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+ Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes et mort le 24 mars 1905 à Amiens, est un écrivain français dont l'œuvre est, pour la plus grande partie, constituée de romans d'aventures évoquant les progrès scientifiques du XIXe siècle.
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+ Bien qu'il ait d'abord écrit des pièces de théâtre, Verne ne rencontre le succès qu'en 1863 lorsque paraît, chez l'éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1886), son premier roman, Cinq Semaines en ballon. Celui-ci connaît un très grand succès, y compris à l'étranger. À partir des Aventures du capitaine Hatteras, ses romans entreront dans le cadre des Voyages extraordinaires, qui comptent 62 romans et 18 nouvelles, parfois publiés en feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse, ou dans des périodiques destinés aux adultes comme Le Temps ou le Journal des débats.
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+ Les romans de Jules Verne, toujours très documentés, se déroulent généralement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Ils prennent en compte les technologies de l'époque — Les Enfants du capitaine Grant (1868), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), Michel Strogoff (1876), L'Étoile du sud (1884), etc. — mais aussi d'autres non encore maîtrisées ou plus fantaisistes — De la Terre à la Lune (1865), Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), Robur le Conquérant (1886), etc.
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+ Outre ses romans, on lui doit de nombreuses pièces de théâtre, des nouvelles, des récits autobiographiques, des poésies, des chansons et des études scientifiques, artistiques et littéraires. Son œuvre a connu de multiples adaptations cinématographiques et télévisuelles depuis l'origine du cinéma ainsi qu'en bande dessinée, au théâtre, à l'opéra, en musique ou en jeu vidéo.
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+ L'œuvre de Jules Verne est universelle ; selon l’Index Translationum, avec un total de 4 751 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et devant Shakespeare[1]. Il est ainsi, en 2011, l'auteur de langue française le plus traduit dans le monde[2]. L'année 2005 en France a été déclarée « année Jules Verne », à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain[3].
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+ Jules Gabriel Verne[4] naît au 4 de la rue Olivier-de-Clisson, à l'angle de la rue Kervégan sur l'île Feydeau à Nantes, au domicile de sa grand-mère maternelle, Sophie Marie Adélaïde-Julienne Allotte de la Fuÿe (née Guillochet de La Perrière[5])[6],[N 1]. Il est le fils de Pierre Verne, avoué[7], originaire de Provins, et de Sophie Allote de la Fuÿe, issue d'une famille nantaise de navigateurs et d'armateurs, d'ascendance écossaise[N 2]. Jules est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants, comprenant son frère Paul (1829-1897), qui sera marin, mais aussi écrivain, et trois sœurs, Anne dite Anna (épouse du Crest de Villeneuve), née en 1836, Mathilde (épouse Fleury), née en 1839, et Marie (épouse Guillon, mère de Claude Guillon-Verne), née en 1842. En 1829, les Verne s'installent au no 2 quai Jean-Bart (à une centaine de mètres du lieu de naissance de leur fils aîné)[6], où naissent Paul, Anna et Mathilde. En 1840, la famille connaît un nouveau déménagement dans un immeuble imposant au 6, rue Jean-Jacques-Rousseau[6], proche du port, où naît Marie[N 3].
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+ En 1834, à l'âge de six ans, il est mis en pension dans une institution tenue par une certaine Mme Sambin, veuve putative[N 4] d'un capitaine de cap-hornier[8].
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+ Il entre avec son frère au collège Saint-Stanislas, un établissement religieux conforme à l'esprit très catholique de son père (d'une façon générale, le lycée Royal n'a pas bonne réputation dans la bourgeoisie nantaise), en octobre 1837[9]. On y trouve quelques traces de ses premiers succès scolaires, dont voici le palmarès[10] :
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+ De plus, plusieurs accessits de musique vocale montrent son goût pour cette matière, goût qu'il conservera toute sa vie[N 5].
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+ De 1844 à 1846, Jules Verne est pensionnaire au petit séminaire de Saint-Donatien (bâtiments occupés par l'actuel lycée professionnel Daniel-Brottier à Bouguenais)[N 6],[11], où il accomplit la quatrième, la troisième et la seconde. Son frère le suit, en pension comme lui. Dans son roman inachevé Un prêtre en 1839[12], Jules Verne décrit ce petit séminaire de façon peu élogieuse[13].
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+ Pierre Verne achète à Chantenay, en 1838[14], une villa pour les vacances, toujours existante au 29 bis, rue des Réformes, face à l'église Saint-Martin de Chantenay[15],[6] (le musée Jules-Verne, situé également à Chantenay, est installé dans un bâtiment sans relation à la famille Verne). Toute la famille aime à se retrouver dans cette maison de campagne[16].
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+ Les vacances de Jules Verne se passent également à Brains (à 20 km au sud-ouest de Nantes), dans la propriété que son grand-oncle Prudent Allotte de la Fuÿe, a achetée en 1827/1828 au lieu-dit « La Guerche »[17]. Prudent Allotte de la Fuÿe est un ancien armateur, « vieil original, célibataire autoritaire et non conformiste »[18], qui a beaucoup voyagé avant de revenir s'installer au pays natal. Il est maire de Brains de 1828 à 1837[19]. Le jeune garçon aime à faire d'interminables parties de jeu de l'oie avec le vieux bourlingueur[N 7].
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+ Une légende veut qu'en 1839, à l'âge de onze ans, le petit Jules aurait tenté de s'embarquer sur un long-courrier en partance pour les Indes, en qualité de mousse[20]. Son père l'aurait récupéré in extremis à Paimbœuf. Jules Verne aurait avoué avoir voulu partir pour rapporter un collier de corail à sa cousine, Caroline Tronson, dont il était amoureux. Rudement tancé par son père, il aurait promis de ne plus voyager qu'en rêve. Ce n'est qu'une légende enjolivée par l'imagination familiale[N 8] car, dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, il raconte qu'il est monté à bord d'un voilier, l'a exploré, a tourné le gouvernail, etc., ce en l'absence d'un gardien, ce qui lui vaut la réprobation du capitaine[21].
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+ De 1844 à 1846, Jules et Paul étudient au lycée Royal de Nantes (actuellement lycée Clemenceau)[22]. Jules Verne fréquente en compagnie de ses camarades le Cercle des externes du collège Royal, qui se tient dans la librairie du Père Bodin, place du Pilori[23]. Après avoir terminé les classes de rhétorique et philosophie, il passe les épreuves du baccalauréat à Rennes et reçoit la mention « assez bien », le 29 juillet 1846[24].
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+ En 1847, il est envoyé à Paris par son père, prioritairement pour suivre ses études, mais aussi peut-être parce qu'on voulait ainsi l'éloigner de Nantes. En effet, Caroline Tronson (1826-1902), sa cousine dont il est épris, doit se marier le 27 avril de la même année avec Émile Dezaunay, un homme de quarante ans originaire de Besançon[25]. Jules Verne en conçoit une amertume profonde au point d'écrire à sa mère, six ans plus tard, lorsque cette dernière lui demande de les accueillir à Paris : « Je serai aussi aimable que le comporte mon caractère biscornu, avec les nommés Dezaunay ; enfin sa femme va donc entrevoir Paris ; il paraît qu'elle est un peu moins enceinte que d'habitude, puisqu'elle se permet cette excursion antigestative[26] ». Caroline Tronson, après son mariage avec Dezaunay, aura cinq enfants[27].
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+ Après un court séjour à Paris, où il passe ses examens de première année de droit[28], il revient à Nantes pour préparer avec l'aide de son père la deuxième année[N 9]. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Rose Herminie Arnault de La Grossetière[29], née en 1827, pour laquelle il va éprouver une violente passion[30]. Son premier cahier de poésie contient de nombreuses allusions à la jeune femme, notamment Acrostiche ou La Fille de l'air[31]. L'amour a peut-être été un moment partagé mais aucune source ne vient corroborer la chose. Les parents d'Herminie voient d'un mauvais œil leur fille se marier à un jeune étudiant dont l'avenir n'est pas encore assuré[32]. Ils la destinent à Armand Terrien de la Haye, un riche propriétaire de dix ans son aîné. Le mariage a lieu le 19 juillet 1848[33]. Jules Verne est fou de rage. Il écrit de Paris à sa mère une lettre hallucinante, sans doute composée dans un état de semi-ébriété. Sous couvert d'un songe, il crie sa douleur du mariage d'Herminie en un récit de vengeance de noces maudites : « La mariée était vêtue de blanc, gracieux symbole de l'âme candide de son fiancé ; le marié était vêtu de noir, allusion mystique à la couleur de l'âme de sa fiancée ! » ou « La fiancée était froide, et comme une étrange idée d'anciens (sic) amours passait en elle »[34]. Cet amour avorté va marquer à jamais l'auteur et son œuvre, dans laquelle on trouvera un nombre important de jeunes filles mariées contre leur gré (Gérande dans Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, Sava dans Mathias Sandorf, Ellen dans Une ville flottante, etc.) au point que Christian Chelebourg parle du « complexe d'Herminie » pour les Voyages extraordinaires[35]. L'écrivain gardera également une rancune à l'encontre de sa ville natale et de la société nantaise, qu'il pourfendra dans certaines poésies, notamment La Sixième Ville de France et Madame C…, une violente diatribe visant sans doute une des commères de la ville[36].
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+ En juillet 1848, Jules Verne quitte définitivement Nantes pour Paris. Son père l'envoie poursuivre ses études de droit, en espérant qu'il lui succédera un jour[37]. À cette date, il travaille sur un roman qui restera inachevé, et qui sera par erreur publié par les Éditions du Cherche-Midi en 1992 sous le titre Un prêtre en 1839, mauvaise lecture du manuscrit qui porte en 1835[38], des pièces de théâtre dont deux tragédies en vers, Alexandre VI et La Conspiration des poudres, et des poèmes. Alors qu'en 1847, il avait été accueilli par sa grand-tante Charuel au no 2 de la rue Thérèse, près de la butte Saint-Roch[39], en 1848, il obtient de son père de pouvoir louer un appartement meublé, qu'il partage avec Édouard Bonamy, un autre étudiant originaire de Nantes, dans un immeuble situé au 24, rue de l'Ancienne-Comédie, donnant sur la place de l'Odéon[40].
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+ Paris vit alors une période révolutionnaire (voir Révolution française de 1848). En février, le roi Louis-Philippe a été renversé et s'est enfui ; le 24 février, a été établi le gouvernement provisoire de la Deuxième République. Les manifestations se succèdent et le climat social est tendu. En juin, les barricades se dressent de nouveau dans Paris (voir Journées de Juin) ; le gouvernement envoie le général Cavaignac écraser l'insurrection. Fin juin, quand le futur écrivain arrive dans la capitale, Cavaignac vient de former un gouvernement qui durera jusqu'à la fin de l'année. Verne écrit à ses parents :
40
+
41
+ « Je vois que vous avez toujours des craintes en province ; vous avez beaucoup plus peur que nous n'avons à Paris... J'ai parcouru les divers points de l'émeute, rues Saint-Jacques, Saint-Martin, Saint-Antoine, le Petit Pont, la Belle Jardinière ; j'ai vu les maisons criblées de balles et trouées de boulets. Dans la longueur de ces rues, on peut suivre la trace des boulets qui brisaient et écorniflaient balcons, enseignes, corniches sur leur passage ; c'est un spectacle affreux, et qui néanmoins rend encore plus incompréhensibles ces assauts dans les rues[41] ! »
42
+
43
+ Le 3 août, Jules Verne passe avec succès son examen d'entrée en deuxième année de droit[42]. Lorsqu'Édouard Bonamy quitte Paris pour retourner à Nantes vers la fin de l'année, il obtient une chambre pour lui seul, dans la même maison[43].
44
+
45
+ Son oncle Chateaubourg[N 10] l'introduit dans les salons littéraires. Il fréquente celui de Mme de Barrère, amie de sa mère, et de Mme Mariani[44]. Tout en continuant ses études, il écrit de nombreuses pièces qui resteront pour la plupart inédites jusqu'en 1991 avant d'être publiées, pour certaines, de manières confidentielles dans les trois volumes des Manuscrits nantais[45] et connaîtront une publication grand public en 2006 aux Éditions du Cherche-Midi sous le titre Jules Verne : Théâtre inédit[46].
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47
+ Jules Verne dévore les drames de Victor Hugo, d'Alexandre Dumas, d'Alfred de Vigny, les comédies d'Alfred de Musset[47], mais il avoue une préférence pour deux classiques : Molière et Shakespeare[N 11].
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+ L'influence la plus fortement exercée à cette époque sur le jeune écrivain est celle de Victor Hugo. Verne raconte à Robert H. Sherard : « J'étais au plus haut point sous l'influence de Victor Hugo, très passionné par la lecture et la relecture de ses œuvres. À l'époque, je pouvais réciter par cœur des pages entières de Notre-Dame de Paris, mais c'étaient ses pièces de théâtre qui m'ont le plus influencé, et c'est sous cette influence qu'à l'âge de dix-sept ans, j'ai écrit un certain nombre de tragédies et de comédies, sans compter les romans »[48],[N 12].
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+ Durant cette période, les lettres de Jules Verne à ses parents concernent essentiellement ses dépenses et l'argent dont il a besoin. Cependant, au mois de mars 1849, un autre événement inquiète le jeune étudiant : « Ma chère maman, le choléra est donc définitivement à Paris, et je ne sais quelles terreurs de malade imaginaire me poursuivent continuellement ! Ce monstre s'est grossi pour moi de toutes les inventions les plus chimériques d'une imagination fort étendue à cet endroit-là ! »[49]. Au même moment, Jules Verne doit se soumettre à la conscription, mais est épargné par le tirage au sort. Il écrit à son père :
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+ « Tu as toujours l'air attristé au sujet de mon tirage au sort, et du peu d'inquiétude qu'il m'aurait causé ! Tu dois pourtant savoir, mon cher papa, quel cas je fais de l'art militaire, ces domestiques en grande ou petite livrée, dont l'asservissement, les habitudes et les mots techniques qui les désignent les rabaissent au plus bas état de la servitude. Il faut parfois avoir fait abnégation complète de la dignité d'homme pour remplir de pareilles fonctions ; ces officiers et leur poste préposés à la garde de Napoléon, de Marrast, que sais-je ! - Quelle noble vie ! Quels grands et généreux sentiments doivent éclore dans ces cœurs abrutis pour la plupart ! - Prétendent-ils se relever par le courage, par la bravoure ! Mots en l'air que tout cela ! Il n'y a ni courage, ni bravoure à se battre quand on ne peut pas faire autrement ? Et me cite-t-on un haut fait d'armes accompli dans des circonstances, chacun sait qu'il y en a les 19/20 à mettre sur le compte de l'emportement, la folie, l'ivresse du moment ! Ce ne sont plus des hommes qui agissent, ce sont des bêtes furieuses, excitées par la fougue de leurs instincts. Et en tout cas, vînt-on me montrer le sang-froid le plus calme, la tranquillité la plus surprenante dans l'accomplissement de ces hauts faits que l'on paye d'une croix, je répondrai que l'on n'est généralement pas sur terre pour risquer sa vie ou arracher celle des autres, et qu'en fait de condition, j'en connais de plus honorables et de plus relevées[50]. »
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+ Ce violent pamphlet contre l'armée n'est pas seulement une réaction de jeunesse. Toute sa vie, Jules Verne professera des idées antimilitaristes[51], non seulement dans ses lettres, mais aussi dans ses romans où il expose son dégoût de la guerre, à commencer par son premier roman, lorsque le Victoria survole deux peuplades aux prises au cours d'un combat sanguinaire :
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+ « - Ce sont de vilains bonshommes ! dit Joe. Après cela, s'ils avaient un uniforme, ils seraient comme tous les guerriers du monde.... Fuyons au plus tôt ce spectacle repoussant ! Si les grands capitaines pouvaient dominer ainsi le théâtre de leurs exploits, ils finiraient peut-être par perdre le goût du sang et des conquêtes[52]! »
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+ Mais cet antimilitarisme sera entaché par des idées ambiguës après la guerre de 1870 et les événements de la Commune[53], surtout au moment de l'affaire Dreyfus[54], et de nombreux héros verniens seront des militaires. Ainsi Face au drapeau (1896) incarne-t-il l'état d'esprit militariste et revanchard en France, juste avant que n'éclate l'Affaire Dreyfus[55], et L'Invasion de la mer (1905) montrera un Jules Verne, à la fin de sa vie, militariste, colonialiste et impérialiste[56].
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+ À l'hiver 1851, pressé par son père de devenir avocat, il s'inscrit au barreau de Paris et doit entrer chez le jurisconsulte Paul Championnière, ami de Pierre Verne[57]. Mais, le 6 avril 1851, alors que Jules Verne n'est pas encore entré à son service, Paul Championnière meurt[58]. Verne n'exercera ainsi jamais[59].
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+ Il déménage et occupe une chambre garnie dans un hôtel proche de Notre-Dame-de-Lorette[60],[61] où il donne quelques leçons, ce que son père désapprouve vivement[57]. Puis, il s'installe au sixième étage du 18, boulevard de Bonne-Nouvelle, sur le palier en face de l'appartement de son ami Aristide Hignard[62] avant de s'installer, en face, au 11, boulevard de Bonne-Nouvelle[61].
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+ Jules Verne souffre déjà de maux de ventre et d'estomac[63]. L'entéralgie vernienne provient peut-être de troubles gastriques héréditaires[N 13], mais surtout d'une précoce boulimie, sans doute pathologique[64]. En 1851, il connaît sa première crise de paralysie faciale[65]. Olivier Dumas précise ces attaques qui frapperont Verne quatre fois dans sa vie : « La paralysie faciale de Jules Verne n'est pas psychosomatique, mais due seulement à une inflammation de l'oreille moyenne dont l'œdème comprime le nerf facial correspondant. » Le médiocre chauffage du logement de l'étudiant explique la fréquence de ses refroidissements. Les causes de cette infirmité restent ignorées de l'écrivain ; « il vit dans la permanente inquiétude d'un dérèglement nerveux, aboutissant à la folie. »[66].
66
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67
+ À l'occasion de visites de salon, il entre en contact avec Alexandre Dumas[67] par l'intermédiaire d'un chiromancien célèbre de l'époque, le chevalier Casimir d'Arpentigny[68],[69]. Il se lie d'amitié avec le fils de l'écrivain et lui propose le manuscrit d'une comédie intitulée Les Pailles rompues[70]. Les deux hommes corrigent la pièce et Dumas fils obtient de son père qu'elle soit jouée au Théâtre-Historique. Nous sommes le 13 juin 1850[71], Jules Verne a vingt-deux ans[72].
68
+
69
+ En 1851, il rencontre Pierre-Michel-François Chevalier dit Pitre-Chevalier (1812-1863)[73]. Celui-ci, breton et nantais comme Jules Verne, est directeur et rédacteur en chef de la revue Musée des familles[74]. Verne lui soumet une nouvelle, Les Premiers Navires de la marine mexicaine[75] qui parait dans la revue de Pitre-Chevalier en juillet 1851[76] et qui sera repris, mais remanié, en 1876 chez Hetzel à la suite de Michel Strogoff sous le titre Un drame au Mexique[77].
70
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71
+ La même année Pitre-Chevalier accepte une deuxième nouvelle, Un voyage en ballon[78], qui, en 1874, prendra comme titre Un drame dans les airs, chez Hetzel[79].
72
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73
+ Sans doute par l'entremise d'Alexandre Dumas fils, en 1852, Verne entre en relation avec les frères Seveste[80] qui viennent de reprendre le Théâtre-Historique après la faillite due aux prodigalités de Dumas père[81]. La nouvelle salle devient le Théâtre-Lyrique. Jules Seveste, le nouveau directeur, engage Verne comme secrétaire. Un travail astreignant, car le jeune homme ne touche d'abord pas de salaire avant d'être rémunéré à hauteur de 100 F[82]. En revanche, il peut faire jouer ses pièces, la plupart écrites en collaboration avec Michel Carré[83].
74
+
75
+ En janvier 1852, il prend sa décision et refuse la charge d'avoué que son père lui propose. « Je me bornerai à voir si je ferais bien de prendre ta charge, au point de vue moral et matériel. […] D'un autre côté, je commence à bien me connaître ; ces coups de tête contre lesquels tu cherches à me prémunir, je les ferais, tôt ou tard ; j'en suis certain ; la carrière qui me conviendrait le plus, ce serait celle que je poursuis ; […] si je ne puis parvenir, non par manque de talent, mais par défaut de patience, par découragement, eh bien, ce qui me conviendra le plus au monde, ce sera le barreau qui me ramènerait à Paris. […] C'est parce que je sais ce que je suis, que je comprends ce que je serai un jour ; comment donc me charger d'une étude que tu as faite si bonne, que ne pouvant gagner entre mes mains, elle ne pourrait qu'y dépérir[84]. » Un an plus tôt, il avait écrit à sa mère : « […] je puis faire un bon littérateur, et ne serais qu'un mauvais avocat, ne voyant dans toutes choses que le côté comique et la forme artistique et ne prenant pas la réalité sérieuse des objets. […] »[85].
76
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77
+ Il fréquente la Bibliothèque nationale[86]. Au début de 1851, Verne fait la connaissance du géographe et infatigable voyageur, Jacques Arago, célèbre pour un récit de Voyage autour du monde qu'il a fait sur L'Uranie avec la mission de Freycinet entre 1817 et 1821[87], qui continue à parcourir le monde malgré sa cécité[N 14] et qui publie le récit de ses voyages autour du monde sous le titre Souvenirs d'un aveugle. Le jeune écrivain retrouve près de lui toutes les sensations de ses premières lectures[88]. Jacques Arago lui ouvre des horizons et l'entraîne vers un genre nouveau de littérature, alors en pleine expansion, le récit de voyage[89].
78
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79
+ En 1852, deux autres textes de Verne paraissent dans le Musée des familles : Martin Paz, une longue nouvelle[N 15] et une comédie-proverbe en un acte, en collaboration avec Pitre-Chevalier Les Châteaux en Californie[90].
80
+
81
+ En août 1853, il s'éloigne un moment de Paris pour se rendre à La Guerche, où son oncle Prudent offre un grand repas afin de fêter le retour de Paul Verne, le frère de Jules, aspirant auxiliaire dans la marine[91]. Avec son ami Aristide Hignard[92], Jules Verne fréquente le salon du musicien Talexy[93] qui sera plus tard un des « Onze sans femmes »[94]. Ils se lancent dans l'opérette, ou plutôt l'opéra-comique, au moment où Jacques Offenbach crée un véritable engouement pour ce genre de spectacle. Le 28 avril 1853, est représenté Le Colin-maillard au Théâtre-Lyrique[95]. C'est une période où Jules Verne ne cesse d'écrire. Des nouvelles de cette époque, on peut citer Pierre-Jean[96] et Le Siège de Rome qui restera inédit jusqu'en 1994[97]. Il travaille aussi sur Monna Lisa commencé dès 1851 et qu'il ne finira qu'en 1855[98],[99].
82
+
83
+ Au cours d'un séjour à Nantes, l'écrivain s'est amouraché de Laurence Janmar[100]. En janvier 1854, le président Janvier de la Motte donne un grand bal travesti[101]. Le jeune écrivain y retrouve celle qu'il convoite. Laurence Janmar[102], habillée en gitane, se plaint à son amie que son corset, trop riche en baleines, lui meurtrit les côtes. Verne, toujours à l'affût d'un bon mot, soupire alors : « Ah ! que ne puis-je pêcher la baleine sur ces côtes ? »[103],[104]. Laurence Janmar épousera finalement un certain Charles Louis Salomon Duvergé[105] le 2 août 1854[106].
84
+
85
+ Le vendredi 30 juin 1854, Jules Seveste meurt d'une apoplexie foudroyante[107]. Son successeur, Émile Perrin[108], tente de retenir Jules Verne, mais ce dernier tient à garder sa liberté. Perrin va jusqu'à lui proposer la direction du Théâtre-Lyrique[109]. « J'ai refusé. Il m'a même offert de diriger le théâtre, moi seul, tout en restant directeur en nom et ayant une part dans les bénéfices ; j'ai refusé encore ; je veux être libre et prouver ce que j'ai fait[110]. » Dans le Musée, en avril 1854, un nouveau texte de l'écrivain : Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, un conte fantastique profondément imprégné de l'influence d'Hoffmann. Zacharius, maître-horloger de Genève, a rendu ses horloges si régulières qu'elles sont devenues parfaites… Mais un jour, elles se dérèglent une à une[111].
86
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87
+ Malgré son refus de devenir directeur du Théâtre-Lyrique, Verne y conserve son poste de secrétaire jusqu'à fin 1855[112], ce qui lui permet de représenter, le 6 juin de cette année, un second opéra-comique écrit sur une musique d'Hignard, Les Compagnons de la Marjolaine[113] qui connaîtra vingt-quatre représentations[114]. Jules Verne écrit à son père : « J'étudie encore plus que je ne travaille ; car j'aperçois des systèmes nouveaux, j'aspire avec ardeur au moment où j'aurai quitté ce Théâtre-Lyrique qui m'assomme. »[115].
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+ C'est une période d'intense activité créatrice. Les pièces de théâtre s'accumulent[116]. Il peaufine notamment l'une d'entre elles, une comédie en cinq actes en vers, Les Heureux du jour, qui semble lui tenir particulièrement à cœur[117]. Il écrit plusieurs nouvelles, dont Le mariage de M. Anselme des Tilleuls[118] et Un hivernage dans les glaces. Cette dernière paraît en 1855 dans le Musée des familles[119] et sera reprise mais modifiée par Hetzel en 1874 pour paraître dans le volume de nouvelles Le Docteur Ox. De tous les manuscrits de Verne avant sa rencontre avec Hetzel, c'est celui qui se rapproche le plus des Voyages extraordinaires, véritable prélude aux Aventures du capitaine Hatteras[120]. À cette époque, il est atteint d'une deuxième crise de paralysie faciale[121]. Son ami et médecin Victor Marcé le soigne à l'aide de l'électricité[122]. Il déménage et s'installe au cinquième étage d'un immeuble au 18 boulevard Poissonnière[123].
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+ Jules Verne parle alors de mariage dans presque toutes les lettres à sa mère ; il lui demande de lui trouver une épouse, parfois sur le ton de la plaisanterie : « J'épouse la femme que tu me trouveras ; j'épouse les yeux fermés et la bourse ouverte ; choisis, ma chère mère, c'est sérieux ! »[124] ou « Trouvez-moi une femme bossue et qui ait des rentes — et tu verras. »[125]. Mais on sent bien que l'angoisse de l'avenir le tiraille : « Toutes les jeunes filles que j'honore de mes bontés se marient toutes invariablement dans un temps rapproché ! Voire ! Mme Dezaunay, Mme Papin, Mme Terrien de la Haye, Mme Duverger et enfin Mlle Louise François. »[126]. Après le mariage de Laurence Janmar avec Duvergé, Verne, amoureux éconduit, s'interroge. Pour le consoler, sa mère l'envoie en avril 1854 à Mortagne pour y connaître un bon parti. Il lui répond dans une lettre où il invente une rencontre avec le père de sa future, d'un humour scatologique et agressif[127].
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+ En mars 1856, Auguste Lelarge, ami de Jules Verne va se marier avec Aimée de Viane. Il demande à l'écrivain d'être son témoin. Celui-ci accepte. Le mariage doit se dérouler le 20 mai à Amiens, ville de la fiancée[128]. À l'occasion de son séjour, Verne y fait la connaissance de la sœur de la mariée, Honorine, veuve à 26 ans d'Auguste Morel[129] et mère de deux filles[130], Louise Valentine (1852-1916) et Suzanne Eugénie Aimée (1853- ?)[131].
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+ Honorine du Fraysne de Viane (1830-1910) séduit assez vite Jules Verne. Dans une lettre enthousiaste à sa mère, il lui fait remarquer : « Je ne sais pas, ma chère mère, si tu ne trouveras pas quelque différence entre le style de cette page et celle qui la précède, tu n'es pas habituée à me voir faire ainsi un éloge général de toute une famille, et ta perspicacité naturelle va te faire croire qu'il y a quelque chose là-dessous ! Je crois bien que je suis amoureux de la jeune veuve de vingt-six ans ! Ah ! pourquoi a-t-elle deux enfants ! Je n'ai pas de chance[132] ! »
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+ Jules Verne envisage rapidement de se marier mais il lui faut une situation stable, ses revenus littéraires étant alors insuffisants. Avec l'aide de son futur beau-frère, Ferdinand de Viane, il envisage des plans d'investissement en bourse et de se lancer dans une activité d'agent de change[133]. Or, s'il suffit d'obtenir une charge, il faut de l'argent pour l'acquérir. Il demande 50 000 francs à son père pour acheter 1/40e de cette charge[134]. Son père s'inquiète de cette nouvelle lubie. Jules Verne lui répond : « Je vois bien que tu me prends encore pour un garçon irréfléchi, se montant la tête pour une idée nouvelle, tournant à tous les vents de la fantaisie et ne voulant m'occuper de change que par amour du changement. […] Il est moins question que jamais d'abandonner la littérature ; c'est un art avec lequel je me suis identifié et que je n'abandonnerai jamais ; […] mais tout en m'occupant de mon art, je me sens parfaitement la force, le temps et l'activité de mener une autre affaire. […] Il me faut une position, et une position offrable, même aux gens qui n'admettent pas les gens de lettres ; la première occasion de me marier, je la saisis d'ailleurs ; j'ai par-dessus la tête de la vie de garçon, qui m'est à charge […] cela peut paraître drôle, mais j'ai besoin d'être heureux, ni plus ni moins. »[135]. Et quelques semaines plus tard : « Je n'accepterais d'avoir atteint l'âge de plusieurs de mes amis et d'être à courir comme eux après une pièce de cent sols. Non, certes, cela peut être drôle et faisable à vingt ans, mais pas au-dessus de trente ans[136]. »
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+ Pierre Verne finit par céder. Jules se retrouve remisier chez l'agent suisse Fernand Eggly, originaire de Genève, au 72, rue de Provence, à Paris[137].
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+ Auguste Morel n'est décédé que depuis dix mois. À l'époque, le deuil se portait longtemps[N 16]. Pourtant, les événements se précipitent. Aimée De Viane, par son mariage avec Auguste Lelarge, est devenue la belle-sœur d'Henri Garcet, cousin de Jules Verne. C'est sans doute son ami Charles Maisonneuve[N 17] qui lui permet d'entrer chez Eggly, étant lui-même remisier chez un confrère. D'ailleurs, il n'est pas certain que Jules Verne ait acheté la part que l'on dit, le remisier étant appointé et non associé. Le futur marié est pris de frénésie, au point de s'occuper de tout durant le mois de décembre 1856. Il ne veut personne de la famille : « Je me charge, mon cher père, de voir ma tante Charuel[N 18] à cet égard et de la mettre au courant de nos affaires. Quant à l'inviter, je tiens essentiellement à n'en rien faire ! Je dirai que le mariage se célèbre à Amiens ; rien ne me serait plus désagréable que cette invitation[138]. »
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+ Le 8 janvier, est signé à Essome, chez Auguste Lelarge[128], notaire, le contrat de mariage[139]. Le mariage a lieu le 10 janvier[61]. Le matin, ils se retrouvent à la mairie du 3e arrondissement (actuellement mairie du 2e[N 19]). Puis le groupe de treize personnes prend la direction de l'église Saint-Eugène qui venait d'être édifiée dans la nouvelle rue Sainte-Cécile, à l'emplacement de l'ancien conservatoire de musique[140]. Après la cérémonie religieuse, c'est le déjeuner, treize couverts « à tant par tête », comme l'avait voulu et annoncé Jules Verne lui-même : « J'étais le marié. J'avais un habit blanc, des gants noirs. Je n'y comprenais rien ; je payais tout le monde : employés de la mairie, bedeaux, sacristain, marmiton. On appelait : Monsieur le marié ! C'était moi ! Dieu merci, il n'y avait que douze spectateurs[141] ! »
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+ Le couple et les deux enfants demeurent jusqu'à la mi-avril dans l'appartement du boulevard Poissonnière[142] puis s'installe rue Saint-Martin, dans le quartier du Temple[61].
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+ Comme coulissier, d'après le journaliste Félix Duquesnel, il « réussissait plus de bons mots que d'affaires »[143]. À la même époque, Jules Verne semble avoir eu des maîtresses[144] mais si des noms circulent (telles Estelle Henin (morte en 1865) ou une comédienne roumaine), les faits n'ont jamais formellement été établis[145]. Jules Verne fait la connaissance d'Estelle Hénin en août 1859[146]. Marguerite Allotte de la Fuÿe évoque cette femme dans sa biographie de 1928 : « [...] une mortelle, une seule, captiva durant quelques saisons ce cœur extrêmement secret. La sirène, l'unique sirène, est ensevelie dans le cimetière de corail. »[147]. D'après elle, Estelle serait morte en 1885, date reprise par Jean-Jules Verne, qui note qu'elle habitait Asnières[148]. Dans sa thèse sur Jules Verne (1980), Charles-Noël Martin confirme l'existence d'Estelle Duchesne, mais pense qu'elle est morte le 13 décembre 1865[149]. Estelle Hénin épouse Charles Duchesne, clerc de notaire à Cœuvres, le 30 août 1859. En 1863, Estelle s'installe à Asnières, cependant que son mari continue de travailler à Cœuvres. Les visites de Jules Verne à la maison des Duchesne à Asnières se situent de 1863 à février 1865. Estelle meurt après la naissance de sa fille Marie[150]. Pour certains verniens, Marie Duchesne pourrait être la fille de l'écrivain[151], mais d'autres contestent la méthode de recherche et les conclusions jugées hâtives de Percereau[152].
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+ Dans cette période, il écrit une nouvelle, San Carlos, qui conte comment des contrebandiers espagnols se jouent des douaniers français[153]. En 1857, paraît le premier recueil de chansons Rimes et mélodies, sur une musique d'Hignard, chez l'éditeur Heu qui comprend sept chansons : Tout simplement, Les Bras d'une mère, Les Deux troupeaux, La Douce attente, Notre étoile, Chanson Scandinave et Chanson turque[154]. L'année suivante, il connaît sa troisième crise de paralysie faciale[155]. Le 17 février, aux Bouffes-Parisiens, se joue la première de Monsieur de Chimpanzé, opérette en un acte, toujours avec Hignard. Le sujet est curieux, lorsqu'on sait que l'auteur est tout nouveau marié : Isidore, le héros, est obligé de faire le singe pour pouvoir épouser sa belle[156].
110
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111
+ Le 15 juillet 1859, Jules Verne écrit à son père : « Alfred[N 20] Hignard m'offre, ainsi qu'à son frère, un passage gratuit d'aller et retour en Écosse. Je me hâte de saisir aux cheveux ce charmant voyage[157]… »
112
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+ En 1859, il entreprend ainsi un voyage en Angleterre et en Écosse en compagnie d'Aristide Hignard[158]. Il prend des notes et, dès son retour, couche ses impressions sur le papier[159]. Ce récit est le premier travail de Jules Verne proposé à son futur éditeur Hetzel, qui le refuse[160]. Verne s'en inspirera alors pour la rédaction de ses romans écossais[161].
114
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+ Entre 1860 et 1861, le couple déménage trois fois : de la rue Saint-Martin au 54, boulevard Montmartre, puis au 45, boulevard Magenta, enfin au 18, passage Saulnier[162].
116
+
117
+ Le 2 juillet 1861, de nouveau grâce à Alfred Hignard, les deux amis, ainsi qu'Émile Lorois, s'embarquent pour la Norvège[163]. L'écrivain ne rentrera que cinq jours après qu'Honorine a accouché d'un garçon, Michel, le 4 août[164],[165]. Il continue son métier à la Bourse[166].
118
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119
+ Marguerite Allotte de La Fuÿe invente de toutes pièces l'introduction de Verne chez l'éditeur. L'écrivain, découragé, aurait jeté au feu le manuscrit de Cinq Semaines en ballon, que sa femme aurait retiré des flammes[167]. Vingt-cinq ans plus tard, elle se contredit lors d'une émission radiophonique en créant la légende de l'introduction de Verne chez Hetzel grâce à Nadar[168]. Bernard Frank, dans sa biographie copiée d'Allotte, nous gratifie, lui, d'un dialogue dramatique dans la chambre de l'éditeur[169].
120
+
121
+ Parménie et Bonnier de la Chapelle pensent, quant à eux, que l’écriture de Cinq Semaines en ballon, est due aux expériences du Géant de Nadar[170], ce qui s'avère un anachronisme, l'expérience ayant eu lieu six mois après l'écriture du roman (janvier 1863) et Verne n'assistant à un vol du Géant que le 4 octobre 1863[171],[172]. S'il ne prend pas part au vol, il laisse un article sur l'expérience qu'il publie dans le Musée des familles sous le titre À propos du Géant[173].
122
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123
+ Comme l'écrit Volker Dehs[174], il est possible qu'Hetzel ait rencontré Verne dès 1852 ou 1858[175], ainsi qu'en témoignent deux invitations écrites par Philippe Gille, datées des mardi 4 mai et mardi 6 juillet, à un dîner, retrouvées dans les archives Hetzel à la Bibliothèque nationale de France[176].
124
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125
+ D'une manière certaine, c'est par une lettre de Verne à Henri d'Alméras qui préparait un article sur l'écrivain pour son Avant la gloire, leurs débuts, que l'on apprend que la rencontre eut lieu en 1861 : « C'est Bréhat qui pour la première fois m'a présenté chez Hetzel en 1861[177]. » Il s'agit du romancier Alfred de Bréhat.
126
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127
+ En 1861, après avoir proposé le Voyage en Angleterre et en Écosse qui est refusé par Pierre-Jules Hetzel[178], Jules Verne lui soumet un manuscrit nommé Un voyage en l'air[179]. Hetzel lui demande de le retravailler de manière plus scientifique avec déjà l'idée d'inventer une littérature vulgarisant la science[180]. Jules Verne revient quelques semaines plus tard avec ce qui deviendra son roman Cinq Semaines en ballon[181]. Celui-ci paraît le 15 janvier 1863[182] et connaît un immense succès, même au-delà des frontières françaises. Le premier tirage est de 2 000 et du vivant de l'auteur, il s'en vendra 76 000[183]. Il signe l'année suivante avec Pierre-Jules Hetzel un contrat aux termes duquel il s'engage à fournir deux volumes par an. En 1865, un nouveau contrat l'engage à trois volumes à l'année. Jules Verne s'engage à fournir des romans notamment pour le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse[184]. En fait, il va travailler pendant quarante ans à ses Voyages extraordinaires qui compteront 62 romans et 18 nouvelles et signera avec son éditeur six contrats consécutifs[185].
128
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129
+ Dans la foulée de ce succès, Jules Verne propose à son éditeur un récit qu'il a écrit vers 1860, Paris au XXe siècle. L'éditeur, en termes violents, refuse absolument ce travail qu'il juge nuisible à sa réputation et va à l'encontre de l'idée qu'il se fait de Verne[186]. Abandonné, le roman ne sera publié finalement qu'en 1994 par Hachette et Le Cherche midi associés[187].
130
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131
+ Dès le 27 février 1863, Jules Verne est admis comme membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques[188]. Le 4 octobre 1863, son ami Nadar l'invite au lancement du ballon Géant, qui a lieu depuis le Champ-de-Mars à Paris[189]. Le 26 décembre 1863, il fait paraître dans le Musée des familles un article relatant l'expérience de Nadar (À propos du Géant). Le photographe crée alors avec Gabriel de La Landelle la Société d'encouragement de la locomotion aérienne au moyen du plus lourd que l'air, dont Jules Verne est le censeur[190].
132
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+ Vers cette époque, il découvre l'univers d'Edgar Poe au travers des traductions de Charles Baudelaire[191]. L'écrivain américain le fascine[192], au point qu'il lui consacre la seule étude littéraire qu'il ait écrite, parue en avril 1864 dans le Musée des familles : Edgard Poe et ses œuvres[193].
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135
+ C'est à cette date (1864) qu'il publie le roman Aventures du capitaine Hatteras, ouvrage qui paraît d'abord dans le Magasin d'éducation et de récréation en deux parties : Les Anglais au Pôle Nord (publié du 20 mars 1864 au 20 février 1865) et Le Désert de glace (du 5 mars au 5 décembre 1865) avant d'être édité en volume (26 novembre 1866) sous le titre Voyages et aventures du Capitaine Hatteras[194]. Il s'agit en réalité du premier titre à porter l'appellation « Voyages extraordinaires »[195], Cinq Semaines en ballon, qui quant à lui entre dans la série « Voyages dans les mondes connus et inconnus »[196], ne le prenant que dans ses rééditions à partir de 1866[197].
136
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137
+ Hatteras est suivi dès novembre 1864 par la publication de Voyage au centre de la Terre (édition originale in-18 le 25 novembre 1864, puis en grand in-octavo le 13 mai 1867)[198]. Ces trois premiers romans de Jules Verne sont d'immenses succès[196]. Il peut ainsi abandonner la bourse et déménage à Auteuil au 39, rue La Fontaine dans un logement beaucoup plus vaste où le couple peut recevoir[199].
138
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139
+ En 1865, il devient membre de la Société de géographie[200]. Il publie dans le Bulletin de la Société divers textes dont Histoire de la guerre civile américaine (1861-1865) (1868), un rapport sur l'ouvrage de Louis Cortambert et F. de Tranaltos[201] ou Les Méridiens et le calendrier (janvier-juin 1873)[202].
140
+
141
+ Il décide de louer en août 1865 une maison au Crotoy. Il s'installe alors dans une dépendance de la propriété Millevoye[203]. Il est en pleine rédaction de sa Géographie illustrée de la France et de ses colonies ainsi que de Vingt Mille Lieues sous les mers[204]. Honorine, Suzanne, Valentine et Michel peuvent ainsi profiter des bains de mer. En mars 1866, il loue à la propriété même un appartement pour l'été puis, au printemps 1868, une petite villa de deux étages, La Solitude. Il se fait alors construire un bateau, le Saint-Michel, une chaloupe de pêche aménagée pour la plaisance[205]. Les plans du bateaux sont établis par le marin Paul Bos (1826-1886)[206].
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+ En mars 1869, il s'installe à l'année dans La Solitude et y vit effectivement à partir d'avril 1869[207].
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145
+ Le 16 mars 1867, en compagnie de son frère Paul, il embarque sur le Great Eastern à Liverpool pour les États-Unis[208]. Il tirera de sa traversée le roman Une ville flottante (1870)[209].
146
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147
+ Le 8 mars 1868[210], il fonde avec Victor Massé, Léo Delibes, Auguste Lelarge, Fournier-Sarlovèze, Bazille, Bertall, Charles Béchenel et Aristide Hignard[211] le Club des « Onze-sans-femmes »[212], un dîner hebdomadaire d'autres célibataires sans métiers définis[213] qui peut aussi se comprendre par « Onze sans les femmes »[210] comme l'écrit William Butcher : « Il faudrait sans doute réinterpréter les mots « sans femmes », puisque nombre des invités, Verne compris, sont mariés à cette époque »[210].
148
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149
+ En juillet 1871 il s'installe à Amiens[214]. Il écrit alors à son ami Charles Wallut : « Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d’humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l’agitation stérile. Et pour tout dire, mon Saint-Michel reste amarré au Crotoy. »[215].
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+ Son père, Pierre Verne, meurt d'une attaque le 3 novembre 1871, à Nantes[216]. Il se rend aux obsèques puis regagne Amiens et se plonge dans l'écriture du Tour du monde en 80 jours[216]. Il fréquente la bibliothèque de la Société industrielle où il peut se documenter grâce à son important fonds de revues scientifiques[217] et le 8 mars 1872, devient membre titulaire de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, « à l'unanimité des suffrages ». Contrairement à l'usage, il ne fait alors pas un discours de réception mais lit un passage de son futur roman à paraître Le Tour du monde en 80 jours[218]. En 1875, il en est élu directeur ainsi qu'en 1881[218] et, à cette occasion, il prononce plusieurs discours de réception, notamment en 1875, pour un de ses amis, le caricaturiste Gédéon Baril[219], qui signera en 1881 les illustrations de Dix Heures en chasse chez Hetzel, nouvelle que Jules Verne a auparavant lue le 18 décembre 1881, en séance publique à l'Académie d'Amiens[220] et qu'Hetzel reprend à la suite du Rayon vert, dans un texte remanié[221].
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153
+ Dès juin 1867, l'Académie française couronne le Magasin d'Éducation et de Récréation (Jules Verne, P.-J. Stahl, Jean Macé) par le Prix Montyon[222]. Il recevra le même prix, à titre individuel, en 1872 pour l'ensemble Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[223] et lors de la séance de l'Académie française du 8 août 1872, ce sont tous les ouvrages de Jules Verne dans leur ensemble parus chez Hetzel en dehors du Magasin d’Éducation qui sont couronnés[224]. À cette occasion, M. Patin, secrétaire perpétuel de l'Académie, fait l'éloge de Jules Verne : « Les merveilles usées de la féerie y sont remplacées par un merveilleux nouveau, dont les notions récentes de la science font les frais »[225].
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+ En 1869, Hetzel pousse Jules Verne a entrer à l'Académie française[226]. Celui-ci lui répond : « Qui n'a pas une grande fortune ou une grande situation politique n'a point de chance d'y arriver ! »[227]. Malgré tout, en mars 1876, Jules Verne fait une première démarche pour postuler. Il écrit à Hetzel : « Je vous rappelle, pour mémoire, que voilà deux places vacantes à l'Académie. Vous m'avez un peu mis l'eau à la bouche. Vous avez beaucoup d'amis dans l'illustre corps. Suis-je arrivé à la situation voulue pour resupporter… un échec honorable »[228]. En vain. En 1883, il tente de nouveau sa chance par l'intermédiaire d'Alexandre Dumas fils[229], en espérant ainsi les voix de Victorien Sardou, d'Eugène Labiche et de Maxime Du Camp mais il sait qu'il a deux redoutables concurrents : Alphonse Daudet et Edmond About. C'est ce dernier qui sera élu[230]. Après un nouvel échec en 1884[231], en 1892, alors qu'une place est de nouveau libre, Jules Verne remarque que depuis sa première candidature, ce sont pas moins de trente-sept académiciens qui sont morts et qu'à aucun moment son nom n'a été sérieusement retenu. Il écrit : « Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française »[232].
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+ Du 6 novembre au 22 décembre 1872 parait, dans Le Temps, Le Tour du monde en quatre-vingts jours repris la même année en volume par Hetzel[233]. L'adaptation théâtrale de la pièce en 1874-1875 en collaboration avec Adolphe d'Ennery obtient un prodigieux succès. D'Ennery touche 7 % des recettes, Verne 5 % dont il abandonne la moitié, 1,5 % à Édouard Cadol et 1 % à Émile de Najac. Ce dernier, secrétaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, avait été chargé de faire une adaptation destinée aux États-Unis à partir de la deuxième version établie par Cadol, version qui n'aboutit pas[234]
158
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+ Jules Verne, membre du Yacht Club de France depuis le 4 février 1874[235], dont il est aussi membre honoraire[236], fait construire le Saint-Michel II par l'architecte Abel Le Marchand le 15 janvier 1876. Celui-ci est mis à l'eau trois mois plus tard, le 25 avril 1876. Il s'agit d'un cotre de plaisance sur les plans d'une « hirondelle de la Manche ». Jules Verne a sillonné la Manche et l'Atlantique pendant 18 mois, avant d'acquérir son successeur à l'été 1877[237].
160
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+ 1876 est aussi le début du travail avec D'Ennery sur l'adaptation théâtrale des Enfants du capitaine Grant[238]. La même année, il obtient de la justice que son fils mineur Michel, au comportement rebelle[239], soit placé pour six mois dans une maison de redressement, la colonie pénitentiaire de Mettray[240].
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+ À la fin avril 1877, Honorine Verne, qui organisait tous les mercredis soir des réunions de jeux et de salon, est victime d'abondantes métrorragies qui manquent la faire mourir. Elle est sauvée par une transfusion de sang, cas rarissime à l'époque mais sera de nouveau reprise en décembre 1879[241]. Elle ne peut ainsi être présente au bal costumé que Jules Verne a organisé, sur le thème du Voyage à la Lune[242], pour introduire son fils et ses belles-filles dans la bonne société amiénoise[243]. Les invitations ont été lancées le lundi de Pâques 2 avril 1877[244]. Y est présent, entre autres personnalités, et parmi plus de sept cents invités, son ami Nadar, le modèle de Michel Ardan, héros de ses romans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune, déguisé en son personnage[245], sortant d'un obus qu'on avait roulé au milieu des quadrilles[246].
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+ Début 1878, Jules Verne, en parallèle aux finitions de l'adaptation des Enfants du capitaine Grant, commence celle de Michel Strogoff qu'il évoque depuis l'année précédente[247].
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+ De juin à août 1878, il navigue de Lisbonne à Alger sur le Saint-Michel III[248], puis, en juillet 1879, en Écosse et en Irlande[249]. Troisième croisière en juin 1881, avec son frère, son neveu Gaston et Robert Godefroy : il visite la mer du Nord, la Hollande, l'Allemagne, puis, par le canal de l'Eider, Kiel et la Baltique jusqu'à Copenhague[250]. Paul Verne écrit le récit de ce dernier voyage qui est publié en 1881 chez Hetzel sous le titre De Rotterdam à Copenhague, à la suite de La Jangada, dans une version revue, à la demande de l'éditeur, par Jules Verne[251].
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+
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+ Embarqué de force pour un voyage aux Indes pendant l'été 1879, Michel Verne est mis à la porte par son père en décembre 1879[252] mais continue de vivre à Amiens où son père lui verse une pension[253].
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+ En 1882, Jules Verne déménage du 44, boulevard Longueville, où il réside depuis 1873, pour emménager au 2, rue Charles-Dubois, la fameuse maison à la tour surmontée d'un belvédère, qui présente des similitudes frappantes avec les maisons à tour dans deux de ses romans posthumes, Le Secret de Wilhelm Storitz et La Chasse au météore[254]. Le 8 mars 1885, il donnera un second bal dans sa nouvelle demeure, bal auquel sa femme peut, cette fois, assister[255].
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+ Il décide en 1884 de faire une grande croisière autour de la Méditerranée[256]. Le Saint-Michel III dont le port d'attache était Le Tréport, quitte Nantes le 13 mai. À son bord, se trouvent Paul Verne, Robert Godefroy, Edgar Raoul-Duval, Michel Verne, Louis-Jules Hetzel et son neveu Maurice (1862-1947), fils de Paul, qui prend des notes[257]. Il compte retrouver sa femme, en visite chez sa fille Valentine et son gendre, en Algérie. Le navire arrive à Vigo le 18, à Lisbonne le 23. Verne passe à Gibraltar le 25 mai. À son arrivée à Oran, il retrouve Honorine et est reçu par la Société de géographie de la ville. Les journaux lui consacrent de nombreux articles. Le 10 juin, il est à Bône où le bey de Tunis met à sa disposition un wagon spécial. Retrouvant son navire, il essuie une tempête près de Malte, visite la Sicile, Syracuse, puis Naples et Pompéi[258]. À Anzio, le groupe prend le train pour Rome. Le 7 juillet, Verne est reçu en audience privée par Léon XIII[259]. Curieusement, le lendemain, il rend visite à la loge maçonnique de la ville[260]. Puis il rencontre Louis-Salvador de Habsbourg-Lorraine[261], avec lequel il établit une relation épistolaire qui durera jusqu'à la mort de l'écrivain[262]. Deux mois après le départ du navire, Verne est de retour à Amiens[263]. Il s'inspire de ce voyage dans la rédaction de Mathias Sandorf qui sera publié dans Le Temps du 16 juin au 20 septembre 1885[264].
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+ Le 15 février 1885, il se décide à vendre le Saint-Michel III[265]. L'entretien du yacht devient dispendieux, son fils s'endette et lui coûte cher[266]. Il le cède, à moitié prix, au courtier maritime Martial Noë en juillet 1885[267]. Contrairement à ce que de nombreux biographes ont écrit, il ne vend donc évidemment pas le Saint-Michel à cause de l'attentat dont il est victime le 9 mars 1886[268].
176
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177
+ En effet, à cette date, alors qu'il rentre du Cercle de l'Union vers cinq heures[269], il trouve, après avoir ouvert sa porte de fer, son neveu Gaston armé d'un revolver. Celui-ci tire sur l'écrivain qu'il atteint à la jambe. Gaston, arrêté, est suspecté de folie. Son père, Paul Verne, déclarera que son fils a tiré sur Jules Verne pour attirer l'attention sur celui-ci afin de le faire entrer à l'Académie française. Gaston Verne restera interné jusqu'à sa mort, le 13 février 1938[270]. Robert Godefroy envoie un télégramme à la maison Hetzel[271]. Mais Louis-Jules Hetzel est à Monte-Carlo, au chevet de son père qui s'éteint le 17 mars[272]. La blessure de Jules Verne dont la balle ne pourra jamais être extraite, lui laissera une légère claudication jusqu'à la fin de sa vie[273].
178
+
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+ Le 15 février 1887, sa mère, Sophie Verne, meurt, il ne peut se rendre aux obsèques, car il marche difficilement et sa guérison n'avance pas[274]. Il revient cependant une dernière fois à Nantes dans le courant de cette même année, afin de régler les problèmes de succession et vendre la maison de campagne de ses parents sise rue des Réformes à Chantenay[275].
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+ Contraint de se sédentariser, il reporte son intérêt vers la vie de la cité[276]. Le 6 mai 1888, Jules Verne est élu au conseil municipal d'Amiens sur la liste républicaine (gauche modérée) conduite par Frédéric Petit[277]. Il écrit à son ami Charles Wallut : « Mon unique intention est de me rendre utile et de faire aboutir certaines réformes urbaines. »[278]. Il y siégera jusqu'en 1904 et s'y occupera essentiellement des commissions concernant l'instruction, le musée, le théâtre, la culture en général et l'urbanisme[279].
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+ En 1890, il devient un membre très actif de l'Alliance française[280].
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+ Jules Verne n'était en aucun cas un républicain de grande conviction ; il est toute sa vie resté monarchiste, mais de tendance orléaniste[281]. D'après un article du Bulletin de la Société Jules-Verne[282], il fait partie des 100 000 signataires d’une proclamation de la nationaliste Ligue de la patrie française, parue le 31 décembre 1898 dans le quotidien Le Soleil, organe des monarchistes, aux côtés, entre autres de Juliette Adam, Ernest Legouvé, Francisque Sarcey (ces derniers de l’entourage libéral d’Hetzel), Auguste Renoir ou encore François Coppée parmi vingt-deux académiciens, qui, tous, préfèrent, en pleine affaire Dreyfus, l’honneur national au respect de l’individu. La Ligue se présente indépendante et située au-dessus des partis, évite de joindre ses voix au dénigrement antisémite explicite, mais réagit à la fondation précédente de la Ligue des droits de l'homme qui défend l’honneur de Dreyfus[283]. Elle sera dissoute en 1904[284].
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+ Le dossier sur le projet de cirque municipal[285], déjà proposé durant le précédent mandat du maire, lui prend beaucoup de temps. Il s'y investit fortement, malgré les critiques sur la construction en dur d'un tel édifice. Il fait aboutir son projet et, le 23 juin 1889, prononce le discours d'inauguration[286].
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+ Chevalier de la Légion d'honneur depuis le 9 août 1870[287], Jules Verne est promu au grade d'officier le 19 juillet 1892, non pas pour ses qualités d'écrivain, mais pour son dévouement de conseiller municipal[288]. Il est décoré le 11 octobre suivant par le préfet de la Somme[289].
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+ Le 27 août 1897, son frère Paul meurt des suites de troubles cardiaques dont il souffrait depuis longtemps[290]. Verne reste prostré et refuse tout déplacement. Il écrit à son neveu Maurice :
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+ « Mon cher Maurice,
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+ Le 24 novembre 1898, il démissionne de la Société de géographie[292].
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+ En 1900, Verne quitte l'hôtel particulier qu'il loue rue Charles-Dubois et réintègre la maison dont il est propriétaire depuis septembre 1873 du 44 boulevard de Longueville[294]. L'appartement, moins spacieux, lui permet d'y vivre plus facilement. Il y garde ses habitudes : un cabinet de travail et sa bibliothèque attenante. Toujours la même table sur laquelle il écrit depuis trente ans[295]. L'écrivain avoue à un visiteur, Robert Sherard : « La cataracte a eu mon œil droit, mais l'autre est encore assez bon. »[296].
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+ En 1902, il sent ses forces intellectuelles diminuer. À une demande du directeur de l'Académie d'Amiens, il répond : « Vous me demandez d'écrire quelque chose pour l'Académie. Oubliez-vous donc qu'à mon âge les mots s'en vont et les idées ne viennent plus. »[297].
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+ Il n'écrit pratiquement plus mais confie à Robert H. Sherard qu'il a beaucoup d'avance et que ce n'est pas si grave qu'il doive travailler lentement[298]. En effet, dès 1892, Verne tient une liste des romans écrits et les corrige au fur et à mesure de leur parution[299]. Malgré tout, il accepte la présidence du Groupe espérantophone d'Amiens. Ardent défenseur de cette toute jeune langue internationale, il promet à ses amis d'écrire un roman où il décrira les mérites de l'espéranto. Il commence la rédaction de Voyage d'études vers la fin de l'année. Mais, épuisé, il pose sa plume au bout de six chapitres : lorsqu'il entama la rédaction de ce roman en juillet 1903 sur la base d'une trame détaillée, Jules Verne avait en effet situé l'action au Congo. La presse, à la suite d'Edmund Dene Morel, se faisant l'écho en juillet et août 1903 de graves exactions contre les populations indigènes, Jules Verne suspend sa rédaction[300]. Le brouillon sera repris par son fils Michel, mais l'œuvre finale (L'Étonnante Aventure de la mission Barsac) ne fera pas allusion à l'espéranto[301].
202
+
203
+ Le diabète, qui attaque son acuité visuelle, l'anéantit petit à petit[302]. Après une sévère atteinte vers la fin de 1904, une nouvelle crise le terrasse, le 17 mars de l'année suivante[303].
204
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205
+ Jules Verne s'éteint le 24 mars 1905 à Amiens, dans sa maison du 44 boulevard Longueville (aujourd'hui boulevard Jules Verne). Ses obsèques, célébrées à l'église Saint-Martin d'Amiens, attirent une foule de plus de cinq mille personnes. Plusieurs discours sont prononcés, notamment celui de Charles Lemire pour la Société de géographie[304]. L'empereur Guillaume II envoie le chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne présenter ses condoléances à la famille et suivre le cortège. Ce jour-là, aucun délégué du gouvernement français n'était présent aux funérailles[305]. L'écrivain est inhumé au cimetière de la Madeleine à Amiens[306]. Sa tombe en marbre est réalisée en 1907 par le sculpteur Albert Roze. Intitulée « Vers l'Immortalité et l'Éternelle Jeunesse », elle représente l'écrivain (ou l'allégorie de son œuvre) soulevant la pierre brisée de sa sépulture en écartant le linceul qui le drape, le bras tendu vers le ciel. La tombe est vraisemblablement inspirée par la lettre d'Achille Moullart (1830-1899), directeur de l'Académie d'Amiens, qui lors de la réception de Jules Verne à l' Académie avait écrit : « Un grand peuple est tombé au dernier degré de l'abaissement, et à quelque temps de là, quand ses ennemis et ses envieux chantaient un de profundis ironique sur la tombe où ils le croyaient enseveli, on l'a vu soulever peu à peu la pierre, sortir de son linceul et apparaître plus vivant et plus fort »[307].
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207
+ Honorine Verne rejoint son mari, cinq ans après, le 29 janvier 1910[308].
208
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209
+ Sept romans de Jules Verne et un recueil de nouvelles paraîtront après sa mort, publiés par son fils Michel Verne, qui prendra la responsabilité de remanier les manuscrits[309]. En 1907, un huitième roman, L'Agence Thompson and Co., sera entièrement écrit par Michel, mais paraîtra sous le nom de Jules Verne[310].
210
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211
+ Les romans de Jules Verne seront fréquemment adaptés au cinéma et à la télévision, leur récit à grand spectacle se prêtant particulièrement aux productions hollywoodiennes. Il en est de même de la bande dessinée.
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+
213
+ Ses personnages sont des icônes de l'imaginaire populaire (tels Phileas Fogg, le capitaine Nemo ou Michel Strogoff). De nombreux navires portent ou ont porté son nom et de nombreux événements lui sont dédiés, parmi lesquels :
214
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215
+ Vladimir Poutine affirme en 2005 qu'« il est rare de trouver aujourd'hui en Russie quelqu'un qui, enfant, ne se soit pas passionné pour Jules Verne ou Dumas. »[N 21]
216
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217
+ Entre autres, en France, la Société Jules-Verne, fondée en 1935 et le Centre international Jules-Verne, fondé en 1971, regroupent une importante communauté de chercheurs dits Verniens travaillant à la mise en valeur et au développement scientifique des recherches sur Jules Verne. Ces deux organismes publient le Bulletin de la Société Jules-Verne et la Revue Jules Verne. Aux États-Unis existent la North American Jules Verne Society[312] et la revue en ligne Verniana, bilingue[313], et en Amérique latine la Sociedad Hispánica Jules Verne[314] qui édite la revue Mundo Verne. D'autres associations, moins importantes, existent aussi dans différents pays, comme la Pologne ou les Pays-Bas[315].
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+
219
+ Deux musées lui sont consacrés, la Maison de Jules Verne à Amiens et le Musée Jules-Verne à Nantes.
220
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+ En 2005, une exposition intitulée Jules Verne, le roman de la mer lui est consacrée au Musée national de la Marine à Paris.
222
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223
+ En 2015, Jules Verne est le vingt-troisième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics et établissements privés conventionnés français : pas moins de 230 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434)[316].
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+
225
+ Dès le début du XXe siècle, l'œuvre de Jules Verne a fortement inspiré le cinéma[317]. Avec plus de trois cents adaptations au cinéma et à la télévision réalisées dans le monde, dont une centaine à Hollywood, Jules Verne est le quatrième auteur le plus porté à l'écran, après Shakespeare, Dickens et Conan Doyle[318].
226
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+ Le Tour du monde en 80 jours est un des romans les plus adaptés. Dès 1913, il l'est en Allemagne par Carl Werner puis en 1919 par Richard Oswald. Un serial librement adapté par Reeves Eason et Robert Hill est tourné en 1923 : Around the World in 18 days où, à travers douze épisodes William Desmond et Laura La Plante se promènent en dix-jours en utilisant toutes sortes de moyens de locomotion. En 1956, le succès est immense pour Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Michael Anderson produit par Michael Todd et en 1963, est créée la parodie The Three Stooges Go Around the World in a Daze (en). Parmi les nombreuses adaptations du roman, citons encore un téléfilm de Pierre Nivollet en 1975, le documentaire Around the World in 80 Minutes with Douglas Fairbanks (en) (1931)[319], l'adaptation très libre de Frank Coraci Around the World in 80 Days en 2004, la mini-série du même nom de Buzz Kulik en 1989 ou encore le dessin-animé nippo-espagnol La Vuelta al Mundo de Willy Fog en 1981.
228
+
229
+ Du vivant même de l'auteur, Ferdinand Zecca réalise en 1901 Les Enfants du capitaine Grant[320]. Ce roman est de nouveau adapté en 1913 par Henry Roussel puis en Russie, en 1936, Vladimir Vaïnchtok (ru) et David Gutman en réalisent la première version parlante et en 1962 Walt Disney Pictures produit In Search of the Castaways réalisé par Robert Stevenson avec Maurice Chevalier qui prête ses traits à Jacques Paganel [321].
230
+
231
+ Le propre fils de l'écrivain, Michel crée la Société Le Film Jules Verne en 1912 et signe en parallèle un contrat avec la société d'édition Éclair Films. Il leur cède les droits d'adaptation de huit romans de son père, prend part au tournage des Enfants du Capitaine Grant (1914)[322] et supervise Les Indes noires en 1916-1917 avant de résilier son contrat avec Éclair en août 1917. Il s'associe alors avec un homme d'affaires, Jules Schreter, pour développer sa société. En 1918-1919, il réalise ainsi : L'étoile du Sud, Les 500 millions de la Bégum et La Destinée de Jean Morénas. La société Le Film Jules Verne est vendue en 1932 au producteur Alexander Korda et à la London Films puis cesse ces activités en 1966[323].
232
+
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+ Avec plus ou moins de fidélité aux romans d'origine et plus ou moins de réussite, les projets d'adaptation se multiplient dès la période du cinéma muet, parmi lesquels certains feront date comme ceux de Georges Méliès dont le plus célèbre est Le Voyage dans la Lune (1902)[324], comme Vingt Mille Lieues sous les mers de Stuart Paton en 1916, comme Michel Strogoff de Victor Tourjanski en 1926.
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+ Avec le cinéma parlant, l'œuvre de Jules Verne sera une source d'inspiration durable pour le cinéma hollywoodien qui en produira régulièrement des adaptations[325] : Vingt Mille Lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954), film qui connaîtra une redistribution en 1963 et une autre en 1971, marquera le début d'un cycle d'adaptations verniennes qui durera plus de dix-sept ans[318] dont Tour du monde en quatre-vingts jours par Michael Anderson (1956), Voyage au centre de la Terre d'Henry Levin (1959), L'Île mystérieuse de Cy Endfield (1961), Cinq Semaines en ballon d'Irwin Allen (1962), L'Étoile du sud de Sidney Hayers et Orson Welles (1969), Le Phare du bout du monde de Kevin Billington (1971) et en Espagne Un capitaine de quinze ans de Jesús Franco (1974)[326], en France Les Tribulations d'un Chinois en Chine, adaptation fantaisiste de Philippe de Broca en 1965, en Tchécoslovaquie Le Château des Carpathes adaptation encore plus fantaisiste d'Oldřich Lipský en 1981.
236
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+ Parmi tous les réalisateurs qui se sont attachés à transposer l'œuvre du romancier français à l'écran, Karel Zeman occupe une place à part. Pionnier du cinéma d'animation tchèque, Zeman réalise, entre 1955 et 1970, quatre longs métrages inspirés par la lecture des Voyages extraordinaires et les illustrations originales des éditions Hetzel : Voyage dans la Préhistoire (1955), L'Invention diabolique ou Les Aventures fantastiques (1958), Le Dirigeable volé (1968) et L'Arche de monsieur Servadac (1970). Dans une filiation revendiquée à Georges Méliès et au cinéma muet, Karel Zeman y mêle image réelle, animation et trucage[327].
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+
239
+ En 2015, l'influence de Jules Verne se ferait encore sentir, selon l'universitaire américain vernien Brian Taves[328] dans des productions du genre Ex Machina, Avengers : L'Ère d'Ultron et surtout Tomorrowland, qui témoigne de l'esprit d'exploration et de l'idéalisme qui imprègnent l'univers de l'auteur[318].
240
+
241
+ Le Théâtre de la jeunesse a servi lui aussi à faire connaître et à illustrer l'œuvre de Jules Verne.
242
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243
+ Autres adaptations :
244
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245
+ En 1978, le compositeur Paul-Baudouin Michel composa son œuvre pour orgue « Le tombeau de Jules Verne » (op. 94)[330].
246
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247
+ En 2015, Nicolas Nebot et Dominique Mattei créent un spectacle musical s'inspirant des personnages des œuvres de Jules Verne : Jules Verne le Musical[331],[332].
248
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249
+ Comme pour les arts cinématographiques ou d'animation, les adaptations en bandes dessinées et mangas sont très nombreuses[333]. Déjà à Barcelone à la fin du XIXe siècle apparaissent des aucas (en catalan), aleluya (en espagnol), feuilles d'images monochromes sur papier blanc, vert, brun ou mauve. Ainsi la maison Sucesor de Antonio Bosch adapte Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, Aventures de trois Russes et de trois Anglais et L'Ile mystérieuse, avec des dessins copiant les gravures des éditions in-8 Hetzel. Le même éditeur publie une adaptation de De la Terre à la Lune et d' Autour de la Lune sous le titre De la Tierra al Sol pasando por la Luna dont dix-huit des quarante-huit vignettes sont issues des romans lunaires puis s'en éloignent à partir de la vignette no 19 ainsi que le texte, les héros descendant sur la Lune et y rencontrant des voyageurs d'un autre obus. Parmi d'autres aucas : Los sobrinos del Capitán Grant[334], tirée de la zarzuela de Miguel Ramos Carrión (en), Aventuras de tres Rusos y de tres Ingleses ou Veinte mil leguas de viaje submarino[335].
250
+
251
+ Dès 1905 Winsor McCay crée Little Nemo. Au début du XXe siècle, l'Imagerie Pellerin publie trois titres de Jules Verne : Aventures du capitaine Hatteras (série Aux armes d'Épinal no 71), Cinq Semaines en ballon (même série, no 72) et Kéraban-le-Têtu (sans nom de série, no 643). Il s'agit de planches avec des petits résumés qui accompagnent les vignettes (neuf pour Hatteras, seize pour Cinq semaines et seize pour Kéraban)[336].
252
+
253
+ Aux États-Unis, dans la série de bandes dessinées Classiques illustrés paraissent à partir de 1946 de très nombreux romans de Jules Verne. Ils connaissent aussi dans la même série des traductions aux Pays-Bas, en Suède, au Danemark et en Grèce. Dans les années 1970, pratiquement tous les romans de Jules Verne sont adaptés en Espagne et de très nombreux en Italie[337].
254
+
255
+ En France, Le Journal de Mickey dans les années 1950 produit quelques adaptations et Hachette publie un intermédiaire entre les images d’Épinal et la bande dessinée avec Vingt Mille Lieues sous les mers. Autres adaptations marquantes, Le démon des glaces de Jacques Tardi (1974), pastiche L'Ile mystérieuse, Vingt Mille Lieues sous les mers et Les Mémoires d'un aventurier de François Dimberton (1989-1991). On y voit Jules, Michel et Honorine Verne accueillir à leur bord un des héros lors d'une croisière de Jules Verne[338].
256
+
257
+ En juillet 1979, les éditions Vaillant publient un album broché hors-série de Pif Parade intitulé Jules Verne en bandes dessinées dont la couverture parodie les cartonnages Hetzel[339], adaptation de cinq romans de Jules Verne : La Maison à vapeur, Maître du monde, Le Secret de Wilhelm Storitz, Sans dessus dessous et Les 500 millions de la Bégum[340].
258
+
259
+ L’emprunt à l’œuvre vernienne la plus criante reste Les Aventures de Tintin de Hergé où de nombreuses péripéties et de nombreux personnages sont issus de l'univers vernien[341],[342]. Ainsi, par exemple, les Dupond-t ont-ils les traits des détectives Craig et Fry des Tribulations d'un Chinois en Chine[343], Tryphon Tournesol, ceux de Palmyrin Rosette d'Hector Servadac ou le docteur Schulze « de l'université d'Iéna » (L'Étoile mystérieuse) a pour équivalent physique et moral le docteur Schultze « de l'université d'Iéna » des Cinq cents millions de la Bégum[344]. Les Enfants du capitaine Grant et Vingt Mille Lieues sous les mers ont de nombreux points communs avec Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge[345] ou encore Objectif Lune et On a marché sur la Lune rappellent De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[346].
260
+
261
+ Parmi les adaptations modernes, se distinguent dans la série Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters, La Route d'Armilia (Casterman, 1988) avec son personnage de Ferdinand Robur Hatteras et des mêmes auteurs. L'écho des cités: histoire d'un journal (Casterman, 1993), journal dont le directeur est Michel Ardan[347]. Magic Strip publie aussi en 1986 une version moderne dramatique du Rayon vert et Jean-Claude Forest laisse une Mystérieuse : matin, midi et soir, adaptation en science-fiction de L'Île mystérieuse (1971)[348].
262
+
263
+ Énumérer l'ensemble des sources utilisées par Verne ne peut être exhaustif mais il est possible de remarquer qu'en grande partie son œuvre est orientée vers sa propre époque[349]. Dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse Jules Verne évoque quelques influences :
264
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265
+ Il écrit aussi qu'il admire Le Robinson suisse de Johann David Wyss plus que le Robinson Crusoé de Daniel Defoe[350].
266
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+ À Marie A. Belloc venue l'interviewer, il explique sa méthode de travail : « [...] bien avant d'être romancier, j'ai toujours pris de nombreuses notes en lisant les livres, les journaux, les magazines ou les revues scientifiques. Ces notes étaient et sont toutes classées selon le sujet auquel elles se rapportent, et c'est à peine si j'ai besoin de vous dire à quel point cette documentation a une valeur inestimable »[351]. Belloc observe que ces notes sont rangées dans des casiers en carton. Elles sont conservées à la Bibliothèque municipale d'Amiens (Fonds Piero Gondolo della Riva)[352].
268
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269
+ Parmi les revues qu'il utilise le plus, Le Tour du monde, le journal des voyages et le Bulletin de la Société de géographie, se distinguent[353]. Il se documente aussi, entre autres, dans le Musée des familles, Le Magasin pittoresque, La Science illustrée, L'Univers illustré, la Revue maritime et coloniale, le Magasin d’éducation et de récréation ou encore dans La Gazette médicale de Paris[354].
270
+
271
+ Son œuvre littéraire entre en relation avec de nombreux auteurs comme Victor Hugo, Walter Scott, Charles Dickens, Robert Louis Stevenson, Alexandre Dumas, George Sand, Edgar Allan Poe, Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Baudelaire... pour ses contemporains[355] ou Xavier de Maistre, Chateaubriand, E. T.A. Hoffmann... pour ceux qui l'ont précédé[356].
272
+
273
+ Dans les domaines qu'il maîtrise moins, en particulier la science, il fait appel à des proches comme Joseph Bertrand ou Henri Garcet pour les mathématiques[357], Albert Badoureau pour la physique[358] ou à son frère Paul, pour la navigation[359].
274
+
275
+ « Jules Verne ! quel style ! rien que des substantifs ! »
276
+
277
+ — Guillaume Apollinaire[360].
278
+
279
+ Après son travail préalable de recherche sur le sujet qu'il a choisi, Jules Verne établit les principales lignes de son futur roman : « Je ne commence jamais un livre sans savoir ce que seront le début, le milieu et la fin »[361]. Il dresse alors un plan des chapitres et commence l'écriture d'une première version au crayon « en laissant une marge d'une demi-page pour les corrections »[361]. Il lit ensuite le tout et le repasse à l'encre. Il considère que son véritable travail commence avec le premier jeu d'épreuves. Il corrige alors chaque phrase et récrit des chapitres entiers[362]. Les manuscrits de Jules Verne témoignent de l’important travail de corrections, ajouts, réécritures qu'il effectue et des nombreuses critiques et notes de son éditeur[363]. Son but est de devenir un véritable styliste comme il l'écrit lui-même à Hetzel :
280
+
281
+ Dans une lettre à Mario Turiello[365], Jules Verne précise sa méthode : « Pour chaque pays nouveau, il m'a fallu imaginer une fable nouvelle. Les caractères ne sont que secondaires ».
282
+
283
+ Jean-Paul Dekiss étudiant le style de Jules Verne écrit : « Son rapport singulier à l'éducation a fait de Jules Verne un auteur pour enfants ; l'intérêt documentaire qu'il porte à la science le fait auteur scientifique ; sa réussite dans l'anticipation, auteur de science-fiction ; l'aventure le fait classer par la critique littéraire auteur populaire de second rang ; par l'arrière-plan auquel il relègue les analyses psychosociologiques il est considéré sans profondeur ; son style transparent est transformé en style inexistant. Que de malentendus !... »[366].
284
+
285
+ Malgré tout, certains auteurs louent le style de Jules Verne, dont Ray Bradbury, Jean Cocteau, Jean-Marie Le Clézio, Michel Serres[367], Raymond Roussel, Michel Butor, Péter Esterházy[368] et Julien Gracq[369], Régis Debray[370]. Michel Leiris écrit : « Il restera, quand tous les autres auteurs de notre époque seront oubliés depuis longtemps »[371].
286
+
287
+ Jules Verne utilise ainsi dans les péripéties de ses romans l'histoire et la géographie, les techniques et les sciences, le tout pour produire de l'imaginaire. Il ne s'arrête pas à l'anecdote et par les connaissances, exploite ses sources pour passer au-delà du réel. « Elles donnent aux personnages et à leurs actes une transparence, une luminosité particulière qui est celle des rêves, de l'enchantement et des mythes »[372]. Daniel Compère ajoute : « Il existe chez Verne une tendance à fictionner le réel, à projeter dans les récits et descriptions qu'il lit des personnages et des événements romanesques. Cette tendance se retrouve également dans les récits historiques que Verne a consacrés aux grands voyageurs depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle »[373].
288
+
289
+ Derrière une apparente diversité, ce sont les thèmes qui donnent à l'œuvre de Jules Verne une unité profonde. À peine indiqués dans certains ouvrages, dans d'autres, ils deviennent le noyau de l'histoire. Un simple exemple, ce fameux rayon vert, qui donne son titre au roman de 1882, est déjà évoqué dans des œuvres antérieures et le sera également dans des romans postérieurs. Ces fils d'Ariane assurent la cohésion à l'ensemble des écrits de Verne, toutes formes confondues (nouvelles, théâtre, Voyages extraordinaires, ébauches, poèmes)[374].
290
+
291
+ Les personnages de l’œuvre de Jules Verne ont fait l'objet de plusieurs études[375]. Parmi les principales :
292
+
293
+ Si Jules Verne a influencé des générations de lecteurs et d'écrivains de science-fiction, son œuvre est marquée par les topoï littéraires de son époque.
294
+
295
+ Des stéréotypes antisémites sont présents dans certaines œuvres[376], notamment dans Hector Servadac[377] :
296
+
297
+ « Petit, malingre, les yeux vifs mais faux, le nez busqué, la barbiche jaunâtre, la chevelure inculte, les pieds grands, les mains longues et crochues, il offrait ce type si connu du juif allemand, reconnaissable entre tous. C'était l'usurier souple d'échine, plat de cœur, rogneur d'écus et tondeur d'œuf. L'argent devait attirer un pareil être comme l'aimant attire le fer, et, si ce Shylock fût parvenu à se faire payer de son débiteur, il en eût certainement revendu la chair au détail. D'ailleurs, quoiqu'il fût juif d’origine, il se faisait mahométan dans les provinces mahométanes, lorsque son profit l'exigeait, chrétien au besoin en face d'un catholique, et il se fût fait païen pour gagner davantage. Ce juif se nommait Isac Hakhabut. »
298
+
299
+ — Hector Servadac, Chapitre XVIII
300
+
301
+ « Beaucoup de Juifs, qui ferment leurs habits de droite à gauche, comme ils écrivent, – le contraire des races aryennes. »
302
+
303
+ — Claudius Bombarnac, I
304
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305
+ Verne applique ainsi le stéréotype du juif dans la littérature et l'imagerie populaire, dans l'esprit de l'usurier Gobseck ou du Nucingen de La Comédie humaine, du Marchand de Venise, du Shylock de Shakespeare, de ses lectures d'Alphonse Toussenel, des sources qu'il exploite aussi, ou, entre autres, du Victor Hugo des Burgraves. À la publication d'Hector Servadac, le grand rabbin de Paris, Zadoc Kahn dénonce l'antisémitisme de Verne. Son parti pris caricatural, correspondant à l'antisémitisme ambiant, avait pourtant déjà été utilisé dans sa nouvelle Martin Paz en 1852, sans qu'aucune réserve ne soit alors soulevée[378]. Il retient vraisemblablement la leçon du rabbin et de son éditeur puisque cet aspect-là ne réapparait plus ensuite dans son œuvre[379]. Jean-Paul Dekiss explique : « Jules Verne reprend malheureusement une image à son époque répandue et n'a pas mesuré les conséquences d'un choix aussi déplorable [...] A sa décharge, s'il utilise le personnage du méchant juif pour dénoncer le rôle néfaste de l'argent, c'est au phénomène de l'usure qu'il s'attaque, non à une minorité religieuse »[378].
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307
+ Un autre fait, touchant à la biographie de Jules Verne, peut expliquer cette caricature antisémite du personnage d'Isac Hakhabut. Au moment de la rédaction du roman, Jules Verne est aux prises avec l'affaire Olschewitz, une famille juive polonaise qui défraie la chronique en déclarant que l'auteur des Voyages extraordinaires se nomme en réalité Julius Olschewitz[N 22]. Cette affaire l'exaspère[380]. Il cherche alors à prouver son origine catholique : « Étant breton, je suis par raison, par raisonnement, par tradition de famille chrétien et catholique romain. » (lettre à Madame Antoine Magnin)[381]. On en trouve aussi de nombreux échos dans sa correspondance avec son éditeur[382]. De plus, à la même époque Jules Verne se considérait spolié (à tort) par Jacques Offenbach pour la féerie Voyage dans la Lune, et (à raison) par Adolphe d'Ennery, pour les droits de l'adaptation du Tour du monde en 80 jours, tous les deux de confession israélite[383]. Par ailleurs, Verne détestait se rendre à Antibes dans la villa de son collaborateur, qui menait une vie assez dissolue aux yeux de l'écrivain[384]. Le manuscrit d'Hector Servadac contient ainsi des précisions qui ciblent sans ambiguïté D'Ennery, mais qui ont disparu de la version publiée[385].
308
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309
+ Verne a d'abord été anti-dreyfusard avant de changer d'avis[386]. Ayant de nombreux membres de sa famille dans l'armée, tel le général Georges Allotte de La Fuÿe, son cousin germain, modèle du personnage d'Hector Servadac, qui a lu et corrigé le roman du même nom[387], ce soutien peut se comprendre. À Louis-Jules Hetzel il écrit par exemple au sujet de l'affaire Dreyfus : « Que sera ce jour de l'an au milieu de l'anarchie morale où notre pauvre pays est tombé ? Je ne sais guère. Mais c'est tout simplement abominable, et je ne saurais trop vous dire à quel point j'ai été surpris et chagriné de l'intervention de Poincaré il y a quelques semaines. Et comment tout cela finira-t-il ? »[388] et quelques mois plus tard au lendemain du vote de la Chambre d'une loi dite de dessaisissement attribuant à la Cour de cassation la décision à prendre pour la révision du procès de Dreyfus : « Moi, qui suis anti-dreyfusard dans l'âme, j'approuve, c'est ce qu'il y avait de mieux à faire sur la question de la révision. Mais je comprends de moins en moins l'attitude de notre Poincaré »[389]. Raymond Poincaré, qui en 1896, avait été l'avocat de Jules Verne et de Louis-Jules Hetzel dans une affaire en diffamation (l'inventeur Eugène Turpin s'étant reconnu dans le personnage de Thomas Roch du roman Face au drapeau) où l'accusateur fut, à tort, débouté[390], dreyfusard, protestait contre cette décision qui introduisait l'arbitraire.
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+ Progressivement, et les preuves s'accumulant, Jules Verne change d'avis. Michel Verne ardent dreyfusard n'est sans doute pas étranger à ce changement de cap[391]. Au même moment, Jules Verne rédige Les Frères Kip dans lequel des innocents sont condamnés au bagne[391].
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+ Jules Verne, bien qu'anti-colonialiste, reprenant les sources qu'il emploie, n'échappe pas aux préjugés de son époque[392] :
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+ « [...] - Mais ces indigènes, demanda vivement Lady Glenarvan, sont-ils ?...
316
+ -Rassurez-vous, madame, répondit le savant [...] ces indigènes sont sauvages, abrutis, au dernier échelon de l'intelligence humaine, mais de mœurs douces, et non sanguinaires comme leurs voisins de la Nouvelle-Zélande. S'ils ont fait prisonniers les naufragés du Britannia, ils n'ont jamais menacé leur existence, vous pouvez m'en croire. Tous les voyageurs sont unanimes sur ce point que les Australiens ont horreur de verser le sang, et maintes fois ils ont trouvé en eux de fidèles alliés pour repousser l'attaque des bandes de convicts, bien autrement cruels. »
317
+
318
+ — Les Enfants du capitaine Grant, chapitre IV
319
+
320
+ L'œuvre de Jules Verne, comme celle de la plupart des auteurs de l'époque, marque quelquefois une condescendance voire un parfait mépris envers les « sauvages » ou « naturels » :
321
+
322
+ « Quelques minutes après, le Victoria s’élevait dans l’air et se dirigeait vers l’est sous l’impulsion d’un vent modéré.
323
+ « En voilà un assaut ! dit Joe.
324
+ — Nous t'avions cru assiégé par des indigènes.
325
+ — Ce n'étaient que des singes, heureusement ! répondit le docteur.
326
+ — De loin, la différence n’est pas grande, mon cher Samuel.
327
+ — Ni même de près, répliqua Joe. »
328
+
329
+ — Cinq Semaines en ballon, chapitre XIV
330
+
331
+ Cependant, Jean Chesneaux et Olivier Dumas, ont remarqué chacun de leur côté que : « Ce racisme de Jules Verne, son attitude méprisante, s'applique davantage aux couches dirigeantes et aux aristocraties tribales qu'aux peuples d'Afrique et d'Océanie dans leur ensemble. Ce qu'il dénonce le plus volontiers, comme typique de la « barbarie » africaine, ce sont les hécatombes rituelles à l'occasion des funérailles d'un souverain, tel le roitelet congolais dans Un capitaine de quinze ans (seconde partie, chapitre 12) ou les immolations massives de prisonniers en l'honneur de l'intronisation du nouveau roi du Dahomey auxquelles met fin Robur du haut de son aéronef (p. 142). »[393]
332
+
333
+ Et il est vrai que ce genre de remarque reste occasionnel ; on trouve davantage de personnages de couleur présentés sous un angle positif, à l'instar de Tom, Austin, Bat, Actéon et Hercule dans Un capitaine de quinze ans (« […] on pouvait aisément reconnaître en eux de magnifiques échantillons de cette forte race […] »). Il faut ajouter les sauvages de la Papouasie dans Vingt Mille Lieues sous les mers, à propos desquels le capitaine Nemo, retiré d'une « civilisation » composée de Blancs, s'exclame : « Et d'ailleurs sont-ils pires que les autres ceux que vous appelez les sauvages ? » Il repoussera par des charges électriques inoffensives la menace qu'ils font peser sur son équipage. Il se montrera en revanche sans pitié pour un navire européen (on saura dans L'Ile mystérieuse qu'il était britannique) qui a fait périr toute sa famille. On y apprendra aussi que le capitaine Nemo était un Hindou — donc un Asiatique —, qui participa à la Révolte des cipayes en 1857. Enfin, le colonialisme britannique en Océanie est plusieurs fois fustigé dans les Voyages extraordinaires : Les Enfants du capitaine Grant, La Jangada, Mistress Branican[394].
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335
+ De plus, dans ces romans, Jules Verne prend nettement position contre l'esclavage, position qu'il a réaffirmée à plusieurs reprises, notamment à propos de la guerre de Sécession[395]. C'est un militant de cette cause, ayant constamment applaudi à l'abolition de 1848[396]. Dans ce domaine, il est de surcroît sans concession quant aux responsables et profiteurs de l'esclavage. Ainsi, notamment dans Un capitaine de quinze ans, il s'en prend aux roitelets africains qui s'adonnent à de ravageuses guerres et à de fructueuses captures suivies de mises en esclavage de leurs frères de race, tournant souvent au drame, mais aussi à l'esclavage pratiqué dans les pays musulmans en rappelant :
336
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+ « L’Islam est favorable à la traite. Il a fallu que l’esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l’esclave blanc d’autrefois. »
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+ Pour autant, il n'accorde pas aux Noirs l'égalité avec les Blancs : lorsqu'ils ne sont pas des sauvages sans pitié, les Noirs sont des serviteurs, tout dévoués à leur maître, et ne prétendant pas à un autre statut. Ainsi, dans Deux Ans de vacances, le mousse Moko, du même âge que les autres enfants, est à leur entier service, et ne prend pas part au vote qui désignera le chef de la petite colonie, ni à aucun débat :
340
+
341
+ « Moko, en sa qualité de noir, ne pouvant prétendre et ne prétendant point à exercer le mandat d'électeur […] »
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+
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+ — Deux Ans de vacances, chapitre XVIII
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+ Jean Chesneaux souligne le fait qu'« aucun roman vernien n'est consacré à l'expansion coloniale française proprement dite », pas plus qu'à la traite atlantique totalement ignorée. « En dépit de l'effort de compréhension envers les luttes contre le pouvoir colonial et de sa sympathie secrète pour les rebelles tels Nana-Sahib, Jules Verne n'en accepte pas moins la domination coloniale comme un fait inéluctable et acquis, mieux, comme un fait historiquement nécessaire. »[397] Mais d'autres chercheurs ont contredit ces propos en prenant entre autres l'exemple du roman L'Invasion de la mer, traitant du sujet[398].
346
+
347
+ Les dates entre parenthèses indiquent la première publication[399].
348
+
349
+ À la mort de Jules Verne en mars 1905, plusieurs de ses manuscrits sont en attente de publication et certains ont déjà été fournis à l'éditeur. Ces romans et nouvelles ont pour la plupart été remaniés par Michel Verne, fils de l'auteur, avant leur publication. Les versions originales n'ont été publiées que plusieurs décennies plus tard. La date indiquée entre parenthèses est celle de la première publication. La date de rédaction est indiquée entre crochets.
350
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351
+ La date entre parenthèses est celle de rédaction supposée du texte.
352
+
353
+ Jules Verne est d'abord attiré par le théâtre, mais n'y connaîtra qu’un succès fragile jusqu'à ce que certains des Voyages extraordinaires soient portés à la scène. Plusieurs de ses pièces ont été écrites en collaboration. La date est celle de la première représentation. Est aussi mentionnée la date de première publication. Les pièces qui n'ont pas été représentées sont répertoriées dans l'article détaillé Théâtre de Jules Verne[488].
354
+
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+ Cent-quatre-vingt-quatre poésies et chansons de Jules Verne ont été répertoriées jusqu'à présent. La plupart des chansons sont parues dans deux recueils de musique d'Aristide Hignard : Rimes et Mélodies. Un grand nombre de poésies proviennent de deux cahiers de poésies manuscrites. Ces cahiers ont été édités[497].
356
+
357
+ Les dates entre parenthèses sont simplement supposées.
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359
+ En 1886, alité, à la suite de l'attentat perpétré contre lui par son neveu Gaston, Jules Verne recommence à versifier, en écrivant des triolets sur les personnes en vue d'Amiens. Une première série comprend dix-neuf triolets:
360
+
361
+ Puis, trente-trois autres triolets de 1890 à 1895 :
362
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363
+ De très nombreuses lettres de ou à Jules Verne sont publiées dans le Bulletin de la Société Jules-Verne de sa fondation (1935) à aujourd’hui. Parmi ses correspondants : Edmondo De Amicis, Jean Chaffanjon, Alexandre Dumas fils, Adolphe d'Ennery, Félix Fénéon, Théophile Gautier, Philippe Gille, Charles Lemire, Hector Malot, Nadar, Émile Perrin, Mario Turiello, Charles Wallut etc.
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+ ainsi que dans les ouvrages :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Jules Verne, par sa popularité, est le sujet de très nombreuses études biographiques et bibliographiques, de valeurs très inégales, certains biographes n'étant que des compilateurs d'ouvrages précédemment parus, cherchant parfois uniquement le sensationnel plus que la rigueur scientifique, loin de l’exégèse. Pour établir une bibliographie pertinente et rigoureuse, plusieurs recherches ont été publiées :
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+ Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes et mort le 24 mars 1905 à Amiens, est un écrivain français dont l'œuvre est, pour la plus grande partie, constituée de romans d'aventures évoquant les progrès scientifiques du XIXe siècle.
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+ Bien qu'il ait d'abord écrit des pièces de théâtre, Verne ne rencontre le succès qu'en 1863 lorsque paraît, chez l'éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1886), son premier roman, Cinq Semaines en ballon. Celui-ci connaît un très grand succès, y compris à l'étranger. À partir des Aventures du capitaine Hatteras, ses romans entreront dans le cadre des Voyages extraordinaires, qui comptent 62 romans et 18 nouvelles, parfois publiés en feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse, ou dans des périodiques destinés aux adultes comme Le Temps ou le Journal des débats.
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+ Les romans de Jules Verne, toujours très documentés, se déroulent généralement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Ils prennent en compte les technologies de l'époque — Les Enfants du capitaine Grant (1868), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), Michel Strogoff (1876), L'Étoile du sud (1884), etc. — mais aussi d'autres non encore maîtrisées ou plus fantaisistes — De la Terre à la Lune (1865), Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), Robur le Conquérant (1886), etc.
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+ Outre ses romans, on lui doit de nombreuses pièces de théâtre, des nouvelles, des récits autobiographiques, des poésies, des chansons et des études scientifiques, artistiques et littéraires. Son œuvre a connu de multiples adaptations cinématographiques et télévisuelles depuis l'origine du cinéma ainsi qu'en bande dessinée, au théâtre, à l'opéra, en musique ou en jeu vidéo.
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+ L'œuvre de Jules Verne est universelle ; selon l’Index Translationum, avec un total de 4 751 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et devant Shakespeare[1]. Il est ainsi, en 2011, l'auteur de langue française le plus traduit dans le monde[2]. L'année 2005 en France a été déclarée « année Jules Verne », à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain[3].
14
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15
+ Jules Gabriel Verne[4] naît au 4 de la rue Olivier-de-Clisson, à l'angle de la rue Kervégan sur l'île Feydeau à Nantes, au domicile de sa grand-mère maternelle, Sophie Marie Adélaïde-Julienne Allotte de la Fuÿe (née Guillochet de La Perrière[5])[6],[N 1]. Il est le fils de Pierre Verne, avoué[7], originaire de Provins, et de Sophie Allote de la Fuÿe, issue d'une famille nantaise de navigateurs et d'armateurs, d'ascendance écossaise[N 2]. Jules est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants, comprenant son frère Paul (1829-1897), qui sera marin, mais aussi écrivain, et trois sœurs, Anne dite Anna (épouse du Crest de Villeneuve), née en 1836, Mathilde (épouse Fleury), née en 1839, et Marie (épouse Guillon, mère de Claude Guillon-Verne), née en 1842. En 1829, les Verne s'installent au no 2 quai Jean-Bart (à une centaine de mètres du lieu de naissance de leur fils aîné)[6], où naissent Paul, Anna et Mathilde. En 1840, la famille connaît un nouveau déménagement dans un immeuble imposant au 6, rue Jean-Jacques-Rousseau[6], proche du port, où naît Marie[N 3].
16
+
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+ En 1834, à l'âge de six ans, il est mis en pension dans une institution tenue par une certaine Mme Sambin, veuve putative[N 4] d'un capitaine de cap-hornier[8].
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19
+ Il entre avec son frère au collège Saint-Stanislas, un établissement religieux conforme à l'esprit très catholique de son père (d'une façon générale, le lycée Royal n'a pas bonne réputation dans la bourgeoisie nantaise), en octobre 1837[9]. On y trouve quelques traces de ses premiers succès scolaires, dont voici le palmarès[10] :
20
+
21
+ De plus, plusieurs accessits de musique vocale montrent son goût pour cette matière, goût qu'il conservera toute sa vie[N 5].
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23
+ De 1844 à 1846, Jules Verne est pensionnaire au petit séminaire de Saint-Donatien (bâtiments occupés par l'actuel lycée professionnel Daniel-Brottier à Bouguenais)[N 6],[11], où il accomplit la quatrième, la troisième et la seconde. Son frère le suit, en pension comme lui. Dans son roman inachevé Un prêtre en 1839[12], Jules Verne décrit ce petit séminaire de façon peu élogieuse[13].
24
+
25
+ Pierre Verne achète à Chantenay, en 1838[14], une villa pour les vacances, toujours existante au 29 bis, rue des Réformes, face à l'église Saint-Martin de Chantenay[15],[6] (le musée Jules-Verne, situé également à Chantenay, est installé dans un bâtiment sans relation à la famille Verne). Toute la famille aime à se retrouver dans cette maison de campagne[16].
26
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27
+ Les vacances de Jules Verne se passent également à Brains (à 20 km au sud-ouest de Nantes), dans la propriété que son grand-oncle Prudent Allotte de la Fuÿe, a achetée en 1827/1828 au lieu-dit « La Guerche »[17]. Prudent Allotte de la Fuÿe est un ancien armateur, « vieil original, célibataire autoritaire et non conformiste »[18], qui a beaucoup voyagé avant de revenir s'installer au pays natal. Il est maire de Brains de 1828 à 1837[19]. Le jeune garçon aime à faire d'interminables parties de jeu de l'oie avec le vieux bourlingueur[N 7].
28
+
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+ Une légende veut qu'en 1839, à l'âge de onze ans, le petit Jules aurait tenté de s'embarquer sur un long-courrier en partance pour les Indes, en qualité de mousse[20]. Son père l'aurait récupéré in extremis à Paimbœuf. Jules Verne aurait avoué avoir voulu partir pour rapporter un collier de corail à sa cousine, Caroline Tronson, dont il était amoureux. Rudement tancé par son père, il aurait promis de ne plus voyager qu'en rêve. Ce n'est qu'une légende enjolivée par l'imagination familiale[N 8] car, dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, il raconte qu'il est monté à bord d'un voilier, l'a exploré, a tourné le gouvernail, etc., ce en l'absence d'un gardien, ce qui lui vaut la réprobation du capitaine[21].
30
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31
+ De 1844 à 1846, Jules et Paul étudient au lycée Royal de Nantes (actuellement lycée Clemenceau)[22]. Jules Verne fréquente en compagnie de ses camarades le Cercle des externes du collège Royal, qui se tient dans la librairie du Père Bodin, place du Pilori[23]. Après avoir terminé les classes de rhétorique et philosophie, il passe les épreuves du baccalauréat à Rennes et reçoit la mention « assez bien », le 29 juillet 1846[24].
32
+
33
+ En 1847, il est envoyé à Paris par son père, prioritairement pour suivre ses études, mais aussi peut-être parce qu'on voulait ainsi l'éloigner de Nantes. En effet, Caroline Tronson (1826-1902), sa cousine dont il est épris, doit se marier le 27 avril de la même année avec Émile Dezaunay, un homme de quarante ans originaire de Besançon[25]. Jules Verne en conçoit une amertume profonde au point d'écrire à sa mère, six ans plus tard, lorsque cette dernière lui demande de les accueillir à Paris : « Je serai aussi aimable que le comporte mon caractère biscornu, avec les nommés Dezaunay ; enfin sa femme va donc entrevoir Paris ; il paraît qu'elle est un peu moins enceinte que d'habitude, puisqu'elle se permet cette excursion antigestative[26] ». Caroline Tronson, après son mariage avec Dezaunay, aura cinq enfants[27].
34
+
35
+ Après un court séjour à Paris, où il passe ses examens de première année de droit[28], il revient à Nantes pour préparer avec l'aide de son père la deuxième année[N 9]. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Rose Herminie Arnault de La Grossetière[29], née en 1827, pour laquelle il va éprouver une violente passion[30]. Son premier cahier de poésie contient de nombreuses allusions à la jeune femme, notamment Acrostiche ou La Fille de l'air[31]. L'amour a peut-être été un moment partagé mais aucune source ne vient corroborer la chose. Les parents d'Herminie voient d'un mauvais œil leur fille se marier à un jeune étudiant dont l'avenir n'est pas encore assuré[32]. Ils la destinent à Armand Terrien de la Haye, un riche propriétaire de dix ans son aîné. Le mariage a lieu le 19 juillet 1848[33]. Jules Verne est fou de rage. Il écrit de Paris à sa mère une lettre hallucinante, sans doute composée dans un état de semi-ébriété. Sous couvert d'un songe, il crie sa douleur du mariage d'Herminie en un récit de vengeance de noces maudites : « La mariée était vêtue de blanc, gracieux symbole de l'âme candide de son fiancé ; le marié était vêtu de noir, allusion mystique à la couleur de l'âme de sa fiancée ! » ou « La fiancée était froide, et comme une étrange idée d'anciens (sic) amours passait en elle »[34]. Cet amour avorté va marquer à jamais l'auteur et son œuvre, dans laquelle on trouvera un nombre important de jeunes filles mariées contre leur gré (Gérande dans Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, Sava dans Mathias Sandorf, Ellen dans Une ville flottante, etc.) au point que Christian Chelebourg parle du « complexe d'Herminie » pour les Voyages extraordinaires[35]. L'écrivain gardera également une rancune à l'encontre de sa ville natale et de la société nantaise, qu'il pourfendra dans certaines poésies, notamment La Sixième Ville de France et Madame C…, une violente diatribe visant sans doute une des commères de la ville[36].
36
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37
+ En juillet 1848, Jules Verne quitte définitivement Nantes pour Paris. Son père l'envoie poursuivre ses études de droit, en espérant qu'il lui succédera un jour[37]. À cette date, il travaille sur un roman qui restera inachevé, et qui sera par erreur publié par les Éditions du Cherche-Midi en 1992 sous le titre Un prêtre en 1839, mauvaise lecture du manuscrit qui porte en 1835[38], des pièces de théâtre dont deux tragédies en vers, Alexandre VI et La Conspiration des poudres, et des poèmes. Alors qu'en 1847, il avait été accueilli par sa grand-tante Charuel au no 2 de la rue Thérèse, près de la butte Saint-Roch[39], en 1848, il obtient de son père de pouvoir louer un appartement meublé, qu'il partage avec Édouard Bonamy, un autre étudiant originaire de Nantes, dans un immeuble situé au 24, rue de l'Ancienne-Comédie, donnant sur la place de l'Odéon[40].
38
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39
+ Paris vit alors une période révolutionnaire (voir Révolution française de 1848). En février, le roi Louis-Philippe a été renversé et s'est enfui ; le 24 février, a été établi le gouvernement provisoire de la Deuxième République. Les manifestations se succèdent et le climat social est tendu. En juin, les barricades se dressent de nouveau dans Paris (voir Journées de Juin) ; le gouvernement envoie le général Cavaignac écraser l'insurrection. Fin juin, quand le futur écrivain arrive dans la capitale, Cavaignac vient de former un gouvernement qui durera jusqu'à la fin de l'année. Verne écrit à ses parents :
40
+
41
+ « Je vois que vous avez toujours des craintes en province ; vous avez beaucoup plus peur que nous n'avons à Paris... J'ai parcouru les divers points de l'émeute, rues Saint-Jacques, Saint-Martin, Saint-Antoine, le Petit Pont, la Belle Jardinière ; j'ai vu les maisons criblées de balles et trouées de boulets. Dans la longueur de ces rues, on peut suivre la trace des boulets qui brisaient et écorniflaient balcons, enseignes, corniches sur leur passage ; c'est un spectacle affreux, et qui néanmoins rend encore plus incompréhensibles ces assauts dans les rues[41] ! »
42
+
43
+ Le 3 août, Jules Verne passe avec succès son examen d'entrée en deuxième année de droit[42]. Lorsqu'Édouard Bonamy quitte Paris pour retourner à Nantes vers la fin de l'année, il obtient une chambre pour lui seul, dans la même maison[43].
44
+
45
+ Son oncle Chateaubourg[N 10] l'introduit dans les salons littéraires. Il fréquente celui de Mme de Barrère, amie de sa mère, et de Mme Mariani[44]. Tout en continuant ses études, il écrit de nombreuses pièces qui resteront pour la plupart inédites jusqu'en 1991 avant d'être publiées, pour certaines, de manières confidentielles dans les trois volumes des Manuscrits nantais[45] et connaîtront une publication grand public en 2006 aux Éditions du Cherche-Midi sous le titre Jules Verne : Théâtre inédit[46].
46
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47
+ Jules Verne dévore les drames de Victor Hugo, d'Alexandre Dumas, d'Alfred de Vigny, les comédies d'Alfred de Musset[47], mais il avoue une préférence pour deux classiques : Molière et Shakespeare[N 11].
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49
+ L'influence la plus fortement exercée à cette époque sur le jeune écrivain est celle de Victor Hugo. Verne raconte à Robert H. Sherard : « J'étais au plus haut point sous l'influence de Victor Hugo, très passionné par la lecture et la relecture de ses œuvres. À l'époque, je pouvais réciter par cœur des pages entières de Notre-Dame de Paris, mais c'étaient ses pièces de théâtre qui m'ont le plus influencé, et c'est sous cette influence qu'à l'âge de dix-sept ans, j'ai écrit un certain nombre de tragédies et de comédies, sans compter les romans »[48],[N 12].
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+ Durant cette période, les lettres de Jules Verne à ses parents concernent essentiellement ses dépenses et l'argent dont il a besoin. Cependant, au mois de mars 1849, un autre événement inquiète le jeune étudiant : « Ma chère maman, le choléra est donc définitivement à Paris, et je ne sais quelles terreurs de malade imaginaire me poursuivent continuellement ! Ce monstre s'est grossi pour moi de toutes les inventions les plus chimériques d'une imagination fort étendue à cet endroit-là ! »[49]. Au même moment, Jules Verne doit se soumettre à la conscription, mais est épargné par le tirage au sort. Il écrit à son père :
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+ « Tu as toujours l'air attristé au sujet de mon tirage au sort, et du peu d'inquiétude qu'il m'aurait causé ! Tu dois pourtant savoir, mon cher papa, quel cas je fais de l'art militaire, ces domestiques en grande ou petite livrée, dont l'asservissement, les habitudes et les mots techniques qui les désignent les rabaissent au plus bas état de la servitude. Il faut parfois avoir fait abnégation complète de la dignité d'homme pour remplir de pareilles fonctions ; ces officiers et leur poste préposés à la garde de Napoléon, de Marrast, que sais-je ! - Quelle noble vie ! Quels grands et généreux sentiments doivent éclore dans ces cœurs abrutis pour la plupart ! - Prétendent-ils se relever par le courage, par la bravoure ! Mots en l'air que tout cela ! Il n'y a ni courage, ni bravoure à se battre quand on ne peut pas faire autrement ? Et me cite-t-on un haut fait d'armes accompli dans des circonstances, chacun sait qu'il y en a les 19/20 à mettre sur le compte de l'emportement, la folie, l'ivresse du moment ! Ce ne sont plus des hommes qui agissent, ce sont des bêtes furieuses, excitées par la fougue de leurs instincts. Et en tout cas, vînt-on me montrer le sang-froid le plus calme, la tranquillité la plus surprenante dans l'accomplissement de ces hauts faits que l'on paye d'une croix, je répondrai que l'on n'est généralement pas sur terre pour risquer sa vie ou arracher celle des autres, et qu'en fait de condition, j'en connais de plus honorables et de plus relevées[50]. »
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+ Ce violent pamphlet contre l'armée n'est pas seulement une réaction de jeunesse. Toute sa vie, Jules Verne professera des idées antimilitaristes[51], non seulement dans ses lettres, mais aussi dans ses romans où il expose son dégoût de la guerre, à commencer par son premier roman, lorsque le Victoria survole deux peuplades aux prises au cours d'un combat sanguinaire :
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+ « - Ce sont de vilains bonshommes ! dit Joe. Après cela, s'ils avaient un uniforme, ils seraient comme tous les guerriers du monde.... Fuyons au plus tôt ce spectacle repoussant ! Si les grands capitaines pouvaient dominer ainsi le théâtre de leurs exploits, ils finiraient peut-être par perdre le goût du sang et des conquêtes[52]! »
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+ Mais cet antimilitarisme sera entaché par des idées ambiguës après la guerre de 1870 et les événements de la Commune[53], surtout au moment de l'affaire Dreyfus[54], et de nombreux héros verniens seront des militaires. Ainsi Face au drapeau (1896) incarne-t-il l'état d'esprit militariste et revanchard en France, juste avant que n'éclate l'Affaire Dreyfus[55], et L'Invasion de la mer (1905) montrera un Jules Verne, à la fin de sa vie, militariste, colonialiste et impérialiste[56].
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+ À l'hiver 1851, pressé par son père de devenir avocat, il s'inscrit au barreau de Paris et doit entrer chez le jurisconsulte Paul Championnière, ami de Pierre Verne[57]. Mais, le 6 avril 1851, alors que Jules Verne n'est pas encore entré à son service, Paul Championnière meurt[58]. Verne n'exercera ainsi jamais[59].
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+ Il déménage et occupe une chambre garnie dans un hôtel proche de Notre-Dame-de-Lorette[60],[61] où il donne quelques leçons, ce que son père désapprouve vivement[57]. Puis, il s'installe au sixième étage du 18, boulevard de Bonne-Nouvelle, sur le palier en face de l'appartement de son ami Aristide Hignard[62] avant de s'installer, en face, au 11, boulevard de Bonne-Nouvelle[61].
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+ Jules Verne souffre déjà de maux de ventre et d'estomac[63]. L'entéralgie vernienne provient peut-être de troubles gastriques héréditaires[N 13], mais surtout d'une précoce boulimie, sans doute pathologique[64]. En 1851, il connaît sa première crise de paralysie faciale[65]. Olivier Dumas précise ces attaques qui frapperont Verne quatre fois dans sa vie : « La paralysie faciale de Jules Verne n'est pas psychosomatique, mais due seulement à une inflammation de l'oreille moyenne dont l'œdème comprime le nerf facial correspondant. » Le médiocre chauffage du logement de l'étudiant explique la fréquence de ses refroidissements. Les causes de cette infirmité restent ignorées de l'écrivain ; « il vit dans la permanente inquiétude d'un dérèglement nerveux, aboutissant à la folie. »[66].
66
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67
+ À l'occasion de visites de salon, il entre en contact avec Alexandre Dumas[67] par l'intermédiaire d'un chiromancien célèbre de l'époque, le chevalier Casimir d'Arpentigny[68],[69]. Il se lie d'amitié avec le fils de l'écrivain et lui propose le manuscrit d'une comédie intitulée Les Pailles rompues[70]. Les deux hommes corrigent la pièce et Dumas fils obtient de son père qu'elle soit jouée au Théâtre-Historique. Nous sommes le 13 juin 1850[71], Jules Verne a vingt-deux ans[72].
68
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69
+ En 1851, il rencontre Pierre-Michel-François Chevalier dit Pitre-Chevalier (1812-1863)[73]. Celui-ci, breton et nantais comme Jules Verne, est directeur et rédacteur en chef de la revue Musée des familles[74]. Verne lui soumet une nouvelle, Les Premiers Navires de la marine mexicaine[75] qui parait dans la revue de Pitre-Chevalier en juillet 1851[76] et qui sera repris, mais remanié, en 1876 chez Hetzel à la suite de Michel Strogoff sous le titre Un drame au Mexique[77].
70
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71
+ La même année Pitre-Chevalier accepte une deuxième nouvelle, Un voyage en ballon[78], qui, en 1874, prendra comme titre Un drame dans les airs, chez Hetzel[79].
72
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73
+ Sans doute par l'entremise d'Alexandre Dumas fils, en 1852, Verne entre en relation avec les frères Seveste[80] qui viennent de reprendre le Théâtre-Historique après la faillite due aux prodigalités de Dumas père[81]. La nouvelle salle devient le Théâtre-Lyrique. Jules Seveste, le nouveau directeur, engage Verne comme secrétaire. Un travail astreignant, car le jeune homme ne touche d'abord pas de salaire avant d'être rémunéré à hauteur de 100 F[82]. En revanche, il peut faire jouer ses pièces, la plupart écrites en collaboration avec Michel Carré[83].
74
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75
+ En janvier 1852, il prend sa décision et refuse la charge d'avoué que son père lui propose. « Je me bornerai à voir si je ferais bien de prendre ta charge, au point de vue moral et matériel. […] D'un autre côté, je commence à bien me connaître ; ces coups de tête contre lesquels tu cherches à me prémunir, je les ferais, tôt ou tard ; j'en suis certain ; la carrière qui me conviendrait le plus, ce serait celle que je poursuis ; […] si je ne puis parvenir, non par manque de talent, mais par défaut de patience, par découragement, eh bien, ce qui me conviendra le plus au monde, ce sera le barreau qui me ramènerait à Paris. […] C'est parce que je sais ce que je suis, que je comprends ce que je serai un jour ; comment donc me charger d'une étude que tu as faite si bonne, que ne pouvant gagner entre mes mains, elle ne pourrait qu'y dépérir[84]. » Un an plus tôt, il avait écrit à sa mère : « […] je puis faire un bon littérateur, et ne serais qu'un mauvais avocat, ne voyant dans toutes choses que le côté comique et la forme artistique et ne prenant pas la réalité sérieuse des objets. […] »[85].
76
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77
+ Il fréquente la Bibliothèque nationale[86]. Au début de 1851, Verne fait la connaissance du géographe et infatigable voyageur, Jacques Arago, célèbre pour un récit de Voyage autour du monde qu'il a fait sur L'Uranie avec la mission de Freycinet entre 1817 et 1821[87], qui continue à parcourir le monde malgré sa cécité[N 14] et qui publie le récit de ses voyages autour du monde sous le titre Souvenirs d'un aveugle. Le jeune écrivain retrouve près de lui toutes les sensations de ses premières lectures[88]. Jacques Arago lui ouvre des horizons et l'entraîne vers un genre nouveau de littérature, alors en pleine expansion, le récit de voyage[89].
78
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79
+ En 1852, deux autres textes de Verne paraissent dans le Musée des familles : Martin Paz, une longue nouvelle[N 15] et une comédie-proverbe en un acte, en collaboration avec Pitre-Chevalier Les Châteaux en Californie[90].
80
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81
+ En août 1853, il s'éloigne un moment de Paris pour se rendre à La Guerche, où son oncle Prudent offre un grand repas afin de fêter le retour de Paul Verne, le frère de Jules, aspirant auxiliaire dans la marine[91]. Avec son ami Aristide Hignard[92], Jules Verne fréquente le salon du musicien Talexy[93] qui sera plus tard un des « Onze sans femmes »[94]. Ils se lancent dans l'opérette, ou plutôt l'opéra-comique, au moment où Jacques Offenbach crée un véritable engouement pour ce genre de spectacle. Le 28 avril 1853, est représenté Le Colin-maillard au Théâtre-Lyrique[95]. C'est une période où Jules Verne ne cesse d'écrire. Des nouvelles de cette époque, on peut citer Pierre-Jean[96] et Le Siège de Rome qui restera inédit jusqu'en 1994[97]. Il travaille aussi sur Monna Lisa commencé dès 1851 et qu'il ne finira qu'en 1855[98],[99].
82
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83
+ Au cours d'un séjour à Nantes, l'écrivain s'est amouraché de Laurence Janmar[100]. En janvier 1854, le président Janvier de la Motte donne un grand bal travesti[101]. Le jeune écrivain y retrouve celle qu'il convoite. Laurence Janmar[102], habillée en gitane, se plaint à son amie que son corset, trop riche en baleines, lui meurtrit les côtes. Verne, toujours à l'affût d'un bon mot, soupire alors : « Ah ! que ne puis-je pêcher la baleine sur ces côtes ? »[103],[104]. Laurence Janmar épousera finalement un certain Charles Louis Salomon Duvergé[105] le 2 août 1854[106].
84
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85
+ Le vendredi 30 juin 1854, Jules Seveste meurt d'une apoplexie foudroyante[107]. Son successeur, Émile Perrin[108], tente de retenir Jules Verne, mais ce dernier tient à garder sa liberté. Perrin va jusqu'à lui proposer la direction du Théâtre-Lyrique[109]. « J'ai refusé. Il m'a même offert de diriger le théâtre, moi seul, tout en restant directeur en nom et ayant une part dans les bénéfices ; j'ai refusé encore ; je veux être libre et prouver ce que j'ai fait[110]. » Dans le Musée, en avril 1854, un nouveau texte de l'écrivain : Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, un conte fantastique profondément imprégné de l'influence d'Hoffmann. Zacharius, maître-horloger de Genève, a rendu ses horloges si régulières qu'elles sont devenues parfaites… Mais un jour, elles se dérèglent une à une[111].
86
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87
+ Malgré son refus de devenir directeur du Théâtre-Lyrique, Verne y conserve son poste de secrétaire jusqu'à fin 1855[112], ce qui lui permet de représenter, le 6 juin de cette année, un second opéra-comique écrit sur une musique d'Hignard, Les Compagnons de la Marjolaine[113] qui connaîtra vingt-quatre représentations[114]. Jules Verne écrit à son père : « J'étudie encore plus que je ne travaille ; car j'aperçois des systèmes nouveaux, j'aspire avec ardeur au moment où j'aurai quitté ce Théâtre-Lyrique qui m'assomme. »[115].
88
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89
+ C'est une période d'intense activité créatrice. Les pièces de théâtre s'accumulent[116]. Il peaufine notamment l'une d'entre elles, une comédie en cinq actes en vers, Les Heureux du jour, qui semble lui tenir particulièrement à cœur[117]. Il écrit plusieurs nouvelles, dont Le mariage de M. Anselme des Tilleuls[118] et Un hivernage dans les glaces. Cette dernière paraît en 1855 dans le Musée des familles[119] et sera reprise mais modifiée par Hetzel en 1874 pour paraître dans le volume de nouvelles Le Docteur Ox. De tous les manuscrits de Verne avant sa rencontre avec Hetzel, c'est celui qui se rapproche le plus des Voyages extraordinaires, véritable prélude aux Aventures du capitaine Hatteras[120]. À cette époque, il est atteint d'une deuxième crise de paralysie faciale[121]. Son ami et médecin Victor Marcé le soigne à l'aide de l'électricité[122]. Il déménage et s'installe au cinquième étage d'un immeuble au 18 boulevard Poissonnière[123].
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+ Jules Verne parle alors de mariage dans presque toutes les lettres à sa mère ; il lui demande de lui trouver une épouse, parfois sur le ton de la plaisanterie : « J'épouse la femme que tu me trouveras ; j'épouse les yeux fermés et la bourse ouverte ; choisis, ma chère mère, c'est sérieux ! »[124] ou « Trouvez-moi une femme bossue et qui ait des rentes — et tu verras. »[125]. Mais on sent bien que l'angoisse de l'avenir le tiraille : « Toutes les jeunes filles que j'honore de mes bontés se marient toutes invariablement dans un temps rapproché ! Voire ! Mme Dezaunay, Mme Papin, Mme Terrien de la Haye, Mme Duverger et enfin Mlle Louise François. »[126]. Après le mariage de Laurence Janmar avec Duvergé, Verne, amoureux éconduit, s'interroge. Pour le consoler, sa mère l'envoie en avril 1854 à Mortagne pour y connaître un bon parti. Il lui répond dans une lettre où il invente une rencontre avec le père de sa future, d'un humour scatologique et agressif[127].
92
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+ En mars 1856, Auguste Lelarge, ami de Jules Verne va se marier avec Aimée de Viane. Il demande à l'écrivain d'être son témoin. Celui-ci accepte. Le mariage doit se dérouler le 20 mai à Amiens, ville de la fiancée[128]. À l'occasion de son séjour, Verne y fait la connaissance de la sœur de la mariée, Honorine, veuve à 26 ans d'Auguste Morel[129] et mère de deux filles[130], Louise Valentine (1852-1916) et Suzanne Eugénie Aimée (1853- ?)[131].
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+ Honorine du Fraysne de Viane (1830-1910) séduit assez vite Jules Verne. Dans une lettre enthousiaste à sa mère, il lui fait remarquer : « Je ne sais pas, ma chère mère, si tu ne trouveras pas quelque différence entre le style de cette page et celle qui la précède, tu n'es pas habituée à me voir faire ainsi un éloge général de toute une famille, et ta perspicacité naturelle va te faire croire qu'il y a quelque chose là-dessous ! Je crois bien que je suis amoureux de la jeune veuve de vingt-six ans ! Ah ! pourquoi a-t-elle deux enfants ! Je n'ai pas de chance[132] ! »
96
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+ Jules Verne envisage rapidement de se marier mais il lui faut une situation stable, ses revenus littéraires étant alors insuffisants. Avec l'aide de son futur beau-frère, Ferdinand de Viane, il envisage des plans d'investissement en bourse et de se lancer dans une activité d'agent de change[133]. Or, s'il suffit d'obtenir une charge, il faut de l'argent pour l'acquérir. Il demande 50 000 francs à son père pour acheter 1/40e de cette charge[134]. Son père s'inquiète de cette nouvelle lubie. Jules Verne lui répond : « Je vois bien que tu me prends encore pour un garçon irréfléchi, se montant la tête pour une idée nouvelle, tournant à tous les vents de la fantaisie et ne voulant m'occuper de change que par amour du changement. […] Il est moins question que jamais d'abandonner la littérature ; c'est un art avec lequel je me suis identifié et que je n'abandonnerai jamais ; […] mais tout en m'occupant de mon art, je me sens parfaitement la force, le temps et l'activité de mener une autre affaire. […] Il me faut une position, et une position offrable, même aux gens qui n'admettent pas les gens de lettres ; la première occasion de me marier, je la saisis d'ailleurs ; j'ai par-dessus la tête de la vie de garçon, qui m'est à charge […] cela peut paraître drôle, mais j'ai besoin d'être heureux, ni plus ni moins. »[135]. Et quelques semaines plus tard : « Je n'accepterais d'avoir atteint l'âge de plusieurs de mes amis et d'être à courir comme eux après une pièce de cent sols. Non, certes, cela peut être drôle et faisable à vingt ans, mais pas au-dessus de trente ans[136]. »
98
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99
+ Pierre Verne finit par céder. Jules se retrouve remisier chez l'agent suisse Fernand Eggly, originaire de Genève, au 72, rue de Provence, à Paris[137].
100
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101
+ Auguste Morel n'est décédé que depuis dix mois. À l'époque, le deuil se portait longtemps[N 16]. Pourtant, les événements se précipitent. Aimée De Viane, par son mariage avec Auguste Lelarge, est devenue la belle-sœur d'Henri Garcet, cousin de Jules Verne. C'est sans doute son ami Charles Maisonneuve[N 17] qui lui permet d'entrer chez Eggly, étant lui-même remisier chez un confrère. D'ailleurs, il n'est pas certain que Jules Verne ait acheté la part que l'on dit, le remisier étant appointé et non associé. Le futur marié est pris de frénésie, au point de s'occuper de tout durant le mois de décembre 1856. Il ne veut personne de la famille : « Je me charge, mon cher père, de voir ma tante Charuel[N 18] à cet égard et de la mettre au courant de nos affaires. Quant à l'inviter, je tiens essentiellement à n'en rien faire ! Je dirai que le mariage se célèbre à Amiens ; rien ne me serait plus désagréable que cette invitation[138]. »
102
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103
+ Le 8 janvier, est signé à Essome, chez Auguste Lelarge[128], notaire, le contrat de mariage[139]. Le mariage a lieu le 10 janvier[61]. Le matin, ils se retrouvent à la mairie du 3e arrondissement (actuellement mairie du 2e[N 19]). Puis le groupe de treize personnes prend la direction de l'église Saint-Eugène qui venait d'être édifiée dans la nouvelle rue Sainte-Cécile, à l'emplacement de l'ancien conservatoire de musique[140]. Après la cérémonie religieuse, c'est le déjeuner, treize couverts « à tant par tête », comme l'avait voulu et annoncé Jules Verne lui-même : « J'étais le marié. J'avais un habit blanc, des gants noirs. Je n'y comprenais rien ; je payais tout le monde : employés de la mairie, bedeaux, sacristain, marmiton. On appelait : Monsieur le marié ! C'était moi ! Dieu merci, il n'y avait que douze spectateurs[141] ! »
104
+
105
+ Le couple et les deux enfants demeurent jusqu'à la mi-avril dans l'appartement du boulevard Poissonnière[142] puis s'installe rue Saint-Martin, dans le quartier du Temple[61].
106
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107
+ Comme coulissier, d'après le journaliste Félix Duquesnel, il « réussissait plus de bons mots que d'affaires »[143]. À la même époque, Jules Verne semble avoir eu des maîtresses[144] mais si des noms circulent (telles Estelle Henin (morte en 1865) ou une comédienne roumaine), les faits n'ont jamais formellement été établis[145]. Jules Verne fait la connaissance d'Estelle Hénin en août 1859[146]. Marguerite Allotte de la Fuÿe évoque cette femme dans sa biographie de 1928 : « [...] une mortelle, une seule, captiva durant quelques saisons ce cœur extrêmement secret. La sirène, l'unique sirène, est ensevelie dans le cimetière de corail. »[147]. D'après elle, Estelle serait morte en 1885, date reprise par Jean-Jules Verne, qui note qu'elle habitait Asnières[148]. Dans sa thèse sur Jules Verne (1980), Charles-Noël Martin confirme l'existence d'Estelle Duchesne, mais pense qu'elle est morte le 13 décembre 1865[149]. Estelle Hénin épouse Charles Duchesne, clerc de notaire à Cœuvres, le 30 août 1859. En 1863, Estelle s'installe à Asnières, cependant que son mari continue de travailler à Cœuvres. Les visites de Jules Verne à la maison des Duchesne à Asnières se situent de 1863 à février 1865. Estelle meurt après la naissance de sa fille Marie[150]. Pour certains verniens, Marie Duchesne pourrait être la fille de l'écrivain[151], mais d'autres contestent la méthode de recherche et les conclusions jugées hâtives de Percereau[152].
108
+
109
+ Dans cette période, il écrit une nouvelle, San Carlos, qui conte comment des contrebandiers espagnols se jouent des douaniers français[153]. En 1857, paraît le premier recueil de chansons Rimes et mélodies, sur une musique d'Hignard, chez l'éditeur Heu qui comprend sept chansons : Tout simplement, Les Bras d'une mère, Les Deux troupeaux, La Douce attente, Notre étoile, Chanson Scandinave et Chanson turque[154]. L'année suivante, il connaît sa troisième crise de paralysie faciale[155]. Le 17 février, aux Bouffes-Parisiens, se joue la première de Monsieur de Chimpanzé, opérette en un acte, toujours avec Hignard. Le sujet est curieux, lorsqu'on sait que l'auteur est tout nouveau marié : Isidore, le héros, est obligé de faire le singe pour pouvoir épouser sa belle[156].
110
+
111
+ Le 15 juillet 1859, Jules Verne écrit à son père : « Alfred[N 20] Hignard m'offre, ainsi qu'à son frère, un passage gratuit d'aller et retour en Écosse. Je me hâte de saisir aux cheveux ce charmant voyage[157]… »
112
+
113
+ En 1859, il entreprend ainsi un voyage en Angleterre et en Écosse en compagnie d'Aristide Hignard[158]. Il prend des notes et, dès son retour, couche ses impressions sur le papier[159]. Ce récit est le premier travail de Jules Verne proposé à son futur éditeur Hetzel, qui le refuse[160]. Verne s'en inspirera alors pour la rédaction de ses romans écossais[161].
114
+
115
+ Entre 1860 et 1861, le couple déménage trois fois : de la rue Saint-Martin au 54, boulevard Montmartre, puis au 45, boulevard Magenta, enfin au 18, passage Saulnier[162].
116
+
117
+ Le 2 juillet 1861, de nouveau grâce à Alfred Hignard, les deux amis, ainsi qu'Émile Lorois, s'embarquent pour la Norvège[163]. L'écrivain ne rentrera que cinq jours après qu'Honorine a accouché d'un garçon, Michel, le 4 août[164],[165]. Il continue son métier à la Bourse[166].
118
+
119
+ Marguerite Allotte de La Fuÿe invente de toutes pièces l'introduction de Verne chez l'éditeur. L'écrivain, découragé, aurait jeté au feu le manuscrit de Cinq Semaines en ballon, que sa femme aurait retiré des flammes[167]. Vingt-cinq ans plus tard, elle se contredit lors d'une émission radiophonique en créant la légende de l'introduction de Verne chez Hetzel grâce à Nadar[168]. Bernard Frank, dans sa biographie copiée d'Allotte, nous gratifie, lui, d'un dialogue dramatique dans la chambre de l'éditeur[169].
120
+
121
+ Parménie et Bonnier de la Chapelle pensent, quant à eux, que l’écriture de Cinq Semaines en ballon, est due aux expériences du Géant de Nadar[170], ce qui s'avère un anachronisme, l'expérience ayant eu lieu six mois après l'écriture du roman (janvier 1863) et Verne n'assistant à un vol du Géant que le 4 octobre 1863[171],[172]. S'il ne prend pas part au vol, il laisse un article sur l'expérience qu'il publie dans le Musée des familles sous le titre À propos du Géant[173].
122
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123
+ Comme l'écrit Volker Dehs[174], il est possible qu'Hetzel ait rencontré Verne dès 1852 ou 1858[175], ainsi qu'en témoignent deux invitations écrites par Philippe Gille, datées des mardi 4 mai et mardi 6 juillet, à un dîner, retrouvées dans les archives Hetzel à la Bibliothèque nationale de France[176].
124
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125
+ D'une manière certaine, c'est par une lettre de Verne à Henri d'Alméras qui préparait un article sur l'écrivain pour son Avant la gloire, leurs débuts, que l'on apprend que la rencontre eut lieu en 1861 : « C'est Bréhat qui pour la première fois m'a présenté chez Hetzel en 1861[177]. » Il s'agit du romancier Alfred de Bréhat.
126
+
127
+ En 1861, après avoir proposé le Voyage en Angleterre et en Écosse qui est refusé par Pierre-Jules Hetzel[178], Jules Verne lui soumet un manuscrit nommé Un voyage en l'air[179]. Hetzel lui demande de le retravailler de manière plus scientifique avec déjà l'idée d'inventer une littérature vulgarisant la science[180]. Jules Verne revient quelques semaines plus tard avec ce qui deviendra son roman Cinq Semaines en ballon[181]. Celui-ci paraît le 15 janvier 1863[182] et connaît un immense succès, même au-delà des frontières françaises. Le premier tirage est de 2 000 et du vivant de l'auteur, il s'en vendra 76 000[183]. Il signe l'année suivante avec Pierre-Jules Hetzel un contrat aux termes duquel il s'engage à fournir deux volumes par an. En 1865, un nouveau contrat l'engage à trois volumes à l'année. Jules Verne s'engage à fournir des romans notamment pour le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse[184]. En fait, il va travailler pendant quarante ans à ses Voyages extraordinaires qui compteront 62 romans et 18 nouvelles et signera avec son éditeur six contrats consécutifs[185].
128
+
129
+ Dans la foulée de ce succès, Jules Verne propose à son éditeur un récit qu'il a écrit vers 1860, Paris au XXe siècle. L'éditeur, en termes violents, refuse absolument ce travail qu'il juge nuisible à sa réputation et va à l'encontre de l'idée qu'il se fait de Verne[186]. Abandonné, le roman ne sera publié finalement qu'en 1994 par Hachette et Le Cherche midi associés[187].
130
+
131
+ Dès le 27 février 1863, Jules Verne est admis comme membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques[188]. Le 4 octobre 1863, son ami Nadar l'invite au lancement du ballon Géant, qui a lieu depuis le Champ-de-Mars à Paris[189]. Le 26 décembre 1863, il fait paraître dans le Musée des familles un article relatant l'expérience de Nadar (À propos du Géant). Le photographe crée alors avec Gabriel de La Landelle la Société d'encouragement de la locomotion aérienne au moyen du plus lourd que l'air, dont Jules Verne est le censeur[190].
132
+
133
+ Vers cette époque, il découvre l'univers d'Edgar Poe au travers des traductions de Charles Baudelaire[191]. L'écrivain américain le fascine[192], au point qu'il lui consacre la seule étude littéraire qu'il ait écrite, parue en avril 1864 dans le Musée des familles : Edgard Poe et ses œuvres[193].
134
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135
+ C'est à cette date (1864) qu'il publie le roman Aventures du capitaine Hatteras, ouvrage qui paraît d'abord dans le Magasin d'éducation et de récréation en deux parties : Les Anglais au Pôle Nord (publié du 20 mars 1864 au 20 février 1865) et Le Désert de glace (du 5 mars au 5 décembre 1865) avant d'être édité en volume (26 novembre 1866) sous le titre Voyages et aventures du Capitaine Hatteras[194]. Il s'agit en réalité du premier titre à porter l'appellation « Voyages extraordinaires »[195], Cinq Semaines en ballon, qui quant à lui entre dans la série « Voyages dans les mondes connus et inconnus »[196], ne le prenant que dans ses rééditions à partir de 1866[197].
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+ Hatteras est suivi dès novembre 1864 par la publication de Voyage au centre de la Terre (édition originale in-18 le 25 novembre 1864, puis en grand in-octavo le 13 mai 1867)[198]. Ces trois premiers romans de Jules Verne sont d'immenses succès[196]. Il peut ainsi abandonner la bourse et déménage à Auteuil au 39, rue La Fontaine dans un logement beaucoup plus vaste où le couple peut recevoir[199].
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+ En 1865, il devient membre de la Société de géographie[200]. Il publie dans le Bulletin de la Société divers textes dont Histoire de la guerre civile américaine (1861-1865) (1868), un rapport sur l'ouvrage de Louis Cortambert et F. de Tranaltos[201] ou Les Méridiens et le calendrier (janvier-juin 1873)[202].
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+ Il décide de louer en août 1865 une maison au Crotoy. Il s'installe alors dans une dépendance de la propriété Millevoye[203]. Il est en pleine rédaction de sa Géographie illustrée de la France et de ses colonies ainsi que de Vingt Mille Lieues sous les mers[204]. Honorine, Suzanne, Valentine et Michel peuvent ainsi profiter des bains de mer. En mars 1866, il loue à la propriété même un appartement pour l'été puis, au printemps 1868, une petite villa de deux étages, La Solitude. Il se fait alors construire un bateau, le Saint-Michel, une chaloupe de pêche aménagée pour la plaisance[205]. Les plans du bateaux sont établis par le marin Paul Bos (1826-1886)[206].
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+ En mars 1869, il s'installe à l'année dans La Solitude et y vit effectivement à partir d'avril 1869[207].
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+ Le 16 mars 1867, en compagnie de son frère Paul, il embarque sur le Great Eastern à Liverpool pour les États-Unis[208]. Il tirera de sa traversée le roman Une ville flottante (1870)[209].
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+ Le 8 mars 1868[210], il fonde avec Victor Massé, Léo Delibes, Auguste Lelarge, Fournier-Sarlovèze, Bazille, Bertall, Charles Béchenel et Aristide Hignard[211] le Club des « Onze-sans-femmes »[212], un dîner hebdomadaire d'autres célibataires sans métiers définis[213] qui peut aussi se comprendre par « Onze sans les femmes »[210] comme l'écrit William Butcher : « Il faudrait sans doute réinterpréter les mots « sans femmes », puisque nombre des invités, Verne compris, sont mariés à cette époque »[210].
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+ En juillet 1871 il s'installe à Amiens[214]. Il écrit alors à son ami Charles Wallut : « Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d’humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l’agitation stérile. Et pour tout dire, mon Saint-Michel reste amarré au Crotoy. »[215].
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+ Son père, Pierre Verne, meurt d'une attaque le 3 novembre 1871, à Nantes[216]. Il se rend aux obsèques puis regagne Amiens et se plonge dans l'écriture du Tour du monde en 80 jours[216]. Il fréquente la bibliothèque de la Société industrielle où il peut se documenter grâce à son important fonds de revues scientifiques[217] et le 8 mars 1872, devient membre titulaire de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, « à l'unanimité des suffrages ». Contrairement à l'usage, il ne fait alors pas un discours de réception mais lit un passage de son futur roman à paraître Le Tour du monde en 80 jours[218]. En 1875, il en est élu directeur ainsi qu'en 1881[218] et, à cette occasion, il prononce plusieurs discours de réception, notamment en 1875, pour un de ses amis, le caricaturiste Gédéon Baril[219], qui signera en 1881 les illustrations de Dix Heures en chasse chez Hetzel, nouvelle que Jules Verne a auparavant lue le 18 décembre 1881, en séance publique à l'Académie d'Amiens[220] et qu'Hetzel reprend à la suite du Rayon vert, dans un texte remanié[221].
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+ Dès juin 1867, l'Académie française couronne le Magasin d'Éducation et de Récréation (Jules Verne, P.-J. Stahl, Jean Macé) par le Prix Montyon[222]. Il recevra le même prix, à titre individuel, en 1872 pour l'ensemble Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[223] et lors de la séance de l'Académie française du 8 août 1872, ce sont tous les ouvrages de Jules Verne dans leur ensemble parus chez Hetzel en dehors du Magasin d’Éducation qui sont couronnés[224]. À cette occasion, M. Patin, secrétaire perpétuel de l'Académie, fait l'éloge de Jules Verne : « Les merveilles usées de la féerie y sont remplacées par un merveilleux nouveau, dont les notions récentes de la science font les frais »[225].
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+ En 1869, Hetzel pousse Jules Verne a entrer à l'Académie française[226]. Celui-ci lui répond : « Qui n'a pas une grande fortune ou une grande situation politique n'a point de chance d'y arriver ! »[227]. Malgré tout, en mars 1876, Jules Verne fait une première démarche pour postuler. Il écrit à Hetzel : « Je vous rappelle, pour mémoire, que voilà deux places vacantes à l'Académie. Vous m'avez un peu mis l'eau à la bouche. Vous avez beaucoup d'amis dans l'illustre corps. Suis-je arrivé à la situation voulue pour resupporter… un échec honorable »[228]. En vain. En 1883, il tente de nouveau sa chance par l'intermédiaire d'Alexandre Dumas fils[229], en espérant ainsi les voix de Victorien Sardou, d'Eugène Labiche et de Maxime Du Camp mais il sait qu'il a deux redoutables concurrents : Alphonse Daudet et Edmond About. C'est ce dernier qui sera élu[230]. Après un nouvel échec en 1884[231], en 1892, alors qu'une place est de nouveau libre, Jules Verne remarque que depuis sa première candidature, ce sont pas moins de trente-sept académiciens qui sont morts et qu'à aucun moment son nom n'a été sérieusement retenu. Il écrit : « Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française »[232].
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+ Du 6 novembre au 22 décembre 1872 parait, dans Le Temps, Le Tour du monde en quatre-vingts jours repris la même année en volume par Hetzel[233]. L'adaptation théâtrale de la pièce en 1874-1875 en collaboration avec Adolphe d'Ennery obtient un prodigieux succès. D'Ennery touche 7 % des recettes, Verne 5 % dont il abandonne la moitié, 1,5 % à Édouard Cadol et 1 % à Émile de Najac. Ce dernier, secrétaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, avait été chargé de faire une adaptation destinée aux États-Unis à partir de la deuxième version établie par Cadol, version qui n'aboutit pas[234]
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+ Jules Verne, membre du Yacht Club de France depuis le 4 février 1874[235], dont il est aussi membre honoraire[236], fait construire le Saint-Michel II par l'architecte Abel Le Marchand le 15 janvier 1876. Celui-ci est mis à l'eau trois mois plus tard, le 25 avril 1876. Il s'agit d'un cotre de plaisance sur les plans d'une « hirondelle de la Manche ». Jules Verne a sillonné la Manche et l'Atlantique pendant 18 mois, avant d'acquérir son successeur à l'été 1877[237].
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+ 1876 est aussi le début du travail avec D'Ennery sur l'adaptation théâtrale des Enfants du capitaine Grant[238]. La même année, il obtient de la justice que son fils mineur Michel, au comportement rebelle[239], soit placé pour six mois dans une maison de redressement, la colonie pénitentiaire de Mettray[240].
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+ À la fin avril 1877, Honorine Verne, qui organisait tous les mercredis soir des réunions de jeux et de salon, est victime d'abondantes métrorragies qui manquent la faire mourir. Elle est sauvée par une transfusion de sang, cas rarissime à l'époque mais sera de nouveau reprise en décembre 1879[241]. Elle ne peut ainsi être présente au bal costumé que Jules Verne a organisé, sur le thème du Voyage à la Lune[242], pour introduire son fils et ses belles-filles dans la bonne société amiénoise[243]. Les invitations ont été lancées le lundi de Pâques 2 avril 1877[244]. Y est présent, entre autres personnalités, et parmi plus de sept cents invités, son ami Nadar, le modèle de Michel Ardan, héros de ses romans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune, déguisé en son personnage[245], sortant d'un obus qu'on avait roulé au milieu des quadrilles[246].
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+ Début 1878, Jules Verne, en parallèle aux finitions de l'adaptation des Enfants du capitaine Grant, commence celle de Michel Strogoff qu'il évoque depuis l'année précédente[247].
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+ De juin à août 1878, il navigue de Lisbonne à Alger sur le Saint-Michel III[248], puis, en juillet 1879, en Écosse et en Irlande[249]. Troisième croisière en juin 1881, avec son frère, son neveu Gaston et Robert Godefroy : il visite la mer du Nord, la Hollande, l'Allemagne, puis, par le canal de l'Eider, Kiel et la Baltique jusqu'à Copenhague[250]. Paul Verne écrit le récit de ce dernier voyage qui est publié en 1881 chez Hetzel sous le titre De Rotterdam à Copenhague, à la suite de La Jangada, dans une version revue, à la demande de l'éditeur, par Jules Verne[251].
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+ Embarqué de force pour un voyage aux Indes pendant l'été 1879, Michel Verne est mis à la porte par son père en décembre 1879[252] mais continue de vivre à Amiens où son père lui verse une pension[253].
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+ En 1882, Jules Verne déménage du 44, boulevard Longueville, où il réside depuis 1873, pour emménager au 2, rue Charles-Dubois, la fameuse maison à la tour surmontée d'un belvédère, qui présente des similitudes frappantes avec les maisons à tour dans deux de ses romans posthumes, Le Secret de Wilhelm Storitz et La Chasse au météore[254]. Le 8 mars 1885, il donnera un second bal dans sa nouvelle demeure, bal auquel sa femme peut, cette fois, assister[255].
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+ Il décide en 1884 de faire une grande croisière autour de la Méditerranée[256]. Le Saint-Michel III dont le port d'attache était Le Tréport, quitte Nantes le 13 mai. À son bord, se trouvent Paul Verne, Robert Godefroy, Edgar Raoul-Duval, Michel Verne, Louis-Jules Hetzel et son neveu Maurice (1862-1947), fils de Paul, qui prend des notes[257]. Il compte retrouver sa femme, en visite chez sa fille Valentine et son gendre, en Algérie. Le navire arrive à Vigo le 18, à Lisbonne le 23. Verne passe à Gibraltar le 25 mai. À son arrivée à Oran, il retrouve Honorine et est reçu par la Société de géographie de la ville. Les journaux lui consacrent de nombreux articles. Le 10 juin, il est à Bône où le bey de Tunis met à sa disposition un wagon spécial. Retrouvant son navire, il essuie une tempête près de Malte, visite la Sicile, Syracuse, puis Naples et Pompéi[258]. À Anzio, le groupe prend le train pour Rome. Le 7 juillet, Verne est reçu en audience privée par Léon XIII[259]. Curieusement, le lendemain, il rend visite à la loge maçonnique de la ville[260]. Puis il rencontre Louis-Salvador de Habsbourg-Lorraine[261], avec lequel il établit une relation épistolaire qui durera jusqu'à la mort de l'écrivain[262]. Deux mois après le départ du navire, Verne est de retour à Amiens[263]. Il s'inspire de ce voyage dans la rédaction de Mathias Sandorf qui sera publié dans Le Temps du 16 juin au 20 septembre 1885[264].
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+ Le 15 février 1885, il se décide à vendre le Saint-Michel III[265]. L'entretien du yacht devient dispendieux, son fils s'endette et lui coûte cher[266]. Il le cède, à moitié prix, au courtier maritime Martial Noë en juillet 1885[267]. Contrairement à ce que de nombreux biographes ont écrit, il ne vend donc évidemment pas le Saint-Michel à cause de l'attentat dont il est victime le 9 mars 1886[268].
176
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+ En effet, à cette date, alors qu'il rentre du Cercle de l'Union vers cinq heures[269], il trouve, après avoir ouvert sa porte de fer, son neveu Gaston armé d'un revolver. Celui-ci tire sur l'écrivain qu'il atteint à la jambe. Gaston, arrêté, est suspecté de folie. Son père, Paul Verne, déclarera que son fils a tiré sur Jules Verne pour attirer l'attention sur celui-ci afin de le faire entrer à l'Académie française. Gaston Verne restera interné jusqu'à sa mort, le 13 février 1938[270]. Robert Godefroy envoie un télégramme à la maison Hetzel[271]. Mais Louis-Jules Hetzel est à Monte-Carlo, au chevet de son père qui s'éteint le 17 mars[272]. La blessure de Jules Verne dont la balle ne pourra jamais être extraite, lui laissera une légère claudication jusqu'à la fin de sa vie[273].
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+
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+ Le 15 février 1887, sa mère, Sophie Verne, meurt, il ne peut se rendre aux obsèques, car il marche difficilement et sa guérison n'avance pas[274]. Il revient cependant une dernière fois à Nantes dans le courant de cette même année, afin de régler les problèmes de succession et vendre la maison de campagne de ses parents sise rue des Réformes à Chantenay[275].
180
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+ Contraint de se sédentariser, il reporte son intérêt vers la vie de la cité[276]. Le 6 mai 1888, Jules Verne est élu au conseil municipal d'Amiens sur la liste républicaine (gauche modérée) conduite par Frédéric Petit[277]. Il écrit à son ami Charles Wallut : « Mon unique intention est de me rendre utile et de faire aboutir certaines réformes urbaines. »[278]. Il y siégera jusqu'en 1904 et s'y occupera essentiellement des commissions concernant l'instruction, le musée, le théâtre, la culture en général et l'urbanisme[279].
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+ En 1890, il devient un membre très actif de l'Alliance française[280].
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+ Jules Verne n'était en aucun cas un républicain de grande conviction ; il est toute sa vie resté monarchiste, mais de tendance orléaniste[281]. D'après un article du Bulletin de la Société Jules-Verne[282], il fait partie des 100 000 signataires d’une proclamation de la nationaliste Ligue de la patrie française, parue le 31 décembre 1898 dans le quotidien Le Soleil, organe des monarchistes, aux côtés, entre autres de Juliette Adam, Ernest Legouvé, Francisque Sarcey (ces derniers de l’entourage libéral d’Hetzel), Auguste Renoir ou encore François Coppée parmi vingt-deux académiciens, qui, tous, préfèrent, en pleine affaire Dreyfus, l’honneur national au respect de l’individu. La Ligue se présente indépendante et située au-dessus des partis, évite de joindre ses voix au dénigrement antisémite explicite, mais réagit à la fondation précédente de la Ligue des droits de l'homme qui défend l’honneur de Dreyfus[283]. Elle sera dissoute en 1904[284].
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+ Le dossier sur le projet de cirque municipal[285], déjà proposé durant le précédent mandat du maire, lui prend beaucoup de temps. Il s'y investit fortement, malgré les critiques sur la construction en dur d'un tel édifice. Il fait aboutir son projet et, le 23 juin 1889, prononce le discours d'inauguration[286].
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+ Chevalier de la Légion d'honneur depuis le 9 août 1870[287], Jules Verne est promu au grade d'officier le 19 juillet 1892, non pas pour ses qualités d'écrivain, mais pour son dévouement de conseiller municipal[288]. Il est décoré le 11 octobre suivant par le préfet de la Somme[289].
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+ Le 27 août 1897, son frère Paul meurt des suites de troubles cardiaques dont il souffrait depuis longtemps[290]. Verne reste prostré et refuse tout déplacement. Il écrit à son neveu Maurice :
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+
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+ « Mon cher Maurice,
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+ Le 24 novembre 1898, il démissionne de la Société de géographie[292].
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+ En 1900, Verne quitte l'hôtel particulier qu'il loue rue Charles-Dubois et réintègre la maison dont il est propriétaire depuis septembre 1873 du 44 boulevard de Longueville[294]. L'appartement, moins spacieux, lui permet d'y vivre plus facilement. Il y garde ses habitudes : un cabinet de travail et sa bibliothèque attenante. Toujours la même table sur laquelle il écrit depuis trente ans[295]. L'écrivain avoue à un visiteur, Robert Sherard : « La cataracte a eu mon œil droit, mais l'autre est encore assez bon. »[296].
198
+
199
+ En 1902, il sent ses forces intellectuelles diminuer. À une demande du directeur de l'Académie d'Amiens, il répond : « Vous me demandez d'écrire quelque chose pour l'Académie. Oubliez-vous donc qu'à mon âge les mots s'en vont et les idées ne viennent plus. »[297].
200
+
201
+ Il n'écrit pratiquement plus mais confie à Robert H. Sherard qu'il a beaucoup d'avance et que ce n'est pas si grave qu'il doive travailler lentement[298]. En effet, dès 1892, Verne tient une liste des romans écrits et les corrige au fur et à mesure de leur parution[299]. Malgré tout, il accepte la présidence du Groupe espérantophone d'Amiens. Ardent défenseur de cette toute jeune langue internationale, il promet à ses amis d'écrire un roman où il décrira les mérites de l'espéranto. Il commence la rédaction de Voyage d'études vers la fin de l'année. Mais, épuisé, il pose sa plume au bout de six chapitres : lorsqu'il entama la rédaction de ce roman en juillet 1903 sur la base d'une trame détaillée, Jules Verne avait en effet situé l'action au Congo. La presse, à la suite d'Edmund Dene Morel, se faisant l'écho en juillet et août 1903 de graves exactions contre les populations indigènes, Jules Verne suspend sa rédaction[300]. Le brouillon sera repris par son fils Michel, mais l'œuvre finale (L'Étonnante Aventure de la mission Barsac) ne fera pas allusion à l'espéranto[301].
202
+
203
+ Le diabète, qui attaque son acuité visuelle, l'anéantit petit à petit[302]. Après une sévère atteinte vers la fin de 1904, une nouvelle crise le terrasse, le 17 mars de l'année suivante[303].
204
+
205
+ Jules Verne s'éteint le 24 mars 1905 à Amiens, dans sa maison du 44 boulevard Longueville (aujourd'hui boulevard Jules Verne). Ses obsèques, célébrées à l'église Saint-Martin d'Amiens, attirent une foule de plus de cinq mille personnes. Plusieurs discours sont prononcés, notamment celui de Charles Lemire pour la Société de géographie[304]. L'empereur Guillaume II envoie le chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne présenter ses condoléances à la famille et suivre le cortège. Ce jour-là, aucun délégué du gouvernement français n'était présent aux funérailles[305]. L'écrivain est inhumé au cimetière de la Madeleine à Amiens[306]. Sa tombe en marbre est réalisée en 1907 par le sculpteur Albert Roze. Intitulée « Vers l'Immortalité et l'Éternelle Jeunesse », elle représente l'écrivain (ou l'allégorie de son œuvre) soulevant la pierre brisée de sa sépulture en écartant le linceul qui le drape, le bras tendu vers le ciel. La tombe est vraisemblablement inspirée par la lettre d'Achille Moullart (1830-1899), directeur de l'Académie d'Amiens, qui lors de la réception de Jules Verne à l' Académie avait écrit : « Un grand peuple est tombé au dernier degré de l'abaissement, et à quelque temps de là, quand ses ennemis et ses envieux chantaient un de profundis ironique sur la tombe où ils le croyaient enseveli, on l'a vu soulever peu à peu la pierre, sortir de son linceul et apparaître plus vivant et plus fort »[307].
206
+
207
+ Honorine Verne rejoint son mari, cinq ans après, le 29 janvier 1910[308].
208
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209
+ Sept romans de Jules Verne et un recueil de nouvelles paraîtront après sa mort, publiés par son fils Michel Verne, qui prendra la responsabilité de remanier les manuscrits[309]. En 1907, un huitième roman, L'Agence Thompson and Co., sera entièrement écrit par Michel, mais paraîtra sous le nom de Jules Verne[310].
210
+
211
+ Les romans de Jules Verne seront fréquemment adaptés au cinéma et à la télévision, leur récit à grand spectacle se prêtant particulièrement aux productions hollywoodiennes. Il en est de même de la bande dessinée.
212
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213
+ Ses personnages sont des icônes de l'imaginaire populaire (tels Phileas Fogg, le capitaine Nemo ou Michel Strogoff). De nombreux navires portent ou ont porté son nom et de nombreux événements lui sont dédiés, parmi lesquels :
214
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215
+ Vladimir Poutine affirme en 2005 qu'« il est rare de trouver aujourd'hui en Russie quelqu'un qui, enfant, ne se soit pas passionné pour Jules Verne ou Dumas. »[N 21]
216
+
217
+ Entre autres, en France, la Société Jules-Verne, fondée en 1935 et le Centre international Jules-Verne, fondé en 1971, regroupent une importante communauté de chercheurs dits Verniens travaillant à la mise en valeur et au développement scientifique des recherches sur Jules Verne. Ces deux organismes publient le Bulletin de la Société Jules-Verne et la Revue Jules Verne. Aux États-Unis existent la North American Jules Verne Society[312] et la revue en ligne Verniana, bilingue[313], et en Amérique latine la Sociedad Hispánica Jules Verne[314] qui édite la revue Mundo Verne. D'autres associations, moins importantes, existent aussi dans différents pays, comme la Pologne ou les Pays-Bas[315].
218
+
219
+ Deux musées lui sont consacrés, la Maison de Jules Verne à Amiens et le Musée Jules-Verne à Nantes.
220
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221
+ En 2005, une exposition intitulée Jules Verne, le roman de la mer lui est consacrée au Musée national de la Marine à Paris.
222
+
223
+ En 2015, Jules Verne est le vingt-troisième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics et établissements privés conventionnés français : pas moins de 230 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434)[316].
224
+
225
+ Dès le début du XXe siècle, l'œuvre de Jules Verne a fortement inspiré le cinéma[317]. Avec plus de trois cents adaptations au cinéma et à la télévision réalisées dans le monde, dont une centaine à Hollywood, Jules Verne est le quatrième auteur le plus porté à l'écran, après Shakespeare, Dickens et Conan Doyle[318].
226
+
227
+ Le Tour du monde en 80 jours est un des romans les plus adaptés. Dès 1913, il l'est en Allemagne par Carl Werner puis en 1919 par Richard Oswald. Un serial librement adapté par Reeves Eason et Robert Hill est tourné en 1923 : Around the World in 18 days où, à travers douze épisodes William Desmond et Laura La Plante se promènent en dix-jours en utilisant toutes sortes de moyens de locomotion. En 1956, le succès est immense pour Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Michael Anderson produit par Michael Todd et en 1963, est créée la parodie The Three Stooges Go Around the World in a Daze (en). Parmi les nombreuses adaptations du roman, citons encore un téléfilm de Pierre Nivollet en 1975, le documentaire Around the World in 80 Minutes with Douglas Fairbanks (en) (1931)[319], l'adaptation très libre de Frank Coraci Around the World in 80 Days en 2004, la mini-série du même nom de Buzz Kulik en 1989 ou encore le dessin-animé nippo-espagnol La Vuelta al Mundo de Willy Fog en 1981.
228
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229
+ Du vivant même de l'auteur, Ferdinand Zecca réalise en 1901 Les Enfants du capitaine Grant[320]. Ce roman est de nouveau adapté en 1913 par Henry Roussel puis en Russie, en 1936, Vladimir Vaïnchtok (ru) et David Gutman en réalisent la première version parlante et en 1962 Walt Disney Pictures produit In Search of the Castaways réalisé par Robert Stevenson avec Maurice Chevalier qui prête ses traits à Jacques Paganel [321].
230
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231
+ Le propre fils de l'écrivain, Michel crée la Société Le Film Jules Verne en 1912 et signe en parallèle un contrat avec la société d'édition Éclair Films. Il leur cède les droits d'adaptation de huit romans de son père, prend part au tournage des Enfants du Capitaine Grant (1914)[322] et supervise Les Indes noires en 1916-1917 avant de résilier son contrat avec Éclair en août 1917. Il s'associe alors avec un homme d'affaires, Jules Schreter, pour développer sa société. En 1918-1919, il réalise ainsi : L'étoile du Sud, Les 500 millions de la Bégum et La Destinée de Jean Morénas. La société Le Film Jules Verne est vendue en 1932 au producteur Alexander Korda et à la London Films puis cesse ces activités en 1966[323].
232
+
233
+ Avec plus ou moins de fidélité aux romans d'origine et plus ou moins de réussite, les projets d'adaptation se multiplient dès la période du cinéma muet, parmi lesquels certains feront date comme ceux de Georges Méliès dont le plus célèbre est Le Voyage dans la Lune (1902)[324], comme Vingt Mille Lieues sous les mers de Stuart Paton en 1916, comme Michel Strogoff de Victor Tourjanski en 1926.
234
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+ Avec le cinéma parlant, l'œuvre de Jules Verne sera une source d'inspiration durable pour le cinéma hollywoodien qui en produira régulièrement des adaptations[325] : Vingt Mille Lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954), film qui connaîtra une redistribution en 1963 et une autre en 1971, marquera le début d'un cycle d'adaptations verniennes qui durera plus de dix-sept ans[318] dont Tour du monde en quatre-vingts jours par Michael Anderson (1956), Voyage au centre de la Terre d'Henry Levin (1959), L'Île mystérieuse de Cy Endfield (1961), Cinq Semaines en ballon d'Irwin Allen (1962), L'Étoile du sud de Sidney Hayers et Orson Welles (1969), Le Phare du bout du monde de Kevin Billington (1971) et en Espagne Un capitaine de quinze ans de Jesús Franco (1974)[326], en France Les Tribulations d'un Chinois en Chine, adaptation fantaisiste de Philippe de Broca en 1965, en Tchécoslovaquie Le Château des Carpathes adaptation encore plus fantaisiste d'Oldřich Lipský en 1981.
