupe commun, est discutable, et il est tout à fait envisageable de considérer comme valide la notion de climats arides tropicaux (tels que ceux qui concernent le sud du Sahara et de la péninsule Arabique, par exemple, ou encore une bonne partie du nord de l'Australie, ou la côte pacifique aride du Pérou), lesquels se distinguent clairement des climats arides tempérés ou froids (désert de Gobi, etc.).
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+ Selon Köppen, c'est donc la pluviosité qui définit avant tout les saisons. Il existe une saison sèche (faibles températures, précipitations quasiment nulles) et une saison humide (hautes températures, très fortes précipitations), la saison sèche ayant lieu autour du solstice d'hiver (décembre dans l'hémisphère nord, juin dans l'hémisphère sud), lorsque les températures sont généralement plus fraîches, et la saison humide autour du solstice d'été (juin dans l'hémisphère nord, décembre dans l'hémisphère sud), lors des mois les plus chauds. Mais là encore, cela reste très approximatif : bien qu'assez rares, des climats tropicaux avec sécheresse estivale et pluies hivernales existent bel et bien : face est de l'île d'Hawaï, îles Canaries (San Andrés y Sauces, avec 600 mm annuels centrés sur l'hiver et une température moyenne du mois le plus froid de 18,6 °C), centre-nord du Viêt Nam, certaines régions du Brésil, etc. D'autres régions ont un régime des pluies intermédiaire, avec sécheresse de février à juillet (dans l'hémisphère nord, d'août à janvier dans l'hémisphère sud), les pluies démarrant donc assez tard (comparé au climat tropical typique de mousson) et se prolongeant tout l'automne, jusqu'au début de l'hiver (Nouméa, Lagunillas et plusieurs autres points du sud de la Basse-Californie, Trinquemalay, etc.). Enfin, il existe sous les tropiques, mais à plus de 10-15° de latitude, des territoires clairement tropicaux (car l'amplitude thermique et la latitude sont trop élevés pour qu'on les considère comme équatoriaux) mais qui ont des précipitations (abondantes, modérées, ou faibles, sans être trop limitées pour rentrer dans le cadre de l'aridité) réparties de manière plus ou moins homogène.
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+ En dehors de ces cas particuliers, pour ce qui est du cadre général, le maximum pluviométrique est lié à la présence de la zone de convergence intertropicale. Le régime tropical classique ne comporte alors qu'un maximum, qui se place au solstice d'été, ainsi les pluies d'été ou d'automne rafraichissent l'atmosphère et abaissent les moyennes thermiques (c'est l'hivernage). La saison humide est plus ou moins longue, selon la distance par rapport à l'équateur. On peut alors distinguer :
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+ On associe souvent de manière abusive les climats tropicaux et « sub » tropicaux. Le terme « sub » tropical renvoi aux latitudes plus élevées, avec des climats chauds en été mais connaissant une vraie saison froide en hiver, même si les températures restent relativement douces. C'est le cas du climat méditerranéen ou plus typiquement du climat subtropical humide (Sud-Est des États-Unis, Brisbane en Australie, Durban en Afrique du Sud, etc.).
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+ Pour bien distinguer les climats tropicaux des climats équatoriaux, il faut se rappeler que ces derniers n'ont pas de saison sèche digne de ce nom, mais des conditions presque constamment humides. En outre, il n'y a pratiquement aucune amplitude thermique affectant leurs températures moyennes annuelles, ni d'écarts dans la durée du jour, etc. Comme indiqué ci-dessus, les régions les plus proches de l'équateur relèvent du climat équatorial.
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+ Le terme tropical désigne souvent des zones chaudes et humides toute l'année et où la végétation est luxuriante, ce qui en fait inclut une grande partie des zones équatoriales.
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+ Certaines forêts tropicales, en particulier sur les reliefs où se forment des nuages persistants en toute saison, correspondent aussi à cette description, mais la majorité des couverts tropicaux varient avec une saison sèche, durant laquelle la plupart des arbres perdent leurs feuilles et les plantes basses se dessèchent, suivie d'une saison humide, où tout reverdit. Inversement en altitude existent des flores apparemment moins typiquement tropicales qui (comme la flore de montagne du Kilimandjaro ou du Mauna Kea).
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+ Pour une même unité de surface ou de volume, les animaux, champignons et végétaux de la zone tropicale et équatoriale sont proportionnellement plus nombreux et variés que dans les zones plus proches des pôles. De nombreuses études ont conclu que les écosystèmes sont non seulement plus riches en espèce s'ils sont proches de l'équateur, mais que les interactions biotiques (notamment la concurrence interspécifique et la prédation) y sont également plus intenses qu'aux latitudes supérieures, surtout dans la forêt tropicales humides[1], au point que certains considèrent que ce principe est l'une des lois fondamentales de l'écologie[2]. Par exemple Roslin et al. (2017) ont disposé de fausses chenilles (plasticine verte) sur des sites situés sur six continents et sur un gradient latitudinal de plus de 11 600 km. En observant les traces de morsures ou de bec laissés par les prédateurs Ils ont constaté que le taux de prédation sur ces pseudo-chenilles augmentait en s'approchant de l'équateur. De plus les prédateurs y sont plus souvent des prédateurs d'arthropodes (comme les fourmis) que des oiseaux et mammifères[3]. Un modèle semblable existe pour l'altitude. Ce gradient est retrouvé aux échelles mondiales et régionales. Dans les zones plus chaude le développement est plus rapide, mais la pression de prédation est également plus intense[3].
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+ La menstruation, ou règles, désigne l'écoulement périodique d'un fluide biologique complexe composé de sang, de sécrétions vaginales, et de cellules endométriales de la paroi utérine, évacué par le vagin. Ce fluide d'apparence sanguine est une manifestation visible du cycle menstruel des femmes et des femelles en âge de procréer de certaines espèces de mammifères. Parmi ces espèces se trouvent majoritairement des primates : tous les Catarhiniens ou presque (singes de l'Ancien monde, dont fait partie l'espèce humaine), ainsi que certains Platyrhiniens (singes du Nouveau monde)[1]. Des chauves-souris et une espèce de musaraigne, le macroscélide de Peters présentent aussi cette caractéristique physiologique[2].
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+ Les menstrues correspondent à l'évacuation de la couche superficielle de la muqueuse de l'utérus, l'endomètre, qui s'était constitué plus tôt durant le cycle menstruel pour accueillir un éventuel œuf fécondé. En l'absence de fécondation, la surface de l'endomètre, richement vascularisé, est alors évacuée par le vagin sous forme d'un saignement plus ou moins abondant, sur une période pouvant durer de trois à dix jours, et pouvant s'accompagner de douleurs.
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+ Dans l'espèce humaine, la première menstruation ou « ménarche » apparaît entre la préadolescence et l'adolescence, et ce phénomène s’arrête définitivement lors de la ménopause. Les menstruations sont généralement interrompues durant la grossesse. Les saignements sont communément absorbés par des protections hygiéniques. Chez la femme, le volume des pertes menstruelles est compris entre 50 et 60 millilitres de sang, mais varie entre les individus et selon les cycles[3].
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+ Le terme menstruation vient du mot latin mensis « mois » (proche du grec mene, la lune) qui évoque une parenté avec les cycles lunaires mensuels.
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+ Les menstruations sont l'écoulement d'un fluide biologique complexe composé de sang, de sécrétions vaginales, et de cellules endométriales de la paroi utérine[4]. Elles surviennent après un cycle menstruel durant lequel l'ovule n'a pas été fécondé.
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+ Tous les saignements qui peuvent apparaître durant le cycle menstruel ne sont pas des règles[5].
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+ Les premières règles ou ménarches apparaissent à une âge variable selon les individus, estimé entre 12 et 13 ans. Elles peuvent toutefois survenir beaucoup plus tôt ou beaucoup plus tard, sans que cela ne soit révélateur d'une affection. Les règles peuvent mettre plusieurs cycles à devenir régulières[6].
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+ L'hypothétique effet McClintock indiquerait que lorsque plusieurs femmes vivent ensemble, il y a synchronisation des règles. Cependant, cet effet est largement controversé et les preuves scientifiques actuelles tendent à indiquer l'absence de phénomène de synchronisation, la synchronisation constatée serait due au hasard. Ce phénomène a été observé chez d'autres animaux comme la souris sous la forme d'une synchronisation des œstrus au sein d'un même groupe, phénomène appelé effet Whitten[7].
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+ Le nombre de menstruations au cours de la vie varie. Le fait que les femmes aient des menstrues tous les mois est relativement récent puisque leurs ancêtres alternaient fréquemment grossesse et allaitement, ce qui empêchait l'apparition des règles (aménorrhée de lactation)[8],[9].
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+ Ce nombre de menstrues dépend aussi fortement de l'environnement sociétal. Il est estimé qu'une femme américaine a environ 450 menstruations durant sa vie, alors qu'une femme aborigène d'Australie en a environ 180, en raison du nombre plus élevé d'enfants conçus et de l'allaitement consécutif à la grossesse. Il est également estimé que les femmes du Paléolithique étaient peu réglées, en raison de leur courte espérance de vie, du nombre de grossesse vécues et de l'allaitement consécutif, mais aussi en raison de leur activité physique ou de leur mauvais état de santé, périodes pouvant provoquer une absence de règles[10].
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+ Ces différences de comportement (grossesses plus espacées, périodes d'allaitement absentes ou raccourcies) ainsi qu'une puberté plus précoce impliquent pour la femme occidentale actuelle un risque plus élevé de carence en fer[9].
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+ Les spermatozoïdes peuvent survivre dans le corps de la femme pendant une période de 2 à 5 jours et l'ovule environ 24 heures. La période de fécondation commence donc cinq jours avant l'ovulation et se termine une journée après celle-ci.
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+ La période de menstruation, lorsque les cycles sont régulièrement établis, est donc peu fertile mais le reste néanmoins[11].
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+ La fonction de reproduction, c'est-à-dire la production des gamètes et des hormones gonadiques, est contrôlée par l'axe hypothalamo-hypophysaire. L'hypothalamus synthétise et libère de manière pulsative une hormone peptidique (GnRH = hormone gonadolibérine) qui stimule la libération par l'hypophyse antérieure de deux hormones FSH et LH. Les hormones principales ovariennes impliquées dans le contrôle du cycle menstruel sont les œstrogènes, la progestérone et l'inhibine. Au début du cycle, l'hypophyse antérieure (glande pituitaire) libère la FSH (hormone stimulant la folliculogenèse) signalant au follicule immature de grandir dans les ovaires. Le follicule est un sac contenant l'ovocyte. Normalement, un seul ovule est produit par cycle. Il n'y a pas de coordination gauche/droite. Le même ovaire peut donc théoriquement émettre un ovule plusieurs mois de suite. En fait, la présence d'un corps jaune dans un ovaire perturbe fortement la sélection du follicule dominant, de telle sorte que chez 88 % des femmes, l'ovulation se produit alternativement dans un ovaire, puis dans l'autre. Le premier follicule à se développer sécrète de l'inhibine. Les niveaux d'œstrogènes montent quand l'hormone est sécrétée par le follicule qui se développe. Ce taux d'œstrogènes est à son maximum juste avant l'arrivée de l'ovulation. L'ovulation a lieu le 14e jour du cycle, environ 36 h après le pic de LH (hormone lutéotrophe) libérée par l'hypophyse antérieure.
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+ Ce pic de L.H est provoqué par l'importante quantité d'œstrogènes qui étaient présents juste avant l'ovulation[12].
29
+
30
+ Après l'ovulation, œstrogènes et progestérone sont chacun sécrétés par le corpus luteum (ou corps jaune) qui se développe à partir du follicule rompu et reste dans l'ovaire. Le rôle de la progestérone est de préparer le corps pour une éventuelle grossesse. En particulier, la progestérone provoque une augmentation de la température basale d'environ 0,3 °C. Cette augmentation de la température peut être utilisée pour détecter l'ovulation.
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+
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+ Si aucune grossesse n'intervient le corpus luteum dégénère et le niveau des hormones chute brutalement, ce qui provoque l'élimination de l'endomètre lors de la menstruation.
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+
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+ S'il y a une grossesse, le placenta produit les hormones pour interrompre le cycle menstruel :
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36
+ L'absence de règles est désignée sous le terme d'« aménorrhée ». Elle peut être primaire ou secondaire.
37
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38
+ Une fois les premières menstruations apparues et régulièrement établies, l'absence de règles, ou aménorrhée secondaire, traduit généralement une grossesse et peut se prolonger pendant l'allaitement (aménorrhée de lactation). À partir de l'âge de 40 à 50 ans, il peut s'agir de l'apparition de la ménopause. D'autres facteurs très fréquents peuvent causer une disparition des règles : maladies graves, prises de certains médicaments, anorexie, pratique sportive intensive, origines psychogènes (stress métabolique ou psychique accrus, troubles alimentaires, conditions chroniques)[13], troubles d'origines utérine ou ovarienne[14].
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+
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+ L'allaitement consécutif à une grossesse aboutit à une anovulation ainsi qu'à la suspension des règles, dues à l'action sur l'axe hypothalamo-hypophysaire des stimulations mamelonnaires liés à la succion et aux stimuli neurosensoriels[15].
41
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42
+ Il est possible de choisir d'avoir des règles ou non par l'utilisation d'un moyen de contraception hormonal comme une pilule combinée prise sans interruption, une pilule progestative prise en continu, un DIU hormonal, un implant progestatif, un anneau contraceptif ou encore un patch pris sans interruption[16].
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+ Chez certaines femmes, une douleur pelvienne (au niveau du bassin) ou des crampes de l'utérus, appelées dysménorrhées peuvent précéder et accompagner la période des règles. Elle peut s'associer dans le cadre du syndrome prémenstruel (ou SPM) à des douleurs, des malaises, de la fatigue, dans certains cas à une anémie. Ces douleurs peuvent perturber la vie quotidienne ou le sommeil et entraîner une irritabilité. Certaines femmes peuvent également ressentir des maux de tête, une douleur dans le bas du dos ou une tension des seins (qui peuvent augmenter de volume en fin de cycle), et rendre nécessaire le changement de taille de soutien-gorge.
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48
+ Une étude indique une correlation entre la présence d'anémie et les troubles menstruels notamment la dysménorrhée, le syndrome prémenstruel, et les cycles irréguliers ou d'une longueur anormale[17].
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+ On distingue généralement les dysménorrhées primaires, liées à l'effet des prostaglandines, qui affectent en priorité les adolescentes lors des premières années de leurs règles, et qui sont le plus souvent sans gravité, bien que pouvant être invalidantes, et les dysménorrhées secondaires, liées à de nombreuses pathologies possibles, dont l'endométriose. Dans le premier cas, les pharmaciens peuvent délivrer des traitements de type anti-inflammatoire non stéroïdien, en l'absence de contre-indications. Dans le second cas, ou lorsque les traitements sont inefficaces, il est nécessaire de consulter un médecin[18].
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+ Ces douleurs poussent certains pays à instituer un « congé menstruel » pour les femmes concernées :
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+ En Italie, un projet de loi autorisant les femmes à prendre trois jours de congés payés par mois en cas de règles douloureuses, a été présenté en mars 2017[19].
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+ Selon la gynécologue Brigitte Letombe, opposée à la mise en place de ce congé : « Les femmes ne doivent pas rester chez elles en cas de règles insupportables à chaque cycle. » et doivent consulter « Contrairement à une croyance populaire, il n’est pas normal d’avoir mal pendant cette période. Cela peut cacher une pathologie plus grave, comme l’endométriose. Selon l’Inserm, 40 % des femmes qui souffrent de douleurs chroniques pelviennes intenses, notamment au moment des règles, en sont atteintes »[21].
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+ Chez la femme, le volume des pertes menstruelles est compris entre 50 et 60 mL de sang, mais varie entre les individus et selon les cycles[3]. Un millillitre de sang contenant 0,5 mg de fer[22].
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+ Il y a un risque de carence martiale, déficit en fer avec anémie (anémie ferriprive) ou sans anémie (carence en fer sans anémie), chez la femme moderne[9].
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+ Chez la femme en âge de procréer, les principales causes d'anémie ferriprive sont la menstruation et la perte de fer associée à la grossesse[23].
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+ Dans le monde, 30 % des femmes agées entre 15 et 49 ans sont anémiques[24].
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+ Les femmes qui ont des menstruations ont des besoins en fer (18 mg par jour) deux fois supérieurs aux hommes (8 mg par jour) et aux femmes allaitantes(9 mg par jour)[25].
67
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+ Sachant que concernant le fer les apports nutritionnels conseillés, hors carence en fer, pour les femmes adultes (hors grossesse et allaitement) sont de 18 mg par jour, soit l'équivalent de 750 g de steak par jour (2,4 mg de fer dans 100 g de steak). Selon une étude, les femmes adultes avec des menstruations devraient avoir 18,9 mg ; les femmes adolescentes avec menstruation devraient avoir 21,4 mg de fer par jour[26].
69
+
70
+ Une étude indique qu'obtenir 18 mg de fer par jour peut rarement être atteint avec les aliments ordinaires disponibles[27]. Sachant que sur les 18 mg que contiennent la nourriture, seuls 10 % seront absorbés[27]. Il a été établit que 1,8 mg de fer doit être assimilé pour satisfaire les besoins de 80 à 90 % des femmes[27].
71
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72
+ En 1994, l'alimentation de 92 % des femmes anglaises entre 16 et 50 ans n'atteignait pas 14,8 mg de fer[28].
73
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+ La menstruation est un phénomène physiologique « spectaculaire », à l'origine de nombreux croyances et tabous culturels souvent liés à l'idée d'impureté.
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+ Dans l'Europe pré-chrétienne les règles sont partie prenante d'une ritualisation du passage des saisons, qui concernent aussi bien la terre, les plantes que la reproduction humaine. L'ethnologue Sylvie Muller explique ainsi la place des règles dans le calendrier de l'ancienne Irlande paysanne :
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78
+ « Au printemps, les fleurs signalent la disponibilité d’un potentiel fécond, exploité en Irlande par les mariages de février ; en été, se déroule la gestation des fruits ; en automne ont lieu la récolte et l’accouchement ; enfin, l’hiver correspond à la saison de la mort, de la menstruation et des sacrifices sanglants, pendant laquelle se constitue le terreau, lequel est composé des vies mortes qui nourriront le prochain cycle saisonnier[29]. »
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80
+ Chez les Oglalas, un rite de passage nommé Išnati Awicalowanpi isolait les jeunes filles en ménarche. On leur attribuait temporairement un tipi à l'extérieur du village. Une femme d'expérience, choisie par la famille, avait comme rôle de voir à ses besoins et de lui enseigner ses futures tâches d'épouse et de mère. Une dizaine de jours après l'apparition des premières menstruations, une cérémonie était menée par un chaman. L'invocation de l'esprit du bison avait pour but d'assurer la fécondité de la jeune fille et de marquer son passage du monde des enfants à celui des adultes.[30]
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+ Les religions sémitiques (notamment juives et musulmanes) associent différentes croyances et interdits aux règles. Les femmes sont considérées en état d'impureté rituelle lorsqu'elles ont leurs règles. En Islam, pendant son cycle menstruel[31], la femme musulmane n'a pas le droit de faire sa prière ni son jeûne ni d'avoir un rapport sexuel (avec pénétration) avec son mari. Par ailleurs, pendant le pèlerinage de la Mecque, la circumambulation lui est interdite.
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+ Le Lévitique — un livre de l' Ancien Testament, et de la Torah — décrit l'impureté des objets qui touchent les règles de la femme :
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+ « La femme qui aura un écoulement de sang restera 7 jours dans la souillure de ses règles. Si quelqu'un la touche, il sera impur jusqu'au soir.
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+ Tout lit sur lequel elle couchera pendant ses règles sera impur et tout objet sur lequel elle s'assiéra sera impur.
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+ Si quelqu'un touche son lit, il lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau et sera impur jusqu'au soir.
89
+ Si quelqu'un touche un objet sur lequel elle s'est assise, il lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau et sera impur jusqu'au soir.
90
+ S'il y a quelque chose sur le lit ou l'objet sur lequel elle s'est assise, celui qui y touchera sera impur jusqu'au soir.
91
+ Si un homme couche avec elle, si la souillure des règles de cette femme vient sur lui, il sera impur pendant 7 jours et tout lit sur lequel il couchera sera impur.
92
+ La femme qui aura un écoulement de sang pendant plusieurs jours en dehors de ses règles, ou dont les règles dureront plus que d'habitude, sera impure pendant toute la période de son écoulement, comme pendant ses règles[32]. »
93
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94
+ Les prescriptions dans le judaïsme sont très détaillées. La Niddah, qui interdit les relations sexuelles avec la femme pendant ses règles car elle est alors considérée comme « impure », prévoit un ensemble de vérifications (bedika) visant à éliminer toute trace d'une goutte de sang qui pourrait souiller l'époux, et sept jours plus tard, le bain rituel, le mikvé. La crainte du sang menstruel se retrouve comme une constante dans de nombreuses cultures, pour des raisons religieuses. Dans l'analyse psychanalytique, la mise en place de périodes d'interdit dans le judaïsme est aussi considéré comme propre à alimenter le désir sexuel, en retardant le moment du plaisir[33].
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+
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+ Dans les sociétés traditionnelles, il existe également des croyances très diverses liées aux menstruations. La question de la contamination est par exemple présente chez les Marquisiens :
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+ « Les menstruations étaient entourées de plusieurs restrictions, et étaient la principale raison pour laquelle les femmes étaient regardées comme impures et impies. Les femmes ayant leurs règles devaient être évitées sous peine de contracter la lèpre, par contamination par contact avec elles, ou avec le fluide menstruel ou avec leurs vêtements. Les restrictions liées aux menstruations ont ensuite été étendues à toutes les femmes pubères à toutes les occasions. Il était interdit aux femmes de passer au-dessus de tout objet ou structure, ou de passer au-dessus de la tête d'une personne. Ainsi, une femme ne pouvait pas s'asseoir sur la selle d'un homme, aller en canoë, ou s'asseoir sur une chaise ou sous le porche d'une maison si un enfant était également en dessous. Car autrement elle contaminait l'objet ou la personne. Et la contamination ne pouvait être enlevée qu'en tuant la femme, ou en détruisant l'objet, ou en pratiquant le rituel ha'a tahe tahe[34]. »
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100
+ Le supposé pouvoir contaminant des règles reçoit à l'époque moderne diverses justifications. Au XIXe siècle, le criminologue italien Cesare Lombroso, dans le cadre d'une théorie sexiste et naturalisante de la criminalité, liait ainsi les menstruations à la criminalité féminine[35]. Les sexologues Masters et Johnson font état, concernant la même époque, d'une tentative de justification médicale, en Angleterre, de la croyance en un pouvoir corrupteur des règles sur la nourriture :
101
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102
+ « En 1878, le prestigieux British Medical Journal édita une série de lettres de médecins qui donnaient des « preuves » que le contact d’une femme qui avait ses règles pouvait abîmer le jambon qu’elle avait touché[36]. »
103
+
104
+ En 1846, Victor Hugo cite l’exemple des catacombes de Paris, vouées en partie à la culture des champignons, et interdites aux femmes, dont les menstrues pouvaient « faire tourner et pourrir » les plantations. Lui-même affirme que l’indisposition périodique des actrices « fait tomber le blanc et le rouge » dont elles se maquillent[37].
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+
106
+ En 2017, un groupe multinational vendant des protections périodiques, Essity, lance dans de nombreux pays une campagne publicitaire montrant un liquide rouge simulant le sang menstruel, au lieu du liquide bleu habituellement utilisé pour le représenter, avec le slogan Le sang c'est normal, le montrer devrait l'être aussi. Cette campagne déclenche en Australie les foudres de 600 téléspectateurs, qui se plaignent auprès de l'autorité de contrôle du caractère « désagréable », « inutile », « choquant et inapproprié », « dérangeant », « dégradant pour les femmes » de la campagne et du fait qu’elle « ne convient pas aux enfants », sans toujours réaliser que le sang affiché lors de scènes de violence ne les fait pas réagir comme l'analyse une chargée de cours en études de genre. D'autres s'inquiètent que le spot publicitaire, passé à une heure de grande écoute, ne les expose à des questions de la part de leurs enfants sur ce que sont les règles. L'organisme de contrôle de la déontologie publicitaire, Ad Standards, rejette les plaintes et donne raison au fabricant, notant que « la publicité faisait partie d’une campagne conçue, au contraire, pour normaliser les règles et éliminer toute stigmatisation de honte ou de gêne envers les femmes ». Une étude parue après cet incident montre que pour 3 Australiennes sur 4 avoir ses règles est une honte, et 70 % d'entre elles préfèreraient rater un examen plutôt que leurs camarades apprennent qu'elles sont en période de menstruations[38].
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108
+ Dans la majorité des pays où le groupe a décliné sa campagne, celle-ci n'a été relayée que sur Internet, les autorités locales l'ayant jugé « inappropriée », dont la France pour la marque Nana qui a jugé que « le sang sur une serviette est susceptible d’offenser le public[38].»
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+ En France aussi à l'époque contemporaine les premières règles sont généralement mal vécues par les jeunes filles. Les règles en effet sont largement associées à un sentiment de honte et de dégoût. Elles sont identifiées à une saleté à cacher, en particulier des hommes. Cela participe à faire considérer la condition féminine comme une contrainte[39].
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+ En 2018, selon l'UNESCO dans certains pays, les 2/3 des jeunes filles ignorent encore ce qui leur arrive quand leurs règles apparaissent[40].
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+
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+ L'ONU a mis à jour début 2018 ses principes directeurs internationaux sur l’éducation sexuelle en plaidant pour une éducation sexuelle "complète et de qualité" promouvant la santé et le bien-être, le respect des droits de l'homme et l'égalité des sexes, pour un passage plus facile et sûr de l'enfance à la vie adulte[40]. La connaissance du phénomène de menstruation est l'un des nombreux sujets que l'éducation sexuelle aborde (dans la famille et/ou à l'école).
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116
+ Plusieurs expressions désignent les menstrues d'une femme.
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+
118
+ Certaines font référence à la guerre : « les Anglais ont débarqué » remonte aux guerres napoléoniennes par référence aux armées britanniques qui ont débarqué en France suite à la bataille de Waterloo en 1815 et l'ont occupée jusqu'en 1818. Ces armées étaient en effet vêtues d'uniformes rouges et le lien avec le flux menstruel désagréable apparaît en 1820 dans le parler populaire parisien, en mauvais souvenir de l'occupant[41]. La métaphore de la couleur rouge est aussi utilisée en Belgique ou en Grèce avec l'expression « les Russes sont arrivés » (référence à l'Armée rouge), tandis qu'aux Pays-Bas on « hisse le drapeau rouge », voire le « drapeau japonais »[41].
119
+
120
+ « Avoir ses ragnagnas » utilise le mot ragnagna qui semble dériver du gascon « arrouganh » signifiant le désir ou l'envie[42].
121
+
122
+ « Avoir ses ourses » (ou « avoir ses ours ») est peut-être un glissement linguistique pour « avoir ses jours » (expression désuète) ou une référence à la déesse lunaire Artémis dont le nom signifie « ourse puissante »[43].
123
+
124
+ « menstrual blood is a complex biological fluid composed of blood, vaginal secretions, and the endometrial cells of the uterine wall as they exist immediately prior to menses. »
125
+
126
+ « This divergence between genders is aggravated by the lifestyle of modern women who have a very different reproductive history from their forebears. They reach sexual maturity at an earlier age, have fewer pregnancies and breastfeed for shorter periods of time; as a result they menstruate more frequently and therefore become more iron deficient. With the exception of a few countries, women of fertile years around the world have a negative iron balance. »
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+ « approximately 29 % of non-pregnant females aged 15–49 are anemic »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Aviron désigne à la fois des termes nautiques et des lieux géographiques.
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+
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+
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+ Animalia
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+
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+ Règne
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+
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+ Taxons de rang inférieur
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+
9
+ Synonymes
10
+
11
+ Metazoa Haeckel, 1874[1]
12
+
13
+ Les Animaux (Animalia) (du latin animalis « animé, vivant, animal ») sont en biologie, selon la classification classique, des êtres vivants hétérotrophes, c’est-à-dire qui se nourrissent de substances organiques. On réserve aujourd'hui le terme « animal » à des êtres complexes et multicellulaires, bien qu’on ait longtemps considéré les protozoaires comme des animaux unicellulaires. Comme les autres êtres vivants, tout animal a des semblables avec qui il forme un groupe homogène, appelé espèce.
14
+
15
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874). Quel que soit le terme employé ou quelle que soit la classification retenue (évolutionniste ou cladiste), les animaux sont consensuellement décrits comme des organismes eucaryotes pluricellulaires généralement mobiles et hétérotrophes.
16
+
17
+ Dans le langage courant, le terme « animal » ou « bête » ou encore « animal non-humain » est souvent utilisé pour distinguer le reste du monde animal des humains. Le langage courant diffère également du biologique par le fait que « animal » renvoie souvent à une certaine taille qui exclut entre autres les insectes. Enfin, il peut être utilisé en opposition à « végétal ».
18
+
19
+ La science consacrée à l'étude du règne animal est la zoologie.
20
+
21
+ Le registre fossile des animaux est dominé par l'explosion cambrienne (−541 à −530 Ma), qui a marqué un développement et une diversification extrêmes, avec l'apparition de tous les grands plans d'organisation actuels.
22
+
23
+ Les animaux complexes sont cependant apparus au moins des dizaines de millions d'années auparavant, sans doute pendant l'Édiacarien (−635 à −541 Ma). Les fossiles les plus anciens ont été trouvés à Terre-Neuve et datent d'environ 571 Ma, mais le biote édiacarien est resté peu diversifié jusque vers −560 Ma. Les premières traces de l'existence d'animaux sont plus anciennes encore (−650 Ma dans le supergroupe de Huqf en Oman, −635 Ma dans la formation de Lantian en Chine méridionale), mais reposent sur des biomarqueurs comme le stérane ou sur des empreintes mal identifiables, et sont contestées[2].
24
+
25
+ Comme tous les organismes vivants, les animaux ont besoin d'eau, d'un comburant qui est exclusivement le dioxygène pour ces espèces, et de matières organiques provenant d'autres organismes car ils ne peuvent pas la produire par eux-mêmes à partir de molécules ne provenant pas du vivant. On dit qu'ils sont chimio-organotrophes. Cette nourriture répond à trois objectifs : fournir les substances qui servent à créer d'autres cellules; produire des substances utiles à créer des molécules et structures de l'organisme (os, poils, larmes, odeurs, etc.), et surtout fournir de l'énergie.
26
+
27
+ Comme pour tous les organismes vivants, l'eau est l'élément dont les animaux ont le plus de mal à se passer. En plus du fait que les cellules sont essentiellement constituées d'eau, l'eau est nécessaire à la plupart des réactions biochimiques où elle sert de solvant. Mais, en outre, elle sert à l'évacuation des déchets azotés produits par le métabolisme des protéines qui doivent être éliminées. Les animaux sont, comme les autres espèces même non aquatiques, également confrontés aux problèmes liés à l'osmorégulation. Le besoin en eau implique d'avoir un système de régulation osmotique.
28
+
29
+ Ils ont besoin de se procurer leur nourriture en se déplaçant ou en l'attrapant, et grâce à un système digestif, de dissocier les organismes en substances nécessaires qui leur sont utiles, puis de les assimiler. L'acquisition de dioxygène sert à oxyder des hydrates de carbones pour produire de l'énergie chimique, est donc aussi une priorité pour la plupart des animaux. La plupart des espèces disposent d'un système respiratoire pour absorber le dioxygène. Le dioxygène, l'eau et les diverses substances sont amenées vers les cellules, et les sous-produits inutiles sont évacués (excrétion) grâce à divers systèmes circulatoires. Les problèmes posés par les différents milieux supposent des adaptations spécifiques. Ainsi l'acquisition de dioxygène pour un organisme terrestre est moins difficile que l'acquisition de l'eau. L'inverse est vrai dans un milieu aquatique. Pour acquérir ces substances essentielles à la vie, la plupart des animaux utilisent des organes de perception. Ils utilisent également leurs sens pour fuir leurs prédateurs.
30
+ Pour assimiler les substances nécessaires à sa vie qu'il puise dans d'autres organismes vivants, l'animal a le plus souvent besoin d'un système digestif et donc d'un système d'excrétion.
31
+
32
+ Les fonctions de reproduction sont également importantes chez les animaux qui sont principalement sexués, mais certaines espèces comme l'hydre peuvent aussi se reproduire d'une manière asexuée (par bourgeonnement dans son cas). L'appareil de reproduction est vital à l'espèce seulement, sans quoi, inévitablement celle-ci disparaîtrait après un certain temps.
33
+
34
+ Les animaux possèdent également des systèmes très divers de locomotion, de perception.
35
+
36
+ En outre, ils possèdent divers systèmes de circulation de fluide à l'intérieur du corps et de coordination des différentes cellules. Le vieillissement ne semble pas faire partie des caractéristiques fondamentales, car certaines espèces d'éponges ne vieillissent pas[4].
37
+
38
+ L'organisation interne des animaux peut être très variable, comme des organisations complexes comme les insectes ou des vertébrés ou des colonies de cellules relativement amorphes que forment les éponges . Scientifiquement, les animaux sont des organismes eucaryotes multicellulaires (exception faite des Myxozoa) ce qui les différencie des Bacteria et des Protista et dépourvus de chloroplastes (hétérotrophes), ce qui les distingue des végétaux et algues. Ils se distinguent également des Mycota. Ils sont les seuls organismes vivants qui passent dans une étape de leur développement par un blastocyste[réf. nécessaire]. Ils sont aptes au mouvement, parfois seulement sous forme larvaire (cas des éponges et de nombreux invertébrés benthiques fixés au substrat). Ils forment le règne Animalia, subdivision du domaine Eukaryota.
39
+
40
+ Les animaux (ou métazoaires) sont l'un des types d'eucaryotes à s'être développés sur un mode multicellulaire, comme les plantes, certains champignons, et les algues brunes par opposition aux unicellulaires qui regroupent les levures, d'autres algues et champignons, des protozoaires, ainsi que les êtres vivants regroupés au sein des Prokaryota, composés des Eubacteria et Archaea.
41
+
42
+ On distingue, selon leur complexité d'organisation interne, trois groupes ou niveaux[5].
43
+
44
+ Les cellules animales sont hétérotrophes, c'est-à-dire qu'elles doivent manger pour survivre, contrairement aux plantes. Le mode de nutrition est souvent une caractéristique contraignante pour les animaux. La stratégie des éponges consiste à filtrer l'eau qui les traverse, pour y capturer des proies et particules.
45
+
46
+ Les éponges (Porifera) ont une organisation souvent décrite comme simple : ce sont des colonies de cellules pratiquement indifférenciées, sans structures internes bien identifiables. Ce sont des animaux sans système nerveux ni tube digestif. Leur corps n’est formé que par deux couches de cellules (ectoderme et endoderme).
47
+
48
+ Les polypes quant à eux poussent la nourriture vers un ventre (cavité gastrique) où elle pourra être digérée sans pouvoir s'échapper.
49
+
50
+ Cette autre stratégie permet de se nourrir de proies plus grosses (ce que les éponges ne peuvent pas filtrer). Par rapport aux éponges ce plan d'organisation suppose deux choses : les cellules se spécialisent (avec l'acquisition de cellules nerveuses et musculaires permettant des mouvements coordonnés) et l'organisme gagne la capacité à prendre une forme définie (morphogénèse), pour que des tentacules efficaces puissent pousser leur proie vers la cavité gastrique.
51
+
52
+ L'organisation de type ver est un autre type de plan d'organisation. La stratégie de base des organismes de type « ver » (vermiforme) est de se déplacer pour aller chercher la nourriture, au lieu d'attendre qu'elle passe à portée. Cette stratégie permet notamment d'exploiter des déchets organiques, qui peuvent être à haute valeur nutritive, mais ne se déplacent pas.
53
+
54
+ Passé le cap des éponges et des polypes, tous les organismes complexes sont des bilatériens, qui dérivent d'un schéma fondamental : le tube. Le développement est organisé autour d'un axe tête / queue d'une part, et dos / ventre d'autre part. Ces deux axes conduisent à un plan d'ensemble où les côtés droit et gauche tendent à être symétriques, d'où leur nom de bilatérien.
55
+
56
+ D'un point de vue fondamental les vers diffèrent des cnidaires les cellules nerveuses s'organisent en un système nerveux cohérent, qui chez certains organismes pourra donner un cerveau à l'avant de l'animal. Un tissu intermédiaire important est aussi présent chez les vers qui se trouve entre les tissus extérieurs qui forment la peau (ectoderme) et les tissus intérieurs du système digestif (endoderme) : le mésoderme qui peut former des organes internes complexes. On parle d'animaux triploblastiques.
57
+
58
+ Un second caractère considéré important chez les vers (absent par exemple chez les vers plats) est la présence d'un canal alimentaire : à une extrémité, une bouche absorbe la nourriture, à l'autre, un anus excrète les déchets.
59
+
60
+ L'invention du tube digestif à partir de la cavité gastrique ancestrale semble avoir été faite deux fois. Chez les protostomiens, les deux orifices du canal alimentaire sont formés à partir du blastopore, dont les lèvres se rapprochent pour former un canal par soudure longitudinale. Chez les deutérostomiens, l'orifice du blastopore devient l'anus, le canal alimentaire étant formé par un percement ultérieur qui évoluera vers la bouche.
61
+
62
+ On trouvera chez les vers une autre caractéristique évolutive importante de certains animaux : la segmentation (métamérie) qui semble être apparue dans plusieurs branches différentes.
63
+
64
+ L'apparition du tube digestif (avec deux orifices, une bouche et un anus) et de la capacité de se déplacer (en rampant) a été une innovation évolutive fondamentale chez les bilatériens : les organismes vermiformes sont assez polyvalents, et peuvent servir de base à des modes de vie très variés. C'est ce qu'on appelle une explosion radiative : à partir d'un schéma de base commun, les formes prennent des voies divergentes, se diversifiant à partir d'une forme commune.
65
+
66
+ Les principaux groupes qui relèvent du niveau d'organisation vermiforme sont :
67
+
68
+ On retrouve également cette forme chez de nombreux arthropodes (notamment les asticots), des échinodermes (concombres de mer), et même des mollusques (solenogastres).
69
+
70
+ Tous les bilatériens ne gardent pas une morphologie vermiforme. Des organismes comme les tuniciers ressemblent plus à des formes d'éponges ou de coraux qu'à des vers (ce sont des organismes fixés et filtreurs), ce qui est généralement le cas des formes retournant à un mode de vie végétatif.
71
+
72
+ Enfin, cette forme d'organisation se complexifie suivant de multiples voies, dont les parties dures pourront laisser des fossiles, par exemple :
73
+
74
+ Les mollusques évoluent à partir d'une organisation de type ver. Une innovation évolutive importante des mollusques est la coquille, permettant de se protéger des prédateurs : l'acquisition de plaques calcaires protégeant le dos. Les premiers mollusques devaient donc avoir certains points communs avec les polyplacophores (une sorte d'escargot marin qui peut se rouler en boule comme un cloporte).
75
+
76
+ Les mollusques comprennent les classes importantes suivantes :
77
+
78
+ Sur la formule générale des vers, les arthropodes ont superposé plusieurs innovations évolutives remarquables :
79
+
80
+ Cette organisation correspond à la forme générale des mille-pattes. Elle a été immédiatement à l'origine d'une nouvelle explosion radiative, entraînant la modification de certaines paires de pattes en mâchoires, antennes, pattes spécialisées, sur certaines parties du corps, ou perdant leurs pattes sur d'autres parties du corps.
81
+
82
+ L'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal. On compte plus d'un million et demi d'espèces actuelles d'arthropodes. Le nombre de pattes, la manière dont le corps est organisé en différentes parties et la forme de ces pattes semblent avoir beaucoup participé à la diversification foisonnante des arthropodes.
83
+
84
+ La fonctionnalité essentielle qui a initialement structuré ce groupe a été la capacité de nager dans l'eau.
85
+
86
+ Mais cette capacité a conduit à une première explosion radiative des vertébrés: les poissons ont vite envahi l'espace en trois dimensions formé par l'eau des océans, et se sont diversifiés en un grand nombre d'espèces à l'écologie et à la morphologie différentes, en passant par l'hippocampe, le poisson lune et le requin baleine.
87
+
88
+ Plusieurs innovations marqueront l'histoire évolutive des poissons : l'apparition progressive de la tête et de la mâchoire, et enfin, la conquête de l'environnement aérien avec l'apparition de pattes, continuant leur explosion radiative en donnant les sauriens.
89
+
90
+ Les tétrapodes, animaux à quatre membres, ont eu une explosion radiative après avoir conquis la capacité à se déplacer sur la terre ferme. Cependant, certains groupes d'espèces comme les cétacés ou les serpents ne gardent, à la suite de leur évolution, que des vestiges de membres.
91
+
92
+ Les tétrapodes regroupent des animaux de tailles très différentes, des micro-mammifères à la baleine bleue qui est le plus gros animal connu de tous les temps, mais ils ne représentent qu'une infime partie à la fois des espèces vivantes (au plus 2 %) et de la biomasse. Malgré cela, ils sont parmi les espèces les mieux connues de l'homme, qui en fait lui-même partie. Bien que l'homme ait, depuis Aristote au moins, essayé de regrouper les différentes espèces suivant des groupes homogènes, il n'est parvenu à comprendre la phylogénie de ce groupe qu'à la fin du XIXe siècle. On considère aujourd'hui que ce groupe est composé des amphibiens, des Sauropsida (dont les reptiles et les oiseaux) et des mammifères.
93
+
94
+ Les mammifères sont généralement identifiables par leur peau, qui est au moins partiellement couverte de poils. Le fait que les femelles allaitent leurs petits est la caractéristique majeure de ce groupe.
95
+
96
+ Environ 1 250 000 espèces animales sont connues et répertoriées sur Terre[6]. Certains scientifiques estiment qu'il y a dix millions d'espèces vivant actuellement sur Terre et qu'il y a eu cent millions d'espèces qui ont existé en comptant toutes les espèces qui ont vécu sur Terre depuis l'apparition du vivant[7].
97
+
98
+ Une étude publiée en 2011, indique que parmi les 8 750 000 espèces (±1 300 000) d'eucaryotes estimées, la Terre recenserait 7 770 000 espèces animales (±958 000), dont 2 150 000 (±145 000) espèces vivant dans les océans[6]. Parmi ces espèces, seules 953 000 sont répertoriées dont 171 000 espèces océaniques[6].
99
+
100
+ Il existe des grandes caractéristiques générales qui permettent de classer les espèces vivantes en embranchements. D'après la théorie de l'évolution, les embranchements d'animaux actuels sont les groupes survivants de près d'une centaine existants au Cambrien, ceux-ci ne sont connus que par leurs fossiles.
101
+
102
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia[1],[11] (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874).
103
+
104
+ Plusieurs bases de données en ligne existent qui tentent de recenser l'ensemble des taxons actuellement reconnus. Chacune se fonde sur des choix étayés par des études publiées, ce qui ne les empêche pas forcément de se contredire, en particulier pour les taxons fossiles, pour lesquels la vérification génétique n'est pas possible.
105
+
106
+ Cette classification taxinomique est un outil pratique pour les biologistes, mais elle range artificiellement côte à côte des groupes dont le statut et l'âge n'est cependant pas le même : elle doit donc être complétée par une classification phylogénétique, sous forme d'arborescence, qui détaille le moment de divergence des différents groupes à partir d'un unique ancêtre commun.
107
+
108
+ Selon World Register of Marine Species (7 mars 2016)[12] :
109
+
110
+ Selon Catalogue of Life (7 mars 2016)[13] :
111
+
112
+
113
+
114
+ Macracanthorhynchus hirudinaceus, un Acanthocephala.
115
+
116
+ Phyllodoce mucosa, un ver Annelida.
117
+
118
+ Différents Arthropoda.
119
+
120
+ Liospiriferina rostrata, un Brachiopoda.
121
+
122
+ Sertella septentrionalis, un Bryozoa.
123
+
124
+ Priapulus caudatus, un Cephalorhyncha.
125
+
126
+ Spadella cephaloptera, un Chaetognatha.
127
+
128
+ Différents Chordata.
129
+
130
+ Différents Cnidaria.
131
+
132
+ Mnemiopsis leidyi, un Ctenophora.
133
+
134
+ Différents Echinodermata.
135
+
136
+ Barentsa discreta, un Entoprocta.
137
+
138
+ Un Gastrotricha.
139
+
140
+ Différents Hemichordata.
141
+
142
+ Différents Mollusca.
143
+
144
+ Des Nematoda.
145
+
146
+ Différents vers Nemertea.
147
+
148
+ Phoronis australis, un Phoronida.
149
+
150
+ Trichoplax adhaerens, un Placozoa.
151
+
152
+ Pseudobiceros hancockanus, un Plathelminthes.
153
+
154
+ Xestospongia testudinaria, un Porifera.
155
+
156
+ Habrotrocha rosa, un Rotifera.
157
+
158
+ Thysanocardia nigra, un Sipuncula.
159
+
160
+ Hypsibius dujardini, un Tardigrada.
161
+
162
+ Différents Xenacoelomorpha.
163
+
164
+ Diverses sciences visent à étudier le monde animal par exemple la zoologie qui se décompose en une multitude de spécialités, la médecine vétérinaire, mais aussi d'une façon dérivée la paléontologie, la biologie, et la microbiologie et l'agronomie pour son implication économique.
165
+
166
+ Depuis l'apparition de la vie, de nombreuses espèces disparaissent tandis que d'autres évoluent et donnent de nouvelles espèces. Au cours de l'histoire du vivant, il y a eu des extinctions massives (on en distingue habituellement cinq majeures) notamment après certains cataclysmes. Ces extinctions sont suivies par des explosions radiatives, c'est-à-dire une forte augmentation d'espèces nouvelles.
167
+
168
+ L'homme en tentant de domestiquer la nature, en favorisant un nombre forcément restreint d'espèces, a eu tendance à réduire le nombre de biomes. D'autre part, les pollutions générées par l'industrie et la société de consommation ont également pour effet de déstabiliser les biomes et de réduire le nombre d'espèces. Les espèces de grandes tailles sont les plus particulièrement touchées si bien que l'on considère que le nombre d'espèces pouvant s'éteindre dans les années à venir pourrait être massif. L'extinction actuelle est nommée extinction de l'Holocène et son rythme serait dix à cent fois supérieur à celui des extinctions passées.
169
+
170
+ De nombreuses lois visent à protéger la faune, ses habitats des impacts des actions des humains. Certaines sont plus spécifiques à la protection des milieux naturels et d'autres plus spécifiques à protéger les animaux de la malveillance, du roadkill, de la surexploitation ou de risques d'empoisonnement, etc.
171
+
172
+ Il existe également plusieurs types d'organisations pour la protection animale et la protection de la nature, par exemple :
173
+
174
+ Une grande partie des maladies infectieuses ou dues à un prion pathogène peuvent être véhiculées par des animaux domestiques ou sauvages. Dans un contexte de mondialisation accélérée, l'OMS, la FAO et l'OIE[14] encouragent un meilleur suivi écoépidémiologique et la mise en place de dispositifs de sécurisation des échanges ou ventes d'animaux (morts ou vifs), qui se heurtent aussi au trafic d'animaux.
175
+
176
+ Dans les cultures au droit formalisé ou coutumier, les relations entre les humains et les autres espèces animales ont beaucoup varié dans l'espace et dans le temps, et selon l'animal, avec souvent un statut particulier pour les espèces-gibier, domestiques ou des animaux-totems ou symboliques ou emblématiques.
177
+
178
+ Il a beaucoup varié selon les époques, les pays, le droit coutumier et les espèces considérées, ou encore selon que l'animal soit sauvage ou domestiqué ; de l'animal sacré ou royal à la bête de somme, en passant par l'animal de compagnie et au chien de travail ou de chasse ou de garde et jusqu'à l'abeille domestique, etc.
179
+
180
+ Des animaux semblent avoir été considérés comme responsable pénalement dans tout l'Occident chrétien entre le milieu du XIIIe siècle jusqu'à l'époque moderne. La majorité des cas connus de procès d'animaux ont eu lieu au XVIe siècle, mais ces pratiques, finalement assez rares (un peu plus de 200 affaires recensés en Europe entre le Moyen Âge et le XIXe siècle), sont considérés par les historiens comme des manifestations de la survie d'archaïsmes judiciaires[15].
181
+
182
+ En France, l'animal domestique est aujourd'hui une res propria (ayant un propriétaire, qui en est responsable). Le Code pénal considère comme un délit le fait d'infliger des souffrances injustifiées à un animal domestique. En 1976, la loi précise que « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce »[16]. Le code rural en septembre 2000[17], puis le code civil en 2015 ont reconnu l'animal comme « doué de sensibilité » mettant ainsi le droit français en conformité au droit européen, et répondant à une demande depuis longtemps portée par diverses ONG (ex. : Fondation 30 millions d'amis) et diverses personnalités dont 24 intellectuels ayant récemment, avec l'éthologue Boris Cyrulnik ou le philosophe Michel Onfray, soutenu une pétition. Cet ajout au Code civil a été fait alors qu'un groupe d'étude sur la protection des animaux, constitué au sein de l'Assemblée, préparait un projet de nouveau statut pour les animaux, et il ne change pas les catégories et statuts juridiques existants[18].
183
+
184
+ L'animal sauvage reste aujourd’hui considéré par le code rural ou le code civil ou le code de l'environnement comme res nullius (c'est-à-dire n'appartenant à personne en particulier). Et l'animal domestique reste un bien meuble[19]. Seules des espèces menacées ou jugées utiles (pour l'agriculture en général) peuvent être partiellement ou complètement protégées par la loi (Loi n°76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature[20]). Certains animaux peuvent être à certaines conditions, localement et durant un certain temps (celui durant lequel on peut démontrer que leurs populations sont excessives) déclarés nuisibles (concept ancien qui fait l'objet de polémiques au regard des progrès de la science) et peuvent alors être chassés ou piégés plus largement. Le bien-être animal ainsi que les droits des animaux et la protection des animaux sont des préoccupations croissantes dans de nombreux pays, dont dans les contextes d'élevage, animaleries, chasse, pêche, cirques, corrida, expositions animalières, expérimentation animale (scientifique, cosmétique, alimentaire ou médicale), transport d'animaux, abattoirs, trafic d'animaux, abandon d'animaux, etc.
185
+
186
+ Selon Jean-Luc Guichet, chercheur au Centre d'étude et de recherche politiques (CERPO), l'évolution de l'animal n'a été que de se rapprocher de l'homme, de sauvage à domestique puis de familier à apprivoisé[21]. L'axe de progression ainsi dégagé dans la relation de l'homme et de l'animal est celui de l'extérieur de la maison vers l'intérieur de la famille :
187
+
188
+ Plusieurs espèces disposent de plans de gestion d'espèces ou de groupes d'espèces menacées ou jugées patrimonialement importantes, visant parfois (comme pour le bison européen) à lutter contre la pollution génétique[22] ou à aider une espèce qui a failli disparaître à sortir d'un goulot d'étranglement génétique. Certains plans visent au contraire à freiner la diffusion d'espèces invasives.
189
+
190
+ En France, des « ORGFH » (Orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats) ont été écrites dans chaque région. Ce document pourra peut-être être remplacé et complété par le SRCE (Schéma régional de cohérence écologique)[23].
191
+
192
+ Plus on remonte dans le temps, plus les animaux semblent avoir eu une importance culturelle pour les sociétés humaines[24] ; l'exemple de la vénération pour la vache, pour les bovins, est le plus significatif chez les humains ayant acquis l'agriculture : vénération d'abord commune à l'ensemble de l'humanité, de même que celle d'arbres (Nietzsche, dans son cours le service divin des Grecs, rappelle que vénérer des arbres est une pratique commune à l'ensemble de l'humanité lors de la Préhistoire et pendant l'Antiquité, les arbres étant les « premiers temples […] où logeait l'esprit des divinités »[25]), la vénération sacrée des animaux (ou zoolâtrie ; les dieux prenant souvent les traits d'animaux, comme en Égypte antique) s'est éteinte (le christianisme l'ayant combattu sur les cinq continents)[24], pour ne survivre que dans des régions « animistes » ou culturellement hindoues (« Mère vache » en est le symbole). Ce qui signifie que plus on avance dans le temps, plus les animaux perdent leur statut saint ou sacré[24], statut qui garantissait à certains d'entre eux (vivant spécialement parmi les hommes) le respect[24], pour devenir dans la société de consommation des « animaux-objets » (pour les loisirs), ou des « abstractions » totales (afin de ne pas laisser place à l'affect), leur sort laissant en fait indifférent la majorité des humains de ce type de société[24].
193
+
194
+ Depuis le Paléolithique, pour s'assurer la présence d'animaux pouvant lui rendre service, l'homme en a domestiqué un certain nombre d'espèces et a créé des élevages. Les éleveurs ont su, par sélection des croisements afin d'obtenir des animaux plus dociles ou économiquement plus rentables, changer les caractéristiques de certaines espèces et créer des hybrides pour que les animaux répondent plus efficacement à leurs besoins utilitaires de produire soit du lait, des œufs, de la viande, du cuir et de la laine, soit des bêtes de somme ou de trait (la zootechnie n'ayant pas permis d'éviter l'appauvrissement génétique des animaux d'élevage, du fait de la consanguinité importante créée par des hommes[26]).
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+
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+ Certains animaux sont une source de revenus pour les humains, allant de la nourriture au transport, en passant par l'exhibition (on payait les montreurs d'ours pour voir leur animal), l'habillement, etc. L'utilisation des animaux (transport, élevage) explose à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, auparavant les ressources alimentaires limitées étaient réservées à la famille[27].
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+
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+ L'homme utilise aussi les animaux pour ses loisirs en élevant des animaux de compagnie, en les filmant, en les découvrant dans le cadre de parcs zoologiques ou de parcs safaris. Ces deux dernières activités tendent à devenir plus respectueuses de la sauvegarde des animaux dans leur milieu naturel en favorisant la reproduction d'espèces menacées et l'étude pour les parcs.
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+
200
+ Les différentes définitions de la protection animale sont axées autour d'une même préoccupation : préserver le bien-être des animaux, en d'autres termes leur épargner toute souffrance inutile. Le bien-être de l'animal englobe sa condition physique et physiologique, et réciproquement sa bonne condition implique une santé physique satisfaisante et un sentiment de bien-être. Le bien-être animal est décliné en cinq libertés correspondant aux besoins fondamentaux de l'animal :
201
+
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+ En Occident, Aristote a divisé le monde du vivant entre les animaux et les plantes. Celui-ci ne se pose pas encore clairement la question de la fixité des espèces, et les théologiens chrétiens qui prennent sa suite, en faisant une lecture littérale de la Bible, instituent le fixisme en considérant que l'univers et le monde connu ont été créés en une semaine, idée qui devient un dogme inquestionnable jusqu'au XVIIIe siècle. Dans cette vision, les animaux étaient là pour servir l'homme, qui dominait la Création. Cependant à partir de la Renaissance, certaines idées sont remises en question. Alors que les travaux de Carl von Linné au XVIIIe siècle cherchent à classer systématiquement toutes les espèces vivantes en leur donnant un nom unique et précis (nom binomial), Jean-Baptiste Lamarck, puis surtout Charles Darwin, élaborent des théories d'une évolution des espèces. De ces théories, et plus particulièrement avec celle de Darwin va naître une controverse avec les créationnistes qui souvent revendiquent leur soutien à une vision biblique chrétienne de l'origine de la vie. La théorie de Darwin fait de l'homme un animal, fruit d'une évolution par des processus de sélection naturelle dont la sexualité.
203
+
204
+ Linné avait défini au départ trois royaumes (Mineralia, Vegetalia, Animalia) avec les animaux séparés eux-mêmes dans les groupes suivants : Vermes, Insecta, Pisces, Amphibia, Aves, et Mammalia. Ce classement va peu à peu évoluer au fil des découvertes en zoologie ou en paléontologie. Cette classification basée sur les caractères anatomiques et physiologiques tend à devenir une classification phylogénétique, c'est-à-dire la plus proche possible de l'arbre phylogénétique.
205
+
206
+ Le catholicisme (le judaïsme et l'islam ne sont pas aussi radicaux sur ce point[réf. nécessaire]) sépare l'« Homme » du règne animal dans sa nature, son essence (l'« Homme » est le seul être créé à l'image de Dieu, qui est en l'occurrence Jésus, sauveur des seuls hommes selon le christianisme de saint Paul) comme dans sa fonction (Dieu donne la nature à l'Homme pour assurer sa subsistance, l'Homme doit « dominer » la nature)[28]. Cela n'est pas le cas néanmoins dans le catharisme, du fait de la croyance en la réincarnation.
207
+
208
+ Cette séparation radicale entre humanité et animalité a été vigoureusement critiquée, correspondant de manière plus large à celle du « posthumanisme », qui a connu un développement certain avec les sciences sociales qui puisent leur source dans la pensée rousseauiste), par Claude Lévi-Strauss.
209
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210
+ Les religions « animistes » (africaines, asiatiques, américaines, etc.), les religions chinoises (confucianisme, taoïsme) et spécialement les religions indiennes (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme) intègrent complètement l'animal et l'homme dans l'univers, sans rupture de continuité (la différence est de degré, non de nature), tous les êtres étant dotés d'une âme, d'un même principe vital (d'un même « vouloir-vivre » selon le philosophe Arthur Schopenhauer).
211
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212
+ La philosophie antique a légué sa vision de l'animal à partir d'une problématique de l'homme au monde : les Stoïciens ont une vision dogmatique et anthropocentriste de l'animal alors que les Académiciens ont une vision holistique, plaçant l'histoire générale des animaux et des hommes dans l'histoire plus large de la biosphère[29].
213
+
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+ Le philosophe français René Descartes (1596-1650) est dualiste, distinguant nettement deux formes de réalité : la pensée (l'âme) et l'étendue (la matière). L'animal, qui n'a pas d'âme, n'est donc qu'une « machine », un automate perfectionné. C'est la théorie de l'animal-machine[30]. Cette théorie, se démarquant du regard bienveillant porté par Montaigne (1533-1592) sur le monde animal et récusant son nominalisme hyperbolique[31], a été vigoureusement attaquée par le poète Jean de la Fontaine[32] et scrupuleusement disséquée par le philosophe français Jacques Derrida avec son dernier ouvrage, L'Animal que donc je suis, faisant référence au « je pense donc je suis » de Descartes, dont il accuse l'idéalisme dangereux de ce dernier.
215
+
216
+ Le philosophe français Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) voit aussi dans tout animal, y compris l'Homme, une « machine ingénieuse ». Mais il distingue l'Homme de l'animal en ce que « la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. » La différence vient ici de la pensée et de la capacité d'initiative et de liberté de l'Homme qui en découle[33].
217
+
218
+ La critique du dualisme radical s'est tournée vers la théorie du continuisme selon laquelle les animaux possèdent des ébauches (proto-langage, proto-culture, ébauche de conscience ou d'âme) de ce que l'homme possède en plein. Ainsi dans cette perspective philosophique spiritualiste, l'homme est un animal non seulement parmi les autres, mais aussi comme les autres[34]. Une vision matérialiste et évolutionniste de ce continuisme soutient au contraire la thèse de la singularité humaine : selon Ian Tattersall, les animaux ne sont ni rationnels ni doués de conscience[35].
219
+
220
+ L'hypothèse Gaïa proposée par l'écologiste anglais James Lovelock en 1970, mais également évoquée par d'autres scientifiques avant lui (comme le géologue Eduard Suess qui émet en 1875 le concept de biosphère, théorisé en 1926 par le minéralogiste Vladimir Vernadski)[36], considère l'ensemble des êtres vivants sur Terre comme formant une sorte de vaste super-organisme (qu'il nomme Gaïa d'après le nom de la déesse primordiale de la mythologie grecque personnifiant la Terre), réalisant l'autorégulation de ses composants pour favoriser la continuité de la vie et une certaine stabilité du climat.
221
+
222
+ Le terme « animal », au singulier, est rejeté par le philosophe français Jacques Derrida dans sa généralité, – parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalement différents les uns des autres, d'une espèce à une autre[37] :
223
+
224
+ Jacques Derrida a créé le mot-valise « l'animot » qui, prononcé, fait entendre le pluriel « animaux » dans le singulier, et rappelle l'extrême diversité des animaux que « l'animal » efface[38],[39].
225
+
226
+ À la différence, la philosophe Élisabeth de Fontenay préfère l'emploi du vieux mot français « bête », qu'elle met au pluriel « les bêtes »[40].
227
+
228
+ La phénoménologie de l'animalité propose le concept d'« existence animale », dépassant le dualisme existentialiste entre « vie animale » et « existence humaine », dans la mesure où la subjectivité n'est pas confondue à la conscience réflexive[41].
229
+
230
+ La notion d'animalité[42] a souvent été utilisée comme repoussoir par les grandes religions du livre révélé ou par la politique[43] mais des courants de pensée suggèrent de mieux reconnaître et prendre en compte l'animalité présente en chacun des hommes[44], dont sur des bases scientifiques, ce qui questionne le statut de l'humain[45],[46] et de la frontière animalité/humanité[47],[48] (Existe-t-il une « animalité transcendentale » se demande Depraz (1995)[49]), pourrait pour certains légitimer certaines formes de violence[50] et n'est pas selon Brels (2012) sans conséquences éthico-juridiques[51].
231
+
232
+ La sociologie, en ce qu’elle s’intéresse à l’homme et aux collectifs humains, propose elle aussi un point de vue et des angles d’approche de la question animale. La sociologie a pour objets d’étude les faits sociaux et essaye de percevoir dans l’activité humaine des régularités afin de comprendre et d’expliquer les actions des collectifs. C’est à l’aide d’outils théoriques et méthodologiques que la discipline institutionnalisée par les travaux d’Emile Durkheim sur le suicide[52] ou par ceux de Max Weber sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme[53] tente soit d’approcher les motivations des individus qui les poussent à agir d’une certaine manière, soit d’étudier les structures objectives de la société qui dirigent les actions de ces derniers. Nous pouvons par exemple citer Durkheim qui explique qu’il faut « expliquer le social par le social », soit s’écarter des considérations individuelles des actions de chacun pour s’intéresser au fait social comme une « chose » qui ne s’explique pas par l’agrégation d’actions individuelles, c’est le caractère « Sui generis » du fait social, et qui possède son propre genre. Ainsi, les individus agissent dans des cadres prénormés et préréglés avec tout de même une certaine marge de manœuvre.
233
+
234
+ La sociologie ambitionne donc de dénaturaliser les comportements individuels et collectifs en introduisant la dimension culturelle des sociétés et le caractère socialisant des catégories et représentations présentes au sein de celles-ci. Après avoir expliqué ceci, nous voyons clairement que l’analyse sociologique prend tout son sens quand il s’agit de s’intéresser aux rapports entre les individus et les animaux. C’est de cette manière que les individus évoluant dans une société particulière vont devoir agir dans la particularité que cette même société et ses cadres normés proposent.
235
+
236
+ L’analyse d’Howard Becker peut d’ailleurs nous éclairer fortement dans son analyse de la déviance[54]. En effet, celui-ci met en avant le fait qu’un acte n’est pas déviant en soi mais qu’il présente un caractère déviant en fonction des règles et des normes qu’il est amené à transgresser. Il y a selon lui un processus déviant, une carrière déviante de l’individu qui va se socialiser à l’acte déviant et être étiqueté comme déviant par d’autres individus qui eux prennent pour champ des possibles les actions encadrées par les normes et les règles présentes dans un collectif. Ce sont ces écarts à la norme que la sociologie se propose donc d’étudier ; la maltraitance des animaux ou encore la sur-humanisation de ces derniers. Cette discipline considère que la plupart des actions ne sont pas naturelles et sont par exemple régies par des mécanismes de domination pour certains (Bourdieu) ou, autre exemple, par des jeux d’acteurs (la métaphore dramaturgique[55] de Goffman).
237
+
238
+ Les sentiments et les émotions des individus représentent aussi pour la sociologie des forces du social en ce qu’ils contraignent les individus à agir dans un cadre prédéfini normativement. Ainsi, Norbert Elias observe et nous explique que nos émotions peuvent être une force d’inertie dans la mesure où elles sanctionnent déjà les actions qui ne sont pas conformes aux normes sociales et ceci avant qu’elles aient lieu. Dans cette perspective, l’individu va se conformer à des normes sociales préexistantes en adaptant ses émotions positives ou négatives vis-à-vis d’un comportement ou de la position d’un individu. Nous voyons ici que maltraiter un chat sera fortement condamné par la société et que de ce fait les émotions de l’individu vont prendre en charge de possible pulsion jusqu’à contraindre ce dernier à l’affection pour l’animal.
239
+
240
+ Dans une perspective socio-historique nous pouvons voir que la place de l’animal et son rapport à l’Homme évolue dans le temps. En effet, celui-ci a d’abord été vu comme une fin matérielle en soi (possibilité de subsister en le consommant, ou récupérer certains de ses organes pour des rites symboliques), avec une vision humaniste anthropocentrique. D’un point de vue occidental, celui-ci a petit à petit été intégré à la vie quotidienne humaine, toujours dans le même but au début (aide à la chasse dans la royauté par exemple), pour obtenir une place de choix auprès de l’Homme de nos jours, considéré parfois comme son égal. Un droit des animaux existe dans le but de sanctionner certaines maltraitances à leur encontre, ce genre de pratiques pouvant entraîner des sanctions plus graves que certains délits commis envers d’autres êtres humains, ce qui aurait pu choquer il y a à peine un siècle.
241
+
242
+ L’élevage intensif actuel des sociétés occidentales dans le but de répondre à des demandes toujours plus grandes et des délais toujours plus brefs se développe en même temps qu’un certain mode de vie : celui de ne pas du tout consommer de viande, ni d’aliments ayant un lien avec l’exploitation des animaux (comme les œufs et le lait par exemple). Ce mode de vie connaît nombre de variantes, et évolue en permanence en fonction des pratiques de consommation. Le mot « Vegan » (végétalien en anglais) regroupe plusieurs de ces modes de vie. Les individus se revendiquent eux-mêmes « Vegan », mot qui reste employé en anglais, se diffusant à travers les pays selon différents processus sociaux[pas clair]. Les pratiques observées dans certains abattoirs sont également dénoncées à travers des reportages dans les médias. On peut observer le développement de certaines contradictions en ce qui concerne le respect de la dignité des animaux et dans le même temps l'intensification de la production animale ou encore le développement d'énormes structures de production.
243
+
244
+ La place des animaux a donc grandement évolué dans le temps, et notamment ces dernières années. Claude Lévi-Strauss disait : « Un jour viendra où l'idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu'aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains[56]. »
245
+
246
+ La culture est donc très importante pour envisager sociologiquement les actions individuelles et collectives observables dans la société. Ainsi, la culture occidentale va plus intégrer un animal comme le chien quand la culture moyen-orientale va considérer ce dernier comme impur. Cette supposée impureté du chien va interdire aux individus des sociétés moyen-orientales de faire rentrer cet animal dans leur domicile quand un congénère évoluant par exemple en Europe pourra lui s’installer sur le sofa du salon d’un appartement parisien. Nous voyons ici que les catégories ne sont pas les mêmes en fonction des cultures des sociétés. Nous pouvons souligner de plus, pour l’exemple du chien dans les pays musulmans, que nous voyons dans cet interdit une expression culturelle d’une injonction cultuel. En effet, les chiens dans l’islam ne doivent pas être présents dans les habitations et les propriétés des individus sauf si ces derniers servent à garder un troupeau de bêtes, une ferme ou s'ils aident les hommes à la chasse. Tout l’enjeu pour la sociologie est ici de dénaturaliser la possession de l’animal et les comportements qui accompagnent cette possession. Ces analyses ont pour objectifs d’éviter l’ethnocentrisme qui amène les individus à la sur-légitimation de leurs comportements et à la condamnation sans équivoque des actions régies par d’autres prismes culturels. C’est une horizontalité culturelle que la sociologie propose pour comprendre le rapport aux animaux.
247
+
248
+ Les hommes, depuis la nuit des temps, ont prêté aux animaux des vertus ou des caractéristiques soit humaines, soit divines. Mythes fondateurs et mythologies font une place essentielle à des animaux parfois réels (louve, renard pâle, aigle du Caucase), parfois fantastiques (hydre, dragon, oiseau-tonnerre…)[57]. Le thème de la métamorphose de l'homme en animal y revient souvent (Lycaon, Callisto)[58] et nombre d'êtres mythiques sont mi-humains, mi-animaux (femme bison[59], Minotaure).
249
+
250
+ Certains animaux sont devenus des symboles, et on n'est pas étonné que les expressions populaires en fourmillent (avoir le cafard, devenir chèvre, noyer le poisson)[60]. Bon nombre de contes sont anthropomorphiques : les contes africains, par exemple, font de certains animaux des archétypes de qualités humaines : le lièvre (Lëk en wolof) et l'araignée (Jargooñ) personnifient l'astuce et l'intelligence, la hyène (Bukki) la bêtise gloutonne[61]. Les animaux tiennent une grande place dans le vocabulaire amoureux (biche, lapin, crapaud mort d'amour) depuis le Cantique des cantiques (brebis, colombe), mais aussi dans les insultes (butor, ours mal léché), d'ailleurs parfois dénommés « noms d'oiseaux »…
251
+
252
+ Certaines espèces d'animaux ont également été déifiées par certains peuples. Les animaux dans les univers de fiction sont toujours très abondants. L'art martial d'animal imite des animaux, pour leur redoutable efficacité martiale.
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+ Plantae
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+ Règne
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+
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+ Synonymes
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+
7
+ Classification phylogénétique
8
+
9
+ Les plantes (Plantae) sont des organismes photosynthétiques et autotrophes, caractérisés par des cellules végétales. Elles forment l'un des règnes des eucaryotes[1]. Ce règne est un groupe monophylétique comprenant les plantes terrestres, les algues vertes, les algues rouges et les glaucophytes.
10
+
11
+ Le nombre d'espèces de plantes est difficile à déterminer, mais il existerait (en 2015) plus de 400 000 espèces décrites, dont la grande majorité sont des plantes à fleurs (369 000 espèces répertoriées), sachant que près de 2 000 nouvelles espèces sont découvertes chaque année[4]. Depuis le début du XXe siècle, trois espèces de plantes disparaissent chaque année, principalement victimes de la déforestation. Une plante sur cinq serait menacée d'extinction[5].
12
+
13
+ Les plantes ont été jusqu'au milieu du XXe siècle l'un des trois grands groupes dans lesquels les êtres vivants étaient traditionnellement répartis, les deux autres groupes étant celui des animaux et celui des fungi plus connus sous le nom de champignons. La division remonte aux environs du temps d'Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.) qui différenciait les plantes, celles-ci ne se déplaçant pas, et les animaux souvent en mouvement pour attraper leurs proies. Dans son Historia Plantarum, Théophraste (371-288 av. J.-C.) décrit près de 480 plantes et est le premier à proposer une classification basée sur des caractères propres aux végétaux et non sur des caractères anthropocentriques. Il en envisage d'ailleurs plusieurs : selon lui, les végétaux peuvent être répartis en quatre groupes selon leur hauteur : les arbres (dendron, d'où la dendrologie), arbrisseaux (thamnos), sous-arbrisseaux (phruganon) et plantes herbacées (poa) parmi lesquelles il classe les plantes potagères et les céréales. Le savant grec considère également possible de distinguer à l'intérieur de ces grandes catégories les espèces domestiques et les espèces sauvages ou encore les espèces terrestres et les espèces aquatiques[6]. Il désigne le végétal et la plante de la même manière, avec le terme grec phytos (d'où la phytologie) alors que les Romains emploient les termes latins d'arbores et herbae[7].
14
+
15
+ Au cours du Moyen Âge apparaissent des usages botaniques pour les termes planta et vegetabilis : le premier désigne les végétaux selon leur usage, c'est-à-dire à des fragments que l’on « plante », le second faisant référence au verbe vegetare utilisé dans le vocabulaire religieux au sens de fortifier, vivifier, faire croître (d’un point de vue spirituel). À partir du XVIe siècle, les deux termes sont utilisés indistinctement ou alternativement pour désigner ce qui est vivant et immobile, par opposition à animalia (vivant et mobile) et à mineralia (non vivant et immobile)[7]. À cette époque, des botanistes, notamment les frères Jean et Gaspard Bauhin, entament une réflexion sur le classement des plantes[8]. Ils cherchent à établir des groupes naturels de plantes à partir de leur ressemblance mais c’est le botaniste Andrea Cesalpino qui fait progresser la classification des plantes. Dans son livre intitulé De plantis libri, paru en 1583, il propose quinze classes qui se basent sur des critères stables, tels que le caractère ligneux ou herbacé de la tige (« Arbores, Fructices, Suffructices et Herbae », les arbres, arbustes, arbrisseaux et herbes), la présence ou l'absence de graines, la forme du fruit, la présence ou l'absence d'une enveloppe autour d'elle, la forme de la racine. Cette classification commode est employée durant deux siècles[9].
16
+
17
+ John Ray (1628-1705), naturaliste anglais, propose d'établir un nouveau système de classification ayant pour fondement le plus grand nombre possible de caractères de la fleur, du fruit ou de la feuille[10]. Puis, Pierre Magnol (1638-1715), inventeur du terme famille, répertorie 76 familles de plantes. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) établit un classement des végétaux suivant la structure des fleurs et introduit les notions d'espèce et de genre. Enfin, Carl von Linné (1707-1778), botaniste du roi de Suède, crée la base du système moderne de classification scientifique et codifie la nomenclature binominale des végétaux et des animaux. Ces deux groupes deviennent des règnes, végétal et animal. Sa classification des plantes basée sur le « système sexuel » (nombre d'étamines) divise les groupes naturels, et est encore un obstacle au progrès en systématique[9]. En 1763, Michel Adanson publie Familles des Plantes, dans laquelle il présente une classification naturelle basée sur « l'ensemble de toutes les parties de la plante » (65 caractères végétaux). Cette classification naturelle est poursuivie par les de Jussieu et par la classification de Candolle qui améliore le système de Jussieu, en introduisant notamment les caractères anatomiques, qui permettent de distinguer les végétaux vasculaires qui présentent un système de circulation de la sève, des végétaux cellulaires[9].
18
+
19
+ Un certain nombre d'espèces anciennement considérées comme des plantes, tels les champignons, les algues unicellulaires voire les algues pluricellulaires, commencent à être exclus de ce groupe pour former des catégories propres dès la fin du XIXe siècle[7].
20
+
21
+ Les premières classifications semi-phylogénétiques (basées sur une appréciation subjective d'ancienneté des caractères selon un postulat aujourd'hui abandonné[11]) sont l'œuvre de l'école allemande (classification d'Eichler (en) en 1883, classification d'Engler en 1924) et de l'école anglo-saxonne (classification de Bessey (en) en 1915, classification d'Hutchinson (en) en 1926)[12].
22
+
23
+ Les classifications modernes prémoléculaires des Angiospermes (classification de Takhtajan en 1943, classification de Cronquist en 1957, classification de Thorne en 1968, classification de Dahlgren en 1975) sont régulièrement révisées en fonction de progrès de la connaissance permettant de proposer de nouvelles hypothèses évolutives. Ces classifications complètent les classifications phylogénétiques moléculaires actuelles, notamment les classifications phylogéniques moléculaires en clades de l'Angiosperm Phylogeny Group. Au début du XXIe siècle, la systématique est ainsi basée sur une organisation phylogénétique rendue plus concrète par la mise en évidence de synapomorphies morphologiques ou biochimiques[13].
24
+
25
+ Aujourd'hui la communauté scientifique francophone privilégie le terme végétaux plutôt que celui de plante, mais dans le même temps ces deux termes ne désignent plus vraiment un groupe homogène dans les classifications phylogénétiques[7].
26
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27
+ Le biologiste Marc-André Selosse estime la définition du terme végétal discutable et arbitraire. Si on réunit tous les eucaryotes capables de photosynthèse, alors ce terme « flou » correspond à un groupe polyphylétique dans lequel sont rassemblées des espèces de nombreuses lignées évolutives diverses qui ont acquis (parfois par convergence) un plaste photosynthétique[15]. Chez plusieurs de ces lignées, la distinction animal/végétal est d'ailleurs ténue. Le système des cinq règnes de Whittaker[16] comprend les « Plantae » comme des eucaryotes photosynthétiques pluricellulaires (notion de métaphytes, conception non valide mais présente encore dans les manuels scolaires)[17]. Selon une autre conception fonctionnelle macrocentrée, on peut resteindre cette définition à la lignée verte, tels les végétaux terrestres, les algues vertes et les algues rouges, ou plus restrictivement encore n'y inclure que les plantes vertes, la limiter aux plantes terrestres voire aux plantes à fleurs[18].
28
+
29
+ En classification classique, traditionnellement, seules les algues vertes ou Chlorophytes étaient considérées comme plantes, et ne formaient donc pas un sous-règne. La classification des autres algues dans le règne des plantes est une introduction de la classification scientifique amorcée depuis le XIXe siècle. Auparavant, elles ont été classées de façon variable avec les protistes. Les progrès de la phylogénie ont fait récemment disparaître certaines classes et des rapprochements morphologiquement étonnants s'opèrent dans la classification.
30
+
31
+ En classification classique ou traditionnelle, le sous-règne des Bryophytes (Bryophyta lato sensu) comprend trois divisions (ou embranchements) ou de végétaux terrestres non vasculaires : la division des Hépaticophytes (Hepaticophyta) : 6 000 espèces de plantes hépatiques ; la division des Anthocérotophytes (Anthocerotophyta) : 100 espèces d’anthocérotes ; et la division des Bryophytes (Bryophyta stricto sensu) : 9 500 espèces de mousses.
32
+
33
+ Le sous-règne des Trachéobiontes (Tracheobionta ou Tracheophyta) est composé, selon une classification traditionnelle :
34
+
35
+ Les chiffres montrent la domination qu’exercent aujourd’hui les Angiospermes (Magnoliophyta) parmi les plantes.
36
+
37
+ L'image ci-contre représente un arbre phylogénétique des plantes vivantes, montrant les éléments suivants :
38
+
39
+ Voir aussi les articles Archaeplastida (classification phylogénétique) et Chlorophyta (classification phylogénétique).
40
+
41
+ En agriculture, une grande division est souvent faite entre les plantes herbacées et les plantes ligneuses (celles qui forment du bois).
42
+
43
+ Dans le cadre des théories sur l’optimisation de l’exploitation de ressources minérales disponibles ponctuellement dans le temps et l’espace, la compétition qu'on observe entre les modules[22] d'une même plante à la recherche de nourriture, présente des similitudes avec les comportements de fourrageage chez les animaux[23]. Mais au niveau général, elle présente de fortes divergences. L'autotrophie de la plante la rend immobile (ce qui lui permet de souder les cellules végétales entre elles par leur paroi pectocellulosique qui confère rigidité mécanique[24] et résistance à l'ensemble)[25], ce qui l'oppose à l'animal, hétérotrophe, au corps plus mou et mobile. À nutrition égale, l'investissement énergétique alloué à la mobilité (au coût énergétique élevé) est important chez les animaux, alors que les plantes investissent surtout dans leur croissance, leur repousse (modules) et dans leurs défenses chimiques contre les herbivores et contre les pathogènes[26].
44
+
45
+ Les associations symbiotiques avec des mycorhizes concernent environ 90 % des plantes vasculaires. Ces champignons mycorhiziens assurent l'essentiel de la nutrition hydrominérale des plantes. Par provocation, il est tentant de dire que « les plantes, dans leur état naturel, ont des mycorhizes plutôt que des racines »[27].
46
+
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+ Une hypothèse est que les plantes ont évolué morphologiquement et physiologiquement pour purger l'excès de carbone atmosphérique par le processus de photosynthèse[28].
48
+
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+ Il existe des plantes presque partout sur la Terre - dans le désert, sous l'eau, dans les forêts tropicales et même en Arctique. Toutefois, leur répartition à la surface de la Terre est fonction des conditions climatiques. Ainsi, pour rendre compte des principaux groupes de végétaux, le climatologue et botaniste allemand Wladimir Köppen a établi une classification des climats. Cette classification, publiée pour la première fois en 1901 et remaniée à plusieurs reprises depuis, est la plus ancienne et la plus connue.
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+
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+ La classification de Köppen comprend cinq groupes de climats eux-mêmes divisés en cinq types climatiques. Le contour de chaque groupe correspond à la satisfaction d'un critère lié à la température de l'air ou combinant à la fois la température de l'air et le niveau des précipitations.
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+
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+ La zone tropicale s'étend de part et d'autre de l'équateur entre le tropique du Cancer (23° 27' de latitude nord) et le tropique du Capricorne (23° 27' de latitude sud). Elle représente l'une des grandes zones climatiques nées de la circulation générale de l'atmosphère et de son déplacement saisonnier. Cette zone couvre environ 45 % de la surface globale des forêts. La température moyenne du mois le plus froid est supérieure à + 18 degrés Celsius. La végétation correspondante est la forêt tropicale ou la savane.
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+
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+ Ces régions sont essentiellement caractérisées par la présence d'arbustes et d'herbes qui se sont adaptés à l'environnement désertique et qui, par un système de racines souterraines peu profond mais étendu à proximité de la surface (fasciculé), arrivent à récolter une quantité d'eau suffisante à leur croissance. La végétation est très peu développée et recouvre peu d'espace. Les espèces sont appelées xérophytes (du grec xero = sec, et phytos = plante), il existe des cactus, des plantes à cuticule épaisse pour limiter l'évapotranspiration, des plantes en coussinets, des succulentes (exemple famille des Crassulassées, dont le Sedum ou la joubarbe). La plupart des plantes chlorophylliennes de ces régions fonctionnent grâce à la photosynthèse en C4.
56
+
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+ En Europe, cette forêt s'étend de la forêt boréale à la forêt méditerranéenne (entre 40° et 55° nord). Le régime thermique est modéré avec en hiver un peu de gel sur la partie supérieure des sols, et un été modérément chaud. Il existe trois espèces dominantes.
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+
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+ Il existe deux grands types de végétation en milieu polaire et subpolaire incluant la toundra, située entre 55° et 70° nord, une végétation dominée par les herbes et les mousses, souvent associées à divers arbustes. C'est une formation végétale continue et basse avec l'absence d'arbres à cause d'un sol gelé en profondeur en permanence, le pergélisol (température inférieure à 0 °C). L'absence d'arbres est aussi due à un raccourcissement de la période de végétation (l'été ne dure parfois qu'un à deux mois) ; et la taïga, une forêt boréale de grands conifères, typique de la Sibérie et du Canada. Les hivers sont plus longs et plus rigoureux et les mois d'été sont plus chauds (température supérieure à 10 °C). Cela devrait représenter la limite entre la taïga et la toundra. Le sous-bois est constitué de plusieurs conifères à aiguilles et de fougères. Dans l'hémisphère sud, cette formation végétale est plus réduite (dans les îles de l'Antarctique, la toundra en touffes domine la région).
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+ La classification des types biologique, selon Christen Christiansen Raunkiær, est une classification écologique, qui classe les plantes selon la manière dont elles protègent leurs bourgeons à la mauvaise saison (froide ou sèche) ; elle distingue cinq groupes ou types biologiques de végétaux :
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+
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+ Yinon et ses collègues ont en 2018 publié[29] une évaluation quantitative du carbone stocké dans le vivant, montrant que si les plantes comptent bien moins d'espèce que le règne animal (moins que le seul groupe des arthropodes par exemple), en revanche elles constituent au sein du Vivant le « règne » qui domine largement en termes de poids de carbone, puisqu'elles sont constituées de 80 % de tout le carbone stocké par des organismes. Le carbone de tout le Vivant terrestre et marin pèserait aujourd'hui environ 550 gigatonnes (Gt) dont 450 Gt sont des plantes, loin devant les bactéries (70 Gt) et les champignons (12 Gt), et très loin devant la faune. En effet, la faune dont l'Homme fait partie ne compte que pour 2 Gt de Carbone (dont 50 % sont sous forme d'arthropodes), loin devant les humains qui avec 0,06 gigatonnes sont comparables aux termites ou au krill et des termites ; cependant ajoutent les auteurs, la pression de l'Homme sur le reste de la biomasse terrestre et marine est depuis 10 000 ans énorme : L'humanité a beaucoup déforesté et elle utilise une grande quantité de végétaux pour nourrir ses troupeaux de bovins, porcs et autres animaux domestiques ou de compagnie dont le poids en carbone est aujourd'hui environ 20 fois plus élevé que celui que tous les mammifères sauvages (tout comme nos volailles domestiquées dépassent en poids l'ensemble des autres oiseaux). L'humanité aurait déjà divisé par deux la biomasse végétale[30],[29] (qui joue aussi un rôle majeur pour le climat local et global, comme puits de carbone et source d'évapotranspiration).
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+ Les plantes vivant dans les milieux où l’eau est une source limitante ont dû développer plusieurs mécanismes afin de limiter leur perte d’eau. Certaines sont en dormance lors de la saison sèche et en germination lors de la saison de pluie, tandis que d’autres perdent une partie de leurs feuilles pendant la saison sèche, conservant ainsi quelques feuilles pour la photosynthèse. Les racines des plantes utilisant des stratégies d’évitement de la sécheresse sont plus profondes et plus épaisses et certaines possèdent des tiges souterraines leur permettant de stocker de la nourriture (principalement les hydrates de carbone) et de l’eau pendant de longues périodes. Leurs feuilles sont souvent épaisses et coriaces et possèdent peu de stomates. Ceux-ci sont habituellement situés sur la face abaxiale (dorsale) de la feuille, ce qui ralentit la vitesse de transpiration. Certaines feuilles possèdent des trichomes laineux réfléchissant ainsi la lumière et empêchant les feuilles de s’échauffer et de perdre leur eau trop vite. Les stomates des plantes adaptées dans les milieux arides ou semi-arides sont souvent dans des cryptes de la surface foliaire, ce qui réduit la vitesse de transpiration[31].
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+
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+ On appelle xérophytes les plantes capables de vivre et grandir dans des conditions de sécheresse marquée.
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+ plantes de montagne ont développé plusieurs stratégies face à un milieu où
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+ la neige persiste longtemps au sol, où il y a une courte saison végétative, une extrême sécheresse, du vent, de fortes amplitudes thermiques, etc. Le refroidissement ralentit notamment la photosynthèse et la croissance[32]. Ces plantes, ainsi que ceux vivant dans la toundra, ont alors développé des adaptations afin d’éviter le froid et d’en limiter ses effets. Tout d’abord, certaines sont de petites tailles, leur permettent de profiter de la chaleur à la surface du sol et d’une protection contre le vent par le recouvrement de la neige. D’autres végétaux, dans la toundra notamment, comme le bouleau et le saule, forment une couverture au sol, c’est-à-dire qu’ils poussent à l’horizontale et non à la verticale[33]. La forme des plantes peut aussi être différente. Un motif en coussinet réduit l’évaporation et emprisonne la chaleur des rayons du soleil. Les feuilles de certaines plantes peuvent être réduites et épaisses et leur surface épaisse et cireuse empêchant la perte d’eau par des vents desséchants. D’autres plantes poussent comme une rosette, un tapis épais ou tout simplement blotties ensemble pour conserver leur chaleur et les aider à croître. Un duvet peut aussi les protéger du froid. Cette pilosité forme un écran qui limite la déshydratation provoquée par les vents et réfléchit une partie des rayonnements solaires en excès. Les plantes adaptées au froid ont habituellement un cycle de
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+ reproduction rapide pour contrer le fait que l’été soit court et que l’hiver soit long et un système racinaire peu profond.
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+
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+ Toute plante qui est en contact avec des concentrations anormalement fortes en sel se nomme halophyte[34]. Afin de pouvoir survivre dans ces conditions, les racines de ces plantes ont un potentiel osmotique très faible pour pouvoir maintenir un gradient entre la plante et les racines. De plus, le sel peut se concentrer dans les feuilles les plus basses, celles qui tombent avant les autres, ce qui permet d’éviter les effets toxiques du sel. Il peut aussi s’accumuler dans des organes, tels que des glandes à sels ou des vésicules, qui s’occupent de l’excréter.
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+
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+ Un autre type de plante peut se développer dans les milieux salés, il s’agit des glycophytes. Ceux-ci excluent les ions de leurs feuilles et les accumulent dans les racines et les tiges[35].
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+
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+ Les hydrophytes représentent le groupe de végétaux vivant entièrement ou partiellement dans l’eau[35]. L’ensemble de leur appareil végétatif est donc en contact avec l’eau. Comme la concentration du dioxygène dans ce milieu ne se retrouve pas à la même concentration que dans l’air, ces plantes ont développé des stratégies d’acquisitions. Entre autres, elles possèdent des aérenchymes, un tissu parenchymateux (constitué de cellules vivantes) comportant de larges espaces intercellulaires remplis d’air, servant à transporter le dioxygène des parties hors de l’eau vers celles sous l’eau[36]. De plus, ces plantes absorbent l’eau directement du milieu extérieur grâce à la surface de leur feuille qui n’est pas ou peu cutinisée (substance prévenant les pertes d’eau). Il n’y a alors aucune transpiration effectuée[35].
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+
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+ La plupart des végétaux possèdent des adaptations qui leur permettent de survivre ou de se défendre contre les agressions. Une étude de 2018 a conclu que leur système de signalisation était très proche[évasif] du système nerveux des animaux[37]. Ces dernières sont adoptées en réponse à une agression ou à un agresseur afin d’en minimiser les dégâts, voire de les éliminer. Toutefois, il faut savoir qu’ériger des structures de défense a un coût. En effet, par exemple, à la suite de l’apparition d’un polluant atmosphérique, une plante présentera des signes de faiblesse allant d’une baisse de rendement aux nécroses, puisqu’elle a dû consacrer beaucoup d’énergie à la construction de structures de défense[38].
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+
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+ Les plantes présentent diverses défenses contre les herbivores. Ces dernières peuvent être physiques, chimiques, mais également symbiotiques. Elles peuvent ériger des structures qui préviendront l’herbivorie telles que des épines, des trichomes, ou posséder des parois cellulaires composées de lignine, une substance n’étant pas digestible par les mammifères[39]. Elles peuvent aussi produire des composés qui auront mauvais goût, qui seront toxiques ou qui attireront les prédateurs des herbivores (surtout pour les insectes). La production de canavanine par les plantes, par exemple, peut être toxique pour les insectes qui l’ingèrent car cet acide aminé prend la place de l’arginine dans les protéines de la victime, altérant ainsi leurs fonctions. Avec le temps, cette stratégie limite l’herbivorie de ces insectes qui trouvent de nouvelles sources de nourriture, ce qui protège les plantes[40].
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+
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+ Certaines plantes sont aussi capables de s’adapter à l’apparition d’un polluant dans leur environnement. Parmi ces polluants, on retrouve entre autres l’acide fluorhydrique, qui perturbe le métabolisme du calcium des végétaux, ainsi que l’ozone, qui oxyde les composés des plantes et donc, qui leur est très néfaste. En réponse à cette dernière substance, une plante peut produire des composés phénoliques ou augmenter la production de cire cuticulaires pour se défendre[38].
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+
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+ Les plantes se protègent de la sécheresse en limitant leur perte d’eau par transpiration en fermant leurs stomates. Par contre, lorsque la plante requiert un apport de CO2, elle se doit d’ouvrir ses stomates. Elle peut alors avoir des défenses physiques limitant les pertes d’eau par les stomates comme des cryptes contenant des trichomes. Ces petits poils se joignent aux cryptes pour limiter l’accès aux courants d’air qui assèchent la plante en diminuant sa couche limite. Ils peuvent aussi se retrouver en surface des feuilles où ils auront la même utilité. Aussi, dans certains cas, lorsqu’on retrouve des conditions asséchantes, les feuilles des végétaux peuvent se replier de façon à ne pas exposer leurs stomates. Ces plantes, en conditions humides, se déplieront pour ainsi exposer leurs stomates à l’air ambiant. Une plante vivant dans des conditions très asséchante pourra aussi survivre en constituant des réserves d’eau lors de pluies et en les utilisant lors de périodes de sécheresse. C’est le cas, entre autres, chez les plantes grasses ou plantes succulentes[41].
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+ Les plantes ne sont pas toutes exposées aux mêmes conditions. Certaines ont développé des adaptations leur permettant de résister au froid. L’une d’entre elles consiste à avoir une très petite taille et donc à se situer le plus près du sol possible où la température est habituellement de quelques degrés plus élevée. De plus, lorsqu’il y a de la neige, ces plantes se retrouvent protégées du froid et du vent par cette dernière. Une autre façon de réduire les dommages causés par le froid est d’adapter une forme circulaire. Non seulement cette forme procure une meilleure protection contre le froid, elle permet aussi de limiter les pertes d’eau puisque c’est celle qui a le plus petit rapport surface/volume[42].
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+ Il existe, selon leur degré de différenciation, quatre grands types d'organisation incluant les thallophytes, plantes vivant en milieux humides, caractérisées par un thalle, appareil végétatif peu différencié en forme de lame - algues ; les bryophytes : ce sont les mousses et les hépatiques, dont l’appareil végétatif commence à se différencier en tige et feuille. Ils constituent une nouvelle étape vers le passage de la vie aquatique à la vie terrestre ; les tracheophyta (anciennement appelées cormophytes ou « végétaux supérieurs ») : ce sont les plantes vasculaires ou plantes à racines (rhizophytes), qui comprennent les ptéridophytes (fougères) et les spermaphytes (plantes à graines). L’appareil végétatif est maintenant bien différencié en racine, tige, feuille et surtout vaisseaux conducteurs de sève (phloème et xylème). C’est grâce à ces vaisseaux conducteurs et à leur port dressé et rigide (par synthèse de la cellulose dans l’espace intercellulaire de ces vaisseaux, pour la construction d’un squelette de bois) que ces plantes sont adaptées au milieu terrestre.
91
+
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+ La pathologie végétale étudie les maladies dont souffrent les végétaux. Le terme phytopathologie sous-entend des maladies causées par des agents infectieux externes à la plante. Il peut s’agir de micro organismes (bactéries et champignons), de virus, ou encore d’insectes. Ainsi, il existe différents types de maladies (bactériennes, virales, cryptogamiques, à phytoplasmes, à nématodes…) qui dépendent de l’agent infectieux de départ. Les maladies parasitaires des végétaux sont aussi générées par des problèmes environnementaux, la pollution ou encore par la destruction de certaines biodiversités qui génèrent des modifications de notre écosystème.
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+ Toutes les espèces végétales peuvent être sujet à des phytopathologies. Par conséquent, les cultures exposées peuvent développer des symptômes très différents tels que :
95
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+ Les phytovirus ont la particularité de pénétrer la cellule végétale de leur hôte afin de tirer profit des mécanismes de la cellule et donc pouvoir, par la suite, se reproduire.
97
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+ C’est notamment le cas du virus de la mosaïque du tabac qui s’attaque aux plants de tabac. Constitué d’un brin d’ARN spiralé autour duquel se développe des sous-unités protéiques, il a été le premier virus identifié. Cet ensemble de protéines constitue la capside du virus. Une fois la plante infectée, les feuilles de cette-dernière vont prendre l’apparence d’une mosaïque, d'où le nom du virus. Il est généralement transmis par voie mécanique notamment grâce aux vêtements ou aux structures de serres, voie qui s'avère être très efficace. Pour limiter la propagation de ce virus, il est recommandé de pratiquer la prophylaxie poussée.
99
+
100
+ Les bactéries peuvent être à l’origine de nombreuses phytopathologies et engendrer différents symptômes tels que des pourritures, des chancres, des nécroses, des jaunissements… Pour s’introduire dans la plante, les bactéries se faufilent par des ouvertures naturelles (stomates) ou bien par des blessures.
101
+
102
+ Il résulte de la colonisation de la plante par différentes bactéries telles que Clavibacter michiganensis sepedonicus ou Ralstonia solanacearum. Ce type d’infection fait des ravages sur les cultures de pommes de terre, de tomates ou encore de riz.
103
+
104
+ Par exemple, chez la tomate, l’agent pathogène est Ralstonia solanacearum. Cette bactérie vit enfouie dans le sol à une profondeur d’environ 30 cm. Elle peut donc être disséminée par les pratiques d’irrigation ou encore par les pratiques culturales pouvant blesser la plante et faciliter son infiltration. Son mode d’action est d’empêcher la circulation de la sève brute, constituée d’eau et de sels minéraux. Les feuilles de la plante sont alors privées de nutriments et se flétrissent. Lorsque la charge bactérienne est élevée, le flétrissement affecte toute la plante qui se rabougrit et meurt[44].
105
+
106
+ Il résulte de la colonisation des arbres fruitiers par des bactéries du genre Pseudomonas. Notamment Pseudomonas syringae, une bactérie Gram négative, qui produit une protéine permettant à l’eau de geler malgré des températures supérieures à 0 °C. Les plantes infectées sont alors plus sensibles au gel et reconnaissable par l’apparition d'une tâche brune de forme concave qui se répand sur les branches et le tronc de l’arbre. Puis survient une déformation de l’écorce, due au développement de boursouflures et de crevasses. Enfin, l’altération de l’écorce provoque un écoulement de gomme. Durant l’été, la bactériose végétale peut toucher les organes verts et les feuilles âgées de la plante[45].
107
+
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+ C'est une maladie qui est générée par un manque de fer ou de magnésium et qui se manifeste par un manque de coloration sur les feuilles dû à un déficit en chlorophylle, mais une coloration très prononcée sur les nervures.
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+ Rê (ou Râ) est un dieu solaire dans la mythologie égyptienne, créateur de l'univers. Il peut apparaître sous plusieurs autres formes, celle de Khépri, le scarabée bousier : symbolisant la naissance ou la renaissance ou encore Atoum, l'être achevé (le clergé égyptien expliquait que l'astre solaire pouvait revêtir des formes différentes lors de sa course dans le ciel : Khépri était le soleil levant tandis que Rê était le soleil à son zénith et Atoum, le soleil couchant)[2],[3]. Au fil du temps, Atoum (le soleil couchant), est assimilé progressivement par les théologiens égyptiens à la forme de Rê (le soleil à son zénith), de sorte que l'on parle de Rê-Atoum, le dieu créateur, qui préside la Grande Ennéade constituée des neuf dieux principaux. Par la suite, Rê a également été associé à plusieurs autres dieux comme Amon pour devenir Amon-Rê.
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+ Il existe plusieurs versions de sa naissance. Dans l'une d'elles, elle serait attribuée à la déesse Neit, qui aurait mis Rê au monde sous la forme d'un œuf. Rê sortit de l'œuf et fut aveuglé par la lumière. Cette lumière fit couler des larmes de ses yeux, d'où naquirent les premiers hommes. Cependant, il existe une version plus classique relatée notamment par Neil Philip dans son œuvre Mythes et Légendes : il semblerait que Rê se soit créé lui-même en se nommant, comme il créera les éléments de la vie en les faisant sortir du Noun, l'océan primordial. Il devient la divinité principale sous l'Ancien Empire. Il est souvent représenté avec une tête de faucon sur laquelle est posé le disque solaire protégé par le cobra dressé.
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+ Le dieu Rê était également fortement associé au jour de l'an[4]. Le I Akhet, jour de l'an égyptien, était l’occasion d’une « fête de Rê » selon un papyrus et un ostracon d’époque ramesside, et selon deux autres papyrus, il s’agissait du jour de sa naissance. Mais déjà, dans les textes des pyramides, Rê était considéré comme « le maître de l’année ».
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+ D'après la mythologie, à la suite d'un long règne exercé directement sur sa création et les hommes, il devient vieux et fait face à leur rébellion. Sa fille Tefnout la réprime, mais désormais vulnérable il décide de gagner le ciel. Il la rappelle à lui et elle se transforme alors pour devenir la vache céleste Nout formant la voûte céleste destinée à porter en son sein la barque solaire et son cortège divin désormais symbolisé par les étoiles.
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+ Rê voyage chaque jour à travers le ciel à bord de sa barque sacrée (parcours du Soleil), et chaque nuit au travers des mondes souterrains (la Douât). Chaque lever de soleil est une victoire remportée par Rê sur les « forces des ténèbres ». Peut-être est-ce là l'explication apportée par les Égyptiens aux phénomènes d'éclipses du Soleil, qui seraient autant de défaites momentanées du dieu sur les ténèbres.
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+ Les « forces des ténèbres » sont représentées par le serpent Apophis, qui cherche chaque nuit à déstabiliser la barque solaire et à avaler le monde pour le plonger dans les ténèbres. Rê est épaulé dans son combat par Seth, divinité guerrière particulièrement crainte. C'est l'un des rares mythes où Seth a un rôle positif, et les pharaons qui le prendront comme dieu protecteur n'auront de cesse de le rappeler.
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+ Pharaon, après sa mort, prend place sur la barque de Rê pour rejoindre le royaume des morts.
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+ Le roi Khéphren est le premier à inclure le nom de Sa-Rê (« Le fils de Rê ») dans sa titulature, qui précède le nom de naissance du pharaon inscrit dans un cartouche. Il a pour but de rattacher charnellement le pharaon à la puissance cosmique de l'univers, Rê.
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+ C'est à Héliopolis qu'était vénérée la sainte ennéade, ou assemblée des neuf dieux issus de Rê qui symbolisaient la création du monde :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Un roi[1] ou une reine est une personne qui exerce la royauté.
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+ À l'époque de l'Empire romain, un roi (Rex) est le chef reconnu par Rome d'un peuple intégré à l'empire ou voisin de celui-ci. Souvent le Rex a été investi ou imposé à une population jugée peu évoluée ou hostile à l'empire sans qu'il y ait hérédité ou élection. Plus tard pour les chancelleries byzantine ou pontificale le roi est celui qui dans un peuple joue de facto un rôle prééminent, le pape ou l'empereur pouvant lui conférer une dignité interne à la hiérarchie traditionnelle de l'empire (comte, consul etc).
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+ Le roi a principalement un rôle de conservation autoritaire de l'ordre social, associant les fonctions de premier juge, de chef de guerre et de garant de la cohésion d’une société. Il est extérieur aux ordres, aux partis ou aux classes sociales qu'il a pour fonction de maintenir en équilibre. Ainsi, en France, le roi n'appartenait ni au clergé, ni à la noblesse, ni aux intérêts économiques, et ne représentait spécifiquement aucune de ces forces.
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+ D'ailleurs, la notion de roi associe des pouvoirs politiques et sacrés, mais pas les pouvoirs religieux — qui restent du domaine de prêtres, de mages ou de sorciers —, ni le pouvoir de faire ou de changer la loi et les coutumes. En sciences politiques, le terme générique qui est utilisé pour désigner le premier magistrat d'un État est plutôt prince, qu'il soit roi ou président élu.
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+ Par ailleurs, le rôle du roi n'est pas nécessairement associé à un pouvoir monarchique : il peut y avoir des rois particuliers. Dans ce cas, les Romains et les Gaulois avaient deux termes : rex et regulus, correspondant aux grands rois et aux rois locaux. Il y a aussi eu des rois de communautés, des rois de métiers (le roi des merciers), des « rois de la jeunesse » élus chaque année dans un village, ou simplement pour une fête ou un bal.
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+ Si dans la plupart des cas en Europe, le roi est désigné de manière héréditaire dans une dynastie, il peut aussi être désigné par une élection, par exemple dans le cadre d'une Monarchie élective.
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+ Le mot roi (orthographié « roy » jusqu'à la rectification orthographique de 1740) est un terme qui est formé sur le radical indo-européen *rig que l'on retrouve par exemple en latin (rex), en celtique (rix, comme par exemple Ambiorix)[2] ou en germanique (rik) dérivant des précédents puisque le terme proto-germanique est kuninggaz, et qui désigne la personne qui exerce la royauté.
19
+
20
+ En France, comme chez beaucoup d'autres peuples, les attributs de la royauté servant au sacre, appelés regalia, sont la couronne, le sceptre, la main de justice, l'orbe, l'épée, le manteau, les cheveux longs, le trône, le discours à la troisième personne, l'absence de vie et de propriété privées, etc.
21
+
22
+ Quand un roi en titre est hors d'état d'exercer ses fonctions (en raison de son jeune âge, par exemple), le pouvoir temporel peut être exercé par un régent. Un interroi peut occuper le pouvoir en l'absence d’un souverain légitime.
23
+
24
+ Certains souverains portent un qualificatif particulier :
25
+
26
+ Les pouvoirs censés appartenir aux rois thaumaturges en sont l'exemple le plus marquant ; ainsi le pouvoir guérisseur de la maladie des écrouelles attribué au roi de France et d'Angleterre, étudié par l'historien Marc Bloch.
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+ Victoria[n 1] (née Alexandrina Victoria le 24 mai 1819 au palais de Kensington, à Londres et morte le 22 janvier 1901 à Osborne House sur l'île de Wight) fut reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du 20 juin 1837 jusqu'à sa mort. À partir du 1er juillet 1867, elle fut également reine du Canada, ainsi qu'impératrice des Indes à compter du 1er mai 1876, puis enfin reine d'Australie le 1er janvier 1901.
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+ Victoria était la fille du prince Édouard-Auguste, duc de Kent et de Strathearn, le quatrième fils du roi George III. Le duc et le roi moururent en 1820 et Victoria fut élevée par sa mère d'origine allemande, la princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld. Elle monta sur le trône à l'âge de 18 ans après la mort sans héritiers légitimes des trois frères aînés de son père. Le Royaume-Uni était déjà une monarchie constitutionnelle dans laquelle le souverain avait relativement peu de pouvoir politique. En privé, Victoria essaya d'influencer les politiques gouvernementales et les nominations ministérielles. En public, elle devint une icône nationale et fut assimilée aux normes strictes de la morale de l'époque.
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+ Victoria épousa son cousin le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha en 1840. Leurs neuf enfants épousèrent des membres de familles royales et nobles européennes diverses, ce qui valut à Victoria le surnom de « grand-mère de l'Europe ». Après la mort d'Albert en 1861, Victoria sombra dans une profonde dépression et se retira de la vie publique. En conséquence de ce retrait, le républicanisme gagna temporairement en influence mais sa popularité remonta dans les dernières années de son règne grâce à ses jubilés d'or et de diamant qui donnèrent lieu à de grandes célébrations publiques.
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+ Son règne de 63 ans et sept mois est le deuxième plus long de toute l'histoire du Royaume-Uni après celui d'Élisabeth II. Connu sous le nom d'époque victorienne (bien que cette époque eût commencé en 1832), il marque une période de profonds changements sociaux, économiques et technologiques au Royaume-Uni et une rapide expansion de l'Empire britannique. Elle fut le dernier monarque britannique de la maison de Hanovre qui régna sur les îles britanniques depuis 1714, car son fils et héritier, Édouard VII, appartenait à la lignée de son père, la maison de Saxe-Cobourg et Gotha.
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+ Le père de Victoria était le prince Édouard-Auguste de Kent et de Strathearn, le quatrième fils du roi George III. Jusqu'en 1817, la nièce d'Édouard, la princesse Charlotte Augusta de Galles, était la seule petite-fille légitime de George III. Sa mort en 1817 entraîna une crise de succession au Royaume-Uni et le duc de Kent et ses frères célibataires furent invités à se marier et à avoir des enfants. En 1818, le duc épousa la princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld, une princesse allemande dont le frère Léopold était le veuf de la princesse Charlotte Augusta. La princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld — dorénavant connue sous le titre de duchesse de Kent — avait déjà deux enfants issus de son premier mariage avec Émile-Charles de Linange (1763-1814) : Charles de Leiningen (1804 – 1856) et Théodora de Leiningen (1807 – 1872). Plus tard dans sa vie, Victoria maintint des contacts étroits avec sa demi-sœur. Le duc et la duchesse eurent un seul enfant, Victoria, née à 4 h 15 le 24 mai 1819 au palais de Kensington à Londres[1].
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+ La princesse Alexandrina Victoria est baptisée en privé par l'archevêque de Cantorbéry, Charles Manners-Sutton, le 24 juin 1819 dans la Cupola Room du palais de Kensington[n 2]. Elle est baptisée Alexandrina d'après l'un de ses parrains, l'empereur Alexandre Ier et Victoria d'après sa mère. D'autres noms proposés par ses parents, Georgina (ou Georgiana), Charlotte et Augusta, furent abandonnés sur les instructions du frère aîné du duc, le prince-régent (futur George IV[2]).
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+ À sa naissance, Victoria est en cinquième place dans l'ordre de succession au trône britannique derrière son père et les trois frères aînés de ce dernier : le prince-régent, le duc d'York et le duc de Clarence (futur Guillaume IV[3]). Le prince régent et le duc d'York sont séparés de leurs épouses et sont d'un âge avancé ; il est donc improbable qu'ils aient d'autres enfants. Les ducs de Kent et de Clarence se marient le même jour un an avant la naissance de Victoria, mais les deux filles du duc de Clarence (nées respectivement en 1819 et 1820) meurent en bas-âge. Le grand-père et le père de Victoria décèdent en 1820 à moins d'une semaine d'écart et le duc d'York meurt en 1827. À la mort de son oncle George IV en 1830, Victoria devient l'héritière présomptive de son dernier oncle encore en vie, Guillaume IV. Le Regency Act (en) de 1830 charge la duchesse de Kent d'assurer la régence dans l'éventualité où Guillaume IV mourrait avant que Victoria n'ait 18 ans[4]. Le roi n'avait pas confiance en la capacité de la duchesse à jouer le rôle de régente et en 1836, il déclare en sa présence qu'il veut vivre jusqu'au 18e anniversaire de Victoria pour éviter une régence[5].
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+ Victoria décrit plus tard son enfance comme « plutôt triste[6] ». Sa mère était extrêmement protectrice et Victoria fut en grande partie élevée à l'écart des autres enfants sous le dit « système de Kensington (en) », une série de règles et de protocoles stricts rédigée par la duchesse et son ambitieux et dominateur contrôleur de gestion, John Conroy, dont la rumeur courait qu'il était son amant[7]. Ce système empêchait la princesse de rencontrer des personnes que sa mère et Conroy jugeaient indésirables (dont la plus grande partie de la famille de son père) et était conçu pour la rendre faible et dépendante[8]. La duchesse évitait la cour car elle était scandalisée par la présence des enfants illégitimes du roi[9] et est peut-être à l'origine de la morale victorienne en insistant pour que sa fille ne fût pas exposée à l'inconvenance sexuelle[10]. Victoria partageait sa chambre avec sa mère chaque nuit, étudiait avec des tuteurs privés selon un emploi du temps précis et passait ses heures de jeu avec ses poupées et son King Charles Spaniel, Dash[11]. Elle apprit le français, l'allemand, l'italien et le latin[12] mais elle parlait uniquement anglais à la maison[13].
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+ En 1830, la duchesse de Kent et Conroy emmènent Victoria dans le centre de l'Angleterre pour visiter les collines de Malvern. Ils s'arrètent dans de nombreuses résidences aristocratiques sur le trajet[14]. D'autres voyages similaires furent organisés en Angleterre et au pays de Galles en 1832, 1833, 1834 et 1835. Au grand agacement du roi Guillaume IV, Victoria est accueillie avec enthousiasme à chacune de ses étapes[15]. Guillaume IV compare les voyages à des Joyeuses Entrées et s'inquiète de voir Victoria présentée comme une rivale plutôt que comme son héritière présomptive[16]. Victoria appréciait peu ces déplacements ; les constantes apparitions publiques la fatiguaient et elle avait trop peu de temps pour se reposer[17]. Malgré ses plaintes, appuyées par la désapprobation du roi, sa mère refuse d'interrompre ces déplacements[18]. À Ramsgate en octobre 1835, Victoria développe une forte fièvre, ce que Conroy ignore d'abord en considérant qu'il ne s'agissait que d'un caprice enfantin[19]. Pendant la maladie de Victoria, Conroy et la duchesse tentent sans succès de la convaincre de prendre Conroy comme secrétaire particulier[20]. À l'adolescence, Victoria résiste encore aux tentatives répétées de sa mère et de Conroy pour que ce dernier soit officiellement nommé dans son entourage[21]. Devenue reine, elle le bannit de la cour, mais il demeura dans la résidence de sa mère[22].
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+ En 1836, le frère de la duchesse, Léopold, devenu roi des Belges en 1831, espère marier sa nièce avec son neveu, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha[23]. Comme Léopold, la mère de Victoria et le père d'Albert (Ernest Ier de Saxe-Cobourg et Gotha) sont frères et sœur ; Victoria et Albert sont cousins germains. En mai 1836, Léopold organise une réunion de ses proches appartenant à la famille Saxe-Cobourg et Gotha avec la mère de Victoria dans l'objectif de présenter Albert[24]à Victoria. Guillaume IV est cependant peu favorable à une union avec les Saxe-Cobourg et Gotha et préférait le parti d'Alexandre des Pays-Bas, le second fils du prince d'Orange[25]. Victoria était consciente des nombreux projets matrimoniaux la concernant, et elle évaluait de manière critique les différents candidats[26]. Selon son journal, elle apprécia la compagnie d'Albert dès leur première rencontre. Après sa visite, elle écrivit « [Albert] est extrêmement beau ; ses cheveux sont de même couleur que les miens ; ses yeux sont grands et bleus et il a un beau nez et une bouche très douce avec de belles dents ; mais le charme de sa contenance est son atout le plus délicieux[27] ». À l'inverse, Alexandre était jugé « très quelconque[28] ».
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+ Victoria écrivit à son oncle Léopold, qu'elle considérait comme son « meilleur et plus gentil conseiller[29] », pour le remercier « de la perspective de l'immense bonheur que vous avez contribué à me donner en la personne de ce cher Albert… Il possède toutes les qualités qui pourraient être désirées pour me rendre parfaitement heureuse. Il est si raisonnable, si gentil et si bon et si aimable aussi. Il a en plus l'apparence et l'extérieur les plus plaisants et les plus délicieux qu'il vous est possible de voir[30] ». À 17 ans, Victoria, bien qu'intéressée par Albert, n'est cependant pas prête à se marier. Les deux parties ne s'accordent pas sur un engagement formel mais supposent que l'union se ferait en temps et en heure[31].
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+ Victoria fête ses 18 ans le 24 mai 1837, âge qui lui permet de régner seule. L'épouvantail d'une régence — politiquement toujours instable — se dissippe.
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+ Le roi Guillaume IV meurt un mois plus tard le 20 juin 1837, à l'âge de 71 ans, et Victoria devient reine du Royaume-Uni.
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+ Dans son journal, la jeune souveraine écrivit : « J'ai été réveillée à 6 h pile par Mamma qui me dit que l'archevêque de Canterbury et Lord Conyngham étaient là et qu'ils voulaient me voir. Je suis sortie du lit et me suis rendue dans mon salon (en ne portant que ma robe de chambre) et « seule », je les ai vus. Lord Conyngham m'informa alors que mon pauvre oncle, le roi, n'était plus et avait expiré à 2 h 12 ce matin et que par conséquent « Je » suis « Reine »[32] ». Les documents officiels préparés le premier jour de son règne la nommaient Alexandrina Victoria, mais le premier prénom est retiré à sa demande et n'est plus utilisé[33].
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+ Depuis 1714, le Royaume-Uni était en union personnelle avec le royaume de Hanovre en Allemagne, mais, d'après la loi salique, les femmes étaient exclues de la succession au trône hanovrien. Victoria hérite donc des territoires et de toutes les colonies britanniques, et le trône de Hanovre passe au plus jeune frère de son père, l'impopulaire duc de Cumberland et Teviotdale qui devient roi sous le nom d'Ernest-Auguste Ier de Hanovre. Il était l'héritier présomptif de Victoria jusqu'à ce qu'elle ait un enfant[34].
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+ Au moment de son accession au trône, le gouvernement est mené par le Premier ministre whig Lord Melbourne et ce dernier exerça une influence importante sur la reine politiquement inexpérimentée[35]. L'écrivain Charles Greville (en) suggère que Lord Melbourne, veuf et sans enfants, « était aussi attaché à elle que si elle avait été sa fille » et Victoria le considérait probablement comme une figure paternelle[36]. Son couronnement fut organisé le 28 juin 1838 et elle devint le premier souverain à résider au palais de Buckingham[37]. Elle hérita des revenus des duchés de Lancastre et de Cornouailles et reçut une liste civile annuelle de 385 000 £ (28,5 millions de livres de 2011[38]). Financièrement prudente, elle remboursa les dettes de son père[39].
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+ Victoria était populaire au début de son règne[40], mais sa réputation fut ternie par une intrigue de cour en 1839 lorsque l'une des dames d'honneur, Flora Hastings, développa une rondeur abdominale dont la rumeur disait qu'il s'agissait d'une grossesse hors mariage liée à une relation avec John Conroy[41] ; Victoria considérait que les rumeurs étaient véridiques[42]. Elle détestait Conroy et méprisait « cette odieuse Lady Flora[43] » car elle avait participé avec Conroy et la duchesse de Kent au « système de Kensington[44] ». Lady Hastings refusa initialement de se faire examiner avant d'accepter au milieu du mois de février et il se révéla qu'elle était vierge[45]. Conroy, la famille de Hastings et les tories appartenant à l'opposition organisèrent une conférence de presse accusant la reine de propager de fausses rumeurs au sujet de Flora Hastings[46]. Lorsqu'elle mourut en juillet, l'autopsie révéla une importante tumeur hépatique qui avait distendu son abdomen[47]. Lors des apparitions publiques, Victoria fut sifflée et conspuée comme étant « Mme Melbourne[48] ».
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+ En 1839, Lord Melbourne démissionna après que les radicaux et les tories (que Victoria détestait) eurent voté contre une loi suspendant la constitution en Jamaïque. La législation supprimait les pouvoirs politiques des planteurs qui s'opposaient aux mesures associées à l'abolition de l'esclavage[49]. La reine chargea un tory, Robert Peel, de former un nouveau gouvernement. À l'époque, il était de coutume pour le Premier ministre de nommer les « dames de la chambre à coucher » qui servaient de domestiques dans les résidences royales et étaient généralement des épouses de membres du parti au pouvoir. De nombreuses dames étaient des épouses de whigs et Peel souhaitait les remplacer par des épouses de tories. Dans ce qui fut appelé la « crise de la chambre à coucher », Victoria, conseillée par Lord Melbourne, s'opposa à leur renvoi. Peel refusa de gouverner selon les conditions imposées par la reine et offrit sa démission, ce qui permit à Lord Melbourne de revenir au pouvoir[50].
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+ Même si elle est devenue reine, Victoria reste une jeune femme célibataire et les conventions sociales de l'époque lui imposent de vivre avec sa mère malgré leurs différends sur son éducation et la confiance que la duchesse de Kent continuait d'accorder à Conroy[51].
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+ La duchesse de Kent était consignée dans un appartement isolé du palais de Buckingham et Victoria refusait souvent de la rencontrer[52]. Lorsque Victoria se plaignit à Lord Melbourne que la proximité de sa mère promettait des « souffrances pendant de nombreuses années », ce dernier compatit mais répondit que cela ne pouvait être évité que par un mariage, ce que Victoria qualifia « d'alternative choquante[53] ». Elle montra de l'intérêt pour l'éducation d'Albert en vue de son futur rôle d'époux mais elle résista aux pressions qui la poussaient à se marier[54].
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+ Victoria continua de faire l'éloge d'Albert après sa seconde visite en octobre 1839. Albert et Victoria ressentaient de l'attrait l'un pour l'autre et la reine le demanda en mariage le 15 octobre 1839, juste cinq jours après qu'il fut arrivé à Windsor[55]. Ils se marièrent le 10 février 1840 dans la Chapel Royal du palais Saint James à Londres. Victoria était follement éprise d'Albert et elle passa la nuit après son mariage alitée avec une migraine, mais qu'elle décrivit avec extase dans son journal :
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+ « JAMAIS, JAMAIS, je n'oublierai une telle soirée !!! MON TRÈS TRÈS CHER Albert… sa passion et son affection excessives m'ont offert des sensations d'amour et de bonheur divins que je n'aurais jamais espéré ressentir auparavant ! Il m'a serrée dans ses bras et nous nous sommes embrassés encore et encore ! Sa beauté, sa douceur et sa gentillesse ; vraiment comment pourrais-je jamais être reconnaissante d'avoir un tel mari ! […] d'être appelée par des noms de tendresse que je n'avais encore jamais entendus auparavant ; le bonheur était incroyable ! Oh ! Ce fut le plus beau jour de ma vie[56]! »
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+ Si le prince était le meilleur des maris, il devint également un influent conseiller politique de la reine et succéda à Lord Melbourne comme figure dominante de la première moitié de sa vie[57]. La mère de Victoria est expulsée du palais vers Ingestre House à Belgrave Square. Après la mort de la princesse Augusta-Sophie en 1840, la mère de Victoria reçut les résidences de Clarence et de Frogmore[58]. Grâce à la médiation d'Albert, les relations entre mère et fille s'améliorèrent progressivement[59].
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+ Durant la première grossesse de Victoria en 1840, Edward Oxford, âgé de 18 ans, tente d'assassiner la reine alors qu'elle se trouvait dans une calèche avec le prince Albert lors d'un déplacement pour rendre visite à sa mère. Oxford tire deux fois mais les deux balles manquèrent leur cible ou, comme il l'avança par la suite, les pistolets ne fonctionnent pas[60]. Il est jugé pour haute trahison et reconnu coupable mais est acquitté pour raisons mentales ; il est cependant interné pendant une trentaine d'années[61]. La popularité de Victoria augmenta fortement après l'agression et cela apaise le mécontentement résiduel au sujet de l'affaire Hastings et de la crise de la chambre à coucher[62]. Sa fille, également appelée Victoria, naît le 21 novembre 1840. La reine détestait être enceinte[63], considérait l'allaitement avec dégoût[64] et pensait que les nouveau-nés étaient laids[65]. Albert et elle eurent néanmoins huit autres enfants.
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+ Le foyer de Victoria était largement géré par son ancienne gouvernante, la baronne Louise Lehzen, originaire du Hanovre. Lehzen avait eu une profonde influence sur Victoria[66] et l'avait défendue contre le « système de Kensington[67] ». Albert considérait cependant que Lehzen était incompétente et que sa mauvaise gestion menaçait la santé de sa fille. Après une violente dispute entre Victoria et Albert à ce sujet, Lehzen fut limogée, ce qui mit un terme à sa relation étroite avec Victoria[68].
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+ Le 28 mai 1842, Victoria descend The Mall dans une calèche quand John Francis tente de lui tirer dessus, mais le pistolet ne fonctionne pas ; il parvient à s'échapper. Le lendemain, Victoria emprunte le même trajet plus rapidement et avec une plus grande escorte avec l'objectif délibéré de pousser Francis à attaquer à nouveau afin de le capturer. Comme prévu, Francis tire sur la calèche mais il est arrêté par des policiers en civil et est condamné pour haute trahison. Le 3 juillet, deux jours après que la condamnation à mort de Francis a été commuée en déportation à vie, John William Bean tente également de tirer sur la reine mais son pistolet n'avait pas la puissance espérée[69]. Edward Oxford considère que ces tentatives étaient encouragées par son acquittement en 1840. Bean est condamné à 18 mois de prison[70]. À nouveau en 1849, un chômeur irlandais, William Hamilton, tire sur la calèche de la reine alors qu'elle passe dans Constitution Hill[71]. En 1850, la reine est blessée par un ancien policier peut-être dément, Robert Pate. Alors que Victoria se trouve dans une calèche, Pate la frappe avec une canne, écrase son chapeau et la blesse au front. Hamilton et Pate sont tous deux condamnés à sept ans de déportation[72].
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+ Le soutien à Lord Melbourne au sein de la Chambre des communes s'affaiblit dans les premières années du règne de Victoria et les whigs furent battus lors des élections générales de 1841. Peel devint Premier ministre et les dames de la chambre à coucher les plus associées avec les whigs furent remplacées[73].
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+ En 1845, l'agriculture irlandaise est touchée par le mildiou de la pomme de terre[74]. Dans les quatre années qui suivent, un million d'Irlandais meurent de faim et un million d'autres émigrèrent dans ce qui est appelé la Grande famine[75]. En Irlande, Victoria est surnommée The Famine Queen (« la reine famine »[76],[77]). Elle donne personnellement 2 000 £ (162 000 £ de 2011[38]) pour lutter contre la famine, plus que tout autre donneur individuel[78] et soutient également une aide à un séminaire catholique en Irlande malgré l'opposition des protestants[79]. L'histoire selon laquelle elle n'aurait donné que 5 £ d'aide aux Irlandais et qu'elle aurait donné le même jour une somme similaire à l'organisation de protection des animaux, Battersea Dogs Home, est un mythe créé vers la fin du XIXe siècle[80].
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+ En 1846, le gouvernement de Peel affronta une crise liée à l'abolition des Corn Laws. De nombreux tories, alors appelés conservateurs, étaient opposés au rejet mais Peel, certains tories (les « Peelites »), la plupart des whigs et Victoria y étaient favorables. Peel démissionna en 1846 après que l'abolition eut été votée de justesse et il fut remplacé par Lord Russell[81].
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+ Au niveau international, Victoria s'intéresse particulièrement à l'amélioration des relations entre la Grande-Bretagne et la France[83]. Elle réalise et accueille plusieurs rencontres entre la famille royale britannique et la maison d'Orléans qui étaient liées par mariage via les Cobourg. En 1843 et 1845, Albert et elle rejoignent le roi Louis-Philippe Ier au château d'Eu en Normandie ; elle est ainsi le premier souverain britannique ou anglais à rencontrer son homologue français depuis Henri VIII et François Ier au camp du Drap d'Or en 1520[84]. Lorsque Louis-Philippe Ier réalise le voyage inverse en 1844, il devient le premier roi français à se rendre en Grande-Bretagne[85]. Louis-Philippe Ier fut déposé lors de la révolution française de 1848 et partit en exil en Angleterre[86]. Alors que les soulèvements se propageaient à toute l'Europe, Victoria et sa famille quittèrent Londres en avril 1848 pour la plus grande sécurité d'Osborne House[87], une résidence privée sur l'île de Wight qu'elle a achetée en 1845[88]. Les manifestations des chartistes et des nationalistes irlandais ne se transforment pas en soulèvements et la crainte d'une révolution s'éloigne[89]. La visite de Victoria en Irlande en 1849 est un succès en termes de relations publiques mais elle n'eut pas d'impact sur la croissance du nationalisme irlandais[90].
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+ Le gouvernement de Lord Russell, bien que dominé par les whigs, n'est pas apprécié par la reine[91]. Elle déteste particulièrement le secrétaire d'État des Affaires étrangères, Lord Palmerston, qui agissait souvent sans consulter le Cabinet, le Premier ministre ou la reine[92]. Victoria se plaint à Russell que Palmerston ait envoyé des dépêches officielles à des chefs d'États étrangers sans l'informer mais Palmerston reste en poste et continue d'agir de sa propre initiative malgré les remontrances répétées. Ce n'est qu'en 1851 que Palmerston est limogé après avoir annoncé que le gouvernement britannique approuvait le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en France sans avoir consulté le Premier ministre[93]. L'année suivante, le président Bonaparte devient l'empereur Napoléon III, et le gouvernement de Russell est remplacé par un gouvernement minoritaire mené par Lord Derby.
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+ En 1853, Victoria donne naissance à son huitième enfant, Léopold, avec l'aide d'un nouvel anesthésiant, le chloroforme. Victoria est tellement impressionnée par son efficacité qu'elle l'utilise à nouveau en 1857 pour la naissance de son neuvième et dernier enfant, Béatrice, malgré l'opposition du clergé qui considérait que cela s'opposait aux commandements bibliques (Genèse 3,16) et des médecins qui le considéraient comme dangereux[94]. Victoria a peut-être été victime de dépression post-partum après ses nombreuses grossesses[95]. Dans ses lettres à Albert, Victoria se plaint parfois de sa perte de sang-froid. Un mois après la naissance de Léopold, Albert écrit une lettre à Victoria pour se plaindre de son « hystérie continue » au sujet de « misérables broutilles[96] ».
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+ Au début de l'année 1855, le gouvernement de Lord Aberdeen, qui a remplacé Derby en décembre 1852, démissionne du fait des critiques concernant la mauvaise gestion de la guerre de Crimée. Victoria approche Derby et Russell pour qu'ils forment un gouvernement mais aucun n'a suffisamment de soutiens et elle est obligée de nommer Palmerston au poste de Premier ministre[97].
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+ Napoléon III, l'allié le plus proche du Royaume-Uni depuis la guerre de Crimée[95], se rend à Londres en avril 1855 et Victoria et Albert font le trajet inverse du 17 au 28 août de la même année[98]. L'empereur français accueille le couple à Dunkerque et les accompagne à Paris où ils visitèrent l'exposition universelle, une réponse à l'exposition londonienne de 1851 imaginée par Albert, et la tombe de Napoléon Ier aux Invalides, dont les cendres avaient été rapatriées en 1840. Ils sont également les invités d'honneur à un bal de 1 200 invités au château de Versailles[99].
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+ Le 14 janvier 1858, un Italien réfugié en Grande-Bretagne appelé Felice Orsini tente d'assassiner Napoléon III avec une bombe fabriquée au Royaume-Uni[100]. La crise diplomatique qui suivit déstabilisa le gouvernement : Palmerston démissionna et Derby redevint Premier ministre[101]. Victoria et Albert assistent à l'inauguration d'une nouvelle cale sèche dans le port militaire français de Cherbourg le 5 août 1858. À son retour, Victoria réprimande Derby pour le mauvais état de la Royal Navy par rapport à la marine française[102]. Le gouvernement de Derby ne survit pas longtemps et Victoria rappelle Palmerston en juin 1859[103].
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+ Le 25 janvier 1858, la fille aînée de Victoria épouse le prince Frédéric-Guillaume de Prusse à Londres. Ils étaient fiancés depuis septembre 1855 alors que la princesse Victoria n'avait que 14 ans et le mariage est repoussé par la reine et le prince Albert jusqu'à ce que la mariée eût 17 ans[104]. Victoria et Albert espéraient que leur fille et leur gendre auraient une influence libérale sur la Prusse en pleine ascension[105]. Victoria voit partir sa fille pour l'Allemagne « la mort dans l'âme » ; elle lui écrit dans l'une de ses nombreuses lettres, « cela me fait vraiment frissonner quand je regarde vos sœurs douces, joyeuses et inconscientes et que je pense que je devrais les abandonner également, une par une[106] ». Presque un an plus tard, la princesse Victoria donne naissance au premier petit-enfant de la reine, Guillaume.
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+ En mars 1861, la mère de Victoria meurt avec sa fille à ses côtés. En lisant les documents de sa mère, Victoria découvre que sa mère l'aimait profondément[107] ; elle a le cœur brisé et blâme Conroy et Lehzen pour l'avoir « diaboliquement » éloignée de sa mère[108]. Pour soulager son épouse pendant cette période de deuil[109], Albert assume une grande partie de ses fonctions bien qu'il souffre de problèmes digestifs chroniques[110]. En août, Victoria et Albert rendent visite à leur fils, le prince de Galles, qui assiste à des manœuvres militaires près de Dublin et passent quelques jours à Killarney. En novembre, Albert apprend les rumeurs selon lesquelles son fils avait couché avec une actrice en Irlande[111]. Choqué, Albert se rend à Cambridge où Edward étudiait pour le réprimander[112]. Au début du mois de décembre, Albert tombe gravement malade[113]. William Jenner diagnostique une fièvre typhoïde et il meurt le 14 décembre 1861 ; Victoria est anéantie[114]. Elle attribue la responsabilité de sa mort à la frivolité du prince de Galles, affirmant qu'Albert avait été « tué par cette affreuse affaire[115] ». Elle reste en deuil et porte des vêtements noirs jusqu'à la fin de sa vie. Elle évite les apparitions publiques et se rend peu souvent à Londres dans les années qui suivent[116]. Son retrait dans le château de Windsor lui valut le surnom de « veuve de Windsor[117] ».
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+ Cet isolement volontaire diminua la popularité de la monarchie et encouragea le mouvement républicain[118]. Elle continua d'assumer ses fonctions gouvernementales mais choisit de rester confinée dans ses résidences royales de Windsor, de Balmoral et d'Osborne. En mars 1864, un manifestant placarda une affiche sur les grilles du palais de Buckingham annonçant que « ces imposants bâtiments étaient à vendre en raison du déclin des affaires de l'ancien propriétaire[119] ». Son oncle Léopold lui écrivit pour lui conseiller d'apparaître en public. Elle accepta de visiter les jardins de la Royal Horticultural Society à Kensington et de traverser Londres dans une calèche ouverte[120].
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+ Durant les années 1860, Victoria se repose de plus en plus sur un domestique écossais, John Brown[121]. Des rumeurs calomnieuses d'une relation romantique et même d'un mariage secret commencent à être imprimées dans la presse et la reine est même affublée du sobriquet de « Mme Brown[122] ». Une peinture d'Edwin Landseer représentant la reine avec Brown est exposée à la Royal Academy et Victoria elle-même publie avec grand succès un livre, Leaves from the Journal of Our Life in the Highlands, où elle fait un vibrant éloge de son homme de confiance[123]. L'histoire de leur relation fait l'objet du film La Dame de Windsor de 1997.
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+ Lord Palmerston meurt en 1865 et après un bref gouvernement mené par Russell, Derby revient au pouvoir. En 1866, Victoria assiste à la cérémonie d'ouverture du Parlement pour la première fois depuis la mort d'Albert[124]. L'année suivante, elle soutient le passage du Reform Act de 1867 qui double le nombre d'hommes ayant accès au suffrage[125] même si elle n'était pas favorable au droit de vote des femmes[126]. Derby démissionne en 1868 et est remplacé par Benjamin Disraeli qui charme Victoria. Il déclare « tout le monde aime la flatterie et, quand il s'agit de princes, il faut l'étendre avec une truelle[127] ». Le gouvernement de Disraeli ne dure que quelques mois et à la fin de l'année, son rival libéral William Ewart Gladstone est nommé Premier ministre. Victoria considérait que la personnalité de Gladstone était bien moins attrayante ; elle aurait ainsi dit qu'il lui parlait comme si « elle ��tait une réunion publique plutôt qu'une femme[128] ».
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+ En 1870, les idées républicaines au Royaume-Uni, alimentées par le retrait de la reine, sont renforcées par l'établissement de la Troisième République en France[129]. Un rassemblement républicain à Trafalgar Square demande l'abdication de Victoria et les députés radicaux font des discours lui étant hostiles[130]. En août et septembre 1871, elle tombe gravement malade et développe un abcès au bras ; Joseph Lister l'incise avec succès et désinfecta la plaie avec une pulvérisation de phénol[131]. À la fin du mois de novembre 1871, au maximum du mouvement républicain, le prince de Galles contracte la fièvre typhoïde, la maladie qui aurait tué son père, et Victoria craint que son fils ne meure aussi[132]. Alors que le dixième anniversaire de la mort d'Albert approche, la santé de son fils ne s'améliore pas et l'angoisse de Victoria augmente[133]. Au grand soulagement du peuple, Edward se remet de la maladie[134]. La mère et le fils assistent à une célébration publique à Londres et à une grand-messe d'action de grâces à la cathédrale Saint-Paul le 27 février 1872 ; le mouvement républicain est affaibli et la popularité de la monarchie remonte[135].
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+ Le 28 février 1872, Arthur O'Connor, âgé de 17 ans (petit-neveu du député irlandais Feargus O'Connor), agite un pistolet non-chargé devant le cortège de Victoria à sa sortie du palais de Buckingham. Brown, qui accompagne la reine, neutralise O'Connor qui est par la suite condamné à 1 an de prison[136]. La popularité de Victoria est encore renforcée par l'incident[137].
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+ Après la révolte des cipayes de 1857 en Inde, la Compagnie anglaise des Indes orientales, qui gouvernait une grande partie de l'Inde, est dissoute et les possessions et les protectorats britanniques du sous-continent indien sont formellement incorporés dans l'Empire britannique. La reine avait une opinion assez partagée sur le soulèvement et elle condamna les atrocités perpétrées par les deux camps[138]. Elle écrit « ses sentiments d'horreur et de regret à la suite de cette sanglante guerre civile[139] » et elle insiste, pressée par Albert, pour qu'une proclamation officielle annonçant le transfert de pouvoir de la compagnie vers l'État « portât des sentiments de générosité, de bienveillance et de tolérance religieuse[140] ». À sa demande, un passage menaçant de « saper les coutumes et les religions locales » est remplacé par un paragraphe garantissant la liberté religieuse[140].
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+ Après l'élection générale de 1874, Disraeli redevient Premier ministre. Il présente le Public Worship Regulation Act (en) de 1874 qui supprimait les rituels catholiques de la liturgie anglicane et que Victoria soutenait fermement[141]. Elle préférait les services religieux simples et courts et se considérait personnellement plus proche de l'Église d'Écosse presbytérienne plutôt que de l'Église d'Angleterre épiscopalienne[142]. Disraeli pousse également le Royal Titles Act de 1876 devant le Parlement pour que Victoria prenne le titre d'« impératrice des Indes » à partir du 1er mai 1876[143]. Ce nouveau titre fut proclamé par le darbâr de Delhi le 1er janvier 1877[144].
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+ Le 14 décembre 1878, l'anniversaire de la mort d'Albert, la seconde fille de Victoria, Alice, qui avait épousé le grand-duc de Hesse Louis IV, meurt de la diphtérie à Darmstadt. Victoria nota que la coïncidence des dates était « presque incroyable et des plus mystérieuses[145] ». En mai 1879, elle devient arrière-grand-mère à l'occasion de la naissance de la princesse Théodora de Saxe-Meiningen et fête son « pauvre et triste 60e anniversaire ». Elle se sentit « vieillie » par la « perte de [son] enfant chéri[146] ».
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+ Entre avril 1877 et février 1878, Victoria menace à cinq reprises d'abdiquer pour faire pression sur Disraeli afin qu'il agisse contre la Russie lors de la guerre russo-turque, mais ses menaces n'ont pas d'effets sur les événements ou sur leur conclusion avec le traité de Berlin[147]. La politique étrangère expansionniste de Disraeli, soutenue par Victoria, entraîne des conflits comme la guerre anglo-zouloue et la Seconde guerre anglo-afghane. Elle écrit « si nous voulons maintenir notre position de puissance de premier rang, nous devons… être préparés à des attaques et des guerres, quelque part ou ailleurs, CONTINUELLEMENT[148] ». Victoria voyait l'expansion de l'Empire britannique comme une manière civilisatrice et bénigne de protéger les peuples indigènes contre des puissances plus agressives, ou des dirigeants cruels : « il n'est pas dans nos habitudes d'annexer des pays à moins que nous n'y soyons obligés et forcés[149] ». Au désarroi de Victoria, Disraeli perd les élections générales de 1880 et Gladstone redevient Premier ministre[150]. Lorsque Disreali meurt l'année suivante, elle était aveuglée par « les larmes coulant rapidement[151] ».
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+ Le 2 mars 1882, Roderick McLean, un poète apparemment offensé par le refus de Victoria d'accepter l'un de ses poèmes[152], tire sur la calèche de la reine alors qu'elle quitte la gare de Windsor. Deux élèves de l'Eton College le frappent avec leurs parapluies jusqu'à ce qu'il soit neutralisé par un policier[153]. Victoria est outrée lorsqu'il échappe à la condamnation pour raisons mentales[154] ; elle est cependant ravie par les nombreuses expressions de loyauté qu'elle reçoit après l'agression et déclare que « cela valait la peine de se faire tirer dessus pour voir à quel point l'on est aimée[155] ».
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+ Le 17 mars 1883 elle tombe dans les escaliers à Windsor et elle boite jusqu'au mois de juillet ; elle ne récupère jamais complètement et commence à souffrir de rhumatismes[156]. John Brown meurt 10 jours après l'accident et à la consternation de son secrétaire privé, Henry Ponsonby, Victoria commence à rédiger une biographie eulogique de son ancien domestique[157]. Ponsonby et Randall Davidson, le doyen de Windsor, qui ont lu les brouillons, conseillent à Victoria de ne pas les publier car cela alimenterait les rumeurs d'une relation amoureuse[158] ; le manuscrit est détruit[159]. Au début de l'année 1884, Victoria publie More Leaves from a Journal of a Life in the Highlands, une suite de son précédent livre dédiée à son « assistant personnel dévoué et ami fidèle John Brown[160] ». Un an exactement après la mort de Brown, Victoria est informée par télégramme que son plus jeune fils, Léopold, est mort à Cannes. Elle se lamente sur la perte du « plus cher de mes chers fils[161] ». Le mois suivant, son plus jeune enfant, Beatrice, rencontre le prince Henri de Battenberg dont elle tombe amoureuse lors du mariage de la petite-fille de Victoria, la princesse Victoria de Hesse-Darmstadt, avec le frère d'Henri, le prince Louis Alexandre de Battenberg. Béatrice et Henri planifient un mariage mais Victoria commence par s'opposer à l'union car elle souhaite que sa fille reste avec elle en tant que suivante. Elle est finalement convaincue par la promesse du futur couple de rester avec elle[162].
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+ Victoria est ravie quand Gladstone démissionne en 1885 après le rejet de son budget[163]. Elle considère que son gouvernement était le « pire que j'aie jamais eu » et lui fait porter la responsabilité de la mort du général Gordon à Khartoum[164]. Gladstone est remplacé par Lord Salisbury. Son gouvernement ne se maintient cependant que pendant quelques mois et Victoria est obligée de rappeler Gladstone qu'elle qualifiait « d'à moitié fou et un vieil homme en de nombreux points ridicule[165] ». Gladstone tente de faire voter une loi garantissant une plus grande autonomie à l'Irlande mais à la jubilation de Victoria, elle est rejetée[166]. Après l'élection générale de 1886, les libéraux de Gladstone sont battus par les conservateurs de Salisbury qui forment à nouveau un gouvernement.
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+ En 1887, l'Empire britannique célèbre le jubilé d'or de Victoria. La reine fête le cinquantième anniversaire de son accession au trône le 20 juin avec un banquet auquel participent 50 nobles européens. Le lendemain, elle participe à une procession et à un service religieux à l'abbaye de Westminster[167]. Victoria est alors redevenue extrêmement populaire[168]. Deux jours plus tard, le 23 juin[169], elle recrute deux Indiens musulmans comme domestiques. L'un d'eux, Mohammed Abdul Karim, devint Munshi (« secrétaire ») et enseigne l'hindoustani à la reine[170]. Sa famille et les autres domestiques sont choqués et accusent Abdul Karim d'espionner pour la Muslim Patriotic League et de monter la reine contre les hindous[171]. L'écuyer Frederick Ponsonby (le fils d'Henry) découvrit qu'Abdul Karim avait menti au sujet de ses origines et rapporta au vice-roi des Indes, Lord Elgin, que « le Munshi occupe exactement la même position que celle qu'avait John Brown[172] ». Victoria ignore ces plaintes qu'elle qualifie de racistes[173]. Abdul Karim reste à son service jusqu'à la mort de la souveraine en 1901 et il rentre alors en Inde avec une pension[174].
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+ La fille aînée de Victoria devient impératrice allemande en 1888, mais elle devient veuve avant la fin de l'année et le petit-fils de Victoria monte sur le trône sous le nom de Guillaume II. Sous son règne, les espoirs de libéralisation de l'Allemagne ne sont pas comblés et Guillaume II met en place un régime autocratique[175].
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+ Gladstone redevient Premier ministre à l'âge de 82 ans après l'élection générale de 1892. Victoria s'oppose à la nomination du député radical Henry Labouchère au Cabinet et Gladstone accepte[176]. En 1894, le Premier ministre prend sa retraite et, sans le consulter, Victoria nomme Lord Rosebery[177]. Son gouvernement est faible et il est remplacé l'année suivante par Lord Salisbury, qui reste Premier ministre jusqu'à la fin du règne de Victoria[178].
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+ Le 23 septembre 1896, Victoria devient la monarque de l'histoire anglaise, écossaise, ou britannique ayant régné le plus longtemps, dépassant le record détenu jusqu'alors par son grand-père, George III. Conformément à la demande de la reine, toutes les célébrations publiques spéciales de l'événement sont retardées jusqu'en 1897 pour coïncider avec son jubilé de diamant marquant ses 60 années de règne[179]. Le secrétaire d'État aux Colonies, Joseph Chamberlain, propose que le jubilé devienne un festival de l'Empire britannique[180].
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+ Les Premiers ministres de tous les dominions autonomes sont invités et des troupes de tout l'Empire britannique participent à la procession du jubilé dans Londres. Les célébrations du soixantième anniversaire sont marquées par de grands débordements d'affection envers la reine bientôt octogénaire[181].
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+ Victoria se rend régulièrement en Europe continentale pendant ses vacances. Sa ville de prédilection est Nice. Elle affectionne particulièrement la douceur des hivers sur la Côte d’Azur, où elle loue régulièrement pendant deux mois des appartements dans le grand Hôtel Régina de Nice, dans le quartier résidentiel de Cimiez, assistant même, le 21 mars 1895, à une bataille de fleurs sur la promenade des Anglais[182]. Un monument est érigé à sa mémoire en 1910, devant l'hôtel Régina[183]. Lorsqu'elle est en France, sa protection est assurée par le commissaire Xavier Paoli, un policier à maintien de diplomate qui sera son invité personnel lors du jubilé.
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+ En 1889, durant un séjour à Biarritz, elle devient le premier monarque britannique à poser le pied en Espagne lorsqu'elle traverse la frontière pour une courte visite[184]. En avril 1900, la guerre des Boers était devenue tellement impopulaire en Europe que son voyage annuel en France est jugé inopportun. Elle se rendit donc en Irlande pour la première fois depuis 1861, en partie pour reconnaître la contribution des régiments irlandais dans le conflit en Afrique du Sud[185]. En juillet, son second fils, Alfred (« Affie ») meurt et elle écrit dans son journal « Oh, Dieu ! Mon pauvre chéri Affie est parti aussi. C'est une année horrible, rien d'autre que la tristesse et l'horreur sous une forme ou une autre[186] »
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+ Suivant une coutume qu'elle maintient tout au long de son veuvage, Victoria passe le réveillon de Noël 1900 à Osborne House sur l'île de Wight. Elle boite du fait de ses rhumatismes et sa vision était obscurcie par la cataracte[187]. Durant le mois de janvier, elle se sent « faible et souffrante[188] » et au milieu du mois, elle était « somnolente… hébétée et perdue[189] ». Après un long règne de plus de 63 ans, elle meurt le 22 janvier 1901 vers 18 h 30, à l'âge de 81 ans, dans sa résidence d'Osborne[190]. Son fils et successeur, Édouard VII, et son petit-fils le plus âgé, Guillaume II, se trouvaient à son chevet[191]. Sa dernière volonté fut que son Poméranien préféré, Turri, soit posé sur son lit de mort[192].
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+ En 1897, Victoria a demandé que ses funérailles soient militaires du fait de son statut de chef de l'armée et de fille de soldat[95] et que le blanc domine par rapport au noir[193]. Le 25 janvier, Édouard VII, le roi du Royaume-Uni et le prince Arthur de Connaught aident à la porter dans son cercueil[194]. Elle est habillée d'une robe blanche et d'un voile de mariée[195]. Des souvenirs rappelant sa famille élargie, ses amis et ses domestiques sont placés dans le cercueil à sa demande. Un des peignoirs d'Albert est placé à son côté avec un moulage en plâtre de sa main tandis qu'une mèche de cheveux de John Brown et une photographie de lui sont placées dans sa main gauche et dissimulées à la famille par un bouquet de fleurs bien positionné[95],[196]. Ses funérailles sont organisées le samedi 2 février dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor et après deux jours d'exposition publique, elle est inhumée aux côtés d'Albert dans le mausolée royal de Frogmore dans le Grand Parc de Windsor[197].
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+
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+ Le règne de Victoria, qui dura 63 ans, sept mois et deux jours, est le deuxième plus long de toute l'histoire du Royaume-Uni et le second plus long pour une reine au niveau mondial après celui de son arrière-arrière-petite-fille Élisabeth II. Elle fut la dernière souveraine britannique de la maison de Hanovre car son fils et héritier Édouard VII appartenait à la maison de Saxe-Cobourg-Gotha de son mari le prince Albert.
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+ Selon l'un de ses biographes, Giles St Aubyn, Victoria écrivait chaque jour une moyenne de 2 500 mots[198]. De juillet 1832 jusqu'à sa mort, elle rédigea un journal détaillé qui finit par représenter 122 volumes[199]. Après la mort de Victoria, sa plus jeune fille, Béatrice du Royaume-Uni, devint son exécutrice littéraire ; elle retranscrivit et édita les journaux de Victoria et détruisit les originaux[200]. Malgré leur destruction, la plupart des journaux ont été préservés. En plus des copies éditées de Béatrice, Lord Esher retranscrivit les journaux écrits entre 1832 et 1861 avant leur destruction par Béatrice[201]. Une partie de l'importante correspondance de Victoria a été publiée en volumes par Arthur Christopher Benson, Hector Bolitho, George Earle Buckle, Lord Esher, Roger Fulford et Richard Hough entre autres[202].
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+ Victoria était physiquement peu attrayante ; elle était corpulente, inélégante et ne mesurait qu'un mètre cinquante mais elle parvint à projeter une image impressionnante[203]. Elle rencontra l'impopularité dans les premières années de son veuvage mais elle devint très appréciée dans les années 1880 et 1890 lorsqu'elle incarna l'Empire sous la forme d'une figure matriarcale bienveillante[204]. Ce ne fut qu'après la publication de ses journaux et de ses lettres que l'étendue de son influence politique fut révélée au grand public[95],[205]. Les biographies rédigées avant que la plus grande partie des sources primaires ne fût devenue disponible, comme celle de Lytton Strachey, Queen Victoria de 1921, sont aujourd'hui considérées comme dépassées[206]. Celles d'Elizabeth Longford et de Cecil Woodham-Smith en 1964 et 1972 restent encore largement admirées[207]. Celles-ci et d'autres concluent que Victoria avait une personnalité émotive, obstinée, honnête et franche[208].
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+ Durant le règne de Victoria, l'établissement progressif d'une monarchie constitutionnelle en Grande-Bretagne continua. Les réformes du système électoral accrurent le pouvoir de la Chambre des communes aux dépens de la Chambre des lords et du souverain[209]. En 1867, le journaliste Walter Bagehot écrivit que le monarque ne conservait que « le droit d'être consulté, le droit de conseiller et le droit de mettre en garde[210] ». Alors que la monarchie britannique devenait plus symbolique que politique, elle mit un fort accent sur la morale et les valeurs familiales en opposition aux scandales sexuels et financiers qui avaient été associés aux précédents membres de la maison de Hanovre et avaient discrédité la monarchie. Son règne vit la création du concept de « monarchie familiale », à laquelle pouvaient s'identifier les classes moyennes naissantes[211].
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+ Les liens de Victoria avec les familles royales d'Europe lui valurent le surnom de « grand-mère de l'Europe[212] ». Victoria et Albert eurent 42 petits-enfants et 34 arrivèrent à l'âge adulte. Parmi ses descendants figurent Élisabeth II (reine du Royaume-Uni), son époux Philip Mountbatten, Harald V (roi de Norvège), Charles XVI Gustave (roi de Suède), Margrethe II (reine de Danemark), Juan Carlos Ier (roi d'Espagne) et son épouse Sofía de Grèce.
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+ Le plus jeune fils de Victoria, Léopold, était atteint d'hémophilie B ainsi que deux de ses cinq filles, Alice et Béatrice du Royaume-Uni. Cette maladie fut ainsi transmise aux descendants de Victoria dont ses arrière-petits-fils, Alexis Nikolaïevitch de Russie, Alphonse et Gonzalve de Bourbon[213]. La présence de cette maladie chez les descendants de Victoria mais pas chez ses ancêtres ont poussé certains à avancer que son véritable père n'était pas le duc de Kent mais un hémophile[214]. Rien n'indique qu'un hémophile ait été en relation avec la mère de Victoria et comme les porteurs masculins souffrent toujours de la maladie, si ce dernier existait il aurait été gravement malade[215]. Il est plus probable que la mutation se soit produite spontanément chez le père de Victoria qui avait plus de 50 ans au moment de sa conception, et l'hémophilie se développe plus souvent chez les enfants de pères âgés[216]. Des mutations spontanées sont la cause de 30 % des cas[217].
