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Un logotype ou logo[note 1] est une composition figurée servant à identifier visuellement, de façon immédiate une entreprise, une marque, une association, une institution, un produit, un service, un événement ou toute autre sorte d'organisations dans le but de se faire connaître et reconnaître des publics et marchés auquel il s'adresse et de se différencier des autres entités d'un même secteur. Les logos sont des modèles déposés dont la reproduction sans autorisation est punissable comme contrefaçon.
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Concernant les institutions et administrations publiques, on parle également de symboles, d'armes ou d'emblèmes officiels qui figurent sur des écus, des sceaux ou des drapeaux. Ils sont protégés par un privilège de la puissance publique sans avoir besoin d'être déposés comme une marque ou un modèle commercial.
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Un logotype était à l'origine, en typographique, une marque écrite à l'aide d'une fonte de caractères spéciale, et disposée d'une manière particulière, mais lisible. Dans l'industrie automobile on dit plutôt monogramme, dans le cas du nom de marque placé à l'arrière des véhicules.
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Il convient de ne pas confondre logo et pictogramme. Ce dernier est un signe ayant pour fonction de désigner l’action ou l’objet qu’il représente afin de donner accès plutôt à une chose, alors que le logo sert à désigner plutôt une personne.
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L'usage fait que l'on appelle aussi abusivement « logo », un graphisme déposé.
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Un logo peut être sonore, on parle alors d'identité sonore ou de logo sonore.
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Les marques d’imprimeurs sont sans doute les premiers logos modernes. Les imprimeurs étant souvent à la fois éditeurs et libraires, l’enseigne de la boutique devient l’image qui figure sur la page de titre. Au début du XIXe siècle, les logotypes sont des caractères d’imprimerie regroupant en un seul plusieurs caractères formant des syllabes courantes : tentatives pour faciliter la composition manuelle, qui n’aura pas de suite du fait de la complication du système.
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L'essor du logo coïncide avec l'industrialisation, le développement de l'économie de marché et l'environnement concurrentiel du XIXe siècle. La publicité se développe et les entreprises ont besoin de créer des identités pour se démarquer et communiquer sur le marché. De plus en plus de fabricants commencèrent donc à inclure un symbole, signe ou emblème sur leurs produits et emballages, pour que tous les acheteurs puissent aisément reconnaître le produit qu'ils voulaient. Les fabricants ajoutent ensuite le nom de la compagnie ou du produit sur leur signe. Le nom prend une forme spécifique chez chaque manufacturier.
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Depuis de nombreuses années, quand un nouveau logo est dessiné, des entreprises font appel à des publicitaires et des designers graphiques pour créer un signe ou un emblème qui apparaîtra comme un logotype, accompagné du nom de la compagnie, du produit ou du service. C'est également à cette époque que les sociétés commencent à associer leur nom ou celui de leur produit à leur signe. Le nom prend alors une forme spécifique chez chaque manufacturier. On parle de logos combinés, c'est la première fois que le signe et le nom étaient associés.
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Le logo a une place importante dans l'économie et la publicité. Certaines sociétés ont une identité visuelle suffisante pour que le nom de la marque n'ait pas besoin de figurer sur le visuel publicitaire.
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L'insigne existe dès que l’homme ressent le besoin et la nécessité de marquer son bien ou sa production, à des fins de reconnaissance pour se faire payer, par exemple : les tailleurs de pierre ont chacun leur marque distinctive (la tâche) , les propriétaires de bétail marquent leurs bêtes, etc. Le logotype s’institutionnalise avec l’invention de l’imprimerie puisque par définition, on dispose d’un type, un dessin en relief réutilisable à l’infini pour distinguer sa production.
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La réelle définition d'un logo est non pas l'aspect graphique adjoint à un nom, qui en fait un « insigne » — que Renault appelle son monogramme —, mais bel et bien le nom dans un graphisme typographique spécial. Exemple : le losange Renault n'est pas le logo, mais l'insigne de Renault. Le véritable logo de Renault est le nom « RENAULT » écrit avec une typographie spécifique ou bien avec une police de caractère spécialement réalisée pour la circonstance, particulière, ou encore le nom écrit avec un certain style pour en rendre l'aspect original. Aujourd'hui sous l'appellation « logo », on regroupe ces deux idées en une seule, mais il s'agit d'une extension de sens abusive.
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Quand dans les années 1970, ont commencé à fleurir des ventes de tee-shirt par correspondance où étaient sérigraphiés des groupes musicaux, les choses étaient bel et bien spécifiées pour différencier une commande. Ainsi par exemple, pour le groupe Scorpions, si on ne voulait que le tee-shirt avec le nom et pas autre chose, il fallait commander le tee-shirt option « logo ». Et effectivement, dans ce cas précis, c'est bel et bien le nom du groupe avec ce graphisme propre, qui est le logo du groupe.
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Pour prendre un dernier exemple, dans le cadre de la propriété industrielle, le nom « Alain Afflelou ». Si une personne porte le même nom et veut ouvrir un magasin dans le même secteur d'activité, il le peut, mais pas avec le même graphisme.
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Cette différence, souvent oubliée, rappelle que logo désigne le nom, et l'insigne ou le signe désigne un graphisme associé.
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Quand la marque est suffisamment forte, il arrive que le nom de la marque disparaisse, laissant ainsi place à l'insigne seul sans être associé au nom comme les marques internationales Apple, Mercedes-Benz, McDonald's ou Nike.
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Des municipalités, des États, plus généralement des administrations ou des institutions publiques utilisent des logotypes en complément de leur emblème tel que les blasons, afin de moderniser leur image.
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C'est ainsi le cas de la France, le gouvernement ayant adopté en 1999, pour sa communication, une charte graphique comprenant un logotype utilisé par les ministères, les services déconcentrés de l'État, les ambassades, etc. Ce logotype reprend et combine trois des emblèmes ou symboles français : le drapeau tricolore, Marianne et la devise de la France Liberté, Égalité, Fraternité.
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La création d'un logotype peut être considérée comme une création de graphisme. De nombreux éléments sont à prendre en compte afin de transmettre le message souhaité, tant au niveau des formes que des couleurs.
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Ainsi, un logotype structuré sur une forme ronde, par sa référence à la Terre, à la nature en général véhicule une image de sécurité, de bien-être et d'apaisement. À l'inverse, le choix de formes triangulaires assure l'idée d'innovation, de progression et de techniques de pointe. Les formes carrées quant à elles font référence à la stabilité et la robustesse. Ces quelques formes de base se retrouvent dans de nombreux logos, et véhiculent ainsi des notions qu'un simple nom ne pourrait parfois suffire à transmettre.
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La croix rouge (croissant rouge dans les pays musulmans) est un exemple d'un emblème si connu, qu'il n'a pas besoin d'être accompagné d'un texte pour être compris. Il protège le personnel médical en temps de guerre ainsi que les victimes des conflits armés et ceux qui tentent de les aider. Les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et leur Fédération, ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge incluent ces symboles dans leurs logos.
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Dans cette optique le logo se conforme aux codes admis dans un champ d'activité donné afin d'être immédiatement reconnu comme se situant dans ce champ d'activité. Mais dans ce champ, le logo doit aussi se distinguer le plus possible afin d'être identifié parmi ses pairs. Un travers commun est de se conformer aux modèles préexistants au point de diluer le message et l'identité de l'objet dans un environnement diffus. Les collectivités territoriales ont par exemple multiplié les poncifs dans les années 1970 et 1980 en basant leur logo sur : leur initiale / un code couleur associant le bleu (pour l'eau, mer ou rivière) et le vert (pour la campagne) / des hachures façon Renault « pour faire moderne ».
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Le choix du recours au logo par rapport à d'autres modes d'identification est aussi à mettre en balance, notamment pour une collectivité territoriale qui dispose d'autres signes.
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Quelques éléments qui peuvent faire un bon logo[1],[2] :
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Les logos du début des années 2000 gagnaient en stylisation et en simplification (parfois à l'extrême, comme le logo de la région des Pays de la Loire). Les formes géométriques et très figuratives disparaissent laissant place à des formes plus rondes, tout comme les typographies qui vont laisser de côté les capitales.
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Les valeurs à faire passer sont désormais celles de la proximité, et du caractère humain des institutions qu'ils représentent. Des couleurs plus vives et chaudes (jaune, orange, rouge) sont plus largement utilisées donnant ainsi place au dynamisme, à la modernité, comme les logos de EDF, GDF (version 2002), SNCF, etc. ainsi que beaucoup de collectivités (municipalités, etc.), notamment au changement de majorité.
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De nombreux logos créés à la fin des années 2000 s'appuient sur les spécificités dites du « web 2.0 », c'est-à-dire avec des effets de transparence et de reflets. On peut remarquer deux grandes stratégies : soit les marques font le choix de conserver leur logo et d'appliquer ces effets pour lifter leur logo, c'est le cas de TF1, La Poste, le Loto, France Télévisions (et l'ensemble des logos des chaînes du groupe), Elf (en France) ou encore LG, NRJ, etc. ou bien, c'est lors du changement de logo que ces effets sont appliqués, c'est le cas de RFF par exemple, la simplification est toujours présente.
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Dans les années 2010, on constate que de nombreuses marques reviennent à plus de simplicité en éliminant les effets de reliefs, de reflets, d'ombrage au profit d'un logo en aplat, dit en flat design.
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Un logotype ou logo[note 1] est une composition figurée servant à identifier visuellement, de façon immédiate une entreprise, une marque, une association, une institution, un produit, un service, un événement ou toute autre sorte d'organisations dans le but de se faire connaître et reconnaître des publics et marchés auquel il s'adresse et de se différencier des autres entités d'un même secteur. Les logos sont des modèles déposés dont la reproduction sans autorisation est punissable comme contrefaçon.
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Concernant les institutions et administrations publiques, on parle également de symboles, d'armes ou d'emblèmes officiels qui figurent sur des écus, des sceaux ou des drapeaux. Ils sont protégés par un privilège de la puissance publique sans avoir besoin d'être déposés comme une marque ou un modèle commercial.
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Un logotype était à l'origine, en typographique, une marque écrite à l'aide d'une fonte de caractères spéciale, et disposée d'une manière particulière, mais lisible. Dans l'industrie automobile on dit plutôt monogramme, dans le cas du nom de marque placé à l'arrière des véhicules.
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Il convient de ne pas confondre logo et pictogramme. Ce dernier est un signe ayant pour fonction de désigner l’action ou l’objet qu’il représente afin de donner accès plutôt à une chose, alors que le logo sert à désigner plutôt une personne.
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L'usage fait que l'on appelle aussi abusivement « logo », un graphisme déposé.
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Un logo peut être sonore, on parle alors d'identité sonore ou de logo sonore.
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Les marques d’imprimeurs sont sans doute les premiers logos modernes. Les imprimeurs étant souvent à la fois éditeurs et libraires, l’enseigne de la boutique devient l’image qui figure sur la page de titre. Au début du XIXe siècle, les logotypes sont des caractères d’imprimerie regroupant en un seul plusieurs caractères formant des syllabes courantes : tentatives pour faciliter la composition manuelle, qui n’aura pas de suite du fait de la complication du système.
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L'essor du logo coïncide avec l'industrialisation, le développement de l'économie de marché et l'environnement concurrentiel du XIXe siècle. La publicité se développe et les entreprises ont besoin de créer des identités pour se démarquer et communiquer sur le marché. De plus en plus de fabricants commencèrent donc à inclure un symbole, signe ou emblème sur leurs produits et emballages, pour que tous les acheteurs puissent aisément reconnaître le produit qu'ils voulaient. Les fabricants ajoutent ensuite le nom de la compagnie ou du produit sur leur signe. Le nom prend une forme spécifique chez chaque manufacturier.
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Depuis de nombreuses années, quand un nouveau logo est dessiné, des entreprises font appel à des publicitaires et des designers graphiques pour créer un signe ou un emblème qui apparaîtra comme un logotype, accompagné du nom de la compagnie, du produit ou du service. C'est également à cette époque que les sociétés commencent à associer leur nom ou celui de leur produit à leur signe. Le nom prend alors une forme spécifique chez chaque manufacturier. On parle de logos combinés, c'est la première fois que le signe et le nom étaient associés.
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Le logo a une place importante dans l'économie et la publicité. Certaines sociétés ont une identité visuelle suffisante pour que le nom de la marque n'ait pas besoin de figurer sur le visuel publicitaire.
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L'insigne existe dès que l’homme ressent le besoin et la nécessité de marquer son bien ou sa production, à des fins de reconnaissance pour se faire payer, par exemple : les tailleurs de pierre ont chacun leur marque distinctive (la tâche) , les propriétaires de bétail marquent leurs bêtes, etc. Le logotype s’institutionnalise avec l’invention de l’imprimerie puisque par définition, on dispose d’un type, un dessin en relief réutilisable à l’infini pour distinguer sa production.
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La réelle définition d'un logo est non pas l'aspect graphique adjoint à un nom, qui en fait un « insigne » — que Renault appelle son monogramme —, mais bel et bien le nom dans un graphisme typographique spécial. Exemple : le losange Renault n'est pas le logo, mais l'insigne de Renault. Le véritable logo de Renault est le nom « RENAULT » écrit avec une typographie spécifique ou bien avec une police de caractère spécialement réalisée pour la circonstance, particulière, ou encore le nom écrit avec un certain style pour en rendre l'aspect original. Aujourd'hui sous l'appellation « logo », on regroupe ces deux idées en une seule, mais il s'agit d'une extension de sens abusive.
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Quand dans les années 1970, ont commencé à fleurir des ventes de tee-shirt par correspondance où étaient sérigraphiés des groupes musicaux, les choses étaient bel et bien spécifiées pour différencier une commande. Ainsi par exemple, pour le groupe Scorpions, si on ne voulait que le tee-shirt avec le nom et pas autre chose, il fallait commander le tee-shirt option « logo ». Et effectivement, dans ce cas précis, c'est bel et bien le nom du groupe avec ce graphisme propre, qui est le logo du groupe.
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Pour prendre un dernier exemple, dans le cadre de la propriété industrielle, le nom « Alain Afflelou ». Si une personne porte le même nom et veut ouvrir un magasin dans le même secteur d'activité, il le peut, mais pas avec le même graphisme.
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Quand la marque est suffisamment forte, il arrive que le nom de la marque disparaisse, laissant ainsi place à l'insigne seul sans être associé au nom comme les marques internationales Apple, Mercedes-Benz, McDonald's ou Nike.
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Des municipalités, des États, plus généralement des administrations ou des institutions publiques utilisent des logotypes en complément de leur emblème tel que les blasons, afin de moderniser leur image.
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C'est ainsi le cas de la France, le gouvernement ayant adopté en 1999, pour sa communication, une charte graphique comprenant un logotype utilisé par les ministères, les services déconcentrés de l'État, les ambassades, etc. Ce logotype reprend et combine trois des emblèmes ou symboles français : le drapeau tricolore, Marianne et la devise de la France Liberté, Égalité, Fraternité.
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La création d'un logotype peut être considérée comme une création de graphisme. De nombreux éléments sont à prendre en compte afin de transmettre le message souhaité, tant au niveau des formes que des couleurs.
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Ainsi, un logotype structuré sur une forme ronde, par sa référence à la Terre, à la nature en général véhicule une image de sécurité, de bien-être et d'apaisement. À l'inverse, le choix de formes triangulaires assure l'idée d'innovation, de progression et de techniques de pointe. Les formes carrées quant à elles font référence à la stabilité et la robustesse. Ces quelques formes de base se retrouvent dans de nombreux logos, et véhiculent ainsi des notions qu'un simple nom ne pourrait parfois suffire à transmettre.
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La croix rouge (croissant rouge dans les pays musulmans) est un exemple d'un emblème si connu, qu'il n'a pas besoin d'être accompagné d'un texte pour être compris. Il protège le personnel médical en temps de guerre ainsi que les victimes des conflits armés et ceux qui tentent de les aider. Les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et leur Fédération, ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge incluent ces symboles dans leurs logos.
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Dans cette optique le logo se conforme aux codes admis dans un champ d'activité donné afin d'être immédiatement reconnu comme se situant dans ce champ d'activité. Mais dans ce champ, le logo doit aussi se distinguer le plus possible afin d'être identifié parmi ses pairs. Un travers commun est de se conformer aux modèles préexistants au point de diluer le message et l'identité de l'objet dans un environnement diffus. Les collectivités territoriales ont par exemple multiplié les poncifs dans les années 1970 et 1980 en basant leur logo sur : leur initiale / un code couleur associant le bleu (pour l'eau, mer ou rivière) et le vert (pour la campagne) / des hachures façon Renault « pour faire moderne ».
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Quelques éléments qui peuvent faire un bon logo[1],[2] :
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Les valeurs à faire passer sont désormais celles de la proximité, et du caractère humain des institutions qu'ils représentent. Des couleurs plus vives et chaudes (jaune, orange, rouge) sont plus largement utilisées donnant ainsi place au dynamisme, à la modernité, comme les logos de EDF, GDF (version 2002), SNCF, etc. ainsi que beaucoup de collectivités (municipalités, etc.), notamment au changement de majorité.
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De nombreux logos créés à la fin des années 2000 s'appuient sur les spécificités dites du « web 2.0 », c'est-à-dire avec des effets de transparence et de reflets. On peut remarquer deux grandes stratégies : soit les marques font le choix de conserver leur logo et d'appliquer ces effets pour lifter leur logo, c'est le cas de TF1, La Poste, le Loto, France Télévisions (et l'ensemble des logos des chaînes du groupe), Elf (en France) ou encore LG, NRJ, etc. ou bien, c'est lors du changement de logo que ces effets sont appliqués, c'est le cas de RFF par exemple, la simplification est toujours présente.
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Dans les années 2010, on constate que de nombreuses marques reviennent à plus de simplicité en éliminant les effets de reliefs, de reflets, d'ombrage au profit d'un logo en aplat, dit en flat design.
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La Loire est le plus long fleuve de France[N 1], avec une longueur de 1 006 kilomètres[1]. Sa source se trouve sur le versant sud du mont Gerbier-de-Jonc, au sud-est du Massif central, dans le département de l'Ardèche. Son embouchure vers l'océan Atlantique se trouve dans le département de la Loire-Atlantique, dans l'ouest de la région des Pays de la Loire. Son cours se situe intégralement en France ; il est géométriquement orienté d'abord sud-nord jusqu'aux environs de Briare dans le Loiret.
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La Loire torrentueuse et encaissée coule d'abord vers le nord ; à partir de Vorey (Haute-Loire) elle tend vers le nord-est, puis à nouveau le nord à partir du lac-barrage de Grangent. Elle prend globalement la direction du nord-nord-ouest à partir de Feurs (Loire), puis franchement celle du nord-ouest à partir de Digoin (Saône-et-Loire). Entre Châteauneuf (Loiret) et Orléans, les mariniers disaient qu'elle ruisselait déjà vers le soleil couchant, les contraignant à être contre le vent dominant. À partir de sa pointe nord à Orléans, elle glisse vers le sud-ouest jusqu'à Candes (Indre-et-Loire) avant de dévaler vers le nord-ouest jusqu'aux Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire) ; puis à nouveau vers l'ouest jusqu'aux environs d'Ancenis (Loire-Atlantique, où elle reprend sa direction sud-ouest. Entre Nantes et Saint-Herblain elle reprend sa course vers l'ouest, descendant progressivement vers le nord-ouest jusqu'à Saint-Nazaire. Elle ne reprend une ultime direction sud-ouest que dans l'ouverture de son estuaire maritime.
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Son bassin versant de 117 000 km2 occupe plus d’un cinquième du territoire français[2].
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Son cours se décrit en plusieurs bassins hydrologiques successifs[5],[6]:
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Par ailleurs, plusieurs « régions » peuvent être mentionnées tout au long du cours du fleuve. Parmi celles-ci :
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Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la Loire navigable à partir des environs de Roanne était la voie principale par laquelle transitaient les marchandises de l'intérieur du pays jusqu'au port de Nantes. L'arrivée du chemin de fer, qui relie aujourd'hui Paris à Saint-Nazaire en passant par Angers et Le Mans, a changé la donne. L'influence de la marée remonte souvent en amont de Nantes, largement au-delà du large estuaire de Saint-Nazaire. De nos jours, la Loire est navigable depuis son estuaire jusqu'à Montsoreau (près de Saumur)[10].
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Le nom de la Loire figure dans les textes anciens communément sous la forme latine Liger ou Ligeris. En latin classique, langue à déclinaison, le nominatif lĭgĕr et le génitif lĭgěris déterminent ce mot masculin. Ce genre grammatical caractérise la plupart des dénominations latines ou indo-européennes appliquées aux fleuves dans l'antiquité[11].
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Polybe au IIe siècle av. J.-C. mentionne le mot Leiger, alors que Jules César, Tibulle ou Pline l'ancien citent déjà Liger[12]. Ligeris (sic) n'apparaît qu'au VIIIe siècle et Legeris dans les chartes en 891. Ces deux dernières formes reflètent probablement une évolution en latin médiéval de l'adjectif classique lĭgěricus, a, um, connu sur les inscriptiones ou recueils d'inscriptions. Il est possible qu'ils soient déjà de genre féminin en gallo-roman.
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Le terme latin Liger dérive probablement du gaulois *liga, lui-même issu d'un plus ancien *lega, désignant la vase ou le limon[13]. Ce mot gaulois, passé dans d'autres langues romanes sous la forme du gallo-roman *LIA (lénition du [g] intervocalique), est à l'origine du terme lie.
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Il existe d'autres hypothèses, y compris dans des langues non-indoeuropéennes, sur cet hydronyme. La plupart des diverses racines invoquées *lig, *leg, *lueg indiquent pourtant un étalement, une déposition, une collecte et une dépose de géomatériaux à base de limons ou d'argiles, de sables ou de galets, de granulats ou de cailloutis, que le fleuve en de multiples endroits ne cesse aujourd'hui encore de charrier ou d'abandonner.
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Les nombreux dialectes occitans ont gardé, parfois jusqu'à nos jours, les mots Leir, Lèira, Leger, Letge. En breton le mot Liger est une transposition lettrée (XIXe s.) du latin ; la forme Lier est aussi employée. Les Vikings la nommaient Leira (du roman médiéval /lejr/) qui est encore son nom en islandais.
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Les habitants du bassin de la Loire sont parfois dits Ligériens, désignation issue de la géographie.
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Le profil général de la Loire est celui d'un escalier. Des paliers à peu près horizontaux se succèdent, reliés les uns aux autres par de brusques décrochements. Ainsi le cours du fleuve, qui suit l'escalier, est fait de mouilles, endroits suffisamment profonds pour être toujours immergés, et de seuils peu profonds, à peu près découverts en basses eaux, où le courant est rapide et où les bancs de sable ou de galets sont nombreux. Les seuils sont franchis par des jards, chenaux plus ou moins profonds selon les saisons. Ces chenaux sont rarement au même endroit d'une année sur l'autre : lors de ses hautes eaux (habituellement en février et en octobre, en plusieurs périodes de quelques jours chacune) la Loire, occupant sinon la totalité de son lit majeur du moins une grande part de celui-ci, remanie son lit en profondeur. Le fond du fleuve est ainsi marqué d'instabilité chronique[14].
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Jean-Baptiste d’Omalius émit en 1828 l’hypothèse selon laquelle des changements importants dans le cours de la Loire auraient pu survenir dans la région de Gien. Des travaux menés tout au long du XXe siècle menèrent à supposer que le cours supérieur de la Loire aurait initialement rejoint la Manche par l’intermédiaire de la Seine en empruntant le lit de l’actuel Loing. Parallèlement aurait existé un autre fleuve prenant naissance dans cette même région et se dirigeant vers la mer des Faluns et l’océan Atlantique à l’ouest ; un incident géologique survenu entre le Miocène et le Pliocène aurait favorisé une capture de la Loire séquanaise par la Loire atlantique, donnant à la Loire son cours actuel. Une telle hypothèse s’appuie notamment sur l’étude des alluvions charriées par le fleuve mais le déroulement exact et la datation du phénomène restent incertains. Cette hypothèse est, en 2016, toujours non consensuelle[15],[16].
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La Loire prend sa source[N 2] à 1 404 m d'altitude, au sud-est du Massif central, dans le Vivarais, au pied sud du mont Gerbier-de-Jonc, dans la commune ardéchoise de Sainte-Eulalie. La présence d'une nappe phréatique sous le mont Gerbier-de-Jonc donne naissance à de multiples sources relativement voisines et trois d'entre elles sont mises en avant comme sources du fleuve :
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La « source authentique » et la « source véritable » sont distantes d'environ 1 km. Le fleuve n'est donc au départ qu'une multitude de filets d’eau constituant autant de petits ruisseaux qui se rejoignent rapidement.
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Le mont Gerbier-de-Jonc, au pied duquel la Loire prend sa source.
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La « source authentique ».
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La « source géographique ».
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La « source véritable »
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La Loire n'est encore qu'un ruisseau de montagne au débit rapide lorsqu'elle rencontre son premier affluent, l'Aigue Nègre, après seulement 2,5 km alors que cet affluent en a parcouru 4 km. Sur ses 10 premiers km, le fleuve naissant coule vers le sud-ouest. Elle se gorge de nombreux affluents tels la Semène et le Furan, qui sont marqués par les excès de l'hydrographie dans le Velay : cours pentus, flots rapides, dénivellements soudains de terrain avec chutes d'eau souvent importantes.
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La Loire se tourne ensuite en direction générale du nord pour remonter l'est du Massif central. Le premier barrage rencontré est celui de La Palisse, en Ardèche, qui fait partie de l'aménagement hydroélectrique EDF de Montpezat. Cet ensemble de barrages et de conduites forcées, construit dans les années 1950, détourne une partie de l'eau du bassin supérieur de la Loire vers celui de l'Ardèche et la vallée du Rhône[18].
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Serpentant ensuite de gorge en défilé le long du talweg, le parcours de la Loire est entrecoupé de bassins qui sont autant de fossés tectoniques comblés d'alluvions : la plaine du Puy, la plaine du Forez, celle du Roannais pour les plus étendus[19], d'autres plus petits comme celui de l'Emblavès (bassin de Lavoûte-sur-Loire et Chalignac ; également appelé Emblavez), Feurs[20].
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Elle commence à être flottable au village de Vorey dans la Haute-Loire (Le 12 novembre 1853, un décret reporte de Retournac à l'embouchure de l'Arzon la limite de flottabilité sur la Loire), à environ 22 km au nord et en aval de Brives-Charensac juste à l'est du Puy[20] ; mais de nos jours le barrage de Grangent construit dans les années 1950 à environ 2 km en amont de Saint-Just-Saint-Rambert, interdit définitivement tout flottage de long cours.
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À 50 km en aval de Retignac, près de Saint-Just-Saint-Rambert, son débit devient suffisant pour « porter bateau ». Mais jusqu'à Roanne la navigation est extrêmement dangereuse par endroits[14].
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Appelé la gorge des roches par les ingénieurs des mines, ce défilé sauvage s'allonge sur 32 km de Saint-Priest-la-Roche au sud (en amont) à Villerest au nord (en aval). Avant la mise en service du barrage de Villerest, c'était la partie la plus impressionnante des gorges de la Loire. Il est décrit en 1837 comme étroit, profond, sévère, avec des parois escarpées ou à-pic de roches sombres aux formes abruptes et tourmentées, menaçant l'éboulement par leurs larges fractures. Le fond de gorge, entièrement occupé par la Loire en de nombreux endroits resserrés, ne laissait qu'occasionnellement place à un étroit sentier sur une rive ou l'autre. La rivière y avait un flot tumultueux, sauf rares et courtes exceptions. Les deux passages les plus mal famés étaient l'étroit de Pinay, juste avant les 12 km de porphyre du défilé de Neulise entre Feurs et Roanne ; et l'étroit du Perron (« saut-du-Perron »), à la fin du même défilé de Neulise[20].
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À l'étroit de Pinay, de gros rochers barraient une partie du cours de la Loire qui s'engouffrait en gros tourbillons dans un passage de moins de 15 m de large.
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Au saut-du-Perron, juste avant Villerest, à Saint-Jean-Saint-Maurice-sur-Loire, la rivière tourbillonnait fortement dans son lit resserré dans un tournant, avec des rochers à fleur d'eau et une très forte houle.
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Un rocher planté au milieu du courant à Saint-Maurice-le-Dézert, était également fort craint des mariniers[21]. Le barrage de Villerest, mis en service en 1985, a submergé la quasi-totalité de la longueur de la gorge de Neulise.
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Après Roanne la pente de son cours diminue sensiblement alors que l'altitude baisse. Elle creuse son lit vers le nord dans une couche d'éboulis et d'alluvions, de sables et d'argiles. Son cours s'assagit et ralentit, sa vitesse cesse d'être un handicap majeur pour la batellerie. Sortie du Massif central, juste avant le nivernais elle s'infléchit vers le nord-ouest et commence à remblayer son lit. C'est le début de cette particularité ligérienne : l'exhaussement du lit, qui est la cause directe de phénomènes particuliers à la Loire[14] (voir section suivante « Exhaussement du lit de la Loire »).
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Sa confluence avec l’Allier à Cuffy (18), près de Nevers (58), double sa taille. L'Allier pourrait même être le cours principal, et la Loire son affluent, selon les fluctuations de leurs débits respectifs.
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Sur les 280 km suivant la confluence de l'Allier, la Loire ne reçoit que le Cosson et le Beuvron, qui ensemble cumulent un petit débit moyen de environ 15 m3/s, et des affluents aux très petits débits (Nohain, Vauvise, Cisse..). Il lui faudra attendre d'avoir passé Tours pour recevoir d'autres affluents aussi substantiels que l'Allier.
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Le pont qui relie Pouilly-sur-Loire (dans la Nièvre) au département du Cher se situe à mi-distance entre la source et l'embouchure.
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En même temps qu'elle commence à remblayer son lit, la Loire infléchit sa course vers le nord-ouest. Après le bec d'Allier elle reprend une course plein nord jusqu'à Cosne-Cours-sur-Loire où elle oblique, progressivement mais définitivement, vers l'ouest. Le remblaiement du lit s'accentue également à partir de Cosne[14], et quelque 40 km en aval de Cosne elle rencontre le calcaire de la Beauce.
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Se chargeant vigoureusement d'alluvions dans son pays natal montagneux, elle les dépose tout le long de son cours dès qu'une pente plus douce l'assagit. En s'accumulant, ces alluvions remblaient son cours, chassent la Loire de son propre lit en l'élevant, et causent des infiltrations dans les couches de terrains perméables. Ses affluents, moins puissants, arrivent alors pour la confluence à un niveau plus bas que la Loire ; ils doivent donc la longer en parallèle jusqu'à pouvoir rattraper la différence d'altitude plus bas en aval. On peut citer comme exemple le Loiret, que l'on considère maintenant comme une résurgence et qui s'embourbe dans des marécages avant de confluer ; ou encore en Touraine la région naturelle du Véron entre la Loire et la Vienne. C'est aussi la cause de la multitude d'étangs, roselières, marécages, boires (anciens bras de la Loire), mares et autres terrains humides qui bordent la Loire sur une si large étendue de chaque côté de son cours[14].
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Autre conséquence de l'exhaussement constant du lit de la Loire moyenne, son cours possède un lit mineur ou petite Loire, cheminant dans le lit majeur ou grande Loire. Le lit majeur sert à absorber les surplus d'eau. C'est le lit mineur que les hommes ont cherché à canaliser par des duits (ou dhuis), digues submersibles parallèles à l'écoulement. Beaucoup, plantées d'arbres, sont maintenant en ruines[14].
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Cet exhaussement avec toutes ses conséquences caractéristiques, commence dès la sortie du Massif central et perdure jusqu'à ce que le fleuve rencontre le Massif armoricain[14].
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Avant de bifurquer vers le sud-ouest à Orléans, la Loire entre à Gien dans la zone au sous-sol de calcaire lacustre de la Beauce, qui participe de la géologie du bassin Parisien. De plus à partir de Guilly (7 km en aval de Sully-sur-Loire) et sur environ 33[22] à 50 km elle traverse le val d'Orléans, une vallée d'alluvions dont les couches peu épaisses laissent parfois la roche-mère à nu[23].
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L'eau dissout le calcaire ; celle de la Loire (légèrement acide[24],[N 3]) dissout la roche-mère ; sur ces 50 km, son cours prend une pente à 5 % alors que la pente du terrain n'est que de 1 %[23]. Et dans cette zone de calcaires fissurés, une bonne partie du débit d'étiage est souterrain[14] : elle y perd entre 7 et 20 m3/s[23] dans un réseau karstique particulièrement développé[24] qui ne lui restitue son eau qu'en aval de la confluence avec son affluent le Loiret. Ce dernier est en partie formé de résurgences de la Loire[25], sa source (appelée le Bouillon, dans le parc floral de La Source, quartier d'Orléans-la-Source) étant un des points d'accès classiques du réseau karstique[24] et activement exploré[26]. Mais l'eau restituée au fleuve à une dizaine de kilomètres en aval d'Orléans provient également de résurgences se formant dans le lit même de la Loire[25].
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Ce creusement du calcaire par la Loire induit surtout de très nombreux effondrements appelés fontis ou, nom local, “bîmes”[24]. Les 432 km du parcours de la Loire en terrain sédimentaire sont classés en “risque karstique”, val d'Orléans en tête de liste avec plus d'un gouffre par km2 – la plupart ayant été rebouchés[27].
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Par ailleurs, les résurgences dans le lit de la Loire causent l'apparition de sables mouvants, responsables de beaucoup de noyades[14].
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De plus il existe dans cette zone deux nappes phréatiques : l'une retenue dans les alluvions et l'autre, dite nappe de Beauce (la plus étendue en France et captant 20 milliards de m3)[25]. Ces deux couches sont séparées à l'est de Châteauneuf-sur-Loire par des couches imperméables mais communiquent entre elles à l'ouest[25], ce qui prédispose à des remontées de nappes et aggrave notablement les risques d'inondation lors des crues[28].
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Après Orléans la Loire emprunte sur 450 km une vallée plus ou moins orientée est–ouest, ample jusqu'à Rochefort-sur-Loire à la sortie de l'Anjou et qui prolonge le Val de Loire. Tel qu'il a été inscrit en 2000 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, cette appellation désigne la partie de la vallée de la Loire située entre Sully-sur-Loire (dans le Loiret) et Chalonnes-sur-Loire (en Maine-et-Loire). Il constitue un site exceptionnel pour sa diversité biologique ainsi que pour sa richesse historique et culturelle (parcs, châteaux et villes).
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Après la confluence de la rivière Loiret et les résurgences dans le lit même du fleuve[25], la Loire retrouve le débit perdu dans l'Orléanais. De 365 m3/s à Blois, son débit moyen croît jusqu'à 835 m3/s à Montjean en Anjou. Passé Tours, elle reçoit coup sur coup le Cher, l'Indre et la Vienne, grossie de la Creuse) : des apports importants. L'Indre, au régime régulier, ne draine qu'un bassin étriqué dont les 9/10e sont des plaines de terrains perméables. Mais le Cher, qui ne se calme quelque peu qu'après Montluçon et les gorges de Lavault-Sainte-Anne, lui apporte toute sa vigueur.
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Entre Orléans et Angers, la vallée, large de 2 à 5 km, est principalement le lit majeur de la Loire. Cette vallée est souvent bordée des retombées des plateaux calcaires entre lesquels elle coule, formant des corniches de tuffeau[14]. De nombreux îlots et bancs de sable ou de gravier parsèment le lit majeur du fleuve. La profondeur et la largeur du lit mineur varient considérablement d’une saison à l’autre et d’une année à l’autre. Grâce à la présence de nombreux déversoirs dans ce val de Loire, les crues y sont le plus souvent sans conséquences graves.
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À partir du bec de Vienne à Candes-Saint-Martin (à 40 km à l'ouest et en aval de Tours), la Loire entre dans son dernier sous-bassin hydrologique et devient la Loire inférieure ou basse Loire.
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Depuis le confluent de la Maine et sur près de 150 km estuaire compris, l'encadrement du cours de la Loire alterne entre des abrupts parfois impressionnants découpés dans les roches hercyniennes du Massif armoricain, et des étalements en bras multiples parsemés d'îles et îlots. Le sable est peu à peu remplacé par la vase déposée par le jusant des grandes marées qui peuvent, par vent d'ouest et à l'occasion, remonter au-delà des Mauves[14].
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Entre Angers et Nantes les boires longent le cours du fleuve. Elles sont inscrites comme zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique, notamment la boire de Champtocé en Maine-et-Loire et la boire Torse en Loire-Atlantique.
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Au début du XXe siècle, la Loire est draguée afin de permettre le passage des navires de gros tonnage jusqu'au port de Nantes, pendant que les bras de la Loire dans la Cité des Ducs de Bretagne sont asséchés, causant de nombreux dégâts : effondrement de ponts, affaissement d'immeubles, etc. Nantes n'est dès lors plus la Petite Venise qu'elle fut[6].
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À partir de Donges, la rive nord de la Loire devient une zone industrielle de première importance où l'on rencontre une raffinerie pétrolière, des terminaux méthaniers, des usines chimiques et ce jusqu'à Saint-Nazaire et ses célèbres Chantiers de l'Atlantique.
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Le pétrolier Algarve amarré à Donges.
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Vue sur la rive nord depuis Donges (raffinerie pétrolière à l'arrière-plan).
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La Loire se jette dans l’océan Atlantique par un estuaire situé en Loire-Atlantique, limité vers l'ouest par la Pointe de Chémoulin à Saint-Nazaire au nord et le phare de la Pointe de Saint-Gildas à Préfailles au sud[29],[30]. Dans cet estuaire, la présence d'un îlot émergé, le banc de Bilho situé en face du port de Montoir-de-Bretagne rend la remontée des navires en Loire maritime (section Saint-Nazaire–Nantes) très délicate. Un chenal, d'une profondeur de 13 m, est entretenu en permanence.
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L'estuaire abrite les chantiers de l'Atlantique réputés notamment pour la construction de paquebots transatlantiques (Normandie, France…) ou de croisière (Sovereign of the Seas, Queen Mary 2…). Le pont de Saint-Nazaire, un pont à haubans multicâble en éventail, enjambe l'estuaire de la Loire.
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L'estuaire de la Loire : le pont de Saint-Nazaire puis le chantier naval.
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Le pont de Saint-Nazaire vu depuis Saint-Brevin-les-Pins.
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La Loire vue du pont de Saint-Nazaire.
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Le bassin versant de la Loire, cœur de la France, a fait au milieu du XIXe siècle l'objet de descriptions nationalistes superlatives ou enthousiastes[N 4]. Dans les éditions de Géographie universelle et autres Biographie et histoire universelles après les années 1850, le bassin de la Loire se hausse à 131 000 km2 pour représenter le quart de la France et son cours principal s'étale sur plus de 1 126 km[N 5]. Vingt-sept départements français étaient concernés, de la Côte-d'Or aux limites de la Bretagne ou à l'Orne normande, des Cévennes du Mont Lozère en Lozère ou en Ardèche à l'embouchure maritime, à commencer par son cours principal avec la Haute-Loire, la Loire, la Saône-et-Loire et l'Allier (où il fait frontière départementale), la Nièvre et le Cher (idem), le Loiret, le Loir-et-Cher, l'Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire et la Loire-Inférieure.
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Le point entre les trois lignes de partage des eaux du bassin versant (tripoint hydrographique) de la Loire avec :
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Voici une liste des principaux affluents directs de la Loire (longueur[1] supérieure à 100 km, ou bassin versant[2] supérieur à 1 000 km2 ou débit[2] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche de la confluence).
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Confluence de la Loire (à droite) et de l'Aigue Nègre (à gauche) sous la neige au pied du mont Gerbier-de-Jonc.
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Bec d'Allier vu de Cuffy : Loire (à gauche), Allier (à droite).
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Confluence du Beuvron (premier plan) et de la Loire (arrière-plan) à Candé-sur-Beuvron.
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Bec de Vienne : Loire (arrière-plan), Vienne (avant plan).
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Confluence de la Maine (à gauche) et de la Loire (à droite).
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Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
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Sont des anciens bras-morts ou boires de la Loire :
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Le débit moyen de la Loire est très irrégulier. Il est, en moyenne sur une année, de 350 m3/s à Orléans et de 900 m3/s à l’embouchure. Cependant, il peut parfois brutalement dépasser les 2 000 m3/s pour la haute Loire et 7 000 m3/s en basse Loire en période de crue. L'EPTB-Loire signale qu'un débit moyen de 10 m3/s à Orléans n’est pas rare[4] ; la Banque Hydro indique d'autre part que le débit minimal de la Loire au Pont Royal d'Orléans a été atteint en août 1976 avec 22,4 m3/s[2]. L'une ou l'autre mesure indiquent une grande irrégularité du débit, ce qui contribue dans une large mesure à réduire la navigabilité du fleuve.
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Le débit est partiellement régulé par trois barrages : Grangent et Villerest sur la Loire ; Naussac sur l'Allier. Ils permettent la retenue des eaux pour écrêter les crues, et le relargage pour maintenir un débit suffisant, en particulier afin de permettre le refroidissement des quatre centrales nucléaires situées sur le fleuve : Belleville, Chinon, Dampierre et Saint-Laurent.
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Le débit de la Loire a été observé sur une période de 15 ans, entre les années 1994 et 2008, à Saint-Nazaire, ville située à son embouchure sur l'océan[2]. La surface ainsi étudiée est de 117 480 km2, c'est-à-dire la totalité du bassin versant du fleuve.
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Le module du fleuve à Saint-Nazaire est de 931 m3/s[2].
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La Loire présente des fluctuations saisonnières de débit bien marquées. Les hautes eaux se déroulent en hiver et au tout début du printemps, et se caractérisent par des débits mensuels moyens allant de 1 630 à 1 830 m3/s, de janvier à mars inclus (avec un maximum en janvier). À partir du mois d'avril, le débit diminue progressivement jusqu'aux basses eaux d'été qui ont lieu de juin à octobre, entraînant une baisse du débit mensuel moyen jusqu'au plancher de 242 m3/s au mois d'août, ce qui est plus confortable que ce que l'on pense habituellement. Mais ces moyennes mensuelles cachent des fluctuations bien plus prononcées sur de courtes périodes ou selon les années.
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Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusqu'à 100 m3/s en cas de période quinquennale sèche, ce qui n'est pas tellement sévère, le cours d'eau conservant alors plus de 10 % de son débit moyen.
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Les crues à Saint-Nazaire peuvent être extrêmement importantes. Les QJX 2 et QJX 5 valent respectivement 3 500 et 4 500 m3/s. Le QJX 10 est de 5 200 m3/s, le QJX 20 de 5 900 m3/s, tandis que le QJX 50 n'a pas été calculé étant donnée l'insuffisance de la période d'observation. Cela signifie que tous les 20 ans en moyenne, l'on doit s'attendre à une crue de l'ordre de 5 900 m3/s, soit presque autant que le débit moyen du Danube en fin de parcours.
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Le débit journalier maximal enregistré à Saint-Nazaire durant cette période, a été de 5 350 m3/s le 31 décembre 1999. En comparant cette valeur à l'échelle des QJX de la rivière, on constate que cette crue était d'ordre décennal (définie par le QJX 10), et donc nullement exceptionnelle, car destinée à se répéter tous les dix à douze ans en moyenne.
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La Loire est un fleuve moyennement abondant. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 251 millimètres annuellement, ce qui est quelque peu inférieur à la moyenne d'ensemble de la France (plus ou moins 320 millimètres). Le débit spécifique (ou Qsp) atteint de ce fait le chiffre modéré de 7,9 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
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Elles sont dans une certaine mesure irrégulières, souvent brutales, et parfois énormes. Des villages entiers ont disparu, rongés par les crues successives (comme Thuy près de Saint-Laurent-Nouan en Blésois). Près d'Avrilly et de Chambilly à l'est du Bourbonnais, une fois par an le bailli des justices locales tenait assises dans une toue au milieu de la Loire en mémoire des localités ainsi disparues[14].
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Les hauts bassins de la Loire et de l'Allier ne connaissent que les crues dites cévenoles : des pluies courtes mais intenses sur de petits bassins versants. Elles sont d'origine méditerranéenne, et sauf circonstance exceptionnelle n'ont pas d'effets en aval de Villerest. La crue cévenole de 2003, qui s'est fait ressentir jusqu'en Loire moyenne, a été grossie par un apport important de précipitations sur le Morvan.
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Tout le reste du bassin connaît des crues de type océanique : longues périodes pluvieuses amenées par l'influence océanique, généralement en saison froide, s'étendant sur une grande partie du bassin versant. Une seule période pluvieuse limite les crues dans les sous-bassins tels que ceux de la Vienne, du Cher, de l'Indre, de la Maine, de la Sarthe ou du Loir. Plusieurs périodes pluvieuses en succession rapprochée (à quelques jours d'intervalle seulement), induisent un cumul de débit entre la Loire et ses affluents et peut générer une crue dangereuse en basse Loire – témoin celle de décembre 1982. Les crues dangereuses pour les bassins versants de plus faible surface sont amenées par des pluies intenses et courtes.
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Les crues mixtes sont les plus redoutables sur l'ensemble du bassin, et en particulier en Loire moyenne. Depuis le début du XIe siècle on a compté 17 de ces crues catastrophiques, soit une moyenne de 3 à 4 grandes crues par siècle[4].
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Les crues de la Loire sont connues de longue date[31].
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Elles se succèdent parfois en série, comme dans la période 1749-1753 : cinq ans qui virent cinq crues sur tout le cours moyen du fleuve[14].
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Mais les crues ne sont pas un phénomène cyclique obéissant à un rythme particulier. La fréquence des crues est exprimée par la notion de période de retour : ainsi, par exemple, une crue décennale n'est pas une crue se produisant tous les dix ans mais une crue qui chaque année, a une chance sur dix de se produire. Telle période de dix ans peut ainsi connaître plusieurs crues décennales, ou aucune.
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Il est impossible de prévoir la survenance d'une crue avant que ne se produisent les phénomènes météorologiques qui en sont la cause.
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Parmi les plus grandes crues dans la région d’Orléans, on note celles qui ont eu lieu en 1846 (niveau 6,78 m), en juin 1856 (niveau maximal à Orléans à 7,1 m avec 6 000 m3/s de débit au bec d'Allier près de Nevers), et en 1866 (niveau 6,92 m). Ces trois crues étaient de type mixte (cévenole et océanique), durant lesquelles le débit en aval du confluent de l'Allier s'est approché de 8 000 m3/s. La crue la plus importante au XXe siècle est celle de 1907 (niveau 5,25 m). Auparavant, celles de 1707 et de 1790, du même ordre d'importance, étaient les crues de référence.
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À Cinq-Mars-la-Pile en Touraine on a relevé 7,35 m au-dessus de l'étiage en 1755, et 7,1 m en 1788. Le déluge de Saumur en 1615 vit la rupture conjointe des levées de la Loire, du Thouet et de l'Authion et laissa de cuisants souvenirs.
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Pour la Loire supérieure l'année marquante entre toutes fut 1790 avec les dévastations conjuguées de la Dore qui anéantit un quartier de Courpière et le port de la Care à Puy-Guillaume, de l'Allier débitant 3 800 m3/s à Pont-du-Château et 7 000 m3/s à Moulins où il détruit 654 maisons ; et de la Loire supérieure qui annihile le port de Digoin et 65 maisons du quartier de la marine, ainsi que les bas quartiers de Nevers où elle abat trois arches du pont[14].
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La crue de 1856 demeure encore de nos jours la crue record et de référence pour l’aménagement du territoire. Elle a recouvert près de 100 000 ha et détruit près de 23 km de digues, provoquant la mort d'une trentaine de personnes uniquement dans le département de Maine-et-Loire. De nombreuses villes furent partiellement submergées : Blois, Tours, Trélazé, etc. Dans cette dernière commune la carrière des Ardoisières fut engloutie, provoquant l’arrêt de la production durant plusieurs mois. L’empereur Napoléon III fit alors une visite sur les lieux de la catastrophe. Cette visite auprès des sinistrés avait aussi des arrière-pensées politiques (voir les émeutes de la Marianne dans cette commune un an plus tôt). Cependant, à l'amont du confluent de l’Allier, le niveau de cette crue de 1856 fut nettement moins élevé qu'en 1846 et 1866, et d’un niveau équivalent à celle de 1907.
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En Haute-Loire, les crues de septembre 1980 ont fait six morts et vingt blessés. Un déluge s'était abattu en une nuit sur la façade cévenole du bassin. La crue est montée de 6 cm/s pour atteindre un débit de 2 000 m3/s. L'averse a eu lieu alors que le torrent était à sec. C'est la dernière grande crue cévenole en date[4].
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De nombreuses maisons anciennes comportent des marques de crue sur leurs murs. Nombre d'entre elles datent de la campagne de pose de plaques commémoratives dans les zones inondées qui fut entreprise en 1856 pour conserver le souvenir de la catastrophe[14].
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À Nevers, voici quelques relevés des dernières crues :
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La Loire en crue à Nevers (6 décembre 2003).
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La Loire en crue à Nevers (6 novembre 2008).
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Au contraire des crues, la Loire connaît parfois des périodes très sèches et son lit est réduit au minimum. C'est ainsi que les années 1870 et 1949 représentent les plus bas historiques du débit de la Loire ; de même, au cours de l'été 2019, le fleuve affiche un débit exceptionnellement bas qu'il n'a pas connu depuis l'année 1976 marquée par une importante sécheresse. Ce résultat s'explique par un déficit de pluie et des températures élevées liées à deux épisodes caniculaires. Ces faibles débits n'indiquent pas pour autant un risque quant aux réserves d'eau potable, bien que des mesures de restrictions d'eau aient été mises en place afin d'assurer les usages prioritaires (salubrité, eau potable, sécurité civile et santé)[32].
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La Loire à Nevers en période de canicule (été 2003).
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La Loire à Nevers au cours d'un printemps très chaud (juin 2011).
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Bien que la Loire soit considérée comme une entité écologique exceptionnelle (le dernier grand fleuve relativement « sauvage » de France) et corridor biologique d'importance nationale et paneuropéenne pour la migration de nombreux poissons et pour la migration aviaire, elle n'est pas épargnée par la pollution diffuse issue des rejets directs ou indirects, pas ou mal épurés, du ruissellement agricole (engrais, pesticides, matières en suspension issues de l'érosion des sols) et du ruissellement urbain ainsi que des retombées atmosphériques. Elle fait l'objet d'actions de surveillance, d'études, de prévention et de dépollution concertées dans le cadre d'un Plan Loire grandeur nature[33].
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Une étude[34] écotoxicologique récemment publiée en mars 2013, conduite par VetAgro Sup et le muséum d’Orléans, à l'échelle du bassin de la Loire durant trois ans consécutifs a porté sur la contamination de mollusques, crustacés, poissons et superprédateurs (balbuzard, loutre, etc.) par 54 polluants xénobiotiques[35]. L'étude a confirmé que l'ensemble des espèces et du réseau trophique est contaminé à divers degrés par de nombreux polluants[35]. Cette étude devrait être suivie d'analyses plus pointues et de recommandations aux gestionnaires et décideurs[35] ; « Aucun individu d'aucune espèce n’est apparu exempt des xénobiotiques recherchés, quel que soit le site retenu dans le bassin de la Loire » y compris par des substances préoccupantes dont polychlorobiphényles (PCB), pesticides organochlorés et mercure qui comptent parmi les plus fréquemment retrouvées[35]. Quelques espèces représentatives des capacités de bioaccumulation dans ce milieu (balbuzard, loutre, cormoran et silure) vont être étudiées plus précisément sur la Loire moyenne (du bec d'Allier à Tours) en 2013 et 2014, y compris pour des résidus médicamenteux susceptibles d'affecter la biodiversité, dont par leurs effets de perturbateurs endocriniens[35]. Chez les espèces du sommet de la chaîne alimentaire comme le balbuzard, les quantités de polluants sont très élevées, quels que soient l'âge et le sexe de l'oiseau (1 mg/kg environ pour la somme des pesticides analysés, auxquels il faut ajouter plus de 0,5 mg de PCB, 0,4 mg de désherbant et presque autant de pesticides organophosphorés).
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À elles seules, les doses de PCB atteignent les seuils considérés comme suffisants pour sérieusement perturber la reproduction et la survie de l'espèce[36]. La part des biocides organochlorés semble diminuer, mais celle des PCB (souvent très rémanents) reste préoccupante. Les prédateurs de poissons (balbuzards pêcheurs) semblent épargnés par certains pesticides (carbamates et pyréthrines, raticides et anticoagulants), contrairement à ce qui est observé notamment avec les carbamates chez d'autres rapaces en France (comme le milan royal)[37]. Le taux moyen de mercure des balbuzards pêcheurs (1,97 mg/kg en poids sec) est préoccupant. Le taux individuel varie beaucoup selon les individus (de 0,03 à 16,3 mg/kg). Tous les balbuzards oiseaux sont contaminés par le mercure : « Certaines valeurs individuelles et la valeur moyenne sont supérieures à celles observées dans le sang, les tissus ou les œufs de balbuzards issus d’autres populations situées en Europe, aux États-Unis ou au Canada »[38],[39],[40],[41],[42],[43]. Le plomb, facteur notamment de saturnisme aviaire, est également présent chez 24 balbuzards sur 27 (jusqu'à 0,76 mg/kg en poids sec, avec des variations de 0,14 à 6,2 mg/kg selon les individus[34]). Les taux de cadmium sont parfois très élevés (jusqu'à 11,6 mg/kg en poids sec), avec une moyenne dépassant celles rapportées dans la littérature notent les auteurs[34].
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Par ailleurs, en août 2017 la Loire - après le Cher et avant la Vienne - est polluée par des cyanobactéries mortelles (13 chiens morts) produites par des algues elles-mêmes favorisées par les nitrates, les températures d'été et les eaux calmes de l'étiage saisonnier[44],[45].
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Au fil des ans, le manque d'eau, les crues excessives, l'embâcle ou la présence de glace pouvaient suspendre radicalement jusqu'à 5 à 6 mois l'activité marinière ligérienne. Ainsi, en février 1803 à Orléans, le fleuve est pris par la glace sur toute sa largeur et le maire doit faire décharger toutes les péniches de peur qu'elles ne soient emportées par la débâcle[46]. Mais le déplacement incessants des sables en bancs allongés ou grèves, parfois créateurs d'îlots, demandait en outre une vigilance constante aux flotteurs et bateliers.
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Probablement bien avant l'époque médiévale, ce danger due à la divagation outrancière d'un fleuve capricieux en aval d'Orléans avait justifié l'installation de digues parallèles pour resserrer les eaux — avec l'appui de barrages parfois équipées de relâches — et limiter les dépôts gênant la navigation. En rive droite apparaissent de Blois à Angers des digues isolées, puis progressivement connectées qui sont dénommées sous le nom générique de « levée de Loire ». Un capitulaire du roi Louis le Pieux confirme leur existence légale, et ces installations à protéger et à entretenir par les communautés riveraines reconnues avec le statut de monument public par l'administration d'Henri II Plantagenêt. Ces installations d'intérêt public semblent se généraliser en amont, jusque dans l'Orléanais sous Louis XI. De 1496 à 1711, les historiens ligériens estiment qu'elles ont été rompues au moins vingt-sept fois par le fleuve. Mais la science des aménageurs à partir du XVIIe siècle remplace les murs en talus par des perrés en pierre de tuf, reposant sur deux rangs de pilotis, des deux côtés des abords des villes[N 6]. La crue de 1799 consacre la belle résistance de ses structures protectrices parfois vieilles de plus d'un siècle.
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Ainsi l'espace est depuis des millénaires une préoccupation constantes des autorités publiques, des communautés locales représentantes à l'ordre princier ou régalien. Et notre époque ne déroge point à la règle. Ainsi le 4 janvier 1994, Michel Barnier, ministre de l'Environnement du gouvernement d'Édouard Balladur, annonce le « plan Loire grandeur nature », un plan global d’aménagement de la Loire visant à concilier la sécurité des personnes, la protection de l’environnement et le développement économique[33].
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La navigation montante n'était autorisée que jusqu'à Roanne, dans le département de la Loire[N 7]. Voici une liste des principaux grands ports urbains de la Loire au milieu du XIXe siècle d'amont en aval, selon le Bouillet ou le Larousse du XXe siècle : Roanne, Digoin, Decize, Nevers, La Charité, Cosne, Briare, Gien, Jargeau, Orléans, Beaugency, Blois, Amboise, Tours, Saumur, Les Ponts de Cé, Saint-Florent, Ancenis, Nantes, Indret, Savenay, Paimbœuf, Saint-Nazaire.
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Il existait plus de 120 péages importants au XVIe siècle sur le fleuve, l'ancien régime monarchique ayant toléré ou gardé une trentaine de péages avant 1789[N 8].
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Ces péages ou leurs abords immédiats à proximité de route étaient en général surveillés par un réseau de tours de guet, installations parfois transformées en châteaux vers le XIIe siècle, garantes de la surveillance et de la protection de la voie fluviale en échange de contributions fiscales diverses et parfois abusives. Cette surveillance extrêmement vigilante de la voie d'eau commence avant la navigation et même le flottage en Forez, car la voie de la jeune Loire se confond avec une vieille voie traditionnelle devenue route carolingienne vers Le Puy et le Velay[N 9].
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En 1830 le flottage du bois était autorisé sur environ 28 lieues terrestres non navigables du cours de Loire, de Retournac en Haute-Loire à La Noirie, en amont de Roanne[47]. La descente de train ou flotte de sapin en saison était encore une activité prospère. Elle servaient parfois à construire des gabarres ou des sapines[N 10].
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Le flottage en train aménagé était également pratiqué dans la partie d'aval navigable à partir de La Noirie, suivant d'autres règles coutumières, plus strictes.
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Un grand pont est généralement un gros œuvre durable rare avant le XIXe siècle, souvent limité à un rare espace urbanisé, à moins qu'il ne soit précaire ou démontable. Mais il existait plusieurs centaines de gués, ainsi que de possibilités de traverser en bac et ponton.
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Deux bacs sont situés dans le département de la Loire-Atlantique[48] :
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Il existe une seule écluse sur le cours de la Loire, l’écluse à petit gabarit de Belleville-sur-Loire sur le barrage de la centrale nucléaire.
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Pendant longtemps les gens se sont accommodés de crues qui, bien que parfois impressionnantes, n'ont finalement jamais causé de catastrophes générales. Les maisons étaient juchées sur des buttes et les inconvénients des crues étaient largement compensées par la fertilité sans effort que le limon déposé confère aux terres périodiquement inondées[14].
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Cependant dès le Moyen Âge des turcies (digues) discontinues sont construites pour protéger les lieux les plus exposés à l'aide de pieux, de fascines, de clayonnages, de remblais et de plantations d'arbres. On en voit dès le XIIe siècle, étendues par Louis XI à l’Orléanais et à la Touraine[14],[31].
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C'est au XVe siècle que l'on voit les premiers efforts pour établir un ensemble cohérent de digues insubmersibles. Les citadins, qui à cette époque ont pris du poids politiquement et se font mieux entendre ; et les commerçants, des gens de bourg et de ville également, qui sont eux soucieux de développer leur commerce ; tous demandent l'aménagement du fleuve et de ses affluents principaux – les uns pour des raisons de sécurité, les autres pour la rentabilité. Les agents du roi mettent donc en place des digues de terre, de glaise ou même de sable. Mais le remède est pire que le mal : canalisée dans son lit mineur, la Loire y accumule l'eau des crues et fait d'autant plus de dégâts quand les digues se rompent sous la pression accrue[14]. Ne pouvant s'étaler à cause des digues et levées, les eaux sont surélevées[49].
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En 1690 une inondation ravage les bas quartiers de Nantes ; usant de bon sens, les pêcheries sont supprimées qui, établies sous le pont de Pirmil, obstruaient l'écoulement des eaux. Mais cette réflexion de circonstance n'est plus dominante, et tout au long des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles les dévastations dues aux crues amplifient à mesure que l'administration rajoute des digues ou renforce celles existantes. Des déversoirs sont établis, qui prennent en charge le surplus d'eau lors des crues ; c'est d'ailleurs le rôle de la large vallée de la Loire elle-même à l'état naturel. Cependant ces déversoirs lèsent et mécontentent les paysans riverains ; ils sont donc négligés.
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Fin XVIIIe siècle les Ponts et Chaussées réussissent à établir un équilibre précaire dans les intérêts conflictuels mis en jeu. Cet équilibre est rompu lorsque l'on approfondit un chenal de navigation. Surviennent alors les dramatiques inondations de 1846, 1856 et 1866. Leur bilan est suffisamment lourd pour que prévale enfin la stratégie plus souple des Ponts et Chaussées. Sous l'impulsion de l'ingénieur Guillaume Comoy, les réservoirs sont rétablis, les digues existantes sont consolidées sans être rehaussées, une carte de la Loire est dressée au 1/20 000 et une surveillance stricte des niveaux des eaux et de la vitesse de propagation des crues est mise en place[14].
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Le droit de boëtte levé par la « Communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en ycelle », sert en premier lieu à financer le nettoyage et balisage printanier (en début de saison de navigation) du lit mineur de la Loire, et à l'entretien de tous les éléments servant à la navigation ; ce qui comprend aussi les hausserées (chemins de halage) et inclut les affluents navigables.
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Le balisage se fait avec des perches ou gaules de saules que l'on plante de chaque côté du jard ; à droite en baissant (côté galerne, en direction de l'aval), les perches gardent une touffe de feuilles ; aux perches plantées à gauche, les baliseurs cassent l'extrémité supérieure en laissant pendre le bout cassé à angle aigu.
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En plus des tâches de nettoyage habituelles sur toutes rivières (fauchages d'herbes aquatiques, dégagements de troncs d'arbres et autres), il s'agit aussi de retirer tous les bâtons de marine perdus par les mariniers, les pieux perdus des filets de pêcheurs, et généralement tout ce qui entrave la circulation des bateaux – ce qui ne va pas toujours sans opposition de la part des riverains et surtout des seigneurs locaux[14].
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D'abord construites en ordre dispersé et sans coordination par les communautés riveraines, à partir du XVIIe siècle les digues sont établies selon un plan cohérent. Leur hauteur est généralement de 7 m au-dessus de l'étiage. Il y a au total environ 500 km de digues, rétrécissant et rectifiant le chenal du lit mineur de la Loire[14].
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comme celui de la Pélière du Pont-du-Château, qui fut réalisé en plusieurs étapes du XVIIe au XVIIIe siècle[14].
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En 1820-1825 le port de la Noierie est aménagé en amont de Saint-Just-Saint-Rambert. Il est destiné à devenir tête de ligne pour le transport du charbon dans le haut pays[14].
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Un « canal latéral à la Loire » est initié en 1821 sous la Restauration. Vitrine de ce régime aménageur, il doit longer la rive gauche de Roanne à Briare avec de nombreuses œuvres d'art, la prise d'eau s'effectuant à Digoin. Le coût revu à la hausse dépasse 38 millions de francs lors de son ouverture à la navigation en 1838 par la monarchie de Juillet qui récupère les lauriers de sa conclusion dans un climat politique morose.
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La dernière phase amont de construction du canal de Roanne à Digoin, de 1831 à 1838 sera finalement le dernier effort d'aménagement entrepris avant l'arrivée du chemin de fer[14]. L'estimation du fret ferroviaire dissuade de nombreux projets trop coûteux. L'adaptation au gabarit Freycinet restreindra ce canal latéral à la Loire à la jonction de Digoin à Briare.
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De gros travaux sont effectués sur le cours de la Loire supérieure de 1700 à 1834. La compagnie La Gardette signe un contrat avec la couronne, s'engageant à aménager le cours de la Loire pour la rendre navigable jusqu'à Monistrol. Elle ne peut pas tenir cet engagement en totalité, et un avenant en 1708 la dispense de remplir le contrat pour la section de fleuve en amont de Saint-Just-Saint-Rambert.
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Les travaux les plus importants furent réalisés par la compagnie La Gardette quand elle élimina en 1705 les rochers qui barraient le cours de la Loire à l'étroit de Pinay. Cette opération rendit la Loire accessible en amont, ce qui permit l'essor de la construction de rambertes à Saint-Rambert-sur-Loire.
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Le sable de Loire n’est pas une ressource inépuisable. La « production » annuelle de sable par la Loire est estimée entre 500 000 et 1 million de tonnes. Tant que l’extraction du sable ne disposait que de moyens artisanaux, le prélèvement humain était largement inférieur à cette production.
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La situation a changé au cours des dernières décennies du XXe siècle. L’extraction s’est industrialisée en même temps que les besoins augmentaient. Il est vrai que le sable de Loire est un sable d’excellente qualité. En 1972, il en fut prélevé 5 millions de tonnes rien qu’en Maine-et-Loire et Loire-Atlantique. En 1982, il fut décidé que tout prélèvement de sable de Loire cesserait à la fin 1992. Cette décision permet au fleuve de restaurer ses réserves de sable, nécessaires à son équilibre écologique. Elle permet aussi au fleuve de recommencer à apporter du sable en mer lequel est nécessaire à l’équilibre de la côte et au maintien des plages.
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Depuis des décennies, les maraîchers nantais utilisaient du sable de Loire : 500 tonnes par hectare et par an. Leurs besoins annuels sont évalués à 600 000 tonnes. Après certains semis (carotte, mâche, radis), un fin voile de sable était épandu sur le sol. Cet apport contribuait au fil des ans à alléger les sols trop lourds ; ces sols se réchauffaient plus vite au printemps. Ce sable contribuait ainsi à la précocité, à la qualité, à la saveur et à la réputation des légumes nantais. Les maraîchers nantais utilisent maintenant du sable de mer dont une partie vient probablement de la Loire.
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Malgré plusieurs barrages et d'importantes protections latérales contre les crues (des turcies ou levées), la Loire est souvent présentée comme le « seul grand fleuve sauvage » survivant en France : elle est aussi un « royaume » de paysages somptueux et de milieux naturels très riches. Mais cette appellation, selon les archéologues nauticiens et autres historiens, est très abusive : la Loire est un fleuve « civilisé » depuis l'Antiquité, de par sa position privilégiée, avec le Rhône, dans l'isthme français entre les mondes méditerranéen et atlantique. Très tôt elle a connu des aménagements pour favoriser la navigation et protéger les populations riveraines de ses crues légendaires. La Loire a engendré une civilisation ligérienne qui lui est propre, avec ses traditions, ses savoir-faire, ses coutumes, son parler, même si aujourd'hui, avec la disparition de sa navigation, cette identité est perçue de manière moins évidente. Parler de la Loire comme d'un « fleuve vivant » serait plus approprié au regard du lit en tresse qui le caractérise et qui donne à ses paysages un air de jungle originelle.
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L'intégralité du fleuve a été inscrit comme site d'importance communautaire du réseau européen Natura 2000 au titre des deux directives européennes « Oiseaux » et « Habitats », en vue de la protection de sa faune et de sa flore sauvage, de sa biodiversité, de ses écosystèmes ainsi que des lieux de passage des espèces migratoires.
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Ainsi à Nevers existe une zone protégée nommée l'île aux Sternes. Des efforts sont effectués pour sauvegarder la flore et la faune ligérienne (sensibilisations, chemins de promenade et d'information le long de la Loire…). Protégé du 1er avril au 15 septembre, par arrêté préfectoral du 4 février 2005, un îlot proche du pont de Loire, constitué de sable et de graviers déposés par la Loire, accueille dès le mois d'avril une importante colonie d'oiseaux à haute valeur patrimoniale. On y trouve les sternes, oiseaux migrateurs transsahariens. Chaque année, elles effectuent des milliers de kilomètres entre leurs lieux de reproduction sur la Loire et leurs zones d'hivernage en Afrique tropicale. Mais d'autres espèces d'oiseaux y vivent : l'aigrette garzette, le chevalier guignette, le héron cendré, le petit gravelot, la sterne pierregarin et la sterne naine.
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L’adjectif signifiant relatif à la Loire est « ligérien », d’après le nom du fleuve en latin, Liger, lequel a donné le nom français Loire, en langue ligérienne Loère et les noms occitans Léger et Leire.
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Par ailleurs, la Loire a donné son nom aux départements français de la Haute-Loire, de la Loire, de Saône-et-Loire, d’Indre-et-Loire, de Maine-et-Loire, et du dernier traversé la Loire-Atlantique (anciennement appelé Loire-Inférieure) ; aux régions françaises du Centre-Val de Loire et des Pays de la Loire ; au Val de Loire, partie de la vallée de la Loire classée en 2000 au patrimoine mondial de l’UNESCO[8] ; ainsi qu'à de nombreuses communes françaises situées le long de son cours.
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Les 280 km de la vallée de la Loire situés entre Sully-sur-Loire et Chalonnes-sur-Loire, ont été classés en 2000 par l’UNESCO patrimoine mondial de l’humanité. Toujours dans le cadre de l'UNESCO, les terres environnantes sont incluses dans la « zone tampon »[50]. La Loire est parfois surnommée « fleuve royal » pour le grand nombre de châteaux souvent royaux qui la bordent : le château de Chaumont dominant la Loire sur la rive gauche, le château d'Amboise édifié au confluent de la Loire et de l'Amasse, le château d'Azay-le-Rideau, le château de Chinon, le château de Montsoreau seul à avoir été bâti dans le lit du fleuve, à la confluence de la Loire et de la Vienne, et beaucoup d'autres.
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De nombreuses croisières fluviales sont proposées par les opérateurs de tourisme[51].
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La Loire à vélo est un projet d'itinéraire de 800 km le long du fleuve, pour randonneurs à bicyclette, à la découverte de ses paysages et de ses cités ligériennes : Sancerre, Gien, Orléans, Blois, Amboise, Tours, Langeais, Montsoreau, Saumur, Angers, Saint-Florent-le-Vieil et Nantes.
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Le nom déposé « Loire à vélo » correspond uniquement à l'itinéraire en région Centre-Val de Loire et Pays de la Loire. L'ensemble du projet est nommé EuroVelo 6. L'EuroVelo 6 ou EV6, également connu sous le nom d'« Eurovéloroute des fleuves », est une véloroute de type EuroVelo qui relie Nantes à Bucarest, et par extension Saint-Nazaire à Constanța (Roumanie). C'est la plus célèbre véloroute européenne ; elle traverse l'Europe d'Ouest en Est, de l'océan Atlantique à la mer Noire en passant par dix pays.
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La Loire a inspiré des écrivains tels que Charles d'Orléans, Clément Marot, Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay, Jean de La Fontaine, Charles Péguy, René Guy Cadou, Gaston Couté, Julien Gracq, Michel Chailou...
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La Loire a inspiré des peintres tels que William Turner ; Gustave Courbet ; Félix Edouard Vallotton ; Jacques Villon ; Jean-Max Albert ; Charles Leduc ; Edmond Bertreux ; Jean Chabot…
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Les liens externes doivent être des sites de référence dans le domaine du sujet. Il est souhaitable — si cela présente un intérêt — de citer ces liens comme source et de les enlever du corps de l'article ou de la section « Liens externes ».
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Basilique et colline de Vézelay (1979) · Cathédrale de Chartres (1979) · Mont-Saint-Michel et sa baie (1979) · Palais et parc de Versailles (1979) · Sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère (1979) · Abbaye cistercienne de Fontenay (1981) · Arles, monuments romains et romans (1981) · Cathédrale d'Amiens (1981) · Palais et parc de Fontainebleau (1981) · Théâtre antique et ses abords et « Arc de Triomphe » d'Orange (1981) · De la grande saline de Salins-les-Bains à la saline royale d'Arc-et-Senans, la production du sel ignigène (1982) · Abbatiale de Saint-Savin sur Gartempe (1983) · Places Stanislas, de la Carrière et d'Alliance à Nancy (1983) · Pont du Gard (1985) · Strasbourg : de la Grande-île à la Neustadt, une scène urbaine européenne (1988, 2017) · Cathédrale Notre-Dame, ancienne abbaye Saint-Remi et palais du Tau, Reims (1991) · Paris, rives de la Seine (1991) · Cathédrale de Bourges (1992) · Centre historique d'Avignon : Palais des papes, ensemble épiscopal et Pont d'Avignon (1995) · Canal du Midi (1996) · Ville fortifiée historique de Carcassonne (1997) · Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France (1998) · Site historique de Lyon (1998) · Beffrois de Belgique et de France (avec la Belgique) (1999 et 2005) · Juridiction de Saint-Émilion (1999) · Val de Loire entre Sully-sur-Loire et Chalonnes (2000) · Provins, ville de foire médiévale (2001) · Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret (2005) · Bordeaux, Port de la Lune (2007) · Fortifications de Vauban (2008) · Cité épiscopale d'Albi (2010) · Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen (2011) · Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (avec cinq autres pays) (2011) · Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (2012) · Grotte ornée du Pont-d'Arc, dite Grotte Chauvet-Pont-d'Arc (2014) · Climats du vignoble de Bourgogne — Coteaux, maisons et caves de Champagne (2015) · L'œuvre architecturale de Le Corbusier (avec six autres pays) (2016) · Taputapuātea (2017)
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Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola (1983) · Lagons de Nouvelle-Calédonie : diversité récifale et écosystèmes associés (2008) · Pitons, cirques et remparts de l'île de La Réunion (2010) · Haut lieu tectonique Chaîne des Puys – faille de Limagne (2018) · Terres et mers australes françaises (2019)
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Pyrénées-Mont Perdu (avec l'Espagne) (1997)
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Les lois du mouvement de Newton ont été énoncées dans son ouvrage Philosophiae naturalis principia mathematica en 1687. Il s'agit en fait des principes à la base de la grande théorie de Newton concernant le mouvement des corps, théorie que l'on nomme aujourd'hui mécanique newtonienne ou encore mécanique classique. À ces lois générales du mouvement fondées en particulier sur le principe de relativité des mouvements, Newton a ajouté la loi de la gravitation universelle permettant d'interpréter aussi bien la chute des corps que le mouvement de la Lune autour de la Terre.
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L'énoncé originel de la première loi du mouvement[1] est le suivant :
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« Tout corps persévère dans l'état de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n'agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d'état. »
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Dans la formulation moderne de la loi, on parle de mouvement rectiligne uniforme, et on remplace la notion de force (unique) par celle, plus générale, de résultante des forces appliquées sur le corps. Autrement dit, s'il n'y a pas de force qui s'exerce sur un corps (corps isolé), ou si la somme des forces (ou force résultante) s'exerçant sur lui est égale au vecteur nul (corps pseudo-isolé), la direction et la norme de sa vitesse est constante ou, ce qui revient au même, son accélération est nulle. Cette première loi infirme la conception héritée d'Aristote, selon laquelle pour maintenir la vitesse d'un mobile constante, il était nécessaire de lui appliquer une force continue (ce qui, dans la pratique, est vrai, mais que l'on explique par la nécessité d'« annuler » les forces dues aux frottements qui ne sont pas nulles en dehors du vide et de toute influence gravitationnelle)[réf. nécessaire].
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Le mouvement considéré par Newton a lieu par rapport à un espace mathématique abstrait qu'il suppose absolu. Sa première loi s'applique également dans des référentiels en translation uniforme par rapport à cet espace absolu, ce qui donne naissance à la notion de référentiel galiléen. Au XIXe siècle, la notion d'espace absolu est peu à peu abandonnée au profit des seuls référentiels galiléens. La première loi de Newton se reformule donc aujourd'hui sous la forme :
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La définition d'un référentiel galiléen apparaît fondamentale et est souvent formulée ainsi :
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Ainsi la première loi de Newton ne s'applique que dans un référentiel galiléen et un référentiel galiléen est un référentiel où la première loi de Newton s'applique… ce qui apparaît comme une définition circulaire. Pour éviter ce problème, on réécrit le principe d'inertie sous la forme axiomatique suivante :
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La détermination d'un bon référentiel galiléen est en réalité expérimentale et comme souvent en physique, seule la cohérence entre la théorie (ici la première loi de Newton) et la mesure (mouvement rectiligne uniforme) valide le choix a posteriori.
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L'énoncé original[1] de la deuxième loi de Newton est le suivant :
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« Les changements qui arrivent dans le mouvement sont proportionnels à la force motrice ; et se font dans la ligne droite dans laquelle cette force a été imprimée. »
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Dans sa version moderne, on la nomme principe fondamental de la dynamique (PFD), parfois appelée relation fondamentale de la dynamique (RFD), et s'énonce ainsi :
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Cette expression de la deuxième loi de Newton n'étant valable que pour un système de masse constante[2], elle peut être reformulée de façon équivalente de la manière suivante :
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Ceci est souvent récapitulé dans l'équation :
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où :
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Pour un corps soumis à une résultante des forces nulle, on retrouve bien la première loi de Newton, c’est-à-dire un mouvement rectiligne uniforme. En première analyse, on peut se demander quelle est l'utilité de la première loi puisqu'elle semble être une conséquence de la deuxième. En réalité, dans l'énoncé de Newton, il n'en est rien car la première loi n'est pas présentée comme un cas particulier de la deuxième mais comme une condition suffisante à l'application de cette dernière.
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En effet, énoncer la première loi, c'est tout d'abord affirmer l'existence des référentiels galiléens. Cela constitue un postulat extrêmement fort qui permet, dans les exposés modernes de la mécanique classique, de définir les repères galiléens qui sont les seuls repères dans lesquels la seconde loi est valide. En l'absence de la première loi, la seconde loi est inapplicable puisqu'on ne peut pas définir son domaine de validité. Par conséquent, l'ordre logique dans lequel les lois sont énoncées n'est pas le fruit du hasard mais bien celui d'une construction intellectuelle cohérente.
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Ensuite, cette première loi énonce le principe d'isolement du solide : on considère les forces extérieures qui agissent sur lui, et on ne prend pas en compte ce qui se passe en interne.
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34 |
+
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L'énoncé original[3] est le suivant :
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+
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+
« L'action est toujours égale à la réaction ; c'est-à-dire que les actions de deux corps l'un sur l'autre sont toujours égales et de sens contraires. »
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+
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— Isaac Newton
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De manière moderne, on exprime que :
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A et B étant deux corps en interaction, la force
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+
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+
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F
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+
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+
→
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+
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56 |
+
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57 |
+
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+
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59 |
+
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60 |
+
A
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61 |
+
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62 |
+
/
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63 |
+
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64 |
+
B
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65 |
+
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66 |
+
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67 |
+
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68 |
+
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69 |
+
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70 |
+
{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {A/B} }}
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71 |
+
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72 |
+
(exercée par A sur B) et la force
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+
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+
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+
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+
F
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+
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+
→
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84 |
+
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85 |
+
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+
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+
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+
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+
B
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+
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/
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92 |
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A
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+
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+
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99 |
+
{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {B/A} }}
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100 |
+
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101 |
+
(exercée par B sur A) qui décrivent l'interaction sont directement opposées et portées par la droite
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+
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+
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+
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+
(
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A
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+
B
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)
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+
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{\displaystyle (AB)}
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+
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:
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+
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+
Ces forces ont la même droite d'action, des sens opposés et la même norme. Ces deux forces sont toujours directement opposées, que A et B soient immobiles ou en mouvement.
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116 |
+
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117 |
+
Il faut là encore revenir sur la modélisation, c'est-à-dire sur le passage de la réalité à la description vectorielle. Dans le cas d'une action de contact, c'est assez simple : si Albert pousse de 100 N sur Béatrice, alors Béatrice pousse également de 100 N sur Albert ; Albert et Béatrice peuvent être sur un sol adhérent ou de la glace, immobiles ou en train de patiner. Il est souvent plus difficile de comprendre que si Albert s'appuie sur le mur, alors le mur pousse aussi sur Albert ; le mur n'a pas de « volonté motrice », il fléchit sous l'effet de l'action d'Albert mais cette flexion est indécelable sauf pour une paroi souple, et Albert subit donc un « effet ressort ». Il est de même pour la notion de sol qui soutient Albert ; en particulier, en cas de saut, il est difficile d'imaginer que c'est le sol qui propulse Albert, toujours par effet ressort.
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118 |
+
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119 |
+
Le cas des actions à distance est également difficile à conceptualiser, en particulier le fait qu'Albert attire lui aussi la Terre...
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120 |
+
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121 |
+
Cette loi est parfois appelée loi d'action-réaction, en référence à l'énoncé original ; une formulation au mieux imprécise, au pire entraînant de nombreuses confusions. En particulier, cette ancienne formulation véhicule l'idée qu'il y a toujours une force qui est la « cause » (l'action), l'autre n'étant qu'une sorte de conséquence (la réaction).
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122 |
+
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+
Une autre difficulté rencontrée par les étudiants est l'oubli que ces deux forces
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→
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+
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+
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A
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/
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B
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+
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+
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148 |
+
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+
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+
{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {A/B} }}
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+
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et
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+
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+
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+
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+
F
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+
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+
→
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+
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+
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+
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167 |
+
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168 |
+
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+
B
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+
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+
/
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172 |
+
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+
A
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+
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+
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+
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+
{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {B/A} }}
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180 |
+
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181 |
+
s'exercent sur deux corps différents. Elles ne peuvent donc pas « s'annuler mutuellement ». L'effet d'annulation n'intervient que lorsqu'on considère un système constitué de différents corps et que l'on s'intéresse à la résultante des forces : dans ce cas, les forces intérieures s'annulent en effet et seule la somme des forces extérieures est à prendre en compte (ce qui est heureux pour étudier le mouvement d'un solide constitué de plus de 1023 éléments[a]).
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182 |
+
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183 |
+
La loi des actions réciproques a l'inconvénient de supposer l'application des forces comme instantanée (ce qui est abandonné en relativité restreinte). Dans le cas des forces à distance, il convient dans certains cas d'effectuer des transformations pour tenir compte du retard de propagation.
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184 |
+
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185 |
+
Cette correction ne relève pas de la relativité. Comme les forces électromagnétiques s'appliquent à distance, on avait mis en évidence que ces forces se propagent à la vitesse de la lumière et non à vitesse infinie et inclus cette nuance dans les équations avant la révolution de la relativité restreinte[b].
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186 |
+
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+
Certains auteurs (minoritaires) appellent quatrième loi de Newton sa loi universelle de la gravitation. Cette dénomination est très contestable, mais elle est mentionnée ici à cause de la parenté historique des lois : si cette loi ne fait pas partie des principes de la mécanique au même titre que les trois autres et le principe de relativité, la première réussite de Newton fut d'utiliser ses lois mécaniques plus sa loi d'interaction gravitationnelle pour démontrer les lois empiriques de Kepler. Ce sont ces premiers succès qui établirent pour longtemps la domination des lois de Newton sur la science.
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188 |
+
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189 |
+
Notons qu'en combinant cette loi et le principe fondamental de la dynamique, on démontre la prédiction de Galilée selon laquelle, dans le vide, tous les objets tombent à la même vitesse (en admettant implicitement que masse inertielle et masse gravitationnelle sont égales).
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190 |
+
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191 |
+
Newton dans ses Principia a mis en évidence la notion de relativité du mouvement dans les définitions précédant le livre premier[4]. Il introduit dans les scholies II et IV la notion d'espace absolu et indique dans le corollaire V des lois[5] que :
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192 |
+
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193 |
+
« Les mouvements des corps enfermés dans un espace quelconque sont les mêmes entre eux, soit que cet espace soit en repos, soit qu'il se meuve uniformément en ligne droite sans mouvement circulaire »
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194 |
+
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195 |
+
ce qui préfigure la notion de référentiel galiléen telle qu'elle est définie aujourd'hui. Cependant, Newton ne fait aucune référence au cas où un référentiel n'est pas en mouvement rectiligne uniforme par rapport à ce qu'il appelle l'espace absolu, et aucune infirmation de la validité de ses lois dans les référentiels accélérés n'est donnée dans les Principia. Il faudra attendre les travaux de Gaspard Coriolis et de Foucault au XIXe siècle pour que la notion de référentiel galiléen telle qu'elle est connue aujourd'hui se dégage et pour que les formules de changement de repère vers (ou depuis) un référentiel non galiléen soient établies.
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196 |
+
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+
Le principe de relativité s'énonce comme suit :
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198 |
+
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199 |
+
(Au sens de Newton, il faudrait se restreindre aux référentiels en mouvement rectiligne uniforme par rapport à l'espace absolu, en se souvenant que si un référentiel est en mouvement rectiligne uniforme par rapport à un deuxième lui-même en mouvement rectiligne uniforme par rapport à l'espace absolu, alors le premier référentiel est en mouvement rectiligne uniforme par rapport à l'espace absolu.)
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200 |
+
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201 |
+
On pourra le vérifier en admettant les trois premières lois, l'invariance du temps, de la masse et des forces (implicite en physique pré-einsteinienne). C'est pourquoi ce principe est appelé ici corollaire.
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202 |
+
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203 |
+
Ce principe est dit principe de relativité galiléenne car on en trouve la trace dans le célèbre Dialogue de Galilée, quoique Galilée ait supposé qu'il en était de même pour une rotation uniforme.
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204 |
+
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205 |
+
Une formulation plus moderne affirme que toutes les lois de la physique sont les mêmes pour deux référentiels d'espace en translation rectiligne uniforme l'un par rapport à l'autre. C'est cette formulation forte qui est à la base de la relativité restreinte.
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206 |
+
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207 |
+
Isaac Newton a énoncé ses lois dans le premier volume de son Philosophiae Naturalis Principia Mathematica en 1687 et, à l'aide des nouveaux outils mathématiques qu'il a développés, il a prouvé beaucoup de résultats au sujet du mouvement des particules idéalisées.
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208 |
+
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209 |
+
Certains détracteurs de Newton disent[réf. nécessaire] qu'il s'est inspiré des travaux de Galilée pour écrire son premier principe (en reprenant presque l'énoncé de Galilée : « Tout corps continuera dans son mouvement de ligne droite ad eternam s'il n'est soumis à aucune force », en rajoutant toutefois la notion d'uniformité du mouvement).
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210 |
+
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211 |
+
Il convient de nuancer : si Newton avait connaissance des travaux de Galilée, son rôle a été de formaliser les idées de Galilée et d'en tirer les conséquences qui ont permis de construire la mécanique. Quand Newton affirme « Si j'ai vu plus loin que les autres, c'est parce que j'ai été porté par des épaules de géants. », le lecteur averti est censé comprendre que le travail s'inscrit dans la continuité de celui de Galilée. En fait, on pourrait même dire que Newton n'a pas précisé que le principe d'inertie et le principe de relativité, sur lesquels il s'est fondé pour construire toute la mécanique, ont été édictés par Galilée, tout simplement parce qu'il estime que le lecteur est censé le savoir !
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212 |
+
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213 |
+
Les deux premiers volumes sont mathématiques. Dans le troisième volume, la philosophie naturelle (ancienne dénomination de la physique des phénomènes naturels) est expliquée : il a montré comment ses lois du mouvement combinées à sa loi universelle de la gravitation expliquent le mouvement des planètes et permettent de dériver les lois de Kepler.
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214 |
+
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215 |
+
Les lois sus-citées ont été mises en forme et édictées par Newton. Mais les fondements proviennent de travaux antérieurs : Galilée, Torricelli, Descartes, Huygens, Hooke, « J'ai été porté par des épaules de géants. » reconnaissait lui-même Newton.
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216 |
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D'autre part, comme l'a fait remarquer Ernst Mach[6] :
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218 |
+
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219 |
+
« On reconnaît sans peine que les lois I et II sont contenues dans les définitions de la force précédemment données. D'après celles-ci, il ne peut en effet exister, en l'absence de toute force, que le repos ou le mouvement rectiligne uniforme. C'est une tautologie tout à fait inutile de répéter que la variation du mouvement est proportionnelle à la force après avoir posé que l'accélération est la mesure de celle-ci. Il eût suffi de dire que les définitions données n'étaient pas des définitions arbitraires et mathématiques, mais répondaient à des propriétés expérimentales des corps. »
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220 |
+
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221 |
+
Dans cette critique, Mach fait référence à la définition IV des Principia, laquelle introduit la notion de force, fondamentale en physique :
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222 |
+
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223 |
+
« La force imprimée (vis impressa) est l'action par laquelle l'état du corps est changé, soit que cet état soit le repos, ou le mouvement uniforme en ligne droite[7]. »
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224 |
+
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225 |
+
Mais on peut aller encore plus loin : la conservation de la quantité de mouvement de systèmes peut être érigée en principe premier de la mécanique. Cette démarche présente l'avantage de reposer sur un concept, la quantité de mouvement, et permet de traiter des problèmes de mouvements relativistes.
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226 |
+
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227 |
+
De plus la troisième loi permet d'introduire le concept d'interaction qui n'est pas trivial mais, lui aussi, fondamental en physique. À l'époque, cette loi est une absurdité, si l'on se réfère par exemple au point de vue d'Aristote chez qui la magie et autres actions à distance n'existent pas dans le cadre de la physique. Rappelons que le magnétisme est interprété depuis le de Magnete de Gilbert par des « lignes spectrales », ou tourbillons. De même, la cause de la gravitation est interprétée par Descartes via une théorie (fausse) de tourbillons, si contradictoire que même Huygens n'y croit plus[réf. nécessaire]. Par contre, Newton déclarera dans une phrase restée célèbre : hypotheses non fingo, je ne chercherai pas la cause ultime de la gravitation. La gravitation « s'exprime » au travers de la loi centripète qu'il énonce, il ne fait aucune supposition sur la nature de cette force.
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228 |
+
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229 |
+
Newton sortait donc hardiment du cadre imposé par la physique de l'époque, d'où une critique véhémente, l'action instantanée[réf. nécessaire] à distance étant récusée (elle gênait d'ailleurs Newton lui-même), comme insensée (Rømer venait de montrer la finitude de la célérité de la lumière). En 1906, Poincaré[8] proposera une hypothèse moins choquante : la gravitation se propage à la vitesse limite c.
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230 |
+
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231 |
+
Les lois de Newton peuvent être construites à partir de thèses plus abstraites.
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+
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233 |
+
Les lois de Newton ont subi l'analyse critique de Laplace, puis Ernst Mach, puis Poincaré, puis de Kolmogorov.
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234 |
+
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235 |
+
Selon leur analyse le principe fondamental de la dynamique peut être ramené à une conséquence du déterminisme énoncée par Laplace dans son traité sur les probabilités :
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236 |
+
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237 |
+
Ainsi l'orbite hamiltonienne de l'électron dans le plan des phases [x(t ), p(t )] est déterminée par le PFD. C'est tout ce qu'affirme ce principe, puisque, par ailleurs, il faut trouver expérimentalement la loi F(x, v, t ).
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238 |
+
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239 |
+
Même si le déterminisme tel que le définit Laplace souffre de limites, il est tout de même possible de montrer que le théorème de la quantité de mouvement repose sur les principes mêmes de la physique : c'est en effet une conséquence du théorème de Noether.
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240 |
+
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241 |
+
Newton avait postulé[9] : il existe un espace et un temps absolu.
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242 |
+
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243 |
+
En fait, on peut étendre à toute une classe de référentiels dits « inertiels » la notion d'espace absolu, conformément au point de vue de Galilée qui défendait l'équivalence entre un référentiel et un autre évoluant à vitesse constante par rapport au premier.
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244 |
+
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245 |
+
Par contre, Newton se méfiait du temps absolu : il savait qu'en changeant l'échelle de temps, l'expression de son PFD changeait. Il l'a même savamment utilisé. Mais évidemment, il fallait prendre une décision : quelle échelle de temps choisir ? Ce qui paraissait le plus simple était la fameuse loi de Kepler. Et tout était cohérent.
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246 |
+
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247 |
+
Les notions de temps relatif, de finitude des vitesses, de synchronisation et de transport du temps allaient nécessiter encore beaucoup de découvertes avant d'être entrevues. Il a donc opté pour le temps dynamique absolu et édicté : le temps absolu s'écoule uniformément. C'est cette variable t qui intervient quand on écrit
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248 |
+
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249 |
+
puis
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250 |
+
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251 |
+
et donc :
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252 |
+
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253 |
+
Ce temps absolu est généralement admis tant qu'on n'emploie pas la relativité restreinte. Mais il constitue néanmoins une hypothèse philosophique forte qui a été régulièrement discutée par Leibniz notamment qui disait:
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254 |
+
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255 |
+
Une des grandes difficultés des théories de Newton, mise à jour dès le XVIIe siècle, est la notion d'action instantanée à distance. Newton lui-même était gêné[réf. nécessaire] par cette supposition présente tout aussi bien dans sa théorie de la gravitation que dans sa troisième loi.
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256 |
+
Plus tard au cours du XVIIe siècle, un certain nombre de difficultés, concernant l'électromagnétisme notamment, indiquèrent également que les principes de Newton ne pouvaient pas rendre compte en l'état de tous les problèmes mécaniques ou cinématiques.
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257 |
+
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258 |
+
La relativité restreinte démontre qu'aucune interaction ne se propage plus vite que la vitesse de la lumière dans le vide et remet donc définitivement en cause les interactions instantanées. De plus, elle montre que pour des objets dont la vitesse est proche de celle de la lumière, les lois de Newton ne sont absolument plus fidèles à l'observation.
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259 |
+
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260 |
+
Cependant, les formules de la relativité restreinte permettent de considérer la physique newtonienne comme une approximation en supposant la vitesse de la lumière infinie. Ainsi, la relativité permet de justifier les équations de Newton dans les cas de faibles vitesses en la rendant démontrable à partir d'une théorie plus générale qui l'englobe. Les lois de Newton s'appliquent donc à la plupart des applications quotidiennes de la mécanique, que l'on qualifie alors de « classique » (chute des corps, mouvement des véhicules, moteurs, etc.).
|
261 |
+
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262 |
+
En revanche, il existe des situations où les résultats sont radicalement modifiés, par exemple celles créées au sein des accélérateurs de particules (comme celui du CERN). L'énergie cinétique apportée à une particule de charge q par une tension V vaut q V. Les énergies cinétiques mises en jeu dans les accélérateurs de particules peuvent actuellement monter jusqu'à l'ordre du téravolt (1 000 milliards de volts).
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263 |
+
On calculerait par exemple, selon les équations newtoniennes, pour un électron ayant acquis une telle énergie cinétique, une vitesse 2 000 000 fois supérieure à celle de la lumière.
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264 |
+
La vitesse réelle, calculée dans le cadre relativiste est celle d'une fraction de la vitesse de la lumière légèrement inférieure à l'unité.
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265 |
+
Il est donc essentiel de bien distinguer les situations où les lois de Newton restent de très bonnes approximations de celles où elles perdent toute pertinence.
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266 |
+
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267 |
+
En relativité restreinte, les forces respectent toujours un théorème de la quantité de mouvement mais adapté, faisant apparaître le facteur de Lorentz. Le théorème de la quantité de mouvement est donc un théorème très puissant, puisqu'il permet de déduire les lois de Newton dans le cas où les faibles vitesses le permettent. Dans le cas contraire il s'inscrit dans les résultats de la relativité restreinte.
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268 |
+
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269 |
+
La mécanique newtonienne étudie surtout les systèmes macro-physiques. Dans ce contexte, l'espace et l'énergie sont implicitement considérés comme étant continus. Or, le monde de la mécanique quantique est celui des systèmes micro-physiques, pour lesquels ces concepts sont quantifiés[réf. nécessaire].
|
270 |
+
La mécanique newtonienne s'appuie notamment sur le concept de force, sachant que la force dérive d'un potentiel (pour un système mécanique isolé). Toutefois, pour les systèmes micro-physiques (relevant de la mécanique quantique), la notion de force ne peut pas être définie puisque l'énergie potentielle comme les coordonnées d'espace sont quantifiées. En effet, en mathématique, la dérivée d'une fonction discontinue n'est pas définie.
|
271 |
+
La mécanique de Newton trouve donc ses limites pour l'étude des systèmes micro-physiques, puisque l'hypothèse implicite fondée sur un espace et une énergie continus est mise à mal pour ces systèmes.
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272 |
+
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273 |
+
Si on connaît la trajectoire
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274 |
+
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275 |
+
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276 |
+
|
277 |
+
|
278 |
+
|
279 |
+
|
280 |
+
r
|
281 |
+
→
|
282 |
+
|
283 |
+
|
284 |
+
|
285 |
+
(
|
286 |
+
t
|
287 |
+
)
|
288 |
+
|
289 |
+
|
290 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(t)}
|
291 |
+
|
292 |
+
d'un corps, on connaît
|
293 |
+
|
294 |
+
|
295 |
+
|
296 |
+
|
297 |
+
|
298 |
+
|
299 |
+
v
|
300 |
+
→
|
301 |
+
|
302 |
+
|
303 |
+
|
304 |
+
(
|
305 |
+
t
|
306 |
+
)
|
307 |
+
|
308 |
+
|
309 |
+
{\displaystyle {\vec {v}}(t)}
|
310 |
+
|
311 |
+
à chaque instant avec
|
312 |
+
|
313 |
+
|
314 |
+
|
315 |
+
|
316 |
+
|
317 |
+
|
318 |
+
v
|
319 |
+
→
|
320 |
+
|
321 |
+
|
322 |
+
|
323 |
+
(
|
324 |
+
t
|
325 |
+
)
|
326 |
+
=
|
327 |
+
|
328 |
+
|
329 |
+
|
330 |
+
|
331 |
+
d
|
332 |
+
|
333 |
+
|
334 |
+
|
335 |
+
|
336 |
+
r
|
337 |
+
→
|
338 |
+
|
339 |
+
|
340 |
+
|
341 |
+
(
|
342 |
+
t
|
343 |
+
)
|
344 |
+
|
345 |
+
|
346 |
+
|
347 |
+
d
|
348 |
+
|
349 |
+
t
|
350 |
+
|
351 |
+
|
352 |
+
|
353 |
+
|
354 |
+
|
355 |
+
{\displaystyle {\vec {v}}(t)={\frac {\mathrm {d} {\vec {r}}(t)}{\mathrm {d} t}}}
|
356 |
+
|
357 |
+
.
|
358 |
+
À l'inverse, si on connaît la vitesse
|
359 |
+
|
360 |
+
|
361 |
+
|
362 |
+
|
363 |
+
|
364 |
+
|
365 |
+
v
|
366 |
+
→
|
367 |
+
|
368 |
+
|
369 |
+
|
370 |
+
(
|
371 |
+
t
|
372 |
+
)
|
373 |
+
|
374 |
+
|
375 |
+
{\displaystyle {\vec {v}}(t)}
|
376 |
+
|
377 |
+
d'un corps et la position initiale
|
378 |
+
|
379 |
+
|
380 |
+
|
381 |
+
|
382 |
+
|
383 |
+
|
384 |
+
r
|
385 |
+
→
|
386 |
+
|
387 |
+
|
388 |
+
|
389 |
+
(
|
390 |
+
0
|
391 |
+
)
|
392 |
+
|
393 |
+
|
394 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(0)}
|
395 |
+
|
396 |
+
, on connaît
|
397 |
+
|
398 |
+
|
399 |
+
|
400 |
+
|
401 |
+
|
402 |
+
|
403 |
+
r
|
404 |
+
→
|
405 |
+
|
406 |
+
|
407 |
+
|
408 |
+
(
|
409 |
+
t
|
410 |
+
)
|
411 |
+
|
412 |
+
|
413 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(t)}
|
414 |
+
|
415 |
+
à chaque instant avec
|
416 |
+
|
417 |
+
|
418 |
+
|
419 |
+
|
420 |
+
|
421 |
+
|
422 |
+
r
|
423 |
+
→
|
424 |
+
|
425 |
+
|
426 |
+
|
427 |
+
(
|
428 |
+
t
|
429 |
+
)
|
430 |
+
=
|
431 |
+
|
432 |
+
∫
|
433 |
+
|
434 |
+
0
|
435 |
+
|
436 |
+
|
437 |
+
t
|
438 |
+
|
439 |
+
|
440 |
+
|
441 |
+
|
442 |
+
|
443 |
+
v
|
444 |
+
→
|
445 |
+
|
446 |
+
|
447 |
+
|
448 |
+
(
|
449 |
+
t
|
450 |
+
)
|
451 |
+
|
452 |
+
d
|
453 |
+
|
454 |
+
t
|
455 |
+
+
|
456 |
+
|
457 |
+
|
458 |
+
|
459 |
+
r
|
460 |
+
→
|
461 |
+
|
462 |
+
|
463 |
+
|
464 |
+
(
|
465 |
+
0
|
466 |
+
)
|
467 |
+
|
468 |
+
|
469 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(t)=\int _{0}^{t}{\vec {v}}(t)\mathrm {d} t+{\vec {r}}(0)}
|
470 |
+
|
471 |
+
.
|
472 |
+
|
473 |
+
Dans ces deux cas, si on s'intéresse à un seul axe,
|
474 |
+
|
475 |
+
|
476 |
+
|
477 |
+
x
|
478 |
+
|
479 |
+
|
480 |
+
{\displaystyle x}
|
481 |
+
|
482 |
+
par exemple, on voit qu'il est possible de connaître en même temps la position
|
483 |
+
|
484 |
+
|
485 |
+
|
486 |
+
x
|
487 |
+
(
|
488 |
+
t
|
489 |
+
)
|
490 |
+
|
491 |
+
|
492 |
+
{\displaystyle x(t)}
|
493 |
+
|
494 |
+
et la vitesse
|
495 |
+
|
496 |
+
|
497 |
+
|
498 |
+
|
499 |
+
v
|
500 |
+
|
501 |
+
x
|
502 |
+
|
503 |
+
|
504 |
+
(
|
505 |
+
t
|
506 |
+
)
|
507 |
+
|
508 |
+
|
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+
{\displaystyle v_{x}(t)}
|
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+
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+
avec une précision infinie, ce qui est contraire au principe d'incertitude de la physique quantique.
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+
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+
« It is important to note that we cannot derive a general expression for Newton's second law for variable mass systems by treating the mass in F = dP/dt = d(Mv) as a variable. [...] We can use F = dP/dt to analyze variable mass systems only if we apply it to an entire system of constant mass having parts among which there is an interchange of mass. »
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+
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/3496.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,515 @@
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Les lois du mouvement de Newton ont été énoncées dans son ouvrage Philosophiae naturalis principia mathematica en 1687. Il s'agit en fait des principes à la base de la grande théorie de Newton concernant le mouvement des corps, théorie que l'on nomme aujourd'hui mécanique newtonienne ou encore mécanique classique. À ces lois générales du mouvement fondées en particulier sur le principe de relativité des mouvements, Newton a ajouté la loi de la gravitation universelle permettant d'interpréter aussi bien la chute des corps que le mouvement de la Lune autour de la Terre.
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+
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+
L'énoncé originel de la première loi du mouvement[1] est le suivant :
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+
« Tout corps persévère dans l'état de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n'agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d'état. »
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Dans la formulation moderne de la loi, on parle de mouvement rectiligne uniforme, et on remplace la notion de force (unique) par celle, plus générale, de résultante des forces appliquées sur le corps. Autrement dit, s'il n'y a pas de force qui s'exerce sur un corps (corps isolé), ou si la somme des forces (ou force résultante) s'exerçant sur lui est égale au vecteur nul (corps pseudo-isolé), la direction et la norme de sa vitesse est constante ou, ce qui revient au même, son accélération est nulle. Cette première loi infirme la conception héritée d'Aristote, selon laquelle pour maintenir la vitesse d'un mobile constante, il était nécessaire de lui appliquer une force continue (ce qui, dans la pratique, est vrai, mais que l'on explique par la nécessité d'« annuler » les forces dues aux frottements qui ne sont pas nulles en dehors du vide et de toute influence gravitationnelle)[réf. nécessaire].
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+
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+
Le mouvement considéré par Newton a lieu par rapport à un espace mathématique abstrait qu'il suppose absolu. Sa première loi s'applique également dans des référentiels en translation uniforme par rapport à cet espace absolu, ce qui donne naissance à la notion de référentiel galiléen. Au XIXe siècle, la notion d'espace absolu est peu à peu abandonnée au profit des seuls référentiels galiléens. La première loi de Newton se reformule donc aujourd'hui sous la forme :
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+
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+
La définition d'un référentiel galiléen apparaît fondamentale et est souvent formulée ainsi :
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+
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+
Ainsi la première loi de Newton ne s'applique que dans un référentiel galiléen et un référentiel galiléen est un référentiel où la première loi de Newton s'applique… ce qui apparaît comme une définition circulaire. Pour éviter ce problème, on réécrit le principe d'inertie sous la forme axiomatique suivante :
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14 |
+
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+
La détermination d'un bon référentiel galiléen est en réalité expérimentale et comme souvent en physique, seule la cohérence entre la théorie (ici la première loi de Newton) et la mesure (mouvement rectiligne uniforme) valide le choix a posteriori.
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+
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+
L'énoncé original[1] de la deuxième loi de Newton est le suivant :
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+
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+
« Les changements qui arrivent dans le mouvement sont proportionnels à la force motrice ; et se font dans la ligne droite dans laquelle cette force a été imprimée. »
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+
Dans sa version moderne, on la nomme principe fondamental de la dynamique (PFD), parfois appelée relation fondamentale de la dynamique (RFD), et s'énonce ainsi :
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+
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Cette expression de la deuxième loi de Newton n'étant valable que pour un système de masse constante[2], elle peut être reformulée de façon équivalente de la manière suivante :
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+
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Ceci est souvent récapitulé dans l'équation :
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+
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où :
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+
Pour un corps soumis à une résultante des forces nulle, on retrouve bien la première loi de Newton, c’est-à-dire un mouvement rectiligne uniforme. En première analyse, on peut se demander quelle est l'utilité de la première loi puisqu'elle semble être une conséquence de la deuxième. En réalité, dans l'énoncé de Newton, il n'en est rien car la première loi n'est pas présentée comme un cas particulier de la deuxième mais comme une condition suffisante à l'application de cette dernière.
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30 |
+
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+
En effet, énoncer la première loi, c'est tout d'abord affirmer l'existence des référentiels galiléens. Cela constitue un postulat extrêmement fort qui permet, dans les exposés modernes de la mécanique classique, de définir les repères galiléens qui sont les seuls repères dans lesquels la seconde loi est valide. En l'absence de la première loi, la seconde loi est inapplicable puisqu'on ne peut pas définir son domaine de validité. Par conséquent, l'ordre logique dans lequel les lois sont énoncées n'est pas le fruit du hasard mais bien celui d'une construction intellectuelle cohérente.
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32 |
+
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+
Ensuite, cette première loi énonce le principe d'isolement du solide : on considère les forces extérieures qui agissent sur lui, et on ne prend pas en compte ce qui se passe en interne.
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+
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+
L'énoncé original[3] est le suivant :
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36 |
+
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+
« L'action est toujours égale à la réaction ; c'est-à-dire que les actions de deux corps l'un sur l'autre sont toujours égales et de sens contraires. »
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+
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+
— Isaac Newton
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40 |
+
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De manière moderne, on exprime que :
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42 |
+
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+
A et B étant deux corps en interaction, la force
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+
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+
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46 |
+
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+
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48 |
+
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+
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50 |
+
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51 |
+
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52 |
+
F
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53 |
+
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54 |
+
→
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55 |
+
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56 |
+
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57 |
+
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58 |
+
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59 |
+
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60 |
+
A
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61 |
+
|
62 |
+
/
|
63 |
+
|
64 |
+
B
|
65 |
+
|
66 |
+
|
67 |
+
|
68 |
+
|
69 |
+
|
70 |
+
{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {A/B} }}
|
71 |
+
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72 |
+
(exercée par A sur B) et la force
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73 |
+
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74 |
+
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75 |
+
|
76 |
+
|
77 |
+
|
78 |
+
|
79 |
+
|
80 |
+
|
81 |
+
F
|
82 |
+
|
83 |
+
→
|
84 |
+
|
85 |
+
|
86 |
+
|
87 |
+
|
88 |
+
|
89 |
+
B
|
90 |
+
|
91 |
+
/
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92 |
+
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93 |
+
A
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94 |
+
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95 |
+
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96 |
+
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{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {B/A} }}
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(exercée par B sur A) qui décrivent l'interaction sont directement opposées et portées par la droite
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{\displaystyle (AB)}
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:
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Ces forces ont la même droite d'action, des sens opposés et la même norme. Ces deux forces sont toujours directement opposées, que A et B soient immobiles ou en mouvement.
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+
Il faut là encore revenir sur la modélisation, c'est-à-dire sur le passage de la réalité à la description vectorielle. Dans le cas d'une action de contact, c'est assez simple : si Albert pousse de 100 N sur Béatrice, alors Béatrice pousse également de 100 N sur Albert ; Albert et Béatrice peuvent être sur un sol adhérent ou de la glace, immobiles ou en train de patiner. Il est souvent plus difficile de comprendre que si Albert s'appuie sur le mur, alors le mur pousse aussi sur Albert ; le mur n'a pas de « volonté motrice », il fléchit sous l'effet de l'action d'Albert mais cette flexion est indécelable sauf pour une paroi souple, et Albert subit donc un « effet ressort ». Il est de même pour la notion de sol qui soutient Albert ; en particulier, en cas de saut, il est difficile d'imaginer que c'est le sol qui propulse Albert, toujours par effet ressort.
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118 |
+
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Le cas des actions à distance est également difficile à conceptualiser, en particulier le fait qu'Albert attire lui aussi la Terre...
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Cette loi est parfois appelée loi d'action-réaction, en référence à l'énoncé original ; une formulation au mieux imprécise, au pire entraînant de nombreuses confusions. En particulier, cette ancienne formulation véhicule l'idée qu'il y a toujours une force qui est la « cause » (l'action), l'autre n'étant qu'une sorte de conséquence (la réaction).
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Une autre difficulté rencontrée par les étudiants est l'oubli que ces deux forces
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{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {A/B} }}
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et
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F
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+
→
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+
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B
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/
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{\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {B/A} }}
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+
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+
s'exercent sur deux corps différents. Elles ne peuvent donc pas « s'annuler mutuellement ». L'effet d'annulation n'intervient que lorsqu'on considère un système constitué de différents corps et que l'on s'intéresse à la résultante des forces : dans ce cas, les forces intérieures s'annulent en effet et seule la somme des forces extérieures est à prendre en compte (ce qui est heureux pour étudier le mouvement d'un solide constitué de plus de 1023 éléments[a]).
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182 |
+
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+
La loi des actions réciproques a l'inconvénient de supposer l'application des forces comme instantanée (ce qui est abandonné en relativité restreinte). Dans le cas des forces à distance, il convient dans certains cas d'effectuer des transformations pour tenir compte du retard de propagation.
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184 |
+
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185 |
+
Cette correction ne relève pas de la relativité. Comme les forces électromagnétiques s'appliquent à distance, on avait mis en évidence que ces forces se propagent à la vitesse de la lumière et non à vitesse infinie et inclus cette nuance dans les équations avant la révolution de la relativité restreinte[b].
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186 |
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Certains auteurs (minoritaires) appellent quatrième loi de Newton sa loi universelle de la gravitation. Cette dénomination est très contestable, mais elle est mentionnée ici à cause de la parenté historique des lois : si cette loi ne fait pas partie des principes de la mécanique au même titre que les trois autres et le principe de relativité, la première réussite de Newton fut d'utiliser ses lois mécaniques plus sa loi d'interaction gravitationnelle pour démontrer les lois empiriques de Kepler. Ce sont ces premiers succès qui établirent pour longtemps la domination des lois de Newton sur la science.
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188 |
+
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Notons qu'en combinant cette loi et le principe fondamental de la dynamique, on démontre la prédiction de Galilée selon laquelle, dans le vide, tous les objets tombent à la même vitesse (en admettant implicitement que masse inertielle et masse gravitationnelle sont égales).
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Newton dans ses Principia a mis en évidence la notion de relativité du mouvement dans les définitions précédant le livre premier[4]. Il introduit dans les scholies II et IV la notion d'espace absolu et indique dans le corollaire V des lois[5] que :
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192 |
+
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193 |
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« Les mouvements des corps enfermés dans un espace quelconque sont les mêmes entre eux, soit que cet espace soit en repos, soit qu'il se meuve uniformément en ligne droite sans mouvement circulaire »
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ce qui préfigure la notion de référentiel galiléen telle qu'elle est définie aujourd'hui. Cependant, Newton ne fait aucune référence au cas où un référentiel n'est pas en mouvement rectiligne uniforme par rapport à ce qu'il appelle l'espace absolu, et aucune infirmation de la validité de ses lois dans les référentiels accélérés n'est donnée dans les Principia. Il faudra attendre les travaux de Gaspard Coriolis et de Foucault au XIXe siècle pour que la notion de référentiel galiléen telle qu'elle est connue aujourd'hui se dégage et pour que les formules de changement de repère vers (ou depuis) un référentiel non galiléen soient établies.
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196 |
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Le principe de relativité s'énonce comme suit :
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(Au sens de Newton, il faudrait se restreindre aux référentiels en mouvement rectiligne uniforme par rapport à l'espace absolu, en se souvenant que si un référentiel est en mouvement rectiligne uniforme par rapport à un deuxième lui-même en mouvement rectiligne uniforme par rapport à l'espace absolu, alors le premier référentiel est en mouvement rectiligne uniforme par rapport à l'espace absolu.)
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200 |
+
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201 |
+
On pourra le vérifier en admettant les trois premières lois, l'invariance du temps, de la masse et des forces (implicite en physique pré-einsteinienne). C'est pourquoi ce principe est appelé ici corollaire.
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202 |
+
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Ce principe est dit principe de relativité galiléenne car on en trouve la trace dans le célèbre Dialogue de Galilée, quoique Galilée ait supposé qu'il en était de même pour une rotation uniforme.
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204 |
+
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205 |
+
Une formulation plus moderne affirme que toutes les lois de la physique sont les mêmes pour deux référentiels d'espace en translation rectiligne uniforme l'un par rapport à l'autre. C'est cette formulation forte qui est à la base de la relativité restreinte.
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+
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207 |
+
Isaac Newton a énoncé ses lois dans le premier volume de son Philosophiae Naturalis Principia Mathematica en 1687 et, à l'aide des nouveaux outils mathématiques qu'il a développés, il a prouvé beaucoup de résultats au sujet du mouvement des particules idéalisées.
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208 |
+
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209 |
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Certains détracteurs de Newton disent[réf. nécessaire] qu'il s'est inspiré des travaux de Galilée pour écrire son premier principe (en reprenant presque l'énoncé de Galilée : « Tout corps continuera dans son mouvement de ligne droite ad eternam s'il n'est soumis à aucune force », en rajoutant toutefois la notion d'uniformité du mouvement).
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210 |
+
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211 |
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Il convient de nuancer : si Newton avait connaissance des travaux de Galilée, son rôle a été de formaliser les idées de Galilée et d'en tirer les conséquences qui ont permis de construire la mécanique. Quand Newton affirme « Si j'ai vu plus loin que les autres, c'est parce que j'ai été porté par des épaules de géants. », le lecteur averti est censé comprendre que le travail s'inscrit dans la continuité de celui de Galilée. En fait, on pourrait même dire que Newton n'a pas précisé que le principe d'inertie et le principe de relativité, sur lesquels il s'est fondé pour construire toute la mécanique, ont été édictés par Galilée, tout simplement parce qu'il estime que le lecteur est censé le savoir !
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212 |
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213 |
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Les deux premiers volumes sont mathématiques. Dans le troisième volume, la philosophie naturelle (ancienne dénomination de la physique des phénomènes naturels) est expliquée : il a montré comment ses lois du mouvement combinées à sa loi universelle de la gravitation expliquent le mouvement des planètes et permettent de dériver les lois de Kepler.
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Les lois sus-citées ont été mises en forme et édictées par Newton. Mais les fondements proviennent de travaux antérieurs : Galilée, Torricelli, Descartes, Huygens, Hooke, « J'ai été porté par des épaules de géants. » reconnaissait lui-même Newton.
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D'autre part, comme l'a fait remarquer Ernst Mach[6] :
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« On reconnaît sans peine que les lois I et II sont contenues dans les définitions de la force précédemment données. D'après celles-ci, il ne peut en effet exister, en l'absence de toute force, que le repos ou le mouvement rectiligne uniforme. C'est une tautologie tout à fait inutile de répéter que la variation du mouvement est proportionnelle à la force après avoir posé que l'accélération est la mesure de celle-ci. Il eût suffi de dire que les définitions données n'étaient pas des définitions arbitraires et mathématiques, mais répondaient à des propriétés expérimentales des corps. »
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220 |
+
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221 |
+
Dans cette critique, Mach fait référence à la définition IV des Principia, laquelle introduit la notion de force, fondamentale en physique :
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222 |
+
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223 |
+
« La force imprimée (vis impressa) est l'action par laquelle l'état du corps est changé, soit que cet état soit le repos, ou le mouvement uniforme en ligne droite[7]. »
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224 |
+
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225 |
+
Mais on peut aller encore plus loin : la conservation de la quantité de mouvement de systèmes peut être érigée en principe premier de la mécanique. Cette démarche présente l'avantage de reposer sur un concept, la quantité de mouvement, et permet de traiter des problèmes de mouvements relativistes.
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226 |
+
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227 |
+
De plus la troisième loi permet d'introduire le concept d'interaction qui n'est pas trivial mais, lui aussi, fondamental en physique. À l'époque, cette loi est une absurdité, si l'on se réfère par exemple au point de vue d'Aristote chez qui la magie et autres actions à distance n'existent pas dans le cadre de la physique. Rappelons que le magnétisme est interprété depuis le de Magnete de Gilbert par des « lignes spectrales », ou tourbillons. De même, la cause de la gravitation est interprétée par Descartes via une théorie (fausse) de tourbillons, si contradictoire que même Huygens n'y croit plus[réf. nécessaire]. Par contre, Newton déclarera dans une phrase restée célèbre : hypotheses non fingo, je ne chercherai pas la cause ultime de la gravitation. La gravitation « s'exprime » au travers de la loi centripète qu'il énonce, il ne fait aucune supposition sur la nature de cette force.
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228 |
+
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229 |
+
Newton sortait donc hardiment du cadre imposé par la physique de l'époque, d'où une critique véhémente, l'action instantanée[réf. nécessaire] à distance étant récusée (elle gênait d'ailleurs Newton lui-même), comme insensée (Rømer venait de montrer la finitude de la célérité de la lumière). En 1906, Poincaré[8] proposera une hypothèse moins choquante : la gravitation se propage à la vitesse limite c.
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230 |
+
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231 |
+
Les lois de Newton peuvent être construites à partir de thèses plus abstraites.
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+
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+
Les lois de Newton ont subi l'analyse critique de Laplace, puis Ernst Mach, puis Poincaré, puis de Kolmogorov.
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234 |
+
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+
Selon leur analyse le principe fondamental de la dynamique peut être ramené à une conséquence du déterminisme énoncée par Laplace dans son traité sur les probabilités :
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236 |
+
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237 |
+
Ainsi l'orbite hamiltonienne de l'électron dans le plan des phases [x(t ), p(t )] est déterminée par le PFD. C'est tout ce qu'affirme ce principe, puisque, par ailleurs, il faut trouver expérimentalement la loi F(x, v, t ).
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238 |
+
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239 |
+
Même si le déterminisme tel que le définit Laplace souffre de limites, il est tout de même possible de montrer que le théorème de la quantité de mouvement repose sur les principes mêmes de la physique : c'est en effet une conséquence du théorème de Noether.
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240 |
+
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241 |
+
Newton avait postulé[9] : il existe un espace et un temps absolu.
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242 |
+
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243 |
+
En fait, on peut étendre à toute une classe de référentiels dits « inertiels » la notion d'espace absolu, conformément au point de vue de Galilée qui défendait l'équivalence entre un référentiel et un autre évoluant à vitesse constante par rapport au premier.
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244 |
+
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245 |
+
Par contre, Newton se méfiait du temps absolu : il savait qu'en changeant l'échelle de temps, l'expression de son PFD changeait. Il l'a même savamment utilisé. Mais évidemment, il fallait prendre une décision : quelle échelle de temps choisir ? Ce qui paraissait le plus simple était la fameuse loi de Kepler. Et tout était cohérent.
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246 |
+
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247 |
+
Les notions de temps relatif, de finitude des vitesses, de synchronisation et de transport du temps allaient nécessiter encore beaucoup de découvertes avant d'être entrevues. Il a donc opté pour le temps dynamique absolu et édicté : le temps absolu s'écoule uniformément. C'est cette variable t qui intervient quand on écrit
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248 |
+
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+
puis
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250 |
+
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+
et donc :
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+
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+
Ce temps absolu est généralement admis tant qu'on n'emploie pas la relativité restreinte. Mais il constitue néanmoins une hypothèse philosophique forte qui a été régulièrement discutée par Leibniz notamment qui disait:
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254 |
+
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255 |
+
Une des grandes difficultés des théories de Newton, mise à jour dès le XVIIe siècle, est la notion d'action instantanée à distance. Newton lui-même était gêné[réf. nécessaire] par cette supposition présente tout aussi bien dans sa théorie de la gravitation que dans sa troisième loi.
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256 |
+
Plus tard au cours du XVIIe siècle, un certain nombre de difficultés, concernant l'électromagnétisme notamment, indiquèrent également que les principes de Newton ne pouvaient pas rendre compte en l'état de tous les problèmes mécaniques ou cinématiques.
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257 |
+
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258 |
+
La relativité restreinte démontre qu'aucune interaction ne se propage plus vite que la vitesse de la lumière dans le vide et remet donc définitivement en cause les interactions instantanées. De plus, elle montre que pour des objets dont la vitesse est proche de celle de la lumière, les lois de Newton ne sont absolument plus fidèles à l'observation.
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259 |
+
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260 |
+
Cependant, les formules de la relativité restreinte permettent de considérer la physique newtonienne comme une approximation en supposant la vitesse de la lumière infinie. Ainsi, la relativité permet de justifier les équations de Newton dans les cas de faibles vitesses en la rendant démontrable à partir d'une théorie plus générale qui l'englobe. Les lois de Newton s'appliquent donc à la plupart des applications quotidiennes de la mécanique, que l'on qualifie alors de « classique » (chute des corps, mouvement des véhicules, moteurs, etc.).
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261 |
+
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262 |
+
En revanche, il existe des situations où les résultats sont radicalement modifiés, par exemple celles créées au sein des accélérateurs de particules (comme celui du CERN). L'énergie cinétique apportée à une particule de charge q par une tension V vaut q V. Les énergies cinétiques mises en jeu dans les accélérateurs de particules peuvent actuellement monter jusqu'à l'ordre du téravolt (1 000 milliards de volts).
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263 |
+
On calculerait par exemple, selon les équations newtoniennes, pour un électron ayant acquis une telle énergie cinétique, une vitesse 2 000 000 fois supérieure à celle de la lumière.
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264 |
+
La vitesse réelle, calculée dans le cadre relativiste est celle d'une fraction de la vitesse de la lumière légèrement inférieure à l'unité.
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265 |
+
Il est donc essentiel de bien distinguer les situations où les lois de Newton restent de très bonnes approximations de celles où elles perdent toute pertinence.
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266 |
+
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267 |
+
En relativité restreinte, les forces respectent toujours un théorème de la quantité de mouvement mais adapté, faisant apparaître le facteur de Lorentz. Le théorème de la quantité de mouvement est donc un théorème très puissant, puisqu'il permet de déduire les lois de Newton dans le cas où les faibles vitesses le permettent. Dans le cas contraire il s'inscrit dans les résultats de la relativité restreinte.
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268 |
+
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269 |
+
La mécanique newtonienne étudie surtout les systèmes macro-physiques. Dans ce contexte, l'espace et l'énergie sont implicitement considérés comme étant continus. Or, le monde de la mécanique quantique est celui des systèmes micro-physiques, pour lesquels ces concepts sont quantifiés[réf. nécessaire].
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270 |
+
La mécanique newtonienne s'appuie notamment sur le concept de force, sachant que la force dérive d'un potentiel (pour un système mécanique isolé). Toutefois, pour les systèmes micro-physiques (relevant de la mécanique quantique), la notion de force ne peut pas être définie puisque l'énergie potentielle comme les coordonnées d'espace sont quantifiées. En effet, en mathématique, la dérivée d'une fonction discontinue n'est pas définie.
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271 |
+
La mécanique de Newton trouve donc ses limites pour l'étude des systèmes micro-physiques, puisque l'hypothèse implicite fondée sur un espace et une énergie continus est mise à mal pour ces systèmes.
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272 |
+
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273 |
+
Si on connaît la trajectoire
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274 |
+
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275 |
+
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276 |
+
|
277 |
+
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278 |
+
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279 |
+
|
280 |
+
r
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281 |
+
→
|
282 |
+
|
283 |
+
|
284 |
+
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285 |
+
(
|
286 |
+
t
|
287 |
+
)
|
288 |
+
|
289 |
+
|
290 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(t)}
|
291 |
+
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292 |
+
d'un corps, on connaît
|
293 |
+
|
294 |
+
|
295 |
+
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296 |
+
|
297 |
+
|
298 |
+
|
299 |
+
v
|
300 |
+
→
|
301 |
+
|
302 |
+
|
303 |
+
|
304 |
+
(
|
305 |
+
t
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306 |
+
)
|
307 |
+
|
308 |
+
|
309 |
+
{\displaystyle {\vec {v}}(t)}
|
310 |
+
|
311 |
+
à chaque instant avec
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312 |
+
|
313 |
+
|
314 |
+
|
315 |
+
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316 |
+
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317 |
+
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318 |
+
v
|
319 |
+
→
|
320 |
+
|
321 |
+
|
322 |
+
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323 |
+
(
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324 |
+
t
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325 |
+
)
|
326 |
+
=
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327 |
+
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328 |
+
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329 |
+
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330 |
+
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331 |
+
d
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332 |
+
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333 |
+
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334 |
+
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335 |
+
|
336 |
+
r
|
337 |
+
→
|
338 |
+
|
339 |
+
|
340 |
+
|
341 |
+
(
|
342 |
+
t
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343 |
+
)
|
344 |
+
|
345 |
+
|
346 |
+
|
347 |
+
d
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348 |
+
|
349 |
+
t
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350 |
+
|
351 |
+
|
352 |
+
|
353 |
+
|
354 |
+
|
355 |
+
{\displaystyle {\vec {v}}(t)={\frac {\mathrm {d} {\vec {r}}(t)}{\mathrm {d} t}}}
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356 |
+
|
357 |
+
.
|
358 |
+
À l'inverse, si on connaît la vitesse
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359 |
+
|
360 |
+
|
361 |
+
|
362 |
+
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363 |
+
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364 |
+
|
365 |
+
v
|
366 |
+
→
|
367 |
+
|
368 |
+
|
369 |
+
|
370 |
+
(
|
371 |
+
t
|
372 |
+
)
|
373 |
+
|
374 |
+
|
375 |
+
{\displaystyle {\vec {v}}(t)}
|
376 |
+
|
377 |
+
d'un corps et la position initiale
|
378 |
+
|
379 |
+
|
380 |
+
|
381 |
+
|
382 |
+
|
383 |
+
|
384 |
+
r
|
385 |
+
→
|
386 |
+
|
387 |
+
|
388 |
+
|
389 |
+
(
|
390 |
+
0
|
391 |
+
)
|
392 |
+
|
393 |
+
|
394 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(0)}
|
395 |
+
|
396 |
+
, on connaît
|
397 |
+
|
398 |
+
|
399 |
+
|
400 |
+
|
401 |
+
|
402 |
+
|
403 |
+
r
|
404 |
+
→
|
405 |
+
|
406 |
+
|
407 |
+
|
408 |
+
(
|
409 |
+
t
|
410 |
+
)
|
411 |
+
|
412 |
+
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413 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(t)}
|
414 |
+
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415 |
+
à chaque instant avec
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416 |
+
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417 |
+
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418 |
+
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419 |
+
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420 |
+
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421 |
+
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422 |
+
r
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423 |
+
→
|
424 |
+
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425 |
+
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426 |
+
|
427 |
+
(
|
428 |
+
t
|
429 |
+
)
|
430 |
+
=
|
431 |
+
|
432 |
+
∫
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433 |
+
|
434 |
+
0
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435 |
+
|
436 |
+
|
437 |
+
t
|
438 |
+
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439 |
+
|
440 |
+
|
441 |
+
|
442 |
+
|
443 |
+
v
|
444 |
+
→
|
445 |
+
|
446 |
+
|
447 |
+
|
448 |
+
(
|
449 |
+
t
|
450 |
+
)
|
451 |
+
|
452 |
+
d
|
453 |
+
|
454 |
+
t
|
455 |
+
+
|
456 |
+
|
457 |
+
|
458 |
+
|
459 |
+
r
|
460 |
+
→
|
461 |
+
|
462 |
+
|
463 |
+
|
464 |
+
(
|
465 |
+
0
|
466 |
+
)
|
467 |
+
|
468 |
+
|
469 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}(t)=\int _{0}^{t}{\vec {v}}(t)\mathrm {d} t+{\vec {r}}(0)}
|
470 |
+
|
471 |
+
.
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472 |
+
|
473 |
+
Dans ces deux cas, si on s'intéresse à un seul axe,
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474 |
+
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475 |
+
|
476 |
+
|
477 |
+
x
|
478 |
+
|
479 |
+
|
480 |
+
{\displaystyle x}
|
481 |
+
|
482 |
+
par exemple, on voit qu'il est possible de connaître en même temps la position
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483 |
+
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484 |
+
|
485 |
+
|
486 |
+
x
|
487 |
+
(
|
488 |
+
t
|
489 |
+
)
|
490 |
+
|
491 |
+
|
492 |
+
{\displaystyle x(t)}
|
493 |
+
|
494 |
+
et la vitesse
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495 |
+
|
496 |
+
|
497 |
+
|
498 |
+
|
499 |
+
v
|
500 |
+
|
501 |
+
x
|
502 |
+
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503 |
+
|
504 |
+
(
|
505 |
+
t
|
506 |
+
)
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+
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+
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+
{\displaystyle v_{x}(t)}
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+
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+
avec une précision infinie, ce qui est contraire au principe d'incertitude de la physique quantique.
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+
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+
« It is important to note that we cannot derive a general expression for Newton's second law for variable mass systems by treating the mass in F = dP/dt = d(Mv) as a variable. [...] We can use F = dP/dt to analyze variable mass systems only if we apply it to an entire system of constant mass having parts among which there is an interchange of mass. »
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/3497.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,345 @@
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La gravitation, l'une des quatre interactions fondamentales qui régissent l'Univers, est l'interaction physique responsable de l'attraction des corps massifs. Elle se manifeste notamment par l'attraction terrestre qui nous retient au sol, la gravité, qui est responsable de plusieurs manifestations naturelles ; les marées, l'orbite des planètes autour du Soleil, la sphéricité de la plupart des corps célestes en sont quelques exemples. D'une manière plus générale, la structure à grande échelle de l'Univers est déterminée par la gravitation.
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+
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3 |
+
Plusieurs théories ont tenté de rendre compte de la gravitation. Actuellement encore, la théorie de la relativité générale d'Albert Einstein (1915) reste la plus satisfaisante. Elle considère la gravitation comme une manifestation de la courbure de l'espace-temps sous l'effet de l'énergie de la matière qui s'y trouve. La loi de la gravitation de Newton, élaborée à la fin du XVIIe siècle, demeure cependant une excellente approximation dans les cas non relativistes (vitesses faibles par rapport à celle de la lumière et masses de l'ordre de la masse solaire ou inférieures).
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4 |
+
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+
À l’échelle microscopique, la gravitation est la plus faible des quatre interactions fondamentales de la physique ; elle devient dominante au fur et à mesure que l’échelle de grandeur augmente. Avec la force électromagnétique, elle est l'une des deux interactions à agir au-delà de la dimension du noyau atomique. De plus, comme elle est toujours attractive, elle domine sur les forces électromagnétiques qui l'emportent à plus courte portée, étant tantôt attractives, tantôt répulsives.
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6 |
+
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+
La théorie de la gravitation est ainsi toujours l'objet de nombreuses recherches, et la communauté scientifique considère qu'élaborer une théorie plus complète de la gravitation, capable de prendre en compte les effets de nature microscopique (quantiques), et pour cette raison appelée gravitation quantique, est un des grands défis à relever pour la physique du XXIe siècle.
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+
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+
Penser, comme Aristote, que sur Terre (et avec l'hypothèse du vide atmosphérique) plus un corps est lourd, plus il tombe vite c'est faire une confusion entre quantité et qualité :
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+
Ainsi, bien qu'elles soient intimement associées dans nos expériences et nos sensations courantes, les deux grandeurs (poids et vitesse de chute) sont bien distinctes.
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+
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+
La distinction ci-dessus entre qualité et quantité n'explique pas qu'en l'absence d'air, du bois et du métal tombent exactement à la même vitesse. Ce fait expérimental laisse penser que ces deux matières différentes (ainsi que toutes les autres) ont en commun la même qualité. Les expérimentations et les réflexions sur ce sujet ont donné le principe d'équivalence.
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14 |
+
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+
En termes plus précis et plus scientifiques, la relativité générale étudie la gravitation et, comme « qualité commune » aux corps dans le problème posé ci-dessus, permet de proposer « l'énergie », bien qu'en toute rigueur cette théorie admet comme hypothèse l'existence de cette « qualité commune » (en admettant le principe d'équivalence) et qu'elle exclut toute idée d'attraction et de force gravitationnelle.
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16 |
+
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+
En laissant tomber simultanément des objets de poids, formes ou volumes très différents, par exemple une balle de mousse et une bille de métal de même diamètre, depuis une hauteur d'homme, on peut penser qu'il y a égalité des vitesses de chute[a]. Mais quand la hauteur de chute est plus grande, des différences perceptibles apparaissent, du fait des frottements de l'air. Galilée sera le premier à comprendre que les frottements sont la seule cause des différences de vitesses entre ces corps.
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18 |
+
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+
Le philosophe grec Archimède a découvert le centre de gravité d'un triangle[1]. Il a également postulé que si deux poids égaux n'avaient pas le même centre de gravité, le centre de gravité des deux poids combinés serait au milieu de la ligne qui joint leurs centres de gravité respectifs[2].
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20 |
+
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21 |
+
L'architecte et ingénieur romain Vitruve postule dans l'ouvrage De Architectura que la gravité d'un objet ne dépend pas de son poids mais plutôt de sa nature[3].
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+
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+
Dans l'Inde ancienne, Aryabhata a identifié la force pour expliquer pourquoi les objets ne sont pas projetés vers l'extérieur lorsque la Terre tourne. Brahmagupta a décrit la gravité comme une force d'attraction et a utilisé le terme «Gurutvaakarshan» pour décrire cette dernière[4],[5].
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+
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Par une expérience, mythique, réalisée du haut de la tour de Pise, le savant italien Galilée (1564-1642) aurait constaté que des balles lourdes et de poids différents ont le même temps de chute, mais, quand il explique dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde pourquoi il en est ainsi dans le vide, il justifie par des expériences de pensée : notamment en imaginant deux pierres de même poids et forme, chutant simultanément et reliées ou non par un lien, formant ainsi deux corps séparés de même poids ou bien un seul de poids double, mais ayant dans tous les cas la même vitesse de chute[6].
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26 |
+
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+
Vers 1604, Galilée utilise un constat : un objet en chute libre possède une vitesse initiale nulle, mais quand il arrive au sol, sa vitesse… n'est pas nulle. Donc la vitesse varie durant la chute. Galilée propose une loi simple : la vitesse varierait continûment à partir de 0, et proportionnellement au temps écoulé depuis le début de la chute.
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+
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+
Ainsi : vitesse = constante × temps écoulé.
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+
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Il en conclut, après un calcul similaire à la démonstration établie plus de deux siècles auparavant par Nicolas Oresme[réf. nécessaire], que, pendant une chute, la distance parcourue est proportionnelle au carré du temps écoulé.
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+
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Plus précisément : distance = ½ constante × temps écoulé2 (avec la même constante que ci-dessus).
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+
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Son idée est confirmée dans une expérience, avec du matériel construit de sa main : une gouttière inclinée le long de laquelle des clochettes sont disposées pour indiquer le passage de la bille.
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+
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+
La constante sera notée g (accélération de la pesanteur) et sa valeur déterminée expérimentalement (environ 9,81 m/s2). La pesanteur varie notamment selon le lieu sur Terre. Par convention sa valeur normale est fixée à g0 = 9,80665 m·s−2.
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38 |
+
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+
Mathématicien autant que physicien, Isaac Newton mit au point, entre 1665 et 1685, sa théorie de la mécanique basée sur l’étude de l’accélération, et non seulement de la vitesse comme le faisaient Galilée et René Descartes.
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40 |
+
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+
Newton chercha à unifier les lois connues pour les objets sur Terre et les lois observées pour les astres, notamment la gravitation terrestre et les mouvements des planètes, en considérant et traitant la gravitation comme une force.
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+
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En considérant deux corps ponctuels exerçant une force gravitationnelle l’un sur l’autre, une justification de la loi de Newton est la suivante :
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44 |
+
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En écrivant le principe fondamental de la dynamique pour le corps A de masse inerte
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46 |
+
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47 |
+
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m
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50 |
+
|
51 |
+
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52 |
+
{\displaystyle m}
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53 |
+
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54 |
+
, on obtient
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55 |
+
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56 |
+
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57 |
+
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58 |
+
m
|
59 |
+
.
|
60 |
+
a
|
61 |
+
=
|
62 |
+
G
|
63 |
+
⋅
|
64 |
+
|
65 |
+
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66 |
+
|
67 |
+
|
68 |
+
m
|
69 |
+
|
70 |
+
A
|
71 |
+
|
72 |
+
|
73 |
+
.
|
74 |
+
|
75 |
+
m
|
76 |
+
|
77 |
+
B
|
78 |
+
|
79 |
+
|
80 |
+
|
81 |
+
|
82 |
+
d
|
83 |
+
|
84 |
+
2
|
85 |
+
|
86 |
+
|
87 |
+
|
88 |
+
|
89 |
+
|
90 |
+
|
91 |
+
{\displaystyle m.a=G\cdot {\frac {m_{A}.m_{B}}{d^{2}}}}
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92 |
+
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93 |
+
. On constate que pour que l’accélération
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94 |
+
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95 |
+
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96 |
+
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97 |
+
a
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98 |
+
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99 |
+
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100 |
+
{\displaystyle a}
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101 |
+
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102 |
+
(et donc la vitesse) d’un corps en chute libre sur terre soit indépendante de sa masse inertielle
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103 |
+
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104 |
+
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105 |
+
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106 |
+
m
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107 |
+
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108 |
+
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109 |
+
{\displaystyle m}
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110 |
+
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111 |
+
(comme l’a expérimenté Galilée), il faut que
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112 |
+
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113 |
+
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114 |
+
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115 |
+
m
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116 |
+
=
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117 |
+
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118 |
+
m
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119 |
+
|
120 |
+
A
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121 |
+
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122 |
+
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123 |
+
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+
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+
{\displaystyle m=m_{A}}
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126 |
+
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127 |
+
pour ce corps, c’est-à-dire que la « masse gravifique » soit égale à la masse inertielle, indépendamment de la nature du corps (en fait la proportionnalité entre ces masses suffit, avec le même coefficient pour tous les matériaux, ensuite on peut les rendre égales avec un choix des unités de mesure). Newton a testé cette égalité pour de nombreux matériaux, et depuis les expériences n’ont jamais cessé, avec de plus en plus de raffinements (balance d’Eötvös, etc.). Depuis, cette égalité a été appelée le principe d’équivalence faible.
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128 |
+
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129 |
+
L’action à distance (sans contact, à travers le vide) et la propagation instantanée de la force de gravitation ont aussi suscité des doutes, y compris de Newton.
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130 |
+
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+
Dans l’écriture vectorielle moderne, la force gravitationnelle s’écrit :
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132 |
+
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133 |
+
La loi newtonienne de la gravitation permet d'expliquer l'origine de la loi de Galilée : en notant r le rayon terrestre et mT la masse de la Terre, on obtient
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134 |
+
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135 |
+
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136 |
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g
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=
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G
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⋅
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+
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+
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+
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+
m
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145 |
+
|
146 |
+
|
147 |
+
T
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148 |
+
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+
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150 |
+
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151 |
+
|
152 |
+
r
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+
|
154 |
+
2
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155 |
+
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156 |
+
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157 |
+
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158 |
+
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159 |
+
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160 |
+
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161 |
+
{\displaystyle g=G\cdot {\frac {m_{\mathrm {T} }}{r^{2}}}}
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162 |
+
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+
m·s−2 soit approximativement 9,8 m/s2.
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164 |
+
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165 |
+
La théorie newtonienne est bien vérifiée expérimentalement. D’un point de vue technique, elle suffit pour faire voler des objets plus lourds que l’air et pour envoyer des hommes sur la Lune. La force de pesanteur est la résultante de la force de gravité et de forces axifuges (la force centrifuge liée à la rotation de la terre sur elle-même, de la loi de l’inertie du mouvement, etc.).
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166 |
+
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167 |
+
Joseph-Louis Lagrange a réécrit, à partir de 1762, la théorie de la gravitation et l'ensemble de la physique en y introduisant le principe de moindre action qui avait été formulé par Pierre Louis Maupertuis vers 1744.
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168 |
+
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+
William Rowan Hamilton, vers 1830, a substitué au principe de moindre action la notion d'énergie, qui est une constante pour tout système isolé (c’est-à-dire : sans interaction avec l'extérieur) et qui sera de la plus grande importance pour la physique relativiste et en mécanique quantique, au XXe siècle.
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L'idée d'un champ de force, introduite par Michael Faraday, ne permit qu'une réécriture de la théorie de la gravitation newtonienne, mais cette notion se révélera féconde quand il s'agira de concevoir la gravitation relativiste. Le champ ou champ de force de la gravitation est une propriété de l'espace due à la masse d'un corps. Une autre masse entrant en contact avec ce champ est soumise à une influence, une force, due au champ. Ainsi, l'influence gravitationnelle n'est pas, dans ce cadre, créée et transportée instantanément d'un corps à l'autre, mais est déjà présente dans tout l'espace sous la forme du champ et à son contact un corps voit sa dynamique modifiée. Toutefois, le champ est lui-même instantanément modifié par le corps qui le crée.
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Si M est la masse du corps ponctuel émetteur du champ, et si r est la distance entre ce corps et le point de l'espace que l'on considère, le champ en ce point s'exprime par
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+
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+
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V
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178 |
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(
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179 |
+
r
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180 |
+
)
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181 |
+
=
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182 |
+
−
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183 |
+
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184 |
+
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185 |
+
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186 |
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G
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.
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188 |
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M
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189 |
+
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+
r
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191 |
+
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+
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+
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+
,
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195 |
+
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+
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+
{\displaystyle V(r)=-{\frac {G.M}{r}}\,,}
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le « potentiel gravitationnel » .
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Un corps ponctuel de masse m étant en contact avec ce champ, la force qu'il subit est
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+
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+
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+
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+
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F
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209 |
+
→
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210 |
+
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211 |
+
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212 |
+
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213 |
+
(
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214 |
+
r
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215 |
+
)
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216 |
+
=
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+
−
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m
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+
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220 |
+
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221 |
+
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∇
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223 |
+
→
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224 |
+
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225 |
+
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226 |
+
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227 |
+
V
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228 |
+
(
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229 |
+
r
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230 |
+
)
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231 |
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=
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232 |
+
−
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233 |
+
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234 |
+
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235 |
+
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236 |
+
G
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237 |
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.
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238 |
+
M
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239 |
+
.
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240 |
+
m
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241 |
+
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242 |
+
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243 |
+
r
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244 |
+
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245 |
+
2
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246 |
+
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247 |
+
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248 |
+
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249 |
+
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250 |
+
.
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251 |
+
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252 |
+
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253 |
+
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254 |
+
|
255 |
+
u
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256 |
+
→
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257 |
+
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258 |
+
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259 |
+
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260 |
+
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261 |
+
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262 |
+
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263 |
+
r
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264 |
+
→
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265 |
+
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266 |
+
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267 |
+
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268 |
+
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269 |
+
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270 |
+
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271 |
+
{\displaystyle {\vec {F}}(r)=-m{\vec {\nabla }}V(r)=-{\frac {G.M.m}{r^{2}}}.{\vec {u}}_{\vec {r}}}
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272 |
+
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273 |
+
, où
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274 |
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275 |
+
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276 |
+
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277 |
+
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278 |
+
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279 |
+
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280 |
+
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281 |
+
u
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282 |
+
→
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283 |
+
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284 |
+
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285 |
+
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286 |
+
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287 |
+
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288 |
+
|
289 |
+
r
|
290 |
+
→
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291 |
+
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292 |
+
|
293 |
+
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294 |
+
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295 |
+
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296 |
+
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297 |
+
{\displaystyle {\vec {u}}_{\vec {r}}}
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298 |
+
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299 |
+
est le vecteur unitaire de même direction et de même sens que
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300 |
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+
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r
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→
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{\displaystyle {\vec {r}}}
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qui va de M à m.
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Après avoir énoncé la théorie de la relativité restreinte en 1905, Albert Einstein cherche à la rendre compatible avec la gravitation, dont l'effet est supposé se propager à une vitesse infinie dans la théorie de Newton, alors que la vitesse de la lumière est la vitesse maximale pour toute interaction selon la relativité restreinte.
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Vers 1915, on émet l'hypothèse que la gravitation n'est pas une force au sens classique, que l'on donne à ce mot en physique, mais une manifestation de la déformation de l'espace-temps sous l'effet de l'énergie de la matière qui s'y trouve. Cette hypothèse résulte de l'observation que tous les corps tombent de la même façon dans un champ de gravitation, quelles que soient leur masse ou leur composition chimique. Cette observation, a priori fortuite en théorie newtonienne, mais remarquablement vérifiée expérimentalement, est formalisée sous le nom de principe d'équivalence et amène naturellement à considérer que la gravitation est une manifestation de la géométrie à 4 dimensions de l'espace-temps. Au terme traditionnel de force se substitue alors celui plus générique d'interaction.
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La théorie ainsi construite, qui porte le nom de relativité générale, incorpore le principe de relativité, et la théorie newtonienne en est une approximation dans la limite des champs gravitationnels faibles et des vitesses petites devant celle de la lumière. En effet, les déformations de l'espace-temps prévues sous l'effet des corps massifs, quand ceux-ci ont une forte accélération, ne se propagent pas plus vite que la vitesse de la lumière, ce qui résout le paradoxe de l'instantanéité apparente de l'interaction newtonienne. Il en résulte des ondes gravitationnelles, détectées pour la première fois le 14 septembre 2015.
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La gravitation newtonienne est suffisante pour décrire la majorité des phénomènes observés à l'échelle des étoiles. Elle suffit, par exemple, pour décrire l'évolution des planètes du Système solaire, à quelques détails près comme l'avance du périhélie de Mercure et l'effet Shapiro.
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Mais la relativité générale est nécessaire pour modéliser certains objets et phénomènes astronomiques particuliers : les étoiles à neutrons, les mirages gravitationnels, les objets très compacts tels que les trous noirs, etc.
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+
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+
La gravitation étant la force dominante à l'échelle des distances astronomiques, les théories newtonienne et einsteinienne ont été confrontées depuis leurs créations respectives aux observations de la structure à grande échelle de l'univers. Si aux échelles des étoiles et des galaxies, la gravitation newtonienne est suffisante, dans beaucoup de situations, la théorie newtonienne est en difficulté. Par exemple, elle est incapable d'offrir une description cohérente d'un univers homogène infini alors que la relativité générale est parfaitement en mesure de décrire une telle situation.
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La relativité générale seule ne suffit cependant pas pour décrire la structure à grande échelle de l'Univers. Il faut lui adjoindre des hypothèses sur la répartition spatiale de la matière. Les observations indiquent qu'à grande échelle, l'univers est remarquablement homogène (à plus petite échelle, la matière est bien sûr répartie de façon non uniforme : l'espace entre les étoiles d'une même galaxie est essentiellement vide, tout comme l'espace entre les galaxies). Ce fait observationnel avait au départ été supposé par Einstein, qui lui avait donné le nom de principe cosmologique. Sous cette hypothèse, la relativité générale permet, assez facilement du reste, une modélisation cohérente de l'Univers. Il existe cependant, outre la matière visible constituant les étoiles, et le gaz des galaxies, une matière noire aux propriétés et à la distribution encore très mal connues.
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La dynamique de l'Univers va, elle, dépendre des propriétés de la matière qui le compose, en particulier de son équation d'état. On peut montrer que, sauf cas particulier, l'Univers ne peut être statique : il est soit en contraction, soit en expansion globales. De toute manière, une structure globale uniforme de l'Univers serait instable : les parties les plus denses, même très faiblement, finiraient par s'effondrer sous leur propre poids, attirant la matière des parties les moins denses, et les laissant entièrement vides. (Cependant, à moyenne échelle, l'Univers a une « structure d'éponge » et il existe d'énormes bulles sans matière visible).
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+
Bien que la théorie de « l'Expansion » tienne peu compte des nombreuses interactions existant entre la matière et les rayonnements électromagnétiques (sinon, par exemple, seul le radar existerait ; on n'aurait pas de four à micro-ondes) ; les observations confirment globalement cette prédiction puisque l'on observe une récession apparente des galaxies, celles-ci s'éloignant de nous d'autant plus vite qu'elles sont éloignées. Le décalage spectral des lumières lointaines fut découvert par Edwin Hubble à la fin des années 1920. Plus tard, son élève, Allan Sandage introduisit le concept de l'Expansion, à la suite des travaux de Lemaître et Gamow. Elle indique que l'univers tel que nous le connaissons est issu d'une phase extraordinairement dense et chaude : le Big Bang. Plusieurs observations quantitatives confirment l'histoire du Big Bang, à partir de sa première minute. Le destin de l'univers n'est pas connu avec certitude, car le comportement à long terme de la matière est incertain. On a observé une accélération de l'expansion de l'univers, due à une force de répulsion à très longue distance, prévue comme une possibilité dans la Relativité Générale. Ceci semble être le signe probable que l'expansion durera indéfiniment, sans donner lieu à une phase de recontraction (Big Crunch) ou ; que cette expansion n'est qu'une apparence, très commode pour rendre compte de nombreuses observations.
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La relativité générale a été conçue sur l'hypothèse de la continuité de l'espace-temps (et même sa différentiabilité) et sur l'hypothèse de la continuité de la matière (entre autres pour construire le tenseur de densité d'énergie-impulsion). Cette deuxième hypothèse est clairement une approximation au regard de la physique quantique.
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+
La physique quantique étant l'exploration de l'infiniment petit, l'expérimentation de la gravitation dans ce cadre se heurte à un problème majeur : les trois autres forces qui y règnent sont au moins 1025 fois plus fortes, alors qu'il est déjà difficile d'expérimenter sur elles ; du coup les effets de la gravitation se perdent dans les inévitables imprécisions des mesures.
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Cette difficulté expérimentale n'a pas empêché les tentatives théoriques de construire une gravitation quantique, sans résultat susceptible à ce jour de vérification expérimentale.
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On peut toutefois remarquer que :
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Exemples de théories quantiques de la gravitation : théorie M, supergravité, géométrie non commutative, gravitation quantique à boucles.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/3498.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,357 @@
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Londres [lɔ̃dʁ][2] Écouter (en anglais : London [ˈlʌndən][3] Écouter) est la capitale et la plus grande ville d'Angleterre et du Royaume-Uni[4],[5]. La ville est située près de l'estuaire de la Tamise dans le sud-est de l'Angleterre. Londinium a été fondée par les Romains il y a presque 2 000 ans[6]. La Cité de Londres, le noyau historique de Londres avec une superficie de seulement 1,12 miles carrés (2,9 km²) conserve des frontières qui suivent de près ses limites médiévales[7]. Londres est gouvernée par le maire de Londres et l'Assemblée de Londres[8].
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Londres est considérée comme l'une des villes mondiales les plus importantes du monde[9],[10],[11] et a été qualifiée la plus puissante du monde[12], la plus désirable[13], la plus influente[14], la plus visitée[15], la plus chère[16],[17], la plus durable[18], la plus propice aux investissements[19], et la plus populaire pour le travail[20]. La ville exerce un impact considérable sur les arts, le commerce, l'éducation, le divertissement, la mode, les finances, les soins de santé, les médias, les services professionnels, la recherche et le développement, le tourisme et les transports[21],[22]. Londres se classe 26e sur 300 grandes villes pour ses performances économiques[23]. C'est l'un des plus grands centres financiers avec New York et Hong Kong[24],[25] et a le cinquième ou le sixième plus gros PIB urbain mondial[26]. C'est la ville la plus visitée mesurée par les arrivées internationales[27] et possède le système aéroportuaire le plus fréquenté par le trafic de passagers du monde[28]. C'est la première destination d'investissement[29],[30], et est la ville avec le plus de particuliers avec une situation nette au-dessus de 30 millions de dollars[31]. Les universités de Londres forment la plus grande concentration d'instituts d'enseignement supérieur en Europe[32], et Londres abrite des institutions très réputées comme l'Imperial College London en sciences naturelles et appliquées, la London School of Economics en sciences sociales[33],[34],[35]. En 2012, Londres est devenue la première ville à avoir accueilli trois Jeux olympiques d'été modernes[36].
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La région de Londres, composée de l'Inner London et de l'Outer London, comptait environ 8 908 000 habitants en 2018 et réalise un cinquième du produit intérieur brut du Royaume-Uni[37]. En 2018, l'aire urbaine de Londres comptait 9 787 426 habitants. En 2018, Eurostat estime que son aire métropolitaine est peuplée de 14 257 962 habitants, la plus peuplée de l'Union européenne[38]. En Europe,
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elle est la troisième agglomération après Moscou et Istanbul et la 25e mondiale[39]. Ses habitants s'appellent les Londoniens (en anglais : Londoners).
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Londres contient quatre sites du patrimoine mondial: la Tour de Londres; Kew Gardens; le site comprenant le palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église St Margaret; et le village historique de Greenwich où l'Observatoire royal de Greenwich définit le premier méridien (0 ° de longitude) et l'heure moyenne de Greenwich[40]. Les autres monuments incluent le palais de Buckingham, le London Eye, Piccadilly Circus, la cathédrale Saint-Paul, Tower Bridge, Trafalgar Square et The Shard. Londres possède de nombreux musées, galeries, bibliothèques dont le British Museum, la National Gallery, le Natural History Museum, le Tate Modern, la British Library[41]. Le métro de Londres est le plus ancien réseau ferroviaire souterrain du monde.
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Londres est située à 163 km au sud-est de Birmingham, à 262 km au sud-est de Manchester, à 272 km au sud-sud-est de Leeds, à 344 km au nord-nord-ouest de Paris, à 534 km au sud-sud-est d'Édimbourg et à 556 km au sud-sud-est de Glasgow. La capitale britannique borde la
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Tamise, un fleuve du Sud de l'Angleterre et dont le cours se termine en mer du Nord méridionale.
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La dénomination courante Londres peut désigner plusieurs ensembles géographiques ou administratifs différents, pouvant parfois prêter à confusion.
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Jusqu'en 1889, la définition de «Londres» n'était réservée qu'au mile carré de la Cité de Londres, dont la ville était originaire à l'époque romaine. Suite à son énorme expansion, qui avait amené le tissu urbain à absorber toute la Cité de Westminster et d'autres banlieues, le plus vaste comté de Londres a été créé en 1889, couvrant 303 km² et dont l'existence a duré de 1889 à 1965 : à cette période le terme Londres était identifié à cette zone, qui s'appelle aujourd'hui Inner London. En 1965, le comté de Londres a été supprimé au profit du Grand Londres, beaucoup plus vaste, incorporant des quartiers extérieurs, appelés aujourd'hui Outer London : l'ensemble correspond à l'immense ville actuelle qui couvre une superficie de 1 577 km² et compte 8 631 000 habitants (2017).
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L'emploi le plus courant fait référence au Grand Londres (Greater London), une des neuf subdivisions régionales de l'Angleterre, formé du territoire sous l'autorité du Greater London Authority et du maire de Londres. C'est cet ensemble d'environ 1 600 km2 pour 7,5 millions d'habitants qui est couramment désigné lorsque l'on parle de la capitale britannique. Le Grand Londres est divisé en deux zones, Inner London et Outer London. Les deux zones sont considérées comme des régions NUTS-2. Cependant, le Grand Londres n'est pas officiellement une cité, dont le statut, strictement défini au Royaume-Uni, est attribué à une ville par le monarque britannique sur des critères précis. Avant sa création en 1965, le territoire du Grand Londres faisait partie des comtés du Kent, Middlesex, Surrey, Essex et du Hertfordshire.