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+ Parmi tous les réalisateurs qui se sont attachés à transposer l'œuvre du romancier français à l'écran, Karel Zeman occupe une place à part. Pionnier du cinéma d'animation tchèque, Zeman réalise, entre 1955 et 1970, quatre longs métrages inspirés par la lecture des Voyages extraordinaires et les illustrations originales des éditions Hetzel : Voyage dans la Préhistoire (1955), L'Invention diabolique ou Les Aventures fantastiques (1958), Le Dirigeable volé (1968) et L'Arche de monsieur Servadac (1970). Dans une filiation revendiquée à Georges Méliès et au cinéma muet, Karel Zeman y mêle image réelle, animation et trucage[327].
238
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239
+ En 2015, l'influence de Jules Verne se ferait encore sentir, selon l'universitaire américain vernien Brian Taves[328] dans des productions du genre Ex Machina, Avengers : L'Ère d'Ultron et surtout Tomorrowland, qui témoigne de l'esprit d'exploration et de l'idéalisme qui imprègnent l'univers de l'auteur[318].
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+ Le Théâtre de la jeunesse a servi lui aussi à faire connaître et à illustrer l'œuvre de Jules Verne.
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+ Autres adaptations :
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+ En 1978, le compositeur Paul-Baudouin Michel composa son œuvre pour orgue « Le tombeau de Jules Verne » (op. 94)[330].
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+ En 2015, Nicolas Nebot et Dominique Mattei créent un spectacle musical s'inspirant des personnages des œuvres de Jules Verne : Jules Verne le Musical[331],[332].
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+ Comme pour les arts cinématographiques ou d'animation, les adaptations en bandes dessinées et mangas sont très nombreuses[333]. Déjà à Barcelone à la fin du XIXe siècle apparaissent des aucas (en catalan), aleluya (en espagnol), feuilles d'images monochromes sur papier blanc, vert, brun ou mauve. Ainsi la maison Sucesor de Antonio Bosch adapte Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, Aventures de trois Russes et de trois Anglais et L'Ile mystérieuse, avec des dessins copiant les gravures des éditions in-8 Hetzel. Le même éditeur publie une adaptation de De la Terre à la Lune et d' Autour de la Lune sous le titre De la Tierra al Sol pasando por la Luna dont dix-huit des quarante-huit vignettes sont issues des romans lunaires puis s'en éloignent à partir de la vignette no 19 ainsi que le texte, les héros descendant sur la Lune et y rencontrant des voyageurs d'un autre obus. Parmi d'autres aucas : Los sobrinos del Capitán Grant[334], tirée de la zarzuela de Miguel Ramos Carrión (en), Aventuras de tres Rusos y de tres Ingleses ou Veinte mil leguas de viaje submarino[335].
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+ Dès 1905 Winsor McCay crée Little Nemo. Au début du XXe siècle, l'Imagerie Pellerin publie trois titres de Jules Verne : Aventures du capitaine Hatteras (série Aux armes d'Épinal no 71), Cinq Semaines en ballon (même série, no 72) et Kéraban-le-Têtu (sans nom de série, no 643). Il s'agit de planches avec des petits résumés qui accompagnent les vignettes (neuf pour Hatteras, seize pour Cinq semaines et seize pour Kéraban)[336].
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+ Aux États-Unis, dans la série de bandes dessinées Classiques illustrés paraissent à partir de 1946 de très nombreux romans de Jules Verne. Ils connaissent aussi dans la même série des traductions aux Pays-Bas, en Suède, au Danemark et en Grèce. Dans les années 1970, pratiquement tous les romans de Jules Verne sont adaptés en Espagne et de très nombreux en Italie[337].
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+ En France, Le Journal de Mickey dans les années 1950 produit quelques adaptations et Hachette publie un intermédiaire entre les images d’Épinal et la bande dessinée avec Vingt Mille Lieues sous les mers. Autres adaptations marquantes, Le démon des glaces de Jacques Tardi (1974), pastiche L'Ile mystérieuse, Vingt Mille Lieues sous les mers et Les Mémoires d'un aventurier de François Dimberton (1989-1991). On y voit Jules, Michel et Honorine Verne accueillir à leur bord un des héros lors d'une croisière de Jules Verne[338].
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+ En juillet 1979, les éditions Vaillant publient un album broché hors-série de Pif Parade intitulé Jules Verne en bandes dessinées dont la couverture parodie les cartonnages Hetzel[339], adaptation de cinq romans de Jules Verne : La Maison à vapeur, Maître du monde, Le Secret de Wilhelm Storitz, Sans dessus dessous et Les 500 millions de la Bégum[340].
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+ L’emprunt à l’œuvre vernienne la plus criante reste Les Aventures de Tintin de Hergé où de nombreuses péripéties et de nombreux personnages sont issus de l'univers vernien[341],[342]. Ainsi, par exemple, les Dupond-t ont-ils les traits des détectives Craig et Fry des Tribulations d'un Chinois en Chine[343], Tryphon Tournesol, ceux de Palmyrin Rosette d'Hector Servadac ou le docteur Schulze « de l'université d'Iéna » (L'Étoile mystérieuse) a pour équivalent physique et moral le docteur Schultze « de l'université d'Iéna » des Cinq cents millions de la Bégum[344]. Les Enfants du capitaine Grant et Vingt Mille Lieues sous les mers ont de nombreux points communs avec Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge[345] ou encore Objectif Lune et On a marché sur la Lune rappellent De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[346].
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+ Parmi les adaptations modernes, se distinguent dans la série Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters, La Route d'Armilia (Casterman, 1988) avec son personnage de Ferdinand Robur Hatteras et des mêmes auteurs. L'écho des cités: histoire d'un journal (Casterman, 1993), journal dont le directeur est Michel Ardan[347]. Magic Strip publie aussi en 1986 une version moderne dramatique du Rayon vert et Jean-Claude Forest laisse une Mystérieuse : matin, midi et soir, adaptation en science-fiction de L'Île mystérieuse (1971)[348].
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+ Énumérer l'ensemble des sources utilisées par Verne ne peut être exhaustif mais il est possible de remarquer qu'en grande partie son œuvre est orientée vers sa propre époque[349]. Dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse Jules Verne évoque quelques influences :
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+ Il écrit aussi qu'il admire Le Robinson suisse de Johann David Wyss plus que le Robinson Crusoé de Daniel Defoe[350].
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+ À Marie A. Belloc venue l'interviewer, il explique sa méthode de travail : « [...] bien avant d'être romancier, j'ai toujours pris de nombreuses notes en lisant les livres, les journaux, les magazines ou les revues scientifiques. Ces notes étaient et sont toutes classées selon le sujet auquel elles se rapportent, et c'est à peine si j'ai besoin de vous dire à quel point cette documentation a une valeur inestimable »[351]. Belloc observe que ces notes sont rangées dans des casiers en carton. Elles sont conservées à la Bibliothèque municipale d'Amiens (Fonds Piero Gondolo della Riva)[352].
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+ Parmi les revues qu'il utilise le plus, Le Tour du monde, le journal des voyages et le Bulletin de la Société de géographie, se distinguent[353]. Il se documente aussi, entre autres, dans le Musée des familles, Le Magasin pittoresque, La Science illustrée, L'Univers illustré, la Revue maritime et coloniale, le Magasin d’éducation et de récréation ou encore dans La Gazette médicale de Paris[354].
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+ Son œuvre littéraire entre en relation avec de nombreux auteurs comme Victor Hugo, Walter Scott, Charles Dickens, Robert Louis Stevenson, Alexandre Dumas, George Sand, Edgar Allan Poe, Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Baudelaire... pour ses contemporains[355] ou Xavier de Maistre, Chateaubriand, E. T.A. Hoffmann... pour ceux qui l'ont précédé[356].
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+ Dans les domaines qu'il maîtrise moins, en particulier la science, il fait appel à des proches comme Joseph Bertrand ou Henri Garcet pour les mathématiques[357], Albert Badoureau pour la physique[358] ou à son frère Paul, pour la navigation[359].
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+ « Jules Verne ! quel style ! rien que des substantifs ! »
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+ — Guillaume Apollinaire[360].
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+ Après son travail préalable de recherche sur le sujet qu'il a choisi, Jules Verne établit les principales lignes de son futur roman : « Je ne commence jamais un livre sans savoir ce que seront le début, le milieu et la fin »[361]. Il dresse alors un plan des chapitres et commence l'écriture d'une première version au crayon « en laissant une marge d'une demi-page pour les corrections »[361]. Il lit ensuite le tout et le repasse à l'encre. Il considère que son véritable travail commence avec le premier jeu d'épreuves. Il corrige alors chaque phrase et récrit des chapitres entiers[362]. Les manuscrits de Jules Verne témoignent de l’important travail de corrections, ajouts, réécritures qu'il effectue et des nombreuses critiques et notes de son éditeur[363]. Son but est de devenir un véritable styliste comme il l'écrit lui-même à Hetzel :
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+ Dans une lettre à Mario Turiello[365], Jules Verne précise sa méthode : « Pour chaque pays nouveau, il m'a fallu imaginer une fable nouvelle. Les caractères ne sont que secondaires ».
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+ Jean-Paul Dekiss étudiant le style de Jules Verne écrit : « Son rapport singulier à l'éducation a fait de Jules Verne un auteur pour enfants ; l'intérêt documentaire qu'il porte à la science le fait auteur scientifique ; sa réussite dans l'anticipation, auteur de science-fiction ; l'aventure le fait classer par la critique littéraire auteur populaire de second rang ; par l'arrière-plan auquel il relègue les analyses psychosociologiques il est considéré sans profondeur ; son style transparent est transformé en style inexistant. Que de malentendus !... »[366].
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+ Malgré tout, certains auteurs louent le style de Jules Verne, dont Ray Bradbury, Jean Cocteau, Jean-Marie Le Clézio, Michel Serres[367], Raymond Roussel, Michel Butor, Péter Esterházy[368] et Julien Gracq[369], Régis Debray[370]. Michel Leiris écrit : « Il restera, quand tous les autres auteurs de notre époque seront oubliés depuis longtemps »[371].
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+
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+ Jules Verne utilise ainsi dans les péripéties de ses romans l'histoire et la géographie, les techniques et les sciences, le tout pour produire de l'imaginaire. Il ne s'arrête pas à l'anecdote et par les connaissances, exploite ses sources pour passer au-delà du réel. « Elles donnent aux personnages et à leurs actes une transparence, une luminosité particulière qui est celle des rêves, de l'enchantement et des mythes »[372]. Daniel Compère ajoute : « Il existe chez Verne une tendance à fictionner le réel, à projeter dans les récits et descriptions qu'il lit des personnages et des événements romanesques. Cette tendance se retrouve également dans les récits historiques que Verne a consacrés aux grands voyageurs depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle »[373].
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+ Derrière une apparente diversité, ce sont les thèmes qui donnent à l'œuvre de Jules Verne une unité profonde. À peine indiqués dans certains ouvrages, dans d'autres, ils deviennent le noyau de l'histoire. Un simple exemple, ce fameux rayon vert, qui donne son titre au roman de 1882, est déjà évoqué dans des œuvres antérieures et le sera également dans des romans postérieurs. Ces fils d'Ariane assurent la cohésion à l'ensemble des écrits de Verne, toutes formes confondues (nouvelles, théâtre, Voyages extraordinaires, ébauches, poèmes)[374].
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+ Les personnages de l’œuvre de Jules Verne ont fait l'objet de plusieurs études[375]. Parmi les principales :
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+ Si Jules Verne a influencé des générations de lecteurs et d'écrivains de science-fiction, son œuvre est marquée par les topoï littéraires de son époque.
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+ Des stéréotypes antisémites sont présents dans certaines œuvres[376], notamment dans Hector Servadac[377] :
296
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297
+ « Petit, malingre, les yeux vifs mais faux, le nez busqué, la barbiche jaunâtre, la chevelure inculte, les pieds grands, les mains longues et crochues, il offrait ce type si connu du juif allemand, reconnaissable entre tous. C'était l'usurier souple d'échine, plat de cœur, rogneur d'écus et tondeur d'œuf. L'argent devait attirer un pareil être comme l'aimant attire le fer, et, si ce Shylock fût parvenu à se faire payer de son débiteur, il en eût certainement revendu la chair au détail. D'ailleurs, quoiqu'il fût juif d’origine, il se faisait mahométan dans les provinces mahométanes, lorsque son profit l'exigeait, chrétien au besoin en face d'un catholique, et il se fût fait païen pour gagner davantage. Ce juif se nommait Isac Hakhabut. »
298
+
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+ — Hector Servadac, Chapitre XVIII
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+
301
+ « Beaucoup de Juifs, qui ferment leurs habits de droite à gauche, comme ils écrivent, – le contraire des races aryennes. »
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+ — Claudius Bombarnac, I
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+
305
+ Verne applique ainsi le stéréotype du juif dans la littérature et l'imagerie populaire, dans l'esprit de l'usurier Gobseck ou du Nucingen de La Comédie humaine, du Marchand de Venise, du Shylock de Shakespeare, de ses lectures d'Alphonse Toussenel, des sources qu'il exploite aussi, ou, entre autres, du Victor Hugo des Burgraves. À la publication d'Hector Servadac, le grand rabbin de Paris, Zadoc Kahn dénonce l'antisémitisme de Verne. Son parti pris caricatural, correspondant à l'antisémitisme ambiant, avait pourtant déjà été utilisé dans sa nouvelle Martin Paz en 1852, sans qu'aucune réserve ne soit alors soulevée[378]. Il retient vraisemblablement la leçon du rabbin et de son éditeur puisque cet aspect-là ne réapparait plus ensuite dans son œuvre[379]. Jean-Paul Dekiss explique : « Jules Verne reprend malheureusement une image à son époque répandue et n'a pas mesuré les conséquences d'un choix aussi déplorable [...] A sa décharge, s'il utilise le personnage du méchant juif pour dénoncer le rôle néfaste de l'argent, c'est au phénomène de l'usure qu'il s'attaque, non à une minorité religieuse »[378].
306
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307
+ Un autre fait, touchant à la biographie de Jules Verne, peut expliquer cette caricature antisémite du personnage d'Isac Hakhabut. Au moment de la rédaction du roman, Jules Verne est aux prises avec l'affaire Olschewitz, une famille juive polonaise qui défraie la chronique en déclarant que l'auteur des Voyages extraordinaires se nomme en réalité Julius Olschewitz[N 22]. Cette affaire l'exaspère[380]. Il cherche alors à prouver son origine catholique : « Étant breton, je suis par raison, par raisonnement, par tradition de famille chrétien et catholique romain. » (lettre à Madame Antoine Magnin)[381]. On en trouve aussi de nombreux échos dans sa correspondance avec son éditeur[382]. De plus, à la même époque Jules Verne se considérait spolié (à tort) par Jacques Offenbach pour la féerie Voyage dans la Lune, et (à raison) par Adolphe d'Ennery, pour les droits de l'adaptation du Tour du monde en 80 jours, tous les deux de confession israélite[383]. Par ailleurs, Verne détestait se rendre à Antibes dans la villa de son collaborateur, qui menait une vie assez dissolue aux yeux de l'écrivain[384]. Le manuscrit d'Hector Servadac contient ainsi des précisions qui ciblent sans ambiguïté D'Ennery, mais qui ont disparu de la version publiée[385].
308
+
309
+ Verne a d'abord été anti-dreyfusard avant de changer d'avis[386]. Ayant de nombreux membres de sa famille dans l'armée, tel le général Georges Allotte de La Fuÿe, son cousin germain, modèle du personnage d'Hector Servadac, qui a lu et corrigé le roman du même nom[387], ce soutien peut se comprendre. À Louis-Jules Hetzel il écrit par exemple au sujet de l'affaire Dreyfus : « Que sera ce jour de l'an au milieu de l'anarchie morale où notre pauvre pays est tombé ? Je ne sais guère. Mais c'est tout simplement abominable, et je ne saurais trop vous dire à quel point j'ai été surpris et chagriné de l'intervention de Poincaré il y a quelques semaines. Et comment tout cela finira-t-il ? »[388] et quelques mois plus tard au lendemain du vote de la Chambre d'une loi dite de dessaisissement attribuant à la Cour de cassation la décision à prendre pour la révision du procès de Dreyfus : « Moi, qui suis anti-dreyfusard dans l'âme, j'approuve, c'est ce qu'il y avait de mieux à faire sur la question de la révision. Mais je comprends de moins en moins l'attitude de notre Poincaré »[389]. Raymond Poincaré, qui en 1896, avait été l'avocat de Jules Verne et de Louis-Jules Hetzel dans une affaire en diffamation (l'inventeur Eugène Turpin s'étant reconnu dans le personnage de Thomas Roch du roman Face au drapeau) où l'accusateur fut, à tort, débouté[390], dreyfusard, protestait contre cette décision qui introduisait l'arbitraire.
310
+
311
+ Progressivement, et les preuves s'accumulant, Jules Verne change d'avis. Michel Verne ardent dreyfusard n'est sans doute pas étranger à ce changement de cap[391]. Au même moment, Jules Verne rédige Les Frères Kip dans lequel des innocents sont condamnés au bagne[391].
312
+
313
+ Jules Verne, bien qu'anti-colonialiste, reprenant les sources qu'il emploie, n'échappe pas aux préjugés de son époque[392] :
314
+
315
+ « [...] - Mais ces indigènes, demanda vivement Lady Glenarvan, sont-ils ?...
316
+ -Rassurez-vous, madame, répondit le savant [...] ces indigènes sont sauvages, abrutis, au dernier échelon de l'intelligence humaine, mais de mœurs douces, et non sanguinaires comme leurs voisins de la Nouvelle-Zélande. S'ils ont fait prisonniers les naufragés du Britannia, ils n'ont jamais menacé leur existence, vous pouvez m'en croire. Tous les voyageurs sont unanimes sur ce point que les Australiens ont horreur de verser le sang, et maintes fois ils ont trouvé en eux de fidèles alliés pour repousser l'attaque des bandes de convicts, bien autrement cruels. »
317
+
318
+ — Les Enfants du capitaine Grant, chapitre IV
319
+
320
+ L'œuvre de Jules Verne, comme celle de la plupart des auteurs de l'époque, marque quelquefois une condescendance voire un parfait mépris envers les « sauvages » ou « naturels » :
321
+
322
+ « Quelques minutes après, le Victoria s’élevait dans l’air et se dirigeait vers l’est sous l’impulsion d’un vent modéré.
323
+ « En voilà un assaut ! dit Joe.
324
+ — Nous t'avions cru assiégé par des indigènes.
325
+ — Ce n'étaient que des singes, heureusement ! répondit le docteur.
326
+ — De loin, la différence n’est pas grande, mon cher Samuel.
327
+ — Ni même de près, répliqua Joe. »
328
+
329
+ — Cinq Semaines en ballon, chapitre XIV
330
+
331
+ Cependant, Jean Chesneaux et Olivier Dumas, ont remarqué chacun de leur côté que : « Ce racisme de Jules Verne, son attitude méprisante, s'applique davantage aux couches dirigeantes et aux aristocraties tribales qu'aux peuples d'Afrique et d'Océanie dans leur ensemble. Ce qu'il dénonce le plus volontiers, comme typique de la « barbarie » africaine, ce sont les hécatombes rituelles à l'occasion des funérailles d'un souverain, tel le roitelet congolais dans Un capitaine de quinze ans (seconde partie, chapitre 12) ou les immolations massives de prisonniers en l'honneur de l'intronisation du nouveau roi du Dahomey auxquelles met fin Robur du haut de son aéronef (p. 142). »[393]
332
+
333
+ Et il est vrai que ce genre de remarque reste occasionnel ; on trouve davantage de personnages de couleur présentés sous un angle positif, à l'instar de Tom, Austin, Bat, Actéon et Hercule dans Un capitaine de quinze ans (« […] on pouvait aisément reconnaître en eux de magnifiques échantillons de cette forte race […] »). Il faut ajouter les sauvages de la Papouasie dans Vingt Mille Lieues sous les mers, à propos desquels le capitaine Nemo, retiré d'une « civilisation » composée de Blancs, s'exclame : « Et d'ailleurs sont-ils pires que les autres ceux que vous appelez les sauvages ? » Il repoussera par des charges électriques inoffensives la menace qu'ils font peser sur son équipage. Il se montrera en revanche sans pitié pour un navire européen (on saura dans L'Ile mystérieuse qu'il était britannique) qui a fait périr toute sa famille. On y apprendra aussi que le capitaine Nemo était un Hindou — donc un Asiatique —, qui participa à la Révolte des cipayes en 1857. Enfin, le colonialisme britannique en Océanie est plusieurs fois fustigé dans les Voyages extraordinaires : Les Enfants du capitaine Grant, La Jangada, Mistress Branican[394].
334
+
335
+ De plus, dans ces romans, Jules Verne prend nettement position contre l'esclavage, position qu'il a réaffirmée à plusieurs reprises, notamment à propos de la guerre de Sécession[395]. C'est un militant de cette cause, ayant constamment applaudi à l'abolition de 1848[396]. Dans ce domaine, il est de surcroît sans concession quant aux responsables et profiteurs de l'esclavage. Ainsi, notamment dans Un capitaine de quinze ans, il s'en prend aux roitelets africains qui s'adonnent à de ravageuses guerres et à de fructueuses captures suivies de mises en esclavage de leurs frères de race, tournant souvent au drame, mais aussi à l'esclavage pratiqué dans les pays musulmans en rappelant :
336
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337
+ « L’Islam est favorable à la traite. Il a fallu que l’esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l’esclave blanc d’autrefois. »
338
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339
+ Pour autant, il n'accorde pas aux Noirs l'égalité avec les Blancs : lorsqu'ils ne sont pas des sauvages sans pitié, les Noirs sont des serviteurs, tout dévoués à leur maître, et ne prétendant pas à un autre statut. Ainsi, dans Deux Ans de vacances, le mousse Moko, du même âge que les autres enfants, est à leur entier service, et ne prend pas part au vote qui désignera le chef de la petite colonie, ni à aucun débat :
340
+
341
+ « Moko, en sa qualité de noir, ne pouvant prétendre et ne prétendant point à exercer le mandat d'électeur […] »
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+
343
+ — Deux Ans de vacances, chapitre XVIII
344
+
345
+ Jean Chesneaux souligne le fait qu'« aucun roman vernien n'est consacré à l'expansion coloniale française proprement dite », pas plus qu'à la traite atlantique totalement ignorée. « En dépit de l'effort de compréhension envers les luttes contre le pouvoir colonial et de sa sympathie secrète pour les rebelles tels Nana-Sahib, Jules Verne n'en accepte pas moins la domination coloniale comme un fait inéluctable et acquis, mieux, comme un fait historiquement nécessaire. »[397] Mais d'autres chercheurs ont contredit ces propos en prenant entre autres l'exemple du roman L'Invasion de la mer, traitant du sujet[398].
346
+
347
+ Les dates entre parenthèses indiquent la première publication[399].
348
+
349
+ À la mort de Jules Verne en mars 1905, plusieurs de ses manuscrits sont en attente de publication et certains ont déjà été fournis à l'éditeur. Ces romans et nouvelles ont pour la plupart été remaniés par Michel Verne, fils de l'auteur, avant leur publication. Les versions originales n'ont été publiées que plusieurs décennies plus tard. La date indiquée entre parenthèses est celle de la première publication. La date de rédaction est indiquée entre crochets.
350
+
351
+ La date entre parenthèses est celle de rédaction supposée du texte.
352
+
353
+ Jules Verne est d'abord attiré par le théâtre, mais n'y connaîtra qu’un succès fragile jusqu'à ce que certains des Voyages extraordinaires soient portés à la scène. Plusieurs de ses pièces ont été écrites en collaboration. La date est celle de la première représentation. Est aussi mentionnée la date de première publication. Les pièces qui n'ont pas été représentées sont répertoriées dans l'article détaillé Théâtre de Jules Verne[488].
354
+
355
+ Cent-quatre-vingt-quatre poésies et chansons de Jules Verne ont été répertoriées jusqu'à présent. La plupart des chansons sont parues dans deux recueils de musique d'Aristide Hignard : Rimes et Mélodies. Un grand nombre de poésies proviennent de deux cahiers de poésies manuscrites. Ces cahiers ont été édités[497].
356
+
357
+ Les dates entre parenthèses sont simplement supposées.
358
+
359
+ En 1886, alité, à la suite de l'attentat perpétré contre lui par son neveu Gaston, Jules Verne recommence à versifier, en écrivant des triolets sur les personnes en vue d'Amiens. Une première série comprend dix-neuf triolets:
360
+
361
+ Puis, trente-trois autres triolets de 1890 à 1895 :
362
+
363
+ De très nombreuses lettres de ou à Jules Verne sont publiées dans le Bulletin de la Société Jules-Verne de sa fondation (1935) à aujourd’hui. Parmi ses correspondants : Edmondo De Amicis, Jean Chaffanjon, Alexandre Dumas fils, Adolphe d'Ennery, Félix Fénéon, Théophile Gautier, Philippe Gille, Charles Lemire, Hector Malot, Nadar, Émile Perrin, Mario Turiello, Charles Wallut etc.
364
+
365
+ ainsi que dans les ouvrages :
366
+
367
+ Sur les autres projets Wikimedia :
368
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+ Jules Verne, par sa popularité, est le sujet de très nombreuses études biographiques et bibliographiques, de valeurs très inégales, certains biographes n'étant que des compilateurs d'ouvrages précédemment parus, cherchant parfois uniquement le sensationnel plus que la rigueur scientifique, loin de l’exégèse. Pour établir une bibliographie pertinente et rigoureuse, plusieurs recherches ont été publiées :
fr/2954.html.txt ADDED
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+ Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes et mort le 24 mars 1905 à Amiens, est un écrivain français dont l'œuvre est, pour la plus grande partie, constituée de romans d'aventures évoquant les progrès scientifiques du XIXe siècle.
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+ Bien qu'il ait d'abord écrit des pièces de théâtre, Verne ne rencontre le succès qu'en 1863 lorsque paraît, chez l'éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1886), son premier roman, Cinq Semaines en ballon. Celui-ci connaît un très grand succès, y compris à l'étranger. À partir des Aventures du capitaine Hatteras, ses romans entreront dans le cadre des Voyages extraordinaires, qui comptent 62 romans et 18 nouvelles, parfois publiés en feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse, ou dans des périodiques destinés aux adultes comme Le Temps ou le Journal des débats.
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+ Les romans de Jules Verne, toujours très documentés, se déroulent généralement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Ils prennent en compte les technologies de l'époque — Les Enfants du capitaine Grant (1868), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), Michel Strogoff (1876), L'Étoile du sud (1884), etc. — mais aussi d'autres non encore maîtrisées ou plus fantaisistes — De la Terre à la Lune (1865), Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), Robur le Conquérant (1886), etc.
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+ Outre ses romans, on lui doit de nombreuses pièces de théâtre, des nouvelles, des récits autobiographiques, des poésies, des chansons et des études scientifiques, artistiques et littéraires. Son œuvre a connu de multiples adaptations cinématographiques et télévisuelles depuis l'origine du cinéma ainsi qu'en bande dessinée, au théâtre, à l'opéra, en musique ou en jeu vidéo.
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+ L'œuvre de Jules Verne est universelle ; selon l’Index Translationum, avec un total de 4 751 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et devant Shakespeare[1]. Il est ainsi, en 2011, l'auteur de langue française le plus traduit dans le monde[2]. L'année 2005 en France a été déclarée « année Jules Verne », à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain[3].
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+ Jules Gabriel Verne[4] naît au 4 de la rue Olivier-de-Clisson, à l'angle de la rue Kervégan sur l'île Feydeau à Nantes, au domicile de sa grand-mère maternelle, Sophie Marie Adélaïde-Julienne Allotte de la Fuÿe (née Guillochet de La Perrière[5])[6],[N 1]. Il est le fils de Pierre Verne, avoué[7], originaire de Provins, et de Sophie Allote de la Fuÿe, issue d'une famille nantaise de navigateurs et d'armateurs, d'ascendance écossaise[N 2]. Jules est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants, comprenant son frère Paul (1829-1897), qui sera marin, mais aussi écrivain, et trois sœurs, Anne dite Anna (épouse du Crest de Villeneuve), née en 1836, Mathilde (épouse Fleury), née en 1839, et Marie (épouse Guillon, mère de Claude Guillon-Verne), née en 1842. En 1829, les Verne s'installent au no 2 quai Jean-Bart (à une centaine de mètres du lieu de naissance de leur fils aîné)[6], où naissent Paul, Anna et Mathilde. En 1840, la famille connaît un nouveau déménagement dans un immeuble imposant au 6, rue Jean-Jacques-Rousseau[6], proche du port, où naît Marie[N 3].
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+ En 1834, à l'âge de six ans, il est mis en pension dans une institution tenue par une certaine Mme Sambin, veuve putative[N 4] d'un capitaine de cap-hornier[8].
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19
+ Il entre avec son frère au collège Saint-Stanislas, un établissement religieux conforme à l'esprit très catholique de son père (d'une façon générale, le lycée Royal n'a pas bonne réputation dans la bourgeoisie nantaise), en octobre 1837[9]. On y trouve quelques traces de ses premiers succès scolaires, dont voici le palmarès[10] :
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21
+ De plus, plusieurs accessits de musique vocale montrent son goût pour cette matière, goût qu'il conservera toute sa vie[N 5].
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23
+ De 1844 à 1846, Jules Verne est pensionnaire au petit séminaire de Saint-Donatien (bâtiments occupés par l'actuel lycée professionnel Daniel-Brottier à Bouguenais)[N 6],[11], où il accomplit la quatrième, la troisième et la seconde. Son frère le suit, en pension comme lui. Dans son roman inachevé Un prêtre en 1839[12], Jules Verne décrit ce petit séminaire de façon peu élogieuse[13].
24
+
25
+ Pierre Verne achète à Chantenay, en 1838[14], une villa pour les vacances, toujours existante au 29 bis, rue des Réformes, face à l'église Saint-Martin de Chantenay[15],[6] (le musée Jules-Verne, situé également à Chantenay, est installé dans un bâtiment sans relation à la famille Verne). Toute la famille aime à se retrouver dans cette maison de campagne[16].
26
+
27
+ Les vacances de Jules Verne se passent également à Brains (à 20 km au sud-ouest de Nantes), dans la propriété que son grand-oncle Prudent Allotte de la Fuÿe, a achetée en 1827/1828 au lieu-dit « La Guerche »[17]. Prudent Allotte de la Fuÿe est un ancien armateur, « vieil original, célibataire autoritaire et non conformiste »[18], qui a beaucoup voyagé avant de revenir s'installer au pays natal. Il est maire de Brains de 1828 à 1837[19]. Le jeune garçon aime à faire d'interminables parties de jeu de l'oie avec le vieux bourlingueur[N 7].
28
+
29
+ Une légende veut qu'en 1839, à l'âge de onze ans, le petit Jules aurait tenté de s'embarquer sur un long-courrier en partance pour les Indes, en qualité de mousse[20]. Son père l'aurait récupéré in extremis à Paimbœuf. Jules Verne aurait avoué avoir voulu partir pour rapporter un collier de corail à sa cousine, Caroline Tronson, dont il était amoureux. Rudement tancé par son père, il aurait promis de ne plus voyager qu'en rêve. Ce n'est qu'une légende enjolivée par l'imagination familiale[N 8] car, dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, il raconte qu'il est monté à bord d'un voilier, l'a exploré, a tourné le gouvernail, etc., ce en l'absence d'un gardien, ce qui lui vaut la réprobation du capitaine[21].
30
+
31
+ De 1844 à 1846, Jules et Paul étudient au lycée Royal de Nantes (actuellement lycée Clemenceau)[22]. Jules Verne fréquente en compagnie de ses camarades le Cercle des externes du collège Royal, qui se tient dans la librairie du Père Bodin, place du Pilori[23]. Après avoir terminé les classes de rhétorique et philosophie, il passe les épreuves du baccalauréat à Rennes et reçoit la mention « assez bien », le 29 juillet 1846[24].
32
+
33
+ En 1847, il est envoyé à Paris par son père, prioritairement pour suivre ses études, mais aussi peut-être parce qu'on voulait ainsi l'éloigner de Nantes. En effet, Caroline Tronson (1826-1902), sa cousine dont il est épris, doit se marier le 27 avril de la même année avec Émile Dezaunay, un homme de quarante ans originaire de Besançon[25]. Jules Verne en conçoit une amertume profonde au point d'écrire à sa mère, six ans plus tard, lorsque cette dernière lui demande de les accueillir à Paris : « Je serai aussi aimable que le comporte mon caractère biscornu, avec les nommés Dezaunay ; enfin sa femme va donc entrevoir Paris ; il paraît qu'elle est un peu moins enceinte que d'habitude, puisqu'elle se permet cette excursion antigestative[26] ». Caroline Tronson, après son mariage avec Dezaunay, aura cinq enfants[27].
34
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35
+ Après un court séjour à Paris, où il passe ses examens de première année de droit[28], il revient à Nantes pour préparer avec l'aide de son père la deuxième année[N 9]. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Rose Herminie Arnault de La Grossetière[29], née en 1827, pour laquelle il va éprouver une violente passion[30]. Son premier cahier de poésie contient de nombreuses allusions à la jeune femme, notamment Acrostiche ou La Fille de l'air[31]. L'amour a peut-être été un moment partagé mais aucune source ne vient corroborer la chose. Les parents d'Herminie voient d'un mauvais œil leur fille se marier à un jeune étudiant dont l'avenir n'est pas encore assuré[32]. Ils la destinent à Armand Terrien de la Haye, un riche propriétaire de dix ans son aîné. Le mariage a lieu le 19 juillet 1848[33]. Jules Verne est fou de rage. Il écrit de Paris à sa mère une lettre hallucinante, sans doute composée dans un état de semi-ébriété. Sous couvert d'un songe, il crie sa douleur du mariage d'Herminie en un récit de vengeance de noces maudites : « La mariée était vêtue de blanc, gracieux symbole de l'âme candide de son fiancé ; le marié était vêtu de noir, allusion mystique à la couleur de l'âme de sa fiancée ! » ou « La fiancée était froide, et comme une étrange idée d'anciens (sic) amours passait en elle »[34]. Cet amour avorté va marquer à jamais l'auteur et son œuvre, dans laquelle on trouvera un nombre important de jeunes filles mariées contre leur gré (Gérande dans Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, Sava dans Mathias Sandorf, Ellen dans Une ville flottante, etc.) au point que Christian Chelebourg parle du « complexe d'Herminie » pour les Voyages extraordinaires[35]. L'écrivain gardera également une rancune à l'encontre de sa ville natale et de la société nantaise, qu'il pourfendra dans certaines poésies, notamment La Sixième Ville de France et Madame C…, une violente diatribe visant sans doute une des commères de la ville[36].
36
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37
+ En juillet 1848, Jules Verne quitte définitivement Nantes pour Paris. Son père l'envoie poursuivre ses études de droit, en espérant qu'il lui succédera un jour[37]. À cette date, il travaille sur un roman qui restera inachevé, et qui sera par erreur publié par les Éditions du Cherche-Midi en 1992 sous le titre Un prêtre en 1839, mauvaise lecture du manuscrit qui porte en 1835[38], des pièces de théâtre dont deux tragédies en vers, Alexandre VI et La Conspiration des poudres, et des poèmes. Alors qu'en 1847, il avait été accueilli par sa grand-tante Charuel au no 2 de la rue Thérèse, près de la butte Saint-Roch[39], en 1848, il obtient de son père de pouvoir louer un appartement meublé, qu'il partage avec Édouard Bonamy, un autre étudiant originaire de Nantes, dans un immeuble situé au 24, rue de l'Ancienne-Comédie, donnant sur la place de l'Odéon[40].
38
+
39
+ Paris vit alors une période révolutionnaire (voir Révolution française de 1848). En février, le roi Louis-Philippe a été renversé et s'est enfui ; le 24 février, a été établi le gouvernement provisoire de la Deuxième République. Les manifestations se succèdent et le climat social est tendu. En juin, les barricades se dressent de nouveau dans Paris (voir Journées de Juin) ; le gouvernement envoie le général Cavaignac écraser l'insurrection. Fin juin, quand le futur écrivain arrive dans la capitale, Cavaignac vient de former un gouvernement qui durera jusqu'à la fin de l'année. Verne écrit à ses parents :
40
+
41
+ « Je vois que vous avez toujours des craintes en province ; vous avez beaucoup plus peur que nous n'avons à Paris... J'ai parcouru les divers points de l'émeute, rues Saint-Jacques, Saint-Martin, Saint-Antoine, le Petit Pont, la Belle Jardinière ; j'ai vu les maisons criblées de balles et trouées de boulets. Dans la longueur de ces rues, on peut suivre la trace des boulets qui brisaient et écorniflaient balcons, enseignes, corniches sur leur passage ; c'est un spectacle affreux, et qui néanmoins rend encore plus incompréhensibles ces assauts dans les rues[41] ! »
42
+
43
+ Le 3 août, Jules Verne passe avec succès son examen d'entrée en deuxième année de droit[42]. Lorsqu'Édouard Bonamy quitte Paris pour retourner à Nantes vers la fin de l'année, il obtient une chambre pour lui seul, dans la même maison[43].
44
+
45
+ Son oncle Chateaubourg[N 10] l'introduit dans les salons littéraires. Il fréquente celui de Mme de Barrère, amie de sa mère, et de Mme Mariani[44]. Tout en continuant ses études, il écrit de nombreuses pièces qui resteront pour la plupart inédites jusqu'en 1991 avant d'être publiées, pour certaines, de manières confidentielles dans les trois volumes des Manuscrits nantais[45] et connaîtront une publication grand public en 2006 aux Éditions du Cherche-Midi sous le titre Jules Verne : Théâtre inédit[46].
46
+
47
+ Jules Verne dévore les drames de Victor Hugo, d'Alexandre Dumas, d'Alfred de Vigny, les comédies d'Alfred de Musset[47], mais il avoue une préférence pour deux classiques : Molière et Shakespeare[N 11].
48
+
49
+ L'influence la plus fortement exercée à cette époque sur le jeune écrivain est celle de Victor Hugo. Verne raconte à Robert H. Sherard : « J'étais au plus haut point sous l'influence de Victor Hugo, très passionné par la lecture et la relecture de ses œuvres. À l'époque, je pouvais réciter par cœur des pages entières de Notre-Dame de Paris, mais c'étaient ses pièces de théâtre qui m'ont le plus influencé, et c'est sous cette influence qu'à l'âge de dix-sept ans, j'ai écrit un certain nombre de tragédies et de comédies, sans compter les romans »[48],[N 12].
50
+
51
+ Durant cette période, les lettres de Jules Verne à ses parents concernent essentiellement ses dépenses et l'argent dont il a besoin. Cependant, au mois de mars 1849, un autre événement inquiète le jeune étudiant : « Ma chère maman, le choléra est donc définitivement à Paris, et je ne sais quelles terreurs de malade imaginaire me poursuivent continuellement ! Ce monstre s'est grossi pour moi de toutes les inventions les plus chimériques d'une imagination fort étendue à cet endroit-là ! »[49]. Au même moment, Jules Verne doit se soumettre à la conscription, mais est épargné par le tirage au sort. Il écrit à son père :
52
+
53
+ « Tu as toujours l'air attristé au sujet de mon tirage au sort, et du peu d'inquiétude qu'il m'aurait causé ! Tu dois pourtant savoir, mon cher papa, quel cas je fais de l'art militaire, ces domestiques en grande ou petite livrée, dont l'asservissement, les habitudes et les mots techniques qui les désignent les rabaissent au plus bas état de la servitude. Il faut parfois avoir fait abnégation complète de la dignité d'homme pour remplir de pareilles fonctions ; ces officiers et leur poste préposés à la garde de Napoléon, de Marrast, que sais-je ! - Quelle noble vie ! Quels grands et généreux sentiments doivent éclore dans ces cœurs abrutis pour la plupart ! - Prétendent-ils se relever par le courage, par la bravoure ! Mots en l'air que tout cela ! Il n'y a ni courage, ni bravoure à se battre quand on ne peut pas faire autrement ? Et me cite-t-on un haut fait d'armes accompli dans des circonstances, chacun sait qu'il y en a les 19/20 à mettre sur le compte de l'emportement, la folie, l'ivresse du moment ! Ce ne sont plus des hommes qui agissent, ce sont des bêtes furieuses, excitées par la fougue de leurs instincts. Et en tout cas, vînt-on me montrer le sang-froid le plus calme, la tranquillité la plus surprenante dans l'accomplissement de ces hauts faits que l'on paye d'une croix, je répondrai que l'on n'est généralement pas sur terre pour risquer sa vie ou arracher celle des autres, et qu'en fait de condition, j'en connais de plus honorables et de plus relevées[50]. »
54
+
55
+ Ce violent pamphlet contre l'armée n'est pas seulement une réaction de jeunesse. Toute sa vie, Jules Verne professera des idées antimilitaristes[51], non seulement dans ses lettres, mais aussi dans ses romans où il expose son dégoût de la guerre, à commencer par son premier roman, lorsque le Victoria survole deux peuplades aux prises au cours d'un combat sanguinaire :
56
+
57
+ « - Ce sont de vilains bonshommes ! dit Joe. Après cela, s'ils avaient un uniforme, ils seraient comme tous les guerriers du monde.... Fuyons au plus tôt ce spectacle repoussant ! Si les grands capitaines pouvaient dominer ainsi le théâtre de leurs exploits, ils finiraient peut-être par perdre le goût du sang et des conquêtes[52]! »
58
+
59
+ Mais cet antimilitarisme sera entaché par des idées ambiguës après la guerre de 1870 et les événements de la Commune[53], surtout au moment de l'affaire Dreyfus[54], et de nombreux héros verniens seront des militaires. Ainsi Face au drapeau (1896) incarne-t-il l'état d'esprit militariste et revanchard en France, juste avant que n'éclate l'Affaire Dreyfus[55], et L'Invasion de la mer (1905) montrera un Jules Verne, à la fin de sa vie, militariste, colonialiste et impérialiste[56].
60
+
61
+ À l'hiver 1851, pressé par son père de devenir avocat, il s'inscrit au barreau de Paris et doit entrer chez le jurisconsulte Paul Championnière, ami de Pierre Verne[57]. Mais, le 6 avril 1851, alors que Jules Verne n'est pas encore entré à son service, Paul Championnière meurt[58]. Verne n'exercera ainsi jamais[59].
62
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63
+ Il déménage et occupe une chambre garnie dans un hôtel proche de Notre-Dame-de-Lorette[60],[61] où il donne quelques leçons, ce que son père désapprouve vivement[57]. Puis, il s'installe au sixième étage du 18, boulevard de Bonne-Nouvelle, sur le palier en face de l'appartement de son ami Aristide Hignard[62] avant de s'installer, en face, au 11, boulevard de Bonne-Nouvelle[61].
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+
65
+ Jules Verne souffre déjà de maux de ventre et d'estomac[63]. L'entéralgie vernienne provient peut-être de troubles gastriques héréditaires[N 13], mais surtout d'une précoce boulimie, sans doute pathologique[64]. En 1851, il connaît sa première crise de paralysie faciale[65]. Olivier Dumas précise ces attaques qui frapperont Verne quatre fois dans sa vie : « La paralysie faciale de Jules Verne n'est pas psychosomatique, mais due seulement à une inflammation de l'oreille moyenne dont l'œdème comprime le nerf facial correspondant. » Le médiocre chauffage du logement de l'étudiant explique la fréquence de ses refroidissements. Les causes de cette infirmité restent ignorées de l'écrivain ; « il vit dans la permanente inquiétude d'un dérèglement nerveux, aboutissant à la folie. »[66].
66
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67
+ À l'occasion de visites de salon, il entre en contact avec Alexandre Dumas[67] par l'intermédiaire d'un chiromancien célèbre de l'époque, le chevalier Casimir d'Arpentigny[68],[69]. Il se lie d'amitié avec le fils de l'écrivain et lui propose le manuscrit d'une comédie intitulée Les Pailles rompues[70]. Les deux hommes corrigent la pièce et Dumas fils obtient de son père qu'elle soit jouée au Théâtre-Historique. Nous sommes le 13 juin 1850[71], Jules Verne a vingt-deux ans[72].
68
+
69
+ En 1851, il rencontre Pierre-Michel-François Chevalier dit Pitre-Chevalier (1812-1863)[73]. Celui-ci, breton et nantais comme Jules Verne, est directeur et rédacteur en chef de la revue Musée des familles[74]. Verne lui soumet une nouvelle, Les Premiers Navires de la marine mexicaine[75] qui parait dans la revue de Pitre-Chevalier en juillet 1851[76] et qui sera repris, mais remanié, en 1876 chez Hetzel à la suite de Michel Strogoff sous le titre Un drame au Mexique[77].
70
+
71
+ La même année Pitre-Chevalier accepte une deuxième nouvelle, Un voyage en ballon[78], qui, en 1874, prendra comme titre Un drame dans les airs, chez Hetzel[79].
72
+
73
+ Sans doute par l'entremise d'Alexandre Dumas fils, en 1852, Verne entre en relation avec les frères Seveste[80] qui viennent de reprendre le Théâtre-Historique après la faillite due aux prodigalités de Dumas père[81]. La nouvelle salle devient le Théâtre-Lyrique. Jules Seveste, le nouveau directeur, engage Verne comme secrétaire. Un travail astreignant, car le jeune homme ne touche d'abord pas de salaire avant d'être rémunéré à hauteur de 100 F[82]. En revanche, il peut faire jouer ses pièces, la plupart écrites en collaboration avec Michel Carré[83].
74
+
75
+ En janvier 1852, il prend sa décision et refuse la charge d'avoué que son père lui propose. « Je me bornerai à voir si je ferais bien de prendre ta charge, au point de vue moral et matériel. […] D'un autre côté, je commence à bien me connaître ; ces coups de tête contre lesquels tu cherches à me prémunir, je les ferais, tôt ou tard ; j'en suis certain ; la carrière qui me conviendrait le plus, ce serait celle que je poursuis ; […] si je ne puis parvenir, non par manque de talent, mais par défaut de patience, par découragement, eh bien, ce qui me conviendra le plus au monde, ce sera le barreau qui me ramènerait à Paris. […] C'est parce que je sais ce que je suis, que je comprends ce que je serai un jour ; comment donc me charger d'une étude que tu as faite si bonne, que ne pouvant gagner entre mes mains, elle ne pourrait qu'y dépérir[84]. » Un an plus tôt, il avait écrit à sa mère : « […] je puis faire un bon littérateur, et ne serais qu'un mauvais avocat, ne voyant dans toutes choses que le côté comique et la forme artistique et ne prenant pas la réalité sérieuse des objets. […] »[85].
76
+
77
+ Il fréquente la Bibliothèque nationale[86]. Au début de 1851, Verne fait la connaissance du géographe et infatigable voyageur, Jacques Arago, célèbre pour un récit de Voyage autour du monde qu'il a fait sur L'Uranie avec la mission de Freycinet entre 1817 et 1821[87], qui continue à parcourir le monde malgré sa cécité[N 14] et qui publie le récit de ses voyages autour du monde sous le titre Souvenirs d'un aveugle. Le jeune écrivain retrouve près de lui toutes les sensations de ses premières lectures[88]. Jacques Arago lui ouvre des horizons et l'entraîne vers un genre nouveau de littérature, alors en pleine expansion, le récit de voyage[89].
78
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79
+ En 1852, deux autres textes de Verne paraissent dans le Musée des familles : Martin Paz, une longue nouvelle[N 15] et une comédie-proverbe en un acte, en collaboration avec Pitre-Chevalier Les Châteaux en Californie[90].
80
+
81
+ En août 1853, il s'éloigne un moment de Paris pour se rendre à La Guerche, où son oncle Prudent offre un grand repas afin de fêter le retour de Paul Verne, le frère de Jules, aspirant auxiliaire dans la marine[91]. Avec son ami Aristide Hignard[92], Jules Verne fréquente le salon du musicien Talexy[93] qui sera plus tard un des « Onze sans femmes »[94]. Ils se lancent dans l'opérette, ou plutôt l'opéra-comique, au moment où Jacques Offenbach crée un véritable engouement pour ce genre de spectacle. Le 28 avril 1853, est représenté Le Colin-maillard au Théâtre-Lyrique[95]. C'est une période où Jules Verne ne cesse d'écrire. Des nouvelles de cette époque, on peut citer Pierre-Jean[96] et Le Siège de Rome qui restera inédit jusqu'en 1994[97]. Il travaille aussi sur Monna Lisa commencé dès 1851 et qu'il ne finira qu'en 1855[98],[99].
82
+
83
+ Au cours d'un séjour à Nantes, l'écrivain s'est amouraché de Laurence Janmar[100]. En janvier 1854, le président Janvier de la Motte donne un grand bal travesti[101]. Le jeune écrivain y retrouve celle qu'il convoite. Laurence Janmar[102], habillée en gitane, se plaint à son amie que son corset, trop riche en baleines, lui meurtrit les côtes. Verne, toujours à l'affût d'un bon mot, soupire alors : « Ah ! que ne puis-je pêcher la baleine sur ces côtes ? »[103],[104]. Laurence Janmar épousera finalement un certain Charles Louis Salomon Duvergé[105] le 2 août 1854[106].
84
+
85
+ Le vendredi 30 juin 1854, Jules Seveste meurt d'une apoplexie foudroyante[107]. Son successeur, Émile Perrin[108], tente de retenir Jules Verne, mais ce dernier tient à garder sa liberté. Perrin va jusqu'à lui proposer la direction du Théâtre-Lyrique[109]. « J'ai refusé. Il m'a même offert de diriger le théâtre, moi seul, tout en restant directeur en nom et ayant une part dans les bénéfices ; j'ai refusé encore ; je veux être libre et prouver ce que j'ai fait[110]. » Dans le Musée, en avril 1854, un nouveau texte de l'écrivain : Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, un conte fantastique profondément imprégné de l'influence d'Hoffmann. Zacharius, maître-horloger de Genève, a rendu ses horloges si régulières qu'elles sont devenues parfaites… Mais un jour, elles se dérèglent une à une[111].
86
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87
+ Malgré son refus de devenir directeur du Théâtre-Lyrique, Verne y conserve son poste de secrétaire jusqu'à fin 1855[112], ce qui lui permet de représenter, le 6 juin de cette année, un second opéra-comique écrit sur une musique d'Hignard, Les Compagnons de la Marjolaine[113] qui connaîtra vingt-quatre représentations[114]. Jules Verne écrit à son père : « J'étudie encore plus que je ne travaille ; car j'aperçois des systèmes nouveaux, j'aspire avec ardeur au moment où j'aurai quitté ce Théâtre-Lyrique qui m'assomme. »[115].
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+ C'est une période d'intense activité créatrice. Les pièces de théâtre s'accumulent[116]. Il peaufine notamment l'une d'entre elles, une comédie en cinq actes en vers, Les Heureux du jour, qui semble lui tenir particulièrement à cœur[117]. Il écrit plusieurs nouvelles, dont Le mariage de M. Anselme des Tilleuls[118] et Un hivernage dans les glaces. Cette dernière paraît en 1855 dans le Musée des familles[119] et sera reprise mais modifiée par Hetzel en 1874 pour paraître dans le volume de nouvelles Le Docteur Ox. De tous les manuscrits de Verne avant sa rencontre avec Hetzel, c'est celui qui se rapproche le plus des Voyages extraordinaires, véritable prélude aux Aventures du capitaine Hatteras[120]. À cette époque, il est atteint d'une deuxième crise de paralysie faciale[121]. Son ami et médecin Victor Marcé le soigne à l'aide de l'électricité[122]. Il déménage et s'installe au cinquième étage d'un immeuble au 18 boulevard Poissonnière[123].
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+ Jules Verne parle alors de mariage dans presque toutes les lettres à sa mère ; il lui demande de lui trouver une épouse, parfois sur le ton de la plaisanterie : « J'épouse la femme que tu me trouveras ; j'épouse les yeux fermés et la bourse ouverte ; choisis, ma chère mère, c'est sérieux ! »[124] ou « Trouvez-moi une femme bossue et qui ait des rentes — et tu verras. »[125]. Mais on sent bien que l'angoisse de l'avenir le tiraille : « Toutes les jeunes filles que j'honore de mes bontés se marient toutes invariablement dans un temps rapproché ! Voire ! Mme Dezaunay, Mme Papin, Mme Terrien de la Haye, Mme Duverger et enfin Mlle Louise François. »[126]. Après le mariage de Laurence Janmar avec Duvergé, Verne, amoureux éconduit, s'interroge. Pour le consoler, sa mère l'envoie en avril 1854 à Mortagne pour y connaître un bon parti. Il lui répond dans une lettre où il invente une rencontre avec le père de sa future, d'un humour scatologique et agressif[127].
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+ En mars 1856, Auguste Lelarge, ami de Jules Verne va se marier avec Aimée de Viane. Il demande à l'écrivain d'être son témoin. Celui-ci accepte. Le mariage doit se dérouler le 20 mai à Amiens, ville de la fiancée[128]. À l'occasion de son séjour, Verne y fait la connaissance de la sœur de la mariée, Honorine, veuve à 26 ans d'Auguste Morel[129] et mère de deux filles[130], Louise Valentine (1852-1916) et Suzanne Eugénie Aimée (1853- ?)[131].
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+ Honorine du Fraysne de Viane (1830-1910) séduit assez vite Jules Verne. Dans une lettre enthousiaste à sa mère, il lui fait remarquer : « Je ne sais pas, ma chère mère, si tu ne trouveras pas quelque différence entre le style de cette page et celle qui la précède, tu n'es pas habituée à me voir faire ainsi un éloge général de toute une famille, et ta perspicacité naturelle va te faire croire qu'il y a quelque chose là-dessous ! Je crois bien que je suis amoureux de la jeune veuve de vingt-six ans ! Ah ! pourquoi a-t-elle deux enfants ! Je n'ai pas de chance[132] ! »
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+ Jules Verne envisage rapidement de se marier mais il lui faut une situation stable, ses revenus littéraires étant alors insuffisants. Avec l'aide de son futur beau-frère, Ferdinand de Viane, il envisage des plans d'investissement en bourse et de se lancer dans une activité d'agent de change[133]. Or, s'il suffit d'obtenir une charge, il faut de l'argent pour l'acquérir. Il demande 50 000 francs à son père pour acheter 1/40e de cette charge[134]. Son père s'inquiète de cette nouvelle lubie. Jules Verne lui répond : « Je vois bien que tu me prends encore pour un garçon irréfléchi, se montant la tête pour une idée nouvelle, tournant à tous les vents de la fantaisie et ne voulant m'occuper de change que par amour du changement. […] Il est moins question que jamais d'abandonner la littérature ; c'est un art avec lequel je me suis identifié et que je n'abandonnerai jamais ; […] mais tout en m'occupant de mon art, je me sens parfaitement la force, le temps et l'activité de mener une autre affaire. […] Il me faut une position, et une position offrable, même aux gens qui n'admettent pas les gens de lettres ; la première occasion de me marier, je la saisis d'ailleurs ; j'ai par-dessus la tête de la vie de garçon, qui m'est à charge […] cela peut paraître drôle, mais j'ai besoin d'être heureux, ni plus ni moins. »[135]. Et quelques semaines plus tard : « Je n'accepterais d'avoir atteint l'âge de plusieurs de mes amis et d'être à courir comme eux après une pièce de cent sols. Non, certes, cela peut être drôle et faisable à vingt ans, mais pas au-dessus de trente ans[136]. »
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+ Pierre Verne finit par céder. Jules se retrouve remisier chez l'agent suisse Fernand Eggly, originaire de Genève, au 72, rue de Provence, à Paris[137].
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+ Auguste Morel n'est décédé que depuis dix mois. À l'époque, le deuil se portait longtemps[N 16]. Pourtant, les événements se précipitent. Aimée De Viane, par son mariage avec Auguste Lelarge, est devenue la belle-sœur d'Henri Garcet, cousin de Jules Verne. C'est sans doute son ami Charles Maisonneuve[N 17] qui lui permet d'entrer chez Eggly, étant lui-même remisier chez un confrère. D'ailleurs, il n'est pas certain que Jules Verne ait acheté la part que l'on dit, le remisier étant appointé et non associé. Le futur marié est pris de frénésie, au point de s'occuper de tout durant le mois de décembre 1856. Il ne veut personne de la famille : « Je me charge, mon cher père, de voir ma tante Charuel[N 18] à cet égard et de la mettre au courant de nos affaires. Quant à l'inviter, je tiens essentiellement à n'en rien faire ! Je dirai que le mariage se célèbre à Amiens ; rien ne me serait plus désagréable que cette invitation[138]. »
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+ Le 8 janvier, est signé à Essome, chez Auguste Lelarge[128], notaire, le contrat de mariage[139]. Le mariage a lieu le 10 janvier[61]. Le matin, ils se retrouvent à la mairie du 3e arrondissement (actuellement mairie du 2e[N 19]). Puis le groupe de treize personnes prend la direction de l'église Saint-Eugène qui venait d'être édifiée dans la nouvelle rue Sainte-Cécile, à l'emplacement de l'ancien conservatoire de musique[140]. Après la cérémonie religieuse, c'est le déjeuner, treize couverts « à tant par tête », comme l'avait voulu et annoncé Jules Verne lui-même : « J'étais le marié. J'avais un habit blanc, des gants noirs. Je n'y comprenais rien ; je payais tout le monde : employés de la mairie, bedeaux, sacristain, marmiton. On appelait : Monsieur le marié ! C'était moi ! Dieu merci, il n'y avait que douze spectateurs[141] ! »
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+ Le couple et les deux enfants demeurent jusqu'à la mi-avril dans l'appartement du boulevard Poissonnière[142] puis s'installe rue Saint-Martin, dans le quartier du Temple[61].
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+ Comme coulissier, d'après le journaliste Félix Duquesnel, il « réussissait plus de bons mots que d'affaires »[143]. À la même époque, Jules Verne semble avoir eu des maîtresses[144] mais si des noms circulent (telles Estelle Henin (morte en 1865) ou une comédienne roumaine), les faits n'ont jamais formellement été établis[145]. Jules Verne fait la connaissance d'Estelle Hénin en août 1859[146]. Marguerite Allotte de la Fuÿe évoque cette femme dans sa biographie de 1928 : « [...] une mortelle, une seule, captiva durant quelques saisons ce cœur extrêmement secret. La sirène, l'unique sirène, est ensevelie dans le cimetière de corail. »[147]. D'après elle, Estelle serait morte en 1885, date reprise par Jean-Jules Verne, qui note qu'elle habitait Asnières[148]. Dans sa thèse sur Jules Verne (1980), Charles-Noël Martin confirme l'existence d'Estelle Duchesne, mais pense qu'elle est morte le 13 décembre 1865[149]. Estelle Hénin épouse Charles Duchesne, clerc de notaire à Cœuvres, le 30 août 1859. En 1863, Estelle s'installe à Asnières, cependant que son mari continue de travailler à Cœuvres. Les visites de Jules Verne à la maison des Duchesne à Asnières se situent de 1863 à février 1865. Estelle meurt après la naissance de sa fille Marie[150]. Pour certains verniens, Marie Duchesne pourrait être la fille de l'écrivain[151], mais d'autres contestent la méthode de recherche et les conclusions jugées hâtives de Percereau[152].
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+ Dans cette période, il écrit une nouvelle, San Carlos, qui conte comment des contrebandiers espagnols se jouent des douaniers français[153]. En 1857, paraît le premier recueil de chansons Rimes et mélodies, sur une musique d'Hignard, chez l'éditeur Heu qui comprend sept chansons : Tout simplement, Les Bras d'une mère, Les Deux troupeaux, La Douce attente, Notre étoile, Chanson Scandinave et Chanson turque[154]. L'année suivante, il connaît sa troisième crise de paralysie faciale[155]. Le 17 février, aux Bouffes-Parisiens, se joue la première de Monsieur de Chimpanzé, opérette en un acte, toujours avec Hignard. Le sujet est curieux, lorsqu'on sait que l'auteur est tout nouveau marié : Isidore, le héros, est obligé de faire le singe pour pouvoir épouser sa belle[156].
110
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111
+ Le 15 juillet 1859, Jules Verne écrit à son père : « Alfred[N 20] Hignard m'offre, ainsi qu'à son frère, un passage gratuit d'aller et retour en Écosse. Je me hâte de saisir aux cheveux ce charmant voyage[157]… »
112
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+ En 1859, il entreprend ainsi un voyage en Angleterre et en Écosse en compagnie d'Aristide Hignard[158]. Il prend des notes et, dès son retour, couche ses impressions sur le papier[159]. Ce récit est le premier travail de Jules Verne proposé à son futur éditeur Hetzel, qui le refuse[160]. Verne s'en inspirera alors pour la rédaction de ses romans écossais[161].
114
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+ Entre 1860 et 1861, le couple déménage trois fois : de la rue Saint-Martin au 54, boulevard Montmartre, puis au 45, boulevard Magenta, enfin au 18, passage Saulnier[162].
116
+
117
+ Le 2 juillet 1861, de nouveau grâce à Alfred Hignard, les deux amis, ainsi qu'Émile Lorois, s'embarquent pour la Norvège[163]. L'écrivain ne rentrera que cinq jours après qu'Honorine a accouché d'un garçon, Michel, le 4 août[164],[165]. Il continue son métier à la Bourse[166].
118
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119
+ Marguerite Allotte de La Fuÿe invente de toutes pièces l'introduction de Verne chez l'éditeur. L'écrivain, découragé, aurait jeté au feu le manuscrit de Cinq Semaines en ballon, que sa femme aurait retiré des flammes[167]. Vingt-cinq ans plus tard, elle se contredit lors d'une émission radiophonique en créant la légende de l'introduction de Verne chez Hetzel grâce à Nadar[168]. Bernard Frank, dans sa biographie copiée d'Allotte, nous gratifie, lui, d'un dialogue dramatique dans la chambre de l'éditeur[169].
120
+
121
+ Parménie et Bonnier de la Chapelle pensent, quant à eux, que l’écriture de Cinq Semaines en ballon, est due aux expériences du Géant de Nadar[170], ce qui s'avère un anachronisme, l'expérience ayant eu lieu six mois après l'écriture du roman (janvier 1863) et Verne n'assistant à un vol du Géant que le 4 octobre 1863[171],[172]. S'il ne prend pas part au vol, il laisse un article sur l'expérience qu'il publie dans le Musée des familles sous le titre À propos du Géant[173].
122
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123
+ Comme l'écrit Volker Dehs[174], il est possible qu'Hetzel ait rencontré Verne dès 1852 ou 1858[175], ainsi qu'en témoignent deux invitations écrites par Philippe Gille, datées des mardi 4 mai et mardi 6 juillet, à un dîner, retrouvées dans les archives Hetzel à la Bibliothèque nationale de France[176].
124
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125
+ D'une manière certaine, c'est par une lettre de Verne à Henri d'Alméras qui préparait un article sur l'écrivain pour son Avant la gloire, leurs débuts, que l'on apprend que la rencontre eut lieu en 1861 : « C'est Bréhat qui pour la première fois m'a présenté chez Hetzel en 1861[177]. » Il s'agit du romancier Alfred de Bréhat.
126
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127
+ En 1861, après avoir proposé le Voyage en Angleterre et en Écosse qui est refusé par Pierre-Jules Hetzel[178], Jules Verne lui soumet un manuscrit nommé Un voyage en l'air[179]. Hetzel lui demande de le retravailler de manière plus scientifique avec déjà l'idée d'inventer une littérature vulgarisant la science[180]. Jules Verne revient quelques semaines plus tard avec ce qui deviendra son roman Cinq Semaines en ballon[181]. Celui-ci paraît le 15 janvier 1863[182] et connaît un immense succès, même au-delà des frontières françaises. Le premier tirage est de 2 000 et du vivant de l'auteur, il s'en vendra 76 000[183]. Il signe l'année suivante avec Pierre-Jules Hetzel un contrat aux termes duquel il s'engage à fournir deux volumes par an. En 1865, un nouveau contrat l'engage à trois volumes à l'année. Jules Verne s'engage à fournir des romans notamment pour le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse[184]. En fait, il va travailler pendant quarante ans à ses Voyages extraordinaires qui compteront 62 romans et 18 nouvelles et signera avec son éditeur six contrats consécutifs[185].
128
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129
+ Dans la foulée de ce succès, Jules Verne propose à son éditeur un récit qu'il a écrit vers 1860, Paris au XXe siècle. L'éditeur, en termes violents, refuse absolument ce travail qu'il juge nuisible à sa réputation et va à l'encontre de l'idée qu'il se fait de Verne[186]. Abandonné, le roman ne sera publié finalement qu'en 1994 par Hachette et Le Cherche midi associés[187].
130
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131
+ Dès le 27 février 1863, Jules Verne est admis comme membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques[188]. Le 4 octobre 1863, son ami Nadar l'invite au lancement du ballon Géant, qui a lieu depuis le Champ-de-Mars à Paris[189]. Le 26 décembre 1863, il fait paraître dans le Musée des familles un article relatant l'expérience de Nadar (À propos du Géant). Le photographe crée alors avec Gabriel de La Landelle la Société d'encouragement de la locomotion aérienne au moyen du plus lourd que l'air, dont Jules Verne est le censeur[190].
132
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+ Vers cette époque, il découvre l'univers d'Edgar Poe au travers des traductions de Charles Baudelaire[191]. L'écrivain américain le fascine[192], au point qu'il lui consacre la seule étude littéraire qu'il ait écrite, parue en avril 1864 dans le Musée des familles : Edgard Poe et ses œuvres[193].
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135
+ C'est à cette date (1864) qu'il publie le roman Aventures du capitaine Hatteras, ouvrage qui paraît d'abord dans le Magasin d'éducation et de récréation en deux parties : Les Anglais au Pôle Nord (publié du 20 mars 1864 au 20 février 1865) et Le Désert de glace (du 5 mars au 5 décembre 1865) avant d'être édité en volume (26 novembre 1866) sous le titre Voyages et aventures du Capitaine Hatteras[194]. Il s'agit en réalité du premier titre à porter l'appellation « Voyages extraordinaires »[195], Cinq Semaines en ballon, qui quant à lui entre dans la série « Voyages dans les mondes connus et inconnus »[196], ne le prenant que dans ses rééditions à partir de 1866[197].
136
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137
+ Hatteras est suivi dès novembre 1864 par la publication de Voyage au centre de la Terre (édition originale in-18 le 25 novembre 1864, puis en grand in-octavo le 13 mai 1867)[198]. Ces trois premiers romans de Jules Verne sont d'immenses succès[196]. Il peut ainsi abandonner la bourse et déménage à Auteuil au 39, rue La Fontaine dans un logement beaucoup plus vaste où le couple peut recevoir[199].
138
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139
+ En 1865, il devient membre de la Société de géographie[200]. Il publie dans le Bulletin de la Société divers textes dont Histoire de la guerre civile américaine (1861-1865) (1868), un rapport sur l'ouvrage de Louis Cortambert et F. de Tranaltos[201] ou Les Méridiens et le calendrier (janvier-juin 1873)[202].
140
+
141
+ Il décide de louer en août 1865 une maison au Crotoy. Il s'installe alors dans une dépendance de la propriété Millevoye[203]. Il est en pleine rédaction de sa Géographie illustrée de la France et de ses colonies ainsi que de Vingt Mille Lieues sous les mers[204]. Honorine, Suzanne, Valentine et Michel peuvent ainsi profiter des bains de mer. En mars 1866, il loue à la propriété même un appartement pour l'été puis, au printemps 1868, une petite villa de deux étages, La Solitude. Il se fait alors construire un bateau, le Saint-Michel, une chaloupe de pêche aménagée pour la plaisance[205]. Les plans du bateaux sont établis par le marin Paul Bos (1826-1886)[206].
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+ En mars 1869, il s'installe à l'année dans La Solitude et y vit effectivement à partir d'avril 1869[207].
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145
+ Le 16 mars 1867, en compagnie de son frère Paul, il embarque sur le Great Eastern à Liverpool pour les États-Unis[208]. Il tirera de sa traversée le roman Une ville flottante (1870)[209].
146
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147
+ Le 8 mars 1868[210], il fonde avec Victor Massé, Léo Delibes, Auguste Lelarge, Fournier-Sarlovèze, Bazille, Bertall, Charles Béchenel et Aristide Hignard[211] le Club des « Onze-sans-femmes »[212], un dîner hebdomadaire d'autres célibataires sans métiers définis[213] qui peut aussi se comprendre par « Onze sans les femmes »[210] comme l'écrit William Butcher : « Il faudrait sans doute réinterpréter les mots « sans femmes », puisque nombre des invités, Verne compris, sont mariés à cette époque »[210].
148
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149
+ En juillet 1871 il s'installe à Amiens[214]. Il écrit alors à son ami Charles Wallut : « Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d’humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l’agitation stérile. Et pour tout dire, mon Saint-Michel reste amarré au Crotoy. »[215].
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+ Son père, Pierre Verne, meurt d'une attaque le 3 novembre 1871, à Nantes[216]. Il se rend aux obsèques puis regagne Amiens et se plonge dans l'écriture du Tour du monde en 80 jours[216]. Il fréquente la bibliothèque de la Société industrielle où il peut se documenter grâce à son important fonds de revues scientifiques[217] et le 8 mars 1872, devient membre titulaire de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, « à l'unanimité des suffrages ». Contrairement à l'usage, il ne fait alors pas un discours de réception mais lit un passage de son futur roman à paraître Le Tour du monde en 80 jours[218]. En 1875, il en est élu directeur ainsi qu'en 1881[218] et, à cette occasion, il prononce plusieurs discours de réception, notamment en 1875, pour un de ses amis, le caricaturiste Gédéon Baril[219], qui signera en 1881 les illustrations de Dix Heures en chasse chez Hetzel, nouvelle que Jules Verne a auparavant lue le 18 décembre 1881, en séance publique à l'Académie d'Amiens[220] et qu'Hetzel reprend à la suite du Rayon vert, dans un texte remanié[221].
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153
+ Dès juin 1867, l'Académie française couronne le Magasin d'Éducation et de Récréation (Jules Verne, P.-J. Stahl, Jean Macé) par le Prix Montyon[222]. Il recevra le même prix, à titre individuel, en 1872 pour l'ensemble Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[223] et lors de la séance de l'Académie française du 8 août 1872, ce sont tous les ouvrages de Jules Verne dans leur ensemble parus chez Hetzel en dehors du Magasin d’Éducation qui sont couronnés[224]. À cette occasion, M. Patin, secrétaire perpétuel de l'Académie, fait l'éloge de Jules Verne : « Les merveilles usées de la féerie y sont remplacées par un merveilleux nouveau, dont les notions récentes de la science font les frais »[225].
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+ En 1869, Hetzel pousse Jules Verne a entrer à l'Académie française[226]. Celui-ci lui répond : « Qui n'a pas une grande fortune ou une grande situation politique n'a point de chance d'y arriver ! »[227]. Malgré tout, en mars 1876, Jules Verne fait une première démarche pour postuler. Il écrit à Hetzel : « Je vous rappelle, pour mémoire, que voilà deux places vacantes à l'Académie. Vous m'avez un peu mis l'eau à la bouche. Vous avez beaucoup d'amis dans l'illustre corps. Suis-je arrivé à la situation voulue pour resupporter… un échec honorable »[228]. En vain. En 1883, il tente de nouveau sa chance par l'intermédiaire d'Alexandre Dumas fils[229], en espérant ainsi les voix de Victorien Sardou, d'Eugène Labiche et de Maxime Du Camp mais il sait qu'il a deux redoutables concurrents : Alphonse Daudet et Edmond About. C'est ce dernier qui sera élu[230]. Après un nouvel échec en 1884[231], en 1892, alors qu'une place est de nouveau libre, Jules Verne remarque que depuis sa première candidature, ce sont pas moins de trente-sept académiciens qui sont morts et qu'à aucun moment son nom n'a été sérieusement retenu. Il écrit : « Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française »[232].
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+ Du 6 novembre au 22 décembre 1872 parait, dans Le Temps, Le Tour du monde en quatre-vingts jours repris la même année en volume par Hetzel[233]. L'adaptation théâtrale de la pièce en 1874-1875 en collaboration avec Adolphe d'Ennery obtient un prodigieux succès. D'Ennery touche 7 % des recettes, Verne 5 % dont il abandonne la moitié, 1,5 % à Édouard Cadol et 1 % à Émile de Najac. Ce dernier, secrétaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, avait été chargé de faire une adaptation destinée aux États-Unis à partir de la deuxième version établie par Cadol, version qui n'aboutit pas[234]
158
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+ Jules Verne, membre du Yacht Club de France depuis le 4 février 1874[235], dont il est aussi membre honoraire[236], fait construire le Saint-Michel II par l'architecte Abel Le Marchand le 15 janvier 1876. Celui-ci est mis à l'eau trois mois plus tard, le 25 avril 1876. Il s'agit d'un cotre de plaisance sur les plans d'une « hirondelle de la Manche ». Jules Verne a sillonné la Manche et l'Atlantique pendant 18 mois, avant d'acquérir son successeur à l'été 1877[237].
160
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+ 1876 est aussi le début du travail avec D'Ennery sur l'adaptation théâtrale des Enfants du capitaine Grant[238]. La même année, il obtient de la justice que son fils mineur Michel, au comportement rebelle[239], soit placé pour six mois dans une maison de redressement, la colonie pénitentiaire de Mettray[240].
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+ À la fin avril 1877, Honorine Verne, qui organisait tous les mercredis soir des réunions de jeux et de salon, est victime d'abondantes métrorragies qui manquent la faire mourir. Elle est sauvée par une transfusion de sang, cas rarissime à l'époque mais sera de nouveau reprise en décembre 1879[241]. Elle ne peut ainsi être présente au bal costumé que Jules Verne a organisé, sur le thème du Voyage à la Lune[242], pour introduire son fils et ses belles-filles dans la bonne société amiénoise[243]. Les invitations ont été lancées le lundi de Pâques 2 avril 1877[244]. Y est présent, entre autres personnalités, et parmi plus de sept cents invités, son ami Nadar, le modèle de Michel Ardan, héros de ses romans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune, déguisé en son personnage[245], sortant d'un obus qu'on avait roulé au milieu des quadrilles[246].
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+ Début 1878, Jules Verne, en parallèle aux finitions de l'adaptation des Enfants du capitaine Grant, commence celle de Michel Strogoff qu'il évoque depuis l'année précédente[247].
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+ De juin à août 1878, il navigue de Lisbonne à Alger sur le Saint-Michel III[248], puis, en juillet 1879, en Écosse et en Irlande[249]. Troisième croisière en juin 1881, avec son frère, son neveu Gaston et Robert Godefroy : il visite la mer du Nord, la Hollande, l'Allemagne, puis, par le canal de l'Eider, Kiel et la Baltique jusqu'à Copenhague[250]. Paul Verne écrit le récit de ce dernier voyage qui est publié en 1881 chez Hetzel sous le titre De Rotterdam à Copenhague, à la suite de La Jangada, dans une version revue, à la demande de l'éditeur, par Jules Verne[251].
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+
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+ Embarqué de force pour un voyage aux Indes pendant l'été 1879, Michel Verne est mis à la porte par son père en décembre 1879[252] mais continue de vivre à Amiens où son père lui verse une pension[253].
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+ En 1882, Jules Verne déménage du 44, boulevard Longueville, où il réside depuis 1873, pour emménager au 2, rue Charles-Dubois, la fameuse maison à la tour surmontée d'un belvédère, qui présente des similitudes frappantes avec les maisons à tour dans deux de ses romans posthumes, Le Secret de Wilhelm Storitz et La Chasse au météore[254]. Le 8 mars 1885, il donnera un second bal dans sa nouvelle demeure, bal auquel sa femme peut, cette fois, assister[255].
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+ Il décide en 1884 de faire une grande croisière autour de la Méditerranée[256]. Le Saint-Michel III dont le port d'attache était Le Tréport, quitte Nantes le 13 mai. À son bord, se trouvent Paul Verne, Robert Godefroy, Edgar Raoul-Duval, Michel Verne, Louis-Jules Hetzel et son neveu Maurice (1862-1947), fils de Paul, qui prend des notes[257]. Il compte retrouver sa femme, en visite chez sa fille Valentine et son gendre, en Algérie. Le navire arrive à Vigo le 18, à Lisbonne le 23. Verne passe à Gibraltar le 25 mai. À son arrivée à Oran, il retrouve Honorine et est reçu par la Société de géographie de la ville. Les journaux lui consacrent de nombreux articles. Le 10 juin, il est à Bône où le bey de Tunis met à sa disposition un wagon spécial. Retrouvant son navire, il essuie une tempête près de Malte, visite la Sicile, Syracuse, puis Naples et Pompéi[258]. À Anzio, le groupe prend le train pour Rome. Le 7 juillet, Verne est reçu en audience privée par Léon XIII[259]. Curieusement, le lendemain, il rend visite à la loge maçonnique de la ville[260]. Puis il rencontre Louis-Salvador de Habsbourg-Lorraine[261], avec lequel il établit une relation épistolaire qui durera jusqu'à la mort de l'écrivain[262]. Deux mois après le départ du navire, Verne est de retour à Amiens[263]. Il s'inspire de ce voyage dans la rédaction de Mathias Sandorf qui sera publié dans Le Temps du 16 juin au 20 septembre 1885[264].
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+ Le 15 février 1885, il se décide à vendre le Saint-Michel III[265]. L'entretien du yacht devient dispendieux, son fils s'endette et lui coûte cher[266]. Il le cède, à moitié prix, au courtier maritime Martial Noë en juillet 1885[267]. Contrairement à ce que de nombreux biographes ont écrit, il ne vend donc évidemment pas le Saint-Michel à cause de l'attentat dont il est victime le 9 mars 1886[268].
176
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177
+ En effet, à cette date, alors qu'il rentre du Cercle de l'Union vers cinq heures[269], il trouve, après avoir ouvert sa porte de fer, son neveu Gaston armé d'un revolver. Celui-ci tire sur l'écrivain qu'il atteint à la jambe. Gaston, arrêté, est suspecté de folie. Son père, Paul Verne, déclarera que son fils a tiré sur Jules Verne pour attirer l'attention sur celui-ci afin de le faire entrer à l'Académie française. Gaston Verne restera interné jusqu'à sa mort, le 13 février 1938[270]. Robert Godefroy envoie un télégramme à la maison Hetzel[271]. Mais Louis-Jules Hetzel est à Monte-Carlo, au chevet de son père qui s'éteint le 17 mars[272]. La blessure de Jules Verne dont la balle ne pourra jamais être extraite, lui laissera une légère claudication jusqu'à la fin de sa vie[273].
178
+
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+ Le 15 février 1887, sa mère, Sophie Verne, meurt, il ne peut se rendre aux obsèques, car il marche difficilement et sa guérison n'avance pas[274]. Il revient cependant une dernière fois à Nantes dans le courant de cette même année, afin de régler les problèmes de succession et vendre la maison de campagne de ses parents sise rue des Réformes à Chantenay[275].
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+ Contraint de se sédentariser, il reporte son intérêt vers la vie de la cité[276]. Le 6 mai 1888, Jules Verne est élu au conseil municipal d'Amiens sur la liste républicaine (gauche modérée) conduite par Frédéric Petit[277]. Il écrit à son ami Charles Wallut : « Mon unique intention est de me rendre utile et de faire aboutir certaines réformes urbaines. »[278]. Il y siégera jusqu'en 1904 et s'y occupera essentiellement des commissions concernant l'instruction, le musée, le théâtre, la culture en général et l'urbanisme[279].
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+ En 1890, il devient un membre très actif de l'Alliance française[280].
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+ Jules Verne n'était en aucun cas un républicain de grande conviction ; il est toute sa vie resté monarchiste, mais de tendance orléaniste[281]. D'après un article du Bulletin de la Société Jules-Verne[282], il fait partie des 100 000 signataires d’une proclamation de la nationaliste Ligue de la patrie française, parue le 31 décembre 1898 dans le quotidien Le Soleil, organe des monarchistes, aux côtés, entre autres de Juliette Adam, Ernest Legouvé, Francisque Sarcey (ces derniers de l’entourage libéral d’Hetzel), Auguste Renoir ou encore François Coppée parmi vingt-deux académiciens, qui, tous, préfèrent, en pleine affaire Dreyfus, l’honneur national au respect de l’individu. La Ligue se présente indépendante et située au-dessus des partis, évite de joindre ses voix au dénigrement antisémite explicite, mais réagit à la fondation précédente de la Ligue des droits de l'homme qui défend l’honneur de Dreyfus[283]. Elle sera dissoute en 1904[284].
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+ Le dossier sur le projet de cirque municipal[285], déjà proposé durant le précédent mandat du maire, lui prend beaucoup de temps. Il s'y investit fortement, malgré les critiques sur la construction en dur d'un tel édifice. Il fait aboutir son projet et, le 23 juin 1889, prononce le discours d'inauguration[286].
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+ Chevalier de la Légion d'honneur depuis le 9 août 1870[287], Jules Verne est promu au grade d'officier le 19 juillet 1892, non pas pour ses qualités d'écrivain, mais pour son dévouement de conseiller municipal[288]. Il est décoré le 11 octobre suivant par le préfet de la Somme[289].
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+ Le 27 août 1897, son frère Paul meurt des suites de troubles cardiaques dont il souffrait depuis longtemps[290]. Verne reste prostré et refuse tout déplacement. Il écrit à son neveu Maurice :
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+ « Mon cher Maurice,
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+ Le 24 novembre 1898, il démissionne de la Société de géographie[292].
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+ En 1900, Verne quitte l'hôtel particulier qu'il loue rue Charles-Dubois et réintègre la maison dont il est propriétaire depuis septembre 1873 du 44 boulevard de Longueville[294]. L'appartement, moins spacieux, lui permet d'y vivre plus facilement. Il y garde ses habitudes : un cabinet de travail et sa bibliothèque attenante. Toujours la même table sur laquelle il écrit depuis trente ans[295]. L'écrivain avoue à un visiteur, Robert Sherard : « La cataracte a eu mon œil droit, mais l'autre est encore assez bon. »[296].
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+ En 1902, il sent ses forces intellectuelles diminuer. À une demande du directeur de l'Académie d'Amiens, il répond : « Vous me demandez d'écrire quelque chose pour l'Académie. Oubliez-vous donc qu'à mon âge les mots s'en vont et les idées ne viennent plus. »[297].
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+ Il n'écrit pratiquement plus mais confie à Robert H. Sherard qu'il a beaucoup d'avance et que ce n'est pas si grave qu'il doive travailler lentement[298]. En effet, dès 1892, Verne tient une liste des romans écrits et les corrige au fur et à mesure de leur parution[299]. Malgré tout, il accepte la présidence du Groupe espérantophone d'Amiens. Ardent défenseur de cette toute jeune langue internationale, il promet à ses amis d'écrire un roman où il décrira les mérites de l'espéranto. Il commence la rédaction de Voyage d'études vers la fin de l'année. Mais, épuisé, il pose sa plume au bout de six chapitres : lorsqu'il entama la rédaction de ce roman en juillet 1903 sur la base d'une trame détaillée, Jules Verne avait en effet situé l'action au Congo. La presse, à la suite d'Edmund Dene Morel, se faisant l'écho en juillet et août 1903 de graves exactions contre les populations indigènes, Jules Verne suspend sa rédaction[300]. Le brouillon sera repris par son fils Michel, mais l'œuvre finale (L'Étonnante Aventure de la mission Barsac) ne fera pas allusion à l'espéranto[301].
202
+
203
+ Le diabète, qui attaque son acuité visuelle, l'anéantit petit à petit[302]. Après une sévère atteinte vers la fin de 1904, une nouvelle crise le terrasse, le 17 mars de l'année suivante[303].
204
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205
+ Jules Verne s'éteint le 24 mars 1905 à Amiens, dans sa maison du 44 boulevard Longueville (aujourd'hui boulevard Jules Verne). Ses obsèques, célébrées à l'église Saint-Martin d'Amiens, attirent une foule de plus de cinq mille personnes. Plusieurs discours sont prononcés, notamment celui de Charles Lemire pour la Société de géographie[304]. L'empereur Guillaume II envoie le chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne présenter ses condoléances à la famille et suivre le cortège. Ce jour-là, aucun délégué du gouvernement français n'était présent aux funérailles[305]. L'écrivain est inhumé au cimetière de la Madeleine à Amiens[306]. Sa tombe en marbre est réalisée en 1907 par le sculpteur Albert Roze. Intitulée « Vers l'Immortalité et l'Éternelle Jeunesse », elle représente l'écrivain (ou l'allégorie de son œuvre) soulevant la pierre brisée de sa sépulture en écartant le linceul qui le drape, le bras tendu vers le ciel. La tombe est vraisemblablement inspirée par la lettre d'Achille Moullart (1830-1899), directeur de l'Académie d'Amiens, qui lors de la réception de Jules Verne à l' Académie avait écrit : « Un grand peuple est tombé au dernier degré de l'abaissement, et à quelque temps de là, quand ses ennemis et ses envieux chantaient un de profundis ironique sur la tombe où ils le croyaient enseveli, on l'a vu soulever peu à peu la pierre, sortir de son linceul et apparaître plus vivant et plus fort »[307].
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207
+ Honorine Verne rejoint son mari, cinq ans après, le 29 janvier 1910[308].
208
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209
+ Sept romans de Jules Verne et un recueil de nouvelles paraîtront après sa mort, publiés par son fils Michel Verne, qui prendra la responsabilité de remanier les manuscrits[309]. En 1907, un huitième roman, L'Agence Thompson and Co., sera entièrement écrit par Michel, mais paraîtra sous le nom de Jules Verne[310].
210
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211
+ Les romans de Jules Verne seront fréquemment adaptés au cinéma et à la télévision, leur récit à grand spectacle se prêtant particulièrement aux productions hollywoodiennes. Il en est de même de la bande dessinée.
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+
213
+ Ses personnages sont des icônes de l'imaginaire populaire (tels Phileas Fogg, le capitaine Nemo ou Michel Strogoff). De nombreux navires portent ou ont porté son nom et de nombreux événements lui sont dédiés, parmi lesquels :
214
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215
+ Vladimir Poutine affirme en 2005 qu'« il est rare de trouver aujourd'hui en Russie quelqu'un qui, enfant, ne se soit pas passionné pour Jules Verne ou Dumas. »[N 21]
216
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217
+ Entre autres, en France, la Société Jules-Verne, fondée en 1935 et le Centre international Jules-Verne, fondé en 1971, regroupent une importante communauté de chercheurs dits Verniens travaillant à la mise en valeur et au développement scientifique des recherches sur Jules Verne. Ces deux organismes publient le Bulletin de la Société Jules-Verne et la Revue Jules Verne. Aux États-Unis existent la North American Jules Verne Society[312] et la revue en ligne Verniana, bilingue[313], et en Amérique latine la Sociedad Hispánica Jules Verne[314] qui édite la revue Mundo Verne. D'autres associations, moins importantes, existent aussi dans différents pays, comme la Pologne ou les Pays-Bas[315].
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+
219
+ Deux musées lui sont consacrés, la Maison de Jules Verne à Amiens et le Musée Jules-Verne à Nantes.
220
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+ En 2005, une exposition intitulée Jules Verne, le roman de la mer lui est consacrée au Musée national de la Marine à Paris.
222
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223
+ En 2015, Jules Verne est le vingt-troisième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics et établissements privés conventionnés français : pas moins de 230 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434)[316].
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+
225
+ Dès le début du XXe siècle, l'œuvre de Jules Verne a fortement inspiré le cinéma[317]. Avec plus de trois cents adaptations au cinéma et à la télévision réalisées dans le monde, dont une centaine à Hollywood, Jules Verne est le quatrième auteur le plus porté à l'écran, après Shakespeare, Dickens et Conan Doyle[318].
226
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+ Le Tour du monde en 80 jours est un des romans les plus adaptés. Dès 1913, il l'est en Allemagne par Carl Werner puis en 1919 par Richard Oswald. Un serial librement adapté par Reeves Eason et Robert Hill est tourné en 1923 : Around the World in 18 days où, à travers douze épisodes William Desmond et Laura La Plante se promènent en dix-jours en utilisant toutes sortes de moyens de locomotion. En 1956, le succès est immense pour Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Michael Anderson produit par Michael Todd et en 1963, est créée la parodie The Three Stooges Go Around the World in a Daze (en). Parmi les nombreuses adaptations du roman, citons encore un téléfilm de Pierre Nivollet en 1975, le documentaire Around the World in 80 Minutes with Douglas Fairbanks (en) (1931)[319], l'adaptation très libre de Frank Coraci Around the World in 80 Days en 2004, la mini-série du même nom de Buzz Kulik en 1989 ou encore le dessin-animé nippo-espagnol La Vuelta al Mundo de Willy Fog en 1981.
228
+
229
+ Du vivant même de l'auteur, Ferdinand Zecca réalise en 1901 Les Enfants du capitaine Grant[320]. Ce roman est de nouveau adapté en 1913 par Henry Roussel puis en Russie, en 1936, Vladimir Vaïnchtok (ru) et David Gutman en réalisent la première version parlante et en 1962 Walt Disney Pictures produit In Search of the Castaways réalisé par Robert Stevenson avec Maurice Chevalier qui prête ses traits à Jacques Paganel [321].
230
+
231
+ Le propre fils de l'écrivain, Michel crée la Société Le Film Jules Verne en 1912 et signe en parallèle un contrat avec la société d'édition Éclair Films. Il leur cède les droits d'adaptation de huit romans de son père, prend part au tournage des Enfants du Capitaine Grant (1914)[322] et supervise Les Indes noires en 1916-1917 avant de résilier son contrat avec Éclair en août 1917. Il s'associe alors avec un homme d'affaires, Jules Schreter, pour développer sa société. En 1918-1919, il réalise ainsi : L'étoile du Sud, Les 500 millions de la Bégum et La Destinée de Jean Morénas. La société Le Film Jules Verne est vendue en 1932 au producteur Alexander Korda et à la London Films puis cesse ces activités en 1966[323].
232
+
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+ Avec plus ou moins de fidélité aux romans d'origine et plus ou moins de réussite, les projets d'adaptation se multiplient dès la période du cinéma muet, parmi lesquels certains feront date comme ceux de Georges Méliès dont le plus célèbre est Le Voyage dans la Lune (1902)[324], comme Vingt Mille Lieues sous les mers de Stuart Paton en 1916, comme Michel Strogoff de Victor Tourjanski en 1926.
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+ Avec le cinéma parlant, l'œuvre de Jules Verne sera une source d'inspiration durable pour le cinéma hollywoodien qui en produira régulièrement des adaptations[325] : Vingt Mille Lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954), film qui connaîtra une redistribution en 1963 et une autre en 1971, marquera le début d'un cycle d'adaptations verniennes qui durera plus de dix-sept ans[318] dont Tour du monde en quatre-vingts jours par Michael Anderson (1956), Voyage au centre de la Terre d'Henry Levin (1959), L'Île mystérieuse de Cy Endfield (1961), Cinq Semaines en ballon d'Irwin Allen (1962), L'Étoile du sud de Sidney Hayers et Orson Welles (1969), Le Phare du bout du monde de Kevin Billington (1971) et en Espagne Un capitaine de quinze ans de Jesús Franco (1974)[326], en France Les Tribulations d'un Chinois en Chine, adaptation fantaisiste de Philippe de Broca en 1965, en Tchécoslovaquie Le Château des Carpathes adaptation encore plus fantaisiste d'Oldřich Lipský en 1981.
236
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+ Parmi tous les réalisateurs qui se sont attachés à transposer l'œuvre du romancier français à l'écran, Karel Zeman occupe une place à part. Pionnier du cinéma d'animation tchèque, Zeman réalise, entre 1955 et 1970, quatre longs métrages inspirés par la lecture des Voyages extraordinaires et les illustrations originales des éditions Hetzel : Voyage dans la Préhistoire (1955), L'Invention diabolique ou Les Aventures fantastiques (1958), Le Dirigeable volé (1968) et L'Arche de monsieur Servadac (1970). Dans une filiation revendiquée à Georges Méliès et au cinéma muet, Karel Zeman y mêle image réelle, animation et trucage[327].
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+
239
+ En 2015, l'influence de Jules Verne se ferait encore sentir, selon l'universitaire américain vernien Brian Taves[328] dans des productions du genre Ex Machina, Avengers : L'Ère d'Ultron et surtout Tomorrowland, qui témoigne de l'esprit d'exploration et de l'idéalisme qui imprègnent l'univers de l'auteur[318].
240
+
241
+ Le Théâtre de la jeunesse a servi lui aussi à faire connaître et à illustrer l'œuvre de Jules Verne.
242
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243
+ Autres adaptations :
244
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245
+ En 1978, le compositeur Paul-Baudouin Michel composa son œuvre pour orgue « Le tombeau de Jules Verne » (op. 94)[330].
246
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247
+ En 2015, Nicolas Nebot et Dominique Mattei créent un spectacle musical s'inspirant des personnages des œuvres de Jules Verne : Jules Verne le Musical[331],[332].
248
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249
+ Comme pour les arts cinématographiques ou d'animation, les adaptations en bandes dessinées et mangas sont très nombreuses[333]. Déjà à Barcelone à la fin du XIXe siècle apparaissent des aucas (en catalan), aleluya (en espagnol), feuilles d'images monochromes sur papier blanc, vert, brun ou mauve. Ainsi la maison Sucesor de Antonio Bosch adapte Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, Aventures de trois Russes et de trois Anglais et L'Ile mystérieuse, avec des dessins copiant les gravures des éditions in-8 Hetzel. Le même éditeur publie une adaptation de De la Terre à la Lune et d' Autour de la Lune sous le titre De la Tierra al Sol pasando por la Luna dont dix-huit des quarante-huit vignettes sont issues des romans lunaires puis s'en éloignent à partir de la vignette no 19 ainsi que le texte, les héros descendant sur la Lune et y rencontrant des voyageurs d'un autre obus. Parmi d'autres aucas : Los sobrinos del Capitán Grant[334], tirée de la zarzuela de Miguel Ramos Carrión (en), Aventuras de tres Rusos y de tres Ingleses ou Veinte mil leguas de viaje submarino[335].
250
+
251
+ Dès 1905 Winsor McCay crée Little Nemo. Au début du XXe siècle, l'Imagerie Pellerin publie trois titres de Jules Verne : Aventures du capitaine Hatteras (série Aux armes d'Épinal no 71), Cinq Semaines en ballon (même série, no 72) et Kéraban-le-Têtu (sans nom de série, no 643). Il s'agit de planches avec des petits résumés qui accompagnent les vignettes (neuf pour Hatteras, seize pour Cinq semaines et seize pour Kéraban)[336].
252
+
253
+ Aux États-Unis, dans la série de bandes dessinées Classiques illustrés paraissent à partir de 1946 de très nombreux romans de Jules Verne. Ils connaissent aussi dans la même série des traductions aux Pays-Bas, en Suède, au Danemark et en Grèce. Dans les années 1970, pratiquement tous les romans de Jules Verne sont adaptés en Espagne et de très nombreux en Italie[337].
254
+
255
+ En France, Le Journal de Mickey dans les années 1950 produit quelques adaptations et Hachette publie un intermédiaire entre les images d’Épinal et la bande dessinée avec Vingt Mille Lieues sous les mers. Autres adaptations marquantes, Le démon des glaces de Jacques Tardi (1974), pastiche L'Ile mystérieuse, Vingt Mille Lieues sous les mers et Les Mémoires d'un aventurier de François Dimberton (1989-1991). On y voit Jules, Michel et Honorine Verne accueillir à leur bord un des héros lors d'une croisière de Jules Verne[338].
256
+
257
+ En juillet 1979, les éditions Vaillant publient un album broché hors-série de Pif Parade intitulé Jules Verne en bandes dessinées dont la couverture parodie les cartonnages Hetzel[339], adaptation de cinq romans de Jules Verne : La Maison à vapeur, Maître du monde, Le Secret de Wilhelm Storitz, Sans dessus dessous et Les 500 millions de la Bégum[340].
258
+
259
+ L’emprunt à l’œuvre vernienne la plus criante reste Les Aventures de Tintin de Hergé où de nombreuses péripéties et de nombreux personnages sont issus de l'univers vernien[341],[342]. Ainsi, par exemple, les Dupond-t ont-ils les traits des détectives Craig et Fry des Tribulations d'un Chinois en Chine[343], Tryphon Tournesol, ceux de Palmyrin Rosette d'Hector Servadac ou le docteur Schulze « de l'université d'Iéna » (L'Étoile mystérieuse) a pour équivalent physique et moral le docteur Schultze « de l'université d'Iéna » des Cinq cents millions de la Bégum[344]. Les Enfants du capitaine Grant et Vingt Mille Lieues sous les mers ont de nombreux points communs avec Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge[345] ou encore Objectif Lune et On a marché sur la Lune rappellent De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[346].
260
+
261
+ Parmi les adaptations modernes, se distinguent dans la série Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters, La Route d'Armilia (Casterman, 1988) avec son personnage de Ferdinand Robur Hatteras et des mêmes auteurs. L'écho des cités: histoire d'un journal (Casterman, 1993), journal dont le directeur est Michel Ardan[347]. Magic Strip publie aussi en 1986 une version moderne dramatique du Rayon vert et Jean-Claude Forest laisse une Mystérieuse : matin, midi et soir, adaptation en science-fiction de L'Île mystérieuse (1971)[348].
262
+
263
+ Énumérer l'ensemble des sources utilisées par Verne ne peut être exhaustif mais il est possible de remarquer qu'en grande partie son œuvre est orientée vers sa propre époque[349]. Dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse Jules Verne évoque quelques influences :
264
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265
+ Il écrit aussi qu'il admire Le Robinson suisse de Johann David Wyss plus que le Robinson Crusoé de Daniel Defoe[350].
266
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+ À Marie A. Belloc venue l'interviewer, il explique sa méthode de travail : « [...] bien avant d'être romancier, j'ai toujours pris de nombreuses notes en lisant les livres, les journaux, les magazines ou les revues scientifiques. Ces notes étaient et sont toutes classées selon le sujet auquel elles se rapportent, et c'est à peine si j'ai besoin de vous dire à quel point cette documentation a une valeur inestimable »[351]. Belloc observe que ces notes sont rangées dans des casiers en carton. Elles sont conservées à la Bibliothèque municipale d'Amiens (Fonds Piero Gondolo della Riva)[352].
268
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269
+ Parmi les revues qu'il utilise le plus, Le Tour du monde, le journal des voyages et le Bulletin de la Société de géographie, se distinguent[353]. Il se documente aussi, entre autres, dans le Musée des familles, Le Magasin pittoresque, La Science illustrée, L'Univers illustré, la Revue maritime et coloniale, le Magasin d’éducation et de récréation ou encore dans La Gazette médicale de Paris[354].
270
+
271
+ Son œuvre littéraire entre en relation avec de nombreux auteurs comme Victor Hugo, Walter Scott, Charles Dickens, Robert Louis Stevenson, Alexandre Dumas, George Sand, Edgar Allan Poe, Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Baudelaire... pour ses contemporains[355] ou Xavier de Maistre, Chateaubriand, E. T.A. Hoffmann... pour ceux qui l'ont précédé[356].
272
+
273
+ Dans les domaines qu'il maîtrise moins, en particulier la science, il fait appel à des proches comme Joseph Bertrand ou Henri Garcet pour les mathématiques[357], Albert Badoureau pour la physique[358] ou à son frère Paul, pour la navigation[359].
274
+
275
+ « Jules Verne ! quel style ! rien que des substantifs ! »
276
+
277
+ — Guillaume Apollinaire[360].
278
+
279
+ Après son travail préalable de recherche sur le sujet qu'il a choisi, Jules Verne établit les principales lignes de son futur roman : « Je ne commence jamais un livre sans savoir ce que seront le début, le milieu et la fin »[361]. Il dresse alors un plan des chapitres et commence l'écriture d'une première version au crayon « en laissant une marge d'une demi-page pour les corrections »[361]. Il lit ensuite le tout et le repasse à l'encre. Il considère que son véritable travail commence avec le premier jeu d'épreuves. Il corrige alors chaque phrase et récrit des chapitres entiers[362]. Les manuscrits de Jules Verne témoignent de l’important travail de corrections, ajouts, réécritures qu'il effectue et des nombreuses critiques et notes de son éditeur[363]. Son but est de devenir un véritable styliste comme il l'écrit lui-même à Hetzel :
280
+
281
+ Dans une lettre à Mario Turiello[365], Jules Verne précise sa méthode : « Pour chaque pays nouveau, il m'a fallu imaginer une fable nouvelle. Les caractères ne sont que secondaires ».
282
+
283
+ Jean-Paul Dekiss étudiant le style de Jules Verne écrit : « Son rapport singulier à l'éducation a fait de Jules Verne un auteur pour enfants ; l'intérêt documentaire qu'il porte à la science le fait auteur scientifique ; sa réussite dans l'anticipation, auteur de science-fiction ; l'aventure le fait classer par la critique littéraire auteur populaire de second rang ; par l'arrière-plan auquel il relègue les analyses psychosociologiques il est considéré sans profondeur ; son style transparent est transformé en style inexistant. Que de malentendus !... »[366].
284
+
285
+ Malgré tout, certains auteurs louent le style de Jules Verne, dont Ray Bradbury, Jean Cocteau, Jean-Marie Le Clézio, Michel Serres[367], Raymond Roussel, Michel Butor, Péter Esterházy[368] et Julien Gracq[369], Régis Debray[370]. Michel Leiris écrit : « Il restera, quand tous les autres auteurs de notre époque seront oubliés depuis longtemps »[371].
286
+
287
+ Jules Verne utilise ainsi dans les péripéties de ses romans l'histoire et la géographie, les techniques et les sciences, le tout pour produire de l'imaginaire. Il ne s'arrête pas à l'anecdote et par les connaissances, exploite ses sources pour passer au-delà du réel. « Elles donnent aux personnages et à leurs actes une transparence, une luminosité particulière qui est celle des rêves, de l'enchantement et des mythes »[372]. Daniel Compère ajoute : « Il existe chez Verne une tendance à fictionner le réel, à projeter dans les récits et descriptions qu'il lit des personnages et des événements romanesques. Cette tendance se retrouve également dans les récits historiques que Verne a consacrés aux grands voyageurs depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle »[373].
288
+
289
+ Derrière une apparente diversité, ce sont les thèmes qui donnent à l'œuvre de Jules Verne une unité profonde. À peine indiqués dans certains ouvrages, dans d'autres, ils deviennent le noyau de l'histoire. Un simple exemple, ce fameux rayon vert, qui donne son titre au roman de 1882, est déjà évoqué dans des œuvres antérieures et le sera également dans des romans postérieurs. Ces fils d'Ariane assurent la cohésion à l'ensemble des écrits de Verne, toutes formes confondues (nouvelles, théâtre, Voyages extraordinaires, ébauches, poèmes)[374].
290
+
291
+ Les personnages de l’œuvre de Jules Verne ont fait l'objet de plusieurs études[375]. Parmi les principales :
292
+
293
+ Si Jules Verne a influencé des générations de lecteurs et d'écrivains de science-fiction, son œuvre est marquée par les topoï littéraires de son époque.
294
+
295
+ Des stéréotypes antisémites sont présents dans certaines œuvres[376], notamment dans Hector Servadac[377] :
296
+
297
+ « Petit, malingre, les yeux vifs mais faux, le nez busqué, la barbiche jaunâtre, la chevelure inculte, les pieds grands, les mains longues et crochues, il offrait ce type si connu du juif allemand, reconnaissable entre tous. C'était l'usurier souple d'échine, plat de cœur, rogneur d'écus et tondeur d'œuf. L'argent devait attirer un pareil être comme l'aimant attire le fer, et, si ce Shylock fût parvenu à se faire payer de son débiteur, il en eût certainement revendu la chair au détail. D'ailleurs, quoiqu'il fût juif d’origine, il se faisait mahométan dans les provinces mahométanes, lorsque son profit l'exigeait, chrétien au besoin en face d'un catholique, et il se fût fait païen pour gagner davantage. Ce juif se nommait Isac Hakhabut. »
298
+
299
+ — Hector Servadac, Chapitre XVIII
300
+
301
+ « Beaucoup de Juifs, qui ferment leurs habits de droite à gauche, comme ils écrivent, – le contraire des races aryennes. »
302
+
303
+ — Claudius Bombarnac, I
304
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305
+ Verne applique ainsi le stéréotype du juif dans la littérature et l'imagerie populaire, dans l'esprit de l'usurier Gobseck ou du Nucingen de La Comédie humaine, du Marchand de Venise, du Shylock de Shakespeare, de ses lectures d'Alphonse Toussenel, des sources qu'il exploite aussi, ou, entre autres, du Victor Hugo des Burgraves. À la publication d'Hector Servadac, le grand rabbin de Paris, Zadoc Kahn dénonce l'antisémitisme de Verne. Son parti pris caricatural, correspondant à l'antisémitisme ambiant, avait pourtant déjà été utilisé dans sa nouvelle Martin Paz en 1852, sans qu'aucune réserve ne soit alors soulevée[378]. Il retient vraisemblablement la leçon du rabbin et de son éditeur puisque cet aspect-là ne réapparait plus ensuite dans son œuvre[379]. Jean-Paul Dekiss explique : « Jules Verne reprend malheureusement une image à son époque répandue et n'a pas mesuré les conséquences d'un choix aussi déplorable [...] A sa décharge, s'il utilise le personnage du méchant juif pour dénoncer le rôle néfaste de l'argent, c'est au phénomène de l'usure qu'il s'attaque, non à une minorité religieuse »[378].
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307
+ Un autre fait, touchant à la biographie de Jules Verne, peut expliquer cette caricature antisémite du personnage d'Isac Hakhabut. Au moment de la rédaction du roman, Jules Verne est aux prises avec l'affaire Olschewitz, une famille juive polonaise qui défraie la chronique en déclarant que l'auteur des Voyages extraordinaires se nomme en réalité Julius Olschewitz[N 22]. Cette affaire l'exaspère[380]. Il cherche alors à prouver son origine catholique : « Étant breton, je suis par raison, par raisonnement, par tradition de famille chrétien et catholique romain. » (lettre à Madame Antoine Magnin)[381]. On en trouve aussi de nombreux échos dans sa correspondance avec son éditeur[382]. De plus, à la même époque Jules Verne se considérait spolié (à tort) par Jacques Offenbach pour la féerie Voyage dans la Lune, et (à raison) par Adolphe d'Ennery, pour les droits de l'adaptation du Tour du monde en 80 jours, tous les deux de confession israélite[383]. Par ailleurs, Verne détestait se rendre à Antibes dans la villa de son collaborateur, qui menait une vie assez dissolue aux yeux de l'écrivain[384]. Le manuscrit d'Hector Servadac contient ainsi des précisions qui ciblent sans ambiguïté D'Ennery, mais qui ont disparu de la version publiée[385].
308
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309
+ Verne a d'abord été anti-dreyfusard avant de changer d'avis[386]. Ayant de nombreux membres de sa famille dans l'armée, tel le général Georges Allotte de La Fuÿe, son cousin germain, modèle du personnage d'Hector Servadac, qui a lu et corrigé le roman du même nom[387], ce soutien peut se comprendre. À Louis-Jules Hetzel il écrit par exemple au sujet de l'affaire Dreyfus : « Que sera ce jour de l'an au milieu de l'anarchie morale où notre pauvre pays est tombé ? Je ne sais guère. Mais c'est tout simplement abominable, et je ne saurais trop vous dire à quel point j'ai été surpris et chagriné de l'intervention de Poincaré il y a quelques semaines. Et comment tout cela finira-t-il ? »[388] et quelques mois plus tard au lendemain du vote de la Chambre d'une loi dite de dessaisissement attribuant à la Cour de cassation la décision à prendre pour la révision du procès de Dreyfus : « Moi, qui suis anti-dreyfusard dans l'âme, j'approuve, c'est ce qu'il y avait de mieux à faire sur la question de la révision. Mais je comprends de moins en moins l'attitude de notre Poincaré »[389]. Raymond Poincaré, qui en 1896, avait été l'avocat de Jules Verne et de Louis-Jules Hetzel dans une affaire en diffamation (l'inventeur Eugène Turpin s'étant reconnu dans le personnage de Thomas Roch du roman Face au drapeau) où l'accusateur fut, à tort, débouté[390], dreyfusard, protestait contre cette décision qui introduisait l'arbitraire.
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+ Progressivement, et les preuves s'accumulant, Jules Verne change d'avis. Michel Verne ardent dreyfusard n'est sans doute pas étranger à ce changement de cap[391]. Au même moment, Jules Verne rédige Les Frères Kip dans lequel des innocents sont condamnés au bagne[391].
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+ Jules Verne, bien qu'anti-colonialiste, reprenant les sources qu'il emploie, n'échappe pas aux préjugés de son époque[392] :
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+ « [...] - Mais ces indigènes, demanda vivement Lady Glenarvan, sont-ils ?...
316
+ -Rassurez-vous, madame, répondit le savant [...] ces indigènes sont sauvages, abrutis, au dernier échelon de l'intelligence humaine, mais de mœurs douces, et non sanguinaires comme leurs voisins de la Nouvelle-Zélande. S'ils ont fait prisonniers les naufragés du Britannia, ils n'ont jamais menacé leur existence, vous pouvez m'en croire. Tous les voyageurs sont unanimes sur ce point que les Australiens ont horreur de verser le sang, et maintes fois ils ont trouvé en eux de fidèles alliés pour repousser l'attaque des bandes de convicts, bien autrement cruels. »
317
+
318
+ — Les Enfants du capitaine Grant, chapitre IV
319
+
320
+ L'œuvre de Jules Verne, comme celle de la plupart des auteurs de l'époque, marque quelquefois une condescendance voire un parfait mépris envers les « sauvages » ou « naturels » :
321
+
322
+ « Quelques minutes après, le Victoria s’élevait dans l’air et se dirigeait vers l’est sous l’impulsion d’un vent modéré.
323
+ « En voilà un assaut ! dit Joe.
324
+ — Nous t'avions cru assiégé par des indigènes.
325
+ — Ce n'étaient que des singes, heureusement ! répondit le docteur.
326
+ — De loin, la différence n’est pas grande, mon cher Samuel.
327
+ — Ni même de près, répliqua Joe. »
328
+
329
+ — Cinq Semaines en ballon, chapitre XIV
330
+
331
+ Cependant, Jean Chesneaux et Olivier Dumas, ont remarqué chacun de leur côté que : « Ce racisme de Jules Verne, son attitude méprisante, s'applique davantage aux couches dirigeantes et aux aristocraties tribales qu'aux peuples d'Afrique et d'Océanie dans leur ensemble. Ce qu'il dénonce le plus volontiers, comme typique de la « barbarie » africaine, ce sont les hécatombes rituelles à l'occasion des funérailles d'un souverain, tel le roitelet congolais dans Un capitaine de quinze ans (seconde partie, chapitre 12) ou les immolations massives de prisonniers en l'honneur de l'intronisation du nouveau roi du Dahomey auxquelles met fin Robur du haut de son aéronef (p. 142). »[393]
332
+
333
+ Et il est vrai que ce genre de remarque reste occasionnel ; on trouve davantage de personnages de couleur présentés sous un angle positif, à l'instar de Tom, Austin, Bat, Actéon et Hercule dans Un capitaine de quinze ans (« […] on pouvait aisément reconnaître en eux de magnifiques échantillons de cette forte race […] »). Il faut ajouter les sauvages de la Papouasie dans Vingt Mille Lieues sous les mers, à propos desquels le capitaine Nemo, retiré d'une « civilisation » composée de Blancs, s'exclame : « Et d'ailleurs sont-ils pires que les autres ceux que vous appelez les sauvages ? » Il repoussera par des charges électriques inoffensives la menace qu'ils font peser sur son équipage. Il se montrera en revanche sans pitié pour un navire européen (on saura dans L'Ile mystérieuse qu'il était britannique) qui a fait périr toute sa famille. On y apprendra aussi que le capitaine Nemo était un Hindou — donc un Asiatique —, qui participa à la Révolte des cipayes en 1857. Enfin, le colonialisme britannique en Océanie est plusieurs fois fustigé dans les Voyages extraordinaires : Les Enfants du capitaine Grant, La Jangada, Mistress Branican[394].
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335
+ De plus, dans ces romans, Jules Verne prend nettement position contre l'esclavage, position qu'il a réaffirmée à plusieurs reprises, notamment à propos de la guerre de Sécession[395]. C'est un militant de cette cause, ayant constamment applaudi à l'abolition de 1848[396]. Dans ce domaine, il est de surcroît sans concession quant aux responsables et profiteurs de l'esclavage. Ainsi, notamment dans Un capitaine de quinze ans, il s'en prend aux roitelets africains qui s'adonnent à de ravageuses guerres et à de fructueuses captures suivies de mises en esclavage de leurs frères de race, tournant souvent au drame, mais aussi à l'esclavage pratiqué dans les pays musulmans en rappelant :
336
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+ « L’Islam est favorable à la traite. Il a fallu que l’esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l’esclave blanc d’autrefois. »
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+ Pour autant, il n'accorde pas aux Noirs l'égalité avec les Blancs : lorsqu'ils ne sont pas des sauvages sans pitié, les Noirs sont des serviteurs, tout dévoués à leur maître, et ne prétendant pas à un autre statut. Ainsi, dans Deux Ans de vacances, le mousse Moko, du même âge que les autres enfants, est à leur entier service, et ne prend pas part au vote qui désignera le chef de la petite colonie, ni à aucun débat :
340
+
341
+ « Moko, en sa qualité de noir, ne pouvant prétendre et ne prétendant point à exercer le mandat d'électeur […] »
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+
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+ — Deux Ans de vacances, chapitre XVIII
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+ Jean Chesneaux souligne le fait qu'« aucun roman vernien n'est consacré à l'expansion coloniale française proprement dite », pas plus qu'à la traite atlantique totalement ignorée. « En dépit de l'effort de compréhension envers les luttes contre le pouvoir colonial et de sa sympathie secrète pour les rebelles tels Nana-Sahib, Jules Verne n'en accepte pas moins la domination coloniale comme un fait inéluctable et acquis, mieux, comme un fait historiquement nécessaire. »[397] Mais d'autres chercheurs ont contredit ces propos en prenant entre autres l'exemple du roman L'Invasion de la mer, traitant du sujet[398].
346
+
347
+ Les dates entre parenthèses indiquent la première publication[399].
348
+
349
+ À la mort de Jules Verne en mars 1905, plusieurs de ses manuscrits sont en attente de publication et certains ont déjà été fournis à l'éditeur. Ces romans et nouvelles ont pour la plupart été remaniés par Michel Verne, fils de l'auteur, avant leur publication. Les versions originales n'ont été publiées que plusieurs décennies plus tard. La date indiquée entre parenthèses est celle de la première publication. La date de rédaction est indiquée entre crochets.
350
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351
+ La date entre parenthèses est celle de rédaction supposée du texte.
352
+
353
+ Jules Verne est d'abord attiré par le théâtre, mais n'y connaîtra qu’un succès fragile jusqu'à ce que certains des Voyages extraordinaires soient portés à la scène. Plusieurs de ses pièces ont été écrites en collaboration. La date est celle de la première représentation. Est aussi mentionnée la date de première publication. Les pièces qui n'ont pas été représentées sont répertoriées dans l'article détaillé Théâtre de Jules Verne[488].
354
+
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+ Cent-quatre-vingt-quatre poésies et chansons de Jules Verne ont été répertoriées jusqu'à présent. La plupart des chansons sont parues dans deux recueils de musique d'Aristide Hignard : Rimes et Mélodies. Un grand nombre de poésies proviennent de deux cahiers de poésies manuscrites. Ces cahiers ont été édités[497].
356
+
357
+ Les dates entre parenthèses sont simplement supposées.
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359
+ En 1886, alité, à la suite de l'attentat perpétré contre lui par son neveu Gaston, Jules Verne recommence à versifier, en écrivant des triolets sur les personnes en vue d'Amiens. Une première série comprend dix-neuf triolets:
360
+
361
+ Puis, trente-trois autres triolets de 1890 à 1895 :
362
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363
+ De très nombreuses lettres de ou à Jules Verne sont publiées dans le Bulletin de la Société Jules-Verne de sa fondation (1935) à aujourd’hui. Parmi ses correspondants : Edmondo De Amicis, Jean Chaffanjon, Alexandre Dumas fils, Adolphe d'Ennery, Félix Fénéon, Théophile Gautier, Philippe Gille, Charles Lemire, Hector Malot, Nadar, Émile Perrin, Mario Turiello, Charles Wallut etc.
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+ ainsi que dans les ouvrages :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Jules Verne, par sa popularité, est le sujet de très nombreuses études biographiques et bibliographiques, de valeurs très inégales, certains biographes n'étant que des compilateurs d'ouvrages précédemment parus, cherchant parfois uniquement le sensationnel plus que la rigueur scientifique, loin de l’exégèse. Pour établir une bibliographie pertinente et rigoureuse, plusieurs recherches ont été publiées :
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+ Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes et mort le 24 mars 1905 à Amiens, est un écrivain français dont l'œuvre est, pour la plus grande partie, constituée de romans d'aventures évoquant les progrès scientifiques du XIXe siècle.
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+ Bien qu'il ait d'abord écrit des pièces de théâtre, Verne ne rencontre le succès qu'en 1863 lorsque paraît, chez l'éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1886), son premier roman, Cinq Semaines en ballon. Celui-ci connaît un très grand succès, y compris à l'étranger. À partir des Aventures du capitaine Hatteras, ses romans entreront dans le cadre des Voyages extraordinaires, qui comptent 62 romans et 18 nouvelles, parfois publiés en feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse, ou dans des périodiques destinés aux adultes comme Le Temps ou le Journal des débats.
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+ Les romans de Jules Verne, toujours très documentés, se déroulent généralement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Ils prennent en compte les technologies de l'époque — Les Enfants du capitaine Grant (1868), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), Michel Strogoff (1876), L'Étoile du sud (1884), etc. — mais aussi d'autres non encore maîtrisées ou plus fantaisistes — De la Terre à la Lune (1865), Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), Robur le Conquérant (1886), etc.
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+ Outre ses romans, on lui doit de nombreuses pièces de théâtre, des nouvelles, des récits autobiographiques, des poésies, des chansons et des études scientifiques, artistiques et littéraires. Son œuvre a connu de multiples adaptations cinématographiques et télévisuelles depuis l'origine du cinéma ainsi qu'en bande dessinée, au théâtre, à l'opéra, en musique ou en jeu vidéo.
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+ L'œuvre de Jules Verne est universelle ; selon l’Index Translationum, avec un total de 4 751 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et devant Shakespeare[1]. Il est ainsi, en 2011, l'auteur de langue française le plus traduit dans le monde[2]. L'année 2005 en France a été déclarée « année Jules Verne », à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain[3].
14
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15
+ Jules Gabriel Verne[4] naît au 4 de la rue Olivier-de-Clisson, à l'angle de la rue Kervégan sur l'île Feydeau à Nantes, au domicile de sa grand-mère maternelle, Sophie Marie Adélaïde-Julienne Allotte de la Fuÿe (née Guillochet de La Perrière[5])[6],[N 1]. Il est le fils de Pierre Verne, avoué[7], originaire de Provins, et de Sophie Allote de la Fuÿe, issue d'une famille nantaise de navigateurs et d'armateurs, d'ascendance écossaise[N 2]. Jules est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants, comprenant son frère Paul (1829-1897), qui sera marin, mais aussi écrivain, et trois sœurs, Anne dite Anna (épouse du Crest de Villeneuve), née en 1836, Mathilde (épouse Fleury), née en 1839, et Marie (épouse Guillon, mère de Claude Guillon-Verne), née en 1842. En 1829, les Verne s'installent au no 2 quai Jean-Bart (à une centaine de mètres du lieu de naissance de leur fils aîné)[6], où naissent Paul, Anna et Mathilde. En 1840, la famille connaît un nouveau déménagement dans un immeuble imposant au 6, rue Jean-Jacques-Rousseau[6], proche du port, où naît Marie[N 3].
16
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17
+ En 1834, à l'âge de six ans, il est mis en pension dans une institution tenue par une certaine Mme Sambin, veuve putative[N 4] d'un capitaine de cap-hornier[8].
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19
+ Il entre avec son frère au collège Saint-Stanislas, un établissement religieux conforme à l'esprit très catholique de son père (d'une façon générale, le lycée Royal n'a pas bonne réputation dans la bourgeoisie nantaise), en octobre 1837[9]. On y trouve quelques traces de ses premiers succès scolaires, dont voici le palmarès[10] :
20
+
21
+ De plus, plusieurs accessits de musique vocale montrent son goût pour cette matière, goût qu'il conservera toute sa vie[N 5].
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23
+ De 1844 à 1846, Jules Verne est pensionnaire au petit séminaire de Saint-Donatien (bâtiments occupés par l'actuel lycée professionnel Daniel-Brottier à Bouguenais)[N 6],[11], où il accomplit la quatrième, la troisième et la seconde. Son frère le suit, en pension comme lui. Dans son roman inachevé Un prêtre en 1839[12], Jules Verne décrit ce petit séminaire de façon peu élogieuse[13].
24
+
25
+ Pierre Verne achète à Chantenay, en 1838[14], une villa pour les vacances, toujours existante au 29 bis, rue des Réformes, face à l'église Saint-Martin de Chantenay[15],[6] (le musée Jules-Verne, situé également à Chantenay, est installé dans un bâtiment sans relation à la famille Verne). Toute la famille aime à se retrouver dans cette maison de campagne[16].
26
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27
+ Les vacances de Jules Verne se passent également à Brains (à 20 km au sud-ouest de Nantes), dans la propriété que son grand-oncle Prudent Allotte de la Fuÿe, a achetée en 1827/1828 au lieu-dit « La Guerche »[17]. Prudent Allotte de la Fuÿe est un ancien armateur, « vieil original, célibataire autoritaire et non conformiste »[18], qui a beaucoup voyagé avant de revenir s'installer au pays natal. Il est maire de Brains de 1828 à 1837[19]. Le jeune garçon aime à faire d'interminables parties de jeu de l'oie avec le vieux bourlingueur[N 7].
28
+
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+ Une légende veut qu'en 1839, à l'âge de onze ans, le petit Jules aurait tenté de s'embarquer sur un long-courrier en partance pour les Indes, en qualité de mousse[20]. Son père l'aurait récupéré in extremis à Paimbœuf. Jules Verne aurait avoué avoir voulu partir pour rapporter un collier de corail à sa cousine, Caroline Tronson, dont il était amoureux. Rudement tancé par son père, il aurait promis de ne plus voyager qu'en rêve. Ce n'est qu'une légende enjolivée par l'imagination familiale[N 8] car, dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, il raconte qu'il est monté à bord d'un voilier, l'a exploré, a tourné le gouvernail, etc., ce en l'absence d'un gardien, ce qui lui vaut la réprobation du capitaine[21].
30
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31
+ De 1844 à 1846, Jules et Paul étudient au lycée Royal de Nantes (actuellement lycée Clemenceau)[22]. Jules Verne fréquente en compagnie de ses camarades le Cercle des externes du collège Royal, qui se tient dans la librairie du Père Bodin, place du Pilori[23]. Après avoir terminé les classes de rhétorique et philosophie, il passe les épreuves du baccalauréat à Rennes et reçoit la mention « assez bien », le 29 juillet 1846[24].
32
+
33
+ En 1847, il est envoyé à Paris par son père, prioritairement pour suivre ses études, mais aussi peut-être parce qu'on voulait ainsi l'éloigner de Nantes. En effet, Caroline Tronson (1826-1902), sa cousine dont il est épris, doit se marier le 27 avril de la même année avec Émile Dezaunay, un homme de quarante ans originaire de Besançon[25]. Jules Verne en conçoit une amertume profonde au point d'écrire à sa mère, six ans plus tard, lorsque cette dernière lui demande de les accueillir à Paris : « Je serai aussi aimable que le comporte mon caractère biscornu, avec les nommés Dezaunay ; enfin sa femme va donc entrevoir Paris ; il paraît qu'elle est un peu moins enceinte que d'habitude, puisqu'elle se permet cette excursion antigestative[26] ». Caroline Tronson, après son mariage avec Dezaunay, aura cinq enfants[27].
34
+
35
+ Après un court séjour à Paris, où il passe ses examens de première année de droit[28], il revient à Nantes pour préparer avec l'aide de son père la deuxième année[N 9]. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Rose Herminie Arnault de La Grossetière[29], née en 1827, pour laquelle il va éprouver une violente passion[30]. Son premier cahier de poésie contient de nombreuses allusions à la jeune femme, notamment Acrostiche ou La Fille de l'air[31]. L'amour a peut-être été un moment partagé mais aucune source ne vient corroborer la chose. Les parents d'Herminie voient d'un mauvais œil leur fille se marier à un jeune étudiant dont l'avenir n'est pas encore assuré[32]. Ils la destinent à Armand Terrien de la Haye, un riche propriétaire de dix ans son aîné. Le mariage a lieu le 19 juillet 1848[33]. Jules Verne est fou de rage. Il écrit de Paris à sa mère une lettre hallucinante, sans doute composée dans un état de semi-ébriété. Sous couvert d'un songe, il crie sa douleur du mariage d'Herminie en un récit de vengeance de noces maudites : « La mariée était vêtue de blanc, gracieux symbole de l'âme candide de son fiancé ; le marié était vêtu de noir, allusion mystique à la couleur de l'âme de sa fiancée ! » ou « La fiancée était froide, et comme une étrange idée d'anciens (sic) amours passait en elle »[34]. Cet amour avorté va marquer à jamais l'auteur et son œuvre, dans laquelle on trouvera un nombre important de jeunes filles mariées contre leur gré (Gérande dans Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, Sava dans Mathias Sandorf, Ellen dans Une ville flottante, etc.) au point que Christian Chelebourg parle du « complexe d'Herminie » pour les Voyages extraordinaires[35]. L'écrivain gardera également une rancune à l'encontre de sa ville natale et de la société nantaise, qu'il pourfendra dans certaines poésies, notamment La Sixième Ville de France et Madame C…, une violente diatribe visant sans doute une des commères de la ville[36].
36
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37
+ En juillet 1848, Jules Verne quitte définitivement Nantes pour Paris. Son père l'envoie poursuivre ses études de droit, en espérant qu'il lui succédera un jour[37]. À cette date, il travaille sur un roman qui restera inachevé, et qui sera par erreur publié par les Éditions du Cherche-Midi en 1992 sous le titre Un prêtre en 1839, mauvaise lecture du manuscrit qui porte en 1835[38], des pièces de théâtre dont deux tragédies en vers, Alexandre VI et La Conspiration des poudres, et des poèmes. Alors qu'en 1847, il avait été accueilli par sa grand-tante Charuel au no 2 de la rue Thérèse, près de la butte Saint-Roch[39], en 1848, il obtient de son père de pouvoir louer un appartement meublé, qu'il partage avec Édouard Bonamy, un autre étudiant originaire de Nantes, dans un immeuble situé au 24, rue de l'Ancienne-Comédie, donnant sur la place de l'Odéon[40].
38
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39
+ Paris vit alors une période révolutionnaire (voir Révolution française de 1848). En février, le roi Louis-Philippe a été renversé et s'est enfui ; le 24 février, a été établi le gouvernement provisoire de la Deuxième République. Les manifestations se succèdent et le climat social est tendu. En juin, les barricades se dressent de nouveau dans Paris (voir Journées de Juin) ; le gouvernement envoie le général Cavaignac écraser l'insurrection. Fin juin, quand le futur écrivain arrive dans la capitale, Cavaignac vient de former un gouvernement qui durera jusqu'à la fin de l'année. Verne écrit à ses parents :
40
+
41
+ « Je vois que vous avez toujours des craintes en province ; vous avez beaucoup plus peur que nous n'avons à Paris... J'ai parcouru les divers points de l'émeute, rues Saint-Jacques, Saint-Martin, Saint-Antoine, le Petit Pont, la Belle Jardinière ; j'ai vu les maisons criblées de balles et trouées de boulets. Dans la longueur de ces rues, on peut suivre la trace des boulets qui brisaient et écorniflaient balcons, enseignes, corniches sur leur passage ; c'est un spectacle affreux, et qui néanmoins rend encore plus incompréhensibles ces assauts dans les rues[41] ! »
42
+
43
+ Le 3 août, Jules Verne passe avec succès son examen d'entrée en deuxième année de droit[42]. Lorsqu'Édouard Bonamy quitte Paris pour retourner à Nantes vers la fin de l'année, il obtient une chambre pour lui seul, dans la même maison[43].
44
+
45
+ Son oncle Chateaubourg[N 10] l'introduit dans les salons littéraires. Il fréquente celui de Mme de Barrère, amie de sa mère, et de Mme Mariani[44]. Tout en continuant ses études, il écrit de nombreuses pièces qui resteront pour la plupart inédites jusqu'en 1991 avant d'être publiées, pour certaines, de manières confidentielles dans les trois volumes des Manuscrits nantais[45] et connaîtront une publication grand public en 2006 aux Éditions du Cherche-Midi sous le titre Jules Verne : Théâtre inédit[46].
46
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47
+ Jules Verne dévore les drames de Victor Hugo, d'Alexandre Dumas, d'Alfred de Vigny, les comédies d'Alfred de Musset[47], mais il avoue une préférence pour deux classiques : Molière et Shakespeare[N 11].
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49
+ L'influence la plus fortement exercée à cette époque sur le jeune écrivain est celle de Victor Hugo. Verne raconte à Robert H. Sherard : « J'étais au plus haut point sous l'influence de Victor Hugo, très passionné par la lecture et la relecture de ses œuvres. À l'époque, je pouvais réciter par cœur des pages entières de Notre-Dame de Paris, mais c'étaient ses pièces de théâtre qui m'ont le plus influencé, et c'est sous cette influence qu'à l'âge de dix-sept ans, j'ai écrit un certain nombre de tragédies et de comédies, sans compter les romans »[48],[N 12].
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+ Durant cette période, les lettres de Jules Verne à ses parents concernent essentiellement ses dépenses et l'argent dont il a besoin. Cependant, au mois de mars 1849, un autre événement inquiète le jeune étudiant : « Ma chère maman, le choléra est donc définitivement à Paris, et je ne sais quelles terreurs de malade imaginaire me poursuivent continuellement ! Ce monstre s'est grossi pour moi de toutes les inventions les plus chimériques d'une imagination fort étendue à cet endroit-là ! »[49]. Au même moment, Jules Verne doit se soumettre à la conscription, mais est épargné par le tirage au sort. Il écrit à son père :
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+ « Tu as toujours l'air attristé au sujet de mon tirage au sort, et du peu d'inquiétude qu'il m'aurait causé ! Tu dois pourtant savoir, mon cher papa, quel cas je fais de l'art militaire, ces domestiques en grande ou petite livrée, dont l'asservissement, les habitudes et les mots techniques qui les désignent les rabaissent au plus bas état de la servitude. Il faut parfois avoir fait abnégation complète de la dignité d'homme pour remplir de pareilles fonctions ; ces officiers et leur poste préposés à la garde de Napoléon, de Marrast, que sais-je ! - Quelle noble vie ! Quels grands et généreux sentiments doivent éclore dans ces cœurs abrutis pour la plupart ! - Prétendent-ils se relever par le courage, par la bravoure ! Mots en l'air que tout cela ! Il n'y a ni courage, ni bravoure à se battre quand on ne peut pas faire autrement ? Et me cite-t-on un haut fait d'armes accompli dans des circonstances, chacun sait qu'il y en a les 19/20 à mettre sur le compte de l'emportement, la folie, l'ivresse du moment ! Ce ne sont plus des hommes qui agissent, ce sont des bêtes furieuses, excitées par la fougue de leurs instincts. Et en tout cas, vînt-on me montrer le sang-froid le plus calme, la tranquillité la plus surprenante dans l'accomplissement de ces hauts faits que l'on paye d'une croix, je répondrai que l'on n'est généralement pas sur terre pour risquer sa vie ou arracher celle des autres, et qu'en fait de condition, j'en connais de plus honorables et de plus relevées[50]. »
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+ Ce violent pamphlet contre l'armée n'est pas seulement une réaction de jeunesse. Toute sa vie, Jules Verne professera des idées antimilitaristes[51], non seulement dans ses lettres, mais aussi dans ses romans où il expose son dégoût de la guerre, à commencer par son premier roman, lorsque le Victoria survole deux peuplades aux prises au cours d'un combat sanguinaire :
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+ « - Ce sont de vilains bonshommes ! dit Joe. Après cela, s'ils avaient un uniforme, ils seraient comme tous les guerriers du monde.... Fuyons au plus tôt ce spectacle repoussant ! Si les grands capitaines pouvaient dominer ainsi le théâtre de leurs exploits, ils finiraient peut-être par perdre le goût du sang et des conquêtes[52]! »
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+ Mais cet antimilitarisme sera entaché par des idées ambiguës après la guerre de 1870 et les événements de la Commune[53], surtout au moment de l'affaire Dreyfus[54], et de nombreux héros verniens seront des militaires. Ainsi Face au drapeau (1896) incarne-t-il l'état d'esprit militariste et revanchard en France, juste avant que n'éclate l'Affaire Dreyfus[55], et L'Invasion de la mer (1905) montrera un Jules Verne, à la fin de sa vie, militariste, colonialiste et impérialiste[56].
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+ À l'hiver 1851, pressé par son père de devenir avocat, il s'inscrit au barreau de Paris et doit entrer chez le jurisconsulte Paul Championnière, ami de Pierre Verne[57]. Mais, le 6 avril 1851, alors que Jules Verne n'est pas encore entré à son service, Paul Championnière meurt[58]. Verne n'exercera ainsi jamais[59].
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+ Il déménage et occupe une chambre garnie dans un hôtel proche de Notre-Dame-de-Lorette[60],[61] où il donne quelques leçons, ce que son père désapprouve vivement[57]. Puis, il s'installe au sixième étage du 18, boulevard de Bonne-Nouvelle, sur le palier en face de l'appartement de son ami Aristide Hignard[62] avant de s'installer, en face, au 11, boulevard de Bonne-Nouvelle[61].
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+ Jules Verne souffre déjà de maux de ventre et d'estomac[63]. L'entéralgie vernienne provient peut-être de troubles gastriques héréditaires[N 13], mais surtout d'une précoce boulimie, sans doute pathologique[64]. En 1851, il connaît sa première crise de paralysie faciale[65]. Olivier Dumas précise ces attaques qui frapperont Verne quatre fois dans sa vie : « La paralysie faciale de Jules Verne n'est pas psychosomatique, mais due seulement à une inflammation de l'oreille moyenne dont l'œdème comprime le nerf facial correspondant. » Le médiocre chauffage du logement de l'étudiant explique la fréquence de ses refroidissements. Les causes de cette infirmité restent ignorées de l'écrivain ; « il vit dans la permanente inquiétude d'un dérèglement nerveux, aboutissant à la folie. »[66].
66
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67
+ À l'occasion de visites de salon, il entre en contact avec Alexandre Dumas[67] par l'intermédiaire d'un chiromancien célèbre de l'époque, le chevalier Casimir d'Arpentigny[68],[69]. Il se lie d'amitié avec le fils de l'écrivain et lui propose le manuscrit d'une comédie intitulée Les Pailles rompues[70]. Les deux hommes corrigent la pièce et Dumas fils obtient de son père qu'elle soit jouée au Théâtre-Historique. Nous sommes le 13 juin 1850[71], Jules Verne a vingt-deux ans[72].
68
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69
+ En 1851, il rencontre Pierre-Michel-François Chevalier dit Pitre-Chevalier (1812-1863)[73]. Celui-ci, breton et nantais comme Jules Verne, est directeur et rédacteur en chef de la revue Musée des familles[74]. Verne lui soumet une nouvelle, Les Premiers Navires de la marine mexicaine[75] qui parait dans la revue de Pitre-Chevalier en juillet 1851[76] et qui sera repris, mais remanié, en 1876 chez Hetzel à la suite de Michel Strogoff sous le titre Un drame au Mexique[77].
70
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71
+ La même année Pitre-Chevalier accepte une deuxième nouvelle, Un voyage en ballon[78], qui, en 1874, prendra comme titre Un drame dans les airs, chez Hetzel[79].
72
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73
+ Sans doute par l'entremise d'Alexandre Dumas fils, en 1852, Verne entre en relation avec les frères Seveste[80] qui viennent de reprendre le Théâtre-Historique après la faillite due aux prodigalités de Dumas père[81]. La nouvelle salle devient le Théâtre-Lyrique. Jules Seveste, le nouveau directeur, engage Verne comme secrétaire. Un travail astreignant, car le jeune homme ne touche d'abord pas de salaire avant d'être rémunéré à hauteur de 100 F[82]. En revanche, il peut faire jouer ses pièces, la plupart écrites en collaboration avec Michel Carré[83].
74
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75
+ En janvier 1852, il prend sa décision et refuse la charge d'avoué que son père lui propose. « Je me bornerai à voir si je ferais bien de prendre ta charge, au point de vue moral et matériel. […] D'un autre côté, je commence à bien me connaître ; ces coups de tête contre lesquels tu cherches à me prémunir, je les ferais, tôt ou tard ; j'en suis certain ; la carrière qui me conviendrait le plus, ce serait celle que je poursuis ; […] si je ne puis parvenir, non par manque de talent, mais par défaut de patience, par découragement, eh bien, ce qui me conviendra le plus au monde, ce sera le barreau qui me ramènerait à Paris. […] C'est parce que je sais ce que je suis, que je comprends ce que je serai un jour ; comment donc me charger d'une étude que tu as faite si bonne, que ne pouvant gagner entre mes mains, elle ne pourrait qu'y dépérir[84]. » Un an plus tôt, il avait écrit à sa mère : « […] je puis faire un bon littérateur, et ne serais qu'un mauvais avocat, ne voyant dans toutes choses que le côté comique et la forme artistique et ne prenant pas la réalité sérieuse des objets. […] »[85].
76
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77
+ Il fréquente la Bibliothèque nationale[86]. Au début de 1851, Verne fait la connaissance du géographe et infatigable voyageur, Jacques Arago, célèbre pour un récit de Voyage autour du monde qu'il a fait sur L'Uranie avec la mission de Freycinet entre 1817 et 1821[87], qui continue à parcourir le monde malgré sa cécité[N 14] et qui publie le récit de ses voyages autour du monde sous le titre Souvenirs d'un aveugle. Le jeune écrivain retrouve près de lui toutes les sensations de ses premières lectures[88]. Jacques Arago lui ouvre des horizons et l'entraîne vers un genre nouveau de littérature, alors en pleine expansion, le récit de voyage[89].
78
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79
+ En 1852, deux autres textes de Verne paraissent dans le Musée des familles : Martin Paz, une longue nouvelle[N 15] et une comédie-proverbe en un acte, en collaboration avec Pitre-Chevalier Les Châteaux en Californie[90].
80
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81
+ En août 1853, il s'éloigne un moment de Paris pour se rendre à La Guerche, où son oncle Prudent offre un grand repas afin de fêter le retour de Paul Verne, le frère de Jules, aspirant auxiliaire dans la marine[91]. Avec son ami Aristide Hignard[92], Jules Verne fréquente le salon du musicien Talexy[93] qui sera plus tard un des « Onze sans femmes »[94]. Ils se lancent dans l'opérette, ou plutôt l'opéra-comique, au moment où Jacques Offenbach crée un véritable engouement pour ce genre de spectacle. Le 28 avril 1853, est représenté Le Colin-maillard au Théâtre-Lyrique[95]. C'est une période où Jules Verne ne cesse d'écrire. Des nouvelles de cette époque, on peut citer Pierre-Jean[96] et Le Siège de Rome qui restera inédit jusqu'en 1994[97]. Il travaille aussi sur Monna Lisa commencé dès 1851 et qu'il ne finira qu'en 1855[98],[99].
82
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83
+ Au cours d'un séjour à Nantes, l'écrivain s'est amouraché de Laurence Janmar[100]. En janvier 1854, le président Janvier de la Motte donne un grand bal travesti[101]. Le jeune écrivain y retrouve celle qu'il convoite. Laurence Janmar[102], habillée en gitane, se plaint à son amie que son corset, trop riche en baleines, lui meurtrit les côtes. Verne, toujours à l'affût d'un bon mot, soupire alors : « Ah ! que ne puis-je pêcher la baleine sur ces côtes ? »[103],[104]. Laurence Janmar épousera finalement un certain Charles Louis Salomon Duvergé[105] le 2 août 1854[106].
84
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85
+ Le vendredi 30 juin 1854, Jules Seveste meurt d'une apoplexie foudroyante[107]. Son successeur, Émile Perrin[108], tente de retenir Jules Verne, mais ce dernier tient à garder sa liberté. Perrin va jusqu'à lui proposer la direction du Théâtre-Lyrique[109]. « J'ai refusé. Il m'a même offert de diriger le théâtre, moi seul, tout en restant directeur en nom et ayant une part dans les bénéfices ; j'ai refusé encore ; je veux être libre et prouver ce que j'ai fait[110]. » Dans le Musée, en avril 1854, un nouveau texte de l'écrivain : Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, un conte fantastique profondément imprégné de l'influence d'Hoffmann. Zacharius, maître-horloger de Genève, a rendu ses horloges si régulières qu'elles sont devenues parfaites… Mais un jour, elles se dérèglent une à une[111].
86
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87
+ Malgré son refus de devenir directeur du Théâtre-Lyrique, Verne y conserve son poste de secrétaire jusqu'à fin 1855[112], ce qui lui permet de représenter, le 6 juin de cette année, un second opéra-comique écrit sur une musique d'Hignard, Les Compagnons de la Marjolaine[113] qui connaîtra vingt-quatre représentations[114]. Jules Verne écrit à son père : « J'étudie encore plus que je ne travaille ; car j'aperçois des systèmes nouveaux, j'aspire avec ardeur au moment où j'aurai quitté ce Théâtre-Lyrique qui m'assomme. »[115].
88
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89
+ C'est une période d'intense activité créatrice. Les pièces de théâtre s'accumulent[116]. Il peaufine notamment l'une d'entre elles, une comédie en cinq actes en vers, Les Heureux du jour, qui semble lui tenir particulièrement à cœur[117]. Il écrit plusieurs nouvelles, dont Le mariage de M. Anselme des Tilleuls[118] et Un hivernage dans les glaces. Cette dernière paraît en 1855 dans le Musée des familles[119] et sera reprise mais modifiée par Hetzel en 1874 pour paraître dans le volume de nouvelles Le Docteur Ox. De tous les manuscrits de Verne avant sa rencontre avec Hetzel, c'est celui qui se rapproche le plus des Voyages extraordinaires, véritable prélude aux Aventures du capitaine Hatteras[120]. À cette époque, il est atteint d'une deuxième crise de paralysie faciale[121]. Son ami et médecin Victor Marcé le soigne à l'aide de l'électricité[122]. Il déménage et s'installe au cinquième étage d'un immeuble au 18 boulevard Poissonnière[123].
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+ Jules Verne parle alors de mariage dans presque toutes les lettres à sa mère ; il lui demande de lui trouver une épouse, parfois sur le ton de la plaisanterie : « J'épouse la femme que tu me trouveras ; j'épouse les yeux fermés et la bourse ouverte ; choisis, ma chère mère, c'est sérieux ! »[124] ou « Trouvez-moi une femme bossue et qui ait des rentes — et tu verras. »[125]. Mais on sent bien que l'angoisse de l'avenir le tiraille : « Toutes les jeunes filles que j'honore de mes bontés se marient toutes invariablement dans un temps rapproché ! Voire ! Mme Dezaunay, Mme Papin, Mme Terrien de la Haye, Mme Duverger et enfin Mlle Louise François. »[126]. Après le mariage de Laurence Janmar avec Duvergé, Verne, amoureux éconduit, s'interroge. Pour le consoler, sa mère l'envoie en avril 1854 à Mortagne pour y connaître un bon parti. Il lui répond dans une lettre où il invente une rencontre avec le père de sa future, d'un humour scatologique et agressif[127].
92
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+ En mars 1856, Auguste Lelarge, ami de Jules Verne va se marier avec Aimée de Viane. Il demande à l'écrivain d'être son témoin. Celui-ci accepte. Le mariage doit se dérouler le 20 mai à Amiens, ville de la fiancée[128]. À l'occasion de son séjour, Verne y fait la connaissance de la sœur de la mariée, Honorine, veuve à 26 ans d'Auguste Morel[129] et mère de deux filles[130], Louise Valentine (1852-1916) et Suzanne Eugénie Aimée (1853- ?)[131].
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+ Honorine du Fraysne de Viane (1830-1910) séduit assez vite Jules Verne. Dans une lettre enthousiaste à sa mère, il lui fait remarquer : « Je ne sais pas, ma chère mère, si tu ne trouveras pas quelque différence entre le style de cette page et celle qui la précède, tu n'es pas habituée à me voir faire ainsi un éloge général de toute une famille, et ta perspicacité naturelle va te faire croire qu'il y a quelque chose là-dessous ! Je crois bien que je suis amoureux de la jeune veuve de vingt-six ans ! Ah ! pourquoi a-t-elle deux enfants ! Je n'ai pas de chance[132] ! »
96
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+ Jules Verne envisage rapidement de se marier mais il lui faut une situation stable, ses revenus littéraires étant alors insuffisants. Avec l'aide de son futur beau-frère, Ferdinand de Viane, il envisage des plans d'investissement en bourse et de se lancer dans une activité d'agent de change[133]. Or, s'il suffit d'obtenir une charge, il faut de l'argent pour l'acquérir. Il demande 50 000 francs à son père pour acheter 1/40e de cette charge[134]. Son père s'inquiète de cette nouvelle lubie. Jules Verne lui répond : « Je vois bien que tu me prends encore pour un garçon irréfléchi, se montant la tête pour une idée nouvelle, tournant à tous les vents de la fantaisie et ne voulant m'occuper de change que par amour du changement. […] Il est moins question que jamais d'abandonner la littérature ; c'est un art avec lequel je me suis identifié et que je n'abandonnerai jamais ; […] mais tout en m'occupant de mon art, je me sens parfaitement la force, le temps et l'activité de mener une autre affaire. […] Il me faut une position, et une position offrable, même aux gens qui n'admettent pas les gens de lettres ; la première occasion de me marier, je la saisis d'ailleurs ; j'ai par-dessus la tête de la vie de garçon, qui m'est à charge […] cela peut paraître drôle, mais j'ai besoin d'être heureux, ni plus ni moins. »[135]. Et quelques semaines plus tard : « Je n'accepterais d'avoir atteint l'âge de plusieurs de mes amis et d'être à courir comme eux après une pièce de cent sols. Non, certes, cela peut être drôle et faisable à vingt ans, mais pas au-dessus de trente ans[136]. »
98
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99
+ Pierre Verne finit par céder. Jules se retrouve remisier chez l'agent suisse Fernand Eggly, originaire de Genève, au 72, rue de Provence, à Paris[137].
100
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101
+ Auguste Morel n'est décédé que depuis dix mois. À l'époque, le deuil se portait longtemps[N 16]. Pourtant, les événements se précipitent. Aimée De Viane, par son mariage avec Auguste Lelarge, est devenue la belle-sœur d'Henri Garcet, cousin de Jules Verne. C'est sans doute son ami Charles Maisonneuve[N 17] qui lui permet d'entrer chez Eggly, étant lui-même remisier chez un confrère. D'ailleurs, il n'est pas certain que Jules Verne ait acheté la part que l'on dit, le remisier étant appointé et non associé. Le futur marié est pris de frénésie, au point de s'occuper de tout durant le mois de décembre 1856. Il ne veut personne de la famille : « Je me charge, mon cher père, de voir ma tante Charuel[N 18] à cet égard et de la mettre au courant de nos affaires. Quant à l'inviter, je tiens essentiellement à n'en rien faire ! Je dirai que le mariage se célèbre à Amiens ; rien ne me serait plus désagréable que cette invitation[138]. »
102
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103
+ Le 8 janvier, est signé à Essome, chez Auguste Lelarge[128], notaire, le contrat de mariage[139]. Le mariage a lieu le 10 janvier[61]. Le matin, ils se retrouvent à la mairie du 3e arrondissement (actuellement mairie du 2e[N 19]). Puis le groupe de treize personnes prend la direction de l'église Saint-Eugène qui venait d'être édifiée dans la nouvelle rue Sainte-Cécile, à l'emplacement de l'ancien conservatoire de musique[140]. Après la cérémonie religieuse, c'est le déjeuner, treize couverts « à tant par tête », comme l'avait voulu et annoncé Jules Verne lui-même : « J'étais le marié. J'avais un habit blanc, des gants noirs. Je n'y comprenais rien ; je payais tout le monde : employés de la mairie, bedeaux, sacristain, marmiton. On appelait : Monsieur le marié ! C'était moi ! Dieu merci, il n'y avait que douze spectateurs[141] ! »
104
+
105
+ Le couple et les deux enfants demeurent jusqu'à la mi-avril dans l'appartement du boulevard Poissonnière[142] puis s'installe rue Saint-Martin, dans le quartier du Temple[61].
106
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107
+ Comme coulissier, d'après le journaliste Félix Duquesnel, il « réussissait plus de bons mots que d'affaires »[143]. À la même époque, Jules Verne semble avoir eu des maîtresses[144] mais si des noms circulent (telles Estelle Henin (morte en 1865) ou une comédienne roumaine), les faits n'ont jamais formellement été établis[145]. Jules Verne fait la connaissance d'Estelle Hénin en août 1859[146]. Marguerite Allotte de la Fuÿe évoque cette femme dans sa biographie de 1928 : « [...] une mortelle, une seule, captiva durant quelques saisons ce cœur extrêmement secret. La sirène, l'unique sirène, est ensevelie dans le cimetière de corail. »[147]. D'après elle, Estelle serait morte en 1885, date reprise par Jean-Jules Verne, qui note qu'elle habitait Asnières[148]. Dans sa thèse sur Jules Verne (1980), Charles-Noël Martin confirme l'existence d'Estelle Duchesne, mais pense qu'elle est morte le 13 décembre 1865[149]. Estelle Hénin épouse Charles Duchesne, clerc de notaire à Cœuvres, le 30 août 1859. En 1863, Estelle s'installe à Asnières, cependant que son mari continue de travailler à Cœuvres. Les visites de Jules Verne à la maison des Duchesne à Asnières se situent de 1863 à février 1865. Estelle meurt après la naissance de sa fille Marie[150]. Pour certains verniens, Marie Duchesne pourrait être la fille de l'écrivain[151], mais d'autres contestent la méthode de recherche et les conclusions jugées hâtives de Percereau[152].
108
+
109
+ Dans cette période, il écrit une nouvelle, San Carlos, qui conte comment des contrebandiers espagnols se jouent des douaniers français[153]. En 1857, paraît le premier recueil de chansons Rimes et mélodies, sur une musique d'Hignard, chez l'éditeur Heu qui comprend sept chansons : Tout simplement, Les Bras d'une mère, Les Deux troupeaux, La Douce attente, Notre étoile, Chanson Scandinave et Chanson turque[154]. L'année suivante, il connaît sa troisième crise de paralysie faciale[155]. Le 17 février, aux Bouffes-Parisiens, se joue la première de Monsieur de Chimpanzé, opérette en un acte, toujours avec Hignard. Le sujet est curieux, lorsqu'on sait que l'auteur est tout nouveau marié : Isidore, le héros, est obligé de faire le singe pour pouvoir épouser sa belle[156].
110
+
111
+ Le 15 juillet 1859, Jules Verne écrit à son père : « Alfred[N 20] Hignard m'offre, ainsi qu'à son frère, un passage gratuit d'aller et retour en Écosse. Je me hâte de saisir aux cheveux ce charmant voyage[157]… »
112
+
113
+ En 1859, il entreprend ainsi un voyage en Angleterre et en Écosse en compagnie d'Aristide Hignard[158]. Il prend des notes et, dès son retour, couche ses impressions sur le papier[159]. Ce récit est le premier travail de Jules Verne proposé à son futur éditeur Hetzel, qui le refuse[160]. Verne s'en inspirera alors pour la rédaction de ses romans écossais[161].
114
+
115
+ Entre 1860 et 1861, le couple déménage trois fois : de la rue Saint-Martin au 54, boulevard Montmartre, puis au 45, boulevard Magenta, enfin au 18, passage Saulnier[162].
116
+
117
+ Le 2 juillet 1861, de nouveau grâce à Alfred Hignard, les deux amis, ainsi qu'Émile Lorois, s'embarquent pour la Norvège[163]. L'écrivain ne rentrera que cinq jours après qu'Honorine a accouché d'un garçon, Michel, le 4 août[164],[165]. Il continue son métier à la Bourse[166].
118
+
119
+ Marguerite Allotte de La Fuÿe invente de toutes pièces l'introduction de Verne chez l'éditeur. L'écrivain, découragé, aurait jeté au feu le manuscrit de Cinq Semaines en ballon, que sa femme aurait retiré des flammes[167]. Vingt-cinq ans plus tard, elle se contredit lors d'une émission radiophonique en créant la légende de l'introduction de Verne chez Hetzel grâce à Nadar[168]. Bernard Frank, dans sa biographie copiée d'Allotte, nous gratifie, lui, d'un dialogue dramatique dans la chambre de l'éditeur[169].
120
+
121
+ Parménie et Bonnier de la Chapelle pensent, quant à eux, que l’écriture de Cinq Semaines en ballon, est due aux expériences du Géant de Nadar[170], ce qui s'avère un anachronisme, l'expérience ayant eu lieu six mois après l'écriture du roman (janvier 1863) et Verne n'assistant à un vol du Géant que le 4 octobre 1863[171],[172]. S'il ne prend pas part au vol, il laisse un article sur l'expérience qu'il publie dans le Musée des familles sous le titre À propos du Géant[173].
122
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123
+ Comme l'écrit Volker Dehs[174], il est possible qu'Hetzel ait rencontré Verne dès 1852 ou 1858[175], ainsi qu'en témoignent deux invitations écrites par Philippe Gille, datées des mardi 4 mai et mardi 6 juillet, à un dîner, retrouvées dans les archives Hetzel à la Bibliothèque nationale de France[176].
124
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125
+ D'une manière certaine, c'est par une lettre de Verne à Henri d'Alméras qui préparait un article sur l'écrivain pour son Avant la gloire, leurs débuts, que l'on apprend que la rencontre eut lieu en 1861 : « C'est Bréhat qui pour la première fois m'a présenté chez Hetzel en 1861[177]. » Il s'agit du romancier Alfred de Bréhat.
126
+
127
+ En 1861, après avoir proposé le Voyage en Angleterre et en Écosse qui est refusé par Pierre-Jules Hetzel[178], Jules Verne lui soumet un manuscrit nommé Un voyage en l'air[179]. Hetzel lui demande de le retravailler de manière plus scientifique avec déjà l'idée d'inventer une littérature vulgarisant la science[180]. Jules Verne revient quelques semaines plus tard avec ce qui deviendra son roman Cinq Semaines en ballon[181]. Celui-ci paraît le 15 janvier 1863[182] et connaît un immense succès, même au-delà des frontières françaises. Le premier tirage est de 2 000 et du vivant de l'auteur, il s'en vendra 76 000[183]. Il signe l'année suivante avec Pierre-Jules Hetzel un contrat aux termes duquel il s'engage à fournir deux volumes par an. En 1865, un nouveau contrat l'engage à trois volumes à l'année. Jules Verne s'engage à fournir des romans notamment pour le Magasin d'éducation et de récréation, revue destinée à la jeunesse[184]. En fait, il va travailler pendant quarante ans à ses Voyages extraordinaires qui compteront 62 romans et 18 nouvelles et signera avec son éditeur six contrats consécutifs[185].
128
+
129
+ Dans la foulée de ce succès, Jules Verne propose à son éditeur un récit qu'il a écrit vers 1860, Paris au XXe siècle. L'éditeur, en termes violents, refuse absolument ce travail qu'il juge nuisible à sa réputation et va à l'encontre de l'idée qu'il se fait de Verne[186]. Abandonné, le roman ne sera publié finalement qu'en 1994 par Hachette et Le Cherche midi associés[187].
130
+
131
+ Dès le 27 février 1863, Jules Verne est admis comme membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques[188]. Le 4 octobre 1863, son ami Nadar l'invite au lancement du ballon Géant, qui a lieu depuis le Champ-de-Mars à Paris[189]. Le 26 décembre 1863, il fait paraître dans le Musée des familles un article relatant l'expérience de Nadar (À propos du Géant). Le photographe crée alors avec Gabriel de La Landelle la Société d'encouragement de la locomotion aérienne au moyen du plus lourd que l'air, dont Jules Verne est le censeur[190].