130
+
131
+ Du fait de sa longévité et du développement de l'Empire britannique, un très grand nombre de lieux et de bâtiments ont été nommés en l'honneur de la reine Victoria, essentiellement dans le Commonwealth of Nations. On peut par exemple citer la capitale des Seychelles, le plus grand lac d'Afrique, les chutes Victoria, les capitales de la Colombie-Britannique (Victoria) et de la Saskatchewan (Regina) et les États australiens du Victoria et du Queensland.
132
+
133
+ La croix de Victoria (Victoria Cross) fut créée en 1856 pour récompenser les actes de bravoure pendant la guerre de Crimée et elle reste la plus haute distinction militaire britannique, canadienne, australienne et néo-zélandaise. La Fête de la Reine (Victoria Day) est un jour férié au Canada et dans certaines parties de l'Écosse et elle est célébrée le lundi précédant le 25 mai pour commémorer la naissance de la reine Victoria.
134
+
135
+ Victoria a été jouée à l'écran par :
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137
+ Victoria a été jouée sur le petit écran par :
138
+
139
+ À la fin de son règne, son titre complet était « Sa Majesté Victoria, par la Grâce de Dieu, Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, Impératrice des Indes, Défenseur de la Foi[218] ».
140
+
141
+ Il ne fut pas concédé d'armoiries à Victoria avant son accession au trône. Comme elle ne pouvait pas monter sur le trône de Hanovre, ses armoiries de monarque ne portaient pas les symboles hanovriens arborés par celles de ses prédécesseurs. Ses armoiries ont été portées par tous ses successeurs britanniques y compris la reine actuelle, Élisabeth II.
142
+
143
+ En dehors de l'Écosse, l'écu des armoiries royales de Victoria, également utilisé sur les armes royales, était : écartelé : au 1 et 4, de gueules, à trois léopards d'or armés et lampassés d'azur l'un sur l'autre (qui est Angleterre), au 2, d'or, au lion de gueules armé et lampassé d'azur, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est Écosse), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est Irlande). En Écosse, les premier et quatrième quarts sont occupés par le lion écossais et le second par les lions anglais. Les supports diffèrent également entre l'Écosse et le reste du Royaume-Uni[219].
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+ Armoiries royales.
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+ Armoiries royales en Écosse.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le rein est un organe de l'appareil urinaire des vertébrés. Il a de multiples fonctions : hormonales, de régulation de la pression sanguine et d'élimination des toxines. Il assure ainsi, par filtration et excrétion d'urine, l'équilibre hydroélectrolytique (homéostasie) du sang et de l'organisme en général. Ses fonctions hormonales comprennent la synthèse de l'érythropoïétine, du calcitriol (forme active de la vitamine D) et de la rénine.
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+ Chez les amniotes, il est le plus souvent pair et situé dans l'abdomen, dans le rétropéritoine, suivant une symétrie plus ou moins bilatérale. Il est de taille et de conformation très variable en fonction des espèces : lisses chez les humains, lobulés chez les ruminants, diffus chez les oiseaux...
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+ Par abus de langage, le langage courant nomme souvent reins la zone des vertèbres lombaires (ex.: « tour de reins » pour parler de lombalgie). Les reins de certains animaux de production sont consommés par les humains, sous le nom de rognons.
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+ La fonction complexe de cet organe vital a peut-être suscité l'ambivalence de sa réputation : objet de culte (il est cité 25 fois dans la Bible où il est considéré, selon l'art divinatoire tiré de l'examen hiéroscopique des reins de l'animal sacrifié, comme le siège de la sagesse, de l'intelligence et des émotions, notamment dans le Livre des Psaumes[1]), il a également longtemps été méprisé car jugé peu noble (assimilé à une passoire qui filtre les déchets pour constituer les urines)[2].
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15
+ Chez l'être humain, les reins sont des organes aplatis, ovoïdes, dits « en haricot ». La face externe est convexe ; la face interne est concave, et accueille le hile qui se projette au niveau de la 1re vertèbre lombaire : il constitue la zone de transit des éléments vasculo-nerveux et des voies excrétrices urinaires.
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17
+ La surface des reins est lisse chez l'adulte, de couleur rouge-brun. En moyenne, ils ont pour hauteur 12 cm, largeur 6 cm, épaisseur 3 cm[3] et pèse environ 150 g. Ces mensurations sont très variables d'un individu à l'autre.
18
+
19
+ Les reins se situent dans l'espace rétropéritonéal, où ils se projettent par leur face postérieure dans la région lombaire. Celle-ci constitue d'ailleurs la principale voie d'abord chirurgicale du rein.
20
+
21
+ Ils sont placés entre la 11e vertèbre thoracique et la 3e lombaire (pour le rein gauche) et la 12e et l'espace entre la 3e et la 4e lombaire (pour le rein droit), le rein droit subissant la pression du foie sus-jacent.
22
+
23
+ Ils s'orientent[3] :
24
+
25
+ Un seul rein suffit pour vivre ; 5 % des individus n'ont qu'un rein, mais dans ce cas il s'agit le plus souvent du rein droit, mieux vascularisé et grâce à la présence du quadrilatère de Rogie qui favorise la stase veineuse et a des répercussions au niveau génital gauche.
26
+
27
+ Le rein est vascularisé par les artères et veines rénales et c'est par une échancrure dans la face concave que ces vaisseaux pénètrent dans le rein (hile du rein).
28
+
29
+ Les artères rénales sont 2 artères droite et gauche qui naissent de l’aorte abdominale au niveau de L1. L’artère rénale gauche est plus courte que la droite. Chaque artère rénale donne 2 branches terminales : une branche antérieure et une branche postérieure.
30
+
31
+ Les artères et les veines présentent les subdivisions suivantes, jusqu'au glomérule :
32
+
33
+ et
34
+
35
+ Vasa recta
36
+
37
+ Les veines rénales croisent en avant les artères rénales et se jettent dans la veine cave inférieure au niveau de L2. La veine rénale gauche est plus longue et de gros calibre.
38
+
39
+ Le parenchyme rénal est entouré d'une capsule dure, très résistante qui le protège. La partie périphérique du parenchyme est le cortex alors que la partie centrale est la médulla. Cette médulla n'est pas continue : elle est interrompue par des prolongements du cortex qui vont jusqu'au sinus rénal.
40
+
41
+ Le rein est innervé par le plexus rénal qui accompagne et entoure l'artère rénale. Il est innervé par le système nerveux sympathique et parasympathique.
42
+
43
+ L'innervation parasympathique est assurée par le nerf vague (X)[4].
44
+
45
+ L'innervation sympathique émerge des segments de la moelle spinale T10 à L1. Les fibres pré-synaptiques vont se réunir pour former les nerfs splanchniques, ceux-ci font synapse principalement dans le ganglion aortico-rénal. De là partent les fibres post-synaptiques qui vont innerver le rein[4]. Accessoirement on peut retrouver une innervation du 1er nerf splanchnique lombaire et l'implication des ganglions mésentérique supérieur et rénal.
46
+
47
+ Pour plus de détails sur l'innervation orthosympathique des viscères de l'abdomen, consultez l'article concernant les plexus prévertébraux.
48
+
49
+ Le rein a aussi une fonction endocrine (érythropoïétine, système rénine-angiotensine-aldostérone, calcitriol).
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+
51
+ En raison de caractéristiques génétiques[5] ou liées aux traits de vie, la capacité des reins varie significativement selon les individus et selon l'âge. Elle est médiocre chez le nouveau-né et décline chez l'adulte avec l'âge. Les capacités fonctionnelles du rein peuvent être dégradées par diverses maladies et par l'exposition à certains toxiques (fluor, plomb, cadmium, autres métaux lourds, alcool ou excès de sodium…). En cas de déficience grave, les derniers recours sont la filtration externe du sang dans un rein artificiel (dialyse), ou la greffe de rein.
52
+
53
+ De l'extérieur vers l'intérieur :
54
+
55
+ Elle comporte les glomérules, les tubes contournés proximaux et distaux et les tubes collecteurs.
56
+ Les colonnes de Bertin, dans les espaces entre les pyramides de Malpighi.
57
+
58
+ Une pyramide et ses colonnes forment un lobe du rein.
59
+
60
+ Les néphrons qui se déversent dans le même canal collecteur forment collectivement un lobule du rein.
61
+
62
+ Les petits calices recueillent l'urine émise par les pyramides de Malpighi. L'union des petits calices forment les grands calices, il y a trois ou quatre grands calices par reins. Tube abouché à la pointe de la pyramide rénale, et qui en se rejoignant forment le bassinet.
63
+
64
+ Tube en forme d'entonnoir qui se jette dans l'uretère. Il est également appelé pyélon.
65
+ C'est l'endroit où va passer l'urine à sa sortie du néphron via le tube collecteur. Les bassinets tout comme les calices possèdent un tissu musculaire lisse qui se contracte et propulse l'urine par péristaltisme.
66
+
67
+ Le rein est issu de la métamérisation (segmentation puis formation de tubules) du mésoblaste intermédiaire (tissu du disque embryonnaire) en cordon néphrogène au cours de la 3e semaine de développement. Ce cordon se divise en 3 régions distinctes dans le temps et l'espace (selon un axe céphalo-caudal) qui vont évoluer successivement:
68
+
69
+ Voir aussi le paragraphe sur l'embryologie du néphron.
70
+
71
+ Le néphron est l'unité structurelle et fonctionnelle de base du rein.
72
+
73
+ C'est un tubule mince consistant en un amas de capillaires appelés glomérules, entourés d'un bulbe creux, la capsule glomérulaire.
74
+ La capsule glomérulaire amène à un long tubule entortillé en deux sections : le tubule contourné proximal, l'anse du néphron, le tubule contourné distal, et le tubule rénal collecteur.
75
+ Les tubules collecteurs se déversent dans les calices via les papilles, les calices se jettent dans le pelvis rénal (appelé également pyélon ou bassin), qui est connecté à l'uretère.
76
+ Chaque rein humain compte environ un million de néphrons. Le nombre de néphrons, fixé à la naissance, est d'une grande variabilité. Il dépend de multiples facteurs dont l'âge gestationnel, le retard de croissance intra-utérin, l'état nutritionnel maternel.
77
+
78
+ Hormis sa fonction principale de filtration et d'épuration du sang, le rein intervient à bien des niveaux, notamment dans la régulation de la pression artérielle. Par sa fonction de synthèse de substances spécifiques régulatrices, notamment :
79
+
80
+ Ceci explique pourquoi l'apport excessif de sel fait augmenter la pression artérielle : les mouvements de sodium dans le rein se font également passivement, donc si on augmente notre apport en sodium (sel), cela entrainera une réabsorption accrue d'eau également provoquant une augmentation de volémie donc de pression car :
81
+ PA = DC × Rp
82
+ DC = FC × VES
83
+ PA = pression artérielle
84
+ DC = débit cardiaque
85
+ Rp = résistance périphérique
86
+ FC = fréquence cardiaque
87
+ VES = volume d'éjection systolique (volume éjecté par le ventricule cardiaque gauche à chaque contraction)
88
+
89
+ On sait que les entrées et sorties en sodium sont équivalentes, la quantité absorbée est éliminée au début mais si l'apport en sel n'est plus ponctuel mais continu, alors une autre limite est fixée et l'élimination se fait moins bien ; ceci augmente avec l'âge.
90
+
91
+ Un adulte reçoit normalement le quart du débit cardiaque à chaque minute. Son rein est irrigué en moyenne chaque jour par plus de 1 700 litres de sang (toutes les quatre minutes, la totalité du sang de l'organisme, soit près de 6 litres, est filtré en traversant cet organe), soit environ 900 litres de plasma sanguin. Sur ces 900 litres de plasma, 20 % sont filtrés au niveau des glomérules rénaux pour former 180 litres d'urine primitive qui subit par les différents segments du tubule rénal des modifications, essentiellement des phénomènes de réabsorption (plus de 99 % de l'eau et des sels filtrés sont réabsorbés), aboutissant à la production d'1 à 2 litres d'urines définitives. La diurèse quotidienne normale est de 1 à 1,5 L dépendant des apports hydriques[6]
92
+
93
+ Lors du sommeil, le taux d'ADH sécrété par l'hypophyse augmente, ce qui a pour effet d'augmenter la réabsorption d'eau par le rein, donc de diminuer la quantité d'urine excrétée.
94
+
95
+ Le débit de filtration glomérulaire normal est de 120 à 130 mL/min (un débit anormal sert à diagnostiquer l'insuffisance rénale chronique) soit les 180 litres d'urine primitive quotidienne[6].
96
+
97
+ L'insuffisance rénale chronique (IRC) semble en augmentation dans les pays riches, probablement secondairement à
98
+
99
+ Elles peuvent être dues à des anomalies génétiques ou à une malformation survenue lors du développement (polykystose rénale le plus souvent, ou reflux vésico-urétéral chez l'enfant), des infections (fréquemment à la suite d'angines, d'infection urinaire, de tuberculose dans les pays en développement) ou à des intoxications ou séquelles d'intoxications. Certains cancers du rein pourraient être précocement induits par des perturbateurs endocriniens. La défaillance du rein peut apparaître brutalement 10 à 40 ans après le début de l'affection.
100
+
101
+ Malformation congénitale : l'exposition prénatale à l'alcool peut provoquer une diminution de la quantité de néphrons[8], des reins en fer à cheval[9].
102
+
103
+ On classe généralement les maladies rénales en :
104
+
105
+ Un rein artificiel (ou générateur de dialyse) est un dispositif médical permettant d'épurer le sang des patients dont les reins ne fonctionnent plus.
106
+
107
+ Le bicarbonate de sodium s'avère efficace pour ralentir la progression de maladie rénale chronique - études ayant exclu les personnes souffrant d'obésité morbide associée, de troubles cognitifs, de septicémie chronique, d'insuffisance cardiaque manifeste ou d'hypertension non contrôlée[11],[12],[13].
108
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109
+ Le système excréteur chez les autres animaux est constitué d'organes excréteurs et des canaux excréteurs associés :
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+ Le rein est un organe de l'appareil urinaire des vertébrés. Il a de multiples fonctions : hormonales, de régulation de la pression sanguine et d'élimination des toxines. Il assure ainsi, par filtration et excrétion d'urine, l'équilibre hydroélectrolytique (homéostasie) du sang et de l'organisme en général. Ses fonctions hormonales comprennent la synthèse de l'érythropoïétine, du calcitriol (forme active de la vitamine D) et de la rénine.
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+ Chez les amniotes, il est le plus souvent pair et situé dans l'abdomen, dans le rétropéritoine, suivant une symétrie plus ou moins bilatérale. Il est de taille et de conformation très variable en fonction des espèces : lisses chez les humains, lobulés chez les ruminants, diffus chez les oiseaux...
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11
+ Par abus de langage, le langage courant nomme souvent reins la zone des vertèbres lombaires (ex.: « tour de reins » pour parler de lombalgie). Les reins de certains animaux de production sont consommés par les humains, sous le nom de rognons.
12
+
13
+ La fonction complexe de cet organe vital a peut-être suscité l'ambivalence de sa réputation : objet de culte (il est cité 25 fois dans la Bible où il est considéré, selon l'art divinatoire tiré de l'examen hiéroscopique des reins de l'animal sacrifié, comme le siège de la sagesse, de l'intelligence et des émotions, notamment dans le Livre des Psaumes[1]), il a également longtemps été méprisé car jugé peu noble (assimilé à une passoire qui filtre les déchets pour constituer les urines)[2].
14
+
15
+ Chez l'être humain, les reins sont des organes aplatis, ovoïdes, dits « en haricot ». La face externe est convexe ; la face interne est concave, et accueille le hile qui se projette au niveau de la 1re vertèbre lombaire : il constitue la zone de transit des éléments vasculo-nerveux et des voies excrétrices urinaires.
16
+
17
+ La surface des reins est lisse chez l'adulte, de couleur rouge-brun. En moyenne, ils ont pour hauteur 12 cm, largeur 6 cm, épaisseur 3 cm[3] et pèse environ 150 g. Ces mensurations sont très variables d'un individu à l'autre.
18
+
19
+ Les reins se situent dans l'espace rétropéritonéal, où ils se projettent par leur face postérieure dans la région lombaire. Celle-ci constitue d'ailleurs la principale voie d'abord chirurgicale du rein.
20
+
21
+ Ils sont placés entre la 11e vertèbre thoracique et la 3e lombaire (pour le rein gauche) et la 12e et l'espace entre la 3e et la 4e lombaire (pour le rein droit), le rein droit subissant la pression du foie sus-jacent.
22
+
23
+ Ils s'orientent[3] :
24
+
25
+ Un seul rein suffit pour vivre ; 5 % des individus n'ont qu'un rein, mais dans ce cas il s'agit le plus souvent du rein droit, mieux vascularisé et grâce à la présence du quadrilatère de Rogie qui favorise la stase veineuse et a des répercussions au niveau génital gauche.
26
+
27
+ Le rein est vascularisé par les artères et veines rénales et c'est par une échancrure dans la face concave que ces vaisseaux pénètrent dans le rein (hile du rein).
28
+
29
+ Les artères rénales sont 2 artères droite et gauche qui naissent de l’aorte abdominale au niveau de L1. L’artère rénale gauche est plus courte que la droite. Chaque artère rénale donne 2 branches terminales : une branche antérieure et une branche postérieure.
30
+
31
+ Les artères et les veines présentent les subdivisions suivantes, jusqu'au glomérule :
32
+
33
+ et
34
+
35
+ Vasa recta
36
+
37
+ Les veines rénales croisent en avant les artères rénales et se jettent dans la veine cave inférieure au niveau de L2. La veine rénale gauche est plus longue et de gros calibre.
38
+
39
+ Le parenchyme rénal est entouré d'une capsule dure, très résistante qui le protège. La partie périphérique du parenchyme est le cortex alors que la partie centrale est la médulla. Cette médulla n'est pas continue : elle est interrompue par des prolongements du cortex qui vont jusqu'au sinus rénal.
40
+
41
+ Le rein est innervé par le plexus rénal qui accompagne et entoure l'artère rénale. Il est innervé par le système nerveux sympathique et parasympathique.
42
+
43
+ L'innervation parasympathique est assurée par le nerf vague (X)[4].
44
+
45
+ L'innervation sympathique émerge des segments de la moelle spinale T10 à L1. Les fibres pré-synaptiques vont se réunir pour former les nerfs splanchniques, ceux-ci font synapse principalement dans le ganglion aortico-rénal. De là partent les fibres post-synaptiques qui vont innerver le rein[4]. Accessoirement on peut retrouver une innervation du 1er nerf splanchnique lombaire et l'implication des ganglions mésentérique supérieur et rénal.
46
+
47
+ Pour plus de détails sur l'innervation orthosympathique des viscères de l'abdomen, consultez l'article concernant les plexus prévertébraux.
48
+
49
+ Le rein a aussi une fonction endocrine (érythropoïétine, système rénine-angiotensine-aldostérone, calcitriol).
50
+
51
+ En raison de caractéristiques génétiques[5] ou liées aux traits de vie, la capacité des reins varie significativement selon les individus et selon l'âge. Elle est médiocre chez le nouveau-né et décline chez l'adulte avec l'âge. Les capacités fonctionnelles du rein peuvent être dégradées par diverses maladies et par l'exposition à certains toxiques (fluor, plomb, cadmium, autres métaux lourds, alcool ou excès de sodium…). En cas de déficience grave, les derniers recours sont la filtration externe du sang dans un rein artificiel (dialyse), ou la greffe de rein.
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+ De l'extérieur vers l'intérieur :
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+ Elle comporte les glomérules, les tubes contournés proximaux et distaux et les tubes collecteurs.
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+ Les colonnes de Bertin, dans les espaces entre les pyramides de Malpighi.
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58
+ Une pyramide et ses colonnes forment un lobe du rein.
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60
+ Les néphrons qui se déversent dans le même canal collecteur forment collectivement un lobule du rein.
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+ Les petits calices recueillent l'urine émise par les pyramides de Malpighi. L'union des petits calices forment les grands calices, il y a trois ou quatre grands calices par reins. Tube abouché à la pointe de la pyramide rénale, et qui en se rejoignant forment le bassinet.
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+ Tube en forme d'entonnoir qui se jette dans l'uretère. Il est également appelé pyélon.
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+ C'est l'endroit où va passer l'urine à sa sortie du néphron via le tube collecteur. Les bassinets tout comme les calices possèdent un tissu musculaire lisse qui se contracte et propulse l'urine par péristaltisme.
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67
+ Le rein est issu de la métamérisation (segmentation puis formation de tubules) du mésoblaste intermédiaire (tissu du disque embryonnaire) en cordon néphrogène au cours de la 3e semaine de développement. Ce cordon se divise en 3 régions distinctes dans le temps et l'espace (selon un axe céphalo-caudal) qui vont évoluer successivement:
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+ Voir aussi le paragraphe sur l'embryologie du néphron.
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+ Le néphron est l'unité structurelle et fonctionnelle de base du rein.
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+ C'est un tubule mince consistant en un amas de capillaires appelés glomérules, entourés d'un bulbe creux, la capsule glomérulaire.
74
+ La capsule glomérulaire amène à un long tubule entortillé en deux sections : le tubule contourné proximal, l'anse du néphron, le tubule contourné distal, et le tubule rénal collecteur.
75
+ Les tubules collecteurs se déversent dans les calices via les papilles, les calices se jettent dans le pelvis rénal (appelé également pyélon ou bassin), qui est connecté à l'uretère.
76
+ Chaque rein humain compte environ un million de néphrons. Le nombre de néphrons, fixé à la naissance, est d'une grande variabilité. Il dépend de multiples facteurs dont l'âge gestationnel, le retard de croissance intra-utérin, l'état nutritionnel maternel.
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+ Hormis sa fonction principale de filtration et d'épuration du sang, le rein intervient à bien des niveaux, notamment dans la régulation de la pression artérielle. Par sa fonction de synthèse de substances spécifiques régulatrices, notamment :
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80
+ Ceci explique pourquoi l'apport excessif de sel fait augmenter la pression artérielle : les mouvements de sodium dans le rein se font également passivement, donc si on augmente notre apport en sodium (sel), cela entrainera une réabsorption accrue d'eau également provoquant une augmentation de volémie donc de pression car :
81
+ PA = DC × Rp
82
+ DC = FC × VES
83
+ PA = pression artérielle
84
+ DC = débit cardiaque
85
+ Rp = résistance périphérique
86
+ FC = fréquence cardiaque
87
+ VES = volume d'éjection systolique (volume éjecté par le ventricule cardiaque gauche à chaque contraction)
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+ On sait que les entrées et sorties en sodium sont équivalentes, la quantité absorbée est éliminée au début mais si l'apport en sel n'est plus ponctuel mais continu, alors une autre limite est fixée et l'élimination se fait moins bien ; ceci augmente avec l'âge.
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+ Un adulte reçoit normalement le quart du débit cardiaque à chaque minute. Son rein est irrigué en moyenne chaque jour par plus de 1 700 litres de sang (toutes les quatre minutes, la totalité du sang de l'organisme, soit près de 6 litres, est filtré en traversant cet organe), soit environ 900 litres de plasma sanguin. Sur ces 900 litres de plasma, 20 % sont filtrés au niveau des glomérules rénaux pour former 180 litres d'urine primitive qui subit par les différents segments du tubule rénal des modifications, essentiellement des phénomènes de réabsorption (plus de 99 % de l'eau et des sels filtrés sont réabsorbés), aboutissant à la production d'1 à 2 litres d'urines définitives. La diurèse quotidienne normale est de 1 à 1,5 L dépendant des apports hydriques[6]
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+ Lors du sommeil, le taux d'ADH sécrété par l'hypophyse augmente, ce qui a pour effet d'augmenter la réabsorption d'eau par le rein, donc de diminuer la quantité d'urine excrétée.
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+ Le débit de filtration glomérulaire normal est de 120 à 130 mL/min (un débit anormal sert à diagnostiquer l'insuffisance rénale chronique) soit les 180 litres d'urine primitive quotidienne[6].
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+ L'insuffisance rénale chronique (IRC) semble en augmentation dans les pays riches, probablement secondairement à
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+ Elles peuvent être dues à des anomalies génétiques ou à une malformation survenue lors du développement (polykystose rénale le plus souvent, ou reflux vésico-urétéral chez l'enfant), des infections (fréquemment à la suite d'angines, d'infection urinaire, de tuberculose dans les pays en développement) ou à des intoxications ou séquelles d'intoxications. Certains cancers du rein pourraient être précocement induits par des perturbateurs endocriniens. La défaillance du rein peut apparaître brutalement 10 à 40 ans après le début de l'affection.
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+ Malformation congénitale : l'exposition prénatale à l'alcool peut provoquer une diminution de la quantité de néphrons[8], des reins en fer à cheval[9].
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+ On classe généralement les maladies rénales en :
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+ Un rein artificiel (ou générateur de dialyse) est un dispositif médical permettant d'épurer le sang des patients dont les reins ne fonctionnent plus.
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+ Le bicarbonate de sodium s'avère efficace pour ralentir la progression de maladie rénale chronique - études ayant exclu les personnes souffrant d'obésité morbide associée, de troubles cognitifs, de septicémie chronique, d'insuffisance cardiaque manifeste ou d'hypertension non contrôlée[11],[12],[13].
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+ Le système excréteur chez les autres animaux est constitué d'organes excréteurs et des canaux excréteurs associés :
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+ Le rapport sexuel ou coït, en tant que relation humaine, implique de facto plus d'un individu dans un comportement sexuel humain aboutissant ou non à une pénétration. Exclue par cette définition, la masturbation demeure un acte sexuel pouvant provoquer les mêmes réponses physiologiques.
2
+
3
+ Il est traditionnellement distingué plusieurs phases dans un rapport sexuel : le désir, les préliminaires associés à l'excitation sexuelle, l'acte sexuel proprement dit (voir coït), l'orgasme et la résolution. Cependant, aucune de ces phases n'est en elle-même nécessaire, un rapport sexuel pouvant se concevoir sans pénétration, et sans orgasme. Le terme coït, bien que définissant stricto sensu l'acte de reproduction sexuée chez les animaux (incluant la reproduction humaine) tend à devenir un synonyme du rapport sexuel, tout en désignant plus strictement les moments où il y a pénétration (soit en excluant toutes formes de préliminaires) : on distingue alors le coït vaginal et le coït anal. Les termes « copulation » et « fornication » ont également des sens proches mais connotés, voire péjoratifs.
4
+
5
+ Les expressions « rapport sexuel », « relation sexuelle » et « faire l'amour » sont couramment utilisées pour désigner, souvent de manière implicite et sous-entendue, le coït vaginal hétérosexuel[1],[2]. Par extension, ces expressions générales englobent les préliminaires, et désignent également le coït anal, homo- ou hétérosexuel.
6
+
7
+ Le coït, du latin coire « aller ensemble » (de cum « avec » et ire « aller »)[2], désigne l'accouplement du mâle avec la femelle. Bien que la signification première du mot coït est la pénétration du pénis dans le vagin, il est également souvent utilisé pour désigner la pénétration dans d'autres orifices du corps comme l'anus ou la bouche[1].
8
+
9
+ La copulation, du latin copulatio « union », désigne l'accouplement du mâle avec la femelle chez les animaux à fécondation interne. Ce terme est parfois utilisé de manière humoristique ou péjorative pour désigner l'accouplement de la femme et de l'homme[2].
10
+
11
+ Les relations sexuelles chez les Grecs s'inscrivent dans un contexte social contraignant et sont très dépendantes du statut social des partenaires. Elles font l'objet de réflexions morales de la part des philosophes comme Aristote ou Platon. Ces derniers, selon Foucault, les analysent, non sous l'angle de l'acte lui-même, du désir ou du plaisir, mais de la dynamique examinée selon deux grandes variables, qualitative (comportement sexuel) et quantitative (degré d'activité que traduisent le nombre et la fréquence des actes)[3].
12
+
13
+ Si le citoyen romain ne met aucun érotisme dans sa sexualité, cela ne semble pas être le cas chez les Étrusques où la relation entre les hommes et les femmes est bien différente, comme le montre[réf. nécessaire] par exemple la tombe des Taureaux[4].
14
+
15
+ Dès le haut Moyen Âge dans les pays de la chrétienté, les autorités religieuses codifient les positions sexuelles permises et définissent « les jours et les périodes durant lesquelles les relations sexuelles sont prohibées. Au VIIe siècle, en additionnant dimanches, jours fériés, fêtes religieuses, jeûnes, périodes de grossesse et de relevailles, les rapports sexuels entre époux sont interdits pendant 273 jours par an. Au XVe siècle, l'abstinence sexuelle sera ramenée à 120 jours »[5].
16
+
17
+ Afin de provoquer l'excitation sexuelle chez l'un et/ou l'autre des partenaires, le coït est généralement précédé de préliminaires tels que des baisers, caresses sur les organes sexuels, le thorax, le ventre, les cuisses, les fesses et autres parties du corps. Les activités bucco-génitales sont généralement incluses dans les préliminaires. Enfin, certains gestes (en dehors des caresses et attouchements), paroles ou regards construisent également cette première phase et provoquent un effet d'excitation non négligeable relativement aux stimuli physiques. De nombreux autres facteurs environnementaux peuvent renforcer cette première phase.
18
+
19
+ Le constat de l'excitation du partenaire est également un facteur très fort dans l'excitation de l'autre partenaire. Elle se remarque chez l'homme par l'érection du pénis avec parfois un écoulement de liquide pré-éjaculatoire et chez la femme par le gonflement du clitoris et des petites lèvres, ainsi qu'à la détente et à la lubrification du vagin par transsudation du plasma à travers l'épithélium vaginal.
20
+
21
+ Au sens strict, le coït vaginal consiste en la pénétration du pénis (en érection) dans le vagin. Le coït en lui-même se caractérise par des mouvements entre le pénis et le vagin qui stimulent réciproquement les zones génitales des deux partenaires. Outre cette stimulation physique, le prolongement des actes de types préliminaires (cf. supra) ouvre sur un plaisir qui dépendra également de nombreux autres facteurs environnementaux. Si l'on peut souligner parfois l'idée d'habileté des partenaires, ce facteur n'est pas plus déterminant que certaines conditions psychologiques[réf. nécessaire].
22
+
23
+ La pénétration peut être pénible et douloureuse pour les deux partenaires si les deux organes (vagin/pénis) sont trop étroit/large ou court/allongé ou tendu/mou l'un par rapport à l'autre ou si les organes sont insuffisamment lubrifiés. Le vagin, la vulve et le gland du penis se lubrifient naturellement lorsqu'il y a excitation, mais cette lubrification peut être insuffisante. Chez la femme vierge, la pénétration est souvent inconfortable, voire douloureuse, en raison de l'appréhension de l'acte ou du déchirement de l'hymen. Chez la femme ménopausée, le vagin peut être atrophié et sec (ce phénomène est contrecarré par le traitement hormonal). Pour plus de confort, on peut utiliser des lubrifiants intimes artificiels, notamment des gels à base d'eau.
24
+
25
+ Le coït peut se pratiquer dans diverses positions ; le choix de la position dépend des anatomies, des goûts, des circonstances et des fantaisies des partenaires. La plus habituelle est la position du missionnaire : la femme est allongée sur le dos et l'homme s'allonge entre ses cuisses écartées. La femme peut être active dans l'acte de pénétration, par exemple chevauchant l'homme allongé sur le dos.
26
+
27
+ Il existe de très nombreuses possibilités de rapports sexuels, la frontière peut être sujette à d'innombrables débats. Au sens strict, le rapport sexuel doit tout de même faire intervenir les organes sexuels d'au moins un des partenaires. Le nombre de partenaires n'étant a priori pas limité, on peut également signaler l'existence du coït multiple et simultané (voir sexualité de groupe). Plus simplement à deux, les types de rapport peuvent être cumulés ou combinés : l'agencement le plus connu est la position 69, combinant une fellation et un cunnilingus (pénis/vulve), deux fellations (pénis/pénis) ou deux cunnilingus (vulve/vulve).
28
+
29
+ La sodomie est, dans le cadre des rapports sexuels, une pénétration par l'anus.
30
+
31
+ Le baiser, la succion et le léchage (soit avec la bouche et/ou la langue) portent des noms différents en fonction des parties du corps concernées : le cunnilingus pour la vulve, l'anulingus pour l’anus et la fellation pour le pénis. Ces activités sont généralement considérées comme des préliminaires, toutefois l'irrumation lors de la fellation gorge profonde constitue une forme de coït dite coït buccal.
32
+
33
+ La masturbation est une activité auto-érotique qui est parfois pratiquée lors d'un rapport sexuel, en complément des stimulations du partenaire ou pour terminer un rapport sexuel si le partenaire n'est plus sexuellement motivé.
34
+
35
+ Outils qui peuvent être utilisés lors d'un rapport sexuel; pour stimuler des parties sensibles du corps (vagin, clitoris, gland du pénis, prostate, anus…) plus ou moins accessibles (point G), Les commerces spécialisés proposent de nombreux jouets et accessoires sexuels. Les plus célèbres sont les boules de geisha, les canards vibrants et les godemichets. Le gode ceinture ou harnais godemichet permet ainsi à une femme d'avoir des rapports évoquant très directement la pénétration masculine.
36
+
37
+ L'orgasme est généralement considéré comme le sommet du plaisir marquant la fin du rapport sexuel. Dans certaines formes de sexualités, comme le tantra, l'orgasme peut ne pas être recherché comme ultime but, afin de prolonger et approfondir culturellement la sensualité et le plaisir.
38
+
39
+ Les recherches scientifiques, menées principalement sur des mammifères non-primates, montrent que l'organisation neuroanatomique générale des organismes mammaliens est spécifiquement conçue pour la copulation hétérosexuelle : des phéromones sexuelles attirent réciproquement les mâles vers les femelles[6], puis le réflexe de lordose permet de bien présenter le vagin pour la pénétration[7], la lubrification vaginale facilite le réflexe d'éjaculation, les sensations vaginales, clitoridiennes et péniennes (via le système de récompense[8],[9]) favorisent la motivation sexuelle[10], etc.
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+
41
+ La pénétration rythmée du pénis dans le vagin est le but fonctionnel de l'organisation anatomique et neurobiologique. Le but du seul réflexe sexuel moteur de la femelle (la lordose[7]) est de présenter le vagin au mâle, et le but des réflexes sexuels du mâle (érection, ajustement de l'intromission et poussées pelviennes[11]) est l'intromission rythmée du pénis, qui déclenche le réflexe éjaculatoire.
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+
43
+ Les données neurobiologiques montrent que le coït vaginal hétérosexuel est le but fonctionnel du comportement de reproduction. Mais un rapport sexuel humain, en général, ne se limite pas uniquement au coït. Il existe des activités sexuelles qui n'ont aucun rapport avec la reproduction (comme la masturbation) et même des activités sans aucun rapport avec les organes génitaux (comme le baiser). Et le coït vaginal n'est pas nécessaire à la réponse sexuelle physiologique (excitation, plateau, orgasme, résolution). Comment expliquer ces différences entre la copulation animale et le rapport sexuel humain ?
44
+
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+ Les recherches récentes en neurosciences, depuis le début du XXIe siècle, permettent d'expliquer ces différences entre le coït animal et humain. Elles ont montré qu'au cours de l’évolution, le contrôle neurobiologique du comportement sexuel a changé[12]. Chez les primates et surtout chez les hominidés (être humain, chimpanzé, bonobo, orang-outan, gorille, etc.), la sexualité s'est progressivement dissociée des cycles hormonaux[13],[14], 90 % des gènes des récepteurs aux phéromones ont été altérés[15],[16] et le réflexe sexuel de la lordose n'est plus fonctionnel. Tandis qu'au contraire, l'importance du système de récompense et de la cognition est devenue majeure[17]. En raison de ces modifications du système nerveux, on observe que les activités sexuelles des hominidés changent : elles ne sont plus limitées à la copulation vaginale[18],[19], mais se développent principalement autour de la stimulation des zones érogènes, car ces stimulations procurent des récompenses / renforcements dans le cerveau[17]. Ces récompenses, en particulier l'orgasme, sont perçues au niveau de la conscience comme des sensations de plaisirs érotiques et de jouissances. Chez l’être humain, le but fonctionnel du comportement sexuel n'est plus le coït vaginal, mais la recherche des récompenses érotiques, procurés par la stimulation du corps et des zones érogènes. Le comportement de reproduction a évolué vers un comportement érotique[20],[12],[note 1].
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+ Le plaisir est devenu le principal (mais pas unique) facteur de la sexualité humaine. En résumé, l’être humain recherche les activités sexuelles principalement car elles procurent des plaisirs érotiques intenses[21].
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+ Par ailleurs, les chercheurs Masters et Johnson ont observé et mesuré avec des appareils spécialisés plus de 10 000 réponses sexuelles auprès de 694 hommes et femmes. Ils ont montré que le pénis de l’homme et le clitoris de la femme étaient les principales régions du corps à l’origine du plaisir sexuel[22]. Pour ces raisons physiologiques, le rapport sexuel, qui implique justement des stimulations intenses du clitoris et du pénis, est une des activités érotiques préférées des humains.
50
+
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+ Mais le plaisir n'est pas la seule raison à l'origine des rapports sexuels. Les principaux facteurs donnés par les femmes sont, dans l'ordre : le plaisir, l'amour, le contact physique, le désir d'être pénétrée par le.la partenaire, la complicité, la tendresse, une pulsion, les caresses sensuelles et le désir d'être reconnue par le.la partenaire. Les hommes indiquent, dans l'ordre : le plaisir, l'amour, le contact physique, la complicité, la tendresse, le désir de pénétrer le.la partenaire, une pulsion, le désir d'être reconnu par le.la partenaire et les caresses sensuelles. En conclusion, on remarque que les facteurs à l'origine des rapports sexuels sont similaires entre les femmes et les hommes. Le plaisir érotique est un facteur important, mais il n'est pas le seul. Les émotions positives, la qualité de la relation entre les partenaires et le besoin d'être aimé sont également très importants[23].
52
+
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+ Le gynécologue William Masters et la psychologue Virginia Johnson ont défini quatre phases de la réponse sexuelle humaine dans un ouvrage de référence intitulé Les réactions sexuelles en anglais : Human Sexual Response. À ces phases, le docteur Helen Singer Kaplan a ajouté celle du désir.
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+ D'après ces auteurs, les différentes phases sont, par ordre : le désir, l'excitation, le plateau, l'orgasme, et la résolution. Ces différentes phases, observables aussi bien chez l'homme que chez la femme, se manifestent par des variations physiologiques et humaines.
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+
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+ Chez la femme :
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+ Chez l'homme :
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+ Chez la femme :
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+ Chez l'homme :
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+ Il est également observé chez de nombreux hommes et de nombreuses femmes :
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67
+ Des contractions répétées au niveau du vagin ou du pénis toutes les 0,8 secondes. « Après les quatre à six premières, celles-ci diminueront en force et en fréquence ». L'orgasme chez certaines personnes s'accompagne de manifestations sonores plus ou moins intenses et plus ou moins discrètes (cris, soupirs, gémissements, couinement, râles, etc.).
68
+
69
+ L'orgasme est plus physiologiquement identifiable chez l'homme avec l'éjaculation. Il est parfois moins lisible chez la femme.
70
+
71
+ L'idée d'un orgasme féminin identique à celui de l'homme est très ancrée dans les comportements sexuels. L'orgasme s'identifie alors comme des spasmes du vagin, généralement accompagnés par une intense lubrification ; il est particulièrement remarquable dans le cas relativement rare des femmes dites fontaines pour lesquels on parle d'éjaculation féminine (expulsion en jet surtout d'urine et de liquide provenant de la vessie, accompagnée d'une faible sécrétion des glandes de Skene[24]).
72
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73
+ Les organes génitaux reprennent leur apparence initiale peu à peu.
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+ Il est nécessaire de souligner, avant de décrire les variations personnelles, culturelles, sociales, ou tenant à l'orientation sexuelle des individus, que les rapports sexuels de la très grande majorité des personnes, dans les sociétés occidentales, consistent en une pénétration vaginale avec un partenaire de sexe opposé, associé à des caresses comme préliminaires. Ceci représente 96 % des pratiques sexuelles. Les autres pratiques représentent entre 3 et 8 % des pratiques des personnes interrogées à propos de leur dernier rapport sexuel[26].
76
+
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+ L'ex-président des États-Unis, Bill Clinton, interrogé au sujet d'éventuelles relations extraconjugales, avait répondu qu'il n'avait pas eu de rapport sexuel avec Monica Lewinsky en arguant du fait que sa définition (personnelle) reposait sur un rapport strictement vaginal. Cette activité sexuelle de Bill Clinton, très médiatisée à l'époque, pose la question de la définition du « rapport sexuel » ou des « relations sexuelles ».
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+ En fonction des observations neurobiologiques, chez l'animal, la définition du coït correspond effectivement à l'organisation des circuits neuraux du comportement de reproduction, spécifiquement organisé pour la copulation hétérosexuelle. Par contre, chez les hominidés, l'altération et la modification de certains circuits neuraux induisent une modification de la dynamique fonctionnelle. La recherche des récompenses érotiques n'est plus liée au coït vaginal. La définition habituelle du « rapport sexuel », qui n'est plus limitée au coït vaginal, et qui par extension englobe les préliminaires et le coït anal homo- ou hétérosexuel, correspond assez bien à la dynamique du comportement érotique[note 1] des hominidés.
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+ Les paraphilies ne désignent pas des rapports sexuels mais une attirance ; cependant, sans passer à la réalisation physique dans un rapport sexuel, l'individu paraphile peut souffrir de ses attirances du fait d'une réprobation par son environnement social. C'est pourquoi certains spécialistes classent quelques paraphilies parmi les maladies psychiatriques. Dans le cas du passage à l'acte, ces « déviances » peuvent poser des problèmes d'ordres moraux et juridiques. Si, par exemple, la gérontophilie – soit l'attirance sexuelle pour des personnes du troisième âge – est tolérable, celle pour des animaux (autres qu'humains, la zoophilie) sera souvent prohibée, tout comme la nécrophilie (pour les cadavres) ainsi que la scatophilie (pour les excréments). Le cas le plus délicat et le plus sévèrement puni est la pédophilie, soit l'attirance sexuelle d'une personne juridiquement majeure pour des enfants (n'ayant pas atteint leur majorité sexuelle).
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+ Certains rapports sexuels sont interdits par la loi et/ou la morale, soit en tant que tels, soit pour les dommages qu'ils impliquent. Le harcèlement sexuel est également punissable.
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+ Le viol comme rapport sexuel se faisant par l'agression et considérant la violence exercée sur une personne est puni très sévèrement par de nombreux États, parfois même quand il a lieu entre époux (en France). Tous les abus sexuels sur des individus vulnérables ou en situation de vulnérabilité sont réprouvés — en particulier quand il s'agit d'un enfant abusé par un adulte (avec ou sans viol) : on parle d'acte de pédophilie, ce qui constitue en France un abus sexuel sur mineur.
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+ Les rapports sexuels avec un membre de la famille semblent être universellement réprouvés — cette prohibition de l'inceste constitue un point-clef de la sexualité humaine parfois considéré comme la structure initiale de la société[note 2]. Tous les rapports sortant de la normativité du coït vaginal sont également susceptibles d'être considérés comme immoraux, en particulier dans la civilisation occidentale[réf. nécessaire] : la sodomie, la fellation et/ou le cunnilingus sont parfois jugés comme des « pratiques déviantes » et réprimés pénalement.
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+ Les actes agressifs au sein du couple ne sont pas exceptionnels. Selon une étude menée par la BBC au Royaume-Uni, 38 % des femmes britanniques de moins de 40 ans ont été maltraitées pendant des rapports sexuels (giflées, étranglées, bâillonnées, et/ou se sont fait cracher dessus, contre leur gré). Les violences étaient systématiques pour 8 % des femmes, fréquentes pour 12 %, occasionnelles pour 22 %. Selon l’Institut national d’études démographiques, 0,5 % des femmes françaises déclarent en 2015 avoir subi des violences sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint, au cours des douze derniers mois. En France, les crachats, étranglements, morsures, coups ou ligotages non consentis, sont des violences volontaires, alors que injures, insultes, humiliations, propos et comportements attentatoires à la dignité relèvent du harcèlement sexuel[27]
90
+
91
+ Pour la plupart des religions établies, le mariage est un cadre strict qui tend à exiger la fidélité sexuelle dans le couple — les rapports hors-mariage sont alors condamnés. Un rapport sexuel entre un homme et une femme non mariés est qualifié de fornication. La fornication est réprimée pénalement dans certains États, avec cependant une certaine inapplicabilité pratique. Un rapport sexuel entre une personne mariée et une autre personne qui n'est pas son époux est nommé adultère. L'adultère est réprimé pénalement dans certains États ; c'est en général un motif de divorce aux torts de celui qui le commet.
92
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+ L'Église catholique encourage la chasteté entre époux en tant qu'acte d'adoration mutuelle et une théologie du corps enseigne également que l'amour sexuel est un transfert d'Éros en Agapè et qu'il y existe une « théologie de l'orgasme » qui exalte ce plaisir comme étant voulu par Dieu : « Oui, l’eros veut nous élever « en extase » vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes, mais c’est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purifications et de guérisons ». Ce chemin est l'amour-agapé, l'ouverture vers l'autre « découverte de l’autre, dépassant donc le caractère égoïste qui dominait clairement auparavant. L’amour devient maintenant soin de l’autre et pour l’autre. Il ne se cherche plus lui-même – l’immersion dans l’ivresse du bonheur – il cherche au contraire le bien de l’être aimé » et à travers lui la recherche de l'Amour, de Dieu : « Oui, l’amour est «extase», mais extase non pas dans le sens d’un moment d’ivresse, mais extase comme chemin, comme exode permanent allant du je enfermé sur lui-même vers sa libération dans le don de soi, et précisément ainsi vers la découverte de soi-même, plus encore vers la découverte de Dieu »[28],[29].
94
+
95
+ Au Moyen Âge, l'Église catholique interdisait le rapport sexuel la plupart des lundi et mercredi (jours de jeûne), le vendredi (jour des morts), le samedi (veille du jour du Seigneur), pendant l'Avent ou le Carême, ainsi plus de la moitié de l'année était interdite[30].
96
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+ La fertilisation interne survient chez certains vertébrés (tels que les reptiles, certains poissons, et la plupart des oiseaux) via une copulation cloaquale (voir hémipénis), tandis que les mammifères copulent vaginalement. D'autres vertébrés, dont bon nombre d'animaux aquatiques[31], ainsi que certains arthropodes terrestres utilisent, quant à eux, la fertilisation externe.
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+
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+ Les humains, les bonobos[32], les chimpanzés et les dauphins sont des espèces connues pour engager un comportement hétérosexuel même lorsque la femelle n'est pas en chaleur. Ces espèces, parmi d'autres, sont également connues pour engager un comportement bisexuel[19] (un individu pouvant avoir des activités hétérosexuelles et homosexuelles). Les humains, les bonobos et les dauphins sont des animaux socialement intelligents, et l'utilisation du sexe a évolué au-delà de la reproduction, pour apparemment renforcer certaines fonctions sociales.
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+ Le relief est la forte variation verticale d'une surface solide, soit positivement, en saillie, soit négativement, en creux. Ce mot est souvent employé pour caractériser la forme de la lithosphère terrestre.
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+ La géomorphologie distingue traditionnellement trois grands types de relief :
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+ D'autres types de relief incluent la vallée, la colline, le fjord, la gorge et, immergés, le haut-fond, le mont sous-marin, la dorsale et la fosse océanique.
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+
7
+ Le dénivelé est la différence d'altitude entre deux points du sol. La pente, la position vis-à-vis du niveau de la mer caractérisent également le relief.
8
+ La topographie mesure les reliefs aériens tandis que la bathymétrie mesure les reliefs sous-marins.
9
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10
+ En cartographie, le relief est représenté sous la forme de cartes topographiques.
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+ Le relief modifie les trajectoires des écoulements des fluides (atmosphère, hydrosphère, courant marin...).
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14
+ Les reliefs du globe terrestre comprennent les zones émergées et les zones sous-marines[1].
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16
+ Les reliefs émergés ou aériens comprennent les reliefs glaciaires et les reliefs terrestres stricto sensu.
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+ Au XXe siècle, les glaces ont occupé à leur apogée de 15 à 16 millions de kilomètres carrés, soit une étendue une fois et demie égale à celle de l'Europe. 97 % de cette surface est occupée par les deux inlandsis subsistant, celui de l'Antarctique et celui du Groenland[2]. Le premier est un plateau uniforme de 2 800 m d'altitude parfois dominé de nunataks, cet inlandsis austral étant accidenté de chaînes de montagnes élevées[3]. L'inlandsis groënlandais offre le même type de relief, avec une glace qui atteint une altitude moyenne de 2 135 mètres[4].
18
+ La carte mondiale des reliefs terrestres fait apparaître le triptyque classique plaines/plateaux/montagnes, auquel peut être ajouté les grands rifts, les ergs et champs de dunes, les trapps et volcans actifs, ainsi que les chaînes de montagnes récentes ou anciennes de structure plissée ou non[5].
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+ Les grands reliefs sous-marins sont tout aussi variés[6] : le plateau continental (profondeur inférieur à 500 m et le plus souvent à 200 m) occupe 7,6 % de la surface totale des océans ; le talus continental, 15,3 % de la surface ; les bassins océaniques, formés d'une plaine abyssale (4000 à 6000 m de profondeur) et d'une crête médio-océanique (2000 à 3000 m) occupent 77 % de la surface totale. D'autres reliefs sous-marins marqués se trouvent sur les marges continentales actives : fosses océaniques qui peuvent atteindre 10 000 m de profondeur ; arcs insulaires, généralement volcaniques et sismiques, qui isolent des mers bordières aux fonds complexes en raison d'une tectonique intense. Certains reliefs peuvent émerger des bassins océaniques, îles volcaniques (volcans sous-marins isolés[7] ou archipels formés d'îles alignées telles que les îles Marquises) et plateaux volcaniques (en) sous-marins (plateau des Kerguelen, des Açores, Islande)[8]. Enfin, au large des plateaux continentaux à faible pente, sont visibles de grands deltas sous-marins (du Mississippi, du Niger du Nil), tandis qu'au débouché des canyons sous-marins se forment des cônes sous-marins (en) (deltas abyssaux[9] de l'Amazone, du Congo)[10].
21
+
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+ Les vastes ensembles morpholithologiques ou morphostructuraux, conditionnés par la lithologie et les facteurs endogènes, sont l'expression directe de la tectonique (épirogenèse, orogenèse, volcanisme et séismes). Altérés par des facteurs exogènes (météorisation, érosion), ces grands ensembles deviennent des modelés géomorphologiques. Les géomorphologues parlent alors d'ensembles ou de systèmes géodynamiques, morphodynamiques, voire morphoclimatiques quand le climat est un facteur essentiel relativement à l'eustatisme[11],[12]. La combinaison de phénomènes géodynamiques participe ainsi à la formation de grandes unités géomorphologiques à l'échelle du globe :
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+ Carte montrant les grandes provinces magmatiques du globe
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+ Carte des bassins océaniques
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le catholicisme est la religion des chrétiens reconnaissant l’autorité du pape et des évêques, notamment pour l’établissement de leur doctrine, sa transmission et l’organisation de leur culte. L’Église catholique considère que tout baptisé dans l’Église catholique est catholique, mais elle ne définit pas de critères d’appartenance comme pourrait le faire un sociologue voulant déterminer ce qui caractérise l’adhésion objective à une religion.
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5
+ Le catholicisme d’aujourd'hui, se souvenant que l’adjectif « catholique » renvoie aux origines mêmes du christianisme et du symbole de Nicée, entend « se situer dans la continuité d’une tradition bimillénaire de recherche d’unité et d’universalité »[2]. Dans le catholicisme ainsi défini, la vie chrétienne est marquée par les sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, le mariage, l'onction des malades, et, pour les diacres, les prêtres et les évêques, l'ordination. Le catholicisme peut être vécu selon divers états de vie et dans une grande diversité de courants et d’organisations qui font tous partie de l’Église catholique. La grande majorité des catholiques font partie de l’Église latine, mais l’Église catholique comprend également 23 Églises catholiques orientales qui ont, entre autres particularités, le droit d’ordonner prêtres des hommes mariés, lesquels, dans ces Églises catholiques, ne sont pas pour autant considérés comme moins disponibles pour leur ministère[3].
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7
+ Historiquement, l’usage du terme « catholicisme » remonte au XVIe siècle pour marquer la différence avec les confessions protestantes au sein de l’Occident chrétien, mais par uchronie, l’historiographie catholique dont des auteurs fondamentaux comme Charles George Herbermann (Encyclopédie catholique) ou Michel Le Quien (Oriens Christianus) utilisent ce terme pour désigner le christianisme nicéen du premier millénaire organisé en pentarchie, ce qui, conformément à la doctrine de la foi catholique, fait apparaître l’Église de Rome (qui n’a jamais reconnu la pentarchie) comme seule continuatrice directe de l’église primitive. Mais d’autres auteurs comme Walter Bauer[4] ou Adolf von Harnack [5] considèrent que c’est le dogme qui crée le schisme, qu’hérésie et orthodoxie font système, et qu’aucune unité doctrinale n’existait dans le christianisme ancien.
8
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9
+ Selon l’Annuaire pontifical 2015, on dénombrait 1,254 milliard de baptisés dans l'Église catholique à la fin 2013[6], ce qui représente une augmentation de 26 millions de catholiques par rapport à fin 2012. En effet, fin 2012, il y avait 1,228 milliard de baptisés dans cette Église[7]. Entre fin 2012 et fin 2013, le nombre de catholiques a donc augmenté de 2,12 %. La croissance du nombre de catholiques a tendance à s'accélérer depuis environ 10 ans. Entre 2005 et 2013, la croissance des catholiques a été de 12 %, soit une augmentation de 139 millions[8]. Ces baptisés ont des pratiques, des convictions et des engagements religieux extrêmement variables : « un décalage croissant apparaît dans toutes les enquêtes d'opinion entre les croyances ou les prescriptions de l'Église et celles des populations qui se disent catholiques »[9].
10
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11
+ Le catholicisme est présent aujourd'hui dans presque tous les pays du monde, principalement en Europe, en Amérique et en Afrique subsaharienne, beaucoup moins en Asie et dans le monde arabo-musulman. Il enregistre un déclin dans les pays occidentaux et une forte progression en Afrique et en Asie. La croissance du nombre de catholiques dans le monde est légèrement supérieure à celle de la population mondiale. En 1978, le monde comptait environ 18 % de catholiques contre 17 % en 2004[10], 17,3 % en 2005, 17,5 % en 2012[11] et 17,7 % en 2013[12],[13].
12
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13
+ L'adjectif « catholique » vient du grec καθολικός (katholikos), qui signifie « universel »[14]. Dès les premiers siècles de notre ère, ce mot apparaît chez différents auteurs chrétiens, qui l'emploient pour clarifier ce qu'est une communauté locale en communion avec l’« Église universelle »[15] face à l'émergence de diverses sectes chrétiennes aux christologies spécifiques. Ainsi, au début du IIe siècle, Ignace d'Antioche dénonce les divisions entre chrétiens : « Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église universelle (katholikê ekklêsia) »[16]. Quelques décennies plus tard, Tertullien s'oppose aux dissidences des christianismes hétérodoxes de Marcion ou aux gnostiques, inaugurant la littérature chrétienne dans la langue latine, qui ne dispose cependant pas encore du vocabulaire ajusté pour rendre l'expression grecque de καθολικὴ ἐκκλησία (katholikê ekklêsia).
14
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15
+ Dans la littérature latine, le grec καθολικός n'est pas traduit par son équivalent latin, universalis, mais se trouve directement translittéré en catholicus. Le mot acquiert une extrême importance dès qu'il est intégré dans le symbole de Nicée, qui déclare : « Je crois en l'Église une, sainte, catholique et apostolique ». En latin, la carrière sémantique du terme catholicus reste déterminée par le fait qu'il est créé pour qualifier spécifiquement l'Église.
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17
+ En français, le terme « catholique » apparaît sous la forme catoliche au XIIIe siècle puis sous la forme catolicque au début du XIVe siècle[17] chez des auteurs comme Philippe de Mézières[18].
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19
+ Lors de la Réforme protestante, le christianisme connaît des débats doctrinaux d'où émerge une pluralité confessionnelle[19]. Des traités polémiques publiés vers 1570, notamment ceux de Philippe de Marnix, font que l'adjectif « catholique » identifie désormais une confession chrétienne parmi d'autres. Le substantif « catholicisme », lui, apparaît à la fin du XVIe siècle dans un livre du polémiste catholique Pierre Charron publié en 1595[20]. Le Dictionnaire historique de la langue française[21] signale un emploi du terme remontant à 1598[22], à la suite de la naissance des confessions protestantes, pour désigner la religion des chrétiens en communion avec le pape et les évêques. C'est alors un synonyme rare de « catholicité », au sens de « conforme à la doctrine catholique ».
20
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21
+ Cependant, le terme « catholicité » renvoie aussi à l'universalité de l'Église et de la foi nonobstant la diversité des confessions chrétiennes ; en ce sens, la catholicité est a-confessionnelle. Au contraire, le terme « catholicisme » renvoie à la pluralité confessionnelle en désignant une de ces confessions. Le paradoxe est que « catholique » signifie « universel », tandis que ce terme et ses dérivés commencent à être appliqués à cette réalité lorsque son universalité commence à être contestée[23].
22
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23
+ Cet usage ne s'impose cependant pas sans difficulté parmi les catholiques. Le cardinal Jacques du Perron, qui répondait aux arguments du roi Jacques Ier d'Angleterre selon lequel l'Église anglicane était catholique tandis que celle de Rome ne l'était pas, estimait que le nom de « catholique » ne pouvait pas être celui d'une religion particulière : « Le nom de catholique n'est pas un nom de simple créance mais un nom de communion. » Selon Michel Despland, « le rejet romain de la théorie de la religion s'explique facilement. Parler de religion, c'est utiliser un mot qui accepte l'article indéfini : c'est commencer à voir l'Église catholique comme une religion. […] Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la théologie catholique officielle laisse donc entièrement de côté la problématique de la religion devenue si visible au cours du XVIe siècle. Les catholiques français commencent à s'y intéresser de nouveau à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle »[24]. Le mot « catholicisme » ne devient courant qu'à la suite de son usage durant la Révolution française pour désigner l'Église catholique[21]. Par la suite, les catholiques finiront par considérer assez largement qu'ils ont une religion parmi d'autres.
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25
+ Le terme de « catholicisme » est donc utilisé tant par les « catholiques » qui se sont construit une identité confessionnelle sous ce nom que par ceux qui ont besoin d'un mot pour les désigner de l'extérieur. Le catholicisme est donc paradoxalement la confession de ceux qui considèrent (ou devraient considérer) qu'être catholique implique de ne pas faire partie de la pluralité des confessions.
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27
+ Le mot « catholicisme » peut aussi désigner la façon que l'on a de comprendre la doctrine catholique ou l'exposé systématique de la foi catholique[25]. C'est en ce sens que le terme est employé comme titre d'un essai d'Henri de Lubac[26], ou bien comme titre du dictionnaire encyclopédique Catholicisme[27].
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+ L'usage commun est de considérer l'Église catholique ou le catholicisme comme une confession, mais les textes de l'institution concernée ne donnent guère d'éléments qui permettraient d'affirmer qu'elle a telle ou telle désignation officielle. Dans les textes des évêques ou du pape, le terme le plus courant est celui d'« Église », sans autre précision : le mot « Église » n'y vise pas seulement une institution mais aussi un objet de foi. Dans la « communication tous publics » (revues, sites internet des diocèses, livres…), lorsqu'il n'est pas tout simplement question de l'« Église », c'est l'expression « Église catholique » qui est généralement employée.
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31
+ Les textes officiels du Saint-Siège utilisent, selon le contexte, l'expression « Église catholique » ou bien parlent de « l'Église » tout court. Sur le rapport entre Église et Église catholique, la constitution conciliaire Lumen Gentium indique que : « l’unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité, cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur […]. Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique »[30].
32
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33
+ L'expression « Église catholique » apparaît aussi dans les documents liés au dialogue interreligieux, notamment dans Nostra Ætate, la déclaration du concile Vatican II sur les rapports du catholicisme avec les autres religions, ainsi que dans Unitatis Redintegratio, un décret de Paul VI sur l'œcuménisme. Il en va de même pour l'intitulé du Catéchisme de l'Église catholique. Dans le Code de droit canonique de 1983, 20 canons utilisent l'expression « Église catholique ».
34
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35
+ Enfin, l'expression « Église catholique romaine » n'est jamais employée dans les textes officiels de l'Église, mais elle apparaît dans des textes d'auteurs protestants, orthodoxes ou catholiques de rite grec adressés aux catholiques de rite romain dans le cadre du dialogue œcuménique et publiés sur le site du Vatican.
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+ L’Église catholique professe que Dieu se révèle par le témoignage donné par la personne de Jésus-Christ : « Je suis le chemin, la Vérité et la Vie »[31] et par l'inspiration du Saint-Esprit : « Quand deux ou trois se réunissent en mon nom, je suis au milieu d'eux ».
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+ L’accès à cette révélation dépend d'une double source : les Écritures et la Tradition : « l'une et l'autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d'amour et de respect »[32]. L'ensemble que forment les Écritures et la Tradition se nomme le « dépôt de la foi ».
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+ Le concile Vatican II réaffirme que la Tradition explique les Écritures. Les deux aspects sont intimement liés :
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+
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+ « La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu, confié à l'Église ; […] Il est donc clair que la sainte Tradition, la sainte Écriture et le magistère de l'Église, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l'action du seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes. »
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+ — Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine, §10, [2].
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+ Elles constituent la tradition première et comprennent les textes de deux livres.
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+ Le livre de la Première Alliance (l'Ancien Testament) réunit des textes religieux juifs antérieurs à Jésus de Nazareth ; soit la Bible hébraïque. Pour le catholicisme, les « Écritures » de la Bible, en tant que parole humaine inspirée divinement, expriment la « Parole de Dieu ».
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+ Le livre de la Nouvelle Alliance (le Nouveau Testament) réunit 27 textes : les quatre Évangiles, les Épîtres, les Actes des Apôtres et l'Apocalypse, rédigés postérieurement à la vie de Jésus-Christ.
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+ Ces deux livres ou testaments constituent la Bible chrétienne.
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+ La Tradition témoigne du questionnement ininterrompu sur la foi et de l’élaboration constante des définitions de foi à travers les siècles. Elle comprend :
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+ Les professions de foi ont un rôle non seulement doctrinal mais aussi mystique et liturgique. Par elles, les catholiques expriment leur confiance (foi) en Dieu et réaffirment les grands « mystères » de la foi chrétienne :
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+ L’adhésion à ces textes est une condition nécessaire pour faire partie de l’Église catholique. Non seulement ils sont étudiés (dans le Catéchisme de l'Église catholique) mais ils sont aussi repris par les catholiques lors de leur baptême et de leur confirmation et redits à chaque messe.
60
+
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+ Dans le catholicisme, la vie chrétienne est marquée par les sacrements, eux-mêmes indissociables de la liturgie : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la réconciliation, le mariage, l'onction des malades, et pour les diacres, les prêtres et les évêques, l'ordination.
62
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+ Le catholicisme peut être vécu selon divers état de vie : laïc, consacré, ordonné, et dans une grande diversité de courants et d'organisations. Pour nombre de catholiques, le principal lieu de vie chrétienne est la paroisse ; celle-ci étant une portion du territoire d'un diocèse. Il existe au sein des paroisses de nombreuses associations ou mouvements établis de façon plus ou moins formelle. Certains de ces mouvements sont internationaux tels que Caritas Internationalis, les mouvements d'action catholique, les équipes Saint-Vincent, etc. Récemment, se sont développées les communautés nouvelles. Des centaines d'ordres religieux jouent un rôle important comptant de quelques dizaines de membres à plusieurs milliers.
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+ L'enseignement catholique, grâce à ses nombreuses écoles et universités tenues par des laïcs ou des religieux, fait partie des aspects les plus visibles du catholicisme actuel.
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+ Concernant ses relations avec le judaïsme, l'Église catholique est revenue sur certaines positions. Celles des premiers siècles liées au supersessionisme ne sont plus de mise. Rome a pensé qu'un renouvellement théologique était nécessaire dans ce domaine. Celui-ci est en cours depuis l'après-guerre et le concile Vatican II notamment avec la déclaration Nostra Ætate de 1965 sur les relations avec les autres religions.
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+ Entamée au cours des années 1990, la repentance de l'Église catholique a conduit à la publication de documents officiels comme cette réflexion sur l'antijudaïsme, voire l'antisémitisme, qui ont marqué une partie de son histoire :
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+
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+ Au lendemain du concile Vatican II, deux courants de contestation opposés se mettent en place. Dès la fin des années 1960, le débat s'engage sur la notion de « crise de l'Église »[34].
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+ Alors qu'un courant traditionaliste refuse les conclusions du concile, un courant « réformateur » et « progressiste » estime au contraire que sa mise en œuvre reste insuffisante.
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+ L'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, société de vie apostolique en forme canoniale, célèbre la messe tridentine selon le motu proprio Summorum Pontificum).
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+ La Fraternité Saint-Pierre est un courant catholique traditionnel constitué par la branche ralliée de la Fraternité Saint-Pie-X.
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+ L'Institut du Bon-Pasteur a pour supérieur l'abbé Philippe Laguérie un ancien prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.
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+ La Fraternité Saint-Pie-X fut créée par l'archevêque Marcel Lefebvre qui s'opposa à ce que celui-ci considérait comme les idées modernistes de l'Église et sacra des évêques pour perpétuer sa vision de la tradition, en désaccord avec le concile Vatican II. Il fut excommunié par Jean-Paul II en 1988 pour avoir procédé à ces ordinations illicites. La Fraternité célèbre la messe tridentine[35], et ne promeut pas la liberté religieuse, l'œcuménisme et le dialogue avec les autres religions. En 2009, le pape Benoît XVI a levé l'excommunication des évêques de cette communauté. Ce geste a été suivi par des conversations visant à régulariser la situation de la Fraternité. Un accord est envisagé entre Rome et la fraternité pour donner à cette dernière un statut canonique de prélature personnelle à l'image de ce que connaît l'opus Dei[36].
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+ Les catholiques interviennent en matière sociale. Cette question a fait l'objet d'une synthèse systématique et exhaustive en 2004, sous la forme d'un Compendium de la doctrine sociale de l'Église, rédigé par le cardinal Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix.
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+ Dans le mouvement de la Théologie de la libération, les catholiques progressistes s'éloignent d'un catholicisme conservateur, au profit d'une voie dans laquelle l’action politique apparaît comme une exigence de l'engagement religieux dans la lutte contre la pauvreté. Théorisé à partir de 1972 par Gustavo Gutiérrez, ce mouvement prône la libération des peuples et entend renouer avec la tradition chrétienne de la solidarité. Ce courant latino-américain, essentiellement composé de dominicains et de jésuites, est accusé par ses détracteurs d'être d'inspiration marxiste et ses théologiens sont souvent en délicatesse avec la Congrégation pour la doctrine de la foi, à l'instar de Jon Sobrino.
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+ C'est en 1967 qu'apparaît aux États-Unis le Renouveau charismatique catholique, inspiré par les mouvements pentecôtistes américains[37]. Des communautés sont nées, appelées « charismatiques » parce qu'elles revendiquent « le don accordé par Dieu à une ou plusieurs personnes, comme un don de guérison, de « parler en langues ». Des familles, des célibataires, prêtres et laïcs consacrés en font partie. Jean-Paul II a reconnu ce mouvement nouveau au sein de l'Église notamment dans l'exhortation apostolique Christifideles Laïci[38].
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+ La nouvelle évangélisation est l'une des priorités de l'Église depuis le pontificat de Jean-Paul II, qui a instauré le concept de « nouvelle évangélisation » ou « réévangélisation ». Elle se différencie de l'évangélisation traditionnelle du fait de ses modalités mais également par le public qu'elle veut atteindre : les pays de vieille tradition chrétienne, c'est-à-dire principalement l'Europe et l'Amérique.
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+ Un Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation fut créé en 2010 par Benoît XVI.
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+ Graphique : estimations par continent, exprimées en millions de catholiques, de 1978 à 2004.
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+ Le catholicisme signifie aujourd'hui l'ensemble des chrétiens en communion avec le pape et les évêques, autrement dit une religion, ce qui, en sociologie, peut être appréhendé comme un « ensemble de pratiques et de croyances ». Cependant, les études sociologiques ou des sciences des religions sur le catholicisme restent très rares, pour ainsi dire inexistantes si l'on compare avec ce qui se fait pour d'autres religions[39].
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+ En 1974, alors qu'avec la déclaration Nostra Ætate l'Église catholique encourageait ses fidèles à porter un regard plus positif sur diverses religions, Jean Daniélou, Jean Honoré et Paul Poupard avaient intitulé Le Catholicisme un livre par lequel ils proposaient de décrire de façon objective « l'histoire, la pensée et la vie » de leur propre religion. Ils suivaient en cela le plan adopté dans la collection « Deux milliards de croyants » pour présenter les diverses « confessions, religions et croyances » principalement chrétiennes[40].
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+ En 2012, dans Catholicisme en tensions, Danièle Hervieu-Léger déplore que « trop peu de jeunes chercheurs, intéressés pourtant à la sociologie des faits religieux contemporains, s'engagent dans cet inépuisable champ de recherche ». Elle propose aussi un diagnostic de ce manque d'intérêt : « Le sentiment de bizarrerie qu'inspire l'objet catholicisme - banal, vaguement familier, peuplé éventuellement de quelques références et souvenirs lointains, et, en même temps, étranger, exotique, ou plutôt saugrenu - explique, sans doute pour une part, cette absence d'attrait »[39].
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+ Par contraste avec la sociologie, il existe de très nombreuses études historiques, littéraires, théologiques ou philosophiques sur le catholicisme ou l'Église catholique.
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+ Si, jusque dans les années 1980, il ne semblait guère douteux que l'on puisse décrire objectivement et scientifiquement une religion comme un objet qui s'offre tel quel à l'observation et aux mesures, il n'en va plus de même aujourd'hui. L'impossibilité qu'ont les chercheurs de s'accorder sur ce qu'est une religion[41], comme celle de décrire de façon exhaustive ce que serait le système de pensée d'une religion[42], ont été maintes fois relevées.
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+ Ces difficultés théoriques ont entraîné davantage de circonspection quant à la possibilité de définir ce que serait essentiellement le catholicisme. Des études mettent ainsi davantage l'accent sur la diversité du phénomène que l'on tente d'appréhender sous ce nom[43], tandis que pour ce qui est de la description du catholicisme comme d'une doctrine ou d'un système de pensée, on insiste sur le fait que l'on peut sans doute identifier des « accentuations »[44], caractéristiques ou « éléments constitutifs »[45] de la pensée catholique, mais sans décrire more geometrico un « système catholique » en sa totalité.
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+ Avena sativa
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+ Espèce
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+ Classification phylogénétique
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+ L'Avoine cultivée (Avena sativa L.), parfois appelée « avoine commune », « avoine byzantine » ou simplement « avoine », est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae (graminées), sous-famille des Pooideae. Connue seulement à l'état cultivé (cultigène), cette espèce a probablement été domestiquée en Europe centrale et septentrionale vers 2500 ans avant J.-C.
8
+ Ce sont des plantes herbacées annuelles aux tiges (chaumes) dressées et aux inflorescences en panicules lâches, aux épillets retombants.
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10
+ L'avoine est cultivée comme céréale ou comme plante fourragère à couper en vert ; ses pousses tendres et sucrées plaisent aux animaux de la ferme. Elle fait partie des céréales à paille et est utilisée principalement en alimentation animale (notamment des équidés)[1].
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+
12
+ Le genre Avena comprend outre l'avoine cultivée (Avena sativa), d'autres espèces cultivées à certaines époques (Avena byzantina C Koch, Avena abyssinica Hoscht., Avena strigosa Schreb., Avena brevis Roth., Avena hispanica Ard. et Avena nuda L.) et des espèces adventices, dont la folle avoine (Avena fatua) et l'avoine stérile (Avena sterilis).
13
+
14
+ Ces graminées n'ont ni la rusticité, ni la rapidité de végétation du seigle, et montrent aussi plus d'exigence que ce dernier sur la qualité du sol, mais leurs tiges durcissent moins vite, ce qui constitue un avantage appréciable au point de vue fourrager. Indépendamment de sa qualité fourragère, l'avoine présente l'avantage de n'occuper le sol que pendant un temps relativement court.
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+
16
+ La plante est facilement identifiable.
17
+
18
+ L’avoine a des fleurs hermaphrodites autopollinisées par le vent. C’est une monocotylédone à tige cylindrique (cauline) de 25 à 150 cm de haut, au port dressé.
19
+
20
+ Les feuilles glabres, longues et effilées font 2 à 10 mm de large et engainent les tiges. Elles présentent une ligule blanche de 2 à 5 mm sans oreillettes au niveau de leur insertion sur la tige.
21
+
22
+ Les inflorescences sont des panicules lâches. Elles mesurent 8 à 30 cm de long, portant des épillets de deux à trois fleurs, mesurant 20 à 25 mm de long.
23
+
24
+ Le grain est un caryopse velu entouré de glumelles non adhérentes mais qui restent fermées.
25
+
26
+ L’avoine peut produire des racines adventives au niveau des nœuds.
27
+ Son système racinaire fasciculé est relativement puissant, pouvant s’enraciner jusqu’à plus de 1,5 m.
28
+
29
+ Avena sativa est une plante en C3 hexaploïde. L'avoine rude (Avena strigosa) est la seule avoine diploïde et est largement utilisée dans les programmes de création variétale car plus rustique qu’Avena sativa, avec des graines plus petites.
30
+
31
+ En France, plus de trente variétés cultivées (cultivars) sont inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés et près de 360 au Catalogue européen.
32
+
33
+ Quelques variétés cultivées en France :
34
+
35
+ L'avoine est une céréale qui peut être cultivée comme céréale d'hiver ou de printemps.
36
+
37
+ C'est une plante relativement exigeante qui ne doit pas être installée sur sols pauvres sans apport de fumier ou d’engrais. De plus, l’avoine ne supporte pas la submersion ou l’engorgement. Elle ne doit pas être cultivée en milieu inondable et sur sols très lourds qui favorisent l’engorgement. Enfin, l’avoine se développe assez mal sous ombrage, dans les associations trop denses.
38
+
39
+ L'avoine est utilisée depuis des siècles comme nourriture pour les animaux d'élevage et à destination humaine de manière très récente. Ses premières utilisations en phytothérapie proviennent de la médecine traditionnelle d'Inde, la médecine ayurvédique.
40
+
41
+ La production mondiale d'avoine a beaucoup baissé dans les 50 dernières années, passant de 50 millions de tonnes dans les années 1960 à 20 millions de tonnes en 2010. L'avoine a cessé d'être l'aliment de choix pour animaux, maintenant remplacée par le maïs et l'orge.
42
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43
+ Les pays à climat froid et à culture extensive sont les plus importants producteurs d'avoine au monde. Le Canada est le premier exportateur mondial (2,1 millions de tonnes), et les États-Unis le premier importateur.
44
+
45
+ Production en tonnes. Chiffres 2012-2013[2] Données de FAOSTAT (FAO)
46
+
47
+ L’avoine en grains était autrefois très utilisée pour l’alimentation des chevaux, à cause de son "pouvoir excitant" (dont l'origine n'est pas établie), qui était censé stimuler les animaux[3]. Elle est encore utilisée pour les chevaux de sport[3]. Sa valeur énergétique est cependant bien moindre que celle du blé ou de l’orge. Comme fourrage, on peut la cultiver en mélange avec une légumineuse (comme la vesce), ce qui améliore sa teneur en protéines.
48
+
49
+ Dans le cadre de l'année internationale de la biodiversité 2010, un projet pilote est en cours dans la région Franche-Comté, projet pilote visant à cultiver des surfaces d'avoine ceci permettant aux abeilles de pouvoir utiliser le pollen produit par ces plantes comme élément nutritif[4].
50
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52
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53
+ Pour information, on estime qu'aux États-Unis l'alimentation humaine correspond à un tiers de l'approvisionnement en avoine, et l'alimentation animale deux tiers.
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+ L'avoine, comme le riz, a comme source de protéine majeure la globuline; se retrouvant chez les légumineuses. Elle contient comme le riz de 5 à 10 % de prolamines incluant l'avénine, la proline, la glutamine, qui sont des protéines présentes chez les Triticées[10]. Les globulines sont caractérisées par leur solubilité dans l'eau saline. Les autres protéines classiques telles que le gluten (blé, orge, seigle) et la zéine (Maïs), sont des prolamines. Une des protéines mineures de la prolamine est l'avénine[11]. L'avenine est toxique chez les individus sensibles à cette protéine [12] et aurait des effets toxiques similaires à l’intolérance au gluten (Voir Gluten)
56
+ La source de protéines de l'avoine est équivalente qualitativement à celle du soja (légumineuse contenant la globuline), les recherches de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) ayant montré l’équivalence avec les protéines de la viande, du lait et des œufs[13]. Les protéines contenues dans l'enveloppe de la graine sont en proportion de 12 à 24 %, l'un des taux les plus haut de la famille des Céréales.
57
+
58
+ Comme dans tous les grains, l'avoine contient de l'acide phytique dans son enveloppe (le son). Si l'avoine n'est pas trempé plusieurs heures, voire fermenté comme dans l'ancien temps, l'acide phytique peut se lier dans les intestins au calcium, magnésium, cuivre, fer et tout spécialement le zinc et bloquer son absorption. Donc, un régime fort en céréales complètes non cuites peut entraîner un déficit en minéraux et des problèmes de santé[réf. nécessaire]. Simplement tremper, fermenter ou cuire (donc ramollir) ces céréales complètes permet aux enzymes et autres organismes de neutraliser et dégrader l'acide phytique afin d’empêcher cela.
59
+
60
+ L’avoine possède un système racinaire fasciculé relativement puissant qui lui permet de se développer sur sol modérément compacté et d’en améliorer la structure lorsqu'on l'utilise en CIPAN. Son système racinaire, très dense sur les horizons de surface, s’enracine en général à plus de 80 cm et peut atteindre 190 cm. De plus, l’avoine produit une biomasse conséquente et procure ainsi une très bonne couverture du sol. Cette couverture se décompose lentement (rapport C/N élevé) et se maintient en conséquence longtemps sur le sol.
61
+ L’avoine bénéficie ainsi aux cultures qui lui succèdent, en particulier pour les légumineuses d'autant qu'elle permet un bon contrôle des adventices. L’avoine est une excellente plante nettoyante. Au-delà de l’effet d’ombrage procuré par la couverture, l’avoine a des facultés allélopathiques très marquées, que ce soit en végétation ou lors de sa décomposition. En conséquence, les cultures installées sur résidus d’avoine peuvent généralement être conduites sans utilisation d’herbicide.
62
+
63
+ L’avoine est souvent utilisée comme nématicide. Elle est considérée comme un bio pesticide, en particulier en semis direct. Son effet est multiple : d’une part, elle n’est pas un hôte des nématodes (en particulier Pratylenchus penetrans). Comme elle supprime les autres plantes qui pourraient être des hôtes, elle rompt le cycle de ces nématodes. D’autre part, elle a des effets allélopathiques et biocides, que ce soit pendant sa croissance ou lors de la décomposition de ses pailles. Par ailleurs, l’avoine sécrète par son appareil racinaire des substances fongicides, toxiques pour Fusarium, Gaeumannomyces et Rhizoctonia.
64
+
65
+ En 2014, la France a exporté en moyenne 7 500 t d'avoine par mois, à 98 % vers ces 6 pays : la Belgique (24 %), les Pays-Bas (22 %), l'Allemagne (19 %), l'Italie (19 %), l'Espagne (8 %) et la Suisse (7 %). Le niveau de prix est d'environ 170 €/t[14].
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67
+ Dans le calendrier républicain français, le 2e jour du mois de Messidor, est officiellement dénommé jour de l'Avoine[15]
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+ Le christianisme est une religion abrahamique, originaire du Proche-Orient, fondée sur l'enseignement, la personne et la vie de Jésus de Nazareth, tels qu'interprétés à partir du Nouveau Testament. Il s'agit d'une religion du salut considérant Jésus-Christ comme le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. La foi en la résurrection de Jésus est au cœur du christianisme car elle signifie le début d'un espoir d'éternité libéré du mal.
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+ Les premières communautés chrétiennes naissent au Ier siècle en Palestine et dans les grandes villes de la diaspora juive telles que Rome, Éphèse, Antioche et Alexandrie. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle dans l'Empire romain, dont il devient la religion officielle à la fin du IVe siècle, mais aussi en Perse, en Inde et en Éthiopie. Au Moyen Âge, le christianisme devient majoritaire en Europe, tandis qu'il s'amenuise face à l'islam au Proche-Orient. Il est devenu la religion la plus importante de la planète en raison de son expansion en Amérique à partir du XVIe siècle et en Afrique depuis le XXe siècle. Il est actuellement présent dans tous les pays. En 2015, le nombre total de chrétiens dans le monde est évalué à 2,4 milliards, ce qui en fait la religion comptant le plus de fidèles, devant l'islam et l'hindouisme.
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+ Les Églises chrétiennes sont regroupées en différentes branches, dont les principales sont le catholicisme, le christianisme orthodoxe et le protestantisme (avec sa branche évangélique) représentant respectivement 51 %, 11 % et 37 % du total des chrétiens en 2017.
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+ Le nom « christianisme » vient du mot grec Χριστός / Christós, qui traduit l'hébreu Messie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne, dans le judaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
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+ Le mot « chrétien » n'est pas utilisé par les Évangiles pour désigner les disciples de Jésus ; ceux-ci sont habituellement appelés les « Galiléens » ou les « Nazôréens »[1]. Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », dérivé de « Christ », signifiant « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche[B 1], en Syrie antique (actuelle Turquie), qui était à l'époque une ville de langue grecque.
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+ La référence la plus ancienne connue pour le terme « christianisme » se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[2].
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+ Le fondement historique du christianisme est la foi en Jésus-Christ, Messie et fils de Dieu, sa crucifixion et résurrection, ce qui est appelé kérygme [3],[4],[5]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[6]. La crucifixion et la résurrection montrent « la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[7]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien : « Le Seigneur est venu dans le monde (...) afin de détruire la tyrannie du mal et de libérer les hommes. (...) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[8]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
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+ Le plus ancien témoignage écrit du kérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans la lettre aux Corinthiens : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu à Céphas puis aux douze »[9].
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+ Des professions de foi (ou credo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant le symbole de Nicée-Constantinople[10]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l'Eglise et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
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+ À la Bible hébraïque, qui correspond à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, les premiers siècles du christianisme ont adjoint le Nouveau Testament ; réunis, ces deux textes constituent la Bible chrétienne, qui présente quelques variantes selon les confessions, notamment les Livres deutérocanoniques. Le canon du Nouveau Testament est composé de 27 écrits : les quatre évangiles canoniques, les Actes des Apôtres, les épîtres de plusieurs apôtres aux premières communautés chrétiennes et l'Apocalypse[11] ; il exclut de nombreux textes chrétiens apocryphes, parmi lesquels une douzaine d’évangiles. Il rejette , en particulier, celui de Thomas, qualifié de gnostique.
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+ Dès le Ier siècle, le « concile de Jérusalem » dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec la Torah[12]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
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+ Marcion, vers 140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans le canon chrétien[11]. Le marcionisme distingue le Dieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêque Anicet en 144[13]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[14].
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27
+ Irénée de Lyon affirme à la même époque que la Loi a été abrégée et non abrogée. Il bâtit une théologie de l'Histoire qui donne un sens à celle-ci, déterminé par le plan de Dieu, de la Création à l'Incarnation et dans l'attente du retour du Christ[15].
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+ L'inculturation du christianisme dans la culture gréco-romaine est l'œuvre des Pères de l'Église vers la fin du IVe siècle[16]. Nés pour la plupart dans des familles chrétiennes de l'élite locale, ils effectuent un travail de réappropriation de la Bible hébraïque, dont les citations abondent dans leurs ouvrages, associée à la philosophie grecque[16].
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+ « Dieu est l'Amour » et rien d'autre ». Pour le théologien jésuite Hans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour : en cela consiste l'idée chrétienne »[17]. « En envoyant (...) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1]. « "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1Jn4,16). Ces paroles de la Première lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
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+ Selon l'injonction augustinienne, Dilige, et quod vis fac, le christianisme reste centré sur l'amour. L'exclamation du dominicain T. Radcliffe est représentative : « Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[18].
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+ Deux textes du Nouveau Testament sont fondamentaux pour la morale chrétienne : le sermon sur la montagne dans l'évangile de Matthieu et l'épître de Paul aux Romains[19] ; ils furent longuement commentés par nombre de théologiens tels qu'Augustin d'Hippone ou Thomas d'Aquin. Le sermon assigne au croyant des objectifs de perfection difficilement réalisables[19]. Le péché, honni mais inévitable, est ainsi une notion centrale dans le christianisme[20].
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+ Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans le Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
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+ Le christianisme privilégie la charité envers les pauvres et les malades ; dès le IVe siècle l'organisation de la diaconie établit des listes de pauvres et consacre à leur entretien une part des revenus des églises[22]. Le prêt à intérêt est donc interdit aux chrétiens par l'Église catholique comme contraire à cette notion[23].
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+ Au XVIe siècle, Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père du capitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiers monts-de-piété.
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+ Au XIXe siècle, les révoltes des ouvriers face à leur misère croissante amenèrent Frédéric Ozanam à fonder la société de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[24],[25], début de l'action du catholicisme social. En 1891, l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII établit les grands principes de la doctrine sociale de l'Église catholique.
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+ Depuis les années 1960, la théologie de la libération remet en question cette aide traditionnelle aux pauvres ou charité, pour une « option préférentielle pour les pauvres » qui participe à leurs démarches d'émancipation[26].
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+ Les catholiques et les orthodoxes se réunissent pour la messe [27].
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+ Les protestants et les chrétiens évangéliques se réunissent pour le culte[28].
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+ Les lieux de cultes catholiques, orthodoxes et de certaines dénominations protestantes sont appelés église ou cathédrale[29].
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+ Les lieux de cultes protestants ou chrétiens évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[30],[31],[32],[33].
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+ Au sein du christianisme, les sacrements aussi appelés ordonnances sont des rites cultuels. Deux sont pratiqués par presque toutes les confessions chrétiennes : le baptême et l'eucharistie, principalement parce que ce sont les deux gestes qui ont institués par Jésus dans la bible[34]. Cependant, certaines dénominations protestantes ne pratiquent aucun sacrement et les catholiques ainsi que les orthodoxes en pratiquent sept[35].
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+ Les églises chrétiennes évangéliques utilisent majoritairement le terme « ordonnances », pour parler du baptême et de la communion[36].
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+ Le baptême est un rite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme les quakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus par Jean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[37]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[37]. Dans les églises évangéliques, le baptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[38]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance[39].
60
+ Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[40] tandis que les anabaptistes ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[37].
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+ L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore la Cène[40], dernière Pâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[40].
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+ Les catholiques et les orthodoxes pratiquent sept sacrements comprenant, en plus du baptême et de l'eucharistie, la confirmation (ou la chrismation), l'ordination, la pénitence (ou la réconciliation), l'onction des malades et le mariage[41]. C'est également le cas des orthodoxes orientaux, de plusieurs anglicans et de quelques luthériens.
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+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle. Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la Résurrection du Christ[42], événements dont les quatre évangiles situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, le 14 Nissan du calendrier juif. Sa date fut fixée en 325 par le concile de Nicée au « dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ».
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+ Le calendrier liturgique se constitua progressivement à partir du IVe siècle autour de la date de célébration de Pâques. C'est tout d'abord le triduum pascal, dont les deux jours qui précèdent le dimanche de Pâques deviennent un temps de jeûne, puis la célébration s'étendit à la semaine sainte dès 389[43]. À partir de la fin du IVe siècle, elle fut précédée des 40 jours de jeûne du carême[43]. Le temps pascal fut également étendu jusqu'à la Pentecôte, sept semaines après Pâques.
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70
+ Le cycle des fêtes à dates fixes lié à Noël ne fut instauré qu'au Ve siècle, après que cette fête eut été fixée au 25 décembre pour remplacer la fête impériale de Sol Invictus[43].
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+ La réforme du calendrier grégorien au XVIe siècle, adoptée pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage, amena un décalage dans le calcul de la date de Pâques entre le calendrier liturgique catholique et le calendrier liturgique orthodoxe, qui perdure de nos jours.
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74
+ Dans le catholicisme, le ministère désigne les membres du clergé, soit le diacre, le prêtre, l'évêque, le cardinal ou le pape [44].
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+ Dans les Églises protestantes, et notamment réformées, il désigne les fidèles appelés à exercer un ministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[45]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes protestantes [46].
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+ Dans le christianisme évangélique, les ministères évangéliques sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du chantre et de l’évangéliste[47]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[48]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques[49]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[50].
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+ Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier des communautés juives hellénisées.
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+ Jésus est la figure fondatrice du christianisme, certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[51]. Jésus et tout le groupe primitif des apôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain de Capharnaüm ou la femme samaritaine[52]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substituant à la Torah[53].
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+ À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu[54], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[54], qui permirent l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres).
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+ Selon une tradition, rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville Sainte, au moment de la Grande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie) (cf. Fuite des Chrétiens de Jérusalem à Pella). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[55].
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+ Dans le même temps, le judaïsme évolue vers un judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70)[54].
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+ La divergence, avec le judaïsme, s’accéléra au tournant du Ier siècle ; il n'y a pas d'événement marquant clairement cette séparation. Pour d'aucuns, le christianisme naît avec la reformulation de la Birkat haMinim (la 12e bénédiction de l'Amida) ; pour d'autres, il commence dès le tournant du IIe – IIIe siècle avec l'établissement d'un canon pour le Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[56]. Au début du IIe siècle, les épîtres d"Ignace d'Antioche sont précurseurs en Asie Mineure de l'organisation d'un épiscopat monarchique caractérisé par une hiérarchie à trois niveaux (évêque, prêtre, diacre)[57].
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+ Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[58], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[12].
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+ Le christianisme est né dans la partie orientale de l'Empire romain, où se trouvait le plus grand nombre de chrétiens dans les premiers siècles.
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+ Cependant, le christianisme se développa à l'extérieur, dans l'Empire parthe (Mésopotamie, Perse) mais aussi en Éthiopie et en Inde, où la diaspora juive était présente. En dehors de l'Empire romain, les chrétiens s'organisèrent en Églises indépendantes. Ce fut notamment le cas du Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et de l'Église arménienne[n 1]. Aucune centralité susceptible de régulation n'existait alors[59], et le débat christologique était la règle[60].
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+ Avec la conversion de l'empereur Constantin et l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s'arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire, remplaçant le culte romain antique et inversant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté, période de l'histoire de l'Europe où le christianisme imprègne toute la société, y compris les lois et les comportements sociaux.
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+ Les causes de la conversion de l'empire au christianisme, peu étudiées au-delà d'approches de type mystique ou sectaire, sont vraisemblablement à aller chercher du côté de la menace que représentait le judaïsme pour la cohésion de l'empire (se rapporter sur ce point au code Théodosien qui punit spécifiquement les citoyens romains qui auraient souhaité se convertir au judaïsme). Ainsi, l'adoption du christianisme aurait répondu à un impératif de rassemblement des sujets de l'empire à un moment où la puissance de ce dernier vacillait. Elle aurait notamment permis aux dirigeants romains de proposer à leurs sujets une alternative au judaïsme qui soit plus crédible que le vieux paganisme finissant difficilement réformable.
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+ En 330, l'empereur Constantin Ier transféra la capitale de l'empire de Rome à Constantinople (rebaptisée Nea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à la Pentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
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+ Avec la Paix de l'Église commença la période des Pères de l'Église[61], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature du Christ[62]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurs controverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
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+ Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut le concile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Le concile d'Éphèse proclama en 431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèses nestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En 451, le concile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur la Trinité chrétienne formalisée par le credo en 325 à Nicée.
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+ Les dogmes proclamés au concile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[63]. Mais les christologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs après Constantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirent Goths et Vandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
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+ En Occident, le déclin de l'Empire romain a amené la prépondérance des Wisigoths, Lombards, Burgondes convertis pour partie au christianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[64]. La donne changea avec l'avènement du roi franc Clovis, qui opta pour le christianisme nicéen[65]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premier concile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Eglise[66].
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+ En Orient, certaines Églises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, des coptes en Égypte, des Éthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
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+ Au début du VIIe siècle, le christianisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord restait donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens[63] quand ces régions furent conquises par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)[67]. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le monoénergisme est proposé comme tentative de conciliation des doctrines ; et bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions[68].
115
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+ C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion monothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[69], qui bientôt entament une guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[70]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des musulmans[70]. Les Byzantins pratiquent une politique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[71]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de dhimmis (« protégés »), mais seules Constantinople et Rome gardent leur liberté politique.
117
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+ La dynastie carolingienne renforça sa légimité en se faisant sacrer par le pape dès 754 ; la création des États pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[72].
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+ Au IXe siècle, en sacrant Charlemagne comme empereur romain, les évêques de Rome rompent politiquement avec les empereurs de Constantinople et recherchent la protection des empereurs ou des rois Francs. Charlemagne poursuivit la conquête et la christianisation de l'Europe ; les Saxons furent convertis de force et l'empereur, par de nombreux cartulaires, réglait la discipline religieuse.
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+ Au IXe siècle l'évangélisation des peuples slaves se fit par la conversion de leurs souverains : le khan Boris de Bulgarie pour les slaves occidentaux opta pour un rattachement à Rome, Vladimir de Kiev pour les slaves orientaux (serbes, bulgares et Rus' de Kiev) à Constantinople[73]. En 1054, après la querelle du Filioque, Rome et Constantinople se traitent réciproquement de « schismatiques et anathèmes ». La première croisade aboutit à l'installation de patriarcats latins à Jérusalem et Antioche. Sur le plan politique, la rupture a été définitivement consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ravagèrent Constantinople et déposèrent le patriarche. L'affaiblissement de l'Empire romain d'orient par les Croisés a permis, deux siècles plus tard, la prise de Constantinople par les Turcs ottomans.
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+ En 1455, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourage Henri le Navigateur à soumettre en esclavage les « sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[74]. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le pape Alexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 3], et leur attribue l'activité de mission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le catholicisme s'implante aux Amériques avec les conquêtes espagnoles, au Mexique avec la conquête de Cortés et au Pérou à la suite de celle de Pizarre[73]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux Philippines et à Goa[75].
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+ Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537) et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des Amérindiens[76] ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci », mais n'évoque pas les Noirs. Après la Controverse de Valladolid en 1550 la traite négrière se généralise.
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+ À la même époque, le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Les protestants refusent l'idée d'une hiérarchie ecclésiale instituée par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape. Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence de la Réforme, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs.
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+ La Contre-Réforme catholique précise ses dogmes lors du concile de Trente et impose en 1582 le passage du calendrier julien au calendrier grégorien. Elle s'engage dans la lutte contre les hérésies, d'une part par l'éducation – l'ordre des Jésuites est créé à cet effet –, d'autre part par la répression de l'Inquisition.
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+ À l'issue des guerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. La paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permit de facto une certaine tolérance dans le Saint-Empire romain germanique[77]. Les Pays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[77].
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134
+ Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises d'Amérique offrirent un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait puritain et les États du Sud anglicans, dans les États du centre l'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais et nord-irlandais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du grand réveil. Des prédicateurs itinérants parcoururent alors le territoire.
135
+
136
+ En Europe, à partir du XIXe siècle, l'Église catholique perdit son statut privilégié dans plusieurs États. La Révolution française avait supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature du Concordat en 1801[78]. Après les guerres napoléoniennes, l'Europe était profondément changée, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouva jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
137
+
138
+ À la fin du XIXe siècle, l'Église catholique confrontée au rationalisme réagit par la publication du syllabus de Pie IX pour dénoncer les erreurs « modernes »[79] ; le concile Vatican I proclama l'infaillibilité papale avant d'être interrompu par la guerre de 1870[80]. Les États pontificaux, dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, furent absorbés par l'unification des États italiens en 1870[80].
139
+
140
+ À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur le continent américain, avec le Second grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel et l'Armée du Salut[81],[82].
141
+
142
+ En 1917, l'Église orthodoxe de Russie put se réorganiser lors de la révolution russe[83], mais connut des persécutions dès la Révolution d'Octobre[84], qui l'amenèrent à plusieurs schismes.
143
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144
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. Le nombre de chrétiens dans cette région a été multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne en Afrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est aujourd'hui majoritaire avec 63 %[86].
145
+
146
+ En 1900, les Africains ne formaient que 2 % (10 millions) de la population chrétienne mondiale. Ils sont aujourd'hui 20 % (500 millions). Cet essor est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de nouvelles Églises d'institution africaine. Les plus importantes - le Kimbanguisme au République démocratique du Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire ou le mouvement Aladura issu du Nigéria - ont été fondées dans l'entre-deux-guerres et ont joué un rôle lors de la décolonisation, mais il en existe de nombreuses autres [87] dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[88].
147
+
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+ Le développement de ces Églises pourrait conduire à revoir les classifications traditionnelles et à établir de nouvelles typologies[89].
149
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+ Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam qui compte 1,703 milliards de fidèles. Selon une estimation pour mi-2015, le christianisme compterait environ 2,4 milliards de fidèles[90],[91].
151
+
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+ Les chrétiens se répartissent dans de multiples confessions, dans des Églises autocéphales dès l'origine, ou issues des nombreux schismes qui ont agité l'histoire du christianisme.
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+ On classe les Églises chrétiennes en trois grands groupes : la catholique, les orthodoxes et les protestantes :
155
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156
+ Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2015, 33,2 % de chrétiens.
157
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158
+ Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[93] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
159
+
160
+ Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : les États-Unis, le Brésil et le Mexique (les deux autres étant la Russie et les Philippines[94].)
161
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+ Le 13 mars 2013, a lieu à Rome l'élection du pape François : il s'agit du premier pape issu du continent américain et du premier pape non européen depuis le VIIIe siècle. Le dernier pape non européen remontait a l'an 741 ; il s'agissait du Syrien Grégoire III[95].
163
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164
+ En Asie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté au Moyen-Orient et en Inde. Aujourd'hui, le Timor oriental et les Philippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place le Liban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[96], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[97].
165
+
166
+ La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[98]. La Corée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que la Chine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[99], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[100].
167
+
168
+ En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[101].
169
+
170
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[102]. : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[103].) D'après les chiffres livrés lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[104].
171
+
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+ Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
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+
174
+ L'Église orthodoxe réunit les Églises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
175
+
176
+ Au début du XXIe siècle on dénombre 283,1 millions d'orthodoxes, soit environ 12 % des chrétiens[105]. Numériquement les pays qui comptent le plus d'orthodoxes sont la Russie et l'Éthiopie[n 4], mais dans des pays plus petits comme la Moldavie,la Roumanie, la Grèce ou la Géorgie, ils représentent plus de 87 % de la population[106].
177
+
178
+ L'Église catholique revendique depuis le premier concile de Constantinople une primauté pontificale qui ne soit pas seulement d'honneur mais aussi de juridiction. Après la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, l'Église de Rome, appelée « Église catholique », eut encore 14 conciles qui fixèrent des dogmes comme le purgatoire, l’Immaculée Conception ou l'infaillibilité pontificale. Ces conciles accentuèrent la rupture avec les Églises des sept conciles et provoquèrent de nouveaux schismes. Ainsi, l'Église vieille-catholique est née du rejet du dogme de l'infaillibilité papale[107]. L'écart entre « catholiques » et « orthodoxes » tend cependant à se réduire depuis le concile Vatican II.
179
+
180
+ Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,272 milliard[92]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[108].
181
+
182
+ La Réforme protestante instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises chrétienne évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel) ou libérales.
183
+
184
+ En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[109].
185
+
186
+ Le principal symbole chrétien est la croix [110]. Celle-ci représente la Crucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
187
+
188
+ Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répendu aux États-Unis avec le Jesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez les chrétiens évangéliques[111].
189
+
190
+ Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[112],[113].
191
+
192
+ La croix, principal symbole du christianisme.
193
+
194
+ Croix orthodoxe.
195
+
196
+ Ichthus.
197
+
198
+ Ichthus contemporain.
199
+
200
+ Le chant chrétien, accompagné d'instruments de musique et basé sur le livre des Psaumes est un des premiers styles de musique chrétienne[114]. Puis le chant grégorien s'est installé dans les églises [115]. Aux États-Unis, le XIXe siècle voit apparaître le negro spiritual et le gospel au XXe siècle[116]. En 1964, la Gospel Music Association est fondée à Nashville [117].
201
+
202
+ La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles de musique qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de ces communautés qu'à l’intérieur de celles-ci. Les artistes chrétiens pratiquent aujourd'hui tous les styles de musique : de la pop chrétienne, du rock chrétien au hip-hop chrétien en passant par le punk chrétien ou encore metal chrétien [118]. Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques[119],[120]. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle [121].
203
+
204
+ Les églises catholiques, orthodoxes et certaines églises protestantes (luthériennes et anglicanes) utilisent la peinture pour des représentations divine ou humaine dans les lieux de culte [122],[123].
205
+
206
+ En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, la majorité des églises protestantes et toutes les églises chrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[124].
207
+
208
+ La Trinité est un concept chrétien remontant à Tertullien, qui présente le Dieu unique sous forme d'une trinité de trois « personnes » (Tertullien[125]) divines, ou de trois « hypostases » (Origène[125]), fondamentalement distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui peut faire écho[126] à une formule trinitaire de l'évangile selon Matthieu. Celle-ci renvoie au baptême de Jésus-Christ[127] : « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[B 3]. Cette notion donne lieu à de multiples approches et vigoureux débats dès le IIIe siècle. Le terme de « personne » a prêté à de nombreuses interprétations et, par exemple, Augustin d'Hippone précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité.
209
+
210
+ Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles du IVe siècle – s'accordent sur une profession de foi connue sous le nom de Credo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient un dogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ce Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir »[n 5]. Mais différents courants refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve des homoiousiens, des homéiens, des anoméens... en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôt monarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[128]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant les Églises des deux conciles, des trois conciles ou des sept conciles.
211
+
212
+ Aux alentours du VIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianisme wisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale, celle du Filioque : le Saint-Esprit dépend désormais à la fois du fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[129].
213
+
214
+ Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse le Filioque pour ne pas altérer la profession auxquels l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[129]. Mais au XIe siècle[129], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe de ses racines orientales en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment du Saint-Esprit dans l'économie du Salut[130]. Si le Saint-Esprit découle aussi du Christ, et pas seulement de Dieu, une âme ne peut être sauvée que si la personne est chrétienne, ce qui change le rapport aux autres croyances et aux incroyants[réf. à confirmer][131].
215
+
216
+ Cette controverse contribue, parmi d'autres différends séculaires, au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. Quelques siècles plus tard, d'autres controverses ont conduit, dans le monde orthodoxe, au bogomilisme, et dans le monde catholique au catharisme et au protestantisme.
217
+
218
+ De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes, les Témoins de Jéhovah et l'Église de Dieu (Septième Jour) n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés « antitrinitaires ».
219
+
220
+ La doctrine chrétienne du péché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[132]. Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
221
+
222
+ Augustin aborde également la doctrine de la prédestination, selon laquelle Dieu aurait déterminé de toute éternité qui serait sauvé.
223
+
224
+ Pour l'Église catholique la théologie du salut était centrée sur le principe « Hors de l'Église point de salut », c'est-à-dire que ce sont ses sacrements qui permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et par là d'accéder au salut.
225
+
226
+ Le débat autour de cette question, au centre des préoccupations de Luther fut relancé lors les débats théologiques de la Réforme[132]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que les bonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
227
+
228
+ Les cinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
229
+
230
+ En 1965, par la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II, l'Église catholique déclare que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique ».
231
+
232
+ Un rapprochement entre l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur ces questions a amené en 1999 à une déclaration commune sur la justification par la foi qui professe « Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu ».
233
+
234
+ C'est généralement à la Conférence Internationale des Missions qui s'est tenue à Édimbourg en 1910[133], présidée par le laïc américain John Mott, que l'on fait remonter le départ de l'œcuménisme moderne[134]. La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[135], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
235
+
236
+ En 1927[136], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
237
+
238
+ En 1928, le pape Pie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encyclique Mortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le 20 décembre 1949, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[137]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées du Conseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[138].
239
+
240
+ Avec le concile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du pape Paul VI et du patriarche Athenagoras Ier[139]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridictions par des patriarcats comme ceux d'Athènes, Belgrade ou Moscou.
241
+
242
+ L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
243
+
244
+ Les critiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentes Églises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de religion chrétienne.
245
+
246
+ D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et des institutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[140], créé l'Inquisition, lancé les croisades[141] et propagé l'antisémitisme.
247
+
248
+ Du point de vue théologique, les interprétations chrétiennes de la Bible hébraïque sont inconcevables pour les autres peuples du Livre, qui considèrent comme du polythéisme la Trinité, l'idée d'un Dieu incarné en homme ou le culte de Marie (catholicisme et christianisme orthodoxe)[142].
249
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250
+ Les critiques philosophiques de la morale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[143] ainsi que les scandales liés aux abus sexuels.
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1
+ L’hindouisme[1](hindi : hindu dharm ; devanāgarī : हिन्दू धर्म ; tamoul : இந்து சமயம் ; « religion hindoue »), ou sanatana dharma[2], (sanskrit IAST : sanātanadharma, en écriture devanāgarī : सनातनधर्म ; « Loi Éternelle »)[3], est l'une des plus anciennes religions du monde encore pratiquées[note 1] qui n'a ni fondateur ni institution cléricale organisée uniformément (les brâhmanes peuvent être de différentes écoles)[4],[5]. En 2015, le nombre de fidèles est estimé à 1,1 milliard[6],[7] dans 85 pays[8], c'est actuellement la troisième religion la plus pratiquée dans le monde après le christianisme et l'islam. Elle est issue du sous-continent indien[note 2] qui reste son principal foyer de peuplement.
2
+
3
+ Le terme persan hindu (du sanskrit Sindhu) désignait au départ, pour les musulmans qui pénétrèrent en Inde, les habitants du bassin de l'Indus[8].
4
+
5
+ La notion de « religion », au sens judéo-chrétien du mot, s'applique difficilement à l'hindouisme, qui est organisé d'une façon très différente, jusque dans ses dogmes centraux[note 3]. La majorité des hindous ont foi en l'autorité du Veda[note 4], considéré comme « permanent » (nitya), qui fut révélé aux hommes de façon « non-humaine » (अपौरुषेय, apauruṣeya)[9] par Brahmā et grâce à l'« audition » des Rishi[10] (c'est-à-dire les « Sages ») ; c'est l'avis des traditions brahmaniques comme le Vedanta et la Mîmâmsâ, mais pas pour les écoles philosophiques brahmaniques Nyâya et Vaisheshika qui reconnaissent l'autorité du Véda tout en le considérant anitya (« impermanent ») et paurusheya (« humain »)[11]. Les auteurs de textes védiques ne sont pas tous identifiés, ou bien de façon légendaire comme Vyāsa.
6
+
7
+ L'hindouisme se présente comme un ensemble de concepts philosophiques issus d'une tradition remontant à la protohistoire indienne[12], la pratique hindouiste étant sans doute issue d'une tradition orale très ancienne, proche de l'animisme. On retient parfois une tripartition historique qui fait de l'hindouisme la dernière phase du développement des religions en Inde, après le védisme (env. 1500-500 avant notre ère) et le brahmanisme (-600 à 500 de l'ère courante)[13].
8
+
9
+ Au-delà du syncrétisme théologique, l'hindouisme d'avant les invasions islamiques et le colonialisme européen qui soumirent l'Inde à leur autorité[14] était un vecteur pour toutes les sciences : le droit, la politique, l'architecture, l'astronomie, la philosophie, la médecine ayurvédique, etc., comme d'autres savoirs qui avaient en commun le substrat religieux.
10
+
11
+ Hindū, ou hindou, est le nom persan désignant l'Indus, d'abord rencontré dans l'ancien persan, correspondant au mot védique sanskrit Sindhu, — l'Indus[15]. Le Rig-Véda mentionne la terre des Indo-Aryens comme le Sapta Sindhu (« sept Indus », sanskrit : सप्त सिन्धव)[16], la terre des sept rivières du nord-ouest de l'Asie du Sud, l'un d'entre eux étant l'Indus. Cela correspond à Hapta Həndu dans l'Avesta (Vendidad ou Videvdad 1.18) — le texte sacré du Zoroastrisme. Le terme était utilisé par les hommes vivant à l'ouest de l'Indus, pour nommer les peuples qui habitaient dans le sous-continent indien, à partir ou au-delà du « Sindhu[17] ». Dans l'islam, le terme que l'on trouve dans les textes arabes — Al-Hind — se réfère aussi à la terre du peuple vivant sur le territoire de l'Inde moderne[18].
12
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13
+ Le terme persan (persan ancien : Hindūk, en persan : Hindū) fit son entrée avec les invasions islamiques, officiellement avec le sultanat de Delhi et apparaît à la fois en Inde du Sud et dans des textes cachemiriens à partir de 1323 apr. J.-C.[19] puis, de plus en plus communément, sous la colonisation britannique, dans le sens au début d'un autochtone de l'Inde (un sens qui durera en français jusqu'au XXe siècle). En conséquence, le terme « hindou » ne vient pas des peuples « hindouistes » eux-mêmes, bien qu'il ait fini par être adopté et assimilé par eux. Depuis la fin du XVIIIe siècle, le mot a été utilisé comme un terme général pour la plupart des traditions religieuses, spirituelles et philosophiques du sous-continent, mises à part les religions d'origine indienne distinctes comme le sikhisme, le bouddhisme, ou le jaïnisme. Ainsi, selon ce point de vue, un hindou est celui qui respecte la philosophie exposée dans les Vedas et nommée « Upanishad » (le mot Veda peut être traduit par connaissance) et accepte son autorité.
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15
+ Le terme Hindou a été introduit dans le monde occidental par le biais de la langue anglaise[20]. Le terme hindouisme est apparu au début du XIXe siècle[21]. En France, on utilisait auparavant les termes brahmanisme[22], religion brahmane ou religion des brahmanes[23].
16
+
17
+ L'hindouisme ou sanâtana dharma (« ordre socio-cosmique éternel ») s'apparente davantage à un substrat culturel, un mode de vie ou de pensée, qu’à une religion organisée. Ce qu'on appelle « hindouisme » aujourd'hui est la tentative de rassembler les croyances disparates issues de l'ancien panthéon védique éclipsé par la popularité de Shiva, de Vishnou ou de Krishna[24].
18
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19
+ L'hindouisme est aussi appelé religion aryenne (Arya Dharma), ce qui signifie religion noble. On trouve aussi le terme de Vaidika Dharma (la religion védique).
20
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+ En 1966, la Cour suprême de l'Inde a défini le cadre de la foi hindoue[25],[26] comme suit :
22
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23
+ La civilisation de la vallée de l'Indus, datant de l'âge du bronze, présente des éléments comparables à ceux de l'hindouisme, tels que les bains, les symboles phalliques comparés au Shiva lingam ainsi que des svastikas[27]. Un sceau découvert sur le site de Mohenjo-daro est parfois considéré comme une représentation d'un proto-Shiva, mais cette interprétation n'est pas reconnue par toute la communauté scientifique[28]. D'une façon générale, la nature exacte des relations entre la religion de la civilisation de la vallée de l'Indus et l'hindouisme reste conjecturale.
24
+
25
+ C'est durant la période védique, à l'âge de fer, entre 1500 et 600 av. J.-C., que les quatre Védas qui constituent les textes fondateurs de l'hindouisme sont composés[29]. Les rites principaux du védisme concernent le yajña, le sacrifice védique en l'honneur des deva. Plusieurs divinités du Rig-Veda ont été ensuite reprises ou révisées par l'hindouisme.
26
+
27
+ Au Moyen Âge, l'hindouisme, par le biais du théisme, retrouve un nouvel essor. L'hindouisme que l'on connaît aujourd'hui est principalement issu de ce nouveau courant qui a profité du déclin du bouddhisme des IVe et Ve siècles.
28
+
29
+ Au XXe siècle, l'hindouisme se répand hors de l'Inde et en particulier en Occident. Vivekananda en fait une première présentation en 1893 au Parlement mondial des religions à Chicago.
30
+
31
+ Les textes sacrés de l’Inde antique relatifs à l'hindouisme[30] se classent grossièrement en deux catégories.
32
+
33
+ Les Védas sont les textes les plus anciens qui nous soient parvenus en langues indo-européennes. Les Védas sont considérés par les hindous comme faisant partie de la Śruti (connaissance révélée). La tradition déclare qu'ils sont directement révélés par le Brahman aux rishis alors que ces derniers étaient en méditation profonde[33],[34]. Les hymnes des Védas ont été transmis oralement de père en fils et de professeur à disciple. Par la suite, ces hymnes ont été compilés par un sage appelé Vyāsa (littéralement, le compilateur, bien que le nom puisse avoir désigné un groupe de personnes personnifiées pour les besoins de la tradition) ou encore Vedavyāsa (diffuseur des Védas)[31].
34
+
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+ Les textes les plus anciens sont formés des quatre Saṃhitā, ou recueils constituant les quatre Veda, à savoir: le Ṛgveda ou « Veda des strophes », le Yajurveda ou « Veda des formules », le Sāmaveda ou « Veda des mélodies » et l’Atharvaveda à caractère magique[35]. Le Ṛgveda contient des mantras pour invoquer les devas pour les rites de feu-sacrifice ; le Sāmaveda, c'est le cantique, avec des notations musicales ; le Yajurveda a de véritables instructions pour les sacrifices ; et l'Atharvaveda comprend des charmes philosophiques et demi-magiques (sic) — des charmes contre les ennemis, les sorciers, les maladies et les erreurs pendant le rite sacrifiant. À ces quatre Védas ont succédé les Brāhmaṇās qui sont des interprétations sur le Brahman, les Āraṇyaka ou « Traités forestiers » à réciter loin des agglomérations et les Upaniṣad ou « Approches » à caractère spéculatif[35] qui ont pour seule matière la métaphysique[36]. Les upaniṣad qui font partie de la Śruti clôturent le canon védique[37].
36
+
37
+ Du fait d'une conception énigmatique de la vérité par le Veda, les vérités védiques peuvent être exprimées sous forme d'« incertitudes positives » et de « vérités ultimes à mode interrogatif »[note 6], comme dans l'hymne du Rigveda-Samhitâ (X.129) : « Celui qui a l'œil sur ce monde au plus haut firmament, il le sait sans doute ; et s'il ne le savait pas[38] ? »
38
+
39
+ Les Vedas sont désignés sous le nom de Shruti (ce qui est révélé). Les textes plus récents sont appelés Smriti (ce qui est rappelé ou mémoire/tradition). Tandis que la littérature shruti est composée en sanskrit védique, les textes smriti sont en sanskrit classique (plus facile) et, pour certains, en prâkrit ou langue commune. Puisqu’elle est accessible à tous, la littérature smriti a connu une grande popularité dans toutes les couches de la société indienne, et ce, dès le début. Aujourd’hui même, la plus grande partie du monde hindou est plus familière avec le smriti qu’avec la littérature shruti réservée (tardivement) à la caste dominante des brahmanes. La smriti correspond ainsi à la littérature populaire et, en tant que telle, elle est théoriquement moins ardue que la shruti (la shruti, remontant à l'aube de l'Inde c'est-à-dire à l'époque v��dique, est aujourd'hui, du fait de son langage et de son vocabulaire, sujette à interprétation). La smriti (collection de 36 textes selon Paithina) est le pendant populaire de la shruti, à travers l'histoire des dieux et des héros, elle instruit sur la pensée indienne. Les textes révélés ou Shrutis font autorité sur les textes mythologiques ou Smritis et cela indépendamment du sujet traité. La majorité des livres de la Smriti font référence aux textes sacrés des Vedas ; leur but est de décoder les messages ancestraux et de les enseigner à la population. Cette seconde littérature n'est pas pour autant de moindre valeur, elle est au contraire très riche et offre des dialogues philosophiques très poussés.
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+
41
+ La littérature smriti inclut :
42
+
43
+ La philosophie hindoue décrite dans les épopées et les Puranas est centrée d'abord sur celle de la doctrine de l’avatar (incarnation, partielle ou totale, d'un dieu en être humain). Les deux avatars principaux de Vishnou qui apparaissent dans les épopées sont Râma, le héros du Râmâyana, et Krishna, le protagoniste majeur du Mahâbhârata. À la différence des deva de la Samhitâ védique et du concept abstrait de Brahman issu des Upaniṣad (qui décrivent le divin comme étant omniprésent, impersonnel et sans forme), les avatars de ces épopées sont des intermédiaires humains entre l’Être suprême et les mortels qui offrent une vision du divin plus accessible. Dieu y est décrit comme personnel et proche de sa création (dans le Bhagavata Purana, Krishna est un pâtre, sa création est son troupeau, le souffle traversant sa flûte est l'âme sans début ni fin des créatures).
44
+
45
+ Cette doctrine a eu un grand impact sur la vie religieuse hindoue, parce qu’elle montre que Dieu s’est manifesté sous une forme qui peut être appréciée même par le plus modeste des hommes. Râma et Krishna sont depuis des milliers d’années des manifestations du divin, aimées et adorées des hindous. Le concept du brahman des Upanishad est assurément le pinacle de la pensée religieuse indienne, mais la vision des avatars et le récit de leurs mythes ont certainement eu plus d’influence sur l’hindou moyen. Les hindous attachent plus d'importance à l'éthique et aux sens métaphoriques transmis par ces textes qu'à la mythologie littérale.
46
+
47
+ Selon la mesure védique du temps, qui s'étend sur plusieurs milliards d'années, l'univers connaît des périodes d'expansion (kalpa ou jour de Brahmâ, équivalent à 1000 mahayuga, soit 4,32 milliards d'années) puis d'anéantissement (pralaya ou nuit de Brahmâ, de même durée). Un mahayuga est composé de 4 yuga, dont le dernier, actuel, est le kaliyuga, « âge de fer » ou « âge des conflits », dénommé ainsi car c'est une période matérialiste et décadente par rapport à l'âge d'or de l'humanité (kritayuga)[39].
48
+
49
+ La cosmogonie hindoue enseigne que le principe de toute vie, de tout progrès, de toute énergie, réside dans les différences, les contrastes[13]. « L’une des explications les plus courantes du passage de Brahman [l'Absolu] à l’univers est celle selon laquelle la première différenciation se ferait entre énergie et substance, force et matière, dans leurs essences primordiales respectives appelées dans la terminologie hindoue prâna et âkâsha[40]. »
50
+
51
+ La cosmogonie hindoue est la théorie hindouiste de la création de l'univers et de son image. Celle-ci est caractérisée par un recours constant au chiffre 7[41].
52
+
53
+ Le monde a été créé en forme d'œuf (l'« œuf d'or de Brahmâ », hiranyagarbha en sanskrit). La moitié supérieure de l'œuf cosmique (brahmāṇḍa) se divise en sept zones : les trois premières, terre, air et ciel, forment ensemble le triloka (« trois mondes ») et sont surmontées par quatre régions célestes constituant la demeure des dieux[41]. La moitié inférieure de l'œuf cosmique comprend sept régions infernales (pātāla), qui forment des étages et sont habitées par des démons et des serpents[41]. Au-dessous de l'œuf cosmique se trouve l'Océan primitif, formé par sept autres zones infernales[41]. La Terre est divisée en sept continents entourés de sept mers[41].
54
+
55
+ Le Brahman (prononcé comme /brəh mən/) est un concept provenant à l'origine des Védas. C'est l'indescriptible, le neutre, l'inépuisable, l'omniscient, l'omniprésent, l'original, l'existence infinie, l'Absolu transcendant et immanent (cf. panenthéisme), l'Éternel, l'Être, et le principe ultime qui est sans commencement et sans fin, – dans l'univers entier[42]. C'est la Réalité Ultime, l'Âme Absolue ou Universelle (Paramatman), l'Un[42]. Il ne doit pas être confondu avec la divinité Brahmâ ou le nom des prêtres hindous, les brâhmanes.
56
+
57
+ De nombreuses Upanishad font référence entre le rapport qu'entretient le Brahman (âme universelle[43]) avec l'âtman (essence de toute créature), vision qui est considérée comme libératrice, car menant les actes (karma) d'un tel connaisseur à ne plus s'identifier à son ego transitoire :
58
+
59
+ « L'âme des créatures est une, mais elle est présente dans chaque créature ; à la fois unité et pluralité, comme la lune qui se reflète dans les eaux. »
60
+
61
+ — Tripura Tapini Upanishad, V-15 (Atharva-Véda).
62
+
63
+ « Le Brahman sert de demeure à tous les êtres et demeure en tous les êtres. »
64
+
65
+ « Pour le yogi qui est connaisseur de Brahman, toutes les créatures vivantes sont Brahman. De ce fait, les distinctions de caste[note 7] lui sont indifférentes. »
66
+
67
+ — Pashupata Brahmana Upanishad, chapitre II, sûtra 39 (Atharva-Véda)[44].
68
+
69
+ « Voici la vérité : de même que d'un feu ardent sortent par milliers des étincelles pareilles à lui, ainsi naissent de l'Être immuable (Brahman) toutes sortes d'êtres qui retournent à lui. »
70
+
71
+ — Mundaka Upanishad, II-i-1 (Atharva-Véda).
72
+
73
+ « Dans l'étreinte de l'amour, un homme oublie le monde entier, tout ce qui existe en lui-même et au dehors ; de même, dans l'Union [Yoga] avec le Divin [Brahman], on ne connaît plus rien d'autre, ni au dedans ni au dehors[45]. »
74
+
75
+ — Brihadaranyaka Upanishad, chapitre 4, brahmana 3, sûtra 21 (Shukla Yajur Véda).
76
+
77
+ « Quiconque se voit dans tous les êtres et voit tous les êtres en lui, devient ainsi Un avec le Brahman suprême. Ce Suprême est l'âme de Tout, le principe de l'Univers, l'Être éternel [sans début ni fin]. Et Cela aussi tu l'es : tu es Cela (Tat tvam asi)[45] »
78
+
79
+ Cet Absolu, que les hindous désignent aussi par le nom de tat en sanscrit (« Cela ») est par sa nature même impossible à représenter[42]. L'Absolu est tantôt manifesté : Tat Tvam Asi (तत्त्वमसि : Tu es Cela), ou « Tout cela est Brahman » disent les textes sacrés[42], tantôt non-manifesté : « le Brahman est Vérité, le monde est Illusion », disent aussi les textes sacrés[42].
80
+
81
+ Il est parfois évoqué un Brahman supérieur, le Parabrahman[42]. Le Brahman peut en effet être considéré sans attributs personnels, sans forme (Nirguna Brahman), d'une façon totalement abstraite, ou avec attributs, avec forme, au travers de la multitude des divinités (Saguna Brahman)[42].
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83
+ Certains courants de l'hindouisme peuvent être considérés comme panthéistes, d'autres comme panenthéistes[47],[48].
84
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+ La tradition brahmanique comprend l'Absolu (Brahman, l'Âme universelle, la Réalité infinie, la Divinité suprême dotée ou non d'attributs et de formes) comme étant l'Un (sans second), que l'on peut concevoir de différentes façons : soit en privilégiant une divinité particulière considérée comme supérieure aux autres (sans nier les autres pour autant), c'est-à-dire par une attitude relevant de l'hénothéisme, ou soit en concevant chaque divinité comme un membre vénérable de l’Absolu ; toutes les divinités, différentes et prises séparément, sont chacune une fenêtre distincte ouverte sur le paysage divin : et toutes ces fenêtres ouvertes réunies sur l’Absolu (Brahman) — et uniquement lorsqu’elles sont réunies — constituent effectivement l’Absolu, l’Âme cosmique, c'est-à-dire par une attitude liée au polythéisme (le Divin est Multiple)[10]. Quoi qu'il en soit, le Brahman est omniprésent sans pour autant être confondu avec les choses limitées et transitoires qui composent le monde :
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+ « Le Brahman est Tout, mais tout n’est pas Brahman »
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+ — Mandana Mishra, Brahmasiddhi[49]
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+ La nature du Brahman ne l'empêche pas de se manifester sous la forme d'un dieu personnel[42]. L'hindouisme, selon les courants religieux, donne divers noms au dieu personnel. Un nom général existe cependant, celui d'Ishvara (litt., « le Seigneur Suprême »), terme surtout philosophique car, dans la pratique du culte et de la vie quotidienne, on ne s'adresse guère qu'à l'un des membres de la Trimurti : (Shiva, Vishnou, ou, plus rarement, Brahmâ, car ce dernier, en créant les créatures vivantes, a engendré le samsara, le cycle des réincarnations que l'on doit abandonner, « opposé » à Moksha, la libération)[42].
92
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+ Les dieux personnels majeurs sont ceux de la Trimūrti. Ce sont dans l'ordre Brahmâ, Vishnou et Shiva, qui correspondent respectivement à l'action créatrice, conservatrice et destructrice de l'Absolu transcendant (Brahman)[42]. Ils représentent trois aspects inséparables de la structure de l'Univers[42].
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+
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+ Dans les manifestations personnelles (divinités) du dieu impersonnel (Brahman), l'hindouisme est une religion polythéiste[42],[50] ; à ce titre, cette religion comporte une variété et une diversité de 330 millions de divinités (le chiffre est parfois considéré comme symbolique, du même nombre d'êtres vivants, selon quoi Dieu vit dans le cœur de tout être vivant, en tant que Sarvanetradhivasa, « Celui qui est présent dans les yeux de tous les êtres »[51]) .
96
+
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+ « Si dans la Multitude nous poursuivons avec insistance l'Un, c'est pour revenir avec la bénédiction et la révélation de l'Un se confirmant dans le Multiple. »
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+
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+ — Shrî Aurobindo[52].
100
+
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+ L'hindou peut vénérer le Brahman sous la forme d'une divinité de son choix, sans pour autant rejeter l'existence d'autres divinités, considérant Ganesh, par exemple, comme l'incarnation suprême du Brahman (cet hindou sera un ganapatya, et shivaïte) : dans ce cas, l'hindouisme est un hénothéisme. Néanmoins, selon cet aphorisme du Brahmanoûtchîntamam :
102
+
103
+ « Celui qui adore un Dieu comme différent de lui, en pensant : "il est un autre. Je suis un autre", cet homme ne connait pas le Brahman : il est pareil à un animal pour les Dieux[53] »
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+ — Brihadaranyaka Upanishad, I-iv-10.
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107
+ Dans l'hindouisme, il n'y a pas de conflit entre polythéisme et monothéisme : la religion, la philosophie et les théories qui les accompagnent ne sont que des chemins qui tentent de décrire le Brahman (« Âme universelle »[43]) au-delà duquel il n'y a plus rien, et la manière de se fondre en lui.
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+
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+ Depuis Georges Dumézil qui a mis en lumière la fonction triadique dans les civilisations Indo-Européennes, un parallèle formel entre la trimurti et la trinité chrétienne peut être établi (ce qui n'induit pas un rapprochement théologique entre les traditions chrétiennes et hindoues) : en effet, en Inde, on représente la divinité comme triple, on appelle ce principe la trimurti dans le panthéon hindou : Brahma, Vishnu et Shiva, sont trois aspects du divin. Brahma désigne symboliquement le créateur (démiurge), Vishnu représente le conservateur et Shiva représente le destructeur dans le cycle de l'existence. Cette triple Nature se rapprocherait de l'énoncé de l'européen médiéval : spiritus, anima, corpus[54]. Un tel rapprochement entre Trinité chrétienne et Trimūrti a été notamment effectué par l'indianiste Alain Daniélou (à ne pas confondre avec son frère le théologien Jean Daniélou) dans Mythes et dieux de l'Inde mais ultérieurement critiqué par d'autres spécialistes (voir l'article Trimūrti pour plus d'informations).
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+ L'hindouisme est une religion dont les différentes divinités sont considérées comme les formes différentes d'une même expression divine sous-tendue par une réalité ultime. La question sur la nature exacte de cette dernière (immanente ou transcendante, personnelle ou impersonnelle) dépend des différents courants. Selon Ananda Coomaraswamy, le culte des puissances de la nature dans l'hindouisme doit être compris dans le sens de natura naturans est deus, « lesdites puissances ne sont que les noms des actes divins »[55]. Depuis la Chandogya Upaniṣad[56], cette philosophie de l'unité divine est devenue très importante dans la littérature sacrée. Le mantra Tat Tvam Asi (तत्त्वमसि : Tu Es Cela) célèbre cette unité de la création avec son créateur, qu'il soit personnel ou impersonnel. Un épisode du Srimad Bhagavatam[57] met en avant cette réalité : le dieu Krishna, avatar de Vishnu, demande aux habitants de Vrindavan d'abandonner le culte d'Indra pour le sien, puisque Krishna se présente comme le Dieu suprême dont Indra n'est qu'un fragment.
112
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113
+ Les diverses incarnations (« descentes », avatar) de la Trimurti (Krishna est un avatar de Vishnou) sont des divinités majeures. Les divinités mineures sont des créations ou des procréations des divinités majeures. Ganesh, qui est une divinité importante dans l'hindouisme, est lié à Shiva en tant que procréation ou création selon les mythes développés à son sujet.
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+ La religion hindoue croit en l'existence d'entités célestes appelées devas (ou dévas).
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+ Le féminin de deva est devî (ou dévî). La question de la nature de ces devas peut être analysée selon ces trois points :
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+ Plus précisément, les textes hindous et la plupart des pensées Shivaïtes et Vishnouistes considèrent le deva comme une combinaison des deux premiers points de vue ; par exemple, Krishna est considéré par les krishnaïtes comme Îshvara et tous les dieux lui sont subordonnés, et simultanément tous les autres dieux sont vus comme les manifestations mondaines de Krishna.[réf. nécessaire]
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121
+ Dans la Brihadaranyaka Upanishad (III.IX.1 à 9), Shakala demande au sage Yajnavalkya quel est le nombre exact de dieux (deva) ; Yajnavalkya répond : « trois cent trois et trois mille trois » (autant que mentionnés dans le groupe de mantras du Veda nommé Nivid des Vishvadeva, ce sont les « manifestations de la grandeur des dieux ») ; mais Shakala réitère la même question et Yajnavalkya répond : « trente-trois » (les huit Vasus, les onze Rudras, les douze Adityas, Indra et Prajapati) ; Shakala recommence à poser encore et encore la même question pour connaître le nombre exact de dieux et Yajnavalkya répond : « six » (le feu, la terre, l'air, l'espace atmosphérique, le soleil et l'espace céleste), puis « trois » (les trois mondes, triloka), « deux » (la nourriture et l'énergie vitale), « un et demi » (« le souffle de vie, qui circule partout ») pour en arriver à « un » : le dieu unique « est le souffle vital, et on le nomme Brahman, le lointain (tyat) » [60].
122
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123
+ Quelle que soit la nature des devas (aussi appelés dévatâs), ils sont une partie intégrante de la culture hindoue. Les 33 devas védiques incluent Indra, Agni, Soma, Varuna, Mitra, Rudra, Prajâpati, Vishnu, Aryaman et les Ashvins ; les devîs importantes étaient Sarasvatî, Ûshâ et Prithivi. Indra est le roi des dieux (Vishnou, pour un vishnouite, est le Dieu des dieux).
124
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125
+ Bien que la mythologie hindoue mentionne plusieurs classes d'êtres démoniaques (les rakshasas, les daityas, les dânavas, les pishâchas ou les non-dieux, les asuras), opposés aux esprits célestes (appelés devas), Gandarvas, Vidyadharas, elle ne croit pas au concept du Mal. « Les oppositions, dualités, polarités, sur lesquelles insiste tant l'hindouisme, ne sont pas constituées par des entités indépendantes, fixes, aux caractères immuables et contradictoires telles que le christianisme populaire se représente Dieu et le Diable[61]. » Cela signifie que le mal dans le monde n'est pas attribué à une force supérieure mais à l'ignorance humaine et donc comme une conséquence possible du libre arbitre et de la Nature. La mythologie indienne n'oppose pas le Bien contre le Mal : les batailles sont celles de classes d'êtres contre d'autres, d'une idée contre une autre, où les plus nobles sortent victorieuses.
126
+
127
+ On trouve parmi les dévas les lokapālas (les divinités du védisme recyclées dans le panthéon du sanatana dharma), les navagrahas (les neuf planètes de l'astrologie indienne).
128
+
129
+ Om (ou Aum) est un des symboles sacrés de l'hindouisme. C'est le son primordial qui surgit du chaos avant la Création, il est la source de l'existence.
130
+ Il est utilisé comme préfixe et parfois suffixe aux mantras hindous. Il représente la contraction des trois états de la matière : Sattva, Tamas et Rajas, et représente l'univers.
131
+
132
+ Écrit « Om », il est la contraction de Aum, « m » étant la résonance et « o », la vibration originale[62].
133
+
134
+ Le son Ôm (ou Aum, ॐ) est empli d'un message symbolique profond : il est considéré comme la vibration primitive divine de l'Univers qui représente toute existence, entourant toute nature dans Une Vérité Ultime[8].
135
+
136
+ Ainsi, le son, produit d'une façon prolongée, résultat de la combinaison de trois sons A-U-M (de la triade à l'unité), signifie « ce qui a été, est et sera », et possède, pour ceux qui se vouent à la méditation, une force à la fois magique et religieuse[8]. Une Upaniṣad affirme :
137
+
138
+ « Comme s'agglomèrent toutes les feuilles enfilées sur une tige qui les traverse, de même toute parole se fond dans le son OM. Le son OM est tout cet univers[8]. »
139
+
140
+ Des élaborations philosophiques, constituant la source de ce qu'on appelle aujourd'hui « hindouisme », ont été transmises oralement pendant des siècles et ont commencé à être transcrites dans la première moitié du Ier millénaire av. J.-C. Le système religieux et culturel qu'on appelle hindouisme s'est développé dans le sous-continent indien et n'est que rarement sorti de ses frontières[41].
141
+
142
+ L'hindouisme a développé des astika antiques, ou écoles orthodoxes (car acceptant l’autorité des Vedas) de philosophie, ou shaddarshana. Ces systèmes, ou « visions » (darshana), de l'hindouisme classique sont au nombre de six ; chacun d'entre eux est le fruit d'une longue élaboration dont témoigne une vaste littérature et sont tous de nature sotériologique, ont pour but d'atteindre la libération, la délivrance des transmigrations (मोक्ष, mokṣa)[41] :
143
+
144
+ Les nâstika ou écoles non-orthodoxes — qui ne sont pas discutées dans cet article — sont le jaïnisme, le bouddhisme, le sikhisme et le chârvâka, l'athéisme ancien classique de l’Inde, ne reconnaissent pas l'autorité brahmanique du Véda.
145
+
146
+ Certains courants considèrent l’hindouisme comme une religion hénothéiste ou même panenthéiste. Les diverses divinités et avatars adorés par les hindous sont considérés comme différentes formes de l’Un, le dieu suprême ou Brahman, formes adoptées qui seules sont accessibles à l’homme (on prendra garde à ne pas confondre Brahman, l’être suprême et la source ultime de toute énergie divine, et Brahma, le créateur du monde).
147
+
148
+ Ce chemin vers la connaissance suprême orthodoxe (jnanamarga), prôné par les six écoles hindouistes, reste le privilège d'une élite intellectuelle restreinte, le croyant populaire mélangeant souvent tous ces courants de pensée. Toutefois, trois grands courants théistes de l'hindouisme se démarquent de façon relativement importante dans toutes les couches de la population : le vishnouisme, le shivaïsme et le shaktisme[41]. À l'intérieur de ces courants, de nombreuses écoles se sont développées, qui se différencient surtout par leur interprétation des rapports existant entre Être suprême, conscience individuelle et monde, ainsi que des conceptions ésotériques qui en dérivent[41]. Les textes védiques (Vedas, Upanishads, etc.) constituent une référence pour les trois courants, même si chacun d'entre eux les complète par les textes (Purana-s, Gita-s, etc.) qui leur sont propres[41]. Ces textes ne s'excluent pas, car l'hindouisme admet la coexistence de voies différentes vers le salut (Moksha)[41]. Ainsi le choix d'un courant n'implique pas le rejet des autres[41].
149
+
150
+ L'hindouisme comportent plusieurs branches, les principales étant :
151
+
152
+ Chacun de ces cultes se pratique avec les mêmes moyens philosophiques ou de yoga, ce sont leurs méthodes qui diffèrent. Ces dénominations ne devraient pas être considérées comme des « Églises », parce qu'il n'y a aucun dogme central dans l'hindouisme, et les croyances individuelles sont toujours respectées. D'ailleurs, une importante majorité des hindous modernes peut ne pas se considérer comme appartenant à une dénomination précise.
153
+
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+ Selon une estimation générale, les Vaishnavas constituent approximativement une majorité d'hindous à ce jour[réf. nécessaire], estimant que Vishnou personnalise le Brahman, le vénérant souvent par le biais, entre autres, des deux avatars — ou incarnations terrestres — de Vishnou, Râma et Krishna. Les hindous non-vishnouïtes sont le plus souvent des Shivaïtes (surtout localisés dans le Sud de l'Inde), qui considèrent Shiva ou ses fils comme le(s) représentant(s) du Brahman ; le reste assimile la Shakti au Brahman, Ishvari ou la déesse Kâlî/Durga. Mais, bien souvent, le croyant hindou possède chez lui les représentations de plusieurs de ces formes de Dieu (Ishvara).
155
+
156
+ Rishabhanatha (« Seigneur Taureau »), ou Rishabha (« Taureau »), est l'un des vingt-deux avatars de Vishnou dans la Bhagavata Purana[64],[65],[66]. Certains chercheurs affirment que cet avatar représente le premier Tirthankara du jaïnisme du même nom [67].
157
+
158
+ Dans l'hindouisme, Bouddha est considéré comme un Avatar de Vishnou. Dans les textes pouraniques, il est le vingt-quatrième des vingt-cinq avatars, préfigurant une prochaine incarnation finale[68]. Un certain nombre de traditions hindoues parlent du Bouddha comme du plus récent, précédant l'avatar à venir Kalkî, des dix avatars principaux connus sous le nom de Dashâvatar (Dix Incarnations de Dieu).
159
+
160
+ En parallèle des quatre périodes de la vie hindoue, l'hindouisme considère qu'il existe quatre buts à l'existence ou pouroushârtha. Les désirs humains étant naturels, chacun de ces buts sert à parfaire la connaissance de l'homme puisque, par l'éveil des sens et sa participation au monde, il en découvre les principes. Cependant, l'hindou doit se garder d'en être charmé, sous peine d'errer sans fin dans le cycle du samsâra.
161
+
162
+ Ces vers de Kâlidâsa résument parfaitement cette pensée :
163
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164
+ « Enfants, ils s'attachent à l'étude ; jeunes gens, recherchent les plaisirs ; vieillards, pratiquent l'ascèse ; et c'est dans le yoga qu'ils achèvent leur existence. »
165
+
166
+ — (Raghuvamça[73])
167
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168
+ La vie spirituelle d'un hindou est traditionnellement divisée en quatre stades ou âshrama[74]. Ces quatre stades sont étroitement liés aux quatre buts de la vie, chacun de ces stades permettant d'atteindre au mieux ces buts. Cette rigueur permettait d'accéder à une vie spirituelle remplie [note 11].
169
+
170
+ Aujourd'hui, ces observances ne sont plus suivies avec rigueur. La philosophie de la bhakti qui consiste dans le culte des dieux tend à supplanter cette tradition.[réf. nécessaire]
171
+
172
+ « Les quatre varnas assumaient avec rigueur leurs responsabilités. Les brâhmanes suivaient scrupuleusement les règles de vie recommandées par les textes : ils étaient pleins de foi, de douceur et de bonnes manières, savants connaisseurs des Védas et de leurs six branches[note 12]. Les kshatriyas, guerriers, s'exerçaient dans les vertus de courage, de fidélité et de détermination : ils étaient attachés au code d'honneur de leur varna. Les vaïshyas, commerçants, artisans et agriculteurs, remplissaient avec honnêteté et dévouement les devoirs de leur métier, sans penser à des gains illicites. Les shoûdras servaient avec joie les autres varnas, et ils étaient hautement respectés pour leur zèle par les brâhmanes, les kshatriyas et les vaïshyas. »
173
+
174
+ — Valmiki, Le Râmâyana[77].
175
+
176
+ La société hindoue a été depuis traditionnellement divisée à partir de ces quatre grandes classes, basées sur la place que l'homme a dans le rituel védique et la profession[10] :
177
+
178
+ Ces classes sont dénommées varna (« couleur ») et le système a été appelé Varna Vyavastha. Le système de varna est une partie intégrante de l'hindouisme, et il est strictement sanctionné par les textes du Véda[10]. Les textes de la Smriti (y compris les Lois de Manu) ont élaboré les règles de ce système. La Bhagavad-Gita résume précisément ces distinctions :
179
+
180
+ « Les devoirs des brâhmanes, kshatriya, vaishya, shudra se répartissent en fonction des qualités primordiales d'où vient leur nature propre. Sérénité, maîtrise de soi, ascèse, pureté, patience et rectitude, connaissance, discernement et foi, tels sont les devoirs du brâhmane selon sa nature. La vaillance, la gloire, la constance et l'adresse, le refus de la fuite, le don et la seigneurie, tels sont les devoirs du kshatriya selon sa nature. Soin des champs et du bétail, négoce, tels sont les devoirs du vaishya selon sa nature. Servir est le devoir du shudra selon sa nature. »
181
+
182
+ — Bhagavad-Gita, XVIII, 41-44, d'après la traduction d'Émile Senart, Les Belles Lettres, 1967.
183
+
184
+ Le système de castes basé sur la naissance, qui existe en Inde moderne, n'existait pas dans l'hindouisme védique antique. Un hymne célèbre du Veda indique ainsi :
185
+
186
+ « Je suis un poète, mon père est un médecin, le travail de ma mère est de moudre le blé… »
187
+
188
+ — (Rig-Veda[78] 9, 112, 3)
189
+
190
+ Précédemment, le système était seulement basé sur la profession, la place dans le rituel védique et le caractère, et il y a toujours eu des exemples où les gens ont librement changé de profession et se sont librement inter-mariés[79].
191
+
192
+ Selon Jean Herbert, « tout au long de l’histoire de l’Inde, on a discuté pour savoir si l’homme se rangeait dans l’une ou l’autre des castes par droit de naissance ou par les vertus dont il faisait preuve. Il y a dans le Mahâbhârata [Vana Parvan, chap. CLXXIX] un dialogue qui illustre bien ces deux conceptions [et dans lequel] Yudhishthira [dit a] Nahusha (en) : "Celui-là est brahmane, disent les sages, en qui se manifestent la vérité, la charité, le pardon, la bonne conduite, la bienveillance, l’observation des rites de son ordre et la compassion. (...) Un shûdra n’est pas shûdra exclusivement par sa naissance, et un brahmane n’est pas non plus brahmane exclusivement par sa naissance. Celui-là, disent les sages, chez qui l’on voit ces vertus est brahmane. Et les gens appellent shûdra celui chez qui ces qualités n’existent pas, même s’il est brahmane de naissance »[80].
193
+
194
+ Ce système fut fixé sur la naissance au début du Moyen Âge indien[81]. Ainsi, avec l'évolution de plusieurs sous-castes (avec une classe des intouchables hors du Varna Vyavastha), le système a évolué vers le système de castes comme nous le connaissons aujourd'hui.
195
+
196
+ Avec la modernisation, les différences des castes s'estompent dans l'Inde moderne, mais les tensions et les préjugés restent persistants, surtout envers les Intouchables (Dalit).[réf. nécessaire]
197
+
198
+ Le système des varnas s'explique théologiquement : dans l'hindouisme, on considère que la société sacrée est organisée selon l'équilibre du dharma (en sachant que l'épouse/parèdre de Dharma déva, dieu de l'Ordre sacré, est Ahimsâ dévî, déesse de l'universelle Non-violence, tous deux parents du Dieu-Roi Vishnu ; lorsque le dharma s'affaiblit, lorsque la violence envers les créatures gagne du terrain et la déesse Terre, Bhu dévi, est en danger — la Terre étant une des épouses de Vishnu —, Vishnu se fait justement avatâr, « descente » de Dieu sur Terre, pour tuer les démons fautifs qui engendrent le désordre cosmique, nient les divins parents de Vishnu — Dharma et Ahimsâ — et ce faisant font souffrir les vies, afin de redonner aux brâhmanes leur place primordiale qui maintient l'harmonie universelle où les autres varna sont tous respectueux de leur ordre, — dharma[82]). Cette organisation sacrée permet la régulation des rapports entre les hommes et de définir les actes qui leur incombent, afin de ne pas laisser prospérer l'orgueil, du moins au niveau communautaire. Ce souci d'équilibre a une origine doctrinale, car elle répond à la symbolique des gunas, ou qualités/saveurs. Aux trois gunas correspondent des couleurs (le noir, le rouge et le blanc) qui sont chacune associées à un varna. À l'origine, l'hindou ne naît pas dans un varna : il s'insère dans celle-ci en fonction du rôle qu'il est amené à jouer et des responsabilités qui lui reviendront. Beaucoup de textes mythologiques dénoncent l'usurpation au titre de brâhmane de certains personnages qui, sous couvert de la naissance, profitaient d'un statut valorisant sans s'acquitter de leurs devoirs. Mais, à la suite des invasions comme de la colonisation britannique, la règle s'est resserrée au profit des castes dirigeantes, enfermant les shûdras dans un statut de dominés par la société.[réf. nécessaire]
199
+
200
+ « Il n'est point d'entité, ni sur la terre, ni au ciel parmi les dieux, qui ne soit sujette au jeu de ces trois qualités (gunas) nées de la nature. Les œuvres des brahmanes, des kshatriyas, des vaïshyas et des shûdras se distinguent selon les qualités (gunas) nées de leur propre nature intérieure. »
201
+
202
+ — (Bhagavad-Gîtâ, XVIII, 40 et 41)
203
+
204
+ Ce faisant, selon la philosophie samkhya, la qualité principale du Brâhmane est le sattva, la qualité lumineuse harmonieuse de la connaissance transcendant le rajas (qualité active) et le tamas (qualité de l'ignorance passive), celle du kshatriya
205
+ est principalement un mélange de sattva et de rajas (ce dernier étant la qualité crépusculaire et dynamique faisant passer du sattva au tamas, ou l'inverse), celle du vaishya est un mélange de rajas et de tamas, et celle du shudra est principalement du tamas, qualité obscure et lourde de non-connaissance venant du moi (ce qui explique pourquoi même les enfants de Brâhmanes sont shudra tant qu'ils n'ont pas reçu l'initiation védique[10] : la connaissance brahmanique doit tuer la tendance naturelle de l'ego à obscurcir la conscience).
206
+
207
+ La croyance hindoue soutient que ce système est « naturel »[83],[84], qu'on le retrouve dans le règne animal (fourmis, abeilles et les mammifères vivant en troupeaux) et dans l'organisation familiale (respect et autorité des parents et ancêtres), comme dans la société. En effet, l'hindouisme ne fait pas de différence entre culture et nature, le dharma, devoir de chaque être, est une « loi naturelle », et l'humanité n'est pas vue en tant qu'entité homogène chargée de soumettre le monde et les autres êtres, mais nécessairement plurielle et vouée à se transformer, comme l'explique Michel Angot :
208
+
209
+ « L'anthropologie brahmanique n'est pas anthropocentrique. […] Les questions premières sont : Qui suis-je ? Où en suis-je dans l'échelle des êtres ? […] Ce que nous nommons l'homme n'est pas la mesure de toutes choses[note 13] ni le centre du monde, et l'univers n'est pas ordonné pour lui, sauf à considérer son orientation finale [Moksha]. Les frontières qui le séparent des autres catégories d'êtres sont perméables, ouvertes. Ni animal politique comme en Grèce, ni créature de Dieu destinée à dominer les animaux et le monde, l'homme est pénétré par le monde qu'il parcourt et intègre ce faisant. On le saisit instantanément sur l'échelle des êtres : il est shudra, kshatriya, brahmane, etc., mais cette hiérarchie instantanée n'est pas définitive, elle est une échelle à parcourir[85]. »
210
+
211
+ Du point de vue hindou, ce système serait évolutif et s'adapterait avec la société ; ainsi :
212
+
213
+ « Le système des varna proposait à tous un idéal en fonction duquel chaque groupe devait se situer et que la Bhagavad-Gîta décrit ainsi : « L'intrépidité, l'intégrité, la fermeté à acquérir, la science, la générosité, la maîtrise de soi, la pitié, l'humilité, l'ascèse et la droiture, la non-violence [envers les créatures], la véracité, la patience, le renoncement, la sérénité et la sincérité, la bonté pour tous les êtres, le désintéressement, la tendresse, la pudeur et la tranquillité, l'énergie, l'endurance, la volonté, la pureté, l'indulgence et la modestie, tels sont les traits de l'homme en marche vers le divin. » C'est évidemment le portrait du brâhmane idéal. Mais que l'on y regarde de plus près, ce qui est proposé à l'émulation et au respect de tous, c'est un ensemble de valeurs précises et qui vont à contre-courant non seulement des mentalités indiennes de ce temps là, mais de toute société concrète humaine ; la pauvreté et non la richesse, la non-violence et non la violence, l'ouverture à tous et non le chauvinisme, etc. »
214
+
215
+ — Le modèle indou, Guy Deleury[86].
216
+
217
+ Il existerait ainsi une distinction entre le système tel qu'il serait exprimé par les textes et son application courante. Aurobindo écrit : « Les paroles de la Gîtâ se rapportent à l'ancien système de chaturvarna, tel qu'il existait ou est supposé avoir existé en sa pureté idéale — fût-ce jamais autre chose qu'un idéal, une norme générale, suivis de plus ou moins près dans la pratique[87] ? »
218
+
219
+ Il est possible d'être rejeté de sa caste (surtout les brâhmanes, qui ont beaucoup plus de devoirs à honorer et de purifications à maintenir que le simple shudra, à qui l'on demande seulement de respecter et de servir l'autorité brahmanique et ceux qui la protègent — par la force physique (si l'on est kshatriya) ou par la richesse matérielle (si l'on est vaishya ou shudra), mais, pour cela, les fautes de l'individu doivent être relativement graves. En Inde, on reconnaît cinq péchés majeurs ou mahâpataka, le plus grave étant le meurtre d'un brahmane (ou brahmahatyâ), mais la consommation d'alcool, le vol, l'adultère avec la femme de son gourou et la protection de criminels sont également sévèrement punis. Perdre sa caste peut être douloureux pour un hindou, puisque vivre au sein d'une communauté soudée offre un certain nombre d'avantages et de protections.
220
+
221
+ L'hindouisme prescrit des devoirs universels, tels que l'hospitalité[88],[note 14], s'abstenir de blesser les êtres vivants ou non-violence (ahimsa), l'honnêteté (asteya), la patience, la tolérance, le contrôle de soi, la compassion (karuna)[89],[note 15], la charité (dāna)[90],[91],[92] et la bienveillance (kshama)[93], entre autres.