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La cité de Londres (City of London, abrégé en City, ou bien Square Mile en référence à sa superficie de 1 mile carré), située au cœur du Grand Londres, correspond à la définition historique de Londres. C'est là que la ville moderne est née et c'est aujourd'hui le plus ancien quartier de la capitale. C'est également une circonscription à part entière avec un statut spécial. La cité de Londres et le reste du Grand Londres[42] forment deux régions dites de « lieutenance » (Lieutenancy areas) différentes.
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La vaste agglomération londonienne peut être décrite par la région urbaine de Londres, qui correspond à la zone occupée par les banlieues, et qui occupe un territoire à peu près similaire à la région du Grand Londres mais avec une population légèrement supérieure. Au-delà de la région urbaine se trouve l'aire urbaine de Londres (London commuter belt ou London Metropolitain Area) qui regroupe les territoires habités par des personnes se déplaçant quotidiennement (commuters) pour aller travailler à Londres. La région urbaine de Londres s'est considérablement agrandie durant l'époque victorienne puis de nouveau pendant l'entre-deux-guerres. Son expansion s'est arrêtée dans les années 1940 à cause de la Seconde Guerre mondiale et de la politique dite de la ceinture verte et sa superficie n'a pas beaucoup évolué depuis. Les limites du district de la Metropolitan Police et de la zone desservie par les transports londoniens ont évolué au fil du temps mais correspondent aujourd'hui approximativement à celle du Grand Londres.
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D'autres termes tels que Inner London, Outer London, Central London, North London, South London, East London, East End of London, West London ou bien West End of London sont parfois utilisés, non traduits, pour désigner des quartiers, des unités statistiques ou des circonscriptions de Londres.
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Contrairement à de nombreuses autres capitales, le statut de « capitale du Royaume-Uni » de Londres n'a jamais été officiellement accordé à la ville par décret ou par charte écrite. Sa position actuelle s'est établie par convention constitutionnelle, Londres étant le siège du pouvoir britannique. Son statut de capitale de facto en fait un élément de la constitution non écrite du Royaume-Uni. La capitale de l'Angleterre a été transférée de Winchester à Londres après la conquête normande.
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Il se peut que les Romains aient marqué le centre de Londinium avec la pierre de Londres, toujours visible à Cannon Street[43]. Les coordonnées du centre de Londres (traditionnellement situé à la croix d'Éléonore à Charing Cross, près de l'intersection de Trafalgar Square et de Whitehall) sont approximativement 51° 30′ 29″ N, 0° 07′ 29″ O. Trafalgar Square est également devenu un lieu central de célébration et de manifestation.
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Le Grand Londres se situe à 50 km à l'ouest de l'estuaire de la Tamise et s'étend sur une superficie de 1 579 km2, ce qui en fait la commune la plus vaste d'Europe après Moscou, et au 37e rang mondial[44].
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L'altitude y varie du niveau de la mer jusqu'à 245 m (Biggin Hill, au sud de l'agglomération[45]).
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Le fleuve, qui traverse la ville d'ouest en est, a eu une influence majeure sur le développement de la ville. Londres a été fondée à l'origine sur la rive nord de la Tamise et n'a disposé, pendant plusieurs siècles, que d'un seul pont, le pont de Londres (London Bridge). Le foyer principal de la ville s'est en conséquence cantonné sur cette rive de la Tamise, jusqu'à la construction, au XVIIIe siècle, d'une série d'autres ponts. La ville s'est alors étendue dans toutes les directions, cette expansion n'étant gênée par aucun obstacle naturel, dans une campagne presque dépourvue de reliefs, à l'exception de quelques collines (Parliament Hill, Primrose Hill).
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La Tamise était autrefois plus large et moins profonde qu'aujourd'hui. Les rives du fleuve ont été massivement aménagées, la plupart des affluents ont été détournés et sont à présent souterrains, parfois transformés en égouts (ainsi, la rivière Fleet dont le nom subsiste dans Fleet Street, l'ancienne rue des journaux). La Tamise est sujette à la marée et Londres est largement inondable. Les menaces d'inondation augmentent d'ailleurs avec le temps compte tenu de l'élévation régulière du niveau de l'eau à marée haute et de la lente inclinaison de la Grande-Bretagne (relèvement au nord, abaissement au sud) causée par un phénomène de relèvement isostatique. Un barrage, la barrière de la Tamise, a été construit à travers la Tamise à Woolwich dans les années 1970, pour pallier cette menace. En 2005 cependant, il a été suggéré la construction d'un barrage d'une quinzaine de kilomètres de long plus en aval afin de parer les risques futurs d'inondation.
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Avec ses 40% d'espaces verts et aquatiques, Londres est considérée comme une des capitales les plus vertes au monde. La société d'histoire naturelle de Londres y a recensé plus de deux mille espèces de plantes à fleurs à travers la ville ainsi que 60 espèces d'oiseaux, 47 variétés de papillons et 270 sortes d'araignées. Les amphibiens sont également très présents sur l’ensemble de la ville, avec les tritons, les grenouilles rousses et les crapauds notamment. Les reptiles, avec les lézards vivipares, les couleuvres et les vipères se trouvent en revanche quasi exclusivement dans l'Outer London. La ville compte ainsi 38 sites d'intérêt scientifique particulier, deux réserves naturelles nationales ainsi que 76 réserves naturelles locales. Parmi la faune présente à Londres, on trouve également une population de 10 000 renards. Ceux- ci sont nettement moins craintifs que leurs congénères de la campagne. Ils côtoient les piétons dans la rue, et élèvent leurs petits dans les jardins des maisons.
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Le climat de Londres symbolise parfaitement le climat de type océanique. Les précipitations sont régulières toute l'année souvent sous forme de bruine, contrairement à l'Ouest du Royaume-Uni où elles sont d'intensité plus forte. La moyenne annuelle des précipitations s'établit à 622,5 mm[46], février étant le mois le plus sec de l'année. Ce niveau est inférieur à Rome ou Sydney. Londres est en fait une des capitales européennes les plus sèches, disposant de ressources d'eau par personne inférieures à celles d'Israël par exemple[47], l'impression de temps maussade vient surtout du fait que l'ensoleillement annuel est faible. Des villes aussi pluvieuses mais avec un ensoleillement élevé ne provoquent pas cette impression de temps maussade qu'on trouve à Londres.
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Les étés sont tempérés, les jours de fortes chaleurs sont rares et les hivers sont froids mais rarement glaciaux. Le mois le plus chaud est juillet avec une température moyenne à Kew Gardens de 18.0 °C n'excédant que rarement les 33 °C, quoique des niveaux plus élevés soient devenus plus fréquents récemment, les températures estivales en journée varient généralement entre 20 et 25 °C. La plus haute température fut de 38,1 °C, mesurée dans les jardins botaniques royaux de Kew, le 10 août 2003, pendant la canicule de 2003[48]. Le mois le plus froid est janvier avec des températures moyennes de 2,4 °C à 7,9 °C. La température la plus froide fut de −16,1 °C, le 1er janvier 1962 à Northolt[49].
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Les chutes de neige abondantes sont presque inconnues. Au cours des hivers les plus récents, la neige a rarement excédé un pouce d'épaisseur (soit moins de 3 cm). Ceci est notamment dû au fait que la vaste agglomération londonienne crée un microclimat, avec une chaleur enfermée par les immeubles de la ville. La nuit, la température y est parfois de 5 à 9 °C supérieure aux zones environnantes[50]. Le célèbre smog londonien, mélange de brouillard et de fumée, est devenu rarissime dans les rues de la capitale anglaise. En 1952, l'épisode de grand smog avait provoqué la mort de 4 000[51] à 12 000 personnes.
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Un rapport de 2013 de la City of London Corporation a déclaré que Londres est la "ville la plus verte" d'Europe avec 14 000 hectares de parcs publics, de bois et de jardins.
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Les parcs royaux de Londres sont des parcs qui appartiennent à la Couronne britannique. Ces huit parcs sont des réserves naturelles ainsi que des jardins botaniques[53]. Il s'agit de :
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Vue aérienne de Hyde Park.
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L'entrée de Hyde Park.
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Le jardin botanique de Kew Gardens, avec ses 125 hectares, possède la plus grande collection de plantes vivantes au monde. En 2003, les jardins ont été classés par l'UNESCO liste des sites du patrimoine mondial. Il existe également des parcs administrés par les borough Councils de Londres, comme Victoria Park dans l'East End et Battersea Park dans le centre. Certains plus informels, espaces semi-naturels existent également, comme les 320 hectares de la lande d'Hampstead Heath au Nord ou Wimbledon Common au sud.
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On décrit souvent Londres par quartiers (Bloomsbury, Mayfair, Whitechapel par exemple). Ces noms n'ont pas d'utilisation officielle mais désignent souvent des paroisses (parishes) ou des circonscriptions (city wards) et sont restés en usage par tradition, chacun faisant référence à un quartier distinct avec ses propres caractéristiques mais sans délimitation officielle.
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Il existe cependant une zone centrale de Londres qui possède une définition et un statut stricts, la Cité de Londres (City of London). Souvent appelée simplement la City, c'est l'un des plus grands quartiers financiers (central business district) mondiaux[54]. La City possède son propre corps gouvernant et ses propres frontières, lui donnant ainsi une complète autonomie politique et administrative. Le nouveau quartier financier et commercial des docklands se situe à l'est de la City et est dominé par Canary Wharf. L'autre quartier d'affaires se trouve dans la Cité de Westminster qui abrite également le gouvernement britannique et l'abbaye de Westminster.
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Le West End est le principal quartier commerçant et regroupe les principales attractions telles que Oxford Street, Leicester Square, Covent Garden et Piccadilly Circus. West London regroupe des zones résidentielles huppées telles que Notting Hill, Knightsbridge ou le district de Kensington et Chelsea où le prix moyen d'une maison dans certains quartiers est d'environ 5 500 000 livres[55] et où une maison a été vendue 60 millions de livres[56]. D'après un classement 2007 réalisé par le groupe immobilier Knight Frank et Citi Private Bank, filiale de Citigroup, Londres est la ville la plus chère du monde dans le domaine de l'immobilier résidentiel de luxe : 36 800 euros en moyenne par mètre carré dans ce secteur[57].
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Un autre quartier huppé est celui de Hampstead dans le borough de Camden, où vivent d'ailleurs de nombreuses personnalités londoniennes.
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Les zones situées à l'est de Londres regroupent l'East End et les banlieues de l'Essex. La zone appelée East London a vu naître le développement industriel de Londres. Les nombreux terrains abandonnés qu'on y trouve aujourd'hui sont en plein re-développement, notamment grâce au plan Thames Gateway, qui inclut London Riverside et la Lower Lea Valley, qui a pu accueillir le parc olympique ainsi que le stade des Jeux olympiques d'été de 2012. North London et South London sont également des termes utilisés pour désigner les deux zones de Londres séparées par la Tamise.
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La densité de population varie considérablement à Londres. Le centre regroupe de nombreux emplois tandis que la périphérie de la ville regroupe des zones résidentielles plus ou moins densément peuplées, la densité étant plus élevée dans la proche banlieue (Inner London) que dans les banlieues plus éloignées (Outer London). Les zones densément peuplées regroupent principalement des immeubles de grande hauteur et les gratte-ciel de Londres sont concentrés dans les deux quartiers d'affaires, tels que le 30 St Mary Axe, Tower 42 et l'immeuble de la Lloyd dans la Cité de Londres, One Canada Square, 8 Canada Square et 25 Canada Square à Canary Wharf.
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Récemment, la construction de très grands bâtiments a été encouragée par le plan londonien et de nombreux hauts bâtiments devraient voir le jour, particulièrement dans la Cité de Londres et à Canary Wharf[58]. Le Shard London Bridge, de 310 m pour 72 étages, près de London Bridge station, la tour Bishopsgate Tower de 288 m ainsi que 30 autres projets de gratte-ciel de plus de 150 m de hauteur proposés ou en construction, tels que le One Blackfriars de 163 m, pourraient transformer l'apparence de la ville.
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Au nombre des bâtiments remarquables de Londres figurent également la mairie à Southwark, le muséum d'histoire naturelle de Londres[59], la British Library à Somers Town, la grande cour du British Museum et le Dôme du millénaire près de la Tamise à Canary Wharf. La centrale électrique de Battersea, aujourd'hui désaffectée mais en voie de réhabilitation, est un symbole marquant, tandis que certaines gares, notamment Saint-Pancras et Paddington, sont de bons exemples de l'architecture victorienne.
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Il n'existe pas un unique style architectural permettant de décrire Londres. Différents styles et influences se sont accumulés et mélangés au fil des années. De nombreux bâtiments sont construits en briques de couleur rouge-orangé ou brun foncé comme à Downing Street, décorés de ciselures et de moulures. Nombre de quartiers sont caractérisés par des bâtiments en stuc ou blanchis à la chaux. Peu de constructions sont antérieures au grand incendie de 1666 à l'exception de quelques restes romains, de la tour de Londres et de quelques restes de l'époque Tudor. La majorité des constructions datent de l'époque édouardienne ou victorienne.
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De nombreux monuments célèbrent des personnalités ou des événements qui ont marqué la ville. Le Monument, situé dans la Cité de Londres, commémore le grand incendie de 1666, offrant une vaste perspective sur le cœur historique de la ville, où l'incendie a débuté. Marble Arch et Wellington Arch, situées respectivement à l'extrémité nord et sud de Park Lane, sont liées à la monarchie britannique de même que l'Albert Memorial et le Royal Albert Hall à Kensington. La colonne Nelson est un monument national situé à Trafalgar Square et sert généralement à marquer le centre de Londres.
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Les régions aux alentours de Londres (aujourd'hui situées à l'intérieur des frontières du Grand Londres) semblent avoir été habitées par des Bretons insulaires depuis les temps préhistoriques, mais aucune trace archéologique n'a été mise au jour au nord du pont de Londres, lieu où la ville est véritablement née et d'où elle s'est développée. Les plus anciennes traces certaines d'installations durables remontent à l'an 43 et sont dues aux Romains qui, à la suite de leur conquête de la Bretagne, y bâtissent une première ville[60]. Ce premier campement est appelé Londinium. Le pont de Londres se trouvait au centre du tout nouveau réseau de routes créé par les Romains et était un lieu de passage privilégié pour traverser la Tamise, ce qui a attiré de nombreux commerçants et ainsi contribué à la croissance de la ville. Londres est vite devenue un important centre d'échanges et de commerce, la Tamise permettant d'acheminer facilement des marchandises jusqu'au cœur de la ville[61].
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Seulement 18 ans après la fondation de la ville par les Romains, la reine Boadicée, à la tête du peuple celte des Iceni, se dresse contre l'invasion romaine et prend Londres pour cible[62]. Le gouverneur Suetonius Paulinus, alors occupé à exterminer les druides sur l'île d'Anglesey, ne peut constituer à temps une armée pour contrer l'invasion celte. La ville est partiellement évacuée, mais des milliers de commerçants sont tués. Londres est alors totalement pillée et détruite. Des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour la présence de débris brûlés recouvrant des pièces et des poteries datant de 60, à l'intérieur des limites de la ville romaine[62].
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La ville est rapidement reconstruite et prospère de nouveau, à l'image du commerce en Bretagne, remplaçant Colchester en tant que capitale de la province romaine de Bretagne. Il n'existe cependant pas d'informations permettant de dater et d'expliquer le transfert de la capitale. Vers le IIe siècle, la ville s'entoure de murailles : le mur de Londres. Pendant plus d'un millénaire, les frontières de la ville sont marquées par ce mur qui délimite une zone largement englobée aujourd'hui par celle de la City. À son apogée au IIIe siècle, la population de Londinium atteint entre 45 000 et 60 000 personnes suivant les sources. Lorsque l'Empire romain commence à décliner, les troupes protégeant la ville sont rappelées sur le continent, Londres commence à péricliter et sa population diminue. Il existe peu d'informations sur cette période appelée Dark Ages of London (« Les âges sombres de Londres »), mais après le départ des Romains de Grande-Bretagne en 410, il est largement établi qu'au Ve siècle, Londres est en ruine et pratiquement abandonnée[63].
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La position privilégiée de la ville sur la Tamise en fait un lieu stratégique et vers l'an 600, les Anglo-Saxons fondent une nouvelle ville, Lundenwic, à environ 1 km en amont de la ville romaine, à l'endroit où se trouve aujourd'hui Covent Garden[63]. Un port de pêche et de commerce est probablement localisé à l'embouchure de la rivière Fleet. Lundenwic prospère jusqu'en 851, lorsque la ville est envahie et complètement rasée par les Vikings. Après cette occupation viking, Alfred le Grand rétablit la paix et fait déplacer la ville dans les murailles de la vieille cité romaine (alors appelée Lundenburgh) en 886. La ville originale est devenue Ealdwic (« vieille ville »), dont le nom a survécu jusqu'à aujourd'hui pour donner Aldwych.
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Ensuite, sous le contrôle de plusieurs rois anglais, Londres connaît une nouvelle phase de prospérité, devenant un lieu de pouvoir ainsi qu'un centre d'échanges et de commerce. Cependant, les raids vikings reprennent au Xe siècle et atteignent leur apogée en 1013, lorsque la ville fut assiégée par le Danois Knut le Grand et que le roi Æthelred le Malavisé est contraint de s'enfuir. Lors d'une contre-attaque, l'armée du roi Æthelred remporte une victoire en détruisant le pont de Londres alors que la garnison danoise se trouve dessus. Knut finit cependant par devenir roi d'Angleterre et ses descendants règnent jusqu'en 1042. Un roi saxon, Édouard le Confesseur, leur succède et refonde l'abbaye de Westminster ainsi que le palais de Westminster. À cette époque, Londres est devenu la cité la plus grande et la plus prospère d'Angleterre, bien que le siège du gouvernement se trouve toujours à Winchester.
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Après la bataille d'Hastings, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant est couronné roi d'Angleterre dans la toute nouvelle abbaye de Westminster, le jour de Noël 1066. Il accorde certains privilèges aux habitants de Londres tout en construisant un château au sud-est de la ville pour maintenir le contrôle sur la population. Ce château, agrandi par les rois suivants, sert de résidence royale puis de prison et est aujourd'hui connu sous le nom de tour de Londres.
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En 1097, Guillaume le Roux commence la construction du hall de Westminster, près de l'abbaye du même nom. Ce hall est à l'origine du palais de Westminster, la résidence royale tout au long du Moyen Âge. Westminster devient le siège de la cour royale et du gouvernement, tandis que la Cité de Londres voisine forme un centre d'échanges et de commerce prospère sous l'autorité de sa propre administration, la Corporation of London. Les villes aux alentours se développent et forment la base du cœur de Londres moderne, remplaçant Winchester en tant que capitale du royaume d'Angleterre au XIIe siècle.
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Le 2 juin 1216, le prince Louis (futur Louis VIII) s'empare de la ville jusqu'en 1217.
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Après la défaite de l'Invincible Armada espagnole en 1588, une certaine stabilité politique en Angleterre permet à Londres de se développer davantage. En 1603, Jacques VI d'Écosse monte sur le trône d'Angleterre et s'efforce d'unifier les deux pays. Ses lois anticatholiques le rendent très impopulaire et il est victime d'une tentative d'assassinat le 6 novembre 1605, la fameuse conspiration des poudres.
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Plusieurs épidémies de peste noire touchent Londres au début du XVIIe siècle, culminant avec la grande peste de Londres de 1665, qui tue environ 20 % de la population. L'année suivante, le grand incendie de 1666 détruit une grande partie des maisons en bois de la ville. La reconstruction de Londres occupe toute la décennie suivante.
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De 1825 à 1925, Londres est la ville la plus peuplée au monde[64]. Cette croissance est accélérée par la construction des premières lignes de chemin de fer à Londres, rapprochant considérablement les villes avoisinantes. Porté par un essor boursier exceptionnellement rapide, ce réseau ferroviaire s'étend rapidement et permet à ces villes de croître tout en permettant à Londres de s'étendre et d'englober les villages aux alentours, à l'image de Kensington. L'apparition des premiers embouteillages en centre-ville mène à la création, en 1863, du premier système de transport souterrain au monde, le métro de Londres, accélérant encore le développement de l'urbanisation[65]. Grâce à cette croissance rapide, Londres devient l'une des premières villes à dépasser le million d'habitants et la première à dépasser les cinq millions.
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Le gouvernement local de Londres éprouve des difficultés à gérer l'expansion rapide de la ville, surtout au niveau des infrastructures. Entre 1855 et 1889, le Metropolitan Board of Works supervise la croissance des infrastructures. Il est remplacé par le comté de Londres, géré par le London County Council, la première assemblée élue au niveau de la ville, jusqu'en 1965.
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Le Blitz et les bombardements allemands de la Luftwaffe durant la Seconde Guerre mondiale entraînent la mort d'environ 30 000 personnes[66] et la destruction de nombreuses habitations et bâtiments dans la ville. La reconstruction dans les années 1950, 1960 et 1970 se caractérise par une absence d'unité architecturale, typique du Londres moderne. En 1965, les limites de Londres sont modifiées pour tenir compte de l'expansion de la ville en dehors du comté de Londres. Le nouveau territoire agrandi, administré par le Greater London Council, prend le nom de Grand Londres.
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Dans les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, une large immigration provenant des pays du Commonwealth décolonisés fait de Londres une des villes européennes les plus ethniquement cosmopolites. L'intégration des nouveaux immigrants ne se fait pas toujours en douceur, avec par exemple les émeutes de Brixton dans les années 1980, mais elle se déroule mieux que dans d'autres régions britanniques. Après l'abolition du Greater London Council en 1987, Londres est privé d'une administration centrale jusqu'à la création, en 2000, de la Greater London Authority et du poste du Maire de Londres (Mayor of London).
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Le renouveau économique des années 1980 rétablit Londres sur le devant de la scène internationale. En 2012, Londres devient la première ville à accueillir les Jeux olympiques modernes pour la troisième fois[67], tandis qu'en 2015 la population municipale dépasse 8,63 millions d'habitants, son plus haut niveau depuis 1939[68]. En 2016, Londres est la première capitale occidentale à élire un maire musulman, le travailliste Sadiq Khan[69].
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En tant que siège du gouvernement et principale agglomération du Royaume-Uni, la ville connaît de nombreux épisodes terroristes. L'IRA provisoire tente de mettre le gouvernement britannique sous pression au sujet des négociations en Irlande du Nord, interrompant fréquemment les activités de la ville avec des alertes à la bombe ou des attentats jusqu'au cessez-le-feu de 1997. Le 7 juillet 2005, une série d'attentats est perpétrée dans les transports en commun londoniens par des kamikazes islamistes, 24 heures seulement après que l'organisation des Jeux olympiques de 2012 est confiée à la ville. Le 22 mars 2017, un attentat revendiqué par l'État islamique est commis par Khalid Masood sur le pont de Westminster et dans l'enceinte du Parlement ; il fait 3 morts (4 si on compte le terroriste) et une cinquantaine de blessés[70],[71]. La Police métropolitaine a précisé que Masood ne faisait pas partie d'une organisation terroriste et qu'il a agi seul[72]. 3 mois plus tard, une autre attaque terroriste touche le centre de la ville.
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La gestion de Londres s'effectue sur deux niveaux : au niveau de la ville, sous l'autorité du Greater London Authority (GLA) et à un niveau plus local au sein des 33 districts londoniens.
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Le Greater London Authority est responsable du plan londonien définissant la stratégie de développement de Londres, des services de police (Metropolitan Police Authority), de lutte contre les incendies (London Fire Brigade), de la plupart des transports (Transport for London) et du développement économique (London Development Agency). Le GLA est composé du maire de Londres, qui dispose des pouvoirs exécutifs, et de la London Assembly qui examine les propositions du maire et vote ou rejette ses propositions de budget chaque année. Le GLA est une administration relativement récente (2000) créée afin de remplacer le Greater London Council (GLC) aboli en 1986. Le siège de la Greater London Authority et du maire de Londres (City Hall) se trouvent au bord de la Tamise, près du Tower Bridge.
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Depuis le 6 mai 2016, le poste de maire de Londres est occupé par le travailliste Sadiq Khan.
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Les 33 districts sont formés des 32 boroughs et de la Cité de Londres et sont responsables des services locaux non pris en charge par le GLA tels que l'aménagement local, les écoles, les services sociaux, les routes locales et le ramassage des ordures. Chacun des districts a à sa tête un conseil (council) élu tous les quatre ans. La cité de Londres n'est pas dirigée par une autorité locale classique mais par la Corporation of London élue par les résidents et les entreprises et qui n'a pratiquement pas changé de forme depuis le Moyen Âge. La Corporation of London a à sa tête le Lord Mayor of London, qui est un poste différent de celui du maire de Londres.
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La Cité de Londres possède sa propre force de police, la City of London Police indépendante du Metropolitan Police Service qui est responsable du reste du Grand Londres.
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Les services de santé sont gérés par le gouvernement national grâce au National Health Service, sous la responsabilité, à Londres, d'un seul NHS Strategic Health Authority[73].
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Un code postal « postcode » sert à délivrer le courrier et correspond ainsi à une adresse particulière. En Grande-Bretagne, un code postal se présente de la manière suivante WY11 1ZZ. Les deux premières lettres pour la ville, les numéros pour une région, les lettres et numéros à une zone résidentielle. Un code postal indique la rue de résidence mais aussi de quel côté de la rue on habite.
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Les codes postaux de Londres sont divisés en Nord, Nord-Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest, Ouest et Est. Chaque code postal débute par N, NW, SE, SW, W ou E et les zones du centre-ville par EC et WC. Chaque zone correspondant à un code postal mesure 1-10 km2 selon la densité de population, en donnant la première lettre du code postal on indique tout de suite dans quel endroit on habite à Londres. Londres est aussi divisée en arrondissements, qui sont une subdivision administrative de la ville[74].
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Donc, la zone postale de Londres ne correspond pas au Grand Londres. La majorité de la banlieue de Londres a les codes postaux différents, représentant les quartiers principaux. Ces codes postaux débutent par BR, CR, DA, HA, EN, IG, KT, RM, SM, TW et UB, qui signifient respectivement Bromley, Croydon, Dartford, Harrow, Enfield, Ilford, Kingston upon Thames, Romford, Sutton, Twickenham et Uxbridge.
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Londres est le siège du gouvernement du Royaume-Uni situé au palais de Westminster à Westminster. Plusieurs annexes du gouvernement sont situées aux alentours du Parlement, particulièrement le long de Whitehall où se trouve la résidence du Premier ministre au 10 Downing Street.
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Bien qu'utilisée pour la première fois au XIXe siècle par John Bright pour décrire l'Angleterre elle-même[75], l'expression Mother of the Parliament (mère des parlements) est souvent utilisée pour faire référence au parlement britannique[76] car il est souvent considéré comme le premier à avoir instauré un système composé d'une chambre haute et d'une chambre basse élues et a été suivi par beaucoup d'autres systèmes politiques, notamment en Europe et dans les pays du Commonwealth.
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Dans le cadre des élections à la Chambre des communes, Londres est divisée en 73 circonscriptions électorales qui élisent chacune un député (Member of Parliament, MP). Lors des élections de 2015, le Parti travailliste a emporté 45 des 73 sièges londoniens, le Parti conservateur 27 et les Libéraux-démocrates le dernier[77].
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Des relations sont en construction avec Tokyo (Japon) et Shanghai (Chine).
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Londres a toujours été un important foyer de population. À la fois, ville, aire urbaine et région urbaine la plus peuplée du Royaume-Uni, elle a également été la plus peuplée d'Europe et du monde avant de connaître un léger déclin.
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Le Grand Londres, composé de Inner London et Outer London, compte 8 615 000 habitants en 2014. L'aire urbaine de Londres compte près de 10 millions d'habitants tandis que l'aire métropolitaine, sa zone d'influence directe, compte 15 millions d'habitants. D'après Eurostat, Londres est la première ville la plus peuplée et la deuxième aire urbaine la plus importante d'Europe de l'Ouest après Paris[79]. La ville se classe également au quinzième rang des villes les plus peuplées du monde et au quinzième rang des aires urbaines les plus peuplées.
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La région du Grand Londres occupe une superficie de 1 572 km2 et la densité de population est de 5 285 habitants par km2, soit une densité plus de 10 fois supérieure à celle de l'Écosse, de l'Irlande du Nord, du pays de Galles ou de n'importe quelle autre région anglaise. Cette densité cache cependant des disparités au sein de 32 districts. En 2005, le borough royal de Kensington et Chelsea (Inner London) comptait 16 178 hab./km2 contre 2 011 pour Bromley (Outer London)[80].
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La structure de la population de Londres est légèrement différente de celle de l'Angleterre ou du Royaume-Uni. L'attractivité de Londres a entraîné une immigration vers la capitale de personnes en âge de travailler depuis le reste du pays ou l'étranger. La proportion de personnes entre 20 et 44 ans représente 42,8 % contre 35,1 à l'échelle nationale. En contrepartie, la proportion de personnes âgées de 60 ans et plus (14,4 %) est inférieure à la moyenne nationale (18,4 %)[81].
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Londres comptait sans doute un peu plus de 50 000 habitants en 1500. Elle s'est rapidement développée aux XVIe siècle et XVIIe siècle. Un peu avant 1700, elle dépasse les 500 000 habitants et devient la ville la plus peuplée d'Europe devant Paris. Elle est environ vingt fois plus peuplée que Bristol, la deuxième ville d'Angleterre à l'époque[83]. En 1801, lors du premier recensement, la ville comptait 959 300 habitants[84]. Après cette date, dans un contexte d'industrialisation rapide, la population s'accroît fortement et en 1831, la ville atteint 1 655 000 habitants[84]. Sa population dépasse celle de Pékin, et la ville devient donc la plus peuplée au monde. Elle le reste jusqu'en 1925, date à laquelle elle est dépassée par New York[85]. La population de Londres a culminé à 8 615 245[84] en 1939 puis a décliné jusqu'à 6 608 598 au recensement de 1981 avant de remonter jusqu'à 8 173 900 lors du recensement de 2011.
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Londres est l'une des villes possédant la plus grande diversité d'origines. Le recensement de 2011 a enregistré que 2 998 264 personnes, soit 36,7% de la population de Londres, sont nées à l'étranger, faisant de Londres la ville avec la deuxième plus grande population d'immigrants, derrière New York, en termes absolus. D'après le recensement démographique de 2011, 59,8 % des 8,2 millions de Londoniens se considèrent comme appartenant au groupe « Blanc », 12 % des habitants se considèrent comme Indiens, Pakistanais ou Bengalis, 13,3 % se considèrent comme noirs (environ 7 % de Noirs africains et 4,2 % de Noirs des Caraïbes), 1,5 % se disent Chinois et 5 % se considèrent comme issus de plusieurs origines.
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En 2001, 27 % des Londoniens sont nés en dehors du Royaume-Uni et 21,8 % hors de l'Union européenne. Les Irlandais (d'Irlande et d'Irlande du Nord) sont environ 200 000, tout comme les Écossais et les Gallois.
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Londres est également une des villes les plus actives du monde sur le plan linguistique. Une étude menée en 2005 a montré que plus de trois cents langues différentes y sont parlées et qu'on peut y trouver 50 communautés ethniques comptant plus de 10 000 membres[87].
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Les chiffres de l'Office for National Statistics montrent que le nombre de Londoniens nés à l'étranger atteignait 2 288 000 en 2006 contre 1 630 000 en 1997[88].
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Le tableau ci-contre donne le pays de naissance des résidents de Londres en 2011, date du dernier recensement britannique.
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D'après le recensement de 2011, on dénombrait à Londres 48,4 % de chrétiens (catholiques, protestants, anglicans ou autres), 12,4 % de musulmans, 5 % d'hindous, 1,8 % de juifs, 1,5 % de sikhs, 1 % de bouddhistes, 0,6 % d'autres religions, 20,7 % de personnes sans religion et 8,5 % de personnes ne déclarant pas leur religion[89].
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Du point de vue de la religion, Londres a été, tout au long de son histoire, dominée par le christianisme et compte un nombre important d'églises, notamment dans la City. La cathédrale Saint-Paul ainsi que la cathédrale de Southwark sont à la tête de l'Église anglicane tandis que les cérémonies officielles et royales se déroulent soit à Saint-Paul soit à l'abbaye de Westminster (à ne pas confondre avec la cathédrale de Westminster qui est un édifice relativement récent ainsi que la plus grande cathédrale romaine catholique d'Angleterre et du pays de Galles). Malgré ceci, le pourcentage d'anglicans pratiquants est très bas. En revanche, ce taux est beaucoup plus élevé dans les communautés romaines catholiques et chrétiennes orthodoxes[90],[91].
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Londres abrite également d'importantes communautés musulmane, hindoue, sikhe et juive. De nombreux musulmans vivent à Tower Hamlets et à Newham et le plus important édifice musulman est la grande mosquée de Londres près de Regent's Park. On estime à 600 000 le nombre de musulmans vivant dans la capitale britannique[92].
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La communauté hindoue de Londres réside dans les quartiers nord-ouest de Harrow et de Brent, où se trouve un des plus grands temples hindous d'Europe, le temple Neasden[93]. La communauté sikhe se trouve elle dans l'Est et dans l'Ouest de Londres, qui abrite également un des plus grands temples sikhs situés hors d'Inde. La majorité des Britanniques de confession juive se trouve à Londres, particulièrement à Stamford Hill et Golders Green dans le Nord de Londres[94].
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En 2014, Londres est la cinquième ville du monde en termes de PUB, et la première d'Europe devant Paris intramuros[95]. Le Grand Londres réalise environ un quart du PIB du Royaume-Uni, et l'aire métropolitaine de Londres environ un tiers[96]. La productivité est nettement supérieure à la moyenne nationale[97]. Très fortement tertiarisée[98], Londres connaît une importante spécialisation dans la finance. La capitale britannique est la première place financière du monde et l'un des principaux centres d'affaires internationaux[99]. D'après une étude de fDi Markets datant de 2016, Londres est la deuxième ville mondiale ayant reçu le plus d'investissements directs étrangers après Singapour[100]. La ville se hisse première mondiale pour sa connectivité et deuxième pour son potentiel économique et son environnement favorable aux affaires[100].
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L'immigration joue un rôle majeur, elle concerne des personnes de qualification très diverses, mais une des caractéristiques de la ville est sa capacité à attirer les hauts revenus et les personnes avec de hautes qualifications[101].
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Les inégalités économiques sont fortes. Londres compte de nombreuses poches de pauvreté et le taux de chômage est plus élevé que la moyenne nationale (4,3 % au Royaume-Uni en 2017 contre 4,9 % à Londres[102]) et 53 % des enfants de ces quartiers vivent dans un état de pauvreté[103].
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Le nombre de personnes sans-domicile fixe à Londres a augmenté de 169 % entre 2010 et 2019[104].
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Les prix de vente et de location augmentent régulièrement, obligeant de nombreuses personnes à partager un appartement parce qu'elles n'ont pas les moyens d'en louer un pour elles seules. Il est devenu courant à Londres qu'un logement n'ait pas de salon parce que celui-ci est loué comme chambre à coucher[105].
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L'économie de Londres s'est orientée vers les services beaucoup plus tôt que d'autres villes européennes, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Le succès de Londres dans le secteur tertiaire s'explique surtout par plusieurs des facteurs[106] :
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Londres a concentré entre 2008 et 2017 35 % des créations d'emplois du Royaume-Uni, notamment grâce à un modèle économique favorisant les grandes métropoles[107].
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Environ 85 % de la population du Grand Londres (soit 3,2 millions de personnes) travaillent dans le secteur des services. 500 000 personnes travaillent dans l'industrie et la construction (en proportions égales)[108].
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Londres concentre ses activités financières et juridiques dans cinq centres différents : la City, Westminster, Canary Wharf, Camden & Islington et Lambeth & Southwark.
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La principale activité économique de Londres est le secteur financier dont les exportations financières, (c'est-à-dire les services aux entreprises fournis par des sociétés londoniennes à des entreprises étrangères dans le secteur des services financiers (indépendamment de l'immobilier)), contribuent grandement à la balance des paiements du Royaume-Uni[109]. Plus de 360 000 personnes travaillent dans le secteur de la finance de Londres en 2015 qui abrite plus de 480 banques, soit plus que n'importe quelle autre ville au monde[110]. La City est le plus grand centre d'affaires d'Europe en termes de flux de capitaux et s'impose comme une véritable place financière de premier plan après lois Sarbanes-Oxley qui accroissent les exigences comptables pour les entreprises cotées à la bourse de Wall Street[111]. Lors d'une récente étude publiée par Mastercard, Londres surpasse New York dans quatre des six domaines de l'étude dont la stabilité économique, la facilité de faire des affaires et le volume des flux financiers[112]. Le maire de New York Michael Bloomberg a déclaré que New York risquait de perdre son statut de capitale financière du monde au profit de Londres à cause du droit et des systèmes de régulation et d'immigration moins stricts du Royaume-Uni[113]. En 2016, la City de Londres générait un peu plus de 2 % du PIB britannique et 0,38 % du PIB de l'Union Européenne soit une création en moyenne de plus de 24 milliards de dollars par kilomètre carré par an[111].
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Un second centre financier se développe à Canary Wharf, à l'est de la City, et compte le quartier général des banques HSBC et Barclays, de l'agence Reuters ainsi que de nombre des plus grands cabinets d'avocats au monde. Les quartiers généraux européens de J.P. Morgan, Citi, Bank of America, Morgan Stanley et American Express sont aussi localisés à Canary Wharf[114]. En 2005, Londres a traité 31 % des transactions sur le marché des changes et traite quotidiennement environ 753 milliards de dollars, soit plus qu'à New York[115],[116].
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Plus de la moitié des 100 premières entreprises britanniques (FTSE 100) et plus de 100 des 500 plus grandes entreprises européennes ont leur siège à Londres. Plus de 70 % des entreprises du FTSE 100 ont leur siège dans l'aire urbaine de Londres et 75 % des entreprises du Fortune 500 ont un bureau à Londres[111].
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Les médias sont particulièrement concentrés à Londres et l'industrie de la distribution des médias en est le deuxième secteur le plus compétitif[117]. La BBC est un employeur clé de la ville tandis que de nombreux autres médias ont leur siège à Londres.
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Le port de Londres a été le plus important du monde mais arrive aujourd'hui en troisième position au Royaume-Uni. 50 millions de tonnes de marchandises y transitent chaque année[118]. La plupart de ces marchandises transitent cependant par Tilbury qui se trouve en dehors des limites du Grand Londres.
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La Chambre de commerce et d'industrie de Londres est la plus grande organisation indépendante de réseautage et d'assistance commerciale de la capitale britannique. Elle représente les intérêts de milliers d'entreprises[119].
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Pour sa part la Bourse de Londres, crée en 1801, est un marché boursier située dans la ville. Il s'agit d'un des plus grands marchés de la planète[120].
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Londres est une des principales destinations touristiques au monde. Ce secteur génère entre 280 000[121] et 350 000[122] emplois selon les sources. En 2008, les revenus du tourisme représentaient 10,5 milliards £[123]. En 2014, Londres a reçu 17,4 millions de touristes étrangers, pour un total d'environ 28 millions[124].
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Londres bénéficie de son statut de capitale anglophone en Europe et attire ainsi chaque année de très nombreux étudiants du continent venus apprendre la langue anglaise. Une importante économie du tourisme estudiantin s'est développée autour de cette manne, certains n'hésitant pas à en profiter par des pratiques à la limite de la légalité[125].
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Les principaux sites touristiques londoniens sont concentrés dans le West End, qui comprend les grands magasins d’Oxford Street, les théâtres, et les quartiers tels que Soho, Covent Garden, Mayfair, Piccadilly Circus et la place de Leicester Square. Les monuments les plus célèbres de Londres sont Westminter Abbey, Big Ben, le British Museum, la Tate Gallery, le Tate Modern, Madame Tussauds, les palais de Westminster et de Buckingham, l’Imperial War Museum, le Science Museum, la National Gallery, la National Portrait Gallery, le Tower Bridge, la tour de Londres, London Eye, la cathédrale Saint-Paul et Arsenal Football Club Museum. Le nombre de chambres d'hôtel à Londres en 2015 s'élevait à 138 769, le nombre le plus élevé en Europe.
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Selon une étude du King's collège de Londres, la pollution à l’hydroxyde d'azote provoque plus de 9 000 décès prématurés à Londres chaque année[126].
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Le palais de Buckingham est la résidence officielle des monarques du Royaume-Uni depuis 1837. Il se situe dans la ville de Londres. C'est aussi le siège administratif du monarque régnant au Royaume-Uni[127],[128],[129].
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Le palais compte 775 chambres dont 19 chambres d'État. Il mesure 108 mètres de long sur l'avant, 120 mètres de profondeur (incluant le quadrilatère central) et 24 mètres de haut[129].
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50 000 personnes par année participent à des banquets d'État se déroulant au palais de Buckingham. Sa Majesté y tient aussi des audiences hebdomadaires avec le Premier ministre[129],[130].
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Les transports sont un des quatre domaines de compétence du maire de Londres[131]. Le réseau de transport public, géré par Transport for London (TfL), est un des plus étendus au monde[132] mais subit tous les jours des embouteillages, retards et problèmes de maintenance. Un programme de 7 milliards de livres a été mis en place pour tenter d'améliorer le réseau à l'horizon de 2012, pour l'inauguration des Jeux olympiques[133]. Malgré un coût des plus élevés d'Europe, l'ensemble du réseau londonien a cependant été déclaré meilleur réseau de transport au monde (devant New York et Paris) par 25 % des 2 000 personnes interrogées lors d'un sondage réalisé par TripAdvisor[134].
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L'élément central du réseau de transport de la capitale britannique est le métro de Londres, Underground ou London Tube appelé familièrement The Tube, composé de 274 stations et 16 lignes interconnectées pour une longueur totale de 408 km. Il existe de nombreux projets d'extensions, notamment la Elizabeth line dont l'ouverture est prévue pour fin 2018[135]. Inauguré en 1863, c'est le plus ancien réseau au monde[65]. Il comporte même la toute première ligne de métro électrique, la City & South London Railway, mise en service en 1890[136]. Trois millions de trajets par jour, soit environ un milliard par an, sont effectués sur l'ensemble du réseau du métro[137], qui dessert principalement le centre historique de Londres ainsi que les banlieues de la ville situées au nord de la Tamise mais s'étend jusqu'au-delà des frontières du Grand Londres. Les banlieues sud et sud-est sont moins desservies par le métro mais bénéficient d'un important réseau de trains de banlieue. Le Docklands Light Railway, inauguré en 1987, dessert l'Est de Londres et Greenwich sur les deux rives de la Tamise.
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Londres est un point central du réseau ferroviaire britannique avec 14 gares reparties dans la ville proposant des services de banlieue, grandes lignes, liaisons internationales et liaisons avec les principaux aéroports. La plupart des zones de l'agglomération non desservies par le métro ou le DLR sont accessibles par rail depuis une des gares centrales.
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Ces 14 gares sont Blackfriars, Cannon Street, Charing Cross, Euston, Fenchurch Street, King's Cross, Liverpool Street, London Bridge, Moorgate, Marylebone, Paddington, St. Pancras, Victoria et Waterloo.
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Les trains de banlieue ne traversent généralement pas la ville mais s'arrêtent dans une des 14 gares de la ville situées autour du centre historique. Crossrail est un projet de réseau express régional qui devrait entrer en fonction en 2021 et qui permettra de relier les banlieues est et ouest en traversant Londres dans un souterrain. Un train urbain, l'Overground est entré en service en novembre 2007. Le service de train Eurostar relie la gare de Saint-Pancras à Lille et Paris (France), par l'Eurotunnel, en 1 h 20 et 2 h 15 respectivement, Bruxelles (Belgique) en 1 h 50, mais aussi, depuis 2015, Lyon en un peu moins de 6 h puis Avignon en 7 h et Marseille en 7 h 30. Il y a aussi des projets de réinsertion du tramway dans le centre de Londres.
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Le Tramlink est un réseau de tramway qui dessert la banlieue sud de Londres : les boroughs de Croydon, Bromley, Sutton et Merton.
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Le London Inner Ring Road (périphérique situé autour du centre de Londres), les routes A406 et A205 (dans la banlieue) ainsi que l'autoroute M25 (plus éloignée) contournent la ville et relient les nombreuses voies allant vers le centre-ville de Londres (Inner London). Le périphérique M25 est la plus longue autoroute circulaire en Europe avec ses 195 km de long. Un projet d'autoroutes sillonnant l'agglomération (appelées London Ringways) avait été lancé en 1962 mais a été en grande partie abandonné au début des années 1970-1971 à cause des objections des riverains et des coûts élevés[138]. En 2003, un péage urbain a été introduit afin de réduire le trafic en centre-ville. À quelques exceptions près, les automobilistes doivent payer 8 livres par jour pour pénétrer à l'intérieur d'une zone correspondant au centre de Londres. Les automobilistes résidant au sein de la zone payante payent 10 %, payables soit pour 5 jours au tarif de 4 £ ou 16 £ pour quatre semaines.
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Les taxis noirs londoniens sont célèbres dans le monde entier pour avoir été montrés à maintes reprises au cinéma et à la télévision. Le taxi londonien a une longue histoire: les voitures sont noires, et ils sont traditionnellement appelés Blacks Cabs, ou Hackney Cabs dont le nom dérive du quartier Hackney où déjà en 1654, il est devenu nécessaire de réglementer le service et le trafic. Jusqu'au début du XXe siècle, les taxis étaient constitués de voitures hippomobiles. Puis vint l'avènement de la voiture et les taxis londoniens prennent aujourd'hui l'apparence des berlines noires: en 2011, il y avait environ 22 000 taxis noirs dans la ville.
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Un autre symbole de Londres est le célèbre bus rouge à impériale, à un étage (single-decker) ou à deux étages (double-decker). Le réseau de bus de Londres est l'un des plus importants au monde, avec environ 8 500 bus, plus de 700 lignes de bus et environ 19 500 arrêts de bus. Londres possède le plus grand réseau accessible aux fauteuils roulants du monde et, depuis le 3ème trimestre 2007, est devenu plus accessible aux passagers malentendants et malvoyants à mesure que les annonces audiovisuelles étaient introduites. La plupart des lignes d'autobus du réseau de Londres fonctionnent en journée et en soirée. Certaines lignes fonctionnent même 24 heures sur 24. L'autobus est le moyen de transport principalement utilisé pour les déplacements locaux et transporte plus de passagers que le métro[139]. Chaque jour de la semaine, les bus londoniens transportent 6 millions de passagers sur plus de 700 itinéraires différents. Le nombre de voyages a atteint 1,8 milliard en 2005/2006[140].
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Londres, pour soutenir sa politique d'éradication de la voiture, investit très lourdement dans le transport individuel cycliste. C'est ainsi qu'en 2006 Londres a investi 38 millions d'euros dans les voies cyclables et les parkings à vélo. Le vélo-partage contribue également à accroitre la mobilité urbaine des Londoniens : en 2016, les vélos Santander construits par PBSC Solutions Urbaines au Canada étaient au nombre de 13 600 répartis sur 570 stations.
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Londres est également une plate-forme de correspondance aérienne mondiale. En 2017, plus de 170 millions de passagers ont transité dans un des 6 aéroports de Londres[141] (London Heathrow, Gatwick, Stansted, Luton, London City, London Southend), ce qui en fait la ville la plus fréquentée au monde. L'aéroport d'Heathrow est le deuxième plus important au monde en nombre de passagers internationaux[142] et propose une gamme complète de vols intérieurs, européens ou intercontinentaux. Une part importante du trafic international ainsi que nombre de vols de compagnies aériennes à bas prix sont prises en charge par l'aéroport de Gatwick. Les aéroports de Stansted et de Luton sont spécialisés dans les vols court-courriers des compagnies à bas prix. L'aéroport de Londres-City, le plus petit et le plus proche de Londres, est plutôt, de par sa proximité avec les centres financiers de la capitale, spécialisé dans les vols privés et accueille des vols court-courriers ainsi qu'un important trafic de jets privés[143]. L'aéroport de Londres-Southend est le nouveau venu dans le choix des voyageurs. Finalement, il y a l'aérodrome de Biggin Hill, dans le Sud-Est de Londres, utilisé seulement par les jets privés.
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Le transport le long de la Tamise, qui est entièrement navigable, est également une coutume séculaire à Londres, remontant en fait à 1555 et la fondation par le gouvernement anglais de la Company of Watermen and Lightermen, dans le but de contrôler la navigation fluviale pour le transport de fret et passagers, qui existe toujours. La Tamise est utilisée par les bateaux de tourisme et les bateaux-bus. Les services sont assurés par London River Services.
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Les jetées de Londres (en anglais : Pier) sont dispersées sur tout le cours de la rivière. En aval, les jetées principales sont :
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Le premier et seul téléphérique de Londres, connu sous le nom d'Emirates Air Line, a ouvert ses portes en juin 2012. Traversant la Tamise, reliant la péninsule de Greenwich et les Royal Docks à l'est de la ville, le téléphérique est intégré au système de billetterie Oyster Card de Londres, bien que des tarifs spéciaux soient facturés. Ayant coûté 60 millions de livres sterling, il transporte plus de 3 500 passagers par jour, bien que sa capacité soit nettement supérieure. Semblable au programme de location de vélos de Santander Cycles, le téléphérique est parrainé dans le cadre d'un accord de 10 ans avec la compagnie aérienne Emirates.
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Londres est un centre mondial de recherche et d'enseignement dans le supérieur. Selon le classement QS des universités de 2015/16, Londres est la ville avec la plus forte concentration d'universités de première classe dans le monde et sa population étudiante internationale de 110 000 est plus grande que toute autre ville dans le monde[144]. Une étude menée en 2014 par PricewaterhouseCoopers annonce Londres comme la capitale mondiale de l'éducation dans le supérieur[145].
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Un certain nombre d'établissements d'enseignement de premier plan sont basés à Londres. Dans le classement 2015 de QS, l'Imperial College London atteint la 2e place mondiale, University College London (UCL) la 5e, and King's College London (KCL) est classée 16e[146]. La London School of Economics est souvent décrite comme une institution phare pour la recherche en sciences sociales[147]. La London Business School est considérée comme l'une des meilleures écoles de second cycle universitaire en économie et administration. En 2015, son programme MBA est classé deuxième mondial par le Financial Times[148].
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Avec plus de 120 000 étudiants à Londres, l'université fédérale de Londres est la plus grande université du Royaume-Uni[149]. Elle inclut cinq universités indépendantes — City, King's College London, Queen Mary, Royal Holloway et UCL — et des institutions plus petites et plus spécialisées telles que Birkbeck, le Courtauld Institute of Art, Goldsmiths, Guildhall School of Music and Drama, la London Business School, la London School of Economics, la London School of Hygiene & Tropical Medicine, la Royal Academy of Music, la Central School of Speech and Drama, le Royal Veterinary College et la School of Oriental and African Studies[150]. Les membres de l'université de Londres ont leur propres procédures d'admission, et certaines offrent leur propre diplôme.
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Il existe d'autres universités n'étant pas affiliées à l'université de Londres, comme le prestigieux Imperial College London ou encore Brunel University, Kingston University, London Metropolitan University, University of East London, University of West London, University of Westminster, London South Bank University, Middlesex University, et la University of the Arts London (qui est la plus grande université d'arts en Europe). Il existe de plus trois universités internationales à Londres — Regent's University London, Richmond, The American International University in London et Schiller International University.
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Londres inclut cinq écoles de médecines de pointe — Barts and The London School of Medicine and Dentistry (Queen Mary), l'école de médecine de King's College London (la plus grande école médicale d'Europe), l'école de médecine de l'Imperial College, l'école de médecine de UCL et St George's, University of London. C'est l'un des plus grands centre de recherche biomédicale avec notamment l'institut Francis Crick[151] fondé par l'Imperial College, King's College et UCL.
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Il y a un grand nombre d'écoles de commerce à Londres, dont la London School of Business and Finance, la Cass Business School, la Hult International Business School, ESCP Europe, l'European Business School London, l'Imperial College Business School, la London Business School et la UCL School of Management.
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Au sein de la cité de Westminster, le quartier de West End regroupe un grand nombre d'attractions autour de Leicester Square, où de nombreux films sont joués en avant-première britannique et mondiale, et Piccadilly Circus et ses publicités électroniques couvrant de nombreux bâtiments.
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Dans cette zone se trouvent également le quartier des théâtres de Londres qui regroupe de nombreux cinémas, bars, pubs, boîtes de nuit, restaurants ainsi que le quartier chinois de Londres. Un peu plus à l'est se trouve Covent Garden. Shoreditch et Hoxton, situés à Hackney dans l'East End regroupent également de nombreux bars, restaurants, night-clubs et galeries. Upper Street, une rue de 2 km de long du district d'Islington, compterait plus de bars que n'importe quelle autre rue au Royaume-Uni. C'est également la première rue à proposer un accès internet sans fil dans ses cafés.[réf. nécessaire]
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Oxford Street, souvent citée comme étant la plus longue rue commerçante au monde, regroupe plus de 300 commerces sur environ 2 km, depuis Marble Arch, et accueille près de 200 millions de clients par an[152]. Bond Street à Mayfair abrite de nombreuses boutiques de luxe, de même que le quartier de Knightsbridge où se situe Harrods. Les quartiers de Knightsbridge (Sloane Street), Mayfair (Bond Street, Brook Street) et Chelsea (King's Road) regroupent de nombreux créateurs et boutiques de mode dont Vivienne Westwood, John Galliano, Stella McCartney, Manolo Blahnik et Jimmy Choo. Londres abrite également de nombreux marchés, dont Camden market pour la mode, Portobello Road pour les antiquités et Borough Market pour les produits bios.
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Londres fait partie des 4 capitales de la mode, aux côtés de Paris, Milan et New York. La Fashion Week de Londres qui a lieu depuis 1984 compte parmi les plus importantes semaines de la mode du monde.
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Londres est connue pour son rôle mélangeant créativité débridée et conservatisme, sa mode de rue, ainsi que sa mode masculine traditionnelle symbolisée par Savile Row. Dans les années 1960, c'est le Swinging London : Londres compte alors près de deux mille magasins de vêtements, et Carnaby Street en est l'épicentre, mais aussi King's Road à Chelsea. A la fin des années 1970, c'est la mode punk, notamment représentée par Vivienne Westwood, qui remet Londres sur le devant de la scène. Au début du XXIè siècle des créateurs comme John Galliano, Alexander Mc Queen, Stella McCartney ou Jimmy Choo témoignent du dynamisme de la ville. Le Central Saint Martins College of Art and Design est une des plus prestigieuses écoles de mode et de stylisme au monde. La ville occupe ainsi une place éminente sur la scène mondiale dans les secteurs liés au luxe. En 2017 Londres s'est classée deuxième ville dans le monde, après Paris, pour le nombre d'ouvertures dans le secteur du luxe et des produits premium.
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Londres abrite également de nombreuses écoles des arts du spectacle comme la Central School of Speech and Drama, d'où sont sortis Judi Dench et Laurence Olivier, la London Academy of Music and Dramatic Art, où ont été formés Jim Broadbent et Donald Sutherland entre autres, ainsi que la Royal Academy of Dramatic Art, qui compte Joan Collins et Roger Moore parmi ses anciens élèves. Le Festival du film de Londres, organisé par le British Film Institute, se tient dans la ville tous les ans en octobre.
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Londres possède un panel de musées parmi les plus importants au monde. On en compte 240 (contre 173 à Paris), musées, galeries et autres institutions, dont beaucoup sont gratuits et sont des attractions touristiques majeures et jouent un rôle de recherche. Le premier d'entre eux à avoir été créé était le British Museum de Bloomsbury, en 1753. Contenant à l'origine des antiquités, des spécimen d'histoire naturelle et la bibliothèque nationale, le musée compte maintenant 7 millions d'artefacts provenant du monde entier. En 1824, la National Gallery a été fondée pour abriter la collection nationale britannique de peintures occidentales. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la localité de South Kensington a été développée comme " Albertopolis ", un quartier culturel et scientifique. Trois grands musées nationaux s'y trouvent: le Victoria and Albert Museum, plus grand musée d'arts appliqués du monde, le musée d'histoire naturelle, et le Science Museum. La National Portrait Gallery a été fondée en 1856 pour abriter des représentations de personnages de l'histoire britannique; ses collections comprennent désormais la plus vaste collection de portraits au monde. La galerie nationale d'art britannique est à la Tate Britain, créée à l'origine comme une annexe de la National Gallery en 1897. La Tate Gallery, comme on l'appelait auparavant, est également devenue un centre majeur de l'art moderne; en 2000, cette collection a déménagé à la Tate Modern, une nouvelle galerie installée dans l'ancienne centrale électrique de Bankside. On peut également citer le National Maritime Museum de Greenwich, le plus grand de son genre au monde, la Wallace Collection, une des plus belles collections privées d'art au monde, ou le célèbre Madame Tussauds.
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La British Library est l'une des plus grandes bibliothèques du monde et la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Il existe de nombreuses autres bibliothèques de recherche, dont la Wellcome Library et le Dana Center , ainsi que des bibliothèques universitaires , notamment la British Library of Political and Economic Science à LSE, la Central Library à Imperial, la Maughan Library à King's et la Bibliothèque de Senate House à l'Université de Londres.
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Londres est une des capitales mondiales de la musique classique et pop/rock.[réf. nécessaire] La ville abrite le siège d'une des quatre grands majors du disque, EMI Group, ainsi que d'innombrables musiciens, groupes, orchestres et professionnels de la musique.
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Cinq orchestres professionnels sont basés à Londres : l'Orchestre symphonique de Londres, l'Orchestre philharmonique de Londres, l'Orchestre philharmonique royal, l'Orchestre Philharmonia et l'Orchestre symphonique de la BBC. De nombreux autres orchestres sont également situés dans la ville : l'Orchestre de l'âge des Lumières, le London Sinfonietta et les ensembles London Mozart Players et English Chamber Orchestra. Le point culminant de la saison classique se produit tous les ans en été avec The Proms, une série d'environ 70 concerts de musique classique au Royal Albert Hall.
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Londres possède deux principaux opéras : le Royal Opera House et le Coliseum Theatre. Les ballets Royal Ballet et l'English National Ballet se produisent au Royal Opera House, au Sadler's Wells Theatre et au Royal Albert Hall.
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Voir la page « Musique à Londres »
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Londres abrite de nombreuses salles de concerts pop/rock telles Earls Court et Wembley Arena, la Carling Brixton Academy ou l'Hammersmith Apollo, et d'innombrables salles plus intimistes. De nombreux artistes résidents à Londres et dans les Home Counties environnants. La ville a vu s'ouvrir le tout premier Hard Rock Cafe ainsi que les célèbres studios Abbey Road.
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En tant que principale agglomération du Royaume-Uni, Londres a joué un rôle majeur dans la naissance des différents courants de musiques urbaines, punk et électroniques,[réf. nécessaire] tels que le drum and bass, garage, grime et dubstep. De nombreux artistes de hip-hop britannique[153] habitent également à Londres.
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En 2006, DJ Magazine a publié une enquête réalisée auprès de 600 DJ internationaux qui a établi que Londres abritait trois des meilleurs night-clubs au monde : le Fabric[154], The End et le Turnmills. En 2007, lors d'un nouveau sondage, le Fabric a été classé en deuxième position et The End en quatrième position ; six clubs londoniens se trouvent dans les cinquante premières places[155].
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Londres joue un rôle important dans l'industrie cinématographique. Quatre grands studios sont situés dans la ville : Pinewood, Ealing, Shepperton, Elstree, ainsi que Leavesden. De nombreuses entreprises spécialisées dans la postproduction et les effets spéciaux, comme Working Title Films ont leur siège à Londres. De nombreux films ont pour cadre la ville et ont été tournés à Londres même : Oliver Twist (1948), Scrooge (1951), Peter Pan (1953), Les 101 Dalmatiens (1961), My Fair Lady (1964), Mary Poppins (1964), Blow Up (1966), Du sang sur la Tamise (1980), Coup de foudre à Notting Hill (1999), 28 jours plus tard (2002), Love Actually (2003), V for Vendetta (2005), Match Point (2005), The Queen (2006) ou Le Discours d'un Roi (2010). Ce sont aussi et surtout les célèbres sagas Harry Potter (qui s'est déroulée entre autres à Londres gare de King's Cross par exemple) et James Bond (comme dans Skyfall en 2012). Les acteurs et cinéastes londoniens célèbres comprennent Charlie Chaplin, Alfred Hitchcock, Michael Caine, Helen Mirren, Gary Oldman, Christopher Nolan, Jude Law, Benedict Cumberbatch, Tom Hardy, Keira Knightley et Daniel Day-Lewis. La National Film and Television School créée en 1971 est une des plus prestigieuses écoles de cinéma du monde. Depuis 2008, les British Academy Film Awards ont eu lieu au Royal Opera House. Londres est un centre majeur pour la production télévisuelle, avec des studios dont le BBC Television Centre, The Fountain Studios et The London Studios.
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Londres est un des premiers centres de communication au monde avec la présence d'un grand nombre d'entreprises de communication[156]. La plupart des grands médias britanniques et tous les grands réseaux de télévisions nationaux, dont BBC News, le plus important service d'information au monde[157], ont leur siège à Londres. Environ 53 % des emplois britanniques liés à la télévision et à la radio sont concentrés à Londres[158]. Cette concentration a souvent amené certains commentateurs à critiquer le centrage du Royaume-Uni sur Londres[156]. Cela a amené certains grands médias à délocaliser certains de leurs locaux : la BBC a annoncé en juin 2004 que ses services sport et jeunesse seraient transférés à Manchester, au nord de l'Angleterre[159]. Les autres réseaux installés à Londres comptent parmi eux ITV, Channel 4, Channel 5 et BSkyB. Tout comme la BBC, ces médias produisent parfois leurs programmes ailleurs au Royaume-Uni mais Londres reste tout de même le principal lieu de production. Les programmes locaux sont proposés par les services régionaux des principaux réseaux : BBC London sur BBC One et ITV London sur ITV1.
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Il existe de nombreuses chaînes de radio disponibles à Londres. Les radios locales comprennent Capital Radio, Heart 106.2, Kiss 100 et Xfm. Les radios d'informations et de débats comprennent BBC London, LBC 97.3 et LBC News 1152.
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Le marché des journaux à Londres est dominé par les éditions nationales des grands journaux britanniques, tous édités dans la capitale. Jusque dans les années 1970, la plupart des journaux nationaux étaient concentrés sur Fleet Street mais dans les années 1980, ils ont été délocalisés dans des entrepôts plus spacieux, susceptibles d'accueillir des imprimeries automatiques. La plupart se trouvent aujourd'hui dans l'Est de Londres. À Wapping, en 1986, SOGAT 82, le syndicat des imprimeurs s'est fortement opposé à ces délocalisations, menant à de nombreux affrontements avec les forces de police[160]. La dernière grande agence de presse de Fleet Street, Reuters, a déménagé à Canary Wharf en 2005 mais Fleet Street reste un terme toujours fortement associé à la presse nationale.
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Il existe deux journaux locaux à Londres, l'Evening Standard et Metro, tous les deux gratuits. Ils sont disponibles dans la rue ainsi que dans le métro et les gares. Time Out Magazine, un guide indépendant hebdomadaire fournit la liste des concerts, films, pièces de théâtre et autres activités culturelles depuis 1968. Il existe de nombreux autres journaux locaux dans l'agglomération londonienne, rapportant des informations très locales.
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Londres est au centre de l'industrie télévisuelle et cinématographique britannique, avec les principaux studios à l'ouest de la ville et un important secteur de post-production basé à Soho. Londres est, avec New York, un des deux principaux centres d'édition de langue anglaise.
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Tout au long de l'année il y a de très nombreux événements, à commencer par le défilé du nouvel an (relativement récent), un feu d'artifice au London Eye ; La deuxième plus grande fête de rue au monde, le carnaval de Notting Hill, a lieu chaque année à la fin août. Les défilés traditionnels incluent le Lord Mayor's Show (Procession du Lord Maire) de novembre, un événement séculaire célébrant la nomination annuelle d'un nouveau Lord-maire de la City de Londres avec une procession dans les rues de la ville, et Trooping the Colour, un spectacle militaire officiel organisé par les régiments du Commonwealth et britanniques pour célébrer l'anniversaire officiel de la Reine. Le Boishakhi Mela est un festival du nouvel an bengali célébré par la communauté bangladaise britannique. Il s'agit du plus grand festival asiatique en plein air d'Europe, et du deuxième plus grand festival de rue du Royaume-Uni, attirant plus de 80 000 visiteurs de tout le pays.
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Au XXe siècle, Londres a accueilli à de nombreuses occasions des événements sportifs d'envergure mondiale, comme les Jeux olympiques d'été à trois reprises, en 1908, en 1948 et en 2012, ce qui en fait la première ville à recevoir les J.O. à trois reprises. En 1934, les Jeux du Commonwealth se sont également tenus dans la capitale britannique.
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Le sport le plus populaire à Londres est le football (tant par le nombre de joueurs que par le nombre de spectateurs)[162]. La ville possède quatorze clubs de foot de Football League dont six qui évoluent en Premier League pour la saison 2016/2017 (Arsenal, Chelsea, Crystal Palace,Tottenham Hotspur, Watford et West Ham United), les autres clubs évoluant dans les trois divisions inférieures (l'AFC Wimbledon, Brentford, Charlton Athletic, Dagenham & Redbridge, Fulham, Leyton Orient, Millwall et Queens Park Rangers). Il existe également de nombreux clubs non-leagues ou amateurs. Londres compte quatre clubs de rugby évoluant dans le championnat d'Angleterre (London Irish, Saracens, London Wasps et Harlequins) bien que seuls les Harlequins jouent vraiment à Londres (les autres clubs jouent en dehors du Grand Londres). Le club des Harlequins Rugby League évolue lui en Super League. Les autres clubs londoniens de rugby sont Richmond FC, Blackheath RC, Rosslyn Park et Barnes R.F.C. Londres accueille aussi tous les ans un tournoi de rugby à sept comptant pour les World Rugby Sevens Series, le London rugby sevens.
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Twickenham, dans l'Ouest de Londres, est le stade national de rugby et peut accueillir 82 000 spectateurs. Le nouveau stade de Wembley peut accueillir désormais jusqu'à 90 000 spectateurs pour l'équipe d'Angleterre de football ainsi que pour les finales de la Coupe d'Angleterre de football, la Coupe de la ligue de football et de rugby. Les autres stades de football principaux sont l'Emirates Stadium pour Arsenal (60 000 places), Stamford Bridge pour Chelsea (41 000 places), Tottenham Hotspur Stadium (62 000 places) pour Tottenham, Craven Cottage pour Fulham. Le club de West Ham United a quitté son stade d'Upton Park en 2016 pour s'établir dans le stade olympique de Londres construit à l'occasion des JO 2012.
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Le cricket se joue principalement à Londres sur deux terrains de test cricket, le Lord's Cricket Ground (qui accueille le Middlesex CC) à St. John's Wood et l'Oval (qui accueille le Surrey CC) à Kennington. Le baseball devient de plus en plus populaire avec Londres ayant plusieurs ligues et équipes fortes comprenant Croydon Pirates et London Mets. Les autres rendez-vous annuels sportifs à Londres incluent le mythique tournoi de Wimbledon qui se tient au All England Lawn Tennis and Croquet Club à Wimbledon, le plus ancien et le plus prestigieux tournoi de tennis au monde, le marathon de Londres qui accueille 35 000 participants, la Boat Race qui, depuis 153 ans, voit s'affronter sur la Tamise, entre Putney et Mortlake, les clubs d'aviron, de l'université de Cambridge et d'Oxford, et également le meeting international d'athlétisme London Grand Prix.
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Londres a accueilli les Jeux olympiques d'été en 2012. La Lower Lea Valley est choisi pour devenir le parc et le village olympique. Les installations sont reliées entre elles par une navette à haute vitesse, surnommé The Olympic Javelin. Des transports sont créés pour être capables de déplacer 240 000 personnes par heure[163]. Après la clôture des jeux, la région est transformée en un grand parc urbain[164], en bureaux et en logements.
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Londres est une capitale gastronomique et propose des plats internationaux éclectiques. Les Londoniens parlent souvent de la cuisine. Les pubs et la nourriture qu'ils proposent sont très à la mode[165]. Enfin des plats britanniques typiques comme le fish and chips (poisson-frites), le haggis (panse de brebis farcie), les pies (tourtes à l'anglaise de diverses garnitures) ou encore le Sunday roast (le rôti de bœuf du dimanche, ou roast beef à l'origine du terme français rosbif) font aussi partie de la gastronomie londonienne[166].
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Le Sunday roast.
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Le fish and chips.
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Les armes de Londres se blasonnent de cette façon : « d'argent à la croix de gueules, le canton dextre du chef chargé d'une épée du même. »[167]
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Les taux de criminalité varient considérablement d'une région à l'autre de Londres. La police métropolitaine publie des statistiques détaillées sur les crimes, ventilées par catégorie au niveau des arrondissements et des quartiers, sur son site web depuis 2000.
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En 2015, il y a eu 118 homicides, soit une augmentation de 25,5 % par rapport à 2014. La criminalité connaît un nouvel accroissement en février et mars 2018, après une augmentation du taux d'homicide de 40 % en trois ans[168]. La capitale britannique dépasse ainsi les chiffres de la ville de New York[169],[170]. Néanmoins, les chiffres pour 2017 sont de 116 meurtres à Londres pour un total annuel de 290 à New York[171].
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La plupart des victimes sont noires et ces homicides seraient essentiellement liés au trafic de drogue et aux règlements de comptes entre gangs de dealers[172].
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Voir les pages « Culture à Londres », « Catégorie:Personnage de fiction habitant Londres »
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Les personnages de Sherlock Holmes, Jack l'Éventreur et d'Oliver Twist sont connus et rattachés à l'histoire culturelle de Londres.
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Voir les pages « Œuvre littéraire se déroulant à Londres » et « Roman se déroulant à Londres »
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Londres a inspiré de nombreux auteurs et été le sujet de multiples œuvres de littérature. William Shakespeare a passé une grande partie de sa vie et a également travaillé à Londres. Son contemporain Ben Jonson a également vécu à Londres et certains de ses écrits, notamment L'Alchimiste, se déroulent dans la ville. Concernant ceux ayant écrit l'histoire de la ville, on peut citer Samuel Pepys (1633-1703), qui a notamment relaté de grands événements comme l'épidémie de peste de Londres et le grand incendie de 1666. Charles Dickens (1812-1870) est étroitement associés à la ville, dont la description d'un Londres embrumé, neigeux et crasseux aux rues remplies de balayeurs et pickpockets a eu une influence majeure sur la perception de la ville à l'époque victorienne.
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Life of Johnson (en), la biographie de James Boswell se déroule principalement à Londres et est à l'origine de la fameuse citation de Samuel Johnson : « Quand un homme en a assez de Londres, il en a assez de la vie car il y a à Londres tout ce que la vie peut apporter » (When a man is tired of London, he is tired of life; for there is in London all that life can afford)[173]. Le Journal de l'année de la peste (en) de Daniel Defoe est une œuvre de fiction basée sur la grande peste de 1665.
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À travers Phileas Fogg, héros du roman Le Tour du monde en quatre-vingts jours (paru en 1872), son auteur Jules Verne se plait à représenter l'archétype du gentleman anglais victorien, vu par les Français. Cet « homme-horloge », très stoïque, mène une vie réglée à la minute près, exerçant quotidiennement les mêmes activités, se résumant à celles pratiquées au Reform Club, club de gentlemen londonien. Le roman de 1933 de George Orwell Dans la dèche à Paris et à Londres décrit la vie des pauvres dans les deux capitales britannique et française. Peter Ackroyd est un écrivain moderne qui a également été influencé par la ville, notamment dans London: The Biography, The Lambs of London et Hawksmoor. Bloomsbury et le quartier d'Hampstead ont traditionnellement été au cœur du courant de littérature de Londres. Le poète Paul Verlaine s'y installa en 1875 durant deux ans et y séjourna à plusieurs reprises. Il évoque sa vie londonienne dans plusieurs de ses œuvres, telles que Un tour à Londres (1894), plusieurs de ses lettres (notamment à Edmond Lepelletier), ainsi que quelques dessins.
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Londres est une ville privilégiée dans les polars, où elle sert de décor de manière très récurrente. Un incontournable de ce genre est la série des aventures de Sherlock Holmes d'Arthur Conan Doyle, dépeignant la ville au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Un autre héros célèbre de la littérature policière britannique vit dans cette ville, le détective belge Hercule Poirot, créé par Agatha Christie et apparu en 1920.
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Londres inspira aussi beaucoup la littérature fantastique, comme l'illustre le roman de Robert Louis Stevenson L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886).
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Voir la page « Londres dans la peinture »
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Un des peintres anglais les plus célèbres, le romantique William Turner, représenta Londres dans plusieurs de ses œuvres, comme dans une série de Vues de Londres depuis Greenwich, ou bien L'Incendie de la Chambre des Lords et des Communes (1835). Quant à William Hogarth, il est à l'origine d'une série de six tableaux et gravures, réalisées entre 1731 et 1732 : La Carrière d'une prostituée.
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La capitale anglaise attira beaucoup les artistes européens (en particulier français) de la fin du XIXe siècle, qui leur permettait de se dépayser sans aller loin ; ce fut principalement le cas des peintres[174]. Un des meilleurs exemples est certainement Claude Monet, qui y séjourna plusieurs fois, y résida et y exposa. Dans ses œuvres, il confondit dans les mêmes brouillards impressionnistes les villes de Londres, de Venise ou la Normandie. Parmi ses œuvres londoniennes, on peut citer la série des Parlements de Londres (19 peintures du Parlement, conçues entre 1900 et 1905), celle des Charing Cross Bridge (série de 37 tableaux peints entre 1899 et 1904, représentant le Hungerford Bridge) et, plus généralement, des représentations de la Tamise. Toujours en matière de ponts, son compatriote Alfred Sisley peignit en 1874 Sous le pont de Hampton Court. James Tissot, lui, préféra représenter le portique de la National Gallery dans quelques-unes de ses œuvres. Dans les scènes historiques, Édouard Cibot représenta en 1835 Anne Boleyn à la Tour de Londres, où l'on voit Anne Boleyn (mère de la reine Élisabeth Ire), accusée d'intriguer, emprisonnée à la tour de Londres.
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Walter Sickert, postimpressionniste anglais d'origine allemande, était fasciné par l'affaire de Jack l'Éventreur. Il était convaincu de loger dans la même chambre que le criminel occupait avant son arrivée. C'est pour cela qu'il nomma cette pièce la Jack the Ripper's bedroom et qu'il représenta (vers 1907) sur une peinture de ce titre. Il fut lié à cette affaire, au point qu'il figure sur la liste des suspects ayant pu jouer le rôle de l'assassin ou de son complice.
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Le peintre et graveur américain James McNeill Whistler aussi figura la ville dans ses œuvres. Il immortalisa dans Nocturne en bleu et or - le Vieux Pont de Battersea (vers 1872-1875) l'ancien pont de Battersea, détruit en 1885 pour être remplacé l'année suivante par la version actuelle.
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Voir la page « Bande dessinée se déroulant à Londres »
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Dans les bandes dessinées ayant pour cadre la capitale britannique, on peut citer celles reprenant des personnages littéraires tels que Sherlock Holmes, dont plusieurs séries de BD reprennent le héros ou des personnages secondaires. Mais il existe aussi beaucoup de séries originales la mettant en scène.
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Pour les britanniques, on peut citer plusieurs oeuvres scénarisée par Alan Moore, telle que série de comics La Ligue des gentlemen extraordinaires (depuis 1999), dessinée par Kevin O’Neill, réunissant plusieurs héros de la littérature du XIXe siècle. Du même auteur, la BD américaine dessinée par Eddie Campbell, From Hell (1991-1996), suit l'affaire Jack l'Éventreur.
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En dehors de la Grande-Bretagne, on pense bien-sûr à la série de science-fiction Blake et Mortimer, créée par le bédéiste belge Edgar P. Jacobs en 1946. Les deux héros résident dans Londres et plusieurs épisodes s'y déroulent, dont le principal est La Marque jaune (1953-1954), dans lequel un mystérieux criminel y sème la terreur. Toujours dans la BD belge, un double épisode de la série Largo Winch (Jean Van Hamme et Philippe Francq) prend également place dans cette ville : Chassé-croisé / Vingt secondes.
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Dans Astérix chez les Bretons (1965), épisode de la série française Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo, les héros passent par le Londres antique, Londinium. Celui-ci parodie la ville moderne, avec ses bardes à succès, sa tour prison lugubre, ses bus impériaux…
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Voir la page « Jeu vidéo se déroulant à Londres »
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Londres [lɔ̃dʁ][2] Écouter (en anglais : London [ˈlʌndən][3] Écouter) est la capitale et la plus grande ville d'Angleterre et du Royaume-Uni[4],[5]. La ville est située près de l'estuaire de la Tamise dans le sud-est de l'Angleterre. Londinium a été fondée par les Romains il y a presque 2 000 ans[6]. La Cité de Londres, le noyau historique de Londres avec une superficie de seulement 1,12 miles carrés (2,9 km²) conserve des frontières qui suivent de près ses limites médiévales[7]. Londres est gouvernée par le maire de Londres et l'Assemblée de Londres[8].
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Londres est considérée comme l'une des villes mondiales les plus importantes du monde[9],[10],[11] et a été qualifiée la plus puissante du monde[12], la plus désirable[13], la plus influente[14], la plus visitée[15], la plus chère[16],[17], la plus durable[18], la plus propice aux investissements[19], et la plus populaire pour le travail[20]. La ville exerce un impact considérable sur les arts, le commerce, l'éducation, le divertissement, la mode, les finances, les soins de santé, les médias, les services professionnels, la recherche et le développement, le tourisme et les transports[21],[22]. Londres se classe 26e sur 300 grandes villes pour ses performances économiques[23]. C'est l'un des plus grands centres financiers avec New York et Hong Kong[24],[25] et a le cinquième ou le sixième plus gros PIB urbain mondial[26]. C'est la ville la plus visitée mesurée par les arrivées internationales[27] et possède le système aéroportuaire le plus fréquenté par le trafic de passagers du monde[28]. C'est la première destination d'investissement[29],[30], et est la ville avec le plus de particuliers avec une situation nette au-dessus de 30 millions de dollars[31]. Les universités de Londres forment la plus grande concentration d'instituts d'enseignement supérieur en Europe[32], et Londres abrite des institutions très réputées comme l'Imperial College London en sciences naturelles et appliquées, la London School of Economics en sciences sociales[33],[34],[35]. En 2012, Londres est devenue la première ville à avoir accueilli trois Jeux olympiques d'été modernes[36].
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La région de Londres, composée de l'Inner London et de l'Outer London, comptait environ 8 908 000 habitants en 2018 et réalise un cinquième du produit intérieur brut du Royaume-Uni[37]. En 2018, l'aire urbaine de Londres comptait 9 787 426 habitants. En 2018, Eurostat estime que son aire métropolitaine est peuplée de 14 257 962 habitants, la plus peuplée de l'Union européenne[38]. En Europe,
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elle est la troisième agglomération après Moscou et Istanbul et la 25e mondiale[39]. Ses habitants s'appellent les Londoniens (en anglais : Londoners).
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Londres contient quatre sites du patrimoine mondial: la Tour de Londres; Kew Gardens; le site comprenant le palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église St Margaret; et le village historique de Greenwich où l'Observatoire royal de Greenwich définit le premier méridien (0 ° de longitude) et l'heure moyenne de Greenwich[40]. Les autres monuments incluent le palais de Buckingham, le London Eye, Piccadilly Circus, la cathédrale Saint-Paul, Tower Bridge, Trafalgar Square et The Shard. Londres possède de nombreux musées, galeries, bibliothèques dont le British Museum, la National Gallery, le Natural History Museum, le Tate Modern, la British Library[41]. Le métro de Londres est le plus ancien réseau ferroviaire souterrain du monde.
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Londres est située à 163 km au sud-est de Birmingham, à 262 km au sud-est de Manchester, à 272 km au sud-sud-est de Leeds, à 344 km au nord-nord-ouest de Paris, à 534 km au sud-sud-est d'Édimbourg et à 556 km au sud-sud-est de Glasgow. La capitale britannique borde la
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Tamise, un fleuve du Sud de l'Angleterre et dont le cours se termine en mer du Nord méridionale.
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La dénomination courante Londres peut désigner plusieurs ensembles géographiques ou administratifs différents, pouvant parfois prêter à confusion.
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Jusqu'en 1889, la définition de «Londres» n'était réservée qu'au mile carré de la Cité de Londres, dont la ville était originaire à l'époque romaine. Suite à son énorme expansion, qui avait amené le tissu urbain à absorber toute la Cité de Westminster et d'autres banlieues, le plus vaste comté de Londres a été créé en 1889, couvrant 303 km² et dont l'existence a duré de 1889 à 1965 : à cette période le terme Londres était identifié à cette zone, qui s'appelle aujourd'hui Inner London. En 1965, le comté de Londres a été supprimé au profit du Grand Londres, beaucoup plus vaste, incorporant des quartiers extérieurs, appelés aujourd'hui Outer London : l'ensemble correspond à l'immense ville actuelle qui couvre une superficie de 1 577 km² et compte 8 631 000 habitants (2017).
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L'emploi le plus courant fait référence au Grand Londres (Greater London), une des neuf subdivisions régionales de l'Angleterre, formé du territoire sous l'autorité du Greater London Authority et du maire de Londres. C'est cet ensemble d'environ 1 600 km2 pour 7,5 millions d'habitants qui est couramment désigné lorsque l'on parle de la capitale britannique. Le Grand Londres est divisé en deux zones, Inner London et Outer London. Les deux zones sont considérées comme des régions NUTS-2. Cependant, le Grand Londres n'est pas officiellement une cité, dont le statut, strictement défini au Royaume-Uni, est attribué à une ville par le monarque britannique sur des critères précis. Avant sa création en 1965, le territoire du Grand Londres faisait partie des comtés du Kent, Middlesex, Surrey, Essex et du Hertfordshire.
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La cité de Londres (City of London, abrégé en City, ou bien Square Mile en référence à sa superficie de 1 mile carré), située au cœur du Grand Londres, correspond à la définition historique de Londres. C'est là que la ville moderne est née et c'est aujourd'hui le plus ancien quartier de la capitale. C'est également une circonscription à part entière avec un statut spécial. La cité de Londres et le reste du Grand Londres[42] forment deux régions dites de « lieutenance » (Lieutenancy areas) différentes.
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La vaste agglomération londonienne peut être décrite par la région urbaine de Londres, qui correspond à la zone occupée par les banlieues, et qui occupe un territoire à peu près similaire à la région du Grand Londres mais avec une population légèrement supérieure. Au-delà de la région urbaine se trouve l'aire urbaine de Londres (London commuter belt ou London Metropolitain Area) qui regroupe les territoires habités par des personnes se déplaçant quotidiennement (commuters) pour aller travailler à Londres. La région urbaine de Londres s'est considérablement agrandie durant l'époque victorienne puis de nouveau pendant l'entre-deux-guerres. Son expansion s'est arrêtée dans les années 1940 à cause de la Seconde Guerre mondiale et de la politique dite de la ceinture verte et sa superficie n'a pas beaucoup évolué depuis. Les limites du district de la Metropolitan Police et de la zone desservie par les transports londoniens ont évolué au fil du temps mais correspondent aujourd'hui approximativement à celle du Grand Londres.
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D'autres termes tels que Inner London, Outer London, Central London, North London, South London, East London, East End of London, West London ou bien West End of London sont parfois utilisés, non traduits, pour désigner des quartiers, des unités statistiques ou des circonscriptions de Londres.
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Contrairement à de nombreuses autres capitales, le statut de « capitale du Royaume-Uni » de Londres n'a jamais été officiellement accordé à la ville par décret ou par charte écrite. Sa position actuelle s'est établie par convention constitutionnelle, Londres étant le siège du pouvoir britannique. Son statut de capitale de facto en fait un élément de la constitution non écrite du Royaume-Uni. La capitale de l'Angleterre a été transférée de Winchester à Londres après la conquête normande.
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Il se peut que les Romains aient marqué le centre de Londinium avec la pierre de Londres, toujours visible à Cannon Street[43]. Les coordonnées du centre de Londres (traditionnellement situé à la croix d'Éléonore à Charing Cross, près de l'intersection de Trafalgar Square et de Whitehall) sont approximativement 51° 30′ 29″ N, 0° 07′ 29″ O. Trafalgar Square est également devenu un lieu central de célébration et de manifestation.
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Le Grand Londres se situe à 50 km à l'ouest de l'estuaire de la Tamise et s'étend sur une superficie de 1 579 km2, ce qui en fait la commune la plus vaste d'Europe après Moscou, et au 37e rang mondial[44].
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L'altitude y varie du niveau de la mer jusqu'à 245 m (Biggin Hill, au sud de l'agglomération[45]).
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Le fleuve, qui traverse la ville d'ouest en est, a eu une influence majeure sur le développement de la ville. Londres a été fondée à l'origine sur la rive nord de la Tamise et n'a disposé, pendant plusieurs siècles, que d'un seul pont, le pont de Londres (London Bridge). Le foyer principal de la ville s'est en conséquence cantonné sur cette rive de la Tamise, jusqu'à la construction, au XVIIIe siècle, d'une série d'autres ponts. La ville s'est alors étendue dans toutes les directions, cette expansion n'étant gênée par aucun obstacle naturel, dans une campagne presque dépourvue de reliefs, à l'exception de quelques collines (Parliament Hill, Primrose Hill).
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La Tamise était autrefois plus large et moins profonde qu'aujourd'hui. Les rives du fleuve ont été massivement aménagées, la plupart des affluents ont été détournés et sont à présent souterrains, parfois transformés en égouts (ainsi, la rivière Fleet dont le nom subsiste dans Fleet Street, l'ancienne rue des journaux). La Tamise est sujette à la marée et Londres est largement inondable. Les menaces d'inondation augmentent d'ailleurs avec le temps compte tenu de l'élévation régulière du niveau de l'eau à marée haute et de la lente inclinaison de la Grande-Bretagne (relèvement au nord, abaissement au sud) causée par un phénomène de relèvement isostatique. Un barrage, la barrière de la Tamise, a été construit à travers la Tamise à Woolwich dans les années 1970, pour pallier cette menace. En 2005 cependant, il a été suggéré la construction d'un barrage d'une quinzaine de kilomètres de long plus en aval afin de parer les risques futurs d'inondation.
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Avec ses 40% d'espaces verts et aquatiques, Londres est considérée comme une des capitales les plus vertes au monde. La société d'histoire naturelle de Londres y a recensé plus de deux mille espèces de plantes à fleurs à travers la ville ainsi que 60 espèces d'oiseaux, 47 variétés de papillons et 270 sortes d'araignées. Les amphibiens sont également très présents sur l’ensemble de la ville, avec les tritons, les grenouilles rousses et les crapauds notamment. Les reptiles, avec les lézards vivipares, les couleuvres et les vipères se trouvent en revanche quasi exclusivement dans l'Outer London. La ville compte ainsi 38 sites d'intérêt scientifique particulier, deux réserves naturelles nationales ainsi que 76 réserves naturelles locales. Parmi la faune présente à Londres, on trouve également une population de 10 000 renards. Ceux- ci sont nettement moins craintifs que leurs congénères de la campagne. Ils côtoient les piétons dans la rue, et élèvent leurs petits dans les jardins des maisons.
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Le climat de Londres symbolise parfaitement le climat de type océanique. Les précipitations sont régulières toute l'année souvent sous forme de bruine, contrairement à l'Ouest du Royaume-Uni où elles sont d'intensité plus forte. La moyenne annuelle des précipitations s'établit à 622,5 mm[46], février étant le mois le plus sec de l'année. Ce niveau est inférieur à Rome ou Sydney. Londres est en fait une des capitales européennes les plus sèches, disposant de ressources d'eau par personne inférieures à celles d'Israël par exemple[47], l'impression de temps maussade vient surtout du fait que l'ensoleillement annuel est faible. Des villes aussi pluvieuses mais avec un ensoleillement élevé ne provoquent pas cette impression de temps maussade qu'on trouve à Londres.
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Les étés sont tempérés, les jours de fortes chaleurs sont rares et les hivers sont froids mais rarement glaciaux. Le mois le plus chaud est juillet avec une température moyenne à Kew Gardens de 18.0 °C n'excédant que rarement les 33 °C, quoique des niveaux plus élevés soient devenus plus fréquents récemment, les températures estivales en journée varient généralement entre 20 et 25 °C. La plus haute température fut de 38,1 °C, mesurée dans les jardins botaniques royaux de Kew, le 10 août 2003, pendant la canicule de 2003[48]. Le mois le plus froid est janvier avec des températures moyennes de 2,4 °C à 7,9 °C. La température la plus froide fut de −16,1 °C, le 1er janvier 1962 à Northolt[49].
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Les chutes de neige abondantes sont presque inconnues. Au cours des hivers les plus récents, la neige a rarement excédé un pouce d'épaisseur (soit moins de 3 cm). Ceci est notamment dû au fait que la vaste agglomération londonienne crée un microclimat, avec une chaleur enfermée par les immeubles de la ville. La nuit, la température y est parfois de 5 à 9 °C supérieure aux zones environnantes[50]. Le célèbre smog londonien, mélange de brouillard et de fumée, est devenu rarissime dans les rues de la capitale anglaise. En 1952, l'épisode de grand smog avait provoqué la mort de 4 000[51] à 12 000 personnes.
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Un rapport de 2013 de la City of London Corporation a déclaré que Londres est la "ville la plus verte" d'Europe avec 14 000 hectares de parcs publics, de bois et de jardins.
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Les parcs royaux de Londres sont des parcs qui appartiennent à la Couronne britannique. Ces huit parcs sont des réserves naturelles ainsi que des jardins botaniques[53]. Il s'agit de :
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Vue aérienne de Hyde Park.
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L'entrée de Hyde Park.
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Le jardin botanique de Kew Gardens, avec ses 125 hectares, possède la plus grande collection de plantes vivantes au monde. En 2003, les jardins ont été classés par l'UNESCO liste des sites du patrimoine mondial. Il existe également des parcs administrés par les borough Councils de Londres, comme Victoria Park dans l'East End et Battersea Park dans le centre. Certains plus informels, espaces semi-naturels existent également, comme les 320 hectares de la lande d'Hampstead Heath au Nord ou Wimbledon Common au sud.
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On décrit souvent Londres par quartiers (Bloomsbury, Mayfair, Whitechapel par exemple). Ces noms n'ont pas d'utilisation officielle mais désignent souvent des paroisses (parishes) ou des circonscriptions (city wards) et sont restés en usage par tradition, chacun faisant référence à un quartier distinct avec ses propres caractéristiques mais sans délimitation officielle.
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Il existe cependant une zone centrale de Londres qui possède une définition et un statut stricts, la Cité de Londres (City of London). Souvent appelée simplement la City, c'est l'un des plus grands quartiers financiers (central business district) mondiaux[54]. La City possède son propre corps gouvernant et ses propres frontières, lui donnant ainsi une complète autonomie politique et administrative. Le nouveau quartier financier et commercial des docklands se situe à l'est de la City et est dominé par Canary Wharf. L'autre quartier d'affaires se trouve dans la Cité de Westminster qui abrite également le gouvernement britannique et l'abbaye de Westminster.
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Le West End est le principal quartier commerçant et regroupe les principales attractions telles que Oxford Street, Leicester Square, Covent Garden et Piccadilly Circus. West London regroupe des zones résidentielles huppées telles que Notting Hill, Knightsbridge ou le district de Kensington et Chelsea où le prix moyen d'une maison dans certains quartiers est d'environ 5 500 000 livres[55] et où une maison a été vendue 60 millions de livres[56]. D'après un classement 2007 réalisé par le groupe immobilier Knight Frank et Citi Private Bank, filiale de Citigroup, Londres est la ville la plus chère du monde dans le domaine de l'immobilier résidentiel de luxe : 36 800 euros en moyenne par mètre carré dans ce secteur[57].
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Un autre quartier huppé est celui de Hampstead dans le borough de Camden, où vivent d'ailleurs de nombreuses personnalités londoniennes.
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Les zones situées à l'est de Londres regroupent l'East End et les banlieues de l'Essex. La zone appelée East London a vu naître le développement industriel de Londres. Les nombreux terrains abandonnés qu'on y trouve aujourd'hui sont en plein re-développement, notamment grâce au plan Thames Gateway, qui inclut London Riverside et la Lower Lea Valley, qui a pu accueillir le parc olympique ainsi que le stade des Jeux olympiques d'été de 2012. North London et South London sont également des termes utilisés pour désigner les deux zones de Londres séparées par la Tamise.
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La densité de population varie considérablement à Londres. Le centre regroupe de nombreux emplois tandis que la périphérie de la ville regroupe des zones résidentielles plus ou moins densément peuplées, la densité étant plus élevée dans la proche banlieue (Inner London) que dans les banlieues plus éloignées (Outer London). Les zones densément peuplées regroupent principalement des immeubles de grande hauteur et les gratte-ciel de Londres sont concentrés dans les deux quartiers d'affaires, tels que le 30 St Mary Axe, Tower 42 et l'immeuble de la Lloyd dans la Cité de Londres, One Canada Square, 8 Canada Square et 25 Canada Square à Canary Wharf.
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Récemment, la construction de très grands bâtiments a été encouragée par le plan londonien et de nombreux hauts bâtiments devraient voir le jour, particulièrement dans la Cité de Londres et à Canary Wharf[58]. Le Shard London Bridge, de 310 m pour 72 étages, près de London Bridge station, la tour Bishopsgate Tower de 288 m ainsi que 30 autres projets de gratte-ciel de plus de 150 m de hauteur proposés ou en construction, tels que le One Blackfriars de 163 m, pourraient transformer l'apparence de la ville.
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Au nombre des bâtiments remarquables de Londres figurent également la mairie à Southwark, le muséum d'histoire naturelle de Londres[59], la British Library à Somers Town, la grande cour du British Museum et le Dôme du millénaire près de la Tamise à Canary Wharf. La centrale électrique de Battersea, aujourd'hui désaffectée mais en voie de réhabilitation, est un symbole marquant, tandis que certaines gares, notamment Saint-Pancras et Paddington, sont de bons exemples de l'architecture victorienne.
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Il n'existe pas un unique style architectural permettant de décrire Londres. Différents styles et influences se sont accumulés et mélangés au fil des années. De nombreux bâtiments sont construits en briques de couleur rouge-orangé ou brun foncé comme à Downing Street, décorés de ciselures et de moulures. Nombre de quartiers sont caractérisés par des bâtiments en stuc ou blanchis à la chaux. Peu de constructions sont antérieures au grand incendie de 1666 à l'exception de quelques restes romains, de la tour de Londres et de quelques restes de l'époque Tudor. La majorité des constructions datent de l'époque édouardienne ou victorienne.
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De nombreux monuments célèbrent des personnalités ou des événements qui ont marqué la ville. Le Monument, situé dans la Cité de Londres, commémore le grand incendie de 1666, offrant une vaste perspective sur le cœur historique de la ville, où l'incendie a débuté. Marble Arch et Wellington Arch, situées respectivement à l'extrémité nord et sud de Park Lane, sont liées à la monarchie britannique de même que l'Albert Memorial et le Royal Albert Hall à Kensington. La colonne Nelson est un monument national situé à Trafalgar Square et sert généralement à marquer le centre de Londres.
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Les régions aux alentours de Londres (aujourd'hui situées à l'intérieur des frontières du Grand Londres) semblent avoir été habitées par des Bretons insulaires depuis les temps préhistoriques, mais aucune trace archéologique n'a été mise au jour au nord du pont de Londres, lieu où la ville est véritablement née et d'où elle s'est développée. Les plus anciennes traces certaines d'installations durables remontent à l'an 43 et sont dues aux Romains qui, à la suite de leur conquête de la Bretagne, y bâtissent une première ville[60]. Ce premier campement est appelé Londinium. Le pont de Londres se trouvait au centre du tout nouveau réseau de routes créé par les Romains et était un lieu de passage privilégié pour traverser la Tamise, ce qui a attiré de nombreux commerçants et ainsi contribué à la croissance de la ville. Londres est vite devenue un important centre d'échanges et de commerce, la Tamise permettant d'acheminer facilement des marchandises jusqu'au cœur de la ville[61].
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Seulement 18 ans après la fondation de la ville par les Romains, la reine Boadicée, à la tête du peuple celte des Iceni, se dresse contre l'invasion romaine et prend Londres pour cible[62]. Le gouverneur Suetonius Paulinus, alors occupé à exterminer les druides sur l'île d'Anglesey, ne peut constituer à temps une armée pour contrer l'invasion celte. La ville est partiellement évacuée, mais des milliers de commerçants sont tués. Londres est alors totalement pillée et détruite. Des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour la présence de débris brûlés recouvrant des pièces et des poteries datant de 60, à l'intérieur des limites de la ville romaine[62].
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La ville est rapidement reconstruite et prospère de nouveau, à l'image du commerce en Bretagne, remplaçant Colchester en tant que capitale de la province romaine de Bretagne. Il n'existe cependant pas d'informations permettant de dater et d'expliquer le transfert de la capitale. Vers le IIe siècle, la ville s'entoure de murailles : le mur de Londres. Pendant plus d'un millénaire, les frontières de la ville sont marquées par ce mur qui délimite une zone largement englobée aujourd'hui par celle de la City. À son apogée au IIIe siècle, la population de Londinium atteint entre 45 000 et 60 000 personnes suivant les sources. Lorsque l'Empire romain commence à décliner, les troupes protégeant la ville sont rappelées sur le continent, Londres commence à péricliter et sa population diminue. Il existe peu d'informations sur cette période appelée Dark Ages of London (« Les âges sombres de Londres »), mais après le départ des Romains de Grande-Bretagne en 410, il est largement établi qu'au Ve siècle, Londres est en ruine et pratiquement abandonnée[63].
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La position privilégiée de la ville sur la Tamise en fait un lieu stratégique et vers l'an 600, les Anglo-Saxons fondent une nouvelle ville, Lundenwic, à environ 1 km en amont de la ville romaine, à l'endroit où se trouve aujourd'hui Covent Garden[63]. Un port de pêche et de commerce est probablement localisé à l'embouchure de la rivière Fleet. Lundenwic prospère jusqu'en 851, lorsque la ville est envahie et complètement rasée par les Vikings. Après cette occupation viking, Alfred le Grand rétablit la paix et fait déplacer la ville dans les murailles de la vieille cité romaine (alors appelée Lundenburgh) en 886. La ville originale est devenue Ealdwic (« vieille ville »), dont le nom a survécu jusqu'à aujourd'hui pour donner Aldwych.
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Ensuite, sous le contrôle de plusieurs rois anglais, Londres connaît une nouvelle phase de prospérité, devenant un lieu de pouvoir ainsi qu'un centre d'échanges et de commerce. Cependant, les raids vikings reprennent au Xe siècle et atteignent leur apogée en 1013, lorsque la ville fut assiégée par le Danois Knut le Grand et que le roi Æthelred le Malavisé est contraint de s'enfuir. Lors d'une contre-attaque, l'armée du roi Æthelred remporte une victoire en détruisant le pont de Londres alors que la garnison danoise se trouve dessus. Knut finit cependant par devenir roi d'Angleterre et ses descendants règnent jusqu'en 1042. Un roi saxon, Édouard le Confesseur, leur succède et refonde l'abbaye de Westminster ainsi que le palais de Westminster. À cette époque, Londres est devenu la cité la plus grande et la plus prospère d'Angleterre, bien que le siège du gouvernement se trouve toujours à Winchester.
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Après la bataille d'Hastings, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant est couronné roi d'Angleterre dans la toute nouvelle abbaye de Westminster, le jour de Noël 1066. Il accorde certains privilèges aux habitants de Londres tout en construisant un château au sud-est de la ville pour maintenir le contrôle sur la population. Ce château, agrandi par les rois suivants, sert de résidence royale puis de prison et est aujourd'hui connu sous le nom de tour de Londres.
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En 1097, Guillaume le Roux commence la construction du hall de Westminster, près de l'abbaye du même nom. Ce hall est à l'origine du palais de Westminster, la résidence royale tout au long du Moyen Âge. Westminster devient le siège de la cour royale et du gouvernement, tandis que la Cité de Londres voisine forme un centre d'échanges et de commerce prospère sous l'autorité de sa propre administration, la Corporation of London. Les villes aux alentours se développent et forment la base du cœur de Londres moderne, remplaçant Winchester en tant que capitale du royaume d'Angleterre au XIIe siècle.
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Le 2 juin 1216, le prince Louis (futur Louis VIII) s'empare de la ville jusqu'en 1217.
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Après la défaite de l'Invincible Armada espagnole en 1588, une certaine stabilité politique en Angleterre permet à Londres de se développer davantage. En 1603, Jacques VI d'Écosse monte sur le trône d'Angleterre et s'efforce d'unifier les deux pays. Ses lois anticatholiques le rendent très impopulaire et il est victime d'une tentative d'assassinat le 6 novembre 1605, la fameuse conspiration des poudres.
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Plusieurs épidémies de peste noire touchent Londres au début du XVIIe siècle, culminant avec la grande peste de Londres de 1665, qui tue environ 20 % de la population. L'année suivante, le grand incendie de 1666 détruit une grande partie des maisons en bois de la ville. La reconstruction de Londres occupe toute la décennie suivante.
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De 1825 à 1925, Londres est la ville la plus peuplée au monde[64]. Cette croissance est accélérée par la construction des premières lignes de chemin de fer à Londres, rapprochant considérablement les villes avoisinantes. Porté par un essor boursier exceptionnellement rapide, ce réseau ferroviaire s'étend rapidement et permet à ces villes de croître tout en permettant à Londres de s'étendre et d'englober les villages aux alentours, à l'image de Kensington. L'apparition des premiers embouteillages en centre-ville mène à la création, en 1863, du premier système de transport souterrain au monde, le métro de Londres, accélérant encore le développement de l'urbanisation[65]. Grâce à cette croissance rapide, Londres devient l'une des premières villes à dépasser le million d'habitants et la première à dépasser les cinq millions.
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Le gouvernement local de Londres éprouve des difficultés à gérer l'expansion rapide de la ville, surtout au niveau des infrastructures. Entre 1855 et 1889, le Metropolitan Board of Works supervise la croissance des infrastructures. Il est remplacé par le comté de Londres, géré par le London County Council, la première assemblée élue au niveau de la ville, jusqu'en 1965.
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Le Blitz et les bombardements allemands de la Luftwaffe durant la Seconde Guerre mondiale entraînent la mort d'environ 30 000 personnes[66] et la destruction de nombreuses habitations et bâtiments dans la ville. La reconstruction dans les années 1950, 1960 et 1970 se caractérise par une absence d'unité architecturale, typique du Londres moderne. En 1965, les limites de Londres sont modifiées pour tenir compte de l'expansion de la ville en dehors du comté de Londres. Le nouveau territoire agrandi, administré par le Greater London Council, prend le nom de Grand Londres.
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Dans les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, une large immigration provenant des pays du Commonwealth décolonisés fait de Londres une des villes européennes les plus ethniquement cosmopolites. L'intégration des nouveaux immigrants ne se fait pas toujours en douceur, avec par exemple les émeutes de Brixton dans les années 1980, mais elle se déroule mieux que dans d'autres régions britanniques. Après l'abolition du Greater London Council en 1987, Londres est privé d'une administration centrale jusqu'à la création, en 2000, de la Greater London Authority et du poste du Maire de Londres (Mayor of London).
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Le renouveau économique des années 1980 rétablit Londres sur le devant de la scène internationale. En 2012, Londres devient la première ville à accueillir les Jeux olympiques modernes pour la troisième fois[67], tandis qu'en 2015 la population municipale dépasse 8,63 millions d'habitants, son plus haut niveau depuis 1939[68]. En 2016, Londres est la première capitale occidentale à élire un maire musulman, le travailliste Sadiq Khan[69].
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En tant que siège du gouvernement et principale agglomération du Royaume-Uni, la ville connaît de nombreux épisodes terroristes. L'IRA provisoire tente de mettre le gouvernement britannique sous pression au sujet des négociations en Irlande du Nord, interrompant fréquemment les activités de la ville avec des alertes à la bombe ou des attentats jusqu'au cessez-le-feu de 1997. Le 7 juillet 2005, une série d'attentats est perpétrée dans les transports en commun londoniens par des kamikazes islamistes, 24 heures seulement après que l'organisation des Jeux olympiques de 2012 est confiée à la ville. Le 22 mars 2017, un attentat revendiqué par l'État islamique est commis par Khalid Masood sur le pont de Westminster et dans l'enceinte du Parlement ; il fait 3 morts (4 si on compte le terroriste) et une cinquantaine de blessés[70],[71]. La Police métropolitaine a précisé que Masood ne faisait pas partie d'une organisation terroriste et qu'il a agi seul[72]. 3 mois plus tard, une autre attaque terroriste touche le centre de la ville.
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La gestion de Londres s'effectue sur deux niveaux : au niveau de la ville, sous l'autorité du Greater London Authority (GLA) et à un niveau plus local au sein des 33 districts londoniens.
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Le Greater London Authority est responsable du plan londonien définissant la stratégie de développement de Londres, des services de police (Metropolitan Police Authority), de lutte contre les incendies (London Fire Brigade), de la plupart des transports (Transport for London) et du développement économique (London Development Agency). Le GLA est composé du maire de Londres, qui dispose des pouvoirs exécutifs, et de la London Assembly qui examine les propositions du maire et vote ou rejette ses propositions de budget chaque année. Le GLA est une administration relativement récente (2000) créée afin de remplacer le Greater London Council (GLC) aboli en 1986. Le siège de la Greater London Authority et du maire de Londres (City Hall) se trouvent au bord de la Tamise, près du Tower Bridge.
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Depuis le 6 mai 2016, le poste de maire de Londres est occupé par le travailliste Sadiq Khan.
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Les 33 districts sont formés des 32 boroughs et de la Cité de Londres et sont responsables des services locaux non pris en charge par le GLA tels que l'aménagement local, les écoles, les services sociaux, les routes locales et le ramassage des ordures. Chacun des districts a à sa tête un conseil (council) élu tous les quatre ans. La cité de Londres n'est pas dirigée par une autorité locale classique mais par la Corporation of London élue par les résidents et les entreprises et qui n'a pratiquement pas changé de forme depuis le Moyen Âge. La Corporation of London a à sa tête le Lord Mayor of London, qui est un poste différent de celui du maire de Londres.
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La Cité de Londres possède sa propre force de police, la City of London Police indépendante du Metropolitan Police Service qui est responsable du reste du Grand Londres.
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Les services de santé sont gérés par le gouvernement national grâce au National Health Service, sous la responsabilité, à Londres, d'un seul NHS Strategic Health Authority[73].
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Un code postal « postcode » sert à délivrer le courrier et correspond ainsi à une adresse particulière. En Grande-Bretagne, un code postal se présente de la manière suivante WY11 1ZZ. Les deux premières lettres pour la ville, les numéros pour une région, les lettres et numéros à une zone résidentielle. Un code postal indique la rue de résidence mais aussi de quel côté de la rue on habite.
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Les codes postaux de Londres sont divisés en Nord, Nord-Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest, Ouest et Est. Chaque code postal débute par N, NW, SE, SW, W ou E et les zones du centre-ville par EC et WC. Chaque zone correspondant à un code postal mesure 1-10 km2 selon la densité de population, en donnant la première lettre du code postal on indique tout de suite dans quel endroit on habite à Londres. Londres est aussi divisée en arrondissements, qui sont une subdivision administrative de la ville[74].
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Donc, la zone postale de Londres ne correspond pas au Grand Londres. La majorité de la banlieue de Londres a les codes postaux différents, représentant les quartiers principaux. Ces codes postaux débutent par BR, CR, DA, HA, EN, IG, KT, RM, SM, TW et UB, qui signifient respectivement Bromley, Croydon, Dartford, Harrow, Enfield, Ilford, Kingston upon Thames, Romford, Sutton, Twickenham et Uxbridge.
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Londres est le siège du gouvernement du Royaume-Uni situé au palais de Westminster à Westminster. Plusieurs annexes du gouvernement sont situées aux alentours du Parlement, particulièrement le long de Whitehall où se trouve la résidence du Premier ministre au 10 Downing Street.
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Bien qu'utilisée pour la première fois au XIXe siècle par John Bright pour décrire l'Angleterre elle-même[75], l'expression Mother of the Parliament (mère des parlements) est souvent utilisée pour faire référence au parlement britannique[76] car il est souvent considéré comme le premier à avoir instauré un système composé d'une chambre haute et d'une chambre basse élues et a été suivi par beaucoup d'autres systèmes politiques, notamment en Europe et dans les pays du Commonwealth.
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Dans le cadre des élections à la Chambre des communes, Londres est divisée en 73 circonscriptions électorales qui élisent chacune un député (Member of Parliament, MP). Lors des élections de 2015, le Parti travailliste a emporté 45 des 73 sièges londoniens, le Parti conservateur 27 et les Libéraux-démocrates le dernier[77].
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Des relations sont en construction avec Tokyo (Japon) et Shanghai (Chine).
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Londres a toujours été un important foyer de population. À la fois, ville, aire urbaine et région urbaine la plus peuplée du Royaume-Uni, elle a également été la plus peuplée d'Europe et du monde avant de connaître un léger déclin.
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Le Grand Londres, composé de Inner London et Outer London, compte 8 615 000 habitants en 2014. L'aire urbaine de Londres compte près de 10 millions d'habitants tandis que l'aire métropolitaine, sa zone d'influence directe, compte 15 millions d'habitants. D'après Eurostat, Londres est la première ville la plus peuplée et la deuxième aire urbaine la plus importante d'Europe de l'Ouest après Paris[79]. La ville se classe également au quinzième rang des villes les plus peuplées du monde et au quinzième rang des aires urbaines les plus peuplées.
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La région du Grand Londres occupe une superficie de 1 572 km2 et la densité de population est de 5 285 habitants par km2, soit une densité plus de 10 fois supérieure à celle de l'Écosse, de l'Irlande du Nord, du pays de Galles ou de n'importe quelle autre région anglaise. Cette densité cache cependant des disparités au sein de 32 districts. En 2005, le borough royal de Kensington et Chelsea (Inner London) comptait 16 178 hab./km2 contre 2 011 pour Bromley (Outer London)[80].
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La structure de la population de Londres est légèrement différente de celle de l'Angleterre ou du Royaume-Uni. L'attractivité de Londres a entraîné une immigration vers la capitale de personnes en âge de travailler depuis le reste du pays ou l'étranger. La proportion de personnes entre 20 et 44 ans représente 42,8 % contre 35,1 à l'échelle nationale. En contrepartie, la proportion de personnes âgées de 60 ans et plus (14,4 %) est inférieure à la moyenne nationale (18,4 %)[81].
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Londres comptait sans doute un peu plus de 50 000 habitants en 1500. Elle s'est rapidement développée aux XVIe siècle et XVIIe siècle. Un peu avant 1700, elle dépasse les 500 000 habitants et devient la ville la plus peuplée d'Europe devant Paris. Elle est environ vingt fois plus peuplée que Bristol, la deuxième ville d'Angleterre à l'époque[83]. En 1801, lors du premier recensement, la ville comptait 959 300 habitants[84]. Après cette date, dans un contexte d'industrialisation rapide, la population s'accroît fortement et en 1831, la ville atteint 1 655 000 habitants[84]. Sa population dépasse celle de Pékin, et la ville devient donc la plus peuplée au monde. Elle le reste jusqu'en 1925, date à laquelle elle est dépassée par New York[85]. La population de Londres a culminé à 8 615 245[84] en 1939 puis a décliné jusqu'à 6 608 598 au recensement de 1981 avant de remonter jusqu'à 8 173 900 lors du recensement de 2011.
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Londres est l'une des villes possédant la plus grande diversité d'origines. Le recensement de 2011 a enregistré que 2 998 264 personnes, soit 36,7% de la population de Londres, sont nées à l'étranger, faisant de Londres la ville avec la deuxième plus grande population d'immigrants, derrière New York, en termes absolus. D'après le recensement démographique de 2011, 59,8 % des 8,2 millions de Londoniens se considèrent comme appartenant au groupe « Blanc », 12 % des habitants se considèrent comme Indiens, Pakistanais ou Bengalis, 13,3 % se considèrent comme noirs (environ 7 % de Noirs africains et 4,2 % de Noirs des Caraïbes), 1,5 % se disent Chinois et 5 % se considèrent comme issus de plusieurs origines.
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En 2001, 27 % des Londoniens sont nés en dehors du Royaume-Uni et 21,8 % hors de l'Union européenne. Les Irlandais (d'Irlande et d'Irlande du Nord) sont environ 200 000, tout comme les Écossais et les Gallois.
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Londres est également une des villes les plus actives du monde sur le plan linguistique. Une étude menée en 2005 a montré que plus de trois cents langues différentes y sont parlées et qu'on peut y trouver 50 communautés ethniques comptant plus de 10 000 membres[87].
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Les chiffres de l'Office for National Statistics montrent que le nombre de Londoniens nés à l'étranger atteignait 2 288 000 en 2006 contre 1 630 000 en 1997[88].
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Le tableau ci-contre donne le pays de naissance des résidents de Londres en 2011, date du dernier recensement britannique.
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D'après le recensement de 2011, on dénombrait à Londres 48,4 % de chrétiens (catholiques, protestants, anglicans ou autres), 12,4 % de musulmans, 5 % d'hindous, 1,8 % de juifs, 1,5 % de sikhs, 1 % de bouddhistes, 0,6 % d'autres religions, 20,7 % de personnes sans religion et 8,5 % de personnes ne déclarant pas leur religion[89].
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Du point de vue de la religion, Londres a été, tout au long de son histoire, dominée par le christianisme et compte un nombre important d'églises, notamment dans la City. La cathédrale Saint-Paul ainsi que la cathédrale de Southwark sont à la tête de l'Église anglicane tandis que les cérémonies officielles et royales se déroulent soit à Saint-Paul soit à l'abbaye de Westminster (à ne pas confondre avec la cathédrale de Westminster qui est un édifice relativement récent ainsi que la plus grande cathédrale romaine catholique d'Angleterre et du pays de Galles). Malgré ceci, le pourcentage d'anglicans pratiquants est très bas. En revanche, ce taux est beaucoup plus élevé dans les communautés romaines catholiques et chrétiennes orthodoxes[90],[91].
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Londres abrite également d'importantes communautés musulmane, hindoue, sikhe et juive. De nombreux musulmans vivent à Tower Hamlets et à Newham et le plus important édifice musulman est la grande mosquée de Londres près de Regent's Park. On estime à 600 000 le nombre de musulmans vivant dans la capitale britannique[92].
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La communauté hindoue de Londres réside dans les quartiers nord-ouest de Harrow et de Brent, où se trouve un des plus grands temples hindous d'Europe, le temple Neasden[93]. La communauté sikhe se trouve elle dans l'Est et dans l'Ouest de Londres, qui abrite également un des plus grands temples sikhs situés hors d'Inde. La majorité des Britanniques de confession juive se trouve à Londres, particulièrement à Stamford Hill et Golders Green dans le Nord de Londres[94].
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En 2014, Londres est la cinquième ville du monde en termes de PUB, et la première d'Europe devant Paris intramuros[95]. Le Grand Londres réalise environ un quart du PIB du Royaume-Uni, et l'aire métropolitaine de Londres environ un tiers[96]. La productivité est nettement supérieure à la moyenne nationale[97]. Très fortement tertiarisée[98], Londres connaît une importante spécialisation dans la finance. La capitale britannique est la première place financière du monde et l'un des principaux centres d'affaires internationaux[99]. D'après une étude de fDi Markets datant de 2016, Londres est la deuxième ville mondiale ayant reçu le plus d'investissements directs étrangers après Singapour[100]. La ville se hisse première mondiale pour sa connectivité et deuxième pour son potentiel économique et son environnement favorable aux affaires[100].
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L'immigration joue un rôle majeur, elle concerne des personnes de qualification très diverses, mais une des caractéristiques de la ville est sa capacité à attirer les hauts revenus et les personnes avec de hautes qualifications[101].
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Les inégalités économiques sont fortes. Londres compte de nombreuses poches de pauvreté et le taux de chômage est plus élevé que la moyenne nationale (4,3 % au Royaume-Uni en 2017 contre 4,9 % à Londres[102]) et 53 % des enfants de ces quartiers vivent dans un état de pauvreté[103].
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Le nombre de personnes sans-domicile fixe à Londres a augmenté de 169 % entre 2010 et 2019[104].
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Les prix de vente et de location augmentent régulièrement, obligeant de nombreuses personnes à partager un appartement parce qu'elles n'ont pas les moyens d'en louer un pour elles seules. Il est devenu courant à Londres qu'un logement n'ait pas de salon parce que celui-ci est loué comme chambre à coucher[105].
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L'économie de Londres s'est orientée vers les services beaucoup plus tôt que d'autres villes européennes, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Le succès de Londres dans le secteur tertiaire s'explique surtout par plusieurs des facteurs[106] :
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Londres a concentré entre 2008 et 2017 35 % des créations d'emplois du Royaume-Uni, notamment grâce à un modèle économique favorisant les grandes métropoles[107].
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Environ 85 % de la population du Grand Londres (soit 3,2 millions de personnes) travaillent dans le secteur des services. 500 000 personnes travaillent dans l'industrie et la construction (en proportions égales)[108].
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Londres concentre ses activités financières et juridiques dans cinq centres différents : la City, Westminster, Canary Wharf, Camden & Islington et Lambeth & Southwark.
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La principale activité économique de Londres est le secteur financier dont les exportations financières, (c'est-à-dire les services aux entreprises fournis par des sociétés londoniennes à des entreprises étrangères dans le secteur des services financiers (indépendamment de l'immobilier)), contribuent grandement à la balance des paiements du Royaume-Uni[109]. Plus de 360 000 personnes travaillent dans le secteur de la finance de Londres en 2015 qui abrite plus de 480 banques, soit plus que n'importe quelle autre ville au monde[110]. La City est le plus grand centre d'affaires d'Europe en termes de flux de capitaux et s'impose comme une véritable place financière de premier plan après lois Sarbanes-Oxley qui accroissent les exigences comptables pour les entreprises cotées à la bourse de Wall Street[111]. Lors d'une récente étude publiée par Mastercard, Londres surpasse New York dans quatre des six domaines de l'étude dont la stabilité économique, la facilité de faire des affaires et le volume des flux financiers[112]. Le maire de New York Michael Bloomberg a déclaré que New York risquait de perdre son statut de capitale financière du monde au profit de Londres à cause du droit et des systèmes de régulation et d'immigration moins stricts du Royaume-Uni[113]. En 2016, la City de Londres générait un peu plus de 2 % du PIB britannique et 0,38 % du PIB de l'Union Européenne soit une création en moyenne de plus de 24 milliards de dollars par kilomètre carré par an[111].
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Un second centre financier se développe à Canary Wharf, à l'est de la City, et compte le quartier général des banques HSBC et Barclays, de l'agence Reuters ainsi que de nombre des plus grands cabinets d'avocats au monde. Les quartiers généraux européens de J.P. Morgan, Citi, Bank of America, Morgan Stanley et American Express sont aussi localisés à Canary Wharf[114]. En 2005, Londres a traité 31 % des transactions sur le marché des changes et traite quotidiennement environ 753 milliards de dollars, soit plus qu'à New York[115],[116].
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Plus de la moitié des 100 premières entreprises britanniques (FTSE 100) et plus de 100 des 500 plus grandes entreprises européennes ont leur siège à Londres. Plus de 70 % des entreprises du FTSE 100 ont leur siège dans l'aire urbaine de Londres et 75 % des entreprises du Fortune 500 ont un bureau à Londres[111].
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Les médias sont particulièrement concentrés à Londres et l'industrie de la distribution des médias en est le deuxième secteur le plus compétitif[117]. La BBC est un employeur clé de la ville tandis que de nombreux autres médias ont leur siège à Londres.
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Le port de Londres a été le plus important du monde mais arrive aujourd'hui en troisième position au Royaume-Uni. 50 millions de tonnes de marchandises y transitent chaque année[118]. La plupart de ces marchandises transitent cependant par Tilbury qui se trouve en dehors des limites du Grand Londres.
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La Chambre de commerce et d'industrie de Londres est la plus grande organisation indépendante de réseautage et d'assistance commerciale de la capitale britannique. Elle représente les intérêts de milliers d'entreprises[119].
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Pour sa part la Bourse de Londres, crée en 1801, est un marché boursier située dans la ville. Il s'agit d'un des plus grands marchés de la planète[120].
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Londres est une des principales destinations touristiques au monde. Ce secteur génère entre 280 000[121] et 350 000[122] emplois selon les sources. En 2008, les revenus du tourisme représentaient 10,5 milliards £[123]. En 2014, Londres a reçu 17,4 millions de touristes étrangers, pour un total d'environ 28 millions[124].
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Londres bénéficie de son statut de capitale anglophone en Europe et attire ainsi chaque année de très nombreux étudiants du continent venus apprendre la langue anglaise. Une importante économie du tourisme estudiantin s'est développée autour de cette manne, certains n'hésitant pas à en profiter par des pratiques à la limite de la légalité[125].
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Les principaux sites touristiques londoniens sont concentrés dans le West End, qui comprend les grands magasins d’Oxford Street, les théâtres, et les quartiers tels que Soho, Covent Garden, Mayfair, Piccadilly Circus et la place de Leicester Square. Les monuments les plus célèbres de Londres sont Westminter Abbey, Big Ben, le British Museum, la Tate Gallery, le Tate Modern, Madame Tussauds, les palais de Westminster et de Buckingham, l’Imperial War Museum, le Science Museum, la National Gallery, la National Portrait Gallery, le Tower Bridge, la tour de Londres, London Eye, la cathédrale Saint-Paul et Arsenal Football Club Museum. Le nombre de chambres d'hôtel à Londres en 2015 s'élevait à 138 769, le nombre le plus élevé en Europe.
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Selon une étude du King's collège de Londres, la pollution à l’hydroxyde d'azote provoque plus de 9 000 décès prématurés à Londres chaque année[126].
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Le palais de Buckingham est la résidence officielle des monarques du Royaume-Uni depuis 1837. Il se situe dans la ville de Londres. C'est aussi le siège administratif du monarque régnant au Royaume-Uni[127],[128],[129].
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Le palais compte 775 chambres dont 19 chambres d'État. Il mesure 108 mètres de long sur l'avant, 120 mètres de profondeur (incluant le quadrilatère central) et 24 mètres de haut[129].
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50 000 personnes par année participent à des banquets d'État se déroulant au palais de Buckingham. Sa Majesté y tient aussi des audiences hebdomadaires avec le Premier ministre[129],[130].
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Les transports sont un des quatre domaines de compétence du maire de Londres[131]. Le réseau de transport public, géré par Transport for London (TfL), est un des plus étendus au monde[132] mais subit tous les jours des embouteillages, retards et problèmes de maintenance. Un programme de 7 milliards de livres a été mis en place pour tenter d'améliorer le réseau à l'horizon de 2012, pour l'inauguration des Jeux olympiques[133]. Malgré un coût des plus élevés d'Europe, l'ensemble du réseau londonien a cependant été déclaré meilleur réseau de transport au monde (devant New York et Paris) par 25 % des 2 000 personnes interrogées lors d'un sondage réalisé par TripAdvisor[134].
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L'élément central du réseau de transport de la capitale britannique est le métro de Londres, Underground ou London Tube appelé familièrement The Tube, composé de 274 stations et 16 lignes interconnectées pour une longueur totale de 408 km. Il existe de nombreux projets d'extensions, notamment la Elizabeth line dont l'ouverture est prévue pour fin 2018[135]. Inauguré en 1863, c'est le plus ancien réseau au monde[65]. Il comporte même la toute première ligne de métro électrique, la City & South London Railway, mise en service en 1890[136]. Trois millions de trajets par jour, soit environ un milliard par an, sont effectués sur l'ensemble du réseau du métro[137], qui dessert principalement le centre historique de Londres ainsi que les banlieues de la ville situées au nord de la Tamise mais s'étend jusqu'au-delà des frontières du Grand Londres. Les banlieues sud et sud-est sont moins desservies par le métro mais bénéficient d'un important réseau de trains de banlieue. Le Docklands Light Railway, inauguré en 1987, dessert l'Est de Londres et Greenwich sur les deux rives de la Tamise.
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Londres est un point central du réseau ferroviaire britannique avec 14 gares reparties dans la ville proposant des services de banlieue, grandes lignes, liaisons internationales et liaisons avec les principaux aéroports. La plupart des zones de l'agglomération non desservies par le métro ou le DLR sont accessibles par rail depuis une des gares centrales.
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Ces 14 gares sont Blackfriars, Cannon Street, Charing Cross, Euston, Fenchurch Street, King's Cross, Liverpool Street, London Bridge, Moorgate, Marylebone, Paddington, St. Pancras, Victoria et Waterloo.
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Les trains de banlieue ne traversent généralement pas la ville mais s'arrêtent dans une des 14 gares de la ville situées autour du centre historique. Crossrail est un projet de réseau express régional qui devrait entrer en fonction en 2021 et qui permettra de relier les banlieues est et ouest en traversant Londres dans un souterrain. Un train urbain, l'Overground est entré en service en novembre 2007. Le service de train Eurostar relie la gare de Saint-Pancras à Lille et Paris (France), par l'Eurotunnel, en 1 h 20 et 2 h 15 respectivement, Bruxelles (Belgique) en 1 h 50, mais aussi, depuis 2015, Lyon en un peu moins de 6 h puis Avignon en 7 h et Marseille en 7 h 30. Il y a aussi des projets de réinsertion du tramway dans le centre de Londres.
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Le Tramlink est un réseau de tramway qui dessert la banlieue sud de Londres : les boroughs de Croydon, Bromley, Sutton et Merton.
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Le London Inner Ring Road (périphérique situé autour du centre de Londres), les routes A406 et A205 (dans la banlieue) ainsi que l'autoroute M25 (plus éloignée) contournent la ville et relient les nombreuses voies allant vers le centre-ville de Londres (Inner London). Le périphérique M25 est la plus longue autoroute circulaire en Europe avec ses 195 km de long. Un projet d'autoroutes sillonnant l'agglomération (appelées London Ringways) avait été lancé en 1962 mais a été en grande partie abandonné au début des années 1970-1971 à cause des objections des riverains et des coûts élevés[138]. En 2003, un péage urbain a été introduit afin de réduire le trafic en centre-ville. À quelques exceptions près, les automobilistes doivent payer 8 livres par jour pour pénétrer à l'intérieur d'une zone correspondant au centre de Londres. Les automobilistes résidant au sein de la zone payante payent 10 %, payables soit pour 5 jours au tarif de 4 £ ou 16 £ pour quatre semaines.
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Les taxis noirs londoniens sont célèbres dans le monde entier pour avoir été montrés à maintes reprises au cinéma et à la télévision. Le taxi londonien a une longue histoire: les voitures sont noires, et ils sont traditionnellement appelés Blacks Cabs, ou Hackney Cabs dont le nom dérive du quartier Hackney où déjà en 1654, il est devenu nécessaire de réglementer le service et le trafic. Jusqu'au début du XXe siècle, les taxis étaient constitués de voitures hippomobiles. Puis vint l'avènement de la voiture et les taxis londoniens prennent aujourd'hui l'apparence des berlines noires: en 2011, il y avait environ 22 000 taxis noirs dans la ville.
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Un autre symbole de Londres est le célèbre bus rouge à impériale, à un étage (single-decker) ou à deux étages (double-decker). Le réseau de bus de Londres est l'un des plus importants au monde, avec environ 8 500 bus, plus de 700 lignes de bus et environ 19 500 arrêts de bus. Londres possède le plus grand réseau accessible aux fauteuils roulants du monde et, depuis le 3ème trimestre 2007, est devenu plus accessible aux passagers malentendants et malvoyants à mesure que les annonces audiovisuelles étaient introduites. La plupart des lignes d'autobus du réseau de Londres fonctionnent en journée et en soirée. Certaines lignes fonctionnent même 24 heures sur 24. L'autobus est le moyen de transport principalement utilisé pour les déplacements locaux et transporte plus de passagers que le métro[139]. Chaque jour de la semaine, les bus londoniens transportent 6 millions de passagers sur plus de 700 itinéraires différents. Le nombre de voyages a atteint 1,8 milliard en 2005/2006[140].
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Londres, pour soutenir sa politique d'éradication de la voiture, investit très lourdement dans le transport individuel cycliste. C'est ainsi qu'en 2006 Londres a investi 38 millions d'euros dans les voies cyclables et les parkings à vélo. Le vélo-partage contribue également à accroitre la mobilité urbaine des Londoniens : en 2016, les vélos Santander construits par PBSC Solutions Urbaines au Canada étaient au nombre de 13 600 répartis sur 570 stations.
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Londres est également une plate-forme de correspondance aérienne mondiale. En 2017, plus de 170 millions de passagers ont transité dans un des 6 aéroports de Londres[141] (London Heathrow, Gatwick, Stansted, Luton, London City, London Southend), ce qui en fait la ville la plus fréquentée au monde. L'aéroport d'Heathrow est le deuxième plus important au monde en nombre de passagers internationaux[142] et propose une gamme complète de vols intérieurs, européens ou intercontinentaux. Une part importante du trafic international ainsi que nombre de vols de compagnies aériennes à bas prix sont prises en charge par l'aéroport de Gatwick. Les aéroports de Stansted et de Luton sont spécialisés dans les vols court-courriers des compagnies à bas prix. L'aéroport de Londres-City, le plus petit et le plus proche de Londres, est plutôt, de par sa proximité avec les centres financiers de la capitale, spécialisé dans les vols privés et accueille des vols court-courriers ainsi qu'un important trafic de jets privés[143]. L'aéroport de Londres-Southend est le nouveau venu dans le choix des voyageurs. Finalement, il y a l'aérodrome de Biggin Hill, dans le Sud-Est de Londres, utilisé seulement par les jets privés.
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Le transport le long de la Tamise, qui est entièrement navigable, est également une coutume séculaire à Londres, remontant en fait à 1555 et la fondation par le gouvernement anglais de la Company of Watermen and Lightermen, dans le but de contrôler la navigation fluviale pour le transport de fret et passagers, qui existe toujours. La Tamise est utilisée par les bateaux de tourisme et les bateaux-bus. Les services sont assurés par London River Services.
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Les jetées de Londres (en anglais : Pier) sont dispersées sur tout le cours de la rivière. En aval, les jetées principales sont :
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Le premier et seul téléphérique de Londres, connu sous le nom d'Emirates Air Line, a ouvert ses portes en juin 2012. Traversant la Tamise, reliant la péninsule de Greenwich et les Royal Docks à l'est de la ville, le téléphérique est intégré au système de billetterie Oyster Card de Londres, bien que des tarifs spéciaux soient facturés. Ayant coûté 60 millions de livres sterling, il transporte plus de 3 500 passagers par jour, bien que sa capacité soit nettement supérieure. Semblable au programme de location de vélos de Santander Cycles, le téléphérique est parrainé dans le cadre d'un accord de 10 ans avec la compagnie aérienne Emirates.
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Londres est un centre mondial de recherche et d'enseignement dans le supérieur. Selon le classement QS des universités de 2015/16, Londres est la ville avec la plus forte concentration d'universités de première classe dans le monde et sa population étudiante internationale de 110 000 est plus grande que toute autre ville dans le monde[144]. Une étude menée en 2014 par PricewaterhouseCoopers annonce Londres comme la capitale mondiale de l'éducation dans le supérieur[145].
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Un certain nombre d'établissements d'enseignement de premier plan sont basés à Londres. Dans le classement 2015 de QS, l'Imperial College London atteint la 2e place mondiale, University College London (UCL) la 5e, and King's College London (KCL) est classée 16e[146]. La London School of Economics est souvent décrite comme une institution phare pour la recherche en sciences sociales[147]. La London Business School est considérée comme l'une des meilleures écoles de second cycle universitaire en économie et administration. En 2015, son programme MBA est classé deuxième mondial par le Financial Times[148].
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Avec plus de 120 000 étudiants à Londres, l'université fédérale de Londres est la plus grande université du Royaume-Uni[149]. Elle inclut cinq universités indépendantes — City, King's College London, Queen Mary, Royal Holloway et UCL — et des institutions plus petites et plus spécialisées telles que Birkbeck, le Courtauld Institute of Art, Goldsmiths, Guildhall School of Music and Drama, la London Business School, la London School of Economics, la London School of Hygiene & Tropical Medicine, la Royal Academy of Music, la Central School of Speech and Drama, le Royal Veterinary College et la School of Oriental and African Studies[150]. Les membres de l'université de Londres ont leur propres procédures d'admission, et certaines offrent leur propre diplôme.
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Il existe d'autres universités n'étant pas affiliées à l'université de Londres, comme le prestigieux Imperial College London ou encore Brunel University, Kingston University, London Metropolitan University, University of East London, University of West London, University of Westminster, London South Bank University, Middlesex University, et la University of the Arts London (qui est la plus grande université d'arts en Europe). Il existe de plus trois universités internationales à Londres — Regent's University London, Richmond, The American International University in London et Schiller International University.
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Londres inclut cinq écoles de médecines de pointe — Barts and The London School of Medicine and Dentistry (Queen Mary), l'école de médecine de King's College London (la plus grande école médicale d'Europe), l'école de médecine de l'Imperial College, l'école de médecine de UCL et St George's, University of London. C'est l'un des plus grands centre de recherche biomédicale avec notamment l'institut Francis Crick[151] fondé par l'Imperial College, King's College et UCL.
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Il y a un grand nombre d'écoles de commerce à Londres, dont la London School of Business and Finance, la Cass Business School, la Hult International Business School, ESCP Europe, l'European Business School London, l'Imperial College Business School, la London Business School et la UCL School of Management.
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Au sein de la cité de Westminster, le quartier de West End regroupe un grand nombre d'attractions autour de Leicester Square, où de nombreux films sont joués en avant-première britannique et mondiale, et Piccadilly Circus et ses publicités électroniques couvrant de nombreux bâtiments.
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Dans cette zone se trouvent également le quartier des théâtres de Londres qui regroupe de nombreux cinémas, bars, pubs, boîtes de nuit, restaurants ainsi que le quartier chinois de Londres. Un peu plus à l'est se trouve Covent Garden. Shoreditch et Hoxton, situés à Hackney dans l'East End regroupent également de nombreux bars, restaurants, night-clubs et galeries. Upper Street, une rue de 2 km de long du district d'Islington, compterait plus de bars que n'importe quelle autre rue au Royaume-Uni. C'est également la première rue à proposer un accès internet sans fil dans ses cafés.[réf. nécessaire]
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Oxford Street, souvent citée comme étant la plus longue rue commerçante au monde, regroupe plus de 300 commerces sur environ 2 km, depuis Marble Arch, et accueille près de 200 millions de clients par an[152]. Bond Street à Mayfair abrite de nombreuses boutiques de luxe, de même que le quartier de Knightsbridge où se situe Harrods. Les quartiers de Knightsbridge (Sloane Street), Mayfair (Bond Street, Brook Street) et Chelsea (King's Road) regroupent de nombreux créateurs et boutiques de mode dont Vivienne Westwood, John Galliano, Stella McCartney, Manolo Blahnik et Jimmy Choo. Londres abrite également de nombreux marchés, dont Camden market pour la mode, Portobello Road pour les antiquités et Borough Market pour les produits bios.
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Londres fait partie des 4 capitales de la mode, aux côtés de Paris, Milan et New York. La Fashion Week de Londres qui a lieu depuis 1984 compte parmi les plus importantes semaines de la mode du monde.
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Londres est connue pour son rôle mélangeant créativité débridée et conservatisme, sa mode de rue, ainsi que sa mode masculine traditionnelle symbolisée par Savile Row. Dans les années 1960, c'est le Swinging London : Londres compte alors près de deux mille magasins de vêtements, et Carnaby Street en est l'épicentre, mais aussi King's Road à Chelsea. A la fin des années 1970, c'est la mode punk, notamment représentée par Vivienne Westwood, qui remet Londres sur le devant de la scène. Au début du XXIè siècle des créateurs comme John Galliano, Alexander Mc Queen, Stella McCartney ou Jimmy Choo témoignent du dynamisme de la ville. Le Central Saint Martins College of Art and Design est une des plus prestigieuses écoles de mode et de stylisme au monde. La ville occupe ainsi une place éminente sur la scène mondiale dans les secteurs liés au luxe. En 2017 Londres s'est classée deuxième ville dans le monde, après Paris, pour le nombre d'ouvertures dans le secteur du luxe et des produits premium.
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Londres abrite également de nombreuses écoles des arts du spectacle comme la Central School of Speech and Drama, d'où sont sortis Judi Dench et Laurence Olivier, la London Academy of Music and Dramatic Art, où ont été formés Jim Broadbent et Donald Sutherland entre autres, ainsi que la Royal Academy of Dramatic Art, qui compte Joan Collins et Roger Moore parmi ses anciens élèves. Le Festival du film de Londres, organisé par le British Film Institute, se tient dans la ville tous les ans en octobre.
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Londres possède un panel de musées parmi les plus importants au monde. On en compte 240 (contre 173 à Paris), musées, galeries et autres institutions, dont beaucoup sont gratuits et sont des attractions touristiques majeures et jouent un rôle de recherche. Le premier d'entre eux à avoir été créé était le British Museum de Bloomsbury, en 1753. Contenant à l'origine des antiquités, des spécimen d'histoire naturelle et la bibliothèque nationale, le musée compte maintenant 7 millions d'artefacts provenant du monde entier. En 1824, la National Gallery a été fondée pour abriter la collection nationale britannique de peintures occidentales. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la localité de South Kensington a été développée comme " Albertopolis ", un quartier culturel et scientifique. Trois grands musées nationaux s'y trouvent: le Victoria and Albert Museum, plus grand musée d'arts appliqués du monde, le musée d'histoire naturelle, et le Science Museum. La National Portrait Gallery a été fondée en 1856 pour abriter des représentations de personnages de l'histoire britannique; ses collections comprennent désormais la plus vaste collection de portraits au monde. La galerie nationale d'art britannique est à la Tate Britain, créée à l'origine comme une annexe de la National Gallery en 1897. La Tate Gallery, comme on l'appelait auparavant, est également devenue un centre majeur de l'art moderne; en 2000, cette collection a déménagé à la Tate Modern, une nouvelle galerie installée dans l'ancienne centrale électrique de Bankside. On peut également citer le National Maritime Museum de Greenwich, le plus grand de son genre au monde, la Wallace Collection, une des plus belles collections privées d'art au monde, ou le célèbre Madame Tussauds.
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La British Library est l'une des plus grandes bibliothèques du monde et la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Il existe de nombreuses autres bibliothèques de recherche, dont la Wellcome Library et le Dana Center , ainsi que des bibliothèques universitaires , notamment la British Library of Political and Economic Science à LSE, la Central Library à Imperial, la Maughan Library à King's et la Bibliothèque de Senate House à l'Université de Londres.
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Londres est une des capitales mondiales de la musique classique et pop/rock.[réf. nécessaire] La ville abrite le siège d'une des quatre grands majors du disque, EMI Group, ainsi que d'innombrables musiciens, groupes, orchestres et professionnels de la musique.
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Cinq orchestres professionnels sont basés à Londres : l'Orchestre symphonique de Londres, l'Orchestre philharmonique de Londres, l'Orchestre philharmonique royal, l'Orchestre Philharmonia et l'Orchestre symphonique de la BBC. De nombreux autres orchestres sont également situés dans la ville : l'Orchestre de l'âge des Lumières, le London Sinfonietta et les ensembles London Mozart Players et English Chamber Orchestra. Le point culminant de la saison classique se produit tous les ans en été avec The Proms, une série d'environ 70 concerts de musique classique au Royal Albert Hall.
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Londres possède deux principaux opéras : le Royal Opera House et le Coliseum Theatre. Les ballets Royal Ballet et l'English National Ballet se produisent au Royal Opera House, au Sadler's Wells Theatre et au Royal Albert Hall.
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Voir la page « Musique à Londres »
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Londres abrite de nombreuses salles de concerts pop/rock telles Earls Court et Wembley Arena, la Carling Brixton Academy ou l'Hammersmith Apollo, et d'innombrables salles plus intimistes. De nombreux artistes résidents à Londres et dans les Home Counties environnants. La ville a vu s'ouvrir le tout premier Hard Rock Cafe ainsi que les célèbres studios Abbey Road.
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En tant que principale agglomération du Royaume-Uni, Londres a joué un rôle majeur dans la naissance des différents courants de musiques urbaines, punk et électroniques,[réf. nécessaire] tels que le drum and bass, garage, grime et dubstep. De nombreux artistes de hip-hop britannique[153] habitent également à Londres.
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En 2006, DJ Magazine a publié une enquête réalisée auprès de 600 DJ internationaux qui a établi que Londres abritait trois des meilleurs night-clubs au monde : le Fabric[154], The End et le Turnmills. En 2007, lors d'un nouveau sondage, le Fabric a été classé en deuxième position et The End en quatrième position ; six clubs londoniens se trouvent dans les cinquante premières places[155].
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Londres joue un rôle important dans l'industrie cinématographique. Quatre grands studios sont situés dans la ville : Pinewood, Ealing, Shepperton, Elstree, ainsi que Leavesden. De nombreuses entreprises spécialisées dans la postproduction et les effets spéciaux, comme Working Title Films ont leur siège à Londres. De nombreux films ont pour cadre la ville et ont été tournés à Londres même : Oliver Twist (1948), Scrooge (1951), Peter Pan (1953), Les 101 Dalmatiens (1961), My Fair Lady (1964), Mary Poppins (1964), Blow Up (1966), Du sang sur la Tamise (1980), Coup de foudre à Notting Hill (1999), 28 jours plus tard (2002), Love Actually (2003), V for Vendetta (2005), Match Point (2005), The Queen (2006) ou Le Discours d'un Roi (2010). Ce sont aussi et surtout les célèbres sagas Harry Potter (qui s'est déroulée entre autres à Londres gare de King's Cross par exemple) et James Bond (comme dans Skyfall en 2012). Les acteurs et cinéastes londoniens célèbres comprennent Charlie Chaplin, Alfred Hitchcock, Michael Caine, Helen Mirren, Gary Oldman, Christopher Nolan, Jude Law, Benedict Cumberbatch, Tom Hardy, Keira Knightley et Daniel Day-Lewis. La National Film and Television School créée en 1971 est une des plus prestigieuses écoles de cinéma du monde. Depuis 2008, les British Academy Film Awards ont eu lieu au Royal Opera House. Londres est un centre majeur pour la production télévisuelle, avec des studios dont le BBC Television Centre, The Fountain Studios et The London Studios.
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Londres est un des premiers centres de communication au monde avec la présence d'un grand nombre d'entreprises de communication[156]. La plupart des grands médias britanniques et tous les grands réseaux de télévisions nationaux, dont BBC News, le plus important service d'information au monde[157], ont leur siège à Londres. Environ 53 % des emplois britanniques liés à la télévision et à la radio sont concentrés à Londres[158]. Cette concentration a souvent amené certains commentateurs à critiquer le centrage du Royaume-Uni sur Londres[156]. Cela a amené certains grands médias à délocaliser certains de leurs locaux : la BBC a annoncé en juin 2004 que ses services sport et jeunesse seraient transférés à Manchester, au nord de l'Angleterre[159]. Les autres réseaux installés à Londres comptent parmi eux ITV, Channel 4, Channel 5 et BSkyB. Tout comme la BBC, ces médias produisent parfois leurs programmes ailleurs au Royaume-Uni mais Londres reste tout de même le principal lieu de production. Les programmes locaux sont proposés par les services régionaux des principaux réseaux : BBC London sur BBC One et ITV London sur ITV1.
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Il existe de nombreuses chaînes de radio disponibles à Londres. Les radios locales comprennent Capital Radio, Heart 106.2, Kiss 100 et Xfm. Les radios d'informations et de débats comprennent BBC London, LBC 97.3 et LBC News 1152.
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Le marché des journaux à Londres est dominé par les éditions nationales des grands journaux britanniques, tous édités dans la capitale. Jusque dans les années 1970, la plupart des journaux nationaux étaient concentrés sur Fleet Street mais dans les années 1980, ils ont été délocalisés dans des entrepôts plus spacieux, susceptibles d'accueillir des imprimeries automatiques. La plupart se trouvent aujourd'hui dans l'Est de Londres. À Wapping, en 1986, SOGAT 82, le syndicat des imprimeurs s'est fortement opposé à ces délocalisations, menant à de nombreux affrontements avec les forces de police[160]. La dernière grande agence de presse de Fleet Street, Reuters, a déménagé à Canary Wharf en 2005 mais Fleet Street reste un terme toujours fortement associé à la presse nationale.
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Il existe deux journaux locaux à Londres, l'Evening Standard et Metro, tous les deux gratuits. Ils sont disponibles dans la rue ainsi que dans le métro et les gares. Time Out Magazine, un guide indépendant hebdomadaire fournit la liste des concerts, films, pièces de théâtre et autres activités culturelles depuis 1968. Il existe de nombreux autres journaux locaux dans l'agglomération londonienne, rapportant des informations très locales.
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Londres est au centre de l'industrie télévisuelle et cinématographique britannique, avec les principaux studios à l'ouest de la ville et un important secteur de post-production basé à Soho. Londres est, avec New York, un des deux principaux centres d'édition de langue anglaise.
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Tout au long de l'année il y a de très nombreux événements, à commencer par le défilé du nouvel an (relativement récent), un feu d'artifice au London Eye ; La deuxième plus grande fête de rue au monde, le carnaval de Notting Hill, a lieu chaque année à la fin août. Les défilés traditionnels incluent le Lord Mayor's Show (Procession du Lord Maire) de novembre, un événement séculaire célébrant la nomination annuelle d'un nouveau Lord-maire de la City de Londres avec une procession dans les rues de la ville, et Trooping the Colour, un spectacle militaire officiel organisé par les régiments du Commonwealth et britanniques pour célébrer l'anniversaire officiel de la Reine. Le Boishakhi Mela est un festival du nouvel an bengali célébré par la communauté bangladaise britannique. Il s'agit du plus grand festival asiatique en plein air d'Europe, et du deuxième plus grand festival de rue du Royaume-Uni, attirant plus de 80 000 visiteurs de tout le pays.
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Au XXe siècle, Londres a accueilli à de nombreuses occasions des événements sportifs d'envergure mondiale, comme les Jeux olympiques d'été à trois reprises, en 1908, en 1948 et en 2012, ce qui en fait la première ville à recevoir les J.O. à trois reprises. En 1934, les Jeux du Commonwealth se sont également tenus dans la capitale britannique.
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Le sport le plus populaire à Londres est le football (tant par le nombre de joueurs que par le nombre de spectateurs)[162]. La ville possède quatorze clubs de foot de Football League dont six qui évoluent en Premier League pour la saison 2016/2017 (Arsenal, Chelsea, Crystal Palace,Tottenham Hotspur, Watford et West Ham United), les autres clubs évoluant dans les trois divisions inférieures (l'AFC Wimbledon, Brentford, Charlton Athletic, Dagenham & Redbridge, Fulham, Leyton Orient, Millwall et Queens Park Rangers). Il existe également de nombreux clubs non-leagues ou amateurs. Londres compte quatre clubs de rugby évoluant dans le championnat d'Angleterre (London Irish, Saracens, London Wasps et Harlequins) bien que seuls les Harlequins jouent vraiment à Londres (les autres clubs jouent en dehors du Grand Londres). Le club des Harlequins Rugby League évolue lui en Super League. Les autres clubs londoniens de rugby sont Richmond FC, Blackheath RC, Rosslyn Park et Barnes R.F.C. Londres accueille aussi tous les ans un tournoi de rugby à sept comptant pour les World Rugby Sevens Series, le London rugby sevens.
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Twickenham, dans l'Ouest de Londres, est le stade national de rugby et peut accueillir 82 000 spectateurs. Le nouveau stade de Wembley peut accueillir désormais jusqu'à 90 000 spectateurs pour l'équipe d'Angleterre de football ainsi que pour les finales de la Coupe d'Angleterre de football, la Coupe de la ligue de football et de rugby. Les autres stades de football principaux sont l'Emirates Stadium pour Arsenal (60 000 places), Stamford Bridge pour Chelsea (41 000 places), Tottenham Hotspur Stadium (62 000 places) pour Tottenham, Craven Cottage pour Fulham. Le club de West Ham United a quitté son stade d'Upton Park en 2016 pour s'établir dans le stade olympique de Londres construit à l'occasion des JO 2012.
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Le cricket se joue principalement à Londres sur deux terrains de test cricket, le Lord's Cricket Ground (qui accueille le Middlesex CC) à St. John's Wood et l'Oval (qui accueille le Surrey CC) à Kennington. Le baseball devient de plus en plus populaire avec Londres ayant plusieurs ligues et équipes fortes comprenant Croydon Pirates et London Mets. Les autres rendez-vous annuels sportifs à Londres incluent le mythique tournoi de Wimbledon qui se tient au All England Lawn Tennis and Croquet Club à Wimbledon, le plus ancien et le plus prestigieux tournoi de tennis au monde, le marathon de Londres qui accueille 35 000 participants, la Boat Race qui, depuis 153 ans, voit s'affronter sur la Tamise, entre Putney et Mortlake, les clubs d'aviron, de l'université de Cambridge et d'Oxford, et également le meeting international d'athlétisme London Grand Prix.
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Londres a accueilli les Jeux olympiques d'été en 2012. La Lower Lea Valley est choisi pour devenir le parc et le village olympique. Les installations sont reliées entre elles par une navette à haute vitesse, surnommé The Olympic Javelin. Des transports sont créés pour être capables de déplacer 240 000 personnes par heure[163]. Après la clôture des jeux, la région est transformée en un grand parc urbain[164], en bureaux et en logements.
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Londres est une capitale gastronomique et propose des plats internationaux éclectiques. Les Londoniens parlent souvent de la cuisine. Les pubs et la nourriture qu'ils proposent sont très à la mode[165]. Enfin des plats britanniques typiques comme le fish and chips (poisson-frites), le haggis (panse de brebis farcie), les pies (tourtes à l'anglaise de diverses garnitures) ou encore le Sunday roast (le rôti de bœuf du dimanche, ou roast beef à l'origine du terme français rosbif) font aussi partie de la gastronomie londonienne[166].
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Le Sunday roast.
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Le fish and chips.
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Les armes de Londres se blasonnent de cette façon : « d'argent à la croix de gueules, le canton dextre du chef chargé d'une épée du même. »[167]
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Les taux de criminalité varient considérablement d'une région à l'autre de Londres. La police métropolitaine publie des statistiques détaillées sur les crimes, ventilées par catégorie au niveau des arrondissements et des quartiers, sur son site web depuis 2000.
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En 2015, il y a eu 118 homicides, soit une augmentation de 25,5 % par rapport à 2014. La criminalité connaît un nouvel accroissement en février et mars 2018, après une augmentation du taux d'homicide de 40 % en trois ans[168]. La capitale britannique dépasse ainsi les chiffres de la ville de New York[169],[170]. Néanmoins, les chiffres pour 2017 sont de 116 meurtres à Londres pour un total annuel de 290 à New York[171].
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La plupart des victimes sont noires et ces homicides seraient essentiellement liés au trafic de drogue et aux règlements de comptes entre gangs de dealers[172].
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Voir les pages « Culture à Londres », « Catégorie:Personnage de fiction habitant Londres »
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Les personnages de Sherlock Holmes, Jack l'Éventreur et d'Oliver Twist sont connus et rattachés à l'histoire culturelle de Londres.
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Londres a inspiré de nombreux auteurs et été le sujet de multiples œuvres de littérature. William Shakespeare a passé une grande partie de sa vie et a également travaillé à Londres. Son contemporain Ben Jonson a également vécu à Londres et certains de ses écrits, notamment L'Alchimiste, se déroulent dans la ville. Concernant ceux ayant écrit l'histoire de la ville, on peut citer Samuel Pepys (1633-1703), qui a notamment relaté de grands événements comme l'épidémie de peste de Londres et le grand incendie de 1666. Charles Dickens (1812-1870) est étroitement associés à la ville, dont la description d'un Londres embrumé, neigeux et crasseux aux rues remplies de balayeurs et pickpockets a eu une influence majeure sur la perception de la ville à l'époque victorienne.
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Life of Johnson (en), la biographie de James Boswell se déroule principalement à Londres et est à l'origine de la fameuse citation de Samuel Johnson : « Quand un homme en a assez de Londres, il en a assez de la vie car il y a à Londres tout ce que la vie peut apporter » (When a man is tired of London, he is tired of life; for there is in London all that life can afford)[173]. Le Journal de l'année de la peste (en) de Daniel Defoe est une œuvre de fiction basée sur la grande peste de 1665.
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À travers Phileas Fogg, héros du roman Le Tour du monde en quatre-vingts jours (paru en 1872), son auteur Jules Verne se plait à représenter l'archétype du gentleman anglais victorien, vu par les Français. Cet « homme-horloge », très stoïque, mène une vie réglée à la minute près, exerçant quotidiennement les mêmes activités, se résumant à celles pratiquées au Reform Club, club de gentlemen londonien. Le roman de 1933 de George Orwell Dans la dèche à Paris et à Londres décrit la vie des pauvres dans les deux capitales britannique et française. Peter Ackroyd est un écrivain moderne qui a également été influencé par la ville, notamment dans London: The Biography, The Lambs of London et Hawksmoor. Bloomsbury et le quartier d'Hampstead ont traditionnellement été au cœur du courant de littérature de Londres. Le poète Paul Verlaine s'y installa en 1875 durant deux ans et y séjourna à plusieurs reprises. Il évoque sa vie londonienne dans plusieurs de ses œuvres, telles que Un tour à Londres (1894), plusieurs de ses lettres (notamment à Edmond Lepelletier), ainsi que quelques dessins.
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Londres est une ville privilégiée dans les polars, où elle sert de décor de manière très récurrente. Un incontournable de ce genre est la série des aventures de Sherlock Holmes d'Arthur Conan Doyle, dépeignant la ville au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Un autre héros célèbre de la littérature policière britannique vit dans cette ville, le détective belge Hercule Poirot, créé par Agatha Christie et apparu en 1920.
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Londres inspira aussi beaucoup la littérature fantastique, comme l'illustre le roman de Robert Louis Stevenson L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886).
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Voir la page « Londres dans la peinture »
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Un des peintres anglais les plus célèbres, le romantique William Turner, représenta Londres dans plusieurs de ses œuvres, comme dans une série de Vues de Londres depuis Greenwich, ou bien L'Incendie de la Chambre des Lords et des Communes (1835). Quant à William Hogarth, il est à l'origine d'une série de six tableaux et gravures, réalisées entre 1731 et 1732 : La Carrière d'une prostituée.
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La capitale anglaise attira beaucoup les artistes européens (en particulier français) de la fin du XIXe siècle, qui leur permettait de se dépayser sans aller loin ; ce fut principalement le cas des peintres[174]. Un des meilleurs exemples est certainement Claude Monet, qui y séjourna plusieurs fois, y résida et y exposa. Dans ses œuvres, il confondit dans les mêmes brouillards impressionnistes les villes de Londres, de Venise ou la Normandie. Parmi ses œuvres londoniennes, on peut citer la série des Parlements de Londres (19 peintures du Parlement, conçues entre 1900 et 1905), celle des Charing Cross Bridge (série de 37 tableaux peints entre 1899 et 1904, représentant le Hungerford Bridge) et, plus généralement, des représentations de la Tamise. Toujours en matière de ponts, son compatriote Alfred Sisley peignit en 1874 Sous le pont de Hampton Court. James Tissot, lui, préféra représenter le portique de la National Gallery dans quelques-unes de ses œuvres. Dans les scènes historiques, Édouard Cibot représenta en 1835 Anne Boleyn à la Tour de Londres, où l'on voit Anne Boleyn (mère de la reine Élisabeth Ire), accusée d'intriguer, emprisonnée à la tour de Londres.
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Walter Sickert, postimpressionniste anglais d'origine allemande, était fasciné par l'affaire de Jack l'Éventreur. Il était convaincu de loger dans la même chambre que le criminel occupait avant son arrivée. C'est pour cela qu'il nomma cette pièce la Jack the Ripper's bedroom et qu'il représenta (vers 1907) sur une peinture de ce titre. Il fut lié à cette affaire, au point qu'il figure sur la liste des suspects ayant pu jouer le rôle de l'assassin ou de son complice.