132
+
133
+ Vers cette époque, il découvre l'univers d'Edgar Poe au travers des traductions de Charles Baudelaire[191]. L'écrivain américain le fascine[192], au point qu'il lui consacre la seule étude littéraire qu'il ait écrite, parue en avril 1864 dans le Musée des familles : Edgard Poe et ses œuvres[193].
134
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135
+ C'est à cette date (1864) qu'il publie le roman Aventures du capitaine Hatteras, ouvrage qui paraît d'abord dans le Magasin d'éducation et de récréation en deux parties : Les Anglais au Pôle Nord (publié du 20 mars 1864 au 20 février 1865) et Le Désert de glace (du 5 mars au 5 décembre 1865) avant d'être édité en volume (26 novembre 1866) sous le titre Voyages et aventures du Capitaine Hatteras[194]. Il s'agit en réalité du premier titre à porter l'appellation « Voyages extraordinaires »[195], Cinq Semaines en ballon, qui quant à lui entre dans la série « Voyages dans les mondes connus et inconnus »[196], ne le prenant que dans ses rééditions à partir de 1866[197].
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+ Hatteras est suivi dès novembre 1864 par la publication de Voyage au centre de la Terre (édition originale in-18 le 25 novembre 1864, puis en grand in-octavo le 13 mai 1867)[198]. Ces trois premiers romans de Jules Verne sont d'immenses succès[196]. Il peut ainsi abandonner la bourse et déménage à Auteuil au 39, rue La Fontaine dans un logement beaucoup plus vaste où le couple peut recevoir[199].
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+ En 1865, il devient membre de la Société de géographie[200]. Il publie dans le Bulletin de la Société divers textes dont Histoire de la guerre civile américaine (1861-1865) (1868), un rapport sur l'ouvrage de Louis Cortambert et F. de Tranaltos[201] ou Les Méridiens et le calendrier (janvier-juin 1873)[202].
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+ Il décide de louer en août 1865 une maison au Crotoy. Il s'installe alors dans une dépendance de la propriété Millevoye[203]. Il est en pleine rédaction de sa Géographie illustrée de la France et de ses colonies ainsi que de Vingt Mille Lieues sous les mers[204]. Honorine, Suzanne, Valentine et Michel peuvent ainsi profiter des bains de mer. En mars 1866, il loue à la propriété même un appartement pour l'été puis, au printemps 1868, une petite villa de deux étages, La Solitude. Il se fait alors construire un bateau, le Saint-Michel, une chaloupe de pêche aménagée pour la plaisance[205]. Les plans du bateaux sont établis par le marin Paul Bos (1826-1886)[206].
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+ En mars 1869, il s'installe à l'année dans La Solitude et y vit effectivement à partir d'avril 1869[207].
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+ Le 16 mars 1867, en compagnie de son frère Paul, il embarque sur le Great Eastern à Liverpool pour les États-Unis[208]. Il tirera de sa traversée le roman Une ville flottante (1870)[209].
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+ Le 8 mars 1868[210], il fonde avec Victor Massé, Léo Delibes, Auguste Lelarge, Fournier-Sarlovèze, Bazille, Bertall, Charles Béchenel et Aristide Hignard[211] le Club des « Onze-sans-femmes »[212], un dîner hebdomadaire d'autres célibataires sans métiers définis[213] qui peut aussi se comprendre par « Onze sans les femmes »[210] comme l'écrit William Butcher : « Il faudrait sans doute réinterpréter les mots « sans femmes », puisque nombre des invités, Verne compris, sont mariés à cette époque »[210].
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+ En juillet 1871 il s'installe à Amiens[214]. Il écrit alors à son ami Charles Wallut : « Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d’humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l’agitation stérile. Et pour tout dire, mon Saint-Michel reste amarré au Crotoy. »[215].
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+ Son père, Pierre Verne, meurt d'une attaque le 3 novembre 1871, à Nantes[216]. Il se rend aux obsèques puis regagne Amiens et se plonge dans l'écriture du Tour du monde en 80 jours[216]. Il fréquente la bibliothèque de la Société industrielle où il peut se documenter grâce à son important fonds de revues scientifiques[217] et le 8 mars 1872, devient membre titulaire de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, « à l'unanimité des suffrages ». Contrairement à l'usage, il ne fait alors pas un discours de réception mais lit un passage de son futur roman à paraître Le Tour du monde en 80 jours[218]. En 1875, il en est élu directeur ainsi qu'en 1881[218] et, à cette occasion, il prononce plusieurs discours de réception, notamment en 1875, pour un de ses amis, le caricaturiste Gédéon Baril[219], qui signera en 1881 les illustrations de Dix Heures en chasse chez Hetzel, nouvelle que Jules Verne a auparavant lue le 18 décembre 1881, en séance publique à l'Académie d'Amiens[220] et qu'Hetzel reprend à la suite du Rayon vert, dans un texte remanié[221].
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+ Dès juin 1867, l'Académie française couronne le Magasin d'Éducation et de Récréation (Jules Verne, P.-J. Stahl, Jean Macé) par le Prix Montyon[222]. Il recevra le même prix, à titre individuel, en 1872 pour l'ensemble Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[223] et lors de la séance de l'Académie française du 8 août 1872, ce sont tous les ouvrages de Jules Verne dans leur ensemble parus chez Hetzel en dehors du Magasin d’Éducation qui sont couronnés[224]. À cette occasion, M. Patin, secrétaire perpétuel de l'Académie, fait l'éloge de Jules Verne : « Les merveilles usées de la féerie y sont remplacées par un merveilleux nouveau, dont les notions récentes de la science font les frais »[225].
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+ En 1869, Hetzel pousse Jules Verne a entrer à l'Académie française[226]. Celui-ci lui répond : « Qui n'a pas une grande fortune ou une grande situation politique n'a point de chance d'y arriver ! »[227]. Malgré tout, en mars 1876, Jules Verne fait une première démarche pour postuler. Il écrit à Hetzel : « Je vous rappelle, pour mémoire, que voilà deux places vacantes à l'Académie. Vous m'avez un peu mis l'eau à la bouche. Vous avez beaucoup d'amis dans l'illustre corps. Suis-je arrivé à la situation voulue pour resupporter… un échec honorable »[228]. En vain. En 1883, il tente de nouveau sa chance par l'intermédiaire d'Alexandre Dumas fils[229], en espérant ainsi les voix de Victorien Sardou, d'Eugène Labiche et de Maxime Du Camp mais il sait qu'il a deux redoutables concurrents : Alphonse Daudet et Edmond About. C'est ce dernier qui sera élu[230]. Après un nouvel échec en 1884[231], en 1892, alors qu'une place est de nouveau libre, Jules Verne remarque que depuis sa première candidature, ce sont pas moins de trente-sept académiciens qui sont morts et qu'à aucun moment son nom n'a été sérieusement retenu. Il écrit : « Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française »[232].
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+ Du 6 novembre au 22 décembre 1872 parait, dans Le Temps, Le Tour du monde en quatre-vingts jours repris la même année en volume par Hetzel[233]. L'adaptation théâtrale de la pièce en 1874-1875 en collaboration avec Adolphe d'Ennery obtient un prodigieux succès. D'Ennery touche 7 % des recettes, Verne 5 % dont il abandonne la moitié, 1,5 % à Édouard Cadol et 1 % à Émile de Najac. Ce dernier, secrétaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, avait été chargé de faire une adaptation destinée aux États-Unis à partir de la deuxième version établie par Cadol, version qui n'aboutit pas[234]
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+ Jules Verne, membre du Yacht Club de France depuis le 4 février 1874[235], dont il est aussi membre honoraire[236], fait construire le Saint-Michel II par l'architecte Abel Le Marchand le 15 janvier 1876. Celui-ci est mis à l'eau trois mois plus tard, le 25 avril 1876. Il s'agit d'un cotre de plaisance sur les plans d'une « hirondelle de la Manche ». Jules Verne a sillonné la Manche et l'Atlantique pendant 18 mois, avant d'acquérir son successeur à l'été 1877[237].
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+ 1876 est aussi le début du travail avec D'Ennery sur l'adaptation théâtrale des Enfants du capitaine Grant[238]. La même année, il obtient de la justice que son fils mineur Michel, au comportement rebelle[239], soit placé pour six mois dans une maison de redressement, la colonie pénitentiaire de Mettray[240].
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+ À la fin avril 1877, Honorine Verne, qui organisait tous les mercredis soir des réunions de jeux et de salon, est victime d'abondantes métrorragies qui manquent la faire mourir. Elle est sauvée par une transfusion de sang, cas rarissime à l'époque mais sera de nouveau reprise en décembre 1879[241]. Elle ne peut ainsi être présente au bal costumé que Jules Verne a organisé, sur le thème du Voyage à la Lune[242], pour introduire son fils et ses belles-filles dans la bonne société amiénoise[243]. Les invitations ont été lancées le lundi de Pâques 2 avril 1877[244]. Y est présent, entre autres personnalités, et parmi plus de sept cents invités, son ami Nadar, le modèle de Michel Ardan, héros de ses romans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune, déguisé en son personnage[245], sortant d'un obus qu'on avait roulé au milieu des quadrilles[246].
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+ Début 1878, Jules Verne, en parallèle aux finitions de l'adaptation des Enfants du capitaine Grant, commence celle de Michel Strogoff qu'il évoque depuis l'année précédente[247].
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+ De juin à août 1878, il navigue de Lisbonne à Alger sur le Saint-Michel III[248], puis, en juillet 1879, en Écosse et en Irlande[249]. Troisième croisière en juin 1881, avec son frère, son neveu Gaston et Robert Godefroy : il visite la mer du Nord, la Hollande, l'Allemagne, puis, par le canal de l'Eider, Kiel et la Baltique jusqu'à Copenhague[250]. Paul Verne écrit le récit de ce dernier voyage qui est publié en 1881 chez Hetzel sous le titre De Rotterdam à Copenhague, à la suite de La Jangada, dans une version revue, à la demande de l'éditeur, par Jules Verne[251].
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+ Embarqué de force pour un voyage aux Indes pendant l'été 1879, Michel Verne est mis à la porte par son père en décembre 1879[252] mais continue de vivre à Amiens où son père lui verse une pension[253].
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+ En 1882, Jules Verne déménage du 44, boulevard Longueville, où il réside depuis 1873, pour emménager au 2, rue Charles-Dubois, la fameuse maison à la tour surmontée d'un belvédère, qui présente des similitudes frappantes avec les maisons à tour dans deux de ses romans posthumes, Le Secret de Wilhelm Storitz et La Chasse au météore[254]. Le 8 mars 1885, il donnera un second bal dans sa nouvelle demeure, bal auquel sa femme peut, cette fois, assister[255].
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+ Il décide en 1884 de faire une grande croisière autour de la Méditerranée[256]. Le Saint-Michel III dont le port d'attache était Le Tréport, quitte Nantes le 13 mai. À son bord, se trouvent Paul Verne, Robert Godefroy, Edgar Raoul-Duval, Michel Verne, Louis-Jules Hetzel et son neveu Maurice (1862-1947), fils de Paul, qui prend des notes[257]. Il compte retrouver sa femme, en visite chez sa fille Valentine et son gendre, en Algérie. Le navire arrive à Vigo le 18, à Lisbonne le 23. Verne passe à Gibraltar le 25 mai. À son arrivée à Oran, il retrouve Honorine et est reçu par la Société de géographie de la ville. Les journaux lui consacrent de nombreux articles. Le 10 juin, il est à Bône où le bey de Tunis met à sa disposition un wagon spécial. Retrouvant son navire, il essuie une tempête près de Malte, visite la Sicile, Syracuse, puis Naples et Pompéi[258]. À Anzio, le groupe prend le train pour Rome. Le 7 juillet, Verne est reçu en audience privée par Léon XIII[259]. Curieusement, le lendemain, il rend visite à la loge maçonnique de la ville[260]. Puis il rencontre Louis-Salvador de Habsbourg-Lorraine[261], avec lequel il établit une relation épistolaire qui durera jusqu'à la mort de l'écrivain[262]. Deux mois après le départ du navire, Verne est de retour à Amiens[263]. Il s'inspire de ce voyage dans la rédaction de Mathias Sandorf qui sera publié dans Le Temps du 16 juin au 20 septembre 1885[264].
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+ Le 15 février 1885, il se décide à vendre le Saint-Michel III[265]. L'entretien du yacht devient dispendieux, son fils s'endette et lui coûte cher[266]. Il le cède, à moitié prix, au courtier maritime Martial Noë en juillet 1885[267]. Contrairement à ce que de nombreux biographes ont écrit, il ne vend donc évidemment pas le Saint-Michel à cause de l'attentat dont il est victime le 9 mars 1886[268].
176
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+ En effet, à cette date, alors qu'il rentre du Cercle de l'Union vers cinq heures[269], il trouve, après avoir ouvert sa porte de fer, son neveu Gaston armé d'un revolver. Celui-ci tire sur l'écrivain qu'il atteint à la jambe. Gaston, arrêté, est suspecté de folie. Son père, Paul Verne, déclarera que son fils a tiré sur Jules Verne pour attirer l'attention sur celui-ci afin de le faire entrer à l'Académie française. Gaston Verne restera interné jusqu'à sa mort, le 13 février 1938[270]. Robert Godefroy envoie un télégramme à la maison Hetzel[271]. Mais Louis-Jules Hetzel est à Monte-Carlo, au chevet de son père qui s'éteint le 17 mars[272]. La blessure de Jules Verne dont la balle ne pourra jamais être extraite, lui laissera une légère claudication jusqu'à la fin de sa vie[273].
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+
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+ Le 15 février 1887, sa mère, Sophie Verne, meurt, il ne peut se rendre aux obsèques, car il marche difficilement et sa guérison n'avance pas[274]. Il revient cependant une dernière fois à Nantes dans le courant de cette même année, afin de régler les problèmes de succession et vendre la maison de campagne de ses parents sise rue des Réformes à Chantenay[275].
180
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+ Contraint de se sédentariser, il reporte son intérêt vers la vie de la cité[276]. Le 6 mai 1888, Jules Verne est élu au conseil municipal d'Amiens sur la liste républicaine (gauche modérée) conduite par Frédéric Petit[277]. Il écrit à son ami Charles Wallut : « Mon unique intention est de me rendre utile et de faire aboutir certaines réformes urbaines. »[278]. Il y siégera jusqu'en 1904 et s'y occupera essentiellement des commissions concernant l'instruction, le musée, le théâtre, la culture en général et l'urbanisme[279].
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+ En 1890, il devient un membre très actif de l'Alliance française[280].
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+ Jules Verne n'était en aucun cas un républicain de grande conviction ; il est toute sa vie resté monarchiste, mais de tendance orléaniste[281]. D'après un article du Bulletin de la Société Jules-Verne[282], il fait partie des 100 000 signataires d’une proclamation de la nationaliste Ligue de la patrie française, parue le 31 décembre 1898 dans le quotidien Le Soleil, organe des monarchistes, aux côtés, entre autres de Juliette Adam, Ernest Legouvé, Francisque Sarcey (ces derniers de l’entourage libéral d’Hetzel), Auguste Renoir ou encore François Coppée parmi vingt-deux académiciens, qui, tous, préfèrent, en pleine affaire Dreyfus, l’honneur national au respect de l’individu. La Ligue se présente indépendante et située au-dessus des partis, évite de joindre ses voix au dénigrement antisémite explicite, mais réagit à la fondation précédente de la Ligue des droits de l'homme qui défend l’honneur de Dreyfus[283]. Elle sera dissoute en 1904[284].
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+ Le dossier sur le projet de cirque municipal[285], déjà proposé durant le précédent mandat du maire, lui prend beaucoup de temps. Il s'y investit fortement, malgré les critiques sur la construction en dur d'un tel édifice. Il fait aboutir son projet et, le 23 juin 1889, prononce le discours d'inauguration[286].
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+ Chevalier de la Légion d'honneur depuis le 9 août 1870[287], Jules Verne est promu au grade d'officier le 19 juillet 1892, non pas pour ses qualités d'écrivain, mais pour son dévouement de conseiller municipal[288]. Il est décoré le 11 octobre suivant par le préfet de la Somme[289].
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+ Le 27 août 1897, son frère Paul meurt des suites de troubles cardiaques dont il souffrait depuis longtemps[290]. Verne reste prostré et refuse tout déplacement. Il écrit à son neveu Maurice :
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+
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+ « Mon cher Maurice,
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+ Le 24 novembre 1898, il démissionne de la Société de géographie[292].
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+ En 1900, Verne quitte l'hôtel particulier qu'il loue rue Charles-Dubois et réintègre la maison dont il est propriétaire depuis septembre 1873 du 44 boulevard de Longueville[294]. L'appartement, moins spacieux, lui permet d'y vivre plus facilement. Il y garde ses habitudes : un cabinet de travail et sa bibliothèque attenante. Toujours la même table sur laquelle il écrit depuis trente ans[295]. L'écrivain avoue à un visiteur, Robert Sherard : « La cataracte a eu mon œil droit, mais l'autre est encore assez bon. »[296].
198
+
199
+ En 1902, il sent ses forces intellectuelles diminuer. À une demande du directeur de l'Académie d'Amiens, il répond : « Vous me demandez d'écrire quelque chose pour l'Académie. Oubliez-vous donc qu'à mon âge les mots s'en vont et les idées ne viennent plus. »[297].
200
+
201
+ Il n'écrit pratiquement plus mais confie à Robert H. Sherard qu'il a beaucoup d'avance et que ce n'est pas si grave qu'il doive travailler lentement[298]. En effet, dès 1892, Verne tient une liste des romans écrits et les corrige au fur et à mesure de leur parution[299]. Malgré tout, il accepte la présidence du Groupe espérantophone d'Amiens. Ardent défenseur de cette toute jeune langue internationale, il promet à ses amis d'écrire un roman où il décrira les mérites de l'espéranto. Il commence la rédaction de Voyage d'études vers la fin de l'année. Mais, épuisé, il pose sa plume au bout de six chapitres : lorsqu'il entama la rédaction de ce roman en juillet 1903 sur la base d'une trame détaillée, Jules Verne avait en effet situé l'action au Congo. La presse, à la suite d'Edmund Dene Morel, se faisant l'écho en juillet et août 1903 de graves exactions contre les populations indigènes, Jules Verne suspend sa rédaction[300]. Le brouillon sera repris par son fils Michel, mais l'œuvre finale (L'Étonnante Aventure de la mission Barsac) ne fera pas allusion à l'espéranto[301].
202
+
203
+ Le diabète, qui attaque son acuité visuelle, l'anéantit petit à petit[302]. Après une sévère atteinte vers la fin de 1904, une nouvelle crise le terrasse, le 17 mars de l'année suivante[303].
204
+
205
+ Jules Verne s'éteint le 24 mars 1905 à Amiens, dans sa maison du 44 boulevard Longueville (aujourd'hui boulevard Jules Verne). Ses obsèques, célébrées à l'église Saint-Martin d'Amiens, attirent une foule de plus de cinq mille personnes. Plusieurs discours sont prononcés, notamment celui de Charles Lemire pour la Société de géographie[304]. L'empereur Guillaume II envoie le chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne présenter ses condoléances à la famille et suivre le cortège. Ce jour-là, aucun délégué du gouvernement français n'était présent aux funérailles[305]. L'écrivain est inhumé au cimetière de la Madeleine à Amiens[306]. Sa tombe en marbre est réalisée en 1907 par le sculpteur Albert Roze. Intitulée « Vers l'Immortalité et l'Éternelle Jeunesse », elle représente l'écrivain (ou l'allégorie de son œuvre) soulevant la pierre brisée de sa sépulture en écartant le linceul qui le drape, le bras tendu vers le ciel. La tombe est vraisemblablement inspirée par la lettre d'Achille Moullart (1830-1899), directeur de l'Académie d'Amiens, qui lors de la réception de Jules Verne à l' Académie avait écrit : « Un grand peuple est tombé au dernier degré de l'abaissement, et à quelque temps de là, quand ses ennemis et ses envieux chantaient un de profundis ironique sur la tombe où ils le croyaient enseveli, on l'a vu soulever peu à peu la pierre, sortir de son linceul et apparaître plus vivant et plus fort »[307].
206
+
207
+ Honorine Verne rejoint son mari, cinq ans après, le 29 janvier 1910[308].
208
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209
+ Sept romans de Jules Verne et un recueil de nouvelles paraîtront après sa mort, publiés par son fils Michel Verne, qui prendra la responsabilité de remanier les manuscrits[309]. En 1907, un huitième roman, L'Agence Thompson and Co., sera entièrement écrit par Michel, mais paraîtra sous le nom de Jules Verne[310].
210
+
211
+ Les romans de Jules Verne seront fréquemment adaptés au cinéma et à la télévision, leur récit à grand spectacle se prêtant particulièrement aux productions hollywoodiennes. Il en est de même de la bande dessinée.
212
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213
+ Ses personnages sont des icônes de l'imaginaire populaire (tels Phileas Fogg, le capitaine Nemo ou Michel Strogoff). De nombreux navires portent ou ont porté son nom et de nombreux événements lui sont dédiés, parmi lesquels :
214
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215
+ Vladimir Poutine affirme en 2005 qu'« il est rare de trouver aujourd'hui en Russie quelqu'un qui, enfant, ne se soit pas passionné pour Jules Verne ou Dumas. »[N 21]
216
+
217
+ Entre autres, en France, la Société Jules-Verne, fondée en 1935 et le Centre international Jules-Verne, fondé en 1971, regroupent une importante communauté de chercheurs dits Verniens travaillant à la mise en valeur et au développement scientifique des recherches sur Jules Verne. Ces deux organismes publient le Bulletin de la Société Jules-Verne et la Revue Jules Verne. Aux États-Unis existent la North American Jules Verne Society[312] et la revue en ligne Verniana, bilingue[313], et en Amérique latine la Sociedad Hispánica Jules Verne[314] qui édite la revue Mundo Verne. D'autres associations, moins importantes, existent aussi dans différents pays, comme la Pologne ou les Pays-Bas[315].
218
+
219
+ Deux musées lui sont consacrés, la Maison de Jules Verne à Amiens et le Musée Jules-Verne à Nantes.
220
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221
+ En 2005, une exposition intitulée Jules Verne, le roman de la mer lui est consacrée au Musée national de la Marine à Paris.
222
+
223
+ En 2015, Jules Verne est le vingt-troisième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics et établissements privés conventionnés français : pas moins de 230 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434)[316].
224
+
225
+ Dès le début du XXe siècle, l'œuvre de Jules Verne a fortement inspiré le cinéma[317]. Avec plus de trois cents adaptations au cinéma et à la télévision réalisées dans le monde, dont une centaine à Hollywood, Jules Verne est le quatrième auteur le plus porté à l'écran, après Shakespeare, Dickens et Conan Doyle[318].
226
+
227
+ Le Tour du monde en 80 jours est un des romans les plus adaptés. Dès 1913, il l'est en Allemagne par Carl Werner puis en 1919 par Richard Oswald. Un serial librement adapté par Reeves Eason et Robert Hill est tourné en 1923 : Around the World in 18 days où, à travers douze épisodes William Desmond et Laura La Plante se promènent en dix-jours en utilisant toutes sortes de moyens de locomotion. En 1956, le succès est immense pour Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Michael Anderson produit par Michael Todd et en 1963, est créée la parodie The Three Stooges Go Around the World in a Daze (en). Parmi les nombreuses adaptations du roman, citons encore un téléfilm de Pierre Nivollet en 1975, le documentaire Around the World in 80 Minutes with Douglas Fairbanks (en) (1931)[319], l'adaptation très libre de Frank Coraci Around the World in 80 Days en 2004, la mini-série du même nom de Buzz Kulik en 1989 ou encore le dessin-animé nippo-espagnol La Vuelta al Mundo de Willy Fog en 1981.
228
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229
+ Du vivant même de l'auteur, Ferdinand Zecca réalise en 1901 Les Enfants du capitaine Grant[320]. Ce roman est de nouveau adapté en 1913 par Henry Roussel puis en Russie, en 1936, Vladimir Vaïnchtok (ru) et David Gutman en réalisent la première version parlante et en 1962 Walt Disney Pictures produit In Search of the Castaways réalisé par Robert Stevenson avec Maurice Chevalier qui prête ses traits à Jacques Paganel [321].
230
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231
+ Le propre fils de l'écrivain, Michel crée la Société Le Film Jules Verne en 1912 et signe en parallèle un contrat avec la société d'édition Éclair Films. Il leur cède les droits d'adaptation de huit romans de son père, prend part au tournage des Enfants du Capitaine Grant (1914)[322] et supervise Les Indes noires en 1916-1917 avant de résilier son contrat avec Éclair en août 1917. Il s'associe alors avec un homme d'affaires, Jules Schreter, pour développer sa société. En 1918-1919, il réalise ainsi : L'étoile du Sud, Les 500 millions de la Bégum et La Destinée de Jean Morénas. La société Le Film Jules Verne est vendue en 1932 au producteur Alexander Korda et à la London Films puis cesse ces activités en 1966[323].
232
+
233
+ Avec plus ou moins de fidélité aux romans d'origine et plus ou moins de réussite, les projets d'adaptation se multiplient dès la période du cinéma muet, parmi lesquels certains feront date comme ceux de Georges Méliès dont le plus célèbre est Le Voyage dans la Lune (1902)[324], comme Vingt Mille Lieues sous les mers de Stuart Paton en 1916, comme Michel Strogoff de Victor Tourjanski en 1926.
234
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+ Avec le cinéma parlant, l'œuvre de Jules Verne sera une source d'inspiration durable pour le cinéma hollywoodien qui en produira régulièrement des adaptations[325] : Vingt Mille Lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954), film qui connaîtra une redistribution en 1963 et une autre en 1971, marquera le début d'un cycle d'adaptations verniennes qui durera plus de dix-sept ans[318] dont Tour du monde en quatre-vingts jours par Michael Anderson (1956), Voyage au centre de la Terre d'Henry Levin (1959), L'Île mystérieuse de Cy Endfield (1961), Cinq Semaines en ballon d'Irwin Allen (1962), L'Étoile du sud de Sidney Hayers et Orson Welles (1969), Le Phare du bout du monde de Kevin Billington (1971) et en Espagne Un capitaine de quinze ans de Jesús Franco (1974)[326], en France Les Tribulations d'un Chinois en Chine, adaptation fantaisiste de Philippe de Broca en 1965, en Tchécoslovaquie Le Château des Carpathes adaptation encore plus fantaisiste d'Oldřich Lipský en 1981.
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237
+ Parmi tous les réalisateurs qui se sont attachés à transposer l'œuvre du romancier français à l'écran, Karel Zeman occupe une place à part. Pionnier du cinéma d'animation tchèque, Zeman réalise, entre 1955 et 1970, quatre longs métrages inspirés par la lecture des Voyages extraordinaires et les illustrations originales des éditions Hetzel : Voyage dans la Préhistoire (1955), L'Invention diabolique ou Les Aventures fantastiques (1958), Le Dirigeable volé (1968) et L'Arche de monsieur Servadac (1970). Dans une filiation revendiquée à Georges Méliès et au cinéma muet, Karel Zeman y mêle image réelle, animation et trucage[327].
238
+
239
+ En 2015, l'influence de Jules Verne se ferait encore sentir, selon l'universitaire américain vernien Brian Taves[328] dans des productions du genre Ex Machina, Avengers : L'Ère d'Ultron et surtout Tomorrowland, qui témoigne de l'esprit d'exploration et de l'idéalisme qui imprègnent l'univers de l'auteur[318].
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+
241
+ Le Théâtre de la jeunesse a servi lui aussi à faire connaître et à illustrer l'œuvre de Jules Verne.
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+ Autres adaptations :
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+ En 1978, le compositeur Paul-Baudouin Michel composa son œuvre pour orgue « Le tombeau de Jules Verne » (op. 94)[330].
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+ En 2015, Nicolas Nebot et Dominique Mattei créent un spectacle musical s'inspirant des personnages des œuvres de Jules Verne : Jules Verne le Musical[331],[332].
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+ Comme pour les arts cinématographiques ou d'animation, les adaptations en bandes dessinées et mangas sont très nombreuses[333]. Déjà à Barcelone à la fin du XIXe siècle apparaissent des aucas (en catalan), aleluya (en espagnol), feuilles d'images monochromes sur papier blanc, vert, brun ou mauve. Ainsi la maison Sucesor de Antonio Bosch adapte Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, Vingt Mille Lieues sous les mers, Aventures de trois Russes et de trois Anglais et L'Ile mystérieuse, avec des dessins copiant les gravures des éditions in-8 Hetzel. Le même éditeur publie une adaptation de De la Terre à la Lune et d' Autour de la Lune sous le titre De la Tierra al Sol pasando por la Luna dont dix-huit des quarante-huit vignettes sont issues des romans lunaires puis s'en éloignent à partir de la vignette no 19 ainsi que le texte, les héros descendant sur la Lune et y rencontrant des voyageurs d'un autre obus. Parmi d'autres aucas : Los sobrinos del Capitán Grant[334], tirée de la zarzuela de Miguel Ramos Carrión (en), Aventuras de tres Rusos y de tres Ingleses ou Veinte mil leguas de viaje submarino[335].
250
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251
+ Dès 1905 Winsor McCay crée Little Nemo. Au début du XXe siècle, l'Imagerie Pellerin publie trois titres de Jules Verne : Aventures du capitaine Hatteras (série Aux armes d'Épinal no 71), Cinq Semaines en ballon (même série, no 72) et Kéraban-le-Têtu (sans nom de série, no 643). Il s'agit de planches avec des petits résumés qui accompagnent les vignettes (neuf pour Hatteras, seize pour Cinq semaines et seize pour Kéraban)[336].
252
+
253
+ Aux États-Unis, dans la série de bandes dessinées Classiques illustrés paraissent à partir de 1946 de très nombreux romans de Jules Verne. Ils connaissent aussi dans la même série des traductions aux Pays-Bas, en Suède, au Danemark et en Grèce. Dans les années 1970, pratiquement tous les romans de Jules Verne sont adaptés en Espagne et de très nombreux en Italie[337].
254
+
255
+ En France, Le Journal de Mickey dans les années 1950 produit quelques adaptations et Hachette publie un intermédiaire entre les images d’Épinal et la bande dessinée avec Vingt Mille Lieues sous les mers. Autres adaptations marquantes, Le démon des glaces de Jacques Tardi (1974), pastiche L'Ile mystérieuse, Vingt Mille Lieues sous les mers et Les Mémoires d'un aventurier de François Dimberton (1989-1991). On y voit Jules, Michel et Honorine Verne accueillir à leur bord un des héros lors d'une croisière de Jules Verne[338].
256
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+ En juillet 1979, les éditions Vaillant publient un album broché hors-série de Pif Parade intitulé Jules Verne en bandes dessinées dont la couverture parodie les cartonnages Hetzel[339], adaptation de cinq romans de Jules Verne : La Maison à vapeur, Maître du monde, Le Secret de Wilhelm Storitz, Sans dessus dessous et Les 500 millions de la Bégum[340].
258
+
259
+ L’emprunt à l’œuvre vernienne la plus criante reste Les Aventures de Tintin de Hergé où de nombreuses péripéties et de nombreux personnages sont issus de l'univers vernien[341],[342]. Ainsi, par exemple, les Dupond-t ont-ils les traits des détectives Craig et Fry des Tribulations d'un Chinois en Chine[343], Tryphon Tournesol, ceux de Palmyrin Rosette d'Hector Servadac ou le docteur Schulze « de l'université d'Iéna » (L'Étoile mystérieuse) a pour équivalent physique et moral le docteur Schultze « de l'université d'Iéna » des Cinq cents millions de la Bégum[344]. Les Enfants du capitaine Grant et Vingt Mille Lieues sous les mers ont de nombreux points communs avec Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge[345] ou encore Objectif Lune et On a marché sur la Lune rappellent De la Terre à la Lune et Autour de la Lune[346].
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+ Parmi les adaptations modernes, se distinguent dans la série Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters, La Route d'Armilia (Casterman, 1988) avec son personnage de Ferdinand Robur Hatteras et des mêmes auteurs. L'écho des cités: histoire d'un journal (Casterman, 1993), journal dont le directeur est Michel Ardan[347]. Magic Strip publie aussi en 1986 une version moderne dramatique du Rayon vert et Jean-Claude Forest laisse une Mystérieuse : matin, midi et soir, adaptation en science-fiction de L'Île mystérieuse (1971)[348].
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+
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+ Énumérer l'ensemble des sources utilisées par Verne ne peut être exhaustif mais il est possible de remarquer qu'en grande partie son œuvre est orientée vers sa propre époque[349]. Dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse Jules Verne évoque quelques influences :
264
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+ Il écrit aussi qu'il admire Le Robinson suisse de Johann David Wyss plus que le Robinson Crusoé de Daniel Defoe[350].
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+ À Marie A. Belloc venue l'interviewer, il explique sa méthode de travail : « [...] bien avant d'être romancier, j'ai toujours pris de nombreuses notes en lisant les livres, les journaux, les magazines ou les revues scientifiques. Ces notes étaient et sont toutes classées selon le sujet auquel elles se rapportent, et c'est à peine si j'ai besoin de vous dire à quel point cette documentation a une valeur inestimable »[351]. Belloc observe que ces notes sont rangées dans des casiers en carton. Elles sont conservées à la Bibliothèque municipale d'Amiens (Fonds Piero Gondolo della Riva)[352].
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+ Parmi les revues qu'il utilise le plus, Le Tour du monde, le journal des voyages et le Bulletin de la Société de géographie, se distinguent[353]. Il se documente aussi, entre autres, dans le Musée des familles, Le Magasin pittoresque, La Science illustrée, L'Univers illustré, la Revue maritime et coloniale, le Magasin d’éducation et de récréation ou encore dans La Gazette médicale de Paris[354].
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+ Son œuvre littéraire entre en relation avec de nombreux auteurs comme Victor Hugo, Walter Scott, Charles Dickens, Robert Louis Stevenson, Alexandre Dumas, George Sand, Edgar Allan Poe, Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Baudelaire... pour ses contemporains[355] ou Xavier de Maistre, Chateaubriand, E. T.A. Hoffmann... pour ceux qui l'ont précédé[356].
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+ Dans les domaines qu'il maîtrise moins, en particulier la science, il fait appel à des proches comme Joseph Bertrand ou Henri Garcet pour les mathématiques[357], Albert Badoureau pour la physique[358] ou à son frère Paul, pour la navigation[359].
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+ « Jules Verne ! quel style ! rien que des substantifs ! »
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+ — Guillaume Apollinaire[360].
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+ Après son travail préalable de recherche sur le sujet qu'il a choisi, Jules Verne établit les principales lignes de son futur roman : « Je ne commence jamais un livre sans savoir ce que seront le début, le milieu et la fin »[361]. Il dresse alors un plan des chapitres et commence l'écriture d'une première version au crayon « en laissant une marge d'une demi-page pour les corrections »[361]. Il lit ensuite le tout et le repasse à l'encre. Il considère que son véritable travail commence avec le premier jeu d'épreuves. Il corrige alors chaque phrase et récrit des chapitres entiers[362]. Les manuscrits de Jules Verne témoignent de l’important travail de corrections, ajouts, réécritures qu'il effectue et des nombreuses critiques et notes de son éditeur[363]. Son but est de devenir un véritable styliste comme il l'écrit lui-même à Hetzel :
280
+
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+ Dans une lettre à Mario Turiello[365], Jules Verne précise sa méthode : « Pour chaque pays nouveau, il m'a fallu imaginer une fable nouvelle. Les caractères ne sont que secondaires ».
282
+
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+ Jean-Paul Dekiss étudiant le style de Jules Verne écrit : « Son rapport singulier à l'éducation a fait de Jules Verne un auteur pour enfants ; l'intérêt documentaire qu'il porte à la science le fait auteur scientifique ; sa réussite dans l'anticipation, auteur de science-fiction ; l'aventure le fait classer par la critique littéraire auteur populaire de second rang ; par l'arrière-plan auquel il relègue les analyses psychosociologiques il est considéré sans profondeur ; son style transparent est transformé en style inexistant. Que de malentendus !... »[366].
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+
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+ Malgré tout, certains auteurs louent le style de Jules Verne, dont Ray Bradbury, Jean Cocteau, Jean-Marie Le Clézio, Michel Serres[367], Raymond Roussel, Michel Butor, Péter Esterházy[368] et Julien Gracq[369], Régis Debray[370]. Michel Leiris écrit : « Il restera, quand tous les autres auteurs de notre époque seront oubliés depuis longtemps »[371].
286
+
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+ Jules Verne utilise ainsi dans les péripéties de ses romans l'histoire et la géographie, les techniques et les sciences, le tout pour produire de l'imaginaire. Il ne s'arrête pas à l'anecdote et par les connaissances, exploite ses sources pour passer au-delà du réel. « Elles donnent aux personnages et à leurs actes une transparence, une luminosité particulière qui est celle des rêves, de l'enchantement et des mythes »[372]. Daniel Compère ajoute : « Il existe chez Verne une tendance à fictionner le réel, à projeter dans les récits et descriptions qu'il lit des personnages et des événements romanesques. Cette tendance se retrouve également dans les récits historiques que Verne a consacrés aux grands voyageurs depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle »[373].
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+
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+ Derrière une apparente diversité, ce sont les thèmes qui donnent à l'œuvre de Jules Verne une unité profonde. À peine indiqués dans certains ouvrages, dans d'autres, ils deviennent le noyau de l'histoire. Un simple exemple, ce fameux rayon vert, qui donne son titre au roman de 1882, est déjà évoqué dans des œuvres antérieures et le sera également dans des romans postérieurs. Ces fils d'Ariane assurent la cohésion à l'ensemble des écrits de Verne, toutes formes confondues (nouvelles, théâtre, Voyages extraordinaires, ébauches, poèmes)[374].
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+
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+ Les personnages de l’œuvre de Jules Verne ont fait l'objet de plusieurs études[375]. Parmi les principales :
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+ Si Jules Verne a influencé des générations de lecteurs et d'écrivains de science-fiction, son œuvre est marquée par les topoï littéraires de son époque.
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295
+ Des stéréotypes antisémites sont présents dans certaines œuvres[376], notamment dans Hector Servadac[377] :
296
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297
+ « Petit, malingre, les yeux vifs mais faux, le nez busqué, la barbiche jaunâtre, la chevelure inculte, les pieds grands, les mains longues et crochues, il offrait ce type si connu du juif allemand, reconnaissable entre tous. C'était l'usurier souple d'échine, plat de cœur, rogneur d'écus et tondeur d'œuf. L'argent devait attirer un pareil être comme l'aimant attire le fer, et, si ce Shylock fût parvenu à se faire payer de son débiteur, il en eût certainement revendu la chair au détail. D'ailleurs, quoiqu'il fût juif d’origine, il se faisait mahométan dans les provinces mahométanes, lorsque son profit l'exigeait, chrétien au besoin en face d'un catholique, et il se fût fait païen pour gagner davantage. Ce juif se nommait Isac Hakhabut. »
298
+
299
+ — Hector Servadac, Chapitre XVIII
300
+
301
+ « Beaucoup de Juifs, qui ferment leurs habits de droite à gauche, comme ils écrivent, – le contraire des races aryennes. »
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+
303
+ — Claudius Bombarnac, I
304
+
305
+ Verne applique ainsi le stéréotype du juif dans la littérature et l'imagerie populaire, dans l'esprit de l'usurier Gobseck ou du Nucingen de La Comédie humaine, du Marchand de Venise, du Shylock de Shakespeare, de ses lectures d'Alphonse Toussenel, des sources qu'il exploite aussi, ou, entre autres, du Victor Hugo des Burgraves. À la publication d'Hector Servadac, le grand rabbin de Paris, Zadoc Kahn dénonce l'antisémitisme de Verne. Son parti pris caricatural, correspondant à l'antisémitisme ambiant, avait pourtant déjà été utilisé dans sa nouvelle Martin Paz en 1852, sans qu'aucune réserve ne soit alors soulevée[378]. Il retient vraisemblablement la leçon du rabbin et de son éditeur puisque cet aspect-là ne réapparait plus ensuite dans son œuvre[379]. Jean-Paul Dekiss explique : « Jules Verne reprend malheureusement une image à son époque répandue et n'a pas mesuré les conséquences d'un choix aussi déplorable [...] A sa décharge, s'il utilise le personnage du méchant juif pour dénoncer le rôle néfaste de l'argent, c'est au phénomène de l'usure qu'il s'attaque, non à une minorité religieuse »[378].
306
+
307
+ Un autre fait, touchant à la biographie de Jules Verne, peut expliquer cette caricature antisémite du personnage d'Isac Hakhabut. Au moment de la rédaction du roman, Jules Verne est aux prises avec l'affaire Olschewitz, une famille juive polonaise qui défraie la chronique en déclarant que l'auteur des Voyages extraordinaires se nomme en réalité Julius Olschewitz[N 22]. Cette affaire l'exaspère[380]. Il cherche alors à prouver son origine catholique : « Étant breton, je suis par raison, par raisonnement, par tradition de famille chrétien et catholique romain. » (lettre à Madame Antoine Magnin)[381]. On en trouve aussi de nombreux échos dans sa correspondance avec son éditeur[382]. De plus, à la même époque Jules Verne se considérait spolié (à tort) par Jacques Offenbach pour la féerie Voyage dans la Lune, et (à raison) par Adolphe d'Ennery, pour les droits de l'adaptation du Tour du monde en 80 jours, tous les deux de confession israélite[383]. Par ailleurs, Verne détestait se rendre à Antibes dans la villa de son collaborateur, qui menait une vie assez dissolue aux yeux de l'écrivain[384]. Le manuscrit d'Hector Servadac contient ainsi des précisions qui ciblent sans ambiguïté D'Ennery, mais qui ont disparu de la version publiée[385].
308
+
309
+ Verne a d'abord été anti-dreyfusard avant de changer d'avis[386]. Ayant de nombreux membres de sa famille dans l'armée, tel le général Georges Allotte de La Fuÿe, son cousin germain, modèle du personnage d'Hector Servadac, qui a lu et corrigé le roman du même nom[387], ce soutien peut se comprendre. À Louis-Jules Hetzel il écrit par exemple au sujet de l'affaire Dreyfus : « Que sera ce jour de l'an au milieu de l'anarchie morale où notre pauvre pays est tombé ? Je ne sais guère. Mais c'est tout simplement abominable, et je ne saurais trop vous dire à quel point j'ai été surpris et chagriné de l'intervention de Poincaré il y a quelques semaines. Et comment tout cela finira-t-il ? »[388] et quelques mois plus tard au lendemain du vote de la Chambre d'une loi dite de dessaisissement attribuant à la Cour de cassation la décision à prendre pour la révision du procès de Dreyfus : « Moi, qui suis anti-dreyfusard dans l'âme, j'approuve, c'est ce qu'il y avait de mieux à faire sur la question de la révision. Mais je comprends de moins en moins l'attitude de notre Poincaré »[389]. Raymond Poincaré, qui en 1896, avait été l'avocat de Jules Verne et de Louis-Jules Hetzel dans une affaire en diffamation (l'inventeur Eugène Turpin s'étant reconnu dans le personnage de Thomas Roch du roman Face au drapeau) où l'accusateur fut, à tort, débouté[390], dreyfusard, protestait contre cette décision qui introduisait l'arbitraire.
310
+
311
+ Progressivement, et les preuves s'accumulant, Jules Verne change d'avis. Michel Verne ardent dreyfusard n'est sans doute pas étranger à ce changement de cap[391]. Au même moment, Jules Verne rédige Les Frères Kip dans lequel des innocents sont condamnés au bagne[391].
312
+
313
+ Jules Verne, bien qu'anti-colonialiste, reprenant les sources qu'il emploie, n'échappe pas aux préjugés de son époque[392] :
314
+
315
+ « [...] - Mais ces indigènes, demanda vivement Lady Glenarvan, sont-ils ?...
316
+ -Rassurez-vous, madame, répondit le savant [...] ces indigènes sont sauvages, abrutis, au dernier échelon de l'intelligence humaine, mais de mœurs douces, et non sanguinaires comme leurs voisins de la Nouvelle-Zélande. S'ils ont fait prisonniers les naufragés du Britannia, ils n'ont jamais menacé leur existence, vous pouvez m'en croire. Tous les voyageurs sont unanimes sur ce point que les Australiens ont horreur de verser le sang, et maintes fois ils ont trouvé en eux de fidèles alliés pour repousser l'attaque des bandes de convicts, bien autrement cruels. »
317
+
318
+ — Les Enfants du capitaine Grant, chapitre IV
319
+
320
+ L'œuvre de Jules Verne, comme celle de la plupart des auteurs de l'époque, marque quelquefois une condescendance voire un parfait mépris envers les « sauvages » ou « naturels » :
321
+
322
+ « Quelques minutes après, le Victoria s’élevait dans l’air et se dirigeait vers l’est sous l’impulsion d’un vent modéré.
323
+ « En voilà un assaut ! dit Joe.
324
+ — Nous t'avions cru assiégé par des indigènes.
325
+ — Ce n'étaient que des singes, heureusement ! répondit le docteur.
326
+ — De loin, la différence n’est pas grande, mon cher Samuel.
327
+ — Ni même de près, répliqua Joe. »
328
+
329
+ — Cinq Semaines en ballon, chapitre XIV
330
+
331
+ Cependant, Jean Chesneaux et Olivier Dumas, ont remarqué chacun de leur côté que : « Ce racisme de Jules Verne, son attitude méprisante, s'applique davantage aux couches dirigeantes et aux aristocraties tribales qu'aux peuples d'Afrique et d'Océanie dans leur ensemble. Ce qu'il dénonce le plus volontiers, comme typique de la « barbarie » africaine, ce sont les hécatombes rituelles à l'occasion des funérailles d'un souverain, tel le roitelet congolais dans Un capitaine de quinze ans (seconde partie, chapitre 12) ou les immolations massives de prisonniers en l'honneur de l'intronisation du nouveau roi du Dahomey auxquelles met fin Robur du haut de son aéronef (p. 142). »[393]
332
+
333
+ Et il est vrai que ce genre de remarque reste occasionnel ; on trouve davantage de personnages de couleur présentés sous un angle positif, à l'instar de Tom, Austin, Bat, Actéon et Hercule dans Un capitaine de quinze ans (« […] on pouvait aisément reconnaître en eux de magnifiques échantillons de cette forte race […] »). Il faut ajouter les sauvages de la Papouasie dans Vingt Mille Lieues sous les mers, à propos desquels le capitaine Nemo, retiré d'une « civilisation » composée de Blancs, s'exclame : « Et d'ailleurs sont-ils pires que les autres ceux que vous appelez les sauvages ? » Il repoussera par des charges électriques inoffensives la menace qu'ils font peser sur son équipage. Il se montrera en revanche sans pitié pour un navire européen (on saura dans L'Ile mystérieuse qu'il était britannique) qui a fait périr toute sa famille. On y apprendra aussi que le capitaine Nemo était un Hindou — donc un Asiatique —, qui participa à la Révolte des cipayes en 1857. Enfin, le colonialisme britannique en Océanie est plusieurs fois fustigé dans les Voyages extraordinaires : Les Enfants du capitaine Grant, La Jangada, Mistress Branican[394].
334
+
335
+ De plus, dans ces romans, Jules Verne prend nettement position contre l'esclavage, position qu'il a réaffirmée à plusieurs reprises, notamment à propos de la guerre de Sécession[395]. C'est un militant de cette cause, ayant constamment applaudi à l'abolition de 1848[396]. Dans ce domaine, il est de surcroît sans concession quant aux responsables et profiteurs de l'esclavage. Ainsi, notamment dans Un capitaine de quinze ans, il s'en prend aux roitelets africains qui s'adonnent à de ravageuses guerres et à de fructueuses captures suivies de mises en esclavage de leurs frères de race, tournant souvent au drame, mais aussi à l'esclavage pratiqué dans les pays musulmans en rappelant :
336
+
337
+ « L’Islam est favorable à la traite. Il a fallu que l’esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l’esclave blanc d’autrefois. »
338
+
339
+ Pour autant, il n'accorde pas aux Noirs l'égalité avec les Blancs : lorsqu'ils ne sont pas des sauvages sans pitié, les Noirs sont des serviteurs, tout dévoués à leur maître, et ne prétendant pas à un autre statut. Ainsi, dans Deux Ans de vacances, le mousse Moko, du même âge que les autres enfants, est à leur entier service, et ne prend pas part au vote qui désignera le chef de la petite colonie, ni à aucun débat :
340
+
341
+ « Moko, en sa qualité de noir, ne pouvant prétendre et ne prétendant point à exercer le mandat d'électeur […] »
342
+
343
+ — Deux Ans de vacances, chapitre XVIII
344
+
345
+ Jean Chesneaux souligne le fait qu'« aucun roman vernien n'est consacré à l'expansion coloniale française proprement dite », pas plus qu'à la traite atlantique totalement ignorée. « En dépit de l'effort de compréhension envers les luttes contre le pouvoir colonial et de sa sympathie secrète pour les rebelles tels Nana-Sahib, Jules Verne n'en accepte pas moins la domination coloniale comme un fait inéluctable et acquis, mieux, comme un fait historiquement nécessaire. »[397] Mais d'autres chercheurs ont contredit ces propos en prenant entre autres l'exemple du roman L'Invasion de la mer, traitant du sujet[398].
346
+
347
+ Les dates entre parenthèses indiquent la première publication[399].
348
+
349
+ À la mort de Jules Verne en mars 1905, plusieurs de ses manuscrits sont en attente de publication et certains ont déjà été fournis à l'éditeur. Ces romans et nouvelles ont pour la plupart été remaniés par Michel Verne, fils de l'auteur, avant leur publication. Les versions originales n'ont été publiées que plusieurs décennies plus tard. La date indiquée entre parenthèses est celle de la première publication. La date de rédaction est indiquée entre crochets.
350
+
351
+ La date entre parenthèses est celle de rédaction supposée du texte.
352
+
353
+ Jules Verne est d'abord attiré par le théâtre, mais n'y connaîtra qu’un succès fragile jusqu'à ce que certains des Voyages extraordinaires soient portés à la scène. Plusieurs de ses pièces ont été écrites en collaboration. La date est celle de la première représentation. Est aussi mentionnée la date de première publication. Les pièces qui n'ont pas été représentées sont répertoriées dans l'article détaillé Théâtre de Jules Verne[488].
354
+
355
+ Cent-quatre-vingt-quatre poésies et chansons de Jules Verne ont été répertoriées jusqu'à présent. La plupart des chansons sont parues dans deux recueils de musique d'Aristide Hignard : Rimes et Mélodies. Un grand nombre de poésies proviennent de deux cahiers de poésies manuscrites. Ces cahiers ont été édités[497].
356
+
357
+ Les dates entre parenthèses sont simplement supposées.
358
+
359
+ En 1886, alité, à la suite de l'attentat perpétré contre lui par son neveu Gaston, Jules Verne recommence à versifier, en écrivant des triolets sur les personnes en vue d'Amiens. Une première série comprend dix-neuf triolets:
360
+
361
+ Puis, trente-trois autres triolets de 1890 à 1895 :
362
+
363
+ De très nombreuses lettres de ou à Jules Verne sont publiées dans le Bulletin de la Société Jules-Verne de sa fondation (1935) à aujourd’hui. Parmi ses correspondants : Edmondo De Amicis, Jean Chaffanjon, Alexandre Dumas fils, Adolphe d'Ennery, Félix Fénéon, Théophile Gautier, Philippe Gille, Charles Lemire, Hector Malot, Nadar, Émile Perrin, Mario Turiello, Charles Wallut etc.
364
+
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+ ainsi que dans les ouvrages :
366
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Jules Verne, par sa popularité, est le sujet de très nombreuses études biographiques et bibliographiques, de valeurs très inégales, certains biographes n'étant que des compilateurs d'ouvrages précédemment parus, cherchant parfois uniquement le sensationnel plus que la rigueur scientifique, loin de l’exégèse. Pour établir une bibliographie pertinente et rigoureuse, plusieurs recherches ont été publiées :
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+ Juliana des Pays-Bas, née le 30 avril 1909 à La Haye et morte le 20 mars 2004 au palais de Soestdijk (Baarn), est reine des Pays-Bas du 6 septembre 1948 au 30 avril 1980.
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+ Fille unique de la reine Wilhelmine et d'Henri (en allemand : Heinrich), duc de Mecklembourg-Schwerin, créé S.A.R. le prince Hendrik des Pays-Bas à l'occasion de son mariage, la reine Juliana des Pays-Bas appartient à la sixième branche (Nassau-Dietz) issue de la seconde branche (Nassau-Dillenbourg) de la Maison de Nassau.
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+ Elle épouse, le 7 janvier 1937, le prince Bernhard de Lippe-Biesterfeld, lui aussi créé altesse royale. Ils ont quatre filles :
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+ Elle occupe deux fois la fonction de princesse-régente, avant d'être intronisée reine des Pays-Bas, le 6 septembre 1948, en la nouvelle église d'Amsterdam, le surlendemain de l'abdication de la reine Wilhelmine, sa mère.
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+ L'année suivante, elle signe le transfert de souveraineté des Indes néerlandaises (l'Indonésie actuelle) au gouvernement républicain à Batavia (aujourd'hui Jakarta).
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+ Son accession au trône a modifié l'image de la monarchie aux Pays-Bas : on a parlé de « monarchie à vélo », attitude qui séduit le peuple néerlandais. Juliana se disait dégoûtée du protocole et femme très simple, mais pouvait se montrer parfois très princière quand l'occasion le demandait. Elle a été très populaire, notamment pour sa présence aux côtés des habitants touchés par les graves inondations de 1953. Elle dénoncera plus tard la guerre froide devant le Congrès des États-Unis à Washington.
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+ En 1956, Greet Hofmans, une guérisseuse qui exerce une forte influence sur la reine, cause des tensions au sein du couple royal. Cette crise qui dégénère en conflit entre la reine et le gouvernement, manque lui coûter son trône[réf. nécessaire].
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+ Avant son mariage avec Charles-Hugues de Bourbon-Parme, prétendant au trône d'Espagne, sa fille Irène se convertit, en 1964, au catholicisme. Éprise du prince controversé, Irène l'épouse contre l'avis du Parlement.
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+ Dans l'affaire Lockheed, en 1975, le prince Bernhard est accusé de corruption passive, le gouvernement du Premier ministre Joop den Uyl est ébranlé et la monarchie ne peut se maintenir que par l'abandon de la charge d'inspecteur-général des armées qu'occupait le prince. Dans un entretien posthume, le prince Bernhard a confirmé son implication dans l'affaire Lockheed et a, par ailleurs, révélé l'existence de deux filles illégitimes.
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+ Cette affaire a pu précipiter l'abdication de Juliana, le 30 avril 1980, jour de son 71e anniversaire, en faveur de sa fille aînée Béatrix. L'ancienne reine reprend alors le titre de S.A.R. la princesse Juliana des Pays-Bas, et se retire avec le prince Bernhard au palais de Soestdijk.
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+ Depuis l'an 2000, la princesse Juliana raréfie ses apparitions publiques, tandis que le prince Bernhard continue à participer épisodiquement, aux côtés de sa fille la reine Béatrix, à diverses manifestations.
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+ Juliana meurt dans son sommeil, le 20 mars 2004, le jour du 70e anniversaire de la mort de sa grand-mère Emma de Waldeck-Pyrmont, au palais de Soestdijk, en présence des siens, des suites d'une pneumonie combinée à un état de grande faiblesse générale. Ses funérailles ont lieu à Delft, sépulture des Orange, en présence de tout le « Gotha ».
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+ Son époux, le prince Bernhard, meurt moins d'un an plus tard, le 1er décembre 2004, au centre hospitalier universitaire d'Utrecht, à l'âge de 93 ans, des suites d'un cancer.
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+ Née princesse des Pays-Bas, elle reprend ce titre après son abdication en 1980. Juliana porte successivement les titres de :
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+ L'aéroport de la partie néerlandaise de l'île de Saint-Martin (Antilles) porte son nom.
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+ Jumbo, né vers 1861 en Abyssinie et mort le 15 septembre 1885 à St. Thomas (Ontario), est un éléphant de savane d'Afrique qui a fait l’objet dans la presse d’un reportage comme on n’en avait jamais consacré à un animal sauvage, ce qui le rendit célèbre dans le monde entier. Il fut importé à la Ménagerie du Jardin des plantes de Paris, puis transféré à un zoo de Londres en 1865 et enfin vendu en 1882 à Phineas Taylor Barnum pour son cirque, devenant partout la coqueluche du public.
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+ Il mourut en 1885 à la suite d’une collision avec une locomotive. Son squelette a été donné à l'American Museum of Natural History. Jumbo fut longtemps la mascotte officielle de l'université Tufts. Célèbre de son vivant, il le resta après sa mort. Son nom est devenu synonyme de grande taille.
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+ Les éléphants d'origine africaine ont été extrêmement rares au cours de l'histoire en Europe, depuis le Moyen Âge. C'est ainsi qu'en 1255, saint Louis en avait envoyé un à Henri III d'Angleterre, qui resta jusqu'à sa mort dans la ménagerie aménagée près de la tour de Londres. Des illustrations du XVe siècle, comme une gravure sur cuivre de Martin Schongauer (1450-1491), nous montrent un éléphant manifestement africain d'après ses oreilles. C'était un cadeau de Jean II de Portugal à l'empereur Frédéric III. De toute façon, les sources écrites contemporaines sont tellement contradictoires que cet animal, qui apparaît entre autres aussi en 1499 dans la chronique de Johann Koelhoff le Jeune[1], doit avoir fait partie d'un troupeau que l'on promenait à travers les pays de langue allemande ; mais les rares sources écrites de l'époque sont si contradictoires que dans la littérature cet animal semble passer comme un fantôme[2]. En 1668, Louis XIV reçut lui aussi un éléphant femelle, d'origine africaine, cadeau venant du Portugal.
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+ Quand on le captura en Abyssinie, en 1861, c'était un jeune éléphant d'à peu près un an et d'environ un mètre de haut ; avec un congénère, il fut envoyé à Paris par le collectionneur bavarois Johann Schmidt et il fit partie de la ménagerie du Jardin des plantes. En 1865, atteignant une hauteur de 125 centimètres, il fut échangé contre un rhinocéros du zoo de Londres où il arriva le 26 juin[3].
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+ C'est, dit-on, son gardien de Londres, Matthew Scott, qui a donné à Jumbo son surnom, lequel en swahili signifie « Bonjour ! » (Jambo)[4]. Depuis les années 1850 l'hippopotame Obaysch avait déjà fait augmenter le nombre de visiteurs. Au cours des seize années qui suivirent son arrivée, Jumbo devint une nouvelle attraction du jardin zoologique de Londres. Il atteignit la taille impressionnante de quatre mètres de hauteur et, pour le grand plaisir du public, il laissait les enfants monter sur son dos. On estime que pendant la période où il est resté à Londres il a porté plus d'un million d'enfants, parmi lesquels Winston Churchill et Theodore Roosevelt ainsi que d'innombrables héritiers des maisons princières de l'Europe. Les échos dans la presse étaient tels que Jumbo devint une vedette en Grande-Bretagne[5]
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+ Quand il atteignit sa maturité sexuelle Jumbo passa régulièrement dans un état qu'on appelle le musth et qui reste encore inexpliqué à ce jour : à ce moment-là des mâles normalement pacifiques peuvent devenir imprévisibles et même méchants. Jumbo cassait tout alors dans son écurie et ne laissait personne l'approcher à l'exception de son gardien Scott ; même Alice, l'éléphante qui était sa compagne, ne suscitait pas alors chez lui le moindre intérêt. On jugea donc qu'il était trop dangereux de continuer à lui faire porter des enfants et la direction prévit même que, si cela était nécessaire, il faudrait l'abattre.
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+ C'est à ce moment-là que Phineas Taylor Barnum, le célèbre directeur de cirque américain, proposa à la direction du jardin zoologique de Londres de lui acheter Jumbo pour 10 000 dollars, une somme colossale pour l'époque ; vu la situation, on accepta, mais la nouvelle, diffusée par la presse, déchaîna toute la nation britannique. Des personnalités publiques, parmi lesquelles par exemple John Ruskin, engagèrent un procès où on examina la légalité du marché, et ce fut Barnum qui l'emporta[6]
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+ Le 24 mars 1882 Jumbo partit en bateau pour New York sur l'Assyrian Monarch, et le 9 avril 1882, en compagnie de Matthew Scott, il foula le sol américain où une fanfare l'accueillit, une parade de cirque le conduisit par Broadway jusqu'au Madison Square Garden, entouré de milliers de New-Yorkais.
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21
+ L'éléphant qu'avait acquis Barnum n'était absolument pas un jouet : contrairement aux éléphants d'Asie ceux d'Afrique sont difficiles à dresser, par exemple on ne peut rien leur apprendre. Et pourtant Barnum réussit, avec la seule présentation de l'énorme animal, à attirer environ neuf millions de personnes aux États-Unis et au Canada, au cours d'une tournée de trois ans[7]. Il était présenté comme « Le très haut monarque de sa puissante race, telle que le monde n'en verra jamais plus »[8].
22
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23
+ Cette tournée avec la Sangers Royal British Menagerie and le Grand International Alliede Shows – Barnum, Bailey and Hutchinson engloutit, surtout en raison de frais de transport, une somme en dollars à cinq chiffres ; Barnum faisait voyager Jumbo avec un éléphant nain surnommé Tom Pouce dans un wagon luxueux spécialement construit pour lui. Étant donné toutefois que Barnum se faisait bien payer pour laisser admirer l'animal géant et permettre aux enfants de le chevaucher, il réalisa avec Jumbo, dans l'espace de trois ans, un bénéfice d'un demi-million de dollars.
24
+
25
+ Le 15 septembre 1885 Jumbo se trouvait à la gare de St. Thomas en Ontario. En raison sans doute d'une erreur d'aiguillage à l'occasion d'un transbordement, il fut percuté par la locomotive d'un train de marchandises qui s'approchait. La locomotive avec deux wagons sortit des rails et Jumbo fut tué[9].
26
+
27
+ Barnum confia l'animal à des préparateurs et fit don du squelette au Muséum américain d'histoire naturelle de New York. Par le biais de son agent de Londres il obtint ensuite l'éléphante Alice et la présenta dans un spectacle itinérant en compagnie de Jumbo empaillé comme sa veuve en deuil. Il fonda à l'université Tufts, à Medford dans le Massachusetts, le Barnum Museum of Natural History, appelé Barnum Hall, où Jumbo fut définitivement installé à partir de 1889 et resta la mascotte des étudiants. Malheureusement le 14 avril 1975 un incendie éclata dans le hall Barnum, et la collection y brûla avec l'éléphant empaillé ; il reste un morceau de sa queue, toujours conservé à l'université Tufts.
28
+
29
+ La ville de St. Thomas a commémoré le séjour et le décès de Jumbo. À l'occasion du centenaire de son décès, en 1985, un monument grandeur nature de cet animal a été érigé au sommet d'une colline, à une centaine de mètres de la rue du Musée. La statue a été finalement relocalisée dans le terrain de stationnement du musée militaire Elgin, sur la rue Talbot et une exposition permanente est consacrée au célèbre pachyderme[10].
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+ Le terme français « bonjour » se traduit par Jumbo en swahili, terme que l'on peut également rapprocher de Jumbe, un titre de chef de village. Cet éléphant célèbre a donné son nom à de nombreux artéfacts et entreprises et a naturellement été repris pour désigner d'autres éléphants. Ce terme est devenu le synonyme de gros et grand. Par exemple les « jumbo jet », surnom du gros porteur Boeing 747. L'éléphant des dessins animées des studios Disney, appelé Dumbo, fait référence à ce nom, il est construit à partir de Dummy (nul) ou Dumb (idiot) et Jumbo.
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+ Equus caballus
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+ Espèce
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+ Statut CITES
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+
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+ Le cheval Écouter (Equus ferus caballus ou Equus caballus) est un grand mammifère herbivore et ongulé à sabot unique ; c'est l'une des espèces de la famille des Équidés (Equidae), lesquelles ont évolué, au cours des derniers 45 à 55 millions d'années, à partir d'un petit mammifère possédant plusieurs doigts. À l'état naturel, les chevaux vivent en troupeaux, généralement sous la conduite d'un unique étalon reproducteur. Ils entretiennent des rapports sociaux et comptent sur leur vitesse pour échapper à leurs prédateurs. Dotés d'un bon sens de l'équilibre, d'un fort instinct de fuite et de grandes aptitudes de visualisation spatiale, ils possèdent un trait inhabituel dans le règne animal, étant capables d'entrer en sommeil léger tout en restant debout. Les femelles, nommées juments, mettent bas après onze mois de gestation un petit appelé poulain, capable de se lever et de courir peu de temps après sa naissance.
10
+
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+ Le cheval est domestiqué par les humains. Son utilisation se répand à toute l'Eurasie dès la plus haute Antiquité. Bien que la quasi-totalité des chevaux soient désormais domestiques, il existe des populations de chevaux domestiques retournés à l'état sauvage dont le cheval de Przewalski. Un vaste vocabulaire spécialisé s'est développé pour décrire les concepts liés au cheval. Ce lexique va de son anatomie et sa morphologie aux étapes de sa vie, en passant par sa couleur, les différentes races, sa locomotion et son comportement. La plupart des chevaux domestiques sont dressés pour l'équitation ou la traction entre deux et quatre ans. Ils atteignent leur plein développement vers cinq ans en moyenne. Leur espérance de vie à la naissance est de vingt-cinq à trente ans.
12
+
13
+ Des siècles durant, les chevaux sont au service des êtres humains qui sélectionnent différentes races pour la traction, l'agriculture, la guerre ou encore la selle. Les chevaux permettent l'essor du commerce et l'expansion de civilisations sur de grandes étendues. Pendant la colonisation des Amériques, l'espèce est réintroduite sur ce continent. Considéré comme « la plus noble conquête de l'Homme », présent dans les mythes, les religions, les encyclopédies et toutes les formes d'art, le cheval est, de tous les animaux, celui qui a le plus marqué l'histoire et les progrès de l'humanité. Des métiers sont liés à son entretien, son commerce et à des activités sportives, hippiques et équestres. Dans la plupart des pays développés, le cheval est désormais monté pour le loisir ou le sport. Il peut être un partenaire de thérapie, et tend à se rapprocher de l'animal de compagnie. Il produit des biens de consommation grâce à sa viande, son lait, son cuir et son urine. Dans d'autres pays, le cheval reste indispensable à l'agriculture et au transport. L'entretien de chevaux domestiques demande un matériel particulier et l'attention de spécialistes.
14
+
15
+ L'hippologie (du grec ἱππος « cheval » et λόγος « discours ») étudie le cheval dans sa globalité[1], ce qui comprend le fonctionnement biologique et anatomique, ainsi que le comportement et l'entretien. Le cheval est un mammifère herbivore, membre de la famille des équidés, qui compte aussi l'âne et le zèbre. Il y a controverse quant au statut du cheval domestique, longtemps considéré comme une espèce (Equus caballus) à part entière. Les études plus récentes le voient comme une sous-espèce (Equus ferus caballus) d’Equus ferus.
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+
17
+ Les chevaux peuvent être regroupés et classés en fonction de leur race, leur utilisation, leur taille ou leur couleur de robe. La taille d'un cheval varie énormément d'une race à l'autre. Le plus petit cheval miniature reconnu mesure 44,5 cm pour 26 kg[Note 1] et le plus grand, un cheval de trait, 2,19 m pour 1 500 kg[Note 2],[2]. Le poids et la longévité varient de même, les poneys ayant une longévité généralement supérieure aux chevaux. Celle du cheval domestique s'est allongée grâce aux soins prodigués par l'être humain. Il peut vivre de 25 à plus d'une trentaine d'années, bien qu'il commence à décliner physiquement vers l'âge de quinze ans[3]. Le plus vieux cheval connu, Old Billy, est mort à 62 ans[4].
18
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19
+ Le cheval domestique possède 32 paires de chromosomes[5], contre 33 paires pour le cheval de Przewalski. La séquence complète de son génome a été établie en 2007, quatre ans après celle de l'être humain[6].
20
+
21
+ « Cheval » (/ʃəval/, pluriel « chevaux » /ʃəvo/) est un terme générique qui désigne en premier lieu l'espèce ou sous-espèce domestique[7], ce qui inclut les populations redevenues sauvages comme les mustangs, et le cheval de Przewalski, qui vivait à l'état sauvage jusqu'au XXe siècle, mais qui provient en fait d'une domestication antérieure[8]. Le Tarpan et le Przewalski sont désignés comme des « chevaux »[9]. Une vaste terminologie est utilisée pour désigner les différents types de chevaux. « Jument » est le nom de l'animal adulte femelle[10], la poulinière est une femelle adulte destinée à la reproduction[11]. Une jument est désignée par l'adjectif primipare quand elle est gestante pour la première fois. L'étalon est un adulte mâle reproducteur et reconnu, l'entier un adulte mâle non castré, le hongre un mâle castré. Le poulain et la pouliche sont les jeunes animaux respectivement mâle et femelle de moins de trois ans[12]. L'anglicisme yearling désigne un jeune cheval d'un an[13],[14]. Le poney est un cheval de petite taille, trapu et vigoureux[15],[16].
22
+
23
+ Le cheval est un exemple-phare de la théorie de l'évolution. Les nombreux fossiles retrouvés, dont les plus anciens datent de 60 millions d'années[17] montrent qu'il descend d'un petit mammifère forestier possédant plusieurs doigts, qui s'est ensuite adapté aux plaines et aux steppes en devenant plus grand, et en développant son seul doigt médian comme point d'appui sur les sols durs[18]. L'aboutissement est l’Equus du Pléistocène, toisant environ 1,40 m et se déplaçant sur quatre sabots[19]. Une étude génétique réalisée sur un fragment d'os de cheval vieux d'environ 735 000 ans a permis de dater l'apparition de l'ancêtre commun à tous les Équidés modernes à quatre millions d'années[20].
24
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25
+ L'unique théorie admise (notamment par l'archéologie) a longtemps voulu que les différentes races de chevaux domestiques soient le résultat d'un élevage sélectif opéré par l'homme à partir d'une souche sauvage unique, probablement le tarpan. La théorie « des quatre lignées fondatrices » postule au contraire que toutes les races de chevaux modernes descendent de quatre à sept sous-espèces, dont le cheval des forêts, le cheval de trait, le cheval oriental et le tarpan[21].
26
+
27
+ Différentes études réalisées à partir d'analyses ADN, ont remis ces idées en question. Celle de Vilà postule que le cheval domestique descend de plusieurs sous-espèces adaptées à différents biotopes avant la domestication[22], des souches sauvages capturées et domestiquées en différents lieux d'Eurasie[23]. En 2012, le fossé qui perdurait entre l'archéologie et la génétique est en partie comblé. Les premiers chevaux domestiques proviendraient bien de la partie occidentale de la steppe eurasiatique (Ukraine, Kazakhstan et Russie) mais les très nombreux repeuplements des troupeaux de chevaux domestiques en juments sauvages ont pu faire croire en l'existence de différents foyers de domestication, tout en multipliant les lignées dans le pool génétique du cheval domestique. Le cheval domestique proviendrait donc bien des steppes d'Eurasie à l'origine[24]. Une étude en 2019 met évidence, en plus des deux lignées de chevaux ayant perduré jusqu’à nos jours — les chevaux domestiques modernes et les chevaux de Przewalski —, deux lignées de chevaux aujourd’hui éteintes (une dans la péninsule ibérique il y a 4 000 ans et une en Sibérie)[25].
28
+
29
+ Le cheval est un animal quadrupède. Une terminologie spécifique s'applique aux différentes parties de son corps, dont des termes habituellement réservés à l'être humain, comme « bouche », « jambe », « nez » et « pied », contrairement à tout autre animal domestique. Sa hauteur se mesure au garrot, sorte de renflement situé à la jonction de l'encolure et du dos[26]. Par convention, le cheval a trois parties externes principales : l'avant-main, qui comprend la tête, l'encolure et les membres antérieurs ; l'arrière-main composée de la croupe, des hanches, des membres postérieurs et de la queue ; et le corps, la partie centrale[27]. Il porte une crinière et une queue dont les poils sont appelés crins[28]. L'étude de sa morphologie permet de décrire et d'apprécier la beauté, les défectuosités et les tares d'un animal[29].
30
+
31
+ L'anatomie du cheval comprend l'étude du squelette, des muscles, des tendons, du système digestif, respiratoire, reproducteur, cardiaque et nerveux. Il possède 469 muscles qui représentent environ la moitié de son poids[28]. Toutes ses particularités anatomiques (incapacité à vomir, possibilité de bloquer ses jambes pour dormir debout en phase de sommeil léger, etc.) résultent de sa niche écologique, celle des grands herbivores dont la fuite rapide est la seule défense[30]. Le pied du cheval est particulièrement important et doit faire l'objet de soins attentifs, justifiant l'expression populaire « pas de pied, pas de cheval »[31].
32
+
33
+ Les races issues de l'espèce chevaline sont nombreuses et variées. Cette grande diversité a pour origine leur adaptation à l'environnement (aptitude à jeûner, résistance aux hautes températures ou encore sûreté de pied en terrain montagneux), et surtout l'élevage sélectif puis les croisements opérés par l'homme sur le cheval domestique. Certains traits tels la rapidité, la capacité de portage ou encore celle à tracter de lourdes charges, ont été privilégiés[32]. Les races sont généralement divisées en trois grandes catégories : les chevaux de trait destinés à la traction, les chevaux de selle destinés à être montés (y compris chevaux de sport pour le haut niveau) et les poneys. Les cobs, chevaux à deux fins pouvant être montés aussi bien qu'attelés, sont parfois classés à part[33]. Pour le cheval comme pour bon nombre d'animaux domestiques, des listes d'ancêtres ont été établies et de nombreuses races possèdent un registre d'élevage qui peut être fermé (seuls les animaux descendants d'animaux déjà enregistrés peuvent faire partie de la race) ou ouvert (le registre accepte des croisements avec d'autres races). L'inscription d'un cheval à un tel registre est soumise à des règles de signalement et de conformité au standard de race[32]. Ces informations sont reprises par de vastes bases de données spécialisées[Note 3].
34
+
35
+ Les races les plus connues incluent le Pur-sang[34], l'Arabe[35], le Frison, le Pure race espagnole et son voisin le Lusitanien, le Quarter Horse, le Percheron, le Fjord[36], le Haflinger et le poney Shetland[37]. La liste des races de chevaux est toutefois riche de plusieurs centaines de races.
36
+
37
+ Le poney est un cheval de petite taille, souvent avec une conformation et un tempérament particuliers. Par rapport aux chevaux, ils présentent une crinière plus épaisse, une queue et un pelage plus fournis, ainsi que des jambes proportionnellement plus courtes, un corps plus large et une ossature plus lourde[38], bien que certains poneys puissent ressembler à des chevaux en modèle réduit. La Fédération équestre internationale (FEI) ne prend en compte que la taille pour définir un poney. Selon ses normes, tout cheval de moins d'1,50 m au garrot (ou 1,51 m ferré) est classé « poney », afin de faciliter les compétitions officielles[39].
38
+
39
+ Il y a toutefois des exceptions à cette classification, comme le Camargue[40] et l’Islandais[41], dont les éleveurs et utilisateurs refusent le classement comme poney. Le cheval miniature, malgré sa taille de 70 cm en moyenne, possède les caractéristiques extérieures d'un cheval.
40
+
41
+ De nombreux chevaux sont capables de retourner à l'état sauvage et de former des troupeaux. C'est le cas des mustangs aux États-Unis et des brumbies en Australie, qui sont considérés comme invasifs et provoquent des dégâts importants sur la flore et les sols[42]. Seul le cheval de Przewalski est resté totalement sauvage[43].
42
+
43
+ Le cheval peut s'hybrider avec d'autres équidés, mais l'animal hybride est généralement stérile. Le produit d'un entier et d'une ânesse est un « bardot », celui d'un âne et d'une jument est un « mulet » ou une « mule »[44], celui d'une jument et d'un zèbre est nommé « zébrule ».
44
+
45
+ La couleur des poils et des crins du cheval constituent sa robe. Très variées, elles sont un moyen d'identification de chaque animal, aussi font-elles l'objet d'une classification règlementée et d'un vocabulaire précis. Le nom des robes est basé sur la couleur des poils et des crins[45]. Les plus courantes sont le bai, l'alezan et le gris.
46
+
47
+ Les épis sont des zones de directions irrégulières des poils, dont le nombre et les localisations sont relevés dans le signalement des chevaux, afin de permettre leur identification. Les chevaux possèdent parfois des marques blanches sur les membres ou sur la tête, dont la taille et la forme peuvent varier. Ce sont des facteurs d'identification, des termes précis existent pour les décrire[46]. La balzane est une marque blanche au bas des jambes, suivant sa taille et sa forme, elle porte un nom différent[47].
48
+
49
+ L'éthologie équine est l'étude du comportement du cheval. Animal grégaire, le cheval vit en troupeaux d'une petite dizaine d'individus[48]. Il passe la majeure partie de son temps à se nourrir[49]. Il se rassure par des contacts physiques avec ses congénères, incluant des frottements et des grattages réciproques[50]. Le cheval consacre environ 15 à 16 h à s’alimenter, 5 à 7 h à se reposer, 1 à 2 h à se déplacer, 1 à 2 h à surveiller son environnement, et moins d'une heure aux autres activités[51].
50
+
51
+ Un troupeau typique se compose d'un étalon protecteur (rarement deux), de trois à quatre juments — dont la plus âgée est souvent dominante et leader — et de leurs poulains[52]. Ces derniers sont ensuite chassés par l'étalon vers l’âge de deux ou trois ans, ou partent d'eux-mêmes pour créer leur propre harem et assurer leur descendance[53]. Lorsqu'ils quittent leur troupeau natal, les jeunes chevaux se regroupent par 2 à 15, voire plus[54]. En liberté, l'étalon se constitue un harem et se reproduit uniquement avec les juments de celui-ci. Si un autre étalon veut s'approprier un autre harem ou agrandir le sien, il s'ensuit une bataille entre mâles pour la domination du troupeau, se limitant généralement à des phases d'intimidations et d’investigation olfactive. Ces intimidations dégénèrent parfois en combats pouvant être violents. Ils ne sont qu'exceptionnellement mortels[55],[56]. L'étalon vainqueur récupère le harem du perdant.
52
+
53
+ Une hiérarchie de type dominant/dominé est établie, généralement en fonction de l'âge des individus, de leur tempérament, etc. La hiérarchie est souvent pyramidale : A dominant B, qui domine C, qui domine D... Des hiérarchies triangulaires existent aussi : A domine B, B domine C, mais C domine A[57]. Cette hiérarchie se stabilise au bout de quelques mois de vie commune, et n'est en général pas ou peu remise en cause. Au sein du groupe, l'ordre et la hiérarchie se maintiennent par des manœuvres d'intimidation, notamment via un langage corporel très développé. Indépendamment des relations hiérarchiques, le cheval adulte a très souvent des relations privilégiées avec un ou deux autres congénères avec qui il entretient des relations étroites, notamment avec des séances de toilettage mutuel.
54
+
55
+ Le cheval déteste la solitude. Son groupe lui permet d'assurer constamment une surveillance face au prédateurs[58]. Les chevaux domestiques entretiennent eux aussi, de solides amitiés avec certains compagnons de pré ou d'écurie.
56
+
57
+ Le cheval communique généralement par le canal visuel, grâce au langage corporel. L'étude de sa gestuelle, des mouvements d'oreilles et des attitudes de sa tête permet de déterminer son humeur. Il couche ses oreilles en arrière s'il est en colère, et les pointe vers l'avant s'il est attentif[59]. Il emploie le hennissement lorsqu'il ne peut pas voir d'autres chevaux[60], le plus souvent afin de les appeler[61]. Les chevaux recourent au hennissement dès leur plus jeune âge, c'est un moyen pour eux d'exprimer des émotions fortes[62].
58
+
59
+ Les contacts entre chevaux peuvent être agressifs (morsure, coup de pied, bousculades) ou bien démontrer une affinité entre congénères, un exemple étant le toilettage mutuel (en). Le cheval analyse des odeurs en effectuant un flehmen, comportement particulier de flairage permettant l'activation de l'organe voméro-nasal qui a la particularité de détecter les phéromones. La possibilité d'une communication par télépathie est parfois évoquée[63], cette communication intuitive permettrait au cheval de ressentir l'état d'esprit de ses congénères et des humains[64]. Cette théorie n'est pas reconnue par la communauté scientifique[65].
60
+
61
+ Comme la plupart des grands herbivores, le cheval dort peu, de trois à cinq heures par jour, en raison de sa vulnérabilité aux prédateurs[66]. La croyance bien connue selon laquelle il dort debout provient de sa capacité à bloquer ses jambes pour somnoler dans cette position. Il ne s'agit toutefois que de sommeil léger. Pour ses phases de sommeil profond et de sommeil paradoxal, le cheval doit s'allonger entièrement. Dans cette position, il peut rêver[67].
62
+
63
+ En liberté, le mâle manifeste son activité sexuelle dès l'âge d'un an à dix-huit mois[68], et la jument est apte à pouliner dès deux ans[69]. En captivité, entiers et juments sont rarement autorisés à se reproduire avant l'âge de trois ans. La fécondation s'effectue de plus en plus souvent par insémination artificielle en sperme congelé. Une éjaculation d'un étalon est en moyenne de 70 ml. Cette technique permet aux éleveurs de disposer plus facilement d'un large choix de géniteurs mâles pour leurs poulinières. Pour des raisons économiques, certains éleveurs recherchent une naissance précoce au début de l'année, et parviennent à déclencher des chaleurs chez la jument en jouant par exemple sur l'intensité de l'éclairage[70].
64
+
65
+ La durée de gestation est en moyenne de onze mois, soit 330 jours[71]. La jument donne naissance à un poulain à la fois, sauf exception, généralement au printemps. Il peut marcher moins d'une heure après la naissance, et doit téter le colostrum de sa mère avant deux jours[72].
66
+
67
+ Un cheval de quatre ans est généralement considéré comme adulte, bien que son squelette continue de se développer jusqu'à huit ans. Sa croissance dépend étroitement de sa taille, sa race, son sexe, et la qualité des soins qui lui sont prodigués. En fonction de la maturité, de la race, et du travail attendu, les chevaux sont d'ordinaire débourrés et montés entre deux et quatre ans. Bien que les Pur-sangs, réputés pour leur précocité, puissent être montés dès deux ans dans certains pays, les chevaux de sport équestre ne le sont pas avant trois ou quatre ans car leurs os et leurs muscles ne sont pas totalement développés. En compétition d'endurance, les chevaux ne sont pas autorisés à concourir avant cinq ans révolus. L'âge où vient la vieillesse n'est qu'une notion subjective, mais elle se situe le plus souvent entre 16 et 20 ans[73]. Il n'existe ni race précoce ni race tardive, tous les chevaux ont la même croissance. Les os de la colonne vertébrale sont les derniers à se solidifier (vers 7-8 ans) c'est pourquoi débourrer trop tôt est dangereux pour le cheval.
68
+
69
+ Les différentes façons dont le cheval se meut sont nommées allures. Tous les chevaux en possèdent naturellement trois. Le pas, la plus lente, est en quatre temps et correspond à une vitesse de 8 ou 9 kilomètres par heure. Le trot, allure intermédiaire et sautée à deux temps, permet habituellement d'atteindre une vitesse de 15 à 18 km/h[74]. Le galop, la plus rapide, est une allure en trois temps, basculée et sautée, permettant d'atteindre une vitesse moyenne de 20 à 25 km/h, jusqu'à 60 km/h chez le Pur-sang[75]. Certains chevaux sont capables d'aller l'amble, allure où les deux membres d'un même côté se déplacent simultanément[76].
70
+
71
+ Le cheval saute naturellement les obstacles qui se présentent à lui, et effectue parfois des sauts sur place[77]. Il connaît le cabrer et la ruade, mouvements qui témoignent généralement d'une volonté d'attaque ou de défense de sa part[78].
72
+
73
+ Le dressage permet d'apprendre de nouveaux mouvements au cheval. L'apprentissage du rassembler est souvent nécessaire afin de les obtenir. Le pas espagnol est un pas lent caractérisé par une forte extension des membres antérieurs, le passage, un trot majestueux, et le piaffer, un passage sur place[79]. Le dressage classique inclut aussi des airs relevés travaillés à partir du cabrer et de la ruade, comme la levade, la croupade, la pesade et la cabriole[78].
74
+
75
+ Les allures peuvent présenter des irrégularités, telles l'aubin (mélange de trot et de galop) et le traquenard (trot désuni)[80].
76
+
77
+ Le cheval possède cinq sens, mais l'existence d'un sixième sens lui permettant de prévoir le climat ou un danger est souvent évoquée[81]. Les plus développés sont l'odorat, l'ouïe et le toucher. Sa vision est bichromatique[82], son angle de vue de 340 degrés, mais son acuité visuelle est moyenne à médiocre[83] bien qu'il voie très clair durant la nuit[84]. Son ouïe, très fine[85], lui permet de prévoir les tremblements de terre, de percevoir les ultrasons et de détecter les prédateurs[86].
78
+ Il possède un sens développé de l'odorat lui permettant entre autres de trouver de l'eau et de détecter une femelle en chaleur à 800 m[87], et un organe de Jacobson pour analyser les odeurs pendant le flehmen[88].
79
+
80
+ Le cheval est en principe peu attiré par le goût sucré, mais la fréquentation de l'être humain l'y a habitué[89]. Il possède un sens du toucher très développé sur la tête et le dos, et peut faire frémir une partie de son corps afin de chasser les mouches qui s'y posent[90]. Son pied est sensible aux variations de pression. Ses lèvres sont entourées de poils sensibles appelés vibrisses, comparables aux moustaches du chat[91].
81
+
82
+ Les chevaux sont des herbivores non-ruminants. Ils disposent d’un seul estomac, capable de digérer les fibres végétales qui proviennent de l’herbe et du foin, grâce à une fermentation par micro-organismes. Ce processus se déroule dans la partie du système digestif appelée cæcum, et aboutit à la décomposition de la cellulose, principal composant des fibres végétales[92]. Les chevaux préfèrent manger de petites quantités de nourriture de façon régulière tout au long de la journée[93]. Cela n'est pas toujours compatible avec la vie dans les écuries, ni avec les plannings des humains, qui favorisent le nourrissage deux fois par jour.
83
+
84
+ Le système digestif du cheval est délicat. Il est incapable de régurgiter sa nourriture, sauf depuis l’œsophage. Aussi, en cas d’excès de nourriture ou d’empoisonnement, vomir n’est pas possible pour lui[94],[95]. En outre, son côlon est particulièrement long et complexe, l'équilibre de la flore intestinale dans le cæcum peut être facilement bouleversé par des changements rapides d’alimentation. Ces facteurs le rendent sujet à des coliques, qui s’avèrent être la première cause de mortalité chevaline[96]. Ils requièrent une nourriture propre et de grande qualité, fournie à intervalles réguliers, et peuvent tomber malades lorsqu’ils subissent un brusque changement de régime alimentaire[97]. Les chevaux sont également sensibles aux moisissures et aux toxines. Pour cette raison, ils ne doivent jamais être nourris par des matières fermentables contaminées, comme la tonte de gazon[98].
85
+
86
+ Les chevaux étant des mammifères, ils ont toujours le sang chaud biologiquement parlant[99]. Des termes tels que « cheval à sang chaud », « cheval à sang froid » et « proche du sang » sont utilisés pour décrire le tempérament de l'animal[100].
87
+
88
+ Le races dites « à sang chaud » sont surtout d'origine orientale et incluent l'Akhal-Teke, le Barbe, l'Arabe, le Turkoman (maintenant éteint) et les Pur-sang développés à partir de ces derniers. Ils sont élevés pour leur agilité et leur vitesse, vifs, ils apprennent rapidement[101]. Physiquement raffinés, leur peau est mince, leur silhouette longiligne, et leurs jambes longues[102]. Ces races ont été importées en Europe depuis le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord lorsque les éleveurs souhaitèrent insuffler des qualités de vitesse et de vivacité aux montures de la cavalerie légère[101].
89
+
90
+ La plupart des chevaux de trait, puissants et musclés, sont « à sang froid ». Ils sont élevés à l'origine pour leur force, leur calme et leur patience, des qualités nécessaires pour tirer une charrue ou un lourd charriot rempli de passagers. Ils sont parfois surnommés les « doux géants »[103]. Les races les plus connues incluent le trait belge et le Clydesdale. Certains, comme le Percheron, sont un peu plus légers et vifs. D'autres, comme le lent et puissant Shire, sont créés pour labourer les champs aux sols lourds à base d'argile[103]. Les chevaux à sang froid regroupent aussi quelques races de poneys comme le Fjord[21].
91
+
92
+ Les demi-sang (ou Warmblood) comme le Selle français, le Hunter irlandais, le Trakehner ou le Hanovrien, sont à l'origine des montures produites pour l'armée et issues du croisement de cheptels locaux à sang froid avec des chevaux à sang chaud, comme l'Arabe ou le Pur-sang, afin d'obtenir un cheval ayant davantage de raffinement que le cheval de trait, mais aussi une plus grande taille et un tempérament plus calme que les chevaux de sang[104]. Certains poneys demi-sang ont été développés par croisement des cheptels locaux avec des chevaux de sang, par exemple le Connemara[105]. Désormais, les termes « demi-sang » et « warmblood » tendent à désigner un type spécifique de races qui dominent les sports équestres olympiques du dressage et du saut d'obstacles depuis les années 1970. Avant cette date, le terme français (demi-sang) désignait tout croisement entre une race dite à sang froid et une race dite à sang chaud. Parfois, ce terme est utilisé pour faire référence à des races de chevaux légers autres que les Pur-sangs[106].
93
+
94
+ Par le passé, les chevaux ont souvent été considérés comme des animaux stupides et incapables d'abstraction, soumis à leur seul instinct grégaire. Depuis le début du XXe siècle, des études (et des faits comme l'affaire Hans le Malin) ont mis en évidence leurs facultés cognitives dans la résolution d'un certain nombre de tâches quotidiennes, incluant la recherche de nourriture et la gestion de l'organisation sociale. Les chevaux sont également doués de bonnes habilités de visualisation spatiale[107]. Ils sont capables de reconnaître les humains qui les côtoient (et de se reconnaître entre eux) à partir du simple son d'une voix ou des traits d'un visage[108].
95
+
96
+ Ils font preuve d'intelligence dans la résolution de problèmes, sont doués de facultés d'apprentissage et retiennent les connaissances qu'ils ont acquises. Leurs résultats sont excellents en apprentissage simple, les chevaux sont aussi capables de résoudre des problèmes cognitifs avancés qui impliquent la catégorisation et l'apprentissage de concepts. Ils répondent bien à l'habituation, à la désensibilisation, au conditionnement pavlovien et au conditionnement opérant. Leur renforcement peut être positif comme négatif. Une étude suggère même que les chevaux sont capables de compter jusqu'à quatre[109].
97
+
98
+ Les chevaux domestiques tendent à savoir résoudre des problèmes plus complexes que les chevaux sauvages, parce qu'ils vivent dans un environnement artificiel qui inhibe leur comportement instinctif tout en apprenant des tâches non-naturelles[107]. Les chevaux sont, de manière générale, très sensibles aux habitudes. Ils répondent et s'adaptent bien mieux lorsque les mêmes routines et techniques sont utilisées de manière cohérente. Certains formateurs estiment que l'« intelligence » des chevaux est un reflet de celle de leur formateur, qui utilise efficacement les techniques de conditionnement et de renforcement positif pour former chaque animal à la manière qui correspond le mieux à ses inclinations naturelles. D'autres personnes qui travaillent régulièrement avec des chevaux notent que la personnalité peut aussi jouer un rôle pour déterminer comment un animal donné répond à des expériences diverses[110].
99
+
100
+ À l'état sauvage ou domestique, le cheval peut-être affecté par des parasites et des maladies telles que le tétanos, la grippe équine[111], la rage[112], la gourme, différentes affections respiratoires (emphysème…) et l'anémie infectieuse des équidés[113]. L'une des maladies les plus « classiques » chez le cheval est la fourbure, qui peut avoir différentes causes et se traduit par de vives douleurs au niveau des pieds[114]. La myoglobinurie, ou « maladie du lundi », et le « coup de sang » affectent les chevaux mis au travail dans de mauvaises conditions[115]. Les coliques, des troubles du système digestif, sont particulièrement dangereuses et difficiles à soigner et à prévenir, rendant nécessaire un contrôle strict de l'alimentation du cheval domestique[116]. Les maladies cardiaques, circulatoire, nerveuses, et les « vices d'écurie » n'affectent que les chevaux domestiques dans certaines conditions[117]. Les déformations permanentes du corps du cheval sont appelées des tares[118]. Toute affection de la locomotion est nommée boiterie, les causes possibles en sont nombreuses[119].
101
+ Le cheval craint également certains insectes comme le taon[120].
102
+
103
+ Le cheval est sensible à divers parasites, dont ceux du tube digestif, qu'il acquiert en mangeant (strongles, Parascaris equorum…)[113]. D'autres parasites causent la gale et des mycoses. Les tiques peuvent lui transmettre la piroplasmose et divers parasites dont des Borrelia, responsables de la maladie de Lyme[114].
104
+
105
+ En l'espace d'une génération, la civilisation du cheval vient de disparaître. Une civilisation quasi-universelle, dont l'origine se perd dans les millénaires, vient de mourir sans bruit, discrètement. [...] Il s'agit là d'une rupture décisive et irréversible dans l'histoire des sociétés[121].
106
+
107
+ L'alliance de l'homme et du cheval, animal qui a sans doute le plus marqué l’histoire et les progrès de l'humanité[122], dure plusieurs millénaires[123] durant lesquels le cheval devient l’auxiliaire favori de l'homme[124] pour le transport, la guerre et le travail. La première rencontre remonte peut-être à un million d'années, voire davantage, mais ces rapports demeurent ceux du prédateur et de la proie jusqu'à la domestication[125]. Le lien entre le cheval et l'homme est basé sur l'utilisation de la force musculaire de l'animal, au service des besoins humains[126]. Cette « exceptionnelle » association contribue significativement à l'évolution de la société, et se transforme radicalement au cours du XXe siècle dans la plupart des pays développés[125]. La place symbolique du cheval est restée, à travers un grand nombre d'expressions populaires et l'utilisation de l'unité cheval-vapeur[126].
108
+
109
+ En 2008, d'après les données de la FAO, 58,7 millions de chevaux sont répertoriés dans le monde sur les cinq continents, ce qui correspond à un ratio de 8,7 chevaux pour 1 000 personnes. L'Amérique du Sud est le continent qui en compte le plus, l'Océanie celui qui en compte le moins[127].
110
+
111
+ La date de -4500, dans l'actuel Kazakhstan[128] est la plus largement reconnue quant à la domestication du cheval. Au sein de la culture Botaï, des traces d'attelage et de collecte de lait de jument ont été retrouvées[129]. Les découvertes archéologiques suggèrent plutôt plusieurs foyers de domestication[130] Ainsi, d'autres théories la situeraient au sud de la Russie, dans la Roumanie, ou en Ukraine vers le IVe millénaire av. J.‑C., pour l'hypothèse kourgane[131]. Le linguiste Winfred P. Lehmann soutient que le cheval est domestiqué depuis le VIIIe millénaire av. J.‑C., près de la mer Noire[132]. Une preuve irréfutable est l'utilisation de chariots funéraires dans la culture d'Andronovo, vers le IIe millénaire av. J.‑C.[133].
112
+
113
+ La domestication est aussi étudiée sur la base de la comparaison entre le matériel génétique des chevaux actuels et l'étude paléogénétique des os et des dents de chevaux trouvés au cours de fouilles archéologiques et paléontologiques. Les variations constatées au niveau du matériel génétique semblent montrer qu'un nombre très réduit d'étalons sauvages, et par contre un nombre élevé de juments sauvages, seraient à l'origine du cheval domestique[134],[135],[136],[137],[138]. En effet, il y a très peu de variabilité génétique au niveau du chromosome Y, transmis de mâle en mâle (lignée paternelle), alors que la variabilité de l'ADN mitochondrial, transmis par les mères (lignée maternelle) aux petits de tous les sexes, est très importante[134],[135],[136],[137],[138].
114
+
115
+ Il existe aussi des variations régionales dans l'ADN mitochondrial, dues à l'inclusion a posteriori de juments sauvages parmi des hardes déjà domestiquées[136],[137],[138],[139]. Une autre conséquence de la domestication est une augmentation de la variabilité des robes[140], chez le cheval, notamment entre 5000 et 3000 ans avant notre ère[141].
116
+
117
+ En Europe, les Grecs, Romains et Byzantins utilisaient le cheval pour la guerre, les communications, le transport mais aussi les courses de chars[142]. De leur côté, les Celtes vénéraient Épona, déesse des chevaux, dont le culte nous a été transmis du fait de son adoption par les troupes équestres romaines. Au Moyen-Orient, certaines tribus Perses semblent avoir sélectionné les pur-sang arabes[143][réf. souhaitée], chevaux du désert, robustes et élégants, ils inventent aussi le polo. Lorsque les Hyksôs envahissent l'Égypte au XVIIe siècle avant notre ère, les Égyptiens n'utilisaient les chevaux que pour des tâches civiles. La cavalerie, qui fera la puissance des pharaons du Nouvel Empire, était alors du côté de l'ennemi et sera un facteur déterminant dans la défaite égyptienne. En Afrique, la cavalerie numide est une unité importante des armées carthaginoises lors des guerres puniques tandis que la cavalerie romaine était réputée médiocre.
118
+
119
+ En Asie, le plus ancien char hippomobile à nous être parvenu intact provient de la tombe de l'empereur Chinois Wu Ding, mort en 1118 av. J.-C.. Le cheval était peu utilisé comme animal de trait dans l'agriculture mais les Chinois seraient à l'origine du collier d'épaule. Ils utilisèrent l'étrier au VIe siècle avant notre ère, la cavalerie formant le gros des troupes chinoises. Le cheval (馬) sert de moyen de transport et de communication (coursier). Quand le jeu de polo perse arriva à la cour de l'empereur, tout le monde s'en éprit. Les Chinois ne faisant pas d'élevage permanent des chevaux, ces derniers restaient un produit de luxe importé du Moyen-Orient.
120
+
121
+ Au Japon, le cheval sert d'animal de combat, de coursier et au transport de marchandises, mais dans ce dernier cas il est guidé par des hommes à pied[144], ce qui limite son potentiel. Des peuples d'Asie ont développé une unité militaire originale qui est l'archer à cheval.
122
+
123
+ Au Moyen Âge, des types spécifiques d'animaux sont développés. Le destrier est le plus connu, à travers l'image d'un énorme animal bardé de fer associé à son chevalier en armure complète, mais la réalité historique est plus nuancée[145]. Les prestigieuses et puissantes montures de guerre portent le chevalier en armure, son armement, une large selle et son caparaçon[146],[147]. Le coursier, plus rapide, est également utilisé pour la guerre[148]. Les chevaux de prestige et de parade, dits « palefrois », sont réputés très coûteux[149], tout comme la haquenée, jument des dames fortunées. Le roussin, de moindre valeur, sert occasionnellement de monture aux chevaliers les plus pauvres ou de cheval de bât[148]. L'utilisation du cheval pour la traction est accrue par la diffusion du collier d'épaule en Europe au XIIe siècle, permettant au cheval de trait de remplacer avantageusement le bœuf dans les exploitations agricoles[150]. Les chevaux médiévaux sont nommés d'après leur lieu d'origine, par exemple « cheval espagnol », mais ce terme se référait peut-être à plusieurs races[151]. D'importants progrès technologiques, comme l'amélioration des selles, l'arrivée de l'étrier, du collier d'épaule et du fer à cheval permettent des changements capitaux dans l'équipement équestre, pour la guerre et l'agriculture. L'Église interdit l'hippophagie en 732[149].
124
+
125
+ Au Moyen-Orient, les chevaux portent les cavaliers islamiques jusqu'en Espagne et des échanges culturels ont lieu à l'occasion des croisades et des invasions maures. Huit croisades, entre 1097 et 1300, font se rencontrer deux cultures équestres radicalement différentes, les chevaliers chargeant lourdement et essayant de désarçonner leurs adversaires, les Bédouins cherchant à tailler l'ennemi en pièce[152]. En Asie, la cavalerie est la principale force des armées mongoles et tartares.
126
+
127
+ À l'arrivée de la Renaissance, l'invention de la poudre à canon entraîne la fin de la cavalerie lourde et une nouvelle sélection du cheval de guerre. Des académies d'équitation sont créées, d'abord en Italie, pour obtenir des chevaux plus maniables[146]. L'école espagnole de Vienne est construite dès 1572, et les Habsbourg fondent le haras berceau d'élevage du Lipizzan à Lipica en 1580[153].
128
+
129
+ L'idée de mieux sélectionner les chevaux de guerre fait son chemin sous François Ier, et le 17 octobre 1665, Colbert ordonne la création des haras nationaux. Au XVIIIe siècle, la création de haras, d'écuries et d'écoles de dressage renforce la renommée des chevaux royaux, devenus plus légers et plus souples. À la veille de la Révolution française, l'État possède quinze haras nationaux et près de 750 reproducteurs. Ces haras sont supprimés par l'assemblée constituante en 1790[154].
130
+
131
+ Les Anglais croisent des chevaux pur-sang arabes et Barbes avec leurs espèces indigènes pour créer les Pur-sangs, fameux chevaux de course. Les premiers colons espagnols réintroduisent le cheval Barbe et andalou dans les deux continents américains. L'espèce y avait disparu depuis plus de huit millénaires. En 1519, Les conquistadores d'Hernán Cortés amènent avec eux onze chevaux et six juments[155] qui deviennent les premiers ancêtres des mustangs. Les Amérindiens n'ayant jamais vu ces bêtes, les conquistadores remportent de nombreuses batailles en passant pour des divinités. Cortez aurait déclaré : « Nous devons notre victoire à Dieu et à nos chevaux ». L'animal se répand rapidement, surtout en Amérique du Nord. Durant la conquête de l'Ouest, plusieurs centaines de milliers de chevaux sauvages peuplent le continent. Au XVIIIe siècle, les Amérindiens élèvent de grandes hardes de chevaux dont le nombre total dépasse les cent cinquante mille individus[réf. nécessaire]. À partir de ces mustangs dressés émergent la plupart des races américaines. Les Indiens Nez-Percés opèrent des sélections à partir des mustangs pour obtenir l'appaloosa.
132
+
133
+ Dans le calendrier républicain, le Cheval était le nom donné au 5e jour du mois de vendémiaire[156].
134
+
135
+ Les chevaux jouent un rôle indispensable dans les conquêtes napoléoniennes, et les pur-sang arabes sont des montures de choix pour la cavalerie. Au XIXe siècle, des programmes d'élevage transforment les races équines locales et en créent de nouvelles pour les besoins de la cavalerie, parallèlement, de puissantes races de chevaux de trait sont sélectionnées. L'arrivée successive du chemin de fer, des transports motorisés et du tracteur agricole signent le glas de la traction hippomobile au cours du XXe siècle dans la plupart des pays développés[126].
136
+
137
+ Les cavaliers évoluent : militaires, agriculteurs, voyageurs et marchands laissent leur place aux cavaliers de loisir, souvent des citadins à la recherche de sensations et d'un contact avec la nature, et de sport. Parallèlement, l'équitation où dominait le machisme à l'époque militaire, se féminise totalement[126]. Désormais, seuls les peuples cavaliers, et notamment les Mongols dont les enfants apprennent toujours à monter avant de savoir marcher, prouvent encore à quel point l'utilisation du cheval a été primordiale et déterminante dans l'histoire de l'humanité[125].
138
+
139
+ En 2008, d'après les données de la FAO, 58,7 millions de chevaux sont répertoriés dans le monde sur les cinq continents, principalement en Amérique du Sud. L'Océanie est celui qui en compte le moins[157].
140
+
141
+ Les activités liés au cheval génèrent des revenus considérables dans les pays développés, et font toujours partie d'une économie de subsistance dans les autres. En 2006, 100 millions de chevaux, ânes et les mulets sont utilisés pour l'agriculture et le transport de par le monde, dont 27 millions environ en Afrique[158]. Aux États-Unis, les activités liées aux chevaux ont un impact direct sur l'économie américaine de plus de 39 milliards de dollars en 2005. En considérant les dépenses indirectes, l'impact est plus de 102 milliards de dollars[159]. En France, en 2012, 53 000 petites entreprises et 72 000 emplois sont liés au secteur équestre. Il génère 12,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont plus de 10 milliards pour le PMU[160].
142
+
143
+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
144
+
145
+ De très nombreux métiers existent autour du cheval[161]. Les deux principales utilisations historique du cheval sont celle de monture pour un cavalier, et celle d'animal de traction. Ces deux objectifs donnent lieu à une classification entre le cheval de selle et le cheval de trait ou carrossier.
146
+
147
+ Les cavaliers professionnels, jockeys, drivers, les cavaliers d'entraînement et les lad-drivers[162] montent des animaux en compétition. Les entraîneurs, les premiers garçons, les coachs de compétition élaborent les plannings d'entrainement pour amener les chevaux au meilleur niveau. Les garçons de voyage et les techniciens d'hippodrome travaillent également dans l'univers des courses[162].
148
+
149
+ Les moniteurs, les animateurs poney et les accompagnateurs instruisent les nouveaux cavaliers et organisent les randonnées. Les directeurs de centre équestre sont chargés de la gestion des structures équestres.
150
+
151
+ Les éleveurs (et les étalonniers, responsables d'élevage[162]) font naître et commercialisent des chevaux. Les marchands de chevaux, vendeurs, loueurs d'équidés et la filière de la boucherie travaillent au quotidien avec ces animaux.
152
+
153
+ Certains métiers sont spécialisés dans les soins : les maréchaux-ferrants s'occupent de la ferrure et des sabots, les palefreniers (et les grooms, lad, cavaliers soigneurs, responsables d'écurie[162]) des soins quotidiens, les vétérinaires, ostéopathe, kinésithérapeute et dentistes équins des soins plus lourds. L'ethologue équin étudie le comportement des chevaux. L'équithérapeute et l'équicien utilisent le cheval comme partenaire thérapeutique.
154
+
155
+ Les métiers de garde à cheval ont pour objectifs la surveillance de manière écologique et le maintien de l'ordre. Ce sont les gardes républicains, gardes verts, les brigades équestres, les gendarmes à cheval. Les unités de premiers secours équine (recherche et sauvetage montés) peuvent intervenir en terrain accidenté, pour localiser les personnes et de fournir des secours en cas de catastrophe. Elles sont utilisées aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Allemagne[163].
156
+
157
+ Les cavaliers de spectacle allient art et équitation.
158
+
159
+ Le débardage en forêt peut se faire avec des chevaux, le cheval respectant les sols fragiles et travaillant sans bruit de moteur ni pollution. Les gardiens de troupeaux permettent l'élevage sur des grands territoires, souvent difficile d'accès : ce sont les cow-boys dans les pays anglo-saxons, les gardians en Camargue, les gauchos au Brésil, Csikós en Hongrie...
160
+
161
+ Dans de nombreux pays, le cheval est encore utilisé dans l'agriculture ou comme moyen de transport.
162
+
163
+ Des métiers annexes concernent la confection et la vente d'outils et d'instruments spécialisés : les selliers-bourreliers confectionnent les selles et les brides.
164
+
165
+ L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime qu'en 2013, il y avait un peu plus de 58 millions de chevaux dans le monde, dont près de 32 millions en Amérique, 13,9 millions en Asie, 6,1 millions en Afrique, et 5,8 millions en Europe[164]. Les États-Unis comptent à eux seuls près de 10,3 millions de chevaux en 2013[164]. Le cheptel d’équidés français est estimé à 950 000 fin 2010, ceux de l’Allemagne et du Royaume-Uni à un million chacun en 2009. Ces trois pays totalisent plus de la moitié du cheptel équin européen[165].
166
+
167
+ Il existe plusieurs filières pour le commerce des chevaux. Pour celle des courses, les chevaux naissent dans des haras spécialisés pour cette sélection. Ces chevaux peuvent être mis en vente aux enchères, vendus et placés par leur propriétaire dans des haras qui se chargeront de les entraîner et de les faire courir. Après leur carrière, ils sont destinés ou non à la reproduction en fonction des résultats[166]. En 2013, aux États-Unis et en Europe, il s'est vendu au total 17 000 chevaux de course aux enchères, pour un prix moyen de 55 000 €[167]. Les gains générés par les victoires aux courses peuvent être substantiels. Par exemple, le cheval appelé « Lawman », vendu yearling à un prix de 75 000 € en 2005, a rapporté 1 858 000 € à son propriétaire en 2007. Certains investisseurs créent des sociétés pour acquérir ces chevaux et louent des places dans les haras pour les entraîner et les faire courir. Les meilleurs chevaux de plat se négocient à plusieurs millions d'euros.
168
+
169
+ La filière des sports équestres est liée à la carrière des chevaux de sport. Le prix d'un tel cheval est extrêmement variable, selon son âge, son degré de préparation et son potentiel en compétition. Le prix moyen des chevaux de trois ans vendus aux enchères en 2012 en France est de 9 000 €, mais peut grimper à près de 30 000 €, lors des ventes Fences[168]. Le prix moyen aux enchères de chevaux de sport de race Westphalien, Oldenbourg, Holsteiner, Hanovrien et KWPN, lors de ventes européennes « Elite » entre 2010 et 2015, oscille entre 20 000 et 45 000 €[169]. Pour les mâles aux résultats sportifs remarquables, la semence pour l'insémination artificielle est une source de revenus non négligeable.
170
+
171
+ Le commerce des animaux destinés au loisir, au tourisme ou aux travaux est plus traditionnelle et moins formalisée[168].
172
+
173
+ Les chevaux peuvent terminer leur vie aux abattoirs[170]. En 2007, L’élevage de chevaux de trait concerne environ 11 500 professionnels en France, qui n'ont souvent que deux ou trois juments[171]. Selon les acteurs de la filière de viande chevaline, cette production aurait joué un rôle pour le maintien des neuf races de chevaux de trait en France, considérées comme menacées d’extinction par l’Union Européenne[171].
174
+
175
+ La valeur économique et affective des chevaux expliquent la diversité des soins qui leur sont prodigués, et les sommes que certains propriétaires peuvent dépenser pour leur cheval. Les palefreniers et les maréchaux-ferrant s'occupent de l'alimentation et des soins aux chevaux. Ces soins sont à pratiquer au quotidien (comme le pansage), ou en fonction des conditions climatiques, comme la tonte ou la douche. Les pieds doivent aussi faire l'objet d'un soin tout particulier. Ces derniers sont en effet graissés, parés et ferrés, si le travail quotidien de l'animal le nécessite. Lors de concours ou de compétitions, il peut aussi être amené à recevoir un toilettage particulier qui peut être complété par des nattes, voire, dans certains cas de rubans. Enfin l'entretien des boxes et des pâtures participe au bien-être des chevaux et à leur santé.
176
+
177
+ En 2004, 262 vétérinaires sont spécialistes équins en France[172]. Il existe également une recherche dans le domaine de la génétique équine. D'autres professions concourent aux soins médicaux. Les dentistes équins ont pour activité principale le limage des dents car celles du cheval poussent tout au long de sa vie. Les ostéopathes équins pratiquent une thérapie manuelle en appliquant les mêmes principes que l'ostéopathie pour l'homme. Les maréchaux-ferrants orthopédistes soignent certaines pathologies du pied en mettant des ferrures orthopédiques. Les palefreniers-soigneurs s'occupent des soins légers.
178
+
179
+ Il existe plusieurs techniques de relaxation telles que l'aromathérapie et la massothérapie. L'aromathérapie consiste à traiter un cheval à base d'huiles essentielles. L'aromathérapie est la base de la massothérapie. Dans cette dernière, on utilise souvent les huiles essentielles pour effectuer les massages. Dans le soin des blessures des jambes, l'hydrothérapie peut être utilisée, soit par massage par jet d'eau ou en faisant nager le cheval.
180
+
181
+ Les conditions de vie imposées aux chevaux en écurie ne sont pas toujours en adéquation avec leurs besoins physiques et sociaux, en raison de l'enfermement et de l'isolement. Le cheval étant une proie à l'état sauvage, il stresse s'il est enfermé. De plus, il doit disposer d'un espace permettant d'exprimer certains de ses comportements naturels, comme voir et toucher ses congénères, se rouler sur le sol et se coucher, choses impossibles dans une stalle ou un box trop étroits. Les chevaux domestiques qui vivent en collectivité sont plus équilibrés que ceux qui vivent isolés. L'enfermement ou tout environnement ne correspondant pas à ces besoins peut conduire à l'apparition de troubles comportementaux, les vices d'écurie[173].
182
+
183
+ La castration du cheval est pratiquée pour réduire leur agressivité, et favoriser la vie en groupe. Un étalon (mâle agréé à la reproduction) ou un entier (mâle non castré) peuvent être difficiles à contrôler en présence de juments en chaleur. Les chevaux de centre équestre sont en principe castrés vers l'âge de deux ans. Les entiers et les étalons sont plus musclés que les hongres, leur encolure est notamment beaucoup plus développée. Ils ont aussi davantage de prestance.
184
+
185
+ Le cheval est historiquement un animal de travail permettant le transport de passagers et la traction de matériel agricole. Il est encore très utilisé comme moyen de transport dans de nombreux pays du globe, pas seulement dans les pays en voie de développement, mais aussi dans certaines communautés ayant refusé le progrès, comme chez les amish, ainsi que pour certains travaux agricoles très spécifiques soit par leur nature, soit par la superficie de la surface à travailler. Dans les pays développés, on peut encore circuler avec lui, monté ou attelé, sur la voie publique pour des promenades ou randonnées par exemple. En ce sens, chevaux et cavaliers sont soumis aux règles du code de la route, lesquelles peuvent varier selon les pays[174].
186
+
187
+ Au cours du XXe siècle, le cheval a été délaissé dans les pays développés par suite de la motorisation. Il disparait du paysage des villes face à la montée de l'automobile. Paris hébergeait plus de 50 000 chevaux au début du XXe siècle, dont environ 10 000 dédiés aux transports publics. De nos jours, cette ville reste une des grandes capitales européennes où la circulation à cheval est interdite sauf par dérogation. Certaines races de cheval de trait ont failli disparaître avec la fin du halage et la mécanisation de l'agriculture.
188
+
189
+ Certaines utilisations traditionnelles du cheval ont toujours continué par tradition plus que pour des raisons économiques comme la surveillance de troupeaux en Camargue. En France, après avoir été délaissé en tant qu'outil de travail, le cheval est de nouveau employé dans de nombreuses tâches dans le cadre d'une société qui se veut davantage sensible à l'écologie. Le cheval passe dans des endroits difficilement accessibles au tracteur et n'endommage pas le sol. Le débardage est en développement grâce à un bon rapport rendement/coût dans certaines configurations de terrain. Exemple de lieux de débardage en France : bois de Vincennes (Paris), parc de La Courneuve (La Courneuve, Seine-Saint-Denis), parc de Saint-Cloud (Saint-Cloud, Hauts-de-Seine), etc. Longtemps associé à une image de sous-développement, le labour du sol par traction équine reprend de l'ampleur en particulier en viticulture. Cette pratique est tout particulièrement respectueuse des terroirs en limitant les tassements de sol dus au poids des engins agricoles motorisés, elle s'inscrit donc idéalement dans une démarche de développement durable[175].
190
+
191
+ Le cheval est utilisé par des unités de recherche et de sauvetage aux victimes au Canada. Le ramassage des ordures avec un cheval de trait est une utilisation anecdotique, mais réelle comme à Trouville (Calvados, France).
192
+
193
+ Certains pays du tiers-monde possèdent encore des combattants à cheval, comme les milices montées Janjawid au Soudan[176]. Cependant, peu d'armées utilisent encore le cheval, les unités de cavalerie étant principalement équipées de chars de combat. Dans certains cas exceptionnels, les chevaux sont encore utilisés sur des terrains difficiles d'accès, souvent comme animal de bât pour acheminer du matériel. Lors du conflit afghan les forces spéciales américaines ont dû utiliser des petits chevaux locaux[177]. L'armée autrichienne dispose de chevaux de race haflinger destinés principalement pour le bât en haute montagne. L'armée suisse est l'une des rares armées à former des chevaux pour ses activités opérationnelles. En effet, le pays étant au cœur des Alpes, le cheval est souvent le seul moyen d'accéder à certaines parties du territoire et d'y emmener du matériel. L'armée suisse emploie ainsi environ 600 chevaux.
194
+
195
+ Des unités montées subsistent, avec des objectifs maintien de l'ordre. Le cheval est ainsi employé dans des unités de police montée pour le maintien de l'ordre lors de manifestations ou d'émeutes[178], d'événements sportifs[179] ou de patrouilles[179]. Les cérémonies, les défilés et les reconstitutions font également partie des objectifs de ces unités qui montrent une image représentative de l'histoire et des traditions du pays qu'elles représentent.
196
+ Ainsi, outre la traditionnelle Garde républicaine qui, outre ses missions de représentation, assure des patrouilles montées dans des massifs forestiers ou jardins, il existe un renouveau des unités montées de police ou de gardien d'espaces verts. Un agent à cheval a une capacité de déplacement accrue, bénéficie d'une vision haute et dégagée, inspire le respect et rentre plus facilement en contact avec la population par l'intermédiaire de sa monture. Exemples de police montée : Gendarmerie royale du Canada (GRDC ou GRC), police montée à La Courneuve (Seine-Saint-Denis, France), à Orléans (Loiret, France), etc. Des unités spécialisées assurent la protection de personnalités, comme la Horse guards au Royaume-Uni ou Garde royale marocaine.
197
+
198
+ Grâce à leur savoir-faire, nombre de militaires participent aussi à des compétitions sportives. Ainsi, entre 1912 à 1948, les épreuves équestres des jeux olympiques sont exclusivement réservés aux officiers, et ces trois disciplines olympiques voient encore aujourd'hui une forte participation de militaires. Le concours complet d'équitation (CCE) est d'ailleurs à l'origine un entraînement purement militaire des chevaux au combat[180].
199
+
200
+ L'équitation éthologique est une méthode pédagogique de dressage nouvelle s'inspirant largement de l'éthologie équine. Certains dresseurs de chevaux s'en réclament et donnent des cours de « dressage éthologique ». Ces dresseurs, les nouveaux maîtres, sont les disciples français des « chuchoteurs », traduction littérale de leur appellation anglaise, horse whisperers. Les pionniers sont les Américains Ray Hunt, Pat Parelli, Monty Roberts, Buck Brannaman, ainsi que les frères Bill et Tom Dorrance[181].
201
+
202
+ Certaines associations utilisent le cheval comme un intermédiaire qui contribue à la thérapie de personnes souffrant d'un handicap physique ou mental ou qui sont déstructurées socialement. Les mouvements du cheval contribuent à fortifier les muscles et l'équilibre du cavalier. Ce dernier est astreint à faire preuve d'attention et de raisonnement. Le cheval est également utilisé sans être monté. La thérapie consiste alors pour le patient à entrer en contact avec un animal et à interagir avec lui. Comme dans toutes les zoothérapies, l'animal est un catalyseur social permettant par exemple de faire parler des vieillards qui ne parlaient plus depuis des années. Le pansage du cheval permet aussi de revalider autant que possible des articulations fatiguées. Ces associations nécessitent des compétences diverses comme des infirmiers, des médecins, des kinésithérapeutes, des assistants sociaux, des éducateurs, des moniteurs d'équitation et des chevaux adaptés à leur activité[182].
203
+
204
+ La Fédération Française d'Équitation(FFE) organise désormais des concours paraéquestre de dressage et d'obstacle grâce à une réglementation adaptée aux cavaliers handicapés[183].
205
+
206
+ Il existe même des championnats nationaux et internationaux tirant la pratique vers des niveaux impressionnants.[réf. souhaitée]
207
+ L’équitation dite paraéquestre est pour la première fois inscrite au programme des Jeux Mondiaux en 2010[184].
208
+
209
+ De nos jours, le cheval est généralement utilisé monté (équitation), pour le loisir (balades et randonnées) ou en compétition de sports équestres ou hippiques (courses de plat, de trot, course de haies, steeple-chase, cross-country)). Il peut aussi être attelé.
210
+
211
+ Il existe une grande variété de sports équestres et d'activités avec cet animal. Cela inclut des activités ludiques telles que les le pony-games[185], l'équifun[186], l'equifeel[187] et les spectacles équestres ; des disciplines sportives telles que le dressage[188], le saut d'obstacles[189], le hunter[190] et le Concours complet d'équitation[191]. Les jeux équestres coopératifs par équipes comptent le polo[192], le polocrosse[193], le horse-ball[194], et le pato argentin.
212
+
213
+ Parmi les disciplines traditionnelles figurent la voltige en cercle[195], l'équitation Western[196] (dont le gymkhana), l'endurance[197], le tir à l'arc, le Ski joëring[198] et la monte en amazone[199]. Certaines pratiques sont propres à des régions géographiques particulières, telles que la Doma vaquera[200], l'équitation Camargue[201], islandaise[202], portugaise[203], de travail[204], le rodéo, et le cheval de chasse[205] ; notons aussi le Campdrafting (en) en Australie.
214
+
215
+ Les joutes équestres sont une reproduction sécurisée des joutes médiévales, comme le tent-pegging[206] en Inde. Le tir à l'arc à cheval[207] ou le yabusame[208] sont issus de pratiques militaires.
216
+
217
+ Trois sports équestres sont présents aux Jeux olympiques[209] :
218
+
219
+ Concours de saut d'obstacles.
220
+
221
+ Cheval de dressage sur une reprise.
222
+
223
+ Épreuve de cross.
224
+
225
+ Enfin, le cheval est apprécié comme animal de compagnie.
226
+
227
+ La viande de cheval est une viande rouge appréciée dans certaines régions comme la Iakoutie[210], mais considérée comme taboue dans d'autres, dont le Royaume-Uni, l'Irlande[211], les États-Unis, et de plus en plus en France. Cette aversion pour l'hippophagie provient historiquement de son interdiction par les papes Grégoire III en 732 et Zacharie en 751[212]. Elle est désormais motivée par la proximité avec le cheval, de plus en plus considéré comme un animal de compagnie[213].
228
+
229
+ La consommation de lait de jument est traditionnelle et abondante dans les pays de l'ex-URSS, où des races chevalines laitières sont sélectionnées[214]. Le crin, le cuir et l'urine du cheval sont également utilisés.
230
+
231
+ Depuis ses premières représentations sur les parois des grottes préhistoriques (telles que la grotte de Lascaux), le cheval est présent dans la culture humaine. Cette présence concerne aussi bien mythes, légendes et religions que les œuvres d'art, des jeux et des jouets ou encore la fiction. Nombre de peuples indo-européens, tels les Germains et les Celtes[215], développent des cultes et des rituels liés au cheval et à son sacrifice. De par sa proximité historique avec la vie de l'homme, le cheval donne de nombreux idiotismes animaliers dont des expressions sont encore utilisées, comme « Prendre le mors au dents » ou encore « Un remède de cheval » dans la langue française. Sa puissance de traction continue d'être utilisée comme référence pour les moteurs, avec les unités du cheval-vapeur et du cheval fiscal.
232
+
233
+ La racine indo-européenne du mot « cheval » est *h₁éḱwos, tous les termes issus de la langue indo-européenne primitive pour désigner le cheval en dérivent[216], tel le latin classique equus[217] et le sanskrit ásva[218]. Le terme « cheval » est issu du latin populaire caballus et désigna d'abord un « mauvais cheval », puis un hongre et, populairement, un « cheval de travail »[7]. Ce mot dont l'usage est attesté au IIe siècle est probablement d'origine gauloise[219] (cf. gall. ceffyl, irl. capall) et remplace, sans doute avant le milieu du IIIe siècle[Note 4], le classique equus[220]. Les principaux dérivés du mot « cheval » sont « chevalier », « chevalière », « chevalerie », « chevaucher », « chevalet », « cavale », « cavalier », « cavalerie » et « cavalcade ».
234
+
235
+ D'autres termes savants liés au cheval sont empruntés au grec ancien híppos (ἵππος), d'où l'adjectif « hippique » ou le terme « hippodrome ». Cette racine grecque se retrouve aussi dans le prénom « Philippe » (qui aime les chevaux), « Hippolyte » (qui délie les chevaux), « hippocampe » (cheval cambré), et hippopotame (cheval du fleuve)[220]. Le latin equus est lui aussi issu de cette racine indo-européenne, à l'origine des termes comme « équidés », « équitation » et les adjectifs « équestre » et « équin »[221].
236
+
237
+ Chez les Amérindiens, le cheval est parfois désigné sous le nom de « grand chien »[222]. Le caractère sigillaire montre un œil et la crinière du cheval dans sa partie supérieure, et la partie inférieure ses membres et sa queue.
238
+
239
+ De nombreux termes familiers, péjoratifs ou anciens désignent aussi le cheval. Parmi les termes péjoratifs figurent notamment « bidet », « bourrin », « canasson », « carne », « rosse » et « haridelle »[223].
240
+
241
+ Le cheval est très présent dans les mythes, légendes et religions. La mythologie grecque connaît le fameux cheval ailé Pégase, les Centaures mi homme et mi-chevaux, les cavales de Diomède carnivores ou encore le cheval de Troie. Les peuples celtes lui accordent une grande place à travers des déesses comme Épona. Certaines croyances perdurent jusqu'à nos jours, comme celle de la kelpie, esprit du mal aquatique du folklore écossais en forme de cheval qui transporte ses victimes dans l'eau. La mythologie nordique mentionne aussi un très grand nombre de chevaux dans les Eddas et les sagas, dont Sleipnir, l'étalon à huit jambes du dieu Odin. Un signe zodiacal chinois correspond au cheval. En Inde, l'un des avatars de Vishnou est le cheval blanc et cet animal est lié à Indra, divinité de la guerre. Dans le légendaire coréen, Chollima est un cheval ailé, trop rapide pour être monté.
242
+
243
+ Dans la religion chrétienne, les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse montent chacun l'un des quatre chevaux apparus à l'ouverture des quatre sceaux. Au Moyen Âge, l'image du cheval réapparaît à travers la licorne, animal fantastique et christique possédant une longue corne sur le front. Saint Georges, martyr chrétien, est souvent représenté à cheval en train de terrasser un dragon. Selon certains contes arabes, Allah a créé le cheval à partir d'un poignée de vent du désert[224]. Les chevaux jouent un rôle important dans tous les textes fondateurs arabes. Ainsi, Al-Bouraq, dont le nom signifie « éclair », est le cheval ailé à tête de femme et queue de paon sur lequel Mahomet, guidé par l'archange Gabriel, voyage de nuit de La Mecque à Al-Aqsa (la mosquée lointaine) au cours du Miraj.
244
+
245
+ Le cheval est très représenté dans l'art[225]. De nombreux peintres comme Théodore Géricault et George Stubbs se sont pris de passion pour cet animal. Son intérêt militaire a fait de la statue équestre un genre particulier, représentation hagiographique d'un chef d'État, chef militaire ou héros. La plus ancienne encore intacte est celle de Marc Aurèle à Rome. La plus grande connue est celle du cheval de Léonard. Le cheval est aussi célébré en poésie, dans des chansons dites populaires, ou encore en photographie.
246
+
247
+ Compagnon constant des héros, le cheval est plus rarement mis en scène pour lui-même. Ainsi, la jument Rossinante de Don Quichotte et à l'époque contemporaine, Jolly Jumper (la monture de Lucky Luke), le Tornado de Zorro ou encore Gripoil (en version originale ShadowFax), cheval de Gandalf dans Le Seigneur des anneaux accompagnent essentiellement leur maître en lui servant de monture.
248
+
249
+ Au XIXe siècle, l'anglaise Anna Sewell créé le premier roman animalier avec Black Beauty, narré par le cheval lui-même. Le film Crin-Blanc met aussi un étalon de Camargue libre au centre de l'œuvre dont il donne le titre. Le Cheval venu de la mer, film irlandais de Mike Newell, met en valeur l'importance de l'animal en Irlande et dans les croyances populaires. La série de romans L'Étalon noir raconte les aventures de Black, grand crack de course, et d'Alec son jeune jockey. Elle donne plusieurs films ainsi qu'une série télévisée.
250
+
251
+ Les aventures de la jument Flicka sont racontées dans les romans de Mary O'Hara, Mon amie Flicka, Le Fils de Flicka et L'Herbe verte du Wyoming. Monsieur Ed, le cheval qui parle (Mister Ed), est le héros d'une série télévisée populaire des années 1960. L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, best-seller de Nicholas Evans a donné le film de Robert Redford, l'un des plus grands succès cinématographiques autour du cheval. Ce film est en grande partie responsable du succès de l'équitation éthologique dans les pays occidentaux. Le film Hidalgo conte l'histoire d'un mustang qui participe à une grande course en Arabie.
252
+
253
+ Certains chevaux sont passés à la postérité. Ils peuvent l'être grâce à la notoriété de leur propriétaire, d'autres ont brillé par leurs performances. Quelques-uns possèdent des particularités physiques remarquables. Le pharaon Ramsès II parle longuement de ses deux chevaux d'attelage favoris[226]. Durant l'Antiquité grecque, Bucéphale, le cheval d'Alexandre le Grand, entre dans la légende. Réputé indomptable, il avait peur de son ombre. Seul son maître aurait pu le monter[227]. Sous l'Empire romain, le cheval Incitatus est nommé consul par Caligula[228]. Le Cid aurait demandé à monter pour la dernière fois son cheval blanc Babieca au combat, alors qu'il était mortellement blessé[229]. Le cheval de Mazeppa, « bourreau malgré lui », devient une figure récurrente du romantisme[230]. Shakespeare fait passer le cheval Roan Barbary, favori du roi Richard II d'Angleterre, à la postérité[231].
254
+
255
+ Old Billy est le plus vieux cheval connu. Présumé né en 1760, il est mort le 27 novembre 1822, à l'âge de 62 ans[232]. Le Vizir, un petit cheval Arabe gris, est la plus célèbre monture de Napoléon Ier[233]. Le poney sibérien Serko a parcouru 9 000 km dans l'Empire russe en deux cents jours, fin 1889. Cet exploit a inspiré un roman et un film[234]. Iris XVI, un cheval, alezan du maréchal Leclerc a été fusillé pour acte de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, car il a tué un officier allemand[235].
256
+
257
+ Dans les années 1920, Uranie remporte trois fois le Prix d'Amérique, un exploit réitéré par sa petite-fille Roquépine dans les années 1960[236]. Dans les années 1970, Bellino II se montre aussi performant au trot attelé qu'au trot monté puisqu'il décroche entre autres trois Prix d'Amérique, trois Prix de Cornulier, et trois Prix de Paris[237]. Ourasi est quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, un record[238]. Le Suédois Copiad a une carrière impressionnante, tout comme le Français Idéal du Gazeau. D'autres trotteurs sont connus pour leurs temps records, comme Général du Pommeau, qui gagne le Prix d'Amérique de l'an 2000 en 1 min 12 s 60 centièmes.
258
+
259
+ Le trotteur italien Varenne, surnommé « Il Capitano », a battu le record mondial des gains dans les années 2000[239], avec 6 035 666 €[240].
260
+
261
+ Des galopeurs ont réussi à rester invaincus durant leurs carrières, comme Eclipse, un cheval de course britannique, au XVIIIe siècle, l'Australienne Black Caviar dans les années 2010[241], ou encore l'Italien Nearco, les Irlandais Frankel et Zarkava, et les Anglais Regulus et Ribot.
262
+
263
+ Parmi les chevaux au palmarès exceptionnel, se distinguent Hyperion, l'un des chevaux de course des années 1930, ayant remporté, entre autres, le Derby d'Epsom et le St. Leger Stakes[242], Seabiscuit, cheval américain de course, ayant redonné l'espoir à des millions de personnes durant la Grande Dépression par ses victoires inattendues, le Japonais Orfevre[243], et l'Irlandais Sea The Stars seul cheval, à avoir réussi le triplé 2000 Guinées/Derby/Arc la même année, en 2009.
264
+
265
+ D'autres sont connus pour leurs temps records, comme le Canadien Northern Dancer[244], ayant remporté le Kentucky Derby en 1964 en un temps record, record qui a perduré jusqu'en 1973[245].
266
+
267
+ Enfin, des chevaux de course ont battu des records de gains, comme l'Argentin Invasor ayant remporté 7,8 millions de dollars de gains, le Japonais Deep Impact avec 10 795 019 €, la Française Trêve 7 344 583 €, ou les purs-sangs américains Zenyatta et Spectacular Bid, avec 7 304 580 $ et 2 781 607 $ (un record dans les années 1980).
268
+
269
+ Al Capone II, un petit cheval d'1,62 m, a remporté de nombreux titres grâce à sa détente extraordinaire. Il a remporté 7 fois le Prix La Haye Jousselin.
270
+
271
+ Persik, un cheval russe de race arabe, a gagné un nombre impressionnant de courses d'endurance, et est le père de nombreux gagnants en raids nationaux et internationaux. Les Émirats arabes unis ne sont pas en reste avec SAS Alexis, Yamamah ou Ciel Oriental. Le français Tauqui el Masan, un étalon pur-sang arabe, est connu à la fois pour sa carrière sportive dans les années 1990 et sa carrière de reproducteur[246].
272
+
273
+ Jappeloup de Luze, médaillé d'or de saut d'obstacles aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 sous la selle de Pierre Durand. Milton, cheval de John Whitaker, au palmarès exceptionnel et considéré par beaucoup comme le meilleur cheval de saut d'obstacles de tous les temps. Huaso, pur-sang chilien détenteur du record du monde de hauteur en saut d'obstacles depuis 1949 avec 2,47 m.
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+ Certains chevaux accèdent à la célébrité grâce au spectacle ou à un physique particulier, comme Stormy, une femelle zébrule issue du croisement d'un zèbre et d'un cheval, dressée grâce aux méthodes éthologiques d'Andy Booth, ou encore Tritonis, le plus grand pur-sang anglais, mort en septembre 1990 à l'âge de sept ans, qui mesurait 1,98 m et pesait 950 kg[247]. Templado est un cheval lusitanien du spectacle équestre Cavalia, réputé pour son allure et son immense crinière, et Zingaro, un cheval frison noir ayant appartenu à Bartabas, qui a donné son nom à la troupe.
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+ Jupiter, en latin Juppiter ou Iuppiter (génitif Jovis), est le dieu romain qui gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants s'y trouvant. Il est aussi le maître des autres dieux et est originellement un dieu du ciel, caractéristique que l'on retrouve dans son association aux présages célestes liés aux pratiques divinatoires des prêtres de Rome. Dieu souverain, il a pour attributs l'aigle et le Foudre.
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+ Les Romains finirent par associer le dieu Jupiter à son équivalent grec Zeus, même si les deux dieux se distinguent d'abord très nettement. Dans la tradition littéraire romaine, la représentation de Zeus se superpose à celle de Jupiter, au point que les deux dieux finissent par être confondus tant par les mythes que l'iconographie. C'est pour cela que Jupiter, jusqu'alors quasiment privé de mythologie ou de liens de parenté, se voit attribuer les caractéristiques mythologiques du dieu grec Zeus. Ainsi, Jupiter est marié à sa sœur, Junon.
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+ Le nom « Jupiter » vient de l'évolution d'un nom composé d'origine indo-européenne *Dyēus ph2ter signifiant « Ciel père », que l'on retrouve dans le grec Ζεύς πατὴρ et le védique Dyauṣ Pitā. La première partie du composé appartient à la famille formée sur *dyew, racine indo-européenne désignant « la lumière diurne », le « ciel lumineux »[1] et sur laquelle est également formé le mot latin dies, « le jour ». On trouve même Diespiter chez Plaute et Varron pour désigner Jupiter[2].
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+ L'accusatif Jovem a donné les adjectifs « jovial », « jovien » et aussi le substantif « jeudi » signifiant « jour de Jupiter » (Jovis dies). Le mot francoprovençal « Joux » que l'on retrouve souvent en toponymie alpine pourrait en dériver. Molière n'hésitait pas à mettre « Per Jovem ! » (« Par Jupiter ! ») dans la bouche de ses personnages pédants[3].
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+ Jupin est une forme abrégée de Jupiter[4] surtout utilisée en ancien français[4] et qui se rencontre parfois en poésie.
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+ Dieu du Ciel diurne, Jupiter est également originellement un dieu de l'Orage. Nombre d'épiclèses identifient ainsi le dieu souverain comme dieu de l'Orage : Jupiter tonans, « tonnant », Jupiter fulminator « qui lance la foudre », Jupiter Fulgurator « de la foudre », Jupiter Summanus « dieu tonnant la nuit », Jupiter Pluvius « qui envoie la pluie »[5].
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+ De même à Rome, le pouvoir fulgurant de Jupiter est divinisé par les épithètes fulgur littéralement « le brillant » qui correspond à « foudre », fulmen, fulminator. Fulgur est ce qui brille, l'« éclair », fulmen est ce qui tombe, la « foudre » proprement dite. Le fulmen est également le nom du foudre, l'arme mythique de Jupiter, portée par le dieu sur ses idoles. Il est un déverbatif du verbe fulgere désignant ce qui brille[6]. Même une épithète comme Lucetius qui paraît d'abord se rapporter à la lumière désigne en réalité le flamboiement de l'éclair ou de la foudre[7]. Il est encore si bien compris comme le maître de la pluie que des cérémonies relativement tardives comme les Nudipedalia, destinées à la faire tomber, se sont rattachées naturellement à lui[7].
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+ C'est en tant que dieu du Ciel qu'il fait paraître les auspices, signes que, dieu souverain, il donne aux chefs de Rome par les oiseaux et que les augures doivent interpréter[7].
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+
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+ Jupiter est attaché à la fonction souveraine. Il est rex et protège le roi humain. Même aux temps républicains, quand ce titre devient suspect, il reste le seul dieu à pouvoir le donner. Jupiter est maître du serment, maître du droit. Il est absolument libre. Ces qualités rejaillissent sur le flamen Dialis à son service, qui est le seul Romain à être exclu du serment. Tout un symbolisme personnel met en valeur sa liberté, son absence de liens[7].
20
+
21
+ Un élément du prestige de Jupiter est son rôle de témoin, de garant, de vengeur des serments et des pactes, dans la vie privée comme dans la vie publique. Dieu souverain, placé au dessus des autres dieux, summus maximus, il garde un droit de regard sur toute chose[7]. Près de son temple sur le Capitole se trouvait celui de Fides, déesse de la bonne foi et de l'honneur, temple où avait lieu le sacrifice annuel des flamines majeurs[7].
22
+
23
+ C'est également en tant que dieu souverain qu'il intervient dans la guerre. Jupiter Stator est invoqué dans une situation désespérée afin qu'il permette par un miracle le retournement du combat[7].
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+
25
+ Au cours de l'histoire, Jupiter sera naturellement associé à la mission de conquête et de puissance que Rome se découvrait. Selon Georges Dumézil, l'une des premières inventions en ce sens fut celle du présage du caput humanum trouvé par les terrassiers qui creusaient les fondations de son temple et qui promettait à Rome pour commencer l'empire de l'Italie[7].
26
+
27
+ La plupart des mythes usuellement associés à Jupiter sont en réalité des adaptations en termes latins des légendes du dieu grec Zeus. La théologie typiquement romaine est pauvre en mythes, tant elle a été associée à une conception historique des légendes fondatrices[8].
28
+
29
+ C'est donc dans une perspective historique et non mythologique que les Romains représentent les actions de Jupiter. Ainsi, à plusieurs reprises dans l'histoire romaine, les Romains voient le signe d'une intervention de leur dieu. Celui-ci est par exemple censé avoir influencé le roi Numa Pompilius quand ce dernier organisa les institutions romaines. Les écrivains romains précisent également que Jupiter aurait envoyé à Numa un bouclier de bronze dont il fit des copies, les anciles[9]. Jupiter est également censé avoir guidé Tarquin l'Ancien jusqu'à son statut de roi de Rome. On lui attribue de même l'apothéose de Romulus[10].
30
+
31
+ Dans le cadre de Interpretatio graeca, l'assimilation avec Zeus intervint très tôt. Georges Dumézil considère, néanmoins, qu'elle ne fut pas profonde. Elle se manifestera plus tard, sans grand effet sur le culte, quand Jupiter et Junon formeront un couple. C'est surtout dans la littérature que Jupiter se tournera vers Zeus. Toutefois, les poètes du siècle d'Auguste garderont à Jupiter sa signification et son allure nationales[7].
32
+
33
+ Parmi les divinités, Jupiter tenait toujours le plus haut rang. L'aigle, qui plane en haut des cieux et fond comme la foudre sur sa proie, était son oiseau favori. Il était de fait, en tant que maître du ciel, associé aux pratiques divinatoires liées à l'interprétation des signes célestes, tels que le vol des oiseaux ou les éclairs, comme la pratiquaient les prêtres et les haruspices. Le jeudi, jour de la semaine, lui était consacré (Jovis dies).
34
+
35
+ Les Vinalia, les Vinalia priora célébrées le 23 avril et les Vinalia rustica célébrées le 19 août, deux fêtes liées au vin, lui sont consacrées.
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+
37
+ En tant que Jupiter Feretrius, on lui apporte les dépouilles opimes, c'est-à-dire les trophées (armes et pièces d'armure) pris par un général romain sur un chef ennemi[7].
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+
39
+ Jupiter Latiaris est honoré dans les monts Albains. Un des premiers actes des nouveaux consuls était d'aller lui sacrifier. Célébrées avec les autres cités du Latium, les Féries latines feriae Latinae manifestaient que Rome était devenue l'héritière des anciennes confédérations albines[7]
40
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41
+ On sacrifiait seulement à Jupiter des animaux de couleur blanche : il est le seul des dieux romains dont les victimes sacrificielles sont caractérisées par cette spécificité. Les trois principaux animaux sacrifiés étaient le bœuf, l'agneau et la chèvre. Quelques exceptions notoires sont connues, comme lors d'une crise des guerres puniques pendant laquelle tous les animaux nés dans l'année lui furent sacrifiés : cette pratique était appelée ver sacrum.
42
+
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+ Dans ce temple, Jupiter logeait deux divinités mineures, Juventas et Terminus. A la première, lorsqu'ils revêtaient la toge, symbole du passage de l'enfance à l'âge viril, les jeunes Romains devaient faire l'offrande d'une pièce de monnaie. Terminus illustrait, lui, un autre aspect du dieu souverain : la juste répartition des biens dans la société[7].
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+ On peut noter qu'en France, le toponyme « Montjovis », littéralement « colline de Jupiter », désigne souvent l'ancien emplacement d'un temple dédié au dieu.
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+ On lui donne pour attribut l'aigle, le plus majestueux des oiseaux, le foudre, le chêne, le sceptre et le trône.
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+ Il est le maître de l'univers, de la terre et des cieux mais également le dieu des dieux.
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+ Il existe de nombreuses épithètes de Jupiter. Ce sont des noms complémentaires qui correspondent à ses pouvoirs, actions :
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+ Jupiter connait plusieurs équivalences avec des dieux d'autres religions notamment avec le dieu grec Zeus. Héritier du dieu indo-européen du Ciel diurne, maître de la foudre, ce dernier a connu une évolution semblable à celle de Jupiter en devenant naturellement le dieu souverain[15]. Il a également été assimilé à Dyaus Pitar chez les Hindous.
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+ Sous le nom de Tinia, les Étrusques honoraient un dieu qu'ils avaient assimilé à Jupiter[7].
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+ Dans la mythologie grecque, Aphrodite (en grec ancien : Ἀφροδίτη / Aphrodítê) est la déesse de l'Amour dans son acception la plus large[2].
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+ Sa fête principale, les Aphrodisies (en), était célébrée chaque année au milieu de l'été. En Laconie, Aphrodite était vénérée comme une déesse guerrière.
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+ Dans la mythologie grecque, Aphrodite est quelquefois mariée à Héphaïstos, dieu du feu, de la forge et de la métallurgie. Les légendes font également part de ses aventures avec de nombreux amants, dont notamment Arès, Dionysos et Hermès.
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+ Avec Athéna et Héra, Aphrodite est l'une des trois déesses dont la querelle entraîne le début de la guerre de Troie au cours de laquelle elle joue un rôle majeur.
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+ Plus tard, les Romains ont assimilé Aphrodite à la Vénus de la mythologie romaine.
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+ Aphrodite a été présentée dans l'art occidental comme un symbole de la beauté féminine et elle apparaît dans de nombreuses œuvres artistiques depuis la Renaissance jusqu'à nos jours.
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+ Déjà, les Grecs avaient posé la question de l'origine d'Aphrodite.
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+ Hérodote, avec les informations de l'époque, a avancé une origine orientale.
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+ De fait, elle correspond très probablement à la déesse Ishtar-Astarté, avec laquelle elle partage de nombreux traits : ce sont des divinités androgynes[a] ; Astarté est la « reine du ciel » alors qu'Aphrodite est dite « la céleste » (Ourania) ; leur culte comprend l'offrande d'encens et le sacrifice de colombes[5]. Par ailleurs, le nom d'Aphrodite n'a pas été retrouvé sur les tablettes de linéaire B, témoignages écrits de la civilisation mycénienne[6].
20
+
21
+ Depuis le XIXe siècle, l'origine d'Aphrodite a fait l'objet de nombreuses études et controverses. L'opinion dominante la fait dériver de divinités du Moyen-Orient, que les Grecs auraient adoptées et transformées au cours du temps[7].
22
+
23
+ Certains mythologues comparatifs ont affirmé qu'Aphrodite était un aspect de la déesse grecque de l'aube, Éos, et qu'elle résultait donc en définitive de la déesse de l'aube indo-européenne **h₂ewsṓs (grec Éos, latin Aurora, sanskrit Ushas). Deborah Dickmann Boedeker souligne ainsi que la désignation d'Aphrodite comme « fille de Zeus » ou, selon les traditions, d'Ouranos, rejoint celle de l'Aurore comme fille du Ciel dans la tradition indo-européenne[8]. La plupart des érudits modernes ont rejeté la notion d'une Aphrodite purement indo-européenne, mais il se peut que la notion indo-européenne d'une déesse de l'aube ait influencé celle de la divinité, à l'origine sémitique[9], Aphrodite, également réputée pour sa beauté érotique, sa sexualité agressive et ses relations avec des amants mortels[10].
24
+
25
+ Michael Janda analyse le nom d'Aphrodite comme un épithète d'Éos signifiant « celle qui se lève de l'écume [de l'océan] » qui renvoie au récit théogonique d'Hésiode de la naissance d'Aphrodite en tant que réflexe archaïque du mythe indo-européen[11]. Jean Haudry l'interprète également comme signifiant « cheminant sur l'écume » ou « qui a l'éclat de l'écume »[12]. Le mythe d'Aphrodite émergeant des eaux après que Cronos a vaincu Ouranos, serait alors directement apparenté à celui d'Indra vainqueur de Vrtra et libérant Ushas, la déesse de l'aurore dans le Rig-Véda. Cette image héritée se retrouve dans son épiclèse d'Aphrodite Anadyomène « celle qui sort de l'eau »[12].
26
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27
+ A l'origine, déesse de l'Aurore, elle est devenue la déesse de l'amour sous toutes ses formes, incluant la prostitution, avec l'Aphrodite pórnē d'Abydos, l'Aphrodite hetaíra d'Athènes, ce rôle dérivant du mythe de l'Aurore qui s'unit à un mortel[12].
28
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+ Aphrodite apparaît pour la première fois dans Homère (Iliade, II, 819-821)[13] : « Les Dardaniens suivaient Enée, le noble fils d'Anchise, fruit des amours d'Anchise et de la divine Aphrodite, déesse unie à un mortel, sur les flancs de l'Ida. » Elle sera aussi citée dans l’Iliade aux vers III, 374-382; V, 130-132; 311-318; 329-430; XIV, 188-224; XIX, 282; XX, 4-40; 105; XXI, 385-520; XXII, 470-472; XXIII, 184-187…
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+ Elle est citée dans l’Odyssée[14] : VIII, 266-366; 306-320; 363.
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+ Aphrodite possède plusieurs légendes sur sa naissance.
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+ Dans les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, les plus anciennes œuvres littéraires grecques connues, Aphrodite naît de Zeus (Iliade, V, 131; 329-351; 418-430; XIV, 188-224; XX, 105; XXIII, 184-187)[13] et Dioné (Iliade, V, 348-417)[13] : « Lors Aphrodite tomba aux genoux de Dioné, sa mère, et celle-ci serra sa fille dans ses bras… » Dioné est une figure mal connue dont le nom, apparenté au nom de Zeus (Ζεύς, génitif Διός), suggère qu'elle était initialement sa parèdre[15].
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+ Dans la Théogonie d'Hésiode, une autre version de la naissance d'Aphrodite est donnée (vers 173-206) : Cronos vient de couper les bourses d'Ouranos. Il les jette « ensuite, au hasard, derrière lui. Ce ne fut pas pourtant un vain débris qui lors s'enfuit de sa main. Des éclaboussures sanglantes en avaient jailli; Gaia (Terre) les reçut toutes, et, avec le cours des années, elle en fit naître les puissantes Erinyes, et les grands Géants [...], et les Nymphes qu'on nomme Méliennes. Quant aux bourses, à peine les eut-il tranchées avec l'acier (adamanti, traduit quelquefois par « diamant » ; l'idée étant « matière très dure ») et jetées de la terre dans le flot (pontô) (ici écrit sans majuscule), qu'elles furent emportées au large, longtemps; et, tout autour, une blanche écume sortait du membre divin. De cette écume, une fille se forma, qui toucha d'abord à Cythère la divine, d'où elle fut ensuite à Chypre qu'entourent les flots; et c'est là que pris terre la belle et vénérée déesse qui faisait autour d'elle, sous ses pieds légers, croître le gazon et que les dieux aussi bien que les hommes appellent Aphrodite, [Le traducteur met des crochets au vers 196, indiquant par là qu'il s'agit vraisemblablement d'un ajout ultérieur au texte d'Hésiode : « déesse née de l'écume (aphrogenea), et aussi Cythérée au front couronné »], pour s'être formée d'une écume (aphrô), ou encore Cythérée, pour avoir aborder à Cythère, [Des crochets sont mis aux vers 199-200 : « ou Cyprogénéia, pour être née à Chypre battue des flots, ou encore Philommédée, pour être sortie des bourses. »]. Eros (Amour) et le bel Himéros (Désir), sans tarder, lui firent cortège, dès qu'elle fut née et se fut mise en route vers les dieux[19] ».
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+
39
+ Traditions ultérieures :
40
+
41
+ Aphrodite émergeant (4e siècle avant notre ère).
42
+
43
+ Aphrodite (1er quart du IVe siècle avant notre ère).
44
+
45
+ Aphrodite émergeant (fin du Ier siècle avant notre ère /début du Ier siècle avant notre ère).
46
+
47
+ Aphrodite.
48
+
49
+ Aphrodite Anadyomène (Pompeii, avant 79 de notre ère).
50
+
51
+ Le culte d'Aphrodite s'associe souvent à la sexualité, mais ce n'est pas la seule fonction de la déesse. Elle est en rapport avec les activités des jeunes filles en général[28].
52
+
53
+ Les détails du mythe de Thésée et ses amours avec Ariane montrent une Aphrodite impliquée dans la sexualité hors mariage, alors que dans l'Illiade, Zeus lui attribue « les charmantes œuvres du mariage ». Le culte athénien, ainsi que celui d'autres cités grecques, l'associe à la fécondité[29].
54
+
55
+ Les attributions d'Aphrodite ont pu évoluer selon les époques et les cités. À Sparte, où l'on contrôle plus rigoureusement la sexualité des jeunes filles, elle est associée à des divinités plus sévères[30].
56
+
57
+ À l'époque tardive, les auteurs tentent de séparer plus rigoureusement les attributions des divinités de l'Olympe, et celles d'Aphrodite se trouvent plus étroitement circonscrites. Cependant, en tous temps, ce sont surtout les jeunes filles et les femmes, plus que les hommes et les garçons, qui ont des devoirs envers la déesse.
58
+
59
+ La beauté féminine, précieuse aux jeunes filles en vue de leur mariage, aux femmes à qui elle facilite l'harmonie avec leurs époux, et aux courtisanes pour qui elle est une nécessité de leur commerce, se reflète dans les miroirs décorés de la figure d'Aphrodite, parfois offerts au temple de la déesse quand leurs propriétaires ont vieilli[31].
60
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61
+ Aphrodite possède de nombreuses épithètes qui reflètent les aspects de son culte. Dans d'autres épiclèses se retrouvent le type et les noms de ses lieux de culte et de ses sanctuaires.
62
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+ Selon Hérodote, c'était spécifiquement le culte d'Aphrodite Ourania (Ἀφροδίτη Οὐρανία / Aphrodítê Ouranía) « la céleste » qui avait été introduit à Chypre depuis l'Ascalon syrien. D'après Pausanias, le culte d'Ourania s'est d'abord installé à Paphos à Chypre. Par des épiclèses, l'épithète est attestée en Attique, à Corinthe (comme Πειθώ Οὐρανία / Peithṓ Ouranía) et à Panticapée en Crimée (Οὐρανία Ἀπατούρη Βοσπόρου μέδουσα / Ourania Apatoúrē Bospórou médousa).
64
+
65
+ À Athènes, il existait « dans les jardins » (ν κήποις), qui se trouvaient probablement au bord de l'Ilissos[32], un temple d'Aphrodite Ourania, qui, sur un hermès, était décrite comme « la plus ancienne des Moires ». Il y avait aussi une statue importante de la déesse de la main d'Alcamène au même endroit. Un deuxième temple athénien d'Ourania a été trouvé près de Kerameikos et de la stoa du roi (Stoa Basileios) avec une statue de Phidias. Au Pirée se trouvait un temple d'Aphrodite Syría Ouranía (Συρία Οὐρανία).
66
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+ L'épithète de Pandémos (Πάνδημος / Pándêmos) « commun à tous, de tout le peuple » était liée à l'organisation politique de différentes communautés (voir dèmos). Aphrodite agissait comme la divinité de « l'entente civique et de l'harmonie ». La fondation du culte d'Aphrodite Pandémos à Athènes était attribuée à Thésée et considérée comme une conséquence de la réunion des Athéniens des dèmes en une seule cité. Aphrodite est ainsi « la déesse du peuple entier, le peuple souverain trouve en elle une protectrice attentive »[32].
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+
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+ La Pandémos attique était aussi appelée epitragía (ἐπιτραγία « de la chèvre »). Selon Plutarque, elle avait acquis cette épithète d'un épisode de la vie de Thésée lorsque, sur la recommandation d'Apollon, le héros avait sacrifié une chèvre à Aphrodite avant de partir pour la Crète dans l'espoir qu'elle le guiderait dans son voyage. L'animal se serait soudainement transformé en bouc. Les victimes caprines étaient caractéristiques d'Aphrodite dans tout le pays.
70
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71
+ Aphrodite a également joué le rôle de déesse de la cité probablement à Cassope (en) en Épire et à Metropolis en Thessalie. Parfois, ses deux épiclèses apparaissaient côte à côte. Ainsi, les Thébains se vantaient de posséder trois tableaux archaïques en bois d'Aphrodite Ourania, Pandemos et Apostrophía (Ἀποστροφία « celle qui détourne »), qui auraient été donnés par Harmonie et créés à partir des figures de proue des navires des Cadmos.
72
+
73
+ Diverses épithètes font également référence à la sphère de la mer et à la navigation : Pelagía (Πελαγία, voir sainte Pélagie)[b],[33], Pontía (Ποντία) « marine », Thalassía (Θαλασσία « celle de la mer » ), Eúploia (Εὔπλοια « celle qui accorde une bonne traversée, heureuse navigation », ainsi à Cnide) ou Limenía (Λιμενία « celle du refuge ») est appelée Aphrodite en tant que déesse née de l'écume et protectrice des navigateurs.
74
+
75
+ L'un des temples les plus remarquables d'Aphrodite Pontia et Limenia est celui d'Hermione en Argolide, où se trouvait une impressionnante statue en marbre. Enfin et surtout, Thalassa « la mer » était la « mère » de la déesse de l'amour selon l'une des versions rapportant sa naissance ; elle-même était souvent vénérée avec Poséidon, en particulier en Argolide et en Arcadie, à Corinthe, Orchomène et à Patras.
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+ Homère (Iliade) ne donne aucune relation intime à Aphrodite.