222
+
223
+ Ahimsâ, « épouse » ou shakti du primordial Dharma (« Devoir »)[94], est un concept qui recommande la non-violence et le respect pour toute vie, humaine et animale, et même végétale (voir les Bishnoï). Ahimsâ est assez souvent traduit par non-violence. En fait, ce terme signifie, dans son sens exact, non-nuisance à l'égard de tous les êtres vivants ou respect de la vie sous toutes ses formes. Dans un sens positif, ou actif, l'ahimsâ est synonyme de compassion, de générosité. La racine sanskrite est hims (« nuire ») avec le privatif « a ». L'ahimsâ est fondé sur une injonction védique :
224
+
225
+ « माहिंस्यात्सर्वभूतानि, mâhimsyât sarvabhûtâni (qu'on ne nuise à aucun être vivant)[95] »
226
+
227
+ Mais le terme ahimsâ apparaît pour la première fois dès les Oupanishads et dans le Raja-Yoga, c'est le premier des cinq yamas, ou vœux éternels, les restrictions indispensables du yoga. Les textes sacrés brahmaniques insistent beaucoup sur le fait que l'Ahimsâ et toutes les valeurs qui en découlent (amitié équanime, charité, abnégation altruiste, etc.) est l'éthique incontournable et fondamentale.
228
+
229
+ Cette pratique non-violente dans l'hindouisme est en lien étroit avec le végétarisme et la doctrine de la réincarnation des âmes qui pousse à voir comme un égal à soi-même tout ce qui vit ; à ce sujet, Bhishma dit dans le Mahâbhârata :
230
+
231
+ « La viande des animaux est comme la chair de nos propres fils[96] »
232
+
233
+ La croyance en la réincarnation est fondamentale dans le bouddhisme, le jaïnisme et l'hindouisme : nous avons été, nous sommes et nous serons (peut-être) tous des animaux au cours de nos innombrables vies. En réalité, selon l'hindouisme, du fait qu'il y a une infinité d'univers et que le cycle des réincarnations est sans commencement, tous les végétaux et animaux sont tous d'anciens humains qui n'ont pas réussi à accéder au Nirvâna[10]. Naître humain est donc vu comme une chance rare à ne pas gaspiller en désirs et actes égoïstes qui noient dans le samsara[97].
234
+
235
+ L'Ahimsâ est la notion philosophique de l'hindouisme (mais aussi du bouddhisme ou du jaïnisme) qui introduit le végétarisme comme norme dans l'alimentation. D'après certaines estimations, 85 % de la population hindoue[98] suit un régime végétarien (pas de viande, de poisson ni d'œufs ; les œufs non fécondés sont considérés comme aliments non végétariens, en Inde[97]) : surtout dans les communautés orthodoxes de l'Inde du Sud, dans certains États du Nord comme le Gujarat ou du Sud au Karnataka (où l'influence des jaïns est significative). Ce régime alimentaire est principalement fondé sur une nourriture à base de laitages et produits verts. Quelques-uns évitent même l'oignon et l'ail, qui sont considérés comme ayant des propriétés rajas, c'est-à-dire « passionnelles ». Dans l'Inde traditionnelle, un brahmane n'était rien sans sa vache, car elle lui fournissait l'offrande aux dieux la plus appréciée. Le svadharma (le dharma personnel) des brahmanes inclut le végétarisme, le brahmane étant appelé à mener une vie absolument pure (le Mahâbhârata déclare à ce sujet : « Qui est brahmane ? C'est celui en qui se manifeste la charité, le pardon, la bonne conduite, la bienveillance, la compassion et l'observation des rites de son ordre. Les gens en qui ces qualités n'existent pas sont des shudras, même s'ils seraient nés de parents brahmanes »). L'hindouisme encourage le végétarisme[99]. La consommation de viande, de poisson (et d'œufs fécondés) n'est pas promue, seulement tolérée, dans le cadre du rang que l'hindouisme lui a assigné dès les Védas : inférieur, non respectueux de l'ahimsâ et impur par rapport à un régime végétarien[10].
236
+
237
+ Certains brahmanes sont non seulement végétariens mais végétaliens, c'est-à-dire qu'ils ne consomment aucun produit d'origine animale (lait, etc.).
238
+
239
+ D'une façon générale, les Upanishads, déjà (à partir du VIe siècle av. J.-C.), soulignent que les bêtes et les humains sont semblables, puisque tous hébergent en eux l'âtman, et de ce fait sont les sanctuaires du Brahman (« Absolu », la plus haute notion de Dieu, dans l'hindouisme). C'est précisément parce que tous les êtres vivants sont le sanctuaire du Brahman qu'il n'y a pas en Inde de temple du Brahman, comme il y a des temples de Vishnou ou de Shiva[100].
240
+
241
+ On peut constater que dans la plupart des villes saintes hindoues, il existe une interdiction de tous les aliments non-végétariens et de tous les alcools, et une interdiction légale existe même sur l'abattage de bovins dans 22 États sur les 29 existants en Inde. Parmi ceux-là le fait de tuer une vache peut être puni de perpétuité. Le cuir d'une vache morte de cause naturelle est cependant acceptable.[réf. nécessaire]
242
+
243
+ La plupart des hindous voient la vache comme le meilleur représentant de la bienveillance de tous les animaux — puisqu’elle est l'animal le plus apprécié pour son lait, elle est vénérée comme une mère. La vache est le symbole du pouvoir du brâhmane et de l'Ahimsâ[101].
244
+
245
+ Le mot karma signifie « action ». L'hindou croit en une vie après la mort et avant la naissance, le corps n'étant qu'une enveloppe matérielle temporaire[102]. Le gourou Yājñavalkya enseignait qu'à sa mort chaque homme subissait une dissolution ; le corps retournait à la terre, le sang à l'eau, le souffle au vent, la vue au soleil et l'intellect à la lune, mais les « actions non rémunérées » (celles qu'on a produites sans en récolter les conséquences) se réunissaient pour s'incarner de nouveau en un être. De cette façon, la notion, présente dans les Upanishads, de la transmigration des âmes (ou jiva, c'est l'atman - qui, lui, est purement immatériel - dans ou avec le corps organique) et de leur renaissance, se joignait à celle du karma (littéralement, l'« action »)[8]. Cependant, selon l'anthropologue Robert Deliège, la croyance en la réincarnation n'est pas uniformément ancrée en Inde, il y a des variations selon les populations, les milieux sociaux, les régions[103].
246
+
247
+ Le karma était à l'origine le seul acte rituel[8],[10] ; mais par la suite, considéré comme moteur du samsâra, il est identifié à toute action déterminant de façon automatique non seulement la renaissance après la mort, mais aussi les formes de cette future existence et la situation que l'individu connaîtra dans sa nouvelle vie[8].
248
+
249
+ En d'autres termes, l'homme devient ce qu'il accomplit[8] ; les bonnes actions d'une existence antérieure améliorent les conditions de vie de l'existence à venir, tandis que de mauvaises actions les aggravent[8] : « On doit se considérer comme étant la cause unique de son bonheur et de son malheur, aussi doit-on s'en tenir au chemin salutaire, être sans crainte[104] ».
250
+
251
+ Aussi chaque individu détermine-t-il par la loi de maturation des actes son propre destin dans la vie à venir, le « théâtre » de son fruit renouvelé (il n'est pas question de récompense ou de punition, puisqu'il n'y a personne pour récompenser ou punir)[8].
252
+
253
+ Par ailleurs, dans cette succession sans commencement [note 16] d'existences en tant que créatures mortelles, l'âtman demeure l'essence invariable, indivisible, indestructible et propre à tout être vivant, malgré sa mutation permanente à travers le temps, représentant ainsi la continuité du moi au sein de la migration des âmes, « par quoi nous sommes identiques les uns aux autres et identiques aux puissances de l'univers[8] ».
254
+
255
+ Les différentes écoles de philosophie indienne enseignent plusieurs voies pour parvenir à la libération (moksha) de l'âme. À travers notamment la pratique du yoga, l'hindou peut choisir entre une variété de chemins tels que la dévotion (bhakti yoga), l'action désintéressée (karma yoga), la connaissance (jnana yoga) ou la méditation (raja yoga). La voie du bhakti yoga est la plus pratiquée car plus facile d'accès que les autres[105].
256
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257
+ Selon Jean Herbert : « Aux yeux des hindous, le corps physique est à la fois un danger grave et une aide puissante. C’est là une des nombreuses ambivalences qui ne sont pas seulement des questions de vocabulaire, mais qui plongent profondément leurs racines dans la façon même dont les hindous se représentent les choses et les événements. Le corps, et plus particulièrement le corps humain, est précieux, car c’est seulement en l’employant que l’âme peut achever son évolution et parvenir à la libération. Même lorsqu’elle est arrivée dans un paradis, même lorsqu’elle a obtenu un corps divin, elle est obligée de redescendre sur la terre (karma-kshetra) pour y épuiser complètement son karma et se dégager définitivement du samsâra. « Les trois plus grands bienfaits, dit Shankara [dans le Viveka Chudamani], que puisse désirer une âme dans son évolution, sont une naissance humaine, la soif spirituelle, et le gourou qui doit la guider. Si elle réunit les trois, elle est certaine de parvenir à la libération ». Il ne faut donc pas traiter le corps avec mépris ; il faut le maintenir en excellent état[106]. »
258
+
259
+ Les pratiquants effectuent de nombreux rituels qui leur permettent au quotidien d'exprimer et de rythmer leurs vies religieuses. Au-delà des rituels, ils passent de longues heures à méditer et se consacrer à leur divinité (devata).
260
+
261
+ Les rituels peuvent être des offrandes, des purifications (ablutions, jeûne), la récitation de mantras ou de prières[8]. Parmi les cérémonies, on peut citer la puja (rite quotidien) et le homa.
262
+
263
+ Les rituels peuvent se faire dans les temples (mandir) mais les pratiquants ont aussi chez eux une section consacrée, un autel, pour la réalisation de leurs rituels.
264
+
265
+ Les temples hindous (mandir en hindi, koyil en tamoul) ont hérité des rites et des traditions riches et anciennes, et ont occupé une place particulière dans la société hindoue. Ils sont d'habitude dédiés à une divinité primaire, appelée la divinité tutélaire, et à d'autres divinités subalternes associées à la divinité principale. Cependant, quelques temples sont dédiés aux multiples divinités[107]. La plupart des temples majeurs sont construits par les agama-shastras et beaucoup sont des sites de pèlerinage. Pour beaucoup d'hindous, les quatre shankaracharyas, fonctionnaires religieux chargés de donner des conseils religieux[75] (les abbés des monastères de Badrinath, Puri, Sringeri et Dwarka — quatre des centres de pèlerinage les plus saints — et parfois un cinquième, celui de Kanchi) sont considérés par les hindous comme les quatre plus hauts patriarches. Le temple est un lieu pour le darshan (la vision de l'être-divin), pour la pūjā (le rituel), la méditation, parmi les autres activités religieuses. La pūjā ou adoration, utilise fréquemment l'aide d'une mūrti (la statue ou l'icône dans laquelle la présence divine est invoquée) conjointement avec des chants ou des mantras. La vénération de ces murtis est faite tous les jours dans un temple.
266
+
267
+ Le swastika[108] est un signe bénéfique[109], d'origine très ancienne, il se retrouve dans de nombreuses civilisations et symbolise la révolution du soleil et les forces cosmiques. Tourné vers la droite, il est lié à l'Ordre brahmanique, au Dharma, et représente le jour ; tourné vers la gauche, il est lié au Temps qui s'écoule au sein de la Nature/Prakriti et représente la nuit et la déesse Kâlî ; on l'appelle alors sauvastika[110]. Sa composition en 4 branches, branches dépendantes les unes des autres pour former l'unité harmonieuse du tout bien équilibré, est le symbole même des 4 buts de la vie (Kâma, Artha, Dharma et Moksha), des 4 Vedas, des 4 varna (Brâhmane/enseignant, Kshatriya/défenseur, Vaishya/paysan-artisan et Shudra/serviteur) et des 4 périodes de la vie[111]. Avec ses 4 branches qui convergent vers un même point, le bindu, il symbolise aussi le chiffre 5, avec les 5 éléments dont le bindu représente l'éther, la source de la création, et, par extension, le Nirvâna, état de l'être où l'on n'est plus soumis aux forces opposées de la Nature, transcendant les différentes catégories de créatures dépendantes de tel ou tel conditionnement physique qu'incarnent les 5 éléments. Enfin, le svastika exprime à lui seul une maxime védique enseignant la pluralité nécessaire des points de vue en ce qui concerne l'approche de la vérité (« Vérité », qui est, dans l'hindouisme, un des noms de Dieu[97]) : Ekam sat anekâ panthâ, « la vérité est une, les chemins sont multiples »[112], le bindu central (des quatre branches réunies du svastika) exprimant la vérité (ou l'Être) unique que l'on peut toujours approcher par divers chemins de connaissance, même si l'origine de ces chemins est toutefois différente, inverse (chemins de savoir interdépendants représentés par les quatre ramifications du svastika). Du fait de ce poids symbolique très important, qui va bien au-delà d'un simple aspect décoratif, le svastika se trouve être une forme sacrée relativement omniprésente dans le monde hindou.
268
+
269
+ Véritable art rituel, la danse classique indienne naît dans les temples[113].
270
+
271
+ Plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, les grands sanctuaires utilisent les talents des jeunes danseuses[113].
272
+
273
+ Artistes sacrées, elles sont attachées au temple, portent le nom de devadasi (« esclaves de dieu »), et participent aux cérémonies d’offrandes et d'adoration[113].
274
+
275
+ Lorsque, plus tard, la danse sera pratiquée à la cour des princes, elle conservera cette inspiration religieuse[113].
276
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277
+ L'Inde classique a connu deux grands types de danse :
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279
+ L'environnement dans l'hindouisme a une grande importance. Sanâtana-dharma renvoie à la conception d'une essence éternelle du cosmos, la qualité qui lie tous les êtres humains, animaux et végétaux à l'univers alentour et éventuellement à la source de toute existence[114],[41].
280
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281
+ Cette perspective se retrouve clairement dans les Lois de Manu (qui indiquent les moyens de se purifier d'actes impurs), où l'on indique plusieurs fois que l’ahimsa (« non-violence ») — dharma/devoir premier à cultiver — ne concerne pas seulement le règne animal, mais aussi le règne végétal et l'environnement de manière générale[115] : On y indique ainsi que celui qui a rendu impure l'eau, d'une quelconque manière que ce soit, doit pratiquer l'aumône pendant un mois pour se purifier de cette mauvaise action/karma[115] ; que celui qui blesse, même sans volonté de nuire, des arbres fruitiers et d'autres végétaux divers, doit, toujours pour se purifier, répéter cent prières du Rig-Véda[115] ou suivre toute une journée une vache en signe d'humilité et ne s'alimenter que de son lait[115]. Ces mesures purificatoires sont là pour rappeler que l'environnement, les végétaux et les éléments naturels (comme l'eau, etc.), sont à respecter, car ils sont aussi l'émanation du Brahman (« Âme universelle ») : les détruire ou blesser à bien des conséquences karmiques néfastes que l'on doit éviter ou éliminer par une quelconque ascèse[115].
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+ Les Bishnoïs (ou Vishnoï) sont les membres d'une communauté créée par le gouroû Jambeshwar Bhagavan, appelé communément Jambaji (1451-?), surtout présente dans l'État du Rajasthan, majoritairement dans les régions de Jodhpur et de Bîkâner, et dans une moindre mesure dans l'État voisin de l'Haryana en Inde.
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+ Les Bishnoïs suivent vingt-neuf principes édictés par leur gouroû et se caractérisent par leur végétarisme, leur respect strict de toute forme de vie (non-violence, ahimsa), leur protection des animaux ainsi que des arbres, leur adoption d'une tenue vestimentaire particulière[116]. On les définit souvent comme ayant une forte conscience écologique. Les Bishnoïs vivent paisiblement dans des villages isolés loin des centres de peuplement et sont environ sept millions en Inde. Ils font partie des hindous qui enterrent leurs morts, (les sadhus, sannyasins, yogis, sont eux aussi enterrés), du fait que l'on ne puisse couper du bois d'arbre vivant pour réaliser la crémation[117].
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+ Les fêtes dans l'hindouisme occupent une place visible et incontestable dans la pratique de la religion hindoue. Exceptées les fêtes les plus populaires, comme celle de Holî, de la naissance de Krishna ou de Divālī, la fête des lumières, qui sont célébrées dans toute l'Inde, la plupart des célébrations ont une importance surtout locale[41].
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+ Habituellement, le déroulement de la fête est centré sur un grand char richement orné portant les images des divinités du temple, et qui est tiré à travers le village ou la région tout entière[41].
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+ L'une des fêtes les plus connues est celle qui se tient à Puri (en Orissa) en l'honneur de Krishna-Vishnou qui représente à cette occasion les figures de Jaqannatha (« seigneur du monde »), de son frère Balarama et de sa sœur Soubhadra[41].
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+ On peut également citer Janmâshtami, « huitième jour de naissance », fête de la nativité de Krishna, au mois d'août. Une poupée représentant Krishna bébé est placée dans une crèche, autour de laquelle la famille veille une grande partie de la nuit en récitant des invocations et des chants. Le jeûne est souvent observé à l'occasion de cette cérémonie.[réf. nécessaire]
293
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+ L'Inde, le Népal et l'île Maurice sont des nations majoritairement hindouistes. Jusqu'en mai 2006, le Népal était le seul État dans le monde dont la religion officielle était l'hindouisme, jusqu'à ce que le Parlement proclame le principe de laïcité dans ce pays[118] (ce qui ne change rien en soi pour la pratique religieuse, puisque l'hindouisme, qui a plusieurs branches différentes, n'a aucune Église officielle à laquelle un quelconque État peut s'associer).
295
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+ Depuis le XIXe siècle, une diaspora indienne s'est constituée. Ainsi, on trouve actuellement des minorités hindouistes notables dans les pays suivants (estimation 2010[119], sauf mention contraire) : le Bangladesh (11,7[120] à 13,5 millions) l'Indonésie (4 millions), le Sri Lanka (2,8 millions), les États-Unis (1,8 million), la Malaisie (1,7 million), le Pakistan (1,3[121] à 3,3 millions), l'île Maurice (0,7 million), l’Afrique du Sud (0,6 million) le Royaume-Uni (0,8 million), la Birmanie (0,8 million) le Canada (0,5 million), l'Australie (0,3 million), la Trinité-et-Tobago (0,3 million), Singapour (0,26 million), les Fidji (0,24 million), le Guyana (0,2 million), le Suriname (0,1 million), etc. L'hindouisme se répand notamment en Afrique, non par le biais seul d'une diaspora indienne, mais par l'adhésion des Africains eux-mêmes, notamment au Ghana et au Togo[122] (l'hindouisme est la religion à la plus forte croissance au Ghana[123]).
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+ Certains États comme le Bangladesh et le Sri Lanka abritent une importante minorité hindoue : cela est dû au fait que ces États constituaient une partie de l'Inde avant la partition en 1947. Au Sri Lanka, la minorité tamoule (majoritairement composée de hindous, mais aussi de chrétiens et de musulmans) a subi un génocide organisé par les nationalistes bouddhistes et l'armée cinghalaise : c'est le sujet du livre The Tamil Genocide by Sri Lanka de Francis Anthony Boyle. Comme au Pakistan, la minorité hindoue au Bangladesh a subi de nombreuses persécutions de la part des islamistes (comme les violences anti-hindoues de 2013) ; ces violences et persécutions anti-hindoues au Bangladesh sont le sujet du célèbre livre Lajja de Taslima Nasreen.
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+ L’Asie du Sud-Est a été largement convertie à l'hindouisme depuis le IIIe siècle. Il en reste un grand nombre de monuments, comme la ville-temple d’Angkor Vat au Cambodge ou les temples de l'île de Java en Indonésie, ainsi que la grande popularité des épopées du Mahabharata et du Ramayana. L'influence dans la danse est moins évidente. L’île indonésienne de Bali est ainsi marquée par une forte influence hindoue, avec des éléments bouddhistes et surtout d'un animisme local, indonésien (mais qui se réfère à la trimurti), le syncrétisme étant plus facile dans ces cultures (l'hindouisme brahmanique étant à sa façon lui aussi un « animisme », mais toujours basé sur des philosophies systématiques universelles et non des croyances éparses, non classifiées et à tendance tribale). La culture javanaise est encore fortement imprégnée d'éléments indiens, et il reste des enclaves d'hindouisme à Java. La Thaïlande et l'Indonésie ont comme armoiries nationales Garuda, le véhicule de Vishnou, que l'on retrouve également dans le nom de la compagnie aérienne nationale, Garuda Indonesia.[réf. nécessaire]
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+ L'hindouisme, qui est un mot valise pour désigner un ensemble de rituels, de pratiques religieuses, de philosophies, de métaphysiques et de courants de pensée existant depuis longue date, a été inventé au XIXe siècle sous la colonisation et la domination britannique en Inde. Depuis, les controverses sont nombreuses.
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+ Rembrandt Harmenszoon van Rijn (en néerlandais Écouter[1]), habituellement désigné sous son seul prénom de Rembrandt, né à Leyde le 15 juillet 1606 ou 1607[note 2] et mort à Amsterdam le 4 octobre 1669, est généralement considéré comme l'un des plus grands peintres de l'histoire de la peinture, notamment de la peinture baroque, et l'un des plus importants peintres de l'École hollandaise du XVIIe siècle. Rembrandt a également réalisé des gravures et des dessins et est l'un des plus importants aquafortistes de l'histoire. Il a vécu pendant ce que les historiens appellent le siècle d'or néerlandais (approximativement le XVIIe siècle), durant lequel culture, sciences, commerce et influence politique des Provinces-Unies ont atteint leur apogée.
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+ Rembrandt a réalisé près de 400 peintures[note 3], 300 eaux fortes et 300 dessins. La centaine d'autoportraits qu'il a réalisés tout au long de sa carrière permettent de suivre son parcours personnel.
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+ Une des caractéristiques majeures de son œuvre est l'utilisation de la lumière et de l'obscurité (technique du clair-obscur inspirée du Caravage) qui attire le regard par le jeu de contrastes appuyés. Il est aussi connu pour la matérialité de sa peinture et son style rugueux, en opposition avec le style lisse et fini de ses contemporains. Les scènes qu'il peint sont intenses et vivantes. Ce n'est pas un peintre de la beauté ou de la richesse, il montre la compassion et l'humanité, qui ressortent dans l'expression de ses personnages, qui sont parfois indigents ou usés par l'âge. Ses thèmes de prédilection sont le portrait (et les autoportraits) ainsi que les scènes bibliques. Rembrandt représente aussi des scènes de la vie quotidienne, et des scènes populaires aussi appelées scènes de genre. Sa famille proche — Saskia, sa première femme, son fils Titus et sa deuxième concubine Hendrickje Stoffels — apparaissent régulièrement dans ses peintures. Il a exécuté peu de paysages peints[note 4], réservant le thème à son œuvre gravé.
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+ Rembrandt[note 1] Harmenszoon van Rijn est né le 15 juillet 1606[note 5] rue Weddesteeg[note 6] à Leyde, ville universitaire et industrielle des Provinces-Unies (actuels Pays-Bas). Il est le neuvième des dix enfants[note 7] d'une famille aisée : son père, Harmen Gerritszoon van Rijn[note 8], est meunier sur le Rhin et sa mère, Neeltgen Willemsdochter van Zuytbrouck, est fille de boulanger[5]. La religion occupe une place centrale dans l'œuvre de Rembrandt et la période de tension religieuse dans laquelle il a vécu donne à sa foi une certaine importance. Sa mère est catholique et son père appartient à l'Église réformée néerlandaise. Tandis que son œuvre dévoile une profonde foi chrétienne, on ne sait pas si l'artiste appartenait à une Église en particulier, bien que ses cinq enfants fussent baptisés dans des églises réformées d'Amsterdam : quatre dans la Vieille église d'Amsterdam et un, Titus, dans la Zuiderkerk[6].
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+ Dans un texte remis à sa femme Stella, Rembrandt reconnaît son ascendance juive et le fait que son père est issu d'une famille juive convertie à la foi chrétienne. [7] Cette découverte explique selon lui son attrait pour la peinture des personnages juifs et des thèmes bibliques.
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+ Enfant, il est le seul de la fratrie qui étudie[8] à l'école latine (institution calviniste donnant un enseignement religieux très poussé et où il prend ses premiers cours de dessin et apprend l'actio et le pronunciato, pratiques visant à allier voix et gestes, qui l'influenceront plus tard dans son travail, notamment dans la pratique du théâtre pour pouvoir mettre en scène ses compositions et ainsi leur donner un effet plus naturel que le simple modèle qui pose dans l'atelier[9]). À l'âge de 14 ans, il s'inscrit à l'université de Leyde mais n'y étudie pas[10],[11],[4] et montre rapidement une forte inclination vers la peinture. En 1621, il devient alors pendant trois ans l'apprenti du peintre d'histoire versé dans les descriptions de scènes infernales[12] Jacob van Swanenburgh[13],[note 9], chez qui il apprend le dessin à la plume[15], puis Joris van Schooten[note 10],[17].
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+ Mais ce qui est déterminant dans sa formation est son séjour de six mois à Amsterdam en 1624, chez Pieter Lastman et Jan Pynas[note 11] : Rembrandt y côtoie Jan Lievens, en apprentissage chez Lastman, et il y apprend le dessin au crayon, les principes de la composition et le travail d'après nature[15]. Il aborde principalement les mêmes thèmes bibliques et antiques que Lastman et les traite avec la même « puissance narrative et des accents réalistes très remarquables[17]. » Lastman lui transmet aussi l'influence d'artistes qu'il avait côtoyés à Rome : Adam Elsheimer et le Caravage, tandis qu'il découvre l'œuvre de Rubens dans son atelier. Rembrandt s'approprie ainsi le clair-obscur pour en faire un langage propre « d'une rare poésie »[17]. L'animation et l'art d'Amsterdam marquent son œuvre de jeunesse et il fait la connaissance de peintres flamands, dont Hercule Seghers[15]. Il rentre à Leyde en 1624[12].
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+ Contrairement à beaucoup de ses contemporains qui faisaient le Grand Tour en Italie lors de leur formation, Rembrandt n'a jamais quitté les Provinces-Unies[19],[20] et il s'établit à Leyde en 1625[note 12]. Son ami Jan Lievens le rejoint. Dans son autobiographie, Constantijn Huygens fait par de sa rencontre avec les deux jeunes artistes : « Je dois confesser que je n'ai jamais vu plus grande diligence et industrie chez aucun individu, quels que soient son occupation ou son âge. Car en vérité ils consacrent tout leur temps [à la peinture] ; c'est la seule chose qui compte pour eux. Et le plus étonnant est que même les amusements les plus innocents de la jeunesse leur paraissent une perte de temps[22]. » À cette époque, leur talent et leur style sont si proches qu'il est difficile pour les historiens de l'art de les distinguer[note 13],[17]. Concernant les gravures de Rembrandt, André-Charles Coppier parle d'une époque où la production de ce dernier est jusque-là limitée à une surproduction d'estampes à vocation commerciale — des « sujets de vente » pour lesquels il se contentait d'un style purement linéaire —, associé aux peintres Jan Lievens, Gérard Dou, Hendrick Cornelisz. van Vliet et Jacques des Rousseaux[24].
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21
+ En 1625, il signe La Lapidation de saint Étienne, première toile qui nous soit parvenue de lui. L'année suivante, il réalise ses premières eaux-fortes, Le repos pendant la fuite en Egypte[œ 1] et La Circoncision[œ 2],[12]. En 1627, Rembrandt enseigne déjà à des apprentis, dont le premier est Gérard Dou qui entre dans son atelier en 1628, et commence probablement avec la préparation des panneaux et des toiles, qui étaient tous faits à la main dans les ateliers des peintres[25]. Le tout premier commentaire sur Rembrandt connu date de 1628, où l'humaniste Aernout van Buchel écrit : « On couvre d'éloges le fils du meunier de Leiden, mais cela me semble prématuré[12]. »
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23
+ Il ouvre un atelier à Leyde vers 1624, qu'il partage avec son ami et collègue Jan Lievens. En 1627, Rembrandt commence à accepter des élèves, parmi lesquels Gerrit Dou en 1628[26].
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25
+ En 1629, l'homme politique Constantijn Huygens, poète et secrétaire du prince d’Orange[note 14], lui rend visite dans son atelier et se montre enthousiaste sur Rembrandt dans son autobiographie[12] ; ses commandes lui apportent notoriété et le sortent de ses difficultés financières. Grâce à cette collaboration, le prince Frédéric-Henri achète des peintures à Rembrandt jusqu'en 1646[27]. En 1630, son père meurt. Il délaisse quelque peu la peinture pour se consacrer à la gravure — c'est d'ailleurs son année la plus productive (quinze estampes connues), quoiqu'elles ne soient pas les plus intéressantes : selon Gary Schwartz, ces « petites planches (...) manquent de rigueur »[12].
26
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27
+ En 1631, après avoir acquis une certaine reconnaissance, il se voit proposer de multiples commandes de tableaux de corporations et de portraits (les « Doelen », son premier portrait de groupe, Leçon d'anatomie du docteur Tulp, étant réalisé en 1632), commandes issues d'Amsterdam qui l'obligent à s'installer dans cette ville. Un important marchand d'art lui offre le gîte, Hendrick van Uylenburgh dont il épouse la nièce Saskia van Uylenburgh le 22 juin 1634. Ce dernier l'introduit dans le cénacle de la haute société et favorise sa réputation, ce qui lui vaut plus de 50 commandes de portraits de patriciens dans les années 1631-1634 — virage déterminant dans sa carrière[12]. Rembrandt a réalisé plusieurs portraits de sa femme entre 1633 (National Gallery of Art, Washington D.C) et 1634 (musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg)[28], et reste très prolifique en eaux-fortes, qui gagnent en qualité[12]. Il grave notamment des scènes bibliques qu'il n'a pas le temps de peindre et peint pour la première fois des scènes de genre, des allégories et des portraits sur commande (1633)[29].
28
+
29
+ Rembrandt et Saskia se marient en 1634[8] et ont un premier enfant en 1635, Rumbartus, qui meurt seulement deux mois plus tard. Il montre à cette époque une grande concentration dans ses gravures, qui sont désormais « d'un grand raffinement », comme Joseph et la femme de Putiphar[29]. Nouvelle baisse de production picturale en 1636. Le couple perd un nouvel enfant, Cornelia, en 1638. Les commandes de portraits cessent[29].
30
+
31
+ En 1639, Rembrandt et Saskia, qui vivent désormais dans une plus grande aisance financière[note 15], vont habiter une maison cossue (qui deviendra le Musée de Rembrandt) de Jodenbreestraat, dans le quartier juif[note 16]. Une maison plus spacieuse et qui permet au peintre de recevoir et d'exposer, mais il doit prendre une hypothèque et s'endetter lourdement pour l'acquérir, ce qui devient la cause principale de ses difficultés financières ultérieures[5]. Un troisième enfant meurt peu après sa naissance en 1640. Le quatrième, Titus, né en 1641, sera le seul à atteindre l'âge adulte[30]. Saskia meurt d'une phtisie en 1642 à l'âge de 30 ans.
32
+
33
+ Il réalise d'importantes gravures dans tous les genres, mais le sommet artistique de cette période est le tableau La Ronde de nuit (De Nachtwacht, Rijksmuseum Amsterdam, 1642) : l'œuvre originale mesure 440 × 500 cm (mais sera plus tard diminuée) et fait le portrait de 18 membres d'une milice civile, d'une façon dynamique, révolutionnaire pour son temps.
34
+
35
+ Sa production de peintures continue et celle des eaux-fortes se stabilise jusqu'à la fin de sa carrière autour de six estampes par an[30]. Il connaît à partir de 1642 un grand succès commercial, étant l'un des peintres les plus demandés de la ville et son atelier ayant beaucoup de succès[31],[32].
36
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37
+ Entre 1643 et 1649, Rembrandt partage ensuite sa vie avec sa servante Geertje Dircx, jeune veuve sans enfant, qui prend en charge le bébé Titus. En 1648, elle rédige son testament qui voit toutes les possessions de Rembrandt léguées à son fils Titus[33]. Cette liaison entre un veuf et la nourrice de son fils provoque un scandale au point que Rembrandt décide de la congédier. Geertje entame et gagne un procès contre Rembrandt sur le sujet de promesse de mariage, mais Rembrandt la fait enfermer dans un asile d'aliénés en 1650, la faisant passer pour folle[34]. En 1645, Hendrickje Stoffels, plus jeune que Geertje, devient une nouvelle servante de la maison, et remplace Geertje comme concubine.[réf. nécessaire] La vie privée de Rembrandt est très agitée, et 1649 est la seule année où Rembrandt ne réalise aucun tableau ni estampe — à noter tout de même que bien que non datée, l'une de ses plus remarquables estampes, La Pièce aux cent florins a été achevée vers cette année-là, après un long processus. Il vit à cette époque « une situation financière catastrophique, l'artiste n'étant pas en mesure de régler ses hypothèques ni d'acquitter ses impôts »[33]. Il reçoit très peu de commandes, les années 1650 étant moins prolifiques en ce domaine que la seule année 1632, alors que c'est sa principale source de revenus. On ne connaît par exemple qu'une seule eau-forte et un seul tableau de Rembrandt datés de 1653[33].
38
+
39
+ Le document de cet inventaire demeure aujourd'hui encore important pour les historiens de l'art : sa collection comprenait des œuvres d'art antiques et asiatiques, des objets scientifiques, des armes, des instruments de musique, des costumes et des œuvres picturales[35].
40
+
41
+ Il possédait notamment des tableaux d'Hercules Seghers, Jan Lievens, Adriaen Brouwer, Pieter Lastman et Jan Pynas ainsi que des œuvres attribuées à Giorgione, Palma le Vieux, Lelio Orsi, Raphaël et aux Carracci ; il conservait également des estampes de Andrea Mantegna, Lucas de Leyde, Martin Schongauer, Cranach, Holbein le Jeune, Heemskerck, Frans Floris, Pieter Brueghel l'Ancien, Rubens, Jordaens, Goltzius et Abraham Bloemaert[35]. Enfin, il possédait peu de livres : une Bible, les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe et illustrées de gravures sur bois de Tobias Stimmer et le traité sur les proportions humaines d'Albrecht Dürer[35].
42
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43
+ Cet inventaire a permis à des spécialistes de Rembrandt de se rendre compte de la « curiosité éclairée » de ce dernier et de la grande importance de son étude de la Renaissance italienne dans son œuvre[35].
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45
+ Après avoir été condamnée par le synode l'Église pour fornication, Hendrickje donne naissance à Cornelia en 1654[33]. Il se consacre néanmoins à des sujets religieux, aussi bien dans ses estampes que dans ses tableaux, où sont à noter Le Christ et la Samaritaine et Joseph accusé par la femme de Putiphar, peints « à double, peut-être sous la pression de sa situation financière désespérée »[33].
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+ Rembrandt vivant au-dessus de ses moyens, achetant des pièces d'art du monde entier (collection qui lui sert de modèle dans ses peintures), des costumes dont il se sert souvent dans ses œuvres, n'arrive plus à honorer ses dettes en 1656. Il est alors contraint de vendre sa maison et ses possessions — qui font l'objet d'un inventaire[note 17] — aux enchères et de se contenter d'un logis plus modeste loué au 184 du canal Rozengracht (nl). Sa compagne Hendrickje et son fils Titus fondent en 1658 une association pour continuer le commerce d'œuvres d'art qu'ils avaient commencé avant ces événements et obtiennent l'exclusivité du commerce de celles de Rembrandt en contrepartie de l'obligation d'entretenir Rembrandt toute sa vie[note 18]. Malgré la renommée de Rembrandt qui continue à croître, les commandes diminuent et une grande toile de 1660, La Conjuration de Claudius Civilis (son tableau le plus grand), destiné à la nouvelle mairie d'Amsterdam, est refusée et retournée (maintenant dans le musée national de Stockholm)[36].
48
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49
+ En 1663, Hendrickje meurt et son fils se marie, laissant Rembrandt complètement seul. Ces événements marquent ses contemporains, et Joost van den Vondel, le grand poète national[note 19], fait comme ceux-ci le rapprochement avec ses œuvres, jugées plus obscures qu'avant, en le décrivant comme « l'ami et le fils de l'ombre, pareil au hibou nocturne »[37].
50
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51
+ Les critiques de son époque, tels Joachim von Sandrart (Teutsche Academie, 1675), Samuel van Hoogstraten (Inleyding tot de Hooge Schoole der Schilderkonst, 1677[note 20]), Arnold Houbraken (Le Grand Théâtre des peintres néerlandais, 1718-1721) et Gérard de Lairesse (Le Grand Livre des peintres, ou l'Art de la peinture considéré dans toutes ses parties, et démontré par principes ... auquel on a joint les Principes du dessin, 1787) louaient son génie mais réprouvaient « son manque de goût, son naturalisme vulgaire, son dessin négligé, la rareté de sujets nobles dans son œuvre[40] ». Rembrandt avait suivi l'évolution du baroque international vers une phase plus classique[41], mais alors que son style personnel arrivait à son paroxysme, il s'éloignait de celui de ses contemporains, plus proche des Van Dyck voire de ses élèves ou anciens compagnons d'ateliers (Govaert Flinck et Jan Lievens)[37].
52
+
53
+ Malgré une image de solitaire incompris, Rembrandt a continué à recevoir des commandes : de particuliers, notamment Jan Six[œ 4] ; de corporations, comme l'atteste le fameux tableau Le Syndic de la guilde des drapiers (1662) ; et même à l'international, puisqu'un noble italien lui commanda un philosophe et reçut Aristote contemplant le buste d'Homère (1653) et plus tard Alexandre le Grand (1661) et Homère (1663), ainsi que 189 eaux-fortes en 1669[37]. Il continuait par ailleurs à avoir des élèves, notamment Philips Koninck et Aert de Gelder[37].
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+ Lors de ses huit dernières années, Rembrandt n'a produit qu'une seule gravure : un portrait[œ 5] de commande « insignifiant[42] ». Cette mise à l'écart de cet art de prédilection ne s'explique pas par un quelconque empêchement lié à la vieillesse, mais, selon Sophie de Brussière (Petit Palais), parce que Rembrandt avait déjà terminé l'exploration des techniques de la gravure — et en parallèle réussi à obtenir ce qu'il avait recherché pendant toute sa carrière de peintre, la « lumière-couleur » —, et n'y accordait plus d'attention[42].
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+ Il survit aux disparitions de Hendrickje (morte en 1663 de la peste) et Titus, mort en 1668. Sa fille Cornelia, sa belle-fille Marguerite et sa petite-fille Titia sont à ses côtés quand il meurt le 4 octobre 1669 à Amsterdam. Désargenté, il est inhumé dans une tombe louée dans l'église Westerkerk, où une plaque commémorative est déposée en 1906 sur une colonne septentrionale de la nef mais plus aucune trace de cette tombe ne subsiste aujourd'hui, la famille Rembrandt n'ayant plus assez d'argent pour y faire construire un tombeau personnel[43].
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+ Rembrandt a eu plusieurs élèves qui ont connu le succès :
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+ Beaucoup d'œuvres habituellement attribuées à Rembrandt (telles L'Homme au casque d'or, Le Cavalier polonais ou le Philosophe en méditation) ont une paternité aujourd'hui contestée par les experts, notamment celles du Rembrandt Research Project, une coopération de six professeurs universitaires néerlandais. Le peintre a en effet encouragé ses élèves à copier ses œuvres ou a profité de la vente de leurs tableaux, se rémunérant ainsi en échange de leur instruction et de leur apprentissage. L'expertise est rendue encore plus difficile par le fait que Rembrandt ne signe pas toujours ses tableaux, que sa signature a évolué plusieurs fois et que certains de ses élèves signent leur copie du nom de leur maître[44].
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+ La peinture de Rembrandt procède par la superposition de couches de glacis (tons de terres, procédé du clair-obscur), cette matière ou « manière brute » s'opposant à la « manière lisse » de la génération suivante de peintres hollandais[45]. Il est aussi connu pour la matérialité de sa peinture et son style rugueux, en opposition avec le style lisse et fini de ses contemporains[9].
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+ Rembrandt a peint La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch, entre 1640 et 1642. Au XVIIIe siècle, ce tableau paraissait si sombre et si détérioré qu’on a cru qu’il s’agissait d’une scène nocturne. Il fut donc rebaptisé ou surnommé La Ronde de nuit. Un nettoyage opéré en 1947 permit de restituer sa lumière et surtout ses couleurs à l’œuvre, qui représente un groupe d'arquebusiers, quittant l'ombre d'une cour et s'avançant dans la lumière du jour.
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+ Le tableau a été commandé pour orner le nouveau hall du Kloveniersdoelen, la compagnie des arquebusiers, une des milices de gardes civils chargées de défendre la ville en cas de conflit. Rembrandt, s'éloignant des conventions du genre, choisit de montrer la troupe alors qu'elle se met en mouvement. On ne sait d'ailleurs pas à quelle occasion. S'agit-il d'une simple patrouille ou d'un événement particulier ? Une parade, à l'occasion de la visite de Marie de Médicis à Amsterdam, en 1638, ou celle d'Henriette Marie d'Angleterre, en 1642, ont été suggérées. Quoi qu'il en soit, cette approche artistique contraria les commanditaires et certains membres de la milice furent agacés de se voir relégués à l'arrière-plan, presque invisibles. À 1600 florins, le paiement était un record dans l'œuvre de Rembrandt, dans une société où un ouvrier gagnait de 200 à 250 florins par an.
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+ En 1725, pour qu'elle pût trouver sa place sur un mur d'une salle de l'Hôtel de ville, des morceaux de la toile, alors d'environ 500 × 387 cm, furent découpés. Ses dimensions actuelles (438 × 359 cm) sont encore impressionnantes : elle occupe tout un côté d'une des plus grandes salles du Rijksmuseum, dont elle est considérée comme l'œuvre majeure.
70
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71
+ Cette toile représente six personnages en costume noir, portant chapeaux et fraises, qui vérifient les comptes de la corporation des drapiers. Elle illustre bien le talent de Rembrandt pour la disposition de ses personnages. Son exécution est sobre et efficace. Un article publié en 2004, par Margaret S. Livingstone, professeur de neurobiologie à l'Université de Harvard Medical School, suggère que Rembrandt, dont les yeux n'étaient pas alignés correctement, souffrait de cécité stéréo (en). Cette conclusion a été faite après l'étude de trente-six autoportraits du peintre. Parce qu'il ne pouvait pas former une vision binoculaire normale, son cerveau se reportait automatiquement sur un seul œil pour de nombreuses tâches visuelles. Cette incapacité pourrait l'avoir aidé à aplatir les images qu'il voyait pour les restituer ensuite sur la toile en deux dimensions.
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+ Près de 300 feuilles sont attribuées actuellement au peintre (contre plus de 1300 dans les années 1950). Il s'agit essentiellement d'exercices de style, la plupart n'ayant pas de rapport direct avec un tableau existant. Les plus riches collections sont conservées à Londres, Amsterdam, Berlin et au Musée du Louvre.
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+ Le peintre a utilisé de nombreuses techniques dont la sanguine, l'encre, la pierre noire. Les thèmes en sont divers mais différents de ceux de ses tableaux : peu de portraits et beaucoup de paysages.
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77
+ Le peintre reste l'un des grands aquafortistes du XVIIe siècle et a laissé près de 290 planches qui pour la plupart ne correspondent pas aux originaux car Rembrandt aimait les retravailler. Il a probablement appris la technique auprès de Jan Lievens qui partageait sans doute son atelier à Leyde.
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+ Ses premières eaux-fortes datent de 1626 :Repos en Égypte (B 59) et La circoncision (s 398). Rembrandt n'a pas coutume de signer et dater les eaux-fortes. Une seule échappe à cette règle : Jeune homme au buste : autoportrait (B 338). Il s'est spécialisé dans la technique de l'eau-forte, utilisant une plaque de cuivre recouverte d'un vernis, ce qui permet de travailler sur cette dernière avec le même geste que le dessinateur. De l'acide attaquait ensuite les zones découvertes par le vernis (la morsure), formant un relief en creux qui pouvait retenir l'encre. Rembrandt utilisait plusieurs techniques complémentaires : la double morsure où il reprenait la plaque en la recouvrant une deuxième fois d'un vernis transparent, l'emploi complémentaire d'un burin pour accentuer certains traits, ou d'un « mordant » directement sur la plaque afin d'obtenir des effets de brume. Il a laissé également des irrégularités d'encrage permettant la constitution de voiles plus ou moins opaques.
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+ L'année 1630 est extrêmement prolifique : Rembrandt faisant la moue (B 10), Rembrandt à la bouche ouverte (B 13), Rembrandt au bonnet fourré et habit blanc (B 24), Présentation au temple, avec l'ange (B51), Jésus-christ au milieu des docteurs de la loi (B66), Gueux et gueuse (B 164), Gueux assis sur une motte de terre ; ressemblant à Rembrandt (B 174), Tête d'homme chauve (B 292), Tête d'homme chauve, tourné à droite (B 294), Tête d'homme de face (B 304), Vieillard à grande barbe (B 309), Tête de face riante : autoportrait (B 316), Tête d'homme au bonnet coupé ; Rembrandt aux yeux hagards (B 320), Homme à moustaches relevées et assis (B 325). Ce sont de petits formats[59].
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+ Entre 1650 et 1655, Rembrandt a fait quelques rares planches directement en taille-douce.
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+ « Rembrandt » est une modification de l'orthographe du prénom de l'artiste qu'il a présentée en 1633. Ses premières signatures (vers 1625) se composaient d'un premier « R », ou le monogramme « RH » (pour Rembrant Harmenszoon, c'est-à-dire « fils de Harmen »), et à partir de 1629, « RHL » (« L » était, vraisemblablement, pour Leiden). En 1632, il a utilisé ce monogramme au début de l'année, puis a ajouté à son patronyme, « RHL-van Rijn », mais a remplacé cette forme dans la même année et a commencé à utiliser son prénom seul avec son orthographe d'origine, « Rembrant ». En 1633, il a ajouté un « d », et a toujours maintenu cette forme à partir de là, ce qui prouve que cette petite modification avait un sens pour lui. Ce changement est purement visuel, il ne change pas la façon dont son nom est prononcé. Curieusement, malgré le grand nombre de peintures et de gravures signées avec ce changement de prénom, la plupart de ses documents qui sont mentionnés au cours de sa vie ont conservé l'orthographe originelle « Rembrant ». (Note : la chronologie approximative de la signature des formes ci-dessus s'applique aux peintures et, dans une moindre mesure, à la gravure, de 1632, vraisemblablement, il n'y a qu'une seule gravure signée « RHL-v. Rijn », le grand format La résurrection de Lazare (B 73) ). Sa pratique de signer son travail de son prénom a probablement été inspirée par Raphaël, Léonard de Vinci et Michel-Ange, qui, hier comme aujourd'hui, ont été appelés par leur prénom seul[60].
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+ La distinction entre l'œuvre originale du peintre et celle faite par son atelier est difficile et les attributions ont été variables dans le temps, Rembrandt n'hésitait pas en effet à signer de son nom des tableaux qui étaient l'œuvre de collaborateurs parfois éloignés, le peintre entretenant sciemment cette confusion même pour des autoportraits. De plus, certaines de ses œuvres qui lui furent attribuées étaient réalisées par de ses élèves ou des imitateurs qui prenaient parfois la liberté de signer du nom de Rembrandt[61].
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+ En 1836 est publié le premier recensement de son œuvre peinte, fait par John Smith, qui compte près de 600 tableaux. Près de 400 peintures supplémentaires lui sont attribuées par la suite, grâce à l'étude de Wilhelm von Bode publiée chez Charles Sedelmeyer (8 volumes, 1897-1907). Un inventaire de 1915 ramène ce nombre à 740 et Abraham Bredius à 600 dans un catalogue publié en 1935[62].
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+ En 1968, le Rembrandt Research Project (RRP) a été créé sous l'égide de l'Organisation néerlandaise pour l'avancement de la recherche scientifique (Nederlandse Organisatie voor Wetenschappelijk Onderzoek) et publie un nouveau catalogue raisonné qui porte à 420 le nombre de tableaux. Des historiens d'art et des experts de plusieurs disciplines se sont associés pour valider l'authenticité des travaux attribués à Rembrandt et établir une liste complète de ses peintures au sein d'un catalogue raisonné. Certaines œuvres ont été retirées de la liste après expertise, dont Le Cavalier polonais, conservé par la Frick Collection de New York. La plupart des experts, parmi lesquels le Dr Josua Bruyn du RRP, attribuent maintenant ce tableau à l'un des plus talentueux élèves de Rembrandt, Willem Drost. En 2003, le comité poursuit ses travaux d'investigation. Les enjeux de ces désattributions sont de taille et suscitent de grosses polémiques : un Rembrandt peut se vendre dans les années 2010 à plus de 28 millions de dollars américains ; la Wallace Collection, qui avait 11 tableaux de Rembrandt, ne se retrouve plus qu'avec un seul authentifié. L'expertise de L'Homme au casque d'or, exposé à la Gemäldegalerie de Berlin, a également abouti à la conclusion que son « attribution à Rembrandt est à présent pratiquement exclue »[63].
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+ À la suite des désattributions effectuées par les experts (notamment Ernst van de Wetering, directeur du Rembrandt Research Project), il n'en resterait actuellement que 357 estimés authentiques[64].
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+ Fin 2018, des études menées à l'European Synchrotron Radiation Facility permettent de comprendre la technique utilisée par Rembrandt pour donner du relief à ses peintures. L'artiste utilisait la technique d'empâtement pour donner ce relief mais l'ingrédient extrêmement rare mis en évidence est la plombonacrite, de formule chimique Pb5(CO3)3O(OH)2[65],[66].
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+ La maison de Rembrandt, devenue Musée de la maison de Rembrandt.
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+ Amsterdam. Rembrandtplein.
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+ Dans la deuxième édition de Description de Leiden (en néerlandais : Beschrijvinge der stadt Leyden, 1641), Jan Janszoon Orlers, maire de la ville, inclut la première biographie imprimée (sur une demi-page) de Rembrandt[30],[4].
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+ Edme-François Gersaint (1694-1750) est le premier à publier un catalogue de gravures de Rembrandt, en 1751[67] (à titre posthume) : le Catalogue raisonné de toutes les pièces qui forment l’œuvre de Rembrandt[68],[note 21]. Gersaint choisit dans cet ouvrage de classer les œuvres non pas dans un ordre chronologique, mais suivant le sujet — et il sera en ceci suivi par la plupart de ses successeurs[67] — qui sont : portraits de Rembrandt ; Ancien Testament ; Nouveau Testament ; sujets pieux, pièces de fantaisie ; mendiants, sujets libres ; paysages ; portraits d'hommes ; têtes de fantaisie ; portraits de femmes ; études[67].
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+ Adam von Bartsch (1757-1821), également aquafortiste, écrit un ouvrage référence dans ce domaine : Catalogue raisonné de toutes les Estampes qui forment l'Œuvre de Rembrandt, et ceux de ses principaux Imitateurs[70]. Il y établit ce qui est devenu le système de numérotation définitif, sur son propre nom (par exemple « Bartsch 17 » ou « B. 17 »), pour les gravures à l'eau-forte de Rembrandt et les copies de beaucoup d'autres artistes, système encore employé dans ce domaine.
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+ Ignace Joseph de Claussin (1795-1844), compose en 1824 Catalogue raisonné de toutes les estampes qui forment l'œuvre de Rembrandt, et des principales pièces de ses élèves[71] puis en 1828 Supplément au Catalogue de Rembrandt[72], le premier faisant référence, notamment pour Charles Henry Middleton qui le cite abondamment dans A Descriptive catalogue of the etched work of Rembrandt van Rhyn (1878)[73], un autre ouvrage de référence. En gravure, sont également à noter Charles Blanc, Eugène Dutuit, Arthur Mayger Hind et André-Charles Coppier.
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+ Le tableau L’enfant à la bulle de savon, volé au musée de Draguignan le 13 juillet 1999, dont la valeur était estimée à plus de 20 millions de francs en 1999 (4 millions d'euros), a été retrouvé le 19 mars 2014, l'auteur du vol s'étant rendu volontairement à la gendarmerie de Marmande[74],[75]. Cependant, depuis que la toile (non signée) a été retrouvée, la grande majorité des experts[Qui ?], historiens de l'art et conservateurs de musées en France comme ailleurs ont fait part de leurs doutes quant à son authenticité, y voyant la main d’un élève ou d’un imitateur. La conservatrice du musée rappelle que la toile est considérée comme un Rembrandt depuis son acquisition, ce qui ne vaut pas comme argument puisque les attributions étaient très généreuses autrefois, alors que l'on manquait de moyens scientifiques d'analyse des peintures[réf. nécessaire] : propriété du comte de Tourves, la toile a fait l’objet d’une saisie révolutionnaire en 1794, pour intégrer le musée de Draguignan. Le tableau a retrouvé les collections du musée le 24 juin 2014[76].
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+ Cet travail a été réalisé en partenariat avec une équipe de Microsoft, le musée de la maison Rembrandt à Amsterdam, l'université de technologie de Delft et la galerie royale de Mauritshuis à La Haye, et a été présentée le 5 avril 2016 à Amsterdam[77]. Résultat d'un travail collaboratif de 18 mois, le rendu de 148 millions de pixels s'appuie sur les technologies d'apprentissage automatique et l'impression 3D. 346 peintures ont été scannées en 3D pour enregistrer les couleurs et le relief de l'huile. Ces images ont ensuite été analysées par un algorithme qui en a extrait toutes les informations. Le programme a permis de faire ressortir les caractéristiques de l’œuvre du peintre pour faire le portrait-robot de ses œuvres soit un portrait, d'un homme de type caucasien, de face, regardant vers la droite, âgé entre 30 et 40 ans, vêtu de noir avec un col, portant la barbe et coiffé d'un chapeau[77]. Grâce à un algorithme de traitement et de reconnaissance d'image, les détails clés des œuvres de Rembrandt ont été mis en évidence : l’espacement des yeux, la position du nez, la forme des visages, etc. Treize couches ont été imprimées successivement avec une encre à UV spéciale pour respecter les multiples couches de peintures superposées les unes aux autres présentes sur les tableaux actuellement authentifiés de Rembrandt[77].
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+ En 2019, pour les 350 ans de la mort du peintre, les Pays-Bas sont sous le signe de Rembrandt et du Siècle d'or néerlandais. NBTC Holland Marketing, le Rijksmuseum Amsterdam, le Mauritshuis, le Musée De Lakenhal, le Musée Prinsenhof de Delft, le Fries Museum (en), le Nederlands Scheepvaartmuseum et le Musée de la maison de Rembrandt collaborent avec des villes comme Middelbourg, Leyde, Dordrecht, Haarlem, Enkhuizen, Hoorn, Delft et Amsterdam[78],[79].
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Plusieurs fictions, au cinéma ou à la télévision, ont retracé la vie de Rembrandt :
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+ Rembrandt Harmenszoon van Rijn (en néerlandais Écouter[1]), habituellement désigné sous son seul prénom de Rembrandt, né à Leyde le 15 juillet 1606 ou 1607[note 2] et mort à Amsterdam le 4 octobre 1669, est généralement considéré comme l'un des plus grands peintres de l'histoire de la peinture, notamment de la peinture baroque, et l'un des plus importants peintres de l'École hollandaise du XVIIe siècle. Rembrandt a également réalisé des gravures et des dessins et est l'un des plus importants aquafortistes de l'histoire. Il a vécu pendant ce que les historiens appellent le siècle d'or néerlandais (approximativement le XVIIe siècle), durant lequel culture, sciences, commerce et influence politique des Provinces-Unies ont atteint leur apogée.
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5
+ Rembrandt a réalisé près de 400 peintures[note 3], 300 eaux fortes et 300 dessins. La centaine d'autoportraits qu'il a réalisés tout au long de sa carrière permettent de suivre son parcours personnel.
6
+
7
+ Une des caractéristiques majeures de son œuvre est l'utilisation de la lumière et de l'obscurité (technique du clair-obscur inspirée du Caravage) qui attire le regard par le jeu de contrastes appuyés. Il est aussi connu pour la matérialité de sa peinture et son style rugueux, en opposition avec le style lisse et fini de ses contemporains. Les scènes qu'il peint sont intenses et vivantes. Ce n'est pas un peintre de la beauté ou de la richesse, il montre la compassion et l'humanité, qui ressortent dans l'expression de ses personnages, qui sont parfois indigents ou usés par l'âge. Ses thèmes de prédilection sont le portrait (et les autoportraits) ainsi que les scènes bibliques. Rembrandt représente aussi des scènes de la vie quotidienne, et des scènes populaires aussi appelées scènes de genre. Sa famille proche — Saskia, sa première femme, son fils Titus et sa deuxième concubine Hendrickje Stoffels — apparaissent régulièrement dans ses peintures. Il a exécuté peu de paysages peints[note 4], réservant le thème à son œuvre gravé.
8
+
9
+ Rembrandt[note 1] Harmenszoon van Rijn est né le 15 juillet 1606[note 5] rue Weddesteeg[note 6] à Leyde, ville universitaire et industrielle des Provinces-Unies (actuels Pays-Bas). Il est le neuvième des dix enfants[note 7] d'une famille aisée : son père, Harmen Gerritszoon van Rijn[note 8], est meunier sur le Rhin et sa mère, Neeltgen Willemsdochter van Zuytbrouck, est fille de boulanger[5]. La religion occupe une place centrale dans l'œuvre de Rembrandt et la période de tension religieuse dans laquelle il a vécu donne à sa foi une certaine importance. Sa mère est catholique et son père appartient à l'Église réformée néerlandaise. Tandis que son œuvre dévoile une profonde foi chrétienne, on ne sait pas si l'artiste appartenait à une Église en particulier, bien que ses cinq enfants fussent baptisés dans des églises réformées d'Amsterdam : quatre dans la Vieille église d'Amsterdam et un, Titus, dans la Zuiderkerk[6].
10
+
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+ Dans un texte remis à sa femme Stella, Rembrandt reconnaît son ascendance juive et le fait que son père est issu d'une famille juive convertie à la foi chrétienne. [7] Cette découverte explique selon lui son attrait pour la peinture des personnages juifs et des thèmes bibliques.
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+ Enfant, il est le seul de la fratrie qui étudie[8] à l'école latine (institution calviniste donnant un enseignement religieux très poussé et où il prend ses premiers cours de dessin et apprend l'actio et le pronunciato, pratiques visant à allier voix et gestes, qui l'influenceront plus tard dans son travail, notamment dans la pratique du théâtre pour pouvoir mettre en scène ses compositions et ainsi leur donner un effet plus naturel que le simple modèle qui pose dans l'atelier[9]). À l'âge de 14 ans, il s'inscrit à l'université de Leyde mais n'y étudie pas[10],[11],[4] et montre rapidement une forte inclination vers la peinture. En 1621, il devient alors pendant trois ans l'apprenti du peintre d'histoire versé dans les descriptions de scènes infernales[12] Jacob van Swanenburgh[13],[note 9], chez qui il apprend le dessin à la plume[15], puis Joris van Schooten[note 10],[17].
16
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+ Mais ce qui est déterminant dans sa formation est son séjour de six mois à Amsterdam en 1624, chez Pieter Lastman et Jan Pynas[note 11] : Rembrandt y côtoie Jan Lievens, en apprentissage chez Lastman, et il y apprend le dessin au crayon, les principes de la composition et le travail d'après nature[15]. Il aborde principalement les mêmes thèmes bibliques et antiques que Lastman et les traite avec la même « puissance narrative et des accents réalistes très remarquables[17]. » Lastman lui transmet aussi l'influence d'artistes qu'il avait côtoyés à Rome : Adam Elsheimer et le Caravage, tandis qu'il découvre l'œuvre de Rubens dans son atelier. Rembrandt s'approprie ainsi le clair-obscur pour en faire un langage propre « d'une rare poésie »[17]. L'animation et l'art d'Amsterdam marquent son œuvre de jeunesse et il fait la connaissance de peintres flamands, dont Hercule Seghers[15]. Il rentre à Leyde en 1624[12].
18
+
19
+ Contrairement à beaucoup de ses contemporains qui faisaient le Grand Tour en Italie lors de leur formation, Rembrandt n'a jamais quitté les Provinces-Unies[19],[20] et il s'établit à Leyde en 1625[note 12]. Son ami Jan Lievens le rejoint. Dans son autobiographie, Constantijn Huygens fait par de sa rencontre avec les deux jeunes artistes : « Je dois confesser que je n'ai jamais vu plus grande diligence et industrie chez aucun individu, quels que soient son occupation ou son âge. Car en vérité ils consacrent tout leur temps [à la peinture] ; c'est la seule chose qui compte pour eux. Et le plus étonnant est que même les amusements les plus innocents de la jeunesse leur paraissent une perte de temps[22]. » À cette époque, leur talent et leur style sont si proches qu'il est difficile pour les historiens de l'art de les distinguer[note 13],[17]. Concernant les gravures de Rembrandt, André-Charles Coppier parle d'une époque où la production de ce dernier est jusque-là limitée à une surproduction d'estampes à vocation commerciale — des « sujets de vente » pour lesquels il se contentait d'un style purement linéaire —, associé aux peintres Jan Lievens, Gérard Dou, Hendrick Cornelisz. van Vliet et Jacques des Rousseaux[24].
20
+
21
+ En 1625, il signe La Lapidation de saint Étienne, première toile qui nous soit parvenue de lui. L'année suivante, il réalise ses premières eaux-fortes, Le repos pendant la fuite en Egypte[œ 1] et La Circoncision[œ 2],[12]. En 1627, Rembrandt enseigne déjà à des apprentis, dont le premier est Gérard Dou qui entre dans son atelier en 1628, et commence probablement avec la préparation des panneaux et des toiles, qui étaient tous faits à la main dans les ateliers des peintres[25]. Le tout premier commentaire sur Rembrandt connu date de 1628, où l'humaniste Aernout van Buchel écrit : « On couvre d'éloges le fils du meunier de Leiden, mais cela me semble prématuré[12]. »
22
+
23
+ Il ouvre un atelier à Leyde vers 1624, qu'il partage avec son ami et collègue Jan Lievens. En 1627, Rembrandt commence à accepter des élèves, parmi lesquels Gerrit Dou en 1628[26].
24
+
25
+ En 1629, l'homme politique Constantijn Huygens, poète et secrétaire du prince d’Orange[note 14], lui rend visite dans son atelier et se montre enthousiaste sur Rembrandt dans son autobiographie[12] ; ses commandes lui apportent notoriété et le sortent de ses difficultés financières. Grâce à cette collaboration, le prince Frédéric-Henri achète des peintures à Rembrandt jusqu'en 1646[27]. En 1630, son père meurt. Il délaisse quelque peu la peinture pour se consacrer à la gravure — c'est d'ailleurs son année la plus productive (quinze estampes connues), quoiqu'elles ne soient pas les plus intéressantes : selon Gary Schwartz, ces « petites planches (...) manquent de rigueur »[12].
26
+
27
+ En 1631, après avoir acquis une certaine reconnaissance, il se voit proposer de multiples commandes de tableaux de corporations et de portraits (les « Doelen », son premier portrait de groupe, Leçon d'anatomie du docteur Tulp, étant réalisé en 1632), commandes issues d'Amsterdam qui l'obligent à s'installer dans cette ville. Un important marchand d'art lui offre le gîte, Hendrick van Uylenburgh dont il épouse la nièce Saskia van Uylenburgh le 22 juin 1634. Ce dernier l'introduit dans le cénacle de la haute société et favorise sa réputation, ce qui lui vaut plus de 50 commandes de portraits de patriciens dans les années 1631-1634 — virage déterminant dans sa carrière[12]. Rembrandt a réalisé plusieurs portraits de sa femme entre 1633 (National Gallery of Art, Washington D.C) et 1634 (musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg)[28], et reste très prolifique en eaux-fortes, qui gagnent en qualité[12]. Il grave notamment des scènes bibliques qu'il n'a pas le temps de peindre et peint pour la première fois des scènes de genre, des allégories et des portraits sur commande (1633)[29].
28
+
29
+ Rembrandt et Saskia se marient en 1634[8] et ont un premier enfant en 1635, Rumbartus, qui meurt seulement deux mois plus tard. Il montre à cette époque une grande concentration dans ses gravures, qui sont désormais « d'un grand raffinement », comme Joseph et la femme de Putiphar[29]. Nouvelle baisse de production picturale en 1636. Le couple perd un nouvel enfant, Cornelia, en 1638. Les commandes de portraits cessent[29].
30
+
31
+ En 1639, Rembrandt et Saskia, qui vivent désormais dans une plus grande aisance financière[note 15], vont habiter une maison cossue (qui deviendra le Musée de Rembrandt) de Jodenbreestraat, dans le quartier juif[note 16]. Une maison plus spacieuse et qui permet au peintre de recevoir et d'exposer, mais il doit prendre une hypothèque et s'endetter lourdement pour l'acquérir, ce qui devient la cause principale de ses difficultés financières ultérieures[5]. Un troisième enfant meurt peu après sa naissance en 1640. Le quatrième, Titus, né en 1641, sera le seul à atteindre l'âge adulte[30]. Saskia meurt d'une phtisie en 1642 à l'âge de 30 ans.
32
+
33
+ Il réalise d'importantes gravures dans tous les genres, mais le sommet artistique de cette période est le tableau La Ronde de nuit (De Nachtwacht, Rijksmuseum Amsterdam, 1642) : l'œuvre originale mesure 440 × 500 cm (mais sera plus tard diminuée) et fait le portrait de 18 membres d'une milice civile, d'une façon dynamique, révolutionnaire pour son temps.
34
+
35
+ Sa production de peintures continue et celle des eaux-fortes se stabilise jusqu'à la fin de sa carrière autour de six estampes par an[30]. Il connaît à partir de 1642 un grand succès commercial, étant l'un des peintres les plus demandés de la ville et son atelier ayant beaucoup de succès[31],[32].
36
+
37
+ Entre 1643 et 1649, Rembrandt partage ensuite sa vie avec sa servante Geertje Dircx, jeune veuve sans enfant, qui prend en charge le bébé Titus. En 1648, elle rédige son testament qui voit toutes les possessions de Rembrandt léguées à son fils Titus[33]. Cette liaison entre un veuf et la nourrice de son fils provoque un scandale au point que Rembrandt décide de la congédier. Geertje entame et gagne un procès contre Rembrandt sur le sujet de promesse de mariage, mais Rembrandt la fait enfermer dans un asile d'aliénés en 1650, la faisant passer pour folle[34]. En 1645, Hendrickje Stoffels, plus jeune que Geertje, devient une nouvelle servante de la maison, et remplace Geertje comme concubine.[réf. nécessaire] La vie privée de Rembrandt est très agitée, et 1649 est la seule année où Rembrandt ne réalise aucun tableau ni estampe — à noter tout de même que bien que non datée, l'une de ses plus remarquables estampes, La Pièce aux cent florins a été achevée vers cette année-là, après un long processus. Il vit à cette époque « une situation financière catastrophique, l'artiste n'étant pas en mesure de régler ses hypothèques ni d'acquitter ses impôts »[33]. Il reçoit très peu de commandes, les années 1650 étant moins prolifiques en ce domaine que la seule année 1632, alors que c'est sa principale source de revenus. On ne connaît par exemple qu'une seule eau-forte et un seul tableau de Rembrandt datés de 1653[33].
38
+
39
+ Le document de cet inventaire demeure aujourd'hui encore important pour les historiens de l'art : sa collection comprenait des œuvres d'art antiques et asiatiques, des objets scientifiques, des armes, des instruments de musique, des costumes et des œuvres picturales[35].
40
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41
+ Il possédait notamment des tableaux d'Hercules Seghers, Jan Lievens, Adriaen Brouwer, Pieter Lastman et Jan Pynas ainsi que des œuvres attribuées à Giorgione, Palma le Vieux, Lelio Orsi, Raphaël et aux Carracci ; il conservait également des estampes de Andrea Mantegna, Lucas de Leyde, Martin Schongauer, Cranach, Holbein le Jeune, Heemskerck, Frans Floris, Pieter Brueghel l'Ancien, Rubens, Jordaens, Goltzius et Abraham Bloemaert[35]. Enfin, il possédait peu de livres : une Bible, les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe et illustrées de gravures sur bois de Tobias Stimmer et le traité sur les proportions humaines d'Albrecht Dürer[35].
42
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43
+ Cet inventaire a permis à des spécialistes de Rembrandt de se rendre compte de la « curiosité éclairée » de ce dernier et de la grande importance de son étude de la Renaissance italienne dans son œuvre[35].
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+ Après avoir été condamnée par le synode l'Église pour fornication, Hendrickje donne naissance à Cornelia en 1654[33]. Il se consacre néanmoins à des sujets religieux, aussi bien dans ses estampes que dans ses tableaux, où sont à noter Le Christ et la Samaritaine et Joseph accusé par la femme de Putiphar, peints « à double, peut-être sous la pression de sa situation financière désespérée »[33].
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47
+ Rembrandt vivant au-dessus de ses moyens, achetant des pièces d'art du monde entier (collection qui lui sert de modèle dans ses peintures), des costumes dont il se sert souvent dans ses œuvres, n'arrive plus à honorer ses dettes en 1656. Il est alors contraint de vendre sa maison et ses possessions — qui font l'objet d'un inventaire[note 17] — aux enchères et de se contenter d'un logis plus modeste loué au 184 du canal Rozengracht (nl). Sa compagne Hendrickje et son fils Titus fondent en 1658 une association pour continuer le commerce d'œuvres d'art qu'ils avaient commencé avant ces événements et obtiennent l'exclusivité du commerce de celles de Rembrandt en contrepartie de l'obligation d'entretenir Rembrandt toute sa vie[note 18]. Malgré la renommée de Rembrandt qui continue à croître, les commandes diminuent et une grande toile de 1660, La Conjuration de Claudius Civilis (son tableau le plus grand), destiné à la nouvelle mairie d'Amsterdam, est refusée et retournée (maintenant dans le musée national de Stockholm)[36].
48
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+ En 1663, Hendrickje meurt et son fils se marie, laissant Rembrandt complètement seul. Ces événements marquent ses contemporains, et Joost van den Vondel, le grand poète national[note 19], fait comme ceux-ci le rapprochement avec ses œuvres, jugées plus obscures qu'avant, en le décrivant comme « l'ami et le fils de l'ombre, pareil au hibou nocturne »[37].
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51
+ Les critiques de son époque, tels Joachim von Sandrart (Teutsche Academie, 1675), Samuel van Hoogstraten (Inleyding tot de Hooge Schoole der Schilderkonst, 1677[note 20]), Arnold Houbraken (Le Grand Théâtre des peintres néerlandais, 1718-1721) et Gérard de Lairesse (Le Grand Livre des peintres, ou l'Art de la peinture considéré dans toutes ses parties, et démontré par principes ... auquel on a joint les Principes du dessin, 1787) louaient son génie mais réprouvaient « son manque de goût, son naturalisme vulgaire, son dessin négligé, la rareté de sujets nobles dans son œuvre[40] ». Rembrandt avait suivi l'évolution du baroque international vers une phase plus classique[41], mais alors que son style personnel arrivait à son paroxysme, il s'éloignait de celui de ses contemporains, plus proche des Van Dyck voire de ses élèves ou anciens compagnons d'ateliers (Govaert Flinck et Jan Lievens)[37].
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+ Malgré une image de solitaire incompris, Rembrandt a continué à recevoir des commandes : de particuliers, notamment Jan Six[œ 4] ; de corporations, comme l'atteste le fameux tableau Le Syndic de la guilde des drapiers (1662) ; et même à l'international, puisqu'un noble italien lui commanda un philosophe et reçut Aristote contemplant le buste d'Homère (1653) et plus tard Alexandre le Grand (1661) et Homère (1663), ainsi que 189 eaux-fortes en 1669[37]. Il continuait par ailleurs à avoir des élèves, notamment Philips Koninck et Aert de Gelder[37].
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+ Lors de ses huit dernières années, Rembrandt n'a produit qu'une seule gravure : un portrait[œ 5] de commande « insignifiant[42] ». Cette mise à l'écart de cet art de prédilection ne s'explique pas par un quelconque empêchement lié à la vieillesse, mais, selon Sophie de Brussière (Petit Palais), parce que Rembrandt avait déjà terminé l'exploration des techniques de la gravure — et en parallèle réussi à obtenir ce qu'il avait recherché pendant toute sa carrière de peintre, la « lumière-couleur » —, et n'y accordait plus d'attention[42].
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57
+ Il survit aux disparitions de Hendrickje (morte en 1663 de la peste) et Titus, mort en 1668. Sa fille Cornelia, sa belle-fille Marguerite et sa petite-fille Titia sont à ses côtés quand il meurt le 4 octobre 1669 à Amsterdam. Désargenté, il est inhumé dans une tombe louée dans l'église Westerkerk, où une plaque commémorative est déposée en 1906 sur une colonne septentrionale de la nef mais plus aucune trace de cette tombe ne subsiste aujourd'hui, la famille Rembrandt n'ayant plus assez d'argent pour y faire construire un tombeau personnel[43].
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+ Rembrandt a eu plusieurs élèves qui ont connu le succès :
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+ Beaucoup d'œuvres habituellement attribuées à Rembrandt (telles L'Homme au casque d'or, Le Cavalier polonais ou le Philosophe en méditation) ont une paternité aujourd'hui contestée par les experts, notamment celles du Rembrandt Research Project, une coopération de six professeurs universitaires néerlandais. Le peintre a en effet encouragé ses élèves à copier ses œuvres ou a profité de la vente de leurs tableaux, se rémunérant ainsi en échange de leur instruction et de leur apprentissage. L'expertise est rendue encore plus difficile par le fait que Rembrandt ne signe pas toujours ses tableaux, que sa signature a évolué plusieurs fois et que certains de ses élèves signent leur copie du nom de leur maître[44].
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+
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+ La peinture de Rembrandt procède par la superposition de couches de glacis (tons de terres, procédé du clair-obscur), cette matière ou « manière brute » s'opposant à la « manière lisse » de la génération suivante de peintres hollandais[45]. Il est aussi connu pour la matérialité de sa peinture et son style rugueux, en opposition avec le style lisse et fini de ses contemporains[9].
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+ Rembrandt a peint La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch, entre 1640 et 1642. Au XVIIIe siècle, ce tableau paraissait si sombre et si détérioré qu’on a cru qu’il s’agissait d’une scène nocturne. Il fut donc rebaptisé ou surnommé La Ronde de nuit. Un nettoyage opéré en 1947 permit de restituer sa lumière et surtout ses couleurs à l’œuvre, qui représente un groupe d'arquebusiers, quittant l'ombre d'une cour et s'avançant dans la lumière du jour.
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+ Le tableau a été commandé pour orner le nouveau hall du Kloveniersdoelen, la compagnie des arquebusiers, une des milices de gardes civils chargées de défendre la ville en cas de conflit. Rembrandt, s'éloignant des conventions du genre, choisit de montrer la troupe alors qu'elle se met en mouvement. On ne sait d'ailleurs pas à quelle occasion. S'agit-il d'une simple patrouille ou d'un événement particulier ? Une parade, à l'occasion de la visite de Marie de Médicis à Amsterdam, en 1638, ou celle d'Henriette Marie d'Angleterre, en 1642, ont été suggérées. Quoi qu'il en soit, cette approche artistique contraria les commanditaires et certains membres de la milice furent agacés de se voir relégués à l'arrière-plan, presque invisibles. À 1600 florins, le paiement était un record dans l'œuvre de Rembrandt, dans une société où un ouvrier gagnait de 200 à 250 florins par an.
68
+
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+ En 1725, pour qu'elle pût trouver sa place sur un mur d'une salle de l'Hôtel de ville, des morceaux de la toile, alors d'environ 500 × 387 cm, furent découpés. Ses dimensions actuelles (438 × 359 cm) sont encore impressionnantes : elle occupe tout un côté d'une des plus grandes salles du Rijksmuseum, dont elle est considérée comme l'œuvre majeure.
70
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+ Cette toile représente six personnages en costume noir, portant chapeaux et fraises, qui vérifient les comptes de la corporation des drapiers. Elle illustre bien le talent de Rembrandt pour la disposition de ses personnages. Son exécution est sobre et efficace. Un article publié en 2004, par Margaret S. Livingstone, professeur de neurobiologie à l'Université de Harvard Medical School, suggère que Rembrandt, dont les yeux n'étaient pas alignés correctement, souffrait de cécité stéréo (en). Cette conclusion a été faite après l'étude de trente-six autoportraits du peintre. Parce qu'il ne pouvait pas former une vision binoculaire normale, son cerveau se reportait automatiquement sur un seul œil pour de nombreuses tâches visuelles. Cette incapacité pourrait l'avoir aidé à aplatir les images qu'il voyait pour les restituer ensuite sur la toile en deux dimensions.
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+
73
+ Près de 300 feuilles sont attribuées actuellement au peintre (contre plus de 1300 dans les années 1950). Il s'agit essentiellement d'exercices de style, la plupart n'ayant pas de rapport direct avec un tableau existant. Les plus riches collections sont conservées à Londres, Amsterdam, Berlin et au Musée du Louvre.
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+ Le peintre a utilisé de nombreuses techniques dont la sanguine, l'encre, la pierre noire. Les thèmes en sont divers mais différents de ceux de ses tableaux : peu de portraits et beaucoup de paysages.
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+ Le peintre reste l'un des grands aquafortistes du XVIIe siècle et a laissé près de 290 planches qui pour la plupart ne correspondent pas aux originaux car Rembrandt aimait les retravailler. Il a probablement appris la technique auprès de Jan Lievens qui partageait sans doute son atelier à Leyde.
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+ Ses premières eaux-fortes datent de 1626 :Repos en Égypte (B 59) et La circoncision (s 398). Rembrandt n'a pas coutume de signer et dater les eaux-fortes. Une seule échappe à cette règle : Jeune homme au buste : autoportrait (B 338). Il s'est spécialisé dans la technique de l'eau-forte, utilisant une plaque de cuivre recouverte d'un vernis, ce qui permet de travailler sur cette dernière avec le même geste que le dessinateur. De l'acide attaquait ensuite les zones découvertes par le vernis (la morsure), formant un relief en creux qui pouvait retenir l'encre. Rembrandt utilisait plusieurs techniques complémentaires : la double morsure où il reprenait la plaque en la recouvrant une deuxième fois d'un vernis transparent, l'emploi complémentaire d'un burin pour accentuer certains traits, ou d'un « mordant » directement sur la plaque afin d'obtenir des effets de brume. Il a laissé également des irrégularités d'encrage permettant la constitution de voiles plus ou moins opaques.
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+ L'année 1630 est extrêmement prolifique : Rembrandt faisant la moue (B 10), Rembrandt à la bouche ouverte (B 13), Rembrandt au bonnet fourré et habit blanc (B 24), Présentation au temple, avec l'ange (B51), Jésus-christ au milieu des docteurs de la loi (B66), Gueux et gueuse (B 164), Gueux assis sur une motte de terre ; ressemblant à Rembrandt (B 174), Tête d'homme chauve (B 292), Tête d'homme chauve, tourné à droite (B 294), Tête d'homme de face (B 304), Vieillard à grande barbe (B 309), Tête de face riante : autoportrait (B 316), Tête d'homme au bonnet coupé ; Rembrandt aux yeux hagards (B 320), Homme à moustaches relevées et assis (B 325). Ce sont de petits formats[59].
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+ Entre 1650 et 1655, Rembrandt a fait quelques rares planches directement en taille-douce.
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+ « Rembrandt » est une modification de l'orthographe du prénom de l'artiste qu'il a présentée en 1633. Ses premières signatures (vers 1625) se composaient d'un premier « R », ou le monogramme « RH » (pour Rembrant Harmenszoon, c'est-à-dire « fils de Harmen »), et à partir de 1629, « RHL » (« L » était, vraisemblablement, pour Leiden). En 1632, il a utilisé ce monogramme au début de l'année, puis a ajouté à son patronyme, « RHL-van Rijn », mais a remplacé cette forme dans la même année et a commencé à utiliser son prénom seul avec son orthographe d'origine, « Rembrant ». En 1633, il a ajouté un « d », et a toujours maintenu cette forme à partir de là, ce qui prouve que cette petite modification avait un sens pour lui. Ce changement est purement visuel, il ne change pas la façon dont son nom est prononcé. Curieusement, malgré le grand nombre de peintures et de gravures signées avec ce changement de prénom, la plupart de ses documents qui sont mentionnés au cours de sa vie ont conservé l'orthographe originelle « Rembrant ». (Note : la chronologie approximative de la signature des formes ci-dessus s'applique aux peintures et, dans une moindre mesure, à la gravure, de 1632, vraisemblablement, il n'y a qu'une seule gravure signée « RHL-v. Rijn », le grand format La résurrection de Lazare (B 73) ). Sa pratique de signer son travail de son prénom a probablement été inspirée par Raphaël, Léonard de Vinci et Michel-Ange, qui, hier comme aujourd'hui, ont été appelés par leur prénom seul[60].
86
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87
+ La distinction entre l'œuvre originale du peintre et celle faite par son atelier est difficile et les attributions ont été variables dans le temps, Rembrandt n'hésitait pas en effet à signer de son nom des tableaux qui étaient l'œuvre de collaborateurs parfois éloignés, le peintre entretenant sciemment cette confusion même pour des autoportraits. De plus, certaines de ses œuvres qui lui furent attribuées étaient réalisées par de ses élèves ou des imitateurs qui prenaient parfois la liberté de signer du nom de Rembrandt[61].
88
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89
+ En 1836 est publié le premier recensement de son œuvre peinte, fait par John Smith, qui compte près de 600 tableaux. Près de 400 peintures supplémentaires lui sont attribuées par la suite, grâce à l'étude de Wilhelm von Bode publiée chez Charles Sedelmeyer (8 volumes, 1897-1907). Un inventaire de 1915 ramène ce nombre à 740 et Abraham Bredius à 600 dans un catalogue publié en 1935[62].
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+ En 1968, le Rembrandt Research Project (RRP) a été créé sous l'égide de l'Organisation néerlandaise pour l'avancement de la recherche scientifique (Nederlandse Organisatie voor Wetenschappelijk Onderzoek) et publie un nouveau catalogue raisonné qui porte à 420 le nombre de tableaux. Des historiens d'art et des experts de plusieurs disciplines se sont associés pour valider l'authenticité des travaux attribués à Rembrandt et établir une liste complète de ses peintures au sein d'un catalogue raisonné. Certaines œuvres ont été retirées de la liste après expertise, dont Le Cavalier polonais, conservé par la Frick Collection de New York. La plupart des experts, parmi lesquels le Dr Josua Bruyn du RRP, attribuent maintenant ce tableau à l'un des plus talentueux élèves de Rembrandt, Willem Drost. En 2003, le comité poursuit ses travaux d'investigation. Les enjeux de ces désattributions sont de taille et suscitent de grosses polémiques : un Rembrandt peut se vendre dans les années 2010 à plus de 28 millions de dollars américains ; la Wallace Collection, qui avait 11 tableaux de Rembrandt, ne se retrouve plus qu'avec un seul authentifié. L'expertise de L'Homme au casque d'or, exposé à la Gemäldegalerie de Berlin, a également abouti à la conclusion que son « attribution à Rembrandt est à présent pratiquement exclue »[63].
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93
+ À la suite des désattributions effectuées par les experts (notamment Ernst van de Wetering, directeur du Rembrandt Research Project), il n'en resterait actuellement que 357 estimés authentiques[64].
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95
+ Fin 2018, des études menées à l'European Synchrotron Radiation Facility permettent de comprendre la technique utilisée par Rembrandt pour donner du relief à ses peintures. L'artiste utilisait la technique d'empâtement pour donner ce relief mais l'ingrédient extrêmement rare mis en évidence est la plombonacrite, de formule chimique Pb5(CO3)3O(OH)2[65],[66].
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97
+ La maison de Rembrandt, devenue Musée de la maison de Rembrandt.
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+ Amsterdam. Rembrandtplein.
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+ Dans la deuxième édition de Description de Leiden (en néerlandais : Beschrijvinge der stadt Leyden, 1641), Jan Janszoon Orlers, maire de la ville, inclut la première biographie imprimée (sur une demi-page) de Rembrandt[30],[4].
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103
+ Edme-François Gersaint (1694-1750) est le premier à publier un catalogue de gravures de Rembrandt, en 1751[67] (à titre posthume) : le Catalogue raisonné de toutes les pièces qui forment l’œuvre de Rembrandt[68],[note 21]. Gersaint choisit dans cet ouvrage de classer les œuvres non pas dans un ordre chronologique, mais suivant le sujet — et il sera en ceci suivi par la plupart de ses successeurs[67] — qui sont : portraits de Rembrandt ; Ancien Testament ; Nouveau Testament ; sujets pieux, pièces de fantaisie ; mendiants, sujets libres ; paysages ; portraits d'hommes ; têtes de fantaisie ; portraits de femmes ; études[67].
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105
+ Adam von Bartsch (1757-1821), également aquafortiste, écrit un ouvrage référence dans ce domaine : Catalogue raisonné de toutes les Estampes qui forment l'Œuvre de Rembrandt, et ceux de ses principaux Imitateurs[70]. Il y établit ce qui est devenu le système de numérotation définitif, sur son propre nom (par exemple « Bartsch 17 » ou « B. 17 »), pour les gravures à l'eau-forte de Rembrandt et les copies de beaucoup d'autres artistes, système encore employé dans ce domaine.
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107
+ Ignace Joseph de Claussin (1795-1844), compose en 1824 Catalogue raisonné de toutes les estampes qui forment l'œuvre de Rembrandt, et des principales pièces de ses élèves[71] puis en 1828 Supplément au Catalogue de Rembrandt[72], le premier faisant référence, notamment pour Charles Henry Middleton qui le cite abondamment dans A Descriptive catalogue of the etched work of Rembrandt van Rhyn (1878)[73], un autre ouvrage de référence. En gravure, sont également à noter Charles Blanc, Eugène Dutuit, Arthur Mayger Hind et André-Charles Coppier.
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109
+ Le tableau L’enfant à la bulle de savon, volé au musée de Draguignan le 13 juillet 1999, dont la valeur était estimée à plus de 20 millions de francs en 1999 (4 millions d'euros), a été retrouvé le 19 mars 2014, l'auteur du vol s'étant rendu volontairement à la gendarmerie de Marmande[74],[75]. Cependant, depuis que la toile (non signée) a été retrouvée, la grande majorité des experts[Qui ?], historiens de l'art et conservateurs de musées en France comme ailleurs ont fait part de leurs doutes quant à son authenticité, y voyant la main d’un élève ou d’un imitateur. La conservatrice du musée rappelle que la toile est considérée comme un Rembrandt depuis son acquisition, ce qui ne vaut pas comme argument puisque les attributions étaient très généreuses autrefois, alors que l'on manquait de moyens scientifiques d'analyse des peintures[réf. nécessaire] : propriété du comte de Tourves, la toile a fait l’objet d’une saisie révolutionnaire en 1794, pour intégrer le musée de Draguignan. Le tableau a retrouvé les collections du musée le 24 juin 2014[76].
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111
+ Cet travail a été réalisé en partenariat avec une équipe de Microsoft, le musée de la maison Rembrandt à Amsterdam, l'université de technologie de Delft et la galerie royale de Mauritshuis à La Haye, et a été présentée le 5 avril 2016 à Amsterdam[77]. Résultat d'un travail collaboratif de 18 mois, le rendu de 148 millions de pixels s'appuie sur les technologies d'apprentissage automatique et l'impression 3D. 346 peintures ont été scannées en 3D pour enregistrer les couleurs et le relief de l'huile. Ces images ont ensuite été analysées par un algorithme qui en a extrait toutes les informations. Le programme a permis de faire ressortir les caractéristiques de l’œuvre du peintre pour faire le portrait-robot de ses œuvres soit un portrait, d'un homme de type caucasien, de face, regardant vers la droite, âgé entre 30 et 40 ans, vêtu de noir avec un col, portant la barbe et coiffé d'un chapeau[77]. Grâce à un algorithme de traitement et de reconnaissance d'image, les détails clés des œuvres de Rembrandt ont été mis en évidence : l’espacement des yeux, la position du nez, la forme des visages, etc. Treize couches ont été imprimées successivement avec une encre à UV spéciale pour respecter les multiples couches de peintures superposées les unes aux autres présentes sur les tableaux actuellement authentifiés de Rembrandt[77].
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+ En 2019, pour les 350 ans de la mort du peintre, les Pays-Bas sont sous le signe de Rembrandt et du Siècle d'or néerlandais. NBTC Holland Marketing, le Rijksmuseum Amsterdam, le Mauritshuis, le Musée De Lakenhal, le Musée Prinsenhof de Delft, le Fries Museum (en), le Nederlands Scheepvaartmuseum et le Musée de la maison de Rembrandt collaborent avec des villes comme Middelbourg, Leyde, Dordrecht, Haarlem, Enkhuizen, Hoorn, Delft et Amsterdam[78],[79].
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Plusieurs fictions, au cinéma ou à la télévision, ont retracé la vie de Rembrandt :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'histoire légendaire des fondateurs de Rome, Romulus et Rémus, fait partie de la mythologie romaine[5]. L'épisode le plus connu de la légende constitue le moment où les jumeaux nouveau-nés sont abandonnés et sont recueillis par une louve qui les allaite. Le meurtre de Remus par son frère et d'autres récits de leur histoire ont inspiré les artistes de tous les temps. Depuis l’Antiquité, l'image des jumeaux allaités par une louve est un symbole de la ville de Rome et de son peuple.
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+ Bien que l'histoire se déroule avant la fondation de Rome vers 750 av. J.-C., le plus ancien récit écrit du mythe date de la fin du IIIe siècle avant notre ère.
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+ Les historiens romains, à commencer par Tite-Live[6], mettent l'accent sur le caractère poétique et légendaire de ce récit fondateur :
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11
+ « Quant aux récits relatifs à la fondation de Rome ou antérieurs à sa fondation, je ne cherche ni à les donner pour vrais ni à les démentir : leur agrément doit plus à l'imagination des poètes qu'au sérieux de l'information. On accepte que les Anciens mêlent les dieux aux affaires humaines pour donner plus de majesté à leur ville […] Toutefois quelle que soit l'attention ou la valeur qu'on accorde à ces récits et à d'autres semblables, je ne leur accorderai pas beaucoup d'importance. J'aimerais au contraire que l'intérêt se concentre sur le climat social et moral, sur les individus, sur les moyens civils et militaires qui ont permis et développé la puissance romaine. »
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+
13
+ — Tite-Live, Histoire romaine, Préface du Livre I[7].
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15
+ Romulus et son frère jumeau Rémus sont les fils de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars. Néanmoins, une variante de la légende rapportée par Plutarque indique que les jumeaux seraient les fils de Vulcain qui se serait manifesté sous la forme d'un phallus - image d'un Feu divin - auquel se serait unie la servante de la fille du roi. Cette version pourrait être originelle avant que Mars ne prenne une importance plus grande à Rome et ne le supplante[8]. Rhéa Silvia est la fille de Numitor, roi de la légendaire ville latine d'Albe-la-Longue (fondée par Ascagne, fils d'Énée) et dépossédé du trône par son frère Amulius. Celui-ci, craignant que ses petits-neveux ne réclament leur dû en grandissant, prend prétexte qu'ils sont les fils d'une vestale, qui avait fait vœu de chasteté, et ordonne qu'on les jette dans le Tibre.
16
+
17
+ Mais l'ordre est mal exécuté, les nouveau-nés sont abandonnés dans un panier sur le fleuve, survivent (par la probable protection des dieux), et sont découverts sous un figuier sauvage (le Ficus Ruminalis) situé devant l'entrée de la grotte du Lupercal, au pied du Palatin, par une louve qui les allaite[9],[10]. Un pivert, l'oiseau de Mars[11],[12], veille sur eux.
18
+
19
+ Tite-Live[13] et Plutarque[14] rapportent une autre explication de la légende : les jumeaux auraient été découverts dans la grotte du Lupercale par le berger Faustulus, gardien des troupeaux d'Amulius. Celui-ci les aurait confiés aux bons soins de sa femme Larentia, une prostituée — que les bergers appelaient lupa[15],[16]. Ce serait donc par un jeu symbolique que d'autres auteurs latins auraient créé le mythe de la louve biologique mère de Rémus et Romulus, tirant parti de la puissance redoutable de l'animal au profit de leur cité.
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21
+ Selon une autre version rapportée par Plutarque dans La Vie de Romulus les jumeaux seraient les enfants d'une esclave et du dieu Mars. Une curieuse histoire du sexe viril du dieu Mars descendu par la cheminée et flottant dans la pièce est avancée, l'esclave remplaçant la princesse Rhéa Silvia qui refusait d'assouvir le désir du Dieu. En fait ils seraient d'Amulius, alors roi d'Albe-la-Longue, puis confiés au berger Faustulus.
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23
+ Plus tard, les jumeaux, à qui est révélé le secret de leur naissance, tueront Amulius (égorgé par Rémus selon certains, transpercé par l'épée de Romulus selon d'autres) et restaureront leur grand-père Numitor sur le trône d'Albe.
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25
+ Une explication rationaliste de cette légende rappelle que le mot latin lupa possède deux sens, « louve » et « prostituée », allusion au métier de prostituée qu'exerçait Laurentia, l'épouse de Faustulus[17].
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27
+ Selon Tite-Live, Romulus et Rémus ont vécu une enfance et une adolescence totalement campagnardes, en compagnie de Faustulus. « Cette vie active les développe physiquement et moralement »[18]. Plutarque donne quant à lui une version très différente de cette période de la vie des deux frères. Dans son récit, loin d'être abandonnés de tous, Romulus et Rémus sont discrètement aidés par leur grand-père Numitor, qui fournit de la nourriture aux parents adoptifs. Par la suite, ils sont conduits à Gabies, où on leur donne une éducation correspondant à leur statut social réel[19].
28
+
29
+ Rémus et Romulus décident de fonder une ville et choisissent pour emplacement « l'endroit où ils avaient été abandonnés et où ils avaient passé leur enfance ». Selon Tite-Live, c'est le droit de nommer la ville et donc celui de la gouverner qui serait à l'origine du conflit fratricide. L'Urbs (la Ville) est fondée le 21 avril 753 av. J.-C.[20] (début du calendrier romain).
30
+
31
+ Pour se départager, les jumeaux consultent les auspices ; Romulus se place sur le mont Palatin, Rémus sur l'Aventin. L'interprétation du présage est problématique : Rémus le premier aperçoit six vautours, mais Romulus finit par en observer douze.
32
+
33
+ L'historien latin Tite-Live rapporte deux versions de la mort de Rémus[21]. Selon la première, Rémus tombe pendant la bagarre[22] qui suit le décompte des auspices ; selon l'autre, Romulus, plus rusé, tente de tromper son frère sur l'issue d'un défi, celui de savoir qui des deux sera le premier capable d'apercevoir des vautours dans la vallée Murcia (celle du futur cirque Maximus). Une dispute éclate et Rémus franchit par dérision le sillon sacré (pomœrium) que vient de tracer Romulus, qui le tue sous le coup de la colère — selon une autre version, le meurtrier serait un sicaire étrusque, Celer. Romulus se serait alors écrié : « Sic deinde, quicumque alias transiliet mœnia mia. » (« Il en sera de même pour tous ceux qui oseront franchir mes remparts »). On raconte que finalement, pris de remords, Romulus enterre son frère sous la colline de l'Aventin avec tous les honneurs.
34
+
35
+ Romulus entreprend la construction de sa ville, qu'il nomme Roma (Rome), d'après son propre nom, dit la légende. Selon d'autres hypothèses, le nom de la cité nouvelle viendrait de l'étrusque « rumon » (fleuve) faisant référence au fleuve Tibre ou de l'osque « ruma » (colline) faisant référence aux sept collines.
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37
+ Très vite, la nouvelle cité attire vagabonds et esclaves, qui y trouvent refuge. Selon Plutarque, chacun d'eux apporte de son pays d'origine une poignée de terre pour la jeter dans la fosse de tradition étrusque, appelée Mundus et creusée à l'emplacement du Comitium situé au centre du périmètre des remparts.
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+ Mais la nouvelle cité, lieu de refuge des hommes désormais libres souhaitant changer d'existence, manque singulièrement de femmes. Une pénurie qui condamne le projet à brève échéance. Comme les tentatives de mariage dans les « villes » avoisinantes trouvent toutes de méprisantes fins de non-recevoir, Romulus décide de voler des femmes[23]. Prétextant la découverte fortuite d'un autel consacré à une divinité, il instaure la fête de « Consualia » en l'honneur de Neptune[24] le 18 août[25],[26] et y convie les Sabins et les peuples de plusieurs « villes » alentour : Cænina, Crustumerium, Antemnæ. Tandis que l'attention des hommes est détournée, les femmes sont enlevées par surprise.
40
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+ Plutarque s'interroge longuement[27] sur le nombre exact d'enlèvements : 30 vierges, qui donnèrent leurs noms aux 30 curies romaines selon certains, 527 selon Antias, 683 selon Juba. Plus loin, il avance le nombre de près de 800[28]. Le biographe rejette comme invraisemblable l'assertion selon laquelle leur nombre se serait limité à 30 et l'intention profonde de Romulus aurait été « moins des mariages que la guerre ». Il précise encore qu'aucune des filles enlevées n'était mariée, sauf Hersilie, capturée par erreur.
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+ Le hasard des enlèvements induit un mélange entre classes sociales. Certaines des victimes, de haut rang, « épousent » des Romains de basse condition, mais « les plus belles filles étaient réservées aux notables »[29]. Ainsi Thalasius[30], à qui échoit une fille de très grande beauté et qui sera félicité pour sa chance par un cortège spontané et admiratif tandis qu'on emmène la jeune fille chez lui. Ce serait l'origine de l'expression prononcée durant les mariages solennels, dans lesquels on mime l'enlèvement de la mariée[31]. Une autre explication serait que « Thalasius » fut le signal de déclenchement des enlèvements[32].
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+ Furieux, les peuples outragés forment une coalition dirigée contre Rome et menée par le roi de Cures Titus Tatius. Romulus commence par écraser les soldats de Cænina, tue leur chef Acron et prend leur ville d'assaut. Attaqué par surprise par les Antemnates, il les écrase également et prend leur ville. Mais à la demande de sa femme, d'origine sabine, Hersilie, Romulus les épargne, accorde son pardon et le droit de cité à Antemnæ.
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+ Grâce à la trahison de la jeune Tarpéia, les Sabins parviennent à s'introduire dans la ville et à s'emparer de la citadelle du Capitole. D'abord bousculé, Romulus, après une invocation à Jupiter, parvient à relancer ses troupes à l'assaut. Le combat est très indécis[33]. À tel point que ce sont les épouses sabines des Romains qui s'interposent entre les deux camps, mettant un terme aux combats.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Romains et Sabins fusionnent, le gouvernement est concentré à Rome qui double sa taille et les Romains prennent le nom de Quirites (de Cures) en l'honneur des Sabins. Romulus répartit alors la population romaine en trente curies et donne �� celles-ci le nom de femmes sabines.
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+ Rome est située à la limite de deux grandes cultures — étrusque et italique — mais se veut libre. Elle est aussi située au carrefour des voies commerciales entre la Toscane et la Campanie ; de ce fait ses habitants devaient être prêts à s'imposer par la force et la violence. Regroupant, des hommes libres de diverses origines, il était aussi nécessaire de créer petit à petit un système de règles juridiques et de normes de comportement, permettant de gérer la vie dans cette nouvelle communauté.
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+ On forme ainsi trois centuries de chevaliers : les Ramnes (qui tirent leur nom de Romulus)[34], les Titienses (de Titus Tatius) et les Luceres (d'un soldat de Romulus qui mourut au combat contre les Sabins)[35].
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+ Les deux rois, Romulus le Romain et Titus Tatius le Sabin, règnent ensemble « en parfait accord » pendant plusieurs années. Tite-Live rapporte toutefois, non sans une certaine ironie, qu'après la mort accidentelle de Titus au cours d'une émeute à Lavinium, « Romulus regretta moins qu'il aurait dû ce malheur ». L'alliance avec Lavinium est renouvelée.
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+
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+ À la tête d'une troupe de 300 soldats (les mêmes que ceux mentionnés plus haut) tout dévoués à sa personne, les celeres, Romulus passe le reste de sa vie à guerroyer contre ses proches voisins étrusques : Fidènes, et surtout Véies, une cité à laquelle il finit par accorder, contre cession de territoires, une trêve de cent ans. Le partage des terres après la victoire contre Véies, décidé uniquement par Romulus lui est fatal[36].
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+ Il laisse un État suffisamment fort et impressionnant militairement pour vivre en paix pendant quarante ans sous le règne de son successeur, Numa Pompilius, gendre du roi Titus Tatius.
62
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63
+ Un certain Quintus Ogulnius Gallus et son frère Gnaeus, de la gens Ogulnia, tribuns de la plèbe vers 300 avant J.C. promulguèrent les Lex Ogulnia et collectèrent les amendes infligées aux usuriers. Avec ces sommes, ils firent de nombreux embellissement dans Rome et notamment placer près du figuier sacré du Ruminal une statue de la louve allaitant Romulus et Remus.
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+
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+ Selon la légende, Romulus n'est pas mort, mais a simplement disparu un jour dans une violente tempête[37] et a été emmené au ciel alors qu'il inspectait ses troupes près du marais de la Chèvre[38]. Il serait devenu le dieu des vaillants Romains et de leur ville. Il est plus tard assimilé à Quirinus. Tite-Live encore, après avoir rappelé que « Romulus comptait plus de partisans dans le peuple que parmi les patriciens », rapporte une rumeur plus sordide d'après laquelle Romulus aurait été tout simplement massacré par les patriciens, et suppose que son apothéose sous le nom de Quirinus fut un stratagème politique destiné à apaiser le bon peuple.
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+
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+ Dans un contexte qui préfigure les conflits entre la plèbe et le patriciat, le récit de l'apparition divine de Romulus à Proculus Julius (en)[39],[40] semble, malgré son invraisemblance, avoir calmé les esprits :
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+
69
+ « Romains, dit-il[41], Romulus, père de notre ville, est descendu soudain du ciel, ce matin, au point du jour, et s'est offert à mes yeux ; et, comme je me tenais devant lui, plein de crainte et de respect, et lui demandais instamment la faveur de le regarder en face : « Va, m'a-t-il dit, et annonce aux Romains que la volonté du ciel est de faire de ma Rome la capitale du monde. Qu'ils pratiquent donc l'art militaire. Qu'ils sachent et qu'ils apprennent à leurs enfants que nulle puissance humaine ne peut résister aux armes romaines. » À ces mots, dit-il, il s'éleva dans les airs et s'en alla. »
70
+
71
+ — Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 16.
72
+
73
+ « Ce qui est extraordinaire, conclut Tite-Live[42], c'est qu'on ait cru à cette histoire et que la croyance à l'immortalité de Romulus ait consolé le peuple et l'armée. »
74
+
75
+ Les noms de Romulus et Rémus ont été rapprochés de celui du nom indo-européen du « jumeau » *ymmó-[43],[44]. Plus exactement, le nom de
76
+ Remus, est issu du croisement de *yemus « jumeau » (= indo-iranien *yamá-) avec Rōm(ul)us[45].
77
+
78
+ La légende de la naissance des jumeaux n'est pas à proprement originale et avait cours dans le Latium où l'on trouve des histoires similaires. Elle prolonge une donnée indo-européenne. Selon Dominique Briquel, Romulus serait passé de fils du Feu divin à celui du dieu Mars. L’introduction du dieu de la guerre à l’époque classique s'expliquerait par la volonté de Rome de mettre en avant la force militaire[36].
79
+
80
+ Le scénario de la fondation de Rome par des jumeaux masculins expulsés en compagnie de leur mère, remonte, selon Jean Haudry, pour partie à la période la plus reculée de la tradition indo-européenne. Cette pratique est bien connue chez les peuples primitifs, qui considèrent que l'un des deux jumeaux est d'origine non-humaine et donc dangereux. La louve nourricière et protectrice des Jumeaux romains est un trait également ancien. L'expulsion des jumeaux et de leur mère, qui aboutit à la fondation d'une nouvelle communauté, a des parallèles dans le monde germanique[46],[8],[47].
81
+
82
+ Georges Dumézil a montré que la fondation de l'Urbs par Romulus et l'épisode de l'enlèvement des Sabines correspondaient à une « guerre de fondation » présente également dans la mythologie germanique avec le conflit entre les Ases et les Vanes, conflit qui se résout par l'intégration des fonctions de fertilité et de fécondité dans le panthéon divin. A Rome, Romulus concentre sur sa personne les deux premières des trois fonctions indo-européennes
83
+
84
+ Jean Haudry discerne dans le meurtre de Rémus un conflit entre deux conceptions de la royauté : la royauté unique des sociétés lignagères et la royauté dioscurique telle que la connaît Sparte.
85
+
86
+ Dominique Briquel rapproche également la mort de Romulus à celle du roi/dieu Freyr/Frotho en Scandinavie et du roi Ara le Beau en Arménie[36].
87
+
88
+ Le 20 novembre 2007, le ministre italien de la Culture, Francesco Rutelli, annonce la découverte de la grotte où les Romains auraient célébré la fête des Lupercales et où, selon la légende, auraient vécu Romulus et Rémus. Selon le spécialiste Andrea Carandini, il s'agit de l'une des plus grandes découvertes archéologiques jamais faites[48]. L'identification de la grotte au Lupercal n'a pas toutefois fait l'unanimité, des archéologues comme Fausto Zevi considérant qu'il s'agit plutôt d'un nymphée dépendant du palais impérial[49].
89
+
90
+ En 2020, des fouilles sont menées sur le comitium du Forum Romain de Rome afin d'y retrouver un hérôon - un édifice dédié à un héros ou une divinité - dont l'existence était soupçonnée depuis le XIXe siècle par Giacomo Boni[50]. En février 2020, elles mettent au jour « un sarcophage de tuf[51] (connu de Giacomo Boni) d'environ 1,40 mètre de long, associé à un élément circulaire, probablement un autel[50] ». Or, l'emplacement du sarcophage et de l'autel correspond à celui décrit par l'auteur antique Varron comme le lieu où Romulus aurait été tué[50] ; et sur une base plus scientifique, c'est aussi le lieu que l'équipe archéologique d'Andrea Carandini pensait être le sillon sacré tracé par Romulus[50]. Ce qui fait avancer aux archéologues du Parc archéologique du Colisée et de l'université La Sapienza de Rome que le sarcophage pourrait être le tombeau de Romulus[50]. À noter que la présence d'un monument dédié à un héros durant l'Antiquité romaine n'est pas forcément une preuve de l'existence historique de Romulus, puisque celui-ci sert surtout à marquer le début du calendrier romain et de la naissance politique de la ville[50]. Que ce soit le tombeau de Romulus ou non, la découverte est en tous cas jugée "exceptionnelle" par les archéologues[50] et doit susciter, selon l'archéologue Paolo Carafa, un inévitable débat scientifique[52].
91
+
92
+ Relief romain de la cathédrale de Maria Saal montrant Romulus et Remus avec la louve
93
+
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+ Romulus et Rémus de Rubens. (1614-1616)
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+ Le berger Faustulus amenant Romulus et Remus à sa femme, Nicolas Mignard (1654)
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+ Anthophila
2
+
3
+ Clade
4
+
5
+ Les abeilles (Anthophila) forment un clade d'insectes hyménoptères de la superfamille des Apoïdes. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète[1] dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France[2]. En Europe, l'espèce la plus connue est Apis mellifera qui, comme la plupart des abeilles à miel, appartient au genre Apis. Cependant, la majorité des abeilles ne produit pas de miel, elles se nourrissent du nectar des fleurs. Une abeille d'hiver peut vivre jusqu'à 10 mois, tandis qu'une abeille d'été peut vivre jusqu'à 1 mois.
6
+
7
+ Les abeilles peuvent être classées selon leur mode de vie : abeilles domestiques ou sauvages, solitaires ou bien sociales, etc. Elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement, notamment leur alimentation. Les bourdons en revanche sont un groupe particulier d'abeilles[3],[4].
8
+
9
+ Les abeilles, et les autres espèces pollinisatrices, sont actuellement gravement menacées, avec un taux d'extinction qui est "de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale", selon l'ONU [5]. Lors de la "Journée mondiale des abeilles", le 20 mai 2019, l'ONU a détaillé les principales causes du déclin des pollinisateurs : l'utilisation de pesticides, la monoculture, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, le changement d'affectation des terres et la destruction des habitats[5].
10
+
11
+ Le mot abeille est attesté en français pour la première fois au XIVe siècle[6].
12
+
13
+ D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha [aˈβeʎo][6],[7], lui-même issu du latin ăpĭcŭla « petite abeille », diminutif d’apis « abeille »[8]. Cette forme est aussi attesté dans de nombreuses autres langues : l'arpitan avelye[9], le portugais abelha[10], le catalan abella[11], le castillan abeja[12], etc.
14
+
15
+ Il remplace un ancien terme d'oïl ef, puis é (pluriel es) issu directement du latin apis ; le terme de mouche-ep est aussi trouvé et eps employé par Montaigne. Au début du XIXe siècle l'Atlas linguistique de la France repère l'abeille encore sous le nom « é » dans quelques localités du nord, puis comme « mouche à miel » dans les deux tiers nord du domaine d'oïl (Bretagne « mouche à mièl », Normandie « mouque à mié », Ile-de-France, Picardie, Wallonie, Lorraine « mouche é mi », Bourgogne), « mouchette » dans la frange est (Lorraine orientale « mouchette, mohhâte », Franche-Comté du nord « môtchotte »), « abeille » dans le sud-ouest (Poitou, Saintonge « aboeille »), et « avette » dans le val inférieur de la Loire[13].
16
+
17
+ D'ailleurs, dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel, sauvage ou domestique »[14]. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le XIXe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche : « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le XXe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »[15]. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la Langue Française (1971-1994)[6], ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel[16].
18
+
19
+ Pourtant, parmi les insectes appelés « abeille » en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu ou pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en réduisant la définition de l'abeille à la « famille des Apidés », explique qu'elle vit en société et produit du miel.
20
+
21
+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[17] en français.
22
+
23
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
24
+
25
+ Les caractéristiques générales des abeilles sont celles des guêpes apoïdes, ce sont donc des insectes hyménoptères dont les adultes sont généralement velus et se nourrissent de nectar, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie. Par exemple, pour les abeilles à miel d'Europe, voir tout le genre Apis et principalement Apis mellifera.
26
+
27
+ L’histoire évolutive des insectes met en évidence que les premiers insectes apparaissent vers 400 Ma au Dévonien, les insectes volants vers 350 Ma au Carbonifère[34].
28
+
29
+ On ignore encore quel est l’ancêtre commun à tous les Apoïdes[1]. Les premières abeilles stricto sensu sont probablement apparues en même temps que les premières fleurs, c'est-à-dire il y a plus de 100 millions d’années, la flore terrestre étant auparavant dominée par les Gymnospermes[1]. Les études génétiques suggèrent que les abeilles proviennent, comme les fourmis, de la spécialisation de guêpes prédatrices de la famille des Crabronidés, le changement du comportement alimentaire pouvant s'expliquer par la consommation par ces guêpes de proies qui visitaient les fleurs et se couvraient de pollen[35]. Les premières abeilles ont probablement été solitaires et spécialistes (pollinisation d'un nombre défini de fleurs), certaines évoluant vers des formes sociales plus ou moins élaborées et devenant des pollinisateurs généralistes mais ces transitions instables font que certaines sont retournées vers un mode de vie solitaire[36].
30
+
31
+ On a retrouvé les plus anciens fossiles d'abeilles en inclusion dans de l'ambre. Ces abeilles appartiennent à des espèces et des genres à présent éteints. Le plus vieux fossile à ce jour est Melittosphex burmensis (en) : datée de 100 millions d'années, cette espèce minuscule découverte en 2006 en Birmanie avait des grains de pollen sur les pattes[37]. Sa découverte confirme l'origine commune des guêpes et des abeilles et l'ancienneté de la coévolution entre les « abeilles » et les Angiospermes (spécialisation dans la consommation de nectar et de pollen et rôle dans la pollinisation). Cette découverte suggère que les premières abeilles végétariennes ont émergé à partir d'ancêtres guêpes insectivores[38].
32
+ Le genre Electrapis vivait au Crétacé supérieur, il y a environ 70 millions d’années, dans l’actuelle région de la Baltique et avait une forme très proche de l'abeille à miel contemporaine[1].
33
+
34
+ Toutes les abeilles sont des insectes hyménoptères, végétariens et butineurs. Butiner signifie voler de fleur en fleur à la recherche de nourriture. L'abeille récolte ainsi dans la nature nectar, propolis, miellat et pollen. En butinant l'abeille assure également la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen permettant la reproduction des plantes.
35
+
36
+ Leur taille distingue les abeilles des guêpes, qui ont quant à elles la taille fine, en général moins de poils et leurs larves sont carnivores[39]. Les bourdons, qui semblent au premier abord plus ronds et généralement plus gros que d'autres espèces, sont tout de même un groupe spécifique d'abeilles (Bombus), bien que le nom vernaculaire d'abeille ne s'y réfère généralement pas. Le nom d'abeille est ainsi généralement accordé aux espèces dont l'aspect se rapproche de celui des mouches. Leurs quatre ailes reliées deux à deux différencient pourtant facilement les abeilles des mouches, notamment des syrphes, ces diptères également pollinisateurs qui arborent par mimétisme le costume rayé de la guêpe et parfois celui, plus poilu, des abeilles.
37
+
38
+ Selon les habitudes de vie des différentes espèces d'abeilles, on distingue plusieurs catégories d'abeilles : l'expression « abeille domestique » est l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera)[26] mais elle peut aussi être employée pour toute autre abeille domestiquée par l'Homme. Par opposition, on nomme « abeille sauvage » une abeille non domestiquée. L'expression « abeille sociale » désigne une espèce d'abeille vivant en colonie, sinon il s'agit d'une « abeille solitaire » constituant plutôt des agrégations (ou bourgades) de terriers individuels[40]. D'autres espèces sont des « abeilles parasites » ou « abeilles coucous » qui pratiquent le cleptoparasitisme.
39
+
40
+ Certaines abeilles transforment une partie de leur récolte en produits dérivés : miel, cire ou gelée royale. Ces produits sont stockés dans des nids plus ou moins élaborés : de simples galeries pour les espèces solitaires, des assemblages complexes de rayons de cire pour les espèces sociales. Les espèces qui en produisent en quantité significative sont appelées des « abeilles à miel ».
41
+
42
+ La taille et le poids des abeilles varient selon les espèces, leur taille va de 9 à 15 mm de long et elles peuvent peser de 60 à 80 mg.
43
+
44
+ Abeille européenne (Apis mellifera).
45
+
46
+ Abeille indienne (Apis cerana).
47
+
48
+ Abeille géante (Apis dorsata).
49
+
50
+ Abeille charpentière (ici Xylocopa violacea).
51
+
52
+ Abeille découpeuse de la luzerne (Megachile rotundata).
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+
54
+ Abeille maçonne (ici Osmia cornuta).
55
+
56
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
57
+
58
+ La majorité des plus de 20 000 espèces d'abeilles[41] et des abeilles sauvages sont solitaires : elles ne fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle), les abeilles femelles construisant individuellement un petit nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou dans un arbre, coquille d'escargot, etc.)[42]. Certaines espèces, comme l’halicte (Halictus) ont cependant une vie communautaire, sans être eusociales[43]. Si les femelles ont parfois une même entrée de nid, elles construisent et s'occupent seules de leurs propres cellules et n'ont aucun contact avec leur descendance[44].
59
+
60
+ Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel[41]. Certaines espèces sont des « rubicoles » (au sens strict « qui habitent les ronces ») et nidifient dans des tiges de plantes à moelle. D'autres espèces sont des « xylicoles » qui utilisent des galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par des insectes xylophages. D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois de terre sèche ou dans le sol[43]. Chaque cellule, contenant une larve et du pain d'abeille, est scellée par un bouchon[44].
61
+
62
+ Une abeille maçonne (ici Osmia cornifrons) explorant une cavité.
63
+
64
+ Abeille solitaire (ici Dasypoda altercator).
65
+
66
+ Andrena vaga sur une feuille.
67
+
68
+ Ce sont des insectes solitaires qui pratiquent le cleptoparasitisme en parasitant les couvains d’autres espèces.
69
+
70
+ Les abeilles sociales forment des colonies, groupes d'abeilles vivant en société. La colonie est composée de trois castes :
71
+
72
+ Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle survit à la saison froide.
73
+
74
+ Un essaim[46] d'abeilles est un rassemblement en nombre important d'abeilles de la même famille. Quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine, on parle d'essaimage. Les abeilles évitent ainsi d'engendrer un super-organisme étouffant.
75
+
76
+ L'essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d'intelligence collective puisqu'il s'agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l'installation de la colonie par une danse dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné, et suffisamment explicite pour en indiquer la position. Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d'information et présentent de manière transparente et souvent simultanément leurs découvertes. Selon l'intensité de la communication, l'abeille découvreuse d'un site va recruter un nombre plus ou moins grand de nouvelles éclaireuses qui iront chacune le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles pourront à leur tour donner leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination[47].
77
+
78
+ L'expression « abeille à miel » ou « abeille mellifère » est un nom vernaculaire désignant en français des insectes sociaux parmi les abeilles qui produisent du miel en quantité significative mais, par métonymie, c'est aussi l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera).
79
+
80
+ Les abeilles à miel appartiennent majoritairement au genre Apis, de la sous-famille des Apinés, mais c'est Apis mellifera et, dans une moindre mesure, son homologue asiatique Apis cerana, l'espèce qui se prête le mieux à l'apiculture[48]. D'autres espèces produisent du miel mais pas en quantité suffisante pour mériter cette appellation.
81
+
82
+ Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera. Originaire d'Europe et d'Afrique, c'est en effet l'espèce la plus utilisée pour produire du miel. Elle a donné de nombreuses sous-espèces ainsi que de nombreux hybrides de ces sous-espèces, dont certains, comme l'abeille buckfast, sont obtenus par croisements au sein des élevages. Apis cerana est également exploitée dans certaines régions de l'Asie.
83
+
84
+ Les autres espèces du genre Apis (Apis florea, Apis dorsata, etc.) se trouvent uniquement à l'état sauvage.
85
+
86
+ Des abeilles de la tribu des Meliponini produisent également de petites quantités de miel. Le rendement des colonies d'abeilles en miel dépend aussi des végétaux à la disposition des butineuses, car les plantes à fleurs sont plus ou moins mellifères.
87
+
88
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
89
+
90
+ Vue dorsale des trois principales espèces.
91
+
92
+ Vue latérale des trois principales espèces.
93
+
94
+ Abeille à miel d'Europe et d'Afrique : Apis mellifera.
95
+
96
+ Favorite de l'apiculture en Europe, sous-espèce de la précédente, l'Abeille noire : Apis mellifera mellifera.
97
+
98
+ Abeille à miel asiatique : Apis cerana.
99
+
100
+ Abeilles à miel géantes : Apis dorsata.
101
+
102
+ Abeille à miel d'Amérique du Sud : Trigona spinipes.
103
+
104
+ Avant Linné, on ne connaissait comme abeille que la « mouche à miel ». Le père de la taxinomie moderne ajoute à cette abeille domestiquée d'autres espèces d'hyménoptères qui, comme elle, vivent de nectar et de pollen. En 1758 il les classe toutes dans un genre nommé Apis (abeille en latin)[49].
105
+
106
+ Les connaissances sur ces insectes progressant, un seul genre Apis se révèle bientôt insuffisant pour contenir toutes les nouvelles abeilles répertoriées. Avec les travaux de Kirby et Latreille, suivis par Schenk et Thomson, les classifications gagnent en précision : Apis ne conserve qu'un petit nombre d'espèces proches de l'abeille domestique et de nombreux autres genres sont créés. On distingue alors deux grands groupes d'abeilles : les abeilles à langue courte et les abeilles à langue longue. Ces dernières sont divisées à leur tour en abeilles solitaires ou abeilles sociales (les abeilles « vraies »). Plus d'une centaine de genres se répartissent à l'intérieur de ces grands groupes[50]. Les abeilles à langue longue sont considérées comme les plus évoluées. Les guêpes apoïdes (Sphecidae sensu lato) sont reconnues comme apparentées aux abeilles à langue courte[51].
107
+
108
+ À la fin du XIXe siècle sont reconnus comme portant le nom d'abeille « tous les hyménoptères dont la larve se nourrit de miel et de pollen, quels que soient d'ailleurs le genre de vie et les mœurs de l'adulte »[49].
109
+
110
+ Dans la classification classique, les abeilles font toutes partie de la superfamille des Apoïdes[27] créée en 1802 par Pierre-André Latreille et qui regroupe les abeilles et les guêpes apoïdes. Toutefois, la classification des abeilles est en constante évolution[52].
111
+
112
+ La classification classique est historiquement centrée sur l'abeille mellifère. Ceci aurait amené les entomologistes à considérer que les abeilles à langue longue formaient un groupe plus évolué que celui des abeilles à langue courte. Les premières classifications phylogénétiques ont maintenu cette hypothèse, en plaçant la famille des Colletidés (à langue courte) à la base de l'arbre phylogénétique des Apoïdes. Cependant, en 2007 des travaux d'analyse moléculaire démontrent que la langue courte des Colletidés n'est pas un caractère hérité des Sphecidés, mais découle d'une évolution parallèle. Ces conclusions bouleversent la classification classique et désignent la famille des melittidés comme la plus ancienne des familles d'abeilles[51].
113
+
114
+ Liste des familles actuelles selon Debevic et al. 2012[53] et Hedtke et al. 2013[54], en concordance avec ITIS[55]:
115
+
116
+ Note: Les Apidés et les Mégachilidés sont considérées comme les abeilles à langues longues, les autres familles à l'exception des Mélittidés sont considérées comme les abeilles à langues courtes.
117
+
118
+ Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[56] :
119
+
120
+ Ampulicidae (guêpes à blattes)
121
+
122
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 1
123
+
124
+ Sphecidae s.s. (guêpes fouisseuses)
125
+
126
+ Crabroninae
127
+
128
+ Bembicini
129
+
130
+ Astatinae et Nyssonini
131
+
132
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 2
133
+
134
+ Pemphredoninae et Philanthinae
135
+
136
+ Anthophila (abeilles)
137
+
138
+
139
+
140
+ Phylogénie des familles actuelles d'abeilles, d'après Hedtke et al., 2013 :[54]
141
+
142
+ Melittidae (avec l'abeille à culotte)
143
+
144
+ Apidae (abeilles sociales)
145
+
146
+ Megachilidae (abeilles découpeuses, abeilles maçonnes)
147
+
148
+ Andrenidae (abeilles des sables)
149
+
150
+ Halictidae (abeilles de la sueur)
151
+
152
+ Colletidae (abeilles à face jaune)
153
+
154
+ Stenotritidae
155
+
156
+ Toutes les abeilles peuvent jouer un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées. Toutefois on doit en général considérer que les abeilles domestiques des apiculteurs jouent un rôle supplétif perturbant la nature[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue : le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques[57]. Les plantes dont la pollinisation est favorisée par l'abeille sont dites mellitophiles. En effet, lorsque les abeilles récoltent des ressources alimentaires, elles se couvrent de pollen. Le pollen est le gamète mâle de la fleur. Elles butinent ensuite d'autres fleurs afin d'y récolter le nectar et se frottent alors contre les parties reproductrices des autres fleurs. Ainsi, le pollen déposé à la surface de la fleur colonise ses graines femelles[58]. Involontairement, les abeilles permettent donc le contact entre les gamètes mâles et femelles des différentes fleurs.
159
+
160
+ Les abeilles bénéficient également de la pollinisation car, en récoltant le nectar et pollen, elles constituent leurs réserves alimentaires. De plus, une grande densité de fleurs aux alentours de la ruche leur est bénéfique car cela minimise leur temps de recherche de nourriture.
161
+
162
+ Enfin, les populations humaines sont directement et indirectement dépendantes des fleurs pour un tiers de leur régime alimentaire[59]. L'absence des pollinisateurs indigènes naturels les plus répandus pourrait donc avoir des conséquences économiques, sociales et écologiques.
163
+
164
+ Or, on constate dans l'Hémisphère nord une baisse de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles[2],[60]. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l'origine de cette baisse de la population : parasites, champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique… Les produits phytosanitaires agricoles, les cultures d'OGM et la pollution électromagnétique sont également cités mais leur implication est de moins en moins controversée avec un consensus scientifique croissant sur le rôle dévastateur des insecticides[61]. En tant qu'animal bioindicateur, cette situation inquiète non seulement les apiculteurs, mais aussi de nombreux écologues, économistes et experts en raison de l'importance économique et écologique de l'abeille. En février 2010, l'Union européenne met en place le programme STEP afin de préciser les causes et les impacts de ce déclin et d'en assurer le suivi.
165
+
166
+ Un groupement d'apiculteurs et d'acteurs intéressés crée en 2011 le réseau européen Bee-Secured, pour la surveillance de l'environnement et de la biodiversité. En 2012, le réseau prend une dimension hors Europe.[réf. nécessaire]
167
+
168
+ La pollinisation par les insectes indigènes non domestiques est un enjeu important de l'écologie. En effet, les insectes sauvages permettent d'effectuer naturellement des fécondations croisées : l'ovule d'une plante reçoit le pollen d'une autre plante de la même espèce, cela permet de conserver une grande diversité génétique. Or, la diversité génétique permet d'éviter les dépressions de consanguinité et augmente la résilience de la population face aux perturbations environnementales et aux nouvelles maladies. Dans une population à grande diversité génétique, le risque d'extinction est beaucoup plus faible[62].
169
+
170
+ Le 16 avril 2014 les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi sur l'avenir de l'agriculture reconnaissant l'abeille comme « un bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques »[63].
171
+
172
+ En butinant d'un arbre à l'autre, les abeilles (Apis mellifera), ainsi que d'autres insectes pollinisateurs, contribuent à la diffusion de bactéries phytopathogènes, telles que Erwinia amylovora, agent pathogène du feu bactérien, maladie bactérienne grave qui affecte des arbres fruitiers de la sous-famille des Maloideae[64], ou Pseudomonas syringae, agent de diverses maladies du type chancre bactérien, notamment le chancre bactérien du kiwi, causé par le pathovar Pseudomonas syringae pv. actinidiae[65].
173
+ Du fait de leur intense activité de pollinisation, les abeilles sont un vecteur très efficace de transmission de ces bactéries. Toutefois, comme les bactéries ne peuvent survivre l'hiver dans les ruches, les abeilles ne peuvent en aucun cas être responsables d'une inoculation primaire, mais seulement d'inoculation secondaire, transmettant les bactéries de fleur en fleur[66],[67].
174
+ Selon une étude néo-zélandaise de 2014, Pseudomonas syringae, comme Erwinia amylovora, peut survivre et se propager au sein des ruches pendant un temps limité. Les auteurs appuient donc la recommandation d'une période de retrait minimum avant de transporter dans un verger sain des ruches provenant d'un verger contaminé[65].
175
+
176
+ L'abeille est la plus ancienne amie de l'homme, bien qu'apparue avant lui, il y a 45 millions d'années[68]!
177
+
178
+ Très tôt les humains ont pris conscience de leur intérêt à protéger, voire héberger ou même élever et, plus simplement, à observer les abeilles.
179
+ Outre leurs fonctions écosystémiques, les abeilles présentent une fonction économique importante.
180
+
181
+ Les substances produites par certaines abeilles – cire d'abeille, propolis, gelée royale, miels de différentes plantes et même leur venin – ont la réputation ancestrale d'être excellentes pour la santé.
182
+
183
+ Ce sont évidemment les abeilles à miel domestiquées qui en sont les meilleures pourvoyeuses.
184
+
185
+ À la différence des guêpes et des frelons, l'abeille n'est pas un prédateur et ne chasse pas pour se nourrir[69]. Une abeille en train de butiner est généralement inoffensive[70].
186
+
187
+ Cependant, les abeilles défendent leur nid et leurs routes aériennes des intrus. Les espèces prisées pour l'apiculture sont les plus tolérantes à cet égard. D'autres, comme l'abeille tueuse, hybride apparu au Brésil dans les années 1950, sont plus agressives à l'approche de leur nid[71] tandis que chez certaines espèces comme les mélipones, l'aiguillon, sous-développé, ne permet pas la piqûre : l'abeille se défend alors par une morsure urticante[72].
188
+
189
+ L'abeille utilise son dard cranté pour injecter du venin à son agresseur lorsqu'elle se trouve menacée. Cet aiguillon dentelé, dont seules les femelles sont pourvues, reste fiché dans la peau de la victime et est arraché de l'abdomen de l'abeille lorsque celle-ci s'éloigne. Il entraîne à sa suite une partie des organes internes de l'abeille, dont son sac à venin. Cette déchirure est presque toujours fatale à l'abeille piqueuse[73]. Mais l'abeille peut repartir indemne, si sa victime s'avère être un autre insecte, dépourvu de la peau épaisse des mammifères[73].
190
+
191
+ Une piqûre injecte en moyenne 50 à 140 µg de venin (contre 10 µg pour la guêpe qui possède un dard lisse mais peut piquer plusieurs fois), selon l'espèce d'abeille et le délai avant lequel l'aiguillon est retiré[74]. Même après le départ de l'abeille, les contractions réflexe des muscles arrachés continuent d'injecter le venin contenu dans le sac, une trentaine de secondes étant nécessaires pour vider celui-ci. Il faut donc éviter de le compresser en le retirant dans les secondes suivant la piqûre[74].
192
+
193
+ Sauf en cas d'intolérance, une unique piqûre est inoffensive pour l'homme (et pourrait même avoir parfois des effets bénéfiques notamment pour lutter contre la maladie de Parkinson). Toutefois, l'emplacement des piqûres, leur nombre ou une sensibilité allergique peuvent occasionner des décès en cas de choc anaphylactique[75].
194
+
195
+ En l'absence de données significatives, la dose létale médiane n'est pas établie avec certitude et oscille, selon les auteurs, entre 1,3 mg. kg−1[71] et 3,5 mg. kg−1[74] de venin. Le nombre de piqûres nécessaires pour atteindre ces doses, pour un adulte pesant entre 60 kg et 70 kg, varie selon les espèces et les estimations entre 600[73] et 1 750[74]. Seules les abeilles tueuses, au comportement extrêmement agressif, sont susceptibles de causer un si grand nombre de piqûres. En revanche, leur venin ne diffère pas sensiblement de celui des autres espèces d'Apis mellifera[71].
196
+
197
+ L'apiculture est la discipline liée à l'élevage des abeilles domestiques, l'éleveur étant un apiculteur.
198
+ Les abeilles d'élevage vivent dans une ruche, une structure artificielle faite à base de paille, de bois ou de plastique et destinée à abriter une colonie d'abeilles sociales butineuses. Un ensemble de ruches constitue un rucher.
199
+
200
+ L’osmiculture est la technique d’élevage local d’abeilles indigènes et solitaires qui nichent hors sol. L'osmiculteur fournit un environnement de nidification (nichoir d'abeilles) adapté à l’espèce, identifie et élimine les parasites qui s’incrustent dans cette population. Il ne gère pas de récolte car les abeilles indigènes pollinisent mais ne fabriquent pas de miel.
201
+
202
+
203
+
204
+ Métaphore de l’harmonie politique et sociale depuis l’Antiquité, l'abeille était censée symboliser, dans l'Égypte antique, la Basse-Égypte, le pharaon étant désigné comme étant « Celui des carex et de l'abeille » (les carex représentant la Haute-Égypte).
205
+
206
+ Le Coran porte un chapitre nommé « Les abeilles ». Sourate no 16 les abeilles, verset [68-69].
207
+
208
+ L'abeille a pu symboliser la résurrection et l'immortalité pour les Mérovingiens. Des représentations d'abeilles ont été retrouvées parmi les éléments funéraires de Childéric Ier[76].
209
+
210
+ En France, Napoléon Bonaparte a repris[77] – avec l’aigle, symbole de l’Empire carolingien – cet insecte industrieux et a remplacé par les abeilles impériales les fleurs de lys du semis des armoiries royales.
211
+
212
+ Dans les pays scandinaves, sur certaines tombes, l'abeille est un symbole utilisé pour représenter le caractère travailleur et industrieux de la personne décédée[78].
213
+
214
+ Dans la culture populaire, l'abeille fait majoritairement référence aux abeilles sociales à miel et en Occident à l'abeille domestique Apis mellifera.
215
+
216
+ Depuis les années 1970 avec une accélération depuis la fin des années 1990, de nombreuses espèces d'abeilles sont en forte régression (ou ont localement disparu) en raison, semble-t-il, de parasites, virus, champignons, bactéries, mais aussi de la dégradation des habitats (urbanisation, imperméabilisation des sols, débocagisation) et du réchauffement climatique qui a un impact sur la phénologie des plantes hôtes et des fleurs pollinisées. Or, ces abeilles ont une importance majeure pour la pollinisation de nombreuses espèces de fruits, légumes et céréales. Les impacts de l'usage croissant de certains pesticides et insecticides écotoxiques sont également suspectés depuis la fin des années 1990 d'avoir un lien avec le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles domestiques. Ce lien a été confirmé par deux études faites en milieu naturel (« conditions réalistes »), publiées par la revue Science en mars 2012, confirmant des impacts négatifs des néonicotinoïdes sur deux pollinisateurs essentiels, l'abeille domestique[79] et le bourdon commun. Présents par diffusion dans le nectar et le pollen des fleurs de cultures industrielles telles que le maïs et le colza, ils affectent le système nerveux des insectes[80]. Il ne s'agirait pas de la seule cause du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, mais il y participe et accélère la régression de ces pollinisateurs[81].
217
+
218
+ Dans l'Union européenne, le règlement (CE) no1107/2009 indique qu'"une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste n’est approuvé que s’il est établi, au terme d’une évaluation des risques appropriée sur la base de lignes directrices pour les essais adoptées au niveau communautaire ou au niveau international, que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active, ce phytoprotecteur ou ce synergiste, dans les conditions d’utilisation proposées n’aura pas d’effets inacceptables aigus ou chroniques sur la survie et le développement des colonies, compte tenu des effets sur les larves d’abeille et le comportement des abeilles"[82].
219
+
220
+ Le règlement de 2009 devait conduire à la refonte des tests de toxicité à réaliser sur les abeilles, avant la mise sur le marché d'un pesticide. L'EFSA, l'Autorité sanitaire européenne, a constaté en 2012 que ces tests étaient très insuffisants, les produits phytosanitaires étant mis sur le marché sans avoir été correctement évalués[83]. L'EFSA[84] a élaboré de nouveaux protocoles complets : Ces lignes directrices incluent l'évaluation de la toxicité chronique, les effets sur les larves, sur les abeilles sauvages et bourdons et non pas seulement les abeilles à miel, les différentes voies de contamination (eau, poussières...)[84].
221
+
222
+ Ce document guide a été publié en 2013, mais les États membres ne l'ont jamais adopté (entre 2013 et 2019, il a été inscrit à l’ordre du jour du Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed, ou SCoPAFF, une trentaine de fois). Depuis 2013, l’European Crop Protection Association (ECPA), l’association professionnelle des fabricants de pesticides, s'oppose fermement à la mise en application de ce document[83]. Les industriels de l’agrochimie ont adressé à l’exécutif européen de nombreuses lettres contre le document guide de l’EFSA.
223
+
224
+ Dans une tribune du 9 février 2019, l'eurodéputé Eric Andrieu, président de la commission spéciale du Parlement européen sur la procédure d’autorisation des pesticides par l’Union, écrit: "sous la pression incessante des lobbyistes des industriels de l’agrochimie, certains États demandent aujourd’hui à l’EFSA de réviser son document de 2013, qui n’a jamais été mis en œuvre. Et pour cause : selon l’industrie, 82 % des produits phytosanitaires seraient alors sur la sellette !"[85]
225
+
226
+ Les protocoles d’évaluation des pesticides sur les pollinisateurs se référent toujours à un texte de 2002, totalement obsolète selon les spécialistes. La toxicité chronique, cause importante de la mortalité des pollinisateurs, n'est pas évaluée, ni les effets délétères sur les espèces sauvages. "Pendant ce temps, le taux de mortalité des abeilles atteint les 80 % dans certaines régions de l’UE. Alors que les études montrent que l’utilisation de pesticides représente un risque réel pour les abeilles sauvages et les abeilles mellifères, les gouvernements des 28, en particulier les 16 États qui bloquent la proposition, doivent enfin prendre leurs responsabilités", estime Eric Andrieu, "Les chefs d’État doivent en finir avec leur hypocrisie sur la question des pesticides et cesser de dérouler le tapis rouge aux multinationales de l’agrochimie"[85]. Selon l'eurodéputé et Nicolas Laarman, de l'Ong Pollinis, « l’extinction en cours des abeilles et autres insectes pollinisateurs est un enjeu vital, et la réforme de notre système d’homologation des pesticides, une urgence absolue[86] ».
227
+
228
+ "En renonçant à la mise à jour des principes d’évaluation des risques des pesticides, la Commission européenne participe à la dégradation dramatique de l’environnement", écrit l'éditorialiste du journal Le Monde, le 27 août 2019[87].
229
+
230
+ Une étude française conduite par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avec le réseau des instituts des filières agricoles et végétales (ACTA), s’est basé sur le radiosuivi d’abeilles par micropuces (système RFID) identifiant 653 abeilles mellifères, et un comptage électronique des entrées/sorties de ruche.
231
+
232
+ Comme certains apiculteurs l'avaient pressenti ou observé, au moins l’un des néonicotinoïdes les plus utilisés perturbe l'orientation des abeilles ; le thiaméthoxame (matière active de produits commerciaux tels que le Cruiser, Flagship, Illium, Axoris[79]). 10 % à 31 % des abeilles ayant ingéré cette molécule, même à de très faibles doses, se sont montrées incapables de rejoindre leur ruche[79]. Or, la perte de repères est l’un des éléments du syndrome d'effondrement des colonies. Hors de la ruche, ces abeilles meurent trois fois plus que le taux normal[79].
233
+
234
+ Le projet « EPILOBEE » est la première surveillance épidémiologique de la mortalité des colonies d’abeilles domestiques en Europe. Au total, ce sont 31 832 colonies d’abeilles provenant de 3 284 ruchers qui ont été suivies entre l’automne 2012 et l’été 2013. Les premiers résultats provenant des 17 pays européens participants montrent une grande variabilité des taux de mortalité en fonction des zones géographiques en Europe. Les taux de mortalité hivernaux s’échelonnent suivant les pays de 3,5 % à 33,6 %. Les taux de mortalité des colonies pendant la saison apicole sont quant à eux plus faibles et sont compris entre 0,3 % et 13,6 %. En additionnant la mortalité hivernale à la mortalité de la saison apicole, c’est la Belgique qui arrive en tête de ce lugubre classement, avec un taux de mortalité de 42,5 %. Viennent ensuite le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %)[88].
235
+
236
+ Le nombre de ruches est un bon indicateur de la population d'abeilles domestiques. Au niveau mondial les chiffres sont soumis à beaucoup d'incertitudes, par contre les données de l'Union européenne sont plus fiable. Le rapport du CMO [89](Common Market Organisation) d'avril 2019 montre que le nombre de ruches est passé de 11.6 millions en 2004 à 17.5 millions en 2017. En France, d'après la Fédération ADA France[90] le nombre de ruches en 2017 était de 1.3 million, nombre similaire à celui de 1994 après une baisse entre 2010 et 2015 avec 1 million de ruches recensées . Étonnamment, ces chiffres, au niveau européen, sont en contradiction avec le syndrome d’effondrement des colonies. Malgré une forte mortalité le nombre de ruches en Europe continue de croitre ce qui est en adéquation avec la production européenne de miel qui était de 209 000 tonnes en 2017.
237
+
238
+ Le déclin des abeilles semble avoir pour cause principale l'usage des pesticides : Cuba, qui n'en utilise que très peu et dont l'agriculture est essentiellement biologique, est l'un des rares pays où les populations d'abeilles se sont maintenues à un niveau stable[91].
239
+
240
+ Depuis l'introduction des néonicotinoïdes, dans les années 1990, les trois quarts des insectes volants ont disparu d’Europe de l'Ouest[92]. Dans son livre Et le monde devint silencieux[93], le journaliste du Monde, Stéphane Foucart, raconte comment les entreprises de l’agrochimie ont tenté de faire croire que l’effondrement des pollinisateurs était un mystère, et n'était surtout pas lié à la mise sur le marché des insecticides néonicotinoïdes (une « stratégie du doute » calquée sur celle de l’industrie du tabac). Le journaliste analyse leurs méthodes pour infiltrer et financer des organisations scientifiques et des associations. Face à ces firmes, 70 scientifiques tentent de mener des recherches totalement indépendantes[92].
241
+
242
+ Dans la revue PLOS One, une étude[94] montre que « le paysage agricole américain est aujourd'hui 48 fois plus toxique qu'il ne l'était il y a 25 ans pour les abeilles et probablement d'autres insectes. Cette toxicité accrue est presque entièrement liée à l'usage des pesticides néonicotinoïdes. Parallèlement à cette montée en flèche de la toxicité, les populations d'abeilles, de papillons, d'autres pollinisateurs et même d'oiseaux ont quant à elle enregistré un déclin »[95].
243
+
244
+ En 2017, des chercheurs révèlent la disparition de 80 % des insectes volants en Allemagne en moins de trente ans, une situation qui est extrapolée à l’échelle de l’Europe[96]. En février 2019, des scientifiques publient dans Biological Conservation la synthèse de 73 études[97] : 40 % des populations d’insectes sont menacées d’extinction dans le monde, avec le risque d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels ». Les chercheurs considèrent l'agriculture conventionnelle, et ses pesticides, comme l'une des causes principales du déclin des insectes.
245
+
246
+ Une étude américaine publiée en septembre 2018 montre les dégâts du glyphosate sur les abeilles : cet herbicide altère leur flore intestinale, barrière contre de nombreux pathogènes[98]. Elles se retrouvent ensuite plus vulnérables aux bactéries (les abeilles contaminées au glyphosate ont eu une mortalité de 80 % après avoir été exposées à la bactérie Serratia marcescens). Le chercheur Jean-Marc Bonmatin, du CNRS, spécialiste des abeilles, explique que : « plus il y a de pesticides, plus les abeilles sont sensibles aux pathogènes », du fait d’une « perturbation de leur biologie »[99].
247
+
248
+ En cas de manque de pollinisateurs, plusieurs conséquences directes peuvent être répertoriées.
249
+
250
+ Premièrement, le rendement des cultures destinées à notre régime alimentaire serait considérablement amoindri. On estime que la pollinisation par les insectes contribue au rendement de 75 % des grandes cultures[100][réf. à confirmer]. Ceci entrainerait une hausse des prix des fruits et légumes.
251
+
252
+ Deuxièmement, le nombre d'apiculteurs professionnels chuterait ainsi que l'économie liée à la vente de produits de la ruche.
253
+
254
+ Troisièmement, l'augmentation des prix des fruits et légumes due au manque de pollinisateurs pourrait accentuer la tendance à la sous-consommation de ces produits, particulièrement pour les groupes sociaux à bas-revenu[101].
255
+
256
+ Une première évaluation (liste rouge) a été publiée en 2015[102], faite par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour une partie des 1 960 espèces d’abeilles sauvages recensées en Europe : 9,2 % des espèces sauvages étudiées sont en voie d’extinction selon l'UICN et 5,2 % le seront dans un avenir proche. Plus précisément, 7,7 % (150 espèces) sont en déclin certain, 12,6 % (244 espèces) semblent plus ou moins stables et 0,7 % (soit 13 espèces) seraient en augmentation[102].
257
+
258
+ La situation est peut-être plus grave, car alors que des phénomènes de perte de compétence (orientation, capacité à se nourrir) est constatée chez certaines espèces à des échelles nationales[103], pour plus de 79 % des espèces, une tendance n'a pu être évaluée et pour 56,7 % des espèces, leur statut de menace n'a pu être évalué faute de données scientifiques[102]. De plus, ce déclin est associé à une forte chute de la diversité génétique pour les espèces en déclin, mais l'UICN signale aussi que ce déclin contribue à la crise de la biodiversité avec en Europe près de 30 % des espèces d’abeilles menacées (en danger critique, en danger, vulnérables) qui sont endémiques au continent européen ou à une partie de ce continent (l’Europe abrite 10 % des espèces d'abeilles connues dans le monde, sur 7 % des habitats terrestres mondiaux)[102]. Diverses plantes (sauvages ou cultivées) ne peuvent être pollinisées que par une ou quelques espèces d'abeilles « spécialistes »[104] ; leur régression entraine donc aussi une perte de diversité végétale. De plus, selon les données les plus récentes, ce sont les abeilles sauvages qui assurent maintenant la plus grande part de la pollinisation (autrefois attribuée à l'abeille domestique)[105].
259
+
260
+ L’intensification de l'agriculture (avec ses effets collatéraux tels que l'augmentation de l'utilisation de pesticides, néonicotinoïdes notamment[106], le drainage, le recul des prairies permanentes et du bocage) est pointée comme première menace via la destruction et pollution des habitats des abeilles sauvages[107]. Même dans des pays à l'environnement considéré comme relativement préservé comme la Suède, un effondrement de certaines espèces (de bourdons par exemple)[108],[109], est constaté.
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+ Bien des insectes pollinisateurs, comme des papillons et des bourdons, subissent le même déclin.
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+ Dans le monde, diverses initiatives sont nées à différents niveaux de collectivités (du local à l'international). Des plans visent à protéger les abeilles, ou parfois plus largement les pollinisateurs sauvages.
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+ En Europe, la France a lancé en 2015 un projet Plan national d'actions (PNA) « pour la préservation des abeilles et insectes pollinisateurs sauvages » dénommé « France, terre de pollinisateurs », qui comprend vingt actions pour cinq ans, dont l'une est que 20 % au moins du territoire soit concerné par des pratiques favorables aux pollinisateurs ; avec fauchage tardif et jachères fleuries sur les dépendances vertes des axes de transport ; une surface comparable à celle des parcs nationaux[110].
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+ La Wallonie en 2011 a produit un « Plan Maya »[111], intégré dans un projet plus général de renaturation « partout et par tous ».
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+ En juillet 2019, contre l’avis de ses propres experts et de la communauté scientifique, l'Union européenne renonce à agir en faveur de la protection des abeilles[83].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'adolescence (du latin adolescere : « grandir ») est une phase du développement humain physique et mental qui se produit pendant la période de la vie humaine s'étendant de la puberté jusqu'à l'âge adulte. Les critères de définition de l'adolescence ont varié au fil de l'histoire. L'entrée dans l'adolescence est généralement marquée par les changements biologiques déclenchés par des changements hormonaux de la puberté, et sa durée sur le plan social est liée au degré de dépendance financière envers les parents. L'adolescence se termine habituellement par l'atteinte de la majorité civile, variable selon les pays.
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+ Sur le plan biologique, l'organisation mondiale de la santé définit les adolescents comme étant les jeunes de 10 à 19 ans mais selon d'autres scientifiques la période transitoire entre l'enfance et l'âge adulte pourrait aller jusqu'à 25 ans. Durant la période allant de la majorité à l'âge de 25 ans, on parle toutefois très rarement d'adolescents mais plutôt de « jeunes adultes »[1],[2].
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+ L'adolescence est un des âges de la vie décrits dans des écrits très anciens. Les âges de la vie sont souvent présents dans la littérature médiévale mais ils varient beaucoup, de trois à 12 étapes, le nombre de sept est le plus souvent utilisé au Moyen Âge tardif. Les premiers âges de la vie distinguent alors[3] :
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7
+ Au Moyen Âge, en Occident, les jeunes à 14 ans quittent leur foyer pour aller en apprentissage ou pour aller servir dans d'autres maisons. Or au XIXe siècle, avec l'industrialisation, des proportions de plus en plus grandes d'adolescents restent au domicile familial et vont travailler pour soutenir financièrement leur famille, jusqu'à l'âge de leur mariage. Au XXe siècle, les progrès dans la protection des enfants et des jeunes, la mise en place de scolarité obligatoire et l'augmentation de la durée de scolarisation ont consolidé ce phénomène : les jeunes restent désormais au domicile familial de longues années après la fin de leur enfance. Sur le plan social et psychologique, ce phénomène place les adolescents dans une situation nouvelle, celle de dépendance financière envers leurs parents (rendue possible par la baisse de la natalité et la hausse de la qualité de la vie avec des logements plus spacieux en particulier). Toute la dynamique familiale en est modifiée[4]. L'adolescence pose alors de nouveaux problèmes et en particulier de nouveaux types de conflits ou de relations avec les parents et avec les frères et sœurs plus jeunes[5].
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+ Au début du XXIe siècle, la dépendance parentale typique de l'adolescence continue de se prolonger, l'entrée dans les responsabilités adultes est plus tardive, tandis que le début de la puberté est plus précoce, sous l'effet d'une amélioration de la nutrition et des progrès médicaux. Ainsi, la durée de l'adolescence se prolonge et l'âge de la fin de l'adolescence est sujet à débat[6].
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+ À quel âge commence l'adolescence et à quel âge se termine-t-elle ? Les limites d'âge correspondant à l'adolescence sont en partie arbitraires. C'est également le cas pour la question de la définition des âges de l'enfance ou de l'âge adulte. Ces limites sont fixées par des facteurs biologiques et sociaux. La définition de l'adolescence a ainsi varié selon les époques et les changements sociaux et physiques observés chez les enfants et jeunes adultes[6],[7].
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13
+ Au début du XXe siècle, G. Stanley Hall définit l'adolescence comme la période de développement allant de 14 à 24 ans dans son traité sur l'adolescence[8]. Une cinquantaine d'années après, l'organisation mondiale de la santé définit l'adolescence comme la tranche d'âge des 10 à 19 ans inclus[9],[10]. La Convention des droits de l'enfant des Nations Unies définit l'enfance comme la période allant de la naissance à 18 ans et l'adolescence comme la période allant de 10 à 19 ans[7]. En parallèle, les Nations unies parlent aussi de la catégorie jeunesse, à partir de 1985, sans définir cependant les âges auxquels correspond cette période de vie[11],[7]. Ainsi, un jeune de 16 ans peut-il être un enfant, un adolescent et un jeune, car ces périodes se recouvrent en partie[7].
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15
+ Le début de l'adolescence est plus clairement défini que sa fin. Le début de l'adolescence est marqué par le début de la puberté, processus biologique enclenché par des hormones provoquant l'adrénarche (entre 6 et 9 ans), la poussée de croissance et la gonadarche. Ce calendrier varie cependant beaucoup d'une personne à une autre, selon les régions du monde et selon les sexes[6]. Le processus pubertaire commence plus tôt chez la fille que chez le garçon.
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17
+ Chez les filles, le début de la puberté (développement mammaire) s'observe généralement entre 8,5 et 13,3 ans[12]. La pilosité pubienne apparait dans les mois qui suivent, suivie par la pilosité axillaire. Les premières règles surviennent en moyenne 2 à 2,5 ans après le début de la puberté, soit vers 12,5 à 13 ans (extrêmes 10 et 15 ans)[12].
18
+
19
+ Chez les garçons, le début (développement des testicules) s'observe entre 10 et 15 ans, la pilosité pubienne apparait quelques mois plus tard et l'axillaire un an après la pubienne[12].
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+
21
+ En dehors de ces limites, on parle de puberté précoce (avant 8 ans chez la fille, et avant 10 ans chez le garçon) et de puberté tardive ou retardée (absence de début de sein après 13 ans chez la fille, et de développement de testicule après 15 ans chez le garçon)[12],[13].
22
+
23
+ La puberté démarre plus tôt dans les sociétés ou régions où la nutrition et les services de santé sont adéquats, comparées aux régions les plus pauvres[14],[15].