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Le peintre et graveur américain James McNeill Whistler aussi figura la ville dans ses œuvres. Il immortalisa dans Nocturne en bleu et or - le Vieux Pont de Battersea (vers 1872-1875) l'ancien pont de Battersea, détruit en 1885 pour être remplacé l'année suivante par la version actuelle.
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Voir la page « Bande dessinée se déroulant à Londres »
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Dans les bandes dessinées ayant pour cadre la capitale britannique, on peut citer celles reprenant des personnages littéraires tels que Sherlock Holmes, dont plusieurs séries de BD reprennent le héros ou des personnages secondaires. Mais il existe aussi beaucoup de séries originales la mettant en scène.
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Pour les britanniques, on peut citer plusieurs oeuvres scénarisée par Alan Moore, telle que série de comics La Ligue des gentlemen extraordinaires (depuis 1999), dessinée par Kevin O’Neill, réunissant plusieurs héros de la littérature du XIXe siècle. Du même auteur, la BD américaine dessinée par Eddie Campbell, From Hell (1991-1996), suit l'affaire Jack l'Éventreur.
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En dehors de la Grande-Bretagne, on pense bien-sûr à la série de science-fiction Blake et Mortimer, créée par le bédéiste belge Edgar P. Jacobs en 1946. Les deux héros résident dans Londres et plusieurs épisodes s'y déroulent, dont le principal est La Marque jaune (1953-1954), dans lequel un mystérieux criminel y sème la terreur. Toujours dans la BD belge, un double épisode de la série Largo Winch (Jean Van Hamme et Philippe Francq) prend également place dans cette ville : Chassé-croisé / Vingt secondes.
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Dans Astérix chez les Bretons (1965), épisode de la série française Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo, les héros passent par le Londres antique, Londinium. Celui-ci parodie la ville moderne, avec ses bardes à succès, sa tour prison lugubre, ses bus impériaux…
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Voir la page « Jeu vidéo se déroulant à Londres »
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Le guépard (Acinonyx jubatus) est un grand mammifère carnassier de la famille des félidés vivant en Afrique et en Asie de l'Ouest. Le guépard a une allure svelte et fine, avec de longues pattes élancées (aux griffes semi-rétractiles ou non-rétractiles selon les sources), et une face au museau court marquée par deux traces noires partant des yeux. Son pelage est entièrement tacheté de noir sur un fond fauve à beige très clair ; les petits sont pourvus d'une courte crinière qui disparaît à l'âge adulte. Il est considéré comme l'animal terrestre le plus rapide au monde, sa vitesse à la course pouvant atteindre 112 km/h.
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Classé vulnérable par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le guépard fait actuellement l'objet de diverses tentatives de protection, incluant des procédés de clonage. L'espèce est divisée en cinq sous-espèces présentant des différences mineures de morphologie ou de comportement. Parmi celles-ci, le guépard asiatique et le guépard du Sahara sont classées en danger critique d'extinction. La population de guépards est passée de 100 000 individus au début du XXe siècle à 7 100 en 2019[1],
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Le corps, musclé, est très aérodynamique et ressemble à celui d'un lévrier : svelte, presque maigre, avec de longues pattes fines. Sa poitrine est profonde et sa taille étroite. Les os sont légers et la colonne vertébrale, extrêmement flexible, lui permet de projeter ses membres postérieurs très loin et, ainsi, de courir très vite[réf. nécessaire].
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Sa queue agit comme un balancier et un gouvernail lorsqu'il prend des virages brusques en poursuivant sa proie[2]. Les griffes du guépard ne sont pas totalement rétractiles[3] ni crochues, contrairement à celles des autres félins (d'où le nom latin du genre « acinonyx », cf. infra). Cette particularité lui permet d'avoir une très bonne adhérence au sol pour courir très vite, mais a aussi pour effet qu'elles s'usent rapidement, ce qui l'empêche de grimper aux arbres pour y cacher ses proies par exemple, ou de s'en servir pour se battre. Seuls les petits peuvent grimper aux arbres, et ils n'y semblent pas très habiles[réf. nécessaire].
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Un gros cœur et des poumons développés favorisent les échanges gazeux. Le guépard a de larges fosses nasales, lui assurant une bonne oxygénation pendant sa course.
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Il a une petite tête et un museau court, des yeux haut placés et bien déterminés, soulignés par une ligne noire ressemblant à une larme qui chemine du canthus interne des paupières jusqu'à la commissure des lèvres, et qui permet de différencier à coup sûr le guépard des autres grands félins tachetés, tel que le léopard. Ces traînées amélioreraient sa vision en minimisant les reflets de la lumière du soleil[4].
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Les oreilles sont petites et rondes. Comparativement aux autres grands félins, son crâne est de plus petite dimension, et la structure de sa mâchoire supérieure permet un bon passage de l'air, grâce aux canines peu développées, mais réduit la puissance de la morsure. Le faible développement de ses crocs et de leurs racines favorise les voies respiratoires : c'est un atout indéniable pour la course, mais un handicap pour le combat[2].
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Le guépard fait preuve d'un léger dimorphisme sexuel, les mâles étant plus grands que les femelles. Les guépards adultes mesurent de 66 à 81 cm au garrot pour les femelles contre 79 à 94 cm de hauteur au garrot[5] pour les mâles, et de 1,10 à 1,30 m de longueur pour les femelles contre 1,30 à 1,50 m de long[5] pour les mâles auxquels s'ajoutent 65 à 85 cm de queue[5]. Les animaux adultes pèsent de 21 à 42 kg pour les femelles contre 36 à 72 kg pour les mâles avec une moyenne pour les mâles de 48 kg et de 38 kg pour les femelles[6].
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La couleur de base des parties supérieures d'un adulte s'étend du fauve au beige pâle ou au blanc grisâtre, les parties inférieures de la robe étant plus pâles, souvent blanches. La fourrure est parsemée de taches noires, rondes ou ovales, mesurant de deux à quatre centimètres de diamètre. Seul le blanc de la gorge et de l'abdomen est exempt de taches. La fourrure est épaisse avec des poils légèrement plus longs sur la nuque qu'ailleurs. Le dernier tiers de la queue est couronné de quatre à six anneaux noirs et possède à son extrémité une épaisse touffe blanche. Les anneaux de la queue sont caractéristiques de chaque guépard et permettent une identification individuelle[réf. nécessaire].
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Le guépard royal (Acinonyx jubatus f. rex) est parfois considéré comme une sous-espèce, mais il s'agit d'une simple forme qui résulterait d'une mutation récessive. En effet, il peut apparaître dans une portée de guépards normaux[7].
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Il se rencontre dans les zones les plus boisées d'un petit secteur de l’Afrique du Sud et au Zimbabwe.
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Son aspect est différent de celui des autres guépards : ses taches sont nettement plus grandes et forment des lignes par endroits, avec une bande noire sur le dos se prolongeant de la tête à la queue. Ce pelage, marbré plutôt que moucheté, semble lui assurer un excellent camouflage dans le miombo[8] du Botswana et du Zimbabwe.
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Le guépard parcourt quelque sept ou huit mètres en une seule foulée et accomplit quatre foulées à la seconde. Cela en fait un des mammifères quadrupèdes les plus rapides. Un sprint l'amène à 70 km/h en deux secondes[9] puis 90 km/h une seconde plus tard[10]. Une étude publiée en 2013 dans la revue Nature portant sur l'analyse statistique de 367 courses de chasse réalisées par cinq guépards en liberté dans la nature, munis de colliers d'enregistrement couplés à des GPS, a montré que si une vitesse maximum unique de 93 km/h a pu être enregistrée, la moyenne des courses des animaux se situe à 49,89 km/h et que très peu d'entre elles dépassent les 72 km/h[11]. En revanche, les données ont montré des accélérations et décélérations latérales les plus importantes jamais enregistrées pour un animal terrestre démontrant que le succès de la chasse pour le guépard repose plus sur la puissance musculaire, son adhérence au sol et la manœuvrabilité de son corps que sur sa vitesse linéaire maximale[11].
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Par ailleurs, un guépard en captivité a atteint la vitesse record de 112 km/h[10], mais on estime cependant qu'il ne peut maintenir sa vitesse que sur 300 à 400 mètres[9]. Sur une distance plus longue, il serait largement dépassé par une antilope. En 2009, Sarah, un guépard femelle du zoo de Cincinnati a parcouru le 100 mètres en six secondes et 13 centièmes[12], soit une vitesse moyenne de presque 60 km/h. Le 20 juin 2012, Sarah a battu son propre record du monde du 100 mètres, en 5,95 secondes[13], terminant à plus de 98 km/h.
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Lorsque le guépard arrive suffisamment près de sa proie, il lui arrive souvent de lui faire un simple croc-en-jambe et, ainsi, de la déséquilibrer afin qu'elle fasse une chute fatale du fait de la vitesse[14].
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Les pattes des guépards sont moins arrondies et plus solides que celles de la plupart des félins ; cela les aide à prendre des virages serrés. Les griffes, non-rétractiles[15],[16],[17] ou semi-rétractiles[3],[18], fournissent traction et adhérence lors d'une course et contribuent ainsi à maintenir les accélérations. Enfin, sa petite tête est plus aérodynamique[19].
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Selon Marco Polo, il y a 700 ans, Kubilai Khan possédait, dans sa résidence d'été dans l'Himalaya, 1 000 guépards dressés pour la chasse[20]. Akbar en aurait à lui seul, durant son règne, fait domestiquer 9 000[21].
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L'utilisation de ce félin, le plus rapide du monde, comme auxiliaire des chasses royales, daterait au moins des Sumériens (il y a environ 5 000 ans) et des pharaons égyptiens, mais, des rois de France, des princes indiens et des empereurs autrichiens en ont également possédé.
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La chasse que les hommes ont faite aux guépards est peut-être une des raisons de leur actuelle variabilité génétique anormalement basse[20] et d'une incidence élevée de semence anormale.
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Selon certains chercheurs, ils auraient été victimes de la dernière ère glaciaire, celle-ci ayant éliminé la majorité des individus il y a environ 10 000 ans. On pense dans ces deux cas qu'ils ont subi une période prolongée de consanguinité. D'après certains biologistes, les guépards ont même atteint un degré de consanguinité trop élevé pour prospérer. Alors que des milliers d'animaux ont été capturés et élevés en captivité, il n'y a eu jusqu'en 1956 aucun cas connu de reproduction de guépard en captivité[20]. Depuis 1970, malgré les techniques de reproduction assistée, seuls 10 à 15 % des couples captifs mettent bas, et le taux de mortalité est élevé (29,1 %)[20].
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En Europe, les guépards ont maintenant disparu à l'état sauvage : il n'en reste que quelques dizaines d'individus en Afrique du Nord (guépard du Sahara) et en Asie (Iran). On ne les trouve à l'état sauvage en Afrique australe et orientale que dans des territoires de plus en plus écologiquement fragmentés[20].
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Le guépard est le seul représentant actuel du genre Acinonyx, mais, avant la fin du Pléistocène supérieur, ce genre comprenait plusieurs espèces dont la plus connue est Acinonyx pardinensis, ou le guépard géant d'Eurasie[22].
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La phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Avec l'étude de phylogénie moléculaire, on sait que la famille des félidés a pour dernier ancêtre commun un félin préhistorique apparu il y a environ 20 millions d'années, Pseudaelurus. La première lignée de félins à diverger est celle des Panthérinés, il y a environ 10,8 millions d'années[23]. Le guépard résulte d'une divergence bien plus récente, il y a environ 6,7 millions d'années, de la lignée du Puma[23], qui est en effet le félin actuel le plus proche du guépard. À la suite de l'apparition de la lignée du Puma, celle-ci divergea pour donner d'un côté le genre Puma et d'un autre le genre Acinonyx[23]. Le genre Acinonyx est apparu durant le Pliocène : on retrouve des fossiles du guépard en Afrique du Sud qui datent de la fin de cette période. L'apparition du guépard semble donc dater d'il y a trois millions d'années[22].
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Cinq sous-espèces de guépards sont distinguées[24] :
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La forme Acinonyx jubatus f. rex, le guépard royal semble par certains anciens auteurs considéré à tort comme une sous-espèce supplémentaire. Si certains secteurs géographiques présentent plus d'individus de ladite forme, comme au Zimbabwe, celle-ci peut aussi apparaître « spontanément » dans une portée par le jeu de la génétique[25].
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La première observation attestée du guépard saharien en Algérie a eu lieu en 1884[26]. Cependant le guépard n'a pas été signalé depuis 2011. En mai 2020, le guépard saharien a été photographié par un groupe de chercheurs du PPCA dans le parc culturel de l'Ahaggar grâce à des pièges photographiques[26].
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Acinonyx jubatus subsp. hecki a été découvert par Hilzeimer en 1913. Exceptionnellement pâle, on le trouve exclusivement dans le désert du Sahara. Il a des taches mais plus espacées que celles des guépards des savanes. C'est une sous-espèce, appelée communément « guépard du Sahara ». Elle a été photographiée pour la première fois en 2002, au Niger[27].
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Acinonyx jubatus subsp. venaticus a été découvert par Edward Griffith en 1821. Le guépard asiatique (Acinonyx jubatus venaticus) est maintenant également connu sous le nom le « guépard iranien », les derniers spécimens du monde sont connus pour vivre principalement en Iran. Bien que récemment présumée éteinte en Inde, cette sous-espèce est aussi connue sous le nom « guépard Indien ».[réf. nécessaire]
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Le guépard asiatique est rare et gravement menacé d'extinction et cette sous-espèce du guépard n'est rencontrée aujourd'hui qu'en Iran, avec quelques observations occasionnelles dans le Balouchistan au Pakistan. Il vit dans un vaste désert central en fragmentations de morceaux d'habitats favorables restants. Il ne resterait plus que 70 à 100 guépards asiatique dans le monde. Le guépard asiatique, le Lynx d'Eurasie et la Panthère de Perse sont les seules espèces subsistant de gros félins en Iran aujourd'hui.[réf. nécessaire]
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La population de cette sous-espèce a divergé des variétés africaines il y a 30 000 ans.[réf. nécessaire]
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Le guépard d'Asie ou guépard d'Iran a la fourrure bien plus claire que son cousin d'Afrique. Il présente par ailleurs une crinière plus visible au niveau de la nuque. Seule une soixantaine de guépards d'Asie survivrait en Iran, en bordure du désert de Kavir[2] dont une moitié d'immatures. La survie de cette sous-espèce placée sur la liste rouge de l'Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) est menacée[réf. nécessaire].
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Dans la nature, un guépard vit en moyenne durant treize ans. En captivité, il peut vivre pendant vingt-et-un ans voire davantage.[réf. nécessaire]
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Les vocalisations du guépard peuvent parfois s'apparenter à un cri d'oiseau, mais aussi au miaulement d'un chat. Lorsque le guépard manifeste sa colère, il feule. Le guépard ne peut pas rugir, car il a une ossification complète de l'os hyoïde comme les animaux du genre Felis. Les félins du genre Panthera à l'inverse possèdent une ossification incomplète de l'os hyoïde ce qui leur permet de rugir[28].
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Les femelles (parfois appelées guépardes[29]) mettent bas de trois à cinq petits (guépardeaux[30]) et même parfois jusqu'à huit. Mais cela est très rare, et souvent uniquement trois ou quatre petits arrivent à survivre. La période de gestation dure de 90 à 95 jours[5]. Les petits pèsent de 300 à 500 grammes à la naissance, mesurent environ 30 cm et sont aveugles[5].
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Les femelles adultes sans petits vivent souvent seules[2]. Les mâles forment parfois de petits groupes, surtout lorsqu'ils sont issus de la même portée.
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Les femelles sont polyœstrales (en), avec un cycle menstruel moyen de 12 jours. La période de fertilité s'étale sur une à trois journées. La reproduction a lieu pendant toute l'année. Un pic des naissances a toutefois été constaté de mars à juin[réf. nécessaire].
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Les jeunes guépards possèdent un manteau de poils ressemblant à une crinière le long de leur dos. On suppose que ce manteau permet un meilleur camouflage des petits dans l'herbe. Ce pelage, qui les fait ressembler à un ratel, un féroce blaireau, serait une manière d'éloigner les prédateurs[2],[6]. Le manteau commence à disparaître à trois mois, mais peut encore être vu à l'âge de deux ans. Pendant leurs toutes premières semaines de vie, les petits sont déplacés presque tous les jours par leur mère pour éviter les prédateurs[réf. nécessaire].
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Le taux de mortalité infantile est très élevé. Durant les premières semaines après la naissance, jusqu'à 70 % des jeunes sont tués par d'autres prédateurs[31]. Les petits commencent à suivre leur mère à l'âge de 6 semaines. Ils sont sevrés à trois ou six mois. Ils restent en général avec leur mère pendant 13 à 20 mois[5], période pendant laquelle elle leur apprend à chasser. Les membres d'une fratrie peuvent parfois demeurer plusieurs mois ensemble[2].
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La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de 15 mois[5].
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Aucun cas avéré d'infanticide par des guépards mâles n'a été rapporté[31].
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Son régime alimentaire est carnivore, essentiellement constitué de mammifères de moins de 50 kg, dont plusieurs variétés d'antilopes, tels des gazelles, springboks, Péléas, impalas, petits koudous, cobes, jeunes des gnous et des topis, steenboks, ourébis, mais aussi jeunes des phacochères et des autruches, lièvres, lapins, et parfois des pintades[réf. nécessaire].
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En Afrique de l'Est, les petites gazelles de Thomson et leurs faons constituent 80 % de son alimentation. Ce taux est élevé en comparaison des autres espèces de gazelles qui vivent dans la même région. En effet, la gazelle de Thomson est plus abondante dans cette région.[réf. nécessaire]
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En Inde, il chasse la gazella bennettii, l'antilope cervicapre et le cerf axis.
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La technique de chasse du guépard se distingue de la chasse à l'affût adoptée par la plupart des grands félins : pour attraper sa proie, il s'approche du troupeau après avoir scruté le terrain depuis une branche d'arbre, le sommet d'une termitière ou même depuis les toits des voitures. Une fois qu’il a repéré un animal qui s’est éloigné de son groupe, le guépard s'en approche patiemment à moins de 50 mètres. Il accélère alors subitement, durant quelques dizaines de secondes jusqu'à atteindre son exceptionnelle vitesse, qui lui permet d'attraper des animaux rapides.[réf. nécessaire]
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Le guépard chasse surtout pendant le jour (dans le début de la matinée et dans la fin de l'après-midi), lorsque les autres prédateurs dorment, probablement parce qu’il se laisse facilement intimider par tous ceux qui veulent lui voler sa proie ; même les vautours peuvent forcer un guépard à abandonner une carcasse. C’est pourquoi le guépard tire sa proie à l’abri pour pouvoir la dévorer en paix. Lorsqu’il est repu, il abandonne les restes aux charognards. Les guépards des montagnes du Sahara constituent une exception puisque ce sont des chasseurs nocturnes.[réf. nécessaire]
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Lorsque le guépard arrive suffisamment près de sa proie, il se sert de sa patte, pourvue de grosses griffes solides. Il lui fait ainsi un croc-en-jambe et la déséquilibre afin qu'elle tombe. La vitesse lors du choc suffit souvent à tuer les gazelles, sinon le guépard s'empresse de la plaquer au sol et enserre la gorge de la victime. Il exécute ses proies par strangulation. Une fois sa victime achevée, le guépard doit toutefois attendre pour manger. Il est épuisé par l'effort qu'il a fourni. Pendant la course, son corps s'est dangereusement échauffé, sa température corporelle monte alors jusqu’à 41 °C[32]. Par ailleurs, il est essoufflé. Il se repose donc pendant de longues minutes, toujours aux aguets, avant de pouvoir enfin dévorer sa proie. Cette explication est contestée par une étude récente[33].
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Le guépard est un chasseur efficace, bien que son taux de réussite varie fortement selon le type de proie, l'expérience et le sexe du chasseur. La chasse aux faons de gazelles est couronnée de succès dans 76 à 100 % des cas selon les études, tandis que sur les sujets adultes le taux de réussite descend de 37 à 53,5 %. Une fratrie de jeunes guépards tue dans 75 % des poursuites lorsque les membres chassent ensemble, tandis qu'individuellement, ce taux tombe à 15 %. L'association de mâles adultes n'est cependant pas plus efficace lorsque la chasse est réalisée seul, en paire ou en trio ; les félins tendent juste à chasser de plus grosses proies[34]. En comparaison, le taux de réussite du lion varie de 15 à 52 %[35].
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À la fois patient et véloce, il a mérité son nom arabe « targui ». Après sa course, épuisé, le guépard est à la merci des prédateurs plus puissants que lui, tels que le lion ou la hyène qui n'hésitent pas à voler la nourriture des autres. Mais le guépard est meilleur pour la course que pour les combats. Il est bien trop léger et trop fragile pour se battre ainsi. Risquer une blessure l'empêcherait de chasser et le condamnerait à mourir de faim… Aussi, lorsqu'un carnivore plus fort que lui veut lui voler sa proie, le guépard n'a guère d'autre choix que de fuir.[réf. nécessaire]
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Le guépard peut être victime de la prédation des lions, des hyènes et parfois des léopards. En effet, les jeunes guépards sont souvent la proie de ces derniers, limitant ainsi le développement de l’espèce.
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La compétition interspécifique entre le Lycaon (Lycaon pictus) et le guépard est forte en raison du fort recouvrement entre leurs régimes alimentaires et leurs activités[36]. Malgré l'avantage du nombre, les meutes de Lycaons ont tendance à éviter les interactions avec le guépard[36]. Deux cas rares de cleptoparasitisme de meutes de lycaons aux dépens de guépards ont été rapportés[36]. Ces deux espèces volant rarement les proies des autres prédateurs, il s'agit plus probablement d'un comportement opportuniste[36].
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Il existe plusieurs populations isolées de guépard, en Afrique comme dans la dépression de Qattara en Égypte, et en Asie du Sud-Ouest. Environ 50 individus vivent en Iran, dans le Khorassan, où ils sont l'objet d'une campagne de préservation[37]. La présence du guépard asiatique a été plusieurs fois signalée au Pakistan dans le Baloutchistan, sans que cela n'ait pu être confirmé[38].
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Les guépards sont inscrits sur la liste UICN comme espèce vulnérable (sous-espèce africaine menacée, sous-espèce asiatique en situation critique) ainsi que sur celle de l'US ESA comme espèce menacée au titre de l'appendice I de la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species). Statut mondial : Catégorie 3 (A), statut régional : Catégorie 1 (A).[Quoi ?][réf. nécessaire]
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Les estimations de sa population varient de 10 000 à 15 000 en Afrique[2]. En Asie, il n'en resterait environ que soixante à l'état sauvage[2]. L'effectif restant est rarement observable et, de fait, rarement observé.
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Au cours du XXe siècle, l'aire de distribution des guépards a connu une spectaculaire régression. En Asie, on ne les trouve plus qu'en Iran ; ils ont disparu de l'Inde en 1947, au cours de la seconde moitié du XXe siècle de Syrie, d'Irak (1950), d'Israël (1956), de Jordanie (années 1960), de l'Arabie, du Pakistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan dans les années 1970. Ils sont probablement éteints aussi en Afghanistan. Ils ont déserté l'Afrique du Nord, sont devenus très rares dans l'ouest de l'Afrique mais subsistent au Sahara (confirmé en 2009). Les principales populations habitent désormais la Namibie, le Botswana, le Kenya et la Tanzanie.[réf. nécessaire]
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Depuis la fin du XIXe siècle, la population des guépards ne cessent de baisser, en effet en 1900, on comptait 100 000 guépards qui vivaient à travers l’Afrique et l’Asie. Aujourd’hui, il n'en resterait que 10 000. 9/10e de la population a donc disparu en 100 ans. L’homme a chassé le guépard pendant plus d’un siècle, sa fourrure étant très prisé pour fabriquer des manteaux, écharpe etc. Sa fourrure est aussi utilisée pour fabriquer des tapis de prière. De plus, les os et les dents du guépard sont utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise. En effet les dents du guépard sont utilisées en Chine pour soigner les maux de tête et d’estomac.
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Sa chasse est interdite dans tous les pays d’Afrique depuis la fin des années 1990. Cependant, le braconnage est encore aujourd’hui très actif.
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Dans certains pays (Tanzanie notamment), il existe des quotas permettant de chasser un certain nombre de guépards durant l’année (une vingtaine par an).
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De plus, les guépards ont longtemps été capturés par les nobles de l’Occident et l’Orient pour en faire des bêtes de chasse. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir dans les fresques des anciens temples égyptiens, des guépards apprivoisés à côté du Pharaon ; le guépard était en effet à l’époque symbole de noblesse.
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Il est aussi important de signaler que les zones agricoles en Afrique ne cessent d’augmenter, au détriment de nombreuses espèces sauvages, dont le guépard qui a vu disparaitre ses niches écologiques. De plus, le guépard est considéré comme une nuisance selon les fermiers africains. En effet, les guépards chassent les troupeaux de chèvres et de bœufs des fermiers. Avec la disparition de l’habitat du guépard, le nombre d’attaques ne cesse d’augmenter. Les fermiers n’hésitent donc pas à installer des pièges comme des appâts empoisonnés pour tuer les guépards qui rôdent autour des troupeaux. En Namibie, les fermiers comptent annuellement des pertes de 10 à 15 % de leurs moutons et leurs chèvres et 3 à 5 % de leurs veaux de bétail[39].
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Enfin, bien que les réserves protégées ne cessent d’augmenter en Afrique, seuls 10 % des guépards restants s'y trouvent (les guépards évitant les territoires des autres grands prédateurs tels que le lion et le léopard, lesquels se trouvent généralement dans les réserves). Les guépards à l'extérieur des réserves ne sont donc pas protégés par des lois empêchant la chasse.
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Le nombre de prédateurs en Afrique est incroyablement élevé. En effet, parmi les grands prédateurs principaux, il y a : le lion, la hyène, la panthère, le guépard, etc.
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De nombreux observateurs ont remarqué la vulnérabilité du guépard dans la compétition avec les autres grands carnivores et c’est actuellement le centre principal de l’étude à long terme du guépard dans le Serengeti en Tanzanie[40]. Le guépard est aussi victime de la prédation des lions, des hyènes et parfois des léopards. En effet, les jeunes guépards sont souvent la proie de ces derniers, limitant ainsi le développement de l’espèce.
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De plus, là où d’autres grands carnivores ont en grande partie été éliminés, comme dans les pâturages de Namibie, mais aussi au Kenya et en Somalie, les guépards semble exister en plus grande densité[41]. Cependant, ne compter que sur ces zones n’est pas une stratégie viable pour assurer la conservation des sous-populations viables.
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Enfin, leur constitution légère et souple destinée à la course est aussi un inconvénient par rapport aux autres grands prédateurs. En effet, l’effort de la poursuite les épuise, nécessitant ainsi jusqu’à 20 minutes de repos après avoir tué leur proie. Cette phase de récupération augmente ainsi les risques de vol de leur proie par les lions, léopards et hyènes, contre lesquels ils ne peuvent pas lutter, car leurs mâchoires peu puissantes et ses petites dents ne lui permettent pas de se défendre contre les grands prédateurs (notamment les hyènes et les lions, réputés pour avoir des mâchoires bien plus puissantes).
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Diverses recherches concernant le guépard ont montré que ce dernier, aussi bien en captivité qu’en liberté, présente un haut niveau d’homogénéité dans le génome. En effet, le guépard a probablement subi ce qu’on appelle des goulots d’étranglements de populations au cours de son histoire. La plus grosse perte d’individus a eu lieu vraisemblablement au pléistocène il y a 10 000 ans pendant les dernières grandes extinctions. Les raisons de cette première vague de disparitions sont aujourd’hui encore inconnues.
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Un des principaux facteurs du manque de diversité génétique du guépard est la consanguinité. En effet, après que la mère a fini d’élever ses jeunes, la mère retombe immédiatement en chaleur, et il n’est pas rare de voir les jeunes mâles s’accoupler avec leur propre mère. Mais ce n’est pas la seule raison qui explique le manque de diversité génétique du guépard.
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Sur ce point, il existe deux thèses qui s’opposent sur le monomorphisme du guépard. D’une part, certains chercheurs soutiennent que le manque de diversité génétique peut mettre en grand péril le guépard. En effet, La variation génétique est considérée comme indispensable pour une adaptation à long terme et la survie de l’effectif. En effet les facteurs environnementaux exercent des pressions sur le guépard et sur le monde animal. Il y a donc une sélection. Les individus adaptés survivront et permettront la survie de leur espèce. On comprend ainsi que la diversité génétique des individus doit être la plus grande possible pour assurer la pérennité d’une espèce à long terme. Ces conclusions ont été tirées en constatant une augmentation de sensibilité aux maladies infectieuses et une mortalité de plus en plus importante chez les guépards en captivité (parcs animaliers notamment). Cette évolution alarmante est considérée aujourd’hui comme liée au monomorphisme génétique chez Acinonyx jubatus (O’Brien and Evermann 1988). Dans les parcs animaliers, on remarque de grandes difficultés pour accoupler les guépards. Les femelles captives conçoivent rarement et lorsqu’elles le font, le taux de mortalité infantile est particulièrement élevé (28 à 38 %)[42]. Mais il est important de signaler qu’on observe aussi cela sur d’autres grands félins comme le lion. Cependant, il est inquiétant de constater que le sperme des guépards, qu’ils soient libres ou captifs, présente des taux particulièrement élevés de sperme anormal ou stérile (71-76 %)[43]. De plus, les taux de réussite de fécondation in-vitro sont relativement bas par rapport à d’autres espèces de félins. Enfin, Les études menées sur les deux sous-espèces de guépards montrent largement que le guépard d’Afrique orientale (Acinonyx jubatus raineyi) et le guépard africain du Sud (Acinonyx jubatus jubatus) sont 10 à 100 fois moins séparés génétiquement que les groupes raciaux humains. Cette découverte met en doute la validité des classifications en sous-espèces existantes et pourrait être significative dans la gestion des populations de guépards, comme l’hybridation qui pourrait aider à améliorer la santé de ces populations distinctes.
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La 2e thèse est quant à elle plus modérée. En effet, cette thèse affirme qu’on ne possède pas la preuve que la reproduction du Guépard soit aussi compromise dans la nature[44]. Il est vrai que le faible taux de reproduction des guépards dans les parcs animalier est dû aux méthodes utilisées dans ces derniers. En effet certains zoos ont obtenu un franc succès dans la reproduction du guépard en captivité, car ils ont respecté des conditions bien particulières, comme de vastes enclos permettant aux guépards d’observer sur de longues distances ; ou encore en respectant la séparation des mâles et des femelles avant l’accouplement, ainsi que la mise en place d’un « nid » pour la mère et ses petits[45]. Ensuite, on a certes observé que la santé général des guépards captifs était faible, mais on n’a pas observé d’épidémies particulières dans les populations sauvages, même si on a rapporté des cas de rage plutôt nombreux dans certains parcs en Afrique[46]. Enfin, pour ce qui est du sperme, il est important de nuancer les études réalisées ces dernières années : en effet parmi des mâles ayant une qualité de sperme basse, certains étaient très infertiles mais d’autres sont très fertiles malgré la basse qualité de leur sperme[47].
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Une part notable du déclin de l'espèce en Asie, est liée aux activités de chasse alliées à des guépards apprivoisés. En effet, seuls des individus pris dans la nature permettaient le maintien de cette tradition.[réf. nécessaire]
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Des propositions diverses ont été avancées pour réintroduire le guépard dans des réserves sub-sahariennes, par exemple en Israël, Inde, Turkménistan et Ouzbékistan.[réf. nécessaire]
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La conservation des populations reste toutefois la priorité. De plus, la réintroduction ne doit pas être sérieusement considérée avant que des comparaisons génétiques et des évaluations d'impact environnementales n'aient été effectuées. Enfin, l’accord du conseil de l'UICN/SSC (l’organisme mondial spécialiste de la réintroduction) doit être obtenu.[réf. nécessaire]
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Il est aujourd’hui question de ressusciter le « cheetah », le guépard indien. Des généticiens indiens veulent s’appuyer sur des méthodes de pointe de clonage au Lacones (Laboratoire pour la conservation des espèces menacées) : « Si tout se passe bien, nous pourrons cloner le guépard indien d'ici cinq ans », affirme Laji Singh, directeur du Centre de biologie cellulaire et moléculaire d'Hyderabad et principal instigateur du projet. Une banque de gènes, de sperme et d’ovules a d’ores et déjà été collectée[48].
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Cependant, les chercheurs rencontrent de nombreux obstacles : ils doivent s’approprier du tissu de guépard iranien qui figure parmi les espèces les plus menacées de la planète. Conformément à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), il est illégal d'échanger du matériel génétique d'espèces menacées à l'état naturel. « Mais si les animaux sont élevés en captivité, nous avons légalement une bonne chance de les obtenir », affirme M. Sinha. Le guépard africain semble moins proche mais pourrait convenir en second recours : les analyses de protéines sanguines n'ont mis en évidence que des différences minimes entre les diverses populations de guépards. Les taux d'avortement des embryons clonés étant très élevés, les biologistes devront disposer d'un nombre suffisant d'ovules[48].
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Au-delà du clonage, les détracteurs du projet s'interrogent sur l'avenir du guépard : « Supposons que l'on parvienne à cloner le guépard. Très bien, mais où sont passées les savanes dans lesquelles ils rôdaient autrefois ? Où trouvera-t-il suffisamment de proies pour survivre ? » demande Divyabhanu Sinh, auteur de The End of the Trail. Les détracteurs soulignent également la difficulté à réintroduire des animaux captifs en milieu naturel. D’autres protestent contre le coût de l’opération : l’argent devrait d’abord servir à protéger les animaux menacés. Ainsi, l’idée excitante de revoir le guépard indien entre dans le cadre d’une grande réflexion sur la réintroduction des espèces disparues[48].
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En 2009, un comité d'experts doit se réunir afin de trouver une solution de réintroduction du guépard en Inde. Les négociations avec l'Iran pour obtenir des spécimens ayant abouti à un échec, l'Inde se tourne vers l'Afrique pour réintroduire l'espèce. Trois peaux de guépards indiens sont analysées par l'université de San Diego : des premières analyses ont montré, selon Divyabhanusinh Chavda, que les guépards indiens étaient très similaires aux guépards africains. Considéré comme un « patrimoine de l'Inde » en raison de son utilisation pour la chasse par les maharadjahs, le guépard a disparu de l'Inde depuis 1968. De nombreux écologistes sont sceptiques sur une telle réintroduction et déclarent qu'il serait plus appréciable de sauver le tigre avant d'essayer de réintroduire une nouvelle espèce[49].
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Au 31 décembre 2010, selon l'International Cheetah Studbooks, la population de guépards captifs s’élève à 1 578 individus, répartis dans 240 établissements de 44 pays. Sur cet effectif de guépards, 79,5 % sont nés en captivité. Seuls 323 de ces guépards sont nés dans la nature. En France, il y a 79 guépards répartis dans 18 établissements. L'un des plus notables concernant cette espèce est le Safari de Peaugres en Ardèche, dans lequel sont nés plus de 60 guépards en 23 ans, un chiffre unique en France et rare en Europe[50].
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La population de guépards captifs a considérablement augmenté durant les dernières décennies, cela est dû à plusieurs organisations de programme d’élevage des espèces en voie de disparition tel que l'EEP mis en place par l'European Association of Zoos and Aquaria (EAZA). Dans le cas des guépards, les objectifs principaux sont de limiter la consanguinité, ainsi que l’étude de l'espèce. Mais plusieurs problèmes viennent freiner ces projets. En effet, la population de guépards captifs se révèlent bien plus encline à de nombreuses maladies que la population sauvage contracte rarement telles que la glomérulosclérose, la myélolipomes et la gastrite bactérienne à helicobacter[51],[52].
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Le mot guépard est attesté en français depuis le XVIIe siècle, importé de la langue franque d'Afrique du Nord sous la forme « gapar[d] » (parfois latinisé en gapardus), lui-même emprunté à l'Italien « gattopardo », formé de gatto : « chat », et pardo : « léopard »[53]. Cette forme ancienne doit sa notoriété moderne à un roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Il Gattopardo (1958), porté à l'écran ensuite par Luchino Visconti.
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De sa particularité, exceptionnelle chez les félidés, d'avoir des griffes non totalement rétractiles, vient le nom latin de son genre, dont il est le seul représentant : Acinonyx, formé lui-même sur le grec ancien ἀ, préfixe privatif, κινέω/kinéô, « mouvoir », et ὄνυξ/ónyx, « griffe, ongle ». Le nom binominal complet de l'espèce est Acinonyx jubatus (du latin jubatus, qui signifie « qui a une crinière »)[54].
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L'étymologie romane a été conservée dans la plupart des langues Européennes :
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Il existe néanmoins d'autres formes pour ce nom en Europe, par exemple :
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Selon une ancienne légende San, le créateur organisa une course pour savoir quel était l'animal le plus rapide sur terre. Cette course opposa le guépard et le tsessebe (une antilope très rapide). Rapidement le guépard pris du retard et la victoire semblait proche pour l'antilope, mais tout à coup celle-ci tomba à terre, contre toute attente le guépard l'aida à se relever plutôt que de continuer. Pour le récompenser de son attitude généreuse le créateur en fit l'animal le plus rapide sur terre[55].
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Dès le IVe millénaire avant Jésus-Christ, les chasseurs de l'Euphrate ont apprivoisé le guépard afin d'en faire un auxiliaire de chasse, tout comme les Égyptiens le firent deux mille ans plus tard. Il ne s'agit pas d'une domestication à proprement parler car comme le guépard se reproduit très difficilement en captivité (la première naissance en zoo date du XXe siècle) il n'a pas été possible de sélectionner les individus à faire se reproduire selon quelque critère que ce soit[56]. En Europe, au XIe siècle, Guillaume le Conquérant appréciait les chasses à courre originales où le guépard tenait le rôle du lévrier. L'amateur le plus cité reste cependant le Grand Moghol Akbar qui, au XVIe siècle aurait possédé près de mille guépards et traité son favori avec les égards dus à un prince[21]. À la manière des fauconniers, les dresseurs « aveuglaient » le guépard à l'aide d'un capuchon, ne le libérant qu'à l'approche du gibier. Recouvrant la vue, celui-ci se ruait instantanément sur cette cible soudaine. Seuls des animaux sauvages capturés adultes pouvaient être dressés. Des populations entières furent ainsi décimées pour le renouvellement des meutes, ce qui fut l'une des causes principales de la raréfaction des guépards, attestée dès la fin du XIXe siècle de la péninsule arabique jusqu'aux Indes, d'où les guépards ont aujourd'hui disparu. Les rares survivants sur le continent asiatique hantent une petite zone de l'Iran occidental, vraisemblablement le seul pays où l'espèce n'a pas été exterminée[4].
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La peau du guépard était autrefois perçue comme symbole de richesse. Aujourd'hui, le guépard a une importance économique croissante dans l'écotourisme. On le trouve également dans les zoos. Des bénéfices sont également tirés de la commercialisation illégale des petits des guépards comme animaux de compagnie, le prix d'un guépard de six semaines va de 3 000 à 5 000 dollars américain. Les Émirats arabes unis sont une destination fréquente pour les importations illicites de guépards[57]. Les jeunes guépards sont achetés illégalement car les lois interdisent la propriété individuelle d'animaux sauvages ou menacés d'extinction.
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Les guépards étaient auparavant chassés car de nombreux agriculteurs estimaient qu'ils constituaient une menace pour le bétail. L'espèce étant menacée, de nombreuses campagnes ont été lancées pour tenter de concilier l'approche des fermiers et le souhait de protection des guépards.[réf. nécessaire]
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Les gouvernements des pays où le guépard vit en liberté essayent de modifier l’opinion publique quant au guépard : il n’est pas nuisible si on apprend à vivre avec lui, sa conservation est nécessaire pour l’équilibre écologique.[réf. nécessaire]
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En outre, le gouvernement namibien est épaulé par la Cheetah Conservation Fund (CCF), qui travaille à prévenir les populations et à aider les fermiers à mieux vivre avec le guépard et ainsi à minimiser leur perte de bétail[58].
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Prince impérial d'Autriche-Hongrie
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19 mai 1896 – 28 juin 1914(18 ans, 1 mois et 9 jours)
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Prétendant au trône de Modène
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L'archiduc François-Ferdinand d'Autriche-Este (en allemand : Franz Ferdinand von Österreich-Este) est né le 18 décembre 1863 à Graz et mort assassiné le 28 juin 1914 à Sarajevo (Autriche-Hongrie). Archiduc d'Autriche-Este et prince de Hongrie et de Bohême, il devient l'héritier du trône de l'Empire austro-hongrois à partir de 1896[1]. Son assassinat est l'événement déclencheur de la Première Guerre mondiale[2],[3],[4].
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François-Ferdinand naît le 18 décembre 1863 à Graz (Styrie) en Autriche. Neveu de l'empereur François-Joseph Ier, il est le fils aîné de l'archiduc Charles-Louis, frère cadet de l'empereur et de sa seconde épouse, la princesse Marie-Annonciade de Bourbon-Siciles, ainsi que le petit-fils de la fameuse archiduchesse Sophie, véritable chef de la famille impériale, et du roi Ferdinand II des Deux-Siciles, qui s'était fait haïr des libéraux européens en ordonnant le bombardement de la ville de Messine, capitale de la Sicile, qui s'était révoltée. À sa naissance, il est quatrième dans l'ordre de succession au trône.
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A l'époque, l'empereur des Français Napoléon III, avec l'aide du roi des Belges, a envahi le Mexique qui ne payait plus ses dettes envers l'Europe. Ce prétexte est aussi l'occasion de barrer la route des États-Unis qui se débattent dans la guerre civile et de freiner leur influence en Amérique latine. L'empereur des Français essaie d'affirmer le principe monarchique sur ce continent républicain et cherche un souverain européen pour le Mexique. Son choix se porte sur l'archiduc Maximilien, frère de l'empereur d'Autriche et de l'archiduc Charles-Louis. En effet, des ragots non vérifiés prétendent que l'archiduc serait en réalité le fils du duc de Reichstadt (donc biologiquement un Bonaparte). De plus, il a épousé la fille du roi des Belges. Cette alliance permettra de réconcilier la France et l'Autriche, qui se sont combattues en Italie quatre ans plus tôt. L'aventure tournera au fiasco. L'empereur du Mexique sera fusillé par les rebelles, et l'impératrice sombrera dans la folie.
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L'alliance française n'a pas été plus favorable à l'Autriche que son inimitié. Après les défaites face à la France et à la Sardaigne qui ont ôté à l'Autriche son influence en Italie, chassé les dynasties en place (donc l'oncle paternel du petit archiduc), permis l'annexion des différents États italiens et la proclamation du royaume d'Italie au profit du roi de Sardaigne en 1861, c'est un nouveau revers pour l'empereur d'Autriche qui, en 1866, à cause d'une autre défaite militaire cette fois-ci face à la Prusse, verra son pouvoir sur les États allemands s'effondrer au profit du roi de Prusse. Face à ces échecs et pour apaiser ses peuples, l'empereur se résout à mettre fin à son pouvoir absolu, à octroyer une charte puis à donner une place pleine et entière aux Magyars qui ont dangereusement mis sa couronne en péril au début de son règne. La Hongrie, si souvent en révolte, devient un royaume indépendant sous l'autorité de l'empereur d'Autriche, partageant certaines prérogatives avec l'Autriche. En juin 1867, l'empereur François-Joseph Ier est couronné roi de Hongrie à Budapest au détriment des populations slaves de l'empire qui lui étaient restées fidèles. En 1871, la fondation de l'Empire allemand au profit du roi de Prusse Guillaume Ier après une guerre victorieuse contre la France sera également considérée comme un camouflet pour l'empereur d'Autriche, tandis que l'Empire français s'effondre et que, pour la troisième fois, la France devient une république. Cette même année 1871, le petit archiduc de 7 ans devient orphelin de mère.
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Après la naissance de François-Ferdinand, l'archiduc Charles-Louis et l'archiduchesse Marie-Annonciade ont eu trois autres enfants :
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Victime de la tuberculose, l'archiduchesse Marie-Annonciade meurt à l'âge de 28 ans en 1871, laissant orphelins de mère ses quatre enfants dont l'aîné, François-Ferdinand, n'a que sept ans. L'année suivante, c'est l'archiduchesse Sophie qui rend à Dieu son âme inflexible en politique mais tendre envers ses petits-enfants.
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Pour la seconde fois, l'archiduc Charles-Louis est veuf. Il n'a que 38 ans. Il se remarie en 1873 à Marie-Thérèse de Bragance, fille du défunt roi Michel Ier de Portugal, mort en exil pour avoir convoité le trône de sa nièce. La nouvelle archiduchesse a 22 ans de moins que son mari. C'est une femme de caractère, d'une grande piété. Elle élèvera comme les siens ses beaux-enfants dont l'aîné n'a que 8 ans de moins qu'elle.
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L'archiduc Charles-Louis et l'archiduchesse Marie-Thérèse donneront le jour à deux filles qui viendront compléter la fratrie :
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En 1875, son cousin François V, gendre du roi Louis Ier de Bavière, le dernier duc de Mod��ne, meurt sans enfant. Il désigne alors comme héritier François-Ferdinand, alors âgé de onze ans, à la condition qu'il ajoute Este à son nom. François-Ferdinand relève ainsi le titre de la branche autrichienne de Modène, issue du mariage de l'archiduc Ferdinand d'Autriche-Este avec la princesse Marie-Béatrice de Modène en 1771.
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À la mort de l'archiduc Rodolphe, retrouvé sans vie dans le pavillon de chasse de Mayerling, le 30 janvier 1889, en compagnie de sa maîtresse Marie Vetsera[5], le père de François-Ferdinand devient héritier du trône. Il y renonce immédiatement en faveur de son fils aîné[6]. L'archiduc Charles-Louis meurt prématurément d'une fièvre typhoïde contractée après avoir bu l'eau du Jourdain lors d'un pèlerinage en Terre sainte en 1896[6]. Dès lors, François-Ferdinand est désigné officiellement comme héritier du trône impérial[7].
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La chasse est la grande passion de François-Ferdinand[8], qui jouit d'une réputation de bon tireur[9]. Dès le début des années 1890, il est considéré comme le meilleur tireur du monde[10].
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Il fait, pour chasser, le tour du monde en 1893 à bord du croiseur SMS Kaiserin Elisabeth, mais emmène aussi diplomates (pour représenter l'Empire), photographes, taxidermistes et naturalistes pour garnir les vitrines du Musée d'histoire naturelle de Vienne[11]. Il ressort de ses cahiers de chasse, qui ont tous été préservés, qu'avec ses équipes il a tué au cours de sa vie 274 889 animaux[12]. Parmi eux, de nombreux animaux exotiques tels que les tigres, les lions et les éléphants et jusqu'aux kangourous et aux émeus d'Australie[13].
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Plus tard, le relevé d'un jour de juin 1908 indique 2 763 mouettes[14] et en 1911, son palmarès de l'année s'élève à 18 799 têtes[15]. Ce penchant pour la chasse est jugé excessif, même par la noblesse européenne de cette époque[16]. Pas moins de 100 000 trophées sont exposés dans son château de Konopiště en Bohême[17],[18] qui contient également une grande collection d'antiquités, l'autre passion de François-Ferdinand[19].
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Comme tout membre masculin de la maison de Habsbourg-Lorraine, François-Ferdinand entre dans l'armée austro-hongroise dès son plus jeune âge. Ses promotions sont rapides et fréquentes. Il atteint le rang de lieutenant à l'âge de quatorze ans, capitaine à vingt-deux ans, colonel à vingt-sept et enfin major-général à trente et un ans[20].
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Bien qu'il n'ait jamais reçu de formation au commandement, il dirige brièvement le 9e régiment de hussards hongrois[21]. En 1898, il devient le représentant « à la disposition de Sa Majesté » pour tous les services et agences militaires qui reçoivent l'ordre de lui transmettre tous leurs documents[20].
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En 1913, l'héritier du vieil empereur est nommé inspecteur général des forces armées de l'Autriche-Hongrie (Generalinspektor der gesamten bewaffneten Macht), position supérieure à celle détenue auparavant par l'archiduc Albert de Teschen et qui prévoit le commandement en temps de guerre[22].
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En 1894, François-Ferdinand rencontre la comtesse Sophie Chotek lors d'un bal à Prague. De bonne noblesse, Sophie est une dame de compagnie de la princesse Isabelle de Croÿ, épouse de l'archiduc Frédéric de Teschen, toujours célibataire à l'âge de 26 ans.
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François-Ferdinand commence à fréquenter la villa de l'archiduc Frédéric à Presbourg. Cependant, l'archiduc part soigner sa tuberculose sur l’île de Lošinj au large de la mer Adriatique où il se trouve en convalescence. Sophie lui écrit. Pour éviter le scandale, ils gardent leur relation secrète[23]. L'archiduchesse Isabelle suppose que l'archiduc recherche sa future épouse et future impératrice parmi ses nombreuses filles. Elle en est flattée. Un jour, alors que l'archiduc a laissé ses affaires personnelles et notamment sa montre sur un banc pour participer à un match de tennis, l'archiduchesse Isabelle s'empare discrètement de la montre et l'ouvre, croyant y trouver le portrait de celle de ses filles choisie par l'archiduc héritier ; elle découvre le portrait de sa dame d'honneur. Offusquée, elle chasse bruyamment celle qui n'est plus pour elle qu'une « intrigante ». L'archiduc Otto, frère cadet cynique et débauché de l'archiduc, lui propose d'en faire sa maîtresse. Le scandale est public mais François-Ferdinand, chevaleresque, refuse de se séparer de la femme qu'il aime et qui partage ses sentiments. Profondément amoureux, il refuse d'épouser une autre femme au grand dam de l'empereur.
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En effet, les règles matrimoniales imposent à tous les membres de la maison impériale et royale de Habsbourg-Lorraine — ainsi qu'à toutes les maisons souveraines de l'époque — d'épouser uniquement un membre d'une dynastie régnante ou ayant régné en Europe. Sophie ne fait pas partie d'une de ces familles, même si elle compte parmi ses ancêtres, par les femmes, des princes de Bade, de Hohenzollern-Hechingen et de Liechtenstein. Un des ancêtres directs de Sophie est Albert IV le Sage, comte de Habsbourg et landgrave de Haute-Alsace (1188 – 1239), dont elle descend par sa fille Élisabeth de Habsbourg, sœur de l'empereur Rodolphe Ier du Saint-Empire[24].
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Finalement, en 1899, l'empereur François-Joseph autorise le mariage, à la condition qu'il soit officiellement considéré comme morganatique et que leurs descendants ne puissent prétendre à la couronne[5]. Ainsi, Sophie ne partage pas les rang, titre, préséance ou privilèges de son époux. De plus, elle ne peut paraître en public à ses côtés, ne peut voyager dans la voiture impériale ni s'asseoir dans la loge impériale au théâtre à côté de son époux[23].
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Le mariage est célébré le 1er juillet 1900 en la chapelle du château de Reichstadt (Zákupy) en Bohême. Ni François-Joseph, ni aucun archiduc, pas même les frères de François-Ferdinand, n'assistent à la cérémonie[5]. Les seuls membres de la famille impériale présents sont l'archiduchesse Marie-Thérèse de Portugal et ses deux filles Marie-Annonciade et Élisabeth, belle-mère et demi-sœurs de François-Ferdinand.
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Après son mariage, Sophie reçoit le titre de princesse souveraine de Hohenberg (Fürstin von Hohenberg), avec traitement d'altesse sérénissime (Ihre Durchlaucht). En 1909, elle reçoit le titre plus élevé de duchesse de Hohenberg (Herzogin von Hohenberg), avec traitement d'altesse (Ihre Hoheit). Malgré cela, elle cède en préséance aux archiduchesses (y compris celle qui sont en bas âge) et reste éloignée de son époux en présence des autres membres de la famille impériale[23].
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Le couple a quatre enfants qui leur donneront à titre posthume douze petits-enfants dont onze garçons :
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En 1889, l'archiduc-héritier François-Ferdinand avait reçu de son père, l'archiduc Charles-Louis, le château d'Artstetten. Par la suite, il acquiert le château de Konopiště qui est sa dernière résidence avant son assassinat à Sarajevo. En 1909, peu après la mort de son dernier-né, il signe le contrat pour la construction d'un caveau familial de douze places sous l'église du château d'Artstetten pour lui, son épouse et leurs enfants.
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Le couple, très uni, mène une vie retirée. Férus d'horticulture, François-Ferdinand et son épouse font construire les premières serres en Autriche et cultivent une roseraie contenant plusieurs milliers de cultivars[27].
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L'archiduc était une personne réservée, voire méfiante. L'historien allemand Michael Freund décrit François-Ferdinand comme « un homme d'une énergie sans inspiration, sombre physiquement et émotionnellement, qui irradiait d'une aura d'étrangeté et jetant une ombre de violence et d'imprudence … une vraie personnalité au milieu de l'ineptie aimable caractérisant la société autrichienne de l'époque »[28].
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Son admirateur Karl Kraus ajoute : « il n'était pas de ceux qui vous saluent... il ne se sentait aucune obligation d'atteindre cette région inexplorée que les Viennois appellent leur cœur »[29].
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Ses relations avec l'empereur François-Joseph étaient tendues : le serviteur personnel de l'empereur indique dans ses mémoires que « le tonnerre et la foudre faisaient rage pendant leurs discussions »[30].
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Les commentaires et ordres que l'héritier du trône écrit dans les marges des documents de la commission centrale impériale pour la conservation architecturale (dont il est le protecteur) révèlent ce qui peut être décrit comme « un conservatisme colérique »[31].
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Les historiens sont en désaccord sur la façon de définir les philosophies politiques de François-Ferdinand. Certains lui attribuent des vues libérales sur les peuples de l'Empire (Juifs compris) tandis que d'autres mettent l'accent sur son centralisme dynastique, son conservatisme catholique et sa tendance à entrer en conflit avec d'autres dirigeants[20]. Tous ont des arguments, car le centralisme et l'autoritarisme dynastique n'empêchent pas des positions politiquement fédéralistes : Jean-Paul Bled estime pour sa part qu'il reste essentiellement un conservateur et un catholique militant, aussi bien dans sa conception de l'État que dans ses goûts personnels, mais qu'il est aussi un partisan de la réforme du dualisme austro-hongrois et de la modernisation technologique de l'Empire, plus particulièrement de son armée.
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Il a plaidé pour l'octroi d'une plus grande autonomie au sein de l'Empire pour les peuples autres que les Allemands et les Hongrois, et pour la prise en compte de leurs doléances, en particulier pour les Tchèques en Bohême et pour les peuples slaves méridionaux de Croatie et de Bosnie, exclus du pouvoir par le compromis austro-hongrois de 1867[34].
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L'historien italien Leo Valiani rapporte :
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« François-Ferdinand était un prince aux penchants absolutistes, mais il avait certains dons intellectuels et un incontestable sérieux moral. Un de ses projets — malgré son impatience, sa suspicion, son tempérament hystérique, son engagement à cet égard et les méthodes par lesquelles il s'est proposé d'y parvenir et qui ont souvent changé — était de consolider la structure de l’État, l'autorité et la popularité de la Couronne, dont il voyait clairement que le sort de la dynastie dépendait, en supprimant, si ce n'est la dominance des Autrichiens allemands qu'il souhaitait maintenir pour des raisons militaires mais en diminuant l'administration civile, certainement l'emprise beaucoup plus lourde des Magyars sur les Slaves et les Roumains qui en 1848-49 avaient préservé la dynastie dans des combats armés avec les révolutionnaires hongrois.
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Le baron Margutti, aide de camp de François-Joseph, a entendu dire par François-Ferdinand en 1895, puis en 1913 – avec une constance remarquable, compte tenu des changements qui ont eu lieu entre ces années – que l'introduction du dualisme austro-hongrois en 1867 avait été désastreuse et que, quand il monterait sur le trône, il rétablirait un gouvernement central fort : cet objectif, selon lui, ne pourrait être atteint que par l'octroi de l'autonomie administrative à toutes les nationalités de la monarchie.
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Dans une lettre du 1er février 1913 à Leopold Berchtold, ministre des Affaires étrangères de l'empire d'Autriche-Hongrie, dans laquelle il donne ses raisons pour ne pas vouloir la guerre avec la Serbie, l'archiduc déclare : « l'irrédentisme contre notre pays […] cessera immédiatement si les Slaves ont une vie confortable et agréable au lieu d'être bafoués par les Hongrois ».
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Ce qui a incité Berchtold a écrire dix ans après la mort de François-Ferdinand que s'il était monté sur le trône, il aurait remplacé le dualisme austro-hongrois par une fédération supranationale[35]. »
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L'idée centrale qui anime François-Ferdinand est celle de restaurer un pouvoir central fort, affaibli selon lui par le compromis de 1867 qui accordait trop de pouvoirs à la noblesse hongroise, pour laquelle il éprouvait une vive hostilité[36]. L'archiduc considère le nationalisme hongrois comme une menace pour la dynastie des Habsbourg et se met en colère quand les officiers du 9e régiment de hussards (qu'il commande) parlent hongrois en sa présence — bien qu'il s'agisse de la langue officielle du régiment[21]. Il tient en outre la composante hongroise de l'armée de la double monarchie, la Honvédség, comme une force peu fiable et menaçante contre l'empire. Il se plaint de l'incapacité des Hongrois à fournir des fonds à l'armée commune[37] et s'oppose à la formation d'unités d'artillerie au sein des forces hongroises[38].
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Il soutient l'instauration du suffrage universel pour renforcer la représentation des divers peuples à la diète de Budapest et ainsi affaiblir la noblesse hongroise[39]. Ses meilleurs soutiens se trouvent donc parmi les peuples soumis à la domination hongroise. Des personnalités croates, slovaques et roumaines sont des familiers de sa résidence viennoise, tels Milan Hodza ou Iuliu Maniu[40].
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Toutefois, il ne faudrait pas croire que l'archiduc était critique uniquement envers les Hongrois et amical envers tous les peuples non-représentés de l'Empire : s'il a des amitiés au sein de la noblesse (allemande) de Bohême, en revanche ses liens avec les Tchèques sont « exécrables » et il est également très critique envers l'aristocratie polonaise[40].
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En revanche, contrairement à Franz Conrad von Hötzendorf, chef de l'état-major général de Vienne, François-Ferdinand préconise une approche prudente envers la Serbie, pensant qu'un traitement dur de cette dernière (préconisé par Hötzendorf) amènerait l'Autriche-Hongrie à un conflit ouvert avec la Russie, ruinant les deux empires : l'histoire lui donnera raison. Il entretient des relations cordiales avec l'empereur allemand Guillaume II, un homme de sa génération, qui soutient ses vues pour mieux contrôler l'alliance austro-allemande.
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Enfin, bien que l'Autriche-Hongrie ait participé en 1900 à l'Alliance des huit nations pour écraser la révolte des Boxers en Chine, François-Ferdinand estime que la double monarchie n'agit pas comme une grande puissance, car elle n'a pas de troupes stationnées à demeure en Chine, alors que « des États nains comme la Belgique et le Portugal »[41], en ont. François-Ferdinand est un important et influent partisan de la Marine austro-hongroise à une époque où la puissance de la mer n'est pas une priorité dans la politique étrangère de l'Autriche. Après son assassinat en 1914, la Marine rend hommage à François-Ferdinand et à sa femme en transportant leurs dépouilles à bord du SMS Viribus Unitis.
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En 1913, l'archiduc François-Ferdinand a été nommé inspecteur général des armées. À la demande de l'empereur François-Joseph, il participe aux manœuvres de l'armée austro-hongroise en Bosnie en juin 1914[42].
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Après la fin des manœuvres, le 27 juin 1914, François-Ferdinand a prévu pour le lendemain une visite de Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, avec son épouse Sophie, afin d'inaugurer un nouveau musée[43]. Après une réception donnée par le général Potiorek, gouverneur de la ville, la journée doit se poursuivre par la visite d'une mosquée et d'un fabriquant de tapis[44]. La visite coïncide avec le quatorzième anniversaire de l'annonce du mariage de François-Ferdinand et Sophie et l'archiduc tient à faire profiter son épouse des honneurs qu'il reçoit.
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Les circonstances du voyage d'inspection de François-Ferdinand à la suite des grandes manœuvres organisées en Bosnie-Herzégovine semblent avoir favorisé les assassins :
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Un premier attentat a lieu sur le parcours menant à la réception prévue en l'honneur de l'archiduc et de son épouse. Un des conspirateurs, Nedeljko Čabrinović, jette une grenade sur la voiture du couple. Cependant, la bombe explose derrière eux, blessant les occupants de la voiture suivante.
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En arrivant à la résidence du gouverneur, François-Ferdinand fait part de son mécontentement aux autorités locales : « C'est comme ça que vous accueillez vos invités — avec des bombes ! »[45].
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Il décide par la suite d'aller visiter les blessés à l'hôpital. Toutefois, les chauffeurs ne sont pas avertis du changement d'itinéraire, ce qui oblige la voiture archiducale à s'arrêter au milieu de la foule, devant le jeune Gavrilo Princip à un moment où, confrontés à l'échec de leur entreprise, les jeunes terroristes cherchent à s'éloigner discrètement de la foule[46]. Saisissant sa chance, Princip tire sur le couple[45], atteignant Sophie à l'abdomen et François-Ferdinand au cou.
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François-Ferdinand est encore vivant lorsque les premiers témoins arrivent pour leur porter secours[4]. Ses derniers mots sont pour Sophie : « Ne mourez pas Darling, vivez pour nos enfants »[45]. Il meurt quelques minutes plus tard tandis que Sophie meurt sur le chemin de l’hôpital[47].
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Avant sa mort, l'archiduc François-Ferdinand avait fait ériger une chapelle au château d'Artstetten où il voulait reposer en compagnie de son épouse, Sophie, celle-ci ne pouvant être inhumée dans la crypte des Capucins à Vienne.
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Les obsèques ont eu lieu à Vienne, le 4 juillet 1914, en présence de l'empereur, de la famille impériale et royale, des enfants du couple et des officiels autrichiens. L'inhumation, dans la chapelle funéraire du château d'Artstetten, est une cérémonie privée.
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Les enfants du couple ont été recueillis par l'archiduchesse Marie-Thérèse de Bragance, fille de Michel Ier de Portugal et veuve de leur grand-père paternel, l'archiduc Charles-Louis. Ils écriront, peu de temps avant sa mort, une lettre à l'assassin de leurs parents.
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En Autriche, les circonstances de la mort de François-Ferdinand suscitent des réactions diverses, de la tristesse à la satisfaction de voir disparaître le plus fervent partisan du trialisme[48].
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Les réactions serbes sont sans équivoque. Des manifestations de joie, autant à Belgrade qu'en province, sont attestées par les diplomates en poste dans le royaume[49], malgré l'observation d'un deuil de huit semaines en Serbie[50].
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L'assassinat de l'archiduc galvanise les partis bellicistes. Après un mois de tergiversation, l'empereur François-Joseph fait publier une déclaration de guerre au royaume de Serbie. Par la suite, une escalade de déclarations de guerre entre les Empires centraux, dont l'Empire allemand et les pays alliés de la Serbie, déclenche la Première Guerre mondiale[2],[3],[4].
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La longitude est une coordonnée géographique représentée par une valeur angulaire, expression du positionnement est-ouest d'un point sur Terre (ou sur une autre sphère). La longitude de référence sur Terre est le méridien de Greenwich.Tous les points de même longitude appartiennent à une ligne épousant la courbure terrestre, coupant l'équateur à angle droit et reliant le pôle Nord au pôle Sud. Cette ligne est appelée « méridien ». À la différence de la latitude (position nord-sud), qui bénéficie de l'équateur et des pôles comme références, il n’existe aucune référence naturelle pour la longitude. La longitude, généralement notée λ, est donc une mesure angulaire sur 360° par rapport à un méridien de référence, avec une étendue de —180°, vers l'ouest, à +180°, vers l'est[1]. Par convention, le méridien de référence, à la longitude 0°, est le méridien de Greenwich.
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Les astronomes britanniques choisirent comme méridien d'origine une ligne nord-sud passant par l'observatoire royal de Greenwich près de Londres au Royaume-Uni. Ce méridien est désormais utilisé comme méridien de référence pour le calcul des fuseaux horaires à la suite de la conférence internationale sur l’uniformisation des longitudes et de l’heure à Washington en 1884, où furent décidés à la fois le méridien Zéro et les 24 fuseaux horaires. Son équivalent français, le méridien de Paris donnait l'heure de Paris (heure légale française depuis 1891[2] qui avançait de 9 minutes et 21 secondes par rapport à l'heure de Greenwich et ne s'harmonisait pas au système des fuseaux horaires) et fut alors abandonné en contrepartie notamment d'une adoption du système métrique par les Anglais[3]. Il fut jugé également inférieur à celui de Greenwich. En effet, ce dernier, proche de la Tamise, était spécialisé dans le contrôle des montres de marine alors que le transport de ces montres par diligence entre l'Observatoire de Paris et les ports les déréglait quelque peu. Enfin, la majorité des marins du monde utilisaient comme éphéméride The Nautical Almanac se basant sur le méridien de Greenwich[4].
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La mesure de la longitude est fondamentale pour la navigation, elle donne la position est-ouest du navire et permet de le situer sur les cartes. La recherche de la meilleure technique pour son calcul fut donc l'une des plus acharnées et importantes du XVIIIe siècle.
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Devant le nombre d'accidents maritimes dus à l'absence de méthode suffisamment précise pour déterminer la position est-ouest des navires, le parlement britannique, sous la pression des commerçants et armateurs, vota une loi. Dans cette loi dite Longitude Act de 1714, la Grande-Bretagne offrait un prix de 20 000 livres sterling (plusieurs millions d'euros d'aujourd'hui) à toute personne capable de concevoir un moyen de déterminer la longitude de façon pratique, fiable, en toute circonstance à bord d'un bâtiment en mer.
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Les astronomes britanniques étaient persuadés que la solution ne pouvait se trouver que dans l'observation et la connaissance de la mécanique céleste, celle-ci étant d'une grande précision. Tous les astronomes cherchèrent longuement, en se basant sur l'observation de différents astres, des planètes et de leurs satellites, et dressèrent des tables de prévision de position de ces objets célestes. Mais ces méthodes ont toutes le même point faible pour un marin : elles réclament des conditions difficiles à réunir sur les bâtiments en haute mer. Entre les mouvements imprévisibles des bateaux, les conditions atmosphériques idéales rares et une complexité des différentes mesures et calculs, aucune ne satisfaisait donc aux conditions édictées par la commission du Longitude act chargée d'examiner les différents projets et réalisations en compétition pour gagner les 20 000 £.
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La plus simple consiste à déterminer la différence entre l'heure (solaire) locale et l'heure (solaire) d'un méridien de référence. Mais pour exécuter ce calcul, il faut connaître l'heure précise au méridien de référence et l'heure locale exacte.
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Les problèmes étaient de deux ordres :
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Le défi était donc de réussir à fabriquer une horloge suffisamment précise, dont la période serait indépendante du lieu géographique et pourrait supporter les aléas d'un voyage sur toutes les mers du globe.
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Celle-ci fut réalisée et même plusieurs fois améliorée, par John Harrison, horloger autodidacte en 1734. Il mit en application des travaux de Christian Huygens et de Robert Hooke sur le ressort à spirale et construisit un nouveau type de mécanisme. Il utilisa des alliages de laiton et d'acier afin de contrôler les dilatations. Son garde temps de marine H4 1755 avait une précision de ±4,5 secondes sur 10 jours. Le prix promis par la loi finit par lui être remis après bien des péripéties en 1773. Cependant, le système de positionnement astronomique prôné par Nevil Maskelyne, son concurrent, continua à être le plus utilisé, essentiellement pour des raisons de coût.
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Les différents modèles de chronomètre d'Harrison sont aujourd'hui conservés à l'observatoire royal de Greenwich.
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Cette méthode de calcul de la longitude est toujours d'actualité, en cas d'absence ou de défaillance des systèmes de positionnement électroniques. Les garde-temps (horloges) actuels sont parfaitement fiables.
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Mais c'est surtout la radio au XXe siècle qui permit de connaître avec précision l'heure GMT (Greenwich mean time) en tout lieu du globe et donc de calculer la longitude du navire.
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Depuis 1995, le système GPS, associant plusieurs satellites à un récepteur calculateur portatif, permet à tout navigateur de connaître instantanément sa vitesse de déplacement et sa position : longitude, latitude et altitude.
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En géométrie, la longueur est la mesure d'une courbe dans un espace sur lequel est définie une notion de distance. La longueur est une mesure linéaire sur une seule dimension, par opposition à la surface qui est une mesure sur deux dimensions, et au volume dont la mesure porte sur trois dimensions. La longueur d'une courbe ne doit pas être confondue avec la distance entre deux points, laquelle est généralement plus petite que la longueur d'une courbe les reliant, la distance la plus courte étant celle mesurée suivant une ligne droite.
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La longueur est une grandeur physique et une dimension spatiale. C'est une unité fondamentale dans pratiquement tout système d'unités. C'est notamment la dimension fondamentale unique du système d'unités géométriques, qui présente la singularité de ne pas avoir d'autre unité fondamentale.
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Le symbole de la longueur est « L » (lettre « L » majuscule). Notons qu'à la différence, le symbole de la largeur est « l » (lettre « l » minuscule).
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La mesure des longueurs remonte probablement aux premiers temps du Néolithique et de la sédentarisation associée : si une civilisation de chasseurs-cueilleurs peut se contenter d'estimer ses trajets en journée de marche (donc, par une unité de temps), la mesure de longueur devient nécessaire dès qu'il s'agit d'estimer géométriquement des droits sur des champs, ou de discuter le prix de vente d'une étoffe[1].
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Les premières mesures de longueur dont on trouve des traces historiques sont liées à l'homme, « mesure de toute chose »[2] : la coudée pour des mesures de longueur (notamment des étoffes), la perche de dix pieds pour les mesures d'arpentage, le millier de double pas (mille romain) pour les mesures de distance[1]. Ces unités de base varient évidemment d'une personne à l'autre, ou d'une population à l'autre, et étaient éminemment variables dans le temps et dans l'espace, quoique représentant en gros les mêmes quantités : le double pas d'un individu étant à peu près la valeur de sa taille, le mille romain de 1 479 m suppose que le soldat romain mesure à peine 1,50 m...
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Par ailleurs, ces unités de base pouvaient admettre des multiples ou sous-multiples suivant des valeurs plus ou moins conventionnelles : un pouce est le douzième d'un pied et est le quart d'un palme de main, etc.
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La notion fondamentale est celle de distance entre deux points, qui peut être mesurée directement par une règle ou une chaîne d'arpenteur. L'étape suivante dans l'abstraction consiste à estimer la longueur d'une ligne courbe, ce qui se fait en imposant à une corde flexible mais inextensible les tours et détours de cette courbe, puis en mesurant la longueur de cette corde une fois tendue en un segment droit : c'est ainsi que l'on mesure un tour de tête.
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Pour l'arpenteur géomètre, la longueur d'un chemin prend la forme d'une somme de longueurs élémentaires, chaque tronçon de chemin étant suffisamment peu courbe pour pouvoir être assimilé à un petit segment de droite. Si la courbure du chemin devient trop importante, il suffit de prendre des segments plus petits pour retrouver une approximation satisfaisante.
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C'est cette pratique qui est à la base de la rectification des courbes théoriques (cercles, ellipses, etc.), visant non plus à mesurer mais cette fois à calculer la longueur d'un arc, d'une courbe dite en conséquence courbe rectifiable, sous forme d'une limite de la somme d'une infinité de segments infiniment petits. Dès l'époque d'Archimède, les grecs savent calculer avec une bonne approximation le périmètre d'un cercle, par la méthode des polygones inscrits ou exinscrits. Le développement de la géométrie analytique a permis d'étendre cette approche à des courbes de plus en plus complexes.
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En géométrie et physique classique, la notion de longueur est comprise comme quelque chose d'intrinsèque à l'espace, et indépendant de l'observateur. Même si les géométries non euclidiennes étaient connues depuis le début du xixe siècle, personne n'était allé s'imaginer que l'espace physique pouvait être autre chose que l'espace euclidien avant la fin du xixe siècle.
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C'est avec la relativité restreinte que la physique découvrit que la mesure d'une distance entre deux points ou de la longueur d'un objet dépendait en réalité de l'observateur, et n'était donc pas une mesure intrinsèque. Cependant, même en relativité générale, on considère que l'espace entourant un observateur lui apparaît comme localement euclidien. Mais même ce cadre familier est remis en cause par la mécanique quantique, où l'on voit que pour des distances de l'ordre de la longueur de Planck, la mesure d'une distance cesse d'avoir un sens physique, et les dimensions de temps et d'espace ne peuvent même plus être facilement distinguées dans ce qui apparaît alors comme une espèce de mousse quantique indifférenciée.
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Par abus de langage, on qualifie également de « longueur » la grandeur physique qui traduit d'une manière générale l'extension spatiale de quelque chose, la grandeur suivant une dimension d'espace. L'extension spatiale peut cependant recouvrir des cas assez différents, qui ne sont pas tous désignés par le terme de « longueur » :
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Sur ces deux derniers points, la dérivée par rapport au temps sera qualifiée de vitesse. Sur les deux premiers, on parlera plutôt de croissance.
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Le terme de « longueur » est plutôt réservé à la mesure géométrique d'un objet, d'une distance ou d'un chemin. Une telle longueur est alors un scalaire extensif (la longueur hors tout d'un train est la somme des longueurs de ses composants). Par définition, une longueur est une grandeur additive : la longueur d'un chemin est la somme des longueurs de ses parties. C'est de plus une grandeur toujours positive.
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Un « déplacement » est en revanche une grandeur vectorielle (caractérisée par une direction et une norme) et intensive (elle est définie en chaque point, et ne peut pas être additionnée d'un point sur l'autre).
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Le long d'une courbe, le déplacement élémentaire
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{\displaystyle \scriptstyle {\overrightarrow {\mathrm {d} \ell }}}
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est une grandeur intensive dont l'intégrale sur l'ensemble du segment peut conduire :
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Dans les deux cas, l'intégrale est donc une grandeur extensive (scalaire ou vectorielle). Mais il est clair que par exemple, sur une courbe fermée, la « longueur » peut mesurer le périmètre d'un corps, alors même que le « déplacement » sera nécessairement nul entre le point de départ et le point d'arrivée.
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En géométrie analytique, certaines courbes peuvent être définie par une équation. On peut alors calculer la longueur d'un arc par le calcul d'une intégrale.
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La longueur est la mesure physique d'une distance. Dans le cas général, la longueur d'une trajectoire entre un point O et un point T est l'intégrale curviligne du vecteur déplacement élémentaire d'un point cheminant le long de cette trajectoire entre les deux points. Si le point P a pour coordonnées
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{\displaystyle \scriptstyle \left[x(\tau ),y(\tau ),z(\tau )\right]}
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dans un repère orthonormé, la longueur de sa trajectoire sera :
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Il est possible de reparamétrer la courbe parcourue par le point P en fonction de la longueur
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{\displaystyle \ell }
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Avec ce paramétrage, la dérivée partielle de la position du point par rapport à son abscisse curviligne est un vecteur normé, tangent à la courbe, et la longueur de la trajectoire est directement donnée par l'intégrale curviligne :
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L'unité internationale pour la mesure de la longueur est le mètre (en abrégé : m). Dans le Système international d'unités, on peut aussi l'exprimer :
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+
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+
Il existe des unités de longueur en dehors du Système international, en particulier le pouce, le pied et le mille.
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+
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+
En géométrie, on cherche fréquemment à calculer la longueur de courbes. Cela permet par exemple de déterminer les dimensions d'un objet à partir du plan, pour permettre sa construction. Par exemple, pour construire un réservoir cylindrique, il faut connaître la longueur de tôle que l'on va rouler pour former la virole (le corps central).
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+
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+
La longueur d’un objet est la distance entre ses deux extrémités les plus éloignées. Lorsque l’objet est filiforme ou en forme de lacet, sa longueur est celle de l’objet complètement développé.
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+
La longueur d'un objet est perpendiculaire à sa largeur. Pour mémoire, le symbole de la largeur est « l » (lettre « l » minuscule) ; mais cette notion n'a pas de réalité mathématique distincte.
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+
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La longueur d'un objet permet d’apprécier sa taille. La longueur est une dimension spatiale, qui peut être mesurée à l'aide d'unités, telles que celles identifiées par le Système international d'unités : le mètre et ses multiples ou sous-multiples.
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+
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La longueur d’un objet physique n’est pas une propriété intrinsèque ; celle-ci peut dépendre de la température, de la pression, de la vitesse, etc.
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+
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Mesurons une page de papier avec une règle formée de 3 décimètres gradués en millimètres (mm) ; la page a pour largeur 21 centimètres et pour longueur 29,7 centimètres.
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On note en résumé : largeur = 21 cm = 21 × 1 cm = 21 × 0,01 × 1 m = 0,21 m et longueur = 29,7 cm = 29,7 × 1 cm = 29,7 × 0,01 × 1 m = 0,297 m.
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Il est impossible de mesurer l'épaisseur de la feuille avec la même règle. Par contre, on peut mesurer l'épaisseur d'une pile de 500 feuilles (une rame) et constater que 500 × l'épaisseur = 5 cm. On peut en déduire que l'épaisseur d'une feuille est un dixième de millimètre.
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Pour les petites longueur — entre 1 dm et 1 µm —, on utilise des instruments tels que le pied à coulisse ou le micromètre « Palmer ».
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En deçà du micromètre — nanomètre (nm), picomètre (pm), femtomètre (fm) —, on ne peut plus utiliser la vue pour mesurer un objet (problème de diffraction, la longueur d'onde de la lumière visible étant de l'ordre de 500 nm). Il faut alors utiliser d'autres rayonnements, comme un faisceau d'électrons.
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On parle plutôt de « distance » entre deux points, pour désigner la mesure de la longueur du segment de droite séparant ces deux points.
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La « distance » entre deux points pas trop proches ni trop éloignés — entre 1 mm et quelques m — se mesure avec une règle droite (une toise) qui peut être graduée. Pour mesurer un objet, on fait correspondre les deux extrémités de l'objet avec des points de la règle. Bien sûr il faut que l'objet et la règle soient rigides, indéformables. On peut également utiliser une corde ou un ruban gradué (mètre ruban), ce qui permet d'avoir un instrument facile à ranger et à transporter ; il faut alors s'assurer que le ruban est bien tendu pour la mesure, et son élasticité ne doit pas être trop importante.
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Pour les grandes distances — entre 1 m et quelques km —, on utilise des phénomènes optiques, comme la différence de parallaxe ou bien l'échelle créée par l'éloignement pour un télémètre stadimétrique, ou bien encore la trigonométrie, avec la technique de triangulation. On utilise également des phénomènes ondulatoires, typiquement la durée d'aller-retour d'une onde : onde sonore pour un sonar, onde lumineuse pour un télémètre laser, onde radio pour un radar. En sismologie, on utilise la différence de vitesse de propagation des onde P et S pour déterminer la distance de l'hypocentre d'un séisme.
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La mesure des distances en astronomie se fait par la mesure du temps que met la lumière ou plus généralement les ondes électromagnétiques pour parcourir la ligne droite qui sépare deux objets, ou bien le phénomène du décalage vers le rouge. On utilise des unités telles que :
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La longueur peut dans certaines situations, représenter une durée, comme dans la longueur des jours, ou dans l’expression « à longueur de journée » qui signifie pendant toute la journée ou encore dans « traîner en longueur » qui veut dire durer trop longtemps.
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En informatique, la longueur d’un mot écrit dans un alphabet quelconque correspond au nombre de lettres qui composent le mot. De même, la longueur d’une chaîne de caractères correspond au nombre de caractères qui constituent la chaîne.
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Anne Isabella Milbanke épouse et mère d'Ada
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George Gordon Byron, 6e baron Byron, généralement appelé Lord Byron [lɔːd ˈbaɪɹən][1], est un poète britannique, né le 22 janvier 1788 à Londres et mort le 19 avril 1824 à Missolonghi, en Grèce, alors sous domination ottomane. Il est l'un des plus illustres poètes de l'histoire littéraire de langue anglaise. Bien que classique par le goût, il représente l'une des grandes figures du romantisme de langue anglaise, avec Robert Southey, Wordsworth, Coleridge, Percy Bysshe Shelley et Keats.
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Il se voulait orateur à la Chambre des lords, mais ce sont ses poésies mélancoliques et semi-autobiographiques qui le rendirent célèbre : Hours of Idleness, et surtout Childe Harold, inspiré par son voyage en Orient, propageant le modèle du héros romantique, dont le retentissant succès en 1813 le surprendra lui-même. Il s’illustre par la suite dans divers genres poétiques, narratif, lyrique, épique, ainsi que dans des œuvres courtes, comptant parmi ses plus connues, par exemple She walks in beauty, When we two parted et So, we'll go no more a roving, chacune d'elles chantant un moment de nostalgie personnelle. Il doit quitter l’Angleterre en 1816, en raison du scandale public causé par l'échec de son mariage et sa relation incestueuse avec sa demi-sœur. Dans ses œuvres suivantes, rompant avec le romantisme de sa jeunesse, il donne libre cours au sarcasme, à son génie de la rime et de l'improvisation, avec Beppo et son œuvre maîtresse, Don Juan.
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Grand défenseur de la liberté, révolté contre la politique et la société de son temps, l'Europe du Congrès, il s'est engagé dans toutes les luttes contre l'oppression : en Angleterre dans la défense des Luddites, en Italie avec les Carbonari, en Grèce dans la lutte pour l'indépendance.
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Hors norme et sulfureux, homme de conviction autant que de contradictions, à la fois sombre et facétieux, excessif en tout, sportif, aux multiples liaisons (avec des hommes et des femmes), il reste une source d'inspiration pour de nombreux artistes, peintres, musiciens, écrivains et réalisateurs.
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Petit-fils de John Byron, il est le père de Lady Ada Byron King de Lovelace et de Elisabeth Médora Leigh-Byron.
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La Grèce l'honore comme l'un des héros de sa lutte pour l'indépendance.
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George Gordon est le fils de John Byron, capitaine aux Coldstream Guards, surnommé « Mad Jack », et de sa seconde femme Catherine Gordon de Gight (1765-1811), d’une famille de l'Aberdeenshire, descendant des Stuarts. Après avoir combattu en Amérique, le capitaine a séduit Amelia, marquise de Carmarthen, puis a déserté pour l'épouser, s'enfuyant avec elle en France, où elle a donné naissance à une fille, Augusta (née en 1784), avant de mourir. Revenu en Grande-Bretagne, il épouse Catherine Gordon de Gight pour sa fortune, qu'il dilapidera rapidement[2]. Pour fuir ses créanciers, il déménage régulièrement. Enceinte, Catherine le rejoint quelque temps en France, où elle s'occupe de sa belle-fille Augusta. Ne comprenant pas un mot de français et ruinée, elle rentre en Angleterre pour accoucher à Londres, où son fils, George Gordon, naît le 22 janvier 1788, au 16 Holles Street, Cavendish Square. L'enfant naît avec le pied droit difforme, un pied bot, le talon soulevé et la plante tournée vers l'intérieur, et Catherine Gordon écrit « Le pied de George est tourné vers l'intérieur ; c'est son pied droit. Il marche vraiment sur le côté du pied »[3]. Toute sa vie, Byron devra porter une chaussure orthopédique et conservera un léger boitement.
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N'ayant que peu de moyens, Catherine Gordon se retire à Aberdeen en Écosse, où elle vit avec un mince revenu de cent trente livres (130 £). Après avoir résidé un court moment auprès de sa femme et de son fils, John Byron retourne en France et fréquente des femmes de chambre et des actrices[4]. Il meurt à Valenciennes en 1791.
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Orphelin de père dès l'âge de trois ans, Byron étudie d'abord dans une école de quartier, puis en 1794 il entre dans un collège d'Aberdeen pour apprendre le latin. Il s'y avère être un élève médiocre, mais commence à beaucoup lire, notamment de nombreux récits sur l'Orient[N 1],[5].
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Le caractère irascible et capricieux de sa mère, qui reporte sur lui l’amour débordant et la colère qu’elle éprouvait pour son père, fait naître en Byron une certaine irritabilité, qui se manifestera plus tard, notamment lors de son mariage. Il entre remarquablement dans les canons de la beauté de l'époque, bien qu’un peu joufflu durant ses jeunes années, des yeux gris-bleu, des cheveux auburn bouclés, d'une grande timidité, il est complexé par son infirmité, qu'il compense par des activités sportives intenses, particulièrement la course et la natation, pratiquées durant ses vacances dans la vallée de la Dee. C'est là qu'il apprend à se sentir écossais : portant le tartan des Gordon, ses promenades lui font apprécier les montagnes des alentours :
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Il rencontre, probablement en 1795, sa cousine Marie Duff, qui le plonge dans un amour fébrile : « […] mon chagrin, mon amour pour cette petite fille étaient si violents que je me demande parfois si j'ai jamais été épris depuis lors »[7]. C'est vers 1797, alors qu'il a neuf ans, que sa gouvernante May Gray, femme très pieuse qui lui a appris à lire la Bible, « venait le trouver dans son lit et jouait avec son corps »[8].
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À l'âge de dix ans, en mai 1798, il hérite du titre de son grand-oncle Lord William, cinquième baron Byron of Rochdale, mort sans héritier, ainsi que du domaine de Newstead Abbey, au cœur de la forêt de Sherwood, ancienne abbaye donnée à l'un de ses ancêtres par Henri VIII. La demeure est dans un état de grand délabrement (le grand-oncle est mort endetté), mais ces ruines gothiques, ainsi que les armoiries des Byron, fascinent le jeune garçon. C'est là qu'au cours de l'été 1800, il s'éprend de sa cousine Margaret Parker, « l'une des plus belles et évanescentes créatures [qui soient] »[9], pour laquelle il compose ses premiers poèmes.
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En avril 1801, son entourage, jugeant le laxisme de sa mère nocif pour l’enfant, décide de l'envoyer, grâce à une pension de la Chancellerie, à la Public School de Harrow. Il s'y fait remarquer à la fois par son indiscipline et par son intelligence[N 2],[10], s’y fait des amis – nobles et roturiers, se bagarre pour défendre les plus jeunes, fait des bêtises, lit beaucoup, s'essaye à tous les sports, et devient un bon joueur de cricket. Lors de vacances à Newstead Abbey en 1803, il s’éprend d’une jeune fille du voisinage, Mary Chaworth, et refuse de retourner à l’école. Il n’a que quinze ans et Mary, de deux ans plus âgée, déjà fiancée, dédaigne cet enfant boiteux et potelé : « Elle personnifiait l’idéal de toute la beauté que mon imagination juvénile pouvait concevoir, et tous mes fantasmes sur la nature céleste des femmes ont trouvé leur origine dans la perfection que mon rêve avait créée en elle — je dis bien créée, car je me suis rendu compte que, comme toutes les autres créatures de son sexe, elle était tout sauf angélique »[11].
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Newstead est loué à un certain Lord Grey, qui, semble-t-il, fait des avances sexuelles à Byron. Il en est horrifié[N 3],[11] et retourne à l’école en janvier. Il se console avec l’affection platonique qu'il éprouve pour son camarade le comte de Clare : « Mes amitiés à l'école étaient pour moi des passions (car j'ai toujours été ardent) ; mais je ne crois pas qu'une seule d'entre elles ait survécu […] jusqu'à ce jour. Celle qui me lia à Lord Clare fut l'une des premières et des plus durables »[10]. Il rencontre sa demi-sœur Augusta, qui devient sa confidente. Dans ses lettres, il se plaint des reproches continuels de sa mère, qui le compare à son père, et du comportement de Lord Grey[12]. Il rêve de devenir orateur parlementaire et, au cours de vacances à Londres, il va écouter des discours à la Chambre des Communes.
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À 17 ans, en octobre 1805, il entre au Trinity College de Cambridge, à contrecœur et attristé par le mariage de Mary Chaworth : « Lorsque j’arrivais à Trinity […] j’étais malheureux et désespéré à l’extrême. J’étais navré de quitter Harrow que j’avais appris à aimer les deux dernières années ; navré d’aller à Cambridge et non à Oxford […] ; navré pour diverses autres raisons personnelles ; et par conséquent, à peu près aussi sociable qu’un loup séparé de sa bande »[13].
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S'il y étudie peu : « Depuis que j'ai quitté Harrow, je suis devenu paresseux et vaniteux à force de gribouiller des vers et de courtiser des femmes »[14], il y noue des amitiés durables, avec Charles Skinner Matthews, Scrope Bedmore Davies, et John Cam Hobhouse, en compagnie duquel il fréquente le club Whig de Cambridge, et qu'il surnomme affectueusement Hobby, ainsi qu’une relation amoureuse platonique avec un jeune choriste, John Edleston.
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Il obtient très vite ses « diplômes dans l'art du vice », tout en étant « le plus sérieux de tout le collège »[15]. Il s'achète un ours, qu'il loge au-dessus de sa chambre, flirte avec des femmes, fréquente des prostituées, s'endette, fait un régime[N 4],[16], nage beaucoup, joue au cricket, apprend la boxe et l'escrime… Il commence surtout à publier des vers à compte d'auteur, d'abord des poèmes galants et satiriques, qui lui valent les critiques de son entourage. Il décide alors d'adopter « un registre infiniment correct et miraculeusement chaste »[17]. Ce sera Heures d'oisiveté (Hours of Idleness), publié en juin 1807, et dont le titre a été choisi par l'éditeur, où s’étalent ses passions précoces, son humeur fantasque, son scepticisme et sa misanthropie.
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N'ayant rien appris à Cambridge, mais diplômé, il vit à Londres et s'épuise auprès des prostituées, en fêtes arrosées et en combats de boxe. Pour mettre fin à cette vie de débauche, qui altère sa santé et le ruine, ainsi que pour préparer sa carrière au Parlement, l'idée d'un voyage en Grèce germe dans son esprit. Il écrit à sa mère le 2 novembre 1808 : « Si l'on ne voit pas d'autres pays que le sien, on ne peut pas donner ses chances à l'humanité »[18].
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Après vérification de ses titres, il est accepté officiellement à la Chambre des lords le 13 mars 1809.
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En réaction à une critique cinglante de son recueil Heures d'oisiveté parue dans la revue l'Edinburgh Review, il publie Bardes anglais et critiques écossais, où il vilipende les écrivains contemporains qui, comparés à Pope, écrit-il, sont de « petits cerveaux », ou des « imposteurs et des imbéciles ». Sa satire connaît un certain succès, et est rééditée plusieurs fois, non sans faire grincer quelques dents, notamment celles du poète Thomas Moore, avec lequel il se réconciliera plus tard[19].
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À Newstead où il a installé son ours, il couche avec des servantes et le fils d'un fermier, John Rushton, dont il fait son page. Avant de partir, il organise des fêtes dans lesquelles ses amis déguisés en moines jouent à se faire peur, lui-même buvant dans une coupe confectionnée dans un crâne humain[20].
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Le 19 juin 1809, très peiné par la mort de son chien Boatswain (prononciation : ['bos'n]), il précipite son départ pour la Grèce, via Falmouth, avec son ami John Cam Hobhouse, son assistant John Rushton et son valet Fletcher. En attente d'un navire pour Malte, il écrit des lettres facétieuses à ses amis, prévoyant dans l’ouvrage que prépare Hobhouse, un chapitre intitulé « De la Sodomie simplifiée ou de la Pédérastie en tant que pratique digne de louanges d’après les auteurs anciens et l’usage moderne ». Hobhouse espère d'ailleurs se dédommager en Turquie de la chasteté exemplaire dont il a fait preuve en Angleterre, en livrant son « joli corps » au Divan tout entier[21].
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Finalement, il quitte Falmouth le 2 juillet 1809 pour Lisbonne, puis Séville, Cadix et Gibraltar. Il arrive à Malte le 19 août 1809. Il y tombe amoureux de Constance Spencer Smith, l’épouse d'un notable anglais, avec laquelle il projette même de s’enfuir. Il séjourne un mois à Malte avant de partir pour l'Épire, débarquant à Prévéza le 20 septembre 1809. Il se rend ensuite à Ioannina, puis à Tepelen où il est reçu par Ali Pacha. Il commence la rédaction de Childe Harold en octobre. Il se rend ensuite, fin novembre, à Patras depuis Missolonghi, et il visite Delphes en décembre, Thèbes et Athènes où la fille de sa logeuse, Teresa (12 ans), le plonge dans le trouble, et à qui il dédie Maid of Athens (en). Il embarque depuis l'Attique pour Smyrne début mars 1810, traverse l'Hellespont à la nage, avant de rejoindre Constantinople.
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Il quitte Constantinople le 14 juillet 1810, fait escale à Zéa, puis rejoint à nouveau Athènes le 17 juillet. Hobhouse rentre en Angleterre, le laissant avec Fletcher, un Tatare, deux soldats albanais et un drogman. Il apprend le grec moderne avec un éphèbe, et l'italien avec son amant Nicolo Giraud, qui lui propose de vivre et de mourir avec lui, ce que Lord Byron préfère éviter[22]. Sa vision des Grecs a changé : d'abord sans opinion, il puise de plus en plus son inspiration poétique dans la Grèce antique, mais aussi dans la Grèce contemporaine et les souffrances qu'elle endure sous la botte ottomane.
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En avril 1811, il se décide à retourner en Angleterre. Dans ses bagages, il rapporte des marbres, des crânes trouvés dans des sarcophages, quatre tortues et une fiole de ciguë. Il est à Malte le 22 mai 1811. Plutôt démoralisé, il se donne à lui-même des
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« Raisons justifiant un changement de style de vie :
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En juillet 1811, il est de nouveau en Angleterre. Sa mère meurt en août, ainsi que son ami John Skinner Matthews, et plus tard, en octobre, son amour de jeunesse John Edleston, décès qui assombrissent encore plus son retour.
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Jouer un rôle politique à la Chambre des lords est son souhait depuis Harrow, la poésie étant pour lui une activité secondaire[25]. Ses idées clairement libérales (pour les libertés et contre l’oppression) le situent dans l’opposition, du côté des Whigs. Le 27 février 1812, il prononce un discours contre la peine de mort appliquée aux luddites, ces ouvriers briseurs de machines[N 6], faisant ressortir leur détresse et la cruauté de la loi[26]. Mais son projet est rejeté par la chambre des Communes. Il garde de son expérience politique une certaine amertume contre ces « pantalonnades parlementaires »[27], même s’il réitèrera l’expérience, en prenant la défense des catholiques irlandais en avril 1812.
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Le 10 mars 1812, il publie chez John Murray les deux premiers chants de Childe Harold's Pilgrimage (Le Pèlerinage du chevalier Harold), récit de ses impressions de voyage et de ses propres aventures. Le succès en est immense : « Je me réveillai un matin, dit-il, et j’appris que j’étais célèbre. »[28].
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De 1812 à 1814, la publication du Giaour, de The Bride of Abydos (La Fiancée d'Abydos), de The Corsair (Le Corsaire) (dix mille exemplaires sont vendus le premier jour)[29] et de Lara, accroissent l’enthousiasme du public à son égard. Byron fréquente le salon de l’épouse de Lord Holland, parlementaire Whig, ainsi que les cercles de la jeunesse aristocratique de Londres. D’abord intimidé, il y rencontre de nombreuses admiratrices, dont Lady Caroline Lamb, qui écrit de lui dans son journal, après l'avoir rencontré, qu'il est « fou, méchant, et dangereux à connaître »[30]. En avril, il entreprend avec elle une courte et tumultueuse liaison, à laquelle, effrayé par le caractère excessif et fantasque de la dame, il met fin en juillet[31]. Lady Lamb fera plus tard un portrait très exagéré de lui dans son roman Glenarvon. En décembre, il entretient une relation plus paisible avec Lady Oxford.
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À partir de juillet 1813, il passe beaucoup de temps auprès de sa demi-sœur Augusta Leigh, à laquelle il s'attache profondément, allant très probablement jusqu'à l'inceste. Il écrit à Lady Melbourne : « […] mais ce n'était pas de sa faute — ma propre folie (donnez-lui un nom plus approprié s'il le faut) et sa faiblesse ont été les seuls responsables — car — nos intentions respectives étaient très différentes, et pendant quelque temps nous nous y sommes tenus — et quand nous nous en sommes écartés, c'est moi qui étais fautif »[32]. Ils auraient eu ensemble une fille, qui porte le nom de l'héroïne du poème Le Corsaire, Medora, née le 14 avril 1814. D'autre part, à en juger par ses lettres, ainsi que par les Stances à Augusta, écrites pendant le séjour à la villa Diodati en 1816, de même que par les vers à My Sweet Sister (Ma douce sœur), détruits à sa mort sur son expresse volonté, cette question de l'inceste laisse peu de doutes[33].
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Afin de se détacher de cet amour coupable, il flirte avec l'épouse d'un de ses amis, Lady Frances Webster, s'arrêtant au « premier temps du verbe aimer[34]. »
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Fatigué de vivre dans la dissipation et pensant résoudre l'imbroglio de ses relations amoureuses par un mariage de raison, il réitère sa demande à Anne Isabella dite « Annabella », cousine de Caroline Lamb, fille de sir Ralph Milbanke, baronnet du comté de Durham, qui donne finalement son consentement. Ils se connaissent depuis quelques années, et correspondent régulièrement, Byron la surnommant « la mathématicienne », ou « La Princesse des Parallélogrammes. ». Il en espère beaucoup : « Elle est si bonne, écrit-il, que je voudrais devenir meilleur »[35], mais au dernier moment, alors qu'il passe Noël chez sa sœur, il hésite à s'engager. Augusta le persuade de ne pas rompre ses fiançailles. Son ami Hobhouse qui l'accompagne à Seaham, résidence des Milbank, note dans son journal : « Il n'y eut jamais amoureux moins pressé » et plus tard : « Le marié de plus en plus moins impatient »[35]. Le mariage est célébré le 2 janvier 1815 dans le salon de la résidence de Seaham, avec seulement la famille, deux clergymen et Hobhouse. Après la cérémonie, les mariés partent immédiatement en lune de miel, que Byron appellera plus tard « La lune de mélasse »[36], pour le Yorkshire.
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Après un voyage exécrable, la nuit de noces est une catastrophe : très pudique à cause de son infirmité, Byron refuse d'abord de dormir dans le même lit que son épouse, puis finit par accepter. À son réveil, il se dit « qu'il était vraiment en enfer avec Proserpine à ses côtés[37] ! » Par la suite cependant, de retour à Seaham, les mariés connaissent des moments de tendresse, la très amoureuse Annabella pardonnant tout à son mari à la moindre de ses gentillesses. Préoccupé par des soucis financiers, Byron veut retourner à Londres, et Annabella insiste pour l'accompagner. En chemin, ils s'arrêtent chez Augusta, où il se montre odieux avec son épouse, multipliant les allusions à son intimité avec sa sœur[38].
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Au mois de mars, les jeunes mariés s’installent à Picadilly Terrace, près de Hyde Park à Londres. En avril, Lord Byron rencontre Walter Scott, pour lequel il éprouve une grande admiration. La relation entre les deux époux devient progressivement tendue. Lady Byron, douce, intelligente et cultivée, mais respectueuse de tous les préjugés du cant, c'est-à-dire de la langue des convenances et de la bienséance, est vertueuse et prend trop au sérieux les boutades de son époux. « Si vous vouliez bien ne pas faire attention à ce que je dis, lui écrit-il, nous nous entendrions parfaitement »[39]. Elle peine à s'entendre avec un homme au langage et aux mœurs si libres, souvent provocateur et colérique. D'autre part, il reste toujours très épris de sa sœur, tout en étant torturé par la culpabilité. Lors de sa grossesse, elle se voit délaissée par son mari, qui cherche des distractions à l'extérieur, fréquentant les théâtres et les actrices (il est membre du comité de gestion du théâtre de Drury Lane en mai), et revenant souvent à la maison en état d'ébriété. Dans ses accès de colère, il lui avoue ses infidélités, et se montre particulièrement grossier envers elle[N 7],[40]. À cela s'ajoutent les embarras financiers sans cesse croissants, qui « le rendent à moitié fou »[41]. En novembre 1815, Byron a été obligé de vendre sa bibliothèque, et en moins d’un an les huissiers ont fait neuf fois irruption chez lui.
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Le 10 décembre 1815, Annabella donne naissance à une fille, Augusta Ada (Ada de Lovelace). Lord Byron est bruyamment anxieux pendant l'accouchement. Dans les jours qui suivent, Annabella soupçonne son mari d'être atteint de démence, et rédige un compte-rendu de ses dérèglements, qu'elle soumet à un médecin[42]. Le 6 janvier 1816, son mari lui demande de rejoindre ses parents avec l'enfant, en attendant qu'il se soit arrangé avec ses créanciers. Elle quitte Londres le 15. Arrivée à Kirby, elle lui envoie une lettre pleine d'affection[N 8],[43], mais elle s'est déjà fixé une règle de conduite : « S'il est fou, je ferai l'impossible pour atténuer son mal, mais si son état ne justifie pas une prise en charge, je ne reviendrai jamais sous son toit »[44]. Elle avoue ses souffrances à ses parents, qui refusent qu'elle retourne aux côtés de son époux. Le 18 janvier 1816, toute « déchirée qu'elle est », elle dresse la liste des outrages qu'elle estime avoir subis[45].
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Le 2 février, Sir Ralph Milbank propose à Lord Byron, sidéré, une séparation à l'amiable. Effondré, il écrit de nombreuses lettres à sa femme, lui demandant des explications, protestant de son amour, et implorant son pardon[46]. Annabella, malgré un reste d'affection pour son mari, maintient sa position, et commence à éprouver de la jalousie vis-à-vis d'Augusta. Elle mentionne ses soupçons d'inceste à son homme de loi, mais finit par fonder la demande de séparation uniquement sur « la conduite et le langage empreints de brutalité et d'incorrection de Byron ». Hobhouse rejoint son ami à Londres, pour tenter de l'aider et le soutenir. Il se fait l'écho de rumeurs, probablement propagées par Caroline Lamb[47], qui circulent sur le compte de Byron : outre l'inceste et l'homosexualité, il est soupçonné d'avoir eu avec son épouse « une approche sexuelle non conventionnelle »[48]. Byron y fera allusion en 1819 : « Ils ont essayé de me salir sur cette terre avec l'infamie dont […] Jacopo est accablé en enfer »[49] (Dans l'Enfer de Dante, Jacopo Rusticucci est consigné dans le cercle réservé aux sodomites). La séparation sera officiellement prononcée en avril 1816.
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Malheureux, mais sans rancune, il adresse à Annabella un poème, Porte-toi bien, puis fait paraître The Siege of Corinth (écrit durant son année de cohabitation conjugale, le poème ayant été recopié de la main de son épouse) et Parisina. L’éditeur Murray envoie, pour les deux, un chèque de mille guinées (£ 1100) que Byron lui retourne. Pendant cette période, il reçoit la visite fréquente d'une admiratrice, Claire Clairmont, qui, insistante, finit par le séduire.
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Victime du cant, haï par les hommes politiques pour ses idées libérales et sa sympathie pour Napoléon, fuyant ses créanciers, Byron décide de quitter l'Angleterre, et embarque à Douvres avec Rushton, son domestique Fletcher et un jeune médecin, John William Polidori, le 24 avril 1816 ; il ne reviendra plus.
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Démoralisé d’avoir dû quitter sa sœur et d'avoir dû subir les conditions de sa séparation : « Elle — ou plutôt cette séparation — m'a brisé le cœur, écrit-il, c'est comme si un éléphant m'était passé dessus et je ne m'en remettrai jamais, j'en suis persuadé ; mais j'essaie. »[50], il visite la Belgique[N 9],[51] en mai, où la vue du champ de bataille de Waterloo lui inspire de nouveaux chants pour Childe Harold ; puis il se rend en Suisse où il cherche une villa à louer sur les bords du lac Léman.
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C’est sur les bords du lac qu'il rencontre, en mai 1816, le poète Shelley, qu'accompagnent Mary Godwin et Claire Clairmont, cette dernière cherchant à le rejoindre. Byron loue la Villa Diodati, tandis que les Shelley s’installent dans une petite maison à Montalègre. Les deux poètes, ayant beaucoup en commun, nouent rapidement une relation amicale, et passent de longs moments ensemble sur le lac ou en excursion, notamment au château de Chillon, qui les marque tous les deux. Les Shelley, qui le surnomment « Albé »[N 10], viennent souvent lui rendre visite à la Villa Diodati ; Claire Clairmont, amoureuse et enceinte de lui, cherchant des prétextes pour le voir en tête à tête, se charge de recopier certains de ses poèmes, et Percy Shelley aime à discuter religion et politique. « C’était une nouveauté pour Byron que de trouver des personnes dégagées des conventions sociales, intelligentes et cultivées, prêtes à discourir de n’importe quel sujet »[52]. Lorsque le temps ne leur permet pas de sortir, les nouveaux amis se racontent des histoires de fantômes, dont le recueil traduit de l'allemand Fantasmagoriana. C’est au cours d'une de ces soirées que Byron propose à chacun d’écrire un roman inspirant la terreur. Lui ne rédige que quelques pages, plus tard reprises et augmentées par Polidori, et publiées sous le titre du Vampire, alors que Mary Shelley commence son Frankenstein[53].
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Il termine le troisième chant de Childe Harold le 10 juillet, et écrit The Prisoner of Chillon (Le prisonnier de Chillon). De l’autre rive du lac, des touristes anglais, attirés par sa réputation sulfureuse, l’observent avec des jumelles et colportent des racontars sur son compte[54]. Tandis que les Shelley partent en excursion à Chamonix, il rend visite à Madame de Staël à Coppet. S’il apprécie sa société, il se fait chez elle quelques ennemis, notamment Auguste Schlegel qui ne l’aime guère. Au retour des Shelley, il évite Claire Clairmont, dont il désire se séparer. Le 14 août, Matthew Gregory Lewis, l'auteur du roman gothique Le Moine (The Monk), vient lui rendre visite, et il ironise sur ses maladresses d'auteur. À la fin du mois, ce sont Hobhouse et Scrope Davies qui le rejoignent. Les Shelley rentrent en Angleterre, et Byron part pour les Alpes Bernoises avec ses amis en septembre. Il tient le journal de voyage pour sa sœur, et lui écrit des lettres lui rappelant leur attachement : « Nous aurions pu vivre si heureux et célibataires, vieille fille et vieux garçon. Je ne trouverai jamais personne comme vous, ni vous (même si cela paraît fat de ma part) quelqu'un comme moi. Nous sommes exactement faits pour passer notre vie ensemble »[55]. Il s'inspire de la vue des glaciers de l’Oberland pour son drame Manfred, dans lequel il déverse le sentiment de culpabilité qui l'accable.
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Le 5 octobre, il quitte la Villa Diodati en compagnie de Hobhouse, avec le vague projet de retourner en Grèce en passant d’abord par Venise.
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À Milan, les deux amis prennent une loge à la Scala, croisent les auteurs Italiens Silvio Pellico et Vincenzo Monti, ainsi que Stendhal, qui racontera cette rencontre à l’un de ses amis : « un joli et charmant jeune homme, figure de dix-huit ans, quoiqu'il en ait vingt-huit, profil d’un ange, l’air le plus doux. […] C’est le plus grand poète vivant…[56]. » Durant les jours qui suivirent, Stendhal lui fait visiter Milan. Éperdu d’admiration pour Lord Byron, il tente de l’impressionner en lui racontant des anecdotes fantaisistes sur la campagne de Russie et Napoléon, dont il fait croire qu'il était très proche[57]. Byron s’enflamme pour les lettres de Lucrèce Borgia, qu’il découvre à la Bibliothèque Ambrosienne.
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Byron et Hobhouse arrivent à Venise le 10 novembre 1816. Ils logent d’abord à l’Hôtel de Grande-Bretagne, puis s’installent au palais Mocenigo sur le Grand Canal, avec quatorze serviteurs, des chevaux et une vraie ménagerie. Byron engage un gondolier barbu et de grande taille du nom de Tita, fréquente le salon de la comtesse Albrizzi, participe à plusieurs carnavals successifs, nage dans le Grand canal jusqu’au Lido, a une aventure avec Marianna Segati, dont il écrit : « Son grand mérite est d'avoir découvert le mien ; rien n'est plus agréable que le discernement »[58], puis Margarita Cogni, qu'il surnomme « la Fornarina », ainsi que de nombreuses autres femmes (actrices, ballerines, prostituées), ce qu'il commente dans une autre lettre : « Envoyez-moi, s'il vous plaît, tout l'argent que Murray voudra bien payer pour mes élucubrations cérébrales. Je ne consentirai jamais à renoncer à ce que je gagne, qui m'appartient, et ce que me procure mon cerveau, je le dépenserai pour copuler, aussi longtemps qu'il me restera un testicule. Je ne vivrai pas longtemps, c'est pourquoi je dois en profiter tant que j'en suis capable »[59].
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Pendant son séjour, Byron rencontre les moines mekhitaristes, sur l'île de San Lazzaro, et découvre la culture arménienne en assistant à de nombreux séminaires sur la langue et l'histoire du peuple arménien. En collaboration avec le père Avgerian, il apprend l'arménien et se passionne au point d'écrire Grammaire anglaise et arménien, puis Grammaire arménienne et anglais, incluant des citations d'œuvres arméniennes modernes et classiques. Il travaille également à l'élaboration d'un dictionnaire anglais-arménien, rédigeant une préface sur l'histoire de l'oppression des Arméniens par les pachas turcs et les satrapes perses. Il traduit également, entre autres, deux chapitres de l'histoire de l'Arménie par l'historien arménien Movses Khorenatsi. Son engagement a contribué largement à faire connaître la culture arménienne en Europe[réf. nécessaire].
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Il complète Childe Harold (chants IV et V), écrit Beppo, histoire vénitienne. À Bath, le 23 janvier 1817, Claire Clairmont met au monde une fille qu’elle nomme Alba, dont Byron est le père, et qu'il renommera Allegra. Il écrit à propos de cette liaison : « Je ne l'ai jamais aimée et n'ai jamais prétendu l'aimer, mais un homme est un homme et si une fille de dix-huit ans vient vous provoquer à tout moment, il n'y a qu'une solution. Le résultat de tout ça est qu'elle s'est trouvée enceinte, et qu'elle est rentrée en Angleterre pour contribuer au repeuplement de cette île sinistre […] Peste ! Voilà ce que c'est de se « laisser aller », et c'est comme ça que les gens viennent au monde »[60].
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En septembre 1818, il commence Don Juan, satire épique : « Encouragé par le bon succès de Beppo, j'ai terminé le premier chant (un chant long : environ 180 strophes de huit vers) d'un poème dans le même style et de la même manière. Ça s'appelle Don Juan, et je l'ai voulu légèrement et tranquillement facétieux à propos de tout. Mais je serais surpris qu'il ne soit pas […] trop libre pour notre époque si pudibonde »[61].
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En 1819, il s'éprend de la comtesse Teresa Guiccioli, âgée de vingt ans : « Elle est belle comme l'aurore — et ardente comme le midi — nous n'avons eu que dix jours — pour régler nos petites affaires du commencement à la fin en passant par le milieu. Et nous les avons réglées ; — j'ai fait mon devoir — et l'union a été consommée comme il se devait »[62]. Il devient son « Chevalier Servant : « Je plie un châle avec une dextérité considérable — mais je n’ai pas encore atteint la perfection dans la manière de le placer sur les épaules — je fais monter et descendre de voiture, je sais me tenir dans une conversazione et au théâtre »[63] et il la suit à Ravenne, où il s'installe chez son mari, au palais Guiccioli, respectant, comme il l'écrit ironiquement, « le plus strict adultère[64] ». Mais, quand le mari les surprend « quasi sur le vif », et veut le mettre dehors, Teresa part se réfugier chez son père, le comte Gamba, qui obtient du pape Pie VII, le 6 juillet 1820, la séparation du couple.
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Ami du comte et de son fils Pietro, membre des Carbonari, qui aspirent à la liberté politique et à un gouvernement constitutionnel, Byron s'associe à leurs projets, finançant le mouvement (grâce à la vente de Newstead Abbey, à ses droits d'auteur, et à un héritage), et entreposant des armes : « Ils (les Carbonari) me rejettent sur les bras et dans ma maison, ces mêmes armes […] que je leur avais fournies à leur propre demande, et à mes propres frais, risques et périls[65] ! » Mais la défaite des libéraux piémontais à Novare le 8 avril 1821, fait avorter l'insurrection. Les Gamba, exilés des États du pape, se réfugient à Pise, où Byron les rejoint trois mois plus tard.
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Byron s'installe à la Casa Lanfranchi, en face du couple Shelley. Ils sont rejoints par des amis, Jane et Edward Williams, qui, agréablement surpris par Byron, écrit dans son journal : « Bien loin d'avoir des manières altières, il a une aisance très noble et sans la moindre affectation, et au lieu d'être (comme on le croit en général) noyé dans une sombre tristesse, il n'est que soleil, d'une gaieté telle que l'élégance de son langage et le brillant de son esprit ne peuvent manquer d'inspirer ceux qui l'approchent »[66]. Il n'était pas le seul à éprouver de la fascination pour le poète, Mary Shelley, qui plus tard tente de s'expliquer « pourquoi Albè [surnom que le couple Shelley lui a donné], par sa seule présence et par sa voix, avait le pouvoir d'éveiller en moi des émotions aussi profondes et indéfinissables »[67].
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Le petit groupe part presque toutes ses après-midi en balade à cheval dans les environs de Pise, ou à s'exercer au tir au pistolet. En décembre, Byron commence à organiser des dîners hebdomadaires, invitant à sa table Percy Shelley, des amis anglais, des patriotes grecs, mais jamais de femmes.
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À cette époque paraissent Marino Faliero, Sardanapale, Les Deux Foscari, Caïn, mais surtout les chants II et IV de Don Juan ; Don Juan est un héros naïf, passionné, amoureux, aventureux, jouet des femmes et des événements. De naufrages en batailles, il traverse l'Europe, permettant à Byron de brosser un portrait très critique des mœurs et des hommes de son temps.
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Avec Shelley, l'aventurier John Trelawny et l'essayiste Leigh Hunt, il fonde un périodique, Le Libéral, qui ne publiera que quelques numéros. En avril, Allegra, la fille de Byron et de Claire Clairmont, meurt, à l'âge de cinq ans, dans le couvent italien où elle était en pension. Le 8 juillet, le voilier transportant Shelley et Edward Williams sombre en mer dans le golfe de La Spezia. Les corps sont retrouvés quelques jours plus tard. Byron, très affecté par la mort de son ami, écrit à Murray : « Vous vous êtes tous trompés sur Shelley, qui était assurément l'homme le meilleur et le moins égoïste que j'aie jamais connu »[68].
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Le 16 août, Byron et Trelawny brûlent à la manière antique son cadavre sur un bûcher dressé sur la plage de Viareggio. Byron part longuement nager, et lorsqu'il revient, il ne reste que le cœur, non consumé[69].
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Fin 1822, les Gamba, exilés de Toscane, s'installent à Gênes, où Byron les rejoint en octobre, emménageant à la Casa Saluzzo. En avril 1823, il reçoit la visite du comte d'Orsay et de Lady Blessington, qui relate par la suite leurs conversations. Byron lui aurait dit « Je suis un si curieux mélange de bon et de mauvais qu'il serait difficile de me définir. Il n'y a que deux sentiments auxquels je sois fidèle : mon grand amour de la liberté et ma haine de l'hypocrisie. Or ni l'un ni l'autre ne m'attirent des amis »[70].
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Son éditeur, Murray, reçoit très mal les chants VI, VII et VIII de Don Juan, qui se situent dans le Harem du Sultan : « Je vous déclare tout net qu'ils sont si outrageusement choquants que je refuserais de les publier même si vous me donniez vos Biens, votre Titre et votre Génie »[71], ce qui n'empêche pas le poète de terminer le dixième et le onzième.
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En avril 1823, il reçoit la visite du capitaine Edward Blaquiere, membre du Comité philhellène de Londres, dont fait aussi partie Hobhouse, accompagné du délégué du gouvernement grec Andréas Louriottis, qui retournent en Grèce. Pour soutenir la cause de l'indépendance, Byron se propose de se rendre au siège du gouvernement grec en juillet. Encouragé par Hobhouse, il hésite quelque temps en raison de son attachement envers Teresa Guiccioli, accablée par la perspective de séparation : « Une sentence de mort lui eût été moins pénible »[72].
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Finalement, après s'être fait confectionner des uniformes rouges et or, et des casques homériques[N 11],[73], il s'embarque le 17 juillet avec Pietro Gamba, Trelawny, un jeune médecin italien, cinq serviteurs, dont Tita et Fletcher, ainsi que deux chiens et quatre chevaux, pour l'île de Céphalonie, sur un brick affrété à ses frais.
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Le 3 août, ils jettent l'ancre dans le port d'Argostoli à Céphalonie. Apercevant au loin les montagnes de Morée, Byron aurait dit « Il me semble que les onze années douloureuses que j'ai vécues depuis mon dernier séjour ici ont été ôtées de mes épaules […] »[74]. Apprenant que les Grecs étaient divisés en factions irréconciliables, principalement entre Aléxandros Mavrokordátos et Kolokotronis, au point d'avoir cessé les combats et que les Turcs maintenaient le blocus devant Missolonghi[75], il demeure quatre mois dans l'île, passant ses journées en promenades à cheval et en baignades. Au cours de cette période, il vient en aide aux réfugiés, paye le salaire de quarante Souliotes et correspond en août avec Markos Botzaris, juste avant sa mort[N 12],[76], pour savoir quel parti prendre. Le siège de Missolonghi ayant repris à l'automne, Byron donne 4 000 livres pour armer une flotte de secours pour la ville. Au cours d'une excursion sur l'île voisine d'Ithaque, il est pris d'une crise de démence passagère. Le 6 septembre, Trelawny, qu'ennuie l'inaction, le quitte pour participer aux combats en Attique. Byron s'éprend d'un jeune soldat grec de quinze ans, Loukas Chalandritsanos, dont il fait son page.
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Invité à venir « électriser les Souliotes » par Mavrokordátos qui avait débarqué à Missolonghi le 11 décembre 1823[77], il part le rejoindre le 30 avec Tita, Fletcher, Loukas, son chien et son médecin. Après avoir échappé de justesse à une frégate turque et à un naufrage, il débarque, vêtu de son uniforme rouge, à Missolonghi où il est « attendu comme le Messie »[78] » le 5 janvier 1824. Il est accueilli joyeusement par Alexandros Mavrokordátos, ses officiers et Pietro Gamba, arrivé avant lui. Malgré la ville triste et marécageuse et l'anarchie qui règne dans l'armée, il essaye de remédier à la situation avec l'argent reçu après la vente de sa propriété de Rochdale, et celui du Comité Grec de Londres. Il recrute un corps de troupes souliote, qu'il prend à sa charge, équipe et entraîne, mais à l'indiscipline duquel il se heurte, et qu'il doit finalement renvoyer. Un prêt ayant été conclu en février pour aider les révolutionnaires grecs, il doit faire partie de la commission chargée par le comité de Londres de contrôler l'utilisation des fonds, en compagnie du colonel Stanhope et de Lazare Coundouriotis[79].
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Prématurément vieilli et fatigué, affecté par l'indifférence du jeune Loukas à l'amour qu'il lui porte, il semble attendre impatiemment la mort. La veille de ses trente-six ans, il écrit un poème résumant son état d'esprit :
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À la demande de Mavrokordátos, il se prépare à attaquer Lépante[81],[82] avec les forces gouvernementales quand, le 9 avril, il contracte, lors de l'une de ses courses quotidiennes à cheval, la fièvre des marais. Affaibli par des saignées et des lavements : « Ces maudits médecins, écrit-il, m'ont tellement vidé que je puis à peine tenir debout »[83], il meurt le 19 avril, entouré par Pietro Gamba, Tita et Fletcher, au moment où éclate un très violent orage qui sera interprété par les Grecs comme le signe que « Le grand homme est parti »[84]. Une messe est dite le 23 à Missolonghi, et on salue de trente-six coups de canons (l'âge du mort) le départ du bateau qui emporte son corps vers l'Angleterre le 2 mai. Arrivé le 5 juillet à Londres, la dépouille est déposée le 16 dans le caveau de famille en la petite église de Hucknall, près de Newstead Abbey.
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L'annonce de sa disparition retentit bientôt dans toute l'Europe. En Angleterre, Tennyson, alors âgé de quinze ans, s'enfuit dans les bois et grave : « Byron est mort ». » À Paris, Lamartine, qui écrit Le Dernier Chant du Pèlerinage de Childe Harold, et Hugo en font un deuil personnel.
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À partir de publication de Childe Harold en 1813 et de sa soudaine célébrité, on confond Lord Byron avec son personnage[N 13], on l'imagine mélancolique et cynique, ce qu'on appellera par la suite le héros byronien. Il tente de dissiper le malentendu, notamment auprès d’Annabella, après qu'elle a refusé sa demande en mariage : « Pour imaginer que votre candeur pouvait choquer, vous avez dû me juger bien vaniteux et égoïste. […] Sauf dans d'occasionnels accès de mélancolie, je me considère comme un personnage très facétieux […] Personne ne rit plus que moi[85] ».
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À partir de 1817, à la suite du scandale de sa séparation, une aura sulfureuse le précède : on l'accusera de toutes les débauches, de coucher avec Claire Clairmont et Mary Shelley en même temps[N 14],[86], on l'observe avec des jumelles depuis la rive opposée à la Villa Diodati[87], des femmes s'évanouissent lorsqu'il paraît chez Madame de Staël : « Il est exact que Mrs Hervey s’est évanouie quand j’ai fait mon entrée à Coppet, mais elle a repris ses sens un peu plus tard ; en la voyant se pâmer, la duchesse de Broglie s’est exclamée : « C’est trop fort — à soixante-cinq ans ! »[86].
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Sa réputation de sombre génie solitaire fait que certains de ses visiteurs sont déçus lorsqu'ils le rencontrent, tel cet admirateur américain, Mr Coolidge, venu le voir en 1821 à Ravenne : « Mais je crois deviner qu'il n'a pas été autant séduit par ma personne, car il devait s'attendre à rencontrer, au lieu d'un homme de ce monde, un misanthrope en braies de peau de loup, qui répondrait par de farouches monosyllabes. Je ne peux jamais faire comprendre aux gens que la poésie est l'expression de la passion enflammée, et qu'une vie de passion n'existe pas davantage qu'un tremblement de terre permanent, ou qu'une fièvre éternelle. Au demeurant, à vivre dans un état pareil, se raserait-on jamais[88] ? »
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Cette image de monstre débauché se renforce avec les romans écrits par ceux qui l’ont côtoyé et cherchent à ternir sa réputation. Caroline Lamb, la maîtresse abandonnée, avec son roman Glenarvon, paru en 1817 puis, en 1819, John William Polidori, avec sa nouvelle Le Vampire, dont le personnage de Lord Ruthven évoque les relations difficiles qu'il a eues avec Lord Byron lors de leur voyage en Suisse en 1817[89].
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Encore aujourd'hui, l'image de Byron, est restée sur le « Mad, bad and dangerous to know » de Caroline Lamb. La vie et la personnalité de Lord Byron fascinent, et les romans ou films le prenant comme personnage abondent, le mettant en scène en rock star immortelle et débauchée, comme dans la saison 5 de la série télévisée Highlander, ou en vampire cynique comme dans le roman de Michael Thomas Ford, Jane Bites Back. De même, les romans se voulant plus historiques le dépeignent en personnage arrogant, sulfureux, obsédé sexuel, sadique… comme Benjamin West dans Le médecin de Lord Byron ou Giuseppe Conte dans l'Homme qui voulait tuer Shelley.
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Ce n'était évidemment pas un modèle de vertu, mais ce n'était pas non plus un sadique, un Marquis de Sade ou un Guillaume Apollinaire, adepte des coups de knout[90], qui ne semble pas avoir souffert de la même réputation.
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Byron est le premier coupable de cette image, à cause de sa franchise, incapable de rester discret sur ses attirances homosexuelles, ne manquant pas une occasion de faire l'apologie du plaisir, comme dans sa lettre à son éditeur, où il se moque de lui-même :
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« Il baisse tant depuis un an —
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Sa plume à ce point s'amenuise —
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Que je soupçonne qu'à Venise —
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Il fait l'étalon, épuisant
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Sa cervelle qu'il aliène
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Pour quelque chaude Italienne »[91].
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Il a surtout pâti du scandale de sa relation avec sa demi-sœur qui a particulièrement choqué l'Angleterre Georgienne. Quant à certains de ses poèmes jugés scandaleux, il est difficile aujourd'hui de comprendre en quoi Don Juan a pu être jugé sulfureux. Lorsque son éditeur, John Murray, fait un mauvais accueil au deuxième chant, par crainte du scandale, Byron lui répond de façon éloquente sur son travail d'écriture, ainsi que sur son rapport à la célébrité :
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« Quant à l'opinion des Anglais, dont vous parlez, qu'ils sachent d'abord ce qu'elle pèse avant de me faire l'injure de leur insolente condescendance. Je n'ai pas écrit pour leur satisfaction ; s'ils sont satisfaits, c'est qu'ils choisissent de l'être, je n'ai jamais flatté leurs goûts ni leur orgueil, et ne le ferai pas. [���] J'ai écrit mû par l'afflux des idées, par mes passions, par mes impulsions, par des motivations multiples, mais jamais par le désir d'entendre leurs « voix suaves ». Je sais parfaitement ce que valent les applaudissements populaires car peu d'écrivassiers en ont eu autant que moi […] Ils ont fait de moi sans que je l'aie cherché une sorte d'idole populaire, ils ont, sans autre raison ni explication que le caprice de leur bon plaisir, renversé la statue de son piédestal — la chute ne l'a pas brisée — et ils voudraient, paraît-il, l'y replacer ; mais il n'en sera rien[92]. »
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Ce qui est une constante chez Lord Byron, ce sont ses contradictions, qu'il est le premier à reconnaître, que ce soit en privé, lors de ses discussions avec Lady Blessington : « Plaisanterie mise à part, ce que je crois c'est que je suis trop changeant, étant tour à tour tout et son contraire et jamais pendant longtemps[70]. » ou publiquement, dans le chant XVII de Don Juan :
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« Je suis changeant, pourtant je suis « Idem semper » ;
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Patient, mais je ne suis pas des plus endurants ;
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Joyeux, mais quelquefois, j'ai tendance à gémir ;
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Doux, mais je suis parfois un « Hercules furens » ;
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J'en viens donc à penser que dans la même peau
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Coexistent deux ou trois ego différents[93]. »
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À la fois admirateur de l'épopée Napoléonienne (Ode à Napoléon) et critique envers la guerre, ainsi qu'on peut le voir dans sa description du carnage lors du Siège d'Izmaïl, dans le Chant VIII de Don Juan. À la fois très sceptique vis-à-vis de la religion, le doute revenant souvent dans ses lettres : « Je ne veux pas entendre parler de votre immortalité ; nous sommes déjà assez malheureux dans cette vie pour ne pas en envisager une autre[94] », qu’effrayé par l'athéisme de Shelley, et fervent défenseur de l'éducation religieuse pour sa fille Allegra, qui mourra d’ailleurs au couvent.
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Mais c'est surtout dans ses propos sur les femmes qu'il est le plus paradoxal, passant de l’estime au mépris selon les périodes et les interlocuteurs. En 1813, il écrit à Annabella : « Malgré toutes mes prétendues préventions contre votre sexe ou plutôt contre la perversion des manières et des principes souvent tolérée par lui dans certains milieux de la société, je pense que la pire femme qui ait jamais existé aurait fait un homme de très acceptable réputation ; elles sont toujours meilleures que nous et leurs défauts, tels qu'ils sont, ont certainement leur source en nous-mêmes[95] » alors qu’il écrira plus tard dans son journal : « Réfléchi à la condition des femmes dans la Grèce antique — assez commode. […] Devraient s'occuper du foyer […] mais tenues à l'écart du monde[96]. »
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C’est Gabriel Matzneff qui résume le mieux les foisonnants paradoxes de Lord Byron : « […] ce pessimiste allègre, cet égoïste généreux, ce gourmand frugal, ce sceptique passionné, ce grand seigneur nonchalant qui fut un révolutionnaire actif, ce nordique fasciné par l’Orient, ce tempérament de droite aux idées de gauche, ce pédéraste couvert de femmes, ce disciple d’Épicure qu’habitait la peur de l’enfer chrétien, cet adversaire de l’impérialisme qui vénérait Napoléon, ce suicidaire amoureux de la vie, cet ami des Turcs qui est mort pour la liberté du peuple grec, ce poète à la réputation sulfureuse et au cœur pur[97]. »
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Durant sa jeunesse, Lord Byron se destinait à une carrière politique à la Chambre des lords, c'était même la raison de son premier départ pour la Grèce, connaître le monde pour former son jugement, et celle de son retour, comme il l'a formulé dans une boutade : « à mon retour, j'ai le projet de briser avec toutes mes relations dissolues, de renoncer à la boisson et au commerce de la chair, pour m'adonner à la politique et respecter l'étiquette[98]. »
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Mais ses déceptions parlementaires ainsi que le succès soudain et inattendu de Childe Harold l'ont incité à continuer la poésie : « ces débuts n'étaient pas décourageants — surtout mon premier discours […], mais aussitôt après mon poème Childe Harold est sorti — & plus personne n'a jamais songé à ma prose par la suite, ni moi non plus d'ailleurs — cela devint pour moi quelque chose de secondaire, que je négligeai, bien qu'il m'arrive de me demander si j'y aurais eu du succès. »[99].
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Il a commencé à écrire des poèmes en hommage à sa cousine Margaret Parker, morte jeune, dont il était fébrilement amoureux à l'âge de douze ans : « La première fois que je me suis lancé dans la poésie remonte à 1800. — C'était le bouillonnement d'une passion pour ma cousine germaine, Margaret Parker […], l'un des êtres évanescents les plus beaux qui aient été[100]. »
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Puis ses poèmes ne cessèrent d'osciller entre la mélancolie (Hours of Idleness, Childe Harold), les contes orientaux (Le Giaour, La fiancée d'Abydos, Sardanapale) et la satire (Bardes anglais et critiques écossais, Beppo, Don Juan).
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Hours of Idleness (Heures d’oisiveté ou Heures de paresse selon les traducteurs), son premier recueil paru en 1807 mais composé à différentes époques de sa jeunesse, Byron s’essaye à différents genres. Si les premiers poèmes, datant de 1802-1803 sont des éloges funèbres, regrettant ses amis et amours perdus (Sur la mort d'une jeune demoiselle, cousine de l'auteur et qui lui fut bien chère, Épitaphe d'un ami), il passe ensuite à des poèmes d'amour (À Caroline, Premier baiser de l'amour, Le dernier adieu de l'amour), des vers d'inspiration médiévale (Vers composé en quittant l'abbaye de Newstead), des regrets sur son enfance (Sur une vue lointaine du village et du collège d'Harrow sur la colline, Souvenirs d'enfance), des imitations d’Ossian (Oscar d'Alva. Légende, la Mort de Calmar et d'Orla). À partir de 1806 son ton se fait plus sarcastique[101].
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Avec Le Pèlerinage de Childe Harold, dont les deux premiers chants sont composés lors de son voyage en Grèce, Byron a fait son choix. Utilisant la strophe spenserienne[N 15], il brosse le portrait d'un « libertin effronté » (shameless wight) qui fuit l'ennui de son existence par un voyage en Orient. Il en compose les chants III et IV après le scandale qui l'oblige à fuir l'Angleterre en 1817, assombrissant encore la tonalité du poème :
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« Il continua à sentir une invisible chaîne s'appesantir sur lui bien qu'on ne pût la voir,
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son contact n'en était pas moins douloureux
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ses lourds anneaux ne résonnaient pas, mais son poids était pénible
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c'était une souffrance sans bruit qui accompagnait partout Harold
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et devenait plus vive à chaque pas qu'il faisait. »
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Still round him clung invisibly a chain
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Which galled for ever, fettering though unseen,
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And heavy though it clanked not; worn with pain,
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Which pined although it spoke not, and grew keen,
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Entering with every step he took through many a scene[102].
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Dès l’enfance, Byron est attiré par l’Orient, depuis sa lecture de l’Histoire Turque[103], mais aussi des Mille et une nuits. C’est à la fois un Orient rêvé et un Orient dans sa dimension historique. C’est ce qui explique son voyage en Grèce et en Turquie, dont il reviendra à la fois admiratif et très critique, autant vis-à-vis des Turcs que des Grecs.
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L'Orient que dépeint Byron est tragique. Ce sont des histoires d'amours impossibles qui se terminent par la mort, c'est une effusion de couleur et de sang. Il y mêle du merveilleux (Zuleïka se transforme en rose dans La fiancée d’Abydos), des combats (Le Corsaire, Le Giaour), de l'exotisme dans la description des paysages, des costumes (les caftans, les turbans), des rites et des superstitions (Le Giaour qui risque de se transformer en vampire)… Il s’intéresse autant à l’Orient contemporain, la Grèce soumise au joug Ottoman, qu’a l’Orient ancien avec Sardanapale, roi légendaire de Ninive.
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Il revient souvent sur la question de la position des femmes pour les musulmans, comme dans Le Giaour : « Qui aurait pu lire dans le regard de la jeune Leïla, et conserver encore cette partie de notre croyance qui prétend que la femme n'est qu'une vile poussière, une poupée sans âme destinée aux plaisirs d'un maître[104] ? »
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C’est à partir de son exil vénitien qu'il se consacre presque exclusivement à la veine burlesque, avec Beppo, vaudeville sur fond de carnaval, puis Don Juan, épopée satirique laissée inachevée au dix-septième chant, où il fait montre d'un réel talent pour la rime et l’improvisation, où se livre à des réflexions humoristiques ou assassines (à l'égard, notamment, de Castlereagh, de Wellington ou du poète officiel Southey), à travers des digressions où fusent les traits d'esprit.
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Lord Byron est l’un des plus grands poètes britanniques, à l'égal de Keats, dont il n’aimait pas la poésie[N 16] ou de Shelley, son ami.
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Grand admirateur du poète Alexander Pope, classique dans la forme, la strophe Spenserienne qu’il a beaucoup employée, ce sont ses thèmes qui font de lui un Romantique : violence des passions ; amours tragiques, souvent illicites ; goût pour les tempêtes et les paysages grandioses ; mélancolie des sentiments ; couleurs orientales ; importance accordée au Moi : « L’unique thème de Byron, c’est Byron et son brillant cortège d’amours, de sensations, d’aventures ; et son propre cœur la source unique de ses ouvrages[105]. », même si, aussi « autobiographique que puisse être un livre, il n’est jamais l’imitation de la vie, mais la vie transfigurée, la vérité choisie. Byron est Harold et cependant il ne l’est pas[106]. » Si ses personnages sont un reflet romanesque de Lord Byron, ses créations ont aussi une influence sur lui, comme Walter Scott le dira en 1816, au moment de la disgrâce sociale ayant suivi sa séparation tumultueuse : Byron s'est transformé en son personnage (« Childe Harolded himself »), comme si son imagination avait pris le pas sur sa vie[107].
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Romantique aussi le personnage du héros byronien qu'il invente dans Childe Harold et qu’il explore par la suite dans The Corsair, Lara, Manfred… C’est un homme tourmenté, désabusé, impassible, mystérieux, souffrant d’une blessure secrète, à la fois rebelle et proscrit, malheureux et sulfureux, dont le portrait de Lara est un bon résumé : « Il y avait en lui un mépris vital de toute chose, comme s’il eut épuisé le malheur. Il demeurait étranger sur la terre des vivants ; esprit exilé d’un autre monde, et qui venait errer dans celui-ci[108]. »
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Ses poèmes furent une source d'inspiration pour les peintres Romantiques pour leurs thèmes orientaux, comme La Mort de Sardanapale, Le Combat du Giaour et du Pacha, La fiancée d’Abydos, ou ceux de l’homme confronté aux éléments avec La barque de Don Juan d’Eugène Delacroix, ou à l’animal (Mazeppa) de Théodore Gericault.
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On a publié un grand nombre d'éditions des Œuvres de Byron :
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Les œuvres de Byron ont été traduites par Amédée Pichot (1819-1825, revue et corrigée jusqu'à la 7e édition en 1830 et rééditée très régulièrement tout au long du siècle), Paulin Paris (1830-1832), Benjamin Laroche (1836-1837), Louis Barré (1853). Orby Hunter en a traduit une partie en vers français (1841). Byron avait laissé soixante-dix feuillets d'une Vie qui ont été détruits par son éditeur et ses amis. Villemain lui a consacré une notice dans la Biographie universelle.
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Le théâtre complet de Byron a été réédité en 2006. Les éditions d'Otrante ont publié une large sélection d'oeuvres écrites ou publiées en 1816 dans une nouvelle traduction rythmée de Danièle Sarrat (2016), ainsi que Mazeppa et La Fiancée d'Abydos, traduits par la même (2019).
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Une sélection de poèmes a été traduite en 1982 aux éditions Ressouvenances, puis rééditée aux éditions Allia en 2020, dans une édition bilingue[109].
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La vie et l’œuvre de Byron ont inspiré de nombreux musiciens, écrivains, peintres et réalisateurs.
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Dès 1817, Stendhal trouve dans les œuvres de Lord Byron une source d’inspiration : « La connaissance de l’homme, […] si l’on se met à la traiter comme une science exacte, fera de tels progrès qu’on verra, aussi net qu’à travers un cristal, comment la sculpture, la musique et la peinture touchent le cœur. Alors ce que fait Lord Byron, on le fera pour tous les arts[110]. »
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Les œuvres complètes de Byron paraissent en France en 1820. Elles marquent toute la génération Romantique, dont Alfred de Vigny qui publie un essai sur Byron dans Le Conservateur littéraire, la revue de Victor Hugo.
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Honoré de Balzac, très admiratif[111], en fait le modèle de son personnage du consul dans Honorine, et dans La Peau de chagrin il compare ses poèmes aux peintures de Velazquez, « sombres et colorés ». Dans Arthur d’Eugène Sue, les personnages d’Arthur et de Madame de Penafiel se plaignent du « génie malfaisant » de Lord Byron, dont Walter Scott serait le contre-poison. Confondant le créateur et sa créature, Madame de Penafiel s’écrie : « Oh ! comme il s’est bien peint dans Manfred ! Tenez : le château de Manfred, si sombre et si désolé, c’est en vérité sa poésie ! c’est son terrible esprit[112] ! » Pour Théophile Gautier dans Les Jeunes-France, il est le modèle des jeunes romantiques qu'il caricature, cherchant à tout prix à se donner l’air byronien, dans leur coiffure, signature, aventure…
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Pour toute une génération d’auteurs français, on ne retint de Lord Byron que le côté sombre, oubliant la gaieté railleuse de son Don Juan.
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Ses œuvres ont beaucoup inspiré les peintres romantiques, notamment Turner, Gericault et Delacroix, ainsi que certains Pré-Raphaélites comme Ford Madox Brown.
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Théodore Gericault, est l'un des premiers à s'emparer des thèmes byroniens. Son obsession morbide pour les chevaux, l'homme et l'animal[114] trouve son incarnation dans Mazeppa. Gericault mourra d'ailleurs des suites de plusieurs chutes de cheval.
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Plus qu'aucun autre artiste, Eugène Delacroix trouve dans les œuvres de Byron une source inépuisable de sujets pour ses peintures : Le naufrage de Don Juan (Musée du Louvre, Paris), Le Doge Marino Faliero condamné à mort (1826, Wallace collection de Londres), Le prisonnier de Chillon (1834, Musée du Louvre, Paris)… Il rencontre surtout chez Byron un écho à sa fascination pour l'Orient : la violence, des passions et des combats avec Le Combat du Giaour et du Pacha (1827, Art Institute de Chicago), le feu d'artifice des couleurs avec La mort de Sardanapale (1827-28, Musée du Louvre, Paris) et l'exotisme des costumes avec La fiancée d'Abydos (1857, Kimball Art Museum), l'implication politique avec La Grèce sur les ruines de Missolonghi (1826, Musée des Beaux Arts de Bordeaux).
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Mais d'autres peintres romantiques en furent également très inspirés : Charles Durupt, Manfred et l'esprit, 1831, comme Ary Scheffer Le Giaour, 1932 — deux toiles appartenant au Musée de la vie romantique, Hôtel Scheffer-Renan, Paris, ainsi que des graveurs tel Émile Giroux en France[115].
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Mazeppa de Théodore Gericault
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Childe Harold de Turner, 1826
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Le Prisonnier de Chillon d’Eugène Delacroix
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La Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix
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La Barque de don Juan d’Eugène Delacroix
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Haydée découvrant Don Juan par Ford Maddox Brown
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Lord Byron a inspiré de nombreux auteurs en tant que lui-même ou en personnage fantastique, que ce soit sous forme de fantôme, de vampire ou d’immortel.
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Un ordinateur est un système de traitement de l'information programmable tel que défini par Turing et qui fonctionne par la lecture séquentielle d'un ensemble d'instructions, organisées en programmes, qui lui font exécuter des opérations logiques et arithmétiques. Sa structure physique actuelle fait que toutes les opérations reposent sur la logique binaire et sur des nombres formés à partir de chiffres binaires. Dès sa mise sous tension, un ordinateur exécute, l'une après l'autre, des instructions qui lui font lire, manipuler, puis réécrire un ensemble de données déterminées par une mémoire morte d'amorçage. Des tests et des sauts conditionnels permettent de passer à l'instruction suivante et donc d'agir différemment en fonction des données ou des nécessités du moment ou de l'environnement.
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Les données à manipuler sont obtenues, soit par la lecture de mémoires, soit par la lecture d'information en provenance de périphériques internes ou externes (déplacement d'une souris, touche appuyée sur un clavier, température, vitesse, compression…). Une fois utilisés, ou manipulés, les résultats sont écrits, soit dans des mémoires, soit dans des composants qui peuvent transformer une valeur binaire en une action physique (écriture sur une imprimante ou sur un moniteur, accélération ou freinage d'un véhicule, changement de température d'un four…). L'ordinateur peut aussi répondre à des interruptions qui lui permettent d’exécuter des programmes de réponses spécifiques à chacune, puis de reprendre l’exécution séquentielle du programme interrompu.
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De 1834 à 1837, Charles Babbage conçoit une machine à calculer programmable en associant un des descendants de la Pascaline (première machine à calculer mécanique inventée par Blaise Pascal) avec des instructions écrites sur le même type de cartes perforées que celles inventées par Jacquard pour ses métiers à tisser[1]. C'est durant cette période qu'il imagine la plupart des caractéristiques de l'ordinateur moderne[2]. Babbage passera le reste de sa vie à essayer de construire sa machine analytique, mais sans succès. Beaucoup de personnes s’y intéressèrent et essayèrent de développer cette machine[3], mais c'est cent ans plus tard, en 1937, qu'IBM inaugurera l'ère de l'informatique en commençant le développement de l'ASCC/Mark I, une machine basée sur l’architecture de Babbage qui, une fois réalisée, sera considérée comme l'achèvement de son rêve[4].
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La technique actuelle des ordinateurs date du milieu du xxe siècle. Les ordinateurs peuvent être classés selon plusieurs critères[5] tels que le domaine d'application, la taille ou l'architecture.
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Le mot « ordinateur » fut introduit par IBM France en 1955[6],[7] après que François Girard, alors responsable du service publicité de l'entreprise, eut l'idée de consulter son ancien professeur de lettres à Paris, Jacques Perret. Avec Christian de Waldner, alors président d'IBM France, ils demandèrent au professeur Perret, de suggérer un « nom français pour sa nouvelle machine électronique destinée au traitement de l'information (IBM 650), en évitant d'utiliser la traduction littérale du mot anglais computer (« calculateur » ou « calculatrice »), qui était à cette époque plutôt réservé aux machines scientifiques »[8].
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En 1911, une description de la machine analytique de Babbage utilisait le mot ordonnateur pour en décrire son organe moteur: « Pour aller prendre et reporter les nombres… et pour les soumettre à l’opération demandée, il faut qu'il y ait dans la machine un organe spécial et variable : c'est l'ordonnateur. Cet ordonnateur est constitué simplement par des feuilles de carton ajourées, analogues à celle des métiers Jacquard… »[9].
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Le professeur proposa un mot composé centré autour d'ordonnateur : celui qui met en ordre[10] et qui avait aussi la notion d'ordre ecclésiastique dans l'église catholique (ordinant)[11]. Il suggéra plus précisément « ordinatrice électronique », le féminin ayant pu permettre, selon lui, de mieux distinguer l'usage religieux de l'usage comptable du mot[12].
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« IBM France retint le mot ordinateur et chercha au début à protéger ce nom comme une marque. Mais le mot fut facilement et rapidement adopté par les utilisateurs et IBM France décida au bout de quelques mois de le laisser dans le domaine public. »[8]
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Selon Bernard Cohen, auteur de l'ouvrage intitulé Howard Aiken: Portrait of a computer pioneer, « les historiens des technologies et les informaticiens intéressés en histoire, ont adopté un certain nombre de caractéristiques qui définissent un ordinateur. C'est ainsi que la question de savoir si le Mark I était ou n'était pas un ordinateur ne dépend pas d'une opinion majoritaire mais plutôt de la définition utilisée. Souvent, quelques-unes des caractéristiques fondamentales nécessaires pour être considérées comme un ordinateur sont :
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Une machine n'est généralement pas classifiée comme un ordinateur à moins qu'elle n'ait des caractéristiques supplémentaires comme la possibilité d’exécuter des opérations spécifiques automatiquement et ceci d'une façon contrôlée et dans une séquence prédéterminée. Pour d'autres historiens et informaticiens, il faut aussi que la machine ait été vraiment construite et qu'elle ait été complètement opérationnelle[15]. »
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Sans une définition stricte il est impossible d'identifier la machine qui devint le premier ordinateur, mais il faut remarquer certaines des étapes fondamentales qui vont du développement du concept de la machine à calculer programmable par Charles Babbage en 1837 au premier développement de l'ère de l'informatique cent ans plus tard.
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En 1834, Charles Babbage commence à développer une machine à calculer programmable, sa machine analytique. Il pense la programmer grâce à un cylindre à picots comme dans les automates de Vaucanson, mais, deux ans plus tard, il remplace ce cylindre par la lecture de cartes Jacquard, et ainsi crée une machine à calculer infiniment programmable[16].
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En 1843, Ada Lovelace écrit le premier programme informatique pour calculer les nombres de Bernoulli, pour la machine analytique qui ne sera jamais construite.
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Henry Babbage construit une version extrêmement simplifiée de l'unité centrale de la « machine analytique » de son père et l'utilise en 1906, pour calculer et imprimer automatiquement les quarante premiers multiples du nombre Pi avec une précision de vingt-neuf décimales[17], démontrant sans ambiguïté que le principe de la machine analytique était viable et réalisable. En 1886, sa plus grande contribution fut de donner un ensemble mécanique de démonstration d'une des machines de son père à l'université Harvard[18]. C'est cinquante ans plus tard, après avoir entendu la présentation de Howard Aiken sur son super calculateur, qu'un technicien de Harvard, Carmello Lanza, lui fit savoir qu'une machine similaire avait déjà été développée et qu'il lui montra l'ensemble mécanique de démonstration donné par Henry Babbage qui se trouvait dans un des greniers de l'université ; c'est ainsi qu'il découvrit les travaux de Babbage et qu'il les incorpora dans la machine qu'il présenta à IBM en 1937[19]. C'était la troisième fois qu'il essayait de trouver un sponsor pour le développement de sa machine car son projet avait déjà été rejeté deux fois avant l'intégration des travaux de Babbage dans l'architecture de sa machine (une fois par la Monroe Calculating Company[20] et une fois par l'université Harvard[19]).
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Leonardo Torres Quevedo remplaça toutes les fonctions mécaniques de Babbage par des fonctions électromécaniques (addition, soustraction, multiplication et division mais aussi la lecture de cartes et les mémoires). En 1914 et en 1920, Il construisit deux machines analytiques, non programmable, extrêmement simplifiées[21] mais qui montraient que des relais électromécaniques pouvaient être utilisés dans une machine à calculer qu'elle soit programmable ou non. Sa machine de 1914 avait une petite mémoire électromécanique et son arithmomètre de 1920, qu'il développa pour célébrer le centième anniversaire de l'invention de l'arithmomètre, était commandé par une machine à écrire qui était aussi utilisée pour imprimer ses résultats.
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Percy Ludgate améliora et simplifia les fonctions mécaniques de Babbage mais ne construisit pas de machine. Et enfin, Louis Couffignal essaya au début des années 1930[22], de construire une machine analytique « purement mécanique, comme celle de Babbage, mais sensiblement plus simple », mais sans succès. C'est cent ans après la conceptualisation de l'ordinateur par Charles Babbage que le premier projet basé sur l'architecture de sa machine analytique aboutira. En effet, c'est en 1937 qu'Howard Aiken présenta à IBM un projet de machine à calculer programmable qui sera le premier projet qui finira par une machine qui puisse être, et qui sera utilisée, et dont les caractéristiques en font presque un ordinateur moderne. Et donc, bien que le premier ordinateur ne sera jamais déterminé à l’unanimité, le début de l'ère de l'informatique moderne peut être considéré comme la présentation d'Aiken à IBM, en 1937, qui aboutira par l'ASCC.
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Les machines à calculer jouèrent un rôle primordial dans le développement des ordinateurs pour deux raisons tout à fait indépendantes. D'une part, pour leurs origines : c'est pendant le développement d'une machine à calculer automatique à imprimante qu'en 1834 Charles Babbage commença à imaginer sa machine analytique, l’ancêtre des ordinateurs. C’était une machine à calculer programmée par la lecture de cartes perforées (inspirées du Métier Jacquard), avec un lecteur de cartes pour les données et un pour les programmes, avec des mémoires, un calculateur central et des imprimantes et qui inspirera le développement des premiers ordinateurs à partir de 1937 ; ce qui nous amènera aux mainframes des années 1960.
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D'autre part, leur propagation se fit grâce à la commercialisation en 1971 du premier microprocesseur, l'Intel 4004, qui fut inventé pendant le développement d'une machine à calculer électronique pour la compagnie japonaise Busicom, qui est à l'origine de l'explosion de la micro-informatique à partir de 1975[23] et qui réside au cœur de tous les ordinateurs actuels quelles que soient leurs tailles ou fonctions (bien que seulement 2 % des microprocesseurs produits chaque année soient utilisés comme unités centrales d'ordinateur, les 98 % restant sont utilisés dans la construction de voitures, de robots ménagers, de montres, de caméras de surveillance[24]…).
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Outre les avancées observées dans l'industrie du textile et celles de l'électronique, les avancées de la mécanographie à la fin du XIXe siècle, pour achever les recensements aux États-Unis, la mécanisation de la cryptographie au début du XXe siècle, pour chiffrer puis déchiffrer automatiquement des messages, le développement des réseaux téléphoniques (à base de relais électromécaniques), sont aussi à prendre en compte pour comprendre l'avènement de ce nouveau genre de machine qui ne calculent pas (comme font/faisaient les calculatrices), mais lisent et interprètent des programmes qui -eux- calculent. Pour le monde des idées, avant l'invention de ces nouvelles machines, l'élément fondateur de la science informatique est en 1936, la publication de l'article On Computable Numbers with an Application to the Entscheidungsproblem[25] par Alan Turing qui allait déplacer le centre de préoccupation de certains scientifiques (mathématiciens et logiciens) de l'époque, du sujet de la calculabilité (ou décidabilité) ouvert par Hilbert, malmené par Godël, éclairci par Church, vers le sujet de la mécanisation du calcul (ou calculabilité effective). Dans ce texte de 36 pages, Turing expose une machine théorique capable d'effectuer tout calcul ; il démontre que cette machine est aussi puissante, au niveau du calcul, que tout être humain. Autrement dit, un problème mathématique possède une solution, si et seulement si, il existe une machine de Turing capable de résoudre ce problème. Par la suite, il expose une machine de Turing universelle apte à reproduire toute machine de Turing, il s'agit des concepts d'ordinateur, de programmation et de programme. Il termine en démontrant qu'il existe au moins un problème mathématique formellement insoluble, le problème de l'arrêt.
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Peu avant la Seconde Guerre mondiale, apparurent les premières calculatrices électromécaniques, construites selon les idées d'Alan Turing. Les machines furent vite supplantées par les premiers calculateurs électroniques, nettement plus performants.
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La fin des années 1930 virent, pour la première fois dans l'histoire de l'informatique, le début de la construction de deux machines à calculer programmables. Elles utilisaient des relais et étaient programmées par la lecture de rouleaux perforés et donc, pour certains, étaient déjà des ordinateurs. Elles ne furent mises en service qu'au début des années 1940, faisant ainsi de 1940 la première décennie dans laquelle on trouve des ordinateurs et des machines à calculer programmables totalement fonctionnels. C'est d'abord en 1937 que Howard Aiken, qui avait réalisé que la machine analytique de Babbage était le type de machine à calculer qu'il voulait développer[26], proposa à IBM de la créer et de la construire ; après une étude de faisabilité, Thomas J. Watson accepta de la construire en 1939 ; elle fut testée en 1943 dans les locaux d'IBM et fut donnée et déménagée à l'université Harvard en 1944, changeant son nom de ASCC à Harvard Mark I ou Mark I.
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Mais c'est aussi Konrad Zuse qui commença le développement de son Zuse 3, en secret, en 1939, et qui le finira en 1941. Parce que le Zuse 3 resta inconnu du grand public jusqu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale (sauf des services secrets américains qui le détruisirent dans un bombardement en 1943), ses solutions très inventives ne furent pas utilisées dans les efforts communs mondiaux de développement de l’ordinateur.
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Six machines furent construites durant ces 9 ans. Elles furent toutes décrites, au moins une fois, dans la multitude de livres de l'histoire de l'informatique, comme étant le premier ordinateur ; aucune autre machine, construite ultérieurement, ne fut décrit comme telle. Ces six précurseurs peuvent être divisées en trois groupes bien spécifiques :
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« Sans un branchement conditionnel, et donc l’implémentation mécanique du mot SI, le plus grand des calculateurs ne serait qu'une super machine à calculer. Il pourrait être comparé à une ligne d'assemblage, tout étant organisé du début à la fin, avec aucune possibilité de changement une fois que la machine est mise en marche[27]. »
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— Andrew Hodges, Alan Turing: the enigma, 1983.
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« L'ENIAC et le Colosse étaient comme deux kits à assembler, desquelles beaucoup de machines similaires, mais différentes, pouvaient être construites. Aucun n’essaya d’implémenter l'universalité de la « machine de Babbage » dans laquelle la machine n'est jamais modifiée, et où seulement les instructions sont réécrites sur des cartes perforées[29]. »
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— Andrew Hodges, Alan Turing: the enigma, 1983.
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De ces six machines, seulement quatre furent connues de leurs contemporains, les deux autres, le Colosse et le Z3, utilisées dans l'effort de guerre, ne furent découvertes qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et donc ne participèrent pas au développement communautaire mondial des ordinateurs. Seulement deux de ces machines furent utilisées dans les années 1950, l'ASCC/Mark I et l'ENIAC, et chacune fut éventuellement modifiée pour en faire une machine Turing-complet. En juin 1945 est publié un article fondateur de John von Neumann[30] donnant les bases de l'architecture utilisée dans la quasi-totalité des ordinateurs depuis lors. Dans cet article, von Neumann veut concevoir un programme enregistré et programmé dans la machine. La première machine correspondant à cette architecture, dite depuis architecture de von Neumann est une machine expérimentale la Small-Scale Experimental Machine (SSEM ou baby) construite à Manchester en juillet 1948. En août 1949 la première machine fonctionnelle, fondée sur les bases de von Neumann fut l'EDVAC.
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Cette chronologie[31] demande qu'un ordinateur soit électronique et donc elle commence, en 1946, avec l'ENIAC qui, au départ, était programmé avec des interrupteurs et par le positionnement de fils sur un commutateur, comme sur un ancien standard téléphonique. Les ordinateurs de cette période sont énormes avec des dizaines de milliers de tubes à vide. L'ENIAC faisait 30 m de long, 2,40 m de haut et pesait 30 tonnes. Ces machines n’étaient pas du tout fiables, par exemple, en 1952, dix-neuf mille tubes furent remplacés sur l'ENIAC, soit plus de tubes qu'il n'en contient[32].