78
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79
+ Concernant Héphaïstos, Homère (Iliade, XVIII, 380-383) ne donne que Charis comme épouse à Héphaïstos (au moment de la guerre de Troie). Dans Homère (Iliade, XX, 31-155), Aphrodite soutient les Troyens (avec Arès, Apollon Phoibos, Artémis, Léto et le fleuve Xanthe) alors qu'Héphaïstos soutient les Grecs (avec Héra, Pallas Athéna, Poséidon et Hermès)[13].
80
+
81
+ L'union d'Aphrodite, ancienne déesse de l'Aurore, avec Héphaïstos qui est originellement un dieu du Feu, s'explique par le feu qu'on allume ou qu'on ranime le matin et le rite de la présentation de la jeune épouse au feu du foyer[36].
82
+
83
+ Homère (Odyssée, VIII, 266-366) parle des amours d'Aphrodite et Arès : « L'aède, après quelques accords, commença un beau chant sur les amours d'Arès et d'Aphrodite couronnée. Ils s'unirent d'abord secrètement chez Héphaïstos; Arès l'avait gâtée, et c'est ainsi qu'il outragea la couche d'Héphaïstos. Mais ce dieu en fut informé par Hélios (Soleil), qui les avait surpris en pleine étreinte. Dès qu'Héphaïstos eut entendu ce récit douloureux, il courut dans sa forge [...] et y forgea d'épais et solides liens pour prendre les amants ». Héphaïstos installe son piège autour de sa couche et fait mine de partir pour Lemnos. Arès s'empresse alors de rejoindre Aphrodite dans le palais d'Héphaïstos. « Mais à peine couchés et endormis, l'astucieux réseau de l'habile Héphaïstos se referma sur eux, les empêchant de mouvoir et de soulever leurs membres ». Le dieu forgeron, une nouvelle fois averti par Hélios, revient. Ivre de rage, il alerte tous les dieux : « Zeus père, et vous autres aussi, éternels bienheureux ! venez ici voir un forfait monstrueux et grotesque ! Comme je suis boiteux, la fille de Zeus, Aphrodite, ne fait que m'outrager; elle aime le cruel Arès car il est séduisant et bien planté, tandis que moi je suis estropié. [...]. Mais mon réseau les tiendra prisonniers tant que je n'aurais pas reçu des mains de mon beau-père tous les présents que m'a coûtés sa fille aux yeux de chienne, cette fille si belle et pourtant si dévergondée ! À ces mots, les dieux accoururent [...]. Un rire inextinguible les saisit ». Apollon et Hermès plaisantent mais Poséidon supplie Héphaïstos de libérer Arès et se porte garant. Héphaïstos accepte et libère ses prisonniers. Arès s'envole vers la Thrace. Aphrodite rejoint son temple de Paphos de Chypre[37].
84
+
85
+ Hésiode (Théogonie, 930-937) mentionne la descendance d'Aphrodite et Arès : « à Arès le pourfendeur, Cythérée (Aphrodite) donnait pour fils Phobos (Déroute) et Déimos (Panique), qui, terribles, bousculent les bataillons compacts des guerriers dans la guerre frissonnante, avec l'aide d'Arès destructeur, et aussi Harmonie, que l'ardent Cadmos se donna pour épouse »[19]. Paul Mazon, à propos de ce passage qui commence par la descendance de Poséidon, précise : « Poséidon est le seul des Cronides dont Hésiode n'ait pas encore mentionné la descendance. Il intercale donc ici son nom à côté de sa sœur, Héra; et il profite de cette digression pour revenir à Aphrodite, qui, par sa naissance, se rattache à la génération antérieure, puisqu'elle est une Ouranide, mais qui n'en fait pas moins partie du groupe des Olympiens »[19].
86
+
87
+ D'Hermès, elle enfante Hermaphrodite[39], mi-homme mi-femme[d]. Pour Cicéron[40], qui ne fait pas mention d'Hermaphrodite, le seul fils d'Hermès et d'Aphrodite est Éros.
88
+
89
+ De Dionysos, elle enfante Priape[41] (la paternité est attribuée alternativement à Zeus ou Adonis), Hyménaios, le dieu du chant nuptial (aussi dit né d'une des neuf Muses), et, selon l'Hymne orphique 54, l'Hermès chtonien ou infernal.
90
+
91
+ Concernant les Charites, il y a plusieurs versions de leur généalogie : selon Hésiode et Pindare[42], elles sont les filles de Zeus et d'Eurynomé (ou d'Eunomie). Certaines traditions tardives en font plutôt les filles d'Hélios (le Soleil) et d'Églé, ou de Dionysos et d'Aphrodite (ou d'Héra)[réf. nécessaire].
92
+
93
+ De Poséidon, elle enfante Rhodos[43].
94
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95
+ Hésiode (Théogonie, 985-991) donne Phaéthon comme le fils de la déesse Eos (Aurore) et de Céphale. Il dit : « [Eos] mis au monde un glorieux enfant, le puissant Phaéthon, tout pareil aux dieux. La tendre fleur d'une noble jeunesse était encore le lot du jeune enfant à l'âme fraîche, quand Aphrodite, qui aime les sourires, le ravit et s'en fut; et de lui elle a fait, en ses temples divins, un gardien des nuits du sanctuaire, un génie divin. »[19]. Le traducteur Paul Mazon précise que les passages allant du vers 965 à la fin de la Théogonie sont soupçonnés d'être des ajouts au texte d'Hésiode. En note, il ajoute « Phaéthon, qui est primitivement un des noms du Soleil, est ici le nom de l'Étoile du soir, c'est-à-dire de [la planète] Vénus. C'est pourquoi ce Phaéthon nous est décrit comme un génie nocturne, attaché à Aphrodite. »
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+ Adonis[44], né de Myrrha (métamorphosée en arbre à myrrhe)[45] sera l'objet d'une dispute entre Aphrodite et Perséphone. Zeus décidera de partager le temps d'Adonis entre les deux déesses : un tiers de l'année pour chacune et le troisième à son choix. Il le passera avec Aphrodite, jusqu'à ce qu'un sanglier le blesse mortellement.
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+ Priape passait parfois pour être né de cette union, de même que la nymphe et héroïne fondatrice Béroé, l'une des innombrables maîtresses de Dionysos (Nonnos de Panopolis, Dionysiaques, divers chants).
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+ La vengeance d'Aphrodite est terrible. Pour la vindicte, elle ne le cède en rien à Héra, mais si cette dernière ne poursuit les femmes que par jalousie, Aphrodite ne les frappe que lorsqu'elles la servent mal ou refusent de la servir, et les femmes sont alors tant ses victimes que ses instruments destinés aux hommes, plus rarement par jalousie, leur inspirant parfois des amours très difficiles :
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+ Ses protégées ne sont guère mieux loties. Hélène se plaint amèrement de la faveur de la déesse : « Infortunée que je suis, lui dit-elle, te voilà encore à mes côtés, pleine de desseins perfides » !
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+ Lorsque Zeus décide de créer Pandore, les dieux sont mis à contribution : Hésiode (Travaux, 59-68) : « Aphrodite d'or sur son front répandra la grâce, le douloureux désir, les soucis qui brisent les membres[46]...»
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107
+ Pseudo-Apollodore (I, 9, §17) : « les Lemniennes ne rendaient aucun culte à Aphrodite ; la déesse, pour s'en venger, leur donna à toutes une si mauvaise odeur, que leurs maris ne pouvant en approcher, enlevèrent dans la Thrace, qui était voisine, des jeunes filles, et partagèrent leur lit avec elles. Irritées de ce mépris, les Lemniennes tuèrent leurs pères et leurs maris, à. l'exception de la seule Hypsipyle qui cacha Thoas son père[47]». Par la suite, les Argonautes abordent à Lemnos.
108
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109
+ Le navire Argo et les Argonautes, sur le chemin du retour, passent près des Sirènes. Orphée, grâce à sa lyre, réussit à briser le charme de leur chant. Seul Boutès y succombe.
110
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111
+ Avec le Troyen Anchise, elle enfante Énée[50], qu'elle protège dans les combats autour de Troie[12]. Elle l'aidera, lors de la chute de Troie, à emporter les Pénates de Troie jusqu'en Italie, avant d'obtenir pour lui l'Immortalité que lui accorde Zeus[51].
112
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+ La cause mythique de la guerre de Troie est essentiellement connue par Les Métamorphoses d'Ovide et Les Dialogues des dieux de Lucien de Samosate.
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+ Éris, la seule déesse à ne pas être invitée au mariage du roi Pélée et de la nymphe de la mer Thétis, jette par dépit une pomme d'or dans la salle du banquet avec l'inscription « À la plus belle ». Les déesses Héra, Athéna et Aphrodite se la disputent. Afin de se départager, elles demandent à Pâris, prince de Troie, d'être leur arbitre. Toutes les trois essaient de le corrompre : Héra lui promet la puissance royale, Athéna, la gloire militaire, et Aphrodite, la plus belle des femmes. Pâris choisit Aphrodite et demande en récompense Hélène de Troie, épouse du roi grec Ménélas. L'enlèvement d'Hélène par Pâris provoquera la guerre de Troie.
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+ Au cours de cette guerre, le héros grec Diomède blessera légèrement la déesse alors qu'elle porte secours à son fils Énée.
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+ La fête des Aphrodisies (en) (grec ancien: 'Αφροδίσια), était une fête annuelle. Elle avait lieu dans plusieurs villes de la Grèce antique, mais était particulièrement importante en Attique et sur l'île de Chypre, où Aphrodite a été célébrée avec une magnifique célébration. La fête avait lieu pendant le mois de Hekatombaion, que les érudits modernes reconnaissent comme s'étendant de la troisième semaine de juillet à la troisième semaine d'août du calendrier grégorien. Aphrodite était adorée dans la plupart des villes de Chypre, ainsi qu'à Cythère, Sparte, Thèbes, Délos et Élis, et son temple le plus ancien était à Paphos.
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+ Les sources textuelles mentionnent explicitement les fêtes des Aphrodisia à Corinthe et à Athènes, où les nombreuses prostituées qui résidaient dans la ville la célébrait comme un moyen d'adorer leur déesse patronne. La fête d'Aphrodisia a été l'une des cérémonies les plus importantes à Délos, bien que nous ne sachions pas grand-chose sur les détails de la célébration. Les inscriptions indiquent simplement que le festival exigeait l'achat de cordes, de torches et de bois, qui étaient des dépenses habituelles de tous les festivals de l'île[52].
122
+
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+ Aphrodite est particulièrement vénérée en Asie Mineure.
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+ La Vénus du Capitole, l'une des meilleures copies du type de l'Aphrodite de Cnide.
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+ Aphrodite est aussi appelée Cythérée.
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+ Sanctuaire d'Aphrodite.
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+ A Athènes, on peut voir l'autel d'Aphrodite Ourania.
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133
+ Aphrodite possède deux sanctuaires au Pirée, au bord du port de Kantharos, l'un attribué à Thémistocle, l'autre à Conon qu'il « fit bâtir après la victoire navale qu'il remporta sur les Lacédémoniens, vers Cnide, dans la Chersonèse de Carie »[65],[66].
134
+
135
+ pseudo-Orphée (Hymnes orphiques, 43, Parfum de Liknitès — La Manne)[25]:
136
+
137
+ pseudo-Orphée (Hymnes orphiques, 52, Parfum d'Aphrodite)[25]:
138
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139
+ pseudo-Orphée (Hymnes orphiques, 54, Parfum de Hermès souterrain — Le Styrax)[25]:
140
+
141
+ Dans le Banquet de Platon[72], la discussion s'engage entre Socrate et ses proches. L'un d'eux, Pausanias, déclare « Tout le monde sait bien qu'Amour est inséparable d'Aphrodite. Ceci posé, si Aphrodite était unique, unique aussi serait Amour. Mais puisqu'il y a deux Aphrodite, forcément il y a aussi deux Amours. Or, comment nier ici l'existence de deux déesses ? L'une, sans doute la plus ancienne, qui n'a point de mère et est fille de Ciel, est celle que nous nommons Ourania (Céleste). Mais il y en a une autre, moins ancienne, qui est fille de Zeus et de Dioné, celle-là même que nous appelons Pandémos (Commune, Vulgaire) ». Notons que Platon, afin de bien hiérarchiser les deux Aphrodite, va commettre l'erreur (volontaire ou non) de faire de la version d'Homère (Aphrodite, fille de Zeus et de Dioné) la plus récente, et de la version d'Hésiode (Aphrodite, fille du Ciel) la plus ancienne. Platon oublie aussi de mentionner ses sources Homère et Hésiode. Les historiens modernes placent Homère au -IX/VIIIe siècle, et Hésiode au -VIII/-VIIe siècle. Platon, quant a lui, a vécu de -428/427 à -348/347. Par la suite, Pausanias décrit les deux formes d'amour. L'Aphrodite vulgaire est la moins morale. Elle dirige ceux dont les « visées vont uniquement à l'accomplisement de l'acte ». Ces derniers « ne s'inquiètent pas que ce soit ou non de belle façon ». L'Aphrodite céleste, en revanche, est la plus élevée. Elle inspire les amitiés viriles.
142
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143
+ Xénophon (-430 à -355 / disciple de Socrate), dans son Banquet, parle également d'une Aphrodite vulgaire (Pandêmos) et d'une Aphrodite céleste (Ourania). La discussion réunit Socrate et plusieurs de ses proches (Charmide, Critobule, Nicératus, Hermogène, Antisthène, Callias). Socrate dit : « N’y a-t-il qu’une seule Aphrodite ou bien deux, l'Aphrodite Ourania et l'Aphrodite Pandémos ? Je l’ignore : car Zeus, qui sans doute est seul, a lui-même tant de noms ! Mais ont-elles leurs autels et leurs temples distincts ? offre-t-on à l'Aphrodite Pandémos des sacrifices moins relevés, et à l'Aphrodite Ourania des offrandes plus chastes ? C’est ce que je n’ignore point. Et l’on peut croire que l'Aphrodite Pandémos inspire les amours du corps, tandis que l'Aphrodite Ourania des offrandes plus chastes ? C’est ce que je n’ignore point. Et l’on peut croire que l'Aphrodite Pandémos inspire les amours du corps, tandis que l'Aphrodite Ourania inspire l’union des âmes, l’amitié, les actes généreux[73]. »
144
+
145
+ Pour Vinciane Pirenne-Delforge, malgré le succès que cette conception intellectuelle a eu dans son interprétation populaire, les deux épiclèses de la déesse ne la divisait pas en figures divines aussi antagonistes. S'il existe des différences entre les cultes d'Aphrodite Ourania et d'Aphrodite Pandémos, elles ne justifient en aucun cas cette opposition irréductible imaginée par Platon et Xénophon[32].
146
+
147
+ Aphrodite est la seule déesse qui soit souvent représentée nue dans l'Antiquité. La représentation d'Aphrodite nue apparaît au VIe siècle av. J.-C., et est encore très rare au cinquième[74].
148
+
149
+ Vers 460 av. J.-C., Les vases attiques à figures rouges figurent la naissance d'Aphrodite. Elle entraîne à sa suite Éros et des divinités allégoriques comme Péitho (la Persuasion), Pothos ou Himéros (le Désir). Elle est aussi souvent accompagnée des nymphes, des Heures, des Charites, des Tritons et des Néréides.
150
+
151
+ Le type de l'Aphrodite anadyomène, surprise sortant de l'eau, quelquefois avec son fils Éros date du Ve siècle av. J.-C.[74]. La variante dite Aphrodite Pudique apparaît vers 330 av. J.-C.
152
+
153
+ La statue d'Aphrodite (retrouvée en 1820 sur l'île de Milos et baptisée improprement Vénus de Milo à l'époque) représente un type plus récent (période hellénistique, vers 150-130 av. J.-C.). Le torse seul est nu, une draperie suggère la forme des membres inférieurs (avec un fort contrapposto). La Vénus d'Arles illustre aussi cette représentation.
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+ Il existe aussi des effigies d'Aphrodite courotrophe (avec un enfant dans les bras)[75].
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+ Aphrodite sur son cygne, médaillon d'un kylix à fond blanc du Peintre de Pistoxénos, vers 460 av. J.-C., British Museum.
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+ Vénus Aphrodite (Pompeii, 1er siècle).
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+ Aphrodite accroupie. Broderie en lin et laine. Egypte copte, IIIe-IVe siècle.
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+ Aphrodite-Vénus a fait, depuis la Renaissance, l'objet d'un grand intérêt, avec de nombreuses interprétations artistiques.
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+ Le Jugement de Pâris,Albâtre sur plaque de bois, vers 1535 (Bode-Museum, Berlin)
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+ Héphaïstos s’apprêtant à attraper Arès et Aphrodite dans un filet.
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+ Raphaël Mengs, Le Jugement de Pâris, 1757, musée de l'Ermitage
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+ William-Adolphe Bouguereau, La naissance de Vénus, 1879
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+ L’actrice Lex King interprète Aphrodite dans la mini-série de 2018, Troie : La Chute d'une cité, qui commence au moment où le prince troyen Pâris choisit de lui donner la pomme de discorde[76].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Jupiter peut faire référence à :
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+ Jupiter est la cinquième et la plus grosse planète du système solaire. Il s'agit d'une planète entièrement gazeuse dont le diamètre est de plus 12 fois celui de la terre et par conséquent son volume représenterait plus de 1 000 fois le volume terrestre.
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+ Image de Jupiter
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+ Il y a de cela 4,5 milliards d'années, au début de la formation su système solaire, Jupiter aurait migré sur plusieurs milliards de kilomètres en direction du Soleil. Cette théorie est avancée par Alessandro Morbidelli, dans une publication réalisée dans le magazine Nature en 2006[1]. L'observation d'une augmentation des impacts météoritiques ou cométaires sur les planètes telluriques et dont la surface de la Lune garde des traces démonterait selon cet auteur la migration de Jupiter vers le soleil, il y a - 4,1 à - 3,9 milliards d'années. La place actuelle de Jupiter et son importante gravité confère à la terre et autres planètes telluriques une action protectrice contre les objets célestes, météorites et astéroïdes venant du système solaire ou extérieurs à celui-ci. Ainsi, Jupiter joue un rôle protecteur comme dans la mythologie Romaine.
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+ Jupiter est un nom de famille notamment porté par :
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+ Jupiter, en latin Juppiter ou Iuppiter (génitif Jovis), est le dieu romain qui gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants s'y trouvant. Il est aussi le maître des autres dieux et est originellement un dieu du ciel, caractéristique que l'on retrouve dans son association aux présages célestes liés aux pratiques divinatoires des prêtres de Rome. Dieu souverain, il a pour attributs l'aigle et le Foudre.
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+ Les Romains finirent par associer le dieu Jupiter à son équivalent grec Zeus, même si les deux dieux se distinguent d'abord très nettement. Dans la tradition littéraire romaine, la représentation de Zeus se superpose à celle de Jupiter, au point que les deux dieux finissent par être confondus tant par les mythes que l'iconographie. C'est pour cela que Jupiter, jusqu'alors quasiment privé de mythologie ou de liens de parenté, se voit attribuer les caractéristiques mythologiques du dieu grec Zeus. Ainsi, Jupiter est marié à sa sœur, Junon.
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+ Le nom « Jupiter » vient de l'évolution d'un nom composé d'origine indo-européenne *Dyēus ph2ter signifiant « Ciel père », que l'on retrouve dans le grec Ζεύς πατὴρ et le védique Dyauṣ Pitā. La première partie du composé appartient à la famille formée sur *dyew, racine indo-européenne désignant « la lumière diurne », le « ciel lumineux »[1] et sur laquelle est également formé le mot latin dies, « le jour ». On trouve même Diespiter chez Plaute et Varron pour désigner Jupiter[2].
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+ L'accusatif Jovem a donné les adjectifs « jovial », « jovien » et aussi le substantif « jeudi » signifiant « jour de Jupiter » (Jovis dies). Le mot francoprovençal « Joux » que l'on retrouve souvent en toponymie alpine pourrait en dériver. Molière n'hésitait pas à mettre « Per Jovem ! » (« Par Jupiter ! ») dans la bouche de ses personnages pédants[3].
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11
+ Jupin est une forme abrégée de Jupiter[4] surtout utilisée en ancien français[4] et qui se rencontre parfois en poésie.
12
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13
+ Dieu du Ciel diurne, Jupiter est également originellement un dieu de l'Orage. Nombre d'épiclèses identifient ainsi le dieu souverain comme dieu de l'Orage : Jupiter tonans, « tonnant », Jupiter fulminator « qui lance la foudre », Jupiter Fulgurator « de la foudre », Jupiter Summanus « dieu tonnant la nuit », Jupiter Pluvius « qui envoie la pluie »[5].
14
+
15
+ De même à Rome, le pouvoir fulgurant de Jupiter est divinisé par les épithètes fulgur littéralement « le brillant » qui correspond à « foudre », fulmen, fulminator. Fulgur est ce qui brille, l'« éclair », fulmen est ce qui tombe, la « foudre » proprement dite. Le fulmen est également le nom du foudre, l'arme mythique de Jupiter, portée par le dieu sur ses idoles. Il est un déverbatif du verbe fulgere désignant ce qui brille[6]. Même une épithète comme Lucetius qui paraît d'abord se rapporter à la lumière désigne en réalité le flamboiement de l'éclair ou de la foudre[7]. Il est encore si bien compris comme le maître de la pluie que des cérémonies relativement tardives comme les Nudipedalia, destinées à la faire tomber, se sont rattachées naturellement à lui[7].
16
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17
+ C'est en tant que dieu du Ciel qu'il fait paraître les auspices, signes que, dieu souverain, il donne aux chefs de Rome par les oiseaux et que les augures doivent interpréter[7].
18
+
19
+ Jupiter est attaché à la fonction souveraine. Il est rex et protège le roi humain. Même aux temps républicains, quand ce titre devient suspect, il reste le seul dieu à pouvoir le donner. Jupiter est maître du serment, maître du droit. Il est absolument libre. Ces qualités rejaillissent sur le flamen Dialis à son service, qui est le seul Romain à être exclu du serment. Tout un symbolisme personnel met en valeur sa liberté, son absence de liens[7].
20
+
21
+ Un élément du prestige de Jupiter est son rôle de témoin, de garant, de vengeur des serments et des pactes, dans la vie privée comme dans la vie publique. Dieu souverain, placé au dessus des autres dieux, summus maximus, il garde un droit de regard sur toute chose[7]. Près de son temple sur le Capitole se trouvait celui de Fides, déesse de la bonne foi et de l'honneur, temple où avait lieu le sacrifice annuel des flamines majeurs[7].
22
+
23
+ C'est également en tant que dieu souverain qu'il intervient dans la guerre. Jupiter Stator est invoqué dans une situation désespérée afin qu'il permette par un miracle le retournement du combat[7].
24
+
25
+ Au cours de l'histoire, Jupiter sera naturellement associé à la mission de conquête et de puissance que Rome se découvrait. Selon Georges Dumézil, l'une des premières inventions en ce sens fut celle du présage du caput humanum trouvé par les terrassiers qui creusaient les fondations de son temple et qui promettait à Rome pour commencer l'empire de l'Italie[7].
26
+
27
+ La plupart des mythes usuellement associés à Jupiter sont en réalité des adaptations en termes latins des légendes du dieu grec Zeus. La théologie typiquement romaine est pauvre en mythes, tant elle a été associée à une conception historique des légendes fondatrices[8].
28
+
29
+ C'est donc dans une perspective historique et non mythologique que les Romains représentent les actions de Jupiter. Ainsi, à plusieurs reprises dans l'histoire romaine, les Romains voient le signe d'une intervention de leur dieu. Celui-ci est par exemple censé avoir influencé le roi Numa Pompilius quand ce dernier organisa les institutions romaines. Les écrivains romains précisent également que Jupiter aurait envoyé à Numa un bouclier de bronze dont il fit des copies, les anciles[9]. Jupiter est également censé avoir guidé Tarquin l'Ancien jusqu'à son statut de roi de Rome. On lui attribue de même l'apothéose de Romulus[10].
30
+
31
+ Dans le cadre de Interpretatio graeca, l'assimilation avec Zeus intervint très tôt. Georges Dumézil considère, néanmoins, qu'elle ne fut pas profonde. Elle se manifestera plus tard, sans grand effet sur le culte, quand Jupiter et Junon formeront un couple. C'est surtout dans la littérature que Jupiter se tournera vers Zeus. Toutefois, les poètes du siècle d'Auguste garderont à Jupiter sa signification et son allure nationales[7].
32
+
33
+ Parmi les divinités, Jupiter tenait toujours le plus haut rang. L'aigle, qui plane en haut des cieux et fond comme la foudre sur sa proie, était son oiseau favori. Il était de fait, en tant que maître du ciel, associé aux pratiques divinatoires liées à l'interprétation des signes célestes, tels que le vol des oiseaux ou les éclairs, comme la pratiquaient les prêtres et les haruspices. Le jeudi, jour de la semaine, lui était consacré (Jovis dies).
34
+
35
+ Les Vinalia, les Vinalia priora célébrées le 23 avril et les Vinalia rustica célébrées le 19 août, deux fêtes liées au vin, lui sont consacrées.
36
+
37
+ En tant que Jupiter Feretrius, on lui apporte les dépouilles opimes, c'est-à-dire les trophées (armes et pièces d'armure) pris par un général romain sur un chef ennemi[7].
38
+
39
+ Jupiter Latiaris est honoré dans les monts Albains. Un des premiers actes des nouveaux consuls était d'aller lui sacrifier. Célébrées avec les autres cités du Latium, les Féries latines feriae Latinae manifestaient que Rome était devenue l'héritière des anciennes confédérations albines[7]
40
+
41
+ On sacrifiait seulement à Jupiter des animaux de couleur blanche : il est le seul des dieux romains dont les victimes sacrificielles sont caractérisées par cette spécificité. Les trois principaux animaux sacrifiés étaient le bœuf, l'agneau et la chèvre. Quelques exceptions notoires sont connues, comme lors d'une crise des guerres puniques pendant laquelle tous les animaux nés dans l'année lui furent sacrifiés : cette pratique était appelée ver sacrum.
42
+
43
+ Dans ce temple, Jupiter logeait deux divinités mineures, Juventas et Terminus. A la première, lorsqu'ils revêtaient la toge, symbole du passage de l'enfance à l'âge viril, les jeunes Romains devaient faire l'offrande d'une pièce de monnaie. Terminus illustrait, lui, un autre aspect du dieu souverain : la juste répartition des biens dans la société[7].
44
+
45
+ On peut noter qu'en France, le toponyme « Montjovis », littéralement « colline de Jupiter », désigne souvent l'ancien emplacement d'un temple dédié au dieu.
46
+
47
+ On lui donne pour attribut l'aigle, le plus majestueux des oiseaux, le foudre, le chêne, le sceptre et le trône.
48
+
49
+ Il est le maître de l'univers, de la terre et des cieux mais également le dieu des dieux.
50
+
51
+ Il existe de nombreuses épithètes de Jupiter. Ce sont des noms complémentaires qui correspondent à ses pouvoirs, actions :
52
+
53
+ Jupiter connait plusieurs équivalences avec des dieux d'autres religions notamment avec le dieu grec Zeus. Héritier du dieu indo-européen du Ciel diurne, maître de la foudre, ce dernier a connu une évolution semblable à celle de Jupiter en devenant naturellement le dieu souverain[15]. Il a également été assimilé à Dyaus Pitar chez les Hindous.
54
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55
+ Sous le nom de Tinia, les Étrusques honoraient un dieu qu'ils avaient assimilé à Jupiter[7].
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+ Jupiter est une planète géante gazeuse[a]. Il s'agit de la plus grosse planète du Système solaire, plus volumineuse et massive que toutes les autres planètes réunies, et la cinquième planète par sa distance au Soleil (après Mercure, Vénus, la Terre et Mars).
4
+
5
+ Jupiter est ainsi officiellement nommée[1], en français comme en anglais[b], d'après le dieu romain Jupiter[2], assimilé au dieu grec Zeus.
6
+
7
+ Le symbole astronomique de la planète était « ♃ », qui serait une représentation stylisée du foudre de Jupiter, ou bien serait dérivé d'un hiéroglyphe[3] ou, comme cela ressortirait de certains papyrus d'Oxyrhynque[4], de la lettre grecque zêta, initiale du grec ancien Ζεύς (Zeús). L'Union astronomique internationale recommande de substituer au symbole astronomique « ♃ » l'abréviation « J », correspondant à la lettre capitale J de l'alphabet latin, initiale de l'anglais Jupiter[5].
8
+
9
+ Visible à l'œil nu dans le ciel nocturne, Jupiter est habituellement le quatrième objet le plus brillant de la voûte céleste, après le Soleil, la Lune et Vénus[6]. Parfois, Mars apparaît plus lumineuse que Jupiter et, de temps en temps, Jupiter apparaît plus lumineuse que Vénus[7]. Jupiter était au périhélie le 17 mars 2011[8] et à l'aphélie le 17 février 2017[9].
10
+
11
+ Comme sur les autres planètes gazeuses, des vents violents, de près de 600 km/h, parcourent les couches supérieures de la planète. La Grande Tache rouge est un anticyclone, une zone de surpression observée depuis au moins le XVIIe siècle. Trois fois plus grande que la Terre au début du XXe siècle, elle a rétréci pour devenir de taille comparable un siècle plus tard.
12
+
13
+ Regroupant Jupiter et les objets se trouvant dans sa sphère d'influence, le système jovien est une composante majeure du Système solaire externe. Il comprend notamment les nombreuses lunes de Jupiter dont les quatre lunes galiléennes — Io, Europe, Ganymède et Callisto — qui, observées pour la première fois en 1610 par Galilée au moyen d'une lunette astronomique de son invention, sont les premiers objets découverts par l'astronomie télescopique. Il comprend aussi les anneaux de Jupiter, un système d'anneaux planétaires observés pour la première fois, en 1979, par la sonde spatiale américaine Voyager 1.
14
+
15
+ L'influence de Jupiter s'étend, au-delà du système jovien, à de nombreux objets dont les astéroïdes troyens de Jupiter.
16
+
17
+ La masse jovienne est une unité utilisée pour exprimer la masse d'objets substellaires tels que les naines brunes.
18
+
19
+ La haute atmosphère de Jupiter est composée à 93 % d'hydrogène et 7 % d'hélium en nombre d'atomes, ou à 86 % de dihydrogène et 13 % d'hélium en nombre de molécules. En masse, l'atmosphère est approximativement constituée de 75 % d'hydrogène et de 24 % d'hélium, le pourcentage restant étant apporté par divers autres éléments et composés chimiques (traces de méthane, de vapeur d'eau, d'ammoniac, très petites quantités de carbone, d'éthane, de sulfure d'hydrogène, de néon, d'oxygène, d'hydrure de phosphore et de soufre). La couche la plus externe de la haute atmosphère contient des cristaux d'ammoniac[10],[11].
20
+
21
+ Par mesures infrarouges et ultraviolettes, des traces de benzène et d'autres hydrocarbures ont également été détectées[12]. L'intérieur de Jupiter contient des matériaux plus denses et la distribution par masse est de 71 % d'hydrogène, 24 % d'hélium et 5 % d'autres éléments.
22
+
23
+ Les proportions d'hydrogène et d'hélium dans la haute atmosphère sont proches de la composition théorique de la nébuleuse planétaire qui aurait donné naissance au Système solaire. Néanmoins, le néon n'y est détecté qu'à hauteur de vingt parties par million en termes de masse, un dixième de ce qu'on trouve dans le Soleil[13]. L'hélium y est également en défaut, mais à un degré moindre. Cette absence pourrait résulter de la précipitation de ces éléments vers l'intérieur de la planète[14],[15],[16]. Les gaz inertes lourds sont deux à trois fois plus abondants dans l'atmosphère de Jupiter que dans le Soleil.
24
+
25
+ Par spectroscopie, on pense que Saturne possède une composition similaire, mais qu'Uranus et Neptune sont constituées de beaucoup moins d'hydrogène et d'hélium[17]. Cependant, aucune sonde n'ayant pénétré l'atmosphère de ces géantes gazeuses, les données d'abondance des éléments plus lourds ne sont pas connues.
26
+
27
+ Jupiter est 2,5 fois plus massive que toutes les autres planètes du Système solaire réunies, tellement massive que son barycentre avec le Soleil est situé à l'extérieur de ce dernier, à environ 1,068 rayon solaire du centre du Soleil. Par ailleurs, son diamètre est 11 fois plus grand que celui de la Terre (environ 143 000 km) et on pourrait placer environ 1 322 corps de la taille de cette dernière dans le volume occupé par la géante gazeuse[18][source insuffisante]. En revanche, la densité de Jupiter n'est que le quart de celle de la Terre (0,240 fois, précisément) : elle n'est donc que 318 fois plus massive que cette dernière[6],[19].
28
+
29
+ Cette masse a eu une grande influence gravitationnelle sur la formation du Système solaire : la plupart des planètes et des comètes de courte période sont situées près de Jupiter et les lacunes de Kirkwood de la ceinture d'astéroïdes lui sont dues en grande partie[20],[21].
30
+
31
+ Si Jupiter était plus massive, on pense que son diamètre serait plus petit. L'intérieur de la planète serait plus comprimé par une plus grande force gravitationnelle, décroissant sa taille. Par conséquent, Jupiter posséderait le diamètre maximal d'une planète de sa composition et de son histoire. La planète a parfois été décrite comme une « étoile ratée », mais il faudrait qu'elle possède 13 fois sa masse actuelle pour démarrer la fusion du deutérium et être cataloguée comme une naine brune et 70 à 80 fois pour devenir une étoile[22]. La plus petite naine rouge connue, à date de 2017, est 85 fois plus massive mais légèrement moins volumineuse que Jupiter (84 % de son rayon)[23].
32
+
33
+ Des exoplanètes beaucoup plus massives que Jupiter ont été découvertes[24]. Ces planètes pourraient être des géantes gazeuses semblables à Jupiter, mais pourraient appartenir à une autre classe de planètes, celle des Jupiter chauds, parce qu'elles sont très proches de leur étoile primaire.
34
+
35
+ Jupiter rayonne plus d'énergie qu'elle n'en reçoit du Soleil. La quantité de chaleur produite à l'intérieur de la planète est presque égale à celle reçue du Soleil[25]. Le rayonnement additionnel est généré par le mécanisme de Kelvin-Helmholtz, par contraction adiabatique. Ce processus conduit la planète à rétrécir de 2 cm chaque année[26]. Lorsque Jupiter s'est formée, elle était nettement plus chaude et son diamètre était double[27].
36
+
37
+ Jupiter montre un renflement équatorial important : le diamètre au niveau de l'équateur (142 984 km) est 6 % plus important que le diamètre au niveau des pôles (133 708 km). La plupart des planètes, y compris la Terre, possèdent ce genre d'aplatissement à des degrés divers, qui dépend de la vitesse de rotation de la planète, de sa composition interne plus ou moins solide et de la masse de son noyau. Plus un noyau est massif, moins le renflement est important, toutes choses étant égales par ailleurs.
38
+
39
+ Ainsi, il est possible d'en tirer des enseignements sur la structure interne de Jupiter. Les trajectoires des sondes Voyager 1 et 2 ont été analysées, le renflement provoquant des déviations spécifiques des trajectoires. La caractérisation précise du renflement, ainsi que les données connues concernant la masse et le volume de Jupiter, montrent que cette planète doit posséder un noyau dense et massif, de l'ordre de 12 masses terrestres[28].
40
+
41
+ Les connaissances sur la composition planétaire de Jupiter sont relativement spéculatives et ne reposent que sur des mesures indirectes. Selon l'un des modèles proposés, Jupiter ne posséderait aucune surface solide, la densité et la pression augmentant progressivement vers le centre de la planète. Selon une autre hypothèse, Jupiter pourrait être composée d'un noyau rocheux (silicates et fer) comparativement petit (mais néanmoins de taille comparable à celle de la Terre, et de dix à quinze fois la masse de celle-ci)[29],[25], entouré d'hydrogène en phase métallique qui occupe 78 % du rayon de la planète[25],[30]. Cet état serait liquide, à la manière du mercure. Il est dénommé ainsi car la pression est telle que les atomes d'hydrogène s'ionisent, formant un matériau conducteur. Cet hydrogène métallique serait lui-même entouré d'hydrogène liquide, à son tour entouré d'une fine couche d'hydrogène gazeux. Ainsi, Jupiter serait en fait une planète essentiellement liquide.
42
+
43
+ Des expériences ayant montré que l'hydrogène ne change pas de phase brusquement (il se trouve bien au-delà du point critique), il n'y aurait pas de délimitation claire entre ces différentes phases, ni même de surface à proprement parler. Quelques centaines de kilomètres en dessous de la plus haute atmosphère, la pression provoquerait une condensation progressive de l'hydrogène sous forme d'un brouillard de plus en plus dense, qui formerait finalement une mer d'hydrogène liquide[25],[31],[32]. Entre 14 000 et 60 000 km de profondeur, l'hydrogène liquide céderait la place à l'hydrogène métallique de façon similaire. Des gouttelettes de démixtion, plus riches en hélium et néon se précipiteraient vers le bas à travers ces couches, appauvrissant ainsi la haute atmosphère en ces éléments.
44
+
45
+ Les énormes pressions générées par Jupiter entraînent les températures élevées à l'intérieur de la planète, par un phénomène de compression gravitationnelle (mécanisme de Kelvin-Helmholtz) qui se poursuit encore de nos jours, par une contraction résiduelle de la planète.
46
+
47
+ Des résultats de 1997 du Laboratoire national de Lawrence Livermore indiquent qu'à l'intérieur de Jupiter, la transition de phase à l'hydrogène métallique se fait à une pression de 140 GPa (1,4 Mbar) et une température de 3 000 K[33]. La température à la frontière du noyau serait de l'ordre de 15 000 K et la pression à l'intérieur d'environ 3 000 à 4 500 GPa (30−45 Mbar)[25], tandis que la température et la pression au centre de Jupiter seraient de l'ordre de 70 000 K et 70 Mbar, soit plus de dix fois plus chaudes que la surface du Soleil.
48
+
49
+ La faible inclinaison de l'axe de Jupiter fait que ses pôles reçoivent bien moins d'énergie du Soleil que sa région équatoriale. Ceci causerait d'énormes mouvements de convection à l'intérieur des couches liquides et serait ainsi responsable des forts mouvements des nuages dans son atmosphère[19].
50
+
51
+ En mesurant précisément le champ gravitationnel de Jupiter, la sonde Juno a montré la présence d'éléments plus lourds que l'hélium répartis dans les couches internes entre le centre et la moitié du rayon de la planète, ce qui entre en contradiction avec les modèles de formation des planètes géantes. Ce phénomène pourrait s'expliquer par un ancien impact entre Jupiter et un astre d'une masse égale à environ dix fois celle de la Terre[34].
52
+
53
+ L'atmosphère jovienne comporte trois couches de nuages distinctes :
54
+
55
+ La combinaison des nuages d'eau et de la chaleur provenant de l'intérieur de la planète est propice à la formation d'orages[35]. La foudre engendrée est jusqu'à 1 000 fois plus puissante que celle observée sur la Terre[36].
56
+
57
+ L'atmosphère externe de Jupiter subit une rotation différentielle, remarquée pour la première fois par Giovanni Domenico Cassini en 1690[25], qui a aussi estimé sa période de rotation[37]. La rotation de l'atmosphère polaire de Jupiter est d'environ 5 minutes plus longue que celle de l'atmosphère à la ligne équatoriale. De plus, des bancs de nuages circulent le long de certaines latitudes en direction opposée des vents dominants. Des vents d'une vitesse de 360 km/h y sont communs[38]. Ce système éolien serait causé par la chaleur interne de la planète. Les interactions entre ces systèmes circulatoires créent des orages et des turbulences locales, telles la Grande Tache rouge, un large ovale de près de 12 000 km sur 25 000 km d'une grande stabilité, puisque déjà observé avec certitude depuis au moins 1831[39] et possiblement depuis 1665[40]. D'autres taches plus petites ont été observées depuis le XXe siècle[41],[42],[43].
58
+
59
+ La couche la plus externe de l'atmosphère de Jupiter contient des cristaux de glace d'ammoniac. Les couleurs observées dans les nuages proviendraient des éléments présents en quantité infime dans l'atmosphère, sans que les détails soient là non plus connus. Les zones de nuages varient d'année en année en termes de largeur, couleur et intensité, mais sont toutefois assez stables pour que les astronomes leur assignent des noms[19].
60
+
61
+ D'après une étude américaine de 2013, dirigée par Mona Delitsky du California Speciality Engineering et Kevin Baines de l'Université du Wisconsin à Madison, des diamants se formeraient dans l'atmosphère de Jupiter et de Saturne à partir du méthane atmosphérique. Cette étude rejoint toutes celles suggérant la production hypothétique de diamants dans les planètes gazeuses massives mais, leur observation étant absente, elles restent purement théoriques[44]. En 2017 de nouvelles expériences simulant les conditions présumées régner 10 000 km sous la surface d'Uranus et de Neptune viennent conforter ce modèle en produisant des diamants de taille nanométrique. Ces température et pression extrêmes ne peuvent pas être maintenues plus d'une nanoseconde en laboratoire, mais elles sont atteintes dans les profondeurs de Neptune ou d'Uranus, où des nanodiamants pourraient se former[45].
62
+
63
+ Mosaïque de Jupiter en vraies couleurs réalisée à partir de photographies prises par la sonde Cassini le 29 décembre 2000 à 5 h 30 UTC.
64
+
65
+ Mouvement de l'atmosphère de Jupiter (depuis Voyager 1, avec une image par jour jovien, entre le 6 janvier et le 3 février 1979).
66
+
67
+ Nuages dans l'hémisphère nord de Jupiter, photographiés par Juno en octobre 2017, à une altitude de 18 906 km.
68
+
69
+ La Grande Tache rouge est une tempête anticyclonique persistante située à 22° au sud de l'équateur de Jupiter. Son existence est connue depuis au moins 1831 et peut-être depuis 1665. Des modèles mathématiques suggèrent que la tempête est stable, et est une caractéristique permanente de la planète[46]. Elle est suffisamment grande pour être visible au travers de télescopes depuis la Terre.
70
+
71
+ La Grande Tache rouge présente une forme ovale, de 24 à 40 000 km de long sur 12 000 km de large, suffisamment grande pour contenir deux ou trois planètes de la taille de la Terre[47]. L'altitude maximale de la tempête est située à environ 8 km au-dessus du sommet des nuages environnants. Elle tourne sur elle-même dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, avec une période d'environ 6 jours[48] ; les vents soufflent à plus de 400 km/h sur ses bords[49].
72
+
73
+ Des tempêtes de ce genre ne sont pas inhabituelles dans l'atmosphère des géantes gazeuses. Jupiter possède également des ovales blancs et bruns de plus petite taille. Les ovales blancs sont plutôt constitués de nuages relativement froids à l'intérieur de la haute atmosphère. Les ovales bruns sont plus chauds et situés à l'intérieur de la couche nuageuse habituelle. De telles tempêtes peuvent exister pendant des heures ou des siècles[50].
74
+
75
+ La Grande Tache rouge est entourée d'un ensemble complexe d'ondes de turbulence qui peuvent donner naissance à un ou plusieurs petits anticyclones satellites. Restant à une distance stable de l'équateur, elle possède une période de rotation propre, légèrement différente du reste de l'atmosphère avoisinante, parfois plus lente, d'autres fois plus rapide : depuis l'époque où elle est connue, elle a fait plusieurs fois le tour de Jupiter par rapport à son environnement proche.
76
+
77
+ En l'an 2000, une autre tache s'est formée dans l'hémisphère sud, similaire en apparence à la Grande Tache rouge, mais plus petite. Elle a été créée par la fusion de plusieurs tempêtes ovales blanches plus petites (observées pour la première fois en 1938). La tache résultante, nommée Oval BA et surnommée Red Spot Junior (Petite Tache rouge en anglais, par rapport à la grande appelée Great Red Spot), a depuis accru son intensité et est passée du blanc au rouge[41],[51],[43].
78
+
79
+ Jupiter possède plusieurs anneaux planétaires, très fins, composés de particules de poussières continuellement arrachées aux lunes les plus proches de la planète lors de micro-impacts météoriques du fait de l'intense champ gravitationnel de la planète[52]. Ces anneaux sont en fait tellement fins et sombres qu'ils ne furent découverts que lorsque la sonde Voyager 1 s'approcha de la planète en 1979. Du plus près au plus lointain du centre de la planète, les anneaux sont regroupés en trois grandes sections[53] :
80
+
81
+ Ces anneaux sont constitués de poussières et non de glace comme c'est le cas des anneaux de Saturne[25]. Ils sont également extrêmement sombres, avec un albédo de l'ordre de 0,05.
82
+
83
+ Il existe également un anneau externe extrêmement ténu et distant qui tourne autour de Jupiter en sens rétrograde. Son origine est incertaine mais pourrait provenir de poussière interplanétaire capturée[54].
84
+
85
+ Jupiter possède un champ magnétique, 14 fois plus puissant que celui de la Terre, allant de 4,2 G à l'équateur à 10 à 14 G aux pôles, ce qui en fait le plus intense du Système solaire (à l'exception des taches solaires)[6]. Les données transmises par la sonde Juno font état d'un champ magnétique global de 7,776 G, soit près de deux fois plus intense que le champ précédemment estimé[55]. Il proviendrait des mouvements de la couche très conductive d'hydrogène métallique qui, par sa rotation rapide (Jupiter fait un tour sur elle-même en moins de dix heures), agit comme une immense dynamo. La magnétosphère de la planète correspond à la région où le champ magnétique de Jupiter est prépondérant sur toute autre force[56].
86
+
87
+ La magnétosphère possède une forme globale semblable à une goutte d'eau très distendue. La partie incurvée fait toujours face au Soleil et dévie le vent solaire, provoquant un arc de choc à environ 75 rayons de la planète (3 millions de km). À l'opposé de Jupiter et du Soleil, une immense magnéto-queue s'étend par-delà l'orbite de Saturne, sur une distance de 650 millions de km, soit presque la distance entre Jupiter et le Soleil[57]. Vu de la Terre, la magnétosphère apparaît cinq fois plus grande que la pleine Lune, malgré la distance. La magnétosphère est entourée d'une magnétopause, située sur le bord interne d'une magnétogaine où le champ magnétique de la planète décroît et se désorganise. Les quatre lunes principales de Jupiter sont à l'intérieur de la magnétosphère et donc protégées des vents solaires[25].
88
+
89
+ La magnétosphère de Jupiter est à l'origine de deux structures spectaculaires : le tore de plasma de Io, et le tube de flux de Io. Le différentiel de vitesse entre le champ magnétique en rotation rapide de Jupiter (un tour en 10 heures environ) et la rotation plus lente de Io autour de Jupiter (un tour en 40 heures) arrache de l’atmosphère de Io (ainsi que d'Europe, dans une moindre mesure) environ une tonne d'ions de soufre et d'oxygène par seconde et accélère ces ions à grande vitesse, de sorte qu'ils effectuent également un tour de Jupiter en dix heures. Ces ions forment un gigantesque tore autour de Jupiter, dont le diamètre équivaut au diamètre de Jupiter elle-même. L'interaction du tore avec Io génère une différence de potentiel de 400 000 volts avec la surface de Jupiter, produisant un puissant courant de plusieurs millions d'ampères qui circule entre Io et les pôles de Jupiter, formant un tube de flux suivant les lignes de champ magnétique[58]. Ce phénomène produit une puissance de l'ordre de 2,5 térawatt[58].
90
+
91
+ La situation d'Io, à l'intérieur d'une des plus intenses ceintures de rayonnement de Jupiter, a interdit un survol prolongé du satellite par la sonde Galileo qui a dû se contenter de 6 survols rapides de la lune galiléenne entre 1999 et 2002, en se gardant de pénétrer au sein du tore de particules englobant l'orbite du satellite, particules qui auraient été fatales au fonctionnement de la sonde[59],[60].
92
+
93
+ Des particules d'hydrogène de l'atmosphère jovienne sont également capturées dans la magnétosphère. Les électrons de la magnétosphère provoquent un intense rayonnement radio dans une large gamme de fréquence (de quelques kilohertz à 40 MHz[61]). Lorsque la trajectoire de la Terre intercepte ce cône d'émissions radio, celles-ci dépassent les émissions radio en provenance du Soleil[62].
94
+
95
+ La magnétosphère jovienne permet la formation d'impressionnantes aurores polaires. Les lignes de champ magnétique entraînent des particules à très haute énergie vers les régions polaires de Jupiter. L'intensité du champ magnétique est 10 fois supérieure à celui de la Terre et en transporte 20 000 fois l'énergie.
96
+
97
+ La distance moyenne entre Jupiter et le Soleil est de 778 300 000 km (environ 5,2 fois la distance moyenne entre la Terre et le Soleil) et la planète boucle une orbite en 11,86 ans. L'orbite de Jupiter est inclinée de 1,31° par rapport à celle de la Terre. Du fait d'une excentricité de 0,048, la distance entre Jupiter et le Soleil varie de 75 000 000 km entre le périhélie et l'aphélie[63],[64].
98
+
99
+ L'inclinaison de l'axe de Jupiter est relativement faible : seulement 3,13°. En conséquence, la planète n'a pas de changements saisonniers significatifs[65].
100
+
101
+ La rotation de Jupiter est la plus rapide du Système solaire : la planète effectue une rotation sur son axe en un peu moins de 10 h ; cette rotation produit une accélération centrifuge à l'équateur, y conduisant à une accélération nette de 23,12 m/s2 (la gravité de surface à l'équateur est de 24,79 m/s2). La planète a ainsi une forme oblate, renflée à l'équateur et aplatie aux pôles, un effet facilement perceptible depuis la Terre à l'aide d'un télescope amateur. Le diamètre équatorial est 9 275 km plus long que le diamètre polaire[32].
102
+
103
+ Jupiter n'étant pas un corps solide, sa haute atmosphère subit un processus de rotation différentielle. La rotation de la haute atmosphère jovienne est environ 5 minutes plus longue aux pôles qu'à l'équateur. En conséquence, trois systèmes sont utilisés comme référentiel, particulièrement pour tracer les mouvements de caractéristiques atmosphériques. Le premier système concerne les latitudes entre 10° N et 10° S, le plus court, avec une période de 9 h 50 min 30 s. Le deuxième système s'applique aux latitudes au nord et au sud de cette bande, d'une période de 9 h 55 min 40,6 s. Le troisième système fut initialement défini par les radio-astronomes et correspond à la rotation de la magnétosphère de la planète : sa période est la période « officielle », 9 h 55 min 30 s[66].
104
+
105
+ Jupiter possède 79 satellites naturels confirmés dont 50 nommés[67]. Quatre sont de grands satellites, connus depuis plusieurs siècles et regroupés sous la dénomination de « lunes galiléennes » : Io, Europe, Ganymède et Callisto. Les autres satellites sont nettement plus petits et tous irréguliers ; 12 possèdent une taille encore significative (plus de 10 km de diamètre), 26 entre 3 et 10 km de diamètre et 24 autres entre 1 et 2 km de diamètre.
106
+
107
+ Les 16 satellites principaux ont été nommés d'après les conquêtes amoureuses de Zeus, l'équivalent grec du dieu romain Jupiter.
108
+
109
+ En 1610, Galilée découvrit les quatre plus importants satellites de Jupiter, les lunes galiléennes, qu'il nomma « planètes médicéennes » en l'honneur de ses protecteurs les princes de la famille Médicis. C'était la première observation de lunes autres que celle de la Terre. Ganymède, avec ses 5 262 km de diamètre, est le plus gros satellite du Système solaire. Callisto, 4 821 km de diamètre, est à peu de chose près aussi grand que Mercure. Io et Europe ont une taille similaire à celle de la Lune. Par comparaison, la 5e plus grande lune de Jupiter est Amalthée, un satellite irrégulier dont la plus grande dimension n'atteint que 262 km. Trois de ces quatre satellites galiléens sont très rapprochés de Jupiter : Io, Europe et Ganymède.
110
+
111
+ Les orbites d'Io, Europe et Ganymède sont en résonance orbitale. Quand Ganymède tourne une fois autour de Jupiter, Europe tourne exactement deux fois et Io quatre fois. En conséquence, les orbites de ces lunes sont déformées elliptiquement, chacune d'elles recevant en chaque point de son orbite un petit plus gravitationnel de la part des deux autres.
112
+
113
+ En revanche, les forces de marées de Jupiter tendent à rendre leurs orbites circulaires[68]. Ces deux forces déforment chacune de ces trois lunes quand elles s'approchent de la planète, provoquant un réchauffement de leur noyau. En particulier, Io présente une activité volcanique intense et Europe un remodelage constant de sa surface.
114
+
115
+ Avant la mission Voyager, les lunes de Jupiter étaient parfaitement classées en quatre groupes de quatre, sur la base de leurs éléments orbitaux. Depuis lors, les découvertes de nouvelles lunes de petite taille sont venues contredire cette classification. On considère maintenant qu'il existe six groupes principaux, certains groupes étant plus particularisés que d'autres.
116
+
117
+ Une subdivision de base consiste à regrouper les huit satellites intérieurs, de tailles très diverses mais possédant des orbites circulaires très faiblement inclinées par rapport à l'équateur de Jupiter, et dont la recherche pense qu'ils se sont formés en même temps que la géante gazeuse. Cet ensemble peut être subdivisé en deux sous-groupes :
118
+
119
+ Les autres lunes forment un ensemble d'objets irréguliers placés sur des orbites elliptiques et inclinées, probablement des astéroïdes ou des fragments d'astéroïdes capturés. Il est possible de distinguer quatre groupes, sur la base d'éléments orbitaux similaires, dont la recherche pense que les éléments partagent une origine commune, peut-être un objet plus grand qui s'est fragmenté[69] :
120
+
121
+ Avec celle du Soleil, l'influence gravitationnelle de Jupiter a modelé le Système solaire. Les orbites de la plupart des planètes sont plus proches du plan orbital de Jupiter que du plan équatorial du Soleil (Mercure est la seule qui fasse exception). Les lacunes de Kirkwood dans la ceinture d'astéroïdes sont probablement dues à Jupiter et il est possible que la planète soit responsable du grand bombardement tardif que les planètes internes ont connu à un moment de leur histoire[70].
122
+
123
+ La majorité des comètes de courte période possèdent un demi-grand axe plus petit que celui de Jupiter. On suppose que ces comètes se sont formées dans la ceinture de Kuiper au-delà de l'orbite de Neptune. Lors d'approches de Jupiter, leur orbite aurait été perturbée vers une période plus courte, puis rendue circulaire par interaction gravitationnelle régulière du Soleil et de Jupiter. Par ailleurs, Jupiter est la planète qui reçoit le plus fréquemment des impacts cométaires[71]. C'est en grande partie dû à son puits gravitationnel, ce qui lui vaut le surnom « d'aspirateur du Système solaire ». L'idée répandue selon laquelle Jupiter "protège" de cette manière les autres planètes est cependant très discutable, dans la mesure où sa force gravitationnelle dévie aussi des objets vers les planètes qu'elle serait censée protéger[72].
124
+
125
+ En plus de ses lunes, le champ gravitationnel de Jupiter maintient un grand nombre d'astéroïdes situés aux alentours des points de Lagrange L4 et L5 de l'orbite de Jupiter[73]. Il s'agit de petits corps célestes qui ont la même orbite mais sont situés à 60° en avance ou en retard par rapport à Jupiter. Connus sous le nom d'astéroïdes troyens, le premier d'entre eux (588) Achille a été découvert en 1906 par Max Wolf ; depuis, des centaines d'autres troyens ont été découverts, le plus grand étant (624) Hector.
126
+
127
+ Jupiter est visible à l'œil nu la nuit et est connue depuis l'Antiquité. Pour les Babyloniens, elle représentait le dieu Marduk ; ils utilisèrent les douze années de l'orbite jovienne le long de l'écliptique pour définir le zodiaque. Les Romains nommèrent la planète d'après le dieu Jupiter, dérivé du « dieu-père » *dyeu ph2ter de la religion proto-indo-européenne[2]. Le symbole astronomique de Jupiter est une représentation stylisée d'un éclair du dieu. Les Grecs l'appelèrent Φαέθων, Phaethon, « ardent ».
128
+
129
+ Dans les cultures chinoises, coréennes, japonaises et vietnamiennes, Jupiter est appelée 木星 « l'étoile de bois », dénomination basée sur les cinq éléments[74]. Dans l'astrologie védique, les astrologues hindous font référence à Jupiter en tant que Bṛhaspati, ou « Gurû », c'est-à-dire « le pesant »[75].
130
+
131
+ Le nom « jeudi » est étymologiquement le « jour de Jupiter ». En hindi, jeudi se dit गुरुवार (guruvār) et possède le même sens. En anglais, Thursday fait référence au jour de Thor, lequel est associé à la planète Jupiter dans la mythologie nordique.
132
+ En japonais, ceci se retrouve également : le jeudi se dit mokuyōbi (木曜日?) en référence à l'étoile Jupiter, mokusei (木星?).
133
+ La même similitude entre les langues occidentales et le japonais se retrouve entre toutes les planètes et les jours de la semaine. En effet, l'attribution des noms de jours de la semaine étant un ajout relativement récent à la langue japonaise, elle fut alors calquée sur les civilisations européennes.
134
+
135
+ En janvier 1610, Galilée découvre les quatre satellites qui portent son nom, en braquant sa lunette vers la planète. Cette observation des premiers corps tournant autour d'un autre corps que la Terre sera pour lui une indication de la validité de la théorie héliocentrique. Son soutien à cette théorie lui a valu les persécutions de l'Inquisition[76].
136
+
137
+ Pendant les années 1660, Cassini utilise un télescope pour découvrir des taches et des bandes de couleur sur Jupiter et observer que la planète semblait oblongue. Il fut également capable d'estimer la période de rotation de la planète[37]. En 1690, il remarque que l'atmosphère subit une rotation différentielle[25].
138
+
139
+ La Grande Tache rouge a peut-être été observée en 1664 par Robert Hooke et en 1665 par Jean-Dominique Cassini, mais ceci est contesté. Heinrich Schwabe en produit le premier dessin détaillé connu en 1831[77]. La trace de la tache est perdue à de nombreuses reprises entre 1665 et 1708 avant de redevenir flagrante en 1878. En 1883 et au début du XXe siècle, il est estimé qu'elle s'estompait à nouveau[78].
140
+
141
+ Giovanni Borelli et Cassini ont réalisé des éphémérides des lunes galiléennes. La régularité de la rotation des quatre satellites galiléens sera utilisée fréquemment dans les siècles suivants, leurs éclipses par la planète elle-même permettant de déterminer l'heure à laquelle était effectuée l'observation. Cette technique sera utilisée un temps pour déterminer la longitude en mer. Dès les années 1670, on constate que ces évènements se produisaient avec 17 minutes de retard lorsque Jupiter se trouvait à l'opposé de la Terre par rapport au Soleil. Ole Christensen Rømer en déduit que l'observation n'était pas instantanée et effectua en 1676 une première estimation de la vitesse de la lumière[79].
142
+
143
+ En 1892, Edward Barnard découvre Amalthée, le cinquième satellite de Jupiter, à l'aide du télescope de l'observatoire Lick en Californie[80]. La découverte de cet objet assez petit le rendit célèbre rapidement. Ensuite furent découverts : Himalia (1904), Élara (1905), Pasiphaé (1908), Sinopé (1914), Lysithéa et Carmé (1938), Ananké (1951). Pendant les années 1970, deux autres satellites furent observés à partir de la Terre : Léda (1974) et Thémisto (1975), qui fut ensuite perdu puis retrouvé en 2000 - les suivants le furent lors de la mission Voyager 1 en 1979[81], puis d’autres par la suite, pour arriver en 2014 à un total de 67 satellites.
144
+
145
+ En 1932, Rupert Wildt identifie des bandes d'absorption d'ammoniaque et de méthane dans le spectre de Jupiter[82].
146
+
147
+ Trois phénomènes anticycloniques, de forme ovale, furent observés en 1938. Pendant plusieurs décennies, ils restèrent distincts. Deux des ovales fusionnèrent en 1998 et absorbèrent le troisième en 2000. C'est le Oval BA[83].
148
+
149
+ En 1955, Bernard Burke (en) et Kenneth Franklin détectent des accès de signaux radios en provenance de Jupiter à 22,2 MHz[25]. La période de ces signaux correspondait à celle de la rotation de la planète et cette information permit d'affiner cette dernière. Les pics d'émission ont des durées qui peuvent être de quelques secondes ou de moins d'un centième de seconde[84].
150
+
151
+ Entre le 16 juillet et le 22 juillet 1994, l'impact de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter permet de recueillir de nombreuses nouvelles données sur la composition atmosphérique de la planète. Plus de 20 fragments de la comète sont entrés en collision avec l'hémisphère sud de Jupiter, fournissant la première observation directe d'une collision entre deux objets du Système solaire. L'évènement, qui constitue une première dans l'histoire de l'astronomie, a été suivi par des astronomes du monde entier[85],[86].
152
+
153
+ Le 21 juillet 2009, les astronomes ont observé un nouvel impact sur le pôle sud, de la taille de l'océan Pacifique[87]. Si l'impact n'a pu être suivi en direct, c'est l'astronome amateur australien Anthony Wesley qui, le premier, signala ces observations. La NASA émet l'hypothèse que la cause soit attribuée à une comète. En effet, les observations ont relevé la présence d'une tache avec une remontée de particules brillantes dans l'atmosphère supérieure, accompagnée d'un échauffement de la troposphère et d'émissions de molécules d'ammoniac. Autant d'indices corroborant un impact et non un phénomène météorologique interne à la planète[88],[89],[90].
154
+
155
+ Le 13 octobre 2015, la NASA publie une vidéo très détaillée de la surface de la planète captée par le télescope spatial Hubble montrant la rotation de la planète et des détails extrêmement précis de sa surface[91]. Les premières observations des scientifiques publiées dans The Astrophysical Journal[92] et synthétisées par la NASA[93] révèlent que la fameuse tache rouge de Jupiter va en se rétrécissant et qu'elle renferme une sorte de filament vaporeux qui en barre la surface et se déforme sous l'action de vents pouvant atteindre les 540 km/h.
156
+
157
+ À partir de 1973, plusieurs sondes spatiales ont effectué des manœuvres de survol qui les ont placées à portée d'observation de Jupiter. Les missions Pioneer 10 et Pioneer 11 obtinrent les premières images rapprochées de l'atmosphère de Jupiter et de plusieurs de ses lunes. Elles décrivirent que les champs électromagnétiques dans l'entourage de la planète étaient plus importants qu'attendus, mais les deux sondes y survécurent sans dommage. Les trajectoires des engins permirent d'affiner les estimations de masse du système jovien. Les occultations de leurs signaux radios par la planète géante conduisirent à de meilleures mesures du diamètre et de l'aplatissement polaire[19],[94].
158
+
159
+ Six ans plus tard, les missions Voyager améliorèrent les connaissances des lunes galiléennes et découvrirent les anneaux de Jupiter. Elles prirent les premières images détaillées de l'atmosphère et confirmèrent que la grande tache rouge était d'origine anticyclonique (une comparaison d'images indiqua que sa couleur avait changé depuis les missions Pioneer). Un tore d'atomes ionisés fut découvert le long de l'orbite de Io et des volcans furent observés à sa surface. Alors que les engins passèrent derrière la planète, ils observèrent des flashs lumineux dans l'atmosphère[19],[95].
160
+
161
+ La mission suivante, la sonde spatiale Ulysses, effectua une manœuvre de survol en 1992 afin d'atteindre une orbite polaire autour du Soleil et effectua alors des études de la magnétosphère de Jupiter. Aucune photographie ne fut prise, la sonde ne possédant aucune caméra. Un second survol nettement plus lointain se produisit en 2004[96].
162
+
163
+ En décembre 2000, la sonde Cassini, en route pour Saturne, survola Jupiter et prit des images en haute résolution de la planète. Le 19 décembre 2000, elle prit une image de faible résolution d'Himalia, alors trop lointaine pour observer des détails de la surface[97].
164
+
165
+ La sonde New Horizons, en route pour Pluton, survola Jupiter pour une manœuvre d'assistance gravitationnelle. L'approche minimale s'effectua le 28 février 2007[98]. Le système jovien fut imagé à partir du 4 septembre 2006 ; les instruments de la sonde affinèrent les éléments orbitaux des lunes internes de Jupiter, particulièrement Amalthée[99]. Les caméras de New Horizons photographièrent des dégagements de plasma par les volcans de Io et plus généralement des détails des lunes galiléennes[100],[101].
166
+
167
+ Jusqu'à l'arrivée de la sonde Juno le 5 juillet 2016, la sonde Galileo était le seul engin à avoir orbité autour de Jupiter. Galileo entra en orbite autour de la planète le 7 décembre 1995, pour une mission d'exploration de près de huit années. Elle survola à de nombreuses reprises les satellites galiléens et Amalthée, apportant des preuves à l'hypothèse d'océans liquides sous la surface d'Europe et confirmant le volcanisme d'Io. La sonde fut également témoin de l'impact de la comète Shoemaker-Levy 9 en 1994 lors de son approche de Jupiter. Cependant, bien que les informations récupérées par Galileo aient été nombreuses, l'échec du déploiement de son antenne radio à grand gain limita les capacités initialement prévues[102].
168
+
169
+ Galileo lâcha une petite sonde à l'intérieur de l'atmosphère jovienne pour en étudier la composition en juillet 1995. Cette sonde pénétra l'atmosphère le 7 décembre 1995. Elle fut freinée par un parachute sur 150 km d'atmosphère, collectant des données pendant 57,6 minutes avant d'être écrasée par la pression (22 fois la pression habituelle sur Terre, à une température de 153 °C). Elle a fondu peu après, et s'est probablement vaporisée ensuite. Un destin que Galileo expérimenta de façon plus rapide le 21 septembre 2003, lorsqu'elle fut délibérément projetée dans l'atmosphère jovienne à plus de 50 km/s, afin d'éviter toute possibilité d'écrasement ultérieur sur Europe[102].
170
+
171
+ La NASA a lancé en août 2011 la sonde Juno, qui s'est placée le 5 juillet 2016 en orbite polaire autour de Jupiter pour mener une étude détaillée de la planète[103]. Elle poursuit cette étude depuis juillet 2016, et si elle survit aux rayonnements[104],[105],[106],[107], on prévoit qu'elle continuera à le faire jusqu'en 2021.
172
+
173
+ À cause de la possibilité d'un océan liquide sur Europe, les lunes glacées de Jupiter ont éveillé un grand intérêt. Une mission fut proposée par la NASA pour les étudier tout spécialement. Le JIMO (Jupiter Icy Moons Orbiter) devait être lancé en 2015, mais la mission fut estimée trop ambitieuse et son financement fut annulé en 2005[108].
174
+
175
+ En mai 2012, la mission JUICE (JUpiter ICy moons Explorer) est retenue par l'ESA comme mission lourde dans le cadre du programme scientifique Cosmic Vision. Elle a pour but principal l'étude de trois des lunes galiléennes de Jupiter (Callisto, Europe et Ganymède) en les survolant puis en entrant en orbite autour de cette dernière. Le lancement est prévu pour 2022, pour une arrivée dans le système jovien en 2030, avant trois années d'observations. La mission devrait se concentrer sur la recherche de traces de vie[109].
176
+
177
+ À l'œil nu, Jupiter a l'aspect d'un astre blanc très brillant, puisque son albédo élevé lui confère un éclat de magnitude de −2,7 en moyenne à l'opposition, avec un maximum de −2,94[63]. Son diamètre apparent varie de 29,8 à 50,1 secondes d'arc tandis que sa distance à la Terre varie de 968,1 à 588,5 millions de kilomètres[63]. Le fait que sa lumière ne scintille pas indique qu'il s'agit d'une planète. Jupiter est plus brillant que toutes les étoiles et a un aspect similaire à celui de Vénus ; cependant celle-ci ne se voit que quelque temps avant le lever du Soleil ou quelque temps après son coucher et est l'astre le plus éclatant du ciel après le Soleil et la Lune[110].
178
+
179
+ La planète est souvent considérée comme intéressante à observer du fait qu'elle dévoile nombre de détails dans une petite lunette. Comme l'a fait Galilée en 1610, on peut découvrir quatre petits points blancs qui sont les satellites galiléens[111]. Du fait qu'ils tournent tous assez vite autour de la planète, il est aisé de suivre leurs révolutions : on constate que, d'une nuit à l'autre, Io fait presque un tour complet. On peut les voir passer dans l'ombre de la planète puis réapparaître.
180
+
181
+ C'est en observant ce mouvement que Roëmer a montré que la lumière voyageait à une vitesse finie. On peut aussi observer la structure des couches gazeuses supérieures de la planète géante, visibles avec un télescope de 60 mm[112].
182
+
183
+ Un télescope de 25 cm permet d'observer la Grande Tache rouge (il est aussi possible de l'observer dans une petite lunette de 60 mm si les conditions de turbulence atmosphérique sont bonnes) et un télescope de 50 cm, bien que moins accessible pour les amateurs, permet d'en découvrir davantage de nuances[113].
184
+
185
+ Le meilleur moment pour observer Jupiter est quand elle est à l'opposition. Jupiter a atteint le périhélie en mars 2001 ; l'opposition de septembre 2010 était donc favorable à son observation[114]. Grâce à sa rapide rotation, toute la surface de Jupiter est observable en 5 h[112].
186
+
187
+ Un astéroïde (ou une comète) s’est écrasé sur la surface de la planète, en produisant un flash lumineux, qui a été repéré par Dan Petersen de Racine, dans le Wisconsin (USA) et filmé par George Hall, de Dallas, à 11:35:30, temps universel, le 10 septembre 2012[115].
188
+
189
+ C’est la sixième fois que l’on voit un objet s'écraser sur Jupiter, comme celui de la comète Shoemaker-Levy 9, en 1994[115].
190
+
191
+ Avec un simple récepteur radio d'ondes courtes dans la bande des 13 mètres, et avec comme antenne un fil électrique de 3,5 mètres ou, mieux encore, avec une antenne-dipôle horizontale de deux éléments de 3,5 mètres, il est simple d'intercepter le bruit radio-électromagnétique de la planète Jupiter en AM, sur la fréquence de 21,86 MHz[116], donnant le bruit de petites vagues rapides écoutées sur haut-parleur[117].
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+ La radioastronomie poussée de Jupiter est réalisée avec du matériel professionnel de réception, dans les bandes radios dédiées[118].
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1
+
2
+
3
+ Jupiter est une planète géante gazeuse[a]. Il s'agit de la plus grosse planète du Système solaire, plus volumineuse et massive que toutes les autres planètes réunies, et la cinquième planète par sa distance au Soleil (après Mercure, Vénus, la Terre et Mars).
4
+
5
+ Jupiter est ainsi officiellement nommée[1], en français comme en anglais[b], d'après le dieu romain Jupiter[2], assimilé au dieu grec Zeus.
6
+
7
+ Le symbole astronomique de la planète était « ♃ », qui serait une représentation stylisée du foudre de Jupiter, ou bien serait dérivé d'un hiéroglyphe[3] ou, comme cela ressortirait de certains papyrus d'Oxyrhynque[4], de la lettre grecque zêta, initiale du grec ancien Ζεύς (Zeús). L'Union astronomique internationale recommande de substituer au symbole astronomique « ♃ » l'abréviation « J », correspondant à la lettre capitale J de l'alphabet latin, initiale de l'anglais Jupiter[5].
8
+
9
+ Visible à l'œil nu dans le ciel nocturne, Jupiter est habituellement le quatrième objet le plus brillant de la voûte céleste, après le Soleil, la Lune et Vénus[6]. Parfois, Mars apparaît plus lumineuse que Jupiter et, de temps en temps, Jupiter apparaît plus lumineuse que Vénus[7]. Jupiter était au périhélie le 17 mars 2011[8] et à l'aphélie le 17 février 2017[9].
10
+
11
+ Comme sur les autres planètes gazeuses, des vents violents, de près de 600 km/h, parcourent les couches supérieures de la planète. La Grande Tache rouge est un anticyclone, une zone de surpression observée depuis au moins le XVIIe siècle. Trois fois plus grande que la Terre au début du XXe siècle, elle a rétréci pour devenir de taille comparable un siècle plus tard.
12
+
13
+ Regroupant Jupiter et les objets se trouvant dans sa sphère d'influence, le système jovien est une composante majeure du Système solaire externe. Il comprend notamment les nombreuses lunes de Jupiter dont les quatre lunes galiléennes — Io, Europe, Ganymède et Callisto — qui, observées pour la première fois en 1610 par Galilée au moyen d'une lunette astronomique de son invention, sont les premiers objets découverts par l'astronomie télescopique. Il comprend aussi les anneaux de Jupiter, un système d'anneaux planétaires observés pour la première fois, en 1979, par la sonde spatiale américaine Voyager 1.
14
+
15
+ L'influence de Jupiter s'étend, au-delà du système jovien, à de nombreux objets dont les astéroïdes troyens de Jupiter.
16
+
17
+ La masse jovienne est une unité utilisée pour exprimer la masse d'objets substellaires tels que les naines brunes.
18
+
19
+ La haute atmosphère de Jupiter est composée à 93 % d'hydrogène et 7 % d'hélium en nombre d'atomes, ou à 86 % de dihydrogène et 13 % d'hélium en nombre de molécules. En masse, l'atmosphère est approximativement constituée de 75 % d'hydrogène et de 24 % d'hélium, le pourcentage restant étant apporté par divers autres éléments et composés chimiques (traces de méthane, de vapeur d'eau, d'ammoniac, très petites quantités de carbone, d'éthane, de sulfure d'hydrogène, de néon, d'oxygène, d'hydrure de phosphore et de soufre). La couche la plus externe de la haute atmosphère contient des cristaux d'ammoniac[10],[11].
20
+
21
+ Par mesures infrarouges et ultraviolettes, des traces de benzène et d'autres hydrocarbures ont également été détectées[12]. L'intérieur de Jupiter contient des matériaux plus denses et la distribution par masse est de 71 % d'hydrogène, 24 % d'hélium et 5 % d'autres éléments.
22
+
23
+ Les proportions d'hydrogène et d'hélium dans la haute atmosphère sont proches de la composition théorique de la nébuleuse planétaire qui aurait donné naissance au Système solaire. Néanmoins, le néon n'y est détecté qu'à hauteur de vingt parties par million en termes de masse, un dixième de ce qu'on trouve dans le Soleil[13]. L'hélium y est également en défaut, mais à un degré moindre. Cette absence pourrait résulter de la précipitation de ces éléments vers l'intérieur de la planète[14],[15],[16]. Les gaz inertes lourds sont deux à trois fois plus abondants dans l'atmosphère de Jupiter que dans le Soleil.
24
+
25
+ Par spectroscopie, on pense que Saturne possède une composition similaire, mais qu'Uranus et Neptune sont constituées de beaucoup moins d'hydrogène et d'hélium[17]. Cependant, aucune sonde n'ayant pénétré l'atmosphère de ces géantes gazeuses, les données d'abondance des éléments plus lourds ne sont pas connues.
26
+
27
+ Jupiter est 2,5 fois plus massive que toutes les autres planètes du Système solaire réunies, tellement massive que son barycentre avec le Soleil est situé à l'extérieur de ce dernier, à environ 1,068 rayon solaire du centre du Soleil. Par ailleurs, son diamètre est 11 fois plus grand que celui de la Terre (environ 143 000 km) et on pourrait placer environ 1 322 corps de la taille de cette dernière dans le volume occupé par la géante gazeuse[18][source insuffisante]. En revanche, la densité de Jupiter n'est que le quart de celle de la Terre (0,240 fois, précisément) : elle n'est donc que 318 fois plus massive que cette dernière[6],[19].
28
+
29
+ Cette masse a eu une grande influence gravitationnelle sur la formation du Système solaire : la plupart des planètes et des comètes de courte période sont situées près de Jupiter et les lacunes de Kirkwood de la ceinture d'astéroïdes lui sont dues en grande partie[20],[21].
30
+
31
+ Si Jupiter était plus massive, on pense que son diamètre serait plus petit. L'intérieur de la planète serait plus comprimé par une plus grande force gravitationnelle, décroissant sa taille. Par conséquent, Jupiter posséderait le diamètre maximal d'une planète de sa composition et de son histoire. La planète a parfois été décrite comme une « étoile ratée », mais il faudrait qu'elle possède 13 fois sa masse actuelle pour démarrer la fusion du deutérium et être cataloguée comme une naine brune et 70 à 80 fois pour devenir une étoile[22]. La plus petite naine rouge connue, à date de 2017, est 85 fois plus massive mais légèrement moins volumineuse que Jupiter (84 % de son rayon)[23].
32
+
33
+ Des exoplanètes beaucoup plus massives que Jupiter ont été découvertes[24]. Ces planètes pourraient être des géantes gazeuses semblables à Jupiter, mais pourraient appartenir à une autre classe de planètes, celle des Jupiter chauds, parce qu'elles sont très proches de leur étoile primaire.
34
+
35
+ Jupiter rayonne plus d'énergie qu'elle n'en reçoit du Soleil. La quantité de chaleur produite à l'intérieur de la planète est presque égale à celle reçue du Soleil[25]. Le rayonnement additionnel est généré par le mécanisme de Kelvin-Helmholtz, par contraction adiabatique. Ce processus conduit la planète à rétrécir de 2 cm chaque année[26]. Lorsque Jupiter s'est formée, elle était nettement plus chaude et son diamètre était double[27].
36
+
37
+ Jupiter montre un renflement équatorial important : le diamètre au niveau de l'équateur (142 984 km) est 6 % plus important que le diamètre au niveau des pôles (133 708 km). La plupart des planètes, y compris la Terre, possèdent ce genre d'aplatissement à des degrés divers, qui dépend de la vitesse de rotation de la planète, de sa composition interne plus ou moins solide et de la masse de son noyau. Plus un noyau est massif, moins le renflement est important, toutes choses étant égales par ailleurs.
38
+
39
+ Ainsi, il est possible d'en tirer des enseignements sur la structure interne de Jupiter. Les trajectoires des sondes Voyager 1 et 2 ont été analysées, le renflement provoquant des déviations spécifiques des trajectoires. La caractérisation précise du renflement, ainsi que les données connues concernant la masse et le volume de Jupiter, montrent que cette planète doit posséder un noyau dense et massif, de l'ordre de 12 masses terrestres[28].
40
+
41
+ Les connaissances sur la composition planétaire de Jupiter sont relativement spéculatives et ne reposent que sur des mesures indirectes. Selon l'un des modèles proposés, Jupiter ne posséderait aucune surface solide, la densité et la pression augmentant progressivement vers le centre de la planète. Selon une autre hypothèse, Jupiter pourrait être composée d'un noyau rocheux (silicates et fer) comparativement petit (mais néanmoins de taille comparable à celle de la Terre, et de dix à quinze fois la masse de celle-ci)[29],[25], entouré d'hydrogène en phase métallique qui occupe 78 % du rayon de la planète[25],[30]. Cet état serait liquide, à la manière du mercure. Il est dénommé ainsi car la pression est telle que les atomes d'hydrogène s'ionisent, formant un matériau conducteur. Cet hydrogène métallique serait lui-même entouré d'hydrogène liquide, à son tour entouré d'une fine couche d'hydrogène gazeux. Ainsi, Jupiter serait en fait une planète essentiellement liquide.
42
+
43
+ Des expériences ayant montré que l'hydrogène ne change pas de phase brusquement (il se trouve bien au-delà du point critique), il n'y aurait pas de délimitation claire entre ces différentes phases, ni même de surface à proprement parler. Quelques centaines de kilomètres en dessous de la plus haute atmosphère, la pression provoquerait une condensation progressive de l'hydrogène sous forme d'un brouillard de plus en plus dense, qui formerait finalement une mer d'hydrogène liquide[25],[31],[32]. Entre 14 000 et 60 000 km de profondeur, l'hydrogène liquide céderait la place à l'hydrogène métallique de façon similaire. Des gouttelettes de démixtion, plus riches en hélium et néon se précipiteraient vers le bas à travers ces couches, appauvrissant ainsi la haute atmosphère en ces éléments.
44
+
45
+ Les énormes pressions générées par Jupiter entraînent les températures élevées à l'intérieur de la planète, par un phénomène de compression gravitationnelle (mécanisme de Kelvin-Helmholtz) qui se poursuit encore de nos jours, par une contraction résiduelle de la planète.
46
+
47
+ Des résultats de 1997 du Laboratoire national de Lawrence Livermore indiquent qu'à l'intérieur de Jupiter, la transition de phase à l'hydrogène métallique se fait à une pression de 140 GPa (1,4 Mbar) et une température de 3 000 K[33]. La température à la frontière du noyau serait de l'ordre de 15 000 K et la pression à l'intérieur d'environ 3 000 à 4 500 GPa (30−45 Mbar)[25], tandis que la température et la pression au centre de Jupiter seraient de l'ordre de 70 000 K et 70 Mbar, soit plus de dix fois plus chaudes que la surface du Soleil.
48
+
49
+ La faible inclinaison de l'axe de Jupiter fait que ses pôles reçoivent bien moins d'énergie du Soleil que sa région équatoriale. Ceci causerait d'énormes mouvements de convection à l'intérieur des couches liquides et serait ainsi responsable des forts mouvements des nuages dans son atmosphère[19].
50
+
51
+ En mesurant précisément le champ gravitationnel de Jupiter, la sonde Juno a montré la présence d'éléments plus lourds que l'hélium répartis dans les couches internes entre le centre et la moitié du rayon de la planète, ce qui entre en contradiction avec les modèles de formation des planètes géantes. Ce phénomène pourrait s'expliquer par un ancien impact entre Jupiter et un astre d'une masse égale à environ dix fois celle de la Terre[34].
52
+
53
+ L'atmosphère jovienne comporte trois couches de nuages distinctes :
54
+
55
+ La combinaison des nuages d'eau et de la chaleur provenant de l'intérieur de la planète est propice à la formation d'orages[35]. La foudre engendrée est jusqu'à 1 000 fois plus puissante que celle observée sur la Terre[36].
56
+
57
+ L'atmosphère externe de Jupiter subit une rotation différentielle, remarquée pour la première fois par Giovanni Domenico Cassini en 1690[25], qui a aussi estimé sa période de rotation[37]. La rotation de l'atmosphère polaire de Jupiter est d'environ 5 minutes plus longue que celle de l'atmosphère à la ligne équatoriale. De plus, des bancs de nuages circulent le long de certaines latitudes en direction opposée des vents dominants. Des vents d'une vitesse de 360 km/h y sont communs[38]. Ce système éolien serait causé par la chaleur interne de la planète. Les interactions entre ces systèmes circulatoires créent des orages et des turbulences locales, telles la Grande Tache rouge, un large ovale de près de 12 000 km sur 25 000 km d'une grande stabilité, puisque déjà observé avec certitude depuis au moins 1831[39] et possiblement depuis 1665[40]. D'autres taches plus petites ont été observées depuis le XXe siècle[41],[42],[43].
58
+
59
+ La couche la plus externe de l'atmosphère de Jupiter contient des cristaux de glace d'ammoniac. Les couleurs observées dans les nuages proviendraient des éléments présents en quantité infime dans l'atmosphère, sans que les détails soient là non plus connus. Les zones de nuages varient d'année en année en termes de largeur, couleur et intensité, mais sont toutefois assez stables pour que les astronomes leur assignent des noms[19].
60
+
61
+ D'après une étude américaine de 2013, dirigée par Mona Delitsky du California Speciality Engineering et Kevin Baines de l'Université du Wisconsin à Madison, des diamants se formeraient dans l'atmosphère de Jupiter et de Saturne à partir du méthane atmosphérique. Cette étude rejoint toutes celles suggérant la production hypothétique de diamants dans les planètes gazeuses massives mais, leur observation étant absente, elles restent purement théoriques[44]. En 2017 de nouvelles expériences simulant les conditions présumées régner 10 000 km sous la surface d'Uranus et de Neptune viennent conforter ce modèle en produisant des diamants de taille nanométrique. Ces température et pression extrêmes ne peuvent pas être maintenues plus d'une nanoseconde en laboratoire, mais elles sont atteintes dans les profondeurs de Neptune ou d'Uranus, où des nanodiamants pourraient se former[45].
62
+
63
+ Mosaïque de Jupiter en vraies couleurs réalisée à partir de photographies prises par la sonde Cassini le 29 décembre 2000 à 5 h 30 UTC.
64
+
65
+ Mouvement de l'atmosphère de Jupiter (depuis Voyager 1, avec une image par jour jovien, entre le 6 janvier et le 3 février 1979).
66
+
67
+ Nuages dans l'hémisphère nord de Jupiter, photographiés par Juno en octobre 2017, à une altitude de 18 906 km.
68
+
69
+ La Grande Tache rouge est une tempête anticyclonique persistante située à 22° au sud de l'équateur de Jupiter. Son existence est connue depuis au moins 1831 et peut-être depuis 1665. Des modèles mathématiques suggèrent que la tempête est stable, et est une caractéristique permanente de la planète[46]. Elle est suffisamment grande pour être visible au travers de télescopes depuis la Terre.
70
+
71
+ La Grande Tache rouge présente une forme ovale, de 24 à 40 000 km de long sur 12 000 km de large, suffisamment grande pour contenir deux ou trois planètes de la taille de la Terre[47]. L'altitude maximale de la tempête est située à environ 8 km au-dessus du sommet des nuages environnants. Elle tourne sur elle-même dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, avec une période d'environ 6 jours[48] ; les vents soufflent à plus de 400 km/h sur ses bords[49].
72
+
73
+ Des tempêtes de ce genre ne sont pas inhabituelles dans l'atmosphère des géantes gazeuses. Jupiter possède également des ovales blancs et bruns de plus petite taille. Les ovales blancs sont plutôt constitués de nuages relativement froids à l'intérieur de la haute atmosphère. Les ovales bruns sont plus chauds et situés à l'intérieur de la couche nuageuse habituelle. De telles tempêtes peuvent exister pendant des heures ou des siècles[50].
74
+
75
+ La Grande Tache rouge est entourée d'un ensemble complexe d'ondes de turbulence qui peuvent donner naissance à un ou plusieurs petits anticyclones satellites. Restant à une distance stable de l'équateur, elle possède une période de rotation propre, légèrement différente du reste de l'atmosphère avoisinante, parfois plus lente, d'autres fois plus rapide : depuis l'époque où elle est connue, elle a fait plusieurs fois le tour de Jupiter par rapport à son environnement proche.
76
+
77
+ En l'an 2000, une autre tache s'est formée dans l'hémisphère sud, similaire en apparence à la Grande Tache rouge, mais plus petite. Elle a été créée par la fusion de plusieurs tempêtes ovales blanches plus petites (observées pour la première fois en 1938). La tache résultante, nommée Oval BA et surnommée Red Spot Junior (Petite Tache rouge en anglais, par rapport à la grande appelée Great Red Spot), a depuis accru son intensité et est passée du blanc au rouge[41],[51],[43].
78
+
79
+ Jupiter possède plusieurs anneaux planétaires, très fins, composés de particules de poussières continuellement arrachées aux lunes les plus proches de la planète lors de micro-impacts météoriques du fait de l'intense champ gravitationnel de la planète[52]. Ces anneaux sont en fait tellement fins et sombres qu'ils ne furent découverts que lorsque la sonde Voyager 1 s'approcha de la planète en 1979. Du plus près au plus lointain du centre de la planète, les anneaux sont regroupés en trois grandes sections[53] :
80
+
81
+ Ces anneaux sont constitués de poussières et non de glace comme c'est le cas des anneaux de Saturne[25]. Ils sont également extrêmement sombres, avec un albédo de l'ordre de 0,05.
82
+
83
+ Il existe également un anneau externe extrêmement ténu et distant qui tourne autour de Jupiter en sens rétrograde. Son origine est incertaine mais pourrait provenir de poussière interplanétaire capturée[54].
84
+
85
+ Jupiter possède un champ magnétique, 14 fois plus puissant que celui de la Terre, allant de 4,2 G à l'équateur à 10 à 14 G aux pôles, ce qui en fait le plus intense du Système solaire (à l'exception des taches solaires)[6]. Les données transmises par la sonde Juno font état d'un champ magnétique global de 7,776 G, soit près de deux fois plus intense que le champ précédemment estimé[55]. Il proviendrait des mouvements de la couche très conductive d'hydrogène métallique qui, par sa rotation rapide (Jupiter fait un tour sur elle-même en moins de dix heures), agit comme une immense dynamo. La magnétosphère de la planète correspond à la région où le champ magnétique de Jupiter est prépondérant sur toute autre force[56].
86
+
87
+ La magnétosphère possède une forme globale semblable à une goutte d'eau très distendue. La partie incurvée fait toujours face au Soleil et dévie le vent solaire, provoquant un arc de choc à environ 75 rayons de la planète (3 millions de km). À l'opposé de Jupiter et du Soleil, une immense magnéto-queue s'étend par-delà l'orbite de Saturne, sur une distance de 650 millions de km, soit presque la distance entre Jupiter et le Soleil[57]. Vu de la Terre, la magnétosphère apparaît cinq fois plus grande que la pleine Lune, malgré la distance. La magnétosphère est entourée d'une magnétopause, située sur le bord interne d'une magnétogaine où le champ magnétique de la planète décroît et se désorganise. Les quatre lunes principales de Jupiter sont à l'intérieur de la magnétosphère et donc protégées des vents solaires[25].
88
+
89
+ La magnétosphère de Jupiter est à l'origine de deux structures spectaculaires : le tore de plasma de Io, et le tube de flux de Io. Le différentiel de vitesse entre le champ magnétique en rotation rapide de Jupiter (un tour en 10 heures environ) et la rotation plus lente de Io autour de Jupiter (un tour en 40 heures) arrache de l’atmosphère de Io (ainsi que d'Europe, dans une moindre mesure) environ une tonne d'ions de soufre et d'oxygène par seconde et accélère ces ions à grande vitesse, de sorte qu'ils effectuent également un tour de Jupiter en dix heures. Ces ions forment un gigantesque tore autour de Jupiter, dont le diamètre équivaut au diamètre de Jupiter elle-même. L'interaction du tore avec Io génère une différence de potentiel de 400 000 volts avec la surface de Jupiter, produisant un puissant courant de plusieurs millions d'ampères qui circule entre Io et les pôles de Jupiter, formant un tube de flux suivant les lignes de champ magnétique[58]. Ce phénomène produit une puissance de l'ordre de 2,5 térawatt[58].
90
+
91
+ La situation d'Io, à l'intérieur d'une des plus intenses ceintures de rayonnement de Jupiter, a interdit un survol prolongé du satellite par la sonde Galileo qui a dû se contenter de 6 survols rapides de la lune galiléenne entre 1999 et 2002, en se gardant de pénétrer au sein du tore de particules englobant l'orbite du satellite, particules qui auraient été fatales au fonctionnement de la sonde[59],[60].
92
+
93
+ Des particules d'hydrogène de l'atmosphère jovienne sont également capturées dans la magnétosphère. Les électrons de la magnétosphère provoquent un intense rayonnement radio dans une large gamme de fréquence (de quelques kilohertz à 40 MHz[61]). Lorsque la trajectoire de la Terre intercepte ce cône d'émissions radio, celles-ci dépassent les émissions radio en provenance du Soleil[62].
94
+
95
+ La magnétosphère jovienne permet la formation d'impressionnantes aurores polaires. Les lignes de champ magnétique entraînent des particules à très haute énergie vers les régions polaires de Jupiter. L'intensité du champ magnétique est 10 fois supérieure à celui de la Terre et en transporte 20 000 fois l'énergie.
96
+
97
+ La distance moyenne entre Jupiter et le Soleil est de 778 300 000 km (environ 5,2 fois la distance moyenne entre la Terre et le Soleil) et la planète boucle une orbite en 11,86 ans. L'orbite de Jupiter est inclinée de 1,31° par rapport à celle de la Terre. Du fait d'une excentricité de 0,048, la distance entre Jupiter et le Soleil varie de 75 000 000 km entre le périhélie et l'aphélie[63],[64].
98
+
99
+ L'inclinaison de l'axe de Jupiter est relativement faible : seulement 3,13°. En conséquence, la planète n'a pas de changements saisonniers significatifs[65].
100
+
101
+ La rotation de Jupiter est la plus rapide du Système solaire : la planète effectue une rotation sur son axe en un peu moins de 10 h ; cette rotation produit une accélération centrifuge à l'équateur, y conduisant à une accélération nette de 23,12 m/s2 (la gravité de surface à l'équateur est de 24,79 m/s2). La planète a ainsi une forme oblate, renflée à l'équateur et aplatie aux pôles, un effet facilement perceptible depuis la Terre à l'aide d'un télescope amateur. Le diamètre équatorial est 9 275 km plus long que le diamètre polaire[32].
102
+
103
+ Jupiter n'étant pas un corps solide, sa haute atmosphère subit un processus de rotation différentielle. La rotation de la haute atmosphère jovienne est environ 5 minutes plus longue aux pôles qu'à l'équateur. En conséquence, trois systèmes sont utilisés comme référentiel, particulièrement pour tracer les mouvements de caractéristiques atmosphériques. Le premier système concerne les latitudes entre 10° N et 10° S, le plus court, avec une période de 9 h 50 min 30 s. Le deuxième système s'applique aux latitudes au nord et au sud de cette bande, d'une période de 9 h 55 min 40,6 s. Le troisième système fut initialement défini par les radio-astronomes et correspond à la rotation de la magnétosphère de la planète : sa période est la période « officielle », 9 h 55 min 30 s[66].
104
+
105
+ Jupiter possède 79 satellites naturels confirmés dont 50 nommés[67]. Quatre sont de grands satellites, connus depuis plusieurs siècles et regroupés sous la dénomination de « lunes galiléennes » : Io, Europe, Ganymède et Callisto. Les autres satellites sont nettement plus petits et tous irréguliers ; 12 possèdent une taille encore significative (plus de 10 km de diamètre), 26 entre 3 et 10 km de diamètre et 24 autres entre 1 et 2 km de diamètre.
106
+
107
+ Les 16 satellites principaux ont été nommés d'après les conquêtes amoureuses de Zeus, l'équivalent grec du dieu romain Jupiter.
108
+
109
+ En 1610, Galilée découvrit les quatre plus importants satellites de Jupiter, les lunes galiléennes, qu'il nomma « planètes médicéennes » en l'honneur de ses protecteurs les princes de la famille Médicis. C'était la première observation de lunes autres que celle de la Terre. Ganymède, avec ses 5 262 km de diamètre, est le plus gros satellite du Système solaire. Callisto, 4 821 km de diamètre, est à peu de chose près aussi grand que Mercure. Io et Europe ont une taille similaire à celle de la Lune. Par comparaison, la 5e plus grande lune de Jupiter est Amalthée, un satellite irrégulier dont la plus grande dimension n'atteint que 262 km. Trois de ces quatre satellites galiléens sont très rapprochés de Jupiter : Io, Europe et Ganymède.
110
+
111
+ Les orbites d'Io, Europe et Ganymède sont en résonance orbitale. Quand Ganymède tourne une fois autour de Jupiter, Europe tourne exactement deux fois et Io quatre fois. En conséquence, les orbites de ces lunes sont déformées elliptiquement, chacune d'elles recevant en chaque point de son orbite un petit plus gravitationnel de la part des deux autres.
112
+
113
+ En revanche, les forces de marées de Jupiter tendent à rendre leurs orbites circulaires[68]. Ces deux forces déforment chacune de ces trois lunes quand elles s'approchent de la planète, provoquant un réchauffement de leur noyau. En particulier, Io présente une activité volcanique intense et Europe un remodelage constant de sa surface.
114
+
115
+ Avant la mission Voyager, les lunes de Jupiter étaient parfaitement classées en quatre groupes de quatre, sur la base de leurs éléments orbitaux. Depuis lors, les découvertes de nouvelles lunes de petite taille sont venues contredire cette classification. On considère maintenant qu'il existe six groupes principaux, certains groupes étant plus particularisés que d'autres.
116
+
117
+ Une subdivision de base consiste à regrouper les huit satellites intérieurs, de tailles très diverses mais possédant des orbites circulaires très faiblement inclinées par rapport à l'équateur de Jupiter, et dont la recherche pense qu'ils se sont formés en même temps que la géante gazeuse. Cet ensemble peut être subdivisé en deux sous-groupes :
118
+
119
+ Les autres lunes forment un ensemble d'objets irréguliers placés sur des orbites elliptiques et inclinées, probablement des astéroïdes ou des fragments d'astéroïdes capturés. Il est possible de distinguer quatre groupes, sur la base d'éléments orbitaux similaires, dont la recherche pense que les éléments partagent une origine commune, peut-être un objet plus grand qui s'est fragmenté[69] :
120
+
121
+ Avec celle du Soleil, l'influence gravitationnelle de Jupiter a modelé le Système solaire. Les orbites de la plupart des planètes sont plus proches du plan orbital de Jupiter que du plan équatorial du Soleil (Mercure est la seule qui fasse exception). Les lacunes de Kirkwood dans la ceinture d'astéroïdes sont probablement dues à Jupiter et il est possible que la planète soit responsable du grand bombardement tardif que les planètes internes ont connu à un moment de leur histoire[70].
122
+
123
+ La majorité des comètes de courte période possèdent un demi-grand axe plus petit que celui de Jupiter. On suppose que ces comètes se sont formées dans la ceinture de Kuiper au-delà de l'orbite de Neptune. Lors d'approches de Jupiter, leur orbite aurait été perturbée vers une période plus courte, puis rendue circulaire par interaction gravitationnelle régulière du Soleil et de Jupiter. Par ailleurs, Jupiter est la planète qui reçoit le plus fréquemment des impacts cométaires[71]. C'est en grande partie dû à son puits gravitationnel, ce qui lui vaut le surnom « d'aspirateur du Système solaire ». L'idée répandue selon laquelle Jupiter "protège" de cette manière les autres planètes est cependant très discutable, dans la mesure où sa force gravitationnelle dévie aussi des objets vers les planètes qu'elle serait censée protéger[72].
124
+
125
+ En plus de ses lunes, le champ gravitationnel de Jupiter maintient un grand nombre d'astéroïdes situés aux alentours des points de Lagrange L4 et L5 de l'orbite de Jupiter[73]. Il s'agit de petits corps célestes qui ont la même orbite mais sont situés à 60° en avance ou en retard par rapport à Jupiter. Connus sous le nom d'astéroïdes troyens, le premier d'entre eux (588) Achille a été découvert en 1906 par Max Wolf ; depuis, des centaines d'autres troyens ont été découverts, le plus grand étant (624) Hector.
126
+
127
+ Jupiter est visible à l'œil nu la nuit et est connue depuis l'Antiquité. Pour les Babyloniens, elle représentait le dieu Marduk ; ils utilisèrent les douze années de l'orbite jovienne le long de l'écliptique pour définir le zodiaque. Les Romains nommèrent la planète d'après le dieu Jupiter, dérivé du « dieu-père » *dyeu ph2ter de la religion proto-indo-européenne[2]. Le symbole astronomique de Jupiter est une représentation stylisée d'un éclair du dieu. Les Grecs l'appelèrent Φαέθων, Phaethon, « ardent ».
128
+
129
+ Dans les cultures chinoises, coréennes, japonaises et vietnamiennes, Jupiter est appelée 木星 « l'étoile de bois », dénomination basée sur les cinq éléments[74]. Dans l'astrologie védique, les astrologues hindous font référence à Jupiter en tant que Bṛhaspati, ou « Gurû », c'est-à-dire « le pesant »[75].
130
+
131
+ Le nom « jeudi » est étymologiquement le « jour de Jupiter ». En hindi, jeudi se dit गुरुवार (guruvār) et possède le même sens. En anglais, Thursday fait référence au jour de Thor, lequel est associé à la planète Jupiter dans la mythologie nordique.
132
+ En japonais, ceci se retrouve également : le jeudi se dit mokuyōbi (木曜日?) en référence à l'étoile Jupiter, mokusei (木星?).
133
+ La même similitude entre les langues occidentales et le japonais se retrouve entre toutes les planètes et les jours de la semaine. En effet, l'attribution des noms de jours de la semaine étant un ajout relativement récent à la langue japonaise, elle fut alors calquée sur les civilisations européennes.
134
+
135
+ En janvier 1610, Galilée découvre les quatre satellites qui portent son nom, en braquant sa lunette vers la planète. Cette observation des premiers corps tournant autour d'un autre corps que la Terre sera pour lui une indication de la validité de la théorie héliocentrique. Son soutien à cette théorie lui a valu les persécutions de l'Inquisition[76].
136
+
137
+ Pendant les années 1660, Cassini utilise un télescope pour découvrir des taches et des bandes de couleur sur Jupiter et observer que la planète semblait oblongue. Il fut également capable d'estimer la période de rotation de la planète[37]. En 1690, il remarque que l'atmosphère subit une rotation différentielle[25].
138
+
139
+ La Grande Tache rouge a peut-être été observée en 1664 par Robert Hooke et en 1665 par Jean-Dominique Cassini, mais ceci est contesté. Heinrich Schwabe en produit le premier dessin détaillé connu en 1831[77]. La trace de la tache est perdue à de nombreuses reprises entre 1665 et 1708 avant de redevenir flagrante en 1878. En 1883 et au début du XXe siècle, il est estimé qu'elle s'estompait à nouveau[78].
140
+
141
+ Giovanni Borelli et Cassini ont réalisé des éphémérides des lunes galiléennes. La régularité de la rotation des quatre satellites galiléens sera utilisée fréquemment dans les siècles suivants, leurs éclipses par la planète elle-même permettant de déterminer l'heure à laquelle était effectuée l'observation. Cette technique sera utilisée un temps pour déterminer la longitude en mer. Dès les années 1670, on constate que ces évènements se produisaient avec 17 minutes de retard lorsque Jupiter se trouvait à l'opposé de la Terre par rapport au Soleil. Ole Christensen Rømer en déduit que l'observation n'était pas instantanée et effectua en 1676 une première estimation de la vitesse de la lumière[79].
142
+
143
+ En 1892, Edward Barnard découvre Amalthée, le cinquième satellite de Jupiter, à l'aide du télescope de l'observatoire Lick en Californie[80]. La découverte de cet objet assez petit le rendit célèbre rapidement. Ensuite furent découverts : Himalia (1904), Élara (1905), Pasiphaé (1908), Sinopé (1914), Lysithéa et Carmé (1938), Ananké (1951). Pendant les années 1970, deux autres satellites furent observés à partir de la Terre : Léda (1974) et Thémisto (1975), qui fut ensuite perdu puis retrouvé en 2000 - les suivants le furent lors de la mission Voyager 1 en 1979[81], puis d’autres par la suite, pour arriver en 2014 à un total de 67 satellites.
144
+
145
+ En 1932, Rupert Wildt identifie des bandes d'absorption d'ammoniaque et de méthane dans le spectre de Jupiter[82].
146
+
147
+ Trois phénomènes anticycloniques, de forme ovale, furent observés en 1938. Pendant plusieurs décennies, ils restèrent distincts. Deux des ovales fusionnèrent en 1998 et absorbèrent le troisième en 2000. C'est le Oval BA[83].
148
+
149
+ En 1955, Bernard Burke (en) et Kenneth Franklin détectent des accès de signaux radios en provenance de Jupiter à 22,2 MHz[25]. La période de ces signaux correspondait à celle de la rotation de la planète et cette information permit d'affiner cette dernière. Les pics d'émission ont des durées qui peuvent être de quelques secondes ou de moins d'un centième de seconde[84].
150
+
151
+ Entre le 16 juillet et le 22 juillet 1994, l'impact de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter permet de recueillir de nombreuses nouvelles données sur la composition atmosphérique de la planète. Plus de 20 fragments de la comète sont entrés en collision avec l'hémisphère sud de Jupiter, fournissant la première observation directe d'une collision entre deux objets du Système solaire. L'évènement, qui constitue une première dans l'histoire de l'astronomie, a été suivi par des astronomes du monde entier[85],[86].
152
+
153
+ Le 21 juillet 2009, les astronomes ont observé un nouvel impact sur le pôle sud, de la taille de l'océan Pacifique[87]. Si l'impact n'a pu être suivi en direct, c'est l'astronome amateur australien Anthony Wesley qui, le premier, signala ces observations. La NASA émet l'hypothèse que la cause soit attribuée à une comète. En effet, les observations ont relevé la présence d'une tache avec une remontée de particules brillantes dans l'atmosphère supérieure, accompagnée d'un échauffement de la troposphère et d'émissions de molécules d'ammoniac. Autant d'indices corroborant un impact et non un phénomène météorologique interne à la planète[88],[89],[90].
154
+
155
+ Le 13 octobre 2015, la NASA publie une vidéo très détaillée de la surface de la planète captée par le télescope spatial Hubble montrant la rotation de la planète et des détails extrêmement précis de sa surface[91]. Les premières observations des scientifiques publiées dans The Astrophysical Journal[92] et synthétisées par la NASA[93] révèlent que la fameuse tache rouge de Jupiter va en se rétrécissant et qu'elle renferme une sorte de filament vaporeux qui en barre la surface et se déforme sous l'action de vents pouvant atteindre les 540 km/h.
156
+
157
+ À partir de 1973, plusieurs sondes spatiales ont effectué des manœuvres de survol qui les ont placées à portée d'observation de Jupiter. Les missions Pioneer 10 et Pioneer 11 obtinrent les premières images rapprochées de l'atmosphère de Jupiter et de plusieurs de ses lunes. Elles décrivirent que les champs électromagnétiques dans l'entourage de la planète étaient plus importants qu'attendus, mais les deux sondes y survécurent sans dommage. Les trajectoires des engins permirent d'affiner les estimations de masse du système jovien. Les occultations de leurs signaux radios par la planète géante conduisirent à de meilleures mesures du diamètre et de l'aplatissement polaire[19],[94].
158
+
159
+ Six ans plus tard, les missions Voyager améliorèrent les connaissances des lunes galiléennes et découvrirent les anneaux de Jupiter. Elles prirent les premières images détaillées de l'atmosphère et confirmèrent que la grande tache rouge était d'origine anticyclonique (une comparaison d'images indiqua que sa couleur avait changé depuis les missions Pioneer). Un tore d'atomes ionisés fut découvert le long de l'orbite de Io et des volcans furent observés à sa surface. Alors que les engins passèrent derrière la planète, ils observèrent des flashs lumineux dans l'atmosphère[19],[95].
160
+
161
+ La mission suivante, la sonde spatiale Ulysses, effectua une manœuvre de survol en 1992 afin d'atteindre une orbite polaire autour du Soleil et effectua alors des études de la magnétosphère de Jupiter. Aucune photographie ne fut prise, la sonde ne possédant aucune caméra. Un second survol nettement plus lointain se produisit en 2004[96].
162
+
163
+ En décembre 2000, la sonde Cassini, en route pour Saturne, survola Jupiter et prit des images en haute résolution de la planète. Le 19 décembre 2000, elle prit une image de faible résolution d'Himalia, alors trop lointaine pour observer des détails de la surface[97].
164
+
165
+ La sonde New Horizons, en route pour Pluton, survola Jupiter pour une manœuvre d'assistance gravitationnelle. L'approche minimale s'effectua le 28 février 2007[98]. Le système jovien fut imagé à partir du 4 septembre 2006 ; les instruments de la sonde affinèrent les éléments orbitaux des lunes internes de Jupiter, particulièrement Amalthée[99]. Les caméras de New Horizons photographièrent des dégagements de plasma par les volcans de Io et plus généralement des détails des lunes galiléennes[100],[101].
166
+
167
+ Jusqu'à l'arrivée de la sonde Juno le 5 juillet 2016, la sonde Galileo était le seul engin à avoir orbité autour de Jupiter. Galileo entra en orbite autour de la planète le 7 décembre 1995, pour une mission d'exploration de près de huit années. Elle survola à de nombreuses reprises les satellites galiléens et Amalthée, apportant des preuves à l'hypothèse d'océans liquides sous la surface d'Europe et confirmant le volcanisme d'Io. La sonde fut également témoin de l'impact de la comète Shoemaker-Levy 9 en 1994 lors de son approche de Jupiter. Cependant, bien que les informations récupérées par Galileo aient été nombreuses, l'échec du déploiement de son antenne radio à grand gain limita les capacités initialement prévues[102].
168
+
169
+ Galileo lâcha une petite sonde à l'intérieur de l'atmosphère jovienne pour en étudier la composition en juillet 1995. Cette sonde pénétra l'atmosphère le 7 décembre 1995. Elle fut freinée par un parachute sur 150 km d'atmosphère, collectant des données pendant 57,6 minutes avant d'être écrasée par la pression (22 fois la pression habituelle sur Terre, à une température de 153 °C). Elle a fondu peu après, et s'est probablement vaporisée ensuite. Un destin que Galileo expérimenta de façon plus rapide le 21 septembre 2003, lorsqu'elle fut délibérément projetée dans l'atmosphère jovienne à plus de 50 km/s, afin d'éviter toute possibilité d'écrasement ultérieur sur Europe[102].
170
+
171
+ La NASA a lancé en août 2011 la sonde Juno, qui s'est placée le 5 juillet 2016 en orbite polaire autour de Jupiter pour mener une étude détaillée de la planète[103]. Elle poursuit cette étude depuis juillet 2016, et si elle survit aux rayonnements[104],[105],[106],[107], on prévoit qu'elle continuera à le faire jusqu'en 2021.
172
+
173
+ À cause de la possibilité d'un océan liquide sur Europe, les lunes glacées de Jupiter ont éveillé un grand intérêt. Une mission fut proposée par la NASA pour les étudier tout spécialement. Le JIMO (Jupiter Icy Moons Orbiter) devait être lancé en 2015, mais la mission fut estimée trop ambitieuse et son financement fut annulé en 2005[108].
174
+
175
+ En mai 2012, la mission JUICE (JUpiter ICy moons Explorer) est retenue par l'ESA comme mission lourde dans le cadre du programme scientifique Cosmic Vision. Elle a pour but principal l'étude de trois des lunes galiléennes de Jupiter (Callisto, Europe et Ganymède) en les survolant puis en entrant en orbite autour de cette dernière. Le lancement est prévu pour 2022, pour une arrivée dans le système jovien en 2030, avant trois années d'observations. La mission devrait se concentrer sur la recherche de traces de vie[109].
176
+
177
+ À l'œil nu, Jupiter a l'aspect d'un astre blanc très brillant, puisque son albédo élevé lui confère un éclat de magnitude de −2,7 en moyenne à l'opposition, avec un maximum de −2,94[63]. Son diamètre apparent varie de 29,8 à 50,1 secondes d'arc tandis que sa distance à la Terre varie de 968,1 à 588,5 millions de kilomètres[63]. Le fait que sa lumière ne scintille pas indique qu'il s'agit d'une planète. Jupiter est plus brillant que toutes les étoiles et a un aspect similaire à celui de Vénus ; cependant celle-ci ne se voit que quelque temps avant le lever du Soleil ou quelque temps après son coucher et est l'astre le plus éclatant du ciel après le Soleil et la Lune[110].
178
+
179
+ La planète est souvent considérée comme intéressante à observer du fait qu'elle dévoile nombre de détails dans une petite lunette. Comme l'a fait Galilée en 1610, on peut découvrir quatre petits points blancs qui sont les satellites galiléens[111]. Du fait qu'ils tournent tous assez vite autour de la planète, il est aisé de suivre leurs révolutions : on constate que, d'une nuit à l'autre, Io fait presque un tour complet. On peut les voir passer dans l'ombre de la planète puis réapparaître.
180
+
181
+ C'est en observant ce mouvement que Roëmer a montré que la lumière voyageait à une vitesse finie. On peut aussi observer la structure des couches gazeuses supérieures de la planète géante, visibles avec un télescope de 60 mm[112].
182
+
183
+ Un télescope de 25 cm permet d'observer la Grande Tache rouge (il est aussi possible de l'observer dans une petite lunette de 60 mm si les conditions de turbulence atmosphérique sont bonnes) et un télescope de 50 cm, bien que moins accessible pour les amateurs, permet d'en découvrir davantage de nuances[113].
184
+
185
+ Le meilleur moment pour observer Jupiter est quand elle est à l'opposition. Jupiter a atteint le périhélie en mars 2001 ; l'opposition de septembre 2010 était donc favorable à son observation[114]. Grâce à sa rapide rotation, toute la surface de Jupiter est observable en 5 h[112].
186
+
187
+ Un astéroïde (ou une comète) s’est écrasé sur la surface de la planète, en produisant un flash lumineux, qui a été repéré par Dan Petersen de Racine, dans le Wisconsin (USA) et filmé par George Hall, de Dallas, à 11:35:30, temps universel, le 10 septembre 2012[115].
188
+
189
+ C’est la sixième fois que l’on voit un objet s'écraser sur Jupiter, comme celui de la comète Shoemaker-Levy 9, en 1994[115].
190
+
191
+ Avec un simple récepteur radio d'ondes courtes dans la bande des 13 mètres, et avec comme antenne un fil électrique de 3,5 mètres ou, mieux encore, avec une antenne-dipôle horizontale de deux éléments de 3,5 mètres, il est simple d'intercepter le bruit radio-électromagnétique de la planète Jupiter en AM, sur la fréquence de 21,86 MHz[116], donnant le bruit de petites vagues rapides écoutées sur haut-parleur[117].
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+ La radioastronomie poussée de Jupiter est réalisée avec du matériel professionnel de réception, dans les bandes radios dédiées[118].
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+ Jupiter, en latin Juppiter ou Iuppiter (génitif Jovis), est le dieu romain qui gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants s'y trouvant. Il est aussi le maître des autres dieux et est originellement un dieu du ciel, caractéristique que l'on retrouve dans son association aux présages célestes liés aux pratiques divinatoires des prêtres de Rome. Dieu souverain, il a pour attributs l'aigle et le Foudre.
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+ Les Romains finirent par associer le dieu Jupiter à son équivalent grec Zeus, même si les deux dieux se distinguent d'abord très nettement. Dans la tradition littéraire romaine, la représentation de Zeus se superpose à celle de Jupiter, au point que les deux dieux finissent par être confondus tant par les mythes que l'iconographie. C'est pour cela que Jupiter, jusqu'alors quasiment privé de mythologie ou de liens de parenté, se voit attribuer les caractéristiques mythologiques du dieu grec Zeus. Ainsi, Jupiter est marié à sa sœur, Junon.
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+ Le nom « Jupiter » vient de l'évolution d'un nom composé d'origine indo-européenne *Dyēus ph2ter signifiant « Ciel père », que l'on retrouve dans le grec Ζεύς πατὴρ et le védique Dyauṣ Pitā. La première partie du composé appartient à la famille formée sur *dyew, racine indo-européenne désignant « la lumière diurne », le « ciel lumineux »[1] et sur laquelle est également formé le mot latin dies, « le jour ». On trouve même Diespiter chez Plaute et Varron pour désigner Jupiter[2].
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+ L'accusatif Jovem a donné les adjectifs « jovial », « jovien » et aussi le substantif « jeudi » signifiant « jour de Jupiter » (Jovis dies). Le mot francoprovençal « Joux » que l'on retrouve souvent en toponymie alpine pourrait en dériver. Molière n'hésitait pas à mettre « Per Jovem ! » (« Par Jupiter ! ») dans la bouche de ses personnages pédants[3].
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+ Jupin est une forme abrégée de Jupiter[4] surtout utilisée en ancien français[4] et qui se rencontre parfois en poésie.
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+ Dieu du Ciel diurne, Jupiter est également originellement un dieu de l'Orage. Nombre d'épiclèses identifient ainsi le dieu souverain comme dieu de l'Orage : Jupiter tonans, « tonnant », Jupiter fulminator « qui lance la foudre », Jupiter Fulgurator « de la foudre », Jupiter Summanus « dieu tonnant la nuit », Jupiter Pluvius « qui envoie la pluie »[5].
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+ De même à Rome, le pouvoir fulgurant de Jupiter est divinisé par les épithètes fulgur littéralement « le brillant » qui correspond à « foudre », fulmen, fulminator. Fulgur est ce qui brille, l'« éclair », fulmen est ce qui tombe, la « foudre » proprement dite. Le fulmen est également le nom du foudre, l'arme mythique de Jupiter, portée par le dieu sur ses idoles. Il est un déverbatif du verbe fulgere désignant ce qui brille[6]. Même une épithète comme Lucetius qui paraît d'abord se rapporter à la lumière désigne en réalité le flamboiement de l'éclair ou de la foudre[7]. Il est encore si bien compris comme le maître de la pluie que des cérémonies relativement tardives comme les Nudipedalia, destinées à la faire tomber, se sont rattachées naturellement à lui[7].
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+ C'est en tant que dieu du Ciel qu'il fait paraître les auspices, signes que, dieu souverain, il donne aux chefs de Rome par les oiseaux et que les augures doivent interpréter[7].
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+ Jupiter est attaché à la fonction souveraine. Il est rex et protège le roi humain. Même aux temps républicains, quand ce titre devient suspect, il reste le seul dieu à pouvoir le donner. Jupiter est maître du serment, maître du droit. Il est absolument libre. Ces qualités rejaillissent sur le flamen Dialis à son service, qui est le seul Romain à être exclu du serment. Tout un symbolisme personnel met en valeur sa liberté, son absence de liens[7].
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+ Un élément du prestige de Jupiter est son rôle de témoin, de garant, de vengeur des serments et des pactes, dans la vie privée comme dans la vie publique. Dieu souverain, placé au dessus des autres dieux, summus maximus, il garde un droit de regard sur toute chose[7]. Près de son temple sur le Capitole se trouvait celui de Fides, déesse de la bonne foi et de l'honneur, temple où avait lieu le sacrifice annuel des flamines majeurs[7].
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23
+ C'est également en tant que dieu souverain qu'il intervient dans la guerre. Jupiter Stator est invoqué dans une situation désespérée afin qu'il permette par un miracle le retournement du combat[7].
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25
+ Au cours de l'histoire, Jupiter sera naturellement associé à la mission de conquête et de puissance que Rome se découvrait. Selon Georges Dumézil, l'une des premières inventions en ce sens fut celle du présage du caput humanum trouvé par les terrassiers qui creusaient les fondations de son temple et qui promettait à Rome pour commencer l'empire de l'Italie[7].
26
+
27
+ La plupart des mythes usuellement associés à Jupiter sont en réalité des adaptations en termes latins des légendes du dieu grec Zeus. La théologie typiquement romaine est pauvre en mythes, tant elle a été associée à une conception historique des légendes fondatrices[8].
28
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29
+ C'est donc dans une perspective historique et non mythologique que les Romains représentent les actions de Jupiter. Ainsi, à plusieurs reprises dans l'histoire romaine, les Romains voient le signe d'une intervention de leur dieu. Celui-ci est par exemple censé avoir influencé le roi Numa Pompilius quand ce dernier organisa les institutions romaines. Les écrivains romains précisent également que Jupiter aurait envoyé à Numa un bouclier de bronze dont il fit des copies, les anciles[9]. Jupiter est également censé avoir guidé Tarquin l'Ancien jusqu'à son statut de roi de Rome. On lui attribue de même l'apothéose de Romulus[10].
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31
+ Dans le cadre de Interpretatio graeca, l'assimilation avec Zeus intervint très tôt. Georges Dumézil considère, néanmoins, qu'elle ne fut pas profonde. Elle se manifestera plus tard, sans grand effet sur le culte, quand Jupiter et Junon formeront un couple. C'est surtout dans la littérature que Jupiter se tournera vers Zeus. Toutefois, les poètes du siècle d'Auguste garderont à Jupiter sa signification et son allure nationales[7].
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+ Parmi les divinités, Jupiter tenait toujours le plus haut rang. L'aigle, qui plane en haut des cieux et fond comme la foudre sur sa proie, était son oiseau favori. Il était de fait, en tant que maître du ciel, associé aux pratiques divinatoires liées à l'interprétation des signes célestes, tels que le vol des oiseaux ou les éclairs, comme la pratiquaient les prêtres et les haruspices. Le jeudi, jour de la semaine, lui était consacré (Jovis dies).
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+ Les Vinalia, les Vinalia priora célébrées le 23 avril et les Vinalia rustica célébrées le 19 août, deux fêtes liées au vin, lui sont consacrées.
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+ En tant que Jupiter Feretrius, on lui apporte les dépouilles opimes, c'est-à-dire les trophées (armes et pièces d'armure) pris par un général romain sur un chef ennemi[7].
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+ Jupiter Latiaris est honoré dans les monts Albains. Un des premiers actes des nouveaux consuls était d'aller lui sacrifier. Célébrées avec les autres cités du Latium, les Féries latines feriae Latinae manifestaient que Rome était devenue l'héritière des anciennes confédérations albines[7]
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+ On sacrifiait seulement à Jupiter des animaux de couleur blanche : il est le seul des dieux romains dont les victimes sacrificielles sont caractérisées par cette spécificité. Les trois principaux animaux sacrifiés étaient le bœuf, l'agneau et la chèvre. Quelques exceptions notoires sont connues, comme lors d'une crise des guerres puniques pendant laquelle tous les animaux nés dans l'année lui furent sacrifiés : cette pratique était appelée ver sacrum.
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+ Dans ce temple, Jupiter logeait deux divinités mineures, Juventas et Terminus. A la première, lorsqu'ils revêtaient la toge, symbole du passage de l'enfance à l'âge viril, les jeunes Romains devaient faire l'offrande d'une pièce de monnaie. Terminus illustrait, lui, un autre aspect du dieu souverain : la juste répartition des biens dans la société[7].
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+ On peut noter qu'en France, le toponyme « Montjovis », littéralement « colline de Jupiter », désigne souvent l'ancien emplacement d'un temple dédié au dieu.
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+ On lui donne pour attribut l'aigle, le plus majestueux des oiseaux, le foudre, le chêne, le sceptre et le trône.
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+ Il est le maître de l'univers, de la terre et des cieux mais également le dieu des dieux.
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+ Il existe de nombreuses épithètes de Jupiter. Ce sont des noms complémentaires qui correspondent à ses pouvoirs, actions :
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+ Jupiter connait plusieurs équivalences avec des dieux d'autres religions notamment avec le dieu grec Zeus. Héritier du dieu indo-européen du Ciel diurne, maître de la foudre, ce dernier a connu une évolution semblable à celle de Jupiter en devenant naturellement le dieu souverain[15]. Il a également été assimilé à Dyaus Pitar chez les Hindous.
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+ Sous le nom de Tinia, les Étrusques honoraient un dieu qu'ils avaient assimilé à Jupiter[7].
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+ Sam NeillLaura DernJeff GoldblumRichard AttenboroughBob Peck
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+ Série Jurassic Park
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+ Le Monde perdu : Jurassic Park(1997)
6
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7
+ Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
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+
9
+ Jurassic Park, ou Le Parc jurassique au Québec et au Nouveau-Brunswick, est un film américain d'aventure et de science-fiction réalisé par Steven Spielberg, sorti en 1993. Il est adapté du roman du même nom[Note 1] de Michael Crichton paru en 1990.
10
+
11
+ Le développement du film a commencé avant même que le livre soit publié. Michael Crichton a été engagé pour contribuer au script, qui contient une grande partie de son histoire. Steven Spielberg a choisi les studios de Stan Winston pour la confection des animatroniques et a travaillé avec Industrial Light & Magic pour développer les images de synthèse des dinosaures.
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13
+ La sortie du premier film s’est accompagnée d'un véritable travail de préparation à long terme pour intéresser le public (dont les jeunes générations) aux dinosaures, puisque Steven Spielberg a produit un dessin animé long métrage en 1988, Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles ainsi que plusieurs documentaires pour la télévision. Cette démarche commerciale originale s’est de plus accompagnée de nombreux produits dérivés, montrés explicitement dans le film (puisqu'il s’agit des produits dérivés du parc d’attraction). C'est le premier film de l'histoire à amasser plus de 900 millions de dollars de recettes, devenant le plus gros succès au box-office à cette période. Il a également inspiré significativement une nouvelle forme de films utilisant principalement les images de synthèse pour les effets spéciaux.
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+ Deux ans après sa ressortie en 3D en mai 2013, pour son vingtième anniversaire, le film fait partie de la sélection Cannes Classics lors du Festival de Cannes 2015[1].
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+ Jurassic Park a été le premier film de la série de films Jurassic Park, suivi par Le Monde perdu : Jurassic Park en 1997 (également adapté du roman éponyme de Michael Crichton), Jurassic Park 3 en 2001, Jurassic World en 2015 et Jurassic World: Fallen Kingdom sorti en 2018.
18
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+ John Parker Hammond, le PDG de la puissante compagnie InGen, parvient à donner vie à des dinosaures grâce à la génétique et décide de les utiliser dans le cadre d’un parc d'attractions qu’il compte ouvrir sur une île au large du Costa Rica. Avant l'ouverture, il fait visiter le parc à un groupe d'experts pour obtenir leur aval. Pendant la visite, une tempête éclate et un informaticien corrompu par une entreprise rivale en profite pour couper les systèmes de sécurité afin de voler des embryons de dinosaures. En l'absence de tout système de sécurité pendant plusieurs heures, les dinosaures s'échappent sans mal, et le cauchemar des visiteurs commence.
20
+
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+ John Hammond est un multi-milliardaire excentrique. C'est le PDG de l'entreprise InGen et il travaille, en secret, à la création d'un parc d'attractions sur Isla Nublar, une île qu'il possède toute entière au large du Costa Rica.
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+ À la suite de la mort d'un employé, attrapé puis tué à cause d'un dinosaure, la famille du défunt intente des poursuites contre InGen. John Hammond est alors pressé par ses actionnaires d'amener une équipe d'experts scientifiques avant l'ouverture officielle du parc, afin que la sécurité des lieux puisse être garantie. Hammond invite donc sur son île les docteurs Alan Grant et Ellie Sattler, paléontologues renommés, qu'il a décidé de rencontrer sur leurs lieux de fouille pour les inciter à le rejoindre. Il les tente pour l'aventure en échange du financement par ses soins de trois ans de fouilles. Un autre scientifique les accompagne, invité par l'avocat représentant les actionnaires d'Hammond. C'est un mathématicien du nom de Ian Malcolm et spécialisé dans la théorie du chaos. Donald Gennaro, l'avocat qui l'a fait venir est lui aussi du voyage.
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+
25
+ Arrivés sur l'île, le groupe de trois scientifiques apprend que les chercheurs d'InGen ont réussi à recréer des dinosaures viables, de plusieurs espèces, en répliquant le matériel génétique trouvé dans un moustique fossilisé dans un morceau d'ambre dominicain. L'ADN de ces échantillons a été mélangé avec celui d'une grenouille pour combler les séquences manquantes dans le code génétique. Au cours de ce processus, en contrôlant la température d'incubation des œufs, les généticiens de Jurassic Park s'assurent de ne créer que des dinosaures femelles afin de pouvoir éviter des naissances non contrôlées.
26
+
27
+ Hammond et ses invités entament la visite du parc. L'équipe découvre d'abord l'enclos rectangulaire des vélociraptors (responsables de la mort de l'employé). Ils assistent à la mise à mort d'une vache attaquée par les trois reptiles. Ils comprennent, en dialoguant avec Robert Muldoon, le garde-chasse personnel d'Hammond et responsable des animaux, que ces dinosaures sont particulièrement puissants, intelligents et mémorisent très vite.
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29
+ Lors du déjeuné pris dans un local, Malcolm décrit sa pensée face à Hammond. Il est lucide et amer, visualisant que la Nature est par définition inapte à suivre les chemins tous tracés et que jouer avec elle sous des aspirations mercantiles ou techniques n'apportera que chaos. Sattler s'inquiète, visualisant la violence comme composante de la Nature. Grant reste neutre, bien que profondément perplexe. Seul Gennaro est ravi de tout ce qu'il voit : la rentabilité de Jurassic Park est pour lui un fait acquis et c'est ce qui compte le plus pour lui.
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+ Rejoints par les petits-enfants de Hammond, Lex et Tim Murphy, les scientifiques et l'avocat prennent place dans les véhicules électriques du parc et entament la visite guidée. Les engins suivent un rail électrifié, en autonomie, sans chauffeur.
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+ Pendant que les six visiteurs entament une ballade assez décevante, les créatures qu'ils sont sensés voir restant toutes éloignées des grillages, une tricératops malade les fait sortir de leurs voitures, par curiosité. Sattler reste avec l'employé qui la soigne, les autres voyageurs reprennent place dans les véhicules pour continuer la visite.
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+
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+ Une tempête tropicale frappe l'île entretemps, obligeant la plupart des employés d'InGen à partir. Hammond, son garde-chasse Robert Muldoon, l'ingénieur en chef Ray Arnold, et le programmeur en chef Dennis Nedry restent sur place pour s'occuper des invités du parc.
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+ Acheté par Biosyn, concurrent direct d’InGen, Nedry désactive sous un faux prétexte une grande partie du système de sécurité du parc. Il rend les caméras inertes et provoque le déverrouillage des portes du bâtiment pour parvenir à voler des embryons de dinosaures dans la zone de stockage où ils se trouvent, normalement ultra-sécurisée, qui lui est interdite. Il a dans l'intention de les ramener à un intermédiaire sur les quais qui doit l'attendre afin d'obtenir en échange une somme d'argent très élevée. Pour parvenir à son but, il a aussi rendues inertes les clôtures de plusieurs créatures, pour qu'il puisse en ouvrir les portes normalement électrifiées afin de se rendre discrètement aux docks au volant d'un tout-terrain.
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+ Le convoi des visiteurs s'est retrouvé stoppé avec l'arrêt du courant électrique et ils sont aux abords de l'enclos du tyrannosaure. Attiré par une chèvre mise comme appât, le gigantesque lézard s'approche, dévore la chèvre et va détruire la clôture électrique qui délimite son espace de vie. Le dinosaure tue Gennaro qui s'était enfuit et réfugié dans des toilettes. Lex et Tim, en fort mauvaise posture, se font attaquer par le T-Rex dans leur véhicule. Malcolm qui est sorti dehors pour aider les enfants est blessé par le reptile. Grant parvient à les aider comme il peut, cependant le dinosaure fait chuter la voiture dans son enclos avec Tim encore à l'intérieur. Lex et Grant font une descente en rappel pour le rejoindre, puis l'adulte aide Tim à sortir de la voiture encastrée dans un arbre.
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+ Muldoon et Sattler se rendent ensuite sur les lieux et portent secours à Malcolm qu'ils retrouvent. Ils comprennent que Grant et les enfants sont en vie mais ils ne savent pas où ils se sont rendus après leur chute dans l'enclos en contrebas. De retour à leur véhicule, les secouristes et Malcolm sont pris en chasse par le tyrannosaure qui ne parvient pas à les atteindre.
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+ De son côté, pris dans la tempête, Nedry a un accident de voiture avant d'atteindre le bateau et se fait tuer par un dilophosaure. Grant, Tim et Lex passent la nuit dans un arbre et, au matin, alors qu'ils marchent vers un endroit sûr, ils découvrent des coquilles d'œufs cassés. Malgré les précautions prises par les généticiens du parc, les dinosaures peuvent donc se reproduire. Grant comprend que l'ADN de grenouille est responsable de ce changement : plusieurs espèces d'amphibiens sont connues pour changer spontanément de sexe dans un environnement sans partenaire.
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+ Au Centre des visiteurs, Arnold tente de pirater l'ordinateur de Nedry pour réactiver les systèmes du parc mais il échoue. La seule solution restant alors est de redémarrer l'ensemble du système, ce qui nécessite de remettre le courant depuis une remise. Sans nouvelles d'Arnold, Sattler et Muldoon se rendent à leur tour dans la remise, et découvrent que les raptors se sont échappés. Muldoon demande à Sattler d'aller dans la remise pour remettre le courant, pendant qu'il s'occupe des raptors qui les ont pris en chasse. Muldoon est tué mais Sattler parvient à remettre le courant. Elle découvre peu après les restes d'Arnold dans la remise.
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+
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+ Après avoir réussi à quitter la remise et à éviter les raptors, Sattler retrouve Grant. Les enfants, seuls dans le Centre des visiteurs, sont attaqués par deux des raptors. Ils réussissent à enfermer l'un d'entre eux dans une chambre froide, mais doivent fuir devant le deuxième, (la Grande, surnommée ainsi par Muldoon). Ils retrouvent Grant et Sattler en s'enfuyant.
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+ Le groupe se réfugie dans la salle de contrôle du parc et arrive à rétablir in extremis les systèmes de sécurité et de téléphonie. Pendant que John, prévenu, appelle les secours, le raptor arrive à détruire la fenêtre de la salle de contrôle, forçant le groupe à fuir. Dans l'entrée principale, alors qu'ils sont cernés par les raptors, La Grande plus le troisième qu'Ellie avait enfermé dans la remise mais qui a réussi à s'échapper (car, étant intelligents, les raptors ont appris à ouvrir les portes), le groupe est sauvé de justesse par le T-Rex, qui attaque et tue les raptors.
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51
+ Rejoignant John et Malcolm, le groupe fuit en Jeep vers les hélicoptères de secours. Grant annonce à Hammond qu'il a décidé de ne pas donner son aval sur le parc, et Hammond lui répond qu'il est entièrement d'accord avec lui. Lorsque le groupe quitte l'île, Grant admire un groupe de pélicans volant au ras de l'eau, se rappelant sa théorie que les dinosaures auraient plus de ressemblances avec eux qu'avec les reptiles.
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53
+ Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
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+ Au départ, Michael Crichton avait conçu un scénario sur un garçon qui recréait un dinosaure ; il laisse ensuite de côté sa fascination pour les dinosaures et le clonage jusqu'à ce qu'il se mette à écrire son roman Jurassic Park[4]. Spielberg découvre le roman en octobre 1989 tandis que lui et Crichton sont en train de discuter d'un scénario (qui deviendra plus tard la série télévisée Urgences). Avant la publication du livre (en 1990), Michael Crichton demande une redevance non négociable d'1,5 million de dollars en plus d'un pourcentage conséquent sur les bénéfices. Warner Bros. et Tim Burton, Columbia Tristar et Richard Donner, et 20th Century Fox et Joe Dante se proposent pour acquérir les droits. C'est finalement Universal qui les obtient en mai 1990 pour Steven Spielberg[5].
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57
+ Universal ajoute 500 000 dollars à la somme de Crichton pour qu'il adapte son propre roman[6], lequel est achevé au moment où Spielberg réalise Hook ou la Revanche du capitaine Crochet (1991). Michael Crichton note que, comme son livre est assez long, son script ne porte que sur 10 à 20 % de son contenu : des scènes ont été supprimées pour des raisons pratiques et budgétaires[7]. Simultanément, Steven Spielberg engage Stan Winston pour créer les dinosaures animatroniques, Phil Tippett pour créer les dinosaures en go motion pour les plans généraux et Michael Lantieri et Dennis Muren pour superviser respectivement les on-set effects et la composition numérique. Le paléontologue Jack Horner supervise quant à lui les designs, pour satisfaire le désir de Spielberg de représenter les dinosaures comme des animaux plutôt que des monstres. Par exemple, Jack Horner rejette d'emblée la langue entrant et sortant à la manière d'un serpent qu'avaient les raptors dans les premiers animatiques de Tipett[8], soulignant que les dinosaures ne pouvaient faire cela.
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59
+ Après avoir terminé Hook, Steven Spielberg veut tourner La Liste de Schindler. Sid Sheinberg, président de MCA, donne son feu vert à une condition : que Spielberg tourne Jurassic Park d'abord. Début octobre 1991, Malia Scotch Marmo réécrit donc entièrement le script pendant une période de cinq mois, fusionnant Ian Malcolm avec Alan Grant[9]. Le département de Stan Winston crée des modèles très détaillés des dinosaures, avant de recouvrir les mécanismes par des peaux en latex[8]. Phil Tippett crée des animatiques en stop-motion pour les scènes principales, mais, malgré les essais de go-motion, Steven Spielberg trouve toujours les résultats finaux insatisfaisants pour les passages du film en action live[8]. Les animateurs Mark Dippé et Steve Williams vont de l'avant en créant un cycle de marche pour le squelette du Tyrannosaurus par ordinateur et on les encourage à en faire plus[10]. Quand Steven Spielberg et Phil Tippett découvrent un animatique d'un T. rex chassant un troupeau de Gallimimus, Spielberg déclara « You're out of a job », ce à quoi Phil Tippett réplique alors « Don't you mean extinct ? »[8]. Steven Spielberg inclut plus tard l'animatique et son dialogue avec Phil Tippett dans le script[11].
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61
+ Le scénariste David Koepp rejoint ensuite le projet. Il reprend de nouveau la version de Malia Scotch Marmo et utilise notamment l'idée de Steven Spielberg d'un dessin animé montré aux visiteurs du parc afin de remplacer la longue exposition du roman de Crichton[12]. Le réalisateur demande par ailleurs à supprimer l'intrigue parallèle d'un Procompsognathus qui s'échappe vers le continent et attaque des petits enfants, jugeant cela trop effrayant[13]. Ce passage sera finalement utilisé dans le prologue de la suite du film, Le Monde perdu : Jurassic Park. Quant aux personnages, John Hammond passe d'homme d'affaires impitoyable à gentil vieil homme ; Spielberg admit qu'il s'identifie à l'obsession d'Hammond pour le showmanship[14]. Il a aussi interverti les personnages de Tim et Lex : dans le livre, Tim a 11 ans et connaît les ordinateurs et Lex n'a que sept ou huit ans et fait du sport. Steven Spielberg voulait ainsi travailler avec Joseph Mazzello. Cela lui permettait par ailleurs d'introduire les remarques adolescentes de Lex envers Alan Grant[15]. David Koepp change également les relations du professeur Grant avec les enfants, le rendant plus hostile envers eux qu'initialement, pour mieux développer le personnage. Le scénariste saisit également l'occasion pour supprimer une scène principale du livre, où le T. rex chasse Grant et les enfants dans une rivière avant qu'il ne soit calmé par Muldoon, pour des raisons de budget[12].
62
+
63
+ Petit clin d'œil de Steven Spielberg à l'une des sources de Crichton, L'Île du docteur Moreau de Wells : Hammond, directeur du parc, arbore la barbe, le complet blanc et le chapeau de l'inquiétant Dr Moreau dans l'adaptation de 1977.
64
+
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+ Neill était dès le départ le choix de Spielberg pour le rôle du Pr Alan Grant, mais il n'était pas disponible. Spielberg rencontra ensuite Richard Dreyfuss et Kurt Russell, dont les services étaient trop chers, Harrison Ford et William Hurt ont refusé le rôle[16]. Spielberg repoussa le tournage d'un mois pour que Neill puisse jouer le personnage. Pour mieux s'imprégner du rôle, Neill rencontra le paléontologue Jack Horner[15].
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+ Pour son rôle, Laura Dern a également rencontré Horner et a visité le muséum d'histoire naturelle de Los Angeles[15].
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+ Steven Spielberg a tout de suite choisi Jeff Goldblum pour le rôle du Pr Ian Malcolm[15]. Grand amateur de dinosaures[17], Goldblum a rencontré James Gleick et Ivar Ekeland pour discuter de la théorie du chaos afin de préparer son rôle[18]. Jim Carrey a aussi passé une audition pour le rôle[19].
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+
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+ Richard Attenborough n'avait pas joué dans un film en tant qu'acteur depuis The Human Factor d'Otto Preminger en 1979[20].
72
+
73
+ Après deux ans et un mois de préproduction, le tournage démarre le 24 août 1992 sur l'île hawaïenne de Kauai[21]. Les trois semaines de prises impliquèrent des extérieurs à différentes heures de la journée[5]. Le 11 septembre, l'ouragan Iniki s'abat directement sur Kauai, ce qui fit perdre à l'équipe une journée de tournage[22]. La prise prévue de la poursuite des Gallimimus fut déplacée à Oahu[11].
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+
75
+ L'équipe retourne sur le continent américain pour tourner les scènes des raptors dans la cuisine au plateau 24 des studios d'Universal Pictures[5]. Des prises sont également réalisées au plateau 23 pour les scènes du bâtiment d'alimentation électrique avant de partir au Red Rock Canyon pour les scènes de fouilles archéologiques dans le Montana[23]. L'équipe est ensuite retournée à Universal pour tourner le sauvetage de Tim par Grant, utilisant un support de cinquante pieds et des roues hydrauliques pour que la voiture tombe, et la rencontre avec le Brachiosaurus. Pour le tournage des laboratoires du parc et de la salle de contrôle, l'équipe a emprunté des animations pour les ordinateurs à Silicon Graphics et Apple[24] L'équipe se déplaça au Stage 16 des studios de Warner Bros. pour enregistrer l'attaque du T-rex sur les véhicules du tour[24]. De retour à Universal, les scènes avec le Dilophosaurus ont été faites sur le plateau 27. Enfin, le tournage s'est terminé au plateau 12, avec la poursuite des raptors à travers la salle des ordinateurs et le centre des visiteurs[25]. Steven Spielberg reprit le T-rexpour le clou du spectacle, avec cette fin originale où Grant utilise une plate-forme pour manœuvrer un raptor dans le fossile d'une mâchoire de Tyrannosaure[26].
76
+
77
+ Le travail sur les effets spéciaux se poursuivit sur le film, l'équipe de Tippett ajustant la nouvelle technologie avec les Dinosaur Input Devices : les modèles qui fournissent l'information aux ordinateurs pour leur permettre d'animer les personnages traditionnellement. En plus, ils ont extériorisé les scènes avec les raptors et les Gallimimus. En plus des dinosaures en images de synthèse, ILM inclut aussi des éléments comme les éclaboussures d'eau et un visage numérique pour remplacer celui de la doublure d'Ariana Richards[8]. Spielberg surveilla la progression depuis la Pologne[27]. L'équipe responsable des effets sonores, supervisée par George Lucas[28], termina son travail fin avril. Jurassic Park fut totalement terminé le 28 mai 1993[29].
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+ Allmusic [30]
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+ Bandes originales de Jurassic Park
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+ Le Monde perdu : Jurassic Park(1997)
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+ modifier
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+ Comme pour quasiment tous les films de Steven Spielberg, c'est John Williams qui compose la bande originale de Jurassic Park. Il commence à travailler la musique du film fin février, et elle est enregistrée un mois plus tard par les chefs d'orchestre John Neufeld et Alexander Courage[29].
90
+
91
+ Pour le 20e anniversaire du film, une nouvelle version numérique sort le 9 avril 2013 avec 4 titres bonus personnellement sélectionnés par John Williams[31].
92
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93
+ Le film sort en VHS le 4 octobre 1994[32], et en DVD le 10 octobre 2000[33]. Le film est aussi sorti dans un pack regroupant également Le Monde perdu : Jurassic Park[34]. Le DVD a ensuite été ressorti avec ses deux suites le 11 décembre 2001[35] et sous le nom de Jurassic Park Adventure Pack le 29 novembre 2005[36].
94
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95
+ Le film est ressorti en 3D aux États-Unis le 19 juillet 2013[37].
96
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97
+ En 2001, l'American Film Institute classe Jurassic Park 35e film le plus excitant de tous les temps le 13 juin 2001[38] et la chaîne Bravo déclare une des scènes du film comme la 95e plus effrayante de tous les temps en 2005[39]. En 2004, pour son quinzième anniversaire, le magazine Empire nomme Jurassic Park 6e film le plus influent depuis l'existence du magazine[40] et la première rencontre avec le Brachiosaurus moment le plus magique au cinéma[41]. Pour son cinquante-cinquième anniversaire en 2005, Film Review (en) déclare le film comme l'un des cinq plus importants films depuis l'existence du magazine[42]. En 2006, IGN classe Jurassic Park comme 19e plus grande franchise de film de tous les temps[43].
98
+
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+ Plus significativement, lorsque plusieurs cinéastes ayant vu Jurassic Park utilisèrent les images de synthèse, ils réalisèrent que le fruit de leur imagination, auparavant irreproductible car trop cher, était maintenant possible. Stanley Kubrick contacta Spielberg pour diriger A.I. Intelligence artificielle[40], George Lucas commença à réaliser les préquelles de Star Wars[44], et Peter Jackson commença à se réintéresser à son amour d'enfance pour les films de fantasy qui devait le mener ensuite sur les projets du Seigneur des anneaux et King Kong[45]. Jurassic Park a inspiré des films et des documentaires comme Dinosaur from the Deep, Godzilla, Carnosaur et Sur la terre des dinosaures[40], ainsi que de nombreuses parodies[46]. Stan Winston réunit IBM et James Cameron pour former Digital Domain, déclarant « If I didn't get involved, I was going to become the dinosaur. »[47]. Alex Billington déclara que le film était en avance sur son temps, « Even using the animatronics system that they did, this was a far step ahead of anything at the time. Then the stories surrounding how horrifically real the dinosaurs were fueled its popularity even more. And the best part is that they look better in this movie than any more recent CGI creations. »[48]
100
+
101
+ Universal a investi 65 millions de dollars dans la campagne marketing de Jurassic Park, passant des accords avec une centaine de compagnies pour lancer environ mille produits[49]. Ceux-ci incluent trois jeux vidéo Jurassic Park développés par Sega et Ocean Software[50], une ligne de jouets Kenner distribué par Hasbro[51], et une novélisation visant le jeune public[52]. La bande originale du film est sortie en album accompagnée de morceaux non utilisés[53]. La bande-annonce du film ne laisse entrevoir que de rapides coups d'œil sur les dinosaures[54]. Le film est présenté par l'accroche « Il a fallu 65 millions d'années pour que cette aventure devienne possible » (« an adventure 65 millions years in the making ») qui part d'une blague de Spielberg regardant l'authentique moustique dans l'ambre utilisé pour être encastré dans la canne de Hammond[55]. La première du film se fait au National Building Museum le 9 juin 1993 à Washington[56], en faveur de deux œuvres de charité pour les enfants[57]. Après la sortie du film, une tournée promotionnelle démarre[58].
102
+
103
+ Les critiques sur le film restent modestes : si les effets spéciaux sont loués, il y a beaucoup de reproches concernant la caractérisation et les dérives par rapport au livre (voir ci-dessous). Le site Rotten Tomatoes récolte 91 % de critiques positives sur 125, avec une note moyenne de 8,3/10[60]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 68⁄100 pour 20 critiques[59].
104
+
105
+ Sur le site d'Allociné, le film obtient des critiques positives. Le site propose une note moyenne de 3,4⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 9 titres de presse[61]. Les spectateurs lui donnent une moyenne de 4,2/5.
106
+
107
+ Le film est pourtant devenu le plus gros succès financier jamais réalisé jusque là, devant E.T. l'extra-terrestre précédent détenteur du titre, bien qu'il ne surpasse pas E.T. au niveau national[62]. Les recettes du film s'élèvent à 47 millions de dollars le premier week-end[63] et montent à 81,7 millions de dollars pour la première semaine[64]. Le film est resté numéro un pendant trois semaines et a fait gagner au total 357 973 897 $ au niveau national et 914 691 118 $ de recette dans le monde entier[65]. Le film a également très bien marché à l'étranger, dépassant les meilleures entrées au Royaume-Uni, Japon, Corée du Sud, Mexique et Taïwan[66]. Spielberg a gagné plus de 250 millions de dollars grâce au film[67]. Les recettes de Jurassic Park furent ensuite dépassées cinq ans plus tard par Titanic de James Cameron, après sa ressortie en 3D dans le monde entier en 2013, le film gagne une recette supplémentaire de 114 462 764 $, devenant un des films ayant dépassés la barre symbolique du milliard de dollars avec une recette totale s'élevant à 1 029 154 982 $, et un des 50 plus gros succès du box-office mondial[68].
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+
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+ Au total, le film a été :
110
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+ Steve Englehart écrit une série de comics publiée chez Topps Comics qui servent de continuation au film : Raptor, en deux volumes, et Raptors Attack, Raptors Hijack et Return to Jurassic Park qui comportent chacun quatre numéros. Return to Jurassic Park devait encore se poursuivre sur quatre volumes avant d'être annulé. Tous les numéros publiés furent ensuite compilés sous le titre Jurassic Park Adventures aux États-Unis, et Jurassic Park au Royaume-Uni[75]. En 1994, Ocean Software sortit un autre jeu vidéo Jurassic Park Part 2: The Chaos Continues sur Super Nintendo et Game Boy[50]. En 2010, l'éditeur américain récupère la licence Jurassic Park et publie plusieurs mini-séries : Jurassic Park : Redemption, Jurassic Park : Devils in the Desert et Jurassic Park : Dangerous Game. En 2016, IDW annonce une nouvelle série basée sur les films Jurassic World et Jurassic World : Fallen Kingdom (toujours pas sortie à l'été 2018).
112
+
113
+ L'attraction Jurassic Park: The Ride entre en développement en novembre 1990[76] et son premier exemplaire ouvre à Universal Studios Hollywood le 15 juin 1996[77] pour un coût de 110 millions de dollars[76]. Selon le scénario de l'attraction, John Hammond aurait été contacté pour reconstruire le parc à l'endroit du parc à thèmes[77]. Universal's Islands of Adventure à Orlando possède une section entière dédiée à Jurassic Park, laquelle inclut la principale attraction, ici baptisée Jurassic Park River Adventure, qui ouvre en mars 1999 ainsi que plusieurs attractions plus modestes basées sur l'univers de la série[78]. Haut de 85 pieds, le plongeon de l'attraction d'Orlando était le plus haut jamais construit à l'ouverture de Jurassic Park River Adventure[79]. Le 31 mars 2001 ouvre Universal Studios Japan qui propose également une section Jurassic Park composée de commerces et une attraction, Jurassic Park : The Ride.
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+
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+ Ouvert le 18 mars 2010, Universal Studios Singapore contient la section The Lost World dédiée à la franchise hormis une exception, le spectacle Waterworld: A Live Sea War Spectacular. Deux parcs vont également ouvrir des attractions Jurassic park : Universal Studios Dubailand et Universal Studios South Korea.
116
+
117
+ Autres attractions basées sur la franchise cinématographique :
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+ Inspiré du roman homonyme de Michael Crichton, le film a connu plusieurs suites. La première, Le Monde perdu : Jurassic Park, sort en 1997. Réalisée aussi par Steven Spielberg, elle est l'adaptation d'un autre roman de Crichton, le Monde perdu.
120
+
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+ Le troisième volet de la série, Jurassic Park 3, a été réalisé en 2001 par Joe Johnston. Ce qui est annoncé comme le dernier film de la série s'inspire parfois librement d'évènements présents dans les romans de Crichton et non utilisés dans les films précédents.
122
+
123
+ En 2010, Joe Johnston affirme dans une interview à Box-Office Magazine être prêt à reprendre le projet, et que Jurassic Park 4 serait le début d'une nouvelle trilogie[80]. Début 2013, le studio Universal Pictures, qui a produit le cycle, annonce le quatrième film pour le 11 juin 2014[81]. Il devrait être réalisé par Colin Trevorrow[82]. Toutefois, en mai 2013, Universal annonce que le projet Jurassic Park 4 allait être retardé et qu'il ne sortirait qu'en 2015[83].
124
+
125
+ Le titre du 4e film, Jurassic World, ainsi que la date de sortie américaine, 12 juin 2015, sont révélés en septembre 2013[84]. En octobre 2013 sont annoncés les premiers noms du casting de Jurassic World : Ty Simpkins, Jake Johnson et Bryce Dallas Howard[85],[86]. C'est l'acteur Chris Pratt qui tiendra le rôle principal[87]. La réalisation est confiée à Colin Trevorrow.
126
+
127
+ Le film a gagné les trois Oscars du cinéma pour lesquels il était nommé : Oscar des meilleurs effets visuels, Oscar du meilleur son, Oscar du meilleur mixage de son. Il remporta le prix Hugo de la meilleure Dramatic Presentation[88] et le Saturn Award du meilleur film de science-fiction, du meilleur réalisateur, du meilleur scénariste pour Crichton et Koepp, et des meilleurs effets spéciaux[89]. Le film a également gagné le People's Choice Award de la Favorite All-Around Motion Picture[90]. Le Young Artist Award a été remis à Ariana Richards et Joseph Mazzello, avec l'Outstanding Action/Adventure Family Motion Picture award pour le film[91]. Le film reçut également plusieurs honneurs en dehors des États-Unis, comme le BAFTA des meilleurs effets spéciaux, tout comme le Public's Favourite Film Award[92], et celui du meilleur film étranger par la Japanese Academy, Mainichi Eiga Concours et Blue Ribbon, et le Czech Lion[93].
128
+
129
+ Le film de Steven Spielberg reprend l'idée de base du roman (des dinosaures sont recrées en secret sur une île tropicale, des experts scientifiques sont invités, un événement imprévisible libère les créatures), tout en apportant des modifications significatives aux personnages et au détail des péripéties.
130
+
131
+ Malgré le titre du film, la plupart des dinosaures visibles à l'écran n'existaient pas avant le Crétacé[96]. Seuls le Dilophosaurus et le Brachiosaurus ont vécu au Jurassique.
132
+
133
+ Le Tyrannosaurus, familièrement raccourci en « T-rex », est la star du film selon Spielberg, et la raison pour laquelle la fin du film a été réécrite par peur de décevoir le public[8]. L'animatronique du T-rex mesure 6 mètres de haut, 12 mètres de long[97] et pèse 5,9 tonnes[24]. Le dinosaure est dépeint avec une vision basée sur le mouvement de son environnement (ce qui n'est pas prouvé par les scientifiques). Le cri du Tyrannosaure a été produit en mélangeant les cris de différents animaux : le bébé éléphant, l'alligator et le tigre. Son souffle est celui d'un évent de baleine[29]. Un chien rognant une balle a été utilisé pour le son du déchiquètement d'un Gallimimus[8].
134
+
135
+ Le Velociraptor, parfois raccourci en « raptor », est plus grand dans le film : en effet, il a été échangé avec le Deinonychus qui est tout aussi vorace[réf. nécessaire]. À l'époque celui-ci était appelé Velociraptor antirrhopus par certains scientifiques[98]. Steven Spielberg et Jack Horner (le paléontologue conseiller du film) voulaient ainsi un dromæosaure d'une taille et d'une dangerosité plus importantes que le Velociraptor pour rendre le film plus spectaculaire, mais le temps que la production du film se mette en place, la dénomination de Velociraptor antirrhopus a été revue en Deinonychus antirrhopus. Les producteurs voulant rester fidèles au roman original, le nom de vélociraptor et son abréviation « raptor » ont été conservés pour le film. Pour l'attaque de Robert Muldoon, les raptors ont été joués par des hommes en costume[25]. Le cri du dauphin, le beuglement du morse, le cri de rut d'une grue africaine, et des grincements humains furent mixés pour obtenir différents sons de raptors[8],[29]. Finalement, à la suite des découvertes faites après la sortie du film, la plupart des paléontologues ont conclu que les dromaeosauridés, comme le Vélociraptor et le Deinonychus, avaient des plumes[99].
136
+
137
+ Au contraire, on a représenté le Dilophosaurus plus petit que le géant du jurassique pour être sûr que le public ne le confonde pas avec les raptors[100]. Il y possède également une crête de lézard australien et la capacité de cracher un venin mortel (il n'y a aucune preuve que l'animal original ait été capable de ce fait). Ses cris ont été fabriqués en combinant ceux d'un cygne, d'un faucon, d'un singe hurleur et d'un crotale[8].
138
+
139
+ Le Brachiosaurus est inexactement dépeint comme mâchant sa nourriture. Bien qu'il soit reconnu comme évident pour les scientifiques qu'ils avaient des capacités vocales limitées, le sound designer Gary Rydstrom décida de représenter leurs cris en mélangeant un chant de baleine avec des cris de singes[29].
140
+
141
+ L'apparition du Triceratops posa un problème logistique particulier à Stan Winston lorsque Spielberg demanda à tourner l'animatronic de la créature blessée plus tôt que prévu[101]. Winston a aussi créé un bébé Tricératops pour qu'Ariana Richards le monte, mais il fut supprimé du film pour des raisons de rythme[102].
142
+
143
+ Les Gallimimus et Parasaurolophus ne font que des apparitions furtives, le deuxième apparaît lors de la première rencontre avec les Brachiosaurus.
144
+
145
+ Même si ces espèces ne sont pas visibles dans le film, la liste officielle des animaux présents sur l'île dans le roman original comprend également le Baryonyx, le Ceratosaurus, le Compsognathus, le Herrerasaurus, le Ptéranodon, le Stegosaurus, le Metriacanthosaurus, le Segisaurus, l'Hypsilophodon, le Mosasauridae et le Carnotaurus.
146
+
147
+ Ayant trouvé la conversion en 3D de Titanic extraordinaire, Spielberg s'est demandé si Stereo D, la société ayant été chargée de celle-ci, pouvait refaire la même chose avec Jurassic Park. Le réalisateur déclare avoir, de façon inconsciente, toujours imaginé le tournage de ce film en 3D. Bien qu'il ne l'ait pas envisagé à l'époque, la 3D n'étant pas suffisamment aboutie. C'est pourquoi selon lui, le film a un bon potentiel pour cette technologie. Gary Rydstrom, le mixeur et concepteur sonore, a également profité de l'occasion pour rendre la piste audio plus immersive.