24
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25
+ En Europe, de 1850 à 2000, l'âge d'apparition des règles chez les filles a été réduit de 4 ans dans la plupart des pays industrialisés. En Chine, une réduction de 4,5 ans est observée ces 25 dernières années (données de 2018)[6]. Le début de la puberté peut donc être considéré comme arrivant vers l'âge de 10 ans en moyenne, bien que les jeunes à cet âge soient encore considérés comme des enfants[6].
26
+
27
+ L'adolescence n'est pas seulement un changement dans la maturation sexuelle. De nombreux autres changements prennent place, suite aux changements hormonaux : physiologiques, psychologiques, sociaux[16]. Ces aspects sont également pris en considération dans les définitions de l'adolescence et dans les débats sur l'âge correspondant à l'adolescence. Sur un plan social, la dépendance financière envers les parents s'est prolongée dans la seconde moitié du XXe siècle. De même, le mariage et la parentalité, autrefois marqueurs de l'entrée dans la vie adulte ont été également repoussés de plusieurs années à la fin du XXe siècle et la cohabitation, y compris homosexuelle, est devenue de mieux en mieux acceptée socialement. La fin de l'adolescence est donc plus difficile à définir et fait l'objet de débats[6].
28
+
29
+ Ainsi les lois vis-à -vis des enfants ont pour objectif de les protéger (par exemple, interdire la consommation d'alcool avant un certain âge) et d'accorder des privilèges à partir d'un certain âge (comme le droit de voter). Dans de nombreux pays, la majorité, l'âge auquel sont autorisées certaines activités considérées comme le privilège des adultes, peuvent alors différer en fonction des activités en question, à savoir, si ces activités protègent l'enfant contre des dangers ou lui accordent de nouveaux privilèges pour lui permettre de gagner en indépendance. Au Japon, par exemple, l'âge de vote a été réduit passant de 20 ans à 18 ans en 2016, cependant l'âge légal autorisé pour acheter de l'alcool est resté inchangé (20 ans)[6].
30
+
31
+ Selon d'autres définitions, l'adolescence s'étendrait de 10 à 24 ans[17],[18],[19]. Celles-ci s'appuient sur des arguments sociaux et médicaux, dont le fait que les connaissances médicales ont mis en évidence que le corps continue de maturer jusqu'à l'âge d'environ 25 ans et en particulier les zones préfrontales du cerveau impliquées dans le contrôle des émotions et la planification des comportements[20],[21]. Ce changement permettrait aux jeunes adultes de 18-24 ans, souvent encore dépendants à cet âge, de bénéficier de meilleures conditions de protections médicales et sociales[6].
32
+
33
+ En 2016, la population mondiale des adolescents (10 à 24 ans inclus) est évaluée à 1,8 milliard, la plus large population adolescente que le monde ait jamais connu[22]. En 2015, utilisant des critères d'âge différents (10 à 19 ans), l'Organisation Mondiale de la Santé évalue le nombre d'adolescents à 1,2 milliard, soit une personne sur six[23].
34
+
35
+ La puberté est un phénomène enclenché par le système endocrinien et procède en deux étapes : l'adrénarche (maturation des glandes surrénales) et la gonadarche quelques années plus tard (la maturation des glandes sexuelles)[24].
36
+
37
+ Une étape majeure de la puberté pour les hommes est la sémenarche: la première éjaculation, qui se produit, en moyenne, vers 13 ans[25],[24]. Pour les femmes, c'est la ménarche : l'apparition de la menstruation, qui se produit, en moyenne, entre 12 et 13 ans[26],[27],[28],[29]. Cependant, les changements physiques et hormonaux commencent avant cet événement, vers l'âge de 8 ans lorsque les glandes surrénales produisent des taux d'hormones androgènes de plus en plus élevés et le développement se poursuit alors progressivement[29],[30].
38
+
39
+ Ainsi, les seins de la jeune fille sont au stade 3 de l'échelle de Tanner lorsque les premières règles sont observées[29]. L'échelle de Tanner décrit les modifications physiques des caractères sexuels secondaires qui ont lieu pendant la puberté et décrites par les cinq stades de Tanner nommés d'après le pédiatre britannique James Tanner qui a mis au point le système de catégorisation.
40
+
41
+ Les caractéristiques sexuelles primaires sont celles qui sont directement liées aux organes du système reproducteur[24].
42
+
43
+ Les changements dans les caractéristiques sexuelles secondaires comprennent tous les changements qui ne sont pas directement liés à la reproduction sexuelle. Chez les garçons, ces changements impliquent l'apparition de poils pubiens, de pilosité sur le visage et le corps, la mue de la voix, la rugosité de la peau autour de la partie supérieure des bras et des cuisses, et un développement accru des glandes sudoripares. Chez les femmes, les changements sexuels secondaires sont le développement des seins, l'élargissement des hanches, le développement de pilosité du pubis et des aisselles[24].
44
+
45
+ Le garçon et la fille peuvent connaître l'acné, qui correspond à la sécrétion de sébum par le corps, suite aux processus hormonaux.
46
+
47
+ Les changements hormonaux peuvent aussi expliquer en partie l'émotivité accrue et les changements d'humeur des adolescents, comme la détresse, l'hostilité, ou des symptômes de dépression qui augmentent au fur et à mesure que la puberté progresse[24].
48
+
49
+ La poussée de croissance est une augmentation rapide de la hauteur et de poids au cours de la puberté, résultant de la diffusion simultanée d'hormones de croissance, des hormones thyroïdiennes, et les androgènes.
50
+
51
+ La poussée de croissance commence chez les filles entre 9 ans et demi et 14 ans et demi (vers 10 ans en moyenne) et dure deux années. Elle commence plus tard pour les garçons, vers 10 et 16 ans (avec une moyenne de 12 ou 13 ans). Pour cette raison, les filles ont tendance à être plus grandes et plus fortes que les garçons entre 11 et 13 ans[31].
52
+
53
+ Au cours du pic de vitesse de croissance (le moment où la croissance est la plus rapide), les adolescents grandissent à un taux de croissance à peu près identique à celle d'un très jeune enfant : environ 10.3 cm pour les jeunes hommes et 9 cm pour les jeunes filles sur un an[32].
54
+
55
+ Les filles ont généralement atteint leur développement physique vers les âges de 15–17 ans, alors que les garçons terminent leur puberté vers 16–17 ans[33]. Toute augmentation de la taille au-delà de la période post-pubertaire est rare.
56
+
57
+ L'accélération de la croissance dans les différentes parties du corps se produit à des moments différents, mais pour tous les adolescents, l'ordre de la séquence est assez régulier. En premier lieu se développent les extrémités (la tête, les mains et les pieds), suivies des bras et des jambes, puis le torse et les épaules[34]. Cette croissance non uniforme est une des raisons pour lesquelles un corps d'adolescent peut sembler mal proportionné.
58
+
59
+ À la fin de la puberté, les extrémités des os longs se ferment au cours du processus appelé épiphyse. Il peut y avoir des différences ethniques dans ces changements squelettiques, ce qui peut expliquer des risques différents de développer de l'ostéoporose ou de souffrir de fractures osseuses au cours du vieillissement[35].
60
+
61
+ Une autre série d'importants changements physiques au cours de la puberté concerne la distribution de la graisse corporelle et la masse musculaire. Les adolescents font également l'expérience d'une augmentation significative du poids[36]. Le gain de poids pendant l'adolescence constitue près de la moitié de son poids corporel adulte. Les jeunes, adolescents ou jeunes adultes, peuvent continuer à gagner en croissance musculaire naturelle, même après la puberté.
62
+
63
+ Ce processus est différent pour les femmes et les hommes. Avant la puberté, il n'y a presque pas de différence entre les sexes concernant la répartition de la graisse et des muscles. Au cours de la puberté, les garçons prennent de la masse musculaire beaucoup plus vite que les filles, bien que les deux sexes fassent l'expérience d'un rapide développement musculaire. Si les deux sexes voient leur graisse corporelle augmenter, l'augmentation est beaucoup plus importante pour les filles. L'augmentation de la masse graisseuse pour les filles débute dans les années qui précèdent la puberté. Le rapport entre les muscles et la graisse chez les garçons post-pubères est d'environ trois sur un, alors que pour les filles, il est d'environ cinq sur quatre. Cette différence pourrait expliquer en partie les différences entre les sexes en performance sportive[37].
64
+
65
+ Le développement pubertaire affecte également les systèmes circulatoire et respiratoire : le cœur et les poumons de l'adolescent augmentent en taille et en capacité. Ces changements conduisent à une augmentation de la force et de la tolérance à l'exercice physique. Les différences sexuelles sont apparentes car les hommes ont tendance à développer de « plus grands cœur et poumons, une plus haute pression artérielle systolique, une fréquence cardiaque au repos plus basse, une plus grande capacité de transport de l'oxygène dans le sang, un plus grand pouvoir de neutralisation des produits chimiques issus de l'exercice musculaire, des taux plus élevés d'hémoglobine et plus de globules rouges »[38].
66
+
67
+ Des facteurs culturels ou environnementaux peuvent influencer certaines de ces différences observées. Par exemple, il a été observé que des filles réduisent leur activité physique d'environ 50 % pendant la pré adolescence[39],[40]. Elles sont plus à risque que les garçons de recevoir une nutrition inadéquate qui, souvent, le manque de micronutriments importants, tels que le fer[41].
68
+
69
+ Globalement, dans tous les pays, riches comme pauvres, la première cause de mortalité des adolescents n'est pas infectieuse mais a des origines sociales, évitables et accidentelles[42],[43],[23]. Une revue de question des études de 1985 à 2004 incluant les adolescents et jeunes adultes de 10 à 25 ans indique qu'à l'échelle mondiale, les premières causes de mortalité sont les blessures involontaires, suivies des homicides, guerres et violences interpersonnelles[42]. En 2015, la première cause de décès des adolescents sur le plan mondial est l'accident de la circulation[23].
70
+
71
+ En 2009, une étude considérant les données mondiales sur le sujet indique que les blessures volontaires et involontaires sont responsables de deux morts sur cinq chez les jeunes. La mortalité est beaucoup plus élevée dans les pays pauvres : en 2004, sur un total de 2,6 millions de décès chez des adolescents et jeunes adultes (10 à 24 ans), 97 % des décès touchent l'Afrique Subsaharienne et l'Asie du Sud-Est[44]. Cette étude indique que, sur le plan mondial, chez les filles, la maternité est responsable d'une large part des décès (15 %) du fait des complications de grossesse, avortements ou accouchements. Le SIDA et la tuberculose sont responsables de 11 % des décès globalement. Chez les jeunes hommes, les accidents de la route expliquent 15 % des décès (6 % chez les femmes), la violence 12 %. Le suicide est responsable de 6 % des décès[44].
72
+
73
+ Au Québec, les accidents de la route représentent la première cause de mortalité des personnes de 15 à 24 ans[43]. Le suicide est la seconde cause de mortalité des 15-19 ans au Québec (213 morts en 2005 par exemple)[43]. Le suicide des jeunes touche trois fois plus les garçons que les filles, il touche cinq à sept fois plus les jeunes issus de nations « Premières Nations » en particulier les Inuits, et il touche beaucoup plus les régions peu peuplées que les régions urbaines[43].
74
+
75
+ Selon une enquête de l'Organisation Mondiale de la Santé menée en 2000, une large majorité des adolescents se considèrent en bonne santé dans les pays occidentaux[45],[46]. Cependant, bon nombre d'entre eux souffrent de maux de tête, de dos, d'estomac, de nervosité, de fatigue, et se sentent seuls ou déprimés[45].
76
+
77
+ Les problèmes de santé à l'adolescence diffèrent grandement de ceux de la petite enfance. Il s'agit moins de combattre les maladies infectieuses que de soigner ou prévenir les blessures et les comportements à risque[47].
78
+
79
+ Le manque de sommeil est un problème très répandu chez les adolescents : la durée du sommeil et la qualité du sommeil sont affectées[48],[49]. Ce phénomène peut entraîner des troubles d'insomnie dans la vie adulte. Chez l'adolescent, le manque de sommeil augmente les troubles scolaires en diminuant la motivation, l'attention et en augmentant l'irritabilité. La somnolence est à l'origine de nombreux accidents de la route chez les 16–29 ans[50].
80
+
81
+ Les troubles du sommeil de l'adolescent sont dus aux activités du soir, mais aussi à des rythmes biologiques qui changent pendant l'adolescence : la mélatonine est sécrétée plus tard dans la nuit après la puberté[50].
82
+
83
+ L'obésité et l'embonpoint sont des principaux risques de malnutrition touchant l'adolescent. L'épidémie d'obésité progresse et est associée à de nombreuses maladies, et en particulier l'augmentation du diabète de type II à des âges de plus en plus jeunes[51]. Les déficits en micronutriments, appelés parfois la « faim cachée » ou « faim invisible », affectent également beaucoup de jeunes. Elle a pour origine une nutrition trop pauvre en fruits et légumes et trop riches en produits gras et glucides, ou parfois peut résulter d'habitudes alimentaires excluant certains groupes d'aliments (comme le végétalisme).
84
+
85
+ Des troubles du comportement alimentaire liés aux préoccupations avec l'image corporelle et l'insatisfaction de son image corporelle peuvent s'installer durant l'adolescence et peuvent mener à l'anorexie mentale ou de la boulimie[52].
86
+
87
+ Les comportements à risque (la conduite sur la route, la consommation d'alcool et de drogues, la violence, les rapports sexuels non protégés, etc.) sont les premières causes de mortalité des adolescents dans le monde. Le sentiment de solitude et la dépression constituent également un facteur de risque important, les suicides constituant également une cause élevée de décès[23].
88
+
89
+ Le début de l'adolescence est marqué par la puberté sous l'effet des hormones, mais la fin de l'adolescence n'est pas clairement définie (variable selon les sociétés et les cultures, et selon les individus). L'adolescence connaît de grands changements dont les conséquences sont d'ordre affectif et cognitif, sous l'effet d'une triple maturation (physique ou hormonale, psychologique et sociale). Ces maturations peuvent être décalées : un adolescent mûr physiquement peut garder un comportement d'enfant, des petites filles sous pression familiale ou sociale se comportent comme des adultes, un jeune physiquement et psychologiquement mature peut ne pas parvenir à son autonomie pour des raisons socio-économiques[53].
90
+
91
+ La pensée de l'adolescent se transforme : il devient capable de raisonner de manière plus abstraite et plus complexe ce qui permet à son jugement moral de progresser énormément. L'adolescent possède ainsi des outils mentaux qui lui permettent de faire des choix et un sens critique qui l'amène parfois à remettre en cause les lois ou règles adultes. Les pulsions sexuelles deviennent de plus en plus fréquentes et intenses. Les relations avec ses pairs prennent une grande importance. Cependant, l'adolescence est aussi marquée par un sentiment d'invulnérabilité qui augmente les conduites à risque et peut exposer l'adolescent à de nouveaux dangers[54].
92
+
93
+ Ces changements sont le plus souvent paradoxaux, ressentis comme positifs et négatifs à la fois. L'autonomie implique la menace de se perdre, la nécessité de faire des choix implique des renoncements. De même la mise à distance des parents demande en même temps la nécessité de leur affection. La recherche de proximité avec d'autres adolescents peut s'accompagner d'un sentiment de solitude en leur compagnie[53].
94
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95
+ Cf. Psychologie de l'adolescent, relations amoureuses ou l'article en anglais sur la Sexualité à l'adolescence (en).
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+
97
+ Certaines caractéristiques du développement de l'adolescent sont plus ancrées dans la culture que dans la biologie humaine ou dans les structures cognitives. La culture est définie comme « l'héritage symbolique et comportemental reçu du passé qui fournit un cadre communautaire à ce qui est valorisé »[55]. La culture est apprise et socialement partagée et touche tous les aspects de la vie d'une personne[56]. Les responsabilités sociales, l'expression sexuelle, ou encore les croyances, sont des exemples de ce qui peut varier en fonction de la culture.
98
+
99
+ En outre, les caractéristiques distinctives de la jeunesse, comme l'habillement, la musique, l'utilisation des médias, l'emploi, l'art, la nourriture et les boissons, les loisirs et la langue parlée et écrite, tout cela constitue une culture jeune.
100
+
101
+ La culture n'est pas seulement liée à la nation ou l'ethnie. De nombreuses cultures, ou sous-cultures, sont présentes à l'intérieur d'un pays et d'un groupe ethnique. Pour éviter l'ethnocentrisme, les chercheurs doivent veiller à ne pas définir le rôle de la culture dans l'adolescence en fonction de leurs propres biais culturels[57].
102
+
103
+ Le mode de vie d'un adolescent dans une culture donnée est profondément influencé par les rôles et les responsabilités qu'il est supposé doit assumer, en particulier ses responsabilités familiales. Par exemple, on attend des adolescents qu'ils contribuent de manière significative aux tâches ménagères et responsabilités familiales dans certaines cultures[58]. Les tâches ménagères peuvent être décrites selon qu'elles concernent l'individu lui-même ou la famille. Ces tâches diffèrent non seulement selon les cultures, mais selon les âges de l'adolescent, et selon les familles[59]. Des recherches montrent que la participation de l'adolescent aux tâches et routines familiales a une influence positive sur le développement de l'adolescent, le sentiment d'estime de soi, et les soins et le souci des autres[58].
104
+
105
+ Certaines cultures attendent aussi des adolescents la participation aux responsabilités financières. Selon des spécialistes de l'économie familiale et de l'éducation financière, les adolescents développent de bonnes habiletés à gérer leurs argent par la pratique de l'épargne de la dépense et par la planification de futurs objectifs économiques[60]. Les différences entre les familles dans la répartition des responsabilités financières ou de l'octroi d'argent de poche peut être le reflet de différences dans les conditions sociales, les processus intrafamiliaux, qui eux-mêmes sont influencés par les normes et les valeurs culturelles, ainsi que par le secteur commercial et l'économie de marché d'une société donnée[61]. Par exemple, dans de nombreux pays en développement, il est commun, pour des raisons économiques, que l'adolescent doive quitter l'école et commencer à travailler[62].
106
+
107
+ L'adolescence marque le début de l'entrée dans la vie active pour de nombreux jeunes ; toutefois, le nombre d'adolescents dans la population active baisse avec l'augmentation de l'accessibilité et de la perception de l'importance de l'enseignement supérieur. Par exemple, en Chine, 50 % des jeunes de 16 ans étaient employés en 1980, mais cette proportion a baissé pour atteindre 25 % en 1990[63].
108
+
109
+ La quantité de temps que les adolescents passent sur le travail et les activités de loisirs varie grandement d'une culture à une autre en fonction des normes et attentes culturelles, ainsi que de divers facteurs socio-économiques. Les adolescents américains passent moins de temps à l'école ou au travail et plus de temps dans des activités de loisirs (sports, rencontres, prendre soin de leur apparence, etc.) que ne le font les adolescents dans de nombreux autres pays[64].
110
+
111
+ Sur les questions juridiques, un statut adapté à l'adolescence, peu débattu en France mais existant dans de nombreux pays, est la Pré-majorité.
112
+
113
+ En raison de nouvelles technologies apparues au cours des années 2000 et 2010, les adolescents ont accès à des médias de plus en plus nombreux avec l'utilisation des ordinateurs, des téléphones portables, des jeux vidéo, en plus de médias nés au XXe siècle (baladeur, télévision). Il s'agit de médias basés sur écran et certains auteurs parlent de « culture de l'écran »[65],[66].
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+ En France, une enquête menée en 1997 indique que tous les enfants et adolescents regardent fréquemment la télévision quel que soit leur âge, bien que les adolescents de 15/17 ans la regardent plus longuement (en soirée). À partir de 12 ans, les jeunes écoutent beaucoup plus de musique (cassettes, CD, radio, etc) ; l'intérêt pour la musique et le temps passé à écouter de la musique augmentent encore à 15/17 ans : 72 % des 15/17 ans écoutent des CD ou cassettes quotidiennement et la musique vient en tête des sujets qui les intéressent le plus et dont ils discutent le plus avec leurs amis. Les jeux vidéo voient une utilisation maximale durant les jeunes années adolescentes (21 % d'utilisation quotidienne chez les 9/11 ans, 22 % chez les 12/14 ans) et semblent décliner ensuite (12 % chez les 15/17 ans). Les 15/17 ans diffèrent des plus jeunes adolescents quant à l'importance de leur communication avec leurs pairs : les rencontres, les sorties, les appels téléphoniques, les messages, prennent beaucoup d'importance. À cet âge, la lecture de livres diminue au profit de la lecture de magazines[66].
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+ Le résultat le plus consensuel dans la recherche est que l'utilisation d'Internet encourage la sédentarité ce qui a un effet négatif sur l'activité physique des adolescents[67],[68]. La sédentarité est liée au temps passé sur internet ; or la sédentarité de l'adolescent est associée au surpoids ainsi qu'à des problèmes mentaux, en particulier la dépression[69].
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+ Les adolescents sont exposés à des taux croissants d'images de marketing, par de multiples médias (journaux, télévision, internet). Or les campagnes de marketing ainsi que les industries du loisir exposent surtout des représentations idéalisées (et souvent irréalistes) de la beauté. Cette surexposition est à l'origine d'une forte montée de l'insatisfaction avec sa propre image, son apparence : l'insatisfaction corporelle. Chez les adolescents, l'insatisfaction corporelle est souvent associée au poids, à une faible estime de soi, et des régimes alimentaires ou choix alimentaires atypiques. Bien que la pression sociale et médiatique soit plus forte concernant l'apparence des filles, les garçons sont également touchés négativement par ces images de corps idéalisés[70],[71].
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+ L'effet des médias sur l'insatisfaction corporelle chez les adolescents est très étudiée par les scientifiques. Une méta-analyse de 77 études indique que les effets négatifs de l'exposition aux médias sur l'image de soi chez la femme sont significatifs et de tailles faible à modérée[72].
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+ De manière générale les adolescents sont de plus en plus connectés à Internet et ont accès à de nombreuses sources d’information différentes. Mais ils n’ont pas toujours une utilisation experte des moteurs de recherche et des réseaux sociaux : certains d'entre eux ont tendance à consulter en priorité l’information qui a été mise en avant par les algorithmes des moteurs de recherche ou qui a été la plus vue, la plus partagée sur les réseaux sociaux[73]. Face à la prolifération de la désinformation sur le web, il devient essentiel de développer leurs compétences en matière de recherche et de vérification de l’information et de les sensibiliser à l'esprit critique.
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+ Dans les années 2000, les sites de réseau social ont proliféré. Une grande proportion des adolescents les utilisent régulièrement. En 2012 aux États-Unis, une enquête sur 251 lycées rapporte que 73 % des 12-17 ans déclarent avoir au moins un profil sur un réseau social[74]. 68 % des adolescents envoient des messages tous les jours ; 51 % visitent un site de réseau social quotidiennement et 11 % envoient ou reçoivent un tweet au moins une fois tous les jours. De nombreux adolescents ont une activité lourde : 23 % utilisent au moins deux différents types de médias sociaux chaque jour[75].
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+ L'utilisation des technologies de réseau et de communication électronique affecte les adolescents dans leur développement social. Une revue de question conclut en 2015 que « les adolescents manquent de stratégies pour faire face à la cyberintimidation, qui est toujours associée à un risque accru de dépression »[76].
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129
+ Certaines recherches suggèrent qu'il existe aussi des aspects positifs à la communication sur Internet : elle rapproche les amis et est bénéfique aux adolescents socialement anxieux pour qui l'interaction en ligne est plus facile que l'interaction face-à-face[77].
130
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131
+ Une étude sur six pays européens suggère que ce sont surtout les plus jeunes adolescents qui sont à risque de développer des problèmes mentaux par un usage trop intensif des réseaux sociaux, tandis que les adolescents plus âgés sont plus susceptibles de profiter des bénéfices de ces réseaux sur leur socialisation[78].
132
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133
+ Une définition large de l'adolescence est le passage de l'enfance à l'âge adulte (en). Selon Hogan & Pierre (1986), cette transition peut inclure des marqueurs tels que la sortie de l'école, le démarrage d'un travail à temps plein, de départ du domicile familial, l'accès à une sexualité plus épanouie, à une vie de couple (avec ou sans mariage), le fait de devenir parent. La durée de cette transition varie selon la culture et la classe sociale : de quelques années dans les pays pauvres à une décennie voire plus dans les classes moyennes et supérieures des pays riches. Mais ailleurs, la transition est plus courte.
134
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135
+ Les religions et leurs coutumes marquent souvent l'entrée dans l'âge de la maturité par des cérémonies et rites de passage. Dans certaines sociétés, les cérémonies d'initiation sont accompagnées par des marques physiques, changement de vêtements, tatouages ou scarifications. Souvent, les rites sont uniquement symboliques et les cérémonies sont l'occasion de célébrations dans la famille élargie et dans la communauté religieuse.
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+ Guan Li (en) (Confucianisme, Chine).
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+ Ji Li (en) (Confucianisme, Chine).
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+ Seijin shiki (Shintoïsme, Japon).
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+ Okuyi (en) en Afrique centrale.
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+ Confirmation (Catholique).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Cette transition peut être marquée par des traditions locales autour de l'âge de quinze ou seize ans : la Quinceañeras ou « Fête des quinze ans » dans des pays d'Amérique Latine et dans les Caraïbes), les Sweet Sixteen (fête des seize ans en Amérique du nord), les bals des débutantes, etc. Les régions du nord de l'Europe ont développé des cérémonies non religieuses de passage à l'âge adulte (en), comme la Jungendweihe en Allemagne (à treize ans), ou des camps de jeunesse.
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+ Les bals de promotion, les anniversaires (à l'âge de la majorité ou à vingt ans) revêtent aussi une importance spéciale et font souvent l'objet de célébrations.
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+ Quinceañera (Amérique Latine).
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+ Jugendweihe (en) (Allemagne de l'est).
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+ Arbre de mai (France).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'ONU reconnait aux adolescents (moins de 18 ans) des vulnérabilités particulières et le besoin d'accès à différents services de santé et d’éducation et de différents services sociaux,adaptés à leur âge et à leurs problèmes.
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+ Ce droit est explicitement inclus dans les droits de l'Homme [79],[80]et selon l'OMS qui a publié plusieurs guides et recommandations à ce sujet[81],[82], en 2019 que « en réalité, ni les dispensateurs de ces services ni les systèmes dans lesquels ils travaillent ne sont généralement organisés pour pourvoir aux besoins et faire appliquer les droits des adolescents ». Les efforts pour renforcer « les compétences et l’empathie des enseignants, des agents de santé, des travailleurs sociaux et d’autres personnes » dans ce domaine sont à intensifier. Les normes et traditions communautaires ont des effets importants sur la santé des adolescentes qui nécessite souvent de « promouvoir des mesures progressives et socialement favorables », or, souvent note l'OMS « notamment pour ce qui est de la santé sexuelle et reproductive des adolescents, les normes et les traditions sont un obstacle, et non une aide ». Ainsi des rôles inégaux aux deux sexes, des normes sociales encourageant des « pratiques traditionnelles préjudiciables comme les mutilations sexuelles féminines, les normes qui admettent la violence à l'encontre des femmes et des filles, les normes qui éludent le sujet de la sexualité et de la reproduction, et les normes qui sont hostiles à la prestation des services d’éducation à la sexualité et de santé sexuelle et reproductive ». Pour venir à bout de ces freins, l'OMS a publié en 2019 des recommandations mise à jour, relatives aux « à la santé et aux droits des adolescents en matière de sexualité et de reproduction »[83].
164
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+ L'OMS a demandé en 2017 une accélération des mesures prises en faveur des adolescents[84] et rappelle en 2019 que tout être humain, à l'âge de l'adolescence en particulier a droit - outre à une réponse aux besoins vitaux et à l'éducation générale - à :
166
+
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+ Selon l'OMS, dans la plupart des pays, la loi impose désormais des actions sanitaires et sociales accessibles à tous les adolescents, et le droit international et national oblige théoriquement les autorités à s’en acquitter, avec une obligation de moyens et/ou de résultats ; c'est-à-dire que ces autorités doivent fournir les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la formulation, à l'application et à l'évaluation des stratégies permettant le respect des droits des enfants et adolescents, incluant le droit à l'éducation, et parfois - uniquement dans certains pays - le droit à une éducation complète à la sexualité et à la santé sexuelle). Ce droit reste en 2019 selon l'OMS « l’exception et non la règle », en raison d'obstacles encore fréquents tels que le manque de moyens dédiés dans les pays en guerre, en crise ou en situation de grande pauvreté. Parfois un manque de législation est en cause, ou l'existence de lois contradictoires (ex : souvent le ministère chargé de la santé a obligation d'informer et de fournir les services nécessaire en matière de contraception à toute personnes en âge de procréer, mais une autre loi impose un consentement parental pour la fourniture de services de santé aux mineurs. Le consentement parental entrave l'accès des adolescents à l'information et aux services de prévention, de dépistage de MST, vaccination, et de contraception auxquels ils ont droit, en les exposant aux maladies sexuellement transmissible (VIH notamment), aux grossesses non-désirées, à des violences sexuelles. La stigmatisation sociale reste aussi un frein puissant à l'accès à des formes d'aide efficaces, à la justice et même aux soins suite aux viols, incestes, violence entre partenaires intimes et en cas d'IST. Même quand la loi donne des droits aux adolescents, des préjugés chez des agents chargés de la police, de la justice, de la santé santé conduisent encore parfois à un refus de protéger, ou de dispenser des soins ou des services tels que la contraception ou l’avortement médicalisé, ou simplement des actions d’information sur la contraception (notamment à des adolescentes non-mariées). Des préjugés raciaux ou socio-religieux conduisent parfois à ce que des agents de santé soient menacés s'ils mettent en œuvre les droits des enfants et adolescents. Même quand l'éducation sexuelle fait officiellement partie du programme scolaire, les enseignants eux-mêmes manquent souvent d’une formation adaptée aux « stratégies d’animation participative » et aux « méthodes positives dénuées de jugements de valeur », ainsi qu'à un matériel pédagogique de qualité pour l’éducation complète à la sexualité, et de nombreux adolescent(e)s non scolarisé(es), lisant mal, handicapés[105] ou n'ayant pas accès à l'école et/ou à l'information, or ce sont souvent ceux qui risquent le plus.
168
+
169
+ Il existe en outre parfois des tabous, des exceptions ou des refus d'appliquer les lois (par exemple pour l’âge du mariage, ou permettant l’avortement médicalisé par exemple). Des préjugés existent aussi chez les parents ; en particulier ils pensent très souvent qu'une éducation complète à la sexualité encouragera les adolescents à avoir des rapports sexuels plus précoces ou plus à risque (et pour cette raison les programmes d'éducation sexuelle sont souvent édulcoré ou limité par rapport aux recommandations internationales) ; or toutes les enquêtes et études scientifiques montrent que l'information sexuelle complète accroît nullement ni lactivité sexuelle, ni les comportements sexuels à risque pas plus que le taux d’infection par le VIH ou d'autres maladies sexuellement transmissibles[85],[106],[107]
170
+ . L'OMS encourage la diffusion de cette information afin que les adolescents aient accès aux informations dont ils ont besoin et à une éducation à la sexualité « complètes, exactes et adaptées à leur âge »[85],[108],[109].
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Avena sativa
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+ Espèce
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+ Classification phylogénétique
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+ L'Avoine cultivée (Avena sativa L.), parfois appelée « avoine commune », « avoine byzantine » ou simplement « avoine », est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae (graminées), sous-famille des Pooideae. Connue seulement à l'état cultivé (cultigène), cette espèce a probablement été domestiquée en Europe centrale et septentrionale vers 2500 ans avant J.-C.
8
+ Ce sont des plantes herbacées annuelles aux tiges (chaumes) dressées et aux inflorescences en panicules lâches, aux épillets retombants.
9
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10
+ L'avoine est cultivée comme céréale ou comme plante fourragère à couper en vert ; ses pousses tendres et sucrées plaisent aux animaux de la ferme. Elle fait partie des céréales à paille et est utilisée principalement en alimentation animale (notamment des équidés)[1].
11
+
12
+ Le genre Avena comprend outre l'avoine cultivée (Avena sativa), d'autres espèces cultivées à certaines époques (Avena byzantina C Koch, Avena abyssinica Hoscht., Avena strigosa Schreb., Avena brevis Roth., Avena hispanica Ard. et Avena nuda L.) et des espèces adventices, dont la folle avoine (Avena fatua) et l'avoine stérile (Avena sterilis).
13
+
14
+ Ces graminées n'ont ni la rusticité, ni la rapidité de végétation du seigle, et montrent aussi plus d'exigence que ce dernier sur la qualité du sol, mais leurs tiges durcissent moins vite, ce qui constitue un avantage appréciable au point de vue fourrager. Indépendamment de sa qualité fourragère, l'avoine présente l'avantage de n'occuper le sol que pendant un temps relativement court.
15
+
16
+ La plante est facilement identifiable.
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+
18
+ L’avoine a des fleurs hermaphrodites autopollinisées par le vent. C’est une monocotylédone à tige cylindrique (cauline) de 25 à 150 cm de haut, au port dressé.
19
+
20
+ Les feuilles glabres, longues et effilées font 2 à 10 mm de large et engainent les tiges. Elles présentent une ligule blanche de 2 à 5 mm sans oreillettes au niveau de leur insertion sur la tige.
21
+
22
+ Les inflorescences sont des panicules lâches. Elles mesurent 8 à 30 cm de long, portant des épillets de deux à trois fleurs, mesurant 20 à 25 mm de long.
23
+
24
+ Le grain est un caryopse velu entouré de glumelles non adhérentes mais qui restent fermées.
25
+
26
+ L’avoine peut produire des racines adventives au niveau des nœuds.
27
+ Son système racinaire fasciculé est relativement puissant, pouvant s’enraciner jusqu’à plus de 1,5 m.
28
+
29
+ Avena sativa est une plante en C3 hexaploïde. L'avoine rude (Avena strigosa) est la seule avoine diploïde et est largement utilisée dans les programmes de création variétale car plus rustique qu’Avena sativa, avec des graines plus petites.
30
+
31
+ En France, plus de trente variétés cultivées (cultivars) sont inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés et près de 360 au Catalogue européen.
32
+
33
+ Quelques variétés cultivées en France :
34
+
35
+ L'avoine est une céréale qui peut être cultivée comme céréale d'hiver ou de printemps.
36
+
37
+ C'est une plante relativement exigeante qui ne doit pas être installée sur sols pauvres sans apport de fumier ou d’engrais. De plus, l’avoine ne supporte pas la submersion ou l’engorgement. Elle ne doit pas être cultivée en milieu inondable et sur sols très lourds qui favorisent l’engorgement. Enfin, l’avoine se développe assez mal sous ombrage, dans les associations trop denses.
38
+
39
+ L'avoine est utilisée depuis des siècles comme nourriture pour les animaux d'élevage et à destination humaine de manière très récente. Ses premières utilisations en phytothérapie proviennent de la médecine traditionnelle d'Inde, la médecine ayurvédique.
40
+
41
+ La production mondiale d'avoine a beaucoup baissé dans les 50 dernières années, passant de 50 millions de tonnes dans les années 1960 à 20 millions de tonnes en 2010. L'avoine a cessé d'être l'aliment de choix pour animaux, maintenant remplacée par le maïs et l'orge.
42
+
43
+ Les pays à climat froid et à culture extensive sont les plus importants producteurs d'avoine au monde. Le Canada est le premier exportateur mondial (2,1 millions de tonnes), et les États-Unis le premier importateur.
44
+
45
+ Production en tonnes. Chiffres 2012-2013[2] Données de FAOSTAT (FAO)
46
+
47
+ L’avoine en grains était autrefois très utilisée pour l’alimentation des chevaux, à cause de son "pouvoir excitant" (dont l'origine n'est pas établie), qui était censé stimuler les animaux[3]. Elle est encore utilisée pour les chevaux de sport[3]. Sa valeur énergétique est cependant bien moindre que celle du blé ou de l’orge. Comme fourrage, on peut la cultiver en mélange avec une légumineuse (comme la vesce), ce qui améliore sa teneur en protéines.
48
+
49
+ Dans le cadre de l'année internationale de la biodiversité 2010, un projet pilote est en cours dans la région Franche-Comté, projet pilote visant à cultiver des surfaces d'avoine ceci permettant aux abeilles de pouvoir utiliser le pollen produit par ces plantes comme élément nutritif[4].
50
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51
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52
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53
+ Pour information, on estime qu'aux États-Unis l'alimentation humaine correspond à un tiers de l'approvisionnement en avoine, et l'alimentation animale deux tiers.
54
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55
+ L'avoine, comme le riz, a comme source de protéine majeure la globuline; se retrouvant chez les légumineuses. Elle contient comme le riz de 5 à 10 % de prolamines incluant l'avénine, la proline, la glutamine, qui sont des protéines présentes chez les Triticées[10]. Les globulines sont caractérisées par leur solubilité dans l'eau saline. Les autres protéines classiques telles que le gluten (blé, orge, seigle) et la zéine (Maïs), sont des prolamines. Une des protéines mineures de la prolamine est l'avénine[11]. L'avenine est toxique chez les individus sensibles à cette protéine [12] et aurait des effets toxiques similaires à l’intolérance au gluten (Voir Gluten)
56
+ La source de protéines de l'avoine est équivalente qualitativement à celle du soja (légumineuse contenant la globuline), les recherches de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) ayant montré l’équivalence avec les protéines de la viande, du lait et des œufs[13]. Les protéines contenues dans l'enveloppe de la graine sont en proportion de 12 à 24 %, l'un des taux les plus haut de la famille des Céréales.
57
+
58
+ Comme dans tous les grains, l'avoine contient de l'acide phytique dans son enveloppe (le son). Si l'avoine n'est pas trempé plusieurs heures, voire fermenté comme dans l'ancien temps, l'acide phytique peut se lier dans les intestins au calcium, magnésium, cuivre, fer et tout spécialement le zinc et bloquer son absorption. Donc, un régime fort en céréales complètes non cuites peut entraîner un déficit en minéraux et des problèmes de santé[réf. nécessaire]. Simplement tremper, fermenter ou cuire (donc ramollir) ces céréales complètes permet aux enzymes et autres organismes de neutraliser et dégrader l'acide phytique afin d’empêcher cela.
59
+
60
+ L’avoine possède un système racinaire fasciculé relativement puissant qui lui permet de se développer sur sol modérément compacté et d’en améliorer la structure lorsqu'on l'utilise en CIPAN. Son système racinaire, très dense sur les horizons de surface, s’enracine en général à plus de 80 cm et peut atteindre 190 cm. De plus, l’avoine produit une biomasse conséquente et procure ainsi une très bonne couverture du sol. Cette couverture se décompose lentement (rapport C/N élevé) et se maintient en conséquence longtemps sur le sol.
61
+ L’avoine bénéficie ainsi aux cultures qui lui succèdent, en particulier pour les légumineuses d'autant qu'elle permet un bon contrôle des adventices. L’avoine est une excellente plante nettoyante. Au-delà de l’effet d’ombrage procuré par la couverture, l’avoine a des facultés allélopathiques très marquées, que ce soit en végétation ou lors de sa décomposition. En conséquence, les cultures installées sur résidus d’avoine peuvent généralement être conduites sans utilisation d’herbicide.
62
+
63
+ L’avoine est souvent utilisée comme nématicide. Elle est considérée comme un bio pesticide, en particulier en semis direct. Son effet est multiple : d’une part, elle n’est pas un hôte des nématodes (en particulier Pratylenchus penetrans). Comme elle supprime les autres plantes qui pourraient être des hôtes, elle rompt le cycle de ces nématodes. D’autre part, elle a des effets allélopathiques et biocides, que ce soit pendant sa croissance ou lors de la décomposition de ses pailles. Par ailleurs, l’avoine sécrète par son appareil racinaire des substances fongicides, toxiques pour Fusarium, Gaeumannomyces et Rhizoctonia.
64
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65
+ En 2014, la France a exporté en moyenne 7 500 t d'avoine par mois, à 98 % vers ces 6 pays : la Belgique (24 %), les Pays-Bas (22 %), l'Allemagne (19 %), l'Italie (19 %), l'Espagne (8 %) et la Suisse (7 %). Le niveau de prix est d'environ 170 €/t[14].
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+ Dans le calendrier républicain français, le 2e jour du mois de Messidor, est officiellement dénommé jour de l'Avoine[15]
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+ L'histoire légendaire des fondateurs de Rome, Romulus et Rémus, fait partie de la mythologie romaine[5]. L'épisode le plus connu de la légende constitue le moment où les jumeaux nouveau-nés sont abandonnés et sont recueillis par une louve qui les allaite. Le meurtre de Remus par son frère et d'autres récits de leur histoire ont inspiré les artistes de tous les temps. Depuis l’Antiquité, l'image des jumeaux allaités par une louve est un symbole de la ville de Rome et de son peuple.
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+ Bien que l'histoire se déroule avant la fondation de Rome vers 750 av. J.-C., le plus ancien récit écrit du mythe date de la fin du IIIe siècle avant notre ère.
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+ Les historiens romains, à commencer par Tite-Live[6], mettent l'accent sur le caractère poétique et légendaire de ce récit fondateur :
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11
+ « Quant aux récits relatifs à la fondation de Rome ou antérieurs à sa fondation, je ne cherche ni à les donner pour vrais ni à les démentir : leur agrément doit plus à l'imagination des poètes qu'au sérieux de l'information. On accepte que les Anciens mêlent les dieux aux affaires humaines pour donner plus de majesté à leur ville […] Toutefois quelle que soit l'attention ou la valeur qu'on accorde à ces récits et à d'autres semblables, je ne leur accorderai pas beaucoup d'importance. J'aimerais au contraire que l'intérêt se concentre sur le climat social et moral, sur les individus, sur les moyens civils et militaires qui ont permis et développé la puissance romaine. »
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13
+ — Tite-Live, Histoire romaine, Préface du Livre I[7].
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+ Romulus et son frère jumeau Rémus sont les fils de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars. Néanmoins, une variante de la légende rapportée par Plutarque indique que les jumeaux seraient les fils de Vulcain qui se serait manifesté sous la forme d'un phallus - image d'un Feu divin - auquel se serait unie la servante de la fille du roi. Cette version pourrait être originelle avant que Mars ne prenne une importance plus grande à Rome et ne le supplante[8]. Rhéa Silvia est la fille de Numitor, roi de la légendaire ville latine d'Albe-la-Longue (fondée par Ascagne, fils d'Énée) et dépossédé du trône par son frère Amulius. Celui-ci, craignant que ses petits-neveux ne réclament leur dû en grandissant, prend prétexte qu'ils sont les fils d'une vestale, qui avait fait vœu de chasteté, et ordonne qu'on les jette dans le Tibre.
16
+
17
+ Mais l'ordre est mal exécuté, les nouveau-nés sont abandonnés dans un panier sur le fleuve, survivent (par la probable protection des dieux), et sont découverts sous un figuier sauvage (le Ficus Ruminalis) situé devant l'entrée de la grotte du Lupercal, au pied du Palatin, par une louve qui les allaite[9],[10]. Un pivert, l'oiseau de Mars[11],[12], veille sur eux.
18
+
19
+ Tite-Live[13] et Plutarque[14] rapportent une autre explication de la légende : les jumeaux auraient été découverts dans la grotte du Lupercale par le berger Faustulus, gardien des troupeaux d'Amulius. Celui-ci les aurait confiés aux bons soins de sa femme Larentia, une prostituée — que les bergers appelaient lupa[15],[16]. Ce serait donc par un jeu symbolique que d'autres auteurs latins auraient créé le mythe de la louve biologique mère de Rémus et Romulus, tirant parti de la puissance redoutable de l'animal au profit de leur cité.
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+
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+ Selon une autre version rapportée par Plutarque dans La Vie de Romulus les jumeaux seraient les enfants d'une esclave et du dieu Mars. Une curieuse histoire du sexe viril du dieu Mars descendu par la cheminée et flottant dans la pièce est avancée, l'esclave remplaçant la princesse Rhéa Silvia qui refusait d'assouvir le désir du Dieu. En fait ils seraient d'Amulius, alors roi d'Albe-la-Longue, puis confiés au berger Faustulus.
22
+
23
+ Plus tard, les jumeaux, à qui est révélé le secret de leur naissance, tueront Amulius (égorgé par Rémus selon certains, transpercé par l'épée de Romulus selon d'autres) et restaureront leur grand-père Numitor sur le trône d'Albe.
24
+
25
+ Une explication rationaliste de cette légende rappelle que le mot latin lupa possède deux sens, « louve » et « prostituée », allusion au métier de prostituée qu'exerçait Laurentia, l'épouse de Faustulus[17].
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+ Selon Tite-Live, Romulus et Rémus ont vécu une enfance et une adolescence totalement campagnardes, en compagnie de Faustulus. « Cette vie active les développe physiquement et moralement »[18]. Plutarque donne quant à lui une version très différente de cette période de la vie des deux frères. Dans son récit, loin d'être abandonnés de tous, Romulus et Rémus sont discrètement aidés par leur grand-père Numitor, qui fournit de la nourriture aux parents adoptifs. Par la suite, ils sont conduits à Gabies, où on leur donne une éducation correspondant à leur statut social réel[19].
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29
+ Rémus et Romulus décident de fonder une ville et choisissent pour emplacement « l'endroit où ils avaient été abandonnés et où ils avaient passé leur enfance ». Selon Tite-Live, c'est le droit de nommer la ville et donc celui de la gouverner qui serait à l'origine du conflit fratricide. L'Urbs (la Ville) est fondée le 21 avril 753 av. J.-C.[20] (début du calendrier romain).
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+ Pour se départager, les jumeaux consultent les auspices ; Romulus se place sur le mont Palatin, Rémus sur l'Aventin. L'interprétation du présage est problématique : Rémus le premier aperçoit six vautours, mais Romulus finit par en observer douze.
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33
+ L'historien latin Tite-Live rapporte deux versions de la mort de Rémus[21]. Selon la première, Rémus tombe pendant la bagarre[22] qui suit le décompte des auspices ; selon l'autre, Romulus, plus rusé, tente de tromper son frère sur l'issue d'un défi, celui de savoir qui des deux sera le premier capable d'apercevoir des vautours dans la vallée Murcia (celle du futur cirque Maximus). Une dispute éclate et Rémus franchit par dérision le sillon sacré (pomœrium) que vient de tracer Romulus, qui le tue sous le coup de la colère — selon une autre version, le meurtrier serait un sicaire étrusque, Celer. Romulus se serait alors écrié : « Sic deinde, quicumque alias transiliet mœnia mia. » (« Il en sera de même pour tous ceux qui oseront franchir mes remparts »). On raconte que finalement, pris de remords, Romulus enterre son frère sous la colline de l'Aventin avec tous les honneurs.
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35
+ Romulus entreprend la construction de sa ville, qu'il nomme Roma (Rome), d'après son propre nom, dit la légende. Selon d'autres hypothèses, le nom de la cité nouvelle viendrait de l'étrusque « rumon » (fleuve) faisant référence au fleuve Tibre ou de l'osque « ruma » (colline) faisant référence aux sept collines.
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37
+ Très vite, la nouvelle cité attire vagabonds et esclaves, qui y trouvent refuge. Selon Plutarque, chacun d'eux apporte de son pays d'origine une poignée de terre pour la jeter dans la fosse de tradition étrusque, appelée Mundus et creusée à l'emplacement du Comitium situé au centre du périmètre des remparts.
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39
+ Mais la nouvelle cité, lieu de refuge des hommes désormais libres souhaitant changer d'existence, manque singulièrement de femmes. Une pénurie qui condamne le projet à brève échéance. Comme les tentatives de mariage dans les « villes » avoisinantes trouvent toutes de méprisantes fins de non-recevoir, Romulus décide de voler des femmes[23]. Prétextant la découverte fortuite d'un autel consacré à une divinité, il instaure la fête de « Consualia » en l'honneur de Neptune[24] le 18 août[25],[26] et y convie les Sabins et les peuples de plusieurs « villes » alentour : Cænina, Crustumerium, Antemnæ. Tandis que l'attention des hommes est détournée, les femmes sont enlevées par surprise.
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+ Plutarque s'interroge longuement[27] sur le nombre exact d'enlèvements : 30 vierges, qui donnèrent leurs noms aux 30 curies romaines selon certains, 527 selon Antias, 683 selon Juba. Plus loin, il avance le nombre de près de 800[28]. Le biographe rejette comme invraisemblable l'assertion selon laquelle leur nombre se serait limité à 30 et l'intention profonde de Romulus aurait été « moins des mariages que la guerre ». Il précise encore qu'aucune des filles enlevées n'était mariée, sauf Hersilie, capturée par erreur.
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+ Le hasard des enlèvements induit un mélange entre classes sociales. Certaines des victimes, de haut rang, « épousent » des Romains de basse condition, mais « les plus belles filles étaient réservées aux notables »[29]. Ainsi Thalasius[30], à qui échoit une fille de très grande beauté et qui sera félicité pour sa chance par un cortège spontané et admiratif tandis qu'on emmène la jeune fille chez lui. Ce serait l'origine de l'expression prononcée durant les mariages solennels, dans lesquels on mime l'enlèvement de la mariée[31]. Une autre explication serait que « Thalasius » fut le signal de déclenchement des enlèvements[32].
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+ Furieux, les peuples outragés forment une coalition dirigée contre Rome et menée par le roi de Cures Titus Tatius. Romulus commence par écraser les soldats de Cænina, tue leur chef Acron et prend leur ville d'assaut. Attaqué par surprise par les Antemnates, il les écrase également et prend leur ville. Mais à la demande de sa femme, d'origine sabine, Hersilie, Romulus les épargne, accorde son pardon et le droit de cité à Antemnæ.
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+ Grâce à la trahison de la jeune Tarpéia, les Sabins parviennent à s'introduire dans la ville et à s'emparer de la citadelle du Capitole. D'abord bousculé, Romulus, après une invocation à Jupiter, parvient à relancer ses troupes à l'assaut. Le combat est très indécis[33]. À tel point que ce sont les épouses sabines des Romains qui s'interposent entre les deux camps, mettant un terme aux combats.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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51
+ Romains et Sabins fusionnent, le gouvernement est concentré à Rome qui double sa taille et les Romains prennent le nom de Quirites (de Cures) en l'honneur des Sabins. Romulus répartit alors la population romaine en trente curies et donne �� celles-ci le nom de femmes sabines.
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53
+ Rome est située à la limite de deux grandes cultures — étrusque et italique — mais se veut libre. Elle est aussi située au carrefour des voies commerciales entre la Toscane et la Campanie ; de ce fait ses habitants devaient être prêts à s'imposer par la force et la violence. Regroupant, des hommes libres de diverses origines, il était aussi nécessaire de créer petit à petit un système de règles juridiques et de normes de comportement, permettant de gérer la vie dans cette nouvelle communauté.
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+ On forme ainsi trois centuries de chevaliers : les Ramnes (qui tirent leur nom de Romulus)[34], les Titienses (de Titus Tatius) et les Luceres (d'un soldat de Romulus qui mourut au combat contre les Sabins)[35].
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+ Les deux rois, Romulus le Romain et Titus Tatius le Sabin, règnent ensemble « en parfait accord » pendant plusieurs années. Tite-Live rapporte toutefois, non sans une certaine ironie, qu'après la mort accidentelle de Titus au cours d'une émeute à Lavinium, « Romulus regretta moins qu'il aurait dû ce malheur ». L'alliance avec Lavinium est renouvelée.
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+ À la tête d'une troupe de 300 soldats (les mêmes que ceux mentionnés plus haut) tout dévoués à sa personne, les celeres, Romulus passe le reste de sa vie à guerroyer contre ses proches voisins étrusques : Fidènes, et surtout Véies, une cité à laquelle il finit par accorder, contre cession de territoires, une trêve de cent ans. Le partage des terres après la victoire contre Véies, décidé uniquement par Romulus lui est fatal[36].
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+ Il laisse un État suffisamment fort et impressionnant militairement pour vivre en paix pendant quarante ans sous le règne de son successeur, Numa Pompilius, gendre du roi Titus Tatius.
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63
+ Un certain Quintus Ogulnius Gallus et son frère Gnaeus, de la gens Ogulnia, tribuns de la plèbe vers 300 avant J.C. promulguèrent les Lex Ogulnia et collectèrent les amendes infligées aux usuriers. Avec ces sommes, ils firent de nombreux embellissement dans Rome et notamment placer près du figuier sacré du Ruminal une statue de la louve allaitant Romulus et Remus.
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+ Selon la légende, Romulus n'est pas mort, mais a simplement disparu un jour dans une violente tempête[37] et a été emmené au ciel alors qu'il inspectait ses troupes près du marais de la Chèvre[38]. Il serait devenu le dieu des vaillants Romains et de leur ville. Il est plus tard assimilé à Quirinus. Tite-Live encore, après avoir rappelé que « Romulus comptait plus de partisans dans le peuple que parmi les patriciens », rapporte une rumeur plus sordide d'après laquelle Romulus aurait été tout simplement massacré par les patriciens, et suppose que son apothéose sous le nom de Quirinus fut un stratagème politique destiné à apaiser le bon peuple.
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+ Dans un contexte qui préfigure les conflits entre la plèbe et le patriciat, le récit de l'apparition divine de Romulus à Proculus Julius (en)[39],[40] semble, malgré son invraisemblance, avoir calmé les esprits :
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+ « Romains, dit-il[41], Romulus, père de notre ville, est descendu soudain du ciel, ce matin, au point du jour, et s'est offert à mes yeux ; et, comme je me tenais devant lui, plein de crainte et de respect, et lui demandais instamment la faveur de le regarder en face : « Va, m'a-t-il dit, et annonce aux Romains que la volonté du ciel est de faire de ma Rome la capitale du monde. Qu'ils pratiquent donc l'art militaire. Qu'ils sachent et qu'ils apprennent à leurs enfants que nulle puissance humaine ne peut résister aux armes romaines. » À ces mots, dit-il, il s'éleva dans les airs et s'en alla. »
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+ — Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 16.
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+ « Ce qui est extraordinaire, conclut Tite-Live[42], c'est qu'on ait cru à cette histoire et que la croyance à l'immortalité de Romulus ait consolé le peuple et l'armée. »
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+ Les noms de Romulus et Rémus ont été rapprochés de celui du nom indo-européen du « jumeau » *ymmó-[43],[44]. Plus exactement, le nom de
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+ Remus, est issu du croisement de *yemus « jumeau » (= indo-iranien *yamá-) avec Rōm(ul)us[45].
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+ La légende de la naissance des jumeaux n'est pas à proprement originale et avait cours dans le Latium où l'on trouve des histoires similaires. Elle prolonge une donnée indo-européenne. Selon Dominique Briquel, Romulus serait passé de fils du Feu divin à celui du dieu Mars. L’introduction du dieu de la guerre à l’époque classique s'expliquerait par la volonté de Rome de mettre en avant la force militaire[36].
79
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+ Le scénario de la fondation de Rome par des jumeaux masculins expulsés en compagnie de leur mère, remonte, selon Jean Haudry, pour partie à la période la plus reculée de la tradition indo-européenne. Cette pratique est bien connue chez les peuples primitifs, qui considèrent que l'un des deux jumeaux est d'origine non-humaine et donc dangereux. La louve nourricière et protectrice des Jumeaux romains est un trait également ancien. L'expulsion des jumeaux et de leur mère, qui aboutit à la fondation d'une nouvelle communauté, a des parallèles dans le monde germanique[46],[8],[47].
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82
+ Georges Dumézil a montré que la fondation de l'Urbs par Romulus et l'épisode de l'enlèvement des Sabines correspondaient à une « guerre de fondation » présente également dans la mythologie germanique avec le conflit entre les Ases et les Vanes, conflit qui se résout par l'intégration des fonctions de fertilité et de fécondité dans le panthéon divin. A Rome, Romulus concentre sur sa personne les deux premières des trois fonctions indo-européennes
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84
+ Jean Haudry discerne dans le meurtre de Rémus un conflit entre deux conceptions de la royauté : la royauté unique des sociétés lignagères et la royauté dioscurique telle que la connaît Sparte.
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+ Dominique Briquel rapproche également la mort de Romulus à celle du roi/dieu Freyr/Frotho en Scandinavie et du roi Ara le Beau en Arménie[36].
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+ Le 20 novembre 2007, le ministre italien de la Culture, Francesco Rutelli, annonce la découverte de la grotte où les Romains auraient célébré la fête des Lupercales et où, selon la légende, auraient vécu Romulus et Rémus. Selon le spécialiste Andrea Carandini, il s'agit de l'une des plus grandes découvertes archéologiques jamais faites[48]. L'identification de la grotte au Lupercal n'a pas toutefois fait l'unanimité, des archéologues comme Fausto Zevi considérant qu'il s'agit plutôt d'un nymphée dépendant du palais impérial[49].
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+ En 2020, des fouilles sont menées sur le comitium du Forum Romain de Rome afin d'y retrouver un hérôon - un édifice dédié à un héros ou une divinité - dont l'existence était soupçonnée depuis le XIXe siècle par Giacomo Boni[50]. En février 2020, elles mettent au jour « un sarcophage de tuf[51] (connu de Giacomo Boni) d'environ 1,40 mètre de long, associé à un élément circulaire, probablement un autel[50] ». Or, l'emplacement du sarcophage et de l'autel correspond à celui décrit par l'auteur antique Varron comme le lieu où Romulus aurait été tué[50] ; et sur une base plus scientifique, c'est aussi le lieu que l'équipe archéologique d'Andrea Carandini pensait être le sillon sacré tracé par Romulus[50]. Ce qui fait avancer aux archéologues du Parc archéologique du Colisée et de l'université La Sapienza de Rome que le sarcophage pourrait être le tombeau de Romulus[50]. À noter que la présence d'un monument dédié à un héros durant l'Antiquité romaine n'est pas forcément une preuve de l'existence historique de Romulus, puisque celui-ci sert surtout à marquer le début du calendrier romain et de la naissance politique de la ville[50]. Que ce soit le tombeau de Romulus ou non, la découverte est en tous cas jugée "exceptionnelle" par les archéologues[50] et doit susciter, selon l'archéologue Paolo Carafa, un inévitable débat scientifique[52].
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+ Relief romain de la cathédrale de Maria Saal montrant Romulus et Remus avec la louve
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+ Romulus et Rémus de Rubens. (1614-1616)
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+ Le berger Faustulus amenant Romulus et Remus à sa femme, Nicolas Mignard (1654)
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'histoire légendaire des fondateurs de Rome, Romulus et Rémus, fait partie de la mythologie romaine[5]. L'épisode le plus connu de la légende constitue le moment où les jumeaux nouveau-nés sont abandonnés et sont recueillis par une louve qui les allaite. Le meurtre de Remus par son frère et d'autres récits de leur histoire ont inspiré les artistes de tous les temps. Depuis l’Antiquité, l'image des jumeaux allaités par une louve est un symbole de la ville de Rome et de son peuple.
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+ Bien que l'histoire se déroule avant la fondation de Rome vers 750 av. J.-C., le plus ancien récit écrit du mythe date de la fin du IIIe siècle avant notre ère.
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+ Les historiens romains, à commencer par Tite-Live[6], mettent l'accent sur le caractère poétique et légendaire de ce récit fondateur :
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+ « Quant aux récits relatifs à la fondation de Rome ou antérieurs à sa fondation, je ne cherche ni à les donner pour vrais ni à les démentir : leur agrément doit plus à l'imagination des poètes qu'au sérieux de l'information. On accepte que les Anciens mêlent les dieux aux affaires humaines pour donner plus de majesté à leur ville […] Toutefois quelle que soit l'attention ou la valeur qu'on accorde à ces récits et à d'autres semblables, je ne leur accorderai pas beaucoup d'importance. J'aimerais au contraire que l'intérêt se concentre sur le climat social et moral, sur les individus, sur les moyens civils et militaires qui ont permis et développé la puissance romaine. »
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+ — Tite-Live, Histoire romaine, Préface du Livre I[7].
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15
+ Romulus et son frère jumeau Rémus sont les fils de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars. Néanmoins, une variante de la légende rapportée par Plutarque indique que les jumeaux seraient les fils de Vulcain qui se serait manifesté sous la forme d'un phallus - image d'un Feu divin - auquel se serait unie la servante de la fille du roi. Cette version pourrait être originelle avant que Mars ne prenne une importance plus grande à Rome et ne le supplante[8]. Rhéa Silvia est la fille de Numitor, roi de la légendaire ville latine d'Albe-la-Longue (fondée par Ascagne, fils d'Énée) et dépossédé du trône par son frère Amulius. Celui-ci, craignant que ses petits-neveux ne réclament leur dû en grandissant, prend prétexte qu'ils sont les fils d'une vestale, qui avait fait vœu de chasteté, et ordonne qu'on les jette dans le Tibre.
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17
+ Mais l'ordre est mal exécuté, les nouveau-nés sont abandonnés dans un panier sur le fleuve, survivent (par la probable protection des dieux), et sont découverts sous un figuier sauvage (le Ficus Ruminalis) situé devant l'entrée de la grotte du Lupercal, au pied du Palatin, par une louve qui les allaite[9],[10]. Un pivert, l'oiseau de Mars[11],[12], veille sur eux.
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19
+ Tite-Live[13] et Plutarque[14] rapportent une autre explication de la légende : les jumeaux auraient été découverts dans la grotte du Lupercale par le berger Faustulus, gardien des troupeaux d'Amulius. Celui-ci les aurait confiés aux bons soins de sa femme Larentia, une prostituée — que les bergers appelaient lupa[15],[16]. Ce serait donc par un jeu symbolique que d'autres auteurs latins auraient créé le mythe de la louve biologique mère de Rémus et Romulus, tirant parti de la puissance redoutable de l'animal au profit de leur cité.
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+ Selon une autre version rapportée par Plutarque dans La Vie de Romulus les jumeaux seraient les enfants d'une esclave et du dieu Mars. Une curieuse histoire du sexe viril du dieu Mars descendu par la cheminée et flottant dans la pièce est avancée, l'esclave remplaçant la princesse Rhéa Silvia qui refusait d'assouvir le désir du Dieu. En fait ils seraient d'Amulius, alors roi d'Albe-la-Longue, puis confiés au berger Faustulus.
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+ Plus tard, les jumeaux, à qui est révélé le secret de leur naissance, tueront Amulius (égorgé par Rémus selon certains, transpercé par l'épée de Romulus selon d'autres) et restaureront leur grand-père Numitor sur le trône d'Albe.
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+ Une explication rationaliste de cette légende rappelle que le mot latin lupa possède deux sens, « louve » et « prostituée », allusion au métier de prostituée qu'exerçait Laurentia, l'épouse de Faustulus[17].
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+ Selon Tite-Live, Romulus et Rémus ont vécu une enfance et une adolescence totalement campagnardes, en compagnie de Faustulus. « Cette vie active les développe physiquement et moralement »[18]. Plutarque donne quant à lui une version très différente de cette période de la vie des deux frères. Dans son récit, loin d'être abandonnés de tous, Romulus et Rémus sont discrètement aidés par leur grand-père Numitor, qui fournit de la nourriture aux parents adoptifs. Par la suite, ils sont conduits à Gabies, où on leur donne une éducation correspondant à leur statut social réel[19].
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+ Rémus et Romulus décident de fonder une ville et choisissent pour emplacement « l'endroit où ils avaient été abandonnés et où ils avaient passé leur enfance ». Selon Tite-Live, c'est le droit de nommer la ville et donc celui de la gouverner qui serait à l'origine du conflit fratricide. L'Urbs (la Ville) est fondée le 21 avril 753 av. J.-C.[20] (début du calendrier romain).
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+ Pour se départager, les jumeaux consultent les auspices ; Romulus se place sur le mont Palatin, Rémus sur l'Aventin. L'interprétation du présage est problématique : Rémus le premier aperçoit six vautours, mais Romulus finit par en observer douze.
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+ L'historien latin Tite-Live rapporte deux versions de la mort de Rémus[21]. Selon la première, Rémus tombe pendant la bagarre[22] qui suit le décompte des auspices ; selon l'autre, Romulus, plus rusé, tente de tromper son frère sur l'issue d'un défi, celui de savoir qui des deux sera le premier capable d'apercevoir des vautours dans la vallée Murcia (celle du futur cirque Maximus). Une dispute éclate et Rémus franchit par dérision le sillon sacré (pomœrium) que vient de tracer Romulus, qui le tue sous le coup de la colère — selon une autre version, le meurtrier serait un sicaire étrusque, Celer. Romulus se serait alors écrié : « Sic deinde, quicumque alias transiliet mœnia mia. » (« Il en sera de même pour tous ceux qui oseront franchir mes remparts »). On raconte que finalement, pris de remords, Romulus enterre son frère sous la colline de l'Aventin avec tous les honneurs.
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+ Romulus entreprend la construction de sa ville, qu'il nomme Roma (Rome), d'après son propre nom, dit la légende. Selon d'autres hypothèses, le nom de la cité nouvelle viendrait de l'étrusque « rumon » (fleuve) faisant référence au fleuve Tibre ou de l'osque « ruma » (colline) faisant référence aux sept collines.
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+ Très vite, la nouvelle cité attire vagabonds et esclaves, qui y trouvent refuge. Selon Plutarque, chacun d'eux apporte de son pays d'origine une poignée de terre pour la jeter dans la fosse de tradition étrusque, appelée Mundus et creusée à l'emplacement du Comitium situé au centre du périmètre des remparts.
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+ Mais la nouvelle cité, lieu de refuge des hommes désormais libres souhaitant changer d'existence, manque singulièrement de femmes. Une pénurie qui condamne le projet à brève échéance. Comme les tentatives de mariage dans les « villes » avoisinantes trouvent toutes de méprisantes fins de non-recevoir, Romulus décide de voler des femmes[23]. Prétextant la découverte fortuite d'un autel consacré à une divinité, il instaure la fête de « Consualia » en l'honneur de Neptune[24] le 18 août[25],[26] et y convie les Sabins et les peuples de plusieurs « villes » alentour : Cænina, Crustumerium, Antemnæ. Tandis que l'attention des hommes est détournée, les femmes sont enlevées par surprise.
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+ Plutarque s'interroge longuement[27] sur le nombre exact d'enlèvements : 30 vierges, qui donnèrent leurs noms aux 30 curies romaines selon certains, 527 selon Antias, 683 selon Juba. Plus loin, il avance le nombre de près de 800[28]. Le biographe rejette comme invraisemblable l'assertion selon laquelle leur nombre se serait limité à 30 et l'intention profonde de Romulus aurait été « moins des mariages que la guerre ». Il précise encore qu'aucune des filles enlevées n'était mariée, sauf Hersilie, capturée par erreur.
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+ Le hasard des enlèvements induit un mélange entre classes sociales. Certaines des victimes, de haut rang, « épousent » des Romains de basse condition, mais « les plus belles filles étaient réservées aux notables »[29]. Ainsi Thalasius[30], à qui échoit une fille de très grande beauté et qui sera félicité pour sa chance par un cortège spontané et admiratif tandis qu'on emmène la jeune fille chez lui. Ce serait l'origine de l'expression prononcée durant les mariages solennels, dans lesquels on mime l'enlèvement de la mariée[31]. Une autre explication serait que « Thalasius » fut le signal de déclenchement des enlèvements[32].
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+ Furieux, les peuples outragés forment une coalition dirigée contre Rome et menée par le roi de Cures Titus Tatius. Romulus commence par écraser les soldats de Cænina, tue leur chef Acron et prend leur ville d'assaut. Attaqué par surprise par les Antemnates, il les écrase également et prend leur ville. Mais à la demande de sa femme, d'origine sabine, Hersilie, Romulus les épargne, accorde son pardon et le droit de cité à Antemnæ.
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+ Romains et Sabins fusionnent, le gouvernement est concentré à Rome qui double sa taille et les Romains prennent le nom de Quirites (de Cures) en l'honneur des Sabins. Romulus répartit alors la population romaine en trente curies et donne �� celles-ci le nom de femmes sabines.
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+ Rome est située à la limite de deux grandes cultures — étrusque et italique — mais se veut libre. Elle est aussi située au carrefour des voies commerciales entre la Toscane et la Campanie ; de ce fait ses habitants devaient être prêts à s'imposer par la force et la violence. Regroupant, des hommes libres de diverses origines, il était aussi nécessaire de créer petit à petit un système de règles juridiques et de normes de comportement, permettant de gérer la vie dans cette nouvelle communauté.
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+ On forme ainsi trois centuries de chevaliers : les Ramnes (qui tirent leur nom de Romulus)[34], les Titienses (de Titus Tatius) et les Luceres (d'un soldat de Romulus qui mourut au combat contre les Sabins)[35].
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+ Les deux rois, Romulus le Romain et Titus Tatius le Sabin, règnent ensemble « en parfait accord » pendant plusieurs années. Tite-Live rapporte toutefois, non sans une certaine ironie, qu'après la mort accidentelle de Titus au cours d'une émeute à Lavinium, « Romulus regretta moins qu'il aurait dû ce malheur ». L'alliance avec Lavinium est renouvelée.
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+ À la tête d'une troupe de 300 soldats (les mêmes que ceux mentionnés plus haut) tout dévoués à sa personne, les celeres, Romulus passe le reste de sa vie à guerroyer contre ses proches voisins étrusques : Fidènes, et surtout Véies, une cité à laquelle il finit par accorder, contre cession de territoires, une trêve de cent ans. Le partage des terres après la victoire contre Véies, décidé uniquement par Romulus lui est fatal[36].
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+ Il laisse un État suffisamment fort et impressionnant militairement pour vivre en paix pendant quarante ans sous le règne de son successeur, Numa Pompilius, gendre du roi Titus Tatius.
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+ Un certain Quintus Ogulnius Gallus et son frère Gnaeus, de la gens Ogulnia, tribuns de la plèbe vers 300 avant J.C. promulguèrent les Lex Ogulnia et collectèrent les amendes infligées aux usuriers. Avec ces sommes, ils firent de nombreux embellissement dans Rome et notamment placer près du figuier sacré du Ruminal une statue de la louve allaitant Romulus et Remus.
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+ Selon la légende, Romulus n'est pas mort, mais a simplement disparu un jour dans une violente tempête[37] et a été emmené au ciel alors qu'il inspectait ses troupes près du marais de la Chèvre[38]. Il serait devenu le dieu des vaillants Romains et de leur ville. Il est plus tard assimilé à Quirinus. Tite-Live encore, après avoir rappelé que « Romulus comptait plus de partisans dans le peuple que parmi les patriciens », rapporte une rumeur plus sordide d'après laquelle Romulus aurait été tout simplement massacré par les patriciens, et suppose que son apothéose sous le nom de Quirinus fut un stratagème politique destiné à apaiser le bon peuple.
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+ Dans un contexte qui préfigure les conflits entre la plèbe et le patriciat, le récit de l'apparition divine de Romulus à Proculus Julius (en)[39],[40] semble, malgré son invraisemblance, avoir calmé les esprits :
68
+
69
+ « Romains, dit-il[41], Romulus, père de notre ville, est descendu soudain du ciel, ce matin, au point du jour, et s'est offert à mes yeux ; et, comme je me tenais devant lui, plein de crainte et de respect, et lui demandais instamment la faveur de le regarder en face : « Va, m'a-t-il dit, et annonce aux Romains que la volonté du ciel est de faire de ma Rome la capitale du monde. Qu'ils pratiquent donc l'art militaire. Qu'ils sachent et qu'ils apprennent à leurs enfants que nulle puissance humaine ne peut résister aux armes romaines. » À ces mots, dit-il, il s'éleva dans les airs et s'en alla. »
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+
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+ — Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 16.
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+
73
+ « Ce qui est extraordinaire, conclut Tite-Live[42], c'est qu'on ait cru à cette histoire et que la croyance à l'immortalité de Romulus ait consolé le peuple et l'armée. »
74
+
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+ Les noms de Romulus et Rémus ont été rapprochés de celui du nom indo-européen du « jumeau » *ymmó-[43],[44]. Plus exactement, le nom de
76
+ Remus, est issu du croisement de *yemus « jumeau » (= indo-iranien *yamá-) avec Rōm(ul)us[45].
77
+
78
+ La légende de la naissance des jumeaux n'est pas à proprement originale et avait cours dans le Latium où l'on trouve des histoires similaires. Elle prolonge une donnée indo-européenne. Selon Dominique Briquel, Romulus serait passé de fils du Feu divin à celui du dieu Mars. L’introduction du dieu de la guerre à l’époque classique s'expliquerait par la volonté de Rome de mettre en avant la force militaire[36].
79
+
80
+ Le scénario de la fondation de Rome par des jumeaux masculins expulsés en compagnie de leur mère, remonte, selon Jean Haudry, pour partie à la période la plus reculée de la tradition indo-européenne. Cette pratique est bien connue chez les peuples primitifs, qui considèrent que l'un des deux jumeaux est d'origine non-humaine et donc dangereux. La louve nourricière et protectrice des Jumeaux romains est un trait également ancien. L'expulsion des jumeaux et de leur mère, qui aboutit à la fondation d'une nouvelle communauté, a des parallèles dans le monde germanique[46],[8],[47].
81
+
82
+ Georges Dumézil a montré que la fondation de l'Urbs par Romulus et l'épisode de l'enlèvement des Sabines correspondaient à une « guerre de fondation » présente également dans la mythologie germanique avec le conflit entre les Ases et les Vanes, conflit qui se résout par l'intégration des fonctions de fertilité et de fécondité dans le panthéon divin. A Rome, Romulus concentre sur sa personne les deux premières des trois fonctions indo-européennes
83
+
84
+ Jean Haudry discerne dans le meurtre de Rémus un conflit entre deux conceptions de la royauté : la royauté unique des sociétés lignagères et la royauté dioscurique telle que la connaît Sparte.
85
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86
+ Dominique Briquel rapproche également la mort de Romulus à celle du roi/dieu Freyr/Frotho en Scandinavie et du roi Ara le Beau en Arménie[36].
87
+
88
+ Le 20 novembre 2007, le ministre italien de la Culture, Francesco Rutelli, annonce la découverte de la grotte où les Romains auraient célébré la fête des Lupercales et où, selon la légende, auraient vécu Romulus et Rémus. Selon le spécialiste Andrea Carandini, il s'agit de l'une des plus grandes découvertes archéologiques jamais faites[48]. L'identification de la grotte au Lupercal n'a pas toutefois fait l'unanimité, des archéologues comme Fausto Zevi considérant qu'il s'agit plutôt d'un nymphée dépendant du palais impérial[49].
89
+
90
+ En 2020, des fouilles sont menées sur le comitium du Forum Romain de Rome afin d'y retrouver un hérôon - un édifice dédié à un héros ou une divinité - dont l'existence était soupçonnée depuis le XIXe siècle par Giacomo Boni[50]. En février 2020, elles mettent au jour « un sarcophage de tuf[51] (connu de Giacomo Boni) d'environ 1,40 mètre de long, associé à un élément circulaire, probablement un autel[50] ». Or, l'emplacement du sarcophage et de l'autel correspond à celui décrit par l'auteur antique Varron comme le lieu où Romulus aurait été tué[50] ; et sur une base plus scientifique, c'est aussi le lieu que l'équipe archéologique d'Andrea Carandini pensait être le sillon sacré tracé par Romulus[50]. Ce qui fait avancer aux archéologues du Parc archéologique du Colisée et de l'université La Sapienza de Rome que le sarcophage pourrait être le tombeau de Romulus[50]. À noter que la présence d'un monument dédié à un héros durant l'Antiquité romaine n'est pas forcément une preuve de l'existence historique de Romulus, puisque celui-ci sert surtout à marquer le début du calendrier romain et de la naissance politique de la ville[50]. Que ce soit le tombeau de Romulus ou non, la découverte est en tous cas jugée "exceptionnelle" par les archéologues[50] et doit susciter, selon l'archéologue Paolo Carafa, un inévitable débat scientifique[52].
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+ Relief romain de la cathédrale de Maria Saal montrant Romulus et Remus avec la louve
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+ Romulus et Rémus de Rubens. (1614-1616)
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+ Le berger Faustulus amenant Romulus et Remus à sa femme, Nicolas Mignard (1654)
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La Renaissance est une période de l'époque moderne associée à la redécouverte de la littérature, de la philosophie et des sciences de l'Antiquité, qui a pour point de départ la Renaissance italienne. En effet, la Renaissance est l'œuvre, à Florence (Italie), des artistes qui peuvent y exprimer librement leur art : une Pré-Renaissance se produit dans plusieurs villes d'Italie dès les XIIIe et XIVe siècles (Duecento et Trecento). La Renaissance s'exprime au XVe siècle dans la plus grande partie de l'Italie, en Espagne, en Flandre et en Allemagne, sous la forme de ce que l'on appelle la Première Renaissance (Quattrocento) ; ainsi en Flandre, sur les quatre primitifs flamands (Jan Van Eyck, Hans Memling, Jheronimus Bosch, Brueghel Den Oude), les deux premiers vivent au XVe siècle. La Renaissance concerne l'ensemble de l'Europe au XVIe siècle (Cinquecento).
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+ On parle de Renaissance artistique au sens où les œuvres de cette époque ne s'inspirent plus du Moyen Âge mais de l'art gréco-romain.
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+ La Renaissance s'accompagna d'un ensemble de réformes religieuses.
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+ Selon l'historien René Rémond, une « Renaissance » se caractérise par :
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+ La découpe historique de cette époque charnière entre l'époque médiévale et l'époque moderne est sujette à un débat interprétatif entre historiens de l'art. La notion de Renaissance découle d'une perception de l'Histoire visant à lui donner un sens, ce qui correspond au régime de pensée de l'idéalisme allemand du XIXe siècle, notamment au travers des concepts de Hegel. Cette manière de percevoir l'Histoire étant elle-même controversée. Certains historiens considèrent de plus que l'usage traditionnel de la période Renaissance dans l'historiographie française est un chrononyme commode mais discutable pour marquer une rupture entre l'Âge sombre médiéval et l'époque moderne. Ils préfèrent utiliser, selon la thèse de continuité (en) postulant un passage graduel entre ces périodes, l'appellation plus neutre d'« early modern » (pour « Early modern Europe », littéralement début de l'Europe moderne), de « première modernité » ou « seuil de la modernité »[1]. Les historiens italiens parlent quant à eux de Trecento, Quattrocento et Cinquecento.
14
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15
+ Cette période est devenue un concept historiographique et a pu être utilisé pour caractériser d'autres périodes historiques : la Renaissance carolingienne[2] (les lettrés de cette époque parlaient de renovatio), la Renaissance ottono-clunisienne (920 – 1000), la Renaissance du XIIe siècle.
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+ Selon l'historien Jean Delumeau, le mot Renaissance nous est venu d'Italie et concernait le domaine des arts. Le peintre, architecte, et historien de l'art italien Giorgio Vasari a employé le terme « Rinascita » en 1568 dans Le vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori[3]. Les Italiens disent aujourd'hui Rinascimento. Le sens du mot Renaissance s'est progressivement élargi.
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19
+ Le terme de « Renaissance » en tant qu'époque et non plus pour désigner un renouveau des lettres et des arts, a été utilisé pour la première fois en 1840 par Jean-Jacques Ampère dans son Histoire littéraire de la France avant le XIIe siècle[4] puis par Jules Michelet en 1855 dans son volume consacré au XVIe siècle La Renaissance dans le cadre de son Histoire de France. Ce terme a été repris en 1860 par l'historien de l'art suisse Jacob Burckhardt (1818 – 1897) dans son livre Culture de la Renaissance en Italie[5].
20
+
21
+ Dans son cours au Collège de France en 1942-1943, l'historien français Lucien Febvre montre que Jules Michelet a utilisé ce terme pour des raisons personnelles[6]. En effet, Jules Michelet, travaillant sur le roi Louis XI alors qu'il était attristé par la perte de son épouse et contrarié par l'évolution politique conservatrice de la monarchie de Juillet, eut un besoin profond de nouveauté, de renouvellement. Or sa conception de l'histoire était telle qu'il identifiait ce qu'il vivait et ce qu'il ressentait du passé ; il a donc imaginé une Renaissance après le règne de Louis XI, par l'intermédiaire des guerres d'Italie.
22
+
23
+ Ce point de vue original a été présenté par Thomas Lepeltier dans un article de la Revue des Livres en 2000[7]. Il est cependant contesté par de nombreux historiens qui voient des aspects de césure entre le Moyen Âge et la Renaissance. Ce qui est certain, c'est que la rupture entre Moyen Âge et Renaissance est moins radicale que ce qu'on ne le disait jadis.
24
+
25
+ Selon certains auteurs, cette période peut être plus ou moins longue :
26
+
27
+ Ainsi, selon les auteurs, la Renaissance commence :
28
+
29
+ et finit avec la mort de :
30
+
31
+ D'autres auteurs enfin vont jusqu'à mettre en doute la pertinence d'une définition temporelle. Au sujet de ce débat, voir par exemple Paul Oskar Kristeller (1905-1999)[8].
32
+
33
+ Il y a eu plusieurs grandes périodes de la Renaissance. Il est d’usage d’appeler les siècles de la Renaissance en Italie par le vocable « n »-cento, où « n » désigne le chiffre du siècle :
34
+
35
+ Attention au décalage des appellations entre l’italien (formées sur « n ») et le français (formées sur « n+1 »).
36
+
37
+ Au XIVe siècle, les prémices de la Renaissance se produisirent surtout en Italie :
38
+
39
+ Des foyers de Renaissance importants sont les zones en contact avec les autres civilisations, notamment la civilisation islamique : Sicile et Espagne. Ces zones de contact existent en réalité depuis plusieurs siècles : l'Andalousie (royaume de Séville) depuis l'an mil, la Sicile depuis le XIIe siècle (Palerme).
40
+
41
+ L'Italie commence ainsi à importer les sciences et techniques islamiques dans les domaines de l'algèbre, de l'astronomie, de la médecine, de l'alchimie, de la géographie, bien que l'essentiel de l'influence culturelle et philosophique ait été récupérée depuis la chute de l'Empire byzantin qui provoque l'afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne.
42
+
43
+ Un grand nombre de « découvertes » faites pendant la Renaissance et jusqu'aux Lumières, proviennent en réalité du savoir assimilé, enrichi puis transmis par les musulmans depuis la Grèce, l'Inde et Babylone. Beaucoup de mots de la langue française attestent de cette influence : « algèbre » (de l'arabe al-jabra), « algorithme » (du nom du mathématicien Al-Khwârizmî), « alchimie » (de l'arabe al-kemia), etc. Les pays arabes possèdent en effet une avance très importante sur l'Europe dans ces domaines. Les échanges avec l'Extrême-Orient, déjà commencés avec la route de la soie, s'intensifient par voie de terre à la suite du voyage de Marco Polo.
44
+
45
+ Au XVe siècle, la Renaissance se poursuit en Italie sous le nom de Première Renaissance ou Quattrocento.
46
+
47
+ Elle s'intensifie en Grèce, elle s'étend aussi aux Flandres, à l'Angleterre, à la Bourgogne, à l'Alsace, à certaines régions d'Allemagne, à la Baltique (Hanse), et surtout à Lyon, qui renait à cette époque.
48
+
49
+ En France, le Royaume est encore empêtré dans la guerre de Cent Ans, qui se termina en 1453-1477. La région de Bourges est restée un foyer culturel (Jean de Berry au siècle précédent et Jacques Cœur durant ce siècle, grâce notamment à son palais déjà de style Renaissance). Il faudra les efforts de Charles VII et surtout de Louis XI pour remettre de l'ordre dans le Royaume.
50
+
51
+ Louis XII commence à importer la Renaissance italienne en France, avec la construction du château de Meillant dans le Berry (actuel département du Cher) dans un style Renaissance.
52
+
53
+ Au XVIe siècle, le Portugal continue les explorations (Cabral). Les autres grands navigateurs Christophe Colomb, Amerigo Vespucci (voir paragraphe et article détaillé grandes découvertes…) permettent aux puissances ibériques (Portugal et Espagne) d'étendre leur puissance et de chercher de nouvelles voies maritimes pour les épices, la principale route des épices exploitée par les Ottomans étant coupée depuis la chute de Constantinople.
54
+
55
+ L'Espagne semble ainsi devenir la première puissance européenne grâce à la richesse de ses colonies et à l'exploitation des mines d'argent, qui autorisent une augmentation de la masse monétaire.
56
+
57
+ Charles Quint est le souverain le plus puissant d'Europe, étend son influence dans l'ensemble de l'Europe, ce qui n'est pas sans créer une rivalité avec François Ier.
58
+
59
+ La renaissance italienne se poursuit également dans le Cinquecento.
60
+
61
+ En France, à partir de Louis XII et de François Ier (à partir du début de son règne en 1515, correspondant à la bataille de Marignan), les guerres d'Italie font connaître la Renaissance italienne en France, avec un siècle de retard. Léonard de Vinci apporte en France le savoir-faire des artistes de la Renaissance italienne.
62
+
63
+ L'Espagne gardera sa puissance jusqu'au traité des Pyrénées (1659).
64
+
65
+ Les lettrés du Moyen Âge avaient conscience qu'ils vivaient sur un continent appelé Europe par les géographes, pour le distinguer de l'Asie et de l'Afrique. En revanche, la grande masse des habitants de l'Europe n'avaient jamais entendu ce terme : ils lisaient difficilement et « le clergé leur parlait comme à des chrétiens appartenant au continent choisi par la Divine providence pour être le foyer de la vraie foi ». En somme, les Européens n'avaient pas pleinement conscience de leur identité culturelle. La conscience de cette identité n'apparut qu'à la Renaissance[9]. Selon l'historien anglais John Hale, ce fut à cette époque que le mot Europe entra dans le langage courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur des cartes et d'un ensemble d'images affirmant son identité visuelle et culturelle.
66
+
67
+ Début 1492, Antonio de Nebrija présente à Isabelle de Castille la première grammaire d'une langue populaire d'Europe, le Gramática Castellana, qu'il conçoit comme un outil d'affermissement des conquêtes de la reine sur les « barbares qui parlent des langues exotiques », et qu'il complètera par un dictionnaire.
68
+
69
+ En 1539, François Ier, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, proclame le français comme langue officielle. Le français devient ainsi la langue officielle du droit et de l'administration, dans les actes juridiques, à la place du latin. François Ier installe également la bibliothèque royale au château de Fontainebleau.
70
+
71
+ Le travail linguistique au sein des Institutions permet à la langue française de dépasser les frontières des seules communautés de clercs. Il atteint les érudits (les humanistes).
72
+
73
+ Il est fréquent de dire que durant la Renaissance, on s'intéressa de nouveau à l'Antiquité, ce qui accompagna le mouvement intellectuel de l'« humanisme »[10].
74
+
75
+ En fait, l'Antiquité était loin d'être inconnue au Moyen Âge :
76
+
77
+ Les textes qui ont été sauvés de l'Antiquité l'ont été, pour ce qui est des auteurs latins, par les copistes médiévaux dans les monastères. Cette culture était réservée à une élite composée essentiellement de clercs, dans les monastères, puis, à partir du XIIIe siècle, dans les écoles urbaines, et les premières universités européennes (école scolastique) : au XVe siècle, 75 à 80 % des humanistes véritables avaient reçu le sacrement de l'ordre, et près de 100 % les ordres mineurs[13]. Par la suite eut lieu une relative laïcisation des études humanistes, qui ne servaient plus à former essentiellement de futurs théologiens ou canonistes, mais s'adressaient à un public beaucoup plus large : grands princes, petits nobles, détenteurs d'offices, négociants ou banquiers, techniciens (médecins, juristes, artistes de haut niveau, imprimeurs), de plus en plus nombreux à venir de la bourgeoisie[14].
78
+
79
+ Selon Régine Pernoud, ce qui caractérise la Renaissance des XIVe au XVIe siècles, c'est d'une part qu'elle concerne une certaine Antiquité, celle de Périclès pour la Grèce, et pour Rome celle qui s'inspire du siècle de Périclès ; d'autre part, il s'agit plutôt de l'imitation de l'Antiquité considérée comme ayant déjà atteint la perfection que sa redécouverte[15].
80
+
81
+ Pendant la Renaissance des XIVe au XVIe siècles, la connaissance des auteurs antiques s'ouvrit plus largement aux « humanistes » :
82
+
83
+ La même année l'invention de l'imprimerie allait permettre d'amplifier le phénomène.
84
+
85
+ Par conséquent :
86
+
87
+ En fait, si le terme humanités existait déjà, le terme humanisme ne fut employé qu'à partir du XVIIIe siècle (selon Jean Delumeau).
88
+
89
+ L'une des inventions qui eurent le plus d'impact sur les hommes de la Renaissance était le perfectionnement de l'imprimerie[17] par les caractères mobiles en plomb et la presse à vis, par Gutenberg vers 1450. La première édition imprimée de la Bible apparut en 1455. Les premiers textes imprimés concernaient assez souvent la religion et ceci pendant une cinquantaine d'années.
90
+
91
+ Avant l'invention de ces procédés, l'imprimerie ne permettait pas une productivité beaucoup plus élevée que la copie manuelle, par des clercs, qui étaient les seuls capables de maîtriser les techniques d'écritures : au XIe siècle et XIIe siècle, les manuscrits étaient retranscrits par des moines, dans des scriptoria lorsqu'ils existaient ou dans leurs cellules. C'était l'une des deux principales tâches des moines à l'époque ; ils les embellissaient par des enluminures. D'autre part, la langue employée dans les manuscrits était souvent le latin (la littérature en roman existait néanmoins et a donné son nom au genre littéraire).
92
+
93
+ Les universités disposaient d'un quasi-monopole dans l'éducation et la diffusion de l'information. Les puissantes universités de Bologne, de Paris, de Salamanque, d'Oxford et de Cambridge, étaient seules habilitées à diffuser le savoir, selon les méthodes éprouvées de la scolastique. Le droit et la théologie étaient les principales disciplines enseignées dans ces universités.
94
+
95
+ Contrairement à une image construite au XIXe siècle, le savoir écrit n'a pas été réservé aux clercs jusqu'à la fin du Moyen Âge. On assiste à une rapide diffusion de l'écrit en dehors de l'Église à partir des XIIe – XIIIe siècles. Ramon Llull (v. 1235-1316), Dante (1265-1321) et Pétrarque (1304-1374) sont des figues marquantes de cette laïcisation des savoirs. Toutefois, ces laïcs qui savent lire et écrire demeurent classés dans la catégorie des illitterati, la notion de litteratus servant à désigner un individu qui maîtrise le latin[18].
96
+
97
+ L'imprimerie permit brusquement d'ouvrir l'accès à la connaissance à d'autres cercles. Il devint possible, par l'édition de livres à partir du milieu du XVe siècle, de mieux comprendre les faits.
98
+
99
+ Par exemple, l'Imago mundi de Pierre d'Ailly fut écrit en 1410 et imprimé en 1478. Il fut l'un des fondements de la connaissance géographique utilisée par Christophe Colomb et les navigateurs pendant les grandes découvertes. Les textes imprimés bouleversèrent la hiérarchie des valeurs. À l'université de Paris, par exemple, la faculté des arts devint au XVIe siècle la faculté la plus prestigieuse, devant celle de théologie. Les bibliothèques se développèrent. En France, les rois installèrent des bibliothèques dans leurs résidences.
100
+
101
+ À l'intérieur du christianisme, le besoin de réforme se manifeste dès le XVe siècle. Mais la Renaissance se caractérise aussi en Europe par un fort sentiment antijudaïque.
102
+
103
+ Au Moyen Âge, la plupart des fidèles n'avaient pas accès à la Bible dans leur langue maternelle. Les traductions en langues vulgaires avaient même été interdites par la hiérarchie catholique[19]. L'arrivée de l'imprimerie va bouleverser cette situation : l'Église catholique ne pourra plus s'opposer à la traduction et à la diffusion de la Bible dans les principales langues de l'Europe[20]. Les premières traductions ont souvent été réalisées par des protestants, comme William Tyndale pour la traduction en anglais en 1537, et Giovanni Diodati pour la traduction en italien en 1607. La première traduction complète en français, à partir du latin, fut l'œuvre du théologien catholique Lefèvre d'Étaples dès 1528, et fut imprimée en 1530.
104
+
105
+ Le mouvement de renouveau en Europe s'accompagne d'un enrichissement jugé excessif de l'Église, ce qui provoque l'indignation de certains chrétiens, qui veulent revenir aux sources de la Bible. D'autre part, à cette époque, certains chefs de l'Église étaient jugés trop proches des autorités politiques.
106
+
107
+ Au XVe siècle, plusieurs réformateurs dont John Wyclif en Angleterre et Jan Hus en Bohême, tentent de réformer l'Église, mais se heurtent à l'intransigeance des clercs. Jan Hus est condamné par l'Église, ce qui laissera une blessure durable en Europe centrale. Le moine dominicain Savonarole défia l'Église à Florence. Il mourut sur le bûcher.
108
+
109
+ Au XVIe siècle, de nouveaux réformateurs apparurent :
110
+
111
+ L'Église catholique tient plusieurs conciles dont le concile de Constance (1414-1418), le concile de Bâle (1431-1441) et le concile de Trente (1545-1563), ce dernier en réaction à la Réforme protestante, d'où le nom de contre-réforme donné aux décisions de ce concile.
112
+
113
+ Les aspects liés au judaïsme dans cette période sont abordés dans l'article « Antijudaïsme » :
114
+
115
+ Alors que les Juifs avaient été des acteurs des précédentes Renaissances, les populations juives sont exclues de ce mouvement de Renaissance, par la multiplication de mesures d'exclusion, soit religieuses, soit politiques : des expulsions de plusieurs pays (Angleterre, Espagne…), des mesures discriminatoires et la multiplication des ghettos.
116
+
117
+ Dans le monde cultivé des universités occidentales, on avait conscience depuis l’intégration des systèmes de l’antiquité grecque (Claude Ptolémée, Aristote, Ératosthène), c’est-à-dire depuis les XIIe et XIIIe siècles, que la Terre était ronde. Cette représentation n’était pas encore très diffusée dans la société occidentale avant le XVe siècle.
118
+
119
+ Entre les XIIe et XVe siècles, les informations géographiques se sont enrichies considérablement à partir d'un ensemble de sources, incluant, outre les philosophes et géographes grecs déjà cités, l’astronome arabe Al-Farghani, l’explorateur vénitien Marco Polo (voyages en Asie), le cardinal français Pierre d'Ailly (auteur de l’Imago Mundi, publié en 1410, imprimé en 1478).
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+
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+ Avant la Renaissance, on se représentait donc, dans les milieux cultivés, la terre comme sphérique, les terres émergées connues (Europe, Asie, Afrique) occupant l'hémisphère nord, dans un secteur d'environ 180°[réf. nécessaire].
122
+
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+ On savait donc qu’il était théoriquement possible d’atteindre l’Asie sans passer par le bassin oriental de la Méditerranée et le Moyen-Orient, occupés par les Turcs, après la prise de Constantinople (1453), soit en contournant l’Afrique par voie de mer en passant au sud, soit en allant vers l’ouest.
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+
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+ La découverte de l'héliocentrisme, objet de nombreux débats, n’a pas eu d'influence pendant la Renaissance : Nicolas Copernic fit publier ses thèses héliocentristes à sa mort en 1543, mais celles-ci furent interdites en 1616 puis « enterrées » au moment de l’affaire Galilée (1633, pendant la guerre de Trente Ans) jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Il serait donc inexact de parler de révolution copernicienne pour la Renaissance, même s’il y eut effectivement un changement important de représentation du monde.
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+
127
+ De nouveaux procédés techniques permirent la soutenabilité des explorations maritimes des grandes découvertes. La boussole fut importée de Chine. L’astrolabe est utilisé pour la première fois par Christophe Colomb. Le loch permit d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire. Le Sextant remplace l'octant et l'astrolabe au XVIIIe siècle. La caravelle est déjà inventée par les Portugais au début du XVe siècle, c'est-à-dire à la fin du Moyen Âge, ce type de navire fut utilisé dans les grandes découvertes par les explorateurs européens. Ils permettaient de s’aventurer plus loin des terres. Mais on ne connaissait pas bien la distance à parcourir. La cartographie connut de grands développements avec par exemple Fra Mauro à Venise, dès le XVe siècle, qui correspondit avec Henri le Navigateur, ce qui permit aux explorateurs européens de partir à la découverte du monde. En retour, les explorations fournirent de nombreux relevés cartographiques, qui firent avancer cette discipline, avec notamment la projection de Mercator, en 1569.
128
+
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+ Des expéditions chinoises s’étaient lancées aussi à l’assaut des océans à partir de 1405 avec des explorations vers les côtes de l'Asie du Sud-Est, de nombreuses îles de l'océan Indien, et l'Afrique de l'Est, sous la conduite de l'amiral Zheng He, mais furent arrêtées par l’administration chinoise.
130
+
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+ Du côté européen, on cherchait des voies commerciales alternatives aux routes commerciales continentales comme la route des épices, après la prise de Constantinople (1453), par les Ottomans, et leur domination sur l’est du bassin méditerranéen.
132
+
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+ Une première phase des grandes découvertes est ouverte, dès le XVe siècle, par les navigateurs portugais qui, sous l'impulsion de Henri le Navigateur, lancent des expéditions en vue de contourner l'Afrique. Vasco de Gama découvre l'Inde (1497-1498) (Inde), Cabral découvre le Brésil (1500).
134
+
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+ De son côté, l'Espagne envoya ses propres navigateurs : Christophe Colomb vers l'Amérique (trois voyages à partir de 1492), Magellan (tour du monde), Amerigo Vespucci (Amérique du Sud), qui donnera (involontairement) son nom au nouveau continent (voir plus bas)…
136
+
137
+ Le traité de Tordesillas (1494) définissait une ligne de partage entre colonies espagnoles et portugaises en Amérique. Le traité de Tordesillas lésait les nations autres que l'Espagne et le Portugal, ce qui provoqua le phénomène des corsaires. Le plus célèbre, Francis Drake, accomplit la deuxième circumnavigation de l'histoire après Magellan (1577-1580).
138
+
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+ Le terme « Amérique » fut attribué en 1507 dans la ville de Saint-Dié (actuellement Saint-Dié-des-Vosges), par une assemblée savante, le Gymnase vosgien, composé de géographes. Le nom du nouveau continent fut composé à partir du nom du navigateur Amerigo Vespucci.
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+ Le navigateur français Jacques Cartier partit vers le Canada (1534). Les navigateurs britanniques étaient souvent des corsaires.
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+ François Xavier atteignit la Chine et le Japon en 1549-1551.
144
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+ Ces explorations enrichirent considérablement les relevés cartographiques (voir Mercator). Elles permirent d’identifier de nouvelles terres émergées et d’affiner les contours des continents.
146
+
147
+ La première conséquence économique de la découverte du Nouveau Monde fut un afflux considérable de métaux précieux. On emploie de plus en plus l'or, l'argent, le fer, le cuivre, en majorité ramenés du nouveau monde. L'essentiel fut converti en monnaie, entraînant une hausse sensible des prix. On estime qu'entre 1450 et 1550, la masse monétaire en Europe a été multipliée par huit.
148
+
149
+ La deuxième conséquence est que l'Espagne, pays dominant de cette période, a acquis sa puissance politique, économique, et militaire non par le travail de ses habitants, mais par l'accès à un stock de monnaie[21].
150
+
151
+ Cette situation va donner naissance à un courant de pensée économique appelé mercantilisme, qui dura tout au long des XVIe et XVIIe siècles. Plus particulièrement, le courant de pensée cherchant à définir la richesse à partir de la quantité d'or détenue s'appelle le bullionisme. Adam Smith, le père fondateur de l'économie moderne, critiqua vivement le mercantilisme dans la Richesse des Nations (1776), non que le commerce des colonies lui déplût, mais il y voyait une richesse essentiellement princière.
152
+
153
+ Au Moyen Âge, les châteaux étaient d'austères monuments édifiés pour l'autodéfense d'un territoire ou d'un pays et la protection de la population environnante. C'est l'archétype même du château fort. Cependant, en France dès le milieu du XVe siècle avec la fin de la guerre de Cent Ans, l'influence architecturale de la Renaissance italienne commence à se faire sentir et du château fort traditionnel, on va passer au siècle suivant au règne des châteaux-palais si présents aujourd'hui dans la vallée de la Loire mais aussi ailleurs (Fontainebleau, le Louvre…).
154
+
155
+ Ainsi, l'ère de la Renaissance laissa la place aux édifices qui misaient tout sur l'esthétique plutôt que sur la défense. C'est alors que disparurent mâchicoulis, créneaux, ponts-levis, meurtrières et douves, pour laisser la place aux somptueux jardins géométriques, aux symétries des châteaux, aux immenses fenêtres, aux colonnes, aux frontons et aux autres ornements qui pourraient montrer toute la puissance du propriétaire du château.
156
+
157
+ C'est donc sur l'esthétique que l'on mise et non sur la défense. Le but étant d'attirer l'œil sur la richesse et montrer le pouvoir du roi ou du prince. C'est une des caractéristiques les plus visibles de la Renaissance.
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+ L'un des plus beaux exemples d'architecture du XIVe siècle est le palais des Papes d'Avignon, qui reste toutefois dans le style gothique.
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+ En France, au XVe siècle, on voit déjà une pré-renaissance, attestée par les châteaux de la route appelée aujourd'hui Jacques Cœur près de Bourges. Le style gothique flamboyant se répand. Il constitue comme une résistance de l'ancien style. Au XVe siècle, les châteaux de style Renaissance, notamment les Châteaux de la Loire se répandent. En Île-de-France, le Château d'Écouen, du célèbre architecte Jean Bullant, est le principal témoignage de cette période architecturale.
162
+
163
+ Cette époque voit certains artistes marquants comme Filippo Brunelleschi et Bramante à Florence, Andrea Palladio à Venise, ou encore Sebastiano Serlio, célèbre pour son traité d'architecture.
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+
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+ Au XIVe siècle, Pétrarque, d'origine toscane, passe pour être (avec Dante au siècle précédent), l'un des pères de la Renaissance. C'était un érudit, qui maîtrisait la langue latine. Il voyagea dans toute l'Europe, séjourna en Avignon, et séjourna aussi dans le nord de l'Italie à la fin de sa vie. Il eut Giovanni Boccaccio comme disciple.
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+
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+ Le XVIe siècle est marqué par l'apparition de la langue française moderne, soutenue par le pouvoir royal de François Ier, qui, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), donne à cette langue son statut de langue officielle du droit et de l'administration du royaume de France. La bibliothèque royale est transférée de Blois à Fontainebleau.
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+
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+ L'usage du latin commence à décroître, les dialectes continuent d'être parlés par la grande majorité de la population en France et ce jusqu'à la Révolution française (voir Histoire du français).
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+
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+ Les écrivains marquants sont :
172
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+ Mais, dans un contexte de prépondérance de l'Italie dans la plupart des domaines, le XVIe siècle est marqué par une vague très importante d'emprunts de la langue française à l'italien[22]. Des 2 000 italianismes que comportait alors la langue française à cette époque[23], le français moderne n'en a toutefois retenu qu'environ 700[24]. Plusieurs défenseurs de la langue française se sont émus contre ces excès de mode, notamment Henri Estienne, auteur de Deux dialogues du nouveau langage italianizé et autrement desguizé (1578), Barthélemy Aneau, Étienne Tabourot, et Béroalde de Verville, auteur de Moyen de parvenir (1616)[25].
174
+
175
+ L'appellation « Renaissance » est ici aussi problématique : après tout, la littérature n'était pas morte et l'Âge d'or (1530-1560) est finalement assez court et évolue très rapidement vers le Baroque. La poésie compose alors un ensemble assez polymorphe et disparate.
176
+
177
+ D'un côté, quelques formes médiévales subsistent - que l'on songe notamment à Marot utilisant les formes du rondeau, de la ballade de l'épître, formes qui tombent en désuétude avec la Pléiade.
178
+
179
+ Parallèlement, de nouvelles formes apparaissent telles que l'ode, le sonnet, l'élégie, le discours ou l'églogue mais aussi d'autres plus longues telles que les longs poèmes cosmologiques de Scève, les Hymnes de Ronsard qui concentrent sur un thème l'ensemble des savoirs et les poèmes dramatiques (qu'ils soient comiques ou tragiques).
180
+
181
+ Pour autant cette distinction par formes n'est pas toujours évidente, encore moins pertinente et les arguments permettent tout aussi bien de discriminer la poésie de la Renaissance :
182
+
183
+ Les formes permettent un classement d'autant moins pertinent qu'un recueil est alors souvent composé avec différents genres et différents registres.
184
+
185
+ La poésie demeure le genre dominant, produit de la Divine fureur (la furor) envoyée par les Muses. Pontus de Thiard distingue d'ailleurs quatre fureurs divines : la fureur poétique (don des muses), l'intelligence des mystères et religions inspirée par Bacchus, la divination (don d'Apollon) et enfin la passion amoureuse inspirée par Vénus.
186
+
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+ Au XIVe siècle, la peinture connaît déjà un renouveau, surtout à partir de l'Italie et des Flandres.
188
+
189
+ Au XVe siècle, en Italie, les peintres les plus marquants sont Fra Angelico, Fra Bartolomeo, Masaccio, Filippo Lippi, Piero della Francesca, Titien, Leone Battista Alberti théoricien de la peinture et architecte, Sandro Botticelli. Cette période est également marquée par le développement de la perspective (Italie et Flandre), inventée par Masaccio et grâce à Brunelleschi, son théoricien à la Renaissance. Dans les Pays-Bas Espagnols, la peinture à l'huile fait son apparition avec Jan van Eyck, Rogier de la Pasture dit Vanderweyden, Jérôme Bosch. La toile remplaça progressivement les peintures a fresco employées dans les édifices.
190
+
191
+ Concernant le portrait chez Hans Memling, primitif flamand, Jean-Pierre Stroobants, correspondant du journal "Le Monde" en Belgique, précise (07/08/2005) : "(Memling) a innové en introduisant des décors (paysages, intérieurs, fonds), qui, malgré leur foisonnement de détails, n’enlèvent rien à la sobriété des tableaux et à l’étrangeté des personnages. L’étude du visage, des mains, du corps donne à la majorité de ces œuvres un caractère envoûtant et permet à Till-Holger Borchert, conservateur du musée Groeninge, d’affirmer que c’est bien Memling qui transmit à tout le sud de l’Europe les caractéristiques et les innovations du portrait primitif flamand, qui allait notamment influencer les peintres florentins, vénitiens ou lombards."[26]
192
+
193
+ Au XVIe siècle, la peinture se caractérisait par un intérêt porté à l'homme. On jugeait un homme, si et seulement s'il était instruit. Les peintures étaient le plus souvent des portraits, sculptures de l'être humain dans une image complète et méliorative. L'art du nu s'affirma (en référence à l'Antiquité) notamment pour valoriser l'aspect athlétique de l'Homme.
194
+
195
+ Parmi les peintres de cette époque, Michel Ange, Raphaël, Leonardo Da Vinci, Titien, Véronèse se démarquent, en Italie ; Jean Clouet, en France ; Albrecht Dürer, peintre graveur, dessinateur allemand, Hans Memling, Lucas Cranach l’Ancien, Hans Holbein le Jeune, en Allemagne.
196
+
197
+ Au XVe siècle, les polyphonies se développèrent à l'origine dans les Flandres, en Angleterre et en Bourgogne. La polyphonie est une musique écrite pour des chœurs à plusieurs voix en musique sacrée ou profane. Elle nécessitait des règles d'harmonie afin de bien entendre les voix simultanément. Les instruments utilisés étaient alors les flûtes, les hautbois (chalemie, bombarde, douçaine…), l’épinette, la viole de gambe…
198
+
199
+ Au XVIe siècle, les polyphonies pluritextuelles se développent. Les musiciens qui se démarquent peuvent être notamment Claudio Monteverdi, compositeur italien et auteur de nombreux Madrigaux, Giovanni Pierluigi da Palestrina, compositeur italien, Roland de Lassus.
200
+
201
+
202
+
203
+ L'art de la guerre évolue de manière importante durant la Renaissance. L'infanterie reprend sa place de cœur de l'armée aux dépens de la cavalerie, principalement par l'assimilation de la technique du carré de pique par la plupart des armées occidentales. Ce modèle, introduit notamment par les cantons suisse au bas Moyen Âge, prévaudra sur les champs de bataille jusqu'à la guerre de Trente Ans. L'arquebuse prend une place de plus en plus importante dans les armées de la Renaissance. l'arme étant meilleurs marché qu'une arbalète[28] et son utilisation ne requérant pas un entrainement aussi poussé que pour l'utilisation efficace de l'arc, elle remplace, à quelques exceptions près, les armes de traits sur le champ de bataille.
204
+
205
+ La cavalerie elle aussi utilise les armes à feu et un nouveau type de cavalerie apparaît en Allemagne dans les années 1540, les reître. Ils sont armés de pistolets et leurs chevaux, contrairement à ceux des gendarmes ne sont pas bardés.
206
+
207
+ L'artillerie elle aussi fait son entrée sur le champ de bataille, autrefois réservés aux sièges les canons sont alors devenus une arme de campagne avec notamment les canon-orgues et les coulevrines, armes à dessein antipersonnel uniquement.
208
+
209
+ Pour faire face aux perfectionnements de l'artillerie des innovations apparaissent en matière de défense et de fortifications, avec invention du bastion en Italie à la fin du XVe siècle. Les fortifications de type italien apparaissent à Troyes et à Saint-Paul-de-Vence à partir de 1525.
210
+
211
+ En droit, un changement structurel se produisit au XVIe siècle, avec le passage de la suzeraineté (société de type féodal, serment d’allégeance), à la souveraineté.
212
+
213
+ Le roi contrôlait directement le royaume à l’aide d’une administration mieux structurée, surtout en France et en Espagne. Il s’agissait encore d’une administration très légère, puisqu’elle comptait environ 1 500 fonctionnaires en France.
214
+
215
+ Il fallut imaginer un système de droit adapté à la nouvelle forme de monarchie.
216
+
217
+ Par ailleurs, en France, la langue française devint à cette époque la langue officielle du droit et de l’administration, grâce à l’édit de Villers-Cotterêts (François Ier, 1539), qui vint appuyer la souveraineté du roi.
218
+
219
+ Les théoriciens du droit qui se démarquent furent notamment Jean Bodin, juriste français et Machiavel.
220
+
221
+ Les échanges commerciaux en Méditerranée c'est-à-dire la triade amorcés après la période des Croisades, continuèrent, surtout depuis les ports italiens de Venise et Gênes. Ces Républiques acquirent ainsi une grande puissance.
222
+
223
+ La nouveauté vint, dès le XVe siècle, du contournement de l'Espagne par les grandes voies maritimes, délaissant les routes commerciales continentales traditionnelles, qui passaient par les anciennes foires de Champagne par exemple.
224
+
225
+ La conséquence fut le déclin des foires de Champagne, très florissantes au Moyen Âge et le développement dès le XVe siècle des grands ports d'Europe du Nord (Bruges, Londres, villes hanséatiques…), qui devinrent en même temps des foyers d'activité culturelle importants.
226
+
227
+ Alors que la France était encore en pleine guerre de Cent Ans, on assistait ainsi à des échanges entre les grandes villes d'Italie et les grands ports du nord de l'Europe (Bruges, Londres…). La Bourgogne était également prospère.
228
+
229
+ Quelques techniques permirent un renouveau économique et commercial, inventées ou importées d'autres régions du monde. L'horloge mécanique apparaît en Italie dès 1280 et remplace les sabliers et horloges à eau pendant la Renaissance. L'usage de la verrerie et des vitres se développa au XVIe siècle. L'île de Murano fut un important centre de production. Dans le textile, le rouet et le tricot furent perfectionnés et généralisés. Le procédé de l'amalgame apparaît pour le traitement de l'argent.
230
+
231
+ L'exploration de nouvelles terres permit également la découverte de nouvelles plantes.
232
+
233
+ La Renaissance s'est manifestée par un changement important de vision du monde par rapport au Moyen Âge, qui a eu des répercussions considérables aux époques moderne et contemporaine.
234
+
235
+ Plusieurs éléments caractérisent ce changement :
236
+
237
+ L'humanisme est une exaltation de l'homme considéré en lui-même, pour lui-même. L'humanisme, même s'il ne nie pas Dieu, le rejette dans l'au-delà et affirme la totale autonomie de l'homme par rapport à Lui. Ce n'est plus Dieu qui sert de référence, mais l'homme qui devient la mesure de toute chose[29].
238
+
239
+ La Renaissance se définit à la fois par un retour à l'Antiquité grecque et par un retour à la nature (les deux étant liés), ouvrant la voie au naturalisme. L'humanisme, en ramenant tout à l'homme (c'est-à-dire en excluant Dieu) ramène toute chose à une dimension purement naturelle, c'est-à-dire exclut le surnaturel ou réduit sa part. L'art de la Renaissance abandonne le caractère symbolique de l'art médiéval dans la représentation de l'homme et de la nature[30]
240
+
241
+ La Renaissance fait de la raison la principale faculté de connaissance de l'homme, reléguant au second plan son esprit ou intellect, faculté de contemplation des réalités surnaturelles. La valorisation de la raison et de l'approche rationnelle des phénomènes favorise non seulement le développement d'une forme de philosophie qui s'affranchit de la théologie dont elle n'était jusqu'alors que la servante, mais encore l'essor des sciences, qui se développeront considérablement à partir du XVIIe siècle à la suite de la révolution copernicienne[31].
242
+
243
+ L'humanisme de la Renaissance a pour corrélat une exaltation de l'individu. Cela se manifeste dans l'art par la valorisation de l'artiste en tant que sujet créateur original. Cette tendance s'accentuera ultérieurement avec le Cogito de Descartes qui pose le sujet « je » non seulement comme seule source, mais comme critère de la connaissance vraie et même de la réalité de soi et du monde. L'individualisme mènera par la suite à la concurrence, fondement du capitalisme qui se développera à partir du XVIIIe siècle, et aura pour conséquence l'affaiblissement du sens de la communauté[32].
244
+
245
+ La conquête du Nouveau Monde a été fondée sur une volonté des États européens d'accroître leur pouvoir en étendant leurs territoires, mais aussi de développer leur économie grâce à une exploitation de ces terres nouvelles et de la commercialisation de leurs produits. Cela a sans doute contribué à modifier l'image de la nature qu'avaient les populations européennes, en y voyant un stock de ressources exploitables et monnayables. Les conquérants ont fait preuve d'une absence totale de scrupule vis-à-vis de la nature, en comparaison des populations indigènes qui avaient un sens développé de la sacralité de la nature[33].
246
+
247
+ Le christianisme, avec surtout saint Irénée de Lyon, en développant une conception unifiée de l'être humain, avait rejeté le dualisme platonicien et ses avatars gnostiques des tout premiers siècles. Dans le sillage du rationalisme réapparaît, avec Descartes, un dualisme âme-corps. Le corps appartenant à la nature, la séparation entre l'âme et le corps a eu sans aucun doute un effet sur la relation de l'homme avec la nature, rendant l'homme moins proche et moins solidaire de celle-ci, la percevant comme une réalité extérieure à ce qu'il est[34].
248
+
249
+ L'ensemble de ces éléments, auxquels il faut ajouter la mécanisation des corps et le Dieu horloger lointain, auront pour conséquence, selon le théologien orthodoxe Jean-Claude Larchet, de poser les fondements spirituels de la crise écologique que nous connaissons aujourd'hui[35].
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3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ La Renaissance est une période de l'époque moderne associée à la redécouverte de la littérature, de la philosophie et des sciences de l'Antiquité, qui a pour point de départ la Renaissance italienne. En effet, la Renaissance est l'œuvre, à Florence (Italie), des artistes qui peuvent y exprimer librement leur art : une Pré-Renaissance se produit dans plusieurs villes d'Italie dès les XIIIe et XIVe siècles (Duecento et Trecento). La Renaissance s'exprime au XVe siècle dans la plus grande partie de l'Italie, en Espagne, en Flandre et en Allemagne, sous la forme de ce que l'on appelle la Première Renaissance (Quattrocento) ; ainsi en Flandre, sur les quatre primitifs flamands (Jan Van Eyck, Hans Memling, Jheronimus Bosch, Brueghel Den Oude), les deux premiers vivent au XVe siècle. La Renaissance concerne l'ensemble de l'Europe au XVIe siècle (Cinquecento).
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+ On parle de Renaissance artistique au sens où les œuvres de cette époque ne s'inspirent plus du Moyen Âge mais de l'art gréco-romain.
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+ La Renaissance s'accompagna d'un ensemble de réformes religieuses.
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+ Selon l'historien René Rémond, une « Renaissance » se caractérise par :
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+ La découpe historique de cette époque charnière entre l'époque médiévale et l'époque moderne est sujette à un débat interprétatif entre historiens de l'art. La notion de Renaissance découle d'une perception de l'Histoire visant à lui donner un sens, ce qui correspond au régime de pensée de l'idéalisme allemand du XIXe siècle, notamment au travers des concepts de Hegel. Cette manière de percevoir l'Histoire étant elle-même controversée. Certains historiens considèrent de plus que l'usage traditionnel de la période Renaissance dans l'historiographie française est un chrononyme commode mais discutable pour marquer une rupture entre l'Âge sombre médiéval et l'époque moderne. Ils préfèrent utiliser, selon la thèse de continuité (en) postulant un passage graduel entre ces périodes, l'appellation plus neutre d'« early modern » (pour « Early modern Europe », littéralement début de l'Europe moderne), de « première modernité » ou « seuil de la modernité »[1]. Les historiens italiens parlent quant à eux de Trecento, Quattrocento et Cinquecento.
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+ Cette période est devenue un concept historiographique et a pu être utilisé pour caractériser d'autres périodes historiques : la Renaissance carolingienne[2] (les lettrés de cette époque parlaient de renovatio), la Renaissance ottono-clunisienne (920 – 1000), la Renaissance du XIIe siècle.
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+
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+ Selon l'historien Jean Delumeau, le mot Renaissance nous est venu d'Italie et concernait le domaine des arts. Le peintre, architecte, et historien de l'art italien Giorgio Vasari a employé le terme « Rinascita » en 1568 dans Le vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori[3]. Les Italiens disent aujourd'hui Rinascimento. Le sens du mot Renaissance s'est progressivement élargi.
18
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+ Le terme de « Renaissance » en tant qu'époque et non plus pour désigner un renouveau des lettres et des arts, a été utilisé pour la première fois en 1840 par Jean-Jacques Ampère dans son Histoire littéraire de la France avant le XIIe siècle[4] puis par Jules Michelet en 1855 dans son volume consacré au XVIe siècle La Renaissance dans le cadre de son Histoire de France. Ce terme a été repris en 1860 par l'historien de l'art suisse Jacob Burckhardt (1818 – 1897) dans son livre Culture de la Renaissance en Italie[5].
20
+
21
+ Dans son cours au Collège de France en 1942-1943, l'historien français Lucien Febvre montre que Jules Michelet a utilisé ce terme pour des raisons personnelles[6]. En effet, Jules Michelet, travaillant sur le roi Louis XI alors qu'il était attristé par la perte de son épouse et contrarié par l'évolution politique conservatrice de la monarchie de Juillet, eut un besoin profond de nouveauté, de renouvellement. Or sa conception de l'histoire était telle qu'il identifiait ce qu'il vivait et ce qu'il ressentait du passé ; il a donc imaginé une Renaissance après le règne de Louis XI, par l'intermédiaire des guerres d'Italie.
22
+
23
+ Ce point de vue original a été présenté par Thomas Lepeltier dans un article de la Revue des Livres en 2000[7]. Il est cependant contesté par de nombreux historiens qui voient des aspects de césure entre le Moyen Âge et la Renaissance. Ce qui est certain, c'est que la rupture entre Moyen Âge et Renaissance est moins radicale que ce qu'on ne le disait jadis.
24
+
25
+ Selon certains auteurs, cette période peut être plus ou moins longue :
26
+
27
+ Ainsi, selon les auteurs, la Renaissance commence :
28
+
29
+ et finit avec la mort de :
30
+
31
+ D'autres auteurs enfin vont jusqu'à mettre en doute la pertinence d'une définition temporelle. Au sujet de ce débat, voir par exemple Paul Oskar Kristeller (1905-1999)[8].
32
+
33
+ Il y a eu plusieurs grandes périodes de la Renaissance. Il est d’usage d’appeler les siècles de la Renaissance en Italie par le vocable « n »-cento, où « n » désigne le chiffre du siècle :
34
+
35
+ Attention au décalage des appellations entre l’italien (formées sur « n ») et le français (formées sur « n+1 »).
36
+
37
+ Au XIVe siècle, les prémices de la Renaissance se produisirent surtout en Italie :
38
+
39
+ Des foyers de Renaissance importants sont les zones en contact avec les autres civilisations, notamment la civilisation islamique : Sicile et Espagne. Ces zones de contact existent en réalité depuis plusieurs siècles : l'Andalousie (royaume de Séville) depuis l'an mil, la Sicile depuis le XIIe siècle (Palerme).
40
+
41
+ L'Italie commence ainsi à importer les sciences et techniques islamiques dans les domaines de l'algèbre, de l'astronomie, de la médecine, de l'alchimie, de la géographie, bien que l'essentiel de l'influence culturelle et philosophique ait été récupérée depuis la chute de l'Empire byzantin qui provoque l'afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne.
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43
+ Un grand nombre de « découvertes » faites pendant la Renaissance et jusqu'aux Lumières, proviennent en réalité du savoir assimilé, enrichi puis transmis par les musulmans depuis la Grèce, l'Inde et Babylone. Beaucoup de mots de la langue française attestent de cette influence : « algèbre » (de l'arabe al-jabra), « algorithme » (du nom du mathématicien Al-Khwârizmî), « alchimie » (de l'arabe al-kemia), etc. Les pays arabes possèdent en effet une avance très importante sur l'Europe dans ces domaines. Les échanges avec l'Extrême-Orient, déjà commencés avec la route de la soie, s'intensifient par voie de terre à la suite du voyage de Marco Polo.
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+ Au XVe siècle, la Renaissance se poursuit en Italie sous le nom de Première Renaissance ou Quattrocento.
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+ Elle s'intensifie en Grèce, elle s'étend aussi aux Flandres, à l'Angleterre, à la Bourgogne, à l'Alsace, à certaines régions d'Allemagne, à la Baltique (Hanse), et surtout à Lyon, qui renait à cette époque.
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+ En France, le Royaume est encore empêtré dans la guerre de Cent Ans, qui se termina en 1453-1477. La région de Bourges est restée un foyer culturel (Jean de Berry au siècle précédent et Jacques Cœur durant ce siècle, grâce notamment à son palais déjà de style Renaissance). Il faudra les efforts de Charles VII et surtout de Louis XI pour remettre de l'ordre dans le Royaume.
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+ Louis XII commence à importer la Renaissance italienne en France, avec la construction du château de Meillant dans le Berry (actuel département du Cher) dans un style Renaissance.
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+ Au XVIe siècle, le Portugal continue les explorations (Cabral). Les autres grands navigateurs Christophe Colomb, Amerigo Vespucci (voir paragraphe et article détaillé grandes découvertes…) permettent aux puissances ibériques (Portugal et Espagne) d'étendre leur puissance et de chercher de nouvelles voies maritimes pour les épices, la principale route des épices exploitée par les Ottomans étant coupée depuis la chute de Constantinople.
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+ L'Espagne semble ainsi devenir la première puissance européenne grâce à la richesse de ses colonies et à l'exploitation des mines d'argent, qui autorisent une augmentation de la masse monétaire.
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+ Charles Quint est le souverain le plus puissant d'Europe, étend son influence dans l'ensemble de l'Europe, ce qui n'est pas sans créer une rivalité avec François Ier.
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+ La renaissance italienne se poursuit également dans le Cinquecento.
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+ En France, à partir de Louis XII et de François Ier (à partir du début de son règne en 1515, correspondant à la bataille de Marignan), les guerres d'Italie font connaître la Renaissance italienne en France, avec un siècle de retard. Léonard de Vinci apporte en France le savoir-faire des artistes de la Renaissance italienne.
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+ L'Espagne gardera sa puissance jusqu'au traité des Pyrénées (1659).
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+ Les lettrés du Moyen Âge avaient conscience qu'ils vivaient sur un continent appelé Europe par les géographes, pour le distinguer de l'Asie et de l'Afrique. En revanche, la grande masse des habitants de l'Europe n'avaient jamais entendu ce terme : ils lisaient difficilement et « le clergé leur parlait comme à des chrétiens appartenant au continent choisi par la Divine providence pour être le foyer de la vraie foi ». En somme, les Européens n'avaient pas pleinement conscience de leur identité culturelle. La conscience de cette identité n'apparut qu'à la Renaissance[9]. Selon l'historien anglais John Hale, ce fut à cette époque que le mot Europe entra dans le langage courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur des cartes et d'un ensemble d'images affirmant son identité visuelle et culturelle.
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+ Début 1492, Antonio de Nebrija présente à Isabelle de Castille la première grammaire d'une langue populaire d'Europe, le Gramática Castellana, qu'il conçoit comme un outil d'affermissement des conquêtes de la reine sur les « barbares qui parlent des langues exotiques », et qu'il complètera par un dictionnaire.
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+ En 1539, François Ier, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, proclame le français comme langue officielle. Le français devient ainsi la langue officielle du droit et de l'administration, dans les actes juridiques, à la place du latin. François Ier installe également la bibliothèque royale au château de Fontainebleau.
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+ Le travail linguistique au sein des Institutions permet à la langue française de dépasser les frontières des seules communautés de clercs. Il atteint les érudits (les humanistes).
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+ Il est fréquent de dire que durant la Renaissance, on s'intéressa de nouveau à l'Antiquité, ce qui accompagna le mouvement intellectuel de l'« humanisme »[10].
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+ En fait, l'Antiquité était loin d'être inconnue au Moyen Âge :
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77
+ Les textes qui ont été sauvés de l'Antiquité l'ont été, pour ce qui est des auteurs latins, par les copistes médiévaux dans les monastères. Cette culture était réservée à une élite composée essentiellement de clercs, dans les monastères, puis, à partir du XIIIe siècle, dans les écoles urbaines, et les premières universités européennes (école scolastique) : au XVe siècle, 75 à 80 % des humanistes véritables avaient reçu le sacrement de l'ordre, et près de 100 % les ordres mineurs[13]. Par la suite eut lieu une relative laïcisation des études humanistes, qui ne servaient plus à former essentiellement de futurs théologiens ou canonistes, mais s'adressaient à un public beaucoup plus large : grands princes, petits nobles, détenteurs d'offices, négociants ou banquiers, techniciens (médecins, juristes, artistes de haut niveau, imprimeurs), de plus en plus nombreux à venir de la bourgeoisie[14].
78
+
79
+ Selon Régine Pernoud, ce qui caractérise la Renaissance des XIVe au XVIe siècles, c'est d'une part qu'elle concerne une certaine Antiquité, celle de Périclès pour la Grèce, et pour Rome celle qui s'inspire du siècle de Périclès ; d'autre part, il s'agit plutôt de l'imitation de l'Antiquité considérée comme ayant déjà atteint la perfection que sa redécouverte[15].
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+
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+ Pendant la Renaissance des XIVe au XVIe siècles, la connaissance des auteurs antiques s'ouvrit plus largement aux « humanistes » :
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+ La même année l'invention de l'imprimerie allait permettre d'amplifier le phénomène.
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+ Par conséquent :
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+ En fait, si le terme humanités existait déjà, le terme humanisme ne fut employé qu'à partir du XVIIIe siècle (selon Jean Delumeau).
88
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+ L'une des inventions qui eurent le plus d'impact sur les hommes de la Renaissance était le perfectionnement de l'imprimerie[17] par les caractères mobiles en plomb et la presse à vis, par Gutenberg vers 1450. La première édition imprimée de la Bible apparut en 1455. Les premiers textes imprimés concernaient assez souvent la religion et ceci pendant une cinquantaine d'années.
90
+
91
+ Avant l'invention de ces procédés, l'imprimerie ne permettait pas une productivité beaucoup plus élevée que la copie manuelle, par des clercs, qui étaient les seuls capables de maîtriser les techniques d'écritures : au XIe siècle et XIIe siècle, les manuscrits étaient retranscrits par des moines, dans des scriptoria lorsqu'ils existaient ou dans leurs cellules. C'était l'une des deux principales tâches des moines à l'époque ; ils les embellissaient par des enluminures. D'autre part, la langue employée dans les manuscrits était souvent le latin (la littérature en roman existait néanmoins et a donné son nom au genre littéraire).
92
+
93
+ Les universités disposaient d'un quasi-monopole dans l'éducation et la diffusion de l'information. Les puissantes universités de Bologne, de Paris, de Salamanque, d'Oxford et de Cambridge, étaient seules habilitées à diffuser le savoir, selon les méthodes éprouvées de la scolastique. Le droit et la théologie étaient les principales disciplines enseignées dans ces universités.
94
+
95
+ Contrairement à une image construite au XIXe siècle, le savoir écrit n'a pas été réservé aux clercs jusqu'à la fin du Moyen Âge. On assiste à une rapide diffusion de l'écrit en dehors de l'Église à partir des XIIe – XIIIe siècles. Ramon Llull (v. 1235-1316), Dante (1265-1321) et Pétrarque (1304-1374) sont des figues marquantes de cette laïcisation des savoirs. Toutefois, ces laïcs qui savent lire et écrire demeurent classés dans la catégorie des illitterati, la notion de litteratus servant à désigner un individu qui maîtrise le latin[18].
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+
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+ L'imprimerie permit brusquement d'ouvrir l'accès à la connaissance à d'autres cercles. Il devint possible, par l'édition de livres à partir du milieu du XVe siècle, de mieux comprendre les faits.
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+ Par exemple, l'Imago mundi de Pierre d'Ailly fut écrit en 1410 et imprimé en 1478. Il fut l'un des fondements de la connaissance géographique utilisée par Christophe Colomb et les navigateurs pendant les grandes découvertes. Les textes imprimés bouleversèrent la hiérarchie des valeurs. À l'université de Paris, par exemple, la faculté des arts devint au XVIe siècle la faculté la plus prestigieuse, devant celle de théologie. Les bibliothèques se développèrent. En France, les rois installèrent des bibliothèques dans leurs résidences.
100
+
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+ À l'intérieur du christianisme, le besoin de réforme se manifeste dès le XVe siècle. Mais la Renaissance se caractérise aussi en Europe par un fort sentiment antijudaïque.
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+ Au Moyen Âge, la plupart des fidèles n'avaient pas accès à la Bible dans leur langue maternelle. Les traductions en langues vulgaires avaient même été interdites par la hiérarchie catholique[19]. L'arrivée de l'imprimerie va bouleverser cette situation : l'Église catholique ne pourra plus s'opposer à la traduction et à la diffusion de la Bible dans les principales langues de l'Europe[20]. Les premières traductions ont souvent été réalisées par des protestants, comme William Tyndale pour la traduction en anglais en 1537, et Giovanni Diodati pour la traduction en italien en 1607. La première traduction complète en français, à partir du latin, fut l'œuvre du théologien catholique Lefèvre d'Étaples dès 1528, et fut imprimée en 1530.
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+ Le mouvement de renouveau en Europe s'accompagne d'un enrichissement jugé excessif de l'Église, ce qui provoque l'indignation de certains chrétiens, qui veulent revenir aux sources de la Bible. D'autre part, à cette époque, certains chefs de l'Église étaient jugés trop proches des autorités politiques.
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+ Au XVe siècle, plusieurs réformateurs dont John Wyclif en Angleterre et Jan Hus en Bohême, tentent de réformer l'Église, mais se heurtent à l'intransigeance des clercs. Jan Hus est condamné par l'Église, ce qui laissera une blessure durable en Europe centrale. Le moine dominicain Savonarole défia l'Église à Florence. Il mourut sur le bûcher.
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+ Au XVIe siècle, de nouveaux réformateurs apparurent :
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+ L'Église catholique tient plusieurs conciles dont le concile de Constance (1414-1418), le concile de Bâle (1431-1441) et le concile de Trente (1545-1563), ce dernier en réaction à la Réforme protestante, d'où le nom de contre-réforme donné aux décisions de ce concile.
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+ Les aspects liés au judaïsme dans cette période sont abordés dans l'article « Antijudaïsme » :
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+ Alors que les Juifs avaient été des acteurs des précédentes Renaissances, les populations juives sont exclues de ce mouvement de Renaissance, par la multiplication de mesures d'exclusion, soit religieuses, soit politiques : des expulsions de plusieurs pays (Angleterre, Espagne…), des mesures discriminatoires et la multiplication des ghettos.
116
+
117
+ Dans le monde cultivé des universités occidentales, on avait conscience depuis l’intégration des systèmes de l’antiquité grecque (Claude Ptolémée, Aristote, Ératosthène), c’est-à-dire depuis les XIIe et XIIIe siècles, que la Terre était ronde. Cette représentation n’était pas encore très diffusée dans la société occidentale avant le XVe siècle.
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+ Entre les XIIe et XVe siècles, les informations géographiques se sont enrichies considérablement à partir d'un ensemble de sources, incluant, outre les philosophes et géographes grecs déjà cités, l’astronome arabe Al-Farghani, l’explorateur vénitien Marco Polo (voyages en Asie), le cardinal français Pierre d'Ailly (auteur de l’Imago Mundi, publié en 1410, imprimé en 1478).
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+
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+ Avant la Renaissance, on se représentait donc, dans les milieux cultivés, la terre comme sphérique, les terres émergées connues (Europe, Asie, Afrique) occupant l'hémisphère nord, dans un secteur d'environ 180°[réf. nécessaire].
122
+
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+ On savait donc qu’il était théoriquement possible d’atteindre l’Asie sans passer par le bassin oriental de la Méditerranée et le Moyen-Orient, occupés par les Turcs, après la prise de Constantinople (1453), soit en contournant l’Afrique par voie de mer en passant au sud, soit en allant vers l’ouest.
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+
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+ La découverte de l'héliocentrisme, objet de nombreux débats, n’a pas eu d'influence pendant la Renaissance : Nicolas Copernic fit publier ses thèses héliocentristes à sa mort en 1543, mais celles-ci furent interdites en 1616 puis « enterrées » au moment de l’affaire Galilée (1633, pendant la guerre de Trente Ans) jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Il serait donc inexact de parler de révolution copernicienne pour la Renaissance, même s’il y eut effectivement un changement important de représentation du monde.
126
+
127
+ De nouveaux procédés techniques permirent la soutenabilité des explorations maritimes des grandes découvertes. La boussole fut importée de Chine. L’astrolabe est utilisé pour la première fois par Christophe Colomb. Le loch permit d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire. Le Sextant remplace l'octant et l'astrolabe au XVIIIe siècle. La caravelle est déjà inventée par les Portugais au début du XVe siècle, c'est-à-dire à la fin du Moyen Âge, ce type de navire fut utilisé dans les grandes découvertes par les explorateurs européens. Ils permettaient de s’aventurer plus loin des terres. Mais on ne connaissait pas bien la distance à parcourir. La cartographie connut de grands développements avec par exemple Fra Mauro à Venise, dès le XVe siècle, qui correspondit avec Henri le Navigateur, ce qui permit aux explorateurs européens de partir à la découverte du monde. En retour, les explorations fournirent de nombreux relevés cartographiques, qui firent avancer cette discipline, avec notamment la projection de Mercator, en 1569.
128
+
129
+ Des expéditions chinoises s’étaient lancées aussi à l’assaut des océans à partir de 1405 avec des explorations vers les côtes de l'Asie du Sud-Est, de nombreuses îles de l'océan Indien, et l'Afrique de l'Est, sous la conduite de l'amiral Zheng He, mais furent arrêtées par l’administration chinoise.
130
+
131
+ Du côté européen, on cherchait des voies commerciales alternatives aux routes commerciales continentales comme la route des épices, après la prise de Constantinople (1453), par les Ottomans, et leur domination sur l’est du bassin méditerranéen.
132
+
133
+ Une première phase des grandes découvertes est ouverte, dès le XVe siècle, par les navigateurs portugais qui, sous l'impulsion de Henri le Navigateur, lancent des expéditions en vue de contourner l'Afrique. Vasco de Gama découvre l'Inde (1497-1498) (Inde), Cabral découvre le Brésil (1500).
134
+
135
+ De son côté, l'Espagne envoya ses propres navigateurs : Christophe Colomb vers l'Amérique (trois voyages à partir de 1492), Magellan (tour du monde), Amerigo Vespucci (Amérique du Sud), qui donnera (involontairement) son nom au nouveau continent (voir plus bas)…
136
+
137
+ Le traité de Tordesillas (1494) définissait une ligne de partage entre colonies espagnoles et portugaises en Amérique. Le traité de Tordesillas lésait les nations autres que l'Espagne et le Portugal, ce qui provoqua le phénomène des corsaires. Le plus célèbre, Francis Drake, accomplit la deuxième circumnavigation de l'histoire après Magellan (1577-1580).
138
+
139
+ Le terme « Amérique » fut attribué en 1507 dans la ville de Saint-Dié (actuellement Saint-Dié-des-Vosges), par une assemblée savante, le Gymnase vosgien, composé de géographes. Le nom du nouveau continent fut composé à partir du nom du navigateur Amerigo Vespucci.
140
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141
+ Le navigateur français Jacques Cartier partit vers le Canada (1534). Les navigateurs britanniques étaient souvent des corsaires.
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143
+ François Xavier atteignit la Chine et le Japon en 1549-1551.
144
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145
+ Ces explorations enrichirent considérablement les relevés cartographiques (voir Mercator). Elles permirent d’identifier de nouvelles terres émergées et d’affiner les contours des continents.
146
+
147
+ La première conséquence économique de la découverte du Nouveau Monde fut un afflux considérable de métaux précieux. On emploie de plus en plus l'or, l'argent, le fer, le cuivre, en majorité ramenés du nouveau monde. L'essentiel fut converti en monnaie, entraînant une hausse sensible des prix. On estime qu'entre 1450 et 1550, la masse monétaire en Europe a été multipliée par huit.
148
+
149
+ La deuxième conséquence est que l'Espagne, pays dominant de cette période, a acquis sa puissance politique, économique, et militaire non par le travail de ses habitants, mais par l'accès à un stock de monnaie[21].
150
+
151
+ Cette situation va donner naissance à un courant de pensée économique appelé mercantilisme, qui dura tout au long des XVIe et XVIIe siècles. Plus particulièrement, le courant de pensée cherchant à définir la richesse à partir de la quantité d'or détenue s'appelle le bullionisme. Adam Smith, le père fondateur de l'économie moderne, critiqua vivement le mercantilisme dans la Richesse des Nations (1776), non que le commerce des colonies lui déplût, mais il y voyait une richesse essentiellement princière.
152
+
153
+ Au Moyen Âge, les châteaux étaient d'austères monuments édifiés pour l'autodéfense d'un territoire ou d'un pays et la protection de la population environnante. C'est l'archétype même du château fort. Cependant, en France dès le milieu du XVe siècle avec la fin de la guerre de Cent Ans, l'influence architecturale de la Renaissance italienne commence à se faire sentir et du château fort traditionnel, on va passer au siècle suivant au règne des châteaux-palais si présents aujourd'hui dans la vallée de la Loire mais aussi ailleurs (Fontainebleau, le Louvre…).
154
+
155
+ Ainsi, l'ère de la Renaissance laissa la place aux édifices qui misaient tout sur l'esthétique plutôt que sur la défense. C'est alors que disparurent mâchicoulis, créneaux, ponts-levis, meurtrières et douves, pour laisser la place aux somptueux jardins géométriques, aux symétries des châteaux, aux immenses fenêtres, aux colonnes, aux frontons et aux autres ornements qui pourraient montrer toute la puissance du propriétaire du château.
156
+
157
+ C'est donc sur l'esthétique que l'on mise et non sur la défense. Le but étant d'attirer l'œil sur la richesse et montrer le pouvoir du roi ou du prince. C'est une des caractéristiques les plus visibles de la Renaissance.
158
+
159
+ L'un des plus beaux exemples d'architecture du XIVe siècle est le palais des Papes d'Avignon, qui reste toutefois dans le style gothique.
160
+
161
+ En France, au XVe siècle, on voit déjà une pré-renaissance, attestée par les châteaux de la route appelée aujourd'hui Jacques Cœur près de Bourges. Le style gothique flamboyant se répand. Il constitue comme une résistance de l'ancien style. Au XVe siècle, les châteaux de style Renaissance, notamment les Châteaux de la Loire se répandent. En Île-de-France, le Château d'Écouen, du célèbre architecte Jean Bullant, est le principal témoignage de cette période architecturale.
162
+
163
+ Cette époque voit certains artistes marquants comme Filippo Brunelleschi et Bramante à Florence, Andrea Palladio à Venise, ou encore Sebastiano Serlio, célèbre pour son traité d'architecture.
164
+
165
+ Au XIVe siècle, Pétrarque, d'origine toscane, passe pour être (avec Dante au siècle précédent), l'un des pères de la Renaissance. C'était un érudit, qui maîtrisait la langue latine. Il voyagea dans toute l'Europe, séjourna en Avignon, et séjourna aussi dans le nord de l'Italie à la fin de sa vie. Il eut Giovanni Boccaccio comme disciple.
166
+
167
+ Le XVIe siècle est marqué par l'apparition de la langue française moderne, soutenue par le pouvoir royal de François Ier, qui, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), donne à cette langue son statut de langue officielle du droit et de l'administration du royaume de France. La bibliothèque royale est transférée de Blois à Fontainebleau.
168
+
169
+ L'usage du latin commence à décroître, les dialectes continuent d'être parlés par la grande majorité de la population en France et ce jusqu'à la Révolution française (voir Histoire du français).
170
+
171
+ Les écrivains marquants sont :
172
+
173
+ Mais, dans un contexte de prépondérance de l'Italie dans la plupart des domaines, le XVIe siècle est marqué par une vague très importante d'emprunts de la langue française à l'italien[22]. Des 2 000 italianismes que comportait alors la langue française à cette époque[23], le français moderne n'en a toutefois retenu qu'environ 700[24]. Plusieurs défenseurs de la langue française se sont émus contre ces excès de mode, notamment Henri Estienne, auteur de Deux dialogues du nouveau langage italianizé et autrement desguizé (1578), Barthélemy Aneau, Étienne Tabourot, et Béroalde de Verville, auteur de Moyen de parvenir (1616)[25].
174
+
175
+ L'appellation « Renaissance » est ici aussi problématique : après tout, la littérature n'était pas morte et l'Âge d'or (1530-1560) est finalement assez court et évolue très rapidement vers le Baroque. La poésie compose alors un ensemble assez polymorphe et disparate.
176
+
177
+ D'un côté, quelques formes médiévales subsistent - que l'on songe notamment à Marot utilisant les formes du rondeau, de la ballade de l'épître, formes qui tombent en désuétude avec la Pléiade.
178
+
179
+ Parallèlement, de nouvelles formes apparaissent telles que l'ode, le sonnet, l'élégie, le discours ou l'églogue mais aussi d'autres plus longues telles que les longs poèmes cosmologiques de Scève, les Hymnes de Ronsard qui concentrent sur un thème l'ensemble des savoirs et les poèmes dramatiques (qu'ils soient comiques ou tragiques).
180
+
181
+ Pour autant cette distinction par formes n'est pas toujours évidente, encore moins pertinente et les arguments permettent tout aussi bien de discriminer la poésie de la Renaissance :
182
+
183
+ Les formes permettent un classement d'autant moins pertinent qu'un recueil est alors souvent composé avec différents genres et différents registres.
184
+
185
+ La poésie demeure le genre dominant, produit de la Divine fureur (la furor) envoyée par les Muses. Pontus de Thiard distingue d'ailleurs quatre fureurs divines : la fureur poétique (don des muses), l'intelligence des mystères et religions inspirée par Bacchus, la divination (don d'Apollon) et enfin la passion amoureuse inspirée par Vénus.
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+
187
+ Au XIVe siècle, la peinture connaît déjà un renouveau, surtout à partir de l'Italie et des Flandres.
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+ Au XVe siècle, en Italie, les peintres les plus marquants sont Fra Angelico, Fra Bartolomeo, Masaccio, Filippo Lippi, Piero della Francesca, Titien, Leone Battista Alberti théoricien de la peinture et architecte, Sandro Botticelli. Cette période est également marquée par le développement de la perspective (Italie et Flandre), inventée par Masaccio et grâce à Brunelleschi, son théoricien à la Renaissance. Dans les Pays-Bas Espagnols, la peinture à l'huile fait son apparition avec Jan van Eyck, Rogier de la Pasture dit Vanderweyden, Jérôme Bosch. La toile remplaça progressivement les peintures a fresco employées dans les édifices.
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+ Concernant le portrait chez Hans Memling, primitif flamand, Jean-Pierre Stroobants, correspondant du journal "Le Monde" en Belgique, précise (07/08/2005) : "(Memling) a innové en introduisant des décors (paysages, intérieurs, fonds), qui, malgré leur foisonnement de détails, n’enlèvent rien à la sobriété des tableaux et à l’étrangeté des personnages. L’étude du visage, des mains, du corps donne à la majorité de ces œuvres un caractère envoûtant et permet à Till-Holger Borchert, conservateur du musée Groeninge, d’affirmer que c’est bien Memling qui transmit à tout le sud de l’Europe les caractéristiques et les innovations du portrait primitif flamand, qui allait notamment influencer les peintres florentins, vénitiens ou lombards."[26]
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+ Au XVIe siècle, la peinture se caractérisait par un intérêt porté à l'homme. On jugeait un homme, si et seulement s'il était instruit. Les peintures étaient le plus souvent des portraits, sculptures de l'être humain dans une image complète et méliorative. L'art du nu s'affirma (en référence à l'Antiquité) notamment pour valoriser l'aspect athlétique de l'Homme.
194
+
195
+ Parmi les peintres de cette époque, Michel Ange, Raphaël, Leonardo Da Vinci, Titien, Véronèse se démarquent, en Italie ; Jean Clouet, en France ; Albrecht Dürer, peintre graveur, dessinateur allemand, Hans Memling, Lucas Cranach l’Ancien, Hans Holbein le Jeune, en Allemagne.
196
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+ Au XVe siècle, les polyphonies se développèrent à l'origine dans les Flandres, en Angleterre et en Bourgogne. La polyphonie est une musique écrite pour des chœurs à plusieurs voix en musique sacrée ou profane. Elle nécessitait des règles d'harmonie afin de bien entendre les voix simultanément. Les instruments utilisés étaient alors les flûtes, les hautbois (chalemie, bombarde, douçaine…), l’épinette, la viole de gambe…
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+ Au XVIe siècle, les polyphonies pluritextuelles se développent. Les musiciens qui se démarquent peuvent être notamment Claudio Monteverdi, compositeur italien et auteur de nombreux Madrigaux, Giovanni Pierluigi da Palestrina, compositeur italien, Roland de Lassus.
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203
+ L'art de la guerre évolue de manière importante durant la Renaissance. L'infanterie reprend sa place de cœur de l'armée aux dépens de la cavalerie, principalement par l'assimilation de la technique du carré de pique par la plupart des armées occidentales. Ce modèle, introduit notamment par les cantons suisse au bas Moyen Âge, prévaudra sur les champs de bataille jusqu'à la guerre de Trente Ans. L'arquebuse prend une place de plus en plus importante dans les armées de la Renaissance. l'arme étant meilleurs marché qu'une arbalète[28] et son utilisation ne requérant pas un entrainement aussi poussé que pour l'utilisation efficace de l'arc, elle remplace, à quelques exceptions près, les armes de traits sur le champ de bataille.
204
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205
+ La cavalerie elle aussi utilise les armes à feu et un nouveau type de cavalerie apparaît en Allemagne dans les années 1540, les reître. Ils sont armés de pistolets et leurs chevaux, contrairement à ceux des gendarmes ne sont pas bardés.
206
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207
+ L'artillerie elle aussi fait son entrée sur le champ de bataille, autrefois réservés aux sièges les canons sont alors devenus une arme de campagne avec notamment les canon-orgues et les coulevrines, armes à dessein antipersonnel uniquement.
208
+
209
+ Pour faire face aux perfectionnements de l'artillerie des innovations apparaissent en matière de défense et de fortifications, avec invention du bastion en Italie à la fin du XVe siècle. Les fortifications de type italien apparaissent à Troyes et à Saint-Paul-de-Vence à partir de 1525.
210
+
211
+ En droit, un changement structurel se produisit au XVIe siècle, avec le passage de la suzeraineté (société de type féodal, serment d’allégeance), à la souveraineté.
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+ Le roi contrôlait directement le royaume à l’aide d’une administration mieux structurée, surtout en France et en Espagne. Il s’agissait encore d’une administration très légère, puisqu’elle comptait environ 1 500 fonctionnaires en France.
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+ Il fallut imaginer un système de droit adapté à la nouvelle forme de monarchie.
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+ Par ailleurs, en France, la langue française devint à cette époque la langue officielle du droit et de l’administration, grâce à l’édit de Villers-Cotterêts (François Ier, 1539), qui vint appuyer la souveraineté du roi.
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+ Les théoriciens du droit qui se démarquent furent notamment Jean Bodin, juriste français et Machiavel.
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+ Les échanges commerciaux en Méditerranée c'est-à-dire la triade amorcés après la période des Croisades, continuèrent, surtout depuis les ports italiens de Venise et Gênes. Ces Républiques acquirent ainsi une grande puissance.
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+ La nouveauté vint, dès le XVe siècle, du contournement de l'Espagne par les grandes voies maritimes, délaissant les routes commerciales continentales traditionnelles, qui passaient par les anciennes foires de Champagne par exemple.
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+ La conséquence fut le déclin des foires de Champagne, très florissantes au Moyen Âge et le développement dès le XVe siècle des grands ports d'Europe du Nord (Bruges, Londres, villes hanséatiques…), qui devinrent en même temps des foyers d'activité culturelle importants.
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+ Alors que la France était encore en pleine guerre de Cent Ans, on assistait ainsi à des échanges entre les grandes villes d'Italie et les grands ports du nord de l'Europe (Bruges, Londres…). La Bourgogne était également prospère.
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+ Quelques techniques permirent un renouveau économique et commercial, inventées ou importées d'autres régions du monde. L'horloge mécanique apparaît en Italie dès 1280 et remplace les sabliers et horloges à eau pendant la Renaissance. L'usage de la verrerie et des vitres se développa au XVIe siècle. L'île de Murano fut un important centre de production. Dans le textile, le rouet et le tricot furent perfectionnés et généralisés. Le procédé de l'amalgame apparaît pour le traitement de l'argent.
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+ L'exploration de nouvelles terres permit également la découverte de nouvelles plantes.
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+ La Renaissance s'est manifestée par un changement important de vision du monde par rapport au Moyen Âge, qui a eu des répercussions considérables aux époques moderne et contemporaine.
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+ Plusieurs éléments caractérisent ce changement :
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+ L'humanisme est une exaltation de l'homme considéré en lui-même, pour lui-même. L'humanisme, même s'il ne nie pas Dieu, le rejette dans l'au-delà et affirme la totale autonomie de l'homme par rapport à Lui. Ce n'est plus Dieu qui sert de référence, mais l'homme qui devient la mesure de toute chose[29].
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+
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+ La Renaissance se définit à la fois par un retour à l'Antiquité grecque et par un retour à la nature (les deux étant liés), ouvrant la voie au naturalisme. L'humanisme, en ramenant tout à l'homme (c'est-à-dire en excluant Dieu) ramène toute chose à une dimension purement naturelle, c'est-à-dire exclut le surnaturel ou réduit sa part. L'art de la Renaissance abandonne le caractère symbolique de l'art médiéval dans la représentation de l'homme et de la nature[30]
240
+
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+ La Renaissance fait de la raison la principale faculté de connaissance de l'homme, reléguant au second plan son esprit ou intellect, faculté de contemplation des réalités surnaturelles. La valorisation de la raison et de l'approche rationnelle des phénomènes favorise non seulement le développement d'une forme de philosophie qui s'affranchit de la théologie dont elle n'était jusqu'alors que la servante, mais encore l'essor des sciences, qui se développeront considérablement à partir du XVIIe siècle à la suite de la révolution copernicienne[31].