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« L'ENIAC prouva, sans ambiguïté, que les principes de base de l'électronique était bien fondés. Il était vraiment inévitable que d'autres machines à calculer de ce type seraient perfectionnées grâce aux connaissances et à l’expérience acquises sur cette première[33]. »
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De nouveau, le titre de premier ordinateur commercialisé dépend de la définition utilisée ; trois ordinateurs sont souvent cités. En premier, le BINAC[34], conçu par la Eckert–Mauchly Computer Corporation et livré à la Northrop Corporation en 1949 qui, après sa livraison, ne fut jamais fonctionnel[35],[36]. En deuxième, le Ferranti Mark I, dont le prototype avait été développé par l'université de Manchester, fut amélioré et construit en un exemplaire par la société Ferranti et revendu à l'université de Manchester en février 1951[37]. Et en dernier, UNIVAC I[34], conçu par la « Eckert–Mauchly Computer Corporation », dont le premier fut vendu à l'United States Census Bureau le 30 mars 1951. Une vingtaine de machines furent produites et vendues entre 1951 et 1954[38].
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« L'utilisation de transistors au milieu des années 1950 changea le jeu complètement. Les ordinateurs devinrent assez fiables pour être vendus à des clients payants sachant qu'ils fonctionneraient assez longtemps pour faire du bon travail[39]. » Les circuits intégrés réduisirent la taille et le prix des ordinateurs considérablement. Les moyennes entreprises pouvaient maintenant acheter ce genre de machines.
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Les circuits intégrés permettent de concevoir une informatique plus décentralisée les constructeurs souhaitant concurrencer le géant IBM. Le microprocesseur fut inventé en 1969 par Ted Hoff d'Intel pendant le développement d'une calculatrice pour la firme japonaise Busicom. Intel commercialisera le 4004 fin 1971. Ted Hoff avait copié l'architecture du PDP-8, le premier mini-ordinateur, et c'est grâce à la technologie de circuits intégrés LSI (large scale integration), qui permettait de mettre quelques milliers de transistors sur une puce[40] qu'il put miniaturiser les fonctions d'un ordinateur en un seul circuit intégré. La fonction première du microprocesseur était de contrôler son environnement. Il lisait des interrupteurs, les touches d'un clavier et il agissait en exécutant les opérations requises (addition, multiplication, etc.) et en affichant les résultats. Le premier ordinateur personnel fut décrit dans le livre d'Edmund Berkeley, Giant brain, or machines that think, en 1949, et sa construction fut décrite dans une série d'articles du magazine Radio-Electronics à partir du numéro d'octobre 1950. En 1972, une société française développe le Micral, premier micro-ordinateur à être basé sur le microprocesseur 8008. Mais l’ordinateur qui créa l'industrie de l'ordinateur personnel est l'Altair 8800[41],[42] qui fut décrit pour la première fois dans le magazine Radio-Electronics de janvier 1975. Bill Gates, Paul Allen, Steve Wozniak et Steve Jobs (ordre chronologique) firent tous leurs débuts dans la micro-informatique sur ce produit moins de six mois après son introduction.
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Les ordinateurs furent d'abord utilisés pour le calcul (en nombres entiers d'abord, puis flottants). On ne peut cependant les assimiler à de simples calculateurs, du fait de la possibilité quasi infinie de lancer d'autres programmes en fonction du résultat de calculs, ou de capteurs internes ou externes (température, inclinaison, orientation, etc.), ou de toute action de l'opérateur ou de son environnement.
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Cette création d'un néologisme fut à l'origine de traductions multiples des expressions supercomputer, superordinateur ou supercalculateur.
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L'expérience a appris à distinguer dans un ordinateur deux aspects, dont le second avait été au départ sous-estimé :
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Un ordinateur très avancé techniquement pour son époque comme le Gamma 60 de la compagnie Bull n'eut pas le succès attendu, pour la simple raison qu'il existait peu de moyens de mettre en œuvre commodément ses possibilités techniques[réf. nécessaire].
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Le logiciel - et son complément les services (formation, maintenance…) - forme depuis le milieu des années 1980 l’essentiel des coûts d'équipement informatique, le matériel n’y ayant qu'une part minoritaire.
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Les ordinateurs peuvent être sensibles aux bombes IEM.[réf. nécessaire]
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Parmi toutes les machines inventées par l'Homme, l'ordinateur est celle qui se rapproche le plus du concept anthropologique suivant : Organe d'entrée, organe de traitement de l'information et organe de sortie. Chez l'humain, les organes d'entrée sont les organes sensoriels, l'organe de traitement est le cerveau dont les logiciels sont l'apprentissage avec des mises à jour constantes en cours de vie, puis les organes de sortie sont les muscles. Pour les ordinateurs modernes, les organes d'entrée sont le clavier et la souris et les organes de sortie, l'écran, l'imprimante, le graveur de DVD, etc. Les techniques utilisées pour fabriquer ces machines ont énormément changé depuis les années 1940 et sont devenues une technologie (c’est-à-dire un ensemble industriel organisé autour de techniques) à part entière depuis les années 1970. Beaucoup utilisent encore les concepts définis par John von Neumann, bien que cette architecture soit en régression : les programmes ne se modifient plus guère eux-mêmes (ce qui serait considéré comme une mauvaise pratique de programmation), et le matériel prend en compte cette nouvelle donne en séparant aujourd'hui nettement le stockage des instructions et des données, y compris dans les caches.
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L’architecture de von Neumann décomposait l’ordinateur en quatre parties distinctes :
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L’unité arithmétique et logique ou UAL est l’élément qui réalise les opérations élémentaires (additions, soustractions…), les opérateurs logiques (ET, OU, NI, etc.) et les opérations de comparaison (par exemple la comparaison d’égalité entre deux zones de mémoire). C’est l’UAL qui effectue les calculs de l’ordinateur. L’unité de contrôle prend ses instructions dans la mémoire. Celles-ci lui indiquent ce qu’elle doit ordonner à l’UAL et, comment elle devra éventuellement agir selon les résultats que celle-ci lui fournira. Une fois l’opération terminée, l’unité de contrôle passe soit à l’instruction suivante, soit à une autre instruction à laquelle le programme lui ordonne de se brancher.
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L'unité de contrôle facilite la communication entre l'unité arithmétique et logique, la mémoire ainsi que les périphériques. Elle gère la plupart des exécutions des instructions dans l'ordinateur.
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Au sein du système, la mémoire peut être décrite comme une suite de cellules numérotées contenant chacune une petite quantité d’informations. Cette information peut servir à indiquer à l’ordinateur ce qu’il doit faire (instructions) ou contenir des données à traiter. Dans la plupart des architectures, c'est la même mémoire qui est utilisée pour les deux fonctions. Dans les calculateurs massivement parallèles, on admet même que des instructions de programmes soient substituées à d’autres en cours d’opération lorsque cela se traduit par une plus grande efficacité. Cette pratique était jadis courante, mais les impératifs de lisibilité du génie logiciel l'ont fait régresser, hormis dans ce cas particulier, depuis plusieurs décennies. Cette mémoire peut être réécrite autant de fois que nécessaire. La taille de chacun des blocs de mémoire ainsi que la technologie utilisée ont varié selon les coûts et les besoins : 8 bits pour les télécommunications, 12 bits pour l’instrumentation (DEC) et 60 bits pour de gros calculateurs scientifiques (Control Data). Un consensus a fini par être trouvé autour de l’octet comme unité adressable et d’instructions sur format de 4 ou 8 octets.
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Dans tous les cas de figure, l'octet reste adressable, ce qui simplifie l'écriture des programmes. Les techniques utilisées pour la réalisation des mémoires ont compris des relais électromécaniques, des tubes au mercure au sein desquels étaient générées des ondes acoustiques, des transistors individuels, des tores de ferrite et enfin des circuits intégrés incluant des millions de transistors.
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Les dispositifs d’entrée/sortie permettent à l’ordinateur de communiquer avec l’extérieur. Ces dispositifs sont très importants, du clavier à l’écran. La carte réseau permet par exemple de relier les ordinateurs en réseau informatique, dont le plus grand est Internet. Le point commun entre tous les périphériques d’entrée est qu’ils convertissent l’information qu’ils récupèrent de l’extérieur en données compréhensibles par l’ordinateur. À l’inverse, les périphériques de sortie décodent l’information fournie par l’ordinateur afin de la rendre compréhensible par l’utilisateur.
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Ces différentes parties sont reliées par trois bus, le bus d'adresse, le bus de données et le bus de commande. Un bus est un groupement d'un certain nombre de fils électriques réalisant une liaison pour transporter des informations binaires codées sur plusieurs bits. Le bus d'adresse transporte les adresses générées par l'UCT (Unité Centrale de Traitement) pour sélectionner une case mémoire ou un registre interne de l'un des blocs. Le nombre de bits véhiculés par ce bus dépend de la quantité de mémoire qui doit être adressée. Le bus de données transporte les données échangées entre les différents éléments du système. Le bus de contrôle transporte les différents signaux de synchronisation nécessaires au fonctionnement du système : signal de lecture (RD), signal d'écriture (WR), signal de sélection (CS : Chip Select).
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La miniaturisation permet d’intégrer l’UAL et l’unité de contrôle au sein d’un même circuit intégré connu sous le nom de microprocesseur. Typiquement, la mémoire est située sur des circuits intégrés proches du processeur, une partie de cette mémoire, la mémoire cache, pouvant être située sur le même circuit intégré que l’UAL.
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L’ensemble est, sur la plupart des architectures, complété d’une horloge qui cadence le processeur. Bien sûr, on souhaite qu'elle soit le plus rapide possible, mais on ne peut pas augmenter sans limites sa vitesse pour deux raisons :
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La tendance a été à partir de 2004 de regrouper plusieurs UAL dans le même processeur, voire plusieurs processeurs dans la même puce. En effet, la miniaturisation progressive (voir Loi de Moore) le permet sans grand changement de coût. Une autre tendance, depuis 2006 chez ARM, est aux microprocesseurs sans horloge : la moitié de la dissipation thermique est en effet due aux signaux d'horloge quand le microprocesseur fonctionne ; de plus, un microprocesseur sans horloge a une consommation presque nulle quand il ne fonctionne pas : le seul signal d'horloge nécessaire est alors celui destiné au rafraîchissement des mémoires. Cet atout est important pour les modèles portables.
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Le principal écart fonctionnel aujourd’hui par rapport au modèle de von Neumann est la présence sur certaines architectures de deux antémémoires différentes : une pour les instructions et une pour les données (alors que le modèle de von Neumann spécifiait une mémoire commune pour les deux). La raison de cet écart est que la modification par un programme de ses propres instructions est aujourd’hui considérée (sauf sur les machines hautement parallèles) comme une pratique à proscrire. Dès lors, si le contenu du cache de données doit être récrit en mémoire principale quand il est modifié, on sait que celui du cache d’instructions n’aura jamais à l’être, d’où simplification des circuits et gain de performance.
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Les instructions que l’ordinateur peut comprendre ne sont pas celles du langage humain. Le matériel sait juste exécuter un nombre limité d’instructions bien définies. Des instructions typiques comprises par un ordinateur sont par exemple :
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La plupart des instructions se composent de deux zones : l’une indiquant quoi faire, nommée code opération, et l’autre indiquant où le faire, nommée opérande.
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Au sein de l’ordinateur, les instructions correspondent à des codes - le code pour une copie étant par exemple 001. L’ensemble d’instructions qu’un ordinateur supporte se nomme son langage machine, langage qui est une succession de chiffres binaires, car les instructions et données qui sont comprises par le processeur (CPU) sont constituées uniquement de 0 (zéro) et de 1 (un) :
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En général, ce type de langage n'est pas utilisé car on lui préfère ce que l’on appelle un langage de haut niveau qui est ensuite transformé en langage binaire par un programme spécial (interpréteur ou compilateur selon les besoins). Les programmes ainsi obtenus sont des programmes compilés compréhensibles par l'ordinateur dans son langage natif. Certains langages de programmation, comme l’assembleur sont dits langages de bas niveau car les instructions qu’ils utilisent sont très proches de celles de l’ordinateur. Les programmes écrits dans ces langages sont ainsi très dépendants de la plate-forme pour laquelle ils ont été développés. Le langage C, beaucoup plus facile à relire que l’assembleur, permet de produire plus facilement des programmes. Pour cette raison, on l’a vu de plus en plus utilisé à mesure que les coûts du matériel diminuaient et que les salaires horaires des programmeurs augmentaient[réf. nécessaire].
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Les logiciels informatiques sont des listes (généralement longues) d’instructions exécutables par un ordinateur. De nombreux programmes contiennent des millions d’instructions, effectuées pour certaines de manière répétitive. De nos jours, un ordinateur personnel exécute plusieurs milliards d’instructions par seconde. Depuis le milieu des années 1960, des ordinateurs exécutent plusieurs programmes simultanément. Cette possibilité est appelée multitâche. C’est le cas de tous les ordinateurs modernes. En réalité, chaque cœur de processeur n’exécute qu’un programme à la fois, passant d’un programme à l’autre chaque fois que nécessaire. Si la rapidité du processeur est suffisamment grande par rapport au nombre de tâches à exécuter, l’utilisateur aura l’impression d’une exécution simultanée des programmes. Les priorités associées aux différents programmes sont, en général, gérées par le système d'exploitation.
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Le système d’exploitation est le programme central qui contient les programmes de base nécessaires au bon fonctionnement des applications de l’ordinateur. Le système d’exploitation alloue les ressources physiques de l’ordinateur (temps processeur, mémoire…) aux différents programmes en cours d’exécution. Il fournit aussi des outils aux logiciels (comme les pilotes) afin de leur faciliter l’utilisation des différents périphériques sans avoir à en connaître les détails physiques.
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IBM 370 (1972).
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HP 2116 (1974).
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Serveur VAX (1975).
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Bull-Micral p. 2 français en 1981.
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IBM PC 5150 en 1983.
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Superordinateur Columbia de la NASA en 2004.
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Acer Aspire 8920 (2012).
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Das Rheingold
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L'Or du Rhin (titre original : Das Rheingold[1] Écouter) est un opéra allemand en un acte de Richard Wagner. Il constitue le prologue des trois « festivals scéniques » qui composent avec lui Der Ring des Nibelungen (L'Anneau du Nibelung ou tétralogie).
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La première eut lieu au théâtre national de la Cour de Munich le 22 septembre 1869 sous la direction de Franz Wüllner[2] avec August Kindermann dans le rôle de Wotan, Heinrich Vogl dans le rôle de Loge et Wilhelm Fischer dans le rôle d'Alberich.
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Comme l'ensemble du Ring, L'Or du Rhin est inspiré de la mythologie germanique et nordique. Selon Deryck Cooke, c'est la Völsunga saga (une source scandinave) qui a influencé en plus grande partie le Ring, cette saga couvrant toute la vie de Sigurd (Siegfried) décrit les relations entre Sigurd et Brünnhilde. Elle propose une histoire détaillée des origines du héros[3]. La source germanique, Das Heldenbuch (en) rédigé au XIIIe siècle, a également inspiré Wagner en grande partie pour L'Or du Rhin[4] ; c'est la seule source dans laquelle Elberich apparaît comme étant un nain très puissant qui possède un anneau magique qui le rend invisible.
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En octobre 1851, Wagner rédigea une brève esquisse en prose de l’opéra destiné à servir de prologue aux 3 journées de L’Anneau du Nibelung. Il hésita sur le nom à donner à ce prologue : Der Raub : Vorspiel [Le Vol : Prélude] – Der Raub des Rheingoldes [Le Vol de l’Or du Rhin] – Das Rheingold (Vorspiel) [L’Or du Rhin (Prélude)].
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Le mois suivant, il jeta sur le papier quelques esquisses pour le premier des 3 autres drames de L’Anneau : Siegmund und Sieglinde : der Walküre Bestrafung [Siegmung et Sieglinde : le Châtiment de la Walkyrie]. Entre mars et novembre 1852, à partir de ces esquisses, il développa des projets en prose, qu’il transforma en projets versifiés. D’ici là, il avait décidé de renommer les deux œuvres Das Rheingold et Die Walküre.
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Il est à noter que bien que le projet en prose de L’Or du Rhin eût été écrit avant celui de La Walkyrie, le projet versifié de La Walkyrie précéda celui de L’Or du Rhin. De sorte que même s’il y a du vrai dans le fait maintes fois souligné que la composition littéraire de L’Anneau fut conçue à rebours, ce n’est pas totalement exact.
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L’esquisse originale en prose de L’Or du Rhin se composait de trois simples paragraphes, chacun numéroté en chiffres romains. Cela semble confirmer qu’à l’origine Wagner imaginait bien L’Or du Rhin comme un opéra en trois actes. Ce qui est confirmé dans une lettre d’octobre 1851 à son ami Théodore Uhlig : « Grands projets pour Siegfried : trois drames, avec un prélude en trois actes. » En 1852, toutefois, L’Or du Rhin était devenu un opéra en un acte et quatre scènes. Néanmoins, il y a de bonnes raisons de considérer la 1re scène (le scène ‘du Rhin’) comme un prologue (Le Vol de l’Or) à la partie principale de l’opéra (Le Walhalla). Ainsi, L’Or du Rhin et Le Crépuscule des Dieux, panneaux introductif et conclusif du polyptyque L’Anneau du Nibelung, partagent-ils la même composition ‘prologue + trilogie’ qui caractérise le cycle de L’Anneau dans son ensemble.
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La composition musicale de L’Or du Rhin occupa Wagner du 1er novembre 1853 au 26 septembre 1854. Il commença par un avant-projet général préliminaire (Gesamtentwurf) à partir de ses propres notes. Ce projet de 77 pages, écrit au crayon, fut terminé le 14 janvier 1854. Le 1er février, il se mit à un second avant-projet. Il semble que son intention première ait été un projet compositionnel à l’encre, comme il l’avait fait pour Lohengrin. Mais comme un tel projet pour le Prélude – qui n’est pas grand-chose d'autre qu’une longue succession d’arpèges de mi bémol majeur – aurait équivalu à écrire une vraie partition, il décida de sauter cette étape intermédiaire et d’écrire une partition complète à l’encre. Il se lança dans le Prélude, apportant quelques corrections de détail au passage.
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Lorsqu’il en arriva à la Scène 1, il se rendit compte que le reste de l’œuvre nécessitait encore trop de révisions et de réécriture pour pouvoir écrire une véritable partition à l’encre, sans en passer par un second projet intermédiaire. Il abandonna alors la rédaction à l’encre pour reprendre l’écriture au crayon, dans laquelle il mit au point la plupart des détails vocaux et orchestraux des 4 scènes. Cette Instrumentationskizze (ébauche d’instrumentation), comme Wagner la nomma lui-même, fut terminée le 28 mai 1854.
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À noter deux choses concernant le deuxième projet complet :
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La phase finale du processus compositionnel fut l’écriture intégrale d’une copie définitive de la partition in extenso (Reinschrift der Partitur). Wagner commença ce travail le 15 février 1854, alors même qu’il travaillait encore sur le projet d’instrumentation. L’achèvement de cette copie définitive fut toutefois interrompu et remis à plus tard par sa décision de commencer à travailler sur La Walkyrie, le 28 juin 1854. Dans le courant de l’été 1854, il engagea un copiste pour compléter la copie définitive de L’Or du Rhin, en utilisant comme modèle son propre travail inachevé. Mais le travail du copiste fut tellement criblé d’erreurs que Wagner le renvoya et dut se remettre lui-même à l’ouvrage. Il y travailla, par à-coups, pendant des mois, tout en poursuivant la composition de La Walkyrie. Le 25 septembre 1854, la copie définitive de L’Or du Rhin était prête. Wagner l’envoya au copiste dresdois Friedrich Wölfel, qui refit une belle et précise copie à l’encre achevée le 11 novembre 1855. Cette copie de Wölfel servit de source de base (Stichvorlage) à la première impression publique de l’opéra entier en 1873.
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Wagner fit don de sa propre copie définitive à son mécène, Louis II de Bavière, comme cadeau d’anniversaire le 25 août 1865 ; ce document fut inclus aux archives royales. Plus d’un demi-siècle plus tard, le manuscrit fut acheté par la Chambre Allemande d’Industrie et de Commerce, pour être offert à Adolf Hitler lors de son 50e anniversaire le 20 avril 1939. Hitler le conserva jusque dans son bunker de Berlin, où le manuscrit fut détruit en mai 1945, peu avant la chute de Berlin, en même temps que les partitions autographes des Fées, de La Défense d’Aimer et de Rienzi (bien qu’un certain nombre de théories du complot continuent à prétendre le contraire).
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Créé le 22 septembre 1869 au Hofoper (Opéra de la Cour, aujourd'hui le Bayerische Staatsoper, Opéra d'État de Bavière) de Munich sous la direction de Franz Wüllner - puis création dans le cycle entier à Bayreuth le 13 août 1876 sous la direction de Hans Richter, avec les distributions suivantes :
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Wagner a conçu le Ring pour un orchestre qui, dans son temps, était exceptionnellement grand. Les orchestres exécutent par habitude l'œuvre avec moins d'instruments que Wagner l'a souhaité, soit par insuffisance d'espace dans la fosse d'orchestre, soit pour des raisons financières, ou encore par choix artistique du directeur musical[N 1].
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L'effectif orchestral comprend 6 harpes, 16 premiers violons, 16 seconds violons, 12 altos, 12 violoncelles, 8 contrebasses, 1 piccolo, 3 flûtes, 3 hautbois, 1 cor anglais, 3 clarinettes en si et en la, une clarinette basse en si, 3 bassons, 8 cors, 4 trompettes en ut, 1 trompette basse en mi, 4 trombones, 1 tuba contrebasse, des timbales, des cymbales, une grosse caisse, un tam-tam, un triangle et un glockenspiel[7].
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12 violoncelles, 8 contrebasses
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3 hautbois, 1 cor anglais jouant le quatrième hautbois,
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3 clarinettes si♭ et en la, 1 clarinette basse si♭,
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3 bassons
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4 trompettes en ut, 1 trompette basse en mi♭
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4 trombones 2 ténors, basse et contrebasse, tuba contrebasse
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cymbales, grosse caisse, tam-tam, triangle, glockenspiel, enclumes
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Au fond du Rhin.
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Trois ondines, les filles du Rhin, Woglinde, Wellgunde et Flosshilde nagent dans le Rhin. Les deux premières s'amusant à se poursuivre avec insouciance, leur sœur les rappelle à l'ordre : elles ont mission de garder l'or du Rhin, et elles s'en acquittent bien mal. Alberich, un nain de Nibelheim, apparaît soudain des profondeurs de la terre et essaye de leur faire la cour. Frappées par sa laideur, les filles du Rhin se moquent de ses avances, ce qui désespère le nain. Il remarque un éclat doré qui provient d'un proche rocher, et leur demande ce que c'est. Les ondines lui disent que c'est l'or du Rhin, que leur père leur a dit de garder ; seul celui qui renonce à l'amour peut forger l'or en un anneau qui donnera à son porteur « der Welt Erbe », « la richesse du monde ». Elles pensent n'avoir rien à craindre de ce nain lubrique, estimant que cet être est en constante recherche de l'amour comme le prouvent ses avances. Mais elles confondent amour et désir sexuel ; Alberich, aigri par leurs moqueries, maudit l'amour et s'empare de l'or, jurant de forger « l'anneau vengeur ».
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Wotan, souverain des dieux germaniques (Odin dans la mythologie scandinave), est endormi au sommet d'une montagne avec Fricka, sa femme (Frigga dans le panthéon scandinave). Celle-ci se réveille et voit un magnifique château derrière eux. Elle réveille Wotan et lui montre que leur nouvelle demeure a été terminée. Les deux derniers représentants de la race des Géants, les frères Fasolt et Fafner, ont construit le château pour Wotan. En échange Wotan leur a promis Freia, la déesse de la jeunesse, grâce à laquelle Fasolt et Fafner espèrent redonner vie et puissance à leur race, car Freia, déesse de la fécondité, cultive des pommes d'or qui confèrent jeunesse et vie éternelles à qui les consomment. Fricka est inquiète pour sa sœur, mais Wotan est convaincu qu'ils n'auront pas à donner Freia, car il a envoyé Loge courir le monde pour trouver un paiement de substitution.
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Freia entre, terrifiée, suivie des géants Fasolt et Fafner. Fasolt demande le salaire du travail achevé. Il met en évidence le fait que le règne de Wotan est fondé sur les runes des traités gravés sur sa lance. Wotan doit respecter les traités sans quoi les Géants ne reconnaîtront plus son pouvoir. Donner, dieu du tonnerre et des orages (le Thor de la mythologie scandinave), et Froh, le dieu du printemps, arrivent pour défendre leur sœur, mais Wotan les arrête : ils ne peuvent contraindre les Géants par la force. Comme l'a bien démontré Fasolt, le pacte qui livre Freia est inscrit sur sa lance, il a donc force de loi édictée par Wotan lui-même, qui ne peut se parjurer.
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Au grand soulagement de Wotan, Loge, le dieu du feu (Locki dans la mythologie scandinave), fait enfin son entrée ; Wotan a placé tous ses espoirs dans le fait que Loge puisse trouver un moyen rusé de tourner l'affaire à son avantage. Loge leur dit qu'Alberich, le nain, a volé l'or du Rhin et en a fait un puissant anneau magique qui permet à son possesseur de dominer le monde. Wotan, Fricka et les géants commencent tous à convoiter l'anneau, mais comment l'obtenir ? Par le vol, dit Loge, voler un voleur n'est pas du vol ! Fafner exige tout l'or des Nibelungen pour renoncer à Freia. Les géants s'en vont, emmenant avec eux Freia en otage.
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Or les pommes d'or de Freia avaient gardé les dieux éternellement jeunes. Privés de ces fruits de jouvence, ils commencent à vieillir et s'affaiblir. Pour regagner la liberté de Freia et la jeunesse perdue Wotan est forcé de suivre Loge sous terre, à la poursuite de l'anneau.
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À Nibelheim, Alberich a asservi le reste des nains et contraint son frère Mime — un habile forgeron — à créer un heaume magique : le Tarnhelm. Alberich démontre le pouvoir du Tarnhelm en se rendant invisible, pour mieux tourmenter ses sujets.
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Wotan et Loge arrivent et rencontrent Mime, qui leur parle alors de l'anneau d'Alberich et de la misère que connait Nibelheim sous sa domination. Alberich revient, conduisant ses esclaves qui empilent un énorme monticule d'or. Quand ils ont terminé, il les chasse et tourne son attention vers ses deux visiteurs.
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C'est alors qu'il se vante de ses plans pour dominer le monde. Loge le piège en lui demandant de prouver la magie du Tarnhelm. Il le défie de se transformer d'abord en dragon, puis en crapaud. Les deux dieux s'emparent alors de lui et le remontent à la surface.
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Au sommet de la montagne, Wotan et Loge forcent Alberich à échanger sa richesse contre sa liberté. Main droite détachée, Alberich porte l'anneau à sa bouche et, utilisant les runes qui y sont gravées, murmure un ordre en secret. À l'appel de l'anneau, les nains asservis remontent le trésor à la surface avant de s'enfuir épouvantés sous la menace d'Alberich humilié. Après que l'or a été livré, Alberich demande qu'on lui rende le Tarnhelm, mais Loge affirme que c'est une partie de sa rançon. Alors qu'Alberich se croit enfin quitte, Wotan exige l'anneau. Alberich refuse et récuse violemment les arguments que Wotan avance pour s'octroyer l'anneau. À court d'arguments, Wotan utilise alors la violence, arrachant l'anneau du doigt d'Alberich pour le mettre au sien. Enfin libre mais anéanti, Alberich maudit l'anneau : celui qui ne l'a pas dépérira de désir et celui qui le possède attirera à lui l'assassin. « Le seigneur de l'anneau sera l'esclave de l'anneau ! » prophétise-t-il, avant de regagner son ténébreux royaume.
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Wotan n'a que mépris pour les paroles d'Alberich. Fricka, Donner et Froh arrivent. Wotan et Loge leur montrent l'or qui va servir à racheter Freia. Fasolt et Fafner reviennent, gardant Freia. Réticent à relâcher Freia, Fasolt déclare qu'il doit y avoir assez d'or pour la cacher à ses yeux. Les dieux entassent l'or devant Freia, mais Fasolt découvre un interstice par lequel il peut voir le regard de la déesse. Il exige que l'interstice soit comblé par l'anneau, qui est tout ce qui reste du trésor. Wotan refuse catégoriquement et les géants se préparent à emmener Freia pour toujours.
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Soudainement, Erda, la déesse de la terre, surgit du sol. Elle prévient Wotan du déclin imminent des dieux et l'exhorte à fuir la malédiction en jetant l'anneau. Troublé, Wotan cède l'anneau et libère Freia. Les géants commencent à se partager le trésor, mais ils se disputent au sujet de l'anneau. Fafner tue Fasolt et s'enfuit avec le butin. Wotan, horrifié, prend alors conscience de la force de la malédiction d'Alberich.
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Angoissé, Wotan voudrait poursuivre Erda pour en apprendre plus mais Fricka l'incite à prendre possession du château qui attend son maître. Donner invoque un orage pour chasser les nuées qui obscurcissent le ciel. Après la tempête, Froh crée un pont arc-en-ciel qui s'étire jusqu'aux portes du château et qui doit permettre aux dieux, sous la conduite de Wotan, de gagner leur nouvelle demeure. Reprenant courage, Wotan baptise le château « Walhalla » (Le château des guerriers). Fricka le questionne au sujet de ce nom, et il lui répond que sa signification sera révélée plus tard. En aparté, Loge l'affirme : les dieux, si sûrs d'eux-mêmes, courent à leur perte. Il se refuse à partager leur sort et envisage de reprendre la forme des « dansantes flammes », pour, qui sait, tous les consumer un jour... Soudain, une plainte arrive aux oreilles de Wotan. Ce sont les filles du Rhin qui pleurent l'or perdu. Irrité, Wotan ordonne à Loge de les faire taire, et entraîne les dieux, sauf Loge qui reste à part, dans la demeure qu'il a payée d'un salaire maudit. Les dernières paroles, avant la péroraison finale, reviennent toutefois aux filles du Rhin :
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Traulich und Treu
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ist's nur in der Tiefe :
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falsch und feig ist,
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was dort oben sich freut[8] !
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Le prélude de L'Or du Rhin qui précède le lever du rideau repose sur un seul accord dans la tonalité de mi bémol majeur en arpège sur 136 mesures. Ce prélude a au moins deux significations : il « est » le fleuve Rhin, dans la meilleure tradition de la musique descriptive, mais il est aussi, par l'effet provoqué par les timbres de l'orchestre qui peu à peu semblent s'arracher à l'indifférenciation du néant, la genèse de l'œuvre en devenir.
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C'est de ce magma orchestral, fondé sur le
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motif de la nature que nait le premier leitmotiv identifiable :
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le Rhin. À l'entrée en scène des trois ondines, le motif du Rhin se mue en celui des
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filles du Rhin, selon une technique d'engendrement successif des motifs qui est une des caractéristiques majeures du style musical de Wagner dans la Tétralogie. Aux timbres instrumentaux indifférenciés du début du prélude répond maintenant une indifférenciation du chant : ce sont par des onomatopées et de fortes allitérations que les ondines s'expriment. La nature et l'être semblent ne faire qu'un, dans ce chant qui ne fait que dire le mouvement du fleuve lui-même, par ce « W » dont la graphie évoque en soi la vague :
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« Weia ! Waga ! Woge, du Welle ! Walle zur Wiege ! WagalaWeia ! Wallala Weiala Weia ! »
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L'altérité viendra d'Alberich, le Nibelung, de sa convoitise d'abord, de sa douleur et de sa colère ensuite. À son entrée, les couleurs de l'orchestre s'assombrissent ; l'harmonie devient chromatique, le rythme se casse en figures claudicantes. C'est un portrait du nain, intérieur et extérieur, que fait Wagner. À la laideur physique répond un inextinguible désir sexuel, que les filles du Rhin vont s'employer à tourner en dérision au cours d'une cruelle scène de comédie proche en certains passage de la pantomime commentée à l'orchestre de manière descriptive (traits des cordes évoquant les chutes sur la roche glissante, saillies des bois et cuivres évoquant les éternuements (écouter)…).
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Soudain, nouveau contraste. À la suite de l'exclamation du nain dépité « Fing eine diese Faust! » (« Si ce poing pouvait en attraper une ! ») une douce fanfare aux cors pianissimo retentit : c'est l'Or (écouter), encore comme en rêve, l'or pur et lumineux symbolisé par l'accord parfait. Ce thème est bientôt repris aux trompettes forte dans une orchestration rutilante (triangle, cymbales, timbales, cordes dans l'aigu en mouvement de vague incessant) accompagnant l'hymne jubilatoire des ondines. Le court motif chanté sur « Rheingold! Rheingold! » sera appelé à jouer un rôle important dans le développement leitmotivique de l'œuvre, évoquant, après le vol de l'or pur, sous une forme modifiée, la « plainte » et la « servitude ».
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Alberich se tait, mais écoute. N'a-t-il pas sitôt repris la parole pour émettre un doute sur l'intérêt de l'Or du Rhin que les imprudentes Naïades lui vendent sans malice le secret du trésor: l'Or, au prix d'un serment magique — renier le pouvoir de l'amour, bannir le plaisir d'aimer — peut être forgé en un anneau qui donne à son possesseur « Erbe » et « maßlose Macht » (« Héritage, fortune » et « pouvoir, puissance démesurée »). L'intervention des filles du Rhin au cours de ce passage donne un exemple précis de la construction leitmotivique wagnérienne, au sein de laquelle harmonie, orchestration et ligne de chant sont indissolublement liées. Tout d'abord, nous entendons le
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motif de l'Anneau, mais à « l'état légendaire »[9] comme si le motif, exposé aux bois et à la voix, n'avait pas encore exprimé toutes ses potentialités: la sinuosité fermée sur elle-même et l'incertitude harmonique évoquent tout à la fois la forme (le cercle) et le fond (puissance en devenir pour celui qui en trouvera l'usage). Ensuite, c'est le
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motif du « renoncement à l'amour qui donne la clé qui permettra à Alberich de perpétrer le forfait, voler l'Or et forger l'Anneau.
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Alberich, en un instant, décide : ce sera pouvoir et richesse, sans amour (écouter). Devant les filles du Rhin terrorisées qui n'imaginaient pas qu'un nain lubrique puisse prononcer le serment, il maudit ce par quoi il a naguère souffert, ne se contentant pas de « renoncer ». Sur le thème de l'Anneau, la ligne de chant s'extériorise vers l'aigu, aux limites de la tessiture de baryton, et culmine avec ce qui est aussi un serment de vengeance, lourd de conséquences pour l'avenir : « Schmiede den rächenden Ring: denn hör' es die Flut: so verfluch' ich die Liebe! » (« je forgerai l'anneau vengeur ; et que les flots l'entendent : ainsi je maudis l'amour ! »).
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C'est tout le fleuve qui semble alors vouloir s'engouffrer dans les profondeurs à la poursuite du criminel. Le Rhin s'emplit de ténèbres. Le thème des vagues déferle fortissimo en do mineur aux violoncelles.
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L'interlude orchestral (Orchesterzwischenspiel) qui succède à ce postlude aquatique nous conduit des profondeurs du fleuve désormais privées de lumière vers les hauteurs où seuls les dieux vivent.
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Ce changement de lieu est illustré par ce que l'on serait tenté de qualifier de véritable transsubstantiation musicale. Au motif du renoncement à l'amour qui dit le deuil des filles du Rhin (cor et cor anglais) sont enchaînées trois expositions du motif de l'anneau qui ne varient que par le timbre, dans un contexte orchestral de plus en plus allégé (cordes dans l'aigu et bois clairs). À l'issue de cette triple exposition et après une courte transition chantée dolcissimo par deux cors, le nouveau motif du Walhalla, demeure des dieux vers lequel nous sommes « montés » portés littéralement par la musique, surgit de l'orchestre, pour reprendre le mot de Pierre Boulez, par « court-circuit ». La dernière exposition de l'anneau (écouter) est en effet très proche du premier exposé du Walhalla (écouter).
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« L'Anneau a engendré le Walhalla par analogie d'intervalles et de lignes sur glissement kaléidoscopique de timbres. […] De ces glissements progressifs de tel ou tel paramètre du son naîtront, comme par engendrement spontané, tous les motifs du Ring[10]. »
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Le thème du Walhalla qui ouvre la scène est exposé par un impressionnant ensemble de cuivres (5 tubas, 4 trombones, 4 trompettes). Wagner toutefois demande que ce thème soit joué en nuance très doux, comme si la puissance qu'il recèle était en réserve ou plus rêvée qu'effective. Certains commentateurs (Marcel Beaufils) ont souligné le caractère velléitaire, dépressif sur sa conclusion de ce thème, qui, au-delà de la forteresse qu'il symbolise, peut être regardé comme le thème musical qui caractérise Wotan et ses vains projets. La plupart des commentateurs notent que la parenté de ce thème avec l'Anneau (cf. commentaire plus haut) n'est pas fortuite et indique que le mal est à l'origine de toute puissance : les développements ultérieurs de l'œuvre semblent confirmer cette interprétation.
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Un accord de septième diminuée vient rompre brutalement la « symphonie du Walhalla ». C'est Fricka qui intervient avec acrimonie auprès de son époux Wotan, dans un vif échange en style récitatif. Wotan doit se justifier, le prix à payer pour la construction de la forteresse est lourd. Freia apeurée accourt déjà, accompagnée par un thème (motif dit « de Freia » ou « séduction », qui évoque dans sa conclusion la « fuite »)(écouter) qui dessine une courbe soulignée par les cordes dans une atmosphère de panique. Les géants sont là. L'orchestre nous l'assène avec force et sans subtilité (cordes au complet, cuivres et timbales)(écouter).
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Les bâtisseurs réclament leur salaire : Wotan lui-même ne l'a-t-il pas inscrit dans les runes de sa lance ? (motif des traités ou de la lance (écouter) : trombones fortissimo) Mais il ne s'agit pas de n'importe quel salaire, et l'orchestre nous dit pourquoi Wotan fut bien imprudent de promettre Freia aux géants. C'est le motif des pommes d'or, fruits qui donnent à ceux qui les consomment la jeunesse éternelle. La querelle entre géants et dieux tourne vite au désavantage de ces derniers, dans une excitation musicale qui va croissante et culmine avec le thème des [traités] qui sanctionne la parole donnée: on ne peut contraindre les géants à renoncer à Freia par la force.
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« Endlich Loge! » (« enfin Loge ! ») : le motif chromatique de Loge (écouter), le feu, fuyant, insaisissable, exposé aux cordes (les traits en sont redoutables pour les instrumentistes), surgit alors de l'orchestre comme la flamme.
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Le récit de Loge qui suit est présenté par André Boucourechliev comme un modèle d'arioso wagnérien, le moment à partir duquel le compositeur parvient à un traitement des motifs qui transcende le simple accompagnement littéral du texte. La majeure partie des leitmotiv entendus précédemment (fanfare de l'Or, Freia, anneau...) reviennent mais sous une forme nouvelle, sans que l'on puisse déterminer si c'est le texte qui suscite la musique ou la musique qui suscite le texte. Travaillés de la sorte, les leitmotiv sont loin du « bottin musical » évoqué moqueusement par Debussy.
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À l'orchestre, c'est une nouvelle présentation du motif de l'anneau, maître de toutes les illusions et convoitises, qui va peu à peu cristalliser l'action à venir et sceller, par le vol, le destin des dieux. Anneau du pouvoir par les runes qui y sont gravés mais aussi anneau de la séduction à travers l'Or à partir duquel il fut forgé. « Den Ring muß ich haben! » (« L'anneau, il me le faut ! ») a décidé Wotan : mais comment? Un violent accord de septième diminuée sur un cri de Loge suivi d'un silence éloquent lui donne la solution: « Durch Raub! » (« En le volant ! »). Subvertis eux aussi par la « soif de l'or », les géants acceptent de prendre l'Or du Nibelung que Wotan ira conquérir en échange de Freia. La déesse est emmenée en otage. Le hautbois plaintif dit sa détresse mais la punition des dieux ne tarde pas. Comparable au brouillard qui envahit la scène selon les didascalies du livret de Wagner, la musique se brouille, les thèmes perdent leurs contours et leur « fraîcheur » tandis que la jeunesse des dieux s'en va. Silence, roulement de timbales pianissimo. Il revient à Wotan provoqué par le reproche pathétique de Fricka, de relancer l'action et par là la musique. Il descendra à Nibelheim, accompagné de Loge le rusé.
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Le second interlude orchestral décrit la descente par la faille de soufre jusqu'à la forge souterraine où Alberich règne en maître par l'anneau. L'entrée au sein de ce nouvel univers cauchemardesque se fait par un grand tumulte orchestral propre à brouiller les perspectives sonores et spatiales. Peinture musicale faite de gammes chromatiques entrecroisées, entrechoquées, prenant leur source dans le thème de Loge. Le tuba-contrebasse nous indique que nous sommes arrivés « en bas », selon la symbolique sonore habituelle. Engagés dans une sorte de tunnel musical qui récapitule un certain nombre de thèmes fortement connotés (servitude, or, adoration de l'or…), nous ne pouvons échapper à la réitération de plus en plus pressante d'un nouveau leitmotiv, la « forge[11] ». Bientôt le rythme implacable s'intensifie tandis qu'un nouvel exposé du motif de l'anneau, qui semble littéralement enserrer l'orchestre (image du cercle ?) conduit au fortissimo puis au vacarme de 3 groupes d'enclumes disposés dans l'espace (écouter). Le bruit a mangé la musique, dans une curieuse et anachronique (1853 !) expérience de musique concrète. Fondu-enchaîné. L'orchestre s'efface derrière les enclumes pour reparaître ensuite devant les enclumes : nous suivons toujours nos deux voyageurs, Wotan et Loge, dans leur périple souterrain qui les a conduit au cœur de Nibelheim.
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Mime, poursuivi par Alberich, fait son entrée sur le ton plaintif qui caractérisera le personnage jusqu'à Siegfried. Les rapports entre les deux frères, dénués de toute affection, sont de maître à esclave. La musique, en mode récitatif tout en aspérité et sans aucune joliesse mélodique, le dit sans détour. Il convient pour Alberich « concepteur » d'obtenir de Mime « technicien » le joyau qui doit avec l'anneau renforcer son pouvoir.
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L'orchestre expose bientôt de quoi il s'agit : c'est le Tarnhelm (écouter), nimbé de mystère, évoqué pianissimo dans une couleur spectrale par quatre cors en sourdine, en rupture totale avec le contexte musical de la scène.
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Ce motif, qui s'apparente à ceux de la famille de l'Anneau, est appelé à de riches développements ultérieurs (il jouera un rôle essentiel dans l'intrigue du Crépuscule des dieux). Il illustre parfaitement le soin apporté par Wagner à l'union mélodie-harmonie-orchestration[12].
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« Nacht und Nebel niemand gleich![13] » : par la vertu du Tarnhelm, Alberich disparaît pour mieux tourmenter son frère et annoncer aux nibelungen qu'ils sont désormais ses esclaves. « Servitude », « forge », « anneau » : par la combinaison de ces trois thèmes à l'orchestre, le destin du peuple souterrain est scellé.
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Le thème de Loge réapparaît un court instant et se dissipe: les dieux voyageurs, ayant quitté l'aspect vaporeux qui leur a permis de pénétrer à Nibelheim, découvrent Mime à terre, perclus de coups. Dans une complainte larmoyante accompagné par le cor, Mime évoque le passé des temps heureux et le présent de la dure férule d'Alberich. Ce dernier ne tarde pas à surgir fouettant une troupe de nibelungen qu'il a surpris à paresser. Alberich brandit l'anneau. La musique se fait alors servante du geste théâtral pour mieux illustrer la contrainte terrible que l'anneau exerce sur ceux qui y sont soumis, en combinant une forme du motif de l'anneau (geste menaçant) le thème de la servitude (« gezämhmtes Heer » « troupe servile ») et le nouveau motif du pouvoir (ou puissance) de l'Anneau (écouter) (« gehorcht des Ringes Herrn! » « Obéissez au seigneur de l'Anneau ! »).
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À la vue de l'anneau, les Nibelungen disparaissent en poussant des cris perçants. Alberich demeure seul face aux dieux, Loge et Wotan. La scène qui suit est avant tout l'affaire de Loge, le rusé. Ce dernier mène le jeu qui conduira, après basse flatterie et terreur feinte, le nain à l'erreur fatale. Musicalement, le caractère de la scène est dominé par un esprit scherzando qui convient parfaitement à l'esprit de Loge et qui ira jusqu'à adopter un rythme de polonaise (relevé par Bruno Lussato). Comme dans un conte de Perrault (c.f Le chat botté), Loge met au défi Alberich. Par la vertu du Tarnhelm, ce dernier se transforme tout d'abord en dragon(écouter) (thème mugissant à l'orchestre qui sera réutilisé dans Siegfried) puis en crapaud (simples tierce(s) à la clarinette). Sur l'injonction de Loge, Wotan s'empare alors aisément d'Alberich. Après le cri de rage impuissante du nain « Ohe! Verflucht! Ich bin gefangen! », un véritable tourbillon musical s'empare alors de l'orchestre sur le thème de Loge et des flammes et introduit le troisième interlude, par lequel nous regagnons la surface.
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Orcinus orca • Épaulard
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L'orque, ou épaulard (Orcinus orca), est une espèce de mammifères marins du sous-ordre des cétacés à dents, les odontocètes. Elle a une répartition cosmopolite ; elle vit dans les régions arctiques et antarctiques jusqu'aux mers tropicales. Son régime alimentaire est très diversifié, bien que les populations se spécialisent souvent dans des types particuliers de proies. Certaines se nourrissent de poissons, tandis que d'autres chassent les mammifères marins tels que les lions de mer, les phoques, les morses et même de grandes baleines. Les orques sont considérées comme des superprédateurs.
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Les orques sont fortement sociales ; certaines populations sont composées de plusieurs familles matrilinéaires qui sont parmi les plus stables de toutes les espèces animales. Les techniques de chasse sophistiquées et les comportements vocaux, qui sont souvent spécifiques à un groupe particulier et sont transmises à travers les générations, ont été décrits par les scientifiques comme des manifestations culturelles.
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L'Union internationale pour la conservation de la nature évalue actuellement le statut de conservation de l'orque comme « données insuffisantes » en raison de la probabilité que les types d'orque soient des espèces distinctes. Certaines populations locales sont menacées ou en voie de disparition notamment à cause de la disparition de leur habitat, de la pollution (par les PCB — c'est l'espèce marine qui en présente en 2016 la plus forte concentration dans le sang, malgré leur interdiction depuis les années 1970 aux États-Unis et 1980 en Union européenne et la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants de 2004[1]), de la capture des mammifères marins et de la compétition alimentaire avec l'industrie de la pêche.
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Les orques sauvages ne sont pas considérées comme une menace pour l'Homme, certaines s'approchent même des embarcations dans le but d'établir un contact. Cependant, il y eut des cas de spécimens captifs tuant ou blessant leurs dresseurs dans des parcs à thème marin. Les orques sont très présentes dans les mythologies des peuples navigateurs, avec une réputation allant du protecteur d'âmes humaines à celle de tueur impitoyable.
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Les orques, les plus grands Delphinidés, animent les plus anciennes légendes, ce qui explique qu'elles sont mises en scène dans des films et la littérature.
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Les mâles mesurent entre 6 et 9,50 m de long selon les écotypes (le spécimen le plus grand jamais vu mesurait 9,74 m) et pèsent entre 3,6 et 9 tonnes (le plus lourd spécimen pesait 11 tonnes) ; les femelles sont plus petites, mesurant entre 5,2 et 7,3 m pour une masse située entre 1,3 et 3,6 tonnes (le maximum connu pour une femelle est de 7,5 tonnes). À la naissance, le nouveau-né pèse environ 150 à 220 kg et mesure entre 2 et 2,70 m de long. À la différence de la plupart des dauphins, la nageoire caudale d’une orque est large et arrondie (elle peut mesurer plus de 2,40 m d’envergure)[3].
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Pouvant mesurer plus de 1,80 mètres l’aileron dorsal du mâle est plus grand que celui de la femelle (environ 90 cm). Il a une forme de triangle isocèle allongé tandis que l’aileron dorsal de la femelle est plus court et a la forme d’une faux
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Les orques ont une apparence caractéristique avec un dos noir, un ventre blanc et une tache blanche derrière et au-dessus de l’œil. Le corps est puissant et surmonté d’un grand aileron dorsal avec une tache gris foncé en forme de selle juste derrière.
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Dans la nature, seules 1 % des orques ont leur nageoire dorsale courbée contre 80 % en captivité ; une des explications avancées est le fait que les orques captives restent plus souvent à la surface de l'eau et la nageoire n'est plus « soutenue » par la forte densité de l'eau salée. Elle finit par s'affaisser sur le côté[4].
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Les scientifiques identifient les individus grâce aux entailles, coups et éraflures sur leurs ailerons ainsi qu'à la forme de l’aileron.
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L’orque mâle a une silhouette caractéristique qui ne peut être confondue avec celle d’une autre espèce d’animal marin. Dans les eaux tempérées, les femelles et les juvéniles, s’ils sont observés d’une certaine distance, peuvent être pris pour des représentants d’espèces comme le faux-épaulard ou le dauphin de Risso.
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On distingue plusieurs écotypes d'orques, qui peuvent être considérés comme sous-espèces voire espèces différentes[5]. L'IUCN a annoncé que la classification de l'orque allait probablement être divisée en plusieurs parties.[réf. nécessaire]
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Actuellement, neuf écotypes d'orques sont décrites et bien documentés, correspondant à neuf populations distinctes, réparties dans trois océans[6] :
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Bien que les documents mentionnent neuf écotypes d'orques, il faut savoir qu'il y en a en fait beaucoup plus : orques de Patagonie, orques de Méditerranée, orques de Hawaï, orques au large du Chili, Mexique, orques des eaux japonaises, orques de Nouvelle-Zélande (qui se nourrissent principalement de raies), orques de Russie, orques au large des îles Canaries... Il reste beaucoup à écrire et à étudier sur les différents écotypes d'orques.
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L'orque, à l'instar du grand cachalot, est un superprédateur. Au sommet de la chaîne alimentaire, elle ne connaît aucun ennemi naturel. Son alimentation est essentiellement constituée de 80 espèces de proies[12] : poissons, manchots et autres mammifères marins (lions de mer, otaries, phoques, marsouins, petites ou jeunes baleines, lamantins, dauphins). Les proportions de ces proies dans le régime alimentaire ainsi que les techniques de chasse employées varient en fonction des populations. Les orques chassent les mammifères marins tels que les phoques et lions de mer en rôdant très près des plages, et en utilisant la technique d’échouage sur le rivage.
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L'orque est une des rares espèces qui transmet son savoir aux générations suivantes. Des scientifiques ont observé des orques femelles enseigner l’échouage volontaire à des groupes de jeunes orques. Cet apprentissage peut durer vingt ans. Les orques de Norvège chassant le hareng utilisent la technique dite du « carrousel » : pour rassembler les harengs en une masse compacte près de la surface, ils nagent en contournant le banc de harengs, présentant leur abdomen blanc aux poissons, et tapent avec leur nageoire caudale sur cette masse pour les assommer[13].
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Le besoin social des orques est un instinct dominant très fort . Les familles d'orques passent de longues heures à communiquer et à se caresser chacune. Ce contact influence l'état moral, la durée de vie et la santé des spécimens.
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Ce sont les seuls animaux non humains dont il a été prouvé que l'évolution a été influencée par des comportements culturels[14]. Certains gènes impliqués dans des fonctions spécifiques, comme l'alimentation, semblent ainsi avoir divergé entre différents groupes culturels d'orques[15].
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On distingue trois types d’orques bien définis :
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La plupart des données sur le cycle de vie des orques proviennent de campagnes d’observation de longue durée portant sur des populations grégaires vivant le long des côtes de Colombie-Britannique et de l’État de Washington ainsi que d’études menées sur des orques en captivité. Compte tenu de la minutie des études menées et de la nature fortement structurée des groupes d’orques de ces populations, les données dont on dispose peuvent être considérées comme justes et détaillées ; toutefois les groupes d’orques transhumants et ceux vivant dans d’autres océans peuvent avoir des caractéristiques légèrement différentes.
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Les femelles deviennent adultes à environ quinze ans. À partir de cet âge, elles ont des périodes de fertilité espacées de trois à seize mois. La durée de la période de gestation est variable, de quinze à dix-huit mois. Les mères donnent naissance à un seul nouveau-né, environ une fois tous les cinq ans. Dans les groupes d’orques grégaires étudiés, les naissances s’échelonnent tout au long de l’année, le pic de naissance se situant en hiver. La mortalité des nouveau-nés est très élevée ; d’après une étude, il semble que près de la moitié décèdent avant d’avoir atteint l’âge de six mois. Les nouveau-nés sont allaités durant deux ans, mais commencent à se nourrir eux-mêmes à compter de l’âge de douze mois.
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Les femelles se reproduisent jusqu’à l’âge de quarante ans, elles élèvent en moyenne cinq nouveau-nés. Les mâles deviennent sexuellement actifs à l’âge de quinze ans[16].
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La longévité moyenne, la longévité maximale et l'âge moyen varient en fonction de la population d'orques considérée. La majorité des études scientifiques traitant de ce sujet portent sur les orques résidentes du nord de l'océan Pacifique (divisées en orques résidentes du Sud et orques résidentes du Nord). Pour les autres populations d'orques, et notamment pour les orques nomades, les données sont faibles ou inexistantes.
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L'espérance de vie des orques fait l'objet de polémiques entre les parcs exploitant ces animaux et certains biologistes marins, océanologues et autres membres de la communauté scientifique. D'après l'étude financée par le parc SeaWorld, les orques captives auraient une espérance de vie moyenne de 41,6 ans (tous sexes confondus) contre 29 ans et 42,3 ans pour deux populations d'orques libres. Cependant, selon le documentaire Blackfish, les orques sauvages auraient une espérance de vie de 60 ans pour les mâles et même 90 ans pour les femelles. Ces chiffres sont appuyés par les résultats de l'océanologue français Christophe Guinet : « Ces animaux vivent normalement environ 40 ans pour les mâles et 60-80 ans pour les femelles ». Par ailleurs, l'espérance de vie varie d'une population à l'autre.
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Chez les orques résidentes du Pacifique Nord, l'espérance de vie, ou longévité moyenne, est estimée à 50,2 ans pour les femelles et 29,2 ans pour les mâles, selon une étude menée en 1990 par les chercheurs de la Pacific Biological Station du ministère des Pêches et des Océans du Canada[17].
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En 2005, les chercheurs de cette station publient une nouvelle étude[18] affinant leurs précédents résultats :
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Les chercheurs font remarquer que plusieurs facteurs peuvent affecter l'espérance de vie de ces individus, notamment la chasse fréquente qui avait cours avant le début de la période d'étude, et la contamination par des toxines persistantes comme les PCB.
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La longévité maximale des orques résidentes du Pacifique Nord est en moyenne de 80 à 90 ans pour les femelles et de 50 à 60 ans pour les mâles, selon l'étude de 1990 des chercheurs de la Pacific Biological Station du ministère des Pêches et des Océans du Canada[17]. Seule une faible proportion d'orques sauvages atteignent ces âges.
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En 2005, les chercheurs de cette station publient une nouvelle étude[18] affinant leurs précédents résultats :
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Quelques rares orques sauvages étudiées par les scientifiques atteignent des records de longévité. Granny J2, matriarche du pod J des orques résidentes du Sud (au large de la Colombie-Britannique), est morte à l'âge estimé de 106 ans[19]. Lummi, une matriarche du pod K de cette population est morte en août 2008 à l'âge estimé de 98 ans[20],[21]. Au sein du pod L de cette même population, Ocean Sun L25, atteindrait les 92 ans[19].
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En captivité les orques les plus âgées actuellement en vie sont Corky II (en) du SeaWorld San Diego (née sauvage, environ 55 ans)[22], Lolita du Miami Seaquarium (née sauvage, entre 53 et 56 ans)[23], Katina du SeaWorld Orlando (née sauvage, environ 45 ans) et Kiska du Marineland du Canada (née sauvage, environ 40 ans)[24].
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L'âge moyen d'une population est la moyenne des âges des individus, à un instant donné. C'est un indicateur de l'état de santé d'une population. Chez les orques[Lesquelles ?] il serait[Quand ?] de 17 ans pour les mâles et de 30 ans pour les femelles[réf. nécessaire]. Cet âge moyen, relativement faible, signifie que la natalité est élevée, et que la mortalité des jeunes individus est faible.
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L’orque se nourrit de poissons (quand elle est adulte, de 60 à 80 kg), d’oiseaux de mer, de manchots, de phoques, de dauphins, de lions de mer, de marsouins et aussi d’autres cétacés, la teneur exacte de leur alimentation dépendant de leur habitat. Il s’agit de l’un des rares cétacés à s’attaquer à d’autres mammifères marins (la pseudorque attaquerait elle aussi des petits mammifères marins).
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Les orques vivent, se déplacent et chassent en groupe de 3 à 40 individus dans la plupart des océans. L’éventail des techniques de chasse développées par l’orque est vaste, et dépend à la fois de la proie et de l’environnement. Ainsi, dans l’hémisphère sud, la chasse aux pinnipèdes se fait-elle parfois par échouage volontaire sur la plage. Les orques utilisent l’écholocation, un système de sonar naturel, sauf dans le cas de la traque des autres cétacés. Les chasses peuvent se dérouler en pleine mer ou près des côtes, auquel cas la proie est rabattue vers la terre jusqu’à ne plus pouvoir échapper à ses prédateurs. Lorsqu’il s’agit d’un gros cétacé, tous les membres du groupe participent, les uns immobilisant l’animal par la queue pendant que les autres le frappent de tous côtés. Il leur arrive d'attaquer les petits des baleines grises, mais sans toujours le succès escompté face à la réaction combative de la femelle ; ou des grands cétacés adultes diminués, hors d'état de se défendre. Contrairement à la légende[Laquelle ?], on ne connaît qu'un cas assuré de bandes d'orques faméliques qui dans l'hémisphère austral aient attaqué une famille de rorquals bleus (beaucoup plus imposants que la baleine grise) avec un relatif succès (la mère s'étant échouée sur les côtes de l'Argentine pour faire lâcher prise à un assaillant)[25].
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Bien que le requin blanc et l'orque s’ignorent quand ils se croisent, il n'est pas rare que des orques s’attaquent à des requins blancs. Ainsi, dans la baie de Monterey, en Californie, une orque femelle d’environ 6 mètres et du nom de matricule "CA2" a été observée à plusieurs reprises attaquant des requins blancs. La première observation, datant d’octobre 1997, eut lieu quand CA2 a attaqué et tué un requin blanc de 3,50 mètres. CA2 avait attrapé le requin dans sa gueule et l'a retourné pour l'immobiliser (les requins deviennent inconscients lorsqu'ils sont mis sur le dos) et l'asphyxier, le requin immobilisé ne pouvant plus se déplacer pour récolter l'oxygène. Malgré son cuir extrêmement solide, le requin avait été mis en pièce par l’orque. La deuxième observation eut lieu quand CA2 attaqua un requin blanc plus gros (estimé à près de 4,50 mètres).
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Les orques utilisent leur vitesse et leur système d'écholocation dans la chasse. Il n'est pas rare que, tout comme les dauphins, elles fassent éclater par des chocs certains organes de leur proie ou adversaire (comme le foie, particulièrement visé).
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On retrouve un comportement de chasse particulier de l'orque sur les côtes du Chili en Amérique du Sud. L'orque y longe les berges à la recherche de groupes d'otaries se trouvant sur la plage. Lorsqu'un groupe est trouvé, l'orque s'en approche furtivement en se déplaçant parallèlement à la berge tout en cachant son aileron dorsal puis se propulse en dehors de l'eau pour capturer une proie. Totalement émergée, elle peut ensuite retourner à l'eau en se balançant et se tortillant.
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Le genre Orcinus appartient à la sous-famille des Orcininae (Orcininés), dans la famille des Delphinidae.
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Orcinus orca est la seule espèce existante du genre Orcinus, et a été décrit pour la première fois par Linné en 1758, dans Systema Naturae. Konrad Gessner décrit la première fois l'animal dans un livre de pêche de 1558, se basant sur un spécimen échoué dans la baie de Greifswald. L'orque est apparue il y a environ onze millions d'années.
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Des études du Cytochrome b ont montré que le genre le plus proche d'Orcinus du point de vue génétique) est l'Orcaella, comprenant le dauphin de l'Irrawaddy et le dauphin à aileron retroussé d'Australie.
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Les orques vivent dans tous les océans et la plupart des mers (on dit même qu'après l'homme, c'est le mammifère vivant dans le plus d'endroits différents du monde[1]); cependant, depuis quelques années, on ne les retrouve quasiment plus que dans les océans arctique et austral[1]. À cause de leur grande portée, leur nombre et leur densité, les estimations de distribution sont difficiles à comparer, mais elles préfèrent nettement les latitudes plus élevées et les zones côtières que les milieux pélagiques.
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Des enquêtes systématiques indiquent les plus fortes densités d'orques (plus de 0,4 individus pour 100 km2) dans le nord-est de l'Atlantique sur la côte norvégienne, dans le nord du Pacifique le long des îles Aléoutiennes, dans le golfe de l'Alaska et dans l'océan Austral hors de la côte de l'Antarctique. Elles sont considérés comme « communs » (0,20-0,40 individus pour 100 km2) dans le Pacifique Est, le long des côtes de la Colombie-Britannique, de Washington et de l'Oregon, dans l'océan Atlantique Nord autour de l'Islande et les îles Féroé. Des densités élevées ont également été signalées, sans être quantifiées, dans le Nord-Ouest du Pacifique, autour de la mer du Japon, dans des zones très limitées de la péninsule de Shiretoko, de la préfecture de Kushiro (des groupes transitoires et résidents ont colonisé ces domaines après 2000), de la mer d'Okhotsk, des îles Kouriles, du Kamtchatka et des îles du Commandeur ; dans l'hémisphère sud au large des côtes de l'Australie-Méridionale, la Patagonie, au large de la côte sud du Brésil et de la pointe sud de l'Afrique. De manière saisonnière, elles sont présentées comme communes dans l'Arctique canadien, y compris la baie de Baffin, entre le Groenland et du Nunavut, et autour de la Tasmanie et l'île Macquarie. Les populations des zones extra-côtières et des eaux tropicales sont plus rares, mais les observations indiquent que les orques peuvent vivre dans la plupart des températures, avec des observations en Méditerranée, dans la Manche près du cap Gris-Nez, en mer d'Oman, dans le golfe du Mexique et l'océan Indien autour des Seychelles et de Mayotte. Une population distincte peut exister en Papouasie-Nouvelle-Guinée[26],[27].
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La plus grande population vit dans l'hémisphère sud, dans les eaux de l'Antarctique, où elles vont jusqu'au bord de la banquise et en explorent les ouvertures, comme les bélugas de l'Arctique. Les épaulards étaient des visiteurs très saisonniers (deux mois d'été) en Arctique où ils ne s'approchaient pas de la banquise. Mais, profitant du réchauffement du grand-nord, ils colonisent plus facilement et plus longtemps des zones du nord Pacifique Arctique, dont la mer des Tchouktches, au nord du détroit de Béring, entre l’Alaska et la Russie (autrefois englacées). Ce phénomène pourrait porter préjudice aux autres mammifères marins de la région [28]. Autrefois uniquement accessibles quelques semaines les plus chaudes (fin juillet-début août) la zone est aujourd'hui fréquentée beaucoup plus longtemps (dès le 1er juin et jusqu’au 16 novembre au milieu des années 2010). Des études antérieures, inspirées de constats faits en baie d'Hudson (Canada) avaient montré que l'arrivée de ce super prédateur dans ce type d'écosystème pouvait réduire les populations de bélugas, de baleines boréales et de narvals. La mer des Tchouktches abrite aussi des morses, des bélugas, des baleines boréales et suite au recul des glaces on y voit parfois aussi l'ours blanc nager[28].
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Les schémas de migration sont mal connus. Chaque été, les mêmes individus apparaissent au large des côtes de la Colombie-Britannique et du Washington. Malgré des décennies de recherche, les scientifiques ignorent où ces animaux vont pour le reste de l'année. Des pods en migration ont été observés dans le sud de l'Alaska à la Californie centrale. Les épaulards résidents se déplacent parfois jusqu'à 160 km (100 mi) en un jour, mais peuvent être vus dans une même zone pendant un mois ou plus. Le territoire d'un pod d'orques résidents varie de 1 300 km à 810 km).
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Parfois, les orques s'aventurent dans les rivières d'eau douce. Elles ont été observées jusqu’à 160 km dans le fleuve Columbia aux États-Unis. On en trouve également dans le fleuve Fraser au Canada et dans l'Horikawa au Japon.
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Le terme d'orque vient du latin orca qui désigne une sorte de cétacé[29]. Dans la première description de Carl von Linné en 1758, elle est nommée « Delphinus orca ». En 1860, Fitzinger emploie le premier terme Orcinus, tandis que Van Beneden et Gervais emploient une autre dénomination : Orca gladiator. Son nom latin subit alors plusieurs révisions successives de la systématique, et l'espèce finit par se retrouver dans le genre Grampus, sous le nom de Grampus rectipinna pour les spécimens munis d’ailerons plus développés.
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Aujourd’hui, l’orque (Orcinus orca) est considérée comme la seule espèce actuelle du genre Orcinus. Le terme d'épaulard vient de l'ancien français espaart, lui-même dérivé de espee en raison de la forme de son aileron dorsal[30]. Le nom générique Orcinus signifie « qui a trait à la mort »[31] ou bien « appartenant à Orcus »[32].
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Le dictionnaire de l'Académie française, dans sa neuvième édition, précise qu'orque est du genre féminin (« une orque »), tandis qu'épaulard est du genre masculin (« un épaulard »)[33]. On lui prête le surnom de « baleine tueuse » par anglicisme en raison de son appellation anglophone killer whale.
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On peut observer les orques plus particulièrement :
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Roberto "Beto" Bubas, garde de la réserve de la péninsule de Valdés (Patagonie argentine), passionné par les orques de la région, a établi avec elles une relation en n’hésitant pas à se mettre à l'eau avec elles et à les toucher. Il a ainsi pu les étudier de très près, étudiant leur technique de chasse au loup ou à l’éléphant de mer par échouage, jouant à leur faire rapporter des algues, analysant leur structure sociale de groupes de familles dominés par les femelles, identifiant et nommant les individus… L'expertise reconnue de Roberto Bubas lui vaut d'intervenir dans de nombreux pays pour y contribuer à la connaissance des orques[36].
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Les images de Beto Bubas diffusées à la télévision jouant avec des orques et communicant avec elles ont eu pour effet inattendu de faire réagir un enfant autiste profond de neuf ans qui a bondi en criant: "Moi, moi!". Cet événement a librement inspiré le film de Gerardo Olivares Le phare aux orques (2016)[36].
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En captivité, elle attaque l'Homme mortellement dans de rares cas.
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Ainsi trois dresseurs ont été tués par leurs orques. En 1991, l'orque Tilikum, arrachée à son milieu naturel très jeune, tue sa dresseuse Keltie Byrne au parc de Sealand of the Pacific. En 2009, une orque attire son dresseur Alexis Rodriguez au fond de l'eau et le noie au Loro Parque en Espagne (l'autopsie révélera des blessures)[37]. En 2010, Tilikum, qui avait été déplacée au parc de SeaWorld Orlando en Floride, après avoir tué sa dresseuse en 1991, attaque mortellement sa dresseuse Dawn Brancheau durant un spectacle[38]. Tilikum avait en outre été impliquée dans la mort présumée accidentelle (hypothermie) d'un homme qui s'était introduit illégalement et en pleine nuit dans le bassin des orques en 1999. En 2013, le film-documentaire américain Blackfish (L'Orque tueuse en France), réalisé par Gabriela Cowperthwaite, revient sur ces trois incidents, dénonçant les effets néfastes de la captivité des orques.
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Depuis 2010 en France, les soigneurs n'ont plus le droit de pénétrer dans le bassin d'une orque, tout comme en Floride. À ces accidents mortels de nombreux accidents graves sont à dénombrer dans les parcs[39]. Ce comportement est souvent apparu lorsque l'orque est fatiguée ou contrariée.
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En liberté, elles n'ont pas peur des bateaux et s'en approchent souvent. Quelques attaques d'orque sauvage sur l'Homme ont été recensées :
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Les orques appartiennent à la même famille que les dauphins et, tout comme ces derniers, sont relativement aisées à dresser. Leur taille imposante, leur beauté et leurs bonds spectaculaires en font des attractions appréciées par les visiteurs des delphinariums[45].
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Il existe plus de dix delphinariums qui possèdent des orques à travers le monde : le Kamogawa Seaworld (Japon), le Loro Parque (Espagne), le Marineland d'Antibes (France), le Marineland du Canada, le Miami Seaquarium (Floride, États-Unis), le Mundo Marino (Argentine), l'Aquarium public du port de Nagoya (Japon), le SeaWorld San Diego (Californie, États-Unis), le SeaWorld Orlando (Floride, États-Unis) et le SeaWorld San Antonio (Texas, États-Unis).
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Une ou plusieurs orques sont des personnages principaux dans les films suivants :
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Ainsi que les documentaires suivants :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/3506.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,435 @@
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Un losange est un parallélogramme particulier ayant deux côtés consécutifs de même longueur. Il était anciennement appelé rhombe[1] du grec ρόμβος (et porte toujours un nom tiré de cette étymologie dans de nombreuses langues, comme rhombus en anglais ou encore rombo en espagnol et en italien).
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+
L'adjectif qui lui est relatif est rhombique.
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+
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+
Pour tout quadrilatère (polygone à quatre côtés) non croisé (et donc non aplati) d'un plan euclidien, les propositions suivantes sont équivalentes :
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+
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+
Ce quadrilatère a deux angles aigus et deux angles obtus (sauf dans le cas particulier où le losange est aussi un carré, auquel cas tous les angles sont droits). Un de ses angles aigus + un de ses angles obtus = 180° ; exemple : 110°(obtus) + 70°(aigu) = 180°.
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11 |
+
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12 |
+
Soit ABCD un quadrilatère non aplati.
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13 |
+
Soient I le milieu de [AC] et J le milieu de [BD].
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14 |
+
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15 |
+
On suppose que ABCD est un losange.
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16 |
+
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+
Comme c'est un parallélogramme, on a AB = CD, BC = AD et comme c'est un losange,
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18 |
+
on a AB = CB. Par transitivité, AB = BC = CD = DA. Enfin, les quatre sommets d'un parallélogramme non aplati sont distincts.
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19 |
+
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20 |
+
On suppose que AB = BC = CD = DA et que les quatre sommets sont distincts.
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21 |
+
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22 |
+
De AB = BC et CD = DA, on conclut que (BD) est la médiatrice de [AC]. Ainsi (BD) est perpendiculaire à (AC) et passe par I.
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+
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+
On montre de même que (AC) passe par J.
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+
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+
Comme (AC) et (BD) sont perpendiculaires, elles ont un unique point commun et donc I = J.
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27 |
+
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+
On suppose que les diagonales se coupent en leur milieu (c'est donc un parallélogramme) et qu'elles sont perpendiculaires.
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+
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30 |
+
Comme (BD) est perpendiculaire à (AC) et passe par I, on conclut que (BD) est la médiatrice de [AC] et donc AB = BC.
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31 |
+
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32 |
+
Illustration pour le cas d'un losange plat :
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33 |
+
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34 |
+
Les diagonales d'un losange sont les bissectrices de ses angles.
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35 |
+
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36 |
+
Soit un losange ABCD de centre O. La propriété 1 entraîne que les triangles ABO, CBO, ADO, et CDO sont superposables. D'où :
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37 |
+
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38 |
+
O
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39 |
+
A
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40 |
+
B
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41 |
+
|
42 |
+
^
|
43 |
+
|
44 |
+
|
45 |
+
|
46 |
+
|
47 |
+
|
48 |
+
{\displaystyle {\widehat {OAB}}}
|
49 |
+
|
50 |
+
=
|
51 |
+
|
52 |
+
|
53 |
+
|
54 |
+
|
55 |
+
|
56 |
+
|
57 |
+
|
58 |
+
O
|
59 |
+
A
|
60 |
+
D
|
61 |
+
|
62 |
+
^
|
63 |
+
|
64 |
+
|
65 |
+
|
66 |
+
|
67 |
+
|
68 |
+
{\displaystyle {\widehat {OAD}}}
|
69 |
+
|
70 |
+
=
|
71 |
+
|
72 |
+
|
73 |
+
|
74 |
+
|
75 |
+
|
76 |
+
|
77 |
+
|
78 |
+
O
|
79 |
+
C
|
80 |
+
B
|
81 |
+
|
82 |
+
^
|
83 |
+
|
84 |
+
|
85 |
+
|
86 |
+
|
87 |
+
|
88 |
+
{\displaystyle {\widehat {OCB}}}
|
89 |
+
|
90 |
+
=
|
91 |
+
|
92 |
+
|
93 |
+
|
94 |
+
|
95 |
+
|
96 |
+
|
97 |
+
|
98 |
+
O
|
99 |
+
C
|
100 |
+
D
|
101 |
+
|
102 |
+
^
|
103 |
+
|
104 |
+
|
105 |
+
|
106 |
+
|
107 |
+
|
108 |
+
{\displaystyle {\widehat {OCD}}}
|
109 |
+
|
110 |
+
et
|
111 |
+
|
112 |
+
O
|
113 |
+
B
|
114 |
+
A
|
115 |
+
|
116 |
+
^
|
117 |
+
|
118 |
+
|
119 |
+
|
120 |
+
|
121 |
+
|
122 |
+
{\displaystyle {\widehat {OBA}}}
|
123 |
+
|
124 |
+
=
|
125 |
+
|
126 |
+
|
127 |
+
|
128 |
+
|
129 |
+
|
130 |
+
|
131 |
+
|
132 |
+
O
|
133 |
+
B
|
134 |
+
C
|
135 |
+
|
136 |
+
^
|
137 |
+
|
138 |
+
|
139 |
+
|
140 |
+
|
141 |
+
|
142 |
+
{\displaystyle {\widehat {OBC}}}
|
143 |
+
|
144 |
+
=
|
145 |
+
|
146 |
+
|
147 |
+
|
148 |
+
|
149 |
+
|
150 |
+
|
151 |
+
|
152 |
+
O
|
153 |
+
D
|
154 |
+
A
|
155 |
+
|
156 |
+
^
|
157 |
+
|
158 |
+
|
159 |
+
|
160 |
+
|
161 |
+
|
162 |
+
{\displaystyle {\widehat {ODA}}}
|
163 |
+
|
164 |
+
=
|
165 |
+
|
166 |
+
|
167 |
+
|
168 |
+
|
169 |
+
|
170 |
+
|
171 |
+
|
172 |
+
O
|
173 |
+
D
|
174 |
+
C
|
175 |
+
|
176 |
+
^
|
177 |
+
|
178 |
+
|
179 |
+
|
180 |
+
|
181 |
+
|
182 |
+
{\displaystyle {\widehat {ODC}}}
|
183 |
+
|
184 |
+
.
|
185 |
+
|
186 |
+
C'est-à-dire : les diagonales du losange sont les bissectrices de ses angles.
|
187 |
+
|
188 |
+
Les angles opposés d'un losange ont la même mesure deux à deux.
|
189 |
+
|
190 |
+
Soit un losange ABCD de centre O. D'après la preuve de la propriété 2 :
|
191 |
+
|
192 |
+
O
|
193 |
+
A
|
194 |
+
B
|
195 |
+
|
196 |
+
^
|
197 |
+
|
198 |
+
|
199 |
+
|
200 |
+
|
201 |
+
|
202 |
+
{\displaystyle {\widehat {OAB}}}
|
203 |
+
|
204 |
+
=
|
205 |
+
|
206 |
+
|
207 |
+
|
208 |
+
|
209 |
+
|
210 |
+
|
211 |
+
|
212 |
+
O
|
213 |
+
A
|
214 |
+
D
|
215 |
+
|
216 |
+
^
|
217 |
+
|
218 |
+
|
219 |
+
|
220 |
+
|
221 |
+
|
222 |
+
{\displaystyle {\widehat {OAD}}}
|
223 |
+
|
224 |
+
=
|
225 |
+
|
226 |
+
|
227 |
+
|
228 |
+
|
229 |
+
|
230 |
+
|
231 |
+
|
232 |
+
O
|
233 |
+
C
|
234 |
+
B
|
235 |
+
|
236 |
+
^
|
237 |
+
|
238 |
+
|
239 |
+
|
240 |
+
|
241 |
+
|
242 |
+
{\displaystyle {\widehat {OCB}}}
|
243 |
+
|
244 |
+
=
|
245 |
+
|
246 |
+
|
247 |
+
|
248 |
+
|
249 |
+
|
250 |
+
|
251 |
+
|
252 |
+
O
|
253 |
+
C
|
254 |
+
D
|
255 |
+
|
256 |
+
^
|
257 |
+
|
258 |
+
|
259 |
+
|
260 |
+
|
261 |
+
|
262 |
+
{\displaystyle {\widehat {OCD}}}
|
263 |
+
|
264 |
+
et
|
265 |
+
|
266 |
+
O
|
267 |
+
B
|
268 |
+
A
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269 |
+
|
270 |
+
^
|
271 |
+
|
272 |
+
|
273 |
+
|
274 |
+
|
275 |
+
|
276 |
+
{\displaystyle {\widehat {OBA}}}
|
277 |
+
|
278 |
+
=
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279 |
+
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280 |
+
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281 |
+
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282 |
+
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283 |
+
|
284 |
+
|
285 |
+
|
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+
O
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+
B
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288 |
+
C
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289 |
+
|
290 |
+
^
|
291 |
+
|
292 |
+
|
293 |
+
|
294 |
+
|
295 |
+
|
296 |
+
{\displaystyle {\widehat {OBC}}}
|
297 |
+
|
298 |
+
=
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299 |
+
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300 |
+
|
301 |
+
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302 |
+
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+
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+
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+
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306 |
+
O
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307 |
+
D
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308 |
+
A
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309 |
+
|
310 |
+
^
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311 |
+
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312 |
+
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+
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314 |
+
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+
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316 |
+
{\displaystyle {\widehat {ODA}}}
|
317 |
+
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318 |
+
=
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319 |
+
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320 |
+
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321 |
+
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322 |
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+
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+
D
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C
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+
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330 |
+
^
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331 |
+
|
332 |
+
|
333 |
+
|
334 |
+
|
335 |
+
|
336 |
+
{\displaystyle {\widehat {ODC}}}
|
337 |
+
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338 |
+
.
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339 |
+
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+
Donc
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+
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342 |
+
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+
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344 |
+
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345 |
+
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346 |
+
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347 |
+
|
348 |
+
D
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349 |
+
A
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350 |
+
B
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351 |
+
|
352 |
+
^
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353 |
+
|
354 |
+
|
355 |
+
|
356 |
+
|
357 |
+
|
358 |
+
{\displaystyle {\widehat {DAB}}}
|
359 |
+
|
360 |
+
=
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361 |
+
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362 |
+
|
363 |
+
|
364 |
+
|
365 |
+
|
366 |
+
|
367 |
+
|
368 |
+
D
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369 |
+
C
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370 |
+
B
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371 |
+
|
372 |
+
^
|
373 |
+
|
374 |
+
|
375 |
+
|
376 |
+
|
377 |
+
|
378 |
+
{\displaystyle {\widehat {DCB}}}
|
379 |
+
|
380 |
+
et
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381 |
+
|
382 |
+
|
383 |
+
|
384 |
+
|
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+
|
386 |
+
|
387 |
+
|
388 |
+
A
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+
B
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390 |
+
C
|
391 |
+
|
392 |
+
^
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393 |
+
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394 |
+
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395 |
+
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396 |
+
|
397 |
+
|
398 |
+
{\displaystyle {\widehat {ABC}}}
|
399 |
+
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400 |
+
=
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^
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{\displaystyle {\widehat {ADC}}}
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+
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+
.
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421 |
+
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+
Un losange a au moins deux axes de symétrie : ses diagonales.
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423 |
+
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+
Soit un losange ABCD de centre O. D'après 3. de la propriété 1, les diagonales se coupent en leur milieu (propriété du parallélogramme) et sont perpendiculaires. Donc C est l'image de A par la symétrie d'axe (BD) et D est l'image de B par la symétrie d'axe (AC).
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+
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+
La définition du losange comme étant un parallélogramme impose qu'un losange soit une figure plane.
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+
Il existe des quadrilatères (avec quatre sommets bien distincts) ayant les quatre côtés de même longueur qui ne sont pas des losanges. Il suffit de se placer dans un espace affine euclidien de dimension 3 et de faire subir à un côté d'un "vrai losange" une rotation suivant l'une de ses diagonales.
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428 |
+
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+
Un carré est un losange particulier. C'est le seul qui soit aussi un rectangle, c'est-à-dire possédant quatre angles droits.
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430 |
+
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431 |
+
où d représente la longueur de la petite diagonale et D représente la longueur de la grande diagonale du losange.
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432 |
+
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+
Un rhomboèdre est un polyèdre dont les six faces sont des losanges.
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+
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435 |
+
« Le Losange » ou « la marque au losange » sont des expressions régulièrement utilisées pour désigner la marque automobile Renault, par analogie à la forme de son logo.
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fr/3507.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
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Los Angeles ([los̻‿ɑ̃(d)ʒəlɛs̻][a] Écouter ou [los̻‿ãʒɛl][b] ; en anglais : [lɑs ˈænd͡ʒələs][c] Écouter ; en espagnol : Los Ángeles [los ˈaŋxeles][d]) est la deuxième ville des États-Unis en termes de population après New York. Située dans le Sud de l'État de Californie, sur la côte du Pacifique, la ville est le siège du comté de Los Angeles.
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Selon une estimation, la population de la commune est de 3 976 322 habitants en 2016, alors qu'elle n'était que de 11 500 en 1887. Le comté rassemble 10 179 716 habitants (en 2004) tandis que l'aire urbaine de Los Angeles compte environ 18,5 millions d’habitants[2], ce qui en fait la deuxième agglomération des États-Unis après celle de New York. La commune de Los Angeles est cependant relativement restreinte face à son agglomération, même si elle est plus grande que New York ou Chicago.
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Los Angeles est une ville olympique : elle accueille les Jeux olympiques d'été deux fois — en 1932 et 1984 — et les accueillera de nouveau en 2028. Mondialement connue pour son activité culturelle (notamment via la production cinématographique à Hollywood), elle a un statut de ville-région mondiale (world city-region)[3] ; cosmopolite, elle demeure l'un des points d'entrée d'immigrants les plus importants aux États-Unis.
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La ville a été fondée le 4 septembre 1781 par Felipe de Neve, le gouverneur espagnol de Californie, sous le nom de El Pueblo de la Reina de Los Ángeles[4], (« Le village de la Reine des Anges »). Auparavant se tenait à cet endroit un village d'amérindiens tongvas qui s'appelait Iyáangaʼ ou Yangna, c'est-à-dire « là où pousse le sumac de l'Ouest » en gabrielino[5].
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Contrairement à la légende populaire[4], le nom original n'est donc pas El Pueblo de Nuestra Señora la Reina de Los Ángeles del Río de Porciúncula [el ˈpweβlo de ˈnwestɾa seˈɲoɾa la ˈrei̯na de los ˈaŋxeles del ˈrio de poɾsiˈuŋkula], c'est-à-dire « le village de Notre-Dame la Reine des Anges du fleuve de Porciúncula ». Ce nom allongé faisait référence au fleuve Porciúncula[6] lui-même nommé d'après le Portioncule, une chapelle située dans la basilique Sainte-Marie-des-Anges d'Assise en Italie, où est mort François d'Assise ; celui-ci étant le fondateur de l'ordre auquel appartenait des missionnaires pendant la colonisation de l'Amérique.
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Los Angeles, en espagnol, signifie « les anges ». En anglais ses habitants sont appelés Angelenos (quelquefois Angelinos) — les Angelins. Ses surnoms anglophones incluent son diminutif, L.A. [ˌɛlˈeɪ], ainsi que City of Angels, La La Land, Tinseltown ou The Big Orange[7].
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Située dans l'Ouest des États-Unis, plus précisément en Californie , bordée au nord-est par les monts San Gabriel, à l'ouest-sud-ouest et au sud par l'océan Pacifique (situation favorable permettant aux Angelinos de faire du ski et se baigner dans la même journée), Los Angeles offre une grande variété de paysages. Elle se trouve à 3 937 km à l'ouest de New York, à 2 803 km à l'ouest de Chicago, à 933 km au sud-ouest de Salt Lake City, à 574 km à l'ouest de Phoenix et à 559 km au sud-est de San Francisco. Le rivage est constitué des longues plages de sable blanc des baies de Santa Monica et de San Pedro, qui font de Los Angeles l’une des plus grandes métropoles établies sur un site de littoral, avec Perth et Rio de Janeiro[8]. La ville occupe une partie du bassin de Los Angeles, une plaine côtière accidentée, et une grande partie de la vallée de San Fernando, dont elle est séparée au nord par de hautes collines, les monts Santa Monica. Le principal cours d'eau de Los Angeles est la Los Angeles River, un petit fleuve qui prend sa source dans la vallée de San Fernando et traverse la ville jusqu'à l'océan.
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La ville s'étend sur 1 290,6 km2 (dont 75,7 km2 de plans d'eau, soit 5,86 % du total). La distance nord-sud la plus grande est de 71 km, la distance est-ouest de 47 km ; le périmètre total est de 550 km. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, Los Angeles est à la septième place nationale des villes de plus de 100 000 habitants pour la superficie[9].
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L'altitude maximale sur la commune est de 1 548 m au Sister Elsie Peak[10]. Le territoire de la ville de Los Angeles est si vaste qu'elle est généralement divisée en plusieurs grandes régions : Downtown Los Angeles (Central L.A), Eastside, Wilshire, Hollywood, Northwest, South Los Angeles (anciennement South Central), Westside, la vallée de San Fernando (San Fernando Valley), et Harbor Area (zone portuaire). Ces régions constituent les plus grandes divisions géographiques de la ville et sont elles-mêmes découpées en de nombreux quartiers.
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La région de Los Angeles comprend un nombre remarquable d'espèces de plantes indigènes : le pavot de Californie, le matilija poppy[11], le toyon, et des centaines d'autres. Avec ses plages, ses dunes, ses collines, ses montagnes et ses rivières, elle est riche en écosystèmes divers. Mais certaines espèces sont rares et menacées, comme la Los Angeles sunflower. La ville compte également 379 parcs dont la superficie totale est de 63,5 km2[12]. Griffith Park est le plus grand parc urbain du monde. Le plus vieux parc de la ville a été créé en 1781 et se trouve dans le El Pueblo de Los Angeles Historic Monument, près de Union Station.
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Selon Köppen, le climat de Los Angeles est méditerranéen (Csa) avec juste assez de précipitations annuelles pour éviter la classification d'un climat semi-aride. Ce climat se caractérise par des hivers doux et humides et des étés chauds, voire caniculaires et secs. Elle profite de 320 jours d'ensoleillement annuel et fait partie de la Sun Belt (« ceinture du soleil »). Les étés sont chauds, la température moyenne du mois le plus chaud étant de 24,1 °C[13]. La partie côtière de Los Angeles profite des vents venant de l'océan Pacifique qui tendent à rafraîchir la côte en été et à les réchauffer en hiver. La partie de la ville se trouvant à l'intérieur des terres est plus contrastée. Les influences maritimes se font moins sentir, si bien que l'amplitude thermique s'accroît. Les températures peuvent ainsi varier de plusieurs degrés dans les quartiers les plus éloignés du littoral. Les plus hautes températures enregistrées sont de 49 °C en 2006 à Woodland Hills (source Woodland Hills (Los Angeles) ) et 45 °C en septembre 2010[14] ; le record de froid s'établit à −7,8 °C en 1989 à Canoga Park.
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Les pluies tombent surtout en hiver (les mois de janvier et février sont les plus humides) et au printemps avec plus de 60 % des précipitations annuelles (80 % si on y ajoute le mois de novembre). Durant cette période de l'année il pleut en moyenne un jour sur quatre. Les moyennes annuelles sont de 25,44 mm pour les précipitations (pour un total annuel de 305,3 mm) et de 19,5 °C pour les températures[15],[16]. Le brouillard est assez récurrent au printemps et beaucoup plus résistant sur les zones balnéaires qu'à l'intérieur des terres où l'ensoleillement est plus présent.
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Les canicules se produisent beaucoup au mois de septembre lorsqu'un vent catabatique nommé « Santa Ana » souffle sur la Californie du Sud, pouvant faire monter la température au-dessus de 40 °C pendant deux à trois jours comme le 27 septembre 2010, où on enregistra 45 °C dans le centre-ville de Los Angeles.
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Les rues de la ville forment un plan en damier important, dont les axes principaux sont les autoroutes et les surface streets, aussi appelées boulevards. Parmi les principales rues est-ouest, on peut citer Ventura, Hollywood, Sunset, Wilshire, Santa Monica et Beverly. Il existe d'autres rues célèbres dans la ville qui n'ont pas le titre de boulevards, bien que ce soient aussi des axes importants. On peut citer pour exemple : Mulholland Drive, Pacific Coast Highway, Melrose Avenue, Florence Avenue, Normandie Avenue, Vermont Avenue, La Brea Avenue, Figueroa Street, Grand Avenue, Central Avenue et Alameda Street.
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Los Angeles est connue pour ses nombreux nids-de-poule qui sont la cause d'accidents. Les fonds concernant la voirie sont en effet insuffisants pour maintenir le gigantesque réseau routier de la ville. Ce problème a été la cause principale de la tentative de sécession de la vallée de San Fernando en 2002. En décembre 2005, une opération visant à reboucher ces nids-de-poule a eu lieu dans la vallée, mais le problème n'est pas encore résolu à l'heure actuelle. La ville est aussi le théâtre de nombreuses courses poursuite qui peuvent durer des heures tant le système routier et autoroutier est vaste et complexe, et qui sont souvent relayées par les chaînes de télévision locales. Contrairement à l'assertion d'une chanson populaire, qui dit que « personne ne marche à L.A. » (« nobody walks in L.A. »), plusieurs lieux de la ville sont très fréquentés par les piétons, surtout dans le centre-ville et dans les nombreux quartiers commerciaux. Il y est alors souvent plus rapide de marcher que de conduire, à cause du manque de parcs de stationnement et du très grand nombre d'automobiles. Malgré son étendue, Los Angeles n'est pas comparable à la ville de Memphis qui est une véritable agglomération vide de piétons[réf. nécessaire]. Tout au long des environ 10 km de la plage de sable Venice Beach, on circule sans voitures entre la plage et les maisons : deux voies bitumées sont réservées l'une aux piétons, l'autre (une sorte de piste cyclable à deux voies), à toutes sortes de véhicules « propres » : vélos, planches à roulettes, trottinettes. Cependant les moyens de transports électriques tels que les trottinettes ou vélos électriques ne sont plus autorisés sur cette piste cyclable[18].
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Los Angeles est le nœud central d'un réseau d'autoroutes (freeways) très important : plus de 1 000 kilomètres dans toute l'agglomération[19]. La ville est en effet considérée comme une sorte de « capitale » des embouteillages et de la voiture. Ses autoroutes totalisent un nombre de déplacements quotidiens estimé à quelque 160 millions de kilomètres. La qualité du réseau est reconnue, mais l'augmentation croissante des embouteillages depuis plusieurs années pousse les autorités à développer d'autres moyens de transport. Les principales autoroutes sont la Golden State (I-5) (nord-sud), la San Diego (405), l'U.S. Route 101, la California State Route 1, la Santa Monica (I-10).
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Los Angeles est aussi la métropole qui possède le plus d'aéroports au monde. L'aéroport principal de la ville et de sa région, l'aéroport international de Los Angeles, est choisi par la plupart des visiteurs internationaux. Il se place au cinquième rang mondial avec 60 millions de passagers qui y transitent chaque année[20]. Les autres aéroports notables sont l'aéroport international d'Ontario, l'aéroport Hollywood Burbank, l'aéroport municipal de Long Beach et l'aéroport John-Wayne. Los Angeles World Airports, un département de la municipalité de Los Angeles, est chargé d'administrer ceux de Los Angeles (LAX), Ontario (ONT), Van Nuys (VNY) et Palmdale Regional (PMD)[21].
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Los Angeles possède aussi un héliport (Century City Heliport, code AITA : CCD).
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Les ports de Los Angeles et de Long Beach forment ensemble le Los Angeles-Long Beach Port, le troisième du monde pour le trafic de conteneurs. Des ports de tailles moyennes et de plaisance jalonnent le reste de la côte, comme celui de Marina Del Rey ou de Redondo Beach, qui accueillent de nombreux yachts. Il existe aussi un système de ferries permettant de rejoindre la ville d'Avalon, située sur l'île Santa Catalina, au large de la ville.
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L'Union Station est la principale gare de voyageurs de Los Angeles.
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La compagnie nationale des chemins de fer américains, l'Amtrak, dessert l'ensemble du pays :
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Le transport ferroviaire des marchandises est assuré par les compagnies Union Pacific, Santa Fe et le BNSF Railway.
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La Los Angeles County Metropolitan Transportation Authority et d'autres agences dirigent le système étendu de lignes de bus et de métro qui est utilisé par environ un million de personnes chaque jour. Le métro se compose des lignes rouge, violette, dorée, bleue, verte et Expo, en plus des lignes orange (en) et argentée (en) qui sont spécialement réservées aux bus (ces dernières sont en effet desservies par des bus désignés sous le nom de « Metro Liners », facilement reconnaissables à leur apparence originale et leur longueur)[22]. De nombreux projets visant à améliorer et à allonger ces lignes sont à l'étude ou en cours de réalisation : depuis les années 2000, le métro relie les quartiers de Hollywood et Mid-Wilshire au centre-ville. Par ailleurs, une navette permet de rejoindre ce quartier depuis Union Station jusqu'à l'aéroport. Au début du XXIe siècle, la ville a également réactivé une ligne de chemin de fer qui va du centre vers le port au sud[23]. Cependant, à peine plus de 10 % des moyens de transport utilisés sont en commun, contre 50 % à New York[24], ce qui montre que Los Angeles reste la ville de l'automobile.
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La ville de Los Angeles est aujourd'hui considérée par les urbanistes et les géographes comme le modèle et la préfiguration du développement des métropoles américaines. Elle éclipse le modèle de Chicago qui prévaut depuis la fin du XIXe siècle avec la célèbre école de Chicago. Si l'on considère les études récentes[25], la « Cité des anges » apparaît pour beaucoup de spécialistes comme le laboratoire du « postmodernisme urbain »[26].
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Tout d'abord, Los Angeles se caractérise par l'absence d'un véritable quartier central. En effet, même si pour les Angelins le cœur historique de la ville se situe à La Plaza, endroit où Los Angeles est fondée, et si le centre de la ville est Downtown Los Angeles, les différentes fonctions de commandement sont en fait réparties dans plusieurs quartiers distincts et éloignés. Cette situation trouve son origine dans l'histoire de la ville. À leur arrivée, les nouvelles populations anglo-saxonnes et protestantes tiennent à se démarquer des populations hispanophones déjà présentes et la marque que ces dernières ont imprimé à la ville historique. Motivées par un idéal « pastoral » caractéristique de l'idéologie WASP, ces nouveaux habitants construisent les quartiers de la ville avec une faible densité, afin de garder une proximité avec les espaces naturels et de centrer la vie sociale sur la cellule familiale dotée d'un espace domestique important. À la fin du XIXe siècle, les Angelins choisirent la maison individuelle avec jardin comme forme d'habitat privilégiée. Cette conception de l'organisation urbaine ancra une logique de croissance illimitée de l'agglomération, qui fut rendue possible à mesure que les moyens de transports se multiplièrent et s'améliorèrent : l'urbanisation suivit d'abord les grands axes de transport public (trains et tramways), puis les possibilités d'extension furent accrues par l'automobile[27], ce qui a donné à l'agglomération sa configuration actuelle de tache d'huile s'étendant sur plus de 100 km du nord au sud.
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Cet étalement urbain (urban sprawl en anglais) poussé à l'extrême a pour conséquence, aujourd'hui, d'aller à l'encontre d'une proximité véritable avec la nature, les espaces naturels n'étant accessibles qu'après une longue traversée des vastes lotissements pavillonnaires constituant l'immense périphérie de l'agglomération. Celle-ci possède en effet le moins bon score en ce qui concerne le rapport entre les espaces naturels et la superficie totale de toute la côte ouest[28]. Les déplacements urbains sont également devenus un problème central. Les transports en commun ne peuvent avoir aucune efficacité du fait de l'absence de densité. L'usage de l'automobile détient par conséquent un quasi-monopole des déplacements, entraînant une saturation du réseau routier, malgré la création d'un très grand nombre d'autoroutes urbaines reliant les différents quartiers de l'agglomération.
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La faible proportion d'espaces publics engendre quant à elle l'exclusion sociale et le repli des nombreuses communautés ethniques entre elles, favorisant la présence lors des élections de « candidats ethniques ». L'architecte Frank Lloyd Wright disait à propos de la ville elle-même : « Penchez le monde sur un côté et tout ce qui ne tient pas très bien glissera vers Los Angeles. »[e]. Cette particularité fait la singularité de Los Angeles par rapport aux autres villes occidentales[29].
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Entre 2009 et 2019, les loyers ont augmenté de 75 % à Los Angeles[30]. Face à la crise du logement, certains habitants font le choix de dormir dans des « capsules » de 3 m2, dont le loyer s’élève à environ 800 dollars[31].
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La superficie de la ville étant importante, Los Angeles est divisée en un grand nombre de quartiers. La plupart de leurs noms ont pour origine des zones rurales qui furent annexées par Los Angeles au fil du temps, la géographie, les rues principales ou le nom de propriétaires fonciers. Ces divisions n'ont pas de statut légal, mais ont une grande importance aux yeux des habitants pour des raisons culturelles et financières. Parmi ces quartiers, Hollywood est célèbre dans le monde entier pour ses studios de cinéma.
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De nombreux noms de quartiers témoignent de l'origine de leurs habitants, comme Chinatown (quartier chinois), Little Armenia (quartier arménien), Thai Town (quartier thaïlandais), Historic Filipinotown (quartier philippin), Little Ethiopia (quartier éthiopien) et Little Persia (quartier iranien) . L'ensemble reflète la diversité et la richesse démographique de la région. Les nombreuses communes qui bordent Los Angeles ou y sont enclavées (par exemple Beverly Hills et Santa Monica) sont la plupart du temps culturellement confondues avec elle.
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On assiste cependant depuis quelques années à une grande renaissance du centre de la ville. Dans les années 1970[3], on éleva des gratte-ciel dans ce quartier, qui se vidait dès la fermeture des bureaux. Au début du XXIe siècle, la municipalité décide de transformer le centre, en coopération avec des institutions privées. Les objectifs sont de diversifier les fonctions du centre, de revaloriser le patrimoine et de créer des espaces publics. Il s'agit de développer les lieux consacrés au divertissement et à la culture, de former un arts district, d'attirer la population et les touristes, de renforcer l'importance de Los Angeles et de son centre par rapport à la vaste agglomération qui n'en a plus vraiment. L'ambition est de mettre en place un « vrai centre-ville pour Los Angeles »[32],[33].
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Pour cela, de nombreux projets ont vu le jour, notamment sur l'axe de la Grand Avenue, achevé en 2009 et qui a coûté 1,8 milliard de dollars[réf. obsolète][34], que le maire veut transformer en Champs-Élysées de la côte ouest. Un programme de restauration a vu le jour pour Broadway (vieux cinémas de l'entre-deux-guerres) et pour de nouveaux lofts sur Spring Street. La bibliothèque centrale, érigée dans les années 1920 en style Art déco a été réhabilitée. De nouveaux bâtiments sont sortis de terre : le Walt Disney Concert Hall signé Frank Gehry (2003), le building de la MTA, la cathédrale Notre-Dame des anges conçue par Rafael Moneo (2002). La concentration d'institutions culturelles (musée d'Art contemporain de Los Angeles, la Colburn School of Performing Arts) doivent redonner de l'intérêt pour le centre. Les résultats de cette politique de reconquête du centre sont regardés avec attention par les urbanistes du monde entier : beaucoup d'Angelins choisissent de revenir vivre dans le centre de la ville où plus de 10 000 lotissements sont actuellement en construction.
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La redensification urbaine et la création de nouveaux parcs vont donc changer le visage de la ville d'ici quelques années[35]. Ce phénomène nouveau, qui remet en cause les représentations de la population (encore majoritairement attachée au modèle de la maison jardin et à la faible densité), n'est encore qu'à ses débuts ; et, s'il entraîne la gentrification de certains secteurs, tels que Grand Avenue, il ne remédie pas forcément au problème des ghettos. Ainsi l'urbanisme angelin hésite-t-il, en ce début de XXIe siècle, entre deux tendances — la création d'une centralité à travers un véritable espace public et la poursuite de son modèle ancien de valorisation de l'espace privé — tout en penchant plutôt vers la première[36].
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En raison de l'étalement urbain, des trop faibles densités de l'agglomération, de sa situation limitrophe de hautes montagnes et de l'utilisation extensive de la voiture, Los Angeles subit une importante pollution de l'air. Le smog, qui y est particulièrement intense, est un nuage de pollution provoqué par les gaz d'échappement et les rejets industriels. Il est occasionné par un phénomène météorologique appelé inversion thermique. Elle se produit lorsqu'une couche d'air froid se glisse sous une strate d'air plus chaud. Ces inversions se produisent fréquemment au large de Los Angeles avec l'influence océanique. Dès qu'un certain seuil est dépassé, un avis d'alerte est lancé par les autorités de la ville ; les déplacements en voiture y sont alors limités au strict nécessaire, et les usines doivent cesser de brûler des hydrocarbures. La mauvaise qualité de l'air a occupé les autorités depuis la fin des années 1940, date à laquelle le comté a créé une agence publique chargée de ce problème[37]. Actuellement, de nouvelles mesures sont à l'étude pour améliorer la qualité de l'air dans les années à venir[38]. Le lancement, le 20 novembre 2006, par les ports de Los Angeles et de Long Beach, d'un plan visant à réduire la pollution de l'air d'au moins 45 % en cinq ans dans la baie de San Pedro et au niveau de tous les transports et équipements, montre que la lutte contre la pollution est une priorité[39],[40].
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En outre, la municipalité encourage le développement des transports en commun (qui sont moins utilisés qu'à San Francisco ou New York) ainsi qu'un système de covoiturage, mais ces mesures n'atteignent pas le succès escompté. Un réseau de pistes cyclables a été développé ainsi qu'un réseau de lignes de bus express, pour tenter de proposer une alternative à l'automobile.
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Le maire de Los Angeles a signé l’U.S. Mayors Climate Protection Agreement (« accord des maires des États-Unis sur la protection du climat »), visant à atteindre ou à dépasser les objectifs de réduction de GES fixé par le protocole de Kyoto. Los Angeles possède déjà 215 km de pistes cyclables[41] et 122 km de bandes cyclables[42]. À Los Angeles, des mesures fiscales encouragent les entreprises et les particuliers à installer des panneaux solaires qui, depuis 1999, représentent une capacité totale de 16 mégawatts[43]. 10 % de l’énergie consommée dans la ville est déjà d’origine renouvelable[44] : l’objectif de la cité des anges est d’atteindre 40 % en 2020[44]. Le programme Trees for a Green LA encourage les habitants à planter des arbres pour réduire le smog et améliorer le cadre de vie. Antonio Villaraigosa a annoncé qu'il fera planter un million d'arbres dans sa ville et qu'il encouragera les carburants « propres » avant la fin de son mandat[45]. Los Angeles a un taux de recyclage de 65 %[46]. En février 2009, le maire a annoncé que la municipalité remplacera 140 000 ampoules des lampadaires et feux de signalisation par des diodes électroluminescentes[47].
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La ville est située sur la faille de San Andreas et le risque de séisme y est très élevé. Le tremblement de terre majeur le plus récent est celui de Northridge en 1994 dont l'épicentre se situait dans la vallée de San Fernando. Les dommages qu'il a causés ont coûté plus de 25 milliards de dollars[48]. D'autres tremblements de terre importants ont affecté l'agglomération : celui de Whittier Narrows en 1987 qui s'est produit dans la vallée de San Gabriel ou encore ceux de Sylmar en 1971 et de Long Beach en 1933. Néanmoins, la plupart des nombreux séismes qui ont lieu dans la région sont mineurs, les habitants en perçoivent souvent un ou deux par an, sans que des dégâts soient occasionnés ; beaucoup d'autres séismes ne sont relevés que par les sismographes. De nombreux spécialistes, notamment l'Institut de géophysique américain (USGS), attendent un séisme majeur dans l’avenir[49]. The Big One est le terme employé par les Californiens pour désigner cette catastrophe éventuelle.
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En outre, Los Angeles est régulièrement menacée par des incendies (par exemple en novembre 1961 et en août-septembre 2009), qui touchent surtout les quartiers périphériques riches les plus récents, construits sur les pentes des collines, au contact avec la végétation naturelle[50]. Enfin, la ville, malgré le faible volume de précipitations, n'est pas à l'abri d'inondations, qui, à l'instar de celles de 1938 et de 1969, peuvent se révéler catastrophiques. Afin de limiter le risque, plusieurs bassins ont été construits, et la Los Angeles River a été bétonnée sur presque toute sa longueur[51].
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Après avoir été habitée pendant un millier d'années par les tribus amérindiennes Tongvas et Chumash, la baie de Los Angeles est repérée en 1542 par le Portugais João Rodrigues Cabrilho. Ce sont deux missions espagnoles venues du sud qui s'y implantent en 1771 et 1797. Los Angeles est fondée en 1781 en tant que pueblo (village) ; elle compte alors quarante personnes (douze familles)[52]. La Californie est annexée en 1822 par le Mexique, devenu indépendant de l'Espagne, et, quelques années après, des concessions sont offertes par le gouverneur. En 1848, la région passe sous le contrôle des États-Unis, à la suite de leur victoire dans la guerre contre le Mexique. C'est en 1850 que la ville devient la capitale du comté du même nom. La petite commune n'est alors qu'une simple bourgade de l'Ouest américain, avec ses saloons, ses salles de jeux et ses routes encore en terre.
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Le 24 octobre 1871, des immeubles du quartier chinois sont pillés et 20 de leurs habitants sont abattus par balles ou pendus[53].
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Le chemin de fer arrive en 1876 et la liaison directe avec la côte Est est réalisée en 1885. La culture des agrumes, en particulier des oranges, fonde la renommée de la cité jusqu'à New York. Elle passe alors de 2 300 habitants en 1860 à plus de 50 000 en 1890 et atteint les 100 000 habitants en 1900. La découverte de gisements de pétrole au début du XXe siècle provoque un nouvel afflux de population. La ville s'agrandit rapidement en annexant les municipalités voisines. L'industrie aéronautique y prend son essor à la même époque grâce à Lockheed et Douglas, tandis que le cinéma se transforme en véritable industrie, avec comme épicentre le quartier d'Hollywood. Après la Seconde Guerre mondiale, l'étalement urbain gagne la vallée de San Fernando[54]. À partir des années 1950, l'économie de la ville connaît un important déclin suite à la délocalisation de nombreuses de ses industries. Beaucoup d'entre elles (secteurs agricole, agroalimentaire, automobile...) se sont déplacées dans les comtés et les États voisins car les salaires y sont plus bas.
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Le sud de la ville est touché par des émeutes du 11 au 17 août 1965. Le bilan est de 34 morts, plus de 1 000 blessés et près de 4 000 arrestations[55].
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En 1992, Los Angeles est secouée par de sanglantes émeutes déclenchées par l'affaire Rodney King, qui voit un automobiliste noir être agressé par quatre policiers blancs du Los Angeles Police Department (LAPD). Cette bavure majeure est filmée par un riverain, ce qui provoque la tenue d'un procès sous haute pression et très médiatisé, procès qui s'est déroulé à Simi Valley, ville située au nord-ouest de L.A. L'acquittement des policiers prononcé par un jury à majorité blanche soulève une vague de colère dans le quartier populaire et pauvre de South Central. Six jours d'affrontements inter-raciaux aboutissent à l'intervention de la Garde nationale. Le bilan officiel des violences avance le chiffre de 55 morts et plus de 2 000 blessés. Les forces de l'ordre ont procédé à plus de 10 000 interpellations, et les incendies et les pillages ont été estimés à un milliard de dollars de 1992, pour des affrontements tels que les États-Unis n'en avaient plus connu depuis les années 1960. Quelques années plus tard, en 1994, la ville subit un important tremblement de terre à Northridge et voit plusieurs tentatives de sécession de certaines de ses régions, comme la vallée de San Fernando et Hollywood en 2002, sans succès[56]. Aujourd'hui ce sont l'immigration, la montée en importance des minorités et le redéveloppement urbain qui dominent l'actualité de Los Angeles.
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La ville a un système de « maire fort ». Le maire actuel est Eric Garcetti qui a succédé en juillet 2013 à Antonio Villaraigosa, d'origine hispanique. Le maire gouverne avec le conseil municipal de Los Angeles (en), lui-même dirigé par un président élu par le conseil. En 2001, Alex Padilla, actuellement secrétaire d'État de Californie, a été le premier hispanique élu à ce poste. Il y a 15 services municipaux (departments) dans le conseil de ville. Les autres officiels élus sont le procureur de ville, Rocky Delgadillo, qui poursuit les délits mineurs commis à l'intérieur de la ville, et le city controller, Laura Chick. Le district attorney, élu par les électeurs du comté, poursuit les crimes majeurs.
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Pour rendre le gouvernement municipal plus attentif aux attentes des citoyens et pour améliorer la gestion des différents quartiers, le conseil municipal a institué des conseils de voisinage. Ces conseils consultatifs, proposés pour la première fois par le conseiller Joel Wachs en 1996, ont été délimités dans la Charter Reform de 1999. Le territoire géré par chaque conseil n'est pas forcément identique à celui du quartier tel qu'il est traditionnellement perçu par la population. Plus de 90 conseils ont ainsi été formés et chaque habitant peut voter pour la composition du conseil de son quartier. Bien qu'ils n'aient en réalité que peu de pouvoir, ils ont déjà fait pression sur le conseil municipal lors d'affaires importantes, par exemple lors de leur opposition à un projet, dirigé par la ville, consistant à augmenter le prix de l'eau.
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Au niveau judiciaire, la Los Angeles County Superior Court a juridiction sur les procès sérieux (felonies) répondant à la loi de l'État, tandis que la Cour de district des États-Unis pour le district central de Californie s'occupe de tous les procès fédéraux. Les deux institutions occupent plusieurs vastes bâtiments situés dans le quartier Civic Center du centre-ville. Toute la ville de Los Angeles et ses plus importantes banlieues étant situées dans le même comté, la cour supérieure du comté et la cour fédérale de district sont toutes les deux les plus importantes des États-Unis.
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Le Grand Los Angeles regroupe un peu plus du tiers des membres de l'Assemblée de l'État de Californie, qui ont tendance à travailler en partie depuis leurs districts d'origine. Depuis le début des années 1990, Los Angeles apparaît de plus en plus comme la « vraie capitale » de l'État[57].
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Los Angeles est une ville californienne plus conservatrice que sa rivale du nord San Francisco, mais plus libérale que San Diego, sa voisine du sud. Les élections municipales étant non partisanes en Californie, les candidats ne sont donc pas élus en fonction de leur étiquette politique, mais en fonction de leur charisme ou de leur capacité à constituer une coalition autour d'eux-mêmes, même si la tendance politique de chaque candidat n'est pas anodine. En 1973, les Angelenos choisissent leur premier maire noir, le démocrate Tom Bradley, réélu à cinq reprises. En 1993, c'est le républicain Richard Riordan qui prend les rênes de la municipalité pour deux mandats. En 2001, non rééligible, Riordan laisse la place à James Hahn, un démocrate. En mai 2005, les habitants de Los Angeles élisent leur premier maire hispanique depuis 1872. Soutenu par une vaste coalition englobant Juifs, Noirs, Hispaniques, Richard Riordan ou Barbara Boxer, le démocrate Antonio Villaraigosa est élu avec 59 % des voix contre 41 % au maire sortant. L'élection de Villaraigosa est la première grande consécration du poids politique des hispaniques dans l'État, d'autant plus qu'ils représentent 46 % des habitants de Los Angeles. Ce dernier s'est engagé dans une politique de protection de l'environnement et de lutte contre les gaz à effet de serre : il a par exemple annoncé en 2006 qu'il fera planter un million d'arbres à Los Angeles et qu'il encouragera les carburants « propres » avant la fin de son mandat[45].
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Los Angeles est jumelée avec 25 villes[58] :
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Elle a par ailleurs conclu des partenariats avec trois autres villes :
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Plus de 140 nationalités sont représentées à Los Angeles, où l'on parle au moins 224 langues : c'est l'un des principaux foyers d'immigration du pays (gateway city). Les populations hispaniques et asiatiques y croissent particulièrement rapidement : en 1970, on pouvait recenser 18,4 % de latinos, contre 40 % en 1990[64]. Certains Hispaniques parlent souvent le spanglish ou l'espagnol dans leurs quartiers (les barrios) ; la communauté asiatique est la seconde plus importante aux États-Unis et celle des Japonais aussi. Les Persans de Los Angeles sont la communauté la plus grande de la ville : les Irano-américains de Californie se concentrent dans le quartier de Westwood et dans la ville de Beverly Hills. Des centaines de milliers d’Iraniens[65] sont arrivés dans cette région à partir de 1979. Aujourd’hui, le bassin de Los Angeles abrite la plus importante concentration d'Iraniens hors d'Iran, si bien que l'on parle de « Tehrangeles ». La ville accueille les plus grandes populations d'Arméniens, Cambodgiens, Philippins, Guatémaltèques, Israéliens, Coréens, Mexicains et Hongrois en dehors de leurs pays respectifs[66].
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Estimation de la population des dix villes de Californie les plus peuplées (2015)[67]
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Au recensement de 2000, il y avait 3 694 820 habitants[70] et 798 407 familles dans la ville. La densité de population était de 7 876,8 habitants par km2. Ce chiffre peut sembler faible par rapport aux densités des métropoles européennes[f] ou même américaines[g]. Mais il s'agit d'une moyenne qui cache des disparités de peuplement importantes entre les zones peu habitées comme les monts Santa Monica[h] des secteurs très urbanisés situés plus au sud. Certains quartiers seraient à la deuxième place après New York pour ce qui est de la densité, s'ils étaient indépendants de la ville de Los Angeles.
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En 2000, 26 % de la population avait moins de 18 ans, 11,1 % avait de 18 à 24 ans, 34,1 % de 25 à 44 ans, 18,6 % de 45 à 64 ans, et 9,7 % de personnes âgées de plus de 65 ans. L'âge moyen était de 32 ans.
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Comme les autres métropoles américaines, les contrastes de richesse sont fortement marqués à Los Angeles. Certains des quartiers les plus riches comme ceux de Bel Air et Hollywood jouxtent les zones noires et hispaniques qui sont souvent des poches d'indigence. 30,3 % des personnes ayant moins de 18 ans et 12,6 % de ceux âgés de 65 ans ou plus étaient en situation de pauvreté au début du XXIe siècle.
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Concernant les origines des habitants, le recensement de 2000 montre que : sur 2 812 114 personnes nées aux États-Unis dans la ville, 1 485 576 sont nées en Californie, 663 746 viennent d'un autre État de l'Union, et 31 792 sont nées dans un territoire comme Porto Rico, Guam… Sur les 1 512 720 habitants nés à l'étranger, 100 252 viennent d'Europe, 376 767 d'Asie, 20 730 d'Afrique, 4 104 d'Océanie, 996 996 d'Amérique latine et 13 859 des autres pays d'Amérique du Nord. Los Angeles continue d'attirer de nombreux migrants. Los Angeles est une ville multiethnique. En comparaison avec les autres cités californiennes, elle compte une proportion plus importante d'Hispaniques, qui sont aujourd'hui majoritaires dans le comté de Los Angeles. La part des Noirs est relativement élevée, par rapport au niveau de l'État, mais comparable à celui observé au niveau national. La ville de San Francisco compte davantage d'Asio-Américains dans sa population totale (30,7 %).
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Les personnes sans-abri atteignent le nombre record de 55 000 dans le comté de Los Angeles en 2017 et 59 000 en 2018 (36 000 intramuros)[71],[72]. L'augmentation des loyers et le manque de lois protégeant les locataires contre les propriétaires sont des facteurs importants de l'augmentation du nombre de sans-abri à Los Angeles[73].
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Les écoles de la ville sont gérées par le Los Angeles Unified School District (LAUSD), le deuxième système des États-Unis pour ce qui est du nombre d'élèves (plus de 720 000 en 2006). Avec le vote de la Proposition 13 en 1978 dans l'État, les districts scolaires urbains assistèrent à une diminution de leurs moyens, et le LAUSD souffrit particulièrement pendant plusieurs années de sous-financement, de surpopulation des classes et de mauvaise maintenance des locaux. Les parents riches préféraient souvent envoyer leurs enfants dans les écoles privées, ceux des classes moyennes quelquefois déménageaient en banlieue pour faire entrer leurs enfants dans d'autres districts. Depuis, la situation s'est considérablement améliorée puisque le LAUSD s'est lancé dans un programme de construction de nouvelles écoles dans le but d'accueillir tous les élèves dans de meilleures conditions.[réf. nécessaire] Il existe aussi deux lycées français réputés dans la ville : le lycée international de Los Angeles, et le lycée Français de Los Angeles.
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Parmi les universités présentes dans la ville, on peut citer les prestigieuses université de Californie à Los Angeles (UCLA, publique) et université de Californie du Sud (USC, privée) qui sont considérées comme faisant partie des meilleures universités de la Côte Ouest et du monde. On peut aussi citer de nombreuses autres universités, comme l'université d'État de Californie à Los Angeles (CSULA, publique), l'université d'État de Californie à Northridge (CSUN, publique), la Loyola Marymount University (LMU) (privée), l’Occidental College (Oxy) (privée), la Southwestern University School of Law (privée) et la Southern California Institute of Architecture (SCI-Arc) (privée). En plus de ces universités, la ville contient un nombre élevé de community colleges. La région du Grand Los Angeles accueille d'autres universités de premier rang, comme le California Institute of Technology à Pasadena.
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La région de Los Angeles offre un environnement diversifié, favorable aux activités sportives et aux loisirs de plein air. Des milliers de kilomètres de pistes traversent la ville et ses environs, que l'on peut emprunter à pied, à vélo ou à cheval. Il est possible de pratiquer une grande variété d'activités dans le comté, dont le ski, l'escalade, le beach-volley et la planche à voile. Ces deux derniers sports ont d'ailleurs été inventés dans la région (même si leurs prédécesseurs ont été inventés par Duke Kahanamoku à Hawaï).
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Los Angeles reste célèbre pour la glorieuse époque du « showtime » des Lakers de Magic Johnson pendant les années 1980, mais aussi grâce à l'époque Shaquille O'Neal & Kobe Bryant. En outre, les Trojans d'USC et les Bruins d'UCLA figurent parmi les meilleures formations sportives universitaires américaines.
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Los Angeles accueille les Jeux olympiques d'été de 1932 et ceux de 1984. Elle est candidate à la candidature pour obtenir les Jeux d'été de 2016 mais le Comité olympique des États-Unis lui préfère la candidature de Chicago. Après le retrait de Boston de la course pour l'obtention des Jeux olympiques d'été de 2024, la candidature de Los Angeles est proposée. En concurrence avec la candidature de Paris, le Comité international olympique décide de désigner les deux villes hôtes des deux prochaines éditions des JO, 2024 et 2028, assurant ainsi à chacune d'organiser une édition afin de ne pas perdre une de ces candidatures jugées comme solides. Ainsi, en juillet 2017, Los Angeles décide de retirer sa candidature pour 2024 et de se concentrer sur 2028. Le 13 septembre 2017 lors de la 131e session du Comité international olympique à Lima au Pérou, elle obtient l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2028 tandis que Paris organisera ceux de ceux de 2024. Los Angeles sera la troisième ville après Londres et Paris à organiser à trois reprises les Jeux olympiques d'été.
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Selon la Compstat Unit du Los Angeles Police Department (LAPD), chargée d'établir des statistiques sur la ville, Los Angeles a vu décliner de manière importante les actes de violence depuis le milieu des années 1990 notamment à la suite de la mise en place de nouvelles mesures de sécurité[réf. nécessaire] ; l'année 2005 a été un record à ce niveau, avec 43 231 actes de violence, dont 487 homicides. On peut comparer avec l'année 1992 durant laquelle 72 667 crimes et délits ont été recensés dont 1 096 homicides. La baisse de la criminalité violente s'est poursuivie en 2006[74]. Malgré les clichés négatifs — L.A est appelée gangland — les statistiques montrent que, en comparaison avec d'autres grandes villes, Los Angeles se porte relativement bien : elle a un indice de criminalité inférieur à celui de La Nouvelle-Orléans et Détroit. Parmi les plus grandes villes du pays, seules New York et Chicago ont un taux de criminalité inférieur.
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Selon une étude de 2001 effectuée par le National Drug Intelligence Center, le comté de Los Angeles abrite 1 350 gangs qui regroupent 152 000 individus. Si les poursuites en voiture se produisent plus souvent que dans les autres villes, c'est en partie à cause de la complexité et de la taille du réseau autoroutier de la ville[75].
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L'insécurité est très variable en fonction du quartier dans lequel on se trouve[76]. Généralement, il est peu recommandé aux touristes de se rendre dans les quartiers au sud, sud-est et à l'est du centre-ville (Inglewood, Florence, Compton, East Los Angeles). Le centre-ville lui-même est déconseillé dès la tombée de la nuit. À l'inverse les zones sûres se situent au nord, nord-ouest et à l'ouest du centre-ville (Santa Monica, Beverly Hills, Venice, Cheviot Hills, Hollywood Boulevard).
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Selon l’American Community Survey, en 2017, 42,51 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'espagnol à la maison, 40,98 % déclare parler l'anglais, 2,54 % le tagalog, 2,46 % le coréen, 1,84 % l'arménien, 1,50 % une langue chinoise, 1,37 % le persan, 0,95 % le russe, 0,60 % le français, 0,52 % le japonais et 4,26 % une autre langue[77].
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Le journal quotidien le plus important de la région est le Los Angeles Times. La Opinión est lu par la communauté hispanophone. Il existe aussi une grande variété de journaux régionaux et d'information locale, de magazines et d'hebdomadaires, dont le Daily News, du Los Angeles Newspaper Group, que l'on trouve surtout dans la vallée de San Fernando, L.A. Weekly, L.A. City Beat, Los Angeles magazine, Los Angeles Business Journal, Los Angeles Daily Journal, le Hollywood Reporter. S'y ajoutent de nombreux périodiques locaux servant les différentes communautés dans leur langue maternelle, et quelques journaux issus d'autres municipalités, comme le Daily Breeze (Torrance) et le Press-Telegram (Long Beach).
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Le public du Grand Los Angeles a accès à un grand nombre de chaînes locales de radio et de la télévision. Les chaînes majeures sont KABC-TV 7 (American Broadcast Company), KCBS 2 (CBS), KNBC 4 (NBC), KTTV 11 (FOX), KTLA 5 (The WB Television Network), et KCOP 13 (UPN). Il y a aussi de nombreuses chaînes espagnoles ou indépendantes dans la région.
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La composition de la population et les flux migratoires expliquent en partie la répartition des religions à Los Angeles. Les catholiques sont majoritaires étant donné l'importance de la population hispanique : le diocèse de Los Angeles, le plus important du pays, dirigé par Mgr José Gómez, regroupe plus de 5 millions de croyants[78]. La cathédrale Notre-Dame des anges est aussi haute qu'un immeuble de 12 étages et peut accueillir plus de 3 000 fidèles.
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À l'échelle de la Californie, le protestantisme, y compris les Églises évangéliques, devance le catholicisme[79].
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La ville a une longue tradition liée au protestantisme. Le Réveil d'Azusa Street est une manifestation de Réveil qui a eu lieu à Los Angeles en 1906 et qui est à l'origine du mouvement pentecôtiste, un mouvement religieux devenu global qui regroupe quelque 280 millions de croyants[80]. L'International Church of the Foursquare Gospel y est fondée en 1923.
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Avec 590 000 personnes en 2000, la population juive est la deuxième du pays après celle de New York, et la ville abrite de nombreuses synagogues, dont la plupart sont situées dans la vallée de San Fernando et à West Los Angeles (la plus ancienne, la Breed Street Shul, située à East Los Angeles, qui a été jusqu'en 1951 la plus grande synagogue à l'ouest de Chicago[81], est devenue un musée historique[82]).
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Toutes les religions du monde sont représentées : l'islam, le bouddhisme, l'hindouisme, le zoroastrisme, le sikhisme, l'Église orthodoxe, etc. L'Église de scientologie est présente dans la ville depuis le 18 février 1954, et le Celebrity Center fait partie de ses nombreux musées, églises et lieux de recrutement. On note aussi la présence historique des mormons : le temple mormon de Los Angeles, situé à West Los Angeles sur le Santa Monica Boulevard, est le deuxième plus important temple de leur culte.
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Le poids économique de l'agglomération angeline est considérable : en 2002, le PNB de la métropole était de 411 milliards de dollars[83], c'est-à-dire qu'elle produit plus de richesses que les Pays-Bas (voir l'article économie des Pays-Bas) par exemple. Le PNB de l'agglomération représente plus de 3,3 % du PIB américain.
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Los Angeles est célèbre pour être le principal centre de production cinématographique aux États-Unis, le plus rentable au monde, mais devancé par le nombre des productions de Bollywood, en Inde. Le nom d'Hollywood, le quartier dans lequel cette production a lieu, est devenu synonyme de cette industrie. On remarque cependant ces dernières années une augmentation de la concurrence à ce niveau, et de plus en plus de productions sont réalisées dans d'autres villes des États-Unis, ou au Canada, dont Vancouver (surnommée la « Hollywood du nord ») et Toronto. Autrefois, l'aéronautique et le pétrole étaient les domaines économiques dominants de la ville, mais sont remplacés par les finances, les télécommunications, la loi, la santé et les transports.
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La ville dispose d'un important port avec un trafic cargo de 54,228 millions de tonnes métriques en 2008[84]. Quant à son activité conteneurs, elle atteignait en 2009 un total de 6 748 995 TEUs ce qui plaçait le port au premier rang des ports d'Amérique du Nord pour cette catégorie de trafic[85].
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Plus de 60 % des entreprises californiennes ont installé leur siège social à Los Angeles, et, bien que la ville soit le siège de nombreuses sociétés (dont trois font partie du classement Fortune 500), ce nombre quadruple si l'on considère son agglomération ; la plupart des compagnies ayant préféré s'installer dans les zones où les impôts sont moins importants. Le bassin de Los Angeles, en particulier sa partie occidentale, est exploité pour son pétrole : depuis le début du XXe siècle, 30 000 puits ont été creusés ; aujourd'hui, environ 2 500 sont toujours exploités[86]. La ville abrite de nombreux immigrants mexicains, dont un grand nombre d'illégaux, qui se trouvent souvent relégués aux plus basses tâches de l'économie de la ville, comme le personnel d'entretien.[réf. nécessaire]
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L'industrie touristique est très développée à Los Angeles. Les touristes s'orientent généralement vers les nombreux parcs à thèmes de la région tels que Disneyland ou Universal Studios Hollywood. Le parcours touristique classique inclut aussi généralement un tour dans les artères célèbres telles que Sunset Boulevard, Santa Monica Boulevard, Melrose Avenue, la California State Route 1 ou le célèbre Rodeo Drive à Beverly Hills qui abrite de nombreuses boutiques de luxe. Venice Beach, au sud-ouest de la ville, est un site proposant de nombreuses activités. Outre une plage très large et surveillée, les touristes visitent les nombreuses petites boutiques de souvenirs, de vêtements, de gadgets, etc., font du roller ou du vélo sur les pistes cyclables longeant la plage, ou regardent les quelques peintres ou musiciens s'y produisant quotidiennement. Quelques kilomètres plus à l'ouest, Malibu est célèbre pour ses plages et ses villas de luxe.
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Los Angeles est, avec son quartier d'Hollywood, un des hauts lieux de l'industrie cinématographique. Outre le panneau Hollywood, symbole du quartier, le Grauman's Chinese Theatre sur Hollywood Boulevard (où se situe le célèbre Walk of Fame), diffusant tous les blockbusters en avant-première mondiale, et un tour des maisons de stars (depuis la rue) à Beverly Hills à l'aide d'un Star Mansion map sont les activités courantes des touristes amateurs de cinéma.
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Los Angeles est souvent désignée comme la capitale mondiale du divertissement à travers ses imposantes industries cinématographiques et télévisuelles, ainsi que musicales et artistiques.
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Sur le plan architectural, on peut relever plusieurs bâtiments remarquables, comme la Los Angeles Central Library (1926) de Bertram Grosvenor Goodhue dont l'apparence évoque les bâtiments de l'ancienne Égypte et d'autres civilisations antiques[87], la gare centrale Union Station (1939) mêlant les styles renouveau colonial espagnol et mission revival et l'hôtel de ville (1928) dont le sommet évoque le mausolée d'Halicarnasse. L'observatoire Griffith (1933-1935), sur les hauteurs de Griffith Park, est un exemple de l'architecture Art déco. Le Bradbury Building (1893) est un bâtiment remarquable pour sa façade de style Renaissance italienne de brique brune, sa cour intérieure, ses nombreux escaliers, ascenseurs, et pour les centaines de motifs végétaux qui ornent leurs balustrades de fer.
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De construction récente, le bâtiment de la Metropolitan Transit Authority incorpore certains éléments faisant référence au style Art déco, que l'on peut retrouver sur certains immeubles du centre-ville comme l'Eastern Columbia construit en 1930 et transformé en lofts au début du XXIe siècle.
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L'architecture moderne apparaît à travers les travaux de Paul Williams (en), l'architecte du Shrine Auditorium et du Theme Building, le bâtiment représentatif de l'Aéroport international de Los Angeles (avec Welton Becket), de la Los Angeles County Courthouse, du Los Angeles County Hall of Administration, et de bâtiments situés à Beverly Hills ; et de ceux de Frank Gehry, comme le Walt Disney Concert Hall, le California Aerospace Museum, la Loyola Law School. Gehry est actuellement chargé de la supervision du Grand Avenue Project.
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Parmi les principaux gratte-ciel de Los Angeles qui dominent la ville, on peut citer le Wilshire Grand Center (335 m), la U.S. Bank Tower (310 m), le Aon Center (262 m), la Two California Plaza (229 m), la Gas Company Tower (228 m), l'ARCO Center (224 m), la 777 Tower (221 m), la Wells Fargo Tower (220 m), la Figueroa at Wilshire (219 m), la Bank of America Tower (213 m) et la Paul Hastings Tower (213 m). Inauguré en mars 2017, le Wilshire Grand Center est devenu, avec ses 335 m, le plus haut gratte-ciel de la ville, détrônant ainsi la U.S. Bank Tower qui fut à la première place depuis 1989.
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Plusieurs institutions culturelles sont présentes dans la ville, les plus importantes étant le musée d'Art du comté de Los Angeles (Los Angeles County Museum of Art ou LACMA), le Getty Center, le musée d'Art contemporain de Los Angeles (MOCA), le Museum of Neon Art (MONA), le Norton Simon Museum, le Museum of Tolerance, le Skirball Cultural Center, le Latino Museum of History, Art, and Culture, le George C. Page Museum, le musée national des Nippo-Américains, le California Science Center, ainsi que le musée d'histoire naturelle du comté de Los Angeles. Los Angeles compte par ailleurs de très nombreuses galeries d'art, comme la Culver City gallery Blum & Poe ouverte en octobre 2010 sur 1 950 m2[88].
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La bibliothèque Huntington, ouverte au public en 1928 et créée par Henry Edwards Huntington, propose une bibliothèque de plus de neuf millions d'ouvrages, dont de nombreux livres anciens (imprimés et manuscrits), un musée d'art et un jardin botanique très réputé entre autres pour son cactus garden. La bibliothèque principale de la ville est la Los Angeles Public Library (LAPL), dont le siège, situé dans Downtown, a été reconnu National Historic Site. Établi en 1912, le County of Los Angeles Public Library est un réseau de 87 bibliothèques mise en service et administré par le comté de Los Angeles qui sert plus de 3,5 millions de personnes vivants dans les zones non-incorporées et dans les 88 municipalités du comté, dont Los Angeles.
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Il existe de nombreux lieux de représentation théâtrale à Los Angeles : le Music Center (composé du Dorothy Chandler Pavilion, siège de l'Opéra de Los Angeles et de l'Ahmanson Theater, où sont jouées les grosses productions de Broadway), le Ford Amphitheater, le Greek Theater, le Hollywood Bowl, le Pantages Theatre, et le Théâtre Dolby. L'orchestre philharmonique de Los Angeles se produit au Walt Disney Concert Hall.
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Los Angeles est aussi un véritable musée à l'air libre de peintures murales, dont certaines de Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et Jose Clemente Orozco[89] ; elle serait la ville à en contenir le plus grand nombre. Elle abrite quelques-uns des graffiti les plus connus du monde, par exemple ceux du Belmont Tunnel. On peut aussi trouver de nombreuses sculptures dans les parcs de la ville, dont ceux de l'université du Judaïsme et de l'université de Californie à Los Angeles.
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Los Angeles entre en littérature dans les années 1920, avec le satirique Merton of the movies d'Harry Leon Wilson sur l'industrie du cinéma à Hollywood (thème qui a, depuis, été repris dans de nombreux romans[90]), et The Boosters (1924) de Mark Lee Luther qui décrit le boom immobilier de l'époque, Angel's Flight (1927) de Don Rian et Oil! d'Upton Sinclair[91] qui décrit la ruée vers le pétrole de Signal Hill. Depuis, la ville et sa région, appréciées des auteurs (le grand Los Angeles accueille, après New York et San Francisco, le plus grand nombre d'écrivains publiés, à l'échelle nationale[92]) sont un territoire fertile pour les écrivains. Deux genres en particulier sont liés à la ville : le « roman hollywoodien » et le roman noir.
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Le « roman hollywoodien » s'attache à dépeindre les mauvais côtés du rêve hollywoodien, à montrer la confusion entre réalité et illusion, entre commerce et art, qu'il entraîne, et les conséquences qu'elle provoque dans la vie des personnages : le livre de Nathaniel West, The Day of the Locust (1939), est un modèle du genre[93], qui comprend, entre autres, The Loved One (1947) d'Evelyn Waugh et Hollywood (1989) de Charles Bukowski. En outre le monde de la littérature a très vite rejoint celui du cinéma à Los Angeles, à travers l'écriture de scénario, et l'industrie cinématographique a très vite attiré un grand nombre d'auteurs comme F. Scott Fitzgerald, Aldous Huxley, Tennessee Williams et William Faulkner. Le roman noir est, depuis les années 1930, bien représenté, à travers les œuvres d'écrivains comme Raymond Chandler (Le Grand Sommeil (The Big Sleep, 1939), Adieu ma jolie (Farewell My Lovely, 1940) ; The Long Goodbye, 1953) ; Ross Macdonald (qui écrit dans la lignée de ce dernier tout en donnant à ses personnages une plus grande profondeur psychologique) ; Walter Mosley ; James Ellroy avec Le Dahlia noir (Black Dahlia, 1987), Le Grand Nulle part (The Big Nowhere, 1988), L.A. Confidential (1990) ; Joseph Hansen et Michael Connelly (Les Égouts de Los Angeles (1992) et L'Envol des anges (1999).
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Los Angeles est un objet de fascination paradoxal pour de nombreux auteurs. La plupart des textes publiés au sujet de Los Angeles dressent le portrait d'une ville complexe et soulignent les différences qui existent entre sa réputation publique et une réalité souvent noire et teintée de pessimisme, faisant de Los Angeles une allégorie d'une condition moderne marquée par l'angoisse[94]. Dans ses romans semi-autobiographiques (le premier est Bandini en 1938), John Fante décrit le Los Angeles de la Grande Dépression, où son alter ego Arturo Bandini cherche à vivre de l'écriture. Maria avec et sans rien (Play it as it Lays, 1971) de Joan Didion dresse de la ville un portrait négatif, à l'instar de Moins que zéro (Less Than Zero, 1985) de Bret Easton Ellis, qui décrit l'aliénation d'un étudiant de la jeunesse dorée qui ne sortira d'une plongée dans les bas-fonds de la société angeline qu'en quittant la ville. Dans son autobiographie Always Running (1993), Luis J. Rodriguez raconte son expérience des gangs et du trafic de drogues. La science-fiction porte à l'extrême les côtés dystopiques de la métropole, lieu de cauchemar dans, par exemple, Je suis une légende (1954) de Richard Matheson et lieu propice au désastre, dans les très nombreux romans et films catastrophes qui s'y déroulent[95]. Cependant la figure littéraire de Los Angeles n'exclut pas l'optimisme ; elle est, à l'image de la ville réelle, diverse et multiple.
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Le village de Los Angeles du début du XIXe siècle est également le théâtre des aventures du justicier masqué Zorro, créé en 1919 par Johnston McCulley. Ses exploits se déroulant alors en Californie espagnole ont inspiré un grand nombre de films, de séries télévisées et de bandes dessinées.
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Berceau du mythe hollywoodien, Los Angeles a logiquement fasciné une multitude de réalisateurs américains, dont Michael Mann. Deux de ses films prennent place à Los Angeles :
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Plusieurs films de Quentin Tarantino se déroulent à Los Angeles :
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David Lynch, qui habite la ville de Los Angeles, y a tourné beaucoup de ses films :
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D'autres films célèbres voient leurs scénarios se dérouler à Los Angeles :
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De nombreuses séries télévisées se déroulent à Los Angeles. La plupart appartiennent au genre policier : Badge 714 (1951-1959), Mannix (1967-1975), Columbo (1968-2003), Cannon (1971-1976), Police Story (1973-1978), Drôles de dames (1976-1981), Quincy (1976-1983), CHiPs (1977-1983), Hart to Hart, pour l'amour du risque (1979-1984), la maison des Hart se situe au « 3100 Mandeville Canyon Road » dans les hauteurs du quartier de Brentwood, les collines d'Amber Hills, elle fait jonction avec le sunset Bd, cette maison fût utilisée pour son cadre lors des tournages notamment sa façade, son jardin et dépendances, l'intérieur du décor étant réalisé en studio d'après les plans de cette maison, Matt Houston (1982-1985), Rick Hunter (1984-1991), les six premières saisons de 24 heures chrono (2001-2010), The Shield (2002-2008), The Closer : L.A. enquêtes prioritaires (2005-2012), Numb3rs (2005-2010), NCIS : Los Angeles (depuis 2009) (NCIS : Enquêtes spéciales y est aussi tourné), Los Angeles, police judiciaire (2010-2011), Major Crimes (2012-2018).
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Plusieurs feuilletons évoquent l'installation et l'adaptation de nouveaux habitants (Beverly Hills 90210, Le Prince de Bel-Air, 90210 Beverly Hills : Nouvelle Génération, Newport Beach) ou reflètent la diversité ethnique de la ville : Moesha, Le Prince de Bel-Air ou encore Black-ish qui racontent le quotidien d'Afro-Américains ou Devious Maids le quotidien d'Hispaniques. L'univers de la mode, des stars et du cinéma apparaît dans Amour, Gloire et Beauté (depuis 1987), Les Girls de Playboy (The Girls Next Door) (2005-2009), Fashion House (2006), Dirt (2007-2008) ou Entourage (2004). La Loi de Los Angeles (1986-1994) ou Shark (2006-2008) mettent en scène des avocats. Certains quartiers sont mis à l'honneur comme Bel-Air (Le Prince de Bel-Air).
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Enfin, Los Angeles sert de cadre à des séries dérivées telles que Fame L.A. ou encore Joey (2004-2006). Six Feet Under (2001-2005) se déroule à Los Angeles et aborde des sujets aussi divers que la drogue, la mort, l'homosexualité. La série dérivée Angel (2000-2003) a également été tournée dans cette ville, tout comme Scorpion (depuis 2014) . L'aéroport de la ville est aussi mis en scène dans la série LAX avec Heather Locklear, série en une saison de 13 épisodes qui relate l'histoire des codirecteurs de l'aéroport et les problèmes quotidiens qu'ils rencontrent dans la gestion de cette « mini ville » à part entière. Il y a aussi la téléréalité tel que Les Anges (émission de télévision) pour les saisons 1 et 10.
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La société Rockstar Games a édité un certain nombre de jeux vidéo se déroulant à ou dans une ville inspirée de Los Angeles, parmi lesquels on peut citer Grand Theft Auto: San Andreas et Grand Theft Auto V (deux jeux de la célèbre série de jeux vidéo Grand Theft Auto, dont l'action se déroule à Los Santos), le jeu vidéo de course Midnight Club: Los Angeles, ou plus récemment L.A. Noire, qui se déroule dans le Los Angeles des années 1940. Le jeu vidéo True Crime: Streets of LA (édité par Activision) s'est aussi basé sur la ville. Chaque année se déroule à Los Angeles l'un des plus grands salons de jeux vidéo au monde : l'Electronic Entertainment Expo, souvent abrégé E3.
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Plus que des morceaux consacrés à la ville, L.A. a vu naître et abrite toujours de nombreux artistes particulièrement attachés, en bien ou en mal, à la mégalopole et qui en parlent régulièrement dans leurs chansons. Les genres les plus représentatifs sont le rap (west coast), certains sous-genres du heavy metal (glam metal, thrash metal) et le punk rock (sous-genre californien), notamment :
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Ouvrages et articles en français :
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Lost : Les Disparus (Lost) – ou Perdus au Canada – est un feuilleton télévisé américain de 121 épisodes de 42 minutes, créé par J. J. Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber et diffusé du 22 septembre 2004 au 23 mai 2010 sur le réseau ABC et sur CTV au Canada.
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La version française du feuilleton a été diffusée au Canada du 17 mars 2005 au 12 août 2010 sur Radio-Canada, en Belgique du 2 mai 2005 au 18 juin 2010 sur RTL-TVI, en Suisse du 14 juin 2005 au 19 juin 2010 sur TSR1 et en France du 25 juin 2005 au 23 juin 2010 sur TF1 puis rediffusée entre le 16 mars 2013 et le 11 février 2014 sur France Ô[1].
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En 2010, Lost a été élue « meilleure série des vingt dernières années » par le magazine E! Online [2] et a été classée 27e sur les 101 séries les mieux écrites de tous les temps par la Writers Guild of America en 2013[3].
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Le vol 815 de la compagnie Oceanic Airlines, reliant Sydney à Los Angeles, explose en plein vol au-dessus d'une île du Pacifique non répertoriée sur les cartes. Le cockpit, l'avant ainsi que la queue de l'appareil tombent en des endroits différents de l'île, où les survivants vont apprendre à cohabiter et survivre. Dès les premiers jours, ils se rendent compte qu'ils ne sont pas seuls sur ce bout de terre, qui est le théâtre d'évènements étranges : activité magnétique intense, ours polaires rodant dans la jungle, apparitions de revenants, monstre inconnu (fumée noire) errant dans la jungle ou encore indigènes hostiles surnommés Les Autres (The Others) qui agissent sous l'influence d'un certain Jacob, un chef mystique.
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Les survivants découvrent également les bâtiments abandonnés du projet Dharma, une organisation ayant mené des recherches scientifiques sur l'île dans les années 1970 et 1980. Les membres du projet Dharma étudiaient le voyage dans le temps. En 1977, un incident a conduit le projet Dharma à maîtriser une importante accumulation d'énergie électromagnétique dans un bunker où, toutes les cent huit minutes, une série de nombres (4 8 15 16 23 42) doit être entrée dans un terminal informatique pour éviter que cette énergie ne s'échappe.
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Bientôt, à travers une série d'épreuves où beaucoup vont laisser la vie, les passagers du vol 815 vont découvrir que l'avion ne s'est pas écrasé par hasard, et qu'ils ne sont que de simples pions sur un échiquier à échelle humaine.
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L'intrigue du feuilleton peut être divisée en quatre fils conducteurs :
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L'intrigue de Lost est composée de très nombreux mystères (que ce soit sur l'île ou sur les personnages). Le souci du détail y est prédominant. Toutefois l'intrigue est davantage reliée aux personnages qu'aux mystères de l'île. Une morale bien précise est présente en permanence : il faut avancer malgré les difficultés. Ne jamais regarder en arrière ni regretter. Cette morale est souvent présente dans les phrases Let it go et whatever happened, happened. Les passagers du vol 815 et la quasi-totalité des personnages sur l'île essayent de lutter contre leurs démons intérieurs, leurs peurs, leurs névroses, leurs regrets. Les deux entités (Jacob et l'Homme en noir) utilisent à leurs propres fins cette quête initiatique, faisant de l'île un plateau d'échecs géant où il s'agit de vivre ensemble ou mourir seul.
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La série a été conçue par Lloyd Braun, responsable à l'époque d'ABC, alors qu'il était en vacances à Hawaï en 2003[4]. Le développement de Lost a commencé lorsque Lloyd Braun a commandé un script initial à Spelling Television basé sur son concept d'un croisement entre le roman Sa Majesté des mouches, le film Seul au monde, la série télévisée L'Île aux naufragés, et l’émission de téléréalité Survivor. ABC a aussi créé une série de courte durée sur les survivants d'un crash d'avion en 1969 appelée The New People dont l'épisode pilote a été écrit par Rod Serling.
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Jeffrey Lieber a d'abord été embauché pour écrire le pilote, intitulé Nowhere, peu satisfait du résultat, et malgré une refonte ultérieure, Lloyd Braun a contacté J. J. Abrams en janvier 2004, qui avait un contrat avec Touchstone Television et qui était alors connu pour avoir créé la série télévisée Alias, pour écrire un nouveau script. Jeffrey Lieber recevra plus tard le crédit d'histoire pour l'épisode pilote de Lost, et sera crédité au même titre que J.J. Abrams et Damon Lindelof comme cocréateur de la série, après une demande d'arbitrage auprès de la Writers Guild of America[5].
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Bien que d'abord hésitant, J.J. Abrams était enthousiasmé par le concept de la série, à condition que celle-ci ait un angle surnaturel, et a ainsi collaboré avec Damon Lindelof pour créer l'univers de la série[6].
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Au moment de sa production, le double-épisode pilote de Lost a été le plus cher de l'histoire du réseau ABC et aurait coûté entre 10 et 14 millions de dollars[7], tandis que le coût moyen d'un épisode pilote est de 4 millions de dollars en 2005[8]. La série a débuté le 22 septembre 2004 et elle est devenue l'un des plus grands succès critiques et commerciaux de la saison 2004 à la télévision[9]. Pourtant, avant même que la série ait été diffusée, Lloyd Braun a été congédié par les dirigeants de la société mère d'ABC, The Walt Disney Company, en partie à cause des faibles audiences du réseau ABC et aussi parce qu'il avait donné son feu vert à un projet aussi coûteux et risqué[6]. La première mondiale de l'épisode pilote a eu lieu le 24 juillet 2004 au Comic-Con International à San Diego[10].
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Après un récapitulatif des événements principaux des épisodes précédents, chaque épisode commence par une pré-scène. Dans un contexte dramatique, l'écran devient noir et le titre graphique, légèrement flou, glisse vers le spectateur accompagné d'un son sinistre et discordant. Le générique d'ouverture se manifeste ensuite, généralement par ordre alphabétique des noms de famille des acteurs. Bien qu'il y ait un arc narratif continu, chaque épisode présente un flashback, un flashforward ou un flash-sideway, centré sur un ou quelques personnages particuliers. La majorité des épisodes se termine par un retournement final ou une fin ouverte (cliffhanger), révélé quelques secondes seulement avant que le titre graphique n'apparaisse sur un fond noir.
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Lost est filmé sur caméras Panavision 35 mm presque entièrement sur l'île hawaïenne d'Oahu. Les scènes de l'île d'origine de l'épisode-pilote ont été filmées à Mokulē'ia, près de la pointe nord-ouest de l'île. Plus tard, les scènes de la plage ont lieu à North Shore. Les scènes de la grotte dans la première saison ont été filmées sur un plateau de tournage construit dans un entrepôt de Xerox, qui était vide depuis qu'une tuerie de masse des employés y a eu lieu en 1999[11]. Les plateaux de tournage et les bureaux de la production ont déménagé au Hawaii Film Studio[12], où les intérieurs de la station Le Cygne dans la deuxième saison et de la station L'Hydre dans la troisième saison ont été construits[13]. Diverses zones urbaines dans et près de Honolulu sont utilisées comme doublures d'emplacements situés à travers le monde, dont la Californie, New York, l'Iowa, Miami, le Nouveau-Mexique, l'Alabama, l'Oregon, le Massachusetts, Hawaï, la Corée du Sud, l'Irak, le Nigeria, le Royaume-Uni, Paris, la Thaïlande, Helsinki, Berlin, la Tunisie, les Bahamas, les Seychelles, les Fidji, l'Indonésie, Saint-Domingue, Moscou, les Îles Canaries et l'Australie. Par exemple, les scènes se déroulant dans l'aéroport de Sydney ont été filmées au Hawaii Convention Center, tandis qu'un bunker d'époque de la Seconde Guerre mondiale a été utilisé comme installation de la Garde républicaine irakienne[14]. En outre, les scènes se déroulant en Allemagne durant l'hiver ont été filmées dans un quartier hawaiien relativement ordinaire, avec de la glace pilée éparpillée un peu partout pour créer de la neige et des automobiles de marques allemandes dans la rue[réf. nécessaire]. Plusieurs scènes dans le dernier épisode de la troisième saison, Through the Looking Glass, ont été tournées à Los Angeles, y compris un hôpital emprunté à Grey's Anatomy. Deux scènes au cours de la quatrième saison ont été tournées à Londres parce qu'Alan Dale, qui jouait dans la comédie musicale Spamalot, ne pouvait pas voyager à Hawaï[15].
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Lost dispose d'une partition orchestrale interprétée par le Hollywood Studio Symphony Orchestra et composée par Michael Giacchino, incorporant de nombreux thèmes récurrents pour des sujets tels que les événements, les lieux et les personnages. Giacchino obtient certains sons en utilisant des instruments inhabituels, comme en frappant des morceaux du fuselage de l'avion[16]. Le 21 mars 2006, le label Varèse Sarabande a publié la bande sonore originale de la première saison de Lost[17]. La bande sonore inclut des versions complètes des thèmes les plus populaires de la saison ainsi que le thème principal, composé par le créateur de la série J. J. Abrams[17]. Varèse Sarabande a publié la bande sonore de la deuxième saison de Lost le 3 octobre 2006[18], de la troisième saison le 6 mai 2008 et de la quatrième saison le 11 mai 2009.
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La musique pop est utilisée avec parcimonie dans la série, étant donné la partition orchestrale. Quand des chansons sont jouées, elles proviennent généralement d'une source diégétique. On peut noter par exemple les diverses chansons jouées sur le lecteur de CD portable de Hurley tout au long de la première saison (jusqu'à ce que ses batteries soient épuisées dans l'épisode ... In Translation), la chanson Moonlight Serenade de Glenn Miller captée sur le talkie-walkie par Sayid et Hurley au début de la première saison (ré-entendue dans la camionnette de Jack dans la saison 3) et l'utilisation d'un lecteur de disques avec lequel est joué Make Your Own Kind of Music de Cass Elliot et Downtown de Petula Clark respectivement dans les premiers épisodes de la deuxième et de la troisième saison. Dans deux épisodes, Charlie est montré dans un coin de rue en train de jouer de la guitare et de chanter la chanson Wonderwall d’Oasis. Dans le dernier épisode de la troisième saison, Jack écoute en conduisant Scentless Apprentice de Nirvana, et dans le dernier épisode de la quatrième saison, il arrive en écoutant Gouge Away des Pixies. Dans la troisième saison, est également utilisée Shambala de Three Dog Night à deux reprises dans la camionnette. Les deux seules chansons pop non diégétiques sont Slowly d'Ann-Margret dans l'épisode I Do et I Shall Not Walk Alone de The Blind Boys of Alabama dans l'épisode Confidence Man. D'autres musiques sont utilisées dans plusieurs versions internationales. Par exemple, dans la version japonaise de Lost, le thème principal varie selon la saison. Dans la première saison, Here I Am de Chemistry est utilisé, dans la deuxième saison Losin’ de Yuna Itō, et dans la troisième saison Lonely Girl de Crystal Kay.
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Matthew Fox interprète Jack Shephard.
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Evangeline Lilly interprète Kate Austen.
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Jorge Garcia interprète Hugo Reyes.
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Josh Holloway interprète James Ford.
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Naveen Andrews interprète Sayid Jarrah.
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Daniel Dae Kim interprète Jin-Soo Kwon.
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Kim Yoon-jin interprète Sun Kwon.
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Emilie de Ravin interprète Claire Littleton.
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Henry Ian Cusick interprète Desmond Hume.
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Michael Emerson interprète Benjamin Linus.
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Nestor Carbonell interprète Richard Alpert.
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Dominic Monaghan interprète Charlie Pace.
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Harold Perrineau interprète Michael Dawson.
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Maggie Grace interprète Shannon Rutherford.
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Ian Somerhalder interprète Boone Carlyle.
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Michelle Rodriguez interprète Ana-Lucia Cortez.
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Adewale Akinnuoye-Agbaje interprète M. Eko.
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Cynthia Watros interprète Elizabeth Smith.
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Elizabeth Mitchell interprète Juliet Burke.
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Jeremy Davies interprète Daniel Faraday.
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Kiele Sanchez interprète Nikki.
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Rodrigo Santoro interprète Paulo.
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Rebecca Mader interprète Charlotte Lewis.
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Malcolm David Kelley interprète Walt Lloyd.
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Zuleikha Robinson interprète Ilana Verdansky.
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Sur les trois cent vingt-quatre personnes à bord du vol Oceanic 815, 71 ont survécu à l'accident (ainsi qu'un chien), réparties entre les trois sections de l'avion.
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La première saison met en vedette quatorze acteurs principaux. Naveen Andrews interprète un ancien membre irakien de la garde républicaine, Sayid Jarrah. Emilie de Ravin incarne une Australienne enceinte, Claire Littleton. Matthew Fox interprète le chirurgien Jack Shephard. Jorge Garcia interprète Hugo Reyes, un gagnant malchanceux au loto. Maggie Grace joue Shannon Rutherford, ancien professeur de danse. Josh Holloway incarne l'escroc James « Sawyer » Ford. Kim Yoon-jin interprète Sun Kwon, la fille d'un puissant homme d'affaires et parrain de la mafia coréenne, et Daniel Dae Kim son mari Jin-Soo Kwon. Evangeline Lilly interprète la fugitive Kate Austen. Dominic Monaghan incarne l'ex-star du rock toxicomane Charlie Pace. Terry O'Quinn joue le mystérieux John Locke. Harold Perrineau interprète un ouvrier du bâtiment, Michael Dawson et Malcolm David Kelley interprètent à tour de rôle son jeune fils Walt Lloyd. Enfin, Ian Somerhalder incarne Boone Carlyle, chef de l'entreprise de mariage de sa mère et demi-frère de Shannon Rutherford.
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Pendant les deux premières saisons, certains personnages ont disparu pour faire place à de nouveaux personnages avec de nouvelles histoires[19],[20]. Boone Carlyle est le premier à disparaître à la fin de la première saison. Walt Lloyd est devenu un invité vedette après les événements de l'épisode final de la première saison, faisant de rares apparitions tout au long de la deuxième saison. Le départ de Shannon Rutherford huit épisodes après le début de la deuxième saison a permis l'introduction de nouveaux arrivants, M. Eko, un prêtre catholique nigérian et ancien criminel joué par Adewale Akinnuoye-Agbaje, Ana-Lucia Cortez, une agent de sécurité d'aéroport et ancien officier de police jouée par Michelle Rodríguez, et Libby, une psychologue clinicienne interprétée par Cynthia Watros. Ana Lucia, Libby et Michael ont quitté la série à la fin de la deuxième saison.