148
+
149
+ Le 5 avril 2013, soit presque 20 ans après son lancement d'origine, le film est ressorti en version 3D[103]. La conversion a duré 9 mois, et a nécessité plusieurs centaines d’artisans. Le tout a été supervisé par Spielberg lui-même. Par la même occasion, cette édition 3D fut produite à partir d'un nouveau master 4K[104],[105].
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1
+ Sam NeillLaura DernJeff GoldblumRichard AttenboroughBob Peck
2
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3
+ Série Jurassic Park
4
+
5
+ Le Monde perdu : Jurassic Park(1997)
6
+
7
+ Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
8
+
9
+ Jurassic Park, ou Le Parc jurassique au Québec et au Nouveau-Brunswick, est un film américain d'aventure et de science-fiction réalisé par Steven Spielberg, sorti en 1993. Il est adapté du roman du même nom[Note 1] de Michael Crichton paru en 1990.
10
+
11
+ Le développement du film a commencé avant même que le livre soit publié. Michael Crichton a été engagé pour contribuer au script, qui contient une grande partie de son histoire. Steven Spielberg a choisi les studios de Stan Winston pour la confection des animatroniques et a travaillé avec Industrial Light & Magic pour développer les images de synthèse des dinosaures.
12
+
13
+ La sortie du premier film s’est accompagnée d'un véritable travail de préparation à long terme pour intéresser le public (dont les jeunes générations) aux dinosaures, puisque Steven Spielberg a produit un dessin animé long métrage en 1988, Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles ainsi que plusieurs documentaires pour la télévision. Cette démarche commerciale originale s’est de plus accompagnée de nombreux produits dérivés, montrés explicitement dans le film (puisqu'il s’agit des produits dérivés du parc d’attraction). C'est le premier film de l'histoire à amasser plus de 900 millions de dollars de recettes, devenant le plus gros succès au box-office à cette période. Il a également inspiré significativement une nouvelle forme de films utilisant principalement les images de synthèse pour les effets spéciaux.
14
+
15
+ Deux ans après sa ressortie en 3D en mai 2013, pour son vingtième anniversaire, le film fait partie de la sélection Cannes Classics lors du Festival de Cannes 2015[1].
16
+
17
+ Jurassic Park a été le premier film de la série de films Jurassic Park, suivi par Le Monde perdu : Jurassic Park en 1997 (également adapté du roman éponyme de Michael Crichton), Jurassic Park 3 en 2001, Jurassic World en 2015 et Jurassic World: Fallen Kingdom sorti en 2018.
18
+
19
+ John Parker Hammond, le PDG de la puissante compagnie InGen, parvient à donner vie à des dinosaures grâce à la génétique et décide de les utiliser dans le cadre d’un parc d'attractions qu’il compte ouvrir sur une île au large du Costa Rica. Avant l'ouverture, il fait visiter le parc à un groupe d'experts pour obtenir leur aval. Pendant la visite, une tempête éclate et un informaticien corrompu par une entreprise rivale en profite pour couper les systèmes de sécurité afin de voler des embryons de dinosaures. En l'absence de tout système de sécurité pendant plusieurs heures, les dinosaures s'échappent sans mal, et le cauchemar des visiteurs commence.
20
+
21
+ John Hammond est un multi-milliardaire excentrique. C'est le PDG de l'entreprise InGen et il travaille, en secret, à la création d'un parc d'attractions sur Isla Nublar, une île qu'il possède toute entière au large du Costa Rica.
22
+
23
+ À la suite de la mort d'un employé, attrapé puis tué à cause d'un dinosaure, la famille du défunt intente des poursuites contre InGen. John Hammond est alors pressé par ses actionnaires d'amener une équipe d'experts scientifiques avant l'ouverture officielle du parc, afin que la sécurité des lieux puisse être garantie. Hammond invite donc sur son île les docteurs Alan Grant et Ellie Sattler, paléontologues renommés, qu'il a décidé de rencontrer sur leurs lieux de fouille pour les inciter à le rejoindre. Il les tente pour l'aventure en échange du financement par ses soins de trois ans de fouilles. Un autre scientifique les accompagne, invité par l'avocat représentant les actionnaires d'Hammond. C'est un mathématicien du nom de Ian Malcolm et spécialisé dans la théorie du chaos. Donald Gennaro, l'avocat qui l'a fait venir est lui aussi du voyage.
24
+
25
+ Arrivés sur l'île, le groupe de trois scientifiques apprend que les chercheurs d'InGen ont réussi à recréer des dinosaures viables, de plusieurs espèces, en répliquant le matériel génétique trouvé dans un moustique fossilisé dans un morceau d'ambre dominicain. L'ADN de ces échantillons a été mélangé avec celui d'une grenouille pour combler les séquences manquantes dans le code génétique. Au cours de ce processus, en contrôlant la température d'incubation des œufs, les généticiens de Jurassic Park s'assurent de ne créer que des dinosaures femelles afin de pouvoir éviter des naissances non contrôlées.
26
+
27
+ Hammond et ses invités entament la visite du parc. L'équipe découvre d'abord l'enclos rectangulaire des vélociraptors (responsables de la mort de l'employé). Ils assistent à la mise à mort d'une vache attaquée par les trois reptiles. Ils comprennent, en dialoguant avec Robert Muldoon, le garde-chasse personnel d'Hammond et responsable des animaux, que ces dinosaures sont particulièrement puissants, intelligents et mémorisent très vite.
28
+
29
+ Lors du déjeuné pris dans un local, Malcolm décrit sa pensée face à Hammond. Il est lucide et amer, visualisant que la Nature est par définition inapte à suivre les chemins tous tracés et que jouer avec elle sous des aspirations mercantiles ou techniques n'apportera que chaos. Sattler s'inquiète, visualisant la violence comme composante de la Nature. Grant reste neutre, bien que profondément perplexe. Seul Gennaro est ravi de tout ce qu'il voit : la rentabilité de Jurassic Park est pour lui un fait acquis et c'est ce qui compte le plus pour lui.
30
+
31
+ Rejoints par les petits-enfants de Hammond, Lex et Tim Murphy, les scientifiques et l'avocat prennent place dans les véhicules électriques du parc et entament la visite guidée. Les engins suivent un rail électrifié, en autonomie, sans chauffeur.
32
+
33
+ Pendant que les six visiteurs entament une ballade assez décevante, les créatures qu'ils sont sensés voir restant toutes éloignées des grillages, une tricératops malade les fait sortir de leurs voitures, par curiosité. Sattler reste avec l'employé qui la soigne, les autres voyageurs reprennent place dans les véhicules pour continuer la visite.
34
+
35
+ Une tempête tropicale frappe l'île entretemps, obligeant la plupart des employés d'InGen à partir. Hammond, son garde-chasse Robert Muldoon, l'ingénieur en chef Ray Arnold, et le programmeur en chef Dennis Nedry restent sur place pour s'occuper des invités du parc.
36
+
37
+ Acheté par Biosyn, concurrent direct d’InGen, Nedry désactive sous un faux prétexte une grande partie du système de sécurité du parc. Il rend les caméras inertes et provoque le déverrouillage des portes du bâtiment pour parvenir à voler des embryons de dinosaures dans la zone de stockage où ils se trouvent, normalement ultra-sécurisée, qui lui est interdite. Il a dans l'intention de les ramener à un intermédiaire sur les quais qui doit l'attendre afin d'obtenir en échange une somme d'argent très élevée. Pour parvenir à son but, il a aussi rendues inertes les clôtures de plusieurs créatures, pour qu'il puisse en ouvrir les portes normalement électrifiées afin de se rendre discrètement aux docks au volant d'un tout-terrain.
38
+
39
+ Le convoi des visiteurs s'est retrouvé stoppé avec l'arrêt du courant électrique et ils sont aux abords de l'enclos du tyrannosaure. Attiré par une chèvre mise comme appât, le gigantesque lézard s'approche, dévore la chèvre et va détruire la clôture électrique qui délimite son espace de vie. Le dinosaure tue Gennaro qui s'était enfuit et réfugié dans des toilettes. Lex et Tim, en fort mauvaise posture, se font attaquer par le T-Rex dans leur véhicule. Malcolm qui est sorti dehors pour aider les enfants est blessé par le reptile. Grant parvient à les aider comme il peut, cependant le dinosaure fait chuter la voiture dans son enclos avec Tim encore à l'intérieur. Lex et Grant font une descente en rappel pour le rejoindre, puis l'adulte aide Tim à sortir de la voiture encastrée dans un arbre.
40
+
41
+ Muldoon et Sattler se rendent ensuite sur les lieux et portent secours à Malcolm qu'ils retrouvent. Ils comprennent que Grant et les enfants sont en vie mais ils ne savent pas où ils se sont rendus après leur chute dans l'enclos en contrebas. De retour à leur véhicule, les secouristes et Malcolm sont pris en chasse par le tyrannosaure qui ne parvient pas à les atteindre.
42
+
43
+ De son côté, pris dans la tempête, Nedry a un accident de voiture avant d'atteindre le bateau et se fait tuer par un dilophosaure. Grant, Tim et Lex passent la nuit dans un arbre et, au matin, alors qu'ils marchent vers un endroit sûr, ils découvrent des coquilles d'œufs cassés. Malgré les précautions prises par les généticiens du parc, les dinosaures peuvent donc se reproduire. Grant comprend que l'ADN de grenouille est responsable de ce changement : plusieurs espèces d'amphibiens sont connues pour changer spontanément de sexe dans un environnement sans partenaire.
44
+
45
+ Au Centre des visiteurs, Arnold tente de pirater l'ordinateur de Nedry pour réactiver les systèmes du parc mais il échoue. La seule solution restant alors est de redémarrer l'ensemble du système, ce qui nécessite de remettre le courant depuis une remise. Sans nouvelles d'Arnold, Sattler et Muldoon se rendent à leur tour dans la remise, et découvrent que les raptors se sont échappés. Muldoon demande à Sattler d'aller dans la remise pour remettre le courant, pendant qu'il s'occupe des raptors qui les ont pris en chasse. Muldoon est tué mais Sattler parvient à remettre le courant. Elle découvre peu après les restes d'Arnold dans la remise.
46
+
47
+ Après avoir réussi à quitter la remise et à éviter les raptors, Sattler retrouve Grant. Les enfants, seuls dans le Centre des visiteurs, sont attaqués par deux des raptors. Ils réussissent à enfermer l'un d'entre eux dans une chambre froide, mais doivent fuir devant le deuxième, (la Grande, surnommée ainsi par Muldoon). Ils retrouvent Grant et Sattler en s'enfuyant.
48
+
49
+ Le groupe se réfugie dans la salle de contrôle du parc et arrive à rétablir in extremis les systèmes de sécurité et de téléphonie. Pendant que John, prévenu, appelle les secours, le raptor arrive à détruire la fenêtre de la salle de contrôle, forçant le groupe à fuir. Dans l'entrée principale, alors qu'ils sont cernés par les raptors, La Grande plus le troisième qu'Ellie avait enfermé dans la remise mais qui a réussi à s'échapper (car, étant intelligents, les raptors ont appris à ouvrir les portes), le groupe est sauvé de justesse par le T-Rex, qui attaque et tue les raptors.
50
+
51
+ Rejoignant John et Malcolm, le groupe fuit en Jeep vers les hélicoptères de secours. Grant annonce à Hammond qu'il a décidé de ne pas donner son aval sur le parc, et Hammond lui répond qu'il est entièrement d'accord avec lui. Lorsque le groupe quitte l'île, Grant admire un groupe de pélicans volant au ras de l'eau, se rappelant sa théorie que les dinosaures auraient plus de ressemblances avec eux qu'avec les reptiles.
52
+
53
+ Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
54
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55
+ Au départ, Michael Crichton avait conçu un scénario sur un garçon qui recréait un dinosaure ; il laisse ensuite de côté sa fascination pour les dinosaures et le clonage jusqu'à ce qu'il se mette à écrire son roman Jurassic Park[4]. Spielberg découvre le roman en octobre 1989 tandis que lui et Crichton sont en train de discuter d'un scénario (qui deviendra plus tard la série télévisée Urgences). Avant la publication du livre (en 1990), Michael Crichton demande une redevance non négociable d'1,5 million de dollars en plus d'un pourcentage conséquent sur les bénéfices. Warner Bros. et Tim Burton, Columbia Tristar et Richard Donner, et 20th Century Fox et Joe Dante se proposent pour acquérir les droits. C'est finalement Universal qui les obtient en mai 1990 pour Steven Spielberg[5].
56
+
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+ Universal ajoute 500 000 dollars à la somme de Crichton pour qu'il adapte son propre roman[6], lequel est achevé au moment où Spielberg réalise Hook ou la Revanche du capitaine Crochet (1991). Michael Crichton note que, comme son livre est assez long, son script ne porte que sur 10 à 20 % de son contenu : des scènes ont été supprimées pour des raisons pratiques et budgétaires[7]. Simultanément, Steven Spielberg engage Stan Winston pour créer les dinosaures animatroniques, Phil Tippett pour créer les dinosaures en go motion pour les plans généraux et Michael Lantieri et Dennis Muren pour superviser respectivement les on-set effects et la composition numérique. Le paléontologue Jack Horner supervise quant à lui les designs, pour satisfaire le désir de Spielberg de représenter les dinosaures comme des animaux plutôt que des monstres. Par exemple, Jack Horner rejette d'emblée la langue entrant et sortant à la manière d'un serpent qu'avaient les raptors dans les premiers animatiques de Tipett[8], soulignant que les dinosaures ne pouvaient faire cela.
58
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59
+ Après avoir terminé Hook, Steven Spielberg veut tourner La Liste de Schindler. Sid Sheinberg, président de MCA, donne son feu vert à une condition : que Spielberg tourne Jurassic Park d'abord. Début octobre 1991, Malia Scotch Marmo réécrit donc entièrement le script pendant une période de cinq mois, fusionnant Ian Malcolm avec Alan Grant[9]. Le département de Stan Winston crée des modèles très détaillés des dinosaures, avant de recouvrir les mécanismes par des peaux en latex[8]. Phil Tippett crée des animatiques en stop-motion pour les scènes principales, mais, malgré les essais de go-motion, Steven Spielberg trouve toujours les résultats finaux insatisfaisants pour les passages du film en action live[8]. Les animateurs Mark Dippé et Steve Williams vont de l'avant en créant un cycle de marche pour le squelette du Tyrannosaurus par ordinateur et on les encourage à en faire plus[10]. Quand Steven Spielberg et Phil Tippett découvrent un animatique d'un T. rex chassant un troupeau de Gallimimus, Spielberg déclara « You're out of a job », ce à quoi Phil Tippett réplique alors « Don't you mean extinct ? »[8]. Steven Spielberg inclut plus tard l'animatique et son dialogue avec Phil Tippett dans le script[11].
60
+
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+ Le scénariste David Koepp rejoint ensuite le projet. Il reprend de nouveau la version de Malia Scotch Marmo et utilise notamment l'idée de Steven Spielberg d'un dessin animé montré aux visiteurs du parc afin de remplacer la longue exposition du roman de Crichton[12]. Le réalisateur demande par ailleurs à supprimer l'intrigue parallèle d'un Procompsognathus qui s'échappe vers le continent et attaque des petits enfants, jugeant cela trop effrayant[13]. Ce passage sera finalement utilisé dans le prologue de la suite du film, Le Monde perdu : Jurassic Park. Quant aux personnages, John Hammond passe d'homme d'affaires impitoyable à gentil vieil homme ; Spielberg admit qu'il s'identifie à l'obsession d'Hammond pour le showmanship[14]. Il a aussi interverti les personnages de Tim et Lex : dans le livre, Tim a 11 ans et connaît les ordinateurs et Lex n'a que sept ou huit ans et fait du sport. Steven Spielberg voulait ainsi travailler avec Joseph Mazzello. Cela lui permettait par ailleurs d'introduire les remarques adolescentes de Lex envers Alan Grant[15]. David Koepp change également les relations du professeur Grant avec les enfants, le rendant plus hostile envers eux qu'initialement, pour mieux développer le personnage. Le scénariste saisit également l'occasion pour supprimer une scène principale du livre, où le T. rex chasse Grant et les enfants dans une rivière avant qu'il ne soit calmé par Muldoon, pour des raisons de budget[12].
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+ Petit clin d'œil de Steven Spielberg à l'une des sources de Crichton, L'Île du docteur Moreau de Wells : Hammond, directeur du parc, arbore la barbe, le complet blanc et le chapeau de l'inquiétant Dr Moreau dans l'adaptation de 1977.
64
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+ Neill était dès le départ le choix de Spielberg pour le rôle du Pr Alan Grant, mais il n'était pas disponible. Spielberg rencontra ensuite Richard Dreyfuss et Kurt Russell, dont les services étaient trop chers, Harrison Ford et William Hurt ont refusé le rôle[16]. Spielberg repoussa le tournage d'un mois pour que Neill puisse jouer le personnage. Pour mieux s'imprégner du rôle, Neill rencontra le paléontologue Jack Horner[15].
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+ Pour son rôle, Laura Dern a également rencontré Horner et a visité le muséum d'histoire naturelle de Los Angeles[15].
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+ Steven Spielberg a tout de suite choisi Jeff Goldblum pour le rôle du Pr Ian Malcolm[15]. Grand amateur de dinosaures[17], Goldblum a rencontré James Gleick et Ivar Ekeland pour discuter de la théorie du chaos afin de préparer son rôle[18]. Jim Carrey a aussi passé une audition pour le rôle[19].
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+
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+ Richard Attenborough n'avait pas joué dans un film en tant qu'acteur depuis The Human Factor d'Otto Preminger en 1979[20].
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+ Après deux ans et un mois de préproduction, le tournage démarre le 24 août 1992 sur l'île hawaïenne de Kauai[21]. Les trois semaines de prises impliquèrent des extérieurs à différentes heures de la journée[5]. Le 11 septembre, l'ouragan Iniki s'abat directement sur Kauai, ce qui fit perdre à l'équipe une journée de tournage[22]. La prise prévue de la poursuite des Gallimimus fut déplacée à Oahu[11].
74
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+ L'équipe retourne sur le continent américain pour tourner les scènes des raptors dans la cuisine au plateau 24 des studios d'Universal Pictures[5]. Des prises sont également réalisées au plateau 23 pour les scènes du bâtiment d'alimentation électrique avant de partir au Red Rock Canyon pour les scènes de fouilles archéologiques dans le Montana[23]. L'équipe est ensuite retournée à Universal pour tourner le sauvetage de Tim par Grant, utilisant un support de cinquante pieds et des roues hydrauliques pour que la voiture tombe, et la rencontre avec le Brachiosaurus. Pour le tournage des laboratoires du parc et de la salle de contrôle, l'équipe a emprunté des animations pour les ordinateurs à Silicon Graphics et Apple[24] L'équipe se déplaça au Stage 16 des studios de Warner Bros. pour enregistrer l'attaque du T-rex sur les véhicules du tour[24]. De retour à Universal, les scènes avec le Dilophosaurus ont été faites sur le plateau 27. Enfin, le tournage s'est terminé au plateau 12, avec la poursuite des raptors à travers la salle des ordinateurs et le centre des visiteurs[25]. Steven Spielberg reprit le T-rexpour le clou du spectacle, avec cette fin originale où Grant utilise une plate-forme pour manœuvrer un raptor dans le fossile d'une mâchoire de Tyrannosaure[26].
76
+
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+ Le travail sur les effets spéciaux se poursuivit sur le film, l'équipe de Tippett ajustant la nouvelle technologie avec les Dinosaur Input Devices : les modèles qui fournissent l'information aux ordinateurs pour leur permettre d'animer les personnages traditionnellement. En plus, ils ont extériorisé les scènes avec les raptors et les Gallimimus. En plus des dinosaures en images de synthèse, ILM inclut aussi des éléments comme les éclaboussures d'eau et un visage numérique pour remplacer celui de la doublure d'Ariana Richards[8]. Spielberg surveilla la progression depuis la Pologne[27]. L'équipe responsable des effets sonores, supervisée par George Lucas[28], termina son travail fin avril. Jurassic Park fut totalement terminé le 28 mai 1993[29].
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+
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+ Allmusic [30]
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+ Bandes originales de Jurassic Park
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+ Le Monde perdu : Jurassic Park(1997)
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+ modifier
88
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+ Comme pour quasiment tous les films de Steven Spielberg, c'est John Williams qui compose la bande originale de Jurassic Park. Il commence à travailler la musique du film fin février, et elle est enregistrée un mois plus tard par les chefs d'orchestre John Neufeld et Alexander Courage[29].
90
+
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+ Pour le 20e anniversaire du film, une nouvelle version numérique sort le 9 avril 2013 avec 4 titres bonus personnellement sélectionnés par John Williams[31].
92
+
93
+ Le film sort en VHS le 4 octobre 1994[32], et en DVD le 10 octobre 2000[33]. Le film est aussi sorti dans un pack regroupant également Le Monde perdu : Jurassic Park[34]. Le DVD a ensuite été ressorti avec ses deux suites le 11 décembre 2001[35] et sous le nom de Jurassic Park Adventure Pack le 29 novembre 2005[36].
94
+
95
+ Le film est ressorti en 3D aux États-Unis le 19 juillet 2013[37].
96
+
97
+ En 2001, l'American Film Institute classe Jurassic Park 35e film le plus excitant de tous les temps le 13 juin 2001[38] et la chaîne Bravo déclare une des scènes du film comme la 95e plus effrayante de tous les temps en 2005[39]. En 2004, pour son quinzième anniversaire, le magazine Empire nomme Jurassic Park 6e film le plus influent depuis l'existence du magazine[40] et la première rencontre avec le Brachiosaurus moment le plus magique au cinéma[41]. Pour son cinquante-cinquième anniversaire en 2005, Film Review (en) déclare le film comme l'un des cinq plus importants films depuis l'existence du magazine[42]. En 2006, IGN classe Jurassic Park comme 19e plus grande franchise de film de tous les temps[43].
98
+
99
+ Plus significativement, lorsque plusieurs cinéastes ayant vu Jurassic Park utilisèrent les images de synthèse, ils réalisèrent que le fruit de leur imagination, auparavant irreproductible car trop cher, était maintenant possible. Stanley Kubrick contacta Spielberg pour diriger A.I. Intelligence artificielle[40], George Lucas commença à réaliser les préquelles de Star Wars[44], et Peter Jackson commença à se réintéresser à son amour d'enfance pour les films de fantasy qui devait le mener ensuite sur les projets du Seigneur des anneaux et King Kong[45]. Jurassic Park a inspiré des films et des documentaires comme Dinosaur from the Deep, Godzilla, Carnosaur et Sur la terre des dinosaures[40], ainsi que de nombreuses parodies[46]. Stan Winston réunit IBM et James Cameron pour former Digital Domain, déclarant « If I didn't get involved, I was going to become the dinosaur. »[47]. Alex Billington déclara que le film était en avance sur son temps, « Even using the animatronics system that they did, this was a far step ahead of anything at the time. Then the stories surrounding how horrifically real the dinosaurs were fueled its popularity even more. And the best part is that they look better in this movie than any more recent CGI creations. »[48]
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101
+ Universal a investi 65 millions de dollars dans la campagne marketing de Jurassic Park, passant des accords avec une centaine de compagnies pour lancer environ mille produits[49]. Ceux-ci incluent trois jeux vidéo Jurassic Park développés par Sega et Ocean Software[50], une ligne de jouets Kenner distribué par Hasbro[51], et une novélisation visant le jeune public[52]. La bande originale du film est sortie en album accompagnée de morceaux non utilisés[53]. La bande-annonce du film ne laisse entrevoir que de rapides coups d'œil sur les dinosaures[54]. Le film est présenté par l'accroche « Il a fallu 65 millions d'années pour que cette aventure devienne possible » (« an adventure 65 millions years in the making ») qui part d'une blague de Spielberg regardant l'authentique moustique dans l'ambre utilisé pour être encastré dans la canne de Hammond[55]. La première du film se fait au National Building Museum le 9 juin 1993 à Washington[56], en faveur de deux œuvres de charité pour les enfants[57]. Après la sortie du film, une tournée promotionnelle démarre[58].
102
+
103
+ Les critiques sur le film restent modestes : si les effets spéciaux sont loués, il y a beaucoup de reproches concernant la caractérisation et les dérives par rapport au livre (voir ci-dessous). Le site Rotten Tomatoes récolte 91 % de critiques positives sur 125, avec une note moyenne de 8,3/10[60]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 68⁄100 pour 20 critiques[59].
104
+
105
+ Sur le site d'Allociné, le film obtient des critiques positives. Le site propose une note moyenne de 3,4⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 9 titres de presse[61]. Les spectateurs lui donnent une moyenne de 4,2/5.
106
+
107
+ Le film est pourtant devenu le plus gros succès financier jamais réalisé jusque là, devant E.T. l'extra-terrestre précédent détenteur du titre, bien qu'il ne surpasse pas E.T. au niveau national[62]. Les recettes du film s'élèvent à 47 millions de dollars le premier week-end[63] et montent à 81,7 millions de dollars pour la première semaine[64]. Le film est resté numéro un pendant trois semaines et a fait gagner au total 357 973 897 $ au niveau national et 914 691 118 $ de recette dans le monde entier[65]. Le film a également très bien marché à l'étranger, dépassant les meilleures entrées au Royaume-Uni, Japon, Corée du Sud, Mexique et Taïwan[66]. Spielberg a gagné plus de 250 millions de dollars grâce au film[67]. Les recettes de Jurassic Park furent ensuite dépassées cinq ans plus tard par Titanic de James Cameron, après sa ressortie en 3D dans le monde entier en 2013, le film gagne une recette supplémentaire de 114 462 764 $, devenant un des films ayant dépassés la barre symbolique du milliard de dollars avec une recette totale s'élevant à 1 029 154 982 $, et un des 50 plus gros succès du box-office mondial[68].
108
+
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+ Au total, le film a été :
110
+
111
+ Steve Englehart écrit une série de comics publiée chez Topps Comics qui servent de continuation au film : Raptor, en deux volumes, et Raptors Attack, Raptors Hijack et Return to Jurassic Park qui comportent chacun quatre numéros. Return to Jurassic Park devait encore se poursuivre sur quatre volumes avant d'être annulé. Tous les numéros publiés furent ensuite compilés sous le titre Jurassic Park Adventures aux États-Unis, et Jurassic Park au Royaume-Uni[75]. En 1994, Ocean Software sortit un autre jeu vidéo Jurassic Park Part 2: The Chaos Continues sur Super Nintendo et Game Boy[50]. En 2010, l'éditeur américain récupère la licence Jurassic Park et publie plusieurs mini-séries : Jurassic Park : Redemption, Jurassic Park : Devils in the Desert et Jurassic Park : Dangerous Game. En 2016, IDW annonce une nouvelle série basée sur les films Jurassic World et Jurassic World : Fallen Kingdom (toujours pas sortie à l'été 2018).
112
+
113
+ L'attraction Jurassic Park: The Ride entre en développement en novembre 1990[76] et son premier exemplaire ouvre à Universal Studios Hollywood le 15 juin 1996[77] pour un coût de 110 millions de dollars[76]. Selon le scénario de l'attraction, John Hammond aurait été contacté pour reconstruire le parc à l'endroit du parc à thèmes[77]. Universal's Islands of Adventure à Orlando possède une section entière dédiée à Jurassic Park, laquelle inclut la principale attraction, ici baptisée Jurassic Park River Adventure, qui ouvre en mars 1999 ainsi que plusieurs attractions plus modestes basées sur l'univers de la série[78]. Haut de 85 pieds, le plongeon de l'attraction d'Orlando était le plus haut jamais construit à l'ouverture de Jurassic Park River Adventure[79]. Le 31 mars 2001 ouvre Universal Studios Japan qui propose également une section Jurassic Park composée de commerces et une attraction, Jurassic Park : The Ride.
114
+
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+ Ouvert le 18 mars 2010, Universal Studios Singapore contient la section The Lost World dédiée à la franchise hormis une exception, le spectacle Waterworld: A Live Sea War Spectacular. Deux parcs vont également ouvrir des attractions Jurassic park : Universal Studios Dubailand et Universal Studios South Korea.
116
+
117
+ Autres attractions basées sur la franchise cinématographique :
118
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119
+ Inspiré du roman homonyme de Michael Crichton, le film a connu plusieurs suites. La première, Le Monde perdu : Jurassic Park, sort en 1997. Réalisée aussi par Steven Spielberg, elle est l'adaptation d'un autre roman de Crichton, le Monde perdu.
120
+
121
+ Le troisième volet de la série, Jurassic Park 3, a été réalisé en 2001 par Joe Johnston. Ce qui est annoncé comme le dernier film de la série s'inspire parfois librement d'évènements présents dans les romans de Crichton et non utilisés dans les films précédents.
122
+
123
+ En 2010, Joe Johnston affirme dans une interview à Box-Office Magazine être prêt à reprendre le projet, et que Jurassic Park 4 serait le début d'une nouvelle trilogie[80]. Début 2013, le studio Universal Pictures, qui a produit le cycle, annonce le quatrième film pour le 11 juin 2014[81]. Il devrait être réalisé par Colin Trevorrow[82]. Toutefois, en mai 2013, Universal annonce que le projet Jurassic Park 4 allait être retardé et qu'il ne sortirait qu'en 2015[83].
124
+
125
+ Le titre du 4e film, Jurassic World, ainsi que la date de sortie américaine, 12 juin 2015, sont révélés en septembre 2013[84]. En octobre 2013 sont annoncés les premiers noms du casting de Jurassic World : Ty Simpkins, Jake Johnson et Bryce Dallas Howard[85],[86]. C'est l'acteur Chris Pratt qui tiendra le rôle principal[87]. La réalisation est confiée à Colin Trevorrow.
126
+
127
+ Le film a gagné les trois Oscars du cinéma pour lesquels il était nommé : Oscar des meilleurs effets visuels, Oscar du meilleur son, Oscar du meilleur mixage de son. Il remporta le prix Hugo de la meilleure Dramatic Presentation[88] et le Saturn Award du meilleur film de science-fiction, du meilleur réalisateur, du meilleur scénariste pour Crichton et Koepp, et des meilleurs effets spéciaux[89]. Le film a également gagné le People's Choice Award de la Favorite All-Around Motion Picture[90]. Le Young Artist Award a été remis à Ariana Richards et Joseph Mazzello, avec l'Outstanding Action/Adventure Family Motion Picture award pour le film[91]. Le film reçut également plusieurs honneurs en dehors des États-Unis, comme le BAFTA des meilleurs effets spéciaux, tout comme le Public's Favourite Film Award[92], et celui du meilleur film étranger par la Japanese Academy, Mainichi Eiga Concours et Blue Ribbon, et le Czech Lion[93].
128
+
129
+ Le film de Steven Spielberg reprend l'idée de base du roman (des dinosaures sont recrées en secret sur une île tropicale, des experts scientifiques sont invités, un événement imprévisible libère les créatures), tout en apportant des modifications significatives aux personnages et au détail des péripéties.
130
+
131
+ Malgré le titre du film, la plupart des dinosaures visibles à l'écran n'existaient pas avant le Crétacé[96]. Seuls le Dilophosaurus et le Brachiosaurus ont vécu au Jurassique.
132
+
133
+ Le Tyrannosaurus, familièrement raccourci en « T-rex », est la star du film selon Spielberg, et la raison pour laquelle la fin du film a été réécrite par peur de décevoir le public[8]. L'animatronique du T-rex mesure 6 mètres de haut, 12 mètres de long[97] et pèse 5,9 tonnes[24]. Le dinosaure est dépeint avec une vision basée sur le mouvement de son environnement (ce qui n'est pas prouvé par les scientifiques). Le cri du Tyrannosaure a été produit en mélangeant les cris de différents animaux : le bébé éléphant, l'alligator et le tigre. Son souffle est celui d'un évent de baleine[29]. Un chien rognant une balle a été utilisé pour le son du déchiquètement d'un Gallimimus[8].
134
+
135
+ Le Velociraptor, parfois raccourci en « raptor », est plus grand dans le film : en effet, il a été échangé avec le Deinonychus qui est tout aussi vorace[réf. nécessaire]. À l'époque celui-ci était appelé Velociraptor antirrhopus par certains scientifiques[98]. Steven Spielberg et Jack Horner (le paléontologue conseiller du film) voulaient ainsi un dromæosaure d'une taille et d'une dangerosité plus importantes que le Velociraptor pour rendre le film plus spectaculaire, mais le temps que la production du film se mette en place, la dénomination de Velociraptor antirrhopus a été revue en Deinonychus antirrhopus. Les producteurs voulant rester fidèles au roman original, le nom de vélociraptor et son abréviation « raptor » ont été conservés pour le film. Pour l'attaque de Robert Muldoon, les raptors ont été joués par des hommes en costume[25]. Le cri du dauphin, le beuglement du morse, le cri de rut d'une grue africaine, et des grincements humains furent mixés pour obtenir différents sons de raptors[8],[29]. Finalement, à la suite des découvertes faites après la sortie du film, la plupart des paléontologues ont conclu que les dromaeosauridés, comme le Vélociraptor et le Deinonychus, avaient des plumes[99].
136
+
137
+ Au contraire, on a représenté le Dilophosaurus plus petit que le géant du jurassique pour être sûr que le public ne le confonde pas avec les raptors[100]. Il y possède également une crête de lézard australien et la capacité de cracher un venin mortel (il n'y a aucune preuve que l'animal original ait été capable de ce fait). Ses cris ont été fabriqués en combinant ceux d'un cygne, d'un faucon, d'un singe hurleur et d'un crotale[8].
138
+
139
+ Le Brachiosaurus est inexactement dépeint comme mâchant sa nourriture. Bien qu'il soit reconnu comme évident pour les scientifiques qu'ils avaient des capacités vocales limitées, le sound designer Gary Rydstrom décida de représenter leurs cris en mélangeant un chant de baleine avec des cris de singes[29].
140
+
141
+ L'apparition du Triceratops posa un problème logistique particulier à Stan Winston lorsque Spielberg demanda à tourner l'animatronic de la créature blessée plus tôt que prévu[101]. Winston a aussi créé un bébé Tricératops pour qu'Ariana Richards le monte, mais il fut supprimé du film pour des raisons de rythme[102].
142
+
143
+ Les Gallimimus et Parasaurolophus ne font que des apparitions furtives, le deuxième apparaît lors de la première rencontre avec les Brachiosaurus.
144
+
145
+ Même si ces espèces ne sont pas visibles dans le film, la liste officielle des animaux présents sur l'île dans le roman original comprend également le Baryonyx, le Ceratosaurus, le Compsognathus, le Herrerasaurus, le Ptéranodon, le Stegosaurus, le Metriacanthosaurus, le Segisaurus, l'Hypsilophodon, le Mosasauridae et le Carnotaurus.
146
+
147
+ Ayant trouvé la conversion en 3D de Titanic extraordinaire, Spielberg s'est demandé si Stereo D, la société ayant été chargée de celle-ci, pouvait refaire la même chose avec Jurassic Park. Le réalisateur déclare avoir, de façon inconsciente, toujours imaginé le tournage de ce film en 3D. Bien qu'il ne l'ait pas envisagé à l'époque, la 3D n'étant pas suffisamment aboutie. C'est pourquoi selon lui, le film a un bon potentiel pour cette technologie. Gary Rydstrom, le mixeur et concepteur sonore, a également profité de l'occasion pour rendre la piste audio plus immersive.
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+
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+ Le 5 avril 2013, soit presque 20 ans après son lancement d'origine, le film est ressorti en version 3D[103]. La conversion a duré 9 mois, et a nécessité plusieurs centaines d’artisans. Le tout a été supervisé par Spielberg lui-même. Par la même occasion, cette édition 3D fut produite à partir d'un nouveau master 4K[104],[105].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Stratigraphie
2
+
3
+ Trias Crétacé
4
+
5
+ Paléogéographie et climat
6
+
7
+ Contexte géodynamique
8
+
9
+ Faune et flore
10
+
11
+ Évolution
12
+
13
+
14
+
15
+ modifier
16
+
17
+ Le Jurassique est une période géologique qui s’étend de −201,3 à −145 millions d'années (Ma)[4].
18
+
19
+ Le Jurassique constitue la période ou le système intermédiaire de l'ère Mésozoïque laquelle est aussi connue sous le nom d'« ère des reptiles ». Le début du Jurassique est marqué par une extinction massive d’espèces (l’extinction du Trias-Jurassique). Le système jurassique se subdivise en trois séries géologiques : Jurassique inférieur, Jurassique moyen et Jurassique supérieur[5] autrefois dénommées, respectivement : Lias, Dogger et Malm.
20
+
21
+ La base du premier étage géologique du Jurassique, l'Hettangien est officiellement définie par un Point Stratotypique Mondial (PSM) qui marque ainsi la base du système jurassique. Par contre, le PSM de la base du premier étage du Crétacé, le Berriasien, qui marquerait le toit du Jurassique, n’a pas encore été choisi[5].
22
+
23
+ Le Jurassique a été nommé ainsi en 1829 par le géologue et naturaliste français Alexandre Brongniart d’après les calcaires trouvés dans le Jura[6]. Cette période de l’ère Mésozoïque suit le Trias et précède le Crétacé.
24
+
25
+ Le Jurassique est divisé en trois séries, le Jurassique inférieur ou Lias, le Jurassique moyen ou Dogger et le Jurassique supérieur ou Malm. Les subdivisions et leur âges associés, selon l'échelle des temps géologiques 2012 de la Commission internationale de stratigraphie, s'établissent ainsi[5],[7] :
26
+
27
+ Pendant le Jurassique inférieur et moyen, le supercontinent Pangée se divise en Laurasia au nord et Gondwana au sud. La Laurasia se scinde à son tour en Amérique du Nord et Eurasie tandis que le Gondwana se divise en Afrique, Amérique du Sud et Antarctique vers la fin du Jurassique supérieur et durant le Crétacé. L’océan Atlantique Nord date de cette période, sa partie sud n’apparaît qu’à partir du Crétacé[8]. L’océan Téthys se ferme et le bassin de la Néotéthys ou Téthys alpine apparaît.
28
+
29
+ Les enregistrements géologiques en Europe de l'Ouest sont nombreux et riches, ils indiquent la présence de mers tropicales peu profondes, la plus grande partie du continent est submergée durant de longues périodes. En revanche, les sites datant du Jurassique en Amérique du Nord sont parmi les plus pauvres du Mésozoïque sur ce continent avec très peu d’affleurements. Bien qu’une mer épicontinentale, la Sundance Sea (en) ait laissé des dépôts marins en Amérique du Nord, la majorité des sédiments dans cette région sont d’origine continentale[9]. On trouve aussi des affleurements du Jurassique en Russie, Inde, Amérique du Sud, Japon, Australasie, Maghreb, péninsule Arabique, etc.
30
+
31
+ Le premier de plusieurs batholites massifs se met en place le long de la côte Ouest de l’Amérique du Nord, l’orogenèse est très active le long de cette côte[10].
32
+
33
+ À l’instar du Trias, il ne semble pas y avoir eu de terre proche des pôles ; le climat était chaud : il n’existe aucun indice de période glaciaire pendant cette période.
34
+
35
+ Durant le Jurassique les formes de vie les plus évoluées dans les mers sont les poissons et des reptiles marins. Ces derniers incluent des ichtyosaures, plésiosaures, des pliosaures et des crocodiles marins, Teleosauridae et Metriorhynchidae.
36
+
37
+ Dans le monde des invertébrés plusieurs groupes apparaissent, entre autres les rudistes, les bélemnites et de nombreuses espèces de bivalves.
38
+
39
+ Les ammonites (au sens large, c'est-à-dire la sous-classe des Ammonoidea) sont apparues pendant le Dévonien[11]. Les ammonites « vraies », c'est-à-dire l'ordre des Ammonitida, apparaissent quant à elles à la fin du Trias[11].
40
+ Au Jurassique, elles deviennent très communes et extrêmement variées, constituant ainsi le principal groupe utilisé pour la biostratigraphie de cette période (voir les exemples de biozonation par ammonites pour les étages Pliensbachien et Callovien)[12].
41
+
42
+ Le plancton apparaît lui aussi pendant cette période.
43
+
44
+ Sur terre, les Archosauria restent dominants. Le Jurassique marque le début de l’« âge d’or des dinosaures » qui culminera au Crétacé[13] : Sauropodes, Camarasaure, Diplodocus et Brachiosaure, pour ne citer qu’eux, sont très communs. Leurs sources principales de nourriture consistent en prairies, fougères, Cycadales et Bennettitales. Certains dinosaures se sont adaptés pour consommer des conifères plus élevés.
45
+ Les principaux prédateurs de ces grands herbivores sont des saurischiens appartenant au sous-ordre des Théropodes : Ceratosaurus, Megalosaurus, Allosaurus, etc. Vers la fin du Jurassique, durant le Malm, les premiers oiseaux évoluent à partir des Coelurosauria, les premiers fossiles d’Archaeopteryx datent du Kimméridgien[14].
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+
47
+ Les ornithischiens sont moins nombreux et plus petits que les saurischiens. Toutefois, les Stégosaures et de petits ornithopodes jouent un rôle écologique important. Dans les airs, les ptérosaures dominent et remplissent plusieurs niches écologiques occupées de nos jours par les oiseaux.
48
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49
+ Les conditions climatiques arides du Trias déclinent régulièrement durant le Jurassique, plus spécialement aux latitudes élevées ; le climat chaud et humide permet le développement de jungles luxuriantes qui couvrent une grande partie des terres[15]. Les conifères continuent à dominer la flore, ils constituent le groupe le plus diversifié et la majorité des arbres. On trouve parmi eux des Araucariaceae, Cephalotaxaceae, Pinaceae, Podocarpaceae, Taxaceae et Taxodiaceae ainsi que les groupes maintenant éteints des Cheirolepidiaceae et des Bennettitales aux latitudes plus basses[16]. Les Cycadophytes, les Ginkgoaceae, Cyatheales et fougères sont aussi communs. Les Ginkgos sont principalement présents dans les latitudes moyennes et dans l’hémisphère nord tandis que les Podocarpaceae le sont dans l’hémisphère sud[15].
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+ Au début du XXe siècle, l'écrivain français Fernand Mysor consacre plusieurs écrits au Jurassique. Son roman Les Semeurs d'épouvante, paru en 1923, a pour sous-titre Roman des temps jurassiques et met en scène un aventurier et une aventurière qui se retrouvent projetés par hypnose dans le passé jusqu'au Jurassique, où ils affrontent notamment un Megalosaurus[17]. Mysor compose également plusieurs poèmes regroupés sous le nom de Poèmes des Temps jurassiques.
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53
+ Le mot « Jurassique » a été utilisé pour le titre du roman de Michael Crichton Jurassic Park, paru en 1990, puis pour le titre du film Jurassic Park de Steven Spielberg qui adaptait librement le roman en 1993, ainsi que ses diverses suites. Le nom est cependant trompeur, car le Tyrannosaurus rex, figure de proue du film, et quelques autres espèces de dinosaures qui y sont représentées, sont des animaux ayant vécu durant le Crétacé et non au Jurassique.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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3
+ L'alphabet phonétique international (API ; en anglais : International Phonetic Alphabet, IPA) est un alphabet utilisé pour la transcription phonétique des sons du langage parlé. Contrairement aux nombreuses autres méthodes de transcription qui se limitent à des familles de langues, l'API est prévu pour couvrir l'ensemble des langues du monde. Développé par des phonéticiens français et britanniques sous les auspices de l'Association phonétique internationale, il a été publié pour la première fois en 1888. Sa dernière révision date de 2005 ; celle-ci comprend 107 lettres, 52 signes diacritiques et 4 caractères de prosodie.
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+
5
+ L'API a été développé au départ par des professeurs de langue britanniques et français sous la direction de Paul Passy dans le cadre de l'Association phonétique internationale, fondée à Paris en 1886 sous le nom de Dhi Fonètik Tîcerz' Asóciécon. La première version de l'API, publiée en 1888, était inspirée de l'alphabet romique d'Henry Sweet, lui-même élaboré à partir de l'alphabet phonotypique d'Isaac Pitman et Alexander John Ellis.
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+
7
+ L'API a connu plusieurs révisions en 1900, 1932, 1938, 1947, 1951, 1989, 1993, 1996 et 2005.
8
+
9
+ La transcription phonétique en API consiste à découper la parole en segments sonores supposés insécables, et à employer un symbole unique pour chacun de ceux-ci, en évitant les multigrammes (combinaisons de lettres, comme le son ch du français, noté /ʃ/ phonologiquement, ou le gli italien, transcrit /ʎ/ phonologiquement).
10
+
11
+ Le nombre de caractères principaux de l’API est de 118, ce qui permet de couvrir les sons les plus fréquents. Ces caractères sont pour la plupart des lettres grecques ou latines ou des modifications de celles-ci : ɾ, ɽ, ɺ, ɹ (tirés de r) ; ɘ, ə (tirés de e). Les sons moins fréquents sont transcrits à partir des précédents en indiquant une modification du mode ou du point d'articulation par le biais d'un ou plusieurs signes diacritiques (au nombre de 76) sur le caractère principal : par exemple, le b du castillan caber (« tenir, rentrer dans ») est transcrit [β̞] pour indiquer une spirante au lieu de la fricative bilabiale sonore [β]. Il existe également des symboles spéciaux pour noter des phénomènes suprasegmentaux, comme les tons mélodiques ou l'accent tonique : [ˈdʊl·dn̩], transcription de l'allemand dulden (« supporter, tolérer ») indique un accent tonique d'intensité sur la première syllabe (ˈ) et un n final vocalisé ( n̩ ).
12
+
13
+ La plupart du temps donc, les notations phonétiques exactes (indépendantes de la langue) sont rarement notées, au contraire des transcriptions phonologiques.
14
+
15
+ L'API possède des caractères principaux pour les voyelles orales les plus courantes qui sont classées selon :
16
+
17
+ Ce tableau classe les voyelles selon les critères ci-dessus, comme le fait le triangle vocalique ou le trapèze vocalique.
18
+
19
+ Le classement de ces voyelles peut aussi se faire avec une représentation en trois dimensions qui met en évidence les trois critères de classification :
20
+
21
+ Les autres voyelles sont transcrites à partir de celles-ci par adjonction d'un ou plusieurs diacritiques modifiant son articulation :
22
+
23
+ Par exemple,
24
+
25
+ La quantité des voyelles est indiquée comme suit :
26
+
27
+ Notes:
28
+
29
+ Par exemple, Pose cette rose !, phonologiquement /poz sɛt ʁoz/, est souvent réalisé en français du nord-ouest parisien [poːsɛtˈʁoːz], en français du sud-ouest [pɔˑzəsɛtəˈʁ̥ɔˑzə], en français de Corse [poːzəsɛtəˈʁoːzə], en français picard [pɔsɛtˈʁɔz], en français de Lorraine/Champagne/Bourgogne [poz'sɛːtʁoːz] (ces réalisations régionales sont des occurrences courantes mais elles peuvent aussi varier légèrement de personne à personne, selon l'âge, l'humeur ou l'intention, c'est pourquoi il est rare de les utiliser comme référence terminologique, les dictionnaires se contentant de l'analyse phonologique sans marquer chaque différence possible dans la réalisation phonétique des phonèmes).
30
+
31
+ L’amuïssement de voyelles phonémiques longues n'est pas noté phonétiquement : on utilise le symbole usuel en ôtant son signe d’allongement phonétique. En revanche les syllabes courtes sont notées phonologiquement par un accent bref et les voyelles amuïes sont soit supprimées de la notation phonémique soit marquées entre parenthèses.
32
+
33
+ La transcription des tonèmes suit le procédé ci-dessous.
34
+
35
+ Notes :
36
+
37
+ L'API classe les consonnes selon trois critères :
38
+
39
+ Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestées. Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
40
+ Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée (ne s’applique pas aux clics, présentés au centre des cases en bas du tableau).
41
+ Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation.
42
+ Les affriquées t͡s, d͡z, t͡ʃ, d͡ʒ, t͡ɕ, d͡ʑ sont parfois notées à l’aide des ligatures ʦ, ʣ, ʧ, ʤ, ʨ, ʥ ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une ligature tirant – suscrite ou souscrite).
43
+ Les occlusives injectives sourdes, sont parfois notées à l’aide des symboles ƥ, ƭ, ƈ, ʠ (formés sur la base de la consonne pulmonique correspondante avec une crosse ajoutée), qui ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec l'anneau diacritique de dévoisement).
44
+
45
+ Comme pour les voyelles, des diacritiques permettent d'indiquer une modification du point ou du mode d'articulation afin de transcrire des consonnes qui n'ont pas de symbole principal.
46
+
47
+ Par exemple,
48
+
49
+ La quantité des consonnes (leur éventuelle gémination) est indiquée de la même manière que pour les voyelles. Le hongrois Mit mondott? (Qu'a-t-il/elle dit ?), phonologiquement /mit mon.dotː/, pourra être transcrit phonétiquement [mɪt̪mo̟n̪d̪o̟t̪].
50
+
51
+ Une consonne vocalisée, c'est-à-dire servant de sommet à une syllabe, comporte un trait vertical souscrit dans sa notation phonologique ; en revanche la vocalisation (par exemple un schwa bref) devrait être explicitée dans la notation phonétique, séparément de la consonne mentionnant l’articulation exacte :
52
+
53
+ Un point ‹ . › sépare les syllabes pertinentes dans la notation phonologique ; de même les mots restent séparés par des espaces. Ces deux signes phonologiques sont généralement omis des transcriptions phonétiques, sauf pour indiquer la présence effective d’une pause. Par exemple, l'allemand Rindfleischetikettierungsüberwachungsaufgabenübertragungsgesetz (loi sur le transfert de responsabilité de la surveillance de l'étiquetage de la viande bovine) se transcrit phonologiquement :
54
+ /ˌʁɪnt.flaɪʃ.ʔeti.kɛ.ˌtiː.ʁʊŋs.ʔyˑbɐ.ˌva.xʊŋs.ˌʔaʊf.ɡaː.bn̩.ʔyˑbɐ.ˌtʁ̥aː.gʊŋs.ɡə.ˈzɛts/.
55
+
56
+ Les syllabes accentuées sont précédées d’une courte barre verticale :
57
+
58
+ Les réalisations phonétiques des accents syllabiques peuvent varier suivant les langues et les locuteurs, entre la mutation de la consonne d'attaque, l’allongement ou la diphtongation de la voyelle au sommet de la syllabe, le changement de ton, la gémination ou la mutation de la consonne finale : ces réalisations possibles ne sont pas toujours distinguées clairement, et nombre de transcriptions phonétiques gardent la notation phonologique de ces accents avec les mêmes symboles.
59
+
60
+ La brève inversée souscrite ‹ ◌̯ › signale qu'un élément est à rattacher à la syllabe courante et ne constitue pas un nouvel élément syllabique. Par exemple : /po̯.ˈeta/, transcription phonologique du mot espagnol signifiant « poète ». (exemple tiré du Handbook of the IPA, p. 25)
61
+
62
+ Le jeu de caractères Unicode permet d'écrire l'ensemble de l'API. Les symboles et diacritiques se situent dans les blocs de caractères suivants :
63
+
64
+ Certains caractères précomposés (avec diacritiques) sont accessibles dans les blocs suivants :
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+
66
+ Sur les autres projets Wikimedia :
67
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68
+ Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestées. Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
69
+ Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée (ne s’applique pas aux clics, présentés au centre des cases en bas du tableau).
70
+ Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation.
71
+ Les affriquées t͡s, d͡z, t͡ʃ, d͡ʒ, t͡ɕ, d͡ʑ sont parfois notées à l’aide des ligatures ʦ, ʣ, ʧ, ʤ, ʨ, ʥ ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une ligature tirant – suscrite ou souscrite).
72
+ Les occlusives injectives sourdes, sont parfois notées à l’aide des symboles ƥ, ƭ, ƈ, ʠ (formés sur la base de la consonne pulmonique correspondante avec une crosse ajoutée), qui ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec l'anneau diacritique de dévoisement).
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Le droit est défini comme « l'ensemble des règles qui régissent la conduite de l'homme en société, les rapports sociaux »[1], ou de façon plus complète « l'ensemble des règles imposées aux membres d'une société pour que leurs rapports sociaux échappent à l'arbitraire et à la violence des individus et soient conformes à l'éthique dominante »[2].
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7
+ Ces règles, appelées règles de droit, sont abstraites et obligatoires et indiquent ce qui « doit être fait ». Ces règles juridiques peuvent trouver leur source dans une source normative « supérieure », extérieure, transcendante, comme le droit naturel[3], ou découlent de normes intrinsèques[C'est-à-dire ?]. Dans ce second cas, les règles sont issues d'usages constatés et acceptés (droit coutumier) ou sont édictées et consacrées par un organe officiel[C'est-à-dire ?] chargé de régir l'organisation et le déroulement des relations sociales (droit écrit).
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+
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+ La « force » obligatoire du droit suppose :
10
+
11
+ Dans les sociétés revendiquant la séparation des pouvoirs, l'application du droit résulte d'une collaboration entre le pouvoir législatif qui définit le droit, le pouvoir exécutif qui veille à son exécution — en collaboration avec les citoyens — et le pouvoir judiciaire qui reçoit mission d'interpréter et de sanctionner les éventuels manquements ou contestations soulevées par son application.
12
+
13
+ Selon les tenants du positivisme juridique, le droit est un phénomène social[4]. La société établit des règles destinées à régir son fonctionnement et à organiser les relations, économiques ou politiques, des personnes physiques qui la composent. Cela lui donne une importance considérable[4].
14
+
15
+ Le droit se distingue des règles morales et de politesse par l'intervention possible d'une sanction positive prévue et attachée à la règle de droit.
16
+
17
+ Le droit est également distinct de l'éthique car son objectif premier n'est pas de caractériser la valeur morale des actes (en bien ou en mal) mais de définir ce qui est permis ou défendu par la règle instituée dans une société donnée.
18
+
19
+ L'étude du droit pose des questions récurrentes, quant à l'égalité, la justice, la sûreté. Selon Aristote, la règle de droit « est meilleure que celle de n'importe quel individu »[5]. Anatole France écrit quant à lui, en 1894 : « La loi, dans un grand souci d'égalité, interdit aux riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du pain. »[6] [pourquoi ?] (est-ce de l'ironie ?)
20
+
21
+ Les sources de la règle juridique sont généralement classées en quatre ordres :
22
+
23
+ Dans les pays de tradition civiliste et de droit écrit comme la France, les seules sources formelles sont la loi au sens large, comprenant la constitution, la loi au sens strict, les textes subordonnés (règlements), comme les décrets, les arrêtés, les circulaires et la coutume.
24
+
25
+ La jurisprudence, les principes généraux du droit formulés notamment par la doctrine ne sont que partiellement reconnues comme des sources du droit.
26
+
27
+ Aux sources du droit correspond une hiérarchie des normes qui établit la place des normes dans l'ordre juridique. Le droit européen a un rôle de plus en plus important. De nos jours, il est dans notre droit supérieur aux lois ; mais inférieur aux lois organiques qui sont contenues dans la constitution.
28
+
29
+ D'autres sciences humaines s'intéressent au droit mais avec une approche non strictement juridique.
30
+
31
+ La géographie du droit étudie le droit dans ses rapports avec l'espace au sein duquel il évolue.
32
+
33
+ Le droit est un phénomène social constant, qui se crée ou se recrée de façon naturelle dès que deux individus sont réunis. La création ou l'élaboration de règles, qui ne soient fondées ni sur des considérations morales, ni religieuses, est un phénomène qui se retrouve dans chaque société, considérée développée ou non. Chaque système juridique élabore des règles juridiques, des droits comme des responsabilités, de différentes manières.
34
+
35
+ Mais dans chaque pays il existe une riche histoire juridique, avec des philosophies différentes, qui parfois s'affrontent.
36
+
37
+ En première approche, le droit est un ensemble de règles destinées à organiser la vie en société[7]. Le droit est alors vu sous l'angle de son objet : organiser la vie sociale. Elles sont donc formulées de manière générale et impersonnelle, sans concerner personne en particulier, mais en visant toutes les personnes qui forment le corps social. Cette vision du terme droit est qualifiée de droit objectif. On envisage la règle de droit en elle-même et pour elle-même[4].
38
+
39
+ Le droit objectif est l'ensemble des règles juridiques obligatoires applicables dans un pays. Ces règles sont établies par le pouvoir régulièrement en place dans le pays et sont destinées au maintien de l'ordre et de la sécurité, et par suite à « préserver les intérêts subjectifs légitimes et de réprimer les intérêts subjectifs illégitimes (Huguette Jones, 2002-03) ». On parle alors plus volontiers du Droit.
40
+
41
+ Dans le droit français, comme dans beaucoup de droits romano-germaniques, on distingue le droit public et le droit privé. Cette distinction est moins présente au sein des systèmes juridiques anglo-saxons également nommés systèmes de common law.
42
+
43
+ Cependant, une vision subjective est aussi possible, rattachée à un sujet de droit, et non plus abstraite et impersonnelle : on parle de droit subjectif. Dans ce sens, le droit, s'il est envisagé de façon plus concrète, correspond aux prérogatives individuelles que les personnes ont vocation à puiser dans le corps de règles qui constitue le droit objectif[4]. Cependant, l'existence de cette notion est critiquée, « au nom de la logique »[7]. Michel Villey[8] avait rejeté la conception subjective : le droit serait une discipline sociale qui se construit d'après des considérations générales, et non à partir de revendications individuelles que l'on mettrait bout à bout. De tels auteurs condamnent alors la primauté du subjectif sur le droit objectif, qu'ils jugent contraires au bien commun, sinon à l'intérêt général. Ils tentent d'affirmer en réalité la supériorité du groupe sur l'individu : les prérogatives individuelles ne sont que le produit de la règle de droit objectif, et ne résulteraient en aucun cas de la volonté individuelle. Ils sont qualifiés de « maximalistes » par la doctrine, car ils rejettent l'existence même du droit subjectif[4].
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+
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+ Les droits subjectifs sont l'ensemble des prérogatives reconnues à l'individu par le droit objectif. Ils sont opposables aux tiers. Ce sont par exemple, le droit de propriété, le droit de créance (le droit de possession), le droit à la vie… On parle alors plus volontiers des droits.
46
+
47
+ Un droit subjectif peut être absolu ou relatif :
48
+
49
+ Un autre courant d'auteurs qui rejettent la notion de droit subjectif s'est formé et a été qualifié de « relativiste »[9]. Pour ce courant, cette notion, si elle n'a pas d'intérêt juridique absolu, a un intérêt sociologique[7] : l'individu ne voit dans la norme que l'intérêt qu'il en retire, il revendique des droits, et les règles de droit objectif sont parfois élaborées en fonction du besoin individuel[10]. La notion de droit subjectif n'a qu'un caractère parcellaire.
50
+
51
+ Cependant, aujourd'hui, pour un auteur comme Jean-Luc Aubert, « ces deux sens du mot droit ne s'opposent pas. Ils ne sont que deux façons distinctes d'envisager un même phénomène : le droit. Ils sont complémentaires. »[11]. Ce n'est qu'une question de mise en œuvre du droit objectif.
52
+
53
+ Le droit positif est l'ensemble des textes de loi d'une communauté, et de leur application par la justice, la jurisprudence. Il vise une approche scientifique où « le droit s'explique par le droit »[réf. nécessaire] selon la hiérarchie des normes. Cette manière de voir le droit permet de faire abstraction de toutes questions religieuses, sociologiques, ethnologiques ou historiques. C'est le droit des juristes, enseigné dans les universités actuellement.
54
+
55
+ Les branches du droit se décomposent en droit privé (ex. droit civil, commercial, social, des affaires), droit public (ex. droit constitutionnel, droit administratif) et droit mixte ou droit interface (ex. droit pénal, fiscal, économique).
56
+
57
+ On distingue également le droit interne (ex. droit public interne) et droit international (ex. droit international privé).
58
+
59
+ Elles se divisent en droit substantiel (ex. règles de fonds) et droit procédural ou processuel (ex. règles de procédure).
60
+
61
+ On distingue également le droit naturel, droit immanent à la nature (ex. justice, équité) du droit positif, droit posé par l’homme, droit en vigueur (ex. législation et réglementation en vigueur dans un pays).
62
+
63
+ Une autre distinction est faite entre droit objectif (ensemble de règles régissant les rapports sociaux) et droits subjectifs (prérogatives individuelles ou collectives).
64
+
65
+ Catégorie:Métier du droit
66
+
67
+ Magistrat, avocat, juriste d'entreprise, notaire, arpenteur-géomètre, géomètre-expert, assistant juridique, huissier, commissaire-priseur, etc.
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+ Le citron (ou citron jaune) est un agrume, fruit du citronnier (Citrus limon). Il existe sous deux formes : le citron doux, fruit décoratif de cultivars à jus peu ou pas acide néanmoins classé Citrus limon (L.) Burm. f. (classification de Tanaka) ; et le citron acide, le plus commun de nos jours, dont le jus a un pH d'environ 2,5.
2
+
3
+ Ce fruit, mûr, a une écorce qui va du vert tendre au jaune éclatant sous l'action du froid. La maturité est en fin d'automne et début d'hiver dans l’hémisphère nord. Sa chair est juteuse, le citron acide est riche en vitamine C, ce qui lui vaut - avec sa conservation facile - d'avoir été diffusé sur toute la planète par les navigateurs qui l'utilisent pour prévenir le scorbut. De l'écorce on extrait une huile essentielle qui contient entre autres substances du limonène et du citral.
4
+
5
+ Phanias d'Érèse semble soupçonner que le citron puisse tirer son nom du mot Cédron[1].
6
+
7
+ L'origine du citron jaune est longtemps restée inconnue, notamment en raison de son polymorphisme et de sa diversité inter-variétale. Les chercheurs situaient son ancêtre sauvage dans la région d'Assam, la région indo-birmane ou en Chine[2]. Des études phylogénétiques en 2016 montrent qu'il est né en Méditerranée et est issu d'un hybride entre la bigarade (ou orange amère) et le cédrat vers le Ve millénaire av. J.-C.[3].
8
+
9
+ Le citronnier servait à l'origine de plante ornementale dans les jardins de plaisance au Moyen Âge, notamment les jardins islamiques[4]. Le citron est progressivement introduit dans l'alimentation médiévale où il est utilisé comme fonds acide destiné essentiellement aux aménagements de légumes crus ou d'assaisonnement de toute nourriture au même titre que le verjus, le vinaigre ou le jus d'orange. Il est cependant probable qu'il ait servi de technique de conservation de la viande par l'acide depuis l'Antiquité[5].
10
+
11
+ Au niveau de la morphologie externe, le citron est un fruit charnu particulier, un type de baie appelé hespéride, issu du développement d'un ovaire multicarpellé. De forme ovale, il est doté chez de nombreuses variétés, d'un mucron ou d'un mamelon cerné d'une aréole, dépression circulaire plus ou moins profonde et large à l'extrémité stylaire. La croissance du pédoncule au cours de la fructification donne naissance à la columelle, axe central plus ou moins fibreux du fruit qui comporte autant de faisceaux libéro-ligneux qu'il y a de carpelles auxquels ils aboutissent. Le calice persistant au niveau de la région pédonculaire, possède 5 sépales verts, soudés en forme de coupe[6].
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+
13
+ Au niveau anatomique, le péricarpe de cet agrume, appelé aussi écorce, est composé de deux couches superposées : la couche externe, également nommée « flavedo » (riche en flavonoïdes, pigments jaunes, du latin flaveo, « jaune »), est formée de l'épicarpe et du mésocarpe externe, et correspond au zeste ; la couche interne blanche et spongieuse, également nommée « albédo » (du latin albedo, « blancheur »), est le mésocarpe interne qui constitue la source la plus importante en pectines et en glucides. Selon la maturité du citron, la couleur du flavedo varie de vert à jaune vif. Il renferme de nombreuses glandes à huile essentielle à l’arôme très typé. Ces glandes, riches en terpènes, constituent une véritable barrière chimique contre les insectes et les microorganismes et permettent de protéger le fruit des attaques extérieures. L'écorce est formée de l'épicarpe et du mésocarpe[7].L'endocarpe mince limite la pulpe charnue. Il émet vers l'intérieur des sacs ou vésicules à jus (ces sacs sont des poils endocarpiens, cellules fusiformes constituées d’une grande vacuole où s’accumulent eau, glucides et acide citrique) contenues dans 8 à 12 quartiers (ou segments) bien différenciés séparés par un septum, mince membrane formée à partir de l'épiderme interne des carpelles (cette paroi carpellaire contenant de la cellulose, de l'hémicellulose et des pectines délimite les segments correspondant aux loges carpellaires). Les graines de type pépin se forment dans les loges carpellaires à partir de deux rangs d'ovules placés sur les côtés de l'angle formé par les septa à leur confluence avec la columelle[8].
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+ Un phénomène singulier peut parfois se manifester sur certains individus : la navelisation (de l’anglais navel, cette variété se caractérisant par la présence fréquente d'un second petit fruit qui fait penser à un nombril) qui est analogue à la superfétation chez l'homme. La fleur comporte plusieurs étages de carpelles, le second étage se formant au-dessus et à l'intérieur du premier et donnant naissance à un petit fruit plus ou moins avorté. Ce second fruit peut se former entièrement à l'intérieur du fruit principal ou, au contraire, être repoussé vers l'extérieur en donnant naissance à une protubérance plus ou moins accentuée[8].
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+ Certains citronniers dits « variegata » produisent des citrons présentant des panachures durant la phase de mûrissement. Les fleurs et la chair des fruits sont roses.
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+ Le citron vert est une variété de citron.
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+ Les couleurs, arômes, saveurs, degré d'acidité ou sucre, la richesse en huile essentielle varient selon les variétés, les terroirs, les climats, la maturité, l'âge du citronnier et le type de porte-greffe, formant une palette de goûts insoupçonnée.
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+ La diversité des citrons n'est pas reflétée par le catalogue des variétés inscrites. Il existe, du climat méditerranéen aux tropiques, de nombreux cultivars locaux résultant de la reproduction par semis. Ce sont notamment des citrons géants qui ne sont pas commercialisés car pauvres en jus.
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+
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+ Il existe actuellement sept IGP en Europe (six en Italie et une en France). Ce sont : Limone di Rocca Imperiale, Limone di Siracusa, Limone Interdonato Messina Jonica, Limone Costa d'Amalfi, Limone di Sorrento, Limone Femminello del Gargano et Citron de Menton.
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+ La variété Malaga est un citron à jus doux au zeste aromatique qui se mange localement entier, au sel et à Pâques.
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+ Ces cultivars sont souvent anciens, le citron étant cultivé depuis l'Empire romain, les Arabes andalous ont largement participé à la sélection. Les méthodes de culture sont parfois sophistiquées, les deux IGP de la côte amalfitaine sont ombragés pendant l'été.
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+
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+ Le Citron de Menton bénéficie d'une IGP depuis octobre 2015[9]. Il s'agit d'une variété à petits fruits typique du golfe de Gênes, cultivée dans une zone protégée extrêmement septentrionale pour le citron.
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+ Ces variétés sont sélectionnées pour leur valeur commerciale : productivité, richesse en jus, capacité d'être récoltée toute l'année, en effet le citron est un agrume principalement à maturité l'hiver mais apprécié l'été.
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+ Il est principalement cultivé en Inde, au Mexique, en Argentine, en Chine et au Brésil[11].
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+ Production en tonnes de citron et de lime. Chiffres 2010. Données de FAOSTAT (FAO)
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+ La France consomme 130 000 tonnes de citrons par an soit environ 2,2 kg par personne et par an. La production française provenant des Alpes-Maritimes (dont 10 t à Menton où existe depuis 1928 la fête du Citron) et de Corse est très faible et ne représente qu’un peu plus de 1 % des citrons consommés, soit 1 700 tonnes[12]. 80 % des volumes produits proviennent d'Espagne, d'Argentine (11 %) et de Turquie[13].
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+
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+ Le citron est transporté par navires ou conteneurs reefers à 10 °C. Après le chargement, la température peut être ajustée à -2 ou −3 °C pendant un laps de temps nécessaire pour tuer le chancre parasite du citron ou empêcher qu'il ne se développe dans la cargaison ou le conteneur, évitant ainsi leur perte par citrons chancrés.
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+
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+ Les citrons sont classés en calibres et en neuf catégories qualitatives dont trois pour la vente (Extra, I et II). Les calibres 4 (env. 125 g) et 5 (env. 100 g) sont les plus répandus[14].
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+
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+ Les citrons conventionnels font l'objet de traitements pré-récolte (pesticides, fongicides) et post-récolte : ils sont triés, lavés au savon alimentaire afin d'être débarrassés de la poussière qui les recouvre et d'une partie des insecticides qu'ils ont reçus pendant la période de croissance, séchés, puis recouverts d'une pellicule de cire (ce qui les rend plus brillants et évite leur déshydratation) et enfin à nouveau imprégnés avec des fongicides (orthophénylphénol, thiabendazole, imazalil) qui permettent à l'agrume de se conserver plus de 15 jours[15]. Les recherches de variétés favorisant l’étalement de la période maturité n'empêchent pas le déverdissent artificiel des fruits avec de l'éthylène en chambre froide. Ce processus de maturation artificiel s'applique, selon les législations, sur les fruits satisfaisant à des critères de maturité. Il uniformise l'évolution des agrumes provenant de lots différents et fournit un citron jaune conforme à l'attente du consommateur[16].
46
+
47
+ Depuis 2011, dans le cadre de sa législation sur les additifs alimentaires, le droit de l'Union européenne stipule que les colis d'agrumes les plus courants (oranges, citrons et mandarines mais pas les citrons verts, pomelos et pamplemousses) ont l’obligation de mentionner sur l'étiquetage les agents conservateurs et les autres substances chimiques utilisés en traitement post-récolte[17].
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+
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+ Il a de multiples usages en cuisine :
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+
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+ À température ambiante, il se conserve une dizaine de jours, il faut donc le consommer rapidement.
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+
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+ Le citron peut servir à empêcher l'oxydation de certains fruits et légumes qui noircissent au contact de l'air.[18]. On peut frotter la chair des fruits (pomme, poire, avocats) avec une moitié de citron ou arroser les crudités râpées comme le céleri rave avec du jus de citron.
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+
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+ L'ajout de quelques gouttes de citron ou de vinaigre rend la pâte brisée plus tendre et moins élastique, car l'acide désagrège le gluten (protéine de la farine).
56
+
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+ De l'alcool peut être produit à base de citron, comme la liqueur de citron.
58
+
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+ Les publicit��s concernant les bienfaits du citron peuvent contenir des allégations santé fausses, ambigües ou trompeuses. Ainsi, on prête au citron toutes sortes de vertus[19] : fort en vitamine C, il gommerait toute fatigue, favoriserait la digestion, rendrait les dents blanches, serait diurétique. En plus de ses propriétés anti-infectieuses, antiseptiques et cicatrisantes, il réduirait la cellulite (aliment brûle-graisse), ralentirait le vieillissement et aiderait même à se protéger du cancer.
60
+
61
+ La plupart de ces allégations ne sont pas prouvées scientifiquement. Cependant, sa richesse en vitamine C favorise les cicatrisations. L'acide citrique du jus est antiseptique, d'où les gargarismes avec du jus coupé d'eau en cas de maux de gorge et l'ajout de quelques gouttes de jus de citron dans les fruits de mer consommés crus. Le citron frotté sur les dents, au lieu de les blanchir (éliminant les taches de thé, tabac), attaque l'émail sur lequel l'acidité répétée peut entraîner la déminéralisation des dents et créer des micropores suffisants pour laisser entrer les bactéries à l'origine de caries. Enfin, ce fruit reste intéressant pour la santé en raison de sa richesse en vitamine C, en calcium, phosphore et potassium dont l'assimilation est favorisée par l'acide citrique[20].
62
+
63
+ Le citron peut même avoir des effets néfastes importants. Le citron, comme tous les agrumes, est riche en furanocoumarines (psoralène, bergaptène surtout présents dans la pulpe, ces composants étant donc plus concentrés dans les jus de fruits frais que dans les jus de fruit pasteurisés) qui peuvent entraîner une photosensibilisation. Une consommation élevée d'agrumes augmente de 30 % le risque de mélanome. Ainsi, la consommation fréquente de jus de fruits frais permettrait de ralentir la progression de certains cancers mais favoriserait celui de la peau pour les personnes qui ne se protègent pas du soleil[21].
64
+
65
+ Le citron peut aussi servir comme détartrant dans un lave-vaisselle, parfumant aussi ce dernier.
66
+
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+ Le jus de citron :
68
+
69
+ Citron cru sans peau (valeur nutritive pour 100 g)
70
+
71
+ Représentation du Striatus amalphitanus de G.B Ferrari en 1646.
72
+
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+ Fleur et fruit.
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+
75
+ Citrons.
76
+
77
+ Gros plan sur un citron.
78
+
79
+ Un citronnier.
80
+
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+ Citrons sur l'arbre.
82
+
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+ Fleurs de citronnier.
84
+
85
+ Yukou Citron Japonais
86
+
87
+ Citron panaché
88
+
89
+ Les citrons peuvent être attaqués et déformés par des ravageurs, comme les acariens des bourgeons (invisibles à l’œil nu) Aceria sheldoni Ewing.
90
+
91
+ Dégâts dus à l'acarien des bourgeons.
92
+
93
+ Citron déformé par acarien.
94
+
95
+ Attaque d'acariens des bourgeons.
96
+
97
+ Citron mal formé
98
+
99
+ Dans le calendrier républicain, le Citron était le nom donné au seizième jour du mois de fructidor[25].
100
+
101
+ En langage populaire anglophone, un « lemon (en) », « citron » en français, est une voiture pleine de défauts[26].
102
+
103
+ Zurbarán : Nature morte aux citrons et oranges avec une rose (1633)
104
+
105
+ Giovanna Garzoni, Nature morte aux citrons (fin des années 1640)
106
+
107
+ Jan van de Velde, Nature morte aux citrons (milieu du XVIIe siècle)
108
+
109
+ Luis Meléndez : Citrons, boîte de gelée, papillon et récipients (vers 1770)
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+ Van Gogh : Nature morte aux citrons (1887)
112
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113
+ Renoir : Citrons et Tasse à Cagnes (1912)
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ La justice est un principe philosophique, juridique et moral fondamental : suivant ce principe, les actions humaines doivent être approuvées ou rejetées en fonction de leur mérite au regard de la morale (le bien), du droit, de la vertu ou de tout autre norme de jugement des comportements. Quoique la justice soit un principe à portée universelle, ce qui est considéré comme juste varie grandement suivant les cultures. La justice est un idéal souvent jugé fondamental pour la vie sociale et la civilisation.
2
+
3
+ Au sein d'un état, la "justice" est un ensemble d’institutions (police, tribunaux, prisons…) qui imposent le règne de la loi, sans lien nécessaire avec le principe philosophique. Elle est jugée fondamentale pour faire respecter les lois de l’autorité en place, légitime ou pas. La justice est censée punir quiconque ne respecte pas la loi avec une sanction ayant pour but de lui apprendre la loi et parfois de contribuer à la réparation des torts faits à autrui, au patrimoine privé ou commun ou à l'environnement.
4
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5
+ Pour des raisons de clarté, cet article traite séparément de la justice dans ses trois acceptions :
6
+
7
+ L'étymologie du mot « justice » est conforme à son histoire. Le droit romain, créateur de la première justice-institutionnelle de l'histoire est aussi à l'origine linguistique du mot. En latin, la justice se dit « justitia,ae » (écrit dans cette langue « iustitia »), nom féminin provenant de « justus » qui signifie « conforme au droit », ayant lui-même pour racine, « jus - juris » « le droit » au sens de permission, dans le domaine religieux. Son étymon est parent avec le verbe « jurare », « jurer » qui désigne une parole sacrée, proclamée à haute voix. Proche, le mot « juge » renvoie au latin « judex » qui signifie « celui qui montre »[1].
8
+
9
+ Néanmoins, d'autres pistes étymologiques sont avancées. Dans Jus et le Code civil : Jus ou la cuisine romaine de la norme, Robert Jacob[2] propose une étymologie formée à partir du mot « jus » (la sauce en latin), lié alors à la symbolique sacrificielle.
10
+
11
+ Le philosophe britannique, John Stuart Mill[note 1] estime que le terme « justice » est dérivé du verbe latin « jubere » - « ordonner, décréter » - ce qui permet d'établir un lien entre l'ordre qui énonce le droit et le juste qui lui est conforme. La philologie moderne porte intérêt aux origines religieuses du terme, indiscutables ; il aurait ainsi pour racine le sanskrit « ju », qui se retrouve dans des termes comme « jugum » (le « joug ») ou le verbe « jungere » (« joindre, unir »), notions où domine le sème du sacré[3].
12
+
13
+ La justitia latine, cependant, ainsi que le jus, se sont de bonne heure séparés de la religion, même si les premiers textes, ceux des Douze tables, par exemple, vouent les contrevenants à la malédiction : « patronus si clienti fraudem fecerit, sacer esto », soit : « Si un client trompe son patron, qu'il soit maudit. »[4]. L'étymon latin est conservé dans la terminologie juridique, à travers les notions de jus cogens (droit impératif en droit international), de jus soli (droit du sol) ou de jus gentium (droit des gens, des peuples).
14
+
15
+ Fondamentalement, la justice est polymorphe, dépendant des époques et des civilisations.
16
+
17
+ Pour la philosophie occidentale antique, la justice est avant tout une valeur morale. La « justice morale » serait un comportement alliant respect et équité à l'égard d'autrui. Cette attitude, supposée innée dans la conscience humaine serait elle-même à l'origine d'un « sens de la justice », valeur universelle qui rendrait l'être humain apte à évaluer et juger les décisions et les actions, pour lui-même et pour autrui. La justice en tant qu'institution est l'organe social constitué de la justice en tant que fonction qui doit « rendre la justice » et « dire le droit ».
18
+
19
+ La culture populaire a retenu des expressions consacrées comme la « justice de Salomon » et celle d'Aristote, la « justice d’Antigone » opposant les « lois non écrites » de la conscience aux lois écrites de la Cité.
20
+
21
+ La notion de justice désigne à la fois la conformité de la rétribution avec le mérite et le respect de ce qui est conforme au droit d'autrui : elle est donc indissociablement morale et juridique. Mais le concept est aussi culturel et ses applications varient selon les coutumes, les traditions, les structures sociales, et les représentations collectives. En philosophie, la justice renvoie à d'autres concepts comme la liberté, l'égalité, l'équité, l'éthique, la paix sociale. De manière générale, on distingue la justice dans son sens moral, l'on parle alors de légitimité, et la justice dans son sens juridique, l'on parle alors de légalité.
22
+
23
+ L'histoire de la notion de justice est liée à l'histoire des peuples et des civilisations. Ses diverses conceptions et applications sont le résultat de la pensée et des conditions de vie de l'époque. Son étude exige donc une approche mêlant philosophie, théologie, économie, morale et Droit politique.
24
+
25
+ Au sein de la notion générale et polysémique de justice ; on distingue ainsi :
26
+
27
+ Le terme étant très utilisé, on dénombre de multiples locutions et tournures idiomatiques utilisant le mot « justice », mais comportant des sens et des situations d'usage différents :
28
+
29
+ Le mot « justice » a pour antonyme celui d'« injustice » (du latin, injustitia : rigueur injuste) signifiant absence de justice. Il s'agit d'un antonyme parfait car ce sont avant tout des concepts philosophiques marquant des catégories précises de la pensée.
30
+
31
+ Le substantif « justice » possède enfin de nombreux dérivés tels :
32
+
33
+ La justice est assise sur des bases philosophiques dont le développement témoigne de l'évolution de la pensée et des systèmes.
34
+ Les penseurs ont très tôt soulevé la question d’une justice universelle indépendamment des sociétés humaines, c'est-à-dire une idée en soi, par opposition à une justice culturelle, c'est-à-dire contingente.
35
+
36
+ En occident, la première trace écrite d'une réflexion sur la justice se trouve chez le philosophe présocratique de la Nature, Héraclite qui affirma au Ve siècle av. J.-C. : « S'il n'y avait pas d'injustice, on ignorerait jusqu'au nom de la justice »[6], la définissant par son antonyme. Selon lui l'idéal de justice en soi se comprend par le refus d'un état d'injustice, assimilé au chaos social.
37
+
38
+ La justice comme idéal individuel ou collectif fut le sujet de nombreuses théories philosophiques et métaphysiques, souvent associées aux notions de Liberté, d'Égalité ou de Société, au souci d'égalité d'accès à la justice et à la réparation (par la fourniture gratuite de droits de défense par exemple) car dans les faits, les nantis et les personnes cultivées ont souvent plus de facilités pour accéder ou échapper à la justice et pour se défendre[7],[8].
39
+
40
+ La Justice devient une réalité pratique et non plus philosophique dans la Rome antique par l'apparition d'une norme application : le droit.
41
+
42
+ La justice obéit désormais à des règles. La responsabilité de l'auteur (étymologiquement l'auteur est celui qui amplifie, ici un acte mauvais et répréhensible) est évaluée par rapport à une norme préexistante. Tout comportement qui dévie de la norme voit son auteur sanctionné sur la base d'un règlement qui matérialise, par des textes, l'échelle des sanctions à appliquer proportionnellement à l'écart constaté avec la norme.
43
+
44
+ On distingue alors deux justices, fonctionnant selon deux normes différentes mais complémentaires : la justice privée et la justice publique. La justice privée est rendue en dehors de l'État, c'est la médiation mais aussi la loi du Talion. Cette justice, la plus ancienne (voir le paragraphe historique) est à l'origine du droit privé que l'on pourrait qualifier de « droit des individus ». La justice y est ici une « affaire privée », un conflit entre particuliers. C'est selon l'adage juridique latin : « Justitia est constans et perpetua voluntas jus suum cuique tribuendi » (soit « La justice consiste en la volonté constante et continuelle de donner à chacun son droit »).
45
+
46
+ La justice publique est rendue par l'État. Son domaine par excellence est le droit pénal. Quand un crime a eu lieu, l'État considère qu'il ne peut laisser seul les individus régler le problème, il intervient. La justice publique est donc une « affaire publique » et donc un droit extérieur aux individus : le droit public.
47
+
48
+ Par extension, la justice a été assimilée au pouvoir judiciaire (l’ensemble des tribunaux et magistrats qui jugent les infractions). Il n’y a pas de lien nécessaire entre l’idéal de justice et l’institution judiciaire.
49
+
50
+ Si ce pouvoir a évolué au cours de l'histoire et des sociétés, depuis son invention, il est une institution fonctionnelle spécialisée dans le maintien (les Codes par exemple), le développement (la jurisprudence par exemple), et l'application de la justice (le jugement). Créée par la nécessité d'organiser la société, l'institution juridique est diverse selon l'époque ou la région du monde.
51
+
52
+ L'histoire de la justice s'intéresse à l'institutionnalisation du droit inspirée par les conceptions philosophiques de l'époque. Mais la justice n'est pas uniforme et il existe actuellement plusieurs systèmes juridiques qui correspondent à diverses organisations de la justice.
53
+
54
+ Le concept de justice est étudié en Europe dès l'Antiquité.
55
+
56
+ Des classifications diverses ont été proposées, selon l'origine, le but ou les moyens de mise en œuvre de la justice. La justice sert-elle à protéger les individus ? La société ? Qui crée la justice ? Faut-il punir ou soigner le criminel ? Autant de question que les philosophes ont tenté de résoudre.
57
+
58
+ Mais il n'existe aucune classification qui fasse le consensus car le concept même de justice dépend de la société qui l'applique.
59
+
60
+ Le premier arrêt de tribunal connu dans l'histoire de l'humanité remonte à l'époque sumérienne. La justice ainsi que la loi et l'éthique, furent des concepts fondamentaux dans l'antique Sumer ; ils étaient rendus autant en théorie qu'en pratique. La vie économique et sociale sumérienne en étaient donc fortement imprégnée. Ensuite, pendant l'Antiquité, la justice est distinguée entre deux concepts différents : le Droit et la Morale. La justice-morale ou Diké (Δίκη) est différente de la justice légale ou droit comme pouvait la considérer les romains au travers du droit romain.
61
+
62
+ Pour les Grecs, le juste est dikaion (terme dérivé de « Diké », la justice). La justice est une vertu et non une règle. Le juste est ce que nous devons établir dans nos relations avec les autres. Le juste établit l’égalité et l'équité entre les membres de la Cité. Pour Platon, il existe une analogie, un lien essentiel entre la justice dans l'âme et la justice dans la Cité. Faire régner l'harmonie entre les différentes parties de l'âme humaine permet de faire régner l'harmonie dans la Cité. Il n'existe pas de cité juste sans hommes justes[9].
63
+
64
+ À la Rome Antique, le concept se transforme, la diké fait place à la conception romaine du droit (« Jus, juris »)[note 2]. Le but de la justice devient alors de protéger les droits des citoyens romains et des autres nations (ou jus gentium).
65
+
66
+ Au Moyen Âge, l'étude de la justice se systématise et différents types sont définis. Saint-Thomas d'Aquin initie la conception morale de la justice en Occident : « La justice est la disposition par laquelle on donne, d’une perpétuelle et constante volonté, à chacun son droit »[10]. La justice est séparée en deux principaux types de justice, la justice dite générale (ou légale) et la justice particulière qui peut être commutative ou distributive. Les différences faites entre les types de justice sont encore largement de rigueur dans la pensée actuelle.
67
+
68
+ Dite aussi légale, qui consiste dans l'observance du bien commun. Les philosophes modernes comme John Rawls y voient l'ancien terme désignant la justice sociale, celle que la loi permet. Aristote l'oppose à la justice naturelle[11]. Ce faisant, Aristote décrit le droit naturel, celui émanant des dieux pour le monde grec, et le monde des hommes, promu par la loi.
69
+
70
+ Également tourné vers le bien commun, ce type de justice fondamentale ordonne et règle le comportement d'un individu auprès d'un autre ; elle est davantage casuistique. Elle se subdivise elle-même en deux types, selon qu'elle règle les rapports entre particuliers (justice commutative) ou entre particuliers et société (justice distributive), conception venant d'Aristote[12].
71
+
72
+ La justice commutative (ou corrective) est inspirée par Aristote. Elle « vise simplement la réalisation de la rectitude dans les transactions privées »[13]. Elle est « un genre de justice qui fait abstraction des mérites personnels pour déterminer selon une stricte égalité arithmétique ce qui est dû à chacun »[3]. Elle a pour but de rétablir l'égalité lorsque celle-ci est rompue au moment d'un échange, lorsqu'un cocontractant a exécuté son obligation et l'autre pas encore, ou d'un dommage. Rendre une justice commutative est le rôle propre du juge dans les procès où il intervient comme tiers entre les parties en conflit (Éthique à Nicomaque, V, 7)[13].
73
+
74
+ On la retrouve dans la pensée de nombreux économistes libéraux tels : Adam Smith, Friedrich Hayek, et ceux nommés, en référence à Vilfredo Pareto, « les Paressiens ». Évacuant l'intervention d'un arbitre allouant à chacun les biens en fonction de mérites qu'il détermine lui-même, la justice commutative suffit au bon fonctionnement d’un marché libre et spontané, dominé par le « laissez-faire » ; la justice n'étant pas l'émanation de la volonté d'un organisme comme l'État.
75
+
76
+ Du latin distributiva justitia signifiant : « le juste dans les distributions », la justice distributive règle la répartition des biens entre les membres de la société pour le bien commun. Elle considère les mérites des individus, et distribue les biens selon une part proportionnelle à ceux-ci[14]. L'échelle des mérites n'est pas universelle et varie en fonction du régime politique et des valeurs qu'il proclame : la vertu pour l'aristocratie, la richesse pour l'oligarchie, la liberté ou le mérite en lui-même[note 3] pour la démocratie, etc. À la différence de la justice commutative, la justice distributive est fondée sur une égalité géométrique.
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+ Contrairement à la justice commutative qui ordonne l'égalité des parts échangées, elle commande l'égalité des proportions à raison des mérites. « La justice [distributive] tendra par exemple à ce que le même rapport existe entre les honneurs que nous décernons à Mozart et à Puccini et entre les qualités respectives des musiques de ces deux compositeurs »[15]. Une fois les biens correctement distribués, il faut maintenir les parts en l'état, ce qui est le rôle de la justice commutative[15].
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+ Bien plus tard John Rawls utilise l'expression en lui donnant un sens différent. La justice distributive de Rawls se fonde avant tout sur des données sociologiques, en premier lieu le fait que les inégalités se transmettent de père en fils et deviennent des inégalités subies depuis la naissance, ce qui est un état de fait injuste[16]. Elle admet donc l'existence d'une inégalité (en version originale anglaise : unfairness) originelle qui est injuste. Il distingue ainsi la liberté commerciale qui régule le marché, et la liberté personnelle où réside le seul et unique concept de justice. La justice sociale s'en est largement inspirée, à travers la pensée de Bentham et son principe du plus grand bonheur pour le plus grand nombre[17].
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+ En marge de ces deux types fondamentaux de justice d'autres types de justice sont évoqués. Même si, en dépit des différences évoquées, les auteurs n'y voient parfois qu'un jeu polysémique[18].
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+ La justice rétributive (ou punitive, répressive) vise à rétablir l’ordre par l’imposition d’une souffrance justement proportionnée. L'objectif de la peine sera la dissuasion du délinquant (spécifiquement, c'est-à-dire celui à qui est imposé la sanction, et généralement, c'est-à-dire la population dans son ensemble) et l'application d'une vengeance justement due.
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+ La justice réhabilitative se centre sur le délinquant en déterminant ses besoins afin de l’assister et de le traiter. Le délinquant est dans ce cas considéré comme un malade qu'il convient de guérir, d'assister afin de lui permettre d'adopter à l'avenir un comportement conforme aux attentes de la société. L'imposition d'une thérapie ou de suivre une formation répond généralement à cet objectif.
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+ La justice réparatrice (ou restaurative) se centre sur le préjudice en essayant de le réparer et/ou de restaurer l’équilibre rompu entre les parties : la société, le délinquant et la victime. L'objectif sera alors la restauration du lien entre les différentes parties impliquées afin de rétablir la paix dans la communauté. La médiation auteur/victime est l'une des possibilités d'application de la justice réparatrice. Au niveau national, le cas le plus intéressant de justice réparatrice est celui de l'Afrique du Sud et de sa « Commission de la vérité et de la réconciliation », chargée de recenser toutes les violations des droits de l'homme depuis 1960 sous le régime d'apartheid sans prononcer de sanction afin de permettre une réconciliation nationale[note 4].
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+ En philosophie, on utilise le terme « justice » dans des sens différents mais souvent complémentaires. Il peut être utilisé pour désigner le caractère de ce qui est soit conforme au droit, soit impartial ou alors considéré comme bien sur le plan moral[20].
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+ La philosophie de la justice cherche à répondre à de nombreuses questions. Les règles du droit doivent-elles être établies à partir de considérations générales, éthiques ou religieuses ? Ou au contraire seul compte en définitive le droit positif, c'est-à-dire l'ensemble des règles appliquées effectivement à un moment donné dans un pays donné[21]? Dans cette seconde hypothèse, une autre question se posera, à savoir celle de l'origine du sentiment de révolte et d'injustice que nous ressentons lorsque nous voyons le juste maltraité (Job) ou le triomphe du scélérat[22].
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+ Alors que les anciens définissaient le plus souvent, avec Platon et Aristote, la justice vue comme la vertu consistant à attribuer à chacun sa part (Suum cuique tribuere), un principe moral source des normes du droit et objectif de l'institution judiciaire, l'idée qui s'impose à partir de Hobbes est celle d'une justice faite par et pour les hommes, échappant à la nature et fondée sur la raison[22]. Dans le même ordre d'idées, la diffusion de l'utilisation du syllogisme dans le raisonnement juridique permet (ou suppose) l'utilisation d'une logique qui se fonde sur l'argumentation a pari, selon laquelle les cas semblables doivent subir des traitements analogues[23].
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+ Mais qu'on la considère d'abord comme une vertu ou comme une institution, la notion de justice est depuis Hobbes au cœur de la philosophie politique et de la philosophie morale[22].
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+ Dans la philosophie morale antique, la justice est essentiellement une vertu.
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+ Dès les premiers temps de la démocratie athénienne, la justice est considérée comme une nécessité qui participe de l’ordre de l’univers et non seulement de l’homme. Elle y est vue comme une harmonie[note 5], comme un principe de concorde et comme une vertu partagée[note 6]. C'est même la vertu principale, celle qui engendre toutes les autres[22]. Le transgresseur outrepasse donc son rôle dans l'univers et crée un déséquilibre, en premier lieu dans la Cité, lieu de l'organisation humaine à l'image de celle du Cosmos.
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+ Les sophistes seront les premiers à briser cette union en affirmant que les lois sont artificielles, qu’elles n’existent que pour assurer la conservation de la communauté et la satisfaction de ses intérêts. Leur conception de la justice comme instrument de pouvoir sera critiquée par Socrate, dans une opposition qui reparaîtra tout au long de l'histoire.
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+ Selon Socrate (dont l'enseignement a été transmis par Platon), la justice peut être comparée à la médecine qui préserve la santé du corps. Cette métaphore, reprise maintes fois par la philosophie grecque puis romaine, assimile le corps social au corps biologique. La justice est alors la préservation de la santé de la société, la vertu par excellence[24], étroitement liée à un autre concept idéal : l’éducation des citoyens. Si la polis (c'est-à-dire le bon gouvernement de la Cité) en est la condition, la justice est avant tout une qualité individuelle : Il s'agit en effet d'une disposition de l’âme, d'une vertu sans laquelle la société ne saurait être juste.
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+ Dans La République, dialogue sous-titré « De la justice », Platon établit un parallèle entre justice de l’âme et justice politique par lequel le microcosme (l'homme et ses vertus) est en phase avec le macrocosme (le cosmos et la Cité), ordonné et harmonieux. L'idée de justice, qui permet le maintien de l'ordre, procède de ce parallèle. Dans la société, la justice platonicienne repose sur l'équilibre de trois parties sociales décrites dans La République : les philosophes qui dirigent la Cité, les guerriers qui la défendent et les artisans ou producteurs qui veillent à sa prospérité. Mais elle est aussi un état de faiblesse lorsqu'on la réclame : dans Gorgias, il est dit que les esclaves, en réclamant justice, expriment par là même leur condition inférieure. Finalement, « Il s'agit pour Platon, dans sa réflexion sur la justice, de sortir d'une simple logique de la rétribution - c'est-à-dire, au fond, de sortir d'une simple logique morale »[24].
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+ On doit à Aristote une distinction essentielle entre deux aspects de la notion de justice : une justice relative, individuelle, qui dépend d'autrui et une justice globale et communautaire. La première est une vertu ; la seconde concerne les lois et la constitution politique et relève de la raison. Cette distinction se maintiendra dans la tradition occidentale jusqu'à la Théorie de la justice de John Rawls, un ouvrage qui présente la justice comme un refus de prendre plus que ce qui nous est dû[25]. D'idéale, la justice devient ainsi politique. Aristote dit de la diké (« justice » en grec) qu'elle est l'ordre objectif de la communauté politique. Dans le livre V de son ouvrage fondateur l'Éthique à Nicomaque, il distingue l'injuste du juste par le fait que ce dernier est « ce qui produit et conserve le bonheur et ses parties pour la communauté politique »[26].
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+ Aristote ne se contente pas de reprendre l'idée de Platon selon laquelle la justice est la vertu principale. Pour lui : « La vertu de justice est la vertu par laquelle l'être humain accomplit sa finalité éthique »[25]. Au contraire de Platon, il fait dépendre cette vertu d'une situation et, en conséquence, d'éléments extérieurs à l'action de l'homme vertueux. Si pour Platon la justice consiste à donner à chaque partie (et à chaque homme) la place qui lui revient dans le tout, pour Aristote elle consiste à conformer nos actions aux lois afin de conserver le bonheur pour la communauté politique[22]: « le juste est le bien politique, à savoir l'avantage commun »[27].
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+ L'école stoïcienne est la première à exprimer l'universalité de la justice, en affirmant que le souci de justice est commun à tous et à toutes les sociétés. Cicéron reprend et développe ces idées en affirmant que la justice émane d'une société hiérarchisée (De Natura deorum, III, 15) et qu'elle est la « reine de toute vertu » (De Officiis, III, 6); par ailleurs, elle coïncide strictement avec l'équité (Rhetorica ad Hernnium, III, 2), enfin, elle est la vocation naturelle de l'homme (De Legibus, I, 10, 28).
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+ Avec l'avènement des religions monothéistes, la notion de justice va devenir étroitement liée au champ religieux et théologique.
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+ Le christianisme, en Europe, développera ainsi la conception d'une justice divine fondée sur les Saintes Écritures, telles le livre d'Ezéchiel qui énumère les critères de justice (18, 5-32) ou les paroles de saint Paul (livre de Habacuc, 2,4 et Épîtres aux Romains). Pour saint Paul, la justice est un acte de pouvoir et d'origine divine, liée à l'acceptation ou au refus de la justification de l'âme. Saint Paul critique la justice de la tradition juive, accusée de se maintenir sur des règles automatiques (la Torah, la « Loi »).
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+ La justice divine au cœur de la pensée médiévale chrétienne trouve sa source dans l'héritage romain, et surtout chez Cicéron qui explique (dans De Officiis, I, 24) que la justice consiste à « donner à chacun le sien » expression à laquelle les canonistes font souvent allusion, surtout saint Ambroise qui y voit une justification a priori de la Foi et de l'Amour chrétiens. Par ce retour constant des théologiens à l'héritage romain, « La res publica devient ainsi une société de chrétiens bâtie sur les analyses du droit romain »[28].
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+ Cette conception et son argumentation seront le terreau sur lequel la pensée de saint Augustin se développera, influençant profondément la théologie et la morale occidentales. Dans son ouvrage, De Civitate Dei (La Cité de Dieu), le théologien affirme que la loi est avant tout divine, et que l'injuste provient de la Chute et du péché originel. La justice est dès lors l'émanation de la Grâce, et le respect de l'imitation du Christ. Saint Augustin est également le premier penseur chrétien à relier la question de la guerre à la notion de justice (dans Quaestiones in Heptateucum, 6, 10), qui durera jusqu'au XXe siècle, de l'École de Salamanque jusqu'à la théorie de la guerre juste. Le concept de guerre juste, que saint Augustin formalise, notant que l'Ancien Testament montre de nombreuses guerres approuvées par Dieu, est ce qui donnera naissance au droit international par la suite. Pour saint Augustin, « la justice n'est que dans la volonté »[29]. À sa suite, diverses conceptions théologiques apparaissent : Laitance pense que la justice se manifeste à travers l'aide aux pauvres (Divinarum Institutiones, VI, 12), Saint Ambroise invente la notion de justice collective, et saint Anselme explique que : « la justice est la droiture de la volonté conservée en soi »[30]. Le droit canonique naîtra de leurs exégèses, dès le XIIe siècle, avec le recueil Decretum (Les Décrets) de Gratien.
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+ Saint Thomas d'Aquin adapte la conception d'Aristote aux institutions chrétiennes ; en cela, il prône une justice légale. Il distingue par la suite le droit naturel et le droit positif, provenant de cette dichotomie, sans les opposer.
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+ Le droit positif concrétisant et fixant les règles en gardant pour idéal, pour objectif le droit naturel. Par ailleurs, Saint Thomas fonde l'étude psychologique de la justice, en expliquant que l'épikie est la vertu directrice de celle-ci dans l'homme, sorte de conscience droite.
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+ Dès lors, la théologie morale de la justice va évoluer vers la scolastique et la casuistique. Saint Thomas va étudier les écarts à la justice que Dieu fit dans la Bible, notamment après avoir promulgué le Décalogue. Ces exemples vont alors permettre de distinguer deux conceptions philosophiques et politiques du droit et de la justice divergentes : celle de Saint Thomas d'un côté et celle de Duns Scot de l'autre.
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+ Alors que le premier explique que Dieu obéit à sa justice, Duns Scot lui pense que la loi est un moyen utilisé par le législateur, qui n'en est donc pas moralement assujetti. Avec lui, et avec la critique selon laquelle Saint Thomas instaure une théorie déterministe de Dieu, « La justice abandonne sa dimension initialement spirituelle et théologique pour entrer dans une dimension désormais autonome par rapport à la vie sociale »[31]. La notion de pouvoir apparaît également (ce que Dieu peut imposer est juste), ainsi que celle de justice comme norme. Enfin, avec Duns Scot, le législateur humain devient l'image fidèle du pouvoir absolu de Dieu et, ainsi, la théorie de la justice terrestre devient complètement autonome vis-à-vis du cadre du droit naturel.
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+ Faisant suite à celle de saint Thomas d'Aquin, la pensée de Blaise Pascal, auteur des Pensées, est une critique de la justice divine comme justice distributive. Pour Pascal, que Dieu rende « mesure pour mesure » (Isaïe, XXVII, verset 8) et ait pour but de rétablir « l'égalité dans les choses » selon les mots de saint Thomas, est une impossibilité tant morale que théologique. La conception de Pascal tient dans son postulat sur la nature humaine, duale selon lui, à la fois ange et bête, bien et mal. En cela, la justice divine ne peut être distributive et providentielle, mais elle est au contraire la Grâce qui donne gratuitement aux hommes, justes ou injustes, ce qui ne leur est pas dû. La justice entre donc dans le plan divin, au-delà de la simple connaissance humaine. Au niveau terrestre, l'homme ne connaît pas la vertu, mais le péché ; de plus, l'« amour-propre » du moi le pousse à ne pas prendre en compte le désir de justice ou d'équité.
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+ Pour Pascal, la justice est avant tout un sentiment lié au sentiment de Dieu en le monde. Par ailleurs, il critique la possibilité qu'il existe une justice universelle, au contraire, celle-ci est relative : « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » résume-t-il. Néanmoins, Pascal ne dit pas que la justice essentielle est inutile ; il existe un devoir d'obéissance à la loi, reposant sur le sentiment du juste : « il est juste que ce qui est juste soit suivi » (pensée 103), ce qu'il nomme la « justice par établissement ». Une loi est ainsi juste car elle établit elle-même son cadre, en ce sens, elle est à respecter, même si elle est, au regard de Dieu, imparfaite. Dans Trois Discours sur la condition des grands, Pascal analyse l'injustice, qui provient d'une ignorance des devoirs naturels auxquels les grands et les puissants doivent se soumettre. Pascal redéfinit donc une justice distributive, qui tend à éviter les deux excès symétriques (trop demander et ne rien donner) relevant du même jugement erroné ; cette injustice il la nomme « tyrannie ». Mathématicien par ailleurs, Pascal va proposer un usage critique de la proportion dans le Droit et la justice distributive qui devient avec lui la justice sociale au sens de devoirs imposés pour le bien commun.
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+ Leibniz, tout au long de son œuvre, va jeter les fondements d'une nouvelle science, la science du droit. Leibniz propose alors une méthodologie, innovante par rapport à ses prédécesseurs, notamment dans son ouvrage Éléments de droit naturel (1670-1671). Leibniz est lui-même un homme de droit : philosophe, il travailla sur des séries de textes juridiques qui lui permettront d'être nommé juge à la cour de Mayence en 1670. Il mène, à côté de son métier, un travail de théoricien du droit et de théologie, surtout avec Essais de Théodicée en 1710. Leibniz critique en premier lieu la conception du droit naturel de l'époque, fondée sur la notion de droit subjectif (le droit comme une qualité morale de la personne, héritée de Grotius), et conduisant à une société d'obligations. La justice humaine est pour lui « dérivée de la justice divine, comme d'une source » (Le droit de la raison). En réalité, pour Leibniz, Dieu lui-même est assujetti à la justice, en cela il s'oppose aux doctrines volontaristes de René Descartes et de Thomas Hobbes qui, en pensant que la justice vient de Dieu, soutiennent un despotisme divin, niant le libre-arbitre : « La justice ne dépend point des lois arbitraires des supérieurs, mais des règles éternelles de la sagesse et de la bonté dans les hommes aussi bien qu'en Dieu. » explique-t-il dans ses Réflexions. Pour Leibniz, la justice est une émanation de la Raison et il s'agit donc d'une notion commune. Dès lors la voie est ouverte pour Leibniz, permettant de créer la science du juste - la jurisprudence[note 7] - qui « doit s'expliciter en un système de règles générales complet et cohérent, dérivant d'un petit nombre de principes »[32]. Leibniz fonde donc une nouvelle épistémologie qui sera la source du droit moderne et positif. Son ouvrage Nova Methodus[33] de 1667 présente ainsi la méthode jurisprudentielle comme une manière d'approcher la perfection du « jurisconsulte parfait », qui doit lui-même être marqué par « la charité du sage » (« caritas sapientis »)[note 8].
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+ David Hume, à travers son Traité de la nature humaine (1740), veut fonder un système complet des sciences morales. Hume fait de la justice une vertu ; de manière empirique il procède à une classification des vertus. L'action vertueuse remarque-t-il est celle qui procure un certain plaisir à celui qui l'observe. À partir de ce constat objectif, Hume distingue les sources, dans l'individu, du jugement moral :
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+ Hume introduit par ailleurs les notions d'agent et d'objet de l'action morale, que le droit positif intègrera. Par ces quatre concepts, Hume aboutit à quatre types de vertus : « Nous tirons en effet un plaisir de la vue d'un caractère utile à autrui ou à la personne elle-même, ou d'un caractère agréable à autrui ou à la personne elle-même »[34]. Hume conclut à la suite d'une longue étude du jugement et des actions moraux que la justice se définit par rapport à des règles générales, vis-à-vis d'une norme édictée. Cette conception lui permet de relativiser la justice comme idéal : il en fait ainsi une « vertu artificielle » car utile à l'agent de l'action. Hume fonde la doctrine utilitariste de la justice, reprise plus tard par Jeremy Bentham et Adam Smith. Le philosophe conclut que l'homme a inventé la justice, et que, par conséquent, le droit (law) précède les droits (rights). Les thèses libérales économistes reprendront cette affirmation, notamment pour justifier la notion de propriété.
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+ Pour Thomas Hobbes dans Le Léviathan, la justice est créée par des règles autoritaires, publiques et impératives, destinées à permettre la vie sociale[35]. L'injustice est ce que ces règles interdisent. Hobbes ne se préoccupe pas dans cette analyse du rapport de ces règles à la morale, mais à la vie communautaire, qui prend forme à travers l'État. La justice n'est pas immanente, elle résulte de la décision d'un pouvoir souverain, en tenant compte des lois naturelles commandées par Dieu et la raison. Ce point de vue rappelle celui de la justice vue comme un commandement divin, avec la différence que l'État (ou une autre autorité d'origine humaine) y remplace Dieu. Pour Hobbes, la justice naturelle n'existe pas ; en ce sens le droit n'est plus que positif. La justice a pour fonction dans la société :
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+ Pour Hobbes, la justice idéale est une fiction, et la loi seule détermine les catégories du juste et de l'injuste : « Ceci est aussi une conséquence de cette guerre de chacun contre chacun : que rien ne peut être injuste. Les notions du bon et du mauvais, du juste et de l’injuste n’ont pas leur place ici. Là où n’existe aucune puissance commune, il n’y a pas de loi : là où il n’y a pas de loi, rien n’est injuste. (…) Justice et injustice ne sont nullement des facultés du corps ou de l’esprit. (…) Ce sont des qualités relatives à l’humain en société, non à l’humain solitaire »[36].
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+ Les pensées de Spinoza, dans son Traité politique notamment, qui insiste sur l’importance d’une soumission volontaire à la loi ou celles d'Emmanuel Kant, qui affirme l'importance d'obéir à la loi, quelle qu'en soit la nature sont relativement proches de celles de Hobbes. Pour chacun d'eux la justice est une émanation du droit et de la société.
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+ Thomas Hobbes initie les théories du contrat social qui culminent avec la pensée de Jean-Jacques Rousseau. Selon ces philosophes, la justice dérive d'un accord mutuel de toutes les personnes concernées, ou tout au moins de ce sur quoi ces personnes se mettraient d'accord sous certaines hypothèses préalables, telles que la nécessité de l'égalité ou de l'impartialité.
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+ La conception qu'a Rousseau se fonde sur la notion d'état de nature qui postule que l’homme est naturellement bon mais que rapidement la société le corrompt, jusqu'à ce que chacun agisse bientôt égoïstement en vue de son intérêt privé. Dans Du Contrat social, Rousseau montre que la société basée sur le contrat social a pour but d'aider l'homme à l’engager et à abandonner son intérêt personnel pour suivre l’intérêt général. L’État est donc créé pour rompre avec l’état de nature, en chargeant la communauté des humains de son propre bien-être. La justice règne donc au sein d'une société contractuelle, permise par le libre consentement de tous, et en vue du bien-être de tous. Le contrat social rousseauiste est davantage proche du contrat selon Thomas Hobbes en ce qu’il vise lui aussi à rompre avec l’état de nature. Pour tous les deux, la justice idéale n'existe pas en dehors d'un état social. Chez Rousseau, les citoyens sont eux-mêmes responsables de la sauvegarde de l'équité, par le principe de la volonté générale. Le contrat rousseauiste est un pacte d’essence démocrate, dans lequel le contrat social n’institue pas un quelconque monarque, mais investit le peuple de sa propre souveraineté, en cela il diffère des autres théories percevant la justice comme une donnée sociale. Cependant, à titre personnel Rousseau récuse l'idée d'une justice réelle ; dans ses Fragments politiques, il explique que les sociétés ne mettent en place que des « simulacres » de justice, et que le progrès technique et la politique accroissent constamment les inégalités, faisant de la justice comme émanation du contrat social une impossibilité historique.
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150
+ Dans la République, le personnage de Thrasymaque soutient face à Socrate que la justice n'est que l'expression de l'intérêt du plus fort : « Le droit naturel est l’instrument des puissants pour opprimer les plus faibles ». Proche de ce point de vue, Nietzsche estime que la justice est une conséquence de la mentalité d'esclave de la masse des faibles et de son ressentiment contre les forts. Dans Humain, trop humain il écrit : « Il n'existe aucune justice éternelle ». Une fois que la notion quitte le champ religieux et théologique, les critiques philosophiques vont récuser l'acceptation d'une justice comme un idéal éthique.
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+ Les courants de la théorie de la connaissance, comme l'idéalisme et le scepticisme, font de la justice une idée subjective, fondée sur l'intériorité et l'imaginaire.
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+ Le courant de l’utilitarisme enfin, même s'il se fonde sur la société, critique la conception idéale de la justice, qui est chez Jeremy Bentham, l'un des représentants de l'utilitarisme, définie par la notion d'utilité. Est juste ce qui produit le « plus grand bonheur pour le plus grand nombre, chacun comptant pour un », ce que les utilitaristes nomment la maximisation des biens. L’intérêt personnel est donc pour eux l'expression de la justice, tout comme, à plus grande échelle, le marché et l'économie. John Stuart Mill, autre philosophe utilitariste expose de manière systématique la conception utilitariste de Bentham dans son ouvrage L'Utilitarisme : essai sur Bentham[37].
155
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+ Avec les utilitaristes faisant suite à Jeremy Bentham et à son Introduction aux principes de morale et de législation de 1790, comme John Stuart Mill et Cesare Beccaria qui l'appliqua au champ du pénal, la justice quitte le domaine philosophique pour devenir le résultat d'une recherche visant à maximiser le bien-être d'une population, c'est-à-dire son bonheur (entendu en termes de plaisir ou de diminution de la souffrance).
157
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+ Ses principes sont donc ceux qui tendent à obtenir les meilleures conséquences. La justice devient une grandeur économique mais éthique. D'après Mill, si nous accordons une importance exagérée au concept de justice, c'est à cause de deux tendances naturelles chez l'être humain : notre désir de vengeance contre ceux qui nous blessent et notre capacité de nous imaginer à la place des autres. Ainsi, si nous voyons quelqu'un être blessé, nous désirons à sa place que son agresseur soit puni. Si tel est bien le processus qui est à l'origine de nos sentiments de justice, nous nous devons de ne pas leur accorder une trop grande confiance. L'utilitarisme est un courant qui donne une place centrale à l'individu, fondé sur la justice distributive.
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+
160
+ Dans Surveiller et punir (1975)[38], le philosophe français Michel Foucault établit une critique morale de la conception utilitariste. Il montre le passage d’une politique fondée sur les supplices à une politique punitive de type carcérale. L'utilitarisme, et en particulier la théorie du panoptique (sorte de société où tous sont utiles) de Jeremy Bentham conduisent à faire de l'individu un objet utile, et, à terme, autorise l'instauration de lois liberticides.
161
+
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+ Ouvrage fondateur de la théorie de la justice sociale, Théorie de la justice, du philosophe libéral américain John Rawls, est avant tout une critique de la pensée utilitariste qui a prévalu au XXe siècle[39]. Rawls utilise pour cela une fiction, tenant lieu d'hypothèse de travail : des individus supposés rationnels (c'est-à-dire selon la théorie des jeux, des individus qui tendent à maximiser les biens principaux) calculant une répartition des biens dans une société à l’intérieur de laquelle ils ignorent ce que sera leur position sociale ne peuvent, en principe, favoriser aucun d’entre eux (ou équilibre de Nash). Cette situation est caractérisée pour Rawls par un état d'équité (fairness en anglais)[40]. Cela ne vaut, signale Rawls, que dans un corps social ne possédant pas encore de constitution. Il en déduit alors deux principes restés célèbres :
163
+
164
+ La conception de Rawls de la liberté est par ailleurs importante dans sa théorie de la justice qui ne saurait être la simple maximisation du bien et du bonheur social, conception utilitariste par excellence. Rawls reproche à cette dernière d'être matérialiste et de faire du bien une valeur alors que seul l'individu compte; en d'autres termes, l'utilitarisme, dans la critique de John Rawls, mène à des actes politiques immoraux. Comme philosophe moderne, Rawls a su replacer dans les débats actuels une conception idéale de la justice ; « La justice est la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée »[41] explique-t-il.
165
+
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+ L'histoire de la justice est une discipline complexe liant histoire et philosophie. La justice comme institution est l'organisme de l'application du droit.
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+
168
+ Selon l'adage romain, « Ubi societas ibi jus », là où il y a une société, il y a du droit : il ne peut exister de civilisation sans droit. Les premières civilisations datent de la Préhistoire et plus précisément du Néolithique avec l'apparition de l'agriculture et de l'élevage. Des droits primitifs ont été élaborés à cette période même s'il ne nous en reste aucune trace, l'écriture n'ayant pas encore été inventée.
169
+
170
+ D'après les théories du contrat social, la justice institutionnelle est liée à l'invention de l'État. La justice comme institution serait née de l'obligation de réglementer les relations humaines pour permettre la cohabitation des hommes. En effet, dans ces théories la justice est un élément de l'état civilisé, qui est le contraire de l'état de nature dans lequel chacun a un pouvoir absolu mais aucune garantie autre que sa force pour assurer sa conservation. La justice comme institution impose nécessairement une restriction des droits, ou pouvoirs, des individus pour protéger le bien-être commun.
171
+
172
+ Le développement de la justice institutionnelle a traversé différents stades au cours de l'histoire.
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+
174
+ Sous ses formes primitives, la justice prend la forme de la vengeance privée (dans l'état de nature des auteurs contractualistes) puis de la loi du Talion. Progressivement, les sociétés humaines ont établi un droit coutumier permettant le règlement de conflits par l'application de règles prévisibles. Ensuite, une schématisation et une généralisation de ses règles conduit à la création d'un système juridique[note 9] qui marque la véritable naissance de la Justice moderne.
175
+
176
+ Schématiquement, six périodes historiques peuvent être retenues[note 10] :
177
+
178
+ Depuis l'Antiquité, la sphère de la justice et de la politique sont intimement mêlées. La Justice personnifiée par le souverain (qui deviendra plus tard, l'État) est un arbitrage réalisé par une personne de valeur. Cette justice s'oppose à la justice privée ou « droit de se faire justice à soi-même »[42].
179
+
180
+ Le plus ancien texte de législation que l'on connaisse[note 11] est le code d'Ur-Nammu rédigé vers 2 100 av. J.-C.[43] mais il ne nous est parvenu que de manière parcellaire.
181
+
182
+ Le Code de Hammurabi (-1750) qui est considéré à tort comme le plus ancien texte de loi est en réalité « le recueil juridique le plus complet qui nous soit parvenu des civilisations du Proche-Orient ancien, antérieur même aux lois bibliques »[44]. Le Code de Hammurabi est un système répondant aux préoccupations de la vie courante : mariage, vol, contrat, statut des esclaves... avec une prédominance à la loi du talion en matière pénale. Il est d'inspiration divine mais pas religieux.
183
+
184
+ L'Égypte antique connaissait une forme de règlement des conflits. La justice y était vue comme un moyen de retourner vers le calme, le chaos étant une anomalie qu'il faut supprimer. En Chine[45], la situation est équivalente. Des règles existent mais le droit est considéré comme un anomalie, les conflits devant être réglés par le calme et la collaboration plutôt que par la dispute.
185
+
186
+ Tous ces systèmes ont en commun d'être catégorisés comme des pensées préjuridiques car même si certaines catégories existent déjà (comme la notion de voleur), d'autres notions qui nous sont fondamentales aujourd'hui ne sont pas développées (comme le vol ou la preuve) et parce que le droit n'a pas encore acquis son autonomie de la religion. Des règles juridiques existent mais il n'existe pas encore de théorie juridique ou de doctrine. Il faudra attendre la Rome antique, première civilisation à séparer droit et religion, pour voir apparaître les premières théories du droit et de la justice comme institution.
187
+
188
+ La civilisation romaine est la première à avoir constitué des théories juridiques qui nous soient parvenues. Le droit romain, peut donc être considéré comme le premier système juridique[46],[note 9].
189
+
190
+ Le droit romain définit clairement des catégories juridiques (voir par exemple : ius civile, ius gentium et ius naturale). La justice n'est plus inspirée par les dieux mais uniquement sous leur patronage. La vie politique est organisée par le droit et les premières constitutions (constitution romaine) voient le jour. Cependant, « Rome ne s'est pas construite en un jour » et il est difficile de dater précisément le début de la pensée juridique romaine.
191
+
192
+ Le droit romain, développe le droit, rendu par une justice institutionnalisée.
193
+
194
+ Dans d'autres civilisations l'histoire de la justice ne suit pas le même chemin. La Chine[47] par exemple, se méfie traditionnellement du droit et la justice en tant que règlement des conflits n'existe donc pas dans l'Antiquité. Le taoïsme enseigne que l'harmonie entre les hommes est une priorité. Dans la philosophie chinoise traditionnelle, faciliter le recours aux tribunaux est donc une erreur : c'est aux individus, eux-mêmes de rechercher le compromis.
195
+
196
+ En tant que telle, il n'y a pas à proprement parler de justice exclusivement religieuse pendant l'Antiquité. Mise à part la justice romaine, qui applique un droit autonome de la morale, de la religion et du fait, les droits se confondent généralement avec la religion.
197
+
198
+ S'il existe un droit juif qui est plus ou moins toléré par les dignitaires des civilisations grecques et romaines, les institutions juives de l'Antiquité font débat ; leur rôle exact et importance effective restent discutés. L'attirance pour le droit local (grec puis romain) puis la persécution de leurs membres rend difficile l'élaboration d'une théorie complète de la justice et sa mise en pratique dans des institutions spécifiques[48].
199
+
200
+ Jusqu'à la conversion de Constantin en 337, le droit chrétien est aussi mal considéré par les autorités que le droit juif[48]. Cette religion nouvelle n'enchante pas les autorités qui y voient un trouble car elle refuse l'allégeance au culte impérial. Persécutée par les dignitaires de l'Empire, elle ne se développe que tardivement.
201
+
202
+ En 337, Constantin devient le premier Empereur romain chrétien. Par la suite, d'autres Empereurs choisissent le chemin de la conversion chrétienne. À la fin de l'Antiquité, la religion chrétienne devient la religion officielle de l'Empire mais celle-ci ne remet pas en cause le droit civil romain.
203
+
204
+ Les Empereurs romains chrétiens utilisent les institutions romaines pour assoir leur pouvoir mais assoient le « triomphe du Christianisme » en discriminant les non Chrétiens[49].
205
+
206
+ Après la chute de l'Empire romain en 476, les connaissances développées pendant l'Antiquité se disloquent après l'effondrement de l'Empire. Une activité législative se maintient (voir par exemple : le Bréviaire d'Alaric promulgué en 506) mais on ne peut plus vraiment parler de justice[50].
207
+
208
+ Il faudra attendre la naissance de ce qui deviendra le droit romano-germanique et la ou le common law (le genre grammatical du nom porte à discussions[note 12],[51]) pour que l'idée de justice réapparaisse.
209
+
210
+ Le droit romano-germanique est né dans l'Europe dite « continentale » et la common law dans ce qui deviendra le Pays de Galles et l'Angleterre[note 13] qui, restant éloigné du reste du continent développe un système juridique propre.
211
+
212
+ À la même époque, la religion musulmane s'étend et le droit musulman fait son apparition, droit qu'il ne faut pas confondre avec celui des pays musulmans. Ce droit prospérera au Sud de la Méditerranée.
213
+
214
+ Pendant le haut Moyen Âge, la diversité culturelle des peuples dits « barbares » empêche une unité judiciaire. Chaque population possède son propre système juridique basé sur la coutume qui lui est propre. Souvent plusieurs lois peuvent être applicables : droit romain, droit local (ou régional) ou droit canonique.
215
+
216
+ Le type de loi dépendait de l'appartenance des personnes à un territoire. C'est la naissance de la « personnalité des lois »[52].
217
+
218
+ Cette diversité est l'une des constantes du droit au Moyen Âge. La désunion des peuples sera à l'origine d'un morcellement du droit et de la justice qui a perduré jusqu'à l'époque moderne.
219
+
220
+ À sa constitution, la religion chrétienne renie vouloir constituer un véritable système juridique au nom de la lettre même de la Bible[53]. L'Église à peine fondée ne souhaite pas s'investir dans les affaires de l'État. Elle considère qu'il y a une division entre un pouvoir temporel (politique) appartenant au chef de l'État et un pouvoir spirituel (religieux et théologique) qui lui appartient au Pape. Cependant, au fur et à mesure de son développement le christianisme développera ses propres théories et procédures, l'excommunication étant l'une des plus graves sanctions encourues.
221
+
222
+ Jusqu'au XIIe siècle la théologie et le droit canonique sont confondus. Le décret de Gratien, qui compile décisions des conciles, décrétales - réponses du Pape - et extraits, signale l'émergence d'un droit canonique autonome parallèlement à la redécouverte du droit romain par l'école de Bologne. Le droit canonique, qui vise la rédemption de l'âme plus que la punition, proscrit la peine de mort et introduit l'emprisonnement[54].
223
+
224
+ Seul droit vraiment uni[note 14], il s'inspire du droit romain et possède des institutions organisées et stables. L'Église catholique romaine n'est pourtant un juge comme un autre. Si elle exerce une grande influence sur le raisonnement juridique au Moyen Âge, elle limite son pouvoir propre. Les juges catholiques ne gèrent que les affaires strictement religieuses (typiquement : le mariage qui est un sacrement religieux) ou les conflits survenant dans leur territoire (exemple : meurtre commis dans un monastère).
225
+
226
+ Dans l'Europe médiévale, la récupération du droit romain permet de créer un droit unifié. Le latin (langue du droit romain) n'est pas un obstacle mais un avantage. En effet, l'usage du latin est courant parmi les élites[note 15]. Et même si la Rome antique est mal vue par la toute puissante Église (qui la qualifie de païenne) le désir commun de reprendre la tradition juridique, idéalisée de la Rome antique est grand. Ce désir aboutit à la création et à l'usage du corpus iuris civilis (recueil du droit romain de l'époque de Justinien) et du corpus iuris canonici (recueil du droit canon)[note 16].
227
+
228
+ La Justice de l'Europe médiévale (ou plutôt les justices)[note 17] est donc constituée par une interprétation d'un amalgame des règles supposées de la Rome antique et du droit religieux chrétien en constitution.
229
+
230
+ Le droit des relations entre personnes (qui deviendra le droit privé) est dominé par le droit romain qui prédomine encore actuellement dans le droit des contrats. Le droit pénal est originellement dominé par le droit canon qui ne fait pas encore la distinction entre justice des hommes et justice de Dieu. Le jugement de Dieu (appelé ordalie) et la torture sont normaux.
231
+
232
+ La Justice sert les intérêts de la société dans son ensemble et il n'existe pas de droits des individus.
233
+
234
+ Le droit anglais est le droit qui est appliqué en Angleterre et au Pays de Galles (et non pas dans le Royaume-Uni en totalité). Schématiquement, le droit anglais, qui n'est pas encore appelé Common law, repose sur la méfiance vis-à-vis de la législation et une uniformisation du droit par la pratique des case law.
235
+
236
+ Ce système (dont la construction s'étale sur plusieurs siècles) repose sur une justice étatisée par la volonté des requérants. C'est actuellement le système juridique de la majorité des pays anglophones.
237
+
238
+ Le droit musulman est un des rares droits dont on peut donner la date exacte de naissance : 622. En effet, cette date correspond au début de la diffusion de l'islam (l'Hégire) ; l'islam se voulant dès sa conception une religion juridique.
239
+
240
+ D'après l'islam, tout musulman doit se comporter conformément au Coran et aux enseignements qui lui sont dérivés : on parle, parfois improprement de « droit coranique »[55]. Cependant, il s'agit d'un abus de langage. Le « droit coranique » n'existe pas en tant que tel. Cette expression est aussi fausse qu'un prétendu droit biblique. Le droit canonique (de l'Église catholique romaine) s'inspire de la Bible mais ne retient pas que celle-ci pour juger d'une affaire. Il en est de même dans l'islam. Il est donc plus correct de parler de droit musulman.
241
+
242
+ Le droit musulman est soumis à diverses écoles juridiques[note 18] et n'est donc pas uniforme.
243
+
244
+ À l'époque moderne, la période est à la Renaissance. Les idées philosophiques se diffusent et la Justice, (particulièrement la Justice pénale) devient un grand sujet de réflexion et un enjeu politique primordial.
245
+
246
+ La Justice est transformée par ce bouleversement philosophique. Ce n'est plus l'affaire religieuse des origines, ni l'affaire du souverain du Moyen Âge, c'est l'affaire des citoyens : c'est la naissance des droits politiques et de l'école du droit naturel.
247
+
248
+ La limitation des pouvoirs du souverain devient nécessaire aux yeux des philosophes (voir : balance des pouvoirs). Si certains textes existaient déjà, surtout en Angleterre (magna carta en 1215, Charte des libertés en 1100) ceux-ci n'avaient pas une influence effective et n'étaient que de simples déclarations.
249
+
250
+ Le premier texte vraiment efficace est l'habeas corpus act de 1679 qui oblige la présentation de l'accusé à la cour pour que l'affaire soit jugée. Le premier texte à vocation universelle est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
251
+
252
+ Machiavel dans Le Prince (1532), parle d'un État efficace débarrassé de la morale. Ses vœux sont exaucés au XVIIe siècle par l'émergence d'une police moderne qui réalise des enquêtes et assure le maintien de l'ordre.
253
+
254
+ Beccaria dans Des délits et des peines (1764) remet en cause de manière globale le système judiciaire. En dehors de tout modèle religieux, Beccaria y établit les bases et les limites du droit de punir, et recommande de proportionner la peine au délit. Il pose aussi en principe la séparation des pouvoirs religieux et judiciaire. Dénonçant la cruauté de certaines peines comparées au crime commis, il juge « barbare » la pratique de la torture et la peine de mort, et recommande de prévenir le crime plutôt que de le réprimer.
255
+
256
+ L'invention de l'imprimerie au XVe siècle, puis celle des rotatives au XIXe siècle favorise l'émergence de l'opinion publique qui accompagne les grands scandales qui deviennent des « causes célèbres ».
257
+
258
+ À cette époque, Zola écrit « J'accuse » dans le journal l'Aurore ce qui provoque la séparation de la France entre dreyfusards et antidreyfusards. La médiatisation de cette affaire marque la naissance d'une nouvelle vision de la justice : la notion d'« erreur judiciaire ». Les « causes célèbres » sont en fait la défense de personnes alléguant une erreur judiciaire.
259
+
260
+ En France, le scandale de Panama (1889-1893), puis l'affaire Dreyfus (1894-1906) sont les symboles d'une société où les scandales deviennent nationaux.
261
+
262
+ Le droit et la justice encadrent la société et deviennent primordiaux. L'État de droit est créé.
263
+
264
+ Au cours de la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la théorie de la justice sociale est développée et appliquée.
265
+
266
+ L'État, poussé par un contexte social, établit les premières législations sur le droit du travail. Le travail des enfants est de plus en plus réglementé dans les démocraties.
267
+
268
+ On assiste à l'apparition d'une vision humanitaire à l'échelle de la planète : le Droit international n'est plus seulement le droit des États mais aussi le droit des peuples et des institutions internationales (comme l'Organisation internationale du travail en 1919) sont créées pour protéger les individus.
269
+
270
+ Il existe différentes famille de droits. Un système juridique ou système de droits consiste en « l'emploi d'un certain vocabulaire, correspondant à certains concepts ; il groupe les règles dans certaines catégories ; il comporte l'emploi de certaines techniques pour formuler les règles et de certaines méthodes pour les interpréter ; il est lié à une certaine conception de l'ordre social, qui détermine le mode d'application et la fonction même du droit » (René David et Camille Jauffret-Spinosi 2002, n°15).
271
+
272
+ Il existe actuellement quatre principaux systèmes juridiques dans le monde. Le système du droit civil, qui correspond grossièrement aux pays francophones. Les pays de système de Common law, au monde anglo-saxon. Quelques pays de droit coutumier. Et pour finir, quelques pays de droit religieux avec un prédominance de droit musulman dans les pays musulmans.
273
+
274
+ Toutefois, le système juridique de chaque pays présente des variations ou bien intègre certains dispositifs d'autre systèmes. Il existe donc de nombreux pays ayant un système juridique mixte. De plus, les classifications sont arbitraires et il n'existe pas de consensus absolu sur le nombre de catégories[56] et même sur leur nom[note 19].
275
+
276
+ Les pays de droit de tradition civiliste dit de droit romano-germanique sont à la source, les pays d'Europe continentale. Mais le relatif succès actuel de cette pratique dans le monde est très étroitement lié à l'histoire de France.
277
+
278
+ Le droit romain est considéré à la source de la notion de juridique[46] et de ce système en particulier. Cependant, cette existence ne date pas de la période antique mais du Moyen Âge ou des compilations (factices) de droit romain et de droit canon unifient le droit dans l'Europe des universités.
279
+
280
+ Dans l'Europe médiévale, les échanges juridiques se développent facilités par l'usage courant du latin parmi les élites[note 15] et le désir commun de reprendre la tradition juridique, idéalisée de la Rome antique. Ce désir aboutit à la création et à l'usage du corpus iuris civilis (recueil du droit romain de l'époque de Justinien) et du corpus iuris canonici (recueil du droit canon)[note 16].
281
+
282
+ La Justice de l'Europe médiévale est donc constituée par une interprétation d'un amalgame des règles supposée de la Rome antique et du droit religieux chrétien en constitution.
283
+
284
+ Le droit des relations entre personnes (qui deviendra le droit privé) est dominé par le droit romain qui prédomine encore actuellement dans le droit des contrats. Le droit pénal est dominé par le droit canon qui ne fait pas encore la distinction entre justice des hommes et justice de Dieu. Le jugement de Dieu (appelé ordalie) et la torture sont normaux.
285
+
286
+ Actuellement cet héritage religieux n'est pas mis en avant et la spécificité du droit civil est la prédominance du droit écrit et l'usage important de la codification. Les pays de droit civils sont majoritairement les pays ayant été sous domination napoléonienne ou des anciennes colonies de ces pays.
287
+
288
+ La (ou le[note 12]) common law est un système bâti essentiellement sur le droit jurisprudentiel par opposition au droit civiliste ou codifié. C'est une conception d'origine anglaise qui marque la prééminence des décisions des tribunaux, la jurisprudence.
289
+
290
+ Elle est en vigueur au Royaume-Uni (sauf en Écosse où le droit est mixte car influencé par le modèle latin), en Irlande, au Canada (sauf dans la province du Québec, qui utilise un droit mixte), aux États-Unis (sauf en Louisiane, Californie et Porto Rico, où des systèmes mixtes sont utilisés) et d'une façon générale dans les pays du Commonwealth.
291
+
292
+ Instaurée avec Guillaume le Conquérant, elle est enseignée dès 1755 à l'Université d'Oxford par William Blackstone.
293
+
294
+ Fondée sur le Coran, le système du droit musulman, dit parfois improprement droit coranique[55] est de nature essentiellement religieuse. Ce droit est d'ordre divin et ne s'applique qu'aux musulmans. En terre d'islam, les non-musulmans sont soumis au régime juridique de la dhimma.
295
+
296
+ Ce droit ne régit généralement pas la majorité de la vie juridique de la population et dans la plupart des pays musulmans le droit est en fait mixte. L'État étant généralement organisée par une combinaison entre droit de l'ancien colonisateur (common law ou droit civil) et droit musulman.
297
+
298
+ La coutume en droit est la pratique juridique basée sur l'habitude et la tradition.
299
+
300
+ Actuellement, seule la Mongolie et le Sri Lanka connaissent un système où la coutume est prépondérante. En Chine, en Corée du Nord et du Sud, en Indonésie, ainsi que dans de nombreux pays africains la coutume est encore en vigueur mais s'affaiblit devant le droit légal.
301
+
302
+ Un système juridique mixte comprend plusieurs systèmes juridiques appliqués simultanément.
303
+
304
+ On classe ainsi deux types de systèmes mixtes : les pays qui ont un système civiliste mais issu de la Common Law, comme l'Afrique du Sud, la Louisiane et Israël, et ceux à majorité civiliste, avec une forte minorité de droit coutumier tels la Chine et le Sénégal.
305
+
306
+ En marge des systèmes juridiques mondiaux, il existe des singularités, nées de la volonté de petites communautés ayant pour volonté de se retirer de toute influence nationale.
307
+
308
+ Les cryptarchies sont ainsi des entités, créées par un petit nombre de personnes, qui prétendent au statut de nation indépendante ou qui en présentent certaines caractéristiques. Certaines sont créées très sérieusement (Séborga en Italie, Hutt River en Australie) tandis que d'autres sont purement fantaisistes ou folkloriques (la République du Saugeais en France ou la Melténie en Roumanie par exemple).
309
+
310
+ Ces communautés ou phalanstères établissent un droit purement local, adapté à leurs besoins. Mais leur spécificité du droit local n'empêche pas d'y voir une simple variation. Et même si certaines règles de droit semblent surement originales l'organisation judiciaire ressemble à leur pays voisin.
311
+
312
+ Chaque procès est l'occasion d'une application de la notion de justice. Ainsi, pour Soraya Amrani-Mekki, la notion de procès est une notion plus sociologique que juridique. Dans sa tentative de définir la notion de procès, elle aboutit à la formulation suivante : « Le procès est un mécanisme visant à établir ou rétablir la paix sociale par l'intermédiaire d'un tiers légitime devant régler un litige né, latent ou virtuel, selon une procédure respectueuse du procès équitable »[57].
313
+
314
+ L'histoire en a retenu quelques-uns, célèbres jugements de personnalités au cœur d'affaires majeures. L'histoire de la notion de justice en est indissociablement liée car ses procès illustrent la façon dont les mentalités sociales et juridiques ont évolué au cours des siècles.
315
+
316
+ Le premier grand procès sur lequel les historiens possèdent des documents est le procès de Socrate en -399. Il est relaté dans les textes de Platon et Xenophon, tous deux intitulés : Apologie de Socrate. Il s'agit du procès de la Cité, représentée par l'aréopage, du philosophe, accusé de corrompre la jeunesse au moyen de ses idées philosophiques et notamment celle de refuser la facilité du sophisme. Socrate, refusant d'aller contre les lois, mêmes iniques, de sa patrie accepte la sentence : la mort par l'absorption d'un poison, la cigüe.
317
+
318
+ L'Antiquité connaît un autre procès célèbre, à l'origine de la naissance d'une nouvelle religion, aux dimensions universelles : le procès de Jésus Christ[58]. Trahi par Judas, Jésus se voit jugé par les prêtres juifs, puis par les Romains. Accusé de renier la Loi judaïque et d'inciter à la révolte contre l'Empire romain, Jésus est condamné à mort, par crucifixion. Raconté à travers le prisme des apôtres, le procès est historiquement attesté[59] mais la Bible n'est pas un livre d'histoire et la recherche dans ce domaine est à relier avec les quêtes du Jésus historique.
319
+
320
+ Ces deux procès ont pour point commun de condamner à mort. Socrate est, principalement[note 20] accusé d'avoir formé des opposants à la démocratie athénienne (Critias puis Alcibiade). Jésus de Nazareth est accusé de refuser de rendre honneur à la religion de l'Empereur et donc de défier la société.
321
+
322
+ En effet, un droit canonique, davantage sophistiqué, se met en place. Les jugements sont rendus à la lumière des sources canoniques à savoir les décisions des conciles, les avis du Pape et secondairement les écritures bibliques et des pères de l'Église.
323
+
324
+ Les procès de Ganelon (dans la Chanson de Roland, épopée en vers), de Jeanne d'Arc en 1431 ou encore de Gilles de Rais (premier grand assassin en série) en 1440, entre autres, témoignent de la mise en place d'une procédure judiciaire fondée notamment sur le principe du débat contradictoire mais encore peu équitable[À attribuer].
325
+
326
+ On note aussi l'apparition de procès pour sorcellerie dans les années 1310-1320, qui atteindrons leur apogée à l'époque moderne[60]. L'usage de la torture est réintroduit pour les cas de relaps.
327
+
328
+ En Europe, la consolidation des grands royaumes conduit à l'édification d'une justice nationale. Les sentences et jugements sont occasionnellement des instruments politiques, afin d'assurer le pouvoir d'État. Certains groupes non grata deviennent les cibles de procès collectifs, souvent escamotés.
329
+
330
+ Les juifs deviennent les premières victimes, en Espagne, de procès aboutissant à leur diaspora, notamment vers le monde arabo-musulman. Le procès de l'ordre du Temple permet d'arracher sous la torture des aveux délirants aux Templiers, qui à leur tour provoquent la haine de la population qui réclame leur mort. Et finira par justifier une dissolution de l'ordre.
331
+
332
+ Dès le XIIIe siècle, la Sainte Inquisition est créée. Il s'agit d'une juridiction spécialisée (un tribunal), créée par l'Église catholique romaine et relevant du droit canonique, chargée d'émettre un jugement sur le caractère orthodoxe ou non par rapport au dogme religieux des cas qui lui étaient soumis. Elle juge alors les hérétiques dans toutes l'Europe. La Sainte Vehme officie également, au sein de l'Empire Romain Germanique.
333
+
334
+ Sous l'influence de la renaissance du droit romain, l'empereur, qui favorise cette renaissance, réinstitue la peine de mort pour les hérétiques et la torture. La peine de mort est cependant rare, concernant une personne sur quinze[61]. Sont condamnées par l'Inquisition aussi bien les personnes accusées de sorcellerie, de sexualité débridée, d'homosexualité[réf. nécessaire].
335
+
336
+ C'est avec le XVIIIe siècle qu'apparaissent les grandes affaires criminelles.
337
+
338
+ La plus connue en France reste celle dite de l'affaire Calas, du nom de l'accusé, de confession protestante. L'affaire est révélatrice du traitement, à l'époque, d'un suspect, accusé, dépourvu de l'appui d'un avocat, une hiérarchie des preuves primitives, le secret de l'instruction, une procédure inquisitoriale et la pression de la rue réclamant la tête de l'accusé transforment le suspect en victime expiatoire. Voltaire défendit fameusement la réhabilitation de Calas.
339
+
340
+ Dès lors, les intellectuels s'immisceront dans les affaires criminelles de leurs époques, revendiquant l'équité et la justice. Davantage politiques, les jugements rendus seront intimement liés à l'histoire nationale. En France par exemple, le procès de Louis XVI, en 1792, marque ainsi la fin de la monarchie. Les procès de la Révolution française, notamment celui de Robespierre en font écho. Le procès pour trahison de Louis Riel, en 1885, au Canada, est celui des peuples autochtones - les Métis - contre l'administration blanche.
341
+
342
+ Les procès modernes, et ce jusqu'à nos jours, ponctuent l'histoire de l'institution judiciaire. L'affaire Dreyfus divise la France au sujet du militaire dégradé et déporté en 1895. La notion d'erreur judiciaire apparaît.
343
+
344
+ La pénologie évoluant, les procès mettent en œuvre une procédure plus complexe. Les médias obligent également les tribunaux à rendre des jugements plus influencés par une opinion publique informée des procès et de leurs évolutions, qui font les gros titres des journaux d'avant-guerre.
345
+
346
+ Si les affaires criminelles privées se multiplient, les procès politiques apparaissent. Le XXe siècle, avec la montée des régimes totalitaires, voit en effet se multiplier les procès destinés à assurer la propagande politique. Les Procès de Moscou[62] qui masquent les purges staliniennes sont parmi les plus représentatifs[63].
347
+
348
+ La sécurité collective, organisée autour de la Société des Nations, née à la fin de la Première Guerre mondiale, puis de l'ONU met en place des procès publics de régimes politiques. Les vainqueurs des guerres conduisent ainsi des instructions exceptionnelles, et des notions juridiques nouvelles comme le crime contre l'humanité ou le crime de guerre sont employées. Le procès de Nuremberg est ainsi parmi les premiers de l'Histoire. Intenté contre 24 des principaux responsables du régime nazi, accusés de complot, crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité, il se tint à Nuremberg du 14 novembre 1945 au 1er octobre 1946. Ce procès se déroula sous la juridiction du Tribunal militaire international de Nuremberg, créé en exécution de l'accord signé le 8 août 1945 par les gouvernements ayant défaits l'Allemagne nazie. Le procès de Nuremberg ouvre ainsi la voie à une forme de justice internationale.
349
+
350
+ Les procès de grands dictateurs ou de militaires impliqués dans des massacres ou des génocides se poursuivront pendant l'après guerre froide avec les jugements de Slobodan Milosevic, le khmer rouge Kaing Guek Eav, ou, plus récemment, Saddam Hussein.
351
+
352
+ Le thème juridique est un topos de la littérature mondiale. Les intrigues judiciaires et les « affaires » ont souvent alimenté nombres d'histoires narratives comme celle à la source du polar.
353
+
354
+ Dans Le droit dans la littérature française, Jean-Pol Masson, magistrat belge à la Cour des comptes, explore l'histoire d'une métaphore classique qui est faite entre le Droit d'un côté et le théâtre de l'autre. Il présente ainsi les principaux auteurs usant de cette image, liste qui va de Balzac à Camus, Flaubert à La Bruyère, La Fontaine à Molière, sans oublier Rabelais, Racine, et Georges Simenon.
355
+
356
+ D'autres auteurs recueillent les parallèles constants que la littérature entretient avec la thématique judiciaire : Philippe Malaurie dans Droit et littérature. Une anthologie[64], ainsi qu'Antoine Garapon et Denis Salas dans Le droit dans la littérature[65].
357
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+ La littérature traite la notion de justice dans de nombreux ouvrages. Dans Le Dernier Jour d'un condamné, 1829, Victor Hugo présente la justice comme un idéal. Dans Le Colonel Chabert, paru en 1832 sous le titre La Transaction, Honoré de Balzac souligne l'impuissance de la justice. Dans L'Étranger, 1942, Albert Camus montre l'absurdité du système pénal, de même que Franz Kafka dans Le Procès 1925. Le genre dramatique a, dès l'Antiquité, représenté la justice des hommes et des dieux : Aristophane dans Les Guêpes, Beaumarchais, Le Mariage de Figaro ou encore Jean Racine dans Les Plaideurs. Mais, au théâtre, c'est surtout la pièce de Sophocle, Antigone qui présente la première la conscience humaine se confrontant à l'idéal de justice. L'héroïne éponyme est en effet la victime d'un dilemme tragique, oscillant entre le respect de la loi de sa Cité, et respect des lois divines dévolues aux morts (son frère Polynice dans la pièce).
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+ De nombreux films exploitent des scènes judiciaires, certaines fois il s'agit d'œuvres originales mais il y a aussi un nombre important de reprises.
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+ Dans la mythologie égyptienne, la déesse Maât, représentant la justice et l'ordre, dans l'Égypte pharaonique, est symbolisée par une « plume », qui est aussi l'âme du défunt qui a vécu de manière droite et juste durant sa vie et qui est jugé lors de la « pesée de l'âme » ou psychostasie. Le jugement d'Osiris se déroule ainsi : le cœur du défunt est posé sur un plateau de la « balance ». Dans l'autre plateau se trouve une plume. Si le cœur est plus lourd que la plume, c’est que le défunt est encore attaché au monde matériel et à la matière de son corps physique. Il est alors dévoré par le monstre Ammit. C'est seulement si le cœur est plus léger que la plume que le défunt est libéré du cycle des réincarnations et qu'Anubis l'emmène au royaume d'Osiris. C'est pourquoi la plume et la balance sont, depuis ce temps, les symboles de la justice. Quant à l'épée, elle indique l'idée de trancher, et de trancher droit, pour départager les deux parties.
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+ L'Antiquité gréco-romaine la représente sous les traits de Thémis, figuration ayant inspiré les représentations modernes utilisées pour personnifier les institutions comme Lady justice. Au Moyen Âge, elle est incarnée par une femme tenant une épée, comme dans les tapisseries de l'Histoire de David et Bethsabé, ou sur la Justice de Trajan, fresque créée par Andrea Da Firenze. La Renaissance la figure tenant la balance ou le glaive (par exemple la toile de Spranger au Louvre), parfois les yeux bandés. Elle peut être assise sur un lion, allusion à la vierge Astrée qui d'après la mythologie avait fui dans le zodiaque pour éviter l'injustice des hommes. Son signe est ainsi entre la constellation de la Balance et du Lion.
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+ C'est la Vertu la plus représentée, surtout sur les édifices publics (avec Marianne en France, ou avec l'aigle américain aux États-Unis par exemple) ; on peut citer par exemple La justice remettant au doge l'épée et la balance au Palazzo Vecchio de Florence (fresque et sculptures), à la Chambre des Députés de Paris (œuvre d'Eugène Delacroix), au Palais de la Nation de Bruxelles enfin. Elle peut aussi décorer des monuments funéraires de grands hommes connus pour les actions justes (Urbain VIII, François IInd entre autres).
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+ La justice est un thème pictural travaillé par des artistes célèbres : Giotto en fit une fresque à l'Arena de Padoue, Dürer la représente en gravure sous les traits d'un homme, chose rare, Raphaël au Vatican (fresque de la Chambre de la Signature), souvent accompagnée d'autres Vertus, comme la Paix (La Justice et la Paix, Hans Rottenhammer, Besançon) ou en situation (La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, 1808, de Prud'hon, musée du Louvre, Paris). En France, les plafonds de la Grand’chambre du parlement de Bretagne et celui de la deuxième chambre des enquêtes du parlement de Normandie, tous deux peints par Jean Jouvenet, représentent le Triomphe de la Justice. En 1765, le peintre Louis-Jacques Durameau file le thème en le représentant pour la chambre criminelle du parlement de Rouen.
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+ Les institutions judiciaires utilisent de nombreux symboles renvoyant à la justice comme idéal, représentée dans la plupart des pays d'inspiration romaine ou grecque par une femme - Thémis ou Diké selon les cas - comportant des attributs[66].
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+ Les allégories la montrent armée d’un glaive et d’une balance (cette posture peut varier, de manière plus ou moins ostentatoire). Ses couleurs vestimentaires sont dominées par le blanc, symbole de pureté et de candeur (« candide » en latin signifie « blanc »), le noir et le pourpre. De manière générale, le glaive symbolise le pouvoir de la justice qui tranche les problèmes et litiges, la balance représente elle la justice qui pèse le pour et le contre (principe de contradiction juridique), enfin, le bandeau lui couvrant les yeux est un symbole d'impartialité.
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+ Histoire générale de la justice :
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+ Justice dans l'Antiquité :
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+ Justice au Moyen Âge Occidental :
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+ Justice moderne :
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+ Justin Bieber, de son nom complet Justin Drew Bieber, né le 1er mars 1994 à London (province de l'Ontario, Canada), est un auteur-compositeur-interprète et acteur canadien.
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+ L'agent artistique Scooter Braun le repère en 2008, après avoir visionné ses vidéos sur YouTube, et le présente au chanteur Usher, qui lui permet de signer chez le label RBMG, une coentreprise de Scooter et Usher, puis chez le label Island Records.
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+ Justin Bieber sort son premier single, intitulé One Time, en mai 2009 ; il atteint la première place du Top 20 au Canada ainsi que dans plusieurs autres pays. Toujours en 2009, il dévoile son premier album, My World, qui, depuis, a été certifié disque de platine aux États-Unis. En 2010, Justin Bieber sort l'autre moitié de ce premier album, My World 2.0, et décroche ainsi plusieurs numéros un à travers le monde ; il devient notamment le plus jeune artiste à placer son premier album en tête du Billboard 200 depuis Stevie Wonder en 1963. L'album est suivi du single Baby, dont le clip reste jusqu'à fin 2012 la vidéo la plus visionnée sur YouTube.
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+ Après le succès de sa tournée My World Tour et de ses deux albums de remix My Worlds Acoustic et Never Say Never: The Remixes, il propose le film documentaire Justin Bieber: Never Say Never. En 2011, il sort son deuxième album, intitulé Under the Mistletoe, qui parvient à se hisser en tête du Billboard 200. En 2012, son troisième album, Believe, décroche lui aussi la première place du Billboard 200. Sorti en 2015, son quatrième album, Purpose, lui permet de réitérer ce succès. Il se retire ensuite de la scène artistique.
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+ En 2012, il est désigné troisième « célébrité la plus puissante au monde » par le magazine Forbes. Il est le premier artiste à dépasser les dix milliards de vues sur YouTube[1] et est une des personnalités les plus suivies sur Twitter. Il a reçu de nombreuses récompenses, dont celle d'« artiste de l'année » lors des American Music Awards de 2010 et 2012. Il est nommé dans les catégories « Meilleur nouvel artiste » et « Meilleur album pop » pour My World 2.0 lors de la 53e cérémonie des Grammy Awards. En 2016, il remporte son premier Grammy, celui du meilleur enregistrement dance pour Where Are Ü Now en collaboration avec Skrillex et Diplo.
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+ Né le 1er mars 1994 à l'hôpital St. Joseph de London en Ontario[2], Justin Drew Bieber grandit à Stratford[3]. Il est le seul enfant de Patricia « Pattie » Mallette, d'origine canadienne française, qui l'a mis au monde à 18 ans, et de Jeremy Jack Bieber[4]. Sa mère l'a élevé avec l'aide de sa mère Diane et de son beau-père Bruce[5].
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+ Par son père, il a une demi-sœur et un demi-frère : Jazmyn (née le 30 mai 2008) et Jaxon (né le 20 novembre 2009)[6],[7],[8]. Justin est allé dans une classe d'immersion française à l'école primaire Jeanne Sauvé Catholic School de Stratford[5].
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+ Dans son enfance, Justin Bieber s'intéresse au hockey, au football et aux échecs ; il garde alors sa passion pour la musique pour lui[9]. En grandissant, Justin apprend tout seul à jouer de la guitare, de la batterie, du piano et de la trompette[3],[10]. En 2007, à l'âge de douze ans, il chante la chanson de Ne-Yo So Sick lors d'une compétition locale de chant à Stratford et termine deuxième[5],[11]. Sa mère, Pattie, poste alors toutes les vidéos de son fils en train de chanter sur YouTube afin que le reste de sa famille et ses amis puissent le voir. Elle continue alors de poster des vidéos de Justin en train de chanter et la popularité de ce dernier augmente[12].
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+ À la recherche de nouveaux talents, Scooter Braun, un agent artistique qui travaille pour So So Def Recordings, clique par hasard sur une des vidéos de Justin Bieber[13]. Impressionné, Braun repère le théâtre devant lequel Bieber se produit, localise son école et contacte sa mère, Pattie qui était réticente à cause de la religion juive de Scooter[9] mais finalement le laisse emmener avec lui Justin, alors âgé de treize ans, à Atlanta en Géorgie afin d'enregistrer plusieurs démos[13]. Une semaine après son arrivée à Atlanta, Justin Bieber chante pour le chanteur de pop/R&B, Usher[14] et rejoint alors le label RBMG, une coentreprise entre Scooter et Usher[15]. Le chanteur Justin Timberlake était aussi intéressé par Justin Bieber mais ce dernier a préféré rester avec Usher[15],[16]. Usher contacte Antonio L.A. Reid de Island Def Jam Music Group qui décide de le faire signer avec le label Island Records en octobre 2008[17],[11],[12]. Justin Bieber s'installe alors avec sa mère à Atlanta[15]. Scooter devient ensuite le manager de Justin en 2008[12].
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+ Son tout premier single, intitulé One Time, sort le 18 mai 2009 alors qu'il enregistrait encore son premier album[11] et atteint la 17e place du Billboard Hot 100[18] ainsi qu'à la 12e place du Canadian Hot 100[19] et durant l'automne il connaît le succès à l'international[18]. Le 17 novembre 2009 il sort son EP, My World[20], dont le deuxi��me single One Less Lonely Girl sort en octobre 2009, le troisième Love Me sort le même mois et enfin Favorite Girl sort le mois suivant[18].
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+ Le 20 décembre 2009, Justin chante Someday at Christmas de Stevie Wonder devant le président des États-Unis Barack Obama, et sa femme lors de la traditionnelle fête de Noël de la Maison-Blanche[21],[22]. En fin d'année 2009, Justin Bieber joue dans un épisode de la sitcom True Jackson[23].
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27
+ En janvier 2010, il participe à l'enregistrement d'une nouvelle version de We Are the World: We Are the World 25 for Haiti[24]. Il chante dans la chanson Wavin' Flag, pour l'organisation canadienne Young Artists for Haiti[25].
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+ En janvier 2010, Justin sort le premier single de la deuxième partie de l'album My World 2.0 intitulé Baby, en featuring avec Ludacris qui est arrivé à la cinquième place du Billboard Hot 100 et devient un succès international[18]. Il a ensuite sorti deux singles : Never Let You Go et U Smile qui sont placés dans le top 30 aux États-Unis et dans le top 20 au Canada[26]. Le 19 mars 2010, l'album My World 2.0 sort qui reçoit des critiques positives[27] et se place en tête du Canadian Albums Chart ainsi que du Billboard 200 durant trois semaines non-consécutives en se vendant à 283 000 exemplaires dès la première semaine de sa sortie, et dans six autres pays[28],[29]. Les deux autres singles, Eenie Meenie en featuring avec Sean Kingston et Somebody to Love en featuring avec Usher suivent en mars et avril 2010 et arrivent tous les deux à la quinzième place du Billboard Hot 100[18].
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+ Le 10 avril 2010, Justin est invité à l'émission Saturday Night Live[30].
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+ Le 23 juin 2010, Justin Bieber commence sa première tournée mondiale de 127 dates, le My World Tour à Hartford aux États-Unis qui s'est achevée au Venezuela à Caracas le 19 octobre 2011. En juillet 2010, il est la personnalité la plus recherchée sur les moteurs de recherche Internet[31]. Le clip de Baby est alors la vidéo la plus visionnée sur YouTube devant le clip de Lady Gaga Bad Romance[32].
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+
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+ Justin fait ses débuts d'acteur en jouant dans un épisode de la série Les Experts, diffusé le 23 septembre 2010. Il joue dans un deuxième épisode des Experts, diffusé le 17 février 2011 dans lequel son personnage se fait tuer[33]. Le 12 septembre 2010, Justin se produit aux MTV Video Music Awards où il faut un medley de ses chansons : Baby, U Smile et Somebody to Love[34]. En octobre 2010, Justin annonce qu'il va sortir un album acoustique intitulé My Worlds Acoustic[35]. Le seul single de cet album est Pray[36].
36
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37
+ Le 7 février 2011, il sort un film 3D d'un de ses concerts intitulé Justin Bieber: Never Say Never, réalisé par le réalisateur de Sexy Dance 3D, Jon Chu qui est un succès au box-office[37]. Le 14 février 2011, il sort son deuxième album de remix intitulé Never Say Never: The Remixes dans lequel il chante en duo avec Miley Cyrus, Chris Brown, Kanye West et d'autres artistes[38].