242
+
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+ L'humanisme de la Renaissance a pour corrélat une exaltation de l'individu. Cela se manifeste dans l'art par la valorisation de l'artiste en tant que sujet créateur original. Cette tendance s'accentuera ultérieurement avec le Cogito de Descartes qui pose le sujet « je » non seulement comme seule source, mais comme critère de la connaissance vraie et même de la réalité de soi et du monde. L'individualisme mènera par la suite à la concurrence, fondement du capitalisme qui se développera à partir du XVIIIe siècle, et aura pour conséquence l'affaiblissement du sens de la communauté[32].
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+ La conquête du Nouveau Monde a été fondée sur une volonté des États européens d'accroître leur pouvoir en étendant leurs territoires, mais aussi de développer leur économie grâce à une exploitation de ces terres nouvelles et de la commercialisation de leurs produits. Cela a sans doute contribué à modifier l'image de la nature qu'avaient les populations européennes, en y voyant un stock de ressources exploitables et monnayables. Les conquérants ont fait preuve d'une absence totale de scrupule vis-à-vis de la nature, en comparaison des populations indigènes qui avaient un sens développé de la sacralité de la nature[33].
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+
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+ Le christianisme, avec surtout saint Irénée de Lyon, en développant une conception unifiée de l'être humain, avait rejeté le dualisme platonicien et ses avatars gnostiques des tout premiers siècles. Dans le sillage du rationalisme réapparaît, avec Descartes, un dualisme âme-corps. Le corps appartenant à la nature, la séparation entre l'âme et le corps a eu sans aucun doute un effet sur la relation de l'homme avec la nature, rendant l'homme moins proche et moins solidaire de celle-ci, la percevant comme une réalité extérieure à ce qu'il est[34].
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+ L'ensemble de ces éléments, auxquels il faut ajouter la mécanisation des corps et le Dieu horloger lointain, auront pour conséquence, selon le théologien orthodoxe Jean-Claude Larchet, de poser les fondements spirituels de la crise écologique que nous connaissons aujourd'hui[35].
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+ « Vrais » renards
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+ Genre
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+ Vulpes est un genre de mammifère carnivores de la famille des canidés qui regroupe des animaux appelés renards. Ce genre a été créé en 1775 par Just Leopold Frisch.
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+ Ils se distinguent du genre Canis notamment par leurs pupilles ovales.
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+ La position du fennec dans le genre Vulpes n'est pas acceptée pour tous les auteurs. Il avait tout d'abord été placé dans un genre particulier Fennecus compte tenu de ses particularités morphologiques. Certains auteurs en font un membre du genre Canis.
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+ Même chose pour le renard polaire, qui est encore souvent nommé Alopex lagopus, au lieu de Vulpes lagopus.
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+ Le latin Vulpes vient de l'indo-européen commun h₂wl(o)p ~ h₂ulp qui désigne déjà le renard[1].
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+ Le genre compte douze espèces actuelles :
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+ (Renard du Bengale)
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+ (Shaw, 1800)
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+ (Renard de Blanford)
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+ Blanford, 1877
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+ (Renard du Cap)
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+ (A. Smith, 1833)
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+ (Renard corsac)
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+ (Linnaeus, 1768)
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+ (Renard du Tibet)
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+ Hodgson, 1842
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+
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+ (Renard polaire)
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+ (Linnaeus, 1758)
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+ (Renard nain)
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+ Merriam, 1888
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+ (Renard pâle)
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+ (Cretzschmar, 1827)
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+ (Renard de Rüppell)
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+
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+ (Schinz, 1825)
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+
53
+ (Renard véloce)
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+
55
+ (Say, 1823)
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+
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+ (Renard roux)
58
+
59
+ (Linnaeus, 1758)
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+
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+ (Fennec)
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+
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+ (Zimmermann, 1780)
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+
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+ Et peut-être dix espèces fossiles :
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+ Kaup, 1829
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+ Forsyth Major, 1877
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+ Thenius, 1954
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+ Ginsburg, 1998
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+ Geraads, 2011[2]
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+ Tivadar Kormos, 1932
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79
+ (Tivadar Kormos, 1932)
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+ de Bonis et al., 2007[3]
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+ Hartstone-Rose et al., 2013
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+ Savage (de), 1941
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+ Vulpes vulpes • Renard commun, Renard rouge
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+ Espèce
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+ LC  : Préoccupation mineure
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+ Statut CITES
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+ Le Renard roux (Vulpes vulpes), appelé aussi Renard commun, Renard rouge ou, rarement encore, Goupil (son appellation au Moyen Âge, avant que le succès du Roman de Renart ne transforme ce prénom d'origine germanique en nom commun), est une espèce de Canidés de taille moyenne. Il s'agit du renard le plus répandu en Eurasie, en Amérique du Nord, en Afrique du Nord et en Australie. C'est un mammifère au pelage roux marqué de blanc sous le ventre et la gorge, au museau pointu, aux oreilles droites et à la queue touffue. L'espèce est classée dans l'ordre des Carnivora, mais il a un régime alimentaire omnivore à prédominance carnivore, et se nourrit surtout de rongeurs et de lapins, mais aussi d'insectes, de poissons ou de fruits. Il est ainsi très opportuniste, ce qui lui permet de s'adapter à des milieux très différents et de modifier son alimentation suivant le mois de l'année. Le Renard roux se reproduit, suivant la région, de décembre à février, pour une mise bas aux beaux jours (gestation d'environ 50 jours). Celle-ci s'effectue à l'abri d'un terrier, alors que, le reste de l'année, le renard vit presque exclusivement au grand air. Les petits sont d'abord nourris par le lait de leur mère, puis, petit à petit, le couple de parents leur apporte de la viande. Ils commencent à sortir du terrier au bout de quatre semaines, sont sevrés à neuf semaines, et, après avoir passé l'été avec leurs parents, ils se dispersent à l'automne. L'ampleur de la dispersion et la taille des portées varient suivant les ressources alimentaires du milieu et la mortalité, permettant à l'espèce de maîtriser ses effectifs. Son opportunisme et sa grande faculté d'adaptation, qui lui ont permis de coloniser une grande partie de l'hémisphère nord, en font un des mammifères les plus répandus de la planète.
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+
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+ Le Renard roux est un animal considéré comme rusé, et souvent représenté ainsi dans les contes, comme dans les fables d'Ésope, que le fabuliste Jean de La Fontaine reprend plus tard, ou dans les légendes asiatiques, où il apparaît comme malicieux et doté de pouvoirs magiques. Il est chassé pour sa fourrure, pour le plaisir, pour ses déprédations sur les petits animaux d'élevage et aussi parce que le renard est un des vecteurs de la rage et de l'échinococcose alvéolaire, mais une campagne de vaccination anti-rabique a rapidement permis d'éradiquer la rage d'Europe de l'Ouest. En Europe les chasses à courre sont progressivement interdites depuis le XXe siècle. Le Renard roux investit, petit à petit, les villes, se nourrissant de déchets et se réfugiant dans les parcs et jardins des quartiers résidentiels. Des élevages ont été créés pour approvisionner le marché de la fourrure.
16
+
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+ Le Renard roux est la plus grande espèce du genre Vulpes[1]. Toutefois l'ossature du Renard roux est remarquable pour sa légèreté et l'animal est nettement plus léger qu'un chien ou un coyote de sa taille. Ces os moins denses lui donnent un avantage important pour courir[2] ; ceux de ses membres, par exemple, pèsent 30 % de moins pour une même unité de volume que ceux d'un chien de taille similaire[3]. Le Renard roux présente des variations importantes de taille suivant les individus, le sexe, l'âge et l'origine géographique. En moyenne, les adultes mesurent 35 à 40 cm de haut au garrot et 58 à 90 cm de long sans la queue qui mesure, elle, entre 32 et 49 cm[4]. Les oreilles mesurent 7,7 à 12,5 cm et les pattes arrière 12 à 18,5 cm. Les Renards roux pèsent entre 2,2 et 14 kg, avec une moyenne de 7 kg pour un mâle adulte[5], les femelles étant généralement 15 à 20 % moins lourdes que les mâles[6]. Le poids varie suivant les sous-espèces et suivant les individus, mais également pour un même animal suivant son âge et suivant la saison : le renard prend progressivement du poids au cours de ses cinq premières années, en perd en mars avril et atteint un maximum durant l'hiver[5]. Les mâles adultes ont un crâne mesurant 129 à 167 mm, tandis que celui des femelles mesure entre 128 et 159 mm[7]. Les empreintes des pattes avant mesurent 60 mm de long et 45 mm de large, tandis que celles des pattes arrière mesurent 55 mm de long pour 38 mm de large. Les Renards roux d'Amérique du Nord sont généralement plus légers, avec un corps très allongé par rapport à leur poids et présentent un haut degré de dimorphisme sexuel. Les Renards roux britanniques ont un corps plus ramassé et plus massif que les spécimens continentaux[8].
18
+
19
+ Le Renard roux a un corps allongé avec des membres relativement courts par rapport à sa taille. Sa queue, qui est plus longue que la moitié de son corps[9] (elle représente généralement 70 % de la taille de son corps[10]), est longue, duveteuse et touche le sol lorsqu'il est debout. Elle se termine par une petite touffe de poils blancs. Elle sert à l'animal de balancier et lui tient chaud quand il dort et qu'il s'en enveloppe[11]. Les pattes avant ont cinq doigts au sol quand les pattes arrière n'en ont que quatre, le cinquième étant situé plus en hauteur[12],[11]. Ces doigts se terminent par des griffes semi-rétractiles[11]. Ils sont entourés de poils interdigitaux, en plus grand nombre pendant la période hivernale[13].
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+
21
+ Le Renard roux a un crâne étroit et allongé avec un museau fin se terminant par une truffe noire[14] et une boîte crânienne peu développée. La gorge, le menton et le pourtour de la bouche sont blancs, et on distingue une tache sombre à l'arrière de la truffe, sur le côté du museau, et un larmier de même couleur, plus ou moins marqués[5]. Il a une petite bouche, armée de 42 dents. Ses canines sont longues et pointues. Elles sont concaves, contrairement à celles du chien par exemple[15]. Les canines de la mâchoire supérieure sont espacées de 3 cm et celles de la mâchoire inférieure de 2,6 cm[16]. Les incisives sont légèrement inclinées vers l'intérieur, et permettent à l'animal de saisir ses proies et couper les petits morceaux de viande. Les prémolaires sont simples et pointues tandis que les molaires ont une forme plus aplatie et sont bien adaptées pour broyer les aliments, comme les os des petites proies par exemple[16]. Les dents sont solides, avec un émail épais qui se renouvelle régulièrement. Elles sont bien aiguisées[16],[17]. Les commissures des lèvres sont sombres et légèrement ascendantes, laissant un rictus sur la face de l'animal[18]. Les yeux sont jaune ambre à verdâtres, et sont bordés de cils noirs sur la paupière supérieure[18]. Leurs pupilles sont ovales et verticales[9]. Elles comportent des membranes nictitantes, mais qui ne bougent que lorsque les yeux sont fermés. Les oreilles sont triangulaires et bien mobiles. Elles sont bordées de chaque côté par une rangée de poils[19].
22
+
23
+ L'aspect général du mâle et de la femelle diffère peu et il n'est pas aisé de les distinguer. La femelle est légèrement plus petite et plus légère. Son ossature est également plus fine. Elle a pareillement un crâne plus petit que celui du mâle, qui comporte aussi des régions nasales plus grandes et des canines plus longues[20]. Les femelles sont plus faciles à repérer en période d'allaitement, quand les mamelles sont apparentes[4]. Elles ont trois paires de mamelons[9], mais des individus en ayant sept, neuf ou dix paires ne sont pas rares[12]. Les testicules des mâles sont moins grands que ceux du Renard arctique (Vulpes lagopus)[21].
24
+
25
+ La fourrure du Renard roux est dense, douce, soyeuse et relativement longue, notamment en hiver. Elle lui permet de résister à des températures très basses, jusqu'à −13 °C[18]. Elle est très longue, dense et duveteuse chez les renards du nord, mais plus courte, clairsemée et grossière chez les renards vivant plus au sud[9]. Les renards vivant en altitude ont également un pelage plus long[22]. Le pelage du renard est composé de deux couches de poils. Le poil de bourre constitue la couche inférieure. Il se compose de poils fins et courts d'environ 4 cm, très denses et de couleur sombre. La seconde couche de poils est composée de poils plus longs, environ 10 cm, et plus grossiers[22]. Cette couche est nettement moins épaisse que la précédente[22]. À la base des poils se trouvent des glandes pilo-sébacées, dont la sécrétion permet d'entretenir la fourrure de l'animal et donne à chaque individu une odeur propre[22].
26
+
27
+ Son pelage est généralement roux, mais comporte des variations suivant les sous-espèces. Il peut varier du jaune-beige au marron foncé. Les parties latérales du museau, la gorge, le dessous du ventre, la face interne des membres et l'extrémité de la queue sont blancs ou du moins plus clairs que le reste de l'animal[19],[22]. L'extrémité des pattes est généralement noire[22]. Les oreilles ont des poils plus clairs à l'intérieur, et sont brun foncé à noir à l'extérieur[23]. Les pattes sont noires[19]. On observe aussi des colorations beaucoup plus sombres, comme chez les renards charbonniers d'Amérique du Nord qui sont de couleur sombre avec un dessous noir, ou certains renards argentés avec une fourrure noire parsemée de longs poils blancs[19]. Il existe également des formes de coloration intermédiaires, appelés renards croisés, qui comportent un motif foncé en croix sur le dos et les épaules[23]. Les cas d'albinisme sont rares chez le renard mais existent néanmoins, souvent ce sont plutôt des individus leucistisques. Dans ce cas l'animal a le bout des oreilles et la queue noirs[23]. On trouve de tels spécimens dans les zones forestières du sud, et ils présentent souvent diverses malformations. Ils sont plus fréquents les années où la nourriture est rare[24].
28
+
29
+ La mue a lieu tout au long de l'année. Les poils de bourre sont les premiers concernés, au mois d'avril, puis ce sont les poils de jarre. Ainsi au printemps le pelage du renard peut prendre un aspect étrange, avec des poils de longueurs différentes[23]. Les poils repoussent tout d'abord en bas des pattes, puis les parties supérieures du corps muent progressivement durant l'été, en commençant par les flancs, puis le dos et la queue[23]. En automne, le renard commence à retrouver progressivement son poil d'hiver, dans le même ordre que pour le perdre. Son pelage s'épaissit ensuite au début de la saison froide[23].
30
+
31
+ Son crâne se distingue de celui d'un chien par son museau fin, ses canines plus fines et au profil concave et non convexe. Il est plus imposant que les autres renards, et s'en distingue facilement grâce à sa coloration caractéristique. Le Renard des steppes s'en distingue par sa coloration nettement plus claire[25]. Le Renard à grandes oreilles et le Renard véloce ont des oreilles nettement plus imposantes[26].
32
+
33
+ Bien qu'il appartienne à la famille des canidés, le Renard roux présente un certain nombre de convergences anatomiques avec le chat. Tout comme lui, le chat présente en effet des vibrisses, des canines développées, un tapetum lucidum, des poils interdigitaux, une pupille verticale et des griffes rétractiles (même si elles ne le sont que partiellement chez le renard)[27]. On retrouve également des ressemblances dans le comportement, comme la posture de menace en présentant le corps latéralement à l'adversaire, la technique de chasse et le type de proies choisies ou le comportement joueur[27]. Le Chat forestier (Felis silvestris silvestris) occupe une niche écologique semblable à celle du renard, ce qui peut expliquer ces ressemblances[27].
34
+
35
+ Le renard est très territorial, concept social et lié à la défense d'une certaine surface, qui correspond généralement selon White et al. (1996)[28] au « territoire vital », c'est-à-dire à l'aire exploitée par le renard pour subvenir à ses besoins.
36
+
37
+ Un territoire peut être de quelques dizaines d'hectares en ville selon Harris en 1980 d'après des suivis télémétriques[29], des résultats identiques ayant été produits par Trewhella et al. en 1988[30], Doncaster et Macdonald en 1991[31] et Hegglin et al. en 1998[32]. Le territoire d'un renard peut cependant atteindre « plusieurs centaines d’hectares » en milieu rural ou naturel selon Artois (1989)[33] et Henry (2004)[34]. Cette superficie varie également saisonnièrement en fonction des besoins énergétiques de l'animal et de l'évolution saisonnière de la ressource en aliments[35].
38
+
39
+ Dans une même ville (tout comme en milieu rural), le territoire vital d'un renard peut beaucoup varier selon la richesse des habitats disponibles (Harris et Rayner 1986) et en fonction des variations temporelles qui peuvent être importantes. Il varie selon deux facteurs :
40
+
41
+ Le Renard roux adulte semble souvent solitaire (hors période de reproduction) mais il peut parfois vivre en couple voire former des groupes sociaux de quelques individus, qui néanmoins continuent à chasser seuls[38].
42
+
43
+ La formation de tels « groupes spatiaux » semble dépendre de la ressource alimentaire disponible dans le biotope et de sa distribution, sa fluctuation et son renouvellement, ainsi que de la disponibilité en gîtes diurnes[39]. Dans des milieux aux ressources alimentaires limitées, le renard vit solitaire, formant des couples uniquement en période de reproduction[40]. Dans des milieux plus riches, il vivrait en couple toute l'année[41]. Enfin dans des milieux exceptionnellement riches, et où il évolue en toute quiétude, il peut former de petits groupes atteignant sept animaux, dont des femelles nées l'année précédente et pas encore dispersées[40]. Dans ce cas, seul le couple dominant se reproduit, et il existe une forte hiérarchie dans le groupe[40]. Les femelles subordonnées participent au ravitaillement et à l'élevage des petits[40] et occupent généralement un territoire périphérique à celui du couple dominant[41]. Leur statut peut changer au fil du temps, et elles peuvent être incitées à partir par le couple dominant[41].
44
+
45
+ Le Renard roux marque son territoire et communique avec ses congénères via diverses glandes libérant des substances olfactives. À la sortie de l'intestin il dispose ainsi d'une paire de glandes anales qui lui servent à marquer son territoire, en déposant son arrière-train sur le sol par exemple[42],[43]. Elles libèrent un mélange de molécules chimiques volatiles comprenant des acides gras, des indoles et des cholestérols qui donnent au renard son odeur forte typique[42]. D'autres glandes sont utilisées par les renards pour communiquer entre eux. La glande supra-caudale, située sur la queue à environ 75 mm de la base de celle-ci, est également appelée « glande à violette » et sécrète une substance très volatile à l'odeur de violette[44]. Elle est surtout active pendant la période de reproduction, mais on connaît encore mal son rôle exact[44]. On trouve également des glandes entre les orteils dont les sécrétions marquent le passage de l'animal pendant 20 à 40 minutes, et d'autres à la commissure des lèvres[45].
46
+
47
+ Le Renard roux est un animal territorial, et le mâle comme la femelle marquent leur territoire. En plus de l'odeur qu'il laisse par le biais de ses glandes anales, très actives en période de reproduction, il utilise son urine, et s'en imprègne en se roulant dedans pour marquer par la suite divers objets[46]. Il marque notamment les pierres, les buissons, les touffes d'herbe et les souches d'arbre, laissant son odeur sur une centaine d'objets au sein de son espace vital ainsi délimité, espaçant ses marquages d'une centaine de mètres[47]. Il renouvelle ce marquage sur les mêmes objets tous les deux à trois jours[46]. On peut noter que c'est également pendant la période de reproduction que cette urine est la plus odorante[48]. Par ailleurs le renard urine très fréquemment et en très petites quantités[49]. Il laisse aussi des crottes bien visibles montrant sa présence à ses congénères[48],[50]. Bien qu'il délimite avec de grandes précautions son territoire, le Renard roux ne le défend pas avec trop de fermeté et d'autres renards peuvent ponctuellement le traverser sans trop de risques[49].
48
+
49
+ Les Renards roux ont un assez large panel de vocalisations, et produisent des sons dans cinq octaves, avec des intermédiaires entre chacun d'eux[51],[52]. Une étude de 2008 a observé douze types de cri chez l'adulte et huit chez le jeune[53]. Ces cris sont utilisés pour communiquer entre deux animaux, et peuvent être scindés en deux catégories, les appels amicaux et les cris employés lors de conflits[51] :
50
+
51
+ Il existe un autre type d'appel constitué d'un long waaaaah. On l'entend principalement pendant la saison de reproduction, et on pense donc qu'il s'agit d'un cri des femelles appelant un mâle. Quand il a détecté un danger, le renard émet un aboiement fort et bref pour avertir ses petits[52]. La communication vocale avec les petits est assez complexe, et outre ce cri d'alerte elle comprend divers gloussements gaoo gaoo les faisant accourir hors de leur terrier, et un doux humpf qui les rassure et les met en confiance[52]. De nuit, il emploie plutôt un aboiement rauque répété deux fois pour alerter ses congénères[54]. Pendant l'allaitement les renardeaux pleurnichent, notamment lorsqu'ils ne sont pas satisfaits[51].
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+ Le Renard roux est souvent considéré comme un animal nocturne. En réalité il s'agit surtout d'un animal méfiant qui préfère la tranquillité et la quiétude de la nuit pour sortir[55]. Dans des régions où il n'est pas dérangé, il peut néanmoins tout à fait adopter un mode de vie plus diurne[55]. Au contraire, les renards urbains sont exclusivement nocturnes, leur milieu de vie étant trop perturbé durant la journée[55]. Le rythme de vie varie selon la période de l'année. L'été, pendant la période d'élevage des jeunes il est notamment possible de voir chasser des renards à toute heure de la journée[55]. Quand arrive l'automne, le renard devient plus nocturne, effectuant environ 69 % de son activité la nuit, et étant particulièrement actif à l'aube[56]. L'hiver, le renard sort essentiellement la nuit[56], à l'exception de la période de rut (vue plus haut) durant laquelle on peut le voir en plein jour sillonner de larges plaines dans la quête d'un accouplement. D'une façon générale, il est particulièrement actif les premières heures de la nuit et à l'aurore[55].
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+ Le renard roux a un régime alimentaire omnivore, même s'il fait partie de l'ordre des Carnivores. Il consomme en moyenne l'équivalent de 600 kcal quotidiennement, soit 300 à 600 g de nourriture[57], mais en période de disette il peut se contenter de 50 kcal journalières[58]. Le Renard roux a un estomac de faible capacité en comparaison de sa taille, et il doit donc avoir des prises alimentaires fréquentes ; il passe environ le tiers de son temps à chasser[58].
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+ Son alimentation est très variée, notamment suivant son habitat et la saison. Une étude a montré que dans le territoire de l'ex-URSS pas moins de 300 animaux et quelques douzaines d'espèces de plantes entraient dans son régime alimentaire[59]. Sa première source de nourriture est constituée de petits vertébrés, n'excédant pas la taille d'un lapin de garenne, et qui peuvent composer pas moins de 60 % de son menu, voire plus dans certaines régions comme en Scandinavie où les lapins représentent 75 % de son alimentation certaines périodes de l'année, sans que les effectifs de ces derniers ne soient mis en danger, du fait de leur bonne prolificité[57]. Il a une préférence pour les petits rongeurs comme les campagnols et les souris, mais aussi les écureuils terrestres, les hamsters, les gerbilles[59], les marmottes, les rats à poche et les souris de chasse[60]. Il évite les musaraignes dont les glandes sébacées produisent une odeur repoussante[61]. Il peut également manger des oiseaux (principalement des passériformes, des galliformes et du gibier d'eau) et des léporidés (essentiellement des lapins de garenne, le lièvre étant généralement trop rapide pour le renard[62],[57]), ainsi que des porcs-épics, des ratons laveurs, des opossums, des grenouilles et des reptiles. Occasionnellement il mange des insectes comme les coléoptères et les sauterelles et d'autres invertébrés comme les lombrics qu'il recueille après la pluie et qui constituent une source de protéines non négligeable[63]. Il lui arrive également de profiter d'animaux marins échoués (mammifères marins, poissons et échinodermes)[59],[60],[62]. Beaucoup plus rarement il peut s'attaquer aux ongulés[64]. Les Renards roux ne semblent pas apprécier le goût des taupes, mais peuvent tout de même en attraper occasionnellement et les présenter à leurs petits pour que ceux-ci jouent avec[65]. Le renard est aussi nécrophage, ne dédaignant pas une carcasse qu'il rencontre. Il se nourrit aussi des placentas des mammifères[57].
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+ Les Renards roux mangent parfois des végétaux, graines, champignons et fruits[62] et dans certaines régions ces derniers peuvent même constituer l'intégralité de leur régime en automne. Parmi les fruits qu'ils consomment on compte les myrtilles, les mûres, les framboises, les cerises, les kakis, les pommes, les prunes, les raisins et les glands. Ils mangent aussi occasionnellement de l'herbe et des tubercules[60]. En ville il ne dédaigne pas les déchets ménagers[62]. Dans de rares cas, le renard peut s'attaquer à l'homme pour se nourrir mais uniquement en dernier ressort dans le cas de famine par exemple[66]. Le Renard roux est opportuniste et adapte son alimentation à la saison et à l'accessibilité de la nourriture. Ainsi, il mange des rongeurs au printemps, des cerises en juin-juillet, un grand nombre de criquets et coléoptères lorsque ceux-ci abondent en été, mange des champignons en automne, et se contente souvent de charognes, respectant un cycle saisonnier qui a été démontré au Japon mais se retrouve un peu partout dans son aire de répartition[67]. C'est certainement cet opportunisme qui lui a permis de s'imposer sur une si large aire géographique[62].
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+ Le Renard roux, contrairement à de nombreux canidés qui chassent en meute, part en quête de nourriture en solitaire[68]. Il chasse tôt le matin, avant que le soleil se lève, et tard le soir[69]. L'hiver, il chasse également de jour quand les rongeurs sont en activité. Quand il chasse de petits rongeurs, il emploie une technique bien particulière appelée mulotage. Il repère tout d'abord sa proie au bruit et s'en approche lentement, sans faire le moindre bruit. Une fois la proie bien repérée et à portée, il se met en position, pattes antérieures tendues et pattes postérieures fléchies et oreilles orientées vers la proie, puis bondit en l'air pour retomber sur sa proie, pouvant être située jusqu'à 5 m de lui[3],[61]. Celle-ci est alors tuée sur le coup d'une morsure à la nuque. Seul un saut sur cinq est couronné de succès[61]. Pour ses autres proies, il utilise la technique de chasse à l'affût. Ainsi quand il chasse le lapin il s'en approche lentement, arrêtant son avancée lorsque la proie cesse son activité ou regarde en sa direction, avant de lancer la course poursuite dès qu'il se trouve suffisamment près. La victime est tuée d'une morsure à la nuque et est dépecée avant d'être consommée[70]. Pour les oiseaux, il attend patiemment, après avoir repéré une proie potentielle, que celle-ci se pose au sol pour bondir dessus et s'en saisir[70]. Cette technique est très aléatoire et le taux de réussite est faible. S'il parvient à attraper un oiseau, il le plume soigneusement[71]. Le renard peut également employer la ruse pour arriver à ses fins, en faisant le mort pour attraper un corbeau par exemple[71]. Au printemps il lui est facile de capturer des femelles nichant au sol comme les canes ou les perdrix[68]. En bord de mer il recherche les couvées juste écloses pour se délecter des poussins[57]. Il chasse les lombrics dans les prairies fauchées peu de temps après une averse, examinant avec attention le sol et tirant le ver de terre avec ses incisives une fois qu'il l'a repéré[72]. Il peut ainsi attraper 2,5 lombrics à la minute[72]. Pour les insectes, il chasse l'été dans les prairies aux herbes hautes, attrapant ceux qu'il trouve sur son passage, ou dans les sous-bois, cherchant sous les feuilles et repérant ses proies grâce à son ouïe[73]. Il creuse également de petits trous coniques pour déterrer certains du sol[73]. Le Renard roux est aussi bon pêcheur et peut capturer des truites de bonne taille, bondissant sur des groupes de poissons en eau peu profonde[73]. Au cours de sa chasse, il collecte également des végétaux, ramassant les fruits tombés au sol ou les cueillant même sur les branches les plus basses[74].
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+ Généralement il se nourrit de charognes uniquement tard le soir et dans la nuit[75]. Il profite fréquemment de carcasses d'animaux victimes du trafic routier (oiseaux, rongeurs, chevreuils, etc.) Pour des proies de cette taille il commence généralement son repas par les orifices naturels, avant d'élargir progressivement au reste de la carcasse[74]. Il lui arrive aussi de s'attaquer aux volailles d'élevage qui constituent des proies faciles et en abondance, profitant d'un enclos mal fermé[74]. Il ne laisse aucun autre renard toucher à la proie qu'il vient d'attraper, et la défend même face à un mâle dominant[76]. Il lui arrive de cacher de la nourriture pour faire des réserves en prévision de jours plus difficiles[62]. Pour cela il creuse de petits trous d'une dizaine de centimètres de profondeur, pour y déposer sa proie et la tasser au fond avec ses pattes antérieures avant de repousser la terre sur le trou avec son museau et recouvrir le tout de quelques feuilles et branchages[77]. Il multiplie les caches en des lieux différents au sein de son territoire, afin d'éviter de se les faire piller trop souvent par ses congénères ou d'autres carnivores ou corvidés (pies, corneilles, corbeaux[77], etc.) Il retrouve ensuite ses caches grâce à sa mémoire[78], son odorat et le marquage olfactif qu'il laisse à proximité[77]. Il peut parfois chasser pour le plaisir, sans consommer toutes ses proies. Ainsi, au cours de la saison de reproduction, quatre renards ont été observés tuant environ 200 mouettes rieuses chacun, principalement durant la nuit, lorsque les conditions de vol étaient peu favorables. Il peut donc causer des pertes très préjudiciables dans les élevages de volailles et au gibier[79],[80]. Comme le chat, il peut aussi jouer avec une proie sans la tuer directement avant de l'abandonner[61].
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+ Le Renard roux atteint sa maturité sexuelle vers l'âge de dix mois. Les mâles et les femelles sont habituellement monogames. La période de reproduction a principalement lieu entre la mi-janvier et la mi-février. Les couples se forment ainsi au début de l'hiver, alors que mâles et femelles chassent en solitaire le restant de l'année[81]. À cette période, les mâles parcourent de longues distances (jusqu'à 6 km) à la recherche des femelles, qu'ils trouvent grâce à leur cri et aux marques olfactives qu'elles laissent derrière elles[82]. Les mâles s'affrontent régulièrement pour une femelle. Ils se battent tête-bêche en tournant sur eux-mêmes ou face à face, les pattes posées sur les épaules de l'adversaire et la gueule ouverte[82]. Mâles et femelles se chamaillent également dans des luttes fictives à cette période.
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+ À l'approche de l'ovulation, le mâle suit la femelle tout au long de la journée. Il attend le moment de l'œstrus, propice à la fécondation et qui dure seulement trois jours. Pendant la période de fécondation, les testicules du mâle voient leur volume multiplié par six. Chez la femelle, ce moment particulier du cycle œstral se traduit par une vulve rose et enflée. Le couple s'accouple généralement plusieurs fois durant la période d'œstrus de la femelle. La copulation est semblable à celle des chiens, et se termine également par un verrouillage du pénis du mâle gorgé de sang dans le vagin de la femelle, qui peut durer jusqu'à 90 minutes. Il peut arriver que la femelle s'accouple avec plusieurs mâles (système d'appariement de type polygynandres). Dans ce cas, elle choisit lequel nourrira la famille et chasse l'autre de son territoire. En dehors de la période d'œstrus, la femelle repousse le mâle s'il s'approche trop près d'elle[83].
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+ La mise bas a lieu de mars à mai, après 51 à 53 jours de gestation[82]. Elle a lieu dans un terrier, qui est rarement creusé par le renard lui-même[84]. Celui-ci utilise généralement un terrier de blaireau, de lapin de garenne ou de marmotte, ou une cavité naturelle dans des rochers ou des souches. Il doit ainsi souvent partager ce terrier avec d'autres animaux. Il cohabite avec le lapin de garenne sans mettre celui-ci en danger, puisqu'il ne chasse généralement pas à proximité directe de son terrier[85]. En cas de cohabitation avec des blaireaux, il occupe les galeries les plus en surface quand le blaireau se terre plus en profondeur[85]. Le terrier fait généralement cinq à quinze mètres de long, comporte plusieurs pièces, et est orienté vers le sud[82]. Généralement il comporte plusieurs sorties, est placé suffisamment en sécurité pour permettre aux petits de sortir sans risque, et est situé à proximité d'un point d'eau[84]. En dehors de la période de reproduction le Renard roux passe la nuit dehors et utilise très rarement le terrier, à part sporadiquement par grand froid[86]. Avant la mise bas, le couple visite plusieurs terriers avant de choisir celui qui lui convient le mieux[86].
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+ Le nid dans lequel la femelle met bas ne comporte pas de litière et les petits sont à même le sol[87]. Chaque naissance est espacée de dix à trente minutes[87]. La femelle tranche le cordon ombilical à la fin de la mise bas, et mange les arrière-faix. Les petits anormaux sont également mangés[87]. La mère lèche chacun de ses petits jusqu'à ce qu'il commence à crier[87]. En moyenne, chaque femelle met au monde quatre à six petits, mais dans des situations plus exceptionnelles la taille de la portée peut varier d'un à douze[87]. Le sex-ratio des nouveau-nés est bien équilibré entre mâles et femelles[88]. Les petits renards naissent aveugles et sourds et ont un pelage sombre, avec la pointe de la queue blanche[87]. Ils pèsent entre 85 et 125 grammes à la naissance[82].
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+ La mère reste en permanence avec ses petits durant les deux premières semaines, pendant lesquelles le mâle se charge exclusivement de chercher de la nourriture[82],[87]. Il n'est toutefois pas toléré dans le terrier durant cette phase et dépose les proies qu'il collecte à l'entrée[89]. La femelle protège alors les petits du froid. Comme il n'y a pas de litière, ils vont se réfugier dans sa fourrure[89]. Après une dizaine de jours, la femelle amaigrie commence à ressortir du terrier, pour aller se désaltérer et reprendre petit à petit la chasse, mais sans laisser ses petits seuls très longtemps[89]. Les petits commencent à ouvrir les yeux à partir de dix à douze jours[90]. Ceux-ci sont alors bleus à bleu-gris. À partir de six semaines ils évolueront petit à petit vers le brun ambre[90].
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+ Pendant les trois premières semaines, l'alimentation des renardeaux est quasi exclusivement constituée du lait maternel[87]. À partir de l'âge de 18 jours apparaissent les premières dents, les canines, qui seront suivies des incisives puis des prémolaires[90]. Les renardeaux commencent alors à manger de la nourriture solide, d'abord régurgitée par la mère, puis à partir de l'âge de trois semaines constituée des morceaux de viande qu'elle leur apporte[90]. Leur croissance est très rapide pendant leurs premières semaines de vie, et ils atteignent 800 g à 1 kg à 20 jours[90]. Vers 25 jours, de nombreuses bagarres éclatent entre les renardeaux, qui établissent une hiérarchie entre eux[90]. Ils effectuent leurs premières sorties hors du terrier au bout de quatre semaines[82]. Il peut arriver à ce stade que la femelle déplace la portée vers un autre terrier si elle ne se sent pas en sécurité[91]. Elle transporte alors les petits dans sa gueule en les attrapant par la nuque[91]. Ils sont sevrés entre six et neuf semaines[82]. Dès lors, ils se nourrissent exclusivement des proies ramenées par leurs parents, et la mère les repousse s'ils tentent de téter[92]. Les jeunes quémandent la nourriture en s'approchant de l'adulte à plat ventre tout en poussant de petits jappements, puis en lui mordillant les babines[92].
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+ Au mois de juillet, la famille quitte le terrier, pour s'établir généralement dans un champ de céréales ou de maïs, à proximité de terrains de chasse[93]. Le passage vers la résidence d'été est risqué car les animaux doivent parfois traverser plusieurs routes pour y arriver[93]. Les renardeaux deviennent à cette période de plus en plus autonomes, cueillant des fruits et commençant à chasser[93]. À l'automne commence ensuite la dispersion des jeunes. Les mâles sont les premiers à quitter le cercle familial, puis vient le tour des femelles, certaines d'entre elles restant au sein de la famille pour devenir des femelles subordonnées l'année suivante[93]. Pour fonder leur propre famille, les jeunes renards peuvent s'éloigner de quelques dizaines à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu de naissance[93]. On considère que 80 % des renardeaux périssent avant d'arriver à l'âge d'un an[93].
78
+
79
+ Les jeunes sont un peu différents des adultes morphologiquement. Ainsi, leur museau est très court au départ, et il va s'allonger progressivement jusqu'à l'âge de deux mois et demi[92]. À trois mois ils sont similaires à l'adulte, mais en plus petit[92]. Leur pelage est roux, bien qu'un peu plus duveteux que celui de l'adulte[92].
80
+
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+ Les yeux du Renard roux sont dotés d'une pupille légèrement elliptique et positionnée verticalement[16]. Sa vision est plutôt sensible aux mouvements, et le Renard roux a des difficultés à percevoir un individu parfaitement immobile[16]. De même il ne voit pas la couleur orange[16]. En revanche, il a une très bonne vision de près, et est capable de voir la nuit[16]. De nuit, le tapetum lucidum qui tapisse l'arrière de son œil lui permet d'améliorer sa vision, et explique que ses yeux soient si brillants dans les phares d'une automobile[94]. Il utilise toutefois principalement ses autres sens une fois la nuit tombée[94]. Son ouïe est extrêmement sensible, et il est capable d'entendre les basses fréquences jusqu'à 3,5 Hz et les hautes fréquences jusqu'à 65 kHz, quand l'Homme par exemple s'arrête à 16 kHz[42],[94]. Cela lui est très utile pour repérer les rongeurs situés sous terre ou sous la neige et les lombrics à la surface du sol et pour chasser la nuit[42]. Son odorat est également très performant[42], grâce aux 225 millions de cellules olfactives qu'il possède[94]. Le toucher des renards est grandement amélioré par ses vibrisses. Les plus longues d'entre elles sont situées au niveau de la moustache, de chaque côté du museau, et peuvent atteindre 11 cm, et les autres sont situées sous le menton[45]. À la base de chacune de ces vibrisses se trouve un récepteur nerveux très sensible[45]. Elles aident certainement l'animal à se déplacer dans son terrier ou dans une végétation dense la nuit[45]. Elles sont complétées par d'autres poils tactiles situés tout autour de la face et sur les membres antérieurs[45]. Le Renard roux est par ailleurs doué d'un bon sens de l'orientation[94].
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+ Les Renards roux dominent généralement les autres espèces de renards. Le Renard arctique rencontre très rarement le Renard roux car il vit plus au nord, là où la nourriture est trop rare pour ce dernier, plus imposant. Occupant une niche écologique identique, c'est certainement la présence du Renard roux qui explique l'absence du Renard arctique plus au sud. Cette théorie est consolidée par le cas des renards introduits sur l'archipel Alexandre en provenance des îles Aléoutiennes durant les années 1830 à 1930 par des marchands de fourrures. Des spécimens des deux espèces ont été introduits et le Renard roux chasse systématiquement de son territoire le Renard arctique[95]. Aux rares endroits où ils cohabitent, le Renard arctique, plus petit et moins agressif, parvient à éviter la compétition en se nourrissant de lemmings plutôt que de campagnols, qu'affectionnent particulièrement les Renards roux. S'ils en ont l'opportunité, chacune de ces espèces détruit les petits de l'autre[96]. Les rencontres entre ces deux espèces deviennent un peu moins rares, le Renard roux profitant du réchauffement climatique pour s'installer plus au Nord[97]. Les Renards roux sont également en compétition avec le Renard corsac, qui se nourrit des mêmes proies tout au long de l'année. Ils prennent le dessus car ils sont plus forts et mieux adaptés à attraper des rongeurs de grande taille et à chasser malgré une couche de neige supérieure à 10 cm. Le Renard corsac prend uniquement le dessus dans les milieux semi-désertiques et les steppes[98]. En Israël, le Renard de Blanford vit uniquement dans les zones rocheuses escarpées et évite les plaines où il serait en compétition avec le Renard roux[95]. Le Renard roux prend le dessus sur le Renard nain et le Renard véloce. Les Renards nains évitent généralement d'entrer en compétition avec leurs cousins plus imposants en vivant dans des milieux plus arides, tandis que le Renard roux occupe une aire de plus en plus vaste comprenant des zones où vivait autrefois le Renard nain, du fait du changement climatique. Le Renard roux peut tuer ces espèces, et les concurrences pour l'accès à la nourriture et au terrier[99]. Les Renards gris font exception parmi les espèces de renard puisqu'ils ont le dessus sur le Renard roux. Historiquement ces deux espèces se rencontraient très rarement, puisque les Renards gris préféraient les zones fortement boisées ou semi-arides à l'habitat ouvert et mésique qu'affectionne le Renard roux. Toutefois, les interactions se font aujourd'hui plus fréquentes du fait de la déforestation qui permet au Renard roux de coloniser des zones accueillant traditionnellement des Renards gris[99].
84
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+ En dehors de l'Homme, les principaux prédateurs du Renard roux sont, en fonction des aires de répartition qu'ils partagent, le loup, le lynx, l'aigle royal ou le hibou grand-duc. Ces prédateurs s'attaquent quasi exclusivement aux renardeaux, mais leur impact peut parfois être important, comme dans les Highlands en Écosse où l'aigle royal fait de nombreuses victimes dans les portées[100]. Plus occasionnellement, les renardeaux peuvent être victimes d'un blaireau ou d'un renard adulte[100]. En ville, le danger vient surtout des chiens et des chats domestiques qui s'attaquent aux petits[100].
86
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+ Les Renards roux constituent le premier vecteur de la rage en Europe[101] et l'est également pour le Nord-Ouest et l'Arctique américain[102],[103]. Cette maladie très ancienne a quasiment disparu en Europe de l'Ouest, le dernier cas de rage observé en France sur un renard remontant à 1998[104], mais la maladie reste encore présente en Europe centrale[101]. Sur les côtes de l'Alaska, la présence de la rage est endémique et est souvent la source d'épizootie[102]. La proportion des Renards roux contaminés demeure inconnue mais reste suffisamment conséquente pour que régulièrement les prélèvements effectués sur les spécimens abattus, piégés ou retrouvés morts en Alaska se révèlent positifs au virus[105] ; et suffisamment pour que certains estiment que 85 % à 86 % des Renards roux du Versan nord de l'Alaska soient enragés[106]. Normalement farouche et nocturne l'animal malade devient agressif, belliqueux et mord facilement. Il recherche la confrontation avec l'Homme ou tout autre animal à sa portée ; se risquant même à attaquer de face ou en plein jour. De l'écume sort de sa gueule[101], et il se met parfois à mordre sans raison des objets inertes et non comestibles[107]. Plus tard dans l'évolution de la maladie, son arrière-train s'immobilise petit à petit et l'animal meurt de paralysie du système respiratoire et cardiaque[101].
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+ Le Renard roux a longtemps fait les frais de sa réputation de vecteur de la maladie, étant chassé en vue d'éradiquer celle-ci[108]. Toutefois seule la vaccination s'avère efficace pour stopper l'épizootie[108]. À Londres, on observe de nombreux cas d'arthrite sur les renards, notamment au niveau de la colonne vertébrale[109]. Les renards peuvent également être porteurs de la leptospirose et de la tularémie, bien qu'ils demeurent peu sensibles à cette dernière. Ils peuvent être atteints de listériose et de spirochétose, et contribuer à la propagation de l'érysipèle, de la brucellose et de la méningo-encéphalite à tiques. Une maladie létale indéterminée sévit dans les populations de renards près du lac Sartlan dans l'oblast de Novossibirsk. Cette pathologie pourrait être liée à une forme aiguë d'encéphalomyélite, qui a été pour la première fois observée chez des renards argentés en captivité. Des cas sporadiques de renards infectés par Yersinia pestis sont connus[110].
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+ Les Renards roux portent des puces, mais l'infestation demeure généralement raisonnable. Des espèces comme Spilopsyllus cuniculi sont certainement issues des proies que le renard consomme, tandis que d'autres comme Archaeopsylla erinacei l'infestent lorsqu'il se déplace. Les puces qui parasitent le Renard roux comprennent Pulex irritans, Ctenocephalides canis et Paraceras melis. Des tiques telles que Ixodes ricinus et I. hexagonus ne sont pas rares sur les renards, et on en retrouve sur les jeunes qui ne sont pas encore sortis du terrier. Le pou Suricatoecus vulpis est un parasite spécifique au renard, mais est rare. L'acarien Sarcoptes scabiei est la cause la plus fréquente de la gale chez le Renard roux[111]. Elle provoque d'importantes pertes de poils, commençant à la base de la queue et derrière les pattes, puis la croupe et le reste du corps[111]. Les individus touchés depuis longtemps peuvent perdre la majorité de leur fourrure et 50 % de leur masse corporelle et la gale peut ronger les extrémités infectées[111]. Durant la phase épizootique de la maladie, il faut généralement 4 mois pour que l'animal en meure[111]. D'autres parasites moins fréquents sont retrouvés sur les renards comme les acariens Demodex folliculorum, ceux du genre Notoedres, Otodectes cynotis (que l'on retrouve dans le conduit auditif), le crustacé Linguatula serrata (qui infecte les voies nasales) et les champignons responsables de dermatophytoses[109],[110].
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+ Jusqu'à 60 espèces de vers parasites sont connues comme pouvant infecter le renard dans les fermes de production de fourrure, tandis que l'on en trouve 20 chez les spécimens à l'état sauvage. Plusieurs espèces de coccidies du genre Isospora et Eimeria sont susceptibles de l'infecter[110]. Les espèces de nématodes les plus communes sont Toxocara canis et Uncinaria stenocephala, Capillaria aerophila[112] et Crenosoma vulpis, les deux dernières infectant les voies respiratoires. Pearsonema plica infecte la vessie du renard. La trichinose due à Trichinella spiralis est rare, mais celle causée par Trichinella nativa est commune en Alaska[113]. On rencontre également des cestodes comme notamment Taenia spiralis et T. pisiformis. Parmi les parasites on peut également noter 11 espèces de trématodes, ainsi qu'Echinococcus granulosus et E. multilocularis[109]. Ce dernier parasite, également appelé ténia du renard, peut être contracté par l'Homme s'il entre en contact avec des objets souillés par l'urine ou les excréments d'un renard, comme un fruit tombé à terre par exemple[114]. Le parasite s'attaque alors au foie et l'infection peut aller jusqu'à la mort de l'individu touché. On recense une dizaine de victimes de la maladie annuellement en France[114].
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+ Le Renard roux est un digitigrade, c'est-à-dire qu'il se déplace sur les doigts. Il laisse au sol une empreinte caractéristique, où les doigts apparaissent plus éloignés du talon que sur l'empreinte d'un chien. Sur l'empreinte du talon, on aperçoit la marque d'une callosité en forme de chevron que l'on trouve uniquement chez les renards[11]. Du fait de la présence de poils sur ses orteils, ses empreintes sont toutefois un peu moins marquées que celles d'autres animaux. Elles sont parfaitement alignées, et chez un animal qui marche les empreintes entre les pattes antérieures sont espacées de 30 cm[115],[116]. Cette distance s'élève à 45 à 60 cm quand l'animal est au trot, et atteint 1,8 à 3 m quand l'animal court[116]. Lorsqu'il marche, le renard a trois points d'appui au sol. Il adopte souvent une marche sinueuse et il lui arrive de poser ses pattes arrière dans l'empreinte de ses pattes avant[117]. Sa démarche alterne marche lente, petit trot, pause et volte-face[117]. Il porte la tête légèrement inclinée vers le bas, et tient tous ses sens en alerte[117].
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+ C'est un animal très agile, qui peut réaliser des bonds de deux mètres au-dessus de clôtures[116]. Il est bon marcheur, et quand il chasse la nuit il parcourt fréquemment une dizaine de kilomètres. Il est capable de ramper sur de courtes distances, et de se faufiler dans des passages étroits grâce à son corps fuselé[117]. C'est aussi un bon nageur[118]. Il court à une vitesse de 6 à 13 km/h, et peut atteindre au maximum 50 à 60 km/h sur de courtes distances[116]. Il dépasse ainsi le loup en vitesse, mais est nettement moins endurant[116]. Son faible poids lui permet de s'aventurer sur des sols très peu portants, comme de la boue, de la vase ou de la neige[119]. C'est aussi un bon grimpeur[119], même s'il n'égale pas le Renard gris dans ce domaine[116].
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+ Le Renard roux a une forte capacité d'adaptation aux conditions du milieu dans lequel il vit. Ainsi, la population se maintient à un niveau stable. En revanche, en cas de surpopulation passagère, on observe un réajustement des effectifs par une plus grande dispersion des animaux à l'automne, et par une plus grande mortalité par le biais de l'arrivée d'épizooties[120]. En cas de manque de nourriture, la population s'autorégule de différentes manières : les animaux subalternes du groupe sont moins bien tolérés et forcés à se disperser, le nombre de femelles gravides est moins important et les portées sont moins nombreuses[120]. La taille des portées est un élément important de la régulation des populations. En effet le nombre d'embryons peut varier entre un et quatorze suivant les conditions[120]. Ce phénomène est bien visible lorsqu'on l'observe en parallèle de l'évolution de la population de campagnols par exemple, une proie très appréciée des renards. Lors d'une saison de reproduction qui suit une « bonne année à campagnols », les portées sont de taille très importante, alors qu'elles sont réduites de moitié les années où les campagnols sont moins présents[120],[121]. Par sa capacité à rebondir face à une importante mortalité, il est très difficile de réguler la population de renards et les tentatives de l'Homme sont souvent vaines. Le territoire du renard éliminé est en effet très rapidement réapproprié par un rôdeur, et les renardes compensent les disparitions de leurs congénères par une plus grande prolificité.
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+ Le Renard roux n'effectue pas de migrations massives comme d'autres espèces, mais on peut noter un phénomène de dispersion des jeunes très marqué puisque ceux-ci peuvent s'éloigner de plusieurs dizaines de kilomètres de leur point de naissance, participant à la colonisation de nouveaux milieux[122]. Les adultes quant à eux s'éloignent très rarement de leur territoire[122]. Le phénomène de dispersion, à l'automne, concerne surtout les jeunes mâles qui quittent quasiment tous le groupe familial[122]. Le jeune s'en va sans jamais faire demi-tour ni faire trop de crochets. Seuls les obstacles que constituent les autoroutes, les lacs et les fleuves le détournent de sa trajectoire linéaire[123]. Suivant la région, certaines directions semblent privilégiées, et on note par exemple que les renards du Jutland au Danemark ont tendance à partir vers l'est, tandis que ceux du Midwest américain se dirigent prioritairement vers le Nord[123]. La distance qu'il parcourt est d'autant plus grande que le territoire de base du groupe familial est étendu. Le renard ne s'arrête que lorsqu'il a trouvé un territoire à coloniser, où il n'y a pas de congénères déjà installés. Il peut aussi se mettre en attente à proximité d'un territoire et s'en emparer une fois qu'il sera laissé vacant[123].
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+ On constate au cours du XXe siècle et dans plusieurs régions du monde une extension de l'aire de répartition du renard roux (Vulpes vulpes), dont vers une grande partie de l'Arctique canadien en Amérique, où il entre en compétition avec le renard arctique (Vulpes lagopus). Certains auteurs ont cru que ces individus colonisateurs étaient issus de renards roux européens introduit dans l'Est de l'Amérique du Nord au XVIIIe siècle (ils auraient alors pu être considérés comme espèce exotique envahissante)[124]. Mais des analyses génétiques récentes (publication 2015) a montré que le génome de ces renards est comparable à celui des renards roux de l'île Herschel (Yukon) et de l'île Bylot (Nunavut) avant l'expansion vers le nord de l'espèce, et non à celui du renard roux eurasiatique ; les haplotypes d'ADN mitochondrial de ces renards colonisateurs descendent de ceux des populations autochtones nord-américaines voisines[124]. Ceci laisse penser que ce sont les modifications climatiques et des habitats qui ont favorisé l'expansion du XXe siècle des renards roux vers le nord [124] (ou en altitude).
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+ En captivité le renard peut vivre 14 à 15 ans, mais dans la nature il dépasse rarement deux à cinq ans. Selon une étude d'Harris et Baker, le couple de renards dominants vit en moyenne 4,5 ans, tandis que les autres, qui doivent se contenter de territoires de chasse médiocres et doivent prendre plus de risques, ne vivent en moyenne que 2,1 ans[125]. Chez les renards urbains, 88 % des renards meurent avant d'atteindre l'âge de trois ans, et seulement 3 % des animaux dépassent les cinq ans suivant la même étude[120].
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+ Le Renard roux est le carnivore sauvage qui a l'aire de répartition la plus vaste. On le trouve en effet dans la quasi-totalité de l'hémisphère Nord, à quelques exceptions près comme l'Islande, la Crète et les Hébrides[126]. C'est aussi l'un des mammifères les plus répandus, après les rongeurs commensaux de l'Homme, certainement grâce à sa grande capacité d'adaptation à des milieux variés, du désert au cercle arctique[126]. Il est présent dans la majeure partie de l'Europe et de l'Asie, de l'Irlande au détroit de Béring, et jusqu'aux côtes vietnamiennes[126]. On le trouve aussi en Afrique, sur la côte nord du Maroc et de l'Algérie, ainsi que dans la péninsule Arabique[127]. Au Nord on le rencontre jusqu'à la péninsule de Taïmyr et sur la banquise à l'intérieur même du cercle polaire[126]. En Amérique du Nord, il est présent sur la majeure partie du continent, du Nord du Mexique aux régions arctiques canadiennes[126]. Il se limitait auparavant à l'extrême nord du continent, mais c'est l'introduction d'animaux plus au sud qui a accéléré la propagation de l'espèce sur le continent, qu'il occupe aujourd'hui en totalité[128].
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+ Il a également été introduit en Australie au cours du XIXe siècle. Les colons pensaient ainsi pouvoir enrayer la prolifération des lapins dans le pays, et envisageaient également d'y introduire la chasse à courre, loisir très apprécié au Royaume-Uni. Il s'est depuis bien établi dans cette contrée[127], puisque les quelques spécimens importés dans la région de Melbourne entre 1845 et 1870 ont petit à petit formé une population importante. En 1916, l'espèce avait gagné l'ouest du pays après avoir traversé le grand désert de Victoria et le désert de Simpson[126]. Le Renard roux inquiète rapidement la faune locale et menace de faire disparaître certains petits vertébrés endémiques du pays. Dès 1929, une prime était attribuée aux chasseurs pour inciter à exterminer l'espèce, sans grand succès[126]. Seuls les dingos, qui occupent la même niche écologique que les renards et sont plus agressifs, parviennent à enrayer la propagation de l'espèce dans certaines régions[126].
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+ Le Renard roux est très commun car il s'adapte à des milieux très variés. On peut ainsi le rencontrer en bord de mer comme dans les landes d'altitude, dans les campagnes comme dans les villes, dans les forêts, les champs cultivés, les prairies, les savanes, les steppes et même dans le désert[46]. Il affectionne néanmoins plus particulièrement les zones tempérées au paysage ouvert et varié comprenant forêts, champs cultivés, ruisseaux et collines. En général il réside à l'abri dans les forêts, et va se nourrir à la bordure des bois et des haies où il trouve une grande diversité de fruits, de baies et d'insectes, et dans les champs cultivés, comme les prairies fréquemment fauchées, où il lui est plus facile de chasser les rongeurs[97]. L'été, la mère emmène fréquemment les jeunes dans les champs de céréales ou de maïs où ils sont à l'abri de la pluie et du soleil[48]. Le Renard roux s'est bien adapté à la présence humaine et il fréquente divers habitats créés par l'Homme comme les champs cultivés, les lisières de bois, les vergers, les terrains militaires, les friches de déprise agricole, les aérodromes ou les bords de route et de chemin de fer, où il trouve de la nourriture[129]. Il est de plus en plus fréquent en milieu urbain où il se nourrit des déchets laissés par les Hommes[48]. La densité moyenne en France est d'un individu au km2, mais on peut trouver jusqu'à cinq groupes familiaux par km2 en zone urbaine[127]. Cette densité est en effet très variable suivant la disponibilité en nourriture. Ainsi, il faut compter en moyenne en campagne entre 30 et 200 ha par individu et entre 150 et 600 ha pour un couple et sa progéniture. En montagne où la nourriture est nettement plus restreinte on peut avoir jusqu'à 4 000 ha par individu, tandis qu'en ville on trouve un individu pour 10 à 40 ha[48].
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113
+ Le renard était appelé au Moyen Âge goupil, mot provenant du terme latin Vulpes désignant cet animal, et qui en constitue aujourd'hui la dénomination scientifique. Il doit son nom commun actuel au Roman de Renart, œuvre littéraire très connue du Moyen Âge dont les héros sont des animaux portant chacun un nom[130]. Ainsi le goupil du livre s'appelle Renart, nom propre qui comme Renaut et Reginald et ses formes allemandes plus anciennes Raginohard et Reginhart, vient de l'allemand ragin et hart et signifie « de bon conseil »[130]. Au XIIe siècle, le récit est tellement populaire que l'appellation Renart s'impose sur goupil, et elle perdurera jusqu'à aujourd'hui[130]. L'épithète « roux » fait bien sûr référence à la couleur de la fourrure de cette espèce.
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+ Au sein de l'ordre des carnivores, apparu entre 40 et 60 millions d'années avant le présent[131], le Renard Roux appartient à la famille des canidés, qui semble avoir divergé très tôt des autres carnivores (félidés, mustélidés)[132]. Cette famille est très hétérogène, et ne compte pas moins de 34 genres différents[131]. Elle comprend entre autres le loup, le chien domestique, le coyote, et diverses espèces de renards. Le genre Vulpes auquel appartient le Renard roux comprend 76 espèces, dont les deux tiers vivent quasi exclusivement dans les zones arides à semi-désertiques. Il comprend notamment le fennec, le Renard afghan, le Renard pâle, le Renard corsac et deux espèces de renard à grandes oreilles, Vulpes macrotis et Vulpes velox[133].
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+ Le Renard roux est décrit pour la première fois par Carl von Linné en 1758 sous l'appellation Canis vulpes[134] qui désignait ainsi la sous-population européenne, le Renard roux d'Amérique étant décrit comme Vulpes fulva, avant qu'on ne regroupe les populations de ces deux continents au sein de la même espèce[134].
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+ Le Renard roux est considéré comme le membre du genre Vulpes le plus spécialisé et le plus évolué, en comparaison du Renard de Blanford, du Renard corsac et du Renard du Bengale, notamment du fait de sa taille et de son adaptation à un régime carnivore. Son aire faciale est plus développée[7]. Il n'est toutefois pas aussi bien adapté à son régime carnivore que peut l'être le Renard du Tibet[135]. Le Renard roux est originaire d'Eurasie, et a évolué à partir de Vulpes alopecoides[134] ou de l'espèce chinoise très proche V. chikushanensis, ces deux espèces ayant vécu durant le Villafranchien moyen[136]. Le plus ancien spécimen fossilisé de Vulpes vulpes a été découvert en Hongrie, et date d'entre 3,4 et 1,8 million d'années avant le présent[137]. L'espèce d'origine était certainement plus petite que l'espèce courante, et de la même manière les animaux retrouvés fossilisés sont plus petits que les populations modernes[136]. Le plus ancien spécimen de l'espèce moderne date du milieu du Pléistocène, à proximité de traces de peuplements humains[134]. Cela a conduit à la théorie suivant laquelle le Renard roux était utilisé par les premiers Hommes comme source de nourriture et de peaux[138]. Le Renard roux est arrivé relativement tard sur le continent nord-américain, un peu après la glaciation du Wisconsin. Ainsi on n'a retrouvé aucun indice de la présence de cette espèce en Amérique du Nord avant la période interglaciaire du Sangamonien. Des fossiles datant de cette ère ont été retrouvés dans l'extrême nord du continent dans des dépôts Sangamoniens dans le district de Fairbanks et à Medicine Hat. Des fossiles datant du Wisconsin ont été découverts dans 25 sites différents dans l'Arkansas, la Californie, le Colorado, l'Idaho, le Missouri, le Nouveau-Mexique, le Tennessee, le Texas, la Virginie et le Wyoming.
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121
+ Les spécialistes parviennent difficilement à tomber d'accord sur le nombre de sous-espèces du Renard roux. En 2005[139], 45 sous-espèces différentes sont reconnues. En 2010, une autre sous-espèce est découverte dans la vallée de Sacramento à la suite d'analyses d'haplotypes à partir d'ADN mitochondrial[140]. D'autres sources font référence jusqu'à 73 sous-espèces, quand d'autres catégorisent l'espèce en cinq grandes populations.
122
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123
+ Il y a un fort brassage génétique entre les différentes sous-espèces, de nombreux cas de croisements étant connus. Par exemple les renards britanniques se sont croisés à des renards venus d'Europe continentale[141]. Ces mêmes renards européens ont été introduits dans certaines parties des États-Unis au cours du XVIIIe siècle[142].
124
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125
+ Les sous-espèces de Renard roux peuvent se diviser en deux catégories[143] :
126
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127
+ Les Renards roux du Moyen-Orient ont des caractéristiques intermédiaires entre les renards du nord et ceux du sud[145]
128
+
129
+ Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (25 janv. 2011)[146] :
130
+
131
+ Le terme renard désigne en français de nombreuses espèces, mais, dans l'imaginaire populaire, il évoque surtout le Renard roux, espèce la plus largement distribuée et à laquelle les Hommes sont le plus souvent confrontés. On le retrouve dans diverses légendes, fables, folklores et croyances, ainsi que dans les arts et les expressions.
132
+
133
+ Suivant les cultures et les époques, le renard est l'objet de diverses croyances. Il se voit parfois attribuer des pouvoirs magiques, mais est vu par d'autres comme la réincarnation du diable[147]. Le plus fréquemment, le renard est vu comme un animal rusé, flatteur et fourbe, et il est déjà décrit de cette façon dans la littérature grecque[147]. Dans la mythologie nordique, le renard est un animal associé à Loki, dieu scandinave du feu et de la malveillance[réf. à confirmer][148].
134
+
135
+ En Chine, un célèbre conte, le Liao Zhai, décrit le renard comme un animal sage. Toutefois un grand nombre d'autres légendes décrivent son esprit comme un démon, prenant l'apparence d'une jolie femme pour prendre l'énergie des hommes. Ces renards capables de se métamorphoser sont connus comme les renards à neuf queues en Chine, au Japon et en Corée. Si son rôle n'est pas toujours aussi maléfique, on lui attribue toujours des pouvoirs magiques[149]. Au Japon, les kitsune, appellation pour désigner les renards, sont rusés, et on leur attribue également des pouvoirs magiques et la capacité de changer de forme[150].
136
+
137
+ Le renard est fréquemment dépeint dans la littérature européenne. Même si l'espèce exacte n'est jamais précisée, comme le Renard roux est celui qui domine largement dans cette partie du monde on peut penser que c'est lui qui a inspiré les auteurs. Les fables d'Ésope de l'antiquité grecque, qui inspirèrent Jean de La Fontaine au XVIIe siècle s'appuient par exemple à plusieurs reprises sur le personnage du renard, comme Le Corbeau et le Renard, qui montre un renard flatteur et trompeur[151], Le Renard et la Cigogne, où un renard se retrouve penaud de s'être fait piéger par la cigogne qu'il avait trompée[152], Le Renard et les Raisins, qui montre un renard affectant de mépriser des raisins inaccessibles[153] ou Le Renard et le Bouc, où le renard sort du puits où il était tombé avec le bouc en montant sur les cornes de celui-ci, mais sans tenir la promesse qu'il avait faite d'aider ensuite son compère à s'en extraire[154]. Dans les fictions animalières, en Europe, les renards apparaissent dans plusieurs récits mélangeant faits réels et fiction, où ils sont souvent persécutés. Au Moyen Âge, il est souvent dépeint en tant que membre du clergé, courtisant ses assistances, des moutons, qu'il peut à loisir croquer. Dans les siècles suivants, c'est plutôt la ruse du renard qui est mise en avant, qu'elle soit sournoise ou astucieuse. C'est ce trait de caractère qui est souvent souligné dans le Roman de Renart, datant du Moyen Âge[155], et ses diverses adaptations comme celle de Maurice Genevoix au XXe siècle, Le Roman de Renard (Genevoix)[156].
138
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139
+ Dans Pinocchio de Carlo Collodi, un renard qui feint d'être boiteux et un chat qui prétend être aveugle parviennent toujours à détourner le héros principal du droit chemin[157]. Dans Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, un renard apprend au héros principal la vraie valeur des choses et en premier lieu celle de l'amitié[réf. à confirmer][158]. Fantastique Maître Renard est un livre pour enfants écrit par Roald Dahl, où un renard trouve une astuce pour échapper à la famine, ainsi que d'autres animaux, quand trois fermiers décident d'établir un blocus pour l'empêcher de venir voler leurs volailles[159]. En 2010 il a été adapté en animation en volume sous le titre de Fantastic Mr. Fox[160]. Le Renard et le Chien courant est un roman de Daniel P. Mannix paru en 1967 et qui a inspiré les longs métrages d'animation des studios Disney, Rox et Rouky (1981) et Rox et Rouky 2 (2006)[161]. C'est l'histoire de l'adversité d'un chien et d'un Renard roux amis d'enfance. Les studios Disney avaient déjà présenté, en 1973, les personnages de Robin des bois et Marianne sous les traits de renards dans le long métrage d'animation Robin des Bois[162].
140
+
141
+ Au cinéma, Le Renard et l'Enfant est un film dramatique réalisé par Luc Jacquet qui raconte l'histoire d'une fillette liée d'amitié avec un Renard roux qu'elle parvient à apprivoiser[163].
142
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143
+ Dans le Renard, un ballet d'Igor Stravinsky inspiré d'un conte russe, un renard s'attaque à un coq en se déguisant en religieuse, puis en mendiante[164].
144
+
145
+ Depuis le XVIe siècle, la présence occasionnelle de renards en ville est mentionnée, mais depuis la seconde partie du XXe siècle il s'installe réellement en ville, et les populations de renards « urbains » sont plus fréquentes depuis quelques décennies[165]. Cela s'explique peut-être par un habitat qui leur est devenu plus favorable par rapport aux campagnes agricoles intensives, ou par l'expansion urbaine très rapide, qui a conduit à enclaver certains territoires de chasse des renards qui se sont adaptés au nouveau milieu auquel ils étaient confrontés[165]. Ils sont notamment présents dans les quartiers et banlieues résidentiels où ils trouvent des jardins et des parcs et de la nourriture en quantité. Les villes de Grande-Bretagne lui conviennent tout particulièrement, et à Londres on compte par exemple 25 renards par km2[165]. Le London Ecology Unit a d'ailleurs accompagné un programme de protection du Renard roux. À Bristol ce nombre s'élève à 30 renards par km2[165]. Une étude récente a montré qu'à Nantes ils étaient presque toujours cantonnés aux espaces verts plutôt qu'aux jardins et que leur nourriture (étude du contenu des crottes) variait selon les lieux qu'ils fréquentent, mais était peu anthropisée[166]. À Bruxelles, le renard roux est une espèce protégée au même titre que tous les mammifères. Il a réussi à s'adapter à l'environnement urbain bruxellois où il a trouvé de la nourriture en suffisance (notamment sous la forme de déchets)[167]. Dans certaines villes les habitants les nourrissent en leur laissant quelques restes de nourriture[165].
146
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147
+ Le Renard roux urbain est actif quasi exclusivement la nuit[168]. Il passe le reste de la journée à dormir dans un endroit tranquille, comme un jardin, un toit de garage ou encore un bâtiment abandonné[168]. En guise de terrier, la renarde se montre également très opportuniste. Elle peut mettre bas dans un garage, une cabane de jardin ou un quelconque bâtiment abandonné[168]. Il lui arrive également de creuser un terrier dans un jardin, sous une racine ou une dalle en béton, dans un cimetière ou sous une maisonnette de jardin[168]. Cela peut parfois mener à des situations peu banales, avec une famille de renards vivant à proximité directe de l'Homme[168]. La cohabitation avec les humains peut du coup être difficile, car le renard peut faire des dégâts dans les jardins et les parsème de ses défécations[169]. Dans ce cas l'emploi de substance répulsive et l'éclairage prolongé peut permettre de le repousser[169]. La structure des groupes de renards urbains est également différente de celle des renards en milieu rural[168]. Ainsi les groupes sont généralement assez grands, formés autour d'un couple dominant auquel sont adjoints un certain nombre de subordonnés, pas forcément issus de la portée de l'année précédente, mais pouvant venir d'autres familles voisines[168].
148
+
149
+ L'adoption de renards et fennecs comme animaux de compagnie semble avoir existé de longue date et ponctuellement, mais elle est déconseillée dans la plupart des pays, hors élevage, eu égard à la mauvaise réputation sanitaire de l'animal sauvage qui était vecteur de la rage (avant les campagnes de vaccination), et est fréquemment parasité par des tiques ou des puces et véhicule des parasites qu'il peut transmettre à l'Homme, notamment par ses excréments (parasites tels que l'échinococcose qui est également véhiculée par les chiens et parfois par les chats). Les marques odorantes du renard ont aussi été un frein à une grande proximité avec l'Homme[170]. Par ailleurs c'est un animal qui a besoin de beaucoup d'espace, et ne peut pas se contenter d'un appartement ou d'un enclos dans le jardin, et il peut faire des dégâts aux meubles ou creuser des trous dans le jardin[170].
150
+
151
+ Dimitri Konstantinovich Belyaev a passé plusieurs années à sélectionner des Renards roux sur des critères de docilité afin d'étudier le processus de domestication d'animaux sauvages[171]. Mort en 1985, il transmet la responsabilité de cette expérience lancée en 1957 à Ludmila Trut, qui la reprend avec le même objectif, obtenir des animaux capables d'obéir à des ordres donnés par l'Homme, à la manière des chiens[171]. Au début des années 2010, cette expérience de longue date est menacée par le manque de financements disponibles[171]. Après plus de 50 générations de renards, l'expérience a conduit à obtenir une population stabilisée d'animaux assez dociles avec des particularités physiques différentes des Renards roux sauvages[171].
152
+
153
+ Le Renard roux est chassé depuis très longtemps. Il était peu apprécié pour l'impact qu'il avait pour les éleveurs de volaille, qui voyaient régulièrement leurs animaux tués par des renards, ainsi que pour les dégâts causés au petit gibier, qui lui étaient imputés. Ces interférences dans les activités humaines et la mauvaise image du renard, largement répandue, ont contribué à ce qu'il soit considéré comme nuisible[172] dans la législation de certains pays[173]. On reprochait notamment au renard de faire plus de morts qu'il ne pouvait manger d'animaux, et de laisser de véritables hécatombes derrière lui. Ce fait s'explique par les caractéristiques des élevages de volailles ; la concentration d'un nombre important de proies, dans un lieu d'où il est difficile de s'échapper, amène une réaction de panique qui entraîne le phénomène[173]. Les dégâts occasionnés étaient très importants lorsque la population était majoritairement rurale et qu'on trouvait dans les campagnes un grand nombre de petits poulaillers. C'est nettement moins le cas aujourd'hui, avec une population principalement urbaine et une professionnalisation importante des élevages de volaille[173]. Le Renard roux chasse également le petit gibier comme les perdreaux ou les lapins, cependant sa raréfaction, dans certaines régions, est plutôt la conséquence de l'urbanisation croissante, des pratiques agricoles plus intensives, de la chasse ou de la densification du réseau routier[173]. Dans des régions où il a été introduit comme en Australie, il pose un réel problème pour la faune locale, ce qui justifie des mesures de régulation des populations[173],[174].
154
+
155
+ En Grande-Bretagne, la chasse à courre du renard constituait auparavant une tradition qui rassemblait de nombreux amateurs. Elle a été interdite, car elle suscitait diverses réactions concernant le respect du bien-être animal. La chasse du renard est un loisir qui garde un certain nombre d'adeptes à travers le monde[réf. souhaitée]. Dans certains pays comme au Canada, le Renard roux est également chassé pour sa fourrure, mais cela reste marginal[réf. souhaitée]. Le Renard roux a souvent été victime de sa mauvaise réputation, en tant que vecteur de la rage[173]. On a longtemps tenté d'éradiquer celle-ci en éliminant les renards, avec très peu de succès, car lorsque la population diminue, le renard s'adapte en élevant des portées plus importantes et compense les pertes occasionnées par ailleurs[173]. C'est la vaccination qui a permis de lutter efficacement contre cette maladie virale et de l'éradiquer totalement en France et en Belgique[173].
156
+
157
+ Les renards sont vecteurs de l'échinococcose alvéolaire, maladie qui peut se révéler mortelle chez l'homme. Cette pathologie se découvre plusieurs années après l'avoir contractée : certaines personnes sont mortes car on croyait à un cancer du foie. Ces maladies sont transmises par la salive ou les excréments des carnivores porteurs ou par ingestion d'aliments souillés par eux. Néanmoins, un cycle se forme entre rongeurs et renards[175]. Le ver se trouvant dans les excréments du renard et les rongeurs le mangeant, puis le renard mangeant les rongeurs, il y a un cycle naturel. Seuls une vingtaine à une soixantaine de cas sont déplorés chaque année en France[176]. De plus, les chiens et chats[177] non vermifugés peuvent la transmettre. Pour éviter de l'attraper, il faut avoir de l'hygiène[178] dès que l'on est dans la nature ou avec des animaux.
158
+
159
+ La rage est une maladie que le renard transmettait autrefois, mais il ne la transmet plus depuis 2001, voire les années 1990 dans certains pays[179].
160
+
161
+ Le renard permet de réduire la propagation[180] de la maladie de Lyme, maladie mortelle pour l'homme issue des tiques portées par les rongeurs. Les chasseurs contribueraient aux 600 000 personnes infectées par la maladie chaque année en régulant les populations de rongeurs[181][source insuffisante].
162
+
163
+ Le goupil est également un animal qui s'auto-régule. En effet, la femelle peut avoir des portées de 2 à 12 renardeaux selon les ressources, et seules les femelles dominantes des territoires peuvent en avoir. Le renard ne serait donc pas à réguler, et en chassant, on permet aux renardes non-dominantes de se ruer vers les mâles. Tout prédateur s'auto-régule selon ses ressources[réf. souhaitée][182].
164
+
165
+ Plus de 600 000 à plus d'un millions[183] de renards sont tués chaque année en France. Des primes pour leurs queues[184] sont parfois offertes dans certains départements. Les techniques de chasse du renard sont le déterrage (effectué en période de reproduction), la chasse à la courre, au fusil, à l'arc ou le piégeage.
166
+
167
+ Le renard permet la régulation des rongeurs et diminue les dégâts qu'ils causent aux cultures, pouvant faire économiser 1 000 euros par an aux agriculteurs dans l'achat de pesticides[réf. souhaitée]. Le renard se nourrit parfois des gibiers d'élevages (faisans, perdrix, lièvres) lâchés par les chasseurs pour la chasse, ce qui en fait un concurrent pour les chasseurs[185].
168
+ Toutefois, le renard aime se nourrir d’œufs et de nouveaux nés, détruisant ainsi des couvées de perdrix, faisans, cailles, ainsi que des nichées de lapins et de lièvres. Dans certains cas extrêmes, le renard peut aller jusqu'à attaquer de jeunes faons (bien que ces derniers ne possèdent aucunes odeurs à la naissance, l'intelligence du renard peut le mener au lieu de mise bas, en suivant la mère enceinte par exemple). Le prélèvement de renards sur les sites de nidifications et de mise bas est parfois nécessaires pour assurer la pérennité d'espèces se raréfiant à l'état sauvages comme la perdrix.[réf. souhaitée]
169
+
170
+ La chasse au renard en France est réglementée [186] La chasse est interdite dans certains départements comme la Savoie et réglementée par les préfets dans les autres [187].
171
+
172
+ Elle peut se pratiquer au fusil (nécessite un permis de chasse), au piège (mais nécessite un permis de piégeage) ou à courre (équipage de vénerie). Le Renard roux peut également être déterré. Cette pratique consiste à acculer l'animal dans son terrier avec de petits chiens dits chiens de terrier comme le Jack Russell terrier ou le Fox terrier[188]. On creuse alors à la verticale du renard pour finalement l'attraper avec des pinces et le tuer, ainsi que sa progéniture. On peut également le faire sortir de son terrier par l'intervention de chiens de terrier avant de le tirer au fusil à sa sortie. Le Renard roux étant classé nuisible, cette pratique est autorisée toute l'année en France[189]. Le piégeage fut longtemps la méthode de chasse privilégiée, avec des outils comme le piège à mâchoires, qui fait l'objet d'une réglementation de plus en plus restrictive (progressivement interdit dans l'Union européenne depuis 1984), et divers autres types de pièges à appâts ou de faux terriers à la réussite plus ou moins aléatoire[190]. Le gazage a également fait partie de la panoplie des armes qui ont été utilisées pour chasser le renard. Les produits employés étaient l'acide cyanhydrique, que l'on introduisait dans le terrier une fois toutes les issues de celui-ci bouchées pour en exterminer les occupants, et la chloropicrine qui permettait de faire sortir le renard du terrier pour le tuer au fusil une fois sorti[190]. Le gazage faisait beaucoup de victimes collatérales, comme les chats forestiers et les blaireaux qui occupent le même type de terrier que les renards[190]. En France, le décret n°2016-115 du 4 février 2016e confirme l'interdiction de 2012 de l’usage des produits toxiques pour la destruction d’animaux d’espèces nuisibles.
173
+
174
+ La chasse à courre, très prisée dans les pays anglo-saxons, a une réglementation très stricte fixée au XVIIIe siècle. Le renard est chassé par des chiens courants, la meute de chiens elle-même suivie par les chasseurs à cheval. Cette pratique nécessite des chevaux habiles et de bons cavaliers car les obstacles sont nombreux[191]. Le renard est ainsi chassé pendant une à plusieurs heures. S'il se terre dans une garenne, sous un arbre ou dans des buissons denses, il en est sorti par l'emploi de chiens de terrier, et la poursuite recommence jusqu'à l'épuisement de l'animal qui est alors rattrapé par la meute de chiens qui le tue[191]. La chasse au chien courant et au fusil classique est également pratiquée. Elle peut être organisée en battue avec plusieurs chasseurs, des rabatteurs avec des chiens qui dénichent le renard de son refuge, et des tireurs qui l'attendent sur son passage[192]. Quelques chasseurs expérimentés pratiquent la chasse à l'affût, en particulier en Europe centrale. Le chasseur peut utiliser des appeaux pour attirer l'animal, et doit parfois attendre longtemps avant d'apercevoir sa cible[193].
175
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+ Le lancer de renard était un sport populaire dans certaines parties de l'Europe durant les XVIIe et XVIIIe siècles, où les participants lançaient en l'air des renards et d'autres animaux vivants. Le lancer se tenait dans une enceinte, constituée d'une clôture d'écrans de toile établie en plein air, ou installée dans la cour d'un château ou un palais[194]. Deux personnes se tenaient à six ou sept mètres de distance, tenant les bouts d'une corde (ou d'un filet) posée à plat sur le sol. Un animal tel qu'un renard était alors sorti de sa cage et guidé dans l'arène, le forçant à franchir la corde. Lorsqu'il passait la corde, les lanceurs tiraient brusquement les bouts, ce qui propulsait l'animal en l'air[195]. Le plus haut lancer gagnait le concours ; des lanceurs expérimentés pouvaient atteindre une hauteur de 7,5 m[194]. Le résultat du lancer était souvent mortel pour l'animal.
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+ Du fait de son abondance, le Renard roux est une des espèces les plus utilisées pour la confection de fourrures. Sa peau est utilisée pour fabriquer des écharpes, manchons, vestes et manteaux, et principalement pour orner divers manteaux et accessoires en fourrure, dont des sorties-de-bal[196]. Les peaux des renards argentés sont appréciées pour faire des châles[197], tandis que les formes croisées sont plutôt utilisées pour faire des écharpes et plus rarement des manteaux[198]. Le nombre d'écharpes confectionnées à partir de fourrures de renard vendues dans le monde dépasse celui de l'ensemble des autres animaux produisant de la fourrure[196]. Les animaux argentés ont une plus grande valeur pour les commerciaux de la fourrure, devant les croisés et les roux classiques[199]. Au début du XXe siècle, plus de 100 000 peaux de renard en provenance d'Amérique sont importées au Royaume-Uni chaque année. L'Allemagne et la Russie exportent pour leur part annuellement 500 000 peaux[200]. En 1985-86, le marché des fourrures de renard a concerné 1 543 995 peaux. Aux États-Unis, le marché des peaux de renard représente 50 millions de dollars de chiffre d'affaires et 45 % des fourrures d'animaux sauvages[201].
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+ Les renards d'Amérique du Nord, et en particulier ceux de l'Alaska, sont les plus recherchés pour leur fourrure, car leur pelage est long, soyeux et très souple. On distingue toutefois les renards vivant sur la côte sud de cette région, car ils ont des peaux aux poils grossiers et durs, qui ont une valeur trois fois moindre que celle des autres renards de l'Alaska[202]. Les sous-espèces européennes ont des fourrures de qualité moindre car plus grossières, à quelques exceptions près comme au Nord et à l'Est de la Russie où les fourrures sont de bonne qualité, mais toujours moindre que celles d'Amérique du Nord car moins soyeuses[203]. Le marché de la fourrure était autrefois approvisionné en totalité par les chasseurs et trappeurs, mais depuis un siècle se sont développées des fermes d'élevage qui fournissent aujourd'hui la grande majorité des peaux de renard.
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+ L'élevage du Renard roux est apparu à la fin du XIXe siècle en Amérique du Nord et en Scandinavie[204], afin d'approvisionner en masse le marché de la fourrure alors florissant. Il se développe rapidement au début du XXe siècle, et de nombreuses fermes voient le jour[204]. Le contrôle des accouplements dans ces fermes d'élevage permet de sélectionner les animaux sur la qualit�� et la couleur de la fourrure. Ainsi, ce sont les animaux de type argenté qui sont prioritairement élevés dans ces fermes, car ce sont les fourrures les mieux valorisées, et diverses autres mutations apparaissent dans les élevages comme l'argenté clair, le platine[204], l'ambre, le perle[205] et bien d'autres variantes. Aujourd'hui la Finlande est le premier producteur de fourrures de renard issues d'élevage, devant la Chine, la Russie, la Norvège et la Pologne[206]. La production mondiale est de plus de 5 millions de peaux par an en 2003, y compris les peaux de Renard arctique, l'autre espèce concernée par l'élevage[206]. Ces fermes sont régulièrement pointées du doigt par les associations militant pour le bien-être animal, qui dénoncent les conditions d'élevage de ces animaux[réf. à confirmer][207].
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+ René Descartes, né le 31 mars 1596 à La Haye-en-Touraine (aujourd'hui Descartes) et mort le 11 février 1650 à Stockholm, est un mathématicien, physicien et philosophe français.
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+ Il est considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie moderne. Il reste célèbre pour avoir exprimé dans son Discours de la méthode le cogito[n 1] — « Je pense, donc je suis » — fondant ainsi le système des sciences sur le sujet connaissant face au monde qu'il se représente. En physique, il a apporté une contribution à l’optique et est considéré comme l'un des fondateurs du mécanisme. En mathématiques, il est à l’origine de la géométrie analytique[2]. Certaines de ses théories ont par la suite été contestées (théorie de l’animal-machine) ou abandonnées (théorie des tourbillons ou des esprits animaux). Sa pensée a pu être rapprochée de la peinture de Nicolas Poussin[3] pour son caractère clair et ordonné, rapprochement qui semble contradictoire[4]. Le cogito marque la naissance de la subjectivité moderne.
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+ Sa méthode scientifique, exposée à partir de 1628 dans les Règles pour la direction de l'esprit, puis dans le Discours de la méthode en 1637, affirme constamment une rupture par rapport à la scolastique enseignée dans l'Université. Le Discours de la méthode s'ouvre sur une remarque proverbiale « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée »[c 1] pour insister davantage sur l'importance d'en bien user au moyen d'une méthode qui nous préserve, autant que faire se peut, de l'erreur. Elle se caractérise par sa simplicité et prétend rompre avec les interminables raisonnements scolastiques. Elle s’inspire de la méthode mathématique, cherchant à remplacer la syllogistique aristotélicienne utilisée au Moyen Âge depuis le XIIIe siècle[6].
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+ Comme Galilée, il se rallie au système cosmologique copernicien[7] ; mais, par prudence envers la censure, il « avance masqué », en dissimulant partiellement ses idées nouvelles sur l’homme et le monde dans ses pensées métaphysiques[6], idées qui révolutionneront à leur tour la philosophie et la théologie. L’influence de René Descartes sera déterminante sur tout son siècle : les grands philosophes qui lui succèderont développeront leur propre philosophie par rapport à la sienne, soit en la développant (Arnauld, Malebranche), soit en s’y opposant (Locke, Hobbes, Pascal, Spinoza, Leibniz).
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+ Il affirme un dualisme substantiel entre l'âme et le corps[n 2], en rupture avec la tradition aristotélicienne. Il radicalise sa position en refusant d'accorder la pensée à l'animal, le concevant comme une « machine »[8], c'est-à-dire un corps entièrement dépourvu d'âme. Cette théorie sera critiquée dès son apparition mais plus encore à l'époque des Lumières, par exemple par Voltaire, Diderot ou encore Rousseau. A la fin du XXe siècle, António Damásio à la lumière des neurosciences, dans son livre L'Erreur de Descartes, montre que le corps et l'esprit fonctionnent de manière indissociable[9].
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+ Né dans une famille de la petite noblesse, il est le troisième enfant de Joachim Descartes (Châtellerault, 2 décembre 1563 - Sucé-sur-Erdre, 17 octobre 1640[10]), conseiller au parlement de Bretagne à Rennes[n 3], et de Jeanne Brochard (née probablement à La Haye-en-Touraine, aujourd'hui Descartes (Indre-et-Loire) vers 1566, morte au même endroit). Il naît à La Haye chez ses grands-parents maternels, où sa mère effectua tous ses accouchements, son père étant de service à Rennes au moment de sa naissance[n 4]. Il est baptisé le 3 avril en l'église Saint-Georges (la maison de la grand-mère relevait normalement de la paroisse Notre-Dame, mais elle avait été dévolue au culte protestant). Son premier parrain, René Brochard des Fontaines, parent de sa mère, est juge à Poitiers ; le second, Michel Ferrand (frère de sa grand-mère paternelle), est lieutenant-général du roi à Châtellerault.
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+ Sa mère meurt le 13 mai 1597, 13 mois et demi après sa naissance[12], quelques jours après la naissance d'un autre garçon qui ne survit pas. Descartes est élevé par sa grand-mère maternelle Jeanne Sain (morte en 1610), son père et sa nourrice[n 5]. Son père l'appelle son petit philosophe, car René ne cesse de poser des questions[13]. En 1599 Joachim Descartes se remarie avec Jeanne Morin (Nantes, 2 septembre 1579 - 19 novembre 1634), fille de Jean Morin, seigneur de la Marchanderie († 1585), propriétaire du château de Chavagne à Sucé près de Nantes, qui avait été avocat du roi, président de la Chambre des Comptes et maire de Nantes en 1571/72. La signature de Descartes apparaît à plusieurs reprises sur les registres paroissiaux de Sucé (1617, 1622, 1628, 1644)[14].
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+ Il apprend à lire et à écrire chez sa grand-mère grâce à un précepteur (avec sa sœur aînée Jeanne). À onze ans (tardivement, étant considéré comme fragile), il entre au Collège royal Henri-le-Grand de La Flèche, ouvert en 1604[n 6], où enseignent les Jésuites dont le Père François Fournet, docteur en philosophie issu de l'Université de Douai[15] et le père Jean François, qui l'initiera aux mathématiques pendant un an. Il y reste jusqu'en 1614[16]. Il y a droit à un traitement de faveur, sans cours le matin en raison de sa santé fragile[17], et de ses dons intellectuels précoces[18]. Il y apprend la physique et la philosophie scolastique et étudie avec intérêt les mathématiques ; il ne cesse de répéter, en particulier dans son Discours de la méthode, combien ces études lui paraissent incohérentes et fort impropres à la bonne conduite de la raison. De cette période, nous ne conservons qu'une lettre d'authenticité douteuse (peut-être est-elle de l'un de ses frères), lettre que Descartes aurait écrite à sa grand-mère.
18
+
19
+ En novembre 1616, il obtient son baccalauréat et sa licence[19] en droit civil et canonique à l'université de Poitiers[20]. Après ses études, il part vivre à Paris. De cette époque date un probable traité d'escrime. Il finit par se retirer en solitaire dans un quartier de la ville pour se consacrer à l'étude pendant deux années de vie cachée : Heureux qui a vécu caché est alors sa devise, il aura coutume d'affirmer, rejetant les artefacts et les prétentions de la reconnaissance sociale ou de la célébrité, qu'il préfère en toute chose avancer masqué. Il a déjà entrepris d'étudier le grand livre du monde.
20
+
21
+ Il s'engage alors en 1618 en Hollande à l'école de guerre de Maurice de Nassau, prince d'Orange, et fait la même année la connaissance du physicien Isaac Beeckman. L'Abrégé de musique[21] a été rédigé pour lui. Beeckman tenait un journal de ses recherches, et il y relate les idées sur les mathématiques, la physique, la logique, etc., que Descartes lui communiquait ; ce dernier consacrait alors ses heures de loisir à l'étude et aux mathématiques.
22
+
23
+ En 1619, Descartes quitte la Hollande pour le Danemark, puis l'Allemagne, où la guerre de Trente Ans éclate, et assiste au couronnement de l'Empereur Ferdinand à Francfort.
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25
+ Il s'engage alors dans l'armée du duc Maximilien de Bavière.
26
+
27
+ Cette année-là, Descartes s'intéresse à l'ordre légendaire de la Rose-Croix dont il ne trouvera jamais aucun membre. Son appartenance à cette fraternité, de même que l'existence même de cette fraternité à cette époque, est contestée. Toujours est-il que dans le contexte qui suivit la condamnation des écrits favorables à l'héliocentrisme (1616), en France et en Allemagne, on parlait beaucoup des idées de cette prétendue fraternité. Il nia y avoir appartenu. Il émet un projet, Le trésor mathématique de Polybe le Cosmopolite, dédié « aux érudits du monde entier, et spécialement aux F.R.C. [Frères Rose-Croix], très célèbres en G. [Germanie] »[22].
28
+
29
+ C'est pendant ses quartiers d'hiver (1619-1620) à Neubourg que, dit-il, se révèle à lui une pensée décisive pour sa vie. Le 10 novembre 1619, il fait en effet trois songes exaltants qui l'éclairent sur sa vocation :
30
+
31
+ « Le 10 novembre 1619 lorsque rempli d'enthousiasme je trouvai le fondement d'une science admirable… »
32
+
33
+ — Olympiques, fragment
34
+
35
+ Baillet, premier biographe de Descartes, en a fait le récit, dont voici le début :
36
+
37
+ « La recherche qu'il voulut faire de ces moyens, jeta son esprit dans de violentes agitations, qui augmentèrent de plus en plus par une contention continuelle où il le tenait, sans souffrir que la promenade ni les compagnies y fissent diversion. Il le fatigua de telle sorte que le feu lui prît au cerveau, et qu'il tomba dans une espèce d'enthousiasme, qui disposa de telle manière son esprit déjà abattu, qu'il le mit en état de recevoir les impressions des songes et des visions.
38
+
39
+ Il nous apprend que le dixième de novembre mille six cent dix-neuf, s'étant couché tout rempli de son enthousiasme, et tout occupé de la pensée d'avoir trouvé ce jour-là les fondements de la science admirable, il eut trois songes consécutifs en une seule nuit, qu'il s'imagina ne pouvoir être venus que d'en haut. »
40
+
41
+ Il raconte alors comment il s'enferme dans son poêle[n 7] et conçoit sa méthode. La légende raconte que, alité, il regarde le plafond au plâtre fissuré et imagine un système de coordonnées, permettant de décrire lignes, courbes et figures géométriques par des couples de nombres arithmétiques, dont il ne reste qu'à analyser les propriétés.
42
+
43
+ Il fait alors vœu d'un pèlerinage à la sainte Maison de Lorette à Loreto dans les Marches italiennes à la suite d’un songe, qu’il accomplit en 1623 et renonce à la vie militaire.
44
+
45
+ De 1620 à 1622, il voyage en Allemagne et en Hollande, puis revient en France. Ce qu'il a écrit pendant cette période se trouve dans un petit registre mentionné dans l'inventaire fait à Stockholm après sa mort, mais qui est aujourd'hui perdu. Il nous est néanmoins connu par Baillet et par Leibniz qui en avait fait des copies. Ces copies furent retrouvées par Foucher de Careil et publiées en 1859 sous le titre Cogitationes Privatae. Mais il se trouve qu'elles ont depuis de nouveau disparu. De cette époque nous possédons également un De Solidorum elementis.
46
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+ En 1622, il liquide l'héritage de sa mère et bénéficie alors de 6 000 livres de rente, ce qui le dispense de travailler[n 8] ; il règle ses affaires de famille et recommence à voyager, visitant l'Italie. De l'été 1625 à l'automne 1627, Descartes est de nouveau en France. Il rencontre le père Marin Mersenne à Paris et commence à être connu pour ses inventions en mathématiques. Il fréquente le monde et cherche la compagnie des savants.
48
+
49
+ En novembre 1627[n 9], chez le nonce du pape Guidi di Bagno, où il est venu écouter une conférence faite par Chandoux sur les principes de sa nouvelle philosophie[23], le cardinal de Bérulle lui fait obligation de conscience d'étudier la philosophie. Il part alors à la campagne, en Bretagne, pendant l'hiver 1627-1628.
50
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+ C'est de cette époque (1622-1629) que datent divers traités de mathématiques (sur l'algèbre, l'hyperbole, l'ellipse, la parabole) connus par le journal de Beeckman, et d'autres petits traités qui sont perdus. L'œuvre la plus importante de cette période s'intitule les Règles pour la direction de l'esprit.
52
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+ Cherchant la solitude, il décide de s'installer dans les Provinces-Unies ; il y fait d'abord un bref séjour à l'occasion duquel il va voir Beeckman, mais il revient probablement à Paris pendant l'hiver 1628, puis s'installe définitivement en Hollande au printemps 1629. Sa vie est entièrement consacrée à l'étude. Il s'inscrit à l'Université de Franeker. Il continue pourtant de se déplacer (de 1629 à 1633 : Amsterdam, Leyde, Utrecht, Deventer, Egmond aan den Hoef). Souhaitant ne pas être dérangé, il n'indique jamais sur ses lettres le vrai lieu où il se trouve, mais donne le nom de quelques villes.
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+ À Amsterdam, Descartes vit au centre de la ville, dans la Kalverstraat, le quartier des bouchers, ce qui lui permet de faire de nombreuses dissections. Il rencontre des savants : Hendricus Reneri, Hortensius, Vopiscus Fortunatus Plempius, Schooten, etc. Ses rencontres, comme sa volonté de vivre solitaire, sont ainsi toujours subordonnées à sa passion de la recherche. Il commence en 1629 un Traité de métaphysique (aujourd'hui perdu), mais il ne semble pas que ses pensées se soient encore dirigées vers les thèses des Méditations métaphysiques. S'il formule néanmoins le 15 avril 1630 sa théorie de la création des vérités éternelles, c'est qu'il s'interroge sur la place de la science ; sa métaphysique se développe ainsi d'après ses réflexions de physique, et il ne tire pas encore au clair tous les fondements qui seront exprimés dans ses ouvrages ultérieurs.
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+ Mais Descartes s'occupe également de mathématiques : il en réforme le système de notation, introduisant à la suite de Viète et d'Harriot, l'usage des lettres de l'alphabet latin pour désigner des grandeurs mesurables. C'est en 1631, quand Jacob Golius lui proposa le problème de Pappus, qu'il découvre les principes de la géométrie analytique. Il commence les Météores à l'occasion de l'observation des parhélies (observations faites à Rome, en 1629). Il étudie l'optique, redécouvre les lois de la réfraction que Snellius a déjà trouvées mais non publiées, et achève la rédaction de la Dioptrique.
58
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59
+ Enfin, Descartes veut expliquer tous les phénomènes de la nature : il étudie les êtres vivants et fait de nombreuses dissections à Amsterdam pendant l'hiver 1631 - 1632. De là viendront le Monde et le Traité de l'homme. Les observations anatomiques de Descartes nous sont connues par les copies de Leibniz et des fragments (Excerpta anatomica, Primae cogitaniones circa generationem animalium, Partes similares et excrementa et morbi, ce dernier daté de 1631). Mais les dates de certains textes sont incertaines (pour certains jusqu'à 1648 peut-être).
60
+
61
+ Les lettres de cette période le montrent tout occupé de science ; on trouve néanmoins quelques remarques d'esthétique sur la musique. Elles nous renseignent également sur son caractère susceptible et exigeant, méprisant l'irrésolution. Dans sa lettre à Mersenne du 4 novembre 1630, Descartes dit songer à faire un traité de morale. L'infatigable père Mersenne se trouve au centre d'un réseau de mathématiciens et de scientifiques de nombreux pays. La biographie du religieux Mersenne montre qu'il est l'animateur incontournable de la vie scientifique à Paris et un des premiers vigoureux partisans de la pensée de Descartes en France, alors que ce dernier voyageur n'a publié aucun ouvrage phare.
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+ À la fin de 1633, Descartes quitte Deventer pour Amsterdam.
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+ En novembre 1633, Descartes apprend que Galilée a été condamné. Il renonce par prudence à publier le Traité du monde et de la lumière qui ne paraîtra qu'en 1664[24].
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+ Le 24 février 1616 le Saint-Office avait condamné la proposition : Sol est centrum mundi et omnino immobilis motu[n 10]. Cependant en 1620, un décret de la Congrégation des cardinaux avait autorisé de supposer le mouvement de la Terre par hypothèse. Mais l'ouvrage de Galilée, Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde), fut condamné le 22 juin 1633 : l'hypothèse du mouvement de la Terre selon le modèle copernicien (héliocentrisme) ne pouvait être prise en compte que s'il était clair que l’analyse était effectuée dans une perspective purement mathématique.
68
+
69
+ Descartes reçoit de Beeckman l'année suivante (1634) le livre de Galilée qui lui valut cette condamnation. Il décide alors de publier des fragments du Traité du Monde, accompagnés d'une préface, le fameux Discours de la méthode (en 1637).
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+ En 1635, Descartes est à Utrecht. Il passe ensuite à Leyde (où il avait déjà été en 1630) et s'arrête à Santpoort en 1637.
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+ De 1637 à 1641, Descartes vit principalement à Santpoort. Période heureuse au cours de laquelle il publie en français — pour « que les femmes mêmes pussent entendre quelque chose, et cependant que les plus subtils trouvassent aussi assez de matière pour occuper leur attention »[25] — le Discours de la méthode et polémique avec ses contradicteurs, Jean de Beaugrand, Pierre de Fermat, Gilles Personne de Roberval, Plempius et Jan Stampioen ; il fait venir auprès de lui Hélène Jans, une simple servante devenue compagne et amie. En août 1635, il a avec Hélène une fille baptisée Francine qu'il reconnaît. Mais la fillette meurt en septembre 1640 de fièvres éruptives, laissant un Descartes éploré, montrant sans fausse pudeur des larmes à ses amis. Un mois plus tard, il perd son père, âgé de soixante-dix-huit ans et doyen du Parlement de Bretagne. Ces disparitions rapprochées sont à l'origine du « plus grand regret qu'il eût jamais senti de sa vie ». Le 31 mars 1641, l'auteur reconnu s'installe dans le petit château d'Endegeest, agrémenté d'un beau jardin, de vergers et de prairies. C'est là qu'il reçoit l'abbé Picot, l'abbé de Touchelaye, le conseiller Jacques Vallée Desbarreaux et de nombreux amis. Vers 1640, d'après le De metallorum transmutatione de Daniel Morhof (1637), il fait quelques expériences d'alchimie (ou chimie) avec son ami Cornelis Van Hogelande[26], mais il rejette la théorie des trois Substances (Soufre, Sel, Mercure) de Paracelse[27].
74
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+ En 1641, Descartes publie les Méditations métaphysiques, déjà esquissées pendant les neuf premiers mois de son séjour en Hollande en 1629, et les Principes de la philosophie (1644). En 1641, il répond aux objections de Hobbes contre ses Méditations métaphysiques, publiées en latin, et il doit subir les premiers feux d'une longue controverse, dite querelle d'Utrecht, lancée par le prédicateur Voetius. Les partisans de Voetius, en particulier son élève et prête-nom Schoock, accusent publiquement Descartes et son correspondant d'Utrecht, Henricus Regius de soutenir Copernic, de nommer l'âme un « accident ». Ils l'accusent également d'athéisme[28] et ils n'hésitent pas à pourfendre en chaire le philosophe, à réclamer qu'il subisse le sort réservé à Giulio Cesare Vanini, exécuté à Toulouse en 1619. Descartes fait alors intervenir l’université de Groningue et l’ambassadeur de France afin que cessent ces menaces.
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+ Il rencontre Élisabeth de Bohême, fille de l'électeur Palatin détrôné en exil en Hollande, en 1643, et commence une abondante correspondance avec la jeune femme, traitant notamment d'éthique.
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+ En 1646, alors que se poursuit la querelle d'Utrecht, il se fâche avec son correspondant, Henricus Regius, qui offre une alternative matérialiste à la métaphysique et à l'épistémologie cartésienne. Il charge un de ses élèves, Tobias Andreœ, de développer ses arguments contre Regius. Deux ans plus tard, il publie contre Regius Notes sur une certaine affiche.
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+ L'intérêt et les incessantes interrogations pertinentes de la princesse Elizabeth stimulent le penseur qui s'attelle à la rédaction du Traité des Passions (1649). Faisant trois séjours en France (1644, 1647 et 1648), il rencontre au cours du second, Pascal, et prétendra lui avoir inspiré ses expériences du Puy-de-Dôme sur le vide.
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+ En septembre 1649, il accepte sur son invitation, de devenir le précepteur de la reine Christine à Stockholm, résidant chez l'ambassadeur de France, Pierre Chanut. Dès cette époque naît la rumeur qu'elle a une liaison avec le philosophe, même si cette liaison est peu crédible[29]. La rigueur du climat et l'horaire matinal de ses entretiens avec la reine avant 5 heures du matin sont inhabituels au penseur et auraient eu raison, selon la version officielle[30], de sa santé. Il n'a hâte que de partir au retour du printemps, mais serait mort le 11 février 1650[31].
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+ Toute une mythologie sur les circonstances de sa mort voit le jour dès son décès. L'hypothèse la plus notamment évoquée dès cette époque est celle d'un empoisonnement à l'arsenic. Cette thèse est à nouveau développée par Eike Pies dans son livre Der Mordfall Descartes (« L'Affaire Descartes »), paru en 1996 puis dans La Mort mystérieuse de René Descartes (« Der rätselhafte Tod des René Descartes », désormais traduit en français-2012) de Theodor Ebert. Selon cette version, il aurait été empoisonné par une hostie, contenant une dose mortelle d'arsenic, donnée par l'aumônier François Viogué (père catholique et missionnaire apostolique de la Propaganda Fide, attaché à l'ambassade de France à Stockholm), qui aurait craint que l'influence cartésienne (notamment son refus (comme Luther et Calvin) du dogme catholique de la transsubstantiation), ne dissuade la reine Christine luthérienne de se convertir au catholicisme : Christine de Suède envoie au chevet du philosophe le médecin Van Wullen qui note les symptômes suivants dans son compte rendu : coliques, frissons, vomissements, sang dans l'urine. Descartes se fait préparer comme antidote, un émétique à base de vin et de tabac, ce qui laisse penser qu'il suspectait lui-même l'empoisonnement[32].
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+ En 1666, l'ambassadeur en Suède Hugues de Terlon est missionné par Louis XIV pour rapatrier sa dépouille : constatant lors de l'exhumation le 1er mai que le corps est en état de décomposition avancée, il transfère les restes dans une boîte de cuivre de 80 cm de longueur. Au passage, l'ambassadeur prélève, pour lui-même, l'index droit du philosophe qui « avait servi d'instrument aux écrits universels du défunt »[33].
88
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+ Le 24 juin 1667 le cercueil en cuivre de Descartes fut déposé sous un monument de marbre[34] en l'église de l'Abbaye Sainte-Geneviève de Paris qui tombe en ruines au fil des décennies. En 1790, l'Assemblée nationale constituante charge Alexandre Lenoir de choisir les tombeaux et sculptures qui méritent d'être conservés dans l'ancien couvent des Petits-Augustins. En 1792, l’abbé de Sainte-Geneviève lui demande de sauver les biens de son église. À part le crâne de Descartes qui manque, le Conservateur du Patrimoine récupère dans un « coffre de bois » les ossements attribués[n 11] à Descartes (fragment de tibia et de fémur, de radius et de cubitus, les autres os étant réduits en poussière) qui sont transférés dans un sarcophage en porphyre dans l'ancien couvent, devenu dépôt des monuments ; au passage il récupère un os plat, afin d'y faire des bagues pour ses amis[35]. Sous la Restauration, les ossements sont conservés au couvent des Bernardins, puis réinhumés à l'église Saint-Germain-des-Prés où ils reposent depuis le 26 février 1819.
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+ Mais son crâne supposé a connu de nombreuses vicissitudes : a-t-il été volé par Isaac Planström, un officier des gardes de la ville de Stockholm chargé de son exhumation en 1666[36] ? A-t-il été racheté lors d'une vente aux enchères et ramené en France par le chimiste suédois Berzélius en 1821 ? Ce prétendu crâne de Descartes, sur lequel est gravé un poème en latin[n 12] et le nom de ses neuf propriétaires successifs, est remis par Berzélius à Georges Cuvier qui le confie à la collection anatomique du Jardin des plantes, puis celle du Musée de l'Homme en 1931. Prétendu car il existe cinq autres crânes attribués au philosophe[37].
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+ Bien que la Convention nationale, en 1793, ait décrété le transfert de ses cendres au Panthéon de Paris avec les honneurs dus aux grands hommes[38], ses restes sont, deux siècles plus tard, toujours « coincés » entre deux autres pierres tombales - celles de Jean Mabillon et de Bernard de Montfaucon - dans une chapelle abbatiale de l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Les décrets de la Convention n'ont toujours pas été appliqués, pas plus que le projet défendu en 1996 par François Fillon de transférer le prétendu crâne au Collège royal de La Flèche où Descartes a été pensionnaire, ou celui de la panthéonisation de ce crâne en 2010[39], ce qui peut être expliqué par les doutes sur l'authenticité même des ossements et du crâne du philosophe[40].
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+ En 1997 Philippe Comar illustre ce jeu de vanités dans un récit intitulé Mémoires de mon crâne, René Descartes qui en résume l'histoire des pérégrinations[41].
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96
+ La philosophie en France pendant la Renaissance est encore assez mal connue, et il est donc difficile de connaître avec précision les influences philosophiques qu'a reçues Descartes. On trouvera ci-dessous quelques éléments de contexte permettant d'explorer des pistes.
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+ Quand Descartes commence à s'intéresser aux sciences, la domination de l'aristotélisme et de la métaphysique scolastique commence à être discutée[42]. Certains soutiennent par exemple que Descartes a été influencé par la méthode du doute du théologien Pierre Charron, qui s’est démarqué de la métaphysique scolastique qu'il jugeait trop spéculative[43].
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100
+ Il y a au XVIIe siècle une résurgence certaine des courants philosophiques du stoïcisme, de l'augustinisme et du scepticisme – plus particulièrement en ce qui a trait à l'influence de Montaigne, qui constitue à cet égard une figure représentative du doute et du scepticisme qui anime l'époque. Le doute sceptique est une question qui intéresse son siècle : on a conscience de ne pas posséder une vérité indubitable, surtout dans le domaine des mœurs et des opinions, mais on la cherche : le cheminement vers le doute s'oriente vers la vérité. Les idées de la fraternité de Rose-Croix étaient aussi très répandues en Allemagne et en France autour des années 1620.
101
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+ Par ailleurs, la controverse ptoléméo-copernicienne sur les deux systèmes du monde (géocentrisme vs héliocentrisme) fait rage dans le milieu scientifique et religieux (voir révolution copernicienne). Les thèses héliocentriques font leur chemin. Elles remettent en cause certains fondements de la religion chrétienne : en effet quelques passages cosmologiques de la Bible, interprétés littéralement, laissent entendre que la Terre est immobile. Les systèmes d'Aristote et de Ptolémée décrivaient aussi la Terre fixe au centre de l'univers. Il n'est pas possible de débattre tout à fait librement de l'héliocentrisme depuis l'interdiction de 1616 par l'Église. Galilée, célèbre partisan de la doctrine héliocentrique, après avoir convaincu une partie des autorités de l'Église, est finalement condamné à l'emprisonnement en 1633 par un tribunal ecclésiastique. Son ami le pape Urbain VIII commue sa peine en assignation à résidence.
103
+
104
+ Descartes avait écrit en 1632-1633 un Traité du monde et de la lumière, dans lequel il défendait la thèse héliocentrique[44]. Il apprit en 1633 la condamnation de Galilée, puis il reçut en 1634 de son ami Beeckman le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, le livre qui valut à Galilée sa condamnation. C'est la raison pour laquelle il renonça à publier son Traité du monde et de la lumière. Pensant que Galilée avait manqué de méthode pour défendre la thèse de l’héliocentrisme, il préféra s'orienter vers une carrière philosophique :
105
+
106
+ Avec Descartes, les outils mathématiques permettent le développement d'une science nouvelle, la dynamique, issue de l'astronomie et de la physique. Les sciences deviennent des disciplines autonomes qui se passent de la métaphysique. L'école scolastique a manqué sur les questions d'observation, elle est discréditée. C'est la révolution copernicienne.
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+
108
+ Descartes, avide de connaissances, s'interrogea sur la place de la science dans la connaissance humaine. Il approuvait le projet de Galilée de rendre compte de la nature en langage mathématique, mais il lui reprochait son manque de méthode, d'ordre et d'unité. Toute la philosophie cartésienne aura pour préoccupation constante de ramener l'étude d'objets particuliers à quelques principes premiers, dont le fameux cogito ergo sum.
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110
+ Dans son projet d'ouvrage sur les Règles pour la direction de l'esprit (1629), Descartes avait fait l'inventaire de nos moyens de connaître, et avait privilégié l'intuition et la déduction, sans négliger l'imagination et la mémoire (règle douzième).
111
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112
+ Après le procès de Galilée, le projet philosophique de Descartes se présente alors en trois étapes principales correspondant aux trois œuvres suivantes :
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114
+ Descartes commença donc par élaborer une méthode qu'il voulait universelle, aspirant à étendre la certitude mathématique à l'ensemble du savoir, et espérant ainsi fonder une mathesis universalis, une science universelle. C'est l'objet du Discours de la méthode (1637). Il affirme ainsi que l'univers dans son ensemble (mis à part l'esprit qui est d'une autre nature que le corps) est susceptible d'une interprétation mathématique. Tous les phénomènes doivent pouvoir s'expliquer par des raisons mathématiques, c'est-à-dire par des figures et des mouvements conformément à des « lois ».
115
+
116
+ Descartes juge la méthode scolastique trop « spéculative », déclarant dans le Discours de la méthode (sixième partie) :
117
+
118
+ « Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connoissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connoissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. »
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+
120
+ Mais il sentira la nécessité d'un fondement pour la connaissance, qui permettrait en outre d'affermir la religion. Dans un ouvrage en six parties, il jette ainsi les fondements de sa philosophie, passés au crible du doute hyperbolique. Descartes y démontre principalement l'existence de Dieu et la distinction réelle de l'âme et du corps, à partir de ce qu'on appelle communément le cogito.
121
+
122
+ Toutefois, dans les méditations, Descartes semble montrer des réticences à s'étendre complètement sur la notion scolastique de substance, qui se trouve, pourtant, au cœur de la métaphysique. Cette notion ne sera vraiment abordée par Descartes que dans les Principes de la philosophie[45].
123
+
124
+ La métaphysique cartésienne devient dans ce texte le point de départ de toutes les connaissances jusqu'à la morale qui en est le fruit. Dans ses Principes de la philosophie (1644), Descartes compare la philosophie à « un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique, et les branches toutes les autres sciences, les principales étant la mécanique, la médecine et la morale… »
125
+
126
+ Le projet cartésien s'inscrit donc dans une conception « morale » de la recherche de la vérité :
127
+
128
+ « C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n'ont que leur corps à conserver, s'occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l'esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m'assure aussi qu'il y en a plusieurs qui n'y manqueraient pas, s'ils avaient espérance d'y réussir, et qu'ils sussent combien ils en sont capables. Il n'y a point d'âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu'elle ne s'en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu'elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d'honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d'ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu'ils possèdent. Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n'est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c'est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l'étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites. »
129
+
130
+ — les Principes de la philosophie, lettre-préface de l'édition française des Principes
131
+
132
+ Dans ce livre inachevé publié après sa mort en 1701, Descartes souligne la difficulté qu'il y a à prendre connaissance de la science dans les livres de son époque, car « ce qu’ils renferment de bon est mêlé de tant d’inutilités, et dispersé dans la masse de tant de gros volumes, que pour les lire il faudrait plus de temps que la vie humaine ne nous en donne ». C'est pourquoi il propose une voie abrégée, et affirme qu'il n'emprunte pas les vérités qu'il avance à Platon ou à Aristote. Il met en scène trois personnages, pour mieux mettre en valeur la méthode qu'il propose : le doute universel.
133
+
134
+ Dans les Règles pour la direction de l'esprit (1619-20 repris dans 1626-28), Descartes expose son intention d'orienter les études de façon que l'esprit porte des « jugements solides et vrais » (première règle).
135
+
136
+ Il y a nécessité d'élaborer une méthode pour rechercher la vérité, car la méthode est « la voie que l'esprit doit suivre pour atteindre la vérité. » (règle quatrième). Les principes de la méthode sont innés, et valables pour conduire sa raison en ordre vers la vérité, et cela dans toutes les sciences.
137
+
138
+ Descartes revient sur ce qui est immédiatement évident, à savoir la condition de la certitude de la connaissance. Il existe donc, pour Descartes, des propositions simples qui, dès qu'elles sont pensées, sont tenues pour vraies : rien ne produit rien, une seule et même chose ne peut à la fois être et ne pas être, etc.[46]. Ces propositions ne sont pourtant pas « données », elles s'appuient sur des cas généraux, mais sont comprises en tant que telle par la seule pensée. C'est au moyen d'une intuition que la pensée saisit de façon évidente les éléments les plus simples, c'est-à-dire les principes (règle cinquième).
139
+
140
+ Descartes passe en revue les moyens d’accès à la connaissance, indiquant dans la huitième règle :
141
+
142
+ « Et d’abord nous remarquerons qu’en nous l’intelligence seule est capable de connaître, mais qu’elle peut être ou empêchée ou aidée par trois autres facultés, c’est à savoir, l’imagination, les sens, et la mémoire. »
143
+
144
+ Pour parvenir à la certitude, tout doit être « reconstruit » ; Descartes va ainsi s'efforcer de bâtir la science sur des fondements qui soient tout à lui. Mais la première condition pour bâtir l'édifice des sciences certaines, c'est que l'esprit se crée ses propres instruments, au lieu d'emprunter à autrui des outils dont il n'a pas éprouvé la rigueur. Quelqu'un qui veut exercer l'art de forgeron sans encore en avoir les outils, devra se forger pour son usage avec les moyens de la nature les outils dont il a besoin[47]. Cet instrument que se forge lui-même l'esprit, ce sont les règles de la méthode.
145
+
146
+ Il faut se servir de « toutes les ressources de l’intelligence, de l’imagination, des sens, de la mémoire, pour avoir une intuition distincte des propositions simples » (règle douzième).
147
+
148
+ La méthode sera pour Descartes le point de départ de toute philosophie, car elle « prépare notre entendement pour juger en perfection de la vérité et nous apprend à régler nos volontés en distinguant les choses bonnes d'avec les mauvaises »[48]. La grande préoccupation de Descartes est ainsi d'atteindre la certitude. C'est pourquoi il se méfie des connaissances qui viennent des sens et des livres, car ce ne sont là que des certitudes paresseuses, quand il ne s'agit pas seulement de probabilité, et, par ce moyen, nous ne pouvons trouver la vérité que par hasard et non par méthode.
149
+
150
+ Descartes publia des extraits du Traité du monde et de la lumière (la Dioptrique, les Météores, la Géométrie) et y introduisit une préface, intitulée discours de la méthode, pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, qui est restée célèbre.
151
+
152
+ C'est à partir des intuitions des principes que Descartes propose de raisonner, c'est-à-dire de nous avancer dans la connaissance au moyen de la déduction. La déduction est ainsi un mouvement de la pensée, consistant en une série d'intuitions enchaînées, mises en relation par ce mouvement continu de l'esprit. Par ces séries d'intuitions reliées par le raisonnement, nous ramenons ce qui est inconnu aux principes, c'est-à-dire à ce qui est connu. Ainsi, en raisonnant sur la base de l'évidence, la pensée étend son domaine de connaissance au-delà des principes.
153
+
154
+ La méthode de Descartes ne prétend pas déduire a priori les phénomènes. Mais c'est toujours l'expérience des cas particuliers qui met la pensée en mouvement, et cette pensée déduit et trouve de nouvelles connaissances. Néanmoins, si ce ne sont pas les causes qui prouvent les effets, il reste que la vérité est établie par des déductions à partir de principes, plutôt que par l'accord avec l'expérience. Ainsi Descartes est-il « rationaliste » quand il estime que la déduction est, par elle-même, suffisante pour valider la connaissance, et que ce sont les causes prouvées par l'expérience qui expliquent l'expérience. Cependant, lorsque l'expérience n'est pas conforme à ses principes, Descartes préférera privilégier les principes plutôt que de se plier à la réalité des résultats expérimentaux, parfois à l'excès. Sur ce point, Newton s'opposera au cartésianisme, en attribuant la plus grande importance à l'adéquation entre les théories scientifiques et les faits expérimentaux, quitte pour cela à ne pas former d'hypothèses (par exemple, sur la nature de la force gravitationnelle). La science est pour Descartes un système hypothético-déductif s'appuyant sur l'expérience, mais il reste que, pour lui, il devrait être possible de comprendre le monde physique par une théorie explicative complète prenant la forme d'une démonstration algébrique universelle.
155
+
156
+ Cette méthode scientifique étant établie, se pose alors la question de savoir quels sont les premiers principes : sur quoi notre pensée peut-elle se fonder pour s'assurer la certitude de ses connaissances ? Nous pouvons en effet douter de toutes nos connaissances.
157
+
158
+ Dans la sixième partie du discours de la méthode, Descartes indique qu'il a cherché à trouver les « principes ou premières causes de tout ce qui est ou qui peut être dans le monde, sans rien considérer pour cet effet que Dieu seul qui l'a créé ».
159
+
160
+ La certitude que Descartes se propose de trouver est, au contraire de la certitude seulement expérimentale, absolue, et c'est une certitude analogue à celle des démonstrations mathématiques qui nous font voir avec évidence que la chose ne saurait être autrement que nous la jugeons et qui ne donne pas prise au scepticisme :
161
+
162
+ « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s'entresuivent en même façon, et que, pourvu seulement qu'on s'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduire les unes des autres, il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on ne découvre. »
163
+
164
+ Ainsi, par le nom de science, Descartes n'entend-il rien d'autre qu'une connaissance claire et distincte. Le point de départ de la théorie de la connaissance, ce qui sera retenu tout particulièrement par un cartésien comme Nicolas Malebranche, c'est la simplicité et la clarté des premiers éléments. Mais cette pensée de l'évidence serait vide si elle ne prenait pour matière l'expérience, et ne procédait par induction, c'est-à-dire par l'énumération des éléments d'une question à résoudre. Seule une telle connaissance, en augmentant notre savoir, « en formant notre esprit à porter des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui » (Règles, I) peut nous permettre de posséder toute la certitude et la vérité dont notre esprit est capable.
165
+
166
+ C'est pourquoi il faut dire également que toutes nos connaissances dépendent de notre entendement, et que ce dernier procède de la même manière dans toutes les sciences. Il y a ainsi pour Descartes une unité de la méthode, et il ne peut y avoir qu'une méthode vraie qui exprime l'unité et la simplicité essentielle de l'intelligence : la méthode en est la manifestation ordonnée.
167
+
168
+ Les règles de la méthode sont ainsi présentées par Descartes dans le Discours de la méthode :
169
+
170
+ « […] comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu'un état est bien mieux réglé lorsque, n'en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne pas manquer une seule fois à les observer. »
171
+
172
+ Le doute méthodique et le cogito avaient été esquissés dans le Discours de la méthode. Les contemporains demandèrent à Descartes de plus amples explications sur sa métaphysique. Descartes aborde ces sujets dans les Méditations sur la philosophie première. Avant la publication, il demanda à son correspondant, Marin Mersenne (qui avait écrit les Questions sur la Genèse, 1623), de recueillir les objections des plus grands esprits de l'époque (1640).
173
+
174
+ Pour s'assurer de la solidité de nos connaissances, il nous faut trouver, une bonne fois pour toutes, un fondement inébranlable à partir duquel nous pourrions déduire tout le reste. Ainsi peut-on dire que la méthode cartésienne commence en réalité par la mise en doute systématique de toutes les connaissances qui nous semblent évidentes.
175
+
176
+ Mais il faut tout d'abord faire quelques remarques sur l'exposition de la pensée cartésienne. Bien que Descartes écrive le Discours de la Méthode en français[c 2] pour avoir une plus large audience — dans l'ambition « moderne » de gagner à sa cause les groupes de gens cultivés, à l'instar du public féminin, ennemis du latin vecteur de l'idéologie des écoles[50] et peut-être, selon Michel Serfati, dans un souci de démocratisation du savoir[51] —, il ne conseille pas de le suivre dans les voies qu'il a explorées :
177
+
178
+ Parmi les connaissances que nous avons dans notre esprit, Descartes distingue celles que nous avons reçues dès le plus jeune âge et celle que l'on apprend dans les livres ou par des maîtres (Principes de la philosophie, I, 1).
179
+
180
+ Le préjugé et la précipitation nous empêchent de bien juger. Nous devons donc suspendre notre jugement. Inspiré du concept sceptique d'épochè, la suspension de jugement cartésienne diffère néanmoins de celle des sceptiques, qui provient de l'équilibre des raisons instauré par des raisons contradictoires de croire en telle ou telle chose. Le doute conduit alors chez les sceptiques à l'apathie, condition, selon eux, du bonheur. Au contraire, chez Descartes, le doute n'est qu'un moment, fondateur, dans le cheminement de la connaissance.
181
+
182
+ Il faut douter non seulement de nos préjugés acquis par l'éducation, mais aussi de ce que nous apprennent les sens, car ceux-là peuvent être quelquefois trompeurs, comme le montre l'exemple des illusions d'optique. Radicalisant cette expérience commune (l'image du bâton brisé dans l'eau), Descartes arrive, dans la Première méditation métaphysique, au « doute hyperbolique » : ne se pourrait-il pas que nos sens nous trompent tout le temps, comme dans le rêve ou la folie ?
183
+
184
+ Le doute cartésien est dit « hyperbolique ». Il se distingue du doute des sceptiques ou de celui de Montaigne, et il ne repose pas sur la mise en question de l'objet lui-même (de son existence) mais du rapport du sujet à l'objet. Chez Descartes, le doute ne consiste donc pas en la seule suspension du jugement, mais il consiste, au contraire, à décider de juger comme faux ce qui apparaît comme seulement probable. L'argument du rêve permet à Descartes de rejeter comme faux toutes les perceptions sensibles, puisque, comme l'expérience en atteste, nos sens peuvent parfois se révéler trompeurs. Mais il reste encore quelques vérités qui nous semblent très évidentes, parce qu'elles portent sur les éléments les plus simples : il en est ainsi des vérités et surtout des idées mathématiques. Néanmoins, il arrive que nous nous trompions aussi en calculant ; mais ce n'est pas encore là le doute le plus radical que nous puissions concevoir, car nous pouvons faire l'hypothèse d'un « dieu trompeur », d'un « malin génie » qui nous aurait créés tels que nous nous trompions toujours (Première Méditations métaphysiques).
185
+
186
+ Le doute devient alors hyperbolique, et son caractère volontaire fait même de lui un doute métaphysique, car il ne concerne plus seulement les sens et les jugements que nous pouvons formuler à partir de leurs témoignages ; ce doute est la formulation de l'hypothèse que l'erreur et l'illusion sont ontologiquement liées à notre esprit (dont les modes principaux sont l'entendement et la volonté) et qu'elles peuvent donc être radicales et insurmontables ; rien alors ne semble plus pouvoir être tenu pour absolument certain. Et même les mathématiques, aussi évidentes soient-elles pour notre entendement, pourraient bien n'être que le résultat d'une tromperie dont nous sommes les victimes.
187
+
188
+ Par l'exercice méthodique de ce doute hyperbolique, nous pouvons en arriver à ne plus pouvoir rien juger comme absolument certain, à ne plus pouvoir rien tenir ni pour vrai ni pour faux, à ne plus tenir aucun être comme réel.
189
+
190
+ Dans la deuxième Méditation métaphysique, Descartes montre, par l'exemple du morceau de cire, que ce ne sont pas tant nos sens qui nous trompent, mais bien plutôt le jugement que nous formulons sur leurs témoignages. C'est l'entendement qui conçoit le morceau de cire en tant que substance étendue, au-delà des figures, des couleurs, des odeurs, etc. que nous pouvons lui prêter. Ainsi, s'il y a erreur, elle ne peut venir que de la précipitation de notre volonté à juger de ce que nous recevons par le moyen de la perception ; c'est, pour nous, une marque d'imperfection et une source intarissable d'erreurs.
191
+
192
+ Mais il reste, dans ce néant universel où nous nous sommes placés en doutant méthodiquement, quelque chose dont nous ne saurions jamais douter : nous savons que nous doutons, et le sachant, nous avons l'intuition immédiate et claire que nous ne sommes pas rien : tandis que je doute, je sais que j'existe, car s'il y a un doute, c'est qu'il y a nécessairement quelqu'un qui est là pour douter : cogito, ergo sum, « je pense donc je suis » (Les Principes de la philosophie, §7). Cette intuition n'est pas conçue comme un raisonnement (penser est ici davantage une intuition, une expérience) ; le cogito ne doit pas être confondu avec un syllogisme incomplet auquel manquerait la majeure (par exemple : « Tout ce qui pense existe/or je pense/Donc je suis »). Le « donc » (ergo) disparaît d'ailleurs du texte des méditations, lequel insiste d'abord sur le « je suis, j'existe » (ego sum, ego existo). Le sum précède le cogito, nous sommes d'abord dans une métaphysique du sujet :
193
+
194
+ « Après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : « Je suis, j'existe », est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. […] Je ne suis donc, précisément parlant, qu'une chose qui pense […] C'est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. »
195
+
196
+ Cette certitude étant mise au jour, il apparaît néanmoins qu'elle n'est pas une connaissance comme les autres. En effet, savoir et conscience ne sont pas exactement la même chose : je sais que j'existe, mais je ne sais pas ce que je suis. Je sais seulement que je pense, c'est-à-dire que je doute, que je sens, que je veux, etc. Je suis donc une chose qui pense, c'est-à-dire une réalité pensante (ou une substance mais, cette notion de substance sera introduite par Descartes dans les Principes de la philosophie). Tout part donc pour moi de ma pensée : ma réalité la plus certaine et la plus immédiate consiste dans cette conscience de ma réalité pensante.
197
+
198
+ Par cette remarque d'apparence anodine, Descartes évacue « l'essentialisme » traditionnel de la nature humaine : il est faux d'affirmer que je suis un animal rationale (un animal raisonnable), comme le dit une définition classique de l'homme, car je ne sais ni ce qu'est un animal, ni ce qu'est la raison, ni encore moins comment elle se trouve en l'homme.
199
+
200
+ Descartes est donc parvenu à une certitude première, mais il apparaît pour le moins difficile d'en déduire une connaissance quelconque. Descartes semble maintenant s'être enfermé dans ce que l'on nomme le « solipsisme ». La question est alors de savoir si nous pouvons donner un fondement réel, objectif à notre connaissance, ce que Descartes affirme :
201
+
202
+ « Prêtez-moi seulement votre attention ; je vais vous conduire plus loin que vous ne pensez. En effet, c'est de ce doute universel que, comme d'un point fixe et immuable, j'ai résolu de dériver la connaissance de Dieu, de vous-même, et de tout ce que renferme le monde. »
203
+
204
+ — Recherche de la vérité par les lumières naturelles
205
+
206
+ Descartes analyse alors les idées que nous avons, indépendamment de leur vérité ou de leur fausseté ; il les examine ainsi en tant qu'elles sont dans la pensée, en tant que représentation (c'est-à-dire en tant qu'elles ont un esse objectivum). Descartes se place ainsi « en deçà » du vrai et du faux par une distinction radicale et anti scolastique de l’esse objectivum et de l’esse formale.
207
+ Il analyse les idées qui sont en son esprit à la lumière des principes que nous concevons intuitivement comme évidents. Or, certaines de nos idées semblent venir de l'extérieur de nous ; d'autres semblent être de notre propre fait.
208
+ Toutes ces idées doivent avoir une cause, car c'est un principe postulé comme intuitif par Descartes que tout effet doit avoir une cause (principe de causalité) ; nous allons voir qu'il utilise également ce principe « ontologique » suivant lequel un effet ne renferme pas plus de réalité que sa cause.
209
+
210
+ Nous avons en nous, selon Descartes, l'idée d'un être infini, somme de toutes perfections et de toutes réalités. Mais nous ne pouvons manifestement pas en être les auteurs.
211
+
212
+ La notion de l'infini ne peut venir d'un être imparfait : un être imparfait, c'est-à-dire cette substance pensante qui doute et qui désire. Cette idée n'est donc ni une construction de notre esprit à partir d'éléments de l'expérience (où trouverions-nous donc cette idée dans les choses particulières ? Toute cause extérieure est finie, limitée), ni une création indépendante de notre raison imparfaite.
213
+
214
+ Le raisonnement de Descartes postule alors certains axiomes, et peut se formuler ainsi :
215
+
216
+ Dieu existe, et l'idée que j'ai de l'infini est la marque qu'il a laissé sur son ouvrage ; c'est la marque du créateur dans sa créature. D'après Descartes, cette idée nous est donc innée : dès que je pense, la clarté et l'évidence de ma faculté de penser me font concevoir que Dieu existe. Malebranche sera plus direct encore : je pense, donc Dieu existe.
217
+
218
+ Néanmoins, l'innéité de l'idée ne veut pas dire qu'elle me soit donnée immédiatement : elle se développe en nous avec notre pensée, pour devenir une intuition :
219
+
220
+ « Les idées innées proviennent de notre faculté de penser elle-même. »
221
+
222
+ L'existence de Dieu étant assurée, Descartes pense posséder maintenant une certitude solide pour fonder nos connaissances. Remarquons toutefois que le fondement de ce raisonnement est le principe de causalité.
223
+ On peut donc se demander avec Pascal si Descartes avait réellement besoin de Dieu pour fonder la science.
224
+
225
+ Mais il faut à présent comprendre comment la connaissance devient possible par la certitude de cette idée innée qu'est l'infini. Un être imparfait se trompe et peut être trompé. Un être parfait ne trompe pas, car la tromperie participe du défaut, et on ne peut l'attribuer à Dieu sans contradiction. Si donc Dieu existe et que par des idées innées je « participe » à sa perfection, alors l'erreur n'est plus le résultat d'un défaut ontologique (le malin génie, l'impossibilité radicale de toutes connaissances) mais elle provient uniquement de la finitude de mes facultés.
226
+
227
+ Cette perfection de Dieu que nous concevons de manière innée explique également que nous nous concevions imparfaits : c'est parce que nous avons l'idée de la perfection que nous pouvons reconnaître notre imperfection. L'imperfection subjective (celle du sujet, de la substance pensante) suppose la perfection objective, ontologique, en un mot, l'existence de Dieu.
228
+
229
+ Le résultat de cette recherche des premiers fondements aboutit donc à introduire Dieu dans la théorie de la connaissance. L'idée même de la nature (de ce que les sciences étudient) va s'en trouver modifiée :
230
+
231
+ « Par la nature considérée en général, je n'entends maintenant autre chose que Dieu même, ou bien l'ordre et la disposition que Dieu a établie dans les choses créées[53]. »
232
+
233
+ Qu'est-ce donc que la connaissance ? C'est connaître l'ordre et les lois de la nature par notre participation à la perfection divine. Malebranche, souvent plus économe que Descartes, dira que nous nous voyons en Dieu. Ce que nous connaissons, ce sont donc les vérités éternelles instituées par la volonté immuable et absolue de Dieu.
234
+
235
+ On peut distinguer quatre preuves de l'existence de Dieu données par Descartes : trois dans la méditation troisième et une dans la méditation cinquième.
236
+
237
+ Une autre difficulté de la métaphysique cartésienne tient à l'emploi de la causalité dans la preuve de l'existence de Dieu. En effet, un tel principe menace de dépasser l'idée même de Dieu, car ne faut-il pas en vertu du principe de causalité que Dieu ait également une cause ? Pour résoudre cette difficulté, Descartes distingue entre ce qui a une cause hors de soi (substance au sens large) et ce qui a sa cause en soi (la substance per se). Dès lors, on peut concevoir que Dieu est en quelque sorte sa propre cause (et Descartes insiste sur la nuance : « sit quodammodo sui causa, il est en quelque façon cause de soi »[54]). Le rapport de Dieu à lui-même est, pour ainsi dire, un rapport de cause à effet. Mais ce n'est là qu'une façon de parler, qu'il ne faut pas la prendre au pied de la lettre, au risque de tomber dans des contradictions. Descartes explique que cette manière de parler, par analogie avec la cause efficiente, est à la fois utile pour concevoir ce qui est en jeu et indispensable pour résoudre la question posée : elle permet en effet de mettre en terme à la régression à l'infini dans la recherche de la cause de mon existence.
238
+
239
+ On nomme communément causa sui ce rapport de causalité exclusivement propre à l'être suprême. Ce rapport s'explique, selon Descartes, par l'idée de toute-puissance : la puissance infinie de Dieu lui permet d'exister par lui-même. Descartes opère ainsi la synthèse entre la notion de substance et celle de cause de soi-même.
240
+
241
+ L'objection classique (formulée par Antoine Arnauld) contre cette idée de la substance est que l'on ne peut donner ce que l'on n'a pas : la cause précède l'effet, et il faut donc que Dieu existât déjà avant que d'être son propre… effet ! On voit que cette idée implique également que l'on distingue en Dieu passé, présent et futur, et que l'on y associe d'abord la simple possibilité de l'existence, ce qui serait une imperfection de son être.
242
+
243
+ La réponse de Descartes est que l'on ne peut pas ne pas appliquer le principe de causalité à Dieu, au moins à titre de demande :
244
+ « Il n’y a aucune chose existante de laquelle on ne puisse demander quelle est la cause pourquoi elle existe. Cela en effet peut être demandé de Dieu même, non qu'il ait besoin d'aucune cause pour exister, mais parce que l'immensité même de sa nature est la cause ou la raison pour laquelle il n'a besoin d'aucune cause pour exister[55]. »
245
+ Mais cette causalité, dans le cas de Dieu, ne peut être conçue par nous que par analogie, car nos facultés sont trop imparfaites pour le comprendre (on peut concevoir clairement Dieu comme cause de soi, sans pour autant le comprendre). Il suit de la limitation de notre entendement que nous concevons que seul Dieu peut être conçu comme la cause de Dieu, car autrement il serait l'effet d'un autre être et ne serait pas infini.
246
+
247
+ Pour ce qui est de la relation de temps qu'implique la causalité, elle n'est pas valable pour Dieu : Dieu est éternel et immuable. Mais surtout, Descartes explique qu'une cause est toujours contemporaine de son effet, car elle n'est cause qu'au moment où elle le produit.
248
+
249
+ Une dernière difficulté qui a été soulevée contre le système cartésien est que l'on ne comprend pas comment, d'un être absolument parfait sous tous rapports, ont pu naître des êtres finis et donc aussi partiellement imparfaits. Le fond de toute chose est parfait, et cependant l'imperfection subsiste dans ces choses. Pour Descartes, cette objection ne tient pas compte du fait que toute finitude n'est qu'une limitation, une négation : un néant d'être. Il y a là une théodicée implicite : les choses créées sont nécessairement finies, et leur finitude est néanmoins une source de perfection pour le monde si nous le considérons dans son ensemble.
250
+
251
+ Descartes établit une classification des connaissances en comparant la connaissance à un arbre :
252
+
253
+ « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n’est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières. »
254
+
255
+ Le concept scolastique de substance avait été peu abordé dans les méditations sur la philosophie première. Descartes aborde plus longuement ce point dans les Principes de la philosophie (1644).
256
+
257
+ L'idée que Descartes se fait de Dieu n'est guère comparable à celle que peuvent s'en faire les hommes qui ne font pas de philosophie. En effet, pour Descartes, Dieu est la substance absolue qui renferme en elle-même toute la réalité, toutes les perfections possibles et toutes les qualités possibles. Être une substance, cela signifie exister par soi-même (per se), sans le concours d'un autre être (Principes de la philosophie, I, 51).
258
+
259
+ À proprement parler, seul Dieu est donc une substance: tous les êtres créés par Dieu sont en effet finis, et dépendent de lui. C'est pourquoi Descartes affirme que la notion de substance n'est pas univoque[56] : seul Dieu est, à proprement parler, substance. Toutefois, pour les choses créées, on parle de substance lorsqu'elles n'ont besoin que du concours ordinaire de Dieu pour continuer à subsister ; les autres choses sont des « qualités ou des attributs de ces substances » (Principes de la philosophie, I, 51). Ainsi, la pensée est un attribut de la substance pensante (res cogitans), tandis que l'étendue est un attribut de la substance corporelle.
260
+
261
+ Pour Descartes, la seule pensée ne peut être la cause de mon existence en tant que chose pensante: il faut un acte qui me crée, en tant que substance pensante, et me maintienne dans l'existence. Je ne me sors pas moi-même du néant, et je n'ai pas le pouvoir de me maintenir par moi-même. Il y a donc un être dont l'acte est de maintenir la création en l'état : c'est la théorie de la création continuée.
262
+
263
+ Une objection fut formulée par Hobbes et par Gassendi[réf. nécessaire] : nous ne connaissons que des qualités (des attributs, des phénomènes) : nous n'avons aucune perception immédiate de la substance. Descartes accorde toutefois que nous ne percevons, en tant que tel, aucune substance ; il soutient que nous pouvons néanmoins la penser (plus exactement la concevoir clairement et distinctement), et que nous pouvons la connaître (plus exactement la comprendre) que par ses attributs (Principes de la philosophie, I, 52). Ainsi, c'est parce que j'ai conscience de penser, que je peux inférer l'existence d'une substance pensante: cogito, ergo sum. Je m'aperçois moi-même penser ; or la pensée est un attribut de la substance pensante ; donc je suis une substance pensante. Il n'y a pas d'attribut sans substance chez Descartes : « le néant ne peut avoir aucun attribut, ni propriété ou qualité : c'est pourquoi, lorsqu'on en rencontre quelqu'un, on a raison de conclure qu'il est l'attribut de quelque substance, et que cette substance existe » (ibid.) : autrement dit, il ne peut y avoir de pensée sans sujet pensant. Nietzsche critiquera précisément ce point-ci, refusant la possibilité d'inférer de la pensée un sujet pensant.
264
+
265
+ Spinoza, quant à lui, refusait le dualisme de substance cartésien, élaborant un monisme de la substance : seul Dieu peut être dit substance. Les substances matérielles au sens de Descartes, c'est-à-dire celles qui n'ont besoin que du concours de Dieu pour exister, sont reléguées par Spinoza au rang de modifications de la substance première, n'ayant pas dès lors d'existence indépendante.
266
+
267
+ L'âme est pour Descartes une substance indépendante, et seuls les êtres pensants ont une âme. Il y a pour Descartes une grande différence entre l'âme et le corps : l'âme est une substance pensante (res cogitans ou « chose qui pense »), la matière est une substance « étendue » (res extensa ou « chose étendue »).
268
+
269
+ En raison de cette distinction entre substance pensante et substance étendue, soit donc aussi entre l'âme et le corps, on parle souvent d'un dualisme cartésien.
270
+
271
+ En partant du cogito, Descartes fait de la conscience de soi un fait primitif. Par cette « conscience », je peux penser l'âme, en tant que substance pensante, d'une manière entièrement indépendante du corps. Nous pouvons avoir, dit-il, une connaissance claire et distincte de l'âme, indépendamment du corps: cela en fait donc une substance « réellement distincte » (Principes de la philosophie, I, 60).
272
+
273
+ L'homme est donc un composé de deux substances. Cela soulève une autre difficulté (posée par exemple par la princesse Élisabeth de Bohême, princesse Palatine, lors de leurs échanges épistolaires) : comment comprendre l'union de l'âme et du corps ?
274
+
275
+ D'une part, une telle notion de l'âme provoque une violation évidente des principes de la physique cartésienne : en effet, l'âme produit des mouvements sans compensation « étendue » : elle modifie le mouvement des esprits animaux, et est même aussi modifiée elle-même par ce mouvement, et pourtant elle demeure un principe spirituel irréductible aux mécanismes de la nature. L'idée de l'âme est ainsi contraire au principe de l'inertie[réf. nécessaire].
276
+
277
+ D'autre part, si l'âme agit sur le corps et inversement, ces deux substances ne peuvent être « absolument » indépendantes l'une de l'autre : la causalité implique un rapport de dépendance. L'âme et le corps sont donc dans une certaine communauté, et leur indépendance réciproque, affirmée par Descartes, rend cette union « relativement » inintelligible[réf. nécessaire].
278
+
279
+ Descartes admet ces difficultés : en effet, dit-il[réf. nécessaire], nous ne pouvons comprendre cette union, mais nous en avons néanmoins, l'expérience tout au long de notre vie.
280
+
281
+ Cette distinction dite « réelle » du corps et de l'âme ne s'oppose donc pas à leur union : le « dualisme » cartésien ne signifie pas qu'âme et corps soient complètement séparés : il y a ainsi « certaines choses que nous expérimentons en nous-mêmes, qui ne doivent pas être attribuées à l'âme seule, ni aussi au corps seul, mais à l'étroite union qui est entre eux […] : tels sont les appétits de boire, de manger, et les émotions ou passions de l'âme, qui ne dépendent pas de la pensée seule, comme l'émotion de la colère, de la joie, de la tristesse, de l'amour, etc. tels sont tous les sentiments, comme la lumière, les couleurs, les sons, les odeurs, le goût, la chaleur, la dureté, et toutes les autres qualités qui ne tombent que sous le sens de l'attouchement. » (Principes de la philosophie, I, 48).
282
+
283
+ Quelles sont les conséquences de ce dualisme pour la constitution d'une psychologie cartésienne ? Et principalement par la distinction opérée par Descartes entre les phénomènes purement spirituels et les phénomènes qui résultent de l'influence du corps sur l'âme. Ainsi, la perception sensible est-elle l'effet des esprits animaux sur l'âme par le moyen de la glande pinéale. On a alors un mécanisme analysé ainsi par Descartes :
284
+
285
+ Ce troisième moment est exclusivement le fait de l'âme, et c'est par là que nous sommes portés à juger presque involontairement de l'existence des choses extérieures.
286
+
287
+ Cette description des mécanismes psychologiques permet de définir certaines de nos facultés.
288
+
289
+ Ainsi le souvenir des choses matérielles est-il la conservation de certaines traces des mouvements provoqués dans notre cerveau. De même, l'imagination ne s'explique que par des mouvements corporels joints à une certaine activité de l'âme. Seule la pensée est active, en ce sens qu'elle n'a pas besoin de mouvements matériels : selon Descartes, la pensée est possible sans la perception et sans l'imagination.
290
+
291
+ Descartes opère une distinction semblable en ce qui concerne nos actions : l'appétition est un mouvement produit par le corps, alors que la volonté appartient à l'âme seule. Notre volonté est donc indépendante de toute influence sensible, bien plus, la causalité naturelle n'affecte pas notre volonté.
292
+
293
+ Cette indépendance de la volonté est d'ailleurs un signe de notre perfection relative : alors que notre entendement est imparfait (nous ne comprenons pas tout ; voir ce qui a été dit dans la section sur la théologie), notre volonté est illimitée, et elle s'étend plus loin que l'entendement.
294
+
295
+ Cette différence de perfection entre la volonté et l'entendement permet à Descartes de faire une « psychologie de l'erreur » : l'erreur se produit lorsque nous donnons notre assentiment à quelque chose que notre entendement ne comprend pas clairement et distinctement. La cause de l'erreur n'est ni dans la volonté (perfection qui nous rapproche le plus de Dieu) ni dans l'entendement (nous pouvons prendre conscience de son imperfection), mais dans la conjonction des deux, lorsque nous jugeons avec précipitation et sur la base de nos préjugés.
296
+
297
+ Dieu, qui est parfait, ne peut pas être cause de l'erreur[57] : nous sommes donc responsables de nos erreurs, qui résultent de ce que nous ne maintenons pas notre volonté dans les limites de notre entendement. L'erreur n'est que de notre point de vue, c'est-à-dire qu'elle est un signe de notre imperfection ; mais elle n'est rien du point de vue de Dieu, c'est-à-dire négation, car l'erreur n'a pas d'existence substantielle et ne résulte que du fait que « Dieu nous a pas donné tout ce qu'il pouvait nous donner, et […] qu'il n'était point tenu de nous donner »[58]. Mais puisque l'erreur n'affecte pas notre nature elle-même, ce sont donc seulement des « défauts de notre façon d'agir »[59]. Par là Descartes s'oppose à une conception augustinienne et pessimiste de la nature humaine[réf. nécessaire].
298
+
299
+ Descartes n'a pas souhaité écrire de traité de morale :
300
+
301
+ « Il est vrai que j'ai coutume de refuser d'écrire mes pensées touchant la morale, et cela pour deux raisons : l'une, qu'il n'y a point de matière d'où les malins puissent plus aisément tirer des prétextes pour calomnier ; l'autre, que je crois qu'il n'appartient qu'aux souverains, ou à ceux qui sont autorisés par eux, de se mêler de régler les mœurs des autres. »
302
+
303
+ — Lettre à Pierre Chanut, 20 novembre 1647
304
+
305
+ Néanmoins, il s'empresse de faire part de ses idées touchant la morale quand il s'agit de les communiquer à la princesse Élisabeth, puis à la reine Christine de Suède. C'est donc, outre le Traité des passions et quelques passages du Discours de la méthode, essentiellement dans sa correspondance que l'on trouvera la philosophie morale cartésienne.
306
+
307
+ Si le doute méthodique est bénéfique pour ce qui regarde la connaissance théorique, l'extension de ce doute à la pratique nous paralyserait. Or il faut agir, même dans l'incertitude. Descartes propose donc dans le Discours de la méthode une « morale par provision », en attendant de trouver mieux. Il énonce ainsi les trois maximes provisoires suivantes :
308
+
309
+ Dans sa correspondance, il s'efforce de formuler une méthode pour atteindre le souverain bien, i.e. les jouissances intérieures de l'âme, qui seules sont éternelles et fondées sur la vérité. Pour cela, il énonce les moyens suivants :
310
+
311
+ Science et philosophie agissent constamment l'une sur l'autre dans la pensée de Descartes, puisque sa méthode vise à permettre à l'homme de bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, à nous rendre plus sages et plus habiles et à nous assurer non seulement la connaissance, mais, d'une certaine manière, la maîtrise et possession de la nature aussi bien que de nous-mêmes. Telle est la finalité de son système, finalité à laquelle se subordonnent tous les moyens mis en œuvre.
312
+
313
+ La métaphysique est pour Descartes le fondement de toutes les sciences. Il illustre sa conception du rapport entre les connaissances humaines par cette image :
314
+
315
+ « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j'entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n'est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu'on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu'on ne peut apprendre que les dernières. »
316
+
317
+ — Les Principes de la philosophie, lettre-préface de l'auteur
318
+
319
+ Descartes souligne par là l'importance qu'il accorde à la métaphysique, mais il s'agit d'une métaphysique « subjective » reposant sur des objets qui ne sont des idées claires et distinctes que pour autant qu'ils sont « abstraitement » conçus. Elle mélange philosophie et sciences, et structure les connaissances d'une manière radicalement différente du découpage de la philosophie que l'on connaissait à son époque.
320
+
321
+ Descartes ne se destinait pas à une carrière philosophique. Ce furent surtout la controverse ptoléméo-copernicienne et le procès de Galilée (1633) qui orientèrent sa carrière vers la philosophie.
322
+
323
+ Les œuvres de Descartes ont été mises à l'index en 1663[60].
324
+
325
+ Quelques philosophes aux Pays-Bas puis en France ont suivi Descartes (voir cartésianisme). Ultérieurement, la confirmation à la fin du XVIIe siècle des hypothèses héliocentriques grâce au formalisme mathématique élaboré conjointement par Newton et Leibniz a popularisé la philosophie de Descartes, engendrant une philosophie mécaniste.
326
+
327
+ Le dualisme de substance développé par Descartes, a posé des difficultés à ses successeurs.
328
+ Spinoza explicita une théorie de la substance, tandis que Malebranche développa une philosophie originale sur le problème corps-esprit, l'occasionalisme, dans lequel intervient la foi.
329
+
330
+ Au XVIIIe siècle, La Mettrie étend le concept d'animal-machine de Descartes à l'homme, mais se faisant, il s'oppose au dualisme de Descartes.
331
+ À la même époque, l'Église catholique qui jusque-là se méfiait de son rationalisme, manque de grands philosophes pour soutenir sa cause et elle fait appel aux méditations sur la philosophie première (1641) de Descartes pour donner un fondement métaphysique à la religion.
332
+
333
+ Au XIXe siècle, au sortir de la Révolution française, les idéologies saint-simonienne et positiviste se sont directement inspirées des principes cartésiens. En France, le discours de la méthode est devenu l'ouvrage philosophique le plus étudié. Condorcet avait fait remonter jusqu’à Descartes les origines de la Révolution française, en créant la « mythologie » selon laquelle il est le fondateur de l'égalité démocratique[n 13] tandis que Louis-Sébastien Mercier le rend coupable de la terreur, alimentant les deux grands courants de ce siècle, gauche et droite orléanistes et l'ultramontanisme contre-révolutionnaire ultra-catholique. À la fin de ce siècle, il entre dans les manuels de littérature au titre de représentant de la grande prose française (comme en témoigne sa correspondance avec Jean-Louis Guez de Balzac[61]).
334
+
335
+ La philosophie de Descartes continue d'alimenter les débats au XIXe siècle. Les auteurs de la troisième république comme Maurice Barrès opposent Pascal qui incarne la société de l'ordre à Descartes, vilipendé comme fondateur d'une société révolutionnaire source d'instabilités[62]. Seul Charles Péguy parvient à réconcilier le Descartes rationaliste, ce « cavalier français parti un jour de si bon pas », et le Descartes profondément enraciné dans le sol français incarnant la « race française ». Dans l'Entre-deux-guerres, Hippolyte Taine voit en Descartes un penseur mondain incarnant l'intarissable bavardage parlementaire. Pour Alain le philosophe du radicalisme, Descartes incarne la liberté de penser, la vigilance de l'esprit et le progrès, considérant que « l’esprit maître de l’ordre a trouvé sa place dans le cartésianisme ». Dans les années 1960-1996, on compte 4 402 publications sur Descartes, dont 1745 dans le monde anglo-saxon, et 1334 francophones[63]. Dans le monde anglo-saxon, les questions qui se posent portent sur le dualisme de substance, le langage, le statut des idées. Les débats français seraient trop étroitement centrés sur la méthode, la systématicité des arguments, et la metaphysica specialis des trois preuves d'existence[64]. André Glucksmann publie Descartes, c’est la France en 1987 à l’occasion du 350e anniversaire de la parution du Discours de la méthode et analyse en quoi sa philosophie devrait être considérée comme représentant de l'esprit national français[65].