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Dans la troisième saison, Henry Ian Cusick a été promu acteur principal pour jouer l'ancien soldat écossais Desmond Hume, tout comme Michael Emerson dans le rôle de Benjamin Linus (anciennement connu sous le nom de Henry Gale), un membre haut placé des « Autres ». En outre, trois nouveaux acteurs ont rejoint la distribution régulière : Elizabeth Mitchell, en tant que médecin spécialisé dans la fécondité et « Autre » Juliet Burke, et Kiele Sanchez et Rodrigo Santoro le couple de survivants Nikki et Paulo. M. Eko a disparu en début de saison, Nikki et Paulo à la mi-saison et Charlie dans l'épisode final de la troisième saison.
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Dans la quatrième saison, Harold Perrineau a rejoint la distribution principale pour reprendre le rôle de Michael Dawson, devenu suicidaire, revenu pour expier ses crimes précédents[21]. De nouveaux acteurs sont également introduits : Jeremy Davies incarne Daniel Faraday, un physicien nerveux qui porte un intérêt scientifique à l'île, Ken Leung incarne Miles Straume, un médium sarcastique, et Rebecca Mader incarne Charlotte Lewis, une anthropologue déterminée[22]. Claire Littleton, qui disparaît mystérieusement avec son père biologique mort vers la fin de la saison, n'apparait pas dans la cinquième saison mais revient pour la sixième[23]. Michael disparait lors de l'épisode final de la quatrième saison[24].
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Dans la cinquième saison, aucun nouveau personnage ne rejoint la distribution principale, cependant plusieurs personnages disparaissent : Charlotte Lewis dans le cinquième épisode et Daniel Faraday dans l'antépénultième épisode (le 14e).
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Dans la sixième saison, trois personnages deviennent principaux[25]. Il s'agit de Nestor Carbonell qui incarne le mystérieux « Autre » Richard Alpert, Jeff Fahey qui incarne le pilote Frank Lapidus[26] et Zuleikha Robinson qui incarne l'énigmatique Ilana, survivante du vol Ajira 316. En outre, plusieurs anciens membres de la distribution dont Ian Somerhalder, Dominic Monaghan, Rebecca Mader, Jeremy Davies, Elizabeth Mitchell, Michelle Rodríguez, Maggie Grace[27], Harold Perrineau et Cynthia Watros[28] font des apparitions dans cette dernière saison. Juliet Burke meurt dans le premier épisode.
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La première saison comprend vingt-cinq épisodes plus un épisode spécial.
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La deuxième saison comprend vingt-quatre épisodes plus deux épisodes spéciaux.
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La troisième saison comprend vingt-trois épisodes plus quatre épisodes spéciaux. Le tournage a débuté à Hawaï le 7 août 2006.
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Initialement la quatrième saison devait comporter seize épisodes[29], mais seuls quatorze ont pu être réalisés en raison de la grève des scénaristes américains de 2007-2008. Les deux saisons suivantes sont portées à dix-sept épisodes afin de compenser cette grève[30].
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Cette saison comporte dix-sept épisodes, soit un de plus que ce qui était initialement prévu.
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Cette saison (la dernière de la série) est composée de dix-huit épisodes.
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Dans la version française, il est possible de remarquer une modification substantielle du scénario puisque l'un des personnages, Danielle Rousseau, est française dans la version originale et devient allemande dans la version française. Ceci se justifiait par le fait que le message enregistré par Danielle Rousseau devait être difficile à comprendre par les naufragés mais aussi par les téléspectateurs. Cela entraîne cependant quelques invraisemblances, d'autant que le personnage en question porte un nom à consonance française et chante une chanson de Charles Trenet, La Mer. Pour interrompre ces incohérences, Danielle redevient française au cours de la cinquième saison.
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Audiences américaines par saison de Lost, basées sur les moyennes totales pondérées de téléspectateurs par épisode, incluant les rediffusions.
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L'épisode pilote a recueilli 18,6 millions de téléspectateurs, plaçant la série en tête sur le créneau 20 heures – 21 heures, et permettant à ABC d'atteindre sa meilleure audience depuis 2000 quand Qui veut gagner des millions ? était initialement diffusé, audience battue le mois suivant par l'épisode pilote de Desperate Housewives[36].
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Pour sa première saison, Lost a réuni en moyenne 16 millions de téléspectateurs, se classant 14e en audience sur les programmes diffusés en prime-time, et 15e sur les 18⁄49 ans[37]. La deuxième saison s'est également classée au 14e rang, avec une moyenne de 15,5 millions de téléspectateurs. Toutefois, elle a amélioré sa cote auprès des 18⁄49 ans, se classant 8e[38]. Le premier épisode de la deuxième saison a été encore plus vu que celui de la première, réunissant plus de 23 millions de téléspectateurs, un record pour la série[39]. Le premier épisode de la troisième a réuni 18,8 millions de téléspectateurs. Le septième épisode de la saison, de retour d'une pause de trois mois, a baissé à 14,5 millions. Au cours de la saison printanière, les audiences ont plongé jusqu'à 11 millions de téléspectateurs avant de remonter à près de 14 millions pour la finale de la saison. La baisse a été partiellement expliquée quand Nielsen ratings a montré que Lost faisait partie des séries les plus enregistrées à la télévision. Toutefois, malgré une baisse d'audience globale, Lost a tout de même été premier sur les 18⁄49 ans sur son créneau horaire. Le premier épisode de la quatrième saison a vu une augmentation par rapport à l'épisode précédent à 16,1 millions de téléspectateurs[40], mais au huitième épisode, le nombre de téléspectateurs a diminué et atteint 11,461 millions[41]. En 2006, une enquête sur une vingtaine de pays par Informa Telecoms and Media a conclu que Lost est la deuxième émission de télévision la plus populaire dans ces pays, après Les Experts : Miami[42]. Le premier épisode de la sixième saison a réuni 12,1 millions de téléspectateurs[43]. L'épisode final a réuni 13,57 millions de téléspectateurs[44] avec une pointe d'audience à 15,31 millions dans la dernière demi-heure[45].
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À la suite d'une première saison réussie, Lost a remporté l'Emmy Award de la meilleure série dramatique et J. J. Abrams a reçu un Emmy en septembre 2005 pour son travail en tant que réalisateur de l'épisode-pilote. Terry O'Quinn et Naveen Andrews ont été nommés dans la catégorie « Meilleur second rôle dans une série dramatique ». Lost a amassé les récompenses en 2005, remportant le Writers Guild of America Award de la meilleure écriture pour une série dramatique, le Producers Guild Award de la meilleure production, le Directors Guild of America Award de la meilleure réalisation pour une série dramatique, et le Screen Actors Guild Award de la meilleure distribution des rôles. La série a été nommée pour le Golden Globe Award de la meilleure série dramatique à trois reprises (de 2005 à 2007), et a remporté le prix en 2006. En 2005, Matthew Fox et Naveen Andrews ont respectivement été nommés aux Golden Globes du meilleur acteur principal dans une série dramatique et du meilleur acteur secondaire, et en 2007, Evangeline Lilly a reçu une nomination pour la meilleure actrice dans une série dramatique. En 2005, Lost n'a pas gagné le BAFTA Award de la meilleure importation américaine. En 2006, Jorge Garcia et Michelle Rodríguez ont remporté respectivement l'ALMA Award du meilleur second rôle masculin et féminin dans une série télévisée. La série a remporté le Saturn Award de la meilleure série télévisée en 2005 et en 2006. En 2005, Terry O'Quinn a remporté le Saturn Award du meilleur second rôle masculin dans une série télévisée et, en 2006, Matthew Fox du meilleur acteur principal. En 2005 et 2006, Lost a remporté le Television Critics Association Award du meilleur aboutissement dans une série dramatique ainsi que le Visual Effects Society Award des meilleurs effets visuels dans un programme télévisé. Malcolm David Kelley a remporté un Young Artist Award pour son interprétation de Walt en 2006. En 2005, Lost a été désigné divertissement de l'année par Entertainment Weekly. L'émission a remporté en 2005 le Prism Award pour le scénario des épisodes Pilot, House of the Rising Sun, et The Moth faisant référence aux problèmes de drogue de Charlie. En 2007, Lost a été classé par le Time comme une des cent meilleures émissions de télévision de tous les temps[46]. La série a été nommée au Writer's Guild Award et au Producer's Guild Award en 2007 mais n'a rien remporté. En juin 2007, Lost a emporté plus de 20 nominations en provenance de pays du monde entier et a remporté le prix du meilleur drame lors du Festival de télévision de Monte-Carlo. En septembre 2007, Michael Emerson et Terry O'Quinn ont tous deux été nommés au Emmy Award du meilleur acteur secondaire dans une série dramatique, et a été remporté par Terry O'Quinn[47]. Lost a de nouveau été nommé au Emmy Award de la meilleure série dramatique en 2008. La série a remporté sept autres nominations aux Emmys, dont l'Emmy du meilleur acteur secondaire dans une série dramatique pour Michael Emerson[48]. En 2009, Lost a également été nommé à l'Emmy de la meilleure série dramatique, ainsi que Michael Emerson à l'Emmy du meilleur acteur secondaire dans une série dramatique, qu'il a remporté[49].
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Lost, en tant que série télévisée, a généré une importante communauté internationale de fans. Les fans de Lost, parfois surnommés les Lostaways[50] ou Losties[51], se sont rassemblés au Comic-Con et aux congrès organisés par ABC[51],[52], mais ont également été actifs dans l'élaboration d'un grand nombre de sites internet, y compris Lostpédia et des forums consacrés au programme[53],[54],[55],[56]. En raison de la mythologie élaborée dans la série, ces sites de fans se sont concentrés sur des spéculations et des théories sur les mystères de l'île, ainsi que sur la production de fanfictions et de vidéos.
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Anticipant sur l'intérêt des fans et essayant de garder son public captivé, ABC a étendu l'univers de la série à divers médias. Les fans de Lost ont ainsi pu explorer des sites internet, des romans, un forum officiel parrainé par l'équipe créatrice derrière Lost (The Fuselage), des mobisodes, des podcasts par les producteurs, un magazine officiel, et un jeu en réalité alternée The Lost Experience[55],[57]. Un fanclub officiel a été lancé à l'été 2005 par Creation Entertainment[51].
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En raison de la popularité de la série, des références à la série et des éléments de son histoire ont fait leur apparition dans des parodies et dans la culture populaire. Il s'agit notamment d'apparitions à la télévision, comme dans des séries télévisées[58], des dessins animés[59] ou des publicités[60]. D'autres médias ne sont pas en reste, tels les comics et webcomics, ou sous forme d'Easter eggs dans les jeux vidéo[61].
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Après l'épisode Numbers diffusé le 2 mars 2005, de nombreuses personnes ont utilisé les chiffres du même nom (4, 8, 15, 16, 23 et 42) à la loterie. Selon le Pittsburgh Tribune-Review, en trois jours, les nombres ont été joués plus de cinq cents fois par les joueurs locaux[62]. De même, dans la même période, plus de deux cents personnes dans le Michigan ont utilisé les nombres à la loterie Mega Millions[63] et en octobre, des milliers les ont utilisés à la loterie multi-États Powerball[64],[65].
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En 2016 Wrecked : Les Rescapés est une série comique qui parodie Lost.
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Lost, les pièces manquantes (ou Missing Pieces) est une série de treize « mobisodes » (contraction de mobile episode), durant une à trois minutes chacun. Ils ont été diffusés uniquement sur les téléphones portables aux États-Unis, à une fréquence d'un épisode par semaine pendant treize semaines avant le début de la saison 4. On peut retrouver ces « mobisodes » sur le site officiel d'ABC ou bien dans les bonus du coffret DVD de la saison 4.
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Lost : Les Disparus (Lost) – ou Perdus au Canada – est un feuilleton télévisé américain de 121 épisodes de 42 minutes, créé par J. J. Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber et diffusé du 22 septembre 2004 au 23 mai 2010 sur le réseau ABC et sur CTV au Canada.
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La version française du feuilleton a été diffusée au Canada du 17 mars 2005 au 12 août 2010 sur Radio-Canada, en Belgique du 2 mai 2005 au 18 juin 2010 sur RTL-TVI, en Suisse du 14 juin 2005 au 19 juin 2010 sur TSR1 et en France du 25 juin 2005 au 23 juin 2010 sur TF1 puis rediffusée entre le 16 mars 2013 et le 11 février 2014 sur France Ô[1].
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En 2010, Lost a été élue « meilleure série des vingt dernières années » par le magazine E! Online [2] et a été classée 27e sur les 101 séries les mieux écrites de tous les temps par la Writers Guild of America en 2013[3].
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Le vol 815 de la compagnie Oceanic Airlines, reliant Sydney à Los Angeles, explose en plein vol au-dessus d'une île du Pacifique non répertoriée sur les cartes. Le cockpit, l'avant ainsi que la queue de l'appareil tombent en des endroits différents de l'île, où les survivants vont apprendre à cohabiter et survivre. Dès les premiers jours, ils se rendent compte qu'ils ne sont pas seuls sur ce bout de terre, qui est le théâtre d'évènements étranges : activité magnétique intense, ours polaires rodant dans la jungle, apparitions de revenants, monstre inconnu (fumée noire) errant dans la jungle ou encore indigènes hostiles surnommés Les Autres (The Others) qui agissent sous l'influence d'un certain Jacob, un chef mystique.
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Les survivants découvrent également les bâtiments abandonnés du projet Dharma, une organisation ayant mené des recherches scientifiques sur l'île dans les années 1970 et 1980. Les membres du projet Dharma étudiaient le voyage dans le temps. En 1977, un incident a conduit le projet Dharma à maîtriser une importante accumulation d'énergie électromagnétique dans un bunker où, toutes les cent huit minutes, une série de nombres (4 8 15 16 23 42) doit être entrée dans un terminal informatique pour éviter que cette énergie ne s'échappe.
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Bientôt, à travers une série d'épreuves où beaucoup vont laisser la vie, les passagers du vol 815 vont découvrir que l'avion ne s'est pas écrasé par hasard, et qu'ils ne sont que de simples pions sur un échiquier à échelle humaine.
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L'intrigue du feuilleton peut être divisée en quatre fils conducteurs :
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L'intrigue de Lost est composée de très nombreux mystères (que ce soit sur l'île ou sur les personnages). Le souci du détail y est prédominant. Toutefois l'intrigue est davantage reliée aux personnages qu'aux mystères de l'île. Une morale bien précise est présente en permanence : il faut avancer malgré les difficultés. Ne jamais regarder en arrière ni regretter. Cette morale est souvent présente dans les phrases Let it go et whatever happened, happened. Les passagers du vol 815 et la quasi-totalité des personnages sur l'île essayent de lutter contre leurs démons intérieurs, leurs peurs, leurs névroses, leurs regrets. Les deux entités (Jacob et l'Homme en noir) utilisent à leurs propres fins cette quête initiatique, faisant de l'île un plateau d'échecs géant où il s'agit de vivre ensemble ou mourir seul.
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La série a été conçue par Lloyd Braun, responsable à l'époque d'ABC, alors qu'il était en vacances à Hawaï en 2003[4]. Le développement de Lost a commencé lorsque Lloyd Braun a commandé un script initial à Spelling Television basé sur son concept d'un croisement entre le roman Sa Majesté des mouches, le film Seul au monde, la série télévisée L'Île aux naufragés, et l’émission de téléréalité Survivor. ABC a aussi créé une série de courte durée sur les survivants d'un crash d'avion en 1969 appelée The New People dont l'épisode pilote a été écrit par Rod Serling.
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Jeffrey Lieber a d'abord été embauché pour écrire le pilote, intitulé Nowhere, peu satisfait du résultat, et malgré une refonte ultérieure, Lloyd Braun a contacté J. J. Abrams en janvier 2004, qui avait un contrat avec Touchstone Television et qui était alors connu pour avoir créé la série télévisée Alias, pour écrire un nouveau script. Jeffrey Lieber recevra plus tard le crédit d'histoire pour l'épisode pilote de Lost, et sera crédité au même titre que J.J. Abrams et Damon Lindelof comme cocréateur de la série, après une demande d'arbitrage auprès de la Writers Guild of America[5].
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Bien que d'abord hésitant, J.J. Abrams était enthousiasmé par le concept de la série, à condition que celle-ci ait un angle surnaturel, et a ainsi collaboré avec Damon Lindelof pour créer l'univers de la série[6].
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Au moment de sa production, le double-épisode pilote de Lost a été le plus cher de l'histoire du réseau ABC et aurait coûté entre 10 et 14 millions de dollars[7], tandis que le coût moyen d'un épisode pilote est de 4 millions de dollars en 2005[8]. La série a débuté le 22 septembre 2004 et elle est devenue l'un des plus grands succès critiques et commerciaux de la saison 2004 à la télévision[9]. Pourtant, avant même que la série ait été diffusée, Lloyd Braun a été congédié par les dirigeants de la société mère d'ABC, The Walt Disney Company, en partie à cause des faibles audiences du réseau ABC et aussi parce qu'il avait donné son feu vert à un projet aussi coûteux et risqué[6]. La première mondiale de l'épisode pilote a eu lieu le 24 juillet 2004 au Comic-Con International à San Diego[10].
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Après un récapitulatif des événements principaux des épisodes précédents, chaque épisode commence par une pré-scène. Dans un contexte dramatique, l'écran devient noir et le titre graphique, légèrement flou, glisse vers le spectateur accompagné d'un son sinistre et discordant. Le générique d'ouverture se manifeste ensuite, généralement par ordre alphabétique des noms de famille des acteurs. Bien qu'il y ait un arc narratif continu, chaque épisode présente un flashback, un flashforward ou un flash-sideway, centré sur un ou quelques personnages particuliers. La majorité des épisodes se termine par un retournement final ou une fin ouverte (cliffhanger), révélé quelques secondes seulement avant que le titre graphique n'apparaisse sur un fond noir.
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Lost est filmé sur caméras Panavision 35 mm presque entièrement sur l'île hawaïenne d'Oahu. Les scènes de l'île d'origine de l'épisode-pilote ont été filmées à Mokulē'ia, près de la pointe nord-ouest de l'île. Plus tard, les scènes de la plage ont lieu à North Shore. Les scènes de la grotte dans la première saison ont été filmées sur un plateau de tournage construit dans un entrepôt de Xerox, qui était vide depuis qu'une tuerie de masse des employés y a eu lieu en 1999[11]. Les plateaux de tournage et les bureaux de la production ont déménagé au Hawaii Film Studio[12], où les intérieurs de la station Le Cygne dans la deuxième saison et de la station L'Hydre dans la troisième saison ont été construits[13]. Diverses zones urbaines dans et près de Honolulu sont utilisées comme doublures d'emplacements situés à travers le monde, dont la Californie, New York, l'Iowa, Miami, le Nouveau-Mexique, l'Alabama, l'Oregon, le Massachusetts, Hawaï, la Corée du Sud, l'Irak, le Nigeria, le Royaume-Uni, Paris, la Thaïlande, Helsinki, Berlin, la Tunisie, les Bahamas, les Seychelles, les Fidji, l'Indonésie, Saint-Domingue, Moscou, les Îles Canaries et l'Australie. Par exemple, les scènes se déroulant dans l'aéroport de Sydney ont été filmées au Hawaii Convention Center, tandis qu'un bunker d'époque de la Seconde Guerre mondiale a été utilisé comme installation de la Garde républicaine irakienne[14]. En outre, les scènes se déroulant en Allemagne durant l'hiver ont été filmées dans un quartier hawaiien relativement ordinaire, avec de la glace pilée éparpillée un peu partout pour créer de la neige et des automobiles de marques allemandes dans la rue[réf. nécessaire]. Plusieurs scènes dans le dernier épisode de la troisième saison, Through the Looking Glass, ont été tournées à Los Angeles, y compris un hôpital emprunté à Grey's Anatomy. Deux scènes au cours de la quatrième saison ont été tournées à Londres parce qu'Alan Dale, qui jouait dans la comédie musicale Spamalot, ne pouvait pas voyager à Hawaï[15].
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Lost dispose d'une partition orchestrale interprétée par le Hollywood Studio Symphony Orchestra et composée par Michael Giacchino, incorporant de nombreux thèmes récurrents pour des sujets tels que les événements, les lieux et les personnages. Giacchino obtient certains sons en utilisant des instruments inhabituels, comme en frappant des morceaux du fuselage de l'avion[16]. Le 21 mars 2006, le label Varèse Sarabande a publié la bande sonore originale de la première saison de Lost[17]. La bande sonore inclut des versions complètes des thèmes les plus populaires de la saison ainsi que le thème principal, composé par le créateur de la série J. J. Abrams[17]. Varèse Sarabande a publié la bande sonore de la deuxième saison de Lost le 3 octobre 2006[18], de la troisième saison le 6 mai 2008 et de la quatrième saison le 11 mai 2009.
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La musique pop est utilisée avec parcimonie dans la série, étant donné la partition orchestrale. Quand des chansons sont jouées, elles proviennent généralement d'une source diégétique. On peut noter par exemple les diverses chansons jouées sur le lecteur de CD portable de Hurley tout au long de la première saison (jusqu'à ce que ses batteries soient épuisées dans l'épisode ... In Translation), la chanson Moonlight Serenade de Glenn Miller captée sur le talkie-walkie par Sayid et Hurley au début de la première saison (ré-entendue dans la camionnette de Jack dans la saison 3) et l'utilisation d'un lecteur de disques avec lequel est joué Make Your Own Kind of Music de Cass Elliot et Downtown de Petula Clark respectivement dans les premiers épisodes de la deuxième et de la troisième saison. Dans deux épisodes, Charlie est montré dans un coin de rue en train de jouer de la guitare et de chanter la chanson Wonderwall d’Oasis. Dans le dernier épisode de la troisième saison, Jack écoute en conduisant Scentless Apprentice de Nirvana, et dans le dernier épisode de la quatrième saison, il arrive en écoutant Gouge Away des Pixies. Dans la troisième saison, est également utilisée Shambala de Three Dog Night à deux reprises dans la camionnette. Les deux seules chansons pop non diégétiques sont Slowly d'Ann-Margret dans l'épisode I Do et I Shall Not Walk Alone de The Blind Boys of Alabama dans l'épisode Confidence Man. D'autres musiques sont utilisées dans plusieurs versions internationales. Par exemple, dans la version japonaise de Lost, le thème principal varie selon la saison. Dans la première saison, Here I Am de Chemistry est utilisé, dans la deuxième saison Losin’ de Yuna Itō, et dans la troisième saison Lonely Girl de Crystal Kay.
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Matthew Fox interprète Jack Shephard.
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Evangeline Lilly interprète Kate Austen.
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Jorge Garcia interprète Hugo Reyes.
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Josh Holloway interprète James Ford.
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Naveen Andrews interprète Sayid Jarrah.
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Daniel Dae Kim interprète Jin-Soo Kwon.
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Kim Yoon-jin interprète Sun Kwon.
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Emilie de Ravin interprète Claire Littleton.
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Henry Ian Cusick interprète Desmond Hume.
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Michael Emerson interprète Benjamin Linus.
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Nestor Carbonell interprète Richard Alpert.
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Dominic Monaghan interprète Charlie Pace.
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Harold Perrineau interprète Michael Dawson.
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Maggie Grace interprète Shannon Rutherford.
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Ian Somerhalder interprète Boone Carlyle.
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Michelle Rodriguez interprète Ana-Lucia Cortez.
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Adewale Akinnuoye-Agbaje interprète M. Eko.
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Cynthia Watros interprète Elizabeth Smith.
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Elizabeth Mitchell interprète Juliet Burke.
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Jeremy Davies interprète Daniel Faraday.
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Kiele Sanchez interprète Nikki.
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Rodrigo Santoro interprète Paulo.
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Rebecca Mader interprète Charlotte Lewis.
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Malcolm David Kelley interprète Walt Lloyd.
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Zuleikha Robinson interprète Ilana Verdansky.
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Sur les trois cent vingt-quatre personnes à bord du vol Oceanic 815, 71 ont survécu à l'accident (ainsi qu'un chien), réparties entre les trois sections de l'avion.
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La première saison met en vedette quatorze acteurs principaux. Naveen Andrews interprète un ancien membre irakien de la garde républicaine, Sayid Jarrah. Emilie de Ravin incarne une Australienne enceinte, Claire Littleton. Matthew Fox interprète le chirurgien Jack Shephard. Jorge Garcia interprète Hugo Reyes, un gagnant malchanceux au loto. Maggie Grace joue Shannon Rutherford, ancien professeur de danse. Josh Holloway incarne l'escroc James « Sawyer » Ford. Kim Yoon-jin interprète Sun Kwon, la fille d'un puissant homme d'affaires et parrain de la mafia coréenne, et Daniel Dae Kim son mari Jin-Soo Kwon. Evangeline Lilly interprète la fugitive Kate Austen. Dominic Monaghan incarne l'ex-star du rock toxicomane Charlie Pace. Terry O'Quinn joue le mystérieux John Locke. Harold Perrineau interprète un ouvrier du bâtiment, Michael Dawson et Malcolm David Kelley interprètent à tour de rôle son jeune fils Walt Lloyd. Enfin, Ian Somerhalder incarne Boone Carlyle, chef de l'entreprise de mariage de sa mère et demi-frère de Shannon Rutherford.
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Pendant les deux premières saisons, certains personnages ont disparu pour faire place à de nouveaux personnages avec de nouvelles histoires[19],[20]. Boone Carlyle est le premier à disparaître à la fin de la première saison. Walt Lloyd est devenu un invité vedette après les événements de l'épisode final de la première saison, faisant de rares apparitions tout au long de la deuxième saison. Le départ de Shannon Rutherford huit épisodes après le début de la deuxième saison a permis l'introduction de nouveaux arrivants, M. Eko, un prêtre catholique nigérian et ancien criminel joué par Adewale Akinnuoye-Agbaje, Ana-Lucia Cortez, une agent de sécurité d'aéroport et ancien officier de police jouée par Michelle Rodríguez, et Libby, une psychologue clinicienne interprétée par Cynthia Watros. Ana Lucia, Libby et Michael ont quitté la série à la fin de la deuxième saison.
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Dans la troisième saison, Henry Ian Cusick a été promu acteur principal pour jouer l'ancien soldat écossais Desmond Hume, tout comme Michael Emerson dans le rôle de Benjamin Linus (anciennement connu sous le nom de Henry Gale), un membre haut placé des « Autres ». En outre, trois nouveaux acteurs ont rejoint la distribution régulière : Elizabeth Mitchell, en tant que médecin spécialisé dans la fécondité et « Autre » Juliet Burke, et Kiele Sanchez et Rodrigo Santoro le couple de survivants Nikki et Paulo. M. Eko a disparu en début de saison, Nikki et Paulo à la mi-saison et Charlie dans l'épisode final de la troisième saison.
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Dans la quatrième saison, Harold Perrineau a rejoint la distribution principale pour reprendre le rôle de Michael Dawson, devenu suicidaire, revenu pour expier ses crimes précédents[21]. De nouveaux acteurs sont également introduits : Jeremy Davies incarne Daniel Faraday, un physicien nerveux qui porte un intérêt scientifique à l'île, Ken Leung incarne Miles Straume, un médium sarcastique, et Rebecca Mader incarne Charlotte Lewis, une anthropologue déterminée[22]. Claire Littleton, qui disparaît mystérieusement avec son père biologique mort vers la fin de la saison, n'apparait pas dans la cinquième saison mais revient pour la sixième[23]. Michael disparait lors de l'épisode final de la quatrième saison[24].
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Dans la cinquième saison, aucun nouveau personnage ne rejoint la distribution principale, cependant plusieurs personnages disparaissent : Charlotte Lewis dans le cinquième épisode et Daniel Faraday dans l'antépénultième épisode (le 14e).
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Dans la sixième saison, trois personnages deviennent principaux[25]. Il s'agit de Nestor Carbonell qui incarne le mystérieux « Autre » Richard Alpert, Jeff Fahey qui incarne le pilote Frank Lapidus[26] et Zuleikha Robinson qui incarne l'énigmatique Ilana, survivante du vol Ajira 316. En outre, plusieurs anciens membres de la distribution dont Ian Somerhalder, Dominic Monaghan, Rebecca Mader, Jeremy Davies, Elizabeth Mitchell, Michelle Rodríguez, Maggie Grace[27], Harold Perrineau et Cynthia Watros[28] font des apparitions dans cette dernière saison. Juliet Burke meurt dans le premier épisode.
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La première saison comprend vingt-cinq épisodes plus un épisode spécial.
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La deuxième saison comprend vingt-quatre épisodes plus deux épisodes spéciaux.
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La troisième saison comprend vingt-trois épisodes plus quatre épisodes spéciaux. Le tournage a débuté à Hawaï le 7 août 2006.
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Initialement la quatrième saison devait comporter seize épisodes[29], mais seuls quatorze ont pu être réalisés en raison de la grève des scénaristes américains de 2007-2008. Les deux saisons suivantes sont portées à dix-sept épisodes afin de compenser cette grève[30].
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Cette saison comporte dix-sept épisodes, soit un de plus que ce qui était initialement prévu.
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Cette saison (la dernière de la série) est composée de dix-huit épisodes.
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Dans la version française, il est possible de remarquer une modification substantielle du scénario puisque l'un des personnages, Danielle Rousseau, est française dans la version originale et devient allemande dans la version française. Ceci se justifiait par le fait que le message enregistré par Danielle Rousseau devait être difficile à comprendre par les naufragés mais aussi par les téléspectateurs. Cela entraîne cependant quelques invraisemblances, d'autant que le personnage en question porte un nom à consonance française et chante une chanson de Charles Trenet, La Mer. Pour interrompre ces incohérences, Danielle redevient française au cours de la cinquième saison.
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Audiences américaines par saison de Lost, basées sur les moyennes totales pondérées de téléspectateurs par épisode, incluant les rediffusions.
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L'épisode pilote a recueilli 18,6 millions de téléspectateurs, plaçant la série en tête sur le créneau 20 heures – 21 heures, et permettant à ABC d'atteindre sa meilleure audience depuis 2000 quand Qui veut gagner des millions ? était initialement diffusé, audience battue le mois suivant par l'épisode pilote de Desperate Housewives[36].
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Pour sa première saison, Lost a réuni en moyenne 16 millions de téléspectateurs, se classant 14e en audience sur les programmes diffusés en prime-time, et 15e sur les 18⁄49 ans[37]. La deuxième saison s'est également classée au 14e rang, avec une moyenne de 15,5 millions de téléspectateurs. Toutefois, elle a amélioré sa cote auprès des 18⁄49 ans, se classant 8e[38]. Le premier épisode de la deuxième saison a été encore plus vu que celui de la première, réunissant plus de 23 millions de téléspectateurs, un record pour la série[39]. Le premier épisode de la troisième a réuni 18,8 millions de téléspectateurs. Le septième épisode de la saison, de retour d'une pause de trois mois, a baissé à 14,5 millions. Au cours de la saison printanière, les audiences ont plongé jusqu'à 11 millions de téléspectateurs avant de remonter à près de 14 millions pour la finale de la saison. La baisse a été partiellement expliquée quand Nielsen ratings a montré que Lost faisait partie des séries les plus enregistrées à la télévision. Toutefois, malgré une baisse d'audience globale, Lost a tout de même été premier sur les 18⁄49 ans sur son créneau horaire. Le premier épisode de la quatrième saison a vu une augmentation par rapport à l'épisode précédent à 16,1 millions de téléspectateurs[40], mais au huitième épisode, le nombre de téléspectateurs a diminué et atteint 11,461 millions[41]. En 2006, une enquête sur une vingtaine de pays par Informa Telecoms and Media a conclu que Lost est la deuxième émission de télévision la plus populaire dans ces pays, après Les Experts : Miami[42]. Le premier épisode de la sixième saison a réuni 12,1 millions de téléspectateurs[43]. L'épisode final a réuni 13,57 millions de téléspectateurs[44] avec une pointe d'audience à 15,31 millions dans la dernière demi-heure[45].
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À la suite d'une première saison réussie, Lost a remporté l'Emmy Award de la meilleure série dramatique et J. J. Abrams a reçu un Emmy en septembre 2005 pour son travail en tant que réalisateur de l'épisode-pilote. Terry O'Quinn et Naveen Andrews ont été nommés dans la catégorie « Meilleur second rôle dans une série dramatique ». Lost a amassé les récompenses en 2005, remportant le Writers Guild of America Award de la meilleure écriture pour une série dramatique, le Producers Guild Award de la meilleure production, le Directors Guild of America Award de la meilleure réalisation pour une série dramatique, et le Screen Actors Guild Award de la meilleure distribution des rôles. La série a été nommée pour le Golden Globe Award de la meilleure série dramatique à trois reprises (de 2005 à 2007), et a remporté le prix en 2006. En 2005, Matthew Fox et Naveen Andrews ont respectivement été nommés aux Golden Globes du meilleur acteur principal dans une série dramatique et du meilleur acteur secondaire, et en 2007, Evangeline Lilly a reçu une nomination pour la meilleure actrice dans une série dramatique. En 2005, Lost n'a pas gagné le BAFTA Award de la meilleure importation américaine. En 2006, Jorge Garcia et Michelle Rodríguez ont remporté respectivement l'ALMA Award du meilleur second rôle masculin et féminin dans une série télévisée. La série a remporté le Saturn Award de la meilleure série télévisée en 2005 et en 2006. En 2005, Terry O'Quinn a remporté le Saturn Award du meilleur second rôle masculin dans une série télévisée et, en 2006, Matthew Fox du meilleur acteur principal. En 2005 et 2006, Lost a remporté le Television Critics Association Award du meilleur aboutissement dans une série dramatique ainsi que le Visual Effects Society Award des meilleurs effets visuels dans un programme télévisé. Malcolm David Kelley a remporté un Young Artist Award pour son interprétation de Walt en 2006. En 2005, Lost a été désigné divertissement de l'année par Entertainment Weekly. L'émission a remporté en 2005 le Prism Award pour le scénario des épisodes Pilot, House of the Rising Sun, et The Moth faisant référence aux problèmes de drogue de Charlie. En 2007, Lost a été classé par le Time comme une des cent meilleures émissions de télévision de tous les temps[46]. La série a été nommée au Writer's Guild Award et au Producer's Guild Award en 2007 mais n'a rien remporté. En juin 2007, Lost a emporté plus de 20 nominations en provenance de pays du monde entier et a remporté le prix du meilleur drame lors du Festival de télévision de Monte-Carlo. En septembre 2007, Michael Emerson et Terry O'Quinn ont tous deux été nommés au Emmy Award du meilleur acteur secondaire dans une série dramatique, et a été remporté par Terry O'Quinn[47]. Lost a de nouveau été nommé au Emmy Award de la meilleure série dramatique en 2008. La série a remporté sept autres nominations aux Emmys, dont l'Emmy du meilleur acteur secondaire dans une série dramatique pour Michael Emerson[48]. En 2009, Lost a également été nommé à l'Emmy de la meilleure série dramatique, ainsi que Michael Emerson à l'Emmy du meilleur acteur secondaire dans une série dramatique, qu'il a remporté[49].
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Lost, en tant que série télévisée, a généré une importante communauté internationale de fans. Les fans de Lost, parfois surnommés les Lostaways[50] ou Losties[51], se sont rassemblés au Comic-Con et aux congrès organisés par ABC[51],[52], mais ont également été actifs dans l'élaboration d'un grand nombre de sites internet, y compris Lostpédia et des forums consacrés au programme[53],[54],[55],[56]. En raison de la mythologie élaborée dans la série, ces sites de fans se sont concentrés sur des spéculations et des théories sur les mystères de l'île, ainsi que sur la production de fanfictions et de vidéos.
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Anticipant sur l'intérêt des fans et essayant de garder son public captivé, ABC a étendu l'univers de la série à divers médias. Les fans de Lost ont ainsi pu explorer des sites internet, des romans, un forum officiel parrainé par l'équipe créatrice derrière Lost (The Fuselage), des mobisodes, des podcasts par les producteurs, un magazine officiel, et un jeu en réalité alternée The Lost Experience[55],[57]. Un fanclub officiel a été lancé à l'été 2005 par Creation Entertainment[51].
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En raison de la popularité de la série, des références à la série et des éléments de son histoire ont fait leur apparition dans des parodies et dans la culture populaire. Il s'agit notamment d'apparitions à la télévision, comme dans des séries télévisées[58], des dessins animés[59] ou des publicités[60]. D'autres médias ne sont pas en reste, tels les comics et webcomics, ou sous forme d'Easter eggs dans les jeux vidéo[61].
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Après l'épisode Numbers diffusé le 2 mars 2005, de nombreuses personnes ont utilisé les chiffres du même nom (4, 8, 15, 16, 23 et 42) à la loterie. Selon le Pittsburgh Tribune-Review, en trois jours, les nombres ont été joués plus de cinq cents fois par les joueurs locaux[62]. De même, dans la même période, plus de deux cents personnes dans le Michigan ont utilisé les nombres à la loterie Mega Millions[63] et en octobre, des milliers les ont utilisés à la loterie multi-États Powerball[64],[65].
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En 2016 Wrecked : Les Rescapés est une série comique qui parodie Lost.
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Lost, les pièces manquantes (ou Missing Pieces) est une série de treize « mobisodes » (contraction de mobile episode), durant une à trois minutes chacun. Ils ont été diffusés uniquement sur les téléphones portables aux États-Unis, à une fréquence d'un épisode par semaine pendant treize semaines avant le début de la saison 4. On peut retrouver ces « mobisodes » sur le site officiel d'ABC ou bien dans les bonus du coffret DVD de la saison 4.
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Archimède de Syracuse (en grec ancien : Ἀρχιμήδης / Arkhimếdês), né à Syracuse vers 287 av. J.-C. et mort en cette même ville en 212 av. J.-C., est un grand scientifique grec de Sicile (Grande-Grèce) de l'Antiquité, physicien, mathématicien et ingénieur. Bien que peu de détails de sa vie soient connus, il est considéré comme l'un des principaux scientifiques de l'Antiquité classique. Parmi ses domaines d'étude en physique, on peut citer l'hydrostatique, la mécanique statique et l'explication du principe du levier. Il est crédité de la conception de plusieurs outils innovants, comme la vis d'Archimède.
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Archimède est généralement considéré comme le plus grand mathématicien de l'Antiquité et l'un des plus grands de tous les temps[1],[2]. Il a utilisé la méthode d'exhaustion pour calculer l'aire sous un arc de parabole avec la somme d'une série infinie, et a donné un encadrement de Pi d'une remarquable précision[3]. Il a également introduit la spirale qui porte son nom, des formules pour les volumes des surfaces de révolution et un système ingénieux pour l'expression de très grands nombres.
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La vie d’Archimède est peu connue, on ne sait pas par exemple s’il a été marié ou a eu des enfants. Les informations le concernant proviennent principalement de Polybe (202 av.J.-C.-126 av.J.-C.), Plutarque (46-125), Tite-Live (59 av.J.-C.–17 ap.J.-C.) ou bien encore pour l’anecdote de la baignoire, du célèbre architecte romain Vitruve. Ces sources sont donc, sauf pour Polybe, très postérieures à la vie d’Archimède.
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Concernant les mathématiques, on a trace d’un certain nombre de publications, travaux et correspondances. Il a en revanche jugé inutile de consigner par écrit ses travaux d’ingénieur qui ne nous sont connus que par des tiers.
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Archimède serait né à Syracuse en 287 av.J.-C. Son père, Phidias, était un astronome[4] qui aurait commencé son instruction. Il fut le contemporain d'Ératosthène. On suppose qu’il parachève ses études à la très célèbre école d'Alexandrie ; on est du moins sûr qu’il en connaissait des professeurs puisqu’on a retrouvé des lettres qu’il aurait échangées avec eux. Par les préfaces à ses travaux, nous apprenons qu’il a entretenu des contacts avec plusieurs savants d'Alexandrie : il correspond avec Conon de Samos, éminent astronome de la cour de Ptolémée III Évergète[note 1]. À la mort de Conon, Archimède décide d'envoyer quelques-unes de ses œuvres à Dosithée de Péluse, un géomètre proche de Conon. Les lettres à Conon ne nous sont pas parvenues, mais nous savons qu'Archimède a remis à Dosithée deux volumes de Sur la sphère et le cylindre, et les traités complets de Des conoïdes et des sphéroïdes, Des Spirales et La quadrature de la parabole. En Ératosthène, qui dirigea la Bibliothèque d’Alexandrie, il voit celui qui peut étendre et développer ses propres découvertes en géométrie[6]. Diodore de Sicile, au livre V, 37, indique également qu’Archimède a voyagé en Égypte[7].
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Proche de la cour de Hiéron II[note 2], tyran de Syracuse entre 270 av.J.-C. et 215 av.J.-C., il entre à son service en qualité d’ingénieur et participe à la défense de la ville lors de la deuxième guerre punique. Il meurt en 212 av.J.-C. lors de la prise de la ville par le Romain Marcellus.
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Archimède est un mathématicien et géomètre de grande envergure. Il travailla également sur l'optique, la catoptrique, s’est intéressé à la numération et à l’infini, affirmant ainsi par exemple que contrairement à l'opinion alors courante, les grains de sable n'étaient pas en nombre infini, mais qu’il était possible de les dénombrer (c’est l’objet du traité intitulé traditionnellement « L'Arénaire », Ψαμμίτης)[9]. Un système de numération parent de celui d’Archimède faisait l’objet du livre I (mutilé) de la Collection Mathématique de Pappus d'Alexandrie. La majeure partie de ses travaux concernent la géométrie avec :
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Archimède est considéré comme le père de la mécanique statique. Dans son traité, De l'équilibre des figures planes, il s'intéresse au principe du levier et à la recherche de centre de gravité. Après avoir réalisé un levier dans des systèmes de poulies composées pour haler les navires, on dit qu’Archimède aurait déclaré : « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde »[13] (en grec ancien : δῶς μοι πᾶ στῶ καὶ τὰν γᾶν κινάσω). D’après Simplicius[14], cet appareil censé mettre la terre en mouvement est appelé kharistiôn (χαριστίων). Pappus d'Alexandrie signale un ouvrage perdu d’Archimède intitulé Sur les Balances à propos du principe dynamique du levier, qui sous-tend la démonstration du principe de la balance selon lequel les poids s’équilibrent quand ils sont inversement proportionnels à leur distance respective au point d’appui : si une partie d’un levier en équilibre est remplacée par un poids égal suspendu en son milieu, il n’y a pas de changement dans l’équilibre ; c’est sur ce principe que fonctionne la balance romaine utilisée par les marchands.
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Selon Carpos d'Antioche, Archimède n'a composé qu'un livre sur la mécanique appliquée, à propos de la construction de la sphère armillaire, intitulé La Sphéropée[15].
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On lui attribue aussi le principe d'Archimède sur les corps plongés dans un liquide (Des corps flottants). Archimède conçoit, sur ce principe, le plus grand navire de l'Antiquité, le Syracusia commandité par le tyran de Syracuse Hiéron II et construit par Archias de Corinthe vers 240 av. J.-C.
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Il met en pratique ses connaissances théoriques dans un grand nombre d'inventions. On lui doit, par exemple,
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On sait par Plutarque qu’Archimède ne considérait toutes ses machines que comme des divertissements de géomètre, et privilégiait la science fondamentale : « Il tenait la mécanique pratique et toute technique utilitaire pour indignes et artisanales[note 5], et ne consacrait son ambition qu’aux objets dont la beauté et l’excellence étaient pures de tout souci de nécessité »[16]. Par exception, il mit sa mécanique et sa catoptrique au service de Syracuse pour la défendre contre les Romains, l’existence de la cité étant en jeu.
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Le génie d'Archimède en mécanique et en mathématique fait de lui un personnage exceptionnel de la Grèce antique et explique la création à son sujet de faits légendaires. Ses admirateurs, parmi lesquels Cicéron qui redécouvrit sa tombe deux siècles plus tard[11], Plutarque qui relata sa vie, Léonard de Vinci, et plus tard Auguste Comte ont perpétué et enrichi les contes et légendes d’Archimède.
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À l'instar de tous les grands savants, la mémoire collective a associé une phrase, une fable transformant le découvreur en héros mythique : à Isaac Newton est associée la pomme, à Louis Pasteur le petit Joseph Meister, à Albert Einstein la formule E=mc2.
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Pour Archimède, ce sera le mot Eurêka ! (en grec ancien ηὕρηκα / hēúrēka signifiant « J'ai trouvé ! ») prononcé en courant nu à travers les rues de la ville. Selon Vitruve[17], Archimède venait de trouver la solution à un problème posé par Hiéron II, tyran de Syracuse. En effet, Hiéron avait fourni à un orfèvre une certaine quantité d'or à façonner en une couronne. Afin d'être sûr que l'orfèvre ne l'avait pas dupé en substituant de l'argent (métal moins cher) à une partie de l'or, Hiéron demanda à Archimède de déterminer si cette couronne était effectivement constituée d'or pur, et sinon, d'identifier sa composition exacte. C'est dans sa baignoire, alors qu'il cherchait depuis longtemps, qu'Archimède trouva la solution et sortit de chez lui en prononçant la célèbre phrase. Il lui suffisait de mesurer le volume de la couronne par immersion dans l'eau puis de la peser afin de comparer sa masse volumique à celle de l'or massif.
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Vitruve cite cet épisode dans le cadre d'un prœomium, où il introduit ses idées, dédicace à Auguste, répond a des questions philosophiques et morales, même s’il semble qu'il emprunta et compila un manuel parfois sans réel lien avec le texte, mais ces digressions sont parmi les plus anciennes traces de l'histoire des sciences antiques. Sa source est inconnue, des savants supposent que ce serait Varron car son ouvrage Disciplinarum Libri est quasi contemporain de Vitruve en plus d'être populaire. L'anecdote n'est pas évoquée par Plutarque, Proclus (Carmen de Ponderibus) ou Archimède lui-même dans son Traité des Corps Flottants[18]. L'anecdote est douteuse. Elle ne figure pas dans les écrits d'Archimède. En outre, la méthode utilisée (calcul de la masse volumique de la couronne) est assez triviale et n'a pas de rapport avec la poussée d'Archimède, dont la conception est beaucoup plus évoluée. Il est probable que Vitruve a eu connaissance d'une découverte d'Archimède relative aux corps plongés dans l'eau, sans savoir précisément laquelle. Cependant, si la méthode rapportée par Vitruve est sans intérêt, la poussée d'Archimède permet de concevoir la balance hydrostatique : les auteurs arabes, s'appuyant sur l'autorité du mathématicien Ménélaos d'Alexandrie, attribuent à Archimède la construction de cet instrument qui permet de déterminer la densité spécifique des corps immergés[19]. À l'époque moderne, cette balance a été proposée pour la première fois par Galilée.
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Lors de l'attaque de Syracuse, alors colonie grecque, par la flotte romaine, la légende veut qu'il ait mis au point des miroirs géants pour réfléchir et concentrer les rayons du soleil dans les voiles des navires romains et ainsi les enflammer.
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Cela semble scientifiquement peu probable car des miroirs suffisamment grands étaient techniquement inconcevables, le miroir argentique n'existant pas encore. Seuls des miroirs en bronze poli pouvaient être utilisés[20]. Des expériences visant à confirmer la légende menées par des étudiants du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en octobre 2005 ou bien par l'équipe de l'émission de télévision MythBusters sur Discovery Channel en janvier 2006 ont en effet montré la difficulté de reproduire dans des conditions réalistes les faits rapportés par la légende. De nombreux facteurs tendent en effet à remettre en cause le fait qu'Archimède disposait de toutes les conditions requises pour enflammer un navire à une grande distance.
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En 212 av. J.-C., après plusieurs années de siège, Syracuse tomba aux mains des Romains. Le général Marcus Claudius Marcellus souhaitait néanmoins épargner le savant. Malheureusement, selon Plutarque[21], un soldat romain croisa Archimède alors que celui-ci traçait des figures géométriques sur le sol, inconscient de la prise de la ville par l’ennemi. Troublé dans sa concentration par le soldat, Archimède lui aurait lancé « Ne dérange pas mes cercles ! » (Μὴ μου τοὺς κύκλους τάραττε Mē mou tous kuklous taratte). Le soldat, vexé de ne pas voir obtempérer le vieillard de 75 ans, l’aurait alors tué d’un coup d’épée. En hommage à son génie, Marcellus lui fit de grandes funérailles et fit dresser un tombeau décoré à la demande d'Archimède, d'un cylindre renfermant une sphère, et, pour inscription, le rapport du solide contenant au solide contenu[10].
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Cicéron déclare que lors de sa questure en Sicile en 75 av. J.-C., il se mit à la recherche de la tombe d'Archimède, oubliée des habitants de Syracuse, et qu'il l’identifia au milieu des ronces par une petite colonne ornée des figures d'une sphère et d'un cylindre[11]. Le monument présenté de nos jours comme le tombeau d’Archimède dans le parc archéologique de Néapolis est en réalité un columbarium romain du Ier siècle[22].
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Contrairement à ses inventions, les écrits mathématiques d'Archimède sont peu connus dans l'Antiquité. En règle générale, les textes d'Archimède ne sont pas parvenus dans leur version originale — ils sont rédigés en langue dorique, un ancien dialecte grec —, mais sous la forme de traductions en grec classique, en byzantin et en arabe. On ne possède aucun manuscrit rédigé de sa main. C'est à Héron l'Ancien (10-70), à Pappus (290-350) et à Théon (335-405), trois mathématiciens d'Alexandrie, que nous devons les plus anciens commentaires de l'œuvre d'Archimède. Mais la première compilation de ses travaux a été réalisée au VIe siècle de notre ère par le mathématicien grec Eutocios d'Ascalon, dont les commentaires des traités Sur la sphère et le cylindre, Sur la mesure du cercle et De l'équilibre des figures planes sont d'une importance majeure. Toujours au VIe siècle, l'architecte byzantin Isidore de Milet est le premier à publier les trois livres commentés par Eutocios, auxquels viennent s'ajouter les autres travaux au fur et à mesure qu'ils sont redécouverts, jusqu'au IXe siècle. Dès lors, les deux voies principales par lesquelles les travaux d'Archimède arrivent en Occident sont Byzance et le monde arabe[23].
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Par la voie arabe, les traductions du grec de la main de Thabit ibn Qurra (836-901) sont tout à fait remarquables. Archimède était inconnu du monde médiéval, mais le traducteur flamand Guillaume de Moerbeke (1215-1286) comble cette lacune en publiant sa traduction latine en 1269. Cette édition et celles qui suivent permettent aux œuvres majeures d'Archimède de se faire connaître à la Renaissance. En 1544, à Bâle, Jean Hervagius imprime pour la première fois tous les textes grecs connus jusqu'alors et les fait éditer en grec et en latin par Thomas Gechauff, dit Venatorius. Les premières traductions d'Archimède en langue moderne se basent sur l'édition de Bâle : il s'agit de l'édition allemande de Sturm (1670), de l'édition bilingue gréco-latine de Torelli (1792), de l'édition allemande de Nizze (1824) et de l'édition française de Peyrard (1807)[24],[25].
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À l'époque actuelle, on doit à Johan Ludvig Heiberg le travail de recherche, de compilation et de traduction le plus important, supérieur aux publications antérieures. À la fin du XIXe siècle, Heiberg publie une traduction de toute l'œuvre d'Archimède connue à l'époque, à partir d'un manuscrit grec du XVe siècle. En 1906, il découvre enfin le légendaire palimpseste d'Archimède[26],[27].
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Archimède a écrit plusieurs traités, dont douze nous sont parvenus. On suppose que quatre ou cinq ont été perdus[note 6].
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« Shortly after Euclid, compiler of the definitive textbook, came Archimedes of Syracuse (ca. 287212 BC), the most original and profound mathematician of antiquity. »
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Charles de VintimilleLouis-Aimé de Bourbon
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Louis XV, dit le « Bien-Aimé », né le 15 février 1710 à Versailles où il est mort le 10 mai 1774, est un roi de France et de Navarre. Membre de la maison de Bourbon, il règne sur le royaume de France du 1er septembre 1715 à sa mort. Il fut le seul roi de France à naître et mourir au château de Versailles[1].
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Orphelin à l'âge de deux ans, duc d'Anjou puis dauphin de France du 8 mars 1712 au 1er septembre 1715, il succède à son arrière-grand-père Louis XIV à l'âge de cinq ans. Son pouvoir est alors délégué à son cousin, le duc d'Orléans, proclamé « Régent du Royaume », le 2 septembre 1715, jusqu'au 15 février 1723, date de l'entrée du jeune roi dans sa quatorzième année et de sa majorité, où il prend officiellement la direction du gouvernement.
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Les premières années de son règne se déroulent dans un calme relatif, sous la direction prudente de plusieurs précepteurs, qui lui prodiguent une vaste culture. À sa majorité, il confie successivement le gouvernement à des proches parents, le duc d'Orléans, ex-régent, puis le duc de Bourbon, puis à l'un de ses anciens précepteurs, le cardinal de Fleury.
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À la différence de Louis XIV, Louis XV n'a pas été en contact direct avec la vie politique du pays. Il ne voyait que rarement ses ministres et agissait souvent à l'encontre de leurs attentes, sans leur donner des directives fermes et précises, d'après les informations émanant d'un réseau secret de diplomates et d'espions qu'il avait constitué[2]. Son désintérêt pour la politique et la succession de ministres aux tendances différentes aboutissent à un affaiblissement de l'influence de la monarchie française en Europe.
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Seul survivant de la famille royale stricto sensu (il est l'arrière-petit-fils de Louis XIV), il bénéficie au début de son règne d'un grand soutien populaire, ce qui lui vaut le surnom de « Bien-Aimé » en 1744 après une maladie qui faillit l'emporter à Metz. Au fil des années cependant, son manque de fermeté, le dénigrement de son action par les parlementaires et une partie de la noblesse de cour, les intrigues incessantes impliquant sa maîtresse, la marquise de Pompadour, et son inconduite dans sa vie privée amènent la disparition de sa popularité, à tel point que sa mort — de la variole — provoque des festivités dans Paris, comme à la suite de celle de Louis XIV.
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Sous son règne, toutefois, la France connaît de grands succès militaires sur le continent européen et acquiert le duché de Lorraine et le duché de Bar, ainsi que la Corse. En revanche, elle perd le contrôle d'une grande partie de son empire colonial, au profit de la domination coloniale britannique : tout particulièrement la Nouvelle-France en Amérique, ainsi que sa prépondérance aux Indes.
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Louis de France (futur Louis XV) naît le 15 février 1710 au château de Versailles. Arrière-petit-fils de Louis XIV, il est le troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne, surnommé le Petit Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie et, à ce titre, le quatrième prince en ligne successorale. De ses deux frères aînés, également prénommés Louis, le premier (titré duc de Bretagne) est mort en 1705 à l'âge d'un an, le second (reprenant le titre de duc de Bretagne), est né en 1707.
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Immédiatement après sa naissance, le futur Louis XV est ondoyé, dans la chambre de la Duchesse de Bourgogne, par le cardinal Toussaint de Forbin-Janson, évêque de Beauvais, grand aumônier de France, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-Dame de Versailles[3].
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La naissance de cet enfant permet au roi Louis XIV d'affirmer davantage les droits de la maison de Bourbon au trône d'Espagne[réf. nécessaire]. En pleine guerre de Succession d'Espagne, le futur Louis XV est titré duc d'Anjou, titre porté précédemment par son oncle, Philippe de France, le roi Philippe V (1700-1746).
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Le petit prince est immédiatement confié à sa gouvernante, la duchesse de Ventadour, secondée par Madame de La Lande, sous-gouvernante[4]. Il n'est alors pas destiné à régner, se plaçant au quatrième rang dans l'ordre de succession dynastique. Avant lui, doivent logiquement régner son grand-père, fils de Louis XIV, le Grand Dauphin, puis son père, bientôt surnommé le Petit Dauphin, petit-fils de Louis XIV, et enfin son frère aîné, le duc de Bretagne. Mais entre 1710 et 1715, la mort frappe à plusieurs reprises la famille royale et met brusquement le jeune prince de deux ans en première place dans la succession de Louis XIV : le Grand Dauphin meurt de la variole le 14 avril 1711. Le duc de Bourgogne devient dauphin. L'année suivante, une « rougeole maligne » emporte son épouse le 12 février 1712, puis le Petit Dauphin le 18 février suivant.
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Les deux fils aînés du duc de Bourgogne, les ducs de Bretagne et d'Anjou, contractent également la maladie. L'aîné, duc de Bretagne, meurt le 8 mars 1712. Le jeune duc d'Anjou, âgé alors d'à peine deux ans, devient l'héritier du trône de France avec le titre de dauphin de Viennois, abrégé en dauphin. Malade, sa santé est scrutée avec attention par Louis XIV, roi vieillissant et suffisamment affecté par les pertes familiales récentes pour se laisser aller à pleurer devant ses ministres. On craint longtemps pour la santé du jeune prince, mais, petit à petit, il se remet, soigné par sa gouvernante et protégé par elle des abus de saignées qui ont vraisemblablement causé la mort de son frère[5].
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Le futur Louis XV est baptisé le 8 mars 1712 en l'appartement des Enfants de France au château de Versailles par Henri-Charles du Cambout, duc de Coislin, évêque de Metz, premier aumônier du roi, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-Dame de Versailles[6] : son parrain est Louis Marie de Prie, marquis de Planes, et sa marraine est Marie Isabelle Gabrielle Angélique de La Mothe-Houdancourt. Baptisé en même temps que son frère Louis de France (1707-1712), et les deux enfants étant en danger de mort, le roi avait ordonné qu'on prenne pour parrains et marraines ceux qui se trouvaient alors dans la chambre[7].
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En 1714, Louis est confié à un précepteur, l'abbé Perot. Celui-ci lui apprend à lire et à écrire, et lui enseigne des rudiments d'histoire et de géographie et lui donne l'enseignement religieux nécessaire au futur roi très chrétien. En 1715, le jeune dauphin reçoit également un maître à danser, puis un maître à écrire[8].
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Le futur Louis XV commence sa vie publique peu de temps avant la mort de son bisaïeul Louis XIV. Le 19 février 1715, Louis XIV reçoit en effet en grande pompe dans la galerie des Glaces de Versailles l'ambassadeur de Perse[9]. Il associe son successeur, qui vient d'avoir cinq ans, à la cérémonie, le plaçant à sa droite. En avril 1715, l'enfant participe avec le vieux roi à la cérémonie de la cène du Jeudi saint et participe au lavement des pieds. Il est toujours accompagné de sa gouvernante, Madame de Ventadour. Dans les derniers temps de la vie de Louis XIV, le futur roi participe à plusieurs défilés militaires et cérémonies afin d'acquérir l'habitude de la vie publique[10].
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Le 26 août, sentant la mort venir, Louis XIV fait entrer le jeune Louis dans sa chambre, l'embrasse et lui parle avec gravité de sa future tâche de roi, dans des mots qui sont par la suite passés à la postérité, qui y a vu une sorte de testament politique du grand roi et des remords concernant sa propre action :
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« Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela ; j'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets[11]. »
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Louis XIV meurt six jours plus tard, le 1er septembre 1715.
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Les 3 et 4 septembre 1715, Louis XV, âgé de 5 ans et demi, accomplit ses premiers actes de roi, d'abord en se rendant à la messe de requiem célébrée pour son prédécesseur à la chapelle de Versailles, ensuite en recevant l'assemblée du clergé venue célébrer son propre avènement. Le 12, il assiste à un lit de justice, l'une des cérémonies les plus solennelles de la monarchie, le 14, sur les harangues du Grand Conseil, de l'Université de Paris et de l'Académie française, les jours suivants, sur les réceptions d'ambassadeurs venus présenter leurs condoléances. Malgré son jeune âge, il doit se plier à la mécanique du gouvernement et de la cour et jouer son rôle de représentation.
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Au jour anniversaire de ses sept ans le 15 février 1717, ayant atteint l'âge de raison, son éducation « passe aux hommes »[12] : elle est désormais confiée à un gouverneur, le duc François de Villeroy (un ami d'enfance de Louis XIV et fils de Nicolas V de Villeroy, gouverneur de Louis XIV) qui lui impose tous les rituels de la Cour de Versailles mis en place par Louis XIV[13]. Il y a également un précepteur, André Hercule de Fleury, évêque de Fréjus. On lui apprend désormais le latin, les mathématiques, l'histoire et la géographie, la cartographie, le dessin et les rudiments d'astronomie, mais aussi la chasse. L'éducation manuelle n'est pas non plus négligée : en 1717, il apprend un peu de typographie, et en 1721, il s'initie à tourner le bois. Depuis 1719, il avait des maîtres de musique.
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Il est également initié à la danse à partir de l'âge de huit ans par Claude Ballon et montre des dispositions pour cet art. Il participe en décembre 1720 à un spectacle « Les Folies de Cardenio » dans lequel il intervient en compagnie de soixante-huit danseurs, professionnels et courtisans, puis en décembre 1721 dans l'opéra-ballet « les Éléments ».
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Contrairement à Louis XIV, il n'avait que peu d'affinités pour la musique mais était attiré par l'architecture[14].
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La monarchie française a, depuis le Moyen Âge, fixé de manière stricte les règles de succession. Elle a cependant peu de règles concernant les régences. Ces périodes sont redoutées comme propices aux troubles à cause de la faiblesse alors présentée par le pouvoir royal. Louis XIV, voyant ses descendants mourir avant lui, a donc réglé les problèmes de régence qui allaient se poser après sa mort. Il songeait également que, le petit Louis XV étant seul de sa lignée et fragile, il fallait assurer une succession au trône. La volonté du roi est de pousser en avant la position de ses fils bâtards qu'il a eus avec Madame de Montespan : le Duc du Maine et le Comte de Toulouse. Cela entraîna donc, à la fin du règne de Louis XIV, plusieurs modifications des coutumes, et notamment le fait que les enfants bâtards de Louis XIV eussent été déclarés « successibles ». Il cherche également à minorer le rôle de Philippe d'Orléans, en le faisant simplement chef du conseil de régence, envisageant que les décisions se prennent à la majorité des voix. Pour finir, Louis XIV nomme lui-même les conseillers de la régence, et nomme un bon nombre d'ennemis du futur régent.
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Cependant Philippe d'Orléans est déjà conscient des clauses du testament à son encontre depuis plusieurs mois. Ce dernier obtient du parlement de Paris le contournement du testament, c'est-à-dire que le parlement fait le choix d’interpréter le testament avec une grande liberté. Les parlementaires donnent alors la régence pleine et entière à Philippe d'Orléans. Pour obtenir cette décision, le régent a dû s'arranger avec les officiers. Cette négociation a tourné autour du droit de remontrance, fortement limité sous Louis XIV.
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Le principal danger dynastique vient, pour le régent, de l'Espagne, dont le roi Philippe V est son cousin et l'oncle de Louis xv, qui avait (par les traités d'Utrecht) renoncé à tout droit au trône de France, mais qui aurait bien pu invoquer l’indisponibilité de la couronne (rappelée par les juristes, tant avant qu'après[15] que la renonciation eut lieu) pour faire valoir ses droits en cas de décès de Louis XV sans enfant (il les fera valoir[16],[17] effectivement en 1726-1728).
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Le Régent, Philippe d'Orléans, à qui Louis XIV a confié le jeune roi, est donc conduit à prendre quelques libertés avec les instructions de l'ancien roi, ce afin de protéger Louis XV et de commencer à assurer son autorité.
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La première mesure prise par le Régent est de ramener Louis XV et la Cour à Paris. C'est aller contre les volontés de Louis XIV, mais se rapprocher du peuple. Le souvenir de la Fronde est encore vif, et le Régent souhaite construire un lien fort entre le peuple de Paris et le jeune roi, afin d'éviter tout trouble. Après un passage par Vincennes de septembre à décembre 1715, Louis XV s'installe au palais des Tuileries tandis que le Régent gouverne le royaume depuis le Palais-Royal. Le peuple parisien se prend alors d'affection pour ce jeune roi alors que la noblesse, désormais dispersée dans les hôtels de la capitale, jouit sans contrainte ni mesure de sa liberté[18].
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Un des premiers actes politiques de Philippe d'Orléans est également sa volonté de donner des garanties au Parlement pour compenser le retour à Paris de la Cour et la liberté prise par le Régent avec les instructions de Louis XIV. Il lui redonne notamment le droit de remontrance, que Louis XIV avait fortement réduit en le cantonnant à des remontrances postérieures à la prise de décision royale. En ces temps de faiblesse du pouvoir, les parlements (et principalement le Parlement de Paris) se présentent comme des représentants du peuple, malgré la vénalité de leurs charges et leur composition quasi exclusivement issue de la noblesse de robe. Cela leur donne le pouvoir de s'opposer au Régent, notamment par des grèves, appelées « cessations d'activité ». Le premier conflit apparaît en 1717-1718, à propos des soucis financiers qui préfigurent la banqueroute de Law. Par ailleurs, entre 1715 et 1718, le gouvernement central est réorganisé : les secrétaires d'État sont supprimés et remplacés par des conseils qui redonnent un rôle politique à la haute noblesse : c'est la polysynodie. Ce système est abandonné en raison de sa lourdeur.
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D'autres conflits apparaissent régulièrement, liés notamment au problème janséniste et à l'application de la bulle Unigenitus[19]. En rompant avec la mainmise de Louis XIV sur les droits des parlements, le Régent ouvre la porte à une ère de contestation, que Louis XV aura bien du mal ensuite à contrer.
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La Régence marque aussi un changement d'alliances pour la France. Alors qu'elle avait auparavant noué une solide alliance avec l'Espagne des Bourbons, voisine géographique et alliée catholique, le Régent opte au contraire pour un éloignement d'avec l'Espagne et un rapprochement avec les puissances du Nord de l'Europe, revenant à la politique du siècle précédent alors que le risque d'encerclement des Habsbourg n'existe plus. C'est ainsi qu'il renoue des contacts avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, pourtant protestants. En 1717 est formalisée la Triple alliance de La Haye, liant France, Pays-Bas et Angleterre. Ce retournement d'alliance du régent est même complété en 1718, par une alliance innovante avec l'Autriche des Habsbourg (quadruple alliance). Tout cela inquiète le roi Philippe V à tel point qu'il tente de faire renverser le régent par le duc du Maine et que cela entraîne une courte guerre entre la France et l'Espagne en 1719. La victoire des puissances européennes contraint l'Espagne à rejoindre leur alliance et à organiser des fiançailles ou des mariages franco-espagnols. Le roi est un temps fiancé à Marie-Anne-Victoire d'Espagne, renvoyée en Espagne par le duc de Bourbon.
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Sur le plan économique, la Régence est une période de vitalité et d'expérimentations. Mais l'échec du système de Law et les réticences qui suivent concernant le crédit et l'investissement ralentissent, à terme, la modernisation de l'économie.
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Las des critiques des Parlementaires qui commencent à agiter en sous-main les Parisiens et de l'hostilité de la foule qui lance injures et projectiles sur son carrosse, le Régent, sans l'annoncer officiellement, décide de faire revenir la Cour au château de Versailles. Le 15 juin 1722, Versailles redevient résidence royale et symbolise le retour à la politique louis-quatorzienne[20].
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La Régence laisse ainsi au jeune roi Louis XV, lorsqu'il prend effectivement les rênes du pouvoir en 1723 un royaume à la fois héritier de la monarchie absolutiste de Louis XIV et des ouvertures parfois « fragilisantes » du Régent. Cela influence considérablement le règne de Louis XV[21].
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Le jeune Louis XV est sacré et couronné à Reims le 25 octobre 1722. Il atteint sa majorité (13 ans) l'année suivante et est déclaré majeur lors du lit de justice du 22 février 1723. Cependant, trop jeune encore pour régner par lui-même, il laisse l'exercice effectif du pouvoir tout d'abord au duc d'Orléans et au cardinal Dubois. Les deux meurent à quelques mois d'intervalle, à la fin de l'année 1723. En 1724, le Roi, probablement sous influence, signe une révision du Code noir. Destiné à la Louisiane, il s'agit d'un durcissement de la version précédente édictée par son arrière grand-père. Notamment, les mariages entre Noirs et Blancs sont interdits.
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C'est le duc de Bourbon, prince du sang, qui devient alors le principal conseil du roi. Pendant que celui-ci termine son éducation et s'adonne à de nouveaux plaisirs, comme ceux de la chasse, le duc de Bourbon cherche à trouver une épouse pour le roi. La première pressentie, l'infante Marie-Anne-Victoire d'Espagne, est fiancée en 1721 à Louis XV, alors qu'elle n'a que trois ans. Mais le duc de Bourbon, craignant que le jeune roi, de santé fragile, ne mourût sans enfant mâle s'il fallait attendre que sa fiancée fût en âge d'avoir des enfants, et craignant alors de perdre sa place privilégiée en cas de transmission de la couronne à la branche d'Orléans, rompt les fiançailles en 1725.
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La recherche d'une autre fiancée parmi les princesses d'Europe est dictée par la santé fragile du roi, qui nécessite une rapide descendance. Après avoir dressé une liste des cent princesses d'Europe à marier[22], le choix se porte sur Marie Leszczyńska, princesse catholique et fille du roi détrôné de Pologne Stanislas Leszczynski. Le mariage n'est d'abord pas très bien vu en France, la jeune reine étant perçue comme de trop faible extraction pour un roi de France. Mais les époux se plaisent (malgré les sept ans qui les séparent, Marie Leszczyńska ayant 22 ans et Louis XV seulement 15) et la reine est rapidement appréciée du peuple pour sa charité. Après un mariage par procuration le 15 août dans la cathédrale de Strasbourg afin de valoriser la province d'Alsace récemment annexée, un passage à Metz pour éviter le Duché de Lorraine dont les souverains espéraient légitimement que leur fille aînée devienne reine de France, la cérémonie du mariage est célébrée à Fontainebleau le 5 septembre 1725[23].
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À la suite de ce mariage, et malgré l'insistance de la reine qui le considérait comme son mentor, Louis XV écarte le duc de Bourbon du pouvoir et l'exile dans ses terres à Chantilly. Avec cet exil, Louis XV décide également de supprimer la charge de Premier ministre[24]. Il appelle auprès de lui le cardinal de Fleury, son ancien précepteur. Celui-ci commence alors auprès du roi une longue carrière à la tête du royaume, de 1726 à 1743[25].
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Le renvoi du duc de Bourbon marque le début du règne personnel du roi adolescent. En fait, se réfugiant derrière l'ombre tutélaire du feu Louis XIV, le jeune roi, orphelin trop tôt, abandonnera la totalité du pouvoir au cardinal de Fleury, le précepteur fidèle qui avait su capter son affection. Ainsi, bien qu'instruit et désireux d'accomplir au mieux sa charge, il commence son règne le 16 juin 1726 en fixant les cadres de son gouvernement, annonçant à son « Conseil d'En Haut », outre la fin de la charge de Premier ministre, sa fidélité à la politique de Louis XIV, son arrière-grand-père :
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« Mon intention est que tout ce qui regarde les fonctions des charges auprès de ma personne soient sur le même pied qu'elles étaient sous le feu Roi mon bisaïeul. […] Enfin, je veux suivre en tout l'exemple du feu Roi mon bisaïeul. ». « Je leur [aux conseillers] fixerai des heures pour un travail particulier, auquel l'ancien évêque de Fréjus [le cardinal de Fleury] assistera toujours[26]. »
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De 1726 jusqu'à sa mort en 1743, le cardinal dirige donc la France aux côtés du roi. La situation est alors inédite. C'est la première fois qu'un ancien précepteur de roi devient de facto Premier ministre. Louis XV, désireux de garder auprès de lui son mentor auquel il était profondément attaché, qui avait déjà des charges importantes et en qui il avait totale confiance, donne au cardinal de Fleury pourtant septuagénaire un pouvoir extrêmement étendu. Les dix-sept ans de pouvoir de Fleury qui permettent à celui-ci d'administrer au jour le jour le royaume, pour l'historien Michel Antoine, « délimitent dans le règne une période caractéristique et importante, tant pour l'extension du royaume et son rayonnement dans le monde et pour les affaires intérieures, que pour l'administration, la législation et l'économie[27]. »
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En 1728, le cardinal déclenche une offensive contre les jansénistes. La répression est particulièrement dure à Paris, où la majorité des curés soutiennent leur cause[28].
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Si le cardinal de Fleury est un homme âgé en 1726 (il a soixante-treize ans), le reste des ministres et très proches conseillers du roi se renouvelle et est composé d'hommes plus jeunes qu'auparavant. Les changements sont nombreux, mais ensuite la période du ministère Fleury est marquée par une grande stabilité. Fleury fait revenir le chancelier d'Aguesseau, renvoyé en 1722. Il ne retrouve cependant pas toutes ses prérogatives, puisque les sceaux et les Affaires étrangères sont confiées à Germain-Louis Chauvelin, président à mortier du Parlement de Paris. Le comte de Maurepas devient secrétaire d'État à la Marine, à vingt-cinq ans. C'est la période la plus pacifique et prospère du règne de Louis XV, malgré d'importants troubles avec le Parlement de Paris et les jansénistes. Après les pertes humaines et financières subies à la fin du règne de Louis XIV, puis lors de l'établissement de nouveaux systèmes financiers français, le gouvernement de Fleury a souvent été qualifié de « réparateur ». Il est difficile de déterminer avec exactitude le degré d'intervention du roi dans les décisions de Fleury, mais il est certain que Louis XV a soutenu sans relâche son mentor et qu'il n'est jamais allé véritablement contre ses volontés. Pour Michel Antoine, Louis XV, extrêmement timide, « resta pratiquement en tutelle jusqu'à l'âge de trente-deux ans[29] ».
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Avec l'aide des contrôleurs généraux des finances Michel Robert Le Peletier des Forts (1726-1730) et surtout Philibert Orry (1730-1745), « Monsieur le Cardinal » parvint à stabiliser la monnaie française (1726), en nettoyant le système financier de Law, et finit par équilibrer le budget du royaume en 1738. L'expansion économique était au cœur des préoccupations du gouvernement. Les voies de communications furent améliorées, avec l'achèvement en 1738 du canal de Saint-Quentin, reliant l'Oise à la Somme, étendu ultérieurement vers l'Escaut et les Pays-Bas, et principalement la construction systématique d'un réseau routier sur l'ensemble du territoire national. Le corps des ingénieurs des ponts et chaussées construisit un ensemble de routes modernes, partant de Paris selon le schéma en étoile qui forme encore l'ossature des routes nationales actuelles. Au milieu du XVIIIe siècle, la France s'était dotée de l'infrastructure routière la plus moderne et la plus étendue du monde.
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Au niveau militaire, Louis XV décida de mettre à exécution l'idée de son grand-père Louis XIV de ne plus dépendre des importations pour équiper les armées françaises en épées et baïonnettes, et il chargea son secrétaire d'État de la Guerre Bauyn d'Angervilliers de mettre sur pied une manufacture d'armes blanches, qui fut installée à Klingenthal en Alsace en 1730.
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Le commerce fut également stimulé par le Bureau et le Conseil du Commerce. Le commerce maritime extérieur de la France grimpa de 80 à 308 millions de livres entre 1716 et 1748. Cependant, les lois rigides édictées auparavant par Colbert ne permirent pas à l'industrie de profiter pleinement de ce progrès économique.
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Le pouvoir de la monarchie absolue s'exerça lors de la répression des oppositions jansénistes et gallicanes. L'agitation causée par les illuminés du cimetière Saint-Médard à Paris (les convulsionnaires, un groupe de jansénistes qui prétendait que des miracles survenaient dans le cimetière) cessa en 1732. Sur un autre front, après l'exil de 139 parlementaires en province, le Parlement de Paris dut enregistrer la bulle papale Unigenitus et fut dorénavant interdit de s'occuper des affaires religieuses.
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En ce qui concerne les affaires étrangères, Fleury a recherché la paix à tout prix en pratiquant une politique d'alliance avec la Grande-Bretagne, tout en se réconciliant avec l'Espagne. En septembre 1729, après sa troisième grossesse, la reine donna enfin naissance à un garçon, Louis, qui devint aussitôt dauphin. L'arrivée d'un héritier mâle, qui assurait la pérennité de la dynastie, fut accueillie avec une immense joie et célébrée dans toutes les sphères de la société française et également dans la plupart des cours européennes. Le couple royal était à l'époque très uni, se manifestait un amour réciproque et le jeune roi était extrêmement populaire. La naissance d'un garçon écartait également le risque d'une crise de succession et le probable affrontement avec l'Espagne qui en aurait résulté.
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En 1733, malgré la politique pacifiste de Fleury, le roi, convaincu par son secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Germain-Louis Chauvelin (1727-1737), intervint mollement pour tenter de remettre sur le trône de Pologne Stanislas Leszczynski, son beau-père qu'il hébergeait à Chambord. Ce fut la guerre de Succession de Pologne. Si l'intervention sans conviction de la France contre l'Autriche ne permit pas de renverser le cours de la guerre ni de rendre le trône à Stanislas Leszczynski, en revanche, l'habileté du cardinal de Fleury réussit à programmer le rattachement des duchés de Lorraine et de Bar au Royaume, stratégiquement situés entre Paris et le Rhin.
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Ces duchés furent, en effet, le principal enjeu de la guerre : ils étaient possession du jeune duc François III, fils du duc Léopold Ier de Lorraine et d'Élisabeth-Charlotte d'Orléans, sœur du feu régent, qui en assurait la régence. François III, en effet, vivait à Vienne où il avait été appelé par son proche parent, l'empereur du Saint-Empire Charles VI, qui l'avait nommé vice-roi de Hongrie en 1731, prémices d'une carrière plus prometteuse, puisqu'il le pressentait pour épouser sa fille aînée et héritière Marie-Thérèse. Une telle union aurait considérablement renforcé la puissance autrichienne qui possédait déjà aux frontières de la France, les Provinces belges et le Luxembourg. L'empire aurait protégé ainsi la route du Rhin et se rapprochait dangereusement de Paris.
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Lors de la guerre, les troupes françaises occupèrent rapidement le Barrois et la Lorraine. La paix fut signée dès 1735. Fleury trouva un habile arrangement : par le traité de Vienne (novembre 1738), le beau-père de Louis XV obtint à titre viager les duchés de Lorraine et de Bar en compensation de la seconde perte de son trône polonais (avec l'objectif que le duché fût intégré au royaume de France à sa mort par le biais de sa fille), tandis que le duc François III devenait héritier du grand-duché de Toscane avant d'épouser la jeune Marie-Thérèse et de pouvoir prétendre à la couronne impériale (en Toscane le dernier des Médicis n'avait pas d'héritier). Par le traité secret de Meudon, Stanislas abandonnait la réalité du pouvoir à un intendant nommé par la France qui préparerait sans ménagement la réunion des duchés au royaume. Cette guerre, peu coûteuse comparativement aux ponctions humaines et financières exorbitantes des campagnes de Louis XIV, était un succès pour la diplomatie française. L'annexion de la Lorraine et du Barrois, effective en 1766 à la mort de Stanislas Leszczynski, constitue la dernière expansion territoriale du royaume de France sur le continent avant la Révolution.
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Peu après ce résultat, la médiation française dans le conflit entre le Saint-Empire et l'Empire ottoman aboutit au traité de Belgrade (septembre 1739), qui mit fin à la guerre avec un avantage pour les Ottomans, alliés traditionnels des Français contre les Habsbourg depuis le début du XVIe siècle. En conséquence, l'Empire ottoman renouvela les capitulations françaises, qui affirmèrent la suprématie commerciale du royaume au Moyen-Orient. Après tous ces succès, le prestige de Louis XV, arbitre de l'Europe, atteignit son sommet.
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En 1740, la mort de l'empereur Charles VI et l'avènement de sa fille Marie-Thérèse déclenchèrent la guerre de Succession d'Autriche. Le vieux cardinal de Fleury n'avait plus la force de s'y opposer et le roi succomba à la pression du parti anti-autrichien de la cour : il entra en guerre en 1741 en s'alliant à la Prusse contre les Autrichiens, les Britanniques et les Hollandais. Ce conflit devait durer sept longues années. La France était de nouveau entrée dans un cycle guerrier typique du règne de Louis XIV. Fleury mourut avant la fin de la guerre, en janvier 1743. Le roi, suivant finalement l'exemple de son prédécesseur, décida alors de gouverner sans Premier ministre. La première partie du conflit fut marquée par de cuisants échecs : la Bavière, soutenue par la France, fut envahie par les troupes autrichiennes et les troupes des Habsbourg se trouvaient sur le Rhin. Seule l'intervention de la Prusse les obligea à renoncer à l'Alsace.
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Par contraste, la dernière partie de la guerre fut marquée par une série de victoires françaises aux Pays-Bas : bataille de Fontenoy (1745), bataille de Rocourt (1746), bataille de Lauffeld (1747). En particulier, la bataille de Fontenoy, remportée par le maréchal de Saxe et le roi en personne, est considérée comme une des plus éclatantes victoires des Français contre les Britanniques. À la suite de ces victoires, la France occupait tout le territoire de l'actuelle Belgique et se trouvait en position d'envahir la Hollande avec la chute de la forteresse de Berg-op-Zoom. Louis XV n'était pas loin de réaliser le vieux rêve français d'établir la frontière septentrionale du pays le long du Rhin. La bataille de Plaisance, perdue en 1746 par le marquis de Maillebois, força toutefois les Français à repasser les Alpes, mais sans grandes conséquences politiques car le front essentiel se situait aux Pays-Bas.
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Sur mer, la marine royale, qui combattait pourtant à un contre deux[30] contre la Royal Navy fit mieux que de se défendre puisqu'elle réussit, entre 1744 et 1746, à maintenir ouvertes les lignes de communication vers les colonies et à protéger les convois commerciaux. La bataille du cap Sicié permettait de lever le blocus de Toulon. Deux tentatives de débarquement en Angleterre échouaient en 1744 et 1746, de même qu'une attaque anglaise avec un débarquement contre Lorient en 1746. En Amérique du Nord, l'Angleterre s'empara en 1745 de Louisbourg qui défendait l'entrée du fleuve Saint-Laurent, mais sans pouvoir envahir le Canada français. Aux Indes, les Français tinrent en échec la flotte anglaise et mirent la main en 1746 sur Madras, le principal poste anglais dans la région. Ils repoussèrent ensuite une flotte anglaise venue reconquérir la place et attaquer Pondichéry. La marine anglaise, qui changea de stratégie en 1746 en imposant un blocus près des côtes, fit subir à la marine française en 1747 deux lourdes défaites dans l'Atlantique (au cap Ortégal, en mai et au cap Finisterre, en octobre), mais sans conséquences sur la prospérité coloniale de la France car la paix était signée peu après.
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Au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, la France et l'Angleterre se restituaient leurs conquêtes respectives (Louisbourg contre Madras) ce qui créait, pour quelques années, un équilibre naval entre les deux pays.
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Le roi rendit cependant toutes les conquêtes faites à l'Autriche, contre toute attente. Louis XV préférait soutenir ou ménager les puissances catholiques pour contrecarrer les nouvelles puissances émergentes protestantes (Angleterre, Prusse) ; alors que Louis XIV avait eu l'ambition de « remettre la France partout où jadis fut la Gaule »[réf. nécessaire], son successeur se satisfaisait d'un royaume hexagonal, retranché de forteresses conçues par Vauban, qu'il nommait son pré carré. Les seuls changements notables en Europe furent l'annexion par la Prusse de la Silésie, riche région minière, et le retour du minuscule duché de Parme à la dernière des Farnèse, la reine douairière d'Espagne ; le duché fut attribué au fils cadet de celle-ci, l'infant Philippe, gendre depuis 1739 de Louis XV.
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Louis déclara qu'il avait conclu la paix « en roi et non en marchand ». Sa générosité fut saluée en Europe mais ne fut pas imitée par la Prusse qui garda la riche province de Silésie. Cette posture discrédita lourdement le souverain dans son propre pays : Voltaire parla alors d'avoir « travaillé pour le Roi de Prusse », expression devenue par la suite proverbiale pour signifier « se sacrifier pour rien », ou même « travailler contre ses intérêts ».
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À la mort du cardinal de Fleury en 1743, débute le gouvernement personnel de Louis XV, alors âgé de 33 ans, que l'on commence à appeler « Louis le Bien-Aimé »[31]. Il a connu des années heureuses avec la reine qui l'adule et lui est entièrement dévouée. Un enfant naît presque chaque année. Cependant, la reine finit par se fatiguer de ces grossesses à répétition, autant que le roi se lasse de l'amour inconditionnel de son épouse. De plus, la plupart de leurs enfants sont de sexe féminin, ce qui finit par indisposer le roi. Sur leurs dix enfants, ils n'ont que deux garçons dont un seul a survécu, le dauphin.
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En 1734, pour la première fois, la reine se plaint à son père des infidélités du roi. Le roi tombe amoureux de la comtesse de Mailly, puis de sa jeune sœur, la comtesse de Vintimille, puis, à sa mort, d'une autre de leurs sœurs, la marquise de Tournelle qu'il fait duchesse de Châteauroux. Il rencontre généralement ces dames dans l'entourage de la reine qui se réfugie alors dans la religion, les œuvres de charité et la vie familiale. Pour des raisons d'économie, le cardinal de Fleury a confié l'éducation des plus jeunes filles du couple royal aux religieuses (toutes nobles) de l'abbaye de Fontevraud. Une des princesses, Madame Sixième, y meurt à 8 ans. Les autres princesses reviennent à la cour entre 1748 et 1750. Les enfants royaux prennent le parti de leur mère.
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Selon le mémorialiste Barbier, à partir de 1743, le roi ne voulant gouverner sans principal ministre, « paraît vouloir travailler avec ses cinq ministres en particulier »[32].
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Physiquement, Louis XV est beau, grand (1,77 m selon ses médecins), d'une constitution athlétique, la taille cambrée et le maintien droit ; il émane de sa personne une autorité naturelle qui impressionne fortement ceux qui le voient pour la première fois[réf. souhaitée][Qui ?]. Passionné de chasse, il s'y rend chaque jour, sauf les dimanches et fêtes. Il connaît parfaitement tous les chiens de sa meute, à laquelle il prodigue des soins attentifs, au point de faire aménager dans ses appartements du château de Versailles le cabinet des chiens. Il aime l'exercice physique, la vitesse, et mener ses chevaux au grand galop. Pour faciliter ses courses, il fait réaménager les forêts d'Île-de-France avec les pattes d'oie qui subsistent actuellement. D'esprit vif, il a un jugement prompt et sûr. Sa mémoire est grande, et il se rappelle avec précision une foule de détails sur les Cours étrangères, qui étonnent les ambassadeurs. Il aime lire, et les résidences royales sont dotées de bibliothèques : Versailles mais aussi Choisy-le-Roi, comme Fontainebleau et Compiègne. Malgré sa clairvoyance et sa lucidité, il doute en permanence de ses capacités, et préfère suivre l'avis d'un conseiller en dépit de son opinion : c'est ainsi que, contre son opinion, il engage la France dans la guerre de Sept Ans.
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Méfiant voire méprisant à l'égard des gens de lettres, il est curieux des connaissances scientifiques et techniques. Il observe avec les astronomes les plus réputés les éclipses des planètes. Ses connaissances en médecine lui permettent d'avoir des conversations suivies avec les grands médecins de son temps sur les découvertes récentes. Il fait aménager au Trianon un jardin botanique qui, avec 4 000 espèces, sera le plus important d'Europe. Enfin, passionné de géographie, il encourage le travail des géographes, et est à l'origine de la réalisation de la carte de Cassini. Il possède, en outre, une grande connaissance de l'histoire du royaume, et étonne ses interlocuteurs par la précision de ses connaissances liturgiques. Capable de beaucoup de bienveillance, il peut aussi se montrer cassant. Il est sujet à des accès de neurasthénie, où il s'enferme dans un mutisme complet. Son entourage est très attentif à l'humeur du roi quand il faut traiter d'affaires importantes. Il est d'une timidité quasi maladive, ce qui le fait paraître froid et distant. Sa voix, mal posée et rauque, l'encombre, et, lors des cérémonies officielles, il demande souvent que son discours soit lu par un de ses ministres.
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Un an après la mort de Fleury, un événement va marquer la personnalité du roi et la suite de la vie politique française : « L'épisode de Metz ». Louis XV était parti diriger ses armées engagées sur le front de l'est dans la guerre de succession autrichienne. Le 4 août 1744, à Metz, il tombe gravement malade d'une fièvre subite et inexpliquée, une « fièvre maligne » d'après les médecins de l'époque. En hâte, les médecins parisiens accourent auprès de Louis XV, dont l'état est préoccupant : le chirurgien royal, François de La Peyronie, pratique des saignées, et François Chicoyneau, médecin à la Cour, multiplie les médications. Mais le patient continue de voir son état empirer d'heure en heure, et le 12, le chirurgien déclare que le roi n'en avait que pour deux jours. Le 15 août, Louis XV reçoit l'extrême-onction[33].
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Les prières se multiplient à travers le pays pour son salut. Sa maîtresse, Madame de Châteauroux, qui l'a accompagné, doit le quitter tandis que la reine arrive en hâte. Sur les conseils de son gouverneur, le dauphin, qui n'a pas quinze ans, la suit mais est fort mal reçu par le roi qui le compare à un fils de paysan venu quérir son héritage. Le roi fait le vœu de faire construire une église dédiée à sainte Geneviève, dans le cas où il guérirait[34].
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Sous la pression du parti dévot, Monseigneur de Fitz-James, premier aumônier du roi, refuse de lui donner l'absolution sans une confession publique de ses péchés où le roi apparaît comme une personne immorale, indigne de porter le titre de Roi Très Chrétien. Colportée dans tout le pays par le clergé, la confession royale ternit le prestige de la monarchie. Pendant ce temps, les dévots, fort maladroitement, placent ostensiblement un second oreiller dans le lit de la reine et poussent celle-ci, pourtant quadragénaire, à s'habiller comme une adolescente, abusant du rouge et des parfums, ce qui seyait peu à une femme de son âge.
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En désespoir de cause, on fait appel à un médecin juif, Isaïe Cervus Ullmann, qui sauve le roi de sa dysenterie[35]. D'après Tribout de Morembert[36], ce médecin eut l'honneur de remettre sur pied Louis XV lors de sa grave maladie, mais comme il est impensable que le roi Très Chrétien ait été guéri par un juif, on découvre un vieux médecin pensionné du régiment d'Alsace, Alexandre de Montcharvaux, à qui on fait endosser la guérison. D'après Chaffanjon[37], Cervus Isaie Ulmann, alias Isaye Cerf, est le médecin qui donna des soins à Louis XV ; celui-ci le dispensera, en retour, du paiement de l’impôt et de loger chez lui des officiers de la garnison.
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Le roi échappe ainsi à la mort et, à la suite de la messe d'action de grâce célébrée en l'église Notre-Dame de Metz en présence de la famille royale, le pays tout entier reprend les qualificatifs du célébrant et appelle le roi Louis le Bien-Aimé. Louis XV donne ses indications pour faire construire l'église qu'il avait promise en cas de guérison ; elle deviendra le Panthéon[34].
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Cependant Louis XV, en tant que roi, a ressenti douloureusement l'humiliation que lui a infligée le parti dévot. De retour à Versailles, il démet Monseigneur de Fitz-James de ses fonctions d'aumônier, l'exile dans son diocèse et rappelle Madame de Châteauroux, mais celle-ci meurt avant sa rentrée en grâce officielle. Le roi, bien que sa vie sexuelle déréglée le fasse souffrir d'un profond sentiment de culpabilité, ne renoue pas avec la reine.
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Jeanne Le Normant d'Étiolles, née Poisson, rencontrée en 1745, lors du bal masqué donné à l'occasion du mariage du dauphin Louis, devient la favorite la plus célèbre du règne. Le roi, pour lui permettre d'être présentée à la cour et de devenir dame d'honneur de la reine, lui attribue une terre limousine tombée en déshérence : le marquisat de Pompadour. Fille d'un financier, elle est belle, cultivée, intelligente et sincèrement attachée au roi, mais a contre elle d'appartenir au tiers état, étant une bourgeoise proche des milieux financiers, ce que la cour et le peuple n'admettent pas : les maîtresses officielles de Louis XIV, et celles de Louis XV jusqu'à présent, choisies dans les hautes sphères de l'aristocratie, ont été d'autant plus tolérées qu'elles n'ont exercé aucune influence sur le gouvernement (à l'exception notable de Madame de Maintenon).
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Le fait que le roi se commette avec une roturière provoque un scandale orchestré par l'aristocratie, humiliée par l'influence grandissante de la bourgeoisie dans la société, et reprise par le peuple qui hait le monde de la finance qui l'exploite… Paraissent bientôt les « Poissonnades », chansons injurieuses et pamphlets en allusion aux « mazarinades » du siècle précédent, brocardant le nom de jeune fille de la marquise :
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« Fille de sangsue et sangsue elle-même
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Poisson d'une arrogance extrême
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Étale en ce château sans crainte et sans effroi
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La substance du peuple et la honte du Roi[38] »
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Malgré ces critiques, la marquise de Pompadour a une influence indéniable sur l'épanouissement des Arts durant le règne de Louis XV. Véritable mécène, la Marquise amasse une imposante collection de meubles et d'objets d'art dans ses diverses propriétés. Louis XV acheta ainsi trois tableaux et cinq dessus de porte réalisés par Jean Siméon Chardin. Elle est responsable du développement de la manufacture de porcelaine de Sèvres, et ses commandes assurent leur subsistance à de nombreux artistes et artisans. Elle joue également un rôle important en architecture, supervisant les travaux de la place Louis XV (futur haut lieu de la Révolution française, aujourd'hui place de la Concorde), et de l'École militaire de Paris, réalisées par Ange-Jacques Gabriel, un de ses protégés. La Marquise défend également le projet de l'Encyclopédie contre les attaques de l'Église. À sa manière, elle fut représentative de l'évolution des mentalités lors de ce siècle des Lumières, bien qu'elle ne parvînt pas complètement à convertir le roi à ses vues. L'étalage de tout ce luxe dans ses propriétés lui vaut bien des reproches, bien que sa famille, très riche, fournît également une aide financière au gouvernement et sauve la monarchie de la banqueroute.
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La marquise de Pompadour est officiellement logée au troisième niveau du château de Versailles, au-dessus des appartements du roi. Elle y organise des soupers intimes avec des invités choisis, où le roi oublie les obligations de la cour qui l'ennuient. De santé fragile, et supposée frigide, la marquise devient, dès 1750, une simple mais véritable amie et confidente, après avoir été amante, et elle parvient à conserver ses relations privilégiées avec le roi, jusqu'à sa mort, fait rare dans les annales des maîtresses royales. Ne pouvant satisfaire la sensualité du roi et pour éviter d'être évincée par une rivale potentielle (sa hantise jusqu'à la fin de sa vie), elle se charge de « fournir » discrètement au roi, avec l'accord de leurs familles bien rémun��rées, des jeunes filles peu farouches, de petite vertu et de peu d'intelligence qui, gratifiant les sens du roi, n'occupent en revanche ni son cœur ni son esprit. Ainsi la marquise conserve-t-elle son influence sur le roi… Les rencontres se font après le passage des jeunes filles dans un lieu dont le nom seul offre au fantasme et aux ragots : le parc-aux-cerfs.
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Après 1750 donc, Louis XV, qui vient d'avoir 40 ans, s'engage dans une série d'épisodes sentimentaux et sexuels de courte durée, le plus connu étant celui avec Marie-Louise O'Murphy. Le pavillon du Parc-aux-cerfs sert à abriter ces amours éphémères : les jeunes filles y sont examinées par un médecin avant d'être menées discrètement dans la chambre du roi. La légende a exagéré les événements qui s'y sont passés, contribuant à assombrir la réputation du souverain. Cette image de roi vieillissant et libidineux accaparé par ses conquêtes féminines ne le quittera plus et entachera sa mémoire, bien qu'il n'ait été guère différent de François Ier ou de Henri IV de ce point de vue.
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La popularité du roi pâtit largement des suites de la guerre de Succession d'Autriche. Les Français ont pardonné à Louis XIV ses impôts, ses maîtresses et ses dépenses fastueuses, celui-ci ayant toujours su donner à ses fins de guerres des allures de victoires. De la même façon, pour Louis XV, les scènes de Metz (1744) comptent peu aux yeux de la population en regard des victoires de la guerre de succession autrichienne. Mais la nouvelle de l'abandon des Pays-Bas à l'Autriche — en opposition avec les intérêts français tels que les avaient définis Richelieu puis Louis XIV — est accueillie avec incrédulité et amertume. Les Parisiens utilisent l'expression « bête comme la paix ». On a « travaillé pour le roi de Prusse ». Tant d'efforts et de vies humaines pour donner une couronne — minuscule — à la fille du roi, alors que la couronne impériale est conservée par les Habsbourg puisque l'ex-duc de Lorraine, époux de la reine de Hongrie, a été élu empereur en 1745. La montagne a accouché d'une souris.
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On peut à ce titre considérer que 1748 est marquée par la première manifestation d'une opinion publique française, portée par un nationalisme émergent que le monarque n'avait pas compris. La présence aux côtés du roi de la marquise de Pompadour, fortement décriée par l'aristocratie curiale qui n'hésite pas à faire courir les bruits les plus ignobles qui, sortant du palais, atteignent le peuple, donnait du roi l'image d'un jouisseur égoïste uniquement préoccupé de ses plaisirs. Le mécontentement s'amplifie, alimenté par le train de vie de la Cour et ce qui est perçu comme une incompétence du roi à gouverner. En se replaçant dans une perspective historique, il apparaît que Louis XV n'était pas incompétent, bien qu'il manquât certainement de volonté. D'autre part, les dépenses de la cour n'étaient pas spécialement élevées, comparées à celles des précédents monarques français, ou encore d'autres cours européennes, comme celle de Russie qui dépense des sommes astronomiques pour construire les palais de Saint-Pétersbourg. Pourtant, telle est la perception qu'en a le peuple de France, également influencé par la campagne violente à l'encontre de la marquise de Pompadour.
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Peut-être est-ce ce contexte qui pousse Robert-François Damiens — domestique chez plusieurs conseillers du Parlement — à essayer de tuer le roi. Le 5 janvier 1757, Damiens loue épée et chapeau dans une boutique sur la place d'armes devant le château[39], entre au palais de Versailles, parmi les milliers de personnes qui essayent d'obtenir des audiences royales. Vers 18 heures, le roi revient de visiter sa fille souffrante et s'apprête à entrer dans son carrosse pour retourner à Trianon, quand Damiens franchit la haie de gardes et le frappe avec une lame de 8,1 cm. Louis XV porte d'épais vêtements d'hiver et la lame ne pénètre que d'un centimètre, entre les 4e et 5e côtes. Cependant, on craint un éventuel empoisonnement. On torture à plusieurs reprises Damiens, pour savoir s'il a des complices, mais il apparaît que cet homme, serviteur de membres du parlement de Paris, est un déséquilibré qui a surtout entendu beaucoup de discours critiques à l'encontre du roi. Louis XV est plutôt enclin à pardonner, mais il s'agit de la première tentative de meurtre sur un monarque français depuis l'assassinat d'Henri IV par Ravaillac en 1610, et il doit accepter un procès pour régicide. Jugé par le Parlement de Paris, Damiens est exécuté le 28 mars 1757 sur la place de Grève, dans des conditions effroyables. La main qui a tenu le couteau est brûlée avec du soufre, on lui entaille ensuite les membres et la poitrine avant d'y introduire du plomb fondu, ses quatre membres sont arrachés par des chevaux (écartèlement) et son tronc finalement jeté aux flammes. Une foule immense assiste à ce spectacle, les balcons des maisons de la place de Grève sont loués jusqu'à 100 livres (la paye d'un ouvrier pour 10 mois de travail).
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Le roi est déjà si impopulaire que l'élan de sympathie provoqué par cette tentative de meurtre disparaît rapidement avec l'exécution de Damiens, dont l'inhumanité pourtant laisse le parti philosophique de marbre. Louis XV lui-même n'y était pas pour grand-chose, les détails de cette horrible mise à mort ayant été élaborés par le parlement de Paris, peut-être avec le souci de se réconcilier avec le monarque. Mais plus que tout, le peuple ne pardonne pas au roi de ne pas s'être séparé de la Pompadour. L'ambassadeur d'Autriche écrit à Vienne : « Le mécontentement public est général. Toutes les conversations tournent autour du poison et de la mort. Le long de la galerie des Glaces apparaissent des affiches menaçant la vie du roi ». Louis XV, qui a conservé un calme royal le jour de la tentative d'assassinat, paraît profondément affecté et déprimé dans les semaines qui suivent. Toutes les tentatives de réformes sont abandonnées. Sur la proposition de la marquise de Pompadour, il renvoie deux de ses ministres les plus décriés, le comte d'Argenson (secrétaire d'État à la Guerre) et Machault d'Arnouville (Garde des Sceaux et précédemment contrôleur général des finances), et introduit Choiseul dans le gouvernement. De roi « Bien-aimé », Louis XV admet être désormais devenu le « Bien-haï »[40].
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Inauguré en 1763 sur la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), un monument comportant la statue du roi à cheval est commandé à Edmé Bouchardon et achevé par Jean-Baptiste Pigalle. Son piédestal est soutenu par les statues des quatre Vertus. Peu de temps après l'inauguration, on trouve sur le piédestal un distique, tracé d'une main inconnue, qui témoigne de l’impopularité du roi : « Grotesque monument / Infâme piédestal / Les vertus sont à pied / Le vice est à cheval. » Autre version : « Ah ! la belle statue, ah ! le beau piédestal, / Les vertus sont à pied et le vice à cheval…[41] »
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Toutes ses histoires amoureuses n'empêchaient pas Louis XV de travailler, mais il lui manquait l'inépuisable énergie de son arrière-grand-père. Pendant les dix-sept années du gouvernement de Fleury, il avait formé son jugement mais n'avait pu forger sa volonté. Décidé à diriger seul le royaume, il s'évertuait à suivre les instructions de son aïeul : « Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez ». Cependant, il n'avait pas assez confiance en lui pour appliquer efficacement ce précepte. Sa correspondance politique révèle sa profonde connaissance des affaires publiques et la justesse de son raisonnement. Il éprouvait en revanche des difficultés à décider, et quand il y était obligé, se montrait comme tous les timides, brutal.
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Il était amical et compréhensif avec ses ministres, du moins en apparence, mais sa disgrâce tombait soudainement, sans prévenir, sur ceux qu'il estimait l'avoir desservi. Sa direction était souple, les ministres ayant une grande indépendance, mais il leur était difficile de savoir si leurs actions convenaient au souverain. L'essentiel du travail gouvernemental s'effectuait dans des comités auxquels le roi ne participait pas, ce dernier siégeant dans le Conseil d'en haut, créé par Louis XIV, chargé des secrets d'État concernant la religion, la diplomatie et la guerre. Divers partis s'affrontaient, celui des dévots, dirigé par le comte d'Argenson, secrétaire d'État à la Guerre, opposé au parti philosophique emmené par Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville, contrôleur général des finances, et soutenu par la marquise de Pompadour, qui agissait comme un ministre sans portefeuille. Appuyée par de puissants financiers (les frères Pâris Duverney et Pâris de Montmartel…), elle obtint du roi la nomination de certains ministres (Bernis, secrétaire d'État des Affaires étrangères en 1757) autant que leur révocation (Orry, contrôleur général des finances en 1745, malgré ses quinze ans de services loyaux et efficaces ; Maurepas, secrétaire d'État de la Marine en 1749). Sur son conseil, le roi approuva la politique de justice fiscale de Machault d'Arnouville. Afin de combler le déficit du royaume, qui s'élevait à 100 millions de livres en 1745, Machault d'Arnouville créa un impôt prélevant un vingtième des revenus, qui concernait également les privilégiés (édit de Marly, 1749). Cette brèche dans le statut privilégié du clergé et de la noblesse, traditionnellement dispensés, les premiers effectuant un « don gratuit » au trésor et s'occupant des pauvres et de l'enseignement, les seconds payant « l'impôt du sang » sur les champs de bataille, était une première dans l'histoire de France, bien qu'elle eût été déjà envisagée au temps de Louis XIV par des esprits visionnaires tels Vauban ou Deschien.
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Cette nouvelle taxe fut accueillie avec hostilité par les états provinciaux qui avaient encore le pouvoir de décider de leur politique fiscale. Le clergé et le parlement s'opposèrent également violemment au nouvel impôt. Pressé par son entourage et par la cour, Louis XV abandonna la partie et en exempta le clergé en 1751. Finalement, le « vingtième » finit par se fondre dans une augmentation de la taille, qui ne touchait pas les classes privilégiées. Ce fut la première défaite de la « guerre de l'impôt » engagée contre les privilégiés.
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À la suite de cette tentative de réforme, le parlement de Paris, s'emparant du prétexte de la querelle entre le clergé et les jansénistes, adressa des remontrances au roi (avril 1753). Le parlement, constitué d'aristocrates privilégiés et de roturiers anoblis, s'y proclamait le « défenseur naturel des lois fondamentales du royaume » contre l'arbitraire de la monarchie et présentait le roi comme un tyran.
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L'opposition aux jésuites était menée par une curieuse alliance contre nature des jansénistes avec les gallicans, les philosophes et les encyclopédistes. Après la faillite commerciale de l'établissement dirigé par le père Antoine Lavalette, qui finançait les missions jésuites aux Caraïbes (la Martinique), le parlement, saisi par les créanciers, confirma en appel le 8 mai 1761 un jugement ordonnant le paiement des dettes de cet établissement par les jésuites de France, sous peine de saisie de leurs biens.
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Il s'ensuivit toute une série d'actions qui allaient aboutir à leur bannissement. Sous la direction de l'abbé de Chauvelin, le 17 avril 1762, le texte des Constitutions de l'Ordre fut épluché par le parlement. On mit en exergue des écrits de théologiens jésuites, afin de les accuser d'enseigner toutes sortes d'erreurs et de considérations immorales. Le 6 août, un arrêt ordonnait la dissolution de l'ordre, mais un délai de huit mois leur fut accordé par Louis XV. Après que le pape eut refusé un compromis permettant de rendre les constitutions de l'ordre compatibles avec les lois du royaume, les parlements votèrent les uns après les autres la suppression de l'ordre dans leur ressort respectif. Seuls les parlements de Besançon et de Douai s'y refusèrent. Les collèges furent fermés d'autorité le 1er avril 1763. À la fin novembre 1764, Louis XV signa un acte de bannissement complet de l'ordre dans tout le royaume afin de protéger les jésuites en tant qu'individus des poursuites judiciaires que les parlements entendaient entreprendre contre eux. Seuls les prêtres qui acceptaient de se placer sous l'autorité d'un évêque étaient autorisés à rester sur le sol français. La plupart choisirent de partir en exil.
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De plus, en 1756, le roi opéra un renversement d'alliance impromptu en rupture avec l'alliance franco-prussienne traditionnelle. Un nouveau conflit européen était en préparation, la paix d'Aix-la-Chapelle ne constituant qu'une sorte de trêve. Les Britanniques et les Français se battaient déjà en Amérique du Nord, sans déclaration de guerre. En 1755, les Britanniques s'emparèrent de 300 navires marchands français, violant plusieurs traités internationaux. Quelques mois plus tard, le 16 janvier 1756, le Royaume-Uni et la Prusse signèrent un traité de « neutralité ». À Paris et Versailles, le parti philosophique et la marquise de Pompadour furent déçus de cette trahison du roi Frédéric II, qui était auparavant considéré comme un souverain éclairé, ami des philosophes. Frédéric II avait même accueilli Voltaire à Potsdam quand ce dernier s'était retrouvé en disgrâce à la suite des manœuvres du parti dévot. Mais Frédéric II était surtout animé par des motifs politiques dans le but de consolider la puissance prussienne. Il avait déjà abandonné ses alliés français en signant des traités séparés avec l'Autriche en 1742 et 1745. La marquise de Pompadour n'appréciait pas Frédéric II, hautain et misogyne, qui la tenait dans le plus grand mépris, allant jusqu'à appeler un de ses chiens « Pompadour ». Pendant la même période, les responsables français commencèrent à percevoir le déclin relatif de l'Empire autrichien, qui ne représentait plus le même danger qu'au début de la dynastie Habsbourg, aux XVIe et XVIIe siècles, alors qu'ils contrôlaient l'Espagne et la plus grande partie de l'Europe. La Prusse apparaissait maintenant comme la puissance émergente la plus menaçante. C'est dans ce contexte que la marquise de Pompadour et le parti philosophique convainquirent le roi de l'intérêt de ce retournement d'alliances. Par le traité de Versailles signé le 1er avril 1756, le roi, contre l'avis de ses ministres, s'allia avec l'Autriche en mettant fin à deux siècles de conflit avec les Habsbourg.
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À la fin du mois d'août 1756, Frédéric II envahit la Saxe sans déclaration de guerre et vainquit facilement les armées saxonnes et autrichiennes, mal préparées. Le sort réservé à la famille électrice de Saxe fut particulièrement brutal, l'électrice Marie-Josèphe succombant à ces mauvais traitements. Ces exactions choquèrent l'Europe et particulièrement la France. La femme du dauphin, sœur du prince François-Xavier de Saxe, fille de l'électeur et de l'électrice de Saxe, fit une fausse couche en apprenant la nouvelle. Louis XV se trouva contraint d'entrer en guerre. Entre-temps, la Grande-Bretagne avait déjà déclaré la guerre à la France le 18 mai 1756. Ce sera la guerre de Sept Ans (1756-1763), qui aura des conséquences importantes en Grande-Bretagne et en France.
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L'ascension de Choiseul, sous l'influence de la marquise de Pompadour, marque une certaine victoire du parti philosophique. Fait pair de France, le nouvel homme fort du gouvernement autorise la publication de l'Encyclopédie et contribue à la dissolution des jésuites. Il réforme la structure de la marine et de l'armée et essaye d'étendre les colonies françaises dans les Antilles.
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Avec le désastre de Rossbach (1757) contre les Prussiens, les nombreuses défaites dans les colonies et la perte des îles du littoral (Belle-Île, etc.), Choiseul, successivement à la tête de la diplomatie et du ministère de la Guerre et de la Marine, cherche à arrêter rapidement la guerre. Le traité de Paris (1763) reconnaît une importante défaite française avec la perte de la Nouvelle-France et de l'Inde au profit des Britanniques.
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Cependant, la France récupère ses comptoirs et les îles des Antilles, indispensables à la vitalité de son commerce. Elle a aussi placé dans les mains de l'empire espagnol, son allié, une partie de la Louisiane pour garantir la protection de ses colons, via le traité de Fontainebleau de 1762.
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Celle-ci est l'aboutissement de quarante années de révolte dans l'île (1729-1769) et de près de trente ans de présence française dans l'île (1738-1768) à des fins de pacification pour la république de Gênes. Avec la convention de Versailles, en 1738, la France obtient le droit d'intervenir en Corse. Avec le traité de Versailles, en 1768, la France a la garantie de conserver l'île si elle parvient à la conquérir. La campagne dure moins d'un an. Les Français tiennent, dans un premier temps, les seuls présides (places fortes du littoral) et ont pour objectif de défaire et d'anéantir l'État national.
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Militairement, la campagne est marquée par deux combats majeurs. Tout d'abord, à la bataille de Borgo, en 1768, Pascal Paoli défait les Français, en tue 600 et en capture 600 autres dont le colonel de Ludre, le propre neveu de Choiseul. À la suite de cet échec, un corps expéditionnaire de près de 20 000 hommes débarque à Saint-Florent et est commandé par l'un des plus grands militaires de la monarchie, le comte Noël Jourda de Vaux. Les nationaux sont finalement vaincus à la bataille de Ponte-Novo, le 8 mai 1769. Peu après, Pascal Paoli, général en chef de la nation corse, part en exil en Angleterre et la Corse se soumet au roi. Le comte de Vaux obtient le bâton de maréchal.
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Les années 1760 furent marquées par des deuils : en 1752, le roi avait déjà perdu sa fille préférée, Henriette. En 1759, mourut son aînée, la duchesse de Parme. En 1761, la mort du duc de Bourgogne, âgé de dix ans, fils aîné du dauphin, enfant précoce et prometteur, fut vivement ressentie. En 1763, mourut à Schönbrunn l'intelligente et romanesque petite-fille du roi, épouse de l'archiduc héritier d'Autriche, Marie-Isabelle de Bourbon-Parme. En avril 1764, mourut sa maîtresse la Marquise de Pompadour. En 1765, le roi perdit successivement son fils, dauphin, dont la vie morale irréprochable l'édifiait, et son gendre le duc de Parme. En février 1766, le vieux roi Stanislas mourait presque nonagénaire à Lunéville. L'année suivante, ce fut le tour de la dauphine, veuve inconsolable qui avait contracté la maladie de son mari en le soignant. Enfin, en juin 1768, mourut la reine.
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Toujours culpabilisé par sa vie intime, le roi ne vit pas sans tristesse la plus jeune de ses filles entrer en 1770 au Carmel, pensant par là obtenir de Dieu le pardon des fautes de son père. Pour éviter que la sensualité du roi veuf ne le pousse à des excès, le parti dévot soutenu par les filles du roi, et notamment sa fille carmélite, proposa alors de remarier le souverain, à la beauté intacte malgré ses 58 ans, avec l'archiduchesse Marie-Élisabeth d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, mais celle-ci vit sa grande beauté compromise par une attaque de petite vérole et le projet de mariage fit long feu. Entre-temps, le duc de Richelieu, grand seigneur libertin, s'était entremis pour donner à Louis XV une nouvelle maîtresse.
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La fin du règne est en effet marquée par l'arrivée dans la vie du roi de la comtesse du Barry[42], officiellement présentée à la cour en 1769. Le ministre Choiseul montre ouvertement son hostilité pour la maîtresse royale et engage dans son parti la jeune dauphine Marie-Antoinette d'Autriche qui vient d'arriver à la cour. Celle-ci agit également sous l'influence de « ses tantes », les filles du roi. Pour affermir son pouvoir, le ministre souhaite donner pour maîtresse au roi sa propre sœur la duchesse de Grammont. Exaspéré par ces querelles de cour et convaincu de l'incapacité de Choiseul à faire face à la fronde du Parlement, Louis XV finit par renvoyer son ministre en 1770, peu après le mariage du dauphin scellant l'alliance avec l'Autriche.
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Désormais le conseil est dominé par René-Nicolas de Maupeou, chancelier de France depuis 1768, par l'abbé Terray et par le duc d'Aiguillon, nommé ministre des Affaires étrangères en juin 1771. Maupeou s'applique à restaurer l'autorité royale et à surmonter la fronde des parlements. Les membres du Parlement de Paris s'étant mis en grève et bloquant ainsi le cours de la justice, Maupeou fait exiler tous ceux qui refusent de reprendre le service, leurs charges sont rachetées, attribuées à d'autres magistrats. Maupeou entreprend alors une réforme structurelle fondamentale. La justice, jusqu'alors administrée par des magistrats dont la charge est vénale, devient une institution publique et gratuite. Tout en restant inamovibles, et donc indépendants, les magistrats sont payés par l'État. Le droit de remontrance demeure intact. À plusieurs reprises, en 1766, lors de la séance de la Flagellation, en 1770 et en 1771, le roi a réaffirmé son attachement à ce droit, à condition qu'il ne soit pas un instrument de contre-pouvoir et demeure un devoir de conseil.
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Les magistrats du Parlement Maupeou se servent à plusieurs reprises de ce droit de remontrances, dans un esprit de conseil. L'harmonie institutionnelle est restaurée. Ayant surmonté l'opposition des parlements, Louis XV et l'abbé Terray peuvent alors apporter des réformes à la fiscalité du royaume, améliorant le rendement du vingtième, et rétablissant ainsi, dès 1772, l'équilibre des recettes et des dépenses.
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Le 26 avril 1774, les symptômes de la « petite vérole » (variole) apparaissent, alors que Louis XV est au Petit Trianon.
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Le Parlement de Paris envoie, le dimanche 1er mai 1774, Nicolas Félix Van Dievoet dit Vandive, conseiller notaire secrétaire Maison et Couronne de France, greffier au Grand Conseil, pour s'enquérir de la santé du roi, comme nous l'apprend en son journal le libraire parisien Siméon-Prosper Hardy :
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« La nouvelle cour du Parlement n'avait pas manqué, suivant l'usage ordinaire, de députer le nommé Vandive, l'un des premiers principaux commis au greffe de la Grand Chambre et de ses notaires secrétaires, pour aller à Versailles savoir des nouvelles de la santé du Roi. Mais ce secrétaire ne pouvait rendre compte de sa mission à l'inamovible compagnie que le mardi suivant, attendue la vacance accoutumée du lundi 2 mai. »
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Les filles survivantes du roi, le comte de Lusace, oncle maternel du dauphin, sont aussi présents lors de l'agonie du roi. La bougie allumée à la nuit, au balcon de la chambre, est éteinte lorsque le souverain vient à mourir, le 10 mai 1774, à 15 heures 30, au château de Versailles, des suites de la maladie (septicémie aggravée de complications pulmonaires), dans l'indifférence du peuple et la réjouissance d'une partie de la cour, après 59 ans de règne, et à l'âge de 64 ans[43]. Variolique, il n'est pas embaumé : il est le seul roi de France à ne pas avoir reçu cet hommage post-mortem[44]. Il laisse le trône à son petit-fils, âgé de presque 20 ans, qui devient le roi Louis XVI.
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L'impopularité de Louis XV est telle que sa mort est accueillie dans les rues de Paris par des festivités joyeuses, comme l'avait été celle de Louis XIV[45]. Lors des obsèques, le 12 mai, pour éviter les insultes du peuple sur son passage, le cortège funèbre réduit contourne Paris de nuit, par l'ouest, avant d'arriver à la basilique Saint-Denis. La décomposition du corps est si rapide que la partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements[46]) avec des sépultures multiples ne peut être réalisée. Si les Parisiens manifestent leur indifférence ou leur hostilité, de nombreux témoignages attestent la profonde tristesse des Français de province, qui suivent en grand nombre, au cours de la fin du printemps 1774, les offices organisés dans toutes les villes et gros bourgs de France et de Navarre pour le repos de l'âme du Roi[47].
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Dix-neuf ans plus tard, le 16 octobre 1793, durant la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis, après avoir ouvert les cercueils de Louis XIII et de Louis XIV (relativement bien conservés) les révolutionnaires ouvrent celui de Louis XV et trouvent le cadavre nageant dans une eau abondante due à la perte d'eau du corps qui avait été en fait enduit de sel marin, et n'avait pas été embaumé comme celui de ses prédécesseurs. Le corps tombe rapidement en putréfaction, les révolutionnaires brûlent de la poudre pour purifier l'air de l'odeur infecte qu'il dégage et le jettent comme les autres corps, dans une fosse commune sur de la chaux vive[48].
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Le 21 janvier 1817, Louis XVIII fait rechercher les restes de ses ancêtres dans les fosses communes (dont Louis XV) pour remettre leurs ossements dans la nécropole des Rois (aucun corps n'a cependant pu être identifié)[49].
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Une légende populaire veut que Louis XV se soit exprimé au sujet de sa mort et aurait dit : « Après moi le déluge » ; cette expression prétendument prophétique (son successeur Louis XVI étant guillotiné lors de la Révolution française) qui n'apparaît qu'en 1789, est apocryphe, elle a été également attribuée à Madame de Pompadour en 1757, alors que la favorite cherchait à consoler le roi très affecté par la déroute de Rossbach avec ces mots : « Il ne faut point s'affliger : vous tomberiez malade. Après nous le déluge ! »[50].
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Marie Leszczyńska donne à Louis XV dix enfants, dont trois meurent en bas-âge :
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Louis XV, comme Louis XIV, a eu un certain nombre d'enfants adultérins de ses nombreuses maîtresses, à partir de 1733. À la suite d'une nouvelle fausse couche de la reine en 1738, cette dernière, lassée par les maternités répétitives, lui ferme la porte de sa chambre, ce qui facilite l'officialisation de la première favorite royale, la comtesse de Mailly[51]. Tous ses enfants adultérins, autres que Charles de Vintimille, sont nés de jeunes filles non mariées, appelées les « petites maîtresses ». Hanté par les mauvais souvenirs liés aux bâtards de son arrière-grand-père, Louis XV se refusera toujours à les légitimer. Il subviendra à leur éducation et s'arrangera pour leur donner une place honorable dans la société, mais ne les rencontrera jamais à la cour. Seuls sont légitimés Charles de Vintimille du Luc et l'abbé de Bourbon.
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Avec Madame de Vintimille :
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Peut-être avec Irène du Buisson de Longpré :
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Avec Jeanne Perray :
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Avec Marie-Louise O'Murphy :
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Avec la duchesse de Narbonne-Lara :
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Avec Marguerite-Catherine Haynault :
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Avec Lucie Madeleine d'Estaing :
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Avec Marie-Madelaine de Lionvaux :
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Avec la baronne de Meilly-Coulonge :
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Avec Louise-Jeanne Tiercelin de La Colleterie :
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Avec Catherine Éléonore Bénard :
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Avec Marie Thérèse Françoise Boisselet :
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Louis XV est donc le père de quinze enfants adultérins. La naissance royale n'est certaine que pour 8 enfants (3 garçons et 5 filles). Madame de Pompadour a fait toujours des fausses couches, et la seule naissance d'un enfant naturel avérée après la mort de celle-ci, est celle de Marie Victoire Le Normand de Flaghac, en 1768.
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Ses maîtresses et favorites ont été :
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Ajoutons une possible relation avec Françoise de Chalus, dame d'honneur de sa fille Marie-Adelaïde. De cette union serait né, en 1755, le comte Louis-Marie de Narbonne-Lara.
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Parmi les entremetteurs qui procurent des femmes à Louis XV figure son premier valet de chambre, Dominique Guillaume Lebel[61], petit-fils de Michel Lebel, lui-même déjà au service de Louis XIV[62]. Pour vérifier la bonne santé des jeunes filles, Lebel « essayait » les jeunes filles pour vérifier qu'elles n’étaient pas porteuses d'une des maladies vénériennes que craignait le roi[63].
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Trois grandes guerres vont se succéder et ternir l'image du roi et de son règne : la guerre de Succession de Pologne (1733-1738), la guerre de Succession d'Autriche (1744-1748) et la guerre de Sept Ans (1756-1763).
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À la mort d’Auguste II en 1733, son fils, Auguste III, et Stanislas Ier, ancien roi de Pologne déchu en 1709, beau-père de Louis XV, se disputent le trône. Alors que les querelles des partisans d'Auguste II et ceux de Stanislas Ier divisent le pays, la mort d’Auguste II en 1733, vient déchaîner les passions. Son fils, Auguste III, et Stanislas Ier se disputent le trône. La crise se transforme en guerre de succession qui oppose principalement les Bourbons, partisans de Stanislas, aux Habsbourgs partisans d'Auguste. La guerre est gagnée par la France et prend fin avec le traité de Vienne : Auguste reste roi de Pologne et Stanislas reçoit en contrepartie le duché de Lorraine et le duché de Bar qui reviendront à la France à sa mort.
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Ce conflit européen né de la Pragmatique Sanction, par laquelle l'empereur Charles VI lègue à sa fille Marie-Thérèse les États héréditaires de la Maison des Habsbourg. La guerre est déclenchée par la Prusse de Frédéric II qui envahit la Silésie. La France cherche à saisir l'occasion d'affaiblir les Habsbourgs et conquiert les Pays-Bas autrichiens. La guerre se termine en 1748 avec le traité d'Aix-la-Chapelle par lequel Louis XV, à la surprise de ses contemporains, renonce à ses conquêtes.
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La guerre de Sept Ans opposa principalement la France à la Grande-Bretagne d'une part, l'Autriche à la Prusse d'autre part. Cependant, par le jeu des alliances et des opportunismes, la plupart des pays européens et leurs colonies se sont retrouvés en guerre. Le début de la guerre est généralement daté au 29 août 1756 (attaque de la Saxe par Frédéric II) bien que l'affrontement ait débuté plus tôt dans les colonies d'Amérique du Nord avant de dégénérer en guerre ouverte en Europe. La France en ressort meurtrie, avec la perte de la quasi-totalité de ses colonies en Amérique.
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Louis XV, roi « bien-aimé » est devenu le « mal-aimé » à la fin de son règne, notamment à cause des choix effectués dans sa vie privée (ses nombreuses maîtresses). L'altération de l'image royale s'est poursuivie au XIXe et XXe siècles dans la littérature, l'historiographie et les manuels scolaires dont les jugements sont obscurcis par leur moralisme laïc, voire leur haine de la monarchie[64]. Sainte-Beuve juge Louis XV : « Le plus nul, le plus vil, le plus lâche cœur de roi qui, durant son long règne énervé, a accumulé comme à plaisir, pour les léguer à sa race, tous les malheurs »[65]. Selon le petit manuel Lavisse de 1900 : « Il a été le plus mauvais roi de toute notre histoire. Ce n'est pas assez de détester sa mémoire, il faut l'exécrer ». Il est progressivement réhabilité à sa juste valeur depuis la seconde moitié du XXe siècle[64].
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Louis XVIII — né à Versailles le 17 novembre 1755 sous le nom de Louis Stanislas Xavier de France, et par ailleurs comte de Provence (1755-1795) — est roi de France et de Navarre du 6 avril 1814 au 20 mars 1815 puis du 8 juillet 1815 à sa mort, le 16 septembre 1824, à Paris.
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Quatrième fils du dauphin Louis et frère cadet de Louis XVI, il est appelé « Monsieur » quand ce dernier devient roi. Exilé sous la Révolution française et le Premier Empire, il adopte de jure en tant que prétendant au trône le nom de Louis XVIII, l'ordre dynastique incluant son neveu Louis XVII mort en prison en 1795 (à l'âge de 10 ans) sans avoir jamais régné. Surnommé « le Désiré » par les royalistes, il revient en France lors de la Restauration qui suit la chute de l'empereur Napoléon Ier. Il est renversé durant les Cent-Jours, puis revient à nouveau au pouvoir après la bataille de Waterloo.
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Durant son règne, considérant l'évolution de la France entre 1789 et 1814, Louis XVIII s'attelle à composer avec les acquis de la Révolution et de l'Empire. Ayant quitté la France, le même jour que son frère (qui fut reconnu et arrêté à Varennes), à 35 ans, il en a 58 quand son règne commence effectivement, après avoir passé 23 ans en exil[1]. Il « octroie » au peuple une constitution utilisant un terme d'Ancien Régime, la Charte constitutionnelle de 1814, mène une politique de réconciliation et d'oubli concernant les violences révolutionnaires en tentant de calmer la Terreur Blanche. Il a dans un premier temps composé avec une chambre parlementaire « plus royaliste que le roi », la Chambre introuvable. Mais en 1820, après l'assassinat de son neveu le duc de Berry, troisième dans l'ordre de succession au trône, la Restauration prend un tournant plus dur, voire réactionnaire, que le roi laisse mener par le président du conseil Villèle. Son règne est aussi marqué par l'expédition d'Espagne (1823).
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Il meurt sans descendance et est inhumé à la basilique Saint-Denis. Il est le dernier monarque français à recevoir ce privilège, et également le dernier mort sur le trône, les deux suivants ayant été renversés. Son frère puîné, le comte d’Artois, lui succède sous le nom de Charles X. La Restauration prend fin avec la révolution de 1830, qui met sur le trône Louis-Philippe, roi des Français.
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Né le 17 novembre 1755 à Versailles et ondoyé le même jour par le cardinal de Soubise[2], Louis Stanislas Xavier est le quatrième fils du dauphin Louis et de sa seconde épouse Marie-Josèphe de Saxe, et est ainsi le petit-fils de Louis XV. Il est le frère cadet de Louis Auguste, futur Louis XVI, et le frère aîné de Charles-Philippe, futur Charles X. Petit-fils de France, Louis Stanislas Xavier est titré comte de Provence et se voit attribuer pour armes de France à la bordure dentelée de gueules[3].
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Le 18 octobre 1761, le même jour que son frère Louis Auguste, Louis Stanislas Xavier est baptisé par l'archevêque Charles Antoine de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de Jean-François Allart (1712-1775), curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est Stanislas Ier de Pologne, représenté par Louis-François de Bourbon-Conti, et sa marraine est Victoire Louise Marie Thérèse de France[4].
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Tout comme son frère aîné, il passe son enfance au château de Versailles, où il reçoit une éducation solide. Cultivé, il est fin latiniste. Il a de l'esprit[5], ce qui lui vaut de devenir rapidement le petit-fils préféré de Louis XV[6].
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Louis, comte de Provence, épouse Marie-Joséphine de Savoie, (1753–1810), fille du roi Victor-Amédée III de Sardaigne et de Marie-Antoinette d'Espagne[7], le 14 mai 1771 dans la chapelle royale du château de Versailles. Les témoins sont son grand-père Louis XV, ses frères Louis Auguste et Charles Philippe, sa belle-sœur Marie-Antoinette, sa sœur Clotilde et ses tantes Adélaïde, Victoire et Sophie[8].
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Marie-Joséphine de Savoie est la sœur de Marie-Thérèse, épouse du roi Charles X de France.
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Louis XVIII eut plusieurs favorites mais également des favoris :
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Une éventuelle initiation à la franc-maçonnerie en compagnie de ses frères, dans la loge maçonnique dite des « Trois Frères » à Versailles, a parfois été suggérée mais jamais démontrée[10],[11],[12].
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Son statut de frère du roi ne l'empêche pas de critiquer la politique de celui-ci. Mécontent et inquiet de la politique royale d'apaisement et d'ouverture aux théories des Lumières, Louis Stanislas cherche à s'installer dans la province de Languedoc et d'en faire son fief, lui permettant ainsi de se ménager une action directe et distincte de celle de son royal aîné. En 1775, il sollicite en vain le titre de gouverneur du Languedoc. Il avait même acheté l'année précédente le comté de l'Isle-Jourdain qui lui assurait, par la forêt de Bouconne, accès et influence jusque dans Toulouse.
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Au printemps 1777, un voyage l'amène à Toulouse où il assiste le 21 juin, à une séance de l'Académie des Jeux floraux et entend la lecture de trois odes. En son honneur, les parlementaires de la ville organisent une réception chez le comte Riquet de Caraman. Il s'embarque ensuite au Port Saint-Sauveur et continue son périple sur le canal du Midi. À chaque étape, les auberges et maisons sont décorées suivant les ordres des Riquet de Caraman, concessionnaires du canal. La décoration de la maison du receveur du canal à Agde est particulièrement soignée pour la réception de Monsieur.
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Après avoir agité la cour de Louis XVI en facilitant la chute des ministres réformateurs Turgot, Necker, Calonne, puis bloqué les réformes proposées par Calonne en les déclarant inconstitutionnelles en tant que président de l'un des bureaux de l'Assemblée des notables de 1787, il réclame pour le tiers état le doublement du nombre de députés aux états généraux.
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Durant l'assemblée des notables organisée à Versailles à la fin de l'année 1788, le comte de Provence vota pour le doublement de la représentation du Tiers-État aux états généraux (généralement perçu, à posteriori comme des principales causes de la révolution française[13]), action qu'il reconnaîtra ensuite comme « une des plus grandes fautes » de sa vie[14].
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À la suite du départ de la cour de Versailles pour Paris après les journées des 5 et 6 octobre 1789, le comte de Provence est installé au Petit Luxembourg. Comme son frère aîné, il ne se sent plus assez libre et prépare un plan d'évasion (il en prépare deux car son épouse sortira de Paris par un autre moyen). Dans ses mémoires[15], il explique préalablement avoir corrigé la déclaration de Louis XVI qui explique son départ de Paris, mais à aucun moment, il ne dit avoir eu connaissance, avant le 19 juin, veille du départ, du plan précis de Louis XVI qui consistait à partir vers l'est afin de rejoindre la place forte de Montmédy et de reprendre militairement la main sur la Révolution.
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Le 20 juin 1791, date du départ du roi Louis XVI et sa famille des Tuileries, le comte de Provence quitte également sa résidence surveillée. Déguisé et muni d'un passeport anglais, il rejoint ainsi les Pays-Bas autrichiens, via Avesnes et Maubeuge. Il se réfugie à Bruxelles puis Coblence, capitale de l’électorat de Trèves, dont un de ses oncles maternels est l’archevêque et le souverain. Il rencontre l’empereur Léopold II et lui inspire la déclaration de Pillnitz d’août 1791, qui galvanisa les Girondins. Il refuse de reconnaître l’autorité du roi et se voit déchu de ses droits de prince du sang par l'Assemblée législative en janvier 1792. Il tente de rentrer en France à la tête d’une armée de 14 000 hommes mais doit rebrousser chemin après la bataille de Valmy et se réfugie à Hamm, en Westphalie.
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En janvier 1793, ayant appris l’exécution de son frère aîné, il se proclame « régent » pour le dauphin, lequel demeure prisonnier des révolutionnaires à Paris, et le proclame roi de France sous le nom de jure de Louis XVII. À la mort de l’enfant, le 8 juin 1795, il devient le dépositaire légitime de la couronne de France et prend le nom de Louis XVIII.
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Entre 1794 et 1796 il loge à Vérone, mais il doit quitter la ville quand le Directoire demande officiellement à la République de Venise de l'expulser. Le général Bonaparte avec son armée d’Italie entrera dans la ville en juin 1796, un mois après le départ du comte de Provence[16].
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Après le coup d'État du 18 Brumaire et la mise en place du Consulat, Louis XVIII entre en négociations avec Napoléon Bonaparte en vue du rétablissement de la monarchie. Toutefois, après l'explosion de la machine infernale rue Saint-Nicaise le 24 décembre 1800 et la découverte de la culpabilité des royalistes, le Premier consul rompt définitivement toute négociation et adresse une réponse sans ambages au prétendant : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France ; il vous faudrait marcher sur cent mille cadavres... »
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Pendant l'année 1804, à la suite de plaintes de Napoléon, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume se résout à se séparer d’hôtes aussi incommodes que compromettants ; Louis XVIII et tous les émigrés composant sa petite cour reçoivent l’ordre de quitter immédiatement le territoire prussien et s'établissent à Kalmar en Suède. Louis XVIII y invite les princes de sang dans le but de rappeler aux souverains européens ses prétentions sur le trône de France. Seul le comte d’Artois, son frère qu’il n’avait pas vu depuis près de douze ans, une certaine froideur ayant toujours existé entre eux, s'y rend, en septembre 1804. L’entrevue de Kalmar ne les rapproche pas ; ils se quittent après dix-sept jours de conférences, assez mécontents l’un de l’autre. Le futur Charles X reprend le chemin de Londres et Louis revient attendre à Riga la réponse du cabinet de Saint-Pétersbourg à propos d’un nouvel asile sur le sol russe. Le nouvel empereur, Alexandre Ier de Russie, qui succédait à son père le tsar Paul Ier, donne une suite favorable à sa demande et Louis s'installe à nouveau à Mittau (Lettonie actuelle) où une minuscule cour d'une centaine de derniers fidèles l'a suivi[17].
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Une fois réinstallé dans sa demeure, Louis XVIII rédige son dernier manifeste public pendant son séjour à l’étranger. La proclamation qu’il avait envoyée à Pichegru, quelques semaines avant le 18 fructidor, ne contenait que des promesses de réforme à l’ancienne monarchie (Lois fondamentales du royaume de France). Il se décide, cette fois, à accepter nettement la Révolution et ses suites. Non seulement il admet l’amnistie entière pour tous les votes antérieurs à 1804, ainsi que l’engagement de conserver à chaque Français ses grades, ses emplois et ses pensions, il garantit en outre la liberté et l’égalité pour les personnes, le maintien de toutes les propriétés et la protection de tous les intérêts sans exception.
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« Au sein de la mer Baltique, en face et sous la protection du ciel, fort de la présence de notre frère, de celle du duc d’Angoulême, notre neveu, de l’assentiment des autres princes de notre sang, qui tous partagent nos principes et sont pénétrés des mêmes sentiments qui nous animent, nous le jurons ! Jamais on ne nous verra rompre le nœud sacré qui unit nos destinées aux vôtres, qui nous lie à vos familles, à vos cœurs, à vos consciences ; jamais nous ne transigerons sur l’héritage de nos pères, jamais nous n’abandonnerons nos droits. Français ! Nous prenons à témoin de ce serment le Dieu de saint Louis, celui qui juge toutes les justices ! Donné à Mittau, le 2 décembre de l’an de grâce 1804, et de notre règne le dixième[18] — Louis. »
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Cette déclaration, imprimée à Hambourg, au nombre de dix mille exemplaires, est répandue sur tout le continent et envoyée en France à toutes les autorités constituées, ainsi qu’aux plus notables habitants de chaque département.
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Le second séjour à Mittau du prétendant ne dure que trois ans. Les défaites d’Austerlitz, d’Eylau et de Friedland aboutissent au traité de Tilsit, signé le 9 juillet 1807, par lequel la France et la Russie deviennent alliées. Alexandre laisse entendre à Louis XVIII que sa présence à Mittau en Courlande pourrait gêner son nouvel allié. Comprenant qu’il devait chercher un nouvel asile et n'ayant plus à choisir qu’entre le Nouveau Monde et l’Angleterre, Louis XVIII se décida pour l’hospitalité britannique. Vers le milieu d’octobre 1807, depuis Göteborg en Suède, il avertit le comte d’Artois de sa prochaine arrivée, ce qui n’était pas pour lui plaire. Les confidents du comte d'Artois réussissent à persuader un des membres du cabinet britannique, Lord Canning, qu’il était nécessaire, dans l’intérêt même du gouvernement britannique d’éloigner Louis XVIII de Londres et de le confiner en Écosse. Le Royaume-Uni est alors la seule puissance encore en lutte avec la France impériale et qui refuse à Louis XVIII le titre de roi, en lui signifiant qu’à aucune époque, le rétablissement de sa famille n’avait semblé moins plausible. Après de longues tractations, Louis XVIII accepte de débarquer en Angleterre, comme simple particulier sous le nom de comte de L’Isle-Jourdain (que ses contemporains transformeront en « comte de Lille ») et en promettant de ne pas faire d’action politique sur le sol britannique.
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Louis XVIII fixe sa résidence à Gosfield Hall (en), dans l'Essex, fin 1807. Il quitte ce château en 1809. Il vient alors habiter Hartwell House, propriété du baronnet Sir Henry Lee dans le comté de Buckingham, près de Londres. Sa femme, Marie-Joséphine de Savoie, y meurt le 13 novembre 1810.
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Ses revenus, à l'époque, s’élèvent à 60 000 francs environ[19] que lui payaient le gouvernement britannique et la cour du Brésil, mais il devait mener un train de vie réduit puisque cette somme était répartie entre ses protégés, ses agents dans les différentes cours d’Europe (pour être au courant des politiques menées) et que la guerre entraînait une inflation de prix qui n’étaient déjà pas, au départ, bas.
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Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes, et spécialement à partir de 1810, les coalisés semblent reprendre l’avantage, éveillant en Louis XVIII l’espérance du retour. Après la défaite de Napoléon en 1814, les coalisés réunis au congrès de Vienne hésitent encore sur le successeur à choisir à Napoléon. Désireux d’installer sur le trône de France un allié, mais aussi un chef légitime, ils hésitent entre Louis XVIII, dont l’impopularité pose problème, le « roi de Rome », fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, et à défaut une république. Talleyrand emporte finalement l’opinion des Alliés en faveur de Louis XVIII.
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Le 24 avril 1814, il débarque à Calais. « Octroyant » une Charte constitutionnelle restaurant la monarchie à ses sujets, il devient roi de France sous le nom de Louis XVIII le Désiré[20]. Les termes « octroyer » et « roi de France » sont importants en droit, puisqu’ils signifient que la souveraineté appartient au roi, et non au peuple ou à la nation : c’est lui qui octroie la Charte aux Français et non les Français qui décident d’une constitution ; contrairement à un roi des Français qui serait roi parce que les Français l’ont mis sur le trône, un roi de France est souverain de droit divin. Il nie donc la théorie révolutionnaire de la souveraineté nationale, voire de la souveraineté populaire, comme en témoigne sa devise « union et oubli » (union des Français, oubli de la Révolution française et de Napoléon)[21]. Venant du château de Saint-Ouen, il fait son entrée dans Paris par la barrière Saint-Denis.
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La Restauration ne dure pas. Confronté au non-paiement de sa pension attribuée par le traité de Fontainebleau et devant le mécontentement croissant des Français, Napoléon quitte son exil de l'île d'Elbe et débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815. Le 19 mars, Napoléon étant aux portes de Paris, Louis XVIII et sa cour quittent Paris et se dirigent vers Beauvais puis s'installent à Gand, en Belgique, ce qui lui vaut le surnom de « Notre père de Gand » par les chansonniers. La défaite de Waterloo le 18 juin le réinstalle sur le trône de France.
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Son règne est consacré à la lourde tâche de concilier les héritages révolutionnaires et napoléoniens avec ceux de l’Ancien Régime. Il défend ces derniers (et nomme ainsi, comme aumônier de la Cour, monseigneur Jean-Louis d'Usson de Bonnac, un des derniers évêques d’Ancien Régime survivants et surtout l’un des premiers à avoir refusé de prêter serment à la Révolution, ainsi qu’à avoir refusé de démissionner comme l’exigeait Napoléon), sans pour autant accéder aux excès de ses propres partisans, les ultras. Il met un point d’honneur à toujours constituer un ministère issu de la majorité parlementaire, ce à quoi rien ne le contraint.
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Ses opposants demeurent trop faibles et divisés pour menacer en quoi que ce soit la position royale. Il dissout ainsi une première Chambre ultra en 1816 (la célèbre Chambre introuvable). Ayant accepté les résultats de la Révolution, Louis XVIII apparaît comme un roi modéré, menant une vie de cour sans fastes excessifs, trop fade aux yeux de certains. D'autres n'oublient pas que c'est un émigré, ramené sur le trône de France par des étrangers.
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Cependant, malgré cette apparente faiblesse, il réussit non seulement à maintenir un équilibre entre ultras et libéraux, mais aussi à ramener la prospérité dans une nation épuisée par les dernières guerres napoléoniennes. Louis XVIII démontre une certaine force de caractère et il est d'ailleurs capable à l'occasion de traits d'humour féroces[22].
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Très jaloux de son pouvoir, le roi veut tout contrôler. N'appréciant pas les longs rapports, il crée un système d'« anarchie paternelle », cédant souvent aux influences de sa cour, aux sollicitations incessantes des émigrés réclamant le prix de leur fidélité[23].
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Les élections partielles du 11 septembre 1819 constituent une nouvelle victoire pour les libéraux mais l'élection de l'abbé Grégoire comme député de l'Isère provoque un retournement d’alliance au gouvernement. Une autre vague de contestation naît avec l'assassinat de son neveu le duc de Berry (alors second à la succession au trône derrière Charles X) qui entraîne la fin du ministère Élie Decazes et le retour des ultras, annonçant « par conséquent la fin de la Restauration libérale »[24].
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En 1820, le roi d'Espagne Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire conduit par les libéraux. Ce mouvement révolutionnaire lui reproche l'absolutisme de son pouvoir et les nombreuses répressions à l'encontre des libéraux. Ferdinand VII doit alors se soumettre, et remettre en vigueur la Constitution de 1812 et ainsi confier le pouvoir à des ministres libéraux.
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Des élections ont lieu en 1822 aux Cortes, qui donnent la victoire à Rafael del Riego, dans une Europe secouée par les mouvements démocrates qui perturbent l'ordre intérieur des États. Ferdinand VII s'est retiré à Aranjuez, où il se considère comme prisonnier des Cortes.
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En France, les ultras pressent le roi Louis XVIII d'intervenir. Pour tempérer leur ardeur contre-révolutionnaire, le duc de Richelieu fait déployer le long des Pyrénées des troupes chargées de protéger la France contre la prolifération du libéralisme venant d'Espagne et la contagion de la « fièvre jaune ». En septembre 1822, ce « cordon sanitaire » devient un corps d'observation, puis se transforme très vite en une expédition militaire.
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Les libéraux négocient leur reddition en échange du serment du roi de respecter les droits des Espagnols. Ferdinand VII accepte. Mais le 1er octobre 1823, se sentant appuyé par les troupes françaises, Ferdinand VII abroge de nouveau la Constitution de Cadix, manquant ainsi à son serment. Il déclare « nuls et sans valeur » les actes et mesures du gouvernement libéral. C'est le début de la « décennie abominable » pour l'Espagne.
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Chateaubriand, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Villèle, déclare dans ses Mémoires d'outre-tombe : « Enjamber d'un pas les Espagnes, réussir là où Bonaparte avait échoué, triompher sur ce même sol où les armes de l'homme fantastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu'il n'avait pu faire en sept ans, c'était un véritable prodige ! »
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Louis XVIII souffre de diabète et d’une goutte qui empire avec les années[25] et lui rend tout déplacement extrêmement difficile à la fin de son règne. Dans ses dernières années, le roi podagre doit marcher à l'aide de béquilles et est souvent déplacé en fauteuil roulant dans ses appartements, lui-même se baptisant « le roi fauteuil »[26] alors que les plus virulents des bonapartistes, puis le petit peuple, l'affublent du quolibet de « gros cochon » ou « Cochon XVIII »[27]. Vers la fin de sa vie, il est atteint d'artériosclérose généralisée, en outre la gangrène ronge son corps devenu impotent et appesanti par l'hydropisie. À la fin du mois d'août 1824, la gangrène sèche qui a attaqué un pied et le bas de la colonne vertébrale, a provoqué une large plaie suppurante en bas du dos et l'a rendu méconnaissable. Fièrement, il refuse de s'aliter, reprenant les propos de Vespasien : « Un empereur doit mourir debout ». Mais, le 12 septembre, sa terrible souffrance l'oblige à se coucher. Il se décompose vivant et dégage une odeur si nauséabonde que sa famille ne peut rester à son chevet. Un de ses yeux a fondu ; le valet de chambre, en voulant déplacer le corps, arrache des lambeaux du pied droit ; les os d'une jambe sont cariés, l'autre jambe n'est qu'une plaie, le visage est noir et jaune[28].
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À 68 ans, le roi Louis XVIII s'éteint le 16 septembre 1824 à quatre heures du matin, dans sa chambre du Palais des Tuileries. Sans descendance c'est alors son dernier frère, le comte d'Artois, qui lui succède sur le trône à l'âge de 67 ans, devenant le roi Charles X.
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Dernier roi de France à être autopsié et embaumé[29], le pharmacien Labarraque a dû asperger le corps d'une solution de chlorure de chaux afin d'arrêter la marche de la putréfaction[30]. Le 25 octobre 1824, le « roi-fauteuil » Louis XVIII, dernier monarque de France mort au pouvoir, est inhumé en la Basilique de Saint-Denis.
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À Paris, la rue Stanislas et le collège du même nom lui doivent leur appellation : Louis étant le prénom héréditaire des Bourbons, le deuxième prénom du comte de Provence étant choisi en souvenir de son arrière-grand-père, le roi de Pologne Stanislas Leszczynski[20].
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Louis XVIII n'a pas été sacré roi de France. Son frère, Charles X, qui lui succéda, renoua avec la tradition du sacre le 29 mai 1825 dans la cathédrale de Reims. De plus, un roi sacré devait avoir des pouvoirs divins (le roi de France, par exemple, guérissait les écrouelles), et montrer une image d'homme puissant valide, en bonne santé, ce qui n'était pas le cas pour ce roi, qui pour espérer être populaire de son peuple renonça au sacre pour éviter de montrer sa maladie au grand jour. Cependant, une sculpture de Louis XVIII, en costume de sacre, fut commandée par ses soins en 1815 au sculpteur Cortot. Elle est exposée dans la gypsothèque de la villa Médicis à Rome[31].
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Dans la continuité de Louis XVI et de la caricature révolutionnaire[32], Louis XVIII est notamment figuré en cochon et l'épithète populaire « gros cochon », fréquente[33], est reproduite par la littérature, chez Victor Hugo[34] notamment. L'imagerie populaire et la caricature sont moins originales et diversifiées à son endroit qu'elles ne le seront à l'égard de Charles X[35]. À travers différentes représentations, elles mettent avant tout en image sa corpulence et sa goinfrerie, ce qu'Annie Duprat analyse en constatant que « la mise en image du gros appétit et de la forte corpulence des Bourbons, bien au-delà d'une simple plaisanterie, renvoie à tous les écrits et à toutes les représentations des rois ogres, anthropophages et dévoreurs du peuple par le biais des impôts et de la guerre »[36].
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« Qui pouvait résister à l’esprit déflorateur de Louis XVIII, lui qui disait que l’on n'a de véritables passions que dans l’âge mûr, parce que la passion n’est belle et furieuse que quand il s’y mêle de l’impuissance et qu’on se trouve alors à chaque plaisir comme un joueur à son dernier jeu. »
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— Honoré de Balzac, Le Lys dans la Vallée
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« Et les uns accouraient, et les autres se rangeaient : car un roi qui passe, c'est toujours un tumulte. Du reste l'apparition et la disparition de Louis XVIII faisait un certain effet dans les rues de Paris. Cela était rapide, mais majestueux. Ce roi impotent avait le goût du grand galop ; ne pouvant marcher, il voulait courir ; ce cul-de-jatte se fût fait volontiers traîner par l'éclair. Il passait, pacifique et sévère, au milieu des sabres nus. Sa berline massive, toute dorée, avec des grosses branches de lys peintes sur les panneaux, roulait bruyamment »
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— Victor Hugo, Les Misérables
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La Louisiane (en anglais : Louisiana, /luˌi.ziˈæ.nə/[4] Écouter ; en créole louisianais : Lwizyàn) est un État du Sud des États-Unis, entouré à l'ouest par le Texas, au nord par l'Arkansas, à l'est par le Mississippi et au sud par le golfe du Mexique. C'est le 31e État américain par sa superficie et le 25e par sa population. Sa capitale est Baton Rouge et sa plus grande ville est La Nouvelle-Orléans.
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En 2019, sa population s'élève à 4 648 794 habitants[5].
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C'est le seul État américain dont les subdivisions politiques sont dénommées paroisses et non comtés ou boroughs (en Alaska)voir ci-dessous[réf. souhaitée].
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Cet État est nommé d'après le nom Louisiane donné à la région du delta du Mississippi par l'explorateur français René-Robert Cavelier de La Salle en 1682, lorsqu'il en prend possession au nom du roi de France Louis XIV[réf. nécessaire].
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Les Amérindiens sont les premiers habitants de la région. Ils vivaient des ressources de la pêche, de la chasse et de l'agriculture. L'arrivée des Européens signifia leur déclin, notamment démographique par les contaminations virales (variole et vérole).
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Les Atakapas résidaient et résident dans le Sud-Ouest, soit dans les paroisses d'Ibérie, de Saint-Martin, de Sainte-Marie, de Vermilion, de l'Acadie (Acadia), de Caméron, de Jefferson Davis, de Lafayette et de Calcasieu.
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Les Chitimachas résidaient et résident dans le Sud-Est, soit dans les paroisses d'Ibérie, de l'Assomption, de Sainte-Marie, de Saint-Martin, de Terrebonne, de Lafourche, de Saint-Jacques, de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Charles, de Jefferson, d'Orléans, de Saint-Bernard, et des Plaquemines.
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Les Bayougoulas (en), l'une des nations Chactas, étaient disséminés dans les paroisses de Sainte-Hélène, de Tangipahoa, de Washington, de Paroisse de Baton Rouge Est, de Paroisse de Baton Rouge Ouest, de Livingston et de Saint-Tammany.
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Les Houmas se trouvaient sur les paroisses de Félicianne et de la Pointe-Coupée. La localisation originelle est à 160 km au nord de la ville d'Houma. L'expansion coloniale poussait les Houmas de plus en plus vers cette ville. Les Houmas actuels sont majoritairement bilingues anglais/français cadien et se trouvent le long de la côte des paroisses Terrebonne et Lafourche.
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Certaines zones des paroisses des Avoyelles et de Concordie au bord du Mississippi étaient peuplées par les Avoyelles (en) et les Natchez.
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Les Tunicas résident au nord-est, dans les paroisses des Tensas, de Madison, d'East Caroll et de West Caroll.
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Les autres régions du nord et du centre de l'État étaient peuplées par la nation oink Caddo[6].
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En 1682, René-Robert Cavelier de La Salle, venu de la Nouvelle-France, explore le bassin du Mississippi jusqu'à son embouchure et donne à cet immense territoire le nom de Louisiane en l'honneur du roi de France, Louis XIV. Pierre Le Moyne d'Iberville débarque en Louisiane en 1699 et fonde Biloxi, qui deviendra la première capitale de la Louisiane.
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Au XVIIIe siècle, le territoire de Louisiane s'étend des Grands Lacs jusqu'au golfe du Mexique. Il comprend alors une bonne partie de ce qui allait devenir le centre-ouest des États-Unis, dont dix États américains actuels (Arkansas, Dakota du Sud, Dakota du Nord, Iowa, Kansas, Missouri, Montana, Nebraska, Oklahoma, et la Louisiane actuelle) ainsi que des parcelles des futurs Colorado, Wyoming, Minnesota et Texas.
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En 1712, par lettres patentes du 14 septembre, Louis XIV concède le privilège du commerce exclusif sur le territoire de la Louisiane à Antoine Crozat, qui crée la Compagnie du Mississippi et y introduit des esclaves noirs. Deux années plus tard, Natchitoches est fondée par Louis Juchereau de Saint-Denis.
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En 1716, Antoine Crozat fonde Fort Rosalie et revend la Louisiane. La Compagnie du Mississippi récupère alors le monopole de la Compagnie de la Louisiane d'Antoine Crozat et décide de faire un vaste appel à l'importante émigration alsacienne. Des publicités attirent en Louisiane des Alsaciens, qui fondent la ville Des Allemands. Deux ans plus tard, en 1718, la Louisiane passe sous le contrôle de la Compagnie d'Occident de John Law. La même année, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville fonde la ville de La Nouvelle-Orléans en l'honneur du régent Philippe d'Orléans. Elle devient capitale de la Louisiane en 1722.
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En 1719, Jean-Baptiste Bénard de la Harpe remonte la Rivière Rouge, rencontre les Comanches puis explore l'Oklahoma et une partie du Colorado.
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En 1721, John Law recrute des germanophones qu'il installe sur la côte des Allemands, où 59 immigrants sont recensés en 1724 dans les Paroisse de Saint-Jean-Baptiste et Paroisse de Saint-Charles[7]. Au même moment, la Compagnie des Indes, avec soldats et colons, explore et développe son activité commerciale. Ces activités perdureront jusqu'en 1731. Toujours en 1724, Étienne Vényard, Sieur de Bourgmont, remonte la rivière du Missouri avec plusieurs soldats (dont le soldat Gaillard qui rencontrera les Padoucas (Comanche). Il explore le Kansas, rencontre les Indiens Canzes (Kansa) et signe un traité de paix avec les belliqueux Padoucas.
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En 1729, la Révolte des Natchez cause la mort de 248 colons français aux alentours de Fort Rosalie, dont de nombreuses femmes enceintes. En 1731, après la prise d'un fort Natchez, 427 Natchez sont vendus comme esclaves et emmenés à Saint-Domingue. Les autres sont massacrés, en rétorsion. Leurs survivants se fondent au sein des Creeks.
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Au recensement de 1735, la colonie compte 2 450 Français et 4 225 esclaves noirs, soit 6 675 habitants. Parmi eux, 799 blancs habitent La Nouvelle-Orléans avec 925 esclaves noirs et 26 esclaves indiens. Selon les historiens, ces chiffres, qui ne tiennent pas compte des militaires (environ un millier d'hommes), seraient inexacts et certainement en deçà de la réalité démographique[8].
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En 1736, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville monte une expédition contre les Chicachas qui se sont alliés aux Britanniques de Virginie et des Carolines. Cependant, cette expédition sera infructueuse et les Français devront battre en retraite après de coûteux et durs combats.
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Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye, explore l'ouest canadien en 1738. Son fils François atteint les montagnes Rocheuses en 1740 et explore le Montana et le Wyoming. En 1739, Pierre et Paul Mallet partent du Canada et rejoignent Santa Fe (Nouveau-Mexique).