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+ En juin 2011, le magazine Forbes place Justin en seconde place des « célébrités les mieux payées en dessous de trente ans ». Il est la plus jeune star à avoir gagné 53 000 000 de dollars en douze mois[39]. Le 1er novembre 2011, il sort son deuxième album intitulé Under the Mistletoe qui est en tête du Billboard 200 après s'être vendu à plus de 210 000 copies dès la première semaine après sa sortie[40], avec pour unique single Mistletoe qui arrive à la dixième place du Billboard Hot 100[18].
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+ Fin 2011, il commence à enregistrer son troisième album intitulé Believe qui sort le 15 juin 2012 et qui arrive en tête du Billboard 200 en se vendant à 374 000 exemplaires dès sa première semaine de sortie[41]. L'opus reçoit des critiques positives[42]. Le premier single de l'album, Boyfriend sort en mars 2012 et est arrivé à la deuxième place du Billboard Hot 100[18], suivit par As Long as You Love Me en featuring avec Big Sean en juillet 2012 arrive à la sixième place du classement et en tête dans 16 autres pays[18], le troisième single Beauty and a Beat en featuring avec Nicki Minaj sort en octobre 2012 est atteint la cinquième place du classement[18], suivit par Right Here en featuring avec Drake et All Around the World en featuring avec Ludacris qui sortent tous les deux en février 2013[43],[44]. Dans le but de promouvoir l'album, il entame une tournée mondiale, le Believe Tour le 29 septembre 2012 Glendale, aux États-Unis[45],[46] qui s'achève à Perth en Australie[47] avec un total de 162 dates à travers le monde, elle a atteint la 23e place du classement des meilleures tournées de 2012 d'après Pollstar[48] ainsi que la 5e place en 2013[49].
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+ Le 14 décembre 2012, Bieber apparaît dans le talk-show The Ellen DeGeneres Show, où il annonce son intention de sortir un album acoustique intitulé Believe Acoustic, en vente à partir du 29 janvier 2013[50] et qui est arrivé en tête du Billboard 200[18]. Le 9 février 2013, il participe à l'émission Saturday Night Live[51].
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+ Le 3 octobre 2013, Bieber annonce qu'il va sortir une chanson tous les lundis pendant dix semaines[52], les dix sorties seront fournies avec cinq nouvelles chansons supplémentaires dans une compilation intitulée Journals[53]. L'album, initialement prévu pour une sortie le 16 décembre 2013, fut repoussé d'une semaine pour sortir le 23 décembre 2013 afin que Justin puisse ajouter une chanson de plus sur la compilation[54]. Cette compilation contient finalement 15 chansons qui coupent avec le style de départ du chanteur. En effet, cet album marque un changement de style et de thème des paroles, ce qui suscite l'incompréhension de certains fans[55].
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+ Le 25 décembre 2013, un deuxième film de l'un de ses concerts sort, Justin Bieber's Believe[56].
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49
+ En janvier 2015, il devient la nouvelle égérie de Calvin Klein et apparaît en compagnie de Lara Stone dans une campagne pour leur ligne printemps-été 2015 de sous-vêtements[57]. En mars 2015, il apparaît dans le clip de I Really Like You de Carly Rae Jepsen en compagnie de Tom Hanks[58].
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+ Le 13 novembre 2015, il sort son quatrième album intitulé Purpose qui atteint la première place du Billboard 200 en se vendant à plus de 649 000 exemplaires lors de sa première semaine de sortie[59]. Le premier single de l'album, What Do You Mean?, sort le 28 août 2015 et connaît un grand succès commercial, devenant son premier numéro un au Billboard Hot 100 et cela dès sa première semaine de sortie, ce qui devient un record car il est le plus jeune artiste a débuter numéro un du classement[60] et se place en tête des classements de 22 pays et dans le top 5 de presque tous les classements où il figure. Le deuxième single, Sorry sort le 23 octobre 2015 qui, dès sa sortie, se classe numéro deux du classement, étant bloqué par Hello d'Adele, il la détrône au bout de la dixième semaine et devient son deuxième single numéro un du Billboard Hot 100[61],[62] et atteint aussi la première place dans une quinzaine de pays. Le troisième single Love Yourself suit le 9 novembre 2015 et rencontre aussi un grand succès et cela avant même d'être un single officiel et atteint la première place du Billboard Hot 100 et à la première place d'une dizaine de classement. Il devient donc l'artiste ayant trois singles d'un même album numéro un depuis Justin Timberlake en 2006[63]. Lors des NRJ Music Awards 2015 le 7 novembre 2015 il a été récompensé d'un NRJ Music Awards d'Honneur pour la seconde fois. Sa troisième tournée mondiale, Purpose World Tour a débuté le 9 mars 2016 à Seattle aux États-Unis[64]. Comme quatrième single de son album Purpose, Justin Bieber opte pour la chanson Company[65]. Alors qu'il est sorti en fin d'année 2015, Purpose est le quatrième album le plus vendu dans le monde en 2015 ; à compter de juin 2016, il s'est vendu à 4,6 millions d'exemplaires[66].
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+ Il sort, le 22 juillet 2016, le single Cold Water, en collaboration avec Major Lazer et MØ. Le single débute à la deuxième place du Billboard Hot 100 dès sa première semaine[67]. À l’été 2016 sortent les single Let Me Love You (en collaboration avec DJ Snake) et Deja Vu (avec Post Malone). Il apparaît aussi dans le documentaire Bodyguards[68].
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+ Le 16 avril 2017 sort Despacito Remix, avec Luis Fonsi et Daddy Yankee. Quelques jours plus tard est dévoilé I'm The One, avec DJ Khaled, Quavo, Chance the Rapper et Lil Wayne[69]. Le 9 juin 2017 sort U2, en collaboration avec David Guetta. Le 17 août sort Friends, en collaboration avec BloodPop.
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+ Il interrompt sa tournée en juillet 2017[70].
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+ En juillet 2018 sort No Brainer en collaboration avec DJ Khaled, Chance the Rapper et Quavo.
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+ Le 22 avril 2019, lors du festival Coachella, il est invité au concert d'Ariana Grande, avec laquelle il interprète son titre Sorry, avant d'annoncer son retour prochain avec un nouvel album, quatre ans après son dernier disque, Purpose[71]. Le 10 mai sort le single I Don't Care, en collaboration avec Ed Sheeran[72].
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+ Bieber annonce le 24 décembre 2019 son intention de sortir un cinquième album studio et de produire une quatrième tournée de concerts en 2020. Le premier single de l'album Changes, Yummy, sort le 3 janvier 2020. Bieber sort en parallèle, le 31 décembre 2019, un trailer annonçant sa série documentaire de dix épisodes Youtube Originals Seasons, qui paraît ans des épisodes les lundis et mercredis[Quoi ?] à compter du 27 janvier 2020.
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+ En décembre 2010, Justin Bieber commence à fréquenter l'actrice américaine Selena Gomez, avec qui il connaît une relation tumultueuse : après s'être séparés en novembre 2012, ils se remettent à plusieurs reprises en couple jusqu'en mars 2018.
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+ À partir de janvier 2016, il fréquente le mannequin américain Hailey Baldwin, fille de l'acteur Stephen Baldwin. Durant l'été de la même année, il a une relation avec Sofia Richie, fille du chanteur Lionel Richie[73],[74],[75].
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69
+ En juin 2018, il se met à nouveau en couple avec Hailey Baldwin, qu’il épouse en septembre suivant[76]. La cérémonie religieuse a lieu un an plus tard, en septembre 2019, en la chapelle de Somerset, à Bluffton[77].
70
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71
+ Justin Bieber est chrétien évangélique pratiquant. Il se fait baptiser en 2014 par le pasteur pentecôtiste Carl Lentz de l'église Hillsong (New York), après une nouvelle naissance[78],[79]. Il dit avoir une relation avec Jésus et parler avec lui[80],[81]. En 2011, il déclare au magazine Rolling Stone qu'il est contre l'avortement[82] et parle de l'orientation sexuelle comme d'un choix personnel[83].
72
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73
+ En janvier 2020, Justin Bieber révèle, via son compte Instagram, qu'il est atteint de la maladie de Lyme depuis plusieurs années, et qu'il souffre aussi d'une mononucléose chronique qui affecte sa peau et ses fonctions neurologiques[84].
74
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75
+ Il connaît plusieurs accrochages avec la presse à scandale[85], dont l'un finit par une rixe et lui vaut une convocation par la police[86]. En mars 2013, Bieber a été de nouveau impliqué dans une altercation avec un photographe à Londres menaçant de lui « casser la gueule » après que celui-ci lui a déclaré « Retourne en Amérique crétin[87] ». Bieber s'est justifié sur Twitter, affirmant avoir passé une « semaine difficile[87] », après avoir fait un malaise en coulisse lors de son concert à Londres[88].
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+ Justin a provoqué une polémique en avril 2013 lors d'une visite à la maison d'Anne Frank à Amsterdam. Après avoir appris la vie d'Anne Frank, une adolescente allemande juive morte dans un camp de concentration alors âgée de 15 ans, Justin écrit sur le livre d'or du musée : « Avoir la possibilité de venir ici est une source d'inspiration. Anne était une fille formidable. Elle aurait pu être une "Belieber"[89] ». À la suite de cette polémique, le musée Anne Frank a défendu Bieber en déclarant : « son commentaire était tout à fait innocent. Il a passé plus d'une heure ici et s'est intéressé à la vie d'Anne Frank, pour nous, c'est le plus important[90]. »
78
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+ Le 10 juillet 2013, le site américain TMZ publie une vidéo se passant plus tôt dans l'année où Justin Bieber insulte et asperge de produit à vitres une photo de l'ancien président américain Bill Clinton tout en s'écriant « Fuck Bill Clinton ». Il présente ses excuses le lendemain sur Twitter[91].
80
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81
+ Le 30 août 2013, à la sortie d'une boîte de nuit à Toronto, un homme agresse le chanteur et tente de le plaquer au sol. Bieber s'est défendu en assenant plusieurs coups de pieds à l'homme avant que ses gardes du corps maîtrisent l'agresseur[92].
82
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83
+ Justin Bieber dit ne pas être intéressé par la citoyenneté américaine bien qu'il vive aux États-Unis et a critiqué le système de santé américain. Faisant l'éloge du Canada comme étant « le meilleur pays au monde », il a cité le système de soins canadien comme étant un exemple[93].
84
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85
+ Sa popularité est remise en question aux États-Unis, Justin Bieber recevant plusieurs critiques de la part de ses fans[94],[95].
86
+ Selon un sondage réalisé par l'institut Public Policy Polling, il est le chanteur le plus détesté des Américains, juste après Chris Brown[96].
87
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88
+ En janvier 2015, il réalise une vidéo dans laquelle il s'excuse de son comportement des années précédentes et déclare n'avoir pas eu l'intention de paraître arrogant, prétentieux ou fier de la façon dont il a agi en ajoutant : « J'ai fait beaucoup de choses ces dernières années dont je ne suis pas fier [...] Je ne suis pas celui que j'ai prétendu être[97]. » Il remercie aussi ses fans pour leur soutien et leur demande de ne pas croire tout ce que disent les paparazzis à son sujet[98].
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90
+ En 2013, Justin Bieber participe à Pencils of Promise (en) au Guatemala, en aidant à la construction d'une école pour les enfants du pays. Il est élu en 2012 no 10 des 20 « Celebs gone good », no 2 en 2013[99] et no 20 en 2014[100]. Il est aussi impliqué pour soutenir ses fans atteints de graves maladies, comme Avalanna Routh une petite fille atteinte d'un cancer du cerveau et qui admirait le jeune homme. Elle avait fait un faux mariage avec la star et se faisait appeler « Mrs Bieber » par le jeune homme, qui lui rendit de nombreuses fois visite, et qui l'emmenait à ses concerts. Elle est morte le 27 septembre 2012 de son cancer ; Justin Bieber évoque son émotion à ce sujet dans le film Justin Bieber's Believe[101],[102].
91
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92
+ Le 23 janvier 2014, Justin Bieber est arrêté par la police de Los Angeles pour non-présentation de son permis de conduire. Il roulait à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Il est relâché sous caution (d'un montant de 2 500 dollars). À la suite de cet incident, une pétition est lancée sur le site officiel de la Maison-Blanche pour réclamer l'expulsion de la star du territoire américain, expulsion finalement rejetée.
93
+
94
+ Le 29 janvier, il est à nouveau arrêté, cette fois-ci par la police canadienne, qui l'accuse de voies de fait, à la suite de l'agression d'un chauffeur de limousine[103].
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+ Justin Bieber, de son nom complet Justin Drew Bieber, né le 1er mars 1994 à London (province de l'Ontario, Canada), est un auteur-compositeur-interprète et acteur canadien.
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+ L'agent artistique Scooter Braun le repère en 2008, après avoir visionné ses vidéos sur YouTube, et le présente au chanteur Usher, qui lui permet de signer chez le label RBMG, une coentreprise de Scooter et Usher, puis chez le label Island Records.
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9
+ Justin Bieber sort son premier single, intitulé One Time, en mai 2009 ; il atteint la première place du Top 20 au Canada ainsi que dans plusieurs autres pays. Toujours en 2009, il dévoile son premier album, My World, qui, depuis, a été certifié disque de platine aux États-Unis. En 2010, Justin Bieber sort l'autre moitié de ce premier album, My World 2.0, et décroche ainsi plusieurs numéros un à travers le monde ; il devient notamment le plus jeune artiste à placer son premier album en tête du Billboard 200 depuis Stevie Wonder en 1963. L'album est suivi du single Baby, dont le clip reste jusqu'à fin 2012 la vidéo la plus visionnée sur YouTube.
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+ Après le succès de sa tournée My World Tour et de ses deux albums de remix My Worlds Acoustic et Never Say Never: The Remixes, il propose le film documentaire Justin Bieber: Never Say Never. En 2011, il sort son deuxième album, intitulé Under the Mistletoe, qui parvient à se hisser en tête du Billboard 200. En 2012, son troisième album, Believe, décroche lui aussi la première place du Billboard 200. Sorti en 2015, son quatrième album, Purpose, lui permet de réitérer ce succès. Il se retire ensuite de la scène artistique.
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+ En 2012, il est désigné troisième « célébrité la plus puissante au monde » par le magazine Forbes. Il est le premier artiste à dépasser les dix milliards de vues sur YouTube[1] et est une des personnalités les plus suivies sur Twitter. Il a reçu de nombreuses récompenses, dont celle d'« artiste de l'année » lors des American Music Awards de 2010 et 2012. Il est nommé dans les catégories « Meilleur nouvel artiste » et « Meilleur album pop » pour My World 2.0 lors de la 53e cérémonie des Grammy Awards. En 2016, il remporte son premier Grammy, celui du meilleur enregistrement dance pour Where Are Ü Now en collaboration avec Skrillex et Diplo.
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+ Né le 1er mars 1994 à l'hôpital St. Joseph de London en Ontario[2], Justin Drew Bieber grandit à Stratford[3]. Il est le seul enfant de Patricia « Pattie » Mallette, d'origine canadienne française, qui l'a mis au monde à 18 ans, et de Jeremy Jack Bieber[4]. Sa mère l'a élevé avec l'aide de sa mère Diane et de son beau-père Bruce[5].
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+ Par son père, il a une demi-sœur et un demi-frère : Jazmyn (née le 30 mai 2008) et Jaxon (né le 20 novembre 2009)[6],[7],[8]. Justin est allé dans une classe d'immersion française à l'école primaire Jeanne Sauvé Catholic School de Stratford[5].
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+ Dans son enfance, Justin Bieber s'intéresse au hockey, au football et aux échecs ; il garde alors sa passion pour la musique pour lui[9]. En grandissant, Justin apprend tout seul à jouer de la guitare, de la batterie, du piano et de la trompette[3],[10]. En 2007, à l'âge de douze ans, il chante la chanson de Ne-Yo So Sick lors d'une compétition locale de chant à Stratford et termine deuxième[5],[11]. Sa mère, Pattie, poste alors toutes les vidéos de son fils en train de chanter sur YouTube afin que le reste de sa famille et ses amis puissent le voir. Elle continue alors de poster des vidéos de Justin en train de chanter et la popularité de ce dernier augmente[12].
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+ À la recherche de nouveaux talents, Scooter Braun, un agent artistique qui travaille pour So So Def Recordings, clique par hasard sur une des vidéos de Justin Bieber[13]. Impressionné, Braun repère le théâtre devant lequel Bieber se produit, localise son école et contacte sa mère, Pattie qui était réticente à cause de la religion juive de Scooter[9] mais finalement le laisse emmener avec lui Justin, alors âgé de treize ans, à Atlanta en Géorgie afin d'enregistrer plusieurs démos[13]. Une semaine après son arrivée à Atlanta, Justin Bieber chante pour le chanteur de pop/R&B, Usher[14] et rejoint alors le label RBMG, une coentreprise entre Scooter et Usher[15]. Le chanteur Justin Timberlake était aussi intéressé par Justin Bieber mais ce dernier a préféré rester avec Usher[15],[16]. Usher contacte Antonio L.A. Reid de Island Def Jam Music Group qui décide de le faire signer avec le label Island Records en octobre 2008[17],[11],[12]. Justin Bieber s'installe alors avec sa mère à Atlanta[15]. Scooter devient ensuite le manager de Justin en 2008[12].
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+ Son tout premier single, intitulé One Time, sort le 18 mai 2009 alors qu'il enregistrait encore son premier album[11] et atteint la 17e place du Billboard Hot 100[18] ainsi qu'à la 12e place du Canadian Hot 100[19] et durant l'automne il connaît le succès à l'international[18]. Le 17 novembre 2009 il sort son EP, My World[20], dont le deuxi��me single One Less Lonely Girl sort en octobre 2009, le troisième Love Me sort le même mois et enfin Favorite Girl sort le mois suivant[18].
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+ Le 20 décembre 2009, Justin chante Someday at Christmas de Stevie Wonder devant le président des États-Unis Barack Obama, et sa femme lors de la traditionnelle fête de Noël de la Maison-Blanche[21],[22]. En fin d'année 2009, Justin Bieber joue dans un épisode de la sitcom True Jackson[23].
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+ En janvier 2010, il participe à l'enregistrement d'une nouvelle version de We Are the World: We Are the World 25 for Haiti[24]. Il chante dans la chanson Wavin' Flag, pour l'organisation canadienne Young Artists for Haiti[25].
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+ En janvier 2010, Justin sort le premier single de la deuxième partie de l'album My World 2.0 intitulé Baby, en featuring avec Ludacris qui est arrivé à la cinquième place du Billboard Hot 100 et devient un succès international[18]. Il a ensuite sorti deux singles : Never Let You Go et U Smile qui sont placés dans le top 30 aux États-Unis et dans le top 20 au Canada[26]. Le 19 mars 2010, l'album My World 2.0 sort qui reçoit des critiques positives[27] et se place en tête du Canadian Albums Chart ainsi que du Billboard 200 durant trois semaines non-consécutives en se vendant à 283 000 exemplaires dès la première semaine de sa sortie, et dans six autres pays[28],[29]. Les deux autres singles, Eenie Meenie en featuring avec Sean Kingston et Somebody to Love en featuring avec Usher suivent en mars et avril 2010 et arrivent tous les deux à la quinzième place du Billboard Hot 100[18].
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+ Le 10 avril 2010, Justin est invité à l'émission Saturday Night Live[30].
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+ Le 23 juin 2010, Justin Bieber commence sa première tournée mondiale de 127 dates, le My World Tour à Hartford aux États-Unis qui s'est achevée au Venezuela à Caracas le 19 octobre 2011. En juillet 2010, il est la personnalité la plus recherchée sur les moteurs de recherche Internet[31]. Le clip de Baby est alors la vidéo la plus visionnée sur YouTube devant le clip de Lady Gaga Bad Romance[32].
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+ Justin fait ses débuts d'acteur en jouant dans un épisode de la série Les Experts, diffusé le 23 septembre 2010. Il joue dans un deuxième épisode des Experts, diffusé le 17 février 2011 dans lequel son personnage se fait tuer[33]. Le 12 septembre 2010, Justin se produit aux MTV Video Music Awards où il faut un medley de ses chansons : Baby, U Smile et Somebody to Love[34]. En octobre 2010, Justin annonce qu'il va sortir un album acoustique intitulé My Worlds Acoustic[35]. Le seul single de cet album est Pray[36].
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37
+ Le 7 février 2011, il sort un film 3D d'un de ses concerts intitulé Justin Bieber: Never Say Never, réalisé par le réalisateur de Sexy Dance 3D, Jon Chu qui est un succès au box-office[37]. Le 14 février 2011, il sort son deuxième album de remix intitulé Never Say Never: The Remixes dans lequel il chante en duo avec Miley Cyrus, Chris Brown, Kanye West et d'autres artistes[38].
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+ En juin 2011, le magazine Forbes place Justin en seconde place des « célébrités les mieux payées en dessous de trente ans ». Il est la plus jeune star à avoir gagné 53 000 000 de dollars en douze mois[39]. Le 1er novembre 2011, il sort son deuxième album intitulé Under the Mistletoe qui est en tête du Billboard 200 après s'être vendu à plus de 210 000 copies dès la première semaine après sa sortie[40], avec pour unique single Mistletoe qui arrive à la dixième place du Billboard Hot 100[18].
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+ Fin 2011, il commence à enregistrer son troisième album intitulé Believe qui sort le 15 juin 2012 et qui arrive en tête du Billboard 200 en se vendant à 374 000 exemplaires dès sa première semaine de sortie[41]. L'opus reçoit des critiques positives[42]. Le premier single de l'album, Boyfriend sort en mars 2012 et est arrivé à la deuxième place du Billboard Hot 100[18], suivit par As Long as You Love Me en featuring avec Big Sean en juillet 2012 arrive à la sixième place du classement et en tête dans 16 autres pays[18], le troisième single Beauty and a Beat en featuring avec Nicki Minaj sort en octobre 2012 est atteint la cinquième place du classement[18], suivit par Right Here en featuring avec Drake et All Around the World en featuring avec Ludacris qui sortent tous les deux en février 2013[43],[44]. Dans le but de promouvoir l'album, il entame une tournée mondiale, le Believe Tour le 29 septembre 2012 Glendale, aux États-Unis[45],[46] qui s'achève à Perth en Australie[47] avec un total de 162 dates à travers le monde, elle a atteint la 23e place du classement des meilleures tournées de 2012 d'après Pollstar[48] ainsi que la 5e place en 2013[49].
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+ Le 14 décembre 2012, Bieber apparaît dans le talk-show The Ellen DeGeneres Show, où il annonce son intention de sortir un album acoustique intitulé Believe Acoustic, en vente à partir du 29 janvier 2013[50] et qui est arrivé en tête du Billboard 200[18]. Le 9 février 2013, il participe à l'émission Saturday Night Live[51].
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45
+ Le 3 octobre 2013, Bieber annonce qu'il va sortir une chanson tous les lundis pendant dix semaines[52], les dix sorties seront fournies avec cinq nouvelles chansons supplémentaires dans une compilation intitulée Journals[53]. L'album, initialement prévu pour une sortie le 16 décembre 2013, fut repoussé d'une semaine pour sortir le 23 décembre 2013 afin que Justin puisse ajouter une chanson de plus sur la compilation[54]. Cette compilation contient finalement 15 chansons qui coupent avec le style de départ du chanteur. En effet, cet album marque un changement de style et de thème des paroles, ce qui suscite l'incompréhension de certains fans[55].
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+ Le 25 décembre 2013, un deuxième film de l'un de ses concerts sort, Justin Bieber's Believe[56].
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49
+ En janvier 2015, il devient la nouvelle égérie de Calvin Klein et apparaît en compagnie de Lara Stone dans une campagne pour leur ligne printemps-été 2015 de sous-vêtements[57]. En mars 2015, il apparaît dans le clip de I Really Like You de Carly Rae Jepsen en compagnie de Tom Hanks[58].
50
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51
+ Le 13 novembre 2015, il sort son quatrième album intitulé Purpose qui atteint la première place du Billboard 200 en se vendant à plus de 649 000 exemplaires lors de sa première semaine de sortie[59]. Le premier single de l'album, What Do You Mean?, sort le 28 août 2015 et connaît un grand succès commercial, devenant son premier numéro un au Billboard Hot 100 et cela dès sa première semaine de sortie, ce qui devient un record car il est le plus jeune artiste a débuter numéro un du classement[60] et se place en tête des classements de 22 pays et dans le top 5 de presque tous les classements où il figure. Le deuxième single, Sorry sort le 23 octobre 2015 qui, dès sa sortie, se classe numéro deux du classement, étant bloqué par Hello d'Adele, il la détrône au bout de la dixième semaine et devient son deuxième single numéro un du Billboard Hot 100[61],[62] et atteint aussi la première place dans une quinzaine de pays. Le troisième single Love Yourself suit le 9 novembre 2015 et rencontre aussi un grand succès et cela avant même d'être un single officiel et atteint la première place du Billboard Hot 100 et à la première place d'une dizaine de classement. Il devient donc l'artiste ayant trois singles d'un même album numéro un depuis Justin Timberlake en 2006[63]. Lors des NRJ Music Awards 2015 le 7 novembre 2015 il a été récompensé d'un NRJ Music Awards d'Honneur pour la seconde fois. Sa troisième tournée mondiale, Purpose World Tour a débuté le 9 mars 2016 à Seattle aux États-Unis[64]. Comme quatrième single de son album Purpose, Justin Bieber opte pour la chanson Company[65]. Alors qu'il est sorti en fin d'année 2015, Purpose est le quatrième album le plus vendu dans le monde en 2015 ; à compter de juin 2016, il s'est vendu à 4,6 millions d'exemplaires[66].
52
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53
+ Il sort, le 22 juillet 2016, le single Cold Water, en collaboration avec Major Lazer et MØ. Le single débute à la deuxième place du Billboard Hot 100 dès sa première semaine[67]. À l’été 2016 sortent les single Let Me Love You (en collaboration avec DJ Snake) et Deja Vu (avec Post Malone). Il apparaît aussi dans le documentaire Bodyguards[68].
54
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55
+ Le 16 avril 2017 sort Despacito Remix, avec Luis Fonsi et Daddy Yankee. Quelques jours plus tard est dévoilé I'm The One, avec DJ Khaled, Quavo, Chance the Rapper et Lil Wayne[69]. Le 9 juin 2017 sort U2, en collaboration avec David Guetta. Le 17 août sort Friends, en collaboration avec BloodPop.
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57
+ Il interrompt sa tournée en juillet 2017[70].
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59
+ En juillet 2018 sort No Brainer en collaboration avec DJ Khaled, Chance the Rapper et Quavo.
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61
+ Le 22 avril 2019, lors du festival Coachella, il est invité au concert d'Ariana Grande, avec laquelle il interprète son titre Sorry, avant d'annoncer son retour prochain avec un nouvel album, quatre ans après son dernier disque, Purpose[71]. Le 10 mai sort le single I Don't Care, en collaboration avec Ed Sheeran[72].
62
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63
+ Bieber annonce le 24 décembre 2019 son intention de sortir un cinquième album studio et de produire une quatrième tournée de concerts en 2020. Le premier single de l'album Changes, Yummy, sort le 3 janvier 2020. Bieber sort en parallèle, le 31 décembre 2019, un trailer annonçant sa série documentaire de dix épisodes Youtube Originals Seasons, qui paraît ans des épisodes les lundis et mercredis[Quoi ?] à compter du 27 janvier 2020.
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65
+ En décembre 2010, Justin Bieber commence à fréquenter l'actrice américaine Selena Gomez, avec qui il connaît une relation tumultueuse : après s'être séparés en novembre 2012, ils se remettent à plusieurs reprises en couple jusqu'en mars 2018.
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67
+ À partir de janvier 2016, il fréquente le mannequin américain Hailey Baldwin, fille de l'acteur Stephen Baldwin. Durant l'été de la même année, il a une relation avec Sofia Richie, fille du chanteur Lionel Richie[73],[74],[75].
68
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69
+ En juin 2018, il se met à nouveau en couple avec Hailey Baldwin, qu’il épouse en septembre suivant[76]. La cérémonie religieuse a lieu un an plus tard, en septembre 2019, en la chapelle de Somerset, à Bluffton[77].
70
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71
+ Justin Bieber est chrétien évangélique pratiquant. Il se fait baptiser en 2014 par le pasteur pentecôtiste Carl Lentz de l'église Hillsong (New York), après une nouvelle naissance[78],[79]. Il dit avoir une relation avec Jésus et parler avec lui[80],[81]. En 2011, il déclare au magazine Rolling Stone qu'il est contre l'avortement[82] et parle de l'orientation sexuelle comme d'un choix personnel[83].
72
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73
+ En janvier 2020, Justin Bieber révèle, via son compte Instagram, qu'il est atteint de la maladie de Lyme depuis plusieurs années, et qu'il souffre aussi d'une mononucléose chronique qui affecte sa peau et ses fonctions neurologiques[84].
74
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75
+ Il connaît plusieurs accrochages avec la presse à scandale[85], dont l'un finit par une rixe et lui vaut une convocation par la police[86]. En mars 2013, Bieber a été de nouveau impliqué dans une altercation avec un photographe à Londres menaçant de lui « casser la gueule » après que celui-ci lui a déclaré « Retourne en Amérique crétin[87] ». Bieber s'est justifié sur Twitter, affirmant avoir passé une « semaine difficile[87] », après avoir fait un malaise en coulisse lors de son concert à Londres[88].
76
+
77
+ Justin a provoqué une polémique en avril 2013 lors d'une visite à la maison d'Anne Frank à Amsterdam. Après avoir appris la vie d'Anne Frank, une adolescente allemande juive morte dans un camp de concentration alors âgée de 15 ans, Justin écrit sur le livre d'or du musée : « Avoir la possibilité de venir ici est une source d'inspiration. Anne était une fille formidable. Elle aurait pu être une "Belieber"[89] ». À la suite de cette polémique, le musée Anne Frank a défendu Bieber en déclarant : « son commentaire était tout à fait innocent. Il a passé plus d'une heure ici et s'est intéressé à la vie d'Anne Frank, pour nous, c'est le plus important[90]. »
78
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79
+ Le 10 juillet 2013, le site américain TMZ publie une vidéo se passant plus tôt dans l'année où Justin Bieber insulte et asperge de produit à vitres une photo de l'ancien président américain Bill Clinton tout en s'écriant « Fuck Bill Clinton ». Il présente ses excuses le lendemain sur Twitter[91].
80
+
81
+ Le 30 août 2013, à la sortie d'une boîte de nuit à Toronto, un homme agresse le chanteur et tente de le plaquer au sol. Bieber s'est défendu en assenant plusieurs coups de pieds à l'homme avant que ses gardes du corps maîtrisent l'agresseur[92].
82
+
83
+ Justin Bieber dit ne pas être intéressé par la citoyenneté américaine bien qu'il vive aux États-Unis et a critiqué le système de santé américain. Faisant l'éloge du Canada comme étant « le meilleur pays au monde », il a cité le système de soins canadien comme étant un exemple[93].
84
+
85
+ Sa popularité est remise en question aux États-Unis, Justin Bieber recevant plusieurs critiques de la part de ses fans[94],[95].
86
+ Selon un sondage réalisé par l'institut Public Policy Polling, il est le chanteur le plus détesté des Américains, juste après Chris Brown[96].
87
+
88
+ En janvier 2015, il réalise une vidéo dans laquelle il s'excuse de son comportement des années précédentes et déclare n'avoir pas eu l'intention de paraître arrogant, prétentieux ou fier de la façon dont il a agi en ajoutant : « J'ai fait beaucoup de choses ces dernières années dont je ne suis pas fier [...] Je ne suis pas celui que j'ai prétendu être[97]. » Il remercie aussi ses fans pour leur soutien et leur demande de ne pas croire tout ce que disent les paparazzis à son sujet[98].
89
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90
+ En 2013, Justin Bieber participe à Pencils of Promise (en) au Guatemala, en aidant à la construction d'une école pour les enfants du pays. Il est élu en 2012 no 10 des 20 « Celebs gone good », no 2 en 2013[99] et no 20 en 2014[100]. Il est aussi impliqué pour soutenir ses fans atteints de graves maladies, comme Avalanna Routh une petite fille atteinte d'un cancer du cerveau et qui admirait le jeune homme. Elle avait fait un faux mariage avec la star et se faisait appeler « Mrs Bieber » par le jeune homme, qui lui rendit de nombreuses fois visite, et qui l'emmenait à ses concerts. Elle est morte le 27 septembre 2012 de son cancer ; Justin Bieber évoque son émotion à ce sujet dans le film Justin Bieber's Believe[101],[102].
91
+
92
+ Le 23 janvier 2014, Justin Bieber est arrêté par la police de Los Angeles pour non-présentation de son permis de conduire. Il roulait à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Il est relâché sous caution (d'un montant de 2 500 dollars). À la suite de cet incident, une pétition est lancée sur le site officiel de la Maison-Blanche pour réclamer l'expulsion de la star du territoire américain, expulsion finalement rejetée.
93
+
94
+ Le 29 janvier, il est à nouveau arrêté, cette fois-ci par la police canadienne, qui l'accuse de voies de fait, à la suite de l'agression d'un chauffeur de limousine[103].
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+ En tête d'affiche
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+ Premières parties
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La Kaaba, Ka'ba ou Ka'aba est le lieu le plus sacré de l'islam, situé dans l'enceinte du Masjid al-Haram (« La Mosquée sacrée ») à La Mecque. Les différentes graphies du terme sont des transcriptions approximatives de l’arabe الكعبة (en transcription scientifique : al-ka'ba), mot qui signifie le cube. C'est tournés vers la Kaaba que les musulmans (y compris lorsqu'ils sont à l'intérieur du Masjid al-Haram) accomplissent leurs prières quotidiennes. Bâtiment pré-islamique, la Kaaba était un lieu destiné au culte d'idoles, parmi lesquelles Al-Lāt, Manat et Uzza semblent avoir été les trois divinités les plus vénérées.
4
+
5
+ La symbolique de la Kaaba vide depuis l'avènement de l'islam renvoie à l'idée qu'il ne peut y avoir d'objet d'adoration pour le croyant. Elle constitue le lieu vers lequel les fidèles se tournent pour prier, où qu'ils se trouvent dans le monde. Et c'est autour de la Kaaba que les pèlerins effectuent les sept tours du rite du tawaf (circumambulation).
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7
+ Selon la tradition islamique, il y aurait deux Kaaba distinctes, l'une terrestre pour les hommes et l'autre céleste pour les anges[1].
8
+
9
+ Initialement, le mot Ka'ba (arabe كعبة) désigne n'importe quel édifice de forme cubique. Le nom s'appliquait déjà à l'ancien sanctuaire de forme cubique qui se trouvait à la Mecque avant l'avènement de l'islam. Par la suite, on trouve mention du mot à deux reprises dans le Coran, aux versets 95 et 97 de la sourate 5 (La Table). Le verset 97 est particulièrement important : « Dieu a institué la Ka'ba, Maison sacrée, édifiée pour les hommes, le mois sacré, l'offrande. » Après l'établissement de l'islam, la Kaaba sera aussi communément appelée Bayt Allāh « Maison de Dieu »[2],[3].
10
+
11
+ Pour Malek Chebel, le terme kaaba pourrait provenir du « nom d’une ancienne déesse locale du nom de Kaabâh »[4]. Cependant, en 1947 déjà, René Guénon relevait que certains voyaient dans Kaaba une déesse qui aurait été représentée par la Pierre noire, tout en soulignant qu'il s'agissait là d'une confusion et qu'il n'y a jamais eu de divinité de ce nom[5].
12
+
13
+ « En dehors des traditions musulmanes, l’on ne sait presque rien sur le passé de la Kaʿba. […] Les renseignements historiques ne commencent qu’avec l’histoire de Mahomet[6]. » Quelques récits et textes semblent attester néanmoins d'une existence d'un lieu de culte dès le VIe siècle[6].
14
+
15
+ La Kaaba primitive apparaissait probablement au départ comme un simple enclos de pierres sans toit, édifié à proximité immédiate d'un point d'eau salvateur au fond d'une vallée sèche et sans arbre[7]. Les hommes de l'Arabie déserte considéraient le bas-fond comme un lieu symbolique qu'il s'agisse de la sphère profane ou celle du sacré. Dans les creux de terrain se collectaient les eaux pluviales, principe fondamental de vie et de survie. Les clans de la partie basse de la ville, près des puits, constituaient l'assemblée tribale mala'. L'ensemble du territoire mecquois était strictement délimité par des pierres-bornes ansâb fichées en terre et qui existent toujours aujourd'hui[8].
16
+
17
+ La construction dans ce lieu signalait manifestement déjà une intention cultuelle et confirmait son caractère d'espace sacré. L’esplanade entourant la Kaaba faisait l'objet d'un culte ancien et du plus important pèlerinage annuel de l'Arabie (Pèlerinage de la « Maison ») qui se doublait par la foire de 'Ukâdh, d'après Jean-Luc Monneret[réf. nécessaire]. La religion des tribus est le polydémonisme : on adore « dans le désert des pierres, des météorites, des arbres, des sources. Chaque objet sacré est entouré d'un haram, ou lieu de culte, objet de tabous religieux[réf. nécessaire]. »
18
+
19
+ Le jeûne, les offrandes, la tête rasée, l'aumône sont des rites d'expiation qui existaient avant l'Islam. La circumambulation se pratiquait avant l'Islam comme la plupart des rites repris dans le Hadj[9]. Dans ses Dissertations, au IIe siècle, Maxime de Tyr rapporte, à propos d'un rite d'adoration d'un bétyle dans la province romaine d'Arabie (capitale Pétra), que : « les Arabes adorent aussi, mais je ne sais quoi. Quant à l'objet sensible de leurs adorations, je l'ai vu, c'est une pierre quadrangulaire[10]. »
20
+
21
+ Vers 590, les fondations de la Kaaba furent gravement endommagées par des pluies torrentielles. Menaçant de s'effondrer, le sanctuaire dut être démoli et reconstruit par les Quraychites[réf. nécessaire], la tribu dont est issu Mahomet (qui était alors âgé de 20 ans).
22
+
23
+ Selon le Coran, les pèlerins païens dansaient et sifflaient durant le pèlerinage (« leur prière à la Maison n'était que sifflements et battements de mains » — sourate 8, 35) pratiques non reprises par l'Islam, les animaux amenés pour être immolés portaient des guirlandes au cou, soulignant le caractère sacré de ces bêtes (sourate 5, 97)[11].
24
+
25
+ Selon le Coran, la Kaaba a été construite par la main d'Abraham et de son fils Ismaël, ceci en s'aidant d'une éminence, appelée Station d'Abraham. D'autres traditions islamiques affirment que la Kaaba a été construite la toute première fois par Adam lui-même et qu'il s'agissait du premier temple sur Terre[12]. Selon la tradition musulmane[réf. nécessaire], la Kaaba fut détruite et reconstruite dix fois avant l'islam, deux fois ensuite.
26
+
27
+ Pour Tabari (Ta'rikh, I, 193-194), la Kaaba, pourtant située dans un bas fond, échappe au Déluge (sourate LIV - Cor. VI, 6) ainsi que la pierre noire qui y est encastrée : la construction et la pierre noire sont « exhaussées au ciel ».
28
+
29
+ Selon la tradition islamique (Sahih al-Bukhari 64.48.7), à l'avènement de l'islam, la Kaaba contenait plus de 360 idoles (représentant probablement les jours de l'année[13]) dont les représentations de certains prophètes et de Marie ainsi que des pierres ou statues de divinités pré-islamiques. Les plus vénérées et les plus plébiscitées étaient Hubbal, al-Lat, al-`Uzza et Manat[14]. Ces trois déesses sont citées dans le Coran (sourate 53, L'étoile). Les musulmans pensent que pendant très longtemps, la Kaaba fut symbole du culte monothéiste d’Abraham dans la Péninsule Arabique, et qu'un jour des populations bédouines vinrent de toute l'Arabie y déposer les statues (asnâm) de leurs idoles, auxquelles elles rendaient visite une fois par an lors d'un pèlerinage.[réf. nécessaire] Selon des biographies anciennes, Mahomet aurait retiré toutes les statues de la Kaaba lors de la prise de la ville, à l'exception des représentations de Jésus et de la Vierge[15] et d'une peinture représentant Abraham[16]. Il est dit dans le Livre des idoles que les Arabes les considéraient comme les « filles du dieu » (Allah dans le texte). On peut supposer que ce dieu était Houbal (arabe : هُبَل), divinité principale de la Kaaba préislamique.[réf. nécessaire]. Il s'agit d'un dieu lunaire aux attributs proche de ceux du dieu assyro-babylonien Sîn.[réf. nécessaire]
30
+
31
+ Pour Jacqueline Chabbi, la tradition islamique des 360 idoles « semble être sortie de l'imagination du collecteur de tradition, Ibn al-Kalbi (737-819), qui cherchait sans doute à présenter le triomphe de son Prophète terrassant l'idolatrie. » De même, l'évocation de Hubal pourrait être une confusion avec le mot hébreu hevel, signifiant « vaine idole » (Livre de Jérémie). Pour l'auteur, « il ne semble pas, en fait, qu'il y ait eu à La Mecque la moindre représentation picturale ni la moindre statue divine, mais seulement, comme aujourd'hui, des pierres sacrées brutes qui avaient été enchâssées dans le mur[17]… »
32
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33
+ La « mosquée sacrée » et la Kaaba vont devenir avec l’avènement de l'Islam un lieu de culte majeur vers lequel se tournent les fidèles pour prier.
34
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35
+ Initialement les musulmans priaient en direction de Jérusalem[18]. Ce pourrait-être à la suite du conflit entre Mahomet et les juifs locaux médinois que la Kaaba mecquoise a été désignée comme direction de substitution[18]. Le Coran s'intéresse au pèlerinage mecquois en l'an 6 de l'hégire pour des raisons politiques. L'abrahamisation de la Kaaba est une dépossession. Les Juifs vaincus sont délégitimés au présent et au passé.[citation nécessaire] Le « temple » coranique d'Abraham va donc à la fois annuler et remplacer celui des juifs, et faire disparaître leur « lieu de prosternation » (masdjid, selon Cor. XVII, 7)[19].
36
+
37
+ L'historien Dan Gibson, quant à lui, soutient dans son livre Qur'anic Geography que la ville sainte originale du Coran serait Pétra, située dans une vallée, et que la relocalisation de la pierre noire par Abd Allah ibn az-Zubayr à l'emplacement actuel de La Mecque aurait été la cause du changement de la qibla des mosquées de Petra vers La Mecque au deuxième siècle après l'hégire[20].
38
+
39
+ Au cours de l'histoire, plusieurs peuples se sont installés auprès de la Ka'ba : les Amalécites, la tribu de Jorhom, de Khazâ'a, de Qoreysh ainsi que d'autres tribus. L'islam a particulièrement multiplié les marques d'honneur et de vénération pour la Ka'ba. En 683, Abdallah ibn Zobeyr, gouverneur du Hijâz, décida d'achever la construction de la Ka'ba débutée par les Qoreysh. En 693, le calife Abdelmalek ibn Marwan exigea une restauration entière de la Ka'ba, incluant la partie du mur située à côté de la Pierre noire. Les historiens sont unanimes pour affirmer que cette restauration fut achevée et préserva l'édifice de tout incident pour longtemps[21].
40
+
41
+ Selon la tradition islamique, en 684, sous le règne du calife Yazid ibn Muawiya, la Kaaba est incendiée par l'armée du califat Omeyyade. À la suite de cet incendie, le Kaaba est « rasée jusqu'au sol » puis reconstruite par le calife de Medine, Ibn al-Zoubayr[22],[23][réf. nécessaire]
42
+
43
+ En 692, La Mecque est assiégée par Al-Ḥadjdjâdj ben Yûsuf, envoyé du calife omeyyade Abd al-Malik contre `Abdullah ibn az-Zubayr ; la Kaaba aurait été détruite par catapultes et incendiée[6]. Ibn az-Zubayr la reconstruit l'année suivante[6].
44
+
45
+ La pierre noire fut enlevée par les Qarmates en 930 et disparut pendant 21 ans[6].
46
+
47
+ Le matin du mercredi 16 mars 1630, le sanctuaire jusqu'à la Ka'ba a été inondé à la suite de pluies diluviennes. Le soir, le mur nord et une partie des murs est et ouest se sont écroulés. Le sultan ottoman Mourad IV exigea en 1630 la destruction des murs en raison du mauvais état de l'ensemble de l'édifice. Des travaux de reconstruction ont été rapidement entrepris de telle sorte que le 2 juillet 1631 la Ka'ba était restaurée[21].
48
+
49
+ Dessin de 1718.
50
+
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+ La Kaaba en 1880.
52
+
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+ La Kaaba en 1910.
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+
55
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
56
+
57
+ Revenant dans sa ville natale en 630 (8 de l'hégire[24]), selon la tradition, Mahomet détruit les idoles de la Ka'ba. Les associateurs, les idolâtres ne peuvent plus accéder aux lieux saints : Dieu interdit le retour au Temple des infidèles qui y pratiquaient leurs dévotions[25].
58
+
59
+ Pour l'islam, la « demeure sacrée » mecquoise avait toujours été le lieu cultuel primordial. Abraham, aurait été, après le Déluge de Noé, l'initiateur du culte premier et cela sur ordre divin. Pour les musulmans, « Abraham était donc musulman. Même si ce n'est pas dit aussi clairement, car le discours se focalise sur Abraham, tous les « prophètes » postérieurs doivent eux aussi, selon la même optique, avoir été musulmans avant qu'ils ne tombent dans la déviation et la perversion. » explique l'historienne Jacqueline Chabbi[26].
60
+
61
+ Le calcul de la qibla, le mur qui, dans la salle de prière d'une mosquée, est placé perpendiculairement à la direction de La Mecque, stimula les géographes musulmans.
62
+
63
+ Mahomet aurait annoncé la destruction définitive de la Kaaba comme signe de la fin des temps. Plusieurs hadiths en parlent :
64
+
65
+ « Abou Hourayra (ra) a dit que le Messager d'Allah a dit : « La Kaaba sera détruite par un abyssinien du nom de Dhou As-Souwayquatayn ». »
66
+
67
+ — Al-Boukhari, n°1519
68
+
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+ « L’éthiopien aux jambes courtes ruinera la Ka'ba. (Al-Boukhâri, Mouslim). Et dans une autre version : « Il me semble le voir, noir, les genoux cagneux, en train de la démolir pierre par pierre ». (Al-Boukhâri, Mouslim) »
70
+
71
+ « Le Prophète a dit : « Laissez les Abyssiniens en paix tant qu'ils en feront de même pour vous ; seul l’Abyssinien aux jambes courtes extraira le trésor de la Ka'ba »
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+
73
+ — Abou Dâwoûd
74
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75
+ Cette destruction définitive de la Kaaba, rendant le pèlerinage impossible et faisant partie des signes majeurs de la fin des temps fait consensus[réf. nécessaire] chez tous les grands oulémas musulmans.
76
+
77
+ La Ka'aba est un bâtiment de granite dont le matériau fut extrait des collines avoisinantes. Les murs ont une épaisseur d'un mètre. Ils ont une hauteur de 12,95 mètres. Les mesures des quatre côtés de ce faux parallélépipède sont : côté est, 11,68 mètres ; côté ouest, 12,01 mètres ; côté sud, 10,18 mètres ; côté nord, 9,90 mètres.
78
+
79
+ On ne peut y accéder que par une porte en bois à deux battants, plaquée de 280 kg d'or pur, haute de 3,10 mètres et large d'1,70 mètre située sur le côté du mur est, dont le seuil se trouve à 2,25 mètres au-dessus de la base de la Kaaba. Celle-ci est ouverte trois fois par an pour permettre de laver le plancher avec de l’eau puisée à la source de Zamzam (celle qui est supposée avoir été découverte par Agar lorsqu'elle cherchait désespérément de l'eau pour son fils Ismaël pendant leur exil dans le désert).
80
+
81
+ À l’intérieur, la pièce est vide. Les ornements sont rares et sobres. Le faux plafond est supporté par trois piliers, le tout étant en teck avec des motifs sculptés. Entre les colonnes passent des tiges de métal, sur lesquelles sont suspendus des ex-voto. Ces trois colonnes s'élèvent jusqu'au premier plafond, laissant vide un espace entre celui-ci et le plafond supérieur. Chacune d'entre elles porte trois anneaux d'or qui la renforcent[27].
82
+
83
+ Les murs sont recouverts de plaques de marbre blanc jusqu'à une hauteur de trois mètres.
84
+ À l'intérieur de la Ka'ba existent 10 plaques de marbre blanc. Neuf plaques de marbre sont inscrites en style tuluth. Une autre plaque de marbre est inscrite en style coufique carré, en bas relief. Les lettres sont constituées de fragments de marbre de couleur collés ensemble. Toutes ces plaques ont été réalisées après le XIIIe siècle. Sur la paroi est, entre la porte de la Ka'ba et la porte du repentir, une plaque de marbre a été fixée pour rendre hommage à la restauration entière de la Ka'ba par le roi Fahd ibn Abdulaziz al Saoud[27].
85
+
86
+ Toutes les parois des murs sont revêtues de tentures de soie verte où est inscrite la profession de foi en tissage blanc et certains des noms de Dieu, écrits en chiffres arabes (huit et sept). Le plafond est aussi recouvert de la même soierie[27].
87
+
88
+ Dans l'angle nord-est de la pièce, une cage d'escalier étroite permet d’accéder à la terrasse se trouvant 1,20 mètres au-dessus du faux-plafond. La porte d'accès est nommée « la porte du repentir ». Elle possède un verrou et est couverte d'une tenture de soie avec des incrustations d'or et d'argent, sur laquelle existent des inscriptions.
89
+
90
+ On emprunte l'escalier une fois par an pour changer la kiswa, le brocart noir, brodé de versets coraniques recouvrant la construction et qui est fixé par des cordes au parapet qui cerne la terrasse.
91
+
92
+ Au XIXe siècle, la Kaaba était entourée de petits bâtiments et de palissades de facture extrême orientale ressemblant à des pagodes.[réf. nécessaire]
93
+
94
+ De nombreux autres bétyles, parfois nommés également Kaaba, ont été adorés par les Arabes pré-islamiques. Ainsi, faisant allusion à la pierre noire de Dusares à Petra, Clément d'Alexandrie mentionnait vers 190 « que les Arabes adorent des pierres ».[réf. nécessaire]
95
+
96
+ La Mecque était aussi avant l'Islam une ville cultuelle pour les tribus de cette région. Le culte (celui notamment de demande de pluie) qui y était rendu par les sédentaires de la région depuis une époque indéterminée (nabatéenne ? araméenne ?) était local et de type bétylique (la Ka'ba). Selon toute vraisemblance, dans cette partie de l'Arabie, se pratiquait le culte des pierres sacrées, les bétyles ou « demeures de Dieu », brutes et non sculptées. Il s'agissait de pierres lisses, très dures et de dimension maniable (basaltes ou quartz présents sur place d'origine volcanique). Elles auraient été considérées comme étant des réceptacles de la puissance des protecteurs surnaturels des tribus[28].
97
+
98
+ Selon les recherches de Édouard-Marie Gallez, la Kaaba est, dans le Coran, un terme qui évoque le temple de Jérusalem[29]. Toutefois, ses thèses font souvent l'objet de vifs critiques de la part des spécialistes et autres universitaires.
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+ Anthophila
2
+
3
+ Clade
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+
5
+ Les abeilles (Anthophila) forment un clade d'insectes hyménoptères de la superfamille des Apoïdes. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète[1] dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France[2]. En Europe, l'espèce la plus connue est Apis mellifera qui, comme la plupart des abeilles à miel, appartient au genre Apis. Cependant, la majorité des abeilles ne produit pas de miel, elles se nourrissent du nectar des fleurs. Une abeille d'hiver peut vivre jusqu'à 10 mois, tandis qu'une abeille d'été peut vivre jusqu'à 1 mois.
6
+
7
+ Les abeilles peuvent être classées selon leur mode de vie : abeilles domestiques ou sauvages, solitaires ou bien sociales, etc. Elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement, notamment leur alimentation. Les bourdons en revanche sont un groupe particulier d'abeilles[3],[4].
8
+
9
+ Les abeilles, et les autres espèces pollinisatrices, sont actuellement gravement menacées, avec un taux d'extinction qui est "de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale", selon l'ONU [5]. Lors de la "Journée mondiale des abeilles", le 20 mai 2019, l'ONU a détaillé les principales causes du déclin des pollinisateurs : l'utilisation de pesticides, la monoculture, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, le changement d'affectation des terres et la destruction des habitats[5].
10
+
11
+ Le mot abeille est attesté en français pour la première fois au XIVe siècle[6].
12
+
13
+ D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha [aˈβeʎo][6],[7], lui-même issu du latin ăpĭcŭla « petite abeille », diminutif d’apis « abeille »[8]. Cette forme est aussi attesté dans de nombreuses autres langues : l'arpitan avelye[9], le portugais abelha[10], le catalan abella[11], le castillan abeja[12], etc.
14
+
15
+ Il remplace un ancien terme d'oïl ef, puis é (pluriel es) issu directement du latin apis ; le terme de mouche-ep est aussi trouvé et eps employé par Montaigne. Au début du XIXe siècle l'Atlas linguistique de la France repère l'abeille encore sous le nom « é » dans quelques localités du nord, puis comme « mouche à miel » dans les deux tiers nord du domaine d'oïl (Bretagne « mouche à mièl », Normandie « mouque à mié », Ile-de-France, Picardie, Wallonie, Lorraine « mouche é mi », Bourgogne), « mouchette » dans la frange est (Lorraine orientale « mouchette, mohhâte », Franche-Comté du nord « môtchotte »), « abeille » dans le sud-ouest (Poitou, Saintonge « aboeille »), et « avette » dans le val inférieur de la Loire[13].
16
+
17
+ D'ailleurs, dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel, sauvage ou domestique »[14]. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le XIXe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche : « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le XXe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »[15]. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la Langue Française (1971-1994)[6], ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel[16].
18
+
19
+ Pourtant, parmi les insectes appelés « abeille » en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu ou pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en réduisant la définition de l'abeille à la « famille des Apidés », explique qu'elle vit en société et produit du miel.
20
+
21
+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[17] en français.
22
+
23
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
24
+
25
+ Les caractéristiques générales des abeilles sont celles des guêpes apoïdes, ce sont donc des insectes hyménoptères dont les adultes sont généralement velus et se nourrissent de nectar, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie. Par exemple, pour les abeilles à miel d'Europe, voir tout le genre Apis et principalement Apis mellifera.
26
+
27
+ L’histoire évolutive des insectes met en évidence que les premiers insectes apparaissent vers 400 Ma au Dévonien, les insectes volants vers 350 Ma au Carbonifère[34].
28
+
29
+ On ignore encore quel est l’ancêtre commun à tous les Apoïdes[1]. Les premières abeilles stricto sensu sont probablement apparues en même temps que les premières fleurs, c'est-à-dire il y a plus de 100 millions d’années, la flore terrestre étant auparavant dominée par les Gymnospermes[1]. Les études génétiques suggèrent que les abeilles proviennent, comme les fourmis, de la spécialisation de guêpes prédatrices de la famille des Crabronidés, le changement du comportement alimentaire pouvant s'expliquer par la consommation par ces guêpes de proies qui visitaient les fleurs et se couvraient de pollen[35]. Les premières abeilles ont probablement été solitaires et spécialistes (pollinisation d'un nombre défini de fleurs), certaines évoluant vers des formes sociales plus ou moins élaborées et devenant des pollinisateurs généralistes mais ces transitions instables font que certaines sont retournées vers un mode de vie solitaire[36].
30
+
31
+ On a retrouvé les plus anciens fossiles d'abeilles en inclusion dans de l'ambre. Ces abeilles appartiennent à des espèces et des genres à présent éteints. Le plus vieux fossile à ce jour est Melittosphex burmensis (en) : datée de 100 millions d'années, cette espèce minuscule découverte en 2006 en Birmanie avait des grains de pollen sur les pattes[37]. Sa découverte confirme l'origine commune des guêpes et des abeilles et l'ancienneté de la coévolution entre les « abeilles » et les Angiospermes (spécialisation dans la consommation de nectar et de pollen et rôle dans la pollinisation). Cette découverte suggère que les premières abeilles végétariennes ont émergé à partir d'ancêtres guêpes insectivores[38].
32
+ Le genre Electrapis vivait au Crétacé supérieur, il y a environ 70 millions d’années, dans l’actuelle région de la Baltique et avait une forme très proche de l'abeille à miel contemporaine[1].
33
+
34
+ Toutes les abeilles sont des insectes hyménoptères, végétariens et butineurs. Butiner signifie voler de fleur en fleur à la recherche de nourriture. L'abeille récolte ainsi dans la nature nectar, propolis, miellat et pollen. En butinant l'abeille assure également la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen permettant la reproduction des plantes.
35
+
36
+ Leur taille distingue les abeilles des guêpes, qui ont quant à elles la taille fine, en général moins de poils et leurs larves sont carnivores[39]. Les bourdons, qui semblent au premier abord plus ronds et généralement plus gros que d'autres espèces, sont tout de même un groupe spécifique d'abeilles (Bombus), bien que le nom vernaculaire d'abeille ne s'y réfère généralement pas. Le nom d'abeille est ainsi généralement accordé aux espèces dont l'aspect se rapproche de celui des mouches. Leurs quatre ailes reliées deux à deux différencient pourtant facilement les abeilles des mouches, notamment des syrphes, ces diptères également pollinisateurs qui arborent par mimétisme le costume rayé de la guêpe et parfois celui, plus poilu, des abeilles.
37
+
38
+ Selon les habitudes de vie des différentes espèces d'abeilles, on distingue plusieurs catégories d'abeilles : l'expression « abeille domestique » est l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera)[26] mais elle peut aussi être employée pour toute autre abeille domestiquée par l'Homme. Par opposition, on nomme « abeille sauvage » une abeille non domestiquée. L'expression « abeille sociale » désigne une espèce d'abeille vivant en colonie, sinon il s'agit d'une « abeille solitaire » constituant plutôt des agrégations (ou bourgades) de terriers individuels[40]. D'autres espèces sont des « abeilles parasites » ou « abeilles coucous » qui pratiquent le cleptoparasitisme.
39
+
40
+ Certaines abeilles transforment une partie de leur récolte en produits dérivés : miel, cire ou gelée royale. Ces produits sont stockés dans des nids plus ou moins élaborés : de simples galeries pour les espèces solitaires, des assemblages complexes de rayons de cire pour les espèces sociales. Les espèces qui en produisent en quantité significative sont appelées des « abeilles à miel ».
41
+
42
+ La taille et le poids des abeilles varient selon les espèces, leur taille va de 9 à 15 mm de long et elles peuvent peser de 60 à 80 mg.
43
+
44
+ Abeille européenne (Apis mellifera).
45
+
46
+ Abeille indienne (Apis cerana).
47
+
48
+ Abeille géante (Apis dorsata).
49
+
50
+ Abeille charpentière (ici Xylocopa violacea).
51
+
52
+ Abeille découpeuse de la luzerne (Megachile rotundata).
53
+
54
+ Abeille maçonne (ici Osmia cornuta).
55
+
56
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
57
+
58
+ La majorité des plus de 20 000 espèces d'abeilles[41] et des abeilles sauvages sont solitaires : elles ne fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle), les abeilles femelles construisant individuellement un petit nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou dans un arbre, coquille d'escargot, etc.)[42]. Certaines espèces, comme l’halicte (Halictus) ont cependant une vie communautaire, sans être eusociales[43]. Si les femelles ont parfois une même entrée de nid, elles construisent et s'occupent seules de leurs propres cellules et n'ont aucun contact avec leur descendance[44].
59
+
60
+ Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel[41]. Certaines espèces sont des « rubicoles » (au sens strict « qui habitent les ronces ») et nidifient dans des tiges de plantes à moelle. D'autres espèces sont des « xylicoles » qui utilisent des galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par des insectes xylophages. D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois de terre sèche ou dans le sol[43]. Chaque cellule, contenant une larve et du pain d'abeille, est scellée par un bouchon[44].
61
+
62
+ Une abeille maçonne (ici Osmia cornifrons) explorant une cavité.
63
+
64
+ Abeille solitaire (ici Dasypoda altercator).
65
+
66
+ Andrena vaga sur une feuille.
67
+
68
+ Ce sont des insectes solitaires qui pratiquent le cleptoparasitisme en parasitant les couvains d’autres espèces.
69
+
70
+ Les abeilles sociales forment des colonies, groupes d'abeilles vivant en société. La colonie est composée de trois castes :
71
+
72
+ Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle survit à la saison froide.
73
+
74
+ Un essaim[46] d'abeilles est un rassemblement en nombre important d'abeilles de la même famille. Quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine, on parle d'essaimage. Les abeilles évitent ainsi d'engendrer un super-organisme étouffant.
75
+
76
+ L'essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d'intelligence collective puisqu'il s'agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l'installation de la colonie par une danse dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné, et suffisamment explicite pour en indiquer la position. Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d'information et présentent de manière transparente et souvent simultanément leurs découvertes. Selon l'intensité de la communication, l'abeille découvreuse d'un site va recruter un nombre plus ou moins grand de nouvelles éclaireuses qui iront chacune le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles pourront à leur tour donner leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination[47].
77
+
78
+ L'expression « abeille à miel » ou « abeille mellifère » est un nom vernaculaire désignant en français des insectes sociaux parmi les abeilles qui produisent du miel en quantité significative mais, par métonymie, c'est aussi l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera).
79
+
80
+ Les abeilles à miel appartiennent majoritairement au genre Apis, de la sous-famille des Apinés, mais c'est Apis mellifera et, dans une moindre mesure, son homologue asiatique Apis cerana, l'espèce qui se prête le mieux à l'apiculture[48]. D'autres espèces produisent du miel mais pas en quantité suffisante pour mériter cette appellation.
81
+
82
+ Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera. Originaire d'Europe et d'Afrique, c'est en effet l'espèce la plus utilisée pour produire du miel. Elle a donné de nombreuses sous-espèces ainsi que de nombreux hybrides de ces sous-espèces, dont certains, comme l'abeille buckfast, sont obtenus par croisements au sein des élevages. Apis cerana est également exploitée dans certaines régions de l'Asie.
83
+
84
+ Les autres espèces du genre Apis (Apis florea, Apis dorsata, etc.) se trouvent uniquement à l'état sauvage.
85
+
86
+ Des abeilles de la tribu des Meliponini produisent également de petites quantités de miel. Le rendement des colonies d'abeilles en miel dépend aussi des végétaux à la disposition des butineuses, car les plantes à fleurs sont plus ou moins mellifères.
87
+
88
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
89
+
90
+ Vue dorsale des trois principales espèces.
91
+
92
+ Vue latérale des trois principales espèces.
93
+
94
+ Abeille à miel d'Europe et d'Afrique : Apis mellifera.
95
+
96
+ Favorite de l'apiculture en Europe, sous-espèce de la précédente, l'Abeille noire : Apis mellifera mellifera.
97
+
98
+ Abeille à miel asiatique : Apis cerana.
99
+
100
+ Abeilles à miel géantes : Apis dorsata.
101
+
102
+ Abeille à miel d'Amérique du Sud : Trigona spinipes.
103
+
104
+ Avant Linné, on ne connaissait comme abeille que la « mouche à miel ». Le père de la taxinomie moderne ajoute à cette abeille domestiquée d'autres espèces d'hyménoptères qui, comme elle, vivent de nectar et de pollen. En 1758 il les classe toutes dans un genre nommé Apis (abeille en latin)[49].
105
+
106
+ Les connaissances sur ces insectes progressant, un seul genre Apis se révèle bientôt insuffisant pour contenir toutes les nouvelles abeilles répertoriées. Avec les travaux de Kirby et Latreille, suivis par Schenk et Thomson, les classifications gagnent en précision : Apis ne conserve qu'un petit nombre d'espèces proches de l'abeille domestique et de nombreux autres genres sont créés. On distingue alors deux grands groupes d'abeilles : les abeilles à langue courte et les abeilles à langue longue. Ces dernières sont divisées à leur tour en abeilles solitaires ou abeilles sociales (les abeilles « vraies »). Plus d'une centaine de genres se répartissent à l'intérieur de ces grands groupes[50]. Les abeilles à langue longue sont considérées comme les plus évoluées. Les guêpes apoïdes (Sphecidae sensu lato) sont reconnues comme apparentées aux abeilles à langue courte[51].
107
+
108
+ À la fin du XIXe siècle sont reconnus comme portant le nom d'abeille « tous les hyménoptères dont la larve se nourrit de miel et de pollen, quels que soient d'ailleurs le genre de vie et les mœurs de l'adulte »[49].
109
+
110
+ Dans la classification classique, les abeilles font toutes partie de la superfamille des Apoïdes[27] créée en 1802 par Pierre-André Latreille et qui regroupe les abeilles et les guêpes apoïdes. Toutefois, la classification des abeilles est en constante évolution[52].
111
+
112
+ La classification classique est historiquement centrée sur l'abeille mellifère. Ceci aurait amené les entomologistes à considérer que les abeilles à langue longue formaient un groupe plus évolué que celui des abeilles à langue courte. Les premières classifications phylogénétiques ont maintenu cette hypothèse, en plaçant la famille des Colletidés (à langue courte) à la base de l'arbre phylogénétique des Apoïdes. Cependant, en 2007 des travaux d'analyse moléculaire démontrent que la langue courte des Colletidés n'est pas un caractère hérité des Sphecidés, mais découle d'une évolution parallèle. Ces conclusions bouleversent la classification classique et désignent la famille des melittidés comme la plus ancienne des familles d'abeilles[51].
113
+
114
+ Liste des familles actuelles selon Debevic et al. 2012[53] et Hedtke et al. 2013[54], en concordance avec ITIS[55]:
115
+
116
+ Note: Les Apidés et les Mégachilidés sont considérées comme les abeilles à langues longues, les autres familles à l'exception des Mélittidés sont considérées comme les abeilles à langues courtes.
117
+
118
+ Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[56] :
119
+
120
+ Ampulicidae (guêpes à blattes)
121
+
122
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 1
123
+
124
+ Sphecidae s.s. (guêpes fouisseuses)
125
+
126
+ Crabroninae
127
+
128
+ Bembicini
129
+
130
+ Astatinae et Nyssonini
131
+
132
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 2
133
+
134
+ Pemphredoninae et Philanthinae
135
+
136
+ Anthophila (abeilles)
137
+
138
+
139
+
140
+ Phylogénie des familles actuelles d'abeilles, d'après Hedtke et al., 2013 :[54]
141
+
142
+ Melittidae (avec l'abeille à culotte)
143
+
144
+ Apidae (abeilles sociales)
145
+
146
+ Megachilidae (abeilles découpeuses, abeilles maçonnes)
147
+
148
+ Andrenidae (abeilles des sables)
149
+
150
+ Halictidae (abeilles de la sueur)
151
+
152
+ Colletidae (abeilles à face jaune)
153
+
154
+ Stenotritidae
155
+
156
+ Toutes les abeilles peuvent jouer un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées. Toutefois on doit en général considérer que les abeilles domestiques des apiculteurs jouent un rôle supplétif perturbant la nature[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue : le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques[57]. Les plantes dont la pollinisation est favorisée par l'abeille sont dites mellitophiles. En effet, lorsque les abeilles récoltent des ressources alimentaires, elles se couvrent de pollen. Le pollen est le gamète mâle de la fleur. Elles butinent ensuite d'autres fleurs afin d'y récolter le nectar et se frottent alors contre les parties reproductrices des autres fleurs. Ainsi, le pollen déposé à la surface de la fleur colonise ses graines femelles[58]. Involontairement, les abeilles permettent donc le contact entre les gamètes mâles et femelles des différentes fleurs.
159
+
160
+ Les abeilles bénéficient également de la pollinisation car, en récoltant le nectar et pollen, elles constituent leurs réserves alimentaires. De plus, une grande densité de fleurs aux alentours de la ruche leur est bénéfique car cela minimise leur temps de recherche de nourriture.
161
+
162
+ Enfin, les populations humaines sont directement et indirectement dépendantes des fleurs pour un tiers de leur régime alimentaire[59]. L'absence des pollinisateurs indigènes naturels les plus répandus pourrait donc avoir des conséquences économiques, sociales et écologiques.
163
+
164
+ Or, on constate dans l'Hémisphère nord une baisse de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles[2],[60]. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l'origine de cette baisse de la population : parasites, champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique… Les produits phytosanitaires agricoles, les cultures d'OGM et la pollution électromagnétique sont également cités mais leur implication est de moins en moins controversée avec un consensus scientifique croissant sur le rôle dévastateur des insecticides[61]. En tant qu'animal bioindicateur, cette situation inquiète non seulement les apiculteurs, mais aussi de nombreux écologues, économistes et experts en raison de l'importance économique et écologique de l'abeille. En février 2010, l'Union européenne met en place le programme STEP afin de préciser les causes et les impacts de ce déclin et d'en assurer le suivi.
165
+
166
+ Un groupement d'apiculteurs et d'acteurs intéressés crée en 2011 le réseau européen Bee-Secured, pour la surveillance de l'environnement et de la biodiversité. En 2012, le réseau prend une dimension hors Europe.[réf. nécessaire]
167
+
168
+ La pollinisation par les insectes indigènes non domestiques est un enjeu important de l'écologie. En effet, les insectes sauvages permettent d'effectuer naturellement des fécondations croisées : l'ovule d'une plante reçoit le pollen d'une autre plante de la même espèce, cela permet de conserver une grande diversité génétique. Or, la diversité génétique permet d'éviter les dépressions de consanguinité et augmente la résilience de la population face aux perturbations environnementales et aux nouvelles maladies. Dans une population à grande diversité génétique, le risque d'extinction est beaucoup plus faible[62].
169
+
170
+ Le 16 avril 2014 les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi sur l'avenir de l'agriculture reconnaissant l'abeille comme « un bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques »[63].
171
+
172
+ En butinant d'un arbre à l'autre, les abeilles (Apis mellifera), ainsi que d'autres insectes pollinisateurs, contribuent à la diffusion de bactéries phytopathogènes, telles que Erwinia amylovora, agent pathogène du feu bactérien, maladie bactérienne grave qui affecte des arbres fruitiers de la sous-famille des Maloideae[64], ou Pseudomonas syringae, agent de diverses maladies du type chancre bactérien, notamment le chancre bactérien du kiwi, causé par le pathovar Pseudomonas syringae pv. actinidiae[65].
173
+ Du fait de leur intense activité de pollinisation, les abeilles sont un vecteur très efficace de transmission de ces bactéries. Toutefois, comme les bactéries ne peuvent survivre l'hiver dans les ruches, les abeilles ne peuvent en aucun cas être responsables d'une inoculation primaire, mais seulement d'inoculation secondaire, transmettant les bactéries de fleur en fleur[66],[67].
174
+ Selon une étude néo-zélandaise de 2014, Pseudomonas syringae, comme Erwinia amylovora, peut survivre et se propager au sein des ruches pendant un temps limité. Les auteurs appuient donc la recommandation d'une période de retrait minimum avant de transporter dans un verger sain des ruches provenant d'un verger contaminé[65].
175
+
176
+ L'abeille est la plus ancienne amie de l'homme, bien qu'apparue avant lui, il y a 45 millions d'années[68]!
177
+
178
+ Très tôt les humains ont pris conscience de leur intérêt à protéger, voire héberger ou même élever et, plus simplement, à observer les abeilles.
179
+ Outre leurs fonctions écosystémiques, les abeilles présentent une fonction économique importante.
180
+
181
+ Les substances produites par certaines abeilles – cire d'abeille, propolis, gelée royale, miels de différentes plantes et même leur venin – ont la réputation ancestrale d'être excellentes pour la santé.
182
+
183
+ Ce sont évidemment les abeilles à miel domestiquées qui en sont les meilleures pourvoyeuses.
184
+
185
+ À la différence des guêpes et des frelons, l'abeille n'est pas un prédateur et ne chasse pas pour se nourrir[69]. Une abeille en train de butiner est généralement inoffensive[70].
186
+
187
+ Cependant, les abeilles défendent leur nid et leurs routes aériennes des intrus. Les espèces prisées pour l'apiculture sont les plus tolérantes à cet égard. D'autres, comme l'abeille tueuse, hybride apparu au Brésil dans les années 1950, sont plus agressives à l'approche de leur nid[71] tandis que chez certaines espèces comme les mélipones, l'aiguillon, sous-développé, ne permet pas la piqûre : l'abeille se défend alors par une morsure urticante[72].
188
+
189
+ L'abeille utilise son dard cranté pour injecter du venin à son agresseur lorsqu'elle se trouve menacée. Cet aiguillon dentelé, dont seules les femelles sont pourvues, reste fiché dans la peau de la victime et est arraché de l'abdomen de l'abeille lorsque celle-ci s'éloigne. Il entraîne à sa suite une partie des organes internes de l'abeille, dont son sac à venin. Cette déchirure est presque toujours fatale à l'abeille piqueuse[73]. Mais l'abeille peut repartir indemne, si sa victime s'avère être un autre insecte, dépourvu de la peau épaisse des mammifères[73].
190
+
191
+ Une piqûre injecte en moyenne 50 à 140 µg de venin (contre 10 µg pour la guêpe qui possède un dard lisse mais peut piquer plusieurs fois), selon l'espèce d'abeille et le délai avant lequel l'aiguillon est retiré[74]. Même après le départ de l'abeille, les contractions réflexe des muscles arrachés continuent d'injecter le venin contenu dans le sac, une trentaine de secondes étant nécessaires pour vider celui-ci. Il faut donc éviter de le compresser en le retirant dans les secondes suivant la piqûre[74].
192
+
193
+ Sauf en cas d'intolérance, une unique piqûre est inoffensive pour l'homme (et pourrait même avoir parfois des effets bénéfiques notamment pour lutter contre la maladie de Parkinson). Toutefois, l'emplacement des piqûres, leur nombre ou une sensibilité allergique peuvent occasionner des décès en cas de choc anaphylactique[75].
194
+
195
+ En l'absence de données significatives, la dose létale médiane n'est pas établie avec certitude et oscille, selon les auteurs, entre 1,3 mg. kg−1[71] et 3,5 mg. kg−1[74] de venin. Le nombre de piqûres nécessaires pour atteindre ces doses, pour un adulte pesant entre 60 kg et 70 kg, varie selon les espèces et les estimations entre 600[73] et 1 750[74]. Seules les abeilles tueuses, au comportement extrêmement agressif, sont susceptibles de causer un si grand nombre de piqûres. En revanche, leur venin ne diffère pas sensiblement de celui des autres espèces d'Apis mellifera[71].
196
+
197
+ L'apiculture est la discipline liée à l'élevage des abeilles domestiques, l'éleveur étant un apiculteur.
198
+ Les abeilles d'élevage vivent dans une ruche, une structure artificielle faite à base de paille, de bois ou de plastique et destinée à abriter une colonie d'abeilles sociales butineuses. Un ensemble de ruches constitue un rucher.
199
+
200
+ L’osmiculture est la technique d’élevage local d’abeilles indigènes et solitaires qui nichent hors sol. L'osmiculteur fournit un environnement de nidification (nichoir d'abeilles) adapté à l’espèce, identifie et élimine les parasites qui s’incrustent dans cette population. Il ne gère pas de récolte car les abeilles indigènes pollinisent mais ne fabriquent pas de miel.
201
+
202
+
203
+
204
+ Métaphore de l’harmonie politique et sociale depuis l’Antiquité, l'abeille était censée symboliser, dans l'Égypte antique, la Basse-Égypte, le pharaon étant désigné comme étant « Celui des carex et de l'abeille » (les carex représentant la Haute-Égypte).
205
+
206
+ Le Coran porte un chapitre nommé « Les abeilles ». Sourate no 16 les abeilles, verset [68-69].
207
+
208
+ L'abeille a pu symboliser la résurrection et l'immortalité pour les Mérovingiens. Des représentations d'abeilles ont été retrouvées parmi les éléments funéraires de Childéric Ier[76].
209
+
210
+ En France, Napoléon Bonaparte a repris[77] – avec l’aigle, symbole de l’Empire carolingien – cet insecte industrieux et a remplacé par les abeilles impériales les fleurs de lys du semis des armoiries royales.
211
+
212
+ Dans les pays scandinaves, sur certaines tombes, l'abeille est un symbole utilisé pour représenter le caractère travailleur et industrieux de la personne décédée[78].
213
+
214
+ Dans la culture populaire, l'abeille fait majoritairement référence aux abeilles sociales à miel et en Occident à l'abeille domestique Apis mellifera.
215
+
216
+ Depuis les années 1970 avec une accélération depuis la fin des années 1990, de nombreuses espèces d'abeilles sont en forte régression (ou ont localement disparu) en raison, semble-t-il, de parasites, virus, champignons, bactéries, mais aussi de la dégradation des habitats (urbanisation, imperméabilisation des sols, débocagisation) et du réchauffement climatique qui a un impact sur la phénologie des plantes hôtes et des fleurs pollinisées. Or, ces abeilles ont une importance majeure pour la pollinisation de nombreuses espèces de fruits, légumes et céréales. Les impacts de l'usage croissant de certains pesticides et insecticides écotoxiques sont également suspectés depuis la fin des années 1990 d'avoir un lien avec le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles domestiques. Ce lien a été confirmé par deux études faites en milieu naturel (« conditions réalistes »), publiées par la revue Science en mars 2012, confirmant des impacts négatifs des néonicotinoïdes sur deux pollinisateurs essentiels, l'abeille domestique[79] et le bourdon commun. Présents par diffusion dans le nectar et le pollen des fleurs de cultures industrielles telles que le maïs et le colza, ils affectent le système nerveux des insectes[80]. Il ne s'agirait pas de la seule cause du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, mais il y participe et accélère la régression de ces pollinisateurs[81].
217
+
218
+ Dans l'Union européenne, le règlement (CE) no1107/2009 indique qu'"une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste n’est approuvé que s’il est établi, au terme d’une évaluation des risques appropriée sur la base de lignes directrices pour les essais adoptées au niveau communautaire ou au niveau international, que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active, ce phytoprotecteur ou ce synergiste, dans les conditions d’utilisation proposées n’aura pas d’effets inacceptables aigus ou chroniques sur la survie et le développement des colonies, compte tenu des effets sur les larves d’abeille et le comportement des abeilles"[82].
219
+
220
+ Le règlement de 2009 devait conduire à la refonte des tests de toxicité à réaliser sur les abeilles, avant la mise sur le marché d'un pesticide. L'EFSA, l'Autorité sanitaire européenne, a constaté en 2012 que ces tests étaient très insuffisants, les produits phytosanitaires étant mis sur le marché sans avoir été correctement évalués[83]. L'EFSA[84] a élaboré de nouveaux protocoles complets : Ces lignes directrices incluent l'évaluation de la toxicité chronique, les effets sur les larves, sur les abeilles sauvages et bourdons et non pas seulement les abeilles à miel, les différentes voies de contamination (eau, poussières...)[84].
221
+
222
+ Ce document guide a été publié en 2013, mais les États membres ne l'ont jamais adopté (entre 2013 et 2019, il a été inscrit à l’ordre du jour du Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed, ou SCoPAFF, une trentaine de fois). Depuis 2013, l’European Crop Protection Association (ECPA), l’association professionnelle des fabricants de pesticides, s'oppose fermement à la mise en application de ce document[83]. Les industriels de l’agrochimie ont adressé à l’exécutif européen de nombreuses lettres contre le document guide de l’EFSA.
223
+
224
+ Dans une tribune du 9 février 2019, l'eurodéputé Eric Andrieu, président de la commission spéciale du Parlement européen sur la procédure d’autorisation des pesticides par l’Union, écrit: "sous la pression incessante des lobbyistes des industriels de l’agrochimie, certains États demandent aujourd’hui à l’EFSA de réviser son document de 2013, qui n’a jamais été mis en œuvre. Et pour cause : selon l’industrie, 82 % des produits phytosanitaires seraient alors sur la sellette !"[85]
225
+
226
+ Les protocoles d’évaluation des pesticides sur les pollinisateurs se référent toujours à un texte de 2002, totalement obsolète selon les spécialistes. La toxicité chronique, cause importante de la mortalité des pollinisateurs, n'est pas évaluée, ni les effets délétères sur les espèces sauvages. "Pendant ce temps, le taux de mortalité des abeilles atteint les 80 % dans certaines régions de l’UE. Alors que les études montrent que l’utilisation de pesticides représente un risque réel pour les abeilles sauvages et les abeilles mellifères, les gouvernements des 28, en particulier les 16 États qui bloquent la proposition, doivent enfin prendre leurs responsabilités", estime Eric Andrieu, "Les chefs d’État doivent en finir avec leur hypocrisie sur la question des pesticides et cesser de dérouler le tapis rouge aux multinationales de l’agrochimie"[85]. Selon l'eurodéputé et Nicolas Laarman, de l'Ong Pollinis, « l’extinction en cours des abeilles et autres insectes pollinisateurs est un enjeu vital, et la réforme de notre système d’homologation des pesticides, une urgence absolue[86] ».
227
+
228
+ "En renonçant à la mise à jour des principes d’évaluation des risques des pesticides, la Commission européenne participe à la dégradation dramatique de l’environnement", écrit l'éditorialiste du journal Le Monde, le 27 août 2019[87].
229
+
230
+ Une étude française conduite par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avec le réseau des instituts des filières agricoles et végétales (ACTA), s’est basé sur le radiosuivi d’abeilles par micropuces (système RFID) identifiant 653 abeilles mellifères, et un comptage électronique des entrées/sorties de ruche.
231
+
232
+ Comme certains apiculteurs l'avaient pressenti ou observé, au moins l’un des néonicotinoïdes les plus utilisés perturbe l'orientation des abeilles ; le thiaméthoxame (matière active de produits commerciaux tels que le Cruiser, Flagship, Illium, Axoris[79]). 10 % à 31 % des abeilles ayant ingéré cette molécule, même à de très faibles doses, se sont montrées incapables de rejoindre leur ruche[79]. Or, la perte de repères est l’un des éléments du syndrome d'effondrement des colonies. Hors de la ruche, ces abeilles meurent trois fois plus que le taux normal[79].
233
+
234
+ Le projet « EPILOBEE » est la première surveillance épidémiologique de la mortalité des colonies d’abeilles domestiques en Europe. Au total, ce sont 31 832 colonies d’abeilles provenant de 3 284 ruchers qui ont été suivies entre l’automne 2012 et l’été 2013. Les premiers résultats provenant des 17 pays européens participants montrent une grande variabilité des taux de mortalité en fonction des zones géographiques en Europe. Les taux de mortalité hivernaux s’échelonnent suivant les pays de 3,5 % à 33,6 %. Les taux de mortalité des colonies pendant la saison apicole sont quant à eux plus faibles et sont compris entre 0,3 % et 13,6 %. En additionnant la mortalité hivernale à la mortalité de la saison apicole, c’est la Belgique qui arrive en tête de ce lugubre classement, avec un taux de mortalité de 42,5 %. Viennent ensuite le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %)[88].
235
+
236
+ Le nombre de ruches est un bon indicateur de la population d'abeilles domestiques. Au niveau mondial les chiffres sont soumis à beaucoup d'incertitudes, par contre les données de l'Union européenne sont plus fiable. Le rapport du CMO [89](Common Market Organisation) d'avril 2019 montre que le nombre de ruches est passé de 11.6 millions en 2004 à 17.5 millions en 2017. En France, d'après la Fédération ADA France[90] le nombre de ruches en 2017 était de 1.3 million, nombre similaire à celui de 1994 après une baisse entre 2010 et 2015 avec 1 million de ruches recensées . Étonnamment, ces chiffres, au niveau européen, sont en contradiction avec le syndrome d’effondrement des colonies. Malgré une forte mortalité le nombre de ruches en Europe continue de croitre ce qui est en adéquation avec la production européenne de miel qui était de 209 000 tonnes en 2017.
237
+
238
+ Le déclin des abeilles semble avoir pour cause principale l'usage des pesticides : Cuba, qui n'en utilise que très peu et dont l'agriculture est essentiellement biologique, est l'un des rares pays où les populations d'abeilles se sont maintenues à un niveau stable[91].
239
+
240
+ Depuis l'introduction des néonicotinoïdes, dans les années 1990, les trois quarts des insectes volants ont disparu d’Europe de l'Ouest[92]. Dans son livre Et le monde devint silencieux[93], le journaliste du Monde, Stéphane Foucart, raconte comment les entreprises de l’agrochimie ont tenté de faire croire que l’effondrement des pollinisateurs était un mystère, et n'était surtout pas lié à la mise sur le marché des insecticides néonicotinoïdes (une « stratégie du doute » calquée sur celle de l’industrie du tabac). Le journaliste analyse leurs méthodes pour infiltrer et financer des organisations scientifiques et des associations. Face à ces firmes, 70 scientifiques tentent de mener des recherches totalement indépendantes[92].
241
+
242
+ Dans la revue PLOS One, une étude[94] montre que « le paysage agricole américain est aujourd'hui 48 fois plus toxique qu'il ne l'était il y a 25 ans pour les abeilles et probablement d'autres insectes. Cette toxicité accrue est presque entièrement liée à l'usage des pesticides néonicotinoïdes. Parallèlement à cette montée en flèche de la toxicité, les populations d'abeilles, de papillons, d'autres pollinisateurs et même d'oiseaux ont quant à elle enregistré un déclin »[95].
243
+
244
+ En 2017, des chercheurs révèlent la disparition de 80 % des insectes volants en Allemagne en moins de trente ans, une situation qui est extrapolée à l’échelle de l’Europe[96]. En février 2019, des scientifiques publient dans Biological Conservation la synthèse de 73 études[97] : 40 % des populations d’insectes sont menacées d’extinction dans le monde, avec le risque d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels ». Les chercheurs considèrent l'agriculture conventionnelle, et ses pesticides, comme l'une des causes principales du déclin des insectes.
245
+
246
+ Une étude américaine publiée en septembre 2018 montre les dégâts du glyphosate sur les abeilles : cet herbicide altère leur flore intestinale, barrière contre de nombreux pathogènes[98]. Elles se retrouvent ensuite plus vulnérables aux bactéries (les abeilles contaminées au glyphosate ont eu une mortalité de 80 % après avoir été exposées à la bactérie Serratia marcescens). Le chercheur Jean-Marc Bonmatin, du CNRS, spécialiste des abeilles, explique que : « plus il y a de pesticides, plus les abeilles sont sensibles aux pathogènes », du fait d’une « perturbation de leur biologie »[99].
247
+
248
+ En cas de manque de pollinisateurs, plusieurs conséquences directes peuvent être répertoriées.
249
+
250
+ Premièrement, le rendement des cultures destinées à notre régime alimentaire serait considérablement amoindri. On estime que la pollinisation par les insectes contribue au rendement de 75 % des grandes cultures[100][réf. à confirmer]. Ceci entrainerait une hausse des prix des fruits et légumes.
251
+
252
+ Deuxièmement, le nombre d'apiculteurs professionnels chuterait ainsi que l'économie liée à la vente de produits de la ruche.
253
+
254
+ Troisièmement, l'augmentation des prix des fruits et légumes due au manque de pollinisateurs pourrait accentuer la tendance à la sous-consommation de ces produits, particulièrement pour les groupes sociaux à bas-revenu[101].
255
+
256
+ Une première évaluation (liste rouge) a été publiée en 2015[102], faite par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour une partie des 1 960 espèces d’abeilles sauvages recensées en Europe : 9,2 % des espèces sauvages étudiées sont en voie d’extinction selon l'UICN et 5,2 % le seront dans un avenir proche. Plus précisément, 7,7 % (150 espèces) sont en déclin certain, 12,6 % (244 espèces) semblent plus ou moins stables et 0,7 % (soit 13 espèces) seraient en augmentation[102].
257
+
258
+ La situation est peut-être plus grave, car alors que des phénomènes de perte de compétence (orientation, capacité à se nourrir) est constatée chez certaines espèces à des échelles nationales[103], pour plus de 79 % des espèces, une tendance n'a pu être évaluée et pour 56,7 % des espèces, leur statut de menace n'a pu être évalué faute de données scientifiques[102]. De plus, ce déclin est associé à une forte chute de la diversité génétique pour les espèces en déclin, mais l'UICN signale aussi que ce déclin contribue à la crise de la biodiversité avec en Europe près de 30 % des espèces d’abeilles menacées (en danger critique, en danger, vulnérables) qui sont endémiques au continent européen ou à une partie de ce continent (l’Europe abrite 10 % des espèces d'abeilles connues dans le monde, sur 7 % des habitats terrestres mondiaux)[102]. Diverses plantes (sauvages ou cultivées) ne peuvent être pollinisées que par une ou quelques espèces d'abeilles « spécialistes »[104] ; leur régression entraine donc aussi une perte de diversité végétale. De plus, selon les données les plus récentes, ce sont les abeilles sauvages qui assurent maintenant la plus grande part de la pollinisation (autrefois attribuée à l'abeille domestique)[105].
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+
260
+ L’intensification de l'agriculture (avec ses effets collatéraux tels que l'augmentation de l'utilisation de pesticides, néonicotinoïdes notamment[106], le drainage, le recul des prairies permanentes et du bocage) est pointée comme première menace via la destruction et pollution des habitats des abeilles sauvages[107]. Même dans des pays à l'environnement considéré comme relativement préservé comme la Suède, un effondrement de certaines espèces (de bourdons par exemple)[108],[109], est constaté.
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+ Bien des insectes pollinisateurs, comme des papillons et des bourdons, subissent le même déclin.
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+ Dans le monde, diverses initiatives sont nées à différents niveaux de collectivités (du local à l'international). Des plans visent à protéger les abeilles, ou parfois plus largement les pollinisateurs sauvages.
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+ En Europe, la France a lancé en 2015 un projet Plan national d'actions (PNA) « pour la préservation des abeilles et insectes pollinisateurs sauvages » dénommé « France, terre de pollinisateurs », qui comprend vingt actions pour cinq ans, dont l'une est que 20 % au moins du territoire soit concerné par des pratiques favorables aux pollinisateurs ; avec fauchage tardif et jachères fleuries sur les dépendances vertes des axes de transport ; une surface comparable à celle des parcs nationaux[110].
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+ La Wallonie en 2011 a produit un « Plan Maya »[111], intégré dans un projet plus général de renaturation « partout et par tous ».
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+ En juillet 2019, contre l’avis de ses propres experts et de la communauté scientifique, l'Union européenne renonce à agir en faveur de la protection des abeilles[83].
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+ Kaboul (en dari et en pachto : کابل) est la capitale et la plus grande ville d'Afghanistan. Elle est aussi la capitale de la province du même nom, située dans l'Est du pays. Selon les estimations officielles de 2014, la population de la ville serait de 3 543 700 habitants[1].
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+ La ville proprement dite occupe une surface d'environ 554 km²[2], mais ses limites sont très incertaines en raison d'un urbanisme périphérique mal contrôlé.
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+ On estime la population de Kaboul à 75 000 en 1900, environ 150 000 habitants dans les années 1930, 513 000 au recensement de 1972 (1,3 million dans la province de Kaboul), 600 000 en 1978, et près de 2 millions quatre ans plus tard[3]. L'augmentation spectaculaire après 1978 était le résultat d'un afflux de populations venues se mettre à l'abri des combats opposant en province les modjaheddins aux troupes du gouvernement communiste et aux forces soviétiques. La ville comporte actuellement environ 2,4 millions d'habitants[4].
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+ Kaboul reflète la diversité ethnique de l'Afghanistan. Sans que l'on puisse le vérifier par des enquêtes statistiques incontestables, il semble que le groupe ethnique le mieux représenté y soit celui des Tadjiks (40 ou 45 % de la population totale), les Hazaras (25 %), les Pachtouns (25 %), les 5-10 % restants étant d'origine diverse. On parle surtout à Kaboul le dari avec une variante particulière résultant des brassages de populations et des variantes des parlers persans : le kâbolî[5].
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+ Kaboul bénéficie d'un climat continental semi-aride tempéré par l'altitude. Les précipitations ont lieu essentiellement en hiver de janvier à avril tandis que les étés sont très secs. Il neige, parfois en abondance durant les mois d'hiver, et les températures nocturnes sont très basses avec des minimums moyens de −7,1 °C en janvier (au plus froid de l'hiver, les températures atteignent couramment −15 °C à −20 °C ; en été, les températures diurnes sont élevées avec des maximums moyens de 32,1 °C en juillet).
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+ En raison de la géologie complexe de la chaîne de l'Hindou Kouch et de ses contreforts, la plaine de Kaboul traversée par le Kaboul, rivière traversant la ville, est souvent sujette à des séismes de faible et moyenne intensité.
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+ On connaît au moins trois récits légendaires se rapportant à la fondation de Kaboul. Le premier se rapporte à deux tribus vivant dans des zones marécageuses qui construisirent un pont (« poul ») sur des pierres jetées dans les marais et recouvertes de paille (« kâh ») pour ne pas blesser les sabots des chevaux, d'où kâh-poul, dont dériverait Kaboul. Le second se réfère à une fantaisie calligraphique persane sur les mots goul (« fleur ») et âb (« eau »), d'où g[âb]-oul d'où viendrait Kaboul. Le troisième récit fait toujours référence à un marais où l'eau s'accumulait. Un légendaire personnage du nom de Farhâd aurait ouvert à coups de hache un passage dans les montagnes en direction de l'Est, formant ainsi les gorges du Tang-e Ghâro (en) vers lesquelles les eaux se seraient écoulées, asséchant ainsi la plaine de Kaboul[6].
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+ On peut également ranger au chapitre des légendes ce que rapporte Al-Biruni dans son Livre de l'Inde. Le grand physicien et mathématicien écrit en effet que les Hindous avaient des rois résidant à Kaboul, des Turcs que l'on disait d'origine tibétaine. Le premier d'entre eux, Barhatakîn, aurait vécu dans une grotte et aurait été par la suite reconnu comme roi, fondateur de la dynastie des Shâhiyas de Kaboul. En revanche, lorsque Al-Biruni évoque un « roi » du nom de « Kank », on peut reconnaître le nom du grand empereur kouchan, Kanishka, que l'on évoquera plus loin[7].
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+ Du VIe siècle au IVe siècle av. J.-C., la région fait partie de l'Empire achéménide, puis elle passe sous la domination des Grecs d'Alexandre[8] et de leurs descendants, Gréco-Bactriens et Indo-Grecs. La rivière Kaboul est alors connue sous le nom de Kophen ou Kophès, et la ville de Kaboul est désignée par Pline sous le nom d'Ortospanum, Ptolémée évoquant pour sa part Kabura et le pays des Kabolitae au sud des monts Paropamisus[9].
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+ À partir du IIe siècle apr. J.-C., et peut-être jusqu'au début du IVe, Kaboul est intégrée dans l'immense empire kouchan, dont l'une des capitales, à une cinquantaine de kilomètres vers le nord, est Kapissa (aujourd'hui Begram), l'antique Alexandrie du Caucase fondée par Alexandre sans doute en -329. La découverte du « trésor de Begram » par Joseph Hackin dans les années 1930 montra qu'à l'époque des souverains kouchans Begram (et par conséquent Kaboul) étaient situés sur une voie majeure de communication entre l'Orient indien, la Chine et l'Occident romain, et que les interférences culturelles entre les différentes civilisations étaient nombreuses. De nombreuses pièces exposées au musée Guimet en témoignent[10].
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+ Kaboul est ensuite incluse dans la mouvance de l'empire kouchano-sassanide au IVe siècle, puis celui des Huns Hephtalites aux Ve et VIe siècles[11]. Après la défaite des Hephtalites vers 563 en Transoxiane, le royaume — ou la principauté — de Kaboul sera l'une des dernières d'Asie centrale à passer sous la domination des Turcs. La dynastie des Turki-Châhis, dont le premier souverain aurait eu pour nom Barhâtegin[12] selon Al-Birouni, s'installe à Kaboul du VIIe au IXe et celle des Hindou-Shâhis leur succèdera pour une courte période à partir de 843[13]. De 661 à 871, les « Kaboulshâhs », vaincus à deux reprises par les conquérants arabes, et contraints de payer tribut, parviendront cependant toujours à se débarrasser de leurs envahisseurs et à conserver leur autonomie. Dans ces combats, ils feront cause commune avec celui qui est sans doute leur parent, le « Zunbil » d'Ar-Rokhadj (l'Arachosie des Grecs, autrement dit la région de Kandahar au sens large)[14].
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+ Depuis l'ère kouchane, le bouddhisme fleurit dans tout l'actuel Afghanistan et alentour (de nombreux vestiges de temples et de monastères en témoignent), avec une apparition de l'hindouisme peut-être au VIIe ou VIIIe siècle[15].
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+ En 871, Ya`qûb ben Layth as-Saffâr, fondateur de la dynastie des Saffarides (867-1003), venu du Khorassan par Balkh, Bâmiyân qu'il ravage, investit Kaboul, d'où il chasse les Hindu-Shahis qui installeront leur capitale à Udabhândapura (en), l'actuel village de Hund sur la rive droite de l'Indus. L'islam s'impose dès lors progressivement aux populations des régions conquises. Le bouddhisme et l'hindouisme se maintiennent pourtant longtemps si l'on en croit le témoignage d'Ibn Hauqal, qui visite la région vers 967-968[16]. Il confirme en effet qu'Alptegin, maître de Kaboul depuis 962 (?), impose de lourdes taxes aux habitants à la fois au titre du kharâdj et de la djizîah, ce dernier impôt étant celui que paient les non musulmans[17]. La cité, signale Ibn Hauqual, est dotée d'une puissante citadelle et elle constitue une importante étape pour les caravanes circulant entre l'Inde, la Chine et le Moyen-Orient.
28
+
29
+ Kaboul fait dès lors partie de l'empire ghaznévide naissant, auquel se substituera celui des Ghorides durant la seconde moitié du XIIe siècle. La prospérité de la cité ne survit pas aux invasions de Gengis Khan. Comme tant d'autres, elle est ravagée en 1220-1221 par les Mongols. Elle aura du mal à s'en relever.
30
+
31
+ Vers 1333, Ibn Batoutah, après avoir franchi l'Hindou-Kouch dans des conditions difficiles en raison du froid et de la neige, découvre Kaboul avec étonnement : « C'était jadis une ville considérable ; mais ce n'est plus qu'un village, habité par une tribu de Persans appelée Afghans. Ils occupent des montagnes et des défilés et jouissent d'une puissance considérable. La plupart sont des brigands. Leur principale montagne s'appelle Kouh Soleiman »[18].
32
+
33
+ En 1397, Tamerlan, nomme son petit-fils, Pîr Mohammed, fils de Djahângîr (en), gouverneur de Kaboul avec pour mission de préparer l'invasion de l'Inde. On peut supposer que la cité, en raison de son importance stratégique sur la route vers l'est, retrouve un peu de sa prospérité passée. À la mort de Tamerlan en 1405, Pîr Mohammed, héritier désigné, n'est reconnu par aucun des prétendants à l'Empire. Il est assassiné l'année suivante, et Kaboul est incluse dans l'Empire du fastueux Châh Rokh (1377-1447), dernier fils de Tamerlan, qui fera de Hérat une capitale dont le lustre rayonne dans tout l'Orient musulman. On ne sait rien de l'histoire de Kaboul dans le demi-siècle qui suit.
34
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35
+ C'est en 1504 que Bâbour (1483-1530), descendant de Gengis Khan et de Tamerlan, chassé de Samarkand et du Ferghana par un rival, s'empare de la cité à la tête de quelques troupes. Il en fera la base de départ pour ses futures conquêtes en Inde.
36
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37
+ Ce fondateur de la puissante dynastie des Grands Moghols de Delhi devait rester attaché à Kaboul, qu'il s'attarde à décrire dans ses mémoires, le Bâbur Nâmeh[19]. Il se plaît à signaler que Kaboul redevient une place commerciale de première importance : « Les marchands y font autant de bénéfices que s'ils allaient en Chine ou dans le pays de Roûm. Il arrive chaque année à Kaboul sept, huit ou dix mille chevaux et, venant de l'Inde, dix à vingt mille caravaniers (…) On peut trouver à Kaboul des produits du Khorâssân, de Roûm, d'Iraq et de Chine ; c'est le véritable emporium de l'Inde »[20].
38
+
39
+ Avec Delhi, Kaboul était l'autre capitale de l'empire de Bâbour. Il s'y plaisait, vantant sa situation (« De Kaboul, on peut aller en une journée dans des endroits où jamais il ne neige, tandis qu'à deux heures astronomiques de distance se trouvent des lieux où la neige ne fond jamais »), ses fruits et aussi ses vins… Ou bien il compose des distiques. L'un d'eux débute ainsi : « Avec sa verdure et ses fleurs, Kaboul au printemps est un vrai paradis »[21].
40
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+ C'est à Kaboul que Bâbour a souhaité être inhumé. Sa tombe, récemment restaurée, notamment grâce à la fondation de l'Agha Khan, se situe au centre d'un de ces jardins que l'empereur moghol avait créés à Kaboul.
42
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43
+ Si le fils de Bâbour, Homâyoun, lui succède normalement, il sera dépossédé en 1540 de sa capitale Delhi par les Pachtouns du clan des Sûris. De 1545 à 1555, date à laquelle il retrouve Delhi, la capitale d'Homâyoun demeure Kaboul[22]. Il meurt l'année suivante. La dynastie moghole se maintiendra en Inde, mais, en 1598, les Perses safavides s'assurent le contrôle de l'Afghanistan oriental avec Kaboul. S'ouvre alors une période très confuse de luttes entre les Ouzbeks, les Perses et les Moghols, tandis que les Pachtouns demeurent autonomes dans les zones qu'ils habitent. En 1699-1700, Kaboul est sous l'autorité d'un gouverneur moghol[23] mais Kandahar est aux mains des Safavides.
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+ Le chef de la tribu pachtoune des Ghilzaîs, Mir Wais (mort en 1715), d'abord rallié aux Safavides, va les défier. Il s'ensuit une série d'affrontements, notamment pour le contrôle de Kandahar. Dans un contexte d'une rare complexité, avec une série de trahisons et de retournements d'alliances, le monarque persan Nâdir Châh, qui a rallié à sa bannière la tribu pachtoune des Abdalis, rivale des Ghilzaïs, investit Kandahar et Kaboul en 1738, puis se lance à la conquête de l'Inde. En 1739, il enlève Lahore puis Delhi, qui sont pillées. À Delhi, ses troupes se livrent à un véritable carnage en représailles du meurtre de quelques combattants pachtouns.
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+ Après l'assassinat de Nâdir Châh en 1747, les Abdalis abandonnent son camp. Un de leurs jeunes chefs, Ahmad Châh est élu chef du clan lors d'une loyah djirgah tenue à Kandahar. Il va conquérir le Khorassan, puis l'Inde, investissant Delhi en 1757, sans toutefois déposer les derniers empereurs moghols dont il fait ses marionnettes. Il conduira plusieurs campagnes en Inde, contre les Sikhs et les Marathes, et ses troupes en rapporteront de considérables butins. Ahmad Châh Abdali (surnommé Dour-e Durrân, « la perle des perles »[24]), meurt en 1772. Son fils Timour Châh lui succède.
48
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+ Depuis Hérat, il se dirige aussitôt vers Kandahar, où son frère, Soleiman Mirza (en), héritier désigné, a été proclamé émir à l'instigation de Châh Wâli, vizir et gendre d'Ahmad Châh. Soleiman et ses partisans font leur soumission à Timour. Celui-ci fait aussitôt exécuter l'ancien vizir et sa famille, et ordonne que l'on enferme Soleiman et ses autres frères au Bâlâ Hissar de Kaboul. Par mesure de prudence, Timour transfère en 1775 sa capitale de Kandahar à Kaboul, où il se sent plus en sûreté[25].
50
+
51
+ À la mort de Timour Châh, en 1793, son cinquième fils, Zaman Châh, lui succède, mais l'histoire de ce qui n'est pas encore l'Afghanistan, que l'on désignera encore longtemps sous le nom de « royaume de Kaboul »[26] (qui inclut la région de Pechâwar et une partie de l'actuelle Khyber Pakhtunkhwa du Pakistan), va être nourrie des rivalités avec ses frères et parents. Ce n'est qu'une incessante série de guerres civiles durant lesquelles Kaboul, Ghazni, Kandahar changent régulièrement de maîtres, tandis que l'Angleterre, qui consolide sa mainmise sur l'Inde, s'inquiète à la fois de cette situation instable aux frontières de son empire et des visées perses et russes sur l'Afghanistan en pleine anarchie.
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53
+ L'histoire du royaume de Kaboul va se confondre avec celle de sa capitale jusqu'en 1880.
54
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55
+ Le gouvernement de l'Inde choisit un de ses officiers de renseignement (« Political Officer ») Alexander Burnes, qui parle couramment dari et ourdou, avec probablement de très solides notions de pachtou, pour aller enquêter sur la situation politique à Kaboul. Accompagné d'une équipe modeste, il y séjournera à plusieurs reprises entre 1836 et 1838[27]. Cette mission prélude à l'invasion de l'Afghanistan par les Anglais, qui ont décidé, contrairement à l'avis de Burnes, de déposer l'émir Dost Mohammed, qui leur est hostile, et réinstaller sur le trône de Kaboul l'émir déchu Châh Choudja, jugé plus conciliant[28]. Les Anglais entrent dans Kaboul en août 1839 après avoir défait les troupes de Dost Mohammed. Châh Choudja s'installe dans le palais inclus dans le périmètre de la forteresse de Bâlâ Hissar.
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57
+ La situation est mal acceptée par la population, qui ne supporte pas l'occupation étrangère. Une révolte éclate, menée par Wazir Akbar Khan, fils de Dost Mohammed. Burnes, nommé représentant officiel du gouvernement britannique courant 1841, est massacré le 2 novembre 1841 avec les membres de sa mission. Châh Choudja est assassiné peu après.
58
+
59
+ Les Anglais évacuent Kaboul en janvier 1842, en une colonne comprenant 16 500 personnes (dont 4 500 soldats et 12 000 auxiliaires, membres de leurs familles et domestiques), commandée par le major-général William Elphinstone, mais qui est anéantie dans une embuscade, dans la région de Djalalabad, à Gandamak :
60
+ tous ou presque sont tués[29].
61
+ Seul le docteur William Brydon réussit à fuir le champ de bataille.
62
+
63
+ Les Anglais entendent bien venger cette humiliation, cette catastrophe, et deux corps d'armées britanniques entrent en Afghanistan par des voies différentes durant l'été 1842, atteignent Kaboul en septembre, et libèrent en différents endroits les prisonniers faits en janvier[30].
64
+
65
+ En représailles du carnage, le général Pollock (en), commandant les détachements britanniques, ordonne l'incendie du bazar de Kaboul (après qu'Istalif et Charikar, au nord de la ville, ont subi un sort identique)[31].
66
+
67
+ Les deux corps d'armée quittent alors l'Afghanistan et l'émir Dost Mohammed retrouve Kaboul, où il va régner sans partage jusqu'à sa mort en 1863.
68
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+ L'anarchie s'installe alors à nouveau, car trois fils de Dost Mohammed se disputent sa succession : une guerre civile fait rage pendant six ans, tandis que les Russes avancent dans la Transoxiane et que les Perses menacent Hérat.
70
+
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+ Les Anglais ont alors deux choix : soit annexer la partie orientale de l'Afghanistan (ou plutôt le royaume de Kaboul et la province de Kandahar), soit favoriser l'émergence d'un État afghan indépendant. Au terme de valses hésitation et de négociations difficiles entre les nombreux protagonistes, les Anglais obtiennent de l'émir de Kaboul (à cette époque Yakoub Khan, qui a évincé son père Sher Ali, fils de Dost Mohammed) l'accréditation d'une mission diplomatique permanente à Kaboul pour contrebalancer l'influence russe qui se fait de plus en plus pressante. Les Anglais lui imposent en outre le traité de Gandomak, signé le 28 mai 1879, qui place les relations extérieures du futur État afghan sous la tutelle britannique, en échange de quoi l'émir percevra une « pension » confortable. De plus, il sera libre d'imposer son autorité dans les limites du territoire qui lui aura été reconnu après délimitation des frontières, et qui s'appellera officiellement l'Afghanistan.
72
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+ L’histoire se répète : le chef de la mission britannique, le major Cavagnari (en)[32] s'installe à Kaboul en juillet 1879, mais en septembre il est assassiné par des soldats afghans.
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+ Les troupes anglaises, commandées par l'énergique général Frederick Roberts, entrent alors en Afghanistan et investissent Kaboul le 12 octobre. Yakoub s'enfuit[33]. Les Britanniques, qui font face à des mouvements populaires dans la ville, décident d'imposer comme émir Abdur Rahman Khan, un autre petit-fils de Dost Mohammed, exilé à Boukhara. Abdur Rahman s'installe à Kaboul en 1880 après avoir reconnu les termes du traité de Gandomak.
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+ Sur le chemin du retour, le 27 juillet 1880, une brigade anglaise de 2 500 hommes est surprise à Maïwand, près de Kandahar. Elle est exterminée par les troupes de Mohammed Ayoub Khan, cinquième fils de Sher Ali. Le gros des troupes britanniques, commandées par Roberts rejoint Ayoub Khan et lui inflige une sévère défaite le 1er septembre 1880 aux alentours de Kandahar, l'obligeant à fuir.
78
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+ Au début du XIXe siècle, Kaboul comptait à peu près 60 000 habitants, et on y voyait 80 mosquées, 14 ou 15 caravansérails, des bazars regorgeant de marchandises. Le déclin va pourtant être rapide à partir des années 1830 en raison des incessantes guerres civiles, de l'incendie du bazar en 1842, et des lourdes taxes imposées par les tribus pachtounes sur les voyageurs et sur le transport des marchandises. En 1880, le commerce était réduit à sa plus simple expression, la ville était sale, insalubre, boueuse durant les basses saisons, balayée par des vents de poussière au plus fort de l'été ; un seul pont permettait de franchir la rivière, les constructions étaient effectuées en torchis ou en briques séchées, et les charpentes étaient fragiles faute de bois en quantité suffisante. Quant aux productions artisanales, elles étaient de qualité médiocre[34].
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+ Abdur Rahman entend changer cette situation. Il se révélera comme un grand bâtisseur (voir ci-dessous « Les monuments de Kaboul »). Il fait installer des fourneaux pour la fabrication de briques cuites afin de limiter le recours au torchis et à la boue séchée pour les constructions, encourage la fabrication de ciment. Il ordonne l'édification d'une nouvelle grande mosquée, de deux palais, fait aménager des rues, des caniveaux et des jardins. Dans le même temps qu'il recrute des médecins, un vétérinaire, un dentiste, tous anglais, ainsi que des auxiliaires de santé indiens (décisions qui suscitent la réprobation des mollahs qui pratiquent souvent une médecine « traditionnelle » généralement inopérante, voire dangereuse, mais rémunératrice), il décide la construction du premier hôpital à Kaboul, qui sera inauguré en 1895. Pour consolider son pouvoir, il n'oublie par de créer une école militaire et fait preuve d'une grande sollicitude envers ses troupes, dont il modernise les équipements[35]. Il fait en outre construire, pour son usage personnel, un palais d'été entouré d'un vaste jardin sur une colline dominant Kaboul : ce sera le Bâgh-e Bâlâ (« le jardin d'en-haut ») meublé et décoré à la manière européenne[36]. C'est dans ce palais qu'il s'éteindra en 1901.
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+ On estime alors que la population de Kaboul, avec 75 000 habitants, avait largement dépassé son niveau du début du XIXe siècle[37].
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+ L'émir Habiboullah, qui succède à son père, va tenter de poursuivre son œuvre à Kaboul, notamment pour améliorer la santé publique. La ville demeure insalubre. Deux épidémies de choléra se déclarent en effet en 1903 et 1915. Des efforts sont effectués pour nettoyer les rues de la capitale, creuser des canaux de drainage des eaux stagnantes, pour moderniser l'hôpital, y attirer des praticiens étrangers compétents, vaincre les résistances populaires concernant les « nouvelles thérapies », familiariser les populations avec des règles élémentaires d'hygiène. Un aqueduc est construit pour amener dans la capitale les eaux des hauteurs de Paghman, à une dizaine de kilomètres de Kaboul[38].
86
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+ Dans le domaine éducatif, le premier lycée (pour garçons) est créé en 1904 et portera le nom du souverain : le collège Habibiya. Son fonctionnement est assuré directement par la cassette personnelle de l'émir.
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+ Dans le domaine économique, Habiboullah s'efforce également de développer l'industrie locale à Kaboul. Les ateliers gouvernementaux de Kaboul emploient 1 500 personnes pour le travail des métaux. Les différentes machines utilisées, dont un marteau-pilon à vapeur, travaillent essentiellement pour produire des fournitures militaires ; Habiboullah favorise également le développement de tanneries, de fabriques de textiles. Le manque de matières premières (bois, charbon, pétrole) handicape pourtant ces activités, qui emploieront pourtant environ 5 000 personnes à Kaboul à la fin du règne d'Amanoullah, avec des salaires de misère.
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+
91
+ Parallèlement, l'émir s'efforce de faire construire des routes pour faciliter l'accès à Kaboul. La première ligne de téléphone, reliant Kaboul à Djelâlâbâd (la résidence d'hiver de l'émir), sera inaugurée en 1908[39].
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+ Tous ces efforts sont encouragés par un esprit réformateur, Mahmoud Beg Tarzi, exilé par Abdur Rahman, qu'Habiboullah a rappelé auprès de lui. Tarzi met le journal qu'il a eu l'autorisation de créer en 1911, le Sirâdj al-Akhbâr (« la flamme éternelle » : سراج الاخبار), au service des idées nouvelles. Mais celles-ci ne sont diffusées que dans un cercle étroit dans la capitale, de la même façon que les effets de la politique moderniste prudente d'Habiboullah restent limités à Kaboul et ne concernent pratiquement pas le reste de l'Afghanistan.
94
+
95
+ Après l'assassinat de son père à Djelâlâbâd, Amanoullah, qui occupe le poste stratégique de gouverneur de Kaboul, s'empare du pouvoir au détriment de son frère Inayatoullah, héritier désigné. Gendre de Mahmoud Tarzi, il adhère totalement aux idées de son beau-père et va prendre pour modèle Kemal Atatürk.
96
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97
+ Après une campagne militaire symbolique (la Troisième guerre anglo-afghane, durant laquelle la ville subit son premier bombardement aérien de l'Histoire, effectué par un Handley Page V/1500), il obtient des anglais le renoncement aux dispositions du traité de Gandomak, par le traité de Rawalpindi, le 8 août 1919, où l'Afghanistan retrouve sa souveraineté externe.
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+ Le roi Amanoullah (qui a abandonné le titre d'émir) s'emploie alors à nouer des relations diplomatiques avec les principales puissances, et met en œuvre une ambitieuse politique réformiste dans tous les domaines.
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+ Kaboul va en profiter, essentiellement dans le domaine de la santé publique, des télécommunications, mais surtout de l'éducation. Deux nouveaux lycées vont ouvrir : le lycée Esteqlal (« Indépendance ») et le lycée Nedjat (« Libération »), où les enseignements seront donnés respectivement en français et en allemand (le lycée Amaniya assurant ses enseignements en anglais). Amanoullah s'efforce en outre de faciliter l'accès des jeunes filles à l'éducation. De nombreux aspects de sa politique réformiste, perçue comme laïcisante, sont mal reçus par la population.
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+ Son échec sera complet. Il est contraint de prendre la fuite devant un soulèvement populaire traditionaliste conduit par un Tadjik, Habiboullah Kalakani, plus connu sous le surnom de Batcha-e Saqao (« le fils du porteur d'eau »). Il s'empare de Kaboul le 13 janvier 1929 et il est proclamé émir sous le nom de Habiboullah Ghazî (« le victorieux »).
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+ Toutes les réformes d'Amanoullah sont abolies. Un régime de terreur conservatrice s'abat sur Kaboul. D'anciens collaborateurs du roi déchu sont exécutés, des écoles sont fermées, les femmes n'ont plus l'autorisation de paraître dévoilées, les fonctionnaires doivent abandonner les tenues « occidentales » pour les vêtements traditionnels. Kaboul revient à des temps qu'Amanoullah et ses conseillers — bien à tort — croyaient révolus[41].
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+ Une branche collatérale de la famille royale, les Mohammedzaï, se regroupe sous l'autorité de Mohammed Nâder Châh, jusque-là ambassadeur à Paris, et de son frère Châh Wali Khan. Ils réunissent autour d'eux des clans pachtouns, puis ils partent à la reconquête de Kaboul. Ce sera bientôt chose faite… Nâder Châh est proclamé roi le 17 octobre 1929. Batcha-e Saqao et ses proches seront exécutés le 3 novembre suivant[42].
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+
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+ Nâdir Châh ne règne pas longtemps. Il est assassiné le 8 novembre 1933. Son jeune fils, Mohammed Zâher Châh, lui succède mais la réalité du pouvoir va être exercée par ses oncles paternels, Mohammed Hachem Khan (en) (1933-1946), puis Châh MahmoudChâh Mahmoud Khan (1946-1953), et enfin par le fils de ce dernier (de surcroît le beau-frère de Mohammed Zaher Châh), Mohammed Daoud Khan, Premier ministre de 1953 à 1963.
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+ Sans doute des efforts avaient-ils été faits dans les années 1930 et 1940 pour transformer Kaboul, et placer la capitale au centre d'un réseau routier modernisé. Mais les véritables bouleversements vont intervenir avec le gouvernement de Daoud, qui y gagnera le surnom de « bâtisseur ». La date clef à cet égard est celle du 18 décembre 1955, quand l'URSS accorde à l'Afghanistan un prêt de 100 millions de dollars afin de financer les investissements souhaités par Daoud[43]. Sans atteindre le niveau du prêt soviétique, d'autres pays, dont les États-Unis, vont contribuer au développement des infrastructures et de l'économie afghane, non seulement à Kaboul et aux alentours, mais dans tout le pays à la faveur des plans quinquennaux qui vont se succéder. Ceux-ci sont largement élaborés et suivis avec l'aide des experts soviétiques ou des démocraties populaires d'Europe de l'Est.
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+ En vingt ans, l'urbanisme de Kaboul se transforme considérablement. L'alimentation en électricité est désormais assurée, des avenues et des carrossables sont ouvertes, les liaisons téléphoniques sont améliorées ; des quartiers entiers vont surgir de terre, comme celui de Nadir Châh Mina, vaste ensemble de blocs d'appartements conçus sur le modèle soviétique, ou bien celui, très résidentiel, de Wazir Akbar Khan ; les édifices administratifs flambant neufs se multiplient. Des écoles sont ouvertes pour accueillir des élèves toujours plus nombreux — y compris des filles. L'université de Kaboul se dote de facultés de plus en plus nombreuses[44].
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+ L'activité économique est soutenue, les bazars sont animés, le petit commerce est alimenté par la noria des camions aux décorations multicolores qui sillonnent le pays grâce au réseau routier entièrement rénové (avec des ouvrages d'art, comme le célèbre tunnel du Salang, creusé sur 2,7 kilomètres, à 3 600 mètres d'altitude), qui facilite enfin les communications de la capitale avec le Nord du pays.
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+ Il reste cependant beaucoup à faire pour améliorer l'assainissement, et surtout pour contrôler l'urbanisme sauvage dans certaines parties de Kaboul, où affluent sans cesse de nouvelles populations pauvres, notamment Hazaras. En s'entraidant, ils construisent des logements de fortune dépourvus du confort le plus élémentaire (pas d'électricité ni d'eau courante), tassés les uns sur les autres, où les ruelles étroites, encombrées de détritus, se transforment en fondrières à chaque pluie et lors du dégel…
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+ La vie à Kaboul continue normalement après que Mohammed Daoud a été écarté du pouvoir et qu'une nouvelle constitution a été adoptée en 1964.
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+ Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1973, un coup d'État militaire a lieu pendant que le roi prend des vacances en Italie. La République est proclamée par Mohammed Daoud, qui devient le premier président du nouveau régime.
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+ Daoud a pris le pouvoir avec le concours de nombreux officiers secrètement communistes. Il ne gouvernera que quatre ans. Le 27 avril 1978, un nouveau coup d'État a lieu, organisé par les communistes afghans qui ont largement infiltré l'armée. Daoud, sa famille et ses proches, au total une trentaine de personnes, sont massacrés dans l'enceinte de l'ancien palais royal (l'Arg). Le concours de l'aviation (ralliée aux communistes) a été déterminant pour venir à bout des troupes fidèles à Daoud. Les tragédies vont s'enchaîner. Kaboul en sortira ruinée près d'un quart de siècle plus tard.
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+ Aujourd'hui, et depuis 2001, Kaboul s'est relevée de ses ruines, mais les contrastes sont sévères, par exemple entre un urbanisme à la pointe du modernisme et une société traditionnelle. Sans oublier les talibans, omniprésents, même dans la capitale où ils ont la possibilité de conduire des attentats ou des attaques-suicides. Ainsi Kaboul est une capitale sous haute tension avec une sécurité aléatoire. La récente décision de Hamid Karzai (17 août 2010) de dissoudre les milices privées n'a pas fait l'unanimité : « Ces entreprises assurent en effet l'essentiel de la logistique de l'armée américaine : près des deux tiers des hommes œuvrant en Afghanistan pour le Pentagone sont des privés »[45].
126
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+ La ville et la province de Kaboul sont placées sous l'autorité d'un gouverneur qui dispose des pouvoirs qui lui sont délégués par son autorité de tutelle, le ministre de l'Intérieur. La ville proprement dite est administrée par un maire, nommé par le président de la République, dont les compétences concernent l'urbanisme, la voirie, l'assainissement et, d'une façon générale, l'environnement. Les forces de police et de sécurité sont placées sous l'autorité directe du ministre de l'Intérieur.
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+ Kaboul est divisée en 21 quartiers.
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+ La desserte aérienne est assurée par l'aéroport international de Kaboul, situé à 25 km au Nord-Est de la ville, principalement par la compagnie aérienne afghane, Ariana Afghan Airlines et quelques opérateurs privés.
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+ Il n'y a pas de transport ferroviaire, mais différents services de bus, permettent les transports longue distance.
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+ À l'exception d'une partie de la forteresse de Bâlâ Hissâr, du tombeau de Bâbour, de deux mausolées et d'une mosquée, les monuments de Kaboul sont presque tous postérieurs à 1880. Tous ont eu à souffrir des rigueurs du climat, mais surtout des guerres civiles qui ont eu lieu depuis 1978, ce qui a nécessité, lorsque cela était possible, d'importants travaux de restauration[46].
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+ Le musée national afghan a réussi — difficilement — à renaître de ses cendres. Les combats, les pillages, et aussi la fureur iconoclaste des talibans l'ont ravagé. Des pièces uniques ont disparu ou ont été endommagées, des statues ont été martelées par les talibans[49]…
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+ Un effort exceptionnel a permis de reconstruire le musée, de restaurer certaines pièces endommagées, et d'exposer des collections ou des objets mis à l'abri, qui avaient échappé aux vandales et aux iconoclastes.
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+ L’AK-47 (en russe : Автомат Калашникова, « Avtomat Kalachnikova » modèle 1947)[note 1] est un fusil d'assaut conçu par l'ingénieur soviétique Mikhaïl Kalachnikov.
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+ L'AK-47 est le premier modèle d'une vaste famille de fusils d'assaut, dont le modèle le plus répandu est l'AKM.
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+ Son coût très faible, sa robustesse, sa fiabilité et sa grande facilité d'entretien le rendent extrêmement populaire, en particulier auprès des guérillas et des pays ayant peu de moyens financiers pour équiper leur infanterie. C'est également une arme produite dans de nombreux pays dotés d'une industrie d'armement, particulièrement dans les anciens pays de la zone d'influence de l'Union soviétique et du bloc de l'Est.
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+ De toutes les armes à feu existant dans le monde à l'époque de sa création, l'AK-47 est l'une des plus fiables. En effet, une arme de ce type s'enraye rarement et résiste à tous les environnements : dans l'eau, dans le sable, en atmosphère humide, etc. C'est la raison pour laquelle les guérilleros et autres membres de groupes armés révolutionnaires en sont munis lors de leurs missions (désert, forêt et autres endroits hostiles). Cependant, elle n'est pas à l'abri d'une usure relative à son utilisation, et nécessite tout de même un entretien, comme toutes les armes à feu.
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+ Entre 70 et 110 millions d'exemplaires ont été fabriqués et la production des plus récents modèles continue au XXIe siècle, ce qui fait de l'AK la série de fusils la plus répandue dans le monde.
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+ Au début de 2012, les autorités russes ont annoncé une nouvelle version du fusil, l'AK-12.
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+ La naissance de cette arme est tout d'abord liée à celle de sa munition, une cartouche de calibre 7,62 mm longue de 39 mm, dite 7,62 × 39, qui s'inspire de la Mauser 7,92 mm dite Kurz (courte) dont un exemplaire, soustrait aux troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, servit de modèle. L'AK-47 est en effet inspiré d'un fusil d'assaut allemand répandu à la fin de la Seconde Guerre mondiale, développé en 1942 et mis en service en 1943 sous le nom de STG-44 ou Sturmgewehr 44.
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+
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+ La plupart des armées utilisaient des fusils au mieux semi-automatiques, comme le M1 Garand, mais plus généralement à répétition manuelle (fusils dits « à verrou »). Ces armes chambraient des cartouches longues, comme la 7,92 mm Mauser, puissantes et efficaces à longue portée. Mais la faible cadence de tir, l'encombrement et le fort recul constituaient autant d'inconvénients, et les pistolets-mitrailleurs, comme le MP40 allemand, étaient donc souvent préférés en combat rapproché quoique leur munition d'arme de poing rendît le tir peu efficace à plus de cent mètres. L'emploi combiné du fusil et du pistolet-mitrailleur contraignait par ailleurs à pourvoir l'infanterie en deux types de munitions d'armes d'épaule.
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+ Les militaires allemands eurent alors l'intuition que la munition du fusil de guerre, conçue pour tirer efficacement à près de huit cents mètres, était trop puissante pour les distances réelles d'engagement, généralement inférieures à quatre cents mètres. Ils créèrent donc une nouvelle cartouche, en diminuant la charge propulsive, et donc la longueur de l'étui, de moitié, ainsi qu'une arme révolutionnaire pour l'utiliser, nommée Sturmgewehr 44. L'Armée rouge disposa vite de quelques exemplaires et apprécia cette approche au point de faire développer, par Elisarov et Semine, l'équivalent à partir de sa 7,62 × 54 Nagant. La cartouche 7,62×39 qui en résulta fut adoptée en 1943 et les fabricants d'armes soviétiques conçurent les armes correspondantes.
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+ Mikhaïl Kalachnikov, sergent dans une division blindée, commence à dessiner des armes alors qu'il est à l'hôpital, en convalescence après avoir été blessé au cours de la bataille de Briansk. Son premier modèle, créé en 1942, est écarté au profit du PPS-43 d'Alekseï Soudaïev. Sa carabine semi-automatique de 1945 échoue face à celle de Simonov, la SKS, qui entre en service en 1946. Il conçoit alors, entre 1945 et 1949, plusieurs modèles expérimentaux de fusils d'assaut jugés intéressants par les autorités soviétiques, puis quitte l'armée pour être embauché à l'usine d'armement Izhmash, d'Ijevsk. Après avoir examiné un Sturmgewehr 44 en 1946, avec l'aide de la propagande communiste, Mikhaïl Kalachnikov n'aura aucune difficulté à démontrer l'originalité de son arme au plan des principes techniques mis en œuvre et de démontrer ainsi qu'elle ne doit rien à celles développées par les Allemands, en dépit d'une certaine similitude dans l'organisation générale. Le génie de la Kalachnikov, jamais égalée depuis, est sa grande simplicité. Il n'y a en effet rien de plus difficile que de faire un engin efficace, innovant et simple d'utilisation et d'entretien.
22
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23
+ En revanche, il semblerait qu'il se soit inspiré de la carabine Simonov, elle-même peut-être inspirée de la carabine USM1 et du fusil M1 Garand lors de la conception de la culasse rotative et du système de détente[réf. nécessaire]. Mais tout progrès est bâti sur les avancées antérieures, et il n'est donc pas étonnant que Kalachnikov ait emprunté des caractéristiques particulières à du matériel antérieur ou contemporain.
24
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25
+ En 1949, l'armée soviétique adopte, sous la désignation d'« AK-47 », une de ses études de 1947 en tant que fusil réglementaire dans l'infanterie motorisée. Une version à crosse pliante, destinée aux parachutistes et aux équipages de blindés, est aussi mise en service sous le nom d'« AKS ». L'arme, bien que satisfaisante, est constamment modernisée, surtout dans le but de simplifier sa production, encore relativement compliquée. Après plusieurs modèles expérimentaux en 1950 et en 1951, une nouvelle version est adoptée par l'Armée soviétique en 1953. Sa désignation reste « AK-47 », mais elle est souvent qualifiée « version légère » car ne pèse plus que 3,8 kilogrammes chargée (au lieu de 4,3), grâce à l'emploi d'un fût usiné intégrant le verrou de culasse. Le premier modèle de poignée-pistolet, constitué d'une armature métallique soudée et habillée de demi-flasques en bois, est remplacé par un unique morceau de bois vissé. Les chargeurs, auparavant lisses, sont allégés et voient leurs flancs rigidifiés par l'adjonction de bandes métalliques de renfort ; de plus, une baïonnette apparaît. Cette version sera la plus produite des AK-47.
26
+
27
+ L'AK-47 rencontre un succès important mais, même dans sa version de 1953, de nombreux défauts subsistent et la construction usinée de certains de ses éléments l'allège mais en même temps en augmente le temps de fabrication. Kalachnikov et son équipe continuent donc à tenter de l'améliorer, et plusieurs modèles expérimentaux naîtront. Outre la simplification de la construction, les aménagements visent à réduire encore sa masse et à améliorer sa précision en tir automatique.
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+
29
+ En 1955, la construction de la carcasse par estampage et rivetage réapparaît, mais le bois massif des premières séries est remplacé par du contreplaqué de bouleau, léger et peu coûteux. Le mécanisme de détente est pourvu d'une sécurité pour interdire la percussion prématurée (avant verrouillage) d'une cartouche. Par ailleurs, le cylindre de récupération des gaz est aussi amélioré et la hausse, auparavant graduée jusqu'à 800 mètres, est portée jusqu'à 1 000. Les résultats sont importants, la masse de l'arme chutant de 4,3 kg à 3,14 kg, le coût et le temps de construction sont aussi considérablement réduits. Une nouvelle baïonnette est conçue pour être articulée sur son fourreau rigide, formant ainsi une pince destinée à couper les fils de fer barbelés. Le nouveau fusil est adopté par l'Armée rouge en 1959, sous le nom d’AKM, puis mis en service en 1961. La version avec crosse pliante en métal embouti, destinée aux équipages de blindés, aux parachutistes et aux fantassins des BMP, nommée AKMS, réduit la longueur de l'arme de 868 à 699 millimètres.
30
+
31
+ L'arrivée de l'AKM marque la naissance d'une nouvelle arme de la famille. Appelée Kalachnikov RPK (Pучной Пулемет Калашникова), il s'agit d'une version lourde de l'AKM, destiné à remplacer le RPD pour fournir des tirs d'appui à l'échelon du groupe de combat. L'arme est pourvue d'un bipied repliable, d'un canon plus long (591 mm contre 415) et plus épais, ce qui lui permet de tirer légèrement plus loin et plus longtemps. La carcasse est aussi renforcée et la crosse est celle du RPD. Sa hausse est pourvue d'un système de déport latéral et deux types de chargeurs peuvent être utilisés à la place de ceux de l'AKM, l'un du même type que le standard mais plus long contenant 40 cartouches, l'autre un tambour d'une capacité de 75 cartouches. Toutefois, aucun mode de changement rapide du canon n'est prévu et la cadence pratique reste donc limitée du fait de son échauffement. Comme pour la version normale, un modèle à crosse pliante RPKS est prévu.
32
+
33
+ La mitrailleuse polyvalente PKM ainsi que le fusil de précision SVD, nés au début des années 1960, emploient le mécanisme de l'AKM mais sont par ailleurs différentes et tirent la cartouche longue de 7,62 × 54 mm R.
34
+
35
+ En 1963, avec une nouvelle refonte, l'AKM est équipé d'un compensateur de recul, un embout biseauté qui contre en partie la tendance de l'arme à remonter lors du tir. La baïonnette est aussi modernisée, sa forme est retravaillée et son fourreau est dorénavant en matière plastique. Cette dernière remplacera définitivement le bois dans la construction de l'arme en 1974 et sera le matériau de certains chargeurs. Les AKM peuvent être dotés de nombreux accessoires, par exemple le silencieux PBS et la lunette de tir de nuit NSPU. L'AKMS emploie un chargeur semi-circulaire de cent coups qui s'attache sur la fixation de baïonnette. Un lance-grenades adaptable sous le canon est aussi développé pour l'AKM, le GP-25, lançant des grenades de 40 mm.
36
+
37
+ L'apparition du fusil M16 avec sa munition rapide de 5,56 × 45 fait prendre conscience aux Soviétiques que, si la 7,62 × 39 est une munition efficace et éprouvée, la trajectoire de sa balle, assez lourde et moins rapide, n'est pas rectiligne sur la plus grande part de sa portée pratique car elle chute dès 200 mètres, ce qui réduit sa précision. Elle est également plus grosse et plus lourde, ce qui est un handicap logistique et stratégique, celle-ci demandant plus de ressources de production et de transport, et tactiquement, en limitant le nombre de munitions qu'un soldat peut emporter. Des études vont mener à la création d'une nouvelle cartouche, la 5,45 × 39, légèrement moins puissante mais à la vitesse équivalente à celle de la 5,56 x 45 OTAN. L'AKM y sera adapté, donnant naissance à l’AK-74 et à son dérivé à crosse pliante l’AKS-74.
38
+
39
+ Bien que descendant directement de l'AKM, l'AK-74 présente de nombreuses différences, la plus apparente est la généralisation du plastique pour la fabrication du chargeur, que le profil de la munition rend moins courbe. Autres changements extérieurs d'importance, l'apparition d'un gros compensateur de recul au bout du canon et de deux excroissances entourant la hausse. Intérieurement, outre un nouveau canon, la taille de la culasse a été réduite et une extension rectangulaire, placée à l'arrière du chariot transporteur (entraînant la culasse), isole la cartouche placée en haut du chargeur de la culasse en train de reculer. La fabrication de l'AK-74 voit progressivement s'imposer les matières plastiques ou la bakélite à la place du bois, mais il semble que sur les premiers modèles, seule la poignée-pistolet était en matière plastique et par la suite les autres parties, à savoir la crosse et le garde-main, finirent par être réalisés dans divers matériaux synthétiques, comme la fibre de verre renforcée de polyamide. L'AKS-74 diffère énormément de son prédécesseur l'AKMS car, outre les changements précédents, la traditionnelle crosse pliante en métal, qu'on basculait autour du corps, a cédé la place à un modèle évidé (ou « squelette » selon les fabrications) qu'on rabat sur le flanc droit ou gauche de l'arme selon les fabrications).
40
+
41
+ Comme pour l'AKM, une version lourde est aussi produite, le RPK-74, avec son avatar à crosse pliante le RPKS-74, au canon lourd long de 590 mm et à la hausse réglable en dérive et doté d'un compensateur de recul différent. L'arme est approvisionnée par un nouveau chargeur en plastique similaire à celui de l'AK-74 mais contenant 45 cartouches.
42
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43
+ En 1979 apparaît l’AKS-74U ou AKSU, une version beaucoup plus courte, surtout destinée aux forces spéciales et aux équipages de blindés, extrêmement compacte car longue de 490 mm crosse repliée. L'AKS-74U est l'un des plus petits fusils d'assaut. Le canon est beaucoup plus court avec 210 mm et l'évent de prise de gaz a été rapproché de la chambre, ouvrant la culasse plus tôt et donc augmentant la cadence de tir. Ce canon ne permet toutefois pas un tir soutenu, réduit la précision et implique une flamme et une détonation à la bouche importantes, ce qui rend l'arme particulièrement inconfortable à tirer et plus facile à repérer pour l'ennemi.
44
+
45
+ Au moment de l'effondrement de l'Union soviétique, l'Armée rouge envisageait de remplacer la famille des fusils Kalachnikov par une arme nouvelle, le Nikonov AN-94. Mais il semble que son coût et sa complexité le contraignirent à le réserver aux unités d'élite. Une nouvelle version de l'AK-74, l’AK-74M, est adoptée en 1991 et devient le fusil standard de l'armée russe. Ce dérivé est peu différent des premiers AK-74, mais sa crosse plastique est repliable sur le côté gauche, où se trouve un rail de montage de lunette de visée. Sa finition est noire, tant au niveau des plastiques que du métal, traité par phosphatation.
46
+
47
+ Pour l'exportation, la firme Ijmach, issue de l'ancienne usine d'État no 100 d'Ijevsk, crée à partir de l'AK-74M une gamme de modèles utilisant les munitions les plus communes du marché, disponibles avec deux longueurs de canons (415 et 314 mm). On trouve ainsi les AK-101 et 102 en calibre 5,56 × 45 OTAN, les AK-103 et 104 en 7,62 × 39 et les AK-74M et AK-105 en 5,45 × 39. Deux nouvelles armes complètent l'ensemble adopté il y a plus de cinquante ans, l'AK-107 et l'AK-108, respectivement en 5,45 et 5,56 mm, qui disposent d'un deuxième piston déplaçant une masselotte, destinée à compenser le déplacement de masse vers l'arrière qui, malgré les compensateurs, a toujours causé une élévation du canon durant le tir, jugée trop accusée mais qui augmente la cadence de tir du 107 à 850 coups par minute et du 108 à 950 coups par minute.
48
+
49
+ Début 2012, Moscou annonce la modernisation de l'arme, quelques jours avant l'élection présidentielle russe. La nouvelle arme s'appelle l'AK-12[1], et doit comporter un système de fixation d'accessoires modulaires avancés (lampe amovible, optique de visée laser, enlumineur) et un lance-grenades. La crosse télescopique sera désormais réglable. Le cran de mire sera déplacé de l'avant du canon vers l'arrière. Pour améliorer la précision, l'arme sera dotée d'un nouveau frein de bouche et d'un nouveau canon a rayures. Un procédé, encore expérimental, d'auto-lubrification à base de matériaux nano-composites pourra lui être adjoint en substitution de la graisse animale porcine jusque-là utilisée pour le conditionnement et l'entretien.
50
+
51
+ Le premier pays à produire l'AK-47 en dehors de l'Union soviétique est la Chine populaire, qui acquiert la licence de fabrication en 1956, en même temps que celle de la carabine SKS. L'arme, désignée comme le Fusil Type 56, est déclinée en deux versions, une à crosse fixe en bois et l'autre avec une crosse métallique se repliant sous l'arme comme sur l'AKS (Type 56/1). La principale différence avec le modèle d'AK-47 soviétique modifié 1953 est la présence d'une baïonnette fixe repliable sous l'arme. Le mélange de caractéristiques du fusil type 56 avec celles de la copie de la SKS donna naissance aux Fusils Type 63/68, qui sont à l'origine des fusils actuels de l'armée chinoise. L'AKM modèle 1959 devint le Type 56/2 qui se vit également doté d'une crosse « spécifique », repliable latéralement et non plus sous l'arme. Une version bullpup du type 56 fut produite au début des années 1980, sous le nom de Type 86.
52
+
53
+ À la même époque, la Finlande, ayant de bonnes relations avec l'Union soviétique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, décide elle aussi de prendre une licence de production de l'AK-47. La société Valmet en dérive un modèle local, le RK 62.
54
+
55
+ Dans les années 1970 apparaît une nouvelle versions du fusil, le Valmet Rk.76, dont la carcasse est maintenant fabriquée par estampage, réduisant considérablement sa masse, tandis que le garde-main est de nouveau modifié et enveloppe de nouveau le cylindre de gaz. Pas moins de quatre modèles de crosse sont prévus, « W » pour une crosse en bois fixe, « P » pour une en plastique fixe, « T » pour une crosse tubulaire fixe et « TP » pour la tubulaire pliante. Les armes sont toujours produites en deux calibres 7,62 × 39 et 5,56 × 45. Les plus récentes évolutions sont le Sako Rk.95TP (la firme Sako ayant absorbé Valmet) qui adopte la crosse pliante squelette issue du Galil israélien et le bullpup Valmet 82. Les armes produites par Valmet sont généralement considérées comme les meilleurs modèles dérivés de l'AK-47, car bénéficiant d'un usinage et d'une finition supérieures à celles de leurs concurrentes.
56
+
57
+ Après la guerre des Six Jours l'armée israélienne confia à Yisrael Galili le soin de gérer la conception d'une arme devant remplacer ses FAL et Uzi. Ainsi naquit l'IMI Galil, un dérivé du Valmet Rk.62 réalisé avec l'appui des Finlandais, qui gagna la compétition en 1973. Les principales améliorations sont l'ajout d'une sécurité supplémentaire sur la poignée pistolet, une crosse squelette inspiré de celle du FN FAL et un embout cache-flamme sur le canon permettant également de lancer des grenades. Le Galil est décliné en plusieurs versions, AR et ARM, avec un bipied amovible qui sert aussi de coupe fil et de décapsuleur, ainsi qu'une poignée de transport. Les deux versions sont disponibles en 7,62 OTAN et 5,56 OTAN. Les Galil SAR et MAR sont des versions courtes en 5,56 avec des canons de 332 et 195 mm.
58
+
59
+ Un autre dérivé de l'ARM en 7,62 est le fusil de précision Galatz ne tirant qu'en mode semi-automatique. Même si le Galil est une arme très réussie, la fourniture par les États-Unis de nombreux fusils M-16 et CAR-15 à très bas prix, a en pratique limité son statut de fusil standard de l'armée israélienne. Il a toutefois rencontré le succès à l'export, donnant lieu à des productions sous licence en Afrique du Sud sous les noms de Vektor R4 (Galil AR), Vektor R-5 (Galil SAR) et Vektor R-6 (Galil MAR), ainsi qu'en Croatie où une version pourvue d'une lunette de visée grossissant 1,5x et d'une poignée de transport est commercialisée sous le nom de APS- 95 par Agencija Alan. Vektor propose aussi une arme futuriste dérivée de son R-4, le CR-21, de configuration bullpup et entièrement habillé de polymères, avec une lunette de visée rétro éclairée.
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+
61
+ Le Vepr ukrainien est une autre version bullpup récente dérivée de l'AK-74, mais elle ne semble pas avoir encore été fournie à l'armée ukrainienne et semble peu pratique, car elle conserve le sélecteur de tir des AK qui se trouve derrière la poignée-pistolet.
62
+
63
+ L'Inde produit sa propre version de l'AK-74 depuis 1988, sous la désignation de INSAS, chambrée en 5,56 OTAN et avec un sélecteur de tir placé sur la gauche pour être manœuvré par le pouce droit. Cette arme, dont il existe une version fusil mitrailleur, emprunte également plusieurs éléments au FAL.
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+
65
+ Les pays membres du Pacte de Varsovie et anciennement alliés à l'URSS produisirent de nombreux AK plus ou moins modifiés : * la Bulgarie a produit des copies d'AK-47 du modèle 1953 et des AKM, réputés pour leur solidité : les AKK, AKKS, et AKKM.
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+
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+ Ainsi, le Kalachnikov (et ses clones) ont connu de nombreux conflits armés depuis la Guerre du Viêt Nam jusqu'à la Guerre contre le terrorisme (armant à la fois les alliés et les ennemis des États-Unis) en passant par la Guerre du Liban et le Conflit israélo-arabe.
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+
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+ L'URSS a émis une pièce de monnaie sur laquelle figure un AK-47.[réf. souhaitée]
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+ L'arme est également présente sur le drapeau du Mozambique et celui du Hezbollah. Elle apparait aussi sur le drapeau rouge du groupe turc TiKB en combinaison avec une faucille et un marteau.
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+ L'AK-47 est largement connue et représentée dans la culture générale (du cinéma aux jeux vidéo en passant par la sculpture et la philatélie).
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+
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+ Début 2019, une statue représentant un AK-47 est érigée dans la commune d’El Mezeraa (ouest de la wilaya de Tébessa, en Algérie)[21].
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79
+ Drapeau du Mozambique.
80
+
81
+ Drapeau de la Nouvelle Armée populaire (Philippines) avec des AKS-47[réf. nécessaire].
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
84
+
85
+ La cadence de tir automatique de l'AK-47 est de 600 coups par minute.
86
+
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+ Certains AK-47 sont plus précis que d'autres. Les plus anciens modèles, les modèles bulgares, yougoslaves et les plus récents modèles soviétiques ont une précision de 2 minutes d'arc, ce qui est un standard minimum pour toute arme moderne. Les autres modèles ont une précision d'environ 6 minutes d'arc seulement.
88
+
89
+ Tout d'abord produit par l'usine d'armement soviétique IZH, l'AK-47 devint populaire pendant la Guerre froide. Il est plus léger et compact que les fusils utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale, sa portée est plus réduite et il peut tirer par rafales. Il fut le premier fusil d'assaut massivement produit.[réf. nécessaire]
90
+
91
+ Peu coûteux à fabriquer, plutôt léger et très simple à entretenir, même sur le champ de bataille, robuste et fiable. Il peut encore tirer après avoir été plongé dans l'eau ou le sable.
92
+
93
+ Toutes les armes de la famille Kalachnikov fonctionnent par un emprunt de gaz assuré par un évent situé environ aux deux tiers du canon :
94
+
95
+ La traditionnelle hausse rabattable en métal est libérée en appuyant sur deux boutons à l'arrière du fusil. Elle est calée sur 50 mètres, distance minimale pour tirer tout en visant car en deçà la visée est instinctive. Pour les combats de nuit, certains modèles russes ont un système rabattable de visée laser, également calé sur 50 mètres. Ce type de visée est le point le plus critiqué de l'AK-47, car il est moins pratique et moins précis que la plupart des autres systèmes, comme les lunettes de visée, mais sur les fusils d'assaut une grande précision n'est en pratique pas une qualité fondamentale.
96
+
97
+ Une bretelle est fournie pour les tirs de précision. Enroulée autour de l'avant-bras gauche, elle permet de maintenir le fusil plaqué et de gagner ainsi en stabilité.
98
+
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+ Le chargeur se libère manuellement, il est situé à l'avant du pontet (qui entoure et protège la queue de détente) qui est très large, permettant le port de gants.
100
+
101
+ La crosse de certains modèles destinés aux parachutistes et aux troupes mécanisées ou blindées est évidée afin d'accrocher facilement l'arme.
102
+
103
+ Bien que largement utilisée, la dénomination « AK-47, » répandue au départ par les médias américains est en conflit avec la terminologie soviétique. L'Armée rouge adopta la kalachnikov en 1949 sous le nom de « AK » ou « Avtomat Kalachnikova » sans aucun chiffre et ce n'est qu'avec l'adoption de l'AK-74 que l'URSS ajoute une année au nom. La désignation AK-47 est cependant passée dans le langage courant, à un point tel que très peu de monde dit « AK » sans le 47[22].
104
+
105
+ Les désignations de type « AK-46 », « AK-47 » ou « AK-48 » désignent en principe uniquement des prototypes, bien différents de l'arme finalement adoptée.
106
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+ La kalachnikov était également connue dans la documentation soviétique sous la désignation codée « 56-A-212 » (AK) et « 212M » (AKS).
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+ Kampala est la capitale et la plus grande ville de l'Ouganda.
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+ Avant l'arrivée des britanniques, le roi du Bouganda, le Kabaka, avait choisi la région qui deviendrait Kampala comme son terrain de chasse favori. La zone était composée de nombreuses collines et de marécages. Ce terrain abritait de nombreuses variétés d'antilopes, dont l'impala.
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+
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+ À leur arrivée, les Britanniques renommèrent la région en collines d'Impala. La dérivation en langage bougandais donna Kasozi Ka Mpala (Kasozi ka signifiant colline de), Ka Mpala ressemblant à un seul mot à l'oreille. Quand le roi allait chasser, les Bougandais (ou Bagandas) disaient Kabaka a'genze e Ka'mpala (Le Kabaka est parti à Ka'mpala). Le nom de Kampala était apparu. La zone consistait en plusieurs collines : celle de Kampala avait été choisie pour la garnison britannique, celle de Mengo accueillait la cour du roi et de ses dignitaires, avec les cases de la reine-mère (Namasolé) et celles de la reine-sœur (Loubouga)[2], enfin celle de Rubaga accueillait la mission catholique et celle de Namirembé était investie par la mission protestante[3].
8
+
9
+ Kampala a donc grandi comme la capitale du royaume bougandais, dont beaucoup de bâtiments survivent encore, tels que les tombes Kasubi (construites en 1881), le parlement bougandais, la cour de justice bougandaise et l'emplacement du couronnement de Naggalabi Buddo.
10
+
11
+ En 1890, le capitaine Frederick Lugard, administrateur britannique, organisa un forum le long de la colline de Mengo dans la ville, permettant aux Britanniques d'occuper une grande partie du territoire contrôlé par les Baganda, y compris Kampala[4].
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+
13
+ En 1894, la ville compte environ vingt-mille habitants[3].
14
+
15
+ En 1905, le gouvernement britannique a officiellement déclaré le territoire entier colonie britannique[5].
16
+
17
+ En 1962, Kampala prend la place d'Entebbé en qualité de capitale du pays. La plus grande partie de la ville est détruite après la guerre contre la Tanzanie en 1978, puis par le renversement de la dictature d'Idi Amin Dada en 1979 et la guerre civile qui s'ensuit. La ville est alors reconstruite sur des bases plus saines.
18
+
19
+ La ville de Kampala est célèbre pour être la ville connaissant le plus grand nombre d'orages par an (242 en moyenne)[6].
20
+
21
+ Kampala est située quasiment au centre du territoire ougandais, non loin du lac Victoria.
22
+
23
+ La ville est divisée en cinq quartiers :
24
+
25
+ À l'instar de nombreuses villes, Kampala prétend avoir été bâtie sur sept collines, bien que ceci ne soit pas tout à fait exact. Voici la liste des sept collines historiques :
26
+
27
+ La physionomie de la ville est profondément marquée par le territoire qui l'entoure : collines au nord, marais de papyrus et lac Victoria au sud.
28
+
29
+ Le territoire administratif de la ville de Kampala compte aussi de grandes étendues agricoles qui représentent de petites exploitations d'autosubsistance pour ses habitants. L'augmentation du prix des terrains à cause de l'agrandissement de la ville entraîne une forte spéculation foncière sur ces terrains, malgré les efforts de la municipalité pour offrir des logements à des prix abordables pour ses habitants.
30
+
31
+ Kampala abrite 5 % de la population ougandaise. De 1991 à 2002 la ville a connu un taux d'accroissement annuel moyen de 3,9 %.
32
+
33
+ 39 % de la population de Kampala vit sous le seuil de pauvreté absolue et 43 % de sa population est sans emploi.
34
+
35
+ 9,2 % de la population de la ville est contaminée par le virus du sida. Ce taux atteint 47 % chez les prostituées.[réf. nécessaire]
36
+
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+ L’Université Makerere a été fondée en 1922.
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+
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+ Parmi les lieux de culte, il y a principalement des églises et des temples chrétiens : Archidiocèse de Kampala (Église catholique), Church of Uganda (Communion anglicane), Presbyterian Church in Uganda (Communion mondiale d'Églises réformées), Baptist Union of Uganda (Alliance baptiste mondiale), Assemblées de Dieu[7]. Il y a aussi des mosquées musulmanes.
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+
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+ La ville possède plusieurs clubs de sports :
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+ Taxons concernés
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+ Le kangourou est un marsupial de la famille des macropodidés typique du continent australien.
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+
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+ Au sens strict, le nom kangourou désigne l'un des membres des quatre plus grandes espèces de macropodidés (« grands pieds ») vivantes : le kangourou roux, le kangourou géant, le kangourou gris et le kangourou antilope.
8
+
9
+ Au sens large, on y rassemble les 63 plus grandes espèces vivantes de la famille des macropodidés. En plus des espèces précédentes, on y ajoute les wallaroos, les wallabys, les kangourous arboricoles, les pademelons et le quokka.
10
+
11
+ On les trouve, à l'état sauvage, exclusivement en Australie (sur le continent et en Tasmanie), ainsi qu'en Nouvelle-Guinée pour les kangourous arboricoles[réf. nécessaire][note 1]. On estime les kangourous d'Australie à cinquante millions. Les kangourous sont nocturnes. La queue du kangourou lui sert de trépied au repos, et de balancier quand il saute : cette locomotion est appelée « crawl-walking » en anglais, littéralement « la marche rampante ».
12
+
13
+ Le mot kangourou provient du guugu yimidhirr gangurru, terme qui se réfère à une espèce de grand kangourou noir ou gris[1],[2],[3].
14
+
15
+ Il existe quatre sous-espèces de kangourous :
16
+
17
+ La Kangourou roux dont le mâle, au pelage roux, peut mesurer 1,8 m et peser 85 kg (la femelle, 1,1 m et 35 kg) et avoir une queue longue de 1 m, est souvent considéré, à tort, comme le kangourou le plus répandu. La plus large population est en réalité celle des kangourous géants.
18
+
19
+ Ils sont caractérisés par de grands membres postérieurs (d'où le nom de la famille), par leur très bonne adaptation, par leurs grands sauts et par une poche abdominale (ou poche marsupiale) qui abrite le petit du kangourou. La queue est grande et puissante, elle sert de balancier pendant les sauts et l'animal s'y appuie (comme un « siège ») au repos.
20
+
21
+ Comme leur population a fortement augmenté depuis l'arrivée des Européens[Comment ?], la chasse industrielle est bien organisée[En quoi ?]. La viande est maigre et assez goûteuse. Le cheptel est évalué à 50 millions d'individus[4].
22
+
23
+ Animal emblématique de l'Australie, le grand kangourou y est plus populaire dans les campagnes que dans les villes. En effet, extraordinairement adapté aux conditions de vie extrêmes , capable de supporter en période de sécheresse des températures de plus de 40 °C, ce marsupial prolifère dans tout le pays.
24
+
25
+ Un mâle féconde en moyenne vingt femelles et les prétendants à ce rôle de géniteur sont légions. C'est pourquoi ils se battent avant l'accouplement. Les kangourous mâles se battent en appui sur leur queue, en se donnant des coups de pattes antérieures et postérieures. Le gagnant du combat s'accouplera avec la femelle.
26
+
27
+ Maturation sexuelle : Les données de reproduction sont variables selon les espèces. Dans le cas du kangourou roux, les mâles arrivent à maturité sexuelle au bout de 24 mois contre 14 à 22 mois pour les femelles. Durant les grandes sécheresses, les femelles deviennent automatiquement stériles.
28
+
29
+ Saison des amours : Les accouplements ont lieu toute l'année.
30
+
31
+ Gestation : La gestation varie selon les espèces entre 30 et 38 jours[5]. Naît ensuite le bébé, qui mesure au début dans les 2-3 cm et pèse 1 g. En effet le petit naît dans une poche remplie de liquide amniotique. Une fois celle-ci déchirée le petit s'agrippe au pelage de sa mère pour grimper aussi vite que possible dans la poche incubatrice. Il se développe alors à l'abri dans la poche marsupiale (marsupium) de la femelle. Il reste entre 235 à 250 jours dans la poche de sa mère.
32
+
33
+ Portée : Un deuxième bébé s'installe déjà dans la poche alors que le premier n'est pas encore sorti. Ceci permet de remédier à la mortalité infantile élevée du fait des conditions de vie extrêmes.
34
+
35
+ Les femelles ne donnent généralement naissance qu'à un seul petit ; lorsqu'elles sont jeunes, elles donnent naissance à des femelles et donneront naissance à des mâles en vieillissant. On ne connaît pas la raison de ce phénomène.
36
+
37
+ Comme tous les marsupiaux, les kangourous mettent au monde des nouveau-nés à l'état d’embryon de 4 semaines, à un stade de développement équivalant à celui d'un embryon humain de 8 semaines. À ce stade il ne mesure pas plus de 2 cm pour un poids de 1 gramme. Pour rejoindre la poche marsupiale (marsupium), il rampe sur la fourrure de sa mère. Pour l'aider, sa mère lui trace un chemin avec sa salive. Cette poche maternelle est située sur le ventre à une distance de 30 cm au-dessus du vagin et est ouverte vers le haut. Elle contient quatre tétines qui produisent un lait dont la composition varie au fur et à mesure de son développement, riche en sucres au début, il devient plus riche en protéines ensuite pour favoriser le développement du cerveau et des membres puis en graisse pour favoriser son activité.
38
+
39
+ La femelle peut avoir jusqu'à 3 bébés : un bébé assez grand pour sortir de la poche, un autre qui vit dans la poche, et un embryon dont le développement est mis en pause[6].