336
+
337
+ John Cottingham note que « la division cartésienne dualiste de la réalité en deux sortes d'entités fondamentalement distinctes (choses pensantes et choses étendues) a légué à la philosophie une énigme majeure à laquelle nous sommes toujours confrontés aujourd'hui : en quoi la conscience consiste-t-elle exactement, et quels rapports entretient-elle avec le monde physique ? […] [Tous les philosophes modernes] conviennent que le problème des relations entre l'esprit et le corps, est un casse-tête philosophico-scientifique d'une importance énorme, et que les idées émises par Descartes ont influé d'une façon extraordinaire sur les approches ultérieures de ce problème, pour le meilleur et pour le pire »[66].
338
+
339
+ Selon Jean Bastaire, Descartes, par des formules telles que «Nous rendre comme Maîtres et Possesseurs de la nature» (Discours de la méthode, sixième partie) aurait incité les hommes en Occident à se comporter avec une mentalité d'exploitant, et non d'intendant, de gérant. L'homme se serait ainsi fait démiurge, et aurait adopté une attitude prométhéenne[67], le conduisant à une surexploitation des ressources naturelles.
340
+
341
+ Selon Fabien Revol, la philosophie mécaniste de Descartes serait la racine historique de la crise écologique que nous traversons. En effet, dans le dualisme cartésien entre le corps et l'esprit, la « res extensa » (chose étendue) est dépourvue d'esprit, et elle n'est définie que par ses mesures physiques, ses dimensions quantifiables, et la position que ses objets occupent dans l'espace (le repère cartésien). Il est alors possible d'appliquer des lois mathématiques pour transformer la nature, et les hommes peuvent se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature », avec l'illusion d'une disponibilité infinie des biens de la planète. Les hommes auraient ainsi été poussés à surexploiter les ressources naturelles[68].
342
+
343
+ Sur le plan scientifique, Descartes est vu d'abord comme un savant (physicien, mathématicien, physiologiste) au XVIIe siècle : Le discours de la méthode n'est, à ce titre, qu'une introduction à une série de traités scientifiques qui affranchissent l'esprit humain du joug scolastique et religieux.
344
+
345
+ Il contribue de façon importante à une évolution majeure en mathématiques, la création de la géométrie analytique qui permet de résoudre des problèmes géométriques via des méthodes algébriques, et il parachève le formalisme symbolique engagé par François Viète dans son algèbre nouvelle.
346
+
347
+ En physique, il contribue à la naissance de l'optique géométrique et trouva indépendamment les lois de Snell-Descartes pour la réfraction et réflexion.
348
+
349
+ Il généralise également le principe d'inertie de Galilée.
350
+
351
+ Sa théorie pour expliquer la conservation de la quantité de mouvement, inexacte, sera rectifiée par ses successeurs, tels que Huygens.
352
+
353
+ Voir la bibliographie détaillée sur Wikisource : René Descartes.
354
+
355
+ Les œuvres et les lettres de Descartes, publiées en français ou en latin, de son vivant ou à titre posthume, ont été réunies et mises en ligne dans un « Corpus Descartes »[69] permettant une recherche intégrale.
356
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357
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+ Caribou, Renne
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+ Genre
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+ Espèce
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+ Statut de conservation UICN
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+ VU A2a : Vulnérable
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+
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+ Le renne (Rangifer tarandus), appelé caribou au Canada, est un cervidé originaire des régions arctiques et subarctiques de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord. Il a également été introduit dans l'archipel antarctique français des îles Kerguelen où il s'est naturalisé et vit désormais à l'état sauvage.
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+
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+ Les plus grandes hardes de caribous sauvages se trouvent en Alaska et dans le nord du Québec et du Labrador. Le renne a été domestiqué, notamment dans le Nord de l'Europe et en Sibérie où il sert d'animal de trait, de bât et de course.
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+
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+ Le mot caribou, utilisé pour décrire l’espèce par les premiers explorateurs français, tire son origine du mot micmac « xalibu », qui veut dire « celui qui gratte le sol avec sa patte » ou « qui creuse avec une pelle ». Les explorateurs anglais de l’Arctique n’ont jamais adopté le terme inuktitut « tuktu » pour désigner le caribou.
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+ Dans leur journal, ils utilisaient plutôt le terme anglais « deer », comme raccourci de « reindeer ».
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+
18
+ Le terme renne vient de la langue lapone, dans laquelle le mot « reino » signifie jeune renne. D’autres termes français, comme « rangier » et « rangifère », remontent à l’an 1500 apr. J.-C.[1]
19
+
20
+ Le renne, ou caribou, est un animal robuste pouvant peser jusqu’à 180 kg pour un mâle adulte pour une taille moyenne de 1,30 m au garrot, les femelles font un poids moyen d'environ 100 kg pour une taille au garrot de 1,10 m environ. Son pelage peut être brun ou gris, sa queue est courte. Les poils sont creux comme un tube et l'aident à nager en plus de l'isoler du froid. Adaptation à la variation saisonnière de la luminosité dans les régions polaires, la couleur des yeux du renne passe du marron doré en été au bleu profond en hiver[2].
21
+
22
+ Mâles et femelles portent des bois (panache en québécois) recouverts d'un velours[3] l'été, qu'ils perdent à l'automne. Les bois prennent alors une teinte rouge, puis brun foncé. Les vaisseaux sanguins des bois, qui assurent leur croissance, contribuent à cette coloration. Le panache des mâles tombe au début de l'hiver et celui des femelles plus tard au printemps. Les sabots sont larges, adaptés à la marche dans la neige ou la boue des sols qui dégèlent, ainsi qu'à la nage et au pelletage de la neige pour atteindre la nourriture.
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+
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+ Le renne se nourrit d'herbes, de buissons, d'écorces et de lichens, qu'il doit parfois chercher sous la neige. En fonction des saisons, il doit effectuer de longues migrations dans la toundra pour survivre, n'hésitant pas à traverser fleuves et bras de mer.
25
+
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+ C'est un animal doué d'une adaptation au fil du temps qui a su survivre aux différents changements climatiques car le renne a côtoyé le mammouth et le rhinocéros laineux. Ceci grâce à ses faibles exigences alimentaires, et à ses multiples adaptations pour pouvoir survivre en fonction du climat, comme l'absence d'horloge circadienne[4]. Sa dépendance vis-à-vis du lichen n'est pas un problème car cette nourriture est présente sur Terre depuis très longtemps. Le lichen est une nourriture riche qui fermente dans le rumen de l'animal, ce qui dégage de la chaleur et réchauffe le renne ; ainsi il n'a pas besoin d'avoir une activité physique pour se réchauffer, ce qui limite ses dépenses énergétiques.
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+ Le principal prédateur est le loup qui suit de près les troupeaux. Les ours noirs, bruns et polaires représentent aussi une menace. Cependant, les rennes en bonne santé sont bien plus rapides à la course que la plupart de leurs prédateurs. Ce sont surtout les individus faibles, malades, jeunes ou âgés qui succombent aux prédateurs. Le renne peut facilement courir à près de 70 km/h en cas de danger. De plus, les bois des grands mâles font une arme redoutable pour affronter les loups ou un ours seul.
29
+
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+ Le fait de limiter ses dépenses énergétiques lui permet de survivre l'hiver en grande partie sur les réserves qu'il a accumulées durant l'été. Il s'économise lors de ses déplacements grâce à des raquettes naturelles, ses sabots, qui sont très larges, pourvus d'une touffe de poils entre les doigts sur le dessous et qui s'enfoncent peu. Les femelles en gestation et les jeunes conservent leurs bois durant l'hiver pour avoir plus de facilités pour accéder à la nourriture car ils ont moins constitué de réserves que les mâles.
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+
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+ La période de rut se situe en octobre et occasionne des luttes entre mâles pour obtenir un harem de femelles.
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+ La gestation, qui a lieu durant tout l'hiver, va durer entre sept et neuf mois. Les deux mois sont en fait deux mois durant lesquels les mères peuvent stopper le développement du fœtus : si la nourriture disponible ne permet pas à la fois la survie de la mère et la croissance du fœtus, le développement de ce dernier est mis entre parenthèses et la mise bas sera décalée. Lorsque le petit arrive à maturité, la mère peut retarder de quelques jours la mise bas afin d'attendre des conditions climatiques idéales, pas trop de chaleur, ni de pluie, pour augmenter les chances de survie du petit.
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+
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+ Amérique du Nord
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+ Eurasie
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+
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+ En Amérique du Nord, les plus anciens fossiles de caribou (Rangifer tarandus) datent de 50 000 ans[6]. L’espèce semblait alors abondante dans la taïga, à partir de la marge des glaciers jusqu’au Nouveau-Mexique. Les changements climatiques subséquents ont modifié considérablement l’aire de répartition du caribou. À l’arrivée des premiers Européens, on le retrouvait dans toutes les provinces canadiennes ainsi que dans la plupart des états américains limitrophes au Canada. Dans l’est du continent, il était présent dans les états de New York, du Vermont, du New Hampshire et du Maine[7]. Aujourd’hui, il est surtout présent au nord du 49e parallèle. Il subsiste aujourd'hui quatre sous-espèces de caribou en Amérique du Nord : le caribou de Peary (Rangifer tarandus pearyi), le caribou de Grant (Rangifer tarandus granti), le caribou de la toundra (Rangifer tarandus groenlandicus) et le caribou des bois (Rangifer tarandus caribou).
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+ Le caribou des bois vit dans la forêt boréale, de l'Alaska jusqu’à Terre-Neuve. Environ un million de caribous des bois de l'écotype toundrique (migrateur) vivent dans deux grandes populations au Nord du Québec et au Labrador et traversent environ 2 000 kilomètres chaque année pour se nourrir. Leurs passages détériorent la disponibilité alimentaire rapidement et ils doivent se déplacer constamment. La compétition pour la nourriture engendre d'ailleurs d'importants cycles d'abondance. Au sud du fleuve Saint-Laurent, un peu plus d'une centaine de bêtes survivent sur les hauts plateaux du Parc National de la Gaspésie. Cette population (sédentaire) de l'écotype montagnard fut déclarée vulnérable en 2001, puis menacée en 2009, par le gouvernement du Québec. Outre les deux populations toundriques et la population montagnarde, on retrouve au Québec de nombreuses petites populations forestières (sédentaires) disséminées dans la forêt boréale, principalement au nord du 49e parallèle. On retrouve aussi deux populations forestières isolées plus au sud. D'abord, celle de Val-d'Or dans le nord-ouest du Québec (Canada), qui compte à peine une vingtaine de bêtes. La population de caribous la plus méridionale est celle de Charlevoix, localisée à environ 100 km au nord de Québec (ville), Canada. Cette population forestière comprend environ 80 individus. Elle a été réintroduite à la fin des années 1960 et au début des années 1970 à la suite de sa disparition durant les années 1920. L'écotype forestier a été désigné vulnérable par le gouvernement du Québec en 2005.
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+ Au cœur de l'été, près de 400 000 caribous broutent dans les plaines côtières gorgées d'eau qui bordent la mer de Beaufort, tout au nord de l'Amérique. Les femelles s'y rendent sans les mâles. Elles font ainsi leurs petits loin de la plupart des loups qui craignent les sols détrempés. Leur cycle est synchronisé par celui de la toundra.
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+ Sitôt que son petit est né, généralement unique, la mère dévore avidement le placenta qui l'enveloppait. Elle récupère ainsi des éléments nutritifs et des hormones qui vont déclencher sa lactation. Elle passe les premiers jours en tête-à-tête avec le nouveau-né, le léchant et l'allaitant à l'écart du troupeau. Dans la toundra, une escorte de séducteurs accompagne le retour des génitrices.
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+ Au début de l'hiver, des montagnes à l'océan glacial, le troupeau fuit chaque année la faim et les loups par les mêmes sentiers battus.
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+ Les Gwich’in tuent les caribous et en tirent 75 % de leurs protéines.
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+ De nombreuses sous-espèces sont actuellement réparties d'une manière étendue dans l'hémisphère nord sachant que la variété la plus septentrionale se trouve dans l'archipel du Svalbard. Dans les périodes glaciaires précédentes, elles descendaient beaucoup plus au sud, comme le montrent par exemple des restes de Rangifer sp. trouvés dans des pièges naturels karstiques du Vaucluse en France[8].
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+ On trouve des troupeaux de rennes en Islande. Ceux-ci ont été importés entre 1771 et 1787 du Finnmark. Ils sont répartis entre plusieurs régions : le Vestmannaeyjar, le Suðurland, le Suðvesturland, le Norðausturland et l'Austurland. Plusieurs groupes ont totalement disparu, la cause principale en est le manque de pâturage en hiver. Malgré tout, certains troupeaux ont réussi à s'adapter et ont été déplacés dans le Vopnafjörður en 1787. On essaie aujourd'hui de les garder dans l'est du pays[9].
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+ On trouve aussi des populations de rennes en Asie centrale et orientale (Yakoutie) où il est utilisé comme bête de trait (comme en Laponie) ainsi qu'au Canada dont le climat lui convient parfaitement.
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+ Contrairement aux populations forestières et montagnardes d'Amérique du Nord, le caribou migrateur n'est pas considéré comme menacé, mais plusieurs sources de préoccupations sont citées par la littérature scientifique :
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+ Les rennes domestiqués ont conservé une grande partie des instincts de leurs ancêtres : ils fuient leurs prédateurs et s'en protègent en groupe, ils se mettent instinctivement en file indienne pour traverser les lacs ou fleuves gelés ou pour nager, ils préfèrent marcher sur la neige plutôt que sur la glace et savent trouver leur nourriture sous la neige.
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+ Ils n'évitent cependant pas toujours les accidents. Ainsi en 2009, alors que 3 000 rennes traversaient un fleuve gelé, les animaux de tête, peut-être en pressentant que la glace était trop fine, firent demi-tour. Sous leur poids, la glace s'est rompue et presque tous les animaux sont tombés à l'eau. Deux cents n'ont pas réussi à regagner la glace ferme et se sont noyés[23].
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+ En septembre 1984, une spectaculaire noyade de 9 604 caribous à la chute du Calcaire sur la rivière Caniapiscau a fait le tour du monde. Une harde du troupeau de la rivière George large d'un kilomètre s'est engagée à la nage juste en amont du rapide de 22 m, alors que la rivière était en crue. Emportés par le courant, ils ont péri par noyade pour s'amonceler en aval de la chute[24].
64
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65
+ On a d'abord cru qu'ils avaient été victimes d'une fausse manœuvre d'Hydro-Québec, l'exploitant du complexe La Grande, qui a ouvert les vannes de l'évacuateur de crues Duplanter du réservoir de Caniapiscau, restituant plus de 1 475 m3/s à la rivière Caniapiscau, ce qui porta le débit à 3 145 m3/s, le troisième plus fort débit enregistré en septembre à la chute Pyrite — à 8 km en amont— depuis 1963[25].
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67
+ Un rapport du ministère québécois du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, publié l'année suivante, offre une autre explication :
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69
+ « Les animaux de tête, poussés par les autres, auraient été forcés de se mettre à l’eau même si leur instinct les incitait à rebrousser chemin face à un danger éventuel. Si les premiers caribous s’engagent dans une traverse dangereuse, l’ensemble du groupe, se trouvant dans une situation de panique et d’agressivité, suivra dans un désordre total les premiers caribous qui se sont mis à l’eau. »
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+ — MLCP 1985, cité dans Hydro-Québec 1993, p. 5.
72
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+ Le renne constituait déjà une proie de choix pour l'homme de Néandertal, puis pour l'homme de Cro-Magnon. Ce dernier consommait évidemment la viande, qu'il pouvait sécher pour la stocker. Les os, dont la moelle était extraite et consommée car riche en graisse, lui servait à fabriquer des pointes de sagaies, des supports d'art mobilier et de parure (colliers, etc.), voire d'instruments de musique (racleurs), ainsi que divers autres outils (aiguilles, etc.). Des bois étaient extrait les bâtons percés (qui servaient sans doute à redresser les sagaies), les harpons et les crochets de propulseurs, souvent magnifiquement sculptés, tandis que les bases des bois pouvaient faire d'excellent percuteurs pour la taille de silex. La graisse était utilisée comme combustible pour les lampes à graisse, avec lesquelles nos ancêtres s'éclairaient dans les profondeurs des grottes qu'ils ornaient. Les tendons ainsi que les boyaux séchés de l'animal fournissaient des fils et ligatures avec lesquels étaient cousus vêtements et couvertures d'habitat, ceux-ci étant obtenus avec les peaux de l'animal, dont l'abondance de poil protégeait effectivement des hivers glaciaires. On peut supposer que les vessies du cervidé, une fois nettoyées, pouvaient constituer d'excellentes outres et gourdes. Enfin, la substance collagène des sabots était extraite pour en faire de la colle. Le renne, on le voit, fournissait tout ce dont nos ancêtres paléolithiques avaient besoin pour vivre dans un climat généralement plus froid qu'aujourd'hui. Ceux-ci dépendaient tellement du renne que le Paléolithique supérieur a souvent été nommé « l'âge du renne », (par l'abbé Breuil, par exemple), et que la disparition définitive de ce cervidé d'Europe lors du réchauffement général à la fin du Paléolithique supérieur a sonné le glas de la culture magdalénienne, il y a 12 000 ans. Malgré cette importance, le renne n'a été comparativement que peu représenté dans l'art pariétal paléolithique. On en trouve toutefois quelques superbes exemplaires, comme ce couple de renne de la grotte de Font-de-Gaume (Dordogne), où l'on assiste à une rare et émouvante scène d'un mâle léchant une femelle.
74
+
75
+ Aujourd'hui encore, les rennes sont chassés dans de nombreuses régions du monde, notamment pour leur viande et pour leur fourrure. Dans les régions où les gros animaux sauvages, les plantes à fibres et les matériaux de construction font défaut, les hommes ont longtemps utilisé presque toutes les parties du renne, y compris les os comme outils.
76
+
77
+ On ne sait pas quel peuple a commencé à domestiquer le renne. Ce savoir-faire a été transmis de la Sibérie à la Scandinavie autour de l'an 1 000 avant Jésus-Christ. Ce sont les Sames qui ont pratiqué l'élevage du renne en Scandinavie, et le font d'ailleurs encore aujourd'hui. Pour les Sames, que certains appellent « Lapons », l'élevage du renne est une activité ancestrale fondamentale. En Norvège et en Suède, c'est un privilège des Sames, alors que les Finlandais le font aussi en Finlande. Les rennes peuvent aller et venir librement, ce sont les hommes qui les suivent. Les bêtes sont rassemblées quelquefois au cours de l'année pour marquer les jeunes ou tuer quelques animaux. Le rassemblement des troupeaux est pratiqué aujourd'hui à l'aide d'hélicoptères et de motoneiges.
78
+
79
+ La domestication du renne a été introduite au Groenland, en Alaska et au Canada au cours du XXe siècle seulement. Dans ces régions, les rennes avaient été uniquement chassés jusque-là. La Géorgie du Sud ou les îles Kerguelen abritent aujourd'hui également des populations acclimatées de rennes, retournées à la vie sauvage.
80
+
81
+ Selon la tradition populaire (assez récente), le traîneau du Père Noël est tiré par des rennes (dont Rudolphe, le renne au nez rouge).
82
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83
+ Le caribou apparaît sur une face de la pièce de monnaie canadienne de 25 cents.
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+ Dix rennes de Suède appartenant à la sous-espèce R. tarandus tarandus ont été introduits en 1955–1956 sur l'île Haute dans l'archipel français des îles Kerguelen. En 1981, ils se sont échappés à la nage sur la Grande Terre.
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+ Cette petite population d'origine a été renforcée par les descendants de trois rennes suédois introduits en 1957 sur l'île Haute avec les mouflons.
87
+
88
+ Comptant une centaine de têtes chacune à la fin des années 1960, les deux populations sont entrées en compétition pour l'espace et la nourriture de cette petite île (6,5 km2), et les rennes ont fini par gagner l'île principale à la nage, jusqu'à totalement disparaître de l'île Haute.
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+ La population de rennes était estimée à environ 2 000 individus pour l'année 2016, soit trois bêtes par kilomètre carré. Cette densité relativement faible s'explique d'une part par l'alimentation de l'animal presque exclusivement constituée d'acaena et d'autre part par la dureté du climat en période hivernale. L'hypothèse d'une éradication du renne pour maintenir l'équilibre de l'écosystème de l'archipel semble écartée en raison de la stabilité des effectifs, de leur impact relativement limité sur l'environnement ainsi que du coût qu'engendrerait une telle disposition.[27]
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+ Rennes /ʁɛn/[Note 1] Écouter est une commune de l'Ouest de la France, chef-lieu du département d’Ille-et-Vilaine et de la région Bretagne. La ville se situe en Haute-Bretagne — partie orientale de la Bretagne — à la confluence de l’Ille et de la Vilaine. Ses habitants sont appelés les Rennais et les Rennaises.
4
+
5
+ Située sur l'arc atlantique européen, à 55 kilomètres des côtes de la Manche, Rennes compte 216 815 habitants intra-muros[Note 2], ce qui fait d'elle la première ville de la région Bretagne, la deuxième ville du Grand Ouest et la onzième commune la plus peuplée de France en nombre d'habitants[1]. L'unité urbaine est peuplée de 335 092 habitants en 2017[2] et son aire urbaine, qui comprend 727 357 habitants en 2016, est la dixième au niveau national[3]. Rennes est le siège d'une métropole de 447 429 habitants (2017), faisant ainsi partie des onze grandes métropoles françaises de droit commun (depuis janvier 2015).
6
+
7
+ L’histoire de Rennes couvre une période de plusieurs siècles. À l’époque gallo-romaine, la cité fondée par les Riedones porte le nom gaulois de Condate. La ville voit son pouvoir politique s’accroitre au Moyen Âge en devenant successivement forteresse des Marches de Bretagne puis capitale du duché de Bretagne. Sous l’Ancien Régime, l'union de la Bretagne à la France range progressivement Rennes au rang de grande ville provinciale. L’implantation du Parlement de Bretagne à Rennes au XVIe siècle puis du palais du Parlement de Bretagne au XVIIe siècle a cependant permis à la Bretagne de conserver jusqu’à la Révolution française une certaine autonomie à l’égard du pouvoir royal de l’époque. Rennes a notamment joué un rôle important dans la Révolte du papier timbré en 1675. Victime d’un terrible incendie en 1720, le centre médiéval en bois de la ville est partiellement reconstruit en pierre (granit et tuffeau). Restée majoritairement rurale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, Rennes se développe véritablement au XXe siècle.
8
+
9
+ À partir des années 1950, la commune surnommée « ville des administrations » connaît un essor économique, urbain et démographique lié notamment à l'exode rural et à une industrialisation nouvelle (usine automobile de PSA La Janais). Durant les années 1980 et 1990, Rennes acquiert une position stratégique dans les télécommunications (création du Minitel et Transpac). Elle est depuis devenue un pôle important du secteur tertiaire en se tournant vers le numérique et les nouvelles technologies (technopole Rennes Atalante, pôle de compétitivité Images et Réseaux, labellisation French Tech, IRT b-com, choix du métro automatique VAL). En date de 2013, la zone d'emploi de Rennes comprend 791 601 habitants[4]. Elle est l'une des plus productives et dynamiques de France, avec un taux de chômage autour de 6,5 % en 2018[5]. Cela est corroboré par le fait que Rennes est, en 2011, la première ville de province pour sa production de richesse par habitant[6].
10
+
11
+ Outre les aspects démographiques, historiques et économiques, Rennes fait partie des grandes villes estudiantines françaises en étant en 2016 la huitième ville universitaire avec près de 66 000 étudiants[7]. Labellisée ville d'art et d'histoire[8], elle a conservé un important patrimoine médiéval et classique au sein de son centre historique. 90 édifices sont ainsi protégés au titre des monuments historiques[9],[Note 3].
12
+
13
+ Rennes a été classée première en 2018 au « palmarès des villes de France où il fait bon vivre » selon le magazine L'Express[10].
14
+
15
+ En 2019, Rennes a rejoint le mouvement Fab City, suivant l'appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054[11].
16
+
17
+ La ville de Rennes est située en région Bretagne, dans l’Ouest de la France, à 308 km en distance orthodromique (à vol d’oiseau) de Paris[12]. Elle est donc excentrée par rapport à l’axe Lille-Paris-Lyon-Marseille structurant le territoire français et elle l'est plus encore par rapport à la dorsale européenne qui relie Londres à Milan ou du pentagone européen. La ville cherche cependant à tirer parti de sa position centrale dans l'arc atlantique pour affirmer son rôle de ville européenne. C'est d'ailleurs à Rennes qu’a été créée en 2000 la conférence des Villes de l'Arc Atlantique[13] qui y a son siège.
18
+
19
+ Excentrée au niveau national et européen, la ville de Rennes l'est aussi au niveau régional[14]. Située à moins de 50 km de la limite orientale de la Bretagne à La Gravelle, Rennes se situe à plus de 250 km de l'île d’Ouessant. En distance orthodromique[15], elle est ainsi plus proche d’Angers (128 km) que de Brest (210 km) et plus proche de Caen (154 km) que de Quimper (180 km).
20
+
21
+ Son caractère excentré vis-à-vis de sa région lui donne néanmoins un atout non négligeable qu'est le fait d'avoir une position centrale dans le Grand Ouest français, c'est ainsi que Rennes se situe à une distance plus ou moins égale des grands ports maritimes de l'Ouest que sont Le Havre (204 km) et La Rochelle (220 km) ainsi que le port maritime et militaire de Brest (210 km), la ville se situe aussi à 120 km du grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire.
22
+
23
+ De plus, Rennes se situe au point de jonction de la liaison Manche-Atlantique constituée par la Vilaine et le canal d'Ille-et-Rance. La ville est plus proche des côtes de la Manche (55 km[16]) que de celles de l’océan Atlantique (90 km), et est la seule ville bretonne de plus de 25 000 habitants qui ne soit pas située en bord de mer ou d'estuaire[17]. Enfin, éloignée de toute frontière terrestre, la ville n'est cependant qu'à 120 km de l'île anglo-normande de Jersey.
24
+
25
+ Rennes a une position centrale à l'échelle départementale. Elle se situe à 63 km au sud de Saint-Malo, 35 km à l'ouest de Vitré, 58 km au nord de Redon et 37 km à l'est de Paimpont.
26
+
27
+ Selon les données établis par l'Insee[18], Rennes est la commune centre de l'unité urbaine de Rennes, formée de 13 communes et plus largement de l'aire urbaine de Rennes (190 communes) et de l'espace urbain de Rennes.
28
+
29
+ La métropole de Rennes comprend 43 communes sur un territoire de 700 km2 allant de Bécherel au nord-ouest de Rennes à Corps-Nuds au sud-est, et de Saint-Sulpice-la-Forêt au nord-est à Mordelles au sud-ouest.
30
+
31
+ La ville de Rennes s'étend quant à elle sur 50 km2 dont plus de 8 km2 d'espaces verts et jardins publics[19].
32
+
33
+ Vue panoramique de l'ouest de Rennes et du quartier Bourg-l'Évesque du haut de la cathédrale de Rennes.
34
+
35
+ Bien que globalement plat – l'altitude de la commune est comprise entre 20 et 74 mètres[20] – le relief de la commune est marqué par les vallées creusées par l'Ille et la Vilaine.
36
+
37
+ Le site choisi pour la fondation de la ville est celui d’un promontoire dominant le confluent de l'Ille et de la Vilaine[21]. Le développement de la ville s'est tout d’abord fait sur les terrains hauts au nord de la Vilaine ; les terrains marécageux situés au sud du fleuve n'ont été urbanisés qu’au XVe siècle[22]. Le relief n'a jamais constitué un frein au développement urbain. La ville s'est progressivement développée de part et d'autre des cours d'eau pour s'étendre au XXe siècle sur les hauteurs environnantes : plateau du Haut-Quineleu, au sud de la gare, hauteurs de Maurepas et de Villejean, au nord-est et au nord-ouest du centre-ville.
38
+
39
+ En raison d’un lit peu profond, la Vilaine provoque de fréquentes inondations qui ont conduit les autorités municipales à prendre de nombreuses mesures pour les limiter. Dès le XVIe siècle, des travaux de canalisation sont envisagés afin d’améliorer sa navigabilité[23] mais, malgré de nombreux projets élaborés à la suite de l'incendie de 1720, il faut attendre le XIXe siècle pour que les travaux soient entrepris[24]. Après l'achèvement des travaux de canalisation, des inondations se sont encore produites, parfois catastrophiques comme en 1966 et en 1974, conduisant la municipalité à se doter d’un large éventail d'équipements[25]. L’état de catastrophe naturelle a été constaté à la suite des inondations des 30 juin[26] et 19 septembre 2009[27], consécutives à des orages exceptionnels.
40
+
41
+ La région de Rennes est localisée dans le domaine centre armoricain[28], dans la partie médiane du Massif armoricain qui est un socle ouest-européen de faible altitude (maximum 400 m), caractérisé par des surfaces d'aplanissement et qui résulte d'une histoire complexe composée de trois orogenèses : icartienne (Paléoprotérozoïque,ca. 2,2-1,8 Ga), cadomienne (Édiacarien 750-540 Ma)[Note 4] et surtout varisque (ou hercynienne, au Dévonien-Carbonifère, 420-300 Ma)[Note 5]. La structure du Massif armoricain résulte de la superposition de l'héritage[Note 6] de ces deux derniers orogènes[29].
42
+
43
+ La ville se trouve au centre du bassin de Rennes constitué de sédiments détritiques essentiellement silto-gréseux (notamment les schistes verts de Rennes[Note 7] utilisés en matériau de construction) issus de l'érosion de la chaîne cadomienne et accumulés sur plus de 1 500 m d'épaisseur[30]. Les différentes couches briovériennes qui le composent ont été plissées et remaniées par la suite, notamment lors de l'orogénèse hercynienne, d'où une succession irrégulière où dominent les schistes, mais où s’intercalent des grès, des conglomérats et de nombreux faciès dont on connaît mal la répartition, faute d'affleurements. Cette irrégularité se traduit dans les reliefs caractérisés par une succession de collines et de vallées généralement peu marquées[31].
44
+
45
+ Une tectonique de distension E-W, associé à la phase distensive qui a affecté l'Europe de l'Ouest à partir de l'Éocène (phase de rifting liée à l'orogenèse alpine et à l'origine du rift ouest-européen), affecte également ce bassin. Il en résulte le demi-graben de Rennes – Chartres-de-Bretagne, dirigé par la faille de Pont-Péan qui a joué un rôle de drain à l’échelle régionale. Cet étroit bassin d'effondrement, s’évasant vers le nord-ouest, à fond incliné vers l’est, favorise le dépôt de sédiments observés dans de petites accumulations : les parties les plus encaissées du bassin, autour de Saint-Jacques-de-la-Lande et Le Rheu conservent les traces de la sédimentation marine au Miocène (mer des Faluns), ou de celle des sables rouges pliocènes[32]. Ce socle, profondément altéré et régulièrement masqué par des dépôts de limons issus de l'érosion éolienne durant la dernière glaciation, donne des sols bruns à hydromorphie variable[33].
46
+
47
+ La ville de Rennes a un climat tempéré océanique doux, avec un hiver doux et un été chaud. Les hauteurs annuelles de précipitation sont inférieures à 700 mm. Dans le bassin de Rennes, la quantité de précipitation est inférieure à la moyenne nationale et c'est l'une des régions les moins humides de Bretagne. Les hivers sont relativement doux grâce au Gulf Stream et un peu plus humides que les étés ; les étés sont modérément chauds et assez ensoleillés. Rennes bénéficie de 1 761 heures d'ensoleillement par an. Les chutes de neiges sont très rares avec cinq jours de neige par an. La hauteur maximale de couche de neige au sol est de 16 cm en février 1986[34]. Le record de chaleur absolu a eu lieu le 23 juillet 2019 où 40,1 °C ont été relevés à la station météo de l'aéroport Rennes Saint-Jacques et dépasse les 40 °C pour la première fois depuis le début des relevés en 1925. Ce record détrône les 39,5 °C du 5 août 2003[35].
48
+
49
+ Un réseau de transports urbains et périurbains, géré par le service des transports en commun de l'agglomération rennaise (STAR), par bus, dont les lignes majeures dites « Chronostar », et métro automatique (souterrain et aérien), facilite les déplacements quotidiens (avec la carte RFID KorriGo depuis 2006).
50
+
51
+ La ligne a du métro, reliant J.F. Kennedy (nord-ouest) à La Poterie (sud-est) est inaugurée en 2002. La ligne b reliant Cesson-Viasilva (nord-est) à Saint-Jacques-Gaîté (sud-ouest), devrait être mise en service le 21 décembre 2020.
52
+
53
+ Rennes a mis en place en juin 1998 un système de vélos en libre-service : le vélo à la carte. Ce service permettait d'emprunter, pour une durée maximale d'une heure, l'un des 200 vélos répartis sur 25 stations disséminées dans la ville. Mis en place par Clear Channel le 6 juin 1998, c'est la seconde expérience de location de vélos de type vélopartage en France après La Rochelle en 1974. C'est le « premier libre-service vélo informatisé au monde »[36].
54
+
55
+ Le 22 juin 2009, le service a changé de nom, de système et d'opérateur. Il s'appelle désormais LE vélo STAR et est géré par Keolis Rennes. En 2012, le système atteint 910 vélos en circulation répartis dans 83 stations et 7 200 adhérents annuels pour une moyenne de 3 500 déplacements quotidiens[37],[38].
56
+
57
+ En revanche, la commune possède peu de pistes cyclables[39]. Le choix de privilégier les bandes cyclables aux pistes cyclables a été celui des techniciens de la voirie de la ville en concordance avec l'association de défense des cyclistes à Rennes. Il date des années 1990 et a toujours fait l'objet de débats entre les partisans du confort ou supposé tel (les pistes) et de la sécurité (être vu, les bandes et la voirie réellement partagée). C'est à cette époque que les voies de bus furent ouvertes aux vélos, ainsi que les premiers contresens cyclables à Rennes, parmi d'autres aménagements variés et novateurs en France (source association La Route Bleue).
58
+
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+ En termes de transports routiers, la ville est très facilement accessible car elle se situe au carrefour d'un réseau étoilé de voies rapides :
60
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+ La ville est également desservie par trois routes structurantes en cours de mise à 2×2 voies :
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+ Toutes ces routes se connectent à la rocade de Rennes qui assure un contournement autoroutier complet de 31 km autour de la ville de Rennes depuis son achèvement en 1999[40].
64
+
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+ La ville est également contournée par une seconde rocade permettant une desserte locale des communes de la seconde couronne rennaise (Betton, Pacé, Le Rheu, Bruz, etc.)
66
+
67
+ Rennes est desservie par un réseau de chemins de fer : depuis juillet 2017 et la mise en service de la LGV Bretagne, la gare de Rennes est à 1 h 25 de Paris et à 45 minutes du Mans en TGV. Rennes est également accessible en 2 h 22 depuis l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle (gare TGV), 1 h 22 depuis Massy TGV, 2 h 5 depuis Marne-la-Vallée, 3 h 50 depuis Lyon (la Part-Dieu) et 3 h 20 depuis Lille (Europe). La gare a une forte activité avec de fréquents arrêts TGV ou TER : vingt-sept TGV par jour assureront en semaine des liaisons entre Rennes et Paris, dont quatorze effectuant le trajet en direct[41]. Elle est également un nœud de transport multimodal avec la connexion du réseau de bus et le métro (dont une deuxième ligne est prévue pour 2020).
68
+
69
+ Dans le prolongement de cette LGV, il est prévu un quartier d'affaires type Euralille nommé EuroRennes avec la construction de plus de 300 000 m2 de bureaux, d'équipements, de logements et de commerces[42]. La gare pourrait alors passer de neuf millions de voyageurs annuel (2012) à plus de vingt millions à horizon 2020[43].
70
+
71
+ La gare de Rennes est également au centre du réseau TER périurbain de l'aire urbaine rennaise (étoile à cinq lignes vers les gares de Montreuil-sur-Ille, Vitré, Retiers, Guipry-Messac et Montauban-de-Bretagne, avec une fréquence élevée des trains) qui offre un moyen de transport ferroviaire pour les mobilités pendulaires quotidiennes vers Rennes. La billetterie TER locale, nommée Unipass, est disponible sur la carte KorriGo.
72
+
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+ Il existe aussi deux autres gares sur le territoire communal :
74
+
75
+ Avec la Vilaine et le canal d'Ille-et-Rance, Rennes dispose d'axes fluviaux relativement importants mais peu exploités[44]. Le réseau fluvial n'est exploité qu'à l'occasion de livraison de grosses marchandises, ou de façon touristique durant la période estivale avec la location de petits bateaux[44]. Ce mode de transport n'est pas pris en compte dans le plan de déplacements urbains développé par Rennes Métropole[44].
76
+
77
+ Rennes dispose également de l’aéroport de Rennes - Saint-Jacques, situé à sept kilomètres du centre-ville, au sud-ouest sur la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande. L'aéroport ouvre à la commune de Rennes des dessertes nationales et européennes parmi lesquelles Paris, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse, Strasbourg, Londres, Barcelone, Dublin, Manchester, mais aussi Madrid, Birmingham et Amsterdam en 2016.
78
+
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+ Avec 724 346 passagers transportés en 2017, l'aéroport de Rennes se situe au 18e rang français (hors région parisienne), et au 7e rang en termes de fret (toujours hors Paris) avec 11 044 tonnes de marchandises transportées[45].
80
+
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+ L'aéroport de Rennes est desservi par la Compagnie EasyJet depuis la fin mars 2018 où une première ligne sur Lyon est ouverte avec 4 rotations par semaine.
82
+
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+ Depuis les années 1950, la ville cherche à garder le contrôle de son développement urbain à travers une politique volontariste de planification et de maîtrise foncière. Ainsi, 58,5 % des 53 000 logements construits entre 1954 et 1982 l'ont été dans le cadre d’opérations planifiées[46]. Dès 1954, un plan directeur d’urbanisme est mis à l’étude tandis que le premier plan d'occupation des sols est approuvé en 1976.
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+
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+ Dès la fin des années 1960, la municipalité prend conscience des limites du développement possible sur la seule commune. Le développement d'une structure intercommunale apparaît comme une nécessité. Le district de Rennes, créé le 9 juillet 1970 et composé de 27 communes, va jouer un rôle majeur dans la politique de développement de l’agglomération :
86
+
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+ Au niveau communal, ces objectifs se traduisent à travers les POS successifs. En 1989, est lancé le premier « Projet urbain » qui sera adopté en 1991. Il s’agit de « dépasser la dimension des documents d’urbanisme traditionnels et règlementaires en affirmant les choix de société et une conception de la ville de demain »[47]. Il a été revu en 1999 et en 2004. Le « Projet urbain 2015 » correspond au projet d’aménagement et de développement durable de l’actuel Plan local d'urbanisme, approuvé le 17 mai 2004[48].
88
+
89
+ En 2011, Rennes comptait 117 632[49] logements.
90
+
91
+ À la même date, Les constructions neuves sont peu présentes puisqu'à cette date, seulement 20,8 % des résidences principales étaient postérieures à 1990. Concernant les constructions antérieures à 1949, elles représentent 15,2 % du parc. 92 % des logements sont des résidences principales[50]. Avec 22 516 logements HLM, soit 20,9 % du parc en 2011, la ville respecte les dispositions de l’article 55 de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains de décembre 2000 fixant alors à 20 % le taux minimum de logements sociaux pour les communes les plus importantes. On peut noter en outre que le nombre de logements vacants était assez faible en 2011 avec 5,9 % du parc.
92
+
93
+ La plupart des habitations possèdaient quatre pièces ou plus (38.7 %), ou trois (24,4 %), puis deux pièces (21 %). Les petits logements représentent 15,8 % du parc immobilier rennais. Il faut préciser que ces logements sont bien dotés et équipés puisque 99,4 % ont le chauffage central ou individuel et 56,2 % possèdent un garage, box ou parking. En 2012, 28,4 % du parc est constitué de logements de moins de 18 ans, ce qui fait de Rennes la 3e ville de France dans cette catégorie[51].
94
+
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+ Le « Projet urbain 2015 » s’organise autour de sept orientations thématiques[47] :
96
+
97
+ Afin de mettre en application les objectifs de développement urbain, la procédure de ZAC est privilégiée : plus de trente ZAC ont été créées depuis les années 1970. En 2008, les grands projets d’aménagement sur la ville sont[52] :
98
+
99
+ Rennes est en 2014 la « ville la plus durable de France » selon le magazine Terra Eco, se distinguant notamment par la qualité de ses services de transports en commun, son taux de chômage, et sa vie associative[56].
100
+
101
+ La ville compte 868 hectares d’espaces verts entretenus (dont 50 % de parcs, bases de loisirs, terrains de sports), soit 17 % de la superficie de la ville et 41 mètres carrés d'espace vert par habitant[57][Quand ?]. On compte notamment :
102
+
103
+ En 2015, Rennes est récompensée par trois fleurs au palmarès du concours des villes et villages fleuris[58].
104
+
105
+ Roseraie du Thabor.
106
+
107
+ Parc des Gayeulles.
108
+
109
+ Jardin de la Confluence
110
+
111
+ Canal Saint-Martin.
112
+
113
+ Parc de Bréquigny
114
+
115
+ À son apogée au IIe siècle, lors de la période gallo-romaine, Condate est un centre urbain important qui s’étend sur 90 ha sur les hauteurs dominant le confluent de l’Ille et de la Vilaine. Les invasions barbares vont conduire la ville à se resserrer sur une superficie de 9 ha au sein d’une enceinte longue de 1 200 mètres[21]
116
+
117
+
118
+
119
+ La porte mordelaise (vue arrière).
120
+
121
+ La porte mordelaise de nuit, rare vestige des remparts de Rennes.
122
+
123
+ Les remparts à la fin du XVe siècle.
124
+
125
+ Hôtels particuliers du XVIIe siècle, place des Lices.
126
+
127
+ La tour Duchesne.
128
+
129
+ Vestiges des remparts originels romains.
130
+
131
+ Jusqu'au XVe siècle, la ville se développe à l’abri de cette muraille à mesure que son rôle politique et économique croît. Au début du XVe siècle, la ville de résidence des ducs de Bretagne, ne compte cependant aucun monument marquant en dehors de sa cathédrale[22]. La ville connaît alors une période de développement démographique en raison d’une forte immigration normande à la suite de l'occupation anglaise au début du siècle et, surtout, d’un important exode rural. Les faubourgs se développent hors des murs : La Baudrairie, Saint-Aubin, Bourg-l'Évesque, Saint-Étienne, Toussaints… Dans sa Chronique d’Arthur de Richemont, Guillaume Gruel, écuyer d'Arthur III de Bretagne, note : « La ville qui pour lors estoit trop petite pour loger ung tel peuple comme le peuple renays, et estoient les faulxbourcs plus grans troy foiz que la Ville »[59].
132
+
133
+ Deux nouvelles enceintes sont donc construites au XVe siècle afin d’assurer le développement de la ville. En 1422, le duc Jean V décide de construire une enceinte à l’est qui entoure la « Ville Neuve », marquée par les commerces et les congrégations religieuses[21]. Cette nouvelle enceinte est achevée en 1452, mais déjà une autre extension est en cours. En 1449, le duc François Ier prend la décision d’étendre les murs de la ville au sud de la Vilaine. La « Nouvelle Ville » ainsi protégée par les remparts est avant tout un ensemble de terrains malsains et inondables où s’entasse une population modeste. L’intérêt est pourtant réel d’assurer une protection efficace des deux rives du fleuve et de protéger les quartiers industrieux[22]. En 1473, cette enceinte est à son tour achevée. La ville s’étend alors sur 62 ha et compte environ 13 000 habitants[60]. C’est au cours de ce siècle que la ville s’embellit en se dotant en 1467 de son premier monument civil : la tour de l'Horloge, citée par François Rabelais dans Pantagruel[61].
134
+
135
+ Après la fin de l’autonomie bretonne, marquée par l’acte d’union de 1532, le rôle administratif de Rennes s’accroît. En 1561, le Parlement de Bretagne se fixe dans la ville[62]. Le Palais du Parlement de Bretagne est édifié entre 1618 et 1655. En parallèle, la ville se transforme profondément grâce aux nombreux hôtels particuliers édifiés pour les « messieurs du Parlement », comme les hôtels de La Noue et Racape de La Feuillée, édifiés sur la place des Lices en 1658[21]. La ville s’embellit ainsi au cours du XVIIe siècle mais reste enserrée dans ses remparts et les bâtiments sont pour l’essentiel construits en bois. Lors de la nuit du 23 décembre 1720, la ville s’embrase. Pendant six jours, l’incendie va ravager le centre-ville : près de 10 ha sont touchés, 945 bâtiments sont détruits. Au total, on estime que le grand incendie a coûté 9 millions de livres aux particuliers[63].
136
+
137
+ Tableau d’époque représentant l’incendie de 1720.
138
+
139
+ Plan de 1726 par F. Forestier de Villeneuve reprenant les projets de Robelin et de Gabriel.
140
+
141
+ Un immeuble typique de la ville classique, rue de l’Horloge.
142
+
143
+ La place Royale, aujourd’hui place du Parlement-de-Bretagne.
144
+
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+ La ville classique en enfilade : la place du Parlement-de-Bretagne, la mairie et les tours de la cathédrale.
146
+
147
+ La reconstruction de la ville est l’occasion de mettre en application les idées des urbanistes de l’époque ; les vues doivent être dégagées et les rues plus larges. Avant tout, il s’agit à tout prix d’éviter un nouvel incendie. Pour mener à bien ce chantier, l’intendant de la ville s’adresse à Isaac Robelin, un ingénieur militaire directeur des fortifications à Brest. Cependant son projet présenté au Conseil le 27 août 1722 ne convainc pas, notamment en raison de ses vues radicales qui heurtent les nobles de la ville[64]. En 1724, c’est l’architecte Jacques V Gabriel, plus diplomate, qui est finalement chargé de la reconstruction[Note 8].
148
+
149
+ Dans les grandes lignes, le plan ambitieux de Robelin est conservé : la partie incendiée de la ville est totalement réorganisée selon un plan en damier avec des îlots carrés d’environ 65 m de côté et des voies de 10 m de large. Les immeubles sont construits en pierre (granit pour le rez-de-chaussée et étages en tuffeau) et les toits sont couverts d’ardoises. La ville s’organise autour de deux places disposées en quinconce : la place Royale où trône le Parlement de Bretagne et la place Neuve dominée par la mairie, moins monumentale et obéissant à des canons moins rigoureux que sa voisine[21]. L’aspect monumental de la place Royale avait une valeur symbolique forte. Il s’agissait de représenter la domination du pouvoir royal sur le parlement de province à la suite de la révolte du papier timbré, la place servant d’écrin à une monumentale statue de Louis XIV réalisée par Antoine Coysevox. Cependant, une des idées majeures de Robelin, la canalisation de la Vilaine, n’est pas réalisée.
150
+
151
+ Au cours du XVIIIe siècle, la ville se développe peu à peu hors de ses murs. Certes, des rues avaient été créées en dehors des remparts depuis parfois longtemps, mais il ne s’agissait alors que de faubourgs comme celui de la rue de Nantes dont il est fait état dès le XVe siècle[65]. La promenade du Mail, prolongeant la ville vers l’ouest, est ainsi créée au cours de ce siècle[66].
152
+
153
+ La prison des femmes.
154
+
155
+ Les quais canalisés de la Vilaine.
156
+
157
+ Le théâtre, actuel opéra.
158
+
159
+ Le XIXe siècle est marqué par un développement important des infrastructures de transport qui vont conduire à une profonde restructuration de la ville, notamment de ses quartiers sud[47]. La canalisation de la Vilaine est entamée en 1841 et s’achève en 1861[23]. Elle permet l’assainissement des quartiers situés au sud du fleuve, jusqu’alors sujets à de fréquentes inondations. L’arrivée du train en gare de Rennes en 1857 entraîne l’urbanisation de la plaine alluviale située au sud de la ville. Sur la base du plan d’urbanisme conçu entre 1852 et 1855 à l’initiative du maire Ange de Léon, de larges boulevards sont tracés : cours de la Gare (actuelle avenue Jean-Janvier) pour rejoindre directement le centre-ville depuis la gare, boulevard de La Tour-d’Auvergne permettant de faciliter la liaison entre Saint-Malo et Bordeaux (route impériale no 137), boulevard de la Liberté entre ces deux axes sur les douves remblayées des anciens remparts déjà démolis à l’époque. Ce plan sera globalement réalisé ; seul le Champ de Mars sera réorganisé pour permettre l’extension de la caserne du Colombier[67].
160
+
161
+ En parallèle à ce développement, l’urbanisation se développe aussi au nord-est de la ville : un boulevard de contournement, le boulevard de la Duchesse-Anne, est créé au milieu du siècle afin de relier les faubourgs de Saint-Hélier, de Paris, de Fougères et d’Antrain ; le boulevard de Sévigné est percé en 1864. Ces axes vont permettre de structurer le développement d’un quartier marqué par des hôtels particuliers et des riches demeures. En 1880, un nouveau boulevard circulaire, situé plus à l’est (boulevards de Strasbourg et de Metz), permet une urbanisation cohérente de l’est de la ville[68].
162
+
163
+ Le XIXe siècle est celui où la ville s’affirme dans son rôle de capitale régionale. Dans La Bretagne Contemporaine, parue en 1865, il est fait état du développement connu au cours des premières décennies du siècle : « Dans l’espace des soixante années de ce siècle, Rennes a vu sensiblement croître son importance et son commerce et son industrie. Sa population a doublé : elle atteint aujourd’hui le chiffre de 50 000 âmes. Elle a […] la physionomie d’une grande et belle cité, calme plutôt qu’active. »[69]. Elle est cependant mal considérée par les guides touristiques du XIXe siècle[70] La ville se dote d’équipements structurants : lycée impérial (1803)[71], palais universitaire (1847-1855)[72], nouvel hôpital de l’Hôtel-Dieu au Nord la ville (1855)[73], prison (1863-1876)[74], ainsi que de nombreuses casernes implantées en limite de la ville. Enfin, en 1897, Rennes inaugure son réseau de tramway à alimentation électrique, composé de cinq lignes principales, facilitant les déplacements urbains. Il en reste encore aujourd'hui quelques vestiges.
164
+
165
+ Le palais du commerce.
166
+
167
+ Une entrée des halles centrales.
168
+
169
+ La piscine Saint-Georges.
170
+
171
+ Plan de la ville de Rennes en 1948.
172
+
173
+ Le développement de la ville se poursuit au XXe siècle. Selon un mouvement déjà amorcé à la fin du siècle précédent, le développement urbain se fait de façon cohérente par le biais de lotissements[75] qui permettent d’éviter une urbanisation linéaire sous forme de faubourgs. La loi Loucheur votée en 1928 va accélérer le développement pavillonnaire de la ville dans l’entre-deux-guerres. Ainsi des quartiers se développent au sud de la voie ferrée, notamment le quartier Sainte-Thérèse[76] et le quartier des Sacrés-Cœurs, et dans le prolongement des lotissements du XIXe siècle au nord-est (quartiers Jeanne-d’Arc et Maurepas[77]). Le Foyer Rennais, premier projet d’habitations à bon marché de la ville, est initié en 1922 pour s’achever en 1933[78]. La ville se dote en 1925 d’un premier plan d’extension, d’aménagement et d’embellissement qui permet de définir les axes de développement urbain futur[47].
174
+
175
+ La ville se dote de nouveaux équipements comme la piscine Saint-Georges, achevée en 1926[79], le Palais du commerce achevé en 1922[80] et les halles centrales achevées en 1926[81]. Tous ces bâtiments sont dus à l’architecte de la ville, Emmanuel Le Ray.
176
+
177
+ La dalle du Colombier.
178
+
179
+ Quartier Bourg-l'Évesque.
180
+
181
+ Le campus de Villejean.
182
+
183
+ L’immédiate après-guerre est marquée par la reconstruction de la ville touchée par d’importants bombardements[82].
184
+
185
+ Dès 1944, l’architecte Lefort est chargé de mettre en place un « Projet de reconstruction et d’aménagement de la ville ». Il s’agit tout autant de reconstruire les quartiers détruits que de résorber l’habitat insalubre et de permettre d’accueillir des populations nouvelles par le développement de quartiers d’habitat collectif. L’arrivée d’Henri Fréville à la tête de la municipalité en 1953 va marquer un tournant dans la politique urbaine de la ville avec la mise en place d’une politique d’aménagement planifié et de forte maîtrise foncière[47]. Henri Fréville justifie ainsi sa politique à propos de l’opération de rénovation urbaine du Colombier dans son autobiographie : « La rénovation urbaine étant, à la fois, une mesure d’assainissement et de modernisation, sa réalisation exigea un plan d’ensemble, d’où l’ampleur du projet initial. »[83]. Au cours des décennies 1950 et 1960, les vastes opérations d’urbanisation vont se multiplier dans la ville :
186
+
187
+ Le développement de l’offre en logement s'accompagne aussi d’un fort développement industriel et commercial. L’objectif poursuivi par la municipalité est de « faire de Rennes le moteur du nouveau dynamisme breton et de retenir les migrants ruraux qui partent chercher du travail à Paris. »[46]. La croissance urbaine de cette période va donc également conduire à la mise en place d’importantes zones d’activités :
188
+
189
+ D'autres activités se développent en périphérie :
190
+
191
+ Ces importantes opérations urbaines vont permettre une croissance démographique spectaculaire de la ville : en 1975, elle atteint les 200 000 habitants, soit un doublement en à peine 40 ans.
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+
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+ La construction progressive de la rocade de Rennes, à partir de 1968, permet de fixer les limites de la zone urbanisée et limiter l'étalement urbain. Aucun nouveau quartier d’habitation n’est prévu au-delà et la densification est privilégiée. Cela se traduit par le concept de ceinture verte (ou ville archipel) adopté successivement dans les schémas de cohérence territoriale (SCOT) de la ville : la ville est considérée comme une île entourée d'un océan de nature et de terres agricoles qu'il faut préserver; l'urbanisation linéaire qui ferait se rejoindre deux centre-ville est donc exclue[95].
194
+
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+ Les opérations d’urbanisation des années 1980 vont viser à densifier le tissu urbain en urbanisant les derniers terrains vacants par le biais de ZAC de moindre envergure que les ZUP :
196
+
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+ À la fin du XXe siècle, « la ville de Rennes s’arrête progressivement sur la limite constituée par la rocade »[47]. Le territoire communal compris à l’intérieur de la route de contournement est presque entièrement urbanisé et il s’agit donc de reconstruire la ville sur elle-même à travers des opérations de renouvellement urbain.
198
+
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+ Le début du XXIe siècle voit la création de deux nouveaux quartiers : Beauregard et La Courrouze.
200
+
201
+ Entre 2005 et 2010, la caserne Mac Mahon (quartier Bourg-l'Évesque) est réhabilitée en zone d'habitation.
202
+
203
+ Avec les mises en service en 2017 de la LGV Bretagne-Pays de la Loire et en 2020 de la ligne b du métro de Rennes, la gare de Rennes va être entièrement rénovée pour intégrer un vaste quartier nommé EuroRennes (fin du projet horizon 2025)[98],[99].
204
+
205
+ Un autre grand agrandissement - l'Ecocité ViaSilva 2040 - est prévu dans le secteur intra-rocade nord-est, pour le moment quasiment vierge. À terme, le quartier comptera 40 000 habitants et 25 000 emplois[100].
206
+
207
+ En 1983, la commune de Rennes a été divisée en douze quartiers administratifs (eux-mêmes divisés en sous-quartiers), dotés chacun d’un élu référent et d’un agent chargé du quartier[101] :
208
+
209
+ Néanmoins, au-delà de ces quartiers officiels semblables à des arrondissements, Rennes est divisé en 45 sous-quartiers plus proches de cette définition.
210
+
211
+ Parmi ceux-ci citons Saint-Laurent, Champeaux, La Prévalaye, Les Gayeulles, Sainte-Thérèse, La Courrouze, Lande du Breil…
212
+
213
+ À l’origine le nom celtique (gaulois) de la commune est Condate, ce qui signifie « confluent »[102] et souligne l’emplacement de la ville, entre l’Ille et la Vilaine[103].
214
+
215
+ Le toponyme actuel est issu du nom du peuple gaulois, les Riedones[104], occupant cette partie de l'Armorique au IIe siècle av. J.-C.[104].
216
+
217
+ Le nom de ce peuple vient d’une racine celtique red signifiant « aller à cheval » ou « aller en char »[105]. D'après Xavier Delamarre[106] le sens global de Riedones serait « les conducteurs de chars », l'élément redo- étant le celtique rēd, qui explique aussi le vieil-irlandais riad- « aller à cheval ou en voiture ». Le terme latin reda, raeda désignant un véhicule à quatre roues est un emprunt au vieux-celtique.
218
+
219
+ Suivant les siècles, Rennes est attesté sous différents noms. Chronologiquement :
220
+
221
+ Quelques noms de lieu indiquent la présence ancienne de bretonnants. Ces noms de lieux sont rares[108],[109] :
222
+
223
+ En gallo, il n’y a pas de graphie unifiée, dans la graphie ELG, la ville est appelée Resnn (prononcé /rɛn/)[110], dans les graphies MOGA, Renn, Rènn, Rein·n ou Rin·n (respectivement prononcés [rən], [rɛn], [rɛ̃ːn] et [rɛ̃n]), ces différentes graphies correspondent à la prononciation identifiée comme la plus courante pour la première citée jusqu’à la moins courante pour la quatrième)[111].
224
+
225
+ Elle est nommée Roazhon en breton unifié. En breton, on trouve aussi des variantes plus anciennes : Roazon (en KLT) ou Roahon[112],[113], Roéhon[114], Roaon[115] (en vannetais). Grégoire de Rostrenen utilise les graphies Roazoun, Roazon, Roéson, Roaon, Roën[116],[117] ; des variantes ont perduré jusqu’au XXe siècle et on retrouve ainsi plusieurs noms et prononciations différentes dans l’Atlas linguistique de la Basse-Bretagne de 1927 de Pierre Le Roux : Roazon et Raozoun dans le Léon, Roazen, Roazon ou Raon en Cornouaille, Rawon ou Raon dans le Trégor, Roéhon, Rwan ou Rwéwon dans le Pays vannetais[118].
226
+
227
+ Le nom s'est stabilisé à la période gallo-romaine, le nom de la civitas remplaçant condate. Le breton n'était pas la langue dominante en pays de Rennes, qui se trouve aux marges de l'aire de diffusion de la langue bretonne pour les périodes anciennes.
228
+
229
+ Les formes Roazon (moyen-breton) et Rennes (en langue romane) supposent deux accentuations différentes à partir de la même forme initiale (il en va de même pour le nom de Nantes Naoned / Naunt. Cela s'explique : ces noms de peuples celtiques étaient connus des Bretons, voisins de Grande-Bretagne, alors que leur entrée en latin n'est survenue qu'après la conquête romaine.
230
+
231
+ En langue des signes française, la ville se signe comme un renne[119],[120].
232
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233
+ Vers le IIe siècle av. J.-C., la ville aurait été fondée par la tribu des Riedones qui choisit le site du confluent de l'Ille et de la Vilaine pour capitale, et prend le nom de Condate (ce qui signifie « confluent » en gaulois). D'autres sources, plus récentes, mettent en doute les interprétations passées, et indiquent une fondation au Ier siècle, sur la butte au-dessus du confluent (actuel emplacement de la Cathédrale Saint-Pierre)[121].
234
+
235
+ Durant la pax romana, la ville, chef-lieu des Riedones et garnison militaire, se développe jusqu'à occuper un territoire de 80 à 100 hectares[122]. Vers le IIIe siècle, des remparts sont érigés pour protéger la ville, dans une emprise considérablement réduite (8 hectares), des attaques barbares, fréquentes à cette époque.
236
+
237
+ Erispoë, fils de Nominoë, inflige en août 851 une défaite cuisante à Charles le Chauve lors de la bataille de Jengland. Ce dernier, par le traité d'Angers, reconnaît Erispoë comme roi de Bretagne, cette dernière étant dans le même temps augmentée des comtés de Rennes et de Nantes ainsi que du pays de Retz. Rennes passe ainsi du statut de ville franque mineure et excentrée à celui de l'une des principales villes du nouveau royaume de Bretagne[123],[Note 9].
238
+
239
+ En 1064, les Normands du duc Guillaume le Bâtard assiègent la ville. Cet assaut figure sur la Tapisserie de Bayeux[124].
240
+
241
+ La ville, comprise dans les marches de Bretagne, est progressivement intégrée au duché de Bretagne et devient rapidement une ville ducale. Au XVe siècle, Rennes consolide l'enceinte primitive gallo-romaine. Dans ce même siècle, deux enceintes successives agrandiront la ville.
242
+
243
+ Toujours au XVe siècle, Rennes fut le refuge d'Anne de Bretagne, héritière du duc François II de Bretagne. Alors en très mauvaise posture, elle se réfugia à Rennes où elle fut couronnée duchesse de Bretagne dans la cathédrale Saint-Pierre le 10 février 1489[125].
244
+
245
+ Au XVIe siècle, après le rattachement du duché de Bretagne au domaine royal français en 1532 par l'édit de Vannes, la ville devient le siège du Parlement de Bretagne, et donc capitale provinciale. Les fortifications, comme dans la plupart des villes françaises, ressenties comme inutiles à la période moderne, sont lentement démantelées jusqu'au début du XXe siècle.
246
+
247
+ Le 13 mars 1589, la Journée des barricades vit le triomphe des ligueurs.
248
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249
+ En 1720, un incendie détruit les trois quarts de la ville. La reconstruction sera l'occasion de repenser la ville selon l'urbanisme et l'esthétisme du XVIIIe siècle. Au XVIIIe siècle, la ville sera également impliquée dans le commerce triangulaire[réf. souhaitée].
250
+
251
+ La journée des bricoles (26 et 27 janvier 1789) est considérée comme étant un événement préalable à la Révolution française.
252
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253
+ En 1806, l'Amiral de Villeneuve de retour de la bataille de Trafalgar séjourna quelques jours rue des Foulons (au 21, de nos jours rue Le Bastard). Il y trouva la mort le 22 avril. Il s'y serait suicidé mais un doute persiste sur un possible assassinat[126].
254
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255
+ En 1857, l'arrivée du chemin de fer au sud de la ville permet le développement urbain entre la ville « noble » située au nord de la Vilaine et la gare située au sud de la partie insalubre de la ville. En 1899, la révision de l'affaire Dreyfus a lieu à Rennes dans l'actuel lycée Émile-Zola.
256
+
257
+ Rennes était alors une ville de garnison (le 41e régiment d'infanterie, le 24e régiment de dragons et le 7e régiment d'artillerie y étaient basés). Loin des frontières et des côtes tout en étant bien reliée par chemin de fer à l'ensemble du pays, la ville prit aussi un rôle stratégique, à partir du milieu du XIXe siècle dans l'industrie d'armement, avec le développement d'un important arsenal (invention du canon de 75 à tir rapide, chargement de munitions, fabrication d'équipements logistiques et de douilles d'obus) dont les ateliers étaient situés boulevard de la Tour d'Auvergne et à la Courrouze.
258
+
259
+ Le 7 août 1932, un attentat détruit le monument, niché dans la façade de la mairie, symbolisant l’union de la Bretagne à la France. L'attentat est revendiqué par une organisation indépendantiste, Gwenn ha Du (blanc et noir, soit les couleurs du drapeau breton). Pour ce petit groupe de clandestins, la statue de Jean Boucher est considérée comme le « monument de la honte nationale » depuis son inauguration en 1911. Ils n'acceptent pas l'attitude jugée humiliante de la duchesse Anne de Bretagne agenouillée devant Charles VIII, roi de France[127]. La statue ne sera jamais reconstruite.
260
+
261
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville est occupée à partir du 18 juin 1940 par l'armée allemande. Elle subit de nombreux bombardements dont celui du 8 mars 1943, lorsque l’aviation anglo-américaine pilonne la ville d’une hauteur de 6 000 mètres tuant près de 300 personnes[128], puis du 8 mai, qui sera particulièrement exploité par la propagande[129]. Le 8 juin 1944, les Martin B-26 Marauder pilonnent la gare de triage utilisée par la 17e Panzerdivision. Le 9 juin, la Royal Air Force vise des cibles stratégiques allemandes, remplacée trois jours plus tard par les Boeing B-17 Flying Fortress. Le bilan des bombardements s’élève à 655 victimes[130]. Rennes est libérée le 4 août 1944 par les troupes du général Patton.
262
+
263
+ À partir des années 1950, la ville connaît un développement important lié notamment à l'exode rural et à une industrialisation nouvelle comme l'usine Citroën implantée au sud de la ville, qui compta jusqu'à 13 000 salariés dans les années 1970. Cela amène à la création de quartiers nouveaux ou à des réhabilitations massives tels que Bourg-l'Évesque ou Maurepas.
264
+
265
+ Profitant de sa position de préfecture régionale, la ville est actuellement reconnue pour être une ville jeune, dynamique, festive avec de nombreux événements sportifs et culturels ayant lieu toute l'année. Les activités de pointe dans les télécommunications, les réseaux, l'image et les transmissions, la réalité augmentée, sont également très présentes dans la ville.
266
+
267
+ La commune de Rennes est le chef-lieu de nombreuses collectivités locales :
268
+
269
+ Le conseil municipal de la commune de Rennes est composé de 61 membres, dont la maire Nathalie Appéré et 21 adjoints. À la suite des élections municipales de 2020, Nathalie Appéré (PS) est réélue maire de Rennes par 51 voix, contre 10 votes blancs ou nuls.
270
+
271
+ En plus de l'hôtel de ville, la commune dispose de quatre mairies de quartier : Hautes-Chalais, Le Blosne, Maurepas et Villejean. Elles se trouvent établies au sein des quartiers correspondants. Ces mairies de quartier, sous la tutelle de l'hôtel de ville, permettent aux usagers d'effectuer de nombreuses formalités administratives telles que demande de passeport, de carte d'identité, d'extrait ou de copie d'acte de naissance et de mariage, de copie d'acte de décès ainsi que d'autres papiers administratifs[132].
272
+
273
+ Candidats ayant obtenu plus de 4 % des suffrages exprimés :
274
+
275
+ Liste des maires qui se sont succédé à la mairie de Rennes depuis la Libération :
276
+
277
+ Henri Fréville et Edmond Hervé, maires pendant 24 et 31 ans, sont considérés comme les deux principaux maires bâtisseurs de la ville au XXe siècle.
278
+
279
+ La région rennaise est impliquée dans le développement durable et la protection de l’environnement notamment sous l’impulsion de Rennes Métropole qui développe un Agenda 21 local depuis 2004[139]. On y trouve de nombreux organismes, dont l’Agence de la transition écologique (ADEME délégation Bretagne)[140], la Maison de la consommation et de l'environnement (MCE) depuis 1983[141], l’association d'initiatives locales pour l’énergie et l’environnement (Aile)[142], l'Agence locale pour l’énergie et le climat (ALEC)[143], la Ligue pour la protection des oiseaux - Ille-et-Vilaine depuis 1988[144] ainsi que l’écocentre de la Taupinais[145].
280
+
281
+ L’association étudiante Ar Vuhez[146] organise depuis 2004 la semaine de l'environnement en lien avec les acteurs locaux comme l’École des métiers de l'environnement.
282
+
283
+ Les plans et cours d’eau sont envahis par des espèces invasives comme la jussie rampante ou la renouée du Japon[147].
284
+
285
+ Rennes est élue capitale de la biodiversité en 2016 parmi 72 collectivités candidates. Elle est notamment récompensée pour la gestion écologique de ses espaces verts et de ses espaces publics, tout comme son travail de protection des espaces naturels et de prise en compte de la trame verte, bleue et noire dans ses documents d’urbanisme et de planification[148].
286
+
287
+ Depuis le 1er janvier 2020 Rennes a par exemple interdit les terrasses chauffantes[149].
288
+
289
+ Depuis 2015, Rennes est divisée en six cantons :
290
+
291
+ La commune est partagée entre quatre circonscriptions législatives :
292
+
293
+ La ville de Rennes est jumelée avec treize villes d’autres pays, dont sept en Europe :
294
+
295
+ Elle est engagée dans un jumelage-coopération avec :
296
+
297
+ Elle est aussi jumelée avec deux communes françaises[154] :
298
+
299
+ Elle parraine aussi la commune française de :
300
+
301
+ En 2015, le budget de la Ville de Rennes est d'environ de 292 millions d'euros pour le fonctionnement et de 140 millions pour l'investissement[156]. Le budget de Rennes Métropole est de 829 millions d'euros en 2015[157].
302
+
303
+ Taux de fiscalité directe
304
+
305
+ Rennes est le siège de nombreuses administrations (entités publiques) régionales ou interrégionales.
306
+
307
+ L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[159],[Note 12].
308
+
309
+ En 2017, la commune comptait 216 815 habitants[Note 13], en augmentation de 3,31 % par rapport à 2012 (Ille-et-Vilaine : +5,19 %, France hors Mayotte : +2,36 %).
310
+
311
+ Rennes est le siège d'une métropole où vivaient 447 429 habitants. L’unité urbaine de Rennes, la 20e de France par sa population, comptait 318 127 habitants dans la nouvelle délimitation de 2010 où elle était alors composée de treize communes[162]. La ville est au centre de la 10e aire urbaine française qui accueillait 727 357 habitants répartis dans 190 communes[163],[164].
312
+
313
+ Preuve de son dynamisme démographique, Rennes est classée troisième ville la plus attractive de France en 2013 selon Le Parisien, en observation du solde migratoire des 100 plus grandes agglomérations françaises[165].
314
+
315
+ Évolution de la pyramide des âges de la ville de Rennes, comparaison entre l’année 1999 et 1982[166] :
316
+
317
+ Le nombre total de ménages rennais est de 99 462. Les ménages ne comportant qu'une seule personne sont surreprésentés à Rennes, par rapport à la moyenne nationale. Voici ci-dessous, les données en pourcentage de la répartition de ces ménages par rapport au nombre total de ménages.
318
+
319
+ L'enseignement primaire et secondaire à Rennes relève de l’académie de Rennes, la cinquième de province en 2013 par sa population scolaire avec 600 000 élèves en Bretagne[168]. Celle-ci évolue sous la supervision de l’inspection départementale de l’éducation nationale. L’inspection académique d’Ille-et-Vilaine et le rectorat se situent sur la commune.
320
+
321
+ Huitième ville universitaire de France par son nombre d'étudiants[169], 65 515 étudiants ont choisi Rennes pour suivre leurs études en 2016[7], (56 200 en 2005-2006[169]).
322
+
323
+ En outre, Rennes a acquis une position stratégique dans les télécommunications grâce à la présence de la 1re technopole européenne dans le domaine, Rennes Atalante. Ville étudiante, Rennes est dotée de deux universités et d’écoles supérieures (25 au total) réparties sur plusieurs campus. Des 43 villes universitaires majeures, Rennes est généralement bien classée : elle est, à titre d'exemple, 2e du palmarès 2016-2017 L'Étudiant-L'Express des grandes villes de France où il fait bon étudier[170].
324
+
325
+ À l'est se trouve le campus de Beaulieu. C'est un campus mixte entre l'Université de Rennes 1 et divers établissements d'enseignement supérieur, essentiellement en sciences et technologies (ESIR, INSA, ENSCR, CentraleSupélec (ancien Supélec), IMT Atlantique) qui jouxte la zone Atalante Beaulieu, pôle de compétitivité technologique.
326
+
327
+ À l'ouest se trouve le campus de Villejean. C'est le principal campus de l'Université de Rennes 2. Il est essentiellement orienté vers le domaine des lettres, sciences humaines, sciences sociales, mais comprend également le domaine de la santé (médecine, pharmacie, odontologie) de l'Université de Rennes 1. L'École des hautes études en santé publique (EHESP) se trouve également sur le campus de Villejean.
328
+
329
+ D'autres campus sont présents dans la ville, comme celui de La Harpe (dépendant de Rennes 2, mais où on trouve aussi d'autres établissements), ainsi que dans le centre, principalement spécialisé en sciences économiques et en droit et rattaché à l'Université de Rennes 1.
330
+
331
+ Sur un total de plus de 65 500 étudiants en 2016, les effectifs universitaires dans l'unité urbaine rassemblent un peu plus de 50 000 étudiants.
332
+
333
+ Situé aussi à l'ouest sur la rue de Saint-Brieuc (Atalante Champeaux), se trouve le campus de l'Institut supérieur des sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage, Agrocampus Ouest.
334
+
335
+ Dans le quartier de Beauregard se trouve la Rennes School of Business.
336
+
337
+ Excentré au sud-ouest de la ville de Rennes, à Bruz, se trouve le campus de Ker Lann. Il comprend notamment l'École normale supérieur de Rennes, l'École nationale de la statistique et de l'analyse de l'information et des établissements d'enseignement supérieur privés.
338
+
339
+ D'autres écoles sont également installées en centre-ville, telles que :
340
+
341
+ Dans la ZI Sud-Est de Rennes, se trouve l'IFAG Rennes (Institut de formation aux affaires et à la gestion).
342
+
343
+ La ville draine ainsi chaque jour des élèves et étudiants de toute l'agglomération, grâce au système de transport public intégré et dense. C'est une des villes française comptant le plus d'étudiants et de scolaires par habitant.
344
+
345
+ La ville de Rennes compte cinq établissements publics formant le Centre hospitalier universitaire de Rennes : l'Hôpital Pontchaillou, l'Hôpital Sud, l'Hôtel-Dieu, La Tauvrais et le Centre de soins dentaires. Il est le plus gros employeur de Rennes avec 8 305 salariés en 2014[171]. La même année, il comptabilise 505 998 journées d'hospitalisation par an, 3 994 naissances et 102 157 entrées aux urgences par an[172].
346
+
347
+ Pour la santé mentale, la ville de Rennes dispose d'un deuxième établissement public de santé, le Centre hospitalier Guillaume-Régnier qui regroupe, en 2014, 1 753 lits et places à l'est de la ville[173].
348
+
349
+ La ville accueille aussi l'École des hautes études en santé publique (EHESP, ex-ENSP, École nationale de la santé publique), qui forme notamment les directeurs d'hôpital.
350
+
351
+ La métropole de Rennes compte également le Centre Hospitalier privé Saint-Grégoire, qui regroupe sur un site unique les trois cliniques rennaises Saint-Vincent, Volney et Bréquigny.
352
+
353
+ Depuis 1987, la ville de Rennes a pour objectif de devenir une Ville-Santé en partenariat avec l'OMS. Cela signifie qu'elle s'engage à œuvrer autour de valeurs telles que la promotion d'un environnement favorable à la santé et de l'hygiène et l'équilibre alimentaire, la sensibilisation du public à la santé, la lutte contre les inégalités, la prévention des conduites à risques, la prise en charge la santé mentale, l'accompagnement du vieillissement et la défense de la santé au travail[174].
354
+
355
+ Selon un classement réalisé par Le Point en 2014, le CHU de Rennes est classé dans le top 10 des meilleurs centres hospitaliers de France. Le centre hospitalier privé de Saint-Grégoire est quant à lui une nouvelle fois élu meilleure clinique de France[175],[176].
356
+
357
+ Quatre club rennais évoluent au plus haut niveau :
358
+
359
+ La métropole accueille également plusieurs équipes amateurs de haut niveau :
360
+
361
+ Les principaux événements sportifs qui se déroulent à Rennes sont :
362
+
363
+ Le principal équipement sportif est le Roazhon Park. Le stade, d'une capacité d'environ 30 000 spectateurs, est l'enceinte du Stade rennais football club. Quelques événements culturels et religieux y ont parfois lieu, comme les Nuits interceltiques de Rennes (2007, 2008) ou les grands rassemblements diocésain (2007, 2012)[186],[187],[188].
364
+
365
+ Parmi les principaux équipements sportifs se trouvent également :
366
+
367
+ De nombreux autres équipements de quartier viennent s'ajouter à cette liste non exhaustive.
368
+
369
+ Sur la commune de Cesson-Sévigné se trouvent :
370
+
371
+ La presse écrite locale est dominée par le quotidien régional Ouest-France, fondé en 1944 sur les cendres de l'Ouest-Éclair qui avait été interdit de parution à la Libération pour collaboration. On compte aujourd'hui cinq éditions consacrées à Rennes : Rennes (Rennes Ville), Rennes Ouest, Rennes Est, Rennes Nord et Rennes Sud.
372
+
373
+ D'autres titres de presse sont diffusés localement :
374
+
375
+ La municipalité édite deux bimestriels officiels gratuits, publiés en alternance, et distribués dans les boîtes aux lettres ainsi qu’en libre-service dans les stations de métro : Les Rennais et Rennes Métropole Magazine.
376
+
377
+ Plusieurs radios sont installées à Rennes :
378
+
379
+ Une trentaine de radios peuvent être reçues à Rennes[190].
380
+
381
+ Siège métropolitain de l'archidiocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo et de la province ecclésiastique de Rennes regroupant les neuf diocèses de la Bretagne et des Pays de la Loire.
382
+
383
+ Le territoire des communes de Rennes et Saint-Jacques-de-la-Lande est divisé en quinze paroisses regroupées en six doyennés[191]. On y trouve également le séminaire Saint-Yves.
384
+
385
+ La paroisse Saint-Jean-de-Cronstadt et Saint-Nectaire-d’Égine, aux 1bis et 3, rue de la Crèche, dépend jusqu'en 2019 de l’archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, une juridiction du patriarcat œcuménique de Constantinople[192]. L'archevêque de celui-ci ayant décidé de rejoindre le patriarcat de Moscou, la paroisse choisit de rester fidèle à Constantinople et rejoint la Métropole orthodoxe grecque de France[193].
386
+
387
+ Sans être une place forte de la Réforme, la Bretagne a connu quelques foyers protestants à partir de 1558, à la suite de l'action de François de Coligny d'Andelot qui a fondé l'église calviniste de Vitré. Des familles de bourgeois et d'artisans fondent une église protestante à Rennes au cours du XVIe siècle[194]. Cependant, le protestantisme breton est fortement affaibli par l'action du duc de Mercœur, gouverneur ligueur de la province de 1585 à 1597. Malgré la signature de l'édit de Nantes, la pratique protestante décline tout au long du XVIIe siècle. À Rennes, la communauté, qui se réunit au temple de Cleusné, est particulièrement persécutée : en 1613, 1654, 1661 et 1675, le temple est incendié par la fureur populaire[194]. En 1685, la révocation de l'édit de Nantes porte le coup de grâce au protestantisme breton, même s'il n'y a pas eu de dragonnades dans la province.
388
+
389
+ Le protestantisme fait sa réapparition dans la région au XIXe siècle ; Rennes est ainsi un des principaux foyers de réimplantation du protestantisme en Bretagne[195]. Une nouvelle paroisse est créée grâce à l'aide de la Société évangélique[194] et le nouveau temple protestant de Rennes est construit boulevard de la Liberté en 1872. Ce temple est aujourd'hui rattaché à Église protestante unie de France[196].
390
+
391
+ D'autres églises protestantes se sont implantées à Rennes au cours du XXe siècle. Ainsi, sept lieux de culte protestant évangélique y sont recensés[197]. La ville compte également une église adventiste[198].
392
+
393
+ Rennes possède deux centres culturels islamiques : le premier (situé boulevard du Portugal)[199] est construit en 1983 sur une décision du conseil municipal du 28 avril 1980[200]. Le second, le centre culturel Avicenne, a été ouvert en 2006 et se trouve à l’angle de la rue du recteur Paul-Henry et de l’avenue Charles-Tillon[201],[202]. Un troisième centre est en construction situé route de Vezin[203]. On trouve également trois mosquées (rue du Docteur-Aussant, Al-Amal rue de Fougères et rue Julien Offray de la Mettrie) et trois salles de prière (square du Dr Fernand Jacq, rue du Nivernais et Campus de Beaulieu, rue Mirabeau).
394
+
395
+ Depuis janvier 2002, la ville de Rennes a une synagogue, le centre culturel israélite Edmond-Safra, située dans le quartier Saint-Laurent[204],[205].
396
+
397
+ Fin 2011, un centre culturel bouddhique et un temple ont été inaugurés rue des Veyettes.
398
+
399
+ Implantés à Rennes depuis le début du XXe siècle, les Témoins de Jéhovah comptent deux lieux de cultes réunissant un total de huit congrégations[206][source insuffisante].
400
+
401
+ Le revenu moyen par ménage rennais est de 15 940 € par an, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne nationale de 15 027 € par an[207]. Concernant la fiscalité, on dénombre 1 331 Rennais redevables de l'impôt sur la fortune (ISF). L'impôt moyen sur la fortune à Rennes est de 6 270 €/an contre 5 683 €/an pour la moyenne nationale. Le patrimoine moyen des redevables rennais de l'ISF est estimé à environ 1 567 906 € pour l'année de référence[208].
402
+
403
+ Selon l’INSEE[209], les principaux employeurs de l’unité urbaine rennaise sont :
404
+
405
+ Rennes est reconnue comme la 2e ville la plus dynamique de France selon le palmarès du magazine L'Express en 2010, d'après 3 000 données analysées et classées en douze catégories[211], et 3e selon le palmarès 2012 du Journal des entreprises en partenariat avec le magazine Challenges, en se positionnant sur les podiums de cinq catégories (et dans le top 4 de sept catégories), notamment pour l'évolution de sa population et du nombre d'emplois (dont celui des cadres) depuis 1999, son attractivité en 5 ans, son PIB/habitant, la formation de sa population, ou encore la qualité de son parc logement[212].
406
+
407
+ En 2000, Rennes Métropole comptait sur son territoire 1 201 exploitations agricoles d'une superficie moyenne de 29 ha[213]. Sur l'agglomération, le nombre d'exploitations agricoles a été divisé par 2,5 entre 1980 et 2000, mais la superficie moyenne des exploitations a été multipliée par deux[213].
408
+
409
+ Rennes est le siège de nombreuses directions régionales et interrégionales administratives (voir le paragraphe consacré à l’administration) ou économiques :
410
+
411
+ Rennes est le siège de nombreuses administrations (entités publiques) régionales ou interrégionales :
412
+
413
+ Rennes est une métropole labellisée French Tech et regroupe de nombreuses sociétés dans le numérique dont plusieurs startup : Regionsjob, KelBillet, aladom...
414
+
415
+ La ville de Rennes fait partie du réseau des Villes et pays d'art et d'histoire[8]. Quatre-vingt-sept édifices ou parties d’édifice sont inscrits ou classés au titre des monuments historiques, notamment les façades des bâtiments de la vieille ville[9],[Note 3]., qui fait l’objet d’un secteur sauvegardé. D'autres biens immobilier situés en plein cœur du centre-ville de Rennes bénéficient du dispositif Malraux relatif à la protection du patrimoine historique et architectural[Note 14]. Cette législation a permis à l'État d'instaurer une politique de sauvegarde du patrimoine en milieu urbain. C'est le cas notamment de la rue Saint-Melaine, située en plein centre ancien de Rennes.
416
+
417
+ Le patrimoine religieux rennais est très riche ; parmi les principaux édifices rennais, on compte la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, l’une des neuf cathédrales historiques de Bretagne. De style classique en façade et néoclassique à l'intérieur, elle est le siège de l’archevêché de Rennes.
418
+
419
+ Toujours en centre-ville, la basilique Saint-Sauveur de Rennes célèbre Notre-Dame des Miracles et Vertus, protectrice de la ville de Rennes. La place Sainte-Anne abrite l'ancien couvent des Jacobins. L’ancienne chapelle gothique de l’hôpital Saint-Yves, située rue Saint-Yves, est désormais aménagée en musée sur l’évolution de Rennes, et abrite l’office de tourisme de Rennes.
420
+
421
+ Située sur le point culminant de Rennes, la pro-cathédrale Notre-Dame en Saint-Melaine fut utilisée comme siège provisoire de l’évêché de Rennes. Ancienne église abbatiale, elle a gardé tous ses bâtiments annexes, son cloître et son jardin des moines : l’actuel parc du Thabor. La tour et le transept de l’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Melaine sont du XIe siècle. Elle possède des arcades gothiques du XIVe siècle et un clocher coiffé d’une Vierge dorée.
422
+
423
+ Au cœur de la ville-neuve, l'église Saint-Germain, ancienne paroisse des marchands-merciers, puis des parlementaires, est le dernier édifice majeur de style gothique flamboyant (XVe siècle et XVIe siècle) dans la ville. L’église Sainte-Thérèse, de style d’art déco, construite entre 1932 et 1936 par l’architecte Hyacinthe Perrin et notablement ornée de mosaïques d’Isidore Odorico[217].
424
+
425
+ De nombreux autres édifices, essentiellement de tradition catholique, forment le patrimoine religieux rennais : églises Saint-Étienne, Saint-Hélier, basilique Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, église Sainte-Jeanne-d'Arc, chapelle des Carmes, église Toussaints, église Saint-Martin, chapelle Saint-François, église des Sacrés-Cœurs, couvent des Calvairiennes de Saint-Cyr, croix de la Mission, Saint-Augustin[218]...
426
+
427
+ Les constructions de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle représentent un patrimoine immobilier riche. Le passé industriel de la ville est toutefois moins important que d'autres villes d'Ille-et-Vilaine, telles que Fougères, car Rennes, de par sa position centrale dans le département, était plutôt une plaque tournante commerciale[219].
428
+
429
+ De nombreuses halles ont été construites durant cette époque comme les halles Martenot, édifiées de 1868 à 1871 par Jean-Baptiste Martenot, qui accueillent le marché des Lices tous les samedis matins. Les halles centrales, marché couvert de 1922, furent criée municipale puis reconverties en partie en galerie d'art contemporain. Les deux halles d'imprimerie Oberthür, construites par Martenot entre 1870 et 1895 en fonte, brique et schiste, sont quant à elles devenues une zone d'entreprises après le rachat par la ville[220].
430
+
431
+ Les anciens locaux de Ouest-Éclair, puis de Ouest-France, dont la façade de brique rouge et rose a été restaurée, sont occupés maintenant par un hôtel Mercure. L'entrée du porche est agrémentée par une marquise en fer forgé de style Art nouveau[221].
432
+
433
+ Les aménagements sur la Vilaine permettent la création de moulins tels les moulins d’Apigné construit au cours du XIXe siècle à la frontière avec Le Rheu, ou encore les grands moulins, construits de chaque côté du bras sud de la Vilaine en 1895 et 1902[222].
434
+
435
+ L'ancienne brasserie Graff, construite en 1927 par l'architecte Georges-Robert Lefort, est en partie détruite par les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale. La brasserie[223], rachetée par Kronenbourg, a été fermée en 2003[224]. À présent démantelé, le site a donné le jour en 2012 à un ensemble immobilier[225].
436
+
437
+ D'autres édifices de la période industrielle du début du XXe siècle se trouvent sur la commune, comme des tanneries ou des laiteries industrielles.
438
+
439
+ Les portes mordelaises.
440
+
441
+ Rue du Chapitre.
442
+
443
+ Rue du Champ-Jacquet.
444
+
445
+ Les portes mordelaises, un châtelet à deux tours et pont-levis, bordent les restes des anciennes fortifications médiévales du IIIe siècle, jusqu’à la tour Jehan Duchesne du XVe siècle, rue Nantaise, et les remparts du XVe siècle à l'est des fortifications gallo-romaines, place Rallier-du-Baty.
446
+
447
+ Les maisons à pans de bois aussi nommées maisons à colombage dessinent les limites du vieux Rennes et de ses faubourgs. Rescapées de l'incendie de 1720, elles sont situées principalement dans le quartier Centre, à l'est de l'hôtel de ville : elles sont typiquement présentes dans les rues autour de la rue du Champ-Jacquet, et des places Sainte-Anne et des Lices. La rue Saint-Georges a gardé de nombreuses maisons du XVIIe siècle. Au sud de la Vilaine, on rencontre quelques maisons à pans de bois sur la rue Vasselot. De nombreuses façades sont colorées ou sculptées tels les bustes polychromes en bois du XVIe siècle, en façade du 20, rue du Chapitre. Au XVIIIe siècle, ce type de maison n'était plus à la mode, et nombre de façades furent enduites. Des travaux de restauration entrepris par la ville au début des années 1980 ont permis de retrouver l'aspect originel de bon nombre de façades[226].
448
+
449
+ Le palais du Parlement de Bretagne, qui donna à Rennes son rôle de capitale de la province de Bretagne, fut longtemps l'un des rares bâtiments de pierres de la ville. Épargné par le grand incendie de 1720, il fut en partie détruit par les flammes plus de deux cents ans plus tard en 1994. La restauration dura dix ans et coûta 53 millions d'euros[226].
450
+
451
+ Le grand incendie de 1720 eut pour conséquence positive la réorganisation de la ville. De nombreux aménagements de style classique ont été bâtis, comme la mairie, réalisée en 1730 par Jacques Gabriel. Le modèle architectural du Parlement de Bretagne est repris à cette époque, avec la construction de bâtiments au rez-de-chaussée de granite et aux étages de pierre blanche. L'hôtel de Blossac qui accueille la Direction régionale des Affaires culturelles est construit sur ce modèle.
452
+
453
+ Le théâtre de la ville est inauguré en 1836 ; son concepteur, l'architecte Charles Millardet, reprit l'idée de la partie incurvée de l'hôtel de ville pour dessiner un bâtiment convexe. Le plafond peint par Jean-Julien Lemordant en 1913 représente une danse bretonne. À la même époque, le Palais du commerce, situé sur la place de la République, est édifié de 1885 à 1911 par les architectes communaux Jean-Baptiste Martenot, puis Emmanuel Le Ray, et décoré par Isidore Odorico. Ce bâtiment est actuellement utilisé par La Poste[227].
454
+
455
+ Au début du XXe siècle, la piscine municipale et bains publics Saint-Georges (1923-1926) est construite par l'architecte Emmanuel Le Ray et décorée par le mosaïste Isidore Odorico et par Gentil & Bourdet pour les décors de grès flammé. Il s'agit d’une des premières piscines chauffées de France. Elle est classée aux monuments historiques.
456
+
457
+ L'architecture contemporaine est aussi bien représentée à Rennes, avec dès 1968, l'édification du théâtre national de Bretagne ou TNB par les architectes Jacques Carlu, Michel Joly et Patrick Coué. Après trois ans de travaux de rénovation confiés à l’architecte Antoine Stinco, il rouvre en février 2008[228].
458
+
459
+ Bon nombre de bâtiments à l'architecture récente se trouvent autour de l'esplanade Charles-de-Gaulle, dans le quartier du Colombier :
460
+
461
+ On trouve de nombreux immeubles de grande hauteur à Rennes, principalement dans les secteurs urbains programmés dans les Trente Glorieuses : quartier de Cleunay (opération lancée en 1954), quartier de Bourg-l'Évesque (1959), quartier du Colombier (1962). On en trouve également dans les ZUP de Maurepas (construite entre 1956 et 1966), de Villejean (1962-1970) et du Blosne (1965-1983). Les immeubles de grande hauteur les plus remarquables de la ville sont :
462
+
463
+ La mission de valorisation touristique est confiée par Rennes Métropole à la société publique locale (SPL) « Destination Rennes » dont dépend l'office de tourisme (4 étoiles). Créé en 1909 et auparavant situé dans le centre historique, à la chapelle Saint-Yves, l'office est depuis 2019 localisé au couvent des Jacobins, afin de retrouver une place centrale dans la ville. Il accueille en moyenne 200 000 visiteurs chaque année. En 2014, 30 % des visiteurs sont étrangers, avec en tête les touristes espagnols, suivis des belges et des britanniques[232],[233].
464
+
465
+ Durant les années 1980, Rennes connait une scène musicale florissante, ses groupes, festivals (dont les Transmusicales) et cafés concerts ont fait d'elle une capitale du rock en France[244].
466
+
467
+ De nombreux artistes musicaux sont originaires de Rennes. Parmi ces artistes, on retrouve Billy ze Kick, Psykick Lyrikah, X Makeena, Étienne Daho, DJ Zebra, Marquis de Sade, Les Nus, Frank Darcel, Ubik, Dominic Sonic, Niagara, Shane Cough, Tagada Jones, Sloy, Candie Prune, Percubaba, The Wankin' Noodles, The Popopopops, Bartone, Bikini Machine, Columbine , Juveniles, AuDen, Success, Banane Metalik ou encore Monsieur Roux.
468
+
469
+ Pour la musique classique, l'Orchestre National de Bretagne est basé à Rennes.
470
+
471
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
472
+
473
+ La ville de Rennes compte six cinémas dont quatre au centre-ville. Deux sont à vocation Art et Essai : l'Arvor et le CinéTNB, ce dernier est rattaché au Théâtre National de Bretagne. Le Gaumont esplanade Charles-de-Gaulle, assure la programmation grand public, le Cinéville Colombier étant fermé depuis fin septembre 2019[253]. Deux cinémas associatifs et étudiants sont également présent, le Ciné-Tambour, à l'Université de Rennes 2, sur le campus de Villejean, propose environ un film par semaine tout comme l'association Cinémaniacs de l'Université de Rennes 1, à Beaulieu.
474
+
475
+ La métropole compte également d'autres cinémas qu'ils soient généralistes (Méga CGR à Cap Malo La Mézière, et depuis 2019 deux Cinéville à Bruz et Vern-sur-Seiche[254]) ou associatifs comme Le Sévigné à Cesson-Sévigné, l'Espérance à Chartres-de-Bretagne, le Triskell à Betton ou encore le Grand Logis à Bruz.
476
+
477
+ La galette de blé noir est une spécialité de Haute-Bretagne. De nombreuses crêperies parsèment ainsi les rues de Rennes, en particulier dans son centre historique.
478
+
479
+ La galette-saucisse, le parlementin de Rennes, la poule Coucou, le Petit-gris de Rennes (melon), le pommé rennais ou encore le cidre sont des spécialités du Pays de Rennes. Certaines de ses spécialités se retrouvent chaque samedi matin sur les nombreux étals du marché des Lices, aux côtés des spécialités de charcuterie[255].
480
+
481
+ En 2018, la ville compte deux restaurants étoilés au Guide Michelin[256].
482
+
483
+ Le breton a toujours été parlé à Rennes sans jamais y être majoritaire. Des toponymes anciens comme Gros-Malhon (Gourmaëlon, prince de Bretagne ; ancienne ruelle, actuelle avenue au nord de la ville) et Quineleu (la houssaie[Note 15] ; ancienne ferme puis ancien quartier au sud de la gare) attestent d’une présence ancienne du breton à Rennes[257]. La présence de Bretons venus de l’Ouest a maintenu cet usage au cours des siècles, attesté plus récemment par la présence d'un aumônier parlant breton dans les prisons de Rennes[258].
484
+
485
+ Bien que la ville se trouve en zone gallophone, la langue bretonne prend de plus en plus d’importance à Rennes. Ce regain d’intérêt culturel, qui s’inscrit dans une stratégie touristique dynamique, peut notamment s’observer par le développement de signalétiques en langue bretonne pour certaines rues ou monuments du centre-ville, et a fortiori sur celles à l’entrée de la ville où un panneau Roazhon apparaît sous celui de Rennes (à l’instar de la ville de Nantes).
486
+
487
+ Les femmes du pays de Rennes étaient coiffées de la catiole, appelée aussi « grande coiffe » qui fut d’abord très grande. La catiole de Rennes, sans changer de forme eut d’abord des proportions monumentales sous Louis-Philippe et jusque vers 1860. De toile, de lin ou de mousseline, elle pouvait déployer une envergure de 1,50 m. Vers 1890, elle est en voie de disparition et remplacée par des coiffes plus discrètes (bonnet, poupette ou polka)[259].
488
+
489
+ Le regain d'intérêt pour la culture bretonne s’exerce également par l'essor de l’enseignement bilingue français/breton, recoupant parfois des clivages socioculturels (attirance notable des classes moyennes supérieures pour l'enseignement privé bretonnant par rapport à l'enseignement public). À la rentrée 2016, 768 élèves étaient scolarisés à l’école Diwan et dans les filières bilingues publiques et catholiques (soit 3,2 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire)[260]. Elle est ainsi la première ville par nombre d’enfants scolarisés et par nombre d’apprenants en cours du soir[261].
490
+
491
+ Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996, et rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées pour tenter de définir et d’enrichir l’identité de Rennes, à travers des réflexions, propositions et actions qui prétendent valoriser la culture bretonne. Il est présidé par Martial Gabillard, conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes[Passage à actualiser]. Lena Louarn et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le Festival Yaouank et de la signalisation bilingue/trilingue[262].
492
+
493
+ L’adhésion à la charte Ya d’ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le 17 décembre 2007. Le 24 janvier 2008 a été remis à la commune le label Ya d’ar brezhoneg de niveau 1. Le 4 février 2014 Mme Apperé, maire de Rennes, a signé le niveau 2 de la charte Ya d'ar brezhoneg avec pour objectif l'obtention du label de niveau 2 en 2017[Passage à actualiser].
494
+
495
+ Fronton d’un hôtel particulier de la rue Gambetta : « er bloazvez 1878 ».
496
+
497
+ Linteau de la porte d’une maison construite par l’architecte Frédéric Jobbé-Duval : « ty nevez croguen ».
498
+
499
+ Fronton de la même maison : « F. Jobbé Duval maestr an uffr. Er bloaz 1880 ».
500
+
501
+ Cette liste n'est pas exhaustive :
502
+
503
+ Selon la base Léonore, 1 077 personnes dont sept femmes nées à Rennes et décédées avant 1977 ont reçu la Légion d'honneur[270].
504
+
505
+ Cette liste n’est pas exhaustive :
506
+
507
+ Bien que de nombreux auteurs y ont vécu ou séjourné, rares sont les œuvres qui ont pour cadre Rennes.
508
+
509
+ Unités ayant tenu garnison à Rennes, principalement durant la première moitié du XXe siècle :
510
+
511
+ Le blason de Rennes se blasonne ainsi :
512
+
513
+ « Palé d’argent et de sable de six pièces, au chef d’argent chargé de cinq mouchetures d’hermine de sable. »
514
+
515
+ Le nombre de pals et de mouchetures d’hermine a varié selon l’époque et la source. La Croix de guerre est appendue à l’écu qui est timbré d’une couronne murale d’or.
516
+
517
+
518
+
519
+
520
+
521
+ Pendant le 1er Empire, Rennes devient une bonne ville et adopte en 1811 de nouvelles armoiries :
522
+
523
+ « d'hermine, au chef de gueules chargé de trois abeilles d’or qui est le signe des bonnes villes de l’Empire. »
524
+
525
+ Elle conserve ces armoiries jusqu’à la Restauration en 1815[274].
526
+
527
+
528
+
529
+ Le blason est repris par le mobilier urbain et par des édifices publics, privés ou religieux de la ville ou d’ailleurs.
530
+
531
+ Lanterne de l’Opéra.
532
+
533
+ Lampadaire place de la Mairie.
534
+
535
+ Fontaine.
536
+
537
+ Poteau d'octroi.
538
+
539
+ Fronton du beffroi de l’hôtel de ville.
540
+
541
+ Lycée Émile-Zola.
542
+
543
+ École Contour-Saint-Aubin.
544
+
545
+ Palais du Commerce.
546
+
547
+ Ancien hôtel des Nétumières.
548
+
549
+ Église Saint-Aubin-en-Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle.
550
+
551
+ Siège du Crédit lyonnais à Paris.
552
+
553
+ La Sorbonne à Paris.
554
+
555
+ Logotype de la Ville de Rennes : R de Rennes en hachures blanches et vertes, sous lequel est écrit en capitales noires « RENNES » dont les jambes des deux N sont fusionnées.
556
+
557
+ L'ancien logo de l'office public d’HLM de Rennes est une déclinaison du logo de la ville de Rennes.
558
+
559
+
560
+
561
+ La plus ancienne mention connue d'un drapeau rennais (début XVIe siècle) montre l'écu municipal (palé d'argent et de sable de six pièces, au chef d'argent chargé de trois mouchetures d'hermine de sable) sur un fond jaune bistre[275]. Plus récemment, diverses variantes ont été utilisées, tant par la municipalité que d'autres organismes rennais. Le dessin ci-contre est le plus courant. Certains pensent que Morvan Marchal s'en est inspiré pour créer le Gwenn-ha-du. Un autre dessin est utilisé par le Bleuñ-Brug du Finistère et semble provenir de la marque du Cercle celtique de Rennes. Une version qui présente l'écu basculé a été reprise par le bagad de Vern-sur-Seiche.
562
+
563
+ Un drapeau blanc semé d'hermines noires avec les armoiries de la ville au centre a été utilisé sur la mairie de Rennes à l’époque contemporaine[276].
564
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Pierre-Auguste Renoir dit Auguste Renoir, né à Limoges (Haute-Vienne) le 25 février 1841 et mort au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre 1919, est l'un des plus célèbres peintres français.
4
+
5
+ Membre à part entière du groupe impressionniste, il évolue dans les années 1880 vers un style plus réaliste sous l'influence de Raphaël[1]. Il a été peintre de nus, de portraits, paysages, marines, natures mortes et scènes de genre. Il a aussi été pastelliste, graveur, lithographe, sculpteur et dessinateur.
6
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7
+ Peintre figuratif plus intéressé par la peinture de portraits et de nus féminins que par celle des paysages, il a élaboré une façon de peindre originale, qui transcende ses premières influences (Fragonard, Courbet, Monet, puis la fresque italienne).
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+ Pendant environ soixante ans, le peintre estime avoir réalisé à peu près quatre mille tableaux[2],[3].
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+ Pierre-Auguste Renoir, dit Auguste Renoir, est né à Limoges, au no 71 de l'actuel boulevard Gambetta, ancien boulevard Sainte-Catherine, le 25 février 1841. Il est le sixième de sept enfants, issu d'une famille ouvrière. Son père, Léonard Renoir (1799-1874[4]) est tailleur, sa mère, Marguerite Merlet (1807-1896) est couturière. La famille vit alors assez pauvrement. En 1844, la famille Renoir quitte Limoges pour Paris, où le père espère améliorer sa situation. Ils s'installent au 16 rue de la Bibliothèque mais doivent déménager en 1855 au 23 rue d'Argenteuil. Pierre-Auguste y suit sa scolarité[5].
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+ À l’âge de 13 ans, il entre comme apprenti à l’atelier de porcelaine Lévy Frères & Compagnie pour y faire la décoration des pièces. Dans le même temps, il fréquente les cours du soir de l’École de dessin et d’arts décoratifs jusqu’en 1862. À cette période, il suit des cours de musique avec Charles Gounod qui remarque cet élève intelligent et doué[6].
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+ En 1858 à l’âge de 17 ans, pour gagner sa vie, il peint des éventails et colorie des armoiries pour son frère Henri, graveur en héraldique. En 1862, Renoir réussit le concours d'entrée à l’École des beaux-arts de Paris et entre dans l’atelier de Charles Gleyre, où il rencontre Claude Monet, Frédéric Bazille et Alfred Sisley. Une solide amitié se noue entre les quatre jeunes gens qui vont souvent peindre en plein air dans la forêt de Fontainebleau[7].
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+ Ses relations avec Gleyre finissent par se déteriorer peu à peu et lorsque ce dernier prend sa retraite en 1864, Renoir quitte les Beaux-Arts. Cependant, alors que la première œuvre qu’il expose au salon (l’Esméralda 1864) connaît un véritable succès, après l’exposition, il la détruit. Les œuvres de cette période sont marquées par l'influence d'Ingres et de Dehodencq dans les portraits, de Gustave Courbet (particulièrement dans les natures mortes), mais aussi d'Eugène Delacroix, à qui il emprunte certains thèmes (les femmes orientales, par exemple). En 1865, sont acceptés par le Salon : Portrait de William Sisley et Soirée d'été, une toile considérée comme perdue [8],[9]. Un modèle important à cette époque pour lui est sa maîtresse Lise Tréhot : elle a posé pour le tableau Lise à l'ombrelle (1867), qui, exposé au salon de 1868, a suscité les commentaires élogieux d'un jeune critique, nommé Émile Zola. Mais en général, les critiques sont plutôt mauvaises, et de nombreuses caricatures paraissent dans la presse, telles celles de Bertall[10].
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+ Deux enfants sont nés de sa liaison avec Lise Tréhot (1848-1922)[11] : Pierre né à Ville-d'Avray, le 14 septembre 1868, mort en nourrice le 5 octobre suivant à Champeau-en-Morvan[12], et Jeanne Marguerite, née à Paris 10e le 21 juillet 1870 et morte le 8 juin 1934, inhumée à Sainte-Marguerite-de-Carrouges[13].
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+ Le séjour que Renoir fait avec Monet à la Grenouillère (établissement de bains sur l'île de Croissy-sur-Seine, lieu très populaire et un peu « canaille » selon les guides de l'époque) est décisif dans sa carrière. Il peint véritablement en plein-air, ce qui change sa palette, et fragmente sa touche (moins que Monet qui va plus loin dans ce domaine).
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+ Il apprend à rendre les effets de la lumière, et à ne plus utiliser le noir pour les ombres. Dès lors, commence la période impressionniste de Renoir. Monet préfère peindre les paysages, et Renoir préfère peindre les personnages. Pour les mêmes scènes de La Grenouillère, Renoir adopte un point de vue plus rapproché qui lui permet de donner une plus grande importance aux figures[10]. Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Renoir est mobilisé et affecté à la cavalerie à Bordeaux puis à Tarbes. Tombé gravement malade, il est hospitalisé à Bordeaux avant d'être démobilisé en mars 1871 et de rentrer à Paris où il apprend la mort de Frédéric Bazille[14]. En mars 1872, Renoir rencontre le marchand d'art Paul Durand-Ruel[15]. En septembre 1873, il quitte son studio de la rue Notre-Dame-des-Champs pour un atelier plus grand rue Saint-Georges. En 1876, il loue un modeste atelier au no 12 rue Cortot (devenu en 1960 musée de Montmartre)[16].
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+ Il expose avec les Impressionnistes dès la Première exposition des peintres impressionnistes 1874 [17] et celle de 1878[18] et réalise son chef-d'œuvre : le Bal du moulin de la Galette, à Montmartre, en 1877[19]. Le tableau est acheté par Gustave Caillebotte, membre et mécène du groupe. Cette toile ambitieuse (par son format d'abord, 1,30 m × 1,70 m) est caractéristique du style et des recherches de l'artiste durant la décennie 1870 : touche fluide et colorée, ombres colorées, non-usage du noir, effets de textures, jeu de lumière qui filtre à travers les feuillages, les nuages, goût pour les scènes de la vie populaire parisienne, pour des modèles de son entourage (des amis, des gens de la « bohème » de Montmartre). Pour les nus, il fait d'abord appel à des modèles professionnels puis à des jeunes femmes qu'il rencontre parfois dans la rue et qu'il paye en leur offrant le portrait, des fleurs ou des chapeaux à la mode[10].
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27
+ Autour de 1880, Renoir est en pleine misère : il n'arrive pas à vendre ses tableaux et la critique est souvent mauvaise ; il décide de ne plus exposer avec ses amis impressionnistes mais de revenir au Salon officiel, seule voie possible vers le succès. Il n'expose d'abord qu'une seule toile au Salon de 1878 intitulée Le Café[20]. De fait, grâce à des commandes de portraits prestigieux - comme celui de Madame Charpentier et ses enfants en 1878 - il se fait connaître et obtient de plus en plus de commandes. Son art devient plus affirmé, il recherche davantage les effets de lignes, les contrastes marqués, les contours soulignés, comme dans le fameux Déjeuner des canotiers peint de 1880 à 1881[21], même si le thème reste proche de ses œuvres de la décennie 1870. On peut apercevoir dans ce tableau son nouveau modèle, Aline Charigot, sa maîtresse qui devient sa femme en 1890, et qui lui donne trois autres enfants, après Pierre et Jeanne nés de Lise Tréhot, Pierre Renoir (acteur), Jean Renoir, le cinéaste, et Claude Renoir dit « Coco » (céramiste). Les trois danses (Danse à Bougival (en), Musée des beaux-arts de Boston ; Danse à la ville et Danse à la campagne, Musée d'Orsay, vers 1883) témoignent aussi de cette évolution.
28
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+ C'est en 1880 que le peintre Frédérique Heyne met au monde une fille, Lucienne Marie, dont elle attribuera la paternité à Auguste Renoir. Cette dernière sera également peintre sous le nom de Lucienne Bisson[22].
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+ Entre 1881 et 1883, Renoir effectue de nombreux voyages qui le mènent dans le sud de la France (à l'Estaque, où il rend visite à Paul Cézanne), en Afrique du Nord où il réalise de nombreux paysages, et en Italie. C'est là-bas que se cristallise l'évolution amorcée dès 1880. Au contact surtout des œuvres de Raphaël, (les Stanze du Vatican), Renoir sent qu'il est arrivé au bout de l'impressionnisme, qu'il est dans une impasse, désormais il veut faire un art plus intemporel, et plus « sérieux » ; il a l'impression de ne pas savoir dessiner. Il entre alors dans la période dite ingresque ou Aigre, qui culmine en 1887 lorsqu'il présente ses fameuses Grandes Baigneuses à Paris. Les contours de ses personnages deviennent plus précis.
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+ Il dessine les formes avec plus de rigueur, les couleurs se font plus froides, plus acides, ce qui indigne le critique Joris-Karl Huysmans : « Allons, bon ! Encore un qui est pris par le bromure de Raphaël ! »[23]. Sa peinture qui marque un retour vers le classicisme est plus influencée aussi par l'art ancien (notamment par un bas-relief de François Girardon à Versailles pour les Baigneuses)[10].
34
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35
+ Lorsqu'il devient à nouveau père d’un petit Pierre (1885), Renoir abandonne ses œuvres en cours pour se consacrer à des toiles sur la maternité.
36
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+ La réception des Grandes Baigneuses est très mauvaise, l'avant-garde (Camille Pissarro notamment) trouve qu'il s'est égaré, et les milieux académiques ne s'y retrouvent pas non plus. Le marchand d'art Paul Durand-Ruel lui demande plusieurs fois de renoncer à cette nouvelle manière.
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39
+ Aline, la future Madame Renoir, le convainc de découvrir, en 1888, son village natal : Essoyes. Il écrit alors à son amie Berthe Morisot : « Je suis en train de paysanner en Champagne pour fuir les modèles coûteux de Paris. Je fais des blanchisseuses ou plutôt des laveuses au bord de la rivière. ».
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+ De 1890 à 1900, Renoir change de nouveau son style. Ce n'est plus du pur impressionnisme ni le style de la période ingresque, mais un mélange des deux. Il conserve les sujets d'Ingres mais reprend la fluidité des traits. La première œuvre de cette période, les Jeunes filles au piano (1892), est acquise par l'État français pour être exposée au musée du Luxembourg. En 1894, Renoir est de nouveau père d'un petit Jean[24] et reprend ses œuvres de maternité. La jeune femme qui s'occupera de Jean puis Claude, Gabrielle Renard, devient un de ses fréquents modèles[25] et sa muse.
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+ Alors que Renoir habite depuis 1889 dans le pavillon surnommé le « Château des Brouillards » au no 13 rue Girardon, il devient propriétaire pour la première fois de sa vie en achetant, en 1896, une maison à Essoyes, devenue l'atelier Renoir. Ainsi, la famille Renoir se retrouve tous les étés, jusqu'au décès du peintre en 1919. Essoyes sera le rendez-vous des jeux de plein air, des pique-niques, pêches, baignades aussi bien en famille qu'entre amis, Julie Manet notamment en parle dans son journal.
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+ Cette décennie, celle de la maturité, est aussi celle de la consécration. Ses tableaux se vendent bien (notamment par les marchands d'art Ambroise Vollard et Paul Durand-Ruel), la critique, dont l'animateur de La Revue blanche, Thadée Natanson, commence à accepter et à apprécier son style, et les milieux officiels le reconnaissent également, les Jeunes filles au piano sont achetées par l'État, on lui propose la Légion d'honneur, qu'il refuse d'abord puis accepte plus tard. En 1897, lors d'une mauvaise chute de bicyclette près d'Essoyes, il se fracture le bras droit[26]. Cette chute est considérée comme responsable, du moins partiellement, de la dégradation ultérieure de sa santé. Des rhumatismes déformants l'obligeront progressivement, vers 1905, à renoncer à marcher[25]. Il se rend à l'enterrement d'Alfred Sisley au cimetière de Moret-sur-Loing le 1er février 1899, avec Monet, Adolphe Tavernier et Arsène Alexandre[27]. Il donne La Balayeuse, une huile sur toile peinte la même année, pour la vente organisée par Monet, le 1er mai 1899 à la galerie Georges Petit au profit des enfants de Sisley[28]. En 1900, Renoir est nommé chevalier de la Légion d'honneur, puis est promu officier en 1911[29].
46
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47
+ Comme le peintre Edgar Degas, les poètes José-Maria de Heredia et Pierre Louÿs, l'écrivain Jules Verne, le compositeur Vincent d'Indy, le grammairien Jules Lemaître, il adhère à la Ligue de la patrie française, ligue antidreyfusarde plutôt modérée[30],[31].
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+ En 1903, il s'installe avec sa famille à Cagnes-sur-Mer, le climat de la région devant être plus favorable à son état de santé. Après avoir connu plusieurs résidences dans le vieux village, Renoir fait l'acquisition du domaine des Collettes, sur un coteau à l'est de Cagnes, afin de sauver les vénérables oliviers dont il admire l'ombrage et qui sont menacés de destruction par un acheteur potentiel[32]. Aline Charigot y fait bâtir la dernière demeure de son époux, où il va passer ses derniers jours au soleil du Midi, bien protégé toutefois par son inséparable chapeau. Il y vit avec sa femme Aline et ses enfants, ainsi qu'avec des domestiques, souvent autant des amis, qui l'aident dans sa vie de tous les jours, lui préparent ses toiles et ses pinceaux. Les œuvres de cette période cagnoise sont essentiellement des portraits, des nus, des natures mortes et des scènes mythologiques. Ses toiles sont chatoyantes, sa matière picturale plus fluide, toute en transparence. Les corps féminins ronds et sensuels resplendissent de vie.
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+ Renoir est désormais une personnalité majeure du monde de l'art occidental, il expose partout en Europe et aux États-Unis, participe aux Salons d'automne à Paris. L'aisance matérielle qu'il acquiert ne lui fait pas perdre le sens des réalités et le goût des choses simples, il continue à peindre dans l'univers rustique du domaine des Collettes. Il essaie de nouvelles techniques, et en particulier s'adonne à la sculpture, incité par le marchand d'art Ambroise Vollard, alors même que ses mains sont déformées par la polyarthrite rhumatoïde. Ses ongles pénétrant dans la chair de ses paumes, des bandelettes de gaze talquées protègent ses mains (de là, la légende du pinceau attaché à sa main)[33].
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+ Malgré sa notoriété, Renoir n'aura qu'une seule élève, Jeanne Baudot, la fille de son médecin[réf. nécessaire]. Le peintre Lucien Mignon fut le proche ami de Renoir du temps de Cagnes-sur-Mer et fut influencé par son style[34].
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+ De 1913 à 1918, en collaboration avec Richard Guino, un jeune sculpteur d'origine catalane que lui présentent Aristide Maillol et Ambroise Vollard, il crée un ensemble de pièces majeures : Vénus Victrix, le Jugement de Pâris, la Grande Laveuse[35], le Forgeron[36].
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+ L'attribution de ces œuvres de collaboration fut révisée soixante ans après leur création, à l’issue d’un long procès initié en 1965 par Michel Guino, fils de Richard et sculpteur lui-même, qui a œuvré à la divulgation de l'œuvre de son père. Après une minutieuse analyse des pièces, des processus qui présidèrent à leur création et l’audition de nombreux artistes, la qualité de coauteur est reconnue à Richard Guino en 1971 par la troisième chambre civile du tribunal de Paris et définitivement établie par la Cour de cassation en 1973. L’historien d’art Paul Haesaerts précise dès 1947 dans Renoir sculpteur[37] : « Guino ne fut jamais simplement un acteur lisant un texte ou un musicien interprétant mécaniquement une partition […]. Guino était impliqué corps et âme dans l’acte créatif. On peut même affirmer avec certitude que s’il n’avait pas été là, les sculptures de Renoir n’auraient pas vu le jour. Guino était indispensable ». Le procès fait par le fils de Guino n'a pas été intenté « contre » Renoir, réduction véhiculée dans certains textes ou articles de journaux se référant à « l'affaire ». Il s'est agi de contribuer à dévoiler l'historique exceptionnel de ce processus de création pour rétablir l'apport original de Guino à l'œuvre sculpté, initialement occulté par Vollard. Un « praticien » sculpteur reproduit ou agrandit un modèle déjà existant. Guino, lui, fait une transposition de techniques : on passe de la peinture de Renoir à la sculpture de Guino, l'esprit de la peinture transparaît dans l'esprit de la sculpture. Transmutation avérée entre deux artistes. Le phénomène a pu s'accomplir grâce à leur amitié et intense communauté de vue. Le peintre à ses toiles et le sculpteur travaillant la glaise des Collettes. C'est ce point unique et rare qui caractérise cette œuvre.
58
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+ Après avoir interrompu sa collaboration avec Guino, il travaille avec le sculpteur Louis Morel (1887-1975), originaire d'Essoyes. Ensemble, ils réalisent les terres cuites, deux Danseuses et un Joueur de flûteau.
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+ Aline meurt en 1915, ses fils Pierre et Jean sont grièvement blessés durant la Première Guerre mondiale, mais en réchappent.
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+ Renoir continue, malgré tout, de peindre jusqu'à sa mort en 1919. Il aurait, sur son lit de mort, demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière, il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose[38]. »
64
+
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+ Le 3 décembre 1919, il s’éteint au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer, des suites d'une congestion pulmonaire[6], après avoir pu visiter une dernière fois le musée du Louvre et revoir ses œuvres des époques difficiles.
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+ Dans un premier temps, il est enterré avec son épouse dans le vieux cimetière du château de Nice et, deux ans et demi plus tard, le 7 juin 1922, les dépouilles du couple Renoir sont transférées dans le département de l'Aube où elles reposent désormais dans le cimetière d'Essoyes[39], comme l'avaient souhaité Renoir et son épouse. Depuis, Pierre et Jean, puis les cendres de Dido Renoir — seconde épouse de Jean — partagent sa sépulture.
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+ Ayant abandonné le paysage impressionniste au bénéfice de la représentation de l'être humain, il place la gaieté au cœur de ses toiles marquées par les conséquences du progrès sur la société, par la mise en scène du quotidien joyeux dans un cadre urbain ou bucolique, intime ou populaire, qui lui valut le surnom de « peintre du bonheur »[40].
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+ La peinture d'Auguste Renoir passe aujourd'hui pour la quintessence du « bon goût petit-bourgeois », comme ces « peintres décoratifs » et ces « peintres pour dames » réalisant des tableaux complaisants et stéréotypés, Renoir n'ayant pas toujours su éviter ce piège pour assurer sa subsistance. Citée en exemple, sa peinture illustre pour certains l'idée que le commun des mortels se fait de la beauté en art, ses toiles abordant des sujets simples ayant trait à la vie quotidienne, ses nus opulents et sensuels dégagent une certaine plénitude[41]. C'est oublier que cette peinture figurative jugée mièvre et réconfortante, évoquant la nostalgie d'un bonheur perdu, illustrant calendriers des postes et cartes postales [42], a été rejetée par le public et les critiques pendant plus de vingt ans. En 1876, le critique Albert Wolf écrit dans le Figaro:
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+ La même année l'artiste Bertall écrit dans Le Soir :
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+ Considérée par les collectionneurs de son temps comme inachevée, maladroite et bâclée, elle a, par la suite, été perçue comme totalement révolutionnaire car rompant avec les conventions de l'art officiel de l'époque. Cependant, le tournant opéré par Renoir vers 1890, lorsqu'il abandonne le plein air et renoue avec ses maîtres préférés, tels Jean-Honoré Fragonard, Raphaël ou François Boucher lui vaut d'être accusé de trahison par ses anciens compagnons impressionnistes qui lui reprochent de sacrifier à la peinture officielle des héritiers de Jacques-Louis David[44]. L'histoire de l'art considère pourtant que cette dernière période de Renoir marquée par un retour vers le classicisme a fortement inspiré une jeune génération d'artistes, tels que Picasso, Henri Matisse, Maurice Denis ou Pierre Bonnard[23],[45].
76
+
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+ Une cité scolaire, regroupant collège et lycée, porte son nom dans sa ville natale, Limoges, un autre à Cagnes-sur-Mer, où il est mort. Un collège est nommé Auguste et Jean Renoir à La Roche-sur-Yon. Un collège est nommé Pierre-Auguste-Renoir à Ferrières-en-Gâtinais. À Asnières-sur-Seine, le lycée public et le collège voisin portent son nom. Un collège est nommé Auguste Renoir à Chatou dans les Yvelines. À Angers, un collège-lycée porte le nom Auguste-et-Jean-Renoir. À Paris, un lycée d'arts appliqués porte également son nom.
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+
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+ Cette liste d'enchères est seulement indicative[46] :
80
+
81
+ Pierre-Auguste Renoir a peint pendant près de soixante ans. Peintre prolifique, il nous a laissé une œuvre considérable, nécessairement inégale. On recense dans celle-ci plus de 4 000 peintures, soit un nombre supérieur à celui des œuvres de Manet, Cézanne et Degas réunies. Parmi celles-ci, on peut citer :
82
+
83
+ Renoir a choisi une part importante de ses modèles parmi son entourage et ses relations :
84
+
85
+ « Villa des Arts, près l'avenue
86
+ De Clichy, peint Monsieur Renoir
87
+ Qui devant une épaule nue
88
+ Broie autre chose que du noir. »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ mars mai
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+ Avril est le quatrième mois des calendriers julien et grégorien. À l’origine, c’était le deuxième mois du calendrier romain.
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+ Son nom vient du latin aprilis, qui était le nom donné à ce mois par les Romains.
8
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9
+ Selon le poète Ovide[1], Aprilis est dédié à Vénus : « Nous voilà arrivés au quatrième mois où on t'honore particulièrement : tu sais, Vénus, que le poète[2] et le mois sont à toi. »[3] Il justifie cette attribution d'abord par la proximité avec Mars (le mois et le dieu) et par le fait que la gens Iulia, qui est notamment la gens de Jules César, prétendaient faire remonter les origines de leur famille à la déesse. Il ajoute que « Quirinus affirma toujours que Mars et Vénus étaient ses parents et il mérita d'être cru ; pour que ses descendants ne pussent l'ignorer, il voua aux dieux de sa famille deux mois successifs. »[4]. Ovide justifie l'étymologie grecque (Aphrodite) du mois par la forte présence grecque dans la Grande-Grèce.
10
+
11
+ Ovide récuse l'autre explication par le verbe aperire : « Quelle n'est pas la prétention des envieux ? Certains voudraient te ravir, ô Vénus, le patronage de ce mois et ils te jalousent. Comme le printemps ouvre alors toutes choses et que se dissipe l'âpreté du froid qui resserrait le sol, comme la terre fécondée ouvre son sein, ils disent qu'avril (aprilem) est ainsi appelé parce que c'est la bonne saison où tout est éclos (aperto tempore), mais la bonne Vénus met la main sur ce mois et le revendique. »[5].
12
+
13
+ Le dictionnaire Gaffiot[6], après avoir relevé son origine peu claire, rapproche aprilis de l'adjectif apricus (« exposé au soleil, qui aime le soleil, ensoleillé - clair, pur »).
14
+
15
+ Ce commencement de l’année (qui traduit le premier mois complet du printemps) survit au travers de la tradition païenne du poisson d'avril, fêtée le 1er avril. Cette célébration populaire est liée à l’ancienne détermination de la fête de Pâques qui a lieu le premier dimanche suivant la première pleine lune de printemps, et qui se produit pratiquement toujours en avril[réf. nécessaire] dans le calendrier julien des chrétiens orthodoxes et des traditions sémites (mais a lieu en fin mars environ une année sur trois dans le calendrier réformé grégorien des catholiques romains et des protestants).
16
+
17
+ Ces dictons traditionnels[7], parfois discutables, ne traduisent une réalité que pour les pays tempérés de l'hémisphère nord : « en avril, ne te découvre pas d’un fil ; en mai, fais ce qu’il te plaît ; en juin, tu te vêtiras d’un rien », « au mois d'avril, tout arbre a son bourgeon », « avril pluvieux et mai venteux ne rendent pas le paysan disetteux », « achète des chevaux, bœufs, vaches et brebis en avril »[8].
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+ Un journaliste est une personne qui recueille ou recherche, vérifie et écrit puis distribue des informations sur tout type de support média (presse écrite, radio, TV et les nouvelles technologies de l'information et de la communication du Web).
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+ Le métier de journaliste présente différentes facettes. Un journaliste peut travailler sur des sujets généraux ou se spécialiser dans certaines questions. La plupart des journalistes ont tendance à se spécialiser et, en collaborant avec d'autres journalistes, rédigent un article ou mettent en forme un reportage qui couvre l'actualité. Par exemple, un journaliste sportif couvre les nouvelles dans le monde du sport, mais ce journaliste peut aussi faire partie d'un journal qui couvre d'autres sujets.
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+ Le travail du journaliste consiste principalement à recueillir des informations puis écrire des articles ou publier des reportages (écrits, audio, photo ou vidéo), en consultant les dépêches des agences de presse et la documentation de son entreprise, en interrogeant des spécialistes ou des témoins, à qui il garantit la protection des sources d'information des journalistes.
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+ On utilise le terme de reporter quand il se déplace sur le terrain, de chroniqueur ou de rubricard quand ses articles sont spécialisés dans un domaine particulier et même de critique pour certains d'entre eux : littéraire, dramatique, cinéma, musical, d'art, gastronomique. Il est éditorialiste ou billettiste, s'il doit mettre en avant une opinion, le plus souvent celle de son entreprise. Lorsque le journaliste effectue des enquêtes longues et approfondies sur des sujets difficiles, il est journaliste d'investigation.
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+ Les secrétaires de rédaction, qui assurent un travail d'édition en relisant et réécrivant au besoin les articles, ont aussi le statut de journaliste professionnel, tout comme leur pendant dans l'audiovisuel, les chefs d'édition, ainsi que les présentateurs, photographes de presse, dessinateurs, iconographes, journalistes reporters d'image (« JRI ») et documentalistes de presse. La profession se décline ainsi sous de nombreuses facettes :
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+ Un correspondant de guerre en 1944.
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+ Des journalistes présents lors d'une conférence de presse de la présidente finlandaise Tarja Halonen et du président russe Vladimir Poutine en 2002.
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+ Des photojournalistes lors du Championnat du monde d'athlétisme 2013.
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+ Une journaliste interviewant Boris Johnson, alors maire de Londres, en 2014.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les articles L7111-3 à L7111-5 du Code du travail précisent qu'est « journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ». Ces publications peuvent être électroniques. Tout journaliste professionnel est couvert par la Convention collective nationale de travail des journalistes. Pour Rémy Rieffel, cette définition est assez floue, et même tautologique, et souligne que les limites de cette profession sont floues depuis son origine[1].
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27
+ L'exercice du journalisme est libre en France et n'est pas réservé aux journalistes professionnels. Il peut être exercé, par exemple, dans le cadre d'un média associatif ou autre, à but non lucratif et donc non enregistré à la Commission paritaire des publications et des agences de presse. Toutefois, ces journalistes-là ne bénéficient pas de la protection du statut de journaliste professionnel.
28
+
29
+ La loi Brachard, inspirée du rapport Brachard, a créé dès 1935 un statut de journaliste professionnel, qui accorde au moins un mois de salaire par année d'ancienneté en cas de licenciement et une clause de cession (démission avec les mêmes indemnités) en cas de changement d'actionnaire de l'entreprise de média. La loi Cressard a donné en 1974 les mêmes droits aux journalistes pigistes, rémunérés au prorata de la longueur des articles.
30
+
31
+ Qu'il soit mensualisé ou pigiste, le journaliste professionnel est salarié en contrat à durée indéterminée, comme le précise la loi Cressard de 1974: il vote aux élections professionnelles, est couvert par Convention collective nationale de travail des journalistes (CCNTJ) et obtient la carte de presse, si le journalisme lui apporte la majorité de ses revenus. La carte est attribuée, après une année probatoire, par la CCIJP, commission indépendante de professionnels élus par leurs pairs.
32
+
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+ Créé en 1934, l'allocation pour frais d'emploi des journalistes, composante marginale des aides à la presse en France, autorise à déduire 7 650 euros par an de son revenu imposable[2]. Ce montant, fixé en 1998 et non relevé depuis, a remplacé la déduction de 30 % supprimée en 1996.
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+ Les correspondants locaux de presse n'ont pas le statut de journaliste professionnel et ne sont pas couverts par la CCNTJ dans la mesure où leur fonction est exercée en complément d'une autre activité professionnelle.
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+ Cinq grandes commissions, réunissant des patrons de média et des syndicats de journalistes travaillent à la cogestion de la profession de journaliste, en vertu du paritarisme, des lois spécifiques à la profession (Loi Brachard, Loi Cressard), et de la Convention collective nationale de travail des journalistes :
38
+
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+ Les médias sont souvent qualifiés de quatrième pouvoir, par allusion aux trois pouvoirs constitutionnels, dans le processus de la formation de l'opinion publique et dans l'influence que la révélation de ces faits peut avoir dans les prises de position des citoyens. Les faits, analyses ou commentaires qu'ils rapportent sont porteurs de sens, par exemple dans le domaine de la politique, de l'économie ou de la culture. La couverture de ces domaines est définie collectivement par des rédactions, encadrées par les responsables nommés souvent par les propriétaires de ces médias d'où la revendication par les syndicats de journalistes pour obtenir l'indépendance des rédactions. Le SNJ, le SNJ-CGT, FO, la CFTC, et l'USJ CFDT ont rédigé à l'automne 2007 la pétition nationale[3] pour l'indépendance des rédactions[4], dans le sillage du combat mené par les journalistes des quotidiens économiques Les Échos et La Tribune, en 2007, lorsque LVMH a vendu la seconde pour racheter le premier[5].
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+
41
+ En France, en cas de désaccord avec la ligne éditoriale, le journaliste peut en théorie demander l'application de la clause de conscience, supervisée par la commission arbitrale, l'une des cinq grandes commissions qui cogèrent la profession, en vertu du paritarisme et des lois spécifiques à la profession. En pratique, la clause de conscience est très difficile à obtenir, la loi n'étant pas assez précise. Les syndicats de journalistes demandent que la ligne éditoriale respecte Charte de Munich, adoptée par la Fédération européenne des journalistes et référence européenne concernant la déontologie du journalisme, un texte qui distingue dix devoirs et cinq droits en reprenant les principes de la Charte des devoirs professionnels des journalistes français.
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+ Le journalisme et la presse sont apparus dans l'Antiquité. Par exemple, les procès romains étaient affichés sur les murs, tels des journaux. Dans la mythologie nordique, les corbeaux Hugin et Munin sont assis sur les épaules du dieu Odin et lui racontent les nouvelles du monde.
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+ Le métier de journaliste, longtemps réprimé par la censure royale s'est épanoui plus vite dans les pays anglo-saxons. En France, il devient un symbole de la liberté lors la Protestation des 44 journalistes du 26 juillet 1830, déclic et temps fort des Trois Glorieuses. Il a vu ses effectifs augmenter fortement à la fin du XIXe siècle mais n'est devenue une activité professionnelle vraiment reconnue que dans les années 1930, lorsqu'un consensus s'est dessiné après des révélations tardives sur l'affaire Arthur Raffalovitch[6], un scandale médiatico-financier lié aux emprunts russes, dont le placement massif auprès des épargnants français fut facilité par la corruption de nombreux médias.
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+
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+ Dans les années 2000, le web change la pratique journalistique. Il permet aux journalistes de s'exprimer différemment sur leurs blog avec des textes plus longs. Certains peuvent réaliser des reportages alors qu'ils n'ont pas le statut de journaliste[7]. Le web a donné les outils du journaliste aux citoyens[8].
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+
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+ En 2007, environ 37 000 personnes détiennent la carte de presse en France. Cette carte n’est pas une condition sine qua non pour être considéré comme journaliste[9].
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+ Dans les pays qui promeuvent la liberté de la presse, aucun diplôme n'est exigé pour exercer la profession de journaliste. Un stage dans un ou plusieurs médias peut toutefois être requis.
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+
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+ En principe, il est demandé au journaliste d'avoir conscience de ses responsabilités sociales et politiques vis-à-vis de la société (critère de déontologie), de posséder une pensée logique et analytique, de disposer de créativité ainsi que d'avoir le sens des contacts humains. Cependant les journalistes polyvalents tendent à devenir de moins en moins nombreux. Des connaissances techniques sont de plus en plus souvent nécessaires (quand elles ne sont pas exigées), en raison de la complexité croissante des sujets traités. Les journalistes intervenant sur des sujets « pointus » tels que les sciences, surtout dans la presse généraliste, ont rarement reçu une formation substantielle sur ces sujets ; un journaliste doit alors posséder une capacité à comprendre et à retranscrire en termes intelligibles par le plus grand nombre une information a priori « difficile », afin qu'elle ne demeure pas réservée à un cercle d'initiés[10].
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+
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+ En Afrique francophone, l'école supérieure de journalisme des métiers de l'internet et de la communication[11] est la première école de journalisme et de communication à intégrer de façon structurée les métiers du web dans son curriculum. Elle se veut, au-delà des offres de formation, un centre panafricain d'excellence et un lieu de réflexion sur les médias et la communication, à l'heure des technologies de l'information et de la communication (TIC), des médias en ligne et des réseaux sociaux.
56
+
57
+ Outre le cycle normal de formation, l'établissement offre aux professionnels africains en activité la possibilité de se recycler et de mettre à jour leurs connaissances dans le domaine très changeant du monde de l'internet, à travers des offres de formation continue.
58
+
59
+ L'établissement a été créé par un spécialiste des médias et de la communication (ancien journaliste de la BBC et de l'AFP ayant fait l'essentiel de sa carrière à l'international) qui s'est entouré d'universitaires et de jeunes experts férus de nouvelles technologies. Basée à Dakar au Sénégal, l'école proclame son intention de contribuer à la révolution numérique qui caractérise le XXIe siècle et de participer à la « redéfinition » des métiers du journalisme et de la communication, rendue impérative par la montée en puissance des technologies et de l'Internet, et notamment ce qu'il est désormais convenu d'appeler le web 2.0.
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+
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+ En Algérie, la formation des journalistes est assurée par les universités publiques (départements des sciences de l'Information) et certains organismes tels :
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63
+ Le métier est régi par la loi organique no 12-05 du 12 janvier 2012 relative à l'information[12].
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+ En Australie :
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+ Le statut de journaliste professionnel en Belgique est établi par la loi du 30 décembre 1963[14]. Les conditions précisées par la loi sont les suivantes :
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+ "Nul ne peut être admis à porter le titre de journaliste professionnel s’il ne remplit pas les conditions suivantes :
69
+
70
+ Le service public fédéral Intérieur belge délivre le titre de journaliste professionnel (et donc la carte de presse), sur avis de la Commission d'agréation officielle[15]. Cette commission est composée paritairement de journalistes professionnels et de directeurs de médias.
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+ Les journalistes en Belgique peuvent s'affilier à l'Association des Journalistes Professionnels[16], ou à son pendant néerlandophone le Vlaamse Vereniging van Journalisten[17].
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+ Le titre de journaliste professionnel en Belgique est réservé, selon les termes de la loi de 1963, aux journalistes qui exercent dans des médias consacrés à l'information généraliste. Cela exclut donc les journalistes qui exercent dans des médias spécialisés. Ceux-ci peuvent toutefois être reconnus comme "journalistes de profession" par l'Association des journalistes de presse périodique[18].
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+
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+ En Belgique, les écoles de formation au journalisme sont les suivantes :
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+
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+ En Bosnie-Herzégovine, l'École de journalisme de l'institut Mediaplan à Sarajevo.
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+
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+ En Bulgarie, la Faculté de journalisme et de communication de masse (FJCM) à Sofia.
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+
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+ En Chine, en 2014, un « examen idéologique » est mis en place par le Parti communiste chinois afin de « contrôler » l'ensemble des journalistes[21]. Ces derniers doivent connaître des règles essentielles, par exemple :
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+
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+ « Il est absolument interdit à des articles publiés de faire état de commentaires contredisant la ligne du parti communiste chinois[22]. »
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+
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+ Ou encore :
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+
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+ « la relation entre le parti et les médias est celle du dirigeant et du dirigé[22]. »
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+ La « liberté de la presse » est un des « sept périls » mis en avant par le Parti communiste chinois dans le document numéro 9[23],[24].
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+
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+ En France, l’accès au journalisme n’est pas subordonné à l’obtention d’un diplôme précis. Cependant, la Convention collective nationale de travail des journalistes affirme « l’intérêt des parties contractantes pour la formation professionnelle et souhaite que les débutants aient reçu un enseignement général et technique aussi complet que possible ».
93
+
94
+ De la sorte, le fait d’avoir satisfait à l’une des formations dites « reconnues par la profession » c'est-à-dire reconnues par la Commission paritaire nationale de l'emploi des journalistes (CPNEJ) - et d’être titulaire du diplôme de fin d’études - diminue de moitié la durée du stage de deux ans requis pour accéder au statut de journaliste titulaire.
95
+
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+ En 2013, les treize formations reconnues par la CPNEJ sont[25] :
97
+
98
+ D'autres formations, comme l'Institut supérieur de la communication, de la presse et de l'audiovisuel (ISCPA), institut des médias, présent à Lyon et Paris ou l'École supérieure de journalisme de Paris (ESJ Paris) notamment, créée en 1899 ne sont pas reconnues par la profession, via le dispositif prévu par la Convention collective nationale de travail des journalistes, en raison du choix pédagogique de ne pas assurer le nombre d'heures d'enseignement requis.
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+
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+ Au Maroc :
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+ Au Québec :
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+ En Suisse romande, les journalistes-stagiaires sont engagés durant deux ans auprès d'un média, tout en suivant neuf semaines de formation théorique au Centre romand de formation des journalistes (CRFJ). Les stagiaires passent ensuite un examen de fin de stage. Par ailleurs, au bout de deux ans de pratique journalistique, les candidats journalistes obtiennent le RP (registre professionnel) qui fait d'eux des journalistes professionnels.
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+
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+ L'Université de Fribourg, l'Université de Genève et l'Institut de journalisme et communication à Neuchâtel proposent aussi des cours dans le domaine du journalisme.
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+
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+ Les Écoles de Journalisme de Genève et de Lausanne, établissements dotés de journaux en ligne, encadrées par des professionnels de la presse et des médias délivrent des diplômes d'études supérieures de journalisme et de journaliste reporter d'images.
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+
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+ En France, l’article 20 de la loi du 12 juin 2009 (loi Hadopi) prévoit que les œuvres du journaliste peuvent être utilisées par le titre dans lequel il travaille sur tous les supports : papier, Internet, téléphones mobiles, etc. Pendant une période de référence, cette utilisation a pour seule contrepartie le salaire. Au-delà, une rémunération supplémentaire est due, déterminée par un accord collectif. Faute d’accord dans un délai fixé par la loi, une commission paritaire présidée par un haut magistrat peut proposer aux parties une solution, c'est la Commission des droits d'auteur des journalistes (CDAJ).
111
+
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+ Les syndicats d'employeurs y sont représentés de même que le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT, la CFTC et la CGC, et FO.
113
+
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+ La loi du 12 juin 2009 (loi Hadopi reprend le principe de trois cercles concentriques, selon que l'œuvre est utilisée pendant ou après la première publication, et à l'intérieur ou à l'extérieur du titre de la première publication. Ces trois cercles[26] vont ensuite inspirer la réforme du Code de la propriété intellectuelle (CPI). Le troisième cercle inclut deux sous-catégories, selon que l'œuvre est réutilisée dans un titre appartenant à la même « famille cohérente de presse » ou non :
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+ Les formes de pressions exercées sur les journalistes vont de la simple pression amicale à l'élimination physique. Elles ont pour but l'autocensure ou la manipulation de l'information afin de satisfaire les centres de pouvoir. Les formes de pression les plus courantes sont :
117
+
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+ En 2012, selon l'ONG Press Emblem Campaign, 141 journalistes ont été tués dans l'exercice de leur profession dans 29 pays. Parmi eux, 37 l'ont été en Syrie, 19 en Somalie, 12 au Pakistan, 11 au Mexique, 11 au Brésil et 6 en Honduras[46].
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+
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+ Le Comité pour la protection des journalistes, basé à New York, dénombre au moins 67 journalistes tués en 2012 tandis que l'Institut international de la presse (IPI), basé à Vienne, en a recensé 119 sur la même période[47],[48].
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+ Les journalistes enquêtant sur les questions environnementales sont les plus menacés après la couverture des zones de guerre[49].
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+ Le cinéma a souvent présenté des journalistes au travail[51]. C'est le cas dans les films suivants :
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+ La reproduction est un processus biologique qui permet la production de nouveaux organismes d'une espèce à partir d'individus préexistants de cette espèce. Avec la nutrition, c'est une des grandes fonctions partagées par tous les organismes vivants, assurant, selon une vision finaliste, la continuité de l'espèce qui, sans reproduction, meurt et s'éteint, mais la survie de l'espèce est un concept scientifique obsolète.
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+
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+ La reproduction peut être couplée à un système de dispersion dans l'espace. Il s'agit de systèmes permettant de coloniser de nouveaux biotopes, et d'augmenter les chances de survie des espèces.
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+ Pour certains auteurs, le terme reproduction serait à réserver à la seule reproduction sexuée[1],[2],[3]. Or, dans la littérature[4], le terme recouvre généralement la reproduction sexuée et la multiplication végétative appelée souvent reproduction asexuée.
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+
7
+ La reproduction, souvent considérée comme une évidence au sein du vivant, pose en fait des questions évolutives multiples. La fréquence relative des évènements de reproduction sexuée et asexuée varie en effet selon les espèces. Les biologistes observent en fait un continuum entre reproduction sexuée exclusive et reproduction asexuée exclusive, avec tous les intermédiaires possibles[5].
8
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+ Avec des variations dépendant du contexte, des individus, populations et espèces (de faune, flore, fonge ou bactéries), il existe un coût de reproduction[6], correspondant grossièrement aux ressources, énergétiques notamment, que l'individu ou l'espèce alloue à la reproduction. Ces coûts semblent jouer un rôle important dans les processus de sélection naturelle, qu'on peut par exemple analyser selon un modèle coût/avantage. Dans certains cas, les adultes meurent en quelque sorte « au profit » de leur progéniture après avoir produit un grand nombre d'œufs (les saumons après la ponte par exemple). Dans d'autres cas, comme les grands mammifères, les adultes produisent peu de petits, mais consacrent beaucoup d'énergie à les élever et les protéger, au moins dans les premiers temps de leur vie.
10
+
11
+ La reproduction sexuée est assurée par la fécondation, c'est-à-dire par fusion des gamètes mâle et femelle donnant un œuf (ou zygote)[7],[2],[3],[8]. Cette reproduction non à l'identique permet le maintien d'une diversité génétique au sein des populations, car elle assure le brassage génétique.
12
+
13
+ La reproduction asexuée[9],[10] (appelée aussi multiplication asexuée ou reproduction végétative) désigne tous les autres moyens de multiplication où n'interviennent ni gamète ni fécondation. Dans ce cas, le sexe des parents et des descendants[incompréhensible] reste identique, car seule la mitose assure la transmission de l'information génétique aux nouvelles cellules. C'est une forme de clonage naturel. Cependant, les descendants résultant de cette reproduction sont similaires, mais pas identiques à leur géniteur, car les mutations sont transmises par les cellules reproductrices d'une génération à l'autre et s'accumulent au cours du temps, donnant également une grande variabilité. Il n'y a donc pas de reproduction (à l'identique) de l'individu à strictement parler selon une vision fixiste qui imprègne encore la mentalité actuelle, mais uniquement une reproduction des gènes[11],[12].
14
+
15
+ La survie de l'espèce, sa pérennité ou sa continuité[13] sont des concepts scientifiques obsolètes, les espèces n'ayant pas de finalité biologique autre que celle de transmettre et de multiplier des gènes[14].
16
+
17
+ Les biologistes sont de plus en plus conduits à considérer que les individus ne sont pas une fin en soi, qu'ils ne se reproduisent pas pour assurer la pérennité de leur espèce, mais qu'ils « sont des artifices inventés par les gènes pour se reproduire » car la seule chose qui persiste au cours des temps, c'est l'information génétique[15].
18
+
19
+ Cette reproduction fait référence à la rencontre d'individus de types sexuels différents (mâle et femelle, MATa et MATα, + et -) ou, seulement de cellules de types différents. Elle n'implique pas forcément d'accouplement ou de copulation, car des organismes immobiles comme les plantes, les champignons, les moules, sont aussi capables de reproduction. La reproduction n'est partagée que par les espèces eucaryotes, ce qui permet chez elles le brassage génétique.
20
+
21
+ Dans une même espèce, les individus ont quasiment le même nombre de gènes (35 000 chez les humains par exemple). En revanche, les versions de ces gènes (les allèles) ne sont pas les mêmes. C'est pour cela que chaque individu est différent. Chez les espèces eucaryotes, la reproduction est l'occasion de brasser, ou de mélanger ces allèles entre deux individus, en général de sexes opposés. Cela produit une nouvelle combinaison d'allèles, donc un nouveau génome. Ceci permet l'évolution des populations, et si l'environnement venait à se modifier (réchauffement du climat, nouveau parasite…), ces nouvelles combinaisons pourront être favorisées par la sélection naturelle.
22
+
23
+ À chaque génération ou cycle de reproduction, on retrouve au niveau cellulaire les mêmes étapes :
24
+
25
+ « Dès lors, on peut se demander dans quelles conditions le sexe crée plus de génotypes avantageux qu'il n'en détruit. De plus, dans certains cas, la création de génotypes avantageux peut s'accompagner d'un coût (fardeau de recombinaison et de ségrégation[16] ».
26
+
27
+ On peut toutefois remarquer que :
28
+
29
+ Une reproduction faisant intervenir la méiose et la fécondation ne reproduit pas à l'identique le patrimoine génétique des parents. Un enfant n'a pas les combinaisons d'allèles que son père ou sa mère mais un mélange des deux.
30
+
31
+ La reproduction sexuée permet en effet la transmission des gènes d'une génération à l'autre mais en induisant de la variabilité génétique. C'est le brassage génétique qui permet une évolution de l'information génétique (indispensable à long terme pour permettre aux espèces de s'adapter par la sélection du milieu selon la vision évolutionniste de Darwin).
32
+
33
+ Il y a deux types de reproduction chez le phasme[17] :
34
+
35
+ La plupart des espèces connaissent cependant ces deux modes de reproduction.
36
+
37
+ L’escargot[19] est une espèce hermaphrodite, c'est-à-dire qu’il est à la fois mâle et femelle. Il possède des organes génitaux mâles et femelles, cependant les organes mâles arrivent à maturité en premier.  Il ne peut pas s’autoféconder, la fécondation doit être croisée : chaque reproducteur féconde ses gamètes femelles avec les gamètes mâles de son partenaire.
38
+
39
+ Durant les préludes amoureux, les deux escargots se titillent les antennes et se piquent mutuellement avec de fins dards en calcaire afin d’activer la sécrétion de sperme. Cependant certains spécimens envoient trop de coups, ce qui nuit à la santé et à la fertilité du partenaire.
40
+
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+ L’accouplement dure entre huit et douze heures. Environ dix jours plus tard, les deux géniteurs pondent chacun de leur côté après avoir creusé un trou dans de la terre meuble.
42
+
43
+ La reproduction permet d’assurer la survie des espèces au cours du temps. Aussi, certains événements ou certains facteurs du milieu qui agissent sur la reproduction vont avoir un impact sur la dynamique et le maintien des populations. Les espèces vont parfois même adopter des stratégies reproductives afin d’optimiser l’occupation d’un milieu.
44
+
45
+ La survie de l'espèce devant être assurée constamment, face à des environnements différents, l'évolution a sélectionné une variété de stratégies différentes[20]. En voici les deux descriptions extrêmes :
46
+
47
+ Par exemple, chez les vertébrés, l'élan a une stratégie K : peu de descendants, allaitement… En revanche, la grenouille est caractérisée par une stratégie R : beaucoup de descendants et de mortalité, aucun soin aux jeunes.
48
+
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+ La reproduction d'une espèce peut dépendre des variations de la population d'une autre espèce. C'est le cas des harfangs des neiges et des lemmings .
50
+
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+ Les lemmings jouent des rôles écologiques importants dans l’écosystème de l’Île Bylot. Ils sont les proies principales de plusieurs prédateurs comme le Harfang des neiges. Ils influencent également la végétation de la toundra en dispersant les graines et en ravageant les plantes par leur broutement intensif. La population de lemmings évolue de manière cyclique. Si les conditions sont bonnes, les lemmings peuvent se reproduire et avoir plusieurs portées par année. Ainsi, leur population augmente jusqu’à ce qu’il n’y ait plus suffisamment de plantes pour soutenir l’ensemble des individus de la population. À ce moment, la population décline, la végétation se régénère et le cycle reprend. Sur l’Île Bylot, l’intervalle de temps entre deux pics d’abondance dans la population de lemmings est de 3 à 4 ans[21].
52
+
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+ Le Harfang des neiges est un prédateur que l’on retrouve périodiquement sur l’Île Bylot. Le Harfang des neiges vit principalement dans les zones herbeuses et découvertes de la toundra arctique il se nourrit surtout de petits mammifères comme les lemmings. Bien que le Harfang des neiges soit reconnu comme étant un oiseau migrateur, ses mouvements migratoires sont très imprévisibles, influencés par les fluctuations dans l’abondance de sa proie principale, le lemming.[22]
54
+
55
+ Le harfang s'adapte aux variations du Lemmings. Comme le Harfang des neiges a de la difficulté à chasser d’autres mammifères arctiques, comme le Lièvre arctique (Lepus arcticus), sa reproduction est largement affectée par la fluctuation des populations de lemmings. La femelle pond un œuf tous les deux jours, ce qui fait que les oisillons éclosent avec le même intervalle. Le nid contient donc des jeunes de tailles très différentes. Si la quantité de proies ne permet pas de nourrir tous les oisillons, les plus jeunes et les plus petits ne peuvent pas se mesurer à leurs aînés et finissent par mourir de faim. En période d'abondance de nourriture, une femelle harfang pond jusqu'à douze œufs, contre seulement quatre quand les proies se font rares. Quand il y a trop peu de nourriture, les harfangs ne pondent pas du tout et, dans ce cas, les femelles ne construisent même pas de nid.[23]
56
+
57
+ Depuis 1946, l’utilisation des insecticides fait de produits organochlorés tel que le DDT, l’aldrine et la dieldrine est arrivé jusqu’aux faucons pèlerins.[24]
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+
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+ Elles ont engendré une perturbation sur la reproduction de ceux-ci, ce qui a entrainé une baisse d’œufs pondu de la part des faucons pèlerins, et une modification de l’épaisseur de la coquille des œufs qui s’est mise à diminuer depuis 1953 puis c’est stabilisé jusqu’en 1964 pour ensuite augmenter jusqu’en 1990 où l’épaisseur de la coquille repris son apparence et épaisseur normale.
60
+
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+ Ces insecticides augmentent également le taux des bébés faucons qui meurent ayant eu un contact très jeune avec ces produits[25].