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En 1762, à la suite de la défaite de la guerre de Sept Ans, la France cède la Louisiane à l'Espagne par le traité de Fontainebleau. En même temps, elle abandonne le Canada à l'Angleterre qui s'est alliée aux Indiens en leur promettant que la colonisation n'irait pas plus loin que les Appalaches. L'année suivante, par le Traité de Paris, la France cède à l'Angleterre l'est de la Louisiane. L'ouest, désert, reste Espagnol. Les Indiens Houmas, francophones, sont repoussés vers l'extrême sud, dans la paroisse de La Fourche.
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En 1765, sous l'autorité des Espagnols, des Français accueillent des Acadiens qui s'installent en Louisiane, sans savoir que le territoire n'est plus français. Denis-Nicolas Foucault les installe dans les prairies des Attakapas avec les familles créoles récemment arrivées de Fort Toulouse et de la Mobile.
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Les Louisianais proclament une république en 1768 qui perdurera jusqu'en 1769, appelée Louisiane libre, et envoient une délégation à Versailles.
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En 1782, accusé de corruption, le général James Wilkinson démissionne, devient général de brigade de la milice et député de Pennsylvanie, puis déménage dans le district du Kentucky en 1784, où il réclame l'indépendance de la Virginie. L'oncle de Daniel Clark négocie avec les Espagnols la possibilité de faire venir des bateaux de Saint-Domingue, via La Nouvelle-Orléans[9], ce qui permet à des marchands de la côte est de commercer plus facilement avec les Antilles[10], Saint-Domingue devenant centre de réexpédition.
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Dès 1784, la spéculation immobilière fait rage dans le district de Natchez, où un recensement fait état de 1 500 habitants dont 498 esclaves noirs. George Washington bat l'Angleterre lors de la guerre d'indépendance des États-Unis et ferme le Mississippi. L'année suivante, le gouverneur espagnol, invite 1 598 Acadiens, à coloniser l'extrême-sud de la Louisiane et assécher les marais par la technique des aboiteaux[11]. Le gouverneur de Géorgie George Mathews signe le Bourbon County Act qui organise l'attribution de terres le long du Mississippi et de la Yazoo, autour du site actuel de Natchez. C'est le début du scandale de Yazoo Land dans lequel est impliqué le général James Wilkinson, déjà actif dans les spéculations au Kentucky.
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En 1786, Esteban Rodríguez Miró interdit l'importation d'esclaves nés dans la Caraïbe, mais autorise ceux qui viennent d'Afrique. En 1787, Wilkinson vient à La Nouvelle-Orléans lui proposer d'accorder au Kentucky un monopole commercial sur le Mississippi en échange de la défense des intérêts espagnols dans l'Ouest. Daniel Clark organise avec Isaac Dunn et le général James Wilkinson une société pour importer des récoltes de la vallée de l'Ohio jusqu'à La Nouvelle-Orléans.
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En 1788, Carlos de Grand Pré donne une liste des 180 colons arrivés en deux ans dans le Natchez District et le nouvel état fédéral annule le "Bourbon County Act", lieu du scandale de Yazoo Land. En 1790 : Esteban Rodríguez Miró interdit d'importer des esclaves des îles françaises. Dans un mémoire de 1802, Pierre-Louis Berquin-Duvallon explique que ceux nés aux Antilles sont « plus vicieux et débauchés »[12].
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Eli Whitney invente une égreneuse pour séparer la graine du coton de sa fibre en 1793, facilitant une tâche qui exigeait alors beaucoup de main-d’œuvre. Cette même année, la Révolution française abolit l'esclavage. Plus de 15 000 blancs fuient et deviennent les réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique et à Cuba.
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En 1795, l'Espagne cède à la France la « partie espagnole » de Saint-Domingue, ce qui favorise une autre immigration espagnole en Louisiane et le traité de Madrid (1795) consacre le repli de l'Espagne sur l'extrême sud du bassin du Mississippi, au sud du Natchez District. L'Espagne obtient toutefois un droit à entreposer son coton dans une zone franche de La Nouvelle-Orléans[13]. Cette disposition ne sera cependant appliquée qu'en 1798.
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La Louisiane est restituée en 1800 par l'Espagne à la France dans le cadre du traité de San Ildefonso.
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Le 1er octobre 1802, Louis-André Pichon (1771-1850), diplomate français, doit écrire au gouvernement américain pour le rassurer lorsque l'intendant espagnol de La Nouvelle-Orléans décide de mettre fin[14] au droit de dépôt des marchands américains dans le port[15].
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Le 3 mai 1803, le Premier Consul de la République Française Napoléon Bonaparte vend la Louisiane aux États-Unis, pour 5 millions de dollars plus 10 millions de dollars pour La Nouvelle-Orléans, sans le consentement de l'Assemblée nationale[réf. nécessaire]. La vente, illégale, viole le traité de San Ildefonso de 1800 de plusieurs façons.
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En 1806, la Louisiane, devenue l'un des États des États-Unis en 1803, voit arriver plus de 10 000 créoles, des riches planteurs de sucre d'Haïti, selon Carl A. Brasseaux, historien et directeur du Centre d'études louisianaises de Lafayette. Une partie d'entre eux sont d'abord passés par Cuba, où les quinze années qui ont suivi 1792, date de l'introduction du commerce libre, ont fourni plus d'esclaves que les deux siècles et demi précédents. En 1809, une nouvelle vague d'immigration blanche en provenance de Saint-Domingue arrive en Louisiane. Toujours selon Carl A. Brasseaux, directeur du Centre d'études louisianaises de Lafayette, 10 000 d'entre eux arrivent dans l'année. Ils font doubler la population de La Nouvelle-Orléans. Vers 1810, on estime que mille personnes vivent à proximité de Baton Rouge, dans l'Est, en grande majorité des francophones.
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En 1812, la Louisiane est admise au sein de l’Union, le 30 avril 1812, devenant ainsi le 18e État américain. À cette époque, la Louisiane était le premier et le seul État de l’Union dans lequel un groupe non anglophone, les descendants d’Acadiens — les Acadiens — et de Français et d'Espagnols — les Créoles — constituait une majorité linguistique. Grâce au juriste Louis Moreau-Lislet, un code civil, plus complet que le précédent basé sur la Coutume de Paris et reposant sur le Code Napoléon, fut adopté par le législateur du nouvel État. Ce code avait été rédigé en français, puis traduit en anglais. Le texte français prime encore aujourd'hui en cas de problèmes d'interprétation de la version anglaise[16].
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En 1815, Charles Lallemand et un groupe d'officiers napoléoniens créent la Vine and Olive Colony dans le futur État de l'Alabama sur 370 kilomètres carrés. Cent vingt d'entre eux créent une autre colonie, près de Galveston dans le futur État du Texas.
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Un premier projet de liaison postale rapide nord-sud voit le jour en 1830 afin que les planteurs de coton ne soient plus victimes des spéculateurs[16]. La même année, environ 21 000 esclaves travaillaient dans les plantations de canne à sucre. Alors qu'en 1810, une étude sur la colonie dit qu’il y a 75 moulins à sucre, en 1830, il y en a 725[17].
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Grâce à la Loi postale du 2 juillet 1836, une livraison deux fois plus rapide est offerte sur 4 axes, jusqu'à Saint-Louis (Missouri) et La Nouvelle-Orléans[18]. Cette dernière est reliée à New York en six jours, quand tout va bien, contre 18 en moyenne auparavant, sur un trajet jugé plus dangereux que la traversée de l'Atlantique[19].
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En 1849, Baton Rouge devient la capitale de l'État.
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Comme d'autres États esclavagistes, la Louisiane fait sécession en 1861. Elle ne veut pas libérer ses esclaves qui travaillent dans les plantations et assurent les richesses de ces exploitations gérées par les créoles blancs. En 1862, les troupes fédérales entrent en Louisiane et commencent à investir les forts Pike, Jackson et St. Philip. Les autorités louisianaises font appel au patriotisme des créoles blancs pour combattre le Nord.
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En 1864, une nouvelle constitution consacre l'anglais comme une des langues officielles pour protéger les droits des habitants anglophones.
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Après la guerre de Sécession, la Louisiane toute entière est parcourue de bandes armées qui fouettent, battent ou tuent des Noirs impunément. Selon le général Philip Sheridan, gouverneur militaire de la région, plus de 3 500 Noirs sont massacrés dans les 10 ans qui suivirent la guerre[20].
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En mars 1891, onze italiens sont lynchés par plusieurs milliers de personnes. La couverture de l’événement par la presse fut largement complaisante, et les responsables du lynchage ne furent jamais poursuivis. The New York Times félicita les meurtriers, car la mort des Italiens « accroissait la sécurité des biens et de la vie des habitants de La Nouvelle-Orléans ». The Washington Post assura que le lynchage mettrait un terme au « règne de la terreur » qu’imposerait les Italiens. Selon le Saint Louis Globe Democrat, les lyncheurs n'avaient fait qu'exercer « les droits légitimes de la souveraineté populaire ». Le massacre eut de graves répercussions diplomatiques. L’Italie suspendit ses relations diplomatiques avec les États-Unis après le refus du président Benjamin Harrison d'ouvrir une enquête fédérale. La presse et la rumeur publique propagèrent l'idée que la marine italienne s’apprêtait à attaquer les ports américains et des milliers de volontaires se présentèrent pour faire la guerre à l'Italie. Les persécutions visant les Italiens se poursuivirent ailleurs en Louisiane ; six autres personnes sont tuées dans un lynchage en 1891[20].
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À partir de 1916, il est interdit d'utiliser le français dans les écoles et en 1921,la Constitution louisianaise n'autorise l'usage que de la seule langue anglaise.
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Les Louisianais participent à la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1945; les jeunes francophones sont privilégiés sur le continent européen.
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En 1968, le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant (député) et avocat francophone. Par la suite, l'enseignement du français comme deuxième langue à l'école devient obligatoire. Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
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Le 9 mai 1972, Edwin Edwards est le premier gouverneur francophone élu de la Louisiane au XXe siècle.
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En 2004, Kathleen Blanco est la première femme gouverneur d'origine francophone de la Louisiane.
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L'ouragan Katrina ravage le sud de la Louisiane en 2005 obligeant la totalité des habitants de La Nouvelle-Orléans à évacuer la ville. La Louisiane est atteinte en 2010 par la Marée noire de Deepwater Horizon, plus grave que celle de l'Exxon Valdez en 1989 (Alaska).
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Située dans le sud des États-Unis, au bord du golfe du Mexique, la Louisiane est une terre plate, exceptées quelques zones vallonnées recouvertes de forêts de pins.
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Un des territoires naturels les plus larges de la Louisiane est la forêt nationale de Kisatchie. Plus de la moitié du territoire de cette forêt abrite un écosystème pinifère.
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L'eau est abondante, recouvrant environ 9 000 km2. La Louisiane est drainée par le bassin versant du Mississippi, qui forme le Delta du Mississippi à son embouchure, en aval de La Nouvelle-Orléans.
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À l'ouest, une vaste prairie naturelle, ponctuée de bosquets, débouche sur des marais côtiers envasés, bordés de cordons littoraux boueux (les chéniers). À l'est, menacées par les crues, bien que protégées par de nombreuses digues, les terres alluviales sont drainées par des chenaux mi-naturels mi-artificiels que l'on appelle bayous. La plaine deltaïque s'achève en une bande de sable, de vase et de mangrove, où eau et terre se mêlent sous une végétation luxuriante, et où depuis un siècle l'Homme lutte contre la nature par de gigantesques aménagements (canaux, endiguements...)[21], qui pourrait n'avoir que repoussé (en les aggravants) les risques[22].
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La Louisiane est soumise au régime du climat subtropical humide. L'humidité y est omniprésente, particulièrement en été. Les hivers sont doux (moyenne de 12 °C) et les étés généralement torrides et moites (plus de 35 °C avec un taux d'humidité très important), influencés par le golfe du Mexique tout proche. La moyenne des températures est d'environ 20 °C. Des invasions d'air chaud tropical sont néanmoins possibles toute l'année.
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Les 40 °C sont atteints presque chaque année (sous abri) dans l'État. Le mois d'août 2011 est marqué par 30 jours avec des températures supérieures à 40 °C à l'ombre à l’intérieur de l’État, notamment à Shreveport.
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La température la plus haute connue en Louisiane est enregistrée à Plain Dealing le 10 août 1936 avec 46 °C et la plus basse connue est enregistrée à Minden avec −27 °C le 13 février 1899.
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Le National Park Service gère les sites suivants en Louisiane[réf. nécessaire]:
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Contrairement aux autres États des États-Unis, l'État de Louisiane n'est pas divisé en comtés mais en 64 paroisses.
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Le Bureau de la gestion et du budget a défini neuf aires métropolitaines et neuf aires micropolitaines dans l'État de Louisiane[23].
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(53 119)
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(52 532)
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(-1,1 %)
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En 2010, 91,9 % des Louisianais résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 82,9 % dans une aire métropolitaine et 9,0 % dans une aire micropolitaine.
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Le Bureau de la gestion et du budget a également défini quatre aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de Louisiane.
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(1 413 965)
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(1 467 880)
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(3,8 %)
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L'État de Louisiane compte 304 municipalités[24], dont 16 de plus de 20 000 habitants.
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Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de la Louisiane à 4 648 794 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 2,55 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 4 533 372 habitants[25]. Depuis 2010, l'État connaît la 28e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
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Avec 4 533 372 habitants en 2010, la Louisiane était le 25e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 1,47 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le nord-est de la paroisse de la Pointe Coupée[26].
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Avec 40,51 hab./km2 en 2010, la Louisiane était le 25e État le plus dense des États-Unis.
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Le taux d'urbains était de 73,2 % et celui de ruraux de 26,8 %[27].
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En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,8 ‰[28] (13,6 ‰ en 2012[29]) et le taux de mortalité à 9,0 ‰[30] (9,2 ‰ en 2012[31]). L'indice de fécondité était de 1,95 enfants par femme[28] (1,92 en 2012[29]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 7,6 ‰[30] (8,2 ‰ en 2012[31]). La population était composée de 24,66 % de personnes de moins de 18 ans, 10,47 % de personnes entre 18 et 24 ans, 26,32 % de personnes entre 25 et 44 ans, 26,25 % de personnes entre 45 et 64 ans et 12,31 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 35,8 ans[32].
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Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 92 098) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 68 030) avec un excédent des naissances (201 132) sur les décès (133 102), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 24 263) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 21 772) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 2 491)[33].
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Selon des estimations de 2013, 95,4 % des Louisianais étaient nés dans un État fédéré, dont 77,9 % dans l'État de Louisiane et 17,5 % dans un autre État (10,7 % dans le Sud, 2,9 % dans le Midwest, 2,3 % dans l'Ouest, 1,6 % dans le Nord-Est), 0,7 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 3,9 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (52,8 % en Amérique latine, 32,8 % en Asie, 9,4 % en Europe, 3,2 % en Afrique, 1,7 % en Amérique du Nord, 0,1 % en Océanie). Parmi ces derniers, 41,6 % étaient naturalisés américain et 58,4 % étaient étrangers[34],[35].
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Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 55 000 immigrés illégaux, soit 1,2 % de la population[36].
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Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 62,56 % de Blancs, 32,04 % de Noirs, 1,61 % de Métis, 1,55 % d'Asiatiques (0,63 % de Viêts), 0,67 % d'Amérindiens, 0,04 % d'Océaniens et 1,53 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
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Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,48 %) et ceux revendiquant trois races ou plus (0,13 %).
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Les non hispaniques représentaient 95,75 % de la population avec 60,33 % de Blancs, 31,82 % de Noirs, 1,53 % d'Asiatiques, 1,27 % de Métis, 0,62 % d'Amérindiens, 0,03 % d'Océaniens et 0,15 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 4,25 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (1,73 %) et du Honduras (0,68 %)[32].
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En 2010, l'État de Louisiane avait la 2e plus forte proportion de Noirs après le Mississippi (37,02 %). A contrario, l’État avait la 6e plus faible proportion de Blancs des États-Unis.
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L'État comptait également le 10e plus grand nombre de Noirs (1 452 396) des États-Unis.
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En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 95,3 %, dont 59,5 % de Blancs, 32,1 % de Noirs, 1,6 % d'Asiatiques et 1,4 % de Métis, et celle des Hispaniques à 4,7 %[38].
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En 2000, les Louisianais s'identifiaient principalement comme étant d'origine française (12,2 %), américaine (10,1 %), allemande (7,1 %), irlandaise (7,0 %), anglaise (5,2 %), italienne (4,4 %) et canadienne-française (3,0 %)[39].
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En 2000, l'État avait la 4e plus forte proportion de personnes d'origine française et la 7e plus forte proportion de personnes d'origine canadienne-française.
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L'État abrite la 33e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 10 675 Juifs en 2013 (16 115 en 1971), soit 0,2 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de New Orleans-Metairie (7 650) et de Baton Rouge (1 600)[40].
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Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Houmas (22,4 %), Cherokees (8,9 %) et Chactas (5,4 %)[41].
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Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (40,8 %), du Honduras (15,9 %), de Porto Rico (6,0 %), de Cuba (5,4 %), du Guatemala (3,5 %), du Nicaragua (3,3 %) et d'Espagne (3,1 %)[42]. Composée à 52,6 % de Blancs, 7,9 % de Métis, 5,2 % de Noirs, 1,3 % d'Amérindiens, 0,4 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 32,4 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 21,3 % des Océaniens, 20,7 % des Métis, 8,1 % des Amérindiens, 3,6 % des Blancs, 1,1 % des Asiatiques, 0,7 % des Noirs et 90,2 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
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L'État avait la plus forte proportion de personnes originaires du Honduras (0,68 %), la 5e plus forte proportion de personnes originaires du Nicaragua (0,14 %) et la 7e plus forte proportion de personnes originaires de Cuba (0,23 %).
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L'État comptait également le 7e plus grand nombre de personnes originaires du Honduras (30 617) et le 8e plus grand nombre de personnes originaires du Nicaragua (6 390).
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Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Viêts (40,4 %), Indiens (15,9 %), Chinois (14,3 %), Philippins (9,1 %) et Coréens (4,8 %)[43].
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L'État avait la 8e plus forte proportion de Viêts (0,63 %).
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L'État comptait également le 10e plus grand nombre de Viêts (28 352).
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Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,2 %), principalement blanche et noire (27,4 %), blanche et amérindienne (20,4 %), blanche et autre (13,5 %), blanche et asiatique (12,3 %), noire et amérindienne (6,1 %) et noire et autre (4,5 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,8 %)[44].
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Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 54 % des habitants de Louisiane se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 29 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 17 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[46].
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Les francophones sont essentiellement des Cadiens, des Créoles francophones, des Amérindiens Houma et des Chitimachas[réf. nécessaire].
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En ajoutant les francophones partiels, le nombre total de francophones atteint 7 % de la population, ce qui fait de la Louisiane l'État le plus francophone des États-Unis (le pourcentage de francophones y serait même plus élevé qu'au Canada anglophone où il n'est que de 4 %)[réf. nécessaire].
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Lors de la vente de la Louisiane par Napoléon Bonaparte aux États-Unis en 1803, le territoire louisianais est essentiellement peuplé de colons d'origine française, composés de Franco-louisianais, d'Acadiens, de Canadiens français, de créoles et d'esclaves. Au sein de l'État de Louisiane à partir de 1812, le port de La Nouvelle-Orléans va recevoir un flot important et continu d'immigrants jusqu'à la guerre de Sécession. Les premiers à s'installer entre 1804 et 1810 furent plusieurs milliers de Français en provenance de la colonie de Saint-Domingue fuyant avec leurs esclaves la révolution haïtienne. Puis arrivèrent ensuite quatre flux continus d'immigrants venus du reste des États-Unis, de France, d'Irlande et d'Allemagne.
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Lors de son voyage en Amérique, Alexis de Tocqueville séjourne à La Nouvelle-Orléans en 1832 et rencontre le procureur général de la Louisiane, Étienne Mazureau qui lui fournit de nombreuses données sociologiques, démographiques et linguistiques sur la Louisiane et notamment La Nouvelle-Orléans. La ville portuaire est alors divisée en trois municipalités ; deux sont francophones et une anglophone[51].
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Jusqu'à la guerre de Sécession, la langue française demeure prépondérante dans l'État de Louisiane, mais la division entre francophones blancs et francophones noirs et créoles apparaît lors du conflit armé entre Confédérés et Unionistes. Les francophones blancs, majoritairement esclavagistes, font cause commune avec les Confédérés favorables au système esclavagiste. En fait bilingues, ils optent pour l'assimilation de fait à l'anglo-américain. Créoles, métis, mulâtres et esclaves noirs, massivement monolingues, restent fidèles à la langue française. Après les ravages et les bouleversements de la guerre civile, mais aussi la forte immigration irlandaise, le paysage linguistique de la Louisiane change. Les francophones ne sont plus majoritaires et s'intègrent à la société américaine. Même si on continue à parler français chez soi, la majorité des écoles n'offrent plus que l'anglais comme langue d'instruction. Quant aux Créoles, mulâtres, métis et anciens esclaves francophones, ils ne peuvent constituer des écoles francophones en raison de leur pauvreté. La langue française va alors régresser jusqu'à la Première Guerre mondiale et sera même bannie officiellement au début des années 1920.
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Il faut attendre 1968 pour voir renaître officiellement la langue française en Louisiane. Le Conseil pour le développement du français en Louisiane dirigé par James Domengeaux va se battre pour imposer la langue française comme seconde langue officielle de l'État de Louisiane[52]. Le français n'a jamais totalement disparu. Les anciens le parlent encore et leurs petits-enfants se mettent à s'intéresser à leurs origines françaises. Un renouveau de l'apprentissage du français apparaît en Louisiane. L'Organisation internationale de la francophonie participe à cet engouement en envoyant des centaines d'enseignants français, belges, canadiens, suisses, maghrébins et même vietnamiens former à la fois les élèves et leurs futurs enseignants. Depuis cette date, la langue française a permis aux Franco-Louisianais de retrouver une fierté de parler leur langue et d'assumer pleinement leurs origines. La région d'Acadiane, peuplée de francophones, affiche désormais sa francité dans les rues, dans les radios locales, lors des festivités et aussi le jour de Mardi gras.
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Le Conseil pour le développement du français en Louisiane ou CODOFIL est une agence de l'État pour la promotion de l'usage du français (aussi bien français métropolitain que le français cadien et le créole louisianais) dans la population de Louisiane. Le conseil a son siège à Lafayette[53]. Son dirigeant historique, James Domengeaux se battait pour imposer la langue française comme seconde langue de facto de l'État de Louisiane.
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Le président actuel du CODOFIL est William Arceneaux. Le CODOFIL, qui a aussi le titre « Agence des Affaires Francophones de Louisiane », est dirigé par un conseil de 23 membres. Le français est la langue de travail de cette agence, faisant de la Louisiane un État francophone de jure.
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Les 18 et 17 mars 1982, le ministre de l'éducation des États-Unis, Terrel Bell, se rend en Louisiane à l'invitation du CODOFIL. Il vient constater l'application de la « résolution 161 » votée par le Sénat louisianais en 1980, sur le statut de la langue française comme langue seconde de la Louisiane.
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La Louisiane fonctionne principalement en anglais, l'usage du français cadien et du créole louisianais étant rare à l'extérieur du « triangle cadien » à l'ouest de La Nouvelle-Orléans. Plusieurs dialectes du français sont parlés dans l'État, y compris le français cadien, le français colonial, le français napoléonique, le français métropolitain, le français suisse et le français belge. Il existe aussi deux dialectes du créole parlés dans l'État : le créole louisianais (qui ressemble le plus au créole seychellois et mauricien) ainsi qu'un dialecte qui se rapproche du créole haïtien.
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Le français et le créole sont parlés principalement dans le triangle comprenant 23 paroisses dans l'extrême sud de l'État, situées à l'ouest du Mississippi. La ville de Lafayette y est la capitale culturelle francophone et créolophone de la région de l'Acadiane (l'Acadiana).
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La pratique de ces différentes façons de parler français est en déclin, bien que depuis quelques années, elle connaît un regain grâce à l'action et au dynamisme du CODOFIL et sur le plan international par ses échanges culturels avec les autres nations membres de la Francophonie. En 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone du XXe siècle de la Louisiane. Il est réélu pour quatre mandats. Kathleen Babineaux Blanco, qui a servi comme gouverneur de 2004 à 2008, est aussi francophone.
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En 2009, le gouverneur Bobby Jindal signe un projet de loi faisant de la fleur de lys l'emblème de la Louisiane.
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La Louisiane est un État populaire, relativement pauvre, sudiste de longue tradition démocrate. Comme tous les autres États du sud, la Louisiane penche au XXIe siècle vers les républicains.
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Lors de l'élection présidentielle de 1948, le Dixiecrat Strom Thurmond arrive en tête des candidats avec 49,07 % des suffrages. En 1956, Dwight D. Eisenhower est le premier républicain à remporter la Louisiane. En 1968, le candidat ségrégationniste George Wallace y arrive en tête avec 48,32 % des voix. Bill Clinton est le dernier démocrate à avoir gagné en Louisiane en 1996.
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Lors de l'élections présidentielles de 2004, le républicain George W. Bush y obtient 56,72 % des voix contre 42,22 % au candidat démocrate John Kerry. À l'élection présidentielle de 2008, la Louisiane confirme son virage à droite avec un écart record de 19 points en faveur des républicains et devient peu à peu un État clivé entre noirs et blancs. Ainsi, le sénateur McCain remporte 84 % du vote blanc et le sénateur Obama 94 % du vote noir[54].
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En 2016, le républicain Donald Trump remporte l'État de Louisiane avec 58,1 % des voix contre 38,4 % pour son adversaire démocrate Hillary Clinton[55].
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Au niveau fédéral, les deux sénateurs de l'État sont les républicains John Neely Kennedy, depuis 2017, et Bill Cassidy, qui succède en 2015 à la démocrate Mary Landrieu en poste depuis 18 ans. La Louisiane comprend six élus à la Chambre des représentants dont cinq sont républicains et un seul démocrate.
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Le gouverneur de Louisiane est élu pour un mandat de quatre ans, rééligible une fois. Après le républicain Bobby Jindal, le premier Indo-Américain élu à un tel poste en 2007 et réélu en 2011, le gouverneur est le démocrate John Bel Edwards depuis le 11 janvier 2016.
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La Chambre des représentants comprend 105 membres élus pour quatre ans. Le Sénat comprend lui 39 sénateurs élus pour quatre ans. Lors de la législature 2012-2016, la Chambre est dominée par 59 républicains, face à 44 démocrates et 2 indépendants, et le Sénat compte 26 républicains et 13 démocrates.
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Le pouvoir judiciaire en Louisiane, aussi appelé Judicial Branch ou encore Judiciary of Louisiana, se compose des tribunaux suivants[56] :
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Le gouverneur de la Louisiane, John Bel Edwards.
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Le capitole de la Louisiane à Baton Rouge.
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La Cour suprême de Louisiane en Nouvelle-Orléans.
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L'agriculture a longtemps été très prospère grâce à son climat semi-tropical. Parmi les ressources agricoles, on compte le maïs, le riz, le blé, le soja, le coton, la canne à sucre, les fruits, les légumes et la patate douce. Les cyclones récents et la compétition internationale (en particulier avec le Brésil) provoquent une crise importante. Environ 30 % des fruits de mer et des poissons des États-Unis proviennent de la Louisiane. C'est le premier État producteur de crevettes ; ce secteur a été sinistré par la marée noire de Deepwater Horizon d'avril 2010.
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L'État concentre une partie des raffineries du pays, et est le point d'entrée d'une partie du pétrole produit dans le golfe du Mexique. L'ouragan Katrina a sérieusement endommagé une partie des installations en 2005.
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L'industrie touristique se concentre dans les grandes villes de la côte, et est très liée aux activités des nombreux casinos qui s'y trouvent, ainsi qu'aux nombreux festivals musicaux (jazz, zarico, musique cadienne) et Mardi gras traditionnels, sans oublier la gastronomie louisianaise.
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La Louisiane est un État avec une forte richesse musicale où se mélangent ou s'ignorent différents styles eux-mêmes très riches : cadien, créole, folk, country, rock, blues… En outre, la Louisiane est parmi les quelques États (dont New York, Michigan, Illinois) à avoir créé au cours des années 1960 et 1970 la funk ; en effet, au côté de chanteurs non Louisianais comme James Brown, des chanteurs et musiciens de Louisiane comme les Meters ont profondément influencé non seulement la funk, mais la pop et le rock en général.
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La chanson francophone est représentée essentiellement par trois styles musicaux qui s'entrecroisent ; la musique cadienne, le zarico et le swamp pop. Elle trouve ses racines et sa vitalité dans la région de l'Acadiana au sud-ouest de la Louisiane. La Nouvelle-Orléans et Baton Rouge demeurent des centres importants de créations musicales avec de nombreux groupes influencés par ces trois styles musicaux louisianais.
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Le Festival international de Louisiane est un festival de musique francophone qui se déroule chaque année dans la ville de Lafayette dans la région de l'Acadiane depuis 1986.
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Pique-nique aux écrevisses en Louisiane.
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Gombo d'écrevisses - cuisine cadienne en Louisiane.
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Cuisine acadienne (Louisiane) - travers de porc et jambalaya.
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Comme la plupart des États du sud (Floride, Texas, Caroline du Sud…), la Louisiane a depuis longtemps une forte culture autour du football américain qui y est le sport le plus suivi et médiatisé. Non seulement les championnats professionnels sont très suivis chaque semaine jusqu'au Super Bowl qui a lieu en février, mais le championnat universitaire (Collegue league) qui regroupe les meilleurs joueurs étudiants (18-20 ans) des colleges (classes préparatoires de deux ans après le lycée, avant d'intégrer l'université) est tout aussi suivi par des fans – hommes et femmes, jeunes et plus âgés – prêts à dépenser plusieurs centaines de dollars américains pour assister à un match. Chaque semaine, l'équipe d'un État affronte celle d'un autre État fédéral, fortifiant le sentiment d'appartenance régionaliste. Ce championnat sert à repérer les futurs joueurs professionnels. Dans cet État relativement pauvre, un grand nombre de joueurs sur le terrain jouent en présence de supporters en très forte majorité blancs. La bière reste la boisson la plus consommée lors des matchs, suivie par les cocktails à base de whisky, de rhum et de sodas.
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En 2019, la Louisiane adopte une loi interdisant l'avortement au-delà six semaines de grossesse[57].
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Archimède de Syracuse (en grec ancien : Ἀρχιμήδης / Arkhimếdês), né à Syracuse vers 287 av. J.-C. et mort en cette même ville en 212 av. J.-C., est un grand scientifique grec de Sicile (Grande-Grèce) de l'Antiquité, physicien, mathématicien et ingénieur. Bien que peu de détails de sa vie soient connus, il est considéré comme l'un des principaux scientifiques de l'Antiquité classique. Parmi ses domaines d'étude en physique, on peut citer l'hydrostatique, la mécanique statique et l'explication du principe du levier. Il est crédité de la conception de plusieurs outils innovants, comme la vis d'Archimède.
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Archimède est généralement considéré comme le plus grand mathématicien de l'Antiquité et l'un des plus grands de tous les temps[1],[2]. Il a utilisé la méthode d'exhaustion pour calculer l'aire sous un arc de parabole avec la somme d'une série infinie, et a donné un encadrement de Pi d'une remarquable précision[3]. Il a également introduit la spirale qui porte son nom, des formules pour les volumes des surfaces de révolution et un système ingénieux pour l'expression de très grands nombres.
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La vie d’Archimède est peu connue, on ne sait pas par exemple s’il a été marié ou a eu des enfants. Les informations le concernant proviennent principalement de Polybe (202 av.J.-C.-126 av.J.-C.), Plutarque (46-125), Tite-Live (59 av.J.-C.–17 ap.J.-C.) ou bien encore pour l’anecdote de la baignoire, du célèbre architecte romain Vitruve. Ces sources sont donc, sauf pour Polybe, très postérieures à la vie d’Archimède.
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Concernant les mathématiques, on a trace d’un certain nombre de publications, travaux et correspondances. Il a en revanche jugé inutile de consigner par écrit ses travaux d’ingénieur qui ne nous sont connus que par des tiers.
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Archimède serait né à Syracuse en 287 av.J.-C. Son père, Phidias, était un astronome[4] qui aurait commencé son instruction. Il fut le contemporain d'Ératosthène. On suppose qu’il parachève ses études à la très célèbre école d'Alexandrie ; on est du moins sûr qu’il en connaissait des professeurs puisqu’on a retrouvé des lettres qu’il aurait échangées avec eux. Par les préfaces à ses travaux, nous apprenons qu’il a entretenu des contacts avec plusieurs savants d'Alexandrie : il correspond avec Conon de Samos, éminent astronome de la cour de Ptolémée III Évergète[note 1]. À la mort de Conon, Archimède décide d'envoyer quelques-unes de ses œuvres à Dosithée de Péluse, un géomètre proche de Conon. Les lettres à Conon ne nous sont pas parvenues, mais nous savons qu'Archimède a remis à Dosithée deux volumes de Sur la sphère et le cylindre, et les traités complets de Des conoïdes et des sphéroïdes, Des Spirales et La quadrature de la parabole. En Ératosthène, qui dirigea la Bibliothèque d’Alexandrie, il voit celui qui peut étendre et développer ses propres découvertes en géométrie[6]. Diodore de Sicile, au livre V, 37, indique également qu’Archimède a voyagé en Égypte[7].
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Proche de la cour de Hiéron II[note 2], tyran de Syracuse entre 270 av.J.-C. et 215 av.J.-C., il entre à son service en qualité d’ingénieur et participe à la défense de la ville lors de la deuxième guerre punique. Il meurt en 212 av.J.-C. lors de la prise de la ville par le Romain Marcellus.
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Archimède est un mathématicien et géomètre de grande envergure. Il travailla également sur l'optique, la catoptrique, s’est intéressé à la numération et à l’infini, affirmant ainsi par exemple que contrairement à l'opinion alors courante, les grains de sable n'étaient pas en nombre infini, mais qu’il était possible de les dénombrer (c’est l’objet du traité intitulé traditionnellement « L'Arénaire », Ψαμμίτης)[9]. Un système de numération parent de celui d’Archimède faisait l’objet du livre I (mutilé) de la Collection Mathématique de Pappus d'Alexandrie. La majeure partie de ses travaux concernent la géométrie avec :
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Archimède est considéré comme le père de la mécanique statique. Dans son traité, De l'équilibre des figures planes, il s'intéresse au principe du levier et à la recherche de centre de gravité. Après avoir réalisé un levier dans des systèmes de poulies composées pour haler les navires, on dit qu’Archimède aurait déclaré : « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde »[13] (en grec ancien : δῶς μοι πᾶ στῶ καὶ τὰν γᾶν κινάσω). D’après Simplicius[14], cet appareil censé mettre la terre en mouvement est appelé kharistiôn (χαριστίων). Pappus d'Alexandrie signale un ouvrage perdu d’Archimède intitulé Sur les Balances à propos du principe dynamique du levier, qui sous-tend la démonstration du principe de la balance selon lequel les poids s’équilibrent quand ils sont inversement proportionnels à leur distance respective au point d’appui : si une partie d’un levier en équilibre est remplacée par un poids égal suspendu en son milieu, il n’y a pas de changement dans l’équilibre ; c’est sur ce principe que fonctionne la balance romaine utilisée par les marchands.
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Selon Carpos d'Antioche, Archimède n'a composé qu'un livre sur la mécanique appliquée, à propos de la construction de la sphère armillaire, intitulé La Sphéropée[15].
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On lui attribue aussi le principe d'Archimède sur les corps plongés dans un liquide (Des corps flottants). Archimède conçoit, sur ce principe, le plus grand navire de l'Antiquité, le Syracusia commandité par le tyran de Syracuse Hiéron II et construit par Archias de Corinthe vers 240 av. J.-C.
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Il met en pratique ses connaissances théoriques dans un grand nombre d'inventions. On lui doit, par exemple,
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On sait par Plutarque qu’Archimède ne considérait toutes ses machines que comme des divertissements de géomètre, et privilégiait la science fondamentale : « Il tenait la mécanique pratique et toute technique utilitaire pour indignes et artisanales[note 5], et ne consacrait son ambition qu’aux objets dont la beauté et l’excellence étaient pures de tout souci de nécessité »[16]. Par exception, il mit sa mécanique et sa catoptrique au service de Syracuse pour la défendre contre les Romains, l’existence de la cité étant en jeu.
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Le génie d'Archimède en mécanique et en mathématique fait de lui un personnage exceptionnel de la Grèce antique et explique la création à son sujet de faits légendaires. Ses admirateurs, parmi lesquels Cicéron qui redécouvrit sa tombe deux siècles plus tard[11], Plutarque qui relata sa vie, Léonard de Vinci, et plus tard Auguste Comte ont perpétué et enrichi les contes et légendes d’Archimède.
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À l'instar de tous les grands savants, la mémoire collective a associé une phrase, une fable transformant le découvreur en héros mythique : à Isaac Newton est associée la pomme, à Louis Pasteur le petit Joseph Meister, à Albert Einstein la formule E=mc2.
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Pour Archimède, ce sera le mot Eurêka ! (en grec ancien ηὕρηκα / hēúrēka signifiant « J'ai trouvé ! ») prononcé en courant nu à travers les rues de la ville. Selon Vitruve[17], Archimède venait de trouver la solution à un problème posé par Hiéron II, tyran de Syracuse. En effet, Hiéron avait fourni à un orfèvre une certaine quantité d'or à façonner en une couronne. Afin d'être sûr que l'orfèvre ne l'avait pas dupé en substituant de l'argent (métal moins cher) à une partie de l'or, Hiéron demanda à Archimède de déterminer si cette couronne était effectivement constituée d'or pur, et sinon, d'identifier sa composition exacte. C'est dans sa baignoire, alors qu'il cherchait depuis longtemps, qu'Archimède trouva la solution et sortit de chez lui en prononçant la célèbre phrase. Il lui suffisait de mesurer le volume de la couronne par immersion dans l'eau puis de la peser afin de comparer sa masse volumique à celle de l'or massif.
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Vitruve cite cet épisode dans le cadre d'un prœomium, où il introduit ses idées, dédicace à Auguste, répond a des questions philosophiques et morales, même s’il semble qu'il emprunta et compila un manuel parfois sans réel lien avec le texte, mais ces digressions sont parmi les plus anciennes traces de l'histoire des sciences antiques. Sa source est inconnue, des savants supposent que ce serait Varron car son ouvrage Disciplinarum Libri est quasi contemporain de Vitruve en plus d'être populaire. L'anecdote n'est pas évoquée par Plutarque, Proclus (Carmen de Ponderibus) ou Archimède lui-même dans son Traité des Corps Flottants[18]. L'anecdote est douteuse. Elle ne figure pas dans les écrits d'Archimède. En outre, la méthode utilisée (calcul de la masse volumique de la couronne) est assez triviale et n'a pas de rapport avec la poussée d'Archimède, dont la conception est beaucoup plus évoluée. Il est probable que Vitruve a eu connaissance d'une découverte d'Archimède relative aux corps plongés dans l'eau, sans savoir précisément laquelle. Cependant, si la méthode rapportée par Vitruve est sans intérêt, la poussée d'Archimède permet de concevoir la balance hydrostatique : les auteurs arabes, s'appuyant sur l'autorité du mathématicien Ménélaos d'Alexandrie, attribuent à Archimède la construction de cet instrument qui permet de déterminer la densité spécifique des corps immergés[19]. À l'époque moderne, cette balance a été proposée pour la première fois par Galilée.
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Lors de l'attaque de Syracuse, alors colonie grecque, par la flotte romaine, la légende veut qu'il ait mis au point des miroirs géants pour réfléchir et concentrer les rayons du soleil dans les voiles des navires romains et ainsi les enflammer.
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Cela semble scientifiquement peu probable car des miroirs suffisamment grands étaient techniquement inconcevables, le miroir argentique n'existant pas encore. Seuls des miroirs en bronze poli pouvaient être utilisés[20]. Des expériences visant à confirmer la légende menées par des étudiants du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en octobre 2005 ou bien par l'équipe de l'émission de télévision MythBusters sur Discovery Channel en janvier 2006 ont en effet montré la difficulté de reproduire dans des conditions réalistes les faits rapportés par la légende. De nombreux facteurs tendent en effet à remettre en cause le fait qu'Archimède disposait de toutes les conditions requises pour enflammer un navire à une grande distance.
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En 212 av. J.-C., après plusieurs années de siège, Syracuse tomba aux mains des Romains. Le général Marcus Claudius Marcellus souhaitait néanmoins épargner le savant. Malheureusement, selon Plutarque[21], un soldat romain croisa Archimède alors que celui-ci traçait des figures géométriques sur le sol, inconscient de la prise de la ville par l’ennemi. Troublé dans sa concentration par le soldat, Archimède lui aurait lancé « Ne dérange pas mes cercles ! » (Μὴ μου τοὺς κύκλους τάραττε Mē mou tous kuklous taratte). Le soldat, vexé de ne pas voir obtempérer le vieillard de 75 ans, l’aurait alors tué d’un coup d’épée. En hommage à son génie, Marcellus lui fit de grandes funérailles et fit dresser un tombeau décoré à la demande d'Archimède, d'un cylindre renfermant une sphère, et, pour inscription, le rapport du solide contenant au solide contenu[10].
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Cicéron déclare que lors de sa questure en Sicile en 75 av. J.-C., il se mit à la recherche de la tombe d'Archimède, oubliée des habitants de Syracuse, et qu'il l’identifia au milieu des ronces par une petite colonne ornée des figures d'une sphère et d'un cylindre[11]. Le monument présenté de nos jours comme le tombeau d’Archimède dans le parc archéologique de Néapolis est en réalité un columbarium romain du Ier siècle[22].
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Contrairement à ses inventions, les écrits mathématiques d'Archimède sont peu connus dans l'Antiquité. En règle générale, les textes d'Archimède ne sont pas parvenus dans leur version originale — ils sont rédigés en langue dorique, un ancien dialecte grec —, mais sous la forme de traductions en grec classique, en byzantin et en arabe. On ne possède aucun manuscrit rédigé de sa main. C'est à Héron l'Ancien (10-70), à Pappus (290-350) et à Théon (335-405), trois mathématiciens d'Alexandrie, que nous devons les plus anciens commentaires de l'œuvre d'Archimède. Mais la première compilation de ses travaux a été réalisée au VIe siècle de notre ère par le mathématicien grec Eutocios d'Ascalon, dont les commentaires des traités Sur la sphère et le cylindre, Sur la mesure du cercle et De l'équilibre des figures planes sont d'une importance majeure. Toujours au VIe siècle, l'architecte byzantin Isidore de Milet est le premier à publier les trois livres commentés par Eutocios, auxquels viennent s'ajouter les autres travaux au fur et à mesure qu'ils sont redécouverts, jusqu'au IXe siècle. Dès lors, les deux voies principales par lesquelles les travaux d'Archimède arrivent en Occident sont Byzance et le monde arabe[23].
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Par la voie arabe, les traductions du grec de la main de Thabit ibn Qurra (836-901) sont tout à fait remarquables. Archimède était inconnu du monde médiéval, mais le traducteur flamand Guillaume de Moerbeke (1215-1286) comble cette lacune en publiant sa traduction latine en 1269. Cette édition et celles qui suivent permettent aux œuvres majeures d'Archimède de se faire connaître à la Renaissance. En 1544, à Bâle, Jean Hervagius imprime pour la première fois tous les textes grecs connus jusqu'alors et les fait éditer en grec et en latin par Thomas Gechauff, dit Venatorius. Les premières traductions d'Archimède en langue moderne se basent sur l'édition de Bâle : il s'agit de l'édition allemande de Sturm (1670), de l'édition bilingue gréco-latine de Torelli (1792), de l'édition allemande de Nizze (1824) et de l'édition française de Peyrard (1807)[24],[25].
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À l'époque actuelle, on doit à Johan Ludvig Heiberg le travail de recherche, de compilation et de traduction le plus important, supérieur aux publications antérieures. À la fin du XIXe siècle, Heiberg publie une traduction de toute l'œuvre d'Archimède connue à l'époque, à partir d'un manuscrit grec du XVe siècle. En 1906, il découvre enfin le légendaire palimpseste d'Archimède[26],[27].
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Archimède a écrit plusieurs traités, dont douze nous sont parvenus. On suppose que quatre ou cinq ont été perdus[note 6].
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« Shortly after Euclid, compiler of the definitive textbook, came Archimedes of Syracuse (ca. 287212 BC), the most original and profound mathematician of antiquity. »
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Louis Pasteur, né à Dole (Jura) le 27 décembre 1822 et mort à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine, à cette époque en Seine-et-Oise) le 28 septembre 1895, est un scientifique français, chimiste et physicien de formation. Pionnier de la microbiologie, il connut, de son vivant même, une grande notoriété pour avoir mis au point un vaccin contre la rage.
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Louis Pasteur est né à deux heures du matin le 27 décembre 1822 dans la maison familiale de Dole, troisième enfant de Jean-Joseph Pasteur et de Jeanne-Étiennette Roqui[2],[3]. Il est baptisé dans la Collégiale Notre-Dame de Dole le 15 janvier 1823. Son père, après avoir été sergent dans l’armée napoléonienne, reprit la profession familiale de tanneur. En 1827, la famille quitte Dole pour Marnoz, lieu de la maison familiale des Roqui[3], pour finalement s'installer dans une nouvelle maison en 1830 à Arbois, localité plus propice à l'activité de tannage. Le jeune Pasteur suit à Arbois les cours d'enseignement mutuel puis entre au collège de la ville. C'est à cette époque qu'il se fait connaître pour ses talents de peintre ; il a d'ailleurs fait de nombreux portraits de membres de sa famille et des habitants de la petite ville.
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Il part au lycée royal de Besançon[3]. Puis, en octobre 1838, il le quitte pour l'Institution Barbet, à Paris, afin de se préparer au baccalauréat puis aux concours. Cependant, déprimé par cette nouvelle vie, il renonce à son projet, quitte Paris et termine son année scolaire 1838-1839 au collège d'Arbois. À la rentrée 1839, il réintègre le collège royal de Franche-Comté, à Besançon. En 1840, il obtient le baccalauréat en lettres puis, en 1842, après un échec, le baccalauréat en sciences mathématiques. Pasteur retourne à Paris en novembre. Logé à la pension Barbet, où il fait aussi office de répétiteur, il suit les cours du lycée Saint-Louis et assiste avec enthousiasme à ceux donnés à la Sorbonne par le chimiste Jean-Baptiste Dumas ; il a pu également prendre quelques leçons avec Claude Pouillet[4]. En 1843, il est finalement admis — quatrième — à l'École normale[3]. Plus tard il sera élève de Jean-Baptiste Boussingault au Conservatoire national des arts et métiers[5].
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Il se marie le 29 mai 1849 avec Marie Laurent, fille du recteur de la faculté de Strasbourg[6]. Ensemble ils ont cinq enfants : Jeanne (1850-1859), Jean Baptiste (1851-1908) sans descendance, Cécile Marie Louise Marguerite – dite Cécile – (1853-1866), Marie-Louise (1858-1934) mariée en 1879 avec René Vallery-Radot, et Camille (1863-1865). De l'union de Marie-Louise et de René Vallery-Radot sont issus Camille Vallery-Radot (1880-1927), sans descendance, et Louis Pasteur Vallery-Radot (1886-1970), membre de l'Académie française et de l'Académie de Médecine, également sans enfant et dernier descendant de Pasteur.
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Son épouse Marie, dont Émile Roux dit qu'« elle a été le meilleur collaborateur de Louis Pasteur », écrit sous sa dictée, réalise les revues de presse et veille à son image puis à sa mémoire jusqu'à sa mort, en 1910[7].
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À l'École normale, Pasteur étudie la chimie et la physique, ainsi que la cristallographie. Il devient agrégé-préparateur de chimie, dans le laboratoire d'Antoine-Jérôme Balard, et soutient en 1847 à la faculté des sciences de Paris ses thèses pour le doctorat en sciences[8],[3]. Ses travaux sur la chiralité moléculaire lui vaudront la médaille Rumford en 1856.
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Il est professeur à Dijon puis à Strasbourg de 1848 à 1853. Le 19 janvier 1849, il est nommé professeur suppléant à la faculté des sciences de Strasbourg ; il occupe également la suppléance de la chaire de chimie à l’école de pharmacie de cette même ville, du 4 juin 1849 au 17 janvier 1851[9].
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En 1853 il est fait chevalier de la Légion d'honneur.
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En février 1854, pour avoir le temps de mener à bien des travaux qui puissent lui valoir le titre de correspondant de l'Institut, il se fait octroyer un congé rémunéré de trois mois à l'aide d'un certificat médical de complaisance[10]. Il fait prolonger le congé jusqu'au 1er août, date du début des examens. « Je dis au Ministre que j'irai faire les examens, afin de ne pas augmenter les embarras du service. C'est aussi pour ne pas laisser à un autre une somme de 6 ou 700 francs »[11].
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Il est ensuite en 1854 nommé professeur de chimie et doyen de la faculté des sciences de Lille nouvellement créée[3]. C'est à cette occasion qu'il prononce la phrase souvent citée : « Dans les champs de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés[12]. » Pasteur, qui s'intéressait à la fermentation depuis 1849 (voir plus loin), est stimulé dans ces travaux par les demandes des brasseurs lillois concernant la conservation de la bière[13].
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Après Frédéric Kuhlmann et Charles Delezenne, Pasteur est ainsi un des premiers en France à établir des relations fructueuses entre l'enseignement supérieur et l'industrie chimique.
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Les travaux qu'il réalise à Lille entre 1854 et 1857, notamment ceux effectués à la demande de l'industriel Louis Bigo dans sa distillerie de betteraves à sucre d'Esquermes, conduisent à la présentation de son Mémoire sur la fermentation appelée lactique[14] dans le cadre de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille le 8 août 1857.
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En 1857, il est nommé administrateur chargé de la direction des études à l'École normale supérieure[3].
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Le laboratoire de Pasteur à l'ENS, rue d'Ulm à Paris.
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Plaque posée rue d'Ulm.
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De 1861 à 1862, Pasteur publie ses travaux réfutant la théorie de la génération spontanée[3]. L'Académie des sciences lui décerne le prix Jecker pour ses recherches sur les fermentations. En 1862, il est élu à l'Académie des sciences, dans la section de minéralogie, en remplacement de Henri Hureau de Senarmont[15].
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En 1863, il commence l'étude des altérations du vin, et entre autres, le processus de formation du vinaigre, il publie un ouvrage sur le sujet en 1866[16].
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En octobre 1865, le baron Haussmann, instituant une commission chargée d'étudier l'étiologie du choléra et les moyens d'y remédier, y nomme Pasteur, avec Dumas (président), Claude Bernard (malade, il n'y prendra part que de loin), Sainte-Claire Deville et Pelouze[17]. Les savants, qui cherchent le principe de la contagion dans l'air (alors que Snow, dans un travail publié en 1855, avait montré qu'il était dans l'eau), ne trouvent pas[18] le microbe, que Pacini avait pourtant fait connaître en 1854.
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À l'École normale supérieure, où règne l'esprit républicain, Pasteur, proche de Napoléon III, est contesté tant par ses collègues que par les élèves[19], ce qui le pousse à démissionner, en 1867, de ses fonctions d'administrateur. Il reçoit une chaire en Sorbonne et on crée, à l'École normale même, un laboratoire de chimie physiologique dont la direction lui est confiée.
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Ses études sur les maladies des vers à soie, menées de 1865 à 1869 à la demande de Napoléon III, triomphent de la pébrine mais non de la flacherie et ne permettent pas vraiment d'endiguer le déclin de la sériciculture. Pendant ces études, il demeure à Pont-Gisquet près d'Alès[3]. Durant cette période, une attaque cérébrale le rend hémiplégique. Il se remet, mais gardera toujours des séquelles : perte de l'usage de la main gauche et difficulté à se déplacer[20]. En 1868 il devient commandeur de la Légion d'honneur. Cette même année l'université de Bonn le fait docteur honoris causa en médecine[21].
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La défaite de 1870 et la chute de Napoléon III sont un coup terrible pour Pasteur, grand patriote et très attaché à la famille impériale. Au lendemain de la proclamation de la IIIe République, il n'hésite pas à prophétiser que « l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la postérité[22]. » Par ailleurs, il est malade. L'Assemblée nationale lui vote une récompense pour le remercier de ses travaux dont les conséquences économiques sont considérables. Le 25 mars 1873, il est élu « membre associé libre » de l'Académie de médecine[23],[24]. En 1874, ses recherches sur la fermentation lui valent la médaille Copley, décernée par la Royal Society, de Londres[25].
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En 1876, Pasteur se présente aux élections sénatoriales, mais c'est un échec[26]. Ses amis croient qu'il va enfin s'arrêter et jouir de sa retraite, mais il reprend ses recherches. Il gagne Clermont-Ferrand où il étudie les maladies de la bière[27] avec son ancien préparateur Émile Duclaux, et conclut ses études sur la fermentation par la publication d'un livre : Les Études sur la bière (1876)[28].
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En 1878, il devient grand-officier de la légion d'honneur. Le 11 décembre 1879, Louis Pasteur est élu à l'unanimité à l'Académie vétérinaire de France. En 1881, l'équipe de Pasteur met au point un vaccin contre le charbon des moutons, à la suite des études commencées en 1877[3].
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En 1882, il est reçu à l'Académie française. Dans son discours de réception[29], il accepte pour la science expérimentale l'épithète « positiviste », en ce sens qu'elle a pour domaine les causes secondes et s'abstient donc de spéculer sur les causes premières et sur l'essence des choses, mais il reproche à Auguste Comte et à Littré d'avoir voulu imposer cette abstention à toute la pensée humaine. Il plaide pour le spiritualisme et célèbre « les deux saintetés de l'Homme-Dieu », qu'il voit réunies dans le couple que l'agnostique Littré formait avec sa femme chrétienne. C'est dans ce discours que Pasteur prononce la phrase souvent citée : « Les Grecs […] nous ont légué un des plus beaux mots de notre langue, le mot enthousiasme […] — un dieu intérieur ».
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Il reçoit, le 29 décembre 1883, le mérite agricole pour ses travaux sur les vins et la fermentation. Il se rend régulièrement aux réunions du Cercle Saint-Simon[30].
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En 1885, Pasteur refusa de poser sa candidature aux ��lections législatives, alors que les paysans de la Beauce, dont il avait sauvé les troupeaux grâce au vaccin contre le charbon, l'auraient sans doute porté à la Chambre des Députés.
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La découverte du vaccin antirabique (1885) vaudra à Pasteur sa consécration dans le monde : il recevra de nombreuses distinctions. L'Académie des sciences propose la création d'un établissement destiné à traiter la rage : l'Institut Pasteur naît en 1888. En 1892, la Troisième République lui organise un jubilé triomphal pour son 70e anniversaire[31]. À cette occasion, une médaille gravée par Oscar Roty lui est offerte par souscription nationale[32].
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Il meurt le 28 septembre 1895 à Villeneuve-l'Étang, dans l'annexe (dite « de Garches »[33]) de l'Institut Pasteur[34]. Après des obsèques nationales, le 5 octobre, son corps, préalablement embaumé, est déposé dans l’un des caveaux de Notre-Dame, puis transféré le 27 décembre 1896, à la demande de sa famille, dans une crypte de l'Institut Pasteur[35].
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Dans les travaux que Pasteur a réalisés au début de sa carrière scientifique en tant que chimiste, il résolut en 1848[36] un problème qui allait par la suite se révéler d'importance capitale dans le développement de la chimie contemporaine : la séparation des deux formes de l'acide tartrique. Le seul acide tartrique que l'on connaissait à l'époque était un sous-produit classique de la vinification, utilisé dans la teinturerie. Parfois, au lieu de l'acide tartrique attendu, on obtenait un autre acide, qu'on appela acide racémique puis acide paratartrique[37]. Une solution de l'acide tartrique, comme de chacun de ses sels (tartrates), tournait le plan de la lumière polarisée la traversant, alors qu'une solution de l'acide paratartrique, comme de chacun de ses sels (paratartrates), ne causait pas cet effet, bien que les deux composés aient la même formule brute. En 1844, Mitscherlich[38] avait affirmé que, parmi les couples tartrate / paratartrate, il y en avait un, à savoir le couple « tartrate double de soude et d'ammoniaque » / « paratartrate double de soude et d'ammoniaque », où le tartrate et le paratartrate n'étaient discernables que par la propriété rotatoire, présente dans le tartrate et absente dans le paratartrate (« tartrate double[39] de soude et d'ammoniaque » était la façon dont on désignait à l'époque le tartrate — base conjuguée de l'acide tartrique — de sodium et d'ammonium). En particulier, ce tartrate et ce paratartrate avaient, selon Mitscherlich, la même forme cristalline. Pasteur eut peine à croire « que deux substances fussent aussi semblables sans être tout à fait identiques »[40]. Il refit les observations de Mitscherlich et s'avisa d'un détail que Mitscherlich n'avait pas remarqué : dans le tartrate en question, les cristaux présentent une dissymétrie (« hémiédrie »), toujours orientée de la même façon ; en revanche, dans le paratartrate correspondant, il coexiste deux formes de cristaux, images spéculaires non superposables l'une de l'autre, et dont l'une est identique à celle du tartrate. Il sépara manuellement les deux sortes de cristaux du paratartrate, en fit deux solutions et observa un effet de rotation du plan de polarisation de la lumière, dans un sens opposé pour les deux échantillons. La déviation du plan de polarisation par les solutions étant considérée, depuis les travaux de Biot, comme liée à la structure de la molécule[41], Pasteur conjectura[42] que la dissymétrie de la forme cristalline correspondait à une dissymétrie interne de la molécule, et que la molécule en question pouvait exister en deux formes dissymétriques inverses l'une de l'autre[43]. C'était la première apparition de la notion de chiralité des molécules[44]. Depuis les travaux de Pasteur, l'acide racémique ou paratartrique est considéré comme composé d'un acide tartrique droit (l'acide tartrique connu antérieurement) et d'un acide tartrique gauche[45].
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Les travaux de Pasteur dans ce domaine ont abouti, quelques années plus tard à la naissance du domaine de la stéréochimie avec la publication de l'ouvrage la Chimie dans l'Espace par van 't Hoff qui, en introduisant la notion d'asymétrie de l'atome de carbone a grandement contribué à l'essor de la chimie organique moderne[46].
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Pasteur avait correctement démontré (par l'examen des cristaux puis par l'épreuve polarimétrique) que l'acide paratartrique est composé de deux formes distinctes d'acide tartrique. En revanche, la relation générale qu'il crut pouvoir en déduire entre la forme cristalline et la constitution de la molécule[47] était inexacte, le cas spectaculaire de l'acide paratartrique étant loin d'être l'illustration d'une loi générale, comme Pasteur s'en apercevra lui-même[48]. François Dagognet dit à ce sujet : « la stéréochimie n'a rien conservé des vues de Pasteur, même s'il demeure vrai que les molécules biologiques sont conformées hélicoïdalement »[49].
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Gerald L. Geison, dans un livre de 1995, et d'autres auteurs après lui ont noté chez Pasteur une tendance à atténuer sa dette envers Auguste Laurent pour ce qui est de la connaissance des tartrates[50]. Geison a formulé d'autres critiques contre les travaux de Pasteur sur la chiralité des molécules, mais dans un travail publié en 2019, Joseph Gal, de l'université du Colorado à Denver, conclut que, pour l'essentiel, ces critiques sont entièrement dépourvues de valeur scientifique[51].
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En 1849, Biot signale à Pasteur que l'alcool amylique dévie le plan de polarisation de la lumière[52] et possède donc la propriété de dissymétrie moléculaire. Pasteur estime peu vraisemblable que l'alcool amylique hérite cette propriété du sucre dont il est issu (par fermentation), car, d'une part, la constitution moléculaire des sucres lui paraît très différente de celle de l'alcool amylique et, de plus, il a toujours vu les dérivés perdre la propriété rotatoire des corps de départ. Il conjecture donc que la dissymétrie moléculaire de l'alcool amylique est due à l'action du ferment. S'étant persuadé (sous l'influence de Biot[53]) que la dissymétrie moléculaire est étroitement liée à la vie, il voit là la confirmation de certaines « idées préconçues » qu'il s'est faites sur la cause de la fermentation et qui le rangent parmi les tenants du ferment vivant[54].
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En 1787, en effet, Adamo Fabbroni, dans son Ragionamento sull'arte di far vino (Florence), avait le premier soutenu que la fermentation du vin est produite par une substance vivante présente dans le moût[55]. Cagniard de Latour et Theodor Schwann avaient apporté des faits supplémentaires à l'appui de la nature vivante de la levure[56]. Dans le même ordre d'idées, Jean-Baptiste Dumas, en 1843 (époque où le jeune Pasteur allait écouter ses leçons à la Sorbonne[57]), décrivait le ferment comme un être organisé et comparait son activité à l'activité de nutrition des animaux[58].
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Berzelius, lui, avait eu une conception purement catalytique de la fermentation, qui excluait le rôle d'organismes vivants. Liebig, de façon plus nuancée, avait des idées analogues : il voulait bien envisager que la levure fût un être vivant[59], mais il affirmait que si elle provoquait la fermentation, ce n'était pas par ses activités vitales mais parce qu'en se décomposant, elle était à l'origine de la propagation d'un état de mouvement (vibratoire). Berzelius et Liebig avaient tous deux combattu les travaux de Cagniard de Latour et de Schwann[60].
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Pasteur « dispose d'une première orientation donnée par Cagniard de Latour ; il la développe et montre que c'est en tant qu'être vivant que la levure agit, et non en tant que matière organique en décomposition »[61]. Ces travaux bénéficient de la mise au point des premiers objectifs achromatiques dépourvus d'irisation parasite[62]. De 1857[63] à 1867, il publie des études sur les fermentations. Inaugurant la méthode des cultures pures[64], il établit que certaines fermentations (lactique, butyrique[65]) où on n'avait pas aperçu de substance jouant un rôle analogue à celui de la levure[66] (ce qui avait servi d'argument à Liebig[67]) sont bel et bien l'œuvre d'organismes vivants[68].
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Il établit[69] la capacité qu'ont certains organismes de vivre en l'absence d'oxygène libre (c'est-à-dire en l'absence d'air). Il appelle ces organismes anaérobies[70].
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Ainsi, dans le cas de la fermentation alcoolique, la levure tenue à l'abri de l'air vit en provoquant aux dépens du sucre une réaction chimique qui libère les substances dont elle a besoin et provoque en même temps l'apparition d'alcool. En revanche, si la levure se trouve en présence d'oxygène libre, elle se développe davantage et la fermentation productrice d'alcool est faible. Les rendements en levure et en alcool sont donc antagonistes. L'inhibition de la fermentation par la présence d'oxygène libre est ce qu'on appellera « l'effet Pasteur »[71].
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Même si Liebig resta sur ses positions, les travaux de Pasteur furent généralement accueillis comme prouvant définitivement le rôle des organismes vivants dans la fermentation. Toutefois, certains faits (comme le rôle joué dans l'hydrolyse de l'amidon par la diastase, ou alpha-amylase, découverte en 1833 par Payen et Persoz[72]) allaient dans le sens de la conception catalytique de Berzelius. C'est pourquoi Moritz Traube en 1858[73] et Marcellin Berthelot en 1860[74] proposèrent une synthèse des deux théories, physiologique et catalytique : la fermentation n'est pas produite directement par les êtres vivants qui en sont responsables couramment (levures etc.) mais par des substances non vivantes, des « ferments solubles » (on disait parfois « diastases » et on dira plus tard « enzymes »), substances elles-mêmes sécrétées ou excrétées par les êtres vivants en question. En 1878, Berthelot publia un travail posthume de Claude Bernard qui, contredisant Pasteur, mettait l'accent sur le rôle des « ferments solubles » dans la fermentation alcoolique[75]. Il en résulta entre Pasteur et Berthelot une des controverses célèbres de l'histoire des sciences[76].
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Pasteur ne rejetait pas absolument le rôle des « ferments solubles ». Dans le cas particulier de la fermentation ammoniacale de l'urine, il considérait comme établi, à la suite d'une publication de Musculus[77], que la cause proche de la fermentation était un « ferment soluble » (dans ce cas, l'enzyme qu'on appellera « uréase ») produit par le ferment microbien qu'il avait découvert lui-même[78]. Il admettait aussi le phénomène, signalé par Lechartier et Bellamy[79], de l'alcoolisation des fruits sans intervention du ferment microbien alcoolique. Plus d'une fois, il déclara qu'il ne repoussait pas (mais n'adoptait pas non plus) l'hypothèse d'un ferment soluble dans la fermentation alcoolique[80]. Toutefois, il écrivit en 1879 (à propos du ferment soluble alcoolique) : « La question du ferment soluble est tranchée : il n'existe pas; Bernard s'est fait illusion »[81]. On s'accorde donc à penser que Pasteur fut incapable de comprendre l'importance des « ferments solubles » (consacrée depuis par les travaux d’Eduard Buchner) et souligna le rôle des micro-organismes dans les « fermentations proprement dites » avec une insistance excessive[82], qui n'allait pas dans le sens du progrès de l'enzymologie[83]. On met cette répugnance de Pasteur à relativiser le rôle des organismes vivants sur le compte de son vitalisme[84], qui l'empêcha aussi de comprendre le rôle des toxines et d'admettre en 1881, lors de sa rivalité avec le vétérinaire Henry Toussaint dans la course au vaccin contre le charbon, qu'un vaccin « tué » pût être efficace[85].
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Les travaux de Pasteur sur la fermentation ont fait l'objet d'un débat dans les années 1970 et 1980, la question étant de savoir si, en parlant de « fermentations proprement dites », Pasteur avait commis une tautologie qui lui permettait de prouver à peu de frais la cause biologique des fermentations[86].
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À partir de 1859, Pasteur mène une lutte contre les partisans de la « génération spontanée », en particulier contre Félix Archimède Pouchet et un jeune journaliste, Georges Clemenceau[87] ; ce dernier, médecin, met en cause les compétences de Pasteur, qui ne l'est pas, et attribue son refus de la génération spontanée à un parti pris idéologique (Pasteur est chrétien). Il fallut à Pasteur six années de recherche pour démontrer la fausseté sur le court terme de la théorie selon laquelle la vie pourrait apparaître à partir de rien, et les microbes être générés spontanément[88].
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Depuis le XVIIIe siècle, partisans et adversaires de la génération spontanée (aussi appelée hétérogénie) cherchent à réaliser des expériences décisives à l'appui de leur opinion.
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Les partisans de cette théorie (appelés spontéparistes ou hétérogénistes) soutiennent que, quand le contact avec l'air fait apparaître sur certaines substances des êtres vivants microscopiques, cette vie tient son origine non pas d'une vie préexistante mais d'un pouvoir génésique de l'air.
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Pour les adversaires de la génération spontanée, l'air amène la vie sur ces substances non par une propriété génésique mais parce qu'il véhicule des germes d'êtres vivants.
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En 1791 déjà, Pierre Bulliard avance, à la suite d'expériences rigoureuses, que la putréfaction ne donne pas naissance à des êtres organisés et que toute moisissure ne peut survenir que de la « graine d'un individu de la même espèce »[89].
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En 1837, encore, Schwann a fait une expérience que les adversaires de la génération spontanée considèrent comme probante en faveur de leur thèse : il a montré que si l'air est chauffé (puis refroidi) avant de pouvoir exercer son influence, la vie n'apparaît pas[90].
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En 1847, M. Blondeau de Carolles faisant état d'une expérience reprenant celles conduites par Turpin conclut : « tout être organisé provient d'un germe qui, pour se développer, n'a besoin que de circonstances favorables, et que ce germe ne peut dévier de la mission qui lui est assignée, laquelle est de reproduire un être semblable à celui qui l'a formé »[89].
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Le 20 décembre 1858[91], l'Académie des Sciences prend connaissance de deux notes où Félix Pouchet, naturaliste et médecin rouennais, prétend apporter une preuve définitive de la génération spontanée.
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Le 3 janvier 1859[92], l'Académie des Sciences discute la note de Pouchet. Tous les académiciens qui participent à cette discussion : Milne Edwards, Payen, Quatrefages, Claude Bernard et Dumas, alléguant des expériences qu'ils ont faites eux-mêmes, s'expriment contre la génération spontanée, qui, d'ailleurs, est alors devenue une doctrine minoritaire.
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Même après les discussions de l'Académie, il reste cependant deux points faibles dans la position des adversaires de la génération spontanée :
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« Personne, raconte Pasteur, ne sut indiquer la véritable cause d'erreur de ses expériences [= de Pouchet], et bientôt l'Académie, comprenant tout ce qui restait encore à faire, propose pour sujet de prix la question suivante : Essayer, par des expériences bien faites, de jeter un jour nouveau sur la question des générations spontanées »[95].
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C'est Pasteur qui va obtenir le prix en 1862, pour ses travaux expérimentaux exposés dans son Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère. Examen de la doctrine des générations spontanées[96].
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Ses expériences sont, pour l'essentiel, des versions améliorées de celles de ses prédécesseurs[97]. Il comble de plus les deux desiderata signalés plus haut. Tout d'abord, il comprend que certains résultats antérieurs, apparemment favorables à la génération spontanée[98] étaient dus à ce qu'on utilisait la cuve à mercure pour empêcher la pénétration de l'air ambiant : le mercure, tout simplement, est lui-même très sale[99].
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Ensuite, il présente une expérience qu'on ne peut pas accuser de « tourmenter » l'air : il munit des flacons d'un col en S (col de cygne) et constate que, dans un nombre appréciable de cas[100], l'air qui a traversé les sinuosités, sans avoir été ni chauffé, ni filtré ni lavé, ne provoque pas l'apparition d'êtres vivants sur les substances qui se trouvent au fond du flacon, alors qu'il la provoque sur une goutte placée à l'entrée du circuit. La seule explication de l'inaltération[101] du fond est que des germes ont été arrêtés par les sinuosités et se sont déposés sur le verre. Cette expérience avait été suggérée à Pasteur par le chimiste Balard ; Chevreul en avait fait d'analogues dans ses cours[102].
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Enfin, Pasteur réfute un argument propre à Pouchet : celui-ci, arguant de la constance avec laquelle (dans ses expériences, du moins) la vie apparaissait sur les infusions, concluait que, si la théorie de ses adversaires était exacte, les germes seraient à ce point ubiquitaires que « l'air dans lequel nous vivons aurait presque la densité du fer »[103]. Pasteur fait des expériences en divers lieux, temps et altitudes et montre que (si on laisse pénétrer l'air ambiant sans le débarrasser de ses germes) la proportion des bocaux contaminés est d'autant plus faible que l'air est plus pur. Ainsi, sur la Mer de Glace, une seule des vingt préparations s'altère[104].
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Dans l'expérience des ballons à col de cygne, l'air était de l'air normal, ni chauffé, ni filtré ni lavé chimiquement, mais la matière fermentescible était chauffée, ce dont un spontépariste aurait pu tirer argument pour prétendre que le résultat de l'expérience (non-apparition de la vie) ne provenait pas de l'absence des germes, mais d'une modification des propriétés de la matière fermentescible. En 1863, Pasteur montre que si on met un liquide organique tout frais (sang ou urine) en présence d'air stérilisé, la vie n'apparaît pas, ce qui, conclut-il, « porte un dernier coup à la doctrine des générations spontanées »[105].
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Il y avait toutefois une lacune dans la démonstration de Pasteur : alors qu'il se posait en réfutateur de Pouchet, il n'utilisa jamais une infusion de foin comme le faisait Pouchet[106]. S'il l'avait fait, il se serait peut-être trouvé devant une difficulté inattendue[107]. En effet, de 1872 à 1876, quelques années après la controverse Pasteur-Pouchet, Ferdinand Cohn établira qu'un bacille du foin, Bacillus subtilis, peut former des endospores qui le rendent résistant à l'ébullition[108].
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À la lumière des travaux de Cohn, le pasteurien Émile Duclaux reconnaît que la réfutation de Pouchet par Pasteur devant la Commission académique des générations spontanées était erronée : « L'air est souvent un autre facteur important de la réviviscence des germes (...). [Le] foin contient d'ordinaire, comme Cohn l'a montré depuis, un bacille très ténu (...). C'est ce fameux bacillus subtilis (...). Ses spores, en particulier, peuvent supporter plusieurs heures d'ébullition sans périr, mais elles sont d'autant plus difficiles à rajeunir qu'elles ont été plus maltraitées. Si on ferme à la lampe le col du ballon qui les contient, au moment où le liquide qui les baigne est en pleine ébullition elles ne sont pas mortes, mais elles ne se développent pas dans le liquide refroidi et remis à l'étuve, parce que l'air fait défaut. Si on laisse rentrer cet air, l'infusion se peuple, et se peuplerait encore si on ne laissait rentrer que de l'air chauffé, car l'air n'agit pas, comme le croyait Pasteur au moment des débats devant la Commission académique des générations spontanées, en apportant des germes : c'est son oxygène qui entre seul en jeu. » (Émile Duclaux ajoute que Pasteur revint de son erreur[109]).
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L'air comme facteur de réviviscence de germes non pas morts, mais en état de non-développement, telle est donc l'explication que la science a fini par préférer à l'air convoyeur de germes pour rendre compte d'un phénomène que Pouchet, pour sa part, interprétait comme suit : « les Proto-organismes, qui naissent spontanément (...) ne sont pas extraits de la matière brute proprement dite, ainsi que l'ont prétendu quelques fauteurs [= partisans] de l'hétérogénie, mais bien des particules organiques, débris des anciennes générations d'animaux et de plantes, qui se trouvent combinées aux parties constituantes des minéraux. Selon cette doctrine, ce ne sont donc pas des molécules minérales qui s'organisent, mais bien des particules organiques qui sont appelées à une nouvelle vie »[110].
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On considère que c'est John Tyndall qui, en suivant les idées de Cohn, mettra la dernière main à la réfutation de la génération spontanée[111].
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Pasteur estimait d'ailleurs que la génération spontanée n'était pas réfutée de façon absolue, mais seulement dans les expériences par lesquelles on avait prétendu la démontrer. Dans un texte non publié de 1878, il déclarait ne pas juger la génération spontanée impossible[112].
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Nous avons vu qu'on peut reprocher à Pasteur comme un manque de rigueur le fait de ne pas avoir cherché à répéter vraiment les expériences de Pouchet. Il y a une autre circonstance où, dans ses travaux sur la génération spontanée, Pasteur peut sembler tendancieux, puisqu'il admet avoir passé sous silence des constatations qui n'allaient pas dans le sens de sa thèse. En effet, travaillant à l'aide de la cuve à mercure alors qu'il n'avait pas encore compris que le mercure apporte lui-même des germes, il avait obtenu des résultats apparemment favorables à la génération spontanée : « Je ne publiai pas ces expériences; les conséquences qu'il fallait en déduire étaient trop graves pour que je n'eusse pas la crainte de quelque cause d'erreur cachée, malgré le soin que j'avais mis à les rendre irréprochables. J'ai réussi, en effet, plus tard, à reconnaître cette cause d'erreur »[113].
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Se fondant sur ces deux entorses de Pasteur à la pure méthode scientifique, et aussi sur ce qu'ils considéraient comme l'évidente partialité de l'Académie des sciences en faveur de Pasteur, Farley et Geison, dans un article de 1974[114], ont soutenu qu'un facteur externe à la science intervenait dans la démarche de Pasteur et de l'Académie des sciences : le désir de faire échec aux idées matérialistes et subversives dont la génération spontanée passait pour être l'alliée. (Pasteur, qui était spiritualiste, voyait un lien entre matérialisme et adhésion à la génération spontanée, mais se défendait de s'être lui-même laissé influencer par cette sorte de considérations dans ses travaux scientifiques[115].) Dans son livre de 1995[116], Geison reprend une bonne part de l'article de 1974, mais reconnaît que cet article était trop « externaliste » au détriment de Pasteur et faisait la part trop belle à Pouchet.
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H. Collins et T. Pinch, en 1993, prennent eux aussi pour point de départ de leur réflexion les deux entorses de Pasteur à la pure méthode scientifique et la partialité de l'Académie des sciences, ils mentionnent eux aussi (brièvement) les enjeux religieux et politiques que certains croyaient voir dans la question, mais n'évoquent pas la possibilité que Pasteur lui-même ait cédé à de tels mobiles idéologiques. En fait, ils exonèrent Pasteur et blâment plutôt une conception aseptisée de la méthode scientifique : « Pasteur savait ce qui devait être considéré comme un résultat et ce qui devait l'être comme une 'erreur'. Pasteur était un grand savant, mais la manière dont il a agi ne s'approche guère de l'idéal de la méthode scientifique proposé de nos jours. On voit mal comment il aurait pu transformer à ce point notre conception de la nature des germes s'il avait dû adopter le modèle de comportement stérile qui passe aux yeux de beaucoup pour le parangon de l'attitude scientifique[117] ».
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Signalons cependant, à propos de cette apologie un peu cynique, que des voix se sont élevées contre la tendance de certains théoriciens « externalistes » ou « relativistes » des sciences à réduire l'activité scientifique, et notamment celle de Pasteur, à des manœuvres et à des coups de force où la rationalité aurait assez peu de part[118].
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Dans un article de 1999[119] et un livre de 2003[120], D. Raynaud a réexaminé la controverse sur la génération spontanée en partant de la correspondance non publiée entre les membres de l'Académie des Sciences et Pouchet. À partir de quatre arguments principaux, il a conclu à l'inanité de l'apologie de Pouchet présentée par certains historiens et sociologues « relativistes » des sciences.
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En 1862, Pasteur confirme l'opinion formulée dès 1822 par Christiaan Hendrik Persoon, en établissant le rôle d'un microorganisme, le mycoderma aceti (renommé Acetobacter aceti) dans la formation du vinaigre[125].
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En 1863, il y a déjà quelques années que les maladies des vins français grèvent lourdement le commerce. Napoléon III demande à Pasteur, spécialiste de la fermentation et de la putréfaction, de chercher un remède : Pasteur, qui transporta deux années de suite en automne son laboratoire à Arbois, publiera les résultats de ses travaux dans Études sur le vin en 1866 (il avait publié un premier papier sur le sujet dès 1863)[126]. Il propose de chauffer le vin à 57 °C afin de tuer les germes et résout ainsi le problème de sa conservation et du transport, c'est la pasteurisation. Il a au sujet de ce procédé une querelle de priorité avec l'œnologue Alfred de Vergnette de Lamotte, dans laquelle les savants Balard et Thenard prennent parti respectivement pour Pasteur et pour Vergnette[127]. Pasteur et Vergnette avaient d'ailleurs été tous deux précédés par Nicolas Appert qui avait publié le chauffage des vins en 1831 dans son ouvrage Le livre de tous les ménages[128]. La découverte de la pasteurisation vaudra à Pasteur le Mérite Agricole, mais aussi le Grand Prix de l’Exposition universelle (1867).
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Des dégustateurs opérant à l'aveugle avaient conclu que la pasteurisation n'altérait pas le bouquet des grands vins, mais « Pasteur fut forcé de reconnaître la forte influence de l'imagination après avoir vu sa commission d'expertise renverser complètement ses conclusions sur le même vin en l'espace de quelques jours »[129]. Finalement, la pasteurisation du vin n'eut pas un grand succès et fut abandonnée avant la fin du XIXe siècle[130]. Avant la Première Guerre mondiale, l'Institut Pasteur pratiqua sur le vin une pasteurisation rapide en couche mince qui ne se répandit guère mais fit plus tard « un retour triomphal en France sous son nom américain » de flash pasteurization[131].
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En Bourgogne, la pasteurisation du vin a été abandonnée dans les années 1930[132].
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Les maladies microbiennes du vin ont été évitées par d'autres moyens que la pasteurisation : conduite rationnelle des fermentations, sulfitage des vendanges[133], réduction des populations contaminantes par différents procédés de clarification. D'un emploi malaisé au niveau du chai, où elle ne met pas en outre la cuvée à l'abri d'une contamination postérieure au chauffage, la pasteurisation a toutefois son utilité pour certains types de vins, - d'ailleurs plutôt de qualité moyenne et de consommation rapide — au moment de l'embouteillage où l'on préfère parfois les techniques de sulfitage et de filtration stérile (mais la brasserie recourt plus volontiers à la pasteurisation)[134].
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Pour sa mise en évidence du rôle des organismes vivants dans la fermentation alcoolique et pour les conséquences d'ordre pratique qu'il en a tirées, Pasteur est considéré comme le fondateur de l’œnologie, dont Chaptal avait posé les premiers jalons. Toutefois, en limitant l'action positive aux seules levures, Pasteur n'a pas pu voir le rôle de certaines bactéries dans le déclenchement de la fermentation malolactique (rôle qui, une fois redécouvert -en 1946- permettra une conduite beaucoup plus subtile de la vinification)[62].
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Contrairement à la pasteurisation du vin, la pasteurisation du lait, à laquelle Pasteur n'avait pas pensé (c'est le chimiste allemand Franz von Soxhlet qui, en 1886, proposa d'appliquer la pasteurisation au lait[135]), s'implanta durablement. (Ici encore, d'ailleurs, on marchait sur les traces d'Appert[136]).
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La théorie de l'origine microbienne des maladies contagieuses, appelée théorie microbienne ou théorie des germes, existait depuis longtemps, mais seulement à l'état d'hypothèse. La première démonstration de la nature vivante d'un agent infectieux est établie en 1687 par deux élèves de Francesco Redi, Giovanni Cossimo Bonomo et Diacinto Cestoni qui montrent, grâce à l'utilisation du microscope, que la gale est causée par un petit parasite, Sarcoptes scabiei. Cette découverte n'eut pourtant alors aucun écho[137]. Vers 1835, quelques savants, dont on a surtout retenu Agostino Bassi[138], prouvent qu'une des maladies du ver à soie, la muscardine, est causée par un champignon microscopique. En 1836-37 Alfred Donné décrit le protiste responsable de la trichomonose : Trichomonas vaginalis. En 1839 Johann Lukas Schönlein identifie l'agent des teignes faviques : Trichophyton schoenleinii ; en 1841, le Suédois Frederick Theodor Berg identifie Candida albicans, l'agent du Muguet buccal et en 1844, David Gruby identifie l'agent des teignes tondantes, Trichophyton tonsurans (cette dernière découverte apparemment oubliée, fut faite de nouveau par Saboureau en 1894). Il s'agissait là toutefois de protozoaires ou d'organismes multicellulaires. En 1861, Anton de Bary établit le lien de causalité entre le mildiou de la pomme de terre - responsable notamment de la Grande Famine en Irlande - et le champignon Botrytis infestans (qui avait déjà été observé par Miles Joseph Berkeley en 1845).
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Dans un essai de 1840, Friedrich Gustav Jakob Henle, faisant écho aux travaux de Bassi sur la nature microbienne de la muscardine du ver à soie et à ceux de Cagniard de Latour et de Theodor Schwann sur la nature vivante de la levure, avait développé une théorie microbienne des maladies contagieuses et formulé les critères permettant selon lui de décider si telle maladie a pour cause tel micro-organisme.
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La théorie, en dépit de ces avancées, rencontrait des résistances et se développait assez lentement, notamment pour ce qui est des maladies contagieuses humaines. Ainsi, la découverte du bacille du choléra était restée quasiment lettre morte quand Pacini l'avait publiée en 1854, alors qu'elle devait trouver immédiatement une vaste audience quand Koch la refit en 1883. À l'époque des débuts de Pasteur, donc, la théorie microbienne existe, même si elle est encore dans l'enfance. D'autre part, il est de tradition, surtout depuis le XVIIIe siècle, de souligner l'analogie entre les maladies fiévreuses et la fermentation[139]. Il n'est donc pas étonnant, dans ce contexte, que les travaux de Pasteur sur la fermentation aient stimulé le développement de la théorie microbienne des maladies contagieuses. En 1860, après avoir réaffirmé le rôle des organismes vivants dans la putréfaction et la fermentation, Pasteur lui-même ajoutait : « Je n'ai pas fini cependant avec toutes ces études. Ce qu'il y aurait de plus désirable serait de les conduire assez loin pour préparer la voie à une recherche sérieuse de l'origine de diverses maladies »[140]. Casimir Davaine, au début de ses publications de 1863 sur le charbon, qui sont maintenant considérées comme la première preuve de l'origine microbienne d'une maladie transmissible à l'homme, écrivait « M. Pasteur, en février 1861, publia son remarquable travail sur le ferment butyrique, ferment qui consiste en petites baguettes cylindriques, possédant tous les caractères des vibrions ou des bactéries. Les corpuscules filiformes que j'avais vus dans le sang des moutons atteints de sang de rate [= charbon] ayant une grande analogie de forme avec ces vibrions, je fus amené à examiner si des corpuscules analogues ou du même genre que ceux qui déterminent la fermentation butyrique, introduits dans le sang d'un animal, n'y joueraient pas de même le rôle d'un ferment »[141].Pasteur lui-même, en 1880, rappelle ses travaux sur les fermentations et ajoute : « La médecine humaine, comme la médecine vétérinaire, s'emparèrent de la lumière que leur apportaient ces nouveaux résultats. On s'empressa notamment de rechercher si les virus et les contages ne seraient pas des êtres animés. Le docteur Davaine (1863) s'efforça de mettre en évidence les fonctions de la bactéridie du charbon, qu'il avait aperçue dès l'année 1850 »[142].On verra toutefois que Pasteur, quand il aura à s'occuper des maladies des vers à soie, en 1865, commencera par nier le caractère microbien de la pébrine, compris par d'autres avant lui. Quant aux maladies contagieuses humaines, c'est seulement à partir de 1877[143] qu'il participera personnellement au développement de leur connaissance. (Dès 1873 Gerhard Armauer Hansen, porté par la conclusion de Pasteur dans le débat sur la génération spontanée certes, mais aussi lecteur de Charles-Louis Drognat-Landré[144] et de Davaine, identifie l'agent causal de la lèpre. Cette découverte, toutefois, ne fera pas immédiatement l'unanimité[145].)
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Le chirurgien anglais Joseph Lister, après avoir lu les travaux de Pasteur sur la fermentation (où la putréfaction est expliquée, comme la fermentation, par l'action d'organismes vivants), se convainc que l'infection postopératoire (volontiers décrite à l'époque comme une pourriture, une putréfaction) est due elle aussi à des organismes microscopiques. Ayant lu ailleurs que l'acide phénique (phénol) détruisait les entérozoaires qui infectaient certains bestiaux, il lave les blessures de ses opérés à l'eau phéniquée et leur applique un coton imbibé d'acide phénique. Le résultat est une réduction drastique de l'infection et de la mortalité.
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Lister publie sa théorie et sa méthode en 1867, en les rattachant explicitement aux travaux de Pasteur[146]. Dans une lettre de 1874, il remercie Pasteur « pour m'avoir, par vos brillantes recherches, démontré la vérité de la théorie des germes de putréfaction, et m'avoir ainsi donné le seul principe qui ait pu mener à bonne fin le système antiseptique »[147].
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L'antisepsie listérienne, dont l'efficacité triomphera en quelques années des résistances, est, au point de vue théorique, une branche importante de la théorie microbienne. Sur le plan pratique, toutefois, elle n'est pas entièrement satisfaisante : Lister, qui n'a pensé qu'aux germes présents dans l'air, et non à ceux que propagent l'eau[148], les mains des opérateurs ainsi que les instruments et les tissus qu'ils emploient, attaque les microbes dans le champ opératoire, en vaporisant l'acide phénique dans l'air et en l'appliquant sur les plaies. C'est assez peu efficace quand il faut opérer en profondeur et, de plus, l'acide phénique a un effet caustique sur l'opérateur et sur le patient. On cherche donc bientôt à prévenir l'infection (asepsie) plutôt qu'à la combattre (antisepsie)[149].
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Pasteur « est de ceux qui cherchent à dépasser l'antisepsie par l'asepsie »[150]. À la séance du 30 avril 1878 de l'Académie de médecine, il attire l'attention sur les germes propagés par l'eau, l'éponge ou la charpie avec lesquelles les chirurgiens lavent ou recouvrent les plaies et leur recommande de ne se servir que d'instruments d'une propreté parfaite, de se nettoyer les mains puis de les soumettre à un flambage rapide et de n'employer que de la charpie, des bandelettes, des éponges et de l'eau préalablement exposées à diverses températures qu'il précise. Les germes en suspension dans l'air autour du lit du malade étant beaucoup moins nombreux que dans l'eau et à la surface des objets, ces précautions permettraient d'utiliser un acide phénique assez dilué pour ne pas être caustique[151].
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Certes, ces recommandations n'étaient pas d'une nouveauté absolue : Semmelweis et d'autres avant lui (par exemple Claude Pouteau et Jacques-Mathieu Delpech[152],[153]) avaient déjà compris que les auteurs des actes médicaux pouvaient eux-mêmes transmettre l'infection, et ils avaient fait des recommandations en conséquence, mais les progrès de la théorie microbienne avaient tellement changé les données que les conseils de Pasteur reçurent beaucoup plus d'audience que ceux de ses prédécesseurs.
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En préconisant ainsi l'asepsie, Pasteur traçait une voie qui serait suivie (non sans résistances du corps médical) par Octave Terrillon (1883), Ernst von Bergmann et William Halsted[154],[155].
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En 1865, Jean-Baptiste Dumas, sénateur et ancien ministre de l'Agriculture et du commerce, demande à Pasteur d'étudier une nouvelle maladie qui décime les élevages de vers à soie du sud de la France et de l'Europe, la pébrine, caractérisée à l'échelle macroscopique par des taches noires et à l'échelle microscopique par les « corpuscules de Cornalia ». Pasteur accepte et fera cinq longs séjours à Alès, entre le 7 juin 1865 et 1869[156].
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Arrivé à Alès, Pasteur se familiarise avec la pébrine et aussi[157] avec une autre maladie du ver à soie, connue plus anciennement[158] que la pébrine : la flacherie ou maladie des morts-flats. Contrairement, par exemple, à Quatrefages, qui avait forgé le mot nouveau pébrine[159], Pasteur commet l'erreur de croire que les deux maladies n'en font qu'une et même que la plupart des maladies des vers à soie connues jusque-là sont identiques entre elles et à la pébrine[160]. C'est dans des lettres du 30 avril et du 21 mai 1867 à Dumas qu'il fait pour la première fois la distinction entre la pébrine et la flacherie[161].
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Il commet une autre erreur : il commence par nier le caractère « parasitaire » (microbien) de la pébrine, que plusieurs savants (notamment Antoine Béchamp[162]) considéraient comme bien établi. Même une note publiée le 27 août 1866[163] par Balbiani, que Pasteur semble d'abord accueillir favorablement[164], reste sans effet, du moins immédiat[165]. « Pasteur se trompe. Il ne changera d'opinion que dans le courant de 1867 »[166].
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Alors que Pasteur n'a pas encore compris la cause de la maladie, il propage un procédé efficace pour enrayer les infections : on choisit un échantillonnage de chrysalides, on les broie et on recherche les corpuscules dans le broyat ; si la proportion de chrysalides corpusculeuses dans l'échantillonnage est très faible, on considère que la chambrée est bonne pour la reproduction[167]. Cette méthode de tri des « graines » (œufs) est proche d'une méthode qu'avait proposée Osimo quelques années auparavant, mais dont les essais n'avaient pas été concluants[168]. Par ce procédé, Pasteur jugule la pébrine et sauve pour beaucoup l'industrie de la soie dans les Cévennes[169],[170].
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En 1884, Balbiani[171], qui faisait peu de cas de la valeur théorique des travaux de Pasteur sur les maladies des vers à soie, reconnaissait que son procédé pratique avait remédié aux ravages de la pébrine, mais ajoutait que ce résultat tendait à être contrebalancé par le développement de la flacherie, moins bien connue et plus difficile à prévenir[172]. En 1886, la Société des agriculteurs de France émettait le vœu « que le gouvernement examine s’il n'y avait pas lieu de procéder à de nouvelles études scientifiques et pratiques sur le caractère épidémique des maladies des vers à soie et sur les moyens de combattre cette influence ». Decourt[173], qui cite ce vœu, donne des chiffres dont il conclut qu'après les travaux de Pasteur, la production des vers à soie resta toujours très inférieure à ce qu'elle avait été avant l'apparition de la pébrine et conteste dès lors à Pasteur le titre de « sauveur de la sériciculture française ».
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À partir de 1876, Pasteur travaille successivement sur le filtre et l'autoclave, tous deux mis au point par Charles Chamberland (1851-1908), et aussi sur le flambage des vases[174].
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Bien que ses travaux sur les fermentations, comme on l'a vu, aient stimulé le développement de la théorie microbienne des maladies contagieuses, et bien que, dans l'étude des maladies des vers à soie, il ait fini par se ranger à l'opinion de ceux qui considéraient la pébrine comme « parasitaire », Pasteur, à la fin de 1876 (année où l'Allemand Robert Koch a fait progresser la connaissance de la bactérie du charbon), est encore indécis sur l'origine des maladies contagieuses humaines : « Sans avoir de parti pris dans ce difficile sujet, j'incline par la nature de mes études antérieures du côté de ceux qui prétendent que les maladies contagieuses ne sont jamais spontanées (...) Je vois avec satisfaction les médecins anglais qui ont étudié la fièvre typhoïde avec le plus de vigueur et de rigueur repousser d'une manière absolue la spontanéité de cette terrible maladie »[175]. Mais il devient bientôt un des partisans les plus actifs et les plus en vue de la théorie microbienne des maladies contagieuses, domaine où son plus grand adversaire est Robert Koch, leur rivalité féroce (sur fond de guerre franco-prussienne) mais féconde s'étendant aux écoles qu’ils ont créées et se manifestant d'abord sur l'étiologie du charbon, puis sur le choléra, la sérothérapie antidiphtérique et la peste[176]. En 1877, Pasteur découvre le « vibrion septique »[177], qui provoque un type de septicémie et avait obscurci l'étiologie du charbon; ce microbe sera nommé plus tard Clostridium septicum[178]. En 1880, il découvre le staphylocoque, qu'il identifie comme responsable des furoncles et de l'ostéomyélite[179]. Son combat en faveur de la théorie microbienne ne l'empêche d'ailleurs pas de reconnaître l'importance du « terrain »[180], importance illustrée par l'immunisation vaccinale, à laquelle il va consacrer la dernière partie de sa carrière.
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Quand Pasteur commence ses recherches sur les vaccins, on fait des inoculations préventives contre une maladie humaine, la variole (la méthode de Jenner est célèbre), et contre deux maladies du bétail : la clavelée, maladie du mouton, et la péripneumonie bovine[181].
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Certains clavelisateurs cherchent à atténuer[182] la virulence du claveau (la substance morbide injectée) par culture ou par inoculations successives d'animal à animal, mais, selon un dictionnaire de l'époque, leurs résultats sont illusoires[183].
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Le germe du choléra des poules, nommé ensuite Pasteurella avicida, fut isolé en 1879 par l'italien Perroncito; la même année Henry Toussaint réussit à le cultiver. C'est d'ailleurs auprès de Toussaint que Pasteur se procura la souche du microbe de choléra des poules[184].
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Durant l'été 1879, Pasteur et ses collaborateurs, Émile Roux et Émile Duclaux, découvrent que les poules auxquelles on a inoculé des cultures vieillies du microbe du choléra des poules non seulement ne meurent pas mais résistent à de nouvelles infections - c'est la découverte d'un vaccin d'un nouveau type : contrairement à ce qui était le cas dans la vaccination contre la variole, on ne se sert pas, comme vaccin, d'un virus bénin fourni par la nature (sous forme d'une maladie bénigne qui immunise contre la maladie grave) mais on provoque artificiellement l'atténuation d'une souche initialement très virulente et c'est le résultat de cette atténuation qui est utilisé comme vaccin[185].
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S'il faut en croire la version célèbre de René Vallery-Radot[186] et d'Émile Duclaux[187], c'est en reprenant de vieilles cultures oubliées (ou laissées de côté pendant les vacances) qu'on se serait aperçu avec surprise qu'elles ne tuaient pas et même immunisaient. Il y aurait là un cas de sérendipité.
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Antonio Cadeddu[Qui ?], toutefois, rappelle que « depuis les années 1877-1878, [Pasteur] possédait parfaitement le concept d'atténuation de la virulence »[188]. C'est un des motifs pour lesquels Cadeddu[189], à la suite de Mirko Grmek, met en doute le rôle allégué du hasard dans la découverte du procédé d'atténuation de la virulence et pense que cette atténuation a sûrement été recherchée activement, ce que les notes de laboratoire de Pasteur semblent bien confirmer[190].
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Dans sa double communication du 26 octobre 1880 à l'Académie des Sciences et à l'Académie de médecine, Pasteur attribue l'atténuation de la virulence au contact avec l'oxygène. Il dit que des cultures qu'on laisse vieillir au contact de l'oxygène perdent de leur virulence au point de pouvoir servir de vaccin, alors que des cultures qu'on laisse vieillir dans des tubes à l'abri de l'oxygène gardent leur virulence. Il reconnaît toutefois dans une note de bas de page que l'oxygène ne joue pas toujours son rôle d'atténuation, ou pas toujours dans les mêmes délais : « Puisque, à l'abri de l'air, l'atténuation n'a pas lieu, on conçoit que, si dans une culture au libre contact de l'air (pur) il se fait un dépôt du parasite en quelque épaisseur, les couches profondes soient à l'abri de l'air, tandis que les superficielles se trouvent dans de tout autres conditions. Cette seule circonstance, jointe à l'intensité de la virulence, quelle que soit, pour ainsi dire, la quantité du virus employé, permet de comprendre que l'atténuation d'un virus ne doit pas nécessairement varier proportionnellement au temps d'exposition à l'air »[191].
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Certains[192] voient là un demi-aveu de l'irrégularité du vaccin, irrégularité que la suite confirma : « Cette voie, que le génie de Pasteur avait ouverte et qui fut ensuite si féconde, se révéla bientôt fermée en ce qui concerne la vaccination anti-pasteurellique de la poule. Des difficultés surgirent dans la régularité de l'atténuation et de l'entretien de la virulence à un degré déterminé et fixe »[193].
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La théorie de Pasteur, selon laquelle la virulence du vaccin était atténuée par l'action de l'oxygène, n'a pas été retenue. Th. D. Brock, après avoir présenté comme vraisemblable l'explication, étrangère à Pasteur, de l'atténuation dans les cultures par mutations et sélection (l'organisme vivant, qui possède des défenses immunitaires, exerce une sélection en défaveur des microbes mutants peu virulents, ce qui n'est pas le cas dans les cultures), ajoute : « Ses recherches [= de Pasteur] sur les effets de l'oxygène sont quelque chose de curieux. Bien que l'oxygène puisse jouer un rôle en accélérant les processus d'autolyse, il n'a probablement pas une action aussi directe que Pasteur le pensait »[194].
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En 1880, Auguste Chauveau[195] et Henry Toussaint[196] publient les premières expériences françaises d'immunisation d'animaux contre le charbon par inoculation préventive. À la même époque, W.S. Greenfield, à Londres, obtient l'immunisation en inoculant le bacille préalablement atténué par culture. Au vu des publications de Greenfield, certains auteurs estiment qu'il a la priorité sur Pasteur[197], mais Greenfield reconnaissait lui-même que ses résultats étaient peu concluants[198].
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Le 5 mai 1881, lors de la célèbre expérience de Pouilly-le-Fort, un troupeau de moutons est vacciné contre la maladie du charbon à l'aide d'un vaccin mis au point par Pasteur, Émile Roux et surtout Charles Chamberland. Cette expérience fut un succès complet. Certains auteurs reprochent cependant à Pasteur d'avoir induit le public scientifique en erreur sur la nature exacte du vaccin utilisé lors de cette expérience. C'est ce qu'on a appelé le « Secret de Pouilly-le-Fort ».
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Afin de répondre à la demande importante de vaccins charbonneux qui s'est manifestée immédiatement après l'expérience de Pouilly-le-fort, et ce tant en France qu'à l’étranger, et tandis qu'un décret de juin 1882 inscrivait le vaccin charbonneux dans la loi de police sanitaire des animaux, Pasteur doit organiser « précipitamment » la production et la distribution en nombre de vaccin. Pour ce faire une entité est créée Le Vaccin charbonneux, rue Vauquelin[199]. Des accidents vaccinaux survenus à l'automne 1881 et au printemps 1882, en France et à l’étranger, imposent à Pasteur de revenir sur le postulat de la fixité des vaccins. En 1886, la diffusion du vaccin charbonneux à l'étranger est confiée à une société commerciale, la Compagnie de Vulgarisation du Vaccin Charbonneux qui détenait un monopole commercial mais aussi technique visant tant à préserver les secrets de fabrication qu'à garantir l'homogénéité des vaccins[200].
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Le vaccin de Pasteur et ses dérivés donnaient des résultats globalement satisfaisants, mais ils s'affaiblissaient parfois au point de ne pas provoquer une réaction immunitaire suffisante et, dans d'autres cas, ils restaient assez virulents pour communiquer la maladie qu'ils étaient censés prévenir. Nicolas Stamatin en 1931 et Max Sterne en 1937 obtinrent des vaccins plus efficaces à l'aide de bacilles dépourvus de la capacité de former une capsule (bacilles acapsulés ou acapsulogènes)[201].
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Envoyé par Pasteur dans le Sud-est de la France où sévit une épidémie de rouget du porc, dit aussi le mal rouge, Louis Thuillier identifie le bacille de cette maladie le 15 mars 1882. Cette découverte a en réalité déjà été faite par H.J. Detmers à Chicago[202]. La description originellement donnée par Pasteur et Thuillier d'un bacille en forme de 8 est fautive. Le pasteurien Adrien Loir écrira en 1937-1938 que le bacille qu'ils ont cultivé et qui a servi à produire le vaccin (voir plus loin) était bien celui du rouget, même s'ils l'ont décrit incorrectement[203], mais en 1957, Gaston Ramon estimera que le bacille découvert par Thuillier était une pasteurelle du porc et non le bacille du rouget[204]. Dans une communication datée du 26 novembre 1883 et intitulée La vaccination du rouget des porcs à l'aide du virus mortel atténué de cette maladie , Pasteur présente à l'Académie des Sciences un vaccin obtenu par une diminution de la virulence du bacille à l'aide de passage successifs sur le lapin, espèce naturellement peu réceptive à cette maladie. Il s'agit d'une nouvelle méthode d'atténuation de la virulence, qui s'apparente à celle sur laquelle est basée le vaccin de Jenner[205]. En dépit des efforts de l'administration française, le vaccin du rouget, mis sur le marché dès 1886, ne rencontre pas un grand succès en France. Le 22 octobre 1884, Pasteur note que « la Société vétérinaire de la Charente a été de nouveau découragée pour des vaccinations de rouget par un échec qu'elle a subi en octobre[206] ». Cet échec a été attribué à un investissement insuffisant de Chamberland chargé d'en assurer le développement dans le cadre du laboratoire Pasteur[207]. Ainsi pour la seule année 1890, seuls 20 000 porcs sont vaccinés en France, alors qu'en Hongrie ce nombre se monte alors à 250 000[208].
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Faute de données précises, l'épidémiologie de la rage humaine et animale est difficile à retracer avant le XXe siècle. Elle semble en extension en Europe occidentale à partir du XVIe siècle, probablement en raison d'une croissance démographique perturbant les habitats de la faune sauvage, avec multiplication des contacts entre animaux sauvages et domestiques, notamment lors du marronnage[209]. La rage des loups, renards et chiens est présente en Europe tout au long du siècle en causant plusieurs centaines de décès humains[209].
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En 1879, Pierre[210]-Henri Duboué[211] dégage de divers travaux de l'époque une « théorie nerveuse » de la rage : « Dans cette hypothèse, le virus rabique s'attache aux fibrilles nerveuses mises à nu par la morsure et se propage jusqu'au bulbe. » Le rôle de la voie nerveuse dans la propagation du virus de la rage, conjecturé par Duboué presque uniquement à partir d'inductions[212], fut plus tard confirmé expérimentalement par Pasteur et ses assistants.
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La même année 1879, Galtier montre qu'on peut utiliser le lapin, beaucoup moins dangereux que le chien, comme animal d'expérimentation. Il envisage aussi de mettre à profit la longue durée d'incubation (c'est-à-dire la longue durée que le virus met à atteindre les centres nerveux) pour faire jouer à un moyen préventif (qu'il en est encore à chercher ou à expérimenter) un rôle curatif : « J'ai entrepris des expériences en vue de rechercher un agent capable de neutraliser le virus rabique après qu'il a été absorbé et de prévenir ainsi l'apparition de la maladie, parce que, étant persuadé, d'après mes recherches nécroscopiques, que la rage une fois déclarée est et restera longtemps, sinon toujours incurable, à cause des lésions qu'elle détermine dans les centres nerveux, j'ai pensé que la découverte d'un moyen préventif efficace équivaudrait presque à la découverte d'un traitement curatif, surtout si son action était réellement efficace un jour ou deux après la morsure, après l'inoculation du virus »[213]. (Galtier ne précise pas que le moyen préventif auquel il pense doive être un vaccin.)
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Dans une note de 1881[214], il signale notamment qu'il semble avoir conféré l'immunité à un mouton en lui injectant de la bave de chien enragé par voie sanguine. (L'efficacité de cette méthode d'immunisation des petits ruminants : chèvre et mouton, par injection intraveineuse sera confirmée en 1888 par deux pasteuriens, Nocard et Roux[215]).
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Dans cette même note, toutefois, Galtier répète une erreur qu'il avait déjà commise dans son Traité des maladies contagieuses de 1880 : parce qu'il n'a pas pu transmettre la maladie par inoculation de fragments de nerfs, de moelle ou de cerveau, il croit pouvoir conclure que, chez le chien, le virus n'a son siège que dans les glandes linguales et la muqueuse bucco-pharyngienne[216].
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Les choses en sont là quand Pasteur, en 1881, commence ses publications sur la rage.
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Dans une note du 30 mai de cette année[217], Pasteur rappelle la « théorie nerveuse » de Duboué et l'incapacité où Galtier a dit être de confirmer cette théorie en inoculant de la substance cérébrale ou de la moelle de chien enragé. « J'ai la satisfaction d'annoncer à cette Académie que nos expériences ont été plus heureuses », dit Pasteur, et dans cette note de deux pages, il établit deux faits importants :
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Dans cette note de 1881, Galtier n'est nommé qu'une fois, et c'est pour être contredit (avec raison).
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En décembre 1882[218], nouvelle note de Pasteur et de ses collaborateurs, établissant que le système nerveux central est le siège principal du virus, où on le trouve à l'état plus pur que dans la salive, et signalant des cas d'immunisation d'animaux par inoculation du virus, autrement dit des cas de vaccination. Galtier est nommé deux fois en bas de page, tout d'abord à propos des difficultés insurmontables auxquelles se heurtait l'étude de la rage avant l'intervention de Pasteur, notamment parce que « la salive était la seule matière où l'on eût constaté la présence du virus rabique » (suit une référence à Galtier) et ensuite à propos de l'absence d'immunisation que les pasteuriens ont constatée chez le chien après injection intraveineuse : « Ces résultats contredisent ceux qui ont été annoncés par M. Galtier, à cette Académie, le 1er août 1881, par des expériences faites sur le mouton. » Galtier, en 1891[219] puis en 1904[220], se montra ulcéré[221] de cette façon de traiter sa méthode d'immunisation des petits ruminants par injection intraveineuse, dont l'efficacité fut confirmée en 1888 par deux pasteuriens, Roux et Nocard[222].
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Deux notes de février[223] et mai[224] 1884 sont consacrées à des méthodes de modification du degré de virulence par passages successifs à l'animal (exaltation par passages successifs aux lapins, atténuation par passages successifs aux singes). Les auteurs estiment qu'après un certain nombre de passages chez des animaux d'une même espèce, on obtient un virus fixe, c'est-à-dire un virus dont les propriétés resteront immuables lors de passages subséquents (en 1935, P. Lépine montra que cette fixité était moins absolue qu'on ne le croyait et qu'il était nécessaire de contrôler le degré de virulence et le pouvoir immunogène des souches « fixes »[225]).
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En 1885, Pasteur se dit[226] capable d'obtenir une forme du virus atténuée à volonté en exposant de la moelle épinière de lapin rabique desséchée au contact de l'air gardé sec[227]. Cela permet de vacciner par une série d'inoculations de plus en plus virulentes.
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C'est en cette année 1885 qu'il fait ses premiers essais sur l'homme.
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Il ne publia rien sur les deux premiers cas : Girard, sexagénaire de l'hôpital Necker, inoculé le 5 mai 1885, et la fillette de 11 ans Julie-Antoinette Poughon, inoculée après le 22 juin 1885, ce qui, selon Patrice Debré[228], alimente régulièrement une rumeur selon laquelle Pasteur aurait « étouffé » ses premiers échecs. En fait, dans le cas Girard, qui semble avoir évolué favorablement, le diagnostic de rage, malgré des symptômes qui avaient fait conclure à une rage déclarée, était douteux, et, dans le cas de la fillette Poughon (qui mourut le lendemain de la vaccination), il s'agissait très probablement d'une rage déclarée, ce qui était et est encore, avec une quasi-certitude[229], un arrêt de mort à brève échéance, avec ou sans vaccination[230].
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G. Geison a noté qu'avant de soigner ces deux cas humains de rage déclarée, Pasteur n'avait fait aucune tentative de traitement de rage déclarée sur des animaux[231].
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Le 6 juillet 1885, on amène à Pasteur un petit Alsacien de Steige âgé de neuf ans, Joseph Meister, mordu l'avant-veille par un chien qui avait ensuite mordu son propriétaire. Meister avait reçu quatorze blessures et le chien, toujours agressif, avait été abattu par des gendarmes[232]. Les morsures étant récentes, il n'y a pas de rage déclarée. Cette incertitude du diagnostic rend le cas plus délicat que les précédents et Roux, l'assistant de Pasteur dans les recherches sur la rage, refuse formellement de participer à l'injection[233]. Pasteur hésite, mais deux éminents médecins, Alfred Vulpian et Jacques-Joseph Grancher, estiment que le cas est suffisamment sérieux pour justifier la vaccination et la font pratiquer sous leur responsabilité. Le fort écho médiatique accordé alors à la campagne de vaccination massive contre le choléra menée par Jaume Ferran en Espagne a pu également infléchir la décision de Pasteur[234]. Joseph Meister reçoit sous un pli fait à la peau de l’hypocondre droit treize inoculations réparties sur dix jours, et ce par une demi-seringue de Pravaz d'une suspension d'un broyat de moelle de lapin mort de rage le 21 juin et conservée depuis 15 jours[235]. Il ne développera jamais la rage.
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En fait, la valeur de preuve du cas Meister laisse sceptiques certains spécialistes. Ce qui fit considérer que le chien qui l'avait mordu était enragé est le fait que « celui-ci, à l'autopsie, avait foin, paille et fragments de bois dans l'estomac »[236]. Aucune inoculation de substance prélevée sur le chien ne fut faite. Dans une communication à l'Académie de médecine (11 janvier 1887), Peter, principal adversaire de Pasteur et grand clinicien, déclara que le diagnostic de rage par la présence de corps étrangers dans l'estomac était caduc [237]. Victor Babès, disciple de Pasteur, confirmera dans son Traité de la rage[238] que « l'autopsie est, en effet, insuffisante à établir le diagnostic de rage. En particulier, la présence de corps étrangers dans l'estomac est à peu près sans valeur. »[239].
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Un détail du traitement de Meister illustre ces mots écrits en 1996 par Maxime Schwartz, alors directeur général de l'Institut Pasteur (Paris) :
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Pasteur, en effet, fit faire à Meister, après la série des inoculations vaccinales, une injection de contrôle. L'injection de contrôle, pour le dire crûment, consiste à risquer de tuer le sujet en lui injectant une souche d'une virulence qui lui serait fatale dans le cas où il ne serait pas vacciné ou le serait mal ; s'il en réchappe, on conclut que le vaccin est efficace[241].
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Pasteur a lui-même dit les choses clairement : « Joseph Meister a donc échappé, non seulement à la rage que ses morsures auraient pu développer, mais à celle que je lui ai inoculée pour contrôle de l'immunité due au traitement, rage plus virulente que celle des rues. L'inoculation finale très virulente a encore l'avantage de limiter la durée des appréhensions qu'on peut avoir sur les suites des morsures. Si la rage pouvait éclater, elle se déclarerait plus vite par un virus plus virulent que par celui des morsures ».
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À propos de la seconde de ces trois phrases, André Pichot, dans son anthologie d'écrits de Pasteur, met une note : « Cette phrase est un peu déplacée, dans la mesure où il s'agissait ici de soigner un être humain (et non de faire une expérience sur un animal) »[242].
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Pasteur ayant publié ses premiers succès, son vaccin antirabique devient vite notoire et les candidats affluent (parmi les premiers vaccinés, Jean-Baptiste Jupille est resté célèbre). Déçu par quelques cas où le vaccin a été inefficace, Pasteur croit pouvoir passer à un « traitement intensif », qu'il présente à l'Académie des Sciences le 2 novembre 1886[243]. L'enfant Jules Rouyer, vacciné dans le mois d'octobre précédant cette communication, meurt vingt-quatre jours après la communication et son père porte plainte contre les responsables de la vaccination[244].
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D'après un récit fait une cinquantaine d'années après les évènements par le bactériologiste André Loir, neveu et ancien assistant-préparateur de Pasteur, le bulbe rachidien de l'enfant, inoculé à des lapins, leur communique la rage, mais Roux (en l'absence de Pasteur, qui villégiature à la Riviera) fait un rapport en sens contraire ; le médecin légiste, Brouardel, après avoir dit à Roux « Si je ne prends pas position en votre faveur, c'est un recul immédiat de cinquante ans dans l'évolution de la science, il faut éviter cela ! », conclut dans son expertise que l'enfant Rouyer n'est pas mort de la rage. Patrice Debré accepte ce récit, tout en notant qu'il repose uniquement sur André Loir[245].
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À la même époque, le jeune Réveillac, qui a subi le traitement intensif, meurt en présentant des symptômes atypiques où Peter, le grand adversaire de Pasteur, voit une rage humaine à symptômes de rage de lapin, autrement dit la rage de laboratoire, la rage Pasteur, dont on commence à beaucoup parler[246].
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Selon P. Lépine et L. Cruveilhier, « on renonça plus tard à une méthode de traitement aussi énergique, et qui pouvait présenter quelques dangers »[247].
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En fait, on finit même par renoncer au traitement ordinaire de Pasteur-Roux. En 1908, Fermi proposa un vaccin contre la rage avec virus traité au phénol. Progressivement, dans le monde entier, le vaccin phéniqué de Fermi supplanta les moelles de lapin de Pasteur et Roux. En France, où on en était resté aux moelles de lapin, P. Lépine et V. Sautter firent en 1937 des comparaisons rigoureuses : une version du vaccin phéniqué protégeait les lapins dans la proportion de 77,7 %, alors que les lapins vaccinés par la méthode des moelles desséchées n'étaient protégés que dans la proportion de 35 %[248]. Dans un ouvrage de 1973, André Gamet signale que la préparation de vaccin contre la rage par la méthode des moelles desséchées n'est plus utilisée. Parmi les méthodes qui le sont encore, il cite le traitement du virus par le phénol[249].
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Même si ce sont les travaux de Pasteur sur la vaccination antirabique, et donc les derniers de sa carrière, qui ont fini[250] par faire l'essentiel de sa gloire aux yeux du grand public, un immunologiste comme Patrice Debré estime que les œuvres les plus remarquables de Pasteur sont les premières[251].
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La création d'un Institut antirabique sera d'abord évoquée devant l'Académie des Sciences par Vulpian dès octobre 1885 après que Pasteur y eut exposé les résultats de son traitement préventif. Le 1er mars 1886, Pasteur mentionne brièvement[252] son projet devant l'Académie des Sciences : à l'issue de cette même séance une commission ad-hoc adopte ce projet et décide de lancer une souscription internationale afin de permettre le financement de ce qui est déjà nommé Institut Pasteur[253].Reconnu d'utilité publique par décret du 4 juin 1887, l'Institut Pasteur / Institut Antirabique de Paris sera officiellement inauguré le 14 novembre 1888 en présence du Président Sadi Carnot[254].
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En 1877, Pasteur veut tester l'hypothèse selon laquelle le bacille du charbon ne causerait l'état morbide que de façon indirecte, en produisant un « ferment diastasique soluble » qui serait l'agent pathogène immédiat. Il prélève le sang d'un animal qui vient de mourir du charbon, le filtre de façon à en ôter les bacilles et inocule le filtrat à un animal sain. L'animal récepteur ne développe pas la maladie et Pasteur estime que cette expérience « écarte complètement l'hypothèse du ferment soluble »[255]. Dans une publication ultérieure, toujours en 1877, Pasteur note toutefois que le sang filtré, s'il ne cause pas la maladie, rend les globules agglutinatifs, autant et même plus que dans la maladie, et envisage que ce soit l'effet d'une « diastase » formée par les bacilles[256]. En fait, les pasteuriens Roux et Yersin prouveront en 1888 (dans le cas de la diphtérie) que les microbes sécrètent bel et bien une substance (la toxine) qui est la cause directe et isolable de la maladie.
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Des épistémologues et historiens des sciences comme F. Dagognet et A. Pichot[257] pensent que le demi-échec de Pasteur à mettre l'existence et le rôle des toxines en évidence a la même cause que son attitude défensive face à la théorie des enzymes : son « vitalisme » (Dagognet dit « végétalisme »), qui tend à séparer rigoureusement les domaines du vivant et du non-vivant. Il faut dire, à la décharge de Pasteur, que l'existence d'une toxine du charbon ne sera démontrée qu'en 1955[258]. En 1880, d'ailleurs, Pasteur accepte d'envisager, à titre d'hypothèse, le rôle d'une substance toxique[259].
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En 1880, le vétérinaire Henry Toussaint estime, à tort ou à raison, avoir immunisé des moutons contre le charbon par deux méthodes : en inoculant du sang charbonneux dont les microbes ont été éloignés par filtration, et en inoculant du sang charbonneux où les microbes ont été laissés, mais tués par chauffage. Pasteur, qui voit ainsi Toussaint, « à son insu, peut-être, car il n'y fait aucune allusion », battre en brèche les opinions publiées antérieurement par Pasteur, rejette l'idée d'un vaccin qui ne contiendrait pas d'agents infectieux vivants[260]. Ici encore, André Pichot[261] voit un effet de la tendance de Pasteur à cloisonner rigoureusement les domaines du vivant et de l'inanimé. Pasteur, toutefois, finira par admettre la possibilité des « vaccins chimiques »[262].
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Pour expliquer l'immunisation, Pasteur adopta tour à tour deux idées différentes. La première de ces idées, qu'on trouve déjà chez Tyndall et chez Auzias-Turenne[263], explique l'immunisation par l'épuisement, chez le sujet, d'une substance nécessaire au microbe[264]. La seconde idée[265] est que la vie du microbe ajoute une matière qui nuit à son développement ultérieur[266]. Aucune de ces deux idées n'a été ratifiée par la postérité[267], encore que la seconde puisse être considérée comme une esquisse de la théorie des anticorps[268].
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En 1950, René Dubos faisait gloire à Pasteur « d'audacieuses divinations »[269]. En 1967, François Dagognet[270] cite ce jugement de Dubos, mais pour en prendre le contre-pied : il rappelle que Pasteur a seulement ajouté à la chimie des isomères que Berzelius et Mitscherlich avaient fondée, qu'il avait été précédé par Cagniard-Latour dans l'étude microscopique des fermentations, par Davaine dans la théorie microbienne des maladies contagieuses et, bien sûr, par Jenner dans la vaccination. Il ajoute que la science de Pasteur « consiste moins à découvrir qu'à enchaîner ».
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Dans le même ordre d'idées que Dagognet, André Pichot définit comme suit le caractère essentiel de l'œuvre de Pasteur : « C'est là le mot-clé de ses travaux : ceux-ci ont toujours consisté à mettre de l'ordre, à quelque niveau que ce soit. Ils comportent assez peu d'éléments originaux[271] ; mais, le plus souvent, ils partent d'une situation très confuse, et le génie de Pasteur a toujours été de trouver, dans cette confusion initiale, un fil conducteur qu'il a suivi avec constance, patience et application »[272].
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Patrice Debré dit de même : « Pasteur donne parfois même l'impression de se contenter de vérifier des résultats décrits par d'autres, puis de se les approprier. Cependant, c'est précisément quand il reprend des démonstrations laissées, pour ainsi dire, en jachère, qu'il se montre le plus novateur : le propre de son génie, c'est son esprit de synthèse »[273].
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Pasteur n'était en rien un chercheur isolé dans sa tour d'ivoire. Ses travaux étaient orientés vers les applications médicales, hygiéniques, agricoles et industrielles. Il a toujours collaboré étroitement avec les professions concernées (même si, parmi les médecins, ses partisans étaient en minorité[274]) et il a su obtenir le soutien des pouvoirs publics à la recherche scientifique.
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À Lille, Pasteur dépose un brevet sur la fermentation alcoolique le 3 février 1857[276]. À Paris, il dépose un brevet sur la fabrication de l'acide acétique le 9 juillet 1861. Le 11 avril 1865, Pasteur obtient en France un brevet sur la conservation des vins par chauffage modéré à l’abri de l’air (méthode qui portera le nom de pasteurisation)[277]. Le 28 juin 1871 il obtient un brevet en France sur la fabrication de la bière[278]. Ce brevet est à l'origine de la création de la «Société des bières inaltérables - procédé Pasteur» que Pasteur crée le 4 mars 1873[279]. Cette société, au capital de 250000 francs, procède au rachat du brevet sur la bière pour un montant de 150 000 francs. La même année, l'Office américain des brevets accorde en 1873 à Pasteur un brevet[280] « sur une levure exempte de germes organiques de maladie, en tant que produit de fabrication ».
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Par la loi du 3 août 1875, l'Assemblée Nationale accorde une pension à Louis Pasteur en récompense des services rendus.
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Louis Pasteur, par ailleurs, a eu quelques velléités de s'engager activement en politique.
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Dans sa théorie solidariste, qui passe pour l’idéologie officielle de la Troisième République, Léon Bourgeois considère Louis Pasteur comme un père fondateur de la République pour avoir identifié un lien biologique entre les humains : selon le résumé du philosophe Pierre Charbonnier, « chacun étant potentiellement pour l’autre une source d’infection, la maladie est une responsabilité collective, le socle le plus tangible de la solidarité qui existe de fait entre nous », ce qui entraîne « la nécessité d’institutions protectrices qui traduisent la solidarité microbienne en mesures d’éducation et de prévoyance »[281].
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Dans les dernières années du XIXe siècle et les premières du XXe siècle, l'apologétique catholique attribuait volontiers à Pasteur la phrase « Quand on a bien étudié, on revient à la foi du paysan breton. Si j'avais étudié plus encore j'aurais la foi de la paysanne bretonne »[282].
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En 1939 (l'entre-deux-guerres a été la grande époque de l'Union rationaliste), Louis Pasteur Vallery-Radot, petit-fils de Louis Pasteur, fait cette déclaration : « Mon père a toujours eu soin, et ma mère également d'ailleurs, de dire que Pasteur n'était pas pratiquant. Si vous ouvrez la Vie de Pasteur, vous verrez que mon père parle du spiritualisme et non du catholicisme de Pasteur. Je me souviens parfaitement de l'irritation de mon père et de ma mère, quand quelque prêtre, en chaire, se permettait de lui attribuer cette phrase qu'il n'a jamais dite : « J'ai la foi du charbonnier breton. » (...) Toute la littérature qui a été écrite sur le prétendu catholicisme de Pasteur est absolument fausse »[283].
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En 1994-1995, Maurice Vallery-Radot, arrière-petit-neveu de Pasteur [284], ne se contente pas du spiritualisme, du théisme de Pasteur. Il tient que Pasteur resta, au fond, catholique, même s'il n'allait pas régulièrement à la messe[285].
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Dans son livre Pasteur paru en 1896 (éd. Gauthier-Vilars), Charles Chappuis, son ami d'enfance, témoigne que Louis Pasteur se rendait à Notre-Dame de Paris pour écouter les sermons de carême.
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Après le décès de sa petite fille Jeanne, en 1859, il écrit à un proche qu’elle « vient d’aller au Ciel pour prier pour nous ».
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En 1882 il est admis sous la coupole de l’Académie française.
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Pasteur parla : « Au-delà de cette voûte étoilée, qu’y a-t-il ? De nouveaux cieux étoilés. Soit ! Et au-delà ?...
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Quand cette notion [de l’infini] s’empare de l’entendement, il n’y a qu’à se prosterner. On se sent prêt à être saisi par la sublime folie de Pascal ».
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Un témoin, Ernest Legouvé, membre de l’Institut, déclarera dans son discours pour les funérailles de Pasteur à Notre-Dame de Paris : « Ces paroles firent courir dans toute l’assemblée un frisson d’enthousiasme et de foi ».
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En 2004, Pasteur sert de caution morale à une cause d'une nature différente : son précédent est évoqué à l'Assemblée nationale en faveur de l'euthanasie compassionnelle[286]. La commission rapporte, en se référant à Léon Daudet, que quelques-uns des dix-neuf Russes soignés de la rage par Pasteur développèrent la maladie et que, pour leur épargner les souffrances atroces qui s'étaient déclarées et qui auraient de toute façon été suivies d'une mort certaine, on pratiqua sur eux l'euthanasie avec le consentement de Pasteur[287].
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Pourtant, il y eut une époque où un Pasteur praticien de l'euthanasie n'était pas une chose qu'on exhibait volontiers : Axel Munthe ayant lui aussi raconté l'euthanasie de quelques-uns des mordus russes dans la version originale en anglais de son Livre de San Michele (The Story of San Michele)[288], la traduction française publiée en 1934 par Albin Michel, bien que donnée comme « texte intégral », fut amputée du passage correspondant[289].
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Du vivant même de Pasteur, des rues adoptèrent son nom : il existe à ce jour 2 020 artères (rues, boulevards…) « Pasteur » en France. C'est un des noms propres les plus attribués comme nom de rue[290]. Lors des grands mouvements de décolonisation, qui entraînèrent des changements de nom de rues, les voies nommées en hommage à Pasteur gardèrent souvent leur nom. C'est le cas encore aujourd'hui, par exemple, d'un boulevard du quartier résidentiel de Bellevue à Constantine, en Algérie[réf. souhaitée][291].
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C'est également le cas au Viet Nam dans au moins deux villes importantes: à Ho Chi Minh Ville, dans le 3e arrondissement (vietnamien: Quận 3)[292], où par ailleurs l'Institut Pasteur d'Hô-Chi-Minh-Ville, construit en 1891, est toujours en activité et n'a pas été renommé suite à l'indépendance; à Danang, troisième ville du pays, où l'ancienne rue Pasteur, située dans l'arrondissement Hải Châu (vietnamien: Quận Hải Châu) n'a pas été rebaptisée[293].
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En 2015, Pasteur est le onzième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 361 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Saint-Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Sainte Marie (377), Victor Hugo (365), mais devant Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Jean de la Fontaine (335)[294].
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La Poste française émet en 1923 une série de timbres-poste d'usage courant à l'effigie de Louis Pasteur. Vingt-cinq timbres à ce type, dont des surchargés ou préoblitérés sont émis jusqu'en 1932.
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Pasteur sera célébré aussi par des timbres de grand format en 1936, 1938, 1973 et 1995
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Le paquebot Pasteur, lancé en 1938, a fait l'objet d'un timbre de 70c non émis (en 1939), surchargé 1F + 1F en 1941.
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L’œuvre complète de Pasteur est téléchargeable sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica (cliquer sur le lien puis en haut et à droite à la rubrique « Télécharger »)
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Pasteur est l’abréviation botanique standard de Louis Pasteur.
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Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI
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1. Émile Augier
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2. Alexandre Dumas fils
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3. Victor Cherbuliez
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+
4. Franz de Champagny
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+
5. Edmond Rousse
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+
6. Louis de Viel-Castel
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+
7. Émile Ollivier
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+
8. Jules Simon
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337 |
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9. Victorien Sardou
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338 |
+
10. Victor de Laprade
|
339 |
+
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340 |
+
11. Jules Sandeau
|
341 |
+
12. Charles Blanc
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342 |
+
13. Octave Feuillet
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343 |
+
14. Victor Hugo
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344 |
+
15. Eugène Labiche
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+
16. G. d’Audiffret-Pasquier
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17. Louis Pasteur
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18. Albert de Broglie
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19. Paul de Noailles
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20. F. A. Mignet
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21. Henri d’Aumale
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22. Joseph d’Haussonville
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23. Alfred Mézières
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354 |
+
24. Sully Prudhomme
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355 |
+
25. Hippolyte Taine
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356 |
+
26. Gaston Boissier
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357 |
+
27. Elme-Marie Caro
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358 |
+
28. John Lemoinne
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359 |
+
29. Ernest Renan
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360 |
+
30. Ernest Legouvé
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361 |
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362 |
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31. Xavier Marmier
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363 |
+
32. Camille Doucet
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364 |
+
33. Maxime Du Camp
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365 |
+
34. Alfred de Falloux
|
366 |
+
35. A. A. Cuvillier-Fleury
|
367 |
+
36. Auguste Barbier
|
368 |
+
37. Camille Rousset
|
369 |
+
38. Henri Martin
|
370 |
+
39. Désiré Nisard
|
371 |
+
40. Jean-Baptiste Dumas
|
372 |
+
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373 |
+
1. Charles de Freycinet
|
374 |
+
2. Alexandre Dumas fils
|
375 |
+
3. Victor Cherbuliez
|
376 |
+
4. José-Maria de Heredia
|
377 |
+
5. Edmond Rousse
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378 |
+
6. Ernest Lavisse
|
379 |
+
7. Émile Ollivier
|
380 |
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8. Jules Simon
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9. Victorien Sardou
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382 |
+
10. François Coppée
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384 |
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11. Léon Say
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12. Édouard Pailleron
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13. Pierre Loti
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14. Henry Houssaye
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15. Henri Meilhac
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16. G. d’Audiffret-Pasquier
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17. Louis Pasteur
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391 |
+
18. Albert de Broglie
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19. Édouard Hervé
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20. Jules Lemaître
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21. Henri d’Aumale
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22. Ludovic Halévy
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23. Alfred Mézières
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24. Sully Prudhomme
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25. Albert Sorel
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26. Gaston Boissier
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Louis Pasteur, né à Dole (Jura) le 27 décembre 1822 et mort à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine, à cette époque en Seine-et-Oise) le 28 septembre 1895, est un scientifique français, chimiste et physicien de formation. Pionnier de la microbiologie, il connut, de son vivant même, une grande notoriété pour avoir mis au point un vaccin contre la rage.
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Louis Pasteur est né à deux heures du matin le 27 décembre 1822 dans la maison familiale de Dole, troisième enfant de Jean-Joseph Pasteur et de Jeanne-Étiennette Roqui[2],[3]. Il est baptisé dans la Collégiale Notre-Dame de Dole le 15 janvier 1823. Son père, après avoir été sergent dans l’armée napoléonienne, reprit la profession familiale de tanneur. En 1827, la famille quitte Dole pour Marnoz, lieu de la maison familiale des Roqui[3], pour finalement s'installer dans une nouvelle maison en 1830 à Arbois, localité plus propice à l'activité de tannage. Le jeune Pasteur suit à Arbois les cours d'enseignement mutuel puis entre au collège de la ville. C'est à cette époque qu'il se fait connaître pour ses talents de peintre ; il a d'ailleurs fait de nombreux portraits de membres de sa famille et des habitants de la petite ville.
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Il part au lycée royal de Besançon[3]. Puis, en octobre 1838, il le quitte pour l'Institution Barbet, à Paris, afin de se préparer au baccalauréat puis aux concours. Cependant, déprimé par cette nouvelle vie, il renonce à son projet, quitte Paris et termine son année scolaire 1838-1839 au collège d'Arbois. À la rentrée 1839, il réintègre le collège royal de Franche-Comté, à Besançon. En 1840, il obtient le baccalauréat en lettres puis, en 1842, après un échec, le baccalauréat en sciences mathématiques. Pasteur retourne à Paris en novembre. Logé à la pension Barbet, où il fait aussi office de répétiteur, il suit les cours du lycée Saint-Louis et assiste avec enthousiasme à ceux donnés à la Sorbonne par le chimiste Jean-Baptiste Dumas ; il a pu également prendre quelques leçons avec Claude Pouillet[4]. En 1843, il est finalement admis — quatrième — à l'École normale[3]. Plus tard il sera élève de Jean-Baptiste Boussingault au Conservatoire national des arts et métiers[5].
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Il se marie le 29 mai 1849 avec Marie Laurent, fille du recteur de la faculté de Strasbourg[6]. Ensemble ils ont cinq enfants : Jeanne (1850-1859), Jean Baptiste (1851-1908) sans descendance, Cécile Marie Louise Marguerite – dite Cécile – (1853-1866), Marie-Louise (1858-1934) mariée en 1879 avec René Vallery-Radot, et Camille (1863-1865). De l'union de Marie-Louise et de René Vallery-Radot sont issus Camille Vallery-Radot (1880-1927), sans descendance, et Louis Pasteur Vallery-Radot (1886-1970), membre de l'Académie française et de l'Académie de Médecine, également sans enfant et dernier descendant de Pasteur.
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Son épouse Marie, dont Émile Roux dit qu'« elle a été le meilleur collaborateur de Louis Pasteur », écrit sous sa dictée, réalise les revues de presse et veille à son image puis à sa mémoire jusqu'à sa mort, en 1910[7].
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À l'École normale, Pasteur étudie la chimie et la physique, ainsi que la cristallographie. Il devient agrégé-préparateur de chimie, dans le laboratoire d'Antoine-Jérôme Balard, et soutient en 1847 à la faculté des sciences de Paris ses thèses pour le doctorat en sciences[8],[3]. Ses travaux sur la chiralité moléculaire lui vaudront la médaille Rumford en 1856.
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Il est professeur à Dijon puis à Strasbourg de 1848 à 1853. Le 19 janvier 1849, il est nommé professeur suppléant à la faculté des sciences de Strasbourg ; il occupe également la suppléance de la chaire de chimie à l’école de pharmacie de cette même ville, du 4 juin 1849 au 17 janvier 1851[9].
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En 1853 il est fait chevalier de la Légion d'honneur.
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En février 1854, pour avoir le temps de mener à bien des travaux qui puissent lui valoir le titre de correspondant de l'Institut, il se fait octroyer un congé rémunéré de trois mois à l'aide d'un certificat médical de complaisance[10]. Il fait prolonger le congé jusqu'au 1er août, date du début des examens. « Je dis au Ministre que j'irai faire les examens, afin de ne pas augmenter les embarras du service. C'est aussi pour ne pas laisser à un autre une somme de 6 ou 700 francs »[11].
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Il est ensuite en 1854 nommé professeur de chimie et doyen de la faculté des sciences de Lille nouvellement créée[3]. C'est à cette occasion qu'il prononce la phrase souvent citée : « Dans les champs de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés[12]. » Pasteur, qui s'intéressait à la fermentation depuis 1849 (voir plus loin), est stimulé dans ces travaux par les demandes des brasseurs lillois concernant la conservation de la bière[13].
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Après Frédéric Kuhlmann et Charles Delezenne, Pasteur est ainsi un des premiers en France à établir des relations fructueuses entre l'enseignement supérieur et l'industrie chimique.
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Les travaux qu'il réalise à Lille entre 1854 et 1857, notamment ceux effectués à la demande de l'industriel Louis Bigo dans sa distillerie de betteraves à sucre d'Esquermes, conduisent à la présentation de son Mémoire sur la fermentation appelée lactique[14] dans le cadre de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille le 8 août 1857.
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En 1857, il est nommé administrateur chargé de la direction des études à l'École normale supérieure[3].
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Le laboratoire de Pasteur à l'ENS, rue d'Ulm à Paris.
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Plaque posée rue d'Ulm.
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De 1861 à 1862, Pasteur publie ses travaux réfutant la théorie de la génération spontanée[3]. L'Académie des sciences lui décerne le prix Jecker pour ses recherches sur les fermentations. En 1862, il est élu à l'Académie des sciences, dans la section de minéralogie, en remplacement de Henri Hureau de Senarmont[15].
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En 1863, il commence l'étude des altérations du vin, et entre autres, le processus de formation du vinaigre, il publie un ouvrage sur le sujet en 1866[16].
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En octobre 1865, le baron Haussmann, instituant une commission chargée d'étudier l'étiologie du choléra et les moyens d'y remédier, y nomme Pasteur, avec Dumas (président), Claude Bernard (malade, il n'y prendra part que de loin), Sainte-Claire Deville et Pelouze[17]. Les savants, qui cherchent le principe de la contagion dans l'air (alors que Snow, dans un travail publié en 1855, avait montré qu'il était dans l'eau), ne trouvent pas[18] le microbe, que Pacini avait pourtant fait connaître en 1854.
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À l'École normale supérieure, où règne l'esprit républicain, Pasteur, proche de Napoléon III, est contesté tant par ses collègues que par les élèves[19], ce qui le pousse à démissionner, en 1867, de ses fonctions d'administrateur. Il reçoit une chaire en Sorbonne et on crée, à l'École normale même, un laboratoire de chimie physiologique dont la direction lui est confiée.
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Ses études sur les maladies des vers à soie, menées de 1865 à 1869 à la demande de Napoléon III, triomphent de la pébrine mais non de la flacherie et ne permettent pas vraiment d'endiguer le déclin de la sériciculture. Pendant ces études, il demeure à Pont-Gisquet près d'Alès[3]. Durant cette période, une attaque cérébrale le rend hémiplégique. Il se remet, mais gardera toujours des séquelles : perte de l'usage de la main gauche et difficulté à se déplacer[20]. En 1868 il devient commandeur de la Légion d'honneur. Cette même année l'université de Bonn le fait docteur honoris causa en médecine[21].
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La défaite de 1870 et la chute de Napoléon III sont un coup terrible pour Pasteur, grand patriote et très attaché à la famille impériale. Au lendemain de la proclamation de la IIIe République, il n'hésite pas à prophétiser que « l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la postérité[22]. » Par ailleurs, il est malade. L'Assemblée nationale lui vote une récompense pour le remercier de ses travaux dont les conséquences économiques sont considérables. Le 25 mars 1873, il est élu « membre associé libre » de l'Académie de médecine[23],[24]. En 1874, ses recherches sur la fermentation lui valent la médaille Copley, décernée par la Royal Society, de Londres[25].
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En 1876, Pasteur se présente aux élections sénatoriales, mais c'est un échec[26]. Ses amis croient qu'il va enfin s'arrêter et jouir de sa retraite, mais il reprend ses recherches. Il gagne Clermont-Ferrand où il étudie les maladies de la bière[27] avec son ancien préparateur Émile Duclaux, et conclut ses études sur la fermentation par la publication d'un livre : Les Études sur la bière (1876)[28].
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En 1878, il devient grand-officier de la légion d'honneur. Le 11 décembre 1879, Louis Pasteur est élu à l'unanimité à l'Académie vétérinaire de France. En 1881, l'équipe de Pasteur met au point un vaccin contre le charbon des moutons, à la suite des études commencées en 1877[3].
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En 1882, il est reçu à l'Académie française. Dans son discours de réception[29], il accepte pour la science expérimentale l'épithète « positiviste », en ce sens qu'elle a pour domaine les causes secondes et s'abstient donc de spéculer sur les causes premières et sur l'essence des choses, mais il reproche à Auguste Comte et à Littré d'avoir voulu imposer cette abstention à toute la pensée humaine. Il plaide pour le spiritualisme et célèbre « les deux saintetés de l'Homme-Dieu », qu'il voit réunies dans le couple que l'agnostique Littré formait avec sa femme chrétienne. C'est dans ce discours que Pasteur prononce la phrase souvent citée : « Les Grecs […] nous ont légué un des plus beaux mots de notre langue, le mot enthousiasme […] — un dieu intérieur ».
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Il reçoit, le 29 décembre 1883, le mérite agricole pour ses travaux sur les vins et la fermentation. Il se rend régulièrement aux réunions du Cercle Saint-Simon[30].
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En 1885, Pasteur refusa de poser sa candidature aux ��lections législatives, alors que les paysans de la Beauce, dont il avait sauvé les troupeaux grâce au vaccin contre le charbon, l'auraient sans doute porté à la Chambre des Députés.
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La découverte du vaccin antirabique (1885) vaudra à Pasteur sa consécration dans le monde : il recevra de nombreuses distinctions. L'Académie des sciences propose la création d'un établissement destiné à traiter la rage : l'Institut Pasteur naît en 1888. En 1892, la Troisième République lui organise un jubilé triomphal pour son 70e anniversaire[31]. À cette occasion, une médaille gravée par Oscar Roty lui est offerte par souscription nationale[32].
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Il meurt le 28 septembre 1895 à Villeneuve-l'Étang, dans l'annexe (dite « de Garches »[33]) de l'Institut Pasteur[34]. Après des obsèques nationales, le 5 octobre, son corps, préalablement embaumé, est déposé dans l’un des caveaux de Notre-Dame, puis transféré le 27 décembre 1896, à la demande de sa famille, dans une crypte de l'Institut Pasteur[35].
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Dans les travaux que Pasteur a réalisés au début de sa carrière scientifique en tant que chimiste, il résolut en 1848[36] un problème qui allait par la suite se révéler d'importance capitale dans le développement de la chimie contemporaine : la séparation des deux formes de l'acide tartrique. Le seul acide tartrique que l'on connaissait à l'époque était un sous-produit classique de la vinification, utilisé dans la teinturerie. Parfois, au lieu de l'acide tartrique attendu, on obtenait un autre acide, qu'on appela acide racémique puis acide paratartrique[37]. Une solution de l'acide tartrique, comme de chacun de ses sels (tartrates), tournait le plan de la lumière polarisée la traversant, alors qu'une solution de l'acide paratartrique, comme de chacun de ses sels (paratartrates), ne causait pas cet effet, bien que les deux composés aient la même formule brute. En 1844, Mitscherlich[38] avait affirmé que, parmi les couples tartrate / paratartrate, il y en avait un, à savoir le couple « tartrate double de soude et d'ammoniaque » / « paratartrate double de soude et d'ammoniaque », où le tartrate et le paratartrate n'étaient discernables que par la propriété rotatoire, présente dans le tartrate et absente dans le paratartrate (« tartrate double[39] de soude et d'ammoniaque » était la façon dont on désignait à l'époque le tartrate — base conjuguée de l'acide tartrique — de sodium et d'ammonium). En particulier, ce tartrate et ce paratartrate avaient, selon Mitscherlich, la même forme cristalline. Pasteur eut peine à croire « que deux substances fussent aussi semblables sans être tout à fait identiques »[40]. Il refit les observations de Mitscherlich et s'avisa d'un détail que Mitscherlich n'avait pas remarqué : dans le tartrate en question, les cristaux présentent une dissymétrie (« hémiédrie »), toujours orientée de la même façon ; en revanche, dans le paratartrate correspondant, il coexiste deux formes de cristaux, images spéculaires non superposables l'une de l'autre, et dont l'une est identique à celle du tartrate. Il sépara manuellement les deux sortes de cristaux du paratartrate, en fit deux solutions et observa un effet de rotation du plan de polarisation de la lumière, dans un sens opposé pour les deux échantillons. La déviation du plan de polarisation par les solutions étant considérée, depuis les travaux de Biot, comme liée à la structure de la molécule[41], Pasteur conjectura[42] que la dissymétrie de la forme cristalline correspondait à une dissymétrie interne de la molécule, et que la molécule en question pouvait exister en deux formes dissymétriques inverses l'une de l'autre[43]. C'était la première apparition de la notion de chiralité des molécules[44]. Depuis les travaux de Pasteur, l'acide racémique ou paratartrique est considéré comme composé d'un acide tartrique droit (l'acide tartrique connu antérieurement) et d'un acide tartrique gauche[45].
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Les travaux de Pasteur dans ce domaine ont abouti, quelques années plus tard à la naissance du domaine de la stéréochimie avec la publication de l'ouvrage la Chimie dans l'Espace par van 't Hoff qui, en introduisant la notion d'asymétrie de l'atome de carbone a grandement contribué à l'essor de la chimie organique moderne[46].
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Pasteur avait correctement démontré (par l'examen des cristaux puis par l'épreuve polarimétrique) que l'acide paratartrique est composé de deux formes distinctes d'acide tartrique. En revanche, la relation générale qu'il crut pouvoir en déduire entre la forme cristalline et la constitution de la molécule[47] était inexacte, le cas spectaculaire de l'acide paratartrique étant loin d'être l'illustration d'une loi générale, comme Pasteur s'en apercevra lui-même[48]. François Dagognet dit à ce sujet : « la stéréochimie n'a rien conservé des vues de Pasteur, même s'il demeure vrai que les molécules biologiques sont conformées hélicoïdalement »[49].
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Gerald L. Geison, dans un livre de 1995, et d'autres auteurs après lui ont noté chez Pasteur une tendance à atténuer sa dette envers Auguste Laurent pour ce qui est de la connaissance des tartrates[50]. Geison a formulé d'autres critiques contre les travaux de Pasteur sur la chiralité des molécules, mais dans un travail publié en 2019, Joseph Gal, de l'université du Colorado à Denver, conclut que, pour l'essentiel, ces critiques sont entièrement dépourvues de valeur scientifique[51].
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En 1849, Biot signale à Pasteur que l'alcool amylique dévie le plan de polarisation de la lumière[52] et possède donc la propriété de dissymétrie moléculaire. Pasteur estime peu vraisemblable que l'alcool amylique hérite cette propriété du sucre dont il est issu (par fermentation), car, d'une part, la constitution moléculaire des sucres lui paraît très différente de celle de l'alcool amylique et, de plus, il a toujours vu les dérivés perdre la propriété rotatoire des corps de départ. Il conjecture donc que la dissymétrie moléculaire de l'alcool amylique est due à l'action du ferment. S'étant persuadé (sous l'influence de Biot[53]) que la dissymétrie moléculaire est étroitement liée à la vie, il voit là la confirmation de certaines « idées préconçues » qu'il s'est faites sur la cause de la fermentation et qui le rangent parmi les tenants du ferment vivant[54].
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En 1787, en effet, Adamo Fabbroni, dans son Ragionamento sull'arte di far vino (Florence), avait le premier soutenu que la fermentation du vin est produite par une substance vivante présente dans le moût[55]. Cagniard de Latour et Theodor Schwann avaient apporté des faits supplémentaires à l'appui de la nature vivante de la levure[56]. Dans le même ordre d'idées, Jean-Baptiste Dumas, en 1843 (époque où le jeune Pasteur allait écouter ses leçons à la Sorbonne[57]), décrivait le ferment comme un être organisé et comparait son activité à l'activité de nutrition des animaux[58].
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Berzelius, lui, avait eu une conception purement catalytique de la fermentation, qui excluait le rôle d'organismes vivants. Liebig, de façon plus nuancée, avait des idées analogues : il voulait bien envisager que la levure fût un être vivant[59], mais il affirmait que si elle provoquait la fermentation, ce n'était pas par ses activités vitales mais parce qu'en se décomposant, elle était à l'origine de la propagation d'un état de mouvement (vibratoire). Berzelius et Liebig avaient tous deux combattu les travaux de Cagniard de Latour et de Schwann[60].
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Pasteur « dispose d'une première orientation donnée par Cagniard de Latour ; il la développe et montre que c'est en tant qu'être vivant que la levure agit, et non en tant que matière organique en décomposition »[61]. Ces travaux bénéficient de la mise au point des premiers objectifs achromatiques dépourvus d'irisation parasite[62]. De 1857[63] à 1867, il publie des études sur les fermentations. Inaugurant la méthode des cultures pures[64], il établit que certaines fermentations (lactique, butyrique[65]) où on n'avait pas aperçu de substance jouant un rôle analogue à celui de la levure[66] (ce qui avait servi d'argument à Liebig[67]) sont bel et bien l'œuvre d'organismes vivants[68].
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Il établit[69] la capacité qu'ont certains organismes de vivre en l'absence d'oxygène libre (c'est-à-dire en l'absence d'air). Il appelle ces organismes anaérobies[70].
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Ainsi, dans le cas de la fermentation alcoolique, la levure tenue à l'abri de l'air vit en provoquant aux dépens du sucre une réaction chimique qui libère les substances dont elle a besoin et provoque en même temps l'apparition d'alcool. En revanche, si la levure se trouve en présence d'oxygène libre, elle se développe davantage et la fermentation productrice d'alcool est faible. Les rendements en levure et en alcool sont donc antagonistes. L'inhibition de la fermentation par la présence d'oxygène libre est ce qu'on appellera « l'effet Pasteur »[71].
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Même si Liebig resta sur ses positions, les travaux de Pasteur furent généralement accueillis comme prouvant définitivement le rôle des organismes vivants dans la fermentation. Toutefois, certains faits (comme le rôle joué dans l'hydrolyse de l'amidon par la diastase, ou alpha-amylase, découverte en 1833 par Payen et Persoz[72]) allaient dans le sens de la conception catalytique de Berzelius. C'est pourquoi Moritz Traube en 1858[73] et Marcellin Berthelot en 1860[74] proposèrent une synthèse des deux théories, physiologique et catalytique : la fermentation n'est pas produite directement par les êtres vivants qui en sont responsables couramment (levures etc.) mais par des substances non vivantes, des « ferments solubles » (on disait parfois « diastases » et on dira plus tard « enzymes »), substances elles-mêmes sécrétées ou excrétées par les êtres vivants en question. En 1878, Berthelot publia un travail posthume de Claude Bernard qui, contredisant Pasteur, mettait l'accent sur le rôle des « ferments solubles » dans la fermentation alcoolique[75]. Il en résulta entre Pasteur et Berthelot une des controverses célèbres de l'histoire des sciences[76].
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Pasteur ne rejetait pas absolument le rôle des « ferments solubles ». Dans le cas particulier de la fermentation ammoniacale de l'urine, il considérait comme établi, à la suite d'une publication de Musculus[77], que la cause proche de la fermentation était un « ferment soluble » (dans ce cas, l'enzyme qu'on appellera « uréase ») produit par le ferment microbien qu'il avait découvert lui-même[78]. Il admettait aussi le phénomène, signalé par Lechartier et Bellamy[79], de l'alcoolisation des fruits sans intervention du ferment microbien alcoolique. Plus d'une fois, il déclara qu'il ne repoussait pas (mais n'adoptait pas non plus) l'hypothèse d'un ferment soluble dans la fermentation alcoolique[80]. Toutefois, il écrivit en 1879 (à propos du ferment soluble alcoolique) : « La question du ferment soluble est tranchée : il n'existe pas; Bernard s'est fait illusion »[81]. On s'accorde donc à penser que Pasteur fut incapable de comprendre l'importance des « ferments solubles » (consacrée depuis par les travaux d’Eduard Buchner) et souligna le rôle des micro-organismes dans les « fermentations proprement dites » avec une insistance excessive[82], qui n'allait pas dans le sens du progrès de l'enzymologie[83]. On met cette répugnance de Pasteur à relativiser le rôle des organismes vivants sur le compte de son vitalisme[84], qui l'empêcha aussi de comprendre le rôle des toxines et d'admettre en 1881, lors de sa rivalité avec le vétérinaire Henry Toussaint dans la course au vaccin contre le charbon, qu'un vaccin « tué » pût être efficace[85].
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Les travaux de Pasteur sur la fermentation ont fait l'objet d'un débat dans les années 1970 et 1980, la question étant de savoir si, en parlant de « fermentations proprement dites », Pasteur avait commis une tautologie qui lui permettait de prouver à peu de frais la cause biologique des fermentations[86].
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À partir de 1859, Pasteur mène une lutte contre les partisans de la « génération spontanée », en particulier contre Félix Archimède Pouchet et un jeune journaliste, Georges Clemenceau[87] ; ce dernier, médecin, met en cause les compétences de Pasteur, qui ne l'est pas, et attribue son refus de la génération spontanée à un parti pris idéologique (Pasteur est chrétien). Il fallut à Pasteur six années de recherche pour démontrer la fausseté sur le court terme de la théorie selon laquelle la vie pourrait apparaître à partir de rien, et les microbes être générés spontanément[88].
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Depuis le XVIIIe siècle, partisans et adversaires de la génération spontanée (aussi appelée hétérogénie) cherchent à réaliser des expériences décisives à l'appui de leur opinion.
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Les partisans de cette théorie (appelés spontéparistes ou hétérogénistes) soutiennent que, quand le contact avec l'air fait apparaître sur certaines substances des êtres vivants microscopiques, cette vie tient son origine non pas d'une vie préexistante mais d'un pouvoir génésique de l'air.
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Pour les adversaires de la génération spontanée, l'air amène la vie sur ces substances non par une propriété génésique mais parce qu'il véhicule des germes d'êtres vivants.
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En 1791 déjà, Pierre Bulliard avance, à la suite d'expériences rigoureuses, que la putréfaction ne donne pas naissance à des êtres organisés et que toute moisissure ne peut survenir que de la « graine d'un individu de la même espèce »[89].
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En 1837, encore, Schwann a fait une expérience que les adversaires de la génération spontanée considèrent comme probante en faveur de leur thèse : il a montré que si l'air est chauffé (puis refroidi) avant de pouvoir exercer son influence, la vie n'apparaît pas[90].
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En 1847, M. Blondeau de Carolles faisant état d'une expérience reprenant celles conduites par Turpin conclut : « tout être organisé provient d'un germe qui, pour se développer, n'a besoin que de circonstances favorables, et que ce germe ne peut dévier de la mission qui lui est assignée, laquelle est de reproduire un être semblable à celui qui l'a formé »[89].
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Le 20 décembre 1858[91], l'Académie des Sciences prend connaissance de deux notes où Félix Pouchet, naturaliste et médecin rouennais, prétend apporter une preuve définitive de la génération spontanée.
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Le 3 janvier 1859[92], l'Académie des Sciences discute la note de Pouchet. Tous les académiciens qui participent à cette discussion : Milne Edwards, Payen, Quatrefages, Claude Bernard et Dumas, alléguant des expériences qu'ils ont faites eux-mêmes, s'expriment contre la génération spontanée, qui, d'ailleurs, est alors devenue une doctrine minoritaire.
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Même après les discussions de l'Académie, il reste cependant deux points faibles dans la position des adversaires de la génération spontanée :
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« Personne, raconte Pasteur, ne sut indiquer la véritable cause d'erreur de ses expériences [= de Pouchet], et bientôt l'Académie, comprenant tout ce qui restait encore à faire, propose pour sujet de prix la question suivante : Essayer, par des expériences bien faites, de jeter un jour nouveau sur la question des générations spontanées »[95].
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C'est Pasteur qui va obtenir le prix en 1862, pour ses travaux expérimentaux exposés dans son Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère. Examen de la doctrine des générations spontanées[96].
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Ses expériences sont, pour l'essentiel, des versions améliorées de celles de ses prédécesseurs[97]. Il comble de plus les deux desiderata signalés plus haut. Tout d'abord, il comprend que certains résultats antérieurs, apparemment favorables à la génération spontanée[98] étaient dus à ce qu'on utilisait la cuve à mercure pour empêcher la pénétration de l'air ambiant : le mercure, tout simplement, est lui-même très sale[99].
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Ensuite, il présente une expérience qu'on ne peut pas accuser de « tourmenter » l'air : il munit des flacons d'un col en S (col de cygne) et constate que, dans un nombre appréciable de cas[100], l'air qui a traversé les sinuosités, sans avoir été ni chauffé, ni filtré ni lavé, ne provoque pas l'apparition d'êtres vivants sur les substances qui se trouvent au fond du flacon, alors qu'il la provoque sur une goutte placée à l'entrée du circuit. La seule explication de l'inaltération[101] du fond est que des germes ont été arrêtés par les sinuosités et se sont déposés sur le verre. Cette expérience avait été suggérée à Pasteur par le chimiste Balard ; Chevreul en avait fait d'analogues dans ses cours[102].
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Enfin, Pasteur réfute un argument propre à Pouchet : celui-ci, arguant de la constance avec laquelle (dans ses expériences, du moins) la vie apparaissait sur les infusions, concluait que, si la théorie de ses adversaires était exacte, les germes seraient à ce point ubiquitaires que « l'air dans lequel nous vivons aurait presque la densité du fer »[103]. Pasteur fait des expériences en divers lieux, temps et altitudes et montre que (si on laisse pénétrer l'air ambiant sans le débarrasser de ses germes) la proportion des bocaux contaminés est d'autant plus faible que l'air est plus pur. Ainsi, sur la Mer de Glace, une seule des vingt préparations s'altère[104].