40
+
41
+ À ce stade les poumons n'étant pas encore développés, le corps rouge vif, dont seul les membres antérieurs sont développés, est recouvert de nombreux vaisseaux afin de capter l’oxygène dont il a besoin.
42
+
43
+ Une fois dans la poche, le bébé nu s'accroche à une tétine et ne quitte plus son abri jusqu'à ce qu'il soit capable de se nourrir seul. Il sort la tête pour la première fois de la poche vers 5 à 6 mois. Lorsqu'il sort pour la première fois, il pèse environ 3,5 kg. Il quitte la poche définitivement 3 mois après. Les kangourous tètent leur mère jusqu'à l'âge d'environ un an. Ils sont adultes à dix-huit mois.
44
+
45
+ La femelle garde un embryon en réserve dans son utérus dans un état d'attente provoqué par la lactation du petit dans la poche, dont la perte accidentelle provoque la reprise du développement de cet autre embryon[7].
46
+
47
+ La plupart des kangourous sont herbivores, mais certains d'entre eux sont aussi insectivores.
48
+
49
+ Ils sont actifs surtout au crépuscule et la nuit. Leurs prédateurs sont les dingos et les chiens, depuis que leur principal prédateur, le tigre de Tasmanie, a disparu. Lorsque la nourriture manque, des aigles se groupent pour les chasser ainsi que des reptiles pour les plus petites espèces. Pour combattre les chiens, une de leurs tactiques favorites est d'aller dans l'eau et de noyer l'assaillant ; ils peuvent aussi utiliser leurs pieds pour des combats à la savate.
50
+
51
+ Ils n'ont pas de cri particulier, bien qu'ils puissent grogner ou émettre un son ressemblant à une toux. Dans certains cas, ils peuvent souffler, un peu à la manière des chats. Les femelles peuvent appeler leur progéniture en émettant des claquements de langue. Cependant, le son le plus courant que les kangourous produisent est celui de leur pattes frappant fortement le sol pour prévenir leurs congénères d'un danger.
52
+
53
+ Les kangourous se déplacent par bonds, leur vitesse de course est variable, en général elle est de l'ordre de 20 à 30 km/h en croisière et ils peuvent alors parcourir de longues distances en faisant de petits bonds. Ils peuvent aussi réaliser des bonds spectaculaires[6], jusqu'à 3,5 mètres de haut[8] et 13 mètres de long[9]. Lors d'un danger, en terrain découvert devant un prédateur par exemple, ils peuvent prendre la fuite à des vitesses supérieures, de l'ordre de 50 à 60 km/h en moyenne[10],[11] et 80 km/h en vitesse maximale[12]. Les adultes n'ont pas vraiment de prédateurs grâce à leur force au combat, leur grande rapidité et leur agilité à bondir. Un adulte est très puissant, et peut tuer un dingo avec des coups de pattes. Cependant, les animaux faibles, malades, âgés ou trop jeunes sont la proie des dingos.
54
+
55
+ Il existe cinquante-trois espèces de kangourous, divisées en 11 genres :
56
+
57
+ (On appelle kangourous les plus grandes espèces et wallabies les plus petites, mais il n’y a pas vraiment de différences entre les deux.)
58
+
59
+ Le mot kangourou dérive de gangurru, désignant le kangourou géant dans la langue aborigène Guugu Yimithirr. Selon une légende, le mot gangurru signifierait en fait Je ne te comprends pas, alors que le naturaliste anglais Joseph Banks du Endeavour commandé par le capitaine James Cook, désignait un kangourou gris à son interlocuteur autochtone, ce dernier lui répondit gangurru, transcrit en « kangooroo » ou « kanguru » en 1770. Cette origine fut démythifiée dans les années 1970 par le linguiste John B. Haviland au cours de ses recherches sur le peuple Guugu Yimidhirr.
60
+
61
+ Le peuplement européen de l'Australie a causé un bouleversement des écosystèmes, avec une déforestation visant à créer de vastes plaines pour l'élevage des moutons et de bétail.
62
+
63
+ En Australie rurale, les kangourous sont souvent perçus comme des animaux nuisibles et massivement abattus, avec le soutien des autorités[13].
64
+
65
+ Chaque année 3 millions de kangourous sont tués pour un usage commercial, ainsi que 1,1 million de jeunes tués ou laissés à la mort en conséquence de la perte de leur mère. Par ailleurs, 200 000 kangourous et wallabys sont tués légalement pour des motifs non-commerciaux chaque année, sans compter un nombre élevé de kangourous tués sans l'autorisation du gouvernement[14].
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5
+ Le Kansas (/kɑ̃n.sas/[2] ; en anglais : /ˈkæn.zəs/[3]) est un État du Midwest des États-Unis. Il est bordé au nord par le Nebraska, à l'est par le Missouri, au sud par l'Oklahoma et à l'ouest par le Colorado.
6
+
7
+ En 2019, sa population s'élève à 2 913 314 habitants[4].
8
+
9
+ Le nom de l'État vient du sioux Kansa (autre nom des Kaws) qui signifie « peuple du vent du sud ».
10
+
11
+ Le territoire de l'actuel Kansas a été annexé par les États-Unis en 1803 en tant que « territoire non organisé » (en) dans le cadre de la vente de la Louisiane par la France aux États-Unis. Le Kansas est alors devenu une portion du territoire du Missouri jusqu’en 1821. Des réfugiés français s'y installent. En 1854, une loi établit deux nouveaux territoires, celui du Kansas et celui du Nebraska.
12
+
13
+ La première agglomération apparue dans ce qui allait être le Kansas fut Fort Leavenworth, aux alentours de 1827. Pour les colons en route vers la Californie, l’Utah ou l’Oregon le long des différents trails (pistes) qui sillonnaient la prairie, le Kansas n'était qu'une étape du voyage.
14
+
15
+ Avant le début de la guerre de Sécession, le Kansas a été le théâtre d’escarmouches entre des milices pro-esclavagistes venues du Missouri et des groupes anti-esclavagistes locaux. En mars 1855, les « Border Ruffians » du Missouri envahirent le Kansas durant la première élection menée dans le territoire et imposèrent une législature esclavagiste.
16
+
17
+ Le Kansas est devenu le 34e État de l’Union le 29 janvier 1861, année du déclenchement de la guerre de Sécession. Le 19 février de la même année, le Kansas est devenu le premier État des États-Unis à prohiber la vente et la consommation de toute boisson alcoolisée.
18
+
19
+ Le 21 août 1863, William Quantrill mena depuis le Missouri ce qui allait rester dans les mémoires comme le « Quantrill’s Raid » contre la ville de Lawrence, dans le Kansas. Au cours de ce raid, la ville fut entièrement détruite par le feu, et de nombreux habitants furent tués. Cependant, la principale cible de ce raid, le sénateur James Henry Lane, anti-esclavagiste passionné, dut son salut à la fuite.
20
+
21
+ En représailles, l’armée nordiste contraignit la population de plusieurs comtés du Missouri à la fuite, laissant les « Jayhawks » (des milices anti-esclavagistes constituées pour bonne part de citoyens de Lawrence) piller et détruire leurs maisons.
22
+
23
+ Après la guerre, les grands propriétaires fonciers s'emparèrent graduellement de la plupart des terres au détriment des petits colons au Texas et au Kansas. Entre 1880 et 1884, les grands propriétaires, organisés en véritables trusts basés principalement à Boston et à New York, prennent possession de près de 50 millions d'acres. Ils organisèrent des groupes de voleurs de bétail afin de harceler et ruiner les petits éleveurs ; près de trois millions de têtes de bétail sont volés aux Amérindiens dans les années 1860. Ils obtinrent par ailleurs la collaboration du Parlement[5].
24
+
25
+ Le Kansas se distingue par un climat continental en raison de sa position au centre des États-Unis.
26
+ Cette région américaine est exposée chaque année à de violents orages et même de tornades qui ne durent généralement pas très longtemps.
27
+ Les étés sont donc orageux et très chauds voire torrides accompagnés souvent d'une forte humidité pouvant apporter des indices de chaleur très élevés (avec des températures moyennes de 35 °C qui peuvent monter au-dessus de 40 °C) et les hivers sont rarement froids (avec des températures moyennes de 10 °C). La neige est peu fréquente mais tombe souvent en janvier.
28
+
29
+ La plus haute température connue observée dans le Kansas fut de 49,4 °C le 24 juillet 1936 à Alton et la plus basse température connue fut de −40 °C à Lebanon (en) le 13 février 1905.
30
+
31
+
32
+
33
+ Le Kansas se trouve à équidistance entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique. Le centre géographique des États-Unis se trouve dans cet État. Le Kansas se situe à cheval entre les Grandes Plaines (à l’est) et les hautes plaines (à l’ouest). L’État a une forme presque parfaitement rectangulaire, avec une indentation au nord-est correspondant au cours du Missouri.
34
+
35
+ Bien qu’exclusivement constitués de plaines et de basses collines, les paysages du Kansas présentent une certaine variété, due à la nature changeante du sol et aux différences de climat et d’altitude. On peut distinguer, d’est en ouest, cinq zones différentes.
36
+
37
+ Le long de la frontière avec le Missouri se trouve une riche plaine agricole, la plaine d’Osage (en), constituée de cuestas comparables à celles que l’on peut trouver dans le Bassin parisien. Au nord de cette zone, le paysage est sensiblement identique, mais les cuestas ont disparu du fait de l’influence des glaciers ayant couvert la zone lors des glaciations quaternaires.
38
+
39
+ Une seconde zone, située à l’ouest de la plaine d’Osage, est celle des « Flint Hills » (collines de silex). La pauvreté du sol et son caractère pierreux font que cette zone est impropre à l’agriculture en dehors de certains fonds de vallées. Cette zone est principalement dédiée à l’élevage. Elle constitue le plus grand lambeau de prairie haute (tall grass prairie) à avoir été préservé de la charrue. La prairie est entrecoupée de rideaux d’arbres suivant le cours des rivières.
40
+
41
+ Au sud-ouest des Flint Hills se développe une nouvelle dépression, les « Wellington-Mc Pherson Lowland », correspondant à des dépôts d’évaporites (sel gemme, gypse). Le sel gemme est exploité principalement pour l’industrie, mais aussi pour faire du sel de table.
42
+
43
+ Une quatrième zone constituée de collines (les Smoky Hills) se situe au nord et à l’ouest de cette dépression. Les sommets plats des collines, ainsi que les fonds de vallées, sont consacrés à l’agriculture. Les pentes des collines, maintenues dans leur état naturel de prairies, sont dédiées à l’élevage.
44
+
45
+ Enfin, on trouve tout à l’ouest du Kansas une vaste zone de hautes plaines, à une altitude de plus de 1 000 mètres. Bien que l’altitude soit supérieure à celle de l’est du Kansas de plus de 900 mètres, la montée se fait de façon insensible. Ces hautes plaines constituent un large piémont des Montagnes Rocheuses, où se sont déposés une grande quantité de sédiments alluvionnaires, principalement du sable et des graviers, que l’on nomme la formation d’Oglala. Ces dépôts sont poreux et contiennent une grande quantité d’eau qui est utilisée pour la culture du blé et du maïs à grande échelle. Le climat est plus frais et plus sec qu’à l’est de l’État.
46
+
47
+ Ces cinq zones sont découpées dans un sens ouest-est par les plaines alluvionnaires des principales rivières du Kansas, à savoir la rivière Arkansas et la rivière Kansas issue de la confluence entre la Republican et la Saline (en).
48
+
49
+ Les zones sous la protection du National Park Service incluent[6]:
50
+
51
+ Le Kansas ne possède pratiquement pas de voies navigables, à l’exception du fleuve Missouri sur une courte distance, à la frontière nord-est de l’État.
52
+
53
+ Le Kansas possède un réseau de voies ferrées relativement dense - bien qu’en déclin - utilisé principalement pour le transport de marchandises. Un total de 8 000 km de voies ferrées est partagé entre deux compagnies nationales et 23 compagnies locales.
54
+
55
+ Une seule ligne pour voyageurs, la ligne Chicago - Kansas City – Los Angeles, opérée par la compagnie Amtrak, traverse le Kansas. Elle dessert les gares de Lawrence, Topeka, Newton, Huchinson, Dodge City et Garden City.
56
+
57
+ Le Kansas dispose de 9 aéroports commerciaux, tous tournés vers le trafic local. De plus, de nombreux aérodromes sont accessibles aux avions privés. L'aéroport international le plus proche est l'aéroport international de Kansas City, dans le Missouri. Il est situé à 25 km de la frontière entre le Missouri et le Kansas.
58
+
59
+ Le Kansas est traversé par deux autoroutes principales :
60
+
61
+ D'autres autoroutes, d'intérêt plus local, relient Salina à Wichita (I-135) et Topeka à Emporia (I-335). L'ensemble de ces autoroutes sont gratuites, à l'exception du parcours Kansas City-Topeka-Emporia-Wichita.
62
+
63
+ L'État du Kansas est divisé en 105 comtés.
64
+
65
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini six aires métropolitaines et seize aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État du Kansas[7].
66
+
67
+ (2 009 342)
68
+
69
+ (2 054 473)
70
+
71
+ (2,3 %)
72
+
73
+ (127 329)
74
+
75
+ (127 767)
76
+
77
+ (0,3 %)
78
+
79
+ En 2010, 85,8 % des Kansasais résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 66,5 % dans une aire métropolitaine et 19,4 % dans une aire micropolitaine.
80
+
81
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini trois aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État du Kansas.
82
+
83
+ (2 343 008)
84
+
85
+ (2 393 623)
86
+
87
+ (2,2 %)
88
+
89
+ L'État du Kansas compte 626 municipalités[8], dont 23 de plus de 20 000 habitants.
90
+
91
+ La municipalité de Wichita était la 49e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
92
+
93
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population du Kansas à 2 913 314 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 2,11 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 2 853 118 habitants[9]. Depuis 2010, l'État connaît la 31e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
94
+
95
+ Avec 2 853 118 habitants en 2010, le Kansas était le 33e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,92 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le comté de Chase dans le township de Toledo[10].
96
+
97
+ Avec 13,47 hab./km2 en 2010, le Kansas était le 40e État le plus dense des États-Unis.
98
+
99
+ Le taux d'urbains était de 74,2 % et celui de ruraux de 25,8 %[11].
100
+
101
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 14,2 ‰[12] (14,0 ‰ en 2012[13]) et le taux de mortalité à 8,6 ‰[14] (8,7 ‰ en 2012[15]). L'indice de fécondité était de 2,16 enfants par femme[12] (2,12 en 2012[13]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,2 ‰[14] (6,3 ‰ en 2012[15]). La population était composée de 25,48 % de personnes de moins de 18 ans, 10,10 % de personnes entre 18 et 24 ans, 25,39 % de personnes entre 25 et 44 ans, 25,85 % de personnes entre 45 et 64 ans et 13,18 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 36 ans[16].
102
+
103
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 40 841) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 50 974) avec un excédent des naissances (129 453) sur les décès (78 479), et d'autre part d'un solde migratoire négatif (- 10 197) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 16 752) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 26 949)[17].
104
+
105
+ Selon des estimations de 2013, 92,4 % des étaient nés dans un État fédéré, dont 58,8 % dans l'État du Kansas et 33,6 % dans un autre État (15,8 % dans le Midwest, 9,3 % dans le Sud, 6,4 % dans l'Ouest, 2,1 % dans le Nord-Est), 0,7 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 6,8 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (56,0 % en Amérique latine, 29,1 % en Asie, 7,2 % en Europe, 5,8 % en Afrique, 1,3 % en Amérique du Nord, 0,6 % en Océanie). Parmi ces derniers, 33,7 % étaient naturalisés américain et 66,3 % étaient étrangers[18],[19].
106
+
107
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 75 000 immigrés illégaux, soit 2,6 % de la population[20].
108
+
109
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 83,80 % de Blancs, 5,88 % de Noirs, 3,01 % de Métis, 2,38 % d'Asiatiques (0,49 % de Viêts, 0,49 % d'Indiens), 0,99 % d'Amérindiens, 0,08 % d'Océaniens et 3,86 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
110
+
111
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (2,81 %), principalement blanche et noire (0,85 %) et blanche et amérindienne (0,81 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,20 %).
112
+
113
+ Les non-Hispaniques représentaient 89,48 % de la population avec 78,18 % de Blancs, 5,70 % de Noirs, 2,35 % d'Asiatiques, 2,27 % de Métis, 0,81 % d'Amérindiens, 0,07 % d'Océaniens et 0,10 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 10,52 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (8,67 %)[16].
114
+
115
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 88,9 %, dont 77,1 % de Blancs, 5,7 % de Noirs, 2,8 % de Métis et 2,5 % d'Asiatiques, et celle des Hispaniques à 11,1 %[22].
116
+
117
+ En 2000, les Kansasais s'identifiaient principalement comme étant d'origine allemande (25,9 %), irlandaise (11,5 %), anglaise (10,8 %), américaine (8,8 %), mexicaine (5,5 %) et française (3,1 %)[23].
118
+
119
+ En 2000, l'État avait la 9e plus forte proportion de personnes d'origine allemande.
120
+
121
+ L'État abrite la 26e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 17 675 Juifs en 2013 (2 100 en 1971), soit 0,6 % de la population. Ils se concentraient essentiellement dans l'agglomération de Kansas City (16 000)[24]. Ils constituaient une part significative de la population dans le comté de Johnson (2,8 %).
122
+
123
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (20,0 %), Potéouatamis (8,9 %), Chactas (4,1 %), Sioux (3,2 %) et Kickapous (2,9 %)[25].
124
+
125
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (82,4 %) et de Porto Rico (3,1 %)[26]. Composée à 53,5 % de Blancs, 7,0 % de Métis, 1,7 % d'Amérindiens, 1,7 % de Noirs, 0,3 % d'Asiatiques, 0,1 % d'Océaniens et 35,7 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 24,5 % des Métis, 18,0 % des Amérindiens, 11,6 % des Océaniens, 6,7 % des Blancs, 3,1 % des Noirs, 1,2 % des Asiatiques et 97,3 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
126
+
127
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Viêts (20,7 %), Indiens (20,4 %), Chinois (16,5 %), Philippins (8,2 %), Coréens (7,7 %) et Laotiens (6,7 %)[27].
128
+
129
+ L'État avait la 4e plus forte proportion de Laotiens (0,16 %) et la 9e plus forte proportion de Viêts (0,49 %).
130
+
131
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (93,2 %), principalement blanche et noire (28,1 %), blanche et amérindienne (27,0 %), blanche et autre (13,9 %), blanche et asiatique (13,4 %) et noire et amérindienne (3,2 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (6,8 %)[28].
132
+
133
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 45 % des habitants du Kansas se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 28 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 27 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[30].
134
+
135
+ Selon l'American Community Survey, en 2010 89,48 % de la population âgée de plus de 5 ans d��clare parler l'anglais à la maison, 7,01 % déclare parler l'espagnol, 0,53 % l'allemand, 0,41 % le vietnamien et 2,57 % une autre langue[31].
136
+
137
+ Le Kansas est un État conservateur traditionnellement dominé par les républicains. Les luttes politiques locales ont plus souvent lieu entre républicains « modérés » et « conservateurs », ces derniers ayant pris l'ascendant depuis 2010. Les rares bastions démocrates de l'État sont les comtés de Wyandotte (autour de Kansas City) et de Douglas (qui comprend la ville universitaire de Lawrence)[32].
138
+
139
+ Le Kansas est un État historiquement acquis aux Républicains depuis les premières élections en 1864. En 1892, il est même l'un des cinq États à élire le candidat du Parti populiste, James B. Weaver (50,20 %), devant le républicain Benjamin Harrison (48,40 %).William Jennings Bryan en 1896 est le premier candidat démocrate à remporter le Kansas (51,32 %) devant le républicain William McKinley (47,63 %), élu au plan national. Le deuxième candidat démocrate à remporter le Kansas est Woodrow Wilson (39,30 %) en 1912 dans le cadre d'une triangulaire avec le républicain William Howard Taft (20,47 %) et le républicain progressiste Theodore Roosevelt (32,88 %). Wilson réussit à gagner une seconde fois le Kansas en 1916. Sur les quatre élections remportées nationalement par Franklin Delano Roosevelt, le démocrate ne s'impose que par deux fois dans le Kansas (en 1932 et 1936).
140
+
141
+ Depuis les élections présidentielles de 1940, le seul candidat démocrate à avoir remporté le Kansas est Lyndon B. Johnson en 1964.
142
+
143
+ Lors de l’élection présidentielle de 2004, les électeurs du Kansas ont voté à 62 % pour George W. Bush, contre 36,62 % au démocrate John Kerry. En 2008, le républicain John McCain s'impose facilement face à Barack Obama, remportant 102 des 105 comtés de l'État à l'exception de ceux de Douglas, Wyandotte et Crawford. En 2016, Donald Trump, remporte 56,2 % des voix, contre 36,1 % à son adversaire Hillary Clinton[33].
144
+
145
+ La capitale administrative de l’État est Topeka.
146
+
147
+ Le gouverneur et le lieutenant-gouverneur de l'État sont les démocrates Laura Kelly et Lynn Rogers. Tous les autres postes élus de l'exécutif sont détenus par des républicains.
148
+
149
+ Les deux chambres du congrès du Kansas sont dominées par les républicains. Lors de la session 2015-2017, la chambre basse de 125 membres est dominée par 97 républicains et le Sénat de 40 membres par 32 républicains. Du fait de la division extrême du Parti républicain entre modérés et conservateurs, il est presque d'usage de dire que le Kansas connaît trois partis politiques dominants : le Parti démocrate, le Parti républicain (aile centriste) et le Parti républicain (aile conservatrice).
150
+
151
+ Le Kansas a été précurseur de nombreuses lois progressistes, dont un système de protection contre les accidents du travail en 1910. Les écoles du Kansas, tant publiques que privées, sont encore aujourd’hui parmi les plus performantes de l’Union. Le Kansas a également été l’un des premiers États à supprimer la ségrégation raciale dans les écoles. C’est même dans cet État que le célèbre procès Brown v. Board of Education a abouti à l’interdiction de la ségrégation raciale dans les écoles dans tous les États-Unis.
152
+
153
+ Dans les années 1990, le droit à l'avortement est restreint alors que la théorie de l'évolution commence à être combattue dans les écoles par les mouvements ultraconservateurs. En 2005, un amendement constitutionnel interdisant le mariage homosexuel, et approuvé par référendum, entre en vigueur. Il est cependant annulé dix ans plus tard par l'arrêt Obergefell v. Hodges de la Cour Suprême des États-Unis, qui rend légal le mariage des personnes de même sexe dans tout le pays.
154
+
155
+ Au niveau fédéral, lors de la législature 2019-2021 (116e congrès), les deux sénateurs du Kansas, Jerry Moran et Pat Roberts ainsi que trois élus à la Chambre des représentants des États-Unis sont républicains. À ceux-ci s'ajoute la représentante démocrate Sharice Davids.
156
+
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+ Jerry Moran, sénateur depuis 2011.
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+ Pat Roberts, sénateur depuis 1997.
160
+
161
+ Le PNB du Kansas en 1999 était de 81 milliards de dollars, ce qui place le Kansas au 31e rang parmi les 50 États. Son revenu par habitant était de 27 816 $ annuels.
162
+
163
+ Le secteur agricole, s’il ne constitue plus aujourd’hui la principale source de revenus, reste prépondérant. Le Kansas possède la troisième surface emblavée des États-Unis, après le Texas et le Montana. Le secteur de l’élevage bovin, pour le lait et la viande constitue la source de revenus agricoles la plus importante. Dans le domaine des productions végétales, les cultures principales sont le blé (premier producteur des États-Unis), le maïs, le sorgho, le soja, le tournesol et le foin.
164
+
165
+ Une grande quantité de pétrole est extraite du sous-sol du Kansas, qui possède aussi d’importantes réserves de gaz, ainsi que des gisements de sel gemme exploitables.
166
+
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+ Le Kansas produit aussi un grand nombre de biens industriels, principalement des machines-outils et des avions.
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+
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+ Dans Le Magicien d'Oz, l'héroïne Dorothée, habite au Kansas.
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+ Smallville, la ville fictionnelle dans laquelle grandit le héros Superman, se trouve dans le Kansas.
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+ Dans la série post-apocalyptique Jericho, la région du Kansas est au centre de l'intrigue, alors que dans la série, 90210 Beverly Hills : Nouvelle Génération, la famille des héros principaux Annie et Dixon qui est originaire du Kansas. Enfin, dans Supernatural, les personnages principaux, Sam et Dean Winchester sont originaires de Lawrence dans le Kansas.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Emmanuel Kant (en allemand : Immanuel Kant [ʔɪˈmaːnu̯eːl kant][1]), né le 22 avril 1724 à Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, et mort dans cette même ville le 12 février 1804, est un philosophe allemand, fondateur du criticisme et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal »[2].
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+
5
+ Grand penseur de l'Aufklärung (Lumières allemandes), Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie moderne, et la pensée critique en général. Son œuvre, considérable et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques – à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique et la Critique de la faculté de juger – fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.
6
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7
+ Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse-Orientale (actuellement Kaliningrad en Russie) dans un milieu modeste : son père, Johann Georg Kant  (* 1683 à Memel ; † 1746 à Königsberg) d'origine écossaise, est sellier, et sa mère, Anna Regina (* 1697 à Königsberg, † 1737 ibid), née Reuter, s'étaient mariés le 13 novembre 1715. Il qualifia sa mère de très intelligente et foncièrement piétiste. Il est le quatrième des onze enfants du couple. Il fréquente durant sept ans le Collegium Fridericianum (en)
8
+ , dirigé par Franz Albert Schultz, pasteur piétiste qui considère la piété de l'âme comme supérieure au raisonnement.
9
+
10
+ En 1740, il entre à l'université de Königsberg pour étudier la théologie. Il suit les cours de Martin Knutzen, professeur de mathématiques et de philosophie ; ce professeur, lui aussi piétiste et disciple de Wolff, combat le dualisme et en revient à la pure doctrine de Leibniz, suivant laquelle la force représentative et la force motrice participent l'une de l'autre et se supposent réciproquement.
11
+
12
+ C'est là qu'il découvre Newton et la physique, preuve, selon lui, qu'une science a priori de la nature est possible (c’est-à-dire les mathématiques et la physique)[3]. Plus tard, il créditera aussi l'astronomie de nous avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu'elle nous a « découvert l'abîme de l'ignorance, dont la raison humaine, sans [cette connaissance], n'aurait jamais pu se représenter qu'il était aussi profond ; et la réflexion sur cet abîme doit produire un grand changement dans la détermination des fins ultimes à assigner à notre usage de la raison »[4].
13
+
14
+ En 1746, la mort de son père l’oblige à interrompre ses études pour donner des cours : il est engagé comme précepteur par des familles aisées et il accomplit cette tâche durant neuf ans. C'est également cette année-là qu'il publie sa première dissertation : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives[5].
15
+
16
+ En 1755, il obtient une promotion universitaire et une habilitation grâce à une dissertation sur les principes premiers de la connaissance métaphysique[6]. Il commence à enseigner à l’université de Königsberg avec le titre de Privatdozent (enseignant payé par ses élèves).
17
+
18
+ Kant est le premier grand philosophe moderne à donner un enseignement universitaire régulier.[réf. nécessaire] Ses cours, tout comme ses publications à cette période, sont très diversifiés : mathématiques et physique apprises chez Newton, morale inspirée de Rousseau, Shaftesbury, Hutcheson et Hume, pyrotechnie, théorie des fortifications.
19
+
20
+ À partir de 1760, ses cours ont pour nouveaux objets la théologie naturelle, l'anthropologie, et surtout la critique des « preuves de l'existence de Dieu » ainsi que la doctrine du beau et du sublime.
21
+
22
+ En 1766, Kant demande et obtient le poste de sous-bibliothécaire, à la Bibliothèque de la Cour, fonction qu'il occupe jusqu’en avril 1772. C’est la seule démarche qu’il ait jamais faite pour obtenir une faveur[7].
23
+
24
+ En 1770, il est nommé professeur titulaire, après avoir écrit une dissertation intitulée De la Forme des principes du monde sensible et du monde intelligible[8].
25
+
26
+ En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze années de travail, ne rencontre pas le succès espéré par son auteur. Une seconde édition voit le jour en 1787.
27
+
28
+ En 1786, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin.
29
+
30
+ En 1788 est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes ses autres œuvres majeures (Fondation de la métaphysique des mœurs et Vers la paix perpétuelle notamment) sont écrites durant cette période.
31
+
32
+ Kant n'a jamais quitté sa région natale[9] mais il fut très attentif aux mouvements du monde, comme en témoignent de nombreuses publications qui traitent de sujets variés et contemporains de son époque. Il recevait également très souvent de nombreux amis à dîner et déjeunait chaque jour avec un inconnu. La tradition rapporte que Kant ne modifia son emploi du temps immuable et la trajectoire de sa promenade quotidienne que deux fois : la première en 1762 pour se procurer le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau, la seconde en 1789 afin d'acheter la gazette après l'annonce de la Révolution française[10]. Cette image apparaît sujette à caution à certains universitaires qui y voient une exagération et un transfert des habitudes de ponctualité de son ami à partir de 1764, Joseph Green, célèbre pour son rigorisme au point d'avoir été en son temps le sujet du livre satirique L'homme d'après l'horloge de Theodor Gottlieb Hippel (un autre ami de Kant)[11].
33
+
34
+ Favorable à la révolution française, il affirme, après Thermidor, que « les méfaits des Jacobins ne sont rien comparés à ceux des tyrans du passé »[12].
35
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36
+ D'après le récit biographique de Thomas de Quincey, les capacités mentales du philosophe s'affaiblirent de manière importante vers la fin de sa vie : l'un des signes « du déclin de ses facultés fut que désormais il perdit tout sens précis du temps »[13]. Selon Harald Weinrich, les « symptômes » décrits par le narrateur Wasianski dans l'ouvrage de Quincey, notamment les pertes de mémoire de Kant, pourraient faire penser à la maladie d'Alzheimer[14].
37
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+ Désormais célèbre, bien qu'incomplètement compris par ses contemporains, Emmanuel Kant meurt en 1804 à Königsberg[15]. Ses derniers mots furent : « Es ist gut » (« c'est bien » ou « c'est suffisant »)[16]. Son tombeau est situé à l'extérieur nord-est de la Cathédrale de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad).
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+ Les trois grandes branches de la philosophie kantienne sont les suivantes : philosophie de la connaissance (développée surtout dans la Critique de la raison pure), philosophie pratique (exposée dans la Critique de la raison pratique et lesFondements de la métaphysique des mœurs) et esthétique (dans la Critique de la faculté de juger).
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+ Les enjeux de la philosophie kantienne sont multiples car Kant a apporté d'importantes contributions tant en théorie de la connaissance, qu'en éthique, en esthétique, en métaphysique et en philosophie politique.
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+ Sa première grande contribution fut d’avoir fondé, dans la Critique de la raison pure, la théorie de la connaissance en tant que telle : il en fit une discipline relativement autonome aussi bien de la métaphysique que de la psychologie.
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+ D’autre part, et à partir des acquis de la Critique de la raison pure, Kant élabore une philosophie morale profondément nouvelle qui part du concept de loi morale valable pour tout « être raisonnable », universelle et nécessaire, et de son corrélat, la « liberté transcendantale ». Exposée en particulier dans la Critique de la raison pratique, l'éthique kantienne a été qualifiée de déontologique, c'est-à-dire qu'elle considère l'action en elle-même et le devoir ou obligation morale, indépendamment de toute circonstance empirique de l'action[18]. Elle s'oppose donc aussi bien à l'éthique conséquentialiste, qui estime la valeur morale de l'action en fonction des conséquences prévisibles de celles-ci, qu'à l'eudémonisme, qui considère que l'éthique doit viser le bonheur. Du fait du caractère absolument impératif de la notion de devoir, et de la connexion non nécessaire entre le bonheur et la morale, la position kantienne a souvent été qualifiée de rigoriste[19].
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+ Enfin, dans la Critique de la faculté de juger, il exposa une théorie esthétique qui est le fondement de la réflexion esthétique moderne. La troisième Critique est aussi une réflexion sur la nature et la téléologie.
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+ Il existe de façon incontestable un « avant » et un « après » Kant dans ces trois domaines. La réflexion kantienne fut prise en compte dès son élaboration, par l'idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel, Schopenhauer), et poursuivie par le néokantisme (Cassirer).
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+ Le point de départ de la réflexion élaborée dans la Critique de la raison pure est, de l'aveu même de Kant, le scepticisme empiriste de Hume, qui l'a réveillé de « [s]on sommeil dogmatique »[20]. Hume a, en effet, construit une critique radicale des fondements de la métaphysique de Leibniz et de Wolff, dont Kant avait été un adepte. « Depuis les essais de Locke et de Leibniz, ou plutôt depuis la naissance de la métaphysique, si loin que remonte son histoire, aucun événement ne s'est produit qui eût pu être plus décisif pour la destinée de cette science que l'attaque dont elle fut l'objet de la part de David Hume », dit-il encore dans les Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science, œuvre visant à expliquer de façon plus simple le projet de la première Critique[21].
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+ Le titre même de cet ouvrage explicite le projet kantien : il s'agit, après David Hume, de refonder la métaphysique sur des bases solides, et d'en faire une science rigoureuse, en imitant l'exemple de la révolution copernicienne. De la même façon que Copernic a montré que la Terre tournait autour du soleil et non l'inverse, Kant affirme que le « centre » de la connaissance est le sujet connaissant (l'homme ou l'être raisonnable), et non une réalité extérieure par rapport à laquelle nous serions simplement passifs. Ce n'est donc plus l'objet qui oblige le sujet à se conformer à ses règles, c'est le sujet qui donne les siennes à l'objet pour le connaître[22]. Ceci a pour conséquence immédiate que nous ne pouvons pas connaître la réalité en soi (nouménale), mais seulement la réalité telle qu'elle nous apparaît sous la forme d'un objet, ou phénomène.
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+ La critique kantienne est ainsi une tentative de dépasser l'opposition entre le « dogmatisme », dont l'idéalisme est selon Kant une forme dominante, et le « scepticisme », représenté par l'empirisme humien : « la métaphysique est un champ de bataille », dit-il ainsi dans la première Critique[23]. D'après Heidegger, Kant aurait été le premier philosophe à ne pas se contenter de rejeter la métaphysique traditionnelle, mais à comprendre son travail philosophique comme une refondation de la métaphysique[24].
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+ Cette refondation est, dans le même temps, une assignation de limites à l'entendement humain : Kant va établir une ligne de partage entre ce qui est accessible à la raison humaine, et ce qui la dépasse, permettant ainsi de distinguer ce qui relève de la science d'une part, et ce qui relève de la croyance (c'est-à-dire de la spéculation) d'autre part. Tout énoncé prétendant formuler une vérité certaine sur Dieu est ainsi qualifié de « dogmatique » : le projet même d'une théologie rationnelle, dans sa forme classique (qui passe par exemple par les « preuves de l'existence de Dieu ») est ainsi invalidé. Réciproquement, toute profession d'athéisme qui voudrait s'appuyer sur la science pour affirmer l'inexistence de Dieu est, elle aussi, renvoyée du côté de la simple croyance : toutes ces questions, qui concernent les « Idées transcendantales » (Dieu, l'âme et le monde), sont hors de portée de l'entendement humain. C'est pourquoi Kant écrit, dans sa préface à la seconde édition de Critique de la raison pure : « J'ai limité le savoir pour laisser une place à la croyance. »
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+ Limiter les prétentions de la raison : telle est dans le fond la solution que veut apporter Kant à la crise de la métaphysique. Cette limitation n’est possible que par une critique complète de la raison par elle-même. Il faut entreprendre une critique de la raison par la raison : voilà le sens véritable du titre Critique de la raison pure. Le terme de critique renvoie étymologiquement au grec ancien krinein, qui signifie « juger une affaire » (au sens juridique). La raison organisera donc un procès de ses propres prétentions, « dogmatiques », à connaître des objets situés par delà l’expérience, appelés par Kant noumènes (par opposition aux phénomènes). Bien que restrictive, cette tâche permet aussi, en limitant le savoir et en départageant clairement le champ du savoir et celui de la croyance (spéculation), de mettre en sûreté tous les acquis du savoir contre les attaques du scepticisme.
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+ La philosophie pratique de Kant est exposée principalement dans la Fondation de la métaphysique des mœurs et dans la Critique de la raison pratique. La Fondation de la métaphysique des mœurs fut d’ailleurs sévèrement critiquée par Schopenhauer, ce dernier établissant, entre autres, le caractère fondamentalement empirique de l’analyse kantienne du processus décisionnel humain et de la morale[25]. Cet ouvrage est une reprise des thèses finales de la Critique de la raison pure, mais précise sensiblement les thèses kantiennes, surtout en ce qui concerne le statut de la liberté dans la morale. D'autre part, Kant élabore aussi, à côté de cette philosophie morale, une philosophie politique qui lui est liée. Celle-ci est explicitée dans plusieurs opuscules, dont Vers la paix perpétuelle, qui prône un fédéralisme cosmopolite afin d'établir une véritable paix ; l’Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, qui précise les conceptions kantiennes au sujet du progrès du droit et de la morale dans l’histoire, ou encore de ce que Hegel appellera — en en modifiant considérablement l’approche — La Raison dans l'Histoire ; ou enfin Qu'est-ce que les Lumières ?, un opuscule très bref qui formule comme devise de l'Aufklärung (les Lumières allemandes) : Sapere aude (« Ose penser par toi-même »).
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+ L’articulation entre la philosophie théorique et la philosophie pratique est la suivante. Le seul usage légitime des concepts de la métaphysique est un usage dans le cadre de la morale[réf. nécessaire]. Dans la Critique de la raison pure Kant ne fait encore qu’évoquer cette thèse sans lui donner toute l’importance qu’elle mérite. Il va combler cette lacune avec la Critique de la raison pratique. Mais dans cet ouvrage, il va montrer que le devoir moral est, par essence, inconditionné (c’est l'impératif catégorique déjà présenté dans la Fondation de la métaphysique des mœurs) et qu’il est impensable sans les concepts de liberté, de Dieu et d’immortalité de l'âme.
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+ D'une manière générale, on peut dire qu'il s'agit d'une éthique déontologique, en ce que la loi morale, telle qu'elle est découverte par la raison pure pratique, ne dérive aucunement de l'expérience empirique et s'impose à la conscience morale commune en tant qu’impératif catégorique. Le devoir — ou obligation morale — par lequel la loi morale se présente à nous, êtres raisonnables finis, ne considère donc pas l'action dans son enchaînement empirique de causes et de conséquences (principal souci d'une éthique conséquentialiste), mais l'acte moral en lui-même. Une illustration des enjeux soulevés par l'approche kantienne est fournie par le débat avec Benjamin Constant à propos du mensonge. Ce dernier critiquait « un philosophe allemand » en ce qu'il interdisait de façon absolue le mensonge[26], même si cela pouvait avoir des conséquences fâcheuses, ce qui lui a valu une réplique de Kant dans D'un prétendu droit de mentir par humanité (1797)[27]. De façon assez significative, si Kant interdit catégoriquement le mensonge, il admet la légitimité de la peine de mort, fustigeant ainsi les thèses de Beccaria et la « sensiblerie sympathisante d'une humanité affectée », ainsi que le raisonnement qui fonde « l’illégitimité de la peine de mort sur le fait qu'elle ne peut être contenue dans le contrat social » : pour lui, « tout cela n'est que sophisme et chicane »[28].
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+ Selon Kant, l’acte moral obéit nécessairement à un impératif catégorique (le devoir pour le devoir), et non à un impératif hypothétique (qu'il soit dicté par la prudence, vise le bonheur, ou procède par habileté). Cela signifie que cet acte ne vise pas d’autres fins que lui-même. On agit moralement uniquement pour agir moralement, et non pas par recherche d’un quelconque intérêt personnel. Un impératif catégorique se distingue d’un impératif hypothétique, en ce que ce dernier porte seulement sur les moyens à utiliser pour atteindre une fin particulière déjà déterminée.
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+ Un acte libre est une action dont le mobile qui détermine la volonté de l'agent à agir n'est pas empirique : il ne peut s'agir de suivre la représentation du bonheur, ou même d'agir par vertu parce que cela nous rendrait heureux, comme dans le cas de l’éthique eudémoniste d’Épicure[29]. Il faut au contraire agir non pas « conformément au devoir », mais « par devoir », c'est-à-dire que le mobile de la volonté doit être la loi morale elle-même, laquelle est nécessairement universelle et a priori[30].
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+ La troisième Critique, ou Critique de la faculté de juger, vise principalement à combler l'abîme creusé entre l'usage théorique de la raison, qui est au fondement de la connaissance de la nature par l'entendement (Critique de la raison pure), et l'usage pratique de la raison, qui commande toute action morale (Critique de la raison pratique). La faculté de juger est ainsi le point d'articulation entre la raison théorique et la raison pratique. Kant veut ainsi achever l'édifice de la métaphysique dont il a entamé la refondation avec la première Critique.
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+ La première partie de la Critique de la faculté de juger est consacrée à l'esthétique (analyse du jugement esthétique), la deuxième partie à la téléologie (analyse de la place de la finalité dans la nature). C'est dans cet ouvrage que Kant expose sa distinction entre « jugement déterminant » et « jugement réfléchissant ». Il y a en fait trois problématiques principales dans cet ouvrage, qui semblent, à première vue, hétérogènes : d'une part le « jugement de goût », réflexion qui part d'une critique de l'esthétique telle qu'elle est envisagée par Baumgarten, qui voulait en faire une science rationnelle ; d'autre part une réflexion sur les êtres organisés où se manifeste l'individualité biologique ; enfin une interrogation sur la finalité et la systématicité de la nature[31].
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+ Selon Alain Renaut, qui reprend ainsi une thèse d'Alfred Bäumler de 1923, le point de rencontre entre la problématique de la beauté et des êtres organisés, c'est la question de l'irrationnel[31]. La querelle du panthéisme (ou du spinozisme), qui oppose à partir de 1775 Mendelssohn et Jacobi autour des conséquences du rationalisme des Lumières, forme l'arrière-fond de la troisième Critique[31].
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+ Le but de Kant n'est pas de proposer des normes du beau, mais d'expliquer pourquoi nous jugeons qu'une chose est belle, et de préciser en quoi consiste « un jugement de goût ». Le beau serait un produit du sens esthétique. En ce sens, ce n'est pas vraiment l'objet qui est beau, mais la représentation que l'on s'en fait. Kant en donne les définitions suivantes :
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+ Kant distingue deux types de beau : la beauté libre et la beauté adhérente.
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+ « L'art ne veut pas la repr��sentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose. »[33] On retrouve ici la place qu'occupe chez Kant la faculté de juger, et l'interprétation de « l’esthétisme » se fait par une appréciation variable d'un individu à l'autre.
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+ Les neurosciences ont récemment prouvé la thèse de Kant stipulant que, pour apprécier proprement une œuvre d'art, il est nécessaire de se distancer émotionnellement de celle-ci. En effet, on se rend compte que présenter une photo comme œuvre d'art change l'appréciation de celle-ci, ainsi que l'activité cérébrale qui lui est reliée. Il y aurait en fait un mécanisme de régulation émotionnelle implicite, induit par le contexte artistique, jouant un rôle dans la distance psychologique et l'attention devant les propriétés esthétiques. Ainsi, l'art est profondément dépendant de notre faculté de jugement[34].
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+ La téléologie est l'étude de la finalité (du grec ancien telos, finalité, but, et logos, discours, raison). Selon certaines conceptions téléologiques, l’humanité évolue vers un point de perfection.
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+ Dans ses Opuscules sur l'histoire, Kant émettra l’hypothèse d'un système téléologique de la nature permettant de faire l'hypothèse du progrès historique de l'humanité. Il ne le présente donc pas comme certain, mais seulement comme un « idéal régulateur ». C'est le fameux « comme si » de Kant (als ob) : la connaissance des fins dernières de l'humanité échappe à l'expérience, mais cela n'empêche pas de postuler, dans et pour la pratique, l'idée de progrès à des fins morales. C'est en raison de ce même avantage pratique (mais irréductible à l'utilitarisme) que Dieu est pour Kant une idée « pratique ».
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+ La Critique de la Raison Pure montre l'origine des disciplines de la métaphysique classique : « Autant l'entendement se représente d'espèces de rapports au moyen des catégories, autant il y aura aussi de concepts purs de la raison[35] », de sorte que la catégorie de Substance suscite l'Idée de Moi (objet de la psychologie rationnelle), la catégorie de Cause l'Idée de Monde (cosmologie rationnelle) et la catégorie de Communauté fournit « une connaissance transcendantale de Dieu » (ibid. p. 1042). Cette théologie transcendantale est illusoire (cf. la critique des trois preuves classiques de l'existence de Dieu) mais la philosophie critique donne un sens pratique à l'Idée et à l'Idéal "Dieu" : Souverain Bien originaire, Volonté sainte, Juge, etc., qui supposent d'autres catégories (cause, substance, nécessité, existence, etc.[36]) -- mais Kant ne donne pas d'exposé synthétique de cette théologie pratique.
91
+
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+ En ce qui concerne la conception kantienne de la religion, certains critiques ont mis en lumière le déisme de Kant, comme Peter Byrne qui a écrit sur la relation précise de Kant avec le déisme[37]. D'autres ont montré que par la morale Emmanuel Kant se déplace du déisme au théisme, comme Allen W. Wood[38] et Merold Westphal[39]. En référence à La Religion dans les limites de la simple raison, il a été souligné que Kant a réduit le religieux au rationnel, la religion à la morale et la morale au christianisme[40].
93
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94
+ Kant a écrit plusieurs opuscules sur l'histoire, qui réunis et interprétés en lien avec les trois Critiques forment sa propre philosophie de l'histoire. Parmi ces opuscules, il y a des textes consacrés au concept de « race » dans le cadre de travaux géographiques et anthropologiques, des textes sur le progrès et le sens de l'histoire, des articles polémiques contre Johann Gottfried von Herder[41].
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+ Kant écrit en 1775 Des différentes races humaines, où il soutient à la suite de Buffon que l'humanité est une seule espèce biologiquement parlant, à partir du critère de la reproduction possible et des rejetons non stériles. Mais l'humanité se divise en tant qu'espèce en quatre races, les Blancs, les Noirs, les Huns et les Indiens. Le critère de distinction est la transmission de caractère héréditaires, qui ne changent pas même si les membres d'une race sont « transplantés » sur un autre sol et sous un autre climat. Kant fait également remarquer que le métissage est possible entre races[42].
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+ En 1784, Kant publie L'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, son ouvrage principal sur l'histoire. Il y soutient que les humains travaillent à l'accomplissement du dessein de la nature, sans en avoir conscience. Cela ne veut pas pour autant dire que les humains agissent mécaniquement, au contraire cette même nature les a dotés de la « liberté du vouloir » et de la « raison » par lesquelles ils réalisent les fins de l'humanité. Dans la proposition III, Kant écrit : « La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'agencement mécanique de son existence animale, et qu'il ne participe à aucune autre félicité ou perfection que celle qu'il s'est créée lui-même, indépendamment de l'instinct par sa propre raison »[43].
99
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100
+ Dans The Color of Reason: The Idea of ‘Race’ in Kant’s Anthropology (« La Couleur de la raison : l'idée de « race » dans l'anthropologie de Kant »), le philosophe postcolonialiste Emmanuel Chukwudi Eze écrit : « La position de Kant sur l'importance de la couleur de la peau non seulement comme codification mais comme preuve de la codification de la supériorité ou de l'infériorité rationnelle se fait jour dans un commentaire qu'il fait concernant la capacité de raisonnement d'une personne « noire » »[44]. En rapportant ce commentaire de 1764 où, au moment d'évaluer une déclaration énoncée par un Africain, Kant la rejette et ajoute : « Cet homme était tout à fait noir de la tête aux pieds, ce qui prouve manifestement que ces propos étaient stupides »[45], Chukwudi Eze commente quant à lui en 1997: « Dès lors, on ne peut pas avancer que la couleur de peau n'était pour Kant qu'une caractéristique physique. C'était bien plutôt la marque d'une qualité morale (Idee) permanente et immuable »[44].
101
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102
+ Selon le philosophe Robert Bernasconi, Kant « n'a pas seulement appuyé l'idée d'une hiérarchie raciale permanente mais a signifié sur cette base que les noirs n'étaient dignes qu'à l'esclavage »[46].
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+
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+ Bien que n'étant pas au centre de sa pensée, et bien que n'étant pas séparée de sa philosophie, la cosmologie était aussi un centre d'intérêt de Kant. A son époque, celle-ci n'était pas clairement rattachée aux sciences, et les philosophes traitaient souvent indifféremment de ce que l'on distinguerait aujourd'hui sous les noms de science d'une part, et de métaphysique d'autre part.
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106
+ Ainsi Kant est connu pour avoir développé l'hypothèse de la formation des systèmes solaires dans les nébuleuses, que l'on connaît aujourd'hui sous le nom d'hypothèse de Kant-Laplace. Kant s'appuie sur les observations de l'astronome Thomas Wright pour avancer que les nébuleuses observées sont des « univers-îles » et que la Voie lactée pourrait être un corps en rotation composé d'un nombre immense d'étoiles retenues par la gravitation. Ces hypothèses de Kant, alors spéculatives, seront confirmées par la suite par l'accumulation de connaissances en astronomie.
107
+
108
+ Kant fut également le premier à supposer que les marées lunaires causent un ralentissement de la rotation de la Terre, ainsi que le premier à comprendre qu'il existait un lien entre les trois dimensions de l'espace et la forme en inverse du carré de la distance[pas clair], dans le cadre de la loi de la gravitation de Newton.[47]
109
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110
+ La meilleure source de renseignements concernant la biographie de Kant est sa correspondance, deuxième partie du tome XI de l’édition Rosenkranz et Schubert des œuvres de Kant, Kuno Fischer, Geschichte der n. Philosophie, tome III. En français : Correspondance[48].
111
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112
+ On dispose aussi des ouvrages de ses amis Hasse, Borowski, Wasianski et Jackmanu, dont des extraits ont été traduits en français sous les titres : Kant intime[49], Aphorismes sur l'art de vivre[50].
113
+
114
+ On a si peu de renseignements précis sur la vie de Kant, que l'on se contente souvent de dire qu’il la consacra tout entière à l’étude et à l'enseignement : « Je suis par goût un chercheur », écrit-il, « je ressens toute la soif de connaître et l’avide inquiétude de progresser. »
115
+
116
+ Les renseignements suivants[Lesquels ?] ont été extraits des articles de dictionnaires et d'encyclopédies cités en fin d'article et tout particulièrement : La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts.
117
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118
+ L'influence de Kant affecte la majeure partie de la philosophie européenne et américaine.
119
+
120
+ Sa postérité immédiate : l'idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel), qui voit la philosophie de Kant comme une propédeutique en vue d'un système qui reste à accomplir. Mais aussi le romantisme allemand (Schiller, Goethe, Novalis...).
121
+
122
+ Le néokantisme (École de Marbourg : Cohen, Natorp, Cassirer ; École de Bade : Windelband, Rickert), qui revendique un retour à Kant par-delà les philosophes postkantiennes.
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+
124
+ Les « maîtres du soupçon » (Schopenhauer, Kierkegaard, Marx, Nietzsche), qui peuvent aussi se montrer très critiques à l'égard de Kant.
125
+
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+ La phénoménologie, l'existentialisme et l'herméneutique (Dilthey, Husserl, Jaspers, Heidegger, Sartre, Levinas, Merleau-Ponty, Ricœur), héritent tous de Kant.
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+ Foucault et sa notion de modernité, Deleuze et son concept d'empirisme transcendantal sont des lecteurs de Kant.
129
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+ La philosophie analytique discute les thèses de Kant, sa philosophie de la connaissance (Russell, Strawson...), sa philosophie morale (voir le débat entre l'éthique déontologique, qui se réclame parfois de Kant, et l'éthique conséquentialiste, à laquelle appartient John Stuart Mill), mais aussi son esthétique.
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+ Une partie de la philosophie politique contemporaine (Habermas, Rawls, Apel, Arendt, Alain Renaut, Luc Ferry) se situe dans la postérité de Kant.
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+ Portrait d'Emmanuel Kant.
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+ Timbre d'Emmanuel Kant en 1974.
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+ Portrait d'Emmanuel Kant.
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+ Monnaie d'argent allemande 5 DM 1974 D en commémoration du 250e anniversaire du philosophe Emmanuel Kant à Königsberg.
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+ Karachi (en ourdou et en sindhi : کراچي bengali:করাচি)
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+ est la plus grande ville du Pakistan et la capitale économique et financière du pays. Avec une population de près de 15 millions d'habitants pour une superficie de 3 527 km2, Karachi est l'une des villes les plus peuplées au monde. Elle fut la capitale politique du pays jusqu'au transfert des institutions à Rawalpindi en 1959 et demeure aujourd'hui la capitale de la province du Sind.
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+ L'histoire de la ville est mal connue avant le XIXe siècle. Elle se développe sous le Raj britannique grâce à son importante activité portuaire, et devient peu à peu « l’épicerie de l’Inde ». En français, elle est alors connue sous le nom de Corachie[2]. En 1947, Karachi devient la capitale de l'État du Pakistan et voit sa population augmenter fortement avec l'arrivée de populations mohadjires d'Inde et d'immigrants d'Asie du Sud-Est. Elle accueille le mausolée du père fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah. Depuis les années 1980, la ville est le théâtre de violences inter-ethniques et voit la criminalité et les inégalités se développer. Karachi doit également faire face à plusieurs attaques terroristes islamistes au cours des années 2000.
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+ Située sur la côte est de la mer d'Arabie, au nord-ouest de l'Indus, Karachi est le principal port du Pakistan et plus de la moitié du commerce international du pays y transite. Capitale économique du Pakistan, elle concentre les sièges sociaux des plus grandes entreprises du pays, notamment dans le textile, l'industrie automobile, les nouvelles technologies et la santé. Karachi a un caractère cosmopolite, accueillant des migrants représentant toutes les ethnies et les langues du pays, ainsi que de nombreux étrangers. Grâce notamment à l'université de Karachi et ses 80 000 étudiants, elle est également l'un des grands centres universitaires du monde musulman et de l'Asie du Sud.
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+ Théophraste, au IIIe siècle av. J.-C., parle de Karachi dans son ouvrage Histoire des plantes, où, au Livre IV[3], il l’appelle Port-Alexandre.
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+ Le territoire occupé maintenant par Karachi est à l'origine un groupe de petits villages comprenant Kalachi-jo-Kun et le fort de Manora. Toute histoire de Karachi antérieure au XIXe siècle est quasi inexistante bien que selon certaines légendes, elle soit la ville appelée Krokola, de laquelle partit l'un des amiraux d'Alexandre le Grand à la fin de ses conquêtes.
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+ L'histoire officielle et répertoriée de Karachi commence avec l'arrivée des Britanniques au début du XIXe siècle. En 1839, un vaisseau appartenant à la Royal Navy tire sur le fort de Manora et obtient la capitulation immédiate de cette ville comptant alors 14 000 habitants. Quelques années plus tard, Karachi devient la capitale du Sind à la place de la ville historique de Hyderabad du fait de son port que les Britanniques décident de développer en alternative à Calcutta. Sous l'occupation britannique, Karachi se développe en même temps que son port. En 1876, le futur fondateur du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, naît dans cette ville et y sera plus tard enterré.
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+ En 1889, Karachi se dote du second plus grand marché aux légumes du monde après Bombay et, dix ans plus tard, le volume des exportations de blé et de coton à partir de Karachi dépasse celui des exportations de Bombay, sa grande rivale. La ville possède alors un réseau ferroviaire, des églises, des rues pavées, des cours et de nombreux centres commerciaux. Beaucoup de ces bâtiments sont construits dans le plus pur style britannique et contrastent avec le gothique « Mughal » de Lahore. Plusieurs de ces vieux bâtiments sont désormais des destinations intéressantes pour les touristes.
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+ Avec le XXe siècle, Karachi commence à se développer de façon plus diverse avec l'arrivée de travailleurs provenant de tout le Sud de l'Asie et plus généralement de l'ensemble de l'empire britannique.
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+ Durant la Première Guerre mondiale, Karachi, « l’épicerie de l’Inde », sert de base-arrière pour l’approvisionnement des troupes de l'empire britannique ; lors de la Seconde, elle devient un atelier naval pour les navires alliés endommagés dont environ un millier y sont réparés entre 1942 et 1945.
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+ En 1947, Karachi est élevée au rang de capitale de la nouvelle nation du Pakistan. À cette époque, c'est seulement une ville de 425 000 habitants, 2,8 millions de tonnes de fret transitent annuellement par son port et sa croissance s'accélère. Bien que la capitale soit plus tard transférée à Rawalpindi en 1959 puis à Islamabad en 1967, Karachi reste le centre économique du Pakistan contribuant à une large partie du PIB de la nation. En 1958, ces exportations s’élèvent à 4 millions de tonnes.
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+ Ces dernières décennies, Karachi continue de s'agrandir, dépassant la barre des 10 millions d'habitants. C'est une ville où se côtoient tous les milieux allant des quartiers chics de Clifton et de la Défense aux nombreux « ghettos » où vivent les nombreux migrants à la recherche d'opportunités. Karachi est touchée par la criminalité comme toutes les grandes villes et connaît elle aussi les conflits ethniques qui secouent le Pakistan. Elle est même depuis les années 1980, un des épicentres de ces conflits et continue à assister à la violence religieuse entre sunnites et chiites[4].
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+ En 2012, 255 ouvriers meurent dans l’incendie d’une usine de Karachi[5].
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+ Karachi se trouve au nord ouest du delta de l'Indus mais de nombreuses autres rivières traversent la ville. Les alentours de Karachi sont relativement plats même s'il y a quelques collines aux frontières de la ville vers l'intérieur du pays. La partie sud de la ville s'étend le long de la côte de l'Océan Indien et abrite de nombreuses plages. Karachi bénéficie d'un climat chaud et côtier.
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+ Karachi vit sous un climat désertique chaud (BWh d'après la classification de Köppen)[6],[7]. Seuls les mois de juillet et août ont une pluviométrie conséquente. Les étés sont torrides, les hivers sont très doux.
31
+ D'après la classification de Köppen : plus de 70 % des précipitations tombent en été (avril à septembre)(4,9+0+3,9+66,4+44,8+22,8=142,8, elles sont égales à 142,8*100/167,6=85,2 %). Donc les précipitations annuelles doivent être inférieures à l'évaporation annuelle, soit à 20 × température annuelle moyenne + 280 soit 20*26,09+280 = 801,8. Elles sont de 167,6 mm donc elles sont largement inférieures à l'évaporation annuelle. Elles sont inférieures à 50 % de ce seuil (à 801,8*50/100=400,9) donc c'est un climat désertique. La température moyenne annuelle est de 26,09 °C. Elle est supérieure à 18,0 °C donc il s'agit bien d'un climat désertique chaud.
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+ La population de Karachi serait de 15 millions d'habitants en 2017. Étant donné que la ville comptait en 1947 seulement 400 000 habitants, on peut dire que sa croissance a été très rapide. Après le recensement de 1998 qui montrait une population d'environ 9,9 millions d'habitants, en 2010, la population était estimée à 13,2 millions d'habitants[9]. D'autres estimations parlent de 18 millions d'habitants au maximum. Le début de recensement effectué en 2011 montre une population de 21,1 millions[10], mais ces résultats sont très contestés et l'étude est abandonnée. Le dernier recensement de 2017 dénombre lui 14,9 millions d'habitants, soit une croissance de près de 60 % en un peu moins de vingt ans[1].
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+ Étant la capitale de la province du Sind, de nombreux Sindhis y vivent mais les Mohajirs sont rapidement devenus majoritaires après la partition des Indes, étant les réfugiés musulmans de langue ourdou venus d'Inde. Tous les autres groupes ethniques du pays se trouvent aussi à Karachi, en particulier ceux du Baloutchistan qui n'est pas loin de Karachi. Un grand nombre de déplacés Pachtounes y ont aussi élu domicile, venant du nord-ouest du Pakistan ou d'Afghanistan. Karachi compte aussi beaucoup d'immigrants du Bangladesh, parfois estimés jusqu'à plus d'un million. Enfin Karachi est aussi le pays d'accueil de migrants venant d'aussi loin que l'Afrique, ce qui donne une des villes les plus multiculturelles du Pakistan. La ville est sujette à de nombreuses violences entre ces communautés qui font échos à des conflits politiques.
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+ La population de Karachi est majoritairement Musulmane Sunnite à au moins 60 % de la population. Environ un tiers des Musulmans sont Chiites, soit au moins 30 % de la population. La ville de Karachi à de nombreux Baha'is et Babistes qui sont fortement discriminés. Parmi les minorités religieuses non-musulmanes, il y a 145 000 Chrétiens Catholiques, environ 100 000 Chrétiens Protestants. Il y aurait environ 200 000 Hindous, et 20 000 Sikhs, très présents dans les secteurs du commerce, et des services. Il y a aussi environ 20 000 Zoroastriens, minorité religieuse au Pakistan ou ses adeptes vivent presque tous à Karachi.
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+ Depuis 2011, Karachi est de nouveau divisé par un système de districts, la mégapole couvrant une grande partie la division de Karachi qui contient aussi des zones rurales. Les districts sont divisés en towns, équivalents de tehsil, et chacun d'entre-eux sont divisés en union councils (conseils municipaux), qui sont au total près de 300 à Karachi.
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+ Étant donné sa forte croissance, Karachi doit faire face aux problèmes que rencontrent la plupart des grandes métropoles en développement : surpopulation, surentassement, problèmes pour le trafic automobile, criminalité. Karachi connaît en prime de nombreux conflits ethniques. Un autre problème particulièrement important est l'énorme disparité entre riches et pauvres. Ainsi tandis que les mieux aisés vivent dans des conditions similaires à leurs semblables occidentaux, les habitants des plus défavorisés de la ville connaissent les conditions de vie des peuples les plus pauvres du monde.
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+ Les conflits entre les différentes ethnies de la ville sont récurrents depuis les années 1980 dans un contexte de croissance démographique intense et de précarité économique. Les Muhadjirs majoritaires ont été confrontés à un certain déclassement et se sont surtout soudés autour du Muttahida Qaumi Movement (MQM), qui remporte souvent les élections dans la ville avec une large avance. Le parti est depuis largement imbriqué avec le crime organisé, comprenant trafics de drogues et d'armes, enlèvements et assassinats politiques. Le Parti du peuple pakistanais a reçu le soutien de nombreux Sindhis et Baloutches, notamment dans le quartier de Lyari où il s'appuie sur des gangs armés. Arrivés plus récemment dans la ville, les Pachtounes qui habitent la périphérie pauvre ont soutenu divers partis, comme le Parti national Awami ou plus récemment le Mouvement du Pakistan pour la justice[11].
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+ L'immense taille de Karachi a aussi attiré des terroristes qui s'y sont installés pour se cacher ou s'organiser. Des attaques y ont été menées par des groupes militants rattachés à Al-Qaïda contre des étrangers. De nombreux terroristes y ont été arrêtés comme Ramzi Binalshibh, capturé le 11 septembre 2002, il était trésorier de l'organisation Al-Qaida et est actuellement emprisonné à Guantanamo. Abdul Ghani Baradar, un important commandant taliban, a également été arrêté à Karachi en février 2010, lors d'une opération des principaux services secrets pakistanais aidés par la CIA. Les talibans pakistanais qui se battent contre l'armée sont également présents dans la ville.
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+ L'attentat-suicide du 8 mai 2002 a lieu à Karachi et tue 14 personnes dont 11 français. Depuis juin 2009, la justice française étudie le lien entre cet événement et la vente de sous-marins français au Pakistan, après avoir d'abord privilégié la piste islamiste. La justice pakistanaise avait également privilégié la piste islamiste, et avait condamné à mort les principaux suspects, avant de les acquitter en appel.
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+ Une grève générale a paralysé la ville le 13 juin 2009, après la mort du mufti sunnite modéré et anti-taliban Sarfraz Ahmed Naeemi, tué dans un attentat-suicide à Lahore. Naeemi avait critiqué les attentats-suicides des talibans et soutenait l'offensive contre ces derniers dans le nord-ouest du pays[12],[13].
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+ La ville est la capitale de la province du Sind, et accueille donc l'Assemblée provinciale du Sind. La ville est représentée par 21 députés à l'Assemblée nationale et 44 à l'Assemblée provinciale. Elle compte également un conseil municipal qui élit le maire de la ville, même si ce poste a parfois été aboli au profit d'un commissaire nommé par le pouvoir central.
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+ Le parti politique le plus influent de la ville est de loin le Muttahida Qaumi Movement (MQM) depuis les années 1980, ayant quasiment toujours remporté les élections avec une forte avance. Cependant, le parti a connu par moments des divisions importantes, comme lors des élections législatives de 2018 où son chef historique Altaf Hussain appelle au boycott, conduisant à une chute de la participation en plus de la défaite du MQM[14].
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+ Karachi est la capitale économique et financière du Pakistan. C'est aussi le plus grand centre de transaction boursière du Pakistan : le Karachi Stock Exchange. Actuellement, le port de Karachi est le seul port important du Pakistan permettant l'accès à tous types de bateaux. C'est donc le point central pour toutes les activités de transport maritime. Pour réduire cette dépendance à un seul port, le gouvernement pakistanais agrandit le port à Gwadar. Il y a aussi des projets en cours pour construire par exemple une autoroute reliant Karachi au reste du pays. Pour l'instant, la seule autoroute existante relie Islamabad à Lahore et il va falloir attendre un certain temps avant qu'elle n'atteigne Karachi. Par ailleurs, l'aéroport de Karachi, l'aéroport international Jinnah, est le plus grand aéroport du Pakistan.
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57
+ Sher Shah est l'un des principaux marchés d'occasion de matériel obsolète. Ici, les ordinateurs, les téléphones et tous les autres objets électroniques non utilisables sont compactés sous forme de cubes. Ces derniers sont ensuite laissés le long des routes et des rivières, menaçant ainsi l'environnement. Des planches affichées à l'extérieur d'une clinique de rue de Karachi montrent les maladies qu'encourent les recycleurs : brûlures provoquées par le mercure, lésions du système respiratoire causées par le plomb, malformations fœtales dues à l'acide chlorhydrique. Selon les scientifiques, à partir du moment où les ouvriers travaillent dans ces décharges, leur espérance de vie n'excède pas dix ans[15].
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+ Tous les matins dans le port de Karachi, des cargos entiers déversent sur les docks des milliers d'ordinateurs, téléphones, photocopieuses, scanners et tablettes numériques[16].
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+ La rivière Lyari, située à proximité d'un dépotoir, n'est plus qu'un égout à ciel ouvert[17].
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+ Culturellement, Karachi est la ville la plus cosmopolite du Pakistan. Elle accueille aussi bien des peuples de tous les horizons que des entreprises du monde entier, y compris les chaînes de restauration rapide américaines et autres. Il y existe une grande palette d'hôtels comprenant aussi de nombreux hôtels occidentaux. Karachi est aussi un des rares endroits au Pakistan à offrir des occasions aux femmes et il n'est pas surprenant d'y voir une femme conduisant un taxi ou exerçant un métier généralement réservé aux hommes.
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+ Le monument le plus célèbre de la ville de Karachi est sans doute le Mausolée de Muhammad Ali Jinnah. D'autres lieux à voir sont : le Masjid E Tooba, Frere Hall, Clifton Beach, le musée Mohatta, le musée de la Pakistan Air Force, Wazir Mansion, etc.
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+ Karachi (en ourdou et en sindhi : کراچي bengali:করাচি)
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+ est la plus grande ville du Pakistan et la capitale économique et financière du pays. Avec une population de près de 15 millions d'habitants pour une superficie de 3 527 km2, Karachi est l'une des villes les plus peuplées au monde. Elle fut la capitale politique du pays jusqu'au transfert des institutions à Rawalpindi en 1959 et demeure aujourd'hui la capitale de la province du Sind.
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+ L'histoire de la ville est mal connue avant le XIXe siècle. Elle se développe sous le Raj britannique grâce à son importante activité portuaire, et devient peu à peu « l’épicerie de l’Inde ». En français, elle est alors connue sous le nom de Corachie[2]. En 1947, Karachi devient la capitale de l'État du Pakistan et voit sa population augmenter fortement avec l'arrivée de populations mohadjires d'Inde et d'immigrants d'Asie du Sud-Est. Elle accueille le mausolée du père fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah. Depuis les années 1980, la ville est le théâtre de violences inter-ethniques et voit la criminalité et les inégalités se développer. Karachi doit également faire face à plusieurs attaques terroristes islamistes au cours des années 2000.
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+ Située sur la côte est de la mer d'Arabie, au nord-ouest de l'Indus, Karachi est le principal port du Pakistan et plus de la moitié du commerce international du pays y transite. Capitale économique du Pakistan, elle concentre les sièges sociaux des plus grandes entreprises du pays, notamment dans le textile, l'industrie automobile, les nouvelles technologies et la santé. Karachi a un caractère cosmopolite, accueillant des migrants représentant toutes les ethnies et les langues du pays, ainsi que de nombreux étrangers. Grâce notamment à l'université de Karachi et ses 80 000 étudiants, elle est également l'un des grands centres universitaires du monde musulman et de l'Asie du Sud.
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+ Théophraste, au IIIe siècle av. J.-C., parle de Karachi dans son ouvrage Histoire des plantes, où, au Livre IV[3], il l’appelle Port-Alexandre.
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+ Le territoire occupé maintenant par Karachi est à l'origine un groupe de petits villages comprenant Kalachi-jo-Kun et le fort de Manora. Toute histoire de Karachi antérieure au XIXe siècle est quasi inexistante bien que selon certaines légendes, elle soit la ville appelée Krokola, de laquelle partit l'un des amiraux d'Alexandre le Grand à la fin de ses conquêtes.
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+ L'histoire officielle et répertoriée de Karachi commence avec l'arrivée des Britanniques au début du XIXe siècle. En 1839, un vaisseau appartenant à la Royal Navy tire sur le fort de Manora et obtient la capitulation immédiate de cette ville comptant alors 14 000 habitants. Quelques années plus tard, Karachi devient la capitale du Sind à la place de la ville historique de Hyderabad du fait de son port que les Britanniques décident de développer en alternative à Calcutta. Sous l'occupation britannique, Karachi se développe en même temps que son port. En 1876, le futur fondateur du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, naît dans cette ville et y sera plus tard enterré.
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+ En 1889, Karachi se dote du second plus grand marché aux légumes du monde après Bombay et, dix ans plus tard, le volume des exportations de blé et de coton à partir de Karachi dépasse celui des exportations de Bombay, sa grande rivale. La ville possède alors un réseau ferroviaire, des églises, des rues pavées, des cours et de nombreux centres commerciaux. Beaucoup de ces bâtiments sont construits dans le plus pur style britannique et contrastent avec le gothique « Mughal » de Lahore. Plusieurs de ces vieux bâtiments sont désormais des destinations intéressantes pour les touristes.
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+ Avec le XXe siècle, Karachi commence à se développer de façon plus diverse avec l'arrivée de travailleurs provenant de tout le Sud de l'Asie et plus généralement de l'ensemble de l'empire britannique.
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+ Durant la Première Guerre mondiale, Karachi, « l’épicerie de l’Inde », sert de base-arrière pour l’approvisionnement des troupes de l'empire britannique ; lors de la Seconde, elle devient un atelier naval pour les navires alliés endommagés dont environ un millier y sont réparés entre 1942 et 1945.
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+ En 1947, Karachi est élevée au rang de capitale de la nouvelle nation du Pakistan. À cette époque, c'est seulement une ville de 425 000 habitants, 2,8 millions de tonnes de fret transitent annuellement par son port et sa croissance s'accélère. Bien que la capitale soit plus tard transférée à Rawalpindi en 1959 puis à Islamabad en 1967, Karachi reste le centre économique du Pakistan contribuant à une large partie du PIB de la nation. En 1958, ces exportations s’élèvent à 4 millions de tonnes.
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+ Ces dernières décennies, Karachi continue de s'agrandir, dépassant la barre des 10 millions d'habitants. C'est une ville où se côtoient tous les milieux allant des quartiers chics de Clifton et de la Défense aux nombreux « ghettos » où vivent les nombreux migrants à la recherche d'opportunités. Karachi est touchée par la criminalité comme toutes les grandes villes et connaît elle aussi les conflits ethniques qui secouent le Pakistan. Elle est même depuis les années 1980, un des épicentres de ces conflits et continue à assister à la violence religieuse entre sunnites et chiites[4].
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+ En 2012, 255 ouvriers meurent dans l’incendie d’une usine de Karachi[5].
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+ Karachi se trouve au nord ouest du delta de l'Indus mais de nombreuses autres rivières traversent la ville. Les alentours de Karachi sont relativement plats même s'il y a quelques collines aux frontières de la ville vers l'intérieur du pays. La partie sud de la ville s'étend le long de la côte de l'Océan Indien et abrite de nombreuses plages. Karachi bénéficie d'un climat chaud et côtier.
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+ Karachi vit sous un climat désertique chaud (BWh d'après la classification de Köppen)[6],[7]. Seuls les mois de juillet et août ont une pluviométrie conséquente. Les étés sont torrides, les hivers sont très doux.
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+ D'après la classification de Köppen : plus de 70 % des précipitations tombent en été (avril à septembre)(4,9+0+3,9+66,4+44,8+22,8=142,8, elles sont égales à 142,8*100/167,6=85,2 %). Donc les précipitations annuelles doivent être inférieures à l'évaporation annuelle, soit à 20 × température annuelle moyenne + 280 soit 20*26,09+280 = 801,8. Elles sont de 167,6 mm donc elles sont largement inférieures à l'évaporation annuelle. Elles sont inférieures à 50 % de ce seuil (à 801,8*50/100=400,9) donc c'est un climat désertique. La température moyenne annuelle est de 26,09 °C. Elle est supérieure à 18,0 °C donc il s'agit bien d'un climat désertique chaud.
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+ La population de Karachi serait de 15 millions d'habitants en 2017. Étant donné que la ville comptait en 1947 seulement 400 000 habitants, on peut dire que sa croissance a été très rapide. Après le recensement de 1998 qui montrait une population d'environ 9,9 millions d'habitants, en 2010, la population était estimée à 13,2 millions d'habitants[9]. D'autres estimations parlent de 18 millions d'habitants au maximum. Le début de recensement effectué en 2011 montre une population de 21,1 millions[10], mais ces résultats sont très contestés et l'étude est abandonnée. Le dernier recensement de 2017 dénombre lui 14,9 millions d'habitants, soit une croissance de près de 60 % en un peu moins de vingt ans[1].
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+ Étant la capitale de la province du Sind, de nombreux Sindhis y vivent mais les Mohajirs sont rapidement devenus majoritaires après la partition des Indes, étant les réfugiés musulmans de langue ourdou venus d'Inde. Tous les autres groupes ethniques du pays se trouvent aussi à Karachi, en particulier ceux du Baloutchistan qui n'est pas loin de Karachi. Un grand nombre de déplacés Pachtounes y ont aussi élu domicile, venant du nord-ouest du Pakistan ou d'Afghanistan. Karachi compte aussi beaucoup d'immigrants du Bangladesh, parfois estimés jusqu'à plus d'un million. Enfin Karachi est aussi le pays d'accueil de migrants venant d'aussi loin que l'Afrique, ce qui donne une des villes les plus multiculturelles du Pakistan. La ville est sujette à de nombreuses violences entre ces communautés qui font échos à des conflits politiques.
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+ La population de Karachi est majoritairement Musulmane Sunnite à au moins 60 % de la population. Environ un tiers des Musulmans sont Chiites, soit au moins 30 % de la population. La ville de Karachi à de nombreux Baha'is et Babistes qui sont fortement discriminés. Parmi les minorités religieuses non-musulmanes, il y a 145 000 Chrétiens Catholiques, environ 100 000 Chrétiens Protestants. Il y aurait environ 200 000 Hindous, et 20 000 Sikhs, très présents dans les secteurs du commerce, et des services. Il y a aussi environ 20 000 Zoroastriens, minorité religieuse au Pakistan ou ses adeptes vivent presque tous à Karachi.
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+ Depuis 2011, Karachi est de nouveau divisé par un système de districts, la mégapole couvrant une grande partie la division de Karachi qui contient aussi des zones rurales. Les districts sont divisés en towns, équivalents de tehsil, et chacun d'entre-eux sont divisés en union councils (conseils municipaux), qui sont au total près de 300 à Karachi.
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+ Étant donné sa forte croissance, Karachi doit faire face aux problèmes que rencontrent la plupart des grandes métropoles en développement : surpopulation, surentassement, problèmes pour le trafic automobile, criminalité. Karachi connaît en prime de nombreux conflits ethniques. Un autre problème particulièrement important est l'énorme disparité entre riches et pauvres. Ainsi tandis que les mieux aisés vivent dans des conditions similaires à leurs semblables occidentaux, les habitants des plus défavorisés de la ville connaissent les conditions de vie des peuples les plus pauvres du monde.
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+ Les conflits entre les différentes ethnies de la ville sont récurrents depuis les années 1980 dans un contexte de croissance démographique intense et de précarité économique. Les Muhadjirs majoritaires ont été confrontés à un certain déclassement et se sont surtout soudés autour du Muttahida Qaumi Movement (MQM), qui remporte souvent les élections dans la ville avec une large avance. Le parti est depuis largement imbriqué avec le crime organisé, comprenant trafics de drogues et d'armes, enlèvements et assassinats politiques. Le Parti du peuple pakistanais a reçu le soutien de nombreux Sindhis et Baloutches, notamment dans le quartier de Lyari où il s'appuie sur des gangs armés. Arrivés plus récemment dans la ville, les Pachtounes qui habitent la périphérie pauvre ont soutenu divers partis, comme le Parti national Awami ou plus récemment le Mouvement du Pakistan pour la justice[11].
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+ L'immense taille de Karachi a aussi attiré des terroristes qui s'y sont installés pour se cacher ou s'organiser. Des attaques y ont été menées par des groupes militants rattachés à Al-Qaïda contre des étrangers. De nombreux terroristes y ont été arrêtés comme Ramzi Binalshibh, capturé le 11 septembre 2002, il était trésorier de l'organisation Al-Qaida et est actuellement emprisonné à Guantanamo. Abdul Ghani Baradar, un important commandant taliban, a également été arrêté à Karachi en février 2010, lors d'une opération des principaux services secrets pakistanais aidés par la CIA. Les talibans pakistanais qui se battent contre l'armée sont également présents dans la ville.
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+ L'attentat-suicide du 8 mai 2002 a lieu à Karachi et tue 14 personnes dont 11 français. Depuis juin 2009, la justice française étudie le lien entre cet événement et la vente de sous-marins français au Pakistan, après avoir d'abord privilégié la piste islamiste. La justice pakistanaise avait également privilégié la piste islamiste, et avait condamné à mort les principaux suspects, avant de les acquitter en appel.
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+ Une grève générale a paralysé la ville le 13 juin 2009, après la mort du mufti sunnite modéré et anti-taliban Sarfraz Ahmed Naeemi, tué dans un attentat-suicide à Lahore. Naeemi avait critiqué les attentats-suicides des talibans et soutenait l'offensive contre ces derniers dans le nord-ouest du pays[12],[13].
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+ La ville est la capitale de la province du Sind, et accueille donc l'Assemblée provinciale du Sind. La ville est représentée par 21 députés à l'Assemblée nationale et 44 à l'Assemblée provinciale. Elle compte également un conseil municipal qui élit le maire de la ville, même si ce poste a parfois été aboli au profit d'un commissaire nommé par le pouvoir central.
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+ Le parti politique le plus influent de la ville est de loin le Muttahida Qaumi Movement (MQM) depuis les années 1980, ayant quasiment toujours remporté les élections avec une forte avance. Cependant, le parti a connu par moments des divisions importantes, comme lors des élections législatives de 2018 où son chef historique Altaf Hussain appelle au boycott, conduisant à une chute de la participation en plus de la défaite du MQM[14].
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+ Karachi est la capitale économique et financière du Pakistan. C'est aussi le plus grand centre de transaction boursière du Pakistan : le Karachi Stock Exchange. Actuellement, le port de Karachi est le seul port important du Pakistan permettant l'accès à tous types de bateaux. C'est donc le point central pour toutes les activités de transport maritime. Pour réduire cette dépendance à un seul port, le gouvernement pakistanais agrandit le port à Gwadar. Il y a aussi des projets en cours pour construire par exemple une autoroute reliant Karachi au reste du pays. Pour l'instant, la seule autoroute existante relie Islamabad à Lahore et il va falloir attendre un certain temps avant qu'elle n'atteigne Karachi. Par ailleurs, l'aéroport de Karachi, l'aéroport international Jinnah, est le plus grand aéroport du Pakistan.
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+ Sher Shah est l'un des principaux marchés d'occasion de matériel obsolète. Ici, les ordinateurs, les téléphones et tous les autres objets électroniques non utilisables sont compactés sous forme de cubes. Ces derniers sont ensuite laissés le long des routes et des rivières, menaçant ainsi l'environnement. Des planches affichées à l'extérieur d'une clinique de rue de Karachi montrent les maladies qu'encourent les recycleurs : brûlures provoquées par le mercure, lésions du système respiratoire causées par le plomb, malformations fœtales dues à l'acide chlorhydrique. Selon les scientifiques, à partir du moment où les ouvriers travaillent dans ces décharges, leur espérance de vie n'excède pas dix ans[15].
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+ Tous les matins dans le port de Karachi, des cargos entiers déversent sur les docks des milliers d'ordinateurs, téléphones, photocopieuses, scanners et tablettes numériques[16].
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+ La rivière Lyari, située à proximité d'un dépotoir, n'est plus qu'un égout à ciel ouvert[17].
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+ Culturellement, Karachi est la ville la plus cosmopolite du Pakistan. Elle accueille aussi bien des peuples de tous les horizons que des entreprises du monde entier, y compris les chaînes de restauration rapide américaines et autres. Il y existe une grande palette d'hôtels comprenant aussi de nombreux hôtels occidentaux. Karachi est aussi un des rares endroits au Pakistan à offrir des occasions aux femmes et il n'est pas surprenant d'y voir une femme conduisant un taxi ou exerçant un métier généralement réservé aux hommes.
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+ Le monument le plus célèbre de la ville de Karachi est sans doute le Mausolée de Muhammad Ali Jinnah. D'autres lieux à voir sont : le Masjid E Tooba, Frere Hall, Clifton Beach, le musée Mohatta, le musée de la Pakistan Air Force, Wazir Mansion, etc.
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+ Karl Marx[1] [kaʁl maʁks][2] (en allemand : [kaːɐ̯l ˈmaːɐ̯ks][3]), né le 5 mai 1818 à Trèves en Rhénanie et mort le 14 mars 1883 à Londres, est un philosophe, historien, sociologue, économiste, journaliste, théoricien de la révolution[4], socialiste et communiste allemand.
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+ Il est connu pour sa conception matérialiste de l'histoire, son analyse des rouages du capitalisme et de la lutte des classes, et pour son activité révolutionnaire au sein du mouvement ouvrier. Il a notamment été un des membres dirigeants de l'Association internationale des travailleurs (Première Internationale). Des courants de pensée se revendiquant principalement des travaux de Marx sont désignés sous le nom de marxisme. Marx a eu une grande influence sur le développement ultérieur des sciences humaines et sociales. Ses travaux ont marqué de façon considérable le XXe siècle, au cours duquel de nombreux mouvements révolutionnaires et intellectuels se sont réclamés de sa pensée.
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+ Karl Heinrich Marx est né en 1818 à Trèves, dans la province du Bas-Rhin, au sein du royaume de Prusse (aujourd'hui dans le land de Rhénanie-Palatinat). Il est le deuxième d'une famille de huit enfants. Son père, Heinrich Marx (1777-1838), né Herschel Marx Levi Mordechai, était un avocat issu d'une famille de rabbins juifs ashkénazes — le grand-père d'Heinrich, Meier Halevi Marx, était devenu rabbin à Trèves en 1723 et ses fils et petit-fils furent les premiers à recevoir une éducation séculière — et de marchands propriétaires de vignobles dans la vallée de la Moselle. Pour exercer sa profession d'avocat, il se convertit au protestantisme en 1816 ou 1817, et changea son prénom de Herschel en Heinrich[5]. Sa mère, Henriette Pressburg (20 juillet 1788-30 novembre 1863), est issue d'une famille juive hollandaise. Restée attachée à la religion juive, elle ne se convertira au luthéranisme qu'en 1825, après la mort de son père, qui était rabbin. Elle est la grand-tante des frères Gerard Philips et Anton Philips (en), fondateurs de la société néerlandaise Philips[6]. Karl Marx est baptisé dans le luthéranisme en 1824 et confirmé à l'église de la Trinité de Trèves en 1834. Bien que son père respecte la tradition juive en donnant à son fils le prénom de son grand-père, Karl Heinrich Mordechai, il n'est pas élevé de façon religieuse et il n'y a aucune preuve que la famille Marx ait pratiqué la religion luthérienne ou juive[7].
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+ Il entre au Gymnasium[8] Friedrich-Wilhelm de Trèves en 1830. Après avoir obtenu son Abitur[9], il entre à l'université, d'abord à Bonn en octobre 1835 pour étudier le droit et reçoit un certificat de fin d'année avec mention de « l'excellence de son assiduité et de son attention »[10], puis à Berlin à l'université Friedrich-Wilhelm à partir de mars 1836 où il se consacre davantage à l'histoire et à la philosophie. Il finit ses études en 1841 par la présentation d'une thèse de doctorat : Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure (Differenz der demokritischen und epikureischen Naturphilosophie). Marx est reçu in absentia docteur de la faculté de philosophie de l'université d'Iéna le 15 avril 1841.
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+ À Berlin, il appartient au cercle des « hégéliens de gauche », dénommés aussi « jeunes hégéliens » (avec Bruno Bauer et d'autres) qui cherchent à tirer des conclusions athées et révolutionnaires de la philosophie de Hegel[11].
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+ L'hégélien de gauche Ludwig Feuerbach s'était lancé dans une critique de la théologie à partir de 1836 et avait commencé à se tourner vers le matérialisme (par opposition à l'idéalisme hégélien). En 1841, cette orientation matérialiste prend le dessus dans sa philosophie (L'essence du christianisme) et se combine avec la dialectique dite idéaliste de Hegel pour lui donner un caractère scientifique et historique saisissant le réel dans la logique de son évolution. Cette position se heurte à la politique du gouvernement prussien qui avait enlevé à Feuerbach sa chaire en 1832, puis lui avait interdit de revenir à l'université en 1836. Pour finir, les mêmes autorités interdisent à Bruno Bauer, autre grande figure de l'hégélianisme de gauche, d'enseigner à Bonn en 1841. Marx, après avoir obtenu son diplôme universitaire, part pour Bonn avec l'espoir d'y devenir professeur. Mais face à cette politique du gouvernement, il abandonne l'idée d'une carrière universitaire.
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+ Au début de 1842, certains bourgeois libéraux de Rhénanie, en contact avec les hégéliens de gauche, créent à Cologne un journal d'opposition au clergé catholique, la Rheinische Zeitung (« Gazette rhénane »). Il s'agissait au départ, dans l'intérêt de la Prusse protestante, de faire pièce à la Gazette de Cologne (Die Kölnische Zeitung) et à ses points de vue ultra-montains, mais les rédacteurs développent en fait une « tendance subversive »[12], beaucoup plus indépendante et radicale. Ils proposent à Marx et Bruno Bauer d'en devenir les principaux collaborateurs. Marx s'installe dans un premier temps à Bonn, et écrit plusieurs articles pour défendre la liberté de la presse. Moses Hess participe également au journal. En octobre 1842, Marx en devient le rédacteur en chef et s'installe à Cologne.
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+ La tendance démocratique révolutionnaire du journal s'accentue sous la direction de Marx. Le gouvernement réagit en lui imposant une double, puis une triple censure. Puis, le 1er janvier 1843, il l'interdit. Marx est contraint de démissionner avant cette date, mais cela ne sauve pas le journal, qui suspend sa publication en mars 1843.
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+ L'un des principaux articles de Marx dans la Rheinische Zeitung est celui consacré aux conditions de vie des vignerons de la vallée de la Moselle. Ce reportage, ainsi que l'ensemble de ses activités journalistiques, lui fait prendre conscience de ses insuffisances en matière d'économie politique et le pousse à se lancer dans une étude en profondeur de celle-ci.
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+ En 1843 à Bad Kreuznach, Marx épouse une amie d'enfance, Jenny von Westphalen, avec laquelle il s'était fiancé étudiant. Sa femme est issue de la noblesse rhénane, son frère aîné deviendra ministre de l'Intérieur du royaume de Prusse au cours d'une des périodes les plus réactionnaires que connut ce pays, de 1850 à 1858.
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+ Le couple a eu six enfants, mais seules trois filles parviendront à l'âge adulte : Jenny Caroline (1844-1883), Laura (1845-1911) et Jenny Julia Eleanor (1855-1898). Laura épouse en 1868 Paul Lafargue, socialiste français qui laisse dans ses Souvenirs personnels sur Karl Marx une biographie intimiste du philosophe. Jenny Caroline épouse en 1872 Charles Longuet, personnalité de la Commune de Paris. Eleanor se marie avec un Britannique, Edward Aveling. Les deux premiers gendres de Marx semblent l'avoir beaucoup admiré et s'être inspirés de lui dans leurs engagements, Paul Lafargue fut même avec Jules Guesde un des fondateurs du Parti socialiste de France, parti marxiste qui fusionna plus tard avec le Parti socialiste français de Jean Jaurès et quelques autres partis de moins grande ampleur en formant la SFIO. Charles Longuet est le père de Jean Longuet qui eut un rôle déterminant durant le congrès de Tours de 1920, dans l'opposition à Lénine et à la SFIC, futur PCF. Marx entretint des relations parfois conflictuelles avec ces deux gendres, ainsi qu'avec un prétendant d'Eleanor, Hippolyte Prosper Olivier Lissagaray, ancien communard comme Longuet. Marx écrivit d'ailleurs à Engels dans une lettre datée du 11 novembre 1882 : « Longuet se conduit comme le dernier des proudhoniens et Lafargue comme le dernier des bakouninistes. Que le diable les emporte, ces oracles patentés du socialisme scientifique[13] ! »
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+ Karl Marx aurait également eu un fils naturel, Frederick Demuth (1851-1929), issu d'une relation avec la bonne de famille, Helene Demuth. Frederick Demuth fut reconnu par Friedrich Engels[14].
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+ Outre ceux qui sont parvenus à l'âge adulte, Marx a eu trois autres enfants : Edgar (1847-1855), Heinrich Guido (1849-1850) et Franziska (1851-1852). La mort d'Edgar semble avoir été très douloureuse pour le couple de Karl et Jenny Marx.
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+ Ses enfants comme ses amis l'appellent « le Maure », son surnom préféré qui lui a été donné lors de ses études à Berlin à cause de son teint foncé, de sa barbe et de ses cheveux d'un noir d'ébène mais qui fait aussi référence à sa judéité[15].
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+ À l'automne 1843, fuyant la censure prussienne, Marx gagne Paris. Le 11 novembre 1843, Marx et sa femme s'installent au 38 rue Vaneau, près d'autres réfugiés allemands. Son projet est de publier un journal radical à l'étranger avec Arnold Ruge (1802-1880). Un seul numéro des Annales franco-allemandes est édité. La publication s'interrompt du fait des grosses difficultés dans la distribution clandestine du journal en Allemagne et aussi par suite de désaccords entre Marx et Arnold Ruge. Les articles de Marx montrent que celui-ci se positionne déjà comme un révolutionnaire défendant une « critique impitoyable de tout l'existant » (même si « l'arme de la critique ne peut pas remplacer la critique des armes ») comptant sur les masses et le prolétariat pour changer l'ordre des choses, et non plus sur quelques dirigeants éclairés.
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+ C'est à la même époque que Ludwig Feuerbach rédige ses Principes de la philosophie de l'avenir. « Il faut avoir vécu par soi-même l'effet libérateur de ces livres », écrira plus tard Engels, qui ajoute : « Nous devînmes tout d'un coup tous des feuerbachiens ».
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+ En septembre 1844 à Paris, Marx revoit Friedrich Engels qu'il n'avait fait que croiser auparavant ; c'est le début d'une profonde amitié. Étudiant par lui-même la philosophie, Engels était devenu partisan de Hegel tout en rejetant le soutien que celui-ci avait apporté à l'État prussien. En 1842, il avait quitté Brême pour prendre un poste dans une firme commerciale de Manchester dont son père était l'un des propriétaires. Là, il avait rencontré la misère prolétarienne dans toute son ampleur et en avait étudié systématiquement les conditions (La condition des classes laborieuses en Angleterre, 1845).
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+ Peu après leur rencontre, Marx et Engels travaillent de concert à leur première œuvre commune, La Sainte Famille, dans laquelle ils s'attaquent à la philosophie critique de Bruno Bauer dont ils avaient été proches. Vient ensuite L'Idéologie allemande (essentiellement rédigée par Marx), principalement axée autour d'une critique très virulente de Max Stirner intitulée « Saint Max » et qui occupe près des deux tiers de l'ouvrage. Cet ouvrage défend une conception matérialiste de l'Histoire qui dépassait la conception du matérialisme de Feuerbach. Par une critique sévère de Stirner, Marx et Engels marquent ainsi une rupture non seulement avec Feuerbach, mais également avec Proudhon. Mais l'ouvrage ne trouve pas d'éditeur, et il ne sera publié que près d'un siècle plus tard. Dans les Thèses sur Feuerbach, court texte retrouvé dans le même manuscrit, Marx écrit (Thèse XI) : « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c'est de le transformer ».
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+ Marx et Engels prennent une part active dans la vie alors bouillonnante des groupes révolutionnaires parisiens. Beaucoup d'entre eux étaient particulièrement influencés par les doctrines de Pierre-Joseph Proudhon qui est alors une sorte de conseil juridique d'une entreprise de péniches que d'anciens amis de collège avaient créée à Lyon. Marx avait témoigné une certaine admiration pour ce philosophe, parlant ainsi de l'ouvrage illustre de Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ? (1840) : « L'ouvrage de Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ?, a, pour l'économie politique moderne, la même importance que pour la politique moderne l'ouvrage de Sieyès Qu'est-ce que le Tiers-État ? ». Ils se rencontrent fin 1844 ou début 1845 lors d'un séjour de Proudhon à Paris (25 septembre 1844 - fin février 1845). Marx quitte la France le 1er février 1845, suite à un décret d'expulsion en date du 25 janvier. Dans une lettre du 5 mai 1846, il invite Proudhon à se joindre à un projet d'association internationale d'intellectuels socialistes : « quant à la France, nous croyons tous que nous ne pouvons y trouver un meilleur correspondant que vous »[16]. Les réserves émises par Proudhon dans son acceptation font, à juste titre, comprendre à Marx qu'il s'agit d'une fin de non recevoir[17]. En octobre de la même année paraît le Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère. Marx en fait une critique très sévère dans Misère de la philosophie[18]. L'avant-propos montre le caractère polémique et ironique du style de Marx : « En France, il [Proudhon] a le droit d'être mauvais économiste, parce qu'il passe pour un bon philosophe allemand. En Allemagne, il a le droit d'être mauvais philosophe, parce qu'il passe pour être économiste des plus forts. Nous, en notre qualité d'Allemand et d'économiste, nous avons voulu protester contre cette double erreur ».
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+ De son côté, Proudhon jugera ainsi la Misère de la philosophie de Marx : « Marx est le ténia du socialisme » (Carnet, 24 septembre 1847). « Contradictions économiques. - Tous ceux qui en ont parlé jusqu'ici l'ont fait avec une suprême mauvaise foi, envie ou bêtise ». Ch. Marx, Molinari, Vidal, Univers religieux […] (Carnet, 20 novembre 1847). Proudhon lira en partie le livre de Marx (jusqu'au chapitre II, § 3) et portera en marge des notes manuscrites. Il prêtera ensuite son exemplaire à deux amis (Crémieux et, peut-être, Grün) qui annoteront également l'ouvrage. À part un « oui » Ch. I, § 2, les notes de Proudhon commencent au Ch. II. Les mots de « Calomnie », « Absurde », « Faux », « Pasquinade » se succèdent. Certaines notes expliquent pourquoi Proudhon qualifie Marx de « ténia » dans son Carnet : « Mensonge : C'est précisément ce que je dis » ; « Faux. Qui vous parle de cela ? Quand je dis positivement le contraire ! » ; « Quelle bêtise après ce que j'ai écrit — En vérité Marx est jaloux » ; « J'ai dit tout cela. Marx fait comme Vidal » (Dans ses Carnets Proudhon accuse Vidal de le piller) ; « Plagiat de mon chapitre Ier » ; « Allons mon cher Marx, vous êtes de mauvaise foi, et tout à la fois vous ne savez rien » ; « Le véritable sens de l'ouvrage de Marx, c'est qu'il a le regret que partout j'ai pensé comme lui, et que je l'aie dit avant lui. Il ne tient qu'au lecteur de croire que c'est Marx qui, après m'avoir lu, a le regret de penser comme moi ! Quel homme ! »
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+ Sur la demande insistante du gouvernement prussien, Marx, considéré comme un dangereux révolutionnaire, est chassé de Paris en 1845 par le président du Conseil, Guizot[19]. Il arrive alors à Bruxelles. La maison qu'il occupe au 42, rue d'Orléans (actuellement 50 de la rue Jean d'Ardenne) à Ixelles entre octobre 1846 et février 1848[20] sert de point de rencontre à tous les opposants politiques. Marx participe à l'Association démocratique de Bruxelles, dont il est élu vice-président.
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+ Au printemps 1847, Marx et Engels rejoignent un groupe politique clandestin, la Ligue des communistes. Ils y prennent une place prépondérante lors de son second congrès à Londres en novembre 1847. À cette occasion, on leur demande de rédiger le Manifeste de la Ligue, connu sous le nom de Manifeste du parti communiste, qui paraît en février 1848.
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+ À l'éclatement de la révolution française de février 1848, Marx quitte la Belgique pour revenir à Paris. Avec l'extension de la révolution à l'Allemagne, il part pour Cologne pour y devenir rédacteur en chef de la Neue Rheinische Zeitung (la « Nouvelle Gazette rhénane ») publiée du 1er juin 1848 au 19 mai 1849.
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+ Avec la victoire de la contre-révolution, Marx est poursuivi devant les tribunaux, notamment pour avoir publié dans la Gazette une proclamation du révolutionnaire en exil Friedrich Hecker. Il se défend devant les jurés en déclarant : « Le premier devoir de la presse est donc de miner toutes les bases du système politique actuel ». Il est acquitté le 9 février 1849, mais le gouvernement l'expulse le 16 mai de la même année, bien qu'il soit sujet prussien.
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+ Il retourne alors à Paris dont il est de nouveau chassé après la manifestation du 13 juin 1849. Il part ensuite pour Londres où il résidera le restant de ses jours. Sa sœur, Louise, lui rend visite dans la capitale anglaise en 1853, alors qu'elle est en route avec son mari pour s'installer dans la colonie du Cap[21].
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+ La vie de Marx en exil est extraordinairement difficile comme en témoigne sa correspondance. Le soutien financier d'Engels, également installé en Angleterre, lui permet de survivre[22]. Malgré ce soutien, Marx et sa famille doivent faire face à une extrême misère : « Ma femme est malade, la petite Jenny est malade, Léni a une sorte de fièvre nerveuse. Je ne peux et je ne pouvais appeler le médecin, faute d'argent pour les médicaments. Depuis huit jours, je nourris la famille avec du pain et des pommes de terre, mais je me demande si je pourrais encore me les procurer aujourd'hui » (à Engels, 4 septembre 1852). L'un de ses enfants, Edgar, meurt de sous-alimentation.
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+ Il écrit alors une série de sept articles, rassemblés sous le titre Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, décrivant les débuts de la Deuxième République française et son évolution vers le coup d'État du 2 décembre 1851 aboutissant au Second Empire. Jusqu'à la fin de l'année 1862, alors qu'il vient d'entamer la rédaction du Capital, la situation reste critique[23] malgré l'aide d'Engels, lui-même en difficulté financière en raison de la crise américaine, et de son oncle Lion Philips qui lui consent une avance sur héritage. En 1864, sa situation financière s'améliore grâce à l'héritage de sa mère, qui avait toujours refusé de lui verser la part qui lui revenait de celui de son père et ne lui aura fait grâce que de quelques dettes anciennes, mais le train de vie de la famille Marx reste d'un niveau modeste.
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+ Il consacre une grande partie des années 1850 à rédiger des centaines d'articles « alimentaires » pour des journaux comme le New-York Tribune, tout en se livrant à des recherches approfondies en économie, histoire, politique, etc. Les articles du New-York Tribune étaient une « guerre secrète » contre Henry Charles Carey[24],[25]. Dans le même temps, il reste en correspondance avec les révolutionnaires du continent et rédige des brochures politiques en lien avec l'actualité. Il passe aux yeux des gouvernants prussiens pour le chef d'une organisation de conspirateurs, alors que la Ligue des communistes n'existe plus depuis son auto-dissolution en 1852. Il est en fait isolé. Sa situation économiquement précaire ralentit son travail.
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+ Ce n'est qu'en 1859 qu'il achève et publie la Contribution à la critique de l'économie politique. Y sont présents tous les éléments essentiels, en particulier la loi de la valeur, du Capital. Marx écrit à cette époque : « Je ne pense pas qu'on ait jamais écrit sur l'argent tout en en manquant à ce point ».
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+ En 1859, il sort de son isolement politique pour participer au journal germanophone Das Volk, en lien avec les regroupements qui s'opèrent dans le mouvement ouvrier allemand et qui vont déboucher sur la constitution par Ferdinand Lassalle du premier véritable parti ouvrier allemand (ancêtre du SPD).
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+ En 1867 Marx publie enfin, après plus de vingt ans d'un travail harassant, la première partie de son ouvrage Le Capital, il part à Hambourg à cet effet. Mais le livre sort dans l'indifférence, les mille exemplaires publiés mettront quatre ans à être écoulés.
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+ Il continue son travail pour achever les deux tomes suivants mais, malade et manquant de temps, il ne laissera que des brouillons inachevés, qui sont ensuite mis en forme, achevés et publiés par Engels.
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+ En 1864, il rédige l’Adresse inaugurale de l'Association internationale des travailleurs, qui se fonde alors. Cette adresse devient l'âme de cette « Première Internationale ». Tout l'effort de Marx dans la rédaction de cette inauguration tend à unifier le mouvement ouvrier qui connaît toutes sortes de formes de regroupements se réclamant du socialisme sur des bases diverses et contradictoires (Mazzini en Italie, Proudhon en France, plus tard Michel Bakounine en Suisse, syndicalisme britannique, lassalliens en Allemagne, etc.). C'est pour introduire le congrès de Genève de l'AIT que Marx rédige ce qui deviendra plus tard son livre Salaire, prix et profits[26].
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+ La Commune de Paris est écrasée en 1871. Marx rédige un texte qui est adopté par l'Internationale : La Guerre civile en France. Karl Marx tire la conclusion que le prolétariat ne peut pas se contenter de s'emparer de la machine d'État pour la faire fonctionner à son profit : il devra la détruire de fond en comble. Marx salue la nouvelle démocratie apparue avec la Commune : le principe de l'éligibilité et la révocabilité des responsables à tous les niveaux de la société (exécutif, législatif, judiciaire). Ce texte fait grand bruit, et le nom de l'auteur est alors révélé : Karl Marx acquiert pour la première fois une certaine renommée, y compris au sein du mouvement ouvrier.
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+ Des divergences importantes apparaissent au sein de l'Internationale. En 1872, deux bakouniniens sont exclus, du fait de leur constitution en fraction secrète mais aussi à cause de la dégradation des rapports entre Marx et Bakounine. Une scission affecte alors l'AIT. S'y ajoutant la quasi-disparition du mouvement ouvrier en France du fait de la violente répression de la Commune, l'AIT cesse pratiquement d'exister en Europe (une partie importante des militants de l'Internationale ont préféré suivre les principes fédéralistes prônés notamment par Bakounine). Le Conseil général de l'AIT de Londres est transféré à New York et une internationale ouvrière fédéraliste se constitue la même année.
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+ La santé de Marx est minée par son travail politique inlassable d'organisation de l'Internationale et la rédaction encore plus épuisante de son œuvre. Il laisse pour l'essentiel à Engels le soin de suivre les développements du SPD, même si en 1875 Marx écrit une critique très sévère du programme de Gotha du SPD. Karl Marx se consacre ensuite essentiellement à l'achèvement du Capital, pour lequel il collecte une masse considérable de nouveaux matériaux et, en plus des langues vivantes qu'il maîtrisait déjà (français, anglais, italien et allemand), apprend le russe. Toutefois, sa santé déclinante l'empêche d'achever les deux derniers volumes du Capital. Engels se chargera par la suite de rassembler et mettre en forme ses notes afin de publier des matériaux partiels.
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+ Les idées de Marx gagnent en notoriété et en influence dans les milieux socialistes, grâce entre autres au travail de vulgarisation accompli par Paul Lafargue, gendre de Marx. Mais Marx lui-même est peu convaincu par le messianisme révolutionnaire et utopiste des disciples du marxisme, notamment français ; commentant aussi bien les travaux de son gendre que les discours de Jules Guesde, il écrit : « Si c'est cela le marxisme, ce qui est certain c'est que moi, je ne suis pas marxiste »[27],[28].
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79
+ Jenny, sa femme, qui l'a toujours fidèlement soutenu, meurt le 2 décembre 1881. En 1882, épuisé par la maladie, Marx se rend à Alger de février à mai, afin de se soigner. Sa toux tenace l'empêche de visiter le pays. C'est à ce moment qu'il se fait photographier pour la dernière fois. Le docteur Stéphan qui le soigne ne parvient pas à enrayer sa maladie. Marx se plaint de la solitude dans une lettre à Engels : « Dis à mes filles de Londres qu'elles doivent écrire au vieux Nick, sans attendre que lui-même leur écrive ». Il rembarque le 2 mai et séjourne brièvement à Monaco, afin de remonter à Argenteuil, près de Paris, où demeure sa fille Jenny Longuet.
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+ Quelques mois plus tard, Marx s'éteint paisiblement dans son fauteuil, le 14 mars 1883, mort de la tuberculose. Il est enterré près de sa femme dans le cimetière de Highgate à Londres. Les deux époux avaient rompu avec leur milieu social et restèrent fidèles, dans l'adversité comme dans la misère, à un idéal d'émancipation humaine[29].
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+ Ironie du sort quand on connaît sa critique de l'argent[30], depuis l'été 2015, la visite de sa tombe est payante et coûte de quatre à six livres sterling[31].
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+ S'inspirant du matérialisme antique (sa thèse d'admission au doctorat portait sur l'atomisme de Démocrite et Épicure et sa théorie du clinamen, qui lui permettait de préserver la liberté de la volonté humaine au sein d'une théorie physique déterministe) et se voulant une critique de l'économie politique, la pensée de Karl Marx est résolument matérialiste : « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de luttes de classes », écrit-il ainsi dans le Manifeste communiste, rédigé peu avant les Révolutions de 1848. Comme Marx le remarque dans les Thèses sur Feuerbach, « les philosophes n'ont fait jusqu'ici qu'interpréter le monde, il s'agit maintenant de le transformer ». C'est en cela que le marxisme peut être vu comme un dépassement de la philosophie.
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87
+ Marx veut remettre « la dialectique hégélienne sur ses pieds », et estime donc que c'est la matière qui est première, et non l'esprit, c'est-à-dire que « le mouvement de la pensée n'est que le reflet du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l'Homme » (Le Capital). Il rompt ainsi avec l'idéalisme de la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel, ainsi qu'avec l'Idéalisme allemand, pour lequel les objets sont de simples copies de « l'Idée » et pour lequel le « mouvement réel » de l'Esprit absolu dans l'Histoire (Hegel) ne prend conscience de lui-même que dans la conscience du philosophe.
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+ Le matérialisme selon Marx ne s'arrête pas à la dimension purement physique de l'Homme, comme c'était le cas de ses prédécesseurs. Marx insiste sur le « matérialisme social » qui fait (réalise) l'Homme, c'est-à-dire toutes les relations sociales qui le construisent (la famille, les rapports hiérarchiques, la réalisation (objet) de son travail au sein de la société et les formulations qu'il en donne, etc.).
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+ Selon Jacques Ellul, il n'existe pas pour Marx une « nature humaine », mais une « condition humaine », qui varie selon les époques. Marx parle de « Gattungwesen ».
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+ Cependant, Marx reproche à l'ancien matérialisme le fait qu'il conçoive l'être humain comme une abstraction, et non comme le produit de l'ensemble de tous ses rapports sociaux, le fait qu'il ne serait pas historique, etc., ce qu'il qualifie de matérialisme « vulgaire » par son aspect mécaniste.
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+ La dialectique hégélienne, essentiellement formulée sur une base idéaliste, implique l'idée selon laquelle le monde ne peut être considéré que comme « un complexe de choses achevées » (Engels), « un système logique sur la réalité au risque de faire rentrer celle-ci de force dans le moule forgé par l'esprit »[32], une succession de processus complexes où les choses (y compris les reflets qui s'y impriment dans le cerveau de celui qui pense) sont en constant développement alternant entre l'être et le devenir quant à une finalité (Dieu). Selon Hegel, ce développement est une évolution discontinue, faite de bonds, de catastrophes, mue d'impulsions internes, de contradictions, etc., allant vers une finalité prédéterminée : l'Absolu.
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+ Marx reprend la logique hégélienne et en retient la notion de l'aliénation, dont il tire une théorie concrète, fondement de ce qui a été appelé matérialisme dialectique (le terme n'est pas de Marx lui-même, qui ne l'a jamais employé, mais il a été utilisé par certains marxistes pour désigner la redéfinition de la dialectique opérée selon eux par Marx et Engels[33],[34]). Chez Marx, la dialectique est une méthode permettant d'analyser les relations contradictoires entre les forces sociales dans une période historique donnée, et en déduire un mouvement historique[35]. Marx, pour étudier une réalité objective déterminée, analyse les aspects et éléments contradictoires de cette réalité, sans négliger le fait que la réalité doit être analysée dans son unité, c'est-à-dire dans son mouvement. La recherche doit s'approprier son objet en analysant et découvrant les relations internes des éléments qui le composent. La méthode marxiste, s'inspirant de Hegel, affirme que l'analyse suffisamment approfondie de toute réalité atteint des éléments contradictoires, et insiste sur le fait que la réalité à atteindre par analyse est une réalité en mouvement. Chaque objet étudié ayant son originalité, le savant doit se proposer d'atteindre la loi propre de cet objet, à savoir son devenir. La « dialectique marxiste » diffère de la dialectique hégélienne en ce que sa méthode se défie de l'abstraction et affirme que l'idée générale ne dispense pas de saisir en lui-même chaque objet. Les éléments d'un objet d'étude, par exemple un pays donné, sont analysés en tenant compte de leur réalité concrète, à savoir, s'agissant d'un pays, ses groupes concrets de populations et leurs rapports de classe concrets (capital, salariat). L'analyse rencontre partout des éléments contradictoires et indissociables et doit les distinguer sans perdre leur lien. Pour Marx, l'exposition du tout concret à partir de ses éléments est la seule méthode scientifique : la méthode dialectique analyse chaque élément dans ses conditions concrètes qui, prises dans le mouvement réel, acquièrent un caractère historique. L'analyse vise alors à exposer et à comprendre la totalité que constitue la structure économique et sociale, l'effort intellectuel se basant sur la connaissance de cette totalité concrète et non sur des conceptions abstraites[36].
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+ Ce que cherche Marx à travers le matérialisme historique, c'est de trouver pourquoi des changements ou des révolutions dans les arts, les sciences, la philosophie, le juridique, etc. surviennent à des moments différents selon les pays et pourquoi ils sont différents selon les époques[37].
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+ Pour Marx, les êtres humains ne peuvent survivre sans organisation. Or, ces dernières sont en grande partie déterminées par les modes de production qui ne peuvent être changés graduellement. Les modes de production à leur tour déterminent les relations de classe. « La technologie, dit Marx, met à nu le mode d'action de l'Homme vis-à-vis de la nature, le procès de production de sa vie matérielle, et, par conséquent, l'origine des rapports sociaux et des idées ou conceptions intellectuelles qui en découlent (Le Capital, livre I) ». Ainsi, le travail, par les améliorations techniques que son évolution implique, conduit à transformer les structures de la société. Qu'on pense seulement à la différence entre le travail d'un paysan du siècle dernier et un informaticien, ou bien, pour reprendre un exemple de Karl Marx, extrait de Misère de la philosophie[38] :
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+ « En acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux. Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel. »
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+ Malgré tout, le déterminisme marxien n'est que partiel. En effet, si l'« être social explique la conscience sociale : dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. » (Contribution à la Critique de l'Économie Politique), néanmoins l'être humain a son libre arbitre, ses passions , ses intérêts. Toutefois, pour Ernest Mandel[39], les intérêts de classe sont prédominants sur les intérêts ou les passions individuelles. Il note : « le résultat de la collision de millions de passions, d'intérêts et d'options est essentiellement un effet de logique sociale et non de psychologie individuelle ». La liberté humaine est donc limitée par la lutte des classes. En fait pour Marx la liberté c'est surtout d'avoir du temps de loisir disponible pour développer ses talents, ses potentialités[37] ce que peut faire la classe gouvernante. Le but pour lui est donc de libérer la classe ouvrière en développant assez les forces productives pour limiter le temps de travail des prolétaires et arriver à la société sans classe[40].
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+ L'État pour Marx est « constitué de groupes de personnes séparés et à part du reste (la majorité) de la société », c'est un instrument de maintien d'une certaine structure sociale et de classes données. L'émergence de la société sans classe permet de s'en passer et d'arriver à une société d'auto-administration. Toutefois avant d'atteindre cette phase ultime, il faut passer pour Marx par la dictature du prolétariat qu'il voit comme un État qui cherche à assurer sa propre dissolution[40].
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+
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+ Au cours de l'Histoire, les progrès techniques permettent d'accroître la production. Après un certain temps, un conflit naît au sein de la société, où les rapports sociaux changent : la classe sociale qui détient les nouvelles techniques prend de l'importance sur la classe sociale dominante, fondée sur l'ancien modèle de production. Exemple : du système féodal où le suzerain possédait les terres et ceux qui la travaillaient, et le rôle du clergé sur la société, on est passé à une société dominée par la bourgeoisie au cours de la révolution industrielle du XVIIIe siècle. Ainsi, selon Marx, est née une nouvelle forme de l'économie : le capitalisme, qui suppose une nouvelle forme de propriété privée, garantie par une institution juridique nouvelle.
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+ Marx, dans son œuvre[41], a résumé l'histoire humaine en 4 étapes (la cinquième à venir étant, selon lui, la période socialiste), correspondant à des techniques et des modes de production différents :
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+ Marx pense que le sens de l'Histoire est à terme inéluctable, et qu'elle aboutit toujours à cette troisième étape, critique, de restructuration sociale. Les rapports de production finissent tôt ou tard par être contestés, par ne plus être adaptés au développement, par être insupportables pour une part importante de la population : les structures de la société, qui paraissaient immuables, doivent alors changer.
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+ La lutte des classes est l'opposition, au sein de la société civile, entre divers groupes de la population, qui se distinguent selon leur mode de vie et l'origine de leurs revenus.
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+ Selon la conception matérialiste de l'histoire (appelée aussi matérialisme historique), les oppositions entre ces classes sociales constituent le fil conducteur qui permet de comprendre la succession des sociétés et des périodes historiques. La théorie de la lutte des classes avance qu'exceptées les communautés primitives, toutes les sociétés historiques sont composées de classes en opposition constante (homme libre et esclave, patricien et plébéien, seigneur et serf, patrons et ouvriers), cette opposition étant le moteur même de l'histoire.
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+ L'idée selon laquelle la société n'est pas homogène, mais que ses membres ont des aspirations divergentes, et parfois contradictoires, n'est pas nouvelle. Le concept et l'expression de « lutte des classes » viennent d'historiens contemporains de Marx, notamment français, en particulier de François Guizot (dont il possédait deux ouvrages, Histoire de la civilisation en France et Histoire générale de la civilisation en Europe ; il recensa aussi le livre Pourquoi la révolution d'Angleterre a-t- elle réussi ? Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre).
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+ François Guizot écrit :
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+ « Le troisième grand résultat de l'affranchissement des communes, c'est la lutte des classes, lutte qui remplit l'histoire moderne. L'Europe moderne est née de la lutte des diverses classes de la société. Ailleurs […] cette lutte a amené des résultats bien différents : en Asie, par exemple, une classe a complètement triomphé, et le régime des castes a succédé à celui des classes, et la société est tombée dans l'immobilité. Rien de tel, grâce à Dieu, n'est arrivé en Europe. Aucune classe n'a pu vaincre ni assujettir les autres : la lutte des classes, au lieu de devenir un principe d'immobilité, a été une cause de progrès : les rapports des diverses classes entre elles, la nécessité où elles se sont trouvées de se combattre et de se céder tour à tour, la variété de leurs intérêts et de leurs passions, le besoin de se vaincre, sans pouvoir en venir à bout, de là est sorti peut-être le plus énergique, le plus fécond principe du développement de la civilisation européenne. »
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+ — Histoire générale de la civilisation en Europe (1838).
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+ Marx confiait volontiers son emprunt. En 1852, il écrivait :
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+ « Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Bien longtemps avant moi, des historiens bourgeois avaient décrit l'évolution historique de cette lutte des classes, et des économistes bourgeois en avaient analysé l'anatomie économique. »
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+
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+ — Lettre à Joseph Weydemeyer du 5 mars 1852.
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+ Marx étudie la manière dont la bourgeoisie moderne est née au sein même de la société féodale, a grandi jusqu'à représenter une force sociale qui est entrée en conflit avec l'ancienne classe dominante des nobles. Après avoir renversé le régime féodal, la bourgeoisie a bouleversé le monde, modifié les rapports sociaux, les valeurs, l'idéologie dominante, et développé les sciences et les techniques à un point inimaginable auparavant.
134
+
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+ Toutefois, selon Marx, elle a également fait surgir une nouvelle classe sociale, le prolétariat moderne, c'est-à-dire la classe de tous ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre, et dont les intérêts entrent directement en conflit avec ceux de la bourgeoisie. Marx estime que de toutes les classes existantes dans la société moderne, seule la classe ouvrière est réellement capable de transformer la société.
136
+
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+ Le capitalisme naît du développement de l'artisanat dans le régime féodal et de l'apparition de la classe bourgeoise. Le développement de la technique demande de plus en plus à l'artisan de faire appel à de nouveaux travailleurs, qui sont alors sous l'égide du seigneur (les serfs, paysans).
138
+
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+ Le régime capitaliste se caractérise ensuite par le développement continu des techniques, qui permettent de produire de plus en plus. Les prix diminuent alors et font disparaître les entreprises les moins rentables, augmentant la classe prolétarienne. Cette classe a de plus en plus de mal à acheter les marchandises produites par le système, qui entre en contradiction. Une autre contradiction est la concentration du capital dans un petit nombre de mains, situation qui ne peut durer face à l'organisation de la classe prolétarienne.
140
+
141
+ Marx ne s'est pas contenté de dénoncer les méfaits du capitalisme naissant de l'époque (comme l'extrême misère des ouvriers anglais d'alors), mais il a cherché à analyser les conditions qui ont permis la naissance du capitalisme, et les lois qui guident la production de marchandises. Pour cela, il s'est appuyé sur les travaux des économistes de son temps, et reconnaissait la valeur de certaines de leurs observations, mais les trouvait incomplètes.
142
+
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+ Il reprochait à l'économie politique d'être formée comme une science exacte, qui avait éliminé l'Homme de ses paramètres, et l'avait réduit à ses qualités de producteurs et consommateurs. Un autre reproche était le manque de questionnement de ses fondements[42] :
144
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145
+ « L'économie politique part de fait de la propriét�� privée. Elle ne vous l'explique pas. Elle exprime le processus matériel que décrit en réalité la propriété privée, en formules générales et abstraites, qui ont ensuite pour elle valeur de lois. Elle ne saisit pas ces lois, c'est-à-dire qu'elle ne montre pas comment elles résultent de l'essence de la propriété privée. »
146
+
147
+ Dans la conception philosophique de Marx, le travail est le prolongement de l'Homme, c'est une partie de son existence individuelle. Il aboutit à une reconnaissance par les autres hommes, et crée une solidarité entre individus. Il lie intimement le travailleur et celui qui bénéficie de ce travail. C'est aussi un moyen de subsistance, directe dans les systèmes pré-capitalistes (sociétés paysannes), indirecte dans le système capitaliste[réf. nécessaire].
148
+
149
+ « Supposons que nous produisions comme des êtres humains : chacun de nous s'affirmerait doublement dans sa production, soi-même et l'autre. 1) Dans la production, je réaliserais mon individualité, ma particularité ; j'éprouverais, en travaillant, la jouissance d'une manifestation individuelle de ma vie, et, dans la contemplation de l'objet, j'aurais la joie individuelle de reconnaître ma personnalité comme une puissance réelle, concrètement saisissable et échappant à tout doute. 2) Dans ta jouissance ou ton emploi de mon produit, j'aurais la joie spirituelle de satisfaire par mon travail le besoin humain de réaliser la nature humaine et de fournir, au besoin d'un autre, l'objet de sa nécessité. 3) J'aurais la conscience de servir de médiateur entre toi et le genre humain, d'être reconnu et ressenti par toi comme un complément à ton propre être et comme une partie nécessaire de toi-même, d'être accepté dans ton esprit comme dans ton amour. 4) J'aurais, dans mes manifestations individuelles, la joie de créer la manifestation de ta vie, c'est-à-dire de réaliser et d'affirmer dans mon activité individuelle ma vraie nature, ma sociabilité humaine. Nos productions seraient autant de miroirs où nos êtres rayonneraient l'un vers l'autre. »
150
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+ — Karl Marx, Écrits économiques, tome 2, Gallimard, NRF, La Pléïade, Paris, 1963 p. 22, cité par Alain Lipietz dans André Gorz et l'aliénation, 2017
152
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153
+ Si Marx a cautionné cette idée hégélienne dans sa jeunesse, sur la fin de sa vie on peut douter qu'il ait gardé une telle définition (du moins après les manuscrits de 1844 et L'Idéologie allemande). Ainsi dans sa critique du programme de Gotha et dans son texte polémique contre le protectionnisme éducateur de List, Marx écrit : « Qu'établit-on par exemple pour le salaire ? La vie du travailleur. De plus on établit par ce moyen que le travailleur est l'esclave de capital qu'il est une « marchandise » une valeur d'échange dont le niveau plus ou moins élevé, la hausse ou la baisse, dépendent de la concurrence, de l'offre et de la demande. On établit ici que son activité est du « travail ». Maintenant, oublions tout cela. Le « travail » est la base vivante de la propriété privée, la propriété privée étant sa propre source créatrice. La propriété privée n'est rien d'autre que du travail matérialisé. Si l'on veut lui porter un coup fatal, il faut attaquer la propriété privée non seulement comme état objectif ; il faut l'attaquer comme « activité », comme « travail ». Parler de travail libre, humain, social, de travail sans propriété privée, est une des plus grandes méprises qui soient. Le « travail » est par nature l'activité asservie, inhumaine, antisociale, déterminée par la propriété privée et créatrice de la propriété privée. Par conséquent, l'abolition de la propriété privée ne devient une réalité que si on la conçoit comme abolition du « travail », abolition qui naturellement n'est devenue possible que par le travail lui-même, c'est-à-dire par l'activité matérielle de la société elle-même […] »[43].
154
+
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+ Dans la société capitaliste, le travail a changé de nature : il est devenu aliénant, il subordonne l'individu aux moyens de production privée. Il est dépourvu de ses valeurs humaines. Il n'a d'autres finalités qu'une production de marchandises vénales, destinées à des échanges économiques. En effet, il fait remarquer que l'ouvrier à la chaîne, ne s'identifie pas ou peu à son travail, mais plutôt à ce qu'il va faire de son salaire. Le producteur devient un anonyme aux yeux de l'acheteur. Le travail devient alors abstrait. Ce travail est abstrait justement car il se fonde sur une « moyenne » de productivité imposée par la composition organique du capital. Comme le dit Marx dans le premier chapitre du Capital, si c'est bien le temps de travail nécessaire qui détermine la valeur d'un objet, il ne suffit pas de produire en dix heures un objet qui en moyenne en prend cinq pour pouvoir le vendre deux fois plus cher, c'est le temps socialement compris qui comptera pour déterminer la valeur. Phénomène qui explique la tendance à la concentration du capital car ceux ne pouvant s'aligner sur les taux de productivité ne peuvent suivre et sont donc contraints à la faillite)[44].
156
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157
+ Marx différencie la propriété des objets (propriété objective) qui existent indépendamment du travail humain (une terre, un arbre, un cheval), de la propriété subjective induite par le système capitaliste.
158
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159
+ La propriété subjective existe lorsqu'intervient le travail humain dans la production d'un objet. Une marchandise contient du travail humain. La propriété privée subjective (subjective, parce qu'elle contient l'idée qu'un sujet — l'Homme — l'a produite) est une appropriation du travail humain. Posséder une marchandise (une maison, une entreprise, une machine), c'est détenir du travail humain, donc cela crée une domination de l'Homme par lui-même. N'oublions pas que le travail est, chez Marx, une partie et un prolongement de l'Homme[réf. nécessaire].
160
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161
+ Ces concepts sont intimement liés chez Marx. La consommation, chez Marx, n'a pas le sens commun des économistes. Elle regroupe à la fois la consommation d'objets (matières premières, produits manufacturés, etc.) et la consommation du travail de l'Homme. L'Homme est toujours présent dans la réflexion de Marx, cela fait partie de son originalité par rapport aux économistes classiques. La production, c'est notamment la consommation du travail. Réciproquement, l'acte de consommer (au sens commun) un objet, c'est l'étape finale de la production. Il y a une identité entre les deux notions.
162
+
163
+ Dans la société capitaliste, il n'y a plus rapport direct entre le producteur d'un bien, et celui qui va le consommer. La distribution, fonction intermédiaire, dépend de la structure sociale (rapports de domination sociale, salaires, etc.).
164
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165
+ Dans sa notion de distribution, Marx, encore une fois, inclut aussi la distribution sociale, à comprendre au sens de proportions de personnes dans les différentes classes sociales.
166
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167
+ L'échange final du bien, qui s'opère avec de l'argent dans la société capitaliste, finalise le cycle.
168
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169
+ Le capitalisme nécessite la libération du travail. Qu'est-ce qu'un travailleur « libre » selon Marx ? C'est un travailleur disponible pour être utilisé comme moyen de production, à la différence des sociétés paysannes, où les individus étaient la propriété du seigneur, et donc indisponibles pour des activités industrielles. Une personne « non libre » dans le sens de Marx sera par exemple une femme au foyer, ou une personne âgée retraitée et étant empêchée de travailler, ou encore un mineur que des lois protègent. Les institutions (par exemple les États, par les lois) peuvent jouer un rôle empêchant ou diminuant cette « libération ». Les coutumes et les religions aussi (refus du travail des femmes, par exemple).
170
+
171
+ Une autre condition pour que le système capitaliste existe, c'est que les moyens de la production soient également « libérés », c'est-à-dire disponible pour les capitalistes. Il ne faut pas qu'ils soient détenus de façon constante par des personnes. Les personnes ne doivent pas être intimement liées à ces moyens de production, comme pouvaient l'être les serfs vis-à-vis de la terre du seigneur au Moyen Âge, ou les esclaves dans l'Antiquité ou dans les empires coloniaux. Un esclave est directement un objet pour la production. Dans le même ordre d'idées, pour être qualifié de prolétaire il ne faut pas que le travailleur possède ses instruments de travail (sinon, il pourrait subvenir lui-même à ses besoins).
172
+
173
+ Lorsque ces conditions sont réunies, les Hommes sont disponibles, le travail peut alors être acheté sous la forme du salariat.
174
+
175
+ Le capital regroupe plusieurs formes : le capital-objet (les machines, les produits), le capital-travail (les Hommes à qui on peut acheter le travail), le capital-argent.
176
+
177
+ La formation des richesses avait plusieurs origines avant Marx : les physiocrates y voyaient la productivité de la terre (cultures, élevages), les socialistes de l'époque y voyaient une exploitation des ouvriers par les patrons, et les libéraux y voyaient un prélèvement sur le prix de ventes des marchandises.
178
+
179
+ Marx nie tout cela. L'enrichissement vient de la création de la richesse. Cette création de la richesse vient du travail (la valeur-travail). L'employé vend sa force de travail à un patron qui utilise celle-ci à sa guise. Le prix de la force de travail est le salaire. Le travail permet de dégager une valeur supplémentaire, qui sera récupérée par le patron, c'est la plus-value. Ce n'est pas à proprement parler un vol : le salaire sert à couvrir les moyens de subsistance de l'employé, pour lui permettre de régénérer sa force de travail.
180
+
181
+ Ce mécanisme de production de capital va se concentrer par la circulation du capital : les patrons dans leur ensemble dégagent un bénéfice, peuvent réinvestir et bénéficient ainsi d'une croissance infinie en capital. Cependant, certains feront faillite, réduisant le nombre de capitalistes. Ils rejoindront la classe ouvrière et permettront d'augmenter la force de travail employable pour les capitalistes. Ce phénomène de concentration du capital est constant, et a nécessairement une limite, au-delà de laquelle la société capitaliste disparaîtra.
182
+
183
+ Le prolétariat selon Marx est la classe des personnes qui travaillent pour un capitaliste. On dirait aujourd'hui que cela représente l'ensemble des salariés. Un cadre en informatique est un « prolétaire » selon Marx, un employé d'une boulangerie est également un prolétaire. Selon l'analyse marxiste, le capital lié à l'activité des boulangeries, comme tout capital, se concentre. On pourrait ainsi estimer que l'apparition des réseaux de distribution de pains modernes (comme l'entreprise Banette) fait partie du sens de l'Histoire. Les anciens boulangers propriétaires disparaissent, et rejoignent le prolétariat, alors que le capital se concentre.
184
+
185
+ La théorie de la valeur consiste en l'idée que la valeur d'une marchandise vient du temps de travail socialement nécessaire pour la produire et l'amener au marché.
186
+
187
+ La plus-value correspond à la part de « surtravail » effectuée par le travail vivant, soit la quantité de travail supplémentaire effectuée par le travail vivant et ne recevant pas son équivalent en termes de salaire. Cette plus-value produite par le travail vivant est ensuite traduite en prix à travers sa réalisation dans l'échange marchand et correspond alors au concept de profit. Là où la plus-value doit être pensée en tant que valeur abstraite, le profit constitue son expression phénoménale à travers le mécanisme des prix. Mais ces deux concepts ne doivent pas pour autant être confondus puisqu'il peut arriver que, dépendamment du jeu de l'offre et de la demande sur le marché, les profits exprimés en prix ne correspondent pas nécessairement à la plus-value produite par le travail[45].
188
+
189
+ La monnaie (à comprendre au sens de pièces de monnaie) est la forme objective de l'argent.
190
+
191
+ Dans la pensée de Marx, l'argent en tant que concept occupe une place importante.
192
+
193
+ D'abord, l'argent apparaît lors des échanges (achat-vente de marchandises). Ensuite, il est la substance de la richesse. La richesse et l'argent sont avant tout des abstractions. La monnaie, elle, est sa forme objective.
194
+
195
+ Chez Marx, tout est marchandise en système capitaliste (objet manufacturé, comme travail humain). Dans le système capitaliste, toute marchandise a donc un équivalent-argent.
196
+
197
+ Or, dans la conception philosophique de Marx, le travail est intimement lié à l'Homme. Le travail est une caractéristique essentielle de l'Homme, et est ce qui forme les relations entre eux[réf. nécessaire]. Le consommateur est lié au producteur, et vice-versa.
198
+
199
+ Comme ce travail peut s'acheter avec l'argent (abstraction), dans le système capitaliste, les relations entre les Hommes tendent à être subordonnées aux relations basées sur l'argent. L'argent détruit la réalité de l'Homme en détruisant les médiations entre eux. C'est l'argent qui devient la médiation entre les Hommes (par le salaire, et les échanges économiques).
200
+
201
+ Marx pense même que les relations entre les serfs et les seigneurs au Moyen Âge étaient de ce point de vue beaucoup plus humaines que celle entre les ouvriers et les patrons de l'ère industrielle[46][citation nécessaire].
202
+
203
+ L'argent comporte également plusieurs contradictions, dont en voici une importante : l'argent n'est au début qu'un moyen d'échange de marchandises. Mais, dans le système capitaliste, il va devenir le but du capitaliste, c'est-à-dire un objet de valeur qu'il faut acquérir et accumuler en tant que tel[47][citation nécessaire].
204
+
205
+ L'Homme a une dépendance vis-à-vis de l'argent. L'Homme ne peut rien, par contre l'argent peut tout : il est le pouvoir, il est l'équivalent des marchandises. L'Homme a donc inventé une abstraction qu'il vénère et qui le surpasse[citation nécessaire].
206
+
207
+ L'argent a également un effet sur la moralité des Hommes. Comme on peut échanger toute marchandise contre toute autre (dont le travail humain, c'est-à-dire l'Homme), la forme ultime du capitalisme est la prostitution généralisée de l'Homme.
208
+
209
+ Chez Marx, la monnaie permet de tromper le salarié. L'esclave est payé par les subsistances vitales que lui procure son maître, tandis que le salarié croit obtenir un salaire monétaire qui lui offre une liberté de choix dans sa consommation. Mais cette liberté n'est qu'une illusion qui vient tromper le salarié sur sa situation réelle : en fait son salaire monétaire ne lui permet que d'acheter le minimum vital que le maître procurait directement à l'esclave. Cette illusion est l'apport essentiel de la monnaie dans les rapports sociaux du système de production capitaliste.
210
+
211
+ Pour Marx, les idéologies sont produites par les Hommes, mais ce sont des mystifications, des illusions collectives, que les Hommes se font d'eux-mêmes, car elles sont déterminées par les rapports que l'Homme a avec le monde, elles sont déterminées par le contexte social dans lequel vit l'Homme. Si le théoricien ne fait pas un travail d'auto-analyse, il ne pourra pas construire des idées et des concepts pertinents, décrivant véritablement la réalité. Ce sont des formes de fausse conscience.
212
+
213
+ Pourquoi les Hommes construisent-ils des idéologies, selon Marx ? Essentiellement pour se justifier, et se donner bonne conscience[réf. nécessaire].
214
+
215
+ Par exemple, un monde où la classe dominante exploite la classe dominée va produire une idéologie qui va non pas mettre en évidence l'exploitation, mais bien au contraire justifier les rapports entre les classes (avec des principes, des institutions, des lois, des coutumes, etc., qui sont des produits de l'idéologie de justification des inégalités de classe).
216
+
217
+ Si l'idéologie est surtout produite par la classe dominante, il est nécessaire que l'ensemble des Hommes croient en l'idéologie ainsi mise en place, aussi bien la classe dominante que la dominée. Elle doit être universellement admise. La classe dominée ne doit pas voir le produit de l'idéologie comme une construction humaine, mais plutôt comme une évidence naturelle.
218
+
219
+ C'est ainsi que Marx considère que « les idées dominantes d'une époque n'ont jamais été que les idées de la classe dominante » (Manifeste du parti communiste). Contre les idéologies aliénantes issues des classes dominantes au fil du temps, Marx estime que l'Humanité doit instaurer une société sans division en classes sociales, empêchant ainsi la domination d'une classe dominante.
220
+
221
+ Marx critique vivement le rôle de la religion et les aspects philosophiques et sociaux de cette dernière. Marx est matérialiste et s'en revendique : il est ainsi athée.
222
+
223
+ Marx s'intéresse surtout à la religion à cause du rôle qu'elle exerce sur la société. Pour Marx, la religion est une structure créée par la société, et qui évolue selon ses besoins. La religion et les Hommes qui la font (prêtres, évêques, etc.) sont des alliés objectifs de la classe dominante (et, pour ce qui est du haut clergé, en est directement membre).
224
+
225
+ Il analyse l'évolution de la religion en Europe : d'abord, il y avait des structures religieuses païennes, qui permettaient aux Hommes de justifier des phénomènes climatiques qu'ils ne comprenaient pas. Les dieux étaient des dieux locaux, chaque peuple avait les siens, ils étaient souvent liés à des phénomènes de la nature.
226
+
227
+ Ensuite, l'expansion romaine à travers l'Europe et le bassin méditerranéen a fait naître une conscience géographique plus étendue, et les religions locales ont disparu au profit du christianisme. Pendant le Moyen Âge, la transition au catholicisme a structuré l'Église : des hiérarchies structurées sont progressivement apparues (Pape, évêques, curés), avec qui le pouvoir (les rois et la noblesse) a dialogué de façon constante pour le partage du pouvoir sur les peuples. La dîme, prélevée au peuple au profit de l'Église, a été instaurée. L'éducation des enfants était prise en charge directement par l'Église.
228
+
229
+ La naissance du capitalisme a fait apparaître une volonté de réforme du catholicisme à travers le protestantisme et le « capitalisme judaïque ». Ce terme a valu des critiques à Marx et un débat sur son éventuel antisémitisme, bien que Marx soit juif d'origine, mais athée. Dans les faits, Marx s'oppose au judaïsme en tant que religion, car il est une oppression comme selon lui toutes les autres religions. Il rappelle également que la plupart des juifs étaient pauvres et exploités. Il critique donc le judaïsme, comme d'une manière générale le christianisme, pour avoir aidé le système capitaliste à apparaître. En revanche il milite et pétitionne auprès de son Assemblée provinciale pour obtenir l'émancipation politique des juifs sans que ceux-ci aient à renier leur religion[48].
230
+
231
+ Cependant, de nombreux écrits de Marx jettent un doute sur ces affirmations apologétiques. On peut par exemple citer Sur la Question juive :
232
+
233
+ « Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin pratique, l'utilité personnelle. Quel est le culte profane du Juif ? Le trafic. Quel est son Dieu profane ? L'argent. Eh bien, en s'émancipant du trafic et de l'argent, par conséquent du judaïsme réel et pratique, l'époque actuelle s'émanciperait elle-même. »
234
+
235
+ « L'argent est le dieu jaloux d'Israël, devant qui nul autre dieu ne doit subsister. »
236
+
237
+ « Le dieu des Juifs s'est sécularisé et est devenu le dieu mondial. Le change, voilà le vrai dieu du Juif. Son dieu n'est qu'une traite illusoire. »
238
+
239
+ ou encore ses correspondances avec Engels :
240
+
241
+ « Cette ordure de correspondant berlinois du Daily Telegraph, est un juif du nom de Meier, parent du propriétaire de l'affaire, un juif anglais du nom de Levy. »
242
+
243
+ — Lettre à Engels, 9 février 1860[49]
244
+
245
+ « Le négro-juif Lassalle […]. J'ai maintenant acquis la certitude, comme le prouvent la conformation de son crâne et la pousse de ses cheveux, qu'il descend des nègres qui se joignirent à Moïse lors de la traversée de l'Egypte (à moins que sa mère ou sa grand-mère n'aient eu des relations avec un nègre). Il est certain que ce mélange de Juif et d'Allemand avec la substance de base du nègre devait donner un curieux résultat. L'importunité du camarade est également typique du nègre. »
246
+
247
+ — Lettre à Engels, au sujet du socialiste allemand Ferdinand Lassale, 30 juillet 1862[50]
248
+
249
+ qui affichent des sentiments racistes allant bien au-delà de la simple critique de la religion.
250
+
251
+ Selon Marx, la religion permet de justifier les inégalités sociales, et permet au prolétariat de mieux les supporter. Elle laisse le peuple dans l'illusion que sa condition n'est pas si terrible, en lui donnant des exemples de morales religieuses, des bienfaits de la souffrance, etc..
252
+
253
+ Marx pense que si on élimine la religion, la classe ouvrière prendra conscience de sa misère, la refusera, et permettra la naissance d'une société socialiste[réf. nécessaire].
254
+
255
+ Ce que dénonce avant tout Marx, c'est l'effet anesthésiant, aliénant et mystifiant des religions sur la mentalité collective. De là son expression célèbre, résumée sous la forme apocryphe :
256
+
257
+ « La religion est l'opium du peuple. »
258
+
259
+ Et dont la formulation complète est :
260
+
261
+ « La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple[51]. »
262
+
263
+ Marx pense que la racine de la croyance religieuse se trouve dans les conditions de vie misérables de la plus grande partie de la population. C'est la raison pour laquelle il ne pense pas que la lutte contre la religion doit se trouver au centre du militantisme communiste. Après avoir défini la religion comme « l'âme dans un monde sans âme… l'opium du peuple », il poursuit :
264
+
265
+ « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence de son bonheur réel. Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole. La critique a dépouillé les chaînes des fleurs imaginaires qui les recouvraient, non pour que l'homme continue à porter des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu'il rejette ces chaînes et cueille les fleurs vivantes. La critique de la religion détruit les illusions de l'homme pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de la raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est-à-dire de son soleil réel. La religion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même. »
266
+
267
+ — Dans Introduction à la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel
268
+
269
+ Dans le Manifeste communiste, Marx considère que la première nécessité pour le prolétariat est « la conquête de la démocratie » (chapitre 2).
270
+
271
+ La démocratie réelle est selon Marx un des buts et des moyens essentiels de l'action du prolétariat. Cela est illustré par sa célèbre formule de 1864 : « L'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
272
+
273
+ L'aliénation a des sens différents selon ses applications.
274
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275
+ Le travail est dans le système capitaliste une simple marchandise vendue. Le travail tue l'Homme en tuant son temps de vie.
276
+
277
+ « Un homme qui ne dispose d'aucun loisir, dont la vie tout entière, en dehors des simples interruptions purement physiques pour le sommeil, les repas, etc., est accaparée par son travail pour le capitaliste, est moins qu'une bête de somme. C'est une simple machine à produire la richesse pour autrui, écrasée physiquement et abrutie intellectuellement. Et pourtant, toute l'histoire moderne montre que le capital, si on n'y met pas obstacle, travaille sans égard ni pitié à abaisser toute la classe ouvrière à ce niveau d'extrême dégradation[52]. »
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+ L'argent, dans la société capitaliste, est le seul signe de puissance, et le seul besoin. Les Hommes luttent pour l'argent. Il est l'objet de toutes les convoitises. Or l'argent est une pure abstraction. L'argent coupe de la réalité du monde, et en même temps devient l'unique vecteur pour pouvoir agir sur lui. La société de l'argent est une aliénation surtout pour ceux à qui il est pris, mais aussi pour ceux qui le prennent.
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+ L'aliénation morale est l'aliénation par l'État et la religion. L'État entretient le mythe des « citoyens » égaux (alors que les inégalités demeurent), et la religion crée une morale artificielle qui sert les intérêts de certains êtres humains (en général : de sexe masculin, riches, âgés, etc.).
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+ Pour sortir de ce système, Marx préconise la destruction des objets de l'aliénation, c'est-à-dire la destruction de l'État, de la religion, de l'argent, de la marchandisation du travail.
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+ Cette destruction est en partie idéologique : aucune violence n'est à craindre. Il suffit d'une prise de conscience. Un jour, les Hommes peuvent décider d'arrêter de croire à l'État, ils peuvent décider de ne plus croire à la religion, ils peuvent décider que la monnaie n'a plus de valeur et refuser de s'en servir comme moyen d'échange, et ils peuvent décider d'arrêter de travailler en tant que marchandise. Cela ne signifie pas l'arrêt du travail, bien sûr, mais l'arrêt de l'idée qu'il faut le faire contre un salaire. À cette prise de conscience doit s'associer un changement radical des institutions et structures de la société, pour dépasser le stade capitaliste et créer le communisme.
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+ « À la place de l'ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous »[53].
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+ Chez Marx, les prolétaires ne sont pas que les pauvres. Les prolétaires sont le résultat de la dynamique du système capitaliste, et d'un mouvement historique irréversible.
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+ La prolétarisation est la double conjonction de la transformation de l'Homme en prolétaire et de l'augmentation de leur nombre.
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+ Qu'est-ce qu'un prolétaire ? C'est un individu qui ne possède que sa seule force de travail, et pas les moyens de la production. Il est par conséquent obligé de vendre sa force de travail au capitaliste sous forme de salaire pour subvenir à ses besoins. Tout travailleur salarié est un prolétaire.
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+ Marx avait très bien anticipé le développement du taylorisme à ce sujet. La division du travail est en effet un mouvement constant du capitalisme. Il est dû à l'amélioration des techniques et notamment des machines, qui ont fait apparaître les ouvriers spécialisés. Il est également la conséquence d'une recherche de rentabilité accrue.
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+ Chaque salarié du système capitaliste ne devient capable que d'assurer une infime partie de la production. Son travail n'a pas de sens en lui-même. Il n'est qu'un rouage d'un immense mécanisme. Il ne peut plus avoir de vie individuelle.
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+ De plus, du fait de cette division continue du travail, et du développement des techniques, le chômage est appelé à se développer. C'est l'« armée de réserve », et celle-ci, par sa simple présence, exerce une pression sur les salariés, qui ont peur de se retrouver au chômage. Le chômage empêche les travailleurs de se révolter. Les salaires ont donc une tendance continue à la baisse à long terme relativement aux possibilités qu'offre l'époque dans laquelle vivent les travailleurs, et la concentration du capital est aussi inéluctable.
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+ La prolétarisation est donc la « corrélation entre l'accumulation de richesses et l'accumulation de misères ».
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+ Le prolétaire possède également d'autres caractéristiques[54], telle que l'absence de propriété.
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+ Comment sortir de cette misère (parfois matérielle, mais aussi surtout psychologique) ? Il faut, selon Marx, que la société se libère du capitalisme par la révolution. Cette révolution doit libérer le prolétariat, mais aussi toutes les classes sociales, notamment les classes dominantes, qui sont également aliénées (par l'argent notamment, comme on l'a vu plus haut). C'est donc une révolution pour toutes les classes visant à abolir les classes elles-mêmes (société sans classes). Cette révolution doit être globale.
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+ En 1861.
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+ En 1869.
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+ En 1882.
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+ Plusieurs livres de Marx sont publiés en ligne, ainsi que des listes de ses livres[55],[56]. Plusieurs volumes de correspondances ont également été publiés après sa mort[57].
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+ Il n'existe pour le moment aucune édition exhaustive des écrits de Karl Marx. L'édition la plus complète en allemand est la « MEGA » (Marx-Engels-Gesamtausgabe), initiée par David Riazanov, toujours en cours d'édition. L'édition la plus complète en français, bien qu'inachevée, est constituée des quatre tomes publiés dans la Bibliothèque de la Pléiade par Maximilien Rubel.
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+ Louxor ou Louqsor, en arabe : الأقصر / al-uqṣur, est une ville située sur la rive droite du Nil, en Haute-Égypte, située à environ 700 km au sud du Caire et à environ 300 km au nord d'Assouan. Selon le recensement de 2006[1], c'est à présent une ville de 429 000 habitants[2] — qui tous, vivent directement ou indirectement du tourisme —, ce qui la place au neuvième rang des villes égyptiennes.
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+ Il s'agit de la cité antique de Thèbes.
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+ Le site de Louxor, avec plus de quatre millions de visiteurs par an, est l'un des endroits les plus touristiques de l'Égypte et constitue la partie sud de l'ancienne Thèbes. Son temple, relié à celui de Karnak par un dromos, longue allée bordée de sphinx, fut érigé au XIVe siècle av. J.-C. sous le règne d'Amenhotep III. Il fut modifié par la suite par Ramsès II, qui y ajouta notamment six statues monumentales et deux obélisques, dont l'un, offert à la France en 1831, orne depuis la place de la Concorde à Paris.
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+
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+ Louxor fait partie du gouvernorat de Louxor. La ville est située sur la rive droite du Nil à 165 km à l'ouest de la Mer Rouge, 700 km au sud du Caire et à environ 300 km au nord d'Assouan.
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+ Les eaux du Nil forment une zone fertile d'environ dix kilomètres en largeur terminée à l'Est du fleuve par le désert Arabique et à l'Ouest par le désert Libyque. En revanche, au nord de la ville le désert Libyque s'étend presque jusqu'aux rives du Nil.
14
+
15
+ L'histoire de la ville s'étale sur plus de quatre millénaires. Dans l'Antiquité, Thèbes fut à plusieurs reprises la capitale de l'Égypte, tout d'abord vers 2040 avant notre ère, lorsque le pharaon Montouhotep II réunifie le pays, puis sous le Nouvel Empire, période d'âge d'or de la civilisation égyptienne antique. C'est à cette époque qu'est construite la vallée des Rois.
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+ Aujourd'hui, la ville est l'une des plus importantes d'Égypte.
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+ La ville vit principalement du tourisme grâce à une importante concentration de monuments antiques représentés notamment par les temples d'Amon et de Karnak situés dans la ville mais aussi par la nécropole thébaine située sur la rive occidentale du Nil.
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+ Le temple de Louxor vu du Nil
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+ Temple de Karnak
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+ Temple de Louxor
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Une ligne de chemin de fer relie par le Nord, Louxor à Qena capitale du gouvernorat qui dirigeait Louxor avant 2010. Elle se prolonge au sud jusqu'à Assouan, tout en longeant la rive orientale du Nil.
30
+
31
+ À dix kilomètres au sud-ouest un pont routier près de Aḑ Ḑabīyah relie les deux rives du Nil.
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+
33
+ L'aéroport international de Louxor se situe à sept kilomètres au sud-est du centre-ville.
34
+
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+ Des débarcadères pour bateaux de croisière se trouvent au sein de la ville, le long de la rive occidentale.
36
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+ Aéroport international de Louxor.
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+ Gare de Louxor.
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+ Felouques.
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+ Promenade en calèche.
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+ Montgolfières.
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47
+ Louxor bénéficie d'un climat désertique chaud (Classification de Köppen BWh) typique du Sahara dans lequel il se trouve, avec des étés très longs et extrêmement chauds et des hivers courts et très doux. La température moyenne de Juin qui est le mois le plus chaud est d'environ 42 °C. La température moyenne dépasse 35 °C dès Avril. Louxor fait partie des endroits les plus secs et avec Assouan une des villes les plus ensoleillées du monde avec une moyenne annuelle dépassant 4 000 heures par an. Selon l'Observatoire de Météo France, les précipitations annuelles ne dépassent pas 99 mm par an en moyenne. Le record de chaleur a été atteint le 15 mai 1990 avec 50 °C.
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+ Super-famille
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+ Synonymes
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+ Les apoïdes (Apoidea) sont une super-famille d'insectes hyménoptères du sous-ordre des apocrites. Elle regroupe les guêpes dites apoïdes (à forme d'abeille) et les abeilles, qui en sont issues.
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+ Liste des familles actuelles selon ITIS (mai 2017)[1] :
8
+
9
+ et les taxons fossiles :
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+ Phylogénie des hyménoptères aculéates d'après Johnson et al. (2013)[2] :
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+ Chrysidoidea
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+ Masarinae (sous-famille de Vespidae)
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+ Rhopalosomatidae
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+ Pompilidae
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+ Tiphiidae
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+ Scolioidea
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+ Apoidea (guêpes apoïdes avec les abeilles)
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27
+ Formicidae (fourmis)
28
+
29
+ Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[3] :
30
+
31
+ Ampulicidae (guêpes à blattes)
32
+
33
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 1
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+
35
+ Sphecidae s.s. (guêpes fouisseuses)
36
+
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+ Crabroninae
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+
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+ Bembicini
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+
41
+ Astatinae et Nyssonini
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+
43
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 2
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+
45
+ Pemphredoninae et Philanthinae
46
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+ Anthophila (abeilles)
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Rabat (en arabe : الرباط, ar-Ribāṭ ; en berbère : ⵔⵔⴱⴰⵟ, R-rbaṭ ; en darija : الرّباط, er-Rbaṭ) est la capitale du Maroc.
6
+
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+ La ville est située au bord de l'Atlantique au nord-ouest du Maroc, à 40 km au sud de Kénitra et 240 km au sud-ouest de Tanger et du détroit de Gibraltar, et à 87 km au nord-est de Casablanca. Elle est séparée de la ville de Salé au niveau de l'embouchure du Bouregreg, d'où leur surnom de « villes jumelles »[6].
8
+
9
+ Sur le plan administratif, son territoire — à distinguer de celui de l’agglomération rabataise incluant sa banlieue — d'une superficie de 118,5 km2[7], correspond à celui de la préfecture de Rabat qui, depuis le retour au principe de l'unité de la ville en 2002[8], est composée d'une part de la commune urbaine de Rabat, divisée en cinq arrondissements ; d'autre part de la commune urbaine de Touarga, où se situe le palais royal, enclavée dans la première. Lors du dernier recensement de 2014, sa population était de 577 827 habitants[5], faisant de Rabat la 7e plus grande ville du royaume. Avec sa banlieue, elle forme la deuxième plus grande agglomération du pays après celle de Casablanca[9].
10
+
11
+ La ville a été fondée en 1150 par les Almohades[10], qui y édifièrent une citadelle (devenue la kasbah des Oudayas), une mosquée et une résidence. C’était alors ce qu'on appelle un ribat (« forteresse »[11]). Le nom actuel vient de Ribat Al Fath, « le Camp de la Victoire ». Plus tard, le petit-fils d'Al-Mūmin – Ya'qub al-Mansūr – agrandit et compléta la ville, l'entourant notamment de murailles. Par la suite, elle servit de base aux expéditions almohades en Andalousie.
12
+
13
+ Après 1269, quand les Mérinides choisirent Fès comme capitale, Rabat entra dans une période de déclin. Ainsi, l'explorateur morisque Hassan al-Wazzan a rapporté qu'il n'y subsistait que 100 maisons habitées en 1515. En 1609, à la suite du décret d’expulsion de Philippe III, 13 000 Morisques y trouvèrent refuge, revitalisant ainsi la ville[12]. Jusqu'au XIXe siècle, Rabat est connue sous le nom de Salé-le-Neuf.
14
+
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+ En 1912, Lyautey fit de Rabat le siège du résident général et la capitale du protectorat français au Maroc[13]. En 1956, à l’indépendance du Maroc, la ville resta la capitale du pays[14].
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+ Depuis 2012, un ensemble de sites de Rabat est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. La ville a aussi reçu la deuxième place du classement CNN des « Meilleures destinations touristiques de 2013 »[15].
18
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+ En 1875, Bleicher signale pour la première fois l'existence d'outils lithiques au Maroc ; est cité entre autres le site Douar Doum à Rabat[16].
20
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+ Une carrière d'exploitation dans le quartier de Kébibat a livré en 1933 les plus anciens fossiles humains trouvés au Maroc (à la date de 2004), soit 23 fragments de boite crânienne, sans industrie lithique associée[17]. Leurs caractéristiques[18] ont induit plusieurs hypothèses successives[17]. Marçais (1934) en fait un Atlanthrope[19]. Vallois (1958/1959) leur attribue un mélange de néandertalien et de sinanthrope. Jaranof (1945) les dit moustériens. Ferembach (1975) les attribue à l'Acheuléen moyen. Au début des années 2000, ils sont dits du Tensiftien[N 1], contemporain du Riss, l'avant-dernière glaciation[17],[20]. La stratigraphie du site a été interprétée en 1959 par G. Choubert[21].
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+ Les falaises du littoral océanique entre Rabat et Tébibat sont elles aussi riches en vestiges préhistoriques : Dar-es-Soltane I et II, El Harhoura I et II, grotte des Contrebandiers[22] (appelée de nos jours El Mnasra[23]).
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+ La première trace urbaine à Rabat se situe à l'actuelle kasbah des Oudaïas, les Almoravides y ayant fondé un fort pour organiser les attaques contre les tribus du royaume hérétique des Berghouata non loin des ruines de l'ancienne cité romaine de Sala Colonia. La dynastie des Almohades fit édifier, en 1150, à la place de l'ancien fort sanhadja des Almoravides, un ribat (ou forteresse), lieu de rassemblement des combattants de la foi, point d’étape dans l’épopée almohade pour la conquête de l’Andalousie et le contrôle du reste du Maghreb. Le calife Abu Yusuf Yaqub al-Mansur se disait désireux de concevoir, quant à la position du Bouregreg, des projets plus vastes capables d'éclipser les grandes métropoles abbassides de l'Orient islamique[24].
26
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27
+ Aidé des nombreux captifs ramenés d’Espagne après la bataille d'Alarcos, il fit construire les remparts de la future capitale et commencer, non loin du fleuve, une mosquée aux proportions grandioses ; mais cette dernière ne fut pas achevée ; seul se dresse son minaret qui servit de repère aux navigateurs pour le franchissement de la ville. À ce camp retranché fut d'abord appliqué le nom de Ribat de Salé, puis celui de Ribat El-Fath, après la victoire des armées almohades en Espagne.