62
+
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+ Après avoir passé plusieurs années en mer, les saumons adultes reviennent dans leurs rivières natales pour se reproduire : ce sont donc des poissons migrateurs. Ils naissent en eau douce, rejoignent la mer pour grandir et reviennent en rivière pour se reproduire.
64
+
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+ L’extinction du saumon atlantique met en évidence l’effet néfaste des barrages. Tout obstacle physique présent dans un cours d’eau peut perturber plus ou moins gravement les déplacements des poissons, notamment ceux vers les zones de reproduction[26].
66
+
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+ À partir du milieu des années 1990, les barrages sont aménagés avec création ou amélioration des dispositifs de franchissement (passes à poisson).
68
+
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+ Chez de nombreuses espèces, animales ou végétales, les organismes adultes (aptes à se reproduire) sont immobiles : plantes, champignons, huître, corail… Les systèmes de reproduction sont alors couplés à des systèmes de dispersion des jeunes organismes :
70
+
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+ Comme ces jeunes structures sont petites et légères, le transport est passif. Il est assuré par le vent, les courants d'eau, ou encore grâce à d'autres espèces.
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+
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+ Que ce soit pour la reproduction sexuée ou la multiplication végétative, l'hérédité n'est possible que si le support de l'information génétique (l'ADN) est dupliqué et transmis au nouvel organisme. Cela est possible dans tous les cas grâce à la réplication de l'ADN, qui précède généralement toute division cellulaire comme la mitose ou la méiose. Le mode de réplication de l'ADN est universel dans le monde vivant : c'est le mode semi-conservatif.
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+
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+ Le produit d'une reproduction réussie peut ne pas appartenir à la même espèce, stricto sensu. En effet, certaines espèces différenciées depuis peu de temps à l'échelle du temps restent assez voisines pour que la procréation sexuée reste possible, même si le produit (hybride) est rarement fertile. Le cas est bien connu :
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+ Le phénomène peut même prendre une extension spectaculaire, avec des variations importantes dans la structure génétique (modification importante dans le nombre et la structure des chromosomes) et la forme et les caractéristiques de l'hybride :
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+ La reproduction est un processus biologique qui permet la production de nouveaux organismes d'une espèce à partir d'individus préexistants de cette espèce. Avec la nutrition, c'est une des grandes fonctions partagées par tous les organismes vivants, assurant, selon une vision finaliste, la continuité de l'espèce qui, sans reproduction, meurt et s'éteint, mais la survie de l'espèce est un concept scientifique obsolète.
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+ La reproduction peut être couplée à un système de dispersion dans l'espace. Il s'agit de systèmes permettant de coloniser de nouveaux biotopes, et d'augmenter les chances de survie des espèces.
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5
+ Pour certains auteurs, le terme reproduction serait à réserver à la seule reproduction sexuée[1],[2],[3]. Or, dans la littérature[4], le terme recouvre généralement la reproduction sexuée et la multiplication végétative appelée souvent reproduction asexuée.
6
+
7
+ La reproduction, souvent considérée comme une évidence au sein du vivant, pose en fait des questions évolutives multiples. La fréquence relative des évènements de reproduction sexuée et asexuée varie en effet selon les espèces. Les biologistes observent en fait un continuum entre reproduction sexuée exclusive et reproduction asexuée exclusive, avec tous les intermédiaires possibles[5].
8
+
9
+ Avec des variations dépendant du contexte, des individus, populations et espèces (de faune, flore, fonge ou bactéries), il existe un coût de reproduction[6], correspondant grossièrement aux ressources, énergétiques notamment, que l'individu ou l'espèce alloue à la reproduction. Ces coûts semblent jouer un rôle important dans les processus de sélection naturelle, qu'on peut par exemple analyser selon un modèle coût/avantage. Dans certains cas, les adultes meurent en quelque sorte « au profit » de leur progéniture après avoir produit un grand nombre d'œufs (les saumons après la ponte par exemple). Dans d'autres cas, comme les grands mammifères, les adultes produisent peu de petits, mais consacrent beaucoup d'énergie à les élever et les protéger, au moins dans les premiers temps de leur vie.
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+
11
+ La reproduction sexuée est assurée par la fécondation, c'est-à-dire par fusion des gamètes mâle et femelle donnant un œuf (ou zygote)[7],[2],[3],[8]. Cette reproduction non à l'identique permet le maintien d'une diversité génétique au sein des populations, car elle assure le brassage génétique.
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13
+ La reproduction asexuée[9],[10] (appelée aussi multiplication asexuée ou reproduction végétative) désigne tous les autres moyens de multiplication où n'interviennent ni gamète ni fécondation. Dans ce cas, le sexe des parents et des descendants[incompréhensible] reste identique, car seule la mitose assure la transmission de l'information génétique aux nouvelles cellules. C'est une forme de clonage naturel. Cependant, les descendants résultant de cette reproduction sont similaires, mais pas identiques à leur géniteur, car les mutations sont transmises par les cellules reproductrices d'une génération à l'autre et s'accumulent au cours du temps, donnant également une grande variabilité. Il n'y a donc pas de reproduction (à l'identique) de l'individu à strictement parler selon une vision fixiste qui imprègne encore la mentalité actuelle, mais uniquement une reproduction des gènes[11],[12].
14
+
15
+ La survie de l'espèce, sa pérennité ou sa continuité[13] sont des concepts scientifiques obsolètes, les espèces n'ayant pas de finalité biologique autre que celle de transmettre et de multiplier des gènes[14].
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17
+ Les biologistes sont de plus en plus conduits à considérer que les individus ne sont pas une fin en soi, qu'ils ne se reproduisent pas pour assurer la pérennité de leur espèce, mais qu'ils « sont des artifices inventés par les gènes pour se reproduire » car la seule chose qui persiste au cours des temps, c'est l'information génétique[15].
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+
19
+ Cette reproduction fait référence à la rencontre d'individus de types sexuels différents (mâle et femelle, MATa et MATα, + et -) ou, seulement de cellules de types différents. Elle n'implique pas forcément d'accouplement ou de copulation, car des organismes immobiles comme les plantes, les champignons, les moules, sont aussi capables de reproduction. La reproduction n'est partagée que par les espèces eucaryotes, ce qui permet chez elles le brassage génétique.
20
+
21
+ Dans une même espèce, les individus ont quasiment le même nombre de gènes (35 000 chez les humains par exemple). En revanche, les versions de ces gènes (les allèles) ne sont pas les mêmes. C'est pour cela que chaque individu est différent. Chez les espèces eucaryotes, la reproduction est l'occasion de brasser, ou de mélanger ces allèles entre deux individus, en général de sexes opposés. Cela produit une nouvelle combinaison d'allèles, donc un nouveau génome. Ceci permet l'évolution des populations, et si l'environnement venait à se modifier (réchauffement du climat, nouveau parasite…), ces nouvelles combinaisons pourront être favorisées par la sélection naturelle.
22
+
23
+ À chaque génération ou cycle de reproduction, on retrouve au niveau cellulaire les mêmes étapes :
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25
+ « Dès lors, on peut se demander dans quelles conditions le sexe crée plus de génotypes avantageux qu'il n'en détruit. De plus, dans certains cas, la création de génotypes avantageux peut s'accompagner d'un coût (fardeau de recombinaison et de ségrégation[16] ».
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+
27
+ On peut toutefois remarquer que :
28
+
29
+ Une reproduction faisant intervenir la méiose et la fécondation ne reproduit pas à l'identique le patrimoine génétique des parents. Un enfant n'a pas les combinaisons d'allèles que son père ou sa mère mais un mélange des deux.
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+
31
+ La reproduction sexuée permet en effet la transmission des gènes d'une génération à l'autre mais en induisant de la variabilité génétique. C'est le brassage génétique qui permet une évolution de l'information génétique (indispensable à long terme pour permettre aux espèces de s'adapter par la sélection du milieu selon la vision évolutionniste de Darwin).
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+
33
+ Il y a deux types de reproduction chez le phasme[17] :
34
+
35
+ La plupart des espèces connaissent cependant ces deux modes de reproduction.
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37
+ L’escargot[19] est une espèce hermaphrodite, c'est-à-dire qu’il est à la fois mâle et femelle. Il possède des organes génitaux mâles et femelles, cependant les organes mâles arrivent à maturité en premier.  Il ne peut pas s’autoféconder, la fécondation doit être croisée : chaque reproducteur féconde ses gamètes femelles avec les gamètes mâles de son partenaire.
38
+
39
+ Durant les préludes amoureux, les deux escargots se titillent les antennes et se piquent mutuellement avec de fins dards en calcaire afin d’activer la sécrétion de sperme. Cependant certains spécimens envoient trop de coups, ce qui nuit à la santé et à la fertilité du partenaire.
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+
41
+ L’accouplement dure entre huit et douze heures. Environ dix jours plus tard, les deux géniteurs pondent chacun de leur côté après avoir creusé un trou dans de la terre meuble.
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43
+ La reproduction permet d’assurer la survie des espèces au cours du temps. Aussi, certains événements ou certains facteurs du milieu qui agissent sur la reproduction vont avoir un impact sur la dynamique et le maintien des populations. Les espèces vont parfois même adopter des stratégies reproductives afin d’optimiser l’occupation d’un milieu.
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45
+ La survie de l'espèce devant être assurée constamment, face à des environnements différents, l'évolution a sélectionné une variété de stratégies différentes[20]. En voici les deux descriptions extrêmes :
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+
47
+ Par exemple, chez les vertébrés, l'élan a une stratégie K : peu de descendants, allaitement… En revanche, la grenouille est caractérisée par une stratégie R : beaucoup de descendants et de mortalité, aucun soin aux jeunes.
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+ La reproduction d'une espèce peut dépendre des variations de la population d'une autre espèce. C'est le cas des harfangs des neiges et des lemmings .
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51
+ Les lemmings jouent des rôles écologiques importants dans l’écosystème de l’Île Bylot. Ils sont les proies principales de plusieurs prédateurs comme le Harfang des neiges. Ils influencent également la végétation de la toundra en dispersant les graines et en ravageant les plantes par leur broutement intensif. La population de lemmings évolue de manière cyclique. Si les conditions sont bonnes, les lemmings peuvent se reproduire et avoir plusieurs portées par année. Ainsi, leur population augmente jusqu’à ce qu’il n’y ait plus suffisamment de plantes pour soutenir l’ensemble des individus de la population. À ce moment, la population décline, la végétation se régénère et le cycle reprend. Sur l’Île Bylot, l’intervalle de temps entre deux pics d’abondance dans la population de lemmings est de 3 à 4 ans[21].
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+
53
+ Le Harfang des neiges est un prédateur que l’on retrouve périodiquement sur l’Île Bylot. Le Harfang des neiges vit principalement dans les zones herbeuses et découvertes de la toundra arctique il se nourrit surtout de petits mammifères comme les lemmings. Bien que le Harfang des neiges soit reconnu comme étant un oiseau migrateur, ses mouvements migratoires sont très imprévisibles, influencés par les fluctuations dans l’abondance de sa proie principale, le lemming.[22]
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+
55
+ Le harfang s'adapte aux variations du Lemmings. Comme le Harfang des neiges a de la difficulté à chasser d’autres mammifères arctiques, comme le Lièvre arctique (Lepus arcticus), sa reproduction est largement affectée par la fluctuation des populations de lemmings. La femelle pond un œuf tous les deux jours, ce qui fait que les oisillons éclosent avec le même intervalle. Le nid contient donc des jeunes de tailles très différentes. Si la quantité de proies ne permet pas de nourrir tous les oisillons, les plus jeunes et les plus petits ne peuvent pas se mesurer à leurs aînés et finissent par mourir de faim. En période d'abondance de nourriture, une femelle harfang pond jusqu'à douze œufs, contre seulement quatre quand les proies se font rares. Quand il y a trop peu de nourriture, les harfangs ne pondent pas du tout et, dans ce cas, les femelles ne construisent même pas de nid.[23]
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+
57
+ Depuis 1946, l’utilisation des insecticides fait de produits organochlorés tel que le DDT, l’aldrine et la dieldrine est arrivé jusqu’aux faucons pèlerins.[24]
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59
+ Elles ont engendré une perturbation sur la reproduction de ceux-ci, ce qui a entrainé une baisse d’œufs pondu de la part des faucons pèlerins, et une modification de l’épaisseur de la coquille des œufs qui s’est mise à diminuer depuis 1953 puis c’est stabilisé jusqu’en 1964 pour ensuite augmenter jusqu’en 1990 où l’épaisseur de la coquille repris son apparence et épaisseur normale.
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+ Ces insecticides augmentent également le taux des bébés faucons qui meurent ayant eu un contact très jeune avec ces produits[25].
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+ Après avoir passé plusieurs années en mer, les saumons adultes reviennent dans leurs rivières natales pour se reproduire : ce sont donc des poissons migrateurs. Ils naissent en eau douce, rejoignent la mer pour grandir et reviennent en rivière pour se reproduire.
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65
+ L’extinction du saumon atlantique met en évidence l’effet néfaste des barrages. Tout obstacle physique présent dans un cours d’eau peut perturber plus ou moins gravement les déplacements des poissons, notamment ceux vers les zones de reproduction[26].
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+ À partir du milieu des années 1990, les barrages sont aménagés avec création ou amélioration des dispositifs de franchissement (passes à poisson).
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+ Chez de nombreuses espèces, animales ou végétales, les organismes adultes (aptes à se reproduire) sont immobiles : plantes, champignons, huître, corail… Les systèmes de reproduction sont alors couplés à des systèmes de dispersion des jeunes organismes :
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71
+ Comme ces jeunes structures sont petites et légères, le transport est passif. Il est assuré par le vent, les courants d'eau, ou encore grâce à d'autres espèces.
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+ Que ce soit pour la reproduction sexuée ou la multiplication végétative, l'hérédité n'est possible que si le support de l'information génétique (l'ADN) est dupliqué et transmis au nouvel organisme. Cela est possible dans tous les cas grâce à la réplication de l'ADN, qui précède généralement toute division cellulaire comme la mitose ou la méiose. Le mode de réplication de l'ADN est universel dans le monde vivant : c'est le mode semi-conservatif.
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+
75
+ Le produit d'une reproduction réussie peut ne pas appartenir à la même espèce, stricto sensu. En effet, certaines espèces différenciées depuis peu de temps à l'échelle du temps restent assez voisines pour que la procréation sexuée reste possible, même si le produit (hybride) est rarement fertile. Le cas est bien connu :
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77
+ Le phénomène peut même prendre une extension spectaculaire, avec des variations importantes dans la structure génétique (modification importante dans le nombre et la structure des chromosomes) et la forme et les caractéristiques de l'hybride :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La reproduction est un processus biologique qui permet la production de nouveaux organismes d'une espèce à partir d'individus préexistants de cette espèce. Avec la nutrition, c'est une des grandes fonctions partagées par tous les organismes vivants, assurant, selon une vision finaliste, la continuité de l'espèce qui, sans reproduction, meurt et s'éteint, mais la survie de l'espèce est un concept scientifique obsolète.
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3
+ La reproduction peut être couplée à un système de dispersion dans l'espace. Il s'agit de systèmes permettant de coloniser de nouveaux biotopes, et d'augmenter les chances de survie des espèces.
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+ Pour certains auteurs, le terme reproduction serait à réserver à la seule reproduction sexuée[1],[2],[3]. Or, dans la littérature[4], le terme recouvre généralement la reproduction sexuée et la multiplication végétative appelée souvent reproduction asexuée.
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+ La reproduction, souvent considérée comme une évidence au sein du vivant, pose en fait des questions évolutives multiples. La fréquence relative des évènements de reproduction sexuée et asexuée varie en effet selon les espèces. Les biologistes observent en fait un continuum entre reproduction sexuée exclusive et reproduction asexuée exclusive, avec tous les intermédiaires possibles[5].
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+ Avec des variations dépendant du contexte, des individus, populations et espèces (de faune, flore, fonge ou bactéries), il existe un coût de reproduction[6], correspondant grossièrement aux ressources, énergétiques notamment, que l'individu ou l'espèce alloue à la reproduction. Ces coûts semblent jouer un rôle important dans les processus de sélection naturelle, qu'on peut par exemple analyser selon un modèle coût/avantage. Dans certains cas, les adultes meurent en quelque sorte « au profit » de leur progéniture après avoir produit un grand nombre d'œufs (les saumons après la ponte par exemple). Dans d'autres cas, comme les grands mammifères, les adultes produisent peu de petits, mais consacrent beaucoup d'énergie à les élever et les protéger, au moins dans les premiers temps de leur vie.
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+ La reproduction sexuée est assurée par la fécondation, c'est-à-dire par fusion des gamètes mâle et femelle donnant un œuf (ou zygote)[7],[2],[3],[8]. Cette reproduction non à l'identique permet le maintien d'une diversité génétique au sein des populations, car elle assure le brassage génétique.
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+ La reproduction asexuée[9],[10] (appelée aussi multiplication asexuée ou reproduction végétative) désigne tous les autres moyens de multiplication où n'interviennent ni gamète ni fécondation. Dans ce cas, le sexe des parents et des descendants[incompréhensible] reste identique, car seule la mitose assure la transmission de l'information génétique aux nouvelles cellules. C'est une forme de clonage naturel. Cependant, les descendants résultant de cette reproduction sont similaires, mais pas identiques à leur géniteur, car les mutations sont transmises par les cellules reproductrices d'une génération à l'autre et s'accumulent au cours du temps, donnant également une grande variabilité. Il n'y a donc pas de reproduction (à l'identique) de l'individu à strictement parler selon une vision fixiste qui imprègne encore la mentalité actuelle, mais uniquement une reproduction des gènes[11],[12].
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+ La survie de l'espèce, sa pérennité ou sa continuité[13] sont des concepts scientifiques obsolètes, les espèces n'ayant pas de finalité biologique autre que celle de transmettre et de multiplier des gènes[14].
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+ Les biologistes sont de plus en plus conduits à considérer que les individus ne sont pas une fin en soi, qu'ils ne se reproduisent pas pour assurer la pérennité de leur espèce, mais qu'ils « sont des artifices inventés par les gènes pour se reproduire » car la seule chose qui persiste au cours des temps, c'est l'information génétique[15].
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+ Cette reproduction fait référence à la rencontre d'individus de types sexuels différents (mâle et femelle, MATa et MATα, + et -) ou, seulement de cellules de types différents. Elle n'implique pas forcément d'accouplement ou de copulation, car des organismes immobiles comme les plantes, les champignons, les moules, sont aussi capables de reproduction. La reproduction n'est partagée que par les espèces eucaryotes, ce qui permet chez elles le brassage génétique.
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+ Dans une même espèce, les individus ont quasiment le même nombre de gènes (35 000 chez les humains par exemple). En revanche, les versions de ces gènes (les allèles) ne sont pas les mêmes. C'est pour cela que chaque individu est différent. Chez les espèces eucaryotes, la reproduction est l'occasion de brasser, ou de mélanger ces allèles entre deux individus, en général de sexes opposés. Cela produit une nouvelle combinaison d'allèles, donc un nouveau génome. Ceci permet l'évolution des populations, et si l'environnement venait à se modifier (réchauffement du climat, nouveau parasite…), ces nouvelles combinaisons pourront être favorisées par la sélection naturelle.
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+ À chaque génération ou cycle de reproduction, on retrouve au niveau cellulaire les mêmes étapes :
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+ « Dès lors, on peut se demander dans quelles conditions le sexe crée plus de génotypes avantageux qu'il n'en détruit. De plus, dans certains cas, la création de génotypes avantageux peut s'accompagner d'un coût (fardeau de recombinaison et de ségrégation[16] ».
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+ On peut toutefois remarquer que :
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+ Une reproduction faisant intervenir la méiose et la fécondation ne reproduit pas à l'identique le patrimoine génétique des parents. Un enfant n'a pas les combinaisons d'allèles que son père ou sa mère mais un mélange des deux.
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+ La reproduction sexuée permet en effet la transmission des gènes d'une génération à l'autre mais en induisant de la variabilité génétique. C'est le brassage génétique qui permet une évolution de l'information génétique (indispensable à long terme pour permettre aux espèces de s'adapter par la sélection du milieu selon la vision évolutionniste de Darwin).
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+ Il y a deux types de reproduction chez le phasme[17] :
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+ La plupart des espèces connaissent cependant ces deux modes de reproduction.
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+ L’escargot[19] est une espèce hermaphrodite, c'est-à-dire qu’il est à la fois mâle et femelle. Il possède des organes génitaux mâles et femelles, cependant les organes mâles arrivent à maturité en premier.  Il ne peut pas s’autoféconder, la fécondation doit être croisée : chaque reproducteur féconde ses gamètes femelles avec les gamètes mâles de son partenaire.
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+ Durant les préludes amoureux, les deux escargots se titillent les antennes et se piquent mutuellement avec de fins dards en calcaire afin d’activer la sécrétion de sperme. Cependant certains spécimens envoient trop de coups, ce qui nuit à la santé et à la fertilité du partenaire.
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+ L’accouplement dure entre huit et douze heures. Environ dix jours plus tard, les deux géniteurs pondent chacun de leur côté après avoir creusé un trou dans de la terre meuble.
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+ La reproduction permet d’assurer la survie des espèces au cours du temps. Aussi, certains événements ou certains facteurs du milieu qui agissent sur la reproduction vont avoir un impact sur la dynamique et le maintien des populations. Les espèces vont parfois même adopter des stratégies reproductives afin d’optimiser l’occupation d’un milieu.
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+ La survie de l'espèce devant être assurée constamment, face à des environnements différents, l'évolution a sélectionné une variété de stratégies différentes[20]. En voici les deux descriptions extrêmes :
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+ Par exemple, chez les vertébrés, l'élan a une stratégie K : peu de descendants, allaitement… En revanche, la grenouille est caractérisée par une stratégie R : beaucoup de descendants et de mortalité, aucun soin aux jeunes.
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+ La reproduction d'une espèce peut dépendre des variations de la population d'une autre espèce. C'est le cas des harfangs des neiges et des lemmings .
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+ Les lemmings jouent des rôles écologiques importants dans l’écosystème de l’Île Bylot. Ils sont les proies principales de plusieurs prédateurs comme le Harfang des neiges. Ils influencent également la végétation de la toundra en dispersant les graines et en ravageant les plantes par leur broutement intensif. La population de lemmings évolue de manière cyclique. Si les conditions sont bonnes, les lemmings peuvent se reproduire et avoir plusieurs portées par année. Ainsi, leur population augmente jusqu’à ce qu’il n’y ait plus suffisamment de plantes pour soutenir l’ensemble des individus de la population. À ce moment, la population décline, la végétation se régénère et le cycle reprend. Sur l’Île Bylot, l’intervalle de temps entre deux pics d’abondance dans la population de lemmings est de 3 à 4 ans[21].
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+ Le Harfang des neiges est un prédateur que l’on retrouve périodiquement sur l’Île Bylot. Le Harfang des neiges vit principalement dans les zones herbeuses et découvertes de la toundra arctique il se nourrit surtout de petits mammifères comme les lemmings. Bien que le Harfang des neiges soit reconnu comme étant un oiseau migrateur, ses mouvements migratoires sont très imprévisibles, influencés par les fluctuations dans l’abondance de sa proie principale, le lemming.[22]
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+ Le harfang s'adapte aux variations du Lemmings. Comme le Harfang des neiges a de la difficulté à chasser d’autres mammifères arctiques, comme le Lièvre arctique (Lepus arcticus), sa reproduction est largement affectée par la fluctuation des populations de lemmings. La femelle pond un œuf tous les deux jours, ce qui fait que les oisillons éclosent avec le même intervalle. Le nid contient donc des jeunes de tailles très différentes. Si la quantité de proies ne permet pas de nourrir tous les oisillons, les plus jeunes et les plus petits ne peuvent pas se mesurer à leurs aînés et finissent par mourir de faim. En période d'abondance de nourriture, une femelle harfang pond jusqu'à douze œufs, contre seulement quatre quand les proies se font rares. Quand il y a trop peu de nourriture, les harfangs ne pondent pas du tout et, dans ce cas, les femelles ne construisent même pas de nid.[23]
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+ Depuis 1946, l’utilisation des insecticides fait de produits organochlorés tel que le DDT, l’aldrine et la dieldrine est arrivé jusqu’aux faucons pèlerins.[24]
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+ Elles ont engendré une perturbation sur la reproduction de ceux-ci, ce qui a entrainé une baisse d’œufs pondu de la part des faucons pèlerins, et une modification de l’épaisseur de la coquille des œufs qui s’est mise à diminuer depuis 1953 puis c’est stabilisé jusqu’en 1964 pour ensuite augmenter jusqu’en 1990 où l’épaisseur de la coquille repris son apparence et épaisseur normale.
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+ Ces insecticides augmentent également le taux des bébés faucons qui meurent ayant eu un contact très jeune avec ces produits[25].
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+ Après avoir passé plusieurs années en mer, les saumons adultes reviennent dans leurs rivières natales pour se reproduire : ce sont donc des poissons migrateurs. Ils naissent en eau douce, rejoignent la mer pour grandir et reviennent en rivière pour se reproduire.
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+ L’extinction du saumon atlantique met en évidence l’effet néfaste des barrages. Tout obstacle physique présent dans un cours d’eau peut perturber plus ou moins gravement les déplacements des poissons, notamment ceux vers les zones de reproduction[26].
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+ À partir du milieu des années 1990, les barrages sont aménagés avec création ou amélioration des dispositifs de franchissement (passes à poisson).
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+ Chez de nombreuses espèces, animales ou végétales, les organismes adultes (aptes à se reproduire) sont immobiles : plantes, champignons, huître, corail… Les systèmes de reproduction sont alors couplés à des systèmes de dispersion des jeunes organismes :
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+ Comme ces jeunes structures sont petites et légères, le transport est passif. Il est assuré par le vent, les courants d'eau, ou encore grâce à d'autres espèces.
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+ Que ce soit pour la reproduction sexuée ou la multiplication végétative, l'hérédité n'est possible que si le support de l'information génétique (l'ADN) est dupliqué et transmis au nouvel organisme. Cela est possible dans tous les cas grâce à la réplication de l'ADN, qui précède généralement toute division cellulaire comme la mitose ou la méiose. Le mode de réplication de l'ADN est universel dans le monde vivant : c'est le mode semi-conservatif.
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+ Le produit d'une reproduction réussie peut ne pas appartenir à la même espèce, stricto sensu. En effet, certaines espèces différenciées depuis peu de temps à l'échelle du temps restent assez voisines pour que la procréation sexuée reste possible, même si le produit (hybride) est rarement fertile. Le cas est bien connu :
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+ Le phénomène peut même prendre une extension spectaculaire, avec des variations importantes dans la structure génétique (modification importante dans le nombre et la structure des chromosomes) et la forme et les caractéristiques de l'hybride :
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+ La reproduction est un processus biologique qui permet la production de nouveaux organismes d'une espèce à partir d'individus préexistants de cette espèce. Avec la nutrition, c'est une des grandes fonctions partagées par tous les organismes vivants, assurant, selon une vision finaliste, la continuité de l'espèce qui, sans reproduction, meurt et s'éteint, mais la survie de l'espèce est un concept scientifique obsolète.
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+ La reproduction peut être couplée à un système de dispersion dans l'espace. Il s'agit de systèmes permettant de coloniser de nouveaux biotopes, et d'augmenter les chances de survie des espèces.
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+ Pour certains auteurs, le terme reproduction serait à réserver à la seule reproduction sexuée[1],[2],[3]. Or, dans la littérature[4], le terme recouvre généralement la reproduction sexuée et la multiplication végétative appelée souvent reproduction asexuée.
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+ La reproduction, souvent considérée comme une évidence au sein du vivant, pose en fait des questions évolutives multiples. La fréquence relative des évènements de reproduction sexuée et asexuée varie en effet selon les espèces. Les biologistes observent en fait un continuum entre reproduction sexuée exclusive et reproduction asexuée exclusive, avec tous les intermédiaires possibles[5].
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+ Avec des variations dépendant du contexte, des individus, populations et espèces (de faune, flore, fonge ou bactéries), il existe un coût de reproduction[6], correspondant grossièrement aux ressources, énergétiques notamment, que l'individu ou l'espèce alloue à la reproduction. Ces coûts semblent jouer un rôle important dans les processus de sélection naturelle, qu'on peut par exemple analyser selon un modèle coût/avantage. Dans certains cas, les adultes meurent en quelque sorte « au profit » de leur progéniture après avoir produit un grand nombre d'œufs (les saumons après la ponte par exemple). Dans d'autres cas, comme les grands mammifères, les adultes produisent peu de petits, mais consacrent beaucoup d'énergie à les élever et les protéger, au moins dans les premiers temps de leur vie.
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+ La reproduction sexuée est assurée par la fécondation, c'est-à-dire par fusion des gamètes mâle et femelle donnant un œuf (ou zygote)[7],[2],[3],[8]. Cette reproduction non à l'identique permet le maintien d'une diversité génétique au sein des populations, car elle assure le brassage génétique.
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+ La reproduction asexuée[9],[10] (appelée aussi multiplication asexuée ou reproduction végétative) désigne tous les autres moyens de multiplication où n'interviennent ni gamète ni fécondation. Dans ce cas, le sexe des parents et des descendants[incompréhensible] reste identique, car seule la mitose assure la transmission de l'information génétique aux nouvelles cellules. C'est une forme de clonage naturel. Cependant, les descendants résultant de cette reproduction sont similaires, mais pas identiques à leur géniteur, car les mutations sont transmises par les cellules reproductrices d'une génération à l'autre et s'accumulent au cours du temps, donnant également une grande variabilité. Il n'y a donc pas de reproduction (à l'identique) de l'individu à strictement parler selon une vision fixiste qui imprègne encore la mentalité actuelle, mais uniquement une reproduction des gènes[11],[12].
14
+
15
+ La survie de l'espèce, sa pérennité ou sa continuité[13] sont des concepts scientifiques obsolètes, les espèces n'ayant pas de finalité biologique autre que celle de transmettre et de multiplier des gènes[14].
16
+
17
+ Les biologistes sont de plus en plus conduits à considérer que les individus ne sont pas une fin en soi, qu'ils ne se reproduisent pas pour assurer la pérennité de leur espèce, mais qu'ils « sont des artifices inventés par les gènes pour se reproduire » car la seule chose qui persiste au cours des temps, c'est l'information génétique[15].
18
+
19
+ Cette reproduction fait référence à la rencontre d'individus de types sexuels différents (mâle et femelle, MATa et MATα, + et -) ou, seulement de cellules de types différents. Elle n'implique pas forcément d'accouplement ou de copulation, car des organismes immobiles comme les plantes, les champignons, les moules, sont aussi capables de reproduction. La reproduction n'est partagée que par les espèces eucaryotes, ce qui permet chez elles le brassage génétique.
20
+
21
+ Dans une même espèce, les individus ont quasiment le même nombre de gènes (35 000 chez les humains par exemple). En revanche, les versions de ces gènes (les allèles) ne sont pas les mêmes. C'est pour cela que chaque individu est différent. Chez les espèces eucaryotes, la reproduction est l'occasion de brasser, ou de mélanger ces allèles entre deux individus, en général de sexes opposés. Cela produit une nouvelle combinaison d'allèles, donc un nouveau génome. Ceci permet l'évolution des populations, et si l'environnement venait à se modifier (réchauffement du climat, nouveau parasite…), ces nouvelles combinaisons pourront être favorisées par la sélection naturelle.
22
+
23
+ À chaque génération ou cycle de reproduction, on retrouve au niveau cellulaire les mêmes étapes :
24
+
25
+ « Dès lors, on peut se demander dans quelles conditions le sexe crée plus de génotypes avantageux qu'il n'en détruit. De plus, dans certains cas, la création de génotypes avantageux peut s'accompagner d'un coût (fardeau de recombinaison et de ségrégation[16] ».
26
+
27
+ On peut toutefois remarquer que :
28
+
29
+ Une reproduction faisant intervenir la méiose et la fécondation ne reproduit pas à l'identique le patrimoine génétique des parents. Un enfant n'a pas les combinaisons d'allèles que son père ou sa mère mais un mélange des deux.
30
+
31
+ La reproduction sexuée permet en effet la transmission des gènes d'une génération à l'autre mais en induisant de la variabilité génétique. C'est le brassage génétique qui permet une évolution de l'information génétique (indispensable à long terme pour permettre aux espèces de s'adapter par la sélection du milieu selon la vision évolutionniste de Darwin).
32
+
33
+ Il y a deux types de reproduction chez le phasme[17] :
34
+
35
+ La plupart des espèces connaissent cependant ces deux modes de reproduction.
36
+
37
+ L’escargot[19] est une espèce hermaphrodite, c'est-à-dire qu’il est à la fois mâle et femelle. Il possède des organes génitaux mâles et femelles, cependant les organes mâles arrivent à maturité en premier.  Il ne peut pas s’autoféconder, la fécondation doit être croisée : chaque reproducteur féconde ses gamètes femelles avec les gamètes mâles de son partenaire.
38
+
39
+ Durant les préludes amoureux, les deux escargots se titillent les antennes et se piquent mutuellement avec de fins dards en calcaire afin d’activer la sécrétion de sperme. Cependant certains spécimens envoient trop de coups, ce qui nuit à la santé et à la fertilité du partenaire.
40
+
41
+ L’accouplement dure entre huit et douze heures. Environ dix jours plus tard, les deux géniteurs pondent chacun de leur côté après avoir creusé un trou dans de la terre meuble.
42
+
43
+ La reproduction permet d’assurer la survie des espèces au cours du temps. Aussi, certains événements ou certains facteurs du milieu qui agissent sur la reproduction vont avoir un impact sur la dynamique et le maintien des populations. Les espèces vont parfois même adopter des stratégies reproductives afin d’optimiser l’occupation d’un milieu.
44
+
45
+ La survie de l'espèce devant être assurée constamment, face à des environnements différents, l'évolution a sélectionné une variété de stratégies différentes[20]. En voici les deux descriptions extrêmes :
46
+
47
+ Par exemple, chez les vertébrés, l'élan a une stratégie K : peu de descendants, allaitement… En revanche, la grenouille est caractérisée par une stratégie R : beaucoup de descendants et de mortalité, aucun soin aux jeunes.
48
+
49
+ La reproduction d'une espèce peut dépendre des variations de la population d'une autre espèce. C'est le cas des harfangs des neiges et des lemmings .
50
+
51
+ Les lemmings jouent des rôles écologiques importants dans l’écosystème de l’Île Bylot. Ils sont les proies principales de plusieurs prédateurs comme le Harfang des neiges. Ils influencent également la végétation de la toundra en dispersant les graines et en ravageant les plantes par leur broutement intensif. La population de lemmings évolue de manière cyclique. Si les conditions sont bonnes, les lemmings peuvent se reproduire et avoir plusieurs portées par année. Ainsi, leur population augmente jusqu’à ce qu’il n’y ait plus suffisamment de plantes pour soutenir l’ensemble des individus de la population. À ce moment, la population décline, la végétation se régénère et le cycle reprend. Sur l’Île Bylot, l’intervalle de temps entre deux pics d’abondance dans la population de lemmings est de 3 à 4 ans[21].
52
+
53
+ Le Harfang des neiges est un prédateur que l’on retrouve périodiquement sur l’Île Bylot. Le Harfang des neiges vit principalement dans les zones herbeuses et découvertes de la toundra arctique il se nourrit surtout de petits mammifères comme les lemmings. Bien que le Harfang des neiges soit reconnu comme étant un oiseau migrateur, ses mouvements migratoires sont très imprévisibles, influencés par les fluctuations dans l’abondance de sa proie principale, le lemming.[22]
54
+
55
+ Le harfang s'adapte aux variations du Lemmings. Comme le Harfang des neiges a de la difficulté à chasser d’autres mammifères arctiques, comme le Lièvre arctique (Lepus arcticus), sa reproduction est largement affectée par la fluctuation des populations de lemmings. La femelle pond un œuf tous les deux jours, ce qui fait que les oisillons éclosent avec le même intervalle. Le nid contient donc des jeunes de tailles très différentes. Si la quantité de proies ne permet pas de nourrir tous les oisillons, les plus jeunes et les plus petits ne peuvent pas se mesurer à leurs aînés et finissent par mourir de faim. En période d'abondance de nourriture, une femelle harfang pond jusqu'à douze œufs, contre seulement quatre quand les proies se font rares. Quand il y a trop peu de nourriture, les harfangs ne pondent pas du tout et, dans ce cas, les femelles ne construisent même pas de nid.[23]
56
+
57
+ Depuis 1946, l’utilisation des insecticides fait de produits organochlorés tel que le DDT, l’aldrine et la dieldrine est arrivé jusqu’aux faucons pèlerins.[24]
58
+
59
+ Elles ont engendré une perturbation sur la reproduction de ceux-ci, ce qui a entrainé une baisse d’œufs pondu de la part des faucons pèlerins, et une modification de l’épaisseur de la coquille des œufs qui s’est mise à diminuer depuis 1953 puis c’est stabilisé jusqu’en 1964 pour ensuite augmenter jusqu’en 1990 où l’épaisseur de la coquille repris son apparence et épaisseur normale.
60
+
61
+ Ces insecticides augmentent également le taux des bébés faucons qui meurent ayant eu un contact très jeune avec ces produits[25].
62
+
63
+ Après avoir passé plusieurs années en mer, les saumons adultes reviennent dans leurs rivières natales pour se reproduire : ce sont donc des poissons migrateurs. Ils naissent en eau douce, rejoignent la mer pour grandir et reviennent en rivière pour se reproduire.
64
+
65
+ L’extinction du saumon atlantique met en évidence l’effet néfaste des barrages. Tout obstacle physique présent dans un cours d’eau peut perturber plus ou moins gravement les déplacements des poissons, notamment ceux vers les zones de reproduction[26].
66
+
67
+ À partir du milieu des années 1990, les barrages sont aménagés avec création ou amélioration des dispositifs de franchissement (passes à poisson).
68
+
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+ Chez de nombreuses espèces, animales ou végétales, les organismes adultes (aptes à se reproduire) sont immobiles : plantes, champignons, huître, corail… Les systèmes de reproduction sont alors couplés à des systèmes de dispersion des jeunes organismes :
70
+
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+ Comme ces jeunes structures sont petites et légères, le transport est passif. Il est assuré par le vent, les courants d'eau, ou encore grâce à d'autres espèces.
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+
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+ Que ce soit pour la reproduction sexuée ou la multiplication végétative, l'hérédité n'est possible que si le support de l'information génétique (l'ADN) est dupliqué et transmis au nouvel organisme. Cela est possible dans tous les cas grâce à la réplication de l'ADN, qui précède généralement toute division cellulaire comme la mitose ou la méiose. Le mode de réplication de l'ADN est universel dans le monde vivant : c'est le mode semi-conservatif.
74
+
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+ Le produit d'une reproduction réussie peut ne pas appartenir à la même espèce, stricto sensu. En effet, certaines espèces différenciées depuis peu de temps à l'échelle du temps restent assez voisines pour que la procréation sexuée reste possible, même si le produit (hybride) est rarement fertile. Le cas est bien connu :
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+
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+ Le phénomène peut même prendre une extension spectaculaire, avec des variations importantes dans la structure génétique (modification importante dans le nombre et la structure des chromosomes) et la forme et les caractéristiques de l'hybride :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Reptilia
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+ Classe
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+
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+ Ordres de rang inférieur
6
+
7
+ Le nom reptiles (du latin reptile, « rampant ») désigne des animaux terrestres à température variable (ectothermes), au corps souvent allongé et recouvert d'écailles, et dont la démarche, pattes écartées et corps proche du sol, est proche de la reptation. Ce groupe, que les sources notamment antérieures au XXIe siècle considèrent comme un taxon dénommé Reptilia, inclut dans ce cas des animaux disparus comme les dinosaures, les ichthyosaures, les plésiosaures, les pliosaures, les ptérosaures[note 1]. Depuis l'essor de la cladistique et surtout du cladisme, un nombre croissant de chercheurs considère que le mot reptile ne doit plus être utilisé comme un taxon valide car il ne désigne pas un groupe holophylétique dont les espèces descendent toutes d'un ancêtre commun « reptilien » exclusif, mais forment un regroupement paraphylétique d'espèces semblables par les caractères de l'ectothermie et des écailles. Le groupe « reptiles » serait ainsi paraphylétique parce que les ancêtres communs du groupe ont aussi produit une descendance ne possédant pas de tels caractères : les mammifères et les oiseaux.
8
+
9
+ Ces chercheurs affirment que les reptiles actuels, crocodiliens, tortues, rhynchocéphales et squamates appartiennent à des lignées moins apparentées entre elles qu'avec d'autres lignées non « reptiliennes » comme les oiseaux : les crocodiliens par exemple sont plus proches des oiseaux que des lézards ou des tortues. De plus, certains groupes fossiles autrefois considérés comme des « reptiles » possèdent des caractéristiques que n'ont pas les reptiles actuels : les ichtyosaures, se sont révélés avoir été vivipares ; d'autres tels les ptérosaures étaient velus et enfin les dinosaures ont révélé parmi eux des formes à température constante (homéothermes) et parmi eux, les théropodes ont donné naissance aux oiseaux.
10
+
11
+ C'est pourquoi, en Occident, depuis les années 1980, le regroupement des reptiles en tant que taxon a été abandonné par les scientifiques cladistes désormais majoritaires, ainsi que dans l'enseignement primaire et secondaire français[1],[2],[3]. En revanche, il est toujours largement utilisé dans le langage courant, dans les institutions scientifiques d'autres pays (notamment la Chine, les pays hispanophones et russophones), et il est toujours formellement reconnu comme une classe valide dans la systématique évolutionniste, une école de taxonomie toujours active[2],[4],[5].
12
+
13
+ La classe Reptilia comprend quatre ordres d'espèces contemporaines :
14
+
15
+ L'étude de ces animaux forme une des deux branches de l'herpétologie, l'autre étant l'étude des amphibiens, anciennement rapprochés des reptiles.
16
+
17
+ Les premiers animaux à pouvoir être placés dans cette classe sont apparus sur Terre dès le Carbonifère, en même temps que les amniotes. Premiers vertébrés à pouvoir coloniser le milieu terrestre, ils se diversifient rapidement en de nombreuses espèces. Les reptiles sont aujourd'hui bien représentés avec plus de 9 000 espèces répertoriées en 2011, localisées surtout à proximité des tropiques, mais la vision traditionnelle selon laquelle le Mésozoïque aurait été un « âge des reptiles » suivi par un « âge des mammifères » est abandonnée, et l'on considère aujourd'hui qu'un « âge des dinosaures et des mammifères » a commencé au Trias et se poursuit de nos jours (puisque les oiseaux sont des dinosaures), tandis que le véritable « âge des reptiles » se place avant cela, au Permien, pour s'estomper au Trias.
18
+
19
+ Les reptiles ont, depuis toujours, intrigué ou fasciné les humains. Parce que certains sont capables de dévorer des hommes (crocodiliens, grands varans) ou bien disposent de venins potentiellement mortels, parfois les reptiles inquiètent et font peur, parfois ils suscitent des phobies, mais d'autres fois ils sont sacralisés et sont l'objet d'une symbolique complexe. Omniprésents dans les mythologies du monde entier, ils ont inspiré l'imagination des hommes, servant par exemple de modèles aux dragons. D'autres suscitent de la sympathie, par exemple les tortues qui, dans certaines mythes, portent le monde sur leur dos[6].
20
+
21
+ Ces dernières années, l'élevage de reptiles se développe dans le monde, pour fournir le marché de la viande dans certains pays consommateurs, mais surtout les marchés de la maroquinerie de luxe, qui utilise leurs peaux, et celui des nouveaux animaux de compagnie. Toutefois, le braconnage est également très répandu, et met en danger de nombreuses espèces, malgré les tentatives de régulation du commerce d'animaux sauvages menées au niveau international. La pollution et la disparition des habitats des reptiles sont les autres principaux dangers auxquels ils sont exposés.
22
+
23
+ « Reptile » signifie « qui rampe ». Ce terme, qui fait référence au serpent de la Genèse[7],[note 2], est issu du latin reptare qui signifie « ramper ». Il a fini par désigner un groupe d'animaux respirant à l'air, à écailles et ectothermes, bien que la reptation ne soit pas une caractéristique universelle pour ceux-ci.
24
+
25
+ « Reptilien » désigne ce qui est relatif aux reptiles, « reptilité » une attitude reptilienne. Ces deux termes ont une connotation négative, désignant ce qui est primitif et brutal. Toutefois, l'expression « animal reptilien », peut faire référence à tout animal qui rampe, y compris un insecte[7]. Dans la théorie obsolète du cerveau triunique popularisée dans les années 1970 par Paul D. MacLean, l'archipallium ou « cerveau reptilien » était considéré comme le siège des instincts, besoins primaires et des réflexes[8].
26
+
27
+ Bien avant que l'on parle de classification, Aristote décrit près de 50 espèces qualifiées de reptiles (ερπετόν). Il définit plusieurs sous-groupes de reptiles : les lézards, les crocodiliens, les serpents et les batraciens. Il les distinguait des poissons, des oiseaux et des autres quadrupèdes. Selon sa méthode de classification, ces animaux vertébrés et à sang se distinguaient par leurs organes internes (poumon, épiploon, mésentère…) et par l'organisation de ceux-ci, leurs écailles, leur langue et la ponte d'œufs. La notion antique du reptile n'est plus la même, sans parler des batraciens, puisque certaines des espèces qualifiées de reptile aujourd'hui sont vivipares, ont des langues larges comme les geckos etc. Pline l'Ancien, l'autre grand auteur naturaliste de l'antiquité, reprend les conceptions d'Aristote et y ajoute bon nombre de faits fantaisistes[9],[10].
28
+
29
+ La confusion entre les espèces aujourd'hui appelées reptiles et les amphibiens perdure avec la première publication de Systema Naturae de Carl von Linné qui classe tous ces animaux dans le groupe des « Amphibia »[11]. Cette erreur peut se comprendre car la faune suédoise, sur laquelle le scientifique s'est appuyé, était peu pourvue en reptiles et parmi les rares animaux appartenant à cette classe qu'on pouvait y observer la vipère et la couleuvre étaient souvent aperçues chassant dans l'eau[12]. En revanche, Reptilia était souvent préféré par les Français[13]. L'habitude de traiter ces deux types d'animaux ensemble demeure aujourd'hui à travers le terme d'herpétologie, la science qui étudie l'ensemble de ces animaux.
30
+
31
+ Josephus Nicolaus Laurenti est le premier à utiliser officiellement le terme « Reptilia », pour désigner une classe d'animaux composée de reptiles et d'amphibiens similaire à celle de Linnaeus[14]. Il ne comprend toutefois pas dans ce groupe les tortues[15]. À la même époque, Cuvier définit les reptiles comme « tous les animaux vertébrés dépourvus de plumes, de poils et de mamelles, et respirant, au moins dans leur état adulte, l'air atmosphérique au moyen de poumons situés à l'intérieur de leur corps »[16]. Cette définition comprend donc bien les amphibiens.
32
+
33
+ Dans son ouvrage paru en 1799, Alexandre Brongniart s'appuie sur une étude des organes les plus essentiels des reptiles : ceux de la circulation, de la respiration ou de la reproduction, puis à des organes d'importance plus secondaire comme ceux de la digestion, de la locomotion ou du toucher[17]. Sa classification identifie quatre ordres de reptiles : les chéloniens (tortues), les sauriens comprenant les lézards et les crocodiliens, les ophidiens (serpents) et les batraciens. Il commence donc à isoler ces derniers en les différenciant des autres reptiles[18], mais ce ne sera pas avant le début du XIXe siècle qu'une différence marquée entre ces animaux devient effective dans les classifications, et cela n'empêchera pas le qualificatif d'« herpétologiste » de s'appliquer jusqu'à nos jours aux connaisseurs tant des amphibiens que des reptiles. Pierre André Latreille crée la classe des Batracia en 1825, répartissant les tétrapodes en 4 classes : reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères[19].
34
+
35
+ L'anatomiste britannique Thomas Henry Huxley a popularisé la définition de Latreille et, en parallèle avec Richard Owen, a élargi le terme Reptilia aux fossiles de monstres disparus comme les dinosaures et le Dicynodon (synapside, reptile mammalien). S'intéressant de près aux similarités entre reptiles et oiseaux, il voit même dans certains de ces animaux préhistoriques disparus les ancêtres directs des oiseaux modernes[20].
36
+
37
+ Ainsi, Huxley commence petit à petit à remettre en cause la séparation des tétrapodes entre reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères, qui n'est dès lors pas l'unique classification à être diffusée. Ainsi, dans les cours qu'il délivre au Royal College of Surgeons en 1863, il répartit les vertébrés en trois catégories : les mammifères, les sauropsidés (comprenant les oiseaux et les reptiles) et les ichthyopsidés (composés des poissons et des amphibiens)[21].
38
+
39
+ Les termes « Sauropsida » (littéralement « tête de lézard ») et « Therapsida » (« tête de bête ») ont été également utilisés en 1916 par Edwin Stephen Goodrich pour distinguer d'une part les lézards, les oiseaux et leurs ancêtres et d'autre part les mammifères et leurs ancêtres éteints. Goodrich justifiait cette division par la nature du cœur et des vaisseaux sanguins, et d'autres caractéristiques comme la structure du prosencéphale. Selon Goodrich, les deux lignées ont évolué à partir d'un groupe d'animaux aujourd'hui disparu qui comprenait des amphibiens du Paléozoïque et des reptiles primitifs et qu'il désignait sous le nom de « Protosauria »[22].
40
+
41
+ En 1956 David Meredith Seares Watson observe que les « Sauropsida » et les « Therapsida » ont divergé très rapidement au cours de l'évolution des reptiles. Il réinterprète ces deux groupes pour en exclure respectivement les oiseaux et les mammifères. Ainsi dans sa classification les sauropsidés comprennent les Procolophonia, les Eosuchia, les Millerosauria, les Chelonia (tortues), les Squamata (lézards et serpents), les Rhynchocephalia, les Crocodilia, les Thecodontia (groupe paraphylétique d'archosaures), les dinosaures non aviaires, les ptérosaures, les ichtyosaures, et les sauroptérygiens[23].
42
+
43
+ En 1866, Ernst Haeckel démontre que les vertébrés peuvent être classés suivant leur méthode de reproduction, et que les oiseaux, les reptiles et les mammifères partagent l'œuf amniotique. À la fin du XIXe siècle, la classe des Reptilia inclut donc tous les amniotes à l'exception des oiseaux et des mammifères[24]. Ainsi, ils comprennent les crocodiles, alligators, sphénodons, lézards, serpents, amphibiens, et tortues, ainsi que certains animaux disparus comme les dinosaures, synapsides et les Pareiasauridae primitifs. C'est encore la définition utilisée communément aujourd'hui.
44
+
45
+ Au XXe siècle, les reptiles sont divisés en quatre sous-classes en fonction du nombre et de l'emplacement des ouvertures temporales dans le crâne. Cette classification a été initiée par Henry Fairfield Osborn et popularisée par les travaux d'Alfred Sherwood Romer divulgués dans son célèbre Vertebrate Paleontology[25],[26]. Ces quatre classes sont :
46
+
47
+ La composition du groupe des euryapsides est un peu controversée. Les ichthyosaures sont parfois considérés comme ayant évolué indépendamment des autres euryapsides, ce qui lui a valu la dénomination de Parapsida. Mais on rejeta plus tard la légitimité de ce taxon (les ichthyosaures sont classés comme incertae sedis ou avec les Euryapsida). Les euryapsides semblent en fait dérivés des diapsides, chez lesquels une fosse temporale se serait bouchée, évolution vraisemblablement apparue à plusieurs reprises au cours de l'évolution des reptiles[27]. Toutefois, la classification en quatre sous-classes (ou trois si les Euryapsida sont placés parmi les Diapsida) demeure universellement reconnue par la plupart des scientifiques tout au long du XXe siècle[28] et a seulement été remise en cause par l'avènement de la phylogénétique.
48
+
49
+ Les tortues sont traditionnellement considérées comme des survivantes du groupe des anapsides, leur crâne ne présentant pas d'ouvertures particulières[29]. Cette classification est critiquée, certains scientifiques pensant que les tortues sont des diapsides qui sont revenus à la forme du crâne originelle pour améliorer leur protection, comme le suggère l'acception moderne du clade des Parareptilia[30]. Les études phylogénétiques plus récentes fondées sur la morphologie ont placé les tortues dans le taxon des Diapsida[31]. Toutes les études moléculaires confirment cette hypothèse et place fermement les tortues au sein du groupe des diapsides, les rapprochant généralement des archosaures[32],[33],[34],[35].
50
+
51
+ Au XXIe siècle, la majorité des paléontologues et des biologistes ont adopté la taxonomie cladiste, suivant laquelle chaque groupe doit former un clade, comprenant l'ensemble des descendants d'un ancêtre particulier. Les reptiles ne correspondent pas à cette définition, et sont clairement un groupe paraphylétique, puisqu'ils excluent les oiseaux et les mammifères, malgré le fait que ceux-ci soient également les descendants des premiers reptiles[36]. Colin Tudge écrit à ce propos :
52
+
53
+ « Les mammifères forment un clade, et c'est pourquoi les partisans de la nomenclature phylogénétique peuvent conserver ce taxon traditionnel. Il en est de même pour les oiseaux, universellement reconnus comme le taxon Aves. Mammalia et Aves sont en fait des sous-clades à l'intérieur du clade des amniotes. Mais la classe traditionnellement connue comme celle des reptiles ne constitue pas un clade. C'est simplement une section du clade des amniotes, la section qu'il reste quand on a retiré à ce clade les mammifères et les oiseaux. Ce groupe ne peut pas être défini par synapomorphie, au sens propre. On le définit par un certain nombre de caractères qu'ils possèdent ou dont ils manquent : les reptiles sont les amniotes qui n'ont pas de fourrure ni de plumes. Au mieux, on peut dire que les reptiles sont les amniotes non aviaires et non mammaliens[37]. »
54
+
55
+ Malgré les propositions pour remplacer le groupe paraphylétique Reptilia par le groupe holophylétique Sauropsida, ce dernier terme ne s'est pas réellement répandu, ou quand il l'est, est généralement mal employé[38]. Généralement on utilise le terme Sauropsida comme un synonyme de Reptilia. En 1988, Jacques Gauthier propose une définition du terme reptile respectant la cladistique, en en faisant un groupe holophylétique incluant les tortues, les lézards et les serpents, les crocodiliens et les oiseaux, ainsi que leurs ancêtres communs et leurs descendants[39]. Cette proposition est mise à mal par l'actuel débat sur l'emplacement réel des tortues dans la classification[38]. D'autres définitions ont été formulées par divers scientifiques à la suite de la publication de Gauthier. La première qui put postuler aux standards de PhyloCode a été publiée par Modesto et Anderson en 2004. Ils ont étudié les diverses définitions publiées précédemment et proposé leur propre définition qu'ils ont voulue la plus proche possible de la définition traditionnelle tout en étant stable et holophylétique. Ils ont ainsi défini le groupe des reptiles comme l'ensemble des amniotes plus proches de Lacerta agilis et Crocodylus niloticus que de Homo sapiens. Cette définition revient en fait à la définition de Sauropsida, que Modesto et Anderson ont tenté de rapprocher de Reptilia, cette dernière étant plus connue et plus fréquemment utilisée, bien que la définition inclut les oiseaux[38].
56
+
57
+ Ce taxon est considéré comme paraphylétique ; si les reptiles mammaliens fossiles forment un même clade avec les mammifères, les autres reptiles en forment un autre avec les oiseaux et les dinosaures, celui des Sauropsides, groupe frère du précédent au sein des vertébrés amniotes.
58
+
59
+ Voici la classification évolutionniste proposée par Benton en 2005[40],[note 3].
60
+
61
+ Le cladogramme ci-dessous représente en quelque sorte « l'arbre généalogique » des reptiles, dans la version simplifiée proposée par Laurin et Gauthier en 1996 dans le cadre du projet Tree of Life Web Project[41], avec les informations sur les reptiles les plus primitifs selon Muller et Reisz (2006)[42].
62
+
63
+ Les tortues sont un groupe très ancien de reptiles, qui comprend aujourd'hui environ 340 espèces réparties dans 15 familles. Elles se caractérisent notamment par la carapace qui les protège des prédateurs. Celle-ci est composée d'un plastron sur la face ventrale et d'une dossière sur le dessus du corps, reliés sur les côtés par deux ponts osseux[43]. Elle est constituée de plaques osseuses et d'écailles reliées au squelette de l'animal[44]. Les tortues sont dépourvues de dents mais possèdent un bec corné leur permettant de trancher les aliments, carnés comme végétaux[45],[46]. Les tortues ont colonisé différents milieux, puisque l'on trouve parmi elles des tortues terrestres mais également des tortues aquatiques affectionnant l'eau douce et des tortues marines qui vivent la plupart du temps en pleine mer, et ne reviennent sur la terre ferme que pour pondre leurs œufs[47],[48]. Leur ordre est constitué de deux groupes principaux : les pleurodires, tortues de l'hémisphère sud qui ont notamment la particularité de rentrer leur tête en formant un S avec leur cou, et les cryptodires, qui rentrent leur tête sans changer son orientation, et qui regroupent la plupart des tortues terrestres et quelques amphibies, et toutes les espèces marines. Ces dernières ont connu un plus grand succès, plus nombreuses et remplaçant souvent les pleurodires[49].
64
+
65
+ Ils ne sont plus représentés aujourd'hui que par deux espèces appartenant au genre Sphenodon. Cet ordre était florissant il y a 200 millions d'années[50]. Ces animaux possèdent un troisième œil et représentent un témoignage de la séparation des lignées ayant abouti aux lépidosauriens (dont les lézards, serpents et sphénodons font partie) d'une part et aux archosauriens (oiseaux et crocodiliens, entre autres) d'autre part.
66
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67
+ Les deux espèces subsistant aujourd'hui sont endémiques de Nouvelle-Zélande. Elles constituent la branche divergeant le plus précocement dans l'arbre phylogénétique actuel des lépidosauriens. Le cerveau et le mode de locomotion présentent des états de caractères ancestraux d'amphibiens et l'organisation du cœur est plus simple que chez les autres reptiles[51].
68
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69
+ Le groupe des squamates est le groupe qui compte la plus grande diversité d'espèces avec environ 9 000 espèces. Ils regroupent des animaux qui ont la particularité de changer régulièrement de peau en muant par lambeau, voire en laissant l'intégralité de leur vieille peau derrière eux[46]. On les répartit en cinq sous-ordres :
70
+
71
+ Les crocodiliens forment un groupe de 30 espèces réparties en trois groupes, les Crocodylidae (crocodiles et faux-gavials), les Alligatoridae (alligators et caïmans) et les Gavialidae (gavials). Ces animaux sont bien adaptés à la vie aquatique. Ils ont un corps oblong fortement aplati, des pattes semi-palmées placées latéralement qui leur permettent de se déplacer en faisant traîner leur corps sur le sol, une longue queue garnie d'écailles et une large tête avec un long museau plat qui leur permet de rester immergés à l'exception de leur nez et leurs yeux[57].
72
+
73
+ Ces animaux sont les reptiles les plus proches des oiseaux. Ils ont une anatomie plus complexe que la plupart des autres espèces, notamment au niveau de la circulation sanguine avec leur cœur à quatre cavités. Ils font partie des seuls reptiles à développer des relations sociales évoluées avec la mise en place d'une hiérarchie dans le groupe, et à avoir un véritable comportement maternel[57].
74
+
75
+ Les reptiles sont des animaux très divers chez lesquels on trouve peu de caractéristiques communes tant sur le point morphologique que physiologique. Ils partagent seulement les caractères de base comme la peau écailleuse, observés par les premiers scientifiques qui se sont intéressés à la classification des animaux sur quelques spécimens, et qui ont servi à définir le groupe autrefois. Par ailleurs, certains comme les crocodiliens sont plus proches des oiseaux, groupe de non-reptiles, que des autres ordres de reptiles. Les fossiles jadis considérés comme reptiles compliquent encore l'appréciation du groupe, puisque ceux-ci présentent une diversité encore bien plus importante que celle des reptiles actuels. Ils avaient colonisé tous les milieux, avec les dinosaures sur terre, les ichthyosaures et les mosasaures dans les mers et les ptérosaures dans les airs, et comprenaient pas moins de 16 ou 17 ordres[58], contre 4 actuellement. De plus, certains fossiles de dinosaures à plumes proches de l'origine des oiseaux (Archaeopteryx...), ou les reptiles mammaliens, à l'origine des mammifères, sont à la marge du regroupement, et compliquent sa définition[59].
76
+
77
+ Il est encore plus difficile de classer les fossiles entre amniotes et amphibiens. Il est habituel de considérer comme amphibiens tous les tétrapodes non-amniotes ce qui, strictement, est inexact. La distinction entre ces groupes est d'autant plus difficile que la séparation est plus ancienne. L'arbre phylogénique témoignant de cette séparation est le suivant :
78
+
79
+ Le taxon des reptiles étant paraphylétique, il ne regroupe pas tous les animaux qui descendent d'un même ancêtre commun. Autrement dit, d'un point de vue strictement temporel, les oiseaux sont plus proches des crocodiliens que ces derniers ne le sont des lézards. On retrouve donc des caractéristiques communes aux oiseaux et aux crocodiliens qui sont absentes chez les tortues, les lézards et les serpents. En outre le dernier ancêtre commun à toutes ces espèces est très éloigné, par conséquent le terme reptile regroupe des animaux aux morphologies et caractéristiques anatomiques diverses, et qui n'ont que peu de caractéristiques en commun (d'où le rang taxonomique relativement élevé de classe). On observe par exemple de fortes variations de taille entre les représentants du groupe, dans lequel on retrouve les plus petits amniotes, des geckos du genre Sphaerodactylus, et des animaux comme le Crocodile marin qui peut atteindre une tonne. Les plus grands animaux que la Terre ait portés étaient également des reptiles, les dinosaures.
80
+
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+ Les reptiles sont des animaux vertébrés tétrapodes, bien que les membres aient régressé ou sont même complètement absents chez certains d'entre eux comme les serpents, les orvets et les amphisbènes. Leur corps est couvert d'écailles. Certains sont protégés par des plaques osseuses, formant même une carapace chez les tortues. Ils peuvent avoir divers attributs supplémentaires comme des crêtes, des fanons gulaires, des épines dorsales, des cornes… Leur corps se termine par une queue plus ou moins fusiforme. Les reptiles respirent tous à l'aide de poumons, plus ou moins complexes suivant les espèces.
82
+
83
+ Ils ne disposent en revanche pas des caractéristiques propres aux mammifères comme les poils ou un diaphragme[60], remplacé chez les sauropsides par une couche de mésentère à la fonction identique. Ils ne disposent pas non plus de plumes, ce qui les distinguent des oiseaux, mais comme eux leur respiration est assurée par les contractions de l'ensemble des muscles abdominaux et intercostaux[61]. Les reptiles ne disposent pas d'un cœur à quatre cavités identiques aux mammifères et aux oiseaux, mais d'un cœur à deux oreillettes et un ventricule, ce dernier étant partiellement cloisonné en deux chez les crocodiliens[62].
84
+
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+ Si les différences entre les amphibiens avancés et les premiers reptiles au Carbonifère étaient très peu marquées, ils se distinguent aujourd'hui facilement par leurs caractéristiques morphologiques. Les reptiles et les amphibiens modernes diffèrent tout d'abord par leur peau. Celle-ci est souple et toujours humide chez les amphibiens, et facilite les échanges gazeux avec son environnement[63]. Chez les reptiles elle est sèche et écailleuse, et les échanges avec le milieu sont beaucoup plus rares. Au niveau de l'anatomie interne, le crâne des reptiles est relié au reste de la colonne vertébrale par un seul condyle occipital, contre deux chez les amphibiens, et le sacrum est composé d'au moins deux vertèbres, contre une seule chez les amphibiens[63]. Ces derniers ont un cœur composé d'un seul ventricule, quand il est au moins partiellement divisé chez les reptiles[63]. Enfin les amphibiens ont des canaux communs pour desservir leurs reins et leurs gonades, tandis qu'ils sont distincts chez les reptiles. Ces derniers sont par ailleurs capables de concentrer leur urine en réabsorbant de l'eau alors que les amphibiens ont une urine très diluée et leur système excréteur nécessite une grande quantité d'eau pour fonctionner[63],[64].
86
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+ La majorité des reptiles est carnivore[65]. Ils se nourrissent de diverses proies, des plus petites comme les insectes, les petits crustacés, les mollusques ou les araignées, à de plus grosses comme des mammifères tels que les gnous ou les gazelles. Certains d'entre eux sont également herbivores, et ont développé des adaptations en lien avec ce régime, notamment au niveau du tractus digestif et de sa flore[66]. Du fait de leur métabolisme lent (mais accéléré par la chaleur[67]), et de leur assimilation lente des proies de grandes tailles, la plupart des reptiles sont capables de jeûner sur de longues périodes[57].
88
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89
+ Les reptiles sont des animaux dits à sang froid, ou poïkilothermes, c'est-à-dire que leur température interne n'est pas stable mais dépendante de celle du milieu extérieur[68], mais là encore certains font exception, une étude de 2010 ayant montré que certains reptiles marins aujourd'hui disparus tels que le mosasaure, l'ichtyosaure et le plésiosaure parvenaient à maintenir une température plus élevée que celle de leur milieu grâce à la chaleur produite par leur métabolisme[69]. Lorsque les températures sont trop froides ou trop élevées, les reptiles entrent en léthargie et hibernent ou estivent suivant la situation[65].
90
+
91
+ On considère généralement que les reptiles sont moins intelligents que les mammifères ou les oiseaux[70]. La proportion de la taille de leur cerveau par rapport à leur corps est nettement moins élevée que celle des mammifères et la moelle épinière représente une forte proportion de l'ensemble du système nerveux. Leur quotient d'encéphalisation représente ainsi seulement un dixième de celui des mammifères[71]. Toutefois certains reptiles de grande taille présentent un système nerveux plus complexe. De grands lézards comme les varans sont connus pour présenter des comportements évolués et donc une certaine intelligence[72]. Les crocodiliens, au cerveau plus développé, sont en mesure de présenter un système hiérarchique de fonctionnement en groupe assez complexe[73].
92
+
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+ Les reptiles sont des amniotes. Ils sont majoritairement ovipares mais certains sont ovovivipares. Chez les espèces ovipares, le sexe est souvent déterminé par des conditions environnementales, et notamment par la température.
94
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95
+ Le « taux de survie » des juvéniles est un des paramètres critiques de démographie et survie d'une espèce. Les jeunes reptiles, très discrets sont rarement observés et ne sont pas trouvés lors des programmes de suivi par marquage-recapture. On en a déduit que les taux de survie des juvéniles sont très faibles. Cette hypothèse est contredite par des travaux récents de modélisation. Ceux-ci ont indirectement estimé les taux de survie des juvéniles nécessaires au maintien d'une population stable, d'après les données publiées sur la démographie des reptiles et les taux de survie des adultes dans 109 populations de reptiles (englobant 57 espèces). Les taux estimés de survie des juvéniles seraient en fait bien plus élevés que ce que l'on pensait (en moyenne, seulement environ 13 % moindres que ceux des adultes de la même espèce) et fortement corrélée au taux de survie des adultes. Selon ces mêmes travaux, les taux de survie au cours de la vie (des juvénile et des adultes) devraient être plus élevés chez les tortues que chez les serpents, et plus chez les serpents que les lézards. Conformément aux théories de l'évolution, les taux de survie des juvéniles seraient plus élevés au sein des squamates vivipares que chez les ovipares (mais le nombre total de jeunes est moindre). La croyance répandue que les reptiles juvéniles ont un faible taux de survie annuel résulterait donc de difficultés d'échantillonnage. Il reste à expliquer comment les jeunes reptiles échappent autant aux observateurs naturalistes[74].
96
+
97
+ Les reptiles sont présents sur quasiment l'intégralité de la surface du globe, à l'exception des zones trop froides à proximité des pôles. Comme ce sont des animaux à sang froid, ils préfèrent tout de même les températures assez élevées, et leur présence et leur diversité deviennent plus importante à proximité des tropiques[75]. Ainsi, les continents les plus riches en reptiles sont l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud.
98
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99
+ Les reptiles peuvent s'adapter à des habitats très différents. On les trouve très présents dans les forêts tropicales, avec une très forte diversité d'espèces, mais ils peuplent également les déserts, où l'on retrouve des lézards et des serpents qui s'abritent durant la journée et sortent la nuit. Dans les zones montagneuses les lézards aiment se cacher dans des amas de pierres, et certains serpents se sont spécialisés dans les zones d'altitude comme la Vipère d'Orsini (Vipera ursinii) que l'on trouve dans les hautes montagnes d'Europe à des altitudes avoisinant 2 000 m[76]. Certains reptiles sont dits fouisseurs et passent une partie de leur vie sous la terre comme les amphisbènes. Les reptiles ont également colonisé les milieux aquatiques : les crocodiliens, certaines tortues comme la Cistude d'Europe et certains serpents comme l'anaconda, le Mocassin d'eau et les couleuvres sont à leur aise dans les rivières et lacs d'eau douce, quand les tortues marines sont présentes dans tous les océans du monde, et ne rejoignent la terre ferme que pour se reproduire[75]. Les serpents marins représentent un niveau d'adaptation supérieur, puisqu'ils ne retournent plus du tout à terre pour la plupart d'entre eux, et ont adopté un cycle de vie exclusivement marin. De nombreuses espèces ont des mœurs arboricoles, comme les serpents ou les lézards. Certains peuvent se déplacer d'arbres en arbres en « planant » comme les dragons volants et dans une moindre mesure certains serpents comme les couleuvres volantes.
100
+
101
+ Les reptiles sont apparus il y a environ 320 ou 310 Ma dans les marais de la fin du Carbonifère, et sont issus de l'évolution d'animaux reptiliomorphes avancés[30]. Ceux des reptiliomorphes qui sont devenus amniotes se distinguent des amphibiens par leur œuf, dont la coquille solide leur permet d'être pondu à même le sol. Ceci permet aux reptiles de coloniser le milieu terrestre en y passant l'intégralité de leur temps, tandis que les amphibiens restent plus ou moins inféodés au milieu aquatique[63]. Ce type d'œuf, appelé œuf amniotique, est l'apanage des amniotes, un taxon d'animaux dont les premiers représentants peuvent être qualifiés de reptiles. Le plus ancien amniote connu est Casineria, considéré comme un reptile primitif plutôt que comme un amphibien avancé[77],[78]. Une série d'empreintes fossiles retrouvées en Nouvelle-Écosse, datant d'il y a 315 Ma, présente les orteils et les empreintes d'écailles caractéristiques des reptiles[79]. Ces empreintes sont attribuées à Hylonomus, le premier amniote incontestable connu[80]. Il s'agissait d'un petit animal à l'allure de lézard, d'environ 20 à 30 cm de long, avec de nombreuses dents pointues attestant de son régime insectivore[81]. Parmi les plus anciens reptiles connus on répertorie également Westlothiana, qui est toutefois pour le moment plutôt considéré comme un amphibien reptiliomorphe que comme un véritable amniote[82] et Paleothyris, qui ont une allure et des comportements similaires à Hylonomus.
102
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103
+ Les premiers reptiles étaient anapsides, présentant un crâne plein avec seulement des ouvertures pour les yeux, le nez, la colonne vertébrale[70]. Très rapidement après l'apparition des premiers reptiles, ceux-ci se scindent en deux branches[83],[84]. Une de ces branches, les Synapsida (incluant les reptiles mammaliens ainsi que les mammifères actuels et éteints), a une ouverture dans le crâne, juste derrière l'œil ; l'autre branche, celle des Diapsida, présente, en plus du trou situé derrière chaque œil, un second trou plus haut dans le crâne. Ces trous laissent dans le crâne de la place pour les muscles de la mâchoire, permettant une morsure plus puissante[70].
104
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+ Les premiers reptiles restent d'abord de taille modeste, car certains amphibiens comme Cochleosaurus les surpassent en taille, et ces reptiles ne représentent qu'une très faible part de la faune avant le changement climatique qui marque la seconde partie du Carbonifère. Au Carbonifère supérieur, le climat devient plus aride à partir de la fin du Moscovien, il y a environ 305 millions d'années[85],[86]. Ce changement assez brusque de climat affecte plusieurs grands groupes d'animaux, notamment les amphibiens, alors que les reptiles survivent un peu mieux, certainement mieux adaptés aux conditions sèches qui s'ensuivent. Les amphibiens doivent retourner pondre leurs œufs dans l'eau, à la différence des reptiles aux œufs munis d'une coquille qui peuvent vivre loin des points d'eau. Les reptiles colonisent dès lors de nouvelles niches écologiques à une vitesse supérieure que précédemment, et surtout plus vite que les amphibiens. Ils développent de nouvelles stratégies alimentaires, certains d'entre eux devenant herbivores, d'autres devenant carnivores, alors qu'ils étaient tous au départ uniquement insectivores et piscivores[85]. À partir de cette période, les reptiles dominent la vie terrestre et présentent une diversité bien supérieure à celle des amphibiens, préparant le Mésozoïque que l'on considérait jadis comme l'« ère des reptiles ��[87].
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+ À la fin du Carbonifère, les reptiles sont la faune tétrapode dominante. Tandis que les amphibiens reptiliomorphes existent toujours, les synapsides forment la première mégafaune terrestre à travers pélycosaures comme Edaphosaurus et le carnivore Dimetrodon. Au milieu du Permien, le climat devient plus sec, ce qui provoque un changement de la faune : les pélycosaures sont remplacés par les thérapsides, mieux adaptés[88]. Au Permien, ces animaux dominent largement la faune terrestre et on considère que 6 reptiles sur 7 sont des thérapsides[89].
108
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+ Les anapsides, dont le crâne massif ne présente aucune ouverture postorbitale, sont toujours très présents tout au long du Permien. Les paréïasaures atteignent notamment de très grandes proportions dans la seconde partie du Permien, avant de disparaître à la fin de cette période (les tortues pourraient en être des survivants)[88].
110
+
111
+ Très tôt au cours de cette période, les diapsides se séparent en deux grandes lignées, les archosaures (groupe des crocodiliens, des dinosaures et donc des oiseaux) et les lépidosauriens (qui donneront plus tard les serpents, lézards et sphénodons que l'on connaît aujourd'hui). Ces deux groupes gardent une petite taille et une allure de lézard durant le Permien.
112
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113
+ Le terme d'« ère des reptiles » a été abandonné pour deux raisons : d'une part le groupe des archosaures (crocodiliens et dinosaures dont oiseaux) qui a dominé cette période n'est pas « reptilien » au sens de nos actuels reptiles qui sont des lépidosaures, d'autre part le groupe des mammifères, qui a connu une explosion radiative après l'extinction des grands archosaures, est apparu en même temps que ceux-ci et, si les mammifères du Mésozoïque étaient de taille inférieure à celle des archosaures, ils étaient en revanche très nombreux. Par ailleurs, si les dinosaures ont produit des espèces de grande taille, la plupart d'entre eux étaient de taille moyenne (comme Ornithomimus ou Variraptor) ou petite (comme Compsognathus), à l'image des mammifères ou des oiseaux actuels. Ainsi, notre image du Mésozoïque s'est trouvée profondément modifiée par les découvertes récentes[90].
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+ La fin du Permien marque une des plus grandes périodes d'extinction, un phénomène qui se prolonge à cause de deux fortes extinctions d'espèces[91]. La plupart des grands anapsides et synapsides disparaissent, remplacés par les diapsides archosauromorphes. Les archosaures prennent alors diverses formes, et plusieurs se caractérisent par des pattes postérieures allongées et une posture plus ou moins dressée qui faisait ressembler les plus anciennes espèces à des crocodiliens à longues pattes. Les archosauriens deviennent le groupe de reptiles dominant du Trias, mais il faut tout de même 30 Ma pour que leur diversité soit aussi importante que durant le Permien[91]. Petit à petit la bipédie devient courante chez ces animaux, même les plus petits[92], ce qui leur confère une plus grande vitesse. Toutefois d'autres groupes d'archosaures adoptent une démarche à quatre pattes avec des pattes assez courtes, comme les phytosaures puis les crocodiliens.
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+ Les dinosaures sont directement issus des archosaures. À la suite de l'extinction de diverses espèces d'archosaures vers la fin du Trias, ils investissent rapidement les niches écologiques laissées vacantes et prennent de l'importance. Ils se divisent rapidement en deux grands ordres, les Ornithischia et les Saurischia. On retrouve chez eux la bipédie de leurs ancêtres, même si certains retourneront par la suite à une posture quadrupède[93]. Au cours du Mésozoïque, le groupe des dinosaures va connaître une importante radiation et former divers ordres et sous-ordres très différents les uns des autres, tant pas leur aspect que par leurs mœurs[94]. Certains sont ainsi devenus les plus grands animaux terrestres ayant existé. Le Mésozoïque est donc parfois appelé l'« ère des dinosaures », animaux dont certains ont développé l'endothermie, comme le prouve la vascularisation de leurs os et divers autres indices, de la même manière qu'elle est apparue chez les reptiles mammaliens, mais la question de savoir si tous les dinosaures étaient endothermes reste fortement débattue dans le milieu scientifique[95]. Les dinosaures ont également pris de nombreuses formes plus petites, comme celle des petits théropodes à plumes qui, au milieu du Jurassique, vont donner naissance aux premiers oiseaux, et c'est surtout parmi ces formes que l'endothermie est probable[88].
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+ Les diapsides lepidosauromorphes pourrait être à l'origine des reptiles marins[96]. Ces reptiles forment le groupe des sauroptérygiens au début du Trias et celui des ichtyosaures au milieu du Trias. Les mosasaures apparaissent également durant le Mésozoïque, à la fin du Crétacé.
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+ L'extinction Crétacé-Tertiaire à la fin du Crétacé voit la disparition de tous les groupes de dinosaures du Mésozoïque à l'exception des oiseaux. Parmi les grands reptiles marins, seules les tortues marines survivent, et parmi les dinosaures, seule une famille de petits théropodes, celle des oiseaux. C'est là que l'ancienne imagerie descriptive de la paléontologie plaçait la fin de l'« ère des reptiles » et le début de l'« ère des mammifères »[87]. En fait, il n'en est rien, si l'on considère que les oiseaux, qui sont des dinosaures, colonisent les premiers, avant les mammifères, les niches écologiques laissées vides par les dinosaures non-aviens, et que les mammifères, apparus en même temps que les dinosaures, étaient également bien représentés au Mésozoïque (eux aussi ont payé un lourd tribut à l'extinction) ; tout au plus peut-on parler d'une « ère des gros dinosaures » suivie par une « ère des gros mammifères » (avec une période des « gros oiseaux » entre les deux, au Paléocène et à l'Éocène)[90].
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+ La diversification des reptiles continue tout au long du Cénozoïque, les squamates prenant une plus grande importance que lors du Mésozoïque. Aujourd'hui ceux-ci constituent la majorité des reptiles existants (plus de 90 %)[97]. On compte actuellement 8 700 espèces de reptiles[97], contre 5 400 espèces de mammifères et près d'une dizaine de milliers d'oiseaux.
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+ La symbolique des reptiles est particulièrement complexe, ces animaux ayant parfois mauvaise réputation, représentant le mal en personne comme le serpent, mais inspirant le respect, et pouvant même être sacralisés comme certains crocodiliens en Afrique.
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+ On retrouve les reptiles dans de nombreux cultes très anciens. Ainsi, les aborigènes d'Australie vénéraient le serpent arc-en-ciel comme l'un de leurs plus puissants êtres ancestraux, protecteur de son peuple[98]. Dans les civilisations d'Amérique du Sud, les Aztèques et les Toltèques vénéraient Quetzalcoatl, littéralement le « serpent à plumes », un dieu bienfaisant très respecté[99]. Chez les Romains et les Grecs, le dieu de la médecine, qu'ils appelaient respectivement Esculape et Asclépios, avait un serpent autour de son bâton, un symbole repris par la suite dans les professions médicales sous la forme du caducée[100]. Les Égyptiens vouaient eux un culte aux crocodiles sacrés du Nil, dont certains étaient même momifiés après leur mort[101]. Ce culte demeure en Afrique encore aujourd'hui, certains villages du Burkina Faso ont leur mare aux crocodiles sacrés. Le dieu de l'eau dans la mythologie égyptienne était d'ailleurs Sobek, un dieu à tête de crocodile[102]. Cette mythologie comprend également un grand nombre de dieux pouvant prendre la forme d'un serpent, souvent d'un cobra. De nombreuses cultures reprennent l'image de l'ouroboros, un serpent se mordant la queue et représentant l'infini, le cycle éternel de la nature. Il fut d'ailleurs repris par les mathématiciens à travers la lemniscate, un huit couché symbolisant l'infini. La mauvaise réputation des reptiles est plus récente. Dans la Bible par exemple, le serpent est l'animal du péché originel, qui trompa Ève et provoqua l'exclusion d'Adam et Ève du jardin d'Eden. La punition du serpent fut de devoir ramper[103]. Sa forme phallique lui a aussi valu la symbolique de la luxure et du péché.
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+ Même si l'on ne peut pas réellement parler de reptiles, de nombreux animaux issus de l'imagination humaine partagent un grand nombre de traits communs avec ces animaux. L'exemple le plus connu est le dragon, gigantesque reptile écailleux généralement pourvu d'ailes et que l'on retrouve dans les mythologies du monde entier. Le dragon n'a pas la même signification suivant la civilisation. Il est un symbole de vie et de puissance en Chine, un protecteur en Indonésie, un gardien de trésors en Grèce antique ou encore un être maléfique et ravisseur de princesses en Europe médiévale.
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+ Les gigantesques reptiles marins contemporains des dinosaures comme les plésiosaures ont également inspiré les hommes. On retrouve de telles créatures dans la mythologie maritime à travers les serpents de mer, mais aussi dans d'autres légendes comme celle du monstre du Loch Ness, une sorte de plésiosaure qui vivrait dans le lac du même nom en Écosse[104].
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+ En peinture, les reptiles sont surtout représentés à travers la mythologie ou la religion dans laquelle ils prennent une place importante. Ainsi, des scènes comme le serpent incitant Ève à manger le fruit défendu ou Saint Georges tuant le dragon ont été représentées par de très nombreux artistes. Les dragons, reptiles imaginaires, ont également inspiré de très nombreux sculpteurs.
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+ On retrouve également les reptiles dans le cinéma, notamment à travers des films d'horreur comme L'Incroyable Alligator, Black Water, La femme reptile, Reptiles ou Anaconda, le prédateur[105],[106]. Ils ont également inspiré le titre du film Le reptile, même si ces animaux n'ont pas grand-chose à voir avec l'intrigue du film. Ce sont aussi les héros des différents films, dessins animés et bandes dessinées de la série des tortues ninja. Les reptiles qui ont le plus grand succès dans ce domaine sont sans conteste les dinosaures, reptiles disparus qui occupent une place majeure dans divers œuvres comme le roman de Conan Doyle de 1912 Le Monde Perdu dont de nombreux films ont repris la trame[107], celui de Michael Crichton des années 1990 Jurassic Park ainsi que la célèbre série de films de Steven Spielberg qui s'en est inspirée, ou encore les films majeurs King Kong et Godzilla et ceux qui en ont découlé[108]. Pour les plus jeunes, les dinosaures sont les personnages principaux de diverses séries animées comme Denver, le dernier dinosaure ou Le petit dinosaure. Les reptiles humanoïdes sont également des personnages récurrents de la science-fiction, et apparaissent à la télévision comme dans la série V et son remake V (2009), au cinéma ou dans divers jeux vidéo.
136
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137
+ L'élevage des reptiles, qui reste marginal par rapport aux autres types d'élevage, se développe dans différents points du globe. Ainsi, l'élevage de l'alligator, principalement pour sa peau mais aussi pour sa viande, est en expansion en Floride, au Texas et en Louisiane. La production de ces trois états s'élève à 45 000 peaux par an. Une peau d'alligator, utilisée par la maroquinerie de luxe se négocie à environ 300 $ pièce en 2010[109]. En Asie, ce sont les crocodiliens qui sont de plus en plus présents dans les fermes. Certains devenaient tellement rares à l'état sauvage qu'ils ne pouvaient plus faire l'objet d'une exploitation commerciale. L'apparition des élevages dans les années 1960, quand on a réussi à faire reproduire cet animal en captivité, a permis de redonner espoir quant à la sauvegarde de certaines espèces dans la nature[110]. L'élevage peut produire des crocodiliens destinés à être abattus pour leur viande, qui sont consommés dans divers pays d'Asie comme la Chine, mais le débouché le plus recherché est la maroquinerie. Comme les peaux doivent être en parfait état pour s'introduire sur ce marché, les animaux sont souvent placés dans des cages individuelles pour ne pas qu'ils se battent entre eux et se blessent.
138
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+ En Afrique aussi l'élevage de reptiles est en pleine expansion, exportant des animaux en Europe et aux États-Unis pour devenir animaux de compagnie ou alimenter l'industrie de la peau de reptiles. De petits élevages visent également à approvisionner le marché local de la viande de reptile, certains consommateurs des villes étant par exemple demandeurs de viande de python[111].
140
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+ En France, l'article 8 de l'arrêté du 8 octobre 2018 du ministère de la Transition écologique et solidaire contraint tout détenteur d'animaux d'espèces non domestiques à tenir un registre d'entrée et de sortie de ces animaux[112].
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+ Dans de nombreux pays la consommation de reptiles est une pratique courante pour assurer la subsistance des populations locales. C'est notamment le cas dans divers pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique où la pratique est ancrée. Toutefois, la consommation de viande de reptiles prend de plus en plus d'importance. C'est le cas notamment en Asie où elle est bien implantée et représente même une activité économique non négligeable, comme en Chine par exemple[113]. La consommation de serpent y daterait de plus de 2 000 ans et environ 7 000 à 9 000 tonnes de serpents sont commercialisées chaque année dans ce pays[114]. La consommation de reptiles est en augmentation, et les Chinois sont importateurs de divers animaux comme les serpents et les crocodiliens venus d'Asie du Sud-Est. Une étude menée entre 1993 et 1996 a évalué qu'entre 2 et 30 tonnes d'animaux sauvages transitaient quotidiennement de manière illégale à travers la frontière sino-vietnamienne, à destination des marchés et restaurants des villes frontalières de la région autonome du Guangxi[115].
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+ La chair de tortue est considérée comme un mets délicat dans de nombreuses cultures[116]. La soupe de tortue a longtemps été un plat noble dans la gastronomie anglo-américaine et l'est toujours dans certaines régions d'Extrême-Orient. Les plats à base de gophère étaient également populaires dans certaines populations de Floride[117]. La tortue est également un aliment traditionnel de l'île de Grand Cayman où des élevages de tortues marines pour la consommation se sont développés.
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+ La consommation de viande de crocodile et d'alligator se développe beaucoup en marge de l'élevage de ses animaux pour leur peau. La viande de crocodilien est une viande claire proche de la viande de volaille, qui est peu grasse et assez bien pourvue en protéines[118]. Son marché se développe aux États-Unis mais aussi en Europe, et est également très important en Chine et en Asie du Sud-Est.
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+ La peau de reptiles est particulièrement recherchée par la maroquinerie de luxe. Une fois la peau retirée de l'animal, elle est tannée, puis elle est utilisée pour fabriquer des sacs à main, des bracelets de montre, des porte-monnaie, des chaussures ou des ceintures. L'origine de ces peaux n'est pas toujours claire, une partie provenant d'élevage légal mais une autre provenant du braconnage. Ce marché est particulièrement lucratif, et génère de très fortes valeurs ajoutées qui encouragent le trafic illégal[119].
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+ Il n'est pas très facile d'évaluer l'ampleur du commerce international de peau de reptiles, qui représente certainement des millions d'euros, à cause du très vaste marché illégal. Rien que pour sa partie légale, on estime que 10 à 15 millions de peaux de reptiles sont commercialisées dans le monde chaque année[119]. Certaines espèces sont particulièrement concernées. Ainsi, en 2004, on estime que 629 000 pythons réticulés, 400 000 lézards tégus et 1 540 000 alligators ont alimenté le commerce international de peaux de reptile[120]. Les crocodiliens et les petits varans comme le varan malais paient aussi un lourd tribut.
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+ Toutes ces peaux sont généralement importées par les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe. Entre les années 2000 et 2005, près de 3,4 millions de peaux de lézard, 2,9 millions de peaux de crocodilien et 3,4 millions de peaux de serpent sont entrées légalement ou illégalement aux États-Unis[121]. En Europe, c'est également près de 2 millions de peaux de reptile qui sont vendues chaque année au début des années 2000[122].
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+ Les venins des serpents contiennent de très nombreuses molécules dont certaines peuvent être utilisées en médecine. Ils font l'objet de diverses recherches afin de découvrir de nouveaux principes actifs, et ont permis d'isoler des médicaments utilisés contre les angines de poitrine, des régulateurs de pression artérielle et des analgésiques. La toxine botulique du venin de cobra entre dans la composition du botox[123]. Le venin de serpent est largement utilisé en médecine traditionnelle, notamment dans les pays asiatiques et africains[111].
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+ La tortue est également utilisée en médecine traditionnelle. C'est notamment le cas de l'émyde mutique au Cambodge, aujourd'hui quasiment disparue, qui était utilisée pour les soins post-nataux[124]. La carapace de la tortue d'Hermann est utilisée dans la médecine traditionnelle en Serbie[125]. La médecine chinoise traditionnelle utilise beaucoup les plastrons de tortues dans différentes préparations. L'une des plus connues est la gelée de tortue, la guilinggao. La seule île de Taïwan importe des centaines de tonnes de plastrons tous les ans[126].
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+ Les reptiles peuplent de plus en plus les terrariums de particuliers en tant qu'animaux de compagnie. Parmi les reptiles les plus fréquemment rencontrés en terrariophilie, on trouve les serpents non venimeux comme les pythons et les boas, les geckos, les iguanes, les tortues terrestres ou d'eau douce ou des caméléons, qui attirent les amateurs notamment par leurs changements de couleur[127]. On compte pas moins de 13 millions de reptiles dans 4,6 millions de foyers aux États-Unis en 2011[128] et ils sont particulièrement populaires au Royaume-Uni avec 9 millions d'animaux, soit plus que le nombre de chiens du pays[129]. En France on compte environ un million de reptiles parmi les animaux de compagnie en 2004[130]. Le marché des reptiles comme nouveaux animaux de compagnie (NAC) est en pleine expansion et se révèle très lucratif, tant pour le marché légal que pour le marché illégal qui s'approvisionne directement dans la nature sans autorisation[131].
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+ L'élevage de reptiles comme animaux de compagnie pose également parfois des problèmes de marronnage, s'ils sont relâchés dans la nature. C'est le cas avec la tortue de Floride qui a été importée massivement en Europe par les animaleries à la fin du XXe siècle et relâchée en grand nombre dans la nature, par des propriétaires incapables de s'occuper de leur petite tortue devenue grande. Elle a réussi à s'acclimater et est devenue invasive en France où elle prend peu à peu la place de la tortue indigène, la Cistude[132].
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+ Les reptiles sont bien représentés dans les zoos à travers le monde entier, souvent dans des vivariums abritant des reptiles, plus ou moins importants. Certains parcs sont même spécialisés dans les reptiles, comme en France l'île aux Serpents dans la Vienne ou La Ferme aux crocodiles dans la Drôme qui disposent d'enclos[133]. C'est aussi le cas de l'Alice Springs Reptile Centre qui accueille des reptiles endémiques d'Australie, du St. Augustine Alligator Farm Zoological Park en Floride qui est le seul parc où toutes les espèces de crocodiliens sont représentées, ou de Reptile Gardens, à côté de Rapid City dans le Dakota du Sud qui héberge la plus vaste collection de reptiles au monde. Des démonstrations sont parfois organisées autour de ces animaux, mettant par exemple en scène des dresseurs de crocodiliens qui manipulent ces animaux réputés féroces[134]. En Australie, des croisières sont organisées pour observer les Crocodiles marins avec pour principale attraction les sauts de ces animaux pour attraper des morceaux de viande tendus au bout de cannes[135].
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+ En Afrique du Nord et en Asie du Sud (Inde, Bangladesh, Sri Lanka, etc.), des charmeurs de serpents impressionnent les passants en paraissant envoûter des serpents ondulant au rythme de la musique qu'ils jouent[136]. En Martinique, des combats entre un serpent et une mangouste sont organisés à l'image des combats de coqs, mais ne font pas l'objet de paris[137].
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+ Les reptiles qui font le plus de victimes parmi les populations humaines sont sans conteste les serpents. En effet, le venin de certains est mortel si la blessure n'est pas soignée à temps. Il est très difficile de recenser le nombre d'attaques par des serpents et le nombre de morts. Elles demeurent relativement peu élevées dans les pays de l'hémisphère nord, mais sont très fréquentes en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. On estime le nombre de morsures annuelles à plus de 5 millions dont la moitié par des serpents venimeux, et le nombre de morts à environ 125 000 par an, dont pas moins de 100 000 en Asie[138]. Parmi les serpents venimeux dangereux, on note notamment les cobras et d'autres élapidés comme les mambas et les taipans, les crotales, les vipéridés.
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+ Les crocodiliens ont une réputation de mangeurs d'homme et peuvent en effet présenter un véritable danger. Ils deviennent particulièrement dangereux pendant la période de reproduction, durant laquelle ils protègent leur territoire contre tout intrus. Ils attaquent parfois des pirogues traversant leur territoire sans forcément s'en prendre aux passagers. Des cas plus sérieux d'humains se baignant ou lavant du linge dans les rivières et emportés par un crocodile se produisent aussi régulièrement[57] Aux États-Unis environ 200 attaques d'alligators ont été relevées depuis 1948, dont 14 mortelles[139]. En Australie, on comptabilise en moyenne une attaque mortelle de crocodile marin par an, généralement dans le nord du pays[140]. Mais, c'est clairement en Afrique que les crocodiles font le plus de victimes. Il est toutefois difficile d'avoir des données claires car les décès ne sont pas forcément tous recensés, et on ne peut pas toujours savoir si une disparition a été causée ou non par une attaque de crocodile. On estime cependant le nombre de morts consécutives à des attaques de Crocodile du Nil à plusieurs centaines par an en Afrique sub-saharienne[141].
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171
+ Depuis toujours les reptiles inquiètent les hommes. La peur des reptiles est une des peurs les plus courantes, et peut provoquer une panique presque incontrôlable chez certaines personnes. On l'appelle herpétophobie, et la peur des serpents, qui est particulièrement répandue, est appelée ophiophobie. Ces réactions peuvent tout d'abord s'expliquer par le danger que ceux-ci représentent ; une morsure de serpent, si elle n'est pas systématiquement mortelle, nécessite souvent des soins importants. Par ailleurs, il pourrait y avoir une part d'instinctif dans la peur des reptiles, et notamment celle des serpents, puisque chez de nombreux mammifères cette réaction semble innée, ou du moins les animaux possèdent de très fortes prédispositions pour développer cette peur[142],[143].
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+ Dans certains pays, les reptiles sont victimes du braconnage. Les animaux ainsi chassés sont utilisés pour l'alimentation, la médecine traditionnelle et pour leur peau, qui une fois tannée peut être utilisée dans l'industrie du luxe pour confectionner des bracelets de montre, des sacs à main ou des portefeuilles, vendus en Europe et en Amérique du Nord[144]. Le marché des NAC s'approvisionne lui aussi largement auprès de braconniers qui prélève des animaux à l'état sauvage, le marché des NAC est une menace importante pour les espèces de reptiles qui voient leurs effectifs chuter dans leur milieu d'origine pour approvisionner les terrariums, avec souvent des pertes importantes durant le voyage[131]. Malgré l'émergence d'élevages, ceux-ci ne parviennent pas pour le moment à enrayer le commerce illégal, et sont eux-mêmes demandeurs d'animaux capturés dans la nature, afin de constituer leurs animaux reproducteurs[111]. Les reptiles sont parfois tués simplement du fait de leur mauvaise réputation. Ainsi les serpents sont régulièrement détruits car considérés comme dangereux pour l'homme, et les attaques de crocodiles sur des hommes sont généralement suivies d'expéditions punitives qui font parfois de nombreuses victimes parmi ces animaux.
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+ Parmi les menaces qui planent sur les reptiles on compte notamment la disparition de leur habitat. En effet, l'urbanisation croissante, la pollution des eaux, la déforestation qui touche certaines grandes forêts du globe comme l'Amazonie réduisent fortement les aires où les reptiles vivent. Les routes constituent également un danger important pour des animaux comme les tortues qui sont fréquemment écrasées par des voitures. Les tortues marines, qui sont particulièrement menacées, sont parfois victimes de prises accidentelles dans les filets de pêche[145]. Certaines espèces invasives peuvent mettre en danger l'herpétofaune locale. Ainsi, l'arrivée des rats amenés par les pionniers en Nouvelle-Zélande a été suivie par une diminution du nombre de sphénodons, ces rongeurs s'attaquant aux pontes des reptiles. L'espèce invasive peut parfois être un autre reptile comme dans le cas de la Tortue de Floride, relâchée par des particuliers qui la détenaient comme animal de compagnie et qui concurrence certaines tortues indigènes.
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+ Entre 1970 et 2012, les populations de reptiles vivant dans les lacs et les rivières ont chuté de 72 %[146]
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+ En 2009 l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dénombré 1 677 espèces de reptiles menacées et placées sur sa liste rouge, soit environ 28 % des espèces de reptiles que l'on compte dans le monde. Cette liste augmente très rapidement puisque pas moins de 293 espèces ont été rajoutées l'année suivante. 469 espèces sont considérées comme menacées d'extinction[147].
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+ Afin de limiter l'exploitation des espèces en danger d'extinction, le commerce de reptiles sauvages est strictement réglementé, à travers la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), également parfois nommée convention de Washington. Ce document signé en 1973 comprend trois annexes qui regroupent les animaux sauvages suivant leur degré de protection. Les espèces les moins menacées peuvent ainsi toujours être commercialisées, mais seulement si le pays obtient un permis d'exportation. La vente d'espèces menacées d'extinction est en revanche interdite[148]. Malheureusement il est très difficile de contrôler le braconnage dans certains pays et beaucoup passent outre la convention. Certains pays adoptent des législations plus strictes, pouvant réglementer plus strictement ou interdire le commerce, mais aussi le transport de reptiles sauvages vivants ou morts[148].
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+ Biology of the Reptilia, Morphology I Contributions to herpetology, vol. 21, Academic Press, coll. « Biology of the Reptilia », 2008, 781 p. (ISBN 9780916984779)
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+ Reptilia
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+ Classe
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+ Ordres de rang inférieur
6
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+ Le nom reptiles (du latin reptile, « rampant ») désigne des animaux terrestres à température variable (ectothermes), au corps souvent allongé et recouvert d'écailles, et dont la démarche, pattes écartées et corps proche du sol, est proche de la reptation. Ce groupe, que les sources notamment antérieures au XXIe siècle considèrent comme un taxon dénommé Reptilia, inclut dans ce cas des animaux disparus comme les dinosaures, les ichthyosaures, les plésiosaures, les pliosaures, les ptérosaures[note 1]. Depuis l'essor de la cladistique et surtout du cladisme, un nombre croissant de chercheurs considère que le mot reptile ne doit plus être utilisé comme un taxon valide car il ne désigne pas un groupe holophylétique dont les espèces descendent toutes d'un ancêtre commun « reptilien » exclusif, mais forment un regroupement paraphylétique d'espèces semblables par les caractères de l'ectothermie et des écailles. Le groupe « reptiles » serait ainsi paraphylétique parce que les ancêtres communs du groupe ont aussi produit une descendance ne possédant pas de tels caractères : les mammifères et les oiseaux.
8
+
9
+ Ces chercheurs affirment que les reptiles actuels, crocodiliens, tortues, rhynchocéphales et squamates appartiennent à des lignées moins apparentées entre elles qu'avec d'autres lignées non « reptiliennes » comme les oiseaux : les crocodiliens par exemple sont plus proches des oiseaux que des lézards ou des tortues. De plus, certains groupes fossiles autrefois considérés comme des « reptiles » possèdent des caractéristiques que n'ont pas les reptiles actuels : les ichtyosaures, se sont révélés avoir été vivipares ; d'autres tels les ptérosaures étaient velus et enfin les dinosaures ont révélé parmi eux des formes à température constante (homéothermes) et parmi eux, les théropodes ont donné naissance aux oiseaux.
10
+
11
+ C'est pourquoi, en Occident, depuis les années 1980, le regroupement des reptiles en tant que taxon a été abandonné par les scientifiques cladistes désormais majoritaires, ainsi que dans l'enseignement primaire et secondaire français[1],[2],[3]. En revanche, il est toujours largement utilisé dans le langage courant, dans les institutions scientifiques d'autres pays (notamment la Chine, les pays hispanophones et russophones), et il est toujours formellement reconnu comme une classe valide dans la systématique évolutionniste, une école de taxonomie toujours active[2],[4],[5].
12
+
13
+ La classe Reptilia comprend quatre ordres d'espèces contemporaines :
14
+
15
+ L'étude de ces animaux forme une des deux branches de l'herpétologie, l'autre étant l'étude des amphibiens, anciennement rapprochés des reptiles.
16
+
17
+ Les premiers animaux à pouvoir être placés dans cette classe sont apparus sur Terre dès le Carbonifère, en même temps que les amniotes. Premiers vertébrés à pouvoir coloniser le milieu terrestre, ils se diversifient rapidement en de nombreuses espèces. Les reptiles sont aujourd'hui bien représentés avec plus de 9 000 espèces répertoriées en 2011, localisées surtout à proximité des tropiques, mais la vision traditionnelle selon laquelle le Mésozoïque aurait été un « âge des reptiles » suivi par un « âge des mammifères » est abandonnée, et l'on considère aujourd'hui qu'un « âge des dinosaures et des mammifères » a commencé au Trias et se poursuit de nos jours (puisque les oiseaux sont des dinosaures), tandis que le véritable « âge des reptiles » se place avant cela, au Permien, pour s'estomper au Trias.
18
+
19
+ Les reptiles ont, depuis toujours, intrigué ou fasciné les humains. Parce que certains sont capables de dévorer des hommes (crocodiliens, grands varans) ou bien disposent de venins potentiellement mortels, parfois les reptiles inquiètent et font peur, parfois ils suscitent des phobies, mais d'autres fois ils sont sacralisés et sont l'objet d'une symbolique complexe. Omniprésents dans les mythologies du monde entier, ils ont inspiré l'imagination des hommes, servant par exemple de modèles aux dragons. D'autres suscitent de la sympathie, par exemple les tortues qui, dans certaines mythes, portent le monde sur leur dos[6].
20
+
21
+ Ces dernières années, l'élevage de reptiles se développe dans le monde, pour fournir le marché de la viande dans certains pays consommateurs, mais surtout les marchés de la maroquinerie de luxe, qui utilise leurs peaux, et celui des nouveaux animaux de compagnie. Toutefois, le braconnage est également très répandu, et met en danger de nombreuses espèces, malgré les tentatives de régulation du commerce d'animaux sauvages menées au niveau international. La pollution et la disparition des habitats des reptiles sont les autres principaux dangers auxquels ils sont exposés.
22
+
23
+ « Reptile » signifie « qui rampe ». Ce terme, qui fait référence au serpent de la Genèse[7],[note 2], est issu du latin reptare qui signifie « ramper ». Il a fini par désigner un groupe d'animaux respirant à l'air, à écailles et ectothermes, bien que la reptation ne soit pas une caractéristique universelle pour ceux-ci.
24
+
25
+ « Reptilien » désigne ce qui est relatif aux reptiles, « reptilité » une attitude reptilienne. Ces deux termes ont une connotation négative, désignant ce qui est primitif et brutal. Toutefois, l'expression « animal reptilien », peut faire référence à tout animal qui rampe, y compris un insecte[7]. Dans la théorie obsolète du cerveau triunique popularisée dans les années 1970 par Paul D. MacLean, l'archipallium ou « cerveau reptilien » était considéré comme le siège des instincts, besoins primaires et des réflexes[8].
26
+
27
+ Bien avant que l'on parle de classification, Aristote décrit près de 50 espèces qualifiées de reptiles (ερπετόν). Il définit plusieurs sous-groupes de reptiles : les lézards, les crocodiliens, les serpents et les batraciens. Il les distinguait des poissons, des oiseaux et des autres quadrupèdes. Selon sa méthode de classification, ces animaux vertébrés et à sang se distinguaient par leurs organes internes (poumon, épiploon, mésentère…) et par l'organisation de ceux-ci, leurs écailles, leur langue et la ponte d'œufs. La notion antique du reptile n'est plus la même, sans parler des batraciens, puisque certaines des espèces qualifiées de reptile aujourd'hui sont vivipares, ont des langues larges comme les geckos etc. Pline l'Ancien, l'autre grand auteur naturaliste de l'antiquité, reprend les conceptions d'Aristote et y ajoute bon nombre de faits fantaisistes[9],[10].
28
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29
+ La confusion entre les espèces aujourd'hui appelées reptiles et les amphibiens perdure avec la première publication de Systema Naturae de Carl von Linné qui classe tous ces animaux dans le groupe des « Amphibia »[11]. Cette erreur peut se comprendre car la faune suédoise, sur laquelle le scientifique s'est appuyé, était peu pourvue en reptiles et parmi les rares animaux appartenant à cette classe qu'on pouvait y observer la vipère et la couleuvre étaient souvent aperçues chassant dans l'eau[12]. En revanche, Reptilia était souvent préféré par les Français[13]. L'habitude de traiter ces deux types d'animaux ensemble demeure aujourd'hui à travers le terme d'herpétologie, la science qui étudie l'ensemble de ces animaux.
30
+
31
+ Josephus Nicolaus Laurenti est le premier à utiliser officiellement le terme « Reptilia », pour désigner une classe d'animaux composée de reptiles et d'amphibiens similaire à celle de Linnaeus[14]. Il ne comprend toutefois pas dans ce groupe les tortues[15]. À la même époque, Cuvier définit les reptiles comme « tous les animaux vertébrés dépourvus de plumes, de poils et de mamelles, et respirant, au moins dans leur état adulte, l'air atmosphérique au moyen de poumons situés à l'intérieur de leur corps »[16]. Cette définition comprend donc bien les amphibiens.
32
+
33
+ Dans son ouvrage paru en 1799, Alexandre Brongniart s'appuie sur une étude des organes les plus essentiels des reptiles : ceux de la circulation, de la respiration ou de la reproduction, puis à des organes d'importance plus secondaire comme ceux de la digestion, de la locomotion ou du toucher[17]. Sa classification identifie quatre ordres de reptiles : les chéloniens (tortues), les sauriens comprenant les lézards et les crocodiliens, les ophidiens (serpents) et les batraciens. Il commence donc à isoler ces derniers en les différenciant des autres reptiles[18], mais ce ne sera pas avant le début du XIXe siècle qu'une différence marquée entre ces animaux devient effective dans les classifications, et cela n'empêchera pas le qualificatif d'« herpétologiste » de s'appliquer jusqu'à nos jours aux connaisseurs tant des amphibiens que des reptiles. Pierre André Latreille crée la classe des Batracia en 1825, répartissant les tétrapodes en 4 classes : reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères[19].
34
+
35
+ L'anatomiste britannique Thomas Henry Huxley a popularisé la définition de Latreille et, en parallèle avec Richard Owen, a élargi le terme Reptilia aux fossiles de monstres disparus comme les dinosaures et le Dicynodon (synapside, reptile mammalien). S'intéressant de près aux similarités entre reptiles et oiseaux, il voit même dans certains de ces animaux préhistoriques disparus les ancêtres directs des oiseaux modernes[20].
36
+
37
+ Ainsi, Huxley commence petit à petit à remettre en cause la séparation des tétrapodes entre reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères, qui n'est dès lors pas l'unique classification à être diffusée. Ainsi, dans les cours qu'il délivre au Royal College of Surgeons en 1863, il répartit les vertébrés en trois catégories : les mammifères, les sauropsidés (comprenant les oiseaux et les reptiles) et les ichthyopsidés (composés des poissons et des amphibiens)[21].
38
+
39
+ Les termes « Sauropsida » (littéralement « tête de lézard ») et « Therapsida » (« tête de bête ») ont été également utilisés en 1916 par Edwin Stephen Goodrich pour distinguer d'une part les lézards, les oiseaux et leurs ancêtres et d'autre part les mammifères et leurs ancêtres éteints. Goodrich justifiait cette division par la nature du cœur et des vaisseaux sanguins, et d'autres caractéristiques comme la structure du prosencéphale. Selon Goodrich, les deux lignées ont évolué à partir d'un groupe d'animaux aujourd'hui disparu qui comprenait des amphibiens du Paléozoïque et des reptiles primitifs et qu'il désignait sous le nom de « Protosauria »[22].
40
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41
+ En 1956 David Meredith Seares Watson observe que les « Sauropsida » et les « Therapsida » ont divergé très rapidement au cours de l'évolution des reptiles. Il réinterprète ces deux groupes pour en exclure respectivement les oiseaux et les mammifères. Ainsi dans sa classification les sauropsidés comprennent les Procolophonia, les Eosuchia, les Millerosauria, les Chelonia (tortues), les Squamata (lézards et serpents), les Rhynchocephalia, les Crocodilia, les Thecodontia (groupe paraphylétique d'archosaures), les dinosaures non aviaires, les ptérosaures, les ichtyosaures, et les sauroptérygiens[23].
42
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43
+ En 1866, Ernst Haeckel démontre que les vertébrés peuvent être classés suivant leur méthode de reproduction, et que les oiseaux, les reptiles et les mammifères partagent l'œuf amniotique. À la fin du XIXe siècle, la classe des Reptilia inclut donc tous les amniotes à l'exception des oiseaux et des mammifères[24]. Ainsi, ils comprennent les crocodiles, alligators, sphénodons, lézards, serpents, amphibiens, et tortues, ainsi que certains animaux disparus comme les dinosaures, synapsides et les Pareiasauridae primitifs. C'est encore la définition utilisée communément aujourd'hui.
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+ Au XXe siècle, les reptiles sont divisés en quatre sous-classes en fonction du nombre et de l'emplacement des ouvertures temporales dans le crâne. Cette classification a été initiée par Henry Fairfield Osborn et popularisée par les travaux d'Alfred Sherwood Romer divulgués dans son célèbre Vertebrate Paleontology[25],[26]. Ces quatre classes sont :
46
+
47
+ La composition du groupe des euryapsides est un peu controversée. Les ichthyosaures sont parfois considérés comme ayant évolué indépendamment des autres euryapsides, ce qui lui a valu la dénomination de Parapsida. Mais on rejeta plus tard la légitimité de ce taxon (les ichthyosaures sont classés comme incertae sedis ou avec les Euryapsida). Les euryapsides semblent en fait dérivés des diapsides, chez lesquels une fosse temporale se serait bouchée, évolution vraisemblablement apparue à plusieurs reprises au cours de l'évolution des reptiles[27]. Toutefois, la classification en quatre sous-classes (ou trois si les Euryapsida sont placés parmi les Diapsida) demeure universellement reconnue par la plupart des scientifiques tout au long du XXe siècle[28] et a seulement été remise en cause par l'avènement de la phylogénétique.
48
+
49
+ Les tortues sont traditionnellement considérées comme des survivantes du groupe des anapsides, leur crâne ne présentant pas d'ouvertures particulières[29]. Cette classification est critiquée, certains scientifiques pensant que les tortues sont des diapsides qui sont revenus à la forme du crâne originelle pour améliorer leur protection, comme le suggère l'acception moderne du clade des Parareptilia[30]. Les études phylogénétiques plus récentes fondées sur la morphologie ont placé les tortues dans le taxon des Diapsida[31]. Toutes les études moléculaires confirment cette hypothèse et place fermement les tortues au sein du groupe des diapsides, les rapprochant généralement des archosaures[32],[33],[34],[35].
50
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51
+ Au XXIe siècle, la majorité des paléontologues et des biologistes ont adopté la taxonomie cladiste, suivant laquelle chaque groupe doit former un clade, comprenant l'ensemble des descendants d'un ancêtre particulier. Les reptiles ne correspondent pas à cette définition, et sont clairement un groupe paraphylétique, puisqu'ils excluent les oiseaux et les mammifères, malgré le fait que ceux-ci soient également les descendants des premiers reptiles[36]. Colin Tudge écrit à ce propos :
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+
53
+ « Les mammifères forment un clade, et c'est pourquoi les partisans de la nomenclature phylogénétique peuvent conserver ce taxon traditionnel. Il en est de même pour les oiseaux, universellement reconnus comme le taxon Aves. Mammalia et Aves sont en fait des sous-clades à l'intérieur du clade des amniotes. Mais la classe traditionnellement connue comme celle des reptiles ne constitue pas un clade. C'est simplement une section du clade des amniotes, la section qu'il reste quand on a retiré à ce clade les mammifères et les oiseaux. Ce groupe ne peut pas être défini par synapomorphie, au sens propre. On le définit par un certain nombre de caractères qu'ils possèdent ou dont ils manquent : les reptiles sont les amniotes qui n'ont pas de fourrure ni de plumes. Au mieux, on peut dire que les reptiles sont les amniotes non aviaires et non mammaliens[37]. »
54
+
55
+ Malgré les propositions pour remplacer le groupe paraphylétique Reptilia par le groupe holophylétique Sauropsida, ce dernier terme ne s'est pas réellement répandu, ou quand il l'est, est généralement mal employé[38]. Généralement on utilise le terme Sauropsida comme un synonyme de Reptilia. En 1988, Jacques Gauthier propose une définition du terme reptile respectant la cladistique, en en faisant un groupe holophylétique incluant les tortues, les lézards et les serpents, les crocodiliens et les oiseaux, ainsi que leurs ancêtres communs et leurs descendants[39]. Cette proposition est mise à mal par l'actuel débat sur l'emplacement réel des tortues dans la classification[38]. D'autres définitions ont été formulées par divers scientifiques à la suite de la publication de Gauthier. La première qui put postuler aux standards de PhyloCode a été publiée par Modesto et Anderson en 2004. Ils ont étudié les diverses définitions publiées précédemment et proposé leur propre définition qu'ils ont voulue la plus proche possible de la définition traditionnelle tout en étant stable et holophylétique. Ils ont ainsi défini le groupe des reptiles comme l'ensemble des amniotes plus proches de Lacerta agilis et Crocodylus niloticus que de Homo sapiens. Cette définition revient en fait à la définition de Sauropsida, que Modesto et Anderson ont tenté de rapprocher de Reptilia, cette dernière étant plus connue et plus fréquemment utilisée, bien que la définition inclut les oiseaux[38].
56
+
57
+ Ce taxon est considéré comme paraphylétique ; si les reptiles mammaliens fossiles forment un même clade avec les mammifères, les autres reptiles en forment un autre avec les oiseaux et les dinosaures, celui des Sauropsides, groupe frère du précédent au sein des vertébrés amniotes.
58
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59
+ Voici la classification évolutionniste proposée par Benton en 2005[40],[note 3].
60
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61
+ Le cladogramme ci-dessous représente en quelque sorte « l'arbre généalogique » des reptiles, dans la version simplifiée proposée par Laurin et Gauthier en 1996 dans le cadre du projet Tree of Life Web Project[41], avec les informations sur les reptiles les plus primitifs selon Muller et Reisz (2006)[42].
62
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63
+ Les tortues sont un groupe très ancien de reptiles, qui comprend aujourd'hui environ 340 espèces réparties dans 15 familles. Elles se caractérisent notamment par la carapace qui les protège des prédateurs. Celle-ci est composée d'un plastron sur la face ventrale et d'une dossière sur le dessus du corps, reliés sur les côtés par deux ponts osseux[43]. Elle est constituée de plaques osseuses et d'écailles reliées au squelette de l'animal[44]. Les tortues sont dépourvues de dents mais possèdent un bec corné leur permettant de trancher les aliments, carnés comme végétaux[45],[46]. Les tortues ont colonisé différents milieux, puisque l'on trouve parmi elles des tortues terrestres mais également des tortues aquatiques affectionnant l'eau douce et des tortues marines qui vivent la plupart du temps en pleine mer, et ne reviennent sur la terre ferme que pour pondre leurs œufs[47],[48]. Leur ordre est constitué de deux groupes principaux : les pleurodires, tortues de l'hémisphère sud qui ont notamment la particularité de rentrer leur tête en formant un S avec leur cou, et les cryptodires, qui rentrent leur tête sans changer son orientation, et qui regroupent la plupart des tortues terrestres et quelques amphibies, et toutes les espèces marines. Ces dernières ont connu un plus grand succès, plus nombreuses et remplaçant souvent les pleurodires[49].
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+
65
+ Ils ne sont plus représentés aujourd'hui que par deux espèces appartenant au genre Sphenodon. Cet ordre était florissant il y a 200 millions d'années[50]. Ces animaux possèdent un troisième œil et représentent un témoignage de la séparation des lignées ayant abouti aux lépidosauriens (dont les lézards, serpents et sphénodons font partie) d'une part et aux archosauriens (oiseaux et crocodiliens, entre autres) d'autre part.
66
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67
+ Les deux espèces subsistant aujourd'hui sont endémiques de Nouvelle-Zélande. Elles constituent la branche divergeant le plus précocement dans l'arbre phylogénétique actuel des lépidosauriens. Le cerveau et le mode de locomotion présentent des états de caractères ancestraux d'amphibiens et l'organisation du cœur est plus simple que chez les autres reptiles[51].
68
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69
+ Le groupe des squamates est le groupe qui compte la plus grande diversité d'espèces avec environ 9 000 espèces. Ils regroupent des animaux qui ont la particularité de changer régulièrement de peau en muant par lambeau, voire en laissant l'intégralité de leur vieille peau derrière eux[46]. On les répartit en cinq sous-ordres :
70
+
71
+ Les crocodiliens forment un groupe de 30 espèces réparties en trois groupes, les Crocodylidae (crocodiles et faux-gavials), les Alligatoridae (alligators et caïmans) et les Gavialidae (gavials). Ces animaux sont bien adaptés à la vie aquatique. Ils ont un corps oblong fortement aplati, des pattes semi-palmées placées latéralement qui leur permettent de se déplacer en faisant traîner leur corps sur le sol, une longue queue garnie d'écailles et une large tête avec un long museau plat qui leur permet de rester immergés à l'exception de leur nez et leurs yeux[57].
72
+
73
+ Ces animaux sont les reptiles les plus proches des oiseaux. Ils ont une anatomie plus complexe que la plupart des autres espèces, notamment au niveau de la circulation sanguine avec leur cœur à quatre cavités. Ils font partie des seuls reptiles à développer des relations sociales évoluées avec la mise en place d'une hiérarchie dans le groupe, et à avoir un véritable comportement maternel[57].
74
+
75
+ Les reptiles sont des animaux très divers chez lesquels on trouve peu de caractéristiques communes tant sur le point morphologique que physiologique. Ils partagent seulement les caractères de base comme la peau écailleuse, observés par les premiers scientifiques qui se sont intéressés à la classification des animaux sur quelques spécimens, et qui ont servi à définir le groupe autrefois. Par ailleurs, certains comme les crocodiliens sont plus proches des oiseaux, groupe de non-reptiles, que des autres ordres de reptiles. Les fossiles jadis considérés comme reptiles compliquent encore l'appréciation du groupe, puisque ceux-ci présentent une diversité encore bien plus importante que celle des reptiles actuels. Ils avaient colonisé tous les milieux, avec les dinosaures sur terre, les ichthyosaures et les mosasaures dans les mers et les ptérosaures dans les airs, et comprenaient pas moins de 16 ou 17 ordres[58], contre 4 actuellement. De plus, certains fossiles de dinosaures à plumes proches de l'origine des oiseaux (Archaeopteryx...), ou les reptiles mammaliens, à l'origine des mammifères, sont à la marge du regroupement, et compliquent sa définition[59].
76
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+ Il est encore plus difficile de classer les fossiles entre amniotes et amphibiens. Il est habituel de considérer comme amphibiens tous les tétrapodes non-amniotes ce qui, strictement, est inexact. La distinction entre ces groupes est d'autant plus difficile que la séparation est plus ancienne. L'arbre phylogénique témoignant de cette séparation est le suivant :
78
+
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+ Le taxon des reptiles étant paraphylétique, il ne regroupe pas tous les animaux qui descendent d'un même ancêtre commun. Autrement dit, d'un point de vue strictement temporel, les oiseaux sont plus proches des crocodiliens que ces derniers ne le sont des lézards. On retrouve donc des caractéristiques communes aux oiseaux et aux crocodiliens qui sont absentes chez les tortues, les lézards et les serpents. En outre le dernier ancêtre commun à toutes ces espèces est très éloigné, par conséquent le terme reptile regroupe des animaux aux morphologies et caractéristiques anatomiques diverses, et qui n'ont que peu de caractéristiques en commun (d'où le rang taxonomique relativement élevé de classe). On observe par exemple de fortes variations de taille entre les représentants du groupe, dans lequel on retrouve les plus petits amniotes, des geckos du genre Sphaerodactylus, et des animaux comme le Crocodile marin qui peut atteindre une tonne. Les plus grands animaux que la Terre ait portés étaient également des reptiles, les dinosaures.
80
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+ Les reptiles sont des animaux vertébrés tétrapodes, bien que les membres aient régressé ou sont même complètement absents chez certains d'entre eux comme les serpents, les orvets et les amphisbènes. Leur corps est couvert d'écailles. Certains sont protégés par des plaques osseuses, formant même une carapace chez les tortues. Ils peuvent avoir divers attributs supplémentaires comme des crêtes, des fanons gulaires, des épines dorsales, des cornes… Leur corps se termine par une queue plus ou moins fusiforme. Les reptiles respirent tous à l'aide de poumons, plus ou moins complexes suivant les espèces.
82
+
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+ Ils ne disposent en revanche pas des caractéristiques propres aux mammifères comme les poils ou un diaphragme[60], remplacé chez les sauropsides par une couche de mésentère à la fonction identique. Ils ne disposent pas non plus de plumes, ce qui les distinguent des oiseaux, mais comme eux leur respiration est assurée par les contractions de l'ensemble des muscles abdominaux et intercostaux[61]. Les reptiles ne disposent pas d'un cœur à quatre cavités identiques aux mammifères et aux oiseaux, mais d'un cœur à deux oreillettes et un ventricule, ce dernier étant partiellement cloisonné en deux chez les crocodiliens[62].
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+ Si les différences entre les amphibiens avancés et les premiers reptiles au Carbonifère étaient très peu marquées, ils se distinguent aujourd'hui facilement par leurs caractéristiques morphologiques. Les reptiles et les amphibiens modernes diffèrent tout d'abord par leur peau. Celle-ci est souple et toujours humide chez les amphibiens, et facilite les échanges gazeux avec son environnement[63]. Chez les reptiles elle est sèche et écailleuse, et les échanges avec le milieu sont beaucoup plus rares. Au niveau de l'anatomie interne, le crâne des reptiles est relié au reste de la colonne vertébrale par un seul condyle occipital, contre deux chez les amphibiens, et le sacrum est composé d'au moins deux vertèbres, contre une seule chez les amphibiens[63]. Ces derniers ont un cœur composé d'un seul ventricule, quand il est au moins partiellement divisé chez les reptiles[63]. Enfin les amphibiens ont des canaux communs pour desservir leurs reins et leurs gonades, tandis qu'ils sont distincts chez les reptiles. Ces derniers sont par ailleurs capables de concentrer leur urine en réabsorbant de l'eau alors que les amphibiens ont une urine très diluée et leur système excréteur nécessite une grande quantité d'eau pour fonctionner[63],[64].
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+ La majorité des reptiles est carnivore[65]. Ils se nourrissent de diverses proies, des plus petites comme les insectes, les petits crustacés, les mollusques ou les araignées, à de plus grosses comme des mammifères tels que les gnous ou les gazelles. Certains d'entre eux sont également herbivores, et ont développé des adaptations en lien avec ce régime, notamment au niveau du tractus digestif et de sa flore[66]. Du fait de leur métabolisme lent (mais accéléré par la chaleur[67]), et de leur assimilation lente des proies de grandes tailles, la plupart des reptiles sont capables de jeûner sur de longues périodes[57].
88
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+ Les reptiles sont des animaux dits à sang froid, ou poïkilothermes, c'est-à-dire que leur température interne n'est pas stable mais dépendante de celle du milieu extérieur[68], mais là encore certains font exception, une étude de 2010 ayant montré que certains reptiles marins aujourd'hui disparus tels que le mosasaure, l'ichtyosaure et le plésiosaure parvenaient à maintenir une température plus élevée que celle de leur milieu grâce à la chaleur produite par leur métabolisme[69]. Lorsque les températures sont trop froides ou trop élevées, les reptiles entrent en léthargie et hibernent ou estivent suivant la situation[65].
90
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+ On considère généralement que les reptiles sont moins intelligents que les mammifères ou les oiseaux[70]. La proportion de la taille de leur cerveau par rapport à leur corps est nettement moins élevée que celle des mammifères et la moelle épinière représente une forte proportion de l'ensemble du système nerveux. Leur quotient d'encéphalisation représente ainsi seulement un dixième de celui des mammifères[71]. Toutefois certains reptiles de grande taille présentent un système nerveux plus complexe. De grands lézards comme les varans sont connus pour présenter des comportements évolués et donc une certaine intelligence[72]. Les crocodiliens, au cerveau plus développé, sont en mesure de présenter un système hiérarchique de fonctionnement en groupe assez complexe[73].
92
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+ Les reptiles sont des amniotes. Ils sont majoritairement ovipares mais certains sont ovovivipares. Chez les espèces ovipares, le sexe est souvent déterminé par des conditions environnementales, et notamment par la température.
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+ Le « taux de survie » des juvéniles est un des paramètres critiques de démographie et survie d'une espèce. Les jeunes reptiles, très discrets sont rarement observés et ne sont pas trouvés lors des programmes de suivi par marquage-recapture. On en a déduit que les taux de survie des juvéniles sont très faibles. Cette hypothèse est contredite par des travaux récents de modélisation. Ceux-ci ont indirectement estimé les taux de survie des juvéniles nécessaires au maintien d'une population stable, d'après les données publiées sur la démographie des reptiles et les taux de survie des adultes dans 109 populations de reptiles (englobant 57 espèces). Les taux estimés de survie des juvéniles seraient en fait bien plus élevés que ce que l'on pensait (en moyenne, seulement environ 13 % moindres que ceux des adultes de la même espèce) et fortement corrélée au taux de survie des adultes. Selon ces mêmes travaux, les taux de survie au cours de la vie (des juvénile et des adultes) devraient être plus élevés chez les tortues que chez les serpents, et plus chez les serpents que les lézards. Conformément aux théories de l'évolution, les taux de survie des juvéniles seraient plus élevés au sein des squamates vivipares que chez les ovipares (mais le nombre total de jeunes est moindre). La croyance répandue que les reptiles juvéniles ont un faible taux de survie annuel résulterait donc de difficultés d'échantillonnage. Il reste à expliquer comment les jeunes reptiles échappent autant aux observateurs naturalistes[74].
96
+
97
+ Les reptiles sont présents sur quasiment l'intégralité de la surface du globe, à l'exception des zones trop froides à proximité des pôles. Comme ce sont des animaux à sang froid, ils préfèrent tout de même les températures assez élevées, et leur présence et leur diversité deviennent plus importante à proximité des tropiques[75]. Ainsi, les continents les plus riches en reptiles sont l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud.
98
+
99
+ Les reptiles peuvent s'adapter à des habitats très différents. On les trouve très présents dans les forêts tropicales, avec une très forte diversité d'espèces, mais ils peuplent également les déserts, où l'on retrouve des lézards et des serpents qui s'abritent durant la journée et sortent la nuit. Dans les zones montagneuses les lézards aiment se cacher dans des amas de pierres, et certains serpents se sont spécialisés dans les zones d'altitude comme la Vipère d'Orsini (Vipera ursinii) que l'on trouve dans les hautes montagnes d'Europe à des altitudes avoisinant 2 000 m[76]. Certains reptiles sont dits fouisseurs et passent une partie de leur vie sous la terre comme les amphisbènes. Les reptiles ont également colonisé les milieux aquatiques : les crocodiliens, certaines tortues comme la Cistude d'Europe et certains serpents comme l'anaconda, le Mocassin d'eau et les couleuvres sont à leur aise dans les rivières et lacs d'eau douce, quand les tortues marines sont présentes dans tous les océans du monde, et ne rejoignent la terre ferme que pour se reproduire[75]. Les serpents marins représentent un niveau d'adaptation supérieur, puisqu'ils ne retournent plus du tout à terre pour la plupart d'entre eux, et ont adopté un cycle de vie exclusivement marin. De nombreuses espèces ont des mœurs arboricoles, comme les serpents ou les lézards. Certains peuvent se déplacer d'arbres en arbres en « planant » comme les dragons volants et dans une moindre mesure certains serpents comme les couleuvres volantes.
100
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+ Les reptiles sont apparus il y a environ 320 ou 310 Ma dans les marais de la fin du Carbonifère, et sont issus de l'évolution d'animaux reptiliomorphes avancés[30]. Ceux des reptiliomorphes qui sont devenus amniotes se distinguent des amphibiens par leur œuf, dont la coquille solide leur permet d'être pondu à même le sol. Ceci permet aux reptiles de coloniser le milieu terrestre en y passant l'intégralité de leur temps, tandis que les amphibiens restent plus ou moins inféodés au milieu aquatique[63]. Ce type d'œuf, appelé œuf amniotique, est l'apanage des amniotes, un taxon d'animaux dont les premiers représentants peuvent être qualifiés de reptiles. Le plus ancien amniote connu est Casineria, considéré comme un reptile primitif plutôt que comme un amphibien avancé[77],[78]. Une série d'empreintes fossiles retrouvées en Nouvelle-Écosse, datant d'il y a 315 Ma, présente les orteils et les empreintes d'écailles caractéristiques des reptiles[79]. Ces empreintes sont attribuées à Hylonomus, le premier amniote incontestable connu[80]. Il s'agissait d'un petit animal à l'allure de lézard, d'environ 20 à 30 cm de long, avec de nombreuses dents pointues attestant de son régime insectivore[81]. Parmi les plus anciens reptiles connus on répertorie également Westlothiana, qui est toutefois pour le moment plutôt considéré comme un amphibien reptiliomorphe que comme un véritable amniote[82] et Paleothyris, qui ont une allure et des comportements similaires à Hylonomus.
102
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103
+ Les premiers reptiles étaient anapsides, présentant un crâne plein avec seulement des ouvertures pour les yeux, le nez, la colonne vertébrale[70]. Très rapidement après l'apparition des premiers reptiles, ceux-ci se scindent en deux branches[83],[84]. Une de ces branches, les Synapsida (incluant les reptiles mammaliens ainsi que les mammifères actuels et éteints), a une ouverture dans le crâne, juste derrière l'œil ; l'autre branche, celle des Diapsida, présente, en plus du trou situé derrière chaque œil, un second trou plus haut dans le crâne. Ces trous laissent dans le crâne de la place pour les muscles de la mâchoire, permettant une morsure plus puissante[70].
104
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+ Les premiers reptiles restent d'abord de taille modeste, car certains amphibiens comme Cochleosaurus les surpassent en taille, et ces reptiles ne représentent qu'une très faible part de la faune avant le changement climatique qui marque la seconde partie du Carbonifère. Au Carbonifère supérieur, le climat devient plus aride à partir de la fin du Moscovien, il y a environ 305 millions d'années[85],[86]. Ce changement assez brusque de climat affecte plusieurs grands groupes d'animaux, notamment les amphibiens, alors que les reptiles survivent un peu mieux, certainement mieux adaptés aux conditions sèches qui s'ensuivent. Les amphibiens doivent retourner pondre leurs œufs dans l'eau, à la différence des reptiles aux œufs munis d'une coquille qui peuvent vivre loin des points d'eau. Les reptiles colonisent dès lors de nouvelles niches écologiques à une vitesse supérieure que précédemment, et surtout plus vite que les amphibiens. Ils développent de nouvelles stratégies alimentaires, certains d'entre eux devenant herbivores, d'autres devenant carnivores, alors qu'ils étaient tous au départ uniquement insectivores et piscivores[85]. À partir de cette période, les reptiles dominent la vie terrestre et présentent une diversité bien supérieure à celle des amphibiens, préparant le Mésozoïque que l'on considérait jadis comme l'« ère des reptiles ��[87].
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+ À la fin du Carbonifère, les reptiles sont la faune tétrapode dominante. Tandis que les amphibiens reptiliomorphes existent toujours, les synapsides forment la première mégafaune terrestre à travers pélycosaures comme Edaphosaurus et le carnivore Dimetrodon. Au milieu du Permien, le climat devient plus sec, ce qui provoque un changement de la faune : les pélycosaures sont remplacés par les thérapsides, mieux adaptés[88]. Au Permien, ces animaux dominent largement la faune terrestre et on considère que 6 reptiles sur 7 sont des thérapsides[89].
108
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+ Les anapsides, dont le crâne massif ne présente aucune ouverture postorbitale, sont toujours très présents tout au long du Permien. Les paréïasaures atteignent notamment de très grandes proportions dans la seconde partie du Permien, avant de disparaître à la fin de cette période (les tortues pourraient en être des survivants)[88].
110
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+ Très tôt au cours de cette période, les diapsides se séparent en deux grandes lignées, les archosaures (groupe des crocodiliens, des dinosaures et donc des oiseaux) et les lépidosauriens (qui donneront plus tard les serpents, lézards et sphénodons que l'on connaît aujourd'hui). Ces deux groupes gardent une petite taille et une allure de lézard durant le Permien.
112
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113
+ Le terme d'« ère des reptiles » a été abandonné pour deux raisons : d'une part le groupe des archosaures (crocodiliens et dinosaures dont oiseaux) qui a dominé cette période n'est pas « reptilien » au sens de nos actuels reptiles qui sont des lépidosaures, d'autre part le groupe des mammifères, qui a connu une explosion radiative après l'extinction des grands archosaures, est apparu en même temps que ceux-ci et, si les mammifères du Mésozoïque étaient de taille inférieure à celle des archosaures, ils étaient en revanche très nombreux. Par ailleurs, si les dinosaures ont produit des espèces de grande taille, la plupart d'entre eux étaient de taille moyenne (comme Ornithomimus ou Variraptor) ou petite (comme Compsognathus), à l'image des mammifères ou des oiseaux actuels. Ainsi, notre image du Mésozoïque s'est trouvée profondément modifiée par les découvertes récentes[90].
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+ La fin du Permien marque une des plus grandes périodes d'extinction, un phénomène qui se prolonge à cause de deux fortes extinctions d'espèces[91]. La plupart des grands anapsides et synapsides disparaissent, remplacés par les diapsides archosauromorphes. Les archosaures prennent alors diverses formes, et plusieurs se caractérisent par des pattes postérieures allongées et une posture plus ou moins dressée qui faisait ressembler les plus anciennes espèces à des crocodiliens à longues pattes. Les archosauriens deviennent le groupe de reptiles dominant du Trias, mais il faut tout de même 30 Ma pour que leur diversité soit aussi importante que durant le Permien[91]. Petit à petit la bipédie devient courante chez ces animaux, même les plus petits[92], ce qui leur confère une plus grande vitesse. Toutefois d'autres groupes d'archosaures adoptent une démarche à quatre pattes avec des pattes assez courtes, comme les phytosaures puis les crocodiliens.
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+ Les dinosaures sont directement issus des archosaures. À la suite de l'extinction de diverses espèces d'archosaures vers la fin du Trias, ils investissent rapidement les niches écologiques laissées vacantes et prennent de l'importance. Ils se divisent rapidement en deux grands ordres, les Ornithischia et les Saurischia. On retrouve chez eux la bipédie de leurs ancêtres, même si certains retourneront par la suite à une posture quadrupède[93]. Au cours du Mésozoïque, le groupe des dinosaures va connaître une importante radiation et former divers ordres et sous-ordres très différents les uns des autres, tant pas leur aspect que par leurs mœurs[94]. Certains sont ainsi devenus les plus grands animaux terrestres ayant existé. Le Mésozoïque est donc parfois appelé l'« ère des dinosaures », animaux dont certains ont développé l'endothermie, comme le prouve la vascularisation de leurs os et divers autres indices, de la même manière qu'elle est apparue chez les reptiles mammaliens, mais la question de savoir si tous les dinosaures étaient endothermes reste fortement débattue dans le milieu scientifique[95]. Les dinosaures ont également pris de nombreuses formes plus petites, comme celle des petits théropodes à plumes qui, au milieu du Jurassique, vont donner naissance aux premiers oiseaux, et c'est surtout parmi ces formes que l'endothermie est probable[88].
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+ Les diapsides lepidosauromorphes pourrait être à l'origine des reptiles marins[96]. Ces reptiles forment le groupe des sauroptérygiens au début du Trias et celui des ichtyosaures au milieu du Trias. Les mosasaures apparaissent également durant le Mésozoïque, à la fin du Crétacé.
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+ L'extinction Crétacé-Tertiaire à la fin du Crétacé voit la disparition de tous les groupes de dinosaures du Mésozoïque à l'exception des oiseaux. Parmi les grands reptiles marins, seules les tortues marines survivent, et parmi les dinosaures, seule une famille de petits théropodes, celle des oiseaux. C'est là que l'ancienne imagerie descriptive de la paléontologie plaçait la fin de l'« ère des reptiles » et le début de l'« ère des mammifères »[87]. En fait, il n'en est rien, si l'on considère que les oiseaux, qui sont des dinosaures, colonisent les premiers, avant les mammifères, les niches écologiques laissées vides par les dinosaures non-aviens, et que les mammifères, apparus en même temps que les dinosaures, étaient également bien représentés au Mésozoïque (eux aussi ont payé un lourd tribut à l'extinction) ; tout au plus peut-on parler d'une « ère des gros dinosaures » suivie par une « ère des gros mammifères » (avec une période des « gros oiseaux » entre les deux, au Paléocène et à l'Éocène)[90].
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+ La diversification des reptiles continue tout au long du Cénozoïque, les squamates prenant une plus grande importance que lors du Mésozoïque. Aujourd'hui ceux-ci constituent la majorité des reptiles existants (plus de 90 %)[97]. On compte actuellement 8 700 espèces de reptiles[97], contre 5 400 espèces de mammifères et près d'une dizaine de milliers d'oiseaux.
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+ La symbolique des reptiles est particulièrement complexe, ces animaux ayant parfois mauvaise réputation, représentant le mal en personne comme le serpent, mais inspirant le respect, et pouvant même être sacralisés comme certains crocodiliens en Afrique.
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+ On retrouve les reptiles dans de nombreux cultes très anciens. Ainsi, les aborigènes d'Australie vénéraient le serpent arc-en-ciel comme l'un de leurs plus puissants êtres ancestraux, protecteur de son peuple[98]. Dans les civilisations d'Amérique du Sud, les Aztèques et les Toltèques vénéraient Quetzalcoatl, littéralement le « serpent à plumes », un dieu bienfaisant très respecté[99]. Chez les Romains et les Grecs, le dieu de la médecine, qu'ils appelaient respectivement Esculape et Asclépios, avait un serpent autour de son bâton, un symbole repris par la suite dans les professions médicales sous la forme du caducée[100]. Les Égyptiens vouaient eux un culte aux crocodiles sacrés du Nil, dont certains étaient même momifiés après leur mort[101]. Ce culte demeure en Afrique encore aujourd'hui, certains villages du Burkina Faso ont leur mare aux crocodiles sacrés. Le dieu de l'eau dans la mythologie égyptienne était d'ailleurs Sobek, un dieu à tête de crocodile[102]. Cette mythologie comprend également un grand nombre de dieux pouvant prendre la forme d'un serpent, souvent d'un cobra. De nombreuses cultures reprennent l'image de l'ouroboros, un serpent se mordant la queue et représentant l'infini, le cycle éternel de la nature. Il fut d'ailleurs repris par les mathématiciens à travers la lemniscate, un huit couché symbolisant l'infini. La mauvaise réputation des reptiles est plus récente. Dans la Bible par exemple, le serpent est l'animal du péché originel, qui trompa Ève et provoqua l'exclusion d'Adam et Ève du jardin d'Eden. La punition du serpent fut de devoir ramper[103]. Sa forme phallique lui a aussi valu la symbolique de la luxure et du péché.
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+ Même si l'on ne peut pas réellement parler de reptiles, de nombreux animaux issus de l'imagination humaine partagent un grand nombre de traits communs avec ces animaux. L'exemple le plus connu est le dragon, gigantesque reptile écailleux généralement pourvu d'ailes et que l'on retrouve dans les mythologies du monde entier. Le dragon n'a pas la même signification suivant la civilisation. Il est un symbole de vie et de puissance en Chine, un protecteur en Indonésie, un gardien de trésors en Grèce antique ou encore un être maléfique et ravisseur de princesses en Europe médiévale.
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+ Les gigantesques reptiles marins contemporains des dinosaures comme les plésiosaures ont également inspiré les hommes. On retrouve de telles créatures dans la mythologie maritime à travers les serpents de mer, mais aussi dans d'autres légendes comme celle du monstre du Loch Ness, une sorte de plésiosaure qui vivrait dans le lac du même nom en Écosse[104].
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+ En peinture, les reptiles sont surtout représentés à travers la mythologie ou la religion dans laquelle ils prennent une place importante. Ainsi, des scènes comme le serpent incitant Ève à manger le fruit défendu ou Saint Georges tuant le dragon ont été représentées par de très nombreux artistes. Les dragons, reptiles imaginaires, ont également inspiré de très nombreux sculpteurs.
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+ On retrouve également les reptiles dans le cinéma, notamment à travers des films d'horreur comme L'Incroyable Alligator, Black Water, La femme reptile, Reptiles ou Anaconda, le prédateur[105],[106]. Ils ont également inspiré le titre du film Le reptile, même si ces animaux n'ont pas grand-chose à voir avec l'intrigue du film. Ce sont aussi les héros des différents films, dessins animés et bandes dessinées de la série des tortues ninja. Les reptiles qui ont le plus grand succès dans ce domaine sont sans conteste les dinosaures, reptiles disparus qui occupent une place majeure dans divers œuvres comme le roman de Conan Doyle de 1912 Le Monde Perdu dont de nombreux films ont repris la trame[107], celui de Michael Crichton des années 1990 Jurassic Park ainsi que la célèbre série de films de Steven Spielberg qui s'en est inspirée, ou encore les films majeurs King Kong et Godzilla et ceux qui en ont découlé[108]. Pour les plus jeunes, les dinosaures sont les personnages principaux de diverses séries animées comme Denver, le dernier dinosaure ou Le petit dinosaure. Les reptiles humanoïdes sont également des personnages récurrents de la science-fiction, et apparaissent à la télévision comme dans la série V et son remake V (2009), au cinéma ou dans divers jeux vidéo.
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+ L'élevage des reptiles, qui reste marginal par rapport aux autres types d'élevage, se développe dans différents points du globe. Ainsi, l'élevage de l'alligator, principalement pour sa peau mais aussi pour sa viande, est en expansion en Floride, au Texas et en Louisiane. La production de ces trois états s'élève à 45 000 peaux par an. Une peau d'alligator, utilisée par la maroquinerie de luxe se négocie à environ 300 $ pièce en 2010[109]. En Asie, ce sont les crocodiliens qui sont de plus en plus présents dans les fermes. Certains devenaient tellement rares à l'état sauvage qu'ils ne pouvaient plus faire l'objet d'une exploitation commerciale. L'apparition des élevages dans les années 1960, quand on a réussi à faire reproduire cet animal en captivité, a permis de redonner espoir quant à la sauvegarde de certaines espèces dans la nature[110]. L'élevage peut produire des crocodiliens destinés à être abattus pour leur viande, qui sont consommés dans divers pays d'Asie comme la Chine, mais le débouché le plus recherché est la maroquinerie. Comme les peaux doivent être en parfait état pour s'introduire sur ce marché, les animaux sont souvent placés dans des cages individuelles pour ne pas qu'ils se battent entre eux et se blessent.
138
+
139
+ En Afrique aussi l'élevage de reptiles est en pleine expansion, exportant des animaux en Europe et aux États-Unis pour devenir animaux de compagnie ou alimenter l'industrie de la peau de reptiles. De petits élevages visent également à approvisionner le marché local de la viande de reptile, certains consommateurs des villes étant par exemple demandeurs de viande de python[111].
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+ En France, l'article 8 de l'arrêté du 8 octobre 2018 du ministère de la Transition écologique et solidaire contraint tout détenteur d'animaux d'espèces non domestiques à tenir un registre d'entrée et de sortie de ces animaux[112].
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+ Dans de nombreux pays la consommation de reptiles est une pratique courante pour assurer la subsistance des populations locales. C'est notamment le cas dans divers pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique où la pratique est ancrée. Toutefois, la consommation de viande de reptiles prend de plus en plus d'importance. C'est le cas notamment en Asie où elle est bien implantée et représente même une activité économique non négligeable, comme en Chine par exemple[113]. La consommation de serpent y daterait de plus de 2 000 ans et environ 7 000 à 9 000 tonnes de serpents sont commercialisées chaque année dans ce pays[114]. La consommation de reptiles est en augmentation, et les Chinois sont importateurs de divers animaux comme les serpents et les crocodiliens venus d'Asie du Sud-Est. Une étude menée entre 1993 et 1996 a évalué qu'entre 2 et 30 tonnes d'animaux sauvages transitaient quotidiennement de manière illégale à travers la frontière sino-vietnamienne, à destination des marchés et restaurants des villes frontalières de la région autonome du Guangxi[115].
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+ La chair de tortue est considérée comme un mets délicat dans de nombreuses cultures[116]. La soupe de tortue a longtemps été un plat noble dans la gastronomie anglo-américaine et l'est toujours dans certaines régions d'Extrême-Orient. Les plats à base de gophère étaient également populaires dans certaines populations de Floride[117]. La tortue est également un aliment traditionnel de l'île de Grand Cayman où des élevages de tortues marines pour la consommation se sont développés.
146
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147
+ La consommation de viande de crocodile et d'alligator se développe beaucoup en marge de l'élevage de ses animaux pour leur peau. La viande de crocodilien est une viande claire proche de la viande de volaille, qui est peu grasse et assez bien pourvue en protéines[118]. Son marché se développe aux États-Unis mais aussi en Europe, et est également très important en Chine et en Asie du Sud-Est.
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149
+ La peau de reptiles est particulièrement recherchée par la maroquinerie de luxe. Une fois la peau retirée de l'animal, elle est tannée, puis elle est utilisée pour fabriquer des sacs à main, des bracelets de montre, des porte-monnaie, des chaussures ou des ceintures. L'origine de ces peaux n'est pas toujours claire, une partie provenant d'élevage légal mais une autre provenant du braconnage. Ce marché est particulièrement lucratif, et génère de très fortes valeurs ajoutées qui encouragent le trafic illégal[119].
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151
+ Il n'est pas très facile d'évaluer l'ampleur du commerce international de peau de reptiles, qui représente certainement des millions d'euros, à cause du très vaste marché illégal. Rien que pour sa partie légale, on estime que 10 à 15 millions de peaux de reptiles sont commercialisées dans le monde chaque année[119]. Certaines espèces sont particulièrement concernées. Ainsi, en 2004, on estime que 629 000 pythons réticulés, 400 000 lézards tégus et 1 540 000 alligators ont alimenté le commerce international de peaux de reptile[120]. Les crocodiliens et les petits varans comme le varan malais paient aussi un lourd tribut.
152
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+ Toutes ces peaux sont généralement importées par les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe. Entre les années 2000 et 2005, près de 3,4 millions de peaux de lézard, 2,9 millions de peaux de crocodilien et 3,4 millions de peaux de serpent sont entrées légalement ou illégalement aux États-Unis[121]. En Europe, c'est également près de 2 millions de peaux de reptile qui sont vendues chaque année au début des années 2000[122].
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+ Les venins des serpents contiennent de très nombreuses molécules dont certaines peuvent être utilisées en médecine. Ils font l'objet de diverses recherches afin de découvrir de nouveaux principes actifs, et ont permis d'isoler des médicaments utilisés contre les angines de poitrine, des régulateurs de pression artérielle et des analgésiques. La toxine botulique du venin de cobra entre dans la composition du botox[123]. Le venin de serpent est largement utilisé en médecine traditionnelle, notamment dans les pays asiatiques et africains[111].
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+ La tortue est également utilisée en médecine traditionnelle. C'est notamment le cas de l'émyde mutique au Cambodge, aujourd'hui quasiment disparue, qui était utilisée pour les soins post-nataux[124]. La carapace de la tortue d'Hermann est utilisée dans la médecine traditionnelle en Serbie[125]. La médecine chinoise traditionnelle utilise beaucoup les plastrons de tortues dans différentes préparations. L'une des plus connues est la gelée de tortue, la guilinggao. La seule île de Taïwan importe des centaines de tonnes de plastrons tous les ans[126].
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+ Les reptiles peuplent de plus en plus les terrariums de particuliers en tant qu'animaux de compagnie. Parmi les reptiles les plus fréquemment rencontrés en terrariophilie, on trouve les serpents non venimeux comme les pythons et les boas, les geckos, les iguanes, les tortues terrestres ou d'eau douce ou des caméléons, qui attirent les amateurs notamment par leurs changements de couleur[127]. On compte pas moins de 13 millions de reptiles dans 4,6 millions de foyers aux États-Unis en 2011[128] et ils sont particulièrement populaires au Royaume-Uni avec 9 millions d'animaux, soit plus que le nombre de chiens du pays[129]. En France on compte environ un million de reptiles parmi les animaux de compagnie en 2004[130]. Le marché des reptiles comme nouveaux animaux de compagnie (NAC) est en pleine expansion et se révèle très lucratif, tant pour le marché légal que pour le marché illégal qui s'approvisionne directement dans la nature sans autorisation[131].
160
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161
+ L'élevage de reptiles comme animaux de compagnie pose également parfois des problèmes de marronnage, s'ils sont relâchés dans la nature. C'est le cas avec la tortue de Floride qui a été importée massivement en Europe par les animaleries à la fin du XXe siècle et relâchée en grand nombre dans la nature, par des propriétaires incapables de s'occuper de leur petite tortue devenue grande. Elle a réussi à s'acclimater et est devenue invasive en France où elle prend peu à peu la place de la tortue indigène, la Cistude[132].
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163
+ Les reptiles sont bien représentés dans les zoos à travers le monde entier, souvent dans des vivariums abritant des reptiles, plus ou moins importants. Certains parcs sont même spécialisés dans les reptiles, comme en France l'île aux Serpents dans la Vienne ou La Ferme aux crocodiles dans la Drôme qui disposent d'enclos[133]. C'est aussi le cas de l'Alice Springs Reptile Centre qui accueille des reptiles endémiques d'Australie, du St. Augustine Alligator Farm Zoological Park en Floride qui est le seul parc où toutes les espèces de crocodiliens sont représentées, ou de Reptile Gardens, à côté de Rapid City dans le Dakota du Sud qui héberge la plus vaste collection de reptiles au monde. Des démonstrations sont parfois organisées autour de ces animaux, mettant par exemple en scène des dresseurs de crocodiliens qui manipulent ces animaux réputés féroces[134]. En Australie, des croisières sont organisées pour observer les Crocodiles marins avec pour principale attraction les sauts de ces animaux pour attraper des morceaux de viande tendus au bout de cannes[135].
164
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+ En Afrique du Nord et en Asie du Sud (Inde, Bangladesh, Sri Lanka, etc.), des charmeurs de serpents impressionnent les passants en paraissant envoûter des serpents ondulant au rythme de la musique qu'ils jouent[136]. En Martinique, des combats entre un serpent et une mangouste sont organisés à l'image des combats de coqs, mais ne font pas l'objet de paris[137].