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Dans l'expérience des ballons à col de cygne, l'air était de l'air normal, ni chauffé, ni filtré ni lavé chimiquement, mais la matière fermentescible était chauffée, ce dont un spontépariste aurait pu tirer argument pour prétendre que le résultat de l'expérience (non-apparition de la vie) ne provenait pas de l'absence des germes, mais d'une modification des propriétés de la matière fermentescible. En 1863, Pasteur montre que si on met un liquide organique tout frais (sang ou urine) en présence d'air stérilisé, la vie n'apparaît pas, ce qui, conclut-il, « porte un dernier coup à la doctrine des générations spontanées »[105].
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Il y avait toutefois une lacune dans la démonstration de Pasteur : alors qu'il se posait en réfutateur de Pouchet, il n'utilisa jamais une infusion de foin comme le faisait Pouchet[106]. S'il l'avait fait, il se serait peut-être trouvé devant une difficulté inattendue[107]. En effet, de 1872 à 1876, quelques années après la controverse Pasteur-Pouchet, Ferdinand Cohn établira qu'un bacille du foin, Bacillus subtilis, peut former des endospores qui le rendent résistant à l'ébullition[108].
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À la lumière des travaux de Cohn, le pasteurien Émile Duclaux reconnaît que la réfutation de Pouchet par Pasteur devant la Commission académique des générations spontanées était erronée : « L'air est souvent un autre facteur important de la réviviscence des germes (...). [Le] foin contient d'ordinaire, comme Cohn l'a montré depuis, un bacille très ténu (...). C'est ce fameux bacillus subtilis (...). Ses spores, en particulier, peuvent supporter plusieurs heures d'ébullition sans périr, mais elles sont d'autant plus difficiles à rajeunir qu'elles ont été plus maltraitées. Si on ferme à la lampe le col du ballon qui les contient, au moment où le liquide qui les baigne est en pleine ébullition elles ne sont pas mortes, mais elles ne se développent pas dans le liquide refroidi et remis à l'étuve, parce que l'air fait défaut. Si on laisse rentrer cet air, l'infusion se peuple, et se peuplerait encore si on ne laissait rentrer que de l'air chauffé, car l'air n'agit pas, comme le croyait Pasteur au moment des débats devant la Commission académique des générations spontanées, en apportant des germes : c'est son oxygène qui entre seul en jeu. » (Émile Duclaux ajoute que Pasteur revint de son erreur[109]).
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L'air comme facteur de réviviscence de germes non pas morts, mais en état de non-développement, telle est donc l'explication que la science a fini par préférer à l'air convoyeur de germes pour rendre compte d'un phénomène que Pouchet, pour sa part, interprétait comme suit : « les Proto-organismes, qui naissent spontanément (...) ne sont pas extraits de la matière brute proprement dite, ainsi que l'ont prétendu quelques fauteurs [= partisans] de l'hétérogénie, mais bien des particules organiques, débris des anciennes générations d'animaux et de plantes, qui se trouvent combinées aux parties constituantes des minéraux. Selon cette doctrine, ce ne sont donc pas des molécules minérales qui s'organisent, mais bien des particules organiques qui sont appelées à une nouvelle vie »[110].
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On considère que c'est John Tyndall qui, en suivant les idées de Cohn, mettra la dernière main à la réfutation de la génération spontanée[111].
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Pasteur estimait d'ailleurs que la génération spontanée n'était pas réfutée de façon absolue, mais seulement dans les expériences par lesquelles on avait prétendu la démontrer. Dans un texte non publié de 1878, il déclarait ne pas juger la génération spontanée impossible[112].
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Nous avons vu qu'on peut reprocher à Pasteur comme un manque de rigueur le fait de ne pas avoir cherché à répéter vraiment les expériences de Pouchet. Il y a une autre circonstance où, dans ses travaux sur la génération spontanée, Pasteur peut sembler tendancieux, puisqu'il admet avoir passé sous silence des constatations qui n'allaient pas dans le sens de sa thèse. En effet, travaillant à l'aide de la cuve à mercure alors qu'il n'avait pas encore compris que le mercure apporte lui-même des germes, il avait obtenu des résultats apparemment favorables à la génération spontanée : « Je ne publiai pas ces expériences; les conséquences qu'il fallait en déduire étaient trop graves pour que je n'eusse pas la crainte de quelque cause d'erreur cachée, malgré le soin que j'avais mis à les rendre irréprochables. J'ai réussi, en effet, plus tard, à reconnaître cette cause d'erreur »[113].
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Se fondant sur ces deux entorses de Pasteur à la pure méthode scientifique, et aussi sur ce qu'ils considéraient comme l'évidente partialité de l'Académie des sciences en faveur de Pasteur, Farley et Geison, dans un article de 1974[114], ont soutenu qu'un facteur externe à la science intervenait dans la démarche de Pasteur et de l'Académie des sciences : le désir de faire échec aux idées matérialistes et subversives dont la génération spontanée passait pour être l'alliée. (Pasteur, qui était spiritualiste, voyait un lien entre matérialisme et adhésion à la génération spontanée, mais se défendait de s'être lui-même laissé influencer par cette sorte de considérations dans ses travaux scientifiques[115].) Dans son livre de 1995[116], Geison reprend une bonne part de l'article de 1974, mais reconnaît que cet article était trop « externaliste » au détriment de Pasteur et faisait la part trop belle à Pouchet.
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H. Collins et T. Pinch, en 1993, prennent eux aussi pour point de départ de leur réflexion les deux entorses de Pasteur à la pure méthode scientifique et la partialité de l'Académie des sciences, ils mentionnent eux aussi (brièvement) les enjeux religieux et politiques que certains croyaient voir dans la question, mais n'évoquent pas la possibilité que Pasteur lui-même ait cédé à de tels mobiles idéologiques. En fait, ils exonèrent Pasteur et blâment plutôt une conception aseptisée de la méthode scientifique : « Pasteur savait ce qui devait être considéré comme un résultat et ce qui devait l'être comme une 'erreur'. Pasteur était un grand savant, mais la manière dont il a agi ne s'approche guère de l'idéal de la méthode scientifique proposé de nos jours. On voit mal comment il aurait pu transformer à ce point notre conception de la nature des germes s'il avait dû adopter le modèle de comportement stérile qui passe aux yeux de beaucoup pour le parangon de l'attitude scientifique[117] ».
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Signalons cependant, à propos de cette apologie un peu cynique, que des voix se sont élevées contre la tendance de certains théoriciens « externalistes » ou « relativistes » des sciences à réduire l'activité scientifique, et notamment celle de Pasteur, à des manœuvres et à des coups de force où la rationalité aurait assez peu de part[118].
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Dans un article de 1999[119] et un livre de 2003[120], D. Raynaud a réexaminé la controverse sur la génération spontanée en partant de la correspondance non publiée entre les membres de l'Académie des Sciences et Pouchet. À partir de quatre arguments principaux, il a conclu à l'inanité de l'apologie de Pouchet présentée par certains historiens et sociologues « relativistes » des sciences.
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En 1862, Pasteur confirme l'opinion formulée dès 1822 par Christiaan Hendrik Persoon, en établissant le rôle d'un microorganisme, le mycoderma aceti (renommé Acetobacter aceti) dans la formation du vinaigre[125].
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En 1863, il y a déjà quelques années que les maladies des vins français grèvent lourdement le commerce. Napoléon III demande à Pasteur, spécialiste de la fermentation et de la putréfaction, de chercher un remède : Pasteur, qui transporta deux années de suite en automne son laboratoire à Arbois, publiera les résultats de ses travaux dans Études sur le vin en 1866 (il avait publié un premier papier sur le sujet dès 1863)[126]. Il propose de chauffer le vin à 57 °C afin de tuer les germes et résout ainsi le problème de sa conservation et du transport, c'est la pasteurisation. Il a au sujet de ce procédé une querelle de priorité avec l'œnologue Alfred de Vergnette de Lamotte, dans laquelle les savants Balard et Thenard prennent parti respectivement pour Pasteur et pour Vergnette[127]. Pasteur et Vergnette avaient d'ailleurs été tous deux précédés par Nicolas Appert qui avait publié le chauffage des vins en 1831 dans son ouvrage Le livre de tous les ménages[128]. La découverte de la pasteurisation vaudra à Pasteur le Mérite Agricole, mais aussi le Grand Prix de l’Exposition universelle (1867).
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Des dégustateurs opérant à l'aveugle avaient conclu que la pasteurisation n'altérait pas le bouquet des grands vins, mais « Pasteur fut forcé de reconnaître la forte influence de l'imagination après avoir vu sa commission d'expertise renverser complètement ses conclusions sur le même vin en l'espace de quelques jours »[129]. Finalement, la pasteurisation du vin n'eut pas un grand succès et fut abandonnée avant la fin du XIXe siècle[130]. Avant la Première Guerre mondiale, l'Institut Pasteur pratiqua sur le vin une pasteurisation rapide en couche mince qui ne se répandit guère mais fit plus tard « un retour triomphal en France sous son nom américain » de flash pasteurization[131].
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En Bourgogne, la pasteurisation du vin a été abandonnée dans les années 1930[132].
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Les maladies microbiennes du vin ont été évitées par d'autres moyens que la pasteurisation : conduite rationnelle des fermentations, sulfitage des vendanges[133], réduction des populations contaminantes par différents procédés de clarification. D'un emploi malaisé au niveau du chai, où elle ne met pas en outre la cuvée à l'abri d'une contamination postérieure au chauffage, la pasteurisation a toutefois son utilité pour certains types de vins, - d'ailleurs plutôt de qualité moyenne et de consommation rapide — au moment de l'embouteillage où l'on préfère parfois les techniques de sulfitage et de filtration stérile (mais la brasserie recourt plus volontiers à la pasteurisation)[134].
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Pour sa mise en évidence du rôle des organismes vivants dans la fermentation alcoolique et pour les conséquences d'ordre pratique qu'il en a tirées, Pasteur est considéré comme le fondateur de l’œnologie, dont Chaptal avait posé les premiers jalons. Toutefois, en limitant l'action positive aux seules levures, Pasteur n'a pas pu voir le rôle de certaines bactéries dans le déclenchement de la fermentation malolactique (rôle qui, une fois redécouvert -en 1946- permettra une conduite beaucoup plus subtile de la vinification)[62].
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Contrairement à la pasteurisation du vin, la pasteurisation du lait, à laquelle Pasteur n'avait pas pensé (c'est le chimiste allemand Franz von Soxhlet qui, en 1886, proposa d'appliquer la pasteurisation au lait[135]), s'implanta durablement. (Ici encore, d'ailleurs, on marchait sur les traces d'Appert[136]).
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La théorie de l'origine microbienne des maladies contagieuses, appelée théorie microbienne ou théorie des germes, existait depuis longtemps, mais seulement à l'état d'hypothèse. La première démonstration de la nature vivante d'un agent infectieux est établie en 1687 par deux élèves de Francesco Redi, Giovanni Cossimo Bonomo et Diacinto Cestoni qui montrent, grâce à l'utilisation du microscope, que la gale est causée par un petit parasite, Sarcoptes scabiei. Cette découverte n'eut pourtant alors aucun écho[137]. Vers 1835, quelques savants, dont on a surtout retenu Agostino Bassi[138], prouvent qu'une des maladies du ver à soie, la muscardine, est causée par un champignon microscopique. En 1836-37 Alfred Donné décrit le protiste responsable de la trichomonose : Trichomonas vaginalis. En 1839 Johann Lukas Schönlein identifie l'agent des teignes faviques : Trichophyton schoenleinii ; en 1841, le Suédois Frederick Theodor Berg identifie Candida albicans, l'agent du Muguet buccal et en 1844, David Gruby identifie l'agent des teignes tondantes, Trichophyton tonsurans (cette dernière découverte apparemment oubliée, fut faite de nouveau par Saboureau en 1894). Il s'agissait là toutefois de protozoaires ou d'organismes multicellulaires. En 1861, Anton de Bary établit le lien de causalité entre le mildiou de la pomme de terre - responsable notamment de la Grande Famine en Irlande - et le champignon Botrytis infestans (qui avait déjà été observé par Miles Joseph Berkeley en 1845).
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Dans un essai de 1840, Friedrich Gustav Jakob Henle, faisant écho aux travaux de Bassi sur la nature microbienne de la muscardine du ver à soie et à ceux de Cagniard de Latour et de Theodor Schwann sur la nature vivante de la levure, avait développé une théorie microbienne des maladies contagieuses et formulé les critères permettant selon lui de décider si telle maladie a pour cause tel micro-organisme.
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La théorie, en dépit de ces avancées, rencontrait des résistances et se développait assez lentement, notamment pour ce qui est des maladies contagieuses humaines. Ainsi, la découverte du bacille du choléra était restée quasiment lettre morte quand Pacini l'avait publiée en 1854, alors qu'elle devait trouver immédiatement une vaste audience quand Koch la refit en 1883. À l'époque des débuts de Pasteur, donc, la théorie microbienne existe, même si elle est encore dans l'enfance. D'autre part, il est de tradition, surtout depuis le XVIIIe siècle, de souligner l'analogie entre les maladies fiévreuses et la fermentation[139]. Il n'est donc pas étonnant, dans ce contexte, que les travaux de Pasteur sur la fermentation aient stimulé le développement de la théorie microbienne des maladies contagieuses. En 1860, après avoir réaffirmé le rôle des organismes vivants dans la putréfaction et la fermentation, Pasteur lui-même ajoutait : « Je n'ai pas fini cependant avec toutes ces études. Ce qu'il y aurait de plus désirable serait de les conduire assez loin pour préparer la voie à une recherche sérieuse de l'origine de diverses maladies »[140]. Casimir Davaine, au début de ses publications de 1863 sur le charbon, qui sont maintenant considérées comme la première preuve de l'origine microbienne d'une maladie transmissible à l'homme, écrivait « M. Pasteur, en février 1861, publia son remarquable travail sur le ferment butyrique, ferment qui consiste en petites baguettes cylindriques, possédant tous les caractères des vibrions ou des bactéries. Les corpuscules filiformes que j'avais vus dans le sang des moutons atteints de sang de rate [= charbon] ayant une grande analogie de forme avec ces vibrions, je fus amené à examiner si des corpuscules analogues ou du même genre que ceux qui déterminent la fermentation butyrique, introduits dans le sang d'un animal, n'y joueraient pas de même le rôle d'un ferment »[141].Pasteur lui-même, en 1880, rappelle ses travaux sur les fermentations et ajoute : « La médecine humaine, comme la médecine vétérinaire, s'emparèrent de la lumière que leur apportaient ces nouveaux résultats. On s'empressa notamment de rechercher si les virus et les contages ne seraient pas des êtres animés. Le docteur Davaine (1863) s'efforça de mettre en évidence les fonctions de la bactéridie du charbon, qu'il avait aperçue dès l'année 1850 »[142].On verra toutefois que Pasteur, quand il aura à s'occuper des maladies des vers à soie, en 1865, commencera par nier le caractère microbien de la pébrine, compris par d'autres avant lui. Quant aux maladies contagieuses humaines, c'est seulement à partir de 1877[143] qu'il participera personnellement au développement de leur connaissance. (Dès 1873 Gerhard Armauer Hansen, porté par la conclusion de Pasteur dans le débat sur la génération spontanée certes, mais aussi lecteur de Charles-Louis Drognat-Landré[144] et de Davaine, identifie l'agent causal de la lèpre. Cette découverte, toutefois, ne fera pas immédiatement l'unanimité[145].)
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Le chirurgien anglais Joseph Lister, après avoir lu les travaux de Pasteur sur la fermentation (où la putréfaction est expliquée, comme la fermentation, par l'action d'organismes vivants), se convainc que l'infection postopératoire (volontiers décrite à l'époque comme une pourriture, une putréfaction) est due elle aussi à des organismes microscopiques. Ayant lu ailleurs que l'acide phénique (phénol) détruisait les entérozoaires qui infectaient certains bestiaux, il lave les blessures de ses opérés à l'eau phéniquée et leur applique un coton imbibé d'acide phénique. Le résultat est une réduction drastique de l'infection et de la mortalité.
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Lister publie sa théorie et sa méthode en 1867, en les rattachant explicitement aux travaux de Pasteur[146]. Dans une lettre de 1874, il remercie Pasteur « pour m'avoir, par vos brillantes recherches, démontré la vérité de la théorie des germes de putréfaction, et m'avoir ainsi donné le seul principe qui ait pu mener à bonne fin le système antiseptique »[147].
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L'antisepsie listérienne, dont l'efficacité triomphera en quelques années des résistances, est, au point de vue théorique, une branche importante de la théorie microbienne. Sur le plan pratique, toutefois, elle n'est pas entièrement satisfaisante : Lister, qui n'a pensé qu'aux germes présents dans l'air, et non à ceux que propagent l'eau[148], les mains des opérateurs ainsi que les instruments et les tissus qu'ils emploient, attaque les microbes dans le champ opératoire, en vaporisant l'acide phénique dans l'air et en l'appliquant sur les plaies. C'est assez peu efficace quand il faut opérer en profondeur et, de plus, l'acide phénique a un effet caustique sur l'opérateur et sur le patient. On cherche donc bientôt à prévenir l'infection (asepsie) plutôt qu'à la combattre (antisepsie)[149].
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Pasteur « est de ceux qui cherchent à dépasser l'antisepsie par l'asepsie »[150]. À la séance du 30 avril 1878 de l'Académie de médecine, il attire l'attention sur les germes propagés par l'eau, l'éponge ou la charpie avec lesquelles les chirurgiens lavent ou recouvrent les plaies et leur recommande de ne se servir que d'instruments d'une propreté parfaite, de se nettoyer les mains puis de les soumettre à un flambage rapide et de n'employer que de la charpie, des bandelettes, des éponges et de l'eau préalablement exposées à diverses températures qu'il précise. Les germes en suspension dans l'air autour du lit du malade étant beaucoup moins nombreux que dans l'eau et à la surface des objets, ces précautions permettraient d'utiliser un acide phénique assez dilué pour ne pas être caustique[151].
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Certes, ces recommandations n'étaient pas d'une nouveauté absolue : Semmelweis et d'autres avant lui (par exemple Claude Pouteau et Jacques-Mathieu Delpech[152],[153]) avaient déjà compris que les auteurs des actes médicaux pouvaient eux-mêmes transmettre l'infection, et ils avaient fait des recommandations en conséquence, mais les progrès de la théorie microbienne avaient tellement changé les données que les conseils de Pasteur reçurent beaucoup plus d'audience que ceux de ses prédécesseurs.
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En préconisant ainsi l'asepsie, Pasteur traçait une voie qui serait suivie (non sans résistances du corps médical) par Octave Terrillon (1883), Ernst von Bergmann et William Halsted[154],[155].
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En 1865, Jean-Baptiste Dumas, sénateur et ancien ministre de l'Agriculture et du commerce, demande à Pasteur d'étudier une nouvelle maladie qui décime les élevages de vers à soie du sud de la France et de l'Europe, la pébrine, caractérisée à l'échelle macroscopique par des taches noires et à l'échelle microscopique par les « corpuscules de Cornalia ». Pasteur accepte et fera cinq longs séjours à Alès, entre le 7 juin 1865 et 1869[156].
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Arrivé à Alès, Pasteur se familiarise avec la pébrine et aussi[157] avec une autre maladie du ver à soie, connue plus anciennement[158] que la pébrine : la flacherie ou maladie des morts-flats. Contrairement, par exemple, à Quatrefages, qui avait forgé le mot nouveau pébrine[159], Pasteur commet l'erreur de croire que les deux maladies n'en font qu'une et même que la plupart des maladies des vers à soie connues jusque-là sont identiques entre elles et à la pébrine[160]. C'est dans des lettres du 30 avril et du 21 mai 1867 à Dumas qu'il fait pour la première fois la distinction entre la pébrine et la flacherie[161].
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Il commet une autre erreur : il commence par nier le caractère « parasitaire » (microbien) de la pébrine, que plusieurs savants (notamment Antoine Béchamp[162]) considéraient comme bien établi. Même une note publiée le 27 août 1866[163] par Balbiani, que Pasteur semble d'abord accueillir favorablement[164], reste sans effet, du moins immédiat[165]. « Pasteur se trompe. Il ne changera d'opinion que dans le courant de 1867 »[166].
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Alors que Pasteur n'a pas encore compris la cause de la maladie, il propage un procédé efficace pour enrayer les infections : on choisit un échantillonnage de chrysalides, on les broie et on recherche les corpuscules dans le broyat ; si la proportion de chrysalides corpusculeuses dans l'échantillonnage est très faible, on considère que la chambrée est bonne pour la reproduction[167]. Cette méthode de tri des « graines » (œufs) est proche d'une méthode qu'avait proposée Osimo quelques années auparavant, mais dont les essais n'avaient pas été concluants[168]. Par ce procédé, Pasteur jugule la pébrine et sauve pour beaucoup l'industrie de la soie dans les Cévennes[169],[170].
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En 1884, Balbiani[171], qui faisait peu de cas de la valeur théorique des travaux de Pasteur sur les maladies des vers à soie, reconnaissait que son procédé pratique avait remédié aux ravages de la pébrine, mais ajoutait que ce résultat tendait à être contrebalancé par le développement de la flacherie, moins bien connue et plus difficile à prévenir[172]. En 1886, la Société des agriculteurs de France émettait le vœu « que le gouvernement examine s’il n'y avait pas lieu de procéder à de nouvelles études scientifiques et pratiques sur le caractère épidémique des maladies des vers à soie et sur les moyens de combattre cette influence ». Decourt[173], qui cite ce vœu, donne des chiffres dont il conclut qu'après les travaux de Pasteur, la production des vers à soie resta toujours très inférieure à ce qu'elle avait été avant l'apparition de la pébrine et conteste dès lors à Pasteur le titre de « sauveur de la sériciculture française ».
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À partir de 1876, Pasteur travaille successivement sur le filtre et l'autoclave, tous deux mis au point par Charles Chamberland (1851-1908), et aussi sur le flambage des vases[174].
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Bien que ses travaux sur les fermentations, comme on l'a vu, aient stimulé le développement de la théorie microbienne des maladies contagieuses, et bien que, dans l'étude des maladies des vers à soie, il ait fini par se ranger à l'opinion de ceux qui considéraient la pébrine comme « parasitaire », Pasteur, à la fin de 1876 (année où l'Allemand Robert Koch a fait progresser la connaissance de la bactérie du charbon), est encore indécis sur l'origine des maladies contagieuses humaines : « Sans avoir de parti pris dans ce difficile sujet, j'incline par la nature de mes études antérieures du côté de ceux qui prétendent que les maladies contagieuses ne sont jamais spontanées (...) Je vois avec satisfaction les médecins anglais qui ont étudié la fièvre typhoïde avec le plus de vigueur et de rigueur repousser d'une manière absolue la spontanéité de cette terrible maladie »[175]. Mais il devient bientôt un des partisans les plus actifs et les plus en vue de la théorie microbienne des maladies contagieuses, domaine où son plus grand adversaire est Robert Koch, leur rivalité féroce (sur fond de guerre franco-prussienne) mais féconde s'étendant aux écoles qu’ils ont créées et se manifestant d'abord sur l'étiologie du charbon, puis sur le choléra, la sérothérapie antidiphtérique et la peste[176]. En 1877, Pasteur découvre le « vibrion septique »[177], qui provoque un type de septicémie et avait obscurci l'étiologie du charbon; ce microbe sera nommé plus tard Clostridium septicum[178]. En 1880, il découvre le staphylocoque, qu'il identifie comme responsable des furoncles et de l'ostéomyélite[179]. Son combat en faveur de la théorie microbienne ne l'empêche d'ailleurs pas de reconnaître l'importance du « terrain »[180], importance illustrée par l'immunisation vaccinale, à laquelle il va consacrer la dernière partie de sa carrière.
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Quand Pasteur commence ses recherches sur les vaccins, on fait des inoculations préventives contre une maladie humaine, la variole (la méthode de Jenner est célèbre), et contre deux maladies du bétail : la clavelée, maladie du mouton, et la péripneumonie bovine[181].
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Certains clavelisateurs cherchent à atténuer[182] la virulence du claveau (la substance morbide injectée) par culture ou par inoculations successives d'animal à animal, mais, selon un dictionnaire de l'époque, leurs résultats sont illusoires[183].
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Le germe du choléra des poules, nommé ensuite Pasteurella avicida, fut isolé en 1879 par l'italien Perroncito; la même année Henry Toussaint réussit à le cultiver. C'est d'ailleurs auprès de Toussaint que Pasteur se procura la souche du microbe de choléra des poules[184].
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Durant l'été 1879, Pasteur et ses collaborateurs, Émile Roux et Émile Duclaux, découvrent que les poules auxquelles on a inoculé des cultures vieillies du microbe du choléra des poules non seulement ne meurent pas mais résistent à de nouvelles infections - c'est la découverte d'un vaccin d'un nouveau type : contrairement à ce qui était le cas dans la vaccination contre la variole, on ne se sert pas, comme vaccin, d'un virus bénin fourni par la nature (sous forme d'une maladie bénigne qui immunise contre la maladie grave) mais on provoque artificiellement l'atténuation d'une souche initialement très virulente et c'est le résultat de cette atténuation qui est utilisé comme vaccin[185].
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S'il faut en croire la version célèbre de René Vallery-Radot[186] et d'Émile Duclaux[187], c'est en reprenant de vieilles cultures oubliées (ou laissées de côté pendant les vacances) qu'on se serait aperçu avec surprise qu'elles ne tuaient pas et même immunisaient. Il y aurait là un cas de sérendipité.
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Antonio Cadeddu[Qui ?], toutefois, rappelle que « depuis les années 1877-1878, [Pasteur] possédait parfaitement le concept d'atténuation de la virulence »[188]. C'est un des motifs pour lesquels Cadeddu[189], à la suite de Mirko Grmek, met en doute le rôle allégué du hasard dans la découverte du procédé d'atténuation de la virulence et pense que cette atténuation a sûrement été recherchée activement, ce que les notes de laboratoire de Pasteur semblent bien confirmer[190].
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Dans sa double communication du 26 octobre 1880 à l'Académie des Sciences et à l'Académie de médecine, Pasteur attribue l'atténuation de la virulence au contact avec l'oxygène. Il dit que des cultures qu'on laisse vieillir au contact de l'oxygène perdent de leur virulence au point de pouvoir servir de vaccin, alors que des cultures qu'on laisse vieillir dans des tubes à l'abri de l'oxygène gardent leur virulence. Il reconnaît toutefois dans une note de bas de page que l'oxygène ne joue pas toujours son rôle d'atténuation, ou pas toujours dans les mêmes délais : « Puisque, à l'abri de l'air, l'atténuation n'a pas lieu, on conçoit que, si dans une culture au libre contact de l'air (pur) il se fait un dépôt du parasite en quelque épaisseur, les couches profondes soient à l'abri de l'air, tandis que les superficielles se trouvent dans de tout autres conditions. Cette seule circonstance, jointe à l'intensité de la virulence, quelle que soit, pour ainsi dire, la quantité du virus employé, permet de comprendre que l'atténuation d'un virus ne doit pas nécessairement varier proportionnellement au temps d'exposition à l'air »[191].
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Certains[192] voient là un demi-aveu de l'irrégularité du vaccin, irrégularité que la suite confirma : « Cette voie, que le génie de Pasteur avait ouverte et qui fut ensuite si féconde, se révéla bientôt fermée en ce qui concerne la vaccination anti-pasteurellique de la poule. Des difficultés surgirent dans la régularité de l'atténuation et de l'entretien de la virulence à un degré déterminé et fixe »[193].
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La théorie de Pasteur, selon laquelle la virulence du vaccin était atténuée par l'action de l'oxygène, n'a pas été retenue. Th. D. Brock, après avoir présenté comme vraisemblable l'explication, étrangère à Pasteur, de l'atténuation dans les cultures par mutations et sélection (l'organisme vivant, qui possède des défenses immunitaires, exerce une sélection en défaveur des microbes mutants peu virulents, ce qui n'est pas le cas dans les cultures), ajoute : « Ses recherches [= de Pasteur] sur les effets de l'oxygène sont quelque chose de curieux. Bien que l'oxygène puisse jouer un rôle en accélérant les processus d'autolyse, il n'a probablement pas une action aussi directe que Pasteur le pensait »[194].
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En 1880, Auguste Chauveau[195] et Henry Toussaint[196] publient les premières expériences françaises d'immunisation d'animaux contre le charbon par inoculation préventive. À la même époque, W.S. Greenfield, à Londres, obtient l'immunisation en inoculant le bacille préalablement atténué par culture. Au vu des publications de Greenfield, certains auteurs estiment qu'il a la priorité sur Pasteur[197], mais Greenfield reconnaissait lui-même que ses résultats étaient peu concluants[198].
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Le 5 mai 1881, lors de la célèbre expérience de Pouilly-le-Fort, un troupeau de moutons est vacciné contre la maladie du charbon à l'aide d'un vaccin mis au point par Pasteur, Émile Roux et surtout Charles Chamberland. Cette expérience fut un succès complet. Certains auteurs reprochent cependant à Pasteur d'avoir induit le public scientifique en erreur sur la nature exacte du vaccin utilisé lors de cette expérience. C'est ce qu'on a appelé le « Secret de Pouilly-le-Fort ».
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Afin de répondre à la demande importante de vaccins charbonneux qui s'est manifestée immédiatement après l'expérience de Pouilly-le-fort, et ce tant en France qu'à l’étranger, et tandis qu'un décret de juin 1882 inscrivait le vaccin charbonneux dans la loi de police sanitaire des animaux, Pasteur doit organiser « précipitamment » la production et la distribution en nombre de vaccin. Pour ce faire une entité est créée Le Vaccin charbonneux, rue Vauquelin[199]. Des accidents vaccinaux survenus à l'automne 1881 et au printemps 1882, en France et à l’étranger, imposent à Pasteur de revenir sur le postulat de la fixité des vaccins. En 1886, la diffusion du vaccin charbonneux à l'étranger est confiée à une société commerciale, la Compagnie de Vulgarisation du Vaccin Charbonneux qui détenait un monopole commercial mais aussi technique visant tant à préserver les secrets de fabrication qu'à garantir l'homogénéité des vaccins[200].
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Le vaccin de Pasteur et ses dérivés donnaient des résultats globalement satisfaisants, mais ils s'affaiblissaient parfois au point de ne pas provoquer une réaction immunitaire suffisante et, dans d'autres cas, ils restaient assez virulents pour communiquer la maladie qu'ils étaient censés prévenir. Nicolas Stamatin en 1931 et Max Sterne en 1937 obtinrent des vaccins plus efficaces à l'aide de bacilles dépourvus de la capacité de former une capsule (bacilles acapsulés ou acapsulogènes)[201].
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Envoyé par Pasteur dans le Sud-est de la France où sévit une épidémie de rouget du porc, dit aussi le mal rouge, Louis Thuillier identifie le bacille de cette maladie le 15 mars 1882. Cette découverte a en réalité déjà été faite par H.J. Detmers à Chicago[202]. La description originellement donnée par Pasteur et Thuillier d'un bacille en forme de 8 est fautive. Le pasteurien Adrien Loir écrira en 1937-1938 que le bacille qu'ils ont cultivé et qui a servi à produire le vaccin (voir plus loin) était bien celui du rouget, même s'ils l'ont décrit incorrectement[203], mais en 1957, Gaston Ramon estimera que le bacille découvert par Thuillier était une pasteurelle du porc et non le bacille du rouget[204]. Dans une communication datée du 26 novembre 1883 et intitulée La vaccination du rouget des porcs à l'aide du virus mortel atténué de cette maladie , Pasteur présente à l'Académie des Sciences un vaccin obtenu par une diminution de la virulence du bacille à l'aide de passage successifs sur le lapin, espèce naturellement peu réceptive à cette maladie. Il s'agit d'une nouvelle méthode d'atténuation de la virulence, qui s'apparente à celle sur laquelle est basée le vaccin de Jenner[205]. En dépit des efforts de l'administration française, le vaccin du rouget, mis sur le marché dès 1886, ne rencontre pas un grand succès en France. Le 22 octobre 1884, Pasteur note que « la Société vétérinaire de la Charente a été de nouveau découragée pour des vaccinations de rouget par un échec qu'elle a subi en octobre[206] ». Cet échec a été attribué à un investissement insuffisant de Chamberland chargé d'en assurer le développement dans le cadre du laboratoire Pasteur[207]. Ainsi pour la seule année 1890, seuls 20 000 porcs sont vaccinés en France, alors qu'en Hongrie ce nombre se monte alors à 250 000[208].
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Faute de données précises, l'épidémiologie de la rage humaine et animale est difficile à retracer avant le XXe siècle. Elle semble en extension en Europe occidentale à partir du XVIe siècle, probablement en raison d'une croissance démographique perturbant les habitats de la faune sauvage, avec multiplication des contacts entre animaux sauvages et domestiques, notamment lors du marronnage[209]. La rage des loups, renards et chiens est présente en Europe tout au long du siècle en causant plusieurs centaines de décès humains[209].
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En 1879, Pierre[210]-Henri Duboué[211] dégage de divers travaux de l'époque une « théorie nerveuse » de la rage : « Dans cette hypothèse, le virus rabique s'attache aux fibrilles nerveuses mises à nu par la morsure et se propage jusqu'au bulbe. » Le rôle de la voie nerveuse dans la propagation du virus de la rage, conjecturé par Duboué presque uniquement à partir d'inductions[212], fut plus tard confirmé expérimentalement par Pasteur et ses assistants.
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La même année 1879, Galtier montre qu'on peut utiliser le lapin, beaucoup moins dangereux que le chien, comme animal d'expérimentation. Il envisage aussi de mettre à profit la longue durée d'incubation (c'est-à-dire la longue durée que le virus met à atteindre les centres nerveux) pour faire jouer à un moyen préventif (qu'il en est encore à chercher ou à expérimenter) un rôle curatif : « J'ai entrepris des expériences en vue de rechercher un agent capable de neutraliser le virus rabique après qu'il a été absorbé et de prévenir ainsi l'apparition de la maladie, parce que, étant persuadé, d'après mes recherches nécroscopiques, que la rage une fois déclarée est et restera longtemps, sinon toujours incurable, à cause des lésions qu'elle détermine dans les centres nerveux, j'ai pensé que la découverte d'un moyen préventif efficace équivaudrait presque à la découverte d'un traitement curatif, surtout si son action était réellement efficace un jour ou deux après la morsure, après l'inoculation du virus »[213]. (Galtier ne précise pas que le moyen préventif auquel il pense doive être un vaccin.)
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Dans une note de 1881[214], il signale notamment qu'il semble avoir conféré l'immunité à un mouton en lui injectant de la bave de chien enragé par voie sanguine. (L'efficacité de cette méthode d'immunisation des petits ruminants : chèvre et mouton, par injection intraveineuse sera confirmée en 1888 par deux pasteuriens, Nocard et Roux[215]).
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Dans cette même note, toutefois, Galtier répète une erreur qu'il avait déjà commise dans son Traité des maladies contagieuses de 1880 : parce qu'il n'a pas pu transmettre la maladie par inoculation de fragments de nerfs, de moelle ou de cerveau, il croit pouvoir conclure que, chez le chien, le virus n'a son siège que dans les glandes linguales et la muqueuse bucco-pharyngienne[216].
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Les choses en sont là quand Pasteur, en 1881, commence ses publications sur la rage.
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Dans une note du 30 mai de cette année[217], Pasteur rappelle la « théorie nerveuse » de Duboué et l'incapacité où Galtier a dit être de confirmer cette théorie en inoculant de la substance cérébrale ou de la moelle de chien enragé. « J'ai la satisfaction d'annoncer à cette Académie que nos expériences ont été plus heureuses », dit Pasteur, et dans cette note de deux pages, il établit deux faits importants :
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Dans cette note de 1881, Galtier n'est nommé qu'une fois, et c'est pour être contredit (avec raison).
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En décembre 1882[218], nouvelle note de Pasteur et de ses collaborateurs, établissant que le système nerveux central est le siège principal du virus, où on le trouve à l'état plus pur que dans la salive, et signalant des cas d'immunisation d'animaux par inoculation du virus, autrement dit des cas de vaccination. Galtier est nommé deux fois en bas de page, tout d'abord à propos des difficultés insurmontables auxquelles se heurtait l'étude de la rage avant l'intervention de Pasteur, notamment parce que « la salive était la seule matière où l'on eût constaté la présence du virus rabique » (suit une référence à Galtier) et ensuite à propos de l'absence d'immunisation que les pasteuriens ont constatée chez le chien après injection intraveineuse : « Ces résultats contredisent ceux qui ont été annoncés par M. Galtier, à cette Académie, le 1er août 1881, par des expériences faites sur le mouton. » Galtier, en 1891[219] puis en 1904[220], se montra ulcéré[221] de cette façon de traiter sa méthode d'immunisation des petits ruminants par injection intraveineuse, dont l'efficacité fut confirmée en 1888 par deux pasteuriens, Roux et Nocard[222].
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Deux notes de février[223] et mai[224] 1884 sont consacrées à des méthodes de modification du degré de virulence par passages successifs à l'animal (exaltation par passages successifs aux lapins, atténuation par passages successifs aux singes). Les auteurs estiment qu'après un certain nombre de passages chez des animaux d'une même espèce, on obtient un virus fixe, c'est-à-dire un virus dont les propriétés resteront immuables lors de passages subséquents (en 1935, P. Lépine montra que cette fixité était moins absolue qu'on ne le croyait et qu'il était nécessaire de contrôler le degré de virulence et le pouvoir immunogène des souches « fixes »[225]).
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En 1885, Pasteur se dit[226] capable d'obtenir une forme du virus atténuée à volonté en exposant de la moelle épinière de lapin rabique desséchée au contact de l'air gardé sec[227]. Cela permet de vacciner par une série d'inoculations de plus en plus virulentes.
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C'est en cette année 1885 qu'il fait ses premiers essais sur l'homme.
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Il ne publia rien sur les deux premiers cas : Girard, sexagénaire de l'hôpital Necker, inoculé le 5 mai 1885, et la fillette de 11 ans Julie-Antoinette Poughon, inoculée après le 22 juin 1885, ce qui, selon Patrice Debré[228], alimente régulièrement une rumeur selon laquelle Pasteur aurait « étouffé » ses premiers échecs. En fait, dans le cas Girard, qui semble avoir évolué favorablement, le diagnostic de rage, malgré des symptômes qui avaient fait conclure à une rage déclarée, était douteux, et, dans le cas de la fillette Poughon (qui mourut le lendemain de la vaccination), il s'agissait très probablement d'une rage déclarée, ce qui était et est encore, avec une quasi-certitude[229], un arrêt de mort à brève échéance, avec ou sans vaccination[230].
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G. Geison a noté qu'avant de soigner ces deux cas humains de rage déclarée, Pasteur n'avait fait aucune tentative de traitement de rage déclarée sur des animaux[231].
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Le 6 juillet 1885, on amène à Pasteur un petit Alsacien de Steige âgé de neuf ans, Joseph Meister, mordu l'avant-veille par un chien qui avait ensuite mordu son propriétaire. Meister avait reçu quatorze blessures et le chien, toujours agressif, avait été abattu par des gendarmes[232]. Les morsures étant récentes, il n'y a pas de rage déclarée. Cette incertitude du diagnostic rend le cas plus délicat que les précédents et Roux, l'assistant de Pasteur dans les recherches sur la rage, refuse formellement de participer à l'injection[233]. Pasteur hésite, mais deux éminents médecins, Alfred Vulpian et Jacques-Joseph Grancher, estiment que le cas est suffisamment sérieux pour justifier la vaccination et la font pratiquer sous leur responsabilité. Le fort écho médiatique accordé alors à la campagne de vaccination massive contre le choléra menée par Jaume Ferran en Espagne a pu également infléchir la décision de Pasteur[234]. Joseph Meister reçoit sous un pli fait à la peau de l’hypocondre droit treize inoculations réparties sur dix jours, et ce par une demi-seringue de Pravaz d'une suspension d'un broyat de moelle de lapin mort de rage le 21 juin et conservée depuis 15 jours[235]. Il ne développera jamais la rage.
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En fait, la valeur de preuve du cas Meister laisse sceptiques certains spécialistes. Ce qui fit considérer que le chien qui l'avait mordu était enragé est le fait que « celui-ci, à l'autopsie, avait foin, paille et fragments de bois dans l'estomac »[236]. Aucune inoculation de substance prélevée sur le chien ne fut faite. Dans une communication à l'Académie de médecine (11 janvier 1887), Peter, principal adversaire de Pasteur et grand clinicien, déclara que le diagnostic de rage par la présence de corps étrangers dans l'estomac était caduc [237]. Victor Babès, disciple de Pasteur, confirmera dans son Traité de la rage[238] que « l'autopsie est, en effet, insuffisante à établir le diagnostic de rage. En particulier, la présence de corps étrangers dans l'estomac est à peu près sans valeur. »[239].
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Un détail du traitement de Meister illustre ces mots écrits en 1996 par Maxime Schwartz, alors directeur général de l'Institut Pasteur (Paris) :
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Pasteur, en effet, fit faire à Meister, après la série des inoculations vaccinales, une injection de contrôle. L'injection de contrôle, pour le dire crûment, consiste à risquer de tuer le sujet en lui injectant une souche d'une virulence qui lui serait fatale dans le cas où il ne serait pas vacciné ou le serait mal ; s'il en réchappe, on conclut que le vaccin est efficace[241].
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Pasteur a lui-même dit les choses clairement : « Joseph Meister a donc échappé, non seulement à la rage que ses morsures auraient pu développer, mais à celle que je lui ai inoculée pour contrôle de l'immunité due au traitement, rage plus virulente que celle des rues. L'inoculation finale très virulente a encore l'avantage de limiter la durée des appréhensions qu'on peut avoir sur les suites des morsures. Si la rage pouvait éclater, elle se déclarerait plus vite par un virus plus virulent que par celui des morsures ».
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À propos de la seconde de ces trois phrases, André Pichot, dans son anthologie d'écrits de Pasteur, met une note : « Cette phrase est un peu déplacée, dans la mesure où il s'agissait ici de soigner un être humain (et non de faire une expérience sur un animal) »[242].
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Pasteur ayant publié ses premiers succès, son vaccin antirabique devient vite notoire et les candidats affluent (parmi les premiers vaccinés, Jean-Baptiste Jupille est resté célèbre). Déçu par quelques cas où le vaccin a été inefficace, Pasteur croit pouvoir passer à un « traitement intensif », qu'il présente à l'Académie des Sciences le 2 novembre 1886[243]. L'enfant Jules Rouyer, vacciné dans le mois d'octobre précédant cette communication, meurt vingt-quatre jours après la communication et son père porte plainte contre les responsables de la vaccination[244].
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D'après un récit fait une cinquantaine d'années après les évènements par le bactériologiste André Loir, neveu et ancien assistant-préparateur de Pasteur, le bulbe rachidien de l'enfant, inoculé à des lapins, leur communique la rage, mais Roux (en l'absence de Pasteur, qui villégiature à la Riviera) fait un rapport en sens contraire ; le médecin légiste, Brouardel, après avoir dit à Roux « Si je ne prends pas position en votre faveur, c'est un recul immédiat de cinquante ans dans l'évolution de la science, il faut éviter cela ! », conclut dans son expertise que l'enfant Rouyer n'est pas mort de la rage. Patrice Debré accepte ce récit, tout en notant qu'il repose uniquement sur André Loir[245].
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À la même époque, le jeune Réveillac, qui a subi le traitement intensif, meurt en présentant des symptômes atypiques où Peter, le grand adversaire de Pasteur, voit une rage humaine à symptômes de rage de lapin, autrement dit la rage de laboratoire, la rage Pasteur, dont on commence à beaucoup parler[246].
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Selon P. Lépine et L. Cruveilhier, « on renonça plus tard à une méthode de traitement aussi énergique, et qui pouvait présenter quelques dangers »[247].
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En fait, on finit même par renoncer au traitement ordinaire de Pasteur-Roux. En 1908, Fermi proposa un vaccin contre la rage avec virus traité au phénol. Progressivement, dans le monde entier, le vaccin phéniqué de Fermi supplanta les moelles de lapin de Pasteur et Roux. En France, où on en était resté aux moelles de lapin, P. Lépine et V. Sautter firent en 1937 des comparaisons rigoureuses : une version du vaccin phéniqué protégeait les lapins dans la proportion de 77,7 %, alors que les lapins vaccinés par la méthode des moelles desséchées n'étaient protégés que dans la proportion de 35 %[248]. Dans un ouvrage de 1973, André Gamet signale que la préparation de vaccin contre la rage par la méthode des moelles desséchées n'est plus utilisée. Parmi les méthodes qui le sont encore, il cite le traitement du virus par le phénol[249].
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Même si ce sont les travaux de Pasteur sur la vaccination antirabique, et donc les derniers de sa carrière, qui ont fini[250] par faire l'essentiel de sa gloire aux yeux du grand public, un immunologiste comme Patrice Debré estime que les œuvres les plus remarquables de Pasteur sont les premières[251].
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La création d'un Institut antirabique sera d'abord évoquée devant l'Académie des Sciences par Vulpian dès octobre 1885 après que Pasteur y eut exposé les résultats de son traitement préventif. Le 1er mars 1886, Pasteur mentionne brièvement[252] son projet devant l'Académie des Sciences : à l'issue de cette même séance une commission ad-hoc adopte ce projet et décide de lancer une souscription internationale afin de permettre le financement de ce qui est déjà nommé Institut Pasteur[253].Reconnu d'utilité publique par décret du 4 juin 1887, l'Institut Pasteur / Institut Antirabique de Paris sera officiellement inauguré le 14 novembre 1888 en présence du Président Sadi Carnot[254].
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En 1877, Pasteur veut tester l'hypothèse selon laquelle le bacille du charbon ne causerait l'état morbide que de façon indirecte, en produisant un « ferment diastasique soluble » qui serait l'agent pathogène immédiat. Il prélève le sang d'un animal qui vient de mourir du charbon, le filtre de façon à en ôter les bacilles et inocule le filtrat à un animal sain. L'animal récepteur ne développe pas la maladie et Pasteur estime que cette expérience « écarte complètement l'hypothèse du ferment soluble »[255]. Dans une publication ultérieure, toujours en 1877, Pasteur note toutefois que le sang filtré, s'il ne cause pas la maladie, rend les globules agglutinatifs, autant et même plus que dans la maladie, et envisage que ce soit l'effet d'une « diastase » formée par les bacilles[256]. En fait, les pasteuriens Roux et Yersin prouveront en 1888 (dans le cas de la diphtérie) que les microbes sécrètent bel et bien une substance (la toxine) qui est la cause directe et isolable de la maladie.
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Des épistémologues et historiens des sciences comme F. Dagognet et A. Pichot[257] pensent que le demi-échec de Pasteur à mettre l'existence et le rôle des toxines en évidence a la même cause que son attitude défensive face à la théorie des enzymes : son « vitalisme » (Dagognet dit « végétalisme »), qui tend à séparer rigoureusement les domaines du vivant et du non-vivant. Il faut dire, à la décharge de Pasteur, que l'existence d'une toxine du charbon ne sera démontrée qu'en 1955[258]. En 1880, d'ailleurs, Pasteur accepte d'envisager, à titre d'hypothèse, le rôle d'une substance toxique[259].
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En 1880, le vétérinaire Henry Toussaint estime, à tort ou à raison, avoir immunisé des moutons contre le charbon par deux méthodes : en inoculant du sang charbonneux dont les microbes ont été éloignés par filtration, et en inoculant du sang charbonneux où les microbes ont été laissés, mais tués par chauffage. Pasteur, qui voit ainsi Toussaint, « à son insu, peut-être, car il n'y fait aucune allusion », battre en brèche les opinions publiées antérieurement par Pasteur, rejette l'idée d'un vaccin qui ne contiendrait pas d'agents infectieux vivants[260]. Ici encore, André Pichot[261] voit un effet de la tendance de Pasteur à cloisonner rigoureusement les domaines du vivant et de l'inanimé. Pasteur, toutefois, finira par admettre la possibilité des « vaccins chimiques »[262].
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Pour expliquer l'immunisation, Pasteur adopta tour à tour deux idées différentes. La première de ces idées, qu'on trouve déjà chez Tyndall et chez Auzias-Turenne[263], explique l'immunisation par l'épuisement, chez le sujet, d'une substance nécessaire au microbe[264]. La seconde idée[265] est que la vie du microbe ajoute une matière qui nuit à son développement ultérieur[266]. Aucune de ces deux idées n'a été ratifiée par la postérité[267], encore que la seconde puisse être considérée comme une esquisse de la théorie des anticorps[268].
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En 1950, René Dubos faisait gloire à Pasteur « d'audacieuses divinations »[269]. En 1967, François Dagognet[270] cite ce jugement de Dubos, mais pour en prendre le contre-pied : il rappelle que Pasteur a seulement ajouté à la chimie des isomères que Berzelius et Mitscherlich avaient fondée, qu'il avait été précédé par Cagniard-Latour dans l'étude microscopique des fermentations, par Davaine dans la théorie microbienne des maladies contagieuses et, bien sûr, par Jenner dans la vaccination. Il ajoute que la science de Pasteur « consiste moins à découvrir qu'à enchaîner ».
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Dans le même ordre d'idées que Dagognet, André Pichot définit comme suit le caractère essentiel de l'œuvre de Pasteur : « C'est là le mot-clé de ses travaux : ceux-ci ont toujours consisté à mettre de l'ordre, à quelque niveau que ce soit. Ils comportent assez peu d'éléments originaux[271] ; mais, le plus souvent, ils partent d'une situation très confuse, et le génie de Pasteur a toujours été de trouver, dans cette confusion initiale, un fil conducteur qu'il a suivi avec constance, patience et application »[272].
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Patrice Debré dit de même : « Pasteur donne parfois même l'impression de se contenter de vérifier des résultats décrits par d'autres, puis de se les approprier. Cependant, c'est précisément quand il reprend des démonstrations laissées, pour ainsi dire, en jachère, qu'il se montre le plus novateur : le propre de son génie, c'est son esprit de synthèse »[273].
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Pasteur n'était en rien un chercheur isolé dans sa tour d'ivoire. Ses travaux étaient orientés vers les applications médicales, hygiéniques, agricoles et industrielles. Il a toujours collaboré étroitement avec les professions concernées (même si, parmi les médecins, ses partisans étaient en minorité[274]) et il a su obtenir le soutien des pouvoirs publics à la recherche scientifique.
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À Lille, Pasteur dépose un brevet sur la fermentation alcoolique le 3 février 1857[276]. À Paris, il dépose un brevet sur la fabrication de l'acide acétique le 9 juillet 1861. Le 11 avril 1865, Pasteur obtient en France un brevet sur la conservation des vins par chauffage modéré à l’abri de l’air (méthode qui portera le nom de pasteurisation)[277]. Le 28 juin 1871 il obtient un brevet en France sur la fabrication de la bière[278]. Ce brevet est à l'origine de la création de la «Société des bières inaltérables - procédé Pasteur» que Pasteur crée le 4 mars 1873[279]. Cette société, au capital de 250000 francs, procède au rachat du brevet sur la bière pour un montant de 150 000 francs. La même année, l'Office américain des brevets accorde en 1873 à Pasteur un brevet[280] « sur une levure exempte de germes organiques de maladie, en tant que produit de fabrication ».
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Par la loi du 3 août 1875, l'Assemblée Nationale accorde une pension à Louis Pasteur en récompense des services rendus.
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Louis Pasteur, par ailleurs, a eu quelques velléités de s'engager activement en politique.
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Dans sa théorie solidariste, qui passe pour l’idéologie officielle de la Troisième République, Léon Bourgeois considère Louis Pasteur comme un père fondateur de la République pour avoir identifié un lien biologique entre les humains : selon le résumé du philosophe Pierre Charbonnier, « chacun étant potentiellement pour l’autre une source d’infection, la maladie est une responsabilité collective, le socle le plus tangible de la solidarité qui existe de fait entre nous », ce qui entraîne « la nécessité d’institutions protectrices qui traduisent la solidarité microbienne en mesures d’éducation et de prévoyance »[281].
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Dans les dernières années du XIXe siècle et les premières du XXe siècle, l'apologétique catholique attribuait volontiers à Pasteur la phrase « Quand on a bien étudié, on revient à la foi du paysan breton. Si j'avais étudié plus encore j'aurais la foi de la paysanne bretonne »[282].
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En 1939 (l'entre-deux-guerres a été la grande époque de l'Union rationaliste), Louis Pasteur Vallery-Radot, petit-fils de Louis Pasteur, fait cette déclaration : « Mon père a toujours eu soin, et ma mère également d'ailleurs, de dire que Pasteur n'était pas pratiquant. Si vous ouvrez la Vie de Pasteur, vous verrez que mon père parle du spiritualisme et non du catholicisme de Pasteur. Je me souviens parfaitement de l'irritation de mon père et de ma mère, quand quelque prêtre, en chaire, se permettait de lui attribuer cette phrase qu'il n'a jamais dite : « J'ai la foi du charbonnier breton. » (...) Toute la littérature qui a été écrite sur le prétendu catholicisme de Pasteur est absolument fausse »[283].
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En 1994-1995, Maurice Vallery-Radot, arrière-petit-neveu de Pasteur [284], ne se contente pas du spiritualisme, du théisme de Pasteur. Il tient que Pasteur resta, au fond, catholique, même s'il n'allait pas régulièrement à la messe[285].
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Dans son livre Pasteur paru en 1896 (éd. Gauthier-Vilars), Charles Chappuis, son ami d'enfance, témoigne que Louis Pasteur se rendait à Notre-Dame de Paris pour écouter les sermons de carême.
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Après le décès de sa petite fille Jeanne, en 1859, il écrit à un proche qu’elle « vient d’aller au Ciel pour prier pour nous ».
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En 1882 il est admis sous la coupole de l’Académie française.
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Pasteur parla : « Au-delà de cette voûte étoilée, qu’y a-t-il ? De nouveaux cieux étoilés. Soit ! Et au-delà ?...
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Quand cette notion [de l’infini] s’empare de l’entendement, il n’y a qu’à se prosterner. On se sent prêt à être saisi par la sublime folie de Pascal ».
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Un témoin, Ernest Legouvé, membre de l’Institut, déclarera dans son discours pour les funérailles de Pasteur à Notre-Dame de Paris : « Ces paroles firent courir dans toute l’assemblée un frisson d’enthousiasme et de foi ».
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En 2004, Pasteur sert de caution morale à une cause d'une nature différente : son précédent est évoqué à l'Assemblée nationale en faveur de l'euthanasie compassionnelle[286]. La commission rapporte, en se référant à Léon Daudet, que quelques-uns des dix-neuf Russes soignés de la rage par Pasteur développèrent la maladie et que, pour leur épargner les souffrances atroces qui s'étaient déclarées et qui auraient de toute façon été suivies d'une mort certaine, on pratiqua sur eux l'euthanasie avec le consentement de Pasteur[287].
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Pourtant, il y eut une époque où un Pasteur praticien de l'euthanasie n'était pas une chose qu'on exhibait volontiers : Axel Munthe ayant lui aussi raconté l'euthanasie de quelques-uns des mordus russes dans la version originale en anglais de son Livre de San Michele (The Story of San Michele)[288], la traduction française publiée en 1934 par Albin Michel, bien que donnée comme « texte intégral », fut amputée du passage correspondant[289].
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Du vivant même de Pasteur, des rues adoptèrent son nom : il existe à ce jour 2 020 artères (rues, boulevards…) « Pasteur » en France. C'est un des noms propres les plus attribués comme nom de rue[290]. Lors des grands mouvements de décolonisation, qui entraînèrent des changements de nom de rues, les voies nommées en hommage à Pasteur gardèrent souvent leur nom. C'est le cas encore aujourd'hui, par exemple, d'un boulevard du quartier résidentiel de Bellevue à Constantine, en Algérie[réf. souhaitée][291].
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C'est également le cas au Viet Nam dans au moins deux villes importantes: à Ho Chi Minh Ville, dans le 3e arrondissement (vietnamien: Quận 3)[292], où par ailleurs l'Institut Pasteur d'Hô-Chi-Minh-Ville, construit en 1891, est toujours en activité et n'a pas été renommé suite à l'indépendance; à Danang, troisième ville du pays, où l'ancienne rue Pasteur, située dans l'arrondissement Hải Châu (vietnamien: Quận Hải Châu) n'a pas été rebaptisée[293].
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En 2015, Pasteur est le onzième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 361 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Saint-Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Sainte Marie (377), Victor Hugo (365), mais devant Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Jean de la Fontaine (335)[294].
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La Poste française émet en 1923 une série de timbres-poste d'usage courant à l'effigie de Louis Pasteur. Vingt-cinq timbres à ce type, dont des surchargés ou préoblitérés sont émis jusqu'en 1932.
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Pasteur sera célébré aussi par des timbres de grand format en 1936, 1938, 1973 et 1995
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Le paquebot Pasteur, lancé en 1938, a fait l'objet d'un timbre de 70c non émis (en 1939), surchargé 1F + 1F en 1941.
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L’œuvre complète de Pasteur est téléchargeable sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica (cliquer sur le lien puis en haut et à droite à la rubrique « Télécharger »)
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Pasteur est l’abréviation botanique standard de Louis Pasteur.
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Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI
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2. Alexandre Dumas fils
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4. Franz de Champagny
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5. Edmond Rousse
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6. Louis de Viel-Castel
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7. Émile Ollivier
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8. Jules Simon
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9. Victorien Sardou
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10. Victor de Laprade
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11. Jules Sandeau
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12. Charles Blanc
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13. Octave Feuillet
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15. Eugène Labiche
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20. F. A. Mignet
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22. Joseph d’Haussonville
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23. Alfred Mézières
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24. Sully Prudhomme
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25. Hippolyte Taine
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26. Gaston Boissier
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27. Elme-Marie Caro
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28. John Lemoinne
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30. Ernest Legouvé
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31. Xavier Marmier
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32. Camille Doucet
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33. Maxime Du Camp
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34. Alfred de Falloux
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35. A. A. Cuvillier-Fleury
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367 |
+
36. Auguste Barbier
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37. Camille Rousset
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38. Henri Martin
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370 |
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39. Désiré Nisard
|
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+
40. Jean-Baptiste Dumas
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1. Charles de Freycinet
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374 |
+
2. Alexandre Dumas fils
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3. Victor Cherbuliez
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4. José-Maria de Heredia
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5. Edmond Rousse
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6. Ernest Lavisse
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7. Émile Ollivier
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8. Jules Simon
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9. Victorien Sardou
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10. François Coppée
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11. Léon Say
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12. Édouard Pailleron
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13. Pierre Loti
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14. Henry Houssaye
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15. Henri Meilhac
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16. G. d’Audiffret-Pasquier
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17. Louis Pasteur
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18. Albert de Broglie
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19. Édouard Hervé
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20. Jules Lemaître
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21. Henri d’Aumale
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22. Ludovic Halévy
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23. Alfred Mézières
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24. Sully Prudhomme
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25. Albert Sorel
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Louis Pasteur, né à Dole (Jura) le 27 décembre 1822 et mort à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine, à cette époque en Seine-et-Oise) le 28 septembre 1895, est un scientifique français, chimiste et physicien de formation. Pionnier de la microbiologie, il connut, de son vivant même, une grande notoriété pour avoir mis au point un vaccin contre la rage.
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Louis Pasteur est né à deux heures du matin le 27 décembre 1822 dans la maison familiale de Dole, troisième enfant de Jean-Joseph Pasteur et de Jeanne-Étiennette Roqui[2],[3]. Il est baptisé dans la Collégiale Notre-Dame de Dole le 15 janvier 1823. Son père, après avoir été sergent dans l’armée napoléonienne, reprit la profession familiale de tanneur. En 1827, la famille quitte Dole pour Marnoz, lieu de la maison familiale des Roqui[3], pour finalement s'installer dans une nouvelle maison en 1830 à Arbois, localité plus propice à l'activité de tannage. Le jeune Pasteur suit à Arbois les cours d'enseignement mutuel puis entre au collège de la ville. C'est à cette époque qu'il se fait connaître pour ses talents de peintre ; il a d'ailleurs fait de nombreux portraits de membres de sa famille et des habitants de la petite ville.
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Il part au lycée royal de Besançon[3]. Puis, en octobre 1838, il le quitte pour l'Institution Barbet, à Paris, afin de se préparer au baccalauréat puis aux concours. Cependant, déprimé par cette nouvelle vie, il renonce à son projet, quitte Paris et termine son année scolaire 1838-1839 au collège d'Arbois. À la rentrée 1839, il réintègre le collège royal de Franche-Comté, à Besançon. En 1840, il obtient le baccalauréat en lettres puis, en 1842, après un échec, le baccalauréat en sciences mathématiques. Pasteur retourne à Paris en novembre. Logé à la pension Barbet, où il fait aussi office de répétiteur, il suit les cours du lycée Saint-Louis et assiste avec enthousiasme à ceux donnés à la Sorbonne par le chimiste Jean-Baptiste Dumas ; il a pu également prendre quelques leçons avec Claude Pouillet[4]. En 1843, il est finalement admis — quatrième — à l'École normale[3]. Plus tard il sera élève de Jean-Baptiste Boussingault au Conservatoire national des arts et métiers[5].
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Il se marie le 29 mai 1849 avec Marie Laurent, fille du recteur de la faculté de Strasbourg[6]. Ensemble ils ont cinq enfants : Jeanne (1850-1859), Jean Baptiste (1851-1908) sans descendance, Cécile Marie Louise Marguerite – dite Cécile – (1853-1866), Marie-Louise (1858-1934) mariée en 1879 avec René Vallery-Radot, et Camille (1863-1865). De l'union de Marie-Louise et de René Vallery-Radot sont issus Camille Vallery-Radot (1880-1927), sans descendance, et Louis Pasteur Vallery-Radot (1886-1970), membre de l'Académie française et de l'Académie de Médecine, également sans enfant et dernier descendant de Pasteur.
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Son épouse Marie, dont Émile Roux dit qu'« elle a été le meilleur collaborateur de Louis Pasteur », écrit sous sa dictée, réalise les revues de presse et veille à son image puis à sa mémoire jusqu'à sa mort, en 1910[7].
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À l'École normale, Pasteur étudie la chimie et la physique, ainsi que la cristallographie. Il devient agrégé-préparateur de chimie, dans le laboratoire d'Antoine-Jérôme Balard, et soutient en 1847 à la faculté des sciences de Paris ses thèses pour le doctorat en sciences[8],[3]. Ses travaux sur la chiralité moléculaire lui vaudront la médaille Rumford en 1856.
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Il est professeur à Dijon puis à Strasbourg de 1848 à 1853. Le 19 janvier 1849, il est nommé professeur suppléant à la faculté des sciences de Strasbourg ; il occupe également la suppléance de la chaire de chimie à l’école de pharmacie de cette même ville, du 4 juin 1849 au 17 janvier 1851[9].
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En 1853 il est fait chevalier de la Légion d'honneur.
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En février 1854, pour avoir le temps de mener à bien des travaux qui puissent lui valoir le titre de correspondant de l'Institut, il se fait octroyer un congé rémunéré de trois mois à l'aide d'un certificat médical de complaisance[10]. Il fait prolonger le congé jusqu'au 1er août, date du début des examens. « Je dis au Ministre que j'irai faire les examens, afin de ne pas augmenter les embarras du service. C'est aussi pour ne pas laisser à un autre une somme de 6 ou 700 francs »[11].
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Il est ensuite en 1854 nommé professeur de chimie et doyen de la faculté des sciences de Lille nouvellement créée[3]. C'est à cette occasion qu'il prononce la phrase souvent citée : « Dans les champs de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés[12]. » Pasteur, qui s'intéressait à la fermentation depuis 1849 (voir plus loin), est stimulé dans ces travaux par les demandes des brasseurs lillois concernant la conservation de la bière[13].
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Après Frédéric Kuhlmann et Charles Delezenne, Pasteur est ainsi un des premiers en France à établir des relations fructueuses entre l'enseignement supérieur et l'industrie chimique.
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Les travaux qu'il réalise à Lille entre 1854 et 1857, notamment ceux effectués à la demande de l'industriel Louis Bigo dans sa distillerie de betteraves à sucre d'Esquermes, conduisent à la présentation de son Mémoire sur la fermentation appelée lactique[14] dans le cadre de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille le 8 août 1857.
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En 1857, il est nommé administrateur chargé de la direction des études à l'École normale supérieure[3].
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Le laboratoire de Pasteur à l'ENS, rue d'Ulm à Paris.
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Plaque posée rue d'Ulm.
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De 1861 à 1862, Pasteur publie ses travaux réfutant la théorie de la génération spontanée[3]. L'Académie des sciences lui décerne le prix Jecker pour ses recherches sur les fermentations. En 1862, il est élu à l'Académie des sciences, dans la section de minéralogie, en remplacement de Henri Hureau de Senarmont[15].
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En 1863, il commence l'étude des altérations du vin, et entre autres, le processus de formation du vinaigre, il publie un ouvrage sur le sujet en 1866[16].
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En octobre 1865, le baron Haussmann, instituant une commission chargée d'étudier l'étiologie du choléra et les moyens d'y remédier, y nomme Pasteur, avec Dumas (président), Claude Bernard (malade, il n'y prendra part que de loin), Sainte-Claire Deville et Pelouze[17]. Les savants, qui cherchent le principe de la contagion dans l'air (alors que Snow, dans un travail publié en 1855, avait montré qu'il était dans l'eau), ne trouvent pas[18] le microbe, que Pacini avait pourtant fait connaître en 1854.
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À l'École normale supérieure, où règne l'esprit républicain, Pasteur, proche de Napoléon III, est contesté tant par ses collègues que par les élèves[19], ce qui le pousse à démissionner, en 1867, de ses fonctions d'administrateur. Il reçoit une chaire en Sorbonne et on crée, à l'École normale même, un laboratoire de chimie physiologique dont la direction lui est confiée.
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Ses études sur les maladies des vers à soie, menées de 1865 à 1869 à la demande de Napoléon III, triomphent de la pébrine mais non de la flacherie et ne permettent pas vraiment d'endiguer le déclin de la sériciculture. Pendant ces études, il demeure à Pont-Gisquet près d'Alès[3]. Durant cette période, une attaque cérébrale le rend hémiplégique. Il se remet, mais gardera toujours des séquelles : perte de l'usage de la main gauche et difficulté à se déplacer[20]. En 1868 il devient commandeur de la Légion d'honneur. Cette même année l'université de Bonn le fait docteur honoris causa en médecine[21].
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La défaite de 1870 et la chute de Napoléon III sont un coup terrible pour Pasteur, grand patriote et très attaché à la famille impériale. Au lendemain de la proclamation de la IIIe République, il n'hésite pas à prophétiser que « l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la postérité[22]. » Par ailleurs, il est malade. L'Assemblée nationale lui vote une récompense pour le remercier de ses travaux dont les conséquences économiques sont considérables. Le 25 mars 1873, il est élu « membre associé libre » de l'Académie de médecine[23],[24]. En 1874, ses recherches sur la fermentation lui valent la médaille Copley, décernée par la Royal Society, de Londres[25].
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En 1876, Pasteur se présente aux élections sénatoriales, mais c'est un échec[26]. Ses amis croient qu'il va enfin s'arrêter et jouir de sa retraite, mais il reprend ses recherches. Il gagne Clermont-Ferrand où il étudie les maladies de la bière[27] avec son ancien préparateur Émile Duclaux, et conclut ses études sur la fermentation par la publication d'un livre : Les Études sur la bière (1876)[28].
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En 1878, il devient grand-officier de la légion d'honneur. Le 11 décembre 1879, Louis Pasteur est élu à l'unanimité à l'Académie vétérinaire de France. En 1881, l'équipe de Pasteur met au point un vaccin contre le charbon des moutons, à la suite des études commencées en 1877[3].
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En 1882, il est reçu à l'Académie française. Dans son discours de réception[29], il accepte pour la science expérimentale l'épithète « positiviste », en ce sens qu'elle a pour domaine les causes secondes et s'abstient donc de spéculer sur les causes premières et sur l'essence des choses, mais il reproche à Auguste Comte et à Littré d'avoir voulu imposer cette abstention à toute la pensée humaine. Il plaide pour le spiritualisme et célèbre « les deux saintetés de l'Homme-Dieu », qu'il voit réunies dans le couple que l'agnostique Littré formait avec sa femme chrétienne. C'est dans ce discours que Pasteur prononce la phrase souvent citée : « Les Grecs […] nous ont légué un des plus beaux mots de notre langue, le mot enthousiasme […] — un dieu intérieur ».
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Il reçoit, le 29 décembre 1883, le mérite agricole pour ses travaux sur les vins et la fermentation. Il se rend régulièrement aux réunions du Cercle Saint-Simon[30].
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En 1885, Pasteur refusa de poser sa candidature aux ��lections législatives, alors que les paysans de la Beauce, dont il avait sauvé les troupeaux grâce au vaccin contre le charbon, l'auraient sans doute porté à la Chambre des Députés.
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La découverte du vaccin antirabique (1885) vaudra à Pasteur sa consécration dans le monde : il recevra de nombreuses distinctions. L'Académie des sciences propose la création d'un établissement destiné à traiter la rage : l'Institut Pasteur naît en 1888. En 1892, la Troisième République lui organise un jubilé triomphal pour son 70e anniversaire[31]. À cette occasion, une médaille gravée par Oscar Roty lui est offerte par souscription nationale[32].
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Il meurt le 28 septembre 1895 à Villeneuve-l'Étang, dans l'annexe (dite « de Garches »[33]) de l'Institut Pasteur[34]. Après des obsèques nationales, le 5 octobre, son corps, préalablement embaumé, est déposé dans l’un des caveaux de Notre-Dame, puis transféré le 27 décembre 1896, à la demande de sa famille, dans une crypte de l'Institut Pasteur[35].
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Dans les travaux que Pasteur a réalisés au début de sa carrière scientifique en tant que chimiste, il résolut en 1848[36] un problème qui allait par la suite se révéler d'importance capitale dans le développement de la chimie contemporaine : la séparation des deux formes de l'acide tartrique. Le seul acide tartrique que l'on connaissait à l'époque était un sous-produit classique de la vinification, utilisé dans la teinturerie. Parfois, au lieu de l'acide tartrique attendu, on obtenait un autre acide, qu'on appela acide racémique puis acide paratartrique[37]. Une solution de l'acide tartrique, comme de chacun de ses sels (tartrates), tournait le plan de la lumière polarisée la traversant, alors qu'une solution de l'acide paratartrique, comme de chacun de ses sels (paratartrates), ne causait pas cet effet, bien que les deux composés aient la même formule brute. En 1844, Mitscherlich[38] avait affirmé que, parmi les couples tartrate / paratartrate, il y en avait un, à savoir le couple « tartrate double de soude et d'ammoniaque » / « paratartrate double de soude et d'ammoniaque », où le tartrate et le paratartrate n'étaient discernables que par la propriété rotatoire, présente dans le tartrate et absente dans le paratartrate (« tartrate double[39] de soude et d'ammoniaque » était la façon dont on désignait à l'époque le tartrate — base conjuguée de l'acide tartrique — de sodium et d'ammonium). En particulier, ce tartrate et ce paratartrate avaient, selon Mitscherlich, la même forme cristalline. Pasteur eut peine à croire « que deux substances fussent aussi semblables sans être tout à fait identiques »[40]. Il refit les observations de Mitscherlich et s'avisa d'un détail que Mitscherlich n'avait pas remarqué : dans le tartrate en question, les cristaux présentent une dissymétrie (« hémiédrie »), toujours orientée de la même façon ; en revanche, dans le paratartrate correspondant, il coexiste deux formes de cristaux, images spéculaires non superposables l'une de l'autre, et dont l'une est identique à celle du tartrate. Il sépara manuellement les deux sortes de cristaux du paratartrate, en fit deux solutions et observa un effet de rotation du plan de polarisation de la lumière, dans un sens opposé pour les deux échantillons. La déviation du plan de polarisation par les solutions étant considérée, depuis les travaux de Biot, comme liée à la structure de la molécule[41], Pasteur conjectura[42] que la dissymétrie de la forme cristalline correspondait à une dissymétrie interne de la molécule, et que la molécule en question pouvait exister en deux formes dissymétriques inverses l'une de l'autre[43]. C'était la première apparition de la notion de chiralité des molécules[44]. Depuis les travaux de Pasteur, l'acide racémique ou paratartrique est considéré comme composé d'un acide tartrique droit (l'acide tartrique connu antérieurement) et d'un acide tartrique gauche[45].
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Les travaux de Pasteur dans ce domaine ont abouti, quelques années plus tard à la naissance du domaine de la stéréochimie avec la publication de l'ouvrage la Chimie dans l'Espace par van 't Hoff qui, en introduisant la notion d'asymétrie de l'atome de carbone a grandement contribué à l'essor de la chimie organique moderne[46].
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Pasteur avait correctement démontré (par l'examen des cristaux puis par l'épreuve polarimétrique) que l'acide paratartrique est composé de deux formes distinctes d'acide tartrique. En revanche, la relation générale qu'il crut pouvoir en déduire entre la forme cristalline et la constitution de la molécule[47] était inexacte, le cas spectaculaire de l'acide paratartrique étant loin d'être l'illustration d'une loi générale, comme Pasteur s'en apercevra lui-même[48]. François Dagognet dit à ce sujet : « la stéréochimie n'a rien conservé des vues de Pasteur, même s'il demeure vrai que les molécules biologiques sont conformées hélicoïdalement »[49].
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Gerald L. Geison, dans un livre de 1995, et d'autres auteurs après lui ont noté chez Pasteur une tendance à atténuer sa dette envers Auguste Laurent pour ce qui est de la connaissance des tartrates[50]. Geison a formulé d'autres critiques contre les travaux de Pasteur sur la chiralité des molécules, mais dans un travail publié en 2019, Joseph Gal, de l'université du Colorado à Denver, conclut que, pour l'essentiel, ces critiques sont entièrement dépourvues de valeur scientifique[51].
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En 1849, Biot signale à Pasteur que l'alcool amylique dévie le plan de polarisation de la lumière[52] et possède donc la propriété de dissymétrie moléculaire. Pasteur estime peu vraisemblable que l'alcool amylique hérite cette propriété du sucre dont il est issu (par fermentation), car, d'une part, la constitution moléculaire des sucres lui paraît très différente de celle de l'alcool amylique et, de plus, il a toujours vu les dérivés perdre la propriété rotatoire des corps de départ. Il conjecture donc que la dissymétrie moléculaire de l'alcool amylique est due à l'action du ferment. S'étant persuadé (sous l'influence de Biot[53]) que la dissymétrie moléculaire est étroitement liée à la vie, il voit là la confirmation de certaines « idées préconçues » qu'il s'est faites sur la cause de la fermentation et qui le rangent parmi les tenants du ferment vivant[54].
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En 1787, en effet, Adamo Fabbroni, dans son Ragionamento sull'arte di far vino (Florence), avait le premier soutenu que la fermentation du vin est produite par une substance vivante présente dans le moût[55]. Cagniard de Latour et Theodor Schwann avaient apporté des faits supplémentaires à l'appui de la nature vivante de la levure[56]. Dans le même ordre d'idées, Jean-Baptiste Dumas, en 1843 (époque où le jeune Pasteur allait écouter ses leçons à la Sorbonne[57]), décrivait le ferment comme un être organisé et comparait son activité à l'activité de nutrition des animaux[58].
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Berzelius, lui, avait eu une conception purement catalytique de la fermentation, qui excluait le rôle d'organismes vivants. Liebig, de façon plus nuancée, avait des idées analogues : il voulait bien envisager que la levure fût un être vivant[59], mais il affirmait que si elle provoquait la fermentation, ce n'était pas par ses activités vitales mais parce qu'en se décomposant, elle était à l'origine de la propagation d'un état de mouvement (vibratoire). Berzelius et Liebig avaient tous deux combattu les travaux de Cagniard de Latour et de Schwann[60].
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Pasteur « dispose d'une première orientation donnée par Cagniard de Latour ; il la développe et montre que c'est en tant qu'être vivant que la levure agit, et non en tant que matière organique en décomposition »[61]. Ces travaux bénéficient de la mise au point des premiers objectifs achromatiques dépourvus d'irisation parasite[62]. De 1857[63] à 1867, il publie des études sur les fermentations. Inaugurant la méthode des cultures pures[64], il établit que certaines fermentations (lactique, butyrique[65]) où on n'avait pas aperçu de substance jouant un rôle analogue à celui de la levure[66] (ce qui avait servi d'argument à Liebig[67]) sont bel et bien l'œuvre d'organismes vivants[68].
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Il établit[69] la capacité qu'ont certains organismes de vivre en l'absence d'oxygène libre (c'est-à-dire en l'absence d'air). Il appelle ces organismes anaérobies[70].
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Ainsi, dans le cas de la fermentation alcoolique, la levure tenue à l'abri de l'air vit en provoquant aux dépens du sucre une réaction chimique qui libère les substances dont elle a besoin et provoque en même temps l'apparition d'alcool. En revanche, si la levure se trouve en présence d'oxygène libre, elle se développe davantage et la fermentation productrice d'alcool est faible. Les rendements en levure et en alcool sont donc antagonistes. L'inhibition de la fermentation par la présence d'oxygène libre est ce qu'on appellera « l'effet Pasteur »[71].
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Même si Liebig resta sur ses positions, les travaux de Pasteur furent généralement accueillis comme prouvant définitivement le rôle des organismes vivants dans la fermentation. Toutefois, certains faits (comme le rôle joué dans l'hydrolyse de l'amidon par la diastase, ou alpha-amylase, découverte en 1833 par Payen et Persoz[72]) allaient dans le sens de la conception catalytique de Berzelius. C'est pourquoi Moritz Traube en 1858[73] et Marcellin Berthelot en 1860[74] proposèrent une synthèse des deux théories, physiologique et catalytique : la fermentation n'est pas produite directement par les êtres vivants qui en sont responsables couramment (levures etc.) mais par des substances non vivantes, des « ferments solubles » (on disait parfois « diastases » et on dira plus tard « enzymes »), substances elles-mêmes sécrétées ou excrétées par les êtres vivants en question. En 1878, Berthelot publia un travail posthume de Claude Bernard qui, contredisant Pasteur, mettait l'accent sur le rôle des « ferments solubles » dans la fermentation alcoolique[75]. Il en résulta entre Pasteur et Berthelot une des controverses célèbres de l'histoire des sciences[76].
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Pasteur ne rejetait pas absolument le rôle des « ferments solubles ». Dans le cas particulier de la fermentation ammoniacale de l'urine, il considérait comme établi, à la suite d'une publication de Musculus[77], que la cause proche de la fermentation était un « ferment soluble » (dans ce cas, l'enzyme qu'on appellera « uréase ») produit par le ferment microbien qu'il avait découvert lui-même[78]. Il admettait aussi le phénomène, signalé par Lechartier et Bellamy[79], de l'alcoolisation des fruits sans intervention du ferment microbien alcoolique. Plus d'une fois, il déclara qu'il ne repoussait pas (mais n'adoptait pas non plus) l'hypothèse d'un ferment soluble dans la fermentation alcoolique[80]. Toutefois, il écrivit en 1879 (à propos du ferment soluble alcoolique) : « La question du ferment soluble est tranchée : il n'existe pas; Bernard s'est fait illusion »[81]. On s'accorde donc à penser que Pasteur fut incapable de comprendre l'importance des « ferments solubles » (consacrée depuis par les travaux d’Eduard Buchner) et souligna le rôle des micro-organismes dans les « fermentations proprement dites » avec une insistance excessive[82], qui n'allait pas dans le sens du progrès de l'enzymologie[83]. On met cette répugnance de Pasteur à relativiser le rôle des organismes vivants sur le compte de son vitalisme[84], qui l'empêcha aussi de comprendre le rôle des toxines et d'admettre en 1881, lors de sa rivalité avec le vétérinaire Henry Toussaint dans la course au vaccin contre le charbon, qu'un vaccin « tué » pût être efficace[85].
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Les travaux de Pasteur sur la fermentation ont fait l'objet d'un débat dans les années 1970 et 1980, la question étant de savoir si, en parlant de « fermentations proprement dites », Pasteur avait commis une tautologie qui lui permettait de prouver à peu de frais la cause biologique des fermentations[86].
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À partir de 1859, Pasteur mène une lutte contre les partisans de la « génération spontanée », en particulier contre Félix Archimède Pouchet et un jeune journaliste, Georges Clemenceau[87] ; ce dernier, médecin, met en cause les compétences de Pasteur, qui ne l'est pas, et attribue son refus de la génération spontanée à un parti pris idéologique (Pasteur est chrétien). Il fallut à Pasteur six années de recherche pour démontrer la fausseté sur le court terme de la théorie selon laquelle la vie pourrait apparaître à partir de rien, et les microbes être générés spontanément[88].
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Depuis le XVIIIe siècle, partisans et adversaires de la génération spontanée (aussi appelée hétérogénie) cherchent à réaliser des expériences décisives à l'appui de leur opinion.
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Les partisans de cette théorie (appelés spontéparistes ou hétérogénistes) soutiennent que, quand le contact avec l'air fait apparaître sur certaines substances des êtres vivants microscopiques, cette vie tient son origine non pas d'une vie préexistante mais d'un pouvoir génésique de l'air.
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Pour les adversaires de la génération spontanée, l'air amène la vie sur ces substances non par une propriété génésique mais parce qu'il véhicule des germes d'êtres vivants.
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En 1791 déjà, Pierre Bulliard avance, à la suite d'expériences rigoureuses, que la putréfaction ne donne pas naissance à des êtres organisés et que toute moisissure ne peut survenir que de la « graine d'un individu de la même espèce »[89].
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En 1837, encore, Schwann a fait une expérience que les adversaires de la génération spontanée considèrent comme probante en faveur de leur thèse : il a montré que si l'air est chauffé (puis refroidi) avant de pouvoir exercer son influence, la vie n'apparaît pas[90].
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En 1847, M. Blondeau de Carolles faisant état d'une expérience reprenant celles conduites par Turpin conclut : « tout être organisé provient d'un germe qui, pour se développer, n'a besoin que de circonstances favorables, et que ce germe ne peut dévier de la mission qui lui est assignée, laquelle est de reproduire un être semblable à celui qui l'a formé »[89].
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Le 20 décembre 1858[91], l'Académie des Sciences prend connaissance de deux notes où Félix Pouchet, naturaliste et médecin rouennais, prétend apporter une preuve définitive de la génération spontanée.
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Le 3 janvier 1859[92], l'Académie des Sciences discute la note de Pouchet. Tous les académiciens qui participent à cette discussion : Milne Edwards, Payen, Quatrefages, Claude Bernard et Dumas, alléguant des expériences qu'ils ont faites eux-mêmes, s'expriment contre la génération spontanée, qui, d'ailleurs, est alors devenue une doctrine minoritaire.
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Même après les discussions de l'Académie, il reste cependant deux points faibles dans la position des adversaires de la génération spontanée :
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« Personne, raconte Pasteur, ne sut indiquer la véritable cause d'erreur de ses expériences [= de Pouchet], et bientôt l'Académie, comprenant tout ce qui restait encore à faire, propose pour sujet de prix la question suivante : Essayer, par des expériences bien faites, de jeter un jour nouveau sur la question des générations spontanées »[95].
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C'est Pasteur qui va obtenir le prix en 1862, pour ses travaux expérimentaux exposés dans son Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère. Examen de la doctrine des générations spontanées[96].
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Ses expériences sont, pour l'essentiel, des versions améliorées de celles de ses prédécesseurs[97]. Il comble de plus les deux desiderata signalés plus haut. Tout d'abord, il comprend que certains résultats antérieurs, apparemment favorables à la génération spontanée[98] étaient dus à ce qu'on utilisait la cuve à mercure pour empêcher la pénétration de l'air ambiant : le mercure, tout simplement, est lui-même très sale[99].
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Ensuite, il présente une expérience qu'on ne peut pas accuser de « tourmenter » l'air : il munit des flacons d'un col en S (col de cygne) et constate que, dans un nombre appréciable de cas[100], l'air qui a traversé les sinuosités, sans avoir été ni chauffé, ni filtré ni lavé, ne provoque pas l'apparition d'êtres vivants sur les substances qui se trouvent au fond du flacon, alors qu'il la provoque sur une goutte placée à l'entrée du circuit. La seule explication de l'inaltération[101] du fond est que des germes ont été arrêtés par les sinuosités et se sont déposés sur le verre. Cette expérience avait été suggérée à Pasteur par le chimiste Balard ; Chevreul en avait fait d'analogues dans ses cours[102].
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Enfin, Pasteur réfute un argument propre à Pouchet : celui-ci, arguant de la constance avec laquelle (dans ses expériences, du moins) la vie apparaissait sur les infusions, concluait que, si la théorie de ses adversaires était exacte, les germes seraient à ce point ubiquitaires que « l'air dans lequel nous vivons aurait presque la densité du fer »[103]. Pasteur fait des expériences en divers lieux, temps et altitudes et montre que (si on laisse pénétrer l'air ambiant sans le débarrasser de ses germes) la proportion des bocaux contaminés est d'autant plus faible que l'air est plus pur. Ainsi, sur la Mer de Glace, une seule des vingt préparations s'altère[104].
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Dans l'expérience des ballons à col de cygne, l'air était de l'air normal, ni chauffé, ni filtré ni lavé chimiquement, mais la matière fermentescible était chauffée, ce dont un spontépariste aurait pu tirer argument pour prétendre que le résultat de l'expérience (non-apparition de la vie) ne provenait pas de l'absence des germes, mais d'une modification des propriétés de la matière fermentescible. En 1863, Pasteur montre que si on met un liquide organique tout frais (sang ou urine) en présence d'air stérilisé, la vie n'apparaît pas, ce qui, conclut-il, « porte un dernier coup à la doctrine des générations spontanées »[105].
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Il y avait toutefois une lacune dans la démonstration de Pasteur : alors qu'il se posait en réfutateur de Pouchet, il n'utilisa jamais une infusion de foin comme le faisait Pouchet[106]. S'il l'avait fait, il se serait peut-être trouvé devant une difficulté inattendue[107]. En effet, de 1872 à 1876, quelques années après la controverse Pasteur-Pouchet, Ferdinand Cohn établira qu'un bacille du foin, Bacillus subtilis, peut former des endospores qui le rendent résistant à l'ébullition[108].
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À la lumière des travaux de Cohn, le pasteurien Émile Duclaux reconnaît que la réfutation de Pouchet par Pasteur devant la Commission académique des générations spontanées était erronée : « L'air est souvent un autre facteur important de la réviviscence des germes (...). [Le] foin contient d'ordinaire, comme Cohn l'a montré depuis, un bacille très ténu (...). C'est ce fameux bacillus subtilis (...). Ses spores, en particulier, peuvent supporter plusieurs heures d'ébullition sans périr, mais elles sont d'autant plus difficiles à rajeunir qu'elles ont été plus maltraitées. Si on ferme à la lampe le col du ballon qui les contient, au moment où le liquide qui les baigne est en pleine ébullition elles ne sont pas mortes, mais elles ne se développent pas dans le liquide refroidi et remis à l'étuve, parce que l'air fait défaut. Si on laisse rentrer cet air, l'infusion se peuple, et se peuplerait encore si on ne laissait rentrer que de l'air chauffé, car l'air n'agit pas, comme le croyait Pasteur au moment des débats devant la Commission académique des générations spontanées, en apportant des germes : c'est son oxygène qui entre seul en jeu. » (Émile Duclaux ajoute que Pasteur revint de son erreur[109]).
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L'air comme facteur de réviviscence de germes non pas morts, mais en état de non-développement, telle est donc l'explication que la science a fini par préférer à l'air convoyeur de germes pour rendre compte d'un phénomène que Pouchet, pour sa part, interprétait comme suit : « les Proto-organismes, qui naissent spontanément (...) ne sont pas extraits de la matière brute proprement dite, ainsi que l'ont prétendu quelques fauteurs [= partisans] de l'hétérogénie, mais bien des particules organiques, débris des anciennes générations d'animaux et de plantes, qui se trouvent combinées aux parties constituantes des minéraux. Selon cette doctrine, ce ne sont donc pas des molécules minérales qui s'organisent, mais bien des particules organiques qui sont appelées à une nouvelle vie »[110].
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On considère que c'est John Tyndall qui, en suivant les idées de Cohn, mettra la dernière main à la réfutation de la génération spontanée[111].
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Pasteur estimait d'ailleurs que la génération spontanée n'était pas réfutée de façon absolue, mais seulement dans les expériences par lesquelles on avait prétendu la démontrer. Dans un texte non publié de 1878, il déclarait ne pas juger la génération spontanée impossible[112].
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Nous avons vu qu'on peut reprocher à Pasteur comme un manque de rigueur le fait de ne pas avoir cherché à répéter vraiment les expériences de Pouchet. Il y a une autre circonstance où, dans ses travaux sur la génération spontanée, Pasteur peut sembler tendancieux, puisqu'il admet avoir passé sous silence des constatations qui n'allaient pas dans le sens de sa thèse. En effet, travaillant à l'aide de la cuve à mercure alors qu'il n'avait pas encore compris que le mercure apporte lui-même des germes, il avait obtenu des résultats apparemment favorables à la génération spontanée : « Je ne publiai pas ces expériences; les conséquences qu'il fallait en déduire étaient trop graves pour que je n'eusse pas la crainte de quelque cause d'erreur cachée, malgré le soin que j'avais mis à les rendre irréprochables. J'ai réussi, en effet, plus tard, à reconnaître cette cause d'erreur »[113].
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Se fondant sur ces deux entorses de Pasteur à la pure méthode scientifique, et aussi sur ce qu'ils considéraient comme l'évidente partialité de l'Académie des sciences en faveur de Pasteur, Farley et Geison, dans un article de 1974[114], ont soutenu qu'un facteur externe à la science intervenait dans la démarche de Pasteur et de l'Académie des sciences : le désir de faire échec aux idées matérialistes et subversives dont la génération spontanée passait pour être l'alliée. (Pasteur, qui était spiritualiste, voyait un lien entre matérialisme et adhésion à la génération spontanée, mais se défendait de s'être lui-même laissé influencer par cette sorte de considérations dans ses travaux scientifiques[115].) Dans son livre de 1995[116], Geison reprend une bonne part de l'article de 1974, mais reconnaît que cet article était trop « externaliste » au détriment de Pasteur et faisait la part trop belle à Pouchet.
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H. Collins et T. Pinch, en 1993, prennent eux aussi pour point de départ de leur réflexion les deux entorses de Pasteur à la pure méthode scientifique et la partialité de l'Académie des sciences, ils mentionnent eux aussi (brièvement) les enjeux religieux et politiques que certains croyaient voir dans la question, mais n'évoquent pas la possibilité que Pasteur lui-même ait cédé à de tels mobiles idéologiques. En fait, ils exonèrent Pasteur et blâment plutôt une conception aseptisée de la méthode scientifique : « Pasteur savait ce qui devait être considéré comme un résultat et ce qui devait l'être comme une 'erreur'. Pasteur était un grand savant, mais la manière dont il a agi ne s'approche guère de l'idéal de la méthode scientifique proposé de nos jours. On voit mal comment il aurait pu transformer à ce point notre conception de la nature des germes s'il avait dû adopter le modèle de comportement stérile qui passe aux yeux de beaucoup pour le parangon de l'attitude scientifique[117] ».
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Signalons cependant, à propos de cette apologie un peu cynique, que des voix se sont élevées contre la tendance de certains théoriciens « externalistes » ou « relativistes » des sciences à réduire l'activité scientifique, et notamment celle de Pasteur, à des manœuvres et à des coups de force où la rationalité aurait assez peu de part[118].
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Dans un article de 1999[119] et un livre de 2003[120], D. Raynaud a réexaminé la controverse sur la génération spontanée en partant de la correspondance non publiée entre les membres de l'Académie des Sciences et Pouchet. À partir de quatre arguments principaux, il a conclu à l'inanité de l'apologie de Pouchet présentée par certains historiens et sociologues « relativistes » des sciences.
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En 1862, Pasteur confirme l'opinion formulée dès 1822 par Christiaan Hendrik Persoon, en établissant le rôle d'un microorganisme, le mycoderma aceti (renommé Acetobacter aceti) dans la formation du vinaigre[125].
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En 1863, il y a déjà quelques années que les maladies des vins français grèvent lourdement le commerce. Napoléon III demande à Pasteur, spécialiste de la fermentation et de la putréfaction, de chercher un remède : Pasteur, qui transporta deux années de suite en automne son laboratoire à Arbois, publiera les résultats de ses travaux dans Études sur le vin en 1866 (il avait publié un premier papier sur le sujet dès 1863)[126]. Il propose de chauffer le vin à 57 °C afin de tuer les germes et résout ainsi le problème de sa conservation et du transport, c'est la pasteurisation. Il a au sujet de ce procédé une querelle de priorité avec l'œnologue Alfred de Vergnette de Lamotte, dans laquelle les savants Balard et Thenard prennent parti respectivement pour Pasteur et pour Vergnette[127]. Pasteur et Vergnette avaient d'ailleurs été tous deux précédés par Nicolas Appert qui avait publié le chauffage des vins en 1831 dans son ouvrage Le livre de tous les ménages[128]. La découverte de la pasteurisation vaudra à Pasteur le Mérite Agricole, mais aussi le Grand Prix de l’Exposition universelle (1867).
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Des dégustateurs opérant à l'aveugle avaient conclu que la pasteurisation n'altérait pas le bouquet des grands vins, mais « Pasteur fut forcé de reconnaître la forte influence de l'imagination après avoir vu sa commission d'expertise renverser complètement ses conclusions sur le même vin en l'espace de quelques jours »[129]. Finalement, la pasteurisation du vin n'eut pas un grand succès et fut abandonnée avant la fin du XIXe siècle[130]. Avant la Première Guerre mondiale, l'Institut Pasteur pratiqua sur le vin une pasteurisation rapide en couche mince qui ne se répandit guère mais fit plus tard « un retour triomphal en France sous son nom américain » de flash pasteurization[131].
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En Bourgogne, la pasteurisation du vin a été abandonnée dans les années 1930[132].
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Les maladies microbiennes du vin ont été évitées par d'autres moyens que la pasteurisation : conduite rationnelle des fermentations, sulfitage des vendanges[133], réduction des populations contaminantes par différents procédés de clarification. D'un emploi malaisé au niveau du chai, où elle ne met pas en outre la cuvée à l'abri d'une contamination postérieure au chauffage, la pasteurisation a toutefois son utilité pour certains types de vins, - d'ailleurs plutôt de qualité moyenne et de consommation rapide — au moment de l'embouteillage où l'on préfère parfois les techniques de sulfitage et de filtration stérile (mais la brasserie recourt plus volontiers à la pasteurisation)[134].
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Pour sa mise en évidence du rôle des organismes vivants dans la fermentation alcoolique et pour les conséquences d'ordre pratique qu'il en a tirées, Pasteur est considéré comme le fondateur de l’œnologie, dont Chaptal avait posé les premiers jalons. Toutefois, en limitant l'action positive aux seules levures, Pasteur n'a pas pu voir le rôle de certaines bactéries dans le déclenchement de la fermentation malolactique (rôle qui, une fois redécouvert -en 1946- permettra une conduite beaucoup plus subtile de la vinification)[62].
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Contrairement à la pasteurisation du vin, la pasteurisation du lait, à laquelle Pasteur n'avait pas pensé (c'est le chimiste allemand Franz von Soxhlet qui, en 1886, proposa d'appliquer la pasteurisation au lait[135]), s'implanta durablement. (Ici encore, d'ailleurs, on marchait sur les traces d'Appert[136]).
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La théorie de l'origine microbienne des maladies contagieuses, appelée théorie microbienne ou théorie des germes, existait depuis longtemps, mais seulement à l'état d'hypothèse. La première démonstration de la nature vivante d'un agent infectieux est établie en 1687 par deux élèves de Francesco Redi, Giovanni Cossimo Bonomo et Diacinto Cestoni qui montrent, grâce à l'utilisation du microscope, que la gale est causée par un petit parasite, Sarcoptes scabiei. Cette découverte n'eut pourtant alors aucun écho[137]. Vers 1835, quelques savants, dont on a surtout retenu Agostino Bassi[138], prouvent qu'une des maladies du ver à soie, la muscardine, est causée par un champignon microscopique. En 1836-37 Alfred Donné décrit le protiste responsable de la trichomonose : Trichomonas vaginalis. En 1839 Johann Lukas Schönlein identifie l'agent des teignes faviques : Trichophyton schoenleinii ; en 1841, le Suédois Frederick Theodor Berg identifie Candida albicans, l'agent du Muguet buccal et en 1844, David Gruby identifie l'agent des teignes tondantes, Trichophyton tonsurans (cette dernière découverte apparemment oubliée, fut faite de nouveau par Saboureau en 1894). Il s'agissait là toutefois de protozoaires ou d'organismes multicellulaires. En 1861, Anton de Bary établit le lien de causalité entre le mildiou de la pomme de terre - responsable notamment de la Grande Famine en Irlande - et le champignon Botrytis infestans (qui avait déjà été observé par Miles Joseph Berkeley en 1845).
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Dans un essai de 1840, Friedrich Gustav Jakob Henle, faisant écho aux travaux de Bassi sur la nature microbienne de la muscardine du ver à soie et à ceux de Cagniard de Latour et de Theodor Schwann sur la nature vivante de la levure, avait développé une théorie microbienne des maladies contagieuses et formulé les critères permettant selon lui de décider si telle maladie a pour cause tel micro-organisme.
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La théorie, en dépit de ces avancées, rencontrait des résistances et se développait assez lentement, notamment pour ce qui est des maladies contagieuses humaines. Ainsi, la découverte du bacille du choléra était restée quasiment lettre morte quand Pacini l'avait publiée en 1854, alors qu'elle devait trouver immédiatement une vaste audience quand Koch la refit en 1883. À l'époque des débuts de Pasteur, donc, la théorie microbienne existe, même si elle est encore dans l'enfance. D'autre part, il est de tradition, surtout depuis le XVIIIe siècle, de souligner l'analogie entre les maladies fiévreuses et la fermentation[139]. Il n'est donc pas étonnant, dans ce contexte, que les travaux de Pasteur sur la fermentation aient stimulé le développement de la théorie microbienne des maladies contagieuses. En 1860, après avoir réaffirmé le rôle des organismes vivants dans la putréfaction et la fermentation, Pasteur lui-même ajoutait : « Je n'ai pas fini cependant avec toutes ces études. Ce qu'il y aurait de plus désirable serait de les conduire assez loin pour préparer la voie à une recherche sérieuse de l'origine de diverses maladies »[140]. Casimir Davaine, au début de ses publications de 1863 sur le charbon, qui sont maintenant considérées comme la première preuve de l'origine microbienne d'une maladie transmissible à l'homme, écrivait « M. Pasteur, en février 1861, publia son remarquable travail sur le ferment butyrique, ferment qui consiste en petites baguettes cylindriques, possédant tous les caractères des vibrions ou des bactéries. Les corpuscules filiformes que j'avais vus dans le sang des moutons atteints de sang de rate [= charbon] ayant une grande analogie de forme avec ces vibrions, je fus amené à examiner si des corpuscules analogues ou du même genre que ceux qui déterminent la fermentation butyrique, introduits dans le sang d'un animal, n'y joueraient pas de même le rôle d'un ferment »[141].Pasteur lui-même, en 1880, rappelle ses travaux sur les fermentations et ajoute : « La médecine humaine, comme la médecine vétérinaire, s'emparèrent de la lumière que leur apportaient ces nouveaux résultats. On s'empressa notamment de rechercher si les virus et les contages ne seraient pas des êtres animés. Le docteur Davaine (1863) s'efforça de mettre en évidence les fonctions de la bactéridie du charbon, qu'il avait aperçue dès l'année 1850 »[142].On verra toutefois que Pasteur, quand il aura à s'occuper des maladies des vers à soie, en 1865, commencera par nier le caractère microbien de la pébrine, compris par d'autres avant lui. Quant aux maladies contagieuses humaines, c'est seulement à partir de 1877[143] qu'il participera personnellement au développement de leur connaissance. (Dès 1873 Gerhard Armauer Hansen, porté par la conclusion de Pasteur dans le débat sur la génération spontanée certes, mais aussi lecteur de Charles-Louis Drognat-Landré[144] et de Davaine, identifie l'agent causal de la lèpre. Cette découverte, toutefois, ne fera pas immédiatement l'unanimité[145].)
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Le chirurgien anglais Joseph Lister, après avoir lu les travaux de Pasteur sur la fermentation (où la putréfaction est expliquée, comme la fermentation, par l'action d'organismes vivants), se convainc que l'infection postopératoire (volontiers décrite à l'époque comme une pourriture, une putréfaction) est due elle aussi à des organismes microscopiques. Ayant lu ailleurs que l'acide phénique (phénol) détruisait les entérozoaires qui infectaient certains bestiaux, il lave les blessures de ses opérés à l'eau phéniquée et leur applique un coton imbibé d'acide phénique. Le résultat est une réduction drastique de l'infection et de la mortalité.
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Lister publie sa théorie et sa méthode en 1867, en les rattachant explicitement aux travaux de Pasteur[146]. Dans une lettre de 1874, il remercie Pasteur « pour m'avoir, par vos brillantes recherches, démontré la vérité de la théorie des germes de putréfaction, et m'avoir ainsi donné le seul principe qui ait pu mener à bonne fin le système antiseptique »[147].
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L'antisepsie listérienne, dont l'efficacité triomphera en quelques années des résistances, est, au point de vue théorique, une branche importante de la théorie microbienne. Sur le plan pratique, toutefois, elle n'est pas entièrement satisfaisante : Lister, qui n'a pensé qu'aux germes présents dans l'air, et non à ceux que propagent l'eau[148], les mains des opérateurs ainsi que les instruments et les tissus qu'ils emploient, attaque les microbes dans le champ opératoire, en vaporisant l'acide phénique dans l'air et en l'appliquant sur les plaies. C'est assez peu efficace quand il faut opérer en profondeur et, de plus, l'acide phénique a un effet caustique sur l'opérateur et sur le patient. On cherche donc bientôt à prévenir l'infection (asepsie) plutôt qu'à la combattre (antisepsie)[149].
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Pasteur « est de ceux qui cherchent à dépasser l'antisepsie par l'asepsie »[150]. À la séance du 30 avril 1878 de l'Académie de médecine, il attire l'attention sur les germes propagés par l'eau, l'éponge ou la charpie avec lesquelles les chirurgiens lavent ou recouvrent les plaies et leur recommande de ne se servir que d'instruments d'une propreté parfaite, de se nettoyer les mains puis de les soumettre à un flambage rapide et de n'employer que de la charpie, des bandelettes, des éponges et de l'eau préalablement exposées à diverses températures qu'il précise. Les germes en suspension dans l'air autour du lit du malade étant beaucoup moins nombreux que dans l'eau et à la surface des objets, ces précautions permettraient d'utiliser un acide phénique assez dilué pour ne pas être caustique[151].
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Certes, ces recommandations n'étaient pas d'une nouveauté absolue : Semmelweis et d'autres avant lui (par exemple Claude Pouteau et Jacques-Mathieu Delpech[152],[153]) avaient déjà compris que les auteurs des actes médicaux pouvaient eux-mêmes transmettre l'infection, et ils avaient fait des recommandations en conséquence, mais les progrès de la théorie microbienne avaient tellement changé les données que les conseils de Pasteur reçurent beaucoup plus d'audience que ceux de ses prédécesseurs.
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En préconisant ainsi l'asepsie, Pasteur traçait une voie qui serait suivie (non sans résistances du corps médical) par Octave Terrillon (1883), Ernst von Bergmann et William Halsted[154],[155].
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En 1865, Jean-Baptiste Dumas, sénateur et ancien ministre de l'Agriculture et du commerce, demande à Pasteur d'étudier une nouvelle maladie qui décime les élevages de vers à soie du sud de la France et de l'Europe, la pébrine, caractérisée à l'échelle macroscopique par des taches noires et à l'échelle microscopique par les « corpuscules de Cornalia ». Pasteur accepte et fera cinq longs séjours à Alès, entre le 7 juin 1865 et 1869[156].
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Arrivé à Alès, Pasteur se familiarise avec la pébrine et aussi[157] avec une autre maladie du ver à soie, connue plus anciennement[158] que la pébrine : la flacherie ou maladie des morts-flats. Contrairement, par exemple, à Quatrefages, qui avait forgé le mot nouveau pébrine[159], Pasteur commet l'erreur de croire que les deux maladies n'en font qu'une et même que la plupart des maladies des vers à soie connues jusque-là sont identiques entre elles et à la pébrine[160]. C'est dans des lettres du 30 avril et du 21 mai 1867 à Dumas qu'il fait pour la première fois la distinction entre la pébrine et la flacherie[161].
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Il commet une autre erreur : il commence par nier le caractère « parasitaire » (microbien) de la pébrine, que plusieurs savants (notamment Antoine Béchamp[162]) considéraient comme bien établi. Même une note publiée le 27 août 1866[163] par Balbiani, que Pasteur semble d'abord accueillir favorablement[164], reste sans effet, du moins immédiat[165]. « Pasteur se trompe. Il ne changera d'opinion que dans le courant de 1867 »[166].
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Alors que Pasteur n'a pas encore compris la cause de la maladie, il propage un procédé efficace pour enrayer les infections : on choisit un échantillonnage de chrysalides, on les broie et on recherche les corpuscules dans le broyat ; si la proportion de chrysalides corpusculeuses dans l'échantillonnage est très faible, on considère que la chambrée est bonne pour la reproduction[167]. Cette méthode de tri des « graines » (œufs) est proche d'une méthode qu'avait proposée Osimo quelques années auparavant, mais dont les essais n'avaient pas été concluants[168]. Par ce procédé, Pasteur jugule la pébrine et sauve pour beaucoup l'industrie de la soie dans les Cévennes[169],[170].
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En 1884, Balbiani[171], qui faisait peu de cas de la valeur théorique des travaux de Pasteur sur les maladies des vers à soie, reconnaissait que son procédé pratique avait remédié aux ravages de la pébrine, mais ajoutait que ce résultat tendait à être contrebalancé par le développement de la flacherie, moins bien connue et plus difficile à prévenir[172]. En 1886, la Société des agriculteurs de France émettait le vœu « que le gouvernement examine s’il n'y avait pas lieu de procéder à de nouvelles études scientifiques et pratiques sur le caractère épidémique des maladies des vers à soie et sur les moyens de combattre cette influence ». Decourt[173], qui cite ce vœu, donne des chiffres dont il conclut qu'après les travaux de Pasteur, la production des vers à soie resta toujours très inférieure à ce qu'elle avait été avant l'apparition de la pébrine et conteste dès lors à Pasteur le titre de « sauveur de la sériciculture française ».
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À partir de 1876, Pasteur travaille successivement sur le filtre et l'autoclave, tous deux mis au point par Charles Chamberland (1851-1908), et aussi sur le flambage des vases[174].
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Bien que ses travaux sur les fermentations, comme on l'a vu, aient stimulé le développement de la théorie microbienne des maladies contagieuses, et bien que, dans l'étude des maladies des vers à soie, il ait fini par se ranger à l'opinion de ceux qui considéraient la pébrine comme « parasitaire », Pasteur, à la fin de 1876 (année où l'Allemand Robert Koch a fait progresser la connaissance de la bactérie du charbon), est encore indécis sur l'origine des maladies contagieuses humaines : « Sans avoir de parti pris dans ce difficile sujet, j'incline par la nature de mes études antérieures du côté de ceux qui prétendent que les maladies contagieuses ne sont jamais spontanées (...) Je vois avec satisfaction les médecins anglais qui ont étudié la fièvre typhoïde avec le plus de vigueur et de rigueur repousser d'une manière absolue la spontanéité de cette terrible maladie »[175]. Mais il devient bientôt un des partisans les plus actifs et les plus en vue de la théorie microbienne des maladies contagieuses, domaine où son plus grand adversaire est Robert Koch, leur rivalité féroce (sur fond de guerre franco-prussienne) mais féconde s'étendant aux écoles qu’ils ont créées et se manifestant d'abord sur l'étiologie du charbon, puis sur le choléra, la sérothérapie antidiphtérique et la peste[176]. En 1877, Pasteur découvre le « vibrion septique »[177], qui provoque un type de septicémie et avait obscurci l'étiologie du charbon; ce microbe sera nommé plus tard Clostridium septicum[178]. En 1880, il découvre le staphylocoque, qu'il identifie comme responsable des furoncles et de l'ostéomyélite[179]. Son combat en faveur de la théorie microbienne ne l'empêche d'ailleurs pas de reconnaître l'importance du « terrain »[180], importance illustrée par l'immunisation vaccinale, à laquelle il va consacrer la dernière partie de sa carrière.
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Quand Pasteur commence ses recherches sur les vaccins, on fait des inoculations préventives contre une maladie humaine, la variole (la méthode de Jenner est célèbre), et contre deux maladies du bétail : la clavelée, maladie du mouton, et la péripneumonie bovine[181].
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Certains clavelisateurs cherchent à atténuer[182] la virulence du claveau (la substance morbide injectée) par culture ou par inoculations successives d'animal à animal, mais, selon un dictionnaire de l'époque, leurs résultats sont illusoires[183].
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Le germe du choléra des poules, nommé ensuite Pasteurella avicida, fut isolé en 1879 par l'italien Perroncito; la même année Henry Toussaint réussit à le cultiver. C'est d'ailleurs auprès de Toussaint que Pasteur se procura la souche du microbe de choléra des poules[184].
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Durant l'été 1879, Pasteur et ses collaborateurs, Émile Roux et Émile Duclaux, découvrent que les poules auxquelles on a inoculé des cultures vieillies du microbe du choléra des poules non seulement ne meurent pas mais résistent à de nouvelles infections - c'est la découverte d'un vaccin d'un nouveau type : contrairement à ce qui était le cas dans la vaccination contre la variole, on ne se sert pas, comme vaccin, d'un virus bénin fourni par la nature (sous forme d'une maladie bénigne qui immunise contre la maladie grave) mais on provoque artificiellement l'atténuation d'une souche initialement très virulente et c'est le résultat de cette atténuation qui est utilisé comme vaccin[185].
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S'il faut en croire la version célèbre de René Vallery-Radot[186] et d'Émile Duclaux[187], c'est en reprenant de vieilles cultures oubliées (ou laissées de côté pendant les vacances) qu'on se serait aperçu avec surprise qu'elles ne tuaient pas et même immunisaient. Il y aurait là un cas de sérendipité.
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Antonio Cadeddu[Qui ?], toutefois, rappelle que « depuis les années 1877-1878, [Pasteur] possédait parfaitement le concept d'atténuation de la virulence »[188]. C'est un des motifs pour lesquels Cadeddu[189], à la suite de Mirko Grmek, met en doute le rôle allégué du hasard dans la découverte du procédé d'atténuation de la virulence et pense que cette atténuation a sûrement été recherchée activement, ce que les notes de laboratoire de Pasteur semblent bien confirmer[190].
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Dans sa double communication du 26 octobre 1880 à l'Académie des Sciences et à l'Académie de médecine, Pasteur attribue l'atténuation de la virulence au contact avec l'oxygène. Il dit que des cultures qu'on laisse vieillir au contact de l'oxygène perdent de leur virulence au point de pouvoir servir de vaccin, alors que des cultures qu'on laisse vieillir dans des tubes à l'abri de l'oxygène gardent leur virulence. Il reconnaît toutefois dans une note de bas de page que l'oxygène ne joue pas toujours son rôle d'atténuation, ou pas toujours dans les mêmes délais : « Puisque, à l'abri de l'air, l'atténuation n'a pas lieu, on conçoit que, si dans une culture au libre contact de l'air (pur) il se fait un dépôt du parasite en quelque épaisseur, les couches profondes soient à l'abri de l'air, tandis que les superficielles se trouvent dans de tout autres conditions. Cette seule circonstance, jointe à l'intensité de la virulence, quelle que soit, pour ainsi dire, la quantité du virus employé, permet de comprendre que l'atténuation d'un virus ne doit pas nécessairement varier proportionnellement au temps d'exposition à l'air »[191].
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Certains[192] voient là un demi-aveu de l'irrégularité du vaccin, irrégularité que la suite confirma : « Cette voie, que le génie de Pasteur avait ouverte et qui fut ensuite si féconde, se révéla bientôt fermée en ce qui concerne la vaccination anti-pasteurellique de la poule. Des difficultés surgirent dans la régularité de l'atténuation et de l'entretien de la virulence à un degré déterminé et fixe »[193].
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La théorie de Pasteur, selon laquelle la virulence du vaccin était atténuée par l'action de l'oxygène, n'a pas été retenue. Th. D. Brock, après avoir présenté comme vraisemblable l'explication, étrangère à Pasteur, de l'atténuation dans les cultures par mutations et sélection (l'organisme vivant, qui possède des défenses immunitaires, exerce une sélection en défaveur des microbes mutants peu virulents, ce qui n'est pas le cas dans les cultures), ajoute : « Ses recherches [= de Pasteur] sur les effets de l'oxygène sont quelque chose de curieux. Bien que l'oxygène puisse jouer un rôle en accélérant les processus d'autolyse, il n'a probablement pas une action aussi directe que Pasteur le pensait »[194].
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En 1880, Auguste Chauveau[195] et Henry Toussaint[196] publient les premières expériences françaises d'immunisation d'animaux contre le charbon par inoculation préventive. À la même époque, W.S. Greenfield, à Londres, obtient l'immunisation en inoculant le bacille préalablement atténué par culture. Au vu des publications de Greenfield, certains auteurs estiment qu'il a la priorité sur Pasteur[197], mais Greenfield reconnaissait lui-même que ses résultats étaient peu concluants[198].
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Le 5 mai 1881, lors de la célèbre expérience de Pouilly-le-Fort, un troupeau de moutons est vacciné contre la maladie du charbon à l'aide d'un vaccin mis au point par Pasteur, Émile Roux et surtout Charles Chamberland. Cette expérience fut un succès complet. Certains auteurs reprochent cependant à Pasteur d'avoir induit le public scientifique en erreur sur la nature exacte du vaccin utilisé lors de cette expérience. C'est ce qu'on a appelé le « Secret de Pouilly-le-Fort ».
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Afin de répondre à la demande importante de vaccins charbonneux qui s'est manifestée immédiatement après l'expérience de Pouilly-le-fort, et ce tant en France qu'à l’étranger, et tandis qu'un décret de juin 1882 inscrivait le vaccin charbonneux dans la loi de police sanitaire des animaux, Pasteur doit organiser « précipitamment » la production et la distribution en nombre de vaccin. Pour ce faire une entité est créée Le Vaccin charbonneux, rue Vauquelin[199]. Des accidents vaccinaux survenus à l'automne 1881 et au printemps 1882, en France et à l’étranger, imposent à Pasteur de revenir sur le postulat de la fixité des vaccins. En 1886, la diffusion du vaccin charbonneux à l'étranger est confiée à une société commerciale, la Compagnie de Vulgarisation du Vaccin Charbonneux qui détenait un monopole commercial mais aussi technique visant tant à préserver les secrets de fabrication qu'à garantir l'homogénéité des vaccins[200].
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Le vaccin de Pasteur et ses dérivés donnaient des résultats globalement satisfaisants, mais ils s'affaiblissaient parfois au point de ne pas provoquer une réaction immunitaire suffisante et, dans d'autres cas, ils restaient assez virulents pour communiquer la maladie qu'ils étaient censés prévenir. Nicolas Stamatin en 1931 et Max Sterne en 1937 obtinrent des vaccins plus efficaces à l'aide de bacilles dépourvus de la capacité de former une capsule (bacilles acapsulés ou acapsulogènes)[201].
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Envoyé par Pasteur dans le Sud-est de la France où sévit une épidémie de rouget du porc, dit aussi le mal rouge, Louis Thuillier identifie le bacille de cette maladie le 15 mars 1882. Cette découverte a en réalité déjà été faite par H.J. Detmers à Chicago[202]. La description originellement donnée par Pasteur et Thuillier d'un bacille en forme de 8 est fautive. Le pasteurien Adrien Loir écrira en 1937-1938 que le bacille qu'ils ont cultivé et qui a servi à produire le vaccin (voir plus loin) était bien celui du rouget, même s'ils l'ont décrit incorrectement[203], mais en 1957, Gaston Ramon estimera que le bacille découvert par Thuillier était une pasteurelle du porc et non le bacille du rouget[204]. Dans une communication datée du 26 novembre 1883 et intitulée La vaccination du rouget des porcs à l'aide du virus mortel atténué de cette maladie , Pasteur présente à l'Académie des Sciences un vaccin obtenu par une diminution de la virulence du bacille à l'aide de passage successifs sur le lapin, espèce naturellement peu réceptive à cette maladie. Il s'agit d'une nouvelle méthode d'atténuation de la virulence, qui s'apparente à celle sur laquelle est basée le vaccin de Jenner[205]. En dépit des efforts de l'administration française, le vaccin du rouget, mis sur le marché dès 1886, ne rencontre pas un grand succès en France. Le 22 octobre 1884, Pasteur note que « la Société vétérinaire de la Charente a été de nouveau découragée pour des vaccinations de rouget par un échec qu'elle a subi en octobre[206] ». Cet échec a été attribué à un investissement insuffisant de Chamberland chargé d'en assurer le développement dans le cadre du laboratoire Pasteur[207]. Ainsi pour la seule année 1890, seuls 20 000 porcs sont vaccinés en France, alors qu'en Hongrie ce nombre se monte alors à 250 000[208].
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Faute de données précises, l'épidémiologie de la rage humaine et animale est difficile à retracer avant le XXe siècle. Elle semble en extension en Europe occidentale à partir du XVIe siècle, probablement en raison d'une croissance démographique perturbant les habitats de la faune sauvage, avec multiplication des contacts entre animaux sauvages et domestiques, notamment lors du marronnage[209]. La rage des loups, renards et chiens est présente en Europe tout au long du siècle en causant plusieurs centaines de décès humains[209].
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En 1879, Pierre[210]-Henri Duboué[211] dégage de divers travaux de l'époque une « théorie nerveuse » de la rage : « Dans cette hypothèse, le virus rabique s'attache aux fibrilles nerveuses mises à nu par la morsure et se propage jusqu'au bulbe. » Le rôle de la voie nerveuse dans la propagation du virus de la rage, conjecturé par Duboué presque uniquement à partir d'inductions[212], fut plus tard confirmé expérimentalement par Pasteur et ses assistants.
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La même année 1879, Galtier montre qu'on peut utiliser le lapin, beaucoup moins dangereux que le chien, comme animal d'expérimentation. Il envisage aussi de mettre à profit la longue durée d'incubation (c'est-à-dire la longue durée que le virus met à atteindre les centres nerveux) pour faire jouer à un moyen préventif (qu'il en est encore à chercher ou à expérimenter) un rôle curatif : « J'ai entrepris des expériences en vue de rechercher un agent capable de neutraliser le virus rabique après qu'il a été absorbé et de prévenir ainsi l'apparition de la maladie, parce que, étant persuadé, d'après mes recherches nécroscopiques, que la rage une fois déclarée est et restera longtemps, sinon toujours incurable, à cause des lésions qu'elle détermine dans les centres nerveux, j'ai pensé que la découverte d'un moyen préventif efficace équivaudrait presque à la découverte d'un traitement curatif, surtout si son action était réellement efficace un jour ou deux après la morsure, après l'inoculation du virus »[213]. (Galtier ne précise pas que le moyen préventif auquel il pense doive être un vaccin.)
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Dans une note de 1881[214], il signale notamment qu'il semble avoir conféré l'immunité à un mouton en lui injectant de la bave de chien enragé par voie sanguine. (L'efficacité de cette méthode d'immunisation des petits ruminants : chèvre et mouton, par injection intraveineuse sera confirmée en 1888 par deux pasteuriens, Nocard et Roux[215]).
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Dans cette même note, toutefois, Galtier répète une erreur qu'il avait déjà commise dans son Traité des maladies contagieuses de 1880 : parce qu'il n'a pas pu transmettre la maladie par inoculation de fragments de nerfs, de moelle ou de cerveau, il croit pouvoir conclure que, chez le chien, le virus n'a son siège que dans les glandes linguales et la muqueuse bucco-pharyngienne[216].
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Les choses en sont là quand Pasteur, en 1881, commence ses publications sur la rage.
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Dans une note du 30 mai de cette année[217], Pasteur rappelle la « théorie nerveuse » de Duboué et l'incapacité où Galtier a dit être de confirmer cette théorie en inoculant de la substance cérébrale ou de la moelle de chien enragé. « J'ai la satisfaction d'annoncer à cette Académie que nos expériences ont été plus heureuses », dit Pasteur, et dans cette note de deux pages, il établit deux faits importants :
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Dans cette note de 1881, Galtier n'est nommé qu'une fois, et c'est pour être contredit (avec raison).
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En décembre 1882[218], nouvelle note de Pasteur et de ses collaborateurs, établissant que le système nerveux central est le siège principal du virus, où on le trouve à l'état plus pur que dans la salive, et signalant des cas d'immunisation d'animaux par inoculation du virus, autrement dit des cas de vaccination. Galtier est nommé deux fois en bas de page, tout d'abord à propos des difficultés insurmontables auxquelles se heurtait l'étude de la rage avant l'intervention de Pasteur, notamment parce que « la salive était la seule matière où l'on eût constaté la présence du virus rabique » (suit une référence à Galtier) et ensuite à propos de l'absence d'immunisation que les pasteuriens ont constatée chez le chien après injection intraveineuse : « Ces résultats contredisent ceux qui ont été annoncés par M. Galtier, à cette Académie, le 1er août 1881, par des expériences faites sur le mouton. » Galtier, en 1891[219] puis en 1904[220], se montra ulcéré[221] de cette façon de traiter sa méthode d'immunisation des petits ruminants par injection intraveineuse, dont l'efficacité fut confirmée en 1888 par deux pasteuriens, Roux et Nocard[222].
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Deux notes de février[223] et mai[224] 1884 sont consacrées à des méthodes de modification du degré de virulence par passages successifs à l'animal (exaltation par passages successifs aux lapins, atténuation par passages successifs aux singes). Les auteurs estiment qu'après un certain nombre de passages chez des animaux d'une même espèce, on obtient un virus fixe, c'est-à-dire un virus dont les propriétés resteront immuables lors de passages subséquents (en 1935, P. Lépine montra que cette fixité était moins absolue qu'on ne le croyait et qu'il était nécessaire de contrôler le degré de virulence et le pouvoir immunogène des souches « fixes »[225]).
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En 1885, Pasteur se dit[226] capable d'obtenir une forme du virus atténuée à volonté en exposant de la moelle épinière de lapin rabique desséchée au contact de l'air gardé sec[227]. Cela permet de vacciner par une série d'inoculations de plus en plus virulentes.
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C'est en cette année 1885 qu'il fait ses premiers essais sur l'homme.
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Il ne publia rien sur les deux premiers cas : Girard, sexagénaire de l'hôpital Necker, inoculé le 5 mai 1885, et la fillette de 11 ans Julie-Antoinette Poughon, inoculée après le 22 juin 1885, ce qui, selon Patrice Debré[228], alimente régulièrement une rumeur selon laquelle Pasteur aurait « étouffé » ses premiers échecs. En fait, dans le cas Girard, qui semble avoir évolué favorablement, le diagnostic de rage, malgré des symptômes qui avaient fait conclure à une rage déclarée, était douteux, et, dans le cas de la fillette Poughon (qui mourut le lendemain de la vaccination), il s'agissait très probablement d'une rage déclarée, ce qui était et est encore, avec une quasi-certitude[229], un arrêt de mort à brève échéance, avec ou sans vaccination[230].
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G. Geison a noté qu'avant de soigner ces deux cas humains de rage déclarée, Pasteur n'avait fait aucune tentative de traitement de rage déclarée sur des animaux[231].
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Le 6 juillet 1885, on amène à Pasteur un petit Alsacien de Steige âgé de neuf ans, Joseph Meister, mordu l'avant-veille par un chien qui avait ensuite mordu son propriétaire. Meister avait reçu quatorze blessures et le chien, toujours agressif, avait été abattu par des gendarmes[232]. Les morsures étant récentes, il n'y a pas de rage déclarée. Cette incertitude du diagnostic rend le cas plus délicat que les précédents et Roux, l'assistant de Pasteur dans les recherches sur la rage, refuse formellement de participer à l'injection[233]. Pasteur hésite, mais deux éminents médecins, Alfred Vulpian et Jacques-Joseph Grancher, estiment que le cas est suffisamment sérieux pour justifier la vaccination et la font pratiquer sous leur responsabilité. Le fort écho médiatique accordé alors à la campagne de vaccination massive contre le choléra menée par Jaume Ferran en Espagne a pu également infléchir la décision de Pasteur[234]. Joseph Meister reçoit sous un pli fait à la peau de l’hypocondre droit treize inoculations réparties sur dix jours, et ce par une demi-seringue de Pravaz d'une suspension d'un broyat de moelle de lapin mort de rage le 21 juin et conservée depuis 15 jours[235]. Il ne développera jamais la rage.
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En fait, la valeur de preuve du cas Meister laisse sceptiques certains spécialistes. Ce qui fit considérer que le chien qui l'avait mordu était enragé est le fait que « celui-ci, à l'autopsie, avait foin, paille et fragments de bois dans l'estomac »[236]. Aucune inoculation de substance prélevée sur le chien ne fut faite. Dans une communication à l'Académie de médecine (11 janvier 1887), Peter, principal adversaire de Pasteur et grand clinicien, déclara que le diagnostic de rage par la présence de corps étrangers dans l'estomac était caduc [237]. Victor Babès, disciple de Pasteur, confirmera dans son Traité de la rage[238] que « l'autopsie est, en effet, insuffisante à établir le diagnostic de rage. En particulier, la présence de corps étrangers dans l'estomac est à peu près sans valeur. »[239].
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Un détail du traitement de Meister illustre ces mots écrits en 1996 par Maxime Schwartz, alors directeur général de l'Institut Pasteur (Paris) :
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Pasteur, en effet, fit faire à Meister, après la série des inoculations vaccinales, une injection de contrôle. L'injection de contrôle, pour le dire crûment, consiste à risquer de tuer le sujet en lui injectant une souche d'une virulence qui lui serait fatale dans le cas où il ne serait pas vacciné ou le serait mal ; s'il en réchappe, on conclut que le vaccin est efficace[241].
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Pasteur a lui-même dit les choses clairement : « Joseph Meister a donc échappé, non seulement à la rage que ses morsures auraient pu développer, mais à celle que je lui ai inoculée pour contrôle de l'immunité due au traitement, rage plus virulente que celle des rues. L'inoculation finale très virulente a encore l'avantage de limiter la durée des appréhensions qu'on peut avoir sur les suites des morsures. Si la rage pouvait éclater, elle se déclarerait plus vite par un virus plus virulent que par celui des morsures ».
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À propos de la seconde de ces trois phrases, André Pichot, dans son anthologie d'écrits de Pasteur, met une note : « Cette phrase est un peu déplacée, dans la mesure où il s'agissait ici de soigner un être humain (et non de faire une expérience sur un animal) »[242].
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Pasteur ayant publié ses premiers succès, son vaccin antirabique devient vite notoire et les candidats affluent (parmi les premiers vaccinés, Jean-Baptiste Jupille est resté célèbre). Déçu par quelques cas où le vaccin a été inefficace, Pasteur croit pouvoir passer à un « traitement intensif », qu'il présente à l'Académie des Sciences le 2 novembre 1886[243]. L'enfant Jules Rouyer, vacciné dans le mois d'octobre précédant cette communication, meurt vingt-quatre jours après la communication et son père porte plainte contre les responsables de la vaccination[244].
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D'après un récit fait une cinquantaine d'années après les évènements par le bactériologiste André Loir, neveu et ancien assistant-préparateur de Pasteur, le bulbe rachidien de l'enfant, inoculé à des lapins, leur communique la rage, mais Roux (en l'absence de Pasteur, qui villégiature à la Riviera) fait un rapport en sens contraire ; le médecin légiste, Brouardel, après avoir dit à Roux « Si je ne prends pas position en votre faveur, c'est un recul immédiat de cinquante ans dans l'évolution de la science, il faut éviter cela ! », conclut dans son expertise que l'enfant Rouyer n'est pas mort de la rage. Patrice Debré accepte ce récit, tout en notant qu'il repose uniquement sur André Loir[245].
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À la même époque, le jeune Réveillac, qui a subi le traitement intensif, meurt en présentant des symptômes atypiques où Peter, le grand adversaire de Pasteur, voit une rage humaine à symptômes de rage de lapin, autrement dit la rage de laboratoire, la rage Pasteur, dont on commence à beaucoup parler[246].
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Selon P. Lépine et L. Cruveilhier, « on renonça plus tard à une méthode de traitement aussi énergique, et qui pouvait présenter quelques dangers »[247].
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En fait, on finit même par renoncer au traitement ordinaire de Pasteur-Roux. En 1908, Fermi proposa un vaccin contre la rage avec virus traité au phénol. Progressivement, dans le monde entier, le vaccin phéniqué de Fermi supplanta les moelles de lapin de Pasteur et Roux. En France, où on en était resté aux moelles de lapin, P. Lépine et V. Sautter firent en 1937 des comparaisons rigoureuses : une version du vaccin phéniqué protégeait les lapins dans la proportion de 77,7 %, alors que les lapins vaccinés par la méthode des moelles desséchées n'étaient protégés que dans la proportion de 35 %[248]. Dans un ouvrage de 1973, André Gamet signale que la préparation de vaccin contre la rage par la méthode des moelles desséchées n'est plus utilisée. Parmi les méthodes qui le sont encore, il cite le traitement du virus par le phénol[249].
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Même si ce sont les travaux de Pasteur sur la vaccination antirabique, et donc les derniers de sa carrière, qui ont fini[250] par faire l'essentiel de sa gloire aux yeux du grand public, un immunologiste comme Patrice Debré estime que les œuvres les plus remarquables de Pasteur sont les premières[251].
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La création d'un Institut antirabique sera d'abord évoquée devant l'Académie des Sciences par Vulpian dès octobre 1885 après que Pasteur y eut exposé les résultats de son traitement préventif. Le 1er mars 1886, Pasteur mentionne brièvement[252] son projet devant l'Académie des Sciences : à l'issue de cette même séance une commission ad-hoc adopte ce projet et décide de lancer une souscription internationale afin de permettre le financement de ce qui est déjà nommé Institut Pasteur[253].Reconnu d'utilité publique par décret du 4 juin 1887, l'Institut Pasteur / Institut Antirabique de Paris sera officiellement inauguré le 14 novembre 1888 en présence du Président Sadi Carnot[254].
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En 1877, Pasteur veut tester l'hypothèse selon laquelle le bacille du charbon ne causerait l'état morbide que de façon indirecte, en produisant un « ferment diastasique soluble » qui serait l'agent pathogène immédiat. Il prélève le sang d'un animal qui vient de mourir du charbon, le filtre de façon à en ôter les bacilles et inocule le filtrat à un animal sain. L'animal récepteur ne développe pas la maladie et Pasteur estime que cette expérience « écarte complètement l'hypothèse du ferment soluble »[255]. Dans une publication ultérieure, toujours en 1877, Pasteur note toutefois que le sang filtré, s'il ne cause pas la maladie, rend les globules agglutinatifs, autant et même plus que dans la maladie, et envisage que ce soit l'effet d'une « diastase » formée par les bacilles[256]. En fait, les pasteuriens Roux et Yersin prouveront en 1888 (dans le cas de la diphtérie) que les microbes sécrètent bel et bien une substance (la toxine) qui est la cause directe et isolable de la maladie.
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Des épistémologues et historiens des sciences comme F. Dagognet et A. Pichot[257] pensent que le demi-échec de Pasteur à mettre l'existence et le rôle des toxines en évidence a la même cause que son attitude défensive face à la théorie des enzymes : son « vitalisme » (Dagognet dit « végétalisme »), qui tend à séparer rigoureusement les domaines du vivant et du non-vivant. Il faut dire, à la décharge de Pasteur, que l'existence d'une toxine du charbon ne sera démontrée qu'en 1955[258]. En 1880, d'ailleurs, Pasteur accepte d'envisager, à titre d'hypothèse, le rôle d'une substance toxique[259].
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En 1880, le vétérinaire Henry Toussaint estime, à tort ou à raison, avoir immunisé des moutons contre le charbon par deux méthodes : en inoculant du sang charbonneux dont les microbes ont été éloignés par filtration, et en inoculant du sang charbonneux où les microbes ont été laissés, mais tués par chauffage. Pasteur, qui voit ainsi Toussaint, « à son insu, peut-être, car il n'y fait aucune allusion », battre en brèche les opinions publiées antérieurement par Pasteur, rejette l'idée d'un vaccin qui ne contiendrait pas d'agents infectieux vivants[260]. Ici encore, André Pichot[261] voit un effet de la tendance de Pasteur à cloisonner rigoureusement les domaines du vivant et de l'inanimé. Pasteur, toutefois, finira par admettre la possibilité des « vaccins chimiques »[262].
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Pour expliquer l'immunisation, Pasteur adopta tour à tour deux idées différentes. La première de ces idées, qu'on trouve déjà chez Tyndall et chez Auzias-Turenne[263], explique l'immunisation par l'épuisement, chez le sujet, d'une substance nécessaire au microbe[264]. La seconde idée[265] est que la vie du microbe ajoute une matière qui nuit à son développement ultérieur[266]. Aucune de ces deux idées n'a été ratifiée par la postérité[267], encore que la seconde puisse être considérée comme une esquisse de la théorie des anticorps[268].
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En 1950, René Dubos faisait gloire à Pasteur « d'audacieuses divinations »[269]. En 1967, François Dagognet[270] cite ce jugement de Dubos, mais pour en prendre le contre-pied : il rappelle que Pasteur a seulement ajouté à la chimie des isomères que Berzelius et Mitscherlich avaient fondée, qu'il avait été précédé par Cagniard-Latour dans l'étude microscopique des fermentations, par Davaine dans la théorie microbienne des maladies contagieuses et, bien sûr, par Jenner dans la vaccination. Il ajoute que la science de Pasteur « consiste moins à découvrir qu'à enchaîner ».
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Dans le même ordre d'idées que Dagognet, André Pichot définit comme suit le caractère essentiel de l'œuvre de Pasteur : « C'est là le mot-clé de ses travaux : ceux-ci ont toujours consisté à mettre de l'ordre, à quelque niveau que ce soit. Ils comportent assez peu d'éléments originaux[271] ; mais, le plus souvent, ils partent d'une situation très confuse, et le génie de Pasteur a toujours été de trouver, dans cette confusion initiale, un fil conducteur qu'il a suivi avec constance, patience et application »[272].
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Patrice Debré dit de même : « Pasteur donne parfois même l'impression de se contenter de vérifier des résultats décrits par d'autres, puis de se les approprier. Cependant, c'est précisément quand il reprend des démonstrations laissées, pour ainsi dire, en jachère, qu'il se montre le plus novateur : le propre de son génie, c'est son esprit de synthèse »[273].
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Pasteur n'était en rien un chercheur isolé dans sa tour d'ivoire. Ses travaux étaient orientés vers les applications médicales, hygiéniques, agricoles et industrielles. Il a toujours collaboré étroitement avec les professions concernées (même si, parmi les médecins, ses partisans étaient en minorité[274]) et il a su obtenir le soutien des pouvoirs publics à la recherche scientifique.
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À Lille, Pasteur dépose un brevet sur la fermentation alcoolique le 3 février 1857[276]. À Paris, il dépose un brevet sur la fabrication de l'acide acétique le 9 juillet 1861. Le 11 avril 1865, Pasteur obtient en France un brevet sur la conservation des vins par chauffage modéré à l’abri de l’air (méthode qui portera le nom de pasteurisation)[277]. Le 28 juin 1871 il obtient un brevet en France sur la fabrication de la bière[278]. Ce brevet est à l'origine de la création de la «Société des bières inaltérables - procédé Pasteur» que Pasteur crée le 4 mars 1873[279]. Cette société, au capital de 250000 francs, procède au rachat du brevet sur la bière pour un montant de 150 000 francs. La même année, l'Office américain des brevets accorde en 1873 à Pasteur un brevet[280] « sur une levure exempte de germes organiques de maladie, en tant que produit de fabrication ».
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Par la loi du 3 août 1875, l'Assemblée Nationale accorde une pension à Louis Pasteur en récompense des services rendus.
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Louis Pasteur, par ailleurs, a eu quelques velléités de s'engager activement en politique.
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Dans sa théorie solidariste, qui passe pour l’idéologie officielle de la Troisième République, Léon Bourgeois considère Louis Pasteur comme un père fondateur de la République pour avoir identifié un lien biologique entre les humains : selon le résumé du philosophe Pierre Charbonnier, « chacun étant potentiellement pour l’autre une source d’infection, la maladie est une responsabilité collective, le socle le plus tangible de la solidarité qui existe de fait entre nous », ce qui entraîne « la nécessité d’institutions protectrices qui traduisent la solidarité microbienne en mesures d’éducation et de prévoyance »[281].
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Dans les dernières années du XIXe siècle et les premières du XXe siècle, l'apologétique catholique attribuait volontiers à Pasteur la phrase « Quand on a bien étudié, on revient à la foi du paysan breton. Si j'avais étudié plus encore j'aurais la foi de la paysanne bretonne »[282].
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En 1939 (l'entre-deux-guerres a été la grande époque de l'Union rationaliste), Louis Pasteur Vallery-Radot, petit-fils de Louis Pasteur, fait cette déclaration : « Mon père a toujours eu soin, et ma mère également d'ailleurs, de dire que Pasteur n'était pas pratiquant. Si vous ouvrez la Vie de Pasteur, vous verrez que mon père parle du spiritualisme et non du catholicisme de Pasteur. Je me souviens parfaitement de l'irritation de mon père et de ma mère, quand quelque prêtre, en chaire, se permettait de lui attribuer cette phrase qu'il n'a jamais dite : « J'ai la foi du charbonnier breton. » (...) Toute la littérature qui a été écrite sur le prétendu catholicisme de Pasteur est absolument fausse »[283].
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En 1994-1995, Maurice Vallery-Radot, arrière-petit-neveu de Pasteur [284], ne se contente pas du spiritualisme, du théisme de Pasteur. Il tient que Pasteur resta, au fond, catholique, même s'il n'allait pas régulièrement à la messe[285].
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Dans son livre Pasteur paru en 1896 (éd. Gauthier-Vilars), Charles Chappuis, son ami d'enfance, témoigne que Louis Pasteur se rendait à Notre-Dame de Paris pour écouter les sermons de carême.
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Après le décès de sa petite fille Jeanne, en 1859, il écrit à un proche qu’elle « vient d’aller au Ciel pour prier pour nous ».
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En 1882 il est admis sous la coupole de l’Académie française.
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Pasteur parla : « Au-delà de cette voûte étoilée, qu’y a-t-il ? De nouveaux cieux étoilés. Soit ! Et au-delà ?...
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Quand cette notion [de l’infini] s’empare de l’entendement, il n’y a qu’à se prosterner. On se sent prêt à être saisi par la sublime folie de Pascal ».
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Un témoin, Ernest Legouvé, membre de l’Institut, déclarera dans son discours pour les funérailles de Pasteur à Notre-Dame de Paris : « Ces paroles firent courir dans toute l’assemblée un frisson d’enthousiasme et de foi ».
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En 2004, Pasteur sert de caution morale à une cause d'une nature différente : son précédent est évoqué à l'Assemblée nationale en faveur de l'euthanasie compassionnelle[286]. La commission rapporte, en se référant à Léon Daudet, que quelques-uns des dix-neuf Russes soignés de la rage par Pasteur développèrent la maladie et que, pour leur épargner les souffrances atroces qui s'étaient déclarées et qui auraient de toute façon été suivies d'une mort certaine, on pratiqua sur eux l'euthanasie avec le consentement de Pasteur[287].
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Pourtant, il y eut une époque où un Pasteur praticien de l'euthanasie n'était pas une chose qu'on exhibait volontiers : Axel Munthe ayant lui aussi raconté l'euthanasie de quelques-uns des mordus russes dans la version originale en anglais de son Livre de San Michele (The Story of San Michele)[288], la traduction française publiée en 1934 par Albin Michel, bien que donnée comme « texte intégral », fut amputée du passage correspondant[289].
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Du vivant même de Pasteur, des rues adoptèrent son nom : il existe à ce jour 2 020 artères (rues, boulevards…) « Pasteur » en France. C'est un des noms propres les plus attribués comme nom de rue[290]. Lors des grands mouvements de décolonisation, qui entraînèrent des changements de nom de rues, les voies nommées en hommage à Pasteur gardèrent souvent leur nom. C'est le cas encore aujourd'hui, par exemple, d'un boulevard du quartier résidentiel de Bellevue à Constantine, en Algérie[réf. souhaitée][291].
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C'est également le cas au Viet Nam dans au moins deux villes importantes: à Ho Chi Minh Ville, dans le 3e arrondissement (vietnamien: Quận 3)[292], où par ailleurs l'Institut Pasteur d'Hô-Chi-Minh-Ville, construit en 1891, est toujours en activité et n'a pas été renommé suite à l'indépendance; à Danang, troisième ville du pays, où l'ancienne rue Pasteur, située dans l'arrondissement Hải Châu (vietnamien: Quận Hải Châu) n'a pas été rebaptisée[293].
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En 2015, Pasteur est le onzième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 361 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Saint-Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Sainte Marie (377), Victor Hugo (365), mais devant Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Jean de la Fontaine (335)[294].
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La Poste française émet en 1923 une série de timbres-poste d'usage courant à l'effigie de Louis Pasteur. Vingt-cinq timbres à ce type, dont des surchargés ou préoblitérés sont émis jusqu'en 1932.
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Pasteur sera célébré aussi par des timbres de grand format en 1936, 1938, 1973 et 1995
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Le paquebot Pasteur, lancé en 1938, a fait l'objet d'un timbre de 70c non émis (en 1939), surchargé 1F + 1F en 1941.
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L’œuvre complète de Pasteur est téléchargeable sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica (cliquer sur le lien puis en haut et à droite à la rubrique « Télécharger »)
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Pasteur est l’abréviation botanique standard de Louis Pasteur.
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Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI
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1. Émile Augier
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2. Alexandre Dumas fils
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3. Victor Cherbuliez
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4. Franz de Champagny
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333 |
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5. Edmond Rousse
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6. Louis de Viel-Castel
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7. Émile Ollivier
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8. Jules Simon
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9. Victorien Sardou
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10. Victor de Laprade
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339 |
+
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+
11. Jules Sandeau
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341 |
+
12. Charles Blanc
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342 |
+
13. Octave Feuillet
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343 |
+
14. Victor Hugo
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344 |
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15. Eugène Labiche
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345 |
+
16. G. d’Audiffret-Pasquier
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17. Louis Pasteur
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18. Albert de Broglie
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+
19. Paul de Noailles
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20. F. A. Mignet
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21. Henri d’Aumale
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22. Joseph d’Haussonville
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+
23. Alfred Mézières
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+
24. Sully Prudhomme
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+
25. Hippolyte Taine
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+
26. Gaston Boissier
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+
27. Elme-Marie Caro
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+
28. John Lemoinne
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+
29. Ernest Renan
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360 |
+
30. Ernest Legouvé
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361 |
+
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362 |
+
31. Xavier Marmier
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363 |
+
32. Camille Doucet
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364 |
+
33. Maxime Du Camp
|
365 |
+
34. Alfred de Falloux
|
366 |
+
35. A. A. Cuvillier-Fleury
|
367 |
+
36. Auguste Barbier
|
368 |
+
37. Camille Rousset
|
369 |
+
38. Henri Martin
|
370 |
+
39. Désiré Nisard
|
371 |
+
40. Jean-Baptiste Dumas
|
372 |
+
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373 |
+
1. Charles de Freycinet
|
374 |
+
2. Alexandre Dumas fils
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375 |
+
3. Victor Cherbuliez
|
376 |
+
4. José-Maria de Heredia
|
377 |
+
5. Edmond Rousse
|
378 |
+
6. Ernest Lavisse
|
379 |
+
7. Émile Ollivier
|
380 |
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8. Jules Simon
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381 |
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9. Victorien Sardou
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382 |
+
10. François Coppée
|
383 |
+
|
384 |
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11. Léon Say
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385 |
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12. Édouard Pailleron
|
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13. Pierre Loti
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14. Henry Houssaye
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15. Henri Meilhac
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+
16. G. d’Audiffret-Pasquier
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17. Louis Pasteur
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18. Albert de Broglie
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19. Édouard Hervé
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20. Jules Lemaître
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+
21. Henri d’Aumale
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22. Ludovic Halévy
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23. Alfred Mézières
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24. Sully Prudhomme
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25. Albert Sorel
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26. Gaston Boissier
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27. P. G. d’Haussonville
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28. Ferdinand Brunetière
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29. P. A. Challemel-Lacour
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30. Ernest Legouvé
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31. Henri de Bornier
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36. Adolphe Perraud
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39. E. M. de Vogüé
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40. Joseph Bertrand
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fr/3528.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,59 @@
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Louis VI, dit « le Gros » ou « le Batailleur »[1], né le 1er décembre 1081 à Paris, mort le 1er août 1137 au château royal de Béthisy-Saint-Pierre[2], est roi des Francs du 30 juillet 1108 au 1er août 1137. Il est le cinquième roi de la dynastie dite des Capétiens directs.
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Il est le fils de Philippe Ier (1052-1108), roi des Francs, et de sa première épouse Berthe de Hollande[3].
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Après avoir répudié Berthe en 1092[4] et malgré les protestations du clergé, son père se remarie la même année[5] avec Bertrade de Montfort, comtesse d'Anjou. De cette deuxième union naissent quatre enfants, dont deux fils.
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Louis, jeune prince issu du premier mariage de son père, est élevé avec Suger, futur abbé de Saint-Denis, qui devient son ami proche, puis son conseiller.
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En 1092, son père l'investit du comté de Vexin et des villes de Mantes et de Pontoise. Il vit éloigné de la cour, sa mère ayant été répudiée et son père remarié à Bertrade de Montfort.
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En 1097, à la tête de l'armée royale, il prend part à la guerre, défendant le Vexin contre Guillaume le Roux, roi d'Angleterre.
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Après avoir été adoubé chevalier le 24 mai 1098 à Abbeville, par Gui Ier de Ponthieu comte de Ponthieu (son cousin issu de germain au 1er degré), Louis est associé au trône puis combat le duc de Normandie et les sires châtelains du domaine royal qui se montrent souvent rebelles à l'autorité royale.
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Enfin son père, devenu impotent, incapable de gouverner et de combattre, se réconcilie avec lui. Dans le courant de l'année 1101[2] ou 1103[6], il lui confie le gouvernement effectif du royaume en qualité de « rex designatus » (roi désigné) ; entre 1101 et 1105 il l'investit aussi du comté de Vermandois[2].
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Le 29 juillet 1108, son père, Philippe Ier, meurt à Melun, et suivant sa dernière volonté, est inhumé en l'église abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire. L'inhumation terminée, Louis, se doutant que son demi-frère, Philippe de Montlhéry, souhaite l'empêcher d'accéder à Reims, se hâte de rejoindre Orléans située à quelques kilomètres de Saint-Benoît afin de se faire sacrer le plus rapidement possible. Une raison supplémentaire de ne pas se rendre à Reims était que l'archevêque de Reims d'alors, Raoul le Vert, avait été soutenu par le pape Pascal II mais n'avait pas été reconnu par son père, le roi Philippe Ier qui lui préférait Gervais de Rethel[7].
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Le sacre a lieu le 3 août 1108 dans la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, il reçoit « l’onction très sainte » de la main de Daimbert, l’archevêque de Sens. L'archevêque de Reims Raoul le Vert envoya des messagers pour contester la validité du sacre, mais il était trop tard.
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Louis VI encourage les mouvements communaux, associations professionnelles sociales ou religieuses. Dès 1110, il octroie aux habitants des villes divers avantages fiscaux et le droit de s'administrer sous la direction d'un maire. Il lutte pendant plus de trente ans (1101-1135) contre le brigandage perpétré par certains seigneurs du nord du domaine royal, tels que Hugues du Puiset (1118), les seigneurs de Montmorency et de Beaumont (1101-1102) et Ebles II de Roucy. Il intervient aussi au sud de la Seine contre Gui le Rouge et son fils Hugues de Crécy de la famille de Montlhéry assurant aux capétiens la liberté de circuler entre Paris, Orléans et Melun[8].
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En 1108, il se rend à Saint-Julien-du-Sault et à l'abbaye des Écharlis près de Villefranche afin d'y prendre les eaux minérales de la source et fait de nombreuses donations à l'abbaye[9]. En 1108/1109 il intervient à Germigny-l'Exempt, fief situé en dehors du domaine royal, à la limite de la vicomté de Bourges acquise par son père en 1101, contre Aymon II Vaire-Vache seigneur de Bourbon qui avait spolié son neveu Archambaud VI le Pupille[10].
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Selon Orderic Vital, en mars 1113 lors de l'entrevue de l'Ormeteau-Ferré entre Louis VI le Gros et Henri Ier Beauclerc, le roi de France concède à son homologue « toute la Bretagne » c'est-à-dire la vassalité directe de la Bretagne. Alain Fergent princeps des Bretons devient « l'homme lige du roi des Anglais ». Conan le fils d'Alain Fergent est alors fiancé avec Mathilde une des filles illégitimes d'Henri Ier[11]. Précisons qu'Orderic Vital est dans la mouvance du Roi d'Angleterre, ce qui rend son témoignage improbable. En effet, en 1124, face à la menace de l'Empereur germanique Henri V, Conan III de Bretagne répondra à l'appel à l'ost de Louis VI le batailleur.
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Le dimanche des Rameaux 1115, il est présent à Amiens, pour soutenir l'évêque et les habitants de cette ville dans leur conflit contre Thomas de Marle, lequel est intervenu militairement à la demande de son père Enguerrand de Boves, comte d'Amiens et seigneur de Coucy. Ce dernier refuse de reconnaître l'octroi d'une charte accordant des privilèges aux habitants de la commune[12]. Arrivé avec une armée pour aider les bourgeois à faire le siège du Castillon (forteresse dominant la ville d'Amiens, à partir de laquelle le père et le fils partaient en « expéditions punitives »), Louis VI reçoit une flèche dans son haubert, puis part sans vaincre les assiégés réfugiés dans la tour réputée imprenable qui ne tombe que deux années plus tard.
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Le 20 août 1119, se déroule la bataille de Brémule entre les rois d'Angleterre, Henri Ier Beauclerc, et de France, Louis VI. Résultat d'une rencontre fortuite, la bataille se termine par une défaite du Roi de France. Cependant, Louis VI est contraint de fuir se réfugiant aux Andelys[13].
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Louis VI intervient ensuite en Auvergne en 1122 pour soutenir Aimeric, évêque de Clermont, contre le comte Guillaume VI d'Auvergne. L'armée du roi et de ses vassaux prend Pont-du-Château sur l'Allier et oblige l'armée du comte à abandonner la cité épiscopale. Le roi doit revenir en 1126 et incendie Montferrand malgré l'intervention de Guillaume IX d'Aquitaine. Cette manifestation de l'autorité royale aussi loin dans le sud du royaume a un grand retentissement[14].
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C'est dans ce contexte qu'en août 1124, l’empereur germanique Henri V du Saint-Empire voulant aider son beau-père Henri Ier d'Angleterre dans le conflit qui l'oppose à Louis VI pour la succession dans le duché de Normandie, envahit la France et avance avec une puissante armée jusqu'à Reims. Face à la menace germanique et pour la première fois en France, Louis VI fait appel à l’ost. Ses vassaux se rendent à sa convocation : son cousin, le comte de Vermandois Raoul « le Borgne », le duc Hugues II de Bourgogne, le duc Guillaume IX d'Aquitaine, le comte Charles Ier de Flandre, le duc Conan III de Bretagne, le comte Foulque V d'Anjou, le comte de Champagne Hugues de Troyes, le comte Guillaume II de Nevers et le comte de Blois, Thibaut IV. Après avoir été chercher l'oriflamme à Saint-Denis, Louis VI se retrouve à la tête d’une immense armée mais l’affrontement, que tout le monde pensait pourtant inévitable, ne se fait pas. Henri V, certainement impressionné par une telle mobilisation et prétextant des troubles dans sa capitale de Worms, se retire sur Metz le 14 août sans combattre[15].
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L'assassinat du comte Charles Ier de Flandre en 1127 donne encore au roi l'occasion d'intervenir dans ce grand fief. Appelé pour punir les meurtriers, il organise l'élection d'un nouveau comte à Arras. Après avoir écarté plusieurs prétendants, il impose Guillaume Cliton, le fils de Robert Courte-Heuse, qui résidait à sa cour et à qui il avait fait épouser la sœur de la reine Adelaïde. L'élection est confirmée par les bourgeois de Gand, Bruges, Lille, Saint-Omer, qui profitent toutefois des circonstances pour obtenir des franchises. En 1129, après la mort de Guillaume Cliton dans un combat contre ses vassaux révoltés, il intervient encore et intronise son concurrent Thierry d'Alsace comme comte de Flandre[16].
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La succession était destinée à son fils Philippe, couronné roi associé le 14 avril 1129, mais la mort accidentelle de ce dernier en 1131 amène le cadet, Louis le Jeune, destiné à une carrière ecclésiastique et non éduqué à la fonction royale, à devenir l'héritier. Il est donc couronné roi associé à son tour le 25 octobre 1131 et à partir de 1135 Louis VI règne désormais sans gouverner[17].
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En mai 1137, la paix est conclue avec Étienne de Blois, roi d'Angleterre, et le roi reçoit l'hommage d'Eustache fils de ce dernier, pour la Normandie. Louis VI avait noué des rapports amicaux avec Guillaume X d'Aquitaine, duc d'Aquitaine ; celui-ci avant de mourir, donne sa fille et héritière Aliénor au fils aîné du roi et lui confie sa terre, recevant ses envoyés début juin 1137, permettant par là à la dynastie capétienne de reprendre de l'influence dans la France méridionale, par le contrôle de cet immense fief.
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Alors qu'il rentre d'une expédition punitive contre le seigneur pillard de Saint-Brisson-sur-Loire, près de Gien, Louis le Gros tombe soudainement malade au château de Béthisy-Saint-Pierre situé dans la vallée de l'Automne, en forêt de Compiègne, entre Senlis et Compiègne. Louis VI qui est devenu semi-impotent à l'approche de la cinquantaine et a dû renoncer aux plaisirs de la guerre et de la table meurt le 1er août 1137 des suites d'une dysenterie, fréquente lorsque les conditions sanitaires sont insuffisantes, en particulier lorsque les aliments et l'eau ne sont pas propres. Il est inhumé en l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis. Son fils Louis, âgé de 17 ans et couronné depuis six ans, lui succède sans contestation.
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Un moyen-relief en pierre calcaire représentant un roi en pied, en position repliée, portant la maquette d'une église qu'il offre à saint Vincent se trouve sur un autel liturgique roman, dans la petite église d'Avenas, commune du Haut-Beaujolais située dans le département du Rhône. Exécuté entre 1118 et 1124 par le « Maître d'Avenas », dont le nom est resté inconnu à ce jour, ce bas-relief montre un roi, couronné, déjà bedonnant. Une inscription latine, sur la même pierre, le qualifie de « REX LVDOVICVS PIVS » (Roi, Louis le Pieux). Certains disent que ce roi serait Louis VI, d'autres disent qu'il correspond plutôt à Louis Le Pieux ou encore à Louis VII de France[18],[19],[20].
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En 1104, Louis VI est fiancé à Lucienne de Rochefort[21], fille de Gui Ier de Rochefort (mort en 1108), comte de Rochefort. Henri d'Arbois de Jubainville, célèbre archiviste paléographe, dit dans son livre[22] que le mariage n'était pas encore consommé qu'il fut cassé par le pape lors du concile de Troyes le 23 mai 1107[23]. La femme « délaissée » se remaria d'ailleurs aussitôt avec Guichard III de Beaujeu.