28
+ Cette construction, qui correspond en gros à la partie ouest de l’actuelle kasbah des Oudaïas, fut appelée à la fois Ribat al Fath (« le Camp de la Victoire »), pour commémorer les victoires almohades, et al-Mahdiyya, en souvenir d’al-Mahdî Muhammad ibn Tûmart, fondateur du mouvement almohade. À partir du Ribat d’Abd al-Mumin, son fils Abu Yaqub Yusuf, puis son petit-fils Yacoub el-Mansour, héritiers d’un empire s'étendant de la Castille à la Tripolitaine, à cheval sur l'Europe et l'Afrique, ont construit une cité imposante, couvrant plus de quatre cents hectares, enceinte de murailles imposantes percées de portes monumentales et qui devait être dotée d'une mosquée gigantesque, la tour Hassan (restée inachevée pour cause de séisme), mais qui eut été l'un des plus grands sanctuaires du monde musulman.
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+
30
+ Ainsi, bien que Ribat al Fath ne reçut jamais la population que son enceinte aurait pu abriter, les grandes orientations de la ville étaient tracées. Les remparts et les portes monumentales de l’époque témoignent aujourd'hui encore de l’ampleur de la ville almohade; également le minaret et les vestiges de la mosquée de Hassan, sur un site dont le caractère sacré a été accentué et revalorisé par l'édification du mausolée Mohammed V, symbole de piété filiale qui, de par sa décoration exceptionnelle, œuvre d'art collective, est un hommage au souverain qui y repose et un témoignage de la renaissance de l'artisanat traditionnel.
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+
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+ De la fin de la période almohade, vers le milieu du XIIIe siècle, jusqu'au début du XVIIe siècle, l’importance de Rabat diminua considérablement.
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+ La dynastie zénète des Mérinides fonda le Jama' el-Kbîr, ainsi que d'autres ruelles, tous situés au cœur de l'actuelle médina. La localisation de cet équipement public permet d’affirmer que la vie citadine n’était pas concentrée uniquement aux abords immédiats de la kasbah et que plusieurs quartiers de l'actuelle médina étaient habités.
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+ À partir de 1610, Rabat reçut une forte population de réfugiés morisques chassés de l'ancienne Al-Andalus par le roi d'Espagne Philippe III, qui s’établirent dans la kasbah et à l'intérieur de l'enceinte almohade[25], dans la partie nord-ouest qu'ils délimitèrent et protégèrent par une nouvelle enceinte, la "muraille andalouse". Les descendants de ces Morisques, qui portent souvent des patronymes hispaniques tels que Guédira, Mouline (Molina), Bargach (Vargas), Karrakchou (Carracso/Carrasco), Moreno, Balafrej (Palafres), Ronda, Tamourro (Chamorro), etc., sont toujours considérés comme les Rbatis dits « de souche ».
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+ Pendant quelques dizaines d’années, Rabat, alors connue de l’Europe sous le nom de Salé-le-Neuf, fut le siège d'une cité-État, la république du Bouregreg, jusqu’à l’avènement des Alaouites qui s’emparèrent de l’estuaire en 1666. Sa principale activité était la course en mer contre les chrétiens, notamment contre les Espagnols, qui lui procurait la totalité de ses ressources, et la république salétine devint ainsi un des principaux centres de la course barbaresque en Afrique du Nord, en concurrence avec les Ottomans qui dominaient Alger, Tunis et Tripoli. Les corsaires de Salé-le-Neuf s'aventuraient très loin dans l'océan Atlantique, parfois jusqu'en Islande et jusqu'à Terre-Neuve, au large de l'actuel Canada[26].
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+ Rabat devient une ville impériale dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, sous le règne du sultan Mohammed III (1757-1790) qui y fait édifier un palais et une mosquée. Un de ses successeurs, Moulay Slimane (1792-1822), vient y résider durant les grandes révoltes siba qui frappent le Moyen-Atlas et menacent Fès, et y fait également construire une mosquée. Sa décision d'arrêter la course barbaresque entraîne le déclin de l'activité maritime de la ville.
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+ En 1912, dans le cadre de l'instauration du protectorat français au Maroc, le général Lyautey décide de transférer la capitale de Fès à Rabat (en raison de la forte agitation des tribus autour de Fès). Le sultan Moulay Youssef y déménage quelques mois plus tard. En 1913, Lyautey fait appel à Jean Claude Forestier qui rédige un rapport sur l'aménagement urbain des grandes villes marocaines, puis il engage Henri Prost en 1914 pour dessiner la « Ville nouvelle » destinée à abriter les institutions du protectorat et la population européenne.
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+ En 1956, à la fin du protectorat, le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef (Mohammed V) maintient Rabat comme capitale. Son fils Hassan II, en 1961, et son petit-fils Mohammed VI en 1999, confirment ce choix, tout en alternant les séjours dans les différents palais du Royaume, selon la tradition des souverains chérifiens.
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+ De la fin de la Seconde Guerre mondiale et jusqu'en 1963, les États-Unis disposèrent d'une base militaire aérienne à Rabat.
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+ Depuis juin 2012[27], un ensemble de sites de la ville de Rabat est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en tant que bien culturel[28] : la « ville nouvelle » (édifiée au début du protectorat français au Maroc), la kasbah des Oudayas, le jardin d'Essais, la médina, les remparts et portes almohades, les sites du Chellah ou de la mosquée Hassan (dont la « tour Hassan » est le minaret), le mausolée Mohammed-V et le quartier habous de Diour Jamaâ[29].
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+ Protégeant les faces sud et ouest de la ville, une enceinte importante fut construite par les Almohades à la fin du XIIe siècle. Elle est composée de deux longues murailles rectilignes, se coupant à angle aigu, d’une longueur totale de plus de cinq kilomètres, d’une épaisseur de plus de deux mètres et d’une hauteur moyenne d'environ huit mètres[30].
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+ Ainsi fut enfermée une superficie de près de quatre-cent-vingt hectares, englobant le plateau supérieur qui domine aujourd’hui le Chella, pour assurer, en cas d’attaque, la sécurité des parties basses de la ville. Le rempart ouest était percé de quatre portes, à intervalles assez réguliers : Bab El-Alou, Bab El-Had, Bab Er-Rouah et Bab El-Hdid, la dernière étant incluse dans l’actuel Palais royal. Le rempart sud n'en comportait qu’une seule, Bab Zaër. Comme la plupart des murailles édifiées par les Almohades, cette enceinte construite en béton d'une grande solidité, riche en chaux grasse, a admirablement résisté. Régulièrement flanquée de tours carrées, sa courtine est couronnée d'un chemin de ronde, bordé à l’extérieur d’un parapet aux merlons coiffés de pyramidions[30].
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+
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+ Bab Er-Rouah, chef-d’œuvre d’esthétique monumentale en pierre, déploie, tout comme la porte de la Kasbah, un décor d’entrelacs autour de l’ouverture en forme d’arc outrepassé inscrit dans un encadrement rectangulaire. Comme à Bab Agnaou à Marrakech, de grands arcs reprennent, en l’élargissant, le mouvement de l’arc même de la porte, l’entourant d’une auréole sinueuse aux pointes aiguës, surmontée d’une large frise à inscription coufique.
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+ Au début du XVIIe siècle, des réfugiés musulmans chassés d’Espagne s’installent dans la Kasbah ainsi que dans une partie d’une centaine d’hectares à l’intérieur de l’enceinte almohade, qu’ils délimitent par l’édification d’une nouvelle muraille. Partant à proximité de Bab El-Had, cette dernière relie la courtine du XIIe siècle à la falaise dominant le Bouregreg, au Borj Sidi Makhlouf. Rectiligne et flanquée de tours barlongues, la muraille andalouse qui s’étendait sur plus de 1 400 mètres, était haute en moyenne de cinq mètres et large de plus d’1,5 mètre. Elle était percée de trois portes : Bab Et-Tben (qui est aujourd'hui abattue ; elle était située près de l’actuel marché municipal), Bab El-Bouiba et Bab-Chella[30].
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+ Par ailleurs, au début du XIXe siècle, un nouveau rempart extérieur, d’une longueur totale de 4 300 mètres, fut édifié. Il prolongeait au sud l'enceinte almohade et la doublait à l’ouest jusqu'à l'océan Atlantique, enfermant ainsi une superficie totale de plus de 840 hectares. Cette dernière fortification avait une hauteur moyenne de 4 mètres et une épaisseur légèrement inférieure à 1 mètre. Quatre portes au total y étaient percées : Bab El-Qebibât, Bab Tamesna, Bab Marrakech et Bab El-Msalla. Ce rempart alaouite a été détruit en grande partie pour faciliter l’aménagement de la ville européenne durant le Protectorat. À partir des principales portes de la médina partaient les routes reliant, notamment, Rabat à Casablanca, à Marrakech, et à Fès[30].
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+ Aux abords de l'enceinte almohade se tenaient des marchés hebdomadaires, tel celui de Souq el-Had, à proximité de la porte du même nom. Par ailleurs, entre l'enceinte alaouite et la muraille almohade étaient situés, au sud, l'Agdal, relié au Palais royal et, au nord, des jardins d'orangers dont les fruits, très prisés pour leur qualité, étaient exportés en Europe, comme en attestent de nombreux documents d'archives.
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+ Le théâtre national Mohammed-V est l’une des plus grandes institutions culturelles de Rabat. La majeure partie des spectacles y sont coorganisés avec les instituts culturels européens.
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64
+ Les galeries officielles sont Bâb Er-Rouah, Bab El-Kébir aux Oudayas et Mohamed El-Fassi.
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+ Rabat compte aussi des espaces indépendants, le plus emblématique étant L'appartement 22, fondé en 2002 par Abdellah Karroum, pour la production, l'exposition et les rencontres des cultures vivantes.
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+ Des grands projets culturels sont lancés dans les années 2000, notamment celui de la Bibliothèque nationale, du musée des Arts contemporains[31] et de l’Institut supérieur de la musique et de la danse.
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+ En 2006, la Fondation ONA inaugure à Rabat son second lieu culturel, la Villa des Arts.
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+ Villa des arts de Rabat
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+ Théâtre Mohamed V
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+ Institut français de Rabat
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+ Institut espagnol de Rabat
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+ La commune urbaine de Rabat est divisée en cinq arrondissements :
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+ Le cœur de la ville de Rabat est constitué de trois quartiers : la Médina (centre historique), la Kasbah des Oudayas et Hassan, situés à l'intérieur de la muraille almohade.
83
+
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+ À l'ouest, et en longeant les bords de mer, on retrouve une succession de quartiers. D'abord, aux alentours des remparts, les quartiers anciens de l'Océan et des Orangers (populaire et classe moyenne). Au-delà, une succession de quartiers majoritairement populaires : Diour Jamaa, Akkari, Yacoub el-Mansour, Massira et Hay el-Fath.
85
+
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+ À l'est, en longeant le Bouregreg, on retrouve les quartiers populaires de Youssoufia, Douar el-Hajja, Taqaddoum, Aviation, Romani (classes populaires et moyennes).
87
+
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+ Entre ces deux axes, en allant du nord au sud, on retrouve 3 principaux quartiers : Agdal (quartier d'immeubles très vivant mélangeant les fonctions résidentielles et commerciales, majoritairement à destination des classes moyennement aisées), Hay Riad (quartier aisé qui a connu un sursaut de dynamisme depuis les années 2000, tendant à devenir le nouveau centre d'affaires de Rabat), Souissi (quartier très aisé, majoritairement résidentiel) et Hay Nahda (classes moyennes).
89
+
90
+ Rabat est la deuxième agglomération du pays après Casablanca. Ces dernières années, Rabat commence à devenir un centre d'affaires profitant de la restructuration et de la réorganisation des administrations publiques ainsi que l'installation des sociétés étrangères et la création des zones off-shores.
91
+
92
+ La ville est le siège de plusieurs grandes entreprises marocaines et multinationales présentes au Maroc (telles que Thales, Holcim, KPMG, Maroc Telecom, CDG, Crédit agricole du Maroc et Poste Maroc).
93
+
94
+ Place Moulay Hassan.
95
+
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+ Quartier des affaires.
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+
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+ Maroc Telecom HQ.
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+ Hay Ryad.
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102
+ Technopolis.
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+ La ville de Rabat à l'image du reste du Maroc compte aujourd'hui de nombreux projets d'aménagements ambitieux démarrés ou en gestation. Ces projets doivent permettre de répondre aux besoins d'une population en forte croissance (la conurbation de Rabat incluant les villes de Salé, Skhirat et Temara, compte désormais plus de 3 millions d'habitants). Il s'agit également de créer des infrastructures de transport aujourd'hui peu développées et incapables de faire face aux déplacements quotidiens des habitants dans le cadre de leur activité professionnelle. Rabat ambitionne également de devenir une véritable capitale culturelle du pays ce qui se traduit par la multiplication de projets comme la grande bibliothèque, le futur grand théâtre national au bord du Bouregreg, le musée de l'histoire et des civilisations (ex-musée archéologique), le musée d'art contemporain, et l'organisation de plusieurs Festivals au courant de l'année comme le Festival Mawazine.
105
+
106
+ L'aménagement de la vallée du Bouregreg séparant les villes de Rabat et Salé est un projet majeur pour le Maroc qui doit concerner à terme 6 000 hectares et qui a été lancé en 2006. Pour la réalisation de la première séquence sur trente hectares, l'Agence s'est jointe à AL MAABAR d'Abou Dhabi, pour créer une cité de culture, de tourisme et de loisirs : Bab Al Bahr. L'objectif du projet est de construire dans cette zone en partie inondable et faiblement ou pas aménagée des nouveaux quartiers multifonctions assurant la transition entre les deux agglomérations en valorisant le potentiel de l'axe fluvial avec la nouvelle marina et le patrimoine architectural des deux villes. Le projet, qui est piloté par un établissement public créé pour la circonstance (l’Agence pour l'Aménagement de la Vallée du Bouregreg AAVB), doit permettre également d'améliorer la communication entre les deux villes[32].
107
+
108
+ Six phases sont prévues dont deux ont commencé en 2009. La première, dénommée Bab Al Bahr, représente un montant de d’investissement de 750 millions de dollars et comprend un programme immobilier mixte de près de 560 000 m2 de plancher. Les aménagements situés sur la rive gauche de l'oued entre son embouchure et le pont Hassan II comprennent des ensembles hôteliers et résidentiels de qualité, la Cité des Arts et métiers dédiée à la préservation du savoir-faire artisanal et un port de plaisance. La construction d'un pont doté d'un tirant d'air plus élevé et le dragage de l'oued doivent permettre d'accueillir des bateaux ayant des tirants d'eau plus importants. Pour les pêcheurs professionnels de Salé et Rabat chassés par les aménagements en cours, un port de pêche est en cours de construction à l'embouchure de l'oued côté Rabat[32]. La deuxième phase porte sur la construction d'un quartier en partie lacustre dans la zone comprise entre le nouveau pont Hassan II et la ligne ferroviaire Rabat Salé pour un investissement initial de 2.5 milliards de dollars.
109
+
110
+ Bouregreg Marina, dans le cadre du projet Bab el Bahr.
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112
+ Résidences de la marina.
113
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+ Bouregreg Marina accueille le PlanetSolar. Le nouveau pont Hassan II est derrière.
115
+
116
+ Le projet Sephira porte sur l'aménagement de la corniche du littoral atlantique sur une longueur de 11 km et une superficie de 330 hectares entre Bab El Bahr (près des Oudaîas) et Harhoura (Témara). Le projet prévoit à terme la réalisation entre autres de résidences, d'hôtels, de tours d'affaires, dont une de 50 étages, d'un centre commercial et d'une marina internationale. Le projet est confié à un groupe des Émirats : le terrain est cédé pour un dirham symbolique en échange de la construction des infrastructures. Le démarrage du programme, toujours en suspens, a été par le passé régulièrement reporté[33].
117
+
118
+ Le projet de Akrach est une extension de la ville de Rabat qui doit permettre de loger 200 000 habitants sur le plateau de même nom situé au sud de l'agglomération. Le projet à l'étude depuis quelques années est toujours en suspens (2009)[34].
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+
120
+ Le projet de CGI (centre multifonctionnel d'Agdal) devrait comporter un centre commercial, un hôtel, un fitness club et des bureaux. Arribat Center
121
+
122
+ Une ville nouvelle, baptisée Tamesna et considérée comme une ville-satellite de Rabat, est en cours de construction à 30 km au sud-est de Rabat sur un terrain situé en amont de l’oued Ikem. Elle a vocation à accueillir à son achèvement vers 2015 250 000 habitants dans 50 000 logements dont 10 000 logements sociaux[35].
123
+
124
+ Sur l'emplacement de l'ancien zoo de Rabat qui est situé entre les quartiers Hay Riad et Témara va naître un projet touristique et immobilier (Ryad al Andalous) avec allée de gratte-ciel et d'autres tours ainsi que des logements, loisirs, mall... Un nouveau zoo national est construit juste à côté du complexe sportif Moulay Abdellah en utilisant la recette de la vente du terrain de l'ancien zoo au promoteur (420 M. Dhm)[36]. Les travaux de construction ont débuté en juillet 2008 et sont achevés en décembre 2011, pour l'inauguration officielle le 9 janvier 2012 et l'ouverture au public le 14 janvier 2012.
125
+
126
+ Les habitants de Rabat utilisent largement le réseau de transports en commun constitué des bus gérés par la société Alsa depuis août 2019, et le tramway exploité par le groupe Transdev, via la Société du Tramway de Rabat-Salé. Le prix des parkings, très élevé, ainsi que la difficulté de trouver une place et les bouchons découragent l’usage de la voiture. Une ligne ferroviaire électrifiée à double voie relie Rabat aux villes voisines de Salé et de Casablanca et au reste du Maroc; elle est empruntée pour les trajets à courte distance par le RER en direction de Témara, Bouqnadel et Salé, tandis que la majorité des habitants faisant la navette entre Casablanca, Rabat et Kénitra empruntent le TNR (train navette rapide) sous forme de voitures M6 (Wagon à double étage) qui assure une desserte en une heure avec une fréquence à la demi-heure. Rabat comporte deux gares : Rabat-Ville dans l'arrondissement Hassan et Rabat-Agdal dans la continuité de l'hypercentre, l'Agdal. Les personnes habitant en lointaine banlieue utilisent généralement leur véhicule personnel pour rejoindre le réseau urbain.
127
+
128
+ Rabat partage avec Salé l'Aéroport international Rabat - Salé d'une capacité de 3,5 millions de passagers dont le trafic atteint les 485 000 passagers en 2013.
129
+
130
+ Une double voie ferrée électrifiée relie Rabat aux villes voisines.
131
+
132
+ Gare Rabat-ville.
133
+
134
+ Pour décongestionner le trafic sur l'axe reliant Salé à Rabat un nouveau pont doté de deux fois trois voies : le pont Hassan-II, a remplacé l'ancien pont Moulay-al-Hassan (2 × 2 voies). Ce nouveau pont est doté de deux fois trois voies permettant ainsi un trafic fluide sur la traversée du fleuve. De plus, deux lignes de tramway sur un tracé commun y traversent le fleuve du Bouregreg, permettant à la fois d'assurer le transport des Rabattais et des Salétins mais également de réduire le nombre de bus traversant le pont : principale source de bouchons.
135
+
136
+ Le tunnel des Oudayas permet aujourd'hui de réduire la congestion automobile dans l'axe allant du pont Hassan-II jusqu'à l'océan en passant par un important site touristique de Rabat, la Kasbah des Oudayas. De plus, celui-ci va permettre, grâce à la déviation du trafic de l'avenue Al Marsa vers le tunnel, la concrétisation du projet de zone piétonne entre les Oudayas et la médina de Rabat, qui était autrefois une avenue très chargée.
137
+
138
+ La ville de Rabat dispose depuis mai 2011 de deux lignes de tramway d'une longueur totale de 22 km. Les lignes desservent à la fois Salé et Rabat selon un axe nord-sud avec un tronc commun de 3 km du centre-ville de Rabat jusqu'à l'entrée de Salé, après le franchissement du Bouregreg via le pont Hassan-II. Les 41 stations sont desservies par des rames doubles Alstom Citadis d'une longueur totale de 60 mètres.
139
+
140
+ L'autoroute de contournement de Rabat, d'une longueur de 42 km, a été inaugurée le 7 juillet 2016. Elle comprend notamment le plus long pont à haubans d'Afrique, le pont Mohammed VI[37]
141
+
142
+ Cette grande rocade, dont les travaux de réalisation ont été lancés en février 2011 et achevés en juillet 2016, relie les grands axes autoroutiers desservant le sud, le centre, le nord et l’est du Maroc. Elle permettra de réduire les délais de transport tout en allégeant la circulation à l'intérieur du périmètre urbain de Rabat.
143
+
144
+ L'agglomération dispose d'un réseau de bus, réaménagé depuis août 2019, d'une soixantaine de lignes reliant les villes de Rabat, Salé et Témara.
145
+
146
+ La gare de Rabat-Ville a été rénovée de 2008 à 2010 et le sera une nouvelle fois pour accueillir le train à grande vitesse. Une gare TGV est prévue en périphérie près de Technopolis. Cette gare permettra au TGV marocain de mettre Rabat à 1 h de Tanger et à une demi heure de Casablanca.
147
+
148
+ Tunnel des Oudayas.
149
+
150
+ Autoroute Rabat-Casa.
151
+
152
+ Train Navette Rapide.
153
+
154
+ Rabat forme avec Salé et Témara une conurbation de 1,6 million d'habitants (2004). La croissance de la population a été stimulée tout au long du XXe siècle par la croissance démographique du Maroc et la migration vers les villes. Le choix de Rabat comme capitale politique et administrative en 1912 a entraîné l'arrivée d'une population importante de fonctionnaires. Jusqu'à l'indépendance, c'est Rabat qui a reçu la majorité du flux migratoire. Après l'indépendance, la croissance s'est accentuée avec l'installation de l'élite intellectuelle dans la capitale. Désormais, la population de Rabat ne croît plus et ce sont Salé et Témara qui reçoivent les nouveaux flux migratoires.
155
+
156
+ Le recensement de 2014 indique que l'arabe est utilisé par 98,4% de la population de Rabat, tandis que le berbère est parlé sous ses différentes formes par 12,2%.
157
+
158
+ Plusieurs formes de la langue arabe coexistent à Rabat. Le rbati, forme la plus anciennement présente dans la ville et fortement minoritaire, se différencie de la koinè urbaine et des parlers hilaliens, résultants des mouvements d'exode rural et de la mobilité des populations au sein du Maroc et qui se sont implantés dans la ville principalement pendant la seconde moitié du XXe siècle. D'autres formes de parlers non hilaliens sont égalements présents au sein des populations s'étant établies à Rabat depuis d'autres villes (Salé, Fès, Tétouan, etc.) ou régions (Jbala, Ghomara, etc.) ayant un parler non hilalien.
159
+
160
+ Les « anciennes familles » de Rabat sont un groupe social à identité propre constitué d'un ensemble des familles ayant habité la ville depuis plusieurs siècles, avant son ouverture aux populations de l'intérieur du Maroc et l'arrivée massive de migrants (à la suite des mouvements d'exode rural qui commencèrent au début du XXe siècle).
161
+
162
+ Elles se caractérisent par leur homogénéité sociale et culturelle, qui résulte d'une histoire commune marquée par une isolation du reste du pays pendant près de trois siècles, ainsi que d'un héritage culturel marqué par la culture arabo-andalouse[39].
163
+
164
+ Lesdites familles, qui sont environ quatre cents, sont considérées, jusqu'à nos jours, comme les « familles rbaties de souche » et conservent une certaine influence sur la vie politique et économique de la cité.
165
+
166
+ Le climat de la ville est un climat de type méditerranéen[40], sujet aux quatre saisons bien marquées. Les hivers sont frais et pluvieux, avec des minima nocturnes pouvant descendre en dessous de 5 °C, ou parfois atteindre les 0 °C, et des journées agréables autour de 17 °C. Les gelées sont relativement rares. Les étés sont très chauds, les températures dépassent certaines fois les 35 °C. Par contre, les nuits sont toujours fraîches et l'humidité de l'air océanique se fait nettement ressentir.
167
+
168
+ Principalement au printemps et en été, s'invite parfois le chergui, vent du désert sec et brûlant soufflant de l'est et faisant brusquement monter la température, de temps à autre au-dessus des 30 °C mais rarement pendant plus de trois journées successives, avant un retour de la brise océanique d'ouest. La ville appartient au domaine bioclimatique sub-humide, et la moyenne annuelle de précipitation est de 555 mm.
169
+
170
+ La durée annuelle d'ensoleillement est 2 916 heures, ainsi que la moyenne annuelle de précipitation s’élève à 76 jours, concentrée entre octobre et avril. Les chutes de neige sont rares.
171
+
172
+ Le record absolu de chaleur est de 45,8 °C enregistré en août 2010, tandis que le record absolu de froid est de −3,2 °C enregistré en janvier 2005. La moyenne annuelle de température dans la ville est 17 °C
173
+
174
+ Le climat de Rabat ressemble beaucoup à celui du sud-ouest de la péninsule Ibérique.
175
+
176
+
177
+
178
+ Tour Hassan.
179
+
180
+ Cathédrale Saint-Pierre de Rabat.
181
+
182
+ Parmi les lieux de culte, il y a principalement des mosquées musulmanes[42]. Il y a aussi des églises et des temples chrétiens : Archidiocèse de Rabat (Église catholique), Église évangélique au Maroc (Communion mondiale d'Églises réformées), Église orthodoxe russe de Rabat.
183
+
184
+ Oudayas.
185
+
186
+ Avenue Mohammed V.
187
+
188
+ Hôtel Balima.
189
+
190
+ Rabat est, avec Casablanca, la ville dans laquelle se concentre la majorité des établissements d'enseignement supérieur marocains, malgré les tentatives récentes de décentralisation de l'enseignement supérieur. L'université Mohammed V, première université fondée après l'indépendance (1957), est aujourd'hui scindée en deux établissements : l'université Mohammed V - Agdal et l'université Mohammed V - Souissi. En Septembre 2014 ces deux universités ont fusionné pour redonner naissance à l'Université Mohammed V de Rabat.
191
+
192
+ L'université comprend la plus ancienne école d'ingénieurs du Maroc et d'Afrique[51] : l'École Mohammadia d'ingénieurs, fondée en 1959 et située à l'Agdal. L'université Mohamed V - Souissi accueille environ 17 000 étudiants (chiffres 2008-2009), dont 3 500 au niveau du 3e cycle[52].
193
+
194
+ L'université Mohammed V accueille 87 000 étudiants (chiffres 2019-2020), dont environ 6 500 en 3e cycle[53]. Les filières de formation comprennent le droit, l'économie, la santé, les sciences humaines et sociales, les sciences de l'éducation et l'ingénierie informatique.
195
+
196
+ De nombreux autres établissements d'enseignement supérieur publics sont installés à Rabat, tels l'école nationale d'architecture, l'institut national des postes et télécommunications, l'institut agronomique et vétérinaire Hassan II, l'école nationale d'industrie minérale, l'institut national de statistique et d'économie appliquée, l'académie marocaine des études diplomatiques et l'université internationale de Rabat.
197
+
198
+ À côté existent également des établissements privés comme l'école supérieure de management, d'informatique et de télécommunication, l'institut supérieur du génie appliqué, l'école marocaine des sciences de l'ingénieur, l'institut des hautes études de management et SIST British University. Dans le domaine des sciences humaine l'institut universitaire pour la Recherche scientifique a été dirigé par Abdelkébir Khatibi.
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+ La ville compte aussi le stade national du Maroc : Complexe sportif Moulay Abdellah. Ce dernier fut construit en 1983. Les équipes de football locales sont :
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+ Les équipes de handball locales sont :
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+ Les équipes de basket-ball locales sont :
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+ Les équipes de volley-ball locales sont :
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+ Au Royal club équestre de Dar Es Salam à Rabat, tous les ans, se déroule la Semaine du cheval animée notamment par les championnats marocains. Les championnats les plus appréciés sont ceux de saut d'obstacles. Rabat dispose d'une quinzaine de clubs équestres dont le plus connu est le club Dar El-salam à l'est de la capitale.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Médina de Fès (1981) · Médina de Marrakech (1985) · Ksar d'Aït-Ben-Haddou (1987) · Ville historique de Meknès (1996) · Médina de Tétouan (1997) · Site archéologique de Volubilis (1997) · Médina d'Essaouira (ancienne Mogador) (2001) · Ville portugaise de Mazagan (El Jadida) (2004) · Rabat, capitale moderne et ville historique : un patrimoine en partage (2012)
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+ Katmandou[2] (népalais : काठमाडौं (kāṭhamāḍauṁ), काठमान्डु (kāṭhamānḍu), nepalbhasha : येंदेय्‌ (yēndēy)), très rarement orthographiée Kathmandou, Kathmandu ou Katmandu, parfois appelée Kantipur du nom de l'ancienne cité-État[3], ou encore yen — notamment par les Newars —, est la capitale politique et religieuse du Népal dont elle est également la plus grande ville ainsi que le chef-lieu du district du même nom. Les premiers habitants de Katmandou étaient des Newars et parlaient le nepâlbhâsa qui est une langue très répandue parmi les différentes communautés ethniques résidant à Katmandou.
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+ La ville s'élève à 1 350 mètres d'altitude au confluent de deux rivières : la Bagmati et la Bishnumati. Elle est entourée d'une couronne de montagnes de taille moyenne (3 000 mètres au maximum) dans les contreforts de l'Himalaya ; ce qui explique qu'on parle de la vallée de Katmandou (administrativement connue sous le nom de zone de la Bagmati, « Bagmati anchal ») qui comprend aussi Patan et Bhaktapur et est peuplée d'environ 1,5 million d'habitants. Katmandou ne possède pas de réseau souterrain de canalisations et dispose d'une alimentation en eau insuffisante. Aujourd'hui, du fait du contexte politique, l'environnement n'est pas la priorité des Népalais ; ce qui en fait une des villes les plus polluées d'Asie.
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+ La ville eut, en Europe, une période de grande célébrité. Dans les années 1960, elle était la destination favorite des hippies qui faisaient la route de Katmandou.
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+ Selon les chroniques locales, la ville de Katmandou aurait été fondée au Xe siècle par le roi Gunakamadeva.
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+ La structure actuelle de la ville remonte au XVIe siècle.
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+ La vallée de Katmandou a peut-être été habitée dès l'an 900 avant Jésus-Christ mais les plus vieux objets trouvés à ce jour dans la vallée datent d'une centaine d'années avant Jésus-Christ. La plus ancienne inscription connue est datée de 185 ap. J.-C. Le plus vieux bâtiment au creux de cette vallée daté avec certitude remonte à presque mille ans. On dit qu'au VIe siècle av. J.-C., le Bouddha et ses disciples auraient passé du temps dans la région actuelle de Patan, bien qu'il n'y ait aucune preuve de cela. Quatre stûpas autour de la ville de Patan auraient été érigés par Charumati, fille d'Ashoka le Grand, roi Maurya, au IIIe siècle av. J.-C., d'après l'ancienne histoire présente dans la vallée. Comme pour les légendes sur la venue du Bouddha, il n'y a aucune preuve affirmant la visite d'Ashoka mais les quatre stupas de Patan datent probablement de ce siècle.
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+ Les Kirats sont les premiers souverains connus de la vallée de Katmandou. Les vestiges de leur palais seraient à Patan près de Hiranyavarna Mahavihara (appelé « Patukodon »). La dynastie Licchavi dont les plus anciennes inscriptions datent d'avant l'an 464 succéda aux Kirats ; elle avait des liens étroits avec la dynastie indienne Gupta.
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+ Depuis le XIIe siècle, la dynastie Malla régnait sur Kantipur. Au XVIIe siècle, Prithvi Narayan Shah conquit la vallée, installa la dynastie Shah et unifia le Royaume du Népal. Aujourd'hui, à Katmandou, la plupart de l'ancienne architecture date de l'ère Malla.
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+ La ville de Katmandou est nommée ainsi d'après un édifice situé à Durbar Square appelé Kaasthamandap d'après le sanskrit, Kaasth (काष्ठ), « bois » et Mandap (मंडप/मण्डप), « refuge abrité ». Cet unique temple connu aussi sous le nom de Maru Satal, fut construit en 1596 par le roi Laxmi Narsingh Malla. L'édifice entier ne contient ni clou en fer, ni aucun support. Il est entièrement construit en bois. La légende veut que le bois utilisé pour sa construction ne provienne que d'un seul arbre.
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+ La vallée de Katmandou est composée de trois villes principales, Katmandou elle-même, Patan et Bhaktapur. Patan et Katmandou se confondent, uniquement séparées par la rivière Bagmati, tandis que Bhaktapur s'élève plus près des contreforts à l'est.
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+ Katmandou elle-même est le lieu de résidence de la plupart des bureaux gouvernementaux, des ambassades, des maisons de corporation et de l'ancien palais royal de Narayanhiti, Ce dernier est un large bâtiment à l'est de Thamel le sanctuaire touristique du pays et à la tête de Durbar Marg, une rue remplie de magasins très différents.
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+ Thamel est constitué de deux rues parallèles juste à l'ouest du palais. C'est l'emplacement de différentes résidences appartenant à différentes célébrités.
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+ La plupart des rues de Katmandou ont des noms en langue népalaise (le nepâlbhâshâ), affirmant son appartenance à la riche culture newarie et à l'héritage qui en est resté.
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+ La « vieille ville » est remarquable pour ses nombreux temples et pour ses palais bouddhistes et hindous dont la plupart remontent au XVIIe siècle. Beaucoup de ces monuments ont été endommagés par les séismes et par la pollution.
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+ Depuis les années 1960, Katmandou est populaire auprès des touristes occidentaux. À l'époque, elle était l'étape ultime de la « route de Katmandou ». Beaucoup de hippies s'installaient alors à Freak Street ou dans le quartier environnant (Jochhen Tole). Depuis les années 2000, c'est surtout le trekk et la culture népalaise qui attirent les touristes.
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+ L'aéroport international Tribhuvan est situé à environ 6 km du centre-ville et propose des vols intérieurs et internationaux.
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+ Trois routes partent de Katmandou ; l'autoroute Tribhuvan (vers le Sud) et la route Prithvi (vers l'Ouest) sortent toutes deux de la vallée par l'ouest. La bifurcation de Naubise (20 km de Katmandou) les sépare. La route 'Araniko' part vers le nord. Une quatrième, l'autoroute BP, est en construction et se dirigera vers l'est.
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+
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+ La ville est divisée en 35 quartiers répartis sur 5 secteurs géographiques :
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+ La métropole urbaine de Katmandou souffre d'une dangereuse augmentation de la pollution atmosphérique. L'Himalaya, au nord, et Mhabharat, au sud, forment une barrière autour de la vallée de Katmandou qui empêche la dispersion de l'air pollué hors de la vallée. Les pics de pollution saisonniers présentent des valeurs voisines des zones industrielles des autres nations.
40
+
41
+ La situation géographique de Katmandou influence les concentrations de pollution aérienne particulièrement durant les mois d'hiver pendant lesquels les circulations d'air de montagne et de vallée affectent le mouvement de la pollution aérienne[pas clair]. Pendant l'hiver, la pollution aérienne est emportée hors de la vallée de Katmandou pendant le jour pour ensuite retourner dans la vallée la nuit à cause des brises de montagne. Cela a pour effet un niveau très élevé de particules polluantes suspendues pendant la nuit.
42
+
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+ À présent[Quand ?], à Katmandou, le niveau de PM 10 (particules qui mesurent dix micromètres et peuvent entrer facilement dans le corps humain par inhalation) est en moyenne de 148 microgrammes par mètre cube voire de 198 µg dans le quartier d'affaires de Katmandou. C'est bien plus haut que la norme de tolérance internationale qui est autour de 72 microgrammes par mètre cube.
44
+
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+ Katmandou a vu son niveau de PM 10 tripler durant la dernière décennie. Pendant les mois d'hiver, le niveau de pollution est désormais comparable à certaines des villes les plus polluées du monde.
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+ La pollution de Katmandou est similaire à celle de Séoul au début des années 1980 lors de l'industrialisation rapide de la Corée du sud. Mais contrairement à Séoul, le Népal n'a jamais eu de véritable industrialisation et souffre même d'une extrême pauvreté à laquelle se sont ajoutés des troubles sociaux.
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+ À Katmandou, les sources majeures de pollution aérienne sont les émissions de véhicules et les effluves des nombreux fours à brique illégaux dispersés à travers la vallée.
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+ Selon l'Environmental Performance Index de l'Université Yale, le Népal est considéré en 2014 comme le deuxième pays le plus pollué de la planète derrière le Bangladesh[4].
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+ La ville et sa vallée se situent dans une zone d'intense activité sismique, à la limite entre la plaque indienne et la plaque eurasienne. Les constructions ne sont cependant pas prévues pour résister aux fortes accélérations provoquées par les importants séismes caractérisant cette région[5].
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+ La ville a terriblement souffert de plusieurs tremblements de terre en 1934 et en avril et mai 2015[6]. Ces deux événements ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes, et la ruine de nombreux immeubles, dont celle de bâtiments historiques[7].
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Sculpture dans une rue
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+ Stupa sur la place Tahiti
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+ Place Tahiti
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+ Durbar Square à Katmandou vers 1920 (Hanuman Doka)
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+ Hashish-shop en 1973
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+ Le temple Shiva Parvati à Durbar Square
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+ Vendeuse de légumes à Durbar Square
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+ Cathédrale de l'Assomption
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+ Katsushika Hokusai (葛飾 北斎?), est un peintre, dessinateur et graveur spécialiste de l’ukiyo-e, ainsi qu'auteur d'écrits populaires japonais surtout connu sous le nom de Hokusai (北斎?), ou de son surnom de « Vieux Fou de dessin ».
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+ Il est né le premier jour du cycle sexagésimal du neuvième mois de l'année métal-aîné-dragon de l'ère Hōreki — probablement en octobre 1760[1] à Edo (actuel Tokyo) — et mort au matin du dix-huitième jour du quatrième mois de l'ère Kaei, an II — soit en avril ou mai 1849 dans la même ville.
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+ Son œuvre influença de nombreux artistes européens, en particulier Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et Alfred Sisley, et plus largement le mouvement artistique appelé japonisme. Il signa parfois ses travaux, à partir de 1800, par la formule Gakyōjin, « le Fou de dessin ». En 1814, il publie son Manga regroupant croquis et dessins. Les Trente-six vues du mont Fuji (1831-1833) comptant en réalité 46 estampes et La Grande Vague de Kanagawa (1831) sont ses œuvres les plus connues. La couverture de la partition de La Mer (1905) de Claude Debussy reproduit notamment la Vague de Hokusai. Le peintre japonais laisse derrière lui près de 30 000 dessins.
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+ De parents inconnus, Hokusai naît dans le quartier de Warigesui, district de Honjō (zone rurale encore connue sous le nom de Katsushika) à Edo, ancien nom de la ville de Tokyo, sur la rive orientale du grand fleuve Sumida (隅田川, Sumida-gawa?), le premier jour du cycle sexagésimal du neuvième mois de l'année métal-aîné-dragon de l'ère Hōreki, soit en octobre 1760 dans la famille Kawamura[2]. Selon le testament de sa petite-fille Shiraï Tati[3], il aurait été le troisième fils de Kawamura Iti Royémon, qui sous le nom de Bunseï aurait été artiste[4]. Il est adopté vers l'âge de trois ou quatre ans par son oncle Nakajima (中島) Ise[2] qui est un fabricant de miroirs pour la cour du shogun. Hokusai, alors appelé Tokitarō (太郎)[2],[5], manifeste dès lors des aptitudes pour le dessin et de la curiosité pour la peinture.
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+ En 1773-1774, il est en apprentissage dans un atelier de xylographie et, en 1775, il grave les six dernières feuilles d'un roman humoristique de Sanchō[6]. En 1778, il intègre l'atelier du maître Katsukawa Shunshō (1726-1792), un peintre d'estampes ukiyo-e, spécialiste des portraits d'acteurs. C'est dans cet atelier que commence son travail d'artisan du dessin et de l'estampe aux revenus modestes. L'année suivante, il produit sous le nom de Katsukawa Shunrō une série de ces portraits très réussis. Cependant, en 1785, il signe ses estampes d’un nouveau nom : « Gunbatei anciennement Shunrō » ce qui signifie peut-être une rupture avec l’école Katsukawa[7].
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+ En 1792, il quitte l’atelier à la mort du maître et décide de ne plus peindre de portraits d’artistes. Cela fait suite à un désaccord avec le successeur de celui-ci, Shunko[8].
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+ Hokusai connaît alors une période de grande pauvreté durant laquelle il étudie les techniques des écoles de Kano Yusen, Tsutsumi Torin et Sumiyoshi Naiki. Il subit aussi l’influence de l’art occidental et découvre la perspective grâce à un artiste japonais, Shiba Kōkan, qui fréquente les Hollandais, seuls autorisés à amarrer à Nagasaki.
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+ Vers 1794, il réintègre une école classique : le clan Tawaraya de l'école Rinpa. En 1795, il illustre sous le nom de Sōri le recueil poétique Kyōka Edo no Murasaki, qui lui vaut son premier succès. Le Kyōka est un court poème, pastiche de poèmes classiques dont les Japonais sont très friands. Le Char des poèmes kyōka de la rivière Isuzu, illustré par Hokusai, est le seul ouvrage de ce type traduit en français (in medias res, 2002). De 1796 à 1799 il produit un grand nombre d'albums et d’estampes en feuilles séparées, appelées surimono. C'est à la même époque qu'il adopte pour la première fois le nom de Hokusai et se donne en 1800 le surnom de Gakyōjin Hokusai, « le Fou de dessin ». En 1804, il peint, dans la cour du temple d’Edo, au moyen d’un balai et d’un seau d’encre de Chine, un daruma géant de plus de 240 m2 que l’on doit hisser jusqu’aux toits pour permettre à l’assistance de l’admirer. Il réitère cet exploit en 1817 à Nagoya.
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+ En 1812, Hokusai commence à parcourir le pays, de l’ancienne capitale Kyoto à la ville nouvelle de Edo. Il s’arrête à Nagoya, où il rencontre l'artiste Bokusen. Suivant les conseils de ce dernier, il publie deux ans plus tard sa Manga, un recueil de ses innombrables carnets de croquis, d’études originales et marginales. Ses contemporains ont remarqué que ce projet suivait celui de Kuwagata Keisai et son ryakuga[9]. La publication de cette série de livres d’images s'étend jusqu'en 1834 et comprend douze volumes. Âgé de soixante ans, Hokusai prend le nom de Iitsu pour signifier son passage dans un nouvel âge et s'adonne à cette période à l'illustration de livres.
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+ 1831 voit la parution d’une de ses œuvres majeures, la série d’estampes Fugaku Sanjūrokkei ou Trente-six vues du mont Fuji, qui lui vaut une reconnaissance internationale. Il se sert alors du bleu de Prusse, introduit au Japon en 1829 et dont Keisai Eisen a déjà tiré profit. Il produit dans la même période plusieurs séries d’estampes qui rompent toutes avec la tradition de l’ukiyo-e. C’est ainsi au début des années 1830 que voient le jour les séries des Cascades, des Ponts, des Oiseaux et des Fantômes (cette dernière interrompue à la fin de la cinquième planche).
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+ Il quitte Edo fin 1834 pour passer une année à Suruga dans la péninsule de Miura au sud d’Edo et publie l’année suivante sa série Fugaku Hyakkei ou les Cent Vues du Mont Fuji, qui reprend au trait tout son travail sur le paysage.
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+ Vers le milieu de 1836, il retourne à Edo alors que la capitale connaît la Grande Famine Tenpō. Il survit grâce à la vente de ses œuvres contre un peu de nourriture et arrête sa série de Cent Poètes et Poèmes, commencée au début de l’année, à la vingt-septième planche[10].
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+ En 1839, un incendie dévaste son atelier, détruisant les travaux accumulés des dernières années. C'est à cette époque qu'un jeune artiste, Hiroshige Ando vient concurrencer sa célébrité[11]. Les dix années qui suivent sont paisibles en matière de production. On raconte que, chaque matin, il s’est efforcé de produire au moins un dessin, rituel auquel il s’adonne jusqu’à sa mort.
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+ C'est en 1845 qu'il fait son dernier voyage à la rencontre d’un ami d'Obuse de la province de Shinano. Il exécute au cours de cette visite quelques peintures dans un temple.
30
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31
+ Hokusaï mourut en avril ou mai 1849, selon une date controversée, et ses cendres furent ensevelies à Edo dans le cimetière attenant au temple Seikiō-ji[12], dans le quartier populaire d’Asakusa, où il a passé la majeure partie de sa vie. Il laisse derrière lui une œuvre qui comprend 30 000 dessins.
32
+
33
+ Sur son lit de mort, il prononce ces dernières paroles : « Si le ciel m'avait accordé encore dix ans de vie, ou même cinq, j'aurais pu devenir un véritable peintre »[2]. Sur sa pierre tombale il laisse cette épitaphe :
34
+ « Oh ! La liberté, la belle liberté, quand on va aux champs d'été pour y laisser son corps périssable ! »[13]
35
+
36
+ Hokusai a eu cinq enfants de ses deux femmes : deux garçons et trois filles, dont la plus jeune, Sakae, plus connue sous le nom d'Ōi ou O-Ei, a également été peintre[14].
37
+
38
+ On prête au très vieil Hokusai, touchant au terme de son existence terrestre, cette dernière expression poétique :
39
+
40
+ « Oh, la liberté, la belle liberté, quand on va se promener aux champs d'été, en âme seule, dégagée de son corps ! »
41
+
42
+ Cette simplicité de l'homme nu, ce dépouillement de pauvre qui n'a rien d'autre à perdre que son corps, cette métaphysique fruste mais essentielle de l'unique absolu, enfin atteint, est la plus belle preuve de la lumière éblouissante des jours oublié de Edo. En ce temps qui vit naître tant de beautés, la recherche de Hokusai fut sans doute la seule qui visât l'extase. La seule qui fût assez complète pour ne pas se satisfaire de l'approbation des contemporains, et ne trouver de vérité que dans son propre accomplissement[15].
43
+
44
+ De retour d'une chasse au faucon, le Shogun sur sa route prit plaisir à voir dessiner deux grands artistes du temps, Tani Bunchō et Hokusai. Bunchō commença et Hokusai lui succéda. Tout d'abord il dessina des fleurs, des oiseaux, des paysages, puis, désireux d'amuser le Shogun, il couvrit le bas d'une immense bande de papier d'une teinte d'indigo, et par ses élèves se fit apporter des coqs. Il plongea alors leurs pattes dans la couleur pourpre, les fit courir sur la teinte bleue et le prince étonné eut l'illusion de voir la rivière Tatsuta, avec ses rapides, charriant des feuilles d'érable.
45
+
46
+ Ainsi campé dans ce jeu d'extravagance et d'illusion, quel était donc cet artiste sans rival, capable des plus folles improvisations, pour qui tout pouvait être pinceau, et qui osa dire de lui-même :
47
+
48
+ « Après avoir étudié pendant de longues années la peinture des diverse écoles, j'ai pénétré leurs secrets et j'en ai recueilli tout ce qu'il y a de meilleur. Rien ne m'est inconnu en peinture. J'ai essayé mon pinceau sur tout et je suis parvenu à réussir. »
49
+
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+ À soixante-quinze ans, préfaçant l'une des séries les plus délicates et les plus réussies, les Cent vues du mont Fuji, Hokusai nuançait cette appréciation, selon sa complexe nature, avec superbe, humilité, sarcasme :
51
+
52
+ « Depuis l'âge de six ans, j'avais la manie de dessiner la forme des objets, Vers l'âge de cinquante ans, j'avais publié une infinité de dessins, mais tout ce que j'ai produit avant l'âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d'être compté. C'est à l'âge de soixante-treize ans que j'ai compris à peu près la structure de la nature vraie, des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux, des poissons et insectes. Par conséquence, à l'âge de quatre-vingts ans, j'aurai encore fait plus de progrès. À quatre-vingt-dix ans, je pénétrerai le mystère des choses ; à cent ans je serai décidément parvenu à un degré de merveille, et quant j'aurai cent dix ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens ma parole. Écrit à l'âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Gwakiô Rôjin, le vieillard fou de dessin. »
53
+
54
+ Hokusai a changé plusieurs fois de nom d'artiste au cours de sa longue carrière, dont les principaux marquant ses différents styles sont Sōri (1794-1798), Katsushika Hokusai (1805-1810), Taito (1810-1819) Iitsu (1820-1834), et Gakyō Rōjin Manji (1834-1849), signifiant « vieillard fou de peinture ». Il a aussi utilisé plusieurs noms secondaires et pseudonymes, comme Toki (1799), Raishin (1811), Kakō (1811). Cependant, il est rare qu'il ait utilisé deux noms principaux en même temps. Le tableau ci-dessous tente de recenser les signatures utilisées par Hokusai dans ses œuvres. Il ne s'agit pas toujours de noms à proprement parler, mais de formules incluant le nom de l'artiste d'une façon particulière[5],[16]. Par exemple Sōri aratame Hokusai signifie « Hokusai anciennement Sōri ». Parfois, l'artiste indique son âge : Hachijūhachirō Manji pourrait se traduire par « Manji au vieil âge de 88 ans ».
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+ « L'homme parfait monte sur le vent et les nuées, il chevauche le soleil et la lune, il se promène hors de l'Univers. »
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Image de la série e-hon Raigo Ajari Kaisoden (Les Rat(s) mystérieux de prêtre Raigo), illustrée par Hokusai, vers 1808
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+ Détail du volume 8 des Hokusai manga, 1817
63
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64
+ Une femme célibataire, Ōiko avait la force surhumaine de la série Hokusai Manga Volume 9, 1819
65
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66
+ une page de manga
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68
+ Moissonneurs au travail
69
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70
+ Pêcheur à Kajikazawa
71
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72
+ Le Rêve de la femme du pêcheur estampe érotique, 1814
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+ "Le Fuji par temps clair"
75
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76
+ Vue du mont Fuji avec dragon
77
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78
+ La Rivière Tama dans la province de Musashi
79
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80
+ L'île Tsukada dans la province de Musashi
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82
+ Maison de thé à Koishikawa, le matin après une chute de neige
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84
+ Reflet du mont Fuji dans le lac Kawaguchi, vu depuis le col Misaka dans la province de Kai
85
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86
+ Hodogaya-ku ancienne « station » de la route du Tōkaidō
87
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88
+ Le Hokusai-kan (北斎館?) existe depuis 1976 à Obuse, préfecture de Nagano[17].
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90
+ Le musée Sumida Hokusai (すみだ北斎美術館, Sumida Hokusai bijutsukan?) a ouvert le 22 novembre 2016, près de la station Ryōgoku (Tokyo) et donc du Kokugikan, du musée d'Edo-Tokyo et de la Tokyo Skytree. Le bâtiment a été réalisé par Kazuyo Sejima (SANAA). La collection du musée comporte à son ouverture 1 500 œuvres[18].
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+ Une grande exposition, présentant 500 œuvres en deux volets, s'est tenue à Paris au Grand Palais du 1er octobre 2014 au 18 janvier 2015. Une grande partie des œuvres présentées font partie du nouveau musée Sumida Hokusai[19]. Cette exposition a été nommée aux Globes de Cristal en 2015 dans la catégorie meilleure exposition.
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+ Plusieurs mangas japonais sont consacrés à la vie de Hokusai. Folles Passions de Kazuo Kamimura (1973-1974) s'intéresse à la relation entre Hokusai et un jeune disciple, Sutehachi. Le manga Sarusuberi, de Hinako Sugiura, paru entre 1983 et 1987, est consacré à O-Ei : il reconstitue la vie du peintre, mais prend pour personnage principal l'une des filles de Hokusai qui l'assista régulièrement dans son travail, sans que son talent n'obtienne de reconnaissance. Le manga Hokusai de Shōtarō Ishinomori, paru en 1987, retrace la vie du peintre[2].
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+ République du Kazakhstan
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+ (kk-Cyrl) Қазақстан Республикасы
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+ (kk-Latn) Qazaqstan Respýblıkasy
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+
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+ (ru) Республика Казахстан
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+ modifier
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+ Le Kazakhstan, en forme longue la république du Kazakhstan (en kazakh : Qazaqstan, Қазақстан, /qɑzɑqˈstɑn/ et Qazaqstan Respýblıkasy, Қазақстан Республикасы, en russe : Казахстан, Kazakhstán, /kɐzəxˈstɐn/ et Республика Казахстан, Respoublika Kazakhstán), est un pays situé majoritairement au nord de l'Asie centrale et en partie en Europe de l'Est (à l'ouest du fleuve Oural). Sa capitale est Noursoultan, anciennement nommée Astana.
14
+
15
+ Pays de steppes peuplé autrefois de cavaliers nomades turcophones, il fit partie de l'Empire russe puis de l'Union des républiques socialistes soviétiques. Il est indépendant depuis 1991.
16
+
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+ Ses habitants sont appelés les Kazakhstanais. Le terme Kazakhs ne s'applique qu'à l'ethnie majoritaire du pays.
18
+
19
+ Le Kazakhstan, région de vastes steppes, est longtemps parcouru et peuplé par des populations nomades.
20
+
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+ Il est habité depuis l'âge de la pierre par des pasteurs nomades[2]. Les cultures de l'âge du bronze qui se sont étendues sur ce territoire comprennent la culture de Sroubna, la culture d'Afanasievo, la culture d'Andronovo et la culture de Begazy-Dandybai (en).
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23
+ Entre -500 et 500, le Kazakhstan abrite les cultures nomades guerrières des Scythes puis des Huns.
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+ Au IXe siècle le territoire kazakh est partiellement islamisé. La religion traditionnelle étant le tengrisme.
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+ Les Mongols envahissent le territoire au XIIIe siècle, pendant l'expansion de l'Empire mongol.
28
+
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+ En 1723, les Dzoungars enlèvent au Khanat kazakh les villes de Sayram, Tachkent et Turkestan. Les trois hordes, dissociées par la défaite, se séparent en trois jüzes.
30
+
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+ Au début de l'époque moderne, il est peuplé de nomades turcophones, les Kazakhs, chasseurs et éleveurs, dont les traditions sociales sont basées sur une structure clanique qui perdure jusqu'à nos jours. Ces territoires, âprement disputés entre la Russie et la Chine, finissent par des jeux d'alliances et des pressions militaires, par passer sous tutelle, puis sous domination directe, de l'Empire russe.
32
+
33
+ Les pressions de la Russie pour imposer son système provoquèrent le ressentiment des Kazakhs. Dans les années 1860, la plupart des Kazakhs résistèrent à l’annexion par la Russie en partie à cause de l’influence que cela avait sur leur style de vie nomade traditionnel et leur économie largement basée sur l’élevage et à cause de la famine associée qui se répandit rapidement, décimant des tribus kazakhes entières.
34
+
35
+ Après la Révolution d'Octobre de 1917, une république soviétique autonome (initialement « des Kirghizes », avec des frontières plus large que le Kazakhstan contemporain) est proclamée en 1920. La république socialiste soviétique kazakhe est incorporée à l'Union soviétique lors de sa création en 1936. À la suite de tentatives de sédentarisation des populations nomades qui peuplaient historiquement la région et de la politique de collectivisation, une famine décime la population durant les années 1929-1933. Environ un tiers de la population kazakhe, soit près d'1,3 million de personnes, périt des suites de ces événements. Dans les années suivantes du régime stalinien, le Kazakhstan, en partie dans le cadre du complexe correctionnel du « steplag » et du « karlag », est une destination pour de nombreuses déportations (et évacuations de guerre), et en particulier, pendant et juste après la Seconde Guerre mondiale, de groupes ethniques parfois entiers : Tatars de Crimée, Polonais, Tchétchènes, Allemands de la Volga et de la Mer Noire, Coréens et autres. Plus tard, le Kazakhstan devient le site de plusieurs ambitieux projets soviétiques : le polygone nucléaire de Semipalatinsk et ses laboratoires nucléaires, le cosmodrome de Baïkonour et la campagne des terres vierges. Les frontières du Kazakhstan actuel sont établies sous Staline, entre 1930 et 1935. Au nord, l'Oblast de Pavlodar, initialement région russe, et peuplée de russophones, est intégré au Kazakhstan, car il était très industriel, et minier, avec de grandes mines de charbon, ce qui relève l'économie en retard de la république, sert de modèle, et développe le secteur industriel et minier en d'autres lieux du Kazakhstan.
36
+
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+ Lors de la dislocation de l'URSS, le Kazakhstan est la dernière des quinze républiques soviétiques à déclarer son indépendance le 16 décembre 1991[3]. Les années suivantes voient une émigration importante, notamment de nombreux non-Kazakhs qui se sentent écartés des responsabilités ; mais progressivement la situation économique se stabilise ces dernières années, avec une croissance sensible, et un solde migratoire tendant à redevenir positif.
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+
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+ Le chef d'État Noursoultan Nazarbaïev, reste au pouvoir entre 1990 et 2019, remportant 5 élections présidentielles consécutives. Il démissionne le 19 mars 2019 pour laisser la place au président du Sénat, Kassym-Jomart Tokaïev, qui est élu président le 9 juin 2019.
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+ Le 30 août 1995, une nouvelle Constitution est adoptée et des élections législatives ont lieu en décembre 1995 avec la création d'un Parlement à deux chambres.
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+ Le Kazakhstan adhère à l'ONU le 2 mars 1992 et au partenariat pour la paix de l'OTAN le 27 mai 1994. Il est aussi membre de l’UNESCO depuis mai 1992
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+ En 1997, la capitale du Kazakhstan est déplacée d'Almaty (ancienne Alma-Ata), au sud-est du pays, à Akmola (Akmolinsk, Tselinograd), rebaptisée Astana (« capitale » en kazakh) à cette occasion. Cette ville située dans les steppes du nord du pays (plus près de son centre géographique), s'est développée comme centre urbain principal pour la campagne des terres vierges.
46
+
47
+ En janvier 2010, le Kazakhstan assure pour une année la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la plus grande organisation de sécurité régionale, regroupant 56 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie. Le Kazakhstan devint le premier État post-soviétique à prédominance asiatique et musulmane à diriger cette organisation.
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+
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+ Le 20 mars 2019, le gouvernement décide de renommer sa capitale Noursoultan, en hommage à l'ancien président Nazarbaïev, resté trente ans à la tête du pays. Ce dernier quitte le pouvoir le même jour[4].
50
+
51
+ Le Kazakhstan est souvent qualifié de « pays d'Asie centrale » en raison des liens historiques, linguistiques, culturels et politiques qui le lient aux quatre autres ex-républiques soviétiques d'Asie. Cependant, au Kazakhstan, l'ensemble géopolitique formé par le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan est fréquemment appelé « Asie centrale et Kazakhstan ». Cette position rejoint la définition soviétique d'« Asie médiane et Kazakhstan » (russe : Средняя Азия и Казахстан), l'Asie médiane pouvant inclure également le sud et le centre du Kazakhstan. En 1992, le président Noursoultan Nazarbaïev, lors du sommet des États d'Asie centrale, proposa de renoncer à cette expression pour « Asie centrale ». Le terme est depuis largement employé, même s'il peut inclure également la Mongolie et l'Ouest de la Chine.
52
+
53
+ L'Extrême-Ouest du pays n'est généralement pas considéré comme faisant géographiquement partie de l'Asie centrale mais de l'Europe (selon une convention généralement admise, le continent européen s'arrête aux monts Oural puis au fleuve du même nom) : le Kazakhstan est ainsi situé sur deux continents (bien que la partie européenne soit désertique et très peu peuplée).
54
+
55
+ Le Kazakhstan a un régime présidentiel considéré comme autoritaire. L'actuelle Constitution du Kazakhstan a été adoptée par référendum national le 30 août 1995. Elle a remplacé la première Constitution du 28 janvier 1993.
56
+
57
+ Le chef de l'État est actuellement le président Kassym-Jomart Tokaïev ; il a succédé en 2019 à Noursoultan Nazarbaïev, qui était à la tête du pays depuis 1990. Le chef du gouvernement est le Premier ministre Askar Mamine.
58
+
59
+ Le Parlement du Kazakhstan est composé d'une chambre basse, le Majilis, et d'une chambre haute, le Sénat.
60
+
61
+ Selon Amnesty International, les brutalités policières seraient monnaie courante au Kazakhstan[5]. La torture serait généralisée au sein du système judiciaire, et ce dans la plus grande impunité. Le 16 décembre 2011, à Jañaözen, des émeutes ont été réprimées dans le sang[6] (voir Massacre de Jañaözen).
62
+
63
+ Reporters sans frontières considère la liberté de la presse dans une « situation difficile » au Kazakhstan. Fin 2012, les principaux médias d'opposition sont interdits de publication par un tribunal[7],[8]. En 2012, RSF considère Nazarbaïev comme un « prédateur » de la liberté de la presse[9].
64
+
65
+ À partir du 17 juillet 2019, le gouvernement impose l'installation d'un certificat électronique pour accéder à Internet. Ce certificat permet aux autorités, via une technique de type attaque de l'homme du milieu, de déchiffrer toutes les communications passant par Internet[10].
66
+
67
+ À quelques modifications près, le découpage administratif de la République du Kazakhstan correspond à celui de la République socialiste soviétique kazakhe. Le système de division administrative du territoire est resté celui de l'Union soviétique. La plus grande unité administrative est l'oblys (en kazakh, pluriel : oblystar) ou oblast (en russe) que l'on peut traduire par « région » ou « province ».
68
+ Le Kazakhstan est divisé en quatorze régions ou provinces et trois villes à statut spécial.
69
+
70
+ Les trois villes à statut spécial sont :
71
+
72
+ Le PIB du Kazakhstan est estimé pour 2012 à 231 milliards de dollars américains[1].
73
+
74
+ L'économie du Kazakhstan repose essentiellement sur les exportations de pétrole, qui représentent 56 % de la valeur des exportations et 55 % du budget de l'État. Selon certaines estimations, le pays a des ressources pétrolières équivalentes à celles de l'Irak mais présentes dans des nappes plus profondes, dans et autour de la mer Caspienne, ce qui explique le début relativement récent de son exploitation. Selon l’Agence américaine de l’énergie (EIA), le Kazakhstan a produit environ 1,54 million de barils de pétrole par jour en 2009[13]. Le pays détient 75 % des réserves de pétrole de la mer Caspienne (soit 3 % des réserves mondiales) et espère entrer d'ici à 2020 dans le club des cinq premiers pays exportateurs (il en est le seizième en 2011).
75
+
76
+ Le Kazakhstan est la première république ex-soviétique à rembourser toute sa dette au Fonds monétaire international (FMI), en 2000, sept ans avant l'échéance.
77
+
78
+ Le gisement pétrolier du Tengiz, entre les villes d'Atyraou et Aqtaw, est exploité par le consortium TCO regroupant Chevron, ExxonMobil, KazMunayGas. Un oléoduc part directement du Tengiz pour la Mer Noire.
79
+
80
+ Le projet d'exploitation du gisement du Kachagan, le plus grand champ pétrolifère découvert au monde depuis trente ans, avec des réserves estimées à 36 milliards de barils, est situé dans la mer Caspienne, au large de la ville d'Atyraou. C'est actuellement le plus grand projet industriel du monde avec un budget de 150 milliards de dollars. Il est mené par le consortium North Caspian Operating Company B.V. dont les participants sont l'ENI, Shell, Exxon, Total, Conoco Philips, Inpex et KazMunayGas et produira plus de 1,5 million de barils par jour. Plusieurs pipelines ou gazoducs au départ du Kazakhstan relient la Russie, la Chine et l'Europe.
81
+
82
+ Le Kazakhstan est un pays satellite de l'empire russe puis de l'URSS. Il a connu un développement axé sur l'approvisionnement de la Russie (comme les colonies d'Afrique pour les pays européens). Un approvisionnement très riche et diversifié par la multitude des richesses de ses sols. Le Kazakhstan est un eldorado minier ferreux avec 16,6 milliards de tonnes soit 8 % des réserves mondiales, dont 2/3 sont considérées comme facile d'accès. Il se place au second rang mondial des réserves en manganèse (600 millions de tonnes), et au huitième rang des réserves de fer avec 12,5 milliards de tonnes. Il regroupe par ailleurs le tiers des gisements de chrome du monde et est neuvième producteur mondial de charbon. Ces ressources métallurgiques constituent 35 % du total des exportations, 16 % du PIB et 19 % des emplois industriels en 2008.
83
+
84
+ Le Kazakhstan est devenu le premier producteur d'uranium avec 33 % (soit 17 803 tonnes en 2010) de la production mondiale[14]. Il dispose de réserves importantes d'uranium (17 % des réserves mondiales) et selon l'OCDE, l'intensification de la production de ce pays a permis une augmentation de plus de 25 % de la production mondiale de 2008 à 2010[15].
85
+
86
+ Le Kazakhstan est également un des plus gros exportateurs mondiaux de potassium.
87
+
88
+ Le Kazakhstan a des cultures importante de céréales, notamment de blé dur, mais aussi des cultures à destination animale et des cultures industrielles, comme le tournesol, le coton ou le lin. L'élevage est surtout composé d'ovins (viande et laine) et de bovins (viande et lait) ; on retrouve également des élevages camelins et équins.
89
+
90
+ L'agriculture représente 5 % du PIB du Kazakhstan[1]. Le pays est caractérisé par une grande disponibilité de terres arables par habitant (seconde place au classement mondial de 2013[16]).
91
+
92
+ Les exportations majeures du Kazakhstan incluent le blé, les textiles et le bétail[17].
93
+
94
+ Cinq fois plus grand que la France et 1,6 fois plus grand que le Québec mais peuplé d'environ 18 millions d'habitants, le Kazakhstan a l'une des densités de population les plus faibles du monde.
95
+
96
+ Le recensement de 2009 fait état d’une population de 16 009 600 d’habitants au Kazakhstan en janvier 2010, dont 54,1 % d’urbains et 45,9 % de ruraux[18]. Il souligne une croissance de la population de 6,9 % par rapport au recensement de 1999[18]. La population du Kazakhstan est à 51,8 % composée de femmes et 48,2 % d’hommes[18].
97
+
98
+ Depuis 2003 il existe un désaccord entre deux sources, pourtant réputées sûres, sur la population du Kazakhstan : le gouvernement américain dénombre actuellement 16 736 795 habitants alors que l'ONU et la Banque internationale donnent une estimation de 14 794 830 habitants. Cette différence plutôt importante est probablement due aux difficultés des mesures causées par les grandes migrations de populations et à la faible densité démographique.
99
+
100
+ Pour une surface aussi grande que l'Europe de l'Est, la population est relativement faible, la densité n'étant que de 5,5 hab./km². La plus grande part de la population parle le russe ; seule la moitié de la population parle le kazakh, langue qui connaît actuellement un renouveau. Ce sont les deux langues officielles.
101
+
102
+ Après la chute de l'Union soviétique, la population allemande du Kazakhstan commença à émigrer en masse, principalement vers l'Allemagne.
103
+
104
+ La population totale est estimée à 68,5 % de Kazakhs, 18,8 % de Russes, 3,2 % d’Ouzbeks, 1,4 % d’Ukrainiens, 1,4 % d’Ouïghours, 1,1 % de Tatars, 1,0 % d'Allemands et 4,5 % d'autres groupes (Biélorusses, Azéris, Polonais et Lituaniens)[18],[19].
105
+ Certaines minorités telles que les Allemands, installés initialement en Russie (en particulier ceux de la Volga, du Caucase, de la mer Noire, etc), les Ukrainiens, les Kurdes, les Tchétchènes, les Meskhètes et des opposants politiques russes du régime soviétique ont été déportées au Kazakhstan dans les années 1930 et 1940 par Staline. Certains des plus grands camps de travail forcé (goulags) se situaient au Kazakhstan[20],[21].
106
+
107
+ Avec Nikita Khrouchtchev au pouvoir, une importante immigration russe est la conséquence de la campagne des terres vierges et du programme spatial de la Russie[22].
108
+ En 1989, les Russes formaient 37,8 % de la population et les Kazakhs n'étaient plus majoritaires que dans sept des vingt régions du Kazakhstan.
109
+ Avant 1991 il y avait un million d'Allemands du Kazakhstan dont la plupart émigre à la chute de l'Union soviétique[23].
110
+ La plupart des membres de la communauté des Grecs pontiques ont émigré vers la Grèce.
111
+ À la fin des années 1930 des milliers de Koryo-saram de l'URSS ont subi la déportation des Coréens de l'Union soviétique (en) en Asie centrale.
112
+
113
+ Les années 1990 ont vu l'émigration de nombreux Russes et Allemands de la Volga.
114
+ Les Kazakhs sont redevenus le groupe ethnique majoritaire, ce qui est soutenu par son taux de natalité élevée et par l'immigration des Oralmans de Chine, de Mongolie et de Russie.
115
+
116
+ En 2020, les ethnies principales du Kazakhstan sont:
117
+
118
+ Officiellement, les habitants du Kazakhstan s'appellent en français des Kazakhs. Ce gentilé recouvre en fait deux termes distincts au Kazakhstan : celui de « Kazakh(e) » et celui de « Kazakhstanais(e) », auxquels correspondent deux réalités différentes.
119
+
120
+ Selon une distinction héritée de l'administration soviétique, l'État du Kazakhstan reconnaît en effet la « nationalité » de ses citoyens (leur appartenance ethnique), notion distincte de celle de citoyenneté. Ainsi, le cycliste Alexandre Vinokourov n'est-il pas considéré dans son pays d'origine comme un Kazakh mais comme un Russe kazakhstanais.
121
+
122
+ Le gentilé « Kazakhstanais » n'est pas reconnu officiellement en français, mais utilisé par les diplomates ou les géographes.
123
+
124
+ Le kazakh est parlé par 64,4 % de la population et est la langue d'État. Le russe est parlé par 95 % de la population et est la langue officielle[1]. Il faut savoir parler et lire le kazakh pour être député ou accéder à un emploi dans l'administration, mais l'interdiction est théorique, et rarement appliquée[réf. nécessaire]. Le russe est la langue la plus utilisée dans les villes, notamment dans le nord, où est concentrée l'essentiel de la population slave. L'alphabet latin sera adopté à l'horizon 2025 pour écrire le kazakh, en remplacement de l'alphabet cyrillique[25].
125
+
126
+ Le russe est resté la langue véhiculaire entre les différentes ethnies, et cette langue est toujours présente dans les médias. D'un point de vue migratoire, le russe est très important pour circuler dans la communauté des États indépendants.
127
+
128
+ Il y a d'autres langues minoritaires, comme l'ouzbek, le turkmène, le kirghize, le tatar et l'ukrainien. Les citoyens d'origine allemande, qui constituent 1,1 % de la population, et qui furent déportés sous Staline dès 1941 et après 1944, parlent le russe, l'allemand étant très rarement pratiqué. D'autres petits groupes ethniques, isolés de leurs pays d'origines, comme les Biélorusses, les Coréens, les Koryo-sarams, les Moldaves et les Baltes parlent le russe.
129
+
130
+ Dans les grandes villes, l'anglais devient une langue enseignée très importante d'un point de vue universitaire, et dans une moindre mesure, le chinois (mandarin).
131
+
132
+ Un certain nombre de fêtes sont héritées de l'époque soviétique : le 8 mars (Journée internationale des femmes) était déjà férié en URSS (et l'est également toujours en Russie) ; le 9 mai (et non le 8 comme en Europe) célèbre la victoire alliée de 1945 ; le 1er mai, fête de toute première importance aux temps soviétiques a été conservé mais s'est vu octroyer une autre signification (Journée de l'Unité des peuples du Kazakhstan). Les autres fêtes soviétiques (Journée de l'Armée rouge, etc.) n'ont plus d'existence officielle mais continuent cependant parfois d'être célébrées, par habitude, de manière informelle et privée.
133
+
134
+ Les jours de fêtes religieuses, aussi bien chrétiennes que musulmanes, n'étaient pas officiellement fériés. Cependant, la fête musulmane de l'Aïd et le Noël orthodoxe ont été officiellement fériés fin 2007-début 2008, sans que cette innovation paraisse entérinée.
135
+
136
+ La fête de Nauryz (ou Norouz) est célébrée le premier jour du mois lunaire kazakh du même nom qui correspond à l'équinoxe de printemps. C'est une fête qui remonte �� l'histoire mythique de l'Iran et qui est célébrée dans toute l'Asie centrale, l'Iran et les peuples d'influence culturelle iranienne.
137
+
138
+ Religions du Kazakhstan (2009)[26]
139
+
140
+ D'après le recensement de 2009, les religions du Kazakhstan, qui est depuis la Constitution du 28 janvier 1993 une république laïque[27] sont l'islam (70,2 %), principalement sunnite, et le christianisme (26,2 %) principalement orthodoxe, le bouddhisme (0,1 %), le judaïsme avec 5 300 personnes et d'autres (0,2 %)[18]. Les sans religion sont 2,8 % et ceux qui n'ont pas désiré répondre, 0,5 %[18].
141
+
142
+ L'islam principalement sunnite, avec 70,2 % de la population, est pratiqué par les Kazakhs ainsi que des minorités telles que les Tatars, les Bachkirs, les Ouzbeks ou les Ouïghours.
143
+ Les premiers contacts avec l'islam ont lieu à partir de 714[28],[29].
144
+ Au XIIe siècle, le soufi Ahmed Yasavi joua un rôle majeur dans le développement de l'islam dans la région. Le tengrisme a disparu en laissant quelques traits, comme l’appellation Tengri concurrente d'Allah pour Dieu.
145
+ L'orthodoxie est pratiqué par les Russes, et certains Ukrainiens et Biélorusses.
146
+
147
+ La religion catholique est pratiquée dans quelques régions (principalement au nord du pays) mais le nombre de fidèles, d'origine polonaise ou allemande, tend à se réduire, ces derniers quittant progressivement le Kazakhstan pour rejoindre leur pays d'origine (le pape Jean-Paul II a effectué une visite à Noursoultan du 22 au 27 septembre 2001). Il en va de même pour le judaïsme : même si une synagogue, a été récemment[Quand ?] bâtie à Noursoultan, les citoyens de confession juive ont en majorité émigré en Israël.
148
+
149
+ Depuis l'indépendance du pays, une relative renaissance des religions a vu le jour. Un nombre important de mosquées mais aussi d'églises ont été bâties. Les religions tendent pour certains à combler le vide idéologique laissé par la disparition du dogme communiste ; elles sont aussi un moyen d'affirmer son appartenance culturelle : le retour à l'islam constitue un élément de l'affirmation de l'identité kazakhe et la pratique du christianisme (orthodoxe ou catholique) offre un point de regroupement aux populations slaves dont le nombre ne cesse de diminuer en raison de l'émigration.
150
+
151
+ Il existe de petits groupes de 3000 à 5000 Zoroastriens présents dans le sud-ouest du pays.
152
+
153
+ Trois sites du Kazakhstan se trouvent sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :
154
+
155
+ Corporation de radio et de télévision du Kazakhstan (télévision d'État) :
156
+
157
+ Khabar Agency :
158
+
159
+ Channel 31
160
+
161
+ Corporation de radio et de télévision du Kazakhstan (radio d'État) :
162
+
163
+ Stations privées :
164
+
165
+ Le Kazakhstan dispose de 18 aéroports dont 17 pouvant accueillir des vols internationaux. Le premier aéroport du pays en termes de trafic de passagers est celui d'Almaty, avec 4,9 millions de personnes transportées en 2015, suivi par celui de Noursoultan (ex Astana) avec 3,4 millions de personnes transportées. Le Kazakhstan possède sept compagnies aériennes nationales dont Air Astana, réalisant à elle seule 60 % du trafic intérieur. En mars 2015, une liaison aérienne directe entre Paris et Noursoultan a été inaugurée, assurant trois liaisons hebdomadaires en été et deux en hiver.
166
+
167
+ En 2016, environ 6 millions de personnes ont voyagé sur les compagnies aériennes nationales du Kazakhstan, dont un tiers pour des vols internationaux. De même, en décembre 2016, la commission européenne a retiré les compagnies originaires du Kazakhstan de sa liste noire, les autorisant ainsi à réaliser des vols à destination et au départ de l'Union européenne[30].
168
+
169
+ Le Kazakhstan compte 15 000 km de voies ferrées dont seul le tiers est électrifié. Le transport ferroviaire possède une place importante dans la vie économique du pays, près des deux tiers du trafic des passagers et des marchandises se faisant par le chemin de fer. En 2015, près de 20 millions de passagers ont voyagé au Kazakhstan en train.
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+ Le réseau ferroviaire du Kazakhstan est exploité par la compagnie nationale Kazakhstan Temir Zholy (KTZ), générant plus de 80 % de son chiffre d'affaires grâce au transport de fret, contre seulement 10 % pour le transport de passagers. Le Kazakhstan est équipé de locomotives diesels ou électriques de différentes générations et constructeurs. On y trouve des locomotives russes, américaines (General Electric), chinoises[réf. nécessaire] et dernièrement françaises (Alstom), ainsi que des rames voyageurs espagnoles (Talgo)[31]. La fourniture d'appareils de changement d'écartement de voie et de matériel roulant à écartement variable par la firme Talgo, très présente dans l'ex-Union soviétique, est également envisagée par le Kazakhstan et la Chine afin d'éliminer la rupture de charge entre les deux réseaux, dont l'écartement est différent, mais elle n'est pas décidée à l'heure actuelle, en raison du coût élevé de l'importante flotte de wagons de marchandises spécialisés nécessaire pour ce projet[32]. D'autres solutions envisagées sont le prolongement de la ligne chinoise à écartement standard sur le territoire kazakh ou la conversion à double écartement des lignes kazakhes vouées au transport transcontinental[32]. Le transfert d'un réseau à l'autre en gare frontière de Khorgos se fait actuellement par transbordement des conteneurs entre les wagons kazakhs à écartement russe de 1,524 mm et les wagons chinois à écartement standard de 1,435 mm à l'aide de grues-portiques, « processus laborieux »[33] qui provoque une perte de temps et de capacité importante dans l'acheminement du fret. En outre, le pays fait face à un problème de vétusté de son matériel roulant. En 2016, 68,6 % des locomotives et 27,9 % des wagons en circulation au Kazakhstan avaient plus de 20 ans.
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+ Le Kazakhstan dispose d'un réseau routier étendu, couvrant 97 000 km. La route est le premier moyen de transports des marchandises, 85% du fret du pays étant transporté par camion[réf. nécessaire], contre seulement 9% transporté par le train. Construit en grande partie durant la période soviétique, le réseau routier du Kazakhstan est très dégradé dans son ensemble. Le pays n'occupe en effet que la 115e place sur 137 pays au sein du classement international de qualité des routes.
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+
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+ Le pays est connecté à l'international principalement par les routes E127, la A300 et la A310 (ru).
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+ Les routes européennes traversant le Kazakhstan sont les suivantes : E004, E011, E012, E013, E014, E015, E016, E018, E019, E38, E40, E121, E123, E125.
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+ La rivière Aral.
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+ L'avenue Raimbek à Almaty.
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+ Le canyon de Charyn.
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+ Le lac Kucherla.
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+ La steppe de Noursoultan.
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+ Le mont Belucha de l'Altaï.
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+ Officiers du service des forêts dans la réserve de Markakol, dans l'Altaï.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ Keira Christina Knightley [ˈkɪəɹə ˈnaɪtlɪ][1] est une actrice britannique, née le 26 mars 1985 à Teddington dans le Middlesex[2].
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+ Elle commence sa carrière très jeune et devient mondialement connue en 2003 grâce à ses seconds rôles dans les comédies dramatiques anglaises Joue-la comme Beckham et Love Actually, puis surtout le premier rôle féminin du blockbuster fantastique à succès Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl.
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+ Si l'actrice multiplie ensuite les projets à Hollywood, notamment avec deux suites de Pirates des Caraïbes, elle s'impose auprès de la critique en tête d'affiche de films d'époque[3], dont trois sous la direction du réalisateur Joe Wright : Orgueil et Préjugés (2005), qui lui vaut sa première nomination à l'Oscar de la meilleure actrice, Reviens-moi (2007), The Duchess (2008) de Saul Dibb, et Anna Karénine (2012).
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+ Par la suite, elle se fait remarquer dans des biopics : A Dangerous Method (2011), où elle incarne Sabina Spielrein, Imitation Game (2014), où son incarnation de Joan Clarke lui vaut une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, puis Colette (2018), où elle interprète cette fois le rôle-titre.
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+ En juin 2018, elle est faite Officier de l'Ordre de l'Empire britannique par la reine Élisabeth II, aux côtés de Tom Hardy et Emma Thompson[4].
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+ Keira Knightley est la fille de l'acteur anglais Will Knightley et de la scénariste écossaise Sharman Macdonald. Son père admirait une patineuse russe prénommée Kiera et c'est donc ce prénom qu'elle aurait dû porter mais sa mère se trompa en épelant les cinq lettres de ce prénom à l'état civil[5].
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15
+ Elle a un frère aîné, Caleb, né en 1979. Elle passe la plus grande partie de son enfance à Richmond, un district du Grand Londres. Diagnostiquée hyperactive et dyslexique dès l'âge de 6 ans, elle s'efforce d'avoir de bonnes notes à l'école pour plaire à ses parents mais affirme qu'enfant, elle « ne pensait qu'au métier d'actrice »[6]. Elle apparaît sur scène dans plusieurs productions d'amateur, dont After Juliet (écrit par sa mère) et United States (écrit par son professeur d'art dramatique de l'époque).
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+ Keira Knightley commence sa carrière à l'âge de sept ans à la télévision, dans Royal Celebration (1993) puis dans la série The Bill (1995). Elle apparaît dans plusieurs autres téléfilms dans les années 1990, avant d'être choisie pour le rôle de Sabé, le leurre de Padmé Amidala, dans la superproduction Star Wars, épisode I : La Menace fantôme (1999). Elle n'a alors que 12 ans lors du tournage qui se déroula de juin à septembre 1997. Elle est choisie pour le rôle du fait de sa ressemblance avec Natalie Portman, qui joue Amidala ; lors du tournage du film leurs mères affirment ne plus parvenir à les distinguer lorsqu'elles sont toutes deux maquillées. Son premier rôle principal s'ensuit en 2001, quand elle joue la fille de Robin des Bois dans le téléfilm Le Royaume des voleurs (Princess of Thieves). C'est à cette époque qu'on la voit aussi dans le thriller The Hole. Elle apparaît également dans la mini-série Doctor Zhivago en 2002, dont les critiques sont mitigées mais qui obtient une bonne audience.
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+ Son premier rôle important est celui de Juliette « Jules » Paxton dans Joue-la comme Beckham qui est un succès commercial (18 millions de dollars de recettes lors de sa sortie au Royaume-Uni en août 2002 et 32 millions aux États-Unis en mars 2003)[7]. On lui offre alors un rôle dans une grande production, le film d'aventures Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl (avec Johnny Depp et Orlando Bloom), produit par Jerry Bruckheimer. Le film sort en juillet 2003 et est un succès au box office, établissant l'actrice comme hit girl. À la fin de la même année, elle fait partie de la distribution de la comédie romantique chorale Love Actually, qui sort en novembre 2003, aux côtés d'autres acteurs comme Hugh Grant, Emma Thompson, Bill Nighy, Liam Neeson, Colin Firth, Alan Rickman qui, étant plus célèbres qu'elle, l'éclipsent un peu.
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21
+ Son film suivant, Le Roi Arthur, sort en juillet 2004 et ne fait pas l'unanimité auprès des critiques malgré un casting très prometteur (Clive Owen, Hugh Dancy, Mads Mikkelsen, Ioan Gruffudd et Joel Edgerton) mais pas encore connu du grand public à l'époque[8]. Le même mois, les lecteurs de Hello! l'élisent « star adolescente la plus prometteuse ». En 2004, le magazine Time note que Keira semble déterminée à devenir une actrice sérieuse et non une star.
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23
+ L'année 2005 voit la sortie de trois films. Le premier, The Jacket, thriller complexe avec Adrien Brody, jugé peu original, farfelu et peu soigné par les critiques, obtient un score de 44 % sur Rotten Tomatoes. Le faux accent américain de l'actrice est alors critiqué. Le second film est Domino, réalisé par Tony Scott, un film d'action basé sur la vie du chasseur de primes Domino Harvey. De tous les films dans lesquels elle apparaît, c'est le moins aimé des critiques, avec 17 % de critiques positives. Keira Knightley n'est souvent définie que comme un « joli visage », ce qui l'amène à dire dans une entrevue pour Elle « J'ai tout le temps l'impression que j'ai tout à prouver »[note 1].
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25
+ Vient ensuite la sortie de Orgueil et Préjugés, avec un score de 85 %[9]. Dans le rôle d'Elizabeth Bennet, elle obtient les meilleures critiques de sa carrière ; Variety affirme qu'elle est à la hauteur des autres acteurs plus expérimentés comme Brenda Blethyn, Donald Sutherland et Judi Dench, et l'assimile à une jeune Audrey Hepburn[note 2]. Orgueil et Préjugés fait plus de 100 millions de dollars de recettes et Keira Knightley reçoit deux nominations pour le prix de la meilleure actrice, une aux Golden Globes et une autre aux Oscars. Les BAFTAs l'ignorent, ce qui leur vaut des critiques de la part du producteur du film, Tim Bevan[10]. Les deux prix sont finalement décernés à Reese Witherspoon. En 2006, Keira Knightley est invitée à l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences[11].
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+ Son plus grand succès commercial jusqu'ici, Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit, sort le 7 juillet 2006. Le 3 juin 2007, elle est nommée pour le MTV Movie Award de la meilleure interprétation, mais perd en faveur de sa covedette Johnny Depp. Elle a tourné dans Soie (adaptation du roman d'Alessandro Baricco) et Reviens-moi (adaptation du roman éponyme de Ian McEwan), où elle travaille pour la seconde fois avec le réalisateur Joe Wright, dont elle deviendra la muse[12]. Son interprétation dans ce film lui a valu une nomination aux BAFTA's ainsi qu'aux Golden Globes 2008[13]. Le film, lui, sera nommé 8 fois aux Oscars 2008 notamment pour les prix du meilleur film, de la meilleure actrice dans un second rôle, du meilleur scénario adapté et de la meilleure photographie et remportera le prix de la meilleure musique de film. Elle apparaît dans Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde, troisième volet de la série sorti en 2007, dont elle termine le tournage dans les derniers jours de 2006.
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+ La trilogie des Pirates des Caraïbes ayant confirmé son statut de star, et l'accueil critique de Orgueil et Préjugés ayant établi son talent pour les films d'époque, elle confirme dans ce dernier sillon, tout en alternant avec des films indépendants. En 2007, elle tourne ainsi The Edge of Love, film écrit par sa mère, Sharman Macdonald, et réalisé par John Maybury, qui sort en 2008. La même année, elle tient le rôle principal dans le film d'époque The Duchess, où elle incarne Georgiana Cavendish de Devonshire. Pour ce rôle, elle sera nommée aux BIFA Awards de la meilleure actrice. Fin 2009, elle fait ses débuts au théâtre, où elle interprète Jennifer (version moderne de Célimène) dans Le Misanthrope de Martin Crimp[14].
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+ Début 2011, elle retourne sur les planches du Comedy Theatre de Londres avec The Children's Hour. Puis en mars, elle participe au Red Nose Day 2011 notamment avec Rupert Grint, Tom Felton ou encore Paul McCartney. Elle apparait ensuite dans Last Night, premier long-métrage de son amie réalisatrice Massy Tadjedin, qui lui offre le rôle principal de ce drame aux côtés de Sam Worthington, Eva Mendes ou encore Guillaume Canet. Fin 2011 elle interprète la psychanalyste russe Sabina Spielrein alors que celle-ci souffrait d’hystérie dans A Dangerous Method réalisé par David Cronenberg. Le film est présenté au Festival de Venise. Si la moitié des critiques ne la trouve pas à la hauteur du rôle, l'autre moitié la voyait déjà avec l'oscar de la meilleure actrice. En 2012, elle retrouve le réalisateur Joe Wright pour la troisième fois de sa carrière dans Anna Karenina, adapté du roman éponyme de Léon Tolstoï.
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+ L'année 2013 marque le retour de l'actrice à des projets hollywoodiens : elle partage d'abord l'affiche de la comédie dramatique indépendante New York Melody Mark Ruffalo. Le film est un succès critique[15] et public[16], au point de ressortir dans les salles françaises fin-août pour satisfaire les demandes de spectateurs. Puis elle revient aux blockbusters en tenant le premier rôle féminin du reboot The Ryan Initiative, de Kenneth Branagh, aux côtés de Chris Pine. Mais ce thriller d'espionnage déçoit la critique[17] et le public, notamment sur le territoire américain[18], et les suites sont annulées par le studio[19].
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+ L'année 2014 débute également avec une comédie indépendante américaine : Girls Only, dont elle partage l'affiche avec Chloë Grace Moretz. Le long-métrage, présenté au Festival de Sundance puis au Festival de Toronto, est bien reçu par la critique[20] mais passe inaperçu dans les salles américaines et ne sort donc pas en salles à l'étranger[21]. Cependant, l'actrice peut compter sur un autre projet : The Imitation Game, biopic d'Alan Turing interprété par son ami Benedict Cumberbatch, qui repart avec le Prix du public au TIFF 2014, et un large soutien critique[22] : le film a ainsi déjà remporté le prix du public au Telluride Film Festival. De plus, la presse encense l'actrice : pour The Hollywood Reporter, sa prestation dans The Imitation Game est « vive, alerte et résolument sympathique[23] », pour deadline.com « Knightley est douée comme elle ne l’a jamais été » et pour Variety le film est « candidat à de multiples récompenses, incluant les superbes performances de Benedict Cumberbatch et de Keira Knightley ». Au Twin Cities Film Fest, Keira remporte le TCFF North Star Award for Excellence pour « son remarquable travail sur The Imitation Game et Laggies ». Le film fonctionne très bien en salles[24].
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37
+ En 2015, elle est à l'affiche du film de survie Everest, de Baltasar Kormákur, puis fait ses débuts à Broadway dans la pièce Thérèse Raquin, adaptée du livre d'Émile Zola. Les représentations commencent en octobre 2015 et si les critiques sont mitigés sur la pièce qu'ils trouvent en général trop longue, la presse est unanime sur la prestation de Knightley. ThaeterMania dit qu'elle est « une merveille en Thérèse Raquin », Vulture déclare « Elle est contrainte et articulée, surtout dans le silence, et apporte à cette histoire morose une qualité enflammée qui illumine toute la pièce dans laquelle elle est. », NJ l'a trouve « extraordinaire » et Exeunt Magazine dit qu'elle est d'une « intensité puissante et retenue ».
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+
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+ L'actrice enchaîne avec des projets aux distributions chorales : en 2015 sort ainsi la grosse production Everest, un film d'aventure, mené par Jason Clarke et Jake Gyllenhaal ; puis en 2016, elle fait partie du casting du mélodrame Beauté cachée, porté par Will Smith. Le premier film reçoit des critiques satisfaisantes[25] et fonctionne correctement à l'international, malgré des chiffres décevants aux États-Unis[26]. Ces projets à moindre investissement pour l'actrice lui donnent le temps de tourner quelques scènes du blockbuster Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, où elle redevient Elizabeth Swann.
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+ L'année 2018 débute pour elle avec le biopic Colette, de Wash Westmoreland, où elle joue la romancière française Colette. Les critiques sont excellentes pour ce retour au film d'époque pour l'actrice[27], mais le box-office décevant sur le sol américain lors de sa sortie en septembre[28] Trois mois plus tard, c'est le film d'aventure fantastique familial Casse-Noisette et les Quatre Royaumes, où l'actrice seconde la jeune Mackenzie Foy dans le rôle principal, qui reçoit de mauvaises critiques[29] et essuie un flop majeur au box-office[30]
42
+
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+ 2019 se solde aussi par deux échecs critiques : celui du film à sketches Berlin, I Love You, qui sort dans l'indifférence générale en février 2019, après une réception catastrophique[31], puis le drame historique Cœurs ennemis, où l'actrice retrouve Jason Clarke mais donne aussi la réplique à Alexander Skarsgård. Là encore, la presse est mauvaise[32]. Pour finir, le thriller d'espionnage indépendant Official Secrets, réalisé par Gavin Hood, dont elle est la tête d'affiche, sort dans un circuit limité de salles aux États-Unis[33], malgré une bonne presse[34] lors de sa présentation au Festival de Sundance 2019.
44
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+ Keira Knightley est sous l'attention des médias du fait de l'essor rapide de sa carrière. Elle est décrite par la presse comme une personne disponible envers les médias[35], mais elle dit ne pas parler de sa vie privée[36]. Elle est élue « la star la plus sexy de tous les temps » par les lecteurs du magazine Empire, classée no 79 dans la liste des « 100 femmes les plus sexy du monde » dans l'édition britannique de FHM en 2004, no 18 en 2005, et no 1 en 2006[37]. L'édition américaine du même magazine la classe no 54 en 2004, no 11 en 2005 et no 5 en 2006. En mai 2006, elle est classée no 9 dans le Hot 100 de Maxim. Elle pose nue aux côtés de Scarlett Johansson pour la couverture de Vanity Fair en mars 2006.
46
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47
+ Keira Knightley a été mannequin pour l'entreprise de luxe Asprey ainsi que pour les produits pour cheveux Lux dans des publicités télévisées japonaises. En avril 2006, on confirme qu'elle est la nouvelle égérie de Chanel pour le parfum Coco Mademoiselle, mais la première photo n'est dévoilée qu'en mai 2007[38]. Elle est le sujet de la chanson Star of the Silver Screen de l'album Attraction versus Love du groupe écossais Endrick Brothers. La chanson est écrite après que les membres du groupe la croisent par hasard pendant le tournage de The Jacket[37].
48
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+ La robe Valentino qu'elle porte aux Golden Globe Awards de 2006 attire l'attention : elle est classée première dans la liste des « actrices les mieux habillées » de Steven Cojocaru sur Entertainment Tonight. La robe qu'elle porte à la cérémonie des Oscars de 2006 a été donnée à l'institution caritative Oxfam, qui la vend pour 4 300 £[39]. Keira Knightley a affirmé : « Je suis effrayée quand je vois des enfants dire « Je veux être célèbre »[40]. De plus, elle est une sympathisante du mouvement #MeToo[41].
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+ Keira Knightley est l'héroïne d'un roman de fiction Killing Kate Knight (anciennement Killing Keira Knightley), paru aux éditions Calmann-Lévy en février 2011[42].
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+ En 2012, elle se rend au Tchad pour soutenir l'Unicef et le projet Soccer Aid. Elle s'est mobilisée pour lever des fonds, afin d'accroître la vaccination contre la poliomyélite. En 2014, c'est au Soudan du Sud que l'actrice se rend avec Oxfam. Elle a notamment visité plusieurs camp de réfugiés. Cette mission humanitaire avait pour but de sensibiliser les occidentaux aux ravages des guerres civiles et aux conditions de vie des réfugiés sud-soudanais.
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+ En 2016, elle fait campagne contre le Brexit lors du référendum sur l'appartenance de la Grande Bretagne à l'Union Européenne[43].
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+ Keira se déclare athée.
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+ En 2001, elle sort avec Del Synnott, son partenaire dans le téléfilm Le Royaume des voleurs (2001). Elle sort ensuite de 2003 à 2005 avec l'acteur irlandais Jamie Dornan — elle a permis à ce dernier de jouer un premier rôle au cinéma —, qu'elle a rencontré lors de séances photos[44].
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+ En 2004, sur le tournage d' Orgueil et Préjugés, elle rencontre l'acteur Rupert Friend avec qui elle sera en couple de 2005 à 2010.
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+ En 2007, elle a poursuivi le Daily Mail pour avoir publié un article spéculant sur le fait qu'elle souffrait d'anorexie mentale. Knightley a gagné le procès et a reçu 3 000 £ de dommages et intérêts. Avec ce montant et un don personnel, elle fait un don total de 6 000 £ à Beat, une organisation caritative dédiée aux personnes souffrant de maladie mentale et de troubles de l'alimentation.
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65
+ En février 2010, elle est victime de harcèlement alors qu'elle joue dans la pièce Le Misanthrope. Devant le Comedy Theatre de Londres, un homme restait chaque soir devant les portes des loges et tentait d'entrer en contact avec elle. L'affaire ira en justice.
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+ En 2016, elle est à nouveau harcelée alors qu'elle travaille sur la pièce de théâtre Thérèse Raquin. Un homme lui jette des fleurs en lui hurlant une déclaration d'amour en pleine représentation. Il ira ensuite jusqu'à la harceler devant chez elle en lui glissant régulièrement des courriers personnels dans sa boîte aux lettres. Il sera condamné à huit semaines de prison avec une interdiction d’approcher l'actrice et sa famille.
67
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+ Début 2011, elle commence une relation avec James Righton, musicien du groupe Klaxons, avec qui elle se fiance en 2012. Ils finissent par se marier le 4 mai 2013 à Mazan (Vaucluse), village du sud de la France[45]. Le 26 mai 2015, elle donne naissance à une fille prénommée Edie[46]. Elle accouche de son deuxième enfant en septembre 2019, une fille prénommée Delilah[47],[48],[49].
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+ En 2017, elle est citée dans le scandale des Paradise Papers. Elle aurait investi dans une société immobilière sur l'île anglo-normande de Jersey.[50].
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+ En 2018, durant un entretien avec le Hollywood Reporter, elle dévoile avoir été diagnostiquée dépressive et souffrant de stress post traumatique lorsqu'elle s'efforçait de s'adapter à sa soudaine célébrité. Les paparazzis, très présents et agressifs envers elle alors qu'elle sortait à peine de l'adolescence, ont notamment participé à sa dépression. Elle pointera du doigt d'ailleurs la violence de certains n'hésitant pas à insulter les jeunes acteurs et actrices pour les faire réagir et faire le buzz.[réf. nécessaire]
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+ Pour les versions françaises, Sybille Tureau est la voix régulière de Keira Knightley (la série de films Pirates des Caraïbes, Le Roi Arthur, Orgueil et Préjugés, Reviens-moi, Anna Karénine, etc.)[51]. À noter que lors de son apparition dans Pirates des Caraibes : La Vengeance de Salazar, elle n'a aucun dialogue. De nombreuses autres comédiennes l'ont également doublée, notamment Nathalie Karsenti (Love Actually[51]), Marie-Eugénie Maréchal (Imitation Game[52]), Sylvie Jacob (Star Wars, épisode I : La Menace fantôme[52]) ou encore Claire Guyot (The Duchess[51]).
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+ Au Québec, Catherine Sénart est la voix québécoise régulière de Keira Knightley, notamment dans la série de films Pirates des Caraïbes (sauf Pirates des Caraïbes: La Malédiction de la Perle Noire où l'actrice est doublée par Geneviève Angers[53]), Le Roi Arthur, Orgueil et Préjugés et La Duchesse[53]. Mélanie Laberge l'a doublé notamment dans Une méthode dangereuse et Anna Karénine[53].
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3
+ Le kelvin (symbole K, du nom de William Thomson dit Lord Kelvin), est l'unité de base SI de température thermodynamique. Par convention, les noms d'unité sont des noms communs et s'écrivent en minuscule (« kelvin » et non « Kelvin »)[Note 1].
4
+
5
+ Jusqu’au 20 mai 2019, le kelvin était défini comme la fraction 1/273,16 de la température thermodynamique du point triple de l'eau (H2O), une variation de température d'1 K étant équivalente à une variation d'1 °C[1]. La nouvelle définition a pour objectif de respecter cette valeur, mais en l’ancrant sur une valeur fixée de la constante de Boltzmann.
6
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7
+ À la différence du degré Celsius, le kelvin est une mesure absolue de la température qui a été introduite grâce au troisième principe de la thermodynamique. La température de 0 K est égale à −273,15 °C et correspond au zéro absolu (le point triple de l'eau est donc à la température 0,01 °C).
8
+
9
+ Le kelvin, n'étant pas une mesure relative, n'est jamais précédé du mot « degré » ni du symbole « ° », contrairement aux degrés Celsius ou Fahrenheit.
10
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+ L'échelle des températures Celsius est, par définition, la température absolue décalée en origine de 273,15 K :
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13
+ On en déduit que :
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+
15
+ L'inverse de la température est un paramètre qui intervient souvent dans les formules. Les physiciens utilisent parfois le paramètre β tel que :
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+
17
+ En pratique :
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+ Ainsi, 0 °C = 273,15 K, 1 °C = 274,15 K, etc.
20
+
21
+ De 1954 à 2019, l'unité de température du Système international et ses unités dérivées, déterminées par une convention internationale, sont fondées sur la température thermodynamique du point triple de l'eau, TH2OT = 273,16 K :
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+
23
+ La fraction 1⁄273,16 est donc due au choix du point triple de l'eau comme point de référence et à la volonté de définir une unité de température qui permette de retrouver les intervalles de températures usuels associés aux anciennes échelles de température. Bien que la définition officielle actuelle du degré Celsius repose sur celle du kelvin, ce dernier a été établi postérieurement.
24
+
25
+ Historiquement, les points de référence choisis pour construire les échelles de température étaient la température de congélation de l'eau, qui définit le zéro, et la température d'ébullition, fixée à 100. Ces deux points définissaient ainsi une échelle centigrade dont le pas est un centième de la différence de température entre ces deux points. Cette échelle de température a longtemps été confondue avec l'échelle Celsius.
26
+
27
+ La notion de température thermodynamique, et implicitement celle de température absolue, introduit la notion de zéro absolu, rendant inutile la référence à deux points. Un seul point fixe de référence suffit. Le point triple de l'eau, c'est-à-dire les conditions dans lesquelles coexistent les trois états (liquide, solide et gazeux) de l'eau, est un point de température et de pression invariantes (variance nulle). Il constitue donc un point fixe fondamental de référence[1], plus stable que ne l'est la température de congélation, par exemple, qui dépend de nombreux paramètres et qui peut descendre à −38 °C pour de l'eau pure en surfusion[2],[3].
28
+
29
+ Une fois ce point de référence adopté, il reste à définir l'intervalle d'un kelvin qui est fixé comme suit : Le kelvin est la fraction 1⁄273,16 de la température thermodynamique du point triple de l'eau.
30
+
31
+ Celui-ci devient en retour la référence de la définition du degré Celsius. À la suite de cette réforme, ce dernier est réduit au statut d'unité dérivée du Système international : l'unité de température Celsius est égale par définition à l'unité de température kelvin, tout intervalle de température ayant la même valeur numérique dans les deux unités[1].
32
+
33
+ En revanche, du fait de ce choix d'unité, la température d'ébullition de l'eau à la pression atmosphérique normale n'est plus fixée à 100 °C mais à 99,9839 °C. Néanmoins, ce choix menant à un écart très faible avec la valeur 100, il permet de maintenir les définitions courantes des points de congélation et d'ébullition de l'eau sous pression atmosphérique : environ 0 °C et environ 100 °C.
34
+
35
+ En toute rigueur, seule l'échelle centigrade, obsolète, attribue encore la valeur exacte 100 à la température de ce point d'ébullition.
36
+
37
+ En 2005, la définition a été raffinée[4] en spécifiant la composition isotopique de l’eau dont le point triple est utilisé :
38
+
39
+ Cette composition est celle du matériau de référence de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), connu sous le nom de « Eau océanique moyenne normalisée de Vienne » (VSMOW, de l'anglais Vienna Standard Mean Ocean Water), tel que recommandé par l’Union internationale de chimie pure et appliquée (UICPA)[5].
40
+
41
+ En 2018, il est décidé de redéfinir les unités du système international.
42
+
43
+ À partir du 20 mai 2019, à la suite des travaux du Comité international des poids et mesures, la définition du kelvin change fondamentalement[6]. Au lieu de se fonder sur les changements d'état de l’eau pour définir l’échelle, la nouvelle définition se fonde sur l'énergie équivalente comme donnée par l'équation de Boltzmann.
44
+
45
+ Le kelvin devient ainsi dépendant des définitions de la seconde, du mètre et du kilogramme, eux-mêmes définis en fonction de la constante de Planck h, de la vitesse de la lumière dans le vide v et de la fréquence de la transition hyperfine de l’état fondamental de l’atome de césium 133 non perturbé
46
+
47
+
48
+
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+ Δ
50
+
51
+ ν
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+
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+
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+ C
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+ s
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+
57
+
58
+
59
+
60
+
61
+ {\displaystyle \Delta \nu _{\mathrm {Cs} }}
62
+
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+ [9].
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+ Différentes échelles sont utilisées pour mesurer la température : l’échelle Newton (établie vers 1700), Rømer (1701), Fahrenheit (1724), Réaumur (1731), Delisle (1738), centigrade (de Celsius) (1742), Rankine (1859), kelvin (1848), Leyden (ca. 1894 ?), Celsius (1948).
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+ John Fitzgerald Kennedy /d͡ʒɑn fɪtsˈd͡ʒɛɹəld ˈkɛnədi/[1], dit Jack Kennedy, communément appelé John Kennedy et par ses initiales JFK, né le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts) et mort assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas), est un homme d'État américain, 35e président des États-Unis. Entré en fonction le 20 janvier 1961, il est, à 43 ans, le plus jeune président élu des États-Unis[2], et également le plus jeune président à mourir, moins de trois ans après son entrée à la Maison-Blanche, à l'âge de 46 ans.
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+ Il laisse son empreinte dans l'histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique d'égalité des genres et son assassinat. Ses prises de position en faveur de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce lui valent d'être respecté jusque chez les républicains, et le mouvement afro-américain des droits civiques — qu'il soutient, voulant mieux intégrer les minorités dans la société — qui prend place durant sa présidence annonce la déségrégation.
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+ En campagne pour sa réélection, il circule dans Dallas le 22 novembre 1963 à bord d'un véhicule découvert devant un nombreux public et alors qu'il traverse Dealey Plaza, des coups de feu l'atteignent mortellement. Les circonstances de son assassinat par Lee Harvey Oswald, seul coupable reconnu, ont donné lieu à de nombreuses enquêtes, ouvrages écrits et filmés, interprétations et théories du complot au fil des décennies ayant suivi son assassinat.
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+ John Fitzgerald Kennedy, surnommé « Jack », naît le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts), une banlieue huppée de Boston. Il est le second d'une famille qui compte neuf enfants : Joseph Jr., John, Rosemary, Kathleen, Eunice, Patricia, Robert, Jean Ann et Edward.
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+ Ses parents sont Joseph Patrick Kennedy, qui a fait fortune dans les années 1930, et Rose Fitzgerald, fille de John Francis Fitzgerald (1863-1950), dit « Honey Fitz », maire de Boston et de Mary Josephine Hannon (1865-1964)[3]. Tous deux sont les descendants de familles catholiques originaires d'Irlande. Son père soutient Franklin Delano Roosevelt lors de l'élection de 1933, envisage de se présenter à sa succession et devient ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni en 1938 après avoir été un des piliers des grandes réformes de Roosevelt dans la banque et la finance.
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+ Le jeune John reçoit son éducation dans la Choate Rosemary Hall, une des meilleures écoles privées à Wallingford, Connecticut où son frère aîné Joseph Patrick Kennedy, Jr. l'a précédé. En septembre 1935, il intègre la London School of Economics sous la supervision du professeur Laski, mais doit interrompre ses études, car il est atteint de jaunisse. Il intègre ensuite l'université de Princeton, mais doit de nouveau interrompre ses études après seulement six semaines, et se fait hospitaliser à l'hôpital Brigham de Boston (en) où les médecins diagnostiquent une possible agranulocytose ou leucémie[4]. L'année suivante, en septembre 1936, il intègre l'université Harvard. Ses principales matières sont l'économie, l'histoire et la politique américaine.
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+ Quand son père s'installe à Londres, il visite l'Europe, en particulier l'Allemagne nationale-socialiste, et s'assure les services d'un « nègre[5] » pour rédiger son mémoire de fin d'études sur Neville Chamberlain et la participation britannique aux accords de Munich. Son mémoire est reçu avec mention et grâce au soutien financier de son père, est publié avec une introduction de Henry Luce, sous le titre Pourquoi l'Angleterre dormait. À 23 ans, John est ainsi l'auteur d'un relatif succès de librairie qui semble le destiner au journalisme. Son père est alors déconsidéré par sa position favorable à la négociation avec Adolf Hitler.
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+ Il doit, en 1941, sous la pression de son père et du Federal Bureau of Investigation (FBI), mettre fin à sa liaison avec Inga Arvad, une journaliste danoise mariée à Paul Fejos, ancienne miss Danemark qui a couvert les Jeux olympiques d'été de 1936. JFK est rappelé en Caroline du Sud, mais Inga le suit et ils continuent à se voir[6].
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+ John Kennedy est connu pour ses multiples maîtresses et conquêtes féminines, dont Marilyn Monroe en 1962, ainsi que Mary Pinchot Meyer (épouse de Cord Meyer (en), haut fonctionnaire à la CIA) et Judith Campbell, maîtresse simultanément de Kennedy et du parrain de la mafia de Chicago Sam Giancana ou encore Gunilla von Post, Marlene Dietrich[7]. Proche de la mafia, le chanteur Frank Sinatra lui fournit des starlettes comme maîtresses. En 1961, lors d'une rencontre officielle avec le Premier ministre du Royaume-Uni Harold Macmillan, il lui confie : « Trois jours sans faire l'amour et c'est le mal de tête garanti. Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, Harold »[8]. Le père du président, Joseph Patrick Kennedy, serait intervenu financièrement auprès de son épouse Jackie afin de la retenir[9].
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21
+ Le 12 septembre 1953[10], il épouse Jacqueline Bouvier en l'église St Mary's de Newport (Rhode Island). Le mariage est considéré comme l'événement mondain de la saison avec quelque 700 invités à la cérémonie et plus de 1 000 personnes à la somptueuse réception qui suit à « Hammersmith Farm », domaine de son beau-père Hugh D. Auchincloss.
22
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23
+ Jacqueline Kennedy fait une fausse couche en 1955[11],[12], puis donne naissance à une petite fille mort-née le 23 août 1956, que ses parents auraient voulu prénommer Arabella[13]. Cet événement conduit à une brève séparation du couple qui se réconcilie peu après. Le couple devient ensuite parents d'une fille Caroline en 1957, puis d'un fils John en 1960, qui meurt dans un accident d'avion en 1999. Un second fils Patrick naît prématurément le 7 août 1963 et meurt deux jours plus tard.
24
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25
+ Peu de temps après l'assassinat de John F. Kennedy, les restes d'Arabella et de son jeune frère Patrick sont transférés le 5 décembre 1963, au cimetière national d'Arlington. Sa dalle mortuaire n'indique pas de prénom, mais simplement la mention « daughter » (fille, en anglais) et la date du 23 août 1956.
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27
+ Kennedy souffre pratiquement toute sa vie de problèmes de dos : né avec une colonne vertébrale instable selon un de ses chirurgiens en 1947 (ce qui est remis en cause par une étude de 2017 se basant sur ses radiographies et penchant pour une origine multifactorielle[14]), ce qui l'oblige à utiliser des béquilles cachées au public, à se reposer fréquemment dans son fauteuil à bascule devenu célèbre[15] et à porter un corset dorsal de 20 centimètres[16]. Dès sa jeunesse, il fut régulièrement hospitalisé du fait de sa santé fragile et par intermittence eut de douloureux problèmes gastriques (probablement l'intestin irritable)[14]. Il est de plus atteint de la maladie d'Addison, sorte de déficience (encore mortelle à son époque) des glandes surrénales, lesquelles produisent des hormones anti-inflammatoires (cortisol)[17]. Pour soulager ses douleurs, il reçoit régulièrement des injections de cortisone, de novocaïnes et de stéroïdes, il prend des amphétamines[16], ce cocktail médicamenteux lui permettant de déployer une énergie hors du commun et d'assouvir une libido hyperactive[8]. Les corticoïdes qu'il a consommés pour traiter ses douleurs gastriques pourraient d'ailleurs être une cause secondaire de sa maladie d'Addison, c'était des médicaments prometteurs durant les années 1930 mais les effets à moyen terme n'étaient pas connus[14]. Il est contraint de se faire opérer à plusieurs reprises en raison de problèmes de dos, des opérations risquées dont les résultats sont inférieurs aux attentes. Il reçoit même l'extrême onction à quatre reprises[18]. Son état de santé fut gardé secret de son vivant, conscient qu'une fuite entraînerait la fin de sa carrière politique, même si ses prédécesseurs présidentiels Wilson, Coolidge, Roosevelt et Eisenhower avaient aussi imposé la confidentialité sur leurs ennuis de santé[19].
28
+
29
+ Au printemps 1941, Kennedy veut s'enrôler dans l'armée, mais est déclaré inapte en raison de ses problèmes de santé. Il est finalement accepté grâce à l'intervention de son père[19]. D'abord mobilisé à l'arrière, il obtient de servir sur plusieurs navires de la flotte américaine du Pacifique et devient commandant d'un patrouilleur avec le grade de Lieutenant.
30
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31
+ Durant la guerre du Pacifique, le 2 août 1943 à deux heures du matin, son patrouilleur (une vedette lance-torpilles), le PT-109, est coupé en deux par le destroyer japonais Amagiri au large des îles Salomon. Kennedy est projeté sur le pont et se blesse au dos, ce qui aggrave ses douleurs[19] ; en mer, il réussit malgré tout à haler un membre de son équipage blessé sur près de cinq kilomètres et à mettre pied sur une île, d'où il nage pour donner l'alerte : son équipage est récupéré. Ce fait d'armes lui vaut la Navy and Marine Corps Medal avec la citation suivante :
32
+
33
+ « Pour sa conduite extrêmement héroïque comme officier commandant de la vedette lance-torpilles PT 109, après la collision et le naufrage de ce vaisseau, sur le théâtre de la guerre du Pacifique, les 1er et 2 août 1943. Peu soucieux du danger personnel, le lieutenant Kennedy a bravé sans hésitation les difficultés et les risques de l'obscurité pour diriger les opérations de sauvetage, nageant plusieurs heures pour trouver de l'aide et de la nourriture après avoir réussi à ramener son équipage à terre. Son remarquable courage, sa ténacité et ses qualités de chef ont permis de sauver plusieurs vies, conformément aux plus hautes traditions de la Marine des États-Unis. »
34
+
35
+ Il participe également à l'évacuation de Marines encerclés par les Japonais lors du raid sur Choiseul le 2 novembre 1943[20]. Kennedy reçoit d'autres décorations pendant la guerre, dont la Purple Heart. Il est démobilisé au début de 1945 quelques mois avant la capitulation du Japon. Un film de propagande raconte son aventure. Le décès de son frère aîné et les erreurs politiques de son père (qui était favorable au maintien de la paix avec Adolf Hitler) font de lui l'espoir politique de la famille.
36
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37
+ Après la Seconde Guerre mondiale, Kennedy commence donc une carrière politique en se faisant élire en 1946 à la Chambre des représentants dans une circonscription à majorité démocrate. Il est réélu deux fois en 1948 et 1950, largement malgré ses positions qui ne sont pas toujours en accord avec celles du président Harry S. Truman ou du Parti démocrate.
38
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39
+ En 1952, il est candidat au siège de sénateur avec le slogan : « Kennedy en fera plus pour le Massachusetts ». Avec l'appui de son père et de tout le clan familial, il réussit à battre son concurrent républicain, le sénateur sortant Henry Cabot Lodge Jr. en obtenant 51,5 % des voix. Cependant, il ne s'oppose pas au sénateur Joseph McCarthy, un ami de la famille, qui mène une campagne agressive dans le but d'extirper les prétendus espions communistes au sein du gouvernement. Il profite d'un séjour à l'hôpital pour ne pas voter la motion de censure contre McCarthy en 1954, ce qui lui sera longtemps reproché par l'aile gauche du Parti démocrate, Adlai Stevenson et Eleanor Roosevelt en tête. En 1956, il échoue à obtenir l'investiture démocrate pour la vice-présidence, après que Stevenson ai laissé le congrès sélectionner le candidat, Kennedy terminant deuxième au scrutin et s'inclinant face au sénateur Estes Kefauver du Tennessee, mais bénéficiant en conséquence d'une visibilité nationale. En 1958, il est réélu sénateur avec 73,2 % des suffrages face au républicain Vincent J. Celeste.
40
+
41
+ En 1955, alors en pleine convalescence, il écrit un livre Profiles in Courage (Portraits d'hommes courageux) où il fait la biographie de huit sénateurs qui ont risqué leur carrière pour défendre leurs points de vue. Ce livre, dont la paternité est aujourd'hui accordée à Ted Sorensen, conseiller juridique et bras droit de Kennedy et auteur de ses plus grands discours, recevra le prix Pulitzer en 1957[16].
42
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43
+ Kennedy se déclare candidat pour succéder à Eisenhower le 2 janvier 1960. Dans sa déclaration de candidature, Kennedy insiste sur la nécessité d'un désarmement mondial, qualifiant la course aux armements de « fardeau »[réf. nécessaire].
44
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+ Le Parti démocrate doit choisir entre lui et les sénateurs Hubert Humphrey, Lyndon B. Johnson et Adlai Stevenson. Kennedy remporte les élections primaires dans certains États clés, comme le Wisconsin et la Virginie-Occidentale et obtient la nomination de son parti à la convention nationale. Son colistier est Lyndon B. Johnson, soutenu par les États du Sud. Pendant la campagne électorale, les débats tournent autour du rôle des États-Unis dans le monde, du problème de la pauvreté, de l'économie et de l'équilibre de la terreur face aux missiles porteurs d'armes nucléaires de l'Union soviétique, mais aussi sur la religion catholique pratiquée par le candidat.
46
+
47
+ À partir des années 1950, le jeune sénateur démocrate du Massachusetts J.F. Kennedy fait des apparitions dans plusieurs talk-shows, notamment Meet the press très populaire à cette époque. C’est ainsi que Kennedy va prendre conscience et créer par lui-même son image du nouveau politicien. Ce qui l’amènera à être choisi pour prononcer le discours de candidature de Adlai Stevenson à la Convention démocratique de 1956. Lors de cette épreuve, il gagnera le rôle de l’orateur le plus recherché du parti, ce qui sera perçu comme le lancement de sa course à la présidence[21].
48
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49
+ Kennedy apparait, alors qu’il est candidat, dans le Tonight Show de Jack Paar. C’est le premier homme politique important à participer à une émission de fin de soirée. Étant donné l’innovation, personne n'était alors au courant des règles de l'égalité des heures s'appliquant aux émissions de divertissement. Une aubaine qui lui rapportera en capital sympathie. C’est ainsi que commence la campagne aux élections présidentielles américaines pour John Fitzgerald Kennedy. Le 12 septembre 1960, Kennedy fait une déclaration importante sur la question de la religion et de son catholicisme, devant une assemblée de pasteurs protestants à Houston, au Texas. Il affirme, ce jour-là, qu’il ne serait en aucune manière influencé par la hiérarchie catholique. Il emprunte l’article VI de la Constitution des États-Unis comme contre argument aux spéculations faites à son égard. Son équipe de campagne électorale trouve le discours convaincant et permettant de faire taire les malentendus. Ils s’en serviront comme moyen de communication en distribuant le film du discours aux stations de télévision de tout le pays. Il fut largement retransmis et la plupart des observateurs eurent l’impression que Kennedy avait remporté une victoire décisive et que la question religieuse était maintenant pour lui beaucoup plus un avantage qu’un handicap[22].
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51
+ La campagne à l'élection présidentielle américaine de 1960 est une toute nouvelle forme de la communication politique, qui joue la carte de la modernité, combinant l'utilisation de la radio, de la publicité, des sondages et de la télévision. Elle sera à l'origine d'une mythologie qui dépassera très vite les frontières du pays[23]. La campagne est caractérisée par le premier débat télévisé de l'histoire à une élection présidentielle. Elle opposera en quatre duels, les deux candidats, John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon. Deux candidats proches sur leurs programmes politiques et leurs âges mais différents par leurs apparences. R. Nixon est vu comme un personnage politique expérimenté, mais avec une image très déplaisante suite aux caricatures de Herblock dans le Washington Post. Le premier débat est considéré comme le plus important, il se déroule le 26 septembre 1960 à Chicago. L’équipe de Kennedy a parfaitement préparé le rendez-vous comme le confirme le producteur de CBS, Don Hewitt[24]. Le clan Kennedy s’était auparavant bien entouré, avec L. Reinch conseiller en audio-visuel, les réalisateurs F. Schaffner et A. Penn, et le producteur F. Coe afin d’améliorer ses performances. A. Penn demande en coulisse des plans serrés sur son candidat persuadé que l’équipe de Nixon le suivra. Lors de la prise de parole de Nixon, l’effet attendu est au rendez-vous : les gouttes de sueur qui perlent sur le visage de Nixon, la nervosité apparente, la barbe peu soignée donnent une image désastreuse du candidat à la présidence. De plus, son costume gris se fondant dans les décors créera un contraste face au jeune sénateur, plein d’aisance et d’assurance dans les gestes et la parole, en costume noir parfaitement préparé au duel[25].
52
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53
+ Les critiques récurrentes des caricaturistes visant R. Nixon sont désormais vues en gros plan par les Américains devant leur télévision. Ils seraient en effet entre 65 millions et 74 millions de téléspectateurs[26] à avoir assisté aux débats selon les rapports de cette époque. Avec une estimation de téléviseurs installés dans environ 90%[21] des foyers. Kennedy avait donc prévu et bien fait de miser sur les techniques modernes car avant le grand débat du 26 septembre les sondages donnaient Nixon de peu gagnant avec 47% face à 46%. Suite au débat, Kennedy était estimé à 49% face à 46% pour Nixon[27].
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+ Les « grands débats » offrent un phénomène attirant, selon le chercheur J. Austin Ranney (en) : « De nombreuses études antérieures à 1960 ont montré que le discours électoral de type traditionnel, quand le candidat A et ses partisans disposent de la salle de réunion ou du studio pour eux seuls, sont suivis et écoutés presque uniquement par les électeurs qui se sont déjà décidés pour ce candidat B évitent les réunions du candidat A et arrêtent la radio ou la télévision quand se fait entendre la voix de A »[28]. Ce que l’on nomme une chambre d’écho. Avec les grands débats, au contraire, non seulement les partisans de Nixon sont obligés d’écouter Kennedy, mais ils peuvent difficilement éviter de le comparer immédiatement avec Nixon. Theodore White, dans The Making of the President, 1960, montre à quel point Kennedy était confiant et bien préparé. « Selon certains sondages, ceux qui ont écouté le débat à la radio estiment que les deux candidats étaient à peu près ex æquo [à l’issue du débat]. En revanche, tous les sondages réalisés auprès des téléspectateurs indiquent que Nixon était considéré comme le perdant (…) Tout cela est dû à l’effet de la télé »[29]. La stratégie de Kennedy, consistait aussi à critiquer l’immobilisme des années de gouvernance de Dwight Eisenhower, dont Nixon est le coresponsable. La métaphore du retard (gap) occupe une part importante dans les discours du candidat. Le clan Kennedy en profite donc pour populariser alors l’idée de grands desseins nationaux pour promouvoir la nécessité de réformes rapides face à l’avance prise par l’URSS. Entouré d’idéologues de la modernisation, dont Walt Rostow est le plus actif, Kennedy renvoie son adversaire dans les cordes de la tradition et du conservatisme[30].Cette rhétorique du risque rompt avec celle de la sécurité utilisée jusqu’alors par les candidats démocrates.
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+ Sa rhétorique du risque, va donc dans le sens de son slogan : la Nouvelle Frontière séduisant ainsi un électorat avide de changement après huit années de présidence républicaine. La victoire de J.F Kennedy, le 8 novembre 1960, est certes celle de la jeunesse mais aussi celle des transformations de la vie politique américaine, en particulier le renforcement de la médiatisation avec le rôle nouveau joué par la télévision. Mais également celle des mutations de la sociologie de l’électorat, plus jeune et féminisé[31] ; « mais elle est surtout celle des nouvelles techniques de communication, faisant bon usage des sondages, de l’instrument télévisuel et du média training »[32]
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+ La politique de Kennedy, appelée « Nouvelle Frontière », prévoit la détente envers l'URSS, l'envoi d'un homme sur la Lune, l'égalité des Noirs et des Blancs, la relance de l'économie, la lutte contre la pègre et l'arrêt de l'expansion communiste dans le monde.
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61
+ L'élection a lieu le 8 novembre 1960 ; Kennedy bat Nixon de seulement 120 000 voix[33]. Des rumeurs circulent par la suite sur le fait que son père, Joe, aurait utilisé ses liens avec la mafia américaine pour que certains comtés décisifs « votent bien ». À 43 ans, Kennedy est le plus jeune président élu : Theodore Roosevelt était plus jeune lors de son accession à la présidence, mais il succédait à William McKinley, décédé en cours de mandat. Il est aussi le premier président des États-Unis de religion catholique et toujours le seul à ce jour[34].
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+ Il entre en fonction le 20 janvier 1961 à l'âge de 43 ans.
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65
+ Le mandat de Kennedy est marqué par la guerre froide entre l’Union soviétique et les États-Unis et les crises majeures destinées à contrer l’expansion communiste. Au début de sa présidence, il pense que le monde peut s'améliorer par des moyens pacifiques et il crée les Corps de la paix. Ce programme, qui existe toujours, permet à des volontaires américains d'aider les pays en développement dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture, de la santé et du bâtiment.
66
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67
+ Kennedy développa des liens d'amitié étroits avec le Royaume-Uni et la RFA. Cependant, les relations avec le Canada seront faibles, John Diefenbaker ne supportant pas Kennedy et réciproquement. Le prochain Premier ministre du Canada Pearson s'entendra en revanche très bien avec lui et acceptera l'installation de bases nucléaires américaines au Canada.
68
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69
+ Les relations avec la France de Charles de Gaulle sont constantes mais tendues, les deux dirigeants ont cependant un grand respect l'un pour l'autre et le peuple français a une certaine admiration pour les Kennedy ; ils sont notamment fiers que sa femme, Jacqueline Bouvier de son nom de jeune fille, ait des racines françaises[réf. nécessaire]. La volonté de Charles de Gaulle d’accroître la puissance militaire et économique de la France produit de vives tensions entre les deux hommes : d'après Ted Sorensen, dans un moment de colère Kennedy aurait traité de Gaulle de « salopard »[réf. nécessaire].
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+ La crise des missiles de Cuba montre que le risque d'une guerre nucléaire n’est pas négligeable et que les États-Unis et l'URSS sont « au bord du gouffre », d’où une attitude plus mesurée en Europe. Cette attitude est d'ailleurs déjà effective avant cette crise, comme le prouve le fait que les Américains restent passifs lorsque l’Allemagne de l’Est lance la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 et que les pays du bloc de l’Est rendent leurs frontières quasiment étanches. Après une tentative de retrait, Kennedy essaie malgré tout de contenir l'expansion soviétique en envoyant des conseillers militaires, puis des troupes, au Viêt Nam. En octobre 1963, il signe un mémorandum ordonnant le retrait de 1 000 soldats du Viêt Nam avant la fin de 1963 car il pensait la guerre bientôt gagnée[49]. Ce mémorandum sera annulé par Lyndon B. Johnson.
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+ Cependant, une facette moins connue du personnage présente l'ex-président démocrate comme un artisan majeur de l'escalade de la guerre du Viêt Nam, en ayant directement été à l'origine d'un coup d'État militaire fomenté contre le président sud-vietnamien Ngô Đình Diệm[50],[51],[52],[53], voire le commanditaire direct de l'assassinat de celui-ci[54], parce que Diệm était opposé à un accroissement de l'engagement militaire américain au Vietnam[55] et envisageait de rompre l'alliance de son pays avec les États-Unis[56]. Cependant Kennedy ayant signé un mémorandum pour le retrait de 1 000 soldats, on croit plus souvent qu'il avait pris conscience à l'été 1963 de s'être engagé dans un bourbier et jugeait nécessaire par l'intermédiaire de Dương Văn Minh d'éliminer un chef d'État catholique impopulaire qui réprimait une opposition bouddhiste croissante depuis mai 1963[57]. Aussi en août 1963 l'administration Kennedy se montra favorable à Dương Văn Minh qui mit à exécution le coup d'État. Toutefois une enquête des Nations unies en 1963 conclut à la liberté du culte bouddhiste ; tandis que selon l'historien Mark Moyar, Diệm avait mené des politiques publiques favorables aux communautés bouddhistes du Sud-Vietnam, en leur donnant la permission de mener des activités religieuses qui étaient interdites par l'ex-puissance coloniale française, et en finançant la construction d'écoles bouddhistes, l'organisation de cérémonies et la construction de nouvelles pagodes. Parmi les dix-huit membres du cabinet Diệm, il y avait cinq catholiques, cinq confucéens et huit bouddhistes, dont un vice-président et un ministre des affaires étrangères. Seuls trois des dix-neuf meilleurs responsables militaires étaient des catholiques[58]. Une partie non-négligeable des immolations et révoltes bouddhistes furent le fruit d'une infiltration des guérilleros communistes déguisés en bonzes[59].
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+ En août 1963 Kennedy signe le traité de Moscou qui interdit les essais nucléaires dans l'atmosphère. Il s'agissait de lutter contre la prolifération des armements et contre les effets à long terme des retombées radioactives. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS en seront les premiers signataires et Kennedy considérera qu'il s'agit là d'une des actions majeures de son gouvernement. Au Salvador, son administration appuie la création de l'Orden (Organisation démocratique nationaliste) afin d'organiser et de surveiller la population rurale (l’Amérique centrale est alors agitée par des guérillas en lutte contre des gouvernements dictatoriaux) mais celle-ci se comporte rapidement en escadron de la mort[60]. Après le coup d’État militaire du 24 septembre contre le gouvernement réformiste de Juan Bosch en République dominicaine « Kennedy rompt les relations diplomatiques avec le pays tout en abandonnant Bosch à son triste sort qui s'exilera à San Juan de Porto Rico »[61]. "La démocratie n'y aura tenu que sept mois"[62]. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies le 14 décembre 1963 par le président Johnson et les pustchistes ainsi reconnus[63]. De même début octobre 1963 Kennedy suspend les relations diplomatiques avec le Honduras après le renversement du libéral Modesto Rodas Alvarado (en) par Oswaldo López Arellano, coupe l'aide militaire à la junte, rappelle le personnel américain engagé dans la coopération ; ce n'était peut-être que provisoire du fait que l'année précédente au Pérou à l'été 1962, il avait suspendu seulement un mois ses relations diplomatiques en réaction à un coup d'État[64]. Mais au Honduras comme en République dominicaine ce sera, après Dallas, Johnson qui en 1964 reconnaîtra la Junte militaire[65].
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+ Kennedy milite contre la ségrégation raciale, en prenant pour modèle Abraham Lincoln. Il soutient Martin Luther King, et le rencontre lors de sa marche sur Washington en 1963.
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+ L'un des problèmes les plus importants auquel Kennedy doit faire face est celui de mettre fin aux mesures discriminatoires contre les minorités ethniques qui restent légales dans certains États. Un arrêt de 1954 de la Cour suprême des États-Unis interdit la ségrégation dans les écoles publiques, mais est resté lettre morte dans de nombreux États du Sud. Par ailleurs, des mesures discriminatoires restent toujours en vigueur dans d'autres lieux publics, tels que les transports urbains, les cinémas et les restaurants.
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+ Il fait beaucoup pour la conquête de l'espace, en lançant le programme Apollo (We choose to go to the Moon).
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+ Sur le plan social, son programme Nouvelle Frontière vise à améliorer le sort des classes modestes et des droits civiques de ses concitoyens noirs. Sur ces objectifs, Kennedy se heurte souvent, ce qui est courant aux États-Unis, à un Congrès dont la majorité n'est pas celle de son courant politique. Ici, cependant, le Congrès est en majorité démocrate, mais cette dernière est dominée par les démocrates du Sud, conservateurs sudistes hostiles à la disparition de la ségrégation.
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+ Si les presque trois ans de présidence de Kennedy se sont accompagnés de plusieurs mesures notables (conquête de l'espace, début de la déségrégation, Corps de la paix, traité de Moscou d'août 1963) les historiens sont partagés sur l'importance du mandat de Kennedy dans l'histoire américaine. Élu de justesse, il a accru l'engagement des États-Unis au Vietnam, a mis à exécution le débarquement de la baie des Cochons préparé par l'administration précédente, il n'a pas empêché la construction du mur de Berlin, a approuvé la mise sur écoute par le FBI de Martin Luther King, soutenu le renversement de dictateurs en République dominicaine, en Irak et au Vietnam, aussi bien que condamné des coups d'État (toujours en république dominicaine le coup d'État militaire en septembre 1963 contre Juan Bosch), avait des liens avec la mafia et n'a pas mené à bien la baisse d'impôts qu'il avait initialement promise. De ce fait, s'il est souvent cité comme étant le plus populaire des présidents qu'a comptés le pays, selon certains, cela relève davantage du reflet de son charisme, de sa jeunesse, de sa bonne connaissance des médias et des conditions tragiques de son décès. L'historiographie post-1963 a d'abord été marquée par des ouvrages hagiographiques écrits par ses anciens conseillers, Ted Sorensen et Pierre Salinger. Un regard plus critique survient dans les années 1980 avec The Kennedy Imprisonment de Garry Willis, où Kennedy est décrit comme un « improvisateur » se reposant sur son charisme et prenant de mauvaises décisions, et un obsédé sexuel se mettant lui-même en danger du fait des risques de chantage que cela implique[66]. Le journaliste démocrate Thomas E. Ricks (en) est encore plus critique, le désignant comme le plus mauvais président du XXe siècle, dénonçant un groupe de pression contre ses opposants, l'Ideological Organizations Project, une politique anti-syndicale et le mensonge sur sa santé[67]. Les historiens sont partagés mais les critiques reviennent face au manque de leadership contre Khrouchtchev à son sommet et la question raciale qui stagne[68]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple reprend ces légendes critiques, dénonce une imposture créée de toutes pièces par les médias, Kennedy étant dans la « télé-gouvernance » et la publicité, masquant les liens avec la mafia, une libido incontrôlée et un échec aux affaires étrangères.
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+ Le président fascine toujours autant l'Amérique. Depuis 1963, 40 000 ouvrages ont été écrits à son sujet, surtout sur son assassinat[69], ainsi que de nombreux récits uchroniques, imaginant le déroulement du monde si son assassinat fût raté[70],[71]. Le cinquantième anniversaire de sa mort relance de nouvelles études et publications[72]. Son projet réussi de dépasser l'URSS dans la conquête spatiale avant l'année 1970, souligné par Philippe Labro, ne l'empêche pas de subir sous sa présidence un second revers deux ans après l'embarquement de Youri Gagarine : l'envoi en juin 1963 d'une femme soviétique dans l'espace, Valentina Terechkova.
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+ Le 22 novembre 1963, lors d'une visite pré-électorale de John F. Kennedy à Dallas, le cortège présidentiel traverse la ville à petite vitesse, salué par la foule amassée. Alors que la limousine décapotée du président passe sur Dealey Plaza vers 12 h 30, des coups de feu éclatent. Le président est d'abord blessé au cou, tandis que le gouverneur Connally, assis devant lui, est blessé à la poitrine, puis une balle atteint le président à l'arrière de la tête, endommageant gravement la partie arrière supérieure de son crâne[73], et ressort probablement par la tempe droite[74]. Aussitôt transporté au Parkland Hospital, le président est déclaré mort à 13 h après de vains efforts de réanimation. Le monde est consterné en apprenant la nouvelle[75].
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+ Lors de la mort de Kennedy, les trois grands réseaux de télévision américains ont suspendu leurs émissions pour rapporter toutes les nouvelles concernant le président du 22 au 25 novembre 1963, ce qui fait de la couverture télévisée de cet événement la plus longue de l'histoire télévisée américaine (70 heures) jusqu'à celle des attentats du 11 septembre 2001 (72 heures)[76]. Les reportages filmés sur ses obsèques nationales consacreront la domination de la télévision française sur les autres médias et la fin des actualités filmées au cinéma[77].
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+ Selon les enquêtes officielles, Lee Harvey Oswald a assassiné seul le président, mais la seconde enquête mandatée par la Chambre des représentants — l'enquête du HSCA — estime en 1979 qu'il y a eu au moins deux tireurs, donc conspiration.
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+ Sa femme Jacqueline, lors du transport du cercueil à bord de l'avion Air Force One, lui organise des obsèques nationales impressionnantes sur le modèle de celles d'Abraham Lincoln[78]. John Fitzgerald Kennedy repose au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
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+ Le président américain Donald Trump a autorisé le 21 octobre 2017 la déclassification de 2 891 documents sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, dont le maintien sous scellés pendant plus de 50 ans a alimenté de nombreuses théories du complot. Y figurent notamment les noms de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et plus étonnamment de l'actrice Catherine Deneuve qui auraient tous les trois versé de l'argent à Larry Cox, activiste qui a refusé à trois reprises d'intégrer l'armée américaine et de partir au Viêt Nam[79]. Près de 300 pages de documents jugés « trop sensibles » sont maintenus secrète[80].
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+ Le Kentucky /kɑ̃n̪.ty.ki/ ou /kɛn̪.tə.ki/ (prononcé en anglais /kənˈtʌki/) est un État (officiellement, un Commonwealth, comme seulement trois autres États parmi les cinquante) des États-Unis, à la limite du Midwest et du Sud profond. Il est bordé au nord par l'Illinois, l'Indiana et l'Ohio, à l'est par la Virginie-Occidentale et la Virginie, au sud par le Tennessee et à l'ouest par le Missouri.
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+ Faisant initialement partie de la Virginie, le Kentucky devient en 1792 le 15e État à rejoindre l'Union. Il est le 37e État par sa superficie et le 26e État par sa population parmi les 50 États américains.
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+ Le Kentucky est connu comme le « Bluegrass State » (État de l'herbe bleue), un surnom dû à l'« herbe bleue » que l'on trouve dans de nombreux pâturages de son sol fertile. Une des principales régions du Kentucky est la Bluegrass region, dans le centre de l'État, où se trouvent les deux principales villes, Louisville et Lexington. Le Kentucky présente divers environnements et d'abondantes ressources dont le plus long réseau de grottes du monde au parc national de Mammoth Cave, le plus long système de voies navigables des États-Unis contigus et les deux plus grand lacs artificiels à l'est du Mississippi.
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+ Le Kentucky est aussi connu pour ses courses de chevaux, ses distilleries de bourbon et son alcool de contrebande (Kentucky Moonshine), son charbon, son tabac, sa construction automobile, la musique bluegrass, le site historique My Old Kentucky Home, le basket universitaire et la société Kentucky Fried Chicken.
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+ Le nom Kentucky est d'origine amérindienne et a été attribué à différentes langues, avec plusieurs significations possibles. L'une d'elles est le mot iroquois « Ken-tah-ten » signifiant « terre de demain » ; une autre traduction proposée par Auguste Levasseur serait « rivière de sang »[2]. D'après Peter Levenda, le premier nom proposé pour ce Commonwealth fut « Transylvania » signifiant, comme son homonyme européen, « au-delà des forêts »[3].
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+ Selon une charte royale signée par Jacques Ier en 1609, ce qui allait bien plus tard devenir le Kentucky était attribué à la colonie de Virginie[4]. Toutefois, en 1750, il s'agissait encore d'un territoire largement inconnu lorsqu'on entreprit de l'explorer et d'y rechercher des terres propices à la colonisation. Le nombre d'Indiens présents dans le Kentucky était assez faible : il s'agissait essentiellement d'un terrain de chasse pour les Chaouanons et les Cherokees. Les Iroquois affichaient également leur prétention sur le territoire mais les abandonnèrent aux Anglais par le Traité de Fort Stanwix, en 1768. En 1775, Daniel Boone, explorateur devenu une figure américaine légendaire, trace une piste par laquelle peuvent passer les colons, le Wilderness Road. Cependant, les Shawnee et les Cherokee, qui n'ont pas signé le traité de Stanwix, considèrent toujours la zone comme leur réserve de chasse. Des guerres ont lieu dans les années 1770 entre colons et Indiens. Lorsque la guerre d'indépendance des États-Unis éclate, ils peuvent s'allier aux Anglais.
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+
15
+ Après la guerre, les habitants du Kentucky demandent leur indépendance à la Virginie dont ils sont séparés par des montagnes, et qui ne leur a pas porté secours durant les hostilités[5]. En 1792 finalement, le Kentucky devient quinzième État de l'Union, et le premier à l'ouest des Appalaches.
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17
+ Le Kentucky présente quelques différences avec les États du Sud profond. Il fut un État esclavagiste, mais l'esclavage y fut moins important qu'ailleurs dans le sud, du fait notamment de la faiblesse de la culture du coton.
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+
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+ Pendant la guerre de Sécession, le Kentucky se déclara neutre et continua à affirmer sa neutralité tout au long de la guerre.
20
+ Cependant, tout comme au Missouri, une faction pro-sécessionniste proclama un gouvernement confédéré, alors même que ces deux États étaient revendiqués par le gouvernement de l'Union. Jamais la Confédération ne prit réellement le contrôle de l'État. Malgré sa neutralité proclamée, cet État-frontière fut par la suite le théâtre d'importants affrontements entre troupes de l'Union et de la Confédération.
21
+
22
+ Le 6 janvier 1920, sous la pression des associations de suffragettes - notamment la National American Woman Suffrage Association, au sein de laquelle milite très activement notamment Madeline McDowell Breckinridge - le dix-neuvième amendement à la Constitution des États-Unis est ratifié au Kentucky[6]. Breckinridge est nommée l'une des Kentucky Women Remembered (en) en 1996[7].
23
+
24
+ Le Kentucky se trouve directement à l'ouest des Appalaches. Situé juste au sud de la rivière Ohio, le Kentucky est à la limite entre les États du Nord et les États du Sud mais, de par son histoire, son passé esclavagiste notamment, il appartient plutôt aux États du Sud.
25
+
26
+ Le Kentucky s'étend sur 610 km d'est en ouest et de 260 km du nord au sud sur sa plus grande largeur, il compte un peu plus de 4 millions d'habitants répartis sur un peu plus de 100 000 km2.
27
+
28
+ Il n'y a pas de hautes montagnes dans le Kentucky, mais le relief est assez marqué dans l'est de l'État. Il représente en effet l'extrémité ouest du vaste système des Appalaches, qui sépare l'intérieur américain des États de la côte Atlantique. Plus précisément, le point culminant du Kentucky, le Black Mountain, d'une altitude de 1 263 m, appartient aux monts du Cumberland. Toutefois, cette chaîne se trouve en grande partie sur l'État voisin de Virginie. L'est du Kentucky est donc occupé pour l'essentiel par le plateau de Cumberland, prolongement des montagnes Cumberland. L'altitude y décroit à mesure que l'on avance vers l'ouest. Toute cette partie est de l'État est appelée Eastern Coal Field (en) car on y trouve d'importantes mines de charbon mais pas de ville majeure. Le dynamisme démographique y est faible.
29
+
30
+ Au nord-ouest du plateau de Cumberland se trouve le Bluegrass, région de petites collines. C'est la région la plus dense et la plus dynamique de l'État, celle où se trouvent les villes les plus peuplées et où la population augmente le plus rapidement. Le Bluegrass est séparé des États de l'Ohio et de l'Indiana par l'Ohio, affluent du Mississippi et voie de communication majeure. C'est sur les bords de cette rivière que se trouve Louisville, la ville la plus peuplée de l'État.
31
+
32
+ Dans le reste de l'État, à l'ouest et au sud-ouest du Bluegrass, la densité de population est généralement faible. Il s'agit de régions assez rurales. On y trouve également des mines de charbon et diverses industries. Là encore, plusieurs villes, qui sont toutefois de taille assez modeste, se trouvent sur les bords de l'Ohio.
33
+
34
+ Les grandes régions du Kentucky.
35
+
36
+ Otter Creek Outdoor Recreation Area.
37
+
38
+ Le National Park Service gère six sites au Kentucky[8] :
39
+
40
+ L'État du Kentucky est divisé en 120 comtés[9].
41
+
42
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini neuf aires métropolitaines et seize aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État du Kentucky[10].
43
+
44
+ (1 235 708)
45
+
46
+ (1 262 261)
47
+
48
+ (2,2 %)
49
+
50
+ (2 114 580)
51
+
52
+ (2 137 406)
53
+
54
+ (1,1 %)
55
+
56
+ (260 625)
57
+
58
+ (272 579)
59
+
60
+ (4,6 %)
61
+
62
+ (364 908)
63
+
64
+ (364 101)
65
+
66
+ (-0,2 %)
67
+
68
+ (311 552)
69
+
70
+ (314 280)
71
+
72
+ (0,9 %)
73
+
74
+ (98 762)
75
+
76
+ (98 137)
77
+
78
+ (-0,6 %)
79
+
80
+ (38 620)
81
+
82
+ (37 516)
83
+
84
+ (-2,9 %)
85
+
86
+ En 2010, 76,9 % des Kentuckiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 57,6 % dans une aire métropolitaine et 19,3 % dans une aire micropolitaine.
87
+
88
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini sept aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État du Kentucky.
89
+
90
+ (1 459 911)
91
+
92
+ (1 490 724)
93
+
94
+ (2,1 %)
95
+
96
+ (2 174 110)
97
+
98
+ (2 196 629)
99
+
100
+ (1,0 %)
101
+
102
+ (135 883)
103
+
104
+ (135 588)
105
+
106
+ (-0,2 %)
107
+
108
+ (708 228)
109
+
110
+ (702 984)
111
+
112
+ (-0,7 %)
113
+
114
+ (73 641)
115
+
116
+ (71 966)
117
+
118
+ (-2,3 %)
119
+
120
+ L'État du Kentucky compte 418 municipalités[11], dont 18 de plus de 20 000 habitants.
121
+
122
+ La municipalité de Louisville était la 28e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
123
+
124
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État du Kentucky à 4 467 673 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 2,96 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 4 339 367 habitants[12]. Depuis 2010, l'État connaît la 34e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
125
+
126
+ Avec 4 339 367 habitants en 2010, le Kentucky était le 26e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 1,41 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le nord-ouest du comté de Washington[13].
127
+
128
+ Avec 42,43 hab./km2 en 2010, le Kentucky était le 22e État le plus dense des États-Unis.
129
+
130
+ Le taux d'urbains était de 58,4 % et celui de ruraux de 41,6 %. L'État comptait le 8e plus fort taux de ruraux du pays[14].
131
+
132
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 12,9 ‰[15] (12,7 ‰ en 2012[16]) et le taux de mortalité à 9,7 ‰[17] (10,0 ‰ en 2012[18]). L'indice de fécondité était de 1,97 enfants par femme[15] (1,95 en 2012[16]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,8 ‰[17] (7,1 ‰ en 2012[18]). La population était composée de 23,58 % de personnes de moins de 18 ans, 9,51 % de personnes entre 18 et 24 ans, 26,34 % de personnes entre 25 et 44 ans, 27,24 % de personnes entre 45 et 64 ans et 13,33 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 38 ans[19].
133
+
134
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 55 938) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 42 283) avec un excédent des naissances (178 854) sur les décès (136 571), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 14 367) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 18 342) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 3 975)[20].
135
+
136
+ Selon des estimations de 2013, 95,9 % des Kentuckiens étaient nés dans un État fédéré, dont 70,1 % dans l'État du Kentucky et 25,8 % dans un autre État (12,6 % dans le Midwest, 8,4 % dans le Sud, 2,6 % dans le Nord-Est, 2,2 % dans l'Ouest), 0,7 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 3,4 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (42,0 % en Amérique latine, 32,4 % en Asie, 15,1 % en Europe, 8,5 % en Afrique, 1,9 % en Amérique du Nord, 0,1 % en Océanie). Parmi ces derniers, 37,6 % étaient naturalisés américain et 62,4 % étaient étrangers[21],[22].
137
+
138
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 35 000 immigrés illégaux, soit 0,8 % de la population[23].
139
+
140
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 87,79 % de Blancs, 7,78 % de Noirs, 1,73 % de Métis, 1,13 % d'Asiatiques, 0,23 % d'Amérindiens, 0,06 % d'Océaniens et 1,28 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
141
+
142
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,63 %), principalement blanche et noire (0,71 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,10 %).
143
+
144
+ Les non-Hispaniques représentaient 96,94 % de la population avec 86,32 % de Blancs, 7,68 % de Noirs, 1,48 % de Métis, 1,11 % d'Asiatiques, 0,20 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 0,11 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 3,06 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (1,89 %)[19].
145
+
146
+ En 2010, le Kentucky avait la 10e plus forte proportion de Blancs et la 8e plus forte proportion de Blancs non hispaniques des États-Unis. A contrario, l'État avait la 4e plus faible proportion d'Amérindiens après la Virginie-Occidentale (0,20 %), la Pennsylvanie (0,21 %) et l'Ohio (0,22 %) ainsi que les 9e plus faibles proportions d'Hispaniques et d'Asiatiques des États-Unis.
147
+
148
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 96,7 %, dont 85,7 % de Blancs, 7,9 % de Noirs, 1,7 % de Métis et 1,2 % d'Asiatiques, et celle des Hispaniques à 3,3 %[25].
149
+
150
+ En 2000, les Kentuckiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (20,9 %), allemande (12,7 %), irlandaise (10,5 %) et anglaise (9,7 %)[26].
151
+
152
+ En 2000, l'État avait la plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
153
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154
+ L'État abrite la 32e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 11 300 Juifs en 2013 (10 745 en 1971), soit 0,3 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de Louisville/Jefferson County (8 300) et Lexington-Fayette (2 400)[27].
155
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156
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (27,5 %) et Amérindiens du Mexique (4,6 %)[28].
157
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158
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (61,8 %), de Porto Rico (8,6 %), de Cuba (7,0 %) et du Guatemala (3,9 %)[29]. Composée à 48,1 % de Blancs, 8,4 % de Métis, 3,3 % de Noirs, 1,1 % d'Amérindiens, 0,4 % d'Asiatiques, 0,3 % d'Océaniens et 38,3 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 17,1 % des Océaniens, 14,8 % des Métis, 14,6 % des Amérindiens, 1,7 % des Blancs, 1,3 % des Noirs, 1,2 % des Asiatiques et 91,7 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
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160
+ L'État avait la 8e plus forte proportion de personnes originaires de Cuba (0,21 %).
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162
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (25,5 %), Chinois (18,5 %), Philippins (10,6 %), Viêts (10,3 %), Coréens (10,0 %) et Japonais (8,4 %)[30].
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164
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (94,1 %), principalement blanche et noire (41,2 %), blanche et amérindienne (21,5 %), blanche et asiatique (12,3 %) et blanche et autre (9,6 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (5,9 %)[31].
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+
166
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 47 % des habitants du Kentucky se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 31 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 23 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[33].
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168
+ Selon l'American Community Survey, en 2010 95,44 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 2,39 % déclare parler l'espagnol et 2,17 % une autre langue[34].
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+ Le Kentucky est l'un des quatre États (sur 50) à porter le titre de Commonwealth.
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+ Le Kentucky est un État de tradition démocrate, du moins au niveau local. En 2006, 57,05 % des électeurs de l'État étaient enregistrés comme démocrates contre 36,55 % de républicains. Au niveau national, l’État penche cependant davantage pour les républicains.
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+ Après avoir apporté avec constance ses voix aux candidats du parti Whig dans les années 1840, le Kentucky s'est tourné vers les démocrates avec autant de constance jusqu'en 1896, à l'exception de l'année 1860 où les électeurs votèrent pour John Bell, le candidat de l'Union constitutionnelle (le républicain Abraham Lincoln n'obtint que 0,93 % des voix, arrivant en quatrième position derrière les deux candidats démocrates John Cabell Breckinridge et Stephen A. Douglas).
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176
+ William McKinley fut le premier candidat républicain à s'imposer (de justesse) dans le Kentucky en 1896, Calvin Coolidge le second à réitérer cette performance en 1924 et Herbert Hoover le troisième en 1928.
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+ Après une nouvelle domination démocrate d'une vingtaine d'années, Dwight D. Eisenhower en 1956 est le quatrième républicain en un siècle à remporter le Kentucky lors d'une élection présidentielle.
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+ En 1960, Richard Nixon est le premier candidat républicain battu au niveau national à cependant remporter le Kentucky avec 53,59 % des voix. De 1964 à 2004, le Kentucky a systématiquement apporté les voix de ses grands électeurs au candidat déclaré vainqueur à l'échelon national. Chaque fois qu'il a apporté ses voix aux candidats démocrates, c'était en faveur de candidats issus d'États du Sud : Lyndon B. Johnson en 1964, Jimmy Carter en 1976 et Bill Clinton en 1992 et 1996. Cette série victorieuse s'est cependant interrompue en 2008 avec la victoire du républicain John McCain (58 % dans le Kentucky) contre le démocrate Barack Obama, élu au niveau national. Depuis les élections de 2000, le Kentucky semble d'ailleurs être devenu une place forte du parti républicain.
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+ En 2016, la tendance se maintient : le candidat républicain, Donald Trump, obtient 62,5 % des voix. Hillary Clinton, son adversaire démocrate, obtient 32,7 % des votes[36].
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+ Au niveau local, depuis 2020, le gouverneur du Kentucky est Andy Beshear, membre du Parti démocrate, et le lieutenant-gouverneur est la démocrate Jacqueline Coleman. Le procureur général est depuis 2020 le républicain Daniel Cameron.
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+ Le secrétaire d'État le républicain Michael Adams depuis 2020.
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+ Lors de la législature allant de 2017 à 2019, la Chambre des représentants de l'État est dominée par 64 républicains contre 36 démocrates tandis qu'au Sénat du Kentucky, une majorité de 27 républicains font face à 11 démocrates.
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+ Le pouvoir judiciaire de l'État se nomme Kentucky Court of Justice. Il est formé des tribunaux suivants[37] :
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+ Au niveau fédéral, l'État penche pour les républicains. Lors de la législature 2011-2013, la délégation du Kentucky au Congrès des États-Unis est composée de deux sénateurs républicains (Mitch McConnell et Rand Paul), de quatre représentants républicains et de deux représentants démocrates. Rand Paul fut notamment en novembre 2010 le premier candidat élu au Sénat des États-Unis avec le soutien actif du mouvement des Tea Party.
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+ Mitch McConnell, sénateur depuis 1985.
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+ Rand Paul, sénateur depuis 2011.
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+ Le revenu par habitant est sensiblement en dessous de la moyenne nationale. Son agriculture est relativement importante. Ses chevaux sont particulièrement renommés. Le Kentucky Derby est une des courses hippiques les plus connues dans le monde et a lieu le premier samedi de mai à Louisville. Le Kentucky est célèbre pour ses distilleries de bourbon. L'État dispose en outre de grandes mines de charbon. L'industrie automobile a un rôle non négligeable : une usine General Motors qui assemble les voitures Corvette se situe à Bowling Green ; et deux usines Ford se situent dans l'agglomération de Louisville.
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+ Les restaurants Kentucky Fried Chicken (KFC) est une entreprise qui est originaire du Kentucky. Fondée en 1939, l'entreprise est aujourd'hui présente un peu partout dans le monde avec un chiffre d'affaires de 23 000 000 000 $[réf. nécessaire].
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202
+ Pour la période 2016-2018 le budget du Kentucky est estimé à 21 milliards de dollars. Ce budget réduit les dépenses du gouvernement en récupérant plus de 1,2 milliard de dollars pour combler le déficit cumulé de 36 milliards de dollars des systèmes de retraite des enseignants et des fonctionnaires[38],[39].
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+ Le Kentucky est l’État américain qui compte le plus haut taux d'enfants diagnostiqués hyperactifs : 14,5 %. Un sur dix est sous médicaments. Dans certains comtés, un quart des enfants scolarisés ont déclaré un diagnostic de trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, ce qui place cet État au premier rang mondial de la médicalisation des enfants inattentifs. La pharmacologue Jesse Dune relève que « le Kentucky est un État très conservateur ; on ne parle jamais des émotions, des sentiments des enfants. On préfère leur donner un comprimé, c'est plus facile. En Californie, c'est l'inverse, être créatif et hyperactif ne vous vaut pas d’être suspect. Ici, c'est un trouble largement surdiagnostiqué. »[40].
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+ Pour la période 2016-2018, le budget du Kentucky consacre à la santé en termes de fonds général un montant de 2,5 milliards de dollars pour 2017 et de 2,7 milliards de dollars pour 2018[41],[38].
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208
+ Le Kentucky ne compte qu'une seule clinique disposée à pratiquer des avortements, qui est régulièrement ciblée par des personnes déterminées à faire complètement cesser cette pratique dans l’État. Le gouverneur du Kentucky Matt Bevin se déclare lui-même « pro-vie assumé » et veut écarter toutes les mesures qui faciliteraient l’avortement[42].
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