166
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+ Les reptiles qui font le plus de victimes parmi les populations humaines sont sans conteste les serpents. En effet, le venin de certains est mortel si la blessure n'est pas soignée à temps. Il est très difficile de recenser le nombre d'attaques par des serpents et le nombre de morts. Elles demeurent relativement peu élevées dans les pays de l'hémisphère nord, mais sont très fréquentes en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. On estime le nombre de morsures annuelles à plus de 5 millions dont la moitié par des serpents venimeux, et le nombre de morts à environ 125 000 par an, dont pas moins de 100 000 en Asie[138]. Parmi les serpents venimeux dangereux, on note notamment les cobras et d'autres élapidés comme les mambas et les taipans, les crotales, les vipéridés.
168
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169
+ Les crocodiliens ont une réputation de mangeurs d'homme et peuvent en effet présenter un véritable danger. Ils deviennent particulièrement dangereux pendant la période de reproduction, durant laquelle ils protègent leur territoire contre tout intrus. Ils attaquent parfois des pirogues traversant leur territoire sans forcément s'en prendre aux passagers. Des cas plus sérieux d'humains se baignant ou lavant du linge dans les rivières et emportés par un crocodile se produisent aussi régulièrement[57] Aux États-Unis environ 200 attaques d'alligators ont été relevées depuis 1948, dont 14 mortelles[139]. En Australie, on comptabilise en moyenne une attaque mortelle de crocodile marin par an, généralement dans le nord du pays[140]. Mais, c'est clairement en Afrique que les crocodiles font le plus de victimes. Il est toutefois difficile d'avoir des données claires car les décès ne sont pas forcément tous recensés, et on ne peut pas toujours savoir si une disparition a été causée ou non par une attaque de crocodile. On estime cependant le nombre de morts consécutives à des attaques de Crocodile du Nil à plusieurs centaines par an en Afrique sub-saharienne[141].
170
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171
+ Depuis toujours les reptiles inquiètent les hommes. La peur des reptiles est une des peurs les plus courantes, et peut provoquer une panique presque incontrôlable chez certaines personnes. On l'appelle herpétophobie, et la peur des serpents, qui est particulièrement répandue, est appelée ophiophobie. Ces réactions peuvent tout d'abord s'expliquer par le danger que ceux-ci représentent ; une morsure de serpent, si elle n'est pas systématiquement mortelle, nécessite souvent des soins importants. Par ailleurs, il pourrait y avoir une part d'instinctif dans la peur des reptiles, et notamment celle des serpents, puisque chez de nombreux mammifères cette réaction semble innée, ou du moins les animaux possèdent de très fortes prédispositions pour développer cette peur[142],[143].
172
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+ Dans certains pays, les reptiles sont victimes du braconnage. Les animaux ainsi chassés sont utilisés pour l'alimentation, la médecine traditionnelle et pour leur peau, qui une fois tannée peut être utilisée dans l'industrie du luxe pour confectionner des bracelets de montre, des sacs à main ou des portefeuilles, vendus en Europe et en Amérique du Nord[144]. Le marché des NAC s'approvisionne lui aussi largement auprès de braconniers qui prélève des animaux à l'état sauvage, le marché des NAC est une menace importante pour les espèces de reptiles qui voient leurs effectifs chuter dans leur milieu d'origine pour approvisionner les terrariums, avec souvent des pertes importantes durant le voyage[131]. Malgré l'émergence d'élevages, ceux-ci ne parviennent pas pour le moment à enrayer le commerce illégal, et sont eux-mêmes demandeurs d'animaux capturés dans la nature, afin de constituer leurs animaux reproducteurs[111]. Les reptiles sont parfois tués simplement du fait de leur mauvaise réputation. Ainsi les serpents sont régulièrement détruits car considérés comme dangereux pour l'homme, et les attaques de crocodiles sur des hommes sont généralement suivies d'expéditions punitives qui font parfois de nombreuses victimes parmi ces animaux.
174
+
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+ Parmi les menaces qui planent sur les reptiles on compte notamment la disparition de leur habitat. En effet, l'urbanisation croissante, la pollution des eaux, la déforestation qui touche certaines grandes forêts du globe comme l'Amazonie réduisent fortement les aires où les reptiles vivent. Les routes constituent également un danger important pour des animaux comme les tortues qui sont fréquemment écrasées par des voitures. Les tortues marines, qui sont particulièrement menacées, sont parfois victimes de prises accidentelles dans les filets de pêche[145]. Certaines espèces invasives peuvent mettre en danger l'herpétofaune locale. Ainsi, l'arrivée des rats amenés par les pionniers en Nouvelle-Zélande a été suivie par une diminution du nombre de sphénodons, ces rongeurs s'attaquant aux pontes des reptiles. L'espèce invasive peut parfois être un autre reptile comme dans le cas de la Tortue de Floride, relâchée par des particuliers qui la détenaient comme animal de compagnie et qui concurrence certaines tortues indigènes.
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+
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+ Entre 1970 et 2012, les populations de reptiles vivant dans les lacs et les rivières ont chuté de 72 %[146]
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+ En 2009 l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dénombré 1 677 espèces de reptiles menacées et placées sur sa liste rouge, soit environ 28 % des espèces de reptiles que l'on compte dans le monde. Cette liste augmente très rapidement puisque pas moins de 293 espèces ont été rajoutées l'année suivante. 469 espèces sont considérées comme menacées d'extinction[147].
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+ Afin de limiter l'exploitation des espèces en danger d'extinction, le commerce de reptiles sauvages est strictement réglementé, à travers la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), également parfois nommée convention de Washington. Ce document signé en 1973 comprend trois annexes qui regroupent les animaux sauvages suivant leur degré de protection. Les espèces les moins menacées peuvent ainsi toujours être commercialisées, mais seulement si le pays obtient un permis d'exportation. La vente d'espèces menacées d'extinction est en revanche interdite[148]. Malheureusement il est très difficile de contrôler le braconnage dans certains pays et beaucoup passent outre la convention. Certains pays adoptent des législations plus strictes, pouvant réglementer plus strictement ou interdire le commerce, mais aussi le transport de reptiles sauvages vivants ou morts[148].
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+ Biology of the Reptilia, Morphology I Contributions to herpetology, vol. 21, Academic Press, coll. « Biology of the Reptilia », 2008, 781 p. (ISBN 9780916984779)
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+ République centrafricaine
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+ (sg) Ködörösêse tî Bêafrîka
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+ 4° 22′ N, 18° 35′ E
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+ La République centrafricaine, couramment appelée la Centrafrique[a], en Sango : Ködörösêse tî Bêafrîka, est un État d'Afrique centrale en voie de développement, dont la population est estimée à 4 500 000 habitants en 2020[3], pour une superficie d'environ 623 000 km2. Il est entouré par le Cameroun à l'ouest, le Tchad au Nord-Ouest, le Soudan au Nord-Est, le Soudan du Sud à l'Est, la République démocratique du Congo au Sud-Est et la République du Congo au Sud-Ouest. Le pays est membre de l'Union africaine, de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, de la Communauté des États sahélo-sahariens et de l'Organisation de la coopération islamique.
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+ Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au sud), et connaît pour l'essentiel un climat tropical. La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or, les diamants et le pétrole.
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+ Le territoire de la République centrafricaine correspond à celui de la colonie française d'Oubangui-Chari, qui fait partie de l'Afrique-Équatoriale française de 1910 à 1960. Après l'indépendance, le pays a eu à sa tête différents régimes autoritaires, notamment celui de Jean-Bedel Bokassa, président, puis empereur autoproclamé. L'ancienne puissance coloniale continue d'y jouer un rôle important. Les premières élections libres avec multipartisme ont lieu en 1993. Elles portent au pouvoir Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 par François Bozizé. Celui-ci, réélu en 2005 et 2010, est à son tour renversé en 2013 par la Seleka, une alliance de milices dirigée par Michel Am-Nondokro Djotodia, pendant la deuxième guerre civile centrafricaine. En 2016, Faustin-Archange Touadéra est élu Président de la République.
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+ Ce pays est ainsi désigné pour sa position géographique au centre du continent[4].
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+ La Centrafrique (RCA) est un pays enclavé sans accès à la mer. L'essentiel de la frontière sud du pays suit le cours du fleuve Oubangui et de son affluent le Mbomou. La partie nord du pays constitue le haut bassin du fleuve Chari. Le mont Ngaoui avec ses 1 420 m est le point culminant.
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+ Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au Sud).
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+ La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or et les diamants. Le pétrole et l'énergie hydroélectrique sont d'autres ressources potentiellement importantes mais inexploitées à ce jour.
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+ Le pays souffre d'inondations en raison du manque d'entretien des fleuves et des débits impressionnants qu'engendre la saison des pluies en Afrique centrale. La déforestation est quant à elle constatée dans les zones de brousse (où les paysans utilisent le bois pour leur nourriture et les constructions), mais semble endiguée dans les zones forestières (voir aussi : Forêt du bassin du Congo). Les sources du ministère des forêts et du développement rural semblent prouver que depuis 30 ans, la forêt gagne sur la savane. De gros efforts d'aménagement et de protection des forêts sont en effet engagés durablement, avec pour objectif d'éviter l'érosion, de protéger la faune et de préserver cette richesse rare qu'est la grande forêt centrafricaine.
26
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27
+ Le climat tropical domine l'essentiel du pays avec une saison humide de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril. Au Sud, la frontière des deux Congos, le climat est de type équatorial, intertropical de Carnot à Berbérati à l'ouest, subsahélien vers Birao au Nord avec une saison sèche pouvant aller de 8 à 9 mois, et intertropical mais frais et orageux sur les reliefs.
28
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+ La République centrafricaine comporte deux grands bassins séparés. L'un s'écoule vers le nord (bassin du Tchad) avec des cours d'eau comme le Logone, l'Ouham, le Chari. L'autre bassin est formé des affluents de l'Oubangui qui coulent vers le bassin du Congo, au sud. Les bordures occidentale et orientale du plateau comportent les reliefs les plus importants. Le plateau est entouré au nord-ouest avec des gradins du massif granitique de Yadé s'étageant de 1 000 m à 1 400 m (à l'exception du mont Ngaoui : 1 410 m) ; au nord-ouest, trois petites chaînes quartziques, les ensembles Délembé-Sergobo, Ouanda Djallé-Mont Koumou et Kotto-Bahr formant les massifs du Dar Challa et des Bongo, culminent au mont Toussoro avec 1 330 mètres.
30
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31
+ La moyenne annuelle des températures avoisine 26 °C. À Bangui, les maxima sont de l'ordre de 38 °C et les minima de 15 °C. Le pluviomètre indique en moyenne : pour la saison pluvieuse (juillet), et pour la saison sèche 5 mm (décembre).
32
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33
+ La RCA est véritablement au cœur de l'Afrique entourée de cinq pays, riche de ressources naturelles mais aussi avec tout ce qu'une telle position implique quant à l'équilibre politique et social précaire de la région environnante; la République centrafricaine est entourée de pays dont les tensions se répercutent sur son territoire. La période ~ 1990-2010 a vu de nombreux conflits périphériques pénétrer le pays puis 2010-2016 s'est vu installer un conflit dont la forme visible est la déchirure chrétienne-musulmane au point où les musulmans sont majoritairement réfugiés au nord du pays[5]. Il y a aussi un mouvement dit « armée de résistance du Seigneur (LRA) » originaire d'Ouganda que l'on dit toujours être présent dans le sud-est du pays, proche du Soudan du Sud[5]. Enfin, le pays servirait parfois de base arrière à des « groupes de trafiquants et de braconniers »[5].
34
+
35
+ Des pierres taillées datant au moins du IXe millénaire avant notre ère ont été retrouvées au cours de fouilles effectuées en République centrafricaine. Toutefois, l’absence de restes humains associés empêche l’attribution de ces outils à une population précise (pygmées ou autre peuple autochtone). Par la suite, la transition du paléolithique vers le néolithique dans la région fut un processus graduel sans rupture culturelle brutale.
36
+
37
+ À partir du IIIe millénaire avant notre ère, l’établissement et l’expansion vigoureuse sur le sol centrafricain des populations parlant les langues du groupe Adamaoua-Oubangui s’opposent à l’expansion Bantou qui trouve alors un exutoire vers le Sud et l’Est du continent[6],[7]. Le noyau géographique originel des populations de langues Adamaoua-Oubangui serait tout proche car situé dans le massif de l’Adamaoua aux confins des actuels Cameroun, Nigeria, Tchad et République centrafricaine. De l’autre côté des contreforts occidentaux de l'Adamaoua (qui culmine à 3 400 m au Tchabal Mbabo dans les monts Gotel) était situé, sur la rivière Cross, le noyau originel des populations bantoues. Les deux groupes de populations vont connaître, au IIIe millénaire, une expansion simultanée à la suite de la domestication de l’igname et du palmier à huile[8].
38
+
39
+ L’implantation solide des populations de langues adamaoua-oubangiennes sur le territoire tiendrait à leur maîtrise des cultures agricoles aussi bien en zone de forêt sèche (apprises auprès des agriculteurs parlant les langues du groupe Soudan-Central) qu’en zone de forêt humide, une double compétence que n’avaient pas les Bantous à cette époque[7]. La présence d’une agriculture en République centrafricaine est avérée à partir du milieu du IIe millénaire avant notre ère. Les populations de langues adamaoua-oubanguiennes achèvent leur implantation sur l’ensemble de l’actuelle République centrafricaine vers le début du Ier millénaire avant notre ère tandis que l’extension géographique maximale de ces populations est atteinte vers le début de l’ère chrétienne. Les habitants qui les avaient précédé (pygmées et soudanais centraux) sur le territoire de la Centrafrique actuelle sont alors soit assimilés soit marginalisés [7].
40
+
41
+ Une civilisation mégalithique qui perdure jusqu’au Ier siècle apr. J.-C. se développe dans la région de Bouar (Ouest). C’est l’apparition de la métallurgie du fer qui semble avoir mis fin à la civilisation des mégalithes (Tazunu en gbaya) [6]. La métallurgie du fer se répand d’ouest en est et s’accompagne d’une expansion de la population dont on considère qu’elle atteignit 6 millions d’habitants sur l’ensemble du territoire centrafricain au XVIIIe siècle[6]. Les populations auraient alors vécu en relative autarcie car à l’écart des grandes voies commerciales africaines.
42
+
43
+ Entre les débuts archéologiques et la période qui précède immédiatement la colonisation, soit environ 1 700 ans, les données concernant l’histoire du territoire occupé par la République centrafricaine sont rares ou peu accessibles au grand public[7]. Il est probable qu’à l’instar de beaucoup de peuples établis dans la zone équatoriale, les populations de la région n’ont pas éprouvé le besoin de s’organiser autour de structures étatiques mais ont plutôt conservé un système de chefferies locales[9]. Rétrospectivement, et étant donné l’expansion démographique supposée de la population (six millions d’habitants), on peut se demander si ce système n’était peut-être pas plus performant que bien d’autres. Le défaut majeur de cette organisation politique très superficielle est toutefois de ne pas avoir pu protéger les populations de langues adamaoua-oubanguiennes des épreuves qui allaient survenir au cours de la période contemporaine.
44
+
45
+ Le phénomène historique le plus spectaculaire qu’ait connu la région durant cette période concerne les Zandé[10]. Aux alentours du XVe siècle, des clans issus du Darfour ou du Kordofan émigrent vers l’Uélé et l’Oubangui.
46
+ Cette aristocratie de seigneurs va peu à peu s’imposer aux populations locales tout en adoptant sa culture. Une douzaine de royaumes Zandé[11] se forment ainsi. L’organisation du pouvoir mis en place par les souverains Zandé fait une certaine impression sur les premiers voyageurs Européens.
47
+
48
+ Sur l’ensemble du territoire centrafricain actuel, on considère que les habitants vivaient en petits villages dispersés et cultivant au nord le sorgho et au sud la banane plantain. Le niveau d’organisation politique était faible et les sociétés locales souvent troublées par des querelles. Le fait que ces sociétés soient très similaires à celles rencontrées dans le Cameroun central suggère qu’un certain niveau de communication a perduré entre les deux régions au cours des millénaires[7].
49
+
50
+ La fin du XVIIIe siècle marque le début d’une importante régression démographique due en premier lieu à la traite des esclaves qui s’installe dans la région. L’impact de la traite frappe donc le territoire de la République centrafricaine actuelle plus tardivement que beaucoup d’autres régions du continent. À cette époque, les États musulmans situés plus au nord (Kanem-Bornou, Ouaddaï, Baguirmi, Darfour), utilisant parfois comme main d’œuvre les nomades Peuls, commencent à ravager les territoires occupés par les populations animistes gbaya et banda [7]. Ndélé, ville située en République centrafricaine actuelle, est un important centre esclavagiste dépendant du sultan du Baguirmi. Un peu plus tard, plus au sud, les riverains de l’Oubangui deviennent piroguiers et intermédiaires pour les trafiquants d’esclaves alors qu’à l’est, entre Mbomou et Uélé, des petits États aristocratiques de langue Zandé (ou Nzakara au nord de l’Oubangui) combattent les trafiquants mais alimentent également pour leur propre compte les trafics d’esclaves à destination des occidentaux ou des pays arabes par le Bahr el Ghazal. Ce dernier trafic, spécialement important dans la seconde moitié du XIXe siècle est d’autant plus dévastateur que les trafiquants jallaba financés depuis Khartoum étaient équipés d’armes à feu.
51
+
52
+ D’autre part, au nord-ouest de la République centrafricaine, une alliance esclavagiste entre les Peuls et la confédération Mbum contribue aussi à la dépopulation du pays. Globalement, il semble que ce soit les razzias d’esclaves à destination des pays arabes qui soient la cause du plus grand prélèvement de populations sur le territoire appelé à devenir la République centrafricaine. Un des moyens d’échapper à l’esclavage étant la conversion à la religion musulmane, on considère parfois qu’il est probable que si la colonisation européenne n’était pas intervenue, toutes les populations vivant au nord de la grande forêt pluviale auraient été converties à l’islam[7],[12],[13].
53
+
54
+ Simultanément aux razzias des esclavagistes, les populations « centrafricaines », autrefois autarciques et donc dotées d’un faible niveau de protection contre les grandes épidémies sont exposées à des microorganismes mortels comme les virus de la variole ou de la rougeole. En parallèle, syphilis et gonococcies provoquent l’apparition fréquente de stérilité chez les individus infectés. Il résulte du système esclavagiste et des changements épidémiologiques drastiques un dépeuplement massif du tiers voire de la moitié orientale du territoire centrafricain actuel auquel s’ajoutent des migrations intérieures de sauvegarde qui contribuent à semer un peu plus le chaos[7].
55
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56
+ Au XVIIIe siècle, et à l’image de leurs voisins Zandé du Mbomou, les populations riveraines de l’Oubangui se seraient fédérées autour d’un chef, Kola Ngbandi, et adoptent le nom de ce dernier pour se désigner. Les Ngbandi développent par la suite une activité de piroguiers sur l’Oubangui, une forme simplifiée de leur langue devient le sango, langue vernaculaire centrafricaine développée essentiellement pour et grâce au commerce.
57
+
58
+ Le dernier évènement notable de la période précoloniale est l’installation sous l’impulsion d’un soudanais, Rabah, d’un État esclavagiste à cheval sur la République centrafricaine et le Tchad.  Il a pour capitale la ville de Dar el-Kouti (près de Ndélé) et est dirigé par un vassal de Rabah (1842c-1900), Mohamed es-Senoussi (?-1911). L’influence néfaste du sultanat de Bilad el-Kouti[14] s’étend bien après les débuts de la colonisation française[7],[12],[13](République de Logone (en) (ou de Dar el Kuti, 2015)).
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60
+ Les premiers colons européens apparaissent en 1884. Les Français installent des postes le long des cours d’eau, les Belges le long du M’Bomou près des zeriba de Bangassou, Rafaï et Sémio. En 1889 Bangui est construit, en 1894, Victor Liotard, gouverneur de l'Oubangui dépendant du gouverneur du Congo Savorgnan de Brazza, récupère les postes belges sur la rive droite du M’Bomou. Les Français organisent le Haut-Oubangui en régions civiles et militaires, ainsi que le Chari après la première expédition d’Émile Gentil en 1896—97 jusqu’au lac Tchad ; puis après la mort de Rabah, vaincu à Kousseri en 1898 par les Français, les territoires colonisés sont partagés en circonscriptions administratives, le Chari étant joint à l’Oubangui, base de la future Centrafrique. Le territoire devient une colonie française en 1905 sous le nom d'Oubangui-Chari. Le territoire devient partie intégrante de l’Afrique-Équatoriale française (AEF) en 1910[15],[16],[17].
61
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62
+ Les colons Français combattent l’anthropophagie[18] et l’esclavage, les missions religieuses prônent le mariage monogamique et l’État encourage l’arrivée des colons pour la mise en valeur du pays. Mais des hommes, ayant des relations au gouvernement, obtiennent d’immenses territoires concessionnaires. Des entreprises commencent à exploiter les ressources du pays en ayant recours de façon importante au travail forcé, la fuite en brousse de la population constitue alors une des formes de résistance, la plus marquante étant la guerre du Kongo-Wara et fait l’objet de répressions[15]. La colonisation française en Oubangui-Chari est considérée par RFI comme la plus brutale de l'Empire colonial français[19].
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la colonie se joint aux Forces alliées.
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+ Le pays devient la République centrafricaine le 1er décembre 1958 et proclame son indépendance le 13 août 1960[20],[21].
67
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+ Depuis, le pays a conservé le français comme langue officielle, utilisée dans les documents administratifs, alors que le sango, langue véhiculaire, agit comme unificateur du pays, permettant à chacun de se comprendre, même sans éducation scolaire avancée[réf. nécessaire].
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+
70
+ Le premier chef de l'État, Barthélemy Boganda, est considéré comme le père de la nation centrafricaine. Parlementaire à Paris, il fut l'auteur de brûlots réguliers et de demandes de maintien de tous les droits français au peuple d'Afrique équatoriale française. Parlementaire français véhément, il prônait depuis longtemps l'indépendance des colonies et avait proposé la création d'un État d'Afrique centrale unique, groupant Gabon, Congo, Cameroun et République centrafricaine. Il y voyait la seule solution permettant d'éviter l'éclatement de la région en territoires trop petits, non viables, et sans rôle à jouer sur la scène internationale. Il meurt le 29 mars 1959, peu après son élection, dans un accident d'avion dont les causes n'ont jamais été élucidées[22].
71
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+ En 1965, lors du « coup d'État de la Saint-Sylvestre », Jean-Bedel Bokassa renverse son cousin David Dacko et prend le pouvoir. Le 4 décembre 1976, il s'auto-proclame empereur Bokassa Ier. Il met alors en place une politique très répressive dans tout le pays.
73
+
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+ En septembre 1979, « l'opération Barracuda », organisée par la France, renverse Bokassa et remet au pouvoir David Dacko[22]. En effet, depuis quelque temps Bokassa se rapproche de plus en plus de Mouammar Kadhafi dont la politique au Tchad est en contradiction complète avec les intérêts français.
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+
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+ David Dacko lui succède encore brièvement. Il sera chassé du pouvoir par un coup d'État le 1er septembre 1981 par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire.
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+ André Kolingba restera au pouvoir jusqu'en 1993, année où, suivant le courant de démocratisation lancé par le sommet de La Baule, les premières élections multipartites ont lieu et Ange-Félix Patassé est élu président de la République.
79
+
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+ À la fin des années 1990, les « compagnies juniors » canadiennes, investies dans plus de 8 000 propriétés minières, dans plus de 100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet[23], multiplient les contrats avec des pays africains parmi lesquels la République centrafricaine, où elles ont cependant du mal à se faire une place, la Colombe Mines, possédant les principaux sites diamantifères[24].
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+
82
+ En 2001, une tentative de coup d'État provoque de violents affrontements dans la capitale, Bangui.
83
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+ Après une nouvelle série de troubles et malgré l'intervention de la communauté internationale (MINURCA), le 15 mars 2003, le général François Bozizé réussit, avec l'aide de militaires français (deux avions de chasse de l'armée française survolaient Bangui pour filmer les positions des loyalistes pour le compte de Bozizé)[réf. nécessaire] et de miliciens tchadiens (dont une bonne partie va rester avec lui après son installation au pouvoir), un nouveau coup d'État et renverse le président Patassé. Le général Bozizé chasse alors les rebelles congolais, auteurs de méfaits et crimes innombrables, notamment dans et autour de Bangui.[réf. nécessaire]
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+ Une élection présidentielle a lieu, après plusieurs reports, le 13 mars 2005, sous la direction d'une Commission Électorale Mixte Indépendante (CIME), présidée par Jean Willybiro-Sako. On peut relever comme candidatures, celles de François Bozizé (déjà chef de l'État), l'ancien président André Kolingba, et l'ancien vice-président Abel Goumba. Les candidatures de plusieurs autres candidats, dont celles de Charles Massi du FODEM, de l'ancien premier ministre Martin Ziguélé, de l'ancien ministre et ancien maire de Bangui Olivier Gabirault et de Jean-Jacques Démafouth, sont refusées par la commission électorale avant la médiation gabonaise et les accords de Libreville. À la suite de ces accords, seule la candidature de l'ancien président Ange-Félix Patassé est définitivement rejetée par la commission élue. [réf. souhaitée]
87
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+ L'accession à la présidence de Bozizé est violemment contestée et une première guerre civile centrafricaine ravage le pays entre 2004 et 2007, jusqu'à la signature d'un accord de paix.
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90
+ Cependant, les rebelles dénoncent la non-tenue des accords par le président Bozizé, et reprennent les armes fin 2012, lançant une série d'attaques démarrant la deuxième guerre civile centrafricaine. Le 24 mars 2013, les rebelles de la coalition Seleka s'emparent de Bangui et Bozizé s'enfuit. Michel Djotodia s'auto-proclame président de la République centrafricaine. Mais les nombreuses exactions commises par les miliciens de la Seleka, majoritairement musulmans, amènent l'insécurité dans le pays, et des milices d'auto-défense, les anti-balaka se forment. Le conflit débouche sur une situation « pré-génocidaire » selon la France et les États-Unis. Le 5 décembre 2013, une résolution de l'ONU permet à la France d'envoyer des troupes armées en République centrafricaine (opération Sangaris) aux fins annoncées de désamorcer le conflit et de protéger les civils.
91
+
92
+ Le 10 janvier 2014, le président de la transition centrafricaine Michel Djotodia et son premier ministre Nicolas Tiangaye annoncent leur démission lors d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC)[25],[26]. Le 20 janvier 2014, le Conseil national de transition de la République centrafricaine élit Catherine Samba-Panza comme chef de l'État de transition de la République centrafricaine[27] Au printemps 2014, trois journalistes sont tués, dont la française Camille Lepage, sur fond de sanctions de l'ONU.
93
+
94
+ Le 23 juillet 2014, les belligérants signent un accord de cessation des hostilités à Brazzaville. En dépit de cet accord, le pays est divisé en régions contrôlées par des milices, « sur lesquelles ni l’État ni la mission de l’ONU n’ont prise »[28].
95
+
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+ Une élection présidentielle est organisée en décembre 2015 et janvier 2016. Faustin-Archange Touadéra arrive deuxième du premier tour avec 19 % des voix, derrière son opposant, Anicet-Georges Dologuélé qui arrive en tête avec 23,7 %. Il est finalement élu président de la République à l'issue du deuxième tour, avec 62,7 % des suffrages contre 37,3 % à Anicet-Georges Dologuélé[29]. Ce nouveau président de la République lance un processus de réconciliation nationale afin de rendre justice aux victimes des guerres civiles, la plupart déplacées à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Pour ce faire, il charge par décret son ministre conseiller, Regina Konzi Mongot, d'élaborer le Programme national de réconciliation nationale et de paix, proposé en décembre 2016, adopté en séance tenante à l'unanimité par les organismes internationaux. Pour autant, en juin 2017, les affrontements à Bria, dans le centre-est du pays, font une centaine de morts[30]. Par ailleurs, un comité est également mis en place afin de juger les principaux acteurs et dédommager les victimes. Le 6 février 2019, l'État centrafricain signe avec les 14 principaux groupes armés du pays un nouvel accord de paix négocié en janvier à Khartoum[31].
97
+
98
+ Malgré cet accord, 80% du territoire reste contrôlé par des groupes armés et les massacres de populations civiles continuent[32].
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100
+ La République centrafricaine est une république présidentielle où le président est à la fois chef d'État et chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est détenu par le gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et le parlement.
101
+
102
+ Du 24 mars 2013, date de sa prise de pouvoir par les armes, au 10 janvier 2014, date de sa démission, Michel Djotodia remplit la fonction de président de la République et Nicolas Tiangaye exerce la fonction de Premier ministre. Après leur démission, l'intérim est assuré par Alexandre-Ferdinand N'Guendet, président du Conseil national de transition qui élit ensuite Catherine Samba-Panza comme Chef de l'État de transition de la République centrafricaine. Elle prête serment le 23 janvier 2014 et le 25, elle nomme Premier ministre, André Nzapayeké[33].
103
+
104
+ À la suite des pourparlers de Brazzaville, un accord de cessez-le-feu est signé le 23 juillet 2014[34] assorti de la condition de la formation d'un gouvernement d'union nationale[réf. nécessaire]. Le 10 août 2014, Mahamat Kamoun est nommé Premier ministre du gouvernement d'union nationale à la tête d'un gouvernement de 30 membres où les femmes sont très représentées.
105
+
106
+ Faustin-Archange Touadéra devient président le 30 mars 2016 et son chef de gouvernement est Simplice Sarandji.
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+
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+ La République centrafricaine est composée de 14 préfectures, deux préfectures économiques, et une Commune autonome. Les 14 préfectures sont : Bamingui-Bangoran, Basse-Kotto, Haute-Kotto, Haut-Mbomou, Kémo, Lobaye, Mambéré-Kadéï, Mbomou, Nana-Mambéré, Ombella-M'Poko, Ouaka, Ouham, Ouham-Pendé, Vakaga. Les deux préfectures économiques sont : Nana-Grébizi et Sangha-Mbaéré. Bangui a le statut spécifique de commune.
109
+
110
+ Ces 14 préfectures sont elles-mêmes sous-divisées en 71 sous-préfectures.
111
+
112
+ L’organisation administrative de la RCA, s’articule donc autour de sept régions, seize préfectures, 71 sous-préfectures et deux postes de contrôle administratif et 175 communes, dont six communes d’élevages, et environ 10 000 villages, quartiers de villes.
113
+
114
+ La ville de Bangui, est la septième région et est structurée en commune urbaine avec huit arrondissements.
115
+
116
+ Un projet sur la décentralisation et la déconcentration permettra à l’horizon 2015 d’asseoir une administration territoriale performante et efficace, avec des instances locales élues.
117
+
118
+
119
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120
+ Le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) effectué en 2003 a donné un nombre de 5 391 539 habitants :
121
+
122
+ Les précédents recensements de 1975 et 1988 avaient quantifié la population respectivement à 2 056 000 habitants et 2 688 426 habitants.
123
+
124
+ Depuis le début de 2007, de nombreuses organisations humanitaires non gouvernementales, de toutes obédiences et de tous pays, sont de retour en République centrafricaine, dans la foulée des historiques actions du réseau Caritas Internationalis ou de Médecins sans frontières. Les projets sont actuellement priorisés sur l'éducation, le développement agricole et rural, le soutien aux populations déplacées ou migrantes, l'accès aux soins de santé primaire, et un peu de microfinance pour soutenir les initiatives locales créatrices de revenus.
125
+
126
+ En République centrafricaine, les Mbororos représentent sans doute plus de la moitié de la population musulmane du pays et vivent pour une majorité d'entre eux de l’élevage dans le monde rural[36]. Une partie de cette communauté est originaire du Cameroun et est arrivée dans les années 1920, d’autres sont venus du Tchad (sans doute originellement du Niger, voire du Nigeria) avant les migrations plus contemporaines à partir des années 1990[36].
127
+
128
+ Les deux langues officielles de la République centrafricaine sont le français et le sango. Le pays compte plus de quatre-vingts ethnies parlant chacune des dialectes différents. Le sango, la langue véhiculaire, représente une vraie langue de communication, largement partagée dans le pays pour commercer et échanger. Il n'est cependant pas parlé par les populations du Nord, région à dominante musulmane[37].
129
+
130
+ La République centrafricaine est membre de l'Organisation internationale de la francophonie de même que de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
131
+
132
+ De plus, les villes de Bangui et de M`Baiki sont membres de l'Association internationale des maires francophones [38] [source insuffisante].
133
+
134
+ D'après le recensement de 2003, les principales religions en République centrafricaine sont les suivantes[39] : christianisme (80,3 %, dont protestantisme 51,4 % et catholicisme 28,9 %), islam (10,1 %), animisme (9,6 %). La République centrafricaine est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
135
+
136
+ L’Église évangélique baptiste en République centrafricaine est fondée en 1925 [40]. En 2016, elle compte 250 églises et 65,000 de membres [41].
137
+
138
+ L’Église catholique est officiellement fondée en RCA en 1909[réf. nécessaire]. L'archidiocèse de Bangui est l'unique archidiocèse catholique en République centrafricaine. Son siège est à la cathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Bangui. En 2012 les Catholiques comptent 487.000 fidèles[réf. nécessaire].
139
+
140
+ Pour beaucoup de Centrafricains, le terme « musulman » renvoie essentiellement à son synonyme « tchadien », même si les Peuls Mbororos représentent sans doute plus de la moitié de la communauté musulmane[36].
141
+
142
+ Spécialisés dans le commerce et arrivés en plusieurs vagues de migration depuis l'époque coloniale, leurs enfants n’ont jamais été considérés comme Centrafricains même après plusieurs générations. La haine sociale de la population la plus modeste contre ces commerçants « profiteurs » et leur proximité avec le régime de Bozizé ont contribué à leur mise à l'écart[36].
143
+
144
+ Le système éducatif en République centrafricaine est calqué sur le modèle de la France. Il y a des disparités en ce qui concerne l'accès à l'éducation selon des critères sociaux et régionaux. On assiste de ce fait à un faible pourcentage de femmes dans le système scolaire. [réf. souhaitée] L’université de Bangui construite pendant le régime de Bokassa reste la seule qui fournisse un enseignement supérieur public. L'école est obligatoire depuis 2008. [réf. souhaitée]
145
+
146
+ En septembre 2013, à cause de la situation sécuritaire, 60 % des écoles du pays étaient fermées[42].
147
+
148
+ Les principaux problèmes de santé du pays sont: la mortalité maternelle et infantile élevées, une prévalence élevée des maladies transmissibles (dont le VIH SIDA), la faible performance du système de santé et un financement du secteur fortement dépendant de l'aide extérieure[43].
149
+
150
+ En septembre 2013, on comptait sept chirurgiens pour l'ensemble du pays. À cause de la situation sécuritaire, la plupart des centres de santé sont fermés[42].
151
+
152
+ La capitale Bangui possède plusieurs hôpitaux dont l'hôpital de l'Amitié, construit avec l'aide de fonds chinois[44], et l’hôpital communautaire.
153
+
154
+ En République centrafricaine, le revenu par habitant est de 446 dollars en 2012[45]. L'agriculture représente 50 % du PIB, et l'élevage à lui seul 12,7 %[46].
155
+
156
+ Le pays compte des gisements d'aluminium, de cuivre, d’or, de diamant, d’uranium et des puits de pétrole[47],[48].
157
+
158
+ Les principales cultures sont le manioc (cassave), les bananes, le maïs, le café, le coton et le tabac[49],[50].
159
+
160
+ Le potentiel des sols est estimé à 15 millions d'hectares[51],[49] (150 000 km2).
161
+
162
+ Le nord-ouest et le centre du pays représentent un bassin agricole important pour les cultures de coton et de canne à sucre. Toutefois, la faiblesse des infrastructures et du soutien à la production, qui reste majoritairement extensive, limite très fortement les rendements, très inférieurs à ceux des pays voisins. L'enclavement du pays demeure un handicap important.
163
+
164
+ En 2009, l’élevage s’appuie sur un cheptel d'environ 15 millions de têtes[52].
165
+
166
+ L'exploitation forestière contribue largement au PIB, avec d'importantes ressources en bois tropicaux. La forêt centrafricaine couvre une superficie de 3,8 millions d'hectares[53],[54] (38 000 km2). Dès le début de la colonisation, on a exploité l'hévéa pour son latex, aujourd'hui les essences sont plus diversifiées. Les moins nobles sont transformées localement par une petite industrie de contreplaqués, tandis que les plus précieuses sont exportées sans transformation sous forme de grumes.
167
+
168
+ Les premiers forages pétroliers sont réalisés au début des années 1980 par une compagnie pétrolière américaine dénommée ESSO. Le président Patassé avait attribué un permis d'exploitation à la compagnie américaine Grynberg en 2000 mais celui-ci a expiré en 2004[55]. Le gouvernement américain suit de près la situation sur place[56].
169
+
170
+ Le pétrole de Gordil, à la frontière tchadienne est concédé par le régime de François Bozizé en 2012 aux Chinois de la China National Petroleum Corporation[57],[58]. Celui-ci prétendra par la suite qu'il a « été renversé à cause du pétrole » car il avait « donné le pétrole aux Chinois et c’est devenu un problème»[59].
171
+
172
+ Un milliard de barils de pétrole seraient présents dans le pays, principalement au nord, près de la frontière avec le Tchad, certains experts parlant de jusqu’à 5 milliards de barils[60].
173
+
174
+ Quatre sites pétroliers prometteurs sont identifiés : Bagara, Doseo, Salamat et Doba/Bango[60].
175
+
176
+ Dans les années 1960, un gisement de phosphates uranifères avait été découvert à Bakouma par le commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives[48]. La Centrafrique posséderait environ 20 000 tonnes de réserves d'uranium[61].
177
+
178
+ Le groupe nucléaire Areva a signé en août 2008 avec le pouvoir de François Bozizé, un contrat de 18 milliards de Francs CFA (27 millions d’euros) sur 5 ans portant sur un projet du gisement d’uranium à Bakouma à 900 km au nord-est de Bangui[62].
179
+
180
+ Areva a cependant renoncé à l'exploiter en raison de l’insécurité et de la baisse mondiale du cours de l’uranium dû à l’accident nucléaire de Fukushima[63],[64].
181
+
182
+ La production de diamants alluvionnaires de très bonne qualité (diamants de joaillerie) s'établit à environ 500 000 carats bruts par an[61].
183
+
184
+ La Centrafrique figure en quatrième ou cinquième place mondiale pour leur qualité[65].
185
+
186
+ La production réelle est difficile à estimer, au double environ ; il existe une contrebande importante dans ce secteur[66]. La production, le commerce, ainsi que la taille des diamants, sont des activités qui font régulièrement l'objet de plans visant à les nationaliser, ou au contraire à les libéraliser. Les chefs d’État centrafricains ont toujours profité du diamant[67], l'empereur Bokassa les a utilisé à des fins diplomatiques comme lors de l'affaire des diamants. L’exploitation des diamants alimente les différents groupes armés et la violence dans le pays[68].
187
+
188
+ En 2013, la Centrafrique est suspendue du Processus de Kimberley visant à lutter contre les diamants du sang[69],[70].
189
+
190
+ Le tissu industriel, qui n'a jamais été très développé par rapport aux pays voisins comme le Cameroun par exemple, a souffert des troubles militaires et politiques successifs, et est aujourd'hui quasiment inexistant. Quelques industries développées dans les années 1970 (manufactures de tissus, de chaussures...) ont disparu. Il subsiste une production locale de bière et de transformation d'aluminium. Le secteur privé emploie environ 11 000 salariés.
191
+
192
+ Les services publics (eau, électricité, téléphone filaire...), monopoles d'État, sont dans des situations financières difficiles, et les équipements, faute de maintenance et d'investissement, sont pour la plupart vétustes, entraînant des ruptures de service très fréquentes. Le poids important de la dette dans le budget national, et la faiblesse du niveau des ressources propres, rendent la gestion de l'État difficile (non-paiement de salaires des fonctionnaires, grèves et mouvements sociaux) et contribuent à la fragilité des institutions politiques.
193
+
194
+ Un cadre législatif anachronique voire inexistant, l'absence d'infrastructures de transport et forte corruption, caractérisent l'économie de la République centrafricaine, qui fait également partie d'institutions visant à l'intégration sous-régionale ou régionale comme la CEMAC.
195
+
196
+ La Centrafrique reste un des endroits de la planète où l'on trouve encore une flore et une faune très diversifiées, en particulier une population d'éléphants d'Afrique de forêt. Cette situation reste très fragile du fait du braconnage pour l'ivoire et de la consommation de viande de brousse, mais représente un potentiel cynégétique et d'écotourisme important. Le tourisme reste anecdotique, autant du fait de la faiblesse des infrastructures d'accueil et de transport que de la forte insécurité qui règne dans le pays.
197
+
198
+ Plusieurs multinationales sont présentes sur place dont Total, Bolloré, Castel, Areva, Orange[71],[72],[73] ou Toyota[74].
199
+
200
+ La circulation routière dans les provinces en République centrafricaine reste très difficile et très dangereuse car l'état des routes est trop dégradé et reste archaïque sans mesure de sécurité routière adéquate pour les usagers. Il y a souvent l’image de cette grappe humaine, d’hommes, femmes, et enfants et nourrissons agrippés en équilibre précaire au sommet des véhicules de transport de marchandises, victimes de nombreux accidents aux conséquences dramatiques. Un carnet de route avec photos apporte quelques informations[75].
201
+
202
+ Des difficultés de transport urbain et interurbain existent aussi dans le pays. La RCA disposait il y a quarante ans d’une société de transport centrafricain appelée SOTRECA. Compte tenu de l’étroitesse de sa flotte, elle n’a pas pu satisfaire les besoins de la population en matière de transport. Dix ans plus tard, la Compagnie Nationale de TRansport (CNTR) a succédé à la SOTRECA, mais avec une durée de vie éphémère.
203
+
204
+ Pendant trente années, la RCA ne dispose pas d’une entreprise de transport urbain de personnes digne de ce nom. Pour combler ce vide et face à la situation qui devenait de plus en plus alarmante, l'État a créé en 2010 la SONATU ; une société d’État avec un capital social de 480 millions de francs CFA, une flotte de cent autobus qui assure un transport urbain (en commençant par Bangui et ses environs) et interurbain. C’est la société indienne Jaguar qui a doté la SONATU de ces autobus de fabrication indienne « A. Mazda »[76] d'après les affirmations du consul de l'Inde à Bangui, Sakajit Jakati.
205
+
206
+ Le principal aéroport du pays est celui de la capitale, l'aéroport Bangui M’poko.
207
+
208
+ La culture centrafricaine est diversifiée entre les peuples et ethnies.
209
+
210
+ La plupart des Centrafricains (80 %) parlent des langues du groupe Adamaoua-Oubanguien de la famille nigéro-congolaise.
211
+ Au nord du pays vivent des populations parlant des langues nilo-sahariennes (les Sara par exemple). Dans les régions de savane de la RCA sont dispersées différentes communautés de Peuls nomades les Mbororo. L'immense majorité des Centrafricains n'est donc pas de culture « Bantou »[77].
212
+ Certaines ethnies minoritaires, vivant au sud-ouest du pays, sont cependant des Bantous, peuples communs au Congo et au Cameroun.
213
+ La population centrafricaine est subdivisée en une myriade de populations. Ainsi, chaque « grande » ville a son peuple, sa langue et une histoire récente liée aux personnalités politiques et hommes de pouvoir qui en sont issus.
214
+
215
+ Les Pygmées sont un peuple visiblement différent, de par leur gabarit, et leur culture de peuple de la forêt. Longtemps et massivement considérés comme des humains de seconde zone, ils ont préservé leurs habitudes, et se maintiennent dans leur environnement, sans accès aux « progrès sociaux » minimaux qu'a vus le pays.
216
+
217
+ Enfin, avec des frontières arbitraires et poreuses, on retrouve tous les groupes des pays voisins. Ainsi, une part grandissante de la population, en particulier sur l'axe nord-sud courant du Tchad à la capitale, se rattache à la culture musulmane.
218
+
219
+ Les mégalithes de Bouar[79] soumis en 2006 pour être classés au patrimoine mondial de l'Unesco.
220
+ La cathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Bangui a été construite dans les années 1930.
221
+ Le Palais de Berengo fut le centre du pouvoir centrafricain de 1976 à 1979
222
+
223
+ Les spécialités centrafricaines sont diverses manioc, feuilles de manioc et koko, qui comptent parmi les aliments préférés des Centrafricains. La population locale prise le ngoudja accompagné de gozo (manioc) ou mangbere (bâtons de manioc), beignets de bananes, kanda, de capitaine braisé au feu de bois, ngou ti kassa, koko à la viande, chouia (viande de bœuf, de poulet ou de chèvre braisé). Les kindagozo (criquets) et les makongo (chenilles fraîches ou séchées) font également partie des spécialités locales.
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+
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+ Le groupe musical Zokela a eu du succès dans les années 1980. Depuis les années 2000, Losseba est un des musiciens les plus écoutés par les Centrafricains pour ses sons et paroles en faveur d'un retour de la paix[réf. nécessaire]. L’artiste musicien Ozaguin contribuera lui aussi à la réconciliation des peuples centrafricains à travers ses nombreux concerts dans les différentes villes du pays[80]. En plus de ces deux musiciens reconnus, plusieurs chanteurs contribuent à la valorisation de la culture centrafricaine à travers la musique centrafricaine.
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+
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+ La Centrafrique compte plusieurs artistes peintres, dont la plupart sont inconnus du grand public du fait du désintéressement d'une grande partie de la population et de la quasi-inexistence de musées et galeries d'art ; les plus chanceux exhibent dans les centres artisanaux ou à l'Alliance française située près du musée Barthélémy Boganda, en rénovation depuis les événements de 2013.
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+ République centrafricaine
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+ (sg) Ködörösêse tî Bêafrîka
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+ 4° 22′ N, 18° 35′ E
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+ La République centrafricaine, couramment appelée la Centrafrique[a], en Sango : Ködörösêse tî Bêafrîka, est un État d'Afrique centrale en voie de développement, dont la population est estimée à 4 500 000 habitants en 2020[3], pour une superficie d'environ 623 000 km2. Il est entouré par le Cameroun à l'ouest, le Tchad au Nord-Ouest, le Soudan au Nord-Est, le Soudan du Sud à l'Est, la République démocratique du Congo au Sud-Est et la République du Congo au Sud-Ouest. Le pays est membre de l'Union africaine, de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, de la Communauté des États sahélo-sahariens et de l'Organisation de la coopération islamique.
12
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+ Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au sud), et connaît pour l'essentiel un climat tropical. La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or, les diamants et le pétrole.
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+ Le territoire de la République centrafricaine correspond à celui de la colonie française d'Oubangui-Chari, qui fait partie de l'Afrique-Équatoriale française de 1910 à 1960. Après l'indépendance, le pays a eu à sa tête différents régimes autoritaires, notamment celui de Jean-Bedel Bokassa, président, puis empereur autoproclamé. L'ancienne puissance coloniale continue d'y jouer un rôle important. Les premières élections libres avec multipartisme ont lieu en 1993. Elles portent au pouvoir Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 par François Bozizé. Celui-ci, réélu en 2005 et 2010, est à son tour renversé en 2013 par la Seleka, une alliance de milices dirigée par Michel Am-Nondokro Djotodia, pendant la deuxième guerre civile centrafricaine. En 2016, Faustin-Archange Touadéra est élu Président de la République.
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+ Ce pays est ainsi désigné pour sa position géographique au centre du continent[4].
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+ La Centrafrique (RCA) est un pays enclavé sans accès à la mer. L'essentiel de la frontière sud du pays suit le cours du fleuve Oubangui et de son affluent le Mbomou. La partie nord du pays constitue le haut bassin du fleuve Chari. Le mont Ngaoui avec ses 1 420 m est le point culminant.
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+
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+ Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au Sud).
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+ La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or et les diamants. Le pétrole et l'énergie hydroélectrique sont d'autres ressources potentiellement importantes mais inexploitées à ce jour.
24
+
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+ Le pays souffre d'inondations en raison du manque d'entretien des fleuves et des débits impressionnants qu'engendre la saison des pluies en Afrique centrale. La déforestation est quant à elle constatée dans les zones de brousse (où les paysans utilisent le bois pour leur nourriture et les constructions), mais semble endiguée dans les zones forestières (voir aussi : Forêt du bassin du Congo). Les sources du ministère des forêts et du développement rural semblent prouver que depuis 30 ans, la forêt gagne sur la savane. De gros efforts d'aménagement et de protection des forêts sont en effet engagés durablement, avec pour objectif d'éviter l'érosion, de protéger la faune et de préserver cette richesse rare qu'est la grande forêt centrafricaine.
26
+
27
+ Le climat tropical domine l'essentiel du pays avec une saison humide de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril. Au Sud, la frontière des deux Congos, le climat est de type équatorial, intertropical de Carnot à Berbérati à l'ouest, subsahélien vers Birao au Nord avec une saison sèche pouvant aller de 8 à 9 mois, et intertropical mais frais et orageux sur les reliefs.
28
+
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+ La République centrafricaine comporte deux grands bassins séparés. L'un s'écoule vers le nord (bassin du Tchad) avec des cours d'eau comme le Logone, l'Ouham, le Chari. L'autre bassin est formé des affluents de l'Oubangui qui coulent vers le bassin du Congo, au sud. Les bordures occidentale et orientale du plateau comportent les reliefs les plus importants. Le plateau est entouré au nord-ouest avec des gradins du massif granitique de Yadé s'étageant de 1 000 m à 1 400 m (à l'exception du mont Ngaoui : 1 410 m) ; au nord-ouest, trois petites chaînes quartziques, les ensembles Délembé-Sergobo, Ouanda Djallé-Mont Koumou et Kotto-Bahr formant les massifs du Dar Challa et des Bongo, culminent au mont Toussoro avec 1 330 mètres.
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+ La moyenne annuelle des températures avoisine 26 °C. À Bangui, les maxima sont de l'ordre de 38 °C et les minima de 15 °C. Le pluviomètre indique en moyenne : pour la saison pluvieuse (juillet), et pour la saison sèche 5 mm (décembre).
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+ La RCA est véritablement au cœur de l'Afrique entourée de cinq pays, riche de ressources naturelles mais aussi avec tout ce qu'une telle position implique quant à l'équilibre politique et social précaire de la région environnante; la République centrafricaine est entourée de pays dont les tensions se répercutent sur son territoire. La période ~ 1990-2010 a vu de nombreux conflits périphériques pénétrer le pays puis 2010-2016 s'est vu installer un conflit dont la forme visible est la déchirure chrétienne-musulmane au point où les musulmans sont majoritairement réfugiés au nord du pays[5]. Il y a aussi un mouvement dit « armée de résistance du Seigneur (LRA) » originaire d'Ouganda que l'on dit toujours être présent dans le sud-est du pays, proche du Soudan du Sud[5]. Enfin, le pays servirait parfois de base arrière à des « groupes de trafiquants et de braconniers »[5].
34
+
35
+ Des pierres taillées datant au moins du IXe millénaire avant notre ère ont été retrouvées au cours de fouilles effectuées en République centrafricaine. Toutefois, l’absence de restes humains associés empêche l’attribution de ces outils à une population précise (pygmées ou autre peuple autochtone). Par la suite, la transition du paléolithique vers le néolithique dans la région fut un processus graduel sans rupture culturelle brutale.
36
+
37
+ À partir du IIIe millénaire avant notre ère, l’établissement et l’expansion vigoureuse sur le sol centrafricain des populations parlant les langues du groupe Adamaoua-Oubangui s’opposent à l’expansion Bantou qui trouve alors un exutoire vers le Sud et l’Est du continent[6],[7]. Le noyau géographique originel des populations de langues Adamaoua-Oubangui serait tout proche car situé dans le massif de l’Adamaoua aux confins des actuels Cameroun, Nigeria, Tchad et République centrafricaine. De l’autre côté des contreforts occidentaux de l'Adamaoua (qui culmine à 3 400 m au Tchabal Mbabo dans les monts Gotel) était situé, sur la rivière Cross, le noyau originel des populations bantoues. Les deux groupes de populations vont connaître, au IIIe millénaire, une expansion simultanée à la suite de la domestication de l’igname et du palmier à huile[8].
38
+
39
+ L’implantation solide des populations de langues adamaoua-oubangiennes sur le territoire tiendrait à leur maîtrise des cultures agricoles aussi bien en zone de forêt sèche (apprises auprès des agriculteurs parlant les langues du groupe Soudan-Central) qu’en zone de forêt humide, une double compétence que n’avaient pas les Bantous à cette époque[7]. La présence d’une agriculture en République centrafricaine est avérée à partir du milieu du IIe millénaire avant notre ère. Les populations de langues adamaoua-oubanguiennes achèvent leur implantation sur l’ensemble de l’actuelle République centrafricaine vers le début du Ier millénaire avant notre ère tandis que l’extension géographique maximale de ces populations est atteinte vers le début de l’ère chrétienne. Les habitants qui les avaient précédé (pygmées et soudanais centraux) sur le territoire de la Centrafrique actuelle sont alors soit assimilés soit marginalisés [7].
40
+
41
+ Une civilisation mégalithique qui perdure jusqu’au Ier siècle apr. J.-C. se développe dans la région de Bouar (Ouest). C’est l’apparition de la métallurgie du fer qui semble avoir mis fin à la civilisation des mégalithes (Tazunu en gbaya) [6]. La métallurgie du fer se répand d’ouest en est et s’accompagne d’une expansion de la population dont on considère qu’elle atteignit 6 millions d’habitants sur l’ensemble du territoire centrafricain au XVIIIe siècle[6]. Les populations auraient alors vécu en relative autarcie car à l’écart des grandes voies commerciales africaines.
42
+
43
+ Entre les débuts archéologiques et la période qui précède immédiatement la colonisation, soit environ 1 700 ans, les données concernant l’histoire du territoire occupé par la République centrafricaine sont rares ou peu accessibles au grand public[7]. Il est probable qu’à l’instar de beaucoup de peuples établis dans la zone équatoriale, les populations de la région n’ont pas éprouvé le besoin de s’organiser autour de structures étatiques mais ont plutôt conservé un système de chefferies locales[9]. Rétrospectivement, et étant donné l’expansion démographique supposée de la population (six millions d’habitants), on peut se demander si ce système n’était peut-être pas plus performant que bien d’autres. Le défaut majeur de cette organisation politique très superficielle est toutefois de ne pas avoir pu protéger les populations de langues adamaoua-oubanguiennes des épreuves qui allaient survenir au cours de la période contemporaine.
44
+
45
+ Le phénomène historique le plus spectaculaire qu’ait connu la région durant cette période concerne les Zandé[10]. Aux alentours du XVe siècle, des clans issus du Darfour ou du Kordofan émigrent vers l’Uélé et l’Oubangui.
46
+ Cette aristocratie de seigneurs va peu à peu s’imposer aux populations locales tout en adoptant sa culture. Une douzaine de royaumes Zandé[11] se forment ainsi. L’organisation du pouvoir mis en place par les souverains Zandé fait une certaine impression sur les premiers voyageurs Européens.
47
+
48
+ Sur l’ensemble du territoire centrafricain actuel, on considère que les habitants vivaient en petits villages dispersés et cultivant au nord le sorgho et au sud la banane plantain. Le niveau d’organisation politique était faible et les sociétés locales souvent troublées par des querelles. Le fait que ces sociétés soient très similaires à celles rencontrées dans le Cameroun central suggère qu’un certain niveau de communication a perduré entre les deux régions au cours des millénaires[7].
49
+
50
+ La fin du XVIIIe siècle marque le début d’une importante régression démographique due en premier lieu à la traite des esclaves qui s’installe dans la région. L’impact de la traite frappe donc le territoire de la République centrafricaine actuelle plus tardivement que beaucoup d’autres régions du continent. À cette époque, les États musulmans situés plus au nord (Kanem-Bornou, Ouaddaï, Baguirmi, Darfour), utilisant parfois comme main d’œuvre les nomades Peuls, commencent à ravager les territoires occupés par les populations animistes gbaya et banda [7]. Ndélé, ville située en République centrafricaine actuelle, est un important centre esclavagiste dépendant du sultan du Baguirmi. Un peu plus tard, plus au sud, les riverains de l’Oubangui deviennent piroguiers et intermédiaires pour les trafiquants d’esclaves alors qu’à l’est, entre Mbomou et Uélé, des petits États aristocratiques de langue Zandé (ou Nzakara au nord de l’Oubangui) combattent les trafiquants mais alimentent également pour leur propre compte les trafics d’esclaves à destination des occidentaux ou des pays arabes par le Bahr el Ghazal. Ce dernier trafic, spécialement important dans la seconde moitié du XIXe siècle est d’autant plus dévastateur que les trafiquants jallaba financés depuis Khartoum étaient équipés d’armes à feu.
51
+
52
+ D’autre part, au nord-ouest de la République centrafricaine, une alliance esclavagiste entre les Peuls et la confédération Mbum contribue aussi à la dépopulation du pays. Globalement, il semble que ce soit les razzias d’esclaves à destination des pays arabes qui soient la cause du plus grand prélèvement de populations sur le territoire appelé à devenir la République centrafricaine. Un des moyens d’échapper à l’esclavage étant la conversion à la religion musulmane, on considère parfois qu’il est probable que si la colonisation européenne n’était pas intervenue, toutes les populations vivant au nord de la grande forêt pluviale auraient été converties à l’islam[7],[12],[13].
53
+
54
+ Simultanément aux razzias des esclavagistes, les populations « centrafricaines », autrefois autarciques et donc dotées d’un faible niveau de protection contre les grandes épidémies sont exposées à des microorganismes mortels comme les virus de la variole ou de la rougeole. En parallèle, syphilis et gonococcies provoquent l’apparition fréquente de stérilité chez les individus infectés. Il résulte du système esclavagiste et des changements épidémiologiques drastiques un dépeuplement massif du tiers voire de la moitié orientale du territoire centrafricain actuel auquel s’ajoutent des migrations intérieures de sauvegarde qui contribuent à semer un peu plus le chaos[7].
55
+
56
+ Au XVIIIe siècle, et à l’image de leurs voisins Zandé du Mbomou, les populations riveraines de l’Oubangui se seraient fédérées autour d’un chef, Kola Ngbandi, et adoptent le nom de ce dernier pour se désigner. Les Ngbandi développent par la suite une activité de piroguiers sur l’Oubangui, une forme simplifiée de leur langue devient le sango, langue vernaculaire centrafricaine développée essentiellement pour et grâce au commerce.
57
+
58
+ Le dernier évènement notable de la période précoloniale est l’installation sous l’impulsion d’un soudanais, Rabah, d’un État esclavagiste à cheval sur la République centrafricaine et le Tchad.  Il a pour capitale la ville de Dar el-Kouti (près de Ndélé) et est dirigé par un vassal de Rabah (1842c-1900), Mohamed es-Senoussi (?-1911). L’influence néfaste du sultanat de Bilad el-Kouti[14] s’étend bien après les débuts de la colonisation française[7],[12],[13](République de Logone (en) (ou de Dar el Kuti, 2015)).
59
+
60
+ Les premiers colons européens apparaissent en 1884. Les Français installent des postes le long des cours d’eau, les Belges le long du M’Bomou près des zeriba de Bangassou, Rafaï et Sémio. En 1889 Bangui est construit, en 1894, Victor Liotard, gouverneur de l'Oubangui dépendant du gouverneur du Congo Savorgnan de Brazza, récupère les postes belges sur la rive droite du M’Bomou. Les Français organisent le Haut-Oubangui en régions civiles et militaires, ainsi que le Chari après la première expédition d’Émile Gentil en 1896—97 jusqu’au lac Tchad ; puis après la mort de Rabah, vaincu à Kousseri en 1898 par les Français, les territoires colonisés sont partagés en circonscriptions administratives, le Chari étant joint à l’Oubangui, base de la future Centrafrique. Le territoire devient une colonie française en 1905 sous le nom d'Oubangui-Chari. Le territoire devient partie intégrante de l’Afrique-Équatoriale française (AEF) en 1910[15],[16],[17].
61
+
62
+ Les colons Français combattent l’anthropophagie[18] et l’esclavage, les missions religieuses prônent le mariage monogamique et l’État encourage l’arrivée des colons pour la mise en valeur du pays. Mais des hommes, ayant des relations au gouvernement, obtiennent d’immenses territoires concessionnaires. Des entreprises commencent à exploiter les ressources du pays en ayant recours de façon importante au travail forcé, la fuite en brousse de la population constitue alors une des formes de résistance, la plus marquante étant la guerre du Kongo-Wara et fait l’objet de répressions[15]. La colonisation française en Oubangui-Chari est considérée par RFI comme la plus brutale de l'Empire colonial français[19].
63
+
64
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la colonie se joint aux Forces alliées.
65
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66
+ Le pays devient la République centrafricaine le 1er décembre 1958 et proclame son indépendance le 13 août 1960[20],[21].
67
+
68
+ Depuis, le pays a conservé le français comme langue officielle, utilisée dans les documents administratifs, alors que le sango, langue véhiculaire, agit comme unificateur du pays, permettant à chacun de se comprendre, même sans éducation scolaire avancée[réf. nécessaire].
69
+
70
+ Le premier chef de l'État, Barthélemy Boganda, est considéré comme le père de la nation centrafricaine. Parlementaire à Paris, il fut l'auteur de brûlots réguliers et de demandes de maintien de tous les droits français au peuple d'Afrique équatoriale française. Parlementaire français véhément, il prônait depuis longtemps l'indépendance des colonies et avait proposé la création d'un État d'Afrique centrale unique, groupant Gabon, Congo, Cameroun et République centrafricaine. Il y voyait la seule solution permettant d'éviter l'éclatement de la région en territoires trop petits, non viables, et sans rôle à jouer sur la scène internationale. Il meurt le 29 mars 1959, peu après son élection, dans un accident d'avion dont les causes n'ont jamais été élucidées[22].
71
+
72
+ En 1965, lors du « coup d'État de la Saint-Sylvestre », Jean-Bedel Bokassa renverse son cousin David Dacko et prend le pouvoir. Le 4 décembre 1976, il s'auto-proclame empereur Bokassa Ier. Il met alors en place une politique très répressive dans tout le pays.
73
+
74
+ En septembre 1979, « l'opération Barracuda », organisée par la France, renverse Bokassa et remet au pouvoir David Dacko[22]. En effet, depuis quelque temps Bokassa se rapproche de plus en plus de Mouammar Kadhafi dont la politique au Tchad est en contradiction complète avec les intérêts français.
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+
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+ David Dacko lui succède encore brièvement. Il sera chassé du pouvoir par un coup d'État le 1er septembre 1981 par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire.
77
+
78
+ André Kolingba restera au pouvoir jusqu'en 1993, année où, suivant le courant de démocratisation lancé par le sommet de La Baule, les premières élections multipartites ont lieu et Ange-Félix Patassé est élu président de la République.
79
+
80
+ À la fin des années 1990, les « compagnies juniors » canadiennes, investies dans plus de 8 000 propriétés minières, dans plus de 100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet[23], multiplient les contrats avec des pays africains parmi lesquels la République centrafricaine, où elles ont cependant du mal à se faire une place, la Colombe Mines, possédant les principaux sites diamantifères[24].
81
+
82
+ En 2001, une tentative de coup d'État provoque de violents affrontements dans la capitale, Bangui.
83
+
84
+ Après une nouvelle série de troubles et malgré l'intervention de la communauté internationale (MINURCA), le 15 mars 2003, le général François Bozizé réussit, avec l'aide de militaires français (deux avions de chasse de l'armée française survolaient Bangui pour filmer les positions des loyalistes pour le compte de Bozizé)[réf. nécessaire] et de miliciens tchadiens (dont une bonne partie va rester avec lui après son installation au pouvoir), un nouveau coup d'État et renverse le président Patassé. Le général Bozizé chasse alors les rebelles congolais, auteurs de méfaits et crimes innombrables, notamment dans et autour de Bangui.[réf. nécessaire]
85
+
86
+ Une élection présidentielle a lieu, après plusieurs reports, le 13 mars 2005, sous la direction d'une Commission Électorale Mixte Indépendante (CIME), présidée par Jean Willybiro-Sako. On peut relever comme candidatures, celles de François Bozizé (déjà chef de l'État), l'ancien président André Kolingba, et l'ancien vice-président Abel Goumba. Les candidatures de plusieurs autres candidats, dont celles de Charles Massi du FODEM, de l'ancien premier ministre Martin Ziguélé, de l'ancien ministre et ancien maire de Bangui Olivier Gabirault et de Jean-Jacques Démafouth, sont refusées par la commission électorale avant la médiation gabonaise et les accords de Libreville. À la suite de ces accords, seule la candidature de l'ancien président Ange-Félix Patassé est définitivement rejetée par la commission élue. [réf. souhaitée]
87
+
88
+ L'accession à la présidence de Bozizé est violemment contestée et une première guerre civile centrafricaine ravage le pays entre 2004 et 2007, jusqu'à la signature d'un accord de paix.
89
+
90
+ Cependant, les rebelles dénoncent la non-tenue des accords par le président Bozizé, et reprennent les armes fin 2012, lançant une série d'attaques démarrant la deuxième guerre civile centrafricaine. Le 24 mars 2013, les rebelles de la coalition Seleka s'emparent de Bangui et Bozizé s'enfuit. Michel Djotodia s'auto-proclame président de la République centrafricaine. Mais les nombreuses exactions commises par les miliciens de la Seleka, majoritairement musulmans, amènent l'insécurité dans le pays, et des milices d'auto-défense, les anti-balaka se forment. Le conflit débouche sur une situation « pré-génocidaire » selon la France et les États-Unis. Le 5 décembre 2013, une résolution de l'ONU permet à la France d'envoyer des troupes armées en République centrafricaine (opération Sangaris) aux fins annoncées de désamorcer le conflit et de protéger les civils.
91
+
92
+ Le 10 janvier 2014, le président de la transition centrafricaine Michel Djotodia et son premier ministre Nicolas Tiangaye annoncent leur démission lors d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC)[25],[26]. Le 20 janvier 2014, le Conseil national de transition de la République centrafricaine élit Catherine Samba-Panza comme chef de l'État de transition de la République centrafricaine[27] Au printemps 2014, trois journalistes sont tués, dont la française Camille Lepage, sur fond de sanctions de l'ONU.
93
+
94
+ Le 23 juillet 2014, les belligérants signent un accord de cessation des hostilités à Brazzaville. En dépit de cet accord, le pays est divisé en régions contrôlées par des milices, « sur lesquelles ni l’État ni la mission de l’ONU n’ont prise »[28].
95
+
96
+ Une élection présidentielle est organisée en décembre 2015 et janvier 2016. Faustin-Archange Touadéra arrive deuxième du premier tour avec 19 % des voix, derrière son opposant, Anicet-Georges Dologuélé qui arrive en tête avec 23,7 %. Il est finalement élu président de la République à l'issue du deuxième tour, avec 62,7 % des suffrages contre 37,3 % à Anicet-Georges Dologuélé[29]. Ce nouveau président de la République lance un processus de réconciliation nationale afin de rendre justice aux victimes des guerres civiles, la plupart déplacées à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Pour ce faire, il charge par décret son ministre conseiller, Regina Konzi Mongot, d'élaborer le Programme national de réconciliation nationale et de paix, proposé en décembre 2016, adopté en séance tenante à l'unanimité par les organismes internationaux. Pour autant, en juin 2017, les affrontements à Bria, dans le centre-est du pays, font une centaine de morts[30]. Par ailleurs, un comité est également mis en place afin de juger les principaux acteurs et dédommager les victimes. Le 6 février 2019, l'État centrafricain signe avec les 14 principaux groupes armés du pays un nouvel accord de paix négocié en janvier à Khartoum[31].
97
+
98
+ Malgré cet accord, 80% du territoire reste contrôlé par des groupes armés et les massacres de populations civiles continuent[32].
99
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100
+ La République centrafricaine est une république présidentielle où le président est à la fois chef d'État et chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est détenu par le gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et le parlement.
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+
102
+ Du 24 mars 2013, date de sa prise de pouvoir par les armes, au 10 janvier 2014, date de sa démission, Michel Djotodia remplit la fonction de président de la République et Nicolas Tiangaye exerce la fonction de Premier ministre. Après leur démission, l'intérim est assuré par Alexandre-Ferdinand N'Guendet, président du Conseil national de transition qui élit ensuite Catherine Samba-Panza comme Chef de l'État de transition de la République centrafricaine. Elle prête serment le 23 janvier 2014 et le 25, elle nomme Premier ministre, André Nzapayeké[33].
103
+
104
+ À la suite des pourparlers de Brazzaville, un accord de cessez-le-feu est signé le 23 juillet 2014[34] assorti de la condition de la formation d'un gouvernement d'union nationale[réf. nécessaire]. Le 10 août 2014, Mahamat Kamoun est nommé Premier ministre du gouvernement d'union nationale à la tête d'un gouvernement de 30 membres où les femmes sont très représentées.
105
+
106
+ Faustin-Archange Touadéra devient président le 30 mars 2016 et son chef de gouvernement est Simplice Sarandji.
107
+
108
+ La République centrafricaine est composée de 14 préfectures, deux préfectures économiques, et une Commune autonome. Les 14 préfectures sont : Bamingui-Bangoran, Basse-Kotto, Haute-Kotto, Haut-Mbomou, Kémo, Lobaye, Mambéré-Kadéï, Mbomou, Nana-Mambéré, Ombella-M'Poko, Ouaka, Ouham, Ouham-Pendé, Vakaga. Les deux préfectures économiques sont : Nana-Grébizi et Sangha-Mbaéré. Bangui a le statut spécifique de commune.
109
+
110
+ Ces 14 préfectures sont elles-mêmes sous-divisées en 71 sous-préfectures.
111
+
112
+ L’organisation administrative de la RCA, s’articule donc autour de sept régions, seize préfectures, 71 sous-préfectures et deux postes de contrôle administratif et 175 communes, dont six communes d’élevages, et environ 10 000 villages, quartiers de villes.
113
+
114
+ La ville de Bangui, est la septième région et est structurée en commune urbaine avec huit arrondissements.
115
+
116
+ Un projet sur la décentralisation et la déconcentration permettra à l’horizon 2015 d’asseoir une administration territoriale performante et efficace, avec des instances locales élues.
117
+
118
+
119
+
120
+ Le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) effectué en 2003 a donné un nombre de 5 391 539 habitants :
121
+
122
+ Les précédents recensements de 1975 et 1988 avaient quantifié la population respectivement à 2 056 000 habitants et 2 688 426 habitants.
123
+
124
+ Depuis le début de 2007, de nombreuses organisations humanitaires non gouvernementales, de toutes obédiences et de tous pays, sont de retour en République centrafricaine, dans la foulée des historiques actions du réseau Caritas Internationalis ou de Médecins sans frontières. Les projets sont actuellement priorisés sur l'éducation, le développement agricole et rural, le soutien aux populations déplacées ou migrantes, l'accès aux soins de santé primaire, et un peu de microfinance pour soutenir les initiatives locales créatrices de revenus.
125
+
126
+ En République centrafricaine, les Mbororos représentent sans doute plus de la moitié de la population musulmane du pays et vivent pour une majorité d'entre eux de l’élevage dans le monde rural[36]. Une partie de cette communauté est originaire du Cameroun et est arrivée dans les années 1920, d’autres sont venus du Tchad (sans doute originellement du Niger, voire du Nigeria) avant les migrations plus contemporaines à partir des années 1990[36].
127
+
128
+ Les deux langues officielles de la République centrafricaine sont le français et le sango. Le pays compte plus de quatre-vingts ethnies parlant chacune des dialectes différents. Le sango, la langue véhiculaire, représente une vraie langue de communication, largement partagée dans le pays pour commercer et échanger. Il n'est cependant pas parlé par les populations du Nord, région à dominante musulmane[37].
129
+
130
+ La République centrafricaine est membre de l'Organisation internationale de la francophonie de même que de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
131
+
132
+ De plus, les villes de Bangui et de M`Baiki sont membres de l'Association internationale des maires francophones [38] [source insuffisante].
133
+
134
+ D'après le recensement de 2003, les principales religions en République centrafricaine sont les suivantes[39] : christianisme (80,3 %, dont protestantisme 51,4 % et catholicisme 28,9 %), islam (10,1 %), animisme (9,6 %). La République centrafricaine est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
135
+
136
+ L’Église évangélique baptiste en République centrafricaine est fondée en 1925 [40]. En 2016, elle compte 250 églises et 65,000 de membres [41].
137
+
138
+ L’Église catholique est officiellement fondée en RCA en 1909[réf. nécessaire]. L'archidiocèse de Bangui est l'unique archidiocèse catholique en République centrafricaine. Son siège est à la cathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Bangui. En 2012 les Catholiques comptent 487.000 fidèles[réf. nécessaire].
139
+
140
+ Pour beaucoup de Centrafricains, le terme « musulman » renvoie essentiellement à son synonyme « tchadien », même si les Peuls Mbororos représentent sans doute plus de la moitié de la communauté musulmane[36].
141
+
142
+ Spécialisés dans le commerce et arrivés en plusieurs vagues de migration depuis l'époque coloniale, leurs enfants n’ont jamais été considérés comme Centrafricains même après plusieurs générations. La haine sociale de la population la plus modeste contre ces commerçants « profiteurs » et leur proximité avec le régime de Bozizé ont contribué à leur mise à l'écart[36].
143
+
144
+ Le système éducatif en République centrafricaine est calqué sur le modèle de la France. Il y a des disparités en ce qui concerne l'accès à l'éducation selon des critères sociaux et régionaux. On assiste de ce fait à un faible pourcentage de femmes dans le système scolaire. [réf. souhaitée] L’université de Bangui construite pendant le régime de Bokassa reste la seule qui fournisse un enseignement supérieur public. L'école est obligatoire depuis 2008. [réf. souhaitée]
145
+
146
+ En septembre 2013, à cause de la situation sécuritaire, 60 % des écoles du pays étaient fermées[42].
147
+
148
+ Les principaux problèmes de santé du pays sont: la mortalité maternelle et infantile élevées, une prévalence élevée des maladies transmissibles (dont le VIH SIDA), la faible performance du système de santé et un financement du secteur fortement dépendant de l'aide extérieure[43].
149
+
150
+ En septembre 2013, on comptait sept chirurgiens pour l'ensemble du pays. À cause de la situation sécuritaire, la plupart des centres de santé sont fermés[42].
151
+
152
+ La capitale Bangui possède plusieurs hôpitaux dont l'hôpital de l'Amitié, construit avec l'aide de fonds chinois[44], et l’hôpital communautaire.
153
+
154
+ En République centrafricaine, le revenu par habitant est de 446 dollars en 2012[45]. L'agriculture représente 50 % du PIB, et l'élevage à lui seul 12,7 %[46].
155
+
156
+ Le pays compte des gisements d'aluminium, de cuivre, d’or, de diamant, d’uranium et des puits de pétrole[47],[48].
157
+
158
+ Les principales cultures sont le manioc (cassave), les bananes, le maïs, le café, le coton et le tabac[49],[50].
159
+
160
+ Le potentiel des sols est estimé à 15 millions d'hectares[51],[49] (150 000 km2).
161
+
162
+ Le nord-ouest et le centre du pays représentent un bassin agricole important pour les cultures de coton et de canne à sucre. Toutefois, la faiblesse des infrastructures et du soutien à la production, qui reste majoritairement extensive, limite très fortement les rendements, très inférieurs à ceux des pays voisins. L'enclavement du pays demeure un handicap important.
163
+
164
+ En 2009, l’élevage s’appuie sur un cheptel d'environ 15 millions de têtes[52].
165
+
166
+ L'exploitation forestière contribue largement au PIB, avec d'importantes ressources en bois tropicaux. La forêt centrafricaine couvre une superficie de 3,8 millions d'hectares[53],[54] (38 000 km2). Dès le début de la colonisation, on a exploité l'hévéa pour son latex, aujourd'hui les essences sont plus diversifiées. Les moins nobles sont transformées localement par une petite industrie de contreplaqués, tandis que les plus précieuses sont exportées sans transformation sous forme de grumes.
167
+
168
+ Les premiers forages pétroliers sont réalisés au début des années 1980 par une compagnie pétrolière américaine dénommée ESSO. Le président Patassé avait attribué un permis d'exploitation à la compagnie américaine Grynberg en 2000 mais celui-ci a expiré en 2004[55]. Le gouvernement américain suit de près la situation sur place[56].
169
+
170
+ Le pétrole de Gordil, à la frontière tchadienne est concédé par le régime de François Bozizé en 2012 aux Chinois de la China National Petroleum Corporation[57],[58]. Celui-ci prétendra par la suite qu'il a « été renversé à cause du pétrole » car il avait « donné le pétrole aux Chinois et c’est devenu un problème»[59].
171
+
172
+ Un milliard de barils de pétrole seraient présents dans le pays, principalement au nord, près de la frontière avec le Tchad, certains experts parlant de jusqu’à 5 milliards de barils[60].
173
+
174
+ Quatre sites pétroliers prometteurs sont identifiés : Bagara, Doseo, Salamat et Doba/Bango[60].
175
+
176
+ Dans les années 1960, un gisement de phosphates uranifères avait été découvert à Bakouma par le commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives[48]. La Centrafrique posséderait environ 20 000 tonnes de réserves d'uranium[61].
177
+
178
+ Le groupe nucléaire Areva a signé en août 2008 avec le pouvoir de François Bozizé, un contrat de 18 milliards de Francs CFA (27 millions d’euros) sur 5 ans portant sur un projet du gisement d’uranium à Bakouma à 900 km au nord-est de Bangui[62].
179
+
180
+ Areva a cependant renoncé à l'exploiter en raison de l’insécurité et de la baisse mondiale du cours de l’uranium dû à l’accident nucléaire de Fukushima[63],[64].
181
+
182
+ La production de diamants alluvionnaires de très bonne qualité (diamants de joaillerie) s'établit à environ 500 000 carats bruts par an[61].
183
+
184
+ La Centrafrique figure en quatrième ou cinquième place mondiale pour leur qualité[65].
185
+
186
+ La production réelle est difficile à estimer, au double environ ; il existe une contrebande importante dans ce secteur[66]. La production, le commerce, ainsi que la taille des diamants, sont des activités qui font régulièrement l'objet de plans visant à les nationaliser, ou au contraire à les libéraliser. Les chefs d’État centrafricains ont toujours profité du diamant[67], l'empereur Bokassa les a utilisé à des fins diplomatiques comme lors de l'affaire des diamants. L’exploitation des diamants alimente les différents groupes armés et la violence dans le pays[68].
187
+
188
+ En 2013, la Centrafrique est suspendue du Processus de Kimberley visant à lutter contre les diamants du sang[69],[70].
189
+
190
+ Le tissu industriel, qui n'a jamais été très développé par rapport aux pays voisins comme le Cameroun par exemple, a souffert des troubles militaires et politiques successifs, et est aujourd'hui quasiment inexistant. Quelques industries développées dans les années 1970 (manufactures de tissus, de chaussures...) ont disparu. Il subsiste une production locale de bière et de transformation d'aluminium. Le secteur privé emploie environ 11 000 salariés.
191
+
192
+ Les services publics (eau, électricité, téléphone filaire...), monopoles d'État, sont dans des situations financières difficiles, et les équipements, faute de maintenance et d'investissement, sont pour la plupart vétustes, entraînant des ruptures de service très fréquentes. Le poids important de la dette dans le budget national, et la faiblesse du niveau des ressources propres, rendent la gestion de l'État difficile (non-paiement de salaires des fonctionnaires, grèves et mouvements sociaux) et contribuent à la fragilité des institutions politiques.
193
+
194
+ Un cadre législatif anachronique voire inexistant, l'absence d'infrastructures de transport et forte corruption, caractérisent l'économie de la République centrafricaine, qui fait également partie d'institutions visant à l'intégration sous-régionale ou régionale comme la CEMAC.
195
+
196
+ La Centrafrique reste un des endroits de la planète où l'on trouve encore une flore et une faune très diversifiées, en particulier une population d'éléphants d'Afrique de forêt. Cette situation reste très fragile du fait du braconnage pour l'ivoire et de la consommation de viande de brousse, mais représente un potentiel cynégétique et d'écotourisme important. Le tourisme reste anecdotique, autant du fait de la faiblesse des infrastructures d'accueil et de transport que de la forte insécurité qui règne dans le pays.
197
+
198
+ Plusieurs multinationales sont présentes sur place dont Total, Bolloré, Castel, Areva, Orange[71],[72],[73] ou Toyota[74].
199
+
200
+ La circulation routière dans les provinces en République centrafricaine reste très difficile et très dangereuse car l'état des routes est trop dégradé et reste archaïque sans mesure de sécurité routière adéquate pour les usagers. Il y a souvent l’image de cette grappe humaine, d’hommes, femmes, et enfants et nourrissons agrippés en équilibre précaire au sommet des véhicules de transport de marchandises, victimes de nombreux accidents aux conséquences dramatiques. Un carnet de route avec photos apporte quelques informations[75].
201
+
202
+ Des difficultés de transport urbain et interurbain existent aussi dans le pays. La RCA disposait il y a quarante ans d’une société de transport centrafricain appelée SOTRECA. Compte tenu de l’étroitesse de sa flotte, elle n’a pas pu satisfaire les besoins de la population en matière de transport. Dix ans plus tard, la Compagnie Nationale de TRansport (CNTR) a succédé à la SOTRECA, mais avec une durée de vie éphémère.
203
+
204
+ Pendant trente années, la RCA ne dispose pas d’une entreprise de transport urbain de personnes digne de ce nom. Pour combler ce vide et face à la situation qui devenait de plus en plus alarmante, l'État a créé en 2010 la SONATU ; une société d’État avec un capital social de 480 millions de francs CFA, une flotte de cent autobus qui assure un transport urbain (en commençant par Bangui et ses environs) et interurbain. C’est la société indienne Jaguar qui a doté la SONATU de ces autobus de fabrication indienne « A. Mazda »[76] d'après les affirmations du consul de l'Inde à Bangui, Sakajit Jakati.
205
+
206
+ Le principal aéroport du pays est celui de la capitale, l'aéroport Bangui M’poko.
207
+
208
+ La culture centrafricaine est diversifiée entre les peuples et ethnies.
209
+
210
+ La plupart des Centrafricains (80 %) parlent des langues du groupe Adamaoua-Oubanguien de la famille nigéro-congolaise.
211
+ Au nord du pays vivent des populations parlant des langues nilo-sahariennes (les Sara par exemple). Dans les régions de savane de la RCA sont dispersées différentes communautés de Peuls nomades les Mbororo. L'immense majorité des Centrafricains n'est donc pas de culture « Bantou »[77].
212
+ Certaines ethnies minoritaires, vivant au sud-ouest du pays, sont cependant des Bantous, peuples communs au Congo et au Cameroun.
213
+ La population centrafricaine est subdivisée en une myriade de populations. Ainsi, chaque « grande » ville a son peuple, sa langue et une histoire récente liée aux personnalités politiques et hommes de pouvoir qui en sont issus.
214
+
215
+ Les Pygmées sont un peuple visiblement différent, de par leur gabarit, et leur culture de peuple de la forêt. Longtemps et massivement considérés comme des humains de seconde zone, ils ont préservé leurs habitudes, et se maintiennent dans leur environnement, sans accès aux « progrès sociaux » minimaux qu'a vus le pays.
216
+
217
+ Enfin, avec des frontières arbitraires et poreuses, on retrouve tous les groupes des pays voisins. Ainsi, une part grandissante de la population, en particulier sur l'axe nord-sud courant du Tchad à la capitale, se rattache à la culture musulmane.
218
+
219
+ Les mégalithes de Bouar[79] soumis en 2006 pour être classés au patrimoine mondial de l'Unesco.
220
+ La cathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Bangui a été construite dans les années 1930.
221
+ Le Palais de Berengo fut le centre du pouvoir centrafricain de 1976 à 1979
222
+
223
+ Les spécialités centrafricaines sont diverses manioc, feuilles de manioc et koko, qui comptent parmi les aliments préférés des Centrafricains. La population locale prise le ngoudja accompagné de gozo (manioc) ou mangbere (bâtons de manioc), beignets de bananes, kanda, de capitaine braisé au feu de bois, ngou ti kassa, koko à la viande, chouia (viande de bœuf, de poulet ou de chèvre braisé). Les kindagozo (criquets) et les makongo (chenilles fraîches ou séchées) font également partie des spécialités locales.
224
+
225
+ Le groupe musical Zokela a eu du succès dans les années 1980. Depuis les années 2000, Losseba est un des musiciens les plus écoutés par les Centrafricains pour ses sons et paroles en faveur d'un retour de la paix[réf. nécessaire]. L’artiste musicien Ozaguin contribuera lui aussi à la réconciliation des peuples centrafricains à travers ses nombreux concerts dans les différentes villes du pays[80]. En plus de ces deux musiciens reconnus, plusieurs chanteurs contribuent à la valorisation de la culture centrafricaine à travers la musique centrafricaine.
226
+
227
+ La Centrafrique compte plusieurs artistes peintres, dont la plupart sont inconnus du grand public du fait du désintéressement d'une grande partie de la population et de la quasi-inexistence de musées et galeries d'art ; les plus chanceux exhibent dans les centres artisanaux ou à l'Alliance française située près du musée Barthélémy Boganda, en rénovation depuis les événements de 2013.
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5
+ Avril Lavigne[1] est une auteure-compositrice-interprète pop rock, chanteuse, musicienne, actrice et styliste franco-canadienne née le 27 septembre 1984 à Belleville, en Ontario (Canada).
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+ Elle connaît le succès depuis le début des années 2000 en ayant vendu plus de 40 millions d'albums à travers le monde et 50 millions de singles[2].
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+ Son grand-père paternel, Maurice Yves Lavigne, est né à Saint-Jérôme, au Québec[3]. Militaire dans l'armée de l'air canadienne et affecté à la base de Grostenquin en France, il épouse en 1953 Lucie Dzierzbicki, une Française native de Morhange. De cette union naît en 1954 Jean-Claude (le futur père d'Avril Lavigne)[4]. La famille déménage en Ontario alors que Jean-Claude est encore enfant[3]. Il y rencontre et épouse en 1975 Judith-Rosanne Loshaw, canadienne d'origines écossaise et allemande[5].
10
+
11
+ Avril Lavigne naît de cette union en 1984. Elle passe toute son enfance à Napanee, une petite ville de l'Ontario[6]. Elle a été nommée Avril par son père[7] en référence au mois de l'année. Ses parents ont reconnu les capacités vocales de leur enfant lorsqu’elle avait deux ans et a chanté Jesus Loves Me sur le chemin du retour de l’église.
12
+
13
+ Son grand frère Matthew et sa petite sœur Michelle complètent la famille, ils se moquaient d’elle quand elle chantait. « Mon frère avait l’habitude de frapper au mur parce que je chantais pour dormir et il pensait que c’était vraiment ennuyeux[8]. » Elle est la belle-sœur du bassiste du groupe japonais One Ok Rock, Ryota Kohama[9]. À l'école, elle a du mal à rester tranquille, car elle souffre d'hyperactivité et de problèmes de concentration[10],[11] qui l'affectent toujours à l'âge adulte. Elle prend toujours des médicaments contre ces troubles. Selon Avril Lavigne : « J'ai commencé à écrire à 12 ans et mes premières chansons ont commencé à exister alors que j'en avais 13. Mais je crois avoir toujours écrit des poèmes. Je les ai tous gardés et je pense que je pourrais transformer certains d'entre eux en chansons. Certains ne sont en effet pas mauvais[réf. nécessaire]. » Inspirée par ses propres expériences, ses textes se mêlent à une musique influencée par les Goo Goo Dolls ou encore Green Day. Quand Lavigne avait 14 ans, ses parents l’emmenaient à des karaokés. Lavigne se produisait également à des foires rurales, chantant des chansons de Garth Brooks, des Dixie Chicks et de Shania Twain.
14
+
15
+ Elle déménage à Manhattan afin d'écrire ses chansons. Cependant, elle entre en désaccord avec ses employeurs du moment et s'oppose aux rythmes et aux paroles qu'on lui propose[12].
16
+
17
+ Elle part donc s'établir à Los Angeles, où elle fait la connaissance de Clif Magness, producteur et gérant[13]. Puis Complicated est enregistré, l'un des plus grands titres d'Avril Lavigne. Elle livre son tout premier album solo, Let Go, en 2002, qui rencontre un très grand succès[14]. Selon l'IFPI, Let Go est le deuxième album le plus vendu de l'année 2002
18
+
19
+ Elle entame alors une tournée mondiale en 2003, Try To Shut Me Up Tour, qui se joue à guichets fermés[réf. nécessaire]. À l'issue de cette tournée sort le DVD My World, qui contient son concert à Buffalo, des documentaires sur les coulisses et l'intégrale de ses clips[15]. Finalement, l'album s'est écoulé à plus de 20 millions de copies à travers le monde selon son label[16] et a reçu de nombreuses récompenses. Avec cet album, Avril Lavigne entre dans l'histoire de l'industrie musicale en étant la deuxième artiste dans l'histoire du Mainstream Top 40 à avoir placé trois singles numéro 1 pour un premier album : Complicated (8 semaines #1), Sk8er Boi (1 semaine #1) et I'm With You (4 semaines #1). Seul le groupe Ace of Base et la chanteuse Lady Gaga ont égalé ce record[17].
20
+
21
+ En mai 2004, lorsqu'elle avait 19 ans, Avril Lavigne sort un deuxième album intitulé Under My Skin, qui rencontre le succès en se classant premier au Billboard 200 un mois après sa sortie[14]. Lavigne a écrit et coécrit la totalité des titres qui composent cet album avec la chanteuse canadienne Chantal Kreviazuk. Le mari de cette dernière, Raine Maida, a coproduit l'album aux côtés de Butch Walker et de Don Gilmore. Plus sombre, plus personnel et plus rock que son premier opus, cet album se vend à environ 15 millions d'exemplaires selon son label[16] et permet à Lavigne de conquérir un nouveau public, masculin essentiellement. Elle entame en 2005 une tournée mondiale, nommée Bonez Tour, au cours de laquelle elle joue de la guitare acoustique, de la guitare électrique, de la batterie et du piano sur scène[18].
22
+
23
+ Après le succès de ses deux premiers albums, Avril Lavigne commence une carrière au cinéma et fait des apparitions en 2006 dans les films Fast Food Nation, The Flock (avec Richard Gere) et le film d'animation Over the Hedge[19]. Elle en profite également pour commencer une carrière de mannequin pour l'agence Ford Models, en posant pour Chanel entre autres[20]. Le 26 février 2006, elle représente le Canada à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d'hiver de 2006 à Turin et interprète son titre Who Knows[21]. Le 15 juillet 2006, elle se marie avec Deryck Whibley, le chanteur du groupe de punk rock canadien Sum 41[22]. Ils sont tous deux nés dans la province de l'Ontario et se connaissent depuis longtemps lorsqu'ils commencent à entretenir des relations intimes en mars 2004[23]. Mais à la suite de différences irréconciliables[24], Lavigne et Whibley divorcent le 4 septembre 2009 après 6 ans et demi de vie commune et 3 ans de mariage[25].
24
+
25
+ Alors qu'Avril Lavigne est en studio en 2006 pour l'enregistrement de son nouveau disque, la Fox Entertainment Group prend contact avec la chanteuse pour qu'elle participe à la bande originale du film fantastique Eragon. C'est ainsi qu'elle écrit et enregistre la ballade Keep Holding On qui, à la suite de son succès outre-atlantique[26], se retrouve sur son troisième album, The Best Damn Thing. Cet album, qui se veut plus festif que ses prédécesseurs en s'orientant dans un registre pop punk[27], sort le 17 avril 2007. Pour ce projet, la jeune femme fait appel à Travis Barker, batteur de +44 et de Blink-182, avec qui elle va enregistrer Alone[28] et d'autres morceaux de l'album. Dès sa sortie, l'album rencontre un grand succès avec 3,5 millions de copies vendues en 3 mois et de nombreuses récompenses attribuées[29]. Le premier extrait de cet album est le tube Girlfriend. Ce titre est traduit dans plusieurs langues, notamment en français, japonais, allemand, mandarin, italien, espagnol et portugais[30]. La IFPI classe Girlfriend comme le titre le plus téléchargé légalement en 2007, avec 7,3 millions de téléchargements enregistrés[2]. Il est le seul single de l'artiste à être entré dans le top 20 français, en se classant no 2 durant deux semaines en mai 2007[31].
26
+
27
+ L'exploitation de l'album continue avec la ballade When You're Gone, l'énergique Hot[32] et s'est achevée avec le titre The Best Damn Thing et 7,5 millions d'exemplaires vendues de ce troisième opus[2]. Le 25 mai 2007, Avril Lavigne est poursuivie pour plagiat par les compositeurs du groupe américain des années 1970 The Rubinoos. Ils estiment que la chanteuse et les autres compositeurs de la chanson Girlfriend se sont librement inspirés d'une de leur chanson, I Wanna Be Your Boyfriend, sortie en 1979[33]. Mais le groupe finit par retirer sa plainte[34]. Pour promouvoir son album, Lavigne organise une tournée du même nom qui commence dans son pays d'origine à Victoria le 5 mars 2008 et qui se finit à Pékin le 6 octobre 2008 avec 115 dates dont 6 en Amérique du Nord, 33 en Europe et 22 en Asie, dont 9 sont annulées[réf. nécessaire].
28
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29
+ La chanson Alice, composée par Avril et coécrite avec Butch Walker, est le générique de fin du film Alice au pays des merveilles, sorti en 2010, par Tim Burton. Elle fait partie de la bande originale Almost Alice sortie en mars 2010. Lavigne explique que tout a commencé lorsqu'elle travaillait sur une collection Alice In Wonderland pour sa ligne de vêtements Abbey Dawn en s'inspirant d'images du film dans les bureaux de Disney. Elle a demandé à Disney si cela leur plairait qu'elle écrive le thème musical du film. Ceux-ci ont donc contacté Tim Burton qui a accepté. Lors de leur rencontre, une fois le morceau écrit et enregistré, Tim Burton lui a dit qu'il aimait la chanson et souhaitait l'utiliser comme premier générique de fin de son film. Disney a également voulu l'utiliser comme chanson marketing pour le film et c'est ainsi qu'elle a tourné le clip[35]. La jeune femme s'est entourée de Deryck Whibley[36], Butch Walker, Evan Taubenfeld et Matt Beckley pour ce projet. Elle déclare avoir emprunté une voie plus intimiste sur cet album : « Mon dernier album était plein de guitares bruyantes et d'énergie, mais cette fois j'ai voulu vraiment ressentir ma musique. » On[Qui ?] y retrouvera essentiellement du piano, des violons, de la guitare acoustique et l'orchestre de David Cambell[réf. nécessaire].
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+ Initialement prévu pour novembre 2009, l'album fut reporté à juin 2010 avant d'être annoncé pour le premier semestre 2011. Fin 2010, Avril Lavigne finit par s'expliquer sur cette sortie sans cesse repoussée : « J'ai enfin fini mon quatrième album ! En fait, il l'est depuis un an… mais ce n'est que maintenant que ma maison de disques se décide enfin à le sortir. […] Je n'ai pas eu le choix […] et je m'aperçois que ça a été un album très difficile à créer et à réaliser. […] Je me suis surpassée pour cet album et j'en suis fière. Il est sincère, honnête et au plus près de mon cœur. J'y tiens énormément. Mais pour la première fois, j'ai eu affaire à un tas de bureaucrates ! Les gens travaillent mieux lorsqu'ils font ce qu'ils ont envie, ce qu'ils aiment et lorsqu'ils sont en accord avec eux-mêmes, pas quand on les force à être quelqu'un d'autre[37]. » L'album s'intitule Goodbye Lullaby et est sorti le 7 mars 2011[38]. Deux mois après sa parution, l'album s'est écoulé à plus 4 million d'exemplaires mondialement[39]. Le premier single issu de cet album s'intitule What The Hell. Il est présenté pour la première fois au public et en live, le 1er janvier 2011 à la télévision américaine. Le deuxième single tiré de Goodbye Lullaby est Smile[40]. En juillet 2011, elle annonce Wish You Were Here comme troisième extrait.
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+ La tournée faite pour promouvoir l'album se nomme The Black Star Tour (nom choisi par les fans). Celle-ci commence en Chine, à Pékin le 30 avril 2011 et se terminera à Osaka le 9 février 2012. Elle passera entre autres en Asie (quatorze fois), en Amérique du Nord (trois fois), en Amérique du Sud (dix-huit dates) et en Europe (treize dates) pour un total de 54 dates. Quelques problèmes ont été rencontrés durant la tournée, en Europe notamment: d'abord, le concert du 16 septembre qui devait se tenir au Zénith de Paris a été annulé (Lavigne remplaçant Sum 41 au concert de l'Humanité), puis au Hammersmith Apollo de Londres, la chanteuse a dû retarder son entrée sur scène de trente minutes, à cause d'une « mauvaise rencontre » qui a nécessité l'intervention de la police et qui provoque, selon Avril Lavigne elle-même, la peur de sa vie. Ensuite, le même soir, la chanteuse a perdu la voix ce qui l'a contrainte à terminer son concert plus tôt que prévu[41].
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+ D'après son site internet, trois mois après la sortie de Goodbye Lullaby, Avril Lavigne travaille déjà sur un cinquième opus qui, selon ses dires, sera plus rock et plus créatif que le précédent. Elle voudrait le sortir rapidement[42]. On peut ajouter aussi qu'il y aura les chansons produites par Alex Da Kid sur cet album. Ce nouvel opus sera le premier à sortir sous le label Epic, Avril Lavigne ayant quitté RCA durant le second semestre 2011. Pour ce nouvel album, elle sera entourée de Alex DaKid qui a collaboré notamment avec Rihanna et Eminem, de The Runners, duo de producteurs américains qui ont collaboré avec Chris Brown, Usher et Lil Wayne, de David Hodges ancien membre du groupe Evanescence, qui avait participé à la réalisation des albums Origin et Fallen et de Chad Kroeger, leader du groupe de rock Nickelback. C'est également le producteur qui l'a découverte LA Reid qui sera à la tête de son 5e opus. Le 17 août 2012, Lavigne annonce sur son compte Twitter qu'elle termine le mixage de son cinquième album. Trois jours plus tard, toujours sur son compte Twitter, elle annonce que son cinquième album est officiellement fini. Son prochain album pourrait sortir dans les bacs d’ici mars 2013 et le premier single de ce nouvel opus sortira aux alentours de fin 2012, début 2013[43].
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+ En parallèle de ce nouveau projet, elle chantera les chansons Bad Reputation de Joan Jett et How You Remind Me de Nickelback sur le prochain film du manga One Piece. Le 8 février, sur Twitter, la chanteuse annonce le nom de son premier single intitulé Here's to Never Growing Up produit par le chanteur et guitariste de Boys Like Girls, Martin Johnson. Le nouveau single pourra être mis en écoute en intégralité le 9 avril[44]. Peu après, Avril Lavigne confirme lors d'une interview que cet album comportera un style plus varié que ses précédents puisque dans cet album il y aura une chanson en collaboration avec Marilyn Manson intitulée Bad Girl, une chanson en duo avec Nickelback, une chanson intitulée 17 qu'elle a chantée en live et en avant première au Viper Room, une chanson du nom de Rock N Roll qui est annoncée comme le deuxième single de l'album qui sortira vers l'été 2013 et une chanson du nom de Hello Kitty pour rendre hommage à la culture asiatique, qu'elle admire beaucoup. Parallèlement, elle confirme la sortie de l'album pour septembre 2013. Le 18 juillet, Avril Lavigne publie le single Rock N Roll sur son site qui fait office de deuxième single de l'album et est en vente à partir du 27 août. Le 30 juillet est annoncé que l'album sera éponyme et qu'il sortira le 5 novembre. Le 18 septembre, Avril Lavigne confirme la liste des titres de son prochain album via sa page Facebook. En octobre 2013 sort son single Let Me Go avec son époux, Chad Kroeger.
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+ En avril 2014, Lavigne fait paraître son clip du single Hello Kitty, mal accueilli par la presse spécialisée, jugé stéréotypé et raciste selon cette dernière[45],[46],[47]. La jeune femme dément en affirmant adorer le Japon et qu'elle passe la moitié de son temps là-bas[réf. nécessaire]. Le clip, enlevé quelques heures après de YouTube, est remis en ligne et l'ambassade du Japon à Washington D.C affirme que le clip n'est pas raciste et qu'Avril Lavigne a voulu bien faire même si cela a été mal interprété[non neutre]. Elle commence sa tournée, le Avril Lavigne Tour en décembre 2013 en Asie et le reprend fin avril 2014 en Amérique. Pour le Avril Lavigne Tour, elle ne passera ni dans son pays natal, le Canada, ni en Europe[réf. nécessaire]. Le 11 février 2015, le clip du morceau Give You What You Like est publié sur YouTube[48].
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+ En janvier 2017, Avril Lavigne participe à l'album Ambitions, en version japonaise, du groupe japonais One Ok Rock en interprétant en duo avec celui-ci le titre Listen[49].
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43
+ En septembre 2018, Avril Lavigne sort Head Above Water, le premier single de son 6e album. Ce single arrive à la tête des charts sur iTunes Mondial et parle de son combat contre la maladie de Lyme qu'elle a eu ces dernières années. Le 12 décembre 2018, Avril Lavigne sort le second single, Tell Me It's Over. Le même jour, elle annonce que les précommandes pour son album Head Above Water sont disponibles. L'album est paru le 15 février 2019, elle y a travaillé depuis 2016. L'album se compose de douze titres.
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45
+ Le concert d'Avril Lavigne au Zénith de Paris - La Villette initialement prévu le 26 mars 2020 a dû être annulé en raison de la pandémie de Covid-19[50].
46
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+ Avril Lavigne a été impliquée dans un certain nombre d’activités caritatives, telles que Make Some Noise, Erase MS[51] (elle fait partie du conseil d’administration), AmericanCPR.org, Camp Will-a-Way, Music Clearing Minefields, U.S. Campaign for Burma[52], Make-a-Wish Foundation[53] et War Child[54] (association pour laquelle elle a enregistré Knockin’ on Heaven’s Door). En 2007, elle enregistre une reprise de John Lennon, Imagine, pour la campagne d’Amnesty International dans le but de sauver le Darfour[55]. En 2010, elle franchit un nouveau cap en créant sa propre association, The Avril Lavigne Foundation[56], qui vient en aide aux jeunes souffrant d'un handicap.
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49
+ Elle écrit et compose également pour d’autres artistes. En 2005, Kelly Clarkson sort son deuxième album, Breakaway, avec comme premier single la chanson du même nom, écrite par Lavigne quelques années plus tôt. En 2008, le groupe de rock japonais PUFFY sort un nouveau single intitulé All Because of You, écrit et composé par Avril Lavigne et Butch Walker. L’année suivante, la chanteuse anglaise Leona Lewis termine l’exploitation de son premier album avec le single I Will Be, morceau écrit par Avril Lavigne et produit par Max Martin. En 2010, elle écrit deux chansons pour Miranda Cosgrove, Daydream et Dancing Crazy. En juillet 2011, Rihanna annonce le septième single de son album Loud, il s'agit du titre Cheers (Drink to That) qui a été coécrit par Avril Lavigne et qui reprend en partie l'un de ses anciens singles, I'm With You.
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51
+ Avril Lavigne lance sa ligne de vêtements en juillet 2008 chez Kohl's aux États-Unis[57]. Elle est nommée Abbey Dawn, surnom d’Avril Lavigne donné par son père biologique lorsqu’elle était enfant et de cela jusqu'à ses 7 ans et demi. La marque est disponible depuis 2009 au Canada chez Boathouse stores[58]. Le 7 mars 2009, Avril Lavigne poste un nouveau message sur son site officiel[59] annonçant son tout nouveau projet : son premier parfum, nommé Black Star, disponible aux États-Unis, au Canada et dans une dizaine de pays européens[60]. À la suite du succès de cette première fragrance[61], elle annonce la sortie d’un second parfum en juillet 2010 : Forbidden Rose[62]. L'été suivant, en 2011, sort sa troisième fragrance : Wild Rose.
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53
+ En février 2006, Lavigne interprète la chanson Who Knows à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver qui ont lieu à Turin. Le 28 février 2010, elle participe au spectacle de clôture des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver en interprétant les chansons My Happy Ending et Girlfriend[63]. En avril 2011, dans l'émission Oprah, elle a chanté avec Pat Benatar, Love Is A Battlefield.
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55
+ En 2002, au début de son succès, Avril Lavigne fréquente son guitariste Jesse Colburn, comme le laissent entendre les diverses vidéos personnelles de la chanteuse. Colburn quittera finalement le groupe (et la chanteuse) en 2004, après trois ans de participation.
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+ Avril Lavigne se lie ensuite d'amitié avec le chanteur canadien, Deryck Whibley (le leader du groupe Sum 41), à l'âge de 17 ans, et les deux chanteurs commenceront à se fréquenter en 2004. Le couple se fiance en juin 2005 à Venise et se marie le 15 juillet 2006 à Montecito (Californie). Le 17 septembre 2009, la chanteuse annonce publiquement s'être séparée du chanteur. Le divorce a été finalisé le 16 novembre 2010[réf. nécessaire].
58
+
59
+ Durant l'été 2010, Lavigne commence à fréquenter Brody Jenner (fils de Caitlyn Jenner) dont elle se sépare en janvier 2012. En mai 2011, elle vend sa maison de Los Angeles pour s'installer à Paris et étudier, en hommage à son père français, la langue française[3]. À partir de 2012, Lavigne partage la vie du chanteur Chad Kroeger (leader du groupe Nickelback). Le couple annonce ses fiançailles en août 2012 et se marie le 1er juillet 2013 au château de la Napoule en France[64]. Le 2 septembre 2015, le couple annonce officiellement sa séparation après deux ans de mariage[65]. En décembre 2014, elle écrit à un de ses fans sur Twitter qu'elle est atteinte d'une maladie assez grave ce qui fait qu'elle est devenue plus discrète dans la scène médiatique depuis septembre 2014. Elle détient depuis février 2011 le passeport français[66].
60
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61
+ En avril 2015, elle révèle dans le magazine People qu'elle est atteinte de la maladie de Lyme, puis, dans une autre interview avec Billboard, Avril Lavigne dit qu'elle est sur la voie de la guérison[67]. Le mercredi 2 septembre 2015, elle annonce sur son compte Instagram qu'elle divorce de Chad Kroeger. « C’est avec le cœur lourd que Chad et moi vous annonçons notre séparation aujourd’hui. À travers notre mariage mais aussi la musique, nous avons créé des moments inoubliables. Nous sommes et resterons toujours les meilleurs amis et nous aurons toujours une place importante l'un pour l'autre. À notre famille, à nos amis et nos fans, nous vous remercions sincèrement du soutien[68]. »
62
+
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+ Avril Lavigne est également atteinte d'un sévère TDAH de type hyperactif-impulsif et prend du Ritalin depuis l'âge de 5 ans[69],[70].
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+
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+ 57 dates
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+ 21 dates
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+ 140 dates
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+ République d'Arménie
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+ (hy) Հայաստանի Հանրապետություն(Hayastani Hanrapetut'yun)
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+ 40° 11′ N, 44° 30′ E
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+ modifier
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+ L’Arménie, en forme longue la république d'Arménie, en arménien Hayastan, Հայաստան et Hayastani Hanrapetut’yun, Հայաստանի Հանրապետություն, est un pays situé dans la région du Petit Caucase en Asie occidentale[4]. Cette ancienne république socialiste soviétique a des frontières terrestres avec la Turquie à l'ouest, la Géorgie au nord-nord-ouest, l'Azerbaïdjan à l'est et l'Iran au sud-est.
10
+
11
+ Bien que géographiquement située en Asie[5],[6],[7], l'Arménie est considérée comme faisant culturellement, historiquement et politiquement parlant, partie de l'Europe, voire, géographiquement[8], à sa lisière[9],[10]. Le pays est d'ailleurs considéré comme un berceau du christianisme et des civilisations indo-européennes. Il a joué un rôle historique dans leur diffusion. L'Arménie est membre de plus de trente-cinq organisations internationales, comme l'ONU, le Conseil de l'Europe, la Communauté des États indépendants, etc. Dès 2015, sa candidature à l'Union européenne a été envisagée[11].
12
+
13
+ L'Arménie est un État-nation unitaire, démocratique et multipartite doté d'un riche héritage culturel. Héritière d'une des plus anciennes civilisations au monde, Urartu, son territoire représente seulement un dixième de l'Arménie historique[12]. L'arrivée des Armens, peuplade indo-européenne, marque la constitution de la satrapie d'Arménie au VIe siècle av. J.-C. Au Ier siècle av. J.-C., le royaume d'Arménie sous Tigrane le Grand atteint son apogée.
14
+
15
+ L'Arménie fut la première nation à adopter le christianisme comme religion d'État en 301[13],[14]. Bien que l'Arménie actuelle soit un pays constitutionnellement séculier, la religion chrétienne y tient une place importante.
16
+
17
+ Au IXe siècle, le royaume d'Arménie est rétabli par la dynastie bagratide. Les guerres contre les Byzantins l'affaiblirent jusqu'à sa chute en 1045 puis l'invasion des Turcs seldjoukides s'ensuivit. La principauté et ensuite le royaume arménien de Cilicie a perduré sur la côte méditerranéenne entre les XIe et XIVe siècles.
18
+
19
+ Entre les XVIe et XIXe siècles, le plateau arménien composé de l'Arménie occidentale et de l'Arménie orientale était sous contrôle des empires ottoman et iranien respectivement. Au XIXe siècle, l'Arménie orientale fut conquise par l'empire russe et la partie occidentale demeura sous l'empire ottoman. À la fin de la Première Guerre mondiale, les Arméniens vivant sur leurs terres ancestrales dans l'empire ottoman furent soumis à une extermination systématique, le génocide arménien.
20
+
21
+ En 1918, après la révolution russe, les pays non russes déclarèrent leur indépendance ce qui entraîne l'établissement de la république démocratique d'Arménie. En 1920, le pays fut incorporé dans la république démocratique fédérative de Transcaucasie qui devint un membre fondateur de l'Union soviétique. En 1936, la république transcaucasienne fut dissoute ce qui entraîna l'émergence de la république socialiste soviétique d'Arménie. La république d'Arménie devint indépendante en 1991 lorsque l'Union soviétique s'est désintégrée.
22
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23
+ La région, notamment autour du mont Ararat (désormais totalement situé en Turquie), qui a une importante signification religieuse pour les Arméniens, est peuplée depuis la Préhistoire. Les archéologues continuent de trouver des preuves selon lesquelles l'Arménie était un ancien centre de civilisation, avec l'Urartu, rival de l'Assyrie. On ne peut parler de peuple arménien qu'à partir du VIIe siècle av. J.-C., époque à laquelle la région fut investie par un peuple indo-européen (Armens et Hayaza-Azzi) qui se mêla à la population urartéenne.
24
+
25
+ Selon les preuves documentées, une civilisation existait en Arménie depuis l'âge du bronze, voire plus tôt, vers 4000 av. J.-C.. Les fouilles archéologiques effectuées en 2010 et 2011 dans le complexe de grottes Areni-1 a permis de découvrir les plus vieilles chaussures en cuir connues au monde[15], une jupe[16] et une structure de production de vins[17].
26
+
27
+ Plusieurs États ont prospéré dans la région de la Grande Arménie pendant cette période, incluant les Hittites (à leur apogée), le royaume Mittani (au sud-ouest de l'Arménie historique) et la confédération Hayasa-Azzi (1500-1200 av. J.-C.). Le peuple de Nairi (XIIe au IXe siècle av. J.-C.) et Urartu (1000-600 av. J.-C.) ont successivement contrôlé le plateau arménien. Ces nations et tribus ont tous participé à l'ethnogenèse des Arméniens[18],[19],[20],[21]. Une inscription cunéiforme lapidaire retrouvée à Erevan a permis de conclure que la capitale actuelle de l'Arménie était fondée en été 782 av. J.-C. par le roi Argishti Ier. Erevan est la plus vieille ville au monde ayant pu documenter la date de sa fondation.
28
+
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+ Vers 610 av. J.-C., une tribu thraco-illyrienne[22] originaire des Balkans passe en Asie Mineure et se déplace graduellement vers l’est jusqu’au Caucase pour se confondre, sans confrontation semble-t-il, avec le royaume de l’Urartu. « Incluant alors tous les autres éléments ethniques », l'ethnie arménienne se forme, avec une culture qui incorpore des éléments de la culture urartéenne[23] et une langue, indo-européenne, qui s'impose peu à peu[24]. Les Arméniens sont évoqués dans les archives de Ninive. En 490 av. J.-C., les vassaux de Xerxès Ier, roi des Perses, combattent à Marathon contre les Grecs.
30
+
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+ La région passa par des périodes d’indépendance et de soumission. À la suite de la conquête de l'empire perse par Alexandre le Grand, l'Arménie subit donc l'influence grecque (dynastie séleucide) jusqu'au règne d'Antiochos III (242-187 av. J.-C.). À cette époque, la dynastie orontide défend la souveraineté arménienne.
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+ En 189 av. J.-C., le stratège Artaxias proclame l’indépendance et, en 187 av. J.-C., fonde sa capitale, Artaxate. Cette Arménie hellénistique, sous le règne de la nouvelle dynastie artaxiade doit faire face aux Parthes. Sous le règne de Tigrane le Grand (95 -55 av. J.-C.), elle va s’étendre de la Méditerranée aux rives de la mer Caspienne. Ce même roi déplace sa capitale à Tigranocerte vers -78.
34
+
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+ Mais l'expansion de l'Arménie indispose les Romains qui annexent une bonne partie des terres que Tigrane venait de conquérir, tout en laissant l'Arménie indépendante jusqu'en 65 av. J.-C., année où le pays devient un protectorat romain.
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+ De 1 à 53, les Romains et les Parthes se partagent l'Arménie. Celle-ci est à nouveau romaine de 114 à 117.
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+ Mais, par la suite, la dynastie arsacide rétablit l'indépendance du pays. Au IIe siècle, une nouvelle dynastie perse, les Sassanides, profite de la faiblesse de l'Empire romain pour envahir l'Arménie. Ce n'est que sous l'empereur Dioclétien que les Romains rétablissent leur protection sur l'Arménie. Ils portent au pouvoir le roi Tiridate IV qui se convertit au christianisme en 301 sous l'influence de Grégoire Ier. L’Arménie est ainsi, dès le début du IVe siècle, le premier pays officiellement chrétien. Pour affirmer l'intégrité de la nation arménienne, le moine Mesrob Machtots crée un nouvel alphabet ; geste politique fondateur qui sauve ainsi cette culture de l'oubli. Cet alphabet, qui serait inspiré de l'alphabet grec, avec 32 consonnes et 6 voyelles s’écrit de gauche à droite. Les Arméniens peuvent se passer du grec pour la publication des textes. Ainsi, vers l'an 406, l'alphabet arménien est adopté par l'ensemble du royaume. En l'an 428, l'Arménie est divisée entre les Sassanides et les Byzantins.
40
+
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+ La région est ensuite envahie par les Arabes qui établissent l'Émirat d'Arménie. Vers l'an 885, la dynastie bagratide s'impose en Arménie, et l'indépendance du pays est alors reconnue. À l'époque, l'Arménie a comme capitale Ani. Avec une population surpassant celle des métropoles européennes comme Paris, Londres et Rome, la ville devient le centre culturel, religieux et économique du Caucase.
42
+
43
+ L'Empire byzantin s'engage dans une lutte pour subjuguer l'Arménie et réussit finalement en 1045. Mais il est ensuite trop affaibli pour défendre la région contre les Turcs Seldjoukides qui, en 1064, ruinent l'Arménie et continuent d'avancer vers le reste de l'Asie Mineure. Malgré la renaissance zakaride dans la seconde moitié du XIIe — première moitié du XIIIe siècle, des milliers d'Arméniens partent en exil pour s'établir dans des régions plus prometteuses telles que la Moldavie, la Transylvanie, la Hongrie, l'Ukraine, la Pologne, Chypre, divers ports de la Méditerranée et surtout en Cilicie. Dans cette dernière région est fondé en 1137 un royaume arménien qui prolonge la souveraineté arménienne jusqu'en 1375, le royaume arménien de Cilicie.
44
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45
+ L'Arménie est l'alliée des croisés de Terre sainte. Plusieurs mariages ont lieu entre princesses arméniennes et souverains francs d’Orient — par exemple le comte Baudouin de Boulogne épouse une Arménienne et devient maître du Comté d’Édesse. Il y a aussi des mariages entre des princes arméniens et des princesses chypriotes. En 1190, Henri VI, empereur romain germanique, remet la couronne royale à Léon II. En 1199, Léon II lui rend la pareille en lui offrant lui aussi une couronne. La culture arménienne est alors très ouverte sur celle de l’Europe et des États latins d’Orient. En 1374, Léon VI de la Maison de Lusignan est le dernier roi arménien avant l'invasion du pays par les Mamelouks en 1375.
46
+
47
+ Pendant ce temps, l'Arménie (ou Grande-Arménie) est envahie par diverses tribus turques et devient l’objet de luttes entre l’Empire ottoman et l’Empire perse. À partir du XIVe siècle, la plus grande partie reste sous domination turque où la population arménienne (devenant plus en plus minoritaire dans quelques vilayets de l'Anatolie de l'est, appelé aussi l'Arménie occidentale) coexistent avec des communautés turques, kurdes, et grecques.
48
+
49
+ Des communautés arméniennes se maintiennent dans le Caucase du Sud, partie de l'Empire perse jusqu'au début du XIXe siècle, ainsi qu'en Azerbaïdjan oriental, à Téhéran et à Ispahan.
50
+
51
+ Les guerres reprennent en 1827, lorsque l’Empire russe s'empare des régions arméniennes du nord de la Perse. Au XIXe siècle, le territoire est partagé entre la Russie et l’Empire ottoman. D'importantes communautés arméniennes se développent autour d'Erevan, mais aussi de Tbilissi et Bakou. En 1905-1906, de violents affrontements interethniques opposent les Arméniens aux Azéris.
52
+
53
+ Les Arméniens sont alors divisés dans des millets distincts (pour représenter les communautés arméniennes apostolique, catholique et protestante) au sein de l'Empire ottoman avec un degré d'autonomie en ce qui concernent les enjeux religieux et civils avec la mise en place du système confessionnaliste instauré pendant l'ère réformiste des Tanzimat, mais le peuple arménien se compte parmi les nombreux groupes ethnoreligieux qui visent plus d'autonomie ou même l'indépendance pour les territoires où ils représentent la majorité. La Constitution nationale arménienne est mise en place en 1863 et elle crée l'Assemblée nationale arménienne comme corps législatif du millet apostolique arménien, majoritaire, composé de 120 membres élus qui à leur tour élisent le Patriarche arménien de Constantinople, détenant le pouvoir exécutif.
54
+
55
+ À la fin du XIXe siècle, sous le règne du sultan Abdülhamid II, les Turcs se livrent aux premiers massacres contre le peuple arménien (1894-1896) vivant sur la partie du territoire qu’ils contrôlent, c'est-à-dire l’Asie Mineure orientale ou l'Arménie occidentale. Ces massacres font entre 80 000 et 300 000 morts[25].
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+ Le 24 avril 1915, le gouvernement Jeunes-Turcs de l’Empire ottoman décide d’en finir avec la minorité arménienne vivant dans l’actuelle Turquie et organise la déportation et le massacre d'Arméniens qui serait chiffré entre 1 200 000 et 1 500 000 Arméniens ottomans[26], perpétrant ainsi un génocide qui est souvent considéré comme le premier du XXe siècle. L'Arménie occidentale est vidée de sa population arménienne natale. Ce génocide n'a jamais été reconnu en tant que tel par la Turquie, dont les lois condamnent ceux qui mentionnent un génocide arménien[27]. Après l'effondrement de la Russie (1917) et de l'Empire ottoman (1918), les Arméniens parviennent à créer une république indépendante, à l'existence éphémère (1918-1920).
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+ La première république démocratique d'Arménie est née des convulsions qui ont agité la Transcaucasie à la fin de la Première Guerre mondiale. L'effondrement de l'empire russe en 1917 laisse un vide politique dans une région composée d'une mosaïque de groupes ethnico-religieux, qui peinent à s'entendre. Abandonnés par leurs voisins face à la menace turque, les Arméniens proclament la république d'Arménie. Après la défaite des Puissances centrales en 1918, les Arméniens fondent de grands espoirs sur la Conférence de la paix de Paris, pour obtenir le rétablissement de la Grande-Arménie historique. Leurs attentes sont rapidement déçues. Abandonnée par les Puissances alliées, face à l'hostilité de ses voisins, la république d'Arménie mène pendant deux ans une existence précaire et succombera à la collusion de la Turquie kémaliste et de la Russie bolchévique.
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+ Battus par Kemal Atatürk, les Arméniens se résignent à accepter la protection des Bolcheviques : le 29 novembre 1920 naît la république soviétique d'Arménie qui ne couvre qu'une petite partie du territoire historique de l'Arménie. Le traité de Sèvres promettait d'intégrer à la nouvelle Arménie indépendante plusieurs villayets (provinces) d'Anatolie orientale. Mais le texte ne fut jamais ratifié. En 1922, elle est incluse dans la république socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, puis, à partir de 1936 — à l'issue de l'éclatement de la Transcaucasie —, elle devient une république socialiste soviétique à part entière.
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+ Dès lors et durant toute la période soviétique, des tensions sourdes et récurrentes vont opposer Arméniens et Azéris autour du destin de la région du Haut-Karabagh. En décembre 1920, après la soviétisation de l'Azerbaïdjan, les autorités de la RSS d'Azerbaïdjan, nouvellement créée, déclarent renoncer à leurs prétentions sur les territoires litigieux, et reconnaissent officiellement le droit à l'autodétermination du peuple du Karabagh. Mais le bureau caucasien du Comité central du parti bolchevik, alors présidé par Staline, décide du rattachement du Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan. Pendant près de 70 ans, le problème est « gelé ». Durant toute cette période, à intervalles réguliers, la grande majorité des Arméniens du Haut-Karabagh proteste pacifiquement contre les suites de cette décision et demande que soit discutée la possibilité d'une intégration du Haut-Karabagh au sein de l'Arménie.
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+ Puis, avec la glasnost et la perestroïka, les tensions récurrentes entre les deux républiques soviétiques provoquées par la politique des nationalités et surtout le découpage administratif prennent une tournure plus ouverte et se cristallisent autour de la question du Haut-Karabagh. Le 12 juin 1988, la région autonome du Haut-Karabagh se déclare en sécession. Trois jours plus tard, l'Azerbaïdjan réaffirme l'attachement du Haut-Karabagh à son territoire et des violences éclatent.
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+ L’Arménie accède à son indépendance définitive le 21 septembre 1991[28]. Suivant l'exemple de l'Azerbaïdjan (qui a déclaré son indépendance de l'URSS le 30 août 1991), la région autonome du Karabagh déclare son indépendance le 2 septembre 1991, à la suite d'un référendum. Les autorités de Bakou envoient des troupes au Haut-Karabagh pour y rétablir leur contrôle et c'est le début du conflit. Les Arméniens de la région s'organisent pour se défendre. Avec l'aide de l'Arménie, les combattants du « Comité Karabakh » chassent les Azéris. Les affrontements entre Arméniens et Azéris font de nombreuses victimes de part et d'autre. Malgré le cessez-le-feu conclu en mai 1994, cette question n’est toujours pas réglée.
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+ Des transferts de population ont eu lieu (retour en Arménie d'Arméniens vivant en Azerbaïdjan et vice-versa pour les Azéris vivant en Arménie) entre les deux pays qui tendent à devenir ethniquement plus homogènes.
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+ Aujourd’hui, l’Arménie est réduite à un dixième de son territoire historique.
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+ L'Arménie dispose d'un régime parlementaire depuis 2018. Le premier président arménien fut Levon Ter Petrossian, qui avait pris les rênes du pays en 1991. En 1998, affaibli dans son pays après avoir souhaité renégocier le statut du Haut-Karabagh, il est poussé à la démission avant d'être remplacé par Robert Kotcharian.
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+ Serge Sarkissian, élu président en 2008 et réélu en 2013, fait voter à la fin de ses deux mandats une loi accordant plus de pouvoirs au Premier ministre, puis se fait nommer par le Parlement à ce poste, afin de contourner la clause constitutionnelle limitant à dix ans la durée des mandats de Président[29]. Il est brièvement nommé à ce poste sous la présidence d'Armen Sarkissian—homonyme sans lien familial— en 2018, puis démissionne sous la pression de la rue et de la Révolution de velours qui lui reproche d'être corrompu. Le chef de l'opposition Nikol Pachinian lui succède au poste de Premier ministre le 8 mai 2018[30].
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+ Depuis son indépendance en 1991, l’Arménie a toujours gardé des relations étroites avec la Russie dont elle est l’indispensable partenaire dans la région. Elle accueille ainsi une base militaire russe à Gyumri. Cependant, la politique étrangère de l’Arménie se transforme aussi graduellement vers la recherche d’un soutien plus fort de l’Occident. L’Arménie a déclaré le 3 septembre 2013 qu'elle rejoindrait l’Union économique eurasiatique qui se forme le 1er janvier 2015[33].
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+ L’Arménie a ainsi exprimé le désir de s’intégrer dans les institutions européennes. Elle a adhéré au programme de Partenariat pour la paix de l’OTAN et aussi adhéré au Conseil de l’Europe (42e pays membre). Elle a envoyé une section de soldats de la paix au Kosovo sous commandement des forces grecques de la KFOR. Ainsi, l’Arménie cherche à équilibrer ses relations avec la Russie et également avec l’OTAN.
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+ Les États-Unis, avec leur diaspora arménienne, apportent une sérieuse contribution à la reconstruction de l’économie arménienne qui a récemment vu son PIB progresser de façon impressionnante.
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+ L’Arménie est en outre assez proche de la Géorgie, dont elle dépend économiquement pour le transit et l'importation des biens de première nécessité. Afin de ne pas mettre en péril cette relation indispensable face au blocus imposé par la Turquie et l'Azerbaïdjan depuis des années, Erevan est resté très prudent et a évité toute déclaration intempestive sur les velléités d'indépendance qui se sont matérialisées durant l'été 2008 au sein de la Géorgie en marge de la guerre d'Ossétie du Sud de 2008. Sur la question de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, l'Arménie s'est donc quelque peu distancée de son protecteur principal, la Fédération de Russie — sans pour autant rejoindre le chœur des condamnations occidentales sur l'attitude de Moscou durant la crise.
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+ Elle est aussi un membre permanent de l'Organisation internationale de la francophonie[34]. L'Association des communautés d'Arménie et la ville d'Erevan font partie de l'Association internationale des maires francophones[35]. Enfin, la région de Lorri est membre de l'Association internationale des régions francophones[36].
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+ Les Forces armées arméniennes représentent l'armée de terre et d'air, la défense aérienne et la garde frontalière de l'Arménie. L'Arménie n'a pas de marine militaire parce qu'elle est un pays sans accès à la mer. Le commandant en chef est le président de l'Arménie, actuellement Armen Sarkissian. Le ministre de la Défense, actuellement Seyran Ohanian, est chargé de la direction politique. L'Arménie a institué la fonction de ministre de la Défense le 28 janvier 1992. Depuis 1992, l'Arménie est membre de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Avant 2010, les gardes frontaliers surveillaient la frontière de l'Arménie avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan, les forces armées russes patrouillaient les frontières avec la Turquie et l'Iran. Mais depuis le récent accord de coopération militaire signé en août 2010, les troupes russes patrouillent et protègent toutes les frontières de l'Arménie[37].
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+ L'Arménie est l'un des pays les plus enclavés au monde, en partie pour des raisons naturelles (aucune façade maritime, relief très montagneux et vallées encaissées, donc des pentes fortes difficilement franchissables, villages isolés), mais aussi, pour des raisons de manque d'infrastructures modernes de transports (routes et voies ferrées en pleine réfection), et surtout pour des raisons politiques. En fait, le pays a longtemps souffert d'être en marge de l'empire soviétique, limitrophe d'un tronçon du Rideau de fer (frontière soviéto-turque) ; désormais indépendante, l'Arménie est en conflit et n'entretient pas de relations diplomatiques (donc frontières fermées à tout trafic depuis plusieurs années) avec deux de ses voisins : Turquie, Azerbaïdjan et son enclave du Nakhitchevan. La frontière avec la Géorgie n'est qu'à demi-ouverte : seul un poste frontalier est ouvert dans le nord du pays (liaisons routière et ferroviaire, mais de médiocre qualité), les autres routes permettant de franchir la frontière arméno-géorgienne étant actuellement fermées par les Géorgiens en raison des volontés autonomistes de la minorité arménienne vivant en Samtskhé-Djavakhétie (Djavakhk), dans la partie sud de la Géorgie. Sur les 1 000 kilomètres de frontière que compte le pays, 834 sont fermés. La frontière avec l'Iran (35 km) reste, elle, praticable. Paradoxalement compte tenu du contexte politique actuel, c'est avec l'Iran que l'Arménie entretient actuellement les relations de voisinage les plus courtoises et les échanges économiques les plus importants. L'alliance russe est précieuse pour l'Arménie, mais la Russie actuelle n'a aucune frontière commune avec l'Arménie. L'aéroport d'Erevan est vital pour le pays, car c'est le seul moyen d'accès aisé reliant l'Arménie au reste du monde.
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+ La topologie de l'Arménie n'est pas des plus simples, puisque son territoire n'est pas connexe — en raison de l'enclave arménienne d'Artsvashen, en Azerbaïdjan (sans compter le disputé Haut-Karabagh, également enclavé dans l'Azerbaïdjan et séparé de l'Arménie par le corridor de Latchin) — et que sa composante connexe principale n’est pas simplement connexe — en raison des enclaves azerbaïdjanaises de Karki, Aşağı Əskipara, Yukhari Askipara et Barkhudarli.
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+ L'Arménie sépare aussi le Nakhitchevan du reste de l'Azerbaïdjan.
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+ L'Arménie est constituée de plateaux et de chaînes montagneuses très élevées, dénommées globalement Petit Caucase. Près de 90 % du territoire se situe à plus de mille mètres d'altitude. Enclavée dans les hauteurs du Caucase, entre la mer Noire et la mer Caspienne, l'Arménie se situe en Eurasie, aux limites de l'Europe et de l'Asie.
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+ Son point culminant historique était le mont Ararat et ses 5 160 mètres jusqu'en 1915. Depuis, le mont Ararat se trouve en Turquie, mais reste le symbole de l'Arménie, et le point culminant actuel est le mont Aragats et ses 4 095 mètres avec sa végétation de type toundra et quelques névés sommitaux. La chaîne de Gegham, dont le point culminant est le mont Ajdahak, haut de 3 597 mètres, est en position centrale dans le pays, séparant la plaine de l'Ararat du lac Sevan. De nombreux volcans éteints parsèment le pays, hérissé aussi de nombreux chaînons montagneux dont les sommets sont à plus de 3 000 mètres d'altitude, entaillés de vallées profondes, très encaissées. Les cols sont souvent élevés tels le col de Sélim (2 410 mètres), le col de Vorotan (2 344 mètres), le col de Sisian (2 346 mètres) ou le col de Tastun (2 483 mètres). Ceci contribue à rendre la circulation difficile et accentue l'isolement des différentes régions.
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+ Le paysage arménien se caractérise également par ses lacs et notamment le lac Sevan, un grand lac à écoulement endoréique de 1 400 km2 perché à 1 900 mètres d'altitude à 60 km à l'est d'Erevan, la capitale. Le lac Sevan est le deuxième symbole de l'Arménie après le mont Ararat.
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+ La seule plaine notable est la plaine de l'Ararat, au sud et à l'ouest d'Erevan, au nord du mont Ararat, où se concentre l'essentiel de la production agricole. Elle coïncide avec la partie nord amont du bassin de l'Araxe, dont le bassin couvre les trois-quarts du pays et qui est donc le fleuve arménien par excellence même s'il est frontalier avec la Turquie et poursuit ensuite son cours au Nakhitchevan et en Azerbaïdjan avant de se jeter dans la mer Caspienne.
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+ Le tiers nord du pays fait partie du bassin hydrographique de la Koura, fleuve qui coule en Géorgie pour sa partie amont et qui se jette aussi dans la mer Caspienne après avoir traversé le nord de l'Azerbaïdjan.
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+ L'Arménie est située au cœur d'une zone qui connaît une grande activité sismique. La région est en effet soumise à la pression, forte et constante, de la péninsule Arabique, plaque tectonique jadis détachée du continent africain et qui continue de « pousser » vers le nord-est, se heurtant à la plaque eurasiatique. Le dernier grand séisme a fait entre vingt-cinq mille et trente mille morts le 7 décembre 1988, détruisant particulièrement les villes de Spitak et Leninakan, actuellement rebaptisée Gyumri.
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+ La subduction et la collision à l’œuvre depuis des millions d'années sont à l'origine d'un volcanisme étendu dans l'espace et le temps. Plus de 500 volcans du Quaternaire ont été cartographiés ; la plupart sont des volcans monogéniques mais plusieurs sont des stratovolcans, dont l'Aragats. Plusieurs éruptions préhistoriques et historiques ont été documentées, mettant en évidence le potentiel d'une activité volcanique future dans la région[38].
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+ La végétation est rare et encore limitée par la déforestation.
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+ Les besoins en eau potable sont difficilement satisfaits, malgré la création de lacs de retenue : les principaux sont le réservoir de Spandarian sur le Vorotan et le réservoir d'Akhourian, à la frontière arméno-turque, sur la rivière du même nom qui est un affluent de l'Araxe. Les prélèvements excessifs d'eau dans le lac Sevan à l'époque soviétique ont entraîné une baisse de dix-huit mètres du niveau du lac (selon un phénomène d'assèchement progressif analogue à celui de la mer d'Aral). La volonté de restauration partielle du niveau antérieur de l'eau du lac est devenue un symbole de l'Arménie redevenue indépendante, même si cette politique suscite des polémiques et des difficultés (ennoiement des infrastructures touristiques construites à l'époque soviétique en fonction du niveau du lac à cette époque ainsi que de tronçons de la route longeant le lac, difficulté pour trouver d'autres sources d'approvisionnement en eau). Le niveau est déjà relevé de trois mètres, un quatrième est prévu.
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+ Le climat, continental sur la majeure partie du territoire, devient rapidement montagnard avec l'altitude. Les hivers sont froids (particulièrement sur les hauts plateaux où il peut faire jusqu'à −40 °C) et parfois assez neigeux (surtout en altitude). Les étés sont chauds et ensoleillés, souvent ponctués de violents orages.
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+ Tandis que le climat d'Erevan, aux alentours de 1 000 mètres d'altitude, est quasi-continental (les étés y sont bien plus secs que dans un climat continental classique), Gyumri, deuxième ville du pays perchée à plus de 1 500 mètres, vit des étés relativement doux et des hivers longs, très rigoureux et neigeux, typiques du climat montagnard.
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+ Un net contraste existe entre la moitié nord du pays, boisée et la moitié sud, steppique, la limite entre les deux zones de végétation étant particulièrement nette et passant approximativement par la ligne de crête formant l'épine dorsale du pays et passant par le mont Aragats, le mont Ajdahak (3 597 mètres, situé au centre du pays et dominant le lac Sevan) et le col de Vorotan où le contraste entre les deux versants est particulièrement net.
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+ La population est officiellement estimée à 2 998 600 habitants en janvier 2016[52]. Après de nombreuses années de diminution, la population arménienne s'est stabilisée. D'après les chiffres publiés début 2008, elle recommence à augmenter. Les autorités arméniennes se félicitent de voir enfin s’inverser en faveur des immigrants la balance migratoire arménienne, après de longues années d’émigration qui, surtout dans la décennie qui a suivi l’indépendance, ont provoqué une réduction démographique conséquente. Au 1er janvier 2009, l'Arménie comptait 3 238 000 habitants, dont 1 164 600 vivent à la campagne et 2 073 400 en ville (1 111 300 rien qu'à Erevan[53])[54]. Cependant, après ce bref sursaut démographique, la population a recommencé à diminuer, provoqué par une diminution de la natalité et une hausse de la mortalité dues au vieillissement de la population.
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+ Quelques chiffres[1] :
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+ Peu peuplée, l'Arménie jouit du soutien d'une très importante diaspora arménienne à travers le monde : en Fédération de Russie (1,5 million), au Canada et aux États-Unis (1,2 million), en Syrie et au Liban (900 000) — dont 235 000 au Liban, 4 % de la population libanaise où ils constituent deux des dix-huit communautés officielles — dans l'Union européenne (surtout en France) (700 000) et en Amérique latine (200 000).
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+ L'arménien est la langue officielle du pays.
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+ Le russe est une langue ayant une présence importante en Arménie[55].
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+ L'anglais est une langue ayant une présence importante en Arménie[55].
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133
+ Le français est une langue ayant une certaine présence en Arménie[55],[56],[57]. En 2010, on estimait le nombre de francophones à 20 000 (0,6 % de la population totale arménienne) et le nombre de francophones partiels à 180 000 (6 % de la population totale arménienne)[58]. En 2010, 25,4 % des élèves du primaire, 9,6 % des élèves du secondaire et 16,5 % des étudiants apprenaient le français comme deuxième ou troisième langue[58].
134
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+ À ce sujet il est pertinent de noter la présence d'une université francophone en Arménie, l'Université française en Arménie, qui forme des cadres arméniens dans le secteur de la finance, de la gestion, du droit et de la mercatique. Associé avec l’Université Jean Moulin Lyon 3, elle représente l’unique université française en Arménie[59].
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+ De plus il est aussi important de noter l’existence d'un site web, Le courrier d’Erevan, sur l'information francophone en Arménie[60].
138
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+ Enfin, l'Arménie est membre de l'Organisation internationale de la francophonie[61].
140
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+ Le royaume d'Arménie est le premier État à reconnaître puis adopter le christianisme comme religion officielle sous le roi Tiridate IV (298-330) lorsque ce dernier, une partie de sa famille et quelques membres du palais sont convertis, en 301 selon la tradition, par saint Grégoire l'Illuminateur.
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+ Cependant, il reste une controverse quant à la date exacte du baptême de la famille royale. Les deux études les plus sérieuses proposaient d'une part 314 (P. Anean, 1961) et d'autre part 294 (B. Mc Dermot, 1970), jusqu’à la publication de travaux plus récents affirmant que la conversion eut lieu entre 305 (R. Manaseryan - l’Arménie d’Artawazd à Trdat le Grand, 2005) et 311[62] et non sous l'influence romaine, affaiblie en Orient à cette époque[63].
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+
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+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 98,5 % des habitants d'Arménie sont chrétiens, principalement orthodoxes (86,7 %), et dans une moindre mesure catholiques (8,7 %) et protestants (2,2 %) et alors que 1,3 % de la population n'est pas affilié à une religion et que 0,2 % pratique une autre religion[64].
146
+
147
+ L'altitude (90 % du pays sont à plus de 1 000 mètres), la fréquence et l'importance des pentes, le climat sec l'été et froid l'hiver handicapent lourdement la vie agricole, essentiellement pastorale (bovins, ovins) dans la majeure partie du pays. Toutefois la richesse des sols d'origine volcanique est un atout pour l'agriculture arménienne.
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+ La vie agricole se concentre essentiellement dans la plaine de l'Ararat, qui coïncide avec une partie du bassin de l'Araxe. Elle est devenue grâce à l'irrigation le grenier à blé du pays et assure l'essentiel des productions agricoles. Des vignobles et des vergers se sont développés dans sa partie orientale. Quelques fonds de vallée (celui du Debed surtout) et quelques bas-plateaux abritent aussi une vie agricole.
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+ Après la dislocation de l'Union soviétique, comme dans toutes les autres républiques de la CEI, le passage à l'économie de marché ne s'est pas fait sans mal, malgré un important soutien de la diaspora arménienne. Les entreprises ont été privatisées et un grand effort a été entrepris dans le secteur agroalimentaire afin de pouvoir assurer rapidement l'indépendance alimentaire du pays.
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+ Cependant, l'économie a eu du mal à décoller durant les années 1990, à cause de l'inadaptation de l'outil industriel, du manque d'énergie et de fonds d'investissement, et de la pauvreté des moyens de communications. L'activité industrielle peut espérer s'appuyer sur quelques ressources minières (cuivre, molybdène et aluminium) ou sur l'or. Le pays n'exploite pas de ressources pétrolières, malgré des prospections menées, en raison de la présence probable de ces ressources en profondeur[65]. L'essentiel des industries est concentré à Erevan, la capitale (construction mécanique, caoutchouc). D'un point de vue énergétique, l'Arménie a longtemps été dépendante de ses voisins et a souffert de graves pénuries (ni la Turquie, ni l'Azerbaïdjan n'étaient prêts à lui vendre de l'énergie). Les Arméniens ont donc dû prendre la décision de redémarrer la centrale nucléaire de Metsamor (mise à l'arrêt sous la pression des écologistes, à la suite du tremblement de terre de 1988) afin de pallier ce déficit énergétique.
154
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+ La croissance est de 3,3 % en 1997, mais la situation s'est améliorée : le PIB a crû ainsi de 13,9 % en 2005. L’Arménie enregistre une croissance de 12,5 % de son produit intérieur brut (PIB) entre janvier et septembre 2006, un PIB évalué à près de 4 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l’année. L’Arménie a en outre enregistré une hausse très forte de son activité économique de 26,3 % entre août et septembre. La production industrielle a néanmoins enregistré une baisse de 2 % — par rapport à 2005 — s’établissant à 468,1 milliards de drams entre janvier et septembre 2006. La production électrique estimée à 4,53 milliards de kWh, a quant à elle subi une baisse de 5,2 %. Par ailleurs, l’agriculture enregistrait à fin septembre une croissance de 15,6 % avec une production agricole de 370,5 milliards de drams. Mais c’est le secteur de la construction qui a enregistré une croissance record de 40 % sur les neuf premiers mois de l’année avec un montant des investissements s’établissant à près de 400 milliards de drams[66].
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+ En 2007, le produit intérieur brut de l’Arménie a augmenté de 18,6 % à 3 149,283 milliards de drams (6,845 milliards d'euros)[67]. Durant le mois de janvier, la production industrielle a augmenté de 4 % (124 millions de dollars), et la production agricole de 3,5 % s’établit à 38 millions de dollars. Le gouvernement arménien prévoit pour 2007 une croissance économique de 9 % contre 13,4 % en 2006[68].
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+ Alors que les prévisions de croissance économique de l’Arménie étaient, pour 2008, de 10,0 %, le pays a en fait enregistré une croissance de 13,8 %. Le budget de l’État arménien a atteint un nouveau record en 2008, équivalent à 2,45 milliards de dollars[69]. C’est ce qu’a annoncé Serge Sarkissian mercredi 12 septembre 2007. Devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre a également prévu une augmentation des impôts sur le revenu pour l’année à venir. Ce budget prévoit de consacrer 1,7 milliard de dollars (583 milliards de drams) aux dépenses du gouvernement, soit 18 % de plus qu’en 2006. Serge Sargsian n’a pas donné plus de détails. Pour l'année 2009, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) table sur une croissance de 8,3 %. Avec la crise économique mondiale, les données des prochains mois sont néanmoins revues à la baisse. La raison de cette baisse est intimement liée à la souffrance de l'économie de la Russie. Cette dernière étant le premier partenaire économique de l’Arménie.
160
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+ La dette extérieure de l’Arménie représentait 1,265 milliard de dollars au 1er juillet 2007 en augmentation de 9,3 % en un an (chiffres fournis par le Centre national d’études statistiques d’Arménie). La dette de l’État arménien est de 1,103 milliard de dollars, celle de la Banque centrale d'Arménie est de 158 millions. Les créanciers de l’Arménie sont les structures financières internationales (1,124 milliard) dont la Banque mondiale (909 millions) et le Fonds monétaire international (156 millions).
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+ Le manque de moyens financiers empêche l'État arménien de financer de nombreux projets de développement ou de rénovation. Les dons recueillis par la diaspora arménienne par le biais d'organismes de soutien ou par l'initiative privée individuelle de personnes riches d'origine arménienne se substituent souvent à l'État défaillant : la construction d'un tunnel routier sur l'axe menant vers la Géorgie, la construction du téléphérique permettant un accès plus aisé au monastère de Tatev, la restauration de nombreux monastères, le financement d'écoles, de routes et la distribution de l'eau, surtout au Karabagh, sont désormais souvent assurés par les fonds venus de la diaspora. Le chanteur d'origine arménienne Charles Aznavour joua, parmi d'autres, un rôle très actif dans les collectes de fonds en faveur de l'Arménie : ce fut particulièrement le cas après le tremblement de terre de Gyumri.
164
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165
+ L'Arménie est très handicapée par le blocus terrestre de la frontière par l'Azerbaïdjan et la Turquie. Le pays compte huit cents kilomètres de voies ferrées, le plus souvent en mauvais état. Les routes, quant à elles, sont normalement praticables dans les montagnes. Les télécommunications sont également en développement.
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167
+ Le pays compte seize chaînes de télévision et autant de stations radiophoniques.
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169
+ Malgré les nombreuses difficultés de sa longue histoire, l'Arménie a su créer des richesses culturelles inscrites dans la pérennité. Des premiers royaumes à l'invention de l'alphabet arménien en passant par la christianisation du pays, elle a su profiter de chaque événement comme outil ou inspiration de son œuvre culturelle.
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171
+ L'Arménie s'est constituée un riche patrimoine architectural fait de monastères, églises et chapelles. On y trouve — tant dans le pays que dans l'Arménie historique — une typologie assez unique d'architecture ecclésiastique.
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+ La domination ottomane met un frein à l'essaimage de l'art architectural arménien et il semble véritablement y avoir une pause dans la chronologie de l'histoire architecturale arménienne à partir du XIVe siècle, à l'invasion touranienne du royaume arménien de Cilicie.
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+ À l'émergence d'un début d'indépendance après le génocide, l'influence soviétique se fait sentir en combinaison avec le style néo-arménien.
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+ Église de Mastara, Ve ou VIIe siècle.
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+ Monastère d'Aghtamar, Xe siècle.
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+ Monastère de Noravank, Sourp Astvatsatsin, XIVe siècle.
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+ Place de la République (Erevan), Palais du Gouvernement, années 1930.
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+ L'Arménie devient chrétienne en 301 et dès lors, sa littérature, en parallèle à la poésie, se développe. Les premiers temps voient naître une littérature historiographique dès le Ve siècle. À partir du Xe siècle, ce sont le roman et surtout la poésie qui se développent. Le XIXe siècle voit la naissance de la révolution littéraire arménienne (Abovian, Raffi, Toumanian et Demirdjian), aussi bien à l'intérieur du pays qu'en dehors, grâce à la diaspora arménienne.
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+ De par ses diverses situations géographiques et ses influences différentes tout au long de son histoire, l'Arménie a une longue tradition musicale faite de musique folklorique, religieuse, classique et, plus récemment, de jazz avec le pianiste virtuose Tigran Hamasyan, et de rap. Il y a la chanteuse populaire Sirusho et le duo folklorique Inga & Anush Ashakyan. De plus, dans la diaspora, il y a le groupe de metal alternatif System of a Down, et le chanteur Charles Aznavour.
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+ Aram Khatchatourian est un compositeur arménien de l'époque soviétique, né en 1903 à Tbilissi en Géorgie et mort en 1978 à Moscou (Gayaneth, Spartacus, La Danse du Sabre...). Il repose au panthéon Komitas d'Erevan. Son neveu Karen Khatchatourian (1920-2011) est également compositeur.
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+ L'art s'est également développé à travers les céramiques ou les miniatures que dessinaient les moines. Par ailleurs, le tissage de tapis, comme dans tout le Moyen-Orient, est une spécialité arménienne depuis des millénaires.
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+ Un atelier de céramique artisanale et de tapisserie de Gumri s'efforce depuis 2014 de relancer ces deux formes d'artisanat traditionnel local de qualité
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+ [74],[75] dans la tradition de la céramique de Kütahya.
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+ Le cinéma arménien est né avec son premier film documentaire, Soviet Armenia en 1924.
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+ Dirigé par Hamo Beknazarian, Namus[76] est le premier film muet arménien, en 1926.
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+ Sergueï Paradjanov est un de ses maîtres, avec notamment Les Chevaux de feu et Sayat-Nova (La couleur de la grenade) deux des chefs-d'œuvre cinématographiques du XXe siècle[77].
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+ America, America, film américain réalisé par le réalisateur grec Elia Kazan en 1963, raconte l'histoire de Stavros, vivant en Anatolie à la fin du XIXe siècle et subissant l'oppression des Turcs musulmans en tant que chrétien. Le pogrom ciblé contre les Arméniens dans son village sera l'évènement déclencheur de sa tentative de fuite vers New-York.
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+ L'Arménie possède plus d'une dizaine de chaînes de télévision nationales et reçoit quelques chaînes étrangères, notamment russes et iraniennes.
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+ La principale chaîne arménienne est Arménie 1 (H1), la télévision publique. Imaginée en 1955 par le conseil des ministres de l'Union soviétique et créée en 1956, elle continue d'émettre aujourd'hui, non seulement en Arménie, mais aussi dans le reste de l'Europe, en Russie, en Australie et aux États-Unis.
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+ L'autre chaîne importante, Armenia TV, est privée. Bien plus jeune que sa grande sœur, elle n'est créée qu'en 1999 et est diffusée dans plusieurs pays européens, américains et asiatiques.
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+ Par ailleurs, Horizon TV[78] est une chaîne de télévision d'informations, en diffusion 24h/24. À noter que CNN et Euronews diffusant leurs programmes en Arménie décrochent plusieurs heures par jour pour des programmes en arménien.
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+ La plupart des autres chaînes du pays sont soit locales (plusieurs télévisions à Erevan par exemple) soit spécialisées (musique, automobile, informations…).
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+ La cuisine de l'Arménie et de sa diaspora est riche de sa diversité qui s'est forgée au cours de l'Histoire. Tantôt influencée par le Moyen-Orient, tantôt par la Grèce et l'Iran, cette cuisine a également influencé celle des pays avoisinants, notamment la Syrie et le Liban.
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+ La cuisine de l'Arménie est principalement à base de poissons et de brochettes de viande. Le poisson est le plus souvent grillé et servi avec des légumes ou du riz. Les brochettes sont à base de poulet, de bœuf, d'agneau voire de porc — haché ou entier — et accompagnées de riz. Par ailleurs, la spécialité nationale est le khach (խաշ), sorte de potée de pieds de bœuf bouillis et assaisonnés au service. Ce plat de la région de Shirak n'est consommé qu'en hiver en Arménie (alors qu'il l'est toute l'année en Géorgie). On consomme aussi des cornichons avec les repas, notamment du chou. À chaque repas, les Arméniens aiment boire du tan (équivalent du dugh iranien et de l'ayran turc). Le café arménien est très réputé. Le thé se consomme plutôt dans le sud de l'Arménie, près de l'Iran.
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+ La cuisine de l'Arménie occidentale (pratiquée en diaspora depuis le génocide arménien) est à rapprocher de la cuisine turque, libanaise et grecque. En entrée, on y mange souvent des mezzés dont du houmous, moutabal, böreks, dolmas, etc. Les repas commencent souvent avec un plat de légumes crus : concombres, radis, salades, tomates, etc. Le plat principal peut, comme en Arménie, être à base de brochettes accompagnées de riz pilaf. Cependant, des plats plus longs à préparer (parfois jusqu'à une journée) sont très appréciés. Ainsi le su-börek, sorte de lasagnes au fromage et au persil, les mantis, petits raviolis de viande, les kofta ou la moussaka font partie des plats traditionnels.
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+ Les plats sont accompagnés de lavash, le pain traditionnel arménien
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+ Les desserts arméniens sont à rapprocher des desserts orientaux en général : baklavas, kadaifs, loukoums, etc.
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+ L'Arménie a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)