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Vraisemblablement entre le 25 et le 30 mars 1115[25], Louis VI épouse à Paris, Adélaïde de Savoie (v. 1100-1154), fille d'Humbert II de Savoie (mort en 1103), comte de Maurienne, et de Gisèle de Bourgogne (v. 1070-apr. 1133), fille de Guillaume Ier de Bourgogne, surnommé « le Grand » ou « Tête Hardie ». De cette seconde union sont issus sept fils et deux filles :
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Avec une certaine maîtresse prénommée Marie, fille de Renaud de Breuillet de Dourdan, Louis VI est le père d'une fille :
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Exerçant un pouvoir sans partage, il s'entoure de conseillers comme Yves de Chartres, plusieurs membres de la famille de Garlande et surtout Suger. Il défendit la paix et le bon droit, protégea les faibles et l'Église, compléta l'œuvre paternelle d'accroissement du domaine royal en intégrant les terres des familles de Rochefort, de La Ferté-Alais, de Montlhéry et du comté de Corbeil, et légua à son fils Louis VII de France un domaine à peu près pacifié. Comme roi et individu il se conduisit en chrétien, qualifié parfois de rex catholicus et christianissimus, se disant lui-même « propre fils de l'Église romaine[30] ». Il fut le premier souverain à toucher les écrouelles de façon habituelle. Il résida à Paris beaucoup plus qu'aucun de ses prédécesseurs.
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C’est à partir des règnes de Louis VI et de Louis VII de France, tous deux conseillés par l'abbé Suger, que la royauté commence à exercer un rôle national, en répondant à l'appel de ses sujets. La justice du roi va se mettre à régler les conflits entre différents vassaux, confirmer des chartes communales aux bourgeois des villes et garantir des propriétés d’abbaye.
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Louis VI, dit « le Gros » ou « le Batailleur »[1], né le 1er décembre 1081 à Paris, mort le 1er août 1137 au château royal de Béthisy-Saint-Pierre[2], est roi des Francs du 30 juillet 1108 au 1er août 1137. Il est le cinquième roi de la dynastie dite des Capétiens directs.
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Il est le fils de Philippe Ier (1052-1108), roi des Francs, et de sa première épouse Berthe de Hollande[3].
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Après avoir répudié Berthe en 1092[4] et malgré les protestations du clergé, son père se remarie la même année[5] avec Bertrade de Montfort, comtesse d'Anjou. De cette deuxième union naissent quatre enfants, dont deux fils.
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Louis, jeune prince issu du premier mariage de son père, est élevé avec Suger, futur abbé de Saint-Denis, qui devient son ami proche, puis son conseiller.
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En 1092, son père l'investit du comté de Vexin et des villes de Mantes et de Pontoise. Il vit éloigné de la cour, sa mère ayant été répudiée et son père remarié à Bertrade de Montfort.
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En 1097, à la tête de l'armée royale, il prend part à la guerre, défendant le Vexin contre Guillaume le Roux, roi d'Angleterre.
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Après avoir été adoubé chevalier le 24 mai 1098 à Abbeville, par Gui Ier de Ponthieu comte de Ponthieu (son cousin issu de germain au 1er degré), Louis est associé au trône puis combat le duc de Normandie et les sires châtelains du domaine royal qui se montrent souvent rebelles à l'autorité royale.
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Enfin son père, devenu impotent, incapable de gouverner et de combattre, se réconcilie avec lui. Dans le courant de l'année 1101[2] ou 1103[6], il lui confie le gouvernement effectif du royaume en qualité de « rex designatus » (roi désigné) ; entre 1101 et 1105 il l'investit aussi du comté de Vermandois[2].
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Le 29 juillet 1108, son père, Philippe Ier, meurt à Melun, et suivant sa dernière volonté, est inhumé en l'église abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire. L'inhumation terminée, Louis, se doutant que son demi-frère, Philippe de Montlhéry, souhaite l'empêcher d'accéder à Reims, se hâte de rejoindre Orléans située à quelques kilomètres de Saint-Benoît afin de se faire sacrer le plus rapidement possible. Une raison supplémentaire de ne pas se rendre à Reims était que l'archevêque de Reims d'alors, Raoul le Vert, avait été soutenu par le pape Pascal II mais n'avait pas été reconnu par son père, le roi Philippe Ier qui lui préférait Gervais de Rethel[7].
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Le sacre a lieu le 3 août 1108 dans la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, il reçoit « l’onction très sainte » de la main de Daimbert, l’archevêque de Sens. L'archevêque de Reims Raoul le Vert envoya des messagers pour contester la validité du sacre, mais il était trop tard.
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Louis VI encourage les mouvements communaux, associations professionnelles sociales ou religieuses. Dès 1110, il octroie aux habitants des villes divers avantages fiscaux et le droit de s'administrer sous la direction d'un maire. Il lutte pendant plus de trente ans (1101-1135) contre le brigandage perpétré par certains seigneurs du nord du domaine royal, tels que Hugues du Puiset (1118), les seigneurs de Montmorency et de Beaumont (1101-1102) et Ebles II de Roucy. Il intervient aussi au sud de la Seine contre Gui le Rouge et son fils Hugues de Crécy de la famille de Montlhéry assurant aux capétiens la liberté de circuler entre Paris, Orléans et Melun[8].
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En 1108, il se rend à Saint-Julien-du-Sault et à l'abbaye des Écharlis près de Villefranche afin d'y prendre les eaux minérales de la source et fait de nombreuses donations à l'abbaye[9]. En 1108/1109 il intervient à Germigny-l'Exempt, fief situé en dehors du domaine royal, à la limite de la vicomté de Bourges acquise par son père en 1101, contre Aymon II Vaire-Vache seigneur de Bourbon qui avait spolié son neveu Archambaud VI le Pupille[10].
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Selon Orderic Vital, en mars 1113 lors de l'entrevue de l'Ormeteau-Ferré entre Louis VI le Gros et Henri Ier Beauclerc, le roi de France concède à son homologue « toute la Bretagne » c'est-à-dire la vassalité directe de la Bretagne. Alain Fergent princeps des Bretons devient « l'homme lige du roi des Anglais ». Conan le fils d'Alain Fergent est alors fiancé avec Mathilde une des filles illégitimes d'Henri Ier[11]. Précisons qu'Orderic Vital est dans la mouvance du Roi d'Angleterre, ce qui rend son témoignage improbable. En effet, en 1124, face à la menace de l'Empereur germanique Henri V, Conan III de Bretagne répondra à l'appel à l'ost de Louis VI le batailleur.
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Le dimanche des Rameaux 1115, il est présent à Amiens, pour soutenir l'évêque et les habitants de cette ville dans leur conflit contre Thomas de Marle, lequel est intervenu militairement à la demande de son père Enguerrand de Boves, comte d'Amiens et seigneur de Coucy. Ce dernier refuse de reconnaître l'octroi d'une charte accordant des privilèges aux habitants de la commune[12]. Arrivé avec une armée pour aider les bourgeois à faire le siège du Castillon (forteresse dominant la ville d'Amiens, à partir de laquelle le père et le fils partaient en « expéditions punitives »), Louis VI reçoit une flèche dans son haubert, puis part sans vaincre les assiégés réfugiés dans la tour réputée imprenable qui ne tombe que deux années plus tard.
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Le 20 août 1119, se déroule la bataille de Brémule entre les rois d'Angleterre, Henri Ier Beauclerc, et de France, Louis VI. Résultat d'une rencontre fortuite, la bataille se termine par une défaite du Roi de France. Cependant, Louis VI est contraint de fuir se réfugiant aux Andelys[13].
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Louis VI intervient ensuite en Auvergne en 1122 pour soutenir Aimeric, évêque de Clermont, contre le comte Guillaume VI d'Auvergne. L'armée du roi et de ses vassaux prend Pont-du-Château sur l'Allier et oblige l'armée du comte à abandonner la cité épiscopale. Le roi doit revenir en 1126 et incendie Montferrand malgré l'intervention de Guillaume IX d'Aquitaine. Cette manifestation de l'autorité royale aussi loin dans le sud du royaume a un grand retentissement[14].
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C'est dans ce contexte qu'en août 1124, l’empereur germanique Henri V du Saint-Empire voulant aider son beau-père Henri Ier d'Angleterre dans le conflit qui l'oppose à Louis VI pour la succession dans le duché de Normandie, envahit la France et avance avec une puissante armée jusqu'à Reims. Face à la menace germanique et pour la première fois en France, Louis VI fait appel à l’ost. Ses vassaux se rendent à sa convocation : son cousin, le comte de Vermandois Raoul « le Borgne », le duc Hugues II de Bourgogne, le duc Guillaume IX d'Aquitaine, le comte Charles Ier de Flandre, le duc Conan III de Bretagne, le comte Foulque V d'Anjou, le comte de Champagne Hugues de Troyes, le comte Guillaume II de Nevers et le comte de Blois, Thibaut IV. Après avoir été chercher l'oriflamme à Saint-Denis, Louis VI se retrouve à la tête d’une immense armée mais l’affrontement, que tout le monde pensait pourtant inévitable, ne se fait pas. Henri V, certainement impressionné par une telle mobilisation et prétextant des troubles dans sa capitale de Worms, se retire sur Metz le 14 août sans combattre[15].
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L'assassinat du comte Charles Ier de Flandre en 1127 donne encore au roi l'occasion d'intervenir dans ce grand fief. Appelé pour punir les meurtriers, il organise l'élection d'un nouveau comte à Arras. Après avoir écarté plusieurs prétendants, il impose Guillaume Cliton, le fils de Robert Courte-Heuse, qui résidait à sa cour et à qui il avait fait épouser la sœur de la reine Adelaïde. L'élection est confirmée par les bourgeois de Gand, Bruges, Lille, Saint-Omer, qui profitent toutefois des circonstances pour obtenir des franchises. En 1129, après la mort de Guillaume Cliton dans un combat contre ses vassaux révoltés, il intervient encore et intronise son concurrent Thierry d'Alsace comme comte de Flandre[16].
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La succession était destinée à son fils Philippe, couronné roi associé le 14 avril 1129, mais la mort accidentelle de ce dernier en 1131 amène le cadet, Louis le Jeune, destiné à une carrière ecclésiastique et non éduqué à la fonction royale, à devenir l'héritier. Il est donc couronné roi associé à son tour le 25 octobre 1131 et à partir de 1135 Louis VI règne désormais sans gouverner[17].
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En mai 1137, la paix est conclue avec Étienne de Blois, roi d'Angleterre, et le roi reçoit l'hommage d'Eustache fils de ce dernier, pour la Normandie. Louis VI avait noué des rapports amicaux avec Guillaume X d'Aquitaine, duc d'Aquitaine ; celui-ci avant de mourir, donne sa fille et héritière Aliénor au fils aîné du roi et lui confie sa terre, recevant ses envoyés début juin 1137, permettant par là à la dynastie capétienne de reprendre de l'influence dans la France méridionale, par le contrôle de cet immense fief.
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Alors qu'il rentre d'une expédition punitive contre le seigneur pillard de Saint-Brisson-sur-Loire, près de Gien, Louis le Gros tombe soudainement malade au château de Béthisy-Saint-Pierre situé dans la vallée de l'Automne, en forêt de Compiègne, entre Senlis et Compiègne. Louis VI qui est devenu semi-impotent à l'approche de la cinquantaine et a dû renoncer aux plaisirs de la guerre et de la table meurt le 1er août 1137 des suites d'une dysenterie, fréquente lorsque les conditions sanitaires sont insuffisantes, en particulier lorsque les aliments et l'eau ne sont pas propres. Il est inhumé en l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis. Son fils Louis, âgé de 17 ans et couronné depuis six ans, lui succède sans contestation.
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Un moyen-relief en pierre calcaire représentant un roi en pied, en position repliée, portant la maquette d'une église qu'il offre à saint Vincent se trouve sur un autel liturgique roman, dans la petite église d'Avenas, commune du Haut-Beaujolais située dans le département du Rhône. Exécuté entre 1118 et 1124 par le « Maître d'Avenas », dont le nom est resté inconnu à ce jour, ce bas-relief montre un roi, couronné, déjà bedonnant. Une inscription latine, sur la même pierre, le qualifie de « REX LVDOVICVS PIVS » (Roi, Louis le Pieux). Certains disent que ce roi serait Louis VI, d'autres disent qu'il correspond plutôt à Louis Le Pieux ou encore à Louis VII de France[18],[19],[20].
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En 1104, Louis VI est fiancé à Lucienne de Rochefort[21], fille de Gui Ier de Rochefort (mort en 1108), comte de Rochefort. Henri d'Arbois de Jubainville, célèbre archiviste paléographe, dit dans son livre[22] que le mariage n'était pas encore consommé qu'il fut cassé par le pape lors du concile de Troyes le 23 mai 1107[23]. La femme « délaissée » se remaria d'ailleurs aussitôt avec Guichard III de Beaujeu.
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Vraisemblablement entre le 25 et le 30 mars 1115[25], Louis VI épouse à Paris, Adélaïde de Savoie (v. 1100-1154), fille d'Humbert II de Savoie (mort en 1103), comte de Maurienne, et de Gisèle de Bourgogne (v. 1070-apr. 1133), fille de Guillaume Ier de Bourgogne, surnommé « le Grand » ou « Tête Hardie ». De cette seconde union sont issus sept fils et deux filles :
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Avec une certaine maîtresse prénommée Marie, fille de Renaud de Breuillet de Dourdan, Louis VI est le père d'une fille :
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Exerçant un pouvoir sans partage, il s'entoure de conseillers comme Yves de Chartres, plusieurs membres de la famille de Garlande et surtout Suger. Il défendit la paix et le bon droit, protégea les faibles et l'Église, compléta l'œuvre paternelle d'accroissement du domaine royal en intégrant les terres des familles de Rochefort, de La Ferté-Alais, de Montlhéry et du comté de Corbeil, et légua à son fils Louis VII de France un domaine à peu près pacifié. Comme roi et individu il se conduisit en chrétien, qualifié parfois de rex catholicus et christianissimus, se disant lui-même « propre fils de l'Église romaine[30] ». Il fut le premier souverain à toucher les écrouelles de façon habituelle. Il résida à Paris beaucoup plus qu'aucun de ses prédécesseurs.
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C’est à partir des règnes de Louis VI et de Louis VII de France, tous deux conseillés par l'abbé Suger, que la royauté commence à exercer un rôle national, en répondant à l'appel de ses sujets. La justice du roi va se mettre à régler les conflits entre différents vassaux, confirmer des chartes communales aux bourgeois des villes et garantir des propriétés d’abbaye.
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Un archipel[1] est un ensemble d'îles relativement proches les unes des autres. La proximité se double le plus souvent d'une origine géologique commune, en général volcanique.
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Cette notion est utilisée en géographie pour désigner un mode d'appropriation spécifique de l'espace entre des éléments isolés entretenant des liens importants et primordiaux.
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Le terme « archipel » est emprunté de l'italien arcipelago, attesté depuis le XIVe siècle, lui-même une déformation du grec Aigaion Pelagos (Αἰγαῖον Πέλαγος)[2]. Ce mot désignait originellement la mer Égée, caractérisée par son grand nombre d'îles (les Cyclades, les Sporades, Salamine, Eubée, Samothrace, Lemnos, Samos, Lesbos, Chios, Rhodes, etc.)[1]. Lorsque la plupart de ces îles furent enlevées à l'Empire byzantin au commencement du XIIIe siècle par Marco Sanudo, général vénitien, celui-ci fut fait duc de l'Archipel.
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En géographie, la notion d'« archipel » renvoie à une conception spécifique de l'espace que l'on constate dans ce type de lieu, qui permettent de constater qu'« un espace géographique n'est pas nécessairement continu »[3] : les liens entretenus par ces îles en réseau en quelque sorte « par-dessus » l'espace marin qui les sépare, constituent un espace discontinu se caractérisant par sa cohésion[3]. Cette notion a été étendue métaphoriquement à d'autres types d'espaces géographiques. Par exemple, dans l'étude de l'économie mondialisée actuelle, des géographes tels Pierre Veltz parlent d'une « économie d'archipel » : l'économie mondiale est contrôlée à partir d'un nombre restreint de métropoles bien reliées entre elles par des moyens de communication performants, des voies maritimes aux télécommunications. Ces métropoles apparaissent comme un archipel d'îles isolé sur une mer[3].
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En droit international et en droit de la mer, la notion d’État archipel désigne un État constitué entièrement par un ou plusieurs archipels et éventuellement d'autres îles.
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Il faut noter ici que certains archipels peuvent être regroupés. Ce regroupement est encore considéré comme un archipel. Par exemple, les Antilles sont un archipel de l'Océan Atlantique, composé principalement des Grandes Antilles et des Petites Antilles, elles aussi des archipels. Le tableau suivant regroupe des archipels avec un nombre décroissant d'îles, certains "doublons" peuvent donc exister. Il faut noter de plus que les nombres proposés sont parfois sous-estimés (il peut s'agir du nombre d'îles avec une surface suffisamment importante pour être recensée).
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Louis VII, dit « le Jeune » puis « le Pieux », né en 1120 et mort en 1180 à Paris, est roi des Francs de 1137 à 1180.
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Second fils de Louis VI, dit « le Gros », roi des Francs, et d’Adélaïde de Savoie (v. 1092-1154)[1].
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Sixième souverain de la dynastie des Capétiens directs, il épouse successivement Aliénor d'Aquitaine, Constance de Castille puis Adèle de Champagne. Son fils, Philippe Auguste, lui succède.
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Il est sacré roi et couronné, à Reims, dès le 25 octobre 1131, par le pape Innocent II, après la mort accidentelle de son frère aîné Philippe de France (1116-1131) (à ne pas confondre avec Philippe, son frère cadet du même prénom), à la suite d'une chute de cheval provoquée par un cochon errant[2], le 14 octobre 1131. Louis, second fils de Louis VI « le Gros », n'était pas prédestiné à une carrière royale : son père lui réservait une carrière ecclésiastique, voire une carrière monastique comme son frère cadet Henri, raison principale de sa piété austère et rigoureuse. Son inexpérience et sa faible préparation à l'exercice du pouvoir expliquent probablement sa désastreuse politique malgré les conseils de l'abbé Suger[3].
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Après le décès de son père Louis VI « le Gros », d'une dysenterie probablement consécutive à un excès de bonne chère[4], il est à nouveau couronné à Bourges, le 25 décembre 1137.
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Avant de mourir, son père avait organisé son mariage avec Aliénor d'Aquitaine (1122-1204), fille de Guillaume X d'Aquitaine, duc d’Aquitaine, et d’Aénor de Châtellerault. La cérémonie eut lieu à Bordeaux, le 25 juillet 1137 et Louis fut ensuite également couronné duc d'Aquitaine, à Poitiers le 8 août 1137. Ce mariage fabuleux permit au domaine royal de presque tripler de taille, car la jeune mariée apporte dans sa dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Limousin, l’Angoumois, la Saintonge et le Périgord, c’est-à-dire une partie du Midi et de l’Ouest de la France, l’équivalent de 19 départements actuels, même si une spécification avait été faite, lors du mariage, que le duché aquitain ne s'absorberait pas dans le domaine royal : l'union devait rester purement personnelle, le duché ne revenant dans la couronne qu'à la génération suivante.
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Le caractère du roi, dévot, ascétique (il aurait voulu être moine), naïf et maladroit, mou dans ses décisions, s’accorde d'abord mal avec le caractère d'Aliénor, fort et sensuel. Cependant les dix premières années semblent se passer sans réelle mésentente, mis à part entre la nouvelle reine et l'ancienne, Adélaïde de Savoie, que Louis écarte de la cour, mais en gardant les conseillers de son père, dont l’abbé de Saint-Denis, Suger. Il poursuit également la politique de son père et continue de mettre en valeur le domaine royal ainsi que la rénovation et la transformation de la basilique Saint-Denis. Bien conseillé par Suger, il fait de multiples concessions aux communautés rurales, encourage les défrichements et favorise l’émancipation des serfs. Il prend appui sur les villes en accordant des chartes de bourgeoisie (Étampes, Bourges) et en les encourageant hors de son domaine (Reims, Sens, Compiègne, Auxerre). Il soutient enfin l’élection d’évêques dévoués au pouvoir royal.
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C'est aussi à cette époque que le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées, que certains n'hésitent pas à mettre au crédit de la reine, dont l'influence sur le roi semblait importante. Aussi, en 1138, il n'hésite pas à mater la tentative de création de la commune autonome de Poitiers, fief de la reine Aliénor, en n'hésitant pas à prendre en otage les enfants des nobles de la cité, qui appelaient les bourgs et villes voisins à former une ligue. Il soumet également le seigneur Guillaume de Lezay, qui avait refusé l'hommage. À la demande de la reine, l'abbé Suger, qui était intervenu pour faire renoncer le roi à sa prise d'otages, est écarté du conseil.
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La même année, Louis VII s’oppose au comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, ainsi qu'au pape Innocent II au sujet de l’investiture pour l’évêché de Langres, pour lequel il avait imposé un moine de Cluny contre un candidat soutenu par Bernard de Clairvaux[5]. Puis, en 1141 le roi intervient dans le Toulousain afin de faire valoir les droits de sa femme, duchesse d’Aquitaine, sur l'héritage de sa grand-mère, Philippa de Toulouse. Mais après un long siège de la ville, défendue par le comte Alphonse Jourdain, la tentative de conquête s'avère un échec. Pour autant, Aliénor remercie son roi, en lui offrant un vase de grande valeur, ayant été offert à son grand-père par le roi taïfa de Saragosse, Imad al-Dawla. Taillé dans un bloc de cristal, monté sur pied d'or et orné de pierreries et de perles, ce vase est toujours visible aujourd'hui au Louvre.
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La même année, en 1141, Louis VII s’oppose à nouveau au pape en tentant d’imposer son candidat au siège de Bourges, contre Pierre de La Châtre, soutenu par le pape Innocent II, si bien que celui-ci finit par l'excommunier alors que Pierre de La Châtre trouve refuge en Champagne. Cela ajouté à la dissolution du mariage de Raoul de Vermandois, arrangé par la reine, afin que sa sœur Pétronille d'Aquitaine, amoureuse, puisse l'épouser, finira par causer un grave conflit entre le royaume de France et le comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, frère de l'épouse délaissée. Et en décembre 1142, l'ost royal envahit la Champagne et lors de son avancée incendie, en janvier 1143, le village de Vitry-en-Perthois et son église dans laquelle s’étaient réfugiés les habitants, ce qui marqua à jamais le jeune souverain.
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En vue d'un apaisement, Louis VII signe le traité de Vitry avec le comte Thibaut à l’automne 1143, acceptant l’élection de Pierre de La Châtre pour faire lever l'interdit qui pèse sur le royaume. Le 22 avril 1144, il participe à la conférence de Saint-Denis pour régler définitivement son conflit avec la papauté.
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Pour sceller le règlement du conflit et se repentir du massacre de Vitry « le brulé », il accepte de prendre part à la deuxième croisade prêchée par saint Bernard de Clairvaux, et aux environs de Noël 1145, Louis VII annonce sa décision de partir pour porter secours aux États chrétiens de Palestine, menacés par les Turcs qui viennent d’envahir le comté d'Édesse où de nombreux chrétiens sont massacrés. Le pape Eugène III approuve cette croisade et autorise le roi des Francs à prélever le décime, c'est-à-dire d'imposer les biens ecclésiastiques, normalement exclus de tout impôt, pour financer son expédition. Vers Pâques 1146, le roi prend la croix en même temps que de nombreux barons lors de l’assemblée de Vézelay.
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Le 11 juin 1147, le roi Louis VII et Aliénor partent pour la deuxième croisade, à la tête de 300 chevaliers et d’une nombreuse armée, suivie peu à peu par des dizaines de milliers de pèlerins. Se mettant en marche à partir de Metz, ville impériale, ils passent par la vallée du Danube, où ils sont rejoints par l’armée de l’empereur Conrad III et prévoient de passer en Asie Mineure par Constantinople, où ils arrivent le 4 octobre 1147.
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L’expédition est marquée par la discorde entre les clans français et germains, l’inexpérience de Louis VII qui se montre velléitaire, et le soutien douteux des Byzantins qui nuisent plus aux chrétiens qu’ils ne les aident. Trompé par ceux-ci, Louis VII est battu par les Turcs en Asie Mineure et connaît plusieurs revers en Syrie. Il rejoint à grand peine Antioche en mars 1148, alors aux mains de Raymond de Poitiers, oncle d’Aliénor, qui reçoit les croisés avec beaucoup d’égards, espérant que Louis VII va l’aider à combattre l’ennemi qui l’avait dépouillé de certains de ses territoires. Mais le roi ne pense qu’à poursuivre son pèlerinage vers Jérusalem alors que la reine Aliénor tente en vain de le convaincre d’aider son oncle, sur quoi le roi préfère prendre conseil auprès du Templier eunuque Thierry de Galeran. Après coup, les chroniqueurs de l’époque se déchaînent et accusent la reine d’adultère : Guillaume de Tyr l’accuse même d’un inceste avec son propre oncle.
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Forçant Aliénor à le suivre, Louis VII quitte Antioche et gagne Jérusalem où il accomplit le pèlerinage qu’il s’était imposé, puis en juin 1148, il tente de prendre Damas, devant laquelle son armée est repoussée. Le couple royal séjourne encore une année en Terre sainte avant de revenir séparément vers la France, par la mer où Aliénor est faite prisonnière par les Turcs avant d'être libérée par les Normands. Pendant ce temps, le roi fait d'abord escale en Calabre, où il débarque le 29 juillet 1149, puis il séjourne dans le royaume de Sicile où il attend trois semaines l'arrivée de la reine venant de Palerme[6] avant de rejoindre Potenza, où durant trois jours, il fut l'hôte du roi normand Roger II de Sicile. Sur le chemin du retour, il eut à Tivoli une entrevue avec le pape Eugène III (9-10 octobre 1149)[7] en vue de conciliations sur le mariage royal qui commençait à présenter quelques troubles.
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En définitive, la participation de Louis VII à cette deuxième croisade fut lourdement préjudiciable à l’avenir du royaume, car l’expédition se solda par un très lourd échec sur tous les plans. D'abord sur le plan financier, car cette expédition appauvrit considérablement le trésor royal ; sur le plan politique, car le roi ne s’est pas occupé directement du royaume pendant ses deux années d’absence, et par conséquent, a relâché son emprise sur les grands féodaux ; sur le plan militaire, car la croisade est une succession d’échecs militaires ; de plus, une partie de sa chevalerie et une grande armée ont été sacrifiées ; et sur les plans dynastiques, patrimoniaux, territoriaux et stratégiques car cette croisade provoque le début de la rupture du roi avec Aliénor avec le risque, en cas d'une séparation, que la reine ne récupère les fiefs qu’elle avait apportés dans sa dot, et ce, malgré la naissance de leur fille Marie de France (1145-11 mars 1198), née avant le départ de la croisade.
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Mais, malgré les conseils du pape Eugène III, rencontré lors d’une halte au Mont-Cassin, et malgré ceux de l’abbé Suger, dès leur retour en royaume de France, en novembre 1149, ni même en dépit de la naissance, en 1150, de leur seconde fille, Alix de France (1150-1195), Louis VII et Aliénor ne réussissent vraiment à se réconcilier.
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Après le décès de Suger, en 1151, le second concile de Beaugency trouve finalement une faille, au motif que l’arrière-grand-mère d’Aliénor, Audéarde de Bourgogne, était la petite-fille de Robert le Pieux, arrière-arrière-grand-père de Louis VI (cousinage au 9e degré civil, mais au 5e degré canonique), et de ce fait prononcera l’annulation du mariage le 21 mars 1152[8]. Aliénor reprenant sa dot, va alors, moins de quatre semaines plus tard, le 18 mai 1152, à l'âge de 30 ans, épouser en secondes noces, le comte d’Anjou et duc de Normandie, Henri Plantagenêt, prétendant au trône d’Angleterre, alors âgé de seulement 19 ans.
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Par ce mariage, qui apporte d’immenses territoires à un vassal déjà plus puissant que le roi, le risque est alors d'offrir à la couronne d’Angleterre, un territoire important sur le continent, face au royaume de France. Ce qui ne manque pas d'arriver, lors du couronnement, en 1154, de Henri Plantagenêt comme roi d’Angleterre. Par ce mariage avec Aliénor, le roi qui devient Henri II d'Angleterre règne désormais sur un territoire qui s’étend de l’Écosse aux Pyrénées, comprenant l’Angleterre, l’Anjou, le Maine, la Normandie, l’Aquitaine et la Bretagne. Cette faute politique s'ajoute en tant qu'élément déclencheur dans la rivalité entre les rois de France et d'Angleterre, qui a débuté sous le règne de Henri Ier de France, pour se terminer au milieu du XIIIe siècle. Beaucoup d'historiens médiévistes considèrent que cette séparation est à l'origine d'une « première guerre de Cent Ans ».
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Louis VII et ses successeurs n'auront alors de cesse de batailler sans relâche contre l'Angleterre, et l'Empire Plantagenêt, pendant à peu près cent ans pour finalement récupérer une bonne partie des territoires perdus par Louis VII et faire la paix avec l'Angleterre, pour un bon moment, à partir de 1259, lors du traité de Paris.
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Vers 1150, Geoffroy d'Anjou, dit Plantagenêt, est alors un des principaux vassaux du roi des Francs. Fin stratège, il se marie avec Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant ce qui lui permet, en plus de l'Anjou, de revendiquer la Normandie mais aussi le trône d'Angleterre, si jamais le roi, Étienne de Blois, venait à mourir sans descendance. Geoffroy, qui conquiert progressivement la Normandie, meurt finalement en 1151, laissant derrière lui trois fils. L'aîné, Henri, a l'intelligence de se marier avec Aliénor d'Aquitaine, à la suite de son divorce avec le roi du royaume de France, en 1152. Henri possède alors un domaine plus grand que celui de son suzerain, domaine qui s'agrandit avec la mort d'Étienne, qui le désigne comme son successeur à la couronne d'Angleterre, en 1153, lors du traité de Wallingford à la suite duquel Henri est finalement couronné roi d'Angleterre, en 1154.
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Louis VII va alors tout faire pour affaiblir son puissant vassal, reprenant une stratégie qui avait fait merveille lors du règne de son grand-père Philippe Ier, il soutient les révoltes de Bretagne et du Poitou contre l’Angleterre, mais aussi celles des fils d'Henri II contre leur père dans lesquelles il est aidé en cela :
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En 1158, Louis VII et Henri II Plantagenêt se réconcilient enfin et se font la promesse d’un mariage entre Marguerite de France et Henri le Jeune. Apaisement de courte durée, car dès mars 1159, Henri II s’en prend au comté de Toulouse, mais durant l’été, Louis VII contraint le roi d’Angleterre à lever le siège de la ville. Lors de l'année 1163, Henri II rend à nouveau hommage à Louis VII, pour la Normandie au nom de son fils Henri le Jeune et Louis VII fait alliance avec les comtes de Flandre et de Champagne, tandis que l'on pose la première pierre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sous les honneurs du pape Alexandre III. Louis VII offre alors la somme de deux cents livres pour la construction de l'édifice, dirigée par Maurice de Sully, évêque de Paris.
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Lors de l'affrontement entre Henri II Plantagenêt et Thomas Becket, l’archevêque de Cantorbéry, Louis VII offre sa protection à l'archevêque et conseiller du roi d'Angleterre, ce qui n'empêchera finalement pas son assassinat par quatre chevaliers fidèles à Henri II.
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Louis VII fait, entretemps, bâtir les fortifications de Villa franca devenue Villa nova regis (Villeneuve-sur-Yonne) qui devait servir de bastion avancé à plusieurs provinces, et devint une des huit résidences royales, à qui il donne les privilèges de Lorris pour qu'elle s'accroisse rapidement.
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Le 21 août 1165, naît Philippe Auguste, unique héritier mâle de Louis VII. Le 30 septembre 1174, le traité de mariage d’Adèle avec Richard Cœur de Lion est signé.
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En 1172 et 1173, Louis VII pousse Henri et Richard, les enfants d’Henri II Plantagenêt, à entrer en conflit avec leur père. Fin 1173, Louis VII et Henri II concluent à Caen une trêve provisoire et réaffirment vers le printemps 1174 l’intention de marier leurs enfants Adèle et Richard.
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En 1177, le pape impose à Henri II la conclusion du traité d'Ivry, signé le 21 septembre, et par lequel les deux rois se jurent amitié ; traité suivi, le 22 juin 1180, par la signature d’un pacte de non-agression. Le Traité de Gisors du 22 juin 1180 marque la fin de cette série de guerres continuelles entre la France et l’Angleterre.
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Le 1er novembre 1179, Louis VII fait sacrer son fils Philippe Auguste et, épuisé par la maladie, il lui abandonne le pouvoir l’année d’après.
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En 1180 se conclut le mariage d’Agnès de France et d’Alexis II Comnène. Louis VII meurt finalement le 18 septembre 1180, d'une cachexie paralytique dans son palais royal de la Cité à Paris. Le lendemain, il est inhumé à l’abbaye royale Saint-Port de Barbeau qu’il a fondée près de Fontaine-le-Port, en bord de Seine entre Melun et Fontainebleau. Son fils Philippe Auguste lui succède. Ce dernier exerçait en fait le pouvoir depuis le 28 juin 1180, jour où son père lui abandonna le pouvoir.
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Charles IX, étant à Fontainebleau, eut la singulière curiosité de faire ouvrir ce tombeau. On y trouva le corps presque en son entier ; mais les ornements royaux dont on l’avait revêtu étaient à demi consumés ; cependant on voyait encore sur la tête une couronne d’or, à ses doigts des anneaux, dans ses mains un sceptre d’or, et la grande croix en filigrane enrichie d’émeraudes qu’on avait placé sur sa poitrine.
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Cet ancien tombeau ayant été détruit, fut reconstruit avec plus de magnificence par le cardinal Guillaume-Egon de Fürstenberg, abbé du monastère, en 1685. Le nouveau mausolée ne put échapper au vandalisme révolutionnaire de 1793 ; mais M. Lejeune, curé de Chartrettes, alors procureur de l’Abbaye, parvint à préserver les restes de Louis VII de la violation en les recueillant avec soin. Il les trouva enveloppés dans un linceul de soie, les transporta chez lui où il les garda pendant vingt ans. Il les fit replacer le 26 octobre 1813 dans la maison de Barbeau[9].
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À la suite de l'abandon de l'abbaye de Barbeau, Louis XVIII fait transporter le 30 juin 1817 les cendres de Louis VII à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. Il est, de ce fait, le seul roi de France antérieur à la Révolution à reposer réellement dans le tombeau qui porte son nom à Saint-Denis[10].
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Bien qu’éduqué pour être clerc ou moine plutôt que roi, Louis VII a joué un rôle important dans l’histoire de France :
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« Moi, Louis, par la grâce de Dieu roi de France. Afin de réprimer la fièvre des méchants et d'arrêter les mains violentes des pillards, à la demande du clergé et avec l'accord du baronnage, nous décrétons la paix dans tout le royaume. Pour cette raison, l'année du Verbe incarné 1155, le 4 des ides de juin, nous avons réuni un concile à Soissons. Y furent présents les archevêques de Reims et de Sens, ainsi que leurs suffragants, tout comme les barons, les comtes de Flandre, de Troyes et de Nevers, et d'autres très nombreux, et le duc de Bourgogne. Par leur volonté, nous prescrivons qu'à partir de la prochaine fête de Pâques, et pour dix ans, toutes les églises du royaume et l'ensemble de leurs possessions, tous les paysans, le gros et le petit bétail également, et, pour ce qui est de la sécurité des chemins, tous les marchands où qu'ils se trouvent et tous les hommes quels qu'ils soient — tant qu'ils seront prêts à venir en justice devant ceux qui doivent leur rendre justice —, aient absolument tous la paix et pleine sécurité. Nous avons dit en plein concile et devant tous, par le verbe royal, que nous observerions cette paix sans la briser et que, s'il s'en trouvait pour violer la paix prescrite, nous ferions justice d'eux selon notre pouvoir. Ont juré cette paix le duc de Bourgogne, le comte de Flandre, le comte Henri [de Troyes], le comte de Nevers, le comte de Soissons et le reste du baronnage présent. Le clergé également, les archevêques et les évêques, les abbés ont promis, devant les reliques sacrées et au vu de tout le concile, d'observer cette paix, de leur côté, de toutes leurs forces ; et pour que justice soit faire des violences, ils ont promis de nous aider selon leur pouvoir et ils ont proclamé dans la stabilité de la parole consacrée. Pour que la chose soit entendue plus largement et qu'on n'en perde pas le souvenir, j'ai confié à la mémoire des lettres la stipulation de la chose faire et la teneur de la paix, et nous avons ordonné de les fortifier de l'autorité de notre sceau[11]. »
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Cependant, la deuxième croisade fut calamiteuse, et la séparation d’avec Aliénor d’Aquitaine est une erreur lourde, qui fournit à un vassal mineur le moyen de s’imposer, en plaçant le roi des Francs en infériorité territoriale pendant près d’un demi-siècle. Il fallut l’action de trois grands rois, Philippe Auguste, Louis VIII le Lion et Louis IX, dit Saint Louis, pour redresser la situation et arriver à réduire les conséquences de cette lourde décision.
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La monarchie, jusque-là itinérante, s’est fixée à Paris car la présence du roi dans tout son domaine n’est plus nécessaire. Un embryon d’administration centrale et locale s’est formé. Autour de lui, des familiers lui ont donné des conseils politiques, et vont former le Conseil du roi, les services centraux de la monarchie regroupent les chefs des services domestiques du palais. En province, des prévôts ont été chargés par le roi de collecter les revenus, de lever des contingents militaires et de rendre la justice. Comme son père, le roi va soutenir le mouvement d’émancipation des communes, va accorder des privilèges aux communautés rurales et émanciper des serfs.
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Avec Aliénor d'Aquitaine :
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Avec Constance de Castille, (v. 1138 - 1160) fille d'Alphonse VII de Castille :
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Avec Adèle de Champagne (ou Adèle de Blois) :
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Louis VII, dit « le Jeune » puis « le Pieux », né en 1120 et mort en 1180 à Paris, est roi des Francs de 1137 à 1180.
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Second fils de Louis VI, dit « le Gros », roi des Francs, et d’Adélaïde de Savoie (v. 1092-1154)[1].
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Sixième souverain de la dynastie des Capétiens directs, il épouse successivement Aliénor d'Aquitaine, Constance de Castille puis Adèle de Champagne. Son fils, Philippe Auguste, lui succède.
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Il est sacré roi et couronné, à Reims, dès le 25 octobre 1131, par le pape Innocent II, après la mort accidentelle de son frère aîné Philippe de France (1116-1131) (à ne pas confondre avec Philippe, son frère cadet du même prénom), à la suite d'une chute de cheval provoquée par un cochon errant[2], le 14 octobre 1131. Louis, second fils de Louis VI « le Gros », n'était pas prédestiné à une carrière royale : son père lui réservait une carrière ecclésiastique, voire une carrière monastique comme son frère cadet Henri, raison principale de sa piété austère et rigoureuse. Son inexpérience et sa faible préparation à l'exercice du pouvoir expliquent probablement sa désastreuse politique malgré les conseils de l'abbé Suger[3].
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Après le décès de son père Louis VI « le Gros », d'une dysenterie probablement consécutive à un excès de bonne chère[4], il est à nouveau couronné à Bourges, le 25 décembre 1137.
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Avant de mourir, son père avait organisé son mariage avec Aliénor d'Aquitaine (1122-1204), fille de Guillaume X d'Aquitaine, duc d’Aquitaine, et d’Aénor de Châtellerault. La cérémonie eut lieu à Bordeaux, le 25 juillet 1137 et Louis fut ensuite également couronné duc d'Aquitaine, à Poitiers le 8 août 1137. Ce mariage fabuleux permit au domaine royal de presque tripler de taille, car la jeune mariée apporte dans sa dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Limousin, l’Angoumois, la Saintonge et le Périgord, c’est-à-dire une partie du Midi et de l’Ouest de la France, l’équivalent de 19 départements actuels, même si une spécification avait été faite, lors du mariage, que le duché aquitain ne s'absorberait pas dans le domaine royal : l'union devait rester purement personnelle, le duché ne revenant dans la couronne qu'à la génération suivante.
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Le caractère du roi, dévot, ascétique (il aurait voulu être moine), naïf et maladroit, mou dans ses décisions, s’accorde d'abord mal avec le caractère d'Aliénor, fort et sensuel. Cependant les dix premières années semblent se passer sans réelle mésentente, mis à part entre la nouvelle reine et l'ancienne, Adélaïde de Savoie, que Louis écarte de la cour, mais en gardant les conseillers de son père, dont l’abbé de Saint-Denis, Suger. Il poursuit également la politique de son père et continue de mettre en valeur le domaine royal ainsi que la rénovation et la transformation de la basilique Saint-Denis. Bien conseillé par Suger, il fait de multiples concessions aux communautés rurales, encourage les défrichements et favorise l’émancipation des serfs. Il prend appui sur les villes en accordant des chartes de bourgeoisie (Étampes, Bourges) et en les encourageant hors de son domaine (Reims, Sens, Compiègne, Auxerre). Il soutient enfin l’élection d’évêques dévoués au pouvoir royal.
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C'est aussi à cette époque que le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées, que certains n'hésitent pas à mettre au crédit de la reine, dont l'influence sur le roi semblait importante. Aussi, en 1138, il n'hésite pas à mater la tentative de création de la commune autonome de Poitiers, fief de la reine Aliénor, en n'hésitant pas à prendre en otage les enfants des nobles de la cité, qui appelaient les bourgs et villes voisins à former une ligue. Il soumet également le seigneur Guillaume de Lezay, qui avait refusé l'hommage. À la demande de la reine, l'abbé Suger, qui était intervenu pour faire renoncer le roi à sa prise d'otages, est écarté du conseil.
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La même année, Louis VII s’oppose au comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, ainsi qu'au pape Innocent II au sujet de l’investiture pour l’évêché de Langres, pour lequel il avait imposé un moine de Cluny contre un candidat soutenu par Bernard de Clairvaux[5]. Puis, en 1141 le roi intervient dans le Toulousain afin de faire valoir les droits de sa femme, duchesse d’Aquitaine, sur l'héritage de sa grand-mère, Philippa de Toulouse. Mais après un long siège de la ville, défendue par le comte Alphonse Jourdain, la tentative de conquête s'avère un échec. Pour autant, Aliénor remercie son roi, en lui offrant un vase de grande valeur, ayant été offert à son grand-père par le roi taïfa de Saragosse, Imad al-Dawla. Taillé dans un bloc de cristal, monté sur pied d'or et orné de pierreries et de perles, ce vase est toujours visible aujourd'hui au Louvre.
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La même année, en 1141, Louis VII s’oppose à nouveau au pape en tentant d’imposer son candidat au siège de Bourges, contre Pierre de La Châtre, soutenu par le pape Innocent II, si bien que celui-ci finit par l'excommunier alors que Pierre de La Châtre trouve refuge en Champagne. Cela ajouté à la dissolution du mariage de Raoul de Vermandois, arrangé par la reine, afin que sa sœur Pétronille d'Aquitaine, amoureuse, puisse l'épouser, finira par causer un grave conflit entre le royaume de France et le comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, frère de l'épouse délaissée. Et en décembre 1142, l'ost royal envahit la Champagne et lors de son avancée incendie, en janvier 1143, le village de Vitry-en-Perthois et son église dans laquelle s’étaient réfugiés les habitants, ce qui marqua à jamais le jeune souverain.
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En vue d'un apaisement, Louis VII signe le traité de Vitry avec le comte Thibaut à l’automne 1143, acceptant l’élection de Pierre de La Châtre pour faire lever l'interdit qui pèse sur le royaume. Le 22 avril 1144, il participe à la conférence de Saint-Denis pour régler définitivement son conflit avec la papauté.
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Pour sceller le règlement du conflit et se repentir du massacre de Vitry « le brulé », il accepte de prendre part à la deuxième croisade prêchée par saint Bernard de Clairvaux, et aux environs de Noël 1145, Louis VII annonce sa décision de partir pour porter secours aux États chrétiens de Palestine, menacés par les Turcs qui viennent d’envahir le comté d'Édesse où de nombreux chrétiens sont massacrés. Le pape Eugène III approuve cette croisade et autorise le roi des Francs à prélever le décime, c'est-à-dire d'imposer les biens ecclésiastiques, normalement exclus de tout impôt, pour financer son expédition. Vers Pâques 1146, le roi prend la croix en même temps que de nombreux barons lors de l’assemblée de Vézelay.
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Le 11 juin 1147, le roi Louis VII et Aliénor partent pour la deuxième croisade, à la tête de 300 chevaliers et d’une nombreuse armée, suivie peu à peu par des dizaines de milliers de pèlerins. Se mettant en marche à partir de Metz, ville impériale, ils passent par la vallée du Danube, où ils sont rejoints par l’armée de l’empereur Conrad III et prévoient de passer en Asie Mineure par Constantinople, où ils arrivent le 4 octobre 1147.
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L’expédition est marquée par la discorde entre les clans français et germains, l’inexpérience de Louis VII qui se montre velléitaire, et le soutien douteux des Byzantins qui nuisent plus aux chrétiens qu’ils ne les aident. Trompé par ceux-ci, Louis VII est battu par les Turcs en Asie Mineure et connaît plusieurs revers en Syrie. Il rejoint à grand peine Antioche en mars 1148, alors aux mains de Raymond de Poitiers, oncle d’Aliénor, qui reçoit les croisés avec beaucoup d’égards, espérant que Louis VII va l’aider à combattre l’ennemi qui l’avait dépouillé de certains de ses territoires. Mais le roi ne pense qu’à poursuivre son pèlerinage vers Jérusalem alors que la reine Aliénor tente en vain de le convaincre d’aider son oncle, sur quoi le roi préfère prendre conseil auprès du Templier eunuque Thierry de Galeran. Après coup, les chroniqueurs de l’époque se déchaînent et accusent la reine d’adultère : Guillaume de Tyr l’accuse même d’un inceste avec son propre oncle.
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Forçant Aliénor à le suivre, Louis VII quitte Antioche et gagne Jérusalem où il accomplit le pèlerinage qu’il s’était imposé, puis en juin 1148, il tente de prendre Damas, devant laquelle son armée est repoussée. Le couple royal séjourne encore une année en Terre sainte avant de revenir séparément vers la France, par la mer où Aliénor est faite prisonnière par les Turcs avant d'être libérée par les Normands. Pendant ce temps, le roi fait d'abord escale en Calabre, où il débarque le 29 juillet 1149, puis il séjourne dans le royaume de Sicile où il attend trois semaines l'arrivée de la reine venant de Palerme[6] avant de rejoindre Potenza, où durant trois jours, il fut l'hôte du roi normand Roger II de Sicile. Sur le chemin du retour, il eut à Tivoli une entrevue avec le pape Eugène III (9-10 octobre 1149)[7] en vue de conciliations sur le mariage royal qui commençait à présenter quelques troubles.
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En définitive, la participation de Louis VII à cette deuxième croisade fut lourdement préjudiciable à l’avenir du royaume, car l’expédition se solda par un très lourd échec sur tous les plans. D'abord sur le plan financier, car cette expédition appauvrit considérablement le trésor royal ; sur le plan politique, car le roi ne s’est pas occupé directement du royaume pendant ses deux années d’absence, et par conséquent, a relâché son emprise sur les grands féodaux ; sur le plan militaire, car la croisade est une succession d’échecs militaires ; de plus, une partie de sa chevalerie et une grande armée ont été sacrifiées ; et sur les plans dynastiques, patrimoniaux, territoriaux et stratégiques car cette croisade provoque le début de la rupture du roi avec Aliénor avec le risque, en cas d'une séparation, que la reine ne récupère les fiefs qu’elle avait apportés dans sa dot, et ce, malgré la naissance de leur fille Marie de France (1145-11 mars 1198), née avant le départ de la croisade.
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Mais, malgré les conseils du pape Eugène III, rencontré lors d’une halte au Mont-Cassin, et malgré ceux de l’abbé Suger, dès leur retour en royaume de France, en novembre 1149, ni même en dépit de la naissance, en 1150, de leur seconde fille, Alix de France (1150-1195), Louis VII et Aliénor ne réussissent vraiment à se réconcilier.
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Après le décès de Suger, en 1151, le second concile de Beaugency trouve finalement une faille, au motif que l’arrière-grand-mère d’Aliénor, Audéarde de Bourgogne, était la petite-fille de Robert le Pieux, arrière-arrière-grand-père de Louis VI (cousinage au 9e degré civil, mais au 5e degré canonique), et de ce fait prononcera l’annulation du mariage le 21 mars 1152[8]. Aliénor reprenant sa dot, va alors, moins de quatre semaines plus tard, le 18 mai 1152, à l'âge de 30 ans, épouser en secondes noces, le comte d’Anjou et duc de Normandie, Henri Plantagenêt, prétendant au trône d’Angleterre, alors âgé de seulement 19 ans.
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Par ce mariage, qui apporte d’immenses territoires à un vassal déjà plus puissant que le roi, le risque est alors d'offrir à la couronne d’Angleterre, un territoire important sur le continent, face au royaume de France. Ce qui ne manque pas d'arriver, lors du couronnement, en 1154, de Henri Plantagenêt comme roi d’Angleterre. Par ce mariage avec Aliénor, le roi qui devient Henri II d'Angleterre règne désormais sur un territoire qui s’étend de l’Écosse aux Pyrénées, comprenant l’Angleterre, l’Anjou, le Maine, la Normandie, l’Aquitaine et la Bretagne. Cette faute politique s'ajoute en tant qu'élément déclencheur dans la rivalité entre les rois de France et d'Angleterre, qui a débuté sous le règne de Henri Ier de France, pour se terminer au milieu du XIIIe siècle. Beaucoup d'historiens médiévistes considèrent que cette séparation est à l'origine d'une « première guerre de Cent Ans ».
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Louis VII et ses successeurs n'auront alors de cesse de batailler sans relâche contre l'Angleterre, et l'Empire Plantagenêt, pendant à peu près cent ans pour finalement récupérer une bonne partie des territoires perdus par Louis VII et faire la paix avec l'Angleterre, pour un bon moment, à partir de 1259, lors du traité de Paris.
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Vers 1150, Geoffroy d'Anjou, dit Plantagenêt, est alors un des principaux vassaux du roi des Francs. Fin stratège, il se marie avec Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant ce qui lui permet, en plus de l'Anjou, de revendiquer la Normandie mais aussi le trône d'Angleterre, si jamais le roi, Étienne de Blois, venait à mourir sans descendance. Geoffroy, qui conquiert progressivement la Normandie, meurt finalement en 1151, laissant derrière lui trois fils. L'aîné, Henri, a l'intelligence de se marier avec Aliénor d'Aquitaine, à la suite de son divorce avec le roi du royaume de France, en 1152. Henri possède alors un domaine plus grand que celui de son suzerain, domaine qui s'agrandit avec la mort d'Étienne, qui le désigne comme son successeur à la couronne d'Angleterre, en 1153, lors du traité de Wallingford à la suite duquel Henri est finalement couronné roi d'Angleterre, en 1154.
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Louis VII va alors tout faire pour affaiblir son puissant vassal, reprenant une stratégie qui avait fait merveille lors du règne de son grand-père Philippe Ier, il soutient les révoltes de Bretagne et du Poitou contre l’Angleterre, mais aussi celles des fils d'Henri II contre leur père dans lesquelles il est aidé en cela :
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En 1158, Louis VII et Henri II Plantagenêt se réconcilient enfin et se font la promesse d’un mariage entre Marguerite de France et Henri le Jeune. Apaisement de courte durée, car dès mars 1159, Henri II s’en prend au comté de Toulouse, mais durant l’été, Louis VII contraint le roi d’Angleterre à lever le siège de la ville. Lors de l'année 1163, Henri II rend à nouveau hommage à Louis VII, pour la Normandie au nom de son fils Henri le Jeune et Louis VII fait alliance avec les comtes de Flandre et de Champagne, tandis que l'on pose la première pierre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sous les honneurs du pape Alexandre III. Louis VII offre alors la somme de deux cents livres pour la construction de l'édifice, dirigée par Maurice de Sully, évêque de Paris.
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Lors de l'affrontement entre Henri II Plantagenêt et Thomas Becket, l’archevêque de Cantorbéry, Louis VII offre sa protection à l'archevêque et conseiller du roi d'Angleterre, ce qui n'empêchera finalement pas son assassinat par quatre chevaliers fidèles à Henri II.
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Louis VII fait, entretemps, bâtir les fortifications de Villa franca devenue Villa nova regis (Villeneuve-sur-Yonne) qui devait servir de bastion avancé à plusieurs provinces, et devint une des huit résidences royales, à qui il donne les privilèges de Lorris pour qu'elle s'accroisse rapidement.
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Le 21 août 1165, naît Philippe Auguste, unique héritier mâle de Louis VII. Le 30 septembre 1174, le traité de mariage d’Adèle avec Richard Cœur de Lion est signé.
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En 1172 et 1173, Louis VII pousse Henri et Richard, les enfants d’Henri II Plantagenêt, à entrer en conflit avec leur père. Fin 1173, Louis VII et Henri II concluent à Caen une trêve provisoire et réaffirment vers le printemps 1174 l’intention de marier leurs enfants Adèle et Richard.
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En 1177, le pape impose à Henri II la conclusion du traité d'Ivry, signé le 21 septembre, et par lequel les deux rois se jurent amitié ; traité suivi, le 22 juin 1180, par la signature d’un pacte de non-agression. Le Traité de Gisors du 22 juin 1180 marque la fin de cette série de guerres continuelles entre la France et l’Angleterre.
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Le 1er novembre 1179, Louis VII fait sacrer son fils Philippe Auguste et, épuisé par la maladie, il lui abandonne le pouvoir l’année d’après.
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En 1180 se conclut le mariage d’Agnès de France et d’Alexis II Comnène. Louis VII meurt finalement le 18 septembre 1180, d'une cachexie paralytique dans son palais royal de la Cité à Paris. Le lendemain, il est inhumé à l’abbaye royale Saint-Port de Barbeau qu’il a fondée près de Fontaine-le-Port, en bord de Seine entre Melun et Fontainebleau. Son fils Philippe Auguste lui succède. Ce dernier exerçait en fait le pouvoir depuis le 28 juin 1180, jour où son père lui abandonna le pouvoir.
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Charles IX, étant à Fontainebleau, eut la singulière curiosité de faire ouvrir ce tombeau. On y trouva le corps presque en son entier ; mais les ornements royaux dont on l’avait revêtu étaient à demi consumés ; cependant on voyait encore sur la tête une couronne d’or, à ses doigts des anneaux, dans ses mains un sceptre d’or, et la grande croix en filigrane enrichie d’émeraudes qu’on avait placé sur sa poitrine.
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Cet ancien tombeau ayant été détruit, fut reconstruit avec plus de magnificence par le cardinal Guillaume-Egon de Fürstenberg, abbé du monastère, en 1685. Le nouveau mausolée ne put échapper au vandalisme révolutionnaire de 1793 ; mais M. Lejeune, curé de Chartrettes, alors procureur de l’Abbaye, parvint à préserver les restes de Louis VII de la violation en les recueillant avec soin. Il les trouva enveloppés dans un linceul de soie, les transporta chez lui où il les garda pendant vingt ans. Il les fit replacer le 26 octobre 1813 dans la maison de Barbeau[9].
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À la suite de l'abandon de l'abbaye de Barbeau, Louis XVIII fait transporter le 30 juin 1817 les cendres de Louis VII à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. Il est, de ce fait, le seul roi de France antérieur à la Révolution à reposer réellement dans le tombeau qui porte son nom à Saint-Denis[10].
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Bien qu’éduqué pour être clerc ou moine plutôt que roi, Louis VII a joué un rôle important dans l’histoire de France :
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« Moi, Louis, par la grâce de Dieu roi de France. Afin de réprimer la fièvre des méchants et d'arrêter les mains violentes des pillards, à la demande du clergé et avec l'accord du baronnage, nous décrétons la paix dans tout le royaume. Pour cette raison, l'année du Verbe incarné 1155, le 4 des ides de juin, nous avons réuni un concile à Soissons. Y furent présents les archevêques de Reims et de Sens, ainsi que leurs suffragants, tout comme les barons, les comtes de Flandre, de Troyes et de Nevers, et d'autres très nombreux, et le duc de Bourgogne. Par leur volonté, nous prescrivons qu'à partir de la prochaine fête de Pâques, et pour dix ans, toutes les églises du royaume et l'ensemble de leurs possessions, tous les paysans, le gros et le petit bétail également, et, pour ce qui est de la sécurité des chemins, tous les marchands où qu'ils se trouvent et tous les hommes quels qu'ils soient — tant qu'ils seront prêts à venir en justice devant ceux qui doivent leur rendre justice —, aient absolument tous la paix et pleine sécurité. Nous avons dit en plein concile et devant tous, par le verbe royal, que nous observerions cette paix sans la briser et que, s'il s'en trouvait pour violer la paix prescrite, nous ferions justice d'eux selon notre pouvoir. Ont juré cette paix le duc de Bourgogne, le comte de Flandre, le comte Henri [de Troyes], le comte de Nevers, le comte de Soissons et le reste du baronnage présent. Le clergé également, les archevêques et les évêques, les abbés ont promis, devant les reliques sacrées et au vu de tout le concile, d'observer cette paix, de leur côté, de toutes leurs forces ; et pour que justice soit faire des violences, ils ont promis de nous aider selon leur pouvoir et ils ont proclamé dans la stabilité de la parole consacrée. Pour que la chose soit entendue plus largement et qu'on n'en perde pas le souvenir, j'ai confié à la mémoire des lettres la stipulation de la chose faire et la teneur de la paix, et nous avons ordonné de les fortifier de l'autorité de notre sceau[11]. »
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Cependant, la deuxième croisade fut calamiteuse, et la séparation d’avec Aliénor d’Aquitaine est une erreur lourde, qui fournit à un vassal mineur le moyen de s’imposer, en plaçant le roi des Francs en infériorité territoriale pendant près d’un demi-siècle. Il fallut l’action de trois grands rois, Philippe Auguste, Louis VIII le Lion et Louis IX, dit Saint Louis, pour redresser la situation et arriver à réduire les conséquences de cette lourde décision.
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La monarchie, jusque-là itinérante, s’est fixée à Paris car la présence du roi dans tout son domaine n’est plus nécessaire. Un embryon d’administration centrale et locale s’est formé. Autour de lui, des familiers lui ont donné des conseils politiques, et vont former le Conseil du roi, les services centraux de la monarchie regroupent les chefs des services domestiques du palais. En province, des prévôts ont été chargés par le roi de collecter les revenus, de lever des contingents militaires et de rendre la justice. Comme son père, le roi va soutenir le mouvement d’émancipation des communes, va accorder des privilèges aux communautés rurales et émanciper des serfs.
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Avec Aliénor d'Aquitaine :
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Avec Constance de Castille, (v. 1138 - 1160) fille d'Alphonse VII de Castille :
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Avec Adèle de Champagne (ou Adèle de Blois) :
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Louis VII, dit « le Jeune » puis « le Pieux », né en 1120 et mort en 1180 à Paris, est roi des Francs de 1137 à 1180.
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Second fils de Louis VI, dit « le Gros », roi des Francs, et d’Adélaïde de Savoie (v. 1092-1154)[1].
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Sixième souverain de la dynastie des Capétiens directs, il épouse successivement Aliénor d'Aquitaine, Constance de Castille puis Adèle de Champagne. Son fils, Philippe Auguste, lui succède.
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Il est sacré roi et couronné, à Reims, dès le 25 octobre 1131, par le pape Innocent II, après la mort accidentelle de son frère aîné Philippe de France (1116-1131) (à ne pas confondre avec Philippe, son frère cadet du même prénom), à la suite d'une chute de cheval provoquée par un cochon errant[2], le 14 octobre 1131. Louis, second fils de Louis VI « le Gros », n'était pas prédestiné à une carrière royale : son père lui réservait une carrière ecclésiastique, voire une carrière monastique comme son frère cadet Henri, raison principale de sa piété austère et rigoureuse. Son inexpérience et sa faible préparation à l'exercice du pouvoir expliquent probablement sa désastreuse politique malgré les conseils de l'abbé Suger[3].
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Après le décès de son père Louis VI « le Gros », d'une dysenterie probablement consécutive à un excès de bonne chère[4], il est à nouveau couronné à Bourges, le 25 décembre 1137.
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Avant de mourir, son père avait organisé son mariage avec Aliénor d'Aquitaine (1122-1204), fille de Guillaume X d'Aquitaine, duc d’Aquitaine, et d’Aénor de Châtellerault. La cérémonie eut lieu à Bordeaux, le 25 juillet 1137 et Louis fut ensuite également couronné duc d'Aquitaine, à Poitiers le 8 août 1137. Ce mariage fabuleux permit au domaine royal de presque tripler de taille, car la jeune mariée apporte dans sa dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Limousin, l’Angoumois, la Saintonge et le Périgord, c’est-à-dire une partie du Midi et de l’Ouest de la France, l’équivalent de 19 départements actuels, même si une spécification avait été faite, lors du mariage, que le duché aquitain ne s'absorberait pas dans le domaine royal : l'union devait rester purement personnelle, le duché ne revenant dans la couronne qu'à la génération suivante.
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Le caractère du roi, dévot, ascétique (il aurait voulu être moine), naïf et maladroit, mou dans ses décisions, s’accorde d'abord mal avec le caractère d'Aliénor, fort et sensuel. Cependant les dix premières années semblent se passer sans réelle mésentente, mis à part entre la nouvelle reine et l'ancienne, Adélaïde de Savoie, que Louis écarte de la cour, mais en gardant les conseillers de son père, dont l’abbé de Saint-Denis, Suger. Il poursuit également la politique de son père et continue de mettre en valeur le domaine royal ainsi que la rénovation et la transformation de la basilique Saint-Denis. Bien conseillé par Suger, il fait de multiples concessions aux communautés rurales, encourage les défrichements et favorise l’émancipation des serfs. Il prend appui sur les villes en accordant des chartes de bourgeoisie (Étampes, Bourges) et en les encourageant hors de son domaine (Reims, Sens, Compiègne, Auxerre). Il soutient enfin l’élection d’évêques dévoués au pouvoir royal.
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C'est aussi à cette époque que le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées, que certains n'hésitent pas à mettre au crédit de la reine, dont l'influence sur le roi semblait importante. Aussi, en 1138, il n'hésite pas à mater la tentative de création de la commune autonome de Poitiers, fief de la reine Aliénor, en n'hésitant pas à prendre en otage les enfants des nobles de la cité, qui appelaient les bourgs et villes voisins à former une ligue. Il soumet également le seigneur Guillaume de Lezay, qui avait refusé l'hommage. À la demande de la reine, l'abbé Suger, qui était intervenu pour faire renoncer le roi à sa prise d'otages, est écarté du conseil.
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La même année, Louis VII s’oppose au comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, ainsi qu'au pape Innocent II au sujet de l’investiture pour l’évêché de Langres, pour lequel il avait imposé un moine de Cluny contre un candidat soutenu par Bernard de Clairvaux[5]. Puis, en 1141 le roi intervient dans le Toulousain afin de faire valoir les droits de sa femme, duchesse d’Aquitaine, sur l'héritage de sa grand-mère, Philippa de Toulouse. Mais après un long siège de la ville, défendue par le comte Alphonse Jourdain, la tentative de conquête s'avère un échec. Pour autant, Aliénor remercie son roi, en lui offrant un vase de grande valeur, ayant été offert à son grand-père par le roi taïfa de Saragosse, Imad al-Dawla. Taillé dans un bloc de cristal, monté sur pied d'or et orné de pierreries et de perles, ce vase est toujours visible aujourd'hui au Louvre.
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La même année, en 1141, Louis VII s’oppose à nouveau au pape en tentant d’imposer son candidat au siège de Bourges, contre Pierre de La Châtre, soutenu par le pape Innocent II, si bien que celui-ci finit par l'excommunier alors que Pierre de La Châtre trouve refuge en Champagne. Cela ajouté à la dissolution du mariage de Raoul de Vermandois, arrangé par la reine, afin que sa sœur Pétronille d'Aquitaine, amoureuse, puisse l'épouser, finira par causer un grave conflit entre le royaume de France et le comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, frère de l'épouse délaissée. Et en décembre 1142, l'ost royal envahit la Champagne et lors de son avancée incendie, en janvier 1143, le village de Vitry-en-Perthois et son église dans laquelle s’étaient réfugiés les habitants, ce qui marqua à jamais le jeune souverain.
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En vue d'un apaisement, Louis VII signe le traité de Vitry avec le comte Thibaut à l’automne 1143, acceptant l’élection de Pierre de La Châtre pour faire lever l'interdit qui pèse sur le royaume. Le 22 avril 1144, il participe à la conférence de Saint-Denis pour régler définitivement son conflit avec la papauté.
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Pour sceller le règlement du conflit et se repentir du massacre de Vitry « le brulé », il accepte de prendre part à la deuxième croisade prêchée par saint Bernard de Clairvaux, et aux environs de Noël 1145, Louis VII annonce sa décision de partir pour porter secours aux États chrétiens de Palestine, menacés par les Turcs qui viennent d’envahir le comté d'Édesse où de nombreux chrétiens sont massacrés. Le pape Eugène III approuve cette croisade et autorise le roi des Francs à prélever le décime, c'est-à-dire d'imposer les biens ecclésiastiques, normalement exclus de tout impôt, pour financer son expédition. Vers Pâques 1146, le roi prend la croix en même temps que de nombreux barons lors de l’assemblée de Vézelay.
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Forçant Aliénor à le suivre, Louis VII quitte Antioche et gagne Jérusalem où il accomplit le pèlerinage qu’il s’était imposé, puis en juin 1148, il tente de prendre Damas, devant laquelle son armée est repoussée. Le couple royal séjourne encore une année en Terre sainte avant de revenir séparément vers la France, par la mer où Aliénor est faite prisonnière par les Turcs avant d'être libérée par les Normands. Pendant ce temps, le roi fait d'abord escale en Calabre, où il débarque le 29 juillet 1149, puis il séjourne dans le royaume de Sicile où il attend trois semaines l'arrivée de la reine venant de Palerme[6] avant de rejoindre Potenza, où durant trois jours, il fut l'hôte du roi normand Roger II de Sicile. Sur le chemin du retour, il eut à Tivoli une entrevue avec le pape Eugène III (9-10 octobre 1149)[7] en vue de conciliations sur le mariage royal qui commençait à présenter quelques troubles.
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En définitive, la participation de Louis VII à cette deuxième croisade fut lourdement préjudiciable à l’avenir du royaume, car l’expédition se solda par un très lourd échec sur tous les plans. D'abord sur le plan financier, car cette expédition appauvrit considérablement le trésor royal ; sur le plan politique, car le roi ne s’est pas occupé directement du royaume pendant ses deux années d’absence, et par conséquent, a relâché son emprise sur les grands féodaux ; sur le plan militaire, car la croisade est une succession d’échecs militaires ; de plus, une partie de sa chevalerie et une grande armée ont été sacrifiées ; et sur les plans dynastiques, patrimoniaux, territoriaux et stratégiques car cette croisade provoque le début de la rupture du roi avec Aliénor avec le risque, en cas d'une séparation, que la reine ne récupère les fiefs qu’elle avait apportés dans sa dot, et ce, malgré la naissance de leur fille Marie de France (1145-11 mars 1198), née avant le départ de la croisade.
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Mais, malgré les conseils du pape Eugène III, rencontré lors d’une halte au Mont-Cassin, et malgré ceux de l’abbé Suger, dès leur retour en royaume de France, en novembre 1149, ni même en dépit de la naissance, en 1150, de leur seconde fille, Alix de France (1150-1195), Louis VII et Aliénor ne réussissent vraiment à se réconcilier.
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Après le décès de Suger, en 1151, le second concile de Beaugency trouve finalement une faille, au motif que l’arrière-grand-mère d’Aliénor, Audéarde de Bourgogne, était la petite-fille de Robert le Pieux, arrière-arrière-grand-père de Louis VI (cousinage au 9e degré civil, mais au 5e degré canonique), et de ce fait prononcera l’annulation du mariage le 21 mars 1152[8]. Aliénor reprenant sa dot, va alors, moins de quatre semaines plus tard, le 18 mai 1152, à l'âge de 30 ans, épouser en secondes noces, le comte d’Anjou et duc de Normandie, Henri Plantagenêt, prétendant au trône d’Angleterre, alors âgé de seulement 19 ans.
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Par ce mariage, qui apporte d’immenses territoires à un vassal déjà plus puissant que le roi, le risque est alors d'offrir à la couronne d’Angleterre, un territoire important sur le continent, face au royaume de France. Ce qui ne manque pas d'arriver, lors du couronnement, en 1154, de Henri Plantagenêt comme roi d’Angleterre. Par ce mariage avec Aliénor, le roi qui devient Henri II d'Angleterre règne désormais sur un territoire qui s’étend de l’Écosse aux Pyrénées, comprenant l’Angleterre, l’Anjou, le Maine, la Normandie, l’Aquitaine et la Bretagne. Cette faute politique s'ajoute en tant qu'élément déclencheur dans la rivalité entre les rois de France et d'Angleterre, qui a débuté sous le règne de Henri Ier de France, pour se terminer au milieu du XIIIe siècle. Beaucoup d'historiens médiévistes considèrent que cette séparation est à l'origine d'une « première guerre de Cent Ans ».
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Louis VII et ses successeurs n'auront alors de cesse de batailler sans relâche contre l'Angleterre, et l'Empire Plantagenêt, pendant à peu près cent ans pour finalement récupérer une bonne partie des territoires perdus par Louis VII et faire la paix avec l'Angleterre, pour un bon moment, à partir de 1259, lors du traité de Paris.
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Vers 1150, Geoffroy d'Anjou, dit Plantagenêt, est alors un des principaux vassaux du roi des Francs. Fin stratège, il se marie avec Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant ce qui lui permet, en plus de l'Anjou, de revendiquer la Normandie mais aussi le trône d'Angleterre, si jamais le roi, Étienne de Blois, venait à mourir sans descendance. Geoffroy, qui conquiert progressivement la Normandie, meurt finalement en 1151, laissant derrière lui trois fils. L'aîné, Henri, a l'intelligence de se marier avec Aliénor d'Aquitaine, à la suite de son divorce avec le roi du royaume de France, en 1152. Henri possède alors un domaine plus grand que celui de son suzerain, domaine qui s'agrandit avec la mort d'Étienne, qui le désigne comme son successeur à la couronne d'Angleterre, en 1153, lors du traité de Wallingford à la suite duquel Henri est finalement couronné roi d'Angleterre, en 1154.
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Louis VII va alors tout faire pour affaiblir son puissant vassal, reprenant une stratégie qui avait fait merveille lors du règne de son grand-père Philippe Ier, il soutient les révoltes de Bretagne et du Poitou contre l’Angleterre, mais aussi celles des fils d'Henri II contre leur père dans lesquelles il est aidé en cela :
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En 1158, Louis VII et Henri II Plantagenêt se réconcilient enfin et se font la promesse d’un mariage entre Marguerite de France et Henri le Jeune. Apaisement de courte durée, car dès mars 1159, Henri II s’en prend au comté de Toulouse, mais durant l’été, Louis VII contraint le roi d’Angleterre à lever le siège de la ville. Lors de l'année 1163, Henri II rend à nouveau hommage à Louis VII, pour la Normandie au nom de son fils Henri le Jeune et Louis VII fait alliance avec les comtes de Flandre et de Champagne, tandis que l'on pose la première pierre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sous les honneurs du pape Alexandre III. Louis VII offre alors la somme de deux cents livres pour la construction de l'édifice, dirigée par Maurice de Sully, évêque de Paris.
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Lors de l'affrontement entre Henri II Plantagenêt et Thomas Becket, l’archevêque de Cantorbéry, Louis VII offre sa protection à l'archevêque et conseiller du roi d'Angleterre, ce qui n'empêchera finalement pas son assassinat par quatre chevaliers fidèles à Henri II.
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Louis VII fait, entretemps, bâtir les fortifications de Villa franca devenue Villa nova regis (Villeneuve-sur-Yonne) qui devait servir de bastion avancé à plusieurs provinces, et devint une des huit résidences royales, à qui il donne les privilèges de Lorris pour qu'elle s'accroisse rapidement.
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Le 21 août 1165, naît Philippe Auguste, unique héritier mâle de Louis VII. Le 30 septembre 1174, le traité de mariage d’Adèle avec Richard Cœur de Lion est signé.
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En 1172 et 1173, Louis VII pousse Henri et Richard, les enfants d’Henri II Plantagenêt, à entrer en conflit avec leur père. Fin 1173, Louis VII et Henri II concluent à Caen une trêve provisoire et réaffirment vers le printemps 1174 l’intention de marier leurs enfants Adèle et Richard.
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En 1177, le pape impose à Henri II la conclusion du traité d'Ivry, signé le 21 septembre, et par lequel les deux rois se jurent amitié ; traité suivi, le 22 juin 1180, par la signature d’un pacte de non-agression. Le Traité de Gisors du 22 juin 1180 marque la fin de cette série de guerres continuelles entre la France et l’Angleterre.
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Le 1er novembre 1179, Louis VII fait sacrer son fils Philippe Auguste et, épuisé par la maladie, il lui abandonne le pouvoir l’année d’après.
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En 1180 se conclut le mariage d’Agnès de France et d’Alexis II Comnène. Louis VII meurt finalement le 18 septembre 1180, d'une cachexie paralytique dans son palais royal de la Cité à Paris. Le lendemain, il est inhumé à l’abbaye royale Saint-Port de Barbeau qu’il a fondée près de Fontaine-le-Port, en bord de Seine entre Melun et Fontainebleau. Son fils Philippe Auguste lui succède. Ce dernier exerçait en fait le pouvoir depuis le 28 juin 1180, jour où son père lui abandonna le pouvoir.
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Charles IX, étant à Fontainebleau, eut la singulière curiosité de faire ouvrir ce tombeau. On y trouva le corps presque en son entier ; mais les ornements royaux dont on l’avait revêtu étaient à demi consumés ; cependant on voyait encore sur la tête une couronne d’or, à ses doigts des anneaux, dans ses mains un sceptre d’or, et la grande croix en filigrane enrichie d’émeraudes qu’on avait placé sur sa poitrine.
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Cet ancien tombeau ayant été détruit, fut reconstruit avec plus de magnificence par le cardinal Guillaume-Egon de Fürstenberg, abbé du monastère, en 1685. Le nouveau mausolée ne put échapper au vandalisme révolutionnaire de 1793 ; mais M. Lejeune, curé de Chartrettes, alors procureur de l’Abbaye, parvint à préserver les restes de Louis VII de la violation en les recueillant avec soin. Il les trouva enveloppés dans un linceul de soie, les transporta chez lui où il les garda pendant vingt ans. Il les fit replacer le 26 octobre 1813 dans la maison de Barbeau[9].
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À la suite de l'abandon de l'abbaye de Barbeau, Louis XVIII fait transporter le 30 juin 1817 les cendres de Louis VII à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. Il est, de ce fait, le seul roi de France antérieur à la Révolution à reposer réellement dans le tombeau qui porte son nom à Saint-Denis[10].
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Bien qu’éduqué pour être clerc ou moine plutôt que roi, Louis VII a joué un rôle important dans l’histoire de France :
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« Moi, Louis, par la grâce de Dieu roi de France. Afin de réprimer la fièvre des méchants et d'arrêter les mains violentes des pillards, à la demande du clergé et avec l'accord du baronnage, nous décrétons la paix dans tout le royaume. Pour cette raison, l'année du Verbe incarné 1155, le 4 des ides de juin, nous avons réuni un concile à Soissons. Y furent présents les archevêques de Reims et de Sens, ainsi que leurs suffragants, tout comme les barons, les comtes de Flandre, de Troyes et de Nevers, et d'autres très nombreux, et le duc de Bourgogne. Par leur volonté, nous prescrivons qu'à partir de la prochaine fête de Pâques, et pour dix ans, toutes les églises du royaume et l'ensemble de leurs possessions, tous les paysans, le gros et le petit bétail également, et, pour ce qui est de la sécurité des chemins, tous les marchands où qu'ils se trouvent et tous les hommes quels qu'ils soient — tant qu'ils seront prêts à venir en justice devant ceux qui doivent leur rendre justice —, aient absolument tous la paix et pleine sécurité. Nous avons dit en plein concile et devant tous, par le verbe royal, que nous observerions cette paix sans la briser et que, s'il s'en trouvait pour violer la paix prescrite, nous ferions justice d'eux selon notre pouvoir. Ont juré cette paix le duc de Bourgogne, le comte de Flandre, le comte Henri [de Troyes], le comte de Nevers, le comte de Soissons et le reste du baronnage présent. Le clergé également, les archevêques et les évêques, les abbés ont promis, devant les reliques sacrées et au vu de tout le concile, d'observer cette paix, de leur côté, de toutes leurs forces ; et pour que justice soit faire des violences, ils ont promis de nous aider selon leur pouvoir et ils ont proclamé dans la stabilité de la parole consacrée. Pour que la chose soit entendue plus largement et qu'on n'en perde pas le souvenir, j'ai confié à la mémoire des lettres la stipulation de la chose faire et la teneur de la paix, et nous avons ordonné de les fortifier de l'autorité de notre sceau[11]. »
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Cependant, la deuxième croisade fut calamiteuse, et la séparation d’avec Aliénor d’Aquitaine est une erreur lourde, qui fournit à un vassal mineur le moyen de s’imposer, en plaçant le roi des Francs en infériorité territoriale pendant près d’un demi-siècle. Il fallut l’action de trois grands rois, Philippe Auguste, Louis VIII le Lion et Louis IX, dit Saint Louis, pour redresser la situation et arriver à réduire les conséquences de cette lourde décision.
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La monarchie, jusque-là itinérante, s’est fixée à Paris car la présence du roi dans tout son domaine n’est plus nécessaire. Un embryon d’administration centrale et locale s’est formé. Autour de lui, des familiers lui ont donné des conseils politiques, et vont former le Conseil du roi, les services centraux de la monarchie regroupent les chefs des services domestiques du palais. En province, des prévôts ont été chargés par le roi de collecter les revenus, de lever des contingents militaires et de rendre la justice. Comme son père, le roi va soutenir le mouvement d’émancipation des communes, va accorder des privilèges aux communautés rurales et émanciper des serfs.
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Avec Aliénor d'Aquitaine :
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Avec Constance de Castille, (v. 1138 - 1160) fille d'Alphonse VII de Castille :
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Avec Adèle de Champagne (ou Adèle de Blois) :
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Louis VI, dit « le Gros » ou « le Batailleur »[1], né le 1er décembre 1081 à Paris, mort le 1er août 1137 au château royal de Béthisy-Saint-Pierre[2], est roi des Francs du 30 juillet 1108 au 1er août 1137. Il est le cinquième roi de la dynastie dite des Capétiens directs.
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Il est le fils de Philippe Ier (1052-1108), roi des Francs, et de sa première épouse Berthe de Hollande[3].
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Après avoir répudié Berthe en 1092[4] et malgré les protestations du clergé, son père se remarie la même année[5] avec Bertrade de Montfort, comtesse d'Anjou. De cette deuxième union naissent quatre enfants, dont deux fils.
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Louis, jeune prince issu du premier mariage de son père, est élevé avec Suger, futur abbé de Saint-Denis, qui devient son ami proche, puis son conseiller.
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En 1092, son père l'investit du comté de Vexin et des villes de Mantes et de Pontoise. Il vit éloigné de la cour, sa mère ayant été répudiée et son père remarié à Bertrade de Montfort.
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En 1097, à la tête de l'armée royale, il prend part à la guerre, défendant le Vexin contre Guillaume le Roux, roi d'Angleterre.
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Après avoir été adoubé chevalier le 24 mai 1098 à Abbeville, par Gui Ier de Ponthieu comte de Ponthieu (son cousin issu de germain au 1er degré), Louis est associé au trône puis combat le duc de Normandie et les sires châtelains du domaine royal qui se montrent souvent rebelles à l'autorité royale.
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Enfin son père, devenu impotent, incapable de gouverner et de combattre, se réconcilie avec lui. Dans le courant de l'année 1101[2] ou 1103[6], il lui confie le gouvernement effectif du royaume en qualité de « rex designatus » (roi désigné) ; entre 1101 et 1105 il l'investit aussi du comté de Vermandois[2].
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Le 29 juillet 1108, son père, Philippe Ier, meurt à Melun, et suivant sa dernière volonté, est inhumé en l'église abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire. L'inhumation terminée, Louis, se doutant que son demi-frère, Philippe de Montlhéry, souhaite l'empêcher d'accéder à Reims, se hâte de rejoindre Orléans située à quelques kilomètres de Saint-Benoît afin de se faire sacrer le plus rapidement possible. Une raison supplémentaire de ne pas se rendre à Reims était que l'archevêque de Reims d'alors, Raoul le Vert, avait été soutenu par le pape Pascal II mais n'avait pas été reconnu par son père, le roi Philippe Ier qui lui préférait Gervais de Rethel[7].
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Le sacre a lieu le 3 août 1108 dans la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, il reçoit « l’onction très sainte » de la main de Daimbert, l’archevêque de Sens. L'archevêque de Reims Raoul le Vert envoya des messagers pour contester la validité du sacre, mais il était trop tard.
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Louis VI encourage les mouvements communaux, associations professionnelles sociales ou religieuses. Dès 1110, il octroie aux habitants des villes divers avantages fiscaux et le droit de s'administrer sous la direction d'un maire. Il lutte pendant plus de trente ans (1101-1135) contre le brigandage perpétré par certains seigneurs du nord du domaine royal, tels que Hugues du Puiset (1118), les seigneurs de Montmorency et de Beaumont (1101-1102) et Ebles II de Roucy. Il intervient aussi au sud de la Seine contre Gui le Rouge et son fils Hugues de Crécy de la famille de Montlhéry assurant aux capétiens la liberté de circuler entre Paris, Orléans et Melun[8].
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En 1108, il se rend à Saint-Julien-du-Sault et à l'abbaye des Écharlis près de Villefranche afin d'y prendre les eaux minérales de la source et fait de nombreuses donations à l'abbaye[9]. En 1108/1109 il intervient à Germigny-l'Exempt, fief situé en dehors du domaine royal, à la limite de la vicomté de Bourges acquise par son père en 1101, contre Aymon II Vaire-Vache seigneur de Bourbon qui avait spolié son neveu Archambaud VI le Pupille[10].
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Selon Orderic Vital, en mars 1113 lors de l'entrevue de l'Ormeteau-Ferré entre Louis VI le Gros et Henri Ier Beauclerc, le roi de France concède à son homologue « toute la Bretagne » c'est-à-dire la vassalité directe de la Bretagne. Alain Fergent princeps des Bretons devient « l'homme lige du roi des Anglais ». Conan le fils d'Alain Fergent est alors fiancé avec Mathilde une des filles illégitimes d'Henri Ier[11]. Précisons qu'Orderic Vital est dans la mouvance du Roi d'Angleterre, ce qui rend son témoignage improbable. En effet, en 1124, face à la menace de l'Empereur germanique Henri V, Conan III de Bretagne répondra à l'appel à l'ost de Louis VI le batailleur.
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Le dimanche des Rameaux 1115, il est présent à Amiens, pour soutenir l'évêque et les habitants de cette ville dans leur conflit contre Thomas de Marle, lequel est intervenu militairement à la demande de son père Enguerrand de Boves, comte d'Amiens et seigneur de Coucy. Ce dernier refuse de reconnaître l'octroi d'une charte accordant des privilèges aux habitants de la commune[12]. Arrivé avec une armée pour aider les bourgeois à faire le siège du Castillon (forteresse dominant la ville d'Amiens, à partir de laquelle le père et le fils partaient en « expéditions punitives »), Louis VI reçoit une flèche dans son haubert, puis part sans vaincre les assiégés réfugiés dans la tour réputée imprenable qui ne tombe que deux années plus tard.
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Le 20 août 1119, se déroule la bataille de Brémule entre les rois d'Angleterre, Henri Ier Beauclerc, et de France, Louis VI. Résultat d'une rencontre fortuite, la bataille se termine par une défaite du Roi de France. Cependant, Louis VI est contraint de fuir se réfugiant aux Andelys[13].
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Louis VI intervient ensuite en Auvergne en 1122 pour soutenir Aimeric, évêque de Clermont, contre le comte Guillaume VI d'Auvergne. L'armée du roi et de ses vassaux prend Pont-du-Château sur l'Allier et oblige l'armée du comte à abandonner la cité épiscopale. Le roi doit revenir en 1126 et incendie Montferrand malgré l'intervention de Guillaume IX d'Aquitaine. Cette manifestation de l'autorité royale aussi loin dans le sud du royaume a un grand retentissement[14].
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C'est dans ce contexte qu'en août 1124, l’empereur germanique Henri V du Saint-Empire voulant aider son beau-père Henri Ier d'Angleterre dans le conflit qui l'oppose à Louis VI pour la succession dans le duché de Normandie, envahit la France et avance avec une puissante armée jusqu'à Reims. Face à la menace germanique et pour la première fois en France, Louis VI fait appel à l’ost. Ses vassaux se rendent à sa convocation : son cousin, le comte de Vermandois Raoul « le Borgne », le duc Hugues II de Bourgogne, le duc Guillaume IX d'Aquitaine, le comte Charles Ier de Flandre, le duc Conan III de Bretagne, le comte Foulque V d'Anjou, le comte de Champagne Hugues de Troyes, le comte Guillaume II de Nevers et le comte de Blois, Thibaut IV. Après avoir été chercher l'oriflamme à Saint-Denis, Louis VI se retrouve à la tête d’une immense armée mais l’affrontement, que tout le monde pensait pourtant inévitable, ne se fait pas. Henri V, certainement impressionné par une telle mobilisation et prétextant des troubles dans sa capitale de Worms, se retire sur Metz le 14 août sans combattre[15].
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L'assassinat du comte Charles Ier de Flandre en 1127 donne encore au roi l'occasion d'intervenir dans ce grand fief. Appelé pour punir les meurtriers, il organise l'élection d'un nouveau comte à Arras. Après avoir écarté plusieurs prétendants, il impose Guillaume Cliton, le fils de Robert Courte-Heuse, qui résidait à sa cour et à qui il avait fait épouser la sœur de la reine Adelaïde. L'élection est confirmée par les bourgeois de Gand, Bruges, Lille, Saint-Omer, qui profitent toutefois des circonstances pour obtenir des franchises. En 1129, après la mort de Guillaume Cliton dans un combat contre ses vassaux révoltés, il intervient encore et intronise son concurrent Thierry d'Alsace comme comte de Flandre[16].
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La succession était destinée à son fils Philippe, couronné roi associé le 14 avril 1129, mais la mort accidentelle de ce dernier en 1131 amène le cadet, Louis le Jeune, destiné à une carrière ecclésiastique et non éduqué à la fonction royale, à devenir l'héritier. Il est donc couronné roi associé à son tour le 25 octobre 1131 et à partir de 1135 Louis VI règne désormais sans gouverner[17].
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En mai 1137, la paix est conclue avec Étienne de Blois, roi d'Angleterre, et le roi reçoit l'hommage d'Eustache fils de ce dernier, pour la Normandie. Louis VI avait noué des rapports amicaux avec Guillaume X d'Aquitaine, duc d'Aquitaine ; celui-ci avant de mourir, donne sa fille et héritière Aliénor au fils aîné du roi et lui confie sa terre, recevant ses envoyés début juin 1137, permettant par là à la dynastie capétienne de reprendre de l'influence dans la France méridionale, par le contrôle de cet immense fief.
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Alors qu'il rentre d'une expédition punitive contre le seigneur pillard de Saint-Brisson-sur-Loire, près de Gien, Louis le Gros tombe soudainement malade au château de Béthisy-Saint-Pierre situé dans la vallée de l'Automne, en forêt de Compiègne, entre Senlis et Compiègne. Louis VI qui est devenu semi-impotent à l'approche de la cinquantaine et a dû renoncer aux plaisirs de la guerre et de la table meurt le 1er août 1137 des suites d'une dysenterie, fréquente lorsque les conditions sanitaires sont insuffisantes, en particulier lorsque les aliments et l'eau ne sont pas propres. Il est inhumé en l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis. Son fils Louis, âgé de 17 ans et couronné depuis six ans, lui succède sans contestation.
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Un moyen-relief en pierre calcaire représentant un roi en pied, en position repliée, portant la maquette d'une église qu'il offre à saint Vincent se trouve sur un autel liturgique roman, dans la petite église d'Avenas, commune du Haut-Beaujolais située dans le département du Rhône. Exécuté entre 1118 et 1124 par le « Maître d'Avenas », dont le nom est resté inconnu à ce jour, ce bas-relief montre un roi, couronné, déjà bedonnant. Une inscription latine, sur la même pierre, le qualifie de « REX LVDOVICVS PIVS » (Roi, Louis le Pieux). Certains disent que ce roi serait Louis VI, d'autres disent qu'il correspond plutôt à Louis Le Pieux ou encore à Louis VII de France[18],[19],[20].
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En 1104, Louis VI est fiancé à Lucienne de Rochefort[21], fille de Gui Ier de Rochefort (mort en 1108), comte de Rochefort. Henri d'Arbois de Jubainville, célèbre archiviste paléographe, dit dans son livre[22] que le mariage n'était pas encore consommé qu'il fut cassé par le pape lors du concile de Troyes le 23 mai 1107[23]. La femme « délaissée » se remaria d'ailleurs aussitôt avec Guichard III de Beaujeu.
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Vraisemblablement entre le 25 et le 30 mars 1115[25], Louis VI épouse à Paris, Adélaïde de Savoie (v. 1100-1154), fille d'Humbert II de Savoie (mort en 1103), comte de Maurienne, et de Gisèle de Bourgogne (v. 1070-apr. 1133), fille de Guillaume Ier de Bourgogne, surnommé « le Grand » ou « Tête Hardie ». De cette seconde union sont issus sept fils et deux filles :
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Avec une certaine maîtresse prénommée Marie, fille de Renaud de Breuillet de Dourdan, Louis VI est le père d'une fille :
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Exerçant un pouvoir sans partage, il s'entoure de conseillers comme Yves de Chartres, plusieurs membres de la famille de Garlande et surtout Suger. Il défendit la paix et le bon droit, protégea les faibles et l'Église, compléta l'œuvre paternelle d'accroissement du domaine royal en intégrant les terres des familles de Rochefort, de La Ferté-Alais, de Montlhéry et du comté de Corbeil, et légua à son fils Louis VII de France un domaine à peu près pacifié. Comme roi et individu il se conduisit en chrétien, qualifié parfois de rex catholicus et christianissimus, se disant lui-même « propre fils de l'Église romaine[30] ». Il fut le premier souverain à toucher les écrouelles de façon habituelle. Il résida à Paris beaucoup plus qu'aucun de ses prédécesseurs.
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C’est à partir des règnes de Louis VI et de Louis VII de France, tous deux conseillés par l'abbé Suger, que la royauté commence à exercer un rôle national, en répondant à l'appel de ses sujets. La justice du roi va se mettre à régler les conflits entre différents vassaux, confirmer des chartes communales aux bourgeois des villes et garantir des propriétés d’abbaye.
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Louis XII, né le 27 juin 1462 au château de Blois et mort le 1er janvier 1515 à Paris, surnommé le « Père du peuple » par les états généraux de 1506, est roi de France de 1498 à 1515. Durant son règne, il se lance dans les guerres d'Italie, notamment la troisième et la quatrième et, au plan intérieur, la réforme de la justice et des impôts. Son image fut cultivée après sa mort comme symbole d'une monarchie modérée, s'appuyant sur les états généraux, par contraste avec la monarchie absolue.
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Louis d'Orléans est le fils de Charles d'Orléans, le prince poète, et de Marie de Clèves. Il est le petit-fils du duc Louis Ier d'Orléans (frère cadet du roi Charles VI), qui fut assassiné en 1407 par le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Il est l'arrière-petit-fils de Charles V. Orphelin de père à trois ans, il est pris en tutelle par Louis XI, qui lui prodigue une sévère éducation.
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En 1476, Louis XI organise son mariage avec sa fille Jeanne de France (née le 23 avril 1464 à Nogent-le-Roi, dite Jeanne la Boiteuse), difforme, physiquement estropiée : Louis XI espère ainsi provoquer l'extinction de la branche d'Orléans, qui menace toujours la branche aînée des Valois directs.
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Au moment du mariage de sa fille et du futur Louis XII, Louis XI aurait cyniquement glissé à l'un de ses confidents « […] pour ce qu'il me semble que les enfants qu'ils auront ensemble ne leur coûteront point cher à nourrir […] ». Ce mariage est vécu par Louis d'Orléans comme un affront.
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Sacré roi en 1498, il fait annuler cette union par le pape Alexandre VI pour non-consommation (s'appuyant en outre sur le traité de Langeais qui stipulait que le successeur de Charles VIII devait épouser sa veuve). Jeanne de France conteste en vain cette affirmation (« bien que je sache très bien que je ne suis ni aussi jolie ni aussi bien faite que les autres femmes, mon mariage a bien été consommé[n 2] »). Elle se retire au couvent, à Bourges et y fonde, plus tard, l'ordre des religieuses de l'Annonciade, destiné à honorer la Sainte Vierge et le mystère de l'Annonciation. Morte en odeur de sainteté, elle est canonisée en 1950[2].
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À la mort de Louis XI, il échoue à obtenir la régence aux états généraux de Tours, confiée à Anne de Beaujeu.
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Après les péripéties de la guerre folle où il combattait aux côtés du duc François II de Bretagne, il est fait prisonnier à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, en juillet 1488. Gracié après trois ans de détention (qu'il passe dans les prisons d'Angers, de Sablé, de Lusignan, de Poitiers, de Mehun-sur-Yèvre et de Bourges), il suit son cousin, le roi Charles VIII, en Italie où il tente en vain de conquérir le duché de Milan à son profit (cf. première guerre d'Italie).
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Le 7 avril 1498, Charles VIII meurt accidentellement, sans enfant survivant. Louis se rend au château d'Amboise le lendemain pour rendre hommage au corps du défunt : il y est reçu et honoré par la Cour comme souverain[3]. Les fiefs, possessions et prétentions des Orléans rentrent dans le giron de la monarchie. Dès son accession au trône, il manifeste cependant un désir profond de ne pas rompre avec la tradition des Valois. Sa célèbre phrase, « le roi de France ne venge pas les injures faites au duc d'Orléans », témoigne de sa volonté de réconciliation et de continuité.
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En échange du Valentinois érigé en duché, qu'il donne à César Borgia, fils du pape Alexandre VI, il obtient l'annulation de son premier mariage et épouse à Nantes le 8 janvier 1499[4] Anne de Bretagne, la veuve de Charles VIII, qui avait hérité, en vertu de leur contrat de mariage, de l'ensemble des prétentions des rois de France sur le duché. La Bretagne reste ainsi dans l'orbite de la France, mais le nouveau contrat de mariage spécifie que l'héritier du royaume ne pourra être héritier du duché. Il signe un traité comprenant deux lettres, l'une pour le mariage comprenant cinq clauses est publiée le 7 et la deuxième publiée le 19 janvier 1499 de treize clauses comprenant des dispositions générales concernant le duché de Bretagne dont le rétablissement de la souveraineté d'Anne de Bretagne sur son duché (rétablissement des Chancellerie, Conseil, Parlement, Chambre des comptes, Trésorerie, Justice, monnaie et séparation des deux couronnes[5]).
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Dès le 9 février 1499[6], il reprend la politique italienne de son prédécesseur (cf. deuxième, troisième et quatrième guerre d'Italie), en ajoutant cependant à la prétention des Anjou sur le royaume de Naples, celle des Orléans sur le duché de Milan. Après avoir conquis le Milanais, il devient maître d'une grande partie de la péninsule.
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Le 22 septembre 1504, il signe le traité de Blois, qui prévoit le mariage de sa fille, Claude de France, avec le futur Charles Quint, et celui de sa nièce Germaine de Foix à Ferdinand II d'Aragon, le roi cédant alors à sa nièce ses droits sur le royaume de Naples. À la demande des états généraux de Tours de 1506, sa fille est finalement fiancée à François d'Angoulême (le futur François Ier). C'est également lors de ces états généraux qu'il est officiellement nommé « Père du Peuple », le chanoine de Notre-Dame, Thomas Bricot, étant chargé de cette mission. Ce titre lui avait été accordé en raison de l'ordre intérieur dans lequel il avait maintenu le royaume, la baisse de la taille d'un quart de son montant, et la réforme de la justice accomplie entre 1499 et 1501[7]. Sa politique expansionniste justifiait aussi ce titre de « Père du Peuple », plutôt que le titre plus habituel de « Fils du Peuple » ou encore de Pater Patriæ'[8].
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La même année, il est chassé de Naples par Ferdinand d'Aragon (Ferdinand le Catholique) et perd le Milanais six ans plus tard. Les adversaires de la France s'allient et forment la Ligue catholique (ou Sainte Ligue) constitué le 5 octobre 1511 par le pape Jules II. En 1513, la défaite de Novare met fin à ses ambitions italiennes.
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L'essentiel des guerres sous le règne de Louis XII se déroulent en territoire italien. Toutefois, quelques batailles se jouent à l'intérieur des frontières françaises. En 1512, l'Aragon s'empare de la Haute-Navarre. En 1513, les Suisses assiègent Dijon. En août de cette même année, les Anglais remportent la victoire de Guinegatte. Par des traités séparés, dont le contesté traité de Dijon, Louis XII disloque la Sainte Ligue.
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Louis XII administre son domaine avec intelligence. Il utilise les recettes des impôts pour le bien du pays en entretenant le réseau routier. S'il diminue la taille, il augmente toutefois les impôts indirects[9]. Son principal ministre est le cardinal Georges d'Amboise. Il renouvelle la Pragmatique Sanction de Bourges assurant une marge de liberté dans le choix du clergé[10]. Ceci lui vaut l'image d'un roi chevalier, juste et chrétien, par ailleurs empreint de tolérance à l'égard des protestants vaudois du Luberon[11], et celle d'un nouveau César. Il est le premier à mettre à ce point en avant l'image de la reine (Anne de Bretagne).
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Devenu veuf le 9 janvier, il se remarie le 9 octobre 1514 à Abbeville avec Marie d'Angleterre, la très jeune sœur du roi Henri VIII d'Angleterre, pour sceller sa réconciliation avec ce dernier.
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Affaibli par l'âge, par les hémorragies intestinales à répétition qui ont menacé de le tuer plusieurs fois au cours de sa vie, par les excès et la goutte, il meurt trois mois plus tard, le 1er janvier 1515, en l'hôtel des Tournelles à Paris[12], à deux pas de l'hôtel Saint-Pol natal de son père Charles d'Orléans et d'autres de ses ascendants et/ou prédécesseurs sur le trône. Les propagandistes du futur François Ier répandent la rumeur sur sa sénilité, son impuissance et le fait qu'il se serait épuisé dans la chambre à coucher à force de vouloir concevoir un fils avec Marie d'Angleterre[13].
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Il laisse le trône à son cousin et gendre François, époux de sa fille aînée Claude, duchesse de Bretagne.
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De la Fronde jusqu'au terme du XVIIe siècle, Louis XII tend à personnifier une monarchie modérée, qui empiète peu sur les seigneuries et ne lève pas excessivement d'impôts, image idéalisée contrastant avec les représentations de Louis XI[14]. Fénelon écrit ainsi, dans sa Lettre à Louis XIV[15] (1694) : « Si le Roi, dit-on, avait un cœur de père pour son peuple, ne mettrait-il pas plutôt sa gloire à leur donner du pain, et à les faire respirer après tant de maux, qu'à garder quelques places de la frontière, qui causent la guerre ? ».
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Comparé avantageusement à Saint Louis et Henri IV, le « sage Louis XII » est également loué par Voltaire (Henriade, 1726)[16], Montesquieu[17] ou l'abbé de Cordier de Saint-Firmin[18]. Pour ce faire, les dépenses et manœuvres militaires du règne sont éclipsées[19]. L'Académie française va jusqu'à proposer un concours d'éloge du « Père du peuple » cinq ans avant que n'éclate la Révolution française, concours remporté par l'abbé Noël[20].
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La figure royale fournit le sujet de pièces de théâtre sous la Révolution (Une journée de Louis XII ou Louis XII Père du peuple de Charles-Philippe Ronsin, jouée en février 1790)[21]. Alors que le Panthéon est réservé aux hommes de la Révolution (sauf Descartes, Voltaire et Rousseau), le député Charles Lambert de Belan tente de faire valoir, le 12 février 1792, une exception pour Louis XII et Henri IV, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[22]. Avec l'intensification de la Révolution, son aura pâlit. Ainsi, par décret de la Convention nationale en date du 31 juillet 1793, les dépouilles du souverain et d'Anne de Bretagne sont exhumées de leur tombeau le 18 octobre 1793[22].
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Sous la Restauration, la référence hagiographique au roi sert à défendre les idées libérales, notamment la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, face à la tendance autoritaire des Ultras. En 1819-1820, l'historien et polémiste Roederer rédige et publie un Mémoire pour une nouvelle histoire de Louis XII qui actualise la figure du souverain suivant les idées du jour[23].
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Il contracte trois unions ; la première et la troisième sans descendance et la seconde avec deux filles.
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Aile Louis XII du château de Blois (1498-1503).
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Le Pilier Saint Jacques (Collégiale de Gisors, début XVIe siècle).
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Mise au tombeau du Christ de l'abbaye de Solesmes
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Escalier de l'aile Longueville du château de Châteaudun (1491-1518).
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Partie centrale du château de Fontaine-Henry (vers 1500).
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Château de Gaillon (1506-1509).
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Château de Maintenon (1505).
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L'escalier, château de Chaumont-sur-Loire (1498-1510).
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Le style Louis XII (1495 à 1525/1530) est un style de transition, un passage très court entre deux époques éblouissantes, la période Gothique et la Renaissance. Il qualifie une époque où l'art décoratif partant de l'arc ogival et du naturalisme gothique s'acheminera vers le plein cintre et les formes souples et arrondies mêlés de motifs antiques stylisés typiques de la Première Renaissance : il y a encore beaucoup de gothique au château de Blois, il n'y en a plus au tombeau de Louis XII à Saint-Denis[24].
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Dès 1495, une colonie d'artistes italiens fut installée à Amboise et travailla en collaboration avec des maîtres maçons français. Cette date est généralement considérée comme étant le point de départ de ce nouveau mouvement artistique. D'une façon générale, la structure reste française, seul le décor change et devient italien[25]. Il serait regrettable pourtant de déterminer ce nouveau style au seul apport italien : des relations existent entre la production architecturale française et celle du platéresque espagnol[26] et l'influence du Nord, surtout d'Anvers est notable aussi bien dans les arts décoratifs que dans l'art de la peinture et du vitrail.
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Les limites du Style Louis XII sont assez variables, en particulier lorsqu'il s'agit de la province en dehors du Val de Loire. Outre les dix-sept années du règne de Louis XII (1498-1515), cette période comprend la fin du règne de Charles VIII et le commencement de celui de François Ier, faisant débuter le mouvement artistique en 1495 pour le faire s'achever vers 1525/1530[24] : L'année 1530 correspondant à un véritable tournant stylistique, qui faisant suite à la création par François Ier, de l'École de Fontainebleau, est généralement considérée comme la pleine acceptation du style Renaissance[25],[24].
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Dans les travaux décoratifs de la fin de la période de Charles VIII, on observe une tendance bien marquée à se séparer de l'arc ogival pour se rapprocher du plein cintre. L'influence des réalisations de Bramante à Milan pour Ludovic Sforza est perceptible dans la partie inférieure de l'aile Charles VIII au château d'Amboise[25] : Si la partie supérieure du bâtiment est gothique, la façade du promenoir des gardes présente telle une loggia, une série d'arcades en plein cintre qui marque des travées rythmées de pilastres lisses. En général, les formes ornementales n'ont déjà plus la gracilité particulière de l'époque ogivale, le rythme des façades s'organise de façon plus régulière avec la superposition des ouvertures en travées et la coquille, élément important de la décoration Renaissance, fait déjà son apparition. Cette évolution est particulièrement perceptible au château de Meillant dont les travaux d'embellissement voulus par Charles II d'Amboise débutent dès 1481 : si la structure est restée pleinement médiévale, la superposition des fenêtres en travées reliées entre-elles par un cordon à pinacles, annonce le quadrillage des façades sous la Première Renaissance. De même, on remarque l'entablement à oves classique surmonté d'une balustrade gothique et le traitement en Tempietto de la partie haute de l'escalier hélicoïdal avec sa série d'arcatures en plein cintre munies de coquilles[27].
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Si à la fin du règne de Charles VIII, l'apport d'ornements italiens viennent enrichir le répertoire flamboyant, il y a désormais sous Louis XII, toute une école française qui s'ouvre à l'Italie avec de nouvelles propositions, établissant ainsi les principes d'un style de transition[24].
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En sculpture l'apport systématique d'éléments italiens voire la réinterprétation "gothique" de réalisations de la renaissance italienne est manifeste au Saint sépulcre de Solesmes où la structure gothique reprend la forme d'un arc de triomphe romain flanqué de pilastres à candélabres lombards. Les feuillages gothiques désormés plus déchiquetés et alanguis comme à l'Hôtel de Cluny de Paris, se mêlent à des tondi avec portraits d'empereurs romains au château de Gaillon[25].
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En architecture, l'utilisation de la « brique et pierre », pourtant présente sur les édifices dès le XVIe siècle, tend à se généraliser (château d'Ainay-le-Vieil, Aile Louis XII du château de Blois, l'hôtel d'Alluye de Blois). Les hauts toits à la française avec tourelles d'angles et les façades à escalier hélicoïdal font perdurer la tradition mais la superposition systématique des baies, le décrochements des lucarnes et l'apparition de loggias influencées de la villa Poggio Reale et du Castel Nuovo de Naples sont le manifeste d'un nouvel art décoratif où la structure reste pourtant profondément gothique. La propagation du vocabulaire ornemental venu de Pavie et de Milan a dès lors un rôle majeur tout en étant ressentie comme l'arrivée d'une certaine modernité[28].
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Dans cet art en pleine mutation, les jardins deviennent plus important que l'architecture : L'arrivée à Amboise d'artistes italiens dont Pacello da Mercogliano fut à l'origine sous Charles VIII de la création des tout premiers jardins de la Renaissance française grâce à de nouvelles créations paysagistes, l'installation d'une ménagerie et des travaux d'acclimatation agronomique conduites à partir de 1496 aux Jardins du Roy alors situés au sein du Domaine royal de Château-Gaillard[29]. En 1499, Louis XII confia la réalisation des jardins du château de Blois à la même équipe qui fut engagée par la suite par Georges d'Amboise pour réaliser des parterres sur différents niveaux sous son château de Gaillon[30].
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En conclusion, le style Louis XII montre que l'on veut désormais autant étonner les français que les italiens : C'est à partir de la fantaisie avec laquelle sont incorporées les nouveautés italiennes dans les structures encore toutes médiévales françaises que naîtra vers 1515/1520 la Première Renaissance[28].
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En 1986, Bernard Quilliet dresse une liste partielle des représentations de Louis XII en ne retenant que celles qui ont été réalisées avant 1515 ou peu de temps après la mort du roi[31]. L'historien souligne la ressemblance ou la qualité de quatre ou cinq de ces effigies :
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Miniature de la Cosmographie de Claude Ptolémée attribuée à Jean Bourdichon (BnF Manuscrit Latin 4804, fo 1) représentant le roi en prière (détail).
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Variante inversée de la précédente, avec le roi entouré de saints (fragment du Livre d'heures de Louis XII, Getty Center).
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Miniature des Remèdes de l'une et l'autre fortunes de Pétrarque par Jean Pichore (BnF Ms Fr 225, fo 165).
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Louis XII écrivant à Anne de Bretagne (Épîtres de poètes royaux, vers 1510, Saint-Pétersbourg, fo 51 vo).
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Louis XII en prière, Vitrail attribué à Jean Perréal (1500-1510, Walters Art Museum), 46.34, 80 × 55,9 cm
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Transi[n 3] du monument funéraire de la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis, exécuté d'après le masque mortuaire du roi.
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Le tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne (vers 1517, Basilique Saint-Denis)
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Louis XII, né le 27 juin 1462 au château de Blois et mort le 1er janvier 1515 à Paris, surnommé le « Père du peuple » par les états généraux de 1506, est roi de France de 1498 à 1515. Durant son règne, il se lance dans les guerres d'Italie, notamment la troisième et la quatrième et, au plan intérieur, la réforme de la justice et des impôts. Son image fut cultivée après sa mort comme symbole d'une monarchie modérée, s'appuyant sur les états généraux, par contraste avec la monarchie absolue.
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Louis d'Orléans est le fils de Charles d'Orléans, le prince poète, et de Marie de Clèves. Il est le petit-fils du duc Louis Ier d'Orléans (frère cadet du roi Charles VI), qui fut assassiné en 1407 par le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Il est l'arrière-petit-fils de Charles V. Orphelin de père à trois ans, il est pris en tutelle par Louis XI, qui lui prodigue une sévère éducation.
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En 1476, Louis XI organise son mariage avec sa fille Jeanne de France (née le 23 avril 1464 à Nogent-le-Roi, dite Jeanne la Boiteuse), difforme, physiquement estropiée : Louis XI espère ainsi provoquer l'extinction de la branche d'Orléans, qui menace toujours la branche aînée des Valois directs.
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Au moment du mariage de sa fille et du futur Louis XII, Louis XI aurait cyniquement glissé à l'un de ses confidents « […] pour ce qu'il me semble que les enfants qu'ils auront ensemble ne leur coûteront point cher à nourrir […] ». Ce mariage est vécu par Louis d'Orléans comme un affront.
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Sacré roi en 1498, il fait annuler cette union par le pape Alexandre VI pour non-consommation (s'appuyant en outre sur le traité de Langeais qui stipulait que le successeur de Charles VIII devait épouser sa veuve). Jeanne de France conteste en vain cette affirmation (« bien que je sache très bien que je ne suis ni aussi jolie ni aussi bien faite que les autres femmes, mon mariage a bien été consommé[n 2] »). Elle se retire au couvent, à Bourges et y fonde, plus tard, l'ordre des religieuses de l'Annonciade, destiné à honorer la Sainte Vierge et le mystère de l'Annonciation. Morte en odeur de sainteté, elle est canonisée en 1950[2].
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À la mort de Louis XI, il échoue à obtenir la régence aux états généraux de Tours, confiée à Anne de Beaujeu.
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Après les péripéties de la guerre folle où il combattait aux côtés du duc François II de Bretagne, il est fait prisonnier à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, en juillet 1488. Gracié après trois ans de détention (qu'il passe dans les prisons d'Angers, de Sablé, de Lusignan, de Poitiers, de Mehun-sur-Yèvre et de Bourges), il suit son cousin, le roi Charles VIII, en Italie où il tente en vain de conquérir le duché de Milan à son profit (cf. première guerre d'Italie).
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Le 7 avril 1498, Charles VIII meurt accidentellement, sans enfant survivant. Louis se rend au château d'Amboise le lendemain pour rendre hommage au corps du défunt : il y est reçu et honoré par la Cour comme souverain[3]. Les fiefs, possessions et prétentions des Orléans rentrent dans le giron de la monarchie. Dès son accession au trône, il manifeste cependant un désir profond de ne pas rompre avec la tradition des Valois. Sa célèbre phrase, « le roi de France ne venge pas les injures faites au duc d'Orléans », témoigne de sa volonté de réconciliation et de continuité.
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En échange du Valentinois érigé en duché, qu'il donne à César Borgia, fils du pape Alexandre VI, il obtient l'annulation de son premier mariage et épouse à Nantes le 8 janvier 1499[4] Anne de Bretagne, la veuve de Charles VIII, qui avait hérité, en vertu de leur contrat de mariage, de l'ensemble des prétentions des rois de France sur le duché. La Bretagne reste ainsi dans l'orbite de la France, mais le nouveau contrat de mariage spécifie que l'héritier du royaume ne pourra être héritier du duché. Il signe un traité comprenant deux lettres, l'une pour le mariage comprenant cinq clauses est publiée le 7 et la deuxième publiée le 19 janvier 1499 de treize clauses comprenant des dispositions générales concernant le duché de Bretagne dont le rétablissement de la souveraineté d'Anne de Bretagne sur son duché (rétablissement des Chancellerie, Conseil, Parlement, Chambre des comptes, Trésorerie, Justice, monnaie et séparation des deux couronnes[5]).
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Dès le 9 février 1499[6], il reprend la politique italienne de son prédécesseur (cf. deuxième, troisième et quatrième guerre d'Italie), en ajoutant cependant à la prétention des Anjou sur le royaume de Naples, celle des Orléans sur le duché de Milan. Après avoir conquis le Milanais, il devient maître d'une grande partie de la péninsule.
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Le 22 septembre 1504, il signe le traité de Blois, qui prévoit le mariage de sa fille, Claude de France, avec le futur Charles Quint, et celui de sa nièce Germaine de Foix à Ferdinand II d'Aragon, le roi cédant alors à sa nièce ses droits sur le royaume de Naples. À la demande des états généraux de Tours de 1506, sa fille est finalement fiancée à François d'Angoulême (le futur François Ier). C'est également lors de ces états généraux qu'il est officiellement nommé « Père du Peuple », le chanoine de Notre-Dame, Thomas Bricot, étant chargé de cette mission. Ce titre lui avait été accordé en raison de l'ordre intérieur dans lequel il avait maintenu le royaume, la baisse de la taille d'un quart de son montant, et la réforme de la justice accomplie entre 1499 et 1501[7]. Sa politique expansionniste justifiait aussi ce titre de « Père du Peuple », plutôt que le titre plus habituel de « Fils du Peuple » ou encore de Pater Patriæ'[8].
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La même année, il est chassé de Naples par Ferdinand d'Aragon (Ferdinand le Catholique) et perd le Milanais six ans plus tard. Les adversaires de la France s'allient et forment la Ligue catholique (ou Sainte Ligue) constitué le 5 octobre 1511 par le pape Jules II. En 1513, la défaite de Novare met fin à ses ambitions italiennes.
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L'essentiel des guerres sous le règne de Louis XII se déroulent en territoire italien. Toutefois, quelques batailles se jouent à l'intérieur des frontières françaises. En 1512, l'Aragon s'empare de la Haute-Navarre. En 1513, les Suisses assiègent Dijon. En août de cette même année, les Anglais remportent la victoire de Guinegatte. Par des traités séparés, dont le contesté traité de Dijon, Louis XII disloque la Sainte Ligue.
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Louis XII administre son domaine avec intelligence. Il utilise les recettes des impôts pour le bien du pays en entretenant le réseau routier. S'il diminue la taille, il augmente toutefois les impôts indirects[9]. Son principal ministre est le cardinal Georges d'Amboise. Il renouvelle la Pragmatique Sanction de Bourges assurant une marge de liberté dans le choix du clergé[10]. Ceci lui vaut l'image d'un roi chevalier, juste et chrétien, par ailleurs empreint de tolérance à l'égard des protestants vaudois du Luberon[11], et celle d'un nouveau César. Il est le premier à mettre à ce point en avant l'image de la reine (Anne de Bretagne).
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Devenu veuf le 9 janvier, il se remarie le 9 octobre 1514 à Abbeville avec Marie d'Angleterre, la très jeune sœur du roi Henri VIII d'Angleterre, pour sceller sa réconciliation avec ce dernier.
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Affaibli par l'âge, par les hémorragies intestinales à répétition qui ont menacé de le tuer plusieurs fois au cours de sa vie, par les excès et la goutte, il meurt trois mois plus tard, le 1er janvier 1515, en l'hôtel des Tournelles à Paris[12], à deux pas de l'hôtel Saint-Pol natal de son père Charles d'Orléans et d'autres de ses ascendants et/ou prédécesseurs sur le trône. Les propagandistes du futur François Ier répandent la rumeur sur sa sénilité, son impuissance et le fait qu'il se serait épuisé dans la chambre à coucher à force de vouloir concevoir un fils avec Marie d'Angleterre[13].
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Il laisse le trône à son cousin et gendre François, époux de sa fille aînée Claude, duchesse de Bretagne.
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De la Fronde jusqu'au terme du XVIIe siècle, Louis XII tend à personnifier une monarchie modérée, qui empiète peu sur les seigneuries et ne lève pas excessivement d'impôts, image idéalisée contrastant avec les représentations de Louis XI[14]. Fénelon écrit ainsi, dans sa Lettre à Louis XIV[15] (1694) : « Si le Roi, dit-on, avait un cœur de père pour son peuple, ne mettrait-il pas plutôt sa gloire à leur donner du pain, et à les faire respirer après tant de maux, qu'à garder quelques places de la frontière, qui causent la guerre ? ».
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Comparé avantageusement à Saint Louis et Henri IV, le « sage Louis XII » est également loué par Voltaire (Henriade, 1726)[16], Montesquieu[17] ou l'abbé de Cordier de Saint-Firmin[18]. Pour ce faire, les dépenses et manœuvres militaires du règne sont éclipsées[19]. L'Académie française va jusqu'à proposer un concours d'éloge du « Père du peuple » cinq ans avant que n'éclate la Révolution française, concours remporté par l'abbé Noël[20].
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La figure royale fournit le sujet de pièces de théâtre sous la Révolution (Une journée de Louis XII ou Louis XII Père du peuple de Charles-Philippe Ronsin, jouée en février 1790)[21]. Alors que le Panthéon est réservé aux hommes de la Révolution (sauf Descartes, Voltaire et Rousseau), le député Charles Lambert de Belan tente de faire valoir, le 12 février 1792, une exception pour Louis XII et Henri IV, « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple »[22]. Avec l'intensification de la Révolution, son aura pâlit. Ainsi, par décret de la Convention nationale en date du 31 juillet 1793, les dépouilles du souverain et d'Anne de Bretagne sont exhumées de leur tombeau le 18 octobre 1793[22].
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Sous la Restauration, la référence hagiographique au roi sert à défendre les idées libérales, notamment la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, face à la tendance autoritaire des Ultras. En 1819-1820, l'historien et polémiste Roederer rédige et publie un Mémoire pour une nouvelle histoire de Louis XII qui actualise la figure du souverain suivant les idées du jour[23].
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Il contracte trois unions ; la première et la troisième sans descendance et la seconde avec deux filles.
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Aile Louis XII du château de Blois (1498-1503).
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Le Pilier Saint Jacques (Collégiale de Gisors, début XVIe siècle).
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Mise au tombeau du Christ de l'abbaye de Solesmes
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Escalier de l'aile Longueville du château de Châteaudun (1491-1518).
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Partie centrale du château de Fontaine-Henry (vers 1500).
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Château de Gaillon (1506-1509).
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Château de Maintenon (1505).
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L'escalier, château de Chaumont-sur-Loire (1498-1510).
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Le style Louis XII (1495 à 1525/1530) est un style de transition, un passage très court entre deux époques éblouissantes, la période Gothique et la Renaissance. Il qualifie une époque où l'art décoratif partant de l'arc ogival et du naturalisme gothique s'acheminera vers le plein cintre et les formes souples et arrondies mêlés de motifs antiques stylisés typiques de la Première Renaissance : il y a encore beaucoup de gothique au château de Blois, il n'y en a plus au tombeau de Louis XII à Saint-Denis[24].
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Dès 1495, une colonie d'artistes italiens fut installée à Amboise et travailla en collaboration avec des maîtres maçons français. Cette date est généralement considérée comme étant le point de départ de ce nouveau mouvement artistique. D'une façon générale, la structure reste française, seul le décor change et devient italien[25]. Il serait regrettable pourtant de déterminer ce nouveau style au seul apport italien : des relations existent entre la production architecturale française et celle du platéresque espagnol[26] et l'influence du Nord, surtout d'Anvers est notable aussi bien dans les arts décoratifs que dans l'art de la peinture et du vitrail.
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Les limites du Style Louis XII sont assez variables, en particulier lorsqu'il s'agit de la province en dehors du Val de Loire. Outre les dix-sept années du règne de Louis XII (1498-1515), cette période comprend la fin du règne de Charles VIII et le commencement de celui de François Ier, faisant débuter le mouvement artistique en 1495 pour le faire s'achever vers 1525/1530[24] : L'année 1530 correspondant à un véritable tournant stylistique, qui faisant suite à la création par François Ier, de l'École de Fontainebleau, est généralement considérée comme la pleine acceptation du style Renaissance[25],[24].
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Dans les travaux décoratifs de la fin de la période de Charles VIII, on observe une tendance bien marquée à se séparer de l'arc ogival pour se rapprocher du plein cintre. L'influence des réalisations de Bramante à Milan pour Ludovic Sforza est perceptible dans la partie inférieure de l'aile Charles VIII au château d'Amboise[25] : Si la partie supérieure du bâtiment est gothique, la façade du promenoir des gardes présente telle une loggia, une série d'arcades en plein cintre qui marque des travées rythmées de pilastres lisses. En général, les formes ornementales n'ont déjà plus la gracilité particulière de l'époque ogivale, le rythme des façades s'organise de façon plus régulière avec la superposition des ouvertures en travées et la coquille, élément important de la décoration Renaissance, fait déjà son apparition. Cette évolution est particulièrement perceptible au château de Meillant dont les travaux d'embellissement voulus par Charles II d'Amboise débutent dès 1481 : si la structure est restée pleinement médiévale, la superposition des fenêtres en travées reliées entre-elles par un cordon à pinacles, annonce le quadrillage des façades sous la Première Renaissance. De même, on remarque l'entablement à oves classique surmonté d'une balustrade gothique et le traitement en Tempietto de la partie haute de l'escalier hélicoïdal avec sa série d'arcatures en plein cintre munies de coquilles[27].
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Si à la fin du règne de Charles VIII, l'apport d'ornements italiens viennent enrichir le répertoire flamboyant, il y a désormais sous Louis XII, toute une école française qui s'ouvre à l'Italie avec de nouvelles propositions, établissant ainsi les principes d'un style de transition[24].
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En sculpture l'apport systématique d'éléments italiens voire la réinterprétation "gothique" de réalisations de la renaissance italienne est manifeste au Saint sépulcre de Solesmes où la structure gothique reprend la forme d'un arc de triomphe romain flanqué de pilastres à candélabres lombards. Les feuillages gothiques désormés plus déchiquetés et alanguis comme à l'Hôtel de Cluny de Paris, se mêlent à des tondi avec portraits d'empereurs romains au château de Gaillon[25].
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En architecture, l'utilisation de la « brique et pierre », pourtant présente sur les édifices dès le XVIe siècle, tend à se généraliser (château d'Ainay-le-Vieil, Aile Louis XII du château de Blois, l'hôtel d'Alluye de Blois). Les hauts toits à la française avec tourelles d'angles et les façades à escalier hélicoïdal font perdurer la tradition mais la superposition systématique des baies, le décrochements des lucarnes et l'apparition de loggias influencées de la villa Poggio Reale et du Castel Nuovo de Naples sont le manifeste d'un nouvel art décoratif où la structure reste pourtant profondément gothique. La propagation du vocabulaire ornemental venu de Pavie et de Milan a dès lors un rôle majeur tout en étant ressentie comme l'arrivée d'une certaine modernité[28].
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Dans cet art en pleine mutation, les jardins deviennent plus important que l'architecture : L'arrivée à Amboise d'artistes italiens dont Pacello da Mercogliano fut à l'origine sous Charles VIII de la création des tout premiers jardins de la Renaissance française grâce à de nouvelles créations paysagistes, l'installation d'une ménagerie et des travaux d'acclimatation agronomique conduites à partir de 1496 aux Jardins du Roy alors situés au sein du Domaine royal de Château-Gaillard[29]. En 1499, Louis XII confia la réalisation des jardins du château de Blois à la même équipe qui fut engagée par la suite par Georges d'Amboise pour réaliser des parterres sur différents niveaux sous son château de Gaillon[30].
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En conclusion, le style Louis XII montre que l'on veut désormais autant étonner les français que les italiens : C'est à partir de la fantaisie avec laquelle sont incorporées les nouveautés italiennes dans les structures encore toutes médiévales françaises que naîtra vers 1515/1520 la Première Renaissance[28].
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En 1986, Bernard Quilliet dresse une liste partielle des représentations de Louis XII en ne retenant que celles qui ont été réalisées avant 1515 ou peu de temps après la mort du roi[31]. L'historien souligne la ressemblance ou la qualité de quatre ou cinq de ces effigies :
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Miniature de la Cosmographie de Claude Ptolémée attribuée à Jean Bourdichon (BnF Manuscrit Latin 4804, fo 1) représentant le roi en prière (détail).
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Variante inversée de la précédente, avec le roi entouré de saints (fragment du Livre d'heures de Louis XII, Getty Center).
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Miniature des Remèdes de l'une et l'autre fortunes de Pétrarque par Jean Pichore (BnF Ms Fr 225, fo 165).
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Louis XII écrivant à Anne de Bretagne (Épîtres de poètes royaux, vers 1510, Saint-Pétersbourg, fo 51 vo).
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Louis XII en prière, Vitrail attribué à Jean Perréal (1500-1510, Walters Art Museum), 46.34, 80 × 55,9 cm
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Transi[n 3] du monument funéraire de la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis, exécuté d'après le masque mortuaire du roi.
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Le tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne (vers 1517, Basilique Saint-Denis)
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Louis XIII, dit « le Juste », fils d'Henri IV et de Marie de Médicis, né le 27 septembre 1601 au château de Fontainebleau et mort le 14 mai 1643 au château neuf de Saint-Germain-en-Laye, est roi de France et de Navarre de 1610 à 1643.
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Son règne, dominé par la personnalité du cardinal de Richelieu, principal ministre d'État, est marqué par l'affaiblissement des grands et des protestants, la lutte contre la maison d'Autriche et l'affirmation de la domination militaire française en Europe pendant la guerre de Trente Ans. De son mariage avec l'infante Anne d'Autriche, il a tardivement deux fils : Louis XIV, qui lui succèdera, et Philippe, duc d'Anjou puis d'Orléans, dit « Monsieur, frère unique du roi », fondateur de la maison Orléans.
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Louis XIII, premier fils du roi Henri IV et de la reine Marie de Médicis, naît au château de Fontainebleau. L'enfance du dauphin Louis nous est assez bien connue grâce au journal laissé par son médecin, Jean Héroard, qui y a consigné tous les détails de son alimentation, de sa santé et de sa vie intime. Le futur roi est installé dès le mois de novembre 1601 au château de Saint-Germain-en-Laye, où il retrouve les enfants illégitimes de son père et est rejoint, plus tard, par ses frères et sœurs[1]. Il est baptisé le 14 septembre 1606 à Fontainebleau, son parrain est, comme il est d'usage, le pape Paul V, représenté par le cardinal de Joyeuse, sa marraine est sa tante, Éléonore de Médicis, duchesse de Mantoue, sœur de la reine Marie[2].
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Du château de Saint-Germain, le jeune Louis XIII sort peu, sa mère Marie n'appréciant pas que son fils entre en contact avec les habitants. Le dauphin est rapidement attiré par la musique et reçoit souvent des musiciens dans ses appartements[3]. Il joue lui aussi de certains instruments et chante. La danse, la peinture et le dessin constituent aussi des distractions pour le futur souverain ; les armes et le domaine militaire demeurent cependant son domaine de prédilection[4].
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Très tôt, il se découvre une passion pour les armées et les chevaux, tout en parlant souvent de guerre. Il s'exerce très jeune à l'arc et à l'arquebuse[4] et aime faire appliquer les obligations cérémoniales à ses gardes[5]. Il reçoit sa première leçon à l'âge de sept ans de la part de son précepteur, le poète Nicolas Vauquelin des Yveteaux[6] ; il ne montre pas un grand intérêt pour les lettres, que ce soit en français ou en latin, pour la géométrie, les mathématiques. Seule l'histoire semble l'intéresser un peu, en dehors des activités artistiques et militaires[7]. Jugé insuffisant, des Yveteaux est remplacé en 1611 par le philosophe Nicolas Le Fèvre, qui meurt en novembre 1612, rapidement remplacé par M. de Fleurence[6]. Il a pour gouverneur le militaire Gilles de Courtenvaux de Souvré[7].
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Le futur Louis XIII a une profonde adoration pour son père, malgré le fait que ce dernier n'hésite pas à le fouetter dès son plus jeune âge et à l'humilier moralement selon un ancien usage qui veut que le dauphin soit dressé pour servir le Roi et la Reine[8]. Son père montre toutefois des signes d'affection, demandant à ses enfants de l'appeler papa et non Monsieur comme le veut l'usage[9]. Ses relations avec sa mère sont différentes. Il n'est jamais ravi de la voir et refuse plusieurs fois de la servir, contrairement à son père, avec lequel il n'hésite pas à jouer le rôle de valet de chambre[10].
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Il a huit ans et demi quand son père est assassiné et cette tragédie le marque d'autant plus profondément que sa mère est alors soupçonnée d'être l'une des protagonistes du complot.
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Louis XIII monte alors sur le trône à 8 ans et demi. Il est sacré le 17 octobre 1610 à Reims par le cardinal François de Joyeuse. Le pouvoir est alors assuré par sa mère Marie de Médicis, qui gouverne le Royaume comme régente. La majorité du roi est proclamée en 1614, mais Marie déclare que Louis est « trop faible de corps et d'esprit » pour assumer les devoirs de sa charge ; elle l'écarte du Conseil et laisse gouverner ses favoris Concino Concini et Léonora Galigaï qui accaparent les plus hautes charges de l'État.
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Traumatisé par la mort brutale d'un père qu'il chérissait, le petit roi n'a pas une enfance joyeuse. Il ne trouve aucun substitut à l'amour paternel auprès de sa mère Marie de Médicis, qui le considère comme quantité négligeable. Louis se renferme assez vite sur lui-même, il a des troubles d'élocution, voire de bégaiement[11] et souffre d'un manque d'affection.
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Par ailleurs, le mépris des favoris italiens à son égard accroît son mal-être. En grandissant, Louis XIII, devenant taciturne et ombrageux, aspire à être digne de son père Henri IV. Il s'indigne de voir Concini, un étranger incapable selon lui, usurper le gouvernement de son État, tandis qu'on le relègue, lui, jeune roi, dans un coin du Louvre.
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De plus, la régence de Marie de Médicis est très difficile : la gestion des affaires par son gouvernement est mauvaise, et les forces du Royaume, hostiles à la centralisation du pouvoir qu'avait initiée Henri IV, profitent de la régence. De graves troubles éclatent dans le Royaume (religieux, nobiliaires, sociaux), entraînant une convocation des états généraux et une instabilité politique. La politique pro-italienne et pro-espagnole de la Reine fait naître chez le petit roi un très lourd sentiment d'amertume. Alors que Henri IV avait songé à marier son héritier avec la princesse Nicole de Lorraine, héritière des duchés de Lorraine et de Bar, ce qui aurait porté pacifiquement la frontière française jusqu'aux Vosges, le 21 novembre 1615 à Bordeaux, Marie de Médicis marie le jeune roi à Anne d'Autriche, infante d'Espagne[12]. Pour Louis, c'est une humiliation de plus, car, conformément à la mémoire des choix de son père, il ne voit en Anne qu'une Espagnole et par conséquent une ennemie. Louis XIII, qui n'a que quatorze ans, pour éviter toute demande de divorce par l'Espagne, est obligé de consommer le mariage comme en témoigne son médecin dans ses notes personnelles, prises heure par heure et qui relatent avec précision la vie du jeune Louis XIII. Le roi est traumatisé par ce rapport obligatoire, au point qu'il attendra quatre ans avant de regagner, poussé par le duc de Luynes, le lit de la reine, son épouse.
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Après la régence mouvementée et pro-espagnole de sa mère, Louis XIII rétablit progressivement l'autorité royale en brisant les privilèges des protestants, ceux des « Grands », et l'encerclement des Habsbourg par une politique conflictuelle conduite par son ministre Richelieu.
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C'est par un coup de force, le 24 avril 1617, que Louis XIII accède au pouvoir. Poussé par son favori Luynes, il ordonne l'assassinat du favori de sa mère, Concino Concini, et fait exécuter la Galigai, sa femme, dame de compagnie de sa mère. Il exile Marie de Médicis à Blois et prend enfin sa place de roi. Louis XIII remplace Concini par son propre favori, Charles d'Albert, duc de Luynes. Très rapidement, Luynes accumule les titres et les fortunes. Son avancement crée des mécontentements, d'autant que le favori du roi est un très mauvais homme d'État.
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En 1619, la reine mère s'échappe du château de Blois et lève une armée contre son fils qui choisit de se réconcilier avec elle, lors du traité d'Angoulême le 30 avril 1619, lui cède les villes d'Angers et de Chinon, mais lui interdit de revenir au Conseil. En 1620, Marie de Médicis déclenche une guerre civile qui se conclut par sa défaite totale à la bataille des Ponts-de-Cé le 7 avril 1620, où le roi commande personnellement. Par crainte de voir sa mère poursuivre des complots, le roi accepte son retour à la cour de France, et se réconcilie avec elle sous l’influence de Richelieu.
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Le roi se rend à Pau en Béarn, dont il est le souverain, pour y rétablir la religion catholique comme religion officielle. Dès lors, il entend mettre fin aux privilèges politiques et militaires dont bénéficient les protestants depuis l'Édit de Nantes et imposer le catholicisme d'État à tous ses sujets. De 1620 à 1628 (siège de La Rochelle), il combat et massacre les protestants puis détruit les fortifications de leurs places-fortes.
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Il mène une première campagne contre les protestants en 1621 et permet la prise de Saint-Jean-d'Angély, mais échoue devant Montauban en grande partie du fait de l'incompétence du duc de Luynes[a].
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Malgré la promulgation de l'édit de Nantes en 1598 par son père Henri IV, le jeune monarque de vingt ans décide le 10 août 1621 de mettre fin à la fronde montalbanaise. Le 17 août, le roi s'installe au château de Piquecos et entame le siège de la ville défendue par son cousin le duc de Rohan. Le roi catholique tentera en vain de venir à bout de la ville huguenote et le siège ne cessera que quatre mois plus tard avec la victoire des Montalbanais[b].
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Les hostilités reprennent en 1622. Le 16 avril, par une habile manœuvre, le roi écrase Benjamin de Rohan seigneur de Soubise réfugié dans l'île de Riez. Puis il attaque son frère le duc de Rohan retranché dans Montpellier. Finalement un accord est conclu entre les deux parties, le 19 octobre 1622 au bout de deux mois de siège. Louis XIII signe l'édit de Montpellier confirmant l'édit de Nantes : extension de la liberté d'exercice de culte des protestants et limitation à deux du nombre de leur places de sûreté (La Rochelle et Montauban). La fin de sa reconquête du Royaume est conclue par la signature de l'édit de la paix d'Alès, le 28 juin 1629, cette ville étant la dernière place forte des huguenots à s'être rendue au roi après La Rochelle. L'édit d'Alès (ou édit de grâce), bien que laissant la liberté de conscience aux protestants, leur abroge toute autorité militaire et politique : leurs places fortes sont détruites, assemblées définitivement interdites. Ainsi, la souveraineté de Louis XIII se renforce, comme s'en félicite Richelieu : « autrefois, on faisait des traités avec les huguenots, maintenant le roi accorde sa grâce[13]. »
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Louis XIII, décidé à participer davantage aux affaires de l’État et de se lier à un seul ministre, gouverne avec Brulart de Sillery et son fils, le marquis de Puisieux, ainsi qu’avec La Vieuville qui sont vite disgraciés pour incompétence.
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En 1624, Marie de Médicis parvient à faire entrer au conseil du roi le cardinal de Richelieu, prélat qui a été le représentant du clergé aux états généraux de 1614 et ministre du gouvernement Concini. La plupart des historiens mettent en évidence l'étroitesse des relations entre Louis XIII et Richelieu qui écrit : « Je soumets cette pensée comme toutes les autres à votre majesté » pour signifier au roi qu'il ne tentera jamais de gouverner à sa place. La relation du Roi avec Richelieu est assez complexe et a sans doute évolué avec le temps vers une affection réelle. Il est l'auteur de cet éloge sur le cardinal : « Le cardinal de Richelieu est le plus grand serviteur que la France ait eu ».
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Les deux hommes partagent une même conception de la grandeur de la France et des priorités qui s’imposent dans le domaine politique. Mais le Cardinal, beaucoup plus posé et responsable, semble respecter beaucoup plus la fonction que l'homme[14]. Le programme politique de Richelieu se décline de plusieurs manières : l'abaissement des grands féodaux, la rationalisation du système administratif et la lutte contre la maison de Habsbourg à l'extérieur (guerre d'Italie (1624-1625), guerre franco-espagnole, guerre de Trente Ans).
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Richelieu combat les protestants moins d'une façon planifiée que pour assurer l'autorité de l'État. Toutes les guerres contre les huguenots sont déclenchées par le soulèvement d'un de leurs chefs (duc de Rohan, Benjamin de Rohan). Même le siège de La Rochelle n'est sans doute pas souhaité jusqu’à ce que Rohan déclenche les hostilités. La reddition de cette dernière ville, après un très long siège qui s'achève en 1628, est suivie de la promulgation de l’édit de grâce d’Alès (28 juin 1629), interdisant les assemblées politiques et supprimant les places de sûreté protestantes, mais maintenant la liberté de culte dans tout le Royaume sauf à Paris.
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Louis XIII doit faire face à l’hostilité d’une partie de la famille royale à l'égard de Richelieu et de sa politique anti-espagnole.
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Il se brouille avec sa femme. Après 11 ans de mariage, le couple, qui s'entend mal, n'a toujours pas donné d'héritier à la couronne. En 1626, la reine, poussée par la duchesse de Chevreuse, participe au complot du comte de Chalais, ayant pour but de destituer le roi et mettre son frère et héritier, le joyeux Gaston de France, sur le trône. À partir de cette date, le couple vit séparé.
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Dès le début de l'implication de la France dans la guerre de Trente Ans (1635), Anne d'Autriche tente de renseigner secrètement l'Espagne sur les dispositions militaires et politiques françaises (bien qu'elle soit tenue à l'écart de toutes les décisions du roi). La trahison est découverte mais l'affaire est finalement étouffée par le roi lui-même, qui est trop pieux pour penser sérieusement à un divorce de répudiation, qui provoquerait en outre des difficultés avec le Saint-Siège.
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Il écarte également définitivement sa mère lors de la « journée des Dupes » (10 novembre 1630), pendant laquelle la cour croit le cardinal congédié, à la suite d’une violente altercation entre le roi et la reine mère. Cette journée se termine par l'exil de la reine mère à Moulins (le roi ne la revit plus jamais), l'emprisonnement du chancelier Michel de Marillac et l'exécution du frère de celui-ci, le maréchal de Marillac, pour des motifs fallacieux, le procès étant dirigé par des hommes du cardinal.
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Le choix de Richelieu est fondamental pour comprendre la politique de Louis XIII. Deux partis s'affrontent : celui de la raison d'État de Richelieu ; celui des dévots de Médicis. Ces derniers réclament une politique en faveur des Habsbourg pour faire triompher le catholicisme en Europe. Faire le choix du cardinal, c'est faire le choix de placer les intérêts de l'État au-dessus de la religion.
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Louis XIII doit mater plusieurs révoltes organisées par son frère et héritier, Gaston d'Orléans, et faire enfermer nombre de ses demi-frères comme le duc de Vendôme. Conscient des dilemmes qui agitent le roi, Pierre Corneille lui dédie plusieurs répliques du Cid.
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Le roi veut aussi rabaisser l'orgueil des Grands du Royaume et se montre inflexible à plusieurs reprises, ordonnant l'exécution du comte de Montmorency-Bouteville pour avoir violé l'interdiction des duels et celle du duc de Montmorency pour révolte. La légende qui fait de Louis XIII un fantoche soumis à Richelieu a pour origine le refus de nombre de contemporains de donner au roi le crédit des nombreuses exécutions qui eurent lieu sous son règne.
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Louis XIII veut que les enfants de la noblesse, trop souvent rebelles, soient réunis non loin de Paris et crée en 1638 le collège de Juilly pour leur inculquer l'amour de leur roi dans un lieu où il pourra leur rendre visite régulièrement.
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Depuis François Ier, le royaume de France est encerclé par les possessions des Habsbourg (Espagne, Saint-Empire, Pays-Bas, influence en Italie, colonies…). Plusieurs guerres ou complots ont opposé les Habsbourg aux Valois, en particulier au moment des guerres de religion. Henri IV au moment de son assassinat en 1610 était sur le point de faire alliance avec les protestants pour relancer la guerre contre la très catholique Espagne. Pendant la régence, à cause de la peur d'une nouvelle guerre, sa veuve Marie de Médicis se rapproche du parti pro-espagnol et conclut deux alliances matrimoniales avec les enfants de Philippe III (1612). En 1615, Louis XIII épouse Anne d'Autriche, et Élisabeth le dauphin Philippe, prince des Asturies.
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Mais la France redoute toujours la politique impérialiste des Habsbourg, notamment en Allemagne, et se fait défenseur des « libertés germaniques ». Sur les conseils de Richelieu, Louis XIII attend l'occasion favorable pour desserrer la domination diplomatique et reprendre le projet de son père, la guerre contre l'Espagne plusieurs fois reportée. Or, les Habsbourg sont en difficulté dans l'Empire face aux protestants lors de la guerre de Trente Ans. De plus, le redressement de la France par Richelieu amène l'accroissement des tensions franco-espagnoles.
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À partir de 1631, la diplomatie française se rapproche des ennemis de l'Espagne, et particulièrement des puissances protestantes qu'elle finance. D'abord, les deux pays se contentent d'une guerre froide (passage du pas de Suse et guerre de Succession de Mantoue). L'année 1635 marque un véritable tournant : la France déclare la guerre ouverte à l'Espagne. Le roi est dans une position délicate, d'un point de vue politique comme religieux, puisqu'il se retrouve en conflit avec deux souverains catholiques Habsbourg : le roi Philippe IV d'Espagne ainsi que Ferdinand III, roi de Hongrie et de Bohême, puis empereur en 1637. L'allié du monarque Bourbon est le protestant Gustave II, roi de Suède.
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Militairement, jusqu’à la fin de son règne, Louis XIII est engagé dans une terrible guerre durant laquelle il commande plusieurs fois personnellement (siège de Corbie). Il occupe ainsi la Catalogne révoltée dans la guerre des faucheurs (1641). Après ces quelques années difficiles, l'armée française vient peu à peu à bout de l'armée espagnole.
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Le souci majeur de Louis XIII, durant son règne, est d'être de nombreuses années sans héritier mâle. D'une santé médiocre, secoué par de violentes maladies, le roi manque à maintes reprises de mourir subitement sans héritier : cela entretient chez les prétendants au trône de grandes espérances (Gaston d'Orléans, le comte de Soissons, le comte de Moret…). La très difficile relation qu'entretient le roi avec la reine augmente les espoirs de ces princes, qui toujours mêlés à des complots (notamment la conspiration de Chalais), espèrent bien que le roi n'ait jamais d'héritier.
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La naissance du dauphin, futur Louis XIV, en 1638 après 23 ans de mariage, alors que le roi et la reine ont 36 ans, le font surnommer « l'enfant du miracle ». Les mémorialistes diffèrent sur l'attitude du roi à l'égard de son héritier : Tallemant des Réaux dit que le roi considéra son fils d'un œil froid, puis se retira. Tous les autres mémorialistes, dont l'ambassadeur de Venise Contarini qui était présent, disent que le roi tomba à genoux devant son fils et l'embrassa. Louis XIII et Anne d'Autriche ont en 1640 un second fils, Philippe, le futur duc d'Orléans. Ces deux naissances limitent les complots à ceux qui veulent prendre la place du Cardinal, malade (conspiration de Cinq-Mars).
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Après la mort du cardinal, en décembre 1642, le roi décide de se réconcilier avec certains des anciens conspirateurs comme son demi-frère, César de Vendôme et ses fils, le duc de Mercœur et le duc de Beaufort. Toutefois, il poursuit la même politique. Il fait entrer au conseil d'État un des proches collaborateurs de Richelieu, le Cardinal Mazarin, qui devient vite premier ministre de fait[c].
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Après six semaines de terribles coliques et vomissements, Louis XIII meurt le 14 mai 1643, soit 33 ans jour pour jour après son père Henri IV (assassiné le 14 mai 1610) et son accession au trône. Le roi meurt à 41 ans, des conséquences d'un mal aujourd'hui identifié comme la maladie de Crohn[15]. Il est toutefois probable que cette maladie chronique n'ait fait que l'affaiblir et que le coup de grâce lui ait été donné par son médecin, Bouvard, qui laisse le bilan de trente-quatre saignées, mille deux cents lavements et deux cent cinquante purges pratiqués sur le roi dans les deux dernières années de sa vie[16]. Son corps est porté à la basilique Saint-Denis sans aucune cérémonie, selon son propre désir pour ne pas accabler son peuple d'une dépense excessive et inutile. Juste avant de mourir, Louis XIII rédige un testament visant à limiter les prérogatives de sa femme, la nouvelle Régente. Anne d'Autriche n'en tient pas compte et le fait casser dès qu'elle en a connaissance.
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Louis XIII est très pieux, profondément catholique. S'il est tolérant envers les protestants, c'est par respect de la réconciliation accomplie par son père. Marie de Médicis a tout de même veillé à ce que son fils reçoive une éducation catholique sévère. Louis XIII a horreur du péché. C'est pour lui une obsession. Le roi répugne aux superfluités de la vie. Les difficultés qu'il rencontre en 1638, ainsi que son tempérament très pieux l'amènent à placer la France sous la protection de la Vierge Marie. Il rédige aussi, avec son confesseur, le père Nicolas Caussin, un livre de prières. Sa politique religieuse active rallie le clergé ce qui limite les contestations catholiques à sa diplomatie d'alliance avec les puissances protestantes contre les Habsbourg.
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Le roi contrôle par son gouvernement centralisateur les autorités locales dans le souci du bien-être des peuples et du salut de ses États. Il est à l'origine de l'édit qui fait obligation aux évêques d'octroyer une rémunération aux officiers du culte. Il permet le retour de l'école des jésuites de Clermont à Paris et ouvre celle-ci aux fils de la bourgeoisie. Il aide également Vincent de Paul — qui sera canonisé par Clément XII le 16 juin 1737 — à fonder une congrégation religieuse dont le but est de venir en aide aux plus pauvres. Le corps des Intendants remplace les baillis et sénéchaux dans l'administration du territoire[réf. nécessaire][17]. Sous son règne est frappé le premier louis d'or. Il achève la construction du pont Neuf, fait creuser le canal de Briare et crée le premier office de recensement des chômeurs et invalides. Toutefois, le poids des conflits pèse lourd en fiscalité.
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Louis XIII est très tôt passionné par les arts. Le journal tenu avec précision par son médecin Jean Héroard témoigne du goût du roi, dès l'enfance, pour la peinture et le dessin. Dès le début de son règne, l'art du ballet est mis au service de sa gloire.
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Quoique passionné par les arts, Louis XIII n'est pas perçu par les historiographes comme un roi mécène. La seule statue à son effigie (réalisée par Pierre II Biard pour la place Royale) fut fondue à la Révolution. Il a cependant protégé les peintres Georges de La Tour, Nicolas Poussin, Simon Vouet, Philippe de Champaigne, et promulgué plusieurs édits en faveur des troupes de théâtre.
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Son règne est marqué par plusieurs évolutions notables dans les arts : le chantier de décoration du Palais du Luxembourg voulu par Marie de Médicis, qui met à l'honneur le peintre Pierre Paul Rubens, le retour de Simon Vouet de Rome en 1627, qui ramène à Paris un nouveau style baroque voué à une grande postérité, et le retour temporaire de Nicolas Poussin à Paris entre 1640 et 1642, point de départ d'une tendance classique dans les arts, qui s'exprimera pleinement durant la régence d'Anne d'Autriche.
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Louis XIII est un roi-soldat comme son père. Depuis toujours, il est passionné par les chevaux et par les armes. Excellent cavalier, il se trouve fréquemment sur les champs de bataille, où il montre un grand courage. En temps de paix, la chasse est son passe-temps favori. Il ne craint pas de dormir sur la paille, quand ses chevauchées l'emmènent loin de la ville. Il écrit des articles militaires pour la Gazette de Théophraste Renaudot.
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Il affirme nettement l'unité du Royaume, contre les protestants, les grands et l'Espagne, en général par l'usage de la force. Le Béarn et la Navarre sont rattachés à la couronne tandis que les protestants cessent de former un « État dans l'État ». Perpignan, le Roussillon, et la Catalogne en révolte contre l'Espagne sont annexés à la France, de même que l'ensemble de la Savoie et du Piémont, ainsi que la ville de Casale Monferrat. Au nord, une grande partie du Hainaut est conquise avec la prise d'Arras. À l'est, la Lorraine est intégralement occupée par les troupes françaises. Enfin, le roi subventionne les expéditions de Champlain au Canada et favorise le développement de la Nouvelle-France. Louis XIII laisse faire Richelieu qui cherche à doter la monarchie française d'une marine de guerre. Cette jeune marine, qui compte une soixantaine de vaisseaux et un peu plus de vingt galères en 1642, intervient efficacement contre la flotte espagnole en Méditerranée et sur les côtes atlantiques.
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Sur le plan économique, Louis XIII crée en 1640 le louis d'or, une nouvelle unité de compte complémentaire de la livre tournois[18], à la fois placement refuge et instrument de stabilisation financière, qui reste en vigueur jusqu'à la Révolution française[19].
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En 1642, Louis XIII autorise la traite négrière[20],[21]. Les premiers navires négriers partent de La Rochelle en 1643, et de Nantes en 1657[22].
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Le roi ne trouve pas le bonheur dans son mariage avec Anne d'Autriche. Avant de lui donner deux enfants, Louis XIII a entretenu avec son épouse une relation tendue. L'indifférence voire la méfiance que le roi éprouvait pour elle, ont conduit les historiens à s'interroger sur sa sexualité. Selon certains d'entre eux, le Roi aurait pu avoir des « tendances homosexuelles », mais il n'existe pas de preuve qu'il se soit engagé dans des relations charnelles avec des favoris masculins. Les deux plus célèbres sont le duc de Luynes, et le marquis de Cinq-Mars. Louis XIII est également lié à deux femmes : Louise Angélique de La Fayette et Marie de Hautefort.
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La vie conjugale de Louis XIII est alternée de plusieurs phases. Anne d'Autriche, son épouse, est délaissée après la nuit de noces ; le jeune Louis XIII éprouve « de la honte et une haute crainte », selon les mots d'Héroard, à aller voir la reine, contrairement à beaucoup de ses prédécesseurs. Son jeune âge (14 ans) peut justifier ses appréhensions. Il faut attendre 1619 pour que le mariage soit vraiment consommé[e]. Toutefois, la plupart des historiens et des romanciers qui soutiennent la thèse d'une non consommation du mariage de Louis XIII et Anne d'Autriche avant la naissance de Louis XIV oublient que la reine fit trois fausses couches, dont l'une consécutive à une chute accidentelle dans un escalier. Des études génétiques récentes prouvent que Louis XIV descendait bien d'Henri IV, garantissant ainsi qu'un fils d'Henri IV est bien le père de Louis XIV[23].
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Sa santé fragile et sa religiosité peuvent expliquer pour partie cette distance vis-à-vis d'une épouse imposée par sa mère. Sa méfiance politique (justifiée) joue un rôle au moins aussi important. Autre raison, le souvenir de la mésentente politique et conjugale entre ses parents : outre sa position anti-espagnole, Marie de Médicis reprochait à Henri IV ses infidélités ouvertes (Louis avait été élevé avec ses demi-frères). Le roi est réputé austère. Son rejet des vanités entraîne chez lui une grande méfiance vis-à-vis des courtisans et de sa femme.
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Toutefois, on connaît du roi deux liaisons féminines, toutes deux platoniques[f] il est vrai : l'une avec Marie de Hautefort, future duchesse d'Halluin, l'autre avec Louise de La Fayette, avec laquelle il voulut se retirer à Versailles.
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Durant son règne, Louis XIII entretient plusieurs favoris successifs qu'il comble de bienfaits (titres, charges et pensions). Les plus importants sont Luynes (1617-1621), Toiras (1624), Barradas (1625-1626), Saint-Simon (1626-1636) et Cinq-Mars (1639-1642)[25].
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Ces hommes partagent le goût du roi pour la chasse ; le roi se lie d'amitié avec eux alors qu'ils ne sont au départ que de simples pages servant dans ses écuries (Barradas, Saint-Simon), ou remplissant un office important dans sa vénerie (Luynes, Toiras). Leur élévation à la cour est rapide, mais ne dure généralement qu'un temps. Après les avoir couverts de bénéfices, le roi finit par se lasser d'eux. Les plus jeunes, comme Barradas et Cinq-Mars, se montrant particulièrement exigeants et irrévérencieux, manipulent le roi, profitent de son aveuglement pour le faire chanter. Cinq-Mars est ainsi décapité en 1642 après avoir comploté contre le cardinal de Richelieu.
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L'attachement du roi pour ses favoris a poussé les historiens à s’interroger sur la nature exacte de ces relations. Pierre Chevallier, qui a par ailleurs douté de l'homosexualité d'Henri III, a mis en avant les tendances homosexuelles de Louis XIII ; il évoque le témoignage en octobre 1624, du Vénitien Morosini, qui définit le rôle du maréchal de Toiras : « Non pour les affaires de l’État mais pour la chasse et les inclinations particulières du roi ». Parmi les autres sources, il cite le journal de Jean Héroard, le médecin du roi, dans lequel il relève les inclinations du jeune roi pour les domestiques qui travaillent à son service : il y a Saint-Amour son cocher, Haran son valet de chiens, ou encore Descluseaux, un soldat sous les ordres duquel le jeune roi joue les sentinelles durant la nuit et monte la garde de sa propre chambre, avant d'être fait prisonnier et conduit par lui dans son lit[26].
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De son côté, le sexologue et psychiatre américain Fritz Klein, spécialiste de l'étude de la bisexualité et militant bisexuel[27], voit le roi Louis XIII comme bisexuel[28]. En revanche, l'historien Jean-Christian Petitfils observe à propos du souverain que « sa psychologie, sa sexualité, son besoin d'affection (…), son attrait pour des écuyers ou des fauconniers plus âgés, ont intéressé quelques psychanalystes, mais les résultats restent décevants, voire problématiques. Faut-il parler d'homosexualité, de déséquilibre psychique, entés sur une enfance malheureuse ? Il n'est pas facile de débusquer Louis le Juste derrière sa timidité et la complexité de son caractère »[29]. En tout état de cause, il n'existe aucun témoignage qui va dans le sens d'une consommation charnelle. La seule source qui existe à cet égard est l'écrivain Tallemant des Réaux qui raconte deux anecdotes dans ses Historiettes. Mais il est impossible de savoir si ce sont des inventions calomnieuses car Tallemant ne cache pas d'utiliser des témoignages de troisième main, en sus d'être un chroniqueur assez hostile à Richelieu[30]. Pour expliquer la non-consommation charnelle, les historiens font valoir les convictions catholiques du monarque, son horreur du péché[31]. À ce sujet, Pierre Chevallier écrit : « Il est possible qu'entre les partisans de la chasteté absolue du roi et ceux qui accordent créance aux anecdotes rapportées par Tallemant, puisse se faire une interprétation plus nuancée et une conclusion intermédiaire[30] ».
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En 1635, Louis XIII aurait créé la musique, le livret et les costumes du Ballet de la Merlaison ou Ballet de la chasse au merle, dansé par le roi lui-même la même année à Chantilly et à Royaumont (le 17 mars)[32],[33]. Louis XIII jouait également du luth dès l'âge de trois ans. Surnommé le « roi des instruments », il l’impose à sa Cour et lui consacre des cycles de « concerts » privés devant une assemblée choisie d’amateurs et de praticiens comme lui[34].
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Le personnage de ce roi apparaît dans de nombreux films, essentiellement grâce aux diverses adaptations du roman d'Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires. Le roi y apparaît souvent comme un personnage triste et infortuné. Certaines adaptations de Dumas, comme celles de George Sidney ou de Richard Lester, font de Louis XIII un personnage comique, en le dépeignant comme un benêt ou un maladroit. Le règne de Louis XIII donne au cinéma de cape et d'épée, notamment dans les années cinquante et soixante, ses heures de gloire.